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Full text of "Lecons sur la physiologie et la pathologie du système nerveux"

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LECONS 


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LA   PHYSIOLOGIE   ET    LA    PATHOLOGIE 


DU 


SYSTEME  NERVEUX. 


H. 


OUTRAGES    DE    M.    CL.    BERNARD. 

CHEZ   LES    MEMES    MERAIRES. 

• 

do  physiologic  experimentale  appliquee  a  la  medecine,  failes 
an  College  de  France  pendant  IPS  annees  1854-1 855.  Paris,  1855-1856, 
2  volumes  in-8  de  chacun  512  pages,  avec  figures  intercal^es  dans  le 
texte H  fr. 

Separemenl,  le  tome,  II.  Paris,  1856,  in-8  dc  512  pages,  avec  "8  fig.  7  fr. 

Cours  de  medecine  du  College  de  France,  l,S5(i  :  Eiecons  sur  les  efiets 
des  substances  toxiques  et  mediramenteuses.  Paris,  1857,  1  vol. 
in-8  de  492  pages,  avec  32  Cgures  intcrcale'es  dans  Ic  texte 7  fr. 

Cours  de  medecine  du  College  de  France,  1857-1858:  lemons  sur 
les  proprietes  physiologiques  et  les  alterations  pathologiques  des 
difTerents  liquides  de  1'organisme.  Paris,  1858,  2  vol.  in-8  de  chacutl 
500  pages,  avec  figures  intercalees  dans  le  texte.  (Sous  presse.} 

Bffemoire  sur  le  pancreas  ct  sur  le  role  du  sue  pancreatique  dans  les 
phe'nomenes  digestifs,  particulierement  dans  la  digestion  des  matieres 
grasses  neutres.  Paris,  1856,  in-4  de  200  pages,  avec  9  planches  gravies, 
en  partic  color'u'es 1 2  fr. 

Recherches  experimentales  sur  le  grand  sympathique,  et  specialement 
sur  rinfluence  que  la  section  de  cc  nerf  exerce  sur  la  chaleur  animalc. 
Paris,  1834,  in-8 2  fr.  50 


Paris.  — Imprimerie  de  L.  MARTINET,  rue  Mignon,  2. 


COURS     DE    MEDECINE 

DU  COLLEGE  DE  FRANCE. 


LECONS 

SDR  X^* 

LA  PHYSIOLOGIE  ET  LA  PATHOLOGIE 

DU 

SYSTEMS  NERVEUX, 


PAR 

II.  Claude    IIEKXARI), 

MEM1IRE    DE    L'INSTITLT    DE    FRANCE, 

Professem1  de  medccine  ;ui  College  de  Fiance, 

ProfeBSeurde  pliysiologie  genera  I  c.ii  la  l-'acti  He  <les  sciences.  ML*  in  In  odesSocielt's  Je  Diuluji 
Philomutique    ilf  l'nri>,  corre.ipondunt   <le   ['Acudemie 

Jo  nirdecine  ile  Tuiin,  clrs  scifiices  inediculrs  fi  tlrs  sciences  nalurellei  Me  I'j'ou, 
Constiiiilinople,  Kilnnlioiii'g.  Stockholm,  Vranci'oi  l-snr-le-Mcin,  Munich, 
de  Suisse,  de  Vienue,  de  Florence,  elc.,  elc. 


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intcrealces  dans  le  texte. 


TOME    II. 


PARIS , 


J.-B.    BAILLIERE    ET    FILS, 

L1BRA1RES    DE   L'ACADEMIE    1MPER1ALE   DE   MEDECINE, 

Rue  Hjutefeiiille,  19. 
I. OIK!  res.  New -York, 

U.     UilLLIEIlE,     219,     UtGENT-SThEET.      |        II.      BUI.I.IEIIE,      290.      UU 
,     C.     BAILLY-CAII.LIEIIE,     CALLE     DEL    PlIINCIPE  ,    H. 

M  DCCC  LVlll 

l.'autfur  ft  Irs  tilitfurs  se  r^jcivent  le  droit  ile  trudurlu>n. 


LECONS 


SDR 


LA  PHYSIOLOGIE  ET  LA  PATHOLOGIE 


DU 


SYSTEMS  NERVEUX. 


PREMIERE   LE^ON 

29  AVRIL  1857. 

SOM.MAIKK  :  Klal  de  nos  connaissanccs  sur  Ics  proprietes  ct  les  mani- 
festations generalcs  du  systeme  nervctix.  --  DCS  ncrfs  craniens  en 
particnlicr.  — Classifications  ana  lomiques.  --  Proprietes  et  fonctions 
des  ncrfs  craniens.  -  -  Ncrfs  scnsoriaux.  —  Filets  du  grand  sympa- 
tliiquc.  —  DC  rassocialion  dcs  memes  elements  nerveux  dans  !cs  ncrfs 
cranicns  et  dans  Ics  nerfs  racliidicns.  —  Conservation  prolongcc  des 
proprictcs  du  lissu  nerveux  aprcs  la  mort  chez  nn  animal  a  sang 
o.haud.  —  Experience. 

MESSIEURS, 

En  commenciint  IV'-tudc  du  systemc  nerveux,  nous 
vous  avons  annonce  I'intenlion  dc  trailer  d'abord  des 
plH'nomenes  gencraux  qui  so  rattachent  a  ce  systeme, 
et  d'aborder  ensuitu  1'hisloire  particuli^re  de  ses  diffe- 
rentes  parlies.  Nous  avons,  dans  le  cours  du  dernier 
semestre,  rempli,  autant  que  le  permettait  1'etat  de  nos 
connaissances  sur  ce  sujet.  la  premiere  partie  de  ce 
programme.  11  nous  reste  it  ctudicr  les  nerfs  isolement, 
a  nous  rendre  compte  de  leur  influence  propre  sur  les 

B.,    SVST.  NERV. —  II.  1 


2  SEPARATION    DES   PROPRIETES  PHYSIOLOGIQUES 

manifestations  fonctionnellcs  de  1'individu  sain  et  a 
suivre  les  alterations  qui,  chez  I'individu  malade, 
viennent  les  modifier  ou  les  suspendre. 

Mais  d'abord  faisons  une  revue  sommaire  des  con- 
naissances  que  nous  avons  acquises  et  de  celles  qui  nous 
restent  a  considerer. 

Nous  avons  vu  que  les  questions  generates  que  sou- 
leve  la  physiologic  du  systeme  nerveux  sont  loin  d'etre 
toutes  rosolues. 

Ainsi,  luules  les  experiences  d'electro-physiologie,  qui 
sont  si  inleressantes  el  si  instructives,  ne  nous  out 
encore  rien  appris  sur  la  nature  essentielle  de  1'agent 
nerveux.  Nous  avons  rneme  vu  que  les  proprieles  elec- 
Iriques  des  nerfs  et  des  muscles,  qu'on  doit  regard er 
coinme  des  conditions  normales,  paraisseut  cepen- 
dant  distinctesde  lapropriete  nerveuse  proprement  dite. 
Lorsqu'on  so*  pare  de  I'individu  vivant  un  muscle  et  un 
nerf  el  qu'on  les  laisse  mourir  spontane'menl.  on  voit 
il  est  vrai.  ces  organes  perdre  pen  a  pen  leurs  pro- 
prieles  physiologiques  d'irritabilite1  el  d'excilabilile  en 
meme  temps  que  leurs  facullt's  electro-molrices  s'anean- 
lissent.  Mais  si.  an  contraire,  on  a  lue  brusquement  le 
nerf  ou  le  muscle  par  un  agenl  loxique,  il  semble  alors 
que  la  propriele  physiologique  r-uisse  s'evanouir,  tandis 
que  les  proprieles  eleclro-inolrices,  restanl  dans  leur  elal 
ordinaire,  ne  s'eteignent  que  lentemenl,  a  mesure  que 
disparaisseut  les  phenomenes  nulrilifs  encore  entretenus 
probablemenl  par  le  sang  qui  baigne  lelissu  organique. 
On  a  constate  par  exemple.  que  lapropriete  eiectronio- 
trice  persiste  normalementdans  mi  nerf  qui.  apres  avoir 


ET    ELECTRO-MOTR1CES    DES    NERFS.  3 

etetue  par  le  curare,  a  perdu  completement  ses  proprie- 
tes  physiologiques  motrices.  Cette  experience  prouverait 
clairement,  si  elle  se  verifiait  pour  le  tissu  inusculaire, 
que  la  propriete  physiologique  des  tissus  n'est  pas 
inherente  a  leur  propriete  electro-motrice  et  qu'elle  est 
sous  1'influehce  de  conditions  qui  nous  echappent  encore ; 
a  moins  qu'on  admette  que  les  manisfestationselectriques 
qu'on  a  vu  persister  dans  le  nerf  mixte  crrur  s'  ient  dues 
exclusivement  au  nerf  sensitif,  qui  est  respecte  par  ce 
singulier  poison. 

Relativement  a  la  nature  de  1'agent  nerveux,  nous  no 
sommes  done  en  realite  guere  plus  avances  que  les 
anciens;  et  si  nous  n'admettons  pascomme  eux  des  es- 
prits  animaux,  nous  admettons  uu  agent  nerveux  egale- 
ment  inconnu. 

Toutefois  nos  connaissances  sont  bien  superieures  a 
celles  des  anciens  sur  toutes  les  questions  qui  touchent 
non  plus  a  la  nature,  mais  a  la  distribution  de  1'agent 
nerveux;  et  nous  savons  que  les  memes  parties  ne 
servent  pas  a  transmettre  indistinctement  les  actions  sen- 
sitives et  motrices. 

Nous  savons  en  outre  que  ces  proprietes  nervetises  ne 
sont  pas  differenciees  seulement  par  la  separation  des 
organes  charges  d'en  operer  la  distribution,  mais  encore 
qu'elles  sont  de  nature  essentiellement  differente,  puis- 
qu'iinous  a  ete  possible,  par  certains  reactifs,  de  detruire 
les  unes  en  rcspectant  les  autres.  De  plus,  nous 
savons  encore  que,  bien  que  distincis  et  pouvaut  meme 
etre  se  pares  Tun  de  i'autre,  ie  mouvei^eiit  et  le  senti- 
ment n'en  sont  pas  moins  u  ihysiologiquement  par 


k  CLASSIFICATIONS    ANATOM1QUES 

la  solidarite  la  plus  etroite  :  il  est  impossible  en  effet 
qu'ils  agisseut  normalement  Fun  sans  1'autre. 

A  cette  distinction  cles  propri&es  nerveuses  et  a  la 
constatation  de  leur  influence  reciproque  se  bornent  a 
pen  pres  les  notions  generates  qu'il  nous  a  ete  jusqu'ici 
possible  d'acqumi1 ,  les  fails  qu'il  nous  a  ete  possible 
de  de'montrer  experimentalement. 

Nous  devons  maintenant  faire  Tbistoire  topogra- 
phique  des  nerfs  craniens,  qui  pr&sententdans  leur  con- 
stitution ,  dans  leur  distribution  ct  leur  origine  une 
complexity  bien  plus  grande  que  les  nerfs  racbidiens. 
Vous  avez  vu,  dans  ccs  derniers,  la  paire  nerveuse 
presenter  une  individuality  complete  et  bien  definie,  due 
a  la  reunion  de  deux  elements  anatonriquement  et  phy- 
siologiquement  distincts.  Dans  les  nerfs  encephaliques, 
cette  association,  qui  fait  une  unite  physiologique  des 
deux  ('li'ments  moteur  et  sensitif.  cxiste  encore,  mais 
elle  est  beancoup  plus  difficile  a  saisir. 

Dans  lYlude  des  nerfs  craniens,  il  ponrrait  paraitre 
avantageux  de  commencer  par  ceux  que  leur  simplicite 
ra})proche  le  plus  des  nerfs  rachidiens.  Ce  classement, 
qu'ont  suivi  Tiedemann,  Arnold,  Bischoff,  precede  des 
nerfs  qui  partent  de  la  partie  posterieure  de  I'ence'phale 
a  ceux  qui  sortent  de  sa  partie  anterieure.  Get  ordre, 
peut-etre  plus  logique  au  point  de  vue  anatomique,  nous 
conduirait,  dans  Texamen  des caracteres physiologiques, 
a  fractionner  les  fonctions  nerveuses  et  a  e'tablir,  pour 
lesbesoins  del' exposition  systematique,  des  divisions  qui 
nuiraient  a  la  clarte  des  notions  physiologiques  d'en- 
semble:  c'esl  pour  cette  raison  que  nous  suivrons  une 


DES   NERFS    CRANIENS.  5 

autre  marchc,  qui  nous  a  para  plus  commode  pour  grou- 
per les  phenomenes  nerveux  que  nous  avons  a  etudier. 
Les  anatomistes  ont  propose  diverses  classifications 
des  nerfs  craniens.  Willis  les  classa  d'apres  1'ordre  do 
succession  des  orifices  de  la  dure-inere,  par  lesquels 
ils  s'engagent  d'avant  en  arriere  pour  sortir  par  la  base 
du  crane.  D'apres  cette  base  de  classification.,  il  distingua 
les  nerfs  de  la  maniere  siiivante  : 

lrc  pairc.  .  .  nerfs  olfactifs. 

2e  —  ...  optiques. 

3C  —  ...  moteurs  oculaircs  communs. 

Zi*  —  ...  —     pallieliques. 

5e  -   ...  —     trijumcaux. 

6C  -  ...  —     iiiotcurs  oculaircs  cxterncs. 

7C  —  ...  faciau  v  ct  acoustiques. 

8e  —  ...  glosso-pharyngiens,pneurao-gastriques 

ot  spinaux  on  accessoircs  de  Willi-. 

•  Oc  —  ...  grands  hypoglosses. 

Be  plus,  Willis  adnietlait  encore  une  dixiemc  paire 
constituee  pur  le  nurf  sous-occipital. 

Une  autre  division  anatomique  des  nerl's  craniens,  due 
a  Soemmerring  et  Vicq  d'Azyr,  les  a  Croupes  par  paires 
dans  1'ordre  suivaiit  : 

lrc  paire.  .  .  nerfs  olfactifs. 

2e  —  ...  ncri's  opti([ucs. 

3°  —  ...                moteurs  oculaires  cointnuns. 

/ie  -  ...                pallietiques. 

5g  -  ...                Irijunicaux. 

Ge  —  ...               iiiotciirs  oculaires  externes. 

7C  .  .  .         —    faciaux. 

8C  —  ...         —    auditifs  on  acoustiques. 

ye  -  ...         —    glosso-pharyngiens. 

10e  —  ...        —    pneumo-gastriques. 

11'  -  ...         —    spinaux  ou  accessoiresdc  Willis. 

12*  —  ...         —    grands  liypoglosses. 


6  PROPRH-.T1N    COMMUNES 

lei  chaqtie  puire  cranienne  est  clue  a  I'ensemble  de 
deux  nerfs  symeiriques  par  rapport  an  plan  median :  on 
ne  tient  compte.  dans  sa  composition ,  que  de  la  confi- 
guration, et  il  ne  faudrait  pas  voir,  dans  ces  douze 
paires  anatomiques,  des  paires  physiologiques  telles  que 
nous  les  avons  comprises. 

A  notre  point  de  vue,  purement  physiologique,  1'in- 
dividualite  nerveuse  est  constitute  par  im  element  sen- 
sitif  pur  (racine  posterieure),  un  element  moteur  pur 
(racine  anterieure) ,  et  enfin  un  element,  sympatliique 
agissant  sur  les  organes  de  la  vie  nutritive,  qu'on  a  en- 
core appele  nerf  trophique  et  que  nous  avons  consi- 
ders eomme  un  element  moteur  special,  tenant  surtout 
sous  sa  dependance  les  phenomenes  physico-chimiques 
de  1'orgauisme,  Nous  aurons,  par  consequent,  a  pour- 
suivred'apres  le  me"  me  point  de  vue  F  etude  des  nerfs  de 
la  tete ;  seulement,  la  determination  de  notre  unite  ner- 
veuse deviendra  plus  difficile. 

Dans  la  moelle  epiniere,  les  racines  anterieure  et 
posterieure  (rune  merne  paire  nerveuse  se  correspondent 
anatomiquement  et  entrent  visiblement  dans  la  consti- 
tution du  meme  nerf  mixte.  Dans  la  tele,  les  correla- 
tions anatomiques  des  nerfs  sont  beaucoup  plus  com- 
plexes; mais,  heureusement,  nous  avons  donne,  a 
propos  des  nerfs  rachidiens,  un  caractere  physiologique 
d'association  des  elements  d'une  paire  nerveuse  qui 
deviendra  ici  tres  precieux  pour  nous  diriger ;  nous  vou- 
lons  parlor  de  la  sensibilite  recurrente  qui  associe  tou- 
joiirs  iV-li'inont  neneux  moieur  a  un  element  sensitif 
determine.  Nous  rappellerons  done  ici  le  principe  que 


AUX    PAIKES    RAC1  I        V\ES    ET    CUANIENNES.  / 

nous  avons  posn  a  propos  ties  paires  rachidiennes,  asa- 
voir  :  qu'un  nerfmoteur  joue  le  role  de  ratine  anterieure 
par  rapport  a  un  nerf  sensilif,  toutes  les  foisqu'il  recoil  de 
ce  dernier  sa  sensibilite  recurrente;  et  que,  reciproque- 
ment,  un  nerf  sensitif  j one,  par  rapport  a  un  nerfmotcur, 
le  role  de  ratine  posterieure  Louies  les  fois  qu'il  lui 
fournit  la  sensibilite  recurrente.  Quant  a  1'element  sym- 
patlriquequi,  emanant  de  lamoelleepiniere,  enlre  encore 
dans  la  constitution  de  I'unitc  nerveuse,  il  nous  serait 
diiiicile  de  dire,  pour  le  moment,  s'il  est  plus  speciale- 
ment  associo  a  ['element  inoteur  d\jne  paire  ner- 
veuse qu'a  son  element  sensitif.  Notonsseulement  tjue 
les  inouvemenls  reflexes auxquels  les  nerfs sympathiques 
donnent  lieu  pouvcnl  avoir  pour  point  de  depart,  soit 
des  sensations  internes,  soit  des  sensations  externes,  soit 
enfin  des  sensations  speciales. 

Parmi  les  proprietes  nouvelles  que  nous  prr'sontcnt 
les  nerfs  craniens.  nous  dcvons  surtout  signaler  celles 
qui  appartiennent  a  un  ordre  nouveau  de  nerfs  qni  ne 
se  rencontrent  que  dans  1'ence'phale;  cesont  celles  des 
nerfs  speciaux  des  sens,  on  nerfs  sensoriaux. 

Relativement  a  la  sensibilite  des  nerfs  rachidiens,  nous 
avons  dejalonguenieivl  insiste,  dansle  seiuestro  dernier, 
sur  ce  fait,  ijue  les  nerfs  sensitifs  et  les  nerfs  moteurs 
in  tacts  sont  les  tins  et  les  autres  sensibk;s  quoiqu'a  des 
degres  divers;  seuleinent,  que  Tun  de  ces  elements,  le 
nerf  sensitif,  possede  une  sensibilite  directe  (m'il  tientdu 
centre  nerveux  et  qui,  apressa  section,  persisto  dans  son 
bout  central,  tandis  que  1'autre,  le  nerf  moteur,  possede 
une  sensibilite  recurrente,  qu'il  tii'e  du  nerf  sensitif  et 


8  PROPRIETIES    SPtfCIALhS 

qui  apres  sa  section  persisle  clans  son  bout  peripherique. 

A  la  tete,  les  nerfs  posse-dent  les  memes  proprietes  et  les 
monies  caracteres  physiologiques  qu'au  rachis;  celanous 
permettra  done  toujours  de  distinguer  un  nerf  moteur 
d'avec  un  nerf  sensitif.  Toutefoisles  nerfs  des  sens  spe- 
ciaux,  on  nerfs  sensoriels,  presentent  des  proprietes  tout  a 
fait  differentes.  Pendant  tres  longtemps  on  avait  cm  quo 
les  nerfs,  charges  de  percevoir  les  impressions  les  plus 
dedicates,  devaientetre  doues  d'une  sensibilite  exquise. 
Magendie,  le  premier,  a  montre  qu'il  n'en  etaitpasainsi, 
et  que  le  nerf  optique,  le  nerf  acoustique,  lenerf  olfac- 
tif,  pouvaient  etre  dechires ,  contus,  sans  provoquer  les 
moiudres  signes  de  douleur.  Mais  1'excitalion  deces  nerfs 
developpe  cependant  des  mouvements  reflexes  qui  ne 
sont  plus,  dans  ce  cas,  seulementle  resultat  d'une  sen- 
sibilite inconsciente,  mais  celui  d'une  sensibilite  subjec- 
tive, analogue  aux  proprietes  du  nerf  sensitif  surlequel  on 
experimente.  En  effet,  la  contusion,  rirritation  du  nerf 
optique  determinent,  meme  dans  robscurite,  des  sensa- 
tions lumineuses  et  la  contraction  de  la  pupille  comme 
sous  I'influence  de  la  lumiere  exterieure  elle-m^me. 

Ici  le  nerf  sensoriel  se  comporte,  pour  la  direction 
de  son  action,  comme  un  nerf  sensitif,  car  le  pince- 
mentdu  bout  central  du  nerf  optique  determine  la  con- 
traction de  la  pupille  chez  I'animal  rendu  aveugle  par 
cette  section,  tandis  que  le  pincement  du  bout  nerveux 
peripherique  ne  produit  rien.  De  m^rne  aussi,  rirrita- 
tion du  nerf  acoustique  determine  des  sensations  audi- 
tives  subjeclives. 

II  estdes  nerfs  specianx  qui  sont,  enquelquc  sorte,  in- 


DES    NERFS    SENSOR1ELS.  9 

termediaires  par  leurs  proprietes  aux  nerfs  sensorielsdont 
notisvenons  cleparlerel  aux  nerfs  sensitifs  rachidiens.  Tels 
sont  le  glosso-pharyngien  et  le  lingual.  Us  sent  tres  evi- 
ct eminent  sensibles  aux  irritations  mecaniques;  cepen- 
dant.  ils  paraissent  1'etre  moins  que  les  racines  rachi- 
diennes  proprement  diles.  Nous  examinerons  plus  loin  si 
ces  nerfs,  qui  semblent  partager  les  proprietes  des  nerfs 
desensibilite  speciale  etcelles  des  nerfs  de  sensibilite  ge- 
nerale,  doivent  etre  considered  com  me  etant  constitues 
par  des  fibres  ncrvouses  d'une  nature  speciale  on  bien 
par  un  melange  de  fibres  nerveuses  sensitives  tactiles, 
et  de  fibres  sensitives  sensorielles. 

Outre  les  nerfs  que  nous  avons  examines  jusqn'a 
present,  nous  trouvons  encore  parini  les  nerfs  craniens 
1'element  clu grand  sympathique,  qui,  la,  sedivise  en  une 
multitude  de  ganglions  qui  tons  out  des  connexions  plus 
on  moins  intimes  avec  les  rameaux  des  nerfs  encepha- 
li([ues.  Nous  avons  vu  qu'il  etait  prouve  que  le  grand 
sympathique  prend  dans  certains  points  son  origine  de 
la  moelle  e'piniere.  L'origine  de  ce  uerf  dans  la  region 
cilio-spinale  est  une  des  mieux  cHablies.  Nous  verrons 
qu'a  1'origine  des  nerfs  craniens,  on  trouve  des 
branches  qui  doivent  etre  considerees  comme  branches 
d'origine  du  grand  sympathique. 

En  resume,  nous  aurons  a  tcnir  compte,  dans  Tetude 
des  nerfs  de  la  tete,  de  cjuatre  elements  an  lieu  de  trois 
que  nous  avons  seulement  eu  a  considerer  dans  les 
nerfs  rachidiens.  Ce  seront :  1°  les  nerfs  de  sensations 
speciales ;  2°  les  nerfs  de  sensations  generates ;  o°  les  nerfs 
de  mouvement;  /i°  le  grand  sympathique. 


10  DE    LA    YARIETE 

Toutetbis,  dans  les  nerfs  rachidiens,on  aurait  pu  avec 
raison  considerer  cgalemeut  un  element  sensoriel  qui 
transmet  les  sensations  speciales  relatives  aux  impressions 
tactiles.  Cela  serait  d'autantplus  ration nel  qu'on  sait  au- 
jourd'hui  qu'il  y  a  ties  corpuscules  speciaux  affectes  aux 
sensations  tactiles ;  op  sait  de  plus  que,  dans  lescaspatho- 
logiques,  la  sensibilite  tactile  pent  etre  isolee  de  la  sensi- 
bilite"  generale.  II  y  a  des  cas,  en  elfet,  dans  lesquels  une 
diminution  de  la  sensibilite  generale  coincide  avec  la 
conservation  de  la  sensibilite  tactile.  Les  iiidividus  qui 
presenlent  cette  lesion  n'eprouvent  plus  de  douleur  par 
le  piiicement  ou  par  rirritation  directe  de  la  peau, 
quoiqu'ils  percoivent  le  contact  des  corps  les  plus  legers, 
le  frottement  de  la  barbe  d'une  plume,  par  exemple. 

On  observe  des  cas  dans  lesquels,  an  contraire,  la 
sensibilite  generale  est  exagereo  douloureusement  avec 
diminution  de  la  sensation  tactile.  On  donne  le  nom 
d' hyperestMsie  a  cette  augmentation  de  la  sensibilite 
generale,  et  le  nom  (Vanesthesie  a  la  perte  complete  de 
sensibilite  generale  et  tactile,  et  enfin  celui  (Vanalgesie 
a  la  perte  de  la  sensibilite  generale  seule,  avec  conser- 
vation de  la  sensibilite  tactile. 

11  existe  encore  un  autre  cas  dans  lequel  la  sensibilite 
generale  est  conservee  a  peu  pres  a  1'etat  normal,  tandis 
que  la  sensibilite  tactile  se  trouve  emoussee.  Dans  plu- 
sieurs  de  ces  cas,  la  lesion  m'a  paru  se  rattacher  a  une 
lesion  du  grand  sympathique  en  connexion  avec  le  nerf 
de  sensation  speciale.  Nous  verrons  que  la  corde  du  tym- 
pan,  par  exemple,  exerce  une  influence  de  cette  nature 
sur  les  sensations  de  la  langue. 


UKS    HJRMliS    DE    SLiXSlBILlTE.  11 

En  fin,  nous  rappelleroi  s  quo  la  sensibilite  pent  re- 
ve"tir  les  formes  les  plus  variecs;  que  celle  cle  la  cornee 
transparente  offre,  sous  ce  rapport,  les  particularity  les 
plus  curieuses. 

Les  nerfs  tie  la  te"te  ne  different  done  pas  dans  leur  na- 
ture des  nerfs  ties  autres  parties  du  corps.  Toutefois  1'in- 
tensite  des  proprietes  nerveuses  est  plus  considerable 
dans  la  face  qu'ailleurs.  Aussi  la  cinquieme  pairn  est  sans 
contreditle  nerfqui  possede  la  sensibilite  la  plus  exquise; 
et  lorsque  cette  propriete  disparait  de  I'orgamsme,  c'est 
en  general  dans  les  branches  de  ce  nerf  qu'elle  disparait 
en  dernier  lieu.  Le  facial  tient  sous  sa  dependance  les 
moiivernents  les  plus  varies.  D'ailleurs  cette  suractivite 
des  fonctions  nerveuses  dans  la  face  pent  etre  consideree 
comme  liee  a  la  suractivitr  circulatoire  qui  existe  dans 
cette  partie  du  corps.  En  effet,  il  y  a  un  rapport  conslanl 
entre  Tintensite  des  pi-upricli's  nerveuses  et  celle  de  la 
circulation.  Nous  savons  que  chcz  les  animaux  a  sani; 
froid,  lorsquela  circulation  se  ralentit  avec Fabaissement 
de  la  temperature,  Pactiyite  des  phe'nomenes  nerveux  di- 
minue ;  lorsque  au  contraire  la  temperature  s'eleve,  1'ac- 
tivite  des  mouvements  et  des  sensations  se  releve  avec 
la  temperature,  qui  amene  line  activite  plus  grande  de  la 
circulation.  II  y  a  alors  chez  ces  animaux  un  pheno- 
im'iie  remarquable,  sur  lequel  ilest  important d'insister. 
C'est  que  les  proprietes  nerveuses  et  celles  des  autres 
tissus  disparaissenl  apres  la  mort  d'autant  plus  rapide- 
ment  qu'elles  etaient  plus  iuleiisos  pendant  la  vie ;  tandis 
ju'au  contraire,  elles  se  conservent  tVautant  plus  long- 
temps  que  1'animal  se  trouvait,  au  moment  do  la  mort, 


DES   DIVERS   DEGRES 

dans  un  etat  plus  prononce  d'abaissement,  de  depres- 
sion de  toutes  les  fonctious.  C'est  ce  qui  fait  quc  Ton 
pent  employer  si  utilement  les  grenouilles  et  autres 
animaux  a  sang  froicl,  pour  eludier  apres  la  mort  les 
proprietes  de  leurs  nerfs  et  en  general  de  tons  lours 
tissus;  c'est  encore  pour  cette  raison  qu'il  vaut  mieux 
faire  ces  etudes  sur  ces*  animaux  en  hiver  qu'en  ete. 

Chez  les  animaux  a  sang  chaud  ,  on  ne  pent  pas  se 
livrer  avec  la  meme  facilite  a  ces  etudes,  parce  quo  les 
proprietes  nerveuses  disparaissent  d'autant  plus  rapide- 
ment  que  Fanimal  sur  lequel  on  operea  une  circulation 
plus  active  et  une  temperature  plus  elevee;  plus  rapi- 
dement  chez  Fanimal  adulte  que  chez  1'animal  tres 
jeune,  plus  rapidement  chez  1'oiseau  que  chez  le  main- 
mifere,  etc. 

Nous  avons  deja  dit  ailleurs  (1),  qu'en  abaissant  la 
temperature  et.  par  suite,  en  ralentissant  la  circulation 
chez  u n  animal  a  sang  chaud,  on  voyait  les  proprietes 
nerveuses  et  musculaires  persister  apres  la  mort  beau- 
coup  plus  longtemps.  Aujourd'hni  nous  allons  revenir 
un  instant  sur  ce  sujet  pour  vous  montrer  que  1' ani- 
mal place  dans  ces  conditions  ne  dilfere  pas  sensible- 
ment  d'une  grenouille,  et  qu'on  pent  e'tudier  comme 
chez  la  grenouille  les  proprietes  nerveuses  avec  toutes 
leurs  particularites.  De  sorte  que  si ,  tres  souvent ,  on 
decrit  certaines  proprietes  electriques,  certains  courants 
musculaires  comme  propres  a  la  grenouille,  cela  tient 
uniquement  a  ce  qu'on  pent  les  etudier  plus  commune- 

(1)  Effets  des  substances  toxiqucs  et  medicamenteuses.  Paris,  1857, 
p.  1L>8. 


DES  pROPRii'iTE's  NERVEUSES  ET  MUSCULAIRES. 
ment  ct  plus  conveuablement  sur  cet  animal;  mais  il  ne 
fauclrait  pas  croire  que  le  systeme  iierveux  de  la  gre- 
nouille  a  des  proprietes  que  ne  possede  pas  celui  des 
animaux  pluseleves.  Si  on  n'apasetudiees  ou  constatees 
ces  proprietes  chez  ces  derniers ,  c'est  qu'elles  dispa- 
raissent  trop  vile  apres  la  mort.  Mais  elles  doivent  etre 
eonsiderces  comme  existant  chez  ces  animaux. 

Pour  vous  donner  la  preuve  de  ce  que  nous  venous 
d'avancer,  nous  avons prepare  un  lapin  en  lui  coupantla 
moelle epiniere,  entre  la  cinquieine  et  la sixieme  vertebre 
cervicale,  a  la  partie  superieure  du  plexus  brachial,  de 
tellesorte  que  rmiimal  respire  encore  par  le  diaphragme, 
peut-eire  un  pen  par  In  partie  supmeure  du  thorax, 
car  il  ;<  conserve  quelques  mouvemenis  uans  les  mem- 
bres  asilri'ieurs.  L' animal  a  respire  d'abord  d'une  ma- 
niere  plus  acceleree  ,  ses  oreilles  se  sont  echauftees,  la 
section  ayant  porto  sur  la  ivgion  cilio-spinale.Bienlot  les 
respirations  se  sont  ralenties,  ranimal  a  eu  une  defe- 
cation continuelle  et  les  autres  symptomes  que  nous  vous 
avons  deja  decrits.  Mais  il  ne  parait  pas  autrement 
malade,  car  il  mange  des  carottes  qu'on  lui  a  donuees. 

11  y  a  sept  heures  que  la  section  de  la  moelle  a  e"te 
faile.  L'aniuial  est  refroidi  dans  tout  son  train  pos- 
terieur,  les  mouvements  reflexes  y  sont  violents ,  la  cir- 
culation est  tres  ralentie  dans  toute  cette  partie  du  corps; 
et  si  nous  observions  la  pression  du  sang  dans  les  arteres, 
nous  la  trouverions  certainement  tres  affaiblie.  Nous 
pouvons  maintenant  etudierles  proprietes  nerveuses  sur 
le  train  posterieur  de  cet  animal  dont  les  foiictions  out 
ainsi  abaissees.  et  nous  verrons  qu'elles  ne  different 


1/1      IDENTITY  DES  PROPRIETIES  NERVEUSES  ET  MUSCULAIRES 

pas  sensiblcment  de  celles  ([iron  observe  chez  la  gre- 
nouillc  et  qu'elles  sont  meme  plus  energiques  sous  cer- 
tains rapports. 

Nous  sacrifions  d'abord  I'animal  par  la  section  du 
bulbe  rachidien,  afin  de  vous  montrer  qu'apres  sa  mort 
ces  proprietes  persisteront  longtemps;  mais  nous  au- 
rions  pu  conserver  ce  lapin  vivant  et  voir  les  memes 
phe'nomenes  pendant  plus  longtemps  encore. 

Maintenant  je  fais  une  incision  a  la  cuisse  et  je 
decouvre  le  nerf  sciatique.  On  peut  voir  deja,  en 
faisant  1'incisiou  des  muscles,  qu'ils  jouissent  d'une 
contractilite  Ires  grand e. 

Actueilementje  coupe  le  nerf  sciatique,  j'isole  cenerf 
dans  une  certaine  longueur,  et  lesoulevant  avecun  petit 
lube  de  verre,  je  fais  toucher  son  extre'mite  de  section 
sur  la  surface  longitudinale  d'un  muscle  voisin,  et  vous 
voyez  aussitot  une  contraction  brusque  avoir  lieu  dans 
toute  la  partie  interieure  du  membre  ou  se  rend  le  nerf 
sciatique.  On  peut  voir  icitres  bien  quela  contraction  n'a 
lieu  que  lorsque  le  nerf  touche  la  surface  externe  du 
muscle  par  la  surface  eoupe'e  de  son  extremite ;  tandis 
que  si  on  releve  1'extremit^  du  nerf  et  si  Ton  fait  tou- 
cher la  surface  externe  du  muscle  par  la  surface  externe 
du  nerf,  il  rfy  a  pas  de  contraction.  Cela  s'explique tres 
facilement  :  la  surface  du  muscle  etant  electrisee  positi- 
vement,  sa  coupe  est  electrisee  negativement;  ilen  estde 
meme  pour  le  nerf,  sa  coupe  est  electrisee  negativement 
etsa  surface  exterieure  positivement.  Or,  pour  obtenir 
une  contraction ,  il  taut  toujours  mettre  en  contact 
deux  surfaces  electrisees  en  sens  inverse  :  soil  la  coupe 


CHEZ  LES  ANIMAUX  A  SANG  CIIAUD  ET  A  SANG  FROID.        1  5 

du  nerf  avec  la  surface  longitiulinale  du  muscle,  soit  la 
surface  longitndinale  du  nerf  avec  la  coupe  du  muscle. 

En  ce  moment  je  desarticule  la  jambe  du  lapin, 
en  conservant  le  nerf  sciatique  qui  s'y  rend,  et  jepeux, 
avec  le  long  bout  du  nerf  qui  tient  a  la  jambe,  r6peter 
toutes  les  experiences  que  nous  avous  faites  durant  le 
semestre  dernier  avec  la  patte  galvanoscopique  de  la 
grenouille. 

Nousconstatonsici  que,  en  nicttani  une  portion  du  nerf 
en  contact  avec  la  surface  longitudinale  d'un  muscle  de 
la  cuisse  qui  reste  attachee  au  tronc.  et  une  autre  por- 
tion du  nerf  en  contact  avec  la  coupe  du  meine  muscle, 
en  ayant  soiu  de  soulever  le  nerf  en  anse  outre  cos  deux 
points  de  contact,  on  voit  sunvrir  une  contraction 
brusque  par  le  courant  musculaire.  absolument  connne 
cela  a  lieu  pour  les  pattes  galvanoscopiques. 

Nous  pouvtms  egalrment  cunstatiT  ici  qu'il  y  a  une 
contraction  dans  la  patte  quand  on  pose  le  nerf  sur  la 
pointe  et  la  surface  des  ventricules  du  coeur  del'animal. 

Nous  observons  encore  la  contraction  par  F  excitation 
que  nous  avous  appelee  excitation  inctallique.  qui  con- 
siste  a  faire  toucher  deux  points  d'un  nerf  sur  une  sur- 
face metallique  homogene.  Nous  obtenous  dans  ce  cas 
encore,  avec  le  nerf  sciatique  de  notre  lapin,  descontrac- 
tions  absolument  semblablesa  cellos  «}ue  nous  a  dormees 
la  patte  galvanoscopique  de  la  grenouille.  II  y  a  plus  de 
vingt  minutes  que  F animal  est  mort,et  les  proprieties  que 
nous  examinons  ne  sont  encore  en  rien  affaiblies,  et  si 
Fanimaln'eutpase^  amenea  cet  etat  d'abaissement  des 
fonctionsdanslequelvous  Fave/vu,  au  bout  dequelques 


16  PROPRIETIES    NERVEUSES    ET    MUSCULAIRES. 

instants  les  proprietes  nerveuseset  musculaires  auraient 
completement  disparu.  Nous  n'avons,  du  reste,  qu'a 
comparer,  pour  nous  en  rendrc  compte,  les  muscles  du 
cou  du  meine  animal,  au-dessus  cle  la  section  de  la 
moelle,  avec  ceux  du  train  posterieur.  Ces  derniers  se 
contractent  au  moindre  attouchement  de  la  pointe  du 
bistouri,  tandis  quo  les  autresont  perdu dejadepuis long- 
temps  leur  contractility. 

Nous  pourrions  encore  continuerlongtemps  les  memes 
etudes  avec  ces  nerfs  et  ces  muscles  de  lapin ;  niais  ce 
que  nous  avons  vu  suftit  pour  vous  prouver  de  la  ma- 
niere  la  plus  evidente  qu'il  n'y  a  pas  de  difference  ra- 
dicale  entre  les  proprietes  du  systeme  nerveux  des  ani- 
maux  superieurs  et  celles  des  animaux  infrrieurs ,  et 
qu'en  les  ramenent  dans  des  conditions  de  circulation  et 
de  calorification  ideutiques,  or,  obtient  les  memes  phe- 
nomenes.  Cettc  demonstration  n'est  pas  sans  impor- 
tance, car  souvent  on  entend  dire  qu'il  n'y  a  pas  de 
comparaison  a  faire  entrc  les  proprietes  des  nerfs  d'une 
grenouille  et  celles  des  nerfs  de  Thornine,  par  exemple. 
11  faut  savoir  au  contraire  que,  quant  a  leur  essence , 
ces  proprietes  sont  exactement  les  memes,  et  que  tout 
ce  qu'on  peut  const aier  sur  uue  grenouille  peut  etre 
constate  sur  les  unimaux  pluseleves.  De  sorte,  done,  que 
nous  pouvons  parfaitement  invoquer  les  experiences 
faites  sur  les  animaux  pour  eclairer  1'histoire  de  la  phy- 
siologie du svsteme  nerveux  chez  1'homme. 

«J 

Dans  la  procbaine  lecon ,  nous  commencerons  1'his- 
toire des  nerfs  de  la  face. 


DEUXIEME    LECON 

1"  MAI   1857. 

SOMMAIRE  :  Le  nerf  facial  ct  le  ncrf  trijumeau  appartiennent  a  une 
inenic  pa  ire  pliysiologiquc.  —  Nerf  facial. — Anatomic. —  Precede  pour 
couper  le  nerf  facial  clans  la  caisse  du  tynipan.  —  Experiences.  - 
Lo  nerf  facial  est  nioteur.  —  Son  devcloppement  en  rapport  avec  la 
varie'te"  de  scs  fonctions.  —  Fillets  de  sa  paralysie.  —  Lc  nerf  facial  est 
sensible  :  il  tient  sa  sensibilitr  recurrente  de  la  cinquierne  pa  ire,  et ,  a 
la  face,  il  ade  la  sensibilite  directs  qu'il  doit  a  1'accolementde  rameaux 
venant  de  la  cinquieme  pnire. — Le  nerf  facial  estdeja  sensible  au  sortir 
du  crane,  cettc  sensibilite  lni  viontd'unebranchequ'il  revolt  dupneumo- 
gastrique.  —  Experiences. 

MESSIEURS  , 

Deux  nerfs  craniens,  1'un  de  mouvement,  le  facial, 
1'autre  de  sentiment,  lo  nerf  trijumeau,  doivent 
d'abord  appeler  notre  attention.  Lat£te,  en  effet,  se 
distingue  surtout  des  auties  parties  du  corps  en  ce 
qu'elle  forme  un  epanouissementde  1'axe  central  destine 
a  porter  les  organes  des  sens.  Or.  les  deux  nerfs  qne 
je  vous  signale  sont  precisement  charges  de  donner  la 
sensibilit^  gvnerale  et  le  mouvement  a  presque  tous  ces 
organes  sensoriels  ainsi  qu'aux  parties  qui  y  sont  an- 
nexees. 

En  commencant  nos  etudes  par  le  facial  et  la  cin- 
quieme paire,  nous  rapprochons  en  outre  les  deux  ele- 
ments physiologiques  d'une  m6me  paire  nerveuse  dans 
laquelle  le  facial  joue  le  role  de  la  raciue  anterieure, 
tandis  que  la  cinquieme  paire  represents  1'e'lement  sen- 
sitif  ou  la  racine  posterieure. 

Le  nerf  facial  a  etc  decrit  avec  grand  soin  par  les 

B.,  SYST.  NERV.  —  i;.  2 


18  EFFETS   DE    LA    SECTION 

anatomistes;  tout  le  monde  estd'accordsurses  fonctions 
motrices,  bien  que  son  histoire  presente  encore  divers 
points  a  elucider.  Avant  d'entrer  clans  1'histoire  physio- 
logique  de  ce  nerf,  nous  devons  indiquer  rapidement  sa 
disposition  anatomique  :  le  nerf  facial  etant  un  conduc- 
teur  du  mouvement,  il  est  utile  de  connaitre  la  distri- 
tion  desrameauxparlesquelss'opere  cette  transmission. 

Le  nerf  facial  est  un  nerf  moteur,  on  le  prouve, 
de  meme  que  pour  tous  les  autres  nerfs,  d'une  maniere 
negative,  en  en  faisant  la  section  et  voyant  qu'apres 
sa  separation  de  1'encephale ,  la  transmission  des  exci- 
tations motrices  ne  se  fait  plus. 

Cette  demonstration  est  tres  facile  a  donner  en  operant 
la  section  du  facial  qui  pent  se  pratiquer  soit  sur  la  face, 
en  agissant  successivement  sur  ses  differentes  branches, 
soit  au-dessous  de  1'oreille,  a  sa  sortie  du  trou  stylo-mas- 
toi'dien,  soit  dans  la  caisse  du  tympan,  soit  enfin  dans 
le  crane,  a  son  entree  dans  le  conduit  auditif  interne. 

Le  procede  que  nous  mettons  le  plus  habituellement 
en  usage  et  que  nous  allons  employer  ici  devant  vous, 
a  pour  objet  de  faire  la  section  du  nerf  facial  dans  la 
caisse  du  tympan.  On  cherche  d'abord  a  sentir  la  caisse, 
ce  qui  est  facile  chez  les  chiens,  les  chats  et  les  lapins, 
a  cause  de  la  saillie  que  forme  au-dessous  de  1'apophyse 
mastoi'de  cette  portion  de  1'oreille  moyenne. 

Avec  un  instrument  bien  trempe  et  en  forme  de  petit 
ciseau ,  on  penetre  directement  dans  la  caisse  par  sa 
paroi  inferieure  qui  est  tres  mince.  Alors  I'instrument 
se  meut  avec  facilite  dans  1'oreille  moyenne.  On  dirige 
sa  pointe  en  haut  et  en  arriere  en  la  faisant  marcher 


DU    NERF    FACIAL.  19 

transversalement  et  en  appuyant  fortement  sur  1'os,  on 
divise  le  nerf  facial  a  son  troisieme  coude,  lorsqu'il 
s'inflechit  en  has  vers  le  trou  stylomastoi'dien. 

Lorsqu'au  lieu  cle  porter  1' instrument  vers  la  partie 
posterieure  de  la  caisse,  on  le  porte  vers  sa  partie  ante- 
rieure  et  superieure,  on  pent  aller  detruirc  le  facial  au 
moment  de  son  entree  dans  le  canal  spiroi'de.  Dans  ce 
cas,  on  dt-truit  en  meme  temps  le  nerf  acoustique  et 
presque  toujours  les  animaux  inclinent  la  tele  du  c6te 
ou  a  e"te  pratiquee  Foperation ,  par  suite  dime  lesion 
des  canaux  demi-circulaires. 

Chez  le  chien  et  chez  le  chat, a  la  rigucur  me' me,  chez 

apin,  on  pourrait  encore,  au  lieu  de  penetrer  par  la 
partie  inferieure  de  la  caisse,  introdiiirerinstrument  par 
le  conduit  auditif  en  perforautla  membrane  du  tympan. 

Nous  faisons  instantanement  1' experience  dcvant  vous 
sur  ce  lapin  en  penetrant  par  la  caisse  du  tympan  du  c6te 
gauche. 

Vous  voyez  maintenant  que  1'animal  pent  encore  re- 
muer  le  globe  de  1'ceil,  mais  qu'il  ne  saurait  fermer  les 
paupieres ;  la  narine  gauche  est  iniiiiubile,  1'oreille  est 
basse,  la  joue  est  flasque,  agilee  k  peine  dans  les  mou- 
vements  respiratoires  par  ces  soulevements  alternatifs  que 
vous  avez  tons  pu  observer  chez  I'homine  et  qu'on  dcsigne 
en  disant  quele  malade  fume  la  pipe.  La  sensibilite  de  la 
face  est  parfaitement  conservee,  le  mouvement  seul  est 
aboli. 

Pendant  1'operation  Fanimai  a  pousse  quelques  cris, 
a  cause  de  la  sensibilite  de  la  membrane  qui  tapisse  la  . 
caisse  du  tympau.  Quant  UUK  dcsordres  que  presente 


20  DISTRIBUTION    ANATOMIQUE 

actuellement  la  face,  nous  les  verrons  persister  dans 
les  seances  prochaines;  Foperation  n'entrainera  pas  la 
mort  du  lapin.  Get  animal  a  conserve  la  sensibilite  dans 
les  parties  qui  out  perdu  le  mouvement  et  quand  on  le 
pince,  on  y  provociue  evidemment  de  la  douleur. 

Le  nerf  facial,  en  raison  de  son  action  sur  les  mou- 
vements de  la  tete,  est  le  nerf  de  Pexpression  de  la  face. 
C'esta  ce  titre  que  Ch.  Bell  1'appelait  un  nerf  respira- 
teur,  appli quant  cette  denomination  aux  nerfs  qui  con- 
courent  a  F  expression  de  la  physionomie.  II  regardait 
les  mouvements  auxquels  president  ces  nerfs  comme 
tout  a  fait  involontaires;  mais  a  ce  nom  de  respirateurs, 
il  ne  rattachait  1'idee  d'aucun  rapport  avec  1'acte  respi- 
ratoire  puisque  le  grand  oblique  de  Tosil  etait  pour  lui  un 
muscle  respirateur. 

Le  developpement  du  nerf  facial  est  chez  les  animaux 
en  raison  directe  de  la  variete  des  mouvements  de  la  face. 
Ainsi ,  rudimentaire  chez  les  poissons,  les  reptiles  et  les 
oiseaux,  chez  lesquels  il  ne  constitue  nieme  pas  toujours 
un  nerf  distinct,  il  est  an  contraire  tres  volumineux  chez 
les  mammiferes,  et  surtout  chez  ceux  dont  certaines 
parties  de  la  face  sont  pourvues  de  mouvements  tres 
developpes.  Chez  1'elephant,  chez  lecochon,le  facial  est 
extremement  developpe  surtout  dans  les  branches  qui  se 
rendent  au  nez  ou  a  la  trompe. 

Chez  rhomme,le  nerf  facial  est7  ainsi  que  je  viens  de 
vous  le  dire,  le  nerf  de  la  physionomie.  On  connait  1'im- 
mobilite  et  1'absence  d'expression  qui  caracterisent  sa 
paralysie  etlecontrastequi  existe  entre  les  deux  moities 
de  la  face  lorsque  cette  paralysie  n'existe  que  d'un  seul 


DU    NERF    FACIAL.  21 

c6te.  Lorsque  la  paralysie  existe  ties  deux  c6tes,  la  face 
semble  etre  couverte  d'uu  masque.  Dans  im  cas  de 
paralysie  double  clu  facial  que  j'ai  pu  observer  avec 
Magendie.  cette  impression  d'un  masque  sous  lequel 
les  globes  oculaires  avaient  conserve  leur  immobilite 
etait  ffappante. 

Etudions  done  actuellement  la  distribution  et  1'usage 
cles  differentes  parties  du  nerf  facial. 

Le  trajet  de  ce  nerf  esttres  complique.  II  emerge  des 
e6tes  de  la  moelle  allongee  et  vient  se  repandre  sur  la 
face  apres  avoir  parcouru  dans  1'os  temporal  une  route 
tres  sinueuse.  Mais  si  le  nerf  facial  nait  en  arriere  du 
pont  de  varole,  ses  racinesremontentdansl'epaisseurdii 
bulbe,  puisse  reflechisseutet  tapissent  le  plancherdu  qua- 
trieme  ventricule.  Au  sortir  dc  la  moelle,  il  sedirige  vers 
le  conduit  auditif  interne,  accompagne  par  le  nerf  auditif 
situe  en  arriere  de  lui  et  un  peu  au-dessous,  et  aussi 
par  le  nerf  intenm'idiaire  de  Wrisberg  qui  nait  entre  les 
deux  et  s'unit  plus  tard  avec  le  facial. 

Au  fond  du  conduit  auditif  interne,  le  facial,  re'uni  au 
nerf  intermediaire  de  Wrisberg,  se  separe  du  nerf 
acoustique  et  penetre  dans  le  canal  de  Fallope,  coude 
en  forme  d'S.  La,  au  niveau  du  premier  coudey  existe 
un  ganglion,  le  ganglion  genicule.  Or,  a  ce  ganglion 
aboutissent  deux  filets  (nous  verrons  plus  tard  si  ces  filets 
arrivent  au  ganglion  on  s'ils  en  partent;  nous  n'exami- 
nerons  actuellement  que  les  rapports).  Ces  deux  filets 
sont  le  grand  nerf  pelreuco  super ficiel  et  le  petit  petreux 
super ficiel;  ce  dernier  va  au  ganglion  otique,  le  premier 
au  ganglion  spheno-palatin. 


ANASTOMOSES 


Ensuite,  le  facial  passe  au-dessus  de  la  caisse  du  tyrn- 
pan,  se  rcflechit  et  donne  deux  filets,  Tun  an  muscle  de 
retrier  et  un  autre,  la  corde  du  tt/mpan  qui,  apres  un 
trajet  assez  singulier,  va  se  rendre  au  ganglion  sous- 
maxillaire.- 

Les  filets,  nes  dans  le  canal  spiroi'de,  mettent  deja  le 
facial  en  rapport  avec  plusieurs  nerfs  craniens. 

Ainsi  les  deux  nerfs  petreux  le  mettent  en  commu- 
nication avec  la  cinquieme  paire,  ainsi  que  la  corde  du 
tympan. 

Le  nerf  facial  offre  en  outre  une  anastomose  avec  le 
pneumogastrique  dans  le  canal  osseux  du  temporal ,  et 
au  sortir  du  crane,  par  le  trou  stylo-mastoi'dien,  il  com- 
munique encore  avec  le  glosso-pharyngien. 
Ensuite  le  nerf  facial  se  distribue  sur  la  face. 
On  pent  done  distinguer  au  facial  deux  portions : 
Tune  intra-cranienne,  1'autre  faciale  proprement  dite. 
La  premiere  affectant  une  direction  spiroide,  recevant 
des  anastomoses  nombreuses  et  tres  complexes. 

Au  sortir  du  trou  stylo-mastoi'dien  du  temporal,  le 
nerf  facial  vient  s'epanouir  sur  la  face  apres  s'etre  divise 
en  plusieurs  faisceaux.  Chez  Fhomme  on  trouve  deux 
divisions  principales  q::i  se  subdivisent  et  s'anasto- 
mosent  en  reseau.  Ce  reseau,  tres  serre  chez  I'liomnie, 
est,  d'une  facon  generale,  d'autant  plus  riche  que  'es 
mouvements  des  parties  sont  plus  multiplies  et  plus  va- 
ries. 

Nous  avonsvu,  dans  son  trajet  intra-cranien,  le  facial 
communiquer  deja  trois  fois  avec  la  cinquieme  paire. 
Sur  la  face,  ces  communications  vont  se  repeter.  Une 


!)U    KERF    FACIAL. 

anastomose  existe  au  nivean  do  i'oreille,  au-dessous  de 
la  parotide,  anastomose  auricula- temporale  avec  la 
branche  maxillaire  inferieure.  On  trouve  encore,  an  ni- 
veau  des  nerfs  sus-orbitaire.  frontal,  sous-orbitaire,  men- 
tonnier,  des  anastomoses  nouvelles  avec  la  cinquieme 
paire ,  anastomoses  multipliers  auxqnelles  on  a  donne 
le  nom  de  plexus. 

Voila  pour  la  distribution  generate  du  nerf  facial. 

La  premiere  question  physiologique  que  nous  ayons 
a  examiner  est  celle  des  proprietes  de  ce  nerf.  Je  n'ai  pas 
a  y  insister  longuement  ici.  Lorsque,  dans  le  cours  du 
semestre  dernier,  il  a  etc  question  de  la  distinction  a 
etablir  entre  les  proprietes  des  nerfs  et  leurs  fonctions, 
j'ai  longuement  insiste  sur  les  phenomenes  de  la  sensi- 
bilite  recurrente  que  Ton  trouve  dans  les  racines  ante- 
rieures  ou  motrices.  sensibilite  qui ,  vous  le  savez,  leur 
vient  par  la  peripherie  des  racines  posterieures.  Le  nerf 
facial  est  de  HieTne  sensible  quoique  ce  soit  un  nerf  mo- 
teur.  Comme  les  nerfs  moteurs,  il  tient  sa  sensibility 
d'ime  racine  sensitive  et  cetle  racine  sensitive  c'est  la 
cinquieme  paire.  On  rencontre  en  effet,  entre  la  cin- 
quieme paire  etle  nerf  facial,  la  relation  qui  unit  les  ra- 
cines posterieures  aux  racines  anterieures,  relation  telle 
que  la  section  de  la  cinquieme  paire  fait  perdre,  aiusi  que 
nous  le  verrons,  la  sensibilite  recurrente  au  facial. 

Mais  avant  de  verifier  experinien'alement  cette  re- 
lation physiologique,  il  est  necessaire  de  nous  rendre 
compte  de  quelques  details  anatomiques  sans  la  con- 
naissance  desquels  nous  arriverions  infailliblement  a 
faire  des  experiences  incompletes  ne  rt3pondant  pas  a  la 


24  PROPIUETES 

question  quo  nous  avion s  en  vue  de  resoudre  en  les 
instituant. 

Chez  les  animaux  sur  lesqucls  nous  opererons,  le  tronc 
du  facial  qui  aborcle  la  face  en  arriere  et  au-dessous  de 
1'oreille  fournit  trois  branches  prineipales  : 

Une  branche  inferieure,  destinee  a  la  levre  inferieure 
et  au  menton. 

Une  branche  moyenne,  qui  se  distribute  a  la  levre  su- 
perieure,  au  ncz  et  a  la  joue. 

Une  branche  superieure,  qui  se  rend  aux  muscles  de 
Pceil,  de  1'oreille  et  du  front. 

Peu  apres  leur  separation,  chacune  de  ces  branches 
recoit  une  anastomose  avec  la  cinquieme  paire.  C'est 
done  avant  ces  anastomoses  qu'il  taut  interroger  la  sen- 
sibilite du  facial;  sans  quoi  on  aurait  cles  manifestations 
sensibles  appartenant,  non  au  nerf  interroge  inais  au  filet 
sensitif  qu'il  a  recu  du  nerf  de  la  cinquieme  paire. 
Chez  le  cheval  ou,  par  exemple,  Tanastomose  est  plus 
volumineuse  quo  la  branche  du  facial  elle-m^me,  il  est 
Evident  quo  la  douleur  provoquee  par  le  pincement  du 
rameau  mixte  tient  a  cette  anastomose. 

Pour  verifier  le  fait  en  question  ,  il  est  ne'cessaire  de 
couper  les  branches  du  facial  dont  on  interroge  la 
sensibilite.  Apres  cette  section,  on  trouve  que  chez  le 
chien  les  deux  bouts  sont  doues  de  sensibibilite  dans  les 
branches  du  facial.  La  sensibilite  du  bout  central  ne 
saurait  surprenclre  personne  puisque,  grace  a  1'anas- 
tomose  recue  de  la  cinquieme  paire,  ce  bout  central 
represente  partiellement  le  bout  central  d'une  racine 
posterieure,  c'est-a-dire  d'un  nerf  sensitif  proprement  dit. 


DU    NERF    FACIAL.  25 

La  sensibilite  qu'on  y  observe  est  done  une  sensibilite 
directe,  tout  a  fait  semblable  a  celle  que  nous  avons 
notee  sur  le  bout  central  d'une  racine  rachidienne 
posterieure  conpee. 

Mais  le  bout  pe'riplierique  est  sensible  aussi.  Cette 
sensibility  ne  saurait  lui  venir  du  centre  puisque  la  con- 
tinmte  a  ete  detruite.  Elle  ne  pent  done  lui  venir  que 
de  la  peripherie,  et  elle  vient  encore  du  trijumcau.  C'est 
en  effet  ce  qui  a  lieu,  coimne  on  peut  s'en  assurer  en 
drtruisant  la  cinquieme  paire  :  toute  sensibilite  disparait 
alors  dans  le  bout  peripherique  done  de  la  sensibilite 
recurrente. 

Par  ces  propriety's  le  facial  se  comporte  done  connne 
un  nerf  moteur  et  repivsente  une  racine  ante'rieurc;  il 
tientsa  sensibilite  recurrente  de  la  cinquiemc  paire  qni 
joue  ainsi  par  rapport  a  lui  le  role  d'une  racine  poste- 
rieure. Ces  deux  nerfs  appartiennent  done  a  line  paire 
physiologique. 

II  sembleraitau  premier  abord.  et.  d'apres  ce  qui  pre- 
cede, que  pour  placer  le  facial  dans  les  conditions  exactes 
d'une  racine  anterieure.  il  suffirait  de  prendre  ce  nerf 
avant  qu'il  ait  recu  les  anastomoses  qui  lui  viennent  du 
trijumeau,  a  sa  sortie  du  canal  de  Fallope.  Ce  serait  une 
erreur.  A  ce  moment  le  facial  n'est  deja  plus  un  nerf 
moteur  pur,  et  1' experience  rnontre  qu'il  est  sensible  en 
ce  point,  indepentlaniment  de  la  sensibilite  recur- 
rente qu'il  tient  de  la  cinquieme  paire.  En  effet  si  on  le 
coupe  en  ce  point,  on  trouvede'ja  son  bout  central  sen- 
sible. Nous  verrons  que  cela  tient  a  ce  que,  pendant  son 
trajet  intra-crauien,  dans  le  canal  spiroi'de  du  tern- 


20 

poral,  il  reroit  im  liiet  anastomotique    du  pneumogas- 
trique,  filet  qui  lui  donne  une  sensibility  directe. 

Exp. — Yoici  un  petit  chien  sur  lequel  nous  avons  pre- 
pare 1'origine  du  facial  :  on  voit  tres  bieu  1'anastomose 
auriculo-temporale  qu'il  recoil  de  la  cinquieme  paire. 
Nouspinconsla  branche  moyennedu  facial  ;l'animalcrie. 
Lorsque  maintenant  nous  coupons  cette  branche  du  fa- 
cial, I'animalcrie  encore et  nous  constatonseu  outre  que 
les  bouts  periphcriqueet  central  resultant  de  cette  section 
sont  d'une  sensibilite  tres  evidente.  Maintenant,  nous 
coupons  le  rameau  de  la  cinquieme  paire  qui  s' anas- 
tomose avec  la  branche  moyenue  du  facial,  le  chien 
pousse  des  cris  tres  forts.  Apres  cette  section,  nous 
piij(;ons  le  bout  peripherique  de  la  [tranche  anastomo- 
tique  coupe'e,  r animal  ne  crie  pas,  tandis  que  le  pince- 
ment  du  bout  central  produit  au  contraire  une  clouleur 
vive.  Ce  rameau  est  done  sensitif  et  c'est  a  lui  que  le 
bout  central  du  facial  devait  sa  sensibilite.  Quant  a  la 
sensibilite  du  bout  peripherique,  elleluivientaussi  de  la 
cinquieme  paire,  mais  par  les  anastomoses  qui  out  lieu 
dans  les  reseaux  terminaux. 

J'ai  toujours  rencontre1  la  sensibilite  re'currente  chez 
le  chien  en  agissant  dans  des  circonstances  favorables 
indiqueesdausle  semestre  dernier.  Mais  chez  certains  ani- 
maux.  tels  que  le  cheval  et  le  lapin,  la  sensibilite  recur- 
rente  est  quelquefois  tres  obscure  et  parait  meme  man- 
quer,  comme  cela  a  eu  lieu  dans  ('experience  suivante  : 
Exp.  —  Surun  vieux  lapin,  on  decouvritla  branche 
moyenne  du  facial  au  uiveau  de  son  anastomose  auri- 
culo-temporale. 


DU    NEHF    FACIAL.  ^T 

En  pincant  la  branche,  en  masse,  au-devant  de  son 
anastomose  avec  la  cinquieme  paire,  on  la  trouva  sen- 
sible. Lorsqu'on  Feat  coupee,  le  bout  central  seul  etait 
sensible.  En  pincant  la  portion  du  tronc  facial  qui  pre- 
cede 1' union  avec  F  anastomose,  on  la  trouva  insensible. 
De  sorte  que  la  sensibilite  parut  resider  ici  uuiquement 
dans  la  branche  anastomotique  de  la  cinquieme  paire, 
et  le  facial  se  montra  insensible. Cela  tiendrait-il  a  la  vieil- 
lesse  de  I' animal  on  a  son  peu  de  sensibilite  propre  ? 

Nous  avons  dit  tout  a  1'heuro  que  chez  le  chien,  la 
sensibilite  que  possede  le  nerf  facial  a  sa  sortie  du  trou 
stylo-mast oid ien  depend  d'un  filet  anastomotique  qu'il 
recoit  dans  le  canal  spiroi'de,  filet  provenant  du  pneu- 
mogastrique.  Cette  sensibilite  ne  peut  dependreen  effet 
que  de  1'adjonction  d'un  filet  sensitif  dans  le  canal 
spiroi'de,  car  a  son  entree  dans  ce  conduit  le  facial  n'est 
pas  sensible  d'une  maniere  evidente.  II  est  vrai  que  pour 
F  examiner  il  faut  toujours  ouvrir  le  crane,  ce  qui  peut 
lui  enlever  sa  sensibilite  recurrente.  Toutefois  les  nerfs 
sensitifs  out  conserve  leur  sensibilite  directe  et  le  facial, 
s'il  la  posse'dait,  1'aurait  egalement  conservee. 

La  sensibilite  que  le  nerf  facial  presente  a  sa  sortie  du 
trou  stylomastoi'dien  a  ete  1'objet  d'opinionsfort  diverses. 
AutrefoiSj  lorsqu'on  admettait  que  le  nerf  vidien  etait 
une  branche  de  la  cinquieme  paire  qui ,  du  n»axillaire 
superieur,  venait  se  rendre  au  facial  pour  Faccompagner 
dans  le  canal  spiroi'de,  on  admettait  que  le  facial  etant 
deja  devenu  mixte  a  la  sortie  du  trou  stylo-mastoidien 
par  cette  anastomose,  donnait  a  cause  decela  des  signes 
de  sensibilite  dans  son  bout  central.  Mueller  a  emis 


28  PROPIllliTE    DE    L' ANASTOMOSE    AURICULAIRE 

1'opinion  beaucoup  plus  probable  que  cette  sensibility 
du  facial  a  la  sortie  du  trou  stylo-mastoi'dien  depen- 
drait  de  L'anastomose  quo  ce  nerf  contracte .  clans  sa 
portion  descendante ,  avec  le  pneumogastrique ,  anas- 
tomose qu'il  ne  faudrait  pas  des  lors  considerer  comme 
fournie  par  le  nerf  facial  an  nerf  pneumogastrique, 
mais  bien  par  le  pneumogastrique  au  facial.  Jusqu'a  pre- 
sent, a  ma  connaissance,  aucune  experience  directe  n'a 
ete  faite  sur  ce  sujet.  Pour  jugercependant  dela  valeur 
de  cette  opinion,  il  est  indispensable  de  faire  une  ex- 
perience directe  et  c'est  ce  que  nous  avons  tente  avec 
succes. 

Cette  anastomose  entre  lepneumogastriqueet  le  facial, 
qui  emane  de  la  branche  auriculaire  du  pneumogas- 
trique, se  montre  tres  volumineuse  chez  le  cheval  et  le 
bosuf. 

Inexperience  que  nous  avons  faite  relativement  a  cette 
anastomose  sur  nn  chien  n'est  pas  de  nature  a  etre  pra- 
tiquee  a  I'amphit'he'atre.  Elle  est  fort  longue,  trespenible, 
et  c'est  avec  peine  que  i'operateur  lui-meme  pent  en 
suivre  les  details.  Nous  r avons  executee  hier  matin  ;  au 
bout  de  deux  heures  nous  avions  a  peine  termiue. 

Le  precede  a  consiste ,  prenant  un  gros  chien  bien 
portant,  a  lui  abattre  1'oreille  gauche,  de  maniere  a 
pouvoir  facilement  arriver  sur  le  facial  a  sa  sortie  du 
crane.  Alors,  suivant  le  nerf,  en  nous  aidant  de  la  gouge 
et  du  maillet,  il  nous  a  fallu  sculpterle  rocher,  detruire 
1'apophyse  mastoi'de  clont  les  cellules  donnaient  une 
hemorhagie  souvent  tres  considerable  qu'on  arretait  en 
bouchant  les  sinus  avec  de  la  cire  ramollie,  nous  reinon- 


DU    NSRF    FACIAL.  29 

lames  ainsi  le  parcours  da  nerf  facial  dans  le  canal 
spiroi'de  avec  de  graudes  precautions  pour  ne  pasle  bles- 
ser.  L'auimal  etait,  bien  enlendu,  prealablement  soumis 
aux  inhalations  du  chloroftirme. 

Apres  deux  heures environ,  nous  avionsreussi  amettre 
a  nu  la  branche  anastomotique  qni  unit  le  facial  an 
pneumogastrique.  La  plaio  fut  recouverte  ct  nous  lais- 
samesl'aninialse  reposer,  et  ce  n'est  que  quelque  temps 
apres  1'operation  qu'il  sortit  du  sommeil  dans  lequel 
Favaient  plonge  les  inhalations  de  chloroforme. 

La  plaie  fut  decousue  et  nous  pinrames  le  tronc  du 
nerf  facial  an-dessous  de  son  anastomose  avec  le  ra- 
meau  auriculaire ;  il  se  inontra  e videmmcnt  sensible. 
L'ayant  alors  coupe  a  ce  niveau,  l<\s  deux  bouts  furent 
trouves  sensibles.  Nous  avions  done,  en  ce  point,  affaire 
a  un  nerf  mixte,  sensible  par  ses  deux  bouts. 

Aussitot  apres  cette  observation,  nous  coupames  la 
branche  anastomotique  du  vague  et  cette  section  causa 
une  douleur  vive.  Pincant  alors  de  nouveau  le  nerf 

A 

facial,  nous  reconninnes  que  la  sensibilite  du  bout  cen- 
tral avail  disparu.  Elle  lui  venait  done  de  cette  anasto- 
mose avec  le  pneumogastrique.  La  sensibilite  du  bout 
peripherique  qui  etait  recurrente  venait  de  la  cin- 
quieme  paire  et  persistait  tout  entiere.  Ces  observations 
ont  ete  faites  dans  de  bonnes  conditions,  quatre  heures 
apres  1'operation;  Tanimal  etait  suffisamment  repose 
puisqu'on  a  pu  constater  la  sensibilite  recurrente  du 
nerf  facial  coupe. 

Voici  la  tete  de  ce  chien  qui  a  ete  sacrifie  apres 
Texpe'rience  et  sur  laquelle  vous  pourrez  recoimatlre 


30  ANASTOMOSE   DU    FACIAL    ET    DU    VAGUE. 

1'etendue  et  la  nature  des  delabreuients  produits.  Au 
fond  de  la  plaie  se  trouvent  a  decouvert  le  nerf  facial  et 
le  filet  anastomotique  qui  le  reunit  au  pneumogastrique. 
Vous  pouvez  voir  les  points  ou  ont  e'te  pratiquees  les  sec- 
tions de  ces  nerfs. 

A  propos  de  la  cinquieme  paire,  nous  reviendrons 
encore  sur  cette  sensibilite  du  nerf  facial.  Concluons 
seulement  pour  le  moment  que  I'anastomose  du  facial 
avec  le  pneumogastrique  est  un  ranieau  de  sentiment 
qui  vient  du  pneumogastrique  au  facial. 


TROISIEME   LECON. 

13  MAI  1856. 

SOMMAIHE  :  Partie  extra-cranienne  du  nerf  facial.  —  Son  influence  sur 
les  inouvemcnls  de  la  face.  —  Mouvements  des  paupieres;  influence 
qu'exerce  sur  eux  la  section  du  nerf  facial  et  du  grand  sympathique. 

—  Mouvements  des  narines.  -  -  Effcts  de  Ja  paralysie  des  narines  chez 
les  chevaux.  —  Mouvements  des  levres  et  des  joues.  --  Efletsde  leur 
paralysie  sur  la  mastication  ct  la  prehension  des  aliments.  --  Influence 
de  la  section  du  facial  sur  les  niouvements  de  Toreille.  —  Resume. 

—  Experiences. 

MESSIEURS, 

Dans  1'histoire  dii  nerf  facial  quo  nous  aliens  con- 
tinuer  aujourd'hui,  nous  etudierons  successivenient  le 
role  des  rameaux  qui  naissent  de  ce  nerf  dans  son  tra- 
jet  intra-cranien ,  et  extra-cranien.  De  chacune  de  ces 
parties  du  facial  enmnent  des  filets  qui  out  des  fonctions 
differentes.  Les  premiers,  ceux  qu'il  donne  pendant  son 
trajet  dans  le  eanal  spiroi'de  du  temporal,  sont  tous, 
excepte  un,  en  communication  avecdes  ganglions:  nous 
laisserons  la  leur  histoire,  pour  la  reprendre  plus  tarcl 
comme  une  dependance  du  nerf  trisplanchnique  an 
systeme  duquel  ilsappartiennentsuivant  nous.  II  n'enest 
plus  de  meme  des  rameaux  qu'il  donne  plus  loin  sur  la 
face  et  qui  offrent  une  distribution  nioius  cornpliquee. 

Le  facial,  considere  dans  sa  portion  externe ,  termi- 
nale,  est  un  nerf  qui  emerge  a  la  partie  posterieure  de 
face  et  va  se  distribuer  presque  exclusivement  aux 
muscles  peauciers  de  la  face  et  de  la  tete,  donnant  le 


EFFTS    DE    LA    PARAI.YSIE    DU    XLRF    FACIAL 

mouvement  aux  parties  exterieures  des  organes  cles 
sens. 

Nous  clevrons  done  examiner  successivement  1'in- 
fluence  des  deux  portions  du  nerf  facial  sur  chacunedes 
parties  des  differents  organes  des  sens. 

(Test  le  nerf  facial  qui  donne  le  mouvement  aux  pau- 
pieres, et  lorsque  les  filets  qui  s'y  distribuent  out  ete 
coupes  ou  paralyses  d'une  facon  quelconque,  les  pau- 
pieres sont  immobiles  bien  que  leur  sensibility  soit 
rested  intacte. 

\7oici  un  lapin  sur  lequel  nous  avous  tout  a  Theure 
coupe  le  facial  dans  le  crane. 

Vous  pouvez  voir  (pie  1'opil  reste  ouvcrt,  les  mouve- 
ments  des  paupieres  sont  abolis  du  cote  ou  a  porte  la 
section,  du  c6te  gauche.  Si  Ton  vient  a  toucher  le  globe 
del'ceil  a  droite,  on  y  provoque  1'occlusion  despaupieres. 
Rien  de  semblable  n'a  lieu  a  gauche  ou  le  globe  do  Tceil 
seul  se  deplace  :  Tanimal  a,  en  eflet,  conserve  les  mou- 
vements  du  glol)e  oculaire  auxquels  preside  des  ra- 
meaux  autres  que  ceux  du  moteur  facial.  L'ceil  gauche 
reste  ici  completement  a  decouvert,  et,  lorsque  Familial 
dormira,  Foeil  droit  seul  sera  ferine.  La  meme  chose  s'ob- 
servechezrhomme  dans  les  casdeparalysiedu  nerf  facial. 

Par  quel  mecanisme  1'ceil  reste-t-il  ainsi  ouvert? 

Deux  muscles  donnent  le  mouvement  aux  paupieres: 
le  muscle  prbiculaire,  qui  ferme  les  paupieres,  et  le 
muscle  elevateur  propre  de  la  paupiere  superieure  qui, 
au  contraire,  decouvre  le  globe  de  1'oeil.  L'etat  d'ecarte- 
ment  permanent  des  paupieres  qui  s'observe  lorsque  le 
rameau  palpebral  du  facial  est  coupe,  tient  a  ia  predo- 


SUR  L'OEIL.  33 

minance  de  Faction  d'un  de  ces  muscles.  Dans  ce  cas, 
1'orbiculaire  seul  est  paralyse ;  quant  an  releveur  de  la 
paupiere  superieure,  il  conserve  son  action  parce  que 
son  nerf,  reconnaissant  une  autre  origine  que  le  facial, 
est  reste  intact. 

Relativement  aux  paupitVes,  la  consequence  de  la 
paralysie  du  facial  est  done  leur  ecartement  permanent 
par  suite  du  defaut  (Faction  du  sen!  muscle  qui  puisso 
en  determiner  Focclusion,  du  muscle  orbiculaire. 

La  se  borne  Faction  du  nerf  facial  sur  Fceil;  aucune 
lesion  consecutive  de  la  nutrition  nese  remarque  apivs 
la  section  ou  la  paralysie  spontane'e  dece  nerf. 

Plus  lard,  quand  nous  envisa^M-ons  Finfluence  do  la 
cinquierne  paire  sur  Fceil,  nous  verronsla  paralysie  de  ce 
nerf  <Mre  suivie  au  contraire  (Fune  alteration  de  nutri- 
tion, d'une  lesion  organique  do  la  rorne'o  et  de  la  ron- 
jonctive.  On  avail  pense  autrefois  que  cette lesion  tenait 
a  ce  que  dans  la  paralysie  dela  cinquieme  paire,  les  pau- 
pieres  ne,  se  fennant  plus  sur  le  u,iobe  de  Fd'il .  ne 
venaient  plus  en  lubrilier  la  surface.  L'absence  de  lesions 
de  nutrition  apres  la  section  du  facial  nous  montre  qu'il 
taut  renoncer  a  cette  explication  drs  altrrations  de  Fcril 
observees  a  la  suite  de  la  paralysie  de  la  ciuquieme 
paire,  quoique  dans  ces  derniers  temj)s  on  ait  encore 
soutenu  cette  opinion  que  nous  aurons  a  examiner  plus 
loin.  Je  viens  de  vous  dire  que  dans  la  paralysie  de  la 
cinquieme  paire,  les  paupieres  ne  recouvrent  plus  le 
globe  de  Foeil ;  il  ne  faudrait  pas  en  conclure  qu'elles  ont 
perdu  le  pouvoir  de  se  fermer.  Dans  ce  cas,  le  muscle 
orbiculaire  peuttoujours  se  contractor;  mais  la  sensibi- 

B.,    S\8T.    NEBV.   —  It.  3 


3/J.  EFEETS   DE    LA    PARALYSIE   DU    NERF    FACIAL 

lite^  de  la  conjonctive  etant  perdue,  aucune  sensation  ne 
vient  solliciter  les  contractions  de  1'orbiculaire  et  il  reste 
dans  le  relachement. 

Cependant,  qtielquefois  il  y  a.  comme  nous  le  verrons 
a  propos  des  sections  cle  la  cinquieme  paire,  un  cligne- 
ment  sympathique  qui  se  fait  dans  Tceil  du  cote  ou  la 
cinquieme  paire  a  etc  coupe"  e  en  meme  temps  que  du 
cote  oppose.  II  y  a  d'autres  cas  dans  lesquels  ce  cligne- 
ment  sympathique  a  egalement  lieu  et  nous  avons  a  ce 
sujet  observe  un  fait  singulier  que  voici : 

(Exp.  10  aout  1842).  —  Sur  un  lapin  de  forte  taille,  on 
constata  qu'en  irritant  la  conjonctive  on  produisait  des 
mouvements  dans  1'oreille  dume'me  cote;  qu'en  irritant 
1'oreille,  on  produisait  des  mouvements  dans  la  paupiere 
du  meine  cote.  Apres  la  section  de  la  cinquieme  paire, 
lorsque  1'oreille  etait  encore  sensible  par  les  filets  du 
plexus  cervical  et  que  1'oeil  etait  insensible,  on  observait 
encore  cette  occlusion  des  paupieres  lorsque  Ton  venait 
a  pincer  1'oreille.  La  reciproque  aurait-elle  lieu  et  la 
meme  reaction  se  produirait-elle  sur  les  mouvements  de 
1'oreille  rendue  insensible  enlaissant  1'ceil  sensible? 

Ainsi,  le  symptome  d'immobilite  des  paupieres 
qui  survient  dans  les  deux  cas  de  paralysie  du  facial  et 
de  la  cinquieme  paire  se  traduit  dans  deux  etats  patho- 
logiques  dictincts  et  reconnaissant  des  causes  prochaines 
bien  differentes. 

Le  lapin  sur  lequel  nous  venous  de  constater  les  effets 
immediats  de  la  paralysie  du  facial  sur  I'osil,  sera  con- 
serve, et  vous  verrez  son  ouil  dans  la  prochaine 
lecon  tel  qn'il  est  aujourd'hui  :  sur  lui.  vous  pourrez 


SUR    L'OEIL.  35 


constater  1'absence  de  lesion  consecutive  que  je  vous  ai 
signalee. 

Le  nerf  facial  qui  donne  le  mouvement  au  muscle 
orbiculaire ,  et  la  chiquieme  paire  qui  donne  le  sen- 
timent a  1'organe  de  la  vision  et  a  ses  annexes,  sont- 
ils  les  seuls  nerfs  qui  agisseiit  sur  I'ouverture  palpe- 
brale? 

Non,  messieurs,  il  est  encore  un  nerf  qui  peut  avoir 
une  action  sur  les  muscles  orbiculaires  :  ce  nerf  est  un 
filet  du  grand  sympathique.  Depuis  longtemps  on  avail, 
vu  que  la  section  du  grand  sympathique  dans  la  region 
cervicale  entrainait  des  desordres  du  coir  de  1'oeil.  Mais 
1' attention  des  physiologistes  sYtait  portee  sur  les  phe- 
ndmenes  survenus  du  cole  de  la  pupille;  j'ai  fait  remar- 
quer  ({lie  ce  nerf  exmr  missi  uiae  influence  sur  les 
mouvements  des  paupieres. 

Ex/i.  — Surce  lapin  auquel  on  vient  d'enlever  le  gan- 
glion cervical  superieur  du  grand  sympathique,  vous  pou- 
vez  voir  que  du  cote  ou  a  (He  faite  cette  ablation,  1'ou- 
verture  palpebrale  est  re'tre'cie.  Le  muscle  orbiculaire  est 
dans  un  etat  decontraction  permanent^ qui  n'estpas  du 
tout  la  paralysic.  Quand  ou  touche  le  globe  de  1'oeil,  ce 
muscle  orbiculaire  se  contracte  et  le  recouvre  :  II  a  done 
conserve  ses  mouvernents,  sa  spontaneity,  mais  son  re- 
lachement  n'est  pas  complet.  C'est  quand  nous  e'tudie- 
rons  le  grand  sympathique  qu'il  y  aura  lieu  de  nous 
arreter  a  1'examen  du  phenomene  qui  se  produit  dans 
ce  cas;  nous  devons  actuellement  nous  homer  a  vous 
signaler  ce  fait.  Quant  au  facial  nous  devons  done  nous 
arreter  a  cette  conclusion,  que  sa  section  ne  produit  pas 


36  EFFETS    DE    LA    PARALYSIE    DU    NERF    FACIAL 

d'autres  effets  sur  1'oeil  queceux  de  la  paralysie  du  muscle 
orbiculaire  des  paupieres. 

Au  nez,  le  facial  est  le  nerf  moteur  des  narines. 

Nous  pouvons  voir  sur  le  lapin  auquel  nous  avons, 
avant  la  lecon,  coupe  le  facial  a  gauche  dans  le  crane, 
que  les  mouvements  des  narines  ne  s'executent  plusque 
du  c6te  droit.  La  section  du  nerf  facial  amene  done, 
du  cote  correspondant,  la  paralysie  des  muscles qui 
meuvent  les  narines. 

Lorsque  1'animal  a  des  narines  rigides,  la  section  du 
facial  n'apas  une  influence  marquee  sur  les  phenouienes 
respiratoires,  mais  il  est  des  conditions  dans  lesquelles 
il  n'en  est  plus  ainsi.  Chez  les  chevaux,  les  narines, 
tres  mobiles,  sont  molles;  on  voit,  quaiid  ils  iuspirent, 
les  naseaux  se  dilater  et  se  retrecir  dans  les  mouvements 
expiratoires.  Lorsque  chez  ces  auimaux  on  coupe  un 
nerf  facial,  la  dilatation  de  la  narine  correspondante 
n'est  plus  possible ;  bien  plus,  dans  les  mouvements 
d'inspiration ,  la  dilatation  de  la  poitrine  produit  un 
appel  d'air  (}ui  aplatit  la  narine  devenue  flasque  et  en 
determine  1'occlusiou.  Lorsqu'on  a  coupe  les  deux  nerfs 
faciaux.  la  respiration  par  les  naseaux  est  devenue 
impossible.  Resterait  la  ressource  de  respirer  par  la 
bouche;  mais  les  chevaux  ne  le  peuvent  pas.  Chez  eux, 
en  effet,  le  larynx  remonte  assez  haut  pour  venir  se 
mettre  en  rapport  avec  1'ouverture  posterieure  des  fosses 
nasales,  II  en  resulte  qu'a  la  suite  de  la  section  des  deux 
nerfs  faciaux,  les  chevaux  perissent  asphyxies  par  suite 
de  1' impossibility  ou  ils  se  trouvent  de  dilater  leurs  na- 
rines. 


SUR    LE    NEZ.  37 

II  est  probable  qu'il  en  serait  de  meme  chez  les  ce- 
taces  souffleurs. 

On  oblient  alors  sur  les  chevaux  cles  resultats  ana- 
logues a  ceuxqu'on  produit  en  leur  cousant  les  narines. 

Yoici  une  experience  qui  etablit  ce  que  nous  venous 
d'avancer  touchant  I'influence  du  nerf  facial  sur  les 
mouvements  ties  narines : 

Exp.  — Sur  un  cheval  morveux,  maintenu  couche  a 
terre,  on  decouvrit  le  facial  et  on  dissequa  ses  branches.- 
En  les  pincant,  on  les  trouva  tontes  sensibles,  mais 
assez  faiblement.  On  coupa  les  trois  branches  du  nerf, 
et  les  bouts  centraux  resterent  sensibles,  tantlis  que  les 
bouts  peripheriques  se  montrerent  alors  insensibles. 

On  rcniarqua  qu'aussitot  apres  la  section  du  nerf 
facial  sur  la  joue,  la  levre  correspondante ,  iuferieure, 
devint  pendante;  le  naseau  du  meme  cote  etait paralyse. 
Lors  de  I'inspiration,  il  s'allaissait  et  s'aplatissait  comme 
une  soupape,  (comme  le  fait,  par  example, -le  repli  ary- 
teno-epiglotti(|ue  dans  l'o?deme  de  la  glotte),  de  sorte 
qu'a  ce  moment  la  narine  se  trouvait  completement  fer- 
mee.  Dans  1' expiration,  au  contraire,  les  bords  de  la 
narine  s'ouvraient  et  sVrartaient  legerement.  C'estdonc 
la  tout  a  fait  Tinverse  de.ce  qu'on  observe  a  1'r'tat  nor- 
mal, dans  lequel  la  narine  sY^largit  au  moment  de  I'in- 
spiration et  se  retrecit  au  moment  de  1'expiration. 

On  tourna  le  cheval  de  1'autre  cote  et  on  repeta  la 
me" me  experience  sur  1'autre  nerf  facial.  Les  branches 
intactes  du  nerf  etaient  sensibles  comme  celles  du  cote 
oppose.  Lorsque  ces  branches  furent  coupees,  leurs  bouts 
centraux,  examines  imme'diatement,  se  montrerent  sen- 


38  EFFETS    DE    LA    PARALYSIS    DU    NERF    FACIAL 

sibles,  inais  les  bouts  peripheriques  n'aceuserent  aucune 
sensibility. 

An  moment  ou  Ton  fit  la  section  des  branches  du 
facial ,  la  levre  inferieure  devint  completement  tom- 
bante.  La  narine  de  ce  cote  fut  frappee  de  paralysie,  et, 
ainsi  quecela  avait  eu  lieu  de  1'autre  c6te,  la  narine  s'apla- 
tissait  et  se  soulevait  comnie  une  soupape  au  moment 
de  1'inspiration  et  de  1'expiration.  II  en  resulta  une  ve- 
ritable asphyxie  pour  le  cheval,  qui,  ouvrant  largement 
la  bouche,  suffoquait  malgre"  ses  efforts  pour  respirer. 
Le  cheval  ne  pouvant  respirer  par  la  bouche,  a  cause  de 
la  disposition  du  voile  du  palais  et  de  1'epiglotte  qui 
remonte  jusqu'a  1'orifice  posterieur  des  fosses  nasales; 
il  s'en  suivit  une  mort  de  1'animal  par  asphyxie. 

Get  accident  est  particulier  au  cheval  et  ne  se  moutre 
pas  chez  le  chien  ouchez  d'autres  anirnaux  qui  peuvent 
respirer  par  la  bouche. 

En  outre,  chez  I'homme,  chez  le  chien,  la  resistance 
des  cartilages  du  nez  empeche  la  paralysie  des  nerfs 
faciaux  d'avoir  les  consequences  qu'elles  out  chez  le 
cheval;  il  leur  resterait  d'ailleurs,  ainsi  que  nous  venons 
de  le  dire,  la  ressource  de  respirer  par  la  bouche. 

Le  nerf  facial,  nous  le  savons,  se  distribue  encore 
aux  levres  et  aux  joues.  L'immobilite  cle  ces  parties  est 
la  consequence  de  sa  section.  Si  Tamma!  veut  prendre 
ses  aliments  avec  les  levres  lorsque  le  facial  est  coupe 
des  deux  cotes,  ce  mode  de  prehension  lui  est  devenu 
impossible.  J'ai  vu  par  exemple,  en  coupant  les  deux 
nerfs  faciaux  chez  des  lapins  que  ceux-ci,  etant  reduits 


SUR    LES    JOUiiS.    LES    I.EVRtS    Li    L'oRLSLLL:.  39 

a  saisir  avec  les  dents  les  aliments  qu'on  lour  domie, 
etaient  obliges  de  les  macher  eo  levant  latete,  sans  quoi 
ces  aliments  leur  echappaient.  La  joue  est  alors  paralysee 
en  meme  temps et,  le  buccinateur  ne  se  contractant  plus, 
les  aliments  ne  sont  plus  ramenes  sous  les  dents  pendant 
la  mastication.  Us  s'accunuilent  des  lors  eiitre  Farcade 
dentaire  et  la  joue,  et  gonflent  celle-ci  an  point  de 
gener  les  mouvemenls  des  machoires.  II  y  a  en  outre, 
comme  consequence  de  la  paralysie  des  filets  du  digas- 
trique  et  stylo-hyoi'dien  du  nerf  facial,  des  difficulty's 
apportees  dans  la  deglutition,  si  bien  qn'apres  la  section 
desdeux  nerfs  faciaux,  ces  animauxmangentlentement, 
difficilement,  ne  peuvent  plus  se  nourrir  suffisamment 
et  Cnisscnt  par  mourir  de  faim. 

La  paralysiodu  muscle  buccinateur  qui  est  animo  pai§ 
le  nerf  facial,  donne  a  la  joue  unc  flaccidite  qui,  dans 
les  mouvements  d'expiration,  rempeche  de  resister  a  la 
pression  de  1'air  expire.  II  en  resulte,  du  c6t<3  paralyse 
seulement,  une distension  intermittente  de  la  joue  pro- 
duisant  un  soulevement  particulicr ,  souvent  observe 
chez  1'homme  et  qu'on  caracterise  en  disant  que  le 
malade  fume  la  pipe. 

Enfin,  messieurs,  la  section  du  nerf  facial  ameneaussi 
des  modifications  tres  apparentes  du  cote  de  1'oreille. 

Sur  ce  lapin,  qui  a  le  nerf  facial  gauche  coupe,  vous 
pouvez  voir  1'oreille  gauche  tomber;  il  ne  pent  plus  la 
redresser  comme  1'oreille  droite.  ce  qui  tient  a  la 
paralysie  des  muscles  exterieurs  du  pavilion  de  1'oreille. 
Ce  phenomene  est  tres  marque  chez  les  animaux  qui, 
comme  Tane,  out  delonguesoreilles.  Chez  1'homme  il  n'a 


EFFETS    DE    L\    PARALYSIE    DU    NERF    FACIAL. 

pas  lieu;  1'oreille  reste  a  pen  pres  immobile,  dans  une 
position  determinee  a  cause  de  la  rigid  ite  de  ses  car 
tilages  el  la  paralysie  des  muscles  auriculaires  n'y  pro- 
duit  pas  de  deformation  apparente. 

La  branche  auriculaire  du  nerf  pneupaogastrique 
parait  aussi  avoir  une  certaine  influence  sur  les  mouve- 
ments  de  1'oreille.  Yoici,  en  effet,  ce  que  nous  avons 
observe  : 

Exp.  —  On  fit  sur  un  lapin  la  section  dela  branche  au- 
riculaire du  nerf  pneumogastrique  avant  son  anastomose 
avec  le  facial.  Aussitot  apres  la  section  de  ce  filet, 
1'oreille  devint  basseet  tornbante,  tandisquecelledu  c6te" 
oppose  resta  droite.  Cependaut,  quand  on  irritait  I'ani- 
mal,  Toreille  tombante  se  redressait;  rnais  ensuite, 
quand  le  lapin  rtait  en  repos,  1'oreille  relombait.  On 
observa  ce  resultat  d'line  maniere  conslante  pendant 
quatre  jours  de  suite;  apres  quoi,  1'animal  etant  sacri- 
fie,  on  constata  que  i'aoastomose  entre  le  facial  et  le 
pneumogastrique  etait  bien  exactement  coupee. 

En  resume,  lapartie  exterieure  du  nerf  facial  preside 
aux  mouvements  dc  la  face  qui  out  en  general  pour 
siege  les  ouvertures  des  organes  de  sens.  Ce  nerf  est 
done  exclusivement  moteur,  et  lorsqu'on  a  coupe  son 
tronc  au  sortir  du  trou  stylo-mastoi'dien,  on  n'observe 
aucune  alteration  dans  les  mouvements  profonds  de  la 
face. 

Une  derniere  observation  doit  encore  eirefaite  ici  re- 
lativement  a  la  paralysie  de  la  partie  externe  du  facial. 

Lorsque  ce  nerf  est  paralyse  chez  1'homme  d'un  seul 
cote,  on  a  une  deviation  des  traits  qui  sont  tires  du  cote 


DEVIATION    DES   TRAITS    DE    LA    FACE.  /ll 

sain ;  cette  deviation  est  bieii  connue  et  je  u'insisterai  pas 
sur  elle.  On  a  explique  cette  deviation  en  disant  que  les 
muscles  paralyses  ayant  perdu  leur  puissance  contrac- 
tile on  leur  ton,  1'action  antagoniste  subsistait  seule. 

Je  ne  sais  pourquoi,  ciiez  les  animaux,  on  observe 
exactenientl'inverse,  c'est-u-dire  que  les  traits  sont  tires 
du  cote  de  la  paralysie.  Cette  deviation  s' observe  moins 
facilement  chez  le  lupin,  mais  je  vous  la  montrerai  cbez 
lechien.  Je  vous  donne  simplement  ce  fait  sans  cher- 
cber  pour  le  moment  a  1'expliquer. 

Actuellement,  messieurs,  nous  allons  vous  exposer  un 
certain  nombre  d'experiences  que  nous  avons  faites  deja 
depuis  longtemps  et  dans  lesquelles  vous  trouverez  les 
preuves  des  tliilt- rentes  assertions  que  nous  avons  avan- 
cees  dans  cette  lecon. 

d 

Exp. —  Sur  un  lapin  on  coupa  a  gauche  le  nerf  facial 
a  la  sortie  du  trou  stylo-mastoi'dien.  Apres  cette  section, 
les  traits  de  la  face  etaient  aplatis,  et  attires  en  arriere, 
a  gauche,  c'est-a-dire  du  cote  paralyse.  Cette  deviation 
des  traits  est  done  I'in verse  de  ce  qui  a  lieu  chez 
1'homme. 

Apres  la  section  de  la  cinquieme  paire,  la  face  pre- 
sente  un  autre  aspect  :  an  lieu  d'etre  tendu  et  tire  en 
arriere,  le  c6te  de  la  face  est,  au  contraire,  flasque  et  les 
traits  sont  tombants.  On  peut,  a  cet  aspect  seul,  recon- 
naitre  de  loin  si  c'est  le  facial  on  la  cinquieme  paire  qui 
a  ete  coupe. 

Exp.  —  Sur  un  lapin  chez  lequel  les  deux  nerfs  fa- 
ciaux  avaient  ete  coupes  dans  la  caisse  du  tympan  ,  on 
conslata  que  la  sensibility  Otait  conservee  des  deux  cotes 


/l2  UE    LA    PARALYSIE    DU    NERF    FACIAL. 

de  la  lace.  Les  mouvements  du  nez,  des  levres,  des 
oreilles,  des  joues,  etaient  completement  perdus.  Les 
machoires  seules  pouvaient  se  mouvoir. 

Le  lapiu  prenait  sa  nourriture  avec  les  dents,  ma- 
chant  tres  bien ;  mais  les  aliments  macho's  se  placaient 
entre  les  joues  et  les  machoires  et  y  restaient  accumules 
en  quantity  plus  ou  moins  considerable. 

On  observa  le  meme  phthiomene  sur  quatre  autres 
lapins  chez  lesquels  le  nerf  facial  avait  etc  coupe  des 
deux  c6t('is. 

Eoop.  -  -  Sur  un  chat,  on  fit  1'extirpation  du  facial 
d'un  cote. 

Uoreille  correspondante  resta  parfaitement  droite, 
immobile;  la  paupiere  etait  fixe  et  ne  se  fermait  pas, 
mais  1'animal  clignait  avec  la  troisieme  paupiere  qui  avail 
conserve  tous  ses  mouvements.  La  pupille  etait  verti- 
cale,  et,  comme  celle  de  1'autre  u?il,  n'offrait  rien 
d'anorrnal.  Le  globe  oculaire  avait  e'galement  conserv^ 
tous  ses  mouvements. 

L' animal  se  placait  souvent  devant  le  feu ,  et  quand 
il  s'endormait  en  se  chauffant,  il  fermait  les  paupieres 
de  Fceil  sain,  tandis  que  celles  de  I'ceil  opere  restaient 
ouvertes.  Mais  de  ce  cote  la  paupiere  clignotante 
s'e'tendait  au-devant  de  I'oeil. 

Exp.  -  -  Sur  un  lapin  de  taille  moyenne,  on  fitTextir- 
pation  des  deux  faciaux.  Apres  Textirpation  du  facial 
droit.  les  traits  de  la  face  etaient  aplatis,  tires  en  bas  et  en 
arriere  de  ce  cote.  Apres  1'extirpation  des  nerfs  faciaux, 
tous  les  mouvements  etaient  paralyses :  les  oreilles  etaient 
basses.  II  y  avait  cependant  parfois  nne  espece  de  sou- 


HXPERi,  \.        .  A3 


levement  des  Marines  qui  tenail  sans  cloute  a  un  souleve- 
ment  par  1'air  expulse. 

Dans  I'arrachement  du  facial,  il  arrive  quelquefois 
que  Ton  menage  le  nerf  acoustique  et  parfois  aussi  le 
petit  ganglion  genicule  du  facial  ainsi  que  le  nerf  in- 
termediaire  de  Wrisberg.  Ici,  on  n'a  pas  examine  ce 
qui  avail  eu  lieu  ;  mais  on  observa  que  1'ou'ie  du  lapin 
etait  considerablement  affaiblie.  Toutefois  I'aiiimal  en- 
tendait  encore  les  bruits  lorsqu'ils  etaient  tres  violents. 
LTanimal  mangeait  mais  avalait  ditlicilement ;  les  ali- 
ments s'accumulaient  entre  les  arcs  dentaires  et  les 
joues;  si  bien  qu'il  mourut  pendant  la  unit,  proba- 
blement  eloufle  par  les  aliments  qivil  avail  dans  la 
bouche. 

Nous  avons  fail  ensuite  diff^reotes  experiences  sur 
1'extirpalion  des  nerfs  qui  ont  des  rapports  avec  le  facial, 
el  nous  avons  vu  que  : 

a.  En  extirpant  le  facial,  on  n'arracbe  pas  son  ana- 
stomose avec  le  pneumogastrique  dansla  portion  osseuse 
du  temporal. 

b.  En  arrachant  le  pneumogastrique ,  on  enleve  les 
deux  faisceaux  radiculaires  du  nerf;  mais  on  ne  detruit 
pas  son  anastomose  avec  le  facial.  Comme  cette  anas- 
tomose prend  directement  naissance  du  ganglion  jugu- 
laire,  il  est  pronaltie  qu'on  n'arracbe  pas  ce  ganglion. 

c.  En  extirpant  le  nerf  spinal  on  pent  quelquefois  n'en- 
lever  que  la  branche  externe ;  d'autres  fois  on  n'extirpe 
aussi   la  branche  interne,  quand  on  saisit  le  nerf  plus 
haul.  Quelquefois  les  animaux  suiFoquent  subitemenl, 
cela  tient-il  a  ce  qu'on  a  lese  les  vagues  ou  d'autres  nerfs  ? 


1\l\  PARALYSIS    DU    NERF    FACIAL. 

d.  En  extirpantl'hypoglosse,onn'atteinl  aucunement 
les  nerfs  de  la  huitieme  paire. 

Exp. — Sur  an  lapin  do  forte  taille,  on  enleva  le  gan- 
glion cervical  supn-ieur.  Le  ganglion  put  etre  pi  nee  sans 
douleur,  seulement  I'arrachement  determina  un  pen 
de  sensibilite.  On  fit  ensuite  la  section  des  branches 
superficielles  dn  plexus  cervical.  Les  mouvements  de  la 
narine  correspondante  ne  changercnt  pas.  On  observa 
seulement  encore,  apres  1'ablation  dn  ganglion ,  la  de- 
formation deja  signalee  de  1'ouvertnre  palpi'brale  avec 
saillie  considerable  de  la  troisieme  paupiere  ainsi  que  la 
contraction  de  la  pnpille. 

On  exposa  les  deux  yeux  a  la  lumiere  dn  soleil  :  Les 
deux  pupilles  se  contracterent;  maisTiris  du  cote  gauche 
ou  le  ganglion  avail  ete  enleve  paraissail  bien  plus  sen- 
sible a  1'action  de  la  luniiere. 

Ensuite  on  essaya  de  conper  Vanaslomose  du  pneumo- 
gastrique  dans  la  caisse  a  gauche  et  on  coupa  le  facial. 
11  y  eut  immobility  do  tout  le  cote  correspondant. 

Le  lendemain,  les  mrmes  phenomenes  persistaient. 
On  voulut  faire  la  section  de  1'anastomose  du  pneumo- 
gastrique  a  droite  et  on  coupa  encore  le  nerf  facial. 

L'animal  avalait  diiticilement;  1'herbe  s'accumulait 
entre  les  dents  et  les  joues;  il  mourut  deux  jours 
apres. 

A  Tantopsie  :  epanchement  de  sang  dans  les  deux 
pouinons,  serosile  liquide  dans  le  pericarde,  rien  dans 

la  plevre. 

Exp.  —  Sar  un  lapin  de  forte  taille,  on  fit  a  gauche 
1'ablalion  du  ganglion  cervical  superieur. 


Le  ganglion  cervical  put  etre  pince  et  lacere  sans 
provoquer  aucun  signe  de  douleur,  seulement  1'animal 
cria  au  moment  de  1'airachement.  On  examina  si  cette 
operation  avait  amene  quelque  diminution  dans  les  mou- 
vements  de  la  narine  du  cote  correspondant  et  on  ne  vit 
rien  de  bien  evident  a  ce  sujet. 

Le  lendemain,  en  observant  1'aninial,  on  remarqua 
pour  la  premiere  fois  qu'il  existait  du  cote  ou  le  gan- 
glion avait  ete  enleve  un  relrecissement  et  une  de- 
formation parliculiere  do  ruuverture  palpebrale.  On 
observa  e"galement  le  phenoinene  bien  conim  du  retre"- 
cissemenl  de  la  pupille  qui  existait  du  cote  gauche. 

Deuxjoursapres,onn'0bservait  riende  nouveau.  Alors 
on  fit  a  gauche  la  section  de  1'anastomose  du  pneumo- 
gastrique,  maison  opera  involontairement  la  section  du 
tacial  et  on  abolit  tons  les  mouvemeuts  de  la  face.  Le 
retrecissement  do  la  pupille  persista.  Le  lendemain  on 
essaya  decouper  ['anastomose  du  cole  droit;  mais  cette 
fois  encore  on  coupa  le  facial  du  cote  droit,  de  sorte 
que  ce  nerf  elait  coupe  des  deux  eotrs.  On  s'assura  ([lie 
1'animal  entendaittresbien,  malgre  ([ue  les  deux  faciaux 
fussent  coupes  dans  la  caisse.  Lorsqu'oii  laissait  toniber 
(juelque  chose  a  terre,  il  prenait  la  fuite  au  moment  ou 
le  bruit  se  produisait. 

Les  jours  suivanls,  1'animal  presenta  les  memessym- 
pt6mes;  il  mangeait  avec  difficulte  et  mourut  apres  cinq 
jours.  A  1'autopsie,  ou  trouva  la  bouchc  remplie  d'herbe 
incompleteiuent  broyee.  L'animal,  qui  n'avalaitque  dif- 
ficilernent  a  cause  du  sejour  des  aliments  entre  ses  joues 
paralyst-es,  macbait  toujourset avait  Tair  de  ruminer.  On 


DE    L\    PARALYSIE    DU    NERF    FACIAL. 

remarqua  dans  les  deroiei  s  jours  de  la  vie  du  iapin  que- 
Foeil  gauche,  ducote  ou  ie  ganglion  cervical  avait  ete  en- 
leve,  etait  humide  et  larmoyant.  On  avait  egalement 
observe  qu'il  y  avait  un  ecoulement  par  la  narine,  du 
meme  cote. 

Exp.  -  -  Sur  un  jeune  lapin,  on  fit  la  section  de  la  cin- 
quieme  paire  a  gauche.  Apres  la  section,  les  traits  e"taient 
pousses  en  avant.  Les  mouvements  des  narines  s'execu- 
taient  bien  des  deux  cotes.  Alors  on  fit  1'ablation  dn 
ganglion  cervical  superieur  a  gauche ;  les  mouvements 
de  la  narine  de  ce  cote  continuaient,  surtout  quand  on 
comprimait  la  trachee ;  a  IViat  de  repos,  ils  semblaient 
u n  peu  modifies. 

Eiiiin  on  lit  la  section  du  nerf  facial  dans  la  caisse  du 
tynipau  du  c6te  gauche.  Les  traits  qui  avaient  ete  pous- 
ses en  avant  au  moment  de  la  section  de  la  cinquieme 
paire  se  retirerent  un  peu  en  arriere  et  se  mirent  de 
niveau  avec  ceux  du  c6t6  oppose. 

L' animal  fut  ensuite  sacrifiedans  uneautre  experience. 

Tels  sout  messieurs,  les  phenomenes  exterieurs  qui 
apparaissent  dans  la  face  quand  on  a  detruit  le  facial  par 
un  precede  quelcoiique.  Nous  aurions  maintenant  a  rap- 
procher  les  resultats  que  nous  fournit  rexperimentatiou 
chezles  animaux,  dessymptomes  que  la  lesion  de  cenerf 
determine  chez  1'homme.  Sous  ce  rapport,  nous  pour- 
rions  citer  un  grand  nombre  de  cas  de  paralysies  de  la 
face  simples  ou  doubles  chez  Fhomme,  observe'es  par 
differentsauteurs,  et  nous  trouverions  Fanalogie  la  plus 
complete  entre  les  phenomenes  pathologiques  et  ceux 
qui  sont  le  resultat  de  1' experimentation.  Ce  sont  la  des 


EXPERIENCES  111 

faits  teHement  connus  qu'il  est  completement  inutile  d'y 
insister.il  y  a  seulement  une  difference  que  nous  avons 
deja  signalee  :  c'est  la  deviation  des  traits  du  cote  du 
du  nerf  paralyse  chez  les  animaux  et  du  cote  oppose 
chez  I'homine.  Sans  vouloir  entrer  dans  1'explication  de 
ce  phe'nomene,  nous  dirons  cependant  que  chez 
rhomme,  dans  certains  cas  ou  la  paralysie  du  facial  a 
succeYle  a  une  nevralgie,  il  survient  une  sorte  de  contrac- 
tion qui  tire  les  traits  du  cute  ineme  de  la  paralysie. 
C'est  la  une  sorte  d'influence  que  le  nerf  de  sensibilite 
exercerait  sur  le  nerf  de  mouvement.  Nous  aurons  a 
revenir  sur  cette  influence  a  propos  de  la  cinquiemc 
paire  en  vous  parlant  de  Inflection  convulsive,  a  laquclle 
on  adonne  lenom  de  tic  douloureux  dela  face,  affection 
caracterisee  par  des  mouvements  convulsifs,  reflexes, 
qui  surviennent  dans  le  nerf  de  mouvement  par  suite 
d'une  lesion  du  nerf  de  sentiment. 


QUATRIEME   LECON. 

I")     MAI    ISo". 

SOMMAIRE  :  Nerf  trijumeau.  —  Ses  fonclions.  -  -  Experiences  de  Ma- 
genclie,  de  Schaw.  —  Vucs  dc  Ch.  Hell.  --  Anatomic  do  la  cinqnieme 
paire.  —  Section  de  la  cinquieme  paire  dans  le  crane.  --  I'rocedi!. — 
Experience.  —  Eflets  de  cetle  operation,  immediats  et  consecutifs.  - 
Eflets  compares  de  la  section  de  la  cinquieme  paire  avant  el  apres  le 
ganglion  de  dasser.  --  Accidents  qui  stirvic-nnent  du  cole  de  1'a'il 
apres  la  section  du  nerf  trijumeau.  —  t,a  cecite"  est  conse'cuiive  el  non 
primitive.  —  Experiences. 

MESSIEURS  , 

Apres  avoir  etudie  la  distribution  et  le  role  de  la  por- 
tion extra-cranienne  du  facial,  nous  devrionsaujourd'hui 
examiner  sa  partie  intra-cranienne,  c'csl  a  dire  les  filets 
qui  en  omanent  depnis  son  origine  de  la  nioelle  allon- 
g(^e  jusqu'iisa  sortie  par  le  trou  stylo-mastoi'dien.  Mais, 
ainsiquejevous  1'ai  deja  indique,  ces  filets,  suivantnous, 
font  partie  du  grand  sympathique  et  nous  renvoyons 
leur  etude  apres  cello  de  la  cinquieme  paire  qui  est 
le  nerf  sensitif  principal  de  la  face. 

Je  dois  vous  montrer  encore  le  lapin  sur  lequel  nous 
avons,  dans  la  derniere  seance  ,  fait  la  section  du  nerf 
facial  a  sa  sortie  du  crane.  Vous  voyez  que  du  cote  gauche 
ou  ce  nerf  a  etc  coupe  les  mouvements  de  la  face  sont 
completement  abolis,  bien  que  la  sensibilite  persiste, 
conime  il  est  facile  de  le  voir  aux  mouvements  provoques 
par  les  excitations  dans  les  parties  qui  sont  encore  ca- 
pablesdese  mouvoir.  tel  que  le  globe  de  lYpil.  II  est  aise 


NERF    TRl.JUME.YU.  /j9 

tie  voir  sur  cet  animal  qu'aucunc  alteration  de  nutrition 
n'a  suivi  la  section  du  facial.  Bien  qne  les  paupieres  ne 
puissent  plus  recouvrir  le  globe  de  1'oeil,  celui-ci  est 
reste  humide  et  brillant ;  la  cornce  n'a  pas  perdu  sa 
transparence. 

Laissons  done  la  le  nerf -facial ;  nous  aliens  atijour- 
d'hui  entreprendre  1'e'tude  de  la  cinquiemc  paire.  dont 
1'histoire  se  rattache  du  reste  etroitement  a  celie  de  la 
portion  (lure  de  la  septiemo  paire. 

La  cinquiemc  paire.  nerf  trijumeau,  donne  la  sensi- 
bilite  a  la  face;  la  physiologic  de  n1  nerf  n'esl  bien 
connue  que  depuis  leslravaux  dc  Ma^Midic.  Avant  lui, 
voyant  le  nerf  trijumeau  sc  distribner  a  la  peau  de  la 
face  et  le  facial  se  dislribuer  aux  muscles  de  cette 
region,  Ch.  Bell  avail  deja  ctablila  difference fonction- 
nclle  ([ii i  srpare  physiologiquement  ces  deux  nerfs.  11  fit 
faire  l'expe"rience  sur  un  ane  ])ar  Schaw.  (jui,  conpant 
d'un  cote  la  brancbe  sous-orbilaire  de  la  ciiKjuieme  paire 
et  de  Tautre  les  rameaux  buccaux  du  facial,  ant-antit  le 
sentiment  de  la  levre  supt^rieui-e  d'un  cote  et  le  mou- 
vement  de  1'autre  cote. 

La  presence  du  ganglion  de  Gasser  a  1'origine  du 
nerf  trijumeau  fut  ensuitc  pour  Ch.  Bell  une  raison 
de  rapprocher  ce  nerf  des  racines  posterieures. 

Au  moment  ou  Magendie  entreprit  ses  experiences 
sur  la  cinquieme  paire,  on  avait  done  seulement  demou- 
tre  qu'elle  donne  le  sentiment  a  la  levre,  et  que  le  facial 
lui  donne  le  mouvement.  Les  experiences  de  Magendie 
apprirent  surlout  que  non-seulement  le  nerf  trijumeau 
estun  nerf  sensitif,  mais  qu'il  a  encore  une  influence 

B,,     SVST.  HERY.  —   II.  4 


50  NERF    TRUUMEAU 

tres  remarquable  sur  la  nutrition  de  la  t'aceet  par  suite 
sur  les  manifestations  sensorielles. 


Vous  savez  quo  1'origine  apparente  do  lacinquieme 
paire  a  lieu  au  pont  de  Varole  par  deux  portions,  1'tine 
^rosse,  1'autre  petite  ;  lagrossi;  portion  constitue  un  nerf 
de  sentiment,  la  petile  portion  est  motriee. 

Immediatement  en  sortant  du  ganglion  qui  se  trouve 
pen  apivs  son  origint1,  le  trijumeau  se  divise  en   trois 
anches  :  la  branche  ophthalmiqu6,  la  branche  maxil- 
laire  snperieure  et  la  branche  maxillaire   inferieure. 
Les  deux  brandies  superieures  sont  des  nert's  purs  de 
sentiment.  Mais  la  branche  inferieure  est  mixte,  cequi 
est  du  a  une  partie  motrice  fort  grele,  qui  n'entre  pas 
dans  le  ganglion  et  vient,  un  peu  au  dela,  se  joindre  a  la 
branche   maxillaire  interieure.   Cette  portion  motrice 
vient  ensuite  s'associer  a  certains  filets  du  nerf  maxil- 
laire iuterieur,  qui  grace  a  cette  adjonction  deviennent 
mixtes,  tandis  que  d'autres  restent  seulement  sensitit's. 
Tandis  que  toute  la  partie  ganglionaire  du  nerf  trijumeau 
preside  a  la  sensibilite  generale  de  tons  les  organes  des 
sens,  de  la  pruu  de  la  face,,  excepte  a  celle  de  la  partie 
interieure  et  posterieure  de  1'oreille,  la  portion  motrice 

c 

qui  est  venue  se  joindre  a  la  branche  maxillaire  interieure, 
donne  le  mouvement  aux  muscles  masticateurs.  Aussi, 
quand  on  a  coupe  completement  sur  un  lapin,  la  cin- 
quieme  paire,  ranimala  perdu  non-seulementla  sensibi- 
lite de  la  face,  inais  aussi  les  mouvements  de  la  machoire 
inierieure  :  si  le  trijumeau  a  ete  coupe  des  deux  cotes, 
la  mastication  est  devenue  impossible.  Lorsque  la  section 


EFFETS    DE    SA    SECTION. 

n'a  ete  pratiquee  ([ue  d'lin  soul  cute ,  les  nioiiveinents 
masticateurs  peuveut  encore  s'exe'cuter  grace  a  1'inte- 
grite  des  niouvements  du  cote  oppose. 

Voilapour  cequi  concerne  les  phenomenesqui  suivent 
immediatement  la  section  dn  nerf  trijunieau. 

D'autres  effets,  portant  plus  specialement  sur  les 
sens,  s'observent  lorsque,  coinine  1'a  fait  Magendie,on 
coupe  la  cinquieme  paire  dans  le  crane  de  maniere  que 
les  aniniaux  survivent. 

Cette  operation  ,  que  nous  aliens  pratiquer  devant 
vous,  est  difficile  par  la  raison  simple  qu'on 
ne  voit  pas  ce  qu'on  fait.  Le  tronc  du  triju- 
nieau cniaiie  de  la  partie  supe"rieure  et  externe 
de  la  protuberance  aimulaire,  vers  le  lieu  oil 
naissent  les  pedoncules  cerebelleux  inoyens.  11 
esi  evident  qu'on  ne  pourrait  decouvrir  le  nerf 
en  ce  point  qu'en  enlevant  la  voute  du  crane  et 
une  partie  du  cerveau,  ainsi  qu'on  Ta  fait  sur 
cette  ])ioc'o  qui  vient  d'un  lapin  (%.  2).  Comnie 
dans  Toperation  que  nous  allons  pratiquer, 
nous  agissons  sans  voir  le  nerf,  il  faut  toujours 
se  resiguer,  en  raison  liitMne  de  cette  difficulte, 
a  courir  les  chances  de  quelques  insucces. 

Pour  couper  la  cinquieme  paire  dans  le 
crane ,  on  pent  faire  usage  d'instruinents  de 
forme  tres  ditferente. 

Le  premier,  celui  dont  se  servait  Magendie 
est  une  sorte  de  crochet  cuneiforme  tranchant 
que  voici.  (^elui  dont  nous  faisons  usage  pour 
arriver  sur  la  racine  du  trijumeau  et  la  couper  est 


52 


SECTION 


FIG.  2  (l). 

(1)  Section  de  la  cinquieme  paire  dans  le  crane  chez  le  lapin.  — 
Le  crane  est  ouvert  ct  le  cerveau  enlevt5  afin  de  montrer  les  origines  des 


DU  NERF  TRUUMEAU  DANS  LE  CRANE.       53 

represente  (fig.  1).  On  pent  encore  donner  a  cet 
instrument  une  forme  analogue  a  celle  d'un  canif.  Voici 
d'ailleurs  le  proce'de'  tel  que  nousle  suivons  (fig.  2)  : 

1°  On  tient  solidemcnt  de  la  main  gauche  la  tete  du 
lapin  en  sentant  avecle  doigtun  tubercule  place  imme- 
diatement  au-devant  de  1'oreille  et  qui  est  constitue  par 
le  condyle  de  la  machoire  infrrieure.  En  arriere  de  ce 
tubercule,  on  trouve  une  portion  osseuse  dure  qui  est 
1'origine  du  conduit  auditif ; 

2°  On  pique  avec  ['instrument  H  immediatement  en 
arriere  du  bord  supmeur  du  lubercule  condylien,  en 
dirigeant  lapoiuto  de  rinstrunient  un  pen  en  avant  pour 
eviter  detombenlnns  Pe'paisseur meme  du  rocher  et  par- 
venir  plus  facilement  dans  la  fosse  iemporale  moyenne; 
on  incline  en  me' me  temps  un  pen  en  haul  atinde  ne  pas 
glisser  dans  la  fosse  /ygnmaliqiie  en  manquant  ainsi 
d'entrer  dans  le  crane; 

o°  Aussitot  que  rinstrunient  a  penetre  dans  le  crane, 
ceqni  se  reconnait  a  ce  que  sa  pointe  pout  se  mouvoir  a 
1'aisc,  on  cesse  de  le  pousser  et  le  dirige  aussitot  en 


ncrfs  ct  la  marclic  que  ('instrument  doit  snivre  pour  parvenir  sur  le 
tronc  de  la  cinquienie  paire. 

A,  nerfs  olfaclil's;  --  B,  ncrfs  optiques;  —  C,  nerfs  moteurs  oculaires 
communs ;  --  D,  ncrfs  patheliques ;  —  E,  lame  de  rinstrunient  pe*ne- 
trnnt  dans  le  crane  par  sa  base  pour  couper  le  trijinneau  (deuxieme 
precede");  ~  G,  G',  tronc  du  nerf  de  la  cinquienie;  a  droite,  en  G',  le 
nerf  est  coupe  par  le  premier  precede,  par  le  cote  lateral  du  crane;  —  H, 
extremile  de  rinstrunient  arrivee  sur  le  tronc  de  la  cinquienie  paire, 
apres  avoir  glisse  d'ai  riere  en  avant  et  de  haul  en  bas  sur  la  face  du  ro- 
cher, en  meme  temps  que  le  nianche  de  1'instrument  se  dirigeait  de  bas 
en  haul  et  en  arriere,  1 ;  —  II',  nerfs  de  la  seplieme  paire;  —  K ,  coupe 
de  la  moelle  allongee. 


5/J  NKHF    TKI.IUMK\U 

has  et  en  arriere  on  faisant  idisser  son  dos  contre  la 
face  anterieure  du  rocher  qui  doit  servir  d'e  guide 
dans  1'operation ; 

h°  Ce  point  do  repere,  c'est-a-dire  la  face  anterieure 
du  rocher,  etant  trouve.  on  poussc  1'instrument  sur  cette 
facedu  rocher  en  suivant  son  Itord  inferieuret  procedant 
gradnelleinent .  en  enfoneant  1'instrument  et  appuyant 
sur  1'os  dont  la  resistance  est  facile  a  reconnaitre.  Mais 
bieniot  on  sent,  a  nne  certaine  profondeur,  que  ia  resis- 
tance ossense  cesse  :  on  est  alors  sur  la  cinquieme  paire 
et  les  cris  que  pousse  1'animal  donnent  aussitot  lapreuve 
qn'oii  cuinpriine  le  nerf; 

5°  C'est  a  ce  moment,  (ju'il  fanttenir  solidement  1'in- 
strnment  et  la  tete  de  1'animal ;  puis  on  tourne  le  Iran- 
chant  de  rinstrninent  de  facon  a  le  diriger  en  arrierc 
et  en  has,  en  meme  temps  qif  on  a})pnie  dans  le  meme 
sens  pour  operer  la  section  du  nerf  immediatement  a 
son  passage  sur  I'extremite  du  rocher,  en  arrierc  du 
ganglion  de  Gasser,  si  c'est  possible,  on  tout  au  moius 
sin-  ce  ganglion  lui-meme. 

6°  On  ramene  ensuite  rinstrumenten  appuyant  sur  1'os 
de  manicre  a  bien  achever  la  section  du  tronc  de  la 
cinquieme  paire :  puis  on  le  retire  en  lui  faisant  parcourir 
le  meme  trajet  sur  la  face  anterieure  du  rocher  en  sortant 
(m'en entrant,  afin  dene  pas  labourer  la  substance  cere- 
bral e. 

L'accident  a  redonter  dans  1'operation  est  snrtout  la 
section  de  1'artere ©arotide  lorsqu'on  pousse  rinstrument 
tropen  dedans,  on  la  lesion  du  sinus  eaverneuxiorsqu'on 
le  pousse  trop  en  a  van  I. 


EFFETS    IMMKM.'vTS    1)E    SV    SECTION    DANS    I.E   CRANE.      55 

Nous  aliens  maintenant  faire  cette  experience  clevant 
vous  en  suivant  le  precede-  que  je  viens  de  vous  in- 
diquer  : 

Au-devant  do  1'oreille  de  ce  lapin  nous  sentons  le 
tubercule  qui  inarqueU'origine  du  conduit  auditif;  c'est 
au-devant  de  ce  tubercule  qu'il  faut  enfoncer  1' instru- 
ment. Cet  instrument  est  piquant;  1'os  pen  epais  pent 
etre  perce  directement.  Nous  voici  dans  le  crane, 
nous  suivons  le  rochcr;  le  lapin  s'agite  :  nous  soimucs 
arrive  sur  le  nerf.  Le  mouvemeiil  violent  auquel  1'ani- 
mal  s'est  livre,  aurait  eu  des  suites  (adieuses  si  nous 
n'avions  tenu,  ace  monienl.  tressolidement  la  lete  de  la 
main  gauche  et  I'inslrmnent  de  la  main  droile.  De  cette 
faoon,  les  deux  mains  de  Foperateiir  el  latetr  <lc  ranimal 
faisant  pour  ainsi  dire  corps,  il  n'y  a  pas  eu  de  drpla- 
cement  relatif  de  la  pointe  de  rinsirument.  L'animal 
pousse  des  cris  aigus;  nuns  coupons  le  nerf  de  la  cin- 
quieme  paire.  Yous  voye/  saillir  le  globe  oculairc  dn 
cote  di'oit  oil  nous  operons  la  section  du  nerf.  Mainte- 
nant nous  retirons  Finstrumcnt. 

Vous  voyezen  touchant  lacornee.  leslevreset  les  joues, 
(uie  la  sensibiliie  de  la  face  est  compl&ement  perdue  de 
cecote  droit  ou  r«»peration  a  ele  pratiqiK'-i1.  bienqu'elle 
soit  ton  jours  tresvive  tin  cole  oppose.  On  pent  pincer  la 
narine  a  c6tc  de  la  section,  y  introduire  un  corps etran- 
ger  sans  provoquer  de  douleur;  du  cole  sain,  ces  parties 
sont  restees  tres  sensibles.  L'animal  est  un  pen  affaisse, 
toutefois  il  n'y  a  pasdesignesactuelsd'hemorrhagie,  et  jc 
pense  qu'en  laissantle  lapin  en  repos  il  n'en  surviendra pas. 

La  langue  est  insensible  comme  la  face.  On  pourrait 


56  NF.RF   TRIJUMEAU 

la  saisir  et  la  pincer  a  gauche  sans  que  1'animal    la 
retire;  la  meme  chose  n'aurait  pas  lieu  a  droite, 

Les  phe'nom6nes  imme'dials  d'insensibilite  que  nous 
observons  chez  ce  lapin  persisteront  toujours,  comine 
nous  le  verrons,  en  conscrvant  runimal.  Mais  bientot 
d'autresphenomenes  surviendront :  lesions  consecutives 
de  nutrition  qu'a  decouvertes  Magendie  en  suivant  les 
animaux.  operes,  apres  leur  avoir  coupe  la  cinquieme 
paire  dans  le  crane. 

Magendie  est  le  premier  experimentateur  qui  ait 
coupe  la  cinquieme  paire  dans  le  crane,  de  maniere  a 
conserver  les  animaux  vivants.  II  a  execute  cette  ope- 
ration en  1824.  II  est  vrai  que  d'autres  physiologistes 
avaient  eu  avant  lui  1'idee  de  couper  la  cinquieme  paire 
dans  le  crane  :  Ainsi,  Herbert  Mayo,  en  1823,  publiail 
des experiences  dans  lesquelles  il  avait  coupe  la  cinquieme 
paire  dans  le  crane  a  des  pigeons  apres  leur  avoir  euleve 
le  cerveau ;  la  meme  anuee,  Fodt'-ra  111  des  expe- 
riences dans  lesquelles  il  coupa  la  cinquieme  paire 
sans  enlever  la  calote  eranienne,  en  entrant  par  le 
parietal  et  en  levant  uue  petite  portion  du  rocher.  Les 
deux  experiences  qu'il  fit  par  ce  procede  ne  donnerent 
que  des  resultats  tout  a  fait  incomplete  et  tres  confus- : 
les  animaux  ne  survecurent  dans  aueun  cas.  Or,  comnie 
Tidee  de  cette  experience  n'a  rien  de  particulier,  et  que 
toutle  merite  consiste  dans  rinvention  d'un  procede  qui 
pcrmette  de  Texecuter  et  de  conserver  les  animaux  vi- 
vants, tout  le  merite  decette  experience  et  des  decouvertes 
auxquelles  elle  a  conduit  reviennent  a  Magendie,  bien 
que,  comme  cela  arrive  a  tons  les  inventeurs.  on  ait 


EFFETS  CONSECUTIFS  DE  SA  SECTION  DANS  LE  CRANE.      57 

essay 6  de  lui  enlever  ce  me"  rite  au  profit  cles  physiolo- 
gistes  que  nous  avons  cites. 

Le  lapin  sur  lequel  nous  avons  tout  a  1'heure  fait  la 
section  de  la  cinquieme  paire  dans  le  crane,  est  main- 
nant  tres  vivace.  Ayant  eu  occasion  de  pratiquer  cette 
operation  un  grand  noinbre  de  Ibis,  j'ai  era  remarquer 
que  lorsque  un  affaissement  ou  une  tendance  aux  he- 
morrhagies  se  manifestaient  apivs  r  operation,  un  repos 
absolu  permettait  a  Taninud  de  sr  ivtablirplus  prompte- 
rnent,  tandis  que  le  mouveinent  etait  prcsque  constam- 
inent  funeste. 

Pouretrc  en  mesure  de  vous  montreren  inline  temps 
aujourd'hui  les  phenomenes  consecutifs  a  la  section  do 
la  cinquieme  paire,  nous  avons  pratique  cette  operation 
il  y  a  deux  jours  sur  cet  autre  lapin. 

Nous  avons  d'abord  nmslalr  die/  lui  les  monies  phe- 
nomenes  immediats  que  nous  avous  signales  chez  le 
lapiiuipere  devantvons,  savoir :  la  perte  de  sensihilite  de 
tout  un  cote  de  la  face.  Vous  pouvez  voir  quo  ces  plie- 
nomenes  persistent  encore  et  qu'on  pent  impuni'mriit 
porter  sur  la  moitie  gauche  de  la  face  des  irritations 
mecaniques.  Cette  paralvsie  du  sentiment  n'ost  pas  bor- 
nee  aux  parties  superficielles,  un  stylet  introduit  protbn- 
de'ment  dans  la  narine  du  cote  lese  n'y  produit  aucune 
sensation  douloureuse.  L'oreille  seule  n'a  pas  perdu  sa 
sensibilite.  Celatient  ace  qu'elle  recoit  ses  nerfs  de  seu- 
sibilite,  non  de  la  cinquienie  paire  exclusivement,  mais 
du  plexus  cervical  ct  mt>me  du  pneumo-gastrique. 

L'operation  est  faite  depuis  deux  jours,  et  deja  les 
accidents  consecutifs  sont  tres  visibles.  L'oeil  est  rouge,  la 


58  NliKl     TRLIUMIiAU 

conjonclive  ost  injcctee;  deja  on  voit  nne  tache  snr  la 
cornee  qui  a  perdu  son  brillant  et  un  pen  de  sa  trans- 
parence. La  cornee  est  pins  convexe.  1'iris  est  comme 
chagrinee.  Cette  alteration  est  nne  consequence  de  la 
section  de  la  cinquieme  paire;  elle  ne  tient  pas,  comme 
on  1'ii  pretend  u,  uniquement  an  defaut  d'occlusion  ties 
panpieres,  quoiqii'on  ait  dit  que  si  Foeil  etait  sonstrait 
an  contact  de  1'air ,  1'alieration  consecutive  arriverait 
plus  lentenienton  ineine  n'anrait  paslien.  (>  (jui  pronve 
que  ce  n'est  pas  du  lout  nne  consequence  forceedn  con- 
tact prolong'1  dr  Fair  avec  le  globe  ocnlaire,  c'est  ce 
qui  se  passe  sur  uu  lapin  auquel  nous  avons  coupe  le 
facial  il  y  a  sept  jours.  L\ril  est  sain,  tpioique  la  section 
du  facial,  paralysant  le.  muscle  orbiculaire,  ne  permette 
plus  le  rapprochement  dcs  paupieres. 

L'altei'ation  de  Voeil,  apres  la  section  de  la  cinquieme 
paire  dans  le  crane,  a  ete  tres  hitMi  ('tiidiee  dans  ces 
derniers  tomps  par  M.  Schiff.  11  y  a  des  causes  diverses, 
causes  qui  peuveut  retarder  ['alteration  de  la  cornee. 
J'ai  reinarqui'1  encore  qu'apres  de  simples  contusions 
du  nerf  lorsqifil  n'y  avail  pas  nne  solution  de  continuity 
jmrfaile,  ralt('ration  etait  plus  tardive  ou  meme  n'arri- 
vait  pas  quoitpie  la  sensibility eut  parfaitement  disparn. 

Exp. — Sur  nn  lapin  deja  affaibli  et  par  consequent 
predispose  a  ralteration  de  la  cornee,  je  coupai  la  cin- 
quieme paire  dans  le  crane  du  cote  droit.  L'animal  cria 
au  moment  de  la  section,  inais  il  n'y  eut  pas  saillie  de 
1'ceil  comme  a  Tordinaire,  et  il  y  eut  aussitot  apres 
1 'operation  qnelques  mouvements  de  clignenient  dans 
la  paupiere.  Cependant  l'(jeil,  le  nez,  les  levres,  etaient 


SliS    FO.NCT10.YS.  59 

Gompletenaent  inseiisibles.  L'aniinal  vecut  quatre  jours 
en  prescntant  les  memes  symptomes  d'insensibilite  sans 
qu'il  y  cut  aucune  alteration  cle  la  cornee,  raninial 
mourut  d'affaiblissement ,  et  non  cle  la  section  de  la 
cinquieme  paire. 

A  I'autopsie  on  tiouva  que  la  cinquieme  paire  etait 
tres  nettement  con  pee.  excepte  une  portion  de  labranche 
ophthalmique  (jui  tenait  encore  comme  un  fil,nmis  qni 
avait  cependanl  etecontondue,  car  1'animal  ne  manife&- 
taitancune  sensiltilitc  dansl'ooil  pendant  sa  vie. 

Immediatement   apivs   son    lianulion,  la  cinquirnK) 
paire  se  divise  en  truis  branches  qui  donnent  la  sensi- 
bilitt'^  tiV'iici'ale   aux    orpines   des    sens.    La    branchc 
ophtalniit|iic  sc    rend  a   iVril;    la  hranche    niaxillaire 
supericurc  a  1'organc  de  1'odorat:  la  branchc  niaxillaire 
infericnre   au.x  organes  dn   s;-ont.  (les   trois  branches 
naissentdn  tnuicde  lacinquiemc  paire  sur  lequel  sc  ren- 
contre le   ^anii'lion  de  dasser.  ^aii^lion  diujiiel  ne  nail 
ancim  nerf.  Cc  dernier  caractere  tjui   le  rapproche  des 
ganglions  intervertebraux,  le  diflV-ivncie  en  meme  temps 
des  ganglions  du  grand  sympathique  des<juels  naissent 
ordinaireineni  des  ramifications  nei'veuses. 

Nous  allons  examiner  successivement  les  cifets  de  la 
paralysic  de  ces  trois  branches  de  la  cinqniemc  paire, 
en  conimencant  par  la  branchc  ophthalmique. 

La  branchc  ophtalmique  pt'iietrc  dans  1'orbite  par  la 
fente  splnMioidale,  aprcs  ipioi  elle  se  divise  eii  plusienrs 
rameaux  ipii  sont  tons  sensitit's. 

Mais  avan t  d'entrer  dans  1'etude  de  ces  branches  de 
la  cinquieme  paire,  il  est  une  question  dontnousdevons 


CO  NER-F    TRIJUMEAU 

nous  occuper,  c'est  celle  de  rinfluence  du  ganglion  sur 
les  effets  consecutifsde  la  section  du  nerf  trijumeau. 

Lorsqu'on  opere  la  section  du  nerf  trijumeau,  les 
effets  sont-ils  identlques  quand  la  section  porte  avant  le 
ganglion  de  Gasser  ou  apreslui? 

Deja,  en  1822,  Magendie  avail  vu  quo  non.  G'est  le 
hazard  qui  porte  ordinairement  la  section  avant  le  gan- 
glion ;  lorsqu'ou  fait  Toperation ,  il  est  difficile  ou 
meme  impossible  de  choisir  exactement  le  lieu  sur  le- 
quel  tombera  rinstrument.  La  section  ne  saurait  £tre 
dirigee  a  coup  sur  entre  le  ganglion  et  le  ponl  de  Varole, 
en  raison  de  1'espace  trrs  (Hroit  qui  les  separe,  espace 
diminue  encore  par  la  cloison  que  forme  la  d ure-mere 
entre  la  protuberance  et  le  ganglion  de  Gasser.  Pour 
arriver  h  detruire  la  cinquieme  paire  avant  son  ganglion, 
j'avais  autrefois  imagine  un  procede  qui  consistait  a 
attaquer  le  nerf  par  sa  partie  posterieure  avec  un  cro- 
chet destine  non  a  le  couper.  mais  a  I'arracher;  ce  pro- 
cede  est  d'une  execution  tres  difificile  et  tout  aussi  pen 
certaine  que  1'autre. 

Dans  les  experiences  nonibreuses  qui  ontete  pratiquee 
sur  la  cinquieme  paire,  il  est  done  arrive  que  tantot  on 
a  coupe  le  tronc  de  ce  nerf  avant  le  ganglion,  tantot  on 
1'a  coupe  apres,  tantol  enfin  on  1'a  coupe  sur  le  ganglion 
lui-meme.  Magendie  avail  deja  observe  que  quand  on 
avail  coupe  le  trijumeau  avant  son  ganglion,  les  pheno- 
menes  cT alteration  de  nutrition  e'taient  plus  lents  a  se 
produire  que  lorsque  la  section  avail  porle  sur  le 
ganglion  ou  sur  la  parlie  du  nerf  siluee  au  dela. 

J'ai  meme  vu  ces  phenomenes  d'alleration  man- 


SES   FONCTIONS.  61 

quer  completement  qtiand  on  arrive  a  coupcr  la 
cinquieme  paire  dans  le  cerveau  meme ,  suffisamment 
loin  dii  ganglion.  On  a  alors  tons  les  phenomenes  que 
nousavons  vu  suivre  la  paralysie  de  la  cinquieme  paire, 
moms  les  alterations  de  nutrition.  II  est  done  permis  de 
penser  que  ces  desordres  de  nutrition  sont  en  rapport 
avec  la  lesion  dti  ganglion.  Cette  interpretation  est  d'ac- 
cord  avec  ce  que  Ton  sait  de  1'influence  des  ganglions 
intervertebraux  sur  la  nutrition  ties  nerfs;  elleest  d'ac- 
cord  aussi  avec  ce  qui  s'observe  chez  rhomme  oil  Ton 
rencontre  des  paralysies  dc  la  cinquieme  paire  avec 
les  deux  ordres  de  lesions.  A  i'exameu  d'un  malade 
affecte  de  paralysie  des  centres  nerveux,  I'absenee  des 
lesions  de  nutrition  fora  pivsuiner  que  la  cause  de  la 
paralysie  a  son  siege  dans  les  centres  nerveux;  la  pre- 
sence  de  cesdrsordres  t'era  penser,  an  contraire,  que  la 
cause  de  la  paralysie  interesse  le  ganglion,  ou  la  partie 
du  nerf  situeeau  dela  du  ganglion. 

J'ai  eu  autrefois  1'occasion  de  suivre  a  la  SalptMriere 
une  observation  de  paralysie  de  la  cinquieme  paire, 
avec  troubles  de  la  nutrition  et  destruction  de  Pceil. 
Dans  ce  cas,  1'autopsie  montra  que  le  ganglion  de  Gasser 
etait  comprime  et  detruit  par  une  tumeur  de  la  fosse 
temporale  moyenne. 

La  pathologic  avait  deja  Ibtirni  quelques  observations 
analogues  aux  experiences  recentes  de  M.  Waller,  qui 
out  essaye  une  explication  de  ces  faits.  SuivantM.  Wal- 
ler, il  faudrait  rattacher,  a  une  memo  loi  physiologique 
les  efFets  de  la  cinquieme  paire,  et  ceux  des  racines  ra- 
chidiennes.  Nous  avons  vu  cependant  que  la  section  des 


62  NERF    TRIJUMEAU 

racincs  rachidiennes  ne  parait  pas  amener  de  desordres 
cle  nutrition  dans  les  membres, 

Examinons  mainlenant  ccs  desordres  de   nutrition 
qu'enlraine  la  section  de  la  cinquieme  paire. 

Dans  1'ceil,  ou  ils  sont  leplusapparents,  indepeiidam- 
ment  de  la  paralysic  du  sentiment  dans  toutes  les  autres 
parties  ou  se  distribue  la  brauche  ophthalmique,  on  voit 
qu'au  bout  de  quelqnes  heures  la  cornee  transparente 
n'est  plus  aussilisse  ni  aussi  brillante.  La  saillie  du  globe 
oculaire  parait  etre  plus  grande.  la  cornee  plusconvexe; 
des  vaisseaux  grossis  se  dessinent  sur  le  pourtour  de  la 
conjonclive  coninie  on  le  voit  dans  la  figure  3. 

Apres  la  section  du  nerf.  independamment  des  causes 
citees  plus  baut  et  qui,  tenant  au  siege  de  la  lesion, 
peuvent  accelerer  on  retarder  les  accidents,  nous  devons 
indiquer  encore  que  Talteration  pent  etre  rendue  plus 
prompte  ou  plus  tardive  par  1'elal  general  des  aniinaux 
sur  lestpiels  on  experinieiite :  les  alterations  de  nutritions 
apparaissent  plus  tot  chez  les  aniinaux  allaiblis. 

Generalement,  au  bout  de  deux  jours,  la  cornee  com- 
mence a  devenir  opaque.  Plus  lard,  1'animal  devient 
aveugle. 

Tne  question  importante  merite  de  nous  arreter  ici. 
La  perte  de  la  \ue  est-elle  primitive  ou  consecutive; 
est-elle  une  consequence  de  la  section  du  uerfou  de  la 
perte  de  transparence  de  la  cornee? 

Magendie  avail  pense  d'abord  que  la  cecito  etait  pri- 
mitive et  suivait  immediatemenl  1'operation  ;  il  croyait 
que  le  nerf  optique  ne  pouvait  etre  impressionne  par  la 
lumiere,  son  excitant  propre,  qu'aulant  que  lasensibilite 


SES   FONCTIONS.  03 

generate de  1'ceil  etait  intacte.  La  pcrte  cle  la  vue  n'etait 
cependant  pasreelle,  car  on  pent,  en  coupantlacinquieme 
paire  des  deux  cotes,  voir  qu'apres  1'operation  1'auimal  y 
voit  encore  assez  pour  se  conduire.  Si  Ton  n'a  opere  la 
section  quo  d'un  cote,  on  pent  reconnaitre  aussi  quo, 
de  cecote,  la  pupille  se  contracte  encore  sous  rintluence 
de  la  lumiere. 

Au  bout  de  quelques  jours  I'opacite  de  la  cornee  se 
prononce  de  plus  en  plus.  I'engorgement  des  vaisseaux 
de  la  conjonetive  augnieute,  un  bourrelet  se  forme 
quelquefois  autour  de  la  muqueuse;  bourrelet  ([iii  doune 
un  ecoulemeut  purulent,  dessymplomes  inflammatoires 
sc  uioiitrent,  inflammation  sans  douleur  ui  chaleiii1.  l.a 
temperature  de  ce  cote  de  la  face  est.  au  contraiir. 
moins  e'levt'-e  que  celle  du  cote  oppose. 

Les  di'sordres  vont  se  pronoiirant  de  ]>lus  en  plus  : 
la  taclie  qui  s'etait  d'abord  niontrce  sur  la  cornee,  se 
creuse.  devieiit  un  veritable  ulcere.  la  cornee  se  per- 
fore.  Alors  1'oeil  se  vide  :  la  perforation  de  la  cornee 
donne  issue  au  cristallin,  a  1'huineur  vitree;  cVst  une 
surte  de  fonte  de  I'CLM!.  Si  raninial  y  survit,  il  ne  reste 
de  1'oeil  qu'un  inoignon  petit  et  dur. 

En  general,  les  animaux  succombent  a  ces  desordivs, 
qui  finiraientd'apresMageiidie  par  aniener  unegangrene 
de  toute  la  inoitie  de  la  face,  surtout  chez  des  animaux 
a  sang  froid  qui  resistent  inieux  aux  suites  de  cette  ope- 
ration. Je  n'ai  jainais  vu  les  lapins  vivre  que  quinzc 
jours  ou  trois  semaines  au  plus;  et  ce  n'est  pas 
assez  longtemps  pour  qu'on  assiste  a  la  perte  complete  de 
I'oail. 


G/l  NERF    TRUUMEAU 

Apresla  section  de  la  cinquieme  paire,  on  remarque 
encore  ilu  cote  des  aulres  membranes  muqueuscs  des 
drsordres  de  nutrition. 

Du  cote  du  nez,  il  y  a  souvent  un  ecoujcment  mu- 
queux ;  du  cote  de  la  bouche  ,  on  en  voit  egalement  par 
la  commissure  du  cote  opere.  Des  les  premiers  jours 
qui  suivent  la  section  de  la  cinquieine  paire,  on  observe 
aussi  des  ulcerations  sur  le  bout  de  la  languc  et  sur  les 
levres,  qui  tiennent  bien  certainement  ace  quo  ranimal 
morel  ces  parties  devenues  insensibles,  morsures  qui 
deviennent  ensuite  le  sir^r  d'ulcerations  (voy.  fig.  3). 

On  sail  qu'il  y  a  aussi  paralvsir  des  mouvements  de 
la  machoirc  du  cote  oil  Ton  a  coupe  la  einquieme  paire ; 
les  dents  ne  se  correspondent  plus,  d'ou  resulte  quo 
ranimal  se  nourrit  plus  didicilement.  coinme  nous  le 
verrons  en  etudiant  les  phenomenes  qui  sont  speciaux 
a  la paralysie  du  maxillaire  infe'rieur. 

Quand  on  a  coup*'  les  deux  cinqim-mcs  paires  on  ne 
pent  pas  observer  les  pbe'nonienes  consecutifs,  parce 
que  ranimal  ne  pouvant  plus  se  nourrir  meurt  de  faim. 
Quand  on  a  coupe  une  seule  einquieme  paire,  ou  seule- 
ment  une  de  ses  brandies,  ranimal  pent  encore  se  nour- 
rir de  maniere  a  vivre  quelque  temps,  on  pent  avoir 
ainsi  isolementles  de'sordres  qu'entrainent  la  destruction 
de  chacune  de  ces  brandies. 

Certaines  influences  peuvent  avoir  une  action  sur  la 
rapidite  de  la  production  des  lesions  de  nutrition.  Nous 
avons  dejta  parle  de  1'etat  de  faiblesse  des  animaux , 
qu'elle  qu'en  soit  la  cause;  nous  avons  remarque  que 
Pablation  du  ganglion  cervical  superieur  semblait  au 


EXPERIENCES.  65 

contraire  retarder  les  desordresde  nutrition.  Cefaitest 
tr&s  interessant  parce  que  nous  savons  que  1'ablation 
cle  ce  ganglion  active  les  phenomenes  circulatoires  ties 
parties  auxquelles  sVtend  son  influence;  ces  parties 
paraissent  avoir  alors  une  vitalite  plus  grande,  ce  qui 
lour  permettrait  par  lit  une  plus  longuo  resistance  aux 
causes  de  disorganisation  qui  tiennent  a  roper.it ion. 

Nous  allons  actuellement  vous  donner  un  certain 
nombre  d'experiencesdanslesquelles  vous  trouverez  les 
preuvesde  ce  que  nous  venous  de  vous  annoncer,  expe- 
riences qui  comprcnnenl  des  rxi'inples  de  destruction  cle 
la  cinquieme  paire  suit  des  deux  cote's,  suit  d'un  seul, 
soit  meine  simplement  d'une  liranche  isolee  de  ce  nerf. 

Exp.  —  Sur  un  lapin  de  taille  inoyennc  et  tres  vit', 
on  coupa  dans  le  crane  la  cinquieme  paire  du  cole 
gauche.  L'aiiimal  cria  pen  au  moment  de  la  section; 
cependanl  les  phenomenes  ordinaires  apparurent :  saillie 
de  1'ocil,  constriction  de  la  pupille.  insensibilile  de  la 
conjonctive  et  de  la  inoitie  correspondante  de  la  face. 

Apr6s  1'op^ration,  le  lapin  avail  consei've  sa  vivacite. 

Ce  qu'il  y  cut  de  reniarquable  dans  cette  experience, 
une  des  inieux  reussies  qu'on  puisse  trouver,  c'est  la 
liberte  des  mouvements  du  globe  de  I'cril  dans  tous  les 
sens.  Ces  mouvements  paraissaient  s'effectuer  aussi  bien 
du  cote  gauche  que  du  cote  sain.  11  y  out  egalement 
des  mouvements  de  clignement  de  la  paupiere,  mouve- 
ments qui  etaient  peut-6tre  moins  prononces  du  c6te 
mahulc,  mais  qui  survenaient  en  meme  temps  dans  les 
deux  yeux.  Tous  les  phenomenes  precedents  fureut 
observes  imme'diatement  apres  1'operation. 

B.,  SYST.  NEHV.  —  n.  3 


60  NKRF    TRIJUMEAU. 

Un  quart  d'heure  apres  la  section  du  nerf,  1'animal 
etait  dans  le  memeelat;  seulement  la  pnpille  gauche, 
d'abord  fortement  contractee,  s'e'tait  deja  notablement 
dilatee.  L'iris  du  c6te  opere  presentait  un  aspect  plisse 
en  rayonnant.  La  cornee  semblait  un  pen  plus  seche  a 
gauche  qu'a  droite.  Les  mouvements  du  globe  oculaire 
etaient  toujours  tivs  libres. 

Trois  quarts  d'heure  apres  reparation,  la  pnpille 
gauche  etait  a  peu  pres  aussi  dilatre  que  la  droite,  et  elle 
se  contractait  trt-s  maiiifestement  sous  1'mfluence  de  la 
lumiere  d'une  cliandelle,  puis  elle  se  dilatait  quand  on 
la  placait  dans  1'obscurite.  La  cornee  du  c6te*  gauche  etait 
deja  terne  et  comnie  poisscusc.  taudis  que  celle  du  cdte1 
droitavait  conserve  son  aspect  brillant  ordinaire.  L' ani- 
mal qui  j usque-la  avait  portt'1  haut  Toreille  gauche,  la 
tenait  baissee  a  ce  moment. 

Le  lendemain.  vingt-quatre  heures  apres  Tope" ration, 
1'animal  avait  1'oreille  basse  du  cote  gauche;  lorsqu'il  cli- 
gnait  du  c6te  droit.  il  ne  s'executaitplusdemouvement 
de  clignement  a  gauche.  La  conjonctive  etait  injectee  et 
presentait  deja  une  opacite  vers  sa  partie  interne  et  inf<>- 
rieure.  L'ceil  et  la  face  etaient  insensibles,  et  tous  les 
sympt6mes  de  la  section  dela  cinquieme  paire  existaient 
tres  bien  caracterises.  Les  mouvements  du  globe  ocu- 
laire gauche  etaient  toujours  tres  bien  conserves.  Lapu- 
pille  gauche,  quoique  dilatee,  etait  toujours  un  peu  plus 
resserree  que  celle  du  c6te  oppose,  et  Ton  constatait  a 
plusieurs  reprises  qu'elle  se  resserrait  davantage  sous  1'in- 
fluence  de  la  lumiere  d'unechandelle  ;  ce  qui  prouve  que 
1' opacite  coinmencante  de  la  cornee  n'empechait  pas 


EXPERIENCES. 

Faction  cles  rayons  lumineiix.  L'iris  etait  rougeatre . 
bombe  en  avant,  oifrant  des  plissements  radies  pro- 
fonds;  la  surface  de  1'oeil  etait  enduite  d'une  chassie  vis- 
queuse;  il  y  avait  un  pen  d'ecoulement  muqueux  par  la 
commissure  labiale  clu  c6te  gauche,  et  Taile  du  nez 
paraissait  un  peu  moins  mobile  de  ce  cote. 

Le  surlendemain,  l'animal  fut  trouve  mort. 

A  son  autopsic.  on  ne  constata  pas  d'epanchement  dans 
le  crane;  la  cinquieme  paire  etait  tres  bien  coupee  et  la 
section  portait  avant  le  ganglion  qui  etait  a  peine  atteint. 
Tous  les  nerfs  moteurs  del'ocil  e"taient  parfaitement  me- 
nage's, ainsi  que  les  nerfs  petreux  qui  semblaienit  eliv 
restes  parfaitement  intacts. 

La  conservation  de  lamobilite  du  globe  oculaire  ob- 
servee  dansce  cas  tenait-elle  a  ce  que  les  nerfs  moteurs 
de  Fceil  avaient ,rtr  m^nag^s7koe  que  la  cinquieme  paire 
avait  etc  ooupre  avant  son  ganglion,  on  bien  ;i  ce  que  les 
nerf  petreux  et  carotidiens  n'avaient  pas  ete  atleints? 

Exp.  (30  avril  1841).  —  Sur  deux  jeunes  lapins  je 
coupai  la  cinquieme  paire  d'un  seul  c6te. 

Aussit6t  apres  1'operation,  Tosil  devint  saillant  et  la 
pupille  fut  contracte"e  com  me  a  Tordinaire.  De  plus  on 
observa  1' insensibility  de  tout  le  cote  correspondent  de  la 
nice. 

En  faisant  cligner  les  paupieres  du  cote  sain,  celles 
du  c6te  opere  n'executerent  aucun  mouvement. 

Quatre  heures  apres  1'ope'ration,  I'oail  opere  etait, 
cbez  les  deux  lapins,  dejii  convert  de  chassie,  bien  que 
lacornee  fut  encore  transparente.  La  pupille  etait  moins 
resserree  qu'elle  ne  1'avait  ete  au  mtmiont  de  1'opera- 


68  NERF    TRIJUMEAU. 

tion  ;  nmis  elle  etait  toujours  plus  contracted  que  cell*1 
du  c6te  oppose.  Lorsqiron  appfochait  une  lumiere  cle 
I'oail  ope>e,  la  pupille  se  eontractait ;  puis,  apres,  1'ani- 
mal  fermait  la  paupiere ;  ces  phenomenes  s'observaient 
chez  les  deux  lapins. 

Le  lendemain,  quinzc  heures  apres  reparation,  les 
paupieres  etaientcollees;  la  partie  superieurede  lacon- 
jonctive  oculaire  etait  tres  injectee;  la  cornee  transpa- 
rente  blanchissait  deja,  1'alteration  commenrant  par  la 
partie  inferieure.  La  pupille  etait  toujours  plus  contractt'-e 
du  c6te  opere  que  du  c6te  sain.  Les  phenomenes  observes 
(Haient  toujours  identiques  chez  les  deux  lapins. 

Le  surlendemain,  5  mai,  la  cornt'e  etait  devenuc  de 
plus  en  plus  opaque,  etc. 

L'un  de  ces  lapins  succomba  le  5  mai,  c'est-a-dirc 
six  jours  apres  Toperation,  et  1'autre  le  7  mai ,  c'esl-a- 
dire  huit  jours  apres. 

Exp.  —  Sur  un  autre  jeune  lapin,  on  lit  a  droite  la 
section  de  la  cinquienie  paire.  Du  c6te  correspondant  a 
la  section,  la  narine  se  mouvait  bien,  mais  elle  paraissait 
rester  plus  dilatee  que  celle  du  cote  oppose. 

Le  lendemain  Fanimal  mourut.  La  cornee  etait  deja 
opaque;  mais  le  cristallin  et  1'humeur  \itree  avaient 
parfaitement  conserve  leur  transparence.  L'autopsic 
montra  que  le  nerf  de  la  cinquieme  paire  avait  et6  bien 
coupe. 

Exp.  (8  aout  1849). —  Sur  un  lapin  rouge,  vivace,  on 
coupa  a  midi  la  cinquieme  paire  a  gauche  en  r^ussissant 
a  passer  derriere  le  rocher  pour  couper  le  nerf  avant 
son  ganglion.  Apres  la  section,  il  y  eut  insensibilite  de 


EXPERIENCES.  69 

tout  le  c6te  gauche  tie  la  face ;  les  mouvements  de  ce 
cote,  compares  a  ceux  du  c6te  oppose,  ne  paraissaient  pas 
sensiblement  modifies.  La  pupille  etait  plus  contractee 
du  cote  de  1'operation  que  du  cote  sain;  cependant  elle 
paraissait  Fetre  moins  que  dans  les  sections  ordiuaires 
de  la  cinquieme  paire.  Le  globe  de  1'ceil  etait  mobile. 

Six  heures  et  deinie  apres  1'operation,  le  m&me  etat 
persistait.  Toutefois,  il  semblait  y  avoir  dejaun  commen- 
cement d'injection  danslaconjonctive,  et  la  cornee  etait 
peut-etre  un  peu  plus  seche  que  du  c6te  oppose;  la 
pupille  etait  dilatee  et  redevenue  pour  le  diametre  sem- 
blable  a  celle  du  cote"  oppose'1. 

Le  9  aout,  vingt-six  heures  apres  F  operation.  1'oeil 
gauche  semblait  faire  legerement  saillie.  La  cornee.  un 
peu  tcrne,  etait  cependant  humicle  et  avait  conserve  sa 
transparence.  L'iris  etait  pliss<;  d  boinbe  en  avant.  La 
pupille  etait  plus  contractee  que  celle  du  c6te  oppose.  On 
avait  observe  qu'il  y  avait  une  convexite  moins  grande 
de  la  cornee  du  cote  coupe.  C'est  la  cornee  de  ce  lapin 
qui  a  ete  representee  (fig.  3). 

L'animal  fut  conserve  sept  jours,  etce  n'est  que  vers  le 
cinquieme  jour  que  commenui  a  se  manifester  une  tres 
legere  opalescence  de  la  cornee. 

L'animal  presenta  en  outre  rallongement  par  absence 
d'usure  dans  les  deux  dents  incisives,  qui  avaient  perdu 
leurs  rapports  naturels.  II  ofTrait  egalement  les  ulcera- 
tions  caracteristiques  qui  surviennent  aux  levres  et  a 
la  langue  apres  la  section  de  la  cinquieme  paire ;  ce 
sout  les  dents  et  les  levres  de  ce  lapin  qui  ont  ete  repre- 
sentees(fig.  5,  page  103). 


70  NERF   TRIJUMEAU. 

A  1'autopsie,  on  trouva  que  la  cinquieme  paire  etait 
tres  nettement  con  pee  avant  le  ganglion. 

Cette  experience  concorde  avec  les  resultals  observes 
par  Magendie,  a  savoir  que  les  alterations  de  I'oeil  sont 
beaucoup  plus  lentes  quand  le  nerf  a  ete  coupe  avant 
son  ganglion.  Toutefois,  il  taut  noter  ici  que  raninial 
etait  (Tune  vigueur  remarquable;  etnous  avonsvu  que, 
toutes  choses  egales  d'ailleurs ,  I'alteration  de  1'ceil  est 
d'autant  plus  rapide  que  les  aniinaux  sont  plus  jeunes 
et  plus  aflaiblis. 

Exp.  (aout  18/12). — Sur  un  lapin,  on  coupau  gauche 
I'anastomose  du  facial  et  clu  pneumogastrique  :  il  y  eut 
une  legere  diminution  de  1'activite  des  mouvements 
respiratoires  de  la  uarine. 

Alors  on  fit  a  gauche  la  section  de  la  cinquieme 
paire  dans  le  crane.  Les  traits  de  la  face  ne  furent  pas 
pousses  en  avant  autant  qu'a  r ordinaire,  ce  qui  tenait 
peut-etre  a  ce  qu'on  avait  prealablement  arrache"  le 
spinal  et  le  ganglion  cervical  superieur  de  ce  c6te. 

Le  7  aout,  on  fit  la  section  des  branches  du  plexus  cer- 
vicalqui se  rendental'oreille.  Aprescette section,  1'oreille 
etait  eompletementparaly  see :  ay  ant  ete  privee  de  sa  sen- 
sibilite  par  la  section  de  la  cinquieme  paire  et  du  plexus 
cervical,  elle  semblait  avoir  perdu  oompletement  la  mo- 
tilite. 

Avant  la  section  du  rameau  auriculaire,  lorsqu'on  irri- 
tait  le  nerf  auriculahe  lui-meme  ou  quand,  d'abord,  on 
pincait  1'oreille dulapin.  qui  recevait  unepartie desasen- 
sibilite  de  ce  nerf,  on  deter minait  une  demi-occlusion  de 
la  paupieregauche  quoique  la  cinquiemepaire  fut  coupee. 


EXPERIENCES.  71 

La  cornee  gauche,  malgre  la  section  de  la  cin- 
quieme  paire,  etait  transparente  et  humide ;  la  pupille, 
resserree,  se  contractait  encore  davantage  sous  1'in- 
fluence  de  la  lumiere;  1'iris  etait  convexe  en  avant  et 
commeneait  a  offrir  des  plis  rayonnes. 

Le  8  aout,  vingt-quatre  heures  apresroperation,  Trail 
gauche  etait  toujours  humide ;  la  cornee  etait  transpa- 
rente ;  la  pupille,  plus  resserree  que  du  c6te  droit,  se 
contractait  encore  sous  1'influence  de  la  lumiere, 

De  plus,  on  observa  que,  depuis  1' ablation  du  gan- 
glion cervical  superieur,  il  y  avait  un  ecoulement  mu- 
queux  par  la  narine  gauche  et  par  la  bouche,  du  meme 
c6te. 

On  mit  alors  ranimal  sous  Tinfluence  de  Topium,  ce 
qui  diminua  les  mouvementsrespiratoiresdans  les  deux 
narines,  mais  sans  les  abolir  entierement  ni  d'un  c6te 

ni  de  1'autre. 

Le  9  aout,  ranimal  etait  toujours  ii  pen  pres  dans  le 
meme  etat;  il  etait  vif ;  son  oreille  gauche  etait  toujours 
paralysee  du  mouvement  etdela  sensibilite,  maiscequ'il 
y  avait  de  plus remarquable,  c'est  1'e'tat  de  Tceil  qui  etait 
humide  et  partaitement  transparent.  La  pupille  etait  mo- 
bile, seulement  elle  etait  plus  resserree  que  celle  duc6te 
oppose.  L'iris,  brun  et  comme  tumefie,  etait  bombe  en 
avant  et  offrait  des  plis  rayonnes.  La  conjonctive  etait 
injectee  dans  sa  partie  moyenne  en  haut  et  en  bas;  le 
globe  oculaire  gauche  etait  mobile;  les  paupieres  se 
fermaient  quand  on  exposait  Fanimal  au  soleil ;  la  pupille 
se  contractait  alors  davantage  aussi.  A  onze  heures  du 
soir,  Tanimal  etait  mourant  avec  une  respiration  exces- 


72  M;KF  TRIJUMEAU. 

sivement  genee  :  on  opera  la  tracheotoiuie,  et  les  niou- 
vements  exageres  des  narines  n'en  furent  en  rien  climi- 
nues.  Le  10  aont  r animal  etait  mort. 

A  1'autopsie  on  constata  quo  la  cinquieme  paire  avail 
ete  bien  coupee  avant  son  ganglion,  qni  etait  iontefois 
rouge  et  un  pen  enflamme.  Les  poumons  etaient  engor- 
ges et  tres  malades ;  ce  qni  sni'fit  pour  expliquer  la  mort 
de  1 'animal 

Exp.  — Stir  un  antre  lapin,  la  section  de  la  cinquieme 
paire  amena  unesaillie  considerable  de  1'ceil ;  la  pupillc 
e"lait  fortement  contractee.  En  touchant  1'ceil  sain  pour 
le  faire  cligner,  il  n'y  avail  aucun  clignement  dans  Yodil 
du  c6te  ou  avait  ete  pratiquee  1'operation 

Quatreheuresapresroperation.lapupille,  quid'abord 
etait  fortement  contractee,  s'etait  dilatt'-e;  ellc  1'etait 
toutefois  moins  que  celle  du  c6te  oppose1. 

Alors,  etant  dans  Tobscurite,  on  approcha  une  lu- 
miere  del'oeil;  la  pupille  se  coiltracta  et  le  mouvement 
de  clignement  eut  lieu. 

Le  lendemain.  qninze  heures  apres  1'operation,  1'oeil 
commencait  deja  a  se  couvrir  de  chassie ;  la  pupille  etait 
restce  legerement  plus  contractee  que  celle  du  c6te 
oppose. 

Exp. —  Sur  un  lapin,  on  lit  la  section  de  la  cinquieme 
paire  dans  le  crane.  Aussitdt  apres,  Tceil  etait  saillant,  la 
pupille  contractee  et  immobile.  Parfois  il  y  avait  des 
mouvements  de  clignement  dans  1'oeil  opere  sansqu'il  en 
resulta  des  mouvements  synergiques  dans  1'ceil  oppose. 
Six  heures  apres  Toperation,  r  animal  ne  paraissait  pas  y 
voir  :  une  lumiere  approchee  de  1'oeil  ne  determina  ni 


EXPERIENCES.  73 

coutractatioii  delapupilleni  clignement.  L'ceil  etaitlar- 
moyanl  et  la  conjonctivepalpebrale  commencail  a  s'in- 
jecter. 

Dix-huit  heures  apres  1'operation ,  1'oeil  etait  ton  jours 
larnioyant,  la  cornee  transparente  devinl  le  siege  d'une 
opacile  qui  commenca  par  le  centre. 

Six  jours  apres,  I'ammal  mourut.  En  examinaniroeil, 
on  trouva  la  cornee  enlieremenl  opaque.  Le  cristallin 
et  les  autreshiimeurs  del'ceiletaient  restes  parfaitemenl 
tran  sparents. 

Exp. — Sur  un  jeune  lapin,  on  ]»r;itiqua  la  section  de 
la  cinquieme  paire.  Au  moment  de  la  section,  on  observa 
les  phenornenes  ordinaires;  le  lendeniain,  une  opaciir- 
existait  deja  dans  le  centre  de  la  rornee;  1'aiiiinal  tonte- 
fois  ne  paraissait  pas  compl^tement  aveugle  et  il  se  diri- 
geait  lorsqu'on  le  laissait  aller,  ;ipi»\s  lui  avoir  bouche 
I'o3il  sain  avec  une  bandelette  d*,1  diachylon. 

Exp. — Sur  un  lapin.  apivs  la  section  de  la  cinquieme 
paire  des  deux  c6tes,  les  deux  pupilles  pouvaient  se 
contracter.  Seulement  le  clignement  n'existait  quo  d'nii 
seul  cote  parce  quo,  de  I'autiv,  le  facial  avail  e'te  coupe 
prealablement. 

Exp. — Sur  iiu  gros  lapin.  on  enlevale  ganglion  cer- 
vical superieur  a  droite.  II  y  out  aussitot  apres  un  retre- 
cissement  de  la  pupille,  en  nieme  temps  qu'elle  se  de- 
fornia  et  qu'elle  prit  un  plus  grand  dianioti-e  vertical. 
Une  heure  apres,  il  n'y  avail  rien  de  change  dans  la 
pupille  quietait  restee  dans  le  menie  etat. 

Un  pen  plus  lard,  on  coupa,  du  memo  cote,  la  cin- 
quieme  paire.  Aussitot  la  deformation  de  la  pupille  dis- 


7/1  NERF    TRUUMEAU. 

parut;  elledevint  arrondie  et  excessivement  conlraclee; 
le  globe  cle  1'oeil  elaittres  saillant. 

line  heure  apres  la  section  de  la  cinquieme  paire, 
la  pupille  etait  redevenue  comme  avant,  c'est-a-dire 
que  1'influence  du  ganglion  s'y  faisait  toujours  sentir, 
car  la  pupille  avail  conserve  son  diametre  vertical  plus 
considerable  et  sa  forme  elliptique.  L'oeil  etait  reste 
saillant;  mais  le  globe  oculaire  paraissait  mou  et  flasque. 

Exp. —  Sur  un  jeune  lapin  de  septsemaines,  bieu  por- 
tant,on  cmipa  la  cinquieme paireduc6te*  gauche.  Aussitol 
1'ceil  devint  saillant  et  il  y  eut  un  resserrement  conside- 
rable de  la  pupille.  Les  paupieres  etaient  largement  ou- 
vertes;  la  conjonctive  et  la  peau  du  nez  furent  trouves 
insensibles  aussit6t  apres  1' experience ;  1' animal  etait 
tres  vif. 

On  tourna  Foeil  gauche  du  lapin  du  cote  de  la  lu- 
miere  et  il  pivsenla  tres  bien  les  mouvements  de  tota- 
liie  du  globe  oculaire. 

Une  denii-heure  apres,  on  constata  que  la  pupille  de 
Toail  opere  s'etait  dilatee ;  cependant  elle  ne  1'etait  pas 
autantque  celle  du  c6le  oppose.  II  faut  ajouter  qu'au  mo- 
ment de  1'operation,  la  pupille  ducote  droit  n'avait  pas 
eprouve  de  changement  appreciable  dans  son  diametre. 

Une  lumiere  dirigee  sur  1'oeil,  prealablement  dans 
1'obscurite,  determina  des  mouvements  non-seulement 
de  la  pupille  mais  des  mouvements  generaux  du  globe 
de  1'oeil,  absolurnent  com  me  du  c6te  sain.  On  s'apercut 
en  outre  que  la  cornee  etait  redevenue  brillante  conime 
avant  1'ope'i  ation  et  que  le  globe  de  1'oeil  avail  cesse  d'etre 
saillant.  C'est  alors  que  Ton  reconnut  que  la  brancbe  oph- 


EXPERIENCES.  75 

talmique  n'avait  pas  ete  completement  coupee,  et  que 
1'insensibilite  qui  etait  survenue  dans  1'oeil  au  moment 
de  1'operation  dependait  probablement  d'une  compres- 
sion de  ce  nerf. 

En  eff'et,  voici  quels  phenomenes  preseniait  a  ce 
moment  Tamma! :  le  globe  oculaire  oilVait  une  sensibilite 
evidente,  mais  le  nez ,  les  levres ,  etaient  parfaitement 
insensible ;  c'est-a-djre  qu'on  avail  les  signes  de  la  sec- 
tion complete  des  nerfs  maxillaires  superieur  et  infe- 
rieur. 

Alors  je  reintroduisis  I' instrument  pour  achever  hi 
division  de  la  branche  ophtalmique;  et,  au  moment  ou 
je  lacoupai,  1'animal  poussa  des  cris  aigus.  1'oeil  redc- 
\irit  saillant,  la  pupille  tres  contracted  et  la  cornt'e 
completement  insensible.  Aussitot  apres  cette  operation, 
on  lit  eprouver  a  la  tete  un  inouveinent  de  rotation, 
de  mani6re  a  voir  si  le  globe  oculaire  restait  immobile. 
Les  mouvements  de  rotation  de  1'oeil  en  dehors  etaient 
excessivement  faibles. 

Au  moment  de  cette  seconde  operation ,  il  n'y  avait 
pas  eu  non  plus  de  contraction  dans  la  pupille  du  cote 
oppose,  du  c6te  droit. 

Une  demi-heurc  apres,  Toeil  gauche  etait  reste  saillant, 
la  cornee  etait  deja  devenueterne ;  ce  qui  n'avait  pas  eu 
lieu  lors  de  la  premiere  operation,  alors  que  le  nerf 
n'avait  ete  que  comnrime.  La  pupille  s'etait  un  peu 
dilatee  depuis  1'operation. 

Deux  heures  apres  la  section  du  nerf,  Tceil  etait  tou- 
jours  insensible,  la  pupille  etait  un  peu  plus  dilatee 
qifavant,  bien  qu'elle  le  fut  toujours  moins  que  celle 


70  NERF    TRUUMEAU. 

du  cot6  oppose.  Les  mouvements  du  globe  oculaire 
etaient  toujours  tres  faibles  du  cote  gauche,  tandis 
que  du  cote*  droit  ils  etaient  tres  marques. 

Dans  robscurite,  la  lumiere  artificielle  delerminait 
une  contraction  tres  lente  cle  la  pupille ;  1'iris  etait  bombe 
et  coniine  plisse ;  1'oeil,  toujours  terne,  commencait  a 
devenir  un  pen  sec. 

Apres  la  seconde  operation,  le  lapin  demeura  moins 
vif  qu'apres  la  premiere. 

Le  lendemain ,  dix-huit  heures  apres  1'operation ,  le 
lapin  etait  a  pen  presdans  lememe  etat  quelaveille.  On 
constata  que  du  cote  gauche  il  existait  une  insensibilite 
parfaite  de  1'oeil  et  de  toutes  les  parties  de  la  face  ou  se 
distribue  lacinquiemepaire;  1'oeil  etait  terne  et  sec;  il 
etait  moins  saillant  qu'au  moment  de  1'operation ;  les  mou- 
vements  du  globe  oculaire  avaient  absolument  disparu. 
La  pupille  etait  immobile  et  largement  dilatee ;  elle  1'etait 
plus  que  celle  du  c6te  sain.  Toutefois,  cette  immobilite 
de  1'iris,  par  suite  de  la  section  de  la  cinquieme  paire. 
n'etait  pas  une  paralysie  absolue ;  et,  sousTintluence  de 
rameaux  du  sympathique  venant  par  le  ganglion  cer- 
vical superieur,  elle  pouvait  encore  se  contracter.  Cette 
source  multiple  d'innervation  molrice  semblerait  exister 
aussi  pour  d'autres  organes,  tels  que  les  glandes  sali- 
vaires.  Lebord  pupillaire  gauche  etait  iuegal,  ondule  sur 
quelques  points;  1'iris paraissait  flasque,  terne; compare 
a  celui  du  cote  sain  il  semblait  lave,  decolore,  prive  de 
Faspect  veloute  que  presente  celui  du  cote  non  opere. 

La  cornee  transparente  gauche  etait  terne,  ainsi  qu'il 
vient  d'etre  dit,  inais  elle  n'etait  pas  encore  opaque; 


_- 

EXPERIENCES.  /7 

seulement,  du  c6te  interne  deToeil,  un  image  blanchatre 
commenoait  a  apparaitre. 

Dans  1'obscurite,  la  lumiere  artificielle,  projetee  alter- 
nativeraent  sur  les  deux  yeux,  donna  les  resultats 
suivants  : 

Dn  cote  gauche,  la  lumiere  projetee  en  plein  dans 
1'oeil  faisait  cligner  1'animal,  et  ce  clignement  avail  lieu 
par  abaissement  dcla  paupiere  superieure  sans  que  1'in- 
fe'rieure  se  rclevat;  on  n'observa  pas  le  moindre  mou- 
vemenl  dans  lapupille  qui  restaitdilatee..  On  constata  ce 
phe'nomeue  a  cinq  on  six  reprises  differentes;  toujours 
les  monies  phenomenes  se  manifesterent :  clignement  et 
immobilite  de  1'iris.  De  sorlc  que  1'animal avait  la  sen- 
sation lumineuse. 

Du  cote  droit,  le  clignement  se  faisait,  sous  1'influence 
de  la  luinirre,  sirnultaneinent  avec  une  forte  constriction 
dela  pupillc.Ce  clignement  se  faisait  connne  a  gauche, 
surtout  par  Tabaissement  de  la  paupierc  superieure. 

Le  lapin  mourut  pendant  la  journoe,  vingt-quatre 
lieures  apres  I'expt3rience.  Apres  la  mort,  la  pupille  de 
I'o3il  sain  s'etait  fortement  contractee,  tandis  que  celle 
du  cote  oppose  etait  restee  tres  elargie,  comme  cela  se 
trouvait  pendant  la  vie. 

A  Tautopsie,  on  constata  que  lacinquiemepaire  avait 
ete  completement  coupee.  Le  nerf  de  la  troisieme  paire 
etle  pathetiqueetaient  completement  in  tacts;  peut-etre 
le  nerf  pathetique  et  les  petreux  avaient-ils  ett3  atteints 
par  la  section?  II  y  avait  un  pen  d'epanchement,  parce 
que  le  sinus  caverneux  avait  ete  blesse. 

Dans  cette  experience,  il  y  avait  done  deux  choses  qui 


78  NERF    TRMUMEAU. 

meritent  d'etre  notees,  parce  qu'elles  peiivent,  jusqu'a 
un  certain  point,  servir  cle  caractere  pour  reconnattre 
si  on  a  coupe  la  cinquieme  paire  : 

1°  L'aspect  de  1'oeil.  Lorsque  apres  1'operation  on  voit 
I'oeil  et  la  face  devenir  insensibles  mais  la  cornee  con- 
server  sou  aspect  brillant,  on  pent  elre  a  pen  pres  certain 
que  bientot  la  sensibility  reviendra  et  que  la  cinquieme 
paire  n'a  etc"  que  contuse  ou  comprimee  mais  non  com- 
pletement coupee. 

W2°  II  en  est  de  meme  pour  les  mouvements  du  globe 
oculaire.  Dans  1'etat  normal,  lorsqu'on  deplace  laterale- 
mentla  tete  du  lapin  en  observation,  leglobe  oculaire  se 
meut  dans  un  sens  oppose  comme  pour  chercher  a  rester 
dans  sa  direction  premiere.  Lorsque  la  cinquieme  paire 
a  ete  completement  coupee.  le  globe  oculaire  reste  le 
plus  sou  vent  completement  immobile  et  suit  les  rnouve- 
ments  de  la  tete. 

Exp.  —  Sur  un  lapin  de  taille  moyenne,  on  essaya: 

l°De  faire  la  section  de  1'anastomose  entre  le  pneu- 
mogastrique  et  le  facial  a  gauche.  L' animal  poussa  un  cri 
a  ce  moni(3nt,  et  on  n'observa  pas  de  changement  appre- 
ciable du  cote  de  la  narine  correspondante;  il  etait 
probable  que  1'operation  n'avait  pas  re'ussi. 

2°  On  essaya  ensuite  de  faire  la  section  de  la  me" me 
anastomose  du  c6te  droit  et  on  coupa  le  facial,  ce  qui 
se  reconnaissait  a  la  paralysie  du  mouvement  de  la  face 
de  ce  cote  et  a  la  retraction  des  traits  en  arriere. 

o°  On  opera  la  section  de  la  cinquieme  paire  du  c6te 
gauche  :  il  y  eut  immobilite  complete  dansle  cote  gauche 
de  la  face  et  persistance  des  mouvements  de  la  narine. 


EXPERIENCES.  79 

[\°  On  coupa  la  cinquieme  paire  a  droite. 

Avant  la  section  de  la  cinquieme  paire,  les  mouve- 
ments etaient  abolis  par  la  section  du  facial,  et  les  traits 
tires  en  arriere.  Aussit6t  apres  la  section  dela  cinquieme 
paire,  les  muscles  se  relacherent  et  les  traits  tomberent 
en  avail t  comme  cela  arrive  generalement  dans  la  sec- 
tion de  la  cinquieme  paire.  Les  mouvements  de  la 
narine  gauche  persislaient  toujours. 

5°  On  fit  la  section  des  branches  superficielles  du 
plexus  cervical  et  la  section  du  pneumogastrique  et  do 
1'hypoglosse  du  cote  gauche.  Les  mouvements  do  la 
narine  correspondante  persisterent  toujours,  me"  me  avec 
une  grande  intensite,  lorsque  la  respiration  etait  genre. 

Le  lapin  examine  trois  heures  apres  la  section  des 
deux  cinquiemes  paires.  on  mnstala  quo  los  pupilles 
etaient  mobiles  sous  riniluonce  de  la  lumiore,  qu'il  y 
avait  quelques  ciignomeuts  dans  la  paupiore  gauche,  du 
c6tO",ou  lo  facial  olait  intact.  Les  yeux  otuient  d('j;i  plus 
sees,  mais  il  n'y  avait  aucunc  opacito.  1'anijnal  avail 
conserve  la  vue ;  il  courait  dans  Se  laboratoirc  en  se 
guidant  tres  bien  c-\  sans  se  heurier  aux  objets  environ- 
luints.  Les  deux  machoires  otaient  ocartoes  et  la  ma- 
choire  intorioui'o  pondante.  On  fit  respiror  a  P animal 
du  chloro  et  del'hydrogene  sulfure,  qui  le  firent  tousser, 
mais  rien  ne  domontrait  pour  cela  qu'il  percevait  la 
mauvaise  odour.  L' animal  ne  pouvait  plus  manger;  lo 
lendemain,  il  mourut. 

A  1'autopsie,  on  trouva  les  deux  cinquiemes  paires 
coupoes;  le  facial  gauche  otait.  reste  intact;  le  droil 
(Hait  loso  pros  de  sa  sortie  du  trou  stylo-mastoidien. 


80  NERF    TRIJUMEAU. 

Exp.  (21  jiiillet  18/12).  —  Sur  un  lapin  de  taille 
moyenne,  on  coupa  la  cinquieme  paire  clu  cote  gauche 
inais  la  section  ne  porta  que  sur  les  deux  branches  in- 
terieures;  la  branche  ophtalmique  restait  intactc.  II  y 
avail,  comme  symplomes:  insensibilitedela  moitie  dela 
langue  de  ce  cote,  sensibilite  vive  de  la  conjunctive,  de 
lanarine,  sensibilite  du  lobe  du  nez;  loulefois,  la  sensi- 
bilite du  lobe  du  nez  e'tait  plus  faible  qu'a  1'etat  normal. 

On  remarqua  des  clignements  plus  tVe'quents  de  la 
paupiere  gauche,  qui  tombait  en  quelque  sorte  involon- 
tairement,  1'animal  etant  force  de  faire  une  sorte 
d'effort  pour  la  relever. 

Le  lendemain  ranimal  se  portait  bien ;  il  presentait 
les  nieines  phenomenes ;  les  mouvements  de  la  narine 
gauche  etaient  diminues,  seulement  quand  1'aninial 
etaitau  repos.  11  s'etait  mordu  la  langue  ducote  gauche, 
et  Ton  y  remarqua  deja  une  petite  ulceration. 

Exp.  (2/1  juillet  1842).  — Sur  un  jeune  lapin,  on  fit 
a  gauche  la  section  de  la  cinquieme  paire.  Les  deux 
branches  superieures  etaient  seules  atteintes. 

L'animal  presenta  :  insensibilite  complete  de  1'ceil, 
du  nez  et  de  la  levre  superieure;  sensibilite  normale  de 
la  levre  inferieure.  Les  mouvements  de  1'oreille  etaient 
parfailemenl  conserves;  1'animal  la portait  droite.  Les 
mouvements  de  la  narine  paraissaient  diminues,  surtout 
quand  ranimal  etait  au  repos. 

Le  lendemain  ,  25  juillet ,  1'animal  se  portait  bien. 
L'oreille,  mobile  encore,  ne  se  mouvait  pas  en  harmonic 
avec  celle  du  cote  oppose.  La  cornee  etait  opacpie  dans 
son  centre. 


EXPERIENCES.  81 

Aii  moment  de  la  section  du  uerf,  1'oeil  n'avait  pas 
ete  aussi  saillant  qu'il  Test  generalement. 

Le  28  juillet,  1'animal  seportaittoujoursbien,  il  etait 
tres  vif:  il  presentait  lesmemes  phenomenes  que  le  pre- 
mier jour.  La  cornee  gauche  etait  opaque  dans  un  seul 
point :  en  dedans  et  en  bas.  La  pupille  elait  plus  con- 
tractce  qifa  droite;  1'oeil  rtail  chassieux;  Tiris.  d'nn 
brim  rouge,  rtait  ^onlle,  rayonne,  et  offrait  une  convexitr 
anu'rieure.  Cependant  cette  membrane  etait  contractile, 
et  la  pupille  pouvait  se  resserrer.  L'oeil  etait  clair  d  I'mi 
voyait  ses  humeurs  transparenles  ;i  travel's  la  partie 
conservcMi  de  lacornre.  La  conjonrlive  palprbralc  (Hail 
inject/'e  et  1'ceil  etait  huiiiide. 

Le  "29  juillet.  les  phenomenes  etaienl  Ics  HHMUCS  du 
cote  de  P.oeil ;  tandis  que  la  sensibililr  jiaraissait  «Mre  un 
pen  revenue  dans  la  Icviv  suprnrmv  ct  dans  le  ne/. 
surtout  a  la  parlie  inti  rnr.  et  les  mouvciiirnls  rcs- 
piratoires  paraissaient  aussi  s'executer  mieux. 

L'animal  mourut  le  .'>!   juillet. 

A  I'autopsie,  on  trouva  que  les  l)ranches  ophlbal- 
mique  et  inaxillaire  superieure  ctaicnt  eoupees,  a  part 
quelques  filaments  tres  lins  de  la  branche  inaxillaire 
superieure. 

La  branche  inaxillaire  interieure  etait  intacte,  de 
nieme  que  le  filet  auriculo-temporal. 

Exp.  (ill  aout  18/r2).  -  •  Sur  un  lapin  de  taille 
moyenne,  on  tenta  la  section  de  la  cinquieme  paire 
ii  droite  ;  la  section  ne  fut  que  partielle ;  voici  les  phe- 
nomenes qu'on  observa  : 

II  y  avait   scnsibilit/'  normale  de. la  face  a  droite, 

B.,  SYST.  NF.RV.  —  n,  6 


82  NKRF    TRUUMKUJ. 

excepte  rceil  qui  etait  insensible.  La  pupille  etait  con- 
tracts •. 

Le  18  aout,  1'oeil  etait  toujours  insensible,  mi  peu 
chassienx.  inais  transparent:  la  pupille,  mobile .  etait 
toujours  un  pen  plus  contractee.  L'iris.  elait  fortement 
bombe  en  avant  et  presentait  des  plis  rayonnes. 

Le  21  aout,  sept  jours  apres  I'operation  :  <ril  droit  tou- 
jours insensible,  un  peu  chassieux,  avcc  une  tres  legere 
opacite  au-dessousde  lajmpillc,  a  la  partic  infV'rieim1  <lr 
la  cornee.  La  pupille  etait  plus  contractee  que  du  cot£ 
oppose  et  elle  presentait  une  forme  elliptique  a  grand 
diametre  vertical. 

On  fit  ensuite  serviicet  animal  a  d'autres  experiences 
sur  le  spinal.  II  niounit  lc  25  aout.  on/e  jours  apres  la 
section  de  la  cinqui»'>me  pairo.  On  fit  I'autopsieavecsoin 
et  on  constata  que  la  branche  maxillaire  superieure  de  la 
cinquieme  paire  r-tait  seule  bien  coup(;e;  les  branches 
ophthalmique  et  maxillaire  iiilV'rieure  paraissaient  in- 
tactes. 

Sans  un  epanchement  considerable  (jui  existait,  il 
serait  difficile  d'expliquer  par  cette  lesion  les  symptomes 
observes  pendant  la  vie.  (juoique  cependantlenerf  maxil- 
laire superieur  fournisse  une  branche  orbitaire.  II  sem- 
blait  y  avoir  eu  en  outre  les  sympt6mes  de  1'ablation 
du  ganglion  cervical  superieur. 

Exp.  24  juillet  1 842).  —  Sur  un  jeune  lapin,  on  coupa 
a  gauche  1'anastomose  entre  le  facial  et  le  pneumo- 
gastrique.  II  y  eut  diminution  des  mouvements  de  la 
iiarine  quand  1'animal  etait  au  repos. 

On  tenta  ensuite  la  section  de  la  cinquieme  paire  du 


EXPERIENCES.  83 

meme  c6te,  a  gauche;  la  branche  inferieure  seule  fut 
coupee,  ce  que  Ton  reconnut aux  symptdmesque  presen- 
tait  1'animal.  En  effet,  il  y  avail  insensibilite  complete  de 
la  levre  inferieure,  de  la  moitie  gauche  de  la  langue,  avec 
sensibilite  conservee  dans  tout  le  reste  de  la  face: 
1'oreille  etait  basseet  pen  mobile.  Les  mouvements  de  la 
narine  etaient  modifies;  ils  presentaient  line  notable 
diminution  quand  Tanimal  etait  an  repos,  et,  dans  les 
mouvemenls  forces,  ils  restaient  un  pen  plus  failiies  a 
gauche. 

Messieurs,  d'apres  toutes  les  experiences  que  je  vicns 
de  vousrappoi'ter  et  (}ue  je  pourrais  multiplier  encon1, 
vous  avezacquis  iinc  id«'r  nVMii'-ralr  sufBsante des troubles 
nombreux  et  varies  que  la  section  complrtc  uu  partielle 
de  la  cinquieine  pent  produire.  11  nous  restc  mainte- 
nant  a  cntrer  dans  I'cxamen  de  certains  pb^noraenes 
plus  sprciaux  qui  soul  propres  a  la  paralysic  de  cer- 
taines  branches  de  ce  nerf.  Ce  sera  1'objet  de  la  pn>- 
cliaine  lecon. 


CINQUIEME  LECON. 

20  MAI  1857. 


SOMMAIRE  :  Du  nerf  trijumcau  ;  suito.—  Branche  ophllialmiqne.  - 
Sensibility  de  lacornee  et  do  la  conjunctive;  filets  ciliaires  directs  ol 
indirccls.  —  Experiences  sur  les  nerfs  ciliaires.  —  Observation  de  para- 
lysie  de  la  cinqniome  paire  avec  conservation  de  la  sensibilile  de  la 
corm'c.  —  De  la  photophobia.  —  Son  siege.  --  Influence  de  la  section 
de  la  cinquieme  paire  sur  la  glande  lacryinale  et  sur  les  glandes  de 
Meibomius.  --  Branche  inaxillaire  superieure  ,  exchisivemenl  sensi- 
live.  —  De  I'influence  de  cette  branche  sur  refaction.  —  Arrachemeni 
du  ganglion  spheno-palatin.  —  Sensibilitc  spe"ciale  d'nn  filet  emananl 
de  la  branche  maxillain-  snpe'rieiire. —  Branche  inaxillaire  infe'rieure, 
M'usiiive  et  mot  rice.  -  \ccroissementdes  incisives  chez  le  lapin  apivs 
la  section  de  ce  nerf. —  Les  lapins  chezlesquels  on  a  coupe"  la  cinquieme 
paire  nieurent  surtoul  de  fuim.  —  Ulcerations  de  la  langue  et  des 
levres. —  Influence  de  la  cinquieme  paire  sur  les  secretions  salivaires. 

MKSSIl.t  HS. 

Apros  avoir  vu  d'une  maniere  generale  quels  son! 
les  syinptoines  do  la  section  de  la  cinquieme  paire, 
syniptomes  qn'on  peut  classer  en  iminediatset  en  con- 
secutifs.  il  nous  reste  a  entrer  dans  quelques  details 
vetatifsa  certaines  particularites  de  paralysie  de  la  cin- 
quieme paire,  details  qui  se  rapportent  aux  alterations 
dont  les  organes  des  sens  sont  le  siege.  Nous  ferons 
porter  cet  examen  successivement  sur  les  trois  branches 
de  la  cinquieme  paire :  la  branche  ophthalmique .  la 
branche  inaxillaire  superieure  et  la  branche  inaxillaire 
inferieure. 

A  propos  de  la  branche  ophthalmique,  nous  vous 
avons  df'ja  longuemeut  entretenus  de  1'alteration  de  1'npil 


BRANCHE   OPHTHALM1QUE    DU    NERF    TRIJUMEAL.         85 

qui  suit  la  section  de  la  cinquieme  paire,  nous  n'y  re- 
viendrons  pas;  nous  vous  rappellerons  qua  les  premiers 
syrnptomes  qui  apparaissent  sont  une  vascularisation 
de  1'oeil,  un  aspect  terne  de  la  corne'e,  une  alteration  de 
I'iris,  avec  constriction  de  la  pupille  et  une  plus  grande 
convexite  de  la  corne'e  du  cote  opere,  etc.  (voy.  fig.  3). 


FIG.  3  (1). 

Lorsque  la  braiiche  ophthalmique  a  e'te  coupe'e  en 
masse,  toute  sensibility  a  disparu  dans  1'oeil.  Mais  en 

(1)  Alterations  de  I'osil  apres  la  section  de  la  cinquieme  paire.  - 
Fig.  I.  OEil  normal  du  cote"  non  open*;  Toeil  cst  brillant  et  tres  sensible  ; 
la  paupiere  superieure  etant  sotilev«5e,  on  apercoit  apeine  qtielqnes  vais- 
seaux  greles  en  a;  —  6,  reprcsentc  la  convexite  noimale  de  la  cornee 
de  Toeil  sain. 

Fig.  II.  OEil  malade,  du  cote  oper^  ;  la  col-ne'e  transparente  insensible 
est  lerne  ,  la  conjunctive  fortenient  injeclee,  la  pup  lie  contract^e,  I'iris 
decolor^  et  lle.iri ;  un  commencement  d'opacite  se  montre  au  centre;  — 
o,  represcnte  la  convexite  exagdrde  de  la  cornde  de  TORJ!  opere. 


86  NERF    TRUUMEAU. 

etudiant  les  paralysies  partielles  cles  divers  rameaux  de 
la  branche  ophthalmique,  on  peut  \oir  qu'il  en  est  qui 
sent  doue's  cle  proprie'tes  sensitives  particnlieres. 

La  branche  ophthalmique  se  distribue  a  1'oeil  apres 
sY'tre  divisee  en  trois  rameaux  : 

Le  rauieau  lacrymal,  qui  va  a  la  glaude  lacrymale; 

Les  rameaux  frontaux,  a  la  peau  du  front ; 

Le  rameau  nasal,  au  boutdu  nez. 

Ce  dernier  fournit  une  racine  au  ganglion  ophthal- 
mique, apres  quoi  des  filets  partent  de  ce  ganglion  pour 
aller  a  1'iris.  Outre  les  filets  indirects  que  le  rameau  nasal 
(Mivoie  a  1'oeil  en  passant  par  le  ganglion  ophthalmique, 
il  tVuirnit  encore  a  cet  organe  des  filets  ciliaires  directs. 

La  sensibilite  que  1'ceil  recoil  par  les  filets  qui  lui  vien- 
nent  du  ganglion  ophthalmique  se  presente  avec  desca- 
racteresspeciaux,  qui  la  differencientde  la  sensibilite  qui 
lui  arrive  par  des  filets  ciliaires  directs  venant  du  nerf 
nasal.  L'iris  parait  recevoir  les  deuxordres  de  filets;  les 
nerfs  ciliaires,  directs,  donnent  la  sensibilite  a  la  conjonc 
tive  el  a  1'iris ;  les  filets  indirects,  ceux  qui  out  passe  par 
le  ganglion  ophthalmique,  donnent  la  sensibilite  a  la  cor- 
ne e transparente  eta I'iris.  On  concoil deslors  qu'il  puisse 
exister  telle lesion  qui  entraine  Tinsensibilite  complete  de 
toutrceilmoinslacornee  transparente,  el  reciproquemenl 
que  la  coruee  transparentedevienne  insensible,  toutes  les 
autres  parties  de  Toeil  ayant  conservi1  leur  sensihilite. 

Lorsque  la  sensibilite  disparait  chez  un  animal  souinis 
a  une  intoxication  ou  a  une  cause  de  mort  quelconque, 
lacinquieme  paire  parait  6tre  atteinte  la  derniere.  Mais, 
chose  singuliere.  (jui  je  crois  n'avail  pas  ele  signaleeavant 


BRANCHE    OPHTHALM1QUE.  87 

inoi,  c" est  que,  clans  cette  abolition  des  proprie'tes  sen- 
sitives de  la  cinquieme  paire,Ja  cornee  et  la  conjonctive 
ne  perdenl  pas  leur  sensibilite  en  inline  temps,  mais  suc- 
cessivement  et  dans  on  ordre  qui  varie  avec  la  cause  qui 
produit  la  niort. 

Ainsi,  dans  la  mort  par  la  strychnine,  la  conjonctive 
reste  sensible  apres  que  la  cornee  est  devenue  insensible. 

Dans  la  mort  par  section  du  bulbe  rachidien,  la  cornee 
reste  encore  sensible  apres  que  la  conjonctive  est  deve- 
nue  insensible. 

ftvidemment ,  cette  sensibilite  de  la  cornee  a  un 
caractere  special.  £tant  interne  a  l'H6tel-Dieu ,  j'ai 
observe  un  cas  dans  lequel  elle  etait  conservee.  Le  sujet 
de  cette  observation  etait  une  t'eimne  of  Iran  t  d'un  seul 
cote  une  paralysie  complete  de  la  cinqiiiemr  pain-, 
paralysie  sans  alterations  de  nutrition.  Tout  Trail  etait 
insensible  a  1'exception  de  la  cornee  transparent!'. 

Je  ne  connais  de  cet  remarquable  phenomene  quo 
ce  seul  exemple  che/  1  'homme,  qu'on  trouvera  rapporte 
dans  la  these  de  M.  le  Dr  Demeaux  (1843). 

Souveut  j'ai  fait  che/  des  chiens  1'ablation  du  gan- 
glion ophlhalmique.  La  cornee  transparente  devient 
alors  insensible.  D'autres  desordres  de  nutrition  s'obser- 
vent  encore,  ainsi  qu'on  va  le  voir. 

Exp.  ("29  mars  1 848).  —  Sur  un  chieii  adulte,  j'ai 
mis  les  nerfs  de  1'oeil  ii  decouvert.  Le  procede  consista  a 
fendre  en  dehors  la  peau  de  Torbite,  et  a  diviser  le  muscle 
crotaphyte  jusqu'au-devant  de  1'oreille,  a  enlever  par 
deux  traits  de  scie  1'arcade  zygomatique ;  a  resequer 
1'apophyse  coronoide  de  la  machoire,  puis  dissequer  les 


88  NERF    TRl.irME.U'. 

nerfs  en  e'tanchant  le  sang  qui  s'ecoulait  on  abondance. 

Apres  avoir  isole  le  nerf  optique,  je  constatai  quo  les 
nert's  ciliaires  qui  rampent  dans  le  tissu  cellulaire  en~ 
vironnant  le  nert'  optique  sent  sensibles.  Car  apres  avoir 
ilepnuille  le  nerf  optique  des  nerfs  ciliaires,  il  etait  com- 
ple'teinent  insensible. 

En  coupant  les  nert's  ciliaires,  j'ai  constate  les  pheno- 
fnenes  suivants  du  cote  de Tiris  :  ayant  d'abonl  coupe 
seulement  les  lilets  ciliaires  situes  sur  le  cote  externe 
du  nerf  optique,  j'ai  vu  la  pupille  paralyse'e  sinilenient 
en  dehors;  de  sorte  que  la  pupille  se  contractant  apres. 
sous  rintluence  de  la  luiniere,  elle  se  resserrait  ])artout 
(;xcept('1  en  dehors,  ce  qui  lui  donnait  alors  une  forme 
allonge'e  transversalement.  Chex  les  animaux  qui  out  la 
pupille  disposee  en  long  on  en  travc^rs,  cela  tiendrail-il 
a  ce  que  les  nerfs  ciliaires  ne  se  distribuent  pas  aux 
points  de  1'iris  ijui  servent  de  commissure  a  la  pupille? 

Apres  avoir  coupe  les  nerfs  ciliaires  tout  autour  du  nerf 
optique,  la  pupille  etait  largement  dilatee  et  immobile. 

Apres  la  section  des  nerfs  ciliaires,  je  vis  la  cornee 
devenir  snbitement  insensible  et  il  me  sembla  aussi 
qu'elle  devint  aussitot  terne  et  seche,  comme  cela  a 
lieu  apres  la  section  de  la  cinquieme  paire.  D'ou  il  re- 
sulterait  que  ces  nerfs  ciliaires  out  une  intluence  directe 
sur  I't3tat  de  la  cornee  transparente. 

L'animal  guerit  de  cette  operation,  mais  son  oeil 
fondit  completement,  ce  qui  tient  sans  doute  a  la  foisa 
la  destruction  des  vaisseaux  et  a  celle  des  nerfs. 

Exp. —  Le  31  mars18/i8,  surun  lapin  bien  portant, 
j'ai,  par  le  interne  precede,  mis  le  nerf  optique  a  de- 


NliRFS    CILIA  IRKS.  89 

convert.  11  me  parut  egalement  sensible  au  pineement 
lursqu'il  etait  entoure  des  nerfs  ciliaires. 

Je  vis  de  meine  que  la  cornee  transparente  recoil  sa 
sensibilite  des  nerfs  ciliaires ;  car,  apres  avoir  denude 
I'o3il  de  la  conjouctive  tout  autour  de  la  cornee  trans- 
parente, celle-ci  etait  restee  toujours  sensible;  et  ellc 
ne  perdit  sa  sensibilite  que  lorsque  les  nerfs  ciliaires 
eurent  ete  coupes. 

Un  fait  singulier  s'est  manifesto1  relativement  a  la 
pupille.  Sous  rintluence  de  1'operation,  sans  doute  a 
cause  de  la  lesion  des  ranieaux  de  la  ciiiquieme  paire.  la 
pupille  s'etait  ivssenve.  .Mais,  au  moment  de  la  section 
des  nerfs  ciliaires,  elk?  ne  se  dilata  point  comnie 
cela  avail  eu  lieu  chez  le  chien,  de  telle  sorte  (jiie, 
apres  la  section  des  nerfs  ciliaires,  la  pupille  etait  forlr- 
ment  dilatee  chez  le  chien,  tandis  qu'elle  etait  restee for- 
tement  contractee  chez  le  lapin. 

Nous  noterons  en  passant  que  ces  aniinaux  presentent 
des  differences  analogues  lorsqu'oii  vient  a  couper  chez 
eux  la  ciixpiienie  paire.  Plus  tarcl,  nous  reviendrons 
sur  ce  sujet  quand  nous  nous  occuperons  specialement 
du  ganglion  ophthalmique.  Sur  un  autre  lapin  j'ai 
pince  le  ganglion  ophthalmique  qui  ne  possedait  pas 
de  sensibility,  tandis  quo  les  nerfs  ciliaires  qui  en 
emanaient  etaient  sensibles.  Celte  sensibilite  parait 
devoir  s'expliquer  par  la  jonction  apres  le  ganglion 
des  filets  ciliaires  directs,  venant  de  la  cinquieme  paire, 
avec  les  filets  ciliaires  indi reels. 

Maintenant,  messieurs,  ces  considerations,  ainsi  que 
les  experiences  qui  precedent,  m'amenent  a  vous  entre- 


90  NERF    TRIJUMEAU. 

tenir  d'une  question  qui  se  rattache  a  la  sensibilile  de 
roeil;  je  ve-ux  parlerde  la  photophobie. 

On  sail  combien  ce  symptome  est  frequent  clans  les 
inflammations  de  1'oeil,  particulierement  dans  les  alte- 
rations  de  la  cornee,  de  1'iris;  la  photophobie  n'existe 
pas  lorsque  la  conjonctive  senle  est  malade.  D'ou 
vient  la  photophobie?  La  sensation  doulourense  est-elle 
due  a  1 'action  de  la  lumiere  sur  1'iris,  sur  la  retine, 
on  sur  les  nerfs  de  la  cinquieme  paire  qui  out  traverse 
le  ganglion  ophthalmique? 

Cette  question  a  deja  pivoccupe  les  physiologistes,  el 
quelques  epreuves  out  ete  lentees  dans  le  but  de  la 
resoudre. 

Magendie  avail  deja  montiv  qne  la  retine  est  insen- 
sible. Des  operations  chirurgicales  out  montre  que  la 
section  du  nerf  optique  chez  riiomme  n'est  pas  non 
plus  doulou reuse. 

D'autres  raisons  portaient  encore  a  penser  que  la 
photophobie  n'avait  pas  son  origine  dans  la  retine.  En 
effet,  on  avail  rencontre  ce  symptome  chez  des  malades 
porteurs  de  laches  de  la  cornee  qui  ne  leur  permeltaient 
pas  de  voir;  ainsi  desamaurotiquesquietaienlpris  d'oph- 
Ihalmie  eprouvaienl  alors  de  la  photophobie.  Depuis 
longlempsj'avais  ele  amene  par  mes  experiences  acon- 
siderer  dans  mes  cours  la  photophobie  comme  n'existanl 
pas  dans  la  retine,  mais  dans  les  parties  de  Toeil  qui  re- 
coivenl  les  nerfs  ciliaires  indirects.  M.  Caslorani,  que 
j'avais  1'anneederniere  engage  a  elucider  ce  sujel  par  des 
experiences  directes,  a  reprislaqueslion.  Ses  experiences 
sonl  arrivees  aux  memes  resullals  el  onl  monlre  que 


PHOTOPHOBIE. 

chez  un  animal  auquel  on  a  prealablement  coupe  le  nerf 
optique.  une  plaie  de  la  cornee  determine  de  la  photo- 
phobie.  Cesontla  desphenomenesextremement  curieux 
et  qui  semblent  prouver  que  les  nerfs  qui  se  sont  associes 
avec  le  grand  sympathique,  out  recu  de  cette  association 
des  qualites  particulieres. 

On  avait  d'nn  autre  c6te  signale  deja  la  sensibilite  de 
1'irispour  la  lumiere.  M.  Brown-Sequard  avait  montn'1 
qu'apres  la  section  du  nerf  optique,  1'iris  conserve  encore 
la  propriete  de  se  contracter  sous  I'influence  de  la  lu- 
miere et  de  se  relacher  dans  I'obscurite.  Son  experience 
consiste  a  enlever  les  deux  yeux  d'une  angiiille  ou 
d'une  grcnouille,  et  a  les  placer  srpiirement  sur  des 
eponges  humides  pour  eviter  une  perte  trop  rapide  des 
proprietes  de  tissus  par  la  dessiccation.  L'un  de  ces  yeux 
restant  a  la  Iumi6re,  et  1'autre  etant  place  dans  une 
boite  ferme'e,  on  constatait  bientot,  en  les  comparant, 
que  la  pupille  etait  contractee  seulement  dans  Toeil  qui 
etait  reste  expose  a  la  lumiere.  On  changeaii  ensuite  ces 
yeux  de  place,  laissant  a  la  lumiere  celui  (|ui  avait 
d'abord  ete  enferme  et  placant  dans  la  boite  celui  (}ui 
avait  et6  expose  a  la  lumiere.  La  pupille  se  contractait  sur 
le  premier  et  se  dilatait  sur  le  dernier;  le  phenomene 
e'tait  renouvele  par  le  renversement  des  conditions.  L'iris 
parait  done  jouir  crime  sensibilite"  a  la  lumiere  in- 
dependante  de  celle  de  la  retine.  Or  la  cornee  recoit 
les  nerfs  de  la  memo  source  que  Tiris  :  c'est  done  dans 
les  filets  ciliaires  iudirecls  de  la  cinquieme  paire  qu'il 
faudrait,  suivant  nous,  localiser  le  symptome  de  la 
photophobie. 


&2  Nfc!RF    TRUUMEAU. 

Quant  aux  modifications  organiques  quo  la  section 
de  la  cinquieme  paire  apporte  dans  1'oeil,  nous  avons 
cite  a  propos  des  experiences  leurs  principals  parti- 
rularites,  sur  lesquelles  nous  ne  nous  etendrons  pas  da- 
vantage  parce  que  ce  sont  des  phenomeues  bien 
connns.  M.  Schift"  a  public  sur  ce  sujet  un  travail  tres 
complet. 

La  glande  lacrymale  parait ,  apres  la  section  de  la 
cinquieme  paire,  secreter  moins.  Au  contraire ,  les 
glandes  de  Meibomius  sembleraient  fournir  une  secre- 
tion plus  abondante. 

Nous  aurons  ulterieurement  a  revenir  sur  les  nerfs 
qui  president  a  la  secretion  des  glandes  de  1'orgaue  de 
la  vision,  a  propos  des  fonctions  du  grand  sympathique 
de  la  tete  en  general,  et  de  celle  du  ganglion  ophthalmique 
en  particulier. 

Nous  aliens  continuer  I'histoire  physiologique  des 
autres  branches  de  la  cinquieme  paire,  par  la  branche 
inaxillaire  supe'rieure<, 

Comme  la  branche  ophthalmique,  la  branche  inaxil- 
laire superieure  est  exclusivement  sensitive. 

Chez  1'homme  la  branche  maxillaire  superieure  sort 
du  crane  par  le  trou  maxillaire  superieur  ou  grand 
rond,  traverse  la  fosse  pterygo-maxillaire  et  vient, 
s'epanouissant  sur  la  face,  clonuer  la  sensibilit(3  a  la  levre 
superieure  et  a  la  narine. 

Cette  branche  porte  sur  son  trajet  un  ganglion,  le 
ganglion  de  Meckel  ou  ganglion  spheno-palatin.  Ce  gan- 
glion, qui  appartient  an  systemedu  grand  sympathique 
communique  avec  la  septieme  paire. 


BRANCHE   MAXILLIARE    SUPKR1EURE.  93 

Chez  certains  animaux,lelapin,  le  chien,  lecheval,  le 
trou  grand  rond  n'existe  reellement  pas  ou  plutdt  il 
n'existe  qu'en  dehorsdu  crane.  Les  branches  maxillaires 
superieures  et  inferieures  sortent  de  la  base  du  crane 
par  un  meme  trou,  le  Iron  ovale,  et  c'est  a  la  sortie  de 
cette  ouverture  (pie  la  branche  maxillaire  superieure 
se  dirige  en  avant  dans  une  sorte  de  virole  osseuse  qui 
representerait  le  trou  grand  rond. 

Je  n'insisterai  pas  ici  sur  la  propriete  qu'a  la  bnmrhe 
maxillaire  superieure  de  donner  la  sensibilite  aux  tegu- 
ments des  parties  auxquelles  elle  se  distribue,  non  plus 
que  sur  la  sensibilite  qu'elle  tburnit  aux  dents  par  scs 
filets  dentaires;  sensibilite  que  nous  examinerons  tout 
a  i'beureen  parlantdela  branche  maxillaire  mfrrieure. 
La  branche  maxillaire  supi'-rieure  donne  encore  la  sen- 
sibilite generate  a  la  membrane  muqueuse  du  nez.  Quaud 
nous  exarainonsce  lapin  chcz  lequel  la  cinquieme  paire  a 
ele  coupee,  nous  voyons qu'ori  pent,  sansqu'il  trinoigiu1 
la  moindre  douleur,  lui  introduire  un  instrument 
dans  les  narines.  La  section  de  la  cinquieme  paire  a 
done  aboli  la  sensibilite,  non-seulement  dans  les  parties 
superflcielles,  mais  encore  dans  les  parties  profondes  de 
la  face. 

En  parlant  de  1'influence  que  pouvait  exercer  la  sec- 
tion de  la  cinquieme  paire  sur  les  organes  des  sens,  je 
vous  ai  signale  une  influence  indirecte,  secondaire.  sur 
les  phenomenes  de  la  vision  qui  sont  consecutivement 
rendus  impossibles  par  suite  de  1'alteration  de  certains 
milieux  de  1'uMl.  Ce  qui  se  passe  du  cote  de  1'organe  de 
Todorat  presente-t-il  quekpie  analogic  avec  les 


NERF    TRUUMEAU. 

menes  que  je  vous  rappelle?  Quelle  influence  pent  avoir 
la  cinquieme  paire  sur  1'olfaction? 

C'est  la  une  question  sur  laquelle  on  a  beaucoup  dis- 
cute.  On  aete  porte  par  analogic  a  penser  que  la  branche 
riiaxillairc  superieure  donnait  la  sensibilite  generale  a 
la  membrane  muqueuse  nasale,  etque  lasensibilite  spe- 
ciale  en  rapport  avec  la  perception  des  odeurs  etait  due 
au  nerf  ol  fact  if.  Pour  verifier  Inexactitude  de  cette  vue,  a 
laquelle  il  est  naturel  de  s'arreter  d'abord,  il  etait  neces- 
saire  de  faire  des  experiences ;  or,  la  pratique  de  ces 
experiences  et  surtout  I'appreciation  des  phenomenes 
produitsoflrait  de  serieuses  dillicultes.  Ici  encore  des  fails 
de  deuxordres  pouvaientconduire  a  la  connaissance  dela 
verite  :  des  experiences  physiologiques  et  des  observa- 
tions pathologiques.  Nous  verrons.  a  propos  de  I'ol fac- 
tion, ce  qu'ont  donne  les  lines  et  les  autres;  toutefois  je 
dois  vous  faire  remarquer  d'avance  qnelle  importance 
relative  prennent  ici  les  observations  faites sur  1'homme, 
et  combien  elle  peuvent  fournir  de  renseignements  plus 
nets  dans  une  question  aussi  delicate  que  celle  de  la 
perception  des  odeurs. 

Nous  avous,  messieurs,  essaye  il  y  a  deux  jours  d'en- 
lever  chez  uu  chien  le  ganglion  de  Meckel,  ganglion  du 
grand  sympatbique  qui  afl'ecte  des  rapports  assez  inte- 
vessants  avec  la  branche  maxillaire  superieure. 

Nous  voulions  voir  si  cette  ablation  etait  possible ;  et 
si,  a  la  suite  de  1'operation,  quelques  phenomenes  nou- 
veaux  ne  pouvaient  pas  etre  observes. 

L'experience  ne  fut  pas  fort  difficile.  Chez  I'honiine, 
ce  ganglion  est  colle  au  nerf  lui-meme;  chez  le  chien. 


BRANCHE    MAXILLAIRE    SUPER1EURE.  95 

il  en  est  separe  et  se  trouve  a  cote  de  lui  dans  la  fosse 
pterygoide.  Nous  avons  done,  sur  un  chien,  enleve 
1'arcade  zygomatique  ,  souleve  1'ceil,  suivi  vers  I'orbite 
le  nerf  maxillaire  superieur;  et,  arrive  sur  le  ganglion 
spheno-palalin,  nous  1'avons  arrache. 

Avant  d'enlever  ce  ganglion,  nous  avons  vu  que  quand 
on  le  pincait  on  ne  provoquait  pas  de  sensibilite  bien 
e>idente,  tanclis  que  quand  on  1'arracha  on  produisit 
une  douleur  tres  vive,  ce  qui  est  d'accord  avec  ce  que 
nous  avons  vu  des  autres  ganglions  du  grand  sym- 
pathique.  Nous  avons  ensuite  observe  ce  chien ,  et 
n'avonsrien  vu  qui  parut  se  rattacher  aux  consequences 
de  reparation.  Aucun  symptome  particulier  nc  s'est 
manifest*'  du  cote  de  1'oeil;  rien  de  precis  du  cote  dcs 
nariues  ou  se  distribue  le  nerf  maxilluirc  superieur.  La 
sensibilite  de  la  membrane  muqueuse  nasale  paraissail 
aussi  developpee  du  c6te  ou  avail  ete  enleve  le  ganglion 
de  Meckel,  peut-etre  meme  1'etait-elle  davantage? 

Les  filets  qui  emanent  du  ganglion  de  Meckel  von  I 
se  distribuer  a  la  membrane  muqueuse  du  no/  avec  une 
branche  dela  cinquieme  paire.  Examinantchez  le  chien 
le  nerf  naso-palatin  qui  va  a  la  membrane  muqueuse 
du  nez,  nous  avons  et6  tres  surpris  de  le  trouver  en 
apparencecompletement  insensible,  taudis  que  la  (tran- 
che principale,  la  sous-orbitaire .  nous  offrait  tons  les 
signes  d'une  sensil)ilitr  vive.  Cette  insensibilitt-  d'un  ra- 
meau  apparteuant  a  la  cinquieme  paire  porterait  a  penser 
qu'elle  renferme  des  filets  de  sensibilite  speciale ;  Magendie 
ayant  prouve  que  les  nerfs  de  sensations  speciales  sont 
completement  insensibles  aux  irritations  mecaniques. 


96  NERF    TRIJUMEAU. 

Dejaautrefois,  experimental)!  sur  la  cinquieme  paire, 
il  m'avait  semble  quo  le  nerf  lingual,  nerf  de  sensibilite 
generale  et  speciale  a  la  fois,  etait  moms  sensible  qne 
les  rameaux  superficiels  de  la  cinquieme  paire.  Cela 
pourrait  peut-etre  tenir  aussi  a  cette  double  aptitude 
fonctipnnelle. 

En  resume,  dans  roperation  citee  plus  haul,  nous 
avions  done  remarque  que  le  ganglion  spheno-palatin, 
insensible  quand  on  le  pince,  ne  pent  etre  arrache  sans 
produire  une  vive  douleur.  Un  autre  fait  nous  avail 
snrtout  frappe,  je  veux  parler  de  ['insensibility  d'un 
filet  nerveux  de  la  cinquicme  paire  qui  sr  rend  u  la 
nuiqueuse  nasale. 

Aujourd'bui  nous  avons  repete  sur  le  meme  animal 
cette  experience,  de  I'autre  cote,  avec  les  memes  resul- 
tats.  Ce  filet  singulier  a  done  ete  coupe  des  deux  cotes. 
En  introduisant  un  stylet  dans  les  narines  on  trouve  que 
la  membrane  muqueuse  nasale  est  toujours  sensible ; 
d'ici  aux  procbainesleeons,  nous  observerons  raniuial  et 
tacherons  de  voir  si  1'odorat  a  ete  modifie,  et,  dans  le 
cas  ou  il  1'aurait  ete,  quelle  alteration  il  aura  subie. 

Si  les  observations  precedentes  se  verifiaient,  la  cin- 
quieme paire  se  trouverait  aiiisi  composee  de  trois  par- 
ties :  un  nerf  moteur,  petite  branche  d'origine  qui  se 
rend  tout  entiere  dans  le  nerf  inaxillaire  inferieur;  des 
nerfs  de  sensibilite  generale,  et  des  nerfs  de  sensibilite 
speciale  qui  presideraient  a  1'olfaction  et  a  la  gustation. 
II  ne  s'agira  plus  que  de  verifier  ces  vues  experimentale- 
inent  en  analysant  convenablement  les  fails;  il  faudra 
couper  les  branches  que  nous  sommes  dispose  a  regar- 


'iUANCIIi;    MAXIU.AIKK    Si  PKRlliURIi .  97 

dor  comnio  presidanl  ;'i  la  sensibilite  speciale.  et  voir  si 
apres  bisection  deces  branches  I'olfactipB  a  etc  delruite 
on  troublee. 

Sans  insisler  aujourd'hui  sur  ce  fait  de  savoir  si  la 
cinquienic  paire  preside  oti  ne  preside  pas,  dans  le  ne/, 
pour  une  certaine  part  a  la  sensibilite  olfactive,  question 
sur  laquelle  Inexperience  doit  prononcer.  je  me  borne  a 
vous  poser  la  proposition  quo  nous  examinerons  plus  lard . 

Nous  savons  que  la  einquieme  paire  tieut  sous  sa  de- 
pendance  certains  plienoineiiesde  nutrition.  Vous  1'avez 
MI  pour  la  branche  ophlhalniique;  on  pent  le  constafer 
aussi  pour  les  branches  maxillaires  superieure  et  infe- 
rieure.  La  membrane  imiqueuse  nasale  est  goiifleo  el 
rpugeatre.  >"ous  eonstaterons  cette  apparence  le  jour  on 
nous  1'erons  Taulopsie  de  ee  lapin.  Je  vous  signalei'ai  ;i 
ce  propos  une  precaution  a  prendre  dans  les  conclusions 
a  lirer  des  experiences  eptreprises  pour  juger  de  1'in- 
llnenee  de  la  cincpiieme  paire  sur  I'olfaction  :  il  ne  lan- 
drail evidemment  pas attendre, pour  etudier  les  modifi- 
cations de  ce  sens  apres  la  section  du  trijumeau,  ([ue  les 
alleralions  de  nutrition  se  fussent  produites  clans  le  ne/>. 
I.  experience  ayant  pour  objet  de  rechercher  si  le  sens 
oll'aelit'  est  atleint  [trimitivement,  son  alteration,  apres 
que  les  desordres  de  nutrition  soul  survcnus.  nV'taltlirait 
pas  plus  son  aptitude  sensoriale  que  la  cecite,  apres  les 
alterations  de  1'a'il  consi'cutives  a  la  section  de  la  branche 
ophthalmique,  n'etablit  une  influence  directe  dc  cettc 
branche  sur  la  vision. 

Passons  maintenant  a  rexamen  des  usag'es  delabran- 
chc  maxillaire  inferieure. 

B.,  SY»T.   NFnv.  --  ii.  7 


98  NERF    TRUUMEAU. 

La  branche  maxillaire  infi'rieure  du  nerf  trijume-iu 
sort  du  trou  maxillaire  inierieur  ct  vicut  se  dislribuer  a 
la  Ix niche.  Ce  nerf  dillr-tv  ties  autrcs  branches  dc  la 
cinquieme  paire  en  ce  qu'il  n'estpas  exclusivement  sen- 
.sitif.  Lorsqu'au  dela  du  ganglion  dc  Gasser,  la  cin- 
quieme paire  s'est  divisee  en  trois  branches,  la  branch*1 
inferieure  do  cette  Irifucation.  branche  maxillaire  in- 
fe'rieure,  reooit  un  filet  d'origine  distincte  qni  passe  au- 
dessous  du  ganglion  sans  se  confondre  avec  lui.  Ce  filet 
represente  la  partie  motrice  d'unc  paire  nerveuse,  dont 
le  Ironc  principal  du  trijuniean  rentermc  rclement  sen- 
sitif.  Cette  branche  motrice  n'abandonnant  i-ien  auxdeux 
branches  superieures  du  trijumeau,  le  nerf  maxillaire 
inferieur  se  trouvc  scul  dans  la  cinquieme  paire  reprp- 
senter  un  nerf  mixti1. 

Dans  1'etude  du  nerf  maxillaire  inferieur,  nous  avons 
done  a  considerer  des  phenomenes  cle  sentiment  et  des 
phcnomenes  de  mouvemcnt. 

Je  vous  ai  dejii  dit  quo  la  branche  maxillaire  inlV1- 
rieure  donne  la  sensibility  aux  parois  de  la  bouche  el  !<• 
mouvement  aux  muscles  de  la  machoire  intV'i-ieure. 
Tandis  que  le  facial  donne  le  mouvement  aux  muscles 
superficiels,  le  nerf  maxillaire  inferieur  preside  au 
mouvement  des  muscles  masticateurs  profonds  :  masse- 
ters,  mylo-hyoidiens .  pterygoi'diens  (>t  cmtaphytes. 

Apres  la  section  de  la  cinquieme  paire,  on  constate  en 
ffM.  une  paralysie  des  muscles  de  la  machoire.  Lorsque 
la  lesion  n'a  etc  produitc  que  (Fun  cote,  cette  paralysie 
n'empeche  pas  immediatement  1'animal  de  se  nourrir  : 
la  machoire  tbruiaut  un  seulos,  et  les  mouvements  du 


BRANCHE    MAXILLAIRE    IXFERIEURE.  00 

cote  oppose  etant  conserves,  la  mastication  pent  encore 
s'effectuer.  Cepenclant  cette  mastication  est  incomplete. 
1'animal  se  nourrit  mal,  deperit  et  maigrit. 


FIG.  l\  (1). 

Je  dois  vous  signaler  a  ce  propos  un  fait  interessant 
a  noter,  fait  rclatif  a  1'accroissement  des  dents.  La  sec- 

(1)  Portion  motrice  de  la  cinquieme  paire  chez  le  cheval.  — 
Fig.  I.  A,  portion  motrice  de  la  cinqnicmc  paire  qui  embrasse  en  forme 
de  collier  le  nerf  niaxillaire  inlerictir;  —  A',  branche  aiiriculo-tempo- 
rale  qui  est  entourde  par  une  anso  provenant  dc  la  portion  motrice  ;  — 
0',  autre  portion  du  ncrf  auriculo-temporal  provenant  exclusivement  de 


100  NhHF    TKI.il  Mi-.U  . 

lion  ties  rameaux  dentaires  que  louniil  la  eiiiquieme 
paire.  n'einptk-he  pas  les  dents  de  pousser.  On  pent  Ic 
eonstater  sur  les  animaux  chez  lesqueis  raccroisscnienl 
des  dents  est  continue!,  chez  les  lapins.  par  exemple. 

Lorsque  die/  ces  aiiiinaux.  on  coupe  la  cinquieme 
paire  d'uu  seul  cute,  les  dents  incisives  correspondantes 
ne  sont  plus  eu  rapport ;  elles  ne  s'usent  plus  les  unes 
sur  les  autres.  Cette  alteration  des  rapports  entre  les 
dents  tient  a  ee  qu'apres  la  section  de  la  cinquicmc 
paire.  la  destruction  de  sa  petite  ratine  motrice  a  para- 
lyse les  muscles  masticateurs  d'un  cote. 

La  inachoire  etant  devii'-e  et  altin  e  du  cote  sain,  la 
dent  incisive  superieure  du  role  sain  i'rotte  seule  sur  I'in- 
eiM\e  iiderieure  du  C(Ait(;  paraiysr-.  Mais  alors  1' incisive 
superieure  du  cote  o})ere  et  1'incisive  int'erieure  du  eoti' 
sain  portant  ii  vide  continuent  a  s'accruitre.  An  bout  de 
eiiuj  on  six  jours  on  pent  deja  reeonnaitre  (pie  ees 
soul  plus  lonifues  ,V(»y.  tiu.  .">). 


l,i  porlion  scnsilivo  tin  niaxillairc  infi;ri<.'iir,  cl  cii\ovnnl  un  lilcl  a 
niuli([iii'  S  a  la  corrtc  du  lympan  I  ;  —  S ',  aulio  fik-l  allanl  du  uia\i!kiii c 
infrrii'iir  a  la  rordo  du  tympan  I: — 13,  rauioau  huccal  du  niaxillaiiv 
ir.lV-rieur  vcnant  en  plus  Brando  parlie  dc  la  porlion  ninlrin1  du  ucrf; 
-  CT,  lilot  uiotour  pour 'c  muscle  crolapliylo ;  --  V.  lilcl  motcur  |)uiu 
lo  voile  du  palais ;  --  U .  ran;eau  inoteur  [xiin-  Ic  ptcrygoidicn ;  - 
/,,  brauchco  phlhaliiiiquc  dc  la  cinqui>'ine  paire; —  U.  hrnnclie  niaxillairc 
superieurc  de  la  cinrjuicnio  paire;  -  -  X  .  nerf  lingual  ;  --  "i .  nerf  den- 
l  lire  inferieur. 

riy.  II.  Mcine  ncrl'  quc  j>r»'cedcinincni    vu  |  ar  la  face  exlernc  :  - 
C/M,  lilets  niesscteriens  el  crotapli\lcs  venaiil  dc  la  porlion  molrice  du 
niaxillaire  inleneui  cl  auxquels  se  uielenl  tependanl   quelqiies  lilm^ 
\ciianldelaporlion  sensitive  du  nerf:  —  D,  branche  ophllialmiquo  ;  - 
K,  ncrl  inaxillairc  suporieur  ;  —  K,  nerf  denlaire;  -     II.  nerf  lingual; 
A  .  porlion  de  la  branelie  auriculo-leniporalc. 


s 


JiR  \\CHI-    MAXILLAIRF.    INFKRIKl'RE.  101 

L'aceroi^sement  des  dents  est  dour  indcpendant  do 
]' influence  nervouse. 

11  est  tros  probable  quo  e'est  la  iin  fait  general .  car, 
ehez  le  fetus,  le  developpemefat  des  organesse  fait  alors 
qifils  no  sont  pas  encore  pnurvus  de  norfs  :  I'mlliionce 
nervonse  no  parait.  en  ofl'et,  intervenir  dans  les  phcuo- 
mones  de  nutrition  quo  comine  inoyon  d'harmonisntion 
e^enerale. 

Le  lapii:  quo  nous  avons  montn!  tout  a  1'henre  p<;rira 
dans  ([ii<»l(jues  jours.  11  no  inourni  pas  par  Topc'ration 
nirine  de  la  section  de  la  cinquieine  paire;  il  inourra 
de'  faitn.  A  lautdpsic.  on  trmivera  dans  Testoinae  pen 
d'aliinents,  beaucoup  nioins  tpio  dans  les  conditions  nor- 
inales:  on  pourrait .peut-iMre  prolonger  son  existence  en 
lui  injectant  dans  I'cstoniac-  des  aliments  sullisamnient 
divises  on  dissous,  dn  bouillon,  par  oxomple. 

(lette  imperfection  de  la  mastication  doit  recoianaltre 
deux  causes:  d'une  part,  ranimal  se  sort  nioins  bien  de 
si'sdonls  niolaires,  dont  le  contact  ne  se  fait  plus  quo  par 
imo  portion  rostreinte  de  lour  surface  trilurantc:  onsuilo, 
Faction  des  incisives  est  singnlierenient  amoindi'ie  par 
ce  d(''placement  lat(;ral  qui  no  perinet  qn'a  deux  dents 
do  se  inettre  on  rapport. 

Ohex  un  clnen  cos  incoiivonients  seraient  nioins  pro- 
nonces,  les  inoiiYoinenis  do  didudion  des  inachoires 
pronant  uno  }»arl  boaueoup  mains  large  dans  la  mastica- 
lion  dtjs  carnivores.  Toutoibis ,  le  rapprochement  des 
donls  so  faitassez  faiblement  due6to  paralyse  pourqu'on 
puisse,  en  niettanl  lo  doigt  entre  les  deux  machoires 
dn  cote  lose,  sentir  qn'il  ri'est  serre  que  legerement. 


102  NERF   TRIJl'MEAU- 

Lorsque  au  lieu  de  couper  la  cinquiemo  paire  d'un  c6te 
seulement  on  la  coupe  des  deux  c6tes,  1'aninial  ne  pent 
plus  ni  niacher,  ni  avaler.  Alors  il  meurt  de  faim;  la 
bouche  reste  beante  et  la  machoire  inferieure  pendante. 

Vous  voyez  done  que  la  section  de  la  cinquieme  paire 
amene  des  desordres  du  mouvement  qui  sont  limites  a 
la  machoire ;  voila  tout  pour  ce  qui  concerne  son  in- 
fluence motrice. 

Mais,  outre  cela,  le  nerf  inaxillairo  inferieur[est  aussi 
un  nerf  de  sentiment.  C'est  lui  qui  donne  la  sensibilite 
aux  joues,  a  la  bouche,  a  certaines  parties  de  1'oreille. 
11  fournit  des  anastomoses  au  facial  par  une  branche 
auriculo-temporale.  La  section  du  nerf  maxillaire  infe- 
rieur  est  suivie  d'une  paralysie  du  sentiment,  non- 
seulement  dans  les  parties  profondes,  mais  encore  dans 
les  parties  superficielles ;  c'est  ce  qu'il  est  facile  de  con- 
stater  sur  ce  lapin.  La  sensibilite  a  disparu  dans  la 
muqueuse  comme  dans  la  peau  des  joues;  nous  pouvons 
aussi  sans  causer  de  douleur  a  1'animal  pincer  la  langue 
duc6te  paralys^. 

Les  effets  dela  paralysie  dela  branche  maxillaire  infe- 
rieure ou  de  sa  section  ne  paraissent  pas  se  bonier  aces 
lesions  du  mouvement  et  dela  sensibilite  :  nous  trouvons 
sur  leslevreset  la  langue  des  alterations  consecutives  qui 
peuvent  porter  a  penser  qu'il  y  a  en  meine  temps  des 
alterations  de  nutrition.  La  muqueuse  des  levres  est 
quelquefois  rouge,  gonflee ;  elle  est,  aux  levres  supe- 
rieure  et  inferieure,  le  siege  d'ulcerations ;  le  bout  de  la 
langue  presente  aussi  une  ulceration.  Toutefois,  avaut  de 
seprononcersur  la  nature  de  ces  ulc^rations,  il  convient 


BRANCHE   MAXILLAIBE    INFERIEURE.  103 

dese  demantler  si  elles  sont  la  consequence  d'une  alte- 
ration de  nutrition,  ou  si  elles  sont  clues  simplement  aux 
morsuresquese  ferait  1'animal  qui  a  perdu  la  sensibilite. 
Je  crois  quo  cette  derniere  supposition  est  plus  fondee, 
parce  que  les alterations  quo  je  vous  signale,  et  que  vous 


III 


FIG.  5  (1). 

pouvez  encore  voir  sur  ce  lapin  ,  se  montrent  des  le 
lendemain  de  Topr-ration  et  siegent  pre'cisement  dans 
les  parties  qui  sont  exposes  a  Vaction  des  dents  (fig-.  5, 

' 


(i)  Fig.  5.  —  Fig.  L  Ulcorailons  survenucs  du  cole  correspondant  a 
la  section  do  la  cinqniemc  paiiv;  olios  sont  ordinairement  an  nombre  de 
trois  :  1"  11110,  la  phis  larso.  a  la  levrc  superieure:  2°  une  plus  petite  a 


JO/I  NERF    TRUUMKAU. 

Pour  computer  1'histoire  de  la  branche  maxillaire 
inferieure,  il  me  resterait  a  vous  parlor  de  son  influence 
sur  le  sens  du  gout. 

Cette  influence  cst  ici  incontestable  :  elle  s'exerce 
sur  la  partie  anterieure  de  la  languc.  Elle  est  due  an 
nerf  lingual,  qui  donne  a  cette  partie  a  la  fois  la  seusibi- 
lite  generale  et  la  sensibility  speciale.  Ces  deux  sensibi- 
lites  disparaissent  apres  la  section  du  lingual. 

Nous  reviendrons -sur  les  phenomenes  de  la  gustation 
lorsque  nous  aurons  a  examiner  1'action  des  autres  nerfs 
du  gout;qu'il  noussuffise  de  vous  Lndiquer auj&urd'hui 
que,  dans  certaines  parties  de  la  langue,  elle  est  d'une 
maniere  absolue  sous  la  dependauce  du  nerf  lingual. 

Ouant  aux  alterations  de  nutrition  qui,  consecutive-- 
meut  a  lasection  de  lacinquieme  paire  ,  seremarqueut 
dans  1'oreille  moyenne,  on  pense  qu'elles  peuvent 
ameuerquelques  troubles  second aires  de  Taudition  ;  mais 
primitivement  on  n'apercoit  rien  d'appreciable.  La  cin- 
quieine  paire  aaussi  une  iiitluence  sur  les  s<'civtions  de 
I.-i  lace  et  particulieremeiii  sur  la  secretion  salivaire. 
Nuns  viMTons  qu'apres  la  section  de  ce  nerf.  les  excila- 

la  UHre  intcriciire;  3"  line  autre  sur  le  boul  do  la  lunguc  et  sur  le  rolo 
correspondant  a  la  paralysie  du  sentiment. 

Fig.  II.  Dents  incisives  norniales  de  lapin  ;  elles  se  coriespondonl 
exactement  ctsont  taillees  cam'-inenl. 

Fiij.  TIF.  Dents  incisi\csde  lapin,  le  septiemejour  apres  la  section  de 
lacinqiiK-me  paire  ;  lesdcnts  tetft'secorrespondentseulespendanl  la  mas- 
tication, les  dents  a,  a'  ne  se  correspondant  plus,  ne  s'usenipasot  s'allon- 
gent,  d'ou  il  resulte  que  la  coupe  dcs  dents,  an  lieu  de  former  une  li^ne 
iransversale,  forme  une  lii^ne  oblique  de  haul  en  baset  de  droite  a  yaurlic 
quand  la  cinquieme  paire  a  ele  coupee  a  droite,  et  oblique  deliaul  en  bas 
el  de  p;auc!ie  a  droile  quand  la  cinquieme  paire  a  e'te  coupee  a 


INFLUENCE    SUR    LES    SECRETIONS.  105 

tions  sensitives  qui  determincnt  IPS  secretions  par 
action  retlexe  ne  peuvent  plus  avoir  lieu. 

Toutefois,  les  secretions  ne  sont  pas  pour  cela  abolies 
cornpletement .;  elles  sont  seulemc-nt  diminuees.  Et 
lorsfju'on  met  un  corps  sapide  sur  la  lang'ue.  par 
exemple,  la  senvlion  a  lieu  laibleinent  tin  rote  ou  la 
cinquieme  paire  a  ete  coupee,  11011  plus  par  excitation 
du  nei'f  lingual  de  ce  cote  mais  par  excitation  du  meine 
nerf  du  cote  oppose,  clout  les  fibres  agissent  alors  par 
action  reflexe  croisee  sur  les  glancles  du  c6t<;  ou  la  cin- 
(juieine  paire  a  etc  coupee. 

Nous  avons  deja  donne  ailleurs  des experiences  sur  <v 
sujet,  sur  lequel  nous  reviendrons  encore  en  parlanl 
de  lacorde  du  tyinpau. 


SIXIEME  LECON. 

22  MAI  1857. 

SOMMAIKE  :  Comparison  des  phenomenes  conse'cutifs  a  la  section  de 
la  cinquit-me  et  de  la  septieme  paire.  --  Portion  intra-cranienne  du 
ncrf  facial.  —  I  )i  (Halite's  de  rexpmmentation  sur  cette  partie.  — 
Constitution  dc  la  septieme  paire  dans  le  conduit  auditif  interne.  — 
Hypotliese  sur  le  nerf  facial,  considere  comme  une  racinc  ante"rieure, 
ibrmant  unc  paire  nerveuse  avec  le  nerf  de  Wrisbcrg,  qui  constitue- 
rait  la  racine  postericure.  —  Cette  liypothese  est  inadmissible,  pliy- 
siologiquement  et  anatomiquement.  --  Le  nerf  de  \Yrisberg  ost  une 
racinc  d'originc  du  grand  sympathique.  —  De  la  paralysie  du  nerf 
facial.  —  Observations  rccueillies  chcz  rhomine. —  I'aralysies  faciales 
superficielles  et  paralysies  faciales  profondes. 

MESSIEURS  , 

Voici  deux  lapins  quo  je  vons  ai  deja  presentes  plu- 
sieurs  fois  et  quo  j'aurai  it  vous  montrer  encore  pour 
quo  vous  puissiez  suivre  sur  eux  les  accidents  qu'ont 
(Ictenniue  les  operations  auxquelles  ils  ont  ete  soumis. 

Vous  pouvez,  sur  celui-ci,  auquel  nous  a  vons,  il  y  a 
quelques  jours,  coupr  devant  vous  la  cinquieme  paire, 
voir  que  1'oeil  s'altere  de  plus  en  plus.Lacornee.  entre  les 
lames  de  laquelle  le  pus  est  epanche  en  grande  quantite. 
oifpe aajourd'hui  Taspect  d'une  grande  tache  blanchatre. 
Mais  les  alterations  de  nutrition  ne  se  bornent  pas  a  l'o?il ; 
la  levre  superieure  et  aussi  la  levre  inferieure  coin- 
mencent  a  suppurer;  la  membrane  muqueuse  nasale  est 
tumefiee,  rouge ;  les  dents  ayant  perdu  leurs  rapports 
continuent  apousseren  s'usant  inegalement;  elles  offrent 


PARTIK    INTRA-CRANIENNE   DU    FACIAL,  107 

la  deformation  que  je  vous  signalais  dans  la  derniere 
leeon , 

4 

Vous  pouvez  voir  comparativement  cet  autre  lapin 
stir  lequel  nous  avons  coupe  le  nerf  facial  :  toute  la 
moitie  gauche  do  la  face  a  perdu  ses  mouvements, 
cependant  elle  est  toujours  sensible.  L'ceil,  bien  qu'il 
resle  constainment  a  de'couvert  et  que  les  paupieres  ne 
puissent  plus  1'occlure  offre  une  cornee  toujours 
transparente  et  brillante. 

La  partie  intra-craniennc  du  facial  qu'il  nous  reste  a 
examiner,  est  d'une  etude  beaucoup  plus  difficile  que 
celle  desa  portion  externe.  Sa  disposition  anatomique  est 
extreiiiement  complique'e,  et  la  difficult^  qu'on  rencontre 
lorsqu'on  veut  1'attaquer.  en  vue  de  rexperimentation 
physiologique,  est  telle  que  celle-ci  a  ete  jusqu'a  ce  jour 
presque  impossible.  Tout  se  reduit  en  effet  a  une  ques- 
tion de  procede  operatoire  :  quand  on  peut  couper  un 
nerf,  on  voit  quelles  sont  ses  proprie^s,  quelles  sont  ses 
fonctions;  aussi  le  nerfs  les  plus  faciles  a  couper  ont-ils 
ete  les  premiers  etudies.  A  la  suite  des  indications  de 
Ch.  Bell,  on  expei-imenta  d'abord  sur  les  branches  du 
facial  et  de  la  cinquieme  paire;  plus  tard  Magendie 
opera  sur  les  racines  rachidiennes,  etc. 

L'etude  de  la  partie  interne  du  facial  offre  des  difti- 
cultes  telles  que  les  questions  qui  se  rattachent  a  ilivers 
points  de  son  hisloire  physiologiime  sont  encore  en  litige. 
Une  autre  raison  tend  encore  a  Jeter  de  1'obscurite  sur 
les  fonctions  de  cette  partie  du  facial.  En  effet,  elle  n'est 
pas  simple;  plusieurs  autres  nerfs  raccompagnent  dans 
ce  trajet  et  viennent  eompliquerde  leur  influence  propre 


108  I'ORTIOV    PROFOXDC    DU    FACIAL. 

les  phenomdies  que  I!exp^rimehtati6'ft  a  a  dderminer. 
Lo  I'acial  n'cntre  pas  scul  dans  le  conduit  auditif  interne; 
il  y  cst  accompagne  par  le  nerf  auditit'  et  par  le  nerf 
intorme'diaire  de  Wrisherg,  nerf  d'une  nature  speciale. 
eomme  nous  le  verrons,  et  clont  ^influence  propre  nc 
saurait  (Mro  nogli^iH?  saus  exposcr  a  des  causes  dVnvur 
dans  1'appreciation  des  fails  physiologrques. 

Lc  DIM'!'  dc  la  septieine  paire,  (juand  il  onlrc  dans  lc 
conduit  auditiC,  esl  done  constiiiu'1  par  trois  nert's :  lc 
facial  proprement  dit  est  cu  avant .  lc  nerf  acoustitpic 
en  arricrc  ;  entre  cux  csi  lc  ncif  internnMliairc  <lc  Wris- 
Itcru:,  d('cri1  par  Scba\v connne  nnc  anastomose  qui  iVui- 
nirait  le  nerf  acoustitpK1  an  facial.  Kn  diet,  il  semble 
([ue  les  iilets  les  plus  anterieurs  du  nerf  acoustiquc  se 
M-jiarent  du  tronc  de  ee  neiT  ct  vienncnt  se  joindre  an 
nerf  facial.  On  avail  vu  la  une  anastomose;  maisces filets 
constituent  reelltMiicnt,  comme  nous  It1  verrons.  un  nerf 
special. 

Nous  devons  done  d'ahoi-d  dimmer  du  facial  lc  nerf 
acoustique  qui.  arrive  an  fond  du  conduit  auditif  interne. 
s\  anvte  ct  se  distribue  a  I'dreille  inlcrjie. 

!l  in1  resteplns  alors  <pie  le  facial  proprement  dit.  d 
(•'•s  iilets  quc  nous  venous  de  voir  former  le  nerf  mtcr- 
mediaire  de  Wrisberg. 

Le  facial  et  le  nerf  de  NVrisberg  entrent  ensemble 
dans  le  canal  de  Fallopo.  oil  ils  son!  reunis  en  un  soul 
faisceau  presentant,  dans  un  trajet  llexueux,  trois  portions 
separees  par  deux  coucles;  la  derniere  de  ces  portions 
conduisant  le  nerf  an  trou  stvlo-mastoi'dien  par  leqiicl  il 
sort  du  crane. 


SA    CONSTITUTION*    ANATOMlOUIi.  Ktt) 

Arrive  duns  le  canal  de  Fallope  le  i'acial  est  bientot 
accole  an  ganglion  genicule  d'ou  partent  deux  filets,  le 
rgand  et  le  petit  petrenx.  (!es  deux  filets  qui  emanent 
tie  ce  ganglion  genicule  i-tablissent  des  communications 
avec  la  cinquieme  paire.  Le  petit  petrenx.  en  effet.  se 
jette  dans  le  ganglion  otique,  situe  sur  le  trajet  de  la 
branche  maxillaire  inlcrieure.  tandis  quele  grand  pe- 
ti'eux  se  jette  dans  le  ganglion  spheno-palatin,  situe  sur 
le  trajet  de  la  branche  maxillaire  superieurc. 

De  la  portion  moyenne  dn  trajet  spiro'ule  dn  facial 
nV'inaneaiicini  rainean.  Onerfen  t'oiirnit.  an  contraire. 
plusienrs  dans  sa  portion  descendante,  entre  son  dernier 
coiide  et  sa  sortie  par  le  trou  stvlo-inastoi'dien.  11  doniie 
d'ahord  les  filets  qni  sc  rendent  an  iniiscle  de  I'etrier; 
ensnite  la  corde  du  Ivmpaii.  qui  sort  du  crane  par  la 
scissure  delilaser  et  vient  se  jeter  dans  un  ganglion  sitni'- 
sur  le  trajet  dn  rameau  lingual  de  la  hranche  maxillaire 
ml'ei  leure.  l:n  antre  filet,  tonriii  encore  par  le  I'acial  dans 
celte  derniei'e  parlie  de  son  trajet  intra-cranien  .  elaNit 
line  iinastoniose  enti'c  lui  et  le  ner!'  glosso-pharyngien. 
Knlin.  dans  cetle  parlie  le  facial  communique  encore 
avec  I*1  pneumo-gastrique  par  une  anastomose. 

Avant  d  examiner  qnel  est  le  role  de  <rs  diflerents 
nerfs.  je  dois  vous  parler  (Time  hypothese  relative  au 
facial  et  an  nerf  de  \Yrisberg,  hypothese  d'apres  laipiclle 
on  a  considere  <MIS  deux  nerfs  comme  constituant  les 
deux  racines  d'nne  meme  [taire  nerveuse. 

On  avail  dit  ([lie  le  facial  nait  comme  une  racine  an- 
ttM'ieure,  a  la([iielle  le  nerf  <le  Wrisberg  viendrait  se 
joindi'e  a  la  maniere  des  racines  posterieures.  Le  carae- 


HO  PORTION  PROFOMM;  or  FACIAL. 

tere  analomique  dominant  des  racines  post6rieures etaut 
d'avoir  un  ganglion  sur  lour  trajet,  on  rctrouvait  cc 
fait  dans  ^observation  <|ui  inontre  les  filets  du  nerf 
de  Wrisberg  allant  se  Jeter  plus  specialement  dans  lc 
ganglion  ge'nieule  du  facial.  On  trouvait  done  la  des 


FIG.  6  (i). 

(I)  Portion  intra-cruniennedu  nerf  facial  cliez  tin  anon. —  A,  nerf 
acouslique;  —  F,  uerf  facial;  —  G,  nerf  pnetimogastrique ;  —  II,  nerf 
glosso-pharyngien  ;  -  -  W,  nerf  accessoire  de  Willis ;  —  D,  ganglion 
ge'nicule'  sur  le  trajet  du  nerf  intermediairc  a  ,•  —  E ,  nerfs  pe"treux 
emanant  du  ganglion  genicule  ;  —  /',  ganglion  jugulaire  du  pneuinu* 
gastrique  ;  —  j,  /,  anastomose  enire  le  nerf  facial  et  le  pneumo-gas- 
trique;  —  a,  nerf  intermediate  de  Wrisberg  autrefois  considere  coinnic 
line  anastomose  entre  le  nerf  acoustique  et  le  facial ;  —  «',  anastomose 
entre  le  facial  et  le  glosso-pharyngien  ;  —  6,  anastomose  entre  le  facial 
et  le  ganglion  jugulaire  du  facial ,  —  /',  muscle  de  1'etrier  recevant  deux 
iilets  nerveux  du  nerf  facial. 


SES    1'ROl'KltTES    PHYSIOLOGIQUES.  HI 

raisons  qui  rapprochaient,  jusqu'a  un  certain  point,  le 
nerf  de  Wrisberg  d'une  racine  posterieure. 

On  s'appuyait  eusuite  sur  ce  que  c'etait  ce  nerf  inter- 
me'diaire  qui  venait  fournir  la  corcle  du  tympan,  le  grand 
petreux ,  le  petit  petreux,  pour  conside'rer  res  nerfs 
comme  cles  filets  de  sensibilite  destines  a  la  langue  et  a 
I'orcille,  etc. 

Cette  opinion  ne  me  parait  pas  soutenable  physiolo- 
giquement  ni  meine  anatoiniquenient. 

Et  d'abord  quel  est  le  caractere  physiologique  d'une 
racine  posterieure?  Une  grande  sensibilite;  sensibilite 
qui.  alors  (jue  le  nerf  a  ete  coupe  ,  persiste  dans  son 
bout  central.  Lorsque,  sur  un  animal  donl  le  crane  a  ete 
ouvert,  on  pince  la  masse  des  nerfs  de  la  seplieme  paiiv. 
on  trouve  qu'il  n'y  a  pas  de  sensibilite  evidente.  Ce  de- 
faut  de  sensibilite  relative  serait-il  la  consequence 
du  delabrcment?  Cependant  la  cinquieme  paire,  pince'e 
a  ce  moment,  donne  des  signes  (rune  vive  douleur.  Les 
proprietes  du  nerf  intermediaire  de  Wrisberg  ne  per- 
mettraient  done  pas  de  le  regarder  comme  unc  racine 
posterieure. 

On  a  pretendu  que  ce  nerf  fournissait  des  filets 
sensitits,  la  corde  du  tympan  qui  intervicnt  dans  les 
phenomenes  de  gustation.  Xous  verrons  qu'il  y  a  tine 
autre  interpretation  a  donner  dans  ce  cas  :  la  corde 
du  tympan,  sans  rien  prejuger  sur  sa  sensibilite,  agirait 
plutot  sur  la  gustation  comme  nerf  moteur;  son  in- 
tluence  porterait  ici  sur  des  phenomenes  pureinent 
me'caniques. 

line  autre  raison  5  d'ordre  anatomique,  vient  encore 


1!2  roKTiox   pRor-oMn;  nr  FACIAL. 

monlriT  4110  les  analogies  qni  avaient  i'ail  regarder  le 
nert'  d<>  Wrisberg,  comjoae  une  racine  poslrrieure. 
rtaient  ties  analogies  troinpruses. 

Kn  examinant  Irs  paires  rachidieniics.  on  pent  con- 
slaler  que  jaiuais  il  iiVmane  de  filets  d>H ganglion  inter- 
vertebral.  Or.  id,  le  ganglion  genieule  dormant  nais- 
sance  a  des  filets  nervenx.  s'eloigne  par  re  caractnr 
des  ganglions  interverlebraux  ptmr  se  rappi'oeher  drs 
ganglions  dn  grand  sympathique.  Ce  earactere,  qui 
n'a  jainais  ete  invoque.  me  parait  eependant  livs 
bon  pour  earacteriser  les  ganglions  du  grand  sympa- 
thiquc  et  les  faire  distingner  des  ganglions  interveri*'1- 
braux. 

J'espere  \ous  demontrer  plus  lard  que  le  nerl'  de 
VVrisberg  est  une  racine  du  grand  sympathique,  racine 
qui  naitrait  do  lanioelle  allongee,  eomnie  une  antn;  ra- 
cine, signaleepar  MM.  Budge  et  Waller,  nail  de  la  inoelle 
raehidienne  enli-e  la  region  cervicale  et  la  region 
dorsale,  d'un  point  aiujuel  ces  observations  out  donne 
le  noni  de  region  dlio-spinale.  Ouant  an  ganglion  qui 
dans  la  paire  eranicnne.  a  laqucllc  appai'tient  le  nert' 
I'acial.  rej)resente  le  ganglion  intei'vertebral.  il  landrail 
le  chereher  \ers  Torigine  dn  nert'  trijuineau  :  e'est  le 
u'anii'lion  de  Gasser. 

o         cj 

,]v  pense  done  que  la  septieme  paire  cranienne  des 
anatoinistes  doiL  <Mre  divisee  en  trois  nerfs  distincts; 
qu'elle  reunit :  1°  le  nert'  acoustique.  nert'de  sensibilite 
spcciale  ;  2°  le  nert'  facial,  inoteur  ;  3"  le  nerf  intenne- 
diaire  de  Wrisberg  constituant  une  racine  d'origine  du 
grand  sympatbique.  Ce  dernier  porte  sur  son  trajet  le 


SES    PROPIUliTES   PIIYSIOLOGIQUES.  113 

ganglion  gen icu le  quidoiine  naissance  aux  ncrfs  petreux 
et  a  la  corde  du  tvmnan. 

•J  A 

Cettc  distinction,  ({lie  m'ont  conduit  a  admeltre  mes 
experiences df avulsion  du  i'acial,  semble  justifiee  paries 
observations  pathologiques.  Lcs  auieurs.  en  cfFet,  out 
quclquefois  cliscute  sur  les  syinptdmes  do  la  paralysie 
du  facial,  rcnconirant  la:itot  les  symptomes  exterieurs 
seuls,  tantot  les  trouvant  compliqu6s  de  symptomes  in- 
ternes du  cote  des  glandes  salivaires  et  sublinguales,  de 
la  luettc.  du  voile  du  \  alais.  etc.  Dans  ce  dernier  cas, 
le  nert'de  Wrisl.enri  M  a!iri;:i  jiar  la  irsiu'.j.  I/isnloincnt 
possiblede  cesdeux  j'spiVcs  dr  phenomenes,  soitparles 
experimentations  physiologiques,  soil  |>ar  les  observa- 
tions pathologiques ,  juslilicrnnt  done  pleinement  la 
distinction  que  nous  venous  dYtablir. 

Avant  d'entrer  dans  relud«;  exp^rimentale  des  fonc- 
tions  du  nerf  internukliaire  de  Wiisberg,  il  faut  savoir 
que  les  diilei'ents  ordres  de  pheuomenes  ivpondant 
aux  trois  ordrcs  de  nert's  que  nous  venous  d'indiquer 
peuvent  se  rencontrer  isolement. 

Tout  le  inonde  adnict  que  les  paralyses  du  nerf 
acousli(i[iie  peuvent  cxister  independamnient  de  cclles 
du  nerf  facial.  Quant  a  la  paralysie  du  nerf  facial  pro- 
prement  dite,  les  auteurs  reconnaissent  que  tantot  elle 
est  simple,  c'est-a-dire  qu'elle n'atteint  (jue  les  mouve- 
vements  exterieurs  de  la  face  et  a'alterequeFexpressiofl 
de  la  physionomie  en  laissant  intactes  toutes  les  parties 
profondes :  voile  du  palais,  langue,  etc. 

D'autres  fois,  au  contraire,  la  paralysie  faciale,  outre 
les  symptomes  exterieurs  qu'elle  manifesto,  atleint  aussi 

B.,    SVST.  NERY. —  11.  8 


11/1  PARALVSli:    DU    NERF    FACIAL. 

cei!  .ins  orpines  in!.  :  tangue,  voile  du  palais. 

pharynx,    et  determine  alors   des  alterations  particu- 
lieres  dans  le  gout,  dans  la  deglutition,  etc. 

II  est  tres  frequent  de  rencontrer  des  paralysies  du 
nerf  facial  quine  donnent  lieu  qu'a  des  phenonienes  ex- 
ti'rieurs  sans  aiteiiulre  Irs  organes  interieurs.  Descas  de 
cette  paralysie  simple  due  a  des  misses  tres  divcrses, 
out  ete  rapportes  par  beancoup  d'auleurs.  11s  sont  Irop 
counus  pour  qu'il  soit  mressaire  de  nous  y  arreter; 
nous  rapporterons  seulement  conime  exemple  le  cas 
suivant  pris  dans  la  pratique  de  Magendie,  et  publie 
par  M.  C.  James. 

OBSERVATION.  -  -Mademoiselle  X...,  agee  dc  22  ans,  cl'un 
teiiiperanieiit  d'apparcMice  lymphatique.se  ;:resente,  Ic2avril  18/40, 
a  la  consultation  de  M.  Magendie.  Sa  taille  est  inoyenne,  ses  che- 
veux  blonds,  ses  trails  ;>eu  colores.  Elle  dil  avoir  loujours  joui 
d'une  sante  parfaite,  Icrsquc,  il  y  a  15  jours,  elle  eprouva,  sans 
cause  connue  ni  meine  appreciable,  les  premiers  syniptomes  de  la 
nialadie  dont  elle  est  mainleiiant  adectee.  Ces  syinptoiues,  je  vais 
leseiiuinerer  en  sui\aut  1'ordre  de  ieur  apparition,  (ie  lour  succes- 
sion et  de  leurs  progn  . 

Je  divise  done  mon  observation  en  quatre  periodes.  A  cliacunc 
de  ces  periodi's  correspondra  tin  groupe  pai  ticulier  de  symptomes, 
ainsi  qu'ur.c  phase  speciale  de  la  paralysie. 

Premiere  period^.  -  -  Deviation  des  traits  du  c6t?  droit ;  ]>n- 
ralysie  dc  la  se^ticine  /jairc  gauche.  —  Le  premier  symplou.e  i'ut 
un  leger  embarras  danslejeu  des  paupieresdu  cote  gnuclie  Bieulot 
le  front  et  la  tempe  de  ce  cote  cesserent  de  se  mouvoir.  i'uis  la 
moilie  gauche  des  levres  et  du  menton  perdirent  Ieur  contractility 
et  furent  enlrainees  a  droiie.  Jusque-la,  la  malade  u'avail  aucune- 
ment  soulTert.  <;'est  alors  qu'elle  ressentit  de  I'engourdisseinent 
dans  la  moitie  gauche  de  la  langue,  sans  aucnne  gene  dans  les 


o      EN  '.  noNs.  H5 


uiouvements  de  cti  organe,  en  meme  temps  qu'une  exaltation  vive 
do  Tou'ie,  a  lei  point  que  les  moindres  bruits  provoquaient  a  I'in- 
lerieur  cle  I'oiville  gauche  un  penible  relenlissemenl.  Au  bout  de 
viii—  quatre  lieures,  i'oreille  et  la  langue  avaieni  repris  ieur  sensi- 
oilile  normale;  mais  les  signes  de  la  parahsk-  faciale  persislaient. 
Us  avaient  acquis  Ieur  maximum  de  deyeloppement  a  l'£poque  ou 
la  ma  lade  \intconsuller  M.  Mager.die. 

Ainsi,  distorsion  drs  traits,  siirloul  de  la  boncbe  el  du  nicnlon, 
du  cole  droit.  Jmpossibilile  de  les  redresser,  de  piisser  le  front,  ni 
de  rapprocher  completement  1'une  de  i'aiun1  les  paupieres  gaudies. 
La  levre  superieure  dc  ce  cole  est  pendante  et  parait  plus  longne 
que  du  cote  droit,  I'inferieure  est  egalemenl  paralyses  dans  loule 
sa  moilie  gauche.  L'intiTv.dir  de  ces  deux  ie\:<  s  donue  issue  ii  un 
ecoulement  iinolonlairede  saiive.  l.ajour  e,  tirailleeh  droile, 

esl  teudue,  lisse.  appliquee  sur  I  s  <lmis  d  Icsgencives.  On  la  voit 
se  gonder  dans  rexpiraiion,  s'affaisser  dansl'inspiratioil.  Pendant  le 
repas,  les  aliui-'iils  se  porlcnl  et  s'afcunuilenl  du  cote  gauche. 
Quand  la  malade  jiai'le,  rit.  c'nnniuniqne  quelque  expression  a  ses 
traits,  la  diffonnii.'1  anginenle.  Cc  sont  done  bien  la  tousles  signes 
d'une  paraiysie  complete  de  la  seplieme  pa  ire  gauche 

M.  Magendie  pre.scrit  le  galvanisme  »l  emploie  le  procedequi 
lui  a  lant  de  fois  reussi  dans  les  affections  de  cclte  nature.  Une 
aiguille  esl  implanlee  dans  la  glande  parutide  gauche  .  nne  seconde 
aiguille  est  surcessivemenl  placee  aux  Irons  sus-orbiiaire,  sous- 
orbitaire  el  menlonnier  du  ineuie  cole.  Nous  meltons  ces  aiguilles 
en  rapport  avec  les  conducteurs  de  la  machine  de  Clarke,  dont  on 
lourne  la  roue  lentement  d'abord,  puis  ensuile  un  pen  plus  vile. 
Ciiaqne  comnic.iion  ualvaniquc  s'accompagne,  d;ms  lout  le  cote 
correspondaut  de  la  face,  de  douloureux  elanccments;  mais  nous 
remarquons  que  les  muscles  se  coulracteut  Ires  facilcment.  Ces 
seances  sont  continuees  chaque  jourde  la  meme  niaineie.  Ouelque- 
fois  Yi.  Magendie  n'emploie  qu'une  aiguille,  celle  de  la  paroiide, 
mais  alors  il  remplace  la  seconcie  par  le  boulon  d'uu  des  conduc- 
leurs  qu'il  appliipu;  sur  la  meinbrano  muqueuse  de  la  joue  et  des 
levres. 


110  PARALYSIE    DU    NF.RF   FACIAL. 

Pen  de  changement  dans  les  premieres  seances.  T.es  muscles 
se  contractent  tin  pen  mieux  dans  le  moment  de  1'influcnce  du 
galvanisme,  pour  retomber  ensuile  dans  lenr  immobility.  Quant 
a  la  sensibilite  de  tout  ce  cote  de,  la  face,  elle  est  parfaitement 
intacte. 

Vers  la  sixieme  stance  (9  avril),  il  est  survenn  d'importants 
phenomenes  qui  sont  le  prelude  dc  complications  nouvelles  dans  la 
marche  ct  le  siege  do  la  paralysie. 

Dquxieme  periode.  • —  fiedresseyient  passif^des  traits ;  paralysie 
de  la  septieme  paire  droite.  -  -  La  deviation  des  traits  diminuc 
notablement.  I. a  bouclic  esr  moins  tiraillee  iidroite;  en  un  mot,  la 
paralysie,  an  premier  coup  d'o.'il,  semhlo  Ctre  c:i  voic  de  guerison. 
Mais  est-ce  la  vine  a 'Melioration  bien  reellc  ?  — Consultons  les  sympto- 
mes  en  les  isolant.  Les  mouvemcnls  sont  a  pen  pres  ausst  impossi- 
bles du  cote  gauche  (jn'ils  1'etaieiu  auparavant ;  dc  plus,  ils  sont 
devenus  difficiles  du  cole  droit,  ou  ils  elaienl  restes  intacts  jusqu'a- 
lors.  Ainsi,  de  ce  cote,  1'ceil  se  forme  a  peine,  le  front  ne  se  plisse 
presque  plus,  le  sourcil  devient  lombrmi,  tons  plienomenes  qui  ont 
signale  le  debut  de  la  paralysie  (!e  la  septieme  paire  gauche.  II  n'y 
a  done  point  amelioration  ;  c'est,  au  contraire,  une  paralysie  nou- 
velle  qui  commence  a  enfaliir  la  septieme  paire  du  cole  droit. 

i\l.  Magendie,  dans  1'espoird'en  arreter  les  nrogrrs,  soumet  ce 
cot6  de  la  face  a  1'action  galvaniqne.  .Mais  les  muscles  se  contrac- 
tent moins  bien  qn'a  lY-lal  normal.  iNul  doute,  par  consequent,  que 
la  septieme  paire  du  cote,  droit  ne  soil  bien  positivement  com- 
promise a  son  tour.  Mcines  applications  galvaniques'du  cote  gauche. 
Les  contractions  sont  plus  prononcees  de  ce  cote,  ce  qu'ilfauten 
partie  attribuer  a  ce  quc  les  muscles  antagonistes  opposent  moins 
de  resistance. 

La  malade  a  ressenti,  dans  hjourp.ee  du  12  avril,  cet  engonr- 
dissement  du  cote  droit  de  ia  langue  et  cette  snrexcitation  de 
1'oui'e  que  nous  avions  mentiomies  !ors  de  1'invasion  dela  paralysie 
gauche.  Cc  sont  done  litteralement  les  mC-mes  plienomenes  pour  la 
droile. 
iMalgre  piusieurs  seances  snccessives,  la  paralysie  de  ItiseptiLTrfe 


OBSERVATIONS.  117 

paire  droilc  continue  a  faire  des  progrcs.  Eile  esl  mainlenaut 
(15  avril)  aussi  complete  que  ci-llc  de  la  scplieme  paire  gauche. 
A  ce  dcgre  de  maladie,  voici  quel  est  1'elal  de  la  face  : 

II  n'y  a  plus  la  inoindre  deviation  des  Irails.  Ceux-ci  sont  re- 
guliers,  mais  immobiles,  impassibles,  a  lei  point  que  les  sensations 
interieures  ne  se  traduisent  an  dehors  que  par  des  changements 
dans  la  coloration  du  \isage.  Les  yeux,  largemedt  ouverts,  paraissent 
plus  grands  que  de  coutume.  La  malade  essaye-t-elle  de  les  fermer, 
clle  nc  le  pent,  et  il  reste  entre  les  paupicrcs  un  ecoulement  assez 
considerable  qui  laisse  apercevoir  la  teinle  blanchalre  de  la  con- 
jonclive.  Les  larines  coulent  involonlairement  sur  les  joues,  le 
front  ne  peut  plus  se  plisser.  Les  sourcils,  obeissant  a  leur  poids, 
pendent  au-dessus  des  orbites,  ce  qui  donne  a  la  physionomie  une 
effrayante  expression.  Affaissement  des  narines ;  souvent,  dans  les 
fortes  inspirations,  elles  se  rapprocheut  de  la  cloison  nasaleau  point 
de  former  soupape  et  d'intercepter  complelement  le  passage  de 
1'air.  Les  levres  ont  perdu  toule  faculte  contractile,  aussi  le  parler 
est-il  devenu  tres  embarrasse,  surtout  pour  la  prononciation  des 
mots  ou  se  trouvent  dcs  lettres  labiales.  A  chaque  mouvement  rcs- 
piratoire,  les  levres,  commedeux  voiles  mobiles,  sortent  ctrentrent, 
selon  la  direction  du  couranl  de  1'air.  La  mastication  est  pareille- 
ment  tres  penible,  car  les  aliments  se  portent  de  cbaque  cote  entre 
les  gencives  et  !es  joues,  et  la  malade  est  obligee  de  se  servir  des 
doigls  pour  les  ramener  sous  les  dents.  Les  joues  sont  flasques, 
pendantes,  ce  qui  rend  la  figure  plus  longue  ct  la  fait  paraitre 
vieillie.  D'apres  ces  pbenomenes,  il  est  manifesto  que,  de  cbaque 
cote,  les  muscles  soumis  a  1'inlluence  de  la  seplieme  paire  ont  perdu 
toute  action  qui  leur  soil  propre  pour  ne  plus  remplir  qu'un  role 
exclusivement  passif.  On  dirait  presque  une  tete  inanimce  sur  un 
corps  vivant.  Cependanl  la  sante  generalc  de  la  malade  n'a  point 
cesseun  instant  d'etre  parfaite.  L'appetit  est  conserve,  le  sommeil 
calme,  la  lele  est  librc.  I.a  paralysie  de  la  face  est  done  plutot  ici 
uue  incommodite  qu'une  maladie  veritable. 

M.   Wagendie  galvanise  a  pen  pros  tons  les  jours  les  deux  septie- 
mespaires.  Les  contractions  mnsculaires  deviennent  de  plus  en  plus 


I--  PARALVSI-E    I)U    NKRF    FACIAL. 

-marque  gauche;  elles  sent,  au  contraire,  tres  faibles  du  cole 
droit,  c'est-a-dire  du  cote  oil  la  paralysie  s'est  montree  en  dernier 
lieu. 

Troisieme  periode.  -  Deviation  des  traits  du  cofr  gauche; 
gi/erison  de  In  pnralysie  dr  la  septicme  pnirp  de  ce  cote.  —  Vers 
la  douzieme  seance  f  18  avril),  les  traits  commenrent  a  se  devier 
a  gauche.  Legere  d'abord,  cette  deviation  se  prononcechaqne  jour 
davantage.  !.a  malade,  qui  en  avail  paru  vivementaffectee,  reconnait 
bienlot  que  ce  qu'elle  croyait  Otre  une  nouvelle  complication  est  un 
symptome  nerveux  qui  coincide  avec  le  retour  desmouvements  dans 
tout  le  cdte  correspondent  de  la  face.  Ainsi,  du  cote  gauche,  elle 
pent  deja  plisserles  levres,  rider  le  front,  rapprocher  les  paupieres, 
tandis  que  ces  memes  mouvements  sont  encore  presque  nuls  du 
cote  droit. 

(Test  par  le  degre  de  deviation  des  traits  que  nous  sommes 
avertis  de  I'amelioration  de  la  paralysie  gauche ;  de  sorte  que 
le  uieme  signe  qui,  dans  la  premiere  periode,  nous  indiquait 
le  progres  de  la  nialadie ,  nous  indique  dans  celle-ci  le  progres 
la  guerison.  Cette  contradiction  apparente  des  phenomenes  est  hien 
de  simple  a  expliquer :  dans  le  premier  cas,  les  muscles  du  cote 
gauche  devenaient  plus  faibles;  dans  le  second  cas,  ils  deviennent 
pins  forts. 

A  chaque  application  galvaniqtie,  nous  obtenons  une  augmen- 
tation dc  la  contracliliie  muscnlaire ;  aussi  la  face  est-ellc  deplus  en 
plus  deviee  du  cote  gauche.  Si  les  muscles  de  ce  cote  recouvrent 
chaque  jour  quelque  chose  de  leur  action,  ceux  du  cote  oppose  ne 
restent  pas  statiannaires.  Alaintenant  (Ik  avril),  iis  peuvent  executer 
quelqnes  mouvements  par  la  seule  volonte  de  la  malade,  et  le  gal- 
vanismu  les  fait  se  contracler  bien  plus  fortement.  ^lais,  qu'on  me 
pardonne  celte  expression,  ils  soiit  en  retard  par  rapport  aux  mus- 
cles du  cote  gauche.  ;:enx-ci  elaient  deja  en  voie  de  guerison  que 
ceux-la  n'avaient  eprouve  aucune  amelioration  sensible.  De  la  pre- 
dominance des  premiers  sur  les  seconds. 

Nous  void  arrives  a  la  dix-huitieme  seance  (28  avril).  La  de- 
viation persiste,  bien  que  de  chaque  cote  les  progres  continuent.  Ils 


OBSERVATIONS.  119 

soul  ids  du  cole  gauche  que  les  mouvemeiils  de  ce  cote  paraisseut 
etre  entierement  relablis. 

(Juatrieiiic  periode.  -  -  Redressement  act  if  des  traits,  gueri- 
sonde  la  paralysie  de  la  sept  ieme  pair  e  f/auche.  -  -  Les  muscles  du 
cole  droit  se  conlraclent  de  jour  en  jour  davantage,  el  par  suite  la 
deviation  des  trails  tend  a  s'elfacer.  Le  redressement  de  lafacen'esl 
plus  ici,  comme  dans  la  seconde  periode,  1'iiidice  d'une  double 
paralysie,  mais,  au  conlraire,  d'uiic  double  guerison.  Ainsi,  du 
coti' droit,  les  mouvements  reviennent  de  la  meme  maniere  qu'ils 
sonl  deja  i evenus  du  cote  gauche.  Les  larmes  el  la  salive  ne  s'ecou- 
lentplusinvolontaireinent,  la  Marine  ne  s'affaisse  plus  dans  1'inspi- 
ralion  ;  la  malade  n'aplus  besoindu  secoursdes  doigts  pourramener 
les  aliments  sous  les  dents :  en  un  mot,  ce  sont  les  memessymploines 
d'araelioration  que  nous  avons  observes  du  cole  gauche,  alors  quo 
la  paralysie  :le  re  cole  elait  pres  de  disparaitre. 

A  la  vingl-cinquieme  seance  (8  mai) ,  les  trails  parnissentrede- 
vcnus  reguliers,  quand  la  face  resle  immobile;  mais  pour  pen  que 
la  malade  parle  on  rie,  on  rcrnarque  encore  une  l&gere  deviation  du 
cote  gauche.  -  -  A  la  trentieme seance  (15  mai),  la  face  a  repris  sou 
expression  normale.  Tous  les  mouvemenls  sont  libres,  et  dansquel- 
que  sens  (jue  la  malade  les  execute,  on  n'anercoitpltis  que  les  traits 
se  devient  d'aucnn  cote.  La  paralysie  devait  done  etre  regardee 
comme  entierement  guerie,  n'etait  encore  un  peu  d'embarras  dans 
la  prononciat ion  de  certains  mots  qui  exigent  specialement  1'action 
des  levres;  par  exemple,  la  malade  ne  dira  pas  conrammentyw/w, 
mais  pa — pa,  en  metlanl  un  petit  intervallc  entre  les  deux  syllabes. 
Aussi  M.  iMagcndie  juge-t-il  quelques  applications  galvaniques 
encore  necessaires.  Dans  les  seances  qui  out  snivi,  les  aiguilles  out 
ete  implantees  directement  dans  les  muscles  dont  les  contractions 
n'etaient  point  tout  a  fait  assez  nettes  :  de  celte  maniere,  les  mus- 
cles cut  ete  plus  vivemenl  stiinules  que  quand  les  aiguilles  etaient 
placees  aux  deux  extremites  du  nerf.  II  n'a  plus  fallu  qu'un  pelii 
nombre  de  seances  pour  que  la  >rononciation  fut  redevenue  aussi 
facile  qu'avant  1'invasion  dela  paralysie. 

Pendant  les   premiers  jours  qui  on  I  suivi  la  guerison,  les  yeux 


120  PARALYSIE   PROFOXDE 

sont  restes  un  peu  larmoyants  par  suite  tie  1'aclion  irritanle  que 
1'air  avail  exercee  a  Icur  surface'  alors  que  les  paupieres  nc  pouvaient 
se  fermer.  Lc  rctour  el  la  persistancc  tics  motivemenls  do  cligne- 
meutont  promptcment  fait  cesser  cc-tte  legere  incommodite. 

Depuis  ceUe  epoque,  mademoiselle  X...  n'a  plus  eprouve  la 
moiudre  gene  dans  les  mouvemeiUs  tie  la  face.  Ses  traits  out  repris 
touteleur  vivacite",  tonic  lew  expression,  ct  il  nc  resle  aujourd'hui 
aucune  trace  des  deux  paralysies. 

Cette  observation  est  d'auUiut  plusinte'fessantequ'elle 
offre  success! verncnt  les  plu'nomhies  d'tine  paralysie 
simple,  puis  ceux  d'nuo  paralysie  double. 

Cette  paralysie  ne'anmoins  est  un  cas  simple  dans  le- 
quel  on  n'a  pas  signal;'  do  troubles  du  cote  des  organes 
interieurs.  M.  Ricord  a  eu,  dans  son  service  a  I'h6pital, 
un  malade  affecte  d'une  paralysie  double  du  nerf  facial, 
chez  lequel  il  n'y  avail  (jue  rimmobilite  exterieure  de 
la  face  sans  aucun  desonlre  des  organes  internes.  La 
deglutition,  la  gustation  etaient  restees  sans  lesions  appa- 
rerites. 

D'autres  fois  an  contraire,  il  y  a,  en  m6me  temps 
que  les  signes  exterieurs  de  la  paralysie  de  la  face,  des 
troubles  du  cote  de  la  langue  et  du  cote  du  voile  du 
palais.  Ces  troubles  peuvent  exister  tantot  avec  une 
paralysie  d'un  seul  c6te,  tant6t  avec  une  paralysie 
double. 

Dans  les  paralysies  du  facial,  beaucoup  de  malades 
se  sont  plaints  d'uue  alteration  du  gout.  Ce  synip- 
t6me,  signale  d'abord  par  M.  Montault,  a  etc  souvent 
observe  depuis.  Cependant  ce  phenomene  n'est  pas 
constant  et  il  est  des  malades  chez  lesquels  on  no  le 


DU    NERF   FACIAL.  J21 

rencontre  pas.  II  etait  assez  naturel  d'attribuer  cette 
lesion  du  gout  a  une  alteration  de  la  corde  du  tympan, 
ce  nerf  etablissant  la  seule  communication  anatomique 
qui  cxiste  entre  la  langue  et  le  facial.  Lorsqu'on  a  exa- 
mine avec  soin  les  malades  chez  lesquels  une  lesion  du 
gout  se  wttachait  a  la  paralysie  du  facial,  on  a  vu  que 
1'alleration  remontait  tres  haut.  On  ne  1'observe  pas 
dans  les  affections  de  la  portion  superficielle  du  facial, 
dans  les  paralysies  dont  la  cause  n'a  atteint  que  les  bran- 
ches superficielles  du  nerf. 

Or,  nous  verrons  en  elfet  que  ce  nhenomene  s'observe 
chez  les  auimaux  aux([iiels  on  a  coupe  la  corde  du 
tympan. 

Lorsqif  un  malade  oll'rant  la  lesion  du  gout  qui  nous 
occupo  vicnt  a  tirer  la  langue,  ct  qu'on  depose  une 
substance  sapide,  de  1'acide  citrique  par  exemple, 
alternativement  du  cote  sain  et  du  oMr  malade,  la  sen- 
sation (rune  savour  acide  esi  immediatement  et  tres 
nettement  percue  du  cote  sain.  Du  cole  de  la  paralysie, 
au  contraire,  il  y  a  settlement  perception  d'une  sensa- 
tion obscure,  et  encore  cette  sensation  n'est-elle  pas 
immediate. 

Si,  apres  cette epreuve,  on  vient  a  toucher  la  langue 
alternativement  a  droile  el  a  gauche,  on  pent  voir  que 
la  sensibility  generale  est  parfaitement  nette  des  deux 
cotes.  Ces  observations,  faites  sur  rhomme,  montreut 
done  que  les  paralysies  profondes  du  facial  s'accompa- 
gnent,  non  pas  d'une  abolition  complete  de  la  faculte 
gustative,  mais  d'une  diminution  et  d'une  perversion 
notable  de  cette  faculte  sensitive. 


12:2  I'AtULYSlE    DU    NERF    FACIAL 

A  une  epoque  ou  j 'avals  entrepris  des  experiences 
sur  la  corde  du  tyiupan.  j'avais  apprivoise  des  chiens 
assez  bien  pour  pouvoir ,  sans  e"prouver  de  resis- 
tance ,  ouvrir  la  bouche  et  deposer  sur  la  langue  des 
substances  sapides.  L'mipression  produite  par  ces  ap- 
plications etait  immediatement  peirue.  et  ces  animaux 
retiraient  et  remuaieiit  aussilot  la  langue.  Apres  la 
section  de  la  corde  du  tympan,  la  meme  epreuve  ne 
provoquait  que  des  mouvements  de  retrait  nioins  ener- 
gique,  et  un  intervalle  de  temps  appreciable  s'ecoulait 
toujours  entre  rimpression  etla  reaction  motrice  qu'elle 
determinait. 

La  section  de  la  corde  du  tyiupan  amone  done  une 
diminution  dans  la  faculte  gustative  du  cote  correspon- 
dant . 

Quant  it  la  nature  de  rintluence  qu'exerce  la  corde 
du  tympan  sur  la  sensation  guslalive,  nous  I'examine- 
rons  longuement,  mais  je  veux  auparavant  signaler  un 
certain  nombre  d' observations  que  nous  avons  deja  pu- 
bliees  dans  un  memoire ,  sur  les  bemiplegies  faciales 
avec  alteration  du  gout 

OBSERVATION  I. — La  ferame  Pinot ,  agee  de  trente-trois  ans, 
placee  a  la  Salpetriere,  dans  le  service  de  M.  Falret,  eut  en  1835 
une  heiniplegie  faciale  a  gauche,  a  ia  suite  d'un  coup  de  tabouret 
sur  la  region  temporale  du  meme  cote  :  la  sensibiliteetaitconservee. 
Peu  a  pen  la  paralysie  diminua  et  avail  completement  disparu  au 
bout  de  deux  ans.  Mais  cinq  ans  plus  tard,  la  malade  fut  prise 
d'accidents  cerebraux  et  de  douleurs  violentesdans  tout  le  cote  gau- 
che de  la  lele,  et  1'hemiplegie  faciale,  celte  fois  accomnagnee  de 
surdite,  reparut  et  persistait  d'une  maniere  complete  depuis  seize 


AVEC    ALTERATION    DU    GOUT.  l"2o 

mois,  lorsque  je  pus  voir  la  malade  et  constater  les  symptomes  de 
sa  maladie,  sa\oir  :  paralysie  complete  du  mouvement  des  muscles 
de  la  face  dans  tout  le  cote  gauche,  avec  conservation  de  la  sensi- 
bilite.  La  langue  possede  tons  ses  mouvements,  n'est  pas  device  et 
n'offre  aucune  deformation  parliculiere.  Legout  estaltere  a  gauche, 
et  voici  ce  qu'on  observe  a  cet  egard  :  si  Ton  place  sur  la  pointe  de 
la  langue  un  pen  d'acide  citrique  pulverise,  la  inalade  eprouve  inie 
sensation  beau  coup  plus  promple  et  beaucoup  plus  intense  du  cole 
droit  que  du  cote  gauche  Si  Ton  agit  avec  le  sulfate  de  quinine,  la 
sensation  d'amertume  est  egalemcnt  beaucoup  plus  rapide  du  cote 
droit  que  du  cole  gauche,  inais  ce  pSienomene,  quoique  tres  evi- 
dent, esl  inoins  pror.oncc  pour  celte  derniere  substance  que  pour 
1'acide  cilrique.  Du  resle,  l\  sensibililc  tactile  de  la  inuqueuse 
linguale  n'offre  aucune  alteration  el  est  aussi  exquise  d'un  cote  que 
de  1'autre.  (;es  experiences  out  ete  repetees  un  grand  uonibre  de 
fois  avec  les  meines  resullats.  Les  troubles  intellectuels  et  la  sur- 
dite,  qui  out  coincide  avec  la  reapparilion  de  I'heiniplegie  faciale, 
doivent  lui  fa  ire  snpposer  pour  cause  une  lesion  organicjue  siegeant 
a  1'origiue  de  la  septieme  pairc  et  situee  .  par  consequent,  au- 
dessus  de  la  uaissancede  la  corde  du  lympan. 

OBSERVATION  II. —  Le  uialade  qui  fait  le  sujet  dc  cctte  deuxieme 
observation  est  uu  jeune  hoimne  que  je  n'ai  pu  voir  qu'une  scule 
fois.  Je  vais  rapporler  ce  <;u'il  m'a  dil  et  ce  que  j'ai  pu  observer  : 

Depuis  11  n  mois  la  paralysie  faciale  existuit  adroile  et  elait  surve- 
nue  brusquementapres  quelques  douleurs  nevralgi(jues  dans  le  cote 
correspondent  de  la  face  :  la  sensibilile  elait  eulierement  conservee, 
aiusi  que  tons  les  sens,  excepte  le  gout.  Des  les  premiers  jours  de 
la  paralysie,  le  nialade  avail  remarque  qu'il  goutait  moiiis  hien  sur 
le  cote  droit.  de  la  langue  ;  les  impressions  gustatives  etaient  obtuses, 
comme  s'il  avail  eu,  disait-il,  la  inuqueuse  linguale  legerement 
brulee  de  cc  cole.  Je  me  sin's  moi-meme  assure  du  fait  avec  de 
Facide  tartrique  en  poudre  :  le  nialade  eprouvait  la  saveur  fraiclie 
et  acide  de  celte  substance  d'une  maniere  moins  prononcee  et  beau- 
coup  plus  lenlement  du  cote  droit  que  du  cote  gauche. 


124  I'AllALYSIL    1>U    NKRF    FACIAL 

OBSERVATION  III.  —  Ilourlier  (Henry),  age  cle  dixans,  et 
d'une  bonne  constitution,  entra  a  I'hopkal  des  Enfants  malades  le 
10  decembre  1843,  sulle  Saint-Joan,  n°  17.  A  la  suilc  d'une  lievre 
eruptive  (rougeole),i!survint  dans  1'oreille  droite  des  douleurs  pro- 
f ondes  ct  tres vives  qui  firent  diagnostiquer  par  M.  Meniere,  con- 
suite  pour  cet  enfant,  la  formation  d'un  abces  dans  1'oreille  moyenne. 
En  effet,  bientot  un  ecoulement  purulent  se  manifesto,  et  en  menie 
temps  les  douleurs  diminuerent  d'inlensite.  Cet  ecoulement  de  pus 
durait  depuis  douze  ou  quinze  jours  et  etait  presque  tari,  lorsqu'un 
matin,  en  sereveillant,  1'enfant  s'apercut  qu'il  parlait  plus  difficile- 
mentetqu'il  ne  pouvait  plus  feruier  1'oeildu  cote  droit.  11  appela  sa 
mere,  qui  fut  effrayee  par  la  deviation  de  la  face  qu'elle  remarqua, 
elamena  aussitot  son  enfant  a  1'hopiial  (16  decembre  IS'i.')). 

En  ce  moment  I'ecoulement  purulent  de  1'oreille  droite  est  reduit 
a  un  simple  suintenientsereux.  Lasensibiliie  dela  face  est  conservee 
partout,  mais  la  paralysic  du  niouvement  est  complete  du  cole 
droit.  Les  traits  sont  consider ablement  devies  a  gauche;  le  front  ne 
se  ride  qu'a  moitie  ;  les  paupieres  ne  peuventplusse  fermer  a  droite  ; 
la  narine  du  meme  cole  I'este  immobile  et  largemcnt  deprimee.  La 
luette  non  plus  quo  la  langtie,  dont  les  mouvemenls  sont  restes 
libres,  nepresenlent aucune  deviation;  la  prononciation des  labiales 
est  seulement  un  pen  genee,  etc.  Voici  ce  qu'on  observe  relative- 
ment  a  la  gustation  :  lorsque  la  langue  est  tiree  hors  de  la  bouche, 
si  Ton  place  a  la  surface  de  cet  organe  du  sulfate  de  quinine  ou  du 
sel  marin  en  poudre,  la  saveur  de  ces  substances  est  obtuse  ct  se 
manifeste  lentement  du  cote  droit,  taiidis  qu'elle  est  vive  et 
promptement  percue  a  gauche. 

Le  7  Janvier  1SW,  lorsque  je  vis  le  malade  avec  M.  H.  Gueneau 
de  Mussy,  tons  ces  symptumes  existaient  encore  tres  bien  caracle- 
rises.  iNous  pumes  constater  que  la  surface  linguale,  egalement 
bumide  des  deux  cotes,  n'offrait  pas  de  difference  sensible  dans  son 
aspect.  Quand  on  touchait  la  muqueuse  de  la  langue  ou  qu'on  la 
piquaitlegerement,  la  sensibilite  tactile  etait  aussi  exquise  a  droite 
qu'a  gauche  :  c'etait  seulement  pour  I'apprecialion  des  substances 
sapides  qu'il  y  avail  une  diflerence  remarquable ;  ainsi,  la  bouche 


AYKC    ALTERATION    DU    GOUT.  125 

elant  onvertc,  si  l'on  placait  de  1'acide  cilrique  reduit  en  poudre 
tres  fine  sur  le  cote  droit  et  anterieur  de  la  langue,  la  saveur  etait 
faible  el  deniandait  un  laps  de  temps  tres  appreciable  pour  elre 
sentic  :  du  cote  gauche,  ;;u  contraire,  la  saveur  etait  penetranteet 
instantanee. 

A  (later  du  'JO  Janvier,  les  symptomes  exterienrs  de  la  paralysie 
faciale  dirainuerent,  et  la  difference  dans  la  sensibilite  gustative 
s'eflaca  progresshi'-cr.t.  Ce  dernier  pbenomenc  sembla  meme  dis- 
parage un  peu  plus  rapidement  que  les  autres,  car  1'alteration  du 
gout  n'etait  plus  appreciable,  quoiqu'il  existal  encore  une  legere 
deviation  dans  les  (raits  de  la  face.  Lo  i8  fevricr  184^,  le  malade 
sorlit  de  I'hopital  parfaitement  guf-ri. 

OBSERVATION  IV.  -  -  Louis  Gauvin  ,  age.  dc  trcnte-cinq  ans, 
serrurier,  enlra,  le  29  juin  1 8/i3,  a  rhupi!;;!  de  laCharile,  salle  Saint- 
IMichel,  n"  9.  !<;n  oclohre  IS'il,  apres  avoir  rU:  atteint  depuis 
quelque  temps  de  tpux  et  de  crachemcnt  dc  sang,  le  malade  Tut  pris 
d'uu  ('coulement  purulent  pen  abundant  par  1'oreille  gauche.  En 
mai  18/i2,  la  face  du  cole  gauche,  et  1'reil  en  particulier,  devinrent 
le  siege  de  rougeur  el  d'une  inmefaction  douloureuse  accompagnee 
de  IViss",).  (>t  appareil  de  symptomes  se  termina  par  la  rupture 
d'un  abces  qui  se  fit  jour  par  le  conduit  auditii'  externe.  A  dater  de 
ce  moment,  1'^coulemrnt  par  1'oreille  fnl  tres  abondant,  etun  jour, 
au  dire  du  malade,  il  sortitavecle  pus  un  petit  os  presentant  deux 
dents  et  une  petite  tele  ronde  ;  quand  je  me  mnucliais,  ajoule-t-il, 
il  me  passait cooime  un  vent  par  1'oreille.  Le  3  mars  18^3,  1'ecou- 
lemenl  purulent  par  1'oreille  gauche  persisiait  toujours,  mais  il 
survint  alors  dans  1'organe  de  1'ouie  des  douleurs  vives  et  profon- 
des ;  au  bout  detrois  on  quatre  jours  elless'apaiserent  et  laisserent 
a  leur  place  une  paralysie  du  mouvement  dans  lout  le  cole  gauche 
de  la  face. 

Tels  sont  ies  principaux  symptomes  que  Ic  malade  eprouva  de- 
horsde  I'hopital  ;  lorsqu'il  y  entra,  le  29  juin  1843,  on  reconnut 
chez  lui  une  affection  tuberculetise  des  pouinons  deja  assez  avancee. 
Voici  les  phenomenes  qn'on  ohservait  pour  I'hemiplegie  faciale  dont 


PARALYS1E    DU    NERF    FACIA!. 

nous  avons  seulcment  ii  nous  occuper  id  :  les  traits  sont  conside- 
rablemem  devies  et  la  paralysio   du  mouveuient  est  complete  du 
cote  gauche  de  la  face ;  la  sensibiliteestconservee  partout.  Les  pau- 
pieres  ne   peuvent  s'occlure;    la  vision  est  intacie   pour   1'oeil  du 
cote  paralyse,  seulement  il  y  a  parfois  un  peu  d'epophora.  L'ou'ie 
est  tout  a  fait  perdue  a  gauche  et.  1'ccoulement  purulent  existe  tou- 
jours  assez  abondanl.  Les  mouvements  de  la  langue  sont  libres,  la 
luetle  n'est  pas  device  ;  il  y  a  un  peu  de  gene  pour  la  pronunciation 
deslabiales.  La  gustation  offre  une  difference  remarquable  du  cole 
droit  et  du  cote  gauche  de  la  laugue.  Ouand  on  place  a  gauche  du 
sulfate  de  quinine,    par  exemple  ,  la  saveur  y  esl  plus  faible,  et  il 
faut  un  certain  temps  pour  quVlle  soit   percue,  landis  que  du  cote 
droit,  le  malade  la  reconnait  el  I'apprede  instanlauemeut.  Cos  obser- 
vations faites  pa;'    M.    Ra\vr    furent  rej;etees  souvent  devant  ics 
personnes  qui  suivaient  sa  visile.  La  paralysie  laciale  fut  attribute 
a  une  lesion  de  la  septieme  ;  aire  consecutive  a  uue  affection  luber- 
culeuse  du  rocher.  Pendant  loute  la  durce   du  sejour  du  ma'ade 
a   I'hopilai ,    I'ccoulement    purulent    de  1'oreille   ne    disconlinua 
pas;  il  ;;e  survint  non  plus  aucun  changement  dans   les  pheno- 
inenes  relatifs  a  I'h^miplegie  faciaie  ,  si  ce  n'est  une  petite  luineur 
allongee  et  douloureuse  a  ia  pn-ssio  .   qui  appami  au-devant  du 
conduit  audilif  exlerne.    Les  sympiomes   de   la  plilhisie  pulmo- 
naire  marchaient  toujours,  et  le  '15  decembre  1848  le  malade  suc- 
comba. 

Autopsi'.1.  -  Les  poumons  preset! taient  de  vasles  cavernes  ; 
tous  les  ganglions  bronchiques  et  ceux  cu  cou  etaient  considera- 
blement  engorges  de  matiere  tubercuieuse.  /esl  a  une  alieraiion 
de  cette  nature  qu'etait  due  la  i  elite  tumeur  qui  s'elait  deveiop- 
pee  au-devant  du  conduit  auditif  externe  du  cole  gauche,  etc.  Je 
recherchai  avec  beaucouj)  de  soin  les  alteraiio.:s  ifathologiques 
relatives  au  nerf  facial  gauche.  A  1'ouveiiure  du  crane,  et  apres 
avoir  souleve  le  cerveau,  on  voyait,  du  cole  gauche,  sur  la  du  re- 
mere  qui  recouvre  la  face  exlerne  et  superieure  de  la  base  du 
rocher,  une  solution  de  continuite  de  forme  arrondie,  de  deux 
centimetres  de  diametre  environ.  On  apercevait  dans  ce  point  de- 


AY  EC    ALTERATION   DU    GOUT.  127 

mule  la  substance  o.sseusc  c!u  rocher  ;  la  portion  qui  repoiuiuil:  a 
la  partic  superieure  dc  I'orei'le  moyenne  etait  dure  ct  necrosee, 
tandis  que  plus  has,  au  niveau  de  1'hiatus  de  Fallope,  1'os  petreux 
friable  et  infiltre  de  matiere  luberculeuse  ramollie,  penneltait  au 
stylet  de  penetrer  a  travers  cette  substance  jusque  dans  la  caisse  du 
tympan.   La  partie  correspondante  du  lobe  moyen  du  cerveau  par- 
ticipait  a  ces  alterations ;  on  y  voyait  u;;e  perle  de  substance  de  la 
ineine  grandeur,  ere u see  en  forme  d'uiceralion  de  3  millimetres 
environ  de  profondeur,  et  offrant  un  fond  jaunatre  et  coniine  in- 
dure.  Au  pourtour  de  celte  perle   de   substance  du  cerveau,   les 
meniuges  cerebrales  avaient  contracledes  adherences  avec  les  bords 
de  la  dure-mere  petreuse,  et  dc  cette  facon  le   pus  du  foyer  cir- 
conscril  s'ecoulait  par  1'oreille  moyenne.   Le  nerf  de  la  septieme 
paire  (portion  dure  el  portion  molie)  etait  allere  jusque  vers  son 
origine  :  a  son  entree  dans  le  conduit  auditif  interne,  il  presentait 
sur  son  trajet  une  petite  tnmeur  ovo'ide  blanchStre,  visible   dans 
Pinlerieur  du  crane,  (lette  jietite  lu:nciir  eiait  du ••  a  de  l;i  matiere 
tnberculense  infiltrc'e  au-dessous  du  nevriieuie.  l-ln  suivant  avec 
precaution  le  facial  dans  le  canal  spiroide  du  rocber,  il  etait  gonile, 
jaunatre  ,  et  offrait  la  meme  de^eneresceuce  tuberculeuse  jusque 
vers  son  premier  coude  environ.  <Mais  dans  ce  point,  on  perdait  le 
nerf,  et  il  disnaraissait  au  milieu  de  la  masse  luberculeuse  ramollie 
qui,  envaiiissant  1'oreille  moyenne,  s'etendait  au  loin  dans  les  cel- 
lules mastoi'diennes  d-'sorganisees  <;t  rempliesde  pus.  D'apresl'exa- 
men  attentif  de  la  piece,  tout  porte  a  penser  qu*1  c'etait  la  Je  point  de 
depart  de  1 'affection,  qui  s'6tait  ensuite  pro;>agre  dans  le  crane  par 
I'hiatus  de  Fallope,  ei,  \ers  i  origine  du  nerf,  parle  conduit  au- 
ditif interne.  Le  facial,  avons-nous  dit,  avait  completetnent disparu 
au  milieu  de  ces  alterations  profondes :  ce  n'est  que  vers  1'extre- 
mite  interieuie  du  canal  de  Fallope  qu'on  retrouvait  le  bout  peri- 
pberique  a  He  re  et   gonfle;  de  sorte   que,  dans  Joule  sa  portion 
petreuse,  le  nerf  facial  etait  degenere  ou  desorganise  par  la  suppu- 
ration. Les  brandies  du  irijnmeau,  et  le  nerf  lingual  en  parlicu- 
lier,  furent  examines  avec  beaucoup  de  soin  :  on    n'y  decouvrit 
aucune  lesion. 


128  PARALYS1I-:    Mi:    NERF    FACIAL 

OBSERVATION  V.  — Lagarde,  age  do  trcnic-sepl  ans,  tourneur, 
enlra  u  niotel-Dieu,  le  20  fevrier  18/i/i,  sallc  Sainle-Agncs.  Le 
17  fevrier,  le  malade,  sans  cause  do  lui  connue  etsans  am  re  clian- 
gemcnt  dans  sa  sante  generale,  ressenlit  unc  sortc  d'engourdisse- 
mcnt  dans  la  langue,  qui  lui  semblait  plus  grosse  el  plus  lourde 
qu'a  1'ordinaire.  La  parole  ni  la  deglutition  n'etaienl  pas  gcnees ;  mais 
le  malade  lui-meme  remarqua  avec  surprise  qu'il  ne  percevait  la 
saveur  des  aliments  que  du  cole  droit  do  la  langue.  « i'our  m'as- 
surer,  dil-il,  que  je  ne  me  trompais  pas,  je  mis  de  la  moutarde  et 
du  sel  sur  lecote  gauche  de  ma  langue;  je  les  scniaisa  peine,  tandis 
qu'a  droile  cola  m'emportait  la  langue.  » 

Le  18  fevrier,  les  symptomes  soul  les  rnemes,  seulement  1'oeil 
gauche  cst  pris  d'un  pen  de  larmoiement,  et  devient  !e  siege  d'une 
sorte  de  baltemenl  profond.  Le  malade  dormil  ires  bicn  pendant  la 
nuit;  mais  en  s'Ovcillsm  le  matin  (19  fevrier),  il  vilque  sa  bnuciie 
etait  deviee.  Los  innnes  plienomenes  persistaient  du  cole  de  la  gus- 
tation ;  il  y  out  un  epistaxis  dans  la  jouraee.  Le  20  fevrier,  le  malade 
enlra  a  1'liopiial,  el  voici  les  symplomes  qu'on  observe  a  la  visile 
du  lendeniain  (21  fevrier)  :  les  traits  de  la  face  sont  tiivs  a  droitc. 
Tout  le  mouvement  est  paralyse  a  gauche;  le  sentiment  est  conserve 
partout.  L'wil  gauclic  ne  se  iermc  qirimparfaiiement ;  le  malade 
ne  pout  sii'ller  et  fume  la  pipe,  comme  on  di-  ;  pendant  la  masli- 
cation,  les  alimenls  s'accumnlent  entre  les  dents  etla  joue  gauche. 
La  parole  et  la  deglutition  sont  lih.-es;  il  n'y  a  pas  de  deviation  de 
la  Incite  nidela  langue.  On  essaye  la  sensibilife  gustative  ties  deux 
cotes  de  la  langue  avec  du  sel  et  de  I'alnn  :  la  sensation  estinegaie, 
et  beaucoup  plus  prononcee  a  droite  qu'a  gauche.  L'etat  gtMieral  du 
malade  est  du  reste  excellent ;  il  a  bon  appetit,  dorlbicn,  n'a  pas  de 
cephalalgie,  etc.  On  nc  remarquc  non  plus  aucune  douleur  ni  au- 
cune  contusion  sur  le  trajetou  a  la  sortie  du  nerf  facial  gauche.  Des 
le  23  fevrier,  tousles  symptomes  dela  paralysie  ci-dessusmentionnes 
s'amoindrirent  et  disparurent  })rogressivement  sous  1'influence  des 
vesicatoires.  Le  16  mars,  le  malade  sortitde  L'Holel-Dieu  comple- 
tement  gueri  de  son  hemiplegie  lacinle. 


OBSERVATIONS.  129 

OBSERVATION  VI.  —  Broson  (Andre),  age  do  quaranle-cinq  ans, 
inacon.  Le  2  ft  inai  18ft3,  a  une  heure,  Ic  inalade  fit  une  chute  sur 
la  tete,de  la  hauteur  d'un  premier  elage.  II  y  cut  pertede  connais- 
sance,  plaie  sur  le  cote  gauche  de  la  tete,  et  ecoulement  d'un  peu 
de  sang  par  1'oteille  du  memo  cote.  Le  malade,  saigne  aussitot  apres 
sa  chute,  ftit  immediatement  transporte  a  I'hopital,  et  il  ne  recouvra 
sa  conuaissance  que  le  25  mai,  a  six  heures  du  matin.  A  la  visile,  on 
ohservales  symplomes  suivants  :  il  y  a  paralysie  du  facial  gauche, 
et  le  malade  accuse  unedouleur  vive  dans  le  cote  gauche  de  la  tele: 
M.  le  professeur  Velpeau  diagnosliqua  une  fracture  du  rochcr. 
L'elat  grave  du  malade  m'empecha  de  me  livrer  a  un  examen  de- 
taille  des  symptoines  de  I'heraipl^gie  faciale.  Lcs  jours  suivants, 
sous  ['influence  d'un  traitementconvenable,  les  accidents  cerebraux 
avaient  disparu,  la  plaie  de  la  tete  s'elait  cicatrisee  et  la  cephalalgie 
dissip6e ;  mais  la  paraljsic  du  facial  persistait  loujours  avec  la  meine 
intensite,  et  elle  etait  complete.  A  gauche,  le  front  ne  se  plissail 
plus,  les  paupiercs  ne  pouvaient  s'occlure;  les  traits  etaient  entraines 
h  droite.  La  parole  cst  assez  libre,  la  luette  n'est  pas  deviee.  Pen- 
dant la  mastication,  les  aliments  s'accumulent  enlre  la  joue  etles 
dents.  La  vue  est  conserv6e  ;  1'ou'ie  et  1'oclorat  ne  sont  pas  scnsible- 
ment  alteres,  mais  il  y  a  une  inegalite  remarquable  pour  la  (justa- 
tion  dans  les  deux  cotes  de  la  langue  et  seulement  vers  la  partie 
anterieure.  Si  Ton  place  sur  cet  organe  de  1'acide  cilrique  ou  tar- 
trique  en  poudre,  la  saveur  est  promptcment  sentie  avec  son 
caractere  acide  du  cote  droit,  tandis  qu'a  gauche  la  saveur,  plus 
lentement  percue,  cst  affaiblie  et  le  malade  n'en  reconnait  pas 
exactement  la  nature.  Malgre  cctte  inegalite  dans  la  faculte  gusiative, 
la  surface  de  la  langue  offre  partout  le  meme  aspect;  elle  est  egale- 
ment  humectce  dans  tous  les  points,  et  la  sensibilile  tactile  y  cst 
aussi  exquise  a  droite  qu'a  gauche.  La  paralysie  faciale  nc  fut  que 
peu  amendee  par  1'emploi  des  vesicatoires  et  du  galvanisme,  et 
le  IZi  juin  18/!t3,  le  malade  voulnt  sortir;  il  etait  parfaitement  re- 
tabli,  quanta  sa  sante  generale,  mais  non  gueri  de  son  hemiplegie 
faciale. 


ISO  TARALYSIE   PROFONDE    DU    NERF   FACIAL. 

Dans  toutes  les  observations  precedentes ,  il  y  avail 
les  phenomenes  exterieurs  de  la  paralysie  du  facial  tres 
prononces  en  m6me  temps  qu'il  y  avait  des  lesions  ca- 
racterisant  une  paralysie  des  rameaux  profonds  de  ce 
nerf. 

Voici  un  autre  cas  dans  lequel  il  y  avait  surtout ,  au 
contraire,  predominance  des  symptomes  internes  de  la 
paralysie  du  facial,  tandis  que  les  symptomes  exterieurs 
etaient  moins  prononces. 

Si  notre  maniere  de  voir  est  exacte,  et  si  les  pheno- 
menes internes  dependent  du  nerf  de  Wrisberg,  on 
pourrait  comprendre  a  la  rigueur  que  les  phenomenes 
interieurs  existassent  seuls  en  1'absence  des  phenomenes 
exterieurs.  Ce  sont  la  des  resultats  qu'on  peut  obtenir 
chez  les  aiiiuiaux. 

Voici  cette  observation,  que  j'emprunte  au  memoire 
de  mon  ami,  M.  le  docteur  Davaine  : 

OBSERVATION.  —  Dansle  courant  de  1'annee  1851,  iM.  le  doc- 
teur Davaine  fut  consulle  par  M.  X. ..  La  singularite  et  1'obscurite 
du  cas  1'engagerent  a  me  montrer  le  malade.  De  sorle  que  j'ai  pu 
cousiateravec  M.  Davaine  les  phenomenes  dont  je  vais  vous  donner 
la  relation. 

Voici  d'abord  une  note  qui  a  ete  r^digee  et  remise  par  le  malade, 

M.  X...  : 

J'ai  trente-quatre  ans,  mon  pere  esttres  sain  ;  ma  mere  jouissait 
aussi  d'une  bonne  same,  mais  elle  etait  sujelte  a  un  rhume  presque 
constant.  A  part  1'afiection  dont  je  parlerai,  je  suis  tresbien  portant 
et  je  n'ai  jamais  fait  de  grandes  maladies;  je  u'en  ai  pas  eu  de  syphi- 
litiquesjje  n'ai  euque  deux  gonorrhees  tres  benigiies,  qui  ont  ete 
facilement  gueries  avant  1838,  epoque  ou  ma  maladie  acluelle  s'est 
declaree. 


OBSERVATIONS.  131 

En  avrii  1838,  a  Funiversite  de  Saint-Petersbourg,  ou  je  i'aisais 
mes  etudes,  un  jour  en  discourant  j'eprouvai  tout  a  coup,  el  c'est 
encore  le  cas  aujourd'hui,  une  difficulte  a  parlor  distinctement. 
Depuis  lors  j'ai  toujours  send  que  le  siege  du  mal  etait  en  arriere  du 
nez,  dans  Fendroit ou  les  fosses  nasales  s'ouvrent  dans  le  pharynx. 
Si  un  doigt  pouvait  y  penetrer,  je  pourrais  dire  tres  facilement  : 
C'est  ici !  neanmoins  je  n'ai  jamais  senti  la  moindre  douleur. 

Voici  les  symptomes  de  mon  mal  :  j'ai  dit  que  le  principal  etait 
de  ne  pouvoir  parler  distinctement.  Ceci  s'applique  surtout  a  de 
certaines  lettres  et  combinaisons  de  syllabes;  il  rn'est  surtout  difficile 
de  prononcer  IX;  cependant  je  parle  tout  a  fait  distinctement  en 
commenca  nl.  Lorsque  je  parle  beaucoup,  je  sons  que  les  parties 
inalades  s'irritent,  je  crache  beaucoup,  ot  quand  mon  langage  de- 
vient  indistinct  apres  avoir  parle  qiiclque  temps,  jo  le  rends  de  nou- 
veau  plusclairen  expectorant,  ne  fut-ce  qu'une  fois.  Plus  ma 
maladie  a  empire",  moins  j'ai  eu  de  rhumes,  lesquels  ofaienl  tres 
frequents  autrcfois;  il  m'arrive  rarement  de  mo  motichcr,  en  re- 
vanche j'etcrnue  bien  frequemment  ct  violemment. 

Je  sens  aussi  sou  vent  une  espece  de  paralysic  do  la  langue,  qui 
s'etend  meine  quekjuefois  aux  levres,  dc  fac<>n  a  nc  pas  pouvoir 
contenir  Feau  quand  je  me  gargarise;  en  avalant  les  liquidos,  il  en 
sort  quelquefois  par  le  nez,  si  je  suis  uu  pen  penche  en  avant  J'ai 
aussi  de  la  difficulte  a  avaler,  mais  ceci  a  surlout  empire  depuis 
Fete  de  1850;  cela  m'a  fait  contractor  Fhabitude  de  macher  tres  soi- 
gneusement;  mais  souvent  les  plus  petits  morceaux,  qui  ne  m'em- 
pechent  nullement  de  respirer,  s'arretent  dans  le  gosier,  et  je  bois 
alors  de  Feau  pour  les  faire  descend  re.  Ce  symptome  est  fait  pour 
impressionncr  Fimagination,  et  il  esi  possible  que  j'avale  mieux 
quand  je  n'y  pensepas. 

II  y  a  des  6poques,  mais  cela  ne  m'arrive  qu'en  me  couchaut  et 
avant  de  m'endormir,  ou  je  sens  le  sang  se  porter  a  la  tele.  A 
moilie  endormi,  je  in'eveille  aussi  quelquefois  en  sursaut  ayant  le 
sentiment  que  Fair  manque,  et  il  n'en  est  rien  ;  ceci  ne  date  que 
de  1'annee  1849  ou  1850.  Je  souffre  jusqu'a  un  certain  degre  de 
constipation,  mais  cela  ne  dure  jamais  plus  de  deux  jours;  c'esl  un 


132  PARALYSIE  PROFONDE 

symptome  tres  variable.  J'ai  atissi  quclquefois  senti  un  rhuma- 
tisnic  dans  un  des  pieds,  du  rcstc  tres  pcu  douloureux  el  passager. 
J'avais  avant  ma  maladie  une  voix  de  tenor  forte  et  liaule  qui  s'est 
perdue;  j'ai  aussi  souflert  un  peu  des yeux plus  ou  moins  depuis. 

Je  dois  dire  que  tons  ces  symptomes  soul  tres  variables,  el  quo 
souvent  les  uns  empirent,  landis  que  d'autres  disparaissenl.  II  y  a 
aussi  des  epoques  ou  j'etais  presque  corame  tout  a  fait  retabli,  et 
elles  out  dure  quatre  a  six  mois,  mais  alors  meme  je  n'aurais  pu 
faire  sans  interruption  unc  lecture  a  haute  voix  de  trois  a  quatre 
pages ;  il  est  vrai  que  dans  un  mauvais  ctat  de  sante,  je  puis  a  peine 
lire  distinctemenl  cinq  a  six  lignes.  Aucun  cliinat  n'a  indue  sur 
mon  etat,  et  j'ai  vecu  a  Pelersbourg,  en  tgypte,  en  Perse  et  en 
Portugal. 

J'ai  remarque  qu'un  cms  rliume  me  retablissait  pour  quntre  a 
six  semaines  au  moins.  Telle  a  ete  atissi  rinfluence  de  grands 
voyages.  J'etnis  parfaitement  bien  porlant  aussi  longlemps  qu'ils 
duraient,  el  1'effel  s'en  faisail  sentir  encore  six  semaines  a  deux 
mois  apres.  J'ai  ete  unc  fois  violemrnent  amoureux,  et  en  conse- 
quence tout  a  fait  bien  porlant  pendant  plus  d'une  annee.  En  ge- 
neral, quandj'ai  mcnG  unc  vie  agilee  et  moiulaiiie,  je  me  suismieux 
porte,  tandis  qu'une  vie  retiree  a  empire  mon  mal.  Je  m'en  suis 
surtoul  apercu  pendant  unc  annee  de  deuil.  J'ai  aussi  observe  que 
mon  elal  erapirait  considerablement  en  etc  et  plus  particulierement 
dans  les  pays  meridionaux,  par  exemple  a  Lisbonne  et  a  Naples ; 
mais  a  part  cela  et  malgre  une  observation  constanle,  jc  n'aijamais 
pu  d^couvrir  les  causes  qui  me  font  parler  dislinclement  aujour- 
d'hui,  indistinctemenl  demain  et  qui  produisent  meme  des  varia- 
tions d'un  moment  a  1'autre. 

Je  dirai  maintenant  cc  que  j'ai  fait  en  treize  ans  pour  me  guerir. 

1838.  Commencement  de  la  maladie.  Cautere  au  bras.    Amelio- 
ration instantanee,  mais  qui  n'a  dure  qu'autant  quele  caulere. 

1839.  Unpeu  d'iode,  mais  comme  essai  seulement.  Bains  d'eau 
salee  ct  chaude  a  Jsc/il.  Aucun  effet. 

A  \ienne,  se  declare  mon  mal  syphililique,  et  Ton  me  fait  faire 
la  cure  complete  de  mcrcure  par  voie  de  frottement.  Pas  d'eflet. 


DU    NERF    FACIAL.  133 

1840.  A  Berlin,  quatre  semaines  de  salsepareille;  puis,  enet6, 
deux  mois  de  curcd'eau  froide.  Meme  ttat. 

A  Paris,  on  me  louche  les  parties  malades  avec  la  pierre  infer- 
nule,  deux  fois  par  semaine,  pendant  quatre  mois.  Jeme  portetout 
a  fait  bien,  mais  aussi  longtemps  seulement  que  dure  cette  opera- 
tion. Gilet  de  flanellc  pendant  huit  mois. 

ISM.  Cure  d'eau  froide  pendant  cinq  mois.  Je  me  rends  ensuile 
a  Naples  ou  je  passe  deux  ans  et  dcmi. 

1842.  Cure  de  rob  La/fecteur,  quarantc  jours,  avec  diete  exacle- 
ment  severe.  Bums  d'hchia;  puis  voyage  de  cinq  mois  en  Orient, 
pendant  lequel  je  me  porte  parfaitement  bien. 

Depuis  lors  jusqu'en  1849,  je  n'ai  rien  fait  pour  ma  sant£  ;  mais 
jc  me  suis  en  general  assez  bien.  porte,  et  j'ai  meme  pu  me  croire 
quelquefois  tout  a  fait  retabli,  car  c'est  dans  cette  periode  que  torn- 
bent  dc  frequents  et  longs  voyages,  de  meme  quo  la  passion  amou- 
reuse  don t  j'ai  pa  He. 

1849.  Monmal  elant  atlribue  en  panic  a  ma  faussc  circulation  du 
sang,  je  pris  en  <M6  dcs  bains  et  des  eaux  sulfureuses  en  Russie, 
mais  a  line  source  d'une  eflicacite  mediocre. 

1850.  A  Naples.  Bains  artificials  de  soufre  etcaux  sulfureuses 
Castclla.ma.re. 

1851.  Liq.  cup.  amm.  de  Kcechlin. 

Pendant  un  sejour  de  deux  ans  u  Naples,  on  ui'a  applique  tousles 
quatre  mois  quelques  sangsues  a  1'anus,  ct  j'ai  pris  de  temps  en 
temps  de  la  poudre  dc  soufre  avec  de  la  crcme  de  tartre  pour  agir 
centre  la  constipation. 

On  le  voit,  pour  M.  X...,  lamaladie  a  eu  longtemps 
son  siege  au  voile  du  palais,  dans  le  pharynx,  et  les 
accidents  qu'elle  produisait  consistaient  principale- 
ment  dans  le  nasonnement,  dans  la  difficulte  d'avaler 
et  quelquefois  de  lire  pendant  un  certain  nombre  de 
minutes  d'une  maniere  soutenue.  D'un  autre  c6te,  on 
remarqueru  que  celle  afleclion  nerveuse,  quoique  dis- 


IS/I  PARALYSIE    PROFONDE 

paraissant  quelquefois  presque  completement  sous  1'in- 
flueuce  de  rhumesoud'excitations  physiques  et  morales, 
a  ete  regardee  comme  grave  par  des  medecins  successi- 
vement  consultes,  les  uns  ayant  conseille  1'application 
d'un  cautere,  d'autres  un  traitement  antisyphilitique, 
d'autres  des  verres  d'eau  minerale  de  diverse  nature. 
Quant  a  1" expression  de  la  face  qui  frappait  tout 
d'abord,  c'etait  I'immobilite"  de  la  figure  et  la  large  ou- 
verture  de  ses  yeux.  En  engageant  le  malade  a  froncer 
les  sourcils  et  a  conlracter  les  muscles  du  front,  il  ne 
pouvait  le  faire  que  d'une  maniere  tres  incomplete ;  en 
lui  disant  de  mouvoir  les  ailes  du  nez,  cela  lui  etait  a  peu 
pres  impossible ;  en  lui  demandant  de  siffler,  il  avail  cait 
les  levres  et  ne  pouvait  produire  qu'un  son  faible  et 
nasonne,  1'orifice  de  la  bouche  restant  assez  largement 
entr'ouvert.  Enfin,  ayant  engage  M.  X...  a  essayer  de 
grimacer,  on  t'tait  de  plus  en  plus  frappe  du  peu  de 
mobilite  des  traits  de  la  face. 

Ayant  etc  conduit  de  la  sorte  a  examiner  avec  soin 
les  divers  phenomenes  de  1'alfection  de  ce  malade, 
voici  ce  qui  fut  observe  : 

M.  X...  parle  en  nasonnant,  comme  on  1'observe 
pour  une  division  ou  une  destruction  du  voile  du 
palais.  Lorsqif  il  lit  a  haute  voix,  les  premieres  phra- 
ses sont  distinctes,  les  suivantes  s'affaiblissent  de  plus 
en  plus,  en  me"  me  temps  que  le  nasonnement  augmente 
et  la  lecture  finit  par  une  sorte  d'epuisement.  Lorsqu'il 
essaye  de  faire  une  gamme,  le  son  s'eteint  bient6t  en 
se  perdant  dans  les  narines ;  il  en  est  de  me"  me  lorsqu'il 
siffle;  mais  si,  dans  ce  cas,  le  malade  se  pince  le  nez, 


DU    NERF    FACIAL.  135 

le  nasonuement  cesse,  et  le  son  pent  etre  soutenu  pen- 
dant un  certain  temps  avec  un  degre  de  force  propor 
tionne  au  pen  d'energie  des  levres ;  nne  semblable 
epreuve  aurait  sans  doute  produ.it  le  meme  effet  sur  la 
voix,  si  Pocclusion  complete  des  narines  ne  la  rendait 
naturellement  nasillarde. 

Quant  a  la  prononciation  des  lettres,  le  nasonnement 
ne  permet  pas,  en  general,  de  bieii  juger  de  leur  nettete; 
1'L  etl'U  sont  surtout  mal  articules  :  aussi  les  mots  ou 
il  entre  plusieurs  de  ces  linguales,  Londrespar  exemple, 
sont  quelquefois  inintelligibles. 

A  la  paresse  de  la  deglutition  s'ajonte  une  difficulto 
d'expulser  les  mucosites  qui  se  forment  dans  1'arriere- 
gorge;  pour  les  en  extraire  et  cracher,  le  malade  jette 
fortement  la  tete  en  avant. 

Par  1'inspectiou  des  parties,  on  constate  que  le  voilo 
du  palais  tombe  direclement  en  bas,  sans  former  la 
votite  qifon  lui  connait;  la  luette  n'est  point  device. 
Dans  le  baillement  ou  dans  les  efforts  pour  faire  agir  le 
voile  du  palais,  cet  organe  reste  dans  une  immobility 
absolue ;  mais  les  piliers  se  tendent  et  se  contractent 
d'une  maniere  bien  evidente,  sans  cependant  se  porter 
en  dedans  aussi  fortement  que  chez  un  homme  sain. 

La  langue  est  tres  mobile  et  se  porte  avec  facilite 
entre  les  arcades  dentaires  et  les  joues  de  chaque  c6te. 
Le  malade  la  sort  droite  hors  de  la  bouche  sans  pouvoir 
la  porter  tres  en  avant.  Hors  de  cette  cavite,  il  peut  lui 
faire  executer  divers  mouvements,  mais  il  ne  peut  la 
recourber  en  haut.  Quelque  effort  qu'il  fasse,  la  pointe 
de  cet  organe  n' arrive  jamais  a  recouvrir  la  levre  supe- 


136  PARA.LYSII:  PROFOXDE 

rieure;  lorsqu'il  essaye  do  faire  cemouvement,  lalevre 
inferieure  vient  au  secourscle  la  langue  dontelle  souleve 
la  pointe,  neanmoins  celle-ci  ne  peut  atteindre  que  le 
bord  libre  de  la  levre  superieure. 

Bien  que  les  Jones,  les  paupieres,  etc.,  puissent  so 
mouvoir  sous  rinflueiice  de  la  volonte,  ces  parties 
rie  remplissent  qu'imparfailement  leurs  fonctions.  La 
physionomie  est  serieuse,  les  levres  font  une  saillie  Ires 
prononcee  en  avant  et  restent  habituellement  mi  j.eu 
enlr'ouvertes ;  les  joues  sout  amincies  et  semblent, 
lorsqu'on  les  louche,  n'elre  forme'es  que  par  lapcau. 
Les  aliments  si'journent  en  partie  enlre  clles  et  les 
arcades  denlaircs ;  pour  les  en  relirer  le  malade  se  sert 
habituellement  de  la  langue  on  d'un  cure-dent  et  quel- 
quefois  du  doigt.  M.  X...  ne  peut  nullement  elargir  les 
ailes  du  nez,  il  lour  communique  seulement  un  leger 
mouvemenl  en  bas.  Les  paupieres  se  ferment  naturelle- 
menl  mais  avec  peu  d'energie.  On  les  ouvre  sans  eprou- 
ver  la  rnoindre  resistance  pendant  que  le  malade s'efforce 
de  les  contractor  forlement;  memo  dans  ce  moment, 
lorsqu'on  souleve  la  paupiere  superieure  ot  qu'on  la 
laisse  retomber,  elle  s'arrete  pour  ainsi  dire  en  chemin 
et  ne  recouvre  pas  completement  1'oeil.  II  y  a,  sous  ce 
rapport,  une  difference  outre  les  deux  c6tes.  Les  pau- 
pieres de  Foeil  droit  out  encore  moins  d'energie  que 
celles  de  1'oeil  gauche,  et  le  malade  no  peut  les  former 
en  maintenant  cellos-ci  ouvertes. 

Du  cote  des  organes  des  sous,  on  ne  constate  rieii  do 
parliculier.  L'oui'e  n'est  point  alteree,  la  vue  est  bonne, 
1'odorat  et  lo  gout  paraitraient  egalement  iiitacls  quoi- 


DU    NERF   FACIAL,  137 

que  sous  'ce  rapport  1'appreciation  soil  difficile.  En 
effet,  Ton  n'a  point  ici  pour  terme  de  comparaison, 
comme  dans  1'affection  bornee  a  un  seul  cote  de  la  face, 
1'impression  normale  du  cole  reste  sain.  Un  simple 
affaiblissement,  survenu  lentement  dans  la  perception 
des  otleurs  et  des  savours,  pourrait  etre  difficilement 
appivci<'  par  le  malacle;  j'en  dirai  autant  de  la  seusibi- 
litc  cutan6e  de  la  face  qui  parait  normale.  Les  muscles 
masticateurs  qui  rtvoivent  Tinfluence  nerveuse  de  la 
branche  motrice  de  la  cinquieuie  pairc,  ont  conserve 
toute  leur  energie.  Du  reste,  cbez  M.  X...,  dont  1'es- 
prit  est  cultive,  les  fbnctions  intellectuelles  s'execu- 
lont  tres  libmnrnt.  11  n'y  a  aucun  indice  de  paralysie, 
soil  dans  les  nionibrcs  inferieurs,  soil  dans  les  membres 
supth'ieurs,  soit  dans  tons  les  autres  organes  qui  d(;- 
pendeni  dela  moelle  e'piniere.  Les  fonctions  de  la  circu- 
lation, de  la  respiration,  s'executcnt  avec  une  grande 
regularite. 

De  sorte  qu'cn  resume,  le  mrdorin  ne  pent  constaler 
chez  lui  qu'une  paralysie  incomplete  des  deux  c6tes  de 
la  face,  du  pharynx  ,  du  voile  du  palais  et  de  la  laiiguo. 

Cette  paralysie  est  accom pawnee  en  outre  par  le  pen 
d'irritabilite  des  muscles  de  la  face  et  du  voile  du  pa- 
lais, sous  r excitation  e'lectro-magne'tique. 

Le  reste  de  1'observation  est  consacre  a  des  details 
sur  le  traitement  par  I'electro-magne'tisme,  traitement 
qui  resta  sans  effet. 

On  voit  done  cbez  ce  uialade  les  symptomes  de  la 
septieme  paire  interessant  les  brandies  profondes  et  les 


438  PARALYS1K    PROFONnii 

branches  superficielles.  L'examcn  cle  la  face  leva  les 
cloutes  que  pouvait  laisscr  a  cet  egard  la  lecture  des 
renseignements  foumis  par  le  malade ,  renseigne- 
ments  qui  (hnanent  evidemment  d'un  sujet  hypochon- 
driaque. 

Le  Memoire  de  M.  Davaine ,  auquel  nous  avons  em- 
prunte  cette  observation  contient  quelques  autres  exem- 
ples  de  paralysie  t'aciale  iuteressant  les  branches  pro- 
fondes  du  nerf.  Les  symptomes  qui  traduisent  celte 
lesion  sont  une  gene  de  la  deglutition,  du  nasounement, 
la  chute  du  voile  du  pulais  avec  courbure  de  la  luette. 
Romberg  a  surtout  insiste  sur  ce  dernier  signe  dont  il 
cite  plusieurs  exeniples.  Enfin  il  y  a,  dans  la  paralysie 
profonde  du  facial,  imperfection  de  la  prononciation  des 
lettres  linguales  et  paralysie  partielle  de  la  langue. 

On  a  explique  cette  paralysie  de  la  langue  par  le 
dt'faut  d'action  des  muscles  digastrique,  stylo-hyoi'dien 
et  longitudinal  superficiel.  Par  Faction  du  digastrique, 
1'os  hyoide  se  trouve  souleve  et  avec  lui  la  base  de  la 
langue ;  le  stylo-hyoidien  porte  1'os  hyoi'de  en  haut  et 
un  peu  en  arriere,  ce  qui  fait  qu'il  souleve  la  base  dela 
langue  et  retrecit  Tisthme  du  gosier;  le  muscle  longitu- 
dinal superficiel,  raccourcissant  la  langue,  en  ramene 
la  pointe  en  haut  et  en  arriere. 

La  paralysie  des  rameaux  de  la  septi&me  paire  qui 
animent  ces  muscles,  rendra  done  incomplets  ou  im- 
possibles :  1°  le  mouvement  d'elevation  dela  base  de  la 
langue  et  le  retrecissement  de  1'isthme  du  gosier ;  2°  le 
mouvement  d'elevation  de  la  pointe  de  la  langue.  Ces 
mouvements  sont  plus  ou  moms  necessaires  pour  porter 


DU    NERF    FACIAL.  139 

la  langue  hors  cle  la  bouche,  pour  articuler  les  lettres 
gutturales  et  les  lettres  linguales. 

Les  phenomenes  interieurs  qui  out  etc  observes  a  la 
suite  de  la  paralysie  profonde  du  nerf  facial  sont  done 
relatifs :  1°  a  1' alteration  du  gout;  2°  a  la  deviation  de 
la  luette ;  3°  a  la  deviation  de  la  langue ;  li°  a  la  diffi- 
culte"  de  la  deglutition  et  de  la  parole;  5°  a  1'alteration 
de  Foui'e. 

En  resume,  nous  pensons  avoir  etabli  qu'on  doit  dis- 
tinguer  deux  sortes  de  paralysies  de  la  septieme  paire : 
1'une  quo  nous  appellerons  exterienre ,  tantot  double, 
tant6t  simple,  et  qui  depend  d'une  alteration  du  facial 
proprement  dit;  —  Tautre,  que  nous  appellerons  inte- 
rieure,  qui  aftecte  certains  mouvements  profonds  des 
organes  des  sens,  etqui  dependrait.  suivant  nous,  d'une 
lesion  du  nerf  inlermt'diaire  de  Wrisberg.  Les  expe- 
riences que  nous  aurons  a  vous  rapporter  dans  la  pro- 
chaine  lecon  etabliront  physiologiquement  cette  dis- 
tinction. 

Enfin,  on  pourrait  encore  admettre  une  paralysie 
partielle  de  la  septieme  paire  lorsque  la  lesion  n'atteint 
que  certains  filets  limites  du  nerf.  Cette  lesion  ne  pent 
gu6re  etre  que  le  n'sultat  de  causes  traumatiques  qui 
out  agi  directement  sur  le  nerf  facial,  soit  chezl'homme, 
soit  chez  les  animaux  oil  ces  paralysies  s'observent  le 
plus  souvent.  M.  Goubaux  en  a  cite  un  certain  nombre 
de  cas  observes  sur  les  chevaux. 


SEPTIEME  LECON. 

27  MAI    1857. 

SOMMAIJJE  :  Portion  intra-cranicnne  de  la  septieme  paire  (suite).  

Section  clu  facial  dans  le  crane ;  avulsion  du  facial.  —  Son  inde"pen- 
dance  du  nerf  de  Wrisberg.  —  Alteration  du  gout  produite  chez  le 
chien  par  la  section  du  facial  dans  le  crane.  —  Rameaux  fournis  dans 
le  rocher  par  le  nerf  intermediaire  de  Wrisberg.  —  De  I'excrtHion 
salivaire  sous-maxillairc.  —  Action  de  la  corde  du  tympan  sur  cette 
se'cre'tion.  —  lixpc-rience.  —  Mecanisme  physiologiquc  de  la  secretion 
sous-inaxillaire.  —  La  section  de  la  corde  du  tympan,  qui  supprime  la 
secreHion  sous-maxillaire,  laisse  persisler  la  secretion  parotidienne.  — 
L'excre'tion  parolidienne  n'est  pas  sous  la  dependance  du  nerf  facial- 
-  L'excretion  parotidienne,  supprime'e  par  la  destruction  du  nerf  de 
Wrisbersr,  peut  s'effectuer  lorsque  le  ganglion  spbe"no-palatin  qui  recoil 
le  grand  nerf  petreux  a  e"te  seul  detruit.  —  Les  se'cre'tions  salivaires 
peuvent-elles  etre  deiermineespar  une  sensation  parlie  de  Testomac? 

MESSIEURS, 

Apres  nous  6tre  angles  sur  une  distinction  a  etablir 
entreles  differentes parties  de  la  septieme paire, etl'avoir 
appuyee  d'arguments  empruntes  a  la  pathologic,  il  nous 
reste  a  vous  presenter  les  raisons  experinientales  qui 
viennent  confiruier  les  resultats  de  1'observation  cli- 
nique. 

En  effet,  pour  connaitre  les  fonctions  d'un  nerf,  on 
fait  usage  de  plusieurs  nioyens. 

La  section  de  ce  nerf  supprime  les  manifestations 
fonctionnelles  qui  sont  sous  sa  dependance;  ensuite  1'a- 
natomie  pathologique  peut,  dans  certains  cas,  offrir  de 
precieuses  ressources  et  faire  apprecier  des  nuances 
moins  tranchees. 


ARRACHEMENT   DU    NERF   FACIAL.  1/|1 

J'ai  fait,  il  y  a  unc  quiiizaine  d'annees,  quelques 
essais  qui  m'ont  permis  d'observer  sur  des  chiens  des 
lesions  semblables  a  celles  que  nous  avons  notees  chez 
1'homme.  J'avais  coupe  le  facial  dans  le  crane  en  y  pe- 
netrant  par  le  trou  de  passage  de  la  veine  mastoi'dienne 
qui  se  rend  dans  le  sinus  occipital.  L'instrument  intro- 
duit  par  ce  trou  etait  clirige  vers  1'origine  de  la  sep- 
tieme  paire  pour  en  operer  la  section.  Les  symplumes 
etaient  notes  avec  soin  et  1'autopsie  montrait  si  Ton 
avail  produit  la  lesion  cherchee.  Les  resultats  que  j'ai 
obtenus  ainsi  sont  parfaitement  d'accord  avec  ce  qu'on 
observe  chez  rhomine  dans  les  cas  de  paralysie  des  deux 
elements  du  facial. 

Unc  autredonneeme  permit  de  varierles  conditions 
de  1' experimentation.  Ayant  cherche  quels  pouvaient 
etre  les  nioyens  de  detruire  le  nerf  accessoire  de  Willis 
sur  lequel  je  faisais  alors  des  recherches,  je  songeai  a 
I'arrachemen't.  Pour  cela  il  suflit  d'une  traction  operee 
sur  ce  nerf  qu'on  saisit  avec  des  pinces  a  sa  sortie  du 
cnlne.  Le  succes  qui  avait  couronne  mes  tentatives 
d'avulsion  du  spinal  me  donna  Tidee  d'essayer  d'arra- 
cher  le  facial.  Je  vis  alors  que  la  chose  esta  peu  pres 
impossible  chez  les  chiens,  dont  le  tissu  cellulaire  est 
dense  et  ferme,  tandis  que  Foperation  reussit  assez  faci- 
lement  sur  les  chats  et  les  lapins. 

Cette  experience  pent  fournir  un  argument  d'une 
grande  valeur  pour  prouver  rindependance  du  facial  et 
du  nerf  de  \Vrisberg.  En  eifet,  on  arrache  quelquefois 
le  facial  seul ,  le  nerf  de  Wrisberg  restant  intact,  ainsi 
que  le  ganglion  genicule.  Si  ces  nerfs  n'etaient  pas  dis- 


EFFETS    PRODUITS    SUR    LA    LANGUE 

tincts,  on  ne  pourrait  pas,  ce  me  semble,  arracher  run 
sans  1'autre.  Cette  experience  permettrait  d'observer  les 
symptomes  qui  suivent  la  destruction  complete  clu  facial 
et  de  ses  branches  externes,  les  nerfs  petreux  et  la  corde 
du  tympau  restant  intacts.  Mais  malheureusement  on  ne 
reussit  pas  toujours,  et  souvent  on  arrache  en  meme 
temps  que  le  nerf  facial  le  nerf  de  Wrisberg  et  le  gan- 
glion genicule. 

Lorsque  avec  un  instrument  introduit  dans  la  caisse 
du  tympan  on  detruit  le  facial  a  son  entree  dans  le  canal 
de  Fallope,  on  observe  alors  non-seulement  les  pheno- 
menes  notes  du  cote  de  la  face,  mais  en  meme  temps 
des  desordres  internes  lies  a  la  paralysie  des  filets  que 
le  facial  fournit  dans  le  crane. 

On  retrouve  alors  une  alteration  du  gout  qui,  signalee 
deja  dans  les  observations  patbologiques,  ne  se  montre 
pas  lorsque  le  facial  est  detruit  settlement  dans  sa  partie 
superficielle  ou  dans  les  cas  patbologiques  qui,  cbez 
I'liomme,  n'affectent  que  la  partie  extra-cranienne  de 
ce  nerf,  comuie  on  le  voit  dans  certaines  paralysies 
rhumatismales. 

Nous  avons  deja  insiste  sur  les  symptomes  de  la  pa- 
ralysie profonde  du  nerf  facial,  qu'elle  ait  ete  produite 
par  une  fracture  du  rocher,  par  la  carie  de  cet  os  qui 
s'observe  quelquefois  cbez  des  phthisiques,  ou  par  toute 
autre  cause.  L'un  de  ces  symptomes  est  une  alteration 
du  gout  qui  a  ete  constatee  depuis  cbez  l'homme  par 
tous  les  observateurs, 

Cette  alteration  du  gout ,  j'ai  pu  la  constater  aussi 
chez  le  cbien.  II  faut,  pour  y  arriver,  beaucoup  de 


PAR    LE   NERF    FACIAL.  1/1 3 

patience.  J'avais  coupe  le  facial  dans  le  crane  sur  1111 
chien,  en  introduisant,  ainsi  queje  1'ai  dit  tout  al'heure, 
1'instrument  par  le  trou  de  la  veine  mastoi'dienne.  Puis, 
j'avais  apprivoise  assez  bien  1' animal  pour  qu'il  se  laissat 
facilement  mettre  sur  la  langue  les  substances  sapides 
qui  me  servaient  de  reactifs  pour  sa  sensibilite  gustative. 

L'examen  de  la  langue  ne  montrait  au  point  de  vue 
dela  sensibilite  tactile,  aucune  difference  entre  le  c6te 
sain  et  celui  qui  corresponclait  au  facial  coupe.  Mais  on 
obtenait  des  effets  tout  a  fait  differents  lorsqu'on  placait 
un  corps  sapide  alternativement  sur  le  cote  sain  et  sur 
le  cote  paralyse.  Je  me  servais  d'acide  lartriqueen  pou- 
dre.Son  contact  avec  la  muqueuse  de  la  langue,  ducote 
sain,  faisait  naitrc  une  sensation  instantanee;  Tanimal 
retirait  immediatement  la  langue.  Lorsque  Facide  tar- 
trique  etait  depose  surle  cote  correspondant  a  la  section, 
la  sensation  n'etait  plus  percue  aussi  rapidement;  le 
chien  ne  retirait  pas  la  langue  de  suite  et  il  la  retirait 
moins  vivement :  la  sensation  paraissait  emoussee. 

C'est  aussi  ce  qui  se  passe  chez  les  malades  qui  accu- 
sent  dans  ce  cas  une  sensation  obtuse,  mais  non  une 
insensibilite  absolue.  Nous  verrons  plus  tard  comment 
on  doit  expliquer  ce  phenomene. 

Nous  avons  egalement  constate  chez  des  lapins,  apres 
la  destruction  du  facial  dans  la  caisse  du  tympan ,  une 
deviation  de  la  langue  et  de  la  gene  de  la  deglutition. 
Chez  les  chiens,  nous  avons  observe  une  action  remar- 
quable  sur  les  glandes  salivaires.  Nous  allons  examiner 
successivement  ces  symptomes  et  rechercher  leur  ex- 
plication physiologique.  Cette  explication  ressortira  de 


CORDE  DU  TYMPAN. 

1'etucle  que  nous  aliens  t'aire  clu  nerf  intermediaire  tie 
Wrisberg  et  cles  ganglions  sous-inaxillaire,  sublingual, 
spheno-palatin,  otique,  qui  se  trouvent  sur  son  trajet. 

Les  differents  rameaux  que  fournit  le  nerf  interme- 
diairede  Wrisberg  sont  :  1°  la  corde  du  tympan,  en 
rapport  avecles  ganglions  sous-maxillaire  et  sublingual; 
2°  le  grand  nerf  petreux  superficiel,  en  rapport  avec 
le  ganglion  splieno-palatin ;  3°  le  petit  nerf  petreux 
superficiel,  en  rapport  avec  le  ganglion  otique.  Enfin, 
nous  aurons  a  discuter  si  le  filet  qui  va  au  muscle  de 
1'etrier  doit  etre  cousidere  comme  provenant  du  facial 
ou  du  nerf  intermediaire  de  Wrisberg. 

Examinons  d'abord  les  fonctions  de  la  corde  du  tym- 
pan (fig.  6  et  7) : 

Lorsque  apres  avoir  engage  un  tube  dans  le  conduit  de 
la  glande  sous-maxillaire  mis  a  decouvert,  on  place  une 
substance  sapide  sur  la  langue,  on  voit  s'ecouler  la  sa- 
live.  On  a  ad  mis  que  cette  action  etait  provoquee  par 
Fentremise  du  nerf  lingual. 

Comment  s'opere  cette  transmission  de  1'excitation 
depuis  le  nerf  lingual  jusqu'a  la  glande  ? 

Evidemment  ce  ne  peut  etre,  comme  on  avait  pu 
le  croire  autrefois,  par  des  filets  directs  faisant  commu- 
niquer  la  muqueuse  linguale  avec  la  glande,  par  1'inter- 
mediaire  du  ganglion  sous-maxillaire.  En  ellet ,  si  on 
coupe  le  nerf  lingual  au-dessus  du  ganglion  sous-maxil- 
laire, Tapplication  cVune  substance  sapide  sur  le  cote 
correspondant  de  la  langue  n'excite  plus  la  secretion 
salivaire.  Alors  1'excitation  galvanique  du  bout  periphe- 
rique  clu  lingual  coupe  reste  egalement  irnpuissante  a 


CORDE   DU    TYMPAX.  1/j5 

produire  la  sensation,  mais  la  galvanisation  du  bout 
central  provoque  la  secretion,  pourvu  toutefois  qne  ce 
bout  central  communique  encore  avec  le  ganglion  sous- 
maxillaire. 

On  explique  la   secretion  salivaire  par  une  action 
reflexe  a  laqnelle  prendrait  part,  comme  cela  a  toujours 


FIG.  7  (1). 

lien  en  pareilcas,  un  nerf  sensitif  et  mi  nerl'moteur.  La 
question est  maintenant  de  savoirsi  1'act ion  motrice  np- 

(1)  Disposition  de  la  corde  du  tympan  chez  I'hommc.  —  A ,  tronc 
de  la  cinquieme  paire ;  —  B,  ncrf  facial  offrant  vers  son  coude  1'originc 
des  nerfs  p<5treux,  ct  dans  sa  portion  descendantc,  pour  cetie  piece  en 
particulier,  une  sorte  d'intumescence  gangliforme  C,  d'oii  nait  la  cordo 
du  tympan;  —  D,  nerf  dentaire  coupe;—  E,  corde  du  tympan  sepan'e. 
par  la  dissection,  du  nerf  lingual ;  on  voit  en  E  un  filet  du  nerf  lingual 
B.,  SYST.  NERV.  —  11.  10 


l/l6    SECT.  DE  LA  CORDE  DU  TYMP.  DANS  L'oREILLE  MOYENNE. 

partient  an  maxillaire  infe'ricur  de  la  cinqui6me  paire 
on  a  un  a utre  nerf.  On  pent,  dans  1' explication  de  ce 
phe" nomene, faire  intervenir  lo  facial  etattribuer  Faction 
motrice  a  un  filet  venant  de  ce  nerf,  et  qui  serait  la  corde 
du  tynipan.  On  savait  de'ja  que,  qnand  on  irriteles  filets 
qui  se  se' parent  dn  nerf  lingual  pour  se  rendre  a  la 
glande,  on  provoque  la  secretion  salivaire;  inaison  n'a 
janiais  agi  sur  la  corde  du  tympau  elle-meme  avant  son 
union  avecle  lingual. 

Nous  allons  vous  montrer  1'elTet  que  produit  la  section 
de  la  corde  du  tympan  sur  la  secretion  de  la  glande 
sous-maxillaire.  L'experience  a  e'te'  prepare  :  on  a  mis 
a  nu  le  conduit  salivaire  de  la  glande  sous-maxillaire, 
dans  lequel  nous  allons  introduire  un  tube  par  lequel 
vous  verrez  couler  la  salive.  Avec  un  fil  nous  soulevons 
le  filet  lingual  qui,  du  ganglion  sous-maxillaire,  va  a  la 
glande;  plus  tarcl  nous  agirons  sur  ce  filet. 

Maintenant  on  met  du  vinaigre  dans  la  gueule  de  ce 


qui  parnit  ensnite  y  renlrer  en  U ;  une  autre  portion  de  la  corde  du 
tympan  va  se  rendre  an  ganglion    sous-maxillaire  G ,  tandis  qu'une 
de  ses  divisions  suit  le  nerf  lingual;  —  F,  lilet  buccal  provenant  du 
nerf  lingual ;  —  G,  ganglion  sous-maxillaire  reccvant  un  filet  de  la  corde 
du   lympaii ,  et  envoyant  des  rameaux  en  arriere  qui  se  distribuent  a 
diverses  parlies  dela  membrane  nuiqueuse  buccale,  probablement  dans 
les  glandules  qu'elle  renferme;  j'ai  pu  suivre  un  de  ces  rameaux  tres 
long,  jusqu'a  une  masse  glandulaire  du  voile  du  palais  et  du  pharynx ;  — 
N,  filet  allant  a  la  glande  sublinguale  M  ;  —  I,  nerf  lingual ;  —  K,  artere 
meningee  moyenne  entouree  par  des  rameaux  sympathiques  communi- 
quant  avec  la  corde  du  tympan  ;  —  L,  filet  faisant  communiquer  le  nerf 
maxillaire  infe'rieur  avec  la  corde  du  tympan  ;  —  M  ,  glande  sublin- 
guale;—  N,  rameau  nerveux   venant  du   ganglion  sous-maxillaire   et 
allanl   a   la   glande    stiblinguable;  — 0,    glande   sous-maxillaire;  — 
P,  conduit  de  la  glande  sous-maxillaire  ;  —  M,  glande  sublinguale. 


ARRET  DE  LA  SECTION  SAL1VAIRE  SOUS-MAXILLA1RE.       \  111 

chien  :  la  salive  conic  par  le  tube.  L'application  du  vi- 
naigre  a  determine  une  sensation ,  cette  sensation  a  done 
du  produire  une  reaction  motrice  sur  la  glande,  car 
les  actions  motrices  sont  toujours  les  manifestations 
definitives. 

Nous  allons  maintenant  chercher  a  couper  la  corde 
dntyrnpan  dansl'oreille  moyenne,  puis  nous  verrons  ce 
qui  en  resultera.  C'est  une  experience  quejen'ai  encore 
jamais  faite  dans  ce  but  special.  La  corde  du  tympan  est 
excessivement  difficile  a  atteindre  dans  les  diverses  par- 
ties de  son  trajet.  (rest  un  nerf  tres  grele  qui  nail  du 
facial  dans  le  canal  spiroi'de.  a  quatre  ou  cinq  millime- 
tres au-dessus  du  trou  stylo-mastoi'dien,  se  dirige  en 
haut  et  en  avant  et  penetre  dans  1'oreille  moyenne  qu'il 
traverse  d'arriere  en  avant;  la,  ce  filet  se  trouve  isole 
dans  un  tres  court  espace  entre  1'cncluine  et  lemartcau, 
apres  un  court  trajet  de  six  a  huit  millimetres,  il  passe 
vers  la  fissure  de  Glaser,  et  sort  du  crane  au  voisinage 
de  l'epine  du  sphenoi'de. 

Pour  couper  ce  nerf,  le  moyen  le  plus  simple  est  de 
1'attaquer  dans  le  point  ou  il  est  libre  dans  la  caisse  du 
tympan,  en  y  entrant  par  le  conduit  auditif  externe. 
Penetrant  dans  cette  caviteavec  un  instrument  tranchant, 
analogue  a  celui  quo  nous  employons  pour  la  section  de 
la  cinquieme  paire,  nousdirigeons  le  tranchant  en  haut, 
et  inclinant  le  manche  en  has,  nous  accrocherons  le 
nerf  de  telle  faron  qu'il  est  presque  impossible  de  ne  pas 
le  couper.  Dans  tons  les  cas,  I'autopsie  de  1'animal  nous 
montrera  s'il  a  ete  effectivement  divise.  Une  sensation 
de  papier  dec-hire,  accompagnee  d'un  bruit  que  vous  avez 


l/l8        EFFETS  PE  LA  SECTION  DE  LA  CORDE  L>U  TYMPAN 

pu  entendre,  nous  avertit  que  nous  perforons  la  mem- 
brane clu  tyinpan  en  peneirant  dans  la  caisse ;  je  coupe 
maintenanl  la  corde  du  tympan,  ce  qui  arrache  des  cm 
a  1'animal,  probablement  a  cause  de  la  sensibilite  des 
parois  de  1'oreille  moyenne. 

Nous  allons  maintenant  melt  re  du  vinaigre  sur  la 
langue  de  1' animal.  Si  la  secretion  continue,  il  faudra 
chercher  une  autrevoie  a  la  transmission  de  I'excitation 
motrice  et  nous  avons  dit  qu'il  en  pourrait  exister  une, 
venant  soit  de  la  portion  motrice  de  la  cinquieme  paire, 
soit  de  la  septieme  paire. 

Nous  injectons  maintenant  le  vinaigre  dans  la  gueule 
du  chien. 

Yoici  une  goutte  de  salive  qui  etait  au  bout  du  tube, 
mais  cette  goutle  enlevee ,  il  ne  coule  plus  rien.  Ce 
que  nous  observons  ici  prouve  done  que  c'est  la  corde 
du  tympan  qui  estla  voie  de  transmission  a  la  glande 
salivaire. 

La  sensation  produite  sur  la  membrane  muqueuse  lin- 
guale  par  I'lnstillation  du  vinaigre  est  cependant  encore 
transmise  au  cerveau  par  la  cinquieme  paire.  mais  elle 
ne  peut  plus  1'etre  jusqu'a  la  glande.  Un  de  mes  anciens 
eleves,  M.  Yella  (de  Turin),  a  fait  ici  quelques  experiences 
relatives  a  1'influence  de  la  cinquieme  paire  sur  la  se- 
cretion salivaire.  Des  tubes  avaient  ete  fixes  clans  les  con- 
duits parotidien  et  sous-maxillaire  d'un  chien.  La  cin- 
quieme paire  etait  ensuite  coupee  de  ce  c6te,  puis 
apres  on  mettait  clu  vinaigre  dans  la  gueule  de  l'animal. 
La  cinquieme  paire  etant  suppose  1'agent  de  transmission 
de  la  sensation,  on  pouvait  penser  que  sa  section  em- 


DANS  L'OHEILLE  MOYEXXE.  l/l9 

pecherait  1'impression  de  se  transmettre.  Or  la  secretion 
continuait;  elle  etait  seulement  diminuee. 

Quese  passsait-il  done  danscecas? —  L'influence  qui 
procluit  1'excretion  de  la  salive  suit  la  loi  ordinaire  d'un 
inouvement  reflexe.  Lorsqne  la  substance  sapide  est  de- 
posee  sur  la  langue  chez  un  animal  sain,  1'impression 
est  transmise  au  cerveau  par  la  cinquieme  paire  des  deux 
cotes.  Ce  nerf  etant  coupe  d'un  seul  cote,  celui  qui  est 
intact  reste  1'agent  de  transmission  de  la  sensation 
gustative  qui  arrive  ainsi  an  cerveau,  centre  qui  la  re- 
flechit  en  la  transformant  en  action  motrice. 

Vous  avez  souvent  ici  etc  temoins  de  phenomenes  re- 
flexesde  lamoelle  epiniere,  offrant  ranalogielapluspar- 
t'aite  avecles  phenomenes  reflexes  croisesque  nous  consi- 
elerons  en  ce  moment.  Lorsque,  sur  des  grenouilles.  nous 
avions  coupe  les  racines  posUh-ienres  qui  se  rendaient  a 
un  membre,  vous  avez  vu  Tirritation  du  membre  du 
cote  oppose  mettre  en  mouvement,  non-seulement  le 
membre  irrite,  mais  aussi,  et  en  mthne  temps,  celui 
dont  les  racines  posterieures  avaient  etc  coupees. 

Un  autre  exemple  semblable  d' action  retlexe  croisee 
se  montre,  lorsqueapres avoir  coupe  le  nerf  optiquc  d'un 
cote,  on  en  irrite  le  bout  central,  on  produit  des  deux 
c6tes  des  mouvements  reflexes  de  la  pupille,  contractions 
dont  1'agent  actif  de  retour  est  un  nei'f  moteur. 

Ces  fails  renti'ent  completement  dans  les  vues  que 
nous  vous  avons  exposees  dans  la  premiere  partie  de  ce 
cours,  a  savoir  que.  tandis  que  les  influences  motrices 
restent  locales,  on  voit  toujours  dans  les  actions  reflexes 
une generalisation  des  reactions  du  sentiment. 


150        EFFETS  DE  LA  SECTION  DE  LA  CORDE  DU  TYAIPAN 

Mais  revenons  a  1'exper-ience  quo  nous  avons  faite  :  la 
section  tie  la  corde  du  lympan  a  du  abolir.completement 
lasecriHion  dela  glandesous-maxillaire.  Eneffet,  dansce 
cason  u'agit  plus  sur  un  des  ncrfs  qui  portent  1' impres- 
sion au.cerveau,  ou  la  sensation  se  generalise,  mais  bien 
sur  le  nerf  qui  rapporte  du  cervcau  1'excitation  motricc 
essentiellement  localisee,  limitee.  Lorsqu'on  coupe  le 
nerf  lingual  d'un  cote,  le  lingual  du  cote  oppose  transmei 
au  cerveau  la  sensation  gustativc  percue  sur  la  languc ; 
cettc  sensation,  qui  s'y  generalise  plus  on  moins,  eveille 
la  reaction  du  centre  parliculier  dans  lequel  elle  vient 
retentir,  reaction  qui  se  reflechit  sous  forme  d'excitation 
motrice  dans  les  nerfs  moteurs  et  la  corde  du  tympan, 
qui  sont  sous  la  de'pendance  du  centre  impressionne. 

Apres  avoir,  par  la  section  de  la  corde  du  tympan, 
arrete  la  secretion  de  la  glande  maxillaire,  nous  galva- 
nisonsle  bout  peripherique  du  nerf  que  nous  venous  de 
couper,  et  la  secretion  vase  produire  sous  cetle  influence. 

Si  nous  avions  voulu  produire  la  secretion  salivairc 
apres  la  section  du  lingual,  et  en  agissant  sur  lui,  c'est 
son  bout  central  qn'il  cut  fallu  exciter. 

La  corde  du  tympan  est  done  bien  un  nerf  motenr.  et 
c'est  elle  qui  provoque  la  secretion  de  la  glande  sous- 
maxillaire. 

A  cause  de  son  importance,  nous  aliens  encore  repeter 
clevaut  vous  cette  experience  qui  montre  de  la  maniere 
la  plus  nette  ce  fait  que  je  vous  ai  deja  signale,  a  savoir 
que  Taction  des  nerfs  sur  les  glandes,  sur  les  organcs 
(in'on  regai'de  comme  charges  de  racconiplissement  de 
phenomenes  chimiques,  est  bien  une  action  motrice. 


DANS  L'OREILLL  MOYENNE.  151 

Nous  n'avous  pas  encore  etudie  hi  secretion  paroti- 
diennc  dans  ses  rapports  avec  le  systeme  nerveux.  Nous 
allons  en  meme  temps  essayer  d'etre  renseigne's  a  cet 
egard;  ou.  an  moins,  acirconscrirele  champ  desrecher- 
ches  expd'imentales  propres  a  e'lucider  cette  question. 

Void  un  petit  chien  sur  lequel  nous  avons,  d'un  c6te, 
mis  a  decouvert  les  conduits  parotidien  et  sous-maxil- 
laire,  dans  chacun  desquels  nous  avons  engage  un  lube. 
Lorsque  nous  mettons  du  vinaigre  dans  la  gueutedecet 
animal,  vous  voyez  ([ue  des  deux  tubes  s'ecoule  de  la 
salive.  On  va  vous  faire  passer  cessalives.  recueillies 
separement  dans  des  verres  de  inontre,  et  vous  pourrez 
voir,  ainsi  quejel'ai  signale  depuis  longtemps,  qu'elles 
ne  se  ressemblent  pas  du  tout  :  dies  sont  il'imc  con- 
sistance  toute  diflerente  ;  la  salive  parotidienne  est  par- 
faitement  liquide,  tandis  (jiu;  la  salive  sous-maxillaire  se 
recommit  a  sa  viscosite. 

Nous  allons  maintenant.  sur  ce  chien.  couperlacorde 
du  tympan.  Vous  vcrrex.  puisque  nous  1'avons  deja  con- 
state a  la  suite  de  cette  section,  cesser  la  secretion  sous- 
maxillaire.  Quant  a  la  secretion  parotidienne,  j'ignore 
ce  qu'elle  deviendra  :  je  ne  serais  cependant  pas  eloigne 
de  penser  qu'elle  continuera  a  s'etl'ectuer. 

Je  ne  vous  decrirai  pas  de  nouveau  le  procede  ope- 
ratoire  de  la  section  de  la  corde  du  tympan  que  nous 
avons  employe  il  n'y  a  (ju'un  instant  :  nous  faisons 
cette  section  en  portant  rinstrument  dans  la  partie  su- 
perieure  de  la  caisse  du  tympan. 

Maintenant  que  cette  section  est  faitc,  nous  mettons 
du  vinaigre  dans  la  gueule  dc  1'animal.  Auciiu  ecoule- 


152        EFFETS  DL  LA  SECTION  DE  LA  CORUE  DU  TYMPAN 

ment  n'u  lieu  par  le  tube  de  la  glande  sous-maxillaire; 
la  secretion  parotidienne,  au  contraire.  continue  a 
couler  com  me  avant  1'operation. 

Nous  allons  main  tenant  galvaniser  la  corde  du  tympan 
au-dessous  du  point  ou  elle  a  ete  coupe'e  :  la  secretion 
sous-maxillaire  recommence.  II  vous  est  done  encore 
prouve,  par  cette  epreuve,  que  la  corde  du  tympan  est 
mi  nerf  moteur. 

La  glande  sous-maxillaire  excrete  done  sons  Tin- 
iluencede  Texcitation  de  la  cinquieme  paire,  mais  cette 
influence  est  indirecte.  L'excretion  est  directement  su- 
bordonne'e  a  une  action  motrice :  c'est  cette  action  mo- 
trice  qui  est  mise  en  jeu  par  1' excitation  sensitive.  II  n'y 
a  done  pas  lieu  de  voir  lit  une  action  spe'ciale,  specifique 
en  quelque  sorte,  une  deces  influences  mysterieusespar 
lesquelles  cerlaines  theories  placent  sous  la  de'pendance 
directe  du  systeme  nerveux  des  actes  dits  vitaux.  Nous 
y  voyoiis.  au  contraire.  le  systeme  nerveux  agir  d'une 
I'anjn  uni forme,  provoquer  des  phenomenes  purement 
moteurs  et  exercer  par  ces  phenomenes  une  action  reelle ; 
quoique  indirecte,  sur  les  phenomenes  chimiques  qui 
appartiennent  a  im  autre  ordre  de  taits.  a  des  actes 
vraiment  vitaux  analogues  aux  phenomenes  du  develop- 
pement  organique. 

L'experience  que  nous  \L-IIUIISJ  de  t'aire  ne  nous  per- 
met  pas  d'attribuer  a  la  corde  du  tympan  rintluence 
motrice  qui  produit  I'ecoulenlent  de  la  salive  paroti- 
dienne.  La  glande  sous-maxillaire  a  done  avec  1'appareil 
gusiatif  des  connexions  plus  intimes  que  la  parotide.  La 
secretion  parotidienne  intervient  dans  des  phenomenes 


DANS   L  ORE1LLE    MOYENNE.  153 

d'une  autre  nature  :  elle  se  rattache  plus  specialement 
a  Tacte  cle  la  mastication. 

Quel  est  le  nerf  qui  preside  a  1' excretion  du  liquide 
parotidien?  —  Jusqu'ici  on  n'a  fait  pour  le  voir  aucune 
experience  directe.  La  question  est  d'abord  de  savoir  si 
1'excretion  du  liquide  parotidien  est  sous  la  dependance 
des  nerfs  faciaux  superficiels  oudes  nerfs  profouds.  Est- 
elle  due  a  l'intervention  du  facial  qui  preside  aux  mouve- 
ments  superficiels  de  la  face?  Est-elle  due  a  1'action  du 
nerf  intermediaire  de  Wrisberg  qui,  analogue  an  nerf 
grand  sympathique  de  la  face ,  viendrait  clonner  le 
moLivement  aux  parties  profondes  de  cette  region? 

Nous  savons  que  c'est  ce  nerf  profond  qui  agit  sur  les 
membranes  muqueuses,  sur  les  glandes:  il  estle  nerf  des 
mouvements  organiques.  tandis  que  le  facial  superficiel 
est  le  nerf  des  mouvements  de  relation,  d'expression. 

Vous  savez  qne  la  glande  parotide  est  traversee  par 
le  tronc  du  facial.  Les  anatomistes  sont  di vises  sur  la 
question  de  savoir  sile  facial,  en  la  traversal) t,  lui  aban- 
donne  quelques  filets,  on  si  elle  recoit  ses  nerfs  des  ra- 
ineaux  du  grand  sympatbique  qui  accompagnent  les  ra- 
meaux  des  arteres  qui  s'y  distribuent. 

En  presence  de  ces  deux  sources  nerveuses  possibles. 
L' experience  seule  peut  prononcer  d'une  maniere  se- 
rieuse,  Pour  le  voir,  il  nous  faudra  mettre  a  nu  le  facial 
au  sortir  du  trou  stylo-mastoi'dieii ,  puis  le  couper  a  cet 
endroit.etnousconstateronsalorssi,  sous  rinfluenee  des 
sensations  gustativesetdes  mouvements  des  machoires,  la 
parotide  ne  secrete  plus.  Dansle  cas  ou  il  en  serait  ainsi. 
on  devrait  aclmettrc  que  le  facial  lui  abandonne  des  filets, 


15/1  EFFETS    DE    LA    SECTION    DU    NERF    FACIAL 

Au  cas  contraire,  il  fauclrait  chercher  dans  les  nerfspro- 
foncls  1'agcnt  determinant  desa  secretion. 

Void  maintenant  not  re  chien  sur  lequel  on  a  mis  le 
facial  a  decouvert  an  sortir  dn  tron  stylo-masto'idien. 

Avant  de  couper  ce  nerf ,  pour  juger  de  1'influence 
qu'il  pent  exercer  sur  la  secretion  parotidienne,  nous 
nous  assurons  encore,  par  nne  instillation  devinaigre  dans 
lagueulede  1'animal,  quecette secretion  se  faittresbien. 
Nous  coupons  maintenant  le  facial.  Lescris  que  pousse 
1'animal  vous  montrent  ce  que  vous  saviez  deja,  qu'au 
sortir  du  trou  stylo-mastoi'dien  le  facial  est  sensible. 
Une  arteriole  a  ete  coupee  qui  nous  donne  du  sang;  on 
en  fait  la  ligature.  Le  facial  est  bien  coupe;  Tanimal  ne 
pent  plus  fermer  1'a'il;  tout  ce  c6te  de  la  face  est  para- 
lyse du  mouvement. 

En  plarant  du  vinaigre  sur  la  langue  de  ranimal, 
nous  voyons  que  la  secretion  parotidienne  continue 
toujours  comme  avant  la  section  du  nerf.  L'influence 
nerveuse  qui  la  tient  sous  sa  dependance  vient  done 
des  nerfs  profonds. 

Nous  chercherons  ulterieurement  a  en  preciser 
1'origine,  en  experimental^  sur  les  ganglions  du  grand 
sympathique  :  nous  essayerons  si  nous  ferons  cesser 
la  secretion  parotidienne  par  1'ablation  du  ganglion 
oti([ue. 

En  definitive,  nous  veuons  de  constater  ici  deux  fails 
qui  se  re'sument  ainsi : 

1"  La  section  de  la  cor  tie  du  tympan  dans  roreille 
mnyenne  fait  cesser  la  secretion  de  la  glande  sous-maxil- 
laire. 


SUR    LA    StiCRtfTIOX    SAL1VAIRE.  155 

2°  La  section  du  facial,  a  sa  sortie  du  mine,  n'a  pas 
fait  ccsser  la  secretion  parolidienne. 

Lorsqu'on  detruit  le  facial  a  son  origine  dans  le  crane, 
experience  quo  nous  avons  faite  plusicurs  fois,  on 
trouve  que  les  secretions  salivaire  sous-maxillaire  et 
parotidienne  sont  abolies.  Le  nerf  facial  agit  done 
reellement  snr  les  mouvemonts  profonds  comme  sur  les 
mouvements  superficiels  de  la  face.  Cette  derniere  ac- 
tion, celle  qu'il  exerce  snr  les  mouvements  superficiels, 
appartient  an  facial  proprement  dit ;  rinfluence  sur  les 
mouvements  profonds  appartient  an  nerf  de  Wrisberg, 
ainsi  que  nous  I'avons  deja  dit. 

Les  raisons  a  invoquer  en  faveur  de  cette  maniere 
de  voir,  sont  les  suivantes  : 

Lorsque  attaquantle  facial  cbez  un  chien,  par  tin  in- 
strument qui.  introduitdans  lacaisse  du  tympan,  permet 
de  detruire  ce  nerf  dans  le  crane,  les  mouvements  de 
la  face  sont  abolis,  les  glandes  sous-maxillaire  et  parotide 
ne  secretent  plus. 

Dans  cette  operation,  le  nerf  acoustique  est  detruit 
anssi;  mais  nous  verrons  que  celte  lesion  ne  doit  modi- 
fier en  rien  nos  conclusions  relativement  aux  secretions 
qui  sont  deversees  dans  lacavite  buccale. 

Quand  on  coupe  le  facial  an  sortir  du  trou  stylo- 
mastoi'dien.  les  monvements  des  muscles  de  la  face  sont 
abolis;  les  secretions  continuent. 

C'est  done  aux  filets  qui  se  detacbent  du  facial  pen- 
dant son  trajet  intra-cranien  que  les  glandes  doivent 
la  propriete  de  sOcreter. 

L'experience  qu'il  faudrait  faire  pour  resoudre  defi- 


156  EFFETS   DE    LA    SECTION    DU    NERF    FACIAL 

nitivement  la  question  par  une  epreuve  directe,  consis- 
terait  a  separer  le  facial  clu  nerf  cle  Wrisberg  en 
detruisant  le  premier  seulement.  Nous  verrions,  en 
Tarrachant  et  respectant  le  nerf  de  Wrisberg,  si  1' in- 
fluence que  nous  attribuons  a  ce  dernier  nerf  persiste. 

L'experience  n'est  pas  possible  sur  les  chiens.  Chez 
ces  animaux,  les  deux  nerfs  sont  trop  etroitement  unis 
pour  qu'on  puisse  arracher  1'un  d'eux  seulement.  Chez 
les  lapins,  la  separation  est  possible,  mais  les  pheno- 
nienes  de  la  salivation  sont  trop  obscurs,  les  conduits 
salivaires  sont  trop  petits  pour  qu'on  puisse  facilement 
juger  des  modifications  qui  pourraient  survenir  dans 
leur  production.  C'est  sur  des  chats  que  nous  pourrions 
tenter  1'experience.  Chez  ces  animaux.  1'avulsion  clu 
facial  n'entraine  pas  toujours  necessairement  celle  du 
nerf  de  Wrisberg,  et  les  conduits  salivaires  sont  assez 
gros  pour  qu'on  puisse  y  introduire  des  tubes. 

Nous  avons  commence  tout  a  1  heure  une  experience 
qui  a  du  etre  interrompue,  et  dont  je  vous  rendrai 
eompte  dans  la  prochaine  lecon ;  mais  nous  en  avons 
fait  une  hier  dont  je  vais  vous  exposer  les  resultats. 

Nous  avons  pris  un  chat  et  mis  a  decouvert  les  con- 
duits salivaires  des  deux  cotes.  Apres  quoi,  voulanl 
arracher  le  facial,  nous  1'avons  rompu  a  sa  sortie  du 
Iron  stylo-mastoidien.  Les  glandes  ont  continue  a  se- 
creter  sous  rintluence  des  excitations  sapides. 

De  1'autre  cote,  le  nerf  facial  a  ete  arrache  ;  mais  il 
ne  1'a  pas  ete  seul  et  le  nerf  de  Wrisberg  a  ete  detruit 
en  meme  temps.  Le  nerf  acoustique  etait  reste  intact. 
Les  choses  se  sont  passees  alors  corame  lorsque  nous 


SUR    LA    StfCRtfTlON   SALIVAIRE.  157 

avions  deiruit  le  facial  dans  le  crane,  avec  le  nerf 
acoustique;  c'est-a-dire  que  toutes  les  secretions  out 
et£  suspendues.  En  mettant  a  ce  moment  du  vinaigre 
dans  la  gueule  de  I'animal,  la  salive  coulait  seulement 
du  c6te  ou  le  facial  avait  ete  rompu  au  sortir  du  trou 
stvlo-masto'idien. 

V 

II  semble  done  qu'on  cloive  admettre  que  du  facial  se 
detachent,  pendant  son  trajet  intra-cranien,  des  filets 
(corde  dutympan,  nerfs  petreux  ou  autres?)  qui  se 
rendent  aux  glandes  el  determinant  la  secretion. 

Nous  avons  verifie  1'exactitiide  de  cette  vue  relative- 
merit  a  la  glande  sous-maxillaire,  en  montrant  qu'elle 
cesse  de  seereter  apres  la  section  de  la  corde  du  tym- 
pan. 

II  restait  a  faire  la  meme  epreuve  pour  la  glande 
parotide. 

Ici  les  inductions  tireesde  1'analomie  nous  font  com- 
pletement  defaut.  Nous  savons  ce  qu'il  fatidrait  penser 
de  1'opinion  qui  fait  provenir  les  nerfs  parotidiensde  la 
partie  extra-cranienne  du  facial.  Cette  opinion,  sur  la- 
quelle  les  anatomistes  n'etaient  pas  meme  d'accord.  vous 
avez  dil  y  renoncer  en  voyant  la  glande  continuer  a 
secreter  apr^s  qu'on  avait  coupe  le  facial  au  point  ou  il 
sort  du  crane. 

Les  nerfs  de  la  parotide  lui  viennent  done  necessai- 
rement  des  filets  qui  emergent  du  facial  clans  le  canal 
spiroi'de  du  temporal. 

Viendraient-ils  du  grand  nerf  petreux?  —  Messieurs, 
cela  parait  impossible  a  admettre  apres  une  experience 
que  nous  avons  faite  et  qui  a  consiste  a  enlever  le  gan- 


158  EFFETS    DE    LA    SECTION    DU    NERF    FACIAL 

glion  do  Meckel,  ou  ganglion  spheno-palatin ;  la  parotide 
continual!  a  secreter. 

Nous  nous  trouvons  aiusi  conduit,  par  exclusion,  a 
supposer  que  la  secretion  parotidienne  est  re-glee  par 
le  petit  nerf  pe'treux  qui  irait  au  ganglion  otique.  Cette 
hypothese  suppose  entre  la  parotide  et  le  ganglion 
otique  des  communications  que  les  anatomistes  n'ont 
pas  signalees,  mais  que  la  physiologic  nous  porte  a  ad- 
mettre.  Si  1'ablation  du  ganglion  otique  ou  du  ganglion 
genicule  tarissait  la  secretion  parotidienne,  notre  hypo- 
these serait  confirmee  :  c'est  une  experience  que  nous 
tenterons  ultmeurement. 

Sauf  ce  detail  relatif  a  la  secretion  parotidienne,  nous 
avons  done  des  a  present  des  notions  exactes  stir  1'usage 
de  la  corde  du  tympan  relativement  a  la  glande  sous- 
maxillaire. 

Des  considerations  dans  lesquelles  nous  venous  d'en- 
trer  resulte  un  fait  qui,  an  point  de  vue  pathologique, 
n'est  pas  sans  interest.  Je  veux  parler  de  ['influence 
possible  du  systeme  nerveux  sur  la  persistance  des  fis- 
tules  salrvaires. 

Yous  savez  que  ces  fistules  gue'rissent  tres  difficile- 
ment  chez  rhomme,  et  que,  meine  dans  les  casheurenx, 
elles  ne  guerissent  pas  par  le  retablissement  de  la  conti- 
nuite  des  voies  salivairesnaturelles.  II  est  aussi  assez  rare 
qu'elles  guerissent  de  cette  facon  chez  les  animaux  Que 
sur  un  chien,  dont  le  facial  est  intact,  on  cree  une  fis- 
tule  salivaire,  elle  donnera  lieu  a  un  ecoulement  de 
salive.  Qu'on  fasse  la  meme  operation  sur  un  animal 


SUR  LA  S£CR£TION  SALIVAIRE.  159 

chez  qui  on  auradetruit  le facial  on  lacorde  dutyinpan, 
la  salivation  n'aura  pas  lieu.  Void,  par  exemple,  un 
chien  auquel  nous  avons  pratique  cles  fistulas  salivaires, 
apres  quoi  on  lui  a  detruitle  facial  a  son  origine.  L'ope"- 
ration  remoiite  a  quelques  jours ;  la  plaie  ne  donne  pas 
d'ecoulement  do  salive  ;  elle  est  en  voiede  cicatrisation. 
Je  ne  sache  pas  que  quelque  chose  d'analogue  ait  ete" 
observe  chez  1'homme,  et  qu'on  ait  eu  1' occasion  d'ob- 
server  simultanement  une  iistule  salivaire  se  tarissant 
par  une  paralysie  profonde  du  facial. 

Dans  les  consequences  que  nous  pouvons  etre  tentes 
de  tirer  des  experiences  qui  vous  out  ete  exposees,  ou 
dont  vous  avez  ete  temoins,  il  ne  faudrait  peut-tMre  pas 
etre  trop  exclusif  pour  le  moment. 

II  existe  une  proposition  parfaitement  exacte  etd'une 
haute  importance  en  physiologic,  c'est  que  lorsque  plu- 
sieurs  nerfs  de  memo  ordre  se  distribuent  a  un  meine 
organe,  c'est  pour  lui  donner  des  influences  variees 
et  non  pour  y  accumuler  la  me"  me  activite  nerveuse. 
Les  muscles  qui,  comme  ceux  du  larynx,  out  des  actions 
multiples,  recoivent  des  nerfs  moteurs  de  differentes 
sources.  II  en  est  de  meme  des  glandes  qui  recoivent 
plusieurs  nerfs  et  qui  peuvent  etre  en  rapport  avec  plu- 
sieurs  phenomenes  fonctionnels.  Dansce  cas,chaque  in- 
fluence est  apportee  par  des  filets  nerveux  differents. 
C'est  ce  qui  s'observe  pour  les  glandes  de  la  face. 

II  ne  faudrait  done  pas  encore  affirmer  que  tout  se 
borne,  dans  les  glandes,  a  ce  queje  vous  ai  signale  jus- 
qu'ici.  Ces  glandes,  apres  la  destruction  du  facial,  nese"- 
cretent  plus  sous  1' influence  des  excitations  venant  de  la 


160  EFFETS   DE    LA    SECTION    DU    NERF    FACIAL 

houche ;  quand  le  nerf  de  Wrisberg  manque,  les  actions 
qui  portent  sur  la  cinquieme  paire  ne  les  font  plus  secre- 
ter :  voilatoutce  que  nous  sommes  en  droit  d'affirmer. 

Est-ce  a  dire  qu'elles  ne  puissent  plus  secre'ter  sous 
I'influence  d'excitations  apportees  d'ailleurs?  —  Nous, 
ne  le  savons  pas;  il  est  d'autres  influences  qui  peuvent  y 
e*veiller  ce  mode  d'activite,  influences  moins  connues, 
plus  profondes,  mais  incontestables. 

Ces  excitations  viendraient,  par  exemple,  de  1'esto- 
mac. 

II  estdes  animaux  chez  lesquels  on  en  a  constate  plus 
specialement  1'effet  apres  1'insalivation,  et  alors  que 
le  bol  alimentaire  est  parvenu  dans  1'estomac  ou  il 
excite  la  secretion  gastrique.  Ce  phenomene  parait  trrs 
evident  chez  lecheval. 

En  dehors  des  conditions  normales,  on  voit  frequern- 
ment  un  ptyalisme  abondant  <Mre  la  consequence  d'un 
(Mat  pathologique  de  1'estomac.  C'est  ce  qui  s'observe 
surtout  dans  les  nausees  qui  precedent  le  vomissement. 
Comment  pent  se  faire,  dans  ce  cas,  la  transmission  de 
Timpression  sensitive?  —  Est-ce  encore  par  1'interme- 
diaire  de  la  septieme  paire.  le  pneumogastrique  etant  le 
nerf  de  sensation  ? 

Quant  a  la  transmission  de  1'excitation  motrice,  elle 
pourrait  aussi  se  faire  par  d'autres  nerfs  moteurs.  II  y  a 
dans  la  glande  sous-maxillaire,  dans  la  glande  parotide, 
des  filets  nerveuxqui  viennentdu  ganglion  cervical  supe- 
rieur  du  grand  sympathique.  Quand  on  excite  le  grand 
sympathique  dans  la  region  du  cou,  cette  excitation  agit, 
en  efFet,  sur  la  secretion  des  glandes  parotide  et  sous- 


ET    DU    SVMPATllHJUE    SUll    LA    SALIVATION.  161 

maxillaire.  C'est  un  fail  dont  nous  vous  rendrous  te- 
moins  an  commencemout  de  la  prochaiue  lecon. 

Chezle  chien,  le  pneumogastrique  est  uni  au  grand 
sympathique,  niais  on  peut  cepondanl  les  separer  au 
voisinage  du  ganglion  cervical superieur.  Chez  le  cheval,  le 
lapin,  etc. ,  ces  deux  nerfs  sont  distincts.  Or,  vous  verrez, 
quand  on  galvanise  lefilel  qui  tient  an  ganglion  cervical 
superieur,  qu'on  agit  sur  la  secretion  salivaire:  quand 
on  galvanise  le  pneumogastrique  isole  on  ne  produit  rien. 

Cette  influence  se  transmet  aux  glandes  par  desfilets 
qui  passent  par  le  ganglion  cervical  superieur,  accom- 
pagnent  les  divisions  de  1'artere  maxillaire,  et  cellos  de 
1'artere  faciale  ([ui  vont  aux  glandes  salivaires. 

Lorsque  ce  filet  du  grand  sympathique  est  coupe,  les 
influences  venant  des  organes  splanehniques  n'auraient 
done  plus  d'influence  sur  les  glandes  salivaires.  Nous 
aurions  settlement  Faction  du  nerf  de  Wrisberg  qui,  nous 
vous  Pavous  drjadit,  peut  etre  considere  com  me  appar- 
tenant  au  sysleme  du  grand  sympathique. 

J'ai  insistc  doja  sur  la  nature  de  1'action  qu'exerce  ce 
nerf  sur  la  glande  pour  la  faire  socirter,  ot  jo  vous  ai  dit 
quo  cette  influence  paraissuit  purement  molrice.  Nous 
considererons  aussi  comme  telle  Faction  exerce"e  par 
les  nerfs  du  grand  sympathique.  Les  elements  mo- 
teurs  des  glandes  sur  lesquels  agiraient  les  nerfs  ne  sont 
pas  visibles  a  Fo?il  nu.  Cepoudant,  il  existe  dans  la  joue 
du  lapin  une  petite  glande  enveloppe'e  par  une  capsule 
musculaire,  sur  laquelle  on  pourrait  peut-etre  verifier 
s'il  y  a  un  resserrement  produit  par  Fexcitation  ner- 
veuse. 

B.,   SYST.  NEHV.  —  11.  II 


16-2 


ACTION    DU    GK.VNL)    SVMl'ATlIigUii 


(1)  Nerf  facial  et  sympathique  chez  un  fcetus  de  cheval,  —  A,  nerf 
facial;  —  B,  corde  du  tympan  conlractant  plusieurs  anastomoses 
avec  le  nerf  maxiliaire  inferieur  U,  U' ;  —  C,  plexus  nerveux  repre- 
sentant  le  ganglion  sous-maxillaire ;  ce  plexus  re'unit,  la  corde  du 
tympan  et  un  rameau  du  sympathique  Z  accompagnant  une  artere ;  — 
D,  nerf  dentaire ;  —  G  ,  glandc  salivaire :  ~  I ,  nerf  raassete"rin  ;  -™ 


SUR    LES    GLAMDES    SALH  AIRES.  163 

Dans  les  autres  glandes  qui  sont  plus  grosses,  les  culs- 
clc-sac  gland iilai res  cloivent  6tre  entoures  par  une  cap- 
sule contractile,  sur  le  tissu  de  laquelle  vient  agir 
1'excitation  motrice.  Ce  sont  lades  actions  qui  appartieu- 
uent  a  des  organes  contractiles  exterieurs  a  la  glande 
proprement  dite.  La  meme  chose  s'observe  pour  le  pan- 
creas.Chez  lesanimauxaparois  abclominales  musculai- 
res,  mobiles,  on  pent  voirlesucpancreatiques'echapper 
par  jets  dans  les  mouvements  d'inspiration.  Despheno- 
nienes  serablables  s'observent  chez  certains  insectes, 
quiont  des  glandes  anales  dontlesproduits  sont  expulses 
exclusivement  par  la  contraction  fles  parois  abclomi- 
nales.  Chez  ceux  qui  n'ont  pas  ccs  mouvements,  chez 
lesoiseanx,  par  example,  les  conduits  glanduleux  excre- 
teurs  sont  dones  de  mouvements  peristaltiques.  etc. 

•Tetenais  a  appelervotre  attention  sur  cette  uniformite 
physiologiquc  des  manifestations  motrices,  aboutissant 
a  des  manifestations  fonctionnelles  differeutes ;  la  con- 
traction des  tissus  moteurs  des  glandes  n'est  pas  le  seul 
effetproduit  par  la  galvanisation  du  grand  sympalhique. 
Nous  aussi  faisons,  par  le  meme  genre  de  nerfs,  con- 
tracter  les  vaisseaux. 

11  resterait  a  savoir  si,  lorsqu'on  galvanise  les  nerfs  qui 
se  rendent  a  nne  glande,  on  n'agit  pas  sur  les  vaisseaux 
plutot  quo  sur  le  tissu  de  la  glande  et  si  la  secretion  n'est 


J,  branchc  du  nerf  dcntairc  ;  -  L,  iicrf  dciUaire;—  0,  branche 
oplithnliiiiquc  dela  cinquieme  Jiaire;  --  AINPj  branchc  inaxillaire  supc- 
rieurc;  —  S,  pelits  corpuscules  gaiigliohnairos  sur  le  Uajet  du  inaxil- 
laire supericur  et  an.  point  oil  vienl  sc  rcndrc  IP.  grand  ncrf  pi-iroux 
stipeiliciel ;  --  V,  ncrf  sublingnal  du  maxillnirc  infi'-riour. 


ACTION    DU    GUAM)    SYMPATHISE 

pas  supplement  une  consequence  cle  la  contraction  des 
vaisseaux,  contraction  qui  aurait  pour  effet  immediat 
d'augmenter  la  pression  du  liquide  qui  y  circule  et  de 
faire  transsuder  a  ti avers  leur  parois  le  produit  de  la 
secretion.  Nous  examincrons  ulterieurement  celte  ques- 
tion a  propos  du  grand  sympathique.  Mais,  nous  dirons 
Dependant  qu'il  n'est  pas  possible  de  voir  dans  Faction 
secretaire  Feffct  d'  une  difference  entre  la  pression  du  sang 
et  la  resistance  des  parois  des  cellules  glandulaires. 

M.  Luclwig  a  fait  des  experiences  qui  prouvent  que  la 
secretion  ue  sefait  pas  parcemecanisme;  la  pression  du 
sang  arteriel  etant  observee,  on  voit  la  pression  du  li- 
quide secrete  retenue  dans  une  glaude  salivaire  et  s'ele- 
ver  a  une  pression  beaucoup  plus  grande  que  celle  du 
sang,  et  cependant  la  galvanisation  du  nerf  cle  la  glande 
donne  encore  lieu  a  un  ecoulement  de  la  salive. 

Une  autre  experience  ajouterait  des  resultats  fort 
signiflcatifs  a  ceux  que  je  viens  de  vous  rappeler :  on 
pourrait  peut-etre  Her  Fartere  qui  se  rend  i\  la  glande, 
etensuite,  en  galvanisant  lenerf,  provoquer  la  salivation. 
Cette  excretion  aux  depensd'un  organ e  qui  ne  recevrait 
plus  de  sang  nous  montrerait  bien  qu'il  y  avail  la  un  re- 
servoir de  salive  qui  a  ete  evacue.  Sans  doute,  pour  cou- 
tinuer  a  saliver,  il  faudrait  que  la  glande  se  nourrisse: 
1' experience  prouveseulementque  Fintervention  du  sang 
ne  pent  etre  qu'une  cause  assez  eloignee  du  phenomene, 
et  qu'il  faut  en  chercher  ailleurs  le  mecanisme  pro- 
chain. 

Ainsi  que  je  vous  Fai  dejii  indique,  lorsqu'il  a  ete 
question  ici  de  la  secretion  glycogeniquc  du  foie,  toute 


SUR    LES   GLA.NDES   SAL1VAIRES.  165 

secretion  parait  se  faire  en  deux  temps :  le  premier 
est  la  periode  de  formation,  aux  depens  du  tissu  de 
1'organe  secreteur,  de  la  substance  qui  doit  6trc  modi- 
fiee  et  excretee;  ce  temps  correspond  au  repos  de 
1'organe.  Le  deuxieme  temps  se  reduit  aux  pheno- 
menes  d'expulsion ;  il  correspond  a  la  periode  d'acti- 
vite  motrice  de  la  glande ;  c'est  sur  lui  que  portent  plus 
specialement  les  influences  motrices  exercees  par  le 
systeme  nerveux. 

Nous  avons  vu  quels  rapports  physiologiques  exis- 
tent entre  le  ganglion  sous-maxillaire  du  grand  sympa- 
thique  et  la  glande  sous-maxillaire ;  nous  sommes  arrives, 
par  voie  d'exclusion,  a  soupconner  les  m6mes  rapports 
entre  le  ganglion  otique  et  la  glande  parotide.  Nous 
devrions  revenir  sur  le  role  du  ganglion  spheno-pa- 
latin. 

Nous  avons.  sur  un  chien,  enleve  ce  ganglion  des 
deux  c6tes  sans  rien  produire  d'immediatement  appre- 
ciable. Lesplaies  sont  a  pen  pros  cicatrisees. 

II  faudrait  faire  I' experience  autrement.  N'ayant  rien 
manifested  d'evidentensupprimant  les  actesqui  sont  sous 
1' influence  de  ce  ganglion,  nous  essayeronsde  voir  si  nous 
obtenons  des  resultats  appreciables  en  les  exagerant ;  ce 
que  nous  ferons  en  galvanisant  le  uerf.  Cette  derniere 
maniere  de  proceder  peut  (Hre  tres  avantageuse  dans 
1' etude,  toujoiirs  delicate  et  difficile,  des  phenomenes 
qui  out  leur  siege  dans  les  parties  profondes.  En  galva- 
nisant sur  le  chien  le  filet  qui  va  au  ganglion  spheno- 
palatin,  le  nerf  petreux  superficiel,  je  ne  serais  pas 
eloigne  de  croireque  nous  agironspar  la  sur  la  secretion 


160  NERF    DES    GL.VNDES    SALIYA1RES. 

de  la  membrane  nuiqueuse  nasale  etsurles  mouvements 
du  voile  dii  palais.  Mais  nous  renverrons  ces  experiences, 
ainsi  qu'un  certain  nombre  d'autres  sur  lesquelles  nous 
n'avons  pas  encore  pu  rassembler  un  assez  grand 
nombre  de  fails,  an  moment  ou  nous  traiterons  cle  la 
portion  ce'phalique  du  nerf  grand  sympathique. 


HUITIEME    LECON 

29  MAI  1SS7. 

SOMMAIRE  :  Les  filets  du  grand  sympathique  ne  tiennent  pas  leurs 
proprietes  molrices  des  ganglions  qui  se  trouvent  sur  leur  trajet.  — 
Galvanisation  du  filet  cervical  avant  el  apres  le  ganglion  sous-maxil- 
laire. — Secretion  dans  les  deux  cas. -- Action  sur  la  langue  d'un 
filet  e'manant  de  la  corde  du  tympan.  --  Influence  de  la  section  du 
facial  dans  le  crane  sur  la  guslalion.  —  Experiences.  —  Les  narines 
sonl  le  siege  de  mouvemenls  reflexes  imlependanls  des  sensations 
perrues  par  la  cinquieme  paire.  — Ces  mouvements  ont-ils  leur  point 
de  depart  dansle  pneumogastrique  ?—  Ces  mouvements  sontsensible- 
mcnts  diminue's  par  la  section  de  Panastomose  quo  le  pnenmogaslriqup 
envoie  au  facial.  —  Experiences. 

MESSIEURS, 

Vous  avez  suivi  depuis  quatorze  jours  la  uiarche  des 
accidents  consecutifs  a  la  section  de  la  cinquieme  paire 
chez  ce  lapin.  Vons  pourrez  voir  que  depuis  la  derniere 
lecon  le  mal  a  fait  des  progres.  La  cornee  est  perfoive 
et  deja  une  partie  des  liquides  de  1'ceil  s'est  ecoulee. 
Autour  de  la  solution  decontinuite,  les  membranes  sont 
dessechees. 

Sur  cet  autre  lapin,  auquel  on  a  coupe  le  facial  plu- 
sieurs  jours  avant  et  que  nous  vous  avons  toujours  pre- 
sente  comparativement.  vous  pourrez  voir  que  bien  qu'il 
reste  constamment  expose  a  1'air.  1'ceil  est  toujours 
parfaitement  sain. 

Nous  avons  insiste,  dans  la  clerniere  lecon,  sur  la 
double  voie  par  laquelle  semblait  setransmettre  Faction 
flu  systeme  nerveux  sur  lesglandes  salivaires.  Les  secre- 


168  ACTION    UES   GANGLIONS 

tions  salivaires  peuvent,  comme  vous  savez,  reconhaltre 
aussi  pour  point  tie  depart  une  impression  percue  par 
le  pneumogastrique  et  reflechie  par  un  filet  du  grand 
sympathique. 

A  ce  sujet  se  rattache  une  question  sur  laquelle  nous 
aurons  a  revenir,  question  qui  doit  cependant  6tre  indi- 
quee  ici  et  sur  laquelle  on  a  autrefois  beaucoup  discule. 

Le  nerf  grand  sympathique  est  en  communication 
avecla  moelle  epiniere  par  des  rameaux  qui  unissent  le 
centre  rachidien  a  la  double  chaine  quc  forment  le 
long  du  rachis  ses  ganglions.  Outre  ces  chaines  late- 
rales  existent  des  ganglions  independants,  en  quel- 
quesorte,au  point  devue  topographique.  Ces  ganglions 
se  rencontrent  vers  les  points  ou  le  grand  sympathique 
se  distribue  dans  les  organes.  G'est  ainsiquelacorde  du 
lympan,  apres  avoir  communique  \ers  son  origine  avec 
le  ganglion  genicule,  s'accole  au  lingual  et  aboutit  au 
ganglion  sous-maxillaire  d'ou  ernanent  les  filets  qui 
vont  a  la  glande  sous-maxillaire.  J'ai  de  plus  de'crit 
autrefois  des  tilets  qui  partent  de  ce  meme  ganglion,  se 
rendent  dans  les  glandules  buccales  et  jusqu'a  celles  du 
pharynx ;  il  y  en  a  particulierement  un  tres  long  qui  re- 
monte  jusqu'a  la  base  du  crane,  a  la  voute  du  pharynx. 
II  serait  par  consequent  possible,  d'apres  cela,  que  la 
corde  du  tympan  agit  sur  les  glandules  pharyngiennes. 

On  s'estpreoccupe  du  r61e  special  que  pouvaientjouer 
les  ganglions  peripheriques  situes  dans  le  voisinage  de 
certains  organes;  et  on  a  pretendu  que  les  nerfs  ne 
jouissaient  de  leur  propriete  d'agir  sur  ces  organes 
qu'apres  avoir  traverse  ces  ganglions.  On  avait  admis 


SUR    LE    TRAJET    DBS    NERFS.  169 

que  1' excitation  portee  sur  le  filet  nerveux  avant  son 
entree  dans  le  ganglion  restait  sans  effet;  que  pour 
obtenir  Faction  excitatrice  cles  fonctions  de  1'organe,  il 
fallait  exciter  le  nerf  entre  lui  et  le  ganglion  voisin. 

Nous  aliens,  en  vous  montrant  que  la  glande  sous- 
maxillaire  secrete  sous  la  double  influence  de  la  corde 
du  tympan  et  du  grand  sympathique  cervical,  voir  ce 
qu'on  doit  penser  des  idees  que  je  viens  de  vous  ex- 
poser. 

La  glande  sous-maxillaire  recoil  du  ganglion  sous- 
maxillaire  des  filets  qui  lui  viennent  de  la  corde  du 
lympan.  Elle  est  reliee  en  outre  au  ganglion  cervical 
superieur  paries  plexus  qui,  enlacant  1'artere  carotide, 
s'etendent  sur  ses  divisions.  Or  nousavons  excite  le  nerf 
tant6l  avant,  tantot  apres  le  ganglion;  et,  dansles  deux 
cas,  nous  avous  provoque  une  action  sur  la  secretion 
salivaire  d'une  facon  tres  manifesto .  Ce  matin  encore 
nous  avons  galvanise  le  filet  cervical  du  grand  sympa- 
thique au-dessus  et  au-dessous  du  ganglion  cervical  su- 
perieur, avec  les  monies  resultats.  Pareille  chose  nous 
est  arrivee  en  galvanisanl  alternativement  la  corde  du 
tympan  avant  et  apres  le  ganglion  sous-maxillaire. 

Dans  cette  derniere  experience,  pour  atteindre  la 
corde  du  tympan,  nous  avons  du  saisir  le  nerf  lingual 
aussi  haul  que  possible,  le  couper  en  masse  avec  la 
corde  du  tympan ;  apres  quoi  nous  avons  galvanise"  le 
bout  periphe'rique  resultant  de  cette  section. 

La  conclusion  a  laquelle  nous  conduisent  ces  expe- 
riences, faitessur  les  deux  voies  par  lesquelles  le  sympa- 
thique excite  la  secretion  sous-maxillaire,  est  que  le 


170  ACTION    DU    GRAM)    SYMPATHIQUE 

ganglion  n'u  pas  d'influence  propre  sur  le  mode  de 
1'excitation  trausmise  a  1'organe. 

Void  un  chien  sur  lequel  nous  avons  prepare  1'expe- 
rience,  Una  incision  assez  large  nous  a  amenes  sur  ledi- 
gastrique  :  en  le  soulevant,  on  trouve  an  fond  de  la 
plaie,  apres  avoir  incise  le  muscle  mylo-hyo'idien,leiierf 
lingual  et  la  corde  du  tympan ;  plus  en  arriere,  la 
carotide  interne  quisert  de  point  de  reperepour  trouver 
les  nerfs.  Le  filet  de  la  gland e  sous-maxillaire  accoin- 
pagne  1'artere  linguale,  puis  le  petit  rameau  gland ulaire 
qui  emane  au-dessus.  Nous  avons  isole  ces  nerfs  sur  des 
anses  de  fil  qui  vont  nous  permettre  de  les  retrouver  au 
fond  de  la  plaie.  Un  petit  tube  d'argent,  engage  dans  le 
conduit  sous-maxillaire.  nous  permet  de  recueillir  facile- 
ment  lasalive  expulsee  par  ce  conduit.  Yoici  le  nerf  lin- 
gual coupe  et  rabattu;  il  off  re  la  reunion  et  du  lingual 
proprement  dit  et  de  la  corde  du  tympan.  Nous  en 
ualvanisons  le  bout  pe'ripberique  :  la  secretion  coule 
abondamment  Je  galvanise  maintenant  le  filet  sympa- 
tbique  venant  du  cou  :  vous  voyez  la  secretion  plus  vis- 
(jueuse  s'arre"ter  bientot. 

Nous  prenons  maintenant  la  corde  du  tympan  avant 
son  arrivee  au  ganglion  sous-maxillaire;  nous  la  galva- 
nisons  :  la  salive  coule. 

Nous  ajouterons  que  la  galvanisation  de  ce  filet,  qui 
emane  du  nerf  lingual,  agit  aussi  sur  la  glande  sublin- 
guale,  car  nous  voyons  cette  salive  couler  abondamment 
lors  de  1'excitation  du  nerf. 

L' action  du  sympathique  est  la,meme,  si  nous 
galvanisons  dans  la  region  du  cou,  au-dessons  du  gan- 


s 


SUR    LES    SECRETIONS   SAL1VA1RES.  171 

g-lion  cervical  superieur,  le  tronc  provenant  de  la  reu- 
nion du  pneumogastrique  et  du  grand  sympathique. 

Ces  deux  ordres  d' influences  paraissent  toutes  agir 
sur  la  secretion  sous-maxillaire;  lorsque  ces  deux  nerfs 
out  etc  coupes  la  glande  serait  done  paralysee.  Notons 
toutefois  que  1'influence  la  plus  remarquable,  celle  qui 
a  Tetai  physiologique.  preside  le  plus  specialement  a  la 
secretion,  est  celle  qui  vient  par  la  corde  du  tympan. 

Ce  n'estque  dans  des  eirconstances  exceptionnelles, 
dans  les  efforts  de  vomissemeht,  par  exemple,  que  Fac- 
tion du  pneumogastrique  venant  de  1'estoinac  manifesto 
son  inlluence. 

Ce  que  je  viens  de  vous  dire  d<-  la  glande  sous- 
maxillaire  s1  applique  probableinent  aussi  a  la  parotidc 
qui,  elle  aussi,  recevrait  ses  nerl's  de  deux  sources,  du 
nerf  de  Wrisberg  et  du  grand  sympathique. 

Plus  tai-d  nous  reprendrons  nos  experiences  sur  le 
ganglion  de  Mcckel,  et  complrtmms  ainsi'ce  que  nous 
avions  a  vous  dire  des  nerfs  de  la  cinquieme  et  de  la 
septieme  paire. 

Je  terminerai  en  vous  parlant  d'un  autre  point  de 
I'histoire  du  neif  intermediate  de  Wrisberg  sur  lequel 
il  me  sera  facile  de  vous  dormer  des  fails  d'observation 
pathologique  etexperimentale  :  je  veux  parler  de  la  por- 
tion de  la  corde  du  tympan  qui  se  rend  a  lalangue.  Yous 
savezqifau  niveau  du  ganglion  sous-maxillaire,  la  corde 
du  tympan  se  divise  en  deux  filets,  1'un  qui  se  rend  a  la 
glande  sous-maxillaire,  I'autre  qui  se  confond  avec  le 
nerf  lingual  et  se  rend  avec  lui  a  la  langue  (fig.  7). 
apres  toutefois  avoir  traverse  un  petit  ganglion  du  sympa- 


172  ACTION    DE    LA    CORDE   DU    TYMPAN 

thique  decrit  chez  1'homnie  par  Blaudin,  et  situe  sur 
le  trajet  du  nerf  lingual  au  moment  ou  il  va  penelrer 
dans  la  langue. 

Les  auteurs  qui  regardaient  le  nerf  intermediaire  de 
Wrisberg  comme  une  racine  posterieure  avaient  vu, 
dans  la  corde  du  tympan,  un  rameau  sensitif  qui  venait 
s'adjoindre  au  nerf  lingual.  Cette  pensee  expliquait  1' al- 
teration du  gout  apres  la  paralysie  faciale,  puisque  la 
corde  du  tympan  est  le  seul  filet  emanant  du  facial  qui 
vienne  se  perdre  dans  la  langue.  Des  raisons  que  nous 
avons  donne'es  ailleurs  ne  nous  permcttent  cependant  pas 
d'admettre  qu'elle  soit  un  nerf  de  sentiment. 

Depuis  longtemps  j'ai  propose  une  explication  del'aHe- 
ration  dugout,  qui  est  simplement  une  interpretation, 
et  est  par  consequent,  sujette  a  6tre  remplacee  par  une 
autrele  jour  ou  elle  sera  en  disaccord  avecde  nouveaux 
resultats  observes  :  seulement  les  faits  seront  definiti- 
vement  etablis  parce  qu'ils  out  etc  convenablement 
observe*  s. 

J'avais  done  adrnis  autrefois  que  la  corde  du  tympan 
venait  du  nerf  facial:  qu'elle  etait  motrice.  La  muqueuse 
de  la  langue,  alaquelle  ellesedistribuesurtout,  renferme 
des  elements  moteurs  dont  la  corde  du  tympan  met  en 
jeu  1'activite.  C'est  ainsi  que  la  paralysie  ralentirait  la 
perception  de  la  sensation. 

Aujourd'hui.  des  dissections  repetees  et  de  nouvelles 
experiences  meportent  a  penser  que  la  corde  du  tympan 
s'unit  avec  le  grand  sympathique,  en  divers  points  de 
son  trajet;  cela  pourrait  peut-etre  porter  a  penser  que  la 
corde  du  tympan  agit  aussi  sur  les  vaisseaux  de  la 


SUR    LI*    GOUT.  173 

langue.  Je  revieudrai  plus  longuement  sur  cettc  vuc, 
quc  jc  ne  fais  qu'incliquer  ici,  lorsque  etudiant  le  grand 
sympathique  j'aurai  a  examiner  son  action  sur  les  phe- 
nomenesdevascularisation.Desphenomenesfortcurieux 
out  etc  notes  a  cc  sujct,  phenomenes  qu'on  ne  saurait 
encore  resumer  dans  aucune  loi  generate,  amenant  dans 
la  circulation  des  modifications  peu  connues  et  ofTrant 
des  effets  tout  a  fait  opposes  dans  des  circonstances  qu'au 
premier  examen  on  serait  tente  de  regarder  comine 
analogues. 

Ces  considerations  ne  soul  pas  les  seules  que  nous  de- 
vions  vous  presenter  relativementa  la  corde  du  tympan. 

Le  ganglion  sous-maxillaire,  situe  sur  le  trajct  du 
nerf  lingual,  rccoit  la  corde  du  tympan  par  sa  partie 
posterieure.  Elle  reunit  done  le  ganglion  ge'nicule  au 
ganglion  sous-maxillaire,  caractere  qui  la  rapproche 
encore  des  nerfs  du  grand  sympathique. 

Du  ganglion  sous-maxillaire  partent,  en  arriere,  des 
filets  qui  se  rendent  a  la  glande  sous-maxillaire,  filets 
dont  la  galvanisation  donne  un  ecoulement  consi- 
derable de  salive.  Nous  nous  en  sommes  assures  en 
introduisant  des  tubes  dans  le  conduit  excreteur  de  la 
glande  et  galvanisant  les  filets  glandulaires  de  la  corde 
du  tympan  qui,  apres  s'etre  accoles  au  ganglion  sous- 
maxillaire,  so  sont  reflechis  pour  se  jeterdans  la  glande. 

II  serait  interessant  de  voir  si  le  meme  effet  s'obtien- 
drait  en  galvanisant  la  corde  du  tympan  dans  I'oreille. 
C'est  une  experience  qui  serait  difficile,  mais  que  nous 
pourrons  tenter  si  le  temps  nous  le  permet.  Nous  dirons 
seulement  que,  lorsqiron  vient  a  couper  la  corde  du 


J7/1  ACTION    DE    LA    CORUE    DU    TV.VH'A.N 

tympan  dans  I'oreille  inoyenue,  la  secretion  salivaire  do 
la  glande  sous-maxillaire  est  excitee.  On  remarque  en 
meme  temps  que  cette  section  du  nerf  produil  uuc 
vive  douleur.  Est-elle  due  a  la  corde  du  tyinpau,  ou 
itien  a  des  filets de  la  cinquieme  paire  qui  se  distribueut 
dans  1'oreille  moyenne ;  cette  derniere  supposition  me 
semble  plus  probable. 

Lorsqu'on  a  coupe  d'un  c6te  la  corde  du  tympan,  ou 
lorsque  Ic  facial  est  paralyse  sufFisamment  haut,  il  arrive 
qifil  y  a  de  ce  cote  alteration  de  la  gustation.  Cette 
alteration  a  (He  constatre  surtout  chez  1'homme,  seul  en 
etat  de  rendre  compte  de  ses  sensations ;  nous  en  avons 
cite  des  exemples,  en  parlant  de  la  paralysie  inlra- 
cranienno  du  facial.  Maintenarit,  comment  1'explique- 
rons-nous?  -  -  Le  filet  paralyse  vientde  la  meme  source 
que  les  filets  qui  nous  out  occupesjusqu'ici;  il  emane  de 
la  corde  du  tympan  :  son  action  serait  done  une  action 
motrice. 

La  pertur])ation  de  cette  influence  motrice  pourrail 
agir  sur  le  goutde  deux  mauieres:  soit  en  amcuanl  dans 
les  vaisseaux  de  la  langue  une  perversion  de  la  circula- 
tion qui  tronblerait  le  gout ;  soit  en  exercant  sur  1'ele- 
meut  contractile  des  papilles  de  la  langue  une  modi- 
fication qui  changerait  les  phenom«3nes  de  leur  miseen 
rapport  avec  les  substance  sapides.  11  pourrait  se  faire. 
par  exemple,  que,  dans  ce  dernier  cas,  1'absorption  fut 
ralentie. 

Mais  ces  vues  ne  sont  que  des  interpretations  sur  les- 
quelles  nous  ne  saurions  insister.  Ce  qui  reste  acquis 
a  la  science,  c'est  que  c'est  par  des  actions  motrices  que 


SLR    LE    GOUT.  175 

la  corde  clu  tympan  exercerait  son  influence  sur  des 
phenomenes  de  nature  variee  :  sur  les  secretions  glan- 
dulaires,  sur  la  circulation  locale,  sur  les  sensations 
gustatives. 

Nous  vous  avonsdeja  signale,  relativement  a  I'altera- 
tion  clu  gout  qui  accompagne  les  lesions  profondes  du 
nerf  facial,  les  troubles  gust atifs  observes  cbezl'homme; 
nous  aliens  maintenant  vous  signaler  ce  que  nous  avons 
observe  chez  les  animaux  apres  la  destruction  des  uert's 
t'aciaux  ou  la  lesion  isolee  de  la  corde  clu  tympan. 

Exp.  —  Sur  un  lapin,  on  fit  1'extirpation  des  deux 
t'aciaux.  Alors  le  gout  sembla  alterr  et  diminue.  En 
placant  de  1'acide  citrique  sur  la  langue ,  Fanimal  ne  la 
retirait  pas,  tandis  que  sur  un  lapin  normal,  la  niumc 
substance  provoquait  un  retrait  immediat  de  la  langue. 
La  sensibilite  tactile  ne  paraissait  du  reste  pas  moditirY. 
et  1'animal  sentait  Ires  bien  quand  on  pincait  la  langue. 

Exp.  —  Sur  un  chien  on  coupa.  du  cote  droit.  le 
facial  et  Facoustique  a  leur  origine  et  a  leur  entree  dans 
le  conduit  auditif  interne,  en  entrant  dans  le  crane  par  le 
trou  de  la  veine  occipitale.  Sur  cet  animal,  il  y  avail 
tons  les  symptomes  exterieurs  de  la  paralysiedu  facial 
et  diminution  de  la  faculte  gustative  du  cote  corres- 
pondant  a  la  section  du  nerf  facial.  Quand  on  mettait 
de  1'acide  citrique  sur  la  langue  de  ce  chien,  qui  etait 
bien  apprivoise ,  il  percevait  la  sensation  et  retirait 
anssitot  la  langue  lorsque  Facide  citrique  etait  place  du 
c6te  gauche.  Quand  on  mettait  1'acide  citrique  sur  le  cote 
droit  de  la  langue,  il  s'ecoulait  toujours  un  moment 
avant  que  la  sensation  tut  percue.  La  section  de  la  corde 


176  DEVIATION    UK    LA    LANGUE 

du  tympan  ainena  aussi  unc  deviation  de  la  langue  du 
meine  cote. 

Eocp.  —  Sur  mi  autrc  chien,  on  fit  la  section  de  la 
cordc  du  tympan  dans  la  caisse  du  c6te  gauche  en  entrant 
par  le  conduit  auditif.  On  constata  ensuite  quede  la  colo- 
quinte,  de  1'acide  citrique  cristallise,  appliques  sur  la 
pointe  de  la  langue,  donnaient  une  sensation  plus  vive 
et  plus  rapide  du  cute;  droit  que  du  cute  gauche.  De 
la  quinine,  du  labac,  du  tannin,  de  la  polasse,  donnerent 
des  differences  dans  le  meme  sens,  mais  moins  pro- 
noncees  que  les  substances  precedentes. 

La  sensibility  tactile  ne  paraissait  pas  modifiee  dans 
ce  cas,  et  ranimal  sentait  tres  bien  quand  on  lui  pincait 
la  langue. 

A  ce  propos,  chez  1'homme,  dans  un  cas  ou  il  y  avail 
eu  augmentation  de  temperature  du  bras  droit  avec  les 
signes  apparents  d'une  lesion  du  grand  sympathique,  il 
y  avail  diminution  de  la  sensibilite  tactile  avec  conser- 
vation de  la  sensibilite  general  e.  Serait-il  possible  de  rap- 
procher  de  ces  modifications  de  temperature,  lieesa  ces 
lesions  du  grand  sympathique,  cesphenomenes  auxquels 
on  a  donne  le  nom  d'analgesie  et  d'hyperesthesie? 

Independamment  des  phenomenes  que  nous  avons 
signales,  on  observe  encore  du  cott3  de  la  langue  une  de- 
viation de  cet  orgaue  du  cote  ou  le  facial  a  ete  paralyse. 
Ce  fait  a,  du  reste,  ete  observe  aussi  chezThomme,  sans 
qu'on  ait  pu  arriver  a  en  donner  une  explication  bien 
satisfaisante.  Toutefois,  il  senible  difficile  de  ne  pas  ratta- 
cher  cette  dt3vialion  a  la  paralysic  de  la  corde  clu  tym- 
pan qui  est,  comme  on  le  sail,  le  seul  filet  nerveux  qui 


EXPERIENCES.  177 

I'tablisse  une  comryuniealioi]  entre  le  nerf  facial  el  la 
langue,  a  moins  qu'on  n'invoque  1'alte'ralion  d'un  autre 
filet bien  decritpar  M.L,  HirsoMeld,provenant  toujours 
du  ineme  nerf  et  s'anastomosant  avec  le  glosso-pbaryn- 
gien, avec  lequel  il  se  distribue  jusqu'ala  pointe  de  la 
langue. 

Voici  deux  experiences  que  j'ai  faites avec  M .  Davaine, 
et  quo  j'extrais  de  son  Memoire  sur  la  paralysie  de  la 
septieme  paire.  Ces  fails  se  rapporlent  a  la  question  des 
mouvemenls  clu  voile  du  palais: 

Ecrp.  —  Sur  un  cliien  de  forte  taille,  1'os  hyoicle 
ful  incise  danssapartie  moyenne  etl'incisionprolongee 
jusqu'au  larynx,  ailn  de  inellre  en  evidence  loule  la 
face  anterieure  du  voile  du  palais.  Ensuite,  le  nerf 
glosso-pharyngien  fut  in  is  a,  de'couverl  an  con,  pen 
apres  sa  sortie  clu  Iron  decbire  poslericur,  el  1'animal 
fut  tue  par  la  section  de  la  moelle  epiniere  au-dessous 
de  1'origine  des  nerfs  craniens. 

Cela  fait,  les  poles  d'une  j)ile  furent  mis  en  contact 
avec  le  nerf  glosso-pbaryngien,  des  contractions  vio- 
leiiles  agiterent  le  voile  du  palais,  ses  piliers  et  uue 
partie  du  pharynx  du  nie~ine  cote.  Cette  mancpuvre 
ayant  ele  repetec  a  plusieurs  reprises  avec  le  me"me 
resullal,  le  nerf  glosso-pbaryngien  fut  coupe.  Les  poles 
de  la  pile  appliques  alors  sur  lebout  pe'riplie'rique,  c'est- 
a-dire  sur  celui  qui  aboutissait  au  ])barynx  et  an  voile 
du  palais,  aucun  mouvement  ne  se  manifesta  dans  ces 
organes;  au  contraire,  le  galvanisme  ayant  etc  port6 
sur  le  bout  central  du  nerf  glosso-pharyngien,  c'est-a- 
dirc  sur  celui  qui  tenail  a  la  moelle  allongee,  les  cou- 

15. ,    SV3T.    NEIIV.   —   II.  12 


478  MOUVEMENT    DU    VOILE    DU    PALAIS. 

tractions  du  voile  du  palais,  de  ses  piliers  et  du  pharynx 
f u rent  tout  aussi  vivement  excitees  que  lorsque  le  nerf 
e"tait  intact. 

Exp.  —  Un  chien  de  forte  taille  ayant  ete  prepare, 
corume  dans  1'experience  precedente,  pour  laisser  a 
de'couvert  le  voile  du  palais,  la  partie  posterieure  du 
crane  fut  enlevee  par  un  trait  de  scie;  le  nerf  facial  du 
cote  droitfut  ensuite  coupe  a  son  entree  dansle  conduit 
auditif  interne.  On  s'assura  que  la  section  avail  bien 
porte  sur  ce  nerf  par  la  perte  desmouvements  de  la  face 
du  me"  me  cote,  el  plus  tard  par  1'autopsie.  Le  nerf 
facial  gauche  fut  laisse  intact.  L'animal  ayant  et£  tu<^ 
par  la  section  de  la  moelle  epiniere  au-dessous  de 
1'origine  des  nerfs  craniens,  les  nerfs  pneumogaslrique, 
glosso-pharyngien,  grand  hypoglosse  et  lingual  furent 
mis  rapidenient  a  dtfcouverl  de  chaque  cote,  peu  apres 
leur  sortie  de  la  base  du  crane.  Alors  les  poles  d'une 
pile  furent  portes  sur  le  nerf  glosso-pharyngien  du  c6t6 
droit  (cote  oil  le  nerf  facial  etait  detruit) ;  des  mouve- 
menls  se  pioduisirent  dans  les  piliers  du  voile  du  palais 
de  ce  cote  et  dans  les  parties  voisines,  mais  le  voile  lui- 
meme  n'eprouvait  que  quelques  legers  mouvements 
produits  evidemmenl  par  le  tiraillement  des  parties 
environnantes.  Le  galvanisme  ayant  ete  ensuite  applique^ 
au  glosso-pharyngien  du  cote  gauche  (cote  ou  le  facial 
etait  intact),  les  mouvements  du  cote  correspondant  du 
voile  du  palais  furent  beaucoup  plus  forts  et  plus  eten- 
dus  que  ceux  qui  avaient  ete  produits  de  1'autre  c6te. 
Non-seu lenient  les  piliers  etaienl  agites,  mais  ie  voile 
lui-meme  offrait  des  mouvements  evidemmenl 


EXPERIENCES.  179 

pendants  du  tiraillement  des  parties  voisines  et  qui  se 
manifestaient  par  un  froncement  qui  remontait  tres 
haut  sur  la  moitie  chi  voile  du  palais  eorrespondante 
au  nerf  excite. 

Le  galvanisme  applique  aux  nerfs  pneurnogastrique, 
grand  hypoglosse  et  lingual,  de  cbaque  c6te.  ne  produisit 
aucun  mouvement  dans  le  voile  du  palais  ou  dans  ses 
piliers. 

La  premiere  experience  pronvo  que  le  nerf  glosso- 
pharyngien  n'est  pas  le  nerf  inotenr  du  voile  du  palais, 
maisqu'il  provoque  des  rnouvements  reflexes  par  Texci- 
tation  qu'il  transmet  au  centre  nerveux.  excitation  qui 
est  ramenee  aux  parlies  par  un  anire  nerf. 

La  seconde  experience  pr«>uve  que  les  mouvenients 
reflexes  du  voile  du  palais.  pn-Ydqiies  par  Texcitation 
du  glosso-pharyngien,  son!  en  inirtie  transmis  par  le 
nerf  facial,  les  in  ou  Yemenis  des  piliers  dece  voile  n'etant 
pasproduits  par  des  filets  appartenant  a  ce  nerf. 

Le  nerf  intermediaire  de  WrishcrLj:  nous  donne  encore 
le  nerf  petit  petreux  qui  se  rend  au  ganglion  otique,  et 
que  nous  avons  suppose  fournir  a  la  glande  parotide; 
enfin,  le  nerf  petreux  superieur  qui  va  au  ganglion 
spheno-palatin,  que  nous  avons  suppose  sedistribuer  aux 
glandules  de  la  membrane  muqueuse  du  nez.  II  nous  a 
semble.  en  effet,  que  sur  un  chien,  chez  lequel  nous 
avions  enleve  les  deux  ganglions  spheno-palatins,  il  y 
avail  eu  ensuite  par  le  nez  un  ecoulemenl  s^reux  ana- 
logue a  celui  du  coryza,  mais,  ainsi  que  nous  1'avons 
deja  dit,  nous  ne  sommes  pas,  pour  le  moment,  en  etat 
de  clonner  des  conclusions  positives  relativement  a  Tar- 


180  MOUVEMKXTS   T)E    L\    FACE. 

lion  de  ces  nerfs.  et  nous  renvoyons  leur  tMude  a  celle 
de  la  portion  cepbalique  du  grand  sympathique  auquel 
ils  appartiennent. 

En  attendant,  nous  resterons  dans  la  meme  incerti- 
tude relativement  aux  nerfs  qui  meuvent  les  muscles  des 
osselets  de  1'oui'e;  proviennent-ils  du  nerfintermediaire 
de  Wrisberg.  et  les  muscles  du  marteau  et  de  1'etrier 
sont-ils  an hues  par  ce  nerf  ? 

Ici,  messieurs,  se  termine  ce  que  nous  avions  a  dire  sur 
la  paire  nerveiise  de  la  face,  constitute,  d"al)ord,  par  un 
element  sensitif,  qui  estla  grosse  portion  do  la  cinquieme 
paire;  puis  par  un  element  moteur,  constitup  principa- 
lement  par  la  portion  extra-craniemic  du  nerf  facial  etla 
petite  portion  de  la  cinquieme  paire;  enfin.  par  un  ele- 
ment sympathique  que  representerait  la  portion  intra- 
cranienne  du  facial  on  le  nerf  intermecliaire  de  Wrisberg. 

Nous  avons  vu  que  la  section  de  I'tMement  sensitif 
amenait  ici  des  lesions  de  nutrition  tres  caracteristiques. 
A  la  face  nous  retrouvons,  entre  les  phenomemes  mo- 
teurs  et  sensitifs.  la  meme  independance  que  dans  les 
racines  rachidieilnes.  Toutefois,  nous  avons  signale,  a 
propos  des  racines  racbidiennes,  une  influence  tres  re- 
marquable  des  nerfs  de  sentiment  sur  les  nerfs  de  mou- 
vement ;  a  tel  point  que  les  mouvements  volontaires  ne 
semblaient  plus  s'executer  dans  un  membre  prive  com- 
pletement  de  sensibilite.  Nous  avons  du  nous  poser  la 
meme  question  relativement  a  1'influence  qu'exerce  la 
perte  de  sensibility  de  la  face  sur  les  mouvements  vo- 
lontaires de  cette  partie.  On  voit,  en  etfet,  qu'apres  la 
section  de  la  cinquieme  paire  et  la  perte  de  la  sensibility, 


EXPERIENCES.  181 

qui  en  est  la  consequence,  la  paupiere  reste  immobile 
et  n'est  le  siege  d'aucun  mouvement  volontaire.  La 
joue  parait  etre  de  merne ;  elle  est  comnie  flasque  et 
sans  mouvement. 

II  y  a  neanmoins  un  mouvement  de  la  face  qui  con- 
tinue toujours  apres  la  section  de  la  cinquieme  paire 
et  qui  a  contiuuellement  suffi  a  faire  penser  que  les 
mouvements  du  facial  etaient  inalteres  d'une  ma- 
niere  complete  a  la  suite  de  cette  section.  Ces  mouve- 
ments sont  ceux  des  narines  qui  persistent,  en  effet, 
d'une  maniere  tres  evidente  apres  la  section  de  la  cin- 
quieme paire.  Toutefois,  il  taut  remarquer  que  lorsque 
cette  cinquieme  paire  est  coupee,  le  facial  recoit  encore 
des  anastomoses  sensitives  d'autres  nerfs,  tels  que  du 
plexus  cervical  superficial,  unpeu  du  glosso-pharyngien 
et  particulierement  du  nerf  vague  qui,  ainsi  que  nous 
nous  en  sommes  assure  experimentalement,  fournit  dans 
1'aqueduc  de  Fallope  la  sensibility  au  tronc  du  facial. 

Nous  avons  voulu  voir  si  la  persistance  des  mouve- 
ments de  la  narine,  du  cote  ou  la  cinquieme  paire  avaitete 
coupee,  n'etait  pas  due  a  la  persistance  de  cette  anasto- 
mose; nous  avons,  par  consequent,  tente  sa  section  par 
un  procede  qui  consiste  a  inciser  verticalement  la  por- 
tion du  temporal  iniermediaire  a  1'aqueduc  de  Fallope 
et  au  Iron  dechire  posterieur,  incision  dont  la  direction 
coupe  transversalement  celle  du  filet  anastomotique. 

Quoique  apres  cette  section  il  n'y  eut  pas  abolition 
complete  de  ces  mouvements  respiratoires ,  neanmoins 
on  ne  peut  s'emp^cherde  reconnattre  qu'il  y  a  line  in- 
fluence evidente  exercee  par  la  section  de  cette  anas- 


182  MOUVEMKNTS    i)U    NEZ. 

I 

tornose  sur  les  mouveuieiits  rospiratoires  lies  Marines. 

Nous  avons  vu  e'galement,  qu'en  galvanisant  le  pneu- 
mogastrique  dans  le  crane  chez  le  chieu  et  chez  le 
cheval,  on  obtenait  clans  les  narines  et  dans  les  oreilles 
des  mouvements  tout  a  fait  caracteristiques,  qui  sem- 
blaicnt  se  trunsmettre  par  I'intermediaire  de  cette 
anastomose  qui  parattrait  ainsi  etre  mixte,  c'est-a-dire 
sensitive  et  motrice. 

On  pourrait  nienie  penser  qu'il  entre  clans  la  consti- 
tution de  cette  anastomose  des  filets  sympathiques,  car, 
dans  le  point  meine  d'ou  emane  ce  filet,  le  pneumogas- 
trique  forme  un  coude  pour  s'inflcchir  en  has  et  c'est  sur 
la  convexite  de  ce  coude  que  setrouve  un  ganglion  qu'on 
pourrait  appeler  ganglion  genicule  du  vague,  qui  donne 
naissance  an  filet  que  nous  examinons  en  ce  moment. 

Nous  allons  vous  faire  connaitm  les  experiences  cjue 
nous  avons  faites  sur  cette  singuliere  inlluence  du  pneu- 
mogastrique  sur  les  mouvements  de  la  uarine ;  plustard, 
nous  aurons  encore  occasion  de  revenir  sur  cette  anas- 
tomose au  sujet  du  pneumogastrique  : 

Exp.  —  Sur  un  lapin  de  forte  taille,  on  coupa  la  cin- 
quieme  paire  du  c6te  gauche.  Les  phenomenes  ordi- 
naires  survinrent  :  la  sensibilite  disparut  dans  tout  le 
c6te  correspondant  de  la  face. 

On  fit  alors  la  section  de  1'anastomose  du  vague  dans 
le  rocher.  Apres  cette  double  operation,  on  examina  la 
narine  gauche  de  Tanimal :  elle  paraissait  immobile 
.et  elargie;  du  cote  oppose,  la  mobilite  de  la  narine 
ptait  parfaite. 

Lorsqu'on  comprimaitlatracheede  ranimal,  les  mou- 


EXPERIENCES. 

vements  apparaissaient  Ires  forts  dans  les  deux  narines ; 
inais  la  narine  gauche  paraissail  se  dilater  uu  peu  diffe- 
remmenl,  el  surloul  aux  depensde  lademi-circonference 
inferieure. 

Le  lendemain,  Familial  elail  bien  portanl,  la  cornee 
n'etait  pas  encore  opaque,  mais  1'ceil  etait  chassieux  ,  la 
conjonclive  injeclee  el  la  pupille  forlemenl  contractee. 
L'animal  elail  dans  le  meme  elal  que  la  veille,  quant 
aux  niouveinenls  des  narines. 

On  enleva  alors  le  ganglion  cervical  superieur  du  cdte 
gauche  :  celte  operation  nouvelle  n'apporta  Hen  de 
parliculier  dans  les  mouvemeiits  de  la  narine  qui.  a 
peine  visibles  quand  ranimal  etait  Iranquille.  apparais- 
saient  Ires  evidenls  quand  on  genail  la  respiralion  en 
comprimanl  la  Irachee. 

II  y  avail  quelques  fremissements  musculaires  dans  la 
levre  du  cote  gauche,  fremissemenls  qui  seniblaient 
augmented  lorsqu'on  pincait  du  meme  c6te  nne  partie 
sensible,  1'oreille.  par  exemple. 

Le  surlendemain,  U  juin,  onobservales  inemes  phe- 
nomenes;  seulemenl  la  cornee  etail  plus  alleree  el  coin- 
mencait  a  se  ramollir.  II  y  avail  toujours  des  fremisse- 
menls musculaires  dans  la  levre  superieure  gauche;  ce 
jour  meme  ranimal  mourut. 

A  Faulopsie,  on  trouva  que  le  facial  etail  intact  dans 
toul  son  Irajel  dans  le  canal  spiroi'de.  L'anastomose 
enlre  le  facial  el  le  pneumogaslrique  paraissail  avoir 
ele  bien  coupee.  Les  poumons  etaient  gorges  de  sang.  11 
y  avail  un  peu  de  liquide  transparent  dans  le  pericarde. 
La  cinquieme  paire  avail  ele  bien  coupee. 


18/J  MOU YEMENI'S    Dl     NE/. 

Exp.  — Sur  un jeune  lapin,  on  fit  a  gauche  la  section 
de  Tanastomose  du  pneumogastrique  avec  le  facial; 
les  mouvemgnts  de  l;i  narine  du  cote  correspondant 
disparaissaient  quand  ranimal  etait  tranquille,  pour 
reparaltre  quand  ongenait  la  respiration  en  comprimant 
la  trachee. 

On  enleva  le  ganglion  cervical  superieur.  Ce  ganglion, 
pince  etlacere,  nedonnait  lieu  a  aucune  manifestation  de 
douleur;  il  y  cut  sculemcnt  indice  de  sensibilite  lurs- 
qu'on  1'extirpa.  Cette  operation  n'apporta  pas  de  mani- 
festation sensible  dans  les  mouvements  respiratoires. 
On  nota  du  cote  de  I'tri!  les  phenomeues  ordinaires. 
On  opera  ensuite  la  section  des branches  superficielles 
du  plexus  cervical  du   meme  cote;   celte  section  IK; 
nioditia  pas  les  mouvements  des  narines. 

Enfin,  on  opera  la  section  de  la  cinquieme  paire  du 
meme  c6te  et  on  produisit  un  epanchement  qui  amena 
la  mort  de  ranimal. 

Exp.  —  Sur  un  lapin  de  forte  taille,  on  fit  a  droite  la 
section  de  1'anastomose  du  pneumogastrique  et  du  fa- 
cial. A  la  suite  de  Toperation,  les  mouvements  de  la 
narine  furent  dummies  quand  ranimal  rtait  calme  et 
reprenaient  de  leur  energie  quand  la  respiration  de 
ranimal  etait  genee.  On  fit  ensuite  la  section  de  la  cin- 
quieme paire  du  cote  droit,  mais  le  facial  paraissait 
avoir  ete  blesse  en  m^me  temps,  et  non-seuleinent  les 
mouvements  de  la  narine  cesserent  tout  a  fait,  mais  aussi 
presque  completement  ceux  de  la  face  et  de  1'ceil. 

Le  22  juiu,  Irois  jours  apres,  ranimal  ne  mangeait 
plus  et  sa  respiration  paraissait  etre  devenue  difficile.  La 


EXPERIENCES.  185 

cornee  etait  tres  alteree  et  formait  une  espece  de  cham- 
pignon considerable,  blanchatre.  II  y  avail,  sans  qu'on 
sut  pourquoi,  un  oedeme  considerable  de  1'oreille  gauche ; 
cette  oreille  avail  perdu  sa  sensibilite .  tandis  que 
1'oreille  droite,  qui  nY-tait  pas  cedeniatiee,  avait  con- 
serve la  sienne. 

On  fit  alors  la  section  de  la  cinquieme  paire  a  gau- 
che ;  lesmouvements  de  la  narine  n'etaient  pas  sensible- 
inent  modifies.  On  essaya  ensuite  de  faire  la  section  du 
pneumogastrique  dans  le  crane  et  1'animal  mourut. 

A  1'autopsie,  on  trouva  que  la  cinquieme  paire  avait 
etc  bien  coupee  des  deux  c6les;  le  facial  etait  broye  et 
contus  a  droite,  tandis  qu'il  etait  parfaiteiucnt  intact  a 
gauche. 

Exp.  —  Sur  un  gros  lapin.  on  fit  ['ablation  du  gan- 
glion cervical  superieur  du  cote  gauche.  L'extirpatiou  de 
ce  ganglion  ne  detennina  aucune  manifestation  de 
douleur. 

Aussitot  up  res  roperation,  on  constata  du  cote  de 
Toeil  les  phenomenesordinaires. 

On  fit  ensuite  I'ablation  du  ganglion  cervical  infe- 
rieur.  L'extirpation  et  le  tirailloment  de  ce  ganglion 
donnerent  des  signes  de  douleur  tres  evidents. 

Apres  cette  double  operation,  l'o?il  gauche,  dont  la 
pupille  etait  contractee,  paraissait  larmoyant  et  plus 
humidequecelui  ducote  oppose.  On  examina  avec  soin 
si  le  mouvement  dc  la  narine  avait  subi  quelque  modi- 
fication ;  il  etait  tresdifficilede  s'en  rendre  compte. 

Le  lendemain,  3  juillet,  1'animal  paraissait  triste.  On 
constata  que  rouverture  pupillaire  et  1'ouverture  palpe- 


18G  MOUVKMEMTS    1>U    NEZ. 

brale  gauche  etaient  plus  petites  qua  celles  du  cote  op- 
pose ;  la  narine  paraissait  peut-etre  un  pen  moins 
dilatable  a  gauche. 

On  coupa  alors  la  cinquienie  paire  du  c6te  gauche: 
1' animal  mourut  pendant  Tpperati  on ;  et  on  observace 
fait  singulier  que  les  rnouvements  do  la  face  et  de  la 
narine  cxistaient  encore  du  cote  gauche  lorsqu'ils  avaient 
cesse  completeinent  du  cote  droit,  1'auimal  etant  inou- 
rant. 

A  I'autopsie,  on  trouva  un  pen  de  serosite  dans  le 
pericarde.  Le  lobe  supe'rieur  du  poiunon  gauche  etait 
altere,  comme  infiltre  de  sang  et  son  tissu  allait  au  fond 
del'eau.  Lepoumon  droit  n'elail pas alteresensiblemeut. 

Exp.  -Sur  uii  jeune  lapin,  on  fit  ;i  droite  1'ablation 
du  ganglion  cervical  superieur.  II  n'y  eut  pas  dedouleur 
manifested  quand  on  pincale  ganglion  ;  il  yeut  unelegere 
douleur  lorsqu'ou  1'arracha.  II  se  produisit  line  hemor- 
ragie  arterielle  abondante  au  moment  de  1'avulsion  du 
ganglion;  1'h^morrhagie  s'arreta  bientot  et  1'aninial 
revint  a  lui.  quoique  affaibli  par  I'hemorrhagie. 

Examine  aussitdt apres  1'operation,  ce  lapin  presentait 
une  diminution  notable  del'ouverturepalpebrale  droite ; 
la  paupiere  inferieure  seniblait  evideminentrelevee;  la 
pupil  le  etait  retrecie  et  deformee  :  elle  presentait  son 
pi  us  grand  diametre  dans  le  sens  vertical,  comme  celle  des 
chats.  II  y  avait  une  diminution  semblable dans  1'inten- 
sitt3  des  mouvements  respiratoires  delanarine  droite ;  ces 
mouvements  revenaient  quand  la  respiration  etait  genee, 
maisla  narine  droite  paraissait  tout  a  fait  moins  dilatable 
du  c6te  oppose.  Une  heure  apres  I'operation,  les  memes 


EXPERIENCES.  187 

phenomenes  existaient;  Tceil  droit  paraissait  etre  un 
peu  plus  humide  que  le  gauche ;  les  mouvements  de  la 
narine  elaient  faibles :  elle  elail  le  siege  d'un  fremisse- 
ment. 

Cinq  heures  apres  1'ablation  du  ganglion  cervical 
superieur,  on  coupa  la  cinquieme  paire  du  merne  c6te 
a  droite.  Au  moment  de  1'operation,  1'animal  elanl 
agile",  il  y  avail  des  mouvements  respiraloires  violents 
dans  les  deux  narines ;  mais,  peu  a  peu,  1'animal  redeve- 
uant  calnie,  ces  mouvements  respiraloires  cessaient 
d'etre  apparenls  dans  la  narine  droite.  Au  moment  de  la 
section  de  la  cinquieme  paire,  la  pupille  droite  etait 
excessivement  contracted,  etl'oeildeviiit  saillanl  comme 
a  1'ordinaire.  II  y  eut  insensibilite  complete  de  loute  la 
face  a  droite. 

Une  heure  apres  la  section  de  la  cinquieme  paire,  la 
pupille  droite  avail  repris  la  forme  elliplique  verlicale 
qu'elle  avail  avail t  la  seclion  de  la  cinquieme  paire  et 
apres  1'ablation  du  ganglion  cervical  superieur.  Le  globe 
oculaire  droit  paraissait  mou  el  flasque;  les  mouvements 
respiratoires  elaient  a  peu  pres  mils  a  droite,  dans  les  in- 
spirations ordinaires,  elnese  manifestaienl  evidemmenl 
que  dans  les  inspirations  forn'rs. 

Lelendemain.  8  juillet,  1'animal  elail  a  peu  pres  dans 
le  meme  elal.  Les  deux  pupilles  semblaient  presque 
egaleinenl  dilalees.  Les  mouvements  dela  narine  droite 
etaienl  faibles  dans  les  inspirations  ordinaires,  plus  pro- 
nonces  dans  les  fortes  inspirations;  les  traits  etaient  lires 
a  gauche.  L'oiil  droiletailchassieuxelplus  humide  que 
dans  les  sections  ordinaires  de  la  cinquieme  paire;  la 


188  MOUVEMENTS    DU    NEZ. 

cornee  etait  peu  alteree ,  seulement  il  y  avait  vers  le 
centre  un  faible  commencement  d'opacite. 

On  fit  chez  ce  lapin  1' ablation  bien  complete  du 
ganglion  cervical  inferieur.  Quand  on  y  toucha,  I'aui- 
mal  donna  des  signes  evidents  de  douleur. 

Apres  cette  operation,  les  mouvements  respiratoires 
qui  se  manifestaienf  dans  les  deux  narines  e"taient  un 
peu  acceleres. 

Alorson  fit  la  ligature  de  la  trachee,  a  laquelle  on  pra- 
tiqua  une  ouverture  au-dessous  de  cette  ligature.  A  ce 
moment,  les  respirations  furent  accelere'es  et  a  peu  pres 
aussi  fortes  a  droite  qu'a  gauche;  mais  peu  a  peu  le 
calme  se  retablit  et  les  mouvements  de  la  narine  droite 
redevinrent  beaucoup  plus  faibles  que  ceux  de  la 
narine  gauche. 

On  observa  alors  ce  fait  singulier  :  si,  1'animal  etant 
calme,  on  venait  a  eomprimer  le  cou  au-dessus  du  point 
ou  la  trachee  etait  ouverte,  les  mouvements  des  narines  et 
ceuxdu  thorax  se  suspendaiejat  comme  si  1'animal  etouf- 
fait,  puis  ils  reprenaient  avec  une  graiide  rapid  ite,  comme 
chez  un  animal  qui  n'aurait  pas  eu  d'ouverture  a  la 
trachee.  L'oail  droit,  parfaitement  insensible,  n'etait  ni 
opaque  ni  sec;  en  Texposant  au  soleil,  ^1  se  fermait 
presque  completement. 

On  fit  alore  la  section  du  pneumogastrique  a  gau- 
che, ce  qui  n'amena  aucun  changement  clans  les  mou- 
vements de  la  narine.  On  tua  ensuite  1'animal  par 
hemorrhagie  en  ouvrant  la  carotide  gauche.  Au  moment 
de  la  mort,  ranimal  fit  avec  les  narines  des  mouve- 
ments inspirateurs  tres  forts,  bien  que  la  trachee  fut  liee 


l-APKRIKNCES.  ISO 

et  ouverte  nu-dessous  tie  la  ligature,  de  tellc  sorte  que 
rair  ne  pouvait  pas  passer  a  t ravers  ies  narines.  De  la 
il  resulte  cvideimner.t  que  Ies  mouvements  respiratoires 
semblent  etre  sous  la  depeudance  de  nerfs  dont  1'exci- 
tation  motrico  n'a  pas  son  origine  danslanarine  me"  me. 
On  a,  en  outre,  observe  chez  cc  lapin  que  1'alteration  de 
la  cinquieme paire  paraissait  plus lente  apres  I'ablation  du 
ganglion  cervical  superieur  et  que  la  cornee,  humide, 
restait  plus  transparente.  Lorsqu'on  exposait  1'oeil  au 
soleil,  il  clignait  plus  Ibrtement;  son  ceil  paraissait 
plus  sensible  a  rintluence  de  la  luniiere  apres  1'ablatiou 
du  ganglion. 

Exp.  —  Sur  un  jeune  lapin,  on  fit  d'abord  I'ablation 
des  deux  ganglions  cervicaux  iniV'rieurs.  On  observa  un 
retrecissement  notable  des  pupilles,  qui  devint  encore 
plus  prononce  a  gauche,  apres  I'ablation  du  ganglion 
cervical  superieur  gauche,  et  qui  donna  a  Touverture  la 
forme  allongee  verlicalement. 

Aussitot  apres  roperation,  Ies  mouvements  inspira- 
toires  furent  difficilesetlents;  Ies  deux  yeux  paraissaicnt 
pluspetits,  la  paupiere  inferieure  etait  releveeet  le  globe 
oculaire  comme  enfonce;  Ies  deux  pupilles  etaient  con- 
tractees,  mais  elles  pouvaient  encore  se  resserrer  sous 
I'influence  de  la  lumiere  solaire;  Ies  mouvements  res- 
piratoires etaient  lents  dans  Ies  narines  et  dans  le  thorax. 

Le  ill  juillet,  Tanimalu'etait  pas  encore  rnort,  mais  il 
etait  triste.  Les  mouvements  respiratoires  des  narines, 
tres  lents,  etaient  genes;  ils  etaient  plus  forts  a  droite 
qu'a  gauche.  Les  deux  yeux  etaient  a  demi  ferni(3S  et 
pen  saillants. 


190  MOUVEMENTS    1W    NEZ. 

On  fit  alors  la  section  de  la  cinquieme  paire. 

Au  moment  meme  de  1'ope ration,  il  y  cut  une  agita- 
tion extreme  dans  la  face ;  il  y  eut  meme  des  mouve- 
inents  de  clignotement  repetes  dans  la  paupiere  gauche. 
De  ce  cote,  la  pupille  etait  beaucoup  plus  retrecie  que 
du  c6te  oppose,  et  elle  etait  arrondie  comme  dans  les 
cas  de  section  de  la  cinquieme  paire.  Les  globes  ocu- 
laires  par u rent  plus  petits,  comme  s'il  y  avait  eu  eva- 
poration des  milieux  de  l'ceil. 

L'animal  inourut  des  suites  immediates  de  1'opera- 
tion. 

Exp.  —  On  fit  la  section  de  1'anastomose  du  facial 
et  du  pneumogastrique  des  deux  cotes,  sur  un  lapin. 

Apres  cette  double  operation,  il  y  eut,  comme  a  Tor-- 
dinaire,  diminution  dans  les  mouvements  respiratoires 
de  la  narine  quand  I'auimal  etait  calme;  mais  ces  mou- 
venients  differaient  peu  de  ce  qu'ils  etaient  a  1'etat  nor- 
mal ,  lorsqif il  etait  excite  et  que  sa  respiration  etait 
acceleree.  L'animal  portait  bas  les  deux  oreilles. 

Le  20  juillet,  il  etait  dans  le  meme  etat.  II  y  avait 
une  petite  diminution,  une  modification  legere  des  mou- 
vements respiratoires  des  narines  mais  non  abolition. 

Alors,  sur  ce  lapin.  on  fit  la  section  de  la  cin- 
quieme paire  u  gauche.  Au  moment  de  reparation, 
I'excitation  causee  par  la  douleur  determina  des  mou- 
vements dans  les  narines,  qui  parurent  moins  forts  du 
cote  gauche.  Bieniot  ranimal  toniba  dans  un  coma 
du  a  une  hemorrhagie  acciclentelle  produite  par  1'ope- 
ration  ,  et ,  dans  cet  etat,  il  ve'cut  encore  cinquante- 
deux  minutes,  sans  uonner  aucun  mouvement  des 


EXPERIENCES.  191 

narines.  Settlement,  lorsqu'on  lui  serrait  la  trachee,  que 
la  respiration  se  trouvait  genee,  il  apparaissait  des  mou- 
vements  tie  dilatation  dans  les  narines,  peut-etre  un  peu 
plus  faibles  a  gauche.  Quand  on  coupa  la  peau,  1'ani- 
mal  poussa  des  cris  et  les  mouvements  respiratbires 
augmenterent.  On  decouvrit  1'artere  carotide  droite  qui 
contenaitdu  sang  rutilant.  malgre  la  lenteur  dela  respi- 
ration. On  detruisit  alorsle  nerf  pneumogastrique  droit, 
qui  etait  tres  sensible  a  la  partie  snpe  rieure  du  cou,et  on 
observa  ce  fait  singulier,  que  la  narine  droite.  qui  etait 
fermee  et  sans  motivement  pendant lerepos,  resta,  apres 
la  section  du  nerf.  ouverte,  dilatee,  et  n'etait  le  siege 
d'aucun  mouvenient.  excepte  dans  les  respirations  for- 
ce" PS.  On  coupa  le  pneumogastrique  a  gauche,  et  Ton 
observa  le  me'me  ph^nomene  de  dilatation  de  la  narine, 
inais  moins  fort  que  du  c6te  droit.  Vingt  minutes  apres  la 
section  des  pneumogastriques,  le  sang  etait  toujours 
rouge  dans  les  deux  arteres  carotides. 

On  ope'ra  alors  la  section  de  la  deuxierne  paire  cervi- 
cale  et  1' extirpation  du  ganglion  cervical  superieur  a 
gauche;  mais  1'artere  carotide  ayant  etc  dechiree  en 
arrachantle  ganglion,  il  en  resulta  une  hemorrhagie  qui 
fit  perir  i'animal.  Pendant  qu'il  inourut,  le  lapin  iaisait 
des  mouvemeiits  respiratoirestres  violents  avec  la  narine 
droite,  tandis  que  du  c6te  gauche  la  narine  etait  com- 
pletement  immobile,  ainsi  que  le  reste  de  la  face.  Cette 
absence  de  mouvements  pouvaitteuir  a  la  destruction  de 
Fartere  de  ce  cote.  A  I'autopsie,  on  trouva  que  la  cin- 
quieme  paire  gauche  avait  ete  bieu  coupee,  et  que  le  fa- 
cial de  ce  c6te  etait  intact;  1'anastomose  du  facial  et  du 


192  MOUVF.MENTS    Di;    KE/. 

pneumogastrique  avait  ete  contusionne'e  sans  etre  entie- 
rement  coupee  ;  a  clroite,  cette  anastomose  paraissait  a 
pen  pres  entierement  menagee. 

Exp.  —  Stir  un  lapin,  j'ai  coupe  du  cote  gauche  la 
cinquiemepaire  dans  le  crane,  et,  du  cote  droit,  le  facial 
a  sa  sortie  du  trou  mastoidien.  II  y  eut  insensibiiite,  qui 
survint  aussitdt  avec  les  phenomenes  ordinal  res  de  la 
section  de  la  cinquieme  pal  re  du  cote  gauche,  tnndis 
qu'a  la  droite,  il  y  eut  immobility  des  traits :  quaud 
on  touchait  Fceil  gauche,  il  ne  clignait  pas,  parce  qu'il 
etait  insensible,  et  le  globe  oculaire  ne  se  mouvait  pas. 

Quand  on  louchait  la  cornee  droite,  Fanimal  le  sentait 
tres  bien,  faisait  des  mouvements  avecle  globe  oculaire  et 
sa  troisieme  paupiere,  mais  ne  pouvalt  pas  cligner  avec 
ses  paupieres  qui  etaient  inimobiles  et  ouvertes.  II  est  a 
remarquer  que  I'attouchement  de  Fceil  droit  sensible 
ne  determinait  pas  de  clignement  du  cote  gauche  insen- 
sible. 

Le  lendemain,  viugt-quatre  heures  apres  Foperation, 
1'oeil  gauche  presentait  sa  cornee  blanchatre,  depolie, 
terne;  la  pupille  elait  retrecie  et  1'iris  comme  fletri  et 
bombeen  avant.  Du  cote  droit.  au  contraire,  1'ceil  qui 
etait  egalement  reste  expose  a  Fair  presentait  une  cornee 
transparente,  luisante,  sansaucune  alteration. 

Lorsqu'on  fit  mouvoir  la  tete  de  F animal,  les  globes 
oculaires  paraissaient  se  mouvoir  egalement  a  droite  et 
a  gauche. 

Lorsqu'il  mangeait ,  la  machoire  inferieure  etait 
entrainee  du  cote  droit,  de  sorte  qu'il  en  resulta  un  de- 
faut  de  parallelisme  entre  les  dents  incisives.  Lorsque 


EXPERIENCES.  '193 

rai)iinahuangeadcravoine,illabroyaitencoreassezbieii; 
mais  les  fragments  restaient  eutre  les  dents  et  les  joues. 

Du  cote  gauche,  ou  il  y  avail  insensibilite,  a  cause  de 
la  section  de  la  cinquieme  paire,  les  aliments  s'accumu- 
laient  en  plus  graude  quantite  et  faisaient  une  petite 
tumeur  sous  la  joue,  tanclis  quo  du  cote  droit,  ou  la 
sensibilite  existait,  1'animal  essayail  constammeut,  avec 
sa  langue,  de  retirer  les  aliments  qui  s'accumulaient  en 
plus  petite  quantite  eutre  les  dents  et  la  joue. 

En  operant  la  section  du  nerf  facial,  on  avail  blesse  la 
glande  parotide  et  ilen  etait  resulte  une  listule  salivaire 
qui  laissait  e'couler  de  la  salive  lors  de  la  mastication 

l\  mars.  —  11  etait  survenu  depuis  la  veille  uu  pheno 
mene  singulier  du  cote  des  narines. 

Au  moment  de  1' operation,  la  narine  droite  etait 
complelement  immobile,  et  la  narine  gauche  se  dilalait 
tres  bien.  Aujourd'hui,  la  narine  gauche  offre  a  peine 
quelques  le'gers  mouvements  dans  le  lobe  du  nez  au  mo- 
ment de  1'expiration;  on  ify  remarque  pas  de  mouve- 
ment  de  dilatation  au  moment  de  1' inspiration. 

Le  5  mars,  Tanimal  est  toujours  vivant .;  il  mange  bien, 
et  les  aliments  restent  accumules  eutre  les  arcades  den- 
taires  et  les  joues,  surtout  du  cote  gauche.  Les  narines 
sont  toujours  immobiles.  La  cornee  du  cote  gauche  est 
blanche  en  totalite  et  commence  a  seramollir.  La  cornee 
du  cote  droit  est  parfaitement  limpide  et  transparente ; 
1'animal  mange  tres  bien ,  seulement  en  usant  d'un 
artilice  particulier :  lorsqu'il  prend  mi  grain  d'avoine 
avec  les  dents,  il  le  laisse  d'abord  echapper,  parce 
que  la  moitie  sensible  de  ses  levres  etant  immobile  ne 

B. ,  SYST.  NERV.  —  n.  13 


19/1  MOITVEMENT    DE    LA    NARINE . 

pent  retenir  1'aliment  dans  la  bouche,  tandis  qu'a  gauche 
les  levres  mobiles  etant  insensibles  ne  le  sentent  pas  H 
rie  le  retiennent  pas  non  plus.  C'estalors  que  r  animal, 
apres  avoir  saisi  le  grain  entrn  les  dents ,  levail  la  tete 
pour  le  faire  tomber  en  arriere  sous  les  dents  molaires. 

Le  0  mars,  le  lapin  parait  malade,  la  cornee  est  Ires 
alteree  et  seche;  il  y  a  un  ecoulement  sereux  par  la 
narine  du  cote  de  la  section  de  la  cinquieme  paire ;  les 
narines  sont  ton  jours  immobiles;  1'animal  meurt  pen- 
dant la  journee.  L'autopsie  niontre  que  la  cinquinn^ 
paire  a  bien  etc  coupee  a  gauche  sans  que  le  facial  ail 
ete  lese  de  cecote;  seuleinent,  ['instrument  a  penetre 
profondement et  les  nerfs  pe'treux  out  duetre  interesses. 

L'estomac  contenait  pen  d'aliments  parce  (pie.  bien 
que  Faninial  niangeat  toujours.  il  ne  niachait  que  tori 
inconq)letenient. 

Exp. —  (5mars.)Surun  lapin, on  con  pa  d'abord  du 
c6tecln)it  le  nerf  facial  dans  la  caisse,  an  niveau  de  la 
trosieme  portion.  L'aninialn'eprouvapasdedouleur;seu- 
leineni,  lorsqu'on  appuyait  sur  le  facial,  il  y  avail  des 
inouveinents  convulsifs  dans  la  face.  AussitiM  apres  la 
section  du  nerf  facial,  il  y  eut  immobility  des  traits  qui 
ftaient  aplatis  et  tire's  en  arriere;  cepbenomene.  qui  est 
I' in  verse  de  ce  qui  a  lieu  chez  rhomnie.  in'a  semble 
nepas  se  presenter  lorsqu'on  coupe  lesraineaux  du  facial 
sur  lajoue.  II  n'y  avaitancun  changement  du  cote  de  la 
pupille  droite. 

On  coupaaussitotla  cinquieme  paire  du  cole  gauche; 
il  y  eut  en  meme  temps  saillie  de  1'oeil,  constriction  ener- 
gique  de  la  pupille  avec  apparence  terne  et  fletrie  de  1'iris. 


EXPERIENCES.  195 

msensibilite  de  toutce  cdte  de  la  face,  etc.  Apres  cette 
double  operation,  on  constata  que  les  traits  etaient  de- 
vies  a  droite ;  la  levre  gauche  etait  abaissee  et  porte'e  en 
avanl.  tandis  que  la  levre  droite  etait  relevee,  aplatie  et 
porte'e  en  arriere.  On  constata  avec  soin  que  la  narinc 
droite  etait  immobile,  tandis  que  la  narine  gauche  SP 
niouvail  et  se  dilatait  parfaitement  bien. 

Le  lendeniain,  6  mars,  lelapinse  portaitbien  ;  la  con- 
jonctive  oculaire  etait  injectee  eu  haut  et  en  has;  la 
eorne'e  transparente  etait  devenue  blanche,  opaque,  du 
centre  a  la  cif conference.  L'iris  etait  bombe  en  dehors. 
plisse,  d'une  couleur  rougeatre  t'oncee.  ce  ((ui  u'avait 
pas  lieu  du  c6te  oppose. 

Quand  on  i'aisait  mouvoir  la  tete  de  I'auiinal.  on  re- 
connaissait  que  le  globe  oculaire  se  mouvait  des  deux 
rotes ;  la  pupille  gauche  paraissait  encore  jouir d'une  cei'- 
taiueiuol)ilite.  La  narine  gauche  se  dilatait  parfaitement 
hien  et  n'etait  pas  le  siege  d'un  ecoulement. 

Le  7  mars,  les  meiues  phenoinenes  persistaienl  :  la 
conn-e  gauche  devenait  de  plus  en  plus  opaque;  TOM! 
flait  lannovant  et  huniide  :  du  cote  droit  il  etait  sain. 

V 

Les  niouvements  tie  la  narine  gauche  etaient  toujours 
part'aitement  intacts. 

8  mars.  —  Menies  phenoinenes,  seulement  plus  pro- 
nonces;  la  cornee  etait  opaque,  sans  ulceration  ;  la  con- 
jonctive,  t'ortement  injectee,  surtout  en  haut  et  en  has. 
oiTrait  des  ramifications  vasculaires  qui  circonscrivaient 
la  cornee  a  son  union  avec  la  sclerotique.  L'oeil  gauche 
etait  moins  humide  que  la  veille ;  1'animal  etait  devenu 
languissant ;  la  narine  se  mouvait  ton, jours.  L'animal 


19()  MOUYEMliM    DE    LA    XAR1NE. 

avail  toujours  pre'sente,  depuis  le  commencement  de 
Inexperience,  Toreille  haute  du  cote  oil  la  cinquieme 
paire  avait  ete  coupee,  et  basse  du  cote  oppose  oil  1'ou 
avail  fait  la  section  du  facial. 

Le  globe  oculaire  etait  reste  mobile  a  gauche,  quand 
on  provoquait  des  mouvemenls  de  latete. 

Sur  ce  lapin,  on  coupa  alors  la  cinquieme  paire  du 
c6te  droit  oil  le  facial  avait  e'te  divise  precedemment. 
De  sorte  que  le  lapin  of  frail :  section  de  la  cinquieme 
paire  des  deux  cotes,  et  section  du  facial  a  droite. 

Aussitot  apres  celle  operation ,  le  lapin  presentait 
les  phenomeiics  suivants : 

l.,a  l)ouche  rlail  ouverlc,  et  la  machoire  inlerieure 
pendante.  Quand  on  placait  le  doigl  entre  les  dents,  le 
lapin  ue  leserrait  pas.  Quand  Tanimal  etait  dans  lela- 
boraloire,  il  se  sauvail  en  evitant  les  obstacles  et  sans 
parailre  aveugle,  quoique  la  cornee  fut  opaque  a  gauche 
el  la  pupille  forlemenl  contraclee  a  droite,  par  suite  de 
la  section  de  la  cinquieme  paire.  La  narine  droite  se 
inouvait  loujours  dans  les  mouvements  respiratoires. 

Trois  heures  apres  1'operation.  on  revit  1'animal  qui 
presentait  les  memes  phe'nomenes.  Le  lapin  fut  sacrifie, 
el  1'autopsie  montra  que  les  deux  cinquiemes  paires 
etaient  bien  coupees  ainsi  que  le  facial. 

On  n'a  pas  verifie,  pour  les  nerfs  pe'lreux,  atin  de 
savoir  si  la  persistance  du  mouvement  de  la  narine  gauche 
ne  tenait  pas  a  ce  queces  nerfs  avaient  ele  menages,  ou 
plutot  a  rintegrite  du  filet  provenant  du  rameau  de 
Jacobson  qui,  emanant  du  glosso-pharyngien ,  vient 
s'anaslomoser  avec  le  nerf  pe'lreux. 


EXPERIENCES,  197 

Exp.  —  Sur  un  jeune  lapin,  on  eoupa  a  gauche  le 
facial  dans  la  caisse  clu  tympan  et  on  observa  les  pheno- 
menes  ordinaires  de  cette  section  :  absence  de  dilatation 
de  la  narine,  impossibility  d'occlnsion  dn  globe  ocu- 
laire,  etc.  Alors  je  fis  a  droite  la  section  de  I'anastomose 
du  pneumogastrique  avec  le  facial,  par  un  precede  qui 
consiste  a  divisor  verticalenient  laparoi  posterieurede  la 
caisse  du  tympan  cntrele  facial  ct  le  pneumogastrique. 

Aussit6t  apres  la  section,  les mouvements  de  1'aile  du 
nez  de  ce  c6te  cesserent.  La  narine  se  dilatait  encore : 
mais  cette  dilatation  avail  lieu  seulement  par  1'abaisse- 
mentde  la  demi-circonference  inferieure  de  la  narine 
qui  etait  constitute  par  la  levre.  11  if  y  avait  plus  de  mou- 
venient  appartenant  an  lobe  du  nez ;  et  cela  se  voyait 
d'autant  mieux  que,  le  facial  ayant  etc  coupe  de  1'auliv 
cote,  le  nez  n'etait  pas  entraine.  De  sorte  qu'on  pouvait 
mieux  juger  de  rinfluence  de  cette  anastomose  sur  le 
mouvement  de  la  narine. 

On  coupa  ensuite,  sur  lememe lapin,  successivemenl 
la  ciiKuiieme  paire  du  cote  droit  et  le  plexus  cervical 
superficiel,  de  maniere  a  rendre  la  face  completemenl 
insensible ;  on  enleva  enfin  le  ganglion  cervical  suptM-ifiir 
du  cote  droit,  et  on  divisa  I'anastomose  du  pneuinogas- 
trique  et  de  Fbypoglosse.  Apres  tontes  ces  operations,  il 
ivy  avait  rien  en  depreciable  dans  les  monvements 
de  la  narine  qui  etaient  peut-etre  un  pen  plus  atl'aiblis. 
mais  ivavaient  pas  change  de  caractere. 

11  aurait  fallu,  pour  que  1'experience  fut  complete, 
couper  la  cinquieme  paire  dn  cote  oppose, parce  qiu-, 
ainsi  que  nous  le  veri'ons  dans  iVautres  circonstanees, 


198  MOUVEMENTS    DBS    NARINES 

rinllnence  de  la  sensibilite  de  la  oinquieine  paire  non 
divisee  pouvait  parfaitement  avoir  une  action  sur  les 
nionvenienis  rdloxes  <hi  cote  oppose.  (Vest  aiusi  que 
cola  a  lieu,  pour  1' influence  do  la  cinquidne  paire.  sm 
los  g'landes  salivaires;  {tour  le  nerf  oplii|iic.  sur  les 
mouvements  de  la  pupille,  dr..  dc. 

L'animal  uiourut  ptMulaiif  ia  unit  d  on  tiouva  1111 
d-dcinc  considerable  du  lissn  cdlulaire  du  con  d  do  la 
TiK-c.  particulierement du  ciMcdroit.  II  n'y  avail  pas  d'r- 
panchemeni  dans  la  plovi-c.  Lc  pericarde  £tait  disiondn 
par  de  la  serosite"  liinpide. 

Kn  exaininant  les  uerts,  on  tronva  que  L'anastomose 
dn  pneumogastrique  et.  dn  facial  (;tait  completemcnl 
i-dupco;  qne  le  tronc  dn  facial  n'avait  pas  etc  ai- 
teint.  ainsi  quo  lo  pronvaienl :  d'aillours  les  phenonienes 
observes  chez  1  "animal  vivant,  pnisque  la  panpiere  con- 
tinuait  luujoui's  a  pouvoir  se  fermer  compl^temeni. 

Quant  a  lacimjnieine  paire.  .scs  deux  branches  sujtc- 
rieuros  ophthalmique  d  maxillairesuperieure)  avaieni 
de  completement  conpees  d  la  hranclie  maxillairo  in- 
I'i'i'ieuiv  ne  IVtail  que  Ires  tncompletement ;  la  portion 
(inn  nail  la  branche  auriculo-tempoVale ,  qni  s'anaslo- 
moso  avec  le  facial,  dait  completement  intacte. 

En  n'sumo,  cette  experience  so m bio  proaver  que 
1' anastomose  du  pneumogastrique  possede  uno  intliionoe 
roello  sur  les  mouvements  des  narinos.  (le  serait  la  uno 
influence  par  action  roflexe.  en  adinettant  quo  ooito 
branche  donnat  au\  narines  une  seusibilitt'1  ^pi'-oialc  oil 
rapport  avec  les  besoins  do  la  respiration. 


NRUVIEHE 


SOMM/UUE  :  DCS  nerfs  accessoires  aux  organes  des  sens.  •  -  Organr 
de  la  VHP.  —  Nerf  pailitMiqne.  —  Norf  moteur  onilaire  extern<\  — 
Nerf  moteur  ocnlaire  roninuin.  --  Sa  disirihmion  ;  ses  fonctions.  — 
Des  mouvements  de  la  pupille.  —  Arrachenient  de  la  troisieme  paire. 
—  Experiences.  --  De  I'infltienco  de  cenerf  sur  la  pnpille.  —  Sur  les 
inoiivemenls  de  la  Iroisieme  panpiere.  --  De  r.olfaclion.  --  Exp«'-- 
riencos  oi  opinion  de  Magendie.  —  Observalions  d'absence  dc  nerfs 
ollaclHs.  —  Celte  lesion  n'avait  pas  ete  diagnostiqnee  pendant  la  vie. 
_  Gustation.  -  -  N'esi  pas  sons  rinflnence  exclusive  de  la  cin- 
([iiieine  pain-.  -  -  DPS  norfs  glosso-pharynglen  et  grand  hypoglosse. 
_  f,e  nerf  grand  hypoglosse  lieni  sa  sensibilitt5  recurrente  de  la  cin- 
quiemo  pairo.  --  De  1'otiH'  <•!  (In  nfrf  annHi<|iie. 

MESSIEURS, 

Le  lapiii  sur  lequt'l  IKUIS  avions  coupe  la  cinquieme 
paire  estmort  hiei1.  Aucune  precaution  n'avail  ete  prise 
pour  suppleer  au  vice  tie  la  mastication  devenue  in- 
suifisante  :  sans  cela,  il  eut  peut-^tiv  vt'cn  plus  long- 
temps.  Void  sa  tete  :  la  calotte  tin  crane  a  ete  en- 
leve>,  .  puis  les  hemispheres  cerebraux,  et  Ton  peut 
voir  t[ue  la  cinquieme  paire  a  ete  conpee,  ([ue  la 
section  a  ete  bien  complete.  En  avant  de  la  section,  nous 
trouvons  un  pen  de  tumefaction;  nousexaminerons  cette 
petite  tumeur  a\7ec  soin  pour  voir  s'il  est  possible  de 
Texpliquer  parqnelque  mecanisme  connn. 

Yous  voyez  aussi  1'alteralion  de  ro?ih  La  cornee 
ue  tonne  plusqu'une  large  cronte  U'un  blunc  jannatre. 


200  ORGANE    BE    LA    VISION. 

Nous  aliens  1'ouvrir  et  voir  en  quel  etat  soiit  les  milieux 
de  1'ceil  qui  sont  les  derniers  a  s'alterer.  Ici  I'humeur 
vitre'e  et  le  cristallin  n'ont  pas  perdu  leur  transpa- 
rence; 1" alteration,  qui  de  1'iris  s'etend  d'ordinaire  an 
cristallin,  n'a  pas  encore  envahi  celui-ci.  Si  done  cet 
ceil  etait  perdu  pour  la  vision,  cela  tenait  uniquement  a 
1'alteration  de  la  cornee  qui  formait  un  ecran  opaque 
aii-devant  des  milieux  restes  suffisainment  sains  pour 
permettre  aux  impressions  Inmineuses  d'etre  pereues 
par  la  retine.  Yens  pouvez  en  outre  constater  sur  cette 
piece  1'obliquite  des  dents  qui  ne  sont  plus  en  rapport, 
ainsi  que  le  developpement  exagere  des  deux  incisives  qui 
out  cesse  d'etre  usees  contre  les  dents  correspondantes. 
Cette  derniere  modification  anatomique  est  surtout 
frappante  lorsqu'on  la  compare  a  la  disposition  normale 
que  presente  cette  autre  tete  de  lapin,  venant  du  lapin 
auquel  nous  avions  coupe  la  septieme  paire  et  que  nous 
avons  sacrifie  hier. 

Apres  vous  avoir  expose  le  role  et  la  distribution 
physiologique  des  deux  grands  nerfs  qui  donnent  a  la 
face.  1'iin  le  mouvement,  Fautre  la  sensihilite,  nous 
passerons  aujourd'hni  a  1'examen  d'uii  certain  nombre 
d'autre  nerfs  qui  setrouvent  groupes,  en  quelque  sorte, 
aulour  des  nerfs  speciaux  des  organes  des  sens. 

Dans  la  cavitr  orbitaire,  nous  avons  deja  vu  que  la 
sensihilite  generate  etait  sous  la  dependance  de  la  cin- 
quieme  paire  ;  que  cette  paire  presidait  aussi  a  des  pbe- 
nomenes  de  nutrition.  Nous  savons  encore  que  le  facial 
exerce  une  influence  sur  lesmouvements  exterieurs  de 
1'teil;  qu'il  donne  le  mouvement  an  muscle  orbiculaire 


NERFS    MOTKURS. 

des  paupieres  et  determine  ainsi  Pocclusion  de  1'organe 
visuel.  Mais  la  ne  se  bornent  pas  les  mouvements  de 
1'appareil  do  la  vision,  et  trois  autres  nerfs  moteurs  s'y 
distribuont  encore;  ce  sont :  le  nerf  moteur  oculaire 
commun,  le  nerf  pathetique  etle  nerf  moteur  oculaire 
externe.  L'histoire  physiologique  de  ces  nerfs  est  cx- 
tremement  simple ;  elle  se  resume  toutentiere  dansleur 
distribution  anatomique. 

Le  nerf  moteur  oculaire  externe  se  rend  an  muscle 
droit  externe  du  globe  de  1'oeil.  Lorsque  le  nerf  est 
detruit,  ce  muscle  est  paralyse  et  il  y  a  strabisme  in- 
terne. 

Le  nerf  pathetique  va  an  muscle  grand  oblique,  qui 
preside  a  des  mouvements  de  rotation  de  1'oeit  sur  son 
axe.  Les  phenomenes  consecutifs  a  sa  paralysie  n'ont 
rien  de  bien  apparent,  en  raison  meme  de  la  nature  de 
ces  mouvements. 

Nous  vous  montrerons  des  animaux  chez  lesquels  ces 
deux  nerfs  aurontete  coupes  separement,  etvouspourrez 
ainsi  juger  de  la  nature  des  modifications  qui  survien- 
nent  lorsqu'ils  sont  paralyses.  Le  nerf  pathetique  est 
remarquable  par  I'anastomose  qu'il  off're  avec  la  cin- 
quieme  paire  (fig.  9). 

Le  role  du  nerf  moteur  oculaire  commun  est  beau- 
coup  plus  important;  il  preside  a  tons  les  autres  mou- 
vements de  Foeil. 

J'ai  souvent  detruit  ce  nerf  dans  le  crane,  en  1'arra- 
chant  par  un  procede  analogue  ii  celui  que  vous  nous 
avez  vu  mettre  en  usage  pour  detruire  la  septieme  on 
la buitu'ine  paire.  Inexperience  n'a  pas  rtr  faiteaujour- 


202  NERF    DE    LA    TROISIEME    PAIRE  ; 

d'hui  faute  d'uii  instrument  convenable.  En  attendant 
t  jue  cette  experience  soil  execute  ici,  je  vous  rappellerai 
deux  experiences  qui  vous  montreront  les  modifications 
nmsmilives  ;i  ['extirpation  dii  la  tro  isieine  paire  (ncr 


FIG.  9  (1). 

uioteur  oculaire  commiiu).  II  y  a  simplement  paralysie 
du  mouvement  des  muscles  auxquels  ce  nerf  se  distri- 
bue,  sans  aucune  alteration  de  nutrition. 

Vous  pouvez,  d'apres  cette  simple  indication,  prevoir 
t|uels  symptoines  nous  presentera  1'animal  auquel  nuns 


(1)  Fit).  1.  Xerf  pathtiiq-ue  che:,  I'homme.  -  -  \I  ,  miisclo  ^ra 
ubliqiie  dans  leqnel  se  distribne  1*^  nerf  patluMiqne  P,  P  ;  —  \.  noil 
moteiir  occulaire  externe  ;  —  0,  nerf  optique  ;  —  C,  ner!  nioleur  occu- 
laire  commun  pr^sentant  la,  dans  le  sinus  caverneux,  un  aspect  grisair.- 
comme  ganglionnaire  ;  —  T,  ironr  de  la  cinquieme  paire;—  I,  nerf 
maxillaire  inf^riour  ;  —  S,  nerf  inaxillaire  siip^rieur  ;  —  X,  nerf  1'ronta 


SON    ARRACHEMKNT. 

aurons  enleve  la  troisieine  paire.  Tons  les  muscles  etanl 
paralyses,  excepte  IP  grand-  oblique  et  le  clroit.  externe. 
ce  dernier  agira  pour  produire  le  strahisme  externe. 
Eu  memo  temps,  le  relachemeut  des  autres  muscles 
d roils  et  du  petit  oblique  de  IVjeil  amenera  uue  saillie 
<lu  ulobe  oculaire ;  la  paralvsie  du  releveur  de  la  pan- 
pi  ere  superieure  produira  la  chute  de  eelle-ci  el  uue 
occlusion  partielle  du  globe  oculaire. 

Tout  ne  se  borne  pas  a  ces  symptomes  bien  apparent* : 
oo  a  aussi  a  noter  des  modifications  relatives  a  la  pu- 
pille.  En  effet,  un  des  caracteres  admis  de  la  paralysie 
dela  troisieme  paire  est  une  dilatation  permanent e  de  la 
pupille.  Voici  deux  experiences  que  nous  avons  iaites 
autrefois,  vousytrouverez  les  symptomes  que  nous  vous 
iivons  indique's  : 

Exp.  —  Sur  un  gros  lapin,  ayanl  ete  choisi  avec  une 
coloration  bleu  clair  de  1'iris,  afin  que  1' observation  des 
phenomenesdu  cote  de  la  pupille  tut  plus  facile,  j'arra- 
cbai  la  troisieme  paire,  uerf  moteur  oculaire  commun.  a 
gaucne,  a  1'aide  d'un  petit  crochet  iutroduil  par  la 
paroi  exleriie  de  I'orbitc.  On  penctra  dans  la  losse  tem- 
porale  moyeune;  puis  on  saisit  avec  le  crochet  leneii 
qui  est  libre  sur  rextremite  anterieure  du  repli  de  la 
dure-mere  qui  vient  s'inserer  sur  la  selle  turciqne. 

interne;  —  I'P,  nerf  patluHique:  —  A  ,  anastomose  en  arcade  de  ce  |>a- 
tlietique  avec  le  frontal  interne  ;  —  F,  nerfs  fronlaux  de.  ia  brnnche 
ophthalniique. 

Fig.  2.  Nerf  patht'tique  cliez  If  lapin.  --  M,  muscle  dans  leqnel  se 
distribuo   le  nerf  P,  I'';  —  A,  A',  anastomose  du   paihethique  avec   la 
branche  frontale  0;  —  0,  branche  froniale  de  la  cinquieme  paire: 
F,  F'  extn'-mite  anterieure  du  nerf  facial. 


20/1  NERF   DE   LA    TROISIEME    PAIRE  ; 

Au  moment  oil  Ton  pratiqua  1'operation,  on  touoha 
la  branche  ophtaalmique  de  la  cinquieme  paire,  car 
r animal  cria  et  sa  pupillc  se  contracta  violemment,  en 
me" me  temps  que  1'ceil  clevint  saillant.  Ancnne  modifi- 
cation n'etait  survenue  dans  1'oeil  oppose.  Bient6t  ce 
trouble  cessa;  et  voicice  qu'on  observa  sur  1'oeil  gauche 
chez  lequel  la  troisieme  paire  avait  ete  arrachee : 

1°  Strabisme  externe  de  1'oeil; 

2°  Immobilite  complete  du  globe  oculairc,  except*; 
en  dehors; 

3°  Chute  de  la  paupiere  interieure  qui  pouvait  so 
fenncr  davantage  mais  non  se  relever; 

h°  Enfin,  la  sensibilite  etait  parfaitement  conservee 
dans  la  face  et  dans  toules  les  parties  de  1'oeil ; 

5°  Enfin,  il  y  avait  une  saillie  du  globe  de  1'oeil  plus 
considerable  que  du  cote  oppose. 

On  observa  qu'au  moment  de  I' operation,  il  y  avait 
eu  une  injection  subite  et  passagere  des  vaisseaux 
irienset  des  vaisseaux  de  la  conjonctive. 

Pour  demontrer  que  les  mouvements  de  1'ceil  n'exis- 
taient  plus  ({lie  pour  porter  Foeil  en  dehors,  voici  com- 
ment on  s'y  prit : 

En  exposant  1'ceil  de  1'auimal  a  la  lumicre,  et  en 
tournant  la  tete  en  dedans,  on  voyait  que  le  globe  ocu- 
laire  tendait  a  se  porter  en  dehors  par  de  petits  mou- 
vements; mais  quand  on  tournait  la  tete  en  dehors,  le 
globe  oculaire  restait  completement  immobile. 

Du  cote  sain,  an  contraire,  le  globe  oculaire  se  por- 
tait  en  dedans  imand  on  tournait  la  tete  en  dehors,  et 
en  dehors  quand  on  tournait  la  tete  en  dedans. 


SON    ARR\C11EMKNT.  205 

Apres  I'ablation  <le  la  troisieme  paire ,  la  pupille 
'n'avait  pas  ete  deformee;  seulemcnt  elle  s'etait  montree 
mi  pen  plus  contraclee  quo  cello  ducote  oppose  :  proba- 
blement  parce  qu'on  avail  louche  la  cinquieme  paire. 

Le  lendemain,  le  lapin  etait .toujours  bien  portant.  Les 
deux  yeux  etaient  seusibles  egalement  el  n'etaient  le 
siege  d'aucuoe  alteration  cle  nutrition.  L'injeciion  qui 
avail  paru  dans  Firis  el  dans  la  conjunctive,  au  moment 
de  Foperalion,  avail  comple'tement  disparu.  Les  pheno- 
menes  qui  avaienl  persiste  elaienl :  le  strabisme  exteme, 
la  saillie  clu  globe  de  1'ceil,  la  chute  de  la  paupiere  supe- 
rieure,  I'immobilile  du  globe  oculaire,  excepte  dans  les 
mouvements  en  dehors. 

La  pupille  qui,  au  moment  de  1'ablalion  de  la  Iroi- 
sieme paire,  s'etait  montree plus  contracted  que  du  cote" 
oppose,  etait  aujourd'hui  dans  un  elal  inverse;  c'est-a- 
clire  qu'elle  t3tail  plus  dilatee  que  celle  du  cole  oj)pose; 
maisla  pupille  n'offrait  aucune  deformation,  et  elle  pa- 
raissail  pen  mobile  sous  rinfluence  de  la  lumiere  artifi- 
cielle  qui  determinait  un  clignement  dans  les  deux 
yeux. 

On  appliqua  de  la  belladone  dans  les  deux  yeux ;  les 
deux  pupilles  se  dilaterent,  et  pendant  toute  la  journee 
reslerent  egalement  dilalees  dans  les  deux  yeux. 

Lesoir,  vingt-six  heures  apres  Tablalion  de  la  troi- 
sieme  paire,  on  coupa  du  me"  me  cole,  a  gauche,  la  cin- 
quieme paire.  Aussitol  1'animalcria:  la  pupille  resta 
d'abord  immobile,  mais  bienlol  elle  se  resserra  forte- 
ment,  comme  elle  le  fait  habituellement  dans  la  section 
de  la  cinquieme  paire.  La  pupille  opposee  resta  dilatee 


206  NERF    HE    I  A    TROISIKME    PAIRE  ; 

comme  elle  1'etait  sous  I'intluence  de  labelladone,  L'o'il 
gauche  cleja  saillant,  par  suite  cle  1'ablation  de  la  troi- 
sienie  paire,  ne  le  devint  pas  heaucoup  plus  lors  de  !a 
section  du  trijuniean. 

La  section  de  la  cinquierne  paire  aniena  un  cpan- 
rhenient  de  sang,  par  suite  de  la  blessure  du  sinus  ca- 
verneux;  Familial  suecomba  a  cet  accident. 

De  cette experience  on  peutconclure:l°que  1'ahlalion 
de  la  troisienie  paire,  dont  les  sympt6mes  s'expliqnenl 
tres  liien  par  sa  distribution,  n'a  pas  ameiie  la  paralysis 
de  riris.  puisque,  sous  rintluence  de  la  belladone  et  de 
la  section  de  la  cinquienie  paire.  il  s'y  estproduit  des 
inouvements  de  dilatation  et  de  resserrement. 

Exp.  —  Surun  lapin  adulteon  arracha  le  nerf  moteur 
oculaire  connnun.itarleprocede  ordinaire.  Aussitotapres 
("operation  on  constata  :  saillie  du  globe  lie  1'oeil.  cliuic 
de  la  paupiere  supe'rieure.  strabisnie  externe.  iinmobi- 
lite  du  globe  del'ueil.  excepte  pour  les  niouvenients  en 
delioi's;  la  conjonctive  avail  conserve  toute  sa  sensilu- 
lite;  la  pupille  etait  contracte'e  jtarce  que,  lors  de  Tope- 
ration,  on  avail  tonclie  a  labranche  opbthalmique  de  la 
rinquieme  paire. 

Trois  heni'es  apres  1'operation,  la  pupille s'e'tait  dilatee, 
niais  elle  etait  encore  un  peu  plus  retrecie  que  celle  du 
cote  oppose.  Elle  ne  paraissait  pas  se  mouvoir  bien  nelte- 
nient  sous  Tinlluence  de  la  luniiere  artificielle. 

Le  lendemain,  vingt-quatre  heures apres Toperation, 
Tceil  gauche  avail  les  paupieres  collees;  niais,  en  les 
entr'ouvrant,  on  trouva  que  1'ueil  n'etait  le  signe  d'au- 
r-uue  alteration,  et  Ton  voyait  que  la  pupille  etait  beau- 


SON    ARRACHEMENT.  507 

coup  plus  dilutee  que  celle  du  c6te  droll,  (jui  etait  le  cot*1 
reste  normal. 

Mais,  1'oeil  gauche  etaut  demeure  a  la  lumiere,  uii 
h'ouva  qu'une  heure  apres  sa  pupille  gauche  s'etait 
ronsiderablementresserree,  cequi  pruuvaitque,  quoiqur 
!es  mouvements  de  1'iris  fussent  lents,  ils  ne  s'eu  effec- 
luaient  ])as  moiiis  quand  Toeil  passait  de  1'obscurite  a  la 
lumiere.  L'animal  presentail,  du  reste.  les  memes  phe- 
nornenes  que  la  veille  relativeiueut  aux  mouvements  dc 
Fnpil ,  qui  n'etaienl  apparents  qu'cn  dehors;  il  y  avail 
toujours  cliute  de  la  paupiere  superieurr. 

.rintroduis  alorsde  la  belladone  dans  les  deux  yeux, 
o1  les  deux  pupilles  se  dilaterent  egaleinent. 

Rnsuite,  je  coupai  la  ciuquieme  paire  a  gauche  : 
aussit6t  la  conjonctive  devint insensible,  les  traits  furent 
ponsses  en  avant.  et  la  pii])ille  se  resserra  considera- 
Itlemeut. 

Le  lentlemain,  quarante-huit  heures  apres  I'ablatiun 
de  la  troisieme  paire,  et  viugt-quati'e  heures  apres  la 
section  de  la  cinquieme,  la  pupille  gauche  s'etait  dila- 
tee;  elle  avail  pris  une  tbrrne  oblongue.  et  1'iris  oifrail 
quelques  plis  rayounes. 

D'apres  ces  experiences,  on  voit  que  I'extirpation  de 
la  troisieme  paire  n'empeche  pas  la  pupille  de  se  con- 
I racier  sous  Fintluence  des  excitations  portees  sur  la 
cinquieme  paire;  ce  qui  prouverait  que  ce  n'est  pas  par 
le  nerl'moteuroculaire  commun  qu'est  rapportee  1'action 
reflexe,  mais  que  c'est  par  le  grand  sympathique  que 
cette  action  se  trouve  transmise. 

F>lle   n'est  pas  11011    plus  transmise   par  les  autres 


208  NEKF    DE    LA    TROIS1EME    PA1RE  ; 

nerfs  inoteurs  de  1'oeil,  comme  le  prouve  1'experience 

suivante  : 

Exp.  —  Sur  mi  jeunelapin.  j'ouvrisle  crane,  j'enlevai 
les  lobes  anterieurs  d u  cerveau,  et  je  divisai  les  deux 
nerfs  upfiques.  L'aniraal  etait  alors  completement 
aveugle,  et  les  pupilles  etaient  largement  dilutees  et 
immobiles.  Cepenclaut  le  globe  oculaire  avait  conserve 
ses  mouvements,  que  Ton  rcndait  inaniiestes  en  laisant 
tourner  la  tete  de  Taiiinnd.  Le  lapin  etait  toujours  bien 
vivant,  et  la  corne'e  et  la  conjouctive  avaient  conserve 
paiiaitement  leur  sensibilite .  Alors,  du  cote  gauche,  on 
cassa  dans  le  crane  le  neii'de  la  troisieme  paire.  L'oeil 
devint  saillant;  il  survint  le  strabisrae  en  dehors,  la 
chute  de  la  paupiere  superieure,  et  tons  les  symptomes 
de  la  destruction  de  la  troisieme  paire. 

Au  moment  de  la  destruction  du  moteur  oculaire 
commun,  la  pupille  n'avait  pas  eprouve  de  changement; 
elle  ne  s' etait  ni  resserree  ni  dilatee.  Alors,  avec  un  petit 
crochet,  je  cassai  le  nerf  pathetique  dans  le  crane.  II  n'y 
cut  rien  de  change  du  cote  de  la  pupille ;  seulement,  les 
mouvements  du  globe  de  1'oeil  avaient  toujours  lieu  en 
dedans,  quand  on  faisait  tourner  la  t<Me  de  Tanimal.  Enfin , 
on  cletruisit  la  sixieme  paire :  il  n'y  eut  rien  de  change 
dans  la  pupille;  quant  an  globe  de  1'oeil.  il  etait  comple- 
tement immobile,  quels  que  fussent  les  mouvements 
que  Ton  fit  executer  a  la  tete  de  1'animal.  Apres  toutes 
ces  operations,  la  conjonctive  et  la  cornee  etaient  tou- 
jours restees  sensibles.  Dans  cet  etat,  on  pinca  la  branche 
ophthalmique ;  aussitot  1'animal  cria  et  la  pupille  se  eon- 
tracta  conside'rablement. 


LA    PARALYSIE. 

Du  c6te  droit,  oil  les  nerfs  moteurs  cle  1'oeil  u'avaient 
pas  etc  coupes,  on  pinea  cle  ra6me  la  cinquieme  paire, 
ce  qui  donna  lieu  aussitot  a  une  contraction  energique 
de  la  pupille  droite.  La  presence  ou  F absence  des  nerfs 
moteurs  n'avait  done  rieu  change  au  phenomene. 

Du  cote  gauche,  avant  le  pincement  cle  la  cinquieme 
paire,  en  irritant  le  bout  peripherique  du  uerf  moteur 
oculaire  comnuui ,  on  n'obtenait  aucun  phenomene  de 
raouvcment  dans  la  pupille. 

En  resume,  uoustrouvons  comme  effets  de  la  paralysie 
de  la  troisieme  paire  :  strabisme  externe ,  saillie  du 
globe  oculaire,  chute  de  la  paupiere  superieure,  elar- 
gissement  cle  la  pupille. 

Les  phe'nomenes  de  la  paralysie,  simples  en  ce  qui 
est  relatif  aux  muscles  moteurs  du  globe  oculaire,  sont 
moins  faciles  a  comprendre  en  ce  qui  concerne  1'iris. 
Loi'sque  la  troisieme  paire  est  detruite,  il  y  a  relache- 
ment  des  muscles  avec  diminution  de  1'ouverture 
pupillaire ,  mais  non  paralysie  de  1'iris.  Quoique  la 
pupille  soit,  d'une  mauiere  permanente,  plus  large  que 
celle  du  c6te  oppose ,  elle  n'a  pas  perdu  la  faculte  de 
se  dilater  ou  de  se  retrecir  sous  certaines  influences. 

La  section  du  grand  sympathique  cle'truit  toujours 
cette  dilatation ,  et  la  galvanisation  du  nerfl'elargit  da- 
vantage  ;  Faction  de  la  belladonepeut  encore  la  dilater. 
II  n'y  a  done  pas  a  proprement  parler  paralysie  com- 
plete, c'est-a-dire  perte  de  mouvement. 

On  a  cru  pouvoir  expliquer  ce  qui  se  passe  dans  ce 
cas  en  aclmettant  une  paralysie  incomplete.  Pour 
iiiieux  vous  faire  saisir  la  nature  de  cette  explication, 

B.,    SVST.    KEBY.   —  II.  14 


210  MOUVEMENTS    DE   LA    PUPILLE. 

il  taut  comparer  ce  qui  se  passe  alors  dans  1'oeil  aux 
phenomenes  reflexes  en  general.  Nous  avons  vu  que  les 
impressions  percues  par  la  cinquieme  paire  peuvent 
reagir  sur  les  organes  internes:  qu'une  influence  me"- 
canique,  qu'un  gravier  dans  1'oeil  determinait  sur  la 
cinquieme  paire  une  impression  qui  se  trad u it  par 
une  contraction  de  la  pupille,  de  meme  que  la  sensation 
lumineuse  qui  affecte  normalement  la  retine.  La  con- 
traction pupillaire  se  presente  done  comme  reaction 
reflexe  determinee  par  une  influence  mecanique  ou 
lumineuse,  agissant  sur  la  cinquieme  paire  ou  sur  le 
nerf  optique.  Par  quelle  voie  se  transmet  l'infltience 
reflexe  ? 

L'impression  portee  an  centre  par  la  cinquieme  paire, 
reviendrait,  d'apr&srexplication  indiquee  plus  haut,par 
le  nerf  moteur  oculaire  commun,  nerf  moteur  de  retour. 
Or,  ce  nerf  offre  une  particularity  bien  cligne  d'etre  no- 
te"e  :  sur  son  trajet  se  trouve  un  ganglion,  place  tout  pres 
de  1'organe  sur  lequel  agit  la  troisieme  paire;  c'est  le 
ganglion  ophthalmique. 

Lorsqued'autres  branches  de  la  cinquieme  paire  sont 
affecte^es,  nous  avons  vu  que  les  actions  motrices  de  re- 
tour  sont  transmises  aux  organ es  par  un  nerf  moteur 
special,  le  nerf  de  Wrisberg.  lei,  nous  ignorons  si  une 
portion  du  grand  sympathique  vient  clans  le  ganglion 
ophthalmique,  ou  si  ce  ganglion  est  exclusivement  une 
dependance  du  nerf  moteur  oculaire  commun. 

Pour  savoir  si  ce  ganglion  doit  etre  considere  comme 
appartenant  au  nerf  moteur  oculaire  commun,  on  a  gal- 
vanise ce  nerf  avant  le  ganglion,  pensant  que  s'il  en  etait 


MOUVEMENTS    DE    LA    PUP1LLE. 

ainsi,  la  galvanisation  du  nerf  produirait  line  contrac- 
tion de  la  pupille.  Or,  cette  contraction  n'a  pas  e"te 
obtenue.  Si,  au  contraire,  on  excite  les  filets  ciliaires, 
qui  du  ganglion  ophthalmique  se  rendent  a  1'iris,  on  fait 
contracter  la  pupille. 

Dans  la  derniere  lecon,  je  vousparlaisd'une  loiqu'on 
avait  autrefois  formulae,  et  d'apres  laquelle  les  nerfsqui 
traversent  les  ganglions  peripheriques  du  grand  sym- 
pathique  prendraient  dans  ces  ganglions  la  faculte' 
d'agir  sur  les  organes  auxquels  ils  se  rendent.  On  avait 
formule  cette  loi  d'apres  la  seule  experience  que  je 
viens  de  vous  citer.  On  disait,  pour  le  cas  qui  nous  oc- 
cupe,  que  la  troisieme  paire  fait  contracter  la  pupille ; 
mais  il  faut  pour  cela  qu'elle  ait  traverse"  le  ganglion 
ophthalmique. 

Nous  aurions  done  ici  une  double  exception  apparente 
dont  il  faudrait  chercher  la  raison  :  1°  la  galvanisa- 
tion du  nerf  moteur  oculaire  commun  avant  le  ganglion 
ophthalmique  ne  fait  pas  contracter  la  pupille ;  2°  la 
section  de  la  troisieme  paire  donne  cependant  lieu  a 
I'elargissement  de  la  pupille. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  faits,  auxquels  la  serie  de  nos 
recherches  sur  le  sympathique  nous  ramenera  tres  pro- 
bablement,  nous  savons  que  1'iris  recoit  non-seulement 
des  filets  moteursde  la  troisieme  paire  (si  tant  est  que  ce 
soit  le  ganglion  qui  receive  ces  filets  et  non  lui  qui  les 
donne),  mais  qu'il  en  recoit  encore  du  grand  sympa- 
thique du  cou.  Nous  devons  noter,  en  outre,  que  pour 
que  la  contraction  de  la  pupille  ait  lieu,  il  faut  que  les 
muscles  mote urs  du  globe  oculaire  le  maintiennent  dans 


212  MOUVEMENTS    DE    LA    PUP1LLE. 

une  position  telle  que  la  pupille  soit  dirigee  en  dedans. 
II  est  done  necessaire  de  tenir  cornpte  de  cette  condi- 
tion, surtout  quand  on  sait  que,  apres  la  paralysie  de  la 
troisieme  paire,  1'axe  de  I'oeil  se  trouve  dirige  en  dehors 
dans  nne  position  qui  favorise  elle-meine  la  dilatation 
de  la  pupille. 

Si,  quand  on  a  coupe  le  nerf  moteuroculairecommun, 
la  pupille  n'agit  plus  par  les  excitations  qui  portent  sur 
le  nerf  optique  on  peut  en  solliciter  Dependant  les  mou- 
vements  par  des  excitations  qui  portent  sur  le  grand 
symphatique,  telles  sont Fatropine,  la  galvanisation  du 
grand  sympathique  du  cou.  Nous  retrouverions  la  une 
influence  rapprochee,qui  est  le  nerf  sensoriel,et  une  in- 
fluence eloignee  qui  serait  dansle  sympathique  visceral, 
comme  pour  la  secretion  salivaire;  la  pupille  pourrait 
done  reconnaitre  la  cause  de  ses  mouvements  dans  des 
sensations  locales,  ou  dans  des  sensations  eioignees, 
profondes,  comme  on  le  voit  dans  certaines  affections 
intestinales. 

Admettant  pour  le  moment  que  les  mouvements  de 
la  pupille  sont  sous  la  double  influence  du  nerf  moteur 
oculaire  commun  et  du  grand  sympathique,  la  question 
serait  maintenant  desavoir  si,  comme  on  I'a  cm,  les  ac- 
tions de  ces  deux  nerfs  sur  la  pupille  sont  differentes, 
ou  s'ils  agissent  dans  le  meine  sens. 

Ruete  et  MM.  Budge  et  Waller,  etc. ,  out  ad  mis  que  ces 
deux  influences  nerveuses  etaient  antagonistes ;  que  la 
troisieme  paire  et  le  grand  sympathique  ne  se  distri- 
buaient  pas  aux  memes  organes  contractiles  dans  1'iris. 

On  a,  vous  le  savez,  decrit  dans  Firis  des  fibres  con- 


MOUVEMKNTS    DE    LA.    I'Ul'UJ.K.  213 

tractiles  circulaires,  produisant  la  contraction  de  la  pu- 
pille,  et  des  fibres  radices  en  prodnisant,  au  contrairela 
dilatation.  Ruete  et  MM.  Budge  et  Waller,  voyant  la 
section  clu  nerf  motcur  oculaire  conimun  produire  un 
elargissement  de  1'ouverture  pupillaire,  pensaient  que, 
dans  ce  cas,  les  fibres  circulaires  etaient  paralysees; 
que  le  contraire  avail  lieu  pour  le  grand  sympathique. 
Us  expliquaient  ainsi,  par  la  paralysie  des  fibres  radices, 
le  retrecissement  de  la  pupille  consecutif  a  la  section 
du  sympathique  clu  cou,  retrecissement  deja  observe  en 
1722  par  Pourfour  Du  Petit. 

Cette  theorie  me  semble  difficile  a  soulenir,  car, 
lorsque,  apres  la  section  d'un  de  ces  nerfs.  il  y  a  elar- 
gissement on  retrecissement  persistant  de  1'ouverture 
pupillaire,  il  pent  encore  y  avoir  des  mouvements  de 
1'iris.  Ceux-ci  sont  seulemenl  plus  limites. 

Si  Tanalogie  devait  £tre  invoque'e  ici,  elle  nous  por- 
terait  a  penser  que  les  choses  peuvent  se  passer  comme 
dans  les  glandes,  oil  nous  avons  vu  deux  nerfs  agir  a  la 
fois  sur  un  meme  organe,  et  agir  tons  deux  clans  le 
sens  different,  sans  qu'on  puisse  dire  loujoursque  ce  soil 
dans  un  sens  oppose.  II  est  probable  qu'il  en  est  de  m£me 
pour  la  pupille,  et  qu'il  faut  se  contenter  de  dire  que  ses 
mouvements  reconnaissenl  simplement  deux  ou  plu- 
sieurs  sources. 

II  nous  resterait  a  examiner  pourquoi,  en  agissant  sur 
le  nerf  moteur  oculaire  commun,  on  ne  determine  pas 
de  contraction  de  la  pupille,  et  a  quoi  peut  tenir  cetle 
exception  apparente  a  une  loi  qui  semblerait  s'appliquer 
aux  phenomenes  observes  dans  d'autres  organes.  Ce 


21/1  MOU YEMENIS    1)E    LA    PUPILLE. 

n'est  que  par  de  nouvelles  experiences  sur  le  nerf  mo- 
teur  oculaire  commun  qu'on  pourrait  resoudre  cette 
question.  II  faudrait  aussi  repeter  la  meme  experience 
sur  1'origine  du  nerf  facial  pour  la  corde  du  tympan. 
Nous  renvoyons  encore  ces  etudes  a  celle  du  grand  sym- 
pathique  auquel  elles  appartiennent.  Nous  allons  main- 
tenant  vous  rapporter  quelques  faits  qui  montrent  que 
cet  elargissementde  la  pupille  n'est  pas  toujours  un  sym- 
ptome  constant  dans  la  paralysie  de  la  troisieme  paire. 

OBSERVATION  I.  —  Paralysie  de  la  paupiere  superieure  droite 
et  rotation  forcee  de  I'ceil  en  dehors ,  vue  inlacte  a  droite,  pas  de 
dilatation  de  la  pupille  de  ce  c6te. 

Le  2 1  Janvier  1 8/4 1 ,  entre a  I'hopital  de  la  Charite" ,  salle  Saint- Louis, 
n°l  9,  un  homme  de  cii]quante-.siv  ans.  Cet  homme,  qui  avail  naturel- 
lement  la  vue  faible,  fit,  il  y  a  trois  ans,  une  chute  a  la  suite  de  laquelle 
la  vision  s'aflaiblit  encore  davantage. 

II  y  a  un  an,  1'ceil  gauche  cessa  de  voir.  Le  droit  avail  conserve" 
la  faculte  visuelle,  mais  il  etait  faible  le  soir.  Le  20  Janvier,  la  pau- 
piere superieure  droite  tombe  tout  a  coup  et  reste  paralysed;  de 
suite  Trail  gauche  recouvre  en  partie  sa  facultevisuelle. 

Le  28,  la  paupiere  droite  est  forcement  abaissee.  Quand  on  la 
retourne,  on  voit  que  Trail  est  fixe  immobile  en  dehors.  La  pupille 
droite  n'est  pas  plus  dilatee  que  1'autre.  La  perception  des  objets 
est  nette. 

Plusieurs  vesicatoires  sont  appliques  au  front.  Au  bout  de  deux 
mois,  la  paralysie  de  la  paupiere  est  guerie ;  mais  la  rotation  forcee 
de  Tail  en  dehors  persiste  comme  a  1'entree.  Le  malade  sort. 

OBSERVATION  II.  —  Paralysie  de  la  paupiere  superieure  droite, 
et  rotation  forcee  de  I'ceil  en  dehors ;  pas  de  dilatation  de  la  pu- 
pille droite. 

Femme,  quaranle-sixans,  hopital  de  la  Charite,  salle  Sainte-Anne, 
n°  9.  A yanl  habite  unan  un  logementhumide  :  tout  a  coup,  au  coin- 


OBSERVATIONS.  215 

mencement  d'avril  1846,  chute  de  la  paupiere  superieure  droite. 
A  1' entree,  on  constate  cette  paralysie  et  la  rotation  forcee  de  I'ceil 
en  dehors.  La  pupille  droite  est  un  peu  moins  contractile  que  la 
gauche;  mais  elle  a  le  meme  diamelre,  diametre  qui  est  normal. 

La  vue  est  conservee  a  droite  comrae  a  gauche. 

V6sicatoires  au  front,  saignee  du  pied,  sans  res ul tat  appreciable. 

On  pratique  plusieurs  inoculations  avec  une  solution  aqueuse  de 
chlorhydrate  de  strychnine;  on  oblientainsi  un  ecartement  des  pau- 
pieres  de  Om,009,  1'ecartement  normal  etant  Om.Oll. 

Le  chef  du  service  ayant  suspendu  le  traitement,  la  paupiere 
retomba  ensuite  au  contact  de  Finferieure. 

II  est  curieux  de  voir  que  chez  les  oiseaux  les  mouve- 
ments  de  la  pupille  ne  presentent  que  peu  de  pheno- 
menes  differents  relativement  aux  influences  nerveuses. 

Exp. —  Sur  un  pigeon,  jc  coupai  la  cinquieme  paire 
dans  le  crane  a  1'aide  d'uu  Ires  petit  crochet  tran  chant, 
enfonce  au-devant  de  rinfundibulum  auditif.  On  dirigea 
T instrument  legerement  en  haul  et  en  arriere ;  on  le 
poussa  doucement,  en  suivant  le  plaucher  de  la  fosse  tem- 
porale ;  et,  lorsqu'on  fut  arrivi;  sur  la  cinquiome  paire,  on 
la  detruisit  par  un  mouvement  de  la  pointe  du  crochet. 

Apres  cette  operation,  iaite  du  c6te  droit,  le  pigeon 
montra  une  insensibiliir  complete  de  la  cornce,  de  la 
conjonctive  et  de  la  moitie  correspondante  du  pourtour 
du  bee. 

Au  moment  de  la  section,  on  observa  une  constric- 
tion momentanee  et  tres  fugitive  de  la  pupille.  II  y  cut, 
aussit6t  apres  reparation ,  une  occlusion  de  I'osil  par 
elevation  de  la  paupiere  inferieure. 

L'ceil,  du  cote  opere,  ne  paraissait  pas  larmoyant ;  et 
lorsqu'on  ecartait  les  paupieres  et  qu?on  exposait  1'ceil  a  la 


MOUVEMENTS    DE    LV    PUl'ILLE. 

lumiere,  il  y  avail  des  mouvements  rapides  de  la  mem- 
brane nictitante.  Les  mouvements  du  globe  oculaire 
semblaient  parfaitement  conserves  et  aussi  forts  que  du 
c6te  sain.  Line  demi-beure  apres  1'operatiou  ,  le  pigeon 
etait  toujours  dans  le  meme  ctat  :  il  y  avail  occlusion 
complete  de  la  paupiere  droite  ,  insensibility  de  la 
conjonctive  ,  de  la  cornee  ;  la  pupille  etait  du  meme 
diametre  des  deux  cotes,  egaleinenl  mobile  ;  les  mou- 
vemenls  de  la  membrane  nictitante  el  ceux  du  globe 
oculaire  etaienl  parfaitement  conserves. 

Le  lendemain.  vingt-quatre  beures  apres  1'operation, 
le  pigeon  etait  toujours  vif  et  dans  un  Ires  bon  etat. 
11  offrait  les  memes  symptomes  que  la  veille.  relativement 
a  Focclusion  de  la  paupiere,  a  1'insensibilile  des  par- 
lies, aux  mouvements  du  globe  oculaire,  de  la  pupille  et 
de  la  membrane  nictitante. 

La  cornee  ne  paraissait  pas  plus  seche  du  cole  opere  ; 
maisil  faul  noler  que  Tocclusion  des  paupieres  la  lenail 
constammenl  recouverle.  II  n'y  avail  pas  sur  elle  d'opacile 
apparenle  ;  mais  il  y  avail  vers  son  cenlre  une  espece 
d'ulceralion  qui  provenail  peul-elre  d'une  blessure  par 
les  instruments. 

II  etait  difficile  de  bien  conslaler  la  mobilile  de  la  pu- 
pille; pour  pouvoir  agir  plus  facilemenl.  j'enlevai 
avec  des  ciseaux  les  deux  paupieres  et  la  membrane 
niclilanle  ;  ce  qui  se  fil  sans  douleur,  puisque  la  cin- 
quiecie  paire  etail  coupee. 

Alors  ,  elanl  dans  robscuritt3  ,  el  dirigeanl  de  la  lu- 
miere artificielle  sur  1'oeil  ,  on  vit  manifestemenl  des 
mouvements  alternatifs  de  resserrement  el  de  dilalation 


EXPERIENCES.  217 

de  la  pupille.  On  put  voir  manifestement  aussi  que 
chaque  contraction  do  1'iris  coi'ncidait  avec  un  mouve- 
ment  de  totalite  du  globe  de  1'oeil,  ce  qui  n'avait  pas  lieu 
pour  la  dilatation.  On  vit  encore  que  les  mouvements 
de  totality  du  globe  oculaire  elaienl  conserves  du  cole 
opere.  Le  pigeon  elait  Ires  bien  portant  et  continuait  a 


manger. 


Le  lendemain  de  la  precedenle  operation.  1'ceil  droit 
etait  opaque  et  enflamme ;  il  y  avail  du  pus  el  on  nc 
pouvait  })lus  rien  observer. 

Du  cote  gauche ,  en  essayant  de  coupcr  la  troisieme 
paire,  je  comprimai  la  cinquieme ;  aussitdt,  il  y  eut  in- 
sensibilite  de  1'oeil  gauche  clout  les  paupiiVes  se  ferme- 
rent;  le  bee  do  1'animal  restart  entr'ouverl.  Mais  bientot 
la  sensibilite  du  globe  de  1'oeil  revint,  les  paupieres  s'oii- 
vrirent,  les  symptomes  produits  cesserent. 

Je  coupai  alors  lestrois  paupieres.,  apresquoije  divisai 
compl(3tement  la  cinquieme  paire  de  ce  c6te.  L'insensi- 
bilite  se  manifesta  de  nouveau,  ainsi  quo  recartement  du 
bee  avec  lequel  r animal  ne  pouvait  j)lus  serrer.  On  con- 
stata  que  la  pupille,  qui  avail  sernble  dans  ce  cas  eprouver 
un  elargissementau  moment  de  la  section,  avail  conserve 
sa  mobilite  ainsi  que  le  globe  de  1'oeil. 

Pour  faire  conlracter  la  pupille  chez  les  pigeons  a 
1'aide  d'une  lumiere  arlificiellc,  lorsqu'on  esldans  1'ob- 
scurile,  il  taut  agir  d'une  certaine  maniere.  Quand  on 
promene  la  lumiere  au-devanl  de  1'oeil,  transversalement, 
on  observe  que  lorsque  la  lumiere  est  arrivee  de  facon 
a  lomber  sur  Tangle  interne  de  1'oeil,  il  y  a  un  resserre- 
menl  de  la  pupille.  Quand,  au  conlraire  elle  esl  en  de- 


218  MOUVEMENTS    DU    GLOBE    DE    1/OE1L 

hors  et  tombe  sur  Tangle  externe,  il  y  a  dilatation  de  la 
pupille.  Ce  phenomene  est  tres  manifesto  et  tres  bien 
caracterise. 

Parlous  maintenant  des  particularity  qui  sont  rela- 
tives aux  mouvcments  du  globe  de  1'oeil. 

A  propos  des  mouvemeiits  du  globe  de  1'oeil,  il  y  a, 
au  point  de  vue  pathologique,  des  considerations  relatives 
au  strabisme,  pouvant  dependre  soit  de  la  lesion  du  nerf, 
soit  de  lesion  du  muscle.  II  arrive  aussi  parfois  que,  dans 
certains  etats  morbides,  il  se  manifeste  des  troubles 
dans  les  mouvements  du  globe  de  Toeil ,  et  qu'il  sur- 
vient  un  strabisme  divergent  on  convergent. 

On  a  signale  dans  certaines  meuiiigites  un  strabisme 
interne,  etl'on  a  consider^  ce  strabisme  comme  sympto- 
matique  d'une  meningite  de  la  base  du  cerveau,  ame- 
nant  une  paralysie  que  Ton  expliquerait  par  1'intlamma- 
tion  du  nerf  de  la  sixieme  paire  (moteur  oculaire  externe). 

On  trouve  encore ,  dans  certains  cas ,  des  lesions  du 
cerveau  qui  produisent  des  deviations  dans  le  globe  de 
1'oeil,  qu'on  ne  pent  rattacher  a  la  paralysie  bien  deter- 
minee  d'aucun  muscle  de  cet  organe.  G'est  ainsi  que  la 
blessure  du  pedoncule  cerebelleux  determine  une  devia- 
tion des  yeux,  qui  est  exactement  en  rapport  avec  le  sens 
de  la  rotation,  qui  est  la  consequence  de  cette  lesion.  Si 
1'animal  tourne  a  gaucbe,  par  exemple,  son  ceil  gaucbe 
regarde  en  bas,  tandis  que  son  ceil  droit  regarde  en  haut 
eiviceversd.  Cette  deviation  des  yeux  est  caracteristique, 
et  persiste  iorsqu'on  maintient  le  corps  et  la  tete  de-  1'a- 
nimal, et  qu'on  empeche  les  mouvements  de  se  pro- 
duire  dans  ces  parties. 


ET    DE    LA    TROISIEME    PAUP1ERE. 

Certaines  substances  toxiques  peuvent  produire  des 
effets  qui  se  manifestent  par  cles  mouvements  dans  les 
yeux  :  F  essence  de  terebenthine  est  dans  ce  cas.  En  fai- 
sant  respirer  do  1' essence  de  t6rebenthine  a  un  lapin,  en 
lui  placant  le  nez  au-dessus  d'un  verre  rempli  de  cette 
substance,  j'ai  vusemanifesterau  bout  d'un  certain  temps 
des  mouvements  convulsifs  tressinguliers  dans  les  yeux. 
Puis  ces  mouvements  disparurent  quelque  temps  apres, 
lorsque  Tanimal  se  retablit. 

II  nous  resterait,  pour  completer  1'histoire  cles  mou- 
vements du  globe  de  1'ceil,  a  parler  des  mouvements  de 
la  troisieme  paupiere,  ou  paupiere  nictitante,  qui  existe 
tres  developpee  chez  certains  oiseaux  de  proie,  et  qu'on 
rencontre  aussi  chez  certains  animaux  mammiferes  tels 
({lie  le  chieu,  le  chat,  meme  un  peu  chez  le  lapin. 

Le  mecanisme  des  mouvements  de  cette  paupiere  est 
tout  a  fait  different  chez  les  oiseaux  et  chez  les  mammi- 
feres. Chez  les  oiseaux  rapaces,  le  hibou  par  exemple , 
il  existe  un  muscle  destine  specialement  aux  mouve- 
ments de  cette  paupiere,  et  clont  le  tendon,  long  et  grele, 
esttellement  dispose  qu'il  agit  exactement,  pour  fermer 
la  paupiere,  comme  une  corde  qui  tire  un  rideau.  C'est 
un  filet  nerveux  moteur  qui  anime  le  muscle  de  cette 
troisieme  paupiere,  qui  se  meut  des  lors  par  un  mouve- 
ment  actif. 

Chez  les  mammiferes,  le  chien  et  le  chat,  la  troisieme 
paupiere  n'est ,  pour  aiusi  dire,  que  Fexageration  de  la 
caroncule  lacrymale,  qui  se  trouve  supportee  par  une 
sorte  de  tubercule  place  a  Tangle  interne  de  1'orbite, 
entre  la  paroi  de  1'orbite  et  le  globe  oculaire  lui-meme. 


220  MOUVEMEXTS    !>U    GLOBE    UK    1/oWI, 

Lorsque  les  muscles  du  glol)e  oculairo,  animes  par  le 
moteur  oculaire  commun,  viennent  a  se  contracter,  le 
globe  oculaire,  se  retiraut  dans  le  fond  de  1'orbite,  presse 
le  pedicule  cartilagineux  de  la  troisi&me  paupiere  et  la 
chasse  en  avant  comme  un  noyau  de  cerise  qu'on  pres- 
serait  entre  les  doigts.  Cette  propulsion  de  la  base  de  la 
troisieme  paupiere  la  porle  au-devant  de  1'ocil  dont  elle 
recouvre  une  partie  plus  ou  moins  grande  suivant  les 
animaux.  Ici  done,  quoique  le  mouvement  soil  deter- 
mine par  la  troisieme  paire,  il  1'est  d'une  maniere  me- 
canique  et  passive.  Co  qui  le  prouve,  c'est  qu'on  peut 
le  produire  m^caniquement,  meme  chez  1'animal  mort, 
lorsque  avec  le  doigt  on  presse  sur  la  cornee  pour  enfon- 
cer  1'ceil  dans  1'orbite.  Toutes  les  fois  qne  1'oeil  tend  a 
s'enfoucer  dans  1'orbite  le  meme  phenomene  a  lieu  : 
c'est  ce  que  Ton  voit,  par  exemple,  apres  la  section  du 
grand  sympathique  au  cou,  parce  que  cette  operation 
entraine  la  retraction  du  globe  oculaire  dans  le  fond  de 
1'orbite. 

La  galvanisation  du  nerf  sympathique,  en  amenantle 
prolapsus  de  1'ceil  en  clehors,  fait  rentrer  la  troisieme 
paupiere.  L' action  dela  nicotine,  en  amenant  la  retraction 
violente  du  globe  oculaire,  produit  la  saillie  de  cette 
troisieme  paupiere  d'une  maniere  si  forte  qu'elle  couvre 
completement  la  cornee  trausparente,  etque  1'animal  en 
est  comme  aveugle.  Quelquefois  1'animal  semble  mouvoir 
cette  troisieme  paupiere  volontairement  dans  des  mou- 
vements  destines  a  remplacer  le  clignement ;  mais  c'est 
toujours  par  le  meme  mecanisme.  C'est  ce  que  nous 
avons  vu  tres  nettement  sur  un  chat,  chez  lequel  les 


ET    DE    LA    TROIS1EME    PAUPIERE. 

deux  nerfs  faciaux  avaient  ele  arraches.  Lorsque  cet 
animal  se  chauffait  devant  le  feu,  ne  pouvant  plus  fer- 
mer  les  paupieres,  comme  les  animaux  le  font  habituel- 
lement,  il  faisait  avancer  au-devant  de  Foeil  sa  troi- 
sieme  paupiere,  seul  organe  de  clignement  dont  il  put 
faire  usage. 

Le  nerf  pathetique,  ou  de  la  quatrieme  paire,  prend 
naissance  de  la  valvule  de  Vienssens,  pres  des  tubercules 
quadrijumeaux  ;  de  la  il  vient  contounier  la  petite  cir- 
conference  de  la  lente  du  cervelet,  se  loge  dans  le  repli 
de  la  ilure-mere.  puis  dans  la  face  externe  du  sinus 
caverneux,  et  penetre  dans  1'orbite  par  la  partie  la  plus 
interne  de  la  fente  sph&io'iclale,  en  croisant  les  nerfs 
optique,  nioleur  oculairc  commun,  et  moteur  oculaire 
externe,  qui  sont  places  au-dessous  de  lui.  En  ce  point, 
le  nerf  pathetique  se  trouve  superficiellement  place  a 
cote  de  la  branche  ophthalmique,  et  particulierement 
du  nerf  frontal  interne  avec  lequel  il  sr anastomose  en 
formant  une  anse,  comme  1'indique  la  figure  S.  Apres 
([uoi  il  va  se  rendre  vers  le  milieu  du  ventre  du  muscle 
grand  oblique  dans  lequel  il  se  termiue. 

Ce  nerf,  par  ses  fonctions,  est  evidemment  moteur ; 
mais  il  doit  probablement,  comme  tous  les  nerfs  de  cet 
ordre,  posseder  une  sensibilite  recurrente.  II  serait  vrai- 
semblablement  possible,  en  agissantsur  la  portion  iutra- 
cranienne  de  ce  nerf,  de  verifier  s'il  possede  la  sensi- 
bilite recurrente  :  les  anastomoses  qui  1'unissent  a  la 
cinquieme  paire  font  penser  que  c'est  de  la  brancjie 
ophthalmique  qu'il  tiendrait  la  sensibilite  recurrente. 

Nous  devons  ajouter  que  le  nerf  pathetique  presente 


222  NERFS  MOTEURS 

encore  une  particularity  reinarquable  :  il  offre  au  ni- 
veau  du  sinus  caverneux  un  aspect  grisatre,  gangli- 
forme.  Le  microscope  serait  necessaire  pour  decider  si 
cette  apparence  est  liee  a  1'existence  de  cellules  gan- 
glionnaires  dans  cette  portion  du  nerf. 

Le  nerf  moteur  oculaire  externe  ou  nerf  dela  sixieme 
paire  nait  par  deux  racines,  Fune  provenant  du  pout  de 
Varole,  1'autre  delapyramideanterieure.  Bient6t  il  pe- 
netre  dans  un  orifice  de  la  dure-mere,  et  vient  se  placer 
dans  la  paroi  externe  du  sinus  caverneux.  De  la  il  enlre 
dans  1'orbite,  a  cote  du  nerf  moteur  oculaire  commun, 
et  va  se  distributer  dans  lc  muscle  droit  externe  de 
1'oeil. 

Ce  nerf,  dont  les  fonctions  sont  rnotrices,  doit  con- 
tracter  des  anastomoses  avec  la  cinquieme  paire  dans  le 
muscle  droit  externe,  qui  recoit  des  filets  sensitifs  de  la 
cinquieme  paire.  Ce  serait  la  la  source  de  la  sensibilite 
recurrente  que  1'exigui'te  du  nerf  rendra  difficile  a  con- 
stater. 

En  resume,  le  nerf  moteur  oculaire  commun,  le  plus 
important  des  nerfs  moteurs  de  1'oeil,  fournit,  ainsi  que 
nous  1'avons  vu,  a  tous  les  muscles  droits,  rnoinsle  droit 
externe,  au  petit  oblique  et  au  muscle  releveur  de  la 
paupiere  supefieure  chez  rhomuie.  Chez  les  animaux,  le 
bo3uf  et  le  cheval,  c'est  le  moteur  oculaire  externe  qui 
fournit  au  muscle  conolde.  II  y  a  chez  le  cameleon, 
a  lapartie  externe  de  1'oeil,  un  autre  groupede  muscles 
qui  recoit  du  nerf  moteur  oculaire  externe. 

Le  nerf  moteur  oculaire  commun  prend  naissance 
a  la  partie  interne  des  pedoncules  du  cerveau,  d'une 


DU    GLOBE   OCULAIRE. 

masse  grise  que  1'examen  microscopique  a  montre 
formee  de  cellules  ganglionnaires  motrices.  Le  nerf 
penetre  dans  un  repli  de  la  dure-mere,  puis  vient  se 
placer  sur  le  c6te  du  nerf  optique,  se  divise  en  deux 
branches  dont  1'une  passe  au-dessus,  1'autre  au-dessous 
du  nerf  optique.  La  branche  superieure  se  distribue  au 
muscle  ^releveur  de  la  paupiere  superieure,  au  droit 
superieur  et  au  droit  interne ;  la  branche  inferieure  se 
distribue  aux  muscles  droit  inferieur  et  petit  oblique. 

Un  des  points  les  plus  interessants  de  1'histoire  du 
nerf  moteur  oculaire  commun,  est  la  presence  d'un 
ganglion  sur  le  trajct  de  sa  branche  inferieure.  On  de- 
crit  generalement  ce  ganglion,  appele  ganglion  ophthal- 
mique,  qui  se  trouve  situe  sur  le  cote  cxterne  du  nerf 
optique,  comme  etant  un  ganglion  du  grand  sympa- 
thique  qui  recoit  sa  racine  motrice  du  nerf  moteur  ocu- 
laire commun  par  une  anastomose  qu'on  appelle  chez 
1'homme  la  racine  courte  et  grosse,  anastomose  qui  se 
detache  du  nerf  au  moment  ou  il  va  fournir  le  filet  qui 
se  distribue  dans  le  muscle  droit  inferieur.  De  plus,  il 
communique  avec  le  nerf  nasal  de  la  cinquieme  paire 
par  un  rameau  qu'on  regarde  comme  sa  racine  sensi- 
tive, et  qu'on  appelle  racine  longue  et  grise. 

Nous  nous  sommes  explique  ailleurs  relativement  a 
la  sensibility  speciale  que  les  nerfs  ciliaires  coinmuni- 
quent  a  1'iris  et  a  la  cornee  transparente,  ainsi  erne  sur 
1'iniluence  qu'exercent  ces  nerfs  sur  la  secretion  des  hu- 
meurs  de  1'oeil.  II  parait  bien  evident  que  lasensibilite  des 
nerfs  ciliaires  a  pour  point  de  depart  lacinquieme  paire. 
II  s'agit  ici  d'examiner  si  la  faculte  motrice  des  nerfs 


MOUVJiMENTS    DE    LA    I'll'II.LE. 

ciliaires  provient  exclusivement  du  nerf  moteur  oculaire 
commun.  La  plupartdesanatomistesradmettent,  depuis 
Herbert  Mayo,  en  se  fondant  sur  le  pretendu  relache- 
meiit  de  la  pupille  apres  la  paralysie  do  la  troisieme 
paire.  Nous  verrons  toutefois  que  cette  explication  n'est 
pas  satisfaisante,  parce  que  les  mouvements  de  la  pu- 
pille ne  cessent  pas  apres  la  destruction  du  nerf  moteur 
oculaire  commun,  de  la  quatrienie,  de  lasixieme  paires, 
et  meme  apres  la  destruction  des  nerfs  optiques.  II  suffit 
alors  de  pincer  la  branche  opbthalmique  pour  determi- 
ner une  contraction  tres  violentede  la  pupille.  Du  reste, 
le  volume  du  ganglion  opbthalmique  ne  parait  point 
en  rapport  avec  Fintensite  des  mouvements  de  la  pu- 
pille. Quant  a  1'auastomose  que  le  nerf  moteur  oculaire 
cominun  contracte  avec  le  ganglion  opbthalmique,  on 
pourrait  anatomiquement  plutot  soutenir  que  c'est  le 
ganglion  qui  fournit  des  filets  au  nerf  moteur  oculaire 
commun  que  de  pretendre  que  c'est  ce  nerf  qui  lui 
en  envoie.  D'ailleurs  la  section  du  filet  cervical   du 
grand  sympathique,  de  meme  que  sa  galvanisation, 
produisent,  coinnie  nous  le,  verrons,  des  mouvements 
de  la  pupille,  de  maniere  a  faire  penser  que  la  faculte 
motrice  de  nerfs  de  1'iris  viendrait  aussi  de  la  region 
cilio-spinale  de  la  moelle  epiniere. 

La  nature  cles  mouvements  de  la  pupille  est  encore 
entouree aujourd'hui de  la plusgrande obscurite,  quelques 
auteurs  regardant  le  tissu  de  1'iris  comme  musculaire, 
lesautrespensantqu'il  estconstitue  non  par  des  muscles, 
mais  par  un  tissu  vasculaire  erectile.  L'action  du  grand 
sympalhique  sur  la  pupille,  c'est-a-dire  d'un  nerf  qui  aait 


MOUVEMENTS    DE    LA    PUFILLE.  225 

spe'eialement  sur  les  vaisseaux,  serait  <T accord  avec  cette 
derniere  opinion.  Nous  aurons  du  reste  a  discuter  ces 
questions  a  propos  du. grand  sympathique. 

Quand  on  pince  la  branche  ophthalniique  de  la  cin- 
quieme  paire,  on  a  une  constriction  de  la  pnpille.  parce 
(jiie  dans  le  sinus  caverneux  cette  branche,  qui  a  une 
apparence  gangliforme,  recoil  des  anastomoses  nom- 
breuses  du  grand  sympathique,  et  c'est  leur  irritation 
qui  pi'oduit  sans  cloute  le  mouvement  de  la  pupille.  Ce  qui 
leprouve,  c'est  qu'en  pineant  le  tronc  de  la  cinquieme 
paire  avant  le  ganglion  on  ne  produit  rien  sur  la  pupille. 

Nous  tenninerons  en  disantque  le  nerl'  moleur  ocu- 
laire  coniinun  presente  aussi  un  aspect  ganglifornie  dans 
la  portion  situeedans  la paroiexlernedu sinus cayerneux. 
II  coutracto  en  effet  a  ee  niveau,  avec  les  ramraux 
carotidiens  du  grand  syinpathique.  des  anastomoses  Ires 
nombreuses.  Le  nerf  pallieti(|ue  est  dans  le  ineme  cas; 
et  on  sait  que  les  anciens  consideraient  ce  nerf  comme 
(Hant  Torigine  du  trisplanchnique  dans  la  tete. 

Le  nerf  moteur  oculaire  commun,  essentiellement  mo- 
teur  ainsi  que  sa  deiioniinajion  meme  Tindique.  [)os- 
sede  la  sensibilite  recurrente.  Toutcfois  cette  sensibilite 
est  tivs  dillicilement  appreciable  sur  les  branches  du 
nerf  dans  i'orbite;  c'est  sur  te  tronc  ineme  du  nerl',  dans 
sa  portion  intracranieune  que  cette  propriete  doit  etre 
constatee.  Toutefois,  il  laut  employer  pour  cela  des  ani- 
maux  jeuiies  et  capahles  de  resister.  parce  (jue  1'epuise- 
inent  cause  par  Toperation  pent  empecher  la  constata- 
tion  de  ce  phenomene,  ainsi  que  nous  le  savons  deja 
pour  les  racines  rachidiennes.  Le  nerf- qui  fournit  la 

13.,    SVST.    NERV.  11.  15 


226  OLFACT10X. 

sensibilite  recurrente  au  moteur  oculaire  coimnun,  est 
encore  la  branche  qphthalmiqoe  cle  la  cinquieme  paire; 
de  sorte  que  c'est  la  branche  ophthalmique  de  la  cin- 
quieme paire  qui  fournil  la  sensibilite  recurrente  a  tons 
les  nerfs  moteurs  de  1'oeil  et  joue  par  consequent,  par 
rapport  a  eux.  le  r61e  de  racine  sensitive. 

Nous  avons  deja  dit,  relativement  a  i'olfaction,  que 
les  experiences  faites  sur  les  animaux  avaient  conduit 
.  Magendie  a  cette  conclusion,  que  la  cinquieme  paire 
pre'sidait  a  la  fois  aux  deux  sensibilites,  a  la  sensibilite 
generate  et  a  la  sensibilite  speciale,  olfactive.  C'est  d'ail- 
leurs  bien  evideminent  ce  qui  a  lieu  pour  la  langue  a 
propos  de  la  sensibilite  gustalive. 

Magendie  a  detruit  les  nerfs  olfactit's,  et  il  a  dit  qu'a- 
pres  cette  operation.,  les  animaux  iv avaient'  pas  perdu 
1'odorat.  II  avait  eu  recours  pour  agir  sur  la  muqueuse 
nasale  a  1'ammoniaque  et  a  des  substances  odorantes. 

Quand  on  se  sert  d'ammoniaque,  il  est  evident  que 
la  sensibilite  generate  doit  etre  affectee ;  ces  experiences 
ne  prouvent  done  rien  quant  a  la  sensation  olfactive; 
mais  il  en  est  d'autres,  celles  faites  avec  des  corps  pu- 
rement  odorants ,  qui  ne  permettent  guere  d'admettre 
qu'un  animal  chez  lequel  on  a  detruit  les  nerfs  olfactifs 
ait  perdu  conipletement  1'odorat . 

Tne  couronne  de  trepan  e'tant  appliquee  sur  le  frontal, 
permettait  a  Magendie  d'arriver  sur  les  trous  de  la  lame 
criblee.  La  les  nerfs  olfactifs  etaient  detruits  avec  le 
mauche  d'un  scalpel;  la  plaie  ferniee,  r animal  gueris^ 
sait,  et  quelques  jours  apres  on  essayait  de  reconnaitre 
s'il  avait  perdu  la  perception  des  odeurs.  Pour  cela,  on 


OLF  ACTION.  "227 

enveloppait  dans  du  papier,  d'uue  part  du  t'romage  de 
gruyere,  de  1'autre,  un  inorceau  de  bois  ou  de  liege. 
Les  deux  paquets  etaient  ensuite  jetes  an  ehien,  qui 
prenait  le  plus  souvent  celui  qui  reiifermait  le  t'romage, 
defaisait  I'euveloppe  et  mangeait  le  couteuu.  II  semblc 
difficile  d'admettre  qu'ilput,  en  cette  circonstanee,  etre 
conduit  fa  choisir  parautre  chose  que  par  1'odorat.  Cette 
experience  a  ete  faite  plusieurs  fois.  toujours  aved  des 
resultats  analogues. 

Lorsque  repoussant  les  conclusions  de  Magendie,  on 
a  voulu  montrer  que  ses  experiences  etaient  entachees 
d'erreur,  on  a  invoque  ses  experiences  avec  I'amino- 
niaque;  quant  aux  autres,  je  ne  sache  pas  qu'on  ait 
cherche  a  les  repeter. 

Peut-etre  eut-on  pu  obtenir  d'utiles  indications  d'ex- 
periences  faites  sur  des  chiens  de  chasse  qu'on  aurail 
rendus  ensuite  a  leurs  habitudes ;  ces  experiences  nous 
paraissent  meriter  d'etre  faites. 

Les  experiences  de  Magendie  setnbleraient  done  rnoii- 
trer  que,  si  le  nerf  olfactif  preside  a  la  sensibilite  olfac- 
tive,  ce  n'esi  pas  d'une  facon  exclusive.  Nous  aurons  a 
nous  prononcer  la-dessus  plus  tard. 

Les  cas  pathoiogiques  observes  chez  1'homme  ontofferl 
desparticularitesqui  sont  tres  importantes  dans  1'appre- 
ciation  du  role  des  nerfs  olfactifs. 

On  a  frequemment  observe  rabsencecongenitale  de  ces 
nerfs  chez  rhomme.  Or,  il  est  remarquable  que  dans  au- 
cun  cas  cette  lesion  n'a  ete  diagnostiquee  pendant  la  vie. 

Les  Bulletins  de  la  Societe  anatomique  renfermenl 
un  certain  noinbre  de  cas  d'absence  de  nerfs  olfactifs 


228  CAS  D'ABSENCL 

rencontres  en  faisant  tic  ranalomie  dans  les amphithea- 
tres. II  parait  probable  (jue  si  Ton  avail  pendant  la  vie 
reconnu  1'absence  de  1'odorat.  on  aurait  du  t'aire  I'au- 
lopsie  ties  sujets  a  ce  point  de  vue. 

Lorsque,  constatant  a  1'autopsie  1'absence  des  nerfs 
olfactifs,  on  a  etc  conduit  a  soupconner  nne  lesion  do 
1'odorat  en  rapport  avec  les  fonctions  qu'on  pretait  a 
ces  nerfs.  on  a  reconslruit  apres  la  inort  1'histoire  des 
i naiades  snr  des  renseignements  recueillis  avec  une  idee 
preeoncue  evidente.  Le  cas  d'absence  des  nerfs  olfactit's 
die/  1'homme  tjue  Ton  invoque  tonjours,  el  tpii  aurait 
coincide  avec  une  absence  complete  de  rolfaction,  est 
precisement  do  cette  nature.  M.  Pressat  a  soigne  un 
malade  sans  soupconner  1'absence  de  1'olfaction;  c'est 
apres  la  mort  que  les  parents,  presses  de  questions,  out 
i'ourni  des  renseignements  qui  1'ont  porte  a  admettre 
cette  lesion  pendant  la  vie. 

Lorsque  j'tHais  interne  ct  preparateur  du  cours  de 
Magendie  au  College  de  France,  j'apportai  ici,  pour  la 
dissequer,  la  tete  d'une  femme  phthisique  morte  a 
rHotel-Dieu.  En  ouvrant  le  crane,  je  fus  surpris  de 
Fabsence  complete  des  nerfs  olfactifs.  I/absence  des 
nerfs  olfactifs  reconnue .  je  pris  1'adresse  dc  la 
femme  et  me  mis  en  quete  de  renseignements.  evi- 
lanl  toutefois  de  poser  les  questions  de  maniere  a  in- 
tluencer  les  reponses.  Ces  renseignements,  conime  on 
va  le  voir,  ne  furent  nullement  en  rapport  avec  la  theorie 
qui  voudrait  que  les  nerfs  de  la  premiere  paire  presi- 
dassent  exclusivement  a  1'olfaction. 


DBS    NERFS    OLFACTIFS. 

Voici  da  reste  cette  observation  : 

Leinens,  nee  en  Belgique,  commune  cle  Lippeloo,  arrondisse- 
mentde  Malines,  province  d'Anvers;  agee  de  \ingt-nenfans,  habi- 
tant Paris  depuis  six  ans  (rue  de  la  Fripcrie,  n"  22;,  esl  entree  a 
I'lloiel-Dieu  le  17  juillet  18-'U  ,  a  5  heiires  du  matin. 

Apporteedans  1'hopital  a  la  derniere  extremite,  la  maladc  inourut 
nne  demi-heure  apres  son  entree  sansqn'on  aitpu  1'observer  antre- 
mcnt  que  pour  constater  sa  maigreur  extreme,  etles  signes  de  la  der- 
niere periode  de  la  phthisic  pulmonaire  a  laquelle  elle  snccombait. 

Le  19  juillet,  sa  tele,  apportee  au  College  de  France  pour  senir 
an  cours,  fut  injectee  avec  du  suif  colore,  et  a  I'examen  qui  en  fut 
fail  avec  le  plus  grand  soin.on  constata  les  particulariles  suivantes  : 

A  I'ouverture  du  .crane,  rien  de  particulicr,  soil  dans  I'epaisseur 
des  os,  soil  dans  1'aspect  des  autres  enveloppes  cerebrales.  Le  cer- 
vjeau  oll'rait  une  conformation  et  nne  consistence  nor  males  dans  tonte 
sa  partie  superienre.  Mais lorsqu'ou  vinl  a  souleverlaface  inft'-rieuro 
des  lobes  antt-rieurs  du  cerveau,  afinde  detacher  d'avant  en  arricre, 
suivant  le  precede  ordinaire,  les  origines  de  tons  les  nerfs  de  la  base 
du  crane  ,  on  fut  surpris  de  ne  trouver  aucune  trace  des  nerfs 
olfactifs. 

L'attention  eveillee  par  cette  particularity  siuguliere,  on  apporta 
les  plus  grandes  precautions  pour  enlever  le  cerveau,  le  cervelet  et 
la  moelle  allongee.  La  preparation  terminee,  il  fultres  facile  d'exa- 
miner  la  base  du  crane,  la  face  inferieurc  de  I'eucepbale,  la  disposi- 
tion des  membranes,  des  vaisseaux  et  des  origines  de  tontes  les 
paires  nervcuses  et  on  trouva  : 

1"  Conformation  normale  de  la  face  inferieure  du  cerveau  : 

2°  Absence  complete  des  nerfs  olfactifs  ; 

3°  Disposition  normale  des  vaisseauxet  des  membranes  ; 

k"  Origine  des  autres  nerfs  offrant  une  distribution  parfailement 
reguliere ; 

Kn  resume,  c'etait  un  cerveau  conforme  comme  tous  les  autres, 
avec  la  scule  difference  qu'il  ne  presentait  que  luiit.  paires  de  nerfs 
au  lieu  d'en  avoir  neuf. 


CAS  D'ABSENCE 

F.n  presence  cl'iin  fait  si  remarquable,  si  positif,  et,  par  conse- 
quent, dc  nature  a  eclairer  vivement  un  point  de  physiologic  encore 
controversy  aujourd'lini,  on  dut  regretterde  ne  pas  avoir  pu  suivre 
[a  malade  pendant  sa  vie,  afin  d'observer  les  nuances  on  les  parli- 
cularites  de  sa  sensation  olfactive.  Cependant,  coinme  on  n'nvail 
pas  affaire  ici  a  ces  nuances  de  symptomatologie  qui  ne  peuvent 
etre  saisies  que  par  le  medecin  lui-meme,  mais  qn'il  s'agissait  an 
contraire  de  1'existence  ou  de  1'abscnce  d'un  sens  :  ce  sont  de  ces 
chosesqui  frappent  tout  le  monde,  qui  influent  sur  les  habitudes  de 
1'individu  dans  les  rapporls  ordinairesde  la  vie.  Cette  absence  d'un 
sens  vient  a'chaque  instant  se  reveler  aux  amis  des  malades,  a  leurs 
parents,  clont  les  renseignements  sont  d'autant  plus  precieux  qu'ils 
sont  le  fruit  d'une  longue  observation,  et  sont  Pexpression  pure  et 
simple  des  faitssans  aucuneidee  scientifiquepreconcue  de  leurpart. 

Je  me  transportai  done  rue  de  la  Petite-Friperie ,  cliez. 
M,  M...,  ou  Marie  Lemens  avail  habile  les  six  derniersmois  de  sa 
vie.  Parmi  les  renseignements  qne  je  pus  obtenir  sur  la  maniere  de 
vivre  et  de  sentir  de  Marie  Lemens,  je  ne  rapportcrai  que  ceux  qui 
sont  relalifs  a  1'etat  de  1'odoration  et  sur  lesquels  je  dus  revenir  a 
plusieurs  reprises  et  par  des  questions  directement  posees  afin  d'e- 
viter  1'erreur. 

II  resulta  de  ces  renseignements  que  Marie  Lemens  ne  pouvaii 
supporter  1' odour  de  la  pipe,  et  que,  particulierement le  matin,  en 
entrant  dans  nn  appartement  ou  Ton  avait  fume  la  veille.  elle  se  hatait 
d'ouvrir  la  fenetre  pour  dissiper  la  mauvaise  odeur  de  pipe  rcn- 
fermee. 

Marie  Lemens  se  plaignait  frequemment de  la  fetidiled'unplomb 
qui  avoisinait  sa  chambre.  Enfin,  elle  fit  pendant  six  semaines 
environ  la  cuisine chez  M.  M...,  et,  commc  toutes  les  cuisinieres, 
elle  goutait  les  sauces  et  les  aliments  :  elle  etait  meme,  a  ce  qu'il 
me  fut  dit,  line  fort  bonne  cuisiniere. 

Je  fus  ensuite  aduesse  a  quelqu'un  qui  avait  ete  1'ainant  de  Marie 
Lemens  et  avait  veru  maritalement  avec  elle  pendant  presdequatre 
ans.  Celte  personne,  qui  comprit  parfaitement  le  motif  de  ma  de- 
marche et  que  je  trouvai  ires  disposed  a  me  donner  toute  espece  de 


DES   NERFS   OLFACTIFS.  231 

renseignenifiiits,  m'affirma  que  Marie  Lemens  n'avait  jamais  parti 
faire  rien  qui  denotat  qu'elle  fiitdepourvue  d'odorat ;  elle  goutait  et 
odorait eomme  toutle  monde.  Elle  aimait  les  fleurs,  die  les  portait 
a  son  nez  pour  les  odorer.  La  seule  particularity  que  presentait  le 
caractere  de  iMarie  Lemens,  etait  une  tendance  nalurelle  a  la  me- 
lancolie. 

La  troisieme  person ne  que  je  vis  etait  une  amie  de  Marie  Lemens 
qui  1'avait  soignee  pendant  deux  mois  environ  qu'elle  etait  restee 
alitee,  rue  de  la  Petite-Friperie,  avant  d'entrer  a  I'hopital.  £lle 
m'affirma  encore  que  Marie  Lemens  sentait  pnrfaitemenl  les  odeurs 
et  toute  espece  de  saveur.  Pendant  sa  maladie ,  Marie  Lemens 
avail  des  sueurs  nocturnes  tres  abondantes ,  et  elle  se  plaignait 
dc  i'odeur  forte  et  desagreable  qu'exhalait  sa  transpiration.  Elle 
etait  d'un  gout  tres  difficile  et  ne  prenait  pas  la  tisane  pour  pfMi 
qu'elle  cut  un  mauvais  gout. 

Mainteiiant  que  faire  de  ceite  observation  et  des  dr- 
tails  qui  la  suivent?  Si  j'en  conclus  que  1'odorat  et  la 
degustation  existent  malgre  1'absence  des  nerfs  olfactifs. 
on  me  dira  que  inon  observation  n'est  pas  bonne  et 
qu'il  aurait  fallu  avoir  observ^  moi-rneme  les  plieno- 
menes  dont  je  parle  et  ne  pas  les  tenir  de  personnes 
etrangeres  a  la  science.  Je  comprends,  en  effet,  quecela 
eilt  oiieux  valu,  el  j'aurais  voulu  en  effet  connaitre  Ma- 
rie Lemens  pendant  sa  vie.  Cependant  je  ne  vois  pas 
comment  j'aurais  pum'apercevoir  que  les  nerfs  olfactifs 
manquaienten  observant  ce  que  m'ont  rapporte  les  trois 
personnes  qui  out  vecu  longtemps  avec  Marie  Lemens. 
Si  on  m'opposaitdescasd'absence  des  nerf  olfactifs  qui 
eussent  ete  diagnostiques  et  etudies  par  des  medecins 
pendant  la  vie  puis  verifies  par  1'autopsie,  je  tiendrais 
volontiers  cette  observation  pour  insuffisante.  Mais  il  est 
assez  singulierqu'aucune  des  observations  connuesdans 


232  CAS  D'ABSENCE 

la  science  ne  soit  dans  ce  cas,  ainsi  qne  nous  1'avonsdit. 
en  parlant  des  autopsies  consignees  dans  les  Bulletins  de 
la  Societi  <nifit<iiiii<juc.  <>t  dans  la  these  de  M.  Pressal. 


a, '  \  / 

FIG.  10  (l). 

La  base  dn  crane  de  Marie  Leinens  a  ete  longtemps 
conservee  ici.  En  voici  iindessin  sur  lequel  on  pent  voir 

(1)  Fig.  I.  Partie  anlerieure  de  la  base  du  crdiic  recrtue  dela  dure- 
mere.  —  a,  parlie  correspondante  a  la  lame  criblec  de  retlimo'ide ;  on 
y  voit  de  chaqne  cote  des  series  de  petils  portuis  par  oil  penelrent  des 
filaments  celluleux  el  va^culaires  tres  delies  ;  — //,  faux  du  cervean  ;  - 
c,  sinus  longitudinal  inferienr ;  —  ddf,  artere  carolidc  interne  ;  —  e,  by- 
pophyse  ;  —  f,  nerf  de  la  cinqnienie  paire. 

Fig.  II.  --  Meme  base  du  crane  qne  precedeminent  ;totiteslcs parties 
niolles  ct  la  dare-mere  out  ete  enlevees  ;  —  a.  trou  borgne  ;  —  6,  apo- 


DE    NERFS   OLFACTIFS.  233 

que  la  lame  criblee  n'existe  pas  on  plutot  qu'elle  ne  pre- 
sente  pas  de  trous  (fig.  10). 

Void  maintenant  la  figure  dc  la  face  inferieure  du 


A 


FIG.  11  (1). 

cervean  (fig.  11).  D'un  cute  on  a  conserve  les  meninges 
et  rle  1'autre  cote  elles  out  rte  enlevees.  Toutes  les  ori- 

pliysc  crisla-galli  tres  pen  developpe'e  ;  --  c,  fossotte  corresponclant  ;i 
hi  lame  criblee  de  I'ethmoifde  ;  on  ne  voit  pas  do  perinis  pour  les  nerfs 
ollactifs;  —  <l,  petits  os  wormiens  ;  —  e,  rameau  eihmoidal  du  filet  na- 
sal de  la  branche  ophtlialniiquo  de  la  cinquienie  paire. 

(1)  A,  sillon  du  nerf  olfactif ;  le  sillon  existe  beaucoup  moins  prononce", 
mais  on  ne  troino  aucune  vestige  de  nerf  olfactif,  pas  meme  versson  ori- 
f,rine  ;  —  I»,  nerf  oplitbalmiqiie;  —  C,  nerf  moleur  oculaire  commun  ; 
—  I),  nerf  palbetique  ;  —  K,  moteur  oculaire  externe;  —  F,  nerf  tri- 


234  OLFACTION. 

glues  des  nerfs  encephaliques  sont  a  1'etat  normal.  II 
n'y  a  rien  autre  chose  d'anormal  que  Fabsence  dp  la 
premiere  paire  (nerfs  olfactifs). 

Nous  vous  citerons  une  autre  observation  invoquee  a 
I'appui  de  la  specialite  du  nerf  olfactif ;  1'exanien  de 
cette  observation  vous  montrera  qu'elle  ne  saurait  rien 
prouver. 

OBSERVATION.  —  Cecite  et  diminution  de  I' ol faction  produile 
fjar  une  tumenr  fibreuse  u  la  base  du  crane,  par  M.  Vidal, 
interne  a  la  Salpetriere.  —  L'odorat  est  excessivement  obtus, 
tellemcnt  que  cette  malade,  qui  avail  conlracte  1'habitudedn  tabac, 
en  a  discontinue  1'usage  coinrae  ne  lui  produisanl  plus  de  sensation. 

A  la  parlie  anterieure  de  la  base  du  cerveau,  tumeur  de  la 
grosseurd'un  oeuf  de  poule,  siluee  au-dessus  de  la  selle  turcique. 
Elle  semble  formee  par  I'gpanouissemenl  de  rextremite  de  la  tige 
pituitaire  a  laquelle  elle  adhere.  Le  corps  pituitaire  ne  presente  rien 
de  particulier  et  les  os  de  la  base  du  crane  ne  presentent  aucune 
empreinte.  Cette  tumeur  est  logee  dans  1'epaisseur  du  cerveau,  a 
refoule  en  haut  le  plancher  du  troisieme^ventricule  et,  placee  dans 
1'espace  qu'occupe  ordinairement  celui-ci,  elle  a  ecarte  I'extremite 
anterieure  de  la  scissure  longitudinale,  de  telle  sorte  qu'elle  a  for- 
tement  dejete  en  dehors  les  nerfs  olfactifs,  qui  sont  comprimes  et 
aplatis.  De  plus  elle  a  pousse  directement  au-dessous  d'elle  les  nerfs 
optiques  dont  la  commissure  a  disparu  ou  plutot  fait  partie  inte- 
grante  de  ses  parois. 

Dans  toute  1'observation,  M.  Vidal  ne  fait  pas  mention  de  la 
cinquieme  paire.  Cependant  la  tumeur,  du  volume  d'uiiGeuf,  devait 
comprimer  le  sinus  caverneux  etla  l)ranche  opbtbalmique.On  ne  fait 

jumeau  ;  —  G,  nerf  de  la  septieme  paire  ;  --  H,  nerf  vague  ;.--!,  nerf 
glosso-pharyngien  ;  —  J,  nerf  spinal;  --  K,  nerf  grand  liypoglosse  ;  — 
L,  artere  carotide  interne  ;  —  M,  lobe  anterieur  du  cerveau  ;  —  IN,  lobe 
cerebral  moyen  ;  —  0,  pont  de  Varole  ;  —  P,  artere  basilaire ;  —  0,  pyra- 
mide  anterieure;  —  R,  cervelet. 


OBSERVATION,  235 

pas  mention  non  plus  de  la  sensibilite  generale  du  nez  et  des  yeux. 
Sous  ce  point  devue,  1'observation  est  incomplete  et  on  ne  peut 
en  tirer  aucune  conclusion  rigoureuse  pour  on  contre  !a  speciality 
du  nerf  olfactif. 

Si  done  on  admet  au jourd'hui  que  le  nerf  olfaetif  est 
le  nerf  special  de  1'odorat,  et  que  la  cinquieme  paire 
donne  seulement  a  la  membrane  rauqueuse  nasale  la 
sensibilite  generale ,  on  emet  une  opinion  bas^e  seule- 
ment sur  1'analogie  avec  la  vision.  Apres  les  fails  que  je 
viens  de  vous  exposer,  il  est  difficile  d'adrnettre  que  le 
r61e  du  nerf  olfactif  dans  1'olfaction  puisse  6tre  au  jour- 
d'hui regarde"  comme  bien  coiniu.  Qu'il  ait  tin  role 
dans  1'exercice  de  cette  fonction ,  je  suis  loin  de  )e  nier. 
Mais  quel  est  exactement  ce  r61e?-  -Je  1' ignore,  per- 
sonne  n'ayant  pu  diagnostiquer  pendant  la  vie  1'absence 
des  nerfs  olfactifs,  et  observer  quelles  en  etaient  les 
consequences. 

On  n'a,  d'ailleurs,  aucune  raison  meme  analogique 
de  refuser  a  la  cinquieme  paire  un  r61e  dans  1'olfaction. 

C'est  un  nerf  de  sensibilite  generale,  sans  doute: 
mais  deja,  dans  la  bouche,  ne  le  voit-on  pas  reunir  les 
aptitudes  des  nerfs  de  sensibilite  generale  et  de  sensi- 
bilite speciale? 

L'olfaction  est  une  fonction  qui  n'a  pas  hesoin,  comme 
la  vue  et  1'oui'e,  d'un  organe  particulier  et  special.  Des 
surfaces  muqueuses  constituent  les  appareils  olfactif  et 
gustatif :  la  cinquieme  paire  percoit  les  sensations  gus- 
tatives;  pourquoi  ne  percevrait-elle  pas  certaines  sensa- 
tions des  odeurs  ? 

On  aparle  de  sujets  qui  sentent  la  saveur  d'un  aliment. 


23f>  NERFS    OLFACTIFS. 

mais  n'en  percbiveht  pas  le  fumet,  qui  n'ont  pas  con- 
science du  bouquet  d'un  vin,  etc.  11  semble  qu'il  y  ait 
dans  ces  exemples  combinaison  de  sensations  gusta- 
lives  avec  des  sensations  olfactives ;  la  perception  des 
aronies  serait,  en  quelque  sorte,  ropuvred'un  sensmixte. 
Se  basant  sur  la  perte  de  ce  sens  particulier -pendant  un 
coryza  intense,  on  s'est  demande  si  chez  les  sujets  qui 
soul  d'une  facon  pennanente  dans  rimpossibilite  <lr 
percevoir  les  aromes,  le  nerf  olfactif  ne  manquait  pas. 
Cest  encore  une  supposition. 

II  faut  absolument,  pour  juger  la  question  de  la  part 
que  peuvent  prendre  a  1'olfaction  les  nerfs  de  la  piv- 
mu're  et  de  la  cinquieme  paire,  faire  des  experiences 
precises. 

L'ablation  des  nerfs  olfactifs  pourrait  etre  executee 
sans  detruire  les  lobes  olfactifs,  etsans  aniener  une  lesion 
aussi  grave.  D'un  autre  c6te,  ii  suffirait  de  couper  les 
deux  nerfs  maxillaires  superieurs  pour  enlever  aux  na- 
rines  la  sensibilite  generate  on  speciale  qu'elles  peuvent 
tenir  de  la  cinquieme  paire,  et  observer  1'odorat  com- 
parativement  avant  et  apres  la  section  de  cette  branche 
de  la  cinquieme  paire.  De  cette  facon,  les  delabrements 
ayant  ete  pen  considerables,  il  n'y  aurait  pasbesoin  d'at- 
tendre  aussi  longtempspour  constaterretatde  1'olfaction ; 
alors  on  ne  pourrait  plus  objecter  qu'il  est  survenu  des 
lesions  de  nutrition  dans  la  muqueuse  nasale.  Nous  avons 
deja  dit  ailleurs  que  les  branches  de  la  cinquieme  paire, 
qui  vont  se  clistribuer  dans  les  fosses  nasales,  paraissent 
jouir  d'une  sensibilite  moindre,  et  se  rapprocher  par  la 
des  nerfs  de  sensation  speciale. 


LEUR    DESTRUCTION.  237 

Avant  de  voiis  parler  d'experiences  nouvelles , 
nous  devons  vous  citer  une  experience  ancienue  qui 
nuns  a  donne  des  re'sultats  fort  singuliers  et  tout  a  fait 
e'trangers  d'ailleurs  aux  phe'nomenes  relatifs  a  Todorat 
(jni  ne  furent  pas  snivis  chez  cet  animal. 

Exp.  (ler  mai  J8/il).  —  Sur  un  chien,  on  appliqua 
une  couronne  de  trepan  sur  la  partie  anterieure  dn  fron- 
tal ;  on  perfora  les  deux  tables  des  sinus  frontaux  ,  et,  a 
Taide  d'un  instrument  en  forme  de  canif,  on  de'truisit  les 
deux  nerfs  olfactifs  sur  la  lame  ethmoi'dale. 

Le  premier  jour,  I'animal  tomba  dans  un  coma  pro- 
fond.  Feu  a  pen  il  se  retablit ;  et,  le  troisieme  jour, 
I'animal  completement  revenu  commencait  a  manger. 

On  conserva  ce  chien  en  vue  d'experiences  ulterieures 
sur  1'odoral,  eton  le  laissa  dans  les  caves  du  laboratoire; 
il  mangeait  durestetres  bien,  lorstpie,  le  25  juin,  rani- 
mat  deVint  suliitement  morne  et  silencieux  ,  se  tenant 
tapi  dans  son  coin  et  evitant  la  Inmiere.  Ces  syrnptomes 
augmenterent  d'intensite:  il  grondait,  essayait  de  mor- 
dre  lorsqu'on  Tapprochait;  ses  yeux  etaient  brillants. 
ses  membres  se  contractaient ;  il  e'cumait  et  offrait  par- 
ibis  des  crises  convulsives,  comme  epileptiformes;  il  re- 
fusait  toute  espece  de  nourriture.  Apres  avoir  oil'erl 
pendant  trois  jours  ces  symptonies,  ranimal  monrut  le 
28  juin.  L'autopsie  n'a  pas  ete  faite. 

Comment  pourrions-nous  expliquer  ces  phe'nomenes 
singuliers?  Ce serait  un  objet  de  recherches  a  poursuivre. 
Je  dirai  senlement  qu'il  me  semble  me  rappeller  que 
chez  ce  chien  il  s'etablit,  apres  1'ablation  du  nerf  olfac- 
tif,  une  fistule  frontale  par  laquelle  s'ecoulait  du  liquide 


238  GUSTATION. 

eephalo-rachidien,  et  que  plustard  cettefistule  se  boucha, 
et  que  c'est  quelques  jours  apres  que  I'auimal  presenta 
les  synipt6mes  que  nous  venous  de  rappeller.  Peut-elre 
dans  ce  cas  s'elait-il  forme  quelque  lesion  du  cdte  du 
cerveau.  Galien  pretendail,  comme  on  sail,  que  les  hu- 
nieurs  s'echappuient  du  cerveau  paries  Irons  de  la  lame 
criblee;  nous  ne  pensons  cependant  pas  que  son  asser- 
tion puisse  servir  d'explieation  a  ce  cas. 

De  lout  ce  que  nous  avons  dit  sur  le  sens  de  1'olfac- 
lion,  je  ne  voudrais  tirer  aucune  conclusion  definitive. 
J'ai desire  seulemeut  vous  prouver  que  lerdle  exclusif  des 
nerfs  olfactifs  n'est  pas  aussi  bien  etabli  qu'on  le  croit 
dans  1'appreciation  des  odeurs.  et  qu'il  taut  encore  de> 
experiences  pour  prouver  que  la  cinquieme  paire  n'y 
prencl  aucune  part,  Car,  je  le  repete,  les  faits  qu'on  a 
invoques  jusqu'ici  ne  sont  pas  suffisamment  probants. 
Nous  avons  commence  quelques  experiences  sur  la  des- 
truction des  nerfs  qui  se  rendent  dans  la  membrane  mu- 
queuse  des  fosses  nasales.  Nous  avons  delruit,  d'une  part, 
les  branches  de  la  cinquieme  paire  sur  des  chiens,  et  sur 
d'autres  nous  avons  detruit  les  nerf  olfactifs  par  un  nou- 
veau  precede,  qui  consiste  a  couper  la  partie  ante'rieure 
des  lobes  cerebraux.  Mais  nos  animaux  ne  sont  pas  encore 
suffisamment  re'tablis  de  1'operation  pour  que  nous  puis- 
sions  faire  1'observation  dans  des  conditionsconvenables. 
Nous  les  observerons  et  nous  vous  donnerons  ulterieu- 
rement  les  resultals  de  ces  observations.  En  attendant, 
comme  le  temps  nous  presse.  nous  allons  passer  aux 
nerfs  des  autres  organes  des  sens. 

Le  sens  de  la  guslalion  n'est  pas  exclusiveiiieut  sous 


\ERFS. 


239 


rinfluence  de  la  cinquieme  paire.  En  eftet,  la  branche 
linguale  qui  vient  de  cette  paire  nerveuse  ne  se  distri- 
bue  que  dans  les  deux  tiers  anterieurs  de  la  langue. 
Dans  la  partie  posterieure,  la  gustation  est  sous  1'in- 
tluence  du  nerf  glosso-pharyngien.  Toutefois,  cette 


FIG.  12  (i). 

localisation  n'est  applicable  qu'a  1'ensemble  des  tilets 
et  n'est  pas  d'une  rigueur  absolue,  car  il  y  a  des  filets 
de  la  cinquieme  paire  qui  se  distribuent  dans  la  region 
posterieure  de  la  langue,  et  sur  les  piliers  du  voile  du 

(1)  Graeme  du  gout.  (Figure  emprtmte'e  a  la  Nevrologie  de  MM.Lu- 
dovic  Hirclifeld  et  Leveille).  -  -  1,  grand  hypoglosse;  --  2,  branclic 
lingtiale  du  trijumeau  ;  —  3,  brunche  linguale  du  glosso-pharyngied;  — 
/l,  corde  du  lyiupan  ;— 5,  rameau  lingual  du  facial  qui,  apres  s'fitre  anas- 
lamosc'  avec  le  glosso-pliaryngieu,  parvient  a  la  langue  ;—  7,  plan  ner- 
veux  accompagnant  Parterc  linguale  et  sa  division  ;  —  8,  ganglion  sous- 
maxillaire  donnaut  des  ramifications  a  la  glande  sous-maxillaire ;  — 
11,  anastomose  du  nerf  lingual  avec  le  grand  hypoglosse  ; —  12,  nerf  fa- 
cial; —  13,  e"pidermc  detache  du  dernie  et  de"jete  en  haul. 


NEKFS  DL;  GOUT. 

palais,  de  inline  aussi  qu'il  existe  un  grand  tilel  ner- 
veux  decnt  par  M.  Lwlovic  Hirschteld  fig.  12),  qui 
provient  a  la  tbis  du  facial  ct  du  glosso-pharyngien,  el 
qui  s'avanee  jusqif  a  la  pointe  dc  la  langue. 

Nous  n"  avons  rieu  a  ajouter  sur  la  physiologic  dcs  ncrf's 
gustatifs,  a  cc  qui  cst  connu  depuis  longtemps  deja.  Nous 
I'cinarijiicrons  seulemcnt  que  le  sens  de  la  gustation  offre 
ceci  de  particulier,  qu'il  cst  erideinment  sous  I'influence 
de  deux  nerfs,  le  glosso-pharyngien  et  la  cinquicnie 
paire.  La  cinquieme  paire  est  done,  d'aprcs  cela.  un 
ncrf  inixte  possedant  toutes  les  proprictcs  nerveuses 
co.nnues.  II  preside  it  la  sensibilite  generale  par  ses  trois 
branches,  et.  de  plus,  par  sa  branehe  inferieure,  il  pre- 
side au  mouvciiient  et  a  la  sensibilitc  speciale.  On  s'est 
demandc  si  dans  la  partie  antcrieurc  dc  la  langue  la 
sensibility  tactile  et  la  sensibilitr  speciale  ctaient  dctcr- 
ininces  paries  memes  filets  nerveux,  ou  bien  s'il  fallait 
considc'rcr  le  ncrf  lingual  connne  possedant  les  deux 
ordres  de  fibres.  C'cst  Ki  line  question  qifil  est  a  pen 
prcs  impossible  de  resoudrc  expcrimentalement.  Nous 
avons  vu  qifoutre  la  cinquieine  paire,  il  y  avail  encore 
la  corde  du  tympan  qui  agissait  sur  la  gustation  dans 
la  partie  antcrieure  de  la  langue.  Nous  nous  somnies 
expliquc  sur  son  action,  ct  nous  avons  niontre  cc  qui 
peut  survenir  comme  phenomenc  isole  conse'cutif  a  la 
section  de  ce  filet  nerveux.  Toutefois  il  nous  a  semblc 
quelephenoincne  ne  devcnait  surtout  evident  quelors- 
qu'on  coupait  la  corde  du  lympan,  aprcs  sa  sortie  de 
1'oreille  inoyenne. 

On  sait,  en  effet,  que  dans  ce  point  la  corde  du  tym- 


NhRFS    DE    I/OEIL.  W2/|  1 

pan  contracte  ties  anastomoses  avec  cles  filets  du  grand 
sympathique ,  qui  accompagnent  1'artere  meningee 
moyenne. 

Nous  n'avons  pas  essaye  si ,  en  enlevanl  le  ganglion 
sous-nuixillaire,  on  obtiendrait  les  monies  resultats. 
Chez  le  chien,  ce  ganglion  est  a  peinc  visible. 

IA>rgane  de  la  gustation,  comine  tous  les  organes 
des  sens,  possede  des  nerfs  inoteurs.  Ces  nerfs  inoteurs 
sont  le  glosso-pharyngien.  considers  conime  un  nerf 
mixte,  et  plus  specialement  le  nerf  grand  hypoglosse, 
qui  est  le  nerf  motetiressentiel  de  1'organe.  Nous  n'avons 
rien  a  ajouter  a  ce  qu'on  sait  sur  les  fonctions  de  ce 
nerf,  si  ce  n'est  que  nous  avons  constate  sa  sensibilitt- 
recurrente,  et  vu  qu'elle  lui  (Mail  luurnie  par  la  cin- 
quieme  paire.  De  sorte  qu'ici  nous  voyons  que  la  cin- 
([uieme  paire  tient  sous  sa  dependance.  non-seulemeiit 
le  nerf  facial,  les  nerfs  moteurs  de  1'oe-il,  inais  encore 
T  hypoglosse. 

L'organe  de  1'oui'e  possede,  comrne  tous  les  organes 
des  sens,  trois  especes  de  nerfs  :  1°  le  nerf  de  sensation 
speciale,  nerf  acoustique,  qui  est  bien  evidennnent  le 
nerf  de  Taudition,  niais  que  M.  Flourens  a  divise  en 
deux,  conside'rant  la  partie  liinacienne  comme  la  por- 
tion acoustique  par  excellence ,  et  la  portion  vesiibu- 
laire  comme  presidant  a  des  mouvements  d'equilibra- 
tion  de  la  UHe.  En  effet,  quand  on  blesse  les  canaux 
demi-circulaires,  on  voitsurvenir  dans  la  t6te  des  mou- 
vements de  torsion  qui  persistent  pendant  un  temps 
plus  ou  moins  long.  Nous  produisons  quelquefois  cet 
efTet,  lorsque  voulant  couper  le  facial  dans  le  crane 

B.,  SYST.  NEUV.  —  u.  16 


NERFS  DF  LOEIL. 

nous  venous  a  blesser  les  canaux  demi-circulaires. 

L'appareil  auditif  recoil  sa  sensibilite  generate  du 
plexus  cervical  pour  la  peau  de  1'oreille  externe  ;  de  la 
cinquieme  paire  et  du  pneumogastrique  pour  le  conduit 
auditif;  pour  1'oreille  inoyenne  et  la  tronipe  d'Eustache, 
de  la  cinquieme  paire  et  du  glosso-pharyngien  par  le 
filet  qui  emane  du  ganglion  d'Andersch. 

La  sensibilite  de  1'oreille  moyenne  et  du  conduit  au- 
ditif n'est  pasdouteuse.  Quaud  on  pratique  la  section  de 
la  corde  du  tympan  chez  le  chien,  on  trouve  que  1'in- 
terieur  du  conduit  auditif  est  doue  d'une  sensibilite  vive 
due  a  la  cinquieme  paire.  Le  pneumogastrique  fournit 
aussi  au  filet  auriculaire  que  nous  avons  vu  expe"- 
rimentalement  etre  tres  sensible,  lorsque  nous  1'avons 
examine"  avant  et  apres  la  jonction  an  facial  dans  le 
canal  spiroi'de. 

Lorsqu'on  agit  sur  le  nerf  auditif,  le  nerf  de  Wris- 
berg  on  le  nerf  facial,  il  est  tres  difficile  de  ne  pas  leser 
tous  ces  nerfs  a  la  fois.  11  serait  impossible  par  exemple, 
meme  en  operant  sur  de  grosanimaux,  sur  des  chevaux 
com  me  nous  1'avons  fait,  de  couper  isolement  a  leur  en- 
tree dans  le  conduit  auditif  interne,  le  facial,  Tacous- 
tique,  ou  le  nerf  de  Wrisberg  ;  de  facon  qu'il  est  diffi- 
cile d'examiner  I'influence  que  pourrait  avoir  sur  le  sens 
de  1'oui'e  la  soustraction  des  nerfs  moteurs  qui  animent 
les  muscles  des  osselets  de  1'oreille.  Nous  avons  pu  ope- 
rer  cette  separation  des  nerfs  par  rarrachement  qui 
permet  d'enlever  quelquefois  le  nerf  facial  seul,  quelque- 
fois  aussi  avec  lui  le  nerf  intermediaire  de  Wrisberg; 
mais  en  respectant  toujours  le  nerf  acoustique.  Or,  nous 


\ERFS  DE  LOEIL. 

avons  remarque,  ainsi  que  le  prouvent  les  experiences 
deja  citees,  qu'apres  Tarrachement  du  nerf  facial  le 
sens  cle  1'ou'ie  n'est  pas  perdu.  Toutefois,  il  serait  impos- 
sible de  dire  s'il  n'a  pas  ete  modifie,  parce  que  les  ani- 
maux  ne  peuvent  pas  rendre  compte  de  ce  qu'ils  eprou- 
vent.  Nouspouvons  remarquer  cepenclant,  en  parcourant 
les  observations  prises  chez  rhomme,  que  la  paralysie 
du  rierf  facial,  lorsqu'elle  n'est  pas  due  a  une  lesion  de 
I'oreille,  n'entraine  generalement  pas  d'alt^ration  sen- 
sible dans  le  sens  audit  if. 


DIXIEME  LECON. 

10  JUIN  18o". 

SOMMAIRE:  Nerf  spinal.  Son  histoire  pliysiologique  ;  Oalien  , 
Willis,  Scarpa ,  Cli.  Bell,  Bischoff.  •  -  Anatomic  clu  nerf  spinal  chez 
riiomme  et  chez  les  animaux.  —  Propri^tes  cln  spinal. 

MESSIEURS  , 

Nous  avons  sou  vent  repete  que  la  distribution  anato- 
miquc  d'un  nerf  etant  connue.  la  methode  physiolo- 
gique experimentale  qiTon  einploie  pour  determiner  ses 
usages  consiste  a  le  couper.  Le  nerf  ainsi  separe  du 
cerveau  ou  de  la  moelle  n'exerce  plus  son  influence 
dans  les  parties  du  corps  ou  ses  branches  se  ramifient. 
Les  phenomenes  auxquels  il  donnait  lieu  ne  se  produi- 
sent  plus;  en  coustatant  leur  absence,  on  etablit  par 
voie  negative  le  role  qui  appartient  au  cordon  nerveux. 

Si  les  fonctions  du  spinal  sont  restees  longtemps  inde- 
terminees,  cela  tienl  uniquement  a  ce  que  ce  nerfetait 
plus  diHicilement  accessiltle  que  beaucoup  d'aulres  au 
mode  d' experimentation  que  je  viens  de  rappeler.  L'idee 
de  detruire  ses  origines  noinbreuses  et  d'aller  les  at- 
teindre  au  milieu  du  trajet  bizarre  qu'elles  parcourent 
dansle  canal  rachidien,  parait,  au  premier  abord,  d'une 
realisation  presque  impossible.  Cependant  cette  expe- 
rience a  ete  tentee  et  executee  dans  ces  derniers  temps. 
Mais,  les  mutilations  considerables  qui  accompagnaient 
I'op6ration  entrainant  toujours  rapidement  la  mort  des 
animaux,  les  experimentateurs  n'ont  pu  etablir  leurs 


NERF    SPINAL. 

opinions  que  sur  des  phenomenes  de  courte  duree,  et 
consequemment  incomplets. 

Les  resultats  obtenus  au  milieu  de  ces  circonstances 
defavorables  ne  m'ont  pas  paru,  ainsi  qu'a  beaucoup  de 
physiologistes,  suffisamment  concluants,  et  on  ne  pou- 
vait  en  attribuer  la  faute  qu'au  procede  experimental, 
qui  etait  defectuenx,  car  le  sujet  avait  ete  etudie  avec 
autant  de  conscience  que  de  savoir. 

J'ai  entrepris  autrefois  des  recherches  a  ce  sujet,  dans 
la  pensee  que  si  on  trouvait  le  moyen  de  conserver  la 
vie  aux  animaux,  et  cependant  de  detruire  chez  eux 
completement  toutes  lesorigines  du  spinal,  le  probleme 
serait  resolu. 

Apres  des  epreuves  longues  et  multipliers,  j'ai  enfin 
reussi  a  faire  ce  que  n'avaient  pas  fait  mes  devanciers , 
a  observer  et  a  etudier  pendant  un  temps  considerable 
les  troubles  apportes  aux  fonctions  des  animaux  aux- 
quels  j'avais  enlev«3  completement  les  nerfs  spinaux  ou 
accessoires  dc  Willis.  J'ai  pu  en  consequence  presenter 
des  faits  nouveaux,  qu'on  trouvera,  jel'espere,  deduits 
d'une  experimentation  aussi  rigourense  que  possible. 

Dans  1'expose  des  travaux  qui  ont  ete  entrepris  pour 
arriver  a  etablir  le  r61e  physiologique  du  nerf  spinal,  je 
passerai  succinctement  en  revue  les  principals  opinions 
emises  jusqu'ii  ce  jour  sur  les  fonctions  de  ce  nerf.  Je 
m'arreterai  principalement  au  travail  de  Bischoff,  et  je 
discuterai  avec  soin  cette  doctrine  actuellement  re- 
gnante,  d'apres  laquelle  on  voudrait  confondre  le 
pneumogastrique  et  le  spinal  comme  les  deux  racines 
d'une  paire  nerveuse  rachidienne.  L'importance  de 


NKRF    SPINAL. 

ceiie  theorie  et  la  celebrite  qu'elle  a  acquise  justifieront 
sans  doute  1'etendue  des  developpements  que  je  donnerai 
a  son  examen. 

Je  vous  rappellerai  ensuite  les  recherches  anatomiques 
et  physiologiques  a  Taide  desquelles  j'ai  determine  les 
functions  du  spinal.  Sous  le  rapport  anatomique,  je 
crois  avoir  ete  conduit  a  des  vues  nouvelles,  qui  eclaire- 
ront  et  simplifieront  les  descriptions  tres  diverses  et  sou- 
vent  confuses  qu'on  a  donne'es  sur  les  origines  et  la  dis- 
tribution du  nerf  spinal.  Sous  le  rapport  physiologique, 
si  j'insiste  sur  les  precedes  d'experiences  qui  me  sont 
propres,  c'est  qu'ici  plus  que  jamais  les  resultats  depen- 
daientdes  moyens  d'analyse  et  d'experimentation. 

1°  WILLIS  (1664).  Galien  n' avail  sur  le  spinal  que  des 
connaissances  fort  incomplete,  et  il  considerait  ce  nerf 
comme  un  rameau  du  pneumogastrique  (6e  paire  de 
Galien).  Willis  le  premier  decrivit  comme  un  nerf  par- 
ticulier  le  spinal,  auquel  il  reconnut  une  origine  et  une 
distribution  distinctes  de  celles  du  pneumogastrique. 
II  assigna  egalement  un  r61e  physiologique  different  a 
ces  deux  nerfs. 

W7illis  signala  parfaitement  les  origines  du  spinal  a  la 
moelle  epiniere  cervicale;  il  decrivit  son  trajet  ascen- 
dant dans  le  canal  vertebral  et  sa  sortie  du  crane  avec  le 
pneumogastrique  par  le  trou  clechire  posterieur.  II  in- 
sista  sur  les  connexions  que  le  nerf  spinal  offre  dans  le 
trou  clechire  posterieur  avec  le  pneumogastrique,  et  il 
regardait  deja  cette  anastomose  comme  un  lien  physio- 
logique entre  les  deux  nerfs.  «  C'est  dans  ce  point,  dit- 
il,  que  le  vague  (on  pneumogastrique!  peut,  a  la  faveur 


IHSTORIQUE. 

tl'iine  elroite  union,  eonmiuniquer  ses  fibres,  et.  par 
suite,  ses  proprietes  a  1'accessoire  (ou  spinal).  » 

Or,  voici  comment  Willis  interpretait  physiologique- 
ment  cette  union  nerveuse.  Suivant  lui,  le  spinal  etait 
un  nerf  moteur  volontaire,  qui  remontait  dans  le  crane 
et  s'adjoignait  au  vague,  non  pour  lui  fournir,  mais  au 
contraire  pour  lui  emprunter  des  fibres  et  par  suite  une 
influence  motrice  involontaire.  D'ou  il  resultait,  d'apres 
Willis ,  qu'independamment  de  sa  verlu  motrice  vo- 
lontaire  qu'il  tirait  de  la  moeile  epiniere  cervicale,  le 
spinal  possedait  de  plus,  par  cet  emprunt  de  filets  au 
vague,  une  faculte  motrice  involontaire  acquise,  qui  lui 
permettait  d'agir  sympathiquement  avec  le  pneuino- 
gastrique  dans  certains  mouvements  des  passions  se  pas- 
sant dans  le  cou  et  dans  le  membre  superieur.  Puis 
1'auteur  supposait  que  c'etait  afin  de  contractor  cetle 
anastomose  importante  dans  le  trou  dechire  posterieur 
(jue  le  spinal  ne  de  la  moeile  epiniere  cervicale  avec  les 
nerfs  volontaires  etait  oblige  de  remonter  dans  le  crane 
et  de  parcourir  un  trajet  si  bizarre.  Eufiu,  Willis  ajoutail 
qu'au  moyen  de  cette  anastomose  nerveuse  le  spinal 
deveuait  1'auxiliaire  ou,  suivantson  expression.  Yacces- 
soire  du  pneumogastrique. 

Cet  expose  de  la  theorie  de  Willis  sur  les  fonctions  du 
spinal  prouve  clairement  que  cet  auteur  admettait  que 
le  pneumogastrique  fournit  une  anastomose  an  nerf  spi- 
nal, tandis  (me  Scarpa  et  tons  les  modernes  admettent 
au  contraire  que  c'est  le  pneumogastrique  qui  recoil 
une  anastomose  da  spinal.  Dans  la  deuxieme  partie  de  ce 
travail,  je  prouverai  que  la  description  de  Willis  n'eii 


2/|S  XERF    SPINAL. 

est  pas  nioins  tres  exacte,  et  que  si  elle  differe  de  celle 
de  Scarpa,  cela  tient  uniquement  a  ce  que  ces  deux  au- 
teurs  out  delimite  diffe"remment  les  origines  du  nerf 
spinal. 

2°  SCARPA  (1788).  Scarpa,  commc  Willis,  chercha  a 
expliijuer  les  fonctions  du  spinal  parl'unionanatomique 
quo  ce  nerf  offre  avec  le  pneumogastrique.  Seulement 
i!  donna  une  description  de  cette  anastomose  tout  op- 
posee  a  celle  de  Willis.  Scarpa,  en  effet,  a  de'crit,  sous 
le  nom  de  brancke  interne  du  spinal,  un  raineau  consi- 
derable ({ue  ce  nerf  envoie  dans  le  tronc  du  vague  an 
niveau  du  trou  dechire  posterieur,  et  il  considerait  deja 
cette  anastomose  coinme  une  sorte  de  ratine  mot-rice 
fournie  par  la  nioelle  cervicale  an  nerf  pneumogas- 
trique.  Cette  interpretation,  qui  fut  adinise  par  Seem- 
merring,  Arnold,  etc.,  se  retrouvera  plus  tard  soutenue 
par  Bischoff  avec  des  developpements  nouveaux. 

Coniine  doctrine  jmysiologitpie,  Scarpa  pensait  que 
le  nerf  spinal  (ou  accessoire  de  Willis)  ne  s'insere  si 
longuement  dans  le  canal  vertebral  qu'afiu  de  porter  au 
pneumogastrique  ['influence  nerveuse  de  toute  cette 
etendue  de  la  moelle.  «  Le  uerf  accessoire,  dit-il,  qui  a 
la  meme  origine  que  les  nerfs  du  bras,  remonte  dans  le 
crane  pour  envoyer  un  raineau  dans  le  vague  ou 
pneumogastrique ,  et  Her  ainsi  sympathiquement  les 
mouvements  qu'il  regit  a  ceux  du  membre  superieur  et 
du  con.  »  Bien  que  cette  opinion  semble  se  rapprocber 
de  celle  de  Willis,  en  ce  que  le  nerf  spinal  servirait  a, 
etablir  une  relation  sympatbique  entre  les  mouvements 
de  la  respiration  et  ceux  du  bras  et  du  cou,  elle  en  dif- 


H1STOKIQUE.  2/|9 

fere  cepcndaut  essentiellement  quant  an  fond.  Pour 
Willis ,  c'etait  le  pneumogastrique  qui  communiquait 
son  influence  an  spinal,  tandis  que,  pour  Scarpa,  c'etait 
au  central  re  le  spinal  qui  apportait  au  vague  1'influence 
de  la  moelle  epiniere.  Ces  deux  theories,  au  lieu  de  se 
confondre,  sent  done  en  pleine  opposition.  II  nepouvait 
en  etre  autrement,  puisque  les  deux  auteurs  ont  base 
leurs  explications  sur  le  meme  fait  anatomique  (!' anasto- 
mose du  spinal  et  du  vague)  interprets  d'une  maniere 
tout  opposee. 

o°  CH.  BELL  (1821 ) .  Tel  etait  1'etat  de  la  question  sur 
les  fonctions  du  spinal  lorsque  la  decouverte  de  Ch. 
Bell  et  Magendie  sur  les  usages  des  nerfs  rachidiens 
vint  doniier  1111  nouvel  elan  a  la  physiologic  du  systeme 
nerveux.  Ch.  Bell  et  Magendie,  comme  on  salt, 
fu rent  les  premiers  qui  demontrerent  expe'rinientalement 
la  localisation  des  nerfs  de  sentiment  dans  les  racines 
posterieures  et  celle  des  nerfs  de  mouvemcnt  dans  les 
racines  anterieures  de  la  moelle  epiniere.  Mais  le  phy- 
siologiste  anglais  subdivisa  de  plus  les  nerfs  moteurs 
en  deux  ordres  :  les  uns,  moteurs  volontaircs,  lies 
exclusivement  du  faisceau  anterieur  de  la  moelle,  et  les 
autres  presidant  aux  mouvements  involontaires  ou  res- 
piratoires  et  prenant  leur  origine  sur  le  faisceau  medul- 
laire  lateral.  Dans  cette  derniere  classe,  il  range  le  fa- 
cial, le  glosso-pharyngien,  le  pneumogastrique,  le  spinal 
ou  Yaccessoirc  et  Yhypoglosse.  Toutes  les  recherches  de 
Ch.  Bell  sur  le  spinal  fureut  faites  dans  le  but  de  con- 
firmer  sa  theorie  des  nerfs  respiratoires. 

Pour  cet  auteur,  le  spinal  doit  6tre  un  nerf  respira- 


250  NEHF    S1MN.M  . 

toire,  paree  qu'il  nail  clu  faisceau  lateral  tie  la  moelle 
epiniere,  et  c'est  a  ce  litre,  (lit  Ch.  Bell,  qu'il  va  porter 
aux  muscles  stemo-mastoi'dien  et  trapeze  une  influence 
motrice  involontaire  en  rapport  avec  les  mouvemeuts 
normaux  du  thorax;  et  comme  les  muscles  auxquels  se 
dislribue  le  spinal  ret-oivent  encore  des  filets  des  ratines 
anterieures  par  le  plexus  cervical,  il  s'ensuit  qu'ils  pos- 
sedent  a  la  fois  une  double  faculte  motrice,  Tune  volon- 
taire,  Fautre  involontaire.  Cctte  double  source  motrice 
expliquerait,  d'apres  Ch.  Bell,  comment  dans  certains 
cas  d'hemiplegie,  lorsque  les  mouvemeuts  volontaires 
soul  abolis,  les  muscles  sterno-mastoi'dien  et  trapeze 
peuvent  encore  servir  a  la  respiration  en  soulevant  le 
thorax  dans  les  grandes  inspirations. 

Les  opinions  cle  Willis  et  de  Scarpa  sur  les  fonctions 
du  spinal  furent,  ainsi  que  nous  1'avons  vu,  de  simples 
inductions  anatomiques,  tandis  que  Ch.  Bell,  et  ensuite 
Shaw,  qui  aclopta  sa  maniere  de  voir  sur  le  spinal, 
furent  les  deux  premiers  auteurs  qui  essayerent  de  ve- 
rifier leur  theorie  par  la  voie  experimentale. 

L'experience  suivante,  qui  est  la  principale,  appar- 
tient  a  Ch.  Bell.  Sur  uu  ane,  chez  lequel  les  muscles  de 
la  respiration  etaient  en  action,  ce  physiologiste  coupa 
tous  les  filets  du  spinal  qui  se  rendeut  clans  le  sterno- 
masloi'dien.  «  Aussitot,  dit-il,  tous  les  monvements 
involontaires  ou  respiratoires  cesserent  dans  ce  muscle, 
tandis  que  1'auimal  pouvait  encore  s'en  servir  comme 
muscle  volontaire.  » 

J'ai  repete  cette  experience  sur  des  chiens,  des  chats 
et  des  lapins  sans  obtenir  des  resultats  de  la  me"  me  nature. 


HISTOR1QUK.  251 

que  ceux  qu'indique  Ch.  Bell.  Quclques  autres  physiolo- 
gistes  n'ont  pas  non  plus  reussi.  Bischoff  rapporte  ega- 
lement  deux  experiences  dans  lesquelles  il  coupa  sur  des 
chieus  les  spinaux  sur  les  c6tes  de  la  moelle  allongee : 
six  semaines  apres,  la  plaie  du  con  etant  guerie,  il 
constata  que  les  mouvements  des  sterno-mastoi'diens 
etaient  Ires  visibles  quand  on  provoquait  de  grandes 
inspirations  en  comprirnant  les  narines  de  1'auimal. 

En  definitive.,  il  demeure  incontestable  qu'en  rese- 
quant  lesnerfs  spinaux  on  paralyse  certains  mouvements 
dans  les  muscles  sterno-masto'i'dien  ct  trapeze.  Mais, 
contre  Topinion  de  Ch.  Bell,  il  srinblerait  plul6t  qu'on 
abolit  les  mouvements  non  respiratoires ,  puisque  nous 
avons  vu  ces  mouvements  persister  sous  la  seule  influence 
du  plexus  cervical.  Du  reste,  Ch.  Bell  n'etablit  pas  assez 
nettcmcnt  dans  son  rxwTience  sa  distinction  entre  les 
mouvements  volontaires  et  respiratoires.  Plus  tard,  nous 
aurons  encore  a  revenirsur  ces  experiences  de  Ch.  Bell, 
qui  se  rapportent  uniquement,  cornme  on  le  voit,  a  la 
branche  extcrne  du  spinal,  et  nullement  au  r61e  fonc- 
tionnel  de  sa  branche  interne  on  portion  anastomotique 
avec  le  pneumogastrique ,  qui  avail  au  coutraire  spe- 
cialement  fixe  ratteution  de  Willis  et  de  Scarpa. 

k°  BISCHOFF  (1832).  Depuis  la  de'couverte  de  Ch. 
Bell  et  Magendie,  les  etudes  physiologiques  poursuivies 
de  tout  c6te  avec  perseverance  avaient  suscite  des  re- 
cherches  anatomiques  plus  minutieuses,  qui  avaient 
assis  la  doctrine  de  la  separation  des  nerfs  moteurs  et 
sensitifs  sur  des  preuves  nouvelles.  Comme  tout  systeme 
en  faveur,  celui-ci  tendait  de  jour  en  jour  a  se  genera- 


252  NERF    SHMAL. 

liser.  Deja  des  travaux  importants  de  Soemmerring ,  de 
Ch.  Bell,  d'Eschricht,  etc.,  sur  la  cinquieme  paireet  sur 
le  facial  faisaient  penser  que  Ton  pourrait  aussi,  de 
meme  que  pour  les  paires  rachidieimes,  distinguer  dans 
les  nerfs  craniens  1'element  moteur  de  1'element  sensi- 
tif  et  par  la  les  ramener  a  la  meme  systematisation. 

La  jonction  anatomique  du  pneumogastrique  et  du 
spinal  semblait  se  preter  a  cette  maniere  de  voir.  Deja 
Goeres,  en  1805,  c'est-a-dire  avant  la  decouverte  des 
proprietes  des  nerfs  rachidiens,  avait  dit  qu'on  pouvait 
comparer  les  origines  du  vague  et  de  1'accessoire  aux 
deux  racines  d'une  paire  rachidienne.  Gette  vue,  deja 
indiquee  par  Scarpa  et  plus  tard  partagee  par  Arnold  et 
quelques  atiatomistes ,  fut  reprise  par  Bischoff,  qui  eut 
le  merite  de  I'introduire  dans  la  science.  Get  auteur, 
dans  mi  travail  reinarquable,  s'appuyant  d'une  part  sur 
I'anatomie  humaine  et  comparee,  et  d'autre  part  sur 
^experimentation  physiologique  directe,  verifia  pleine- 
ment  le  theoreme  de  Gceres  et  avanca  cette  proposition 
absolue ,  que  le  pneumogastrique  (nerf  sensitif)  et  le 
spinal  (nerf  moteur)  ont  des  origines  distinctes  et  se 
trouvent  entre  eux  dans  le  m6me  rapport  anatomique  et 
physiologique  que  les  deux  racines  d'une  paire  rachi- 
dienne :  Nervus  accessorius  Willisii  est  nervus  motor ius 
atque  eandem  habet  rationem  ad  neruumvagum  quisen- 
sibililati  solummodoprceest,  quam  antica  radix  nervi  spi- 
nulis  ad  posticam. 

Une  semblable  demonstration,  dans  laquelle  les  pre- 
visions de  la  theorie  se  trouvaient  si  pleinement  confir- 
mees par  ['experience,  produisit  une  vive  sensation.  Le 


NEftF    SPINAL.  25o 

nom  de  Tauteur  ct  des  illustres  temoins  (levant  qui  il  fit 
son  experience  contribuerent  a  porter  rapidement  la 
conviction  dans  les  esprits  et  firent  accepter  cette  doc- 
trine avec  ton  to  la  confiance  qu'elle  paraissail  mr- 
riter. 

Cependant  la  difficulte  de  reproduire  1'experience 
telle  que  1'indique  Bischoff,  qnelques  objections  anato- 
miques  faites  a  cette  maniere  de  voir,  qui  ne  semblaient 
pas  suffisammeiit  resolues  dans  le  travail  du  physio- 
logiste  alleinand  ,  laisserent  encure  des  doutes  dans 
1'esprit  (I'un  certain  noinbre  de  physiologistes ,  qui  ne 
i'urent  pas  entieremenl  convaincus.  Muller .  Magen- 
die,  etc.,  etaient  de  re  nombre,  et  attendaient  , 
avant  de  se  prononcer  sur  cello  (jueslion,  qu'on  cut  ras- 
seniblr  de  nouveaux  fails.  Magendie,  ayant  repet6 
))lusieurs  to  is  1'cxporience  de  Bischoff,  n'obtint  pas  des 
resultats  seniblables,  et  il  signala  le  premier  certains 
desorclres  qui  surviennent  dans  la  demarche  de  Fanimal, 
et  particulierement  dans  les  mouvements  des  membres 
anterieurs,  a  la  suite  de  la  section  des  nerf  spinanx  dans 
le  crane. 

Du  reste.  en  lisant  le  travail  de  Bischoff,  il  est  facile 
de  voir  que  cet  auteur  est  sous  1'influence  de  la  ten- 
dance scientifique  regnante,  etqu'il  se  preoccupe,  avant 
tout,  de  confirmer  une  analogic  theorique  entre  une 
paire  rachidienne  et  les  nerfs  pneumogastrique  et  spi- 
nal. Aussi,  le  probleme,  tel  que  Bischoff  se  Test  pose, 
n'a  pas  ete  d'etudier  d'uue  maniere  generate  les  fonctions 
du  spinal ;  mais,  domine  par  le  point  de  vue  systema- 
tique,  il  arrive  de  suite  a  se  demander  : 


25/1  NERF    SPINAL. 

1°  Le  spinal  est-il  analomiquement  une  racine  ant^- 
rieure  associee  au  nerf  pneumogastrique  ? 

2°  Le  spinal  est-il  physiologiquement  une  racine  ante"- 
rieure  motrice,  tandis  que  le  vague  serait  la  racine  pos- 
terieure  sensitive  correspondante  ? 

Toute  la  these  de  Bischoff  a  pour  but  la  demonstra- 
tion affirmative  de  ces  deux  propositions.  Nous  devons 
les  reprendre  et  les  examiner  chacune  a  part  clans  1'ap- 
pre"ciation  critique  quo  nous  allons  faire  de  la  doctrine 
qu'elles  represented. 

PREMIERE  PROPOSITION.  •  Le  nerf  spinal  peul-il  $tre 
compare  sous  le  rapport  anatomique  a  la  racine  anterieure 
d'une  paire  rachidienne  dont  le  pneumogastrique  repre- 
senlerait  la  racine  poslerieure  ? 

Les  principaux  arguments  apportes  par  Bischoff  et 
par  les  autres  auteurs  qui  ont  soutenu  cette  comparaison 
anatomique  so  ri'sument  en  disant : 

1°  Que  le  nerf  spinal,  comme  une  racine  rachidienne 
anterieure,  nait  du  faisceau  ant^ro-lateral  de  la  moelle ; 

2°  Que  ce  nerf,  comme  une  racine  rachidienne  an- 
terieure, est  toujours  depourvu  de  ganglion  sur  son 
trajet ; 

3°  Que  le  spinal,  en  s'anastomosant  dans  le  trou  d&- 
chir^  posterieur,  par  sa  branche  interne  avec  le  pneumo- 
gastrique au-dessous  de  son  ganglion  jugulaire,  se  com- 
porte  a  1'egard  de  ce  nerf  de  la  me"  me  maniere  que  le 
fait  une  racine  rachidienne  anterieure,  quand  elle 
s'unit  a  sa  racine  posterieure  correspondante  dans 
ie  trou  de  conjugaison  ,  apres  son  jganglioii  interver- 
tebral ; 


NERF    SPINAL.  255 

4°  Enfin,  on  ajoute  que  la  distribution  cle  la  branche 
externe  du  spinal  dans  les  muscles  sterno-mastoi'dien  et 
trapeze  etablit  pleinement  sa  nature  motrice. 

Tout  le  monde  ad  met,  en  effet,  et  cela  est  incontes- 
table, que  le  spinal  possede  les  caracteres  anatomiques 
d'un  nerf  moteur.  Ce  qui  n'empeche  pas,  ainsi  qu'il  sera 
facile  de  le  demontrer,  que  les  rapprochements  prece- 
dents, qui  tendraient  a  faire  considerer  ce  nerf  comme 
la  racine  anterieure  de  pneumogastrique,  ne  soient 
completements  inexacts  et  forces. 

D'abord,  lo  mode  d'origine  du  spinal  n'est  pas  le 
m6me  que  celui  d'une  racine  anU-rieure.  Ce  nerf  prend 
naissance  dans  une  etendue  tres  considerable  de  la 
moelle  epiniere,  tandis  que  chaque  racine  rachidienne 
nait  d'un  point  tr6slimite.  Ensuite,  au  lieu  de  s'inserer 
comme  les  racines  anterieures,  dans  le  sillon  de  separa- 
tion du  faisceau  anterieur  et  du  faisceau  lateral,  les  Glets 
originates  du  spinal  emergent  d'une  partiede  la  moelle 
beaucoup  plus  reculee  et  tres  pres  du  faisceau  posterieur 
comme  nous  le  verrons  bientot. 

Sous  le  rapport  de  ses  variations  de  volume  chez  les 
animaux,  le  spinal  ne  se  monlre  pas,  comme  une  racine 
rachidienne  anterieure,  d'autant  plus  volumineux  que 
les  organes  musculaires  auxquels  ils  se  distribue  pren- 
nent  un  plus  grand  de"veloppemenl. 

Ainsi  le  spinal  n'augmente  pas  chez  les  animaux  donl 
les  organes  pharyngo-gastriques  acquierent  un  volume 
considerable.  Chez  le  bceuf ,  ou  il  y  a  quatre  estoniacs 
tres  musculeux  et  des  mouvenients  speciaux  de  rumi- 
nalion,  le  spinal  n'est  pas  plus  gros  que  chez  le  cheval, 


250  NKHl     SPINAL. 

oil  il  y  a  un  estomac  simple,  tres  petit,  duns  lequel  les 
aliments  sejournent  pendant  tres  pen  de  temps. 

Mais  le  rapprochement  le  plus  errone  qu'on  a  vouhi 
etablir  entre  le  spinal  et  line  racine  ant^rieure,  c'est 
d'avoir  compare  son  anastomose  avec  le  pneumogas- 
Irique  dans  le  tron  dechire  posterieur  a  runion  qui  s'e- 
tablit  entre  les  racines  rachidiennes  anterieure  et  poste- 
rieure  danslo  trou  de  conjugaison. 

En  effet.  les  deux  racines  rachidiennes,  un  peu  au 
dela  du  ganglion  intervertebral  qui  appartient  a  la  racine 
posterieure,  se  joignent  et  se  reunisser.t  de  telle  ma- 
niere  qu'il  y  a  une  decussation  intime  enti'c  leurs  filets. 
Cette  intrication  est  entiere  et  se  montre  comme  une 
fusion  complete  des  deux  racines  en  un  nerf  mixle  ;  de 
telle  sorte  qu'il  devient  impossible  de  distinguer  si  un 
rameau  ne  au  dela  de  cette  union  provient  de  la  racine 
anterieure  plutot  quo  de  la  racine  posterieure. 

Pour  le  spinal,  au  contraire,  c'est  une  simple  jonction 
partielle  de  sa  branche  interne  avec  le  tronc  du  pneumo- 
gastrique.  BischofT,  partageant  1'opinion  de  Scarpa,  de 
Gceres,  etc.,  pensait  quo  cette  branche  anastomotique 
interne  resultait  indistinctement  de  filets  emanes  de 
toute  1'etendue  des  origines  du  nerf  spinal.  Mais  les  dis- 
sections de  Bendz,  de  Spence,  ainsi  que  les  miennes, 
prouvent  clairement  que  le  rameau  anastomotique.  qui 
se  jette  dans  le  tronc  du  pneumogastrique,  provient 
uniquement  des  trois  ou  quatre  filaments  origiuaires  les 
plus  eleves  du  spinal,  qui  naissentde  la  moelle  allongee, 
tandis  que  toutes  les  origines  situees  au-dessous  et 
s'inserant  sur  la  moelle  cervicale  composent  la  branche 


MERP   SPINAL.  557 

extern e  tin  spinal,  qui  reste coinpletement  etrangere  a 
1'anastomose  clu  spinal  et  du  pneumogastrique. 

II  n'y  a  done,  d'apres  cela,  que  les  filets  originates  du 
spinal  provenant  de  la  moelle  allongee  qui  s'anastorno- 
sent  avec  le  vague,  et  ce  seraient  les  seals  qu'on  pour- 
rait  reellement  chercher  a  consiclerer  comme  represen- 
tant  la  racine  anterieure  du  pneumogastrique. 

Mais  la  comparaison,  meme  ainsi  restreinte,  est  en- 
core fautive.  En  effet,  si  nous  supposons  que  la  branche 
interne  clu  spinal  seule  joue  le  role  d'une  racine  ante- 
rieure  a  regard  du  pneumogastrique,  elle  devrait  se 
confondre  avec  lui  comme  le  fait  Line  racine  anterieure 
avec  sa  racine  posterieure  correspondante.  Or,  au  lieu 
d'une  fusion  complete  il  existe  un  simple  accolement,  et 
on  constate  clairement  par  la  dissection  la  plus  facile 
que.  parmi  les  filets  de  cette  anastomose  interne  du  spi- 
nal, il  en  est  qui  se  continuent  directement  avec  la 
branche  pbaryngienne  du  vague,  tandis  que,  a  regard 
des  rameaux  qui  naissent  apres  runion  des  racines  ra- 
cbidiennes,  ainsi  que  je  Fai  deja  dit,  le  scalpel  le  plus 
habile  ne  pourrait  debrouiller,  tant  la  fusion  des  deux 
nerfs  a  ete  intime.  Spence,  qui  a  soutenu  cette  opinion 
que  la  branche  interne  du  spinal  representait  seule  la 
racine  auterieure  du  vague,  n'a  pas  aclmis  la  fusion  des 
deux  nerfs,  car  il  compare  tres  ingcnieusement  cette 
anastomose  a  la  petite  racine  mot  rice  de  la  cinquieme 
paire. 

Une  objection  grav<5  doit  encore  etre  faite  a  la  ma- 
mere  dont  on  a  considere  1'anastomose  du  spinal  dans 
ses  rapports  avec  le  ganglion  clu  pneumogastrique.  On 

B.,  Svsr.  NEUV.  —  ii.  IT 


258  NERF    SPINAL. 

salt  en  effet  que  cbaque  raciue  rachidienne  anterieure 
s'unit  a  la  racine  posterieure  un  peu  au  dela  clu  ganglion 
intervertebral  deceite  derniere.  Laplupartdesauteurs, 
regardant  le  ganglion  jugulaire  du  pneumogastrique, 
qu'on  voitexistersur  son  trajet  au  moment  ou  il  penetre 
dans  le  trou  dechire  posterieur,  comme  1'analogue  du 
ganglion  intervertebral  (Tune  racine  posterieure,  ontcru 
trouver  la  un  argument  en  faveur  de  leur  doctrine  en 
disantquele  spinal  s'unit  au  pneumogastrique  au-dessous 
de  ce  ganglion.  Mais  il  fallait  prouver  d'abord  que  ce 
ganglion  du  pneumogastrique  etait  1' analogue  du  gan- 
glion intervertebral  d'une  racine  rachidienne  poste"- 
rieure.  Or,  il  est  facile  de  demon trer  que  le  seul  gan- 
glion qui  pourrait  etre  rapproche  de  celui  des  racines 
posterieures  est  celui  qui  existe  sur  le  trajet  du  pneumo- 
gastrique .  au-dessous  du  1' anastomose  du  spinal.  Ce 
ganglion  est  tres  visible  et  nettement  delimite  chez 
certains  animaux,  tels  que  le  chat  et  le  lapin  (fig.  14, 
n,  n),  tandis  que  chez  Thomme  il  est  represente  par 
une  sorte  d'intumescence  ganglionnaire  diffuse  du  tronc 
du  pueumogastrique  a  laquelle  on  donne  le  noin  de 
plexus  gangli forme,  et  qui  avait  ete  decrit  deja  parfai- 
tement  par  Scarpa.  De  sorte  que  1'anastomose  du  spinal 
differe  encore  de  celle  d'une  racine  anterieure,  en  ce 
qu'elle  se  jette  dans  le  pneumogastrique  reellement  au- 
dessus  du  ganglion,  qui  est  1'analogue  de  celui  d'une  ra- 
cine posterieure. 

En  resume,  a  cause  de  toutes  les  differences  pre- 
cedemment  signalees,  je  conclus  «  qu'au  point  de  vue 
»  anatoimque. ,  les  nerfs  pneumogastrique  et  spinal  ne 


NERF    SPINAL.  259 

»  sont  pas  dans  les  memes  rapports  que  les  deux  racines 
»  cl'une  paire  rachidienne,  et  que  le  rapprochement 
»  qu'on  a  voulu  etablir  entre  eux  a  cet  egard  me  parait 
»  fautif.  » 

DEUXIEME  PROPOSITION.  —  Le  nerf  spinal  peut-il  tire 
compare  physiologiquement  a  la  ratine  anterieure  d'une 
paire  rachidienne  dont  le  pneumogastrique  representeratt 
la  ratine  posterieure? 

1°  Sous  le  rapport  de  sa  sensibilite  recurrente. 

Aujourd'hui  il  est  parfaitement  etabli  (voy.  Ier  vol.) 
que  les  racines  anterieures  rachidiennes,  qui  sont  spe*- 
cialement  motrices,  manifestent  cependant  aux  irrita- 
tions physiques  ou  mecaniques  une  sensibilite  qui  est 
tout  a  fait  particuliere,  en  ce  qu'elle  semble  venir  de  la 
peripherie,  ce  qui  1'a  fait  nommer  sensibilite  en  retour 
ou  sensibilite  recurrente. 

II  s'agit  actuellementde  juger  avec  cenouveau  carac- 
tere  la  question  d'association  du  pneumogastrique  et 
du  spinal.  11  s'agit,  en  un  mot,  de  savoir  si  le  spinal  est 
la  racine  anterieure  du  pneumogastrique,  Pour  cela,  on 
le  comprend ,  il  laut  rechercher  si  la  sensibilite  recur- 
rente du  spinal  provient  du  pneumogastrique,  de  meine 
que  la  sensibilite  recurrente  d'une  paire  rachidienne 
anterieure  provient  de  sa  racine  posterieure  correspon- 
dante.  Si  le  pneumogastrique  fournit  la  sensibilite  au 
spinal,  on  pourra  dire  qu'il  remplit  relativement  a  lui  le 
role  d'une  racine  posterieure.  Dans  le  cas  contraire,  la 
question  devra  etre  jugee  en  sens  inverse,  puisque  la 
propriete  essentielle  qui  caracterise  Fassociation  des  deux 


260  NERF    SPINAL. 

racines  d'une  paire  rachidienne  ne  se  rencontrera  pas 
entre  le  spinal  et  le  pneumogastrique. 

Or,  j'ai  constate  que  la  sensibilite  recurrente  dn  spinal, 
que  j'ai  trouvee  excessivement  nette  et  evidente  chez  le 
chien,  lelapin,  le  chevreau,  ne  subit  auciinc  diminu- 
tion par  la  section  du  pneumogastrique ;  ce  qui  prouve 
peremptoirement  que  ce  n'est  point  ce  nerf  qui  Iburnit 
la  sensibilite  recurrente  an  nerf  spinal.  Je  montrerai 
nlterieurement  que  cette  sensibilite  recurrente  du  spinal 
provient  des  racines  posterieures  des  quatre  premieres 
cervicales,  de  sorte  que.  a  ce  point,  de  vne,  il  faudrait 
considerer  le  spinal  comme  nne  racine  rachidienne  an- 
terieure  surajoutee  aux  racines  anterieures  des  quatre 
premieres  paires  cervicales,  puisqu'il  tire  sa  sensibilite 
recurrente  de  la  meme  source  qu'elles. 

Pour  le  moment,  je  veux  seulement  deduire  de  tout 
ce  qni  precede  que  le  spinal  ne  recoil  pas  sa  sensibilite 
recurrente  du  pneumogastrique.  conime  cela  arrive  pour 
les  racines  rachkiiennes  anterieures,  qui  recoivent  cette 
propriete  de  lenr  racine  posterieure  correspondante. 
D'ou  je  conclus  «  (iue,  sons  le  rapport  de  sa  sensibilite 
»  recurrente,  le  spinal  ne  peut  pasdu  tout  etre  considere 
»  comme  I'analogue  de  la  racine  anterieure  d'une  paire 
»  rachienne,  dont  le  pneumogastrique  representerait  la 
»  racine  posterieure.  » 

line  remarque  ([lie  je  n'ai  vu  faire  par  ancun  physio- 
logiste  et  qui  sulfirait,  ct;  me  somble,  a  elle  seule  pour 
montrer  clairement  que  le  pneumogastrique  ne  peut  pas 
etre  compare  physiologiquement  a  une  racine  posterieure 
rachidienne ,  c'est  que  ce  nerf  presente  aux  irritations 


NERF    SPINAL.  201 

mecaniques  ties  phenomenes  cle  Sensibilite  essentielle- 
ment  differents  de  ceux  qui  caracterisent  une  racine 
posterieure  rachidienne.  En  effet.  tandis  que  lesracines 
posterieures  rachidiennes  ou  le  nerf  mixte  qu'elles  for- 
nient  sont  invariablement  doues  d'une  sensibilite  tres 
vive,  le  pneumogastriqne,  an  contraire,  examine  an  mi- 
lieu du  con,  presente,  au  moins  dans  la  moitie  cles  cas, 
chez  le  chien,  une  sensibilite  nulle  ou  tres  obtuse;  et 
cbez  le  lapin. je  ue  I'ai  jamais  pu  trouver  doue  d'une 
sensibilite  tres  evidente. 

2°  Sous  le  rapport  de  ses  proprietes  matrices  a  I' excita- 
tion galvanique,  le  spinal  est-il  comparable  a  une  racine 
rachidienne  anterieure  ? 

Midler  le  premier  s'est  servi  convenablement  de  1'ex- 
citation  galvauique  pour  distinguer  les  racines  rachi- 
diennes entre  elles.  L' experience  pent  etre  faite  sur  un 
animal  vivant  ou  immediatementapres  la  inert,  et  voici 
comment  on  s'y  prend  :  apres  avoir  coupe  les  racines  du 
nerf  et  les  avoir  separeesdu  centre  nerveux,  on  applique 
le  galvanisme  a  leur  bout  peripherique  et  on  constate, 
en  agissant  avecles  precautions  necessaires,  que  I' irrita- 
tion galvanique  portee  sur  le  bout  peripherique  d'une  ra- 
cine anterieure  coupce  donne  lieu  sur-le-champ  aux  con- 
vulsions les  plus  violentes,  tandis  que  lorsquon  agit  sur  le 
bout  peripherique  d'une  racine  posterieure  on  n'en  pro- 
voque  jamais.  Muller  avail  conseille,  pour  jugerla  ques- 
tion de  savoir  si  le  pneumogastrique  et  le  spinal  e'taient 
dans  les  memes  rapports  physiologiques  qu'une  racine 
anterieure  et  posterieure,  d'employer  I'excitalion  galva- 
nique. Yoici  comment  il  indiqua  1'experience  :  «  11  fan- 


262  NERF    SPINAL. 

drait ,  pour  re'soudre  cette  question ,  employer  la  me- 
thocle  dout  j'ai  fait  usage  pour  les  nerfs  rachidiens,  et 
qui  consiste  a  faire  agir  des  irritants  taut  mecaniques 
que  galvaniques  sur  ces  racines,  afin  de  voir  si  ces  ir- 
ritations appliquees  au  nerf  accessoire  dans  1'interieur 
meme  du  crane,  chez  un  animal  recemment  mis  a  mort, 
occasionnent  des  convulsions  du  pharynx ,  et  si  le  nerf 
vague,  traite  de  la  m6me  maniere,  n'en  determinerait 
pas.  »  Ces  experiences  galvaniques,  indiquees  par  Muller, 
out  etc  faites  par  MM.  Van  Kempen,  Hein ,  Bischoff  et 
Longet. 

Les  recherches  de  tons  les  auteurs  precites  sont  d 'ac- 
cord pour  deuiontrer  que  le  spinal  se  comporte  aux  ir- 
ritations galvaniques  comme  un  nerf  moleur;  maiselles 
different  quand  ils'agitde  determiner  si  les  mouvements 
qu'on  provoque  dans  ce  nerf  se  transmettent  au  pneu- 
mogastrique. 

Hein  assure  que  P  excitation  du  pneumogastrique  de- 
termine des  convulsions  dans  le  pharynx  et  dans  le  voile 
du  palais.  Van  Kempen  avance,  de  son  c6te,  que  ces 
mouvements  du  vague  ne  viennent  pas  du  spinal,  car 
1'excitation  de  ce  nerf  ne  determine  pas,  suivant  lui,  de 
convulsions  clans  le  larynx. 

M.  Longet  est  en  opposition  avec  Hein  et  Van  Kem- 
pen ,  et  il  soutient  que  le  pneumogastrique  n'a  aucune 
faculte  motrice  par  Iui-m6me,  parce  que  son  excitation 
galvanique  dans  le  crane  ne  determine  aucune  convul- 
sion dans  le  pharynx  ni  dans  le  larynx,  tandis  que  rex- 
citation  galvanique  du  spinal  provoque  au  contraire  des 
contractions  violentes  dans  le  larynx. 


NERF    SPINAL.  263 

Cette  difference  dans  les  resultats  provient  do  lama- 
niere  differente  dont  chaque  anteur  a  delimite  son 
experience,  ainsi  que  je  le  montrerai  plus  loin.  Pour  le 
moment  je  dirai  seulement  que  je  partage  pleinement 
Topinion  generalement  admise  aujourd'hui  par  la  plu- 
part  des  physiologistes,  que  1'excitation  galvanique  ap- 
pliquee  au  pneumogastrique  pent  determiner  des  mou- 
vements  dans  le  pharynx  et  le  larynx. 

J'admetsdonc  que  le  galvanismeconvenablement  ap- 
plique met  en  evidence  dans  le  pneumogastrique  une 
source  motrice  propre,  independante  de  celle  que  la 
branche  interne  du  spinal  porte  au  larynx.  D'ou  je  con- 
clus  que  « le  pneumogastrique  ne  se  comporte  pas  a 
»  1'excitation  galvanique  comme  une  racine  rachidienne 
»  posterieure,  et  quo  le  spinal  ne  lui  fournit  pas  exclu- 
»  sivement  sa  faculte  motrice,  comme  cela  a  lieu  pour 
»  une  racine  anterieure  a  1'egard  de  sa  racine  posterieure 
»  correspondante.  » 

3°  Sous  le  rapport  de  sa  fonction  molrice,  les  vivisec- 
tions demontrent-elles  que  le  spinal  est  la  racine  anterieure 
du  pncumogaslrique  ? 

II  s'agit  encore  d'examiner,  a  1'aide  d'autres  expe- 
riences, si  le  spinal  est  la  racine  motrice  du  pneumo- 
gastrique,  autrement  dit,  si  tous  les  mouvements  du 
pharynx ,  de  1'cesophage,  de  Testomac,  du  coeur  et  des 
poumons  auxquels  preside  le  nerf  pneumogaslrique,  ti- 
rent  exclusivement  leur  source  de  1'anastomose  que  le 
spinal  (nerf  rnoteur)  envoie  dans  le  nerf  pneumogastri- 
que. G'est  la  1'opinion  que  Bischoff  a  developpee  dans 
le  travail  que  nous  avons  deja  cite.  Voyons  les  argu- 


26fl  NERF    SP1N\L. 

ments  qu'il  avance  et  les  tails  sur  lesquels  il  is'appuie. 

Partons  de  ce  fait  quo  lorsqu'on  coupe  a  leur  ori- 
gine  toutes  les  racines  poste^rieupes  de  la  moclle  dpi- 
niere  qui  se  rcndcni  dans  un  membre .  la  sensibilite 
seule  s'y  trouve  complclement  abolie  ;  taudis  quo  si  Ton 
agit  uniquenient  sur  les  rarines  anterieures  correspon- 
dantes,  la  molilile  est  seule  detruite  dans  le  membre,  qui 
a  nt-anmoins  conserve  touto  sa  sensibilite.  Eh  bien ,  il 
est  facile  decomprendre  que  c'etait  de  lameme  maniere 
qu'on  devait  pouvoir  demontrer  les  proprietes  de  la 
pretend ue 'paire  pneumospinale.  Cela  se  resume  done, 
comme  le  dit  BischofT,  a  coupcr  le  spinal  avant  son 
union  avec  le  pneumogastrique,  et  la  question  sera  re- 
solue  si,  apres  cette  section,  la  faculte  motrice  du  pneu- 
mogastrique  est  eiiticrcment  abolie,  ainsi  que  cela  arrive 
apres  la  destruction  des  racines  anterieures  qui  se  ren- 
dent  dans  un  membre.  C'est  dans  la  vue  de  chercher 
cette  demonstration  que  Bischoff  a  institue  ses  expe- 
riences, que  je  rappelle  ci-apres. 

Experiences  de  Bischoff.  -  Des  sept  experiences  que 
cet  auteur  rapporte,  une  seule  lui  parait  probante :  c'est 
la  derniere.  Nous  lesmentionnerons  toutes,  cependant,  a 
cause  de  certaines  particularity  qu'elles  out  offertes  et 
pour  ne  rien  negliger  des  arguments  sur  lesquels  Bischoff 
appuie  sa  theorie. 

Premiere  experience  (chien) .  —  Essai  infructueux  pour 
arriver  sur  les  origines  du  pneumogastrique  et  du  spi- 
nal, au  moyen  d'une  couronne  de  trepan.  «  La  niort 
survint  rapidement,  dit  Bischoff,  par  rhemorrhagie  qui 
resulte  de  rouverture  des  sinus  veineux.  » 


NEKF    SPINAL.  265 

Pour  ses  aulres  experiences,  1'auteur  choisit  un  pro- 
cede  qui  consistait  a  fendre  la  membrane  occipito- 
atloi'dienne  apres  avoir  disseque  les  muscles  poste'rieurs 
du  con  au  moven  d'uue  incision  en  T. 

d 

Deuxieme  experience  (chien).  —  L'aniraal,  e'puise  par 
la  perte  considerable  de  sang,  meurt  avant  la  fin  de 
1'experience. 

Troisieme  experience  (chien  jeune  et  vigoureux).  — 
Le  ligament  occipito-atloi'dien  etant  mis  a  decouvert  et 
la  dure-mere  ayant  e'le  divisee,  il  s'ecoula  une  grande 
quantite  de  liquide  cephalo-rachidien.  Bischoff,  voyant 
alors  dislinctement  les  deux  nerfs  spinaux  places  sur  les 
c6tes  de  la  rnoelle  allongee,  parvint  a  les  diviser  facile- 
ment  au-dessus  de  la  premiere  paire  racbidienne.  Lors 
de  la  section  du  nerf  spinal  droit,  le  cliien  hurla  et  pen- 
cha  la  tele  a  droite.  Au  moment  de  la  section  du  spinal 
gauche,  1'auimal  poussa  le  meme  cri  et  peneha  la  tete  de 
ce  c6te.  Mais  le  sinus  veineux  latf'ral  droit  ayant  ete 
blesse,  Tanimal  mourut  aussitot. 

«Cette  experience,  de  meme  que  les  precedents,  ne 
prouve  rien,»  ditBischoff.  «  L'expe'rimentation  est  tres 
difficile ,  ajoute-t-il ,  a  cause  de  la  grande  quantite  de 
sang  qui  gene  le  manuel  operatoire  et  clout  la  perle  af- 
faiblit  les  animaux  au  point  de  compliquer  singuliere- 
ment  les  resultats.  »  Cependant  il  poursuit  ses  tenta- 
tives. 

Quatrieme  et  cinquieme  experience  (sur  deux  chiens). 
—  BischolT parvint  a  diviser  la  membrane  occipito-atloi- 
dienne  et  a  couper  les  deux  spinaux  dans  le  canal  ver- 
tebral au-dessus  de  la  premiere  paire  rachidienne.  Apres 


260  NERF    SPINAL. 

cette  operation ,  les  deux  chiens  eurent  la  voix  rauqueet 
alteree.  Tons  deux  purent  etre  conserves  jusqu'a  gueri- 
son,  et  ce  qu'il  y  eut  de  remarquable,  c'est  qu'apres 
quelques  semaines,  la  voix  revint  avec  son  timbre  ordi- 
naire. L'autopsie  faite  alors  avec  beaucoup  de  soin 
prouva  que  les  spinaux  etaient  bien  coupes,  mais  elle 
laissa  aussi  constater,  dit  Bischoff,  qu'au-dessus  du  point 
de  leur  section  il  restait  quelques  filets  originates  du 
spinal,  qui  permettaient  a  ces  nerfs  d'executer  encore 
leurs  fonctions.  L' ablation  des  spinaux  n'avait  done  etc" 
que  partielle. 

Sixieme  experience  (chevreau).  —  BischofF  commen- 
cait  a  desesperer  d'arriver  a  une  experience  complete, 
quand  par  hasard  ii  observa  que  sur  les  chevres  1'espace 
entre  1'oceipital  et  V atlas,  etant  beaucoup  plus  grand, 
permettraitd'atteindre  les  racines  superieures  du  spinal. 
II  se  decida  a  tenter  de  nouvelles  experiences  sur  ces  ani- 
maux  qui,  plus  criards  et  plus  sensibles  que  les  chiens, 
lui  semblaient  encore  sous  ce  rapport  devoir  etre  plus 
favorables  a  ce  genre  de  recherches.  Sur  un  premier 
chevreau,  Bischoff;,  apres  avoir  ouvert  la  membrane 
occipito-atloi'dienne,  fut  encore  oblige  de  diviser  les  os 
pour  atteindre  les  racines  superieures  du  spinal.  Malgre 
le  sang  qui  coula  en  abondance,  il  coupa  autant  qu'il 
put  les  racines  des  nerfs  accessoires.  Cependant  L' animal 
ne  perdit  pas  entitlement  la  voix.  L'autopsie  etant  venue 
apprendre  qu'il  restait  encore  quatre  ou  cinq  filets  ori- 
ginaires  intacts  de  chaque  cote,  on  s'expliqua  comment 
la  voix  n'avait  pas  ete  entitlement  abolie. 

Septieme experience  (chevreau). —  Sur  un  second  che- 


NERF    SPINAL.  267 

vreau  plus  vigoureux,  Bischoff  repeta  la  meme  expe- 
rience avec  un  plein  succes.  Apres  la  section  complete 
de  toutes  les  racines  du  spinal  droit,  la  voix  devint, 
rauque.  A  mesure  qu'on  les  coupait  du  cote  oppose,  la 
voix  s'eteignit  graduellement,  et  a  la  fin  1'animal  ne 
rendit  plus  qu'une  espece  de  son  qui  ne  pouvait  etre 
qualifie  du  nom  de  voix,  «  qui  neutiquam  vox  appelari 
potuit.  » 

Tiederaann  et  Seubert  e'taient  presents  a  cette  exp6- 
rience  :  Fautopsie  du  chevreau  faite  en  leur  presence 
demontra  que  toutes  les  racines  des  spinaux  avaient  ete 
coupees  et  que  le  vague  etait  reste  intact  des  deux  cotes. 

Bischoff  ne  refit  plus  cette  experience,  et  il  se  felicite 
beaucoup  d'avoirpu  reussir  une  fois  devantdes  temoins 
aussi  illustres  que  ceux  qui  Fassistaient. 

C'est  d'apres  cet  unique  fait  que  Bischoff  a  conclu  que 
le  spinal  representait  la  seule  racine  motrice  du  vague. 

La  the"orie  de  Bischoff  s'introduisit  rapidement  dans 
la  science,  et  fut  soutenue  par  des  physiologistes  de  tous 
les  pays:  mais  nulle  part,  sans  doute  a  cause  de  sa  dif- 
ficulte,  1'experience  de  Bischoff  ne  futreprocluite,  si  ce 
n'est  en  France,  ou  M.  Longet  parvint  a  la  repeter  tres 
incompletement  sur  un  chien,  qui  eut  la  voix  rauque 
apres  la  section  des  origines  du  spinal  d'un  cote. 

Cependant  1'experience  de  Bischoff,  qui  seule  etait 
complete,  restait  ton  jours  comme  1'unique  argument 
sur  lequel  reposait  toute  sa  theorie.  Elle  etait  evident- 
ment  insuffisante ;  ensuite  elle  prouvait  simplement  qu'a 
la  suite  de  I' ablation  des  spinauoc,  la-  voix  avait  cte  abolie 
dans  un  cas.  On  ne  pouvait  pas  rigoureusement  inferer 


208  M'RF    SPINAL. 

de  ce  simple  resultat,  comine  1'ont  fait  Bischoff  et  ceux 
qui  out  soutenu  sa  theorie,  que  Ic  spinal  preside  a  tons 
les  mouvements  de  la  moilie  superieure  du  tube  digestif, 
a  ceux  des  apparcils  vocal,  respiratoire  et  circulatoire. 
L'analogie  pouvait  sans  doute  conduire  a  cette  conclusion 
generale,  mais,  en  physiologic  experimentale,  1'analogie 
ne  suffit  pas,  il  faut  avoir  la  preuve  directe. 

Comment  pouvait-on  faire  pour  demontrer  cette  in- 
fluence du  spinal  sur  les  mouvements  du  cceur,  de  1'es- 
toniac,  de  1'cesophage,  etc.?  II  fallait  t'videmment  con- 
server  les  animaux  apres  la  section  des  deux  spinaux  et 
s'assurer  sur  eux  que,  outre  1'abolition  de  la  voix  (par 
suite  de  la  paralysie  du  larynx),  le  pharynx,  1'oesophage, 
1'estomac,  etc..  etaient  egalement  paralyses  et  ne  fonc- 
tionnaient  plus  sous  le  rapport  de  leurs  mouvements. 

Or  jamais,  dans  1'etat  ou  se  trouvaient  les  animaux 
que  BischofF  avail  operes,  il  ne  fut  possible  de  constater 
ces  faits,  car  ils  ne  survivaient  a  1'operation  que  quelques 
heures  au  plus. 

Le  precede  experimental  que  j'ai  employe  permet  la 
survie  des  animaux,  et  laisse  tout  1(3  temps  necessaire 
pour  observer  1'ensemble  des  phenomenes  qui  soul  la 
consequence  de  la  destruction  des  nerfs  spinaux. 

Pour  le  moment,  il  me  suffira  de  dire  ([ue  j'ai  con- 
state, apres  I'ablation  bien  complete  des  deux  spinaux 
par  mon  precede,  que  la  voix  etait  abolie,  comme  1'avait 
vu  BischofF  dans  son  experience.  Mais,  de  plus,  j'ai  pu 
coustater  que  la  voix  seule  etait  eteinte,  tandis  que  les 
mouvements  de  la  digestion,  de  la  circulation  et  de  la 
respiration,  etc.,  continuaient  sans  presenter  aucune  le- 


NERF   SPIRAL.  269 

sion  evidente.  Je  me  suis  assure  de  ces  resultats  en  con- 
servant  les  animaux  pendant  des  mois  cutlers. 

Vabolition  de  la  voix  est  done  un  fait  confirmatif  de 
F  experience  de  Bischoff,  mais  I'integrite  des mouvements 
fonctionnels  de  1'estomac.  de  Voesophage,  du  cceur,  du 
poumon,  etc.,  sont  des  resultats  en  opposition  avec  sa 
theorie.  En  effet,  il  est  evident  qne  si,  comme  il  1'avance, 
le  nerf  spinal  e'tait  la  racine  fliotriee  unique  dupneum<£- 
gastrique ,  non-senlement  le  larynx ,  mais  encore  tons 
les  mouvements  auxquels  preside  ce  nerf  dans  1'oeso- 
phage,  1'estoniac,  etc..  auraierit  du  <Mre  delruits.  Orcela 
n'a  pas  lieu,  d'ou  il  suit  qu'on  doit  admettre  qu'apres 
1' extirpation  des  spinaux  il  y  a  des  fdets  moteurs  propres 
au  vague,  et  ind^pendants  du  spinal,  qui  continuent  a 
faire  fonctionner,  comnu1  a  1'ordinaire,  l'o?sophage, 
1'estomac,  le  pounKMi  el  le  ccpur.  Rien  d'analogue  ne 
s'observe  quaud  on  (Tuipe  toules  les  racines  anterieures 
qui  se  distribnent  dans  un  inembre.  La  paralysie  des 
inouvemenis  est  complete  partont  ou  se  distribuaientles 
racines  motrices  resequees. 

De  tout  cela,  je  conclurai,  en  rapport  avec  les  faits 
de  Bischoif  mais  contrairement  a  sa  theorie,  que, 
«  sous  le  rapport  anatomique ,  aussi  bien  que  sous  le 
»  rapport  physiologique,  les  nerfs  pneumogastrique  et 
»  spinal  ne  se  trouvent  pas  dans  les  m£mes  rapports 
»  fonctionnels  que  les  deux  racines  d'une  paire  rachi- 
»  dienne,  et  que,  consequemment,  1'histoire  anatomique 
»  et  physiologique  de  ces  deux  nerfs  doit  £tre  separee.  » 

Messieurs,  tons  les  physiologistes  qui,  a  1'exemple  dc 
BischofT,  out  considere  le  pneumogastrique  et  le  spinal 


"270  NERF    SPINAL. 

comme  representant  les  deux:  elements  dime  paire 
nerveuse,  ont  du,  par  suite  de  cette  idee,  confondre  et 
etudier  simultanement  les  fonctions  de  ces  deux  nerfs. 
Nous  pensons  avoir  e'tabli,  coiitrairement  a  cette  doc- 
trine, que  le  vague  etle  spinal  n'offrent  point  1'exemple 
d'une  association  analogue  a  cello  qui  unit  les  racines 
d'uuo  paire  rachidienne,  et  que  ces  deux  nerfs  sont 
parfaiteraent  inde'pendants  1'iui  de  Fautre  dans  1'ac- 
complissement  de  leurs  fonctions.  En  consequence, 
nous  separonsl'etude  physiologique  du  pneumogastrique 
de  celle  du  spinal,  auquel  se  rapporteront  spe'cialement 
toutes  les  recherches  qni  vont  suivre. 

Le  nerf  spinal  nait  par  des  origines  tres  e"tendues  sur 
la  moelle  epiniere  cervicale,  et  remonte,  par  un  trajet 
recurrent  bizarre,  dans  le  crane,  pour  sortir  ensuite, 
conjoin  tement  avec  le  vague,  par  le  trou  dttehire*  poste- 
riour.  Ces  dispositions  anatorniques  exceptionnelles  out 
attire,  de  tout  temps,  I'attention  des  anatomistes. 

Willis,  qui  le  premier  a  decrit  le  spinal  comme  un 
nerf  particulier,  a  parfaitcmentindique  la  nianiere  dont 
il  prend  naissance  sur  les  cotes  de  la  moelle  epiniere 
cervicale. 

«  Le  nerf  spinal  (accessoire)  nait,  dit  cet  auteur,  sur 
les  cotes  de  la  moelle,  et  commence,  vers  la  sixieme  ou 
eptieme  vertebre  cervicale,  par  ime  extremite  tres 
ddiee;  puis  il  remonte  vers  le  crane,  en  augmentant 
considerablement  de  volume  par  1'adjonction  successive 
de  nouvelles  fibres  originaires,  jusqu'a  ce  que  tous  ces 
fdets,  nes  de  la  moelle  epiniere^  constituent  dans  le  canal 
vertebral ,  par  lew  reunion ,  un  tronc  nerveux  blanc  et 


NERF    SPINAL.  271 

arrondi,  qui  se  dirige  en  suite  vers  le  trou  dechire  poste- 
rieur,  etc. 

II  est  necessaire  de  nous  arreter  un  instant  sur  la  des- 
cription du  spinal  donnee  par  Willis,  parce  que,  bien 
qu'elle  soit  tres  exacte,  elle  n'a  pas  ete  comprise,  et  a 
e"te"  mal  appreciee  par  les  auteurs  modernes.  II  resulte, 
en  effet,  tres  claireinent  de  sa  description  anatomique  et 
des  figures  qui  1'accompagnent ,  que  Willis  comprend, 
comme  originc  du  spinal  seulement ,  les  filets  nes  de  la 
moelle  epiniere,  et  se  reunissant  au  niveau  ou  tres  pen 
au-dessus  de  la  premiere  paire  cervicale,  dans  le  canal 
vertebral,  en  un  tronc  nerveux  comniun  (B,  fig.  13), 
tandis  que  tous  les  filets  originaires  (IV,  fig.  13),  nes 
de  la  moelle  allongee ,  au-dessus  de  la  premiere  paire 
cervicale  et  qui  ne  s'accolent  an  spinal  que  dans  le  trou 
dechire  posterieur  en  K  (fig.  13) ,  sont  regardes  par 
Willis  comme  appartenant  au  nerf  pneumogastrique. 

Scarpa,  dont  la  description  a  ete  suivie  par  les  mo- 
dernes, a  donne  au  nerf  spinal  une  definition  originaire 
toute  diffeYentede  celle  de  Willis,  en  cequ'il  a  compris, 
dansles  originesdu  spinal,  les  filets  nerveux  (B',  fig.  13), 
provenant  de  la  moelle  allongee  que  Willis  rapportait 
au  pneumogastrique. 

11  faut  done  etre  bien  fixe  sur  ce  point,  que  les 
origines  du  spinal,  d'apres  Willis,  ne  sont  constitutes 
que  par  les  filets  nes  de  la  moelle  epiniere  cervicale,  tandis 
que  Scarpa  y  joint  en  plus  les  filaments  nes  de  la  moelle 
allongee,  et  places  au-dessous  des  origines  du  pneumo- 
gastrique, dont  its  ne  sont  separes  que  par  un  petit 
intervalle  dans  lequel  passe  habituellement  une  petite 


272  NERF    SPINAL. 

artere  ccrebelleuse  posterieure.  Cette  remarque,  qui 
n'avait  etc"  faite  par  aucun  aoatomiste  avail t  moi , 
decoule  directeinent  de  la  lecture  attentive  des  auteurs 
et  (Tun  grand  nombre  de  dissections  ininutieuses  quo 
j'ai  faites.  Elle  servira  de  point  de  depart  a  la  critique 
que  nous  allons  faire  des  opinions  de  Willis,  de  Scarpa 
et  des  moderues,  sur  le  nerf  spinal. 

Si,  en  effet,  on  examine  la  distribution  clu  spinal  in- 
diquee  par  Willis,  en  dormant  a  ce  nerf  la  rneme  deli- 
mitalion  originelle  que  lui,  on  trouve  sa  description 
parfaitement  claire  et  tres  exacte.  En  suivant  le  fais- 
ceau  B  (fig.  -13),  qui  resulte  de  la  reunion  de  tons 
les  filets  originaires  du  spinal  provenant  de  la  moelle 
e'piniere  cervicale,  et  qui  constitue  le  nerf  accessoire 
tel  que  le  delimite  W7illis,  on  voit  qu'arrive  dans  le  trou 
dechire  posterieur,  ce  tronc  nerveux  pent  tres  facile- 
ment,  sur  des  pieces  convenablement  preparees,  etre 
decolle  et  separe  des  nerfs  voisins.  On  constate  ensuite 
qu'il  se  continue  directeruent  avec  la  branche  externe 
du  spinal,  qui  se  distribue  dans  les  muscles  sterno- 
raastoidien  et  trapeze.  De  sorte  que  Taccessoire  decrit 
par  Willis  ne  concourt  en  rien  a  la  formation  de  la 
brauche  anastomotique  internet; line  fournitdonc  rien 
au  pneumogastrique ;  an  contraire,  il  en  recoit  une 
anastomoses  (fig.  13),  qui  est  profondement  et  poste- 
rieurement  situee. 

Ainsi  Willis  est  consequent  a  sa  description  quand  il 
dit  que  I' accessoire  qui  remonte  dans  le  crane  n'apporte 
rien  au  vague,  mais  qu'il  vient  au  contraire  lui  emprun- 
ter  un  ou  plusieurs  filets,  pour  aller  ensuite  se  tiistribuer 


NERF    SPINAL.  273 

duns  les  muscles  dti  con.  Do  phis  cetie  description  est 
parfaitement  exactcen  ce  qu'elieetablit  dejaclairement 
ce  que  Bendz  a  trouve  dans  ces  derniers  temps,  savoir 
que  les  filets  du  spinal  ne's  do  la  moelle  epiniere  vont 
plus  specialement  conslituer  la  branche  externe  de  ce 
nerf. 

Scarpa,  ayant  doune  an  nerf  spinal  non-seulement 
les  memes  origines  que  Willis,  niais  y  ayant  adjoint  do 
plus  le  petit  faisceau  de  filets  B'  (fig.  13),  ne  de  la 
moelle  allongee,  a  du  necessairement  donner  une  des- 
cription toute  differente  de  1' anastomose  entre  le  spinal 
et  le  pneumogastrique.  En  effet ,  quand  on  poursuit 
j  usque  dans  le  Iron  de'chire  posterieur  ces  origines  ema- 
ne'es  de  la  moelle  allongee,  on  constate  rvideimnent 
qu'elles  s'unissent  an  tronc  du  spinal ,  et  semblent  se 
confondre  avec  lui  en  s'euveloppant  dans  unegainocel- 
luleuse  commune.  Mais  sur  des  pieces  macere'es  et  con- 
venablement  |iiv|tar<'ies,  on  drmontre.  rn  divisant  cetlc 
gaine,  qn'il  n'y  a  la  qu'un  simple  accolement,  et  que 
ces  inemes  filaments  bulbaires,  reunis  en  k  (fig.  Jo  , 
se  detachent  un  pen  plus  bas  en  un  uu  plusieurs  ti- 
lets  /,  ?»,  pour  constituer  la  branche  anastomotique  du 
spinal.  Cect  prouve  que  les  anastomoses  que  Scai'pa  a 
decrites  sous  le  nom  debranche  anastomotique  interne  du 
spinal  proviennent  uniquemcnt  des  filets  originates  su- 
perieurs  du  spinal  B'  (fig.  13)  et  naissent  de  la  moelle 
allongee.  Etcomme,  d'autrepart,  nous  avons  demontre 
ipie  Willis  ne  rangeait  pas  parmi  les  origines  du  spinal 
les  filets  nes  de  la  moelle  allongee,  au-dessus  de  la  pre- 
miere paire  cervicale,  il  est  facile  de  comprendrc  que 

B.,     SVST.   NERV.  --    II.  18 


27ft 


M-KF    SFIN'AL. 


FIG.  13  (l). 

(1)  Xerfs  pnewnogastrique  et  spinal  chez  I'homme.  —  La  piece,  vue 
en  arriere,  a  £te"  dissequi'e  cl  disposee  de  maniere  a  mcttre  eu  evidcnc 


ANATOMIL.  "275 

cet  auteur  n'ait  pas  du  decrire  la  branche  unastomotiquc 
interne.  C'est  pour  n'avoir  pas  fait  toutes  ces  remarques 
el  ces  comparisons,  que  Bischoff  reproche  a  Willis 
de  ne  pas  avoir  vu  que  1'accessoire  envoie  1111  ranieau 
auaslomotique  dans  le  vague  :  «  Qualis  autem  era! 
anatomic  scieiitia,  11011  minim  est  Willisium  11011 
perspexisse  quod  sit  accessorium  inter  et  vagum  vera 
ratio,  etc.  » 

En  resume,  lorsqu'on  admet,  ainsi([uele  fontlesana- 
tomistes  modenies,  la  delimitation  originelle  du  nerf 
spinal  telle  que  1'a  donnee  Scarpa,  cette  delimitation 

les  engines  ct  Ics  anastomoses  de  ces  ncrfs.  —  A,  faisceau  dcs  origines 
du  pneumogastrique;  --  B,  lilets  originaires  de  la  grande  portion  me- 
dullaire  du  spinal  qui  vienl  cnsuite  former  la  branche  exlcrne  de  ce 
nerf  r;  ces  lilets  originaires  s'etendent  dcpuis  la  premiere  jusqu'a  la 
einquiemc  pairc  cervicale  environ  ;  --  IV,  iilets  originaires  de  la  portion 
bulbaire  du  spinal  qui  vont  ensuitc  constituer  la  branche  interne  de  ce 
nerf  A';  —  C,  origine  duglosso-pharyngien ;  —  D,  troncs  du  facial  etde 
Pacoustiquc  return  apres  leur  origine  (seplieme  pairc) :  —  E,  nerf  grand 
hypoglosse  coupe" ;  —  F,  F,  racines  posterieures  cles  paires  nerveuscs 
cervicales  rachidicnnes;  •  g,  ganglion  du  nerf  glosso-pharyngien; 

—  /«,  ganglion  jugulaire.du  pneumogastrique;  —  i,  rameau  auriculairc 
du  pneumogastrique;  —  k,  branche  interne  du  spinal;—  /,  rameau 
pharyngien  du  pneumogastrique  piovenant  dc  la  branche  interne  du 
spinal;  —  m ,  nerf  larynge"  superieur;  —  n,  nerf  larynge  infOrieur  ou 
recurrent ;  —  o,  tronc  du  nerf  pneumogastrique  coupe  ;  —  yi,  ganglion 
cervical  superieur;  —  f/,  ganglion  cervical  inferieur;  —   r,   branche 
externe  du  nerf  spinal  coupe ;  —  s ,  anastomose  de  Willis  cntre  le 
pneumogastrique  et  la  branche  externe  du  spinal ;  —  (,  calamus  scrip- 
turius ;  —  M,  w,  coupe  des  pedoncules  du  cervelet;  —  v,  planchcr  du 
(juatrieme  vcntricule;  — a:,  corde  du  tympan ;  —  1,  coupe  du  rocher; 

—  2,  coupe  de  la  partie  basilaire  de  Toccipilal;  —  o,  o,  vertebres  cer- 
Vlcales ;  —  k-,  lit  dure-mere ;  —  5,  5,  arlerc  vertebrale  ;  —  6,  6,  artere 
Caroiide;—  7,  faisceau  des  muscles  styliens  coupes;  —  8,  9  et  10, 
muscles  constrictcurs  du  pharynx;  —  11,  oesophage;  —  12,  premiere 
vertebre  dorsale. 


270  XliUK    SPINAL. 

est  preferable  a  celle  do  Willis  :  nous  en  ilonnerons  pins 
loin  la  raison  physiologique.  11  faut  savoir  que  les  ori- 
gines  du  spinal  doivont  etre  distinguees  en  cellos  qui 
naissent  cle  la  moelle  cpinicrc  pour  aller  conslituer  la 
branche  externe  du  spinal,  et  on  cellos  tjui  prennent 
origine  cle  la  moelle  allongee  pour  aller  former  la  branche 
anastomotique  interne. 

Toutofois.  Scarpa  a  comple'tement  ignore  cette  dis- 
position ;  il  a  de'crit  le  spinal  comme  un  tronc  norveux 
dont  les  fibres,  sans  distinction  d'origine,  se  so  parent  on 
deux  portions,  et  il  ad  met  que  la  partie  anastomotique 
provient  inditferemment  de  Unites  les  origines  medul- 
laires,  puisqu'il  suppose,  comme  nous  1'avons  dit  plus 
bas ,  que  cette  anastomose  est  destinee  a  apporter  an 
pneumogastrique  1'influence  de  toute  la  moelle  ccrvi- 
cale.  Bischoff  n'a  pas  fait  non  plus  cette  distinction,  bien 
que  ses  experiences  eussent  du  l"y  conduire.  M.  Longot. 
qui  a  reproduit  la  doctrine  de  Bischoff,  a  developpelYr- 
reur  qui  s'y  rattache  et  a  docril  1'anastomose  interne 
comme  provenant  de  toute  la  portion  cle  la  moelle  epi- 
niere  ou  s'insere  le  spinal.  Scnlement,  cet  aiitcur  i'ai- 
sonnant  sur  cette  disposition  anatomique  inexacte,  veut 
lui  trouvcr  une  cause  finale,  et  il  ajoute  que  c'csl  une 
prevision  admirable  de  la  nature  d'avoir  ainsi  assun'- 
les  functions  si  importantes  de  la  branche  interne  du 
spinal,  en  la   faisaut   naitre    dans  une  etendue  tres 
considerable   cle   la   moelle  epiniere.  (Longet.  Trail? 
d'anatomie  ct  de  physiolocjie  dit  sijsteme  nerveux,  t.  II, 
p.  2G6,  1842.)  11  est   vrai  de  dire  que,  depuis  cette 
epoque,   M.   Longet   a  coiflpletemeiit   change  d'opi- 


AN  ATOM  IE.  277 

(Yoyez  son  Traitv  de  physiologie ,  t.  II,  p.  312, 
1850.) 

Relativement  aux  anastomoses  quo  le  spinal  contracle, 
soil  dans  lo  canal  racbidien ,  soil  a  son  passage  dans  le 
trou  decbire  posterieur,  soit  a  sa  sortie  du  crane,  on 
trouve  unegrande  divergence  d' opinions  parmi  les  ana- 
tomistes. 

Avant  son  entree  dans  le  trou  decbire  posterieur,  le 
spinal  forme  un  nerf  successivement  croissant  debas  en 
haul,  depuis  la  cinquieme  pain1  cervicale  environ  qui 
limite  ses  origines  intV'rieures. 

La  plupari  des  anatomistes  di'criveut .  en  cffet ,  !<'s 
origines  du  spinal  emnme  se  ierminanl  inlV'rieureinent 
chez  riiomme  an  niveau  de  la  rinquieme  paire  cervi- 
cale; cependant  il  arrive  souvent  quYn  plarant  la  pre- 
paration sous  1'cau  on  poursuit  encore  un  on  plusieurs 
lilaments  originaires  excessivement  tenus  jusqu'a  la 
septieme  paire  cervicale.  et  ineme  jusqu'a  la  premiere 
paire  dorsale. 

Le  tronc  du  spinal,  alors  place  sur  les  cotes  de  la 
moelle  epiniere.  semble  etre  colic  sur  son  faisceau  late- 
ral. Mais  en  soulevant  ce  nerf  avec  des  pinces,  on  voit 
que  ses  radicules  se  portent  obliquement  en  arriere  et 
viennents'implanter,  en  se  bifurquant  et  quelquefois  en 
setrifurquant.  iinmediatementau-devant  des  filets  radi- 
culaires  des  racines  poste'rieures.  Yers  la  partie  supe- 
i-ieure  du  coil,  les  filets  d'origine  du  spinal  sont  plus 
longs,  et  le  tronc  du  nerf,  place  tout  a  fait  late'ralement 
a  la  moelle  epiniere,  appuie  sur  la  face  posterieure  du 
ligament  dentele.  A  mesure  que  Ton  descend,  les  ori- 


278  NERF    SPINAL. 

gines  (hi  spinal  deviennent  de  plus  en  plus  courtes  et 
font  consequemment  que  le  tronc  du  nerf  serapproebe 
davantage  des  faisceaux  posterieurs  de  la  moelle.  si  bien 
que  dans  la  partie  inferieure  du  con  il  est  place  tres  en 
urriere  et  tres  pres  des  racines  posterieures  rachidiennes, 
Quoi  qu'il  en  suit,  les  filets  originates  du  spinal  naissent 
tons  par  des  origines  bifurquees  on  trifurquees  (cecarar- 
tere  appartient  aux  racines  anterieures),  sur  la  partie  la 
plus  reculee  des  faisceaux  lateraux,  par  consequent  im- 
mediatement  a  c6te  des  racines  posterieures  et  bien  en 
arriere  des  racines  anterieures. 

Le  tronc  du  spinal  contracte  dans  son  trajet  intra- 
rachidien  quelques  anastomoses  avec  les  racines  poste- 
rieures. Dans  toules  les  pieces  que  j'ai  dissequees.  ces 
connexions  m'ont  paru  constantes  et  plus  marquees  avec 
les  racines  posterieures  de  la  premiere  paire  cervicale, 
ainsi  que  1'avait  deja  observe  Bischoff.  II  ne  m'a  pas 
semble  que  ce  fussent  la  de  veritables  anastomoses, 
c'est-a-dire  un  echauge  de  filets  nerveux  entre  le  spinal 
et  les  racines  posterieures.  Souvent  il  arrive,  en  effet, 
que  quelques  filaments  de  la  racine  posterieure  de  la 
premiere  paire  cervicale  s'unissent  an  tronc  du  spinal, 
mais  il  est  toujours  facile  de  les  isoler  et  de  constater 
qu'il  ivy  a  la  qu'iin  simple  accolement.  Quelques  ana- 
tomistes ,  et  Mayer  en  particulier,  out  decrit  au  niveau 
de  ces  accolements  des  petits  corps  ganglionnaires  sur  le 
tronc  du  spinal.  J'ai  cherche  souvent  ces  corps  ganglion- 
naires sans  succes.  J'ai  seulement  vu  quelquefois  le  petit 
ganglion  de  la  racine  posterieure  de  la  premiere  paire 
cervicale  adherer  au  tronc  du  spinal,  dont  on  pouvait 


ANATOMIE.  279 

Ires  bien  le  separer  sur  des  pieces  un  pen  macerees.  A 
part  cela,  je  n'ai  pas  vn  de  ganglion  appartenant  a 
1'accessoire  de  Willis. 

Apres  avoir  franchi  la  premiere  paire  cervicale.  toutes 
les  origines  qne  le  nerf  spinal  a  tirees  de  la  moelle  epi- 
niere  forment  un  tronc  isole  B  (fig.  13),  et  c'est  ce  tronc 
nervenx  seul  qui  constituait  pour  \Yillis  le  spinal  tout 
entier,  aiusi  que  nous  1'avons  dit  ailleurs.  Cette  portion 
du  spinal  monte  vers  le  trou  dechire  posterieur,  ens'in- 
uY'chissant  nn  pen  en  dehors,  et  elle  recoit,  chemin  fai- 
sant,  un  certain  nombre  de  filets  B'  (fig.  13)  nes  de  la 
moelle  allongee,  qui  s'y  accolent  pour  aller  constitiier 
plus  tard  la  branche  anastomotique  interne.  Willis  con- 
siderait  ces  filets  comrae  appartenant  au  pneumogas- 
trique  ;  c/est  Scarpa  (jui  les  a  ranges  dans  les  origines 
du  spinal.  11  parait,  au  premier  abord,  assez  difficile  de 
separer  nettement  les  filets  du  spinal  emanes  de  la  moelle 
allongee  de  ceux  du  vague  lui-meme,  qui  naissent  abso- 
lument  sur  la  meme  ligne.  Cependant  ces  filets,  qui  sont 
au  nombre  de  trois  ou  quatre,  ont  des  origines  bifur- 
qu^es  ou  trifurquees,  ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  les  ori- 
gines du  vague,  dont  ils  sont,  du  reste,  souvent  separes 
par  le  passage  d'un  rameau  de  1'artere  cerebelleuse 
posterieure. 

Les  trois  ou  quatre  filets  originates  B' ,  nes  de 
la  moelle  allongee,  s'unissent  quelquefois  au  spinal 
dans  le  canal  vertebral,  mais  c'est  le  plus  ordinairement 
a  1'entree  du  trou  dechire  posterieur ;  et  ils  se  placent 
en  avant  et  au-dessus  de  la  portion  foraiee  par  les  ori- 
gines provenant  de  la  moelle  cervicale,  a  laquelle  ils  ne 


280  NKRF    SPINAL. 

font  quo  s'accoler  pour  aller  former  ensuite  ia  branche 
anastomotique  interne  du  spinal. 

Le  spinal,  rtant  ainsi  constitue  par  deux  portions  uri- 
ginairement  distinctes.  penetre  dans  le  trou  dec-hire  en 
arriere  et  un  pen  au-dessous  du  pneumogastriquie.  Cha- 
cune  des  deux  portions  originaires  du  spinal  pent  etre 
suivie  isole'ment  dans  son  trajet  dans  le  trou  dechire  pos- 
terieur.  Le  tronc  B  (fig.  13),  qui  est  le  resultat  de  toutes 
les  origines  medullaires  du  spinal,  et  que  j'appellerai 
cjrande  ratine  medullaire,  se  place  tout  a  fait  en  arriere 
dans  lo  trou  drchire  posterieur.  et  sur  des  pieces  mace- 
re'es  comenablement  on  pent  tou  jours  le  decoller  avec 
la  plus  grande  facilite,  et  suivrc  sa  continuity  entiere 
avec  la  branche  externe  du  spinal.  J'ai  toujours  constate, 
ainsi  quo  1'admettait  AYillis.  que  cette  grande  racine  du 
spinal  reroit  un  filet  anastomotique  S  du  pneumogas- 
trique  lorsqu'elle  est  pres  de  sortir  du  trou  dechire  pos- 
l(;rieur.  Le  faisceau  /••,  ([iii  provient  de  1'assemblage  des 
filets  radiculaires  B'  du  spinal  inseres  sur  la  moelle  al- 
longe'e,  et  que  j'appellerai  courte  racine  bulbaire,  est 
d'abord  accole  par  du  tissu  cellulaire  a  la  partie  ante- 
rieure  de  la  grande  racine,  avec  laquelle  il  chemine 
pendant  quelijue  temps  comme  etant  dans  un  nevrileme 
commun.Mais  bient6t,  en  suivant  avecsoin  cette  courte 
racine,  on  constate  qu'elle  se  separe  du  tronc  du  spinal 
par  un,  deux  ou  quelquefois  plusieurs  filets,  qui  se  jet- 
tent  dans  le  pneumogastrique. 

Scarpa  et  les  modernes  qui  out  suivi  sa  description 
n'avaientpas  su,  ainsi  que  je  viens  de  Tetablir,  que  la 
grande  racine  medullaire  nee  de  la  moelle  epiniere  va 


ANATOMIE.  281 

constituer  la  branche  musculaire  exierne  du  spinal . 
tanclis  que  la  courte  racine  bulbaire,  nee  du  bulbe  ra- 
chidien ,  va  se  Jeter  dans  le  vague,  et  constiluer  la  branche 
anastomotique  interne.  Scarpa  considerait  en  effet  que 
le  tronc  du  spinal  arrive  dans  le  trou  dechire  posterieur 
etait  un  nerf  indivis,  parfaitement  homogene,  dont 
toutes  les  origines  sjintriquaient  et  se  confondaient  inti- 
meinent,  apivs  quoi  il  se  separait  en  deux  portions,  la 
brancbe  externe  r  (fig.  13)  et  la  branche  interne  /,  m. 
destinees  a  porter  aux  muscles  du  con  et  an  pneuino- 
gastrique  ['influence  provenant  de  toutes  les  origines 
mednllaires  du  spinal.  Cette  opinion  de  Scarpa  ae'te  par- 
tagee  par  BischofF  et  par  plusieurs  autres  anatoniistes. 
Mais  elle  a  surioul  ete  developpee  par  des  physiolo- 
gistes  qui  out  admis  qu'ilfallait  que  chacune  des  origines 
si  multipliers  du  spinal  vintconcourir  dans  une  certaine 
niesure  a  la  formation  de  sa  branche  interne ,  car 
ce  serait,suivaut  ces  auteurs,  une  prevision  de  la  nature 
pour  assurer  les  t'onctions  de  la  branche  interne  du 
spinal. 

II  est  done  evident,  centre  1'opinion  de  Scarpa  el 
celle  des  auteurs  qui  1'onl  adoptee,  que  le  spinal  est  un 
nerf  compose  de  deux  portions,  qui  sont  distinctes  a  leur 
origine  et  a  leur  terminaison  ;  que  la  grande  racine  IIM.'- 
dullaire  correspond  a  la  liranche  externe  du  spinal,  que 
la  courte  racine  bulbaire  correspond  a  la  branche  in- 
ternedu  spinal  anastomotique  avec  le  vague.  Bendzelait 
deja  arrive  a  une  distinction  analogue  en  se  basant  sur 
des  dissections  minutieuses.  De  mon  c6te,  sans  connaitiv 
son  travail,  j'y  ai  ett'1  conduit  par  les  experiences  pby 


282  NERF    SPINAL. 

siologiques;  ce  qui  in'a  pennis  non-seulement  d'indi- 
quer  celte  distinction,  qui  est  un  fait  capital  dans  1'his- 
toire  du  spinal,  uiais  (Veil  donner  la  demonstration  > 
ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin. 

Labranche  interne  du  spinal,  apres  s'etre  separee  de 
ce  qu'on  a  appele  le  tronc  du  spinal,  se  jettc  dans  le 
pneumogastrique  par  un.  deux  on  plusieurs  filels, 
/,  m  (fig.  13).  Ces  filets  viennent  se  placer  en  arriere  el 
un  pen  on  dedans  du  tronc  du  vague,  auquel  ils  ne  font 
que  s'accoler.  sans  se  confondre  dans  I'intumescence 
gangliforme  que  ce  nerf  presente  en  ce  point.  Spence, 
se  fondant  sur  cette  particularity,  compare  ingenieuse- 
mentlemode  d'adjonction  de  cette  branche  interne  du 
spinal  au  vague  a  la  maniere  dont  se  comporte  la  petite 
racine  motrice  de  la  cinquieme  paire  avec  sa  grosse 
racine  sensitive. 

II  est  difficile  de  poursuivre  longtempsles filets  emanes 
de  la  branche  interne  du  spinal,  et,  anatomiquement, 
il  est  impossible  de  les  distingue?  aussi  loin  que  nous  le 
ferons  plus  tard  a  Faide  de  1'experimentation  physio- 
logique.  On  voit  en  effet  la  branche  interne  du  spinal 
se  diviser  et  s'eparpiller  en  filaments  blancs  sur  le  tronc 
du  vague,  qui  presente  uue  intumescence  gangliforme, 
grisatre,  marquee,  ence  point.  On  pent  constater  ceperi- 
dant  directement  la  continuation  des  filets  de  la  branche 
interne  du  spinal  j usque  dans  le  rameau  pharyngien, 
ainsi  que  1'avait  tres  bien  figure  Scarpa.  Sur  des  pieces 
convenablement  macerees,  les  filets  de  la  branche 
interne  tranchent  par  leur  blancheur  sur  le  fond  gris 
du  tronc  du  nerf  pneumogastrique ;  on  les  voit  se  com- 


ANATOMIE.  283 

poser  et  se  decomposer,  sans  qu'il  soil  possible  anato- 
miquement  de  les  suivre  isolement.  II  ne  m'a  pas  ete 
possible  de  se"parer,  ainsi  que  Bendzl'afait,  les  filets  de 
la  branche  interne  j usque  dans  le  nerf  recurrent  ou 
larynge  inferieur.  On  ne  pent  pas  non  plus  constater 
d'anastomose  bien  nette  de  la  branche  interne  du  spinal 
avec  le  glosso-pharyngien  et  1'hypoglosse  dans  le  trou 
dechire  posterieur. 

La  branche  externe  du  spinal,  a  sa  sortie  du  trou 
dechire  posterieur,  se  dirige  en  clehors  et  en  bas  au- 
dessous  des  muscles  digastrique  etstylo-hyoi'dien,  puis 
au-dessous  du  muscle  sterno-mastoidieu,  traverse  sou- 
vent  ce  muscle  ou  s'accole  a  sa  face  profonde  pour 
gagner  le  muscle  trapeze  dans  lequel  le  spinal  se  tor- 
mine.  Ghemin  faisant,  la  branche  externe  du  spinal 
donne  des  branches  an  sterno-cleido-mastoidien,  et 
forme,  au  niveau  de  ce  muscle,  une  sorte  de  plexus 
auquel  concourcnt  des  rameaux  venant  des  paires  cer- 
vicales  et,  en  particulier,  de  la  troisieme.  Les  anasto- 
moses ont  une  disposition  en  anse  tres  marquee.  Apres 
avoir  franchi  le  sterno-masto'idien,  le  spinal  afTaibli 
recoit  encore  des  communications  des  deuxieme  et 

4 

troisieme  paires  cervicales.  A  la  face  profonde  du  trapeze, 
il  recoit  deux  branches  des  troisieme,  quatrieme  et 
cinquieme  paires  cervicales.  C'est  a  tort  qu'on  a  clit 
que  chez  1'homme  le  spinal  se  rendait  dans  d'autres 
muscles  que  le  sterno-mastoi'dien  et  le  trapeze. 

En  resume"  : 

1°  Le  nerf  spinal  ou  accessoire  de  Willis,  etudiechez 
1'homme,  est  compose  par  une  serie  de  filaments  ner- 


NERF    SPINAL. 

veux  a  oi'igiues  superficielles  et  bifurque^es  qui  s'im- 
plantent  sur  la  ligne  de  separation  des  cordons  poste- 
rieurset  lateraux  do  la  moelle. 

2°  Ces  filets  d'origine  du  spinal  commencenten  haul 
sur  les  cotes  de  la  moelle  allongee,  au-dessous  du  nerf 
vague,  et  desceudent  infe'rieurement  jus(]u'au  niveau  de 
la  racine  posterieure  de  la  cinquieme  paire  cervicale 
environ. 

o°  Le  nerf  spinal  doit  etre  divisc  en  deux  portions  : 
1°  la  petite  racine  bulbairc  qui  nait  de  la  moelle  allon- 
gee au-dessus  de  la  premiere  paire  cervicale,  et  qui  est 
destinee  a  former  la  1  tranche  interne  du  spinal  dite 
anastomolique  du  vague;  "1"  la  grande  racine  medullaire 
qui  prend  naissance  sur  la  moelle  epiniere  cervicale,  et 
est  destinee  a  former  labrancheexternedu  spinal. 

4°  L' anastomosfc  entrele  spinal  et  lepneumogastri(|ue 
dans  le  trou  de'chire  post^rieur  n'est  pas  constituee  uni- 
quement  par  les  anastomoses  de  la  branche  interne 
qui  sejettent  dans  le  tronc  du  vague,  mais  il  y  a  aussi 
mi  uuplusieurs  filets  plusanterieurementsituesS  (fig.  13 , 
qui  proviennent  du  pneumogastrique  et  vont  se  jeter 
dans  la  branche  externe  du  spinal.  De  sorte  qu'en 
realite  il  y  a  un  echange  de  filets  entre  le  spinal  et  le 
pneumogastrique. 

5°  Le  uerf  spinal  doit  etre  considere  comms  un  neri 
essentiellemenl  moteur.  Sa  branche  interne  se  jettedans 
li-  vague  et  s'associe  de  plus  an  glosso-pharyngien  et 
an  grand  sympathique  par  L'interme-diaire  du  plexus 
pharyngien,  tandis  que  la  branche  externe  va  s'associer 
aver  le  plexus  cervical. 


ANATOM1E.  285 

Chez  les  auimaiix,  nous  devous  muiutenir  la  division 
(jue  nuns  avons  elablie  (Mitre  les  deux  portions  origi- 
nal res  du  uerf  spinal,  Chez  tons  les  mammiferes  que 
j'ai  pu  examiner  (singe,  chien,  chat,  lapin.  dievreau, 
cheval,  boeuf),  on  pent  distin'guer  nettement  et  niemc 
})lus  parfaitement  (jue  chez  I'lioinine,  que  la  grande 
racine  medullaire  va  coustituer  la  branche  externe  du 
spinal,  tandisquela  courte  origine  bulbaireva  former 
la  branche  anastomotique  interne  du  spinal.  J'ai  sur- 
tout  eludie  cette  disposition  dans  If  chat  et  dans  le 
lapin. 

Les  origines  medullaires  du  spinal  descendent  chez 
certains   mammiferes   beaucoup    plus    bas   que    chez 
riiomnie;  ainsi  chez  le  bu'iif,    le  chcvaL   le  chat,  les 
derniers  filets radiculaires descendent jusqu'au  niveaudc 
la  Iroisieme  on  de  la  quatrieme  veilebre  dorsale.  Comme 
les  origines  medullaires  sont   destinces,  ainsi  que  IKHIS 
1'avonsetabli,  aconstituer  finalenient  la  branche  externe 
du  spinal,  il  en  resulte  que  cliez  les  mammiferes^  plus 
les  origines  du  spinal  s'etendent  inlerieiireinent,  plus 
la  branche  externe  devient  volumineuse.  et  vice  versa. 
Je   n'ai  jamais  constat(;  chez  les  mammiferes  des 
anastomoses  intra-rachidiennes  entre  les  racines  pos- 
terieures  de  la  deuxieme  paire  cervicale,  ainsi  qiron  en 
a  signale  chez  riiomnie.  Chez  ie  lapin.   le  chien.   le 
cheval,  etc.,  la  branche  externe  se  distribute  aux  mus- 
cles de  Tepaule,   ce  qui  apporte  quelques  differences 
avec  ce  qui  a  lieu  chez  Thornine.  Les  origines  bulbaires 
du  spinal  vont,  chez  ces  auimaux  comme  chez  rhomme, 
constituer  finalement  la  branche  interne  du  spinal  qui 


•286  NERF  SPINAL; 

sc  jelte  dans  le  vague,  loujours  au-dessus  du  ganglion 
cervical  nn ,  ainsi  qu'on  le  voil  aussi  sur  le  chat  cl 
sur  le  lapin. 

Chez  le  chien,  lechat,  le  lapin,  lebceuf,  j'ai  toujours 
vu.  comme  chez  I'homino,  la  branche  interne  du  spinal 
s'anastomoser  et  se  contbndre  avec  le  vague.  II  parai- 
trait  cependant  que  cela  if  est  pas  un  i'ait  general,  car 
Vrolik  dit  qne  chez  le  chhnpanze  la  branche  interne  dn 
nerf  spinal  ne  se  rennit  pas  an  vague,  et  va  directe- 
nient  an  larynx,  tandis  que  la  branche  externe  de  ce 
nert'  chez  le  meme  animal  se  distribue  an  sterno-mas- 
toi'dien  et  an  trapeze,  mais  presque  exclusivement  a  ce 
dernier  muscle. 

Chez  les  oiseaux  el  les  reptiles,  la  grande  origine 
medullaire  du  spinal  a  tout  a  fail  disparu  et  il  ne  resle 
plus  que  la  courte  origine  bulbaire,  ainsi  qu'on  peut 
le  voir  sur  le  coq.  Aussi  chez  ces  animaux  il  u'y  a 
pas  de  branche  externe  du  spinal,  et  cela  est  facile  a 
concevoir ,  puisque  sa  partie  originate  a  la  moelle 
epiniere  manque.  II  faul  encore  noter  comme  conse- 
quence, chez  les  oiseaux  et  les  reptiles,  Tabsence  des 
muscles  analogues  aux  sterno-mastoi'diens  et  trapezes. 
Bischoff  avail  deja  remarque  que  chez  les  oiseaux  toutes 
les  origines  du  spinal  se  jettent  dans  le  vague;  mais, 
comme  il  ignorait  la  division  de  ce  nerf  en  deux  por- 
tions, Tune  bulbaire,  1'aulre  medullaire,  il  if  avail  pas 
donne  a  ce  fail  sa  ^feritable  interpretation  en  e'tablis- 
sant,  ainsi  que  je  viens  de  le  faire,  cette  pcrsistance  des 
origines  bulbaires  du  spinal  quand  les  racines  medul- 
laires  out  disparu s  Nous  ferons  ressortir  ulterieurement 


SI.S    1'HOl'RIKTKS.  287 

I'lmportance  physiologique  de  ce  fait  d'anatomic  com- 
paree. 

Chez  les  poissons,  le  nerf  spinal  n'existe  pas,  par  cola 
soul  qu  il  n'a  plus  ancun  rule  a  remplir,  ainsi  epic  nous 
1(3  montrerons. 

Les  proprietes  du  nerf  spinal  se  rapportent,  (rune 
part,  a  sa  sensibilite  recurrente,  et,  d'autre  part,  a  son 
irritability  a  I' excitation  yalvanique. 

La  sensibilite  recurrente  existe  dans  le  nerf  spinal 
(••online  dans  les  racines  rachidiennes  ante'rieures  et  dans 
quelques  autres  nerfs  de  mouvenient.  Je  1'ai  constatee 
chez  le  chien,  le  chat,  le  lapin,  le  chevreau.  II  taut  avoir 
soin  de  ne  pas  divisor  la  premiere  et  la  deuxieme  paire 
cervicale  en  faisant  la  plaie.  sans  quoi  on  no  trouve  plus 
la  sensibilite  recurrente,  et  c'est  pour  cola  qif  il  m'e'tait 
arrive  de  ne  pas  la  rencontrer  dans  quelques  expe- 
riences. 

J'aid'abord  expe'rimente  sur  la  sensibilite  recurrente 
clu  spinal  avant  son  entree  dans  le  trou  dechire  pos- 
terieur,  et  je  Fai  ensuite  examinee  apres  sa  sortie  du 

crane. 

Premiere  experience.  Sur  la  parlie  intra-rucliiclienne 
du  spinal.  —  Apres  avoir  mis  a  decouvert  la  membrane 
oecipito-atloi'dienne  sur  un  gros  chien,  je  I'ai  fendue  et 
j'ai  pu  voir  les  deux  troncs  formes  par  les  racines  me- 
dullaires  du  spinal,  qui  etaient  places  sur  les  cotes  de  la 
moelle  allongee.  Ayant  laisse  reposer  1' animal  quelque 
temps,  j'ai  souleve  le  spinal  gauche  au  moyen  d'un  petit 
crochet,  et  avec  beaucoup  de  precautions;  puis,  afin 
d'avoir  plus  de  liberte  pour  le  pincer,  je  1'ai  divise 


288  NERF  SPINAL; 

immediatement  au-dessus  de  la  premiere  paire  cervi- 
cale. Agissant  alors  sur  les  deux  bouts  du  trouc  nerveux 
divise,  j'ai  constate  claireinent  (jue  le  bout  superieur  ou 
peripherique  etait  sensible,  land  is  quele  bout  inlerieur 
ou  central  ne  paraissait  posseder  aucune  sensibilite.  J'ai 
obtenu  les  memes  resultats  sur  le  spinal  du  cote  oppose. 
Pour  m'assurer  d'oii  venait  cette  sensibilite  du  bout  pe'ri- 
pherique,  j'ai  coupe  le  vague,  qui,  theomquement,  avait 
ete  regarde  comme  la  racineposterieure  du  spinal,  et  au- 
ra it  du,  a  ce  titre,  lui  t'onrnir  la  sensibilite  recurrente. 
La  section  du  pneumogastrique  du  meine  c6tr,ou  ineine 
du  cote  oppose,  ne  produit  pas  la  disparition  ni  aucune 
diminution  de  la  sensibilite  recurrente  du  spinal.  Alors, 
j'ai  divise  dans  le  canal  rachklien  la  racine  posterieure 
de  la  premiere  paire  cervicale  qui  s'ollrait  a  ma  vne,  et 
aussitot  apres  la  sensibilite  du  bout  superieur  ou  peri- 
pherique    i'ut   considerablement  diminuee ,  mais  11011 
entierement  abolie.  Pour  1'eteindre,  il  me  i'allut  encore 
conper  la  deuxieme  et  la  troisieme  paire  cervicale  : 
pour  cela,  j'allai  chercher  ces  racines  avec  soin  a  leur 
sortie  du  trou  de  conjugaison,  en  renversant  les  mus- 
cles posterieurs  de  dehors  en  dedans,  afin  de  ne  pas 
diviser  les  anastomoses  du  plexus  cervical  etdu  spinal. 
Cette  experience  prouve  done  : 

1°  Que  le  spinal  possede  la  sensibilite  recurrente.  des 
son  origine; 

2°  Qu'elle   ne  lui  esl  point  fournie  par  le  pneumo- 
gastrique,  mais  par  lestrois  premieres  paires  cervicales. 

Deuxieme  experience.  Sur  la  partie  exlra-craniennc 
du  spinal.  —  Sur  un  gros  chieu.  bien  nourri  et  bien 


s 


SES    PROPRIETIES.  289 

portant,  j'aidecouvert  aussi  haut  que  possible  la  branche 
externe  du  spinal,  ce  qui  a  exige  une  operation  assez 
laborieuse.  J'ai  ensuite  recousu  la  plaie,  qui  etait  re- 
froidie,  et  j'ai.laisse  reposer  quelque  temps  1'animal  de 
son  operation.  Alorsla plaie  s'etant  rechauffee,  j'ai  pince 
la  branche  externe  du  spinal  a  sa  sortie  du  tron  dechire 
posterieur  :  elle  etait  nettement  sensible.  Alors  je  la 
divisai  pour  obtenir  deux  bouts,  Tun  central  et  Tautre 
peripherique,  et  je  constatai,  en  les  pincant .  successi- 
vemeut,  qu'ils  etaient  sensibles  tons  deux.  Le  bout  peri- 
phn-ique  etait  sensible   evidemment  par  la  sensibilite 
•recnrrente  qui  provenait  des  paires  cervicales,  et  je  la 
(is  disparattre  en  coupant  les  racines  on  memo  les  anas- 
tomoses  i'li   anses  qui  e\istt»nl  entre  le   spinal  et  les 
branches  du  plexus  cervical.  Ces  anastomoses  sont  sur- 
iout  tres  facilcs  ii  voir  enti'e  la  premiere  paire  et  la 
branche  externe  d'u  spinal.  Mais  d'ou  provenait  la  sen- 
sibilite du  bout  central?  II  est  probable  que  c'etait  la  un 
phenomene  de  sensibilito  directe,  et  non  de  sensibilite 
rccurrente ;  car  cette  derniere  ne  s'observe  que  dans  les 
nerfs  qui  ne  tiennent  plus  directeinent  aux  centres  ner- 
venx.  Cette  sensibilite  du  bout  central  provenait  tres 
vraisemblablement  du  vague  par  I' anastomose  indiquee 
par  Willis.  Mais  il  aurait  fallu,  pour  s'en  assurer,  couper 
le  pneumogastrique  dans  le  crane  et  produire  des  desor- 
dres  qui  auraient  modifie  les  conditions  du  phenomene. 

J'ai  repete  ces  experiences,  avec  les  memes  resultats, 
sur  le  chevreau,  le  chat  et  le  lapin. 

Troisieme  experience.  Sur  Virritabilite  du  nerf  spinal 
a  {'excitation  galvanique.        En  excitant  au  dedans  du 

B.,   Svsr.  NERV.  —  ii.  19 


290  NERF    SPINAL. 

crane  le  tronc  des  racines  medullaires  (longue  racine 
medullaire),  on  determine  des  mouvements  seulement 
dans  les  muscles  sterno-mastoi'dien  et  trapeze,  et  abso- 
lument  rien  dans  le  larynx.  En  agissant  sur  les  filets 
qui  composcnt  la  courte  racine  bulbaire  B'  (fig.  13), 
on  produit  des  convulsions  dans  le  larynx,  le  pharynx, 
et  sensiblemerit  rien  dans  les  muscles  du  eon.  En  agis- 
sant  sur  les  origines  du  pneumogastrique  on  produit 
des  mouvements  dans  le  pharynx  et  dans  le  larynx , 
inais  qui  paraissent  d'tine  autre  nature  quo  les  prec.«> 
dents  en  ce  qirils  sefont  un  pen  attendre.  Pour  obtenir 
ces  resultats,  il  faut  agir  rapidement  sur  des  animaux 
liien  nourris  ;  inais  si  on  laisse  quelques  instants  s?e- 
couler,  on  voit  les  origines  du  pneumogastrique  cesser 
d'abord  d'etre  irritables  au  galvanisme,  puis  la  racine 
bulbaire,  puis  la  racine  medullaire  du  spinal,  qui  per- 
siste  pendant  plus  longtemps  excitable  :  de  sorte  qu'il 
seinblerait  qu'on  pent,  par  le  galvanisme,  distinguer  les 
filets  moteurs  du  pneumogastrique  de  ceux  du  spinal, 
par  la  duive  moins  grande  de  leur  excitabilite  au  gal- 
vanisme. 

Quoi  qu'il  en  soit,  de  ceci  je  conclus  que  le  vague 
possede  a  son  origine,  et  independamment  du  spinal, 
une  propriete  raotrice  evidente  sur  le  larynx  et  le  pha- 
rynx; ce  qui  est,  du  reste,  comme  nous  le  verrons, 
part'aitement  en  harmonie  avec  1  is  experiences  sur  les 
animaux  vivants. 


ONZIEME  LECON.  -      / 

12  JUIN   1857. 

SOMMAIRE  :  Des  fonctions  du  nerf  spinal.  —  Precedes  de  destruction 
du  spinal  chez  les  animaux  vivants.  --  Ablation  complete  des  deux 
spinaux.  —  Discussion  des  experiences  et  conclusion ;  mecanisnie  de 
('abolition  de  la  voix.  --De  la  gene  de  la  deglutition  consecutive  a 
la  destruction  des  spinaux. —  Usages  de  la  branclie  externe  du  spinal. 

MESSIEURS, 

Nous  avons  deja  clit,  dans  la  derniere  leoon,  que  la 
methocle  de  section ,  qu'on  emploie  g'eih'ralement  pour 
determiner  les  usages  des  nerfs.  ne  pouvait  etre  appli- 
quee  aux  spinaux.  Les  clangers  <!<>  <r!ti;  operation  out 
dn  nous  la  faire  repousser,  pour  lui  substituer  une  autre 
iiiethode  de  destruction  des  nerfs  spinaux  par  arrache- 
ment,  qui  est  plus  simple  et  qiii  permet  la  survie  des 
animaux.  Chacun  de  ces  modes  operatoires  merite  de 
nous  arnHer  un  instant,  taiU  pour  apprecier  la  valour 
des  resultats  qu'il  fournit  que  pour  meltre  a  meme  les 
personnes  qui  le  voudraient  de  repeter  les  experiences. 

Precede  de  Bisclwff.  —  L' operation  ii  laquelle  cet  au~ 
teur  s'est  defmitiveuient  arret(3  consiste,  comme  nous 
1'avons  vu,  a  mettre  a  decouvert  et  a  diviser  la  mem- 
brane fibreuse  qui  unit  posterieurement  1'occipital  a 
Fatlas.  On  arrive  par  ce  nioyen  dans  la  cavite  rachi- 
dienne,  et  Ton  apercoit  distinctement  les  deux  nerfs  spi- 
naux, qui  sont  places  sur  les  cotes  de  la  moelle  allongee. 
Mats,  ainsi  que  le  remarque  fort  bien  Bischofl'.  eeitc 


29*2  NERF  SPINAL; 

ouverture,  suffisante  pour  detruire  les  origines  infe'- 
rieures  cl u  spinal,  ne  permet  pas,  surles  chiens  ni  sur 
les  chevreaux .  d'en  diviser  les  racines  superieures ;  et 
Ton  est  dans  la  neeessite,  pour  les  atteindre,  d'enlever  en- 
core une  certaine  portion  de  1'occipital.  II  y  aurail  ainsi 
deux  temps  dans  1' operation  :  1°  ouverture  de  la  mem- 
brane occipito-atloidienne ;  2°  section  d'une  partie  de 
1'occipital. 

Le  premier  temps  s'accomplit  en  general  avec  assez 
de  facilite,  et  c'est  du  resle  le  m&me  precede  qu'on  em- 
ploie  pour  obtenir  le  liquide  cephalo-rachidien. 

Mais  an  deuxieme  temps,  qiuind  on  coupe  le  tissu  os- 
seux  de  1' occipital,  les  sinus  veineux,  qui  sont  presque 
inevitablement  divises,  fournissent  souvent  une  tres 
grande  quantite  de  sang ;  et  Von  voitalors,  dans  le  plus 
grand  nombre  des  cas,  les  animaux  faiblir  rapidement 
et  mourir  avanl  la  fin  de  1' experience. 

Bischoff  et  tous  les  expe'rimentateurs  qui,  apres  lui, 
ont  employe  le  meme  mode  operatoire,  ont  attribue  la 
uiort  rapide  des  animaux  a  Tabondance  de  1'hemor- 
rhagie. 

Quant  a  moi,  apres  avoir  repete  un  tres  grand  nombre 
de  fois  1'operation  de  Bischoff  sur  des  chiens,  des  chats 
et  des  lapins,  je  puis  affirmer  que,  dans  tous  les  cas,  j'ai 
vu  la  mort  survenir  par  1'introduction  de  Fair  dans  le 
coeur. 

En  effet,  aussitot  qu'uu  sinus  ou  me"me  les  petites 
vi  ii  nes  osseuses  qui  s'y  rendent  ont  t3te  ou  verts,  on  voit 
«les  bulles  d'air  melangees  an  sang  qui  flue  et  reflue  en 
suivant  les mouvements  respiratoires ;  ct  si  ranimal  fait 


SA    SECTION. 

iles  inspirations  profondes ,  la  cessation  do  la  vie  est 
presque  instantanee. 

J'ai  toujours  en  soin  de  dissequer  les  aniniaux  apres 
la  mort,  et  je  me  suis  assure  que  les  veines  jugulaires 
etaient  pleines  d'air,  aiusi  que  les  cavites  droites  du 
coeur. 

N'ayant  done  plus  aucun  doute  sur  le  mecanisme  de 
la  rnort  et  sur  la  nature  de  la  cause  qui  empechait  la 
reussite  de  1'experience,  j'ai  travaille  avec  une  perseve- 
rance infatigable  a  trouver  un  inoyen  pour  eviter  I'iu- 
troduction  de  1'air  dans  les  veines.  Par  une  serie  de  ten- 
tatives  tres  multipliees,  dont  j'abregerai  le  recit,  j'ai 
essaye,  tant6t  de  Her  les  quatre  veines  jugulaires,  1anl6t 
d'obstruer  la  veine  cave  sup^rieure,  pour  empecher  la 
depletion  brusque  des  sinus  dans  ['inspiration,  et  pour 
forcer  le  sang  a  s'ecouler  par  le  system e  veineux  ra- 
chidien.  Mais  ['engorgement  des  sinus  occipitaux  et 
rhemorrhagie  veineuse  considerable  qui  en  resultait 
apportaient  un  autre  obstable  a  1'accomplissement  de 
1'experience,  et  la  mort,  quoique  plus  lente,  arrivait 
encore  de  la  nieme  maniere  ;  car  a  1'autopsie  je  trou- 
vais  la  veine  azygos  et  le  coeur  droit  remplis  d'air. 

Enfin,  je  songeai  a  cauteriser  et  a  boucher  directe- 
mentles  sinus  de  1'occipital.  Pour  cela  j'employai  deux 
inoyens. 

Le  premier  consistait  a  faire  la  section  de  1'occipital 
avec  u n  gros  couteau  rougi  au  feu,  et  transforme  ainsi 
en  cautere  actuel. 

Le  second  moyen,  que  je  pret'ere  au  precedent,  con- 
siste  a  pratiquer  avec  un  perforateur,  immediatement 


29/i  NERF  SPINAL; 

au-dessus  de  la  saillie  occipitale  externe.  un  petit  iron 
qui  penetre  dans  le  torcular.  Par  cette  ouverture,  qu'il 
faut  avoir  soin  de  fermer  aussitot  avec  le  doigt  pour 
emp&cher  1'entree  de  Fair,  on  introduit  avec  pression  le 
siphon  d'une  petite  seringue,  et  Ton  pousse  avec  beau- 
coup  de  lenteur,  dans  les  sinus,  une  solution  concentree 
de  persulfate  de  ferou  de  nitrate  d'argent.  De  cette  facon 
on  obtient  assez  surement  I' obstruction  des  sinus  par  la 
coagulation  du  sang  qu'ils  contiennent,  surtout  si  Ton 
fait  pre'alablement  la  ligature  temporaire  des  veines 
juiailaires. 

A  1'aide  de  ces  modifications,  qui  rendent  ['expe- 
rience excessivement  longue,  et  qui  ne  sont  pas  toujours 
des  moyens  infaillibles.  je  suis  parvenu,  cependant, 
dans  quatre  cas,  a  faire  vivre  les  animaux  (trois  chiens 
et  un  chat)  pendant  quelques  heures,  et  j'ai  pu  repeter 
plus  convenablement  1'cxperience  de  Bischoff,  sur  la 
section  directedes  racines  du  spinal. 

Voici  ce  que  j'ai  observe  : 

Quand  on  divise  les  filets  inferieurs  des  deux  spinaux 
jusqu'un  peu  au-dessus  du  niveau  de  la  premiere  paire 
cervicale,  la  voix  n'est  pas  abolie ;  elle  m'a  paru  quel- 
quefois  d'un  timbre  plus  clair  et  pluspercant;  maisa 
mesure  qu'ou  arrive  a  couper  les  fdets  originaires  supe- 
rieurs,  les  cris  deviennent  rauques  d'abord,  puis  s'etei- 
gnent  completement  lorsque  la  destruction  des  deux 
spinaux  est  achevee. 

Dans  un  cas,  sur  un  chien.  au  lieu  de  commencer  la 
seel  ion  des  origines  spinales  do  bas  en  haut.  j'ai  divise 
ssulement  les  trois  01:  quaire  filets  superieurs.  Alors  la 


SA.    SECTION.  295 

voix  fut  entierement  abolie.  quoique  ioutes  les  origines 
inferieures  n'eussent  pas  etc  lesees. 

Mes  experiences,  dout  les  resultats  s'accordent  avec 
ceux  de  Bischoff.  prouvent  de  plus  que  le  spinal  pre- 
side a  la  phonation  par  ses  trois  ou  qnatre  origines 
superieures,  puisque,  apres  la  destruction  de  ces  filets 
seuls,  les  animaux  ne  rendent  plus  qu'une  sorte  de 
souffle  expiratoire  sans  aucune  vibration  sonore.  Cette 
conclusion  est ,  du  reste,  pleinement  d'accord  avec 
F  anatomic ,  savoir  que  la  branche  anastomotique  du 
spinal  qui  s'associe  au  pneumogastrique  est  constitute 
exclusivemcnt  par  les  filets  originates  bulbaires  de  ce 
nerf. 

Mais  apres  les  operations  que  je  viens  de  rapporter,  il 
ne  m'a  jamais  (He  possible  de  prolonger  la  vie  des 
animaux  au  dela  de  quelques  heures,  et,  du  reste,  les 
mutilations  etaient  si  grandes,  qu'il  est  difficile  de  com- 
prendre  comment  la  guerison  aurait  pu  arriver  sans 
amener.  du  c6te  de  la  moelle  allongee  et  des  nerfs 
pneumogastriques,  des  alterations  graves,  qui  auraient 
empeche  de  savoir  si  les  phenomenes  observes  ulterieu- 
rement  dependaient  de  1'ablation  du  spinal  ou  d'une 
alteration  consecutive  du  pneumogastrique. 

En  un  mot,  pour  conserver  les  animaux  et  savoir  si 
le  spinal  agissait  sur  d'autres  organes  que  sur  le  larynx, 
il  fallait  absolument  renoncer  a  cette  maniere  d'expe- 
rimenter,  et  parvenir  a  enlever  les  spinaux  sans  ouvrir 
lacavite  cranienne.  C'est  1'experience  que  j'ai  realisee 
a  1'aide  d'un  precede  qui  consiste  a  saisir  le  spinal  a  sa 
sortie  du  trou  dechire  posterieur,  et  a  operer  par  arra- 


296  M<KF  SPINAL; 

chement  la   destruction  do  toutes  ses  uriiriues  intra- 

t 

rachidiennes. 

Voici  coQiment  on  opere  :  an  nioyen  d'une  incision 
e'tendue  de  1'apophyse  mastoi'de  jusqu'un  pen  au-dessons 
de  1'apophyse  transverse  de  F  atlas,  on  decouvrelabran- 
che  externe  du  spinal  dans  le  point  011  elle  se  degage 
en  arriere  du  muscle  sterno-masto'idien.  Avec  line 
petite  erigne,  on  fait  soulever  par  un  aide  la  partie 
superieure  du  muscle  sterno-mastoi'dien ;  et  dissequant 
avec  soin  la.branche  externe  du  spinal,  on  s'en  sert 
comme  d'un  guide  pour  parvenir  jusqu'au  trou  dechire 
posterieur.  Cheminfaisant.  il  suffit  de  quelques  precau- 
tions pour  e'viter  la  lesion  des  vaisseaux  et  des  nerfs 
voisins. 

Lorsqu'on   est   arrive   au  dela  du    muscle  stern o- 

mastoidien,  entre  les  faisceaux  duquel  il  faut  suivre  le 

spinal,  on  arrive  vers  la  partie  anterienre  de  la  colonne 

vertebrale,  et  en  remontant  pour  se  diriger  vers  le  trou 

dechire  posterieur,  on   apercoit  Jjientot  le  nerf  hypo- 

glosse,  qui  vient  traverser  la  direction  du  nerf  pneu- 

rnogastrique.  C'est   precisement  en  ce  point   que  la 

branche-  anastomotique  interne  /  (fig.  13)  se  detacfre 

du  spinal  pour  se  porter  dans  le  tronc  du  pneumo- 

gastrique.  A  1'aide  de  pinces  modifiees  pour  cet  usage, 

on    saisit  cette    branche   en    meme    temps    que   la 

branche  externe  du  spinal  r  (fig.  13),  puis  on  execute 

sur  la  totalite  dn  nerf  spinal  qu'on  a-  ainsi  saisi,  nne 

traction  ferme  et  continue,  c'est-a-dire  sans  secousses, 

qui  agit  sur  toutes  les  origines  du  nerf.  Bientot  on  sent 

une  suite  de  craqueinent;  le  nerf  cede,  et  on  ramene 


SCKV    EXTIRPATION.  "297 

an  bout  cles  pinces  un  long  filament  nerveux  conique, 
qui  se  termine  par  une  extremite  excessivement  tenue, 
et  dont  se  detachent  des  radicules  quand  on  le  place 
sous  1'eau.  Ce  n'est  rien  autre  chose  que  toute  la  portion 
intra-rachidienne  du  nerf  spinal. 

Gommeonlevoit,  le  precede  operatoire  telqu'ilvient 
d'etre  decrit  a  pour  but  d'arracher  le  nerf  spinal  en 
entier,  c'est-a-dire  de  de'truire  a  la  fois  les  origines  qui 
constituent  sa  brauche  externe  et  sa  branche  interne. 

Mais  on  pourra,  si  Ton  veut,  oxtirper  isolement,  soit 
les  origines  medullaires,  soit  les  origines  bulbaires  du 
spinal.  En  effet,  si  Ton  saisit  avec  les  pinces,  et  si  Ton 
cxerce  les  tractions  sur  la  branche  interne  seule,  on 
arrache  seulement  les  filets  bulbaires.  Cette  operation 
est  fort  difficile  sur  de  petits  animaux.  chat  ou  lupin ; 
elle  reussjt  mieux  sur  le  chevreau  ou  sur  le  cheval.  Si, 
an  contraire,  on  saisit  la  branche  externe  du  spinal 
r  (fig.  l/i),  ce  ([iii  est  reparation  la  plus  facile,  on 
arrachera  seulement  les  origines  medullaires  du  spinal, 
et  on  aura  lesresuitats  de  1'ablation  isole'e  de  la  branche 
externe. 

Pour  decouvrir  chez  le  chien  la  branche  externe  du 
spinal  et  le  rameau  auriculaire  poste'rieur  du  plexus 
cervical ,  il  faudrait  prendre  pour  guide  la  saillie  de 
1'apophyse  transverse  de  Taxis,  et  faire  un  pen  au-des- 
sous  une  incision  longitudinale.  Alors,  sur  le  bord 
posterieur  du  sterno-mastoi'dien,  apres  avoir  ecartc;  le 
tissu  cellulaire,  on  decouvre  le  rameau  auriculaire  a  son 
point  d'emergence.  Le  spinal  se  trouve  immediatement 
derriere  et  descend  obliquement,  en  bas  et  en  arriere, 


298  NI-:KI<   SPINAL: 

sous  le  trapeze.  En  remontant,  on  pent  suivre  le  spinal 

qui  traverse  le  muscle  stern o-mastoldien. 

On  remarquera  que  cette  sorte  de  dedoublement  du 
precede  experimental  vient  encore  prouver,  comme  je 
1'ai  deja  etabli,  que  les  origiues  medullaires  du  spinal, 
qui  constituent  la  branche  oxterne  de  ce  nerf,  ne  son  I 
que  simplement  accolees  par  un  tissu  cellulairo  lache 
aux  origines  builmin.-s  /,:  (fig.  'Jo  et  14),  dans  le  trou  de- 
chire  posterieur;  car  si  clles  etaient  unies  intirnement 
et  surtout  intriquees  el  melangces,  il  serai t  impossible 
de  It's  arracher  isoleinent.  J'ai  reconnu  cependant  que 
quelquefois,  chez  les  vieux  aniinaux,  chat  et  lapin,  il 
arrive  que  la  densite  du  tissu  cellulaire  est  plus  grandc 
entre  deux  neri's.  de  sorte  qu'il  pent  arriver  alors  qu'en 
tirant  seulement  sur  la  branche  externe  du  spinal  on 
enleve  totalement  on  partielleraent  la  branche  interne. 

D'apres  la  description  i<ui  precede,  on  voit  que  cette 
maniere  d'enlever  le  spinal  if  est.  certainement  pas  plus 
difficile  que  celle  de  Bischofl1,  mais  qu'elle  est  plus 
complete  et  est  exempte  de  grandes  mutilations,  ce  qui 
doit  la  faire  preferer.  Avec  un  pen  d'habitude  elle  pre- 
sente  egalement  un  degre  de  certitude  irreprochable. 
Avant  d'appliquer  ce  precede  aux  animaux  vivants,  je 
1'ai  etudie  scrupuleusement  sur  des  animaux  morts, 
auxquels  j'avais  prealablement  decouvert  les  origines 
intra-rachidiennes  du  spinal.  J'ai  pu  ainsi  m'assurer 
directement  que  tous  les  filaments  originates  du  spinal 
sont  toujours  arraches  et  entraines  dans  1'operation, 
taudis  que  ceux  du  vague  sont  respectes. 

Du  reste,  on  pent  soumettre  toujours  les  animaux  a 


SON    EXTIRPATION.  299 

mi  criterium  stir,  I'auiopsie  de  la  tele,  qui  nous  mon- 
trera  clairement  les  racines  nerveuses  qui  auront  ete 
detruites.  Les  pinces  dont  je  fais  usage  ressemblent  a 
des  pinces  a  torsion  pour  les  arteres :  seulementlesmors, 
an  lieu  d'etre  tranchants,  doivent  etre  arrondis  afin  que 
le  nerf  puisse  etre  serre  solidement  sans  que,  pour  cela, 
son  nevrileme  soit  coupe. 

J'ai  experiments  sur  des  chiens,  des  chats,  desche- 
vreaux  et  des  lapins.  Chez  le  chat,  le  lapin,  lechevreau, 
Fextirpation  du  spinal  est  tres  facile,  excepte  sur  le 
chien,  oil  elle  echoue  presquc  toujours  :  cela  tient  a  la 
densii<:  du  tissu  cellulaire,  qui,  chez  cet  animal,  unit  le 
nevrileme  avecle  perioste  des  os  qui  livrent  passage  aux 
nerfdelahuitieme  paire.  Cetteeircoiistance  particulicre 
fait  que  les  branches  du  nerf  spinal  se  cassent  ordinai- 
reinent  sous  les  mors  de  la  pince  plutot  que  de  se  laisser 
arracher.  Cette extirpation  des nerfs n'est pas  unproctkle 
nouveau  qui  soit  special  an  spinal ;  c'est  une  methode 
nouvelle  d'experimentation  que  j'ai  appliquee  au  facial, 
a  riiy[)oglosse  et  anx  nerf  craniens  en  general.  Je  rcpete 
que,  chez  le  chien,  1'application  de  cettc  methode  offre 
beaucoup  de  difiicultes. 

J'ajouterai  qu'on  doit  en  general  prefeier  les  animaux 
encore  jeunes,  et  que  les  chats  sont  surtout  favorablcs 
a  ce  genre  d'experimentation,  a  cause  de  lour  nature 
criarde.  On  ne  voit  pas  ordinairementsurvenir  de  com- 
plications graves  a  la  suite  de  cette  operation.  Au  bout 
de  quatre  a  cinq  jours  les  plaiesdu  con  entrent  en  cica- 
trisation, ct  les  animaux  sont  rendus  a  leuretat  normal, 
moins  les  spinaux  qu'ils  n'ont  plus. 


300  NKKF    SPINAL. 

Ainsi,  par  niuii  premie,  j'ai  pu  atte-indre  le  but  :  les 
m'ifs  spinaux  out  ete  bien  detruits,  etles  nerfs  pneumo- 
gastriques  menages :  des  lors  il  m'a  ete  permis  de  con- 
stater  des  phenomenes  nouveaux,  et  d'observer  toutes 
les  phases  des  troubles  fonctionnelsqui  suivent  1'abation 
des  nerfs  dont  je  voulais  etudier  les  usages. 

Premiere  experience.  Le  25  octobre  1842,  j'ai 
enleve  les  d.eux  spinaux  a  un  chat  male  adulte  et  bien 
port  ant. 

La  voix,  devenue  rauquc  apres  r ablation  d'un  seul 
spinal,  fut  subitement  abolie  quand  la  destruction  des 
deux  spinaux  fut  operee. 

Le  chat  e'tant  dt-barrasse  de  ses  liens,  et  remis  eri 
liberte,  voici  ce  qu'on  observa  : 

Get  animal  qui,  avant  rexporience,  etait  tres  re- 
mnant et  tres  criard,  se  retira  dans  un  coin  ou  il  resta 
calme  pendant  environ  une  heure,  executant  de  temps 
en  temps  une  sorte  de  mouvement  de  deglutition,  mais 
sans  proferer  aucun  miaulement. 

Quand  on  pincait  la  queue  de  1'animal  pour  lui  arra- 
cher  des  cris,  il  ouvrait  les  machoires,  mais  ne  rendait 
qu'une  esp6ce  de  souffle  bref  et  entrecoup^  par  des  in- 
spirations. Si  on  prolongeait  la  douleur.  le  chat  faisait 
des  efforts  pour  s'echapper,  rendait  parfois  une  sorte  de 
ralemeht  brusque  et  rapide.  A  1'etat  de  repos,  sa  respi- 
ration neparaissait  nullementgenee;  seulement,  quand 
on  forcait  1'animal  a  se  deplacer  et  a  courir,  il  parais- 
sait  plus  vite  essouffle,  et  avait  de  la  tendance  a  s'ar- 
reter. 
Le  lendemain,  le  chat  etait  completement  remis  des 


EXPERIENCES.  SOI 

soufirances  et  de  la  frayeur  de  son  operation ;  il  etait 
redevenu  gai  et  caressant  comme  avant,  mais  il  cher- 
chait  pen  a  miauler.  Cependant  quand  oil  lui  presentait 
la  nourriture  avant  de  la  lui  donner,  il  essayait  de  1'at- 
teindre  en  voulant  pousser  des  mianlements  de  desir, 
com  me  font  les  chats  en  parcil  cas;  mais  ces  mianle- 
ments spontanes  se  reduisaient,  comme  ceux  qu'on  Ini 
arrachait  par  la  douleur,  a  un  souffle  cxpiratoire  leplns 
ordinairemont  pen  prolonge.  Si  alors  on  jetait  a  1'ani- 
nial  son  morceau  de  mou,  il  so  precipitait  d'abord  sur 
lui  avec  voracite,  mais  bientot  son  ardeur  s'apaisait.  et, 
mangeant  plus  lentement.  ranimal  s'arrotait  ot  relevait 
la  tote  a  chaque  inouvenu'iit  do  deglutition.  Quand  on 
lroul)lait  brusqiieinent  le  chat  a  col  instant,  on  doter- 
minait  (juelqnefois  une  espoco  de  toux  ou  d'^termiment 
comme  si  des  parcelles  alimentaires  tendaienta  passer 
dans  la  trachee.  La  prehension  des  aliments  liquides(Iait) 
se  fabait  lentement,  et  la  deglutition ,  quoique  sensi- 
blemenl  genee,  paraissait  plus  facile  dans  ce  cas  que 
pour  les  aliments  solides. 

Les  jours  suivants,  le  chat  ne  presenta  rien  de  parti- 
culier;  les  troubles  legers  de  la  deglutition,  bien  que 
toujours  approciables,  surtout  quand  on  derangeait  brus- 
quementl' animal  pendant  son  re  pas,  devinrent  par  la 
suite  un  peu  moins  apparents. 

Les  phenomenes  respiratoires,  digestifs  et  circula- 
toircs  n'oprouvorent  pas  la  moindre  atteinte.  L'animal, 
d'une  assez  grande  maigreur  an  moment  de  son  opera- 
tion, engraissa  rapidement  sousrinfluence  d'une  bonne 
nourriture. 


302  Nl-RF    SPINAL. 

En  un  mot,  ce  chat  elait  reste  physiologiquemenl  a 
pen  pres  le  meme;  il  n'y  avail  iranormal  en  lui  que 
1' absence  complete  de  la  voix. 

Ce  chat,  qui  etait  Ires  apprivoise,  sortait  dehors  el 
rentrait  ordinairemenl ;  inais  le  28  decembre  18/i2, 
c'est-a-dire  deux  mois  apres  1' operation,  il  tut  perdu  et 
ne  revint  plus,  de  sorte  que  cette  experience  ne  put  etre 
onnpletce  par  1'autopsie. 

Deuxieme  experience.  — Le  12  Janvier  18/iS,  je  fis 
rexlirpatioii  des  deux  spinaux  sur  un  autre  chat  male 
adulte  :  j'obtins  r  abolition  complete  de  la  voix,  avec  des 
phniomenes  semblables  a  ceux  ineiitionnes  dans  Fexpe- 
rience  precedente. 

Le  27  Janvier,  quinzieme  jour  de  1'experience,  je 
sacriiiai  1' animal  en  lui  faisant  subirune  experience  que 
je  rapporterai  ailleurs;  et  je  constatai,  d'une  part,  que 
Ics  deux  spinaux  etaient  bien  exactement  enleves,  el 
ijiic.  d'autre  part,  le  ponmon  et  1'estomac  n'offraient 
pas  la  niohiftK'  apparence  d'aiteration. 

Depuis  la  publication  de  ces  experiences,  qui  setrou- 
vent  consiirnees  dans  mon  premier  niemoire,  j?ai  opere 
de  meme  un  grand  nombre  de  chats,  et  toujours  avec 
les  memes  ])henonienes.iPlusieurs  de  ces  animaux  ont  ete 
conserves  plusieurs  mois.  J'en  ai  memesuivi  un  pendant 
deux  ans ;  il  appartenait  a  line  personne  qui  me  1'avait 
confiepour  lui  enleverla  voix  :  sesfonctions  organ iques 
etaient  toujours  restees  iutegres. 

Troisieme  experience.  -  -  Le  11  mars  18/io,  sur  un 
gros  surmulot  male,  j'ai  extirpe  les  deux  spinaux.  Ces 
animaux.  de  meme  ijue  les  dials,  sont  assez  diffiriles  a 


EXPERIENCES.  oOo 

experimenter,  a  cause  de  leur  indocilite  et  de  la  con- 
formation ,  conique  de  leur  museau ,  qui  ne  permet  pas 
de  les  imiseler  surement.  J'emploie  pour  cela  un  pro- 
cede  tres  certain  :  il  consiste  a  passer  an  travers  de  la 
gucule  de  {'animal  et  derriere  les  dents  canines  nn  petit, 
inorceau  de  bois,  comme  un  crayon,  par  exemple; 
aussit6t  on  place  en  arriere  de  cette  espece  de  morsune 
ligature  circulaire,  qii'on  serro  moderement.  L'animal 
ainsi  pris  ne pent  plus  se  demuseler,  parce  quele  crayon 
empeche  la  ligature  de  glisser,  et  que  les  dents  retien- 
nent  le  crayon.  On  a  en  meme  temps  1'avantage  de 
maintenir  la  gueule  ouverte  et  de  ne  pas  empecb*1!- 
la  formation  des  cris,  ni  la  respiration  dr  sVxorcer 
libremenl. 

Quand  on  irritait  le  surmulot  avant  1'ope" ration,  il 
poussail  des  cris  excessivcment  aigus.  qui  sent  parti- 
cullers  aux  animaux  tic  son  espece. 

Aussit(A»t  apivs  1'ablation  des  <!ci!\  spinaux  il  y  eut 
aphonie,  etles  cris  aigus  i'urent  remplaces  par  un  gro- 
gnement  tres  bref. 

Remis  en  liberte,  raniinalfit  pendant  quelque  tenijis 
des  mouvements  de  deglutition  ;  il  se  lapit.  dansun  coin 
de  sa  cage  et  repugnait  au  mouvement.  Le  lendemain 
on  lui  donnait  du  pain  u  manger.  La  deglutition  parais- 
sait  sensiblement  genee,  et  quand  le  surmulot  mangeait 
trop  vite,  il  passait  evidemment  des  aliments  dans  la 
trachee,  a  en  juger  par  ses  eternnments  et  pai'  une 
sorte  de  toux  rauque  qui  troublait  momentanement  la 
respiration.  Apres  la  cessation  de  ces  accidents,  1'a- 
nimal  recommencaii  ;i  s;, anger  plus  leniemenl  qu'avant ; 


30/i  NERF    SPINAL. 

il  machait  longtemps  et  suspendait  la  mastication  an 
moment  ou  la  deglutition  s'effectuait. 

Les  jours  suivants ,  les  monies  phenoinenes  persis- 
terent  toujours.  A  1'etat  de  repos,  ranimal  etait  calme, 
respirait  normalement  et  avalait  assez  bien;  mais  on 
provoquait  facilement  les  desordres  deja  indiques  dans 
la  deglutition,  si  on  le  forcait  a  courir  et  a  respirer 
tbrtement  au  moment  oil  il  mangeait. 

Le  16  mars  (cinquieme  jour  de  1'operation),  ranimal 
fut  sacrifie.  Les  spinaux  etaient  completement  enleves. 

Les  poumons  etaient  sains,  excepte  une  partie  dn  lobe 
superieur  du  poumondroit,  qui  ofTrait  une  particularity 
remarquable.  Exterienrement  on  apercevait  de  petites 
masses  blancbatres.  de  volume  egal,  diss^minees  dans 
cette  portion  du  tissu  pulmonaire.  En  ouvrant  alor?  les 
canaux  aeriens  du  poumoii  avec  precaution,  je  trouvai 
des  miettes  de  pain  mache  qui  obstruaient  les  grosses 
brouches,  et  il  me  fut  facile  de  coustater  que  les  petites 
taches  blanches  etaient  formees  par  la  meme  matiere. 
L'estomac  n'offrait  pas  d'alteration,  et  contenait  des 
aliments  en  partie  digeres. 

Quatrieme  experience.  —  J'ai  enleve  les  spinaux  a  mi 
tres  grand  nombre  de  lapins  jeunes  ou  adultes.  Comme 
toutes  ces  experiences  se  ressemblent,  quant  aux  resul- 
tats,  je  me  boruerai  a  en  ra})porter  une  seule.  Le 
18  Janvier  18/to,  sur  un  lapin  adulte,  1'ablation  d'un 
seul  spinal  determina  laraucitede  lavoix,  quifutabolie 
apres  Fextirpation  des  deux  spinaux;  si  alors.on  pincait 
ibrtement  la  queue  de  ranimal,  il  faisait  entendre  un 
siftlement  expiratoire,  chair  et  bref,  successivement  in- 


EXPERIENCES.  305 

terrompu  el  entrecoupe  par  des  inspirations  bruyantes 
et  rauques.  Parfois  1'expiration  etait  aphone  et  on 
entendait  seulenient  le  mucus  inspiratoire.  Pendant  le 
repos,  r animal  rcspirait  normalement  et  avait  conserve 
touto  sa  vivacite  ;  mais,  si  on  le  faisait  courir,  il  parais- 
sait  assez  \ile  essout'fle;  la  respiration  s'accelerait,  et  on 
entendait  quelquefois  alors  des  inspirations  bruyantes. 
Lorsque  1'aninial  mangeait,  la  deglutition  etait  sensi- 
blement  g6nee.  Si  dans  ce  moment  on  forcait  le  lapin  a 
se  mouvoir,  il  produisait  uue  sorte  de  loux  rauque, 
comme  si  des  corps  etrangers  passaient  dans  les  voies 
respiratoires. 

Les  jours  suivaiits,  les  rnemes  pht'inomenes  persis- 
terent;  rauimal  an  repos  ne  paraissait  pas  souffrant  et 
respirait  libremeut;  quand  on  le  laissait  manger  tran- 
quillemeut,  la  deglutition,  quoique  un  pen  genee, 
s'operait  assez  facilement;  mais  quand  le  lapin  etait 
subitement  derange,  on  voyait  constamment  apparaitre 
les  troubles  respiratoires  moraentanes  deja  indiquesplus 
haut. 

Le  29  Janvier  (onzieme  jour  de  r  experience)  Tanimal 

ful  sacrifie. 

Autopsie:  Les  deux  spiuaux  rtaient  tletruils  en  tota- 
lite.  Les  poumons exempts d'ecchymoses  etd'alterations 
dans  la  plus  grantle  partie  de  lenr  etendue,  preseii- 
taient  nn  pen  de  rougeur  et  d'hepatisation  dans  leiirs 
lobes  superieurs.  Le  tissu  pulmonaire  incise  dans  ce 
point  offrait  uue  coupe  comme  marbree  par  des  por- 
tions vertes  qui  u'etaieut  autre  chose  que  de  1'herbe 
machee  rentermee  dans  les  tubes  bronchiques.  Lacolo- 

B.,    SVST.    NERV.   --    II.  20 


306  NERF    SPINAL. 

ration  ires  verte  de  1'herbe  contenue  dans  les  grosses 
bronches  indiquait  que  ['introduction  en  etait  assez 
recente,  tandis  que  celle  situe'e  dans  les  petites  bron- 
ches etait  cleja  en  partie  de'coloree ,  et  y  sejournait 
evidemment  depuis  plusieurs  jours.  L'cstoniac,  qui 
dtait  sain,  contenait  une  grando  quantite  d' aliments. 

Le  nombre  de  lapins  a  qui  j'ai  extirpe  les  deux  spi- 
naux  est  tres  considerable.  Us  ve'curent  bien  apres  cette 
operation,  excepte  dans  les  cas  ou  ii  se  formait  cles 
pneumonies  par  suite  de  rintroduction  de  1'herbe  dans 
les  bronches. 

Cette  premiere  serie  d"  experiences  prouve  que  les 
modifications  fonctionnelles  qui  surviennent  apres  1'abla- 
tion  complete  des  deux  spinaux  portent  specialemenl 
sur  les  organes  vocaux  et  respiratoires.  Nous  constatons, 
en  outre,  que  ces  phenomenes  se  manifestent  spe'ciale- 
ment  dans  les  functions  de  relation.  En  eflet : 

1°  Chez  I' animal  agissant.  il  y  a  aphonie,  une  cer- 
taine  gdne  de  la  deglutition,  la  brievete  de  Texpiration 
quand  r animal  veut  crier ,  1'essoufflement  dans  les 
grands  mouvements  ou  les  efforts,  et  parfois  irregula- 
rite  dans  la  demarche,  etc. 

2°  Chez  I" animal  en  repos,  toutes  les  fonctions  orga- 
niques,  respiratoires,  digestives,  circulatoires,  s'accom- 
plissent,  an  contraire,  avec  la  plus  grande  reguiarite1,  et 
il  serait  impossible  de  s'apercevoir,  sous  ce  rapport,  que 
les  animaux  sont  prives  d'une  influence  nerveuse  quel- 
conque. 

11  faut  remarquer  aussi  que  1'ensemble  de  ces  phe- 
nomenes,qui  caracterise  la  paralysie  des  nerfs  spinaux, 


EXPERIENCES.  307 

se  distingue  par  une  foule  de  points  de  la  paralysie  qui 
suit  la  section  des  deux  nerfs  vagues.  On  pourra  encore 
mieux  saisir  cette  difference  clans  le  tableau  comparatif 
suivant  : 


Phenomenes  propres  a  la  paralysie 
des  deux  spinaux. 

1°  La  voix  est  abolie ; 

2°  La  respiration  n'cst  pas  trou- 
blee,  le  nombre  des  respirations 
n'est  pas  change ; 

3"  Le  nonibre  des  baltements  de 
coeui1  et  cijlui  des  pulsations  arle- 
rielles  restent  les  menies; 

k"  La  digestion  stoniacale  n'est 
pas  de'rangee,  et  les  secretions  gas- 
triques  s'accomplissent  bien; 

5°  La  survic  des  animaux  est 
coiistante  et  inch-lime. 


Phenomenes  propres  a  la  paralysie 
des  deux  nerfs  vaijues. 

1°  La  voix  est  abolie; 

1°  La  respiration  est  modifiee,  et 
le  nonibre  des  inspirations  est  con- 
slaninient  diminue; 

3"  Les  batiements  de  coeur  sont 
conside*rablement  acceleres,  el  le 
nombre  des  pulsations  arterielles 
est  considerablement  augment)'- ; 

Zl°  La  digestion  stoniacale  est 
geiie'rali'ini-iii  trouhir-e,  ainsi  que 
'.  s  -''-cretions  gastriqnes; 

5°  La  niort  d;'s  animaux  est  con- 
slante  et  ariivc  en  general  an  plus 
lard  apres  trois  on  qualre  jours. 


11  resulte  de  la  comparaison  precedente  qu'il  n'y  a 
qu'un  seul  caractere  qui  soit  commun  a  la  paralysie  des 
spinaux  et  a  celle  des  pneuinogastriqucs ,  c'est  1'apho 
nie  on  1'abolition  de  la  voix.  En  analysant  actuellement 

u 

le  mecanisme  de  cette  aphonie,  nous  voyons  qu:il  est 
essentiellement  different  dans  la  paralysie  des  spinaux 
on  dans  celle  des  nerfs  vagues. 

Ce  phenomene  est  indubitablement  la  consequence 
d'une  paralysie  survenue  dans  les  mouvements du larynx. 
Mais  uu  fait  fort  singulier,  qui  devra  d'abord  fixer  notre 
attention,  c'est  que  la  paralysie  du  larynx  (jui  suit  1'a- 
blation  des  spinaux  est  totalement  differente  de  celle 
qu'on  produit  ordinaireinent  par  la  section  des  pneumo- 
gastriques  on  des  nerfs  larynges. 


308  NERF    SPINAL. 

En  efl'et,  sur  un  chat  aphone,  auquel  j1  avals  extirpe" 
les  spinaux  clepuis  quinze  jours,  j'ai  mis  la  glotte  a  nu 
en  incisantverticalementlamembrane  thyro-hyoi'dienne, 
de  maniere  a  menager  les  nerfs  laryngcs.  Puis  ayant 
saisi  Fepiglotte  par  cette  ouverture  a  Faicle  de  pinces- 
erignes,  j'attirai  I'ouverture  superieure  du  larynx  en 
avant,  et  voici  ce  que  j'observai : 

La  glotte.  diialee  dans  tonic  son  etendue,  permettait 
un  passage  libre  a  rentre'e  et  a  la  sortie  de  Fair.  La 
muqueuse  laryngienne  avail  conserve  toutesa  sensibilite, 
et  quand  on  venait  a  toucher  avec  tin  stylet  I'interieiir 
du  larynx  ou  bien  les  cordes  vocales  elles-m^mes,  les 
levres  de  la  glotte  se  rapprochaient  legerement :  uiais  ce 
mouvement  de  resserrement  etait  excessivement  borne, 
et  ne   determinait  plus  la  tension  et  le  rapprochement 
complet  dcs  cordes  vocales.  Alors,  si  I'aniinal,  tourmente 
par  la  douleur,  voulait  former  des  cris,  il  chassait  brus- 
quement  I'air  de  son  pouinon;  niais  les  cordes  vocales, 
n'etant  pas  tendues  et  ne  se  joignant  pas.  ne  pouvaient 
6tre  mises  en  vibration.  I>a  colonne  d'air  produisait 
seulement,  en  passant,  le  souffle  assez  rude  qui  avait 
remplace  la  voix  chez  cet  animal,  tlepuis  que  les  spinaux 
avaient  ete  detruits.  L'expiration  vocale  (aphone)  etait 
en  general  pen  prolongee  et  entrecoupee  par  des  mou- 
vements  inspiratoires  Itrusques.  qui  produisaient  parfois 
une  sorte  de  ronflement. 

Sur  les  lapins,  j'ai  obsorve  des  phenoinenes  seni- 
blables  dans  le  larynx,  c'est-a-dire  que  j'ai  constate, 
apres  Tablation  des  spinaux,  que  chez  ces  animaux 
comme  chez  les  chats,  la  glotte.  qui  avait  conserve  toute 


EXPERIENCES.  309 

sa  sensibility,  restait  dilutee,  et  avait  perdu  la  facultc 
de  s'occlure  completement. 

Seulement  les  lapins  presentent  souvent  apres  1'abla- 
tion  des  spinaux  une  paralysie  tres  complete  des  muscles 
crico-thyroi'diens ,  cc  qui  permet  aux  cartilages  de 
s'ecarter  et  a  la  membrane  crico-thyroidienne  de  faire 
saillie  a  1'interieur  du  larynx ;  cela  donne  alors  a  1'inspi- 
ration  un  caractere  tres  hruyaut. 

Ouand  on  coupe  les  nerfs  pneumogastriques  ou  leurs 
rameaux  larynges,  la  chose  se  passe  tout  diffeiemment 
dansle  larynx.  La  voix  se  trouveabolie,  il  est  vrai,  mais 
tout  le  moncle  sait  qifil  y  a  en  meme  temps  une 
occlusion  de  la  glotte  qui  occasionne  une  gene  plus  ou 
inoins  grande  de  la  respiration.  siii\*int  1'age  des  ani- 
maux.  De  sorte  quo  nous  devons  etablir  des  a  present 
comme  resultat  experimental : 

lu  Qu'apivs  I'ablation des  spinaux,  Taphonie  coexiste 
avec  une  dilatation  persistante  de  la  glotte  et  avec  une 
impossibilile  de  rapprochement  des  cordes  vocales; 

W2°  Qu'au  contraire,  apres  la  section  des  pneumogas- 
triques ou  des  nerfs  larynges,  1'aphonie  coexiste  avec 
une  occlusion  et  une  impossibility  d'ecartement  des 
cordes  vocales. 

L'experience  suivante,  faite  sur  un  animal  adulte. 
nous  rendra  encore  ces  fails  plus  palpables. 

Si  Ton  attire  1'ouverture  superieure  du  larynx  en 
dehors  sur  un  chat  vivant,  en  evitant  la  lesion  des  nerfs 
larynges,  on  verra  d'abord  les  mouvements  de  resserre- 
ment  et  de  dilatation  de  la  glotte  se  succe'der  rapide- 
ment  dans  les  efforts  que  fait  Fanimal  pour  crier  et  se 


310  NERF    SPINAL. 

debattre ;  mais,  si  Ton  attend  quelques  instants,  1'ani- 
mal  se  calme  pen  a  pen,  et  finit  par  respirer  tranquille- 
ment.  Alors  la  glotte  respiratoire  reste  dans  une  dilata- 
tion pourainsi  dire  permanente,  et  les  mouvements  de 
resserrement  et  d'ecartementexcessivement  bornes,  qui 
s'accomplissent  dans  Inspiration  et  1' expiration,  sont 
a  peine  appreciates  :  comme  ceux  qui  se  remarquent 
clans  les  narines  des  animaux  lorsque  la  respiration  est 
calme. 

Vient-on,  dans  ce  moment,  a  pincer  fortement 
1'animal  ou  a  piquer  la  muqueuse  laryngienne,  aussitot 
le  larynx  change  de  role,  et  devient  ie  siege  de  pheno- 
meiies  nouveaux.  Les  deux  cordcs  vocales  tendues 
subitement  se  rapprochent  au  contact;  une  expiration 
puissante  et  prolongee  vient  les  faire  vibrer,  et  des  cris 
percants  se  font  entendre. 

Si,  apres  avoir  constate  ces  faits,  on  arrache  le  spinal 
d'un  c6te,  on  verra  la  moitie  de  la  glotte  correspon- 
dante  rester  ecarlee,  et  a  pen  pres  immobile ;  tandis 
que  celle  du  cote  oppose  continue  a  se  mouvoir  et  a  se 
rapprocher  de  la  ligne  mediane.  Lorsque  1'animal  veut 
crier,  la  colonned'air,  expulsee  des  poumons,  franchis- 
sant  I'ouverture  de  la  glotte  a  moitie  ferme'e,  et  cir- 
conscrite  d'un  cote  par  une  corde  vocale  tendue,  et  de 
1'autre  par  une  corde  vocale  relachee,  ne  prodnit  plus 
qu'un  son  tipre  ou  rauque  au  lieu  d'un  timbre  clair  par- 
ticulier  a  la  voix  du  chat. 

Si  Ton  extirpe  1'autre  spinal,  I'ouverture  glottique 
execute  bien  encore  de  legers  mouvements  de  resserre- 
ment  comme  ceux  que  nous  avons  notes  dans  la  respi- 


EXPERIENCES.  311 

ration  calme,  mais  elle  a  perdu  la  faculte  de  s'occlure 
completement.  Malgre  ses  tentatives  pour  former  ces 
cris  que  lui  commande  la  douleur,  1'auimal  ne  peut  plus 
tend  re  on  rapprocher  au  contact  ses  cordes  vocales  flas- 
ques  et  separees,  et  il  ne  prod u it  qu'un  souffle  expira- 
toire  tres  bref.  1  y  a  alors  aphonie  complete,  et  les 
mouvements  vocaux  sont  eteints ;  la  respiration  conti- 
nue pourtant  a  s'exercer  par  la  glotte  dans  toute  sa  ple- 
nitude. 

Veut-on  se  convaincre  que  c'est  bien  le  pneumo- 
gastrique  qui  maiiitient  les  levres  de  la  glotte  dans  I'e- 
cartement  oil  on  les  voit,  et  lui  communique  les  mou- 
vements le'gers  dont  nous  avons  parle,  il  suffira  de 
diviser  les  nerfs  recurrents,  et  aussitut  Fouverture  du 
larynx,  devenue  complctemenl  immobile,  se  trouvera 
retrecie.  Les  cordes  vocales,  comme  des  soupapes  flot- 
tantes,  s'accoleront  mecauiquement  dans  1'inspi ration 
sous  la  pression  de  IViir  exterieur,  qui  tend  a  penetrer 
dans  le  larynx,  et  seront  soulevees  par  la  colonne  d'air 
expire.  II  en  resulte  alors  une  gene  de  la  respiration, 
analogue  pour  son  mecanisme  a  celle  qu'on  observe  dans 
1'oedeme  de  la  glotte. 

Aiusi,  cette  experience  demontre  clairement  que 
rablatiou  des  iierl's  spinaux  paralyse  partiellement  le 
larynx  en  taut  qu'organe  vocal,  mais  le  laisse  intact  en 
tant  qu'organe  de  respiration.  En  effet,  la  glotte  beante 
et  dilat^e  ne  peut  plus  se  resserrer  pour  produire  la 
voix,  mais  elle  laisse  tres  librement  les  mouvements 
respiratoires  s'accomplir. 

Les  experiences  suivautes  donneront  la  meme  de- 


012  MiKF    SPINAL. 

monstration  d'une  autre  mauiere,  qui  sera  encore  plus 
saisissante. 

Destruction  comparative  des  nerfs  larynr/es  et  des  nerfs 
spinanx  sur  de  tres  jeunes  animaux.  —  11  etait  impor- 
tant de  faire  line  experience  sur  de  tres  jeunes  animaux. 
et  voici  pourquoi  : 

Nous  savons  que  la  section  des  nerfs  larynxes  int'e- 
rieurs  paralyse  tons  les  muscles  du  larynx,  moins  les  cri- 
cothyroidiens,  et  determine  Talxtlition  de  lavoix  et  1' oc- 
clusion de  la  glotte.  Cette  derniere  circonstance devrait 
produire  constamment  la  mort  par  suffocation. 

Toutetbis,  chez  les  vieux  aniiiiaux,  il  n'en  est  pas 
ainsi,  parce  que,  chez  eux.  il  reste  en  arriere,  dans 
1'espace  inter-arytenoi'dien,  une  ouverture  beante  qui 
permet  encore  1'entroe  et  la  sortie  de  1'air  des  voies 
respiratoires ,  malgre  la  paralysie  complete  du  la- 
rynx. 

Mais  chez  les  jeunes  animaux,  une  semblable  dispo- 
sition n'existant  pas,  la  paralysie  complete  qui  suit  la 
section  des  nerfs  recurrents  amene  immediatement  la 
mort  par  suffocation.  Nous  le  verrons  en  etudiant  le 
pneumogastrique. 

Des  lors  on  conceit  que,  grace  a  cette  particularite, 
nos  experiences  ne  laisseront  aucun  doute,  parce  que  si 
1' ablation  des  spinaux  determine,  chez  ces  jeunes  ani- 
maux, Taphonie  sans  produire  la  suffocation  mortelle, 
il  sera  naturel  de  conclure  que  la  destruction  de  ces 
nerfs  a  paralyse  le  larynx  comme  organe  vocal,  mais  lui 
a  permis  de  continuer  ses  fonctions  comme  organe  de 
respiration. 


EXPERIENCES.  313 

Premiere  experience.  —  J'ai  ope're  la  section  des  la- 
rynges inferieurs  sur  un  petit  chat  de  trois  semaines  ; 
apres  la  section  du  recurrent  droit,  la  voix  est  devenue 
rauquc  et  la  respiration  genee.  Apres  la  section  des 
deux  recurrents,  le  chat  est  mort  subitement  par  suf- 
focation . 

Deuxieme  experience.  —  J'ai  enleve  les  deux  spinaux 
sur  un  autre  petit  chat  de  la  memo  portee  que  le  prece- 
dent par  cornparaison  avec  1'experience  prece'dente. 

Aussitot  apres,  1'animal  est  eleven u  aphone.  mais  la 
respiration  et  la  circulation  sont  demeurees  aussi  libres 
(jiravau  1.  (La  dilatation  de  la  glotte  persistait  done  en- 
core, et  la  respiration  se  faisait  apres  I'ablation  des  spi- 
naux souls.) 

Le  19  mai,  douziemc  jour,  ce  petit  chat  a  ete  sacri- 
iie",  et  1'aulopsie  a  prouve  que  les  spinaux  etaient  bien 
conipletement  detruits. 

Troisieme  experience. — Le  3  jinn  18/|3,  sur  un  autre 
jeune  chat  age  de  cinq  semaines  environ,  j'ai  extirpe 
les  deux  spinaux;  aussitot  la  voix  a  ete  abolie,  mais  les 
autres  fonctions,  sous  1'influenco  dupneumogastrique, 
out  continue  a  s'exercer  librement. 

Le  5  juin,  deux  jours  apres,  sur  le  me"me  animal,  qui 
etait  aphone,  mais,  du  reste,  bien  portant,  j'ai  excise 
les  deux  nerfs  larynges  inferieurs.  Bientot  le  chat  est 
mort  suflbque,  preuve  que  lo  larynx,  paralyse  settlement 
conime  organe  vocal  par  1'extirpation  des  spinaux,  fut, 
de  plus,  paralyse  comme  organe  de  respiration  deux 
jours  apres  lorsque  je  fis  la  section  des  nerfs  larynges. 

Toutes  les  experiences  rappoi  tees  precedemment  me 


NERF   SPINAL. 

semblent  conduire  directement  a  cette  conclusion  , 
qu'il  y  a  dans  le  larynx  deux  ordres  do  mouvements, 
les  uns  qui  president  a  la  phonation,  et  qu'on  paralyse 
en  detruisant  les  nerfs  spinaux ;  les  autres  qui  sont  re- 
latifs  a  la  respiration,  et  qu'on  paralyse  en  coupaut  les 
nerfs  pneumogastriques  on  leurs  branches  laryngees. 
De  sorle  que  nous  admettrons  que  le  pneumogastriuue 
possede  une  puissance  motrice  propre  et  independante 
du  nerf  spinal.  C'est  cette  puissance  motrice  propre  an 
penumogastrique  qui  influence  les  organ es  circulatoires, 
digestifs  et  respiratoires,  et  perniet  aces  appareils  d'ac- 
complir  leurs  fonctions  organiques,  et  aux  animaux  de 
survivre  quand  la  voix  a  ete  abolie  par  1'ablation  com- 
plete des  deux  spinaux.  (Test  encore  cette  puissance 
motrice,  provenant  du  pneumo-gastrique,  qui  fait  fonc- 
tionner  le  larynx  comme  organe  respiratoire  involon- 
taire  sur  les  tres  jeunes  animaux,  et  les  empeche  de 
suiibquer  lors  de  1'ablation  des  spinaux,  comme  celaa 
lieu  apres  la  section  des  nerfs  larynges. 

Toutefois,  si  nous  prouvons  physiologiquement  que 
les  mouvements  vocaux  du  larynx  sont  animes  par  les 
filets  des  nerfs  spinaux,  tandis  que  les  mouvements  res- 
piratoires sont  influences  par  des  filets  moteurs,  distincts 
des  premiers,  et  venant  des  pneumogastiiques,  nous 
devons  ueaninoins  reconnaitre  qu'anatomiquement  il 
n'est  pas  possible  de  poursuivre  et  d'isoler  ces  deux  or- 
dres de  filets  nerveux.  Chez  I'hoimne  et  chez  la  plupart 
des  mammiferes,  avant  leur  arrivee  dans  le  larynx,  ils 
se  melangent  dans  le  tronc  du  vague,  et  ils  sont  unis  et 
confondus  dans  les  nerfs  larynges ;  le  nerf  larynge  in- 


EXPERIENCES.  315 

ferieur  se  trouve  done  compose,  comme  la  physiologic 
le  demontre,  par  des  filets  du  vague  et  du  spinal,  qui 
apporlent  au  larynx  la  double  influence  motrice  clont  il 
a  besom  pour  I'accomplissement.  de  ses  fonctions  res- 
piratoires,  qui  sont  inyolontaires  et  permanentes,  et  de 
ses  fonctions  vocales,  qui  sont  temporaires  et  volon- 
taires. 

II  faut  ajouter  que,  cependant,  chez  certains  animaux, 
la  double  distribution  nerveuse,  dont  nous  venous  de 
parler  pour  le  larynx,  se  trouve  anatomiquement  clis- 
tincte.  Ainsi,  chez  le  chimpanze,  Yrolik  a  montre  que 
labranche  interne  du  spinal  ne  s'unit  pas  au  tronc  du 
vague,  mais  vadirectement  se  distributer  dans  le  larynx. 
De  sorte  que  chez  cet  animal  il  y  a  des  filets  larynges 
isoles  arrivant  directementdu  spinal. 

En  resume,  nous  formulerons  notre  conclusion  ge- 
nerale  de  la  nmnitTC  suivante  : 

«  Quoique  dans  le  larynx,  la  respiration  et  la  phona- 
»  tion  semblent  analomiquement  confondues ,  parce 
»  qu'elles  s'accomplissent  dans  un  meme  appareil,  ces 
»  deux  fonctions  n'en  demeurent  pas  moins  physiologi- 
»  quement  independantes,  parce  qu'elles  s'exercent  sous 
»  des  influences  nerveuses  essentiellement  distinctes.  » 

Mais  quel  est  done  le  mecanisme  de  F  abolition  de  la 
voix  apres  la  destruction  des  spinaux?  En  se  rappelant 
quelles  sont  les  conditions  physiologiques  de  la  phona- 
tion,  on  comprend  que  la  voix  ne  puisse  plus  s'effectuer 
apres  les  modifications  que  la  destruction  des  spinaux 
apporte  dans  le  larynx.  En  eflet,  il  est  necessaire,  pour 
produire  le  son  vocal,  qu'il  y  ait  une  occlusion  active 


310  NKKr    SPINAL. 

de  la  glotte,  c'est-a-dire  tension  et  rapprochement  des 
corcles  vocalcs.  Or,  nous  avons  vu,  par  nos  experiences, 
que,  chez  les  animaux  qui  n'ont  plus  tie  spinaux,  les 
corcles  vocales  sont  detendues  et  ecartees  sans  pouvoir 
drsonnais  se  rapprocher  activement.  II  est  naturel,  des 
lors,  que  la  colonne  d'air  expulsee  parlatrachee  ne  pro- 
duise  plus  de  vibrations  sonores,  et  que  sa  sortie  se  fasse 
par  la  glotte  beante  en  donnant  lieu  a  un  simple  souffle 
expiratoire ;  mais  la  question  qui  se  presents  ici  est  de 
savoir  si,  de  nieine  que  in  HIS  avons  rte  conduit  a  re- 
connaitre  pour  le  larynx  une  intluence  nerveuse,  mo- 
trice,  vocale,  volontaire,  provniant  du  spinal,  et  uue 
intluence  mot  rice  involontaire,  rinanant  dn  pneumo- 
gastrique,  nous  pouvons  et  nous  devons  admettre  dans  le 
larynx  un  ordre  de  muscles  vocaux  et  un  ordre  de  mus- 
cles respiratoires. 

Evidemment  11011,  ce  serait  une  distinction  inutile 
d'abord,  et  ensuitc  insoutenable. 

En  eilet,  si  nous  rellcchissons  un  instant,  nous  ver- 
rons  que  la  dilatation  prrmanente  de  la  glotte,  qui  suit 
r ablation  des  spinaux,  nous  donne  bien  plulot  la  raison 
de  la  persistance  des  phenomenes  respiratoires  qu'elle 
ne  nous  explique  le  mecanisme  de  1'aphonie.  II  serait 
impossible  d'inferer  de  nos  experiences  que  le  spinal 
abolit  la  voix  en  paralysant  les  muscles  constricteurs  du 
larynx,  car  nous  serious  oblige  desupposer  que  les  mus- 
cles constricteurs  du  larynx  sont  exclusivement  vocaux, 
tandis  que  les  dilatateurs  seraient  uniquement  respira- 
teurs.  Une  semblable  distinction  serait  inadmissible,  car 
nous  verrons  plus  loin  que  la  glotte  peut  s'occlure  sans 


EXPERIENCES.  SI  7 

produire  pour  ccla  la  phonation.  Du  reste,  cctte  dilata- 
tion glottique,  qui  suit  I'ablation  des  spinaux,  sans  la- 
quelle  on  ne  pent  cpmprendre  la  persistance  de  la  res- 
piration, n'est  pas  un  phenonieuequi  soit  necessairement 
lie  a  rabolition  de  lavoix;  nous  voyons  que,  chez  les 
animaux  auxquels  on  excise  les  nerfs  larynges.  1'apho- 
nieexisteavec  des  conditions  diametralement  opposees, 
c'est-a-dire  avec  son  occlusion. 

Nous  ne  pouvons  done  pas  Irouver  dans  1'appareil 
moteur  laryngien  deuxordresde  muscles  correspondaut 
aux  deux  ordres  de  nerfs  moteurs  que  nous  avons  de- 
montres  dans  cet  organ e.  Nous  sommes  force  d'ad- 
inettre  que  tons  les  muscles  du  larynx  sont  indivisibles 
dans  lour  action,  et  nous  devons  les  considerer  comme 
formant  dans  leur  enseinble  un  systeme  moteur  unique, 
qui  pent,  cependant,  realiser  deux  ionctions  disiinctes, 
parce  que  les  deux  influences  nerveuses  qui  1'animent 
sont  separees  dans  leur  oriaine,  et  consequemment  in- 
d(;|ieiHlantesdans  la  transmission  de  leur  influence. 

De  sorle  qu'apres  I'ablation  des  spinaux  ce  n'est  pas 
la  paralysie  de  tels  <>u  tels  muscles  laryngiens  speciaux 
u  la  pbonation  qu'il  faut  chercber,  c'est  laperte  d'une 
des  influences  nerveuses  de  1'appareil  moteur  laryngien 
qu'il  taut  ounstator. 

Nous  ferons  encore  remarquer  que  cette  diversite 
fonctionnelle  d'un  meme  muscle  ou  d'un  ensemble  de 
muscles  en  rapport  avcc  la  plural ite"  des  influences  ner- 
veuses motrices  qui  s'y  rendent,  n'est  pas  un  fait  isote 
qui  soit  particulier  seulement .ii  1'appareil  musculairedu 
larynx;  c'est  un  moyeu  do.nt  la  nature  se  sert  souvent 


318  NERF  SPINAL; 

pour  harmoniser  les  fouctions  entre  elles,  et  pour  eco- 
nomiser,  en  quelque  sorte,  les  organ es  moteurs;  et, 
sans  sortir  de  notre  sujet,  nous  voyons  que  ce  fait  do- 
mine  1'histoire  physiologique  tout  entiere  du  nerf  spi- 
nal. En  effet,  chacun  salt  qu'en  se  ramifiant  dans  les 
muscles  sterno-mastoi'diens  et  trapezes,  ce  nerf  anime 
des  muscles  deja  influences  par  des  filets  moteurs  pro- 
venant  du  plexus  cervical.  Chacun  sait  aussi,  et  nous  le 
de'montrerons  plus  loin,  que  ces  deux  ordres  de  nerfs 
sont  en  rapport  avec  deux  ordres  de  mouvements  spe- 
ciaux.  Eh  bien,  pour  le  larynx  il  ne  se  passe  pas  autre 
chose  :  le  spinal  apporte  aux  muscles  du  larynx  une  fa- 
culte  motrice  distincte  de  celle  que  le  pneumogastrique 
leur  donne;  et,  par  ce  moyen,  les  muscles  laryngiens 
peuvent  se  preter  a  deux  fonctions  disliuctes.  Sous  ce 
rapport,  le  larynx  est  done  bien,  ainsi  que  nous  1'avons 
deja  dit,  un  orgaue  physiologiquement  double,  et  1'aria- 
lomic  comparee  appuie  cette  maniere  de  voir.  Chez  les 
oiseaux,  on  voit  le  larynx  vocal  separe  anatomiquement 
du  larynx  respiratoire. 

En  resume,  chez  les  mam  in  i  feres  (et  animauxa  larynx 
unique),  1' appareil  musculaire  laryngien  est  un  appareil 
vocal  quand  le  nerf  spinal  1'excite,  et  il  est  seulement 
un  appareil  respiratoire  quand  le  pneumogastrique 
seul  rinfluence.  Apres  r  ablation  des  spinaux  la  voix  est 
abolie,  mais  le  larynx  n'en  continue  pas  moins  son  role 
d'organe  respirateur  parce  que  ses  muscles  obcissent 
toujours  a  1'excitation  incessante  du  pneumogastrique. 
La  glotte,  maintenue  be'ante,  reste  identiquement  dans 
les  monies  conditions  cVactivite  ou  elle  se  trouve  chez  un 


SES   FONCTIONS.  319 

animal  sain  qui  ne  fait  que  respirer ;  mais,  pour  ainsi 
dire,  dedouble  et  reduit  acelte  seule  fonction,  le  larynx 
est  condamne  an  repos  absolu  en  tant  qu'organe  vocal, 
parce  qu'il  a  perdu  les  filets  nerveux  qui  appropriaient 
la  glotte  a  la  phonaiion.  Apres  la  section  des  nerfslaryn- 
ges,  les  deux  influences  nerveuses  sont  detruites  a  la 
ibis ;  le  larynx  est  alors  paralyse  completement,  c'est-a- 
dire  frappe  de  mortdans  1'accomplissement  de  cesdeux 
fonctions  ;  la  glotte,  encore  entr'ouverte  comme  chez 
un  animal  mort,  ne  pent  plus  servir  ni  a  la  phoiialion 
ni  a  la  respiration.  La  mort  par  suffocation  ou  par  gene 
de  la  respiration  est  la  consequence  normale  de  cette, 
double  paralysie  fonctionnelle  du  larynx.  Et  si,  chez  les 
vieux  aniraaux,  la  grande  rigidite  des  cartilages  arythe- 
noi'des,  s'opposant  a  lour  aflaissement  sous  la  pression 
de  1'air  inspire,  pennet  parfois  a  la  respiration  de  s'exe- 
cuter  encore,  c'est  un  phenomene  passif  qui  explique 
seulement  ces  cas  exceplionnels ;  car  cet  ecartement  dii 
a  la  solidification  des  cartilages  par  les  progres  de  1'age 
ne  depend  en  aucune  facon  de  1'activite  musculaire  du 
larynx,  et  ne  meriteconsequemment  pas  plus  le  nom  de 
glotte  que  nele  meriterait  Forifice  d'une  canule  adaptee 
a  la  trachee  cFun  animal  qui  suffoque. 

En  se  placant  a  un  point  de  vue  different  de  celui 
que  nous  venous  d'exposer,  et  tout  en  admettant  les 
-  fails  qui  ne  sauraient  etre  recuses,  puisque  ce  sont  des 
re"sultats  d'experiences,  on  pourrait  repousser  Tinter- 
pretation  que  j'ai  clonnee  et  soutenir  que,  dans  le  la- 
rynx, 1'influence  motrice  vocale  n'est  pas  distincte, 
comme  je  1'avance,  de  1'influence  motrice  respiratoire, 


,V2G  NERF    SPINAL. 

et  que  les  resultals  quo  j'ai  obtenus  ne  proviennentpas 
tie  la  suppression  d'une  influence  nerveuse  spociale, 
mais  qu'ils  sont  simplement  une  consequence  d'une  di- 
minution d'intensite  dans  la  puissance  motrice  du  la- 
rynx. En  effel,  dira-t-on,  le  larynx  recoil  dans  Fetal 
normal  une  certaine  proportion  de  filets  moteurs.  et, 
consequemment,  une  certaine  dose  de  puissance  motrice 
sans  destination  speciale,  mais  qui,  par  sa  seule  quan- 
lile,  sera  capable  deproduirea  lafois  et  les  mouvements 
respiratoires  qui  exigent  moins  d'energie  nerveuse,  et 
les  mouvements  vocaux  qui  exigent  au  contraire  une 
plusgrande  e'nergie  musculaireet  nerveuse.  Or,  quand 
onenleve  lesnerfsspinaux.  continuera-t-on,  on  detruit 
une  grande  proportion  des  fdets  nerveux  moteurs  du 
larynx,  et  par  suite  on  lui  enleve  une  grande  partie  de 
sa  puissance  motrice,  qui  alors,  devenue  trop  faible,  est 
incapable  de  produire  les  mouvements  energiques  que 
reclame  1'acte  de  la  phonation,  bien  qu'elle  puisse  en- 
core permettre  quelques  mouvements  respiratoires  qui 
exigent  une  depense  motrice  moins  considerable. 

Cette  theorie  qui  a  ete  einise  est  d'abord  basce  sur 
une  hypothese  toute  gratuite,  la  supposition  qu'il  faut 
plus  de  puissance  motrice  pour  la  voix  que  pour  la  res- 
piration ;  elle  est  ensuite  inadmissible.  En  effet,  je  de- 
manderai  a  ceux  qui  la  soutiennent  d'expliquer  ce  fait 
que  j'ai  observe  et  qui  a  ete  depuis  constate  par  d'au- 
tres  physiologistes,  a  savoir  que  lorsqu'on  detruit  les 
spinaux,  le  larynx  est  paralyse  avec  dilatation  sans  pou- 
voir  s'occlure,  tandis  que  par  la  section  des  vagues  ou 
des  larynges.  le  larynx  est  paralyse  avec  occlusion  sans 


SES    FUNCTIONS.  O'2l 

plus  potiYoir  se  dilater.  11  cst  evident  quo  ces  deux  etats 
opposes  ne  pen  vent  el  re  les  degres  d'une  nieme  para- 
lysie ;  si  cela  elait,  en  effet,  1'ahlation  des  spinaux  devrait 
amener  un  commencement  d'occlusion  de  la  glotte,  qui 
serait  ensuite  completee  par  la  section  des  pneumogas- 
ti'i([uesou  des  nerfs  larynges. 

En  admettant  lii  deux  influences  nerveuses,  et  par 
consequent  deux  causes  differentes  de  p'aralysie,  jecrois 
etre  mieux  d'accord  avec  les  faits.  Dans  le  larynx,  le 
spinal  est  nerf  inoteur  vocal,  et  le  pneumogastrique 
nerfmoteur  respiratoire.  La  proximite  d'origine  de  ces 
nerfs  ne  prouverait  rien  centre  cette  difference  fonc- 
tionnelle  devoluea  chacun  d'eux.  Les  experiences  phy- 
siologiques  n'ont-elles  pas  deinontre  qne  les  filets  ori- 
ginaires  du  pneumogastrique  seuls  viennent  pivndiv 
naissance  dans  un  espace  tres  limite  et  iirs  important  de 
la  nioelle  allongee,  aiujnel  on  a  du  donner  le  noin  de 
point  premier  inoteur  des  mouvements  respiratoires? 
.le  persiste  done  dans  mon  opinion,  en  conclnant  avec 
Ch.  Bell  : 

«  One,  lorsqu'nn  organe  recoit  des  nerfs  de  plusieurs 
» sources,  ce  n'esi  pas  pour  y  accumuler  la  force  ner- 
»  veuse,  niais  pour  lui  apportcr  des  influences  nerveuses 
»  dillerentes.  » 

Chez  nn  animal  sain,  noussavons  qu'au  moment  ou  le 
pharynx  recoit  lebol  alimentaire,  il  y  a  reaction  des  mus- 
cles constrictenrspharyngiensqui  le  poussent  versl'oesu- 
phage  ;  mais  nous  savons  aussi  qu'il  y  a  simnltanement 
abaissement  de  1'epiglotte  et  occlusion  plus  on  moins 
complete  de  1'ouvertufe.glottique,  De  sorte  que,  dans  la 

B  ,  Svs.  XERV.  —  ii.  21 


;V22  NKKF    SP1VU.; 

drglutition  normals,  il  so  passo  deux  actions  inusni- 
laires  distinctes,  I'une  ((iii  dirigc  Ics  aliments  clans  les 
voies  digestives,  1'autre  qui  ferme  le  larynx  et  previent 
leur  entree  clans  les  organes  respiratoires. 

Les  fonctions  toutesjne'caiiiques  de  re'piglolte  ue  sut- 
fisent  pas  pour  operer  cette  occlusion  indispensable  cle 
I'ouverture  laryngienne.  Beauconp  d'experiences  ainsi 
qin.iiie  foulede  cas  pathologiques  s'accordent  aprouver 
que  repiglotte  pent  etre  detruite  sans  gener  sensiMe- 
ment  la  deglutition  des  aliments  solides:  d'ou  il  resulte 
que  c'est  principalement  le  emplacement  du  larynx  et 
son  resserrement,  plutut  que  la  soupape  epigloUique, 
qui  s'opposent  a  Tentree  des  particules  alimentaires 
dans  les  voies  respiratoires. 

Nous  devons  rappeler  (pie  c'est  par  Y action  des  mus- 
cles pharyngiens  que  I'ouverture  superieure  du  larynx 
se  trouve  fermee  et  la  respiration  suspend  ue  pendant 
que  la  deglutition  s'opere.  Les  experiences  sont  posi- 
tives a  cet  egard  ;  ('lies  demontrent,  en  etfet,  que  cette 
constriction  de  la  glotte  qui  accompagne  la  deglutition 
est  independante  des  muscles  du  larynx,  puisque,  stir 
les  animaux  (chiens)  auxquels  on  a  excise  tons  les 
nerfs  larynges  et  1'epiglotte,  cette  occlusion  pent  encore 
s'operer  et  prevenir  le  passage  des  aliments  par  la 
glotte. 

Consequemment  aux  iaits  que  nous  venons  de  citer, 
nous  admettrons  qu'il  taut,  pour  Taccomplissement  re- 
gulier  de  la  deglutition,  que  les  muscles  pharyngiens 
aient  une  doultle  action ,  I'une  qui  a  pour  effet  de 
pousser  les  aliments  dans  Toesophage,  et  cle  metlre  en 


SES   FONCTIOXS.  323 

aetivite  les  voies  de  deglatitbo ;  i'autre  qui  a  pour  but 
de  feriner  le  larynx  et  d'arreler  le  jeu  des  voies  respi- 
ratoires;  afiii  d'empecher  le  conflit  perturbateur  de  ces 
deux  fonctions. 

En  enlevant  les  spiuaux,  le  pharynx  ne  perd  qu'un 
seul  ordre  de  niouvements,  celui  qui  est  relatif  a  roc- 
elusion  dii  larynx.  En  effet,  nous  avons  vu  que  die/ 
nos  animaux,  la  deglutition  proprenient  dite  n'ctait 
point  abolie.  Le  bol  alimentairc,  pousse  paries  muscles 
constricteurs  vers  1'oesopbage,  descendait  encore  dans 
1'estomae;  niais  le  larynx  ne  pouvant  plus  se  resserrer, 
nous  avons  la  raison  du  passage  dcs  aliments  dans  la  ira- 
che'e,  ct  nous  nmipreiiuns  des  lors.  avec  facilitr.  com- 
ment ce  phenomene  snrvient  priticipalement  lorsqu'on 
irrite  les  animanx.  el  (piand  on  provoque  chez  eux  des 
niouvements  d'inspiration  an  moment  on  la  drglutilion 
s'effectue.  Nous  avons  trouvf'-  celte  gene  de  la  degluli- 
tion  plus  marquee  chez  les  lapins  que  chez  Icscluds.  Ori 
s'explique  quand  on  retleehit  ([lie  les  lapius  trilurent 
I'lierlie  et  la  reduisent  en  nn  bol  alimentaire,  dont  les 
particules  tenues  out  pen  de  cohesion  entre  elles,  tan- 
el  is  que  les  dials,  incisanl  simplement  avec  les  denlsla 
viande  dont  ils  se  nourrissent,  avalcnt  nn  bol  alimen- 
taire dont  les  parlicules  restent  unies,  et  sont  moins 
susceptibles  de  se  dissocier  pour  entrer  dansrouverture 
beante  du  larynx.  Che/  les  lapins,  la  quant ite  d'herbe 
inachee  qui  passe  dans  les  bronches  est  quelquefois  con- 
siderable, et  celte  circonstance  peut  amener  an  bout  de 
peu  de  jours  une  gene  de  h  respiration  et  une  pneu- 
monie  qui  fait  perir  les  animaux.  On  peut  facilement 


32/j.  NERF  SPINAL; 

faire  cesser  cette  complication  si,  com  me  nous  1'avons 
fait,  on  deplace  artificiellement  Fentree  des  voies  res- 
piratoires  en  adaptant  line  canule  a  la  trachee,  et  en 
mettant  line  ligature  au-dessus. 

i  Or  1' anatomic  nous  apprend  qne  le  pharynx  recoit  des 
nerfs  de  plusieurs  sources,  et  que  le  spinal  lui  envoio 
tin  rameau  tres  evident  (ramean  pharyngien).  La  phy- 
siologic nous  indique  que  pendant  la  deglutition  le  pha- 
rynx accomplit  deux  actes  :  1'un  qui  ouvre  en  quelque 
sorte  Foesophage,  1'autre  qui  ferine  le  larynx. 

Nos  experiences  nous  demontrent  qu'apres  rablation 
des  spinaux,  les  muscles  pharyngiens  out  perdu  la  fa- 
culte  d'occlure  le  larynx,  et  out  conserve  cellc  de  pous- 
ser  le  bol  alimentaire  dans  1'cesophage. 

Comme  conclusion  rigoureuse,  il  s'ensuit  quelesdeux 
actions  du  pharynx  s'exercent  sous  des  influences  ner- 
veuses  motrices  dislinctes,  etque  les  mouvements  d'oc- 
clusion  glottique  s'operent  exclusivement  par  1' influence 
du  rameau  pharyngien  du  spinal. 

Maintenant,  pour  formuler  d'une  maniere  generate  le 
role  physiologique  de  toute  la  branche  interne  du  spinal 
sur  le  pharynx  et  sur  le  larynx,  ilsuffitde  rappeler  qu'a- 
pres 1'ablatioude  ces  nerfs,  les  voies  respiratoires  laryn- 
giennes  restent  toujours  ouverles,  et  ne  peuvent  plusse 
resserrer  ni  s'occlure  lors  de  la  phonation  on  de  la  de- 
glutition, et  nous  dirons  : 

Qu'en  agissant  sur  les  muscles  laryngiens,  la  branche 
interne  dn  spinal  a  pour  effet  de  resserrer  la  glottc,  de 
tendre  les  cordes  vocales,  de  rend  re  r expiration  sonore, 
et  de  changer  momentanement  les  fonctions  respira- 


SES   FONCTIONS.  325 

toires  du  larynx  pour  en  faire  un  organe  exclusivement 
vocal ; 

Qu'en  agissant  sur  les  muscles  laryngiens,  la  branche 
interne  du  spinal  a  pour  but  de  ferrner  1'ouverture  su- 
perieure  du  larynx,  et  d'intercepter  temporairement  le 
passage  de  1'air  par  le  pharynx,  pour  approprier  cet  or- 
gane exclusivement  a  la  deglutition. 

Mais  si  nous  reflechissons  que,  dans  toutes  ces  cir- 
constances,  la  branche  interne  du  spinal  agit  unique- 
ment  comme  constricteur  momentane  du  larynx,  nous 
resterons  convaincusquele  but  final  de  1'influence  ner- 
veuse  des  spinaux  est  toujours  le  meme,  celui  de  former 
un  antagonisme  temporaire  a  la  fonction  respiratoire, 
afm  de  permettre  aux  organes  qui  sont  places  sur  les  voies 
de  la  respiration  d'accomplir  des  fonctions  etrangeres  a 
ce  phenomene. 

En  effet,  pour  que  le  pharynx  execute  sa  fonction  de 
deglutition,  il  taut  que  sa  fonction  relative  a  la  respira- 
tion (conducteur  beantde  1'air  qui  arrive  aux  poumons) 
soit  abolie.  Pour  que  le  larynx  execute  sa  fonction  vo- 
cale,  il  fa ut  que  sa  fonction  d'organe  respiratoire  (con- 
ducteur qui  laisse  arriver  Fair  aux  poumons)  soit  mo- 
mentanement  arretee.  Dans  tous  ces  actes  diffe'rents,  ce 
sont  les  memes  organes  qui  fonctionnent.  Mais  les 
memes  appareils  musculaires  qui,  sous  une  excitation 
nerveuse  donnee,  s'approprient  a  la  respiration,  peu- 
vent,  par  le  moyeu  d'uneautre  influence  nerveuse,  agir 
en  sens  contraire,  et  diriger  leur  activite  sur  une  autre 
fonction  qui  eteint  ou  re m place  temporairement  la 
premiere. 


326  NERF   SPINAL; 

Or,  pour  le  pharynx  ot  le  larynx,  c'est  la  branche 
interne  clu  spinal  qui  apporte  cette  derniere  influence 
nerveuse  antagoniste  a  la  premiere  (respiration), 

Ainsi  doit  etre  compris  le  r61e  fonetionnel  double  du 
pharynx  et  du  larynx;  ainsi  se  trouvent  expliquees 
1'abolition  de  la  voix  et  la  gene  de  la  deglutition,  qui  ne 
sont  que  la  consequence  de  la  persistance  des  pheno- 
menes  respiratoires  dans  le  larynx  et  dans  le  pharynx. 

II  nous  reste  encore  a  examiner  la  brievete  de  I'expi- 
ration,  Yessoufflement  et  Y  irregularity  dans  la  demarche 
de  certains  animaux.  Avant  dYludier  les  causes  de  ce 
dernier  ordre  tie  phe'nomenes,  nous  aliens  voir,  par  les 
experiences,  qu'il  taut  les  rapporter  a  ia  branche 
extcrne  du  spinal, et  nous  constaterons  que  cesdiflerents 
troubles  dependent  d'un  defaut  de  reaction  du  spinal 
sur  les  agents  inspirateurs  du  thorax,  reaction  sur 
1'appartjil  thoraciijue  qui  est  toujours  eongenere  de  celle 
exercee  sur  I'appareil  laryniiUMi  par  la  branche  interne 
du  menu?  nerf. 

Les  resultats  qui  vont  suivre  ayant  (l<''ja  <-te  observes 
a  la  suite  de  ralilation  totale  des  nerfs  spinaux,  nous  ne 
ferons  que  les  indiquer  succlnctement  dans  nos  expe- 
riences nouvelles.  Nous  ferons  seulementremarquerque 
les  phenomenes  dont  il  s'agit  sont  plus  prononces  apres 
la  destruction  totale  des  nerfs  spinaux  qu'apres  la  sec- 
tion isolee  de  la  branche  externe. 

Premiere  experience.  •  •  Sur  nn  chien  encore  jeune 
et  bien  portant,  j'ai  disseque  avec  soin  la  branche  ex- 
terne du  spinal,  et  je  1'ai  divisee  des  deux  cotes  le  plus 
pres  jiossihle  de  son  (''mergence  par  le  trou  dechire  pos- 


SES   FONCT10NS,  3*27 

terieur,  en  ayant  soin  de  ne  pas  inte'resser  les  filels  du 
plexus  cervical  qui  vont  au  sterno-mastoi'dien.  L'ani* 
inal  remis  en  liberty,  ^7oici  ce  que  Ton  reraarqua ; 

Rien  n'etait  change  clans  1' allure  de  1'animal  quand 
il  restait  au  repos.  La  deglutition  n'avait  pas  subi  la 
moindre  atteinte.  La  voix  avail  conserve  son  timbre 
clair  et  normal,  mais  les  cris  etaient  en  general  plus 
brets,  et  ils  etaient  souvent  entrecoupe's  par  des  inspi-* 
rations,  surtout quand  on  irritait  lechien.  L'animalsem- 
blait  etre,  en  un  mot,  dans  les  conditions  de  quelqu'un 
qui  a  hi  respiration  courte.  Aussi  devenait-il  assez  promp- 
tement  essoufflc  quand  on  le 
faisait  courir;  et  c'est  alors 
settlement,  quand  la  respira- 
tion etait  de  venue  acceleree, 
qu'on  remarquait  quelques 
troubles  dans  les  mouvements 
des  membresanlerieurs.  L'ani- 
mal  fut  sacrifie  le  m6me  jour 
a  d'autres  experiences. 

Deuxwme   experience.   — 
Les   In-anches    externes   des 

,o         .  ,  N  u  . 

spinaux  r  (fig.  14)  ayant  ete 

seules  arrachees  sur  un  chat  adulte,  la  deglutition  resta 

parfaitemerit  libre.  Les  miaulements  spontanes  avec  leur 

(1)  Moeile  allongee  avec  les  origines  des  nerfs  dc  la  Imilieinc  i/ain- 
rlicz  le  chat  (In  piece  est  vue  par  sa  face  laterale  et   i)osterieure).  - 
A,  origine  du  pneumogastrique  ;  —  B,  porlion  nu'-dullairc  du  spinal;  - 
B',  porlion  bulbaire  du  spinal;  —  C,  glosso-pharypgicn ;  —  I),  </,  uci'f 
facial;  --  K,  nerf  hypoglosse ; — V,  premiere  paii;e  nerveuse  cervicale: 
—  G  ,  roupo   drs  pedoncules  du  cerveau  ;  —  h  ,  i;;uii:!ioii  juyulairo   clu 


(1). 


328  NERF  SPINAL; 

timbre  ordinaire  etaient  devenus  plus  brefs;  ceux  qifon 
lui  arrachait  par  la  douleur  etaient  assez  prolonged, 
mais  ils  deyenaient  en  quelque  sorte  saccades,  et  sui- 
vaient  dans  leiir  succession  les  necessites  da  mouvement 
expiratoire.  II  fnt  tliflicile  de  constater  de  riiTegularite 
dans  les  monvemenls  des  niembres;  seulement  1'ani- 
mal,  naturellement  tres  sauvage,  s'agitait  moins  dans  sa 
cage.  Ce  chat  fut  encore  conserve  pendant  deux  jours, 
et  n'offrit  plus  rieu  de  particulier. 

Troisieme  experience.  —  Sur  un  cheval,  la  1  tranche 
cxterne  du  nerf  spinal  droit  (uerf  trachelo-dorsal  fut 
excisee  avant  sa  division  en  rameaux  innsculaires.  Kn 
faisant  marcher  1'animal  apres.  on  constata  un  desac- 
cord  evident  des  monvements  du  membre  thoracique 
droit  avec  ceux  du  cote  gauche,  dYui  resultait  une  sorte 
de  claudication  particuliere. 

Aiusi,  comme  Tanatoinie  aurait  pu  de'ja  nous  le  faire 
prevoir,  la  branche  externe  du  spinal  n'agit  pas  sur  la 
formation  du  son  vocal,  ui  sur  la  dedutition  :  mais  elle 

'  CJ  ' 

exerce  son  influence  sur  le  systeme  des  mouvements 
respiratpires  du  thorax.  Or  ces  mouvements  sont  dans 


pncuinogastrique  ;  —  «',_/,  branclic  auriculaire  du  pnotimogastriqiic ;  — 
A",  branche  intcrmediaire  du  spinal ;  anastomose  de  la  branche  interne 
du  spinal  avec   le  pneimiogastrique ;  —  m ,  rameau    pharyngicn   du 
pneumogastrique  ;  —  p,  ganglion  cervical   superieur;  —  <j,  fik-ts  ner- 
veuxdu  pneumogaslrique  ne  passant  pas  par  le  ganglion;  —  r,  branche 
exlcrne    du    spinal;  --.s,  anastomose  du    pneumogastrique    avec    la 
branche  externe  du  spinal  (anostomose  de  Willis1 ;  —  u  ,  section  du  pd- 
doncule   du    cervelet ;  -  -  r,   plancher   du   quatrieme    ventricule  ; - 
cc,  tubercules  quadrijumeaux  ;  —  ?/,  origine  des  nerfs  acoustiques  ;  - 
z ,  nerfs  petreux. 


SES    FONCTIONS.  329 

une  liaison  fonctionnelle  necessaire  avec  la  phonation, 
V effort,  la  course,  etc. 

Reflechissons  d'abord  a  ce  qui  se  passe  dans  le  chant 
ou  dans  la  phonation  en  general.  II  s'opere  premiere- 
ment  une  constriction  speciale  de  la  glotte  qui  fait  vi- 
brer  Fair  expire  et  produit  le  son  vocal.  /"Nous  savons 
que  c'est  une  portion  de  la  brancbe  interne  qui  preside 
a  cette  fonction ;  nous  n'y  reviendrons  pas.)  Mais  la  voix 
n'est  pas  constitute  seulement  par  une  expiration  so- 
nore;  le  son  vocal  ou  chant  a  une  dim'r,  une  intensite, 
des  modulations,  une  forme,  enlin.  qtii  estsubordonnee 
a  des  conditions  nouvelles  survenues  danslemecanisme 
de  I'expiration  thoracique.  Les  forces  cxpiratoires  du 
thorax  ne  s'appliquent  plus  alors  uniquement  a  drbar- 
rasser  avec  promptitude  le  poumon  de  Fair  qu'il  con- 
tient ;  elles  agissent  inline  en  sens  contraire:  elles  re- 
tiennent  Tair  pendant  un  certain  temps  ;  car  les organ es 
pulmonaires,  en  tantqu'organes  respirateurs,  s'arr^tent 
pour  remplii1  nioinentaneinent  le  role  de  porte-vent  dans 
Tappareil  vocal. 

L' expiration  simple  respiratoire.  et  I'expiration  coin- 
plexe  vocule,  en  raison  de  hnir  but  different,  ne  se  res- 
semblent  done  pas  du  tout.  II  suffit.  pour  s'en  rend  re 
coinpte,  de  s'observer  soi-meme  un  instant.  Si,  e'tant 
debout  et  ne  prenant  aucun  point  d'appui  surlesobjets 
environnants.  on  respire  tranquilleinent,  voici  ce  qu'on 
remarque :  ['inspiration  et  I'expiration  se  succedent  re- 
gulierement  et  out  a  pen  pres  la  m6me  duree,  ou,  si 
Tune  etait  plus  courte,  ce  serait  I'expiration.  Les  mus- 
cles sterno-mastoi'diens  et  trapezes  ne  se  contractent  pas 


330  NERF  SPINAL; 

visiblement  alors,  bien  qu'il  y  ait  nil  leger  niouvement 
d'elevation  et  d'abaissement  dc  1'epaule  qui  corresponde 
a  1'elevation  et  a  1'abaisseraent  des  c6tes.  Maintenant,  si 
Ton  veut  changer  les  rapports dedureeqni  existent entre 
Tinspi ration  et  1'expiration,  on  verra  quo  ce  n'est  qu'avec 
la  phis  grande  g£ne  qu'on  parvient  a  etendre  les  limites 
de  1'expiration  respiratoire  ordinaii'e. 

Mais  si  1'on  vient  a  parler,  on  surtout  a  chanter,  la 
condition  precedente  s'obtient  avec  la  pins  grande  fa- 
cilite,  parce  que  1'expiration  a  subitement  change  son 
mecanisme  pour  devenir  vocale.  Voici  ce  i}iii  arrive 
alors:  le  thorax  etant  rempli  d'air,  et  an  moment  ou  la 
fonction  vocale  du  larynx  va  commencer,  les  muscles 
slerno-mastoi'diens  et  trapezes  se  contracient,  saisissent 
en  quelque  sorte  1'epaule  et  le  sternum,  les  rnaintien- 
nent  eleves,  et  suspendent  lour  abaissement  ainsi  que 
celui  des  cotes,  pendant  tout  le  temps  que  dure  remis- 
sion sonore;  lapreuve,  c'est  que,  anssitot  que  le  chant 
cesse,  1'expiration  s'accomplit  ct  les  epaules  tombent 
sur  le  thorax.  Dimint  le  chant,  Texpulsion  de  1'air  se 
fait  cependant ;  rnais,  an  lieu  de  se  produire  par  1'abais- 
sement  brusque  d(>  1'epaule  et  des  cotes  comme  dans 
1'expiration  respiratoire,  elle  s'opere  tantot  par  un 
abaissement  lent  et  graduel  du  thorax  (dans  les  sons 
graves),  tant6t  par  les  muscles  abdorainaux  (dans  les 
sons  aigns). 

Cette  contraction  des  muscles  sterno-mastoidiens  et 
trapezes,  qui  a  pour  but  de  suspendre  1'inspiration  pour 
permettre  ainsi  an  thorax  d'adapter  la  colonne  d'air 
pxpiree  aux  modulations  de  la  voix,  cette  contraction. 


SES    FONCT10NS.  331 

dis-je,  est  d'autant  plus  marquee,  que  1'action  des  mus- 
cles laryngiens  devient  plus  e'nergique.  C'est  le  cas  des 
chanteurs,qui  font  effort  pour  produire  les  sons  les  plus 
varies;  tout  le  monde  sait  combien  le  larynx  et  les  mus- 
cles sterno-mastoidiens  et  trapezes  acquierent  de  cleve- 
loppement  a  cet  exercice. 

Maintenant,  pour  en  revenir  a  nos  animaux.  il  nous 
sera  facile  d'interpreter  toutes  les  particularity  qu'ils 
nous  ontoffertes  du  cote  de  la  voix.  Quand  ils  n'ont  plus 
de  spinaux,  le  thorax  tout  aussi  bicn  que  le  larynx  res- 
tent  organes  respiratoires,  et  ne  peuvent  plus  se  modi- 
fier pour  la  phonation.  Lorsque  les  animaux  veulent 
crier,  ils  se  trompent.  et  nVxenitenl  que  des  mouve- 
ments  respiratoires  plus  act  it's.  Quand  la  branche  ex- 
terne  du  spinal  a  ele  drlniite  seule,  le  larynx  a  con- 
serve la  faculte  de  produire  le  son .  mais  le  souffle 
thoracique  ne  pent  plus  1'^tendre  on  le  moduler  :  de  la 
brievete  de  la  voix.  qui  est  cntrecoupee  et  ne  depasse 
jamais  en  etendiie  la  duree  de  rcxpiratiou  respiratoire 
ordinaire. 

Ainsi,  dans  1'appareil  vocal .  il  y  a  deux  choses  : 
IM'organe  formateur  de  son  (larynx);  2°  le  porte-vent 
(thorax).  Mais  ce  que  nos  experiences  demontrent,  le 
voici  :  c'est  que,  an  moment  ou  le  larynx  est  approprie 
a  la  phonation  par  la  branche  interne  du  spinal,  en 
meme  temps  le  thorax,  par  Tinfluence  de  la  branche 
externe,  cesse  momentane'ment  d'appartenir  a  la  res- 
piration proprement  dite,  ponr  s'nnir  a  1'appareil  pho- 
nateur.  Ces  deux  modifications  du  larynx  et  du  thorax 
con  con  rent.  doncaumAme  but  final,  etellesdoivente'tre 


332  NERF  SPINAL; 

liees,  puisqu'elles  proviennent  de  la  memo  source  ner- 
veuse. 

Les  muscles  stern  o-mastoi'diens  ct  trapezes  ne  sont 
pas  antagonistes  des  mouvements  respiratoires  thoraci- 
ques  uniquement  dans  la  phonation.  Comme  tels,  ils 
agissent  encore  dans  les  autres  cas  ou  la  respiration 
s'arrete  pour  permettre  an  thorax,  devenu  immobile, 
de  servirde  point  fixe  anx  differents  muscles  de  1'epaule 
on  de  1'abdomen,  etc. 

Tons  ces  actes  musculaires,  qui  demandent  pour 
s'accomplir  nne  suspension  des  phenomenes  respira- 
toires, meritent  le  nom  (V effort.  II  pent  se  rencontrer 
deux  cas  distincts  dans  la  production  de  ce  phenomene. 
Quand  1'effort  est  violent  et  durable  (effort  complet),  il 
y  a  action  simultanee  on  synergic  des  branches  interne 
et  externe  du  spinal  pour  arreter  la  respiration  ;  le  la- 
rynx se  ferme  sous  I'influencedcs  muscles  pharyngiens, 
et  les  muscles  sterno-mastoi'diens  et  trapezes  se  contrac- 
tent  vigonreusement  pour  s'opposer  a  1'expiration  et 
maintenir  le  thorax  plein  et  dilate  :  ainsi,  dans  les  vio- 
lents  efforts  abdominaux  on  des  membres,  etc. 

Si  1'acte  musculaire  de  r effort  est  de  courte  duree, 
au  contraire,  et  pen  intense,  le  thorax  n'a  plus  besoin 
d'une  aussi  grande  fixite.  Alors  ce  synchronisme  d' ac- 
tion des  deux  branches  du  spinal  n'est  plus  aussi  neces- 
saire  :  ainsi,  dans  beaucoup  d' efforts  passagers  qu'on 
execute  avec  les  membres  superieurs,  Faction  de  la 
branche  externe  sur  les  muscles  sterno-mastoi'diens  et 
trapezes  maintient  suffisamment  le  sternum  fixe  et 
1'epaule  elevee,  pour  suspendre  temporairement  1'expi- 


SES   FOXCT10.NS.  o33 

ration  thoraciqire,  sans  qu'il  soil  necessaire  que  le  la- 
rynx se  ferme  hermetiquement.  Ainsi,  dans  la  degluti- 
tion, la  branche  interne  clu  spinal  suspend  Texpiration 
glottique  sans  avoir  besoin  clu  concours  des  muscles  qui 
agissent  dans  le  me"  me  sens  sur  le  thorax. 

Nous  placonsla  deglutition  danslacategoriedes  efforts 
passagers,  parce  que.  ne  pouvant  s'effectuer  sans  arre- 
ter  la  respiration,  c'est  toujours  le  mecanisme  cle  1'ef- 
fort.  a  la  duree  et  a  1'intensite  pres.  En  effet.  1' effort 
devient  tres  evident  et  complet  quand  la  deglutition  se 
prolonge,  com  me  chez  les  individus,  par  exemple,  qui 
boivent  a  la  regal  ad  e. 

Ainsi,  la  premiere  condition  de  reffort.  c'est  I'arret 
de  la  respiration.  Or,  nos  animaux,  (jui  n'avaient  plus 
de  spinaux,  ayant  perdu  la  faculte"  d'arreter  leur  res- 
piration, ne  pouvaicnt  plus  fa  ire  d'efforts :  ils  sont  alors 
toujours  trompe's  dans  leur  attente.  parce  que  a  mesure 
qu'ils  veulent  suspeiidre  leur  respiration,  ils  ne  font  que 
1'accelerer. 

Chez  les  animaux  non  davicuk's.  il  se  passe  pendant 
la  course  une  serie  d'actes  musculaires  cmi  nous  sem- 
blent  pouvoir  rentrer  dans  la  classe  des  efforts  passa- 
gers. D'abord.  si  Ton  examine  chez  ces  animaux  les 
insertions  inferieures  des  muscles  sterno-mastoi'diens  et 
trapezes,  on  voit  que  le  trapeze  s'inseie  a  1'omoplate 
comme  dans  Thornine ;  mais  le  sterno-mastoi'dien  se 
separe  en  deux  faisceaux  musculaires  bien  isoles,  dont 
Tun  se  fixe  a  la  partie  superieure  clu  sternum  et  1'autre 
(portion  claviculaire  chez  rhomme)  va  s'attacher  a  rhu- 
merus.  Chez  le  cheval,  la  portion  sternale  du  sterno- 


oli'i  \KKI-  SPINAL: 

masloidieM  forme  un  musele  bien  sc'pare  (sterno-maxil- 
laire),  s'inse'rant  d'nne  part  au  sternum  et  de  1'autre  a 
Tangle  de  la  macboire  inferieure.  Ouand  ce  muscle 
prend  son  point  iixe  en  haut.  il  pent  agir  sur  le  sternum; 
mais  (juand  il  prend  son  point  immobile  infe'rienrement 
nous  admettons,  avec  M.  Rigot,  qn'il  pent  agir  pom1 
ouvrir  la  machoire,  on,  si  eelle-ci  est  iixr'e,  pour  abais- 
ser.  la  tete  et  prodnire  le  monvement  de  rengorgcincn't 
ducbevat.  Tons  ces  muscles  s<mt  animes par  la  branche 
externe  dn  spinal,  et  (juand.  la  tele  mi  la  colonnc  cer- 
vical^ a  hujuelle  ils  s'attachent  aUssi  en  haut)  servant 
de  point  fixe,  ees  imisrles  vieniH.Mit  a  se  contracter  en- 
semble, ils  ont  necessaircmeiit  pour  et'tet  de  porter  le 
sternum  et  IVpanle  en  bant  et  en  avant.  en  m^me  temps 
que  le  meinbre  anterieur  est  souleve  du  sol  ct  attire  en 
avant.  De  cette  maniere.  les  parois  tboraciques  se  trou- 
veitt  dc'-gagt'-es  pour  rinspiration  loi'sque  le  niembre-se 
porte  en  avant.  et  eomme  le  sternum  est  fixe,  fexpi- 
ration  est  suspendue  jus([u'au  moment  on,  la  contraction 
de  tons  ces  muscles  cessant.  l^-paulc  et  le  membre  re- 
viennent  en  arriere.  Par  ce  mecanisme,  il  s'etablit  un 
rapport  harmonique  entre  les  mouvements  du  thorax 
et  ceux  du  membre  anterieur,  ce  qni  permet  a  ces  der- 
niers  de  se  succe'der  avec  une  grande  -rapidite  dans  la 
course,  sans  entre-cboquer  on  gener  les  mouvements 
respiratoires. 

On  comprend  maintenant  comment,  cbezles  animaux 
auxquels  nous  avons  enleve  lesspinaux,  cette  harmonie 
n'existantplus,  il  se  produisait  par  suite  un  essoufflement 
des  qu'on  les  forcait  a  courir.  On  remarqne  alors  une 


si;s 

irregulcH'itocaracteristiquedanslademai'chede  raninial. 
Cetlc  particularile  est  surtout  tres  e'vidente  chez  le 
chcval. 

La  forme  eoslor-infsrieure  de  ia  respiration ,  qui  est 
normale  chez  lesanimaux  non  clavicules,  aiusi  que  Tout 
avance  MM.  Beau  et  Maissiat,  suffit  pour  assurer  la 
regularite  do  la  function  respiratrice  dans  la  progression 
ordinaire.  C'est  surtout  lorsque.  par  reflet  de  la  course, 
les  mouvemenls  respiratoires  tendent  a  prendre  le  type 
coslo-superieur,  que  rhai'inonisation  dont  nous  parlous 
devieut  plus  necessaire.  Du  reste,  tons  ce>  petits  efforts 
successifs,  (jui  tendraient  a  etablir  I'accord  des  mouve- 
uients  respiratoires  du  thorax  uvec  ceux  du  inembre 
anteiieur,  chez  les  aniinaux  sails  clavicule.  pouvant 
rentrer.  coinni(3  nous  I'avons  dit,  dans  les  efforts  tie 
tres  courte  duree.  uc  n'vlameut  pas  1' occlusion  du 
larynx.  Kn  elfet,  les  ehevaux  coruards  auxquels  on  a 
praticjue  la  tracheotomie,  soul  encore  aptes  a  la  course, 
et  ce  n'est  que  dans  les  grands  efforts  musculaires  qu'ils 
se  troiivent  un  pen  genes. 

En  resume,  apres  la  destruction  de  la  hranche  externe 
du  spinal,  les  muscles  sterno-mastoi'diens  et  trape/es  ne 
peuvent  plus  anrter  les  mouvemenis  respiratoires 
thoraciques,  et,  partant,  ils  sontdevenus  inaptes  a  faire 
servirle  thorax  comme  point  fixe  dans  reffort,etcomrne 
porte-veul  dans  la  phonation. 

Cependant  ces  muscles  ne  sont  pas  paralyses  comple- 
tement;  car  si  alors  on  les  met  a  decouvert,  on  voit 
qu'ils  se  contractent  dans  certains  mouvements  de  la 
tete;  et,  ce  qui  est  le  plus  remarquable,  c'est  qu'ils 


3oG  Mill!-'    SPINAL. 

agissent  encore  eomme  inspirateurs  quand  en  vieiit  a 
gener  mecaniquement  la  respiration.  Unc  experience  va 
nous  fixer  sur  ce  fait.  Si  1'on  pi-end  un  chien  on  un 
chat,  et  qu'on  mette  a  decouvert  les  muscles  sterno- 
mastoi'dienSjVoicicequ'on  observe  :  quand  on  comprime 
moderement  la  trachee  de  rauiinal,  les  deux  sterno- 
mastoi'diens  so  contractent  pour  soulever  le  steruiiiu  et 
produire  Inspiration;  mais  cette  contraction  est  de 
tres  courte  duree .  coiinno  Tiuspiratioii  elle-meme. 
Quand ,  eessant  de  comprimer  la  trachee,  on  fait  crier 
rauiinal,  les  deux  sterno-niasioidieus  se  contractent 
encore  vigoureusement  et  umiutieinieut  le  thorax  soulevt'1 
pendant  toute  la  duree  du  cri.  Mais  si  Ton  vieiit  a  cou- 
per  le  spinal  du  cote  droit.  par  exemplc,  et  a  reproduire 
apres  cela  les  circonstances  precedentes,  on  verra  que, 
pendant  le  cri,  le  sterno-mastoidien  gauche  parait  se 
contracter  plus  fortement;  quo.  pendant  la  respiration 
forcee.  au  contraire,  les  deux  sterno-mastoi'diens  se 
coniractent  ('galeiiKMit  et  continnent  d'agir  coniine 
inspirateurs.  11  est  preferable  de  couper  les  origines  de 
la  branchc  externe  dansle  crane,  pour  ne  pas  tirailler  les 
sterno-mastoi'diens  et  etre  certain  (jiron  n'a  pas  les<3 
les  filets  du  plexus  cervical  qui  serendeiit  a  ces  muscles. 

Cette  experience  prouve  bien  nettement  (jiie  la  con- 
traction vocale,  si  Von  pent  dire,  dusterno-mastoi'dien,  et 
sa  contraction  respiratoire,  sont  sous  des  influences  ner- 
veuses  ditlerentes.  En  effet,  elles  out  des  buts  bien  dis- 
tincts  :  dans  un  cas,  c'est  pour  amMer  la  respiration; 
dans  Tautre,  c'est  pour  1'aider  on  la  produire. 

La,  nous  retrouvons  encore  ce  fait  remarquable  que 


SES   FOXCTIONS.  337 

nous  avons  deja  observe  relativement  aux  muscles  clu 
larynx,  savoir  :  qu'un  meme  muscle  peutservir  a  deux 
actesphysiologiques  opposes,  suivant  I'influence  nerveuse 
qui  1'anime.  L'exemple  du  sterno-masloi'dien  est  me' me 
plus  frappant  quo  celui  des  muscles  laryugiens ,  parce 
que  c'est  un  gros  muscle,  a  insertions  bien  determinees, 
dont  il  semhle  qu'on  pent  d'avance  bien  preciserTaction. 
Et,  pour  expliquer  sa  duplicite"  fonctionnelle,  ce  n'est 
pas  dans  un  ehaogement  de  point  fixe  qu'il  faut  la 
chercher  :  il  rcste  toujours  le  meme  (c'est  la  tele) ;  ce 
n'est  pas  non  plus  dans  tin  mode  special  du  raccourcis- 
sement  de  la  fibre  musculaire  qui  existerait  dansun  cas 
et  non  dansl'autre;  ce  serait  une  supposition  absurde, 
puisque  tonics  les  fibres  musculaires  ont  la  me'me 
direction.  Mais  d'ou  vient  done  cette  duplicite  fonction- 
nelle? Elle  vient  simplement  du  temps  d' action  du 
muscle.  Ainsi,  quand  le  sterno-mastoi'dien  agitcomme 
inspirateur  (sous  I'influence  du  plexus  cervical),  il  se 
contracte  et  souleve  le  thorax  jusqu'a  ce  que  lepoumon 
soit  rempli  d'air  :  alors  la  fonctiou  est  finie,  il  se  relacho 
et  laisse  agir  les  muscles  expirateurs.  Quand,  au  con- 
traire,  le  sterno-mastoi'dien  agit  dans  la  phonalion 
(sous  Tinfluence  du  spinal,  il  attend  que  le  thorax  soit 
plein  d'air;  alors  il  fai'rete  clans  cot  etat  :  la  voix  com- 
mence et  le  muscle  sterno-mastoi'dien,  s'opposant  tou- 
jours aux  autres  muscles  expirateurs,  accompagne  la 
voix  taut  qu'elle  dure  et  maintient  de  1'air  dans  le  thorax 
pendant  tout  le  temps  que  la  voix  en  a  besoin  pour  se 
produire  :  c'est  une  influence  nerveuse  qui  succede  a 
1'autre.  Voila  1'explication  de  ce  fait  singulier,  et  ce 

B.,  SVST.  hEuv.  —  ii.  22 


338  NERF  SPINAL; 

que  nous  venous  cle  dire  pent  s'appliquer  aux  muscles 

du  larynx. 

De  tout  cela,  nous  conclurons  qu'a  1'egal  des  appareils 
musculaires  pharyngienetlaryngien,  les  muscles  sterno- 
mastoi'diens  et  trapezes  peuvent  s'approprier  a  deux 
fonctions  differentes,  parce  qu'ils  obe'issent  a  deux  in- 
fluences nerveuses  distinctes : 

1°  Qu'ils  agissent  essentiellementcomme  inspirateurs, 
quancl  ils  recoivent  leur  influence  du  plexus  cervical; 
toutefois  leur  action  n'est  necessaire  que  lorsque  la 
respiration  est  difficile. 

2°  Qu'ils  arretent  la  respiration  et  forment  un  anta- 
gonisme  aux  mouvements  respiratoires  du  thorax,  quand 
la  branche  externe  du  spinal  les  excite,  et  qu'ils  sont 
alors  congeneres  d'une  action  semblable  exercee  dans  le 
larynx  par  la  brancbe  interne  du  me"  me  nerf. 

II  y  a  done,  pour  les  actes  fonctionnels  ou  la  respira- 
tion doit  etre  arretee  temporairement,  deux  antago- 
nismes  musculaires  destines  a  cet  eftet :  Tun,  qu'on 
pourrait  appeler  interieur,  qui  agit  to u jours  sur  1'ouver- 
ture  du  larynx  et  qui  est  re'gi  par  la  branche  interne 
du  spinal ;  Tautre.  qu'on  pourrait  appeler  exterieur,  qui 
agit  sur  le  thorax  et  qui  se  trouve  regi  par  la  branche 
externe  du  meme  nerf.  On  concoit  qu'il  ne  pouvait  pas 
en  etre  autrement,  parce  que  le  larynx  et  le  thorax 
sont  animes  de  mouvements  respiratoires  incessants;  et 
si,  par  exemple,  au  moment  ou  le  thorax  aurait  ete  fixe 
pour  servir  de  point  d'appui  dans  1'effort,  le  larynx 
avait  continue  afonctionner  commeorgane  respiratoire, 
et  vice  versa,  on  sait  le  desordre  et  la  desharmonie  qui 


SES   FONCTIONS.  339 

en  seraient  resultes  :  nos  experiences  nous  Tout  de- 
mon tre. 

Ainsij  la  constriction  du  larynx  ne  suffisait  pas  pour 
arreter  la  respiration ;  a  elle  seule,  elle  ne  pouvait  s'op- 
poser  viclorieusement  aux  mouvements  expiratoires  du 
thorax.  Elle  avait  besoin  d'un  antagonisme  exterieur, 
autrement  dit,  cle  1'action  auxiliaire  et  indispensable  cle 
la  branche  externe  du  spinal.  Cette  derniere  etit  seule- 
ment  pu  devenir  inutile,  si  le  thorax,  par  tin  mecanisme 
quelconque,  avait  pu  rester  immobile.  Ceci  n'est  pas 
une  simple  conjecture  :  1'anatomie  comparee  nous  le 
prouve.  Chez  les  oiseaux,  la  respiration  se  fait,  com  me 
on  salt ,  tout  autrement  quo  chez  les  mammiferes  :  ils 
n'ont  pas  reellemcnt  de  diapfaragme,  les  poumons  sont 
fixes,  etc.,  mais  ce  qui  est  important  a  notre  point  de 
vue,  c'est  que  leur  thorax,  a  cause  de  sa  structure  os- 
seuse ,  reste  a  pen  pres  immobile.  II  est  ainsi  tou jours 
dispose  a  servir  de  point  lixe  aux  organes  musculaires 
qui  s'y  attachent,  et  il  ne  ivagil.  pas  non  plus  sur  les 
poumons  pour  en  expulser  1'air.  Aussi  les  oiseaux,  comme 
nous  1'avons  deja  vu.  n'ont-ils  pas  de  branche  externe 
du  spinal. 

Nous  savons  maintenant  que  tons  les  troubles  remar- 
quables  qui  accompagnent  la  destruction  des  nerfs  spi- 
naux  se  coucentrent  uniquement  sur  la  partie  motrice 
ou  dynamique  de  1'appareil  respiratoire  (mouvements 
laryngiens,  mouvements  thoraciques).  Mais,  avant  de 
rapprocher  dans  notre  esprit  toutes  ces  experiences, 
aim  d'en  deduire  quelques  fails  generaux.  il  importe  de 
nous  rappeler  que  les  agents  respirateurs  (larynx,  tho- 


340  NERF  SPINAL; 

rax)  peuvent,  a  raison  des  deux  ordres  de  nerfs  moteurs 
qui  les  animent,  se  trouver,  chez  un  animal  sain,  dans 
deux  etats  fonctionnels  bien  distincts. 

Tantdt,  comme  cela  se  voit  chez  un  animal  qui  reste 
en  repos  ou  qui  est  plonge  dans  le  sommeil,  une  seule 
fonction  organique  s'accomplit  :  c'est  la  respiration  ;  le 
larynx  beant  livre  a  1'air  un  passage  facile  dans  les  pou- 
mons ;  le  thorax  se  dilate  etse  resserrealternativement; 
enfin  I'inspiration  et  1' expiration  j  a  pen  pres  egales, 
s'exercent  irivolontairement  d'apres  un  rhythme  regu- 
lier  que  rien  ne  vient  troubler.  Tels  sont  les  phenomenes 
de  la  respiration  simple. 

Dans  un  autre  etat,  qui  accompagne  seulement  la 
veille,  et  qui  est  appele  etat  respiratoire  complexe,  par 
opposition  au  precedent,  il  se  manifeste  d'autres  phe- 
nomenes, qui,  bien  que  se  produisant  toujours  au 
moyen  des  agents  respirateurs,  sont  cependant  en  de- 
horsdu  but  de  la  respiration.  Tels  sont  la  phonation,  la 
deglutition,  ['effort,  etc. 

Les  agents  respirateurs  (larynx,  thorax)  out  done  un 
double  but  fonctionnel,  et  il  serait  vrai  de  dire  que, 
dans  le  premier  etat  de  respiration  simple,  ces  organes 
appartiennent  exclusivement  a  la  vie  interieure  ou  orga- 
nique,  tandis  que  dans  le  second  etat,  dit  de  respiration 
complexe,  ils  intervertissent  provisoirement  leur  fonc- 
tion respiratoire  pour  s'approprier  a  d'autres  actes  dela 
vie  exterieure.  Or,  il  ne  faut  pas  oublier  que  c'est  uni- 
quement  a  ces  organes  que  le  nerf  spinal  va  distribuer 
ses  rameaux  et  porter  son  influence. 

Maintenant,  qu'est-ceque  nos  experiences  nous  ap- 


SES   FONCT10NS. 

prennent?  C'est  que,  clans  1'etat  cle  repos.  quand  la  res- 
piration simple  s'effectue,  les  nerfs  spinaux  n'ont  aucun 
rule  a  remplir ;  car,  lorsque  nos  animaux  sont  calmes 
ou  qu'ils  clorment,  on  ne  voit  pas  le  moindre  trouble 
dans  leurs  functions,  et  il  serait  tout  a  fait  impossible 
de  dire  alors  s'ils  out  des  spinaux,  ou  s'ils  n'en  out  pas. 

Mais  quand  1'etat  oppos6  au  repos  arrive,  et  lorsque 
1'animal  (sans  spinaux)  veut  accomplir  les  differentes 
fonctions  qui  etablissent  des  rapports  entre  lui  et  le 
monde  exterieur.  il  se  trouve  arrete  dans  tous  les  actes 
qui,  pour  s'operer,  reclament  des  modifications  parti- 
culieres  dans  les  agents  respirateurs.  La  volonte  de 
1'animal  se  manifesto  pourtant  toujours,  inais  elle  n'a 
plus  de  prise  sur  sa  respiration  pour  I'arreter,  la  mo- 
difier a  son  gre.  et  produire  la  phonation,  V effort,  etc. 

Le  larynx  et  le  thorax  ne  sont  plus  avertis  en  quel- 
que  sorte  des  actes  de  la  vie  ex-lerieure  qui  se  passent 
autour  d'eux  ou  dans  eux  :  ces  organes,  demeures 
agents  dela  respiration  simple,  continuent  perpetuelle- 
ment,  malgre  1'animal,  a  executer  cette  fonction,  etils 
ne  peuvent  ])lus  en  remplir  d'autres.  Quand  1'animal 
croit  former  un  cri,  il  respire;  quand  il  veut  avaler,  il 
respire  en  meme  temps;  quand  il  cherche  a  faire  un 
effort,  il  respire  encore  plus  vite. 

Ainsi,  les  agents  actifs  de  la  respiration  (muscles  qui 
agissent  sur  le  larynx,  muscles  qui  agissent  sur  le  thorax) 
reooivent  done  deux  ordres d'influence  nerveuse  motrice. 

i> 

Dans  l^tat  de  respiration  simple,  1'influence  du  spinal  sur 
elle  estnulle;  ce  nerf  n'excite  des  mouvements  qu'en 
vue  des  actes  de  la  vie  exterieure,  et  c'est  lui  qui  preside 


NERF  SPINAL; 


a  tons  les  changements  qui  surviennent  dans  la  motilite 
du  thorax  el  du  larynx  lors  do  la  respiration  complexe, 
telsque  1'  effort,  lavoix.  Aussi,  sous  ce  rapport,  le  nerf 
spinal  doit-il  etre  considere  com  me  le  nerf  vocal  ou  nerf 
des  chanteurs  par  excellence  ;  car  sans  lui  toute  modu- 
lation de  son  est  devenue  impossible. 

De  tout  ce  qui  precede  nous  demons  conclure  que  : 

4°  Pour  le  moment,  il  serait  difficile  de  ramener  les 
nerfs  craniens  au  type  simple  des  nerfs  rachidiens.  Et 
pour  le  cas  qui  nous  occupe,  il  est  demontre  par  les  faits 
quele  pneumogastrique  et  le  spinal  ne  sont  pas  dans  les 
memes  rapports  anatomiques  et  physiologiques  que  les 
deux  racines  d'une  paire  de  nerfs  rachidiens. 

"2°  Le  nerf  pneumogastrique  est  un  nerf  mixte  qui 
regit  les  phenomenes  organiques  moteurs  et  sensitifs  de 
trois  grandes  fonctions,  savoir  :  la  respiration,  la  circu- 
lation et  la  digestion. 

3°  Mais  parmi  ces  fonctions  il  en  est  une,  la  respira- 
tion, qui  participe  a  la  vie  volontaire  ou  de  relation. 
Aussi  elle  a  un  nerf  de  plus,  c'est  le  spinal. 

/i°  Le  spinal  est  done  un  nerf  moteur  qui  regit  les 
mouvements  du  larynx  et  du  thorax  toutes  les  fois  que 
ces  organes  doivent  produire  la  phonation  et  etre  ap- 
propries  a  des  actesqui  sont  en  dehors  du  but  de  la  res- 
piration simple. 

Autrement  dit,  c'est  un  nerf  de  la  vie  de  relation  an- 
nexe a  Tappareil  respirateur,  de  meme  que  les  actions 
auxquels  il  preside,  la  voix,  etc.,  sont  des  phenomenes 
de  la  vie  de  relation  annexes  a  la  fonction  respira- 
toire. 


SES   FONCTIONS.  3/J  3 

Consequemment  Ic  spinal  ne  saurait  6tre  consider^ 
comme  un  nerf  respirateur  on  accessoire  de  la  respira- 
tion ;  il  agit  toujours  en  sens  contraire,  et  il  a  constam- 
ment  pour  objet  de  suspendre  1'accomplissement  decette 
fonction  organique,  en  meme  temps  qu'il  adapte  le  la- 
rynx et  le  thorax  aux  phenomenes  de  la  phonation,  de 
1'effort,  etc.  Si  Ton  voulait  donner  a  ce  nerf  un  nom 
qui  rappelat  le  mecanisme  de  sou  influence,  il  faudrait 
plut6t Tappeler  nerf  antagonists  de  la  respiration. 

Avecde  semblables  usages,  le  spinal  forme  dans  1'eco- 
nomie  un  nerf  tout  a  fait  exceptionnel,  et  cela  n'a  lieu 
de  surprendre,  puisqu'il  appartient  a  une  fonction  (la 
respiration)  elle-meme  exceptionnelle,  en  ce  que  les 
organes  moteurs  qui  1'aceomplissent  (larynx,  thorax) 
peuvent  tour  a  tour  se  preter  a  la  vie  de  relation  on 
rester  dans  la  vie  organique. 

Nous  avons  vu  qu'apres  la  destruction  des  nerfs  spi- 
nanx  I'appareil  respirateur  redescend  pour  ainsi  dire 
dans  la  vie  organique,  et  que  1'animal  aphone  ne  parait 
desormais  avoir  pas  plus  de  prise  sur  les  niouvements  de 
son  larynx  ou  de  son  thorax  qu'il  n'en  a  sur  ceux  de  son 
coaur  ou  de  son  estomac. 

Dans  la  prochaine  lecon  nous  passerons  a  1'etude  du 
pneumogastrique,  qui  se  trouvera  simplifiee  par  ce  que 
nous  avons  deja  dit  du  nerf  spinal. 


DOUZIEME   LECON. 

17   JUIN  1857. 

SOMMAIliE  :  Nerf  pncumogastrique.  —  Ses  proprietds  :  sonsibilitd  non 
constanle.  —  Hameaux  larynges  superieur  et  infe"rieur.  —  ResuUats 
varies  de  leur  section.  -  Explication.  —  Experiences.  —  Eflets  de 
la  section  des  pneuino^astriques  sur  les  poumons.  —  Experiences. 
—  Lorsqu'on  a  coupe  les  pneumbgastriques  a  un  animal ,  la  rnort  qui 
survient  n'est  pas  necessairement  la  consequence  de  I'asphyxie.  — 
Apres  la  section  des  pneumogastriques,  les  respirations  sont  plus 
rares  et  plus  larges. 

MESSIEURS  , 

Nous  aliens  passer  aujourd'hui  a  1'etude  du  pneumo- 
gastrique. 

Le  nerf  pneumogastrique  est  connu  depuis  fort  long- 
temps;  c'est  un  de  ceux  sur  lesquels  on  a  experiment^ 
le  plus  anciennement,  sans  doute  a  cause  de  la  facilite 
avec  laquelle  on  peut  le  mettre  a  decouvert  dans  la 
region  du  cou.  Galien  a  experiment^  sur  le  pneumo- 
gastrique, il  parait  meme  qu'avant  lui  on  1'avait  disse- 
que  ou  comprime  sur  1'animal  vivant.  Depuis,  ces 
e"preuves  se  sont  considerablement  multipliers  :  il  n'est 
peut-etre  pas  un  physiologiste  qui  n'ait  appele  1'expe- 
rimentation  a  prononcer  sur  ses  fonctions.  Malgre  cela 
le  nerf  pneumogastrique  est  un  de  ceux  dont  1'histoire 
est  encore  le  moins  connue. 

Bichat  le  presente  comme  un  nerf  d'une  nature  diffi- 
cile a  definir  anatomiquement,  paraissant  participer  a 


NERF    PKEUMOGASTRIQUE.  3/1 5 

la  fois  des  nerfs  de  la  vie  de  relation  et  du  systeme  du 
grand  sympathique  avec  lequel  nous  verrons  qu'il  se 
confond  dans  les  especes  inferieures. 

Nous  avons  examine  a  propos  du  spinal  la  question  de 
savoir  si  le  nerf  pneumogastrique  devait  ou  ne  devait 
pas  etre  considere  comme  une  racine  posterieure  dont 
le  spinal  serai t  la  racine  ante'rieure.  Pour  resoudre  cette 
question  nous  avons  eu  recours  au  criterium  de  la  sen- 
sibilite*  recurrente,  qui  nousamontre  que  ces  deux  nerfs 
ne  sont  point  reunis  par  cette  propriete  et  que  I'acces- 
soire  de  Willis  recoit  sa  sensibilite  des  paires  cervicales. 

Un  autre  fait,  extre'mement  curieux  et  propre  a 
montrer  que  le  pneumogastrique  differe  parses  proprie- 
t6s  des  racines  posterieures  rachidiennes,  est  son  mode 
de  sensibilite  directe.  Nous  savons  que  les  racines  rachi- 
diennes  posterieures  sont  toujours  donees  d'une  vive 
sensibilite;  il  n'en  est  pas  de  meme  du  nerf  pneumo- 
gastrique qui,  clans  diverses  circonstances,  chez  I' animal 
sain ,  se  niontre  completement  insensible. 

Voici  un  lapin  sur  lequel  nous  pincons  le  pneumo- 
gastrique dans  la  region  du  cou  sans  produire  aucune 
douleur;  nous  le  coupons  ensuite  sans  que  I'aniinal 
paraisse  le  sentir.  Cependant  on  pent  se  convaincre,  en 
lui  pincant  1'oreille  ou  une  patte,  que  1'animal  a  sa  sen- 
sibilite generale  parfaiternent  intacte. 

Sur  un  chien,  nous  pincons  egalement  le  pneumo- 
gastrique sans  faire  crier  1'animal. 

Tout  a  1'heuro  nous  faisions  1'experience  sur  un  chat 
et  nous  obtenions  les  memes  resultats.  Lorsque  le 
pneumogastrique  est  sensible,  sa  sensibilite  est  le  plus 


3/j6  NERF    PXIiUMOGASTRIQUE  r 

souvent  obtuse.  Mais  le  point  le  plus  interessant  a  elu- 
cider,  c'est  la  determination  des  circonstances  dans 
lesquelles  ce  nerf  est  sensible  on  insensible. 

J'ai  beauconp  experimente  sur  des  chiens  pour  cher- 
cher  a  etablirces  conditions  de  la  sensibilite  on  del'insen- 
sibilite  du  pneumogastrique.  Quelques  faits  panni  ceux 
quc  j'ai  pu  observer  ecbappent  jusqu'ici  a  toute  interpre- 
tation ;  cependant,  j'avais  cm  voir,  d'apres  le  plus  grand 
nombre  des  cas ,  que  le  pneumogastrique  est  insensible 
chez  les  cbiens  a  jeun,  tandis  qu'il  serai t  sensible  cbez 
cesanimaux  en  digestion ;  toutefoisje  suis  loin  de  donner 
cette  proposition  coniine  sullisamment  etablie.  II  y  a 
done  la  une  modification  relative  a  la  sensibilite  qui 
tient  sans  doute  a  la  nature  speciale  du  nerf  etdemontre 
clairement  que,  sous  ce  rapport,  le  rapprocbement 
qu'on  a  voulu  faire  entre  lui  et  une  racine  posterieure 
n'est  pas  exact.  Les  fails  dont  je  vous  parle  seront  si- 
guales  dans  des  experiences  que  nous  signalerons  plus 
loin  et  qui  se  rapportent  en  meme  temps  a  d'autres 
questions  relatives  a  la  pbysiologie  du  nerf  pneumogas- 
trique. 

Ceci  m'amene  encore  a  vous  parler  d'uue  question  sur 
laquelle  nous  aurons  plus  tard  a  revenir,  celle  de  savoir 
si  les  nerfs  sont  sensibles  seulement  quand  ils  se  ren- 
dent  a  des  parties  sensibles.  N'y  aurait-il  pas  lieu  de 
gent3raliser  cette  proposition  dans  certaines  limites  et 
de  retrouver,  outre  les  nerfs  des  sens  proprements  dits, 
des  divisions  de  nerfs  sensitifs  qui  anraient  les  pro- 
prietes  des  nerfs  de  sensibilite  generale ,  ou  celles  des 
nerfs  de  sensibilite  speciale.  II  est  constant  que  quand 


SES    PROPRltTES.  3/1 7 

ut)  nerf  va  a  ia  peau,  dont  les  perceptions  soul  doulou- 
reuses,  le  nerf  est  lui-meme  extremement  sensible  aux 
irritations  mecaniques.  Nous  voyons .  en  effet .  les 
nerfs  qui  se  rendent  a  certains  organes  jouir  de  pro- 
prietes  speciales  en  rapport  avecles  fonctions  dont  1'ac- 
complissenient  est  confie  a  ces  parties.  G'est  ainsi  que 
le  nerf  optique  ne  transmet  pas  d' impressions  doulou- 
reuses ,  mais  bien  des  sensations  lumineuses ;  que  la 
contusion  de  ce  nerf,  en  laissant  de  c6te  la  douleur  percue 
par  les  nerfs  des  enveloppes  de  Fcei! ,  se  traduit  par 
une  sensation  lumineuse  subjective,  qui  fait  dire  vulgai- 
rement  que  le  patient  voit  trente-six  chandelles. 

Or.  il  semble  qu'il  en  soit  de  ineme  pour  les  nerfs  qui 
se  rendent  a  des  membranes  muqueuses  ou  se  percoi- 
vcut  des  sensations  speciales.  Aucune  impression  dou- 
loureuse  n'est  peut-etre  plus  vive  que  celle  qu'on  fait 
naitre  en  pincant  ii  la  face  le  nerf  sous-orbitaire.  Ce- 
pendant  vous  savez  qu'un  autro  rameau  de  meine  nerf, 
pince  en  arriere  des  fosses  nasales,  nous  a  semble  com- 
pletement  insensible. 

Ces  vues  expliqueraient  jusqu'a  un  certain  point  1'in- 
sensibilite  du  pneumogastrique  dans  la  region  du  cou. 
Ce  nerf,  en  effel,  se  rend  a  Testomac,  aux  voies  respi- 
ratoi res,  organes  qui  sont  doues  d'uue  sensibilite  parti- 
culiere,  et  dont  la  sensibilite  generate  parait  a  })eu  pres 
nulle  dans  les  circonstauces  ordinaires.  Dans  les  voies 
respiratoires,  cependant,  noustrouvonsun  organe  d'une 
sensibilite  extreme,  la  glotte.  Or,  il  taut  noter  que  le 
nerf  qui  s'y  rend,  le  larynge  superieur,  est  tres  sensible 
et  que  c'est  plus  haut,  au-dessus  du  point  sur  lequel  a 


3  AS  NERF    1'NEUMOGASTRIQUE. 

porte  notre  exploration,  qu'il  se  de"tache  du  pneumo- 
gastrique. 

II  resulterait  done  de  la  qu'un  m£me  nerf  sensitif 
pourrait  avoir  des  filets  sensibles  et  des  filets  insen- 
sibles  aux  excitations  douloureuses.  Ce  nerf  serait  tou- 
jours  sensitif,  inais  certaines  de  ses  parties  ne  perce- 
vraient  normalement  que  des  sensations  speciales. 

Ainsi,  lorsqu'on  introduit  un  liquide  dansle  larynx  par 
en  haut,  le  faisant  tomber  par  une  sonde  sur  les  bords 
de  la  glotte,  on  provoque  une  toux  violente  et  extieme- 
ment  penible.  Cette  sensibilite  parait  n'exister  que  sur 
la  muqueuse  de  la  face  superieure  de  la  glotte,  car  on 
ne  laretrouve  pas  lorsque  apres  avoir  fait  une  ouverture 
a  la  trachee  et  renversant  la  tete  de  1'animal  on  fait  la 
meme  instillation  de  liquide  de  la  trachee  vers  le 
larynx.  De  sorte  que  le  liquide  touch  ant  les  bords  de  la 
glotte  produit  une  sensation  tres  penible  lorsqu'il  tombe 
de  haut  en  bas,  et  non  lorsqu'il  passe  de  bas  en  haut; 
etcependant  c'est  le  me' me  tronc  nerveux  qui  fournit  des 
filets  aux  deux  parties  de  la  muqueuse  qui  sont  si  diver- 
sement  impressionnees. 

Arrivons  maintenant  a  1'etude  des  fonctions  du  pneu- 
mogastrique.  en  recourant  aux  moyens  d'exploration 
qu'on  emploie  d'ordinaire;  voyons  quels  sont  les  effets 
de  la  section  du  pneumogastrique  sur  les  diflerents 
organes  auxquels  il  se  rend.  Pour  conserve!1  quelque 
clarte  a  cet  expose,  nous  exarninerons  successivement 
les  elfets  produits  par  cette  section  sur  chacun  des  or- 
ganes auxquels  le  nerf  envoie  ses  filets. 

Apres  avoir  indique  les  particularities  relatives  a  la 


SERFS    LARYXGtiS.  3^|9 

sensibilite  du  larynx ,  il  nous  reslerait  a  parler  de  ses 
mouvements ;  nous  ne  nous  y  arreterons  pas  ici :  nous 
les  avons  deja  examines  a  propos  du  spinal  qui  est  le 
nerf  moteur  par  excellence  de  cet  organe. 

Nous  avons  vu  que  sous  ce  rapport  le  larynx  etait  le 
siege  de  deux  orclres  de  mouvements,  les  mouvements 
vocaux  et  les  mouvements  respiratoires. 

Quancl  on  detruit  les  nerfs  larynges.  on  abolit  les 
mouvements  vocaux  et  les  mouvements  respiratoires. 
Les  effets  produits,  lorsqu'on  coupe  Fun  seulement  de 
ces  nerfs,  different  suivant  que  la  section  porte  sur  le 
nerf  larynge  superieur,  ou  sur  le  nerf  larynge"  inferieur. 

Apres  la  section  du  larynge  superieur.  la  sensibilite 
de  la  glotte  est  abolie,  ainsi  que  celle  du  restc  du 
larynx;  la  voix  n'est  pas  eteinte,  inais  elle  devient 
rauque ;  Tanimal  pent  toutefois  continuer  a  vivre.  Ces 
effets  sont  connus,  je  ne  m'y  arreterai  pas. 

Lorsque  Ton  a  coupe  le  larynge  inferieur,  la  voix  est 
comple"  lenient  perdue;  mais  les  sympt6mes  qui  s'ob- 
servent  du  c6t£  de  la  respiration  sont  assez  remar- 
quables. 

Tantot ,  en  effet ,  r animal  auquel  on  a  coupt^  le 
larynge  inferieur  peut  respirer  et  continuer  a  vivre, 
tan  tot  il  ne  peut  plus  respirer  et  peril  asphyxie.  Cette 
difference  si  prononcee  dans  les  phenomenes  conse- 
cutifs  a  la  section  d'un  meme  nerf  tient  a  1'age  des 
animaux  sur  lesquels  ou  a  pratique  1'operation. 

Comment  peuvent  s'expliquer  les  phenomenes  qui 
s'observent  apres  la  section  des  deux  nerfs  larynges. 

Quand  on  a  coupe  le  larynge  superieur,  la  raucite  de 


350  NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

la  voix  tient  a  la  paralysie  du  muscle  cricothyroi'dien 
et  a  mi  defaut  de  tension  des  cordes  vocales. 

Quand  on  acoupe  le  larynge  inferieur,  tons  les  autres 
muscles  du  larynx  sont  paralyses,  d'ou  resulte  une  perte 
complete  de  la  voix. 

Voyons  main  tenant  pourquoi  apres  la  section  du 
larynge  inferieur,  les  animaux  sont  quelquefois  asphyxias 
et  quelquefois  peuvent,  au  contraire,  continuer  a  res- 
pirer.  Legallois  qui  a  observe  ce  fait  par  hasard ,  en 
operant  sur  de  petits  chiens,  en  a  fort  bien  saisi  la 
condition.  Pour  abolir  la  voix,  il  avait  coupe  le  larynge 
inferieur;  1'animal  jeune  cessa  de  crier,  mais  il  suffo- 
qua  et  succomba  rapidement.  Legallois  fut  tres  etonne 
de  ce  resultat,  car  il  avait  souvent  coupe  le  nerf  Iaryng6 
inferieur  sans  observer  cette  asphyxie.  11  attribua  a 
1'age  les  differences  qui  se  presentaient  dans  les  resul- 
tats  de  ses  experiences,  et  vit  qu'en  effet,  la  section 
du  larynge  inferieur,  rapidement  mortelle  chez  les  tres 
jeunes  animaux,  cesse  de  l'6tre  a  un  age  plus  avance. 
Toutefois.,  Legallois  avait  constate  le  fait  sans  donner 
la  veritable  explication. 

On  a  reconnu  ensuite  que  cette  explication  ressort 
de  la  solidite  variable  des  differentes  pieces  du  larynx , 
suivant  les  ages.  Chez  les  jeunes  animaux,  apres  la  pa- 
ralysie du  larynx,  les  levres  de  la  glotte  sont  flasques 
dans  toute  leur  etendue ;  elles  se  rapprochent  dans  les 
mouvements  d'inspiration  ,  et  ne  permettent  plus  a 
1'airde  penetrer  dans  le  larynx.  Chez  les  animaux  plus 
ages,  les  cartilages  arytenoi'des,  plus  resistants,  laissent 
en  arriere  des  levres  de  la  glotte  une  ouverture  qui  ne 


LARYNG1'    INFtfRIEUR.  351 

peut  pas  s'obturer.  C'est  par  cette  ouverture  que  con- 
tinue a  passer  1'air. 

Les  troubles  fonctionnels  qui  s'observent  chez  les 
jeunes  animaux  apres  la  section  du  larynge  inferieur, 
tienneut  ^videmment  a  une  obstruction  survenue  dans 
le  larynx.  En  effet,  on  peut,  lorsqu'ils  sont  sur  le  point 
d'asphyxier,lesfaire  vivreen  pratiquant  la  trache'otomie. 

Voici  mi  petit  chat  age  de  sept  ou  huit  jours ;  peut- 
etre  est-il  deja  un  peu  tard  pour  observer  chez  lui  1'as- 
phyxie  consecutive  a  la  section  du  larynge  inferieur. 
Nous  allons  ueanrnoins  faire  1'experience. 

Nous  coupons  le  larynge  inferieur  d'un  cote  :  deja  les 
cris  deviennent  plus  sourds;  la  voix  a  perdu  beaucoup 
de  son  intensite.  Maintenant  nous  coupons  le  larynge" 
inferieur  de  Tautrecdte  :  la  voix  est  completement  abo- 
lie.  En  meme  temps  vous  voyez  que  l'animal  ne  peut 
plus  respirer,  le  sang  qui  s'ecoule  par  la  plaie  est  noir; 
la  langue  prend  une  coloration  foncee  comme  si  on 
(Hranglait  l'animal ;  il  asphyxie. 

Tout  ;i  Tlieure  nous  le  ferons  revenir  en  lui  ouvrant 
la  trachee.  Mais  le  voici  deja  sans  mouvement,  je  crains 
quelatracheotomie  n'arrive  unpeu  tard.  La  trachee  est. 
ouverte ;  voici  bientot  une  large  inspiration  ;  nous  ai- 
dons  le  retablissement  dela  respiration  par  des  pressions 
alternatives  exerces  sur  les  parois  thoraciques ;  bientot 
l'animal  ouvre  les  yeux  et  est  revenu  a  la  vie.  Nous  lui 
placons  une  petite  canule  dans  la  trachee ;  si  ce  chat  peut 
teter,  il  est  probable  qu'il  survivra  a  1'operation  et  que 
nous  pourrons  vous  le  presenter  encore  vivant  dans  la 
prochaine  lecon . 


352  NERF 

Voilapourle  laryng^  inferieur. 

Examinons  mainlenant  r action  du  pneumogastrique 
sur  les  organes  thoraciques,  sur  le  pounion  d'abord,  et 
ensuite  sur  le  cocur. 

On  sail  depuis  fort  longteinps  que  le  pneumogas- 
trique a  une  influence  tres  marquee  sur  1'appareil  res- 
piratoire.  Cette  influence  a  ete  tres  diversement  inter- 
pretee  par  les  physiplogistes ;  et  nous  verrons,  passant 
en  revue  les  resultats  des  experiences,  qu'il  etait  dif- 
ficile qu'il  en  fut  autrement.  La  section  du  pneumo- 
gastrique  sur  un  mam  mi  fere  ou  sur  un  oiseau  amene 
la  mort  au  bout  d'un  temps  qui  varie  cle  deux  a  quatre, 
et  rarement  au  dela  de  cinq  jours.  Les  reptiles  peuvent 
vivre  davantage,  mais  ils  finissent  aussi  par  y  succom- 
ber.  Legallois  croyait  que.  clans  ce  cas,  la  mort  etait 
produite  necessairement  par  une  lesion  pulmonaire. 

En  effet,  a  1'autopsie  des  animaux  qui  ont  succomb^ 
a  la  section  du  pneumogastrique,  il  a  signale  une  lesion 
des  poumons.  Aussilut  apres  1'operation,  il  notait  une 
perturbation  profonde  des  ])henomenes  respiraloires  ; 
il  pensait  que  la  respiration  devenait  alors  insuffisante, 
que  les  pbenomenes  chimiques  qui  s'y  rattachent  etaient 
incomplete  et  que  I'aniuial  mourait  asphyxie  au  bout 
d'un  temps  variable. 

Les  alterations  des  poumons  pouvaient  porter  a  penser 
qu'il  en  estainsi.  Legallois,  ayant  coupe  ies  pneumogas- 
triques  sur  de  jeunes  lapins,  trouvaqu'ils  succombaient  en 
presentant  une  alteration  des  poumons  qui  rappelle  1'he- 
patisation ;  leur  tissu,  rouge  et  dense,  ^taitfortement  con- 
gestionne;  certaines  parties meme  nesurnageaient  plus. 


ALTERATION    DBS   POUMONS.  353 

D'autre  part,  des  travaux  entrepris  sur  leme'mesujet 
nous  montrent  quo  cette  alteration  pent  6tre  fort  legere, 
qu'elle  pent  inline  manquer  completement.  Dans  leurs 
experiences  sur  le  pneumogastrique,  de  Blainville  et 
Provencal  n'ont  trouve  aucune  alteration  anatomique 
dans  les  poumons  d'animaux  qu'ils  avaient  fait  perir  en 
leur  coupant  les  pneumogastriques.  Us  en  avaient  conclu 
que  ces  animaux  mouraient ,  non  par  1'appareil  respi- 
ratoire,  mais  par  1'appareil  digestif;  qu'ils  mouraient 
de  faim. 

Les  experiences  de  de  Blainville  et  Provencal  mon- 
trent seulement  que  1'alteration  du  pouinon  n'est  pas 
conslante,  qu'elle  pent  manquercomple'tement,  sans  que 
les  animaux  survivent  pour  cela  a  rope"  ration ;  que  par 
consequent  1'opinion  qui  vent  trouver  dans  cette  altera- 
tion pulmonaire  la  cause  de  la  mort  par  section  des 
nerfs  pneumogastriques  est  une  opinion  errone'e. 

Enfin  cette  lesion  du  poumon  n'existe  pas  chez  les 
oiseaux,  bien  que  chez  eux,  comme  chez  les  mam  mi- 
feres,  la  section  des  pneumogastriques  soitmortelle. 

Repetant  a  mon  tour  Inexperience,  qui  consiste  a 
couper  les  nerfs  pneumogastriques  dans  la  region  du 
cou,  et  a  suivreles  perturbations  fonclionnelles  ou  ana- 
tomiques  qui  en  sont  la  consequence,  je  suis arrive  a  des 
resultats  variables.  Toujoursou  presque  toujours  (j'aurai 
a  revenir  sur  cette  restriction),  les  animaux  ont  suc- 
combe  dans  un  temps,  qui  avarie  de  quelques  heuresa 
trois  ou  quatre  jours.  Mais  tant6t  j'ai  rencontre  les  lesions 
pulmonaires  signalees  par  Legallois,  t:int6t  les  poumons 
etaient  completement  exempts  de  cette  infiltration  san- 

B.,   S7ST.    h'ERV.  —  II.  23 


NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

suine  sia'nalee.  Je  me  suisdes  lors  attache  a  chercher 

o  o 

clans  les  conditions  de  1'experience,  la  raison  de  cette 
divergence  des  resultats,  et  je  crois  F  avoir  trouvee. 

Cette  earn ificat ion  du  poumoii  se  montre  plus  spe- 
cialement  chez  les  jeunes  animaux,  chez  ceux  qui  sont 
en  meme  temps  plus  petits,  comme  les  lapins ,  ou  les 
cochons  d'lude.  Un  lapin  jeune,  auquel  on  a  coupe  les 
pneumogastriques,  ineurt  generalement  avant  vingt- 
quatre  heures ;  or,  si  on  le  sacrifie  une  heure  apres 
1'operation,  on  trouve  deja  de  la  congestion  ;  un  peu 
plus  tard,  un  epanchement  sanguin  se  fait;  les  pou- 
mous  sont  alors  marbres  par  le  sang ;  1'auimal  peril  plus 
tard  reellement  asphyxie. 

Mais  cette  asphyxie  n'est  qu'accidentelle,  il  y  a  en 
effet  des  animaux  qui  ne  Teprouvent  pas  et  qui  n'en 
meurent  pas  moins.  J'ai  vu  des  chiens  survivre  trois 
ou  quatre  jours  a  Toperation  sans  presenter  de  signes 
d'asphyxie  et  conservant  les  poumons  sains  et  le  sang 
arteriel  parfaitement  rouge. 

Lorsquon  a  coupe  les  pneumogastriques  a  un  animal., 
la  mort  qui  survient  riest  done  pas  necessairement  la  con- 
sequence de  Vasphyxie. 

M.  Trauhe,  de  Berlin,  a  experiment^  sur  des  lapins 
pour  tacher  de  saisir  la  cause  de  1'alteration  que  pre- 
sentent  chez  eux  les  poumons.  II  a  cru  remarquer  que, 
chez  eux,  Falteration  des  poumons  etait  due  a  Fintroduc- 
tion,  dans  les  bronches,  des  liquides  secretes  dans  la 
bouche  ou  remontant  de  1'estomac  dans  1'oesophage  pa- 
ralyse.  La  presence  de  ces  liquides  dans  les  bronches 
expliquerait,  suivantcet  auteur,  1'asphyxie  et  les  altera- 


ALTERATION    DBS   POUMONS.  355 

tions  anatomiques  qui  I'accompagnent.  Les  observations 
de  M.  Traube  sont  exactes  en  ce  que  les  phe  nomenes  qu'il 
signale  sont  possibles ;  mais  je  ne  saurais  admettre  les 
conclusions  qu'il  en  tire,  parce  que  I' introduction  des 
liquides  dans  les  bronches  n'est  pas  plus  necessaire  pour 
produire  les  desordres  anatomiques  observes  dans  les 
poumons,  que  ces  desordres  ne  le  sont  eux-niemes  pour 
produire  la  mort.  C'est  la  encore  un  accident  qui  vient 
s'ajouter  au  phenomene,  mais  qui  en  est  independant 
et  ne  saurait  etre  regarde  cooime  sa  cause  productrice. 

En  effet,  on  peut,  chez  les  memes  animaux,  empe- 
cher  les  mucosites,  les  liquides  venant  du  pharynx  d'en- 
trer  dans  les  bronches,  la  congestion  pulmonaire  n'en 
a  pas  moins  lieu.  Pour  le  voir,  j'ai  pris  deux  lapins  et 
j'ai,  sur  tous  deux,  coupe  les  nert's  pneuinogastriques, 
coiniue  nous  le  rapporterons  plus  tard.  Ensuite,  j'ai 
pratique  sur  Tun  d'eux  la  tracheotomie,  et  introduit 
dans  la  trachee  une  canule  qui  a  ete  convenabiement 
liee.  II  est  evident  que  chez  ce  dernier,  aucun  liquide 
ne  pouvait  penetrer  dans  la  trachee,  qui  ue  communi- 
quait  plus  qu'avec  1'exte'rieur  directement.  Tous  deux 
cependant  out  succombe  en  meme  temps,  pre'sentant  les 
alterations  du  poumon  a  un  meme  degre. 

Les  experiences  qui  suivent  montrent  que  chez  les 
animaux  de  meme  espece  (chiensj,  on  peut  trouver 
tant6t  cette  alteration  et  tant6t  la  voir  manquer.  Ces 
experiences  contiennenten  outre  des  observations  hemo- 
metriques  qui  out  ete  faites  en  vue  de  constater  Tin- 
fluence  de  la  section  des  vagues  sur  la  pression  du  sano- 
dans  le  systeme  arteriel.  Nous  donnons  ici  ces  resultats 


356  NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

quoiqu'ils  se  rapportent  en  partie  aunsujet  sur  lequel 
nous  aurons  a  revenir  plus  loin. 

Exp.  —  Sur  tine  chienne  de  taille  moyenne,  on  fit 
la  section  des  nerfs  vagues  dans  la  region  moyenne  du 
cou. 

Avant  reparation,  les  pulsations  etaient  au  nombre  de 
72  a  75  par  minute  avec  I'irregularit6  etl'intermittence 
qui  s'observent  chez  les  chiens.  Les  respirations  etaient 
au  nombre  de  16  a  17  par  minute.  L'hemodynamo- 
metre  place  alors  sur  1'artere  carotide  droite  oscillait 
de  150  a  210. 

L'instrument  restant  en  place,  on  fit  la  section  du  nerf 
vague  droit ;  les  pulsations  atteignaient  le  chiffre  de  l\k 
par  minute,  avec  de  grandes  intermittences.  On 
comptait  11  respirations  par  minute.  L'hemodynamo- 
metre  oscillait  de  180  a  230  au  moment  meme  de  la 
section  du  nerf ;  puis,  au  bout  de  dix  minutes  environ, 
il  etait  revenu  de  75  a  105. 

L'instrument  restant  toujoiirs  en  place,  on  fit  la  sec- 
tion du  nerf  vague  gauche.  Alors,  apres  la  section  des 
deux  vagues,  les  pulsations  devinrent  si  nombreuses 
qu'on  ne  pouvait  plus  les  compter,  et  elles  n'offraient 
plus  aucune  interrniltence.  L'hemodynamometre ,  au 
moment  meme  de  la  section  du  nerf  gauche,  r animal 
restant  calme,  monta  jusqu'a  240,  250  et  260;  la 
chienne  fit  a  ce  moment  des  efforts  tellement  violents, 
que  1'instrument  echappa  de  1'artere  d'ou  s'ecoula  une 
certaine  quantite  d'un  sang  rutilant. 

Apres  une   demi-heurc,  1'animal  etant  calme,  on 
reappliqual'hemodynamometre ;  les  pulsations  n'etaient 


EXPERIENCES.  357 

plus  que  de  80  a  85,  et  les  respirations  de  6  a  1  par 
minute. 

Apres  la  section  cles  deux  nerfs  vagues,  on  remarqua 
que  le  plus  grand  abaissement  de  la  colonne  mercurielle 
coincidait  avec  1'expiration,  comme  cela  se  voit  d'habi- 
tude. 

D'abord  1'animal  avait  eu  la  respiration  libre ;  mais, 
trois  quarts  d'heure  apres,  il  fut  pris  d'une  g6ne  de  la 
respiration  excessivement  prononcee,  qui  semblait  tenir 
a  la  presence  de  mucosites  qui  venaient  peut-etre  de 
1'estomac. 

Le  lendemain,  19  octobre,  seize  heures  apres  la  sec- 
tion des  vagues,  1'animal  etait  plus  calme,  quoique  sa 
respiration  fut  toujours  genee.  Pulsations  de  145  a  150, 
sans  irregularite.  L'hemodynamometre,  applique  sur  la 
meme  artere  que  la  veille,  oscillait  de  l/iO  a  170,  puis 
ensuite  il  baissa  et  oscilla  de  120  a  130,  puis  de  110  a 
90,  lorsque  1'animal  devenait  parfaitement  calme.  Le 
sang  etait  noir  dans  1'artere,  tandis  que  la  veille  il  etait 
rutilant.  Quaiul  on  mettait  1'animal  dans  la  position 
horizontal,  il  y  avait  vomiturition  d'un  liquide  alcalin, 
bilieux,  venant  de  1'estomac.  L'inspiration  et  Fexpira- 
tion  etaient  separees  par  un  temps  considerable,  pen- 
dant lequel  la  colonne  mercurielle  se  tenait  toujours  a 
son  minimum. 

On  pinca  alors  le  bout  superieur  du  nerf  vague  gauche 
qui  etait  tres  pen  sensible ;  ce  pincement  parut  donner 
lieu  a  un  phenomene  singulier  de  fremissement  dans  le 
c6te  correspondant  de  la  face;  la  temperature  prise  dans 
le  rectum  de  1'animal  etait  de  35°5. 


358  NERF    PNEUMOGASTRIOUE. 

Le  20  octobre,  qnarante  heures  apres  1'operation, 
I'animal  fut  trouve  mort.  A  I'autopsie,  on  vit  les  pou- 
mons  gorges  de  sang  dans  leur  tissu.  L'estomac  etait 
rempli  d'un  liquide  jaune-verdatre,  bilieux,alcalin,qui 
refluait  directement  par  1'oesophage  flasque  et  paralyse", 
lorsqu'on  venait  a  comprimer  Festomac.  Cette  sorte  de 
reflux,  qui  avail  lieuquandranimal  etait  dans  la  position 
horizontal,  avait  semble"  se  produire  pendant  la  vie. 

Exp.  -  -  Dans  un  autre  cas  nous  avons  vu  survenir  de 
1'hemoptysie  apres  la  section  des  nerfs  vagues :  sur  un 
chien  adulte  et  en  pleine  digestion,  on  resequa  les  deux 
nerfs  vagues  dans  la  region  moyenne  du  cou.  Ce  chien 
presentait  les  sympt6mes  ordinaires  de  la  section  des 
vagues ;  settlement,  vingt-quatre  heures  apres,  la  res- 
piration devint  beaucoup  plus  gene'e,  le  chien  fut  pris 
d'une  hemoptysie  abondante  et  mourut  quelques  heures 
apres.  A  1'autopsie,  on  trouva  les  poumons  marbre"s, 
comme  earnings,  avec  des  mucosites  sanguinolentesdans 
les  branches. 

Exp.  -  -  Un  vieux  chien,  de  taille  moyenne,  etant 
couche  sur  le  dos,  on  compta,  1'animal  etant  calme,  de 
85  a  90  pulsations,  et23  ou  24  respirations  par  minute. 

Alors  on  fit  une  incision  dans  la  region  du  cou  et  on 
isola  les  deux  nerfs  vagues  au-dessous  desquels  ou  passa 
une  anse  de  fil. 

On  compta  de  nouveau  les  pulsations  qui  etaient 
alors  au  nombre  de  9/i,  et  les  respirations  au  nombre 
de!2a!5. 

On  placarhemodynamometre  sur  lacarotide  droite ;  il 
accusait  une  pression  de  150  a  180  millimetres. 


EXPERIENCES.  359 

On  fit  alors  la  section  du  vague  gauche,  1'hemocly- 
namometrerestanten  place.  Aussit6t  il  y  cut  une  acce- 
leration comme  convulsive  cles  pulsations ;  1'animal 
s'agita,  fit  cles  efforts,  et  la  pression  monta  dans  Tin- 
strument  cle  180  a  220,  pen  a  peu  le  calme  se  retablit; 
mais  I'hemodynamometre  allait  encore  de  100  a 
200  millimetres. 

Un  quart  d'heure  apres  la  section  du  premier  nerf. 
on  coupa  le  vague  du  c6te"  droit,  I'hemodynamometre 
e"tant  toujours  applique".  L'animal  s'agita  de  nouveau  et 
le  mercure  monta  dans  1'instrument  de  260et270  milli- 
metres. Le  calme  revint  peu  a  pen,  et  la  pression  resta 
stationnaire  entre  250  et  260  pendant  un  quart  d'heure 
environ qii'onobserval'instruinent.  Les  pulsations  etaient 
devenues  regulieres  et  excessivement  prdcipilees.  Les 
respirations  etaient  rares.  L'animal  perdit  un  peu  de 
sang  arteriel  qui  etait  parfaitement  rutilant,  ce  qui 
prouvait  que  la  respiration  n'etait  point  genee; ce  chien 
etait,  du  reste,  calme. 

Peu  a  peu,  la  pression  baissa ;  et,  dans  ce  moment,  on 
apercut  tres  bien  les  effets  de  la  respiration  :  a  chaque 
inspiration,  ily  avait  soulevement  de  lacolonne  mercu- 
rielle,  et  abaissement  au  moment  de  1'expi ration.  Mais 
la  quantite  dont  la  colon ne  mercurielle  s'abaissait  etait 
toujours  plus  considerable  que  celle  dont  elle  s'elevait, 
il  en  r^sultait  qu'elle  ne  remontait  janiais  aussi  haut 
que  dans  1'ascension  prt3cedente,  d'ou  un  abaissement 
successif  de  la  colonne  mercurielle.  Ce  qui  fit  qu'apres 
avoir  observe  pendant  une  demi-heure  1'hemodynamo- 
metre  en  place,  il  etait  descendu  entre  160  et  150. 


360  NERF    PNEUMOGASTR1QUE. 

Alors  oil  enlcva  rhemoclynamometreetonlaissarani- 
mal  en  repos. 

line  henre  apres,  on  replaca  1'instniment.  Le  cliicn 
avail  perdu  peu  de  sang  dans  toutes  les  manoeuvres.  Le 
sang  etait  tou  jours  rutilant  dans  les  arteres.  L'hemodyna- 
mometre  donna  alors  une  pression  qui  oscillait  entre  130 
et  150.  Les  pulsations  etaient  excessivement  faibles  et 
avaient  perdu,  apres  la  section  des  vagues,  leur  inter- 
mittcncc  qui  etait  naturelle  chez  le  chien.  Les  respira- 
tions etaient  au  nombre  do  8  par  minute,  les  pulsations 
de  132. 

On  laissa  1'animal  en  repos.  Cinqheures  apres  la  sec- 
tion des  vagues,  on  revit  ce  chien  ;  il  etait  calmc ;  il  y 
avait  6  inspirations  par  minute  et  17/t  pulsations.  L'he- 
modynamometre  place  successivement  sur  les  arteres 
carotides  droite  et  gauche  oscillait  entre  150,  100,  et 
memo  descendait  jusqu'a  80.  II  y  avait  toujours  ascen- 
sion de  la  colonne  pendant  Tinspiration  et  abaissement 
pendant  1'expiration.  Le  sang  etait  toujours  rutilant 
dans  les  arteres. 

Le  len domain  5  octobre,  vingt  heures  apres  la  section 
des  nerfs  vagues,  le  chien  etait  couche,  calme,  n'avait 
pas  du  tout  la  respiration  g£nee.  II  y  avait  5  respirations 
et  175  pulsations  par  minute. 

On  prit  1'artere  carotide  gauche  dans  laquelle  s'e"- 
tait  forme  un  caillot  noir.  En  donnant  issue  a  ce  caillot, 
il  sortit  un  jet  de  sang  tres  rutilant.  On  appliqua  I'hemo- 
dynamometre. 

Au  moment  de  Uapplication  del'instrument,  1'aninial 
fit  quelques  efforts  et  la  colonne  mercurielle  monta  a 


EXPERIENCES.  oGl 

150, 160,  alia  meme  a  200.  Pen  a  pen  le  calme  se  reta- 
blit ;  et,  apres  dix  a  douze  minutes,  1'animal  etant  bien 
tranquille,  on  observa  ce  qui  suit : 

Pendant  1'intervalled'une  expiration  et  d'une  inspira- 
tion, le  mercure  oscilla  entre  70  et  80;  puis,  dans  1'ins- 
piration,  il  monta  a  90  pour  clescendre  a  70  dans  1'ex- 
piration. 

Apres  chacunede  ces  experiences,  F  animal  paraissait 
tres  fatigue,  ce  qui  acceleraitun  pen  le  nombre  des  res- 
pirations. Lelendemain  6  octobre  ahuitheures,  le  chien 
fut  trouve  mort,  sans  doute  depuis  pen  de  temps,  car  il 
e'tait  encore  chaud. 

A  Tatitopsie,  les  pournons  etaient  d'une  couleur  rose 
magnifique,  ne  contenaient  point  de  sang  epanche  et 
Etaient  partout  permeables  a  Fair.  Les  bronches  ne  con- 
tenaient pas  de  mucosites.  La  plevre,  seche,  ne  renfer- 
mait  point  de  serosite. 

Le  coeur  etait  rempli  de  sang  coagule  dans  toutes  ses 
cavites.  Le  pericarde  etait  sain ;  il  ne  contenait  pas  de 
liquide.  L'estomac  etait  vide ;  il  ne  renfermait  qu'un 
liquide  biliaire  fetide. 

Exp.  —  Sur  un  chien  encore  jeune,  amene  depuis 
deux  jours  dans  le  laboratoire,  et  qui,  depuis  ce  temps, 
avait  refuse  toute  nourriture,  on  fit  la  section  des  nerfs 
vagues  apres  avoir  pratique  une  ouverture  a  1'estomac, 
dans  le  but  d'emp&cher  le  reflux  par  Toesophage  des 
liquides  gastriques. 

1°  On  decouvrit  1'artere  carotide  gauche ;  les  pulsa- 
tions etaient  au  nombre  de  115  par  minute,  intermit- 
tentes;  les  respirations,  de  13  par  minute.  On  appliqua 


362  NERF  PNEUMOGASTRIQUE. 

rheniodynamometre  qni  oscillait  de  1/|0  a  160. 
2°  On  fit  alors  une  incision  ahdominaleet  on  attirasur 
les  bords  de  la  plaie  la  paroi  de  1'estomac,  qu'on  ouvrit 
et  qu'on  fixa  a  la  plaie  par  quelques  points  de  suture. 
L'estomac  etait  vide ;  sa  membrane  muqueuse  etait 
pale  et  livide ;  il  s'ecoula  seulement  une  petite  quantity 
d'un  liquide  clair,  tres  nettement  acide.  On  chercha  a 
exciter  la  surface  de  1'estomac,  dont  la  sensibilite  etait 
assez  obtuse;  les  points  qui  furent  touches  devinrent 
rouges  et  comme  le  siege  de  vergetures. 

Alors  on  cberchales  deux  nerfs  vagues  dans  la  plaie 
du  con,  ils  etaient  completement  insensibles  an  pince- 
ment.  On  en  fit  la  section  ;  et  voici  ce  qui  se  passa  a  ce 
moment  du  c6te"  de  1'estomac  : 

La  couleur  pale  de  la  membrane  muqueuse  ne  chan- 
gea  pas.  En  promenant  le  doigt  dans  1'estomac,  sa  sur- 
face paraissaitplussecheetil  n'yeutpas  cette  formation 
abondante  de  mucus  qui  fut  observe  dans  un  autre  cas 
(voir  plus  loin).  En  introduisant  le  doigt  par  le  cardia, 
dans  Tcesophage  paralyse,  il  y  penetrait  avec  une  grande 
facilite,  tandis  qu'avant  la  section  des  vagues  cela  n'avait 
pas  lieu  a  cause  de  la  constriction  de  1'cesophage. 

II  est  a  remarquerque,  bien  que  cet  animal  fut  jeune, 
il  ne  se  manifesta  aucun  pbenomene  de  suffocation. 
Cela  tient-il  a  ce  qu'il  etait  a  jeun  depuis  deux  jours, 
on  a  ce  qu'il  n'y  avait  point  de  liquide  dans  1'estomac? 
Le  30  octobre,  dix-sept  heures  apres  1'operation, 
1'animal  nepresentaitaucune  gene  de  la  respiration.  La 
membrane  muqueuse  de  1'estomac  s'etaiten  partie  ren- 
verste  au  dehors  par  la  plaie,  etelle  offrait  une  couleur 


EXPERIENCES.  303 

rouge  brique ;  ce  qui  provenait,  sans  donte,  cle  son  con- 
tact avecl'air.  La  membrane  muqueuse  offrait  une  reac- 
tion neutre  au  papier  de  tournesol,  et  aucun  mucus  no 
s'echappa  par  laplaie.  La  temperature  cle  1'estomac  etait 
de  32  degres ;  cello  du  rectum  de  33  a  34  degres. 

A  trois  heures  du  soir,  vingt-quatre  heures  apres  la 
section  desnerfs  vagues,  1'animal  etait  tresfaible,  coucho 
sur  le  flanc ;  les  respirations  etaient  treslentes,  mais  nul- 
lement  g^nees;  le|  pouls  n'etail  plus  perceptible  aux 
arteres;  1'animal  s'etait  considerablement  refroidi. 

On  ouvrit  1'artere  caroticle  qui  contenait  a  peine  du 
sang ;  il  etait  trcs  rutilant  et  s'ecoulait  en  bavant  sans 
jet  sensible.  Cependant  le  sang  etait  toujours  noirdans 
laveine  jugulaire. 

L'animal  etant  mourant,  on  ouvrit  le  thorax  :  les  pou- 
mons  s'aflaiss6rent  et  il  fit  des  efforts  de  respiration  seu- 
lement  avec  la  bouche  mais  nullement  avec  le  thorax. 

Des  1'ouverture  du  thorax,  le  sang  de  1'artere  etait  de- 
venu  noir.  On  vit  alors  le  coeur,  excessivement  petit, 
ne  rernplissant  pas  le  pericarde,  coutinucr  a  battrc  de 
la  maniere  suivante  : 

1°  Contraction  des  deux  oreillettes;  2°aussit6t  apres, 
contraction  des  ventricules;  3°  an  moment  dela  contrac- 
tion des  oreillettes,  il  y  avait  reflux  du  sang  dans  les 
veines  pulmonaires  par  la  contraction  de  1'oreillelte 
gauche,  et  reflux  dans  les  veines  caves  par  contraction 
de  1'oreillette  droite. 

Le  tissu  des  poumons  n'etait  nullement  altere  ;  on  n'y 
rencontra  aucune  ecchymose  etleur  insufflation  se  faisait 
parfaitement.  On  remarqua,  en  outre,  qu'il  y  avait  un 


364  NERF    PNEUMOGASTR1QUE. 

emphyseme  considerable  dans  le  tissu  cellulaire  des  me'- 
diastins  anterieur  etposterieur.  Get  emphyseme,  qui  etait 
du  a  1'entree  de  1'air  par  la  plaie  du  cou,  soulevait  la 
plevre  jusqu'a  sa  reflexion  sur  les  cotes. 

Eoop, —  Un  chien  loulou,  vivace,  depnis  quatre  jours 
dans  le  laboratoire,  ay  ant  ton  jours  mange  avec  vora- 
cite,  fit  son  dernier  repas  trois  heures  et  demie  avant 
1'operation. 

L'animal  etant  place  sur  la  table,  et  une  plaie  ayant 
e*te  faite  auxparois  abdominales  pour  y  fixer  1'estomac ; 
puis  une  plaie  faite  au  cou  pour  mettre  a  decouvert 
1'artere  carotide  gauche  ;  1'animal  etant  reste"  parfaite- 
ment  calme  durant  toutes  les  operations  : 

1°  On  compta  les  pulsations  de  1'artere  en  la  tenant 
sous  le  doigt.  Ces  pulsations  irregulieres,  au  nombre  de 
90  par  minute,  sont  pleines  et  vibrantes. 

2°  Les  respirations  sont  au  nombre  de  15  par  minute. 

3°  L'hemodynamometre  applique  sur  1'artere  caro- 
tide gauche,  1'animal  etant  tres  calme,  oscille  de  160 
a  190. 

Alors  on  enleva  1'hemodynamometre  eton  ouvrit  les 
parois  de  1'estomac.  Un  thermometre  mis  alors  dans 
1'estomac  marquait  38  degres ;  son  indication  n'avait  pas 
varie  lorsqu'ensuite  on  avait  fait  la  section  des  vagues. 

La  surface  interne  de  1'organe  etait  rouge ;  1'estomac 
contenait  beaucoup  de  tripes  non  encore  digerees ;  il  s'en 
ecoula  une  grande  quantite  de  sue  gastrique.  On  retira 
la  plus  grande  partie  des  aliments  contenus  dans  1'esto- 
mac afin  d'observer  plus  facilement  la  membrane  mu- 
queuse.  Alors,  on  coupa  le  nerf  vague  gauche  qui  se 


EXPERIENCES.  365 

montra  sensible  au  pincement.  Cette  section  du  nerf 
n'amena  pas  de  decoloration  dans  la  membrane  mu- 
queuse  stomacale.  Alors  on  coupa  le  vague  droit,  e'gale- 
ment  tres  sensible  au  pincement;  il  y  eut  une  decolora- 
tion tres  sensible  de  la  muqueuse.  On  observa  quelques 
efforts;  bient6t  1'animal  se  calma  et  la  respiration 
n'e'tait  pas  sensiblement  g6nee. 

On  compta  de  nouveau  les  respirations  et  les  pulsa- 
tions : 

Pulsations  :  192  par  minute,  sans  intermittence. 
L'artere  6tait  beaucoup  moins  pleine  et  moins  tendue 
qu'avant  la  section  des  vagues ;  le  sang  y  etait  reste  ru- 
tilant. 

Respiration  :  9  par  minute.  L'hemodynamometre, 
1'animal  etant  parfaitement  calmc,  oscillait  del  20  a  130, 
Lespulsationsetaientdeveiuiesbeaucoupplusfrequentes, 
en  m&me  temps  qu'elles  etaient  moins  energiques ;  elles 
ne  presentaient  pas  d'intermittence. 

On  examina  alors  la  surface  inte'rieure  de  1'estomac, 
qui etait  devenue  rouge brique  dans  certains  points;  en- 
suite  on  delia  1'animal  et  on  le  remit  en  liberte. 

Le  lendemain,  ler  novembre,  dix-neuf  heures  apres 
1'operalion,  on  reconnutque  ranimal  avait  eu  pendant 
la  nuitdes  evacuations  fre'quentes;  il  etait  calme  et  sa 
respiration  n'etait  pas  g^nee.  Les  respirations  elaient 
de  11  a  12  par  minute;  les  pulsations  de  19/j.  a  196. 
L'hemodynamometre  place  sur  la  carotide  gauche  qui 
contenait  un  sang  tres  rutilaut,  oscilla  de  130  a  'l^iO  ; 
les  oscillations  etaient  a  peine  perceptibles.  Alors  j'ap- 
pliquai  1'instrument  sur  la  carotide  droite,  et  il  donna 


360  NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

del 50 a  160,  augmentation  depression  qui  suit  toujours 
la  ligature  d'un  nouveau  vaisseau. 

Le  thermometre  introduit  dans  1'estomac  accusa  une 
temperature  de  38  degres. 

Le  2  novembre,  trente-six  heures  environ  apres 
1'operation ,  1'animal  fut  trouve  mort,  depuis  peu  de 
temps  sans  doute,  car  iletait  encore  chaud.  A  1'autopsie,. 
les  poumons  etaient  sains;  ils  s'affaissaient  parfaite- 
ment,  no  contenaient  pas  d'epanchement  de  sang; 
toutetbis,  ils  etaient  conime  iletrisetpeu  crepitants  sous 
le  doigt.  L'estomac  etuit  vide. 

On  remarqua,  en  outre,  un  emphyseme  dans  les  m&- 
diastins  anterieur  et  posk;rieur,  emphyseme  qui  s'elait 
propage  depuis  le  tissu  cellulaire  de  la  plaie  du  cou  j us- 
que dans  la  poitrine. 

Messieurs,  ce  n'est  qu'apres  1'examen  et  le  controle 
desfaits  que  je  viens  de  vous  signaler  que  je  dus  cher- 
cher  a  determiner  la  cause  de  cette  lesion  du  tissu  pul- 
monaire. 

Je  pense  que  la  cause  qui  la  produit  est  une  cause 
physique,  que  la  lesion  du  poumon  est  primitivement 
une  lesion  traumatique  occasionnee  par  les  troubles 
qui  surviennent  dans  les  actes  mecaniques  de  la  res- 
piration. 

Observons,  en  effet,  un  animal  sur  lequel  on  vient  de 
couper  les  pneimiogastriques  :  les  mouvements  respira- 
toires  sont  beaucoup  moins  frequents ;  mais  ils  sont 
devenus  beaucoup  plus  larges,  beaucoup  plus  profonds. 
Dans  ce  cas,  il  semble  que  les  mouvements  respira- 
toires  gagnent  en  amplitude  ce  qu'ils  perdent  en  fre- 


EXPERIENCES.  367 

quence,  et  qu'ils  tenclent  a  introduire  une  mfone  quan- 
tite  d'air  dans  le  poumon.  La  dilatation  du  thorax  peut 
alors  devenir  telle  que,  pour  le  suivre,  le  poumon  se 
trouve  distendu  au  dela  des  limites  ordinaires  et  se  de- 
chire.  Cela  expliquerait  comment  Falteration  cle  cet 
organe  s' observe,  surtout  chez  les  jeunes  animaux 
dont  le  tissu  pulmonaire  est  moins  resistant. 

L'observatiou  directe  est  d'ailleurs  presque  possible  ici . 
En  effet,  nous  avons,  sans  entamer  la  plevre  pulmonaire, 
pratique  en  en  levant  les  muscles  intercostaux,  une  ouver- 
ture,  unesorte  defenetre  par  laquelleon  pouvait  suivre 
les  mouvements  du  poumon.  Des  que  les  pneumogas- 
triques  sont  coupes,  il  y  a  de  1'emphyseme;  on  distingue 
des  bulles  d'air  sous  la  plevre.  Cet  emphyseme  s'accom- 
pagne  ensuite  de  ruptures  vasculaires,  d'^pancljement 
sanguin,  ({'obstruction  des  vaisseaux  aeriens,  etc. 

Cherchant  a  verifier  directement  1'existence  de  la 
cause  a  laquelle  nous  a\ions  d'abord  attribue  la  produc- 
tion possible  d'un  emphyseme,  nous  avons  fait  respirer 
un  animal  avant  et  apres  Topcration,  en  lui  faisant  faire 
sa  prise  d'air  sous  une  cloche.  Nous  avons  vu  ainsi  que 
si,  avant  I'operution,  il  prenait,  a  chaque  inspiration, 
une  certaine  quantite  d'air ,  il  en  prend  une  quantitu 
notablement  plus  grand  e  apres  que  les  pneumogastriques 
out  ete  coupes. 

Si  1' animal  n'est  plusjeune,  remphyseme  arrive  plus 
lard.  Chez^les  vieux  chiens  il  ne  se  produit  pas. 

Dans  ces  experiences,  un  autre  fait  assez  singulier 
s'est  presente  a  noti'e  observation,  fait  dont  je  n'ui  re- 
conn  u  la  cause  que  longtemps  apres. 


368  NERF   PNEUMOGASTRIQUE. 

Pour  saisir  les  nerfs  pneumogastriques,  on  fait  une 
plaie  an  cou  de  1'animal. 

Dans  les  inspirations  forcees  que  nous  avons  vues  apres 
la  section  de  ces  nerfs,  le  mediastin  entraine  par  la  face 
interne  de  chacun  des  poumons  tend  a  suivre  le  mou- 
vement  des  parois  thoraciques,  tend  a  s'agrandir.  II  en 
resulte  un  emphyseme  produit  par  1'air  que  1'aspira- 
tion  du  mediastin  a  introduit  par  le  tissu  cellulaire  de 
la  plaie.  Get  emphyseme  peut  quelquefois  6tre  prevenu 
en  cousant  bien  la  plaie. 

La  lesion  pulmonaire  consecutive  a  la  section  des  pneu- 
mogastriques  produit  done  un  emphyseme  traumatique, 
par  une  distension  mecanique  du  tissu  du  poumon. 

La  realite  de  ce  fait  nous  parait  assez  bien  e"tablie 
pour  que  nous  puissions,  faisant  1'experience,  annoncer 
a  1'avance  si  Ton  aura  ou  si  Ton  n'aura  pas  cet  emphy- 
seme. Sur  un  jeune  animal  on  produira  cette  lesion;  sur 
un  tres  vieux  chien,  on  est  a  peu  pres  sur  de  ne  pas  la 
rencontrer. 

11  est  des  animaux  chez  lesquels  les  conditions  meca- 
niques  de  la  respiration  sont  autres  que  celles  que  nous 
venous  d'examiner  :  chez  les  oiseaux ,  par  exemple, 
dont  les  poumons  sont  fixes  et  dans  d'autres  rapports. 
C'est  pour  cela  qu'operant,  sur  des  oiseaux,  la  section 
des  pneumogastriques,  on  ne  trouve  pas  chez  eux 
d'alteration  des  poumons.  La  lesion  n'est  done  pas, 
com  me  on  1' avail  dit,  un  effet  special  du  au  defaut 
d'action  du  pneumogastrique.  On  ne  saurait,  comme 
on  a  fait,  la  comparer  a  Valleralion  de  nutrition  que 
presente  I'o3il  apres  la  section  de  la  cinquieme  paire ; 


EXPERIENCES.  of)9 

en  ef'fet,  il  peutmanquer,  laud  is  quo  la  fonte  de  1'ceil, 
apres  la  section  du  trijumeau,  est  gene'ralement  ine'vi- 
lable.  '  :. 

Voici  le  detail  des  experiences  qui  prouvent  que  les 
inspirations  sont  plus  larges  apres  la  section  des  vagues 
que  dans  Tetat  normal. 

Ecep.  —  Sur  un  jeunc  lapin,  on  plaoa  dans  la 
trachee,  prealablement  ouverte  dans  la  region  ducou, 
line  sonde  de  gomme  elastique  de  3  a  4  millimetres  de 
diametre  interieur,  diametre  sensiblement  egal  a  celui 
de  la  trachee  de  r animal.  Apres  cette  operation,  on  en- 
leva  quelques  fibres  musctilaires,  vers  la  partie  ante  rieure 
des  derniers  espaces  intercostaux,  en  menageantle  feuil- 
lel  parietal  de  la  plevre  qui  eiait  transparenl  et  permet- 
lait  de  voir,  comme  a  Iravers  une  vitre,  le  bord  inferieur 
despoumons,  executant  a  chaque  respiration  des  mou- 
vementsd'elevation  et  d'abaissement.  Alorson  introdui- 
sit  la  sonde  qui  tenait  ;i  la  trachee  dans  une  eprouvette 
graduee  placec  sur  Teau,  etl'on  constata  qu'a  chaque  in- 
spiration 1'eau  moutait  dans  1'eprouvette  d'une  cerlaine 
hauteur,  par  suite  de  Tentree  dans  le  poumon  d'une 
certaine  quantite  d'air.  On  coupa  les  vagues  dans  la 
region  nioyenne  du  cou,  en  menageant  les  deux  filets 
sympathiques.  On  constata  alors  que,  a  chaque  inspira- 
tion, 1'eau  montait  plus  haut,  ce  qui  indiquait  evi- 
demment  que  la  quantity  d'air  introduce  dans  le  poumon, 
etait  plus  considerable  qu'avant  la  section  des  vagues. 
Les  respirations  de  1'animal  etaient  tombe'es  a  52  apres 
la  section  des  nerfs. 

Pour  mesurer  plus  exactement  la  difference  qu'il  y 

B.,  SYST.  NF.RV.  —  n.  24 


370  NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

avait  entre  la  capacite  respiratoire  avant  et  apres  la  sec- 
tion des  pneumogastriques,  on  refit  une  nouvelle  expe- 
rience sur  un  autre  animal. 

Exp. —  Sur  un  lapiu  vif  et  bien  portant,  en  digestion, 
on  adapta  a  lat  racbee  une  sonde  cle  3  a  k  millimetres  de 
diametre ;  ensuite  on  mesuni  exactement  la  difference 
qu'il  y  avait  dans  la  capacite  respiratoire  du  poumon 
avant  et  apres  la  section  des  vagues.  Voici  ce  qu'on 

observa  : 

Avant  la  section  des  pneumogastriques,  1'animal  in- 
spirait  190  divisions  de  1'eprouvette ,  c'est-a-dire  pres 
de  20  centimetres  cubes  d'air.  Aussitot  apres  la  sec- 
tion des  vagues,  il  inspirait  310  divisions  c'est-a-dire 
32  centimetres  cubes  environ.  Dans  les  deux  cas,  le  la- 
pin  etait  dans  la  meme  situation,  etendu  sur  la  table. 

Deux  heures  et  demie  apres,  on  mesura  encore  de 
nouveau  la  capacite  inspiratoire  eton  trouva  qu'elle  etait 
de  32  centimetres  cubes ,  exactement  comme  imrne- 
diatement  apres  la  section  des  nerfs. 

Le  lendemain  ranimal  etait  mort ;  on  en  fitl'autopsie 
et  on  trouva  que  la  soude  etait  bien  adaptee  sur  la  tra- 
chee,de  sorteque  rien  n'avait  passe  dans  les  bronches 
et  gene  me'caniquement  la  respiration.  Le  poumon 
presentait  des  eccbymoses,  qui  toutefois  ne  semblaient 
pas  aussi  profondes  que  dans  certains  cas  ou  il  n'avait 
pas  ete  mis  de  tube  a  la  trachee. 

Ce  tube  avait  bien  empeche  les  mucosites  de  la  bouche 
de  tomber  dans  les  voies  respiratoires,  de  meme  que  les 
parcelles  d'aliments  que  ranimal  avait  mangees  apres 
1'operation  etqui  s'etaientaccumule'esdansroesophage. 


EXPERIENCES.  371 

puis  celles-ci,  arrivees  au  pharynx,  n'ayant  pas  pu  des- 
cendre  dans  le  larynx,  etaient  sorties  par  le  bout  supe- 
rieur  de  la  trachee  dans  la  plaie  du  cou. 

Toutcfois,  il  y  avait  de  1'emphyseme  du  poumon,  par- 
ticuliereinent  sur  les  bords  de  1'organe,  et  on  voyait  de 
plus  des  echymoses  sanguines  bien  caracterisees. 

Nous  devons  maintenant,  Messieurs,  vous  clonner 
des  exemples  des  faits  que  nous  vous  avons  indiques 
conime  consequence  de  la  section  des  vagues.  Nous 
vous  rendrons  aujourd'hui  temoins  des  phenomenes 
primitifs;  dans  la  prochaine  seance,  nous  observerons 
les  phenomenes  consecutifs. 

Exp.  —  Yoici  un  chien  boule-dogue;  ilest  d'une  taille 
moyenne  mais  de"ja  un  pen  vieux.  Les  chiens  ont  nor- 
malemcnt  de  16  a  20  respirations  par  minute.  Nous  lui 
en  trouvons  16  d'abord,  puis  25.  II  a  etc"  agite  lorsqu'on 
1'a  place  sur  la  table,  mais  il  se  calme;  nous  lui  trou- 
vons encore  25  respirations  par  minute.  Le  thorax  se 
dilate  pen  :  tout  a  1'heure  vous  le  verrez  se  dilater  beau- 
coup  plus  largement  et  bien  plus  rarement. 

Nous  saisissons  les  pneumogastriques  entre  les  deux 
nerts  larynges  :  nous  paralyserons,  par  consequent,  le 
larynx;  mais  1'anirnal,  qui  n'est  plus  jeune,  ne  succom- 
bera  pas  immediatement  a  cette  lesion. 

Nous  couperons  le  pneumogastrique  des  deux  cotes. 
Si  on  se  bornait  a  en  couper  un  seul,  1'animal  ne  suc- 
comberait  pas ;  on  pourraitlegarder  longtemps  et  obser- 
ver chez  lui  une  alteration  semblable  a  celle  dont  je  vous 
parlais ,  mais  dans  le  poumon  correspondant  au  nerf 
coupe.  Nous  faisons  d'abord  la  ligature  cl'im  des  pneu- 


372  NF.RF    PNEUMOGASTRIQUE. 

mogastriques  5  Vanimal  s' agile  et  fait  quelques  ef- 
forts pour  s'ecbapper;  puis  il  redevient  calme.  Nous 
lions  egalement  le  pneiimogastrique  du  cote  oppose ;  la 
ligature  est  ici  equivalente  a  la  section  ;  elle  nous  per- 
mettra  de  plus  de  saisir  a  volonte  le  nerf  si  nous  vou- 
lons,  plus  tard,  le  galvaniser.  La  ligature  de  ce  second 
pneumogastrique  produit  encore  quelques  efforts  vio- 
lents,  puis  une  suffocation  qui  se  dissipera  tout  a  1'heure ; 
suffocation  qni  m'a  paru  plus  considerable  quand  les 
animaux  sont  en  disgestion  (jue  lorsqu'ils  sont  a  jeun. 
La  respiration  est  ralentie  et  le  deviendra  de  plus  en 
plus,  mais  elle  est  beaucoup  plus  large;  la  dilatation 
des  parois  thoraciques  s'accompagne  d'une  contraction 
des  muscles  abdominaux  tres  facile  a  constater. 

Les  mouvements  respiratoires  sont  deja  tombes  a  6 
par  minute;  ils  deviendront  plus  rares  encore.  Nous 
suivrons  cet  animal  et  je  vous  le  presenterai  dans  la 
prochaine  seance. 

Nous  allons  reproduire  Inexperience  surun  lapin. 

Je  vous  montrerai  d'abord  celui-ci ;  c'est  un  lapin 
auquel  nous  avons,  il  y  a  deux  jours,  coupe  un  pneu- 
mogastrique dont  la  section  n'a  pas  ete  doulou reuse.  Ce 
lapin  pourra  vivre  encore  longtemps  avec  une  alteration 
du  poumon,  du  c6te  qui  correspond  a  la  section.  Lors- 
que,  comme  celaa  eu  lieu  cbez  cet  animal,  on  coupe  les 
pneumogastriques  d'un  seul  cote,  1'auimal  respire  plus 
largement  dece  cote.  Toutefois,  si  Inspiration  est  plus 
active,  Fexpiration  parait  Tetre  moins.  Si  Ton  place  un 
petit  corps  leger  devant  les  narines  de  1'animal,  on  voit 
-  du  ciMe  ou  le  pneumogastrique  a  <He  coupe,  1'ex- 


EXPERIENCES.  373 

piration  est  d'une  faiblesse  extreme,  tandis  qu'elle  se 
fait  tres  bien  du  c6te  oppose. 

Cette  observation  est  tres  curieuse  en  ce  qu'elle  sem- 
blerait  etablir  une  solidarite  entre  Tissue  del'air  par  les 
narines  et  le  jeu  des  poumons.  C'est  la  un  pbeno- 
mene  tres  singulier,  sur  lequel  nous  reviendrous. 

Get  autrelapin,  qui  n'a  encore  subi  aucune operation, 
offre  pres  de  100  respirations  par  minute.  Nous  lui  pra- 
quons  une  incision  sur  le  milieu  du  cou  :  on  decouvre 
a  droite  et  a  gauche  de  la  trachee  les  uerfs  pneumo- 
gastriques. 

Nous  les  lions  tons  deux  separement.  Les  mouve- 
ments  respiratoires  sont  devenus  plus  larges ;  ils  ne 
sont  plus  que  de  25  par  minute.  Trois  jours  nous  sepa- 
rent  de  notre  prochaine  reunion  ;  Familial  inourra  d'ici 
la  et  nous  vous  montrerons  ses  poumons. 


TREIZIEME   LECON. 

19   JUIN  1857. 

SOMMAIRE  :  Animaux  chcz  lesquels  les  pncumogastriqucs  avaicnt  e"te" 
coupes.  —  Autopsies. —  Influence  de  la  section  des  pneumogastriques 
sur  les  niouveme.nls  du  coeur.  —  Le  noinbre  des  pulsations  cardia- 
ques  est  'considerablement  augmcnte*.  —  Experiences.  —  La  galvani- 
sation du  pneumogastrique  arrete  les  mouvemcnts  du  cceur.  — 
Experiences.  •  -  Effets  de  la  section  du  pfteumogastrique  sur  la 
respiration  et  sur  les  contractions  du  coenr  cliez  les  animaux  a  sang 
froid.  —  Influence  dc  la  temperature  sur  les  mouvements  du  cceur 
chez  les  animaux  ;i  sang  froid.  —  Les  nerfs  pneumogastriques  sont- 
ils  la  voie  de  transmission  des  actions  nervcuses  au  coeur  et  au 
ponmon.  —  Experiences.  —  Section  des  pneumogaslriques  dans  le 
crane. 

MESSIEURS, 

Dans  la  derniere  seance,  nous  avons,  devant  vous, 
coupe  les  nerfs  pneumogastriques  sur  un  chien  ct  sur 
un  lapin  :  le  chien  est  encore  vivant ;  le  lapin  a  rapide- 
ment  succombe  aux  suites  cle  cette  operation. 

\7ous  avez  ete  temoins  des  accidents  qui  out  suivi 
immecliatement  ces  operations :  le  noinbre  des  mou- 
vemeuts  respiratoires  est  tombe  a  un  chiffre  tres  bas, 
tandis  que  leur  amplitude  est  devenue  plus  conside- 
rable. 

Le  lapin  est  mort  tres  vite,  en  trois  ou  quatre  heures. 
Nous  avons  deja  trouve  chez  lui  Talteration  des  pou- 
mons  que  je  vous  ai  signalee ;  seulement  elle  etait 
moins  prononcee  que  chez  les  animaux  qui  succombent 
au  bout  de  vingt-quatre  heures. 


NERF   PNEUMOGASTRIQUE.  375 

Un  autre  lapin  a  ete  opere  hier  et  a  survecu  cinq  ou 
six  heures.  Yoici  ses  poumons :  ils  sont  alteres  par  un 
dpanchement  sanguin  ;  les  bords  en  sont  emphysema- 
teux.  Comme  le  precedent,  ce  lapin  n'a  pas  survecu 
assez  longternps  a  la  section  des  pneumogastriques 
pour  qu'on  puisse  rencontrer  chez  lui  cette  lesion  pul- 
monaire  an  plus  haut  degre. 

La  rapidite  avec  laquelle  ces  animaux  out  succombe 
tient  en  grandc  partie  a  la  temperature  eleveedont  nous 
souffrons  depuis  quelques  jours.  Dans  ces  conditions, 
1'asphyxie  est  plus  rapicle  ;  la  respiration  doit  etre  acce- 
leree,  et  son  ralentissement  ajoute  en  pareille  circon- 
tance  anx  causes  de  la  mort. 

Le  contraire  s'observc  chez  les  chiens  ages  qui  ne 
meurcnt  pas  par  asphyxie.  Celiii-ci,  que  nous  avons 
ope"re  devant  vous  il  y  a  deux  jours,  a  tres  bien  survecu ; 
il  a  maintenant  sept  respirations  par  minute.  II  so  trouve, 
en  raison  de  son  age,  dans  des  conditions  telles  que  les 
lesions  pulmonaires  seront  faibles  ou  m6me  nulles ;  an 
lieu  d'avaucer  sa  fin,  la  chaleur  fera  qu'il  succombera 
plus  lentement. 

Cette  influence  des  conditions  dans  Icsquelles  se  fait 
reparation  est  curieuse,  en  ce  qu'elle  sufflt  pour  inter- 
vertir  Fordre  des  phenomenes.  Dans  ce  cas ,  nous 
voyons  agir  chez  les  lapins  une  cause  de  mort  acciden- 
telle  eu  vertu  de  laquelle  ils  perissent  d'autant  plus  vite 
que  la  temperature  est  plus  elevee,  tandis  que  le  con- 
traire a  lieu  chez  les  chiens  aclultes,  qui,  ayant  subi  la 
meme  operation ,  succombent  par  un  mecanisme  dif- 
ferent, 


376  NERF    PNEUMOUASTRiyiB. 

Voici  un  pigeon  auqucl  nous  avons  avant-hier,  apres 
la  leoon ,  coupe  les  nerfs  pneumogastriques ;  il  no 
mourra  pas  asphyxie  non  plus ;  vous  pouvez  voir  qu'il 
est  encore  tres  vivace. 

Chossat  a  signals,  chez  les  animaux  qui  meurent 
d' inanition,  qu'a  I1  agonic,  a  mesurc  qu'ils  sont  pluspres 
cle  succomber,  ils  vont  se  refroidissant ,  et  qu'on  peut 
prolonger  leur  existence  en  les  rechauffant.  Chez  les 
chiens  auxquels  on  a  coupe"  les  pneumogastriques,  la 
temperature  s'abaisse  aussi.  Nous  verrons  que  les  ani- 
maux auxquels  on  a  coupe  ces  nerfs  meurent  comme  les 
animaux  qu'on  fait  perir  par  inanition. 

Messieurs ,  d'apres  Timpossibilite  ou  Ton  se  trouvait 
d'expliquer  la  mort consecutive  a  la  section  des  pneumo- 
gastriques par  une  lesion  des  poumons.  on  en  a  re- 
cherche la  cause  dans  d'autres  organes,  et  on  a  pense 
que  les  modifications  qui  survenaient  alors  dans  les 
mouvements  du  coeur  pourraient  suffire  a  en  rendre 
compte. 

Lorsque  ensuite  on  se  demande  quelles  sont  les  mo- 
difications des  mouvements  du  coeur,  on  se  trouve  en 
presence  d'un  fait  singulier  qui  semble  renverser  les 
notions  les  mieux  acquises.  S'il  existe  deux  phe'uome- 
nes  physiologiques  qui  offrent  entre  eux  une  relation 
constante.  ce  sont  le  pouls  et  la  respiration  envisages 
au  point  de  vue  de  leur  frequence.  La  chaleur,  la/ievre, 
toutes  les  influences  qui  accelerent  le  pouls,  rendent 
aussi  les  respirations  plus  frequentes.  Or,  apres  la  sec- 
tion du  pneumogastrique,  nous  voyous  une  perturba- 
tion qui  porte  sur  ces  deux  phenomenes ,  et  qui  les 


INFLUENCE  SUR  LA  CIRCULATION.         o77 

at'fecte  precisement  en  sens  inverse.  La  respiration  de- 
vient  alors  plus  rare ;  le  pouls  augmente  de  frequence; 
si  le  chiffre  des  mouvements  respiratoires  diminue  de 
moitie,  celui  des  pulsations  cardiaques  double.  Outre 
cette  influence  qu'exerce  la  section  des  pneumogastri- 
ques  sur  le  nombre  des  contractions  du  coeur,  elle  en 
exerce  une  antre  fort  remarquable  sur  la  pression  dans 
le  systeme  circulatoire.  Nous  vous  avons  deja  parle  de 
cette  modification  dans  la  premiere  partie  de  ce  cours; 
il  nous  restera  cependant  a  vous  presenter  quelques 
considerations  relatives  aux  actions  qui  reglent  alors  ces 
phenomenes. 

Mais  avant,  je  dois  appeler  votre  attention  sur  un 
autre  fail  extremement  singulicr: 

La  regularity  du  pouls  s'observe  normalement  chez 
beaucoup  d'especes  aninuiles,  chez  I'homme ,  chez  le 
cheval ,  par  exeinplc.  II  n'en  est  pas  de  meme  chez 
d'autres ;  le  chien  offre  normalement  une  grande  irre- 
gularile  du  pouls.  Lorsque  nous  avons  d'abord  observe* 
ce  phenomene,  nous  supposions  que  I'emotion  que  pou- 
vait  produire  chez  ces  animaux  1'examen  dont  ilsetaient 
1'objet,  etait  la  cause  de  cette  irregularite.  Mais,  depuis, 
nous  avons  constate  la  meme  chose  chez  des  chicns 
bien  apprivoises  et  tres  tranquilles.  Or,  apres  la  section 
du  pneumogastrique  chez  les  chiens,  leur  pouls  devient 
parfaitement  regulier.  Je  vous  signale  ce  fait  tel  que  je 
1'ai  observe,  sans  savoir  a  quelle  cause  rattacher  1'irre- 
gularite  qif  offre  naturellement  le  pouls  chez  ces  ani- 
maux. 

Ce  changement  dans  le  rhythme  du  coeur  ne  pent 


378  NERF   PNEUMOGASTRIQUE. 

certainement  pas  tire  une  cause  de  mort ;  les  mouve- 
ments  de  1'orgaue  soiit  regularises  et  acceleres.  La 
pression  cardiaque  du  sang  clans  1'appareil  circula- 
toire  diminue :  mais  cette  diminution  ne  saurait  expii- 
quer  la  mort.  Ce  n'est  que  lorsque  colle-ci  est  immineiite 
quo  toutes  les  fonctions  siibissent  une  depression  qui 
presage  la  cessation  dos  actes  vitaux,  et  Ton  voit  alors  les 
battements  du  caw  se  ralentir  etperdrede  leur  energie. 

Voici  des  ex pcriences  relatives  aux  troubles  qui  sur- 
viennent  dans  les  conditions  physiques  de  la  circulation 
apres  la  section  des  piieumogastriques. 

Exp.  — Sur  un  tres  gros  lapin,  on  fit  la  section  des 
nerfs  vogues  dans  la  region  du  con. 

Avant  1'operation,  Fanimal  etant  fixe  sur  la  table, 
on  comptait  cent  vingt  respirations  et  cent  soixante 
pulsations  par  minute. 

L'hemodynamonietre  plac6  sur  la  carotide  donnait 
une  pression  de  quatre-vingt-dix  millimetres. 

Pendant  que  rhemodynamometre  etait  applique,  on 
coupa  le  nerf  vague  du  cote  droit  et  Hen  ne  fut  change 
notablement,  pendant  deux  minutes  environ  qu'on  ob- 
serva  rinstrument.  Mais  1'animal  fit  des  mouvements 
violents;  Tartere  se  cassa  et  une  certaine  quantite 
de  sang  rutilant  s'ecoula.  Apres  cette  hemorrhagie 
1'animal  etait  tres  faible  ettomba  en  syncope.  Cependant 
il  revint  et  on  appliqiia  de  nouveau  rhemodynamo- 
metre a  1'arterc  du  c6te  gauche.  L'instrument  ne 
donna  alors  qu'ime  pression  de  /iO  millimetres,  ce  qui 
prouvait  que  la  pression  avait  considerablement  dimi- 
nue sous  1'iuflueuce  de  cette  saignee  arterielle. 


INFLUENCE  SUR  LA  CIRCULATION.         379 

Alors  on  decouvrit  le  nerf  vague  du  cote  gauche; 
mais  aussit6t  qu'on  le  toucha,  la  pression  du  cceur 
augmenta  et  I'hemodynamometre  monta  jusqu'a  GO 
et  70. 

On  coupa  le  nerf;  apres  sa  section,  I'lustrument 
donna  une  pression  de  90  millimetres,  comme  au 
debut  de  Inexperience,  et  il  resta  stationnaire  pendant 
3  a  4  minutes  qu'on  1'observa.  L'animal  se  dcbatit  et 
1'artere  se  cassa  encore.  On  cessa  1'experience. 

E-xp.  (29  septembre  1845).  —  Sur  un  chieii  d'assez 
forte  taille,  recemment  amene  dans  le  laboratoire,  on 
fit  la  section  des  deux  nerfs  vagues  dans  la  region  du 
cou,  et  on  observa  les  phenomenes  suivants.  Avant  de 
mettre  les  nerfs  a  decouvert,  le  nombredes  inspirations 
e"tait  de  20  a  22  par  minute; 

Le  nombre  des  pulsations  de  120  a  125  par  mi- 
nule. 

On  decouvrit  Tartere  carotide  gauche,  on  isola 
le  nerf  vague,  on  compta  de  nouveau  les  pulsations, 
qui  furent  trouvees  au  nombre  de  130  par  minute; 
Fanimal  etait  calme.  II  n'y  avait  rien  de  particulier  dans 
les  mouvements  du  cceur;  ils  pre'sentaient  1'intermit- 
tence  qui  est  normale  chez  le  chien. 

On  appliqua  alors  rhemodynamometre  de  M.  Poi- 
seuille  a  1'artere  carotide  gauche;  il  oscilla  entre  145 
et  140  millimetres.  L'animal  resta  toujours  calme  pen- 
dant les  observations.  On  coupa  a  ce  moment  le  nerf 
vague  gauche  qui  fut  trouve  sensible  au  pincement. 
L'animal  fit  quelques  respirations  profondes  et 
anxieuses  qui  se  calmerent  bientot.  On  compta  les 


o80  NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

respirations  qui  etaient  de  23  par  minute ;  les  pulsations, 
an  nombre  de  130  a  l/iO  par  minute. 

On  coupa  alors  le  nerf  vague  du  c6te  droit  qiii  se 
montra  egalement  sensible  an  pincement.  Aussit6t, 
ranimal  eprouvades  phenomenesd'etouffements;  ilsur- 
vint  un  trouble  considerable,  des  mouvements  comme 
convulsifs,  des  vomissements  de  mucosites  abondantes; 
le  sang  devint  noir  dans  1'artere. 

Alors  on  ouvrit  la  trache'e  et  on  y  placa  une  canule. 
L'animal  devenu  calme,  les  inspirations  etaient  lentes 
et  profondes,  au  nombre  de  10  a  12  par  minute;  les 
pulsations  etaient  tellement  rapides  qu'il  etait  impossible 
de  les  compter.  L'hemodynamometre  applique  oscillait 
entre  140  et  150.  Malgre  la  tracheotomie,  le  sang  de 
1'artere  resta  toujours  noiratre. 

Le  lendemain,  30  septembre,  dix-huit  heurcs  apres 
reparation,  ranimal  etait  assez  calme;  ilavait  quelques 
mouvements  de  toux  et  la  respiration  paraissaitt  g&nee. 
Les  respirations  etaient  au  nombre  de  5  a  6  par  minute. 
L'artere  contenait  toujours  un  sang  imparfaitement 
rutilant.  On  appliqua  rhemodynamometre  qui  ne  donna 
plus  qu'une  pression  de  70  millimetres. 

On  ouvrit  Tartere  crurale  et  on  trouva  sensiblement 
la  meme  pression  que  dans  1'artere  carotide  et  le  sang 
imparfaitement  rutilant. 

L'animal  ayant  perdu  du  sang  arteriel  pendant  ces 
operations  mourut  quelques  heures  apres. 

Nous  bornerons  ici  ces  exemples  et  nous  ajouterons 
seulement  quelques  experiences  de  galvanisation  du 
pneumogastrique  dans  la  region  du  cou.  qui  inontrent 


SA    GALVANISATION.  38! 

le  gonre  d'iafluence  (}ue  cette  excitation  des  nerfs 
exerce  sur  le  coaur  el  sur  le  pounion  lorsqu'on  galva- 
nise soil  les  bouts  peripheriques,  soit  les  bouts  cen- 
traux. 

L'influence  que  la  galvanisation  du  pneumogastrique 
exerce  sur  le  coeur  pour  en  arreter  les  mouvements,  est 
un  fait  que  nous  avons  souvent  signale  ici  et  qui  est 
connudeja  depuis  longtemps  sansqu'onen  ait  une  expli- 
cation satisfaisante.  J'ai,  pour  ma  part,  observe  ce  fait 
en  1846;  j'auscultais  le  chien  pendant  qu'on  galvanisait 
les  pneumogastriques  et  je  eonstatais  alors  avec  la  plus 
grande  facilite  qu'achaque  galvanisation,  le  coeur  s'ar- 
retail,  que  les  bruits  cessaient  pour  reprendre  aussitot 
(ju'on  arretait  le  galvanisme.  Le  fait  se  trouve  con- 
signe  dans  la  these  de  M.  le  dodeur  Lefevre  (1)  qui 
suivait  alors  mes  cours.  La  inline  annee  MM.  Ernest 
et  Henri  Weber,  publuTent  des  observations  de 
1'arret  du  coeur  par  galvanisation  des  pneumogas- 
triques on  de  la  moelle  allongee  chez  des  grenouilles. 
Plus  tard,  M.  Budge  signala  le  me"me  fait,  et  tous  les 
physiologistes  out  pu  voir  depuis  cette  experience  singu- 
liere,  dont  plusieurs  explications  et  interpretations  out 
ete  proposees. 

Exp.  (30  novembre  185*2.)  —  Sur  un  jeune  chien 
loulou,  en  digestion,  on  fit  la  section  des  deux  vagues 
dans  la  region  du  cou,  apres  les  avoir  prealablement 
liees  tous  deux.  Puis  on  galvanisa  successivement  les 
bouts  centraux  et  peripheriques,  a  1'aide  d'une  machine 
electro-magnetique  de  Breton. 

(1)  Thfeses  dc  Paris,  18/i8.  - 


382  NERF    PNEUMOGASTRIOUE. 

Au  moment  m&me  de  la  ligature  des  deux  nerfs,  le 
ehien  fit  des  efforts  respiratoires  considerables,  et  le  sang 
devint  noir  dans  les  arteres  carotides.  Quelques  instants 
apres,  ces  accidents  se  calmerent,  et  ils  reparaissaient 
tontes  les  fois  qifon  appMqiiail  le  galvanisme  surlc 
bout  central  de  ces  nerfs.  Yoici  les  phenomenes  que 
Ton  observait  an  moment  de  la  galvanisation  des  deux 
bouts  ceutraux,  souleves  et  maintenus,  lies  ensemble 
par  uii  fil : 

1°  Lesdeuxpupilles  se  dilataient  considerablement  et 
les  globes  oculaires  faisaient  saillie  hors  de  1'orbite. 
Quand  on  cessait  la  galvanisation,  1'oeil  rentrait  et  la 
pupille  se  resserrait. 

2°  On  ne  remarqua  pas  de  vomissements  chez  ce  chien 
quoiqu'on  en  eut  observe  dans  d'autres  cas,  chcz  des 
chiens  semblablement  operes. 

3°  Du  cote  de  la  respiration,  on  observa  cequisuit : 
Avant  la  galvanisation,  les  respirations  etaient  de  11  a 
13  par  minute  ;  lorsqu'on  appliquait  le  galvanisme,  elles 
diminuaient  pen  a  peu  ct  disparaissaientcompletement 
lorsqu'on  faisaitagir  la  machine  avec  force.  Les  mouve- 
ments respiratoires  s'arretaient  alors  au  moment  del'in- 
spiration,  et  le  sang  des  carotides  etait  noir  a  ce  moment. 
Si  alors  on  cessait  la  galvanisation,  1'animal  restait  quel- 
ques  instants,  quelquefois  de  quinze  a  trente  secondes, 
sans  faire  aucun  mouveraent  respiratoire,  bien  que  les 
conjonctives  fussent  restees  sensibles.  Ensuite  les  inou- 
vements  respiratoires  reparaissaient  peu  a  peu,  puis  de- 
venaient  d'abord  tres  acceleres;  au  bout  d'un  quart 
d'heure  environ,  ils  etaient  a  22  par  minute,  ce  qui  est 


SA   GALVANISATION.  383 

a  peu  pres  le  nombre  normal  du  chien.  Le  sangetait 
alors  tres  rutilant  clans  les  arteres  carotides.  On  repeta 
a  plusieurs  reprises  cette  experience  del'arret  des  mou- 
vements  respiratoires  par  une  forte  galvanisation,  et  on 
observa  constamment  les  memes  phenomenes.  Le  sang 
devenait  noir  dans  les  arteres ;  puis  lorsqu'on  cessait  la 
galvanisation,  lesmouvementsrespiratoiress'acceleraient 
et  arrivaient  a  peu  pres  au  type  normal,  c'est-a-dire  a 
22  environ  par  minute.  Mais  si  on  attendait  un  certain 
temps,  une  heure  environ  apres.  les  mouvements  respi- 
ratoires devenaient  plus  lents  et  retombaient  a  12 
comme  avant  la  galvanisation. 

/f  Au  moment  de  la  galvanisation  du  bout  central 
du  pneumogastrique  ,  le  coeur,  qui  avant  la  galvanisa- 
tion donnait  260  pulsations  par  minute,  n'eprouvailau- 
cune  espece  d'effet  do  cette  galvanisation,  taiulis  que 
la  meme  excitation  galvanique  portee  sur  le  bout  ptVi- 
pherique,  arretait,  comme  on  le  sait,  immediatement  le 
coeur. 

5°  On  placa  sur  1'oeil  gauche  du  chien  une  goutte 
d'ammoniaque  qui  produisit  immediatement  une  vive 
rougeur,  et  une  douleur  telle  que  1'animal  tenait  son 
oeil  hcrmetiquemcnt  ferme.  On  galvanisa  alors  le  bout 
central  du  pneumogastrique  gauche  :  aussitol  Foeil  s'ou- 
vrit  largement:  quand  on  cessa  la  'galvanisation,  il  se 
referma  energiquement;  lorsque  Fosil  etait  ainsi  ouvert, 
sous  1' influence  de  la  galvanisation  du  grand  sympa- 
thique,  il  ne  se  fermait  pas  sousFinfluence  d'une  action 
reflexe  :  de  sorte  qu'on  voyait  que  la  galvanisation  du 
grand  sympathique  uni  au  vague,  permettait  d'ouvrir 


384  NERF    PNEUMOGASTRIOr: -. 

Fcjeil  en  detruisant  en  quelque  sorte  Faction  reflexe  qui 
tendait  a  le  maintenir  ferine. 

6°  Lorsqu'on  galvanisa  fortement  le  bout  central  des 
deux  vagues,  on  remarqua  une  injection  passive  de  la 
membrane  muqueuse  de  la  bouche,  par  suite  de  Tas- 
phyxiemomentaneequietait  produite.  (Test  un  effetqui 
est  du  an  pneumogastrique,  car  si  on  cut  galvanise  le 
sympathique  seul,  on  ri'eut  observe  aucun  phenomena 
d'arret  cle  la  respiration,  et  an  lieu  de  voir  la  mem- 
brane muqueuse  s'injecter,  on  1'aurait  vue,  au  contraire, 
palir. 

7°  Vers  la  fin  de  la  galvanisation,  le  chien  fit  quel- 
ques  efforts  de  vomissement  ot  rendit  des  tripes  qu'il 
avait  mangees.  Apres  toutes  ces  experiences,  le  chien 
fut  sacrifie  par  introduction  cFairdans  les  veines.  On 
constata  ii  Tautopsie  que  le  sang  cle  la  veine  jugulaire 
contenait  beaucoup  de  sucre;  le  liquidc  cephalo-rachi- 
dien  et  la  bile  contenaient  egalement  du  sucre;  la  ves- 
sie  e"tait  completement  vide  et  revenue  sur  elle-meme, 
d'ou  il  semblerait  resulter  que  la  galvanisation  des  bouts 
centraux  des  pneumogastriques  avait  completement  ar- 

rete  la  secretion  urinaire. 

Sur  un  autre  chien,  mort  a  la  suite  de  la  galvanisation 
du  bout  central  des  nerfs  vagues,  on  observa  egalement 
cette  vacuite  de  la  vessie. 

Le  foie  donna  une  decoction  jaunatre,  transparente, 
qui  contenait  tres  peu  de  sucre. 

Exp.  (2decembre  1852). —  Sur  un  gros  chien,  de'ja 
vieux,  en  digestion,  on  fit  dans  la  partie  moyenne  ducou 
la  section  du  nerf  vague  droit,  apres  avoir  maintenu  par 


SA    GALVANISATION.  385 

cles  ligatures  le  bout  central  et  le  bout  peripherique. 
Avaut  I'operation,  les  respirations  etaient  au  nombre  de 
1 5  par  minute ;  aussit6t  apres  1'operation,  elles etaient  au 
nombre  de  20.  On  remarqua,  en  outre,  que  du  c6te  droit, 
1'ouveriure  palp^brale  etait  deformee  et  rapetissee,  que  la 
pupille  etait  retrecie,  que  la  troisieme  paupiere  couvrait  le 
tiers  interne  de  1'oeil,  etc..  commecela  se  voit  toujours 
apres  la  section  du  grand  sympathique.  L'oreille  cor- 
respondante  etaii  phis  rouge  et  plus  chaudc  ;  la  voix  de 
1' animal  etait  devenue  moins  forte,  et  les  cris  voiles.  Alors 
on  galvanisa  le  bout  central  du  nerf  vague  droit.  D'abord 
1' animal  s'agitabeaucoup  etcria;  mais  bienldt,  en  con- 
tinuant avec  assez  de  force  la  rotation  de  la  machine, 
on  vit  la  respiration  s'anvter  en  restant  clans  un  mon- 
vement  ({'inspiration,  et  Tanimal  ne  plus  pouvoir  crier. 
En  memo  temps,  la  paupiere  sYtait  elargie,  la  pu- 
pille aussi,  1'oeil  avail  fait  saillie,  Toreille  etait  deve- 
n ue  plus  pale. 

Apres  la  premiere  galvanisation,  qui  dura  environ 
line  minute ,  on  observa  les  phenomenes  suivants  : 
D'abord,  aussitot  que  la  galvanisation  eut  cesse,  1'ani- 
mal  resta  environ  un  quart  de  minute  en  repos,  sans 
respircr:  puis,  apres,  les  respirations  revinrent  pen  a 
pen,  s'accelererent  etdevinrentplus  rapidesqu'avantla 
galvanisation.  On  repela  plusieurs  fois  I'experience  pre- 
cedente,  en  laissant  environ  une  demi-heure  d'inter- 
valle,  et  Ton  observa  toujours  les  memes  phenomenes: 
1"  D'abord  agitation  et  cris  voiles  de  ranimal,  puis 
calme,  arret  de  la  respiration  dans  le  mouvement  in- 
spiratoire  et  cessation  des  cris;  '2°  en  meme  temps,  dila- 

B.,    SliT.    NKRV.  —  II.  23 


386  NERF    PNEUMOGASTRIOUK ; 

tation  des  paupieres,  de  la  pupille,  saillie  de  1'oeil, 
disparition  de  la  troisieme  paupiere,  paleur  survenant 
dans  1'oeil  et  dans  1'oreille.  Relativement  a  1'ccil ,  on 
avait  place  tine  goutte  d'ammoniaque  sur  la  conjonc- 
tive,  ce  qui  avait  produit  une  vive  rougeur;  la  galvani- 
sation du  bout  central  du  ncrf  vague  uni  au  sympathi- 
que  iit  diminuer  et  disparattre  momentanement  cette 
rougeur,  qui  revint  quand  on  cessa  la  galvanisation. 
La  paleur  de  1'oreille  ne  fut  egalement  que  momentane'e 
pendant  la  galvanisation ;  elle  reparut  apres  qnand  on 
arreta  le  galvanisme.  On  examina  la  face  muqueuse  de 
la  levre  superieure,  et  elle  ne  pal  it  pas  par  la  galvanisa- 
tion, comme  cela  avait  lieu  pour  1'oeil  et  1'oreille;  peut- 
etre  cela  tenait-il  a  la  corde  qui  muselait  raniinal  et 
qui  genait  la  circulation  dans  ce  point. 

3°  Les  inouvements  respiratoires  etant  arre'te's  par  la 
galvanisation,  an  moment  de  1' inspiration,  ainsi  qu'il  a 
i't('  dit,  il  arrivait,  si  Ton  continuait  longtemps  la  gal- 
vanisation ,  que  ces  mouvements  revenaient  nn  pen, 
mais  seulement  dans  le  diaphragme,  les  cdtes  restant 
^levees  et  fixes,  et  ne  reprenant  leurs  mouvements  qu'a- 
pres  la  cessation  de  la  galvanisation.  D'abord,  les 
mouvements  respiratoires  reprennent,  tres  acceleres, 
puis  vont  ensuite  en  diininuant.  Dans  un  cas  ou  ils 
furent  comptes,  on  les  trouva  d'abord  de  60  par  mi- 
nute, puis  ^8,  puis  30,  etc.,  en  baissant  ton  jours. 

h° Pendant  les  intervalles  de  la  galvanisation,  ranimal 
restait  pris  de  tremblements  et  couche ;  il  paraissait 
comme  epuise  apres  chaque  operation.  Pendant  la 
galvanisation  1'oeil  droit  paraissait  moins  sensible ;  tou- 


SA    GALVANISATION.  387 

tefois  il  n'avait  pas  perdu  completement  la  sensibi- 
lite. 

5°  Pendant  la  galvanisation,  la  salive  coulait  tou- 
jours;  elle  etait  devenue  plus  visqueuse  qu'avant 
1'operation.  Ce  fait  a  ete  constate  sur  d'autres  chiens 
chez  lesquels  on  avait  place  des  tubes  dans  les  conduits 
salivaires,  et  chez  lesquels  on  voyait  ainsi  directement 
que  la  salive  qui  s'ecoulait  de  la  glande  sous-maxillaire, 
par  suite  de  r excitation  du  nerf  sympathique  et  vague 
reunis  au  cou,  etait  moins  abondante.  muis  beaucoup 
plus  visqueuse  que  celle  secre'tee  sous  1'influence  de  la 
cinquieme  paire  ou  de  lacorde  dutympan. 

()°  Pendant  la  derniere  galvanisation,  on  plara  1'ani- 
inal  sur  le  tlos,  tandis  que  dans  les  operations  prece- 
dentes,  il  etait  reste  couche  sur  le  cote  gauche.  Alors  on 
galvanisa,  non  plus  lebmil  cenlral,  inais  le  bout  pe'ri- 
pherique  du  nerf  vague  droit,  pendant  que  Ton  tenait 
cntre  les  doigts  1'artere  curotide  du  meme  cote.  Aussi- 
tot  qu'on  galvanisait,  me'me  tres  If'gerement,  le  bout 
peripherique  du  nerf  vague,  1'artere  cessait  instantaiu'- 
ment  de  batlre,  par  suite  de  Farrel  du  coeur.  On  r(;- 
peta  plusieurs  Ibis  1'experience,  toujours  avec  le  me'me 
resultat,  c'est-a-dire  que  le  cceur  s'arretait,  tandis  que 
les  mouvesnents  respiratoires  continuaient. 

Alors  on  galvanisa  comparativement  le  bout  central 
du  nerf  vague  droit,  et  Ton  vit  bientot  les  mouvements 
respiratoires  s'arreter  completement,  en  restant  dans 
1'inspiration;  puis,  la  galvanisation  etant  continuee  avec 
violence,  les  mouvements  respiratoires  reparaissaient ; 
mais  c'etait  surtout  le  diaphragms  qui  agissait,  et  les 


388  NERF  PNEUMOGASTRIQUE; 

cotes  n'y  prenaient  qu'une  part  tres  faible,  mais  egale 
des  deux  c6tes.  En  cessant  cette  galvanisation,  les  mou- 
vements  respiratoires  redevinrent  acceleres  comme  a 
1'ordinaire. 

7°  A  pros  deux  lieurcs  qn'avaient  cluro  toutes  ces  gal- 
vanisations re'petees  de  vingt  minutes  en  vingt  minutes, 
on  delia  raninial  et  on  le  remit  en  liberle  ;  il  paraissait 
tres  fatigue. 

8"  Au  commencement  de  toutes  ces  operations,  1'ani- 
inal  avaitla  vessie  pleine  d'urine  parfaitement  acide  et 
dans  laquelle  on  ne  constatait  pas  desucre.  A  la  fin  dela 
galvanisation.  Turine  ne  contonait  pas  non  plus  de 
sucre.  line  ho ure  et  demie  aprrs,  Turine  ne  donnait 
pas  de  sucre  d'une  manioro  evidente.  Les  respirations 
de  raninial  etuient  alors  de  20  par  minute,  c'est-a-dire 
5  de  plus  qu'avant  la  section  du  va«j;ue  droit. 

Cela  prouverait-il  que  la  section  d'nn  seul  vague 
accelere  la  respiration  ? 

Les  pulsations  de  1'animal  etaient  de  125  a  130  par 
minute,  et  offraiont  une  irregularity  qui  semhlait  con- 
sister  surtoul  dans  1'absence  de  la  pulsation  an  moment 
de  rinspiration. 

Exp.  —  5  decembre  1852.  —  Sur  un  lapin  adulte  en 
digestion,  ayant  les  urines  alcalines,  on  fit  la  section  des 
deux  vaguesen  mtMiageant  les  filets  sympathiques.  Avant 
1'operation  les  respirations  etaient  an  nombre  de  60  a  80, 
et  les  pulsations  de  2/j()  par  minute.  On  lia  avec  quatre 
fils  les  quatre  bouts  des  deux  vagues  divises,  afin  de  les 
galvaniser  successivement.  On  galvanisa d'abord  succes- 
sivement  et  isolement  les  bouts  superieurs  des  vagues 


SA   GALVANISATION.  389 

droit  et  gauche :  on  vit  que  la  respiration  thoracique 
s'arretait,  mais  beaucoup  plus  evidemment  par  la  galva- 
nisation du  vague  droit  que  par  celle  du  gauche.  On 
examina  en  meme  temps  les  arteres  carotides  qui  etaient 
dans  le  fond  do  la  plaie,  et  Ton  reconnut  qu'elles  n'etaient 
nullementiniluence'esdans  leurs  battements  par  la  gal- 
vanisation des  bouts  superieurs  des  vagues,  soit  qu'on  agit 
isolement  sur  chacun  d'eux  on  sur  tous  les  deux  en- 
semble. Seulement,  lorsque  la  galvanisation  avail  arr6le 
la  respiration,  le  sang  devenait  noir  dans  1'arlere  sans 
que  pour  cela  les  battements  changeassenl  de  type. 

Quand  on  galvani.sait  le  bout  infe'rieur  des  vagues,  a 
droite  el  a  gauche,  on  voyait  les  battements  artrriels 
arrete's  de  meme  que  quand  on  galvanisaitles  deux  nerfs 
ensemble;  mais  on  observa  une  chose  assez  singuliere 
qu'on  n'a  ]>as  retrouvee  chez  le  cliien  :  la  inspiration 
s'arreta  ainsi  que  le  coeur;  et  apres  la  cessation  de  la 
galvanisation,  les  battements  de  1'artere  reparaissaient 
toujours  plus  vile  que  les  mouvements  respiratoires,  qui 
tardaient  a  revenir.  Quand  on  galvanisait  les  bouts  supe- 
rieurs,  et  que  la  respiration  s'arrelail  tandis  que  le  cow 
continuait,  les  mouvements  respiratoires  revenaient 
immediatement  apres  la  cessation  du  galvanisme,  plus 
rapides  qu'avant,  pour  ensuite  diminuer  de  frequence. 

Si  Ton  galvanisait  les  bouts  inferieurs  des  vagues,  on 
voyait  aussitot,  avec  1'arret  de  la  circulation,  des  mou- 
vements peristaltiques  se  faire  dans  le  venire  et  les 
liquides  de  1'estomac  remonter  par  Toesophage  et  sortir 
par  le  nez.  Toutefois  c'etaicnt  la  des  effets  de  vomituri- 
tion  plutot  que  de  vomissement :  les  efforts  de  voinis- 


390  NERF  PNEUMOGASTRIQUE; 

sement  reels  se  produisaicnt  lorsqu'on  galvanisait  les 
bouts  superieurs  des  nerfs  values,  et  plus  specialement 
du  nerf  droit. 

Lorsque  la  galvanisation  etait  trop  faible,  elle  n'ar- 
irtait  pas  les  respirations,  niais  au  contraire  elle  les 
accelerait. 

Lorsque  la  respiration  s'arrete  completement,  peut- 
on  dire  que  cela  est  du  ii  la  douleur?  —  il  faudrait,  pour  le 
savoir.  re-peter  I'experience  sur  des  animaux  etherises. 

L'apparition  des  mouveinenls  peristaltiques,  notee 
dans  ce He  experience,  s'accorde  avec  d'autres  observa- 
tions dans  lesquelles  re  liiirnoinene  a  coincide  aver  un 
arrtH  de  la  circulation. 

Aprestoutes  les  operations,  le  lapin,  etanttranquiilr. 
j)i'*;sentait  un  rhonchus  tres  fort  avec  des  inspirations 
profondes.  Les  respirations  etaient  an  nombre  de  3/i  ]>ar 
minute.  Apres  une  premiere  galvanisation,  on  laissa 
raniiiial  en  i*epos  pendant  environ  deux  lieures,  puison 
appliqua  de  nouveau  la  galvanisation  avec  les  monies 
rcsultats,  si  ce  n'est  que  1'arret  de  la  respiration  etait 
nioins  facile  a  obtenir. 

On  prit  1' urine  du  lapin,  qui  eiait  alcaline.  mais  ne 
contenail  pas  de  sucred'une  maniere  evidente.L'animal 
avail  30  respirations  par  minute;  les  pulsations  etaient 
tellement  nombreuses,  qu'on  ne  pouvait  les  compler. 

Le  6  decembre,  vingt-quatre  heuresapres  1'ope'ration, 
1'animal  avail  loujours  le  rhonchus  note  la  veille;  son 
urine,  jaunatre,  alcaline  et  limpide,  ne  contenail  pas  de 
sucre.  On  le  sacrifia.  A  1'autopsie,  on  trouva  les  poumons 
emphysemaleux,  ne  s'atTaissanl  pas  quand  on  ouvrit  la 


SA   GALVANISATION.  391 

poitrine  et  presentant  des  ecchymoses,  surtout  du  c6te" 
gauche  sur  lequel  le  lapin  etait  resle  couche  pendant  les 
dernieres  heures  de  sa  vie.  A  droite,  les  ecchymoses 
etaient  pluspetites  etmoins  prononcees.  Le  cceur  ren- 
fermait  du  sang  dans  toutes  les  cavites.  L'estomac  con- 
tenait  des  aliments  et  desgaz;  sa  reaction  etait  acide; 
celle  do  1'intestin  grele  etait  alcaline.  Le  foie  ne  conte- 
nait  pas  de  sucre,  parcc  que  1'animal  etait  mort  lente- 
ment.  Ccltc  mort  lente  tenait  a  la  temperature  basse, 
car  pendant  1'ete  les  auimuux  meurent  beaucoup  plus 
vite  et  leur  foie  pout  alors  contenir  du  sucre.  On  examina 
la  plaie  au  cou  :  les  deux  nerfs  sympathiques  avaient 
ete  pari'aitement  respectes. 

Eocp.  —  Sur  un  jeunechien  on  fit,  dans  la  region  du 
cou,  la  section  des  nerfs  vagues  entredeux  ligatures,  de 
maniere  ii  avoir  attaches  a  des  fils  les  deux  bouts  infe- 
rieurs  et  les  deux  bouts  superieurs. 

Apres  la  section  des  vagues,  on  observa  avcc  soin  la 
forme  des  respirations,  et  Ton  conslata  que  les  c6tes 
restaient  presque  immobiles  et  que  la  respiration  se 
faisait  surtout  aux  depens  des  mouvements  du  dia- 
phragme. 

On  o-alvanisa  alors  a  la  ibis  les  deux  bouts  superieurs 
des  nerfs  vagues.  Quand  la  galvanisation  etait  tres  legere, 
la  respiration  n'etail  pas  arretee,  mais  an  contraire  ello 
etait  frequente  et  entrecoupee.  Les  c6tes  se  mouvaient 
alors  rapidement.  Lorsque  la  galvanisation  etait  forte,  les 
mouvements  respiratoires  s'arretaient;  puis,  quand  on 
cessait  la  galvanisation,  les  mouvements  respiratoires  re- 
prenaient  au  bout  de  quelques  instants  avec  une  grande 


392  NERF  PNEUMOGASTRIQUE; 

frequence  et  les  mouvements  des  c6tes  les  accompa- 
gnaient.  Pendant  la  galvanisation  des  bouts  superieurs 
des  vagues,  on  vit  1'oeil  devenir  stiillant,  les  pupilles  ct 
les  paupieres  elre  tres  dilatees,  1'oeil  et  1'oreille  palir; 
mais  quand  la  respiration  ctait  eompletement  arrelee, 
on  voyait  la  languc  (levenir  brune  et  les  phenomenes 
de  Fasphyxie  se  prononcer;  le  thorax  etail  arrete  dans 
I'inspiratioo  forcee.  am  point  que  les  cartilages  des  cotes 
etaient  de  formes. 

On  cessa  la  galvanisation  :  1'aninial  en  etait  moii. 

Exp.  —  Sur  un  chien  de  chasse  on  mil  a  nn  les 
deux  nerfs  vagues,  on  les  souleva  sur  une  anse  de  fil, 
et  on  les  galvanisa  tous  les  deux  u  la  fois  sans  les 
co  u  per. 

Pendant  la  galvanisation  il  yeut  arret  du  cauir.  arrtH 
de  la  respiration  et  saillie  des  yeux,  ce  (\\\\  prouvait 
qu'il  y  a  a  la  fois  action  centripele  et  cenlrituge  dans 
le  nerf  vague,  ('eci  ivsulle  encore  de  rcxp<M'ience  sui- 
vsuitc  taite  apres  la  section  du  vague. 

Exp.  —  Sur  un  autre  chien,  le  vague  etant  coupe 
dans  la  region  inoyenne  du  con,  on  galvanisa  successi- 
vemeiit  le  bout  inferieur  et  le  bout  superieur.  La  galva- 
nisation du  bout  inferieur  arreta  le  coeur  et  laissa  couti- 
nuer  la  respiration.  La  galvanisation  du  bout  superieur 
arreta  la  respiration  et  laissa  continuer  la  circulation. 

Pour  le  grand  sympathique,  la  galvanisation  du  bout 
superieur,  centrifuge,  fil  saillir  1'oeil. 

La  galvanisation  du  bout  inferieur  du  grand  sym- 
pathique ue  produisit  rien  depreciable ;  ces  cfTets 
n'ont  du  reste  pas  ete  suffisamment  observes  pour  s'cn 


SON  INFLUENCE  SUR  LES  MO U YEMENIS  DU  COEUR.       393 

faire  une  opinion  complete  d'apres  cette  seule  epreuve. 

Les  effets  de  la  galvanisation  cles  vagues  sont  aussi 
faciles  a  constater  sur  des  grenouilles ;  c'est  sur  ces 
anirnaux  qu'ils  out  ete  le  plus  souvent  observes.  Sous 
1' influence  de  cette  excitation  des  pneumogastriques,  le 
cosur  s'arrete.  Pour  faire  1'experience,  on  peut  ouvrir  le 
canal  vertebral  ou  couper  la  tete  de  Fanimal,  de  ma- 
niere  a  mettre  a  nu  1'origine  des  pneumogastriques  sur 
laquelle  on  applique  cnsuite  1'excitation. 

Nous  meltons  ici  pre'alablement  a  nu  le  cceur  d'une 
grenouille,  en  ouvraul  sur  les  parois  thoraciques  une 
fenfire  assez  petite  pour  no  pas  livrer  passage  aux  pou- 
mons.  Nous  coupons  la  tote  de  1'animal,  ce  qui  n'eni- 
p6che  pas  le  cceur  de  continuer  a  battre;  puis,  nous 
galvaniserons  lamoclle  allongee  mise  a  nu.  La  galvani- 
sation n'arreterait  pas  le  co?ur  si  nous  avions  enleve  la 
moelle  allongee  sur  cette  grenouille,  et  galvanise  seule- 
ment  la  moelle  epiniere.  Cetle  experience  prouve  encore 
que  cen'est  pas  par  I'inlermediaire  de  la  moelle  qu'agit 
le  pne,umogaslrique  pour  arreter  le  coeur. 

Voici  notre  grenouille  doul  le  coeur  bat ;  elle  a  ete 
decapitee  et  la  moelle  allongee  mise  a  nu.  Nous  galvani- 
sons  la  moelle  dans  le  point  d'origine  des  vagues; 
immediatement  le  coeur  s'arrete.  On  peut  voir  en  meme 
temps  qu'il  est  dilate  :  il  s'est  arrete  dans  la  diastole. 
Bientotles  mouvements  recommencent. 

Yoyant  I'arret  du  coeur  succeder  a  la  galvanisation  du 
pneumogastrique  dans  la  region  du  cou,  on  a  cm  pou- 
voir  admettre  que  le  coeur  recevait  deux  ordres  de 
nerfs  :  les  mis,  venanl  du  grand  sympathique,  destines 


39ft  MOUVEMENTS    DU    COEUR. 

k  Je  fairc  mouvoir ;  les  autres,  venant  dn  pneumogas- 
trique,  n'agissant  que  pour  Farrier. 

On  doitrenoncera  expli([uer  tons  les  motivements  du 
coeur,  en  les  attribiiant  clirectement  a  une  influence  ner- 
veuse  centrale ;  le  coeur  hal.  en  eflet,  independamment 
du  systeme  nerveux  central ,  lorsque,  arrache  de  la 
poitrine  d'un  animal  vivant.  il  continue  a  battre  sur 
une  table.  Xous  avons  vu  encore  le  coeur  continuer  a 
battre  pendant  un  temps  assez  long,  lorsque,  empoison- 
nant  des  animaux  avec  du  curare,  nous  avions  aneanti 
les  actes  du  systeme  nerveux  inoteur. 

En  galvanisant  le  pneumogastrique  chez  divers  ani- 
maux, nous  avons  obtenu  des  resultats  differents.  Ainsi, 
nous  n'avons  pas  vu  1'arret  du  cceiir  chez  les  oiseaux, 
et,  d'une  maniere  generale,  ce  resultat  nous  a  paru 
d'autant  moins  sensible  que  nous  nous  sommes  adress£ 
a  des  animaux  plus  eleve's  dans  1'echellc,  ou  mieux  a 
des  animaux  offrant  une  plus  grande  activite  des  ph6- 
nomenes  vitaux.  Cela  tiendrait-il  a  ce  que  chez  les 
animaux  il  faudrait,  suivant  leur  nature,  employer 
des  doses  differentes  d'electricite  pour  procluire  les 
memes  effets;  or,  soit  que  nous  ayons  experimente  sur 
des  animaux  inferieurs  ou  des  animaux  eleves,  nous  avons 
toujours  fait  usage  de  la  m6me  machine  electrique. 

Lorsqu'on  coupe  les  pneumogastriques  ou  qu'on  les 
paralyse,  loin  d'arreter  les  mouvements  du  coeur,  ainsi 
que  vous  le  savez,  leur  nombre  augmente  d'une  facon 
notable:  ce  nombre  est  souvent  double. 

Cette  influence  de  la  section  du  pneumogastrique 
sur  I'augmentation  des  mouvements  du  coeur  se  re- 


MOU YEMENIS    DU    COEUR.  395 

trouve-t-elle  chez  tons  les  animaux?  Observe-t-on  chez 
les  animaux  a  sangfroid  1'augmentation  du  nombre  des 
pulsations  cardiaques  et  la  diminution  du  nombre  des 
mou\ements  respiratoires  quo  nous  avons  vus  chez  les 
animaux  a  sang  chaud? 

M.  le  docteur  Armand  Moreau  a  fait  recemment  ici, 
a  ce  sujet,  quelques  experiences  sur  des  grenouilles.  II 
resulterait  de  ses  observations  que  la  section  des  pneu- 
mogastriques  est  sans  influence  sur  le  nombre  des  pulsa- 
tions, qui  reste  le  meme  apres  Foperation  qu'avant 
celle-ci.  M.  Moreau  a  egalement  trouve  que  le  nombre 
des  mouvements  respiratoires  restait  le  meme.  Ces  phe- 
nomcnes,  s'ils  se  confirmaient,  constitueraient-ils  des 
differences  assez  tranchees  pour  caracteriser  Faction  du 
pneumogastrique  chez  les  deux  classes  d'animaux  a 
sang  chaud  et  a  sang  froicl?  -  -  C'est  line  question  inte"- 
ressante  a  poursuivre. 

D'autresrecherchesnous  montrent  une  influence  diffc- 
rente  de  celle  du  systeme  nerveux  central,  qui  a  sur 
le  nombre  des  battements  du  coeur  une  action  bien  plus 
marquee  chez  les  animaux  a  sang  froid  que  chez  les 
animaux  a  sang  chaud.  Voici  a  ce  sujet  les  resultats 
d'experiences  qu'a  faites  ici  M.  le  docteur  Calliburces. 
M.  Calliburces,  partant  de  Finfluence  connue  de  la  tem- 
perature sur  les  pulsations  cardiaques  chez  les  animaux 
a  sang  chaud,  a  recherche  quclle  etait  cette  influence 
chez  les  animaux  a  sang  froid,  chez  les  grenouilles. 
Chez  les  animaux  a  sang  chaud,  le  froid  diminue  le 
nombre  des  battements  du  coeur;  la  chaleurles  augmente. 
La  meme  chose  a  lieu,  mais  d'une  facon  bien  plus  mar- 


396  MOU YEMENIS   DU   COEUR. 

quee,  chez  les  animaux  a  sang  froicl.  Chez  ces  derniers, 
1' action  de  la  temperature  est  bien  plus  prononcee  que 
celles  des  nerfs,  tandis  que  le  contraire  parait  avoir  lieu 
pour  les  animaux  a  sang  chaud. 

M.  Calliburces  se  proposa,  dansleprincipe,  d'etudier 
1'influence  de  la  chaleur  sur  la  vitesse  de  la  circulation, 
et,  dans  ce  but,  re'pe'ta  des  experiences  de  M.  Poi- 
seuille.  Apres  avoir  plonge  dans  de  1'eau  chaude  Tune 
desextre'mitesposterieuresd'unegrenouille,ilexaminait 
au  microscope  la  membrane  natatoire  de  Tautre  patte, 
et  il  remarqua  que  1'iniluence  du  calorique  applique 
sur  1'autre  patte  accelerait  toujours  la  circulation  capil- 
laire,  mais  que  la  frequence  des  battemeuts  de  C03ur 
augmentait  en  meme  temps  d'une  maniere  si  notable, 
qu'elle  ne  paraissait  plus  etre  en  proportion  avec  la 
vitesse  de  la  circulation.  Void  les  resultats  de  ces  expe- 
riences pre'liminaires  qui  indiquent  en  eflet  que  la 
frequence  des  moiivements  du  coeur  est  liee  a  la  modi- 
fication thermique  que  la  chaleur  apporte  au  sang. 

lUTTEMKNTS  DKGRES  BATTEMKNTS  DIFPI'RENCK 

tin  cn>ur  par   min'ite  .         ,  du  coeur   par  minute  en  plus 

uvant  l'..|>|ilit-..iiii'i  .i|jr  •<  I'upplicatiua  sous  I'mlluence 

de  la  chaleur.  <lc   chaleur.  dcla  chuleur.  de  lu  rhaleur. 

52  35  90  38 

38  39  86  A8 

h!\  55  82  38 

50  55  92  kl 

32  68  64  32 

30  72  8/1  48 

A'->  75  100  58 

Le  vehicule  qui  sert  a  appliquer  la  chaleur  semble  6tre 
sans  influence;  les  metaux,  1'air,  un  grand  nombre 
d'acides,  lesang  defibrin^,  I'urine,  qui  ont  etc  employes, 
out  toujours  donuy  le  meme  resultat  que  1'eau. 


INFLUENCE  DE  LA  CHALEUR.  397 

Ces  premiers  resultats  imprimerent  une  autre  direc- 
tion aux  recherches  de  M.  Calliburces.  Ayant  sous  les 
yeux  un  animal  a  sang  froid  en  quclque  sorte  meta- 
morphose en  animal  a  sang  chaud,  eu  egard  au  nombre 
des  pulsations,  il  crutl'occasion  favorable  pour  resoudre 
par  voie  d'experimentation  la  question  des  rapports 
qui  existent  entre  1'influence  de  la  chaleur  animale  et 
1'activite  du  centre  circulatoire.  Les  grenouilles  ctaient 
d'autant  mieux  appropriates  a  ces  recherches,  qu'clles  se 
trouvent  tres  sensibles  a  cette  action,  et  qu'elles  se  pre- 
tent  admirablement  a  1'analysc  physiologique. 

Par  quclle  voie  physiologique  Faction  de  la  chaleur 
est-elle  transmise  depuis  la  palto  an  coeur?  C'etait  la 
le  point  important  du  prohleme.  On  pourrait  admettre 
a  priori  plusieiii's  explications  de  ce  phenomene,  et 
il  s'agissait  de  les  soumcttre  successivement  ;'i  1'examen 
experimental. 

I.  L'acceleration  de  la  circulation  provient-elle  de  ce 
que  la  chaleur  modifie  les  conditions  de  mouvement  du 
sang?  La  chaleur  est-elle  ainsi  la  cause  premiere  de  la 
frequence  plus  grandedes  mouvements  du  coeur? 

Se  fondant  sur  les  resultats  d'experiences  repete"es, 
M.  Calliburces  se  crut  dejii  autorise  a  repondre  par  la 
negative  a  cette  premiere  question.  Apres  avoir  mis  a  nu 
le  coeur  d'uue  grenouille,  il  appliqua  une  ligature  a  la 
partie  supe'rieure  des  extremites  posterieures  de  1'ani- 
mal,  en  ayant  soin  de  ne  pas  y  comprendre  les  nerfs 
cruraux,  de  maniere  que  la  communication  par  les  vais- 
seaux  entre  le  tronc  et  les  extremites  etait  interrompue, 
tandis  que  celle  par  les  uerfs  continuait  a  subsister. 


398  MOUVEMENTS    DU    COEUR. 

Les  extremites  poste'rieures  ayant  ete  plongees  jusqu'au 
voisinage  des  ligatures  dans  de  1'eau  a  39  degre's  centi- 
grades,  les  battements  du  coeur  monterent  a  88  par  mi- 
nute, et  le  merne  re'sultat  se  produisit  chez  des  gre- 
nouilles  que  Ton  plongea  dans  de  1'eau  a  la  m6me 
temperature,  mais  auxquelles  on  n 'avail  pas  lie  les 
extremites  posterieures. 

L'accroissement  de  Factivite  du  coeur  cst  aussi  la 
consequence  de  la  modification  physique  du  mouvemenl 
du  coeur  par  Fapplication  de  la  chaleur  sur  Forgane 
lui-mthne.  Apres  avoir  enleve  a  une  grenouille  la  paroi 
thoracique  anterieure,  on  disposa  r animal  de  telle  sorte 
que  le  coeur,  qui  avail  l\k  pulsations  par  minute,  vint 
plonger  dans  un  petit  verre,  de  maniere  que  Faction 
de  Feau  chaucle  ne  putetre  que  locale.  On  versa  ensuite 
dans  ce  verre  deFeau  a  /il  degres,  et  aussitot  le  nombre 
ties  pulsations  monta  a  64  par  minute.  On  ne  pent 
plus  supposer  ici  que,  dans  un  espace  de  temps  relati- 
vement  si  ininime,  toute  la  masse  du  sang  ait  subi  Fin- 
tluence  de  la  temperature  de  Feau  contenue  dans  le 
verre,  et  qu'elle  soil  ainsi  devenue  la  cause  de  la  fre- 
quence plus  grande  des  pulsations  du  cceiir. 

Yoici  quelques-iins  des  resullals  obtenus  : 

BVTTEMKMS  DIGRES  BATTEMGNTS  DIFFERENCE 

du  cceur  uviint  .  du   coeur  ii)iic;-i  t-ii  plus 

Pappliciiiion   locale  1'upplic.il.inii    loculc         sons   1'inlluence 

de  la  chaleur.  de    cbalenr.  de  la  chaleur.  de  la  chuleur. 

50  25  6/1  Id 

50  hi  68  18 

32  70  52  20 

hk  55  82  38 

62  65  64  22 

42  65  82  AO 


INFLUENCE  DE  LA  CHALEUR.  399 

La  deuxieme  experience  a  ete  faite  sur  la  grenouille 
n°  1,  et  la  sixieme  experience  sur  la  grenouille  ne  5, 
lorsque  le  nombre  des  battements  du  coeur  fut  redevenu 
le  me~me  que  dans  la  premiere  et  la  cinquieme  expe- 
rience. 

II.  La  chaleur  agit-elle  sur  le  coeur  par  Pinterme- 
diaire  du  systeme  nerveux? 

D'apres  une  serie  d'experiences  repetees  a  plusieurs 
reprises,  il  semblerait  que  raccroissement  de  ractivite* 
du  coeur,  consecutif  a  1'augfflentation  de  la  chaleur  ani- 
male,  n'est  pas  directement  lie  a  I'action  du  systeme 
nerveux. 

Premiere  experience.  —  Apres  avoir  opere  dans  les 
extremites  poste'rieures  d'une  grenouille  la  section  des 
neri's  cruraux ,  on  les  plongea  dans  de  Teau  chaude, 
et  Ton  remarqua  que  les  mouvements  du  coeur  aug- 
mentaient  exactement  de  la  memo  maniere  que  chez 
des  grenouilles  auxquelles  il  iravait  pas  fait  la  section 
des  nerfs  cruraux. 

Deuxieme  experience.  —  An  lieu  d'employer  de 
1'eau  cbaude,  on  appliqua  sur  des  grenouilles  saines  de 
1'acide  acetique  et  azotique,  depuis  la  plus  faible  dilu- 
tion jusqifa  la  concentration  la  plus  forte  :  I'activite  du 
coeur  ii'i'prouva  aucun  changement  dans  quelques  cas., 
dans  d'autres  elle  s'accrut  seulement  de  quelques  con- 
tractions ;  et,  Sors  de  Implication  de  1'acide  azotique 
concentre,  elle  s'arreta  meme  compietement. 

Troisieme  experience.  —  On  ouvrit  le  canal  ra- 
cbidien  d'une  grenouille  dans  la  region  de  la  moelle 
allongee,  et  Ton  y  introduisit  la  canule  d'une  petite 


400  MOUVEMENTS    DU    COEUR. 

seringue  remplie  d'eau  chaude;  les  mouvements  du 
coeur  s'arreterent  au  moment  menie  de  1'introduction 
de  la  canule,  sous  rinfluence  mecanique  du  contact  de 
1'eau  chaude  et  avant  que  1'injection  eut  pu  etre  faite. 
Plus  tard  ils  reparurent,  mais  leur  nombre  avait  dimi- 
nue  de  trois  a  cinq  par  minute. 

Quatrieme  experience.  —  On  detruisit  completement 
1'encephale  et  la  moelle  epiniere  d'une  greuouille,  et  Ton 
observa  cependant,  lors  de  1'application  de  la  chaleur, 
la  meme  augmentation  des  contractions  du  coeur.  Dans 
la  premiere  experience  de  ce  genre,  elles  monterent  de 
36  a  8/1  par  minute. 

Cinquieme  experience.  -  -  On  paralysa  les  nerfs  mo- 
teurs  d'une  grenouille  en  1'empoisonnant  par  du 
curare.  Dans  la  premiere  de  ces  experiences,  le  cosur 
de  1'animal  battait  50  fois  par  minute,  tant  avant  qu'a- 
pres  1'intoxication,  et  avant  1'application  de  la  chaleur. 
Les  extremites  posterieures  avant  &<$  plongees  dans  de 
1'eau  a  55  degres,  le  nombre  des  pulsations  monta  a  92 
par  minute ;  et  puis  il  commenra  a  diminuer,  et  lors- 
qu'il  n'y  en  avait  plus  que  60  par  minute,  on  mit  les 
extremites  posterieures  dans  de  1'eau  a  73  degres, 
ce  qui  fit  remonter  le  nombre  des  pulsations  a  92  par 
minute.  Dans  une  autre  experience,  le  cceur  de  la 
grenouille  battait  38  fois  par  minute  apres  1'intoxication 
et  avant  1'application  de  la  chaleur.  De  1'eau  a  39  de- 
gres ayant  ete  appliquee  sur  le  cosur,  le  nombre  des 
battements  monta  a  86  par  minute,  puis  il  diminua 
insensiblement ;  etlorsqu'il  n'y  eut  plus  que  7/i  pulsations 
par  minute,  on  fit  cesser  1'application  de  1'eau  chaude 


INFLUENCE    DE    LA   CHALEUR.  601 

sur  le  coeur :  les  pulsations  de  cet  orgaiie  continuerent 
a  diminuer  peu  a  peu  en  nombre;  ce  qui  prouve 
que  Tact  ion  de  la  chaleur  sur  le  coeur  a  continue  encore 
a  se  faire  sentir  lors  meme  qu'on  avait  cesse  de  fy  ap- 
pliquer  directement;  des  experiences  ulte'rieures  ont 
pleinemont  confirme  ce  resultat.  line  nouvelle  appli- 
cation de  chaleur  provoque  chezla  meme  grenouille.  au 
moyen  d'eau  a  35  degres,  fit  remonter  le  nombre  des 
contractions  du  coeur  de  40  a  88  par  minute;  mais  ces 
pulsations etaient  doubles,  inv^uliiTes  et  intermittentes, 
resultat  qui  t'ut  egalement  confirms  par  des  experiences 
repetees  et  qui  terait  voir  que  la  chaleur  a  de  I'influence, 
non-seulement  sur  la  quantite.  mais  encore  sur  la  qualite 
des  contractions  du  coeur. 

III.  L'acceleration  des  mouvements  respiratoires  qui, 
lors  de  1' augmentation  de  la  chaleur  animate,  coincide 
avec  1'accroissement  des  contractions  du  coeur,  peut  en 
etre  independante  dans  certains  cas. 

Chez  les  grenouilles  empoisonne'es  par  le  cu- 
rare, les  mouvements  respiratoires  cessent  complete- 
ment,  et  neanmoins  1'application  de  la  chaleur  provoque 
line  augmentation  de  ceux  du  coeur.  Du  reste,  nous 
avons  deja  vu  que  1'application  locale  de  la  chaleur  sur 
le  coeur  en  accelere  1'activite,  sans  avoir  pour  cela 
d'intluence  sur  les  phenomenes  respiratoires  de  la  gre- 
nouille. 

IV.  L'acceleration  de  1'activite  du  coeur,  parait  de- 
pendre  uniquement  de  Faction  locale  et  specifique  de  la 
chaleur  sur  le  coeur  meme. 

Yoici  de  quelle  maniere  M.  Calliburces  fit  ses  expe- 

B.,  SYST.  NEHV.  —  n.  26 


402  MOUVEMENT    DU    COEUR. 

riences  :  II  extirpa  le  cceur  crime  grenouille  qui  avail 
36  pulsations  par  minute:  apres  1'operation,  il  en  avait 
encore  18.  On  placa  alors  le  cceur  dans  un  verre  de 
montre  contenant  de  1'eau  a  40  degres,  et  aussitot  les 
pulsations  monterent  a  94  par  minute.  Dans  ladeuxieme 
experience,  la  chaleur  de  1'eau  (40  degres)  fit  monter 
les  contractions  du  coeur  de  38,  qu'il  avait  avaut  1'ex- 
tirpation  a  80  par  minute.  Un  troisieme  coeur  battait 
encore  30  fois  par  minute  apres  avoir  ete  excise ;  mis 
dans  de  1'eau  a  25  degres,  il  se  contracta  62  fois  dans 
le  meme  espace  de  temps.  Dans  la  derniere  experience, 
eufin,  on  mit  le  coeur  d'une  grenouille,  qui  avait  36  pul- 
sations avant  d'etre  extirpe,  dans  de  1'eau  a  50  degres, 
ce  qui  fit  monter  les  contractions  a  72  par  minute ; 
alors  on  placa  le  coeur  dans  de  1'eau  qui  n'avait  que 
10  degres  de  chaleur,  et  aussitot  les  pulsations  cesserent 
completement,  mais  elles  reparurent  de  nouveau  (82  par 
minute)  lorsque  le  coeur  fut  remis  dans  de  1'eau  a 
50  degres. 

M.  Calliburces  a  observe  d'une  maniere  generate  que 
le  nombre  des  contractions  du  coeur  augniente  en  rai- 
son  du  degre  de  temperature  employe;  mais  il  ne  lui 
a  pas  ete  possible  d'y  trouver  une  proportion  directe  : 
ainsi,  pour  citer  un  exemple,  une  temperature  de  22  de- 
gres fit  monter  les  mouvements  d'un  coeur  de  32  a  45  par 
minute ;  lorsque  le  coeur  fut  revenu  a  32  battements,  on 
1'exposaa  une  temperature  de  32  degres  sous  I'influence 
de  laquelle  il  y  eut  65  pulsations  par  minute. 

Conclusions  —  1°  La  chaleur  parait  avoir  une  action 
specifique  sur  le  coeur ;  1'augmentation  des  pulsations 


INFLUENCE   DE    LA    CIIALIiUR.  /lOo 

qu'elle  provoque  chez  la  grenouille  semble  etre  inde- 
pendante ,  noii-seulement  des  conditions  hydrauliques 
de  la  circulation,  mais  encore  du  systeme  nerveux  et 
des  mouvemenls  respiratoires ;  elle  peut  n'etre  duo  qu'a 
1'action  directe  de  la  chaleur  sur  le  centre  circulutoire; 

2°  La  chaleur  animalc  petit  done  exciter  le  coeur 
d'une  maniere  locale  et  en  entretenir  1'activik' ; 

3°  Le  nombre  des  contractions  du  coeur  s'accrolt  sans 
qu'il  y  ait  proportion  directe,  en  raison  du  degre  de 
chaleur  qu'on  emploie,  si  le  coeur  se  trouve  pres  de  son 
etat  physiologique,  c'est-a-dire  s'il  n'a  pas  deja  servi  a 
plusieurs  experiences  de  ce  genre; 

4°  La  chaleur  influe  non-seulenient  sur  la  quantilo 
mais  encore  sur  la  qualile  des  contractions  du  cceur; 

5°  L 'action  de  la  chaleur  sur  le  cuiui1  continue  u  stib- 
sisler  lors  memo  qu'il  ii'y  est  plus  expose  d'une  maniere 
directe. 

Messieurs,  je  vous  signale  ces  tails  sans  vouloir  en 
dckluire  maintenant  une  loi  physiologique  geuerale. 
Yous  potivez  sur  ces  cceurs  cnleves  a  des  grenouilles, 
voir  les  re'sultats  que  nous  YOUS  signalons.  La  meuie  chose 
s'observerait  sur  la  grenouille  vivante,  si,  mettant  le 
C03ur  a  decouvert,  on  Tobservait  pendant  qu'on  trernpe 
une  partie  de  la  grenouille,  alternativement  dans  1'eau 
froide  et  dans  1'eau  chaude. 

Cette  influence  de  la  chaleur  sur  les  mouvemeiits  du 
coeur  est  tres  interessante  a  constater,  mais  si  nous  avons 
YU  que  chez  les  grenouilles  le  systeme  nerveux  n'a  pas 
d'influence  sur  ces  mouvemeiits  du  coeur,  il  n'en  est  plus 
de  memo  chez  les  animaux  superieursou  cetteiuihience 


/lO/|  NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

est  des  plus  manifestes.  Serait-ce  dans  des  differences  de 
ce  genrequ'il  faudraitchercherles  caracteres  spe"cifiques 
des  anirnaux  a  sang  chaud  et  a  sang  froid? 

Lesnerfspneumogastriquessont,  en  effet,  des  voies  de 
transmission  par  lesquelles  les  actions  nerveuses  peuvent 
etrecommuniqueeau  coeur  etau  poumon.  C'est  ce  que 
demontrent  encore  les  experiences  suivantes  sur  les  effets 
de  la  nicotine  avant  et  apres  la  section  des  pneumogas- 
triques. 

Exp.  (12  novembre  18/j5).  -  Sur  une*chienne  a 
jeun,  d'assez  forte  taille  et  adulte,  on  deposa  trois  gonttes 
de  nicotine  dans  une  plaie  sous-cutanee  faite  a  la  partie 
interne  de  la  cuisse.  Les  pulsations  etaient  an  nombre 
de  115,  les  respirations  de  28,  par  minute,  avant  1'ad- 
ministration  de  la  nicotine. 

Une  minute  apres  F  administration  de  cette  substance, 
la  respiration  e'taitgenee,  Tamma!  etait  essouffle,  titu- 
bant,  les  oreilles  penchees  en  arriere  :  les  respirations 
abclominales  et  diaphragmatiques  etaient  alors  de  /i2? 
les  pulsations,  232.  Apres  huit  minutes,  vomissement 
de  mucosites  blancliatres. 

Apres  dix-neuf  minutes,  le  globe  de  Foail  paraissait 
renverse;  mais  en  examinant  de  pres,  on  voyait  que  cet 
aspect  etaient  du  li  la  tension  au-devant  de  I'oail  de  la 
troisieme  paupiere;  de  telle  sorte  que  les  deux  tiers  in- 
ternes et  inferieurs  de  1'ceil  etaient  recouverts  et  que 
1'animal  etait  comme  aveugle. 

Vingt-cinq  minutes  apres  I' administration  de  la  nico- 
tine, 1'animal  allait  uiieux.  Les  respirations  etaient 
de  36  et  les  pulsations  de  129  par  minute. 


EXPERIENCES.  &05 

Apres  trente  minutes,  tous  lessymptomesproduits  par 
la  nicotine  avaient  a  pen  pres  cesse,  sauf  la  respiration 
et  la  circulation  qui  etaient  encore  un  pen  troublees. 

Sept  jours  apres,  le  19  novembre,  le  me1  me  animal  se 
portant  bien,  on  fit  1'experience  suivante  : 

L'animal  avait  mange  a  onze  heures  et  demie.  Deux 
heures  apres,  on  fit  la  section  cles  deux  nerfs  vagues. 
Avant  la  section  des  nerfs,  les  pulsations  etaient  de  120, 
les  respirations  de  20  et  I'hemodynamometre  oscillant 
de  150  a  170.  Les  deux  nerfs  etaient  d'une  insensibility 
complete.  Au  moment  de  la  section,  l'animal  n'eprouva 
aucune  souffrance.  II  se  manifesta  chez  lui  un  sympt6me 
qu'on  observe  generalement  cbez  tous  les  animaux  aux- 
quelson  irrite  ou  on  coupe  lepneumogastrique,  Cesont 
des  mouvements  de  la  queue  tout  a  fait  semblables  a 
ceux  quo  fait  l'animal  pour  exprimer  sa  joie.  Ces  mou- 
vements paraissent  ici  lies  a  une  gftne  de  la  respiration, 
car  on  les  observe  de  meme  quand  on  suffoque  l'animal. 
On  les  observe  encore  souvent  quand  on  vient  de  faire 
la  section  du  bulbe  rachidien.  II  serait  interessant  de 
savoir  par  quelle  voie  se  transmet  cette  action  reflexe 
pour  produire  les  mouvements  de  la  queue. 

Apres  la  section  des  nerfs  vagues,  1'animal  n'eprouva 
aucun  phenomene  de  suffocation ;  mais  on  observa 
qu'aussitot  la  carotide  avait  perdu  de  sa  tension,  de  sa 
plenitude,  et  me"me  en  apparence  de  son  volume.  Les 
pulsations  etaient  alors  an  nombre  de  206  sans  intermit- 
tence;  les  respirations,  an  nombre  de  9,  tres  profondes. 
L'hemodynamometre  restait  fixe  a  200  :  les  oscilla- 
tions etaient  excessivement  courtes. 


AOG  NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

Alorson  administra  a  1'animal  trois  gouttesde  nicotine 
dans  le  tissu  cellulaire  de  la  cuisse  non  operee,  car  de 
Fauire  cote  la  plaie  etait  encore  un  pen  enflammee. 

Apres  deux  minutes,  1'animal  eprouva  qnelquc 
trouble,  se  tourmenta  et  s'agita;  eependantla  circula- 
tion et  la  respiration  no  paraissaient  pas  avoir  snbi  de 
trouble  du  a  la  nicotine. 

Apres  dix  minutes,  les  pulsations  etaientde  195  sans 
interniittence ;  les  respirations,  an  nombre  de  7,  abdomi- 
nales,  profondes.  L'hemodynamometre  oscillaitentre  160 
et  170.  Le  sang,  qui  etait  rntilant  dans  la  carotide  apres 
la  section  des  vagues,  paraissait  plus  fonce  depuis  1'ad- 
ministration  de  la  nicotine.  Apres  douze  minutes,  la 
troisieme  paupiere  etait  tendne  devant  I'oail  et  rendait 
1'animal  aveugle;  la  pnpille  etait  fortemeut  contractee. 

Le  lendemain,  20  novembre,  qninze  heures  apres  la 
section  des  vagiics,  r animal  etait  calme ;  les  inspirations 
etaient  lentes,  profondes,  abdonn'nales,  au  nombre  de  9 
par  minute.  L'animal  etant  sur  ses  quatre  pattes,  on 
voyait  ;i  l'<ril  le  ccenr  battre  avec  vitesse  centre  les  parois 
du  thorax  du  cote  gauche.  Co  phenomena,  qui  no  se 
voit  pas  pendant  la  vie  chez  les  chiens,  s'observe  sou  vent 
apres  la  section  des  pneumogastriques,  ou  apres  une 
mort  brusque,  lorsque  le  coeur  continue  a  battre  dans 
le  thorax  avec  quelque  energic.  L'animal  ne  presentait, 
du  reste,  pas  de  signe  de  suffocation  proprement  dit. 
Alorson  voulut  appliquer  rhemodynamometre  sur  Far- 
tere;  mais  le  vaisseau  se  cassa  et  le  sang  s'echappa  de 
Tartere  avec  un  jet  faible  et  une  couleur  tres  imparfai- 
lement  rutilante.  Bientot  1'animal  mourutd'hemorrhagie 


EXPERIENCES.  h  07 

en  presentant  les  synipt6mes  suivants  :  1°  d'abord,  il 
faut  observer  que  la  mort  par  hemorrhagie  a  ete  bien 
plus  rapide  chez  ce  chien,  dont  les  vagues  etaient  coupes 
qu'elle  ne  1'aurait  ete  chez  un  autre. 

2°  Les  battcments  du  coeur,  tres  rapides,  cesserent 
brusquement  an  moment  de  la  mort,  ce  qui  n'a  pas  lieu 
ordinairement.  A  peine  determinait-on  quelque  fre- 
missement  musculaire  en  piquant  les  parois  du  coeur. 

S°  En  mourant,  1'animal  Gt  quelqnes  efforts  inspira- 
toires,  et  les  derniers  etaient  accompagnes  d'un  aplatis- 
sement  enorme  du  venire  et  de  la  poitrine.  Lapoitrine 
e"tait  tellement  comprimee  lateralement  par  la  pression 
de  Fair  que  les  c6tes  presentent  a  1'oeil  une  courbure 
concave,  an  lieu  de  letir  convexite  habituelle. 

L' animal  elant  mort,  cet  aplatissement  du  thorax  ne 
disparut  qu'en  partie.  Alors,  on  otivrit  le  ventre  et  on 
tronva  le  diaphragme  fortement  voute  en  haut.  En  per- 
cantle  diaphragme,  ils'abaissa;  Fairentra  dansle  thorax 
et  celui-ci  reprit  sa  forme  primitive. 

A  Fautopsie,  les  poumons,  le  gauche  surtout,  etaient 
engoucs  de  sang  noir  et  comme  marbres.  Le  tissu 
du  poumon,  quoique  crepitant,  etait  rempli  de  mueosi- 
tes  dans  les  petites  bronches.  II  y  avail  de  1'emphyseme 
dans  le  mediastin  posterieur;  Fair  etait  entre  par  la 
plaie.  L'estomac  contenait  des  aliments  (des  tripes),  en 
partie  digeres,  mais  repandantune  odeur  infecte  d'acide 
butyrique.  Ceci  prouve  que  la  section  des  pneumogas-*- 
triques  avail  arreto  la  digestion. 

La  partie  superieure  del'intestin  grele  offrait  des  chy- 
liferes  injectes  en  blanc, 


408  NERF    PNE.UMOGASTRIO.Ut:. 

Exp.  (12  novembre  1845).  —  On  constata  que  les 
pulsations  d'un  chicn  adulte  et  a  jeun  etaient  au  nombre 
de  80  par  minute,  tivoc  ^irregularity  normale.  Les 
respirations  etaient  au  nombre  de  14  par  minute.  L'he- 
modynamometre  oscillait  entre  170  et  200.  Alors  on 
opera  la  section  des  deux  ncrfs  vagues  dans  la  region 
moyenne  du  cou. 

Immediatement  apres,  les  pulsations  etaient  au  nom- 
bre de  95  par  minute.  Dix  minutes  apres,  elles  etaient 
au  nombre  de  175. 

Les  respirations  etaient  au  nombre  fie  0.  L'hemody- 
namometre  oscillait  entre  5/|0  ct  550  par  secousses 

A      • 

de  4  a  5  millimetres  seulement. 

Alors  on  administra  a  1'animal  Irois  gnu  ties  de  nico- 
tine dans  une  plaie  sous-cutanee  faite  a  la  partie  interne 
de  la  cuisse. 

Au  bout  de  deux  a  Irois  minutes,  les  phenomenes  dns 
a  1'action  de  la  nicotine  se  manifesterent;  L' animal  etait 
chaiicelant,  titubant;  il  n'avait  cependant  pas  de  vo- 
missement ;  les  mouvements  respiratoires  n'etaient  pas 
acceleres  :  il  y  en  avail  5  a  la  minute;  les  pulsations 
etaient  au  nombre  de  148.  Apres  qnelqnes  instants,  les 
yeux  offraienl  les  modifications  dues  a  1'influence  de  la 
nicotine,  c'est-a-dire  une  occlusion  de  la  troisieme  pa.u- 
piere  qui  donnait  a  1'animal  1'apparence  d'avoir  les 
yeux  renverses.  L'hemodynamometre ,  applique  une 
demi-heure  apres  Tadministration  de  la  nicotine  , 
oscillait  entre  150  et  160. 

L'animal  mourut  pendant  la  nuit,  probablement  six 
pu  sept  lieures  apres  1'operalion. 


EXPERIENCES.  409 

Les  poumons  etaient  seulement  un  peu  hyperemies 
et  ne  contenaient  pas  de  mucosites. 

La  conclusion  a  tirer  des  deux  dernieres  experiences 
est  que  la  nicotine  ne  produit  pas  les  troubles  de  la  cir- 
culation et  de  la  respiration  qui  lui  sonl  propres  apres 
que  les  pneumpgastriques  ont  etc  coupes. 

Dans  d'autres  experiences  rapportees  plus  haut,  nous 
avons  vu  que  la  section  des  pneumogastriques  dans  la 
region  du  cou  n'arrete  jamais  immediatement  la  respira- 
tion, land  is  que  la  galvanisation  du  bout  central  pent 
produirecet  eff'et.  Mais  il  semble,  au  contraire,  que  la 
section  des  pneumogastriques  dans  le  crane,  a  leur  ori- 
gine  rneine,  pourrait  egalementamener  une  mort  subite. 
Les  experiences  suivantes  en  seraient  une  preuve. 

£#/K  (mai  1843).  —  Sur  un  lapiu,  on  enleva  une 
partie  de  1'occipital  et  on  coupa  les  deux  pneumogas- 
triques sur  les  cotes  de  la  moelle  allongee.  Aussitot  les 
mouvements  cespiratoires  cesserent  et  Fanimal  mourut. 
L' animal  etait  deja  Ires  alTaibli  an  moment  ou  on  fit 
la  section  des  pneumogustritfiies;  cependant  la  mort  a 
coincide  exactement  avec  la  section  des  pneumogas- 
triques. 

Exp. —  Sur  un  chien  adulte,  prealablement  stupt3fie 
}>arropium,  on  enleva  1'occipital  et  on  lit  la  section  des 
deux  pneumogastriques  a  leur  origine,  en  conservant 
les.spinaux.  L' animal  etaittres  affaibli;  mais,  lorsqu'on 
eut  coupe  les  pneumogastriques,  les  mouvements  res^ 
piratoires  cesserent  aussit6t  et  1'animal  mourut. 

Exp.—  Le  20.mai  1843,  sur  un  jeune  chien,  on  en- 
leva  Toecipital  en  partie  et  on  accrocha  les  deux  nerfe 


/1 10  NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

spinaux  stir  les  cotes  de  la  moelle;  on  arracha  toute  leur 
partie  inferieure  :  la  voix  ne  fut  pas  modifiee.  Ensuitc, 
on  detruisit  successivement,  en  montant  vers  les  pneu- 
mogastriques,  les  autres  filets  d'origine  du  spinal,  et, 
lorsque  les  filets  les  plus  elevcs  furent  detrnits,  la  voix 
fut  voilee.  Quand  ranimal  criait,  il  rendait  un  souffle 
plutot  qu'un  veritable  son.  Ce  souffle  produisait  line 
espece  de  sifilement  dans  1'expiration.  Si  on  faisait  faire 
de  grands  efforts  ;i  ranimal  pour  crier,  1'expiration  res- 
tait  soufflante,  mais  Finspiration  devenait  bniyante  ct 
produisait  une  espece  de  braieincnt.  Alors  on  coupa 
Ic  pneumogastrique  ii  droite  et  Fanimal  continua  en- 
core a  respirer.  On  le  coupa  a  gauche  :  aussitot  ranimal 
mourut  sans  donner  de  signe  do  suffocation.  11  faut 
noter  encore  que  dans  cette  experience  1'animal  etait 
affaibli  par  1' operation. 

On  a  pn  se  convaincre  dans  cctte  operation  que  le 
spinal  n'etait  pas  d'une  sensibilite  evidente,  tandis  que 
le  pneumogastrique,  quand  on  le  touchait,  provoquait 
les  signes  d'une  sensibilite  vive.  Le  pneumogastrique 
paraitrait  done  plus  sensible  a  son  origine  que  dans  la 
region  du  cou. 

Exp.  (27  avril  1841).  -  -  Sur  un  jeune  lapin  on  fit 
la  section  du  pneumogastrique  gauche  dans  le  crane. 

Aussit6t  tons  les  mouvements  de  la  respiration  ces- 
serent  dans  le  cote  correspondant.  La  narine  gauche 
resta  immobile  et  plus  dilatee  que  la  droite  qui  avait 
conserve  sa  motilito"  normale.  L' animal  avait  conserve 
toute  la  sensibilite  de  la  face  du  c6te  gauche.  Lorsqu'on 
le  pincait,  il  relirait  les  levres;  il  clignait,  ce  qui 


EXPERIENCES.  /ill 

prouve  que  le  nerf  facial  eiait  intact.  De  sorte  que  les 
mouvements  de  la  face  semblaient  conserves,  excepte 
eel u i  de  la  respiration  dans  la  imrine. 

En  examinant  1'animal  en  face,  la  levre  superieure 
paraissait  un  pen  relevee  et  retiree  en  arriere. 

Exp.  —  Sur  un  chien,  chez  lequel  on  avail  determine 
le  coma  par  line  fracture  du  crane  qui  avail  du  reste  pro- 
duitle  diabete  (v.  1. 1,  p.  Sft/i),  on  conpa  les  deux  nerfs 
pnenmogastriques  dans  la  region  moyenne  du  con,  et, 
ce  qu'il  y  cut  de  remarquable,  c'est  que  1'animal  cessa 
de  respirer  aisssitut  apres  la  section  des  vagues.  Mais  on 
reproduisit  des  mouvements  respiratoires  el  de  degluti- 
tion, en  excitant  le  bout  central  des  nerfs  vagues.  On  ne 
produisail  absolumenl  rien  en  agissnnt  sur  les  bouts  pe- 
ripheriques;ce  qui  prouve  ('videmmenl  que  les  mouve- 
ments respiratoire  s'operent  dans  ce  cas  par  action  reflexe; 
seulement  chez  le  chien,  il  scrait  difficile  de  dire  si  c'e"- 
tait  par  le  pneumogastrique  ou  par  le  grand  sympathi- 
que,  car  ces  deux  nerfs  se  trouvent  rennis.  II  y  avail 
en  meme  temps  chez  ce  chien,  dans  le  coma,  une  sali- 
vation Ires  abondante.  Alors  j'ai  decouverl  le  canal  de 
Stenon :  rien  ne  s'e'coulailpar  ce  canal,  ce  qui  semblerail 
prouver  que  la  salivation  etait,  dans  ce  cas,  produite 
surtout  aux  depeiis  des  glancles  sous-maxillain^s. 

Enfin,  a  1'autopsie,  on  observa  des  ecchymoses  dans 
le  foie,  ecchymoses  surtout  Ires  visibles  dans  les  parois  de 
la  vesicule  du  fiel.  Les  ganglions  lymphatiquesdelaface 
et  du  con  etaient  marbres  par  desepanchements  sanguins. 
Ces  lesions  etaient  sans  doute  la  consequence  des  chocs 
sur  la  tete  qui  avaient  produitla  fracture  des  osdu  crane, 


412  NERF    1'NEUMOGASTRIQUE. 

car  on  ne  saurait  attribuer  de  semblables  resultats  a 
1'insufflation.  Ces  ecchymoses  du  foie  sont  surtout 

«. 

interessantes,  en  ce  qu'on  a  signale  des  lesions  du 
foie,  commc  coi'ucidant  souvent  avec  les  fractures  du 
crane. 

Exp.  —  On  lit  sur  un  lapin  la  section  de  la  moitie 
de  la  moelle,  dans  la  region  cervicale,  au  niveau  de 
I'articulatioti  occipito-atloi'dienne  gauche. 

Les  mouvcments  du  nez  etde  lalevre  furent  abolis  a 
droite,  et  les  traits  etaicnt  pousses  en  avant  de  ce  c6te". 
La  sensibilite  existait  des  deux  cote's  de  la  face  et  les 
oreilles  n'etaient  point  paralysees,  non  plus  que  les 
yeux  qui  se  fermaient  des  deux  c6tes;  les  membres 
avaient  tons  conserve  leur  sensibilite. 

Quand  on  excitait  1'ahimal,  il  se  produisait  des  mou- 
vements  dans  la  levre  droite,  mouvements  qui  n'avaient 
pas  la  forme  respirateire. 

En  resume,  on  pent  dire  que  les  mouvements  respi- 
ratoires  sculs  etaient  abolis  dans  la  face ;  tons  les  autres, 
ceux  de  rueil  et  de  1'oreille  etaient  conserves. 

Alors  on  essaya  de  faire  la  section  de  la  cinquieme 
paire  et  Tamma!  mourut. 

On  constata  a  1'autopsie  que  la  moelle  etait  blessee  k 
droite,  au  niveau  du  calamus  scriplorius ;  la  moiti^  gau- 
che n'avait  ett3  nullement  interessee.  La  plaie  siegeait 
un  peu  au-dessous  de  1'origine  des  pneumogastriques.  La 
section  de  la  moelle  en  ce  point  avait  done  fait  cesser  les 
mouvements  respiratoires  sans  leser  la  cinquieme  paire 
ni  le  facial,  puisque  la  sensibilite .  et  les  mouvements 
des  yeux  etaient  parfaitements  conserves. 


EXPERIENCES. 

II  nous  reste  main  tenant  a  examiner  1'influeiice 
qu'exerce  la  section  du  pneumogastrique  surles  organes 
contenus  clans  rabdomen.  sur  les  organes  digestifs  etsur 
le  foie.  Cette  etude  sera  le  sujet  de  la  prochaine  lecon; 
nous  devrons  y  rechercher  encore  la  cause  de  la  mort 
des  animaux  qui  succombent  a  la  section  des  nerfs 
vagues,  cause  que  nous  n'avons  pas  trouvee  necessaire- 
ment  clans  les  alterations  produites  sur  les  organes 
thoraciques. 


QUATORZIEME   LECON 

24  JUIN   1857. 

SOMMAIHE  :  Effcls  de  la  section  du  pneumogastrique  sur  les  organes 
abdominaux.  -  -  La  sensation  dc  la  faini  persiste.  —  Les  aliments 
s'accumulent  dans  1'cesophage  paralyse.  —  La  secretion  gastrique  est 
troublee.  --  Experiences  sur  des  inainmiferes  et  sur  des  oiseaux. 
—  Modifications  apportees  par  la  section  des  nerfs  vagues  dans  I'ab- 
sorption  sur  la  membrane  nuiqueuse  stomacale.  — Elfels  de  la  sec- 
tion des  nerfs  pncumogastriques  .stir  les  fonctions  du  foie.  — La  fonc- 
tion  glycogenique  est  troublee.  —  Experiences.  -  -  Modification  du 
cote  des  urines.  --La  galvanisation  du  nerf  pneumogastrique  deter- 
mine rapparilion  du  Sucre  dans  le  sang  et  dans  les  urines.  --  Expe- 
riences. —  Observation  du  relour  des  propriett-s  nervcu-es  dans  un 
pneumogastrique  fatigue  par  la  galvanisation.  -  -  Observalion  du 
retour  des  actes  physiologiques  aaxquels  preside  le  pneumogastrique, 
apres  la  section  de  ce  nerf. 

MESSIEURS  , 

Nous  continuous  aujourd'hui  I'liistoire  du  pneuino- 
gasirique,  et  nous  ullons  cherclier  u  voir  comment  suc- 
combent  les  animaux  chez  lesquels  on  en  a  pratique 
la  section. 

Nous  avons  vu  qu'ils  pouvaient  mourir  asphyxies  ; 
mais  il  r.e  faudrait  pourtant  pas  generaliser  cette 
conclusion,  parce  que  dans  certaines  conditions,  dans 
certaines  especes  animales,  1'hepatisation  du  poumon 
n'a  pas  lieu.  Cette  lesion  est  done  une  cause  de  mort 
accidentelle. 

Examinons  maintenantce  qui  arrive  chez  les  animaux 
qui,  apres  avoir  en  les  pneumogastriques  coupes,  ne 


NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

presenlent  pas  la  lesion  pulmonaire  et  meurent  cepen- 
dant. 

On  ne  peut  pas  admettre  que  les  animaux  meurent 
par  suite  de  troubles  de  la  digestion,  car  ils  succombent 
beaucoup  plus  vite  que  les  animaux  soumis  al'abstinence. 
Cependant  il  y  a  aussi  dans  les  actes  digestifs  des 
troubles  qui  ont  sur  la  mort  une  influence  evidente. 

Le  larynx ,  I'ossophage ,  1'estomac  sont  paralyses  : 
niais  les  animaux  ne  perdent  pas  Fappetit  pour  cela. 

On  avail  presente  1'estomac  comme  le  siege  de  la  sen- 
sation de  la  faim,  et  on  avail  pretend u  que  la  section  des 
pneumogastriques  fuisait  disparattrelebesoinde  prendre 
des  aliments.  II  n'en  est  rien  :  apres  1' ope  rat  ion,  les 
animaux  continuent  a  manger ;  nous  avons  vu  beaucoup 
de  lapins  manger  surtout  lorsqu'ils  ont  etc  operes  etant 
a  jeun.  Dans  ces  conditions  les  animaux  continuent 
done  a  manger ;  mais  ils  rendent  ordinairemenl  apres 
un  certain  temps  ce  qu'ils  ont  pris.  On  a  chercbe  a 
expliquer  ces  vomissements  qui  suivent  Fingestion  des 
aliments  en  pretendant  que  ces  animaux  avaient  bien 
garde  la  sensation  de  la  faim  ,  mais  qu'ils  avaient  perdu 
celle  de  la  satiete. 

Desireux  de  verifier,  aussi  directement  que  possible, 
ce  quise  passe  dans  cette  circonstance,  j'avais  autrefois 
coupe  les  pneumogastriques  surunchienporteur  d'une 
fistule  stoniacalc,  assez  large  pour  pcrmettre  1'observa- 
tion.  Au  moment  de  Foperation,  ce  chien  etaitajeun. 
Apres  la  section,  il  mangea  avidement;  rien  ne  par- 
venail  cependant  dans  Festomac.  Bientot  Faniinal  se 
mil  a  vomir;  tout  s'etait  accumule  dans  Foesophage. 


. 

ftlG  NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

Je  vous  ai  dit  que  la  section  ties  pneumogastriques 
paralysait  1'oesophage ;  il  se  trouve  des  lors  constituer 
une  poche  inerte  qui  cede  a  1'action  mecaniquo  des  ali- 
ments ingeres  et  se dilate.  Totitefois  le  cardia  reste  ferine" 
etce  n'est  qu'au  bout  d'un  certain  temps  qu'ilse  relache 
a  son  tour. 

Ces  observations  sont  d'accord  avec  celles  de  Magcn- 
dieet  de  Muller  qui  avaient  \u  que  lorsque  1'oesophage 
est  en  repos,  le  cardia  est  le  siege  de  contractions  ver- 
miculaires  qui  comprennent  le  cinquieme  intV'rieur  do 
1'oesophage  environ. 

Le  lendemain  de  rop&ration,  il  n'en  est  plus  ainsi; 
les  aliments  s'accumulcnt  encore  dans  I'oesophage,  mais 
ils  finisscnt  par  penetrer  dans  1'estomac  peu  apres,  sol- 
licites  par  les  contractions  des  piliers  du  diaphragme. 

11  y  a  en  meme  temps  paralysie  de  1'estomac.  En  y 
introduisant  le  doigt,  on  ne  le  sent  plus  presse  par  les 
contractions  que  sa  presence  determine  lorsque  les 
pneumogastriques  sont  intacts. 

On  a  signale  encore,  comme  consequence  de  la  sec- 
tion des  pneumogastriques,  la  suppression  de  la  secrtHion 
gastrique.  Cette  influence,  toutefois,  a  ete  tres  contro- 
versee.  Tandis  que  certains  auteurs  1'admettent,  d'autres 
'la  nient.  Je  vous  dirai  ceque  m'ont  appris,  a  eet  egard, 
mes  experiences,  qui  ont  porte  sur  deux  ou  trois  ob- 
servations directes. 

Lorsqu'on  prend  un  chien  qui  a  a  1'estomac  une  fis- 
tule  large  etpouvant  permettre  d'observer  1'etat  de  1'or- 
gane,  on  voit  que  Tanimal  etant  a  jeun,  son  estomac 
vide  est  enduit  d'un  mucus  a  reaction  alcaline.  Ce 


SECRETIONS   GASTRIQUES.  417 

mucus  etant  enleve  avec  une  eponge  douce,  la  membrane 
muqueuse  devinl  immediatement  rouge,  turgide;  elle 
se  recouvrit  desgouttelettes  du  sue  gastrique  qui  bientdt 
ruisselerent  le  long  cles  parois  de  I'organe.  C'est  a  ce  mo- 
ment et  dans  ces  conditions,  que  j'ai  coupe  les  deux 
pneumogastriques.  Aussilot  la  membrane  muqueuse 
(Halt  devenue  pale,  de  rouge  qifelle  etait;  la  secretion 
gastrique,  acide,  limpidc,  avail  immediatement  change" 
de  caractere  et  avail  etc  rcmplacee  quelquefois  par  une 
secretion  muqueuse  alcaline,  visqueuse  et  filante.  Telles 
sont  les  conditions  dans  lesquelles  j'ai  deux  ibis  observe" 
ce  phenomene. 

Si  maintenant  on  taisait  1'experience  autrement : 
que  Ton  donnat  a  manger  a  Tanimal  et  qu'on  lui  coupat 
ensuite  les  pneumogastriques,  on  ne  serait  plus  dans  des 
circonstances  aussi  salisfaisanles  pour  observer,  dogage 
d'influences  e'trangeres,  1'eflet  tie  la  section  des  nerfs 
vagues.  II  y  aurait  eu  secretion  de  sue  gastrique,  au 
moment  de  I'arrivce  des  aliments  dans  1'estomac,  et  ce 
sue  gastrique,  pre'alablernent  secrete  et  cmprisonne  avec 
les  aliments,  pourrait,  etant  retrouve,  iaire  croire  que 
la  secretion  a  continue'  apres  I'op6 ration. 

II  est  encore,  dans  1' appreciation  de  cefait,  uneautre 
cause  d'erreur,  que  j'ai  pu  constatcr  dans  des  expe- 
riences directes.  Sur  un  chien,  dont  nous  rapporterons 
plus  loin  1'observation ,  j'ai  mis,  apres  1'operation, 
de  la  soupe  dans  1'estomac.  La  fir.lule  fut  bouchee  avec 
une  eponge  maintenue  par  un  bandage  de  corps.  Le 
lendemain,  la  soupe  etait  encore  dans  1'estomac  ou  elle 
se  trouvait  a  1'etat  d'une  bouillie  tres  acide.  Devrait-on 

B.,  SYS,  NEBV,—  ir,  27 


a  18  NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

en  conclure  qu'il  y  avail  en  secretion  de  sue  gastrique? 
—  Ce  serait,  Messieurs,  tirer  de  cette  observation,  des 
conclusions  erronees  qui  dependraient  d'une  simple 
apparence.  On  se  tromperait  en  admettaut  que  la  reac- 
tion acide  fill  due  au  sue  gastrique:  elle  provenait  de  la 
fermentation  lactique  de  F  aliment. 

Eu  effet  je  vidai  alors  1'estomac,  dans  lequel  j'intro- 
duisis  de  la  viande  hachee.  Le  lendemain,  cette  viande 
etait  infecte;  elle  exhalait  uneodeur  ammoniacale  Ires 
prononcee,  etdonnait  une  reaction  alcaline,  resullat  de 
la  decomposition  spontanee  de  la  viande. 

II  est  done  important  de  ne  pas  se  placer,  pour  juger 
de  rintluence  de  la  section  des  pneuniogastriques  sur 
les  secretions  de  1'estoinac,  dans  des  conditions qui  expo- 
sent  a  prendre  la  reaction  des  aliments  pour  celle  du  sue 
gastrique. 

En  resume,  si,  au  moment  de  1'operation,  il  se  trouve 
des  aliments  dans  1'estomac ,  le  sue  gastrique  secrete 
pent  continuer  ii  les  digerer ;  niais,  si  le  sue  gastrique 
est  enleve,  la  section  des  pneumogastriques  empeche  la 
secretion  de  se  produire  apres  qu'elle  a  ete  pratiquee. 
Nous  verrons  bientot  si  la  secretion  gastrique  pent 
plus  tard  se  montrer  de  nouveau  ;  car  il  est  des  cas  ex- 
ceptionnels  dans  lesquels  les  animaux  ont  survecu  a  la 
section  des  nerfs  vagues.  Dans  tons  les  cas,  la  conclusion 
immediate  est  qu'apres  la  section  des  pneumogastriques, 
la  secretion  du  sue  gastrique  est  au  moins  momentane- 
ment  troublee  et  suspendue. 

Voici  maintenant  les  details  des  fails  dont  nous  ve- 
nous d'indiquer  les  principaux  resultats  : 


EXPERIENCES. 

Exp.  —  Deux  lapins.  Fun  a  jeun,  1'autre  en  digestion, 
eurent  les  pneumogastriques  coupes  dans  la  region  clu 
cou.  Tons  deux  etaient  morts  le  lendemain  ctleur  esto- 
mac  presentait  toujoursla  reaction  acide,  etles  intestins 
une  reaction  alcaline. 

Apres  1'operalioii,  on  avait  presente"  des  carottes  aux 
deux  animaux;  scul,  celui  qui  etaitajeun,  en  avait 
mange. 

Mais  bientot  il  ne  put  plus  avaler,  eterntia,  cut  des 
etouffements  et  fit  des  efforts  de  vomissement,  sans  rien 
rendre  toutefois.  II  avait  la  respiration  anxieuse  comme 
s'il  cut  eu  quelque  chose  dans  la  trachee. 

A  1'autopsie,  on  trouva  I'cesophage  distendu  par  des 
carottes  niacheesqui  le  remplissaient  jusqu'au  niveau  du 
larynx,  et  on  reconnut  des  fragments  de  carottes  qui 
avaient  penetre  dans  la  trachee.  Vers  la  partie  infe- 
rieure,  les  carottes  s'arretaicnt  imme'diatement  au-des- 
sus  des  piliers  du  diaphragme. 

Exp.  —  Sur  un  cheval,  a  jeun  depuis  vingl-quatre 
heurcs,  morveux  et  farcineux,  amaigri  par  la  maladie, 
on  lit  la  resection  (rune  certaine  longueur  des  deux 
nerfs  vagues,  dans  la  region  moyenne  du  con.  A  droite, 
le  nerf  ne  parut  pas  sensible;  a  gauche,  il  parut  done 
d'une  legere  sensibilite  quand  on  le  pincait  et  qu'on  le 
tiraillait  en  meine  temps. 

Les  deux  vagues  etant  coupes  de  chaque  c6te,  a  pen 
pres  au  niveau  de  Tarticulation  du  larynx  avec  la  tra- 
chee ;  raiiinml  ne  seinbla  nnlleraent  gene  et  la  respi- 
ration rcsta  libre. 

On  donna  alors  3  litres  d'avoine  a  manger  a  1'animal ; 


/|  20  XKRF    PMUiMOGASTRlQUE. 

* 

il  les  mangea  d'abord  assex  bien,  mais,  apres  45  ou 
18 minutes,  lorsqu'il  arriva  alaiin  de  son avoine,  il  parut 
gene  dans  la  deglutition  et  eternua  comme  si  quelque 
parcelle  d'aliments  avail  penetre  dans  le  larynx. 

On  lui  donna  alors  du  foin  qu'il  mangea,  mais  assez 
Icntemenl,  ct  en  n'en  prenant  quo  de  petites  bouchees 
a  la  fois.  Au  bout  de  cinq  a  six  minutes,  il  fut  repris 
plus  fort  par  la  gene  de  deglutition,  clcruuail  violem- 
menl,  baissait  la  tete  et  s'arretait  de  manger  pour  re- 
eommencer,  lorsque  la  quinte  de  toux  etail  passee.  Alors, 
on  donna  a  boire  au  cheval.  11  pril  une  gorgee  d'eau,  et 
aussitotelle  lui  ressortit  par  les  naseaux,  entrainant  avec 
elle  de  1'avoiue  broyee,  melangee  a  du  foin  ires  iinement 
mache.  De  violenls  elernuments  s'ensuivirenl  et  se  cal- 
merent  au  bout  de  quelques  minutes.  L'animal  repril 
alors  une  nouvelle  gorgee  d'eau  ;  les  iiiemes  phenomenes 
survinrent,  et  prouverent  evidemment  qu'il  ne  pouvait 
pas  avaler  1'eau  (ju'il  buvail.  Alors  on  le  sacrifia  par 
1'ouverture  de  1'artere  carotide. 

En  examinant  I'cBsophage,  on  le  Irouva  rempli  d'un 
boudin  alimenlaire  s'ciendant  depuis  les  piliers  du  dia- 
phragme  jusque  au  pharynx.  Aucune  parcelle  alimen- 
taire  n'avaitpenetre  dans  1'estomac,  qui  contenait  seule- 
menl  un  peu  d'un  liquidc  verdatre.  La  partie  superieure 
de  la  malierealimentaire  eontenue  dansl'oesophage,  for- 
mait  une  pate  plus  fiuide  que  culle  de  la  partie  infe- 
rieure.  Cela  etait  du  a  Teau  avalee;  ce  qui  le  prouve, 
c'est  que  cette  bouillie  se  relrouvail  jusque  dans  le 
pharynx  et  les  fosses  nasales. 

*•  tj 

Cette  experience  montre  clairementque  les  sensations 


l-iXI'KRIENCES.  /|  21 

de  lafaim  et  tie  la  soif  ne  sont  pas  abolies  par  la  section 
des  nerfs  vagues  et  que  si  les  animaux  se  remplissentalors 
1'cesophage  jusqu'au  pharynx,  ce  n'est  pas,  comme  on 
ravaitcruancieimement,parcequ'ilsont  perdu  la  satiete; 
mais  parce  que  les  aliments  ne  peuvent  plus  pe"netrer 
dans  1'estomac  et  s'arretent  dans  1'oesophage  paralyse. 

Exp.  —  Deux  lapins  a  jeun,  qui  eurent  les  pncumo- 
gastrfques  coupes,  presenterent  des  phenomenes  analo- 
gues. Le  pain  que  1'un  mangea  lui  resta  dans  1'oesophage ; 
1'autre  mangea  des  carottcs  qui  s'y  amMerent  aussi.  Chez 
ces  deux  animaux,  la  presence  de  ces  aliments  dans 
1'oesophage  arnena  des  phe"nomenes  de  suffocation. 

Exp.  (10  decembre  1843.)  •  •  Sur  un  chien,  muni 
d'une  large  fistule gastrique  qui  datait  do  deux  mois,  on 
fit  la  section  des  deux  nerfs  vagues  de  la  maniere  sui- 
vante  : 

La  fistule  examinee  avant  la  section,  1'animal  e"tant  a 
jeun,  offrait  une  reaction  tres  acide ;  et,  en  promenant 
le  doigt  dans  1'estomac,  on  le  retirait  humecte  par  un 
liqnidc  tres  acide.  La  membrane  muqueuse  de  1'estomac 
tbrmait  antour  de  la  fistule  un  bourrclct  d'un  rouge  vif 
et  turgide.  On  fit  alors  la  section  des  deux  nerfs  pneu- 
inogastriques  dans  la  region  du  con. 

Aussitot  apres  cette  section,  la  membrane  muqueuse 
se  decolora  instantanement,  devint  livide  et  blafarde 
comme  celle  d'un  animal  mort ;  la  secretion  acide  cessa 
et  la  membrane  offrit  une  reaction  neutre  sur  les  bords 
de  la  fistule;  ce  n'est  qu'en  1'enfoncant  profondeinent 
dans  1'estomac  que  le  papier  bleu  rougissait  encore.  Au 
bout  de  vingt  minutes,  il  n'y  avait  plus  nulle  part  de 


NERF    PNtiUMOGASTRIQUK. 

reaction  acide,  et  le  liquide  qui  s'ecoulait  de  la  fistule 
etait  neutre.  Lorsqu'on  introduisait  le  doigt  par  la  fis- 
lule,  les  parois  de  1'eslomac  no  se  contractaient  plus; 
et  1'animal  n'eprouvait  plus  de  sensation.  Aussitot 
apres  la  section  des  nerfs  vagucs,  on  donna  a  manger  a 
ranimal  de  la  soupc  an  lait  sucree ;  il  la  mangea  avec 
peine  et  en  faisant  beauconp  d'eflbrls  pour  1'avaler ; 
mass  on  ne  la  vitpas  descendre  dans  1'estomac  et  sortir 
par  la  iistule,  ainsi  qne  cela  avail  lieu  pour  les  aliments 
inheres  avant  la  section  des  piHjimiogastriques.  Un  in- 
stant apres,  ranimal  vomit  sa  soupe.  melee  d'unogrande 
quantitc  de  mucus  fllant. 

L'animal  essaya  a  quatre  reprises  differentes  de  man- 
ger sasonpe  sans  pouvoir  la  faire  entrer  dans  1'estomac. 
Trois  heures  apres  la  section  des  vagues,  1'estomac  etait 
toujours  nentre.  On  introduisit  alors  dans  son  cstomac, 
a  1'aiilc  do  la  fistule,  des  morceaux  de  sucre,  de  Talbu- 
inine  el  un  pen  de  lactate  de  fer. 

Treize  heures  apres  la  section  des  vagues,  1'estomac 
e'tait  loujours  neutre;  1'animal  paraissait  malade;  on 
retira  de  1'estomac  une  certaine  c[iiantit(3  d'un  liqnide 
filant  a  reaction  neutre. 

Yingt-qualre  heures  apres  1'operation.  1'animal  etait 
tres  malade,  et  a  ce  moment,  1'animal  etant  couche,  on 
vit  s'ecouler  par  1'estomac  un  liquide  blanchatre  tres 
acide  qne  Ton  reconnut  visiblement  pour  etre  clu  lait 
qui  elait  descendu  de  I'oesophage  dans  1'estomac  et  qui, 
pendant  son  sejour  dans  I'cesophage,  avail  subi  !a  fer- 
mentation laclique.  L'aniinal  mourut  quelque  temps 
apres. 


EXPERIENCES.  423 

A  1'autopsie,  on  trouva  des  matieres  alimentaires 
empilees  dans  1'oesophage  distendu,  j usque  dans  le  pha- 
rynx. Les  parties  solides  des  aliments  etaient  arretees 
par  les  piliers  du  diaphragme ;  il  u'y  avail  eu  que  les  par- 
ties liquides  qui  avaient  coule  dans  la  cavite  stomacale. 
Dans  1'oesophage,  il  y  avail  du  pain  et  des  morceaux  de 
viaiule  qui  n'avaicnt  subi  aucune  alteration. 

Les  poumons  etaient  sains  et  exempts  d'ccchy- 
moses. 

Exp.  ( \  3  decembre  1 8/i5 . )  —  Unc  jeune  chiennc  por- 
tait  depuis  un  inois  Line  fistnle  gastrique  parfaitement 
cicatrisee,  maisqui  avail  ete  dilatee  depuis  quelques jours 
avec  de  I'eponge  preparee,  afin  de  voir  plus  facilement 
la  surface  interne  de  1'estomac.  Sur  celte  chienne  on 
fit  la  resection  des  deux  ucrt's  vagues  dans  la  region 
moyennc  du  cou.  L'animal,  a  jeun  depuis  trente-six 
heures  et  affame,  veiiail  d'avaler  quelques  debris  de 
lapin  qu'il  avail  trouyes  dansle  laboratoire. 

Avant  de  faire  la  section  des  deux  nerfs  vagues.  je 
debouchai  la  fistulo  en  enlevant  1'eponge  preparee  qui 
1'obslruail.  L'eslomac  contenait  une  grande  quantite 
de  sue  gastrique  que  j'eulevai ,  ainsi  que  les  debris 
d'aliments  qui  s'y  trouvaient.  Avec  une  eponge  fine, 
j'essuyai  partout  la  surface  interne  de  1'estomac. 

Une  portion  de  la  membrane  muqueuse  faisait  saillie 
vers  la  partie  infericure  de  la  fistule ;  elle  etait  rouge  et 
turgide.  Alors  je  coupai  le  nerf  vague  droit,  prealable- 
menl  mis  a  decouverl ;  il  se  montra  nettement  sensible. 
Aussilot  la  membrane  muqueuse  devintpale.  Je  coupai 
ensuite  le  nerf  vague  gauche ,  qui  parut  moins  sensible 


NERF  PNEUMOGASTR1QUE. 

que  le  droit.  Lapaleurde  la  muqueuse  n'augmenta  pas 
d'une  facon  appreciable. 

Apres  cette  operation,  1'animal,  quoiquo  jeunc,  n'e- 
prouvapas  de  phe"nomenes  do  suffocation,  il  fit  scule- 
ment  quelques  efforts  de  toux. 

Alors  on  essuya  de  nouveau  la  muqueuse  avec  une 
eponge ;  il  n'y  avait  plus  aucune  secretion  a  sa  surface,  et 
elle  etait  tout  a  fait  insensible  quand  on  lapincait.  tandis 
qifavant  la  section  des  vagues,  die  etait  tres  sensible. 

Apres  la  section  des  nerfs  vagues,  ranimal  avait  con- 
serve 1'appetit  voracequ'il  manifestait  avant  Toperation. 
Onlui  donna  a  manger  du  fromagc  d'ltalie,  qu'il  mangea 
et  deglutit  en  faisant  des  efforts.  On  regarda  dans  1'esto- 
mac,  au  moment  ou  1'animal  avait  drjadi'gluti  nne  cer- 
tainc  quantite  d'aliments  :  rien  if  y  etait  descendu. 

Apres  quelimos  instants,  j'examinai  la  reaction  de  la 
muqueuse  stomacale;  elle  etait  sensiblement  neutre  au 
juipier  de  tournesol,  seche,  visqueuse  et  collante. 

Voulant  savoir  si  1'absorption  n'avait  pasete  modiflee 
par  la  section  des  vagues,  on  concha  1'animal  sur  ledos, 
et,  a  1'aide  d'une  pipette,  j'introduisisdans  1'estomac, 
par  la  fistule,  quelques  gouttes  d'acide  prussique  au 
quart.  Apres  quelques  instants,  1'animal  mourut  avec 
tous  les  phenomenes  de  1'empoisonnement  par  1'acide 
cyanhydrique. 

Apres  la  mort,  on  ouvrit  le  thorax  :  les  poumouss'af- 
faissaient;  le  sang  etait  rutilant  dans  les  arteres  et  moins 
noir  qu'a  1'ordinaire  dans  les  veines.  Le  coeurbatiit  pen- 
dant quelque  temps  et  les  vaisseaux  ouverts  donnerent 
du  sang  qui  devint  de  plus  en  plus  rutilant ;  et,  lors  des 


EXPERIENCES. 

dernieres  contractions  clu  coeur,  le  sang  veineux  etait 
aussi  rutilant  que  le  sang  arteriel:  ce  qui  etait  du.  d'une 
part,  a  Tinfluence  de  1'acide  prussique,  et,  de  1'autre,  a  ce 
que  dans  les  dernieres  portions  des  hemorrhagies  vei- 
neuses  le  sang  finit  par  offrir  une  couleur  plus  claire. 

En  ouvrant  1'oesophage,  on  le  trouva  dilate  par  les 
portions  d'aliments  qu'avaient  avalees  1'animal  et  qui  se 
trouvaient  entourees  d'un  mucus  filant. 

Toutes  les  parties  des  aliments  etaient  restees  au-des- 
susdu  diaphragme;  aucune  parcelle  n'etait  lombeedans 
1'estomae. 

Exp.  —  Sur  un  jeune  ehien  de  taille  nioyenne,  on 
lit  la  section  des  deux  pneumogastriques  eton  appliqua 
une  canule  a  la  trachee.  L'animal  etait  tres  sensible 
et  tres  indocile.  Les  pneumogastriques  etaient  sensibles 
lorsqu'on  en  fit  la  section. 

Apres  la  section  des  pneumogastriques,  {'animal  ne 
voulut  pas  manger.  Environ  un  quart  d'heure  apres.  il 
fut  pris  d'attaques  d'epilepsie  qui  se  renouvelerent  tres 
frequemment. 

On  injecta  dans  Testomac  de  ralbumine  d'ceuf  frais 
m^lee  avec  de  1'eau,  que  1'animal  vomit  en  partie,  parce 
que  toute  la  substance  n'avait  pas  penetre  dans  Festomac. 

Deux  heures  apres,  on  introduisit  jusque  dans  1'esto- 
mac de  la  gelatine.  Six  heures  apres  1'operation,  on  vifc 
1'animal  qui  etait  toujours  dans  un  etat  epileptiforme. 

Yingt-quatre  heures  apres  le  chien  etait  mort. 

A  1'autopsie,  on  trouva  dans  1'estomac  quelques  par- 
celles  alimentaires. 

L'estomac  oftrait  une  reaction  neutre. 


420  Nlilir    I'XKliMOUASTlllQUE. 

Les  poumons  etaicnt  ibriemci't  congest ionncs  sans 
presenter  precisement  des  epancheinents. 

Les  experiences  sur  les  oiseaux  monirenl  queles  phe- 
nomenes  digestifs  sont  completement  arretes  par  suite 
de  la  paralysie  du  jabot  et  des  orpines  situes  au-dessous. 
Mais  co-mine  la  mort  survient  chez  eux  sans  alterations 
des  pouinons,  le  ternie  s'en  trouve  retarde. 

Exp.  (Mai  1850.)  —  Sur  un  jeune  pigeon  de  six  sc- 
maines  a  deux  niois.  mangeant  tres  bicn  soul,  ct  a  jeun 
depuis  vhigt-qualre  heures,  j'ai  coupe  les  deux  nerfs 
values  dans  la  region  sup^rieure  du  con,  en  denudant 
un  pen  le  bout  inimeur  pour  ('-viter  qu'il  se  trouvat  en 
contact  avec  le  bout  superieur.  Lcs  deux  vagues  parais- 
saientpeu  sensibles.  On  laissa  ie  pigeon  ji!S([u'au  lende- 
main  avec  des  vesces  qiii  etaient  son  aliment  ordinaire, 
et  avec  de  Veau. 

Le  lendemain,  le  pigeon  n'avait  pas  mange  et  son  ja- 
bot contenait  a  peine  quelques  graincs;  mais  il  etait 
rempli  d'air  et  d'un  liquide  clair  qui  regorgeait  par  le 
bee  du  pigeon,  quand  celui-ci  faisait  un  mouvement  uu 
pen  violent  ou  quand  on  lui  pressait  le  jabot. 

Les  jours  suivants,  le  pigeon  restait  dans  le  m^me 
etat;  il  paraissait  malade,  mangeait  a  peine  quelques 
graines  et  son  jabot  etait  toujours  plciu  tie  liquide  et  de 
gaz.  Ce  liquide  ne  me  paraissait  pas  provenir  directe- 
ment  de  ce  que  buvait  le  pigeon,  car  1'eau  n'avait  pas 
sensiblement  diminue  dans  le  vase.  An  bout  de  quel- 
ques jours  de  cet  etat,  le  pigeon  allait  un  pen  mieux; 
la  plaie  du  cou  etait  cicatrisee ;  il  prenait  un  peu  do 
vesces,  le  liquide  de  son  jabot  diminuait;  ce  pigeon 


EXPERIENCES. 

avait  beaucoup  maigri ;  cependant  il  paraissail  en  voie 
de  re'tablissement,  lorsque  le  douzieine  jour  cle  Topera- 
lion,  ayantmis  dans  uneeage  cet  animal,  reste  jusqu'a- 
lors  en  liberte,  je  le  trouvai  le  lendemain  etrangle  pour 
avoir  passe  la  tete  entre  les  barreaux  de  sa  cage  ou  elle 
etait  restee  prise. 

A  1'aulopsie,  on  trouva  quo  les  deux  nerfs  vagues 
etaientbien  reseques ;  leurs  Units  otaient  bien  cicatrises; 
mais  on  ne  rechercha  pas  s'il  y  avait  cntre  eux  des  filets 
de  communication.  Le  foie,  examine  le  lendemain,  ne 
contenait  pas  sensiblment  de  sucre. 

Exp.  (U  juillet  1850.)  —  Sur  un  pigeon  de  trois 
inois  environ ,  bien  nourri ,  vi^ounuix  ,  mais  n'ayant 
rien  dans  son  jabot,  ou  vosO'qua  les  deux  pneumogas- 
triques  a  la  partie  superieure  du  cou,  et  on  trouva  pen- 
dant l'operation  que  les  nerl's  etaient  assez  sensibles. 
Apresla  section  des  nerfs,  la  respiration  baissa  consi- 
derablement ;  les  pulsations  ne  furent  pas  comptees. 
Aussitut  apres l'operation,  1'animal  parut  essouffle,  mais 
bient6t  il  se  remit.  On  forma  la  plaie  du  cou  et  on  laissa 
ensuite  1'auimal  dans  une  cage  sans  lui  clonner  iii  a 
boire  ni  a  manger. 

Le  15  juillet,  le  pigeon  avait  1'air  assez  bien  portant, 
il  becquetait  quelques  graines  egarees  dans  sa  cage  et 
cssayait  de  les  manger.  On  constata  qu'il  n'avait  aucun 
liquide  dans  le  jabot  et  on  le  laissa  encore  ce  jour-la  a 
rabstjnence. 

Le  i6  juillel,  le  pigeon  paraissait  toujours  dans  le 
memo  etat;  point  de  licjuide  dans  le  jabot.  Alors  on  lui 
donna  a  boire  et  a  manger  :  aussitut  le  pigeon  se  jeta 


NEUF    I'MKU.MOI.ASTKIOUE. 

sur  1'eau  qu'on  lui  presentait  el  on  but  avecavidite  et  a 
plusieurs  reprises  line  grande  quantite.  Aussitol  quc  le 
pigeon  eut  bu,  il  pa  rut  gene  dans  sa  respiration  ;  il  se 
eambrait  en  arrierc  et  ouvrait  largement  le  bee  pour 
respirer  comme  s'il  etail  essouffle. 

Deux  heures  apres,  on  revit  le  pigeon  qui  paraissait 
assez  tranquille;  mais  aussitot  qu'on  lepritdans  la  main 
il  s'echappa  de  son  bee  du  liquide,  dont  le  jabot  etait 
plein  et  distondu  :  pnis.  aussitot  apres,  1'animal  parul 
essouffle  et  ouvrit  largement  le  bee  pour  respirer.  On 
replaoa  1'animal  dans  sa  eage  et  il  se  mit  encore  aboire 
a  di verses  reprises,  quoique  eela  parut  lui  g£ner  de  plus 
en  plus  la  respiration.  La  soif  paraissait  inextinguible; 
mais  il  n'en  etait  pas  de  memo  de  1'appetil,  car  on  ne 
lui  -vit  prendre  aucun  aliment  solide. 

Alors  on  enleva  1'eau  de  la  cage  du  pigeon  pour  savoir 
si  son  jabot  se  desemplirail. 

Le  lendemain,  17  juillet.  le  pigeon  etait  a  pen  pres 
dans  le  m^me  rtat.  Aussitot  qu'il  se  remuait  violemment, 
1'eau  de  son  jabot  etait  rejetee  et  1'animal  otait  es- 
souffle. Toutefois  1'eau  avail  disparu  en  partie  et  le  jabot 
etait  moins  pleiri  que  la  veille. 

Les  jours  suivants,  lepigeon  parut  aller  un  pen  mieux 
quoique  de  la  bile  se  trouvat  parfois  melee  an  liquide  des 
regurgitations.  L'animal  avail  considerablement  mai- 
gri;  il  s'afTaiblissait  continuellement  et  mourut  le 
26  juillet,  c'est-a-dire  douze  jours  apres  1'ope" ration. 

D'apres  les  experiences  qui  precedent,  on  pent  voir 
que  chez  les  oiseaux  la  section  des  nerfs  vagues  arr^te 
la  digestion.  On  voil  aussi  que  ces  animaux  resistent. 


EXPERIENCES.  /1 29 

en  general,  plus  longtemps  quc  les  mammiferes  aux 
suites  de  cette  operation. 

Nous  clevons  vous  parler  actuellement  cl'un  autre 
effet  de  la  section  des  nerfs  vogues  sur  les  phenomenes 
d'absorption  dans  la  membrane  muqueuse  de  1'estomac. 

Apres  la  section  des  pneumogaslriques,  la  membrane 
muqueuse  de  1'estomac,  par  suite  des  modifications 
circulatoires  qui  sont  survenues  dans  son  lissu,  absorbe 
plus  lentement  :  on  a  meme  dit  qu'elle  n'absorbaitpas 
du  tout  et  on  a  cite  des  experiences  dans  lesquelles,  apres 
la  ligature  du  pylore,  on  pouvait  injecter  dans  1'esto- 
mac une  solution  de  noixvomique  sansque  r animal  fut 
empoisonne.  Ces  experiences  out  ete  laites  par  M.  le 
professenr  II.  Bouley  (d'Alfort)  sin1  des  chevaux  et  sur 
des  chiens.  Nous  avons  repete  ces  experiences  avec  le 
prussiate  de  potasse,  quo  nous  avons  vu  cependant  passer 
dans  les  urines.  Dans  les  experiences  cilees  plus  haul, 
la  de-ligature  du  pyloi'e  ainenait  de  suite  rempoisonne- 
menl,  d'ou  on  avail  conclu  que  c'etait  dans  1'inlcslin 
quo I'absorpliori  avail  lieu.  Miiller  avail  deja  dit  qu'apres 
la  section  du  pneumogaslrique,  I'absorption  etait  ra- 
lentie  dans  1'eslomac.  Dupuy,  experimentant  sur  des 
chevaux  avec  la  pond  re  de  noix  vomique  apres  la  sec- 
tion des  pneumogaslriques ,  etait  arrive  a  conclure 
que  cette  poudrc  n'avait  pas  d'action.  Nous  avons  fail 
(juelques  experiences  qui,  d'accord  avec  les  fails  observes 
par  Miiller  et  M.  Bouley,  montrent  uii  ralentissement 
dans  ^'absorption  par  la  surface  stomacale. 

Exp.  —  Sur  une  cbienne  jeune  et  a  jeun,  on  coupa 
les  deux  pneumogaslriques  el  on  placa  une  canule  a  la 


/|30  NERF    PNEUMOGASTRIO.UE. 

trachee.  Les  pneumogastriques  no  se  montrerent  pas 
sensibles  a  la  section. 

Les  phenomenes  orclinaires  de  la  section  ties  pneumo- 
gastriques  se  manifesterent. 

Trois  heures  apres,  on  i'njecta  dans  I'estomac  de  I'a- 
cide  tartrique,  aihi  de  le  rechercher  dans  1'urine.  Mais, 
chose  singuliere,  quelques  instants  apivs,  le  venire  de 
I'animal  s'eluriiit  en  se  dilatant  considerablement. 

Quatre  heures  apres  la  section  des  pueumogastriques, 
on  injecta  une  solution  saturce  a  1'nml  de  cyanure  de 
inercure.  L'effipoisoiinenient  surviut  bientot,  inais  un 
pen  plus  leiitemeiit,  en  upparence,  quo  die/  les  chiens 
qui  n'oiit  pas  eu  les  pneumogastriques  coupes  et  avec 
des  troubles  de  la  circulation  moins  prononces  et  moins 
de  convulsions. 

A  1'autopsie  de  Faniinal,  on  sentit  dans  les  poumons 
1'odeur  caracteristiip^ie  de  Tacide  prussique.  L'estomac 
etait  enorme'ment  distendu  }>ar  des  gaz  qui  ne  passaient 
ni  dans  ra'sopliage  ni  dans  Piniestin  grele.  L'estomac 
etait  parfaitement  vide  d'aliiueuts.  Le  gaz  contenu  dans 
Testoniac,  recueilli  sous  1'eau  dans  une  cloche,  no  brula 
pas :  ce  u'etait  done  ni  de  1'hydrogene,  ni  de  1'oxygene 
Apres  la  section  des  pneumogastriques,  les  effets  de 
retherisaiion  paraissent  plus  durables. 

Exp.  (6  novembre  185  i .)— Sur  un  gros  chieu  caniche 
on  fit  une  injection  d'ether  dans  le  peritoine  et  dans  la 
plevre.  Au  moment  ou  Tetherisation  s'titait  manifestee, 
on  fit  la  section  des  deux  nerfs  vagues  dans  la  region 
moyenne  du  con.  La  section  des  vagues  out  pourresultat 
que  les  effets  de  Tetherisation  se  dissiperent  tres  Ion- 


EXPERIENCES.  llO\ 

temcnt.  Touteibis,  il  sembla  qu'apres  la  section  des 
vagues,  la  diminution  des  mouvements  respiratoires 
n'avaitpas  ete  aussi  considerable  chez  ce  chienquechez 
les  animaux  non  etherises. 

L'animal  servit  ensuite  a  des  experiences  sur  la  se- 
cretion salivaire  qui  durerent  line  heure  environ,  apres 
quoi  il  fut  sacrifie,  et  on  ne  trouva  pas  d' urine  dans  la 
vessie. 

Remarquez  bien  ici.  Messieurs,  quejusqu'a  present 
nous  ne  trouvons  rien  encore  qui  puisse  expliquer  la 
mort  qui  survient  chez  nos  operes. 

Mais  il  y  a  dans  rabdomen  un  autre  organe  sur  Icqucl 
le  pneuniogastrique  a  une  influence  reelle  quoiqu'elle 
semble  indirecte  :  cet  organe,  c'est  le  tbie. 

Voyons  si  nous  pouvons  regarder  les  troubles  qu'y 
amene  la  section  des  pneuniogastriques  coinme  cause  de 
la  mort. 

Lorsqu'on  coupe  les  pneumogastriques  sur  un  animal 
en  saute,  le  ibie  contient,  au  moment  tie  ('operation,  tout 
ce  qu'il  doit  normalement  contenir;  ce  n'est  que  plus 
tard  que  des  changements  peuvent  y  survenir. 

Lorsqif  on  a  coupe  les  nerfs  pneumogastriques  a  un 
lapin,  qu'il  est  mort  an  bout  de  trente-six  heures,  par 
exemple,  on  trouve  que  toujours  le  ibie  a  cesse  de  con- 
tenir du  sucre.  Chez  cechien,  chez  ce  pigeon,  qui  mour- 
ront  sans  Irsions  du  pouinon,  nous  ne  trouverons  plus 
tard.  dans  le  foie,  ni  sucre,  ni  matiere  glycogene. 

Peut-on  rattacher  la  mort  a  la  cessation  des  fonctions 
du  foie,  fonctions  que  d'ailleurs  nous  ne  connaissons  pas 
toutes?  —  Les  experiences  tendraient  a  le  faireadmettre. 


NERF  PNEUMOGASTRIOUE. 

En  suivant  1'animal  dans  son  developpement,  on  voit 
la  fonction  glycogenique  s'executer  des  la  vie  intra- 
uteriue;  plustard,  elle  persiste  pendant  tout  le  coursde 
la  vie  et  dure  jusqu'a  la  mort.  Chez  les  animaux  soumis 
a  1'abstinence,  on  voit  cette  fonction  persisler ;  toujours 
leur  foie  renferme  du  sucreet  de  la  matiere  glycogene; 
ce  n'est  que  quclques  jours  avant  la  mort  quc  la  matiere 
disparait.  A  ce  moment,  1'animal  est  perdu,  irre"  vocal  >le- 
rnent ,  memo  quand  on  lui  donne  a  manger.  Or,  quand 
les  animaux  sont  arrives  a  ce  point  d'epuisement,  qui  cor- 
respond a  la  disparition  de  la  matiere  glycogene  dans 
le  foie,  ils  succombent  generalement  au  bout  de  trois 
ou  quatre  jours,  conimc  apres  la  section  des  pneumo- 
gastriques.  Je  crois  que  chez  les  animaux  qui  out  subi 
cette  operation,  lorsqu'on  ne  trouve  rien  dans  le  coeur, 
rien  dansle  poumon,  rien  dans  1'estomac  qui  puisse  ex- 
pliquer  lamort,  ilfautserattacheracesfonctionsdu  foie 
qui  ne  peuvent  6tre  suspendues  sans  causer  la  perte  de 
ranimal.  Apres  la  section  des  pneumogastriques,  les  ani- 
maux se  refroidissent  ct  perissent  dans  lY-puisement 
qu'on  observe  dans  F inanition ;  seulement,  daiisl'inani- 
tion,  cette  periode  derniere  n'arrive  qu'au  bout  d'un 
temps  assez  long,  tanclis  qu'ici  elle  commence  de  suite 
apres  la  section  des  vagues. 

Pour  toutes  ces  raisous,  je  crois  que  la  cause  de  la 
mort  est  extremement  compliquee.  et  que  la  cessation 
des  fonctions  du  foie  doit  y  avoir  une  large  part. 

Du  reste,  les  experiences  qui  suivent  monlrent  com- 
bien  est  profonde  1'influence  de  la  section  des  pneumo- 
gastriques sur  les  phenomenes  de  la  nutrition,  et  quelles 


EXPERIENCES. 

modifications  cette  operation  amene,  soit  du  c6te  du 
foie,  soit  du  c6le  des  urines,  qui,  par  leur  composition, 
represented  jusqu'a  un  certain  point  1'etat  de  la  nu- 
trition. 

Exp.  (22novembre  1848).  —  Sur  un  chien  loulou, 
ayant,  deux  on  trois  heures  auparavant,  fait  un  repas 
de  viande.  on  coupa  les  deux  vagues  dans  la  region 
moyenne  du  cou.  Le  chien  etait  mort  le  troisieme  jour ; 
il  n'y  avail  pas  trace  de  sucre  dans  son  foie. 

Exp.  —  Sur  un  gros  lapin,  on  coupa  les  deux  nerfs 
vagues  dans  la  region  moyenne  du  cou  et  on  divisa,  en 
meme  temps,  le  filet  sympathique.  Le  vague  droit  parut 
tres  sensible  et  le  gauche  retail  heaucoup  moins. 

Aussilot  apres  la  section  des  nerfs,  la  respiration 
fut  ralenlie  et  devint  abdominale.  L'animal  n'avait 
pas  de  suffocation.  On  prit  de  1'urine  avant  1'opera- 
tion :  elle  etail  tres  trouble  et  tres  alcaline,  coloree  en 
jaune  rougealre. 

Trois  quarts  d'heure  apres,  on  retira  de  1'urine  de 
la  vessie  du  lapin ;  elle  elait  limpide  et  beaucoup  plus 
faiblement  alcaline. 

Exp.  (11  mars  1846).  -  -  Aun  lapin  a  jeuu,  ayant  les 
urines  acides  et  claires,  on  donna  a  midi  des  carottes  a 
manger.  Trois  heures  apres,  il  avail  les  urines  troubles, 
blanchalres,  nettement  alcalines.  Alors  on  coupa  les  deux 
vagues  en  ayant  soin  de  ne  pas  toucher  au  filet  du  sym- 
pathique. Les  signes  ordinaires  de  la  section  du  vague 
apparurcnt ,  moins  le  rhonchus  que  1'animal  ne  pre- 
senta  pas,  cequi  pourrait  peul-elre  dependrede  la  non- 
section  du  filet  du  sympathique. 

15. ,  Srsr    MKHV.  —  n.  28 


NERF    PNEUMOr.ASTRIQUK. 

A quatreheures  el  demie,  les  urines  tin  lapin  examinees 
etaient  neutres;  u  cinq  lieures  et  demie,  les  urines 
etaient  claires  et  bien  nettement  acides.  A  six  heuresles 
urines  etaient  to  u  jours  claires  et  tres  acides ;  le  lapin  se 
tenait  dans  un  coin,  respirait  lentementet  avec  peine, 
mais  il  ne  faisait  pas  entendre  de  rhonchus. 

Le  lendemain,  le  lapin  etait  mortet  on  trouva  a  I'au- 
topsie  que  les  recurrents  el  les  filets  sympathiques 
avaient  ete  menages. 

Exp.  (17  mars  18/iG).  —  Lapin  atlulte,  ajeun  depuis 
trente-six  heures,  ayantles  urines  tres  acides,  citrines  et 
claires.  On  lui  donna  des  caroltesqu'il  mangea  avec  avi- 
dile.  Apres  une  demi-heure,  les  urines  etaient  troubles, 
mais  encore  acides  quoiqu'elles  le  fussent  nioins.  Apres 
une  heure  quarante  minutes,  elles  etaient  tres  troubles, 
blanchatres,  et  alcalines. 

Alors  on  fit  la  section  des  deux  pneumogastriques  en 
menageant  le  larynge  et  les  filets  sympathiques.  11  n'y  eut 
pas  de  rhonchus.  Apres  une  heure,  les  urines  etaient  de- 
venues  acides  et  moins  troubles,  quoiqu'elles  le  fussent 
encore.  Apres  une  heure  et  demie,  les  urines  n'etaient 
plus  acides,  mais  toujours  un  pen  troubles. 

Alors,  pensant  que  cette  acidile  des  urines  provenait 
d'un  arret  de  la  digestion,  on  fit  une  injection  del 00 
grammes  de  sue  gastrique  nalurel  de  chien  dans  Fes- 
lornac  du  lapin. 

Apres  cette  injection,  les  urines  resterent  toujours 
acides  ettres  limpides. 

D'apres  les  fails  precedents,  on  voit  done  que  la 
section  des  pneuinogastriques  a  en  pour  elfet  d'ame- 


EXPERIENCES.  /1 35 

nerla  disparitiondu  sucre  danslefoie  au  bout  d'un  cer- 
tain temps.  Nous savons  que  sou  excitation,  au  contraire, 
produit  1'apparitiou  du  sucre  dans  le  sang  et  dans  les 
urines.  Quoique  nous  ayons  deja  rapporle  des  fails  de 
cette  nature  clans  le  premier  volume  de  ces  leoons,  a 
propos  de  la  theorie  du  diabete,  nous  allons  vous 
signaler  ici  une  nouvelle  serie  de  ces  resultats  se  rappor- 
taut  plus  specialement  a  la  physiologic  du  nerf  pneu- 
inogastrique. 

Exp.  ('23  avril  1849).  —  Sur  un  chien ,  nourri  de 
viande  depuis  trois  jours,  et  ayant  fait  son  dernier  repas 
deuxheures  auparavant,  1'on  retira  vers  dix  heuresduma- 
tin  de  I'lirine  de  la  vessie,  puis  on  saignaranimal  a  la  ju- 
gulaire  gauche,  ensuite  on  mit  a  decouvert  les  deux  neri's 
vagues  dans  la  region  du  cou,  et,  en  soulevant  ces  deux 
nerfs  sur  un  fil  sans  les  couper,  on  les  excila  en  faisant 
passer  sur  leur  tronc  un  courant  electrique,  assez  faible 
pour  ne  determiner  sur  la  langue  qu'un  leger  picote- 
rnent.  Les  nerfs  vagues  etaient  excessivement  sensiblesa 
cette  galvanisation,  eton  provoquait  de  la  part  de  1'ani- 
mal  des  cris  et  des  mouvements  de  deglutition.  Toute- 
fois,  pendant  cette  galvanisation,  le  timbre  de  la  voix 
ne  parut  pas  scnsiblement  modifie,  et,  ce  qu'il  y  a  de 
particulier,  c'est  qu'au  ni6me  moment,  pendant  la  gal- 
vanisation, la  pupille  gauche  t'-tait  contractee,  la  mem- 
brane clignotante  devint  saillante,  tandis  que  du  cote 
droit,  la  pupille  semblait  elargie.  II  y  avail,  en  m6me 
temps  aussi,  des  mouvements  convulsifs  dans  les  muscles 
sourciliers. 

On  galvanisales  ncrts  a  trois  reprises  difft'-rentes  {HMI- 


436  NERF   PXEUMOGASTRIQUE. 

tlant  une  heure  ;  on  reprit  alors  cle  1' urine  dans  la  vessie 
et  du  sang  dans  la  jugulaire.  L'animal  fut  pris  d'un 
treinblement  considerable  comme  s'il  avail  froid. 

Apres  une  heure  le  chien  ne  tremblait  plus.  La  pupille 
gauche  etait  toujours  contractee  et  non  la  droite.  On 
ivtira  alors  de  1'urine  de  la  vessie  et  du  sang  de  la  jugu- 
laire,  puis  on  galvanisa  de  nouveiui  les  vagues.  11s 
paraissaient encore sensibles  acetic  galvanisation ;  1'ani- 
inal  cria,  inais  la  voix  etait  devenue  rauque  et  voilee. 

L'animal  etanl  reinis  en  liberle.  fut  encore  repris  de 
cette  espece  de  treinblement  dejii  observe  une  Ibis.  Alors 
on  enleva  le  fil  passe  au-dessous  des  deux  vagues.  et  on 
mil  1'animal  an  repos.  11  presentait  de  20  a  22  respi- 
rations et  de  -UO  a  150  pulsations  par  minute. 

Vers  quatre  heures  du  soir,  le  chien  paraissait  elre 
dans  les  conditions  d'un  animal  qui  a  eu  les  pneumo- 
gaslriques  coupes,  ses  respirations  etaient  tres  lentes; 
mais  il  y  avail  un  signe  contraire,  c'cst  que  les  pnpilles 
rtaient  dilatees,  la  droite  toujours  plus  que  la  gauche. 
On  retira  alors  de  1'urine  de  la  vessie  et  du  sang  de  la 
veine  jugulaire,  puis  le  chien  fut  laisse  en  repos. 

On  fit  1'examen  comparatif  du  sang  et  des  urines  pen- 
dant le  cours  de  Voperation  : 


BRINE. 


Avant  I'experiencc. 
Ambrde,  clairc.  acide,  pas  de  sucre. 


SANG. 


Aiant  I'experiencc. 

Scrum  limpide.  alcalin,  contenant 
des  traces  dc  sucre. 


Pendant  toute  la  duree  de  la  galvanisation,  1'urine  et 
le  sang  conserverent  les  memes  caracteres.  Le  lende- 
main.le  sang  comme  I'm  ine  etaient  depourvusde  sucre. 


EXPERIENCES. 

d'ou  il  resulte  quela  galvanisation  clu  pneumogastrique 
dans  les  conditions  precitees  n'apas  procluit  1'apparition 
du  sucre  dans  les  urines  et  1'aurait  meme  fait  disparaltre 
du  sang.  On  a  conserve  ce  chien  :  les  jours  suivants, 
pen  a  peu  il  se  remit  a  manger  et  revint  a  son  etat 
normal,  ce  qui  prouve  que  les  nerfs  galvanises  avaient 
pu  reprendre  leurs  fonctions,  car  1'animal  serait  mort, 
si  les  pneumogastriques  avaient  ete  coupes  ou  alteres 
d'une  facon  cquivalente. 

Le  28  avril,  Vanimal  ctait  ii  pen  pres  revcnu  a  son 
etat  normal  et  il  servit  plus  tard  a  d'autres  experiences. 

Exp.^Lct  avril  1849).  —  Sur  un  gros  lapin,  on  mit 
a  decouvert  les  deux  nerfs  vagues,  on  les  soulcvaal'aide 
d'un  fil  place  sous  eux  et  on  les  galvanisa  avec  un  con- 
rant  faihle  pendant  quelqucs  instants. 

Avant  rcxpe'ricnce,  les  urines  etaient  troubles,  blan- 
ch sitrcs,  alcalines,  no  contenaient  pas  de  sucre. 

Quelqucs  hcurcs  plus  tard.  les  urines  etaient  toujours 
claires,  elles  etaient  inoins  alcalines  et  renfermaient  du 
sucre  d'une  manic-re  tres  nette,  quoiqu'en  petite  quan- 
titr. 

Le  soir,  neuf  hcurcs  aprcs  la  galvanisation,  les  urines 
etaient  troubles,  alcalines  et  paraissaient  contenir  encore 
des  traces  de  sucre. 

Le  24  avril,  le  fil  etant  toujours  reste  autour  des  va- 
lues tut  retire  avec  Line  certaine  difficult^. 

o 

Des  ce  moment,  I'animal  parut  avoir  la  respiration 
g^nee  et  il  mourut  la  unit  suivante  avec  tousles  sym- 
ptomes  de  la  section  des  nerfs  vagnes. 

Les  poumons  etaient  ecchymoses.  Le  foie  donnaitune 


/|o8  NERF    I'.M-iPWHlASTRIQUL:. 

decoction  jaimatre,  limpide.  qui  ne  contcnait  aueune 
trace  de  sucrc. 

E.rp.  (10  novcmbre  1852).  -  -  Sur  une  chienne  en 
pleine  digestion  ct  bien  portante,  on  fit  la  section  des 
pneumogastriques  dans  la  region  moyrnne  du  cou  el 
on  galvanisa  Irs  deux  bouts  superieurs  prealablement 
lies  ensemble.  La  galvanisation  dura  environ  une  demi- 
hcure.  inais  elle  rlait  iriterrompue  et  on  agissait  alter- 
nativement  sur  chacun  des  deux  nerfs.  L'animal  vomit 
abondarnment;  les  yeux  devinrent  saillants.  Dans  les 
premiers  instants  de  la  galvanisation,  la  pupille  se  res- 
seiTii:  mais  bient6t  elle  se  dilatait  fortemeot  si  la  galva- 
nisation continuait. 

Pendant  la  galvanisation,  I'aiimial  preseuta  des  con- 
vulsions assez  violcntes.  Une  demi-heure  apres  la  gal- 
vanisation, ce  chien  rend  it  de  1'urine  qui  ne  contenait 
pas  de  sucre. 

Une  heure  apres  la  premiere  operation,  on  galva- 
nisa encore  I'aniinal  pendant  un  quart  d'heure  avec  des 
interruptions.  Lc  galvanisme  di'termina  toujours  des 
convulsions  avec  efforts  de  vomissement. 

Unpeu  plus  tard,  on  fit  la  ponction  de  la  vessie  pour 
obtenir  de  1'urine  qui  fut  trouvee  legerement  alcaline 
et  contenait  une  grande  quantite  de  sucre. 

Une  heure  apres  la  ponction  de  la  vessie,  Tanimal 
rendit  spontanement  de  1'urine  tres  chargee  de  sucre. 
Le  lendemain  matin,  environ  dix-huit  heures  apres, 
Tanimal  fut  trouve  mort,  mais  encore  chaud. 

Aulopsie.  Le  foie  ne  contenait  que  des  traces  de  sucre. 
La  vessie  et  les  intestins  e'taient  vicles.  Les  cornes  de  la 


EXPERIENCES.  439 

inatriee  rcnfeniiaient  six  petits,  donl  trois  seulement 
etaient  morts.  Le  foie  de  ces  petits  chiens  contenait  du 
sucre  de  meme  que  le  liquide  anmiotique. 

Le  cerveau  et  la  moelle  allongee  etaient  tres  injec- 
tes,  ce  qui  tenait  peut-elre  a  la  galvanisation  du  bout 
superieur  des  nerfs  vagues. 

Le  coeur  etait  plein  de  sang  coagule;  il  y  avail  une 
ecchymose  hemorrhagiquc  dans  I'epaisseur  de  la  valvule 
mitrale.  Les  pouinons  etaient  engoues  et  comme  hepa- 
tises. 

Exp.  —  Sur  mi  chien  en  digestion,  on  fit,  le  12  no- 
vembre  1853,  la  piqure  dc  la  moclle  allongee,  apres  avoir, 
(jiiatre  jours  auparavant.  tente  la  section  des  nerfs 
grands  splanohniques. 

La  piqure  reussit  bien.  et,  an  bout  d'tine  heure  envi- 
ron,  Faniinal  s'etait  releve  et  marchait.  Seulement  il 
avail  vomi  ot  il  salivait  beaucoup.  La  pupille,  qui  etait 
tres  dilatee  iinniedialement  apres  la  piqure  ,  1'etail 
encore  beaucoup  quatre  heures  plus  tard. 

On  saigna  Taiiinm!  deux  heures  environ  apres  la  pi- 
qure et  on  trouva  une  grande  quantite  de  sucre  dansle 
sang  de  la  veine  jugulaire. 

On  exaniina  de  Turine  que  1'animal  avail  rendue 
spontanement  quelque  lenips  apres,  on  y  constata  une 
quantite  considerable  de  sucre. 

Deux  jours  apres,  le  14  novembre,  1'animal  n'avait 
plus  de  sucre  dans  son  urine.  Alors  on  decouvril  les 
deux  nerfs  vagues  dans  la  region  moyenne  du  cou ;  on 
les  lia  ensemble,  el  on  galvanisa  au-dessusde  la  liga- 
ture avec  1'appareil  electro-magnetique  de  Breton.  La 


/|/jO  NERF    PXlimOfiASTRlQlJE. 

premiere  ibis,  on  galvanisa  pendant  quelques  minutes. 
Vingt  cinq  niinules  apres,  on  les  galvanisa  de  nouveau  : 
Tanimal  mourut  pendant  I'operation,  ce  qni  tenait,sans 
doute,  al'arret  desmouvements  respiratoires  quielaienl 
comme  suspendns  pendant  la  galvanisation. 

A  1'autopsje,  onconstataqne  les  nerfs  splanchniques 
if  e"laienl  coupe's  ni  a  droite,  ni  a 'gauche;  rinslrurnenl 
avail  porte  trop  en  dehors.  Le  sang  de  I'animal  renfer- 
mait  dn  sucre,  de  meine  que  le  foie  qui,  au  dosage, 
donna  0,77  pour  100.  11  if  y  tivait  point  d'uriuc  dans  la 
vessie. 

Exp.  (G  Janvier  1853).  —  Sur  un  chien  loulou,  ayaut 
fait  le  matin  un  repas  copieux  de  viande  et  de  soupe, 
on  praiiqua  la  section  des  deux  vagues  dans  la  region 
moyenne  du  con  afin  de  pouvoir  les  galvaniser  ensuite. 

Le  chien.  etant  etendu  sur  la  table  et  fixe  par  des  liens, 
of  frail  par  minute  28  respirations  ct  152  pulsations  a 
1'arlere  crurale.  On  fil  la  ligature  des  deux  nerfs  vagues 
ensemble,  et  ensuite  lew  section,  de  maniere  a  tenir 
reunis  dans  des  ligatures  separees  les  deux  bouts  supe- 
rieurs  et  les  deux  bouts  inferieurs.  Les  nerfs  vagues 
parurent  completement  insensibles,  et,  an  moment  ou 
on  en  fit  la  ligature,  Tanimal  remua  la  queue  seulement 
comme  cela  arrive  frequemment. 

Apres  la  section,  les  respirations  etaient  de  12  par 
minute,  el  les  pulsations  de  192.  Cette  augmenta- 
tion des  pulsations  n'a  paru  se  manifester  que  cinq  a 
six  minutes  apres  la  ligature  des  nerfs.  Ilserait  curieux 
de  savoir  s'il  en  esl  de  me"me  dans  d'autres  cas.  Alors 
on  galvanisa  successivemenl  les  bouts  centraux  et  pe- 


EXPERIENCES.  4,'l  I 

ripheriques  des  uerfs  vagues.  On  galvanisa  moderement 
el  a  diverses  reprises,  pendant  cinq  a  six  minutes,  les 
bouts  superieurs.  Quand  on  galvanisait  le  vague  droit,  il 
y  avait  ton  jours  vomissement  des  aliments  et  arret  de 
la  respiration.  Quand  on  galvanisait  le  vague  gauche,  il 
n'y  avait  pas  de  vomissement  et  ilsemblait  que  la  respi- 
ration ne  s'arretait  pas  aussi  facilement.  D'ailleurs,  lors- 
qu'on  galvanisait  ces  nerfs,  il  y  avait  du  c6te  des  yeux 
les  symptomes  ordinaires;  et  du  cote  de  la  face,  tirail- 
lernent  en  arriere  des  commissures  de  la  gueule,  etc. 
Aprescette  galvanisation,  Tanimal  fiit  detach^  etmis 
en  liberte  dans  le  laboratoire.  La  respiration  etait  lente 
et  difficile ;  apres  une  heure  on  recommenca  de  nouveau 
la  galvanisation  ;  et  aussitot  apres  on  retira  de  la  vessie 
des   urines  qui  etaient  devenues   alcalines,   d'acides 
qu'elles  etaient  avant;  on  constata  qu'elles  contenaient 
manil'estement  du  sucre. 

Dans  la  seconde  galvanisation,  les  symptomes  provo- 
ques  par  cliacun  des  deux  vagues  en  particulier  ne  fu- 
rent  pas  aussi  nets  que  la  premiere  fois. 

Enfin  on  galvanisa  plus  tard  tres  fortement  1'animal, 
et  le  sucre  disparut  de  1' urine. 

Dans  aucun  cas,  on  n'irrita  le  bout  periphe'rique  des 
nerfs  vagues.  Le  lendemain  matin,  1'animal  n'etait  pas 
encore  mort;  il  n'avait  plus  que  8  respirations  par  mi- 
nute. II  mourut  le  soir.  On  trouva  a  1'autopsie  son 
foie  depourvu  de  sucre. 

Exp.  (11  juin  1853).  —  Sur  un  chieu ,  de  taille 
moyenne  et  adulte,  en  pleine  digestion  et  ayant  faittrois 
heures  aujiaravant  un  repas  de  viande  cuite  (t6te  de 


jr  M-:KI    i-N 

iiiouton),oii  compta  les  respirations qui  rtaientde  30  par 
minute  Tanimal  e"tait  un  pen  agik-).  les  pulsations  etaienl 
dr  06  a  100.  Ensuile  on  fit  la  section  des  deux  nerfs 
values  dans  la  region  nioyenne  du  con.  entre  deux  liga- 
tures porlees  sur  les  deux  nerfs  a  la  fois  qui  elaienl 
pen  sensibles.  Apres  la  section  de  cesdeux  nerl's  on  avail 
du  cdterie  1'oeil  et  de  la  face  les  phenomenes  ordinaires 
de  la  section  du  grand  synipathique  faite  en  mt^me 
temps  quo  celle  des  vagues.  On  galvanisa  alors  les  deux 
bouts  superieurs,  tanlolalafois,  tantot  allant  d'un  nerf 
al'autre,  ])cndant  dix  minutos  environ,  avec  des  inter- 
in  ittences.  Les  mouveinents  respiratoires  etaient  suspen- 
dus  pendant  cette  galvanisation.  L'animal  n'eut  pas  eu 
de  vomissements  reels,  inais  il  avail  de  la  tendance  a 
vomir  pendant  qu'on  galvanisait,  allant  toujours  d'un 
nerf  a  1'aulre. 

Apres  qu'on  eut  cesse  la  galvanisation.,  on  constata 
que  les  respirations  etaient  de  12  par  minute,  et  les  pul- 
sations de  112  a  120.  Le  chien  etant  remis  en  liberle, 
les  respirations  etaient  difficiles  et  ses  yeux  etaient  de- 
forme's  el  injecles.  On  retira  des  urines  de  la  vessie  et 
on  constata  qu'elles  etaient  alcalines.  Une  heure  apres, 
on  galvanisa  le  chien ;  on  prit  de  F urine  avant  la  galvani- 
sation et  on  n'y  constata  pas  la  presence  du  sucre.  Apres 
la  galvanisation,  qui  avail  dure  environ  dix  minutes 
avec  inlermittences,  on  reprit  les  urines.  Les  urines 
paraissaienl  alors  moins  alcalines  qu'elles  ne  1'elaienl 
une  beure  auparavant  el  elles  ne  conlenaienl  pas  de 
sucre.  Une  heure  apres  la  seconde  galvanisation,  on 
retira  de  Furine  qui  etail  loujours  legeremenlalcaline. 


KXPERIEXCKS.  443 

et  on  y  reconnut  la  presence  d'une  gran  lie  quantite  do 
sucre.  On  trouva  alors  les  respirations  de  13  par  mi- 
nute, et  les  pulsations  de  152  a  160.  Alors  on  sacrifia 
1'animal  par  la  section  du  bulbe  rachidien  et  on  re- 
cueillit,  par  le  procede  ordinaire,  le  sang  de  differents 
vaisseaux,  savoir  :  de  la  veine  porte,  des  veines  hepa- 
tiques,  du  coeur  droit  et  du  coeur  gauche.  On  constata 
la  presence  du  sucre  dans  tons  ces  sangs,  mais  beaucoup 
plus  dans  le  sang  des  veines  sus-hepatiques.  Le  serum 
e"tait  clair  et  limpide  dans  tous  les  sangs,  excepte  dans 
celui  du  coeur  droit  ou  il  presentait  une  teintelaiteuse. 
II  existait  dans  le  pericarde  un  epanchement  conside- 
rable deserosite.qui  se  prenait  par  le  refroidissement  en 
une  masse  fibrineuse  et  quicontenait  beaucoup  de  sucre. 

On  fit  fcrmenter  alors,  comparativernent,  les 
urines  avant  les  galvanisations,  et  les  urines  qu'on  avait 
retirees  de  1' animal  apres  la  inort.  La  fermentation  fut 
nulle  dans  la  premiere ;  dans  1'autre,  elle  fut  tres  active 
et  donna  une  grande  quantite  d'acide  carbonique. 

Le  chien  pesait  16kil,  son  foie  pesait  180  gram.;  il 
donna  unedecoctionlimpide,  danslaquclle  ontrouvaque 
le  tissu  de  1'organe  contenait  lsl,4'15  de  sucre  pour  100. 

L'examen  du  foie  fut  fait  le  lendemain  di5  la  mort. 
On  examina  de  memo  le  contenu  de  1'estomac,  qui  ne 
renferniait  pas  de  sucre ;  la  bile  ctait,  au  contraire, 
manifestenient  sucre'e. 

Exp.  ("21  Janvier  1853).  —  Sur  une  chienne  de 
moyenne  taille,  tres  grasse,  ayant  deja  servi  a  d'autres 
experiences,  et  ayant  eules  deux  nerfs  recurrents  coupes 
par  un  procede  sous-cutane.  On  pent,  en  effet,  couper 


PNtUMOGASTRKjUK. 

les  nerfs  recurrenis  chcz  le  chicn  par  la  methode  sous- 
cutanee.  Pour  cela.  avcc  notre  crochet  a  couper  les 
nerfs,  on  pique  la  peau  et  on  va  sur  les  c6tes  de  la  tra- 
chee,  vers  sa  partie  supmeure.  Cela  fait,  on  rcmonte 
le  long  de  la  face  externe  droite  et  gauche  de  la  trachee, 
on  accroche  et  on  coupe  les  nerfs  recurrents  qui  sont 
accoles  sur  les  parties  latoralcs  des  premiers  anneaux 
du  tuyau  respiratoire. 

On  rcconnalt  que  la  section  est  opere'e  a  la  raucite  de 
la  voix  de  raniinal.  Mais  revenons  au  sujct  de  1'expe- 
rience  actucllc. 

On  coupa  les  nerfs  vagues  dans  la  region  moyennc  du 
cou.  puis  on  galvanisa  les  bouts  supe'rieurs,  et,  a  trois 
reprises,  on  constata  qu'alorsles  mouvcments  du  thorax 
etaient  arretes.  Puis,  on  galvanisa  les  bouts  inferieurs 
cton  vit  que  le  cceur  etait  arrete.  Ensuitc,  on  revint  gal- 
vaniser  les  bouts  superieurs,  en  prolongeant  davantage 
la  galvanisation,  afin  de  faire  voinir  raniinal;  la 
chienne  ne  vomit  pas  et  n'eut  pas  memo  des  envies  de 
voinir;  mais  1'autopsie  prouva  plus  tard  que  1'animal 
etait  a  jeun,  qu'il  n 'avail  rien  dans  1'estouiac.  Une  heure 
apres,  on  galvanisa  les  bouts  inferieurs  des  vagues  seu- 
lement,  a  deux  ou  trois  reprises,  a  un  quart  d'heure 
d'intervalle ;  puis,  une  demi-heure  apres  la  demise 
galvanisation,  1'animal  fut  sacrifie  par  la  section  du  bulbe 
rachidien. 

L'autopsie  montra  que  le  foie  contenait  beaucoup  de 
sucreetquel'urme,  qui  etait  acide,  etaitsucree,  ainsique 
la  bile.  Lefoie  contenait  I5r,67  pour  100  de  sucre. 

On  observa  sur  cette  chienne  differentes  particulari- 


EXPERIENCES.  A  ft  5 

tes  :  1°  le  vague  droit  paraissait  bien  evidemment  plus 
petit  que  le  gauche  (cette  disposition  ne  serait  ici 
qu'exageree).  2°  Les  vagues  etaient  sensibles  avant  qu'on 
iv en  fit  la  section ;  mais  apres  la  section,  il  sembla  que 
les  bouts  inferieurs  excites,  donnaient  lieu  a  des  mani- 
festations  de  douleur,  qui  ne  pourraient  s'expliquer  la 
que  par  1'irritation  du  bout  central  du  grand  sympa- 
thique,  qui  restait  uni  au  bout  peripherique  du  vague. 
8°  11  sembla  quechez  ce'c  animal  les  phenomenes  du  cote 
des  yeux  etaient  nioins  prononce's  qu'ii  Fordinaire. 
k°  Enfin  cette  experience  prouve  encore  que  la  galvani- 
sation des  bouts  pe'riplx6riques  n'a  pas  empe'che  le  dia- 
b<'ite  de  se  produire,  par  suite  de  la  galvanisation  des 
bouts  centraux.  5°  On  constata  rhez  celte  diienne,  au 
moment  cm  elle  fut  sacrifiee,  que  dans  la  mort  par 
section  du  bulbe  rachidien  la  conjonctive  devient  in- 
sensible avant  la  cornee.  Knfin,  cette  experience  montre 
que  le  diab(He  peut  parfaitement  se  manifesterFanimal 
etant  a  jeun. 

Exp.  (Octobre  1851).  —  1°  Un  petit  chien,  de  six  a 
huit  jours,  fut  etherise^  d'une  maniere  continue,  pendant 
une  heure,  dans  le  but  de  voir  si  cette  etherisation  pro- 
duirait  Tapparition  du  sucre  dans  1'urine.  Une  heure 
apres,  en  examinant  I'lirine  dont  sa  vessie  etait  remplie, 
on  n'y  rencontra  pas  de  sucre  d'une  maniere  sensible. 

On  tua  ensuite  I'animal  par  decapitation.  Son  sang 
contenait  du  sucre,  de  meme  que  la  decoction  du  foie 
qui  etait  transparente. 

Dans  les  experiences  de  diabete,  on  ne  saurait  at- 
tribuer  1'apparition  du  sucro  dans  les  urines  au  ralen- 


/1 46  NERF    PNKUMOGASTRIQUE. 

tissement  de  la  respiration  qui  accompagne  la  section 
des  pneumogastriques  et  qui  donnerait  lieu  a  une  sorte 
d'asphyxie.  L' experience  suivante montre qiiel'aspliyxie 
aurait  plutot  un  effet  contraire. 

Exp. —  29  Un  autre  chien,du  me' me  age  que  le  pre"ce- 
dent,  cut  les  deux  recurrents  coupes  dans  la  region  du 
cou ;  il  devint  de  suite  cyanose ;  il  suffoquait ;  mais,  comme 
il  e'tait  ne  depuis  quelques  jours,  son  asphyxie  fut  lente  et 
dura  une  heure  et  quart.  La  vessie  elaitpleine  d'urinequi 
ne  reufermait  pas  de  sucre;  le  sang  contenait  seulcment 
des  traces  de  sucre  et  la  decoction  du  foie  n'en  contenait 
pas. 

Exp.  —  3°  Un  troisieme  petit  chien,  de  la  meme  por- 
ted que  les  precedents,  fut  tue  directement  par  decapita- 
tion pour  etre  compare  aux  deux  precedents.  Son  sang 
contenait  du  sucre.  La  decoction  de  son  foie  e'tait  opaline 
et  sucre'e.  L' urine  ne  ren  term  ait  pas  de  sucre. 

II  ivsulte  de  ces  trois  experiences  faites  sur  ces  trois 
petits  chiens,  dans  les  memes  conditions  de  digestion  a 
peu  pres  terniimio,  que  1'asphyxie  lenle  a  detruit  le  sucre 
au  lieu  de  le  faire  apparaitre  dans  le  sang  et  dans  les 
urines.  L'ether,  au  contraire,  quoiqu'il  n'ait  pas  fait 
apparaitre  le  sucre  dansrurine,d'unernaniere  evidente, 
semble  avoir  augmente  sa  production  dans  le  sang  et 
dans  le  foie.  Quant  au  troisieme  chien,  nous  voyons 
que  la  decoction  de  son  foie  se  distinguait  des  deux 
autres  par  1'opalescence,  caractere  qui,  d'apres  ce  que 
nous  avons  vu  depuis,  indique  que  son  foie  contenait  de 
lamatiere glycogene,  tandis qiril  n'y en avait plus chezles 
deux  autres.  Cette  experience  prouve  de  plus  que,  sous 


s 


EXPERIENCES. 

ce  rapport,  il  ne  fund  rait  pas  assimiler  Tether  aux  agents 
asphyxiants. 

La  section  d'un  seul  pneumogastrique  n'est  pas  mor- 
telle  chez  les  chiens ;  et,  si  an  bout  d'un  certain  temps, 
cle  six  semaines,  par  exemple,  on  pratique  la  section  de 
1'autre  pneumogastrique,  on  dit  que  1'animal  resiste  a 
cette  section  successive  des  deux  nerfs.  On  a  pense  que 
le  temps  qui  s'etait  econle  entre  les  deux  operations  avail 
etc  suffisant  pour  permettre  le  retablissement  des  fouc- 
tions  du  vague  coupe.  Toutefois,  apres  ce  temps,  les  phe- 
nomenes  que  la  section  amene  ducote  de  I'oail  et  du  c6te" 
de  la  temperature  de  la  tete  n'ont  pas  encore  disparu. 

Exp.  —  Une  grosse  chienne  avait  eu  le  pneumogas- 
trique  'droit  coupe  dans  la  region  moyenne  de  cou,  et 
eprouva,  comme  consequence,  tons  les  symptomes  ordi- 
naires  qui  sont  observes  du  cote  de  Toeil  et  du  cote  de 
la  chaleur  de  la  t6te. 

Deux  mois  et  demi  apres,  ces  sympt6mes  n'avaient 
pas  encore  disparu.  L'oeil  du  cote  coupe  etait  plus  pe- 
tit, la  pupille  plus  contractee,  etc.  Alors,  on  coupa  le 
pneumogastrique  bien  au-dessous  du  point  ou  il  avait 
et^  coupe  la  premiere  fois,  et  on  galvanisa  son  bout  su- 
perieur,  afm  de  voir  si  la  galvanisation  aurait  quelque 
efTet  sur  1'ceil,  en  d'aulres  termes,  si  les  proprietes  des 
nerfs  etaient  retablies  dans  le  point  coupe.  Cette  galva- 
nisation ne  produisit  aucun  effet  sensible  sur  la  pupille  : 
1'oeil  ne  devint  pas  saillant. 

Cette  experience  semblerait  prouver  que,  apres  deux 
mois  et  demi,  le  pneumogastrique  ou  plutot  le  sympa- 
thique  qui  lui  etait  uni,  ne  s'etait  pas  re'genere,  de  ma- 


NERF    PNEUMOGASTRIQUli. 

niere  a  reprendre  ses  fonctions.  Cela  peut  paraitre  sur- 
prenant ,  parce  qu'on  (lit  que  la  section  ties  deux 
pneumogastriques  est  ordinairement  suivje  de  mort, 
tandis  que  la  section  successive  des  deux  nerfs  a  six  se- 
maines  de  distance  ne  Test  pas.  On  explique  ce  resultat 
en  disant  que  le  nerf  coupe  a  eu  le  temps  de  reprendre 
ses  fonctions.  Cette  experience  prouverait  cependant  que 
le  nerf  n'avait  pas  recouvre  ses  proprietes  physiologi- 
ques ;  il  eut  fallu ,  pour  savoir  si  le  nerf  pouvait  entretenir 
la  vie,  faire  la  section  du  cote  oppose.  II  auraitete  neces- 
saire  encore  de  faire  la  section  du  nerf  au-dessus  du 
point  de  la  section  primitive,  afin  de  voir  si  la  galvanisa- 
tion du  bout  peripherique  n'aurait  pas  arret^  le  coeur, 
effet  qui  apparticnt  exclusivement  an  pneumogastrique, 

Nous  citerons  a  ce  propos  ['experience  suivante  quoi- 
qu'elle  renferme  d'autres  resultats  qui  se  rapportent 
plut6t  a  1'histoire  du  grand  sympathique. 

Exp.  (28  octobre  1853).  —  Sur  un  chien  ayant, 
comme  dans  le  cas  precedent,  un  pneumogastrique  coupe" 
depuis  longtemps,  on  constata  qu'il  y  avail  encore  un  peu 
de  chaleurdans  1'oreille  correspondante  et  les  desordres 
earacteristiques  du  cote  de  I'ceil ;  ce  qui  montrait  que  les 
fonctions  du  grand  sympathique  n'etaient  pas  retablies. 

Apres  avoir  etherise  I'animal,  on  decouvrit  le  pneumo- 
gastrique vers  le  point  de  sa  cicatrisation,  puis  on  laissa 
revenir  l'animal  de  son  etherisation.  On  galvanisa  le  nerf 
au-dessus  de  la  cicatrice  et  on  n'observa  rien  du  c6te  du 
cteur,  tandis  qu'il  y  avait  saillie  du  globe  de  Foail  et  les 
phenomenes  ordinaires  du  cote  de  la  tete.  On  galvanisa 
ensuite  au-dessous  de  la  cicatrice  et  on  observa  un  arret 


EXPERIENCES. 

du  copur  et  rien  du  cote  de  la  tete.  Ge  qui  prouve  evi- 
demment  que  1'excitation electrique  nc  passait  pas  a 
t ravers  la  cicatrice. 

On  sacrifia  ensuite  1'animal  par  la  section  du  bulbe 
rachidien  et  aussit6t  on  observa  qu'en  galvanisant  le 
premier  ganglion  thoracique  du  c6te"  gauche,  le  coeur  se 
remitabattre  et  des  mouvementsenergiquesapparurent 
dans  1'intestin  grele  et  dans  1'estomac.  Quand  ou  galva- 
nisa  le  ganglion  coeliaque  du  ineme  cote,  on  vil.  an 
contraire,  les  mouvemcnts  de  1'intestin  grele  s'arreter 
tandis  qu'il  en  apparut  dans  le  gros  intesiin  de  Iresvio- 
lents.  A  plusieurs  reprises  on  constatale^m£mespheno- 
menes,  apres  quoi  on  galvanisa  de  ineme  les  ganglions, 
premier  thoracique  et  cceliaque  du  cote  oppose,  avec 
les  menies  resultats. 

Knfin,  on  coiq)a  le  filet  nerveux  qui  unit  inf(;rieure- 
inent  le  ganglion  premier  thoracique  an  ganglion  sui- 
vant,  et  on  obtinttoujours  le  ineme  n'sultat  par  la  galva- 
nisation du  ganglion,  ce  qui  prouverait  que  1'influence 
du  ganglion  se  transmet  aux  intestins  par  une  action 
reflexe  passant  par  la  moelle.  En  elTet,on  galvanisa  alors 
le  bout  superieurdu  nerf  coupe  tenant  au  ganglion  et  on 
produisit  les  menies  pbenomenes  cle  contraction ;  tandis 
qu'en  agissant  sur  le  bout  inferieui')  on  ne  vit  aucun 
mouvement  se  developper.  II  reste  maintenant  a  deter- 
miner par  quel  filet  cette  action  reflexe  se  propage  aux 
intestins;  tout  porte  a  penser  que  c'est  ]iar  les  nerfs 
splanchniques. 

Nous  reviendrons  sur  ces  ({ueslsons  a  propos  du  nerf 
sympalhique. 

R.,     SVST.    NERV.   -     II.  20 


450  NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

Lorsque  les  nerfs  ont  etc  fatigues  par  uno  cause  quel- 
conque;  par  la  galvanisation,  par  exeinple,  ils  repren- 
nent  leurs  proprietes  assez  vite,  contrairement  a  ce  qui 
a  lieu  apres  leur  ligature  ou  leur  section ;  c'est  ce  que 
prouve  ^'experience  suivante  : 

Exp.  (25  avril  1849).  —  Sur  un  chien,on  mit  anu  les 
deux  vagues  et  on  les  gal vanisa  dans  la  region  moyenne 
du  cou.  On  fit  passer  un  courant  assez  faible  pour  ne  pas 
trop  alterer  les  nerfs ;  cependant,  apres  avoir  cesse  la 
galvanisation ,  la  voix  de  I'animal  etait  devenue  rau- 
que,  voilee ;  la  pupille  du  cote  gauche  etait  retrecie  et 
la  membrane  clignotante  faisaitsaillie  au-devant  de  1'ceil 
comme  lorsque  le  sympathique  a  e'te  coupe ;  les  res- 
pirations ne  paraissaient  cependant  pas  sensiblement 
ralenties.  Pendant  qu'on  galvanisait  les  pneumogas- 
triques,  ranimal  faisait  de  frequents  mouvements  de 
deglutition. 

Le  30  avril,  1'aninial  se  portait  bien ;  il  mangea,  el 
les  symptdmes  precedemment  observes  avaient  disparu  : 
la  voix  etait  redevenue  claireet  la  pupille  de  1'ceil  gauche 
avait  repris  son  etat  normal. 

Alors  cet  animal  tut  pique  an  plancher  du  quatrieme 
ventricule.  et,  a  la  suite  de  cette  operation,  on  observa 
rapparition  du  sucre  dans  les  urines  avec  les  phenome- 
nes  que  nous  avons  signalos. 

Cette  experience  raontre  que  I'altt.Tation  des  nerfs, 
qui  a  <'te  produite  par  le  fait  de  la  galvanisation,  a  cesse 
plus  rapidement  qu'on  aurait  pu  le  penser,  puisque 
au  bout  de  cinq  jours  le  nerf  avait  repris  ses  propriete's. 
Ce  qui  prouve  que  le  nerf  etait  simplement  fatigue  par 


EXPERIENCES.  A  51 

la  galvanisation,  mais  non  pas  detruit,  car  les  choses  se 
fussent  passees  tout  autrement  apres  la  section. 

Enfin,  il  semble  que  le  pneumogastrique  soit  un 
nerf  capable  d'offrir  des  exemples  de  toutes  les  anoma- 
lies possibles,  car  on  a  vu  deschienssnrvivre  a  la  section 
des  deux  pneumOgastriqu.es  sansqu'on  puisse  en  donncr 
^explication,  si  ce  n'esl  en  disant  que  1'influence  ner- 
veuse  a  pu  se  continuer  par  1'auastomose  que  Galien 
avait  dt'ja  signalee  entre  le  larynge  superieur  et  le  larynge 
iuferieur,  anastomose  qni  serait  dans  ces  cas  plus  fortu1 
qu'a  1'etat  ordinaire.  Nous  considerons  cette  explication 
comme  une  simple  hypothese.  Quoi  ([u'il  en  soit,  divers 
observateurs,  M.  Sedillot  en  particulier,  out  signal*'  des 
exemples  de  survie  prolongee  chez  des  chiens  a  tjui 
on  avait  coupe  les  nerfs  vagues.  Nous  allons  vous  en 
rapporter  un  cas  que  nous  avons  observe  nous-meme. 

Eocp.  (20  mars  1847).  —  Je  resequai,  sur  un  chien, 
les  deux  vagues  dans  la  region  moyenne  du  con. 

Avant  1'operation,  les  pulsations  e'taient  au  nombr«' 
de  85  avec  irregularite.  Apres  Toperation  178,  et  re- 
gulieres.  Les  respirations,  qui  (Haient  avail t  au  nombre 
de  16,  etaienttombees  a  12  apres  la  section  des  nerfs. 

On  remarqua  pendant  1'operation  qu'apres  la  section 
du  nerf  vague  gauche,  la  circulation  etait  de'ja  acce- 
leree. 

Aussitot  apres  la  resection  des  deux  nerfs  vagues, 
1'animal  suffoquait  convulsivement;  bient6t  le  calme  se 
retablit. 

On  observa,  en  outre,  du  cote  des  yeux  une  constric- 
tion de  la  pupille,  un  enfoncement  du  globe  oculaire, 


NERF    PNEUMOGASTRIQUE. 

une  deformation  de  rouverturepalpe'brale,  consequences 
de  la  section  du  grand  synipathiqne  ine'vitablement 
coupe  avec  le  pneumogastrique* 

Le  27  mars,  1 'animal  allait  bien,  ne  paraissait  pas 
triste,  les  symptomes  de  la  veille  persistaient  du  cote  de 
la  respiration  et  de  la  circulation.  On  donna  a  raniinal 
un  morceau  de  viande  qu'il  mangea,  mais  qu'il  ne  put 
avaler;  il  le  vomit  bientot,  essaya  de  uouveau  de  le 
manger,  le  revomit  et  ainsi  de  suite. 

Le  28  mars,  r animal  allait  toujours  bien;  les  memes 
symptomes  persistaient;  raniinal  buvait  assez  bien  les 
aliments  liquides;  cependant,  en  buvant,  il  toussait  et 
vomissait  de  temps  en  temps;  mais  unererlaine  quantite 
des  aliments  arrivait  cependant  dans  I'estomac,  car  il 
en  rendait  beaucoup  moins  qu'il  n'cn  prenait. 

Le  29  mars,  meme  etat ;  le  chien  mangeait  toujours 
et  vomissait  la  plus  grande  partie  de  ce  qu'il  prenait. 
Du  30  mars  an  2  avril,  le  chien  resta  toujours  de 
meme  :  il  rendait  toujours  la  plus  grande  partie  de  ce 
qu'il  prenait.  De  temps  en  temps  il  rendit  des  excrements 
qui  etaient  durs,  et  son  urine  etait  tres  foncee. 

L'animal  paraissait  calme,  il  se  courbait  en  rond 
pour  s'endormir  conime  a  1'ordinaire ;  ses  respira- 
tions etaient  toujours  excessivement  laborieuses  et  1' in- 
spiration commencait  toujours  par  la  contraction  tres 
forte  des  muscles  abdominaux,  a  laquelle  succedait 
recarternent  tres  marque  des  cdtes.  Au  moment  ou 
1'inspiration  commencait,  tous  les  muscles  de  1* animal 
etaient  pris  d'une  sorte  de  tremblement  convulsif  qui 
se  voyait  meme  jusque  dans  les  muscles  de  la  cuisse, 


EXPERIENCES.  /J53 

et  ce  tremblement  convulsif  clurait  dans  les  muscles 
pendant  tout  le  temps  de  I' inspiration  et  cessait  un 
instant  au  moment  ou  1'expirationse  faisaitpar  un  rela- 
chement  brusque  des  forces  inspiratrices,  pour  recom- 
mencer  bient6t  avec  line  nouvelle  inspiration,  Les  jours 
suivants,  1'animal  presenta  toujours  les  memes  pheno- 
menes. 

Huit  jours  apres  la  resection  des  vagues,  on  placa  une 
canule  a  1'estomac  de  1'animal.  On  trouva  qu'il  y  avail 
une  certaine  qnantite  de  liquide  acide  dans  1'estomac  ; 
qu'uue  partie  des  aliments  y  avail  pe'netre  et  paraissait 
v  6tre  diu'ei'ee.  On  nourrit.  le  chien  avec  du  bouillon  et 

v 

diflerents  autres  aliments. 

Le  chien  maigrissait  toujours  de  plus  en  plus,  et  il 
mourul  dix-sej)t  jours  apres  la  section  des  vagucs.  A 
1'autopsie,  on  trouva  un  poumon  eutieren  suppuration, 
1'intestin  grele  presenta,  en  grande  quantite,  des  villo- 
sites  blanchatres  gorgeesde  chyle,  ce  qui  tenail  a  la  len- 
leurde  1'absorption.  car  ce  fait  s' observe  aussi  chez  des 
animaux  auxquels  on  fait  la  section  du  vague  en  pleine 
digestion.  La  dissection  de  la  region  du  cou  montraque 
les  deux  nerfs  vagues  elaienl  bien  coupes ;  il  exislait 
une  solution  de  continuite  cntre  les  deux  bouts  qui  pre- 
sentaient  chacun  un  rentlement  tres  manifeste. 

Nous  avons  aussi  repete  plusieurs  fois  la  section  du 
pneumogastrique  au-dessous  du  coaur  et  du  poumon,  de 
telle  facon  que  les  effets  de  la  paralysie  de  ce  nerf  ne 
peuvent  se  manifester  que  sur  les  organes  abdominaux. 
Nons  avons  decrit  ailleurs  (l)le  precede  a  1'aide  cluquel 

(1)  Tome  I,  p.  328. 


/JO/1  NERF   PNEUMOGASTRIQUE. 

on  coupe  le  pneumogastrique  dans  la  poitrme.  II  n'y  a, 
dans  I'op^ration  ainsi  pratique^,  aucuii  phenomene  du 
c6te  du  cxrur.  ni  do  la  respiration  qui  reste  normalc, 
inais.  ce  qui  est  plus  remarquable,  c'est  que  les  desor- 
dres  que  la  section  de  ce  nerf  apporte  dans  les  fonclions 
des  organes  abdominaux  irintluent  pas  d'une  maniere 
immediate sur  la  saute  de  riiuiniul.  Ost  ainsi  qu'apres 
cette  operation,  nous  avons  vu  la  digestion  continuer, 
et  la  formation  du  sucre  avoir  lien  dans  le  foie  aiusi 
que  le  prouve  rexpt'rience  suivante. 

Exp. —  Sur  un  chien,  jeunect  detaille  moyenne,  on 
prati([iia  1'etherisation  pour  couper  les  nert's  pneunio- 
gastriques  au-dessous  despoumons.  par  le  procede  dejii 
d(;crit  (t.  I,  pag.  328  .  Apres  Toperation  on  observa  ce 
(\m  suit : 

L'urine  avant  Toperation  (Hail  coloree,  acide,  et  elle 
doniiii  directement  du  nitrate  d'uree  par  Taddition 
d'aridr  a/oti({ue.  line  heure  apres  Toperation.  rurinc 
ctiiit  It'ii-civinent  alcaline,  pas  de  pre'cipite  alltuuiineux 
par  Tacide  azotitpie.  ni  par  la  dialeur;  mais  il  y  avail 
toujours  precipitation  de  nitrate  d'uree  par  Tacide  azo- 
tique:  pas  de  sucre  d'une  maniere  evidente. 

Deux  heures  apres  ropeiation,  les  urines  oifraient 
Ion  jours  les  memescaracteres;  leur  reaction  etaitlegere- 
inent  alcaline.  En  laissant  se'cher  le  papier  rouge  qui 
etait  devenu  bleu  par  son  iinniersion  dans  Furine,  on  le 
voyait  redevenir  rouge,  ce  ([ui  semblerait  indiquer  que 
1'alcalinite  etait  due  a  de  rammoniaque. 

En  taisant  bouillir  ces  urines  qui  etaient  nettement 
alcalines,  elles  devenaient  e'galement  acides. 


EXPERIENCES.  455 

Le  14  juin,  le  chien  mangea  else  portait  bien. 
L'urine  presentait  toujours  les  memes  caracteres. 

On  avail  constate  que  les  pupilles  clu  chien  n'of- 
raient  pas  de  deformation.  Le  sympathique,  qui  agit 
sur  la  pupille,  n'etait  done  pas  encore  uni  dans  ce  point 
avec  le  pneuinogastrique. 

Le  19  juin  7  1°  chien  etait  toujoars  bien  portant,  il 
mangeait  bien  ;  Furine.  au  moment  de  1'emission.  etait 
legerement  alcaline;  nuiis  ralcalinite  disparaissait  sur 
le  papier  quand  il  s»?ehuit,  ct  Turine  merne  finissaitpas 
devenir  acide  a  1'air. 

"21  juin.  —  Lc  chien  etait  toujours  danslememe  e'tat 
On  I'ccueillit  de  1'urine  qui  presentait  toujours  les 
monies  caracteres;  alcalinite  legere,  au  moment  de 
remission ,  qui  disparaissait  par  f Ebullition.  On  fit 
servir  ce  chien  a  des  experiences  sur  la  salive,  expe- 
riences qui  out  ete  rapjiortees  (t.  II,  p.  113). 

L' animal  fut  empoisonne  par  injection  de  strychnine 
dans  le  canal  parotidien.  A  Tautopsie,  on  trouva  vers 
le  ([iiart  inferieur  de  I'ojsophage,  quc  le  vague,  applique 
centre  la  partie  droite  de  ce  canal,  etait  coupe  et  presen- 
tait des  cicatrices  renflees  a  ses  bouts.  Sur  le  cote  gau- 
che, on  trouva  egalemeni  mi  lilet  coupe.  On  constata 
done  que  les  filets  nerveux,  qui  a  ce  niveau  represen- 
tent  les  deux  pneumogastriques  reunis,  etaient  tres  bien 
coupes.  L'animal  avail  ete  sacrifie  au  commencement 
de  la  digestion,  1'estomac  etait  rempli  de  viande;  le 
canal  thoraciques  et  les  lymphatiques  etaient  distendus 
par  un  liquide  blanchatre. 

Le  sang  conlenait  clu  sucre;  le  tissu  du  foie  en  ren 


/|5(>  NhKF    J'.NKl  MOIiASTUlQL'E. 

form  ait   uiiegrande  quantitO,  tandis  que  le  contenu  cle 
rinU'stin  n'en  donnait  pas  de  trace. 

Cette  experience  prouve  done  qu'apres  la  section  des 
pneumogastriques  au-dessous  du  poumon,  la  vie  a  pu 
conliiiucr  sans  lesion  pulmoiiaire  et  sans  que  les  fonc- 
lioiis  digestive  et  glycogeniquedu  foie  aient  ete  suspen- 
dues. 

Ccs  derniers  resultals  sont  tres  importants  en  ee 
qu'ils  scmblent  Men  niontrer  que  Faction  mortelle  de 
la  section  du  pneumogastrique  ne  pruduit  pas  ses  effets 
t'unestes  par  une  action  directe  sur  les  organes-  abdo- 
ininraix.  mais  tres  probablement  par  une  action  reflexe 
(jui  aurait  sa  source  soit  dans  le  poumun,  soil  dans  le 
caMir.  Le  grand  sympathique  doit  probablement  avoir 
un  role  dans  ces  sortes  d'actions  reflexes  organiques, 
et  c'est  precise'ment  a  cause  de  ce  melange  des  pro- 
prie'te's  d'un  nerf  de  la  vie  exterieure  et  d'un  nerf  de  la 
vie  organique,  que  le  pneumogastrique  nous  offre  dans 
son  bistoire  des  obscurites  qui  ne  pourrout  elredissipees 
(jue  lorsque  le  sympathique  lui-meme  sera  mieux 
connu. 

Aiin  de  distinguer  les  actions  qui  appartiennent  aux 
pneumogastriques  et  atl  grand  sympathique,  il  faudrait 
i'ai re  la  physiologic  comparee  de  ces  nerfs  chez  des  ani- 
maux  ou  leurs  filaments  se  trouveraient  separes. 

Chez  les  invertebres,  il  y  a  des  nerfs  qu'on  a  compa- 
res an  pneumogastrique  et  au  grand  sympathique. 
Ces  deux  nerfs  affectent  un  developpement  inverse. 

Chez  les  insectes,  deux  filets  partent  du  cerveau  de 
memo  qu'un  autre  du  ganglion  median  ou  ganglion 


EXPERIENCES.  4~>7 

frontal.  Le  filet  eniane  du  ganglion  frontal  vient  passer 
clans  1'anneau  oesophagien  et  accompagne  le  canal  di- 
gestif. Les  filets  emanes  du  cerveau  se  rendent  aux 
trache"es  et  au  vaisseau  dorsal. 

Quand  on  suit  le  filet  oesophagien  chez  les  dystiques, 
on  voit  qu'il  se  distribue  a  1'espece  de  jabot  dans  lequel 
descendent  les  aliments  :  on  ne  peut  le  suivre  an  dela. 
Si  Ton  vient  a  couper  ce  nerf,  I'animal  deglutit  con- 
stamment;  s  il  ne  mange  pas,  il  drglutit  de  Pair. 

L'arret  brusque  de  ce  'nerf  a  la  fin  de  1'organe  de  la 
deglutition  se  retrouve  dans  les  especes  animales  ^le- 
vees :  lorsque,  sur  unchien  on  sur  un  oiseau,  on  galva- 
nise le  pneumogastrique,  on  fait  contractor  1'estomacou 
le  jabot;  on  ne  produit  rien  au  dela.  Chez  les  asimaux 
invertebres  il  scmble  en  etre  de  meme. 

Tout  u  1'heure,  sur  le  pigeon  que  vousavez  vu  ouvert 
sur  cette  assiette,  nous  avons  galvanise  les  pneumogas- 
triques  et  fait  ainsi  contracter  le  gesier ;  les  contraclions 
n'ont  pas  ete  au  dela  de  cet  organe. 

Sur  ce  chien  qui  nous  a  deja  servi  au  commencement 
de  la  lecon  et  qu'on  vient  de  sacrifier,  nous  aliens  gal- 
vaniser  le  pneumogastrique. 

L'estoniac  se  contracte  (1'aninial  est  en  digestion)  •, 
mais  nous  ne  voyons  aucun  mouvement  des  intestins. 
Ces  mouvements  sont  provoques  surtout  iorsqu'on  gal- 
vanise le  pneumogastrique  vers  la  partie  inlerieure  dc 
Toesophage.  Les  mouvements  peristaltiques  intestinaux 
sont  independants  de  ceux  qu'on  provoque  ainsi  dans 
restonmc.  En  portant  lesconciucteurs  de  1'appareil  gal- 
vanique  sur  le  point  dout  je  viens  de  parler,  nous  oble- 
nons  des  mouvements  beaucoup  plus  violents,  surtoul 


NEKFS    MIXTKS    RACH1D1ENS. 


vers  le  pylore.  11  faut,  pour  que  ces  mouvements  aient 
line  grande  intensite,  que  Familial  soit  en  digestion. 

Les  mouvements  qui  out  pour  siege  les  fibres  contrac- 
tiles  des  conduits  pancreatique  et  biliaire  ne  son!  pas 
sous  1'influence  du  pneiimogastrique.  Chez  les  pigeons, 
ou  ils  sont  tres  prononces,  ils  continuent  apres  la  section 
du  pneumogastrique  conmie  le  font  les  mouvements  du 
coeur.  Ils  ne  sont  pas  non  plus,  chez  ces  animaux,  arretes 
par  la  galvanisation.  D'  apres  ces  faits,  Faction  motrice 
du  vague  semblerait  done  s'arnMer  a  Vestomac. 

Messieurs,  eiifinissant  1'histoire  du  pneumogastrique, 
nous  terminons  celle  des  nerfs  craniens.  Nous  avons  cleja, 
dans  le  premier  semestre,  vu  les  racines  rachidiennes, 
de  sorte  qu'il  ne  nous  reste  plus  a  etudier  que  le  grand 
sympathique  dans  ses  differentes  portions.  Toutefois, 
avant  d'aborder  ce  sujet,  nous  devons  revenir  sur  quel- 
ques  points  de  1'histoire  des  nerfs  cerebro-rachidiens. 
Ainsi  on  a  signale  frequeinnient  des  paralysies  partielles 
de  certaines  branches  iujrveuses  qui  dependent  de  lesions 
centrales  du  systeuie  nerveux.  etqui  a  cause  decela  sont 
assez  difficiles  a  expliquer.  Ainsi,  dans  les  affections  sa- 
turnines  on  voit  survenir  une  paralysie  qui  affecte  plus 
specialement  les  muscles  extenseurs.  Quant  au  siege  de 
cette  paralysie  il  est  difficile  de  s'en  rendre  compte,soit 
qu'on  le  place  dans  les  muscles,  soit  qu'on  le  place  dans 
!a  moelle  epiniere.  Cependant  nous  devons  rappeler  que 
nous  avons  vu  dans  nos  experiences  qu'il  y  avait  cer- 
taines parties  de  la  moelle  affectees  plus  specialement 
aux  mouvements  d'extension  ou  de  flexion. 

On  a  encore  signale,  comme  consequence  de  1'as- 
phyxie  par  le  charbon.  la  paralysie  isolee  de  certaines 


PLEXUS  NERVEUX. 

branches  uerveuses  des  membres.  Enfin  on  sait  qu'il 
existe  clans  1'hysterie  et  dans  d'autres  affections,  des  le- 
sions passageres  on  durables  de  la  sensibilite,  lesions 
tres  exactement  circonscritesa  certaines  regions,  etdont 
il  est,  dans  1'etat  actuel  de  la  science,  impossible  de 
donnernne  explication  physiologique. 

A  propos  des  nerfs  mixtes  rachidiens.  nous  ne  vou- 
lons  pas  ici  faire  leur  histoire  detaillee,  je  dirai  quel- 
(jues  inols  sur  le  role  de  leurs  anastomoses  ou  plexus. 

Nous  savons  que  tous  les  nerfs  rachidiens  s'associent 
deux  a  deux  ,  une  racine  de  mouvement  avec  une  racine 
de  sentiment.  Nous  savons  encore  que  ces  nerfs  mixtes, 
sur  leur  trajet,  s'associent  les  uns  aux  autres  dans  des 
plexus  d'ou  emanentdes  nerfs qui  proviennent  d'un  cer- 
tain nombre  de  paires  nerveuses.  De  telle  sorte  qu'on 
pent  dire  que  bien  que  les  nerfs  rachidiens  soient  inde- 
prndants  les  uns  des  autres,  cependant  ils  forment,  par 
la  reunion  d'un  certain  nombre  d'entre  eux,  des  fais- 
ceaux  nerveux  destines  specialemenl  ;i  tello  ou  telle 
partie  du  corps. 

Malgre  cette  reunion  des  nerfs  rachidiens  entre  eux 
dans  les  plexus,  on  ne  peut  pas  en  conclure  que  leurs 
proprietes  y  soient  confondues,  et  on  voit  souvent  des 
paralysies  partielles  et  limitees  a  un  muscle  paraissant 
provenir  d'une  lesion  des  centres  nerveux  et  mon- 
irant  ainsi  (jue  dans  un  nerf  il  pourrait  y  avoir  a  la  fois 
des  fibres  alterees  et  des  fibres  restees  saines. 

C'est  dans  les  plexus  nerveux  que  les  nerfs  rachidiens 
semblent  contractor  cette  union  sur  laquelle  nous  avons 
longuement  insiste  dans  le  premier  semestre,  union  en 
vertu  de  laquelle  la  racine  posterieure  sensible  commu- 


/|60  M'RFS    M1XTKS    RACHIDIENS. 

nique  sa  sensibilite,  elite  rccurrenle.  a  la  raciue  ante- 
rieure. Nous  savoiis,  en  effet.  que  lorsqu'on  vient  a 
couper  le  nerf  rachidien  mixte  immediatement  apres 
la  reunion  des  deux  ratines,  on  trouve  que  la  racine 
anterieure  a  perdu  sa  sensibilite  recurrente.  Ce  qui 
prouve  que  le  retour  de  la  sensibilite  de  la  racine  pos- 
terieure  a  la  racine  anterieure  s'effectue  plus  loin.  Mais 
si  Ton  vient  a  couper  les  nerfs  an  dela  de  leur  plexus, 
on  trouve  que  la  racine  anterieure  rachidienne  ne  perd 
pas  sa  sensibilite  recurrente.  parce  que  la  communica- 
tion de  la  sensibilite  a  eu  lieu  plus  haut  que  la  section. 

Iv  existence  de  cette  sensibilite  recurrente  se  retrouve 
probablement  dans  tons  les  nerfs  qui  s'anastoniosent 
enire  eux.  (Test  ainsi  qifen  preuant  un  lameau  colla- 
teral du  nerf  spinal  ou  un  rameau  du  nerf  facial  et 
en  operant  la  section,  on  constate,  en  attendant  un 
temps  convenable,  que  les  deux  bouts  qui  resultent  de 
cette  section  sont  sensibles.  Le  bout  central  possecle  une 
sensibilite  directe,  qui  vient  directement  de  la  racine 
posterieure,  et  le  bout  peripherique  possecle  une  seusibi- 
lite  recurrente  qui  revient  au  moyen  des  anastomoses 
peripheriques.  On  trouve,  par  exemple,  en  coupant  les 
differentes  anastomoses  que  les  nerfs  cervicaux  envoient 
au  nerf  spinal,  que  ce  dernier  perd  sa  sensibilite  re- 
currente. 

II  faut  done  admettre  que  les  nerfs  peuvent,  par  leurs 
anastomoses  peripheriques ,  communique!*  non-seule- 
ment  de  facon  a  s'accoler  pour  marcher  vers  une  des- 
tination commune,  mais  de  maniere  a  s'echanger  des 
filets  dont  les  tins  remonteut  par  un  trajet  recurrent 
vers  les  centres  nerveux.  Nous  nous  sommes  deja  Ion- 


SENSIBILITY    RECURRENTE.  /j61 

guement  etendu  dans  le  premier  semestresur  la maniere 
dont  il  fallait  cornprendre  ce  retour  des  filets  d'une  ra- 
cine  dans  1'autre.  Nous  allons  ici  revenir  en  quelques 
mots  sur  ce  sujet,  1'un  des  plus  importants  de  la  phy- 
siologic des  nerfs. 

Nous  avonsdit  qu'il  fallait  evidemment  supposer  que 
des  fibres  sensitives  emanees  d'une  racine  posterieureH 
(fig.  15),  se  recourbaient  en  A,  apres  un  certain  trajet, 
pour  retourner  par  la  racine  anterieure  V  dans  le  centre 
nerveux  meme.  De  telle  sorte  ijue  cette  fibre  nerveuse  sen- 
sitive prend  son  origine  a  1'emergence  de  la  racine  poste- 
rieure.etsetenninearemergencedelaracineanterieure. 
Or,  coinine  nous  savons  que  les  fibres  sensitives  perdent 
leurs  proprietes  de  laperipherie  vers  le  centre,  il  devient 
facile  de  pomprendre  comment,  chc/un  animal  epuisc, 
la  fibre  sensitive  a  perdu  ses  proprie^s  a  son  extri'niitt'1 
la  plus  reculce,  c'est-a-dire  dans  la  racine  anterieure. 
Cette  maniere  de  comprendre  le  retour  de  la  fibre  sen- 
sitive dans  la  racine  anterieure,  permetparfaitement  de 
comprendre  comment  il  arrive,  lorsqu'on  a  divise  la  ra- 
cine anterieure  apres  avoir  constate  qu'elle  etait  sensi- 
ble, que  ce  soit  le  bout  periph('ii'ique  qui  conserve  sa 
sensibiiite,  tandis  que  le  bout  central  de  cette  racine 
devient  completement  insensible.  C'est  qu'en  effet,  en 
pincant  le  bout  peripherique  de  la  racine  anterieure, 
on  pince  en  realite  le  bout  central  de  la  fibre  sensitive 
qui  manifesto  ses  proprietes ;  tandis  qu'en  pincant  le 
bout  central  de  la  racine  anterieure,  on  irrite,  en  rea- 
lite,  le  bout  peripherique  de  la  fibre  sensitive  qui  se  re- 
connatt  aux  proprietes  negatives  de  cette  fibre. 

Comment  maintenant  cette  fibre  sensitive  recurrente 


SENSIBILITY    RECURRENTK. 

se  termine-t-elle  flans  la  substance  meme  de  la  moelle 
epiniere?  Nous  savons  que  ses  fibres  naissent  par  des 
cellules  dans  la  come  posterieure  de  la  substance  grise. 
Lorsque  apres  un  longtrajet  elles  reviennent  a  la  moelle 
par  la  racine  anterieure,  elles  se  terminent,  sans  cloute. 
ou  par  une  cellule  on  par  quelquc  autre  mode  de  ternii- 
naison  qu'on  ne  saurait  preciser  actuellement. 

En  resume,  la  paire  rachidienne  constitute  par  deux 
racines  pourrait  etre  considered  com  me  presentant  des 
fibres  dans  quatre  directions. 

Deux  especesde  fibres,  qu'on  pourrait appeler  directes, 
emaneraient  de  la  racine  anterieure  V,  on  de  la  racine 
posterieure  H,  pour  aller  directement  se  rendre  a  la 
peau  P  ou  dans  un  muscle  M. 


Deux  autresespeces  de  fibres,  qui  seraient  recurrentes : 
Tune  provenant  de  la  racine  posterieure  H,  remontant 
par  la  racine  anterieure  V,  irait  se  terminer  dans  les 
faisceaux  moteurs  de  la  moelle  epiniere;  1'autre,  dont 
1'existence  n'est  ici  donnee  qu'hypothetiquement,  ema- 
nerait  de  la  racine  anterieure  V,  se  recourberait  egale- 
ment  en  A,  et  remonterait  par  la  racine  posterieure  H, 
pour  venir  se  terminer  soit  par  une  cellule,  soit  autre- 
ment  dans  la  partie  sensitive  de  la  moelle  epiniere. 


EXCITATIONS   ELECTRIQUES   DBS    NERFS.  463 

Le  r61e  physiologique  de  cette  communication  ou  de 
cette  recurrence,  qui  est  bien  etabli  pour  les  fibres  sen- 
sitives, serait  assez  difficile  a  determiner  actuellement 
pour  les  fibres  motrices.  Nous  savons  seulement  que  les 
deuxracinesdes  nerfssont  toujoursassociees  entreelles. 
Si  nous  vonlions  emettre  une  hypothese  sur  ce  sujet,  ce 
qui  est  toujours  necessaire  pour  ouvrir  une  nouvelle  voie 
aux  recherches,  nous  dirionsque  lamoelle  epiniere,  con- 
stituant  en  re'alite  un  organe,  a  besoin  de  recevoir  elle- 
ni6me,  dans  chacune  de  ses  parties,  des  nerfs  moteurs 
et  des  nerfs  sensitit's.  Or,  la  partie  motrice  de  la  moelle 
epiniere  recevrait  par  recurrence  ses  nerfs  sensitifs  de 
la  racine  poste'rieure ;  et,  de  m6me,  la  partie  sensitive 
de  la  moelle  epiniere  recevrait  par  recurrence  ses  nerfs 
moteurs  de  la  racine  anterieure. 

11  est  singulier  que  cette  sensibilite  de  la  moelle 
paraisse  resider  surtout  a  sa  surface  ainsi  que  le  montre 
['experience  suivante  : 

Exp.—  Sur  un  chien,  dontla  moelle  avait  etc  coupee 
dans  la  region  lombaire.  on  enfonca  tres  proioiidc'ment 
des  aiguilles  dans  le  tissu  medullaire  sans  y  cle'velopper  de 
la  sensibilite,  tuiulisqu'a  la  surface  des  faisceaux.  et  sur- 
tout des  faisceaux  posterieurs,  il  y  avait  une  sensibilite 
tres  vive.  Ce  qui  semble  prouver  que  la  surface  nerveuse 
de  la  moelle  est  plus  sensible  que  la  partie  inte'rieure. 
La  substance  grise  parut  comple'tement  insensible. 

Je  desire  placer  iciquelques-unes  des  observations  qui 
m'ont  prouve  que  la  quantite  d'electricite  necessaire 
pour  manifester  Tactivite  physiologique  d'un  organe 
est  bien  difTerente  suivant  le  tissu  auquel  on  s'adresse. 

II  y  a  plus  de  dix  ans  que.  pour  la  premiere  fois,  j'ai 


EXCITATION    ELECTRIQUE 

ete  a  meme  d'observer  un  fait  de  ce  genre  :  c'est  lors- 
que  voulant  etudier  les  ctfets  que  le  curare  produit  sur 
les  uerfs,  je  priai  M.  Pulvermacher  de  construire  les 
pinces  clectriques  bieu  connues  aujourd'hui  des  phy- 
siologistes.  D'al.)ord  ces  pinces  etant  d'nn  tres  petit  ca- 
libre, voici  ce  que  j'observai  sur  les  grenouilles  tuees 
dans  lY-tat  phvsiologique,  et  preparees  a  la  maniere  de 
(ialvani  :  j'avais  constate  que  les  pinces  appliquees  sur 
les  nerfs  determinaienl  des  convulsions  violentes  dans 
les  muscles,  tandis  qu'au  eonlraire  je  reconnus  que 
lurs(|ue  la  grenouille  avail  ete  empoisonnee  par  le  curare, 
la  meme  pince  a^'.-liquec  sur  les  nerfs  ne  determinait 
aucune  contraction  musculaire.  Maisalors,  voulant  sa- 
voirsi  le  curare  avait  detruit  I'irritabilit6 musculaire  en 
memo  temps  que  I'excitabilite  nerveuse,  je  portai  la 
pince  electrique  sur  le  tissu  musculaire  meme  delagre- 
nouille  tucc  iiar  le  curare,  et  je  ne  constatai  noiijtlus 
aucune  contraction  dans  le  tissu  musculaire. 

Pour  savoir  si  le  muscle  etait  egalement  paralyse  par 
le  curare,  je  rcnrtai  la  m6me  expth-ience  sur  des  cuisses 
de  grenouilles  non  empoisonnees,  et  je  vis  que  chez  ces 
grenouilles,  Jorsqu'on  agissait  seulement  sur  le  tissu 
musculaire,  sans  exciter  le  nerf,  on  n'obtenait  aucune 
contraction  musculaire.  II  me  tut  demontre  par  cette 
experience,  que  j'ai  depuis  repeU'e  et  publiee.  que,  sur 
un  meme  animal,  on  peut,  avec  uu  m^mecourant  elec- 
trique, obtenir  une  contraction  tres  violente  dans  les 
muscles  quand  on  agit  primitivement  sur  les  nerfs,  tan- 
dis qu'il  faut  employer  un  courant  beaucoup  plus  ener- 
gique  pour  obtenir  la  contraction  musculaire  en  agissant 
directement  sur  le  tissu  de  1'oixane. 


DES   NERFS   ET    DES   MUSCLES.  /|G5 

C'est  a  cause  de  cela  quo  je  fis  faire  a  M.  Pulverma- 
cherun  modeledepincesbeaucoup  plus  fort,  afin  qu'elles 
fussentcapablesd'exciter  non-seulement  lesnerfs,  mais 
encore  les  muscles  eux-memes  lorsqu'on  agit  directe- 
ment sur  leur  tissu. 

II  resulte  doncde  cequi  precede,  qu'ilfaut.  pour  faire 
agir  un  muscle,  unequantite  d'electricite  beau  coup  plus 
considerable  que  pour  agir  sur  un  nerf.  Je  ne  saurais 
indiquer  avec  quelque  precision  quelle  est  cette  diffe- 
rence; je  puis  seulement  dire  qifelle  est  considerable. 

Cette  simple  remarque  pent  expliquer,  je  crois,  des 
fails  en  apparence  contradictoires  qui  out  ete  emis  par 
M.  Duchenne  (de  Boulogne)  et  M.  Remak. 

M.  Duchenne  a  adrnis  que  I'irritabilitc  inusculaire 
etait  plus  facilement  mise  en  jeu  lorsqu'on  agissait  avec 
des  courants  assez  faibles  sur  certaines  parlies  des  mus- 
cles. M.  Remak  a  fait  observer  que  les  points  repon- 
daient  a  Tentree  des  nerfs  dans  les  muscles,  et  que  I'ac- 
liou  de  1'electricite  etait  alors  portee  directement  sur 
eux,  et  il  en  conclu  que,  sur  le  vivant,  il  n'etait  pas  pos- 
sible de  produire  des  contractions  en  agissant  directe- 
ment par  Telectricite  sur  le  tissu  inusculaire  sans  1'in- 
termediaire  des  nerfs,  et  qu'ainsi ,  sur  le  vivant, 
Tirritabilite  inusculaire  n'etait  pas  mise  en  jeu. 

La  divergence  d'opinion  entre  MM.  Duchenne  et  Re- 
mak me  parait  s'expliquerquand  on  sail  quelacmantite 
d'electricite  qui  est  necessaire  pour  faire  contractor  un 
muscle,  est  bcaucoup  nioins  considerable  quand  on  agit 
sur  lesnerfsquelorsqu'on  agit  directement  sur  le  muscle. 

Cette  difference  d'excitabilitr  a  Telectricite  entre  les 

H.,  SYST.  MEHV    —  u.  30 


EXCITATIONS    liLECTRIQUES. 

tissus  nerveux  et  musculaire,  me  semble,  ainsi  que  je 
1'ai  ditdepuislongtemps,  etre  un  excellent  argument  pour 
demontrer  que  1'irritabilite  musculaire  et  1'excitabilite 
nerveuse  sont  deux  choses  distinctes. 

II  est  un  a utre  fait  que  je  veux  signaler  et  qui,  je  crois, 
avait  deja  ete  observe  avaut  moi  :  c'est  la  difference 
d'excitabilit6  sous  I'influence  de  I'electricite  qui  existe 
entre  le  nerf  moteur  et  le  nerf  sensitif. 

Lorsqu'on  excite  le  tronc  du  nerf  sciatique  d'une  gre- 
nouille,  tenant  d'une  part  a  la  moelle  e"piniere  et  de 
I'autre  aux  muscles  de  la  jarnbe.  avec  une  pile  tres  faible 
ouavecle  courant  musculaire  d'une  grenouille,  on  n'ob- 
tient  jauiais  de  contraction  reilexe  par  suite  de  Texcita- 
tion  du  nerf  sensitif.  tandis  qu'on  obtient  constamment 
la  contraction  dans  les  muscles  ou  se  rend  le  nerf  scia- 
tique  par  1' excitation  du  nerf  moteur. 

Un  troisieme  point  serait  relatif  a  la  difference  d'e- 
lectricitt'1  necessaire  pour  manifester  les  proprietes  d'un 
nerf  moteur  du  systeme  cerebro-rachidien  et  d'un  nerf 
moteur  du  systeme  sympatbique. 

En  efl'et.  pour  faire  contracter  la  pupille  ou  les  vais- 
seaux  sous  1' influence  du  filet  cervical  du  grand  sympa- 
tbique, il  faut  une  dose  d'electricite  plus  considerable 
que  pour  exciter  un  nerf  de  la  vie  animate. 

Pour  faire  secreter  la  glande  sublinguale  sous  I'in- 
fluence de  la  corde  du  tympan,  il  faut  un  courant  plus 
energique  que  pour  faire  contracter  un  muscle  en  agis- 
sant  sur  un  des  rameaux  du  nerf  facial,  etc. 

Les  nerfs  mixtes,  lorsqu'ils  out  ete  coupes,  sont  sus- 
ceptibles  de  se  regenerer.  M.  Waller,  en  particulier,  a 


RETABLISSEMENT    DE    LA    SENSIBILITY.  &(>7 

beaucoup  insiste"  sur  le  mecanisme  de  cette  regeneration. 
Je  veux  seulemenl  rappeler  ici  un  fait  quej'ai  plusieurs 
foi.s  observe.  (Test  un  retour  de  la  sensibility  apres  la 
section  des  racines  rachicliennes.  Nous  devons  signaler 
aussi  le  retour  de  la  sensibilite  dans  certaines  parties  qui 
out  ete  se'parees  du  corps.  Ainsi.  dans  certaines  opera- 
tions, dans  la  rhinoplastie,  par  exemple,  on  voit  des 
lainbeaux  qui,  apres  avoir  ete  separes  de  toutes  parts, 
reprennent  leur  sensibility.  On  a  constate  que  dans  ces 
circonstances,  il  y  avail  en  line  regeneration  des  fibres 
nerveusesdonlon  ne  pentreconnaitre dircctement  lacon- 
tinuite  avec  le  scalpel,  inais  dont  le  microscope  donne 
parfaiteinent  la  demonstration,  line  question  qui  pour- 
rait  etre  soulev^e  a  cette  occasion  est  celle  de  savoir  si 
deux  branches  nerveuses  peuvenl  sesouderet  reprendre 
leurs  proprietes  sans  etre  detrnites  prealablemcnt.  On 
a  essaye,  et  nous  avons  essaye  nous-m£me,  de  souder 
des  nerfs  jouissanl  de  proprietes  differentes,  sans  pou- 
voir  arriver  a  aucun  resultat  decisif.  Maisquand,  par  une 
greffe  aniinale,  on  soude  a  une  partie  quelconque  du 
corps  un  appendicc  tel  que  la  queue  ou  1'oreille  par  son 
extremite  libre,  et  qu'ensuile  on  vient  a  couper  cet  ap- 
pendice  vers  sa  base,  il  paraitrait  qu'on  trouve  la  sou- 
sibilite  conservee  dans  les  deux  moignons.  La  question 
serait  de  savoir  alors  si  on  pent  admettre  que  le  me'me 
uerf  sensitif  puisse  transniettre  les  impressions  sensitives 
dans  deux  sens  opposes;  ce  qui  devrait  avoir  lieu  s'il 
n'y  a  pas  eu  formation  de  nouveaux  nerfs  et  si  ceuxqui 
existaient  anterieurement  restaient  encore  charges  de 
I'accomplisscment  des  fonctions. 

II  nousreste  encore  a  indiquer  une  precaution  impor- 


/j68  NERFS    SENSITH'S    ET    MOTEURS. 

tante  a  prendre  dans  les  experiences  relativement  aux 
proprietes  des  filets  nerveux  inoteurset  sensitifs  que  nous 
savons  etre  parfaitement  distincts,  au  point  qu'on  ait  ]>u 
lesdetruire  isolement. 

Lorsqu'on  a  empoisonne  une  grenonille  avecle  curare, 
apres  avoir  lie  les  vaisseaux  qui  se  rendent  soil  dans 
un  nienibre  isole,  soil  dans  les  deux  membres  poste- 
rieurs,  on  voit  qu'apres  rempoisonnenient  la  grenouille  a 
conserve  la  propriete  d'operer  des  mouvements  reflexes 
quand  on  vient  a  pincer  line  partie  du  corps  dans  la- 
quelle  le  poison  a  penetre,  et  qu'elle  semble  meme  se 
mouvoii-  volonlairement  lorsqu'on  la  ])lace  dans  1'eau, 
apres  avoir  empecbe  le  poison  de  penetrer  dans  les  deux 
membres  posterieurs.  Ce  que  je  desire  faire  remarquer 
ici,  c'est  que  la  reaction  des  nert's  sensitifs  sur  les  nerfs 
moteurs  n'a  lieu  que  lorsque  renipoisonnement  paralt 
tout  a  fait  complet. 

En  effet,  lorsque  1'animal  est  sous  la  premiere  in- 
fluence de  rempoisonnemenlet  qu'on  vient  a  pincer  une 
partie  du  corps  cmuoisonuee,  on  n'a  aucune  espece  de 
reaction  de  la  part  des  membres  preserves  de  Faction  du 
curare  par  la  ligature  des  vaisseaux;  on  n'observe  rien 
non  plus  qui  puisse  etre  attribue  a  1' influence  de  la  volonte 
sur  ces  membres.  J'ai  meme  observe  qu'a  ce  moment  les 
proprietes  electriques  des  muscles  et  de  la  peau  etaient 
aneanties.  Cen'est  que  quelques  instants  plus  tard  que  la 
grenouille  reprend  sa  sensibilite  et  que  les  reactions  sur 
les  nerfs  moteurs  deviennent  alors  tres  t3videntes  et 
pen  vent  durer  pendant  un  temps  souvent  tres  long. 


QUINZIEME  LECON. 


26  JUIN   1857. 

SOMMAIRE  :  Systeme  norvcux  du  grand  sympathique.,—  Difficult^ 
actuclle  dc  son  histoirc  physiologiquc.  —  Examcn  de  rinfluencc 
qu'exerce  la  section  du  sytnpalhiquc.  —  Section  du  sympathiqne  au 
cou.  —  Eflets  note's  du  cdle  dc  I'u'il.  —  Modification  dc  la  tempdra- 
ture  de  la  tete.  —  Experiences  comparatives  sur  les  nerfs  qui  se  dis- 
tribuent  a  la  face. 

MESSIEURS, 

On  divise  le  systemc  ncrveux  en  deux  grandcs  par- 
ties: le  systeme  nerveux  cere'bro-spinal  que  nous  avons 
ctudiV1  jns(iu'ici,  et  le  systeme  du  grand  sympalliique 
que  nous  allons  maintenant  examiner,  line  telle  etude 
scrait  impossible  dans  son  ensemble  aujourd'hui,  les 
notions  que  nous  avons  sur  ce  nerf  se  reduisent  a  des 
faits  detaches,  entre  lesquels  il  scrait  difficile  d'etablir 
mi  lien  systematiquc. 

Nous  allons  commencer  par  unc  influence  des  plus 
remanuiables  de  ce  nerf  sur  laquelle  nous  avons  fait 
un  grand  nombre  d'experiences,  je  veux  parler  de  1'in- 
fluence  que  la  section  de  ce  nerf  exerce  sur  la  chaleur 
animate  et  sur  la  circulation  du  sang. 

Je  n'ai  pas  1' intention  de  rapporter  ici  toutes  les 
hypotheses  qu'on  a  pu  faire  sur  les  fonctions  du  grand 
sympathique ;  je  desire  seulement  rappeler  dans  leur 
ordre  chronologique  les  principales  experiences  qu'on  a 
ten  tees  sur  ce  nerf  a  diverses  epoques.  Cette  indication 


•|70  M-IU     GUAM)    ^Y.Ml' 

bislorique  montrera,  uiioux  quo  loute  a u Ire  discussion, 
la  part  ot  la  succession  des  cftbrls  de  chacun  dans  Fe- 
tude  experimenlale,  si  difficile,  de  cetle  partic  du  sys- 
teine  nerveux. 

La  pivmuTi1  experience  sur  la  portion  ccrvicale  du 
iierf  grand  sympathique  appartient  ii  Pourfour  du  Petit. 
Dans  nn  memoire  tres  romarquable ,  public  dans  les 
Memo  ires  de  l\-tcadi^nic.  des  sciences  pour  17*27  (me- 
moire danslequel  il  est  demontrt}  quo  lesnerfs  intercos- 
tanx  fournissent  des  ramcaux  tpii  portent  des  esprits 
dans  lesyeux.  p.  1),  eel  auteur soutient  dejacjuela  por- 
tion eervicaledu  grand  sympathique  ne  nait  pas  dans  la 
lete  (dc  la  cinquienie  etsixieine  paire)  pour  descendre 
vers  le  thorax  comme  I'avaient  cru  Vieussens  et  Willis, 
mais  qirelle  inonte  an  eontraire  ds  la  partie  posterieure 
du  corps  (chez  les  quadrupedes)  vers  la  tete,  pour  se 
termiucr  dans  les  yeux,  avec  les  deux  nerfs  precites. 
La  preuve que Petit  en  donne,  c'est  que  quand  on  coupe 
le  nerf  sympathique  clans  le  cou,  chez   les  animaux 
(chiens),  les  effets  de  sa  paralysie  se  manifestent  au-des- 
sus  de  la  section  vers  les  yeux,  qui  ofirent  alors  un  re- 
trecisseinent  de  la  pupille,  un  affaissement  de  lacornee, 
une  rougeur  et  une  injection  de  la  conjonctive ;  de  plus, 
la  troisieme  paupiere  est  saillante  et  s'avance  au-devant 
de  l"(ril.  Chez  les  chiens,  le  cordon  sympathique  au  cou 
est  uniavec  le  vague,  qu'il  est  impossible  par  consequent 
de  menager.  Petit,  qui  n'ignore  pas  cette  disposition, 
distingue  tres  bien  dans  cette  experience  coinplexe  les 
ei'i'ets  qui  dependent  de  la  section  du  pneumogastrique 
de  ceux  quiappartiennent  acelle  du  sympathique.  Petit 


HISTORIQUE.  471 

ajoute  (jue  le  sympathique  influence  les  glandes  et  les 
vaisseaux  de  1'oeil  qui,  apres  la  section  du  nerf,  perdent 
leur  ressort  et  s'emplissent  de  sang ;  il  explique  tres  bien 
aussi  le  retrecissement  de  la  pnpille  parla  paralysie  des 
fibres  du  sympathique  qui,  apres  6tre  unies  aux  filets 
ciliaires,  doivent  aller  dilater  la  pupille.  Enfin  il  signale 
encore  un  rapetissement  du  globe  oculaire  quand  les 
animaux  vivent  un  certain  temps. 

Tons  les  phenomenes  signales  pre'cedemment  se  pro- 
duisent  lorsqu'au  lieu  de  couper  le  filet  sympathique  au 
cou,  on  extirpele  ganglion  cervical  superieur  ou  1'infe- 
rieur. 

Dupuyen  ISlG.Brachet  en  1837,  John  Reid  en  1838 
n'ajftuterent  Hen  de  bien  essentiel  a  Inexperience  de  Pour- 
four  du  Petit.  Us  signalerent  tous,  comme  consequence 
de  la  section  du  filet  sympathique  au  cou,  ou  comme  re- 
sultat  de  1'extirpation  des  ganglions  cervicaux  de  ce 
nerf,  le  retrecissement  de  la  pupille.  la  rougeur  de  la 
conjonctive,  l'enfoncement  du  globe  oculaire  dans  1'or- 
bite  et  la  projection  du  cartilage  de  la  troisieme  pau- 
piere  au-devant  de  rceil. 

Quoi  qu'ilen  soit,  c'est  ce  phe'nomene  du  retrecisse- 
ment de  la  pupille  qui  avait  attire  plus  specialement  1'at- 
tention  des  experimentateurs,  dans  ces  derniers  temps; 
c'est  a  ce  fait  surtout  quesesont  adressees  toutes  les  ex- 
plications proposees  et  toutes  les  experiences  nouvelles 
qui  firent  faire  quel([ues  progresa  cette  question. 

En  18/iG,  M.  Bit'fi  (de  Milan)  observa  cet  autre  fait 
nouveau  que  lorsque  la  pupille  estretrecie  par  suite  de  la 
section  du  nerf  sympathique,  on  peutlui  rendre  son  elar- 


472  NERF    GRAND    SYMPATHIQUE. 

gissement  en  galvanisant  Ic  bout  cephalique  du  nerf 
sympatbique  coupe. 

A  peu  pres  a  la  memo  epoque,  le  docteur  Ruetc  (de 
Vienne)  ayant  remarque  que,  dans  la  paralysie  de  la  troi- 
sieme  paire  de  nerfs,  la  pupille  dilutee  et  immobile  peut 
encore  s'agrandir  sous  1'influence  do  la  belladone,  en 
conelut  que  1'iris  recoil  deux  especes  de  nerfs  moteurs 
correspondant  a  ses  deux  ordres  de  fibres  musculaires, 
et  que  le  grand  sympathique,  en  animantles  fibres  mus- 
culaires radices,  produit  le  mouvement  de  dilatation, 
tandis  que  le  nerf  motcur  oculaire  commun,  en  ani- 
mant  les  fibres  circulaires,  determine  an  contrairc  le 
mouvement  de  contraction  de  1'iris. 

En  1851,  MM.  Budge  et  Waller  reconnuient  que,  dans 
son  action  sur  la  pupille,  le  filet  cervical  du  grand  sym- 
pathique n'agit  que  comme  un  conducteur  qui  transmit 
une  influence  dont  le  point  de  depart  cst  dansune  re- 
gion de  la  moelle  epiniere  quo  preciserent  ces  experi- 
mentatcurs,  et  a  laquelle  ils  donnerent  le  nom  de  region 
cilio-spinale.  Cette  region  est  comprise  entre  laderniere 
vertebre  cervicale  et  la  sixieme  vertebre  pectorale  inclu- 
sivement. 

Toutefois  ces  auteurs,  en  signalant  ce  resultat,  s'atta- 
cberentuniquement  a  1'explication  du  retrecissement  de 
la  pupille.  Ils  admettent  aussi  qu'apres  la  section  du 
sympathique,  les  fibres  radices  de  1'iris  (muscle  dilata- 
teur)  sont  paralysees,  d'ou  il  suit  que  1'action  cles  fibres 
circulaires  (muscle  constricteur)  predomine  et  retrecit 
1'ouverture  pupillaire.  Si,  quand  on  galvanise  la  region 
cle  la  moelle  a  laquelle  le  sympathique  prend  naissance, 


HISTOR1QUE. 

on  voit  la  pupille  se  dilater,  cela  vient  encore,  suivant 
eux,  de  ce  que,  sous  1'influence  galvanique,  le  nerf 
sympalhique  moteur  excite  Faction  des  fibres  radices ; 
leur  contraction  energique  surpasse  alors  temporaire- 
ment  1'action  des  fibres  circulaires  et  determine  la  dila- 
tation de  la  pupille. 

Depuis  plusieurs  annees,  en  montrant  dans  mescours 
publics  les  effets  de  la  section  de  la  portion  cephalique 
du  grand  sympathique ,  j'ai  insiste  sur  ce  point  qu'au 
lieu  de  pourstiivre  une  explication  exclusive  pour  rendre 
compte  des  modifications  de  la  pupille,  il  faudrait  en 
chercher  une  pour  tons  les  autrcs  phenomenes  qui,  sur- 
vcnant  et  disparaissant  simultanrment,  semblcnt  naitre 
sous  1'influence  d'une  cause  commune.  Tous  cespheno- 
menes  simultanes  et  connexes  sont,  ainsi  que  nous  1'a- 
vons  vu : 

1°  Le  retrecissement  de  la  pupille  et  la  rougeur  de  la 
conjonctive ; 

2°  La  retraction  du  globe  oculaire  dans  le  fond  de 
1'orbite,  cc  qui  fait  saillir  le  cartilage  de  la  troisieme 
paupiere  et  le  porte  a  vcnir  se  placer  au-devant  de 
1'ceil ; 

3°  Le  resserrement  de  rouverture  palpe"brale  et  en 
meme  temps  une  deformation  de  cette  ouverture  qui 
devient  plus  elliptique  et  plus  oblongue  transversale- 
ment ; 

h°  L'aplatissement  de  la  cornee  et  le  rapetissement 
consecutif  du  globe  oculaire. 

Outre  les  phenomenes  precedents,  j'ai  encore  signale 
le  retrecissement  plus  ou  moins  marque  de  la  narineet 


NliUl-1    (,l{\Nli    SVMPATI11QUK. 

de  la  bouche  clu  cote"  cnrrespondant ;  mais  j'ai  surtout 
indique  une  modificiition  touto  speeiale  de  la  circula- 
tion, co'incidantavec  une  grande  augmentation  de  calo- 
j'icite  et  meme  de  seusibilito  dans  les  parties. 

J'etudiai  ces  faits.  qui  n'avaient  ete  signales  par  per- 
sonne  avant  moi,  couime  ivsullat  de  la  destruction  du 
nerf  grand  sympathique,  et  le  29  mars  1852,  je  lus  a 
1' Academic  des  sciences  une  note  sur  I' influence  du  nerf 
grand  sympathiqne  sur  la  chaleur  animate. 

Bien  que  ce  phenomene  de  calorification  et  d'aug- 
mentation  de  sensibilite  out  du  se  manifester  eutre  les 
mains  de  tons  les  experimentateurs,  personne  ne  1'avait 
ce])endant  remarqut',  ni  ne  lui  avait  donne  sa  signifi- 
cation :  c'est  a  peine  s'il  avait  ete  not*'.  Dupuy  parle, 
dans  deux  de  ses  experiences  sur  des  cbevaux,  de  cha- 
leur  passagereet  de  sueursmeme  survenues  dansquel- 
ques  parties  de  la  face  on  de  la  nuque.  Mais  cet  obser- 
vateur  ne  pense  pas  le  moms  du  monde  a  caracteriser 
le  phenomene,  qu'il  con  fond,  du  reste,  dans  la  des- 
cription des  symptcjmes  d'une  carie  de  1'occipital  qui 
existait  coincidemment  dans  un  cas,  et  d'une  carie  de 
1'os  maxillaire  qui  existait  dans  1'autre.  II  le  signale,  au 
reste.  chez  d'autres  animaux  qui  n'avaient  pas  eu  les 
ganglions  extirpes,  mais  qui  presentaient  des  maladies 
des  fosses  nasales  ou  des  os  maxillaires  (1). 

II  reste  done  evident  que  Dupuy  n'a  pas  distingue  ni 
compris  le  phenomene  commeresultat  physiologique  de 
1' extirpation  des  ganglions  sympathiques,  ainsi  que  nous 

(1)  Voyez  Dnpuy,  De  I' affection  tuberculeusc.  Paris,  1817,  iu-8. 


IllSTOUIQLIii.  475 

le  demontrent  les  conclusions  do  son  meinoire,  quo  je 
transcris  litteralement  et  completement : 

«  Des  experiences  que  nous  avons  rapportees,  il  re- 
suite  : 

»  1°  Que  la  situation  profonde  des  ganglions  supe- 
rieurs  des  nerfs  grands  sympathiques  ne  s'oppose  point 
a  leur  excision  sur  ranimal  vivant ; 

»  2°  Que  F  operation  necessaire  pour  enlever  ces  gan- 
glions est  simple,  pen  douloureuse,  et  n'est  accompa- 
gnee  ni  suivie  d'eveneinents  iacheux; 

»  3°  Que  les  phenomenes  qui  se  manifestent  et  qui 
sont  independants  do  I'opiTalion  sont  le  resserrement 
de  la  pupille,  la  rougeurde  la  conjonclive,  I'amaigrisse- 
ment  general  accompagne  de  riniiltration  des  membres 
et  do  renq)tion  d'une  especede  gale  qui  finit  par  atTec- 
ter  toute  la  surface  culanee; 

»  [\°  Enlin  qu' on  est  en  droitdeconclure  que  ces  nerfs 
exercent  une  grande  influence  sur  les  fonctions  nutri- 
tives. » 

En  lisant  le  memoire  de  Dupuy  avant  la  publication 
de  mon  travail,  aucun  des  nombreux  auteurs  qui  Tout 
cite  if  a  pu  y  voir  et  if  y  a  vu  que  la  calorification  des 
parties  fut  la  consequence  de  1'extirpation  des  ganglions 
cervicaux :  car  cela  if  y  est  pas  dit.  Mais  aujourd'hui 
que  j'ai  caracterise  le  phe'nomene,  si  on  trouve,  en  lisant 
retrospectivement  les  experiences  du  professeur  d'M- 
fort,  on  nieme  celles  d'autres  auteurs,  qu'il  y  a  dans  les 
descriptions,  des  mots,  des  phrases,  des  passages  qui 
doivenl  se  rapporier  a  ce  que  j'ai  decrit,  ce  if  est  pas  la 
question  que  j'examine;  car  il  est  clair,  ainsi  que  jeTai 


A76  NERF   GRAND    SYMPATHIQUE. 

deja  dil,  que  les  experiences  out  du  donner  les  monies 
resultats  entre  les  mains  de  tons  les  experimentateurs 
qui  ont  du,  par  consequent,  avoir  tousle  phenomeneen 
question  sous  les  yeux.  Mais  il  estsi  facile  d'avoirun  phe"- 
nomenc  sous  les  yeux  et  de  ne  pas  le  voir,  tant  qu'une 
circonstance  quelconque  ne  vient  diriger  1'esprit  de  ce 
cote!  En  1842,  j'ai  fait  un  grand  nombre  de  sections 
du  sympathique  et  d'ablations  des  ganglions  cervicaux 
de  ce  nerf  sans  me  douterque  cette  operation  produisit 
le  re"chauffement  des  parties,  bien  que  je  connusse  ce- 
pendant  les  experiences  de  Dupuy.  Si,  dix  ans  apres, 
c'est-a-dire  en  1852,  j'ai  decouvert  le  fait,  cela  tient  a 
ce  que  je  m'etais  place  a  un  point  de  vue  different  pour 
observer  les  resultats  de  I'experience. 

Dans  ma  note  lue  a  1' Academic  des  sciences  je  me 
bornai  ii  decrire  les  phenomenes  et  a  signaler  leur  con- 
dition de  production  sans  vouloir  cntrer  aucunement 
dans  leur  explication.  Cependant  au  premier  abord  il 
etait  difficile  de  ne  pas  croire  que  cette  augmentation  de 
caloricite  et  de  sensibilite  ne  fut  pas  consecutive  a  une 
plus  grande  activite  circulatoire.  Mais  comme  j'avais 
observe  des  cas  dans  lesquels  Tactivite  circulatoire  sem- 
blait  6tre  le  phenomene  secondaire  au  lieu  d'etre  le  fait 
primitif,  je  me  bornai  a  indiquer  la  possibilite  des  deux 
hypotheses,  en  disant  que  la  caloricite  n'etait  pas 
toujours  en  raison  directe  de  la  vascularisation  des 
parties. 

Depuis  lors  je  continual  mes  recherches  et  jesignalai 
la  mfcrne  annee,  dans  mon  cours,  que  le  galvanisme  ap- 
plique sur  le  bout  superieur  du  sympathique  au  cou. 


HISTORIQUE.  477 

faisait  disparaitre  tous  les  troubles  produits  par  la  sec- 
tion du  nerf.  Ces  resultats  furent  publics  plus  tard  dans 
les  Complex  rendus  de  la  Societe  de  biologie  (octobre  et 
novembre  1852). 

Mais  pendant  que  je  poursuivais  mes  experiences  en 
France,  M.  Budge  en  Allemagne,  M.  Waller  en  An- 
gleterre,  et  M.  Brown-Sequard  en  Amerique,  chacun 
de  leur  cote,  etaient  a  la  recherche  de  Implication  du 
phenomene  que  j'avais  decouvert. 

M.  Budge  rattacha  cette  calorification  a  la  region  ci- 
lio-spinale  de  la  moelle,  ce  qui  pouvait  confirmer  sans 
doute  que  la  partie  cervicale  du  sympathique  nait  en  ce 
point,  mais  ce  qui  n'ajoutait  en  realite  rien  au  pheno- 
mene lui-ineme. 

M.  Waller  fit  pour  les  arteres  le  m6me  raisonneinent 
que  pour  la  pupille.  11  admit  que  la  section  du  filet  cer- 
vical du  sympathique  qui  est  moteur,  amene  une  para- 
lysie  des  arteres  de  la  face,  qui  se  relachent,  se  dilatent 
et  se  remplissent  d'une  plus  grande  quantite  de  sang. 
Ainsi  s'explique  pour  lui  la  calorification  des  parties.  Si 
Ton  galvanise  le  sympathique,  on  fait  contracter  les  ar- 
teres, le  sang  en  est  expulse  et  le  refroidissement  sur- 
vient. 

A  son  retour  en  France,  M.  Brown-Sequard  reclama 
pour  lui  la  theorie  de  la  stase  du  sang  par  la  paralysie 
des  arteres,  et  il  annonca  avoir  vu  le  premier  en  Ame- 
rique  que  la  galvanisation  du  sympathique  amene  le  re- 
froidissement des  parties  et  la  contraction  des  arteres. 
Je  n'entrerai  pas  dans  des  discussions  de  priorite  relati- 
vement  a  des  faits  qui  (latent  tous  de  la  me"me  anne"e,  et 


/i78  NERF    GRAND    SYMPATHIQUE. 

qui  se  sont  developpes  immedialement  comme  corro- 
laires  tout  naturels  cle  ma  premiere  experience.  Je  me 
felicite  seulement  de  rempressement  que  les  expe"rimen- 
tateurs  cites  plus  liaut  out  mis  a  rue  suivre  dans  Tetude 
de  ces  phenomenes  de  calorification,  Cela  me  promt1 
qu'ils  les  out  trouves  important?  et  digues  d'intertH. 

M.  R.  Wagner  (de  Go3ttingae)  s'est  encore  livre  dans 
ces  derniers  temps  a  des  experiences  tres  intoressantes 
sur  le  grand  sympathique,  iriais  (jui  ne  se  rapportent 
point  directemeut  a  la  question  d'augmeutation  de  ca- 
loricite  et  de  sensibilite  (jue  nous  examinons  ici. 

Depuis  la  publication  do  nos  premieres  experiences 
sur  rinflueuce  du  sympathique  sur  la  calorification,  un 
grand  nombre  d'expe'rimentateurs  out  verifie  et  repete 
nos  experiences. 

Depuis  longtempsj'avais  ete  IVappedu  grand  nombre 
de  faits  eontradictoires  qui  existent  dans  la  science 
relativement  a  rinlluence  des  lesions  nerveuses  sur  la 
calorification  des  parlies  paralyses.  On  a  observe  en 
effet.  dans  ces  c:rconstances,taut6t  la  diminution,  tantot 
^augmentation  de  caloricite.  II  y  avait  done  a  recber- 
cher  la  raison  de  ces  dissidences  dans  une  specialit*'1 
d'influence  desdiverses  especes  de  nerfs;  carquand,  en 
physiologic,  un  phenomene  s'offre  avec  des  apparences 
eontradictoires,  on  pent  etre  assure  que  ses  elements 
sont  encore  complexes  et  que  ses  conditions  d'existence 
n'ont  pas  etesuffisamment  analysees.  II  fallait  examiner 
ainsi  successivement  rinfluence  sur  la  calorification  des 
nerfs  de  mouvement,  des  ueris  de  sentiment  et  deceux  du 
grand  sympathique.  Je  commencai  par  ces  derniers,  et  je 


EXPERIENCES    COMPARATIVES. 

dois  dire  que,  etant  sous  ttnfluence  de  1'idee  tres  aucienne 
quele  grand  sympathise  qui  accompagne  specialement 
les  vaisseaux  sanguins  arteriels  doit  etre  le  nerf  qui 
preside  aux  phenomenes  des  mutations  organiques  s'ac- 
complissant  dans  les  tissus  vivants,  j'eus  la  pensee  que 
sa  section,  en  amenant  une  atonie  des  vaisseaux  et  un 
ralentissement  on  une  abolition  dans  les  phenomenes 
circulatoires  et  nulritifs,  serait  probablement  en  rap- 
port avec  le  refroidissement  des  parties.  Je  fis  done 
1'experience  et  je  choisis  le  lapin,  parce  que  chez  cet 
animal  le  filet  cervical  sympathique,  qui  monte  a  latete 
en  allant  d'un  ganglion  a  1'autre,  se  trouve  facile  a  at- 
teindre  et  est  tres  nettement  distinct  du  nerf  pnemno- 
gastrique.  Le  resultat  fut  loin  d'etre  d'accord  avec  ma 
prevision, et,  au  lieu  du  refroidissement  que  j'attendais, 
je  constatai  une  graude  elevation  de  temperature  dans 
tout  le  cote  correspondant  de  la  tete.  Mon  hypothese 
s'evanouit  aussit6t  devant  la  realite  ;  'mais  elle  m'avait 
mis  sur  la  trace  d'un  fait  nouveau  qui  devait  rester  ac- 
(piis  a  la  science;  il  s'agissait  de  1'etudier,  de  Tisoler  et 
de  lui  donner  une  signification  parmi  les  phenomenes 
qui  se  rapportent  a  1'histoire  du  systeme  nerveux  sym- 
pathique. 

Comme  c'etait  sur  le  le  nerf  sympathique  de  la  face 
que  j'avais  d'abord  experiment^,  je  pensai  qu'il  valait 
inieux  agir  sur  les  nerfs  de  sentiment  et  de  mouvement 
de  cette  inline  partie  du  corps  afm  d' avoir  des  pheno- 
menes plus  facilement  comparables. 

1°  EXPERIENCES  SUR  LE  NERF  DE  LA  CINQUIEME  PAIRE.  — 
.  —  Le  21  decembre  1851,  sur  un  gros  lapin  vif  et 


480  NERF   GRAND   SYMPATHIQUE. 

bienportant,  j'ai  fait  la  section  de  la  cinquieme  paire  a 
gauche  dansle  crane  par  le  precede  deMagendie.L'ope- 
ration,  qui  reussit  parfaitcment,  fut  suivie  immedia- 
tement  des  symptomes  d'insensibilite  de  la  lace  bien 
conn  us. 

Avant  1'operation  on  ne  sentaita  la  main  qui  saisissait 
1'oreille,  ou  avec  le  doigt  plonge  dans  le  pavilion  auri- 
cuiaire,  aucune  difference  sensible  dans  la  chaleur  d'un 
cote  a  Fautre.  Environ  nne  demi-heure  apres  la  section 
de  la  cinquieme  paire,  on  appre'ciait  au  contraire  mani- 
festement  a  la  main  quo  1'oreille  gauche  qui  correspon- 
dait  au  cote  de  la  section  etait  plus  froide;  on  ne  me- 
sura  pas  la  diftV'rence  a  1'aide  d'un  thermometre.  Le 
lendemain  22  de'cembre,  dix-huit  heures  environ  apres 
1'operation,  il  existait  toujours  la  me~me  difference  tivs 
marquee  entre  la  temperature  des  deux  oreilles;  celle 
du  cote  gauche  etait  plus  froide.  La  chaleur,  prise  au 
therinometre,  donna  34°  C.  a  droite  et  31°  C.  a  gauche 
ce  qui  faisait  3°  C.  d'abaissement  de  temperature  apres 
la  section  de  la  cinquieme  paire.  L'animal  avait,  du 
reste,  conserve  toute  sa  vigueur. 

Ace  moment  lesphenomenesd'alteration  de  nutrition 
de  Toeil  decrits  par  Magendie  commencaient  a  se  ma- 
nifester  du  cote  gauche.  La  conjonclive  etait  rouge, 
les  vaisseaux  dilates  et  gorges  de  sang,  1'ceil  chassieux, 
les  paupieres  collees  et  la  cornee  deja  alteree ;  mais, 
comme  je  1'ai  dit,  la  temperature  de  ces  parties  etait 
cependant  abaissee  malgre  1'existence  de  ces  troubles 
circulatoires  qu'on  rattache  gen^ralement  a  ce  qu'on 
appelle  des  inflammations. 


EXPERIENCES   COMPARATIVES.  /j8l 

Alors  je  Pis  la  resection  du  filet  sympathique  an  con  a 
gauche,  du  meme  cote  ou  la  temperature  des  parties 
avait  ele"  abaissee  par  la  section  de  la  cinquieme  paire, 
el  aussilol  la  calorification  se  manifesta.  Apres  quelques 
instants  la  temperature  de  1'oreille  gauche  depassa  de 
beaucoup  celle  de  1'oreille  droite,  el  le  thermometre 
plonge  dans  les  deux  pavilions  auriculaires  environ  trois 
quarls  d'heure  apres  donna  pour  1'oreille  gauche  37° C. 
el  pour  1'oreille  droite  31°  C. 

En  resumant  les  varialions  de  lempe'rature  observees 
voici  les  chiffres  obtenus  : 

A  gaucliP,  A  droite, 

cole  opere".  cole  sain. 

1°  Apres  la  section  de  la  5*"  paire.  .  .     31°  cent.       3A0cent. 
2°  Apres  la  section  da  sympathiquc.  .     37°  cent.       31°  cent. 

II  est  bon  de  noter  que  1'elevation  de  temperature  a 
gauche  a  coincide  avec  un  abaissement  a  droite.  Nous 
retrouverons  plus  lard  des  choses  semblables  dans  des 
experiences  analogues. 

Le  2  decembre,  les  deux  oreilles  offraient  toujours 
la  meme  difference  de  temperature  que  la  veille;  les 
phenomenes  d'allcralion  de  Toeil  marchaienl  loujours. 
Laconjonclive  elail  loujours  Ires  injectee,  la  corneeetait 
devenue  enlieremenl  opaque  et  ramollie  ;  il  y  avail  aux 
levres  des  ulceralions  du  ineme  cote.  II  est  inutile  de 
dire  quel'insensibilite  complete  de  la  face  persistait  lou- 
jours a  gauche ;  cependanl  il  y  avail  encore  dans  le  pa- 
vilion de  1'oreille  de  la  sensibilite  qui  provenail  des 
branches  auriculaires  du  plexus  cervical.  Je  fis  alors  la 
re.Neetion  de  ces  nerfs  an  con.  a  leur  emergence  sur  le 

B.(    S\6T.    NKHV.  —  II.  31 


482  NERF    GRAND    SYMPATHIQDE. 

bord  posterieur  du  muscle  sterno-mastoi'dien,  et  im- 
mediatement  Toreille  deviut  compleiement  insensible  ; 
mais  cela  ne  changea  rieu  dans  la  temperature  de  cette 
oreille  qui  resta  toujours  plus  elevee  que  celle  du  cot£ 
oppose. 

Les  jours  suivantsjusqu'au  27  decembre  I'anirnal  tut 
observe,  et  il  offrit  constamment  unc  plus  grande  ele- 
vation de  temperature  dans  le  cote  gauche  de  la  tete. 

J'ai  bien  souvent  repete  la  section  de  la  cinquieme 
paire  sur  des  lapins  dans  le  but  de  verifier  I1  experience 
qui  precede,  et  toujours  j'ai  vu  cette  operation  etre  sui- 
vie  d'un  abaissement  de  temperature  dans  la  partie  cor- 
respondante  de  la  tete.  Mais  si  alors  on  fait  la  section 
du  sympathique,  les  phenomenes  de  calorification  sur- 
viennentde  me'me  et  independamment  des  lesions  que 
produit  la  paralysie  de  la  cinquieme  paire;  et  genera- 
lenient  on  pent  meme  dire  que  chacun  de  ces  pheno- 
menes  atteint  son  maximum  d'intensite  dans  des  condi- 
tions vitales  opposees,  c'est-a-dire  que  les  alterations 
dues  a  la  section  de  la  cinquieme  paire  se  manifestent 
avec  d'autant  plus  de  rapidite  et  d'intensite  que  les  ani- 
maux  sont  plus  faibles  et  languissants ;  au  contraire  le 
phe'nomene  de  calorification  se  produit  avec  d'autant 
plus  de  force  et  d'instantaneite  que  les  animaux  sont 
plus  vigoureux  et  mieux  portants. 

2°  EXPERIENCES  SUR  LE  NERF  FACIAL  (SEPTIEME  PAIRE). 
—  Le  21  decembre  185! ,  sur  un  gros  lapin  vif  et  bien 
portant,  j'ai  fait  du  cote  gauche  la  section  du  nerf  facial 
non  loin  de  sa  sortie  par  le  trou  stylo-mastoi'dien,  en 
penetrant  avec  un  stylet  aigu  dans  la  caisse  auditive. 


EXPERIENCES    COMPAttATIVtS.  /i<So 

Cette  operation  fut  suiyie  des  phenomenes  ordinaires  de 
paralysie  de  mouvement  que  je  ir ai  pas  a  decrirc.  Mais 
en  examinant  1'oreille  environ  une  clemi-heure  apres 
1' operation,  an  point  de  vue  de  la  calorification  qui  nous 
occupe,  je  trouvaia  la  main  1'oreille  gauche  paralysed, 
nianifestement  plus  chaude  que  celle  du  cote  sain.  Je 
laissai  I'animal  jusqu'au  lendemain,  et  je  trouvai  tou- 
jonrsune  elevation  de  temperature  plus  considerable  du 
cote  oil  le  facial  avait  e'te  coupe.  Le  thermometre  don- 

nait  : 

OreiHe  gauche  paralysee 3D"  cent. 

Oreille  droitc  saine 30"  cent. 

Alors  je  coupai  le  filet  cervical  du  sympathique  du 
cote  gauche.  Quelques  instants  apres,  la  chaleur  avait 
apparu  beaucoup  plus  predoininanie  encore  du  cott^ 
gauche :  on  avait  an  thermometre  : 

Oreille  ^auciie  paralysce o!i*  cent. 

Orcille  droile  saine ul%5  cent. 

Les  jours  suivants,  Tanimal  ne  presenta  rien  de  par- 
ticulier;  il  fut  observe  jusqu'au  26  decembre. 

Sur  un  autre  lapin  adulte  et  tres  vigoureux,  je  fis  de 
meme  la  section  du  nerf  facial  dans  la  caisse  auditive 
du  c6te  gauche,  en  ayaut  soin  d'incliner  rinstrument 
de  maniere  ii  couper  le  nerf  aussi  pres  que  possible  de 
son  origine.  L' operation  reussit  tivs  bien ;  mais  quel- 
ques  instants  apres  la  section  on  appreciait  a  la  main  une 
elevation  manifeste  de  temperature  du  cote  paralyse 
Le  thermometre  donnait  : 

Oreilie  gauche  paralysde 33"  cent. 

Oreillc  droitc  saino 31"  cent. 


/j8/J  NFRF   GRAND    SYMPATHIQl'F.. 

Lelendemain,  la  difference  lie  temperature  t-tait  un 
pen  moindre,  et  on  avail  : 

Oreille  droite  paralysed   ....     32", 5  cent, 
Oreille  droite  saine 31", 5  cent. 

Les  jours  suivants,  1'exces  de  temperature  do  I'oreille 
gauche  s'effaca  de  plus  en  plus,  et  six  jours  apres  Tope- 
ration  les  deux  oreilles  etaient  a  I'unisson  de  chaleur.  Le 
thermometre  donnait : 

Oreille  gauche  paralyse .  .  .  .    31°  cent. 
Oreille  droite  saine 31°  cent. 

Cette  egalitede  temperature  se  maintint  pendant  les 
trois  jours  du rant  lesquels  1'animal  fut  encore  soumis  a 
1'observation. 

3°    AUTRKS  KXI'l'RIKNCES  SUR  LE  NF.RF  FACIAL.  —  II  Ill'est 

souvent  arrive,  en  piquant  la  moelle  allongce  des  cbiens 
ou  des  lapins  pour  lain1  apparailre  le  sucre  dans  leur 
urine,  de  blesser  involontairement  les  origiiies  cachets 
du  nerf  de  la  seplieme  pairc,  et  de  produire  ime  para- 
lysie  simple  des  inouvements  de  la  face,  soil  a  gauche, 
soit  a  droite.  Dans  cos  circonstances  il  y  a  toujours.  au 
moment  nieme  de  la  piqure,  une  augmentation  ino- 
mentanee  de  la  tempei'ature  dans  les  deux  cotes  de  la 
trie.  Mais  apres  quelques instants,  lorsquecette  chaleur, 
due  a  1'emotion,  a  disparu,  la  face  et  les  oreilles  re- 
prennent  leur  temperature  primitive,  quelquefois  meine 
elle  est  un  pen  plus  basse;  or  jamais  I'oreille  paralysee 
ne  fut  plus  cbaude  (}ue  1'autre  :  c'ctait  souvent  le  con- 
traire,  et  le  thermometre  indiquait  g«r>neralemenl  '1  de- 
j^rea  1  clegiv  \/'l  d'abaisseme'ntde  temperature  relative, 
dans  le  cote  de  la  face  paralyse  du  mouvement  et  ayant 


EXPERIENCES    COMPARATIVES.  ft«S5 

conserve  loutesa  sensibilite,  ce  qui  temoignait  cle  1'inte- 
grite  de  la  cinquieme  paire.  Un  phenomene  momentane 
d'elevation  cle  chalcur  des  parties  pe'ripheriques  a  pres- 
que  toujours  lieu  quand  on  blesse  brusquement,  d'une 
maniere  quelconque,  un  point  des  centres  nerveux  ; 
mais  cela  ne  pent  pas  £tre  confondu  avec  les  pheno- 
menes  durables  que  je  decris  ici. 

II  sc  manifesto  done,  ainsi  qu'on  le  voit,  des  eft'ets 
calorifiques  diffe'rents,  suivant  que  le  nerf  facial  est 
coupe  dans  son  trajet  extra-cranien.  ou  suivant  que  ses 
fibres  originates  sent  coupees  dans  la  substance  morne 
de  la  moelle  allongee.  Dans  ce  dernier  cas,  la  paralysie 
du  facial  amene,  an  point  de  vuc  de  la  calorification, 
des  effets  qui  ne  different  pas  notablement  de  ceux  que 
produit  la  section  de  la  cinquieme  paire ;  et  si,  pour  ce 
dernier  nerf,  I'abaissement  de  temperature  est  ordinai- 
renient  plus  considerable,  on  pom-rait  1'attribuer  aux 
lesions  de  nutrition  qui  surviennent  apres  la  section  du 
trijumeau.  lesions  qui  ne  se  man ifestent  pas  apres  la 
section  du  facial. 

Quand  an  contraire  on  coupe  le  facial  apres  qu'il  s'est 
engage  dans  le  canal  spiroide  du  temporal,  et  surtout 
apres  qu'il  en  est  sorti,  les  effets  de  sa  section  se  rappro- 
chent  beaucoup  de  ceux  que  produit  le  sympathique, 
en  ce  sens  qu'il  y  a  toujours  une  elevation  marquee  de 
temperature. 

Cette  opposition  entre  les  experiences  precedemment 
citees  me  fait  penser  qu'en  agissant  sur  la  moelle  allon- 
gee  on  paralysait  uniquement  les  origines  spe'cialement 
motrices  niusculaires  du  facial,  car  on  avait  une  para- 


/j8()  NKRl-'    (HUM)    SYMI'A 

lysic  complete  des  muscles  de  la  face  sans  augmenta- 
tion dc  temperature ;  qu'en  coupant,  an  contraire,  le 
facial  dansle  canal  spiroi'de,  on  agissait  non-seiiletnent 
sin1  les  origines  motrices  nuiscuiaires,  mais  encore  sur 
les  fibres  sympalliiques  qui  s'y  irouvaient  adjointes, 
puisqu'on  obscrvait ^'augmentation  dc  temperature.  J'e- 
tais,  du  rcste,  porte  a  cclle  interpretation  des  pbeno- 
menes  par  d'aulrcs  experiences.  En  effet,  s'il  est  incon- 
testable, f-n  s'appuyant  sur  1'anatomie  comparee  et  sur 
la  physiologic,  que  le  sympalhique  en  prenant  naissance 
dans  les  centres  nerveux  cerebro-spinanx  a  des  rapports 
de  contact  avec  lesnerfs  moteurs.  il  fant  nj'anmoins  ad- 
mettre  une  origine  sp('ci;ilc-  dans  la  substance  nerveusc 
pour  les  nerfs  sympathi<iues  a  raison  d'une  speciality 
nette  de  leurs  propi'ietj's.  J'ai  vu  en  particulier  que  le 
curare,  qni  agit  d'une  maniere  si  remanpiable  sur  le 
systeme  nerveux.  rteint  distincteinent  les  proprietes 
nerveuscs,  d'abord  celles  des  nerfs  de  sentiment,  puis 
cellesdes  nerfs  de  mouvcment,  et  celles  des  nerfs  sym- 
pathiques,  dont  rextinciion  se  manifeste  la  derniere. 
J'aurai,  du  reste.  occasion  de  developper  ailleurs  ces 
fails  iuteressants;  je  veux  seulement  insisler  ici  sur  ce 
point  que  rintluence  sur  la  calorification  appartientspe- 
cialement  au  nerf  sympathi(|ue,  quand  on  agit  sur  lui 
isolement.  Les  nerfs  de  sentiment,  com  me  lacinquieme 
paire,  ne  peuvent  etre.  sous  ce  rapport,  confondus  avec 
lui,  puisqu'ilsproduisent  un  refroidissement;  et  si  main- 
tenant  on  trouve  que  le  facial  coupe  dans  son  trajet 
extra-cranien  donne  lieu  a  des  effets  complexes,  il  est 
beaucoup  plus  naturel  ct  plus  logique  de  conclure  que  ce 


liXPKRlSiXCES    COMPARATIVES.  /]87 

nerf  qui  contracte,  coinme  on  salt,  tant  d'anastomoses 
dans  le  canal  spiroide,  est  deja  complique  dans  sa  compo- 
sition. Pour  obtenir  une  solution  directe  dela  question, 
etpour  savoir  si  les  nerfs  moteurs  purs  agissent  surla 
calorification,  je  pensai  qu'il  etaitplus  convenable  d'a- 
gir  sur  les  racines  rachidiennes,  qu'on  pent  atteindre 
avant  qu'elles  aientsubi  aucun  melange. 

4°  EXPERIENCES  SUR  LES  NERFS  RACHIDIENS.  -  -  Sur  un 
chien  de  forte  taille,  adulte  et  vigoureux.  j'ouvris  la  co- 
lonne  vertebrate  dans  la  region  lombo-sacrce ,  pour 
atteindre  les  racines  des  nerfs  qui  animent  les  membres 
posterieurs.  L'animal  ne  perdit  pas  beaucoup  de  sang 
et  supporta  bienroprration.qui  dura  environ  unedemi- 
heure.  Tontes  les  racines racbidiennes  etant  a  decouvert 
et  convenablement  pre'parees  a  droite  et  a  gaucbe,  je 
pris  la  temperature  dans  les  deux  membres  en  faisant 
une  ponction  sous-cutanee  a  la  partie  interne  de  cbaque 
cuisse  et  en  introduisant  exactement  tonte  la  longueur 
de  la  cuvette  du  tbei-inometre  sous  la  peau  ;  je  pris 
anssi  la  temperature  du  rectum.  Voici  les  chiflres  que 
donna  le  tbermornetre : 

Cuisse  gauche 35", 5  cent. 

Cuisse  droite 35°, 5  cent. 

Rectum 39°,5  cent. 

Les  temperatures  etant  bien  constate'es  et  verifiees  aplu- 
sieurs  reprises,  je  fisalors  a  droite  la  section  des  six  ra- 
cines anterieures  (quatre  dernieres  lombaires  et  deux 
sacrees)  qui  concourent  a  la  formation  des  plexus  lom- 
baire  et  sacre.  Ces  racines  possedaient  une  sensibilite 
recurrente  trcs  faible,  a  cause  d'un  pen  de  fatigue  de 


488  NERF    GRAM)    SYMPATHIQI  H. 

i'animal  et  clu  temps  un  pen  considerable  depuis  lequel 
la  moelle  elait  denudee.  Alors  la  plaie  clu  dos  fut  soi- 
gneusement  recousue,  Taninuil  delie  et  laisse  en  repos. 
Frequemment  le  chien  so  relevait  ct  couraitdans  le  la- 
boratoire,  trainant  son  membre  posterieur  droit  para- 
lyse du  nioLivement ;  on  constata  que  la  sensibilite  etait 
tres  bien  conservee  dans  les  deux  meinbres  poste- 
rieurs. 

Deux  heures  et  demie  apresla  section  des  racines  an- 
terieures,  j'exarninai  Taniinal  au  point  de  vuede  la  tem- 
perature de  ses  deux  membres  posterieurs.  A  la  main  on 
sentait  manifestement  (jue  l»i  membre  gauche  sain  avail 
une  temperature  plus  (-levee  quo  le  ineinbre  droit  pa- 
ralyse du  mouvemenl.  La  temperature  fut  reprise  avec 
le  therraometre,  plongesous  la  peau  paries  menies  in- 
cisions (^t  de  la  nuMne  facon  (jue  la  premiere  fois.  Void 
le  noinbre  qn'on  obtint  constamment  dans  un  grand 
nombre  de  verifications  successives  : 

Cnissc  gauche  saino 36°  cent. 

Cuisso  droilc  paralysee  du  niouvcincnl  .     36°  cent. 

Alors  la  plaie  du  dos  fut  decousue,  la  moelle  etaitchaude 
et  tres  sensible,  ainsi  que  les  racines  anterieures  qui 
otTrirent  alors  une  sensibilite  recurrente  tres  developpee. 
Ce  rechauffement  de  la  plaie  survenu  pendant  le  repos 
de  I'animal  pent  expliquer  1'elevation  de  temperature 
d'un  (Icmi-degTe  qu'on  a  trouvee  du  cote  sain  ;  mais  il 
n'en  ii'sie  que  plus  evident  que  la  section  des  racines 
anterieures  a  ainone  un  abaissemcut [de  temperature 
dans  le  ineinbre  correspondant. 


KXI'iiRIEXGliS   COMPARATIVES.  /lb9 

Alors  ct  pendant  quo  la  plaie  etait  decousue,  je  fis 
du  c6te  gauche  la  section  de  toutes  les  raciues  poste- 
rieures  de  sentiment  (quatre  dernieres  lombaires  et 
deux  sacrees)  qui  concourent  a  la  formation  des  plexus 
lombaire  et  sacre.  Cette  operation  finie,la  plaie  fut  re- 
cousue  une  seconde  fois  et  I'auimal  laisse  en  repos. 

Une  demi-heure  et  une  heure  apres,  on  prit  a  deux 
reprises  la  temperature  sous-cutanee  des  deuxcuisses, 
com  me  il  a  etc  indique,  en  ayant  soin  de  toujours  re- 
peter  plusieurs  Ibis  les  verifications.  Voici  ce  que  Ton 
obtint  : 

1"  OBSERVATION  f  Cuisse  gauche  paralysed  da  sentiment.  .  35°  cent. 
apres  1/2  heure.  (Cuisse  droilc  paralyse  du  muuvement  .  3i°  cent. 

U*  OBSKRVATIOX  (  Cuisse  gauche  paralysi'e  du  scnlimont.  .  34"  cent, 
apres  1  lieurc.  .  (Cuisse  droite  paralysec  du  mouvenicnt  .  32°  cent. 

On  voit  ainsi  qu'aussit6t  apres  la  section  des  raciues 
rachidieiines,  aussi  bien  apres  la  section  des  ante*rieures 
qu'apres celle  des  posterieures,  la  temperature  du  inem- 
bre  a  commence  a  s'abaisser,  tandisque  la  temperature 
s'etait  tres  bien  maintenue  dans  le  membre  taut  (ju'il 
avail  conserve  sesdeux  ordres  de  Herts  racbidiens. 

Trois  beures  s'etaient  a  peine  ecoulees  depuis  la  sec- 
tion des  racines  anterieures,  que  la  temperature  du 
membre  droit  s'etait  abaissee  de  quatre  degres;  et  deja 
une  heure  apres  la  section  des  racines  de  sentiment, 
celle  du  membre  gauche  s'etait  abaissee  d'un  degre. 

L'animal  etait  rcsti'  tirs  vigoureux  apres  son  opera- 
tion, et  on  iie  pouvail  pas  objectcr  que  son  etat  d'at- 
faiblisscment  avail  cmpcchc  les  ellels  de  caloricile  dc 


/l90  M-:RK  i,u:.\n  svMr. 

^ 
sc  develooper.  Tcmtefois,  je  voulus  lever  ton  to  prise  ii 

1' objection  en  faisant  une  contre-epreuve  directe :  en 
consequence,  sur  le  cbien  qui  avail  snbi  toutes  ces  ex- 
periences sur  les  raci::es  rachidiennes.  je  coupai  le  sym- 
pathique  an  cou,  ci  apivs  vmL>t-emq  minutes  il  y  avait 
a  la  main  deja  une  ti'cs  ^randc  difference  de  tempera- 
ture entre  les  deux  oreilles  :  Toreille  gauche,  oil  Ton 
avait  coupe  le  sympathiqne,  dnnnait  23  degres,  tandis 
que  cellc  dn  c6tr  sain  marquait  senlement  20  degres.  II 
fut  done  demon!  iv  par  la  que  la  calorification  se  deve- 
lopjiait  ciiciuv  hvs  aetivemeut  chez  cet  animal,  et  que 
par  consequent  ce  phe^nomene  auraif  dilnecessairement 
se  produire,  si  la  section  desracines  anterieures  eilt  ete 
dans  le  cas  de  le  determiner. 

En  resume,  il  me  semble  ivsnlter  clairement  desex- 
p^riences  contenues  dans  ce  paragraphe  les  propositions 
qui  suivent  : 

1°  La  section  des  nerfs  du  sentiment,  outre  1'abuli- 
tion  du  sentiment,  produit  la  diminution  de  temperature 
des  parties. 

2°  Celle  des  nerfs  de  mouvement ,  outre  1'abolitiou 
du  mouvement,  a  donne  lieu  egalement  a  un  refroidis- 
sement  des  parties  paralysees. 

o°  La  destruction  du  nerf  synqtatbique,  qui  ne  pro- 
duit ni  1'iinmobilite  des  muscles  ni  la  perte  de  sensibilite, 
amene  une  augmentation  de  temperature  constante  et 
tres  considerable. 

/i°  Maintenant.  si  Ton  coupe  un  tronc  nerveux  mixte 
qui  renferme  ii  la  fois  des  nerfs  de  sentiment,  de  mou- 
vement et  des  filets  sympatbiques.  on  a  les  trois  effets 


I-XPKRIENV.KS    CO.Ml'AIlATSVt-S.  (\\}[ 

reunis,  siivoir  :  paralysie  do  mouvemenl,  paralysie  de 
sentiment  et  exaltation  de  caloricite.  C'cst  ce  que  Ton 
pent  obtenir  par  la  section  du  nerf  sciatique.  par  ex  em- 
pie  ;  toutefois,  on  comprendraque  la  calorification  doive 
etre  dans  ce  dernier  cas  un  pen  moins  prononc<'e,parce 
qifelle  est  alors  contre-balance"e  par  1'abaissement  que 
determine  sirnultanement  la  paralysie  des  nerl's  de 
mouvemenl  et  de  sentiment. 

5°  D'apres  cela  je  crois  done  avoir  e'tabli  avec  raison 
que  cette  augmentation  de  caloricit<f>  est  le  resultat  spe- 
cial de  la  section  du  ncrf  sympathique.  CVst  cot  effet 
isole  qu'il  s'agira  d'etudier  dans  les  paragraphes  sui- 
vants. 

J'ai  observe  que  lorsque  sur  un  animal  mammifere, 
sur  un  chien,  sur  un  chat,  sur  un  cheval,  sur  un  lupin 
ou  sur  un  cochon  d'lnde,  par  cxeni])le,  on  coupe  on  on 
lie  dans  la  region  moyenne  du  cou  le  filet  de  commu- 
nication (1)  qui  existe  entrele  ganglion  cervical  infericur 
et  le  ganglion  cervical  superieur,  on  constate  aussitot 
que  la  caloricite  augmente  dans  tout  le  c6te  correspon- 
dant  de  la  tete  de  ranimal.  Cette  elevation  de  tempe- 
rature debute  d'une  maniere  instantanee  .  et  elle  se 
developpe  si  vile  qu'eu  quelques  minutes,  danscertaines 
circonstances,  on  trouve  entre  les  deux  c6tes  de  la  tete 


(1)  Chez  le  lapin ,  le  cochon  cVInde,le  cheval,  ce  filet  est  isole  du 
pneumogastrique,  et  se  trouve  place"  enlre  ce  nerfet  1'arlere  carotide. 
Chez  le  chien,  le  chat,  le  lilet  syinpalliique  est  confondu  avcc  lt>  vague,  et 
il  devient  impossible  dc  couper  isolement  ces  deux  nerfs.  Le  ganglion 
cervical  moycn  manque  gi'-neralcment  chez  ces  aniinaux,  oxceptO  chez  le 
cochon  d'lnde,  oil  je  Tai  u  peu  pros  loujours  rencontre. 


•V.)"2  MillF    GRAN!)    SY.Mr-ATHlO.ri;. 

line  difference  de  temperature  qui  pent  s'elever  quel- 
quefoisjusqu'a  li  on  5  degres  centigrades.  Cette  diffe- 
rence de  chalenr  s'apprecm  parfaitement  a  1'aide  de  la 
main,  maison  la  determine  plus  convenablement en  in- 
troduisant  comparativement,  et  avec  les  precautions 
convenahles,  nn  petit  thermometre  dans  la  narine  ou 
dans  le  conduit  auditif  de  ranimal. 

J'ai  souventextirpe  les  ganglions  cervicaux  superieurs 
du  grand  sympathiqne  chez  le  chien  et  chez  le  lapin ; 
chezce  dernier  animal,  je  les  ai  trouve's  insensihles  a  la 
pression  d'une  pince,  ainsi  (me  1'avait  deja  constate 
M.  Flourens;  settlement  leur  arrachement  senible  ton- 
jours  accompagne  d'une  douletir  plus  on  moins  vive. 
Chez  lechien,  cette  sensibilite  parait  un  pen  plus  grande. 
I/ablation  du  ganglion  cervical  superieur  est  suivie  des 
monies  effets  calorifiques  que  la  section  du  filet  cervi- 
cal ;  toutefois  ces  effets  sont  toujours  plus  rapides,  plus 
intenses  et  plus  durables.  II  est  inutile  de  citer  toutes  les 
experiences  excessivement  nombreuses  que  j'ai  prati- 
quees;  je  dirai  seulement  qu'apivs  la  section  du  filet 
sympathique  chez  les  lapins,  les  phenomenes  de  Texces 
de  calorification  et  de  sensibilite  ne  sont  guere  evidents 
an  dela  de  quinze  a  dix-huit  jours,  tandis  que  chez  les 
chiens  cela  pent  durer  six  semaines  a  deux  mois.  Apres 
1'ablation  des  ganglions  chez  ces  animaux,  la  persis- 
tance  de  la  lesion  pent  etre  consideree  comme  indefinie; 
car  sur  un  chien  a  qui  j'avais  fait  1'extirpation  du  gan- 
glion cervical  superieur  a  gauche,  tons  les  phenomenes 
d'exces  de  caloricite  et  de  sensibilite  dusa  cette  extir- 
pation etaicnl encore  tres  intenses  un  an  et  demi  apres 


INFLUENCE   SUR    LA    CALORIFICATION.  /|9o 

1'extirpation  du  ganglion,  lorsque  1'animal  fut  sacrifie 
pour  d'autres  experiences. 

Cette  difference  de  k  a  5  degres  est  remarquable 
comme  difference  de  calorification  relative  entre  les 
deux  cotes  de  la  face.  Mais  si  Ton  compare  la  chaleur 
de  1'oreille  et  de  la  narine  (ainsi  echauffee  par  suite  de 
la  section  du  nerf)  a  la  chaleur  du  rectum  ou  des  parties 
centrales  du  corps,  le  thorax  ou  1'abdomen,  on  voit 
qu'elle  est  a  pen  presla  meme.  Toutefois,  j'ai  constate 
assez  souvent  que  1'extirpation  du  nerf  sympathique  ele- 
vait  dans  1'oreille  correspondante  la  chaleur  jusqu'a 
bO  degres,  land  is  que  la  temperature  normale  dans  le 
rectum,  chez  cet  animal,  nr  depassait  alors  pas  38  ou 
39  degres  centigrades. 

Toute  la  partie  de  la  tete  qui  s'echauffe  apres  la  sec- 
lion  du  nerf  devient  le  siege  d'une  circulation  sanguine 
plus  active.  Cela  se  voit  tres  distinclement  sur  les  vais- 
seaux  de  1'oreille  chez  le  lapin.  Mais  les  jours  suivants, 
etquelquefoismeme  des  le  lendemain,  cette  turgescence 
vasculaire  a  souvent  considerablement  diminiK',  bien 
(jue  la  chaleur  de  la  face,  de  ce  cote,  continue  a  etre 
tres  developpee. 

On  peut  constater,  en  faisant  penetrer  le  thermo- 
metre  al'aide  d'incisions  prealables,  que  cette  elevation 
de  temperature  qu'on  apprecie  superficiellement  s'etend 
egalement  aux  parties  profondes,  et  meme  dans  la  ca- 
vite  cranienne  et  dans  la  substance  cerebrale.  Cela  se 
remarque  mieux  apres  1'extirpation  des  ganglions  sym- 
pathiques.  Le  sang  lui-meme  iiui  revient  des  parties 
ainsi  echauffees  possede  ur.e  temperature  plus  elev^e, 


NERF    GRAND    SVMi'ATIlIOUE. 

ainsi  que  je  1'ai  constate  plusieurs  fois  sur  ties  chiens,  en 
introduisant  un  petit  tbermometre  dans  la  veine  jugu- 
laire  a  la  region  inoyenne  du  cmi.  II  est  bien  entendu 
(jue  la  cuvette  dn  thermometre  doit  etre  dirigee  en 
hunt,  de  maniere  a  etre  baigne'e  par  le  sang  veineu.v 
qui  descend  de  la  ttMe. 

J'ai  voulu  rechepcher  comment  le  coir  de  la  tete 
echauiVf  par  la  section  du  nerf  sympathise  se  compor- 
teraitcomparativement  avecles  autres parties  du  corps, 
si  Ton  venait  a  soumeUiv  les  auiisiaux  a  de  grandes  va- 
riations de  temperature  ambiante.  Je  placai  done  un 
animal  (un  lapin  aiiquel  j'avais  pratique  la  section  du 
nert'j  dans  une  eluve,  dans  un  milieu  dont  la  tempera- 
ture etait  au-dessus  de  celle  de  son  corps.  Le  cote  de  la 
tete  qui  etait  dejti  cbaud  ne  le  devint  pas  sensiblement 
davantage,  tandis  que  la  moitie  opposee  dc  la  face  s'e- 
chaufla;  et  bientot  il  ne  tut  plus  possible  de  distinguer  le 
cote  de  la  tete  ou  le  nerf  sympathiijue  avait  ete  coupe, 
parce  que  toutes  les  parties  du  corps,  en  acquerant  leur 
sumnuim  de  caloricite,  s'etaient  mises  en  harmonie  de 
temperature. 

Les  choses  se  passent  tout  autrement  quand  on  re- 
froidit  ranimal  en  le  placant  dans  un  milieu  ambiant 
dont  la  temperature  est  beaucoup  au-dessous  de  celle 
de  son  corps.  On  voit  alors  que  la  partie  de  la  tete  cor- 
respondante  au  nerf  sympathique  coupe,  resiste  beau- 
coup  plus  au  froid  que  celle  du  cote  oppose ;  c'est-a-dire 
que  le  cote  normal  de  la  tete  se  refroidit  et  perd  son  ca- 
lorique  beaucoup  plus  vite  que  celui  du  cote  oppose.  De 
tellesorte  qu'alorsla  desharmcnie  de  temperature  enlre 


INFLUENCE    SUR    LA    CALORIFICATION. 

les  deux  moities  de  la  t£te  devient  de  plus  en  plus  e'vi- 
deute,  et  c'est  dans  cette  circonstance  que  Von  constate 
une  difference  de  temperature  qui  peut  s'elever  quelque- 
fois  jusqu'a  10  ou  12  degres  centigrades. 

J'avais  eu  Tidee  de  faire  la  section  du  ncrf  sympa- 
thiquesur  des  aniniaux  hibernants,  pour  savoirsi  cela 
les  rendrait  moins  sensibles  a  Faction  engourdissante 
que  le  froid  leur  fait  eprouver.  Je  n'ai  pas  encore  eu 
1'occasion  de  re'aliser  cette  experience. 

Ce  phenomene  singulier  d'une  plus  grande  resistance 
au  froid  s'accompagne  aussi  d'une  sorte  d'exaltation  de 
la  vitalite  des  parties,  qui  devient  surtout  tres  manifeste 
quand  on  fait  mourir  les  aniniaux  d'une  maniere  lente, 
soit  en  les  empoisonnant  d'une  certaine  fai-uii,  soit  en 
leur  resequant  les  nerfs  pneumogastriques.  A  mesure 
que  I' animal  approchede  1'agonie,  la  temperature  baisse 
progressivenieut  dans  toutes  les  parlies  exterieures  de 
son  corps ;  mais  on  constate  toujours  que  le  cote  de  la 
tete  ou  le  nerf  sympathique  a  etc  coupe  ofi're  une  tem- 
perature relativement  plus  elevee,  et  au  moment  ou  la 
mort  survient,  c'est  ce  c6te  de  la  face  qui  conserve  le 
dernier  les  caracteres  de  la  vie.  Si  bien  qu'au  moment 
ou  Tanimal  cesse  de  vivre,  il  peut  arriver  un  instant  ou 
le  c6tt3  normal  de  la  tete  presente  deja  le  froid  et  I'im- 
mobilite  de  la  mort,  tandis  que  1'autre  moitie  de  la  face, 
du  c6te  ou  le  nerf  sympathique  a  ete  coupe,  est  sensi- 
blement  plus  chaude  et  offre  encore  ces  especes  de  mou- 
vements  involontaires  qui  dependent  d'une  sensibilite 
sans  conscience  et  auxquels  on  a  donne  le  nom  de  mou- 

* 

vements  reflexes. 


A96  NERF    GRAND    SYMPATIIIQUK. 

En  observant  pendant  longtemps  les  animaux  aux- 
quels  j'avais  fait  la  section  tie  la  partie  cephalique  iln 
grand  sympathique,  j'ai  pu  suivre  les  phenomenes  de 
calorification  ainsi  que  je  1'ai  dit  plus  haul.  Si  les  ani- 
maux restaient  bieu  portants,  je  n'ai  jainais  vu,  apres 
cette  experience,  survenir  dans  les  parties  plus  chaudes 
aucun  cedeine  ni  aucun  trouble  morbide  qu'on  puisse 
rattacher  a  ce  qu'on  appellede  rintlammation.  J'ai  dit  : 
si  les  animaux  etaient  bien  portants,  car  en  effet,  lors- 
qu'ils  deviennent  malades,  soit  spontanement,  soit  a  la 
suite  d'autres  operations  qu'on  leur  faitsubir,  on  voit  les 
membranes  muqueuses  oculaire  et  nasale,  seulement  du 
c6te  ou  le  nerf  sympathique  a  rte  coupe,  devenir  tres 
rouges,  gonflees,  et  produire  du  pus  en  grande  abon- 
dance.  Les  paupieres  restent  habituellement  colle'espar 
du  mucus  purulent,  et  la  narinc  en  est  frequemment 
obstruee.  Si  Tanimal  guerit,  ces  phenomenes  morbides 
disparaissent  avec  le  retour  a  la  sante. 

D'apius  cela  jeivadmets  pas  I 'inflammation  de  la  con- 
jonctive  signalee  par  Dupuy,  John  Reid,  etc.,  comme 
une  consequence  normale  de  la  lesion  du  nerf  sympa- 
thique :  je  considere  ce  phe'nomene  comme  accidentel  et 
comme  ne  survenant  qu'a  la  suite  d'un  etat  d'affaiblis- 
ment  consecutif  de  r animal.  Je  signale  du  reste  le  fait 
comme  je  1'ai  observe,  sans  vouloir  essayerd'expliquer 
pour  le  moment,  comment  il  se  fait  que  cette  augmen- 
tation de  caloricite  et  de  sensibilite  des  parties  arrive  a 
se  changer  subitement  sous  certaines  influences  en  ce 
qu'on  appelle  une  inflammation  violenle  avec  forma- 
tion purulente  excessivement  intense. 


INFLUENCE   SUR   LA   CALORIFICATION.  497 

Les  fails  de  calorification  de  la  tele  que  j'ai  precedem- 
nient  signales,  apres  la  section,  la  ligature,  la  contusion 
ou  la  destruction  de  la  partie  cervicale  du  grand  sym- 
pathique,  sont  facilesa  reproduire  et  a  verifier.  Toute- 
fois,  comme  toujours  en  physiologic  experimentale,  il 
est  necessaire  de  prendre  quelques  precautions  pour 
obtenir  des  resultats  constants  et  bien  tranches.  Voici  les 
conditions  qui  me  paraissent  les  meilleures : 

1°  II  est  preferable  de  faire  1'experience  lorsque  la 
temperature  ambiante  est  un  pen  basse,  parce  qu'alors 
la  difference  de  chaleur  entre  les  deux  c6tes  de  la  face 
est  d'autant  plus  facile  a  saisir  qu'elle  est  plus  conside- 
rable. 

2°  II  faut  choisir  des  animaux  vigoureux  et  plutoten 
digestion,  1'observation  m'ayant  appris  que  les  pheno- 
menes  de  calorification  se  manifestent  d'autant  plus  fai- 
blenieut  et  plus  tardivemcnt  que  les  animaux  sont  prea- 
lablement  affaiblis  ou  languissants. 

3°  II  faut  eviler  les  grandes  douleurs  et  1'agitation  de 
1'animal  pendant  1'operation.  II  arrive  en  effet,  si  celle- 
ci  est  laborieuse,  que  I'emotion  et  I' excitation  generate 
que  1'animal  eprouve  en  se  debattaut  masquent  com- 
pletement  le  resultat  immediat.  Bien  qu'on  n'ait  coupe 
le  nerf  sympathique  (jue  d'un  seul  cote,  on  pourrait 
trouver  les  deux  oreillespar  exemple  aussi  chaudesl'ime 
que  1'autre  immediatement  apres  la  section.  Mais  bien- 
t6t,  si  on  laisse  1'animal  en  liberte,  les  choses  repren- 
nent  leur  equilibre  et  le  cote  correspondant  an  nerf 
coupe  reste  seul  avec  une  temperature  plus  elevee. 

l\°  Ainsi  qu'il  a  ete  dit,  les  phenomenes  sont  toujours 

B.,  STST.  NERY.  —  H.  32 


/| 98  M'-tU-    GRAND    SVMP.VTIIIQUE. 

plus  marques  et  plus  durables,  quandau  lieu  do  couper 
le  filet  d'union  du  sympaihique  uu  con,  on  cxtirpe  lo 
ganglion  cervical  superieur. 

5°  Du  reste,  en  revenaut  ailleurs  sur  les  phenomenes 
de  calorification  produits  par  la  section  du  sympathique 
nous  yerpops  qu'ils  paraissent  suivre  les  variations  phy- 
siologiques  de  la  chaleur  auimale.  Us  sont  plus  marque's 
generalement  pendant  la  periode  digestive  et  plus  fai- 
bles  pendant  Tabstinence.  J'ai  pratique  encore  1'extir- 
pation  des  ganglions  et  la  section  des  filets  du  sympa- 
thique dans  le  thorax  et  dans  rabdomen.  Je  ne  decrirai 
puint  ici  ces  experiences,  parce  qu'elles  out  ete  faites 
a  d'autres  points  de  vue.  Je  dirai  seulement  qu'elles 
sont  suivies  quelquefois  inais  non  toujours  des  memes 
effets  vasculaires  et  calorifiques  qu'a  la  tete. 

Lorsqu'on  galvanise  avec  une  forte  machine  electro- 
magnetique  le  bout  cephalique  du  nerf  sympathiquo 
coupe,  chez  uu  chien  par  exeuiple,  ce  n'est  pas  seule- 
ment la  pupille  qui  reprend  son  elargissement,  mais  tous 
les  autres  phenomenes  qui  avaient  suivi  la  section  du 
nerf  disparaissent  egalement  et  mdme  s'exagerent  en 
sens  inverse;  c"est-a-dire,  que  sous  cette  influence  gal- 
vaniquc,  la  pupille  retrecie  devientplus  large  que  celledu 
c6te  oppose,  1'oeil  enfonce  devient  saillant  hors  de  1'or- 
bite,  la  vascularisation  des  parties  s"  efface  et  leur  tempe- 
rature baisse  au-dessous  de  1'etat  normal.  C'est  en  me 
fondant  sur  ces  faits  que  j'ai  insiste  depuis  longtemps 
sur  la  connexion  evidente  de  tous  ces  desordres  et  sur 
la  possibility  deles  rainener  tous,  malgru  leur  variete,  a 
une  explication  unique,  puisqifilsapparaissent  et  dispa- 


SA    GALVANISATION.  1} 99 

raissent  constammenl  tous  sous  riuflueuce  iles  menies 
causes. 

J'ai  fait  connaitre  ces  resultats  dans  mon  cours  cle 
1'annee  1852,  et  ilsontete  imprimes  aux  mois  d'oclobre 
et  novembre  fie  la  me"  me  annee,  dans  les  comptes  ren- 
dus  de  la  Societe  de  Biologie.  Voici  une  partie  de  1'ex- 
trait  qui  s'y  Irouve  :  «  Si  Ton  galvanise  le  bout  supe- 
rieurdu  grand  sympatbique  divise,  tous  les  phenomenes 
qu'on  avail  vu  se  produirc  par  la  destruction  de  Fin- 
fluence  du  grand  sympathique  cbangent  de  face  et  sont 
opposes.  La  pupille  s'elargit,  Touverture  palpebrale 
s'agrandit;  1'a'il  fail  saillie  liors  de  Forbite.  D'active 
qu'elle  etait  la  circulation  devient  faible;  la  conjonctive, 
les  narines,  les  oreilles  qui  elaient  rouges  })alissent.  Si 
Ton  cesse  le  galvanisme,  tous  les  pbenouienes  priiniti- 
vement  produits  par  la  section  du  grand  sympathique  re,- 
paraissenl  peu  apeu  pour  clisparaitre  denouveau  a  une 
seconde  application  du  galvanisme.  On  peut  conlinuer 
a  volonte  cette  experience,  la  rcpeter  aulant  cle  fois  que 
Ton  voudra,  toujours  les  resultats  sont  les  monies.  Si 
Ton  applique  une  goutte  d'amnaoniaque  sur  la  conjonc- 
tive  d'un  cbien  du  c6te  ou  le  nerf  a  ete  coupe,  ladou- 
leur  determine  ranimal  a  tenir  son  ceil  obstinement  et 
constamment  ferine.  Mais  ace  moment  si  Ton  galvanise 
le  bout  supe'rieur  du  sympathique  coupe,  malgre  la  dou- 
leur  qu'il  eprouve,  le  cbien  ne  peut  niaintenir  son  ceil 
ferme;  les  paupieres  s'ouvrenl  largemeul  en  meme 
temps  que  la  rougeur  produite  par  le  caustique  diminue 
et  disparait  presque  entierement.  » 

Parmi  les  experiences  tres  nombreuses  que  j'ai  faites 


500  NERF  PNEUMOGASTR1QUE. 

relativement  a  1'influence  de  la  galvanisation  sur  la  ca- 
lorification, il  me  suffira  cle  decrire  une  de  celles  qui  out 
ete  faites  avec  des  mesures  thermometriques  pour  don- 
ner  une  idee  exacte  de  la  nature  du  phenomena.  Les 
chiffres  indiques  ci-dessous  represented  des  nombres 
arbitraires  pris  sur  des  thermometres  metastatiques  a 
cleversemenl  cle  M.  Walferdin,  qui  a  bien  voulu  me  pre- 
ter  son  concern rs  dans  ces  recbercbes  dedicates.  Mais  la 
comparaison  n'en  est  que  plus  facile  et  plus  sure ;  du 
reste  on  pent  avoir  les  valeurs  reelles  par  le  calcul  en  se 
reportant  a  un  thermometre  etalon  (1). 

Ces  experiences  ont  ete  faites  pendant  1'ete ;  la  tem- 
perature ambiante  etail  elevee  et  oscillait  entre  20°  et 
22°  C.  Cela  doit  etre  note,  parce  que  la  difference  de 
caloricite  entre  les  parties  saines  et  celles  ou  le  sympa- 
thique  avail  ete  coupe  a  du  se  montrer  moins  grande 
qu'elle  ne  1'aurail  ete  par  un  temps  plus  froid. 

Exp.  -  -  Sur  une  chienne,  de  petite  taille,  j'ai  fail  la 
section  du  grand  sympalhique  dans  la  parlie  moyenne 
du  cou,  du  cote  droll.  II  est  impossible,  ainsi  qu'il  a  ete 
dil,  de  couper  le  sympalhique  seul  chez  le  chien,  parce 
qu'il  est  intimement  uni  au  tronc  du  nerf  vague.  Mais 
ce  nerf  n'a  aucune  part  dans  ces  pbenomenes  de  calo- 
rification, ainsi  que  cela  se  prouve  par  la  meme  expe- 
rience donnant  les  memes  resultats  chez  le  lapin,  ou  Ton 

(1)  56,7  parties  du  thcrmometre  mt-taslatique  mis  en  usage  =  1  de- 
gre  centigrade,  1  partie  — par  consequent  0°,0176;  d'oii  il  resuite  que 
dans  cetle  se"rie  d'experiences  on  a  pu  lire  directement  des  fractions  tres 
faciles  a  apprecicr  a  I'onil  nu,  et  correspondant  a  une  fraction  plus  petite 
que  la  centieme  partie  d'un  degre  centesimal.  Ce  thermometre  avail  etc" 
r^glO  de  35°  a  /|0°.  La  temperature  ambiante  de  20", 5. 


SA    GALVANISATION.  501 

pe;it  faire  la  section  du  synipathique  isolement.  Si  j'ai 
choisi  le  chien,  c'est  parce  que  le  volume  plus  conside- 
rable des  nerfs  se  prete  mieux  a  la  galvanisation. 

On  prit  la  temperature  dans  les  deux  conduits  auditifs 
9  minutes  apres  la  section  du  nerf. 

Oreille  gauche  =  280.      Oreille  droite  =  287.      Difference  7. 

Le  thermometre  restant  place  dansl'oreille  droite,  on 
galvanise  le  bout  cephalique  du  sympathique  du  meme 
c6te,  en  alternant  a  pen  pres  avec  une  minute  de 
repos,  et  on  constate  pendant  la  galvanisation  Fabais- 
sement  de  temperature  dans  1'oreille  de  la  maniere  sui- 
vante  : 

287 point  de  depart. 

269 apres    7  minutes. 

255 apres  11  minutes. 

2/46 apres  15  minutes. 

2/iO apres  16  minutes. 

On  cesse  la  galvanisation  et  bient6t  la  temperature 
s'eleve  ainsi  tju'il  est  demontre  par  les  nombres  sui- 
vants  : 

/  Seize  minutes  apres  qu'on  avail 
\     cesst5  la  galvanisation,  on  re- 

2iO.     Point  extreme  d'abaissemcnt.   I     place    le   thermometre   dans 

I     Torcille ,  et  il  donne  les  nom- 
\     bres  suivants : 

2/i5 apres  16  minutes  de  repos. 

259 19 

268 22 

273 24 

276 25     (la  temperature  mon- 

tant    toujours ,    on 
cesse  Tobservation). 

On  voit  done  que  1'oreille  droite  qui,  par  la  section 
du  sympathique,  e'tait  montee  de  7  parties  au-dessus  de 
1'oreille  gauche  saine,  est  descendue  par  la  galvanisation 


50:2  M<IU-'    GRAM)    SYMP 

bioii  au-i!essus  dela  normale  280,  puisqu'elle  est  arrives 
an  eninre^/lO,  c'est-a-direa  un  abaisscment  de  27  par- 
ties. 

Pendant  cette  galvanisation  1'oreille  gauche  normale 
ne  participait  en  rien  a  I'abaissement  de  temperature 
observe  sur  1'oreille  droite.  Au  contraire  elle  eprouvait 
une  influence  inverse;  car  en  examinant  la  temperature 
immediatement  apres  la  galvanisation  ail  moment  ou 
1'oreille  droite  marquait  2/iO,  on  tronva  dans  la  gauche 
286,5,  c'est-a-dire  une  augmentation  de  temperature 
a  peii  pres  egale  a  cello  que  la  section  du  nerf  syinpa- 
thique avail  produite  primitivement  dans  1'oreille  droite. 

On  avail  done  alors  comme  resultat  comparatif  les 
nombres  suivants  : 

(  Orcillo  gnnche  saine 280 

Avaut  la  galvanisation.]  Oroillc  droite  correspondant  ausympa- 

(     tliique  conptf 287 

[Orcillc  gauche  saine 286,5 

Apres  la  galvanisation  .  \  Oreille  droite  correspondant  an  sympa- 

(     thique  coupi- 2&0 

(>ette  espece  de  renversement  ou  d'antagonisme  des 
phenomenes  calorifiques  d'un  c6t^  a  1'autre,  esttres  re- 
niarquable  et  nous  allons  le  retrouver  encore  a  Tocca- 
sion  des  effets  de  la  chloroforrnation. 

Les  inspirations  d'ether  ou  dechloroforme,  qui  out  la 
propriete  d'eteindre  la  sensibilite,  produisent  ce  meoie 
effet  quand  le  sympathique  a  ete  detruit;  seulement,  si 
on  fait  agirle  chloroforme  lentement,  on  voitquece  re- 
sultat arrive  ordinairement  un  pen  plus  tard  a  cause  de 
Texccs  de  sensibilite  qui  existc  toujours  dans  les  parties. 
Mais  c'est  la  calorification  qui  nous  offre  le  plus  d'inte- 


INFLUENCE    DliS    ANESTIlr'SlQUES.  503 

ret  en  co  qu'elle  se  comporte  comme  s'il  s'agissait  de 
relectricite. 

Premiere  experience.  —  Une  chienne  de  petite  taille 
et  encore  jeune  avait  subi  la  section  du  filet  sympathi- 
que  dansle  con  du  cote  droit,  elle  avait  egalement  ete" 
soumise  a  la  galvanisation  du  bout  peripherique  de  ce 
nerf,  et  avait  fourni  les  resultats  qui  out  ete  consigned 
prece'demment. 

Lequatorziemejour  apres  1'operation,  laplaiedu  cou 
etait  depuis  longtemps  cicatrisee ;  mais  les  phenomenes 
de  calorification  persistaient  toujours  tros  evidemment, 
1'oreille  droite  etait  plus  injectee  et  plus  chaude  que 
celle  du  c6te  oppose.  On  chloroforma  alors  ranimal  a 
1'aide  d'un  masque  de  caoutchouc  serre  autour  du  nm- 
seau  et  cominuniquant  avec  de  Tair  charge  de  vapeur 
de  chloroforme  :  bientot  1'insensibilite  se  manifesta,  et 
au  moment  ou  elle  etait  devenue  complete  au  point  que 
I  attouchement  des  conjonctives  ne  produisait  plus  de 
cliguement,  1'oreille  droite  baissa  rapidement  de  tem- 
perature, devint  froide  et  pale ;  tandis  que  celle  duc6te 
sain  a  gauche  devint  plus  injectee  et  plus  chaude. On  intro- 
duisit  un  thermometre  dans  les  oreilles  et  on  trouva  : 

Oreille  droite  corrospondant  au  nerf  sympathique  coupi:  pen- 
dant la  chloroformation  et  1'insensibilite  complete 36°, 8  C. 

Oreille  gauche  saine  au  meme  moment 37°, 2  C. 

On  cessa  alors  les  inspirations  de  chloroforme,  pen  a 
peu  ranimal  reviut,  et  une  heure  et  demie  apres,  lors- 
qu'il  etait  a  peu  pressorti  de  son  ivresse  chloroformique, 
on  trouva  : 

Oreille  droite,  cote"  de  1'opuration 37°,8  C. 

Oreille  gauche ,  cote*  sain 3i",4  C. 


504  NERF   GRAND   SYMPATIHQUE. 

On  soumit  de  nouvcau  Tanimal  a  Faction  du  chloro- 
forme.  et  aii  moment  on  I'lnsensibilitc  devint  complete, 
la  temperature  des  oreilles  etait  : 

Oreille  droite,  c6te"  de  1'op^ration 37°,3  C. 

Oreille  gauche,  cdte  sain 37°,8  C. 

Deiixieme  experience.  —  Sur  line  chienne  de  forte 
taille.  adulte,  je  fis  la  section  a  droite  du  filet  cervical 
du  grand  sympathique.  Quelques  instants  apres,  la  tem- 
perature fut  prise  avec  un  thermometre  metastatique  a 
deversement  de  M.  Walferdin,  a  echelle  arbilraire;  on 
obtint  : 

1°  Cold  gauche  sain.  |Sine'au  moment  dc'rcxpiration!   105,5 

On  voit  dans  la  narine  une  oscillation  d'une  demi- 
division  environ  pendant  la  respiration  ;  il  y  a  un  abais- 
sement  a  chaque  inspiration  par  1'action  de  1'air  froid, 
et  elevation  a  chaque  expiration  par  sortie  de  1'air 
chaud. 

2°  Cote  droit  correspon- ( Oreille 177,5 

dant  au  nerf  coupe  .  |  Narine 174,2 

On  n'observait  plus  alors  ces  oscillations  respiratoires 
indicmees  precedemment ;  il  semblait  qu'il  passait  a  peine 
de  1'air  par  cette  narine.  Cela  dependait  de  la  section 
du  vague  qui  avail  e"te  operee  avec  le  sympathique. 

On  soumit  alors  1'animal  a  la  chloro formation,  et 
aussit6t  que  1'insensibilite  fut  obtenue,  on  mesura  la 
temperature  des  oreilles  qui  fut  trouve'e  : 

1°  Oreille  droite ,  nerf  coupe* .  .  .     baisse'e  de  177,5  a  175,3 
2°  Oreille  gauche ,  c6te  sain  .  .  .     monte'e  de  165,5  a  174,3 


EFFETS   SUR   LA   VASCULARISATION.  505 

Je  me  borne  a  citer  ces  deux  'experiences ;  elles  de- 
montrent  que  le  chloroforme  n'agit  pas  de  memesur  les 
parties  saines  et  sur  celles  ou  le  sympathique  a  ete  coupe. 
Plus  tard  ces  fails  seront  repris  a  un  autre  point  de  vue. 

Ainsi  que  je  1'ai  indique  dans  ma  note  lue  a  1'Aca- 
demie  en  mars  1852,  la  section  du  filet  cervical  du 
grand  sympathique  et  surtout  Pextirpation  du  ganglion 
cervical  supe'rieur,  anienent  immediatenient  et  en  memo 
temps  que  {'augmentation  de  chaleur,  une  tres  forte 
turgescence  vasculaire  dans  Foreille  et  dans  tout  le  cote 
correspondant  de  la  tete.  Les  arteres,  plus  pleines, 
semblent  battre  avec  plus  de  force ;  la  circulation  est 
activee  et  Fabsorption  des  substances  toxiques  ou  autres, 
drposees  a  quantite  egale  dans  le  tissu  cellulaire  sous- 
cutane  de  la  face  ou  a  la  base  de  Foreille,  paraissent 
toujours  plus  vite  absorbees  du  c6te  ou  a  ete  operee  la 
section  du  sympathique. 

11  y  a,  sans  aucun  doute,  des  rapports  intimes  que 
personne  lie  pent  meconnaltre,  entre  les  phenomenes 
de  calorification  et  de  vascularisation  des  parties  du 
corps;  mais  est-ce  a  dire  pour  cela  que  dans  le  cas  qui 
nous  occupe,  on  devra  attribuer  raugmentation  de  cha- 
leur de  1'oreille  ou  de  la  face  purement  et  simplement 
a  ce  que  la  masse  de  sang,  qui  est  devenue  plus  consi- 
derable, se  refroidit  moins  facile ment  et  fait  apparaitre 
les  parties  plus  chaudes  ?  Cette  interpretation  par  la  stase 
toute  mecanique,  qui  devait  d'abord  se  presenter  al'es- 
prit,  serait  insuffisante  pour  expliquer  ces  differences 
de  6°  a  7°  C.  de  temperature  qui  existent  quelquefois 
entre  les  deux  cdtes  de  la  face.  J'ai  ete  encore  porte  a 


506  NliRF    GRAND    SYMI'ATHIQUK. 

repousser  cettc  explication,  parccquc  Ton  voit  tres  sou- 
.  vent  I'engorgement  des  vaisseaux  diminuer  considera- 
blemcnt  des  le  lendcmain  do  I'operation,  bicn  quo 
1'orcille  ne  vario  pas  sensiblement  do  temperature. 
Pai'ini  un  tres  grand  nombrc  d'experienccs  cle  cette 
nature  que  j'ai  pu  observer,  j'en  citerai  Une  seule  pour 
clonner  une  idee  plus  cxacte  du  fait. 

Exp.  -  -  Sur  un  gros  lapin,  vigoureux  et  bien  nourri, 
j'ai  fait  1'extirpation  du  ganglion  cervical  superieur  du 
c6te  droit.  L' operation  fut  faite  an  mois  de  decembre  et 
la  temperature  ambiautc  etait  basse ;  avant  I'operation 
la  temperature  prise  dans  Ics  deux  oreilles  etait  : 

Pour  Poreillp  droite 33"  cent. 

Pour  ToreiHe  ganchc 33°  cent. 

Aussitot  apres  1'extirpation  du  ganglion  1'oreille  droito 
devint  tres  vascularisee  et  tres  chaude,  tandis  que  celle 
du  cote  oppose  ivavait  pas  sensiblement  change  d'as- 
pect.  Un  quart  d'heure  apres  renlevement  du  ganglion 
on  reprend  la  temperature  des  deux  oreilles  et  on 
trouve  : 

Pour  I'oreille  droite 39°  cent. 

Pour  Toreille  gauche 33°  cent. 

Ainsi  en  un  quart  d'heure  la  chaleur  de  I'oreille  et 
de  la  face  avail  monte"  de  6°  C.  Le  phenomene  n'e'tait 
pas  encore  arrive  a  son  summum,  car  une  heure  apres 
on  trouva  40°  C.  dans  I'oreille  droite. 

L'animal  fut  laisse  jusqu'au  lendemain  ou  il  fut  de 
nouveau  soumis  a  1'observation.  L'oreille  droite  etait 
alors  beaucoup  moins  turgescente  que  la  veille;  les  ar- 
teres  etaient  considerablement  diminuees  de  calibre,  et 


Ei-'FIiTS    SULl    LA    VASCULA1USATION.  507 

il  fallait  une  assez  grande  attention  pour  voir  une  diffe- 
rence cntre  les  deux  oreilles  au  premier  abord.  C'etaient 
seulement  les  tres  petites  ramifications  vasculaires  ou 
les  capillaires  qui  etaient  restes  plus  visibles  et  plus  nom- 
breux  clans  Toreille  droite;  mais  la  main  percevait 
toujours  tres  manifestemeat  une  grande  difference  de 
temperature  cntre  les  deux  cotes  de  la  tete.  Le  ther- 
mometre  plonge  dans  les  deux  oreilles  donna  : 

Pour  roreille  droitc 37°    cent. 

Pour  TorciHe  gauche 30", 5  cent. 

On  voit  ainsi  que  1'enorme  turgescence  vasculaire  et 
raccumulation  d'une  grande  quantite  de  sang  qui  sui- 
vent  immediatement  1'oprration,  peuventdiminuer  con- 
siderablement,  sans  entrainer  un  abaissement  de  tem- 
perature notable.  Cependant,  comme  je  1'ai  dil,  la 
circulation  capillaire  rcstc  toujours  plus  visible  dans 
1'oreille  plus  chaude. 

Toutcfois  il  ne  faudrait  pas  encore  conclure  de  la  que 
la  temperature  sera  toujours  plus  elevee  quand  les  vais- 
seaux  capillaires  seront  plus  visibles.  A  la  suite  de  la 
section  de  la  cinquieme  paire,  comme  on  sait,  la  con- 
jonctive  devient  tr6s  rouge  et  les  vaisseaux  capillaires  y 
sont  tres  visibles  ainsi  que  dans  d'autres  parties  de  la 
face,  et  cepeudant  il  y  a  dans  ces  cas  un  abaissement  de 
temperature.  Si  it  cela  on  objectait  avec  raison  qu'il  y 
a,  apres  la  section  de  la  cinquieme  paire,  une  paralysie 
des  vaisseaux  qui  enraye  la  circulation  et  produit  le  re- 
froidissement,  je  repondrais  qu'il  est  etonnant  de  con- 
siderer  aussi  comme  une  paralysie,  la  section  du  sympa- 
thique  qui  fait  apparaitre  aussitdt  la  caloriflcatiou  dans  les 


508  NERF    GRAND    SYMPATHIQUE. 

tissus  ou  la  turgescence  vasculaire  existait  deja  cepcn- 
dant,  mais  avec  refroidissement.  Cotte  influence  calori- 
fiante  du  sympathique,  memesurles  parties  ou  le  cours 
du  sang  se  trouve  gene  et  diminue  par  une  inertie  vascu- 
laire,  sera  encore  renduc  plus  evidente  par  Inexperience 
suivante  : 

Exp.  —  Snr  un  lapin  adultc  et  bien  portant,  j'ai  fait 
la  ligature  des  deuxtroncs  vasculairesveineuxdeehaque 
oreille.  Apres  cette  operation  les  veines  se  dilaterent, 
devinrent  gorgees  par  le  sang  qui  stagnait.  Apres  trois 
quarts  d'heure,  les  deux  oreilless'elaient  manifestement 
refroidies  par  suite  de  cette  stase  de  sang.  Alors  je  fls 
la  section  du  filet  sympathique  cervical  du  c6te  droit,  et 
aussit6t  Toreille  correspondante  devint  plus  chaude ;  il 
etait  cependant  impossible  d'expliquer  cette  calorifica- 
tion parl'accumulation  seule  du  sang  qui  precedemnieut 
produisait  un  phenomene  inverse,  le  refroidissement 
qui  s'observaittoujours  sur  I'oreilledu  cote  oppose.  Alors 
je  fis  la  ligature  de  1'arterede  facon  a  emprisonner  autant 
que  possible  le  sang  dans  1'oreille,  la  temperature  di- 
minua  un  pen,  mais  elle  resta  toujours  plus  elevee  que 
dans  1'oreille  opposee. 

Quand,  an  lieu  de  la  ligature  primitive  des  veines, 
on  pratique  celle  des  arteres,  les  parties  se  refroidissent 
aussi,  mais  par  un  mecanisme  inverse.  Dans  le  premier 
cas,  le  refroidissement  est  la  consequence  de  I'impossi- 
bilite  du  renouvellement  du  sang,  et  dans  le  second,  le 
resultat  de  son  absence.  Nous  avons  vu  qu'en  resequant 
le  sympathique  apres  la  ligature  des  veines,  la  calorifi- 
cation peut  se  produire,  ce  qui  n'a  pas  lieu  quand  on 


SA    PARALYSIE.  509 

fait  la  section  de  ce  nerf  apres  la  ligature  exacte  des 
arteres  seules ;  mais  tout  cela  demontre  simplement  que 
si  le  phenomene  de  calorification  ne  pent  pas  se  produire 
dans  les  parties  dont  les  vaisseaux  sont  completement 
vides  de  sang,  il  peut  an  contraire  avoir  lieu  dans  des 
parties  ou  le  sang  stagnait,  quand  son  mouvement  peut 
devenir  plus  rapide.  J'ai  encore  remarque  que  si  chez 
les  chiens  ou  les  lapins,  ou  la  calorification  d'un  des 
c6tcs  de  la  t<He  se  trouve  bien  developpee,  sous  1'in- 
fluence  de  1'extirpation  du  syinpathique .  on  vient  a 
diminuer  1'afflux  ou  le  renouvellement  du  sang  par  la 
ligature  de  F  artere  carotide  du  c6te  correspondant,  on 
voit  neanmoinsla  chaleur  des  parties  rester  tpujoursplus 
elevc'e  que  celle  du  cote  oppose. 

D'apres  ces  experiences,  il  n'cst  done  pas  possible 
d'expliquer  le  ivchauffement  des  parties  par  une  simple 
paralysie  des  artrres  qui,  a  raison  d'un  elargissement 
passif,  laisseraient  accumuler  une  plus  grandc  quantite 
de  sang.  En  resume,  le  mot  paralysie  est  ici  plutot  1'ex- 
pression  d'une  theorie  que  d'un  fait  demontre. 

La  section  du  sympathique  n'amene  pas  toujours  a 
1'instant  meme  de  V operation  un  elargissement  subit 
de  1'artere;  c'est  souvent  le  contraire  qu'on  observe. 
En  faisant  snr  des  lapins  la  section  du  filet  cervical  du 
sympathique  qui  avoisine  la  carotide,  on  voit  d'abord 
cette  artere  se  resserrer  au  moment  de  la  section  ou 
du  dcchirement  du  filet.  Plus  tard  cette  artere  et  ses 
divisions  deviennent  plus  grosses  et  sont  en  quelque 
sorte  distendues  par  un  appel  de  sang  qui  se  fait  dans  les 
parties  correspondantes ;  mais  cet  eifet,  loin  de  ressembler 


510  NERF    GRAND    SY.MPATlIIO.tlE. 

a  line  paralysie,  amene  une  circulation  plus  active. 
Quand  en  galvanisant  le  bout  peripherique  du  nerf  sym- 
palbiquc  coupe  avec  une  forte  machine  electro-magne- 
tique,  on  produit  dans  les  parties  ou  il  se  distribue  une 
serie  de  troubles  profonds,  je  ne  puis  pas  les  considerer 
commc  une  exageration  de  1'etat  fonctionnel  qui  amene- 
raitun  arret  de  la  circulation.  Alors  les  arteres  coniine 
les  veines  se  resserrent  et  reviennent  sur  elles-memes; 
il  n'y  a  plus  de  sang  pour  les  distendre.  Mais  il  n'est 
pas  prouve  que  ce  resserreinent  des  vaisseaux  ne  soil 
pas  le  simple  eflet  d'une  rupture  d'equilibre  fonctionnel. 
Et  du  reste,  si  c'etait  une  vraie  paralysie  ou  atonie  des 
arteres,  il  me  semble  que  rimpulsion  du  coeur  devrait 
fmir  par  amener  des  dilatations  arterielles  anevrysma- 
tiques.  II  n'arrive  rien  desemblable,  puisquenousavons 
vu  au  Contraire  que  le  lendemain  de  la  section  du  sym- 
patbi(iue  la  vascularisation  a  ordinaiiemenl  beaucoup 
diminue,  les  arteres  sont  revenues  sur  elles-memes,  bien 
(me  la  chaleur  soit  toujours  tres  notablement  aug- 
mcntee. 

En  un  mot,  le  pbenomene  circulatoire  qui  succedefi 
la  section  du  nerf  sympatbique  me  parait  actif  et  non 
passif,  il  est  de  la  meme  nature  quo  la  turgescence  san- 
guine qui  ainsi  que  je  1'ai  demontre  ailleurs,  survient  dans 
un  organe  secreteur  qui,  d'un  etat  de  repos  ou  de  fonc- 
tion  nement  faible,  passe  a  uu  etat  de  fonctionnement 
tres  actif;  il  se  rapprocbe  encore  de  Tafflux  de  sang  et 
de  1'augmentation  de  sensibilite  qui  surviennent  autour 
d'une  plaie  recente  ou  aux  environs  d'un  corps  etranger 
qui  sejoume  dans  les  tissus  vivants.  Je  n'ai  pas  a  me 


S\    PARALYSIE.  511 

pruoccuper  ici  de  1'explication  de  ces  phenomencs  sur 
lesquels  j'aurai  occasion  de  revenir  ailleurs.  II  me  suf- 
fira  de  dire  quo,  bien  que  dans  tous  ces  cas  on  voie  les 
vaisseaux  plus  gorges  de  sang  et  les  arteres  battre  avec 
plus  de  force,  il  ne  peut  venir  a  Tidee  de  personne  de 
les  rapporter  a  line  paralysie  pure  et  simple  des  ar- 
teres. 

Je  desire,  du  reste,  ne  pas  insister  davantage  ici  sur 
1'explication  de  ces  phe'nomenes,  parce  que,  pour  bien 
les  comprendre,  il  faut  encore  avoir  egard  a  d'autres 
considerations,  et  particulierement  a  1'action  du  coaur. 

Nous  vous  citerons  dans  la  prochaine  lecon  des  cas  de 
Teffet  de  la  galvanisation  sur  la  chaleur  de  1'oreille 
quand  on  galvanise  directement  cette  partie  soit  saine, 
soil  apres  avoir  fait  la  section  dunerf  grand  syiiipathiquc 
dans  le  cou . 


SEIZIEME   LECON. 

1"   JUILLET    1857. 

SOMMAIKE :  Grand  sympathiquc  (suite)  ;  --  Des  rapports  qui  existent 
entre  la  vascularisation  et  la  calorification  des  parties  apres  la  section 
du  grand sympathique;  —  EfTetsdela  galvanisation  surla  chaleurde 
Toreille  ;  —  Les  efTets  de  la  calorification  produits  par  la  section  du 
grand  sympathique,  pouvant  se  compliqucr  de  phi5nomenes  inflain- 
nialoires  chez  un  animal  aflaibli.  --Examples  d'ablation  des  divers 
ganglions  du  grand  sympathique  ;  --  Proce'dc'  pour  couper  le  grand 
sympatliique  dans  la  poitrine  ;  — Experiences ;  --Influence  de  la 
destruction  de  certaines parties  du  grand  sympalhique  sur  1'exhalation 
des  membranes  sc"reuses ;  -  -  Dernieres  experiences  sur  la  piqure  du 
plancher  du  quatrieine  ventricule. 

MESSIEURS, 

La  galvanisation  appliquee  clirectement  sur  1'oreille 
au  lieu  d'etre  police  sur  le  filet  cervical  du  sym- 
pathique coupe  dans  la  region  du  cou,  produit  des  effets 
differents  suivant  qu'on  a  ou  qu'on  n'a  pas  prealable- 
ment  coupe  ce  nerf. 

Lorsqu'on  a  divise  le  filet  sympathique  au  cou,  1'o- 
reille s'echauffe  commc  nous  le  savons.  Si  on  laisse 
1'animal  dans  les  conditions  ordinaires  et  qu'on  1'exa- 
mine  le  lendemain  ou  le  surlendemain,  on  trouve  que 
bien  que  la  temperature  de  1'oreille  soit  toujours  plus 
elevee  que  celle  du  cote  oppose,  elle  est  cependant  beau- 
coup  abaissee  si  on  la  compare  a  celle  observee  aussitdt 
apres  la  section  du  filet  sympathiqne ;  et  c'est  a  ce  mo- 
ment que  les  effets  de  cette  section  sont  toujours  le  plus 
prononces. 


GALVANISATION    DE   I/OREILLE.  513 

Si  alors  on  galvanise  1'oreille  directement,  en  pincant 
la  base de  1'oreille  etson  extremite avec  deux  serres-fmes 
a  chacune  desquelles  on  applique  un  des  poles  d'une 
pile,  afin  de  faire  traverser  1'oreille  par  le  courant  dans 
son  grand  diametre,  on  voit  dans  cette  operation  que, 
sous  1'influence  de  la  galvanisation  directe,  1'oreille 
s'echauffe  au  lieu  de  se  refroidir,  coimne  cela  a  lieu 
quand  on  galvanise  le  bout  superieur  du  nerf  sympa- 
thique  coupe  au  cou.  (le  qui  est  remarquable ,  c'est  que 
cetle  galvanisation  direcle  produit  des  etl'ets  opposes 
lorsque  Toreille  est  saine  on  lorsque  le  grand  sympa- 
thique  a  ete  prealablement  coupe. 

On  constate,  dans  le  premier  cas,  que  la  galvanisation 
directe  produit  un  abaissement  de  la  temperature coiuine 
si  Ton  galvanisait  le  neiisynipathique  lui-me'nie. 

Voici  des  experiences  qui  inontrent  ce  resultat.  La 
galvanisation  a  ete  t'aite  avec  Tappareil  de  Legendre  et 
Morin.  Les  nombres  qui  sont  indiques  n'ont  qu'une  va- 
leur  comparative  parce  qu'ils  out  ete  pris  avec  un  ther- 
nioinetre  a  echelle  arbitraire  : 

Exp.  (18  Janvier  185/K  -  -Sur  un  lapin  bien  portant, 
dont  le  filet  syinpathique  avait  ete  coupe  a  gauche  dans 
le  cou  depuis  trois  jours,  on  prit  la  temperature  de 
1'oreille  qui  etait  de  "28  divisions  du  tbennometre. 

Pendant  les  premiers  instants  de  la  galvanisation, 
Toreille  devint  rouge  sans  que  la  temperature  s'elevat 
sensiblernent.  Puis  bientot ,  par  la  galvanisation ,  la 
temperature  mouta  rapidement  de  29  jusqu'a  A3  divi- 
sions. 

L'oreille  du  cote  droit,  qui  n'avait  pas  subi  d'operation, 

b.,   SVST.   MERV  —  li..  33 


51/1  INFLUENCE  DE  LA    SECTION    DES   NERPS 

fut  alors  galvanisee  comme  la  gauche.  Elle  marquait 
26°, 5.  Pendant  la  galvanisation,  elle  descendit  a  23  divi- 
sions; on  arreta  la  galvanisation  et  la  temperature  des- 
cendit encore  jusqifa  20°, 5. 

Exp.  •  -Un  autre  lapin.  vigourenx,  n'ayant  subi  au- 
cune  operation  sur  lesympathique,  fut  lie  pour  1'opera- 
tion  ;  il  poussa  dcs  cris  violents.  s'agita  et  ses  oreilles  sY- 
cliaufTerent  beaucoup  connne  cela  a  toujours  lieu  chez 
ces  aniinaux  lorsqu'ils  sont  agites  on  emus.  Les  oreilles 
avaient  alors  ime  temperature  de  A3  a  45  divisions.  Quel- 
ques  instants  apres  cet  echauffement  passager  avail  dis- 
paru,  et  1'oreille  gauche  etait  redescendue  a  3 A  divisions. 
Alors  on  la  galvanisa  pendant  deux  minutes,  et  elle  haissa 
a  31  divisions;  maisaussitot  qu'on  cessa  la  galvanisation 
elle  remonta  momentanement  a  AO,  pour  rcclescendre 
hientdt  (an  bout  de  qua! re  minutes)  a  32  divisions.  Trois 
minutes  apivs.  file  etait  a  25.  Enfin,  on  galvanisa  encore 
1'oreille .  et  la  temperature  descendit  ;'i  23  divisions  ou 
elle  resta. 

On  prit  alors  1'oreille  droite  qui  etait  a  20  divisions. 
On  la  galvanisa  :  pendant  la  galvanisation,  la  tempe- 
rature descendit  a  24°,5  ou  elle  resta. 

Exp.  —  Sur  im  lapin,  dont  le  filet  sympathique  avait 
ete  divise  a  droite  et  le  nerf  auriculaire  du  plexus  cer- 
vical coupe  a  gauche  depuis  huit  jours:  on  lia  1'animal, 
et  ses  oreilles  s'echaufferent  momentanement  par  les 
mouvements  qu'il  fit.  On  galvanisa  1'oreille  droite;  elle 
etait  a  29,  et  elle  monta,  au  moment  ou  1'animal  poussa 
cles  cris,  jusqu'a  38  divisions :  puis  apres  elle  redescendit 
a  35,  ou  elle  resta  fixe.  L'oreille  gauche  marquait  alors 


SUR    LA    GALVANISATION    DE    L'oREILLE.  515 

35  divisions,  ce  qui  etait  une  temperature  relativenient 
elevee ;  cela  tiendrait-il  a  la  section  du  filet  auriculaire? 
Quoi  qu'il  en  soil,  on  galvanisa  directement  cetteoreille 
en  partic  insensible,  et,  pendant  la  galvanisation,  elle 
descendit  a  SO  divisions;  apres  cela  elle  continua  a 
descendre  encore  jusqu'a  23. 

Si  Ton  cherche  d 'abort!  a  quoi  tient  cette  difference 
entre  les  resultats  obtenus  par  la  galvanisation  directe 
de  1'oreille  lorsque  le  grand  sympathique  a  ete  conpr 
on  lorsqu'il  est  reste  intact ,  on  est  porte  aux  explica- 
tions suivantes  pour  se  rendre  conipte  des  phenomenes. 

Lorsque,  en  agissant  sur  1'oreille  dontle  filet  sympa- 
thique  a  ete  coupe",  on  voit  la  temperature  s'clever  par 
1' excitation  galvanique,  on  pent  penser  que  le  nerfsym- 
pathique  n'est  pas  directement  excite  et  que  Pelevation 
de  la  temperature  provient  de  ce  que,  sons  I'iiiflueiice 
de  la  doulenr,  le  c<rur  i'ail  scutir  son  excitation  avec 
pins  de  force  dans  les  arteres  de  1'oreillc  relachees  par 
la  section  dn  grand  sympathique;  tandis  qne,  dans  le 
cas  oil  le  sympathique  n'a  pas  rir  coupe,  cette  action 
portee  snr  les  nerfs  sensitifs  et  transmise  par  la  moelle 
epiniere  produit  nne  action  reflexe  snr  le  grand  sympathi- 
([iie,  qui  resserre  les  vaisseaux  et  1'oreille,  et  einpeche 
Faction  du  coeur  d'avoir  les  niemes  resultats.  Pour  verifier 
cette  bypothese,  il  fairdra  couper  d'uB  m6me  cote  le  filet 
aiiriculaire  et  le  grand  sympathique  pour.  1'oreille  etant 
insensible,  voir  si  les  memes  effets  se  prodniront.  Ce  sont 
la  des  resnltats  sur  lesquels  il  y  aura  lien  de  revenir  aussi 
qnand  nous  etudierons  1'intluence  du  grand  sympathi- 
(\UQ  sur  la  circulation  d'une  maniere  plus  speciale. 


516  INFLUENCE  DE    LA    SECTION    DES    NERFS. 

Exp.  (19  Janvier  185/i).  -  -  Sur  un  lupin,  chez  lequel 
on  avail  coupe  a  gauche  le  filet  du  grand  sympathique, 
depuis  sept  jours,  on  fit  les  experiences  suivantes : 

L'animal  elant  en  repos,  la  temperature  de  1'oreille 
gauche  etait  de  22  degres,  niais  r  excitation  que  Ton 
produisit  chez  lui  en  le  liant  sur  la  table,  fit  subitement 
inonter  la  temperature  de  22  a  28  degres,  tandis  que 
1'oreille  droite  ne  marquail  que  22°,5. 

Alors  on  mil  a  nu  les  nert's  auriculaires  droit  et  gau- 
che du  plexus  cervical  qu'on  isola  en  passant  un  111  au- 
dessous;  apres  ces  operations,  lorsque  raniinal  fut  un  peu 
revenude  son  emotion,  la  temperature  de  1'oreille  gauche 
s'etait  arretee  a  2/i  degrcs,  cello  de  1'oreille  droite  a  22°, 5. 

On  lia  alors  le  nerf  aurieulaire  gauche,  ce  qui  fit 
eprouver  au  lapin  une  douleur  vive  et  fit  monter  subi- 
tement la  temperature  de  son  oreille  de  24  a  34,35, 36, 
37,38  degres.  c'esl-u-dire  de  \h  degres. 

Pendant  cette  elevation  si  considerable  de  la  tempe- 
rature de  I'oreille  gauche.  Toreille  droite  e'lait  a  2/i  de- 
gres ;  elle  avail  par  consequent  monte  de  1°,5.  Alors  on 
pratiqua  la  ligature  du  nerf  aurieulaire  droit,  et  aussi- 
tot  apres  on  trouva,  comine  temperature,  38  degres  a 
gauche  et  22°, 5  a  droile. 

Apres  ces  op«'irations,  on  proceda  ;i  la  galvanisation 
des  nerfs  auriculaires. 

On  galvanisa  d'abord  le  bout  peripherique  du  nerf  au- 
rieulaire droit  coupe" ;  il  if  en  resultaaucune  douleur,  et  la 
temperature  de  1'oreille  ne  varia  pas  :,  elle  resta  a  22°, 5. 

Alors  on  galvanisa  le  bout  central,  ce  qui  produisit 
une  vive  douleur  et  fit  descendre  la  temperature  de 


SUR  LES  EFFETS  DE  LA  GALVANISATION.     517 

Toreille  a  20  degres.  Toutefois,  pendant  cette  galvani- 
sation, 1'oreille  ne  devint  pas  pale;  elle paraissait  .me' me 
an  contrairc  nn  peu  plus  vascularisee.  Pendant  cette 
operation,  la  temperature  de  1'oreille  gauche  etait  de 
36  degres. 

On  galvanisa  alors  le  nerf  auriculaire  gauche.  La  gal- 
vanisation du  bout  peripherique  ne  produisitni  douleur, 
ni  changement  de  temperature.  La  galvanisation  du 
bout  central  produisit  de  la  douleur ;  le  thermometre 
marquait  35  degres  et  n'oscilla  guere  pendant  1'opera- 
tion  que  dans  les  limites  de  1  degre ;  1'oreille  finit  par 
roster  a  35  degres. 

Pendant  les  galvanisations  des  bouts  centraux  des 

\.j 

nerfs  auriculaires,  on  remarqua  que  les  yeux  devenaient 
larmoyants ;  il  y  avail  des  contractions  de  la  face  pen- 
dant la  galvanisation  du  bout  central  du  nerf  auriculaire 
droit. 

Apres  toutes  ces  operations,  on  isola  le  nerf  sympa- 
thiquc  du  cote  droit  dans  la  region  du  con  et  on  passa 
un  fil  au-dessous  de  lui.  Par  le  seul  fait  de  cet  isolement 
du  nerf  et  de  son  tiraillemenl,  le  thermometre  place 
dans  1'oreille  etait  monte  de  22  a  35  degres. 

Alors,  sans  couper  le  nerf  sympathique,  on  le  galva- 
nisa en  le  soulevant  sur  un  fil  ;  cette  galvanisation  fit 
descendre  rapidement  la  temperature  de  Foreille  de  35 
a  30  degres. 

Alors  on  galvanisa  le  bout  central  du  filet  auricu- 
laire droit,  et,  pendant  cette  galvanisation,  la  tempera- 
rature  de  Toreille,  au  lieu  de  baisser  comme  cela  avail 
eu  lieu  lorsquc  le  filet  sympathique  nYtait  pas  detruit. 


518  EFFETS    INFLAMMATOIRES 

continua  a  monter  de  32  a  oft  dcgre's  ou  ellc  e'tait  par- 
venue  lorsc[u'on  cessa  1'experience. 

Ce  dernier  resultat  inontre  bien  que  1'excitation  du 
bout  central  du  nerf  auriculaire  sensitif  determine  un 
mouvement  reflexe  qui  agit  sur  1'oreille  par  1'inter- 
mediaire  du  grand  sympathique,  car,  apres  la  section 
de  ce  filet,  le  refroidissement  de  Toreille,  resultat  de 
cette  action  reflexe,  ne  se  manifesto  plus. 

Exp.  -  -  Sur  mi  autre  lapin,  qui  avail  cu  le  filet  sym- 
pathique  cervical  coupe  a  gauche,  depuis  trois  a  quatre 
semaines,  1'oreille  gauche  inarquail  18  degres.  Pendant 
la  galvanisation  directo.  elle  oscilla  entre  17  et  18  de- 
gres et  remonta  aussit6t  apres  a  22  degres. 

L'oreille  droite,  examinee  apres  cette  premiere  ope- 
ration, inarquait  17°, 5.  Le  filet  auriculaire  du  plexus 
cervical  de  ce  cot('  avail  »'te  coupe. 

On  fit  la  galvanisation  du  bout  central  de  ce  nerf:  Tani- 
mal  poussa  des  cris  aigus,  et  la  temperature  do  1 7°, 5  des- 
cenditsuccessivementjusqirii  1  k  degres  ou  elle  s'arreta. 

On  observa  encore  que  pendant  la  galvanisation  les 
yeux  devenaient  larmoyants. 

Messieurs,  les  effets  de  calorification  du  grand  sympa- 
thique peuvent  se  transformer  en  phenomenes  intlam- 
matoires  lorsque  1'animal  s'aflaiblit.  C'est  ce  que  mon- 
tre  Fexperience  suivante  : 

Exp.  — On  coupa  d'un  seul  c6te,  a  gauche,  le  pneu- 
mogastrique  et  le  vague  reunis,  sur  un  chien.  Apres  quoi 
on  pratiqua  une  iistule  salivaire  permanente  du  canal 
parotidien.  On  pratiqua,  plusieurs  jours  apres,  des  ex- 
periences surrexcitationde  la  secretion  salivaire  a  1'aide 


PAR    LA    SECTION    DU    NERF    SYMPATHIQUE.  519 

du  vinaigre  porle  sur  la  langue,  et  sur  la  rapidite  du  pas- 
sage de  1'iodurc  de  potassium  dans  la  salive.  On  prit  du 
liquide  cephalo-rachidien  pour  y  constater  le  passage  de 
I'iodure  de  potassium.  Cette  derniere  operation  rendit 
Tanimal  inalade  et  produisit  une  inflammation  des  cen- 
tres nerveux  :  il  mourut  cinq  jours  apres.  Ce  qu'il  y  eut 
de  remarquable,  c'est  que  les  muqueuses  du  cote  de  la 
face  correspondaut  a  la  section  du  sympathique,  devin- 
rent  le  siege  d'une  inflammation  violente,  des  le  moment 
ou  Familial  commenea  a  s'affaiblir  par  la  maladie.  II  y 
avait  une  suppuration  abqndante  de  la  narine,  de  la 
muqueuse  buccale  et  de  la  conjunctive  gauches,  tandis 
(pie  du  c6te  oppose  les  memes  muqueuses  etaient  a  Tetat 
normal.  De  sorte  que  Ton  voit  ici  que  I'lnflammation  des 
membranes  muqueuses,  qui  est  bien  la  consequence  de 
la  section  du  sympathique,  n'a  pu  semanifester  que  lors- 
queranimal  s'y  est  trouve  predispose  par  un  etat  gene- 
ral morbide.  C'cst  la  un  fait  dont  il  faut  tenir  compte 
dans  les  recbercbes  pbysiologiques  sur  rinflammation. 

L'ablation  de  certains  ganglions  produit  encore  des 
effets  de  vascularisation  qui  donnent  lieu  tres  facilement 
a  des  inflammations  ^7iolentes.  Les  ganglions  thoraciques, 
ainsi  que  ceux  du  plexus  solaire,  sont  dans  ce  cas.  ainsi 
que  le  prouvent  les  experiences  suivantes  : 

Exp.  (h  juillet  185o).  —  Sur  un  chieu  de  moyenne 
taille,  on  fit  une  incision  au-dessus  de  Fepaule  gauche 
qui  fut  tiree  en  bas.  On  arriva  ainsi  sur  le  muscle  grand 
dentele  dont  on  divisa  1'insertion  a  la  premiere  cote ; 
puis  on  fit  une  ouverture  au  thorax  en  incisant  les 
muscles  intercostaux  entre  la  premiere  et  la  seconde 


520  EFFETS    INFLAMMATOIRES 

c6te.  On  maintint  ecartes  les  deux  c6tes  a  1'aide  d'un 
coin  de  bois  introduit  outre  elles.  Alors,  a  1'aide  d'une 
erigne,  on  accrocha  le  ganglion  que  Ton  soulcva,  avec 
une  pince  a  anncaux,  on  le  saisit  et  on  Tarracha  com- 
pletement;  cela  fait,  on  recousit  la  plaie  exterieure  cles 
muscles  et  on  laissa  1'animal  en  repos. 

Pendant  I'operatiou.  ranimal  (;1ait  chloruforme.  A 
chaquc  expiration,  on  conslatait  la  sortie  de  Fair  a  tra- 
vers Touverture  faite  a  la  poitrine.On  ronstala  en  oulre 
qifau  moment  de  ['extirpation  du  ganglion,  quoique 
ranimal  fut  etherise,  la  respiration  s'accelera  consid(M'a- 
blement.On  laissa cechien  en  reposjusqu'au  lendemaiu. 

Le  ItMidemain.  5  juillet,  on  constaia  que  la  pupille  du 
c6te  opth'e  etait  tre's  contraot.ee;  1'oreille  du  inline  cot*'1, 
elait  tres  chaude;  ranimal  paraissait  malade;  les  respi- 
rations <'taient  deoO  et  les  pulsations  de,  (J-2  par  minute. 
Les  urines  etaient  tres  acides, contenaient  beaucoup  d'u- 
ree;  on  avail  domn1  a  manger  a  ranimal.  mais  on  nesait 
pass'ilavaitprisla  nourriture  «{ui  lui  avait  ete  presentee. 

Le  lendemain,  6  juillet,  ranimal  etait  inert;  il  avait 
succombe  pendant  la  unit. 

Al'autopsie.  on  trouva  une  pleuresie  violente  avec  in- 
jection extraordinairement  forte  et  caracteristique  dans 
tout  le  tborax.  Toutefois  il  y  avait  une  difference  entre  les 
deux  cotes  :  a  gauche,  la  ou  on  avait  fait  1'ablation  du 
ganglion,  il  y  avait  pleuresie  avec  epanchement  de  liquide 
trouble,  purulent,  et  formation  de  fausses  membranes 
abondantes  sur  la  plevre  parietale  et  costale,  tandis  que 
du  c6te  droit,  le  liquide  de  1'epanchement,  un  pen  san- 
guinolent.  n'elait  pas  trouble  el  ne  }>araissait  pas  contenir 


PAR  L'ABLATION  DE  GANGLIONS  DU  GRAND  SYMPATHIQUE.  521 

de  pus.  L'injection  de  la  plevre  semblait  plus  prononcee 
parce  qu'elle  n'y  etait  pas  masquee  par  cle  fausses  mem- 
branes. 

Outre  les  vaisseaux  assez  volumineux  qui  etaient  gor- 
ges de  sang,  on  voyait  dans  les  deux  plevres  des  ecchy- 
moses  et  des  extravasations  sanguines.  On  voyait  une 
arborisation  tres  riche  autour  de  1'aorte  et  desgrostroncs 
nerveux  et  veineux,  autour  du  pericarde,  ainsi  que  sur 
la  face  supe"rieure  du  diaphragme.En  examinantensnite 
rinterieur  dc  I'aorte,  de  1'a'sophage,  on  ne  retrouva 
plus  la  inline  injection;  la  membrane  interne  de  ces 
organes  etait  blanche  et  avail  sa  coulcur  normale.  Le 
tissu  du  poumon  ctait  gorge  de  sang,  et  magnifiquement 
inject*'  dans  tonics  ses  parties.  Le  tissu  du  coeur  n'offrait 
rien  de  particulier,  11011  plus  que  sa  surface  interietire. 
Dans  rabdomen,  Ic  peritoine  n'offrait  aucune  injection; 
il  semblait.  meme  que  les  organes  abdominaux  fussent 
plus  pales  qifa  IVtat  normal  et  comme  anemiques.  L'es- 
tomac  contenait  des  morceaux  de  viande  en  partie  digc- 
res  ct  oil  rant  nne  n'iaction  neutrc  on  meme  legerement 
alcaline,  ce  qui  pourrait  dependre  de  ce  que  les  ali- 
ments scjournaient  depuis  longtemps  clans  1'estomac,  et 
de  ce  que  la  grande  chaleur  avait,  depuis  la  niort,  amene 
un  commencement  de  decomposition.  Le  foie  ne  conte- 
nait pas  de  sucre  dans  son  tissu. 

Exp.  (29  novembre  1845)  (1).  — Sur  un  gros  chien 
mouton,  jeunc,  iijeun.  on  enleva  les  deux  ganglions so- 
lairespar  une  plaie  faite  a  I' abdomen .  Aussitotapres  Tope- 
ration  on  retiraaranimal  100  grammes  cle  sang  veineux. 

(1)  Experiences  dcji  cilee  a  un  aulrc  point  dc  vuc,  t.  I,  p.  369. 


522  EFFETS    INFLAMMATOIRI-S 

Quand  on  toucba  simplement  les  ganglions  solaires, 
il  n'y  eut  pas  manifestation  dedouleur ;  settlement,  quand 
on  fit,  en  qnelque  sorle,vibrer  les  nerfstendusqui  en  par- 
tent,  par  nn  frotteinent  rapitle,  il  en  resultades  inouve- 
ments  de  totalite  clu  tronc  et  particulierement  des  mem- 
bres  inferienrs,  mouveineiits  saccades  et  invulontaires. 

Quand  on  pinrait  tbrtement  le  ganglion  solaire  on 
qu'on  le  tiraillait,  r animal  eprouvait  manifestement  de 
la  doulenr  et  poussait  des  cris. 

Lorsqne  le  ganglion  on  uu  des  gros  nerfs  qui  en  par- 
tent  eut  ete  ainsi  contus  par  la  compression,  il  resta  noi- 
ratre  et  comme  ecchymose  a  la  place  de  la  contusion, 
ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  les  nerls  du  system e  cerebro- 
spinal. 

Pendant  Tope'ration,  1'animal  rendit  des  matieres  te- 
cales  diarrbeiques.  Apres  Toperation,  laplaie  fut  recou- 
sue  et  1'aninial  laisse  en  repos  jusqu'au  lendemain. 

Le  lendemain,  30  novembre,  1'animal  paraissaittriste 
et  refnsa  les  aliments. 

Le  ler  decembre,  le  cbien  etait  toujonrs  triste.  L'ayant 
amene  dans  le  laboratoire,  il  urinaet  rendit  des  matieres 
fecales  diarrbeiques.  II  ret'usa  toute  espece  de  nourri- 
ture  solide  ou  liquide  et  but  seulement  un  peu  d'eau. 

Le  2  decembre,  Tanimal  etait  morne;  la  plaie  de 
1' abdomen  s'elait  onverte;  ellefumait  etlaissaits'ecouler 
une  grande  quantite  d'un  liquide  sero-purulent. 

Le  o  decembre  1'animal  etait  mort. 

Autopsie.  A  Fouverture  de  1' abdomen,  on  vit  une 
rougeur  ecarlate  de  toutes  les  parties  contenues  dans  le 
ventre.Cette  rongeur  appartenait  essentiellement  aupe- 


PAR  L' ABLATION  DE  GANGLIONS  DU  GRAND  SYMPATIIIQUE.  5U23 

ritoine  etelles'etendaitsurtoute  la  surface  desinteslins, 
sur  le  mesentere,  sur  ses  appendices  graisseux  qui  pre- 
sentaient  la  meme  coloration  rouge.  Cette  teinte  rouge 
vif,  resistait  parfaitement  an  lavage;  elle  ctait  partout 
tiniforme  et  ne  paraissait  pas,  a  1'oeil  nu,  offrir  d'arbo- 
risation;  mais,  an  microscope,  on  voyait  une  injection 
capillaire  excessivement  fine  et  abondante. 

Les  ganglions  solaires  avaient  ete  bien  enleves;  il  res- 
tait  seulement  une  grande  quantite  de  nerfs  qui  allaient 
sur  les  arteres  dans  tons  les  sens.  Les  poumons  etaient 
sains,  exempts  d'ecchymoses ;  ily  avait  tontefois  un  pen 
deserosite  dans  la  plevre,  maiscette  membrane  n' off  rait 
aucunement  la  rougeur  et  ralto"  ration  du  peritoine. 

Cette  experience  montre  done  que  les  ganglions  so- 
laires sont  sensibles  aux  fortes  contusions  on  au  tirail- 
lement;  que  I'excilation  des  nerfs  qui  en  partent  deter- 
mine des  mouvements  dans  les  membres,  et  que  rablation 
de  ces  ganglions  produit  une  peritonite  particuli6re 
avec  dilatation  (Miorine  des  vaisseaux  capillaires. 

Neanmoins  j'ai  vu  cette  intlammution  ne  pas  se  mani- 
festerdans  deux  casou  lesanimaux  avaient  ete  etherises : 

Exp.  (lojuin  1853).  -  Sur  un  chien  adulte ,  de 
taille  moyenne,  on  pratiqua  la  chloroformisation  et  on 
extirpa  le  ganglion  coeliaquc  du  cote  gauche,  1'animal 
ayant  sa  digestion  terminee  et  1'estomac  vide.  L'opera- 
tion  etant  achevee,  on  cessa  les  inhalations  de  chloro- 
forme ;  1'animal  etant  revenu  peu  a  peu  on  fit  les  obser- 
vations suivantes  : 

La  temperature  du  ventre  au  moment  ou  on  com- 
menca  1'expmence  etait  de  39°, 5,  prise  dans  le  peri- 


524  EFFETS    1NFLAMM.VTOIRES 

toine,  1'animal  nYtant  pas  encore  completement  .anes- 
thesia". Apres  1'operation,  I'animal  etant  encore  sous 
1'influence  du  chlOrofprme,  la  temperature  du  peritoine 
etait  de  39  degres.  Deux  heures  apres  Toperation,  les 
effets  du  chloroforme  ayant  cesse,  on  repritla  tempera- 
ture qu'on  trouva  de  39%2,  de  sorte  qu'elle  no  paraissait 
pas  avoir  varie  sensiblement  par  le  fait  de  1'ablation  du 
ganglion  coeliaque.  On  examina  Turine  avant  et  apres 
1'operation.  Avant  1'operation,  1'urine  etait  acide,  con- 
centree;  elle  precipitait  directement  par  1'acide  azotique 
du  nitrate  d'uree.  Apres  1'op^ration,  1'urine  etait  moins 
concentree;  elle  ne  precipitait  plus  directement  du  ni- 
trate d'uree  par  1'acide  azotique  et,  elle  presentait  unc 
reaction  alcaline,  qui  ne  disparaissait  pas  en  faisant  se- 
cher  le  papier  reactif.  Par  la  chaleur,  il  y  avail  un  pre*- 
cipite  d'apparence  albumineuse  ;  ])ar  la  jiotasse  ajoutee 
a  1'urine,  il  y  avail  un  precipite  tloconneux  que  le  m6me 
reactif  n'y  denotait  pas  avant  I'opmtion.  II  n'y  avait 
pas  de  sucre  d'une  manieiv  evidente  dans  cette  urine. 

Deux  heures  et  demie  apres  1'operation,  on  retira  en- 
core de  1'urine  de  la  vessie ;  elle  off  rait  les  caracteres 
que  nous  venous  de  signaler  et  ne  renfermait  pas  de 
sucre.  On  observa  que  les  pupilles  n'avaient  subi  aucune 
deformation ,  ce  qui  montre  que  la  lesion  qu'on  avait 
produite  n'avait  pas  eu  d'influence  sur  Toeil. 

Lelendemain  (Hi  juin)  le  chien  se  portait  assez  bien  ; 
il  n'avait  pas  mange,  mais  il  ne  paraissait  pas  avoir  des 
sympt6mes  de  peritonite.  Les  urines  etaient  acides,  ne 
contenaient  pas  d' album  in  e  et  donnaient  directement 
du  nitrate  d'uree  par  1' addition  d'acide  azotique. 


PAR  L'ABLATION  DE  GANGLIONS  DU  GRAND  SYMPATHIQUE.  525 

Le  15  juiu,  le  chien  allait  bien ;  il  avait  mange. 
Urines  acides,  pas  d'albumine ;  1'acide  azotique  y  pre- 
cipitait  directenient  du  nitrate  d'uree. 

19  juin,le  chien  va  bien;la  plaiedu  venire  se  cicatrise. 

23  juin,  meme  elat ;  on  fit  alors  servir  1'animal, 
dans  le  but  de  le  sacrifier,  a  des  experiences  sur  la  se- 
cretion salivaire  (voir  t.  II.  p.  113). 

A  1'autopsie,  ou  ne  trouva  dans  le  peritoine  aucune 
trace  de  peritonite  ;  seulenient,  on  trouva  les  ganglions 
lymphaiiques  ine'sent^riques  tres  volumineux.  Les 
lymphatiques  paraissaient  tres  pleins,  et  le  canal  tho- 
racique  tres  distendu  par  de  la  lyinphe  Cette  disten- 
sion du  systeme  lyinphaiique  pourrait  etre  le  resultal 
de  rempoisonneinent  par  la  strychnine  qui  tut  injectee 
dans  le  conduit  salivaire  chez  ce  chien,  car  cette  ui6me 
distension  du  systeme  lymphatique  a  ete  observee  chez 
un  autre  chien  einpoisonne  de  la  nieme  mani(3re. 

La  dissection  du  plexus  solaire  a  montre  que  le  gan- 
glion ctt'liaque  droit  etait  entierement  conserve,  land  is 
qu'ii  gauche,  il  «'tait  presquc  completement  enleve". 

II  resulte  de  cette  experience,  que  la  peritonite  qui 
s'est  developpee  avec  beaucoup  de  violence  dans  d'au- 
tres  circonstances  apres  la  destruction  du  plexus  solaire 
ne  s'est  pas  montree  ici.  Est-ce  du  a  1' ablation  partielle 
du  plexus  solaire  ou  a  1'emploi  du  chloroforme  dont  on 
n'avait  pas  fait  usage  dans  les  autres  experiences.  C'est 
ce  quepourront  etablir  des  experiences  ulterieures. 

Exp.  ("2/i  juin  1853).  —  Sur  un  chien,  on  extirpa  un 
ganglion  solaire  et  on  dilaceia  1'autre,  1'animal  etant 
soumis  aux  inhalations  de  chloroforme. 


5'2f)  EFFETS  DE  LA  SECTION 

Les  jours  suivants,  1'animal  n'eut  pas  tie  peritoniie  et 
pr&enta  des  phenomenes  analogues  a  ceux  notes  chez 
1'aninial  clout  il  vient  d'etre  question.  II  guerit  assez 
rapidernent.  II  est  remarquabte  que  cette  pe'ritonite  que 
nous  avions  notce  si  violente  chez  le  chien  de  la  premiere 
observation  ait  manque  dans  ces  deux  cas.  Est-ce  parce 
qifil  y  avait  en  dans  le  premier  cas  extirpation  plus 
complete  des  ganglions  solaires,  on  parce  que  I'aniinal 
n'avaii  pas  ete  etherise? 

Kufin,  il  y  a  certaines  parties  du  grand  sympathique 
(pi'on  peul  couper  impunement  sans  qu'il  en  resulte 
aucun  phenoniene  apparent  de  calorification  ui  de  vas- 
cularisation  dans  les  organcs,  qui  si mt  en  rapport  avec 
ces  nerfs.  C'cst  ce  qui  arrive  dans  la  section  des  nerfs 
splanchniquesdont  nous  rapporterons  quelques  exam- 
ples, en  signalant  les  procedi  s  quo  nous  avons  employes 
pour  faiiv  les  experiences. 

Si  Ton  voulait  couper  les  nerfsqui,  parlant  du  ganglion 
cervical  interieur,  le  reunissent  au  premier  thoracique, 
il  t'iiudrait  laire  une  incision  vers  la  pariie  inferieure 
du  cou,  puis  trouver  le  pneumogastrique  qui  passe  en 
dedans  des  scalenes  et  tirer  ces  muscles  en  dedans,  en 
abaissant  1'epaule.  et  on  trouverait  1'artere  verte'brale 
sur  laquelle  rampent  les  nerfs  qu'il  s'agit  de  couper. 

Pour  couper  le  grand  sympathique  dans  la  poitrine, 
on  a  fait  une  incision  imniediatement  au-dessous  de  la 
derniere  cote,  aussi  pres  que  possible,  et  dans  Tangle 
rentrant,  que  forme  son  articulation  avec  la  colonne 
vertebrale.  Le  bistouri  introduit  jusque  dans  la  poitrine 
sert  de  guide  a  un  crochet  ad  hoc;  puis,  le  bistouri  etant 


DES    NERFS    SPLANCHNIQUES.  527 

degage  de  la  plaic,  on  pousse  le  crochet  transversale- 
ment  vers  la  colon ne  vertebrale.  Des  qu'on  sent  1'instru- 
ment  arr£te  par  le  corps  des  vertebres,  on  tourne  le 
c6te  tranchant  du  crochet  du  c6te  du  dos  et  on  retire 
1'instrument  en  coupant  ce  qu'il  accroche. 

On  arrive  au  meme  resultaten  enfonrant  rinstriiment 
entrc  les  apophyses  transverses  de  la  derniere  vertebre 
dorsale  et  de  la  premiere  lombaire.  Puis  on  fait  glisser 
le  crochet  tranchant  sur  la  face  laterale  du  corps  de  la 
vertebre ;  et,  en  inclinant  la  pointe  de  rinstriiment  en 
dehors,  on  le  retire  en  coupant  le  nerf  qui  est  accroche. 
L'aorte  est  a  eviter. 

Exp.  -  -Sur  un  chien,  de  taille  moyenne,  on  fit  la 
section  des  deux  grands  splanchniques,  en  pene'trant 
danslapoitrine  par  les  procedesindii[iirs.  i^cliien  ('tail 
etherise  et  n'oprouva  aucune  douleur  au  moment  de 
Toperation.  II  revint  des  eflets  do  re'th^risation  comme 
a  I'ordinaire  et  il  ne  se  manifesta,  a  pros  I'operation, 
aucun  phenomene  general  qui  put  otro  altribiu'1  a  la  sec- 
tion des  nerfs  sympathiques. 

Le  lendernain,  r animal  paraissait  tresbien  portantet 
mangea  comme  a  rordinairo.  11  tut  consent  pendant 
Irois  jours  sans  qu'on  reconniU  aucun  changement  no- 
table dans  sa  sante.  Le  quati'ieme  jour,  1'animal  etait 
en  pleine  digestion,  on  repeta  le  procede  de  la  section 
des  nerfs  splanchniques,  dans  la  pensee  ou  1'on^tait  que 
1'operation  n'avait  peut-etre  pas  reussi  la  premiere  fois. 
Cette  seconcle  operation,  faite  egalement  pendant  rethe"- 
risation,  produisit  une  blessure  de  1'aorte  qui  causa 
imiiiediatemont  la  mort. 


528  SECTION    DKS    NERFS    SPLANCIIMOUKS. 

KM  faisant  avec  soin  1'autopsie  de  raninial.  on  con- 
stala  que  les  deux  neiis  splanchniques  avaient  etc  ires 
bieu  coupes  la  premiere  fois,  sans  lesion  d'aucun  urgane 
voisiu.  On  conslata  aussi  chez  ee  ehien,  qui  etait  en  di- 
liestion,  que  lesvaisseaux  chyliferes  etaientremplis  d'un 
chyle  blanc,  que  les  mouvementsperistaltique  existaient, 
que  la  vessie  etait  pleine ;  enfin,  on  n'observa  rien  d'u- 
normal  dans  les  organes  abdominaux.  On  recueillit  en- 
suite  le  sang  des  veines  he'patiques  qui  contenaient  du 
sucre;  et  le  tissn  du  Ibie  donna  une  decoction  laitcuse 
Ires  sucree. 

On  iit  ensuite  avec  soin  la  dissection  des  nerfs  cou- 
|)cs,  et  on  trouva  que  la  sectimi  du  furrand  synqmthique 
avail  (;te  operee  entre  la  dou/ieme  et  la  treizieme  cote. 
Kile  avail  laisse  au-dessons  d'elle  deux  filets  cominuni- 
(juant  encore  avec  la  inoelle. 

Exp.  (15  decenibre  1<S,V2).  -  -Sur  uu  chien,  de  taille 
moyenne,  on  fil  des  deux  rotes  la  section  des  nerfs 
splanchniques,  par  le  procede  deja  indique.  L'aniinal 
etait  etherise,  et,  apres  Toperation,  il  revinl  a  son  (^tat 
normal  sans  presenter  aucun  ])hrnomene  particulier. 

Les  jours  suivants,  Ton  donna  a  manger  a  ce  chien 
qui  resta  toujours  bien  portant. 

Unit  jours  apres  cette  operation,  on  lui  fit  la  piqure  du 
plancher  du  quatrietne  ventricule  pour  obtenir  i'appari- 
tion  du  sucre  dans  les  urines.  An  moment  meme,  1'ani- 
malparulpeu  aflecte;  il  etait  seulementtitubant.  Apres 
nneheure  environ,  il  devint  Iresmalade,  tomba  sur  le 
c6le  sans  pouvoir  plus  se  relever;  il  y  avail  une  saliva- 
tion abondante. 


SECTION    DES    NERFS    SPLAXCHNIQllES.  529 

L'urine,  examinee  avant  Puperation  el  durant  les  trois 
heures  qui  la  suivirent,  ne  presenta  de  sucre  dans  au- 
cun  cas. 

Apres  cinq  jours,  rauinial  etait  gueri  et  a  pen  pres 
revenu  a  sun  t'-lat  normal. 

Tnn's  semaines  apres  la  section  des  nerfs  splanchni- 
qnes,  on  tenta  do  faire  line  fistule  biliaire  sur  cet  ani- 
mal; mais  1'operation  ifayant  pas  reussi,  on  le  sacrifia, 
et  on  s'assura.  par  L'autopsie,  que  les  deux  nerls  grands 
splanchniques  avaieut  ete  parfaitement  coupes  des  deux 
cotes.  Un  pen  de  lissu  cellulaire  rlait  iulerpijse  eulre  les 
bouts  i! irises. 

An  moment  de  la  inert.  I'animal  i'taii  ;i  jeun;  ses  or- 
ganes  ne  presentaient  rien  d'anormal,  si  ce  n'est  une 
legere  rougeur  de  la  vessie  el  de  la  parlie  duodenale  de 
1'inlestiii. 

Le  t'oie  contenait  beaucoup  do  sucre.  II  pesait  :25/i 
grammes;  la  rate,  G/i;  Tanimal  entiei'  pesait  9kil,93"2. 
Dans  le  cervelet,  on  trouva  mi  i>etit  foyer  hemorrha- 
gique  et  dans  la  moelle  allunget^  on  retronva  la  trace 
do  la  piqure  qni  avail  ete  iaite  ;i  droite,  au-dessus  des 
origines  du  pneuinogastrique  et  qui  s'elendait  oblique- 
ment  en  avanl  dans  le  pont  de  Varole.  La  piqure  ne.pa- 
raissait  pas  avoir  atteint  le  point  donl  la  blessure  fait 
constamnient  apparaitre  le  sucre  dans  les  urines,  de 
sorte  qu'il  est  difficile  d'atlribuer  la  non-apparence  du 
sucre  dans  1' urine  a  la  section  du  grand  syinpatlnque. 

Enfin,  Messieurs,  le  grand  sympathique  a  sur  les  pro- 
prieles  de  1'oeil,  soil  sur  sa  sensibilite,  soit  sur  sa  nutrition , 
une  influence  tres  evidence.  Nous  savonsdeja  queTabla- 

B.,  SYS.  NERV. —  ii.  3i 


530  INFLUENCE    DU    (1RAND    SVMPATIIIQUE 

tion  du  ganglita  Ophthalftiique  ;i  une  influence  marquee 
sur  les  inouvcmeuts  cle  la  pupille.  la  sensibilite  de  hi 
corneeetla  secretion  derhumeuraqueuse.  .Mais  desphe- 
nomenes  semblables  pcuvcnt  se  nianifester  lors  menu1 
qu'on  agitsur  des  portions  pluseloignees  du  grand  sym- 
pathique,  comme  le  montrent  les  experiences  suivantes : 

Exp.  —  Deux  lapins  avaient  on  d'un  c6te  le  cordon 
syinpathique  coupe  an  cou.  L'un  deux  fut  etherise  ct  la 
sensibilite  ne  parut  pas.  iPune  maniere  evidente,  per- 
sister  plus  longtemps  dans  I'd-il  du  cote  correspondant 
au  c6te  du  syinpathique  coupe. 

Chez  1'autre  lapin,tu<;  par  le  curare,  on  observa  quc 
I'o3il  du  c6te  ou  le  syinpathique  avait  (He  coupe  restait 
sensible  lorsque  1'autre  ne  1'etait  ])lus.  Au  moment  de  la 
mort,  lorsque  la  dilatation  terminate  cle  la  pupille  sur- 
vint,  elle  apparut  beaucoup plus  lard  dans  1'oeil  du  cote 
ou  le  syinpathique  avait  «He  cuupe,  ce  qui  indique,  en 
un  mot,  ([ue  cet  031!  avait,  en  quelque  sorte,  survecu  a 
1'autre. 

Exp. —  Un  chien  adultc,  en  digestion,  tut asphyxie  par 
la  ligature  de  la  trachee.  On  observa  Ires  nettement  les 
phenomenes  qui  suivent  :  pendant  Tasphyxie,  il  y  cut 
successivement  elargissement,  puis  retrecissement  cle 
la  pupille,  et  enfin,  elargissement  terminal  avec  saillie 
du  globe  oculaire  au  moment  cle  la  mort.  On  observa 
egalement  que  c'est  la  conjonctive  qui  devint  d'abord 
insensible ;  la  cornee  transparente  ne  perdit  sa  sen- 
sibilite que  beaucoup  plus  tarcl  et  tres  peu  apres  1'e- 
largissement  terminal  de  la  pupille.  Presque  aussitot 
apres  la  perte  de  sensibilite  de  la  cornee  transparente, 


SUR  L'OEIL.  531 

1'animal  sembla  fairc  quelques  efforts  inspiratoires.  On 
pratiqna  alors  rinsufflatinn  par  la  trachee  a  1'aide  d'un 
soufflet;  maisce  fut  inutilement,  car  les  battements  du 
coeur  qni  avaient  cesse  ne  reparurent  pas  et  la  mort  fut 
definitive. 

Pour  enlever  Ic  ganglion  cervical  superieur  chez  le 
chieii.  il  faut  faire  unc  incision  en  T,  dont  la  branche 
transversale  passe  imm^diatement  au-dessous  de  la  con- 
que  auditive;  la  branche  verticale  est  prolongee  en  bas, 
le  long  du  bord  posterieur  du  sterno-mastoi'dien.  On 
trouve  d'abnnl  le  bord  posterieur  de  la  uiande  parotide, 
<|iii  sera  dejetc  en  avant  en  menugeanl  la  veinc  jugulaire 
qifon  repoussera  dans  le  menu1  sens. 

On  tire  en  arriere  le  bord  de  la  plaie  forme  par  le 
muscle  splenitis,  et  on  apeivuil  au  fond  de  la  plaie  le 
venire  pnsl.Tiem1  du  di^aslricuie  dunl  on  divise  Tinser- 
tion  postei  ieure  ii  1'os  le  plus  exactement  possible.  Par 
sa  relradinn.  le  muscle  laisse  l\  decouvert,  au-dessous 
de  lui,  les  vaisseaux  et  nerJs  profonds  du  cou  traverses 
par  I'liypoglosse  qui  est  place  sur  le  premier  plan. 

C'est  irnmt'diatement  au-dessous  de  1'anse  que  forme 
ce  nert'  ([lie  se  trouve  le  ganglion  cervical  superieur 
qu'il  devient  alors  facile  d'extraire,  parcequ'en  ce  point 
il  est  sepure  du  pneumogastrique. 

Jlxp.  (4  juillet  1842).  —  Le  ganglion  cervical  supe- 
rieur gauche  fut  extirpe  sur  un  jeune  chieu.  Aussitot 
apres cette  operation ,  rouvertnre  palpebrale  gauche  e'tait 
deformee  et  plus  petite  que  celle  du  c6te  oppose,  et  la 
paupiere  inferieure  semblait  plus  relevee  qu'a  Tordi- 
naire.Lesde  ux  yeux  utaient  chassieux,  mais  particu- 


532  iNKLrexcE  m;  GRAND  SYMPATHIQUE 

lieremcnt  celui  du  cute  ou  le  ganglion  cervical  avail  ele 
enleve.  L'anhnal  paraissait  soufFnrdcs  plaies  qui  elaient 
enflammees. 

Lc  7  juillet,  on  obscrva  tie  nouveau  1'auinial  et 
on  constata  les  monies  phenoinenes.  On  exainina  la 
narine  gauche,  et  on  reconnnt  qu'elle  etait  plus  excitable 
et  coiinne  agitee  cle  fremissenients  niusculaires  con- 
stants. 

Le  (S  juillet ,  nieme  etat.  —  Les  plaies  se  cicatri- 
sent. 

Le  23  aout,  cinquante  jours  apres  1'operation,  1'ani- 
mal  etait  parfaitement  gueri  tie  toutes  ses  plaies;  I'a'il 
gauche  seul  elait  reste  chassieux  :  il  elait  baigne  par  un 
liquide  inuco-piirulent,  sans  que  (Dependant  la  cornee 
fut  alten'r.  11  paraissait  y  avoir  exaltation  de  la  sensi- 
bilite  de  I'lril  gauche.  La  pupille  et  rouverlure  palpe- 
brale  sont  toujours  plus  resserrees  ipie  du  cote  oppose. 
L'aninial  avail,  drpuis  reparation,  conserve  une  petit*' 
toux  (\\il  sunenait  par  quinlcs. 

Ce  cbien  I'ut  ensuite  soumis  a  une  experience  de  la 
commission  qui  examinait  les  travaux  de  Darcet  sur  la 
gelatine. 

Le  6  novembre,  deux  cent  six  jours  apres  1'extirpa- 
tion  du  ganglion.  l'o?il  gauche  est  dans  le  m6me  etat, 
chassieux  ;  Vouverture  palpebrale  et  la  pupille  sont  tou- 
jours resserres;  le  chien  a  toujours  cette  espece  de  toux 
quinteuse.  Ce  jour-la,  on  fitsurl'animal  uneautre  ope- 
ralion  consistant  dans  la  section  de  tous  les  nerfs  du 
plexus  brachial  a  droite,  afin  de  voir  quels  seraient  les 
troubles  que  cette  operation  apporterait  dans  la  nutri- 


SUR  L'OEIL.  533 

tion  clu  membre.  En  memo  temps  on  nourrit  r animal 
avec  de  la  garance,  afin  de  voir  si  elle  passerait  dans  le 
membre  paralyse  de  meme  que  dans  I'autre. 

Le  13  novembre,  laplaie  de  1'aisselle  etaila  pen  pres 
cicatrisee.  II  n'y  avail  ricn  d'apparent  dans  la  nutrition 
du  membre  :  pas  d'cedeme;  la  patte  offrail  une  certaine 
rigidile  et  etait  entrainee  dans  le  sens  de  la  flexion. 

Le  15  novembre,  neuvieme  jour  de  1'alimentation  a 
la  garance,  les  urines  etaienl  rouges  et  I'ammoniaque 
les  rendait  pourpres.  Les  excrements  etaient  brun  noir 
et  I'ammoniaque  y  ivvclait  claiivment  la  presence  de 
la  garance. 

Sur  le  membiv  antmem1  droit  paralyse,  on  mit  a 
decouvert  FarttVe  et  laveine.  L'artere  conlenait  du  sang 
rutilant,  et  laveine  clu  sang  noir.  Les  muscles  de  la 
jainbe,  qui  avaient  leur  couleur  normale,  etaient  excita- 
bles;  il  n'y  avail  aucune  douleur  quand  on  tiraillait  les 
nerfs  du  membre. 

On  chercha  si  dans  le  pus  qui  provenait  de  la  plaie 
il  y  avail  de  la  garance;  il  ne  parut  pas  y  en  avoir; 
rammoniaque  ne  fit  pas  apparaitre  de  coloration  rouge. 

Le  28  novembre  Tamma!  1'ut  sacrifie.  Les  memes 
pluniomenes  deja  observes  du  cote  de  1'oeil  persis- 
taient. 

On  {itl'autopsie  et  on  examina  sile  ganglion  avail  etc 
parfaitement  enleve.  On  le  trouva  enleve  completement 
sauf  une  petite  portion  de  sa  partie  superieure.  Les  pou- 
mons  etaient  sains;  il  n'y  avail  rien  d'anormal  du  cote 
du  COP ur. 

Exp.  (-20  novcmbre  1845).  —  Sur  un  chat  adulte,  on 


INFLUENCE    Dlj    GRAND    SYMPATHIQUE 

dccouvrit  le  filet  de  communication  des  ganglions  cervi- 
casix  et  on  en  fit  la  section  des  deux  nMes.  Ce  tilet  etait 
nni  an  vague,  situe  ois  arriere  de  lui.  et  contenu  dans 
la  inline  gaine;  la  separation  en  fut  assez  difficile.  Apres 
la  section  du  filet  d'un  cn!e.  la  voix  pivsenla  un  timbre 
moinsfort :  en  coupant  1'autre  filet,  le  timbre  dela  voix 
diminna  encore  d'inleiisite;  la  respiration  ire'tait  pas 
genre.  Alors,  desdeux  coles,  lapupille  Ires  sensible  etait 
arrondie  et  seniblait  rlai^ie.  La  troisirnie  paupiere  re- 
couvrait  la  inoitie  au  inoins  (in  i^lobo  de  Toei!.  On  fit 
dcs  essais  infructneux  pour  suivre  le  filet  jusqn'au  gan- 
glion cervical  inferienr;  et,  en  faisant  cello  operalion, 
on  observa  (ju'a  cbaque  cri  d'expii'ation  de  raninial, 
1'oesophage  se  gonflait  d'air  qui  vcnail  de  I'estomac. 

Alors,  on  ouvrit  r abdomen  de  Tanimal,  il  etait  en 
pleine  digestion.  On  titilla  le  ganglion  solaire  et  Ton 
n'obtint  riiMi. 

C'est  apres  celaque  Ton  coupa  les  deux  nerfs  vagues 
dans  la  region  dn  con,  ce  qui  ne  delermina  pas  de  phe- 
nornenes de  suffocation,  Apres cette  section,  on  oxcita  les 
deux  ganglions  solaires  et  on  dctermina  dans  le  thorax 
et  dans  le  train  posterieur  de  Taniinal  des  monvements 
convnlsifs  involonlaires.  On  coupa  et  on  arracha  alors 
les  ganglions  du  plexus  solaire. 

On  ouvrit  ensnile  le  thorax,  le  cceur  battait  avec  force 
ettres  regnlierement.  Alors  on  arracha  les  ganglions 
cervicaux  inierieurs  et  aussitot  les  battemenls  du  cceur, 
de  reguliers  qu'ils  etaient,  devinrent  irreguliers;  et  les 
contractions  confuses  paraissaient  moins  energiques. 

Exp.  —  Sur  un  cochon  d'Inde,  on  coupa  le  filet  sym- 


SUR  L'OEIL.  535 

pathique  au  cou,  apres  quoi  Ton  observa  que  1'ouverture 
palp^brale  ctait  devenue  plus  petite  et  plus  ohlongue  que 
celle  du  c6te  oppose.  An  moment  de  la  section  du  nerf, 
on  vit  diminuer  considerablement  le  calibre  de  Tartere 
carotide. 

On  ne  put  pas  voir  bien  clairement  les  effets  pro- 
duits  sur  la  pupille.  Plus  tard,  ranimaletant  place  a  la 
cave,  dans  1'obscurite.  on  constata,  a  la  lumiere,  que  la 
pupille  etait  bien  plus  dilatee  du  cote  opere  que  du  cote 
sain.  L'oreille  etait  egalcineiit  plus  vasculaire  de  cec6te 
et  sa  chaleur  plus  developpec. 

La  section  du  filet  sympathique  a  done  chez  le 
cochon  d'lude  les  menu's  diets  que  chez  les  autres 
animaux ,  sauf  la  pupille  qui  est  dilatee  au  lieu  d'etre 
retrecie. 

Enfin,  Messieurs,  sur  les  animaux  sains,  la  section  du 
grand  sympathique  manifesto  uussitot  ses  efTetsparune 
injection  violente  dans  tout  le  c6te  correspondant  de 
la  face;  tandis  que  sur  les  animaux  aflaiblis  et  tres  d6- 
biles,  les  phenomenes  sont  excessivement  peu  marques. 

En  outre,  chez  les  animaux  faibles,  il  arrive  de  la  sup- 
puration comine  consequence  de  la  section  du  grand 
sympathique,  ce  qui  n'a  pas  lieu  chez  les  animaux  ro- 
bustes.  Sur  deux  chiens  chez  lesquelsle  vague  et  le  sym- 
pathique avaient  ete  coupes  d'un  cote,  dans  la  region 
du  cou,  les  animaux  etant  devenus  malades,  il  y  cut 
suppuration  dans  le  nez  et  dans  Toeil  du  cote  correspon- 
dant. 

Mais  lorsque  ensuite  les  animaux  reviennent  a  lasante 
et  reprennent  de  la  force,  ces  phenomenes  inflamma- 


536  INFLUENCE   DU   SYMPATIIIQUE 

toires  disparaissent ;  cVst-a-dire  que  la  suppuration 
cesse. 

Lc  syinpathique  parait  avoir  encore  une  intluence  sur 
les  exhalations  des  membranes  soreuses  ainsi  ([ii'il  pa- 
raitrait  resulter  d'experiences  que  nous  avuns  faites  sur 
les  ganglions  cervicaux  : 

E'xp.--  Surun  lapin.  on  enlcva  le  gang-lion  cervical 
infe'rieur  du  cote  droit;  la  niorl  arriva  au  bout  do  six 
jours  et  on  trouva  a  I'autopsic  in:e  pleuresie  ei  surlout 
une  pericardite  inlenso  avcc  formation  d'une  quantite 
considerable  do  t'ausses  meinbranes.  Les  poumoiis 
eluicnt  p:ori?es  de  sang,  particulierement  du  coti*  opi'-iV-. 

Exp.  (1  juin  l«s/ii).  — Sur  nnjinme  lapin, on  enhna 
de  chaque  colt'1  le  ganglion  cervical  siiprrieur  al'aide  du 
procecle  suivant  : 

L'angle  de  la  macboire  inlerieureet  Papophyse  trans- 
verse de  1'alliis  elanl  pris  c<imme  jjoints  de  repere,  on 
fit  line  incision  longitudinale  entiv  ccs  deux  inberosi- 
tes.  Oncvita  la  veiiu?  jugulaire qu'on  repoussa  en  avanl, 
puis ,  un  peu  I'ius  prot'ondi'ineui .  <m  apercut  bienlot 
1'artere  carotide  et  le  pneumogastrique,  (nitre  lesquolsse 
trouve  j^lace  le  ganglion  cervical  superieur  au-dessusde 
1'anse  de  I'hypoglosse. 

II  1'n 1 1 res  facile  alors  d'en  faire  I'ablation. 

Des  deux  c6t(r>s,  le  ganglion  cervical  superieur  fui 
pince,  tiraille,  laccre,  sans  donner  aucune  trace  de 
sensibility.  Le  pneumogastrique  pince  dans  cette  region 
donna,  an  contraire,  des  signes  de  sensibilite  evidente. 

Le  2C2  juin  iS/jl,  treize  jours  apres,  le  lapin  mourut 
apres  quelqucs  jours  de  langueur. 


SUR    LES    EPANCHEMENTS    SEREUX.  5o7 

A  I'autopsie,  on  trouva  un  epanchcrnent  considerable 
dans  la  plevre;  et  des  fausses  membranes  epaisses  qui 
couvraient  entierement  la  face  exterieure  du  pericarde 
etune  partiedupoumon  gauche.  L'interieurde  la  poche 
pericardique  e'tait  entierement  tapisse  par  des  fausses 
membranes mais  rnvjoiilenait  pasde  liquide.  La  surface 
exlri'ieure  du  cceur,  recouverte  par  des  fausses  mem- 
branes, offrait  un  aspect  comme  chagrine.  Les  plaies  du 
cou  rlaient  parfaitement  cicatrisees  et  on  s'ost  assure 
qu'il  n'y  avail  anemic  relation  directe  entre  rintlamma- 
tion  de  cette  plaie  et  la  lesion  du  cirur. 

On  Irouva  chez  ce  lapin ,  comme  cela  arrive  sou- 
vent,  une  grande  quantito  d'hydatides  dans  le  foie  et 
dans  les  feuillels  du  nn'senlere. 

Exp.(\.^  juillet  J8/j2).  —  Sur  un  jenne  lapin,  on 
extirpa  compl&ement  les  quatre  ganglions  cervicaux. 

On  coniiiKMsca  par  F ablation  <ies  deux  ganglions  cer- 
vicaux intV'rieurs  et  on  constata  qu'alors  les  deux  pu- 
pilles  etaient  contracti'-es  el  oflVaient  leur  grand  dia- 
nuMi'e  dans  le  sens  vertical.  Ensuite, on  enlevales  deux 
ganglions  cervicaux  superieurs  :  la  pupille  etaitun  pen 
plus  fortement  contractee.  Apres  cette  operation,  1'ani- 
mal  respirait  plus  lentement  et  plus  difficilement 
qu'avant;  il  but  abondamment  et  ne  mangea  pas. 

Une  heure  api'es  1'operation,  la  respiration  devint 
encore  plus  diiticile ;  les  mouvements  respiratoires 
etaient  lents  et  penibles. 

Trois  heures  apres  :  memo  etat. 

Neuf  heures  apres  :  respiration  excessivement 
anxieuse;  mouvements  respiratoires  lents;  mouvements 


538       INFLUENCE    DES   GANGLIONS    INTERVERTKBRAUX 

du  cocur  lents,  rares;  enGnl'aiiimal  inourut  conime  en 
syncope. 

A  L'autopsie,  on  trouva  unc  quantite  enorme  de 
liquide  dans  la  plevre  et  le  pericarde.  Les  parties  supe- 
rieures  des  poumoiis  etaient  hepatisees  et  tombaient 
au  fond  de  1'eau. 

Le  liquide  contenu  dans  la  plevre  et  le  pericarde  etait 
un  pen  trouble  et  contenait  des  fausses  membranes,  ce 
qui  pourrait  faire  peusor  que  la  pleuivsir  cxislail  avant 
I' operation.  Toutefois,  alors,  ranimal  etait  vif  ct  parais- 
sait  bien  portant. 

Ex}).  — Surun  gros  lapin,  on  fit  d'abord  1'exlirpa- 
tion  des  deux  ganglions  cervicaux  superieurs,  sans  qu'il 
y  eut  rien  de  change  relativemeiit  a  la  raprdili*  «»u  a  i'in- 
tensite  des  bruits  du  coeur  (|ue  Ton  ausculta. 

On  extirpa  ensuite  les  ganglions  cervicaux  inferieurs; 
on  neconstata  pus  encore  de  changeinent  sensible  dans 
les  bruits  du  coeur. 

Puis  on  conpa  les  pneumogastriques  dans  la  region 
moyenne  du  cou.  11  y  eut  aussitut  gene  considerable  de 
la  respiration.  L* animal  inourut  au  l)out  de  six  beures. 

A  1'autopsie  on  trouva  les  poumons  engoues;  ils 
etaient  le  siege  d'un  epanchernent  de  sang  noir;  le  pe- 
ricarde et  les  plevres  contenaient  une  certaine  quantite 
de  serosite. 

Messieurs,  on  a  pretendn  encore  que  lesmouvements 
reflexes  qui  se  passent  lorsqu'on  vient  a  agir  sur  un  nerf 
de  sensibilite  exigeaient,pourleuraccomplissement,  1'in- 
tegrile  des  ganglions  intervertebraux,  qui  des  lors  rem- 
pliraient  le  meme  role,  relativemeiit  aux  mouvements  re- 


ET    DU    GRAND    SYMPATHIQUE.  539 

flexes  externes,que  les  ganglions  du  grand  sympathiqne 
relativernentaux  mouvements  reflexes  internes.  J'ai  deja 
cite,  il  y  a  qnelques  annees,  a  la  Societe  de  biologic, 
cles  fails  de  destruction  partielle  cles  ganglions  interver- 
lebraux  qui  pourraienl  venir  a  1'appui  de  cette  opinion. 
Ces  experiences  consistaient  a  montrer  que  la  des- 
truction des  ganglions  intervertebraux  enlevait  1'action 
reflexe  sans  empecher  la  transmission  de  la  douleur. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  qu'on  pent  observer  des 
mouvements  reflexes  non -settlement  chez  les  animaux 
decapites ,  mais  dans  des  circonstances  ou,  soit  a  cause 
de  la  h'gerete  de  Texcitation  ou  de  Taffaiblissement  des 
proprietes  nerveuses,  1'animai  ne  percoit  plusde  douleur. 
Ces  faits  ressortent  des  experiences  qui  suivent  : 

Exp.  (l\  levrier  1842).  -  -  Sur  un  cbien,  legerement 
stnpefie  par  Topium,  on  decouvritranastomose  auriculo- 
lemporale  de  la  cinquieme  paire  avcc  le  facial.  Son 
pinccmenl  rtait  ires  douloureux,  et,  en  Fexcitant  avec 
unepince,  on  dcti'nninait  des  mouvemenls  dans  les  pau- 
pirres.  On  decouvrit  ensuite  le  nerf  sous-orbitaire  qui 
etait  tres  sensible,  et,  lorsqu'on  Fexcitait  legerement, 
on  produisait  des  mouvements  danslalevre  superieure. 

Ces  experiences  se  rapprochent  de  celles  qui  ont  ete 
deja  faites  sur  le  rameau  auriculaire  du  plexus  cervical 
et  elles  montrent  que,  bien  que  les  nerfs  de  sentiment 
ne  puissent  etre  consideres  comme  les  conducteurs  du 
mouvement,  cependant  leur  excitation  legere,  11011  dou- 
loureuse,  sutlit  a  determiner  un  mouvement  dans  les 
parties  auxquelles  ces  nerfs  se  rendent.  C'est  sans  doute 
par  action  retlexe  qu'a  lieu  cet  effet,  et,  pour  s'en 


5/lO          INFLUENCE    DES    GANGLION'S    SYMPATH1QUES. 

assurer,  il  etait  interessant  de  faire  la  section  du  nerf 
moteur.  En  prenant  1'oreille  pour  exemple,  c'est  le  nerf 
facial  qui  a  ete  coupe  :  les  mouvements  ont  cesse. 

Exp, —  Sur  mi  liv.ard.  deoapiti'1  (Hunt  en  mueet  a  jeun 
depuis  quelque  temps,  apres  avoir  ouvert  I'abdomen, 
on  pinca  le  ganglion  semi-lunaire  qui  est  colle  centre 
la  rate.  A  chacune  de  ces  excitations,  on  ne  vit  aucune 
contraction  dans  1'estomac ;  inais  on  de*termina  con- 
stamment  des  mouvements  dans  les  parois  abdomi- 
nales,  surtout  dn  coir  gauche.  Co  ivsullat  a  etc  constate 
nn  grand  noml)re  de  fois. 

Exp.  —  Lorsque  sur  un  animal  on  a  coupe  la  moelle 
epiniere  etqirensnite  on  I'asphyxic  en  obstruant  les  na- 
rines,  on  voit  des  inonvementsapparaitre  dans  les  mem- 
bres  posterieurs  au-dessous  de  la  section  de  la  moelle. 
Ces  mouvements  se  remarquent  egalement  lorsqu'on 
fait  perirranimal  d'hemorrhagie.  C'est  le  grand  sympa- 
thique,  qui,  sans  donte,  transmet  an  bout  infmeur  de  la 
moelle  epiniere  1'excitation  qui  cause  ces  mouvements. 
Dans  ces  conditions,  on  observe  encore  nn  phenomena 
tres  important,  c'est  que  la  galvanisation  des  bouts  in- 
ferieurs  des  pneumogastriques  fait  apparaitre  des  mou- 
vements dans  le  train  posterieur  paralyse,  ce  qui  n'a 
pas  lieu  dans  les  cas  ou  la  moelle  n'est  pas  coupee. 

Ces  mouvements  prodnits  dans  les  membres  poste- 
rienrspar  1'excitation  du  grand  sympathique  se  remar- 
quent dans  d'autres  circonstances  encore ;  par  exemple, 
lorsqne  dans  les  experiences  sur  le  foie,  on  fait  la  liga- 
ture de  la  veine  porte  a  son  entire  dans  cet  organe, 
comprenant  dans  la  ligature  le  paquet  ncrveux  qui  1'ac- 


MOUVEMENTS    SYMPATHIQUES.  5/J'l 

compagne  :  on  voit  alors  des  mouvements  e'clater  dans 
les  meinbres  inferieurs. 

Pour  les  centres  nerveux,  les  recherches  les  plus 
recentes  tendent  a  prouver  que  les  mouveraents  reflexes 
out  pour  agents  do  transmission  les  cellules  de  la  sub- 
stance grise,  analogues  aux  cellules  des  ganglions  ner- 
veux. Nous  avons  vu,dans  les  norabreuses  sections  de 
la  moelle  epiniere,  qu'il  y  avail  eu  exageration  des 
mouvements  reflexes  et  de  Tactivite  organique  en 
general  dans  les  parties  si  lures  au-dessous  de  la  sec- 

D 

lion  de  la  moelle.  Nous  avuns  vu  que  les  functions  du 
foie  elles-mernes  se  trouvaient  dans  le  cas  des  aulres 
pai'lies  et  quo  cos  tbnctions  etaienl  exagerees.  Ce  qu'il 
y  a  de  remanjuable  dans  ces  experiences,  c'esl  qu'il  taut 
operer  la  section  dans  des  points  bien  determinees  pour 
que  lespbenornenespuissent  se  produire.  Nous  ne  rap- 
pellerons  pas  ce  que  nous  avons  dit  sur  le  lieu  precis  de 
lapiqure  du  |)lancher  du  quatrieme  ventriculesurlequel 
nous  avons  drja  longuement  iusiste.  Nous  rappellerons 
seulemcnt  que,  suivant  que  la  section  de  la  inuelle  porte 
au-dessus,  au  niveau  on  au-dessous  du  rentlemenl  bra- 
chial,  les  effets  soul  essentiellement  differents  el  lors- 
qu'on  veul,  sur  un  lapin,  couper  la  nioelle,  de  maniere 
j'i  produire  dans  Tabdonien  les  mouvemenls  perislalli- 
([ties  el  les  aulres  phenomenes  du  cote  du  foie  decrils 
ailleurs,  il  faul  en  general  faire  la  section  au-dessus  du 
renflemenl  brachial. 

Dans  cette  experience,  il  y  a  un  danger  qui  consiste 
a  couper  la  moelle trop  haul,  au-dessus  de  1'origiue  des 
nerfs  phnhiiques.  de  telle  sorte  que  Taninial  meurt  subi- 


5/lc2  EFFETS    SYMPATHIQUES. 

tement  aspbyxie.  II  y  a  nn  precede  qui  conduit  juste  sur 
1'espace  intervertebral  qu'il  taut  atteindre.  Pour  cela.on 
saisit,  entre  le  pouce  ct  I'index  de  la  main  gauche,  la 
colonne  vertebrate  par  derriere.  immediatement  au- 
dessus  de  la  premiere  cole.  Kn  remontant,  on  trouve  a 
un  centimetre  on  deux,  une  depression  qui  correspond 
a  1'espace  intervettebral  dans  lequel  il  taut  penetrer 
avec  rinstrument.  De  cette  maniere,  on  menage  tou- 
joursles  originessuperieures  des  nerfs  phivmijiies. 

Enfin  ces  actions  re'llexes,  qui,  d'apres  la  tbeorie  ac- 
tuelle,  sont  sous  la  dependence  des  cellules  du  grand 
sympatbique,  senibleni  prendre.  ainsi  quecertaines  se- 
cretions qui  en  depcndraient.  une  plus  graude  activite 
sous  rintluence  de  cerlaines  substances,  le  curare  en 
particulier.  Yoici  un  nouvel  exemple  de  cestaitssurles- 
(uiels  nous  avons  dejii  appel<;  ['attention. 

Exp.  ('28  octobre  1851).  —  Sur  un  gros  chien,  bien 
portant.  ayant  servi  quelques  jours  auparavant  a  1'eta- 
blissement  d'une  fistule  pancreatique  ijui  etait  cicatri- 
see,  on  introduisit.  nu  commencement  de  la  digestion, 
une  solution  de  curare  sous  la  peau  du  dos.  Dix  a  douze 
minutes  apres,  le  poison  tit  sentir  ses  effets  et  la  respi- 
ration s'arreta.  Alors  on  placa  1'animal  sur  une  table  et 
on  soulila  dans  la  tracbee  avec  un  soufllet  pendant  envi- 
ron deux  heures  et  demie,  en  cessant  seulement  par 
intervalles.  Voici  ce  qu'on  observa  : 

Le  sang,  pendant  1'insufflation,  etait  tres  bien  pousse 
dans  les  arteres  par  le  cceur  et  le  pouls  etait  tres  mani- 
feste.  Aussitot  qu'on  cessait  I'insuillation,  le  sang  devenait 
noir  dans  les  arteres;  des  qu'on  la  recomineiicait  il  deve- 


MOU YEMENIS    SYMPATHIQUES. 

nait  rutilaiit.  Pendant  rinsufflation,  les  pupilles  etaient 
constammenten  mou  veinent,  se  dilatant  ou  se  retrecissant 
suivant  qu'on  diminuaitou  qu'on  laissait  arriver  la  lu- 
miere.  II  y  avait  cependant,  en  general,  dilatation  pupil- 
laire.  Pendant  1'insufflatioii,  il  y  avait  secretion  abon- 
daute  de  larmes  et  de  salive;  la  plaie  rneme  de  la  fistule 
pancreatiquc,  qui  n'etait  pas  encore  completement  ci- 
catrisee,  secouvrilabondannnent  d'une  sorte  de  plasma 
ou  de  scrosite.  Apres  deuxheures  d'insufilation,  lecoeur 
battaittres  bien.  Alors,  on  di'couvritle  pneumogastrique 
droit  et  on  le  coupa  dans  la  region  moyenne  du  cou. 
On  vit,  a  ce  moment,  que  la  pupille  du  cote  correspon- 
dant  se  retrecit.  Quand  on  saisissail  avec  des  pinces  le 
bout  superieur  du  vague  et  du  sympathise,  la  pupille 
se  dilatait  largement,  tandis  quc  le  pincement  et  le  ti- 
raillcment  des  bouts  inferieurs  dn  inr-nie  nerf  ne  pro- 
dnisaient  aucuii  effet  sur  la  pupille.  i^n  m6me  temps,  et 
lorsqu'on  avait  cesse  momentanement  1'insufflation,  on 
vit  se  manifester  dans  les  menilircs  nne  espece  detrem- 
blement  convulsif.  II  y  avait  des  iiiouvcmeiits  de  deglu- 
tition, des  mouvements  dans  la  queue,  et  emission  des 
urines  et  des  excrements  :  puis  enfin  des  sortes  de  ten- 
tat  ives  de  mouvements  respiratoires.  Un  end  nit  sec,  qui 
s'etait  forme  sur  la  cornee,  disparut  en  partie  et  les 
pulsations  semblerent  devenir  plus  fortes.  Alors  on 
coupa  le  nerf  sciatique  et  on  irrita  les  deux  bouis.  L'ir- 
ritation  du  bout  inferieur  pi'oduisitquelques  mouvements 
dans  les  muscles,  et  celle  du  bout  superieur  des  mou- 
vements geiK'imix  dans  tout  le  corps.  Alors  on  constatu 
I'apparition  du  sucre  dans  1'urine.  Enfin,  ayant  cesse 


EFFET    DE   LA    SKGTION    DE    LA    ?,TOELLE    E>INIERE. 

d'insuffier  Familial,  il  moui'ut.  On  a  remarque  quo  les 
muscles  etaient  plus  irritables  qu'a  1'ordinaire,  et  a 
Faulopsie  les  ganglions  solaires  out  puru  plus  rouges. 

Entin,  Messieurs,  dans  cette  lecon,  la  derniere.  rela- 
tive an  systenie  nerveux.  nous  ilevons  reimir  ce  qui 
nous  reste  a  dire  sur  ee  sujet.  Nous  vous  avons  dcja 
rappolo  beaucoup  d'exp^riences  isolees  el  sc  raltachanl 
en  meme  temps  a  des  sujets  divers;  il  nous  reste  en- 
core a  ajouter  quelque  chose  a  des  experiences  dont 
in nis  vous  avons  souvent  entrelenus.  rnais  dont  rex- 
plication  physiologique  est  fort  dillicile,  et  en  meme 
temps  1'ort  imporlanle. 

II  s'agil  tie  recherches  sur  la  piqure  du  plancher  du 
(juatrieme  ventricule,  et  du  mccanisinc  par  lequel 
cette  lesion  vienl  rcagir  sur  le  foie.  Nous  vous  avons  deja 
dit  que  celte  piqure  ne  se  tiansinel  ]>as  par  lespneurno- 
gastriques.  D'apivs  des  experiences  que  nous  vous  avons 
citees  precedemment,  elle  ne  se  transmettait  pas  11011  plus 
par  les  filets  du  grand  splanchnique.  il  s'agiraitde  savoir 
si  la  moelle  epiniere  est  1'agent  de  cette  transmission. 
Nous  avons  fait  a  ce  sujet  quelques  experiences  que  nous 
allons  vous  rapporter;  nous  y  joindrons,  en  m6me 
temps,  quelques  nouveaux  resultats  relatifs  an  diabete 
artificiel  dont  nous  vous  avons  deja,  a  d'autres  points 
de  vue,  cite  beaucoup  d'exemples. 

Celles  que  nous  allons  d'abord  vous  rapporter  eta- 
bliront,  qu'en  suivant  notre  precede  ordinaire,  quicon- 
siste  a  Iraverser  le  cervelet  avant  d'arriver  sur  le  plan- 
cher du  quatrieme  ventricule,  la  blessure  du  cervelet 
n'a  aucune  action  sur  la  production  du  sucre  et  que 


SUR    LE    DIABETE    ARTIFICIEL.  5/|5 

cette  production  de  sucre  pout  avoir  lieu  lorsqu'on  ar- 
rive sur  le  plancherdu  quatrieme  ventricule  sansblesser 
le  cervelet.  Nous  avons  montre,  en  outre,  dansd'autres 
circonstances.  que  les  blessures  stiperficielles  de  la 
moelle  allongee,  soit  sur  sa  partie  anterieure,  soit  sur 
sa  partie  posterieure,  ne  produisent  pas  le  diabete  arti- 
ficielet  qu'il  faut,  pour  le  determiner,  atteindre  la  partie 
moyenne  de  1'epaisseur  de  cette  partie  des  centres 
nerveux. 

Exp.  (2'>  juin  1850).  -  -Sur  trois  lapins  de  la  m6me 
portee  on  fit  les  experiences  suivantes  : 

1°  Sur  Tun  deux,  on  decouvritla  membrane  occipito- 
atloi'dienne  en  ecartant  les  muscles  de  la  inique  sans  les 
diviser  en  travers,  a  fin  d'eviter  la  titubation  qui  en  est 
la  consequence.  On  divisa  ensuite  la  membrane  occipito- 
atloidieimed'ouresultarecoulement  du  liquide  cephalo- 
racbidien ;  apres  on  introduisit  Finstrument  a  piqure  par 
I'orifice  inferieur  du  quatrieme  ventricule,  de  maniere 
a  en  blesser  le  plancber  au  niveau  de  Vorigine  des 
pneumogastriquessans  leser  le  cervelet.  An  moment  de 
la  piqure,  qu'im  mouvement  de  1' animal  rendit  un 
peu  plus  etendue.  il  y  eut  une  espece  de  sideration,  les 
respirations  s'arrelerent  et  les  conjonctives  devinrent 
insensibles.  Mais  bient6t  1'animal  se  retablit,  la  res- 
piration s'effectua  de  nouveau  et  les  yeux  reprirent 
leur  sensibilite.  Toutefois  1'animal  resta  coucbe  sur  le 
cote.  . 

Apres  une  heure,  les  urines  recueillies  etaient  alca- 
lines,  troubles,  jaunatres  et  ne  contenaient  pas  de  sucre, 
Plus  tard,  I' animal  t'tait  toujours  dans  le  m&me  etat, 

I/.,  SVST.    KKRV.  —   II,  35 


5/lG  EFFETS   DE    LA    SECTION    DE    LA   MOELLE 

mais  ses  urines  abondantes,  toujours  troubles,  conte- 
naient  beaucoup  de  sucre. 

Cinq  heures  apres  la  piqure.  ranimal  etant  toujours 
couche  sur  le  flanc  et  dans  le  meme  etat,  ses  urines 
etaient  claires,  abondantes,  et  contenaient  toujours  du 
sucre  quoique  enquantite  moindre  que  pivnnlemment. 

L'aninial  fut  saerifie  par  decapitation  et  on  recueillit 
tout  son  sang. 

Apres  1'autopsie,  on  retira  le  tbie  qui  pesait  45  gr. 
II  donna,  par  decoction  un  liquide  laiteux  sucre  qui 
renfermait  pour  la  totalite  du  foie  Osr,lG  de  sucre,  ce 
qui  fait  Ogr,35  pour  100  grammes  de  foie. 

Le  sang  contenait  Ogr,225  de  sucre  par  100  centi- 
metres cubes  de  sang. 

L'autopsie  de  la  tete  montra  que  1' instrument  avail 
produit  une  large  piqure  oblique  qui  sYtendait  sur  le 
plancher  du  quatrieine  ventricule  dupuis  le  bee  du  cala- 
mus scriptorius  jusqifaux  tubercules  de  Wenzel,  prrs 
de  1'orifice  posterieur  de  1'aqaeduc  de  Sylvius. 

2°  Sur  un  second  lapin,  on  perfora  1'occipital  avec 
1'instrument  qu'oii  enfonca  dans  1'cpaisseur  du  cervelet 
sans  aller  assez  profondement  pour  atteindre  le  plancher 
du  quatrieme  ventricule. 

Aussitot  apres  1'experience,  1'animal  pre'senta  des 
respirations  plus  accelere'es;  il  e'tait  comme  cbancelant 
sur  ses  pattes. 

L'urine  examinee  avant  Fexpe'rience  etait  trouble, 
jaunatre  et  alcaline,  ne  contenant  pas  de  sucre. 

Trois  quarts  d'beure  apres,  les  urines  presentaient  les 
memes  caracteres  et  ne  contenaient  pas  de  sucre. 


SUR    LE    DIABETE   ARTIFICIEL.  5/j7 

Deux  heures  apres,  les  urines  examinees  ne  ren- 
fermaient  pas  de  sucrc  et  n'avaient  pas  change  d'as- 

p'Ct. 

Plus  tarcl  encore,  les  urines  de  1'animal  n'offraient  pas 
de  sucre. 

3°  Sur  letroisieme  lapin,  on  piquala  moelle  allongee 
en  traversant  Iccervelet.  Aussitot  apres  1'animal  presenta 
d(!S  respirations  plus  accelc'rees;  puis  il  eut  des  mouve- 
ments  de  roideur  convulsive  dans  ses  membres  sur 
lesquels  il  se  tient  souleve. 

Avant  1'expericnce  les  urines  etaient  troubles,  jau- 
i nitres,  alcalines  et  ne  contenaient  pas  de  sucre. 

Trois  quarts  d'heure  apres,  les  urines  etaient  troubles, 
alcalines  et  contenaient  des  traces  douteuses  de  sucre. 

Une  beure  apres  lapiqure,  il  y  avail  evidemnient  du 
sucre  ({unique  en  petite  quantiie. 

Tne  beure  et  demie  pins  tard,  les  urines  toujours 
troubles  et  alcalines  renferniaicnt  une  grande  quantity 
du  sucre. 

Un  quart  d'beurc  apres  on  tua  1'animal  par  decapita- 
tion, en  recueillantson  sang.  Son  foie  pesait/il  grammes 
et  donnaii  une  decoction  sucree  qui  accusa  Qs',88  de 
sucre  pour  100  grammes  de  tissu  frais  du  foie. 

Le  sang,  dose,  contenait  O3'yj69  par  \  CO  centimetres 
cubes  de  sang.  Eniln,  Turine  la  plus  sucree  contenait 
une  quantite  de  sucre  corresponclant  a  42gl,5  pour  100 
centimetres  cubes  d'urine. 

Exp.  —  Sur  un  lapin  adulte,  bien  portant,  on  fit  la 
piquredu  plancber  du  quatrieme  ventricule  par  le  pro- 
cede  ordinaire.  Au  bout cVniieheure environ,  1'urine  dn 


5'i<3  EFFETS    DE   LA    SECTION    DE    L\    MOF.LLE 

lapiii  contenaittres  6videmment  du  sucre,  dont  la  pre- 
sence fut  constatee  par  la  reduction  du  liquide  cupro- 
potassique  et  par  la  fermentation.  L' animal  n'avait  pas 
de  desordres  tres  marques  dans  les  mouvements,  si  ce 
n'est  un  pen  d'inclinaison  de  la  tete  a  droiie.  Environ 
line  heui'e  et  demie  apres  la  piqure,  lorsque  la  quantite 
de  sucre  etait  considerable  dans  les  urines  et  dans  le 
sang  de  la  veine  jugulaire,  on  coupa  la  moelle  epiniere 
tout  a  fait  an  commencement  de  la  ivgion  dorsale. 

Aussitot  apres  cette  section  de  la  moelle,  le  lapin  fnt 
completement  paralyse  de  tout  le  train  poste'rieur.  Les 
cotes  etaient  ini mobiles  et  V animal  respiraitpar  ledia- 
phragme  seulement. 

La  formation  de  Tnrine  scmbla  arnMee  par  la  section 
de  la  moelle;  car,  apirs  cette  operation,  il  fut  impos- 
sible d'en  fa  ire  rendre  a  Tani'mal. 

Deux  heures  environ  apres  la  section  de  la  moelle, 
n'ayant  pu  obtenir  de  Tanimal  aucime  quantite  d'urine, 
on  retira  du  sang  de  la  veine  jn^ulaire  et  de  Tartere 
carotide,  et  on  constala  (|ue  le  sucre  y  avait  conside- 
rablement  diminue  sans  avoir  toutefois  disparn. 

D'apres  cela,  i!  paraitrait  vraisemblable  quela  section 
de  la  moelle  epiniere  aurait  fait  diminuer  la  production 
du  sucre  dansle  sang  et  dans  Turine,  si  la  formation  de 
ce  dernier  liquide  n'avait  pas  ete  completement  arretee. 

L'animal  fut  alors  tue  par  hemorrhagie,  et  son  foie 
etant  examine  donna  une  decoction  tres  laiteuse  qui 
contenait  tres  peu  de  sucre. 

L'autopsie  de  la  tete  rnontra  que  la  piqure  avait  ete 
faite  au  niveau  des  tubercules  de  Wenzel  et  un  peu  sur 


SUR   LE   DIABETE   ARTIFICIEL.  5/l9 

le  c6te"  droit,  ce  qui  explique  1'inclinaison  de  la  tete  de 
Fanimal  de  ce  c6te. 

La  quantite  d'urine  qui  s'etait  ecoulee  avant  la  section 
de  lamoelle  ne  paraissait  pas  pi  us  considerable  quedans 
les  conditions  normales. 

Exp.  —  Sur  un  autre  lapiu,  adulte  etbien  portant, 
on  fit  la  piqure  du  plancherdu  ventricule,  et,  une  heure 
environ  apres.  on  exaniina  Turine  qui  contenait  beau- 
coup  desucrc.  Le  lapin  avait  quelques  troubles  dans  les 
mouvcmenls  et  etait  un  pen  cbancelant.  On  suivit  1'ani- 
rnal  pendant troisheureset  on  constata  que  1'urine,  qui 
n'etait  pas  augmented  de  quantite,  contenait  toujours 
beaucoup  de  sucre.  r.rlte  particularity  que  I'liriue  etait 
sucree  sans  etre  plus  abondante,  faisait  supposer,  d'a- 
pres  d'autres  experiences  (h'-ja  indiquees  (t.  \)  que  la 
piqure  dcvait  sieger  un  pen  haul. 

On  sacrifia  raniinal  pour  la  ire  1'autopsie  de  sa  t6te, 
et  on  trouva,  en  ellet,  que  la  piqure  siegeait  un  pen 
au-dessus  des  tubercules  de  Wenzel  et  sur  la  limite  de 
la  region  dout  la  lesion  produit  le  diabete. 

Chez  le  lapin,  la  quantitV1  de  sucre  commencait  deja 
a  diminuer  dans  1'urine,  trois  beures  apres  la  piqure, 
au  moment  ou  il  fut  sacrifle. 

Exp.  —  Sur  un  jeiine  chien,  bien  portant  et  en  diges- 
tion, on  fit  la  piqure  du  plancher  du  quatrieme  ventri- 
cule. II  en  resulta  un  pen  de  deviation  dans  la  tete  du  cote 
gauche,  et  un  desordre  marque  dans  les  mouvements. 
Environ  une  heure  et  demie  apres  la  piqure,  on  rctira 
de  V urine  de  la  vessie  an  nioycn  de  la  soncle,  et  Ton  y 
constata,  d'une  maniere  ires  evidente,  la  presence  du 


550  SliCRtTlON   SAUVAIRK 

sucro.  Chez  cet  animal,  on  rernarqua  en  mAinc  lemps 
(ju'iine  salivation  tr&s  abondante  s'etail  d&velopp6e  a  l;i 
suite  de  la  piqnre,  ct  on  mil  a  drconverl  les  conduits 
salivairesparolidien  el  sous-maxillaire.  tFabord  du  cote 
gauche,  puis  di:  cote  droil.  Du  cole  gauche,  il  y  avail 
line  secretion  de  la  Claude  sous-maxillaire  plus  forte 
que  la  seeretion  parotiiiienne  du  meme  cole ;  inais  on 
conslaiait  tres  uetteineiit  qu'ii  druite  la  secretion  sous- 
inaxillaire  etait  beaucoup  plus  forte  ({lie  celle  dn  cut«i 
gauche.  On  mil  un  tube  dans  chacun  des  conduits  sons- 

c  ' 

inaxillairesetonobserva  encore  dc  nonveau  (jue  la  (juan- 
titi'1  cle  salive  (jui  s'ectuihiit  par  le  tube  droit  ('tail  beau- 
conp  plus  consid('irable  ([lie  cello  (jui  s'ecoulait  par  le 
tube  gauche.  A  droite.  lYcoulement  de  la  salive  etait 
continu,  tandis  qu'ii  gauche  il  etait  quelquefois  presque 
mil  et  s'accelerait  surtont  lorstfu'on  irritait  la  plaie 
dans  laquelle  se  trouvait  le  nerf  lingual. 

Ace  moment,  on  coupa  It,1  ueif  lingual  des  deuxcotos 
eton  pinca  successiveinent  les  deux  bouts  perinluTiqnes 
et  les  deux  bouts cculiaux  de  ces  nerfs.  Lorsqu'on  pin- 
rait  les  bouls  periphe'riques.  on  n'observail  d'augmenta- 
tion  de  la  secrelion  salivaire  ni  a  droile  ni  a  gauche. 
Lorsqn'on  pincail,  au  conlraire,  les  bouts  centraux,  il  y 
avail  augmenlalion  de  st-crelion  it  droile  el  a  gauche, 
pour  le  pincemenl  de  chacun  des  bouls.  On  observa 
seulement  ceci  de  particulier  que,  lorsqu'on  pincail  le 
boul  central  du  nerf  lingual  droit,  on  provoquail  de  ce 
cole  un  ecoulemenl  tres  abondant  de  salive,  et  du  cote 
oppose  un  ecoulement  faible;  tandis  que,  en  pincant  le 
bout  central  du  nerf  lingual  gauche,  on  provoquait  un 


ET   DIABETE   ARTIFICIEL.  551 

ecoulement  rnodere  de  salive  dans  la  glande  clu  meme 
cole,  et  uu  ecoulement  tres  considerable  dans  celle  clu 
cote  clroit. 

On  voit  par  la  quo  le  pincement  des  bouts  centraux 
des  deux  nerfs  linguaux  agissait  toujours  plus  energi- 
(juement  sur  la  secretion  salivaire  du  cote  droit ;  ce  qui 
prouve  quo  la  piqure  avail  apporte  a  1'origine  du  nerf 
de  ce  c6te  nne  excitation  fonctionnelle.  Cependant,  il 
paraitrait  qu'il  y  cut  effetcroise,  car  1'animal  deviait  la 
tele  a  gauche. 

Apres  avoir  fait  toutesces  constatations,  on  a  essaye  la 
section  des  nerfs  splanchniques  dans  le  thorax  d'apres  le 
precede  deja  indique ;  puis  on  a  laisse  ranimal  en  repos. 

Cette  nouvelle  oprration  no  changea  rien  a  I'ecou- 
leinent  de  la  salive  qui  rlait  toujours  tres  abondant  et 
continue!  du  coir-  droit,  tandis  qifa  gauche  cet  ecoule- 
ment etait  tres  iaible. 

Environ  trois  heures  apres  la  section  des  nerfs  splanch- 
niques, on  retira  de  1'urine  de  la  vessie  de  F animal, 
et  on  y  constata  r absence  du  sucre,  tandis  que  dans  les 
urines  recueillies  avant,  on  avait  reconnn  sa  presence  au 
moyen  de  la  fermentation  et  duliquidecupro-potassique. 

Al'autopsie,  on  vit  que  la  piqure  siegeait  imme- 
diatement  an-dessus  de  1'origine  du  pneumogastrique, 
et  un  pen  a  droite,  du  cote  oppose  a  la  deviation 
de  la  tete.  Le  siege  de  cette  piqure  explique  tres  bien  la 
presence  du  sucre  dans  1' urine,  la  deviation  de  la  tete 
a  gauche,  et  la  secretion  plus  abondante  de  salive  du 
c6te  droit.  On  trouva  chez  ce  chien  des  traces  de  vas- 
cularisation,  com  me  inflannnatoire,  dans  les  ventri- 


552  EFFETS    DE    LA    SECTION    DE    LA    MOELLE 

cules.  Le  foie  el  I'urine  ne  contenaient  pas  cle  sucre. 
Exp.  —  Sur  un  lupin,  en  digestion  et  bien  portant, 
on  coupa  la  moclle  epiniere  an  commencement  de  la 
region  dorsale,  apres  qnoi  on  piqua  le  plancber  du  qua- 
trieme  ventricule  coinnic  pour  rendre  lo  lupin  diabe- 
ti(|ue.  Mais,  ainsi  que  nous  1'ont  montre  les  experiences 
pnvrdentes.  comnie  il  esl  impossible  d'avoirde  1'nrine 
dans  ces  conditions,  nous  avuns  en  recours  a  1'examen 
du  sang  pour  y  constater  la  pivsence  du  sucre.  On 
avail,  avaut  la  piqnre  du  plancher  du  quatrieme  ven- 
tricule, saigne  Familial  et  vide  la  vessic  de  Turine  qu'elle 
contenait.  Ensuiie  mi  laissa  en  repos  1'animal  qui  etait 
panilysi'1  du  train  posterieur.  couclie  sur  le  cote,  ne 
respirant  que  par  rabdnmen. 

Tne  beure  el  demie  aj)res,  ranimal  etant  toujours 
dans  le  ineine  etat,  on  le  saigna  de  notiveau  a  la  memo 
vein*;  jugulaire.  et  on  vit  tm'il  n'y  avail  pas  d'urine 
dans  la  vessie. 

Kn  t'xaminant,  an  point  de  vue  du  sucre,  le  sang  des 
deux  saignees,  on  constata  qifil  existait  du  sucre  dans 
toules  deux,  el  il  etait  diilicile  de  determiner  s'il  y 
en  avail  plus  dans  un  cas  quo  dans  Tautre. 

Trois  heures  el  demie  apres  I' operation,  1'animal  etant 
toujours  dans  le  meme  etat,  on  fit  de  nouveau  une  sai- 
gnee  a  la  veine  jugulaire.  et  on  conslala  qu'il  n'y  avail 
plus  de  sucre  dans  le  sang.  On  observa  cle  plus  qu'a  ce 
moment  la  temperature  de  Fanimal  avail  conside'rable- 
ment  baisse  dans  le  rectum,  et  que  de  38  degres,  tem- 
perature normale.  elle  etait  descendue  a  23  degres. 
\lors  on  tua  1'animal  par  bemorrhagie,  et  on  con- 


SUR   LE    DIABETB   ARTIFICIEL.  553 

stata  de  nouveau  clans  tout  son  sang  qu'il  n'y  avait  pas 
de  sucre. 

Le  foie  donna  une  decoction  tres  laiteuse  qui  etait 
depourvue  de  sucre. 

L'autopsie  de  la  t6te  montra  que  la  piqure  avait  ete 
faite  dans  le  lieu  convenable  pour  produire  1'apparition 
du  diabete. 

Cette  experience  est  interessante  en  ce  qu'elle  nous 
montre,  d'abordqu'apres  la  section  de  la  moelleepiniere 
1'urine  cesse  de  se  produire  et  que  le  sucre  disparait  du 
sang,  d'on  il  resulte  clairement  que  1'action  dela  piqure, 
qui  a  pour  effet  d'augmenter  cette  transformation  de  ma- 
tiere sucree,  ne  pent  plus  se  transmettreau  foie  lorsque 
la  moelle  ('pim'ere  a  (Hi'1  couple.  De  plus,  nous  avons  vu 
lo  tissu  du  foie  lui-meme  ne  plus  contenir  de  matiere 
sucree.  mais  il  renfermait  la  matiere  glycogene  qui, 
dans  ce  cas,  ainsi  que  cela  alien  dans  toutes  les  sections 
dc  la  moelle,  semble  s'etre  formee  en  quantite  plus  abon- 
dante,  comme  si  le  tissu  du  foie  avait  acqnis  un  surcroit 
de  vitality,  comme  cela  a  lieu,  dans  ces  conditions,  pour 
les  tissus  muscnlaire  et  nervenx. 

Exp.  -  -  Sur  un  lapin  adulte  etbien  portaut  on  fit  la 
piqure  du  plancher  du  qnatrieme  ventricule,  en  cher- 
chant  a  tomber  un  pen  plus  bas  que  le  point  ordinaire, 
pour  obtenir  vine  augmentation  de  1'urine  en  m£me 
temps  que  1'apparition  du  sucre. 

Apres  la  piqure,  I'animal  eprouva  un  desordre 
considerable  des  mouvements  et  une  espece  d'opis- 
thotonos.  Apres  cette  piqure,  la  quantite  de  Turine 
augmenta  considerablement,  et  de  trouble  qu'elle  etait 
avant  1'operation,  elle  devint  limpide  et  transparente. 


554  DIACtTE    ART1FICIEL. 

Pendant  trois  on  quatre  heures  apivs  1'operation, 
on  constata  raugmentation  de  la  quantite  d'urinc  ,  mais 
il  u'apparut  poini  de  sucpa,  On  tua  alors  raninial  par 
hemorrhagie  et  on  constata  clans  son  sang  dcs  traces 
excessivement  faibles  de  sucre;  on  nYn  put  pas  trouver 
ilans  la  decoction  de  son  foie,  qui  etait  a  pen  pres 
transparent*?.  L'autopsie  de  la  tete-  inontra  que  la  pi- 
qure otait  faite  bien  exaclement  sur  la  %ne  mediane ; 
mais  beaucoup  au-dcssous  des  tubercules  do  Wenzel,  et 
c'est  la  mi  des  cas  quo  nous  avons  dt'iii  signales,  dans 
lesquelson  pent  produire  raugmentation  de  Turin*;  sans 
1'apparition  du  sr.civ. 

E;rj>.  -  -  I'n  ehien  de  forlc  taille,  eten  digestion,  fut 
pique  an  plancher  du  quatrieme  ventricule,  apresqu'on 
eut fait prealal denicnt. iiTaide  (run  perforatcur, nn  trou 
a  1'occipital  jiar  lequel  on  put  diriger  riustrument.  An 
moment  de  la  piqure,  raninial  fit  un  moiivemcnt  qui 
causa  une  blessure  plus  large  el  drs  (h'-sord res  conside- 
rables dans  les  mouvfiiicnts.  L'animal  avail  la  tete 
fortement  inclinee  a  droite,  poussait  des  hurlements 
Ires  forts,  fut  pris  de  vomissernents  ct  d'une  salivation 
tres  abondante. 

Une  heure  apres  environ,  on  examina  1'urine  qui 
contenait  des  quanlites  considerables  de  sucre,  et  elle 
resta  sucree  justm'a  la  uiort  de  Tanimal,  qui  cut  lieu 
pendant  la  nuit.  En  effet,  le  lendemain  on  retira  de 
1s urine  de  la  vessie.  apres  la  mort,  et  on  constata  ({n'elle 
etail  tnujours  sucree.  Le  tissu  du  foie  donna  une  de- 
coction qui  contenait  egalement  du  sucre. 

L'autopsie  de  la  tete  montra  que  la  piqure  siegeait  a 
droite,  qu'elle  etail  oblique,  tres  etendue,  et  reniou- 


DIABETE   AHTIFICIEL.  555 

tait  jusqu'au-clessus  f!e  1'origine  cles  pneumogastiiques. 

On  pent  voir,  d'apres  les  experiences  precedentes, 
que  les  resultats  obteuus  offrent  une  grande  variete 
quant  au  rapport  entre  1'apparition  du  sucre  clans  les 
urines  et  sa  production  dans  le  foie. 

De  plus,  dans  ces  experiences,  nous  avons  vu  que  la 
section  dc  la  moelle  epiniere  fait  disparaitre  le  sucre 
du  sang  ainsi  que  de  la  decoction  du  foie;  mais,  dans 
ce  cas,  le  foie  contient  de  la  matiere  glycogene  en  tres 
grande  proportion. 

Quant  a  la  section  des  nerfs  splanchniques  et  a  1'in- 
lluence  que  cette  operation  peut  avoir  sur  la  production 
du  diabetc  artificial,  nous  voyons  que  la  section  de  ces 
nerfs  ne  parait  pas  einpiVher  ce  phenomene.  II  en  re- 
sulterait  que  c'est  probablemeot  par  les  filets  splanch- 
niques IK'S  plus  haul  que  peut  se  transmettre  cette 
action  de  la  piqurc  du  plancher  du  quatrieme  ventri- 
cule,  qui  doit  rvidemment  se  propager  depuis  la  moelle 
allongee  jusqu'au  foie  par  une  continuity  nerveuse. 

Aujourd'hui,  le  cours  de  ce  semestre  se  trouve  ter- 
miiic',  cl  l;i  doivent  s'arreter  pour  le  moment  nos  etudes 
sur  le  systeme  nerveux.  Nous  n'avons  pas  eu  la  preten- 
tion  d'epuiser  notre  sujet.  Nous  avons  voulu  vous 
montrer  seulement  que  la  science  est  loin .  comme  on 
1'a  voulu  montrer,  d'etre  faite  sur  cette  partie,  et  qif  elle 
offre  encore  matiere  a  d'abondantes  decouvertes  pour 
ceux  qui  voudront  s'en  occuper. 

Nousavionschemin  faisantajournecertaines questions 
qui,  malheureusement,  restent  encore  a  resoudre. 

Ainsi,  relativement  aux  nerfs  olfactifs,  nous  avons 
cmis  notre  opinion  sur  les  fonctions  exclusives  de  ces 


556  DIABETE   ARTIF1CIEL. 

nerfs  dans  le  sens  do  I'olfaction.  Nous  avions  a  ce  sujet 
projete  ties  experiences  quo  nous  n'avons  pas  eu  le  temps 
de  realiser. 

Relativement  a  rinflucnce  ties  clifferents  rameaux  qui 
partciit  du  nerf  intermediaire  de  Wrisberg  pour  se 
rendre  aux  glandes,  nous  n'avons  pas  non  plus  tcnnine 
les  experiences  que  nous  avons  projetees.  Mais,  dans  un 
cours  prochain,  nous  aurons  certainement  1'occasion 
de  revenir  sur  ces  questions. 

Nous  n'avons  pas  non  pins  cpuisr  anssi  comple'te- 
ment  que  nous  reussions  desire  la  recherche  des  pro- 
prietes  de  sensibilite  recun-eute  dans  les  nerfs  de  la 
face,  ni  les  diflterentes  rtudrs  (pn»  nous  aurions  pu  pour- 
suivre  sur  la  nature  de  ce  phenomene.  Touteibis,  nous 
vous  avons  indique  toutes  ces  questions  (Vune  nuiniere 
suffisamment  precise,  pour  (ju'elles  puissent  servir  de 
point  de  depart  a  ceux  d'entre  vous  qni  d^sireraient 
poursuivre  quelques-uns  des  probkMnes  si  inlercssants 
que  nous  presents  encore  Tetendue  du  systeme  nerveux. 


FIN    DU    TOME    SECOND. 


TABLE    DES   MATIERES 

I)U    TOME    SECOND. 


IT.I  \m  1:1  LECON.  —  Etai  de  nos  connaissances  sur  les  proprie'te's 
el  les  manifestations  grnerales  du  systeme  nerveux.  --  Des  nerfs 
craniens  en  parliculier.  --  Classifications  analomiques.  --  Pro- 
pnY'it's  el  functions  des  nerfs  craniens.  -  -  Nerfs  sensoriaux.  - 
Filets  du  grand  sympathique.  —  De  ('association  dt.-s  meines  e'le'- 
nienls  nerveux  dans  les  nerfs  craniens  et  dans  les  nerfs  rachi- 
diens.  — Conservation  prolong^1  des  propriety's  du  lissu  nerveux 
apres  la  inert  clicz  nn  animal  a  sang  c.hnud.  — Experience.  .  .  1 

I»M  \ii.\n;  LECON.  --  Le  nerf  facial  et  le  nerf  trijnmeau  appar- 
tiennent  a  tine  nn'Miie  paire  physiologique.  -  -  Nerf  facial.  — 
Anatomic.  —  1'romle  pour  conper  le  nerf  facial  dans  la  caisse 
dn  tynipan.  -  Experiences.  -  -  Le  nerf  facial  est  niotenr.  — 
Son  developpement  en  rapport  avec  !a  varied  de  ses  fonctions. 
—  Experiences 17 

TROISIEMK  LEC01V.  -  Partic  cxtra-cranicnne  du  nerf  facial. - 
Son  influence  sur  les  inouveinents  de  la  face.  —  Mouvemenls 
des  paupieres ;  influence  qu'exerce  sur  eux  la  section  du  nerf 
facial  et  du  grand  syinpatliique.  --  Mouvements  des  narines.  — 
Efl'ets  de  la  paralysie  des  narines  clic/  les  clievaux. —  Mouvements 
des  levres  ct  des  joues.  --  Elfcts  de  leur  paralysie  sur  la  mastica- 
tion et  la  prehension  des  aliments.  --  Influence  de  la  section  du 
facial  sur  les  mouvements  de  1'oreille.  —  Re*siune.  —  Expi5- 
riences 31 

QIIATRIEME  LECOiv.  —  Nerf  trijumeau.  —  Ses  fonctions.  —  Ana- 
lomie  de  la  cinquiemc  paire.  —  Section  de  la  cinquieme  paire 
dans  le  crSne.  --  Precede".  —  Experience.  — Efl'ets  de  cette 
operation,  immediats  et  consecntifs.  -  -  Effets  compares  de  la 
section  de  la  cinquieme  paire  avant  et  apres  le  ganglion  de 
Gasser.  —  Accidents  qui  surviennent  du  cdte  de  To?]'!  apres  la 
section  du  nerf  trijumeau.  — >  Experiences  ...........  48 


558  TABLE    I)ES    AIATIERES. 

ClNQUlEME  LECON.  —  Du  ncrf  Irijiinicau  :  suite.  —  Branclic 
ophlhalmique.  --  Sensibilite  de  la  cornee  ct  de  la  conjonctive; 
iilets  ciliaircs  directs  et  indirccls.  --  Experiences  sur  les  ncrfs 
ciliaircs.  —  Observation  de  paralysie  de  la  cinquieme  pa  ire  avrc 
conservation  de  la  sensibiliic"  dc  la  corne'e.  —  De  la  photophobie.  - 
Branclic  maxillain1  supe'rieure,exclusivcment  sensitive.  —  Hranclie 
niaxillaire  inferieure,  sensitive  et  molrice.  -  \remissement  <les 
incisives  clicz  le  lapin  apres  la  section  de  ce  nerf.  —  Les  lapins 
cliex,  lesqucls  on  a  coupe  la  cinquieme  pa  ire  meuivnt  snrlmit  de 
faiin.  —  Ulceralions  de  la  langue  et  des  levivs.  -  Influence  de  la 
cinquieme  pairc  sur  les  secn'-iions  salixaires 8/i 

SIXIL.ME  LECOIV.  —  Coniparaisoii  des  phenomencs  consecutifs  a 
la  section  de  la  cinquieme  et  de  la  septK'ine  pairc.  --  Portion 
intra-cranienne  du  nerf  facial.  —  Difliciilles  de  rexperimentation 
sur  cette  partie.  —  Hoiistilution  de  la  septieine  pairc  dans  le 
conduit  auditif  interne.  --  llypolhesc  stir  le  nerf  facial,  consider*? 
comnie  une  racine  anle'ricure ,  formanl  unc  paire  nerveuse  avec 
le  nerf  de  \\rislieri;,  qui  conslituerait  la  racine  posterieure.  - 
De  la  parahsie  dn  nerf  facial.  -  Observations  rocueillies  chcz 
I'lmnime. —  Paralysies  faciales  superficiellesct  paralysies  faciales 
profondes 106 

SEPTIEME  LEC;ON.  —  Portion  inlra-craniennedc  la  septieine  paire 
(suite).  —  Section  du  facial  dans  le  crane ;  avulsion  du  facial.  - 
Alteration  du  gout  produite  cbez  le  cbien  par  la  section  du  facial 
dans  le  crane. — De  Texcrelion  salivaiiv  sous-maxillairc. —  Action 
dc   la  cordc  du  tympan  sur  cette  secretion.  --  Experience.  - 
Mecanisnie  physiologique  de  la  secretion  sous-maxillaire.  --  La 
section  de  la  cordc  du  tympan,  qui  supprime  la  secretion  sous- 
maxillaire,  laisse  persister  la  secretion  parotidiennc liO 

HU1TIEME  LEfiOX.  --  Les  filets  du  grand  sympathiqnc  ne  tien- 
nent  pas  leurs  proprietes  motrices  des  ganglions  qui  se  trouvent 
sur  leur  Irajet.  --  Galvanisation  du  filet  cervical  avant  el  apres 
le  ganglion  sous-maxillaire.  —  Action  sur  la  langue  d'un  filet 
e'manant  de  la  corde  du  tympan.  -  Influence  de  la  section  du 
facial  dans  le  crane  sur  la  gustation.  —  Experiences.  —  Les  na- 
rines  sont  le  siege  de  raouvements  reflexes  independanls  des 
sensations  percues  par  la  cinquieme  paire.  —  Ces  mouvements 
ont-ils  leur  point  de  depart  clans  le  pneumogastrique  1  —  Expe- 
riences    1G7 


TABLE   DES    MATIERES.  559 

NEUVIEME  LECON.  —  DCS  nerfs  accessoires  aux  organes  des  sens. 

-  Org;mc  dc  la  vue.  --  IXerf  pathetique.  —  Nerf  moteur  oculaire 
externe.  —  Nerf  moteur  oculaire  comnum.  -  -  Sa  distribution; 
ses  fonctions.  —  Des  mouvements  de  la  pupille.  —  Arrachenient 
de  la  troisieme  paire.  —  Experiences.  —  De  I'mflnence  de  ce  nerf 
sur  la  pupille.  --  Sur  les  mouvements  de  la  troisieme  paupiere. 

-  De  Tolfaction.  -  •  Experiences  o,t  opinion   de   Magendie.  - 
Observations  d'absence  de  nerfs  olfactifs.  — Gustation.  --  JN'est 
pas  sous  1'influence  exclusive  de  la  cinquieme  paire.  —  Des  nerfs 
glosso-pharyngien  et  grand  hypoglosse 199 

itmi  \n:  LECON.  -  -  Vrf  spinal.  —  Son  histoire  pliysiologiqne  ; 
(Jalicn,  Willis,  Scurpa,  Cli.  Bell,  Bischoff.  --  Anatomic  du  nerf 
spinal  cliez  riiommc  ct  chez  les  animaux.  --  Proprieles  du 
spinal 26/1 

ONZIEIUE  LECON.  -  -  Des  fonctions  du  nerf  spinal.  -  -  Proce"de"s 
de  destruction  du  spinal  chez  les  animaux  vivants.  =-  Ablation 
complete  des  deux  spinaux.  -  Discussion  des  experiences  et 
conclusion;  mecanismc  do  Pabolilion  de  la  voix.  --  De  la  gene 
dc  la  deglutition  consecutive  a  la  destruction  des  spinaux.  — 
I  sages  de  la  brancbe  externe  du  spinal 291 

urn  y.u  MI    LECO\.  —  Mcrf  pneumogastrique.  —  Ses  propriete's  : 
sensibilite   non  constante.  -  -  Rameaux   laryngcs   superieur    et 
infeiicur.  --  Hesullats  varies  dc  leur  section.  -    Explication.  - 
Experiences.  --  Ell'ets  de  la  section  des  pneumogastriques  sur 
les  po unions.  —  Experiences 3/1/1 

Ti'.i  I/.II;MI:  LECON.  --  Influence  de  la  section  des  pneumogastri- 
ques sur  les  mouvements  du  ccuur.  —  Experiences.  --  La  galva- 
nisation du  pneumogastrique  arrete  les  mouvements  du  cauir. 

—  Experiences.  -  -  Efiets  de  la  section  du  pneumogastrique  sur 
la  respiration  et  sur  les  contractions  du  coeur  chez  les  animaux 
a  sang  froid.  —  Influence  de  la  temperature  sur  les  mouvemenls 
tlu  cttMir  cbez  les  animaux  a  sang  froid.  --  Les  nerfs  pneumo- 
gastriques sont-ils  la  voie  de  transmission  dc.s  actions  ncrveuses 
au  cceur  et  au  potunon.  —  Experiences.  —  Section  des  pneumo- 
gastriques  duns  le  crane 37/j 

QKATORZIEME  LECOIV.  —  Eflets  de  la  section  du  pneumogastrique 
sur  les  organes  abdominaux.  —  La  sensation  de  la  faim  persiste. 

—  Les  aliments  s'accumulent  dans  1'oesophage  paralyse.  —  La 
secretion  gastriquc  est  troublce.  --  Experiences  sur  des  mam- 


560  TABLE    DES   MATURES. 

miferes  et  sur  des  oiseaux.  —  Modifications  npporlecs  par  la 
section  des  nerfs  vagues  clans  I'absorptinn  sur  la  membrane 
umqueuse  stomacale.  —  Effets  de  la  section  des  nerfs  pneumo- 
gaslriques  sur  les  functions  du  foie.  —  La  fonction  glycoge"nique 
est  troublec.  —  Experiences.  --  Modification  du  cole  des  urines. 
-  La  galvanisation  du  ucrf  pneumogastrique  determine  1'appa- 
rition  du  sucre  dans  le  sang  et  duns  les  urines.  —  Experiences. 

—  Observation  du   rciour  des  proprie'te's  nerveuses  dans   un 
pneumogastrique  fatigue  par   la   galvanisation 

QLINZIEME  LECON.  —  Systeme  nerveux  du  grand  sympatliiqup. 

—  Difliculle  acluelle  de  son  histoire  physiologiqtio.  —  Examen 
de  rintluence  qu'exerce  la  section  du  sympatliique.  —  Section 
du  sympatliique  au  cou.  —  Ellels  note's  du  cole  de   Tceil.  - 
Modification  de  la  temperature  de  la  tete.  —  Experiences  com- 
paratives sur  les  nerfs  qui  sc  distribuent  a  la  face 469 

SEIZIEMK  LECON.  —  Grand  sympatliique  (suite).  —  L)es  rapports 
qui  existent  enlre  la  vascularisation  et  la  calorilication  des  parties 
apres  la  section  du  grand  sympatliique.  —  Ellets  de  la  galvanisa- 
tion sur  la  chaleur  de  1'orcille.  —  Les  effets  de  la  calorilication 
produits  par  la  section  du  grand  sympathique,  i)ouvant  se  trans- 
former en  phenomenes  iiillammatoires  chez  un  animal  afl'aibli. — 
Exemples  d'ablalion  des  divers  ganglions  du  grand  s\mpathique. 

—  1'rocede"  pour  couper  le  grand  sympailiique  dans  la  poitrine. 

—  Experiences.  --  Influence  de  la  destruction  de  cerlaines  par- 
taines  parlies  du  grand  sympatliique  sur  Texhalation  des  mem- 
branes se"reuses.  —  Deruieres  experiences  sur  la  piqQre  du  plan- 
cher  du  quatrieme  ventricule 512 


FIN   DE   LA   TABLK   DES   MATlfefiES   DU   TOME   SECOND. 


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V 


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