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LECONS
sea
LA PHYSIOLOGIE ET LA PATHOLOGIE
DU
SYSTEME NERVEUX.
H.
OUTRAGES DE M. CL. BERNARD.
CHEZ LES MEMES MERAIRES.
•
do physiologic experimentale appliquee a la medecine, failes
an College de France pendant IPS annees 1854-1 855. Paris, 1855-1856,
2 volumes in-8 de chacun 512 pages, avec figures intercal^es dans le
texte H fr.
Separemenl, le tome, II. Paris, 1856, in-8 dc 512 pages, avec "8 fig. 7 fr.
Cours de medecine du College de France, l,S5(i : Eiecons sur les efiets
des substances toxiques et mediramenteuses. Paris, 1857, 1 vol.
in-8 de 492 pages, avec 32 Cgures intcrcale'es dans Ic texte 7 fr.
Cours de medecine du College de France, 1857-1858: lemons sur
les proprietes physiologiques et les alterations pathologiques des
difTerents liquides de 1'organisme. Paris, 1858, 2 vol. in-8 de chacutl
500 pages, avec figures intercalees dans le texte. (Sous presse.}
Bffemoire sur le pancreas ct sur le role du sue pancreatique dans les
phe'nomenes digestifs, particulierement dans la digestion des matieres
grasses neutres. Paris, 1856, in-4 de 200 pages, avec 9 planches gravies,
en partic color'u'es 1 2 fr.
Recherches experimentales sur le grand sympathique, et specialement
sur rinfluence que la section de cc nerf exerce sur la chaleur animalc.
Paris, 1834, in-8 2 fr. 50
Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2.
COURS DE MEDECINE
DU COLLEGE DE FRANCE.
LECONS
SDR X^*
LA PHYSIOLOGIE ET LA PATHOLOGIE
DU
SYSTEMS NERVEUX,
PAR
II. Claude IIEKXARI),
MEM1IRE DE L'INSTITLT DE FRANCE,
Professem1 de medccine ;ui College de Fiance,
ProfeBSeurde pliysiologie genera I c.ii la l-'acti He <les sciences. ML* in In odesSocielt's Je Diuluji
Philomutique ilf l'nri>, corre.ipondunt <le ['Acudemie
Jo nirdecine ile Tuiin, clrs scifiices inediculrs fi tlrs sciences nalurellei Me I'j'ou,
Constiiiilinople, Kilnnlioiii'g. Stockholm, Vranci'oi l-snr-le-Mcin, Munich,
de Suisse, de Vienue, de Florence, elc., elc.
%%<•«•
intcrealces dans le texte.
TOME II.
PARIS ,
J.-B. BAILLIERE ET FILS,
L1BRA1RES DE L'ACADEMIE 1MPER1ALE DE MEDECINE,
Rue Hjutefeiiille, 19.
I. OIK! res. New -York,
U. UilLLIEIlE, 219, UtGENT-SThEET. | II. BUI.I.IEIIE, 290. UU
, C. BAILLY-CAII.LIEIIE, CALLE DEL PlIINCIPE , H.
M DCCC LVlll
l.'autfur ft Irs tilitfurs se r^jcivent le droit ile trudurlu>n.
LECONS
SDR
LA PHYSIOLOGIE ET LA PATHOLOGIE
DU
SYSTEMS NERVEUX.
PREMIERE LE^ON
29 AVRIL 1857.
SOM.MAIKK : Klal de nos connaissanccs sur Ics proprietes ct les mani-
festations generalcs du systeme nervctix. -- DCS ncrfs craniens en
particnlicr. — Classifications ana lomiques. -- Proprietes et fonctions
des ncrfs craniens. - - Ncrfs scnsoriaux. — Filets du grand sympa-
tliiquc. — DC rassocialion dcs memes elements nerveux dans !cs ncrfs
cranicns et dans Ics nerfs racliidicns. — Conservation prolongcc des
proprictcs du lissu nerveux aprcs la mort chez nn animal a sang
o.haud. — Experience.
MESSIEURS,
En commenciint IV'-tudc du systemc nerveux, nous
vous avons annonce I'intenlion dc trailer d'abord des
plH'nomenes gencraux qui so rattachent a ce systeme,
et d'aborder ensuitu 1'hisloire particuli^re de ses diffe-
rentes parlies. Nous avons, dans le cours du dernier
semestre, rempli, autant que le permettait 1'etat de nos
connaissances sur ce sujet. la premiere partie de ce
programme. 11 nous reste it ctudicr les nerfs isolement,
a nous rendre compte de leur influence propre sur les
B., SVST. NERV. — II. 1
2 SEPARATION DES PROPRIETES PHYSIOLOGIQUES
manifestations fonctionnellcs de 1'individu sain et a
suivre les alterations qui, chez I'individu malade,
viennent les modifier ou les suspendre.
Mais d'abord faisons une revue sommaire des con-
naissances que nous avons acquises et de celles qui nous
restent a considerer.
Nous avons vu que les questions generates que sou-
leve la physiologic du systeme nerveux sont loin d'etre
toutes rosolues.
Ainsi, luules les experiences d'electro-physiologie, qui
sont si inleressantes el si instructives, ne nous out
encore rien appris sur la nature essentielle de 1'agent
nerveux. Nous avons rneme vu que les proprieles elec-
Iriques des nerfs et des muscles, qu'on doit regard er
coinme des conditions normales, paraisseut cepen-
dant distinctesde lapropriete nerveuse proprement dite.
Lorsqu'on so* pare de I'individu vivant un muscle et un
nerf el qu'on les laisse mourir spontane'menl. on voit
il est vrai. ces organes perdre pen a pen leurs pro-
prieles physiologiques d'irritabilite1 el d'excilabilile en
meme temps que leurs facullt's electro-molrices s'anean-
lissent. Mais si. an contraire, on a lue brusquement le
nerf ou le muscle par un agenl loxique, il semble alors
que la propriele physiologique r-uisse s'evanouir, tandis
que les proprieles eleclro-inolrices, restanl dans leur elal
ordinaire, ne s'eteignent que lentemenl, a mesure que
disparaisseut les phenomenes nulrilifs encore entretenus
probablemenl par le sang qui baigne lelissu organique.
On a constate par exemple. que lapropriete eiectronio-
trice persiste normalementdans mi nerf qui. apres avoir
ET ELECTRO-MOTR1CES DES NERFS. 3
etetue par le curare, a perdu completement ses proprie-
tes physiologiques motrices. Cette experience prouverait
clairement, si elle se verifiait pour le tissu inusculaire,
que la propriete physiologique des tissus n'est pas
inherente a leur propriete electro-motrice et qu'elle est
sous 1'influehce de conditions qui nous echappent encore ;
a moins qu'on admette que les manisfestationselectriques
qu'on a vu persister dans le nerf mixte crrur s' ient dues
exclusivement au nerf sensitif, qui est respecte par ce
singulier poison.
Relativement a la nature de 1'agent nerveux, nous no
sommes done en realite guere plus avances que les
anciens; et si nous n'admettons pascomme eux des es-
prits animaux, nous admettons uu agent nerveux egale-
ment inconnu.
Toutefois nos connaissances sont bien superieures a
celles des anciens sur toutes les questions qui touchent
non plus a la nature, mais a la distribution de 1'agent
nerveux; et nous savons que les memes parties ne
servent pas a transmettre indistinctement les actions sen-
sitives et motrices.
Nous savons en outre que ces proprietes nervetises ne
sont pas differenciees seulement par la separation des
organes charges d'en operer la distribution, mais encore
qu'elles sont de nature essentiellement differente, puis-
qu'iinous a ete possible, par certains reactifs, de detruire
les unes en rcspectant les autres. De plus, nous
savons encore que, bien que distincis et pouvaut meme
etre se pares Tun de i'autre, ie mouvei^eiit et le senti-
ment n'en sont pas moins u ihysiologiquement par
k CLASSIFICATIONS ANATOM1QUES
la solidarite la plus etroite : il est impossible en effet
qu'ils agisseut normalement Fun sans 1'autre.
A cette distinction cles propri&es nerveuses et a la
constatation de leur influence reciproque se bornent a
pen pres les notions generates qu'il nous a ete jusqu'ici
possible d'acqumi1 , les fails qu'il nous a ete possible
de de'montrer experimentalement.
Nous devons maintenant faire Tbistoire topogra-
phique des nerfs craniens, qui pr&sententdans leur con-
stitution , dans leur distribution ct leur origine une
complexity bien plus grande que les nerfs racbidiens.
Vous avez vu, dans ccs derniers, la paire nerveuse
presenter une individuality complete et bien definie, due
a la reunion de deux elements anatonriquement et phy-
siologiquement distincts. Dans les nerfs encephaliques,
cette association, qui fait une unite physiologique des
deux ('li'ments moteur et sensitif. cxiste encore, mais
elle est beancoup plus difficile a saisir.
Dans lYlude des nerfs craniens, il ponrrait paraitre
avantageux de commencer par ceux que leur simplicite
ra})proche le plus des nerfs rachidiens. Ce classement,
qu'ont suivi Tiedemann, Arnold, Bischoff, precede des
nerfs qui partent de la partie posterieure de I'ence'phale
a ceux qui sortent de sa partie anterieure. Get ordre,
peut-etre plus logique au point de vue anatomique, nous
conduirait, dans Texamen des caracteres physiologiques,
a fractionner les fonctions nerveuses et a e'tablir, pour
lesbesoins del' exposition systematique, des divisions qui
nuiraient a la clarte des notions physiologiques d'en-
semble: c'esl pour cette raison que nous suivrons une
DES NERFS CRANIENS. 5
autre marchc, qui nous a para plus commode pour grou-
per les phenomenes nerveux que nous avons a etudier.
Les anatomistes ont propose diverses classifications
des nerfs craniens. Willis les classa d'apres 1'ordre do
succession des orifices de la dure-inere, par lesquels
ils s'engagent d'avant en arriere pour sortir par la base
du crane. D'apres cette base de classification., il distingua
les nerfs de la maniere siiivante :
lrc pairc. . . nerfs olfactifs.
2e — ... optiques.
3C — ... moteurs oculaircs communs.
Zi* — ... — pallieliques.
5e - ... — trijumcaux.
6C - ... — iiiotcurs oculaircs cxterncs.
7C — ... faciau v ct acoustiques.
8e — ... glosso-pharyngiens,pneurao-gastriques
ot spinaux on accessoircs de Willi-.
• Oc — ... grands hypoglosses.
Be plus, Willis adnietlait encore une dixiemc paire
constituee pur le nurf sous-occipital.
Une autre division anatomique des nerl's craniens, due
a Soemmerring et Vicq d'Azyr, les a Croupes par paires
dans 1'ordre suivaiit :
lrc paire. . . nerfs olfactifs.
2e — ... ncri's opti([ucs.
3° — ... moteurs oculaires cointnuns.
/ie - ... pallietiques.
5g - ... Irijunicaux.
Ge — ... iiiotciirs oculaires externes.
7C . . . — faciaux.
8C — ... — auditifs on acoustiques.
ye - ... — glosso-pharyngiens.
10e — ... — pneumo-gastriques.
11' - ... — spinaux ou accessoiresdc Willis.
12* — ... — grands liypoglosses.
6 PROPRH-.T1N COMMUNES
lei chaqtie puire cranienne est clue a I'ensemble de
deux nerfs symeiriques par rapport an plan median : on
ne tient compte. dans sa composition , que de la confi-
guration, et il ne faudrait pas voir, dans ces douze
paires anatomiques, des paires physiologiques telles que
nous les avons comprises.
A notre point de vue, purement physiologique, 1'in-
dividualite nerveuse est constitute par im element sen-
sitif pur (racine posterieure), un element moteur pur
(racine anterieure) , et enfin un element, sympatliique
agissant sur les organes de la vie nutritive, qu'on a en-
core appele nerf trophique et que nous avons consi-
ders eomme un element moteur special, tenant surtout
sous sa dependance les phenomenes physico-chimiques
de 1'orgauisme, Nous aurons, par consequent, a pour-
suivred'apres le me" me point de vue F etude des nerfs de
la tete ; seulement, la determination de notre unite ner-
veuse deviendra plus difficile.
Dans la moelle epiniere, les racines anterieure et
posterieure (rune merne paire nerveuse se correspondent
anatomiquement et entrent visiblement dans la consti-
tution du meme nerf mixte. Dans la tele, les correla-
tions anatomiques des nerfs sont beaucoup plus com-
plexes; mais, heureusement, nous avons donne, a
propos des nerfs rachidiens, un caractere physiologique
d'association des elements d'une paire nerveuse qui
deviendra ici tres precieux pour nous diriger ; nous vou-
lons parlor de la sensibilite recurrente qui associe tou-
joiirs iV-li'inont neneux moieur a un element sensitif
determine. Nous rappellerons done ici le principe que
AUX PAIKES RAC1 I V\ES ET CUANIENNES. /
nous avons posn a propos ties paires rachidiennes, asa-
voir : qu'un nerfmoteur joue le role de ratine anterieure
par rapport a un nerf sensilif, toutes les foisqu'il recoil de
ce dernier sa sensibilite recurrente; et que, reciproque-
ment, un nerf sensitif j one, par rapport a un nerfmotcur,
le role de ratine posterieure Louies les fois qu'il lui
fournit la sensibilite recurrente. Quant a 1'element sym-
patlriquequi, emanant de lamoelleepiniere, enlre encore
dans la constitution de I'unitc nerveuse, il nous serait
diiiicile de dire, pour le moment, s'il est plus speciale-
ment associo a ['element inoteur d\jne paire ner-
veuse qu'a son element sensitif. Notonsseulement tjue
les inouvemenls reflexes auxquels les nerfs sympathiques
donnent lieu pouvcnl avoir pour point de depart, soit
des sensations internes, soit des sensations externes, soit
enfin des sensations speciales.
Parmi les proprietes nouvelles que nous prr'sontcnt
les nerfs craniens. nous dcvons surtout signaler celles
qui appartiennent a un ordre nouveau de nerfs qni ne
se rencontrent que dans 1'ence'phale; cesont celles des
nerfs speciaux des sens, on nerfs sensoriaux.
Relativement a la sensibilite des nerfs rachidiens, nous
avons dejalonguenieivl insiste, dansle seiuestro dernier,
sur ce fait, ijue les nerfs sensitifs et les nerfs moteurs
in tacts sont les tins et les autres sensibk;s quoiqu'a des
degres divers; seuleinent, que Tun de ces elements, le
nerf sensitif, possede une sensibilite directe (m'il tientdu
centre nerveux et qui, apressa section, persisto dans son
bout central, tandis que 1'autre, le nerf moteur, possede
une sensibilite recurrente, qu'il tii'e du nerf sensitif et
8 PROPRIETIES SPtfCIALhS
qui apres sa section persisle clans son bout peripherique.
A la tete, les nerfs posse-dent les memes proprietes et les
monies caracteres physiologiques qu'au rachis; celanous
permettra done toujours de distinguer un nerf moteur
d'avec un nerf sensitif. Toutefoisles nerfs des sens spe-
ciaux, on nerfs sensoriels, presentent des proprietes tout a
fait differentes. Pendant tres longtemps on avait cm quo
les nerfs, charges de percevoir les impressions les plus
dedicates, devaientetre doues d'une sensibilite exquise.
Magendie, le premier, a montre qu'il n'en etaitpasainsi,
et que le nerf optique, le nerf acoustique, lenerf olfac-
tif, pouvaient etre dechires , contus, sans provoquer les
moiudres signes de douleur. Mais 1'excitalion deces nerfs
developpe cependant des mouvements reflexes qui ne
sont plus, dans ce cas, seulementle resultat d'une sen-
sibilite inconsciente, mais celui d'une sensibilite subjec-
tive, analogue aux proprietes du nerf sensitif surlequel on
experimente. En effet, la contusion, rirritation du nerf
optique determinent, meme dans robscurite, des sensa-
tions lumineuses et la contraction de la pupille comme
sous I'influence de la lumiere exterieure elle-m^me.
Ici le nerf sensoriel se comporte, pour la direction
de son action, comme un nerf sensitif, car le pince-
mentdu bout central du nerf optique determine la con-
traction de la pupille chez I'animal rendu aveugle par
cette section, tandis que le pincement du bout nerveux
peripherique ne produit rien. De m^rne aussi, rirrita-
tion du nerf acoustique determine des sensations audi-
tives subjeclives.
II estdes nerfs specianx qui sont, enquelquc sorte, in-
DES NERFS SENSOR1ELS. 9
termediaires par leurs proprietes aux nerfs sensorielsdont
notisvenons cleparlerel aux nerfs sensitifs rachidiens. Tels
sont le glosso-pharyngien et le lingual. Us sent tres evi-
ct eminent sensibles aux irritations mecaniques; cepen-
dant. ils paraissent 1'etre moins que les racines rachi-
diennes proprement diles. Nous examinerons plus loin si
ces nerfs, qui semblent partager les proprietes des nerfs
desensibilite speciale etcelles des nerfs de sensibilite ge-
nerale, doivent etre considered com me etant constitues
par des fibres ncrvouses d'une nature speciale on bien
par un melange de fibres nerveuses sensitives tactiles,
et de fibres sensitives sensorielles.
Outre les nerfs que nous avons examines jusqn'a
present, nous trouvons encore parini les nerfs craniens
1'element clu grand sympathique, qui, la, sedivise en une
multitude de ganglions qui tons out des connexions plus
on moins intimes avec les rameaux des nerfs encepha-
li([ues. Nous avons vu qu'il etait prouve que le grand
sympathique prend dans certains points son origine de
la moelle e'piniere. L'origine de ce uerf dans la region
cilio-spinale est une des mieux cHablies. Nous verrons
qu'a 1'origine des nerfs craniens, on trouve des
branches qui doivent etre considerees comme branches
d'origine du grand sympathique.
En resume, nous aurons a tcnir compte, dans Tetude
des nerfs de la tete, de cjuatre elements an lieu de trois
que nous avons seulement eu a considerer dans les
nerfs rachidiens. Ce seront : 1° les nerfs de sensations
speciales ; 2° les nerfs de sensations generates ; o° les nerfs
de mouvement; /i° le grand sympathique.
10 DE LA YARIETE
Toutetbis, dans les nerfs rachidiens,on aurait pu avec
raison considerer cgalemeut un element sensoriel qui
transmet les sensations speciales relatives aux impressions
tactiles. Cela serait d'autantplus ration nel qu'on sait au-
jourd'hui qu'il y a ties corpuscules speciaux affectes aux
sensations tactiles ; op sait de plus que, dans lescaspatho-
logiques, la sensibilite tactile pent etre isolee de la sensi-
bilite" generale. II y a des cas, en elfet, dans lesquels une
diminution de la sensibilite generale coincide avec la
conservation de la sensibilite tactile. Les iiidividus qui
presenlent cette lesion n'eprouvent plus de douleur par
le piiicement ou par rirritation directe de la peau,
quoiqu'ils percoivent le contact des corps les plus legers,
le frottement de la barbe d'une plume, par exemple.
On observe des cas dans lesquels, an contraire, la
sensibilite generale est exagereo douloureusement avec
diminution de la sensation tactile. On donne le nom
d' hyperestMsie a cette augmentation de la sensibilite
generale, et le nom (Vanesthesie a la perte complete de
sensibilite generale et tactile, et enfin celui (Vanalgesie
a la perte de la sensibilite generale seule, avec conser-
vation de la sensibilite tactile.
11 existe encore un autre cas dans lequel la sensibilite
generale est conservee a peu pres a 1'etat normal, tandis
que la sensibilite tactile se trouve emoussee. Dans plu-
sieurs de ces cas, la lesion m'a paru se rattacher a une
lesion du grand sympathique en connexion avec le nerf
de sensation speciale. Nous verrons que la corde du tym-
pan, par exemple, exerce une influence de cette nature
sur les sensations de la langue.
UKS HJRMliS DE SLiXSlBILlTE. 11
En fin, nous rappelleroi s quo la sensibilite pent re-
ve"tir les formes les plus variecs; que celle cle la cornee
transparente offre, sous ce rapport, les particularity les
plus curieuses.
Les nerfs tie la te"te ne different done pas dans leur na-
ture des nerfs ties autres parties du corps. Toutefois 1'in-
tensite des proprietes nerveuses est plus considerable
dans la face qu'ailleurs. Aussi la cinquieme pairn est sans
contreditle nerfqui possede la sensibilite la plus exquise;
et lorsque cette propriete disparait de I'orgamsme, c'est
en general dans les branches de ce nerf qu'elle disparait
en dernier lieu. Le facial tient sous sa dependance les
moiivernents les plus varies. D'ailleurs cette suractivite
des fonctions nerveuses dans la face pent etre consideree
comme liee a la suractivitr circulatoire qui existe dans
cette partie du corps. En effet, il y a un rapport conslanl
entre Tintensite des pi-upricli's nerveuses et celle de la
circulation. Nous savons que chcz les animaux a sani;
froid, lorsquela circulation se ralentit avec Fabaissement
de la temperature, Pactiyite des phe'nomenes nerveux di-
minue ; lorsque au contraire la temperature s'eleve, 1'ac-
tivite des mouvements et des sensations se releve avec
la temperature, qui amene line activite plus grande de la
circulation. II y a alors chez ces animaux un pheno-
im'iie remarquable, sur lequel ilest important d'insister.
C'est que les proprietes nerveuses et celles des autres
tissus disparaissenl apres la mort d'autant plus rapide-
ment qu'elles etaient plus iuleiisos pendant la vie ; tandis
ju'au contraire, elles se conservent tVautant plus long-
temps que 1'animal se trouvait, au moment do la mort,
DES DIVERS DEGRES
dans un etat plus prononce d'abaissement, de depres-
sion de toutes les fonctious. C'est ce qui fait quc Ton
pent employer si utilement les grenouilles et autres
animaux a sang froicl, pour eludier apres la mort les
proprietes de leurs nerfs et en general de tons lours
tissus; c'est encore pour cette raison qu'il vaut mieux
faire ces etudes sur ces* animaux en hiver qu'en ete.
Chez les animaux a sang chaud , on ne pent pas se
livrer avec la meme facilite a ces etudes, parce quo les
proprietes nerveuses disparaissent d'autant plus rapide-
ment que Fanimal sur lequel on operea une circulation
plus active et une temperature plus elevee; plus rapi-
dement chez Fanimal adulte que chez 1'animal tres
jeune, plus rapidement chez 1'oiseau que chez le main-
mifere, etc.
Nous avons deja dit ailleurs (1), qu'en abaissant la
temperature et. par suite, en ralentissant la circulation
chez u n animal a sang chaud, on voyait les proprietes
nerveuses et musculaires persister apres la mort beau-
coup plus longtemps. Aujourd'hni nous allons revenir
un instant sur ce sujet pour vous montrer que 1' ani-
mal place dans ces conditions ne dilfere pas sensible-
ment d'une grenouille, et qu'on pent e'tudier comme
chez la grenouille les proprietes nerveuses avec toutes
leurs particularites. De sorte que si , tres souvent , on
decrit certaines proprietes electriques, certains courants
musculaires comme propres a la grenouille, cela tient
uniquement a ce qu'on pent les etudier plus commune-
(1) Effets des substances toxiqucs et medicamenteuses. Paris, 1857,
p. 1L>8.
DES pROPRii'iTE's NERVEUSES ET MUSCULAIRES.
ment ct plus conveuablement sur cet animal; mais il ne
fauclrait pas croire que le systeme iierveux de la gre-
nouille a des proprietes que ne possede pas celui des
animaux pluseleves. Si on n'apasetudiees ou constatees
ces proprietes chez ces derniers , c'est qu'elles dispa-
raissent trop vile apres la mort. Mais elles doivent etre
eonsiderces comme existant chez ces animaux.
Pour vous donner la preuve de ce que nous venous
d'avancer, nous avons prepare un lapin en lui coupantla
moelle epiniere, entre la cinquieine et la sixieme vertebre
cervicale, a la partie superieure du plexus brachial, de
tellesorte que rmiimal respire encore par le diaphragme,
peut-eire un pen par In partie supmeure du thorax,
car il ;< conserve quelques mouvemenis uans les mem-
bres asilri'ieurs. L' animal a respire d'abord d'une ma-
niere plus acceleree , ses oreilles se sont echauftees, la
section ayant porto sur la ivgion cilio-spinale.Bienlot les
respirations se sont ralenties, ranimal a eu une defe-
cation continuelle et les autres symptomes que nous vous
avons deja decrits. Mais il ne parait pas autrement
malade, car il mange des carottes qu'on lui a donuees.
11 y a sept heures que la section de la moelle a e"te
faile. L'aniuial est refroidi dans tout son train pos-
terieur, les mouvements reflexes y sont violents , la cir-
culation est tres ralentie dans toute cette partie du corps;
et si nous observions la pression du sang dans les arteres,
nous la trouverions certainement tres affaiblie. Nous
pouvons maintenant etudierles proprietes nerveuses sur
le train posterieur de cet animal dont les foiictions out
ainsi abaissees. et nous verrons qu'elles ne different
1/1 IDENTITY DES PROPRIETIES NERVEUSES ET MUSCULAIRES
pas sensiblcment de celles ([iron observe chez la gre-
nouillc et qu'elles sont meme plus energiques sous cer-
tains rapports.
Nous sacrifions d'abord I'animal par la section du
bulbe rachidien, afin de vous montrer qu'apres sa mort
ces proprietes persisteront longtemps; mais nous au-
rions pu conserver ce lapin vivant et voir les memes
phe'nomenes pendant plus longtemps encore.
Maintenant je fais une incision a la cuisse et je
decouvre le nerf sciatique. On peut voir deja, en
faisant 1'incisiou des muscles, qu'ils jouissent d'une
contractilite Ires grand e.
Actueilementje coupe le nerf sciatique, j'isole cenerf
dans une certaine longueur, et lesoulevant avecun petit
lube de verre, je fais toucher son extre'mite de section
sur la surface longitudinale d'un muscle voisin, et vous
voyez aussitot une contraction brusque avoir lieu dans
toute la partie interieure du membre ou se rend le nerf
sciatique. On peut voir icitres bien quela contraction n'a
lieu que lorsque le nerf touche la surface externe du
muscle par la surface eoupe'e de son extremite ; tandis
que si on releve 1'extremit^ du nerf et si Ton fait tou-
cher la surface externe du muscle par la surface externe
du nerf, il rfy a pas de contraction. Cela s'explique tres
facilement : la surface du muscle etant electrisee positi-
vement, sa coupe est electrisee negativement; ilen estde
meme pour le nerf, sa coupe est electrisee negativement
etsa surface exterieure positivement. Or, pour obtenir
une contraction , il taut toujours mettre en contact
deux surfaces electrisees en sens inverse : soil la coupe
CHEZ LES ANIMAUX A SANG CIIAUD ET A SANG FROID. 1 5
du nerf avec la surface longitiulinale du muscle, soit la
surface longitndinale du nerf avec la coupe du muscle.
En ce moment je desarticule la jambe du lapin,
en conservant le nerf sciatique qui s'y rend, et jepeux,
avec le long bout du nerf qui tient a la jambe, r6peter
toutes les experiences que nous avous faites durant le
semestre dernier avec la patte galvanoscopique de la
grenouille.
Nousconstatonsici que, en nicttani une portion du nerf
en contact avec la surface longitudinale d'un muscle de
la cuisse qui reste attachee au tronc. et une autre por-
tion du nerf en contact avec la coupe du meine muscle,
en ayant soiu de soulever le nerf en anse outre cos deux
points de contact, on voit sunvrir une contraction
brusque par le courant musculaire. absolument connne
cela a lieu pour les pattes galvanoscopiques.
Nous pouvtms egalrment cunstatiT ici qu'il y a une
contraction dans la patte quand on pose le nerf sur la
pointe et la surface des ventricules du coeur del'animal.
Nous observons encore la contraction par F excitation
que nous avous appelee excitation inctallique. qui con-
siste a faire toucher deux points d'un nerf sur une sur-
face metallique homogene. Nous obtenous dans ce cas
encore, avec le nerf sciatique de notre lapin, descontrac-
tions absolument semblablesa cellos «}ue nous a dormees
la patte galvanoscopique de la grenouille. II y a plus de
vingt minutes que F animal est mort,et les proprieties que
nous examinons ne sont encore en rien affaiblies, et si
Fanimaln'eutpase^ amenea cet etat d'abaissement des
fonctionsdanslequelvous Fave/vu, au bout dequelques
16 PROPRIETIES NERVEUSES ET MUSCULAIRES.
instants les proprietes nerveuseset musculaires auraient
completement disparu. Nous n'avons, du reste, qu'a
comparer, pour nous en rendrc compte, les muscles du
cou du meine animal, au-dessus cle la section de la
moelle, avec ceux du train posterieur. Ces derniers se
contractent au moindre attouchement de la pointe du
bistouri, tandis quo les autresont perdu dejadepuis long-
temps leur contractility.
Nous pourrions encore continuerlongtemps les memes
etudes avec ces nerfs et ces muscles de lapin ; niais ce
que nous avons vu suftit pour vous prouver de la ma-
niere la plus evidente qu'il n'y a pas de difference ra-
dicale entre les proprietes du systeme nerveux des ani-
maux superieurs et celles des animaux infrrieurs , et
qu'en les ramenent dans des conditions de circulation et
de calorification ideutiques, or, obtient les memes phe-
nomenes. Cettc demonstration n'est pas sans impor-
tance, car souvent on entend dire qu'il n'y a pas de
comparaison a faire entrc les proprietes des nerfs d'une
grenouille et celles des nerfs de Thornine, par exemple.
11 faut savoir au contraire que, quant a leur essence ,
ces proprietes sont exactement les memes, et que tout
ce qu'on peut const aier sur uue grenouille peut etre
constate sur les unimaux pluseleves. De sorte, done, que
nous pouvons parfaitement invoquer les experiences
faites sur les animaux pour eclairer 1'histoire de la phy-
siologie du svsteme nerveux chez 1'homme.
«J
Dans la procbaine lecon , nous commencerons 1'his-
toire des nerfs de la face.
DEUXIEME LECON
1" MAI 1857.
SOMMAIRE : Le nerf facial ct le ncrf trijumeau appartiennent a une
inenic pa ire pliysiologiquc. — Nerf facial. — Anatomic. — Precede pour
couper le nerf facial clans la caisse du tynipan. — Experiences. -
Lo nerf facial est nioteur. — Son devcloppement en rapport avec la
varie'te" de scs fonctions. — Fillets de sa paralysie. — Lc nerf facial est
sensible : il tient sa sensibilitr recurrente de la cinquierne pa ire, et , a
la face, il ade la sensibilite directs qu'il doit a 1'accolementde rameaux
venant de la cinquieme pnire. — Le nerf facial estdeja sensible au sortir
du crane, cettc sensibilite lni viontd'unebranchequ'il revolt dupneumo-
gastrique. — Experiences.
MESSIEURS ,
Deux nerfs craniens, 1'un de mouvement, le facial,
1'autre de sentiment, lo nerf trijumeau, doivent
d'abord appeler notre attention. Lat£te, en effet, se
distingue surtout des auties parties du corps en ce
qu'elle forme un epanouissementde 1'axe central destine
a porter les organes des sens. Or. les deux nerfs qne
je vous signale sont precisement charges de donner la
sensibilit^ gvnerale et le mouvement a presque tous ces
organes sensoriels ainsi qu'aux parties qui y sont an-
nexees.
En commencant nos etudes par le facial et la cin-
quieme paire, nous rapprochons en outre les deux ele-
ments physiologiques d'une m6me paire nerveuse dans
laquelle le facial joue le role de la raciue anterieure,
tandis que la cinquieme paire represents 1'e'lement sen-
sitif ou la racine posterieure.
Le nerf facial a etc decrit avec grand soin par les
B., SYST. NERV. — i;. 2
18 EFFETS DE LA SECTION
anatomistes; tout le monde estd'accordsurses fonctions
motrices, bien que son histoire presente encore divers
points a elucider. Avant d'entrer clans 1'histoire physio-
logique de ce nerf, nous devons indiquer rapidement sa
disposition anatomique : le nerf facial etant un conduc-
teur du mouvement, il est utile de connaitre la distri-
tion desrameauxparlesquelss'opere cette transmission.
Le nerf facial est un nerf moteur, on le prouve,
de meme que pour tous les autres nerfs, d'une maniere
negative, en en faisant la section et voyant qu'apres
sa separation de 1'encephale , la transmission des exci-
tations motrices ne se fait plus.
Cette demonstration est tres facile a donner en operant
la section du facial qui pent se pratiquer soit sur la face,
en agissant successivement sur ses differentes branches,
soit au-dessous de 1'oreille, a sa sortie du trou stylo-mas-
toi'dien, soit dans la caisse du tympan, soit enfin dans
le crane, a son entree dans le conduit auditif interne.
Le procede que nous mettons le plus habituellement
en usage et que nous allons employer ici devant vous,
a pour objet de faire la section du nerf facial dans la
caisse du tympan. On cherche d'abord a sentir la caisse,
ce qui est facile chez les chiens, les chats et les lapins,
a cause de la saillie que forme au-dessous de 1'apophyse
mastoi'de cette portion de 1'oreille moyenne.
Avec un instrument bien trempe et en forme de petit
ciseau , on penetre directement dans la caisse par sa
paroi inferieure qui est tres mince. Alors I'instrument
se meut avec facilite dans 1'oreille moyenne. On dirige
sa pointe en haut et en arriere en la faisant marcher
DU NERF FACIAL. 19
transversalement et en appuyant fortement sur 1'os, on
divise le nerf facial a son troisieme coude, lorsqu'il
s'inflechit en has vers le trou stylomastoi'dien.
Lorsqu'au lieu cle porter 1' instrument vers la partie
posterieure de la caisse, on le porte vers sa partie ante-
rieure et superieure, on pent aller detruirc le facial au
moment de son entree dans le canal spiroi'de. Dans ce
cas, on dt-truit en meme temps le nerf acoustique et
presque toujours les animaux inclinent la tele du c6te
ou a e"te pratiquee Foperation , par suite dime lesion
des canaux demi-circulaires.
Chez le chien et chez le chat, a la rigucur me' me, chez
apin, on pourrait encore, au lieu de penetrer par la
partie inferieure de la caisse, introdiiirerinstrument par
le conduit auditif en perforautla membrane du tympan.
Nous faisons instantanement 1' experience dcvant vous
sur ce lapin en penetrant par la caisse du tympan du c6te
gauche.
Vous voyez maintenant que 1'animal pent encore re-
muer le globe de 1'ceil, mais qu'il ne saurait fermer les
paupieres ; la narine gauche est iniiiiubile, 1'oreille est
basse, la joue est flasque, agilee k peine dans les mou-
vements respiratoires par ces soulevements alternatifs que
vous avez tons pu observer chez I'homine et qu'on dcsigne
en disant quele malade fume la pipe. La sensibilite de la
face est parfaitement conservee, le mouvement seul est
aboli.
Pendant 1'operation Fanimai a pousse quelques cris,
a cause de la sensibilite de la membrane qui tapisse la .
caisse du tympau. Quant UUK dcsordres que presente
20 DISTRIBUTION ANATOMIQUE
actuellement la face, nous les verrons persister dans
les seances prochaines; Foperation n'entrainera pas la
mort du lapin. Get animal a conserve la sensibilite dans
les parties qui out perdu le mouvement et quand on le
pince, on y provociue evidemment de la douleur.
Le nerf facial, en raison de son action sur les mou-
vements de la tete, est le nerf de Pexpression de la face.
C'esta ce titre que Ch. Bell 1'appelait un nerf respira-
teur, appli quant cette denomination aux nerfs qui con-
courent a F expression de la physionomie. II regardait
les mouvements auxquels president ces nerfs comme
tout a fait involontaires; mais a ce nom de respirateurs,
il ne rattachait 1'idee d'aucun rapport avec 1'acte respi-
ratoire puisque le grand oblique de Tosil etait pour lui un
muscle respirateur.
Le developpement du nerf facial est chez les animaux
en raison directe de la variete des mouvements de la face.
Ainsi , rudimentaire chez les poissons, les reptiles et les
oiseaux, chez lesquels il ne constitue nieme pas toujours
un nerf distinct, il est an contraire tres volumineux chez
les mammiferes, et surtout chez ceux dont certaines
parties de la face sont pourvues de mouvements tres
developpes. Chez 1'elephant, chez lecochon,le facial est
extremement developpe surtout dans les branches qui se
rendent au nez ou a la trompe.
Chez rhomme,le nerf facial est7 ainsi que je viens de
vous le dire, le nerf de la physionomie. On connait 1'im-
mobilite et 1'absence d'expression qui caracterisent sa
paralysie etlecontrastequi existe entre les deux moities
de la face lorsque cette paralysie n'existe que d'un seul
DU NERF FACIAL. 21
c6te. Lorsque la paralysie existe ties deux c6tes, la face
semble etre couverte d'uu masque. Dans im cas de
paralysie double clu facial que j'ai pu observer avec
Magendie. cette impression d'un masque sous lequel
les globes oculaires avaient conserve leur immobilite
etait ffappante.
Etudions done actuellement la distribution et 1'usage
cles differentes parties du nerf facial.
Le trajet de ce nerf esttres complique. II emerge des
e6tes de la moelle allongee et vient se repandre sur la
face apres avoir parcouru dans 1'os temporal une route
tres sinueuse. Mais si le nerf facial nait en arriere du
pont de varole, ses racinesremontentdansl'epaisseurdii
bulbe, puisse reflechisseutet tapissent le plancherdu qua-
trieme ventricule. Au sortir dc la moelle, il sedirige vers
le conduit auditif interne, accompagne par le nerf auditif
situe en arriere de lui et un peu au-dessous, et aussi
par le nerf intenm'idiaire de Wrisberg qui nait entre les
deux et s'unit plus tard avec le facial.
Au fond du conduit auditif interne, le facial, re'uni au
nerf intermediaire de Wrisberg, se separe du nerf
acoustique et penetre dans le canal de Fallope, coude
en forme d'S. La, au niveau du premier coudey existe
un ganglion, le ganglion genicule. Or, a ce ganglion
aboutissent deux filets (nous verrons plus tard si ces filets
arrivent au ganglion on s'ils en partent; nous n'exami-
nerons actuellement que les rapports). Ces deux filets
sont le grand nerf pelreuco super ficiel et le petit petreux
super ficiel; ce dernier va au ganglion otique, le premier
au ganglion spheno-palatin.
ANASTOMOSES
Ensuite, le facial passe au-dessus de la caisse du tyrn-
pan, se rcflechit et donne deux filets, Tun an muscle de
retrier et un autre, la corde du tt/mpan qui, apres un
trajet assez singulier, va se rendre au ganglion sous-
maxillaire.-
Les filets, nes dans le canal spiroi'de, mettent deja le
facial en rapport avec plusieurs nerfs craniens.
Ainsi les deux nerfs petreux le mettent en commu-
nication avec la cinquieme paire, ainsi que la corde du
tympan.
Le nerf facial offre en outre une anastomose avec le
pneumogastrique dans le canal osseux du temporal , et
au sortir du crane, par le trou stylo-mastoi'dien, il com-
munique encore avec le glosso-pharyngien.
Ensuite le nerf facial se distribue sur la face.
On pent done distinguer au facial deux portions :
Tune intra-cranienne, 1'autre faciale proprement dite.
La premiere affectant une direction spiroide, recevant
des anastomoses nombreuses et tres complexes.
Au sortir du trou stylo-mastoi'dien du temporal, le
nerf facial vient s'epanouir sur la face apres s'etre divise
en plusieurs faisceaux. Chez Fhomme on trouve deux
divisions principales q::i se subdivisent et s'anasto-
mosent en reseau. Ce reseau, tres serre chez I'liomnie,
est, d'une facon generale, d'autant plus riche que 'es
mouvements des parties sont plus multiplies et plus va-
ries.
Nous avonsvu, dans son trajet intra-cranien, le facial
communiquer deja trois fois avec la cinquieme paire.
Sur la face, ces communications vont se repeter. Une
!)U KERF FACIAL.
anastomose existe au nivean do i'oreille, au-dessous de
la parotide, anastomose auricula- temporale avec la
branche maxillaire inferieure. On trouve encore, an ni-
veau des nerfs sus-orbitaire. frontal, sous-orbitaire, men-
tonnier, des anastomoses nouvelles avec la cinquieme
paire , anastomoses multipliers auxqnelles on a donne
le nom de plexus.
Voila pour la distribution generate du nerf facial.
La premiere question physiologique que nous ayons
a examiner est celle des proprietes de ce nerf. Je n'ai pas
a y insister longuement ici. Lorsque, dans le cours du
semestre dernier, il a etc question de la distinction a
etablir entre les proprietes des nerfs et leurs fonctions,
j'ai longuement insiste sur les phenomenes de la sensi-
bilite recurrente que Ton trouve dans les racines ante-
rieures ou motrices. sensibilite qui , vous le savez, leur
vient par la peripherie des racines posterieures. Le nerf
facial est de HieTne sensible quoique ce soit un nerf mo-
teur. Comme les nerfs moteurs, il tient sa sensibility
d'ime racine sensitive et cetle racine sensitive c'est la
cinquieme paire. On rencontre en effet, entre la cin-
quieme paire etle nerf facial, la relation qui unit les ra-
cines posterieures aux racines anterieures, relation telle
que la section de la cinquieme paire fait perdre, aiusi que
nous le verrons, la sensibilite recurrente au facial.
Mais avant de verifier experinien'alement cette re-
lation physiologique, il est necessaire de nous rendre
compte de quelques details anatomiques sans la con-
naissance desquels nous arriverions infailliblement a
faire des experiences incompletes ne rt3pondant pas a la
24 PROPIUETES
question quo nous avion s en vue de resoudre en les
instituant.
Chez les animaux sur lesqucls nous opererons, le tronc
du facial qui aborcle la face en arriere et au-dessous de
1'oreille fournit trois branches prineipales :
Une branche inferieure, destinee a la levre inferieure
et au menton.
Une branche moyenne, qui se distribute a la levre su-
perieure, au ncz et a la joue.
Une branche superieure, qui se rend aux muscles de
Pceil, de 1'oreille et du front.
Peu apres leur separation, chacune de ces branches
recoit une anastomose avec la cinquieme paire. C'est
done avant ces anastomoses qu'il taut interroger la sen-
sibilite du facial; sans quoi on aurait cles manifestations
sensibles appartenant, non au nerf interroge inais au filet
sensitif qu'il a recu du nerf de la cinquieme paire.
Chez le cheval ou, par exemple, Tanastomose est plus
volumineuse quo la branche du facial elle-m^me, il est
Evident quo la douleur provoquee par le pincement du
rameau mixte tient a cette anastomose.
Pour verifier le fait en question , il est ne'cessaire de
couper les branches du facial dont on interroge la
sensibilite. Apres cette section, on trouve que chez le
chien les deux bouts sont doues de sensibibilite dans les
branches du facial. La sensibilite du bout central ne
saurait surprenclre personne puisque, grace a 1'anas-
tomose recue de la cinquieme paire, ce bout central
represente partiellement le bout central d'une racine
posterieure, c'est-a-dire d'un nerf sensitif proprement dit.
DU NERF FACIAL. 25
La sensibilite qu'on y observe est done une sensibilite
directe, tout a fait semblable a celle que nous avons
notee sur le bout central d'une racine rachidienne
posterieure conpee.
Mais le bout pe'riplierique est sensible aussi. Cette
sensibility ne saurait lui venir du centre puisque la con-
tinmte a ete detruite. Elle ne pent done lui venir que
de la peripherie, et elle vient encore du trijumcau. C'est
en effet ce qui a lieu, coimne on peut s'en assurer en
drtruisant la cinquieme paire : toute sensibilite disparait
alors dans le bout peripherique done de la sensibilite
recurrente.
Par ces propriety's le facial se comporte done connne
un nerf moteur et repivsente une racine ante'rieurc; il
tientsa sensibilite recurrente de la cinquiemc paire qni
joue ainsi par rapport a lui le role d'une racine poste-
rieure. Ces deux nerfs appartiennent done a line paire
physiologique.
II sembleraitau premier abord. et. d'apres ce qui pre-
cede, que pour placer le facial dans les conditions exactes
d'une racine anterieure. il suffirait de prendre ce nerf
avant qu'il ait recu les anastomoses qui lui viennent du
trijumeau, a sa sortie du canal de Fallope. Ce serait une
erreur. A ce moment le facial n'est deja plus un nerf
moteur pur, et 1' experience rnontre qu'il est sensible en
ce point, indepentlaniment de la sensibilite recur-
rente qu'il tient de la cinquieme paire. En effet si on le
coupe en ce point, on trouvede'ja son bout central sen-
sible. Nous verrons que cela tient a ce que, pendant son
trajet intra-crauien, dans le canal spiroi'de du tern-
20
poral, il reroit im liiet anastomotique du pneumogas-
trique, filet qui lui donne une sensibility directe.
Exp. — Yoici un petit chien sur lequel nous avons pre-
pare 1'origine du facial : on voit tres bieu 1'anastomose
auriculo-temporale qu'il recoil de la cinquieme paire.
Nouspinconsla branche moyennedu facial ;l'animalcrie.
Lorsque maintenant nous coupons cette branche du fa-
cial, I'animalcrie encore et nous constatonseu outre que
les bouts periphcriqueet central resultant de cette section
sont d'une sensibilite tres evidente. Maintenant, nous
coupons le rameau de la cinquieme paire qui s' anas-
tomose avec la branche moyenue du facial, le chien
pousse des cris tres forts. Apres cette section, nous
piij(;ons le bout peripherique de la [tranche anastomo-
tique coupe'e, r animal ne crie pas, tandis que le pince-
ment du bout central produit au contraire une clouleur
vive. Ce rameau est done sensitif et c'est a lui que le
bout central du facial devait sa sensibilite. Quant a la
sensibilite du bout peripherique, elleluivientaussi de la
cinquieme paire, mais par les anastomoses qui out lieu
dans les reseaux terminaux.
J'ai toujours rencontre1 la sensibilite re'currente chez
le chien en agissant dans des circonstances favorables
indiqueesdausle semestre dernier. Mais chez certains ani-
maux. tels que le cheval et le lapin, la sensibilite recur-
rente est quelquefois tres obscure et parait meme man-
quer, comme cela a eu lieu dans ('experience suivante :
Exp. — Surun vieux lapin, on decouvritla branche
moyenne du facial au uiveau de son anastomose auri-
culo-temporale.
DU NEHF FACIAL. ^T
En pincant la branche, en masse, au-devant de son
anastomose avec la cinquieme paire, on la trouva sen-
sible. Lorsqu'on Feat coupee, le bout central seul etait
sensible. En pincant la portion du tronc facial qui pre-
cede 1' union avec F anastomose, on la trouva insensible.
De sorte que la sensibilite parut resider ici uuiquement
dans la branche anastomotique de la cinquieme paire,
et le facial se montra insensible. Cela tiendrait-il a la vieil-
lesse de I' animal on a son peu de sensibilite propre ?
Nous avons dit tout a 1'heuro que chez le chien, la
sensibilite que possede le nerf facial a sa sortie du trou
stylo-mast oid ien depend d'un filet anastomotique qu'il
recoit dans le canal spiroi'de, filet provenant du pneu-
mogastrique. Cette sensibilite ne peut dependreen effet
que de 1'adjonction d'un filet sensitif dans le canal
spiroi'de, car a son entree dans ce conduit le facial n'est
pas sensible d'une maniere evidente. II est vrai que pour
F examiner il faut toujours ouvrir le crane, ce qui peut
lui enlever sa sensibilite recurrente. Toutefois les nerfs
sensitifs out conserve leur sensibilite directe et le facial,
s'il la posse'dait, 1'aurait egalement conservee.
La sensibilite que le nerf facial presente a sa sortie du
trou stylomastoi'dien a ete 1'objet d'opinionsfort diverses.
AutrefoiSj lorsqu'on admettait que le nerf vidien etait
une branche de la cinquieme paire qui , du n»axillaire
superieur, venait se rendre au facial pour Faccompagner
dans le canal spiroi'de, on admettait que le facial etant
deja devenu mixte a la sortie du trou stylo-mastoidien
par cette anastomose, donnait a cause decela des signes
de sensibilite dans son bout central. Mueller a emis
28 PROPIllliTE DE L' ANASTOMOSE AURICULAIRE
1'opinion beaucoup plus probable que cette sensibility
du facial a la sortie du trou stylo-mastoi'dien depen-
drait de L'anastomose quo ce nerf contracte . clans sa
portion descendante , avec le pneumogastrique , anas-
tomose qu'il ne faudrait pas des lors considerer comme
fournie par le nerf facial an nerf pneumogastrique,
mais bien par le pneumogastrique au facial. Jusqu'a pre-
sent, a ma connaissance, aucune experience directe n'a
ete faite sur ce sujet. Pour jugercependant dela valeur
de cette opinion, il est indispensable de faire une ex-
perience directe et c'est ce que nous avons tente avec
succes.
Cette anastomose entre lepneumogastriqueet le facial,
qui emane de la branche auriculaire du pneumogas-
trique, se montre tres volumineuse chez le cheval et le
bosuf.
Inexperience que nous avons faite relativement a cette
anastomose sur nn chien n'est pas de nature a etre pra-
tiquee a I'amphit'he'atre. Elle est fort longue, trespenible,
et c'est avec peine que i'operateur lui-meme pent en
suivre les details. Nous r avons executee hier matin ; au
bout de deux heures nous avions a peine termiue.
Le precede a consiste , prenant un gros chien bien
portant, a lui abattre 1'oreille gauche, de maniere a
pouvoir facilement arriver sur le facial a sa sortie du
crane. Alors, suivant le nerf, en nous aidant de la gouge
et du maillet, il nous a fallu sculpterle rocher, detruire
1'apophyse mastoi'de clont les cellules donnaient une
hemorhagie souvent tres considerable qu'on arretait en
bouchant les sinus avec de la cire ramollie, nous reinon-
DU NSRF FACIAL. 29
lames ainsi le parcours da nerf facial dans le canal
spiroi'de avec de graudes precautions pour ne pasle bles-
ser. L'auimal etait, bien enlendu, prealablement soumis
aux inhalations du chloroftirme.
Apres deux heures environ, nous avionsreussi amettre
a nu la branche anastomotique qni unit le facial an
pneumogastrique. La plaio fut recouverte ct nous lais-
samesl'aninialse reposer, et ce n'est que quelque temps
apres 1'operation qu'il sortit du sommeil dans lequel
Favaient plonge les inhalations de chloroforme.
La plaie fut decousue et nous pinrames le tronc du
nerf facial an-dessous de son anastomose avec le ra-
meau auriculaire ; il se inontra e videmmcnt sensible.
L'ayant alors coupe a ce niveau, l<\s deux bouts furent
trouves sensibles. Nous avions done, en ce point, affaire
a un nerf mixte, sensible par ses deux bouts.
Aussitot apres cette observation, nous coupames la
branche anastomotique du vague et cette section causa
une douleur vive. Pincant alors de nouveau le nerf
A
facial, nous reconninnes que la sensibilite du bout cen-
tral avail disparu. Elle lui venait done de cette anasto-
mose avec le pneumogastrique. La sensibilite du bout
peripherique qui etait recurrente venait de la cin-
quieme paire et persistait tout entiere. Ces observations
ont ete faites dans de bonnes conditions, quatre heures
apres 1'operation; Tanimal etait suffisamment repose
puisqu'on a pu constater la sensibilite recurrente du
nerf facial coupe.
Voici la tete de ce chien qui a ete sacrifie apres
Texpe'rience et sur laquelle vous pourrez recoimatlre
30 ANASTOMOSE DU FACIAL ET DU VAGUE.
1'etendue et la nature des delabreuients produits. Au
fond de la plaie se trouvent a decouvert le nerf facial et
le filet anastomotique qui le reunit au pneumogastrique.
Vous pouvez voir les points ou ont e'te pratiquees les sec-
tions de ces nerfs.
A propos de la cinquieme paire, nous reviendrons
encore sur cette sensibilite du nerf facial. Concluons
seulement pour le moment que I'anastomose du facial
avec le pneumogastrique est un ranieau de sentiment
qui vient du pneumogastrique au facial.
TROISIEME LECON.
13 MAI 1856.
SOMMAIHE : Partie extra-cranienne du nerf facial. — Son influence sur
les inouvemcnls de la face. — Mouvements des paupieres; influence
qu'exerce sur eux la section du nerf facial et du grand sympathique.
— Mouvements des narines. - - Effcts de Ja paralysie des narines chez
les chevaux. — Mouvements des levres et des joues. -- Efletsde leur
paralysie sur la mastication ct la prehension des aliments. -- Influence
de la section du facial sur les niouvements de Toreille. — Resume.
— Experiences.
MESSIEURS,
Dans 1'histoire dii nerf facial quo nous aliens con-
tinuer aujourd'hui, nous etudierons successivenient le
role des rameaux qui naissent de ce nerf dans son tra-
jet intra-cranien , et extra-cranien. De chacune de ces
parties du facial enmnent des filets qui out des fonctions
differentes. Les premiers, ceux qu'il donne pendant son
trajet dans le eanal spiroi'de du temporal, sont tous,
excepte un, en communication avecdes ganglions: nous
laisserons la leur histoire, pour la reprendre plus tarcl
comme une dependance du nerf trisplanchnique an
systeme duquel ilsappartiennentsuivant nous. II n'enest
plus de meme des rameaux qu'il donne plus loin sur la
face et qui offrent une distribution nioius cornpliquee.
Le facial, considere dans sa portion externe , termi-
nale, est un nerf qui emerge a la partie posterieure de
face et va se distribuer presque exclusivement aux
muscles peauciers de la face et de la tete, donnant le
EFFTS DE LA PARAI.YSIE DU XLRF FACIAL
mouvement aux parties exterieures des organes cles
sens.
Nous clevrons done examiner successivement 1'in-
fluence des deux portions du nerf facial sur chacunedes
parties des differents organes des sens.
(Test le nerf facial qui donne le mouvement aux pau-
pieres, et lorsque les filets qui s'y distribuent out ete
coupes ou paralyses d'une facon quelconque, les pau-
pieres sont immobiles bien que leur sensibility soit
rested intacte.
\7oici un lapin sur lequel nous avous tout a Theure
coupe le facial dans le crane.
Vous pouvez voir (pie 1'opil reste ouvcrt, les mouve-
ments des paupieres sont abolis du cote ou a porte la
section, du c6te gauche. Si Ton vient a toucher le globe
del'ceil a droite, on y provoque 1'occlusion despaupieres.
Rien de semblable n'a lieu a gauche ou le globe do Tceil
seul se deplace : Tanimal a, en eflet, conserve les mou-
vements du glol)e oculaire auxquels preside des ra-
meaux autres que ceux du moteur facial. L'ceil gauche
reste ici completement a decouvert, et, lorsque Familial
dormira, Foeil droit seul sera ferine. La meme chose s'ob-
servechezrhomme dans les casdeparalysiedu nerf facial.
Par quel mecanisme 1'ceil reste-t-il ainsi ouvert?
Deux muscles donnent le mouvement aux paupieres:
le muscle prbiculaire, qui ferme les paupieres, et le
muscle elevateur propre de la paupiere superieure qui,
au contraire, decouvre le globe de 1'oeil. L'etat d'ecarte-
ment permanent des paupieres qui s'observe lorsque le
rameau palpebral du facial est coupe, tient a ia predo-
SUR L'OEIL. 33
minance de Faction d'un de ces muscles. Dans ce cas,
1'orbiculaire seul est paralyse ; quant an releveur de la
paupiere superieure, il conserve son action parce que
son nerf, reconnaissant une autre origine que le facial,
est reste intact.
Relativement aux paupitVes, la consequence de la
paralysie du facial est done leur ecartement permanent
par suite du defaut (Faction du sen! muscle qui puisso
en determiner Focclusion, du muscle orbiculaire.
La se borne Faction du nerf facial sur Fceil; aucune
lesion consecutive de la nutrition nese remarque apivs
la section ou la paralysie spontane'e dece nerf.
Plus lard, quand nous envisa^M-ons Finfluence do la
cinquierne paire sur Fceil, nous verronsla paralysie de ce
nerf <Mre suivie au contraire (Fune alteration de nutri-
tion, d'une lesion organique do la rorne'o et de la ron-
jonctive. On avail pense autrefois que cette lesion tenait
a ce que dans la paralysie dela cinquieme paire, les pau-
pieres ne, se fennant plus sur le u,iobe de Fd'il . ne
venaient plus en lubrilier la surface. L'absence de lesions
de nutrition apres la section du facial nous montre qu'il
taut renoncer a cette explication drs altrrations de Fcril
observees a la suite de la paralysie de la ciuquieme
paire, quoique dans ces derniers temj)s on ait encore
soutenu cette opinion que nous aurons a examiner plus
loin. Je viens de vous dire que dans la paralysie de la
cinquieme paire, les paupieres ne recouvrent plus le
globe de Foeil ; il ne faudrait pas en conclure qu'elles ont
perdu le pouvoir de se fermer. Dans ce cas, le muscle
orbiculaire peuttoujours se contractor; mais la sensibi-
B., S\8T. NEBV. — It. 3
3/J. EFEETS DE LA PARALYSIE DU NERF FACIAL
lite^ de la conjonctive etant perdue, aucune sensation ne
vient solliciter les contractions de 1'orbiculaire et il reste
dans le relachement.
Cependant, qtielquefois il y a. comme nous le verrons
a propos des sections cle la cinquieme paire, un cligne-
ment sympathique qui se fait dans Tceil du cote ou la
cinquieme paire a etc coupe" e en meme temps que du
cote oppose. II y a d'autres cas dans lesquels ce cligne-
ment sympathique a egalement lieu et nous avons a ce
sujet observe un fait singulier que voici :
(Exp. 10 aout 1842). — Sur un lapin de forte taille, on
constata qu'en irritant la conjonctive on produisait des
mouvements dans 1'oreille dume'me cote; qu'en irritant
1'oreille, on produisait des mouvements dans la paupiere
du meine cote. Apres la section de la cinquieme paire,
lorsque 1'oreille etait encore sensible par les filets du
plexus cervical et que 1'oeil etait insensible, on observait
encore cette occlusion des paupieres lorsque Ton venait
a pincer 1'oreille. La reciproque aurait-elle lieu et la
meme reaction se produirait-elle sur les mouvements de
1'oreille rendue insensible enlaissant 1'ceil sensible?
Ainsi, le symptome d'immobilite des paupieres
qui survient dans les deux cas de paralysie du facial et
de la cinquieme paire se traduit dans deux etats patho-
logiques dictincts et reconnaissant des causes prochaines
bien differentes.
Le lapin sur lequel nous venous de constater les effets
immediats de la paralysie du facial sur I'osil, sera con-
serve, et vous verrez son ouil dans la prochaine
lecon tel qn'il est aujourd'hui : sur lui. vous pourrez
SUR L'OEIL. 35
constater 1'absence de lesion consecutive que je vous ai
signalee.
Le nerf facial qui donne le mouvement au muscle
orbiculaire , et la chiquieme paire qui donne le sen-
timent a 1'organe de la vision et a ses annexes, sont-
ils les seuls nerfs qui agisseiit sur I'ouverture palpe-
brale?
Non, messieurs, il est encore un nerf qui peut avoir
une action sur les muscles orbiculaires : ce nerf est un
filet du grand sympathique. Depuis longtemps on avail,
vu que la section du grand sympathique dans la region
cervicale entrainait des desordres du coir de 1'oeil. Mais
1' attention des physiologistes sYtait portee sur les phe-
ndmenes survenus du cole de la pupille; j'ai fait remar-
quer ({lie ce nerf exmr missi uiae influence sur les
mouvements des paupieres.
Ex/i. — Surce lapin auquel on vient d'enlever le gan-
glion cervical superieur du grand sympathique, vous pou-
vez voir que du cote ou a (He faite cette ablation, 1'ou-
verture palpebrale est re'tre'cie. Le muscle orbiculaire est
dans un etat decontraction permanent^ qui n'estpas du
tout la paralysic. Quand ou touche le globe de 1'oeil, ce
muscle orbiculaire se contracte et le recouvre : II a done
conserve ses mouvernents, sa spontaneity, mais son re-
lachement n'est pas complet. C'est quand nous e'tudie-
rons le grand sympathique qu'il y aura lieu de nous
arreter a 1'examen du phenomene qui se produit dans
ce cas; nous devons actuellement nous homer a vous
signaler ce fait. Quant au facial nous devons done nous
arreter a cette conclusion, que sa section ne produit pas
36 EFFETS DE LA PARALYSIE DU NERF FACIAL
d'autres effets sur 1'oeil queceux de la paralysie du muscle
orbiculaire des paupieres.
Au nez, le facial est le nerf moteur des narines.
Nous pouvons voir sur le lapin auquel nous avons,
avant la lecon, coupe le facial a gauche dans le crane,
que les mouvements des narines ne s'executent plusque
du c6te droit. La section du nerf facial amene done,
du cote correspondant, la paralysie des muscles qui
meuvent les narines.
Lorsque 1'animal a des narines rigides, la section du
facial n'apas une influence marquee sur les phenouienes
respiratoires, mais il est des conditions dans lesquelles
il n'en est plus ainsi. Chez les chevaux, les narines,
tres mobiles, sont molles; on voit, quaiid ils iuspirent,
les naseaux se dilater et se retrecir dans les mouvements
expiratoires. Lorsque chez ces auimaux on coupe un
nerf facial, la dilatation de la narine correspondante
n'est plus possible ; bien plus, dans les mouvements
d'inspiration , la dilatation de la poitrine produit un
appel d'air (}ui aplatit la narine devenue flasque et en
determine 1'occlusiou. Lorsqu'on a coupe les deux nerfs
faciaux. la respiration par les naseaux est devenue
impossible. Resterait la ressource de respirer par la
bouche; mais les chevaux ne le peuvent pas. Chez eux,
en effet, le larynx remonte assez haut pour venir se
mettre en rapport avec 1'ouverture posterieure des fosses
nasales, II en resulte qu'a la suite de la section des deux
nerfs faciaux, les chevaux perissent asphyxies par suite
de 1' impossibility ou ils se trouvent de dilater leurs na-
rines.
SUR LE NEZ. 37
II est probable qu'il en serait de meme chez les ce-
taces souffleurs.
On oblient alors sur les chevaux cles resultats ana-
logues a ceuxqu'on produit en leur cousant les narines.
Yoici une experience qui etablit ce que nous venous
d'avancer touchant I'influence du nerf facial sur les
mouvements ties narines :
Exp. — Sur un cheval morveux, maintenu couche a
terre, on decouvrit le facial et on dissequa ses branches.-
En les pincant, on les trouva tontes sensibles, mais
assez faiblement. On coupa les trois branches du nerf,
et les bouts centraux resterent sensibles, tantlis que les
bouts peripheriques se montrerent alors insensibles.
On rcniarqua qu'aussitot apres la section du nerf
facial sur la joue, la levre correspondante , iuferieure,
devint pendante; le naseau du meme cote etait paralyse.
Lors de I'inspiration, il s'allaissait et s'aplatissait comme
une soupape, (comme le fait, par example, -le repli ary-
teno-epiglotti(|ue dans l'o?deme de la glotte), de sorte
qu'a ce moment la narine se trouvait completement fer-
mee. Dans 1' expiration, au contraire, les bords de la
narine s'ouvraient et sVrartaient legerement. C'estdonc
la tout a fait Tinverse de.ce qu'on observe a 1'r'tat nor-
mal, dans lequel la narine sY^largit au moment de I'in-
spiration et se retrecit au moment de 1'expiration.
On tourna le cheval de 1'autre cote et on repeta la
me" me experience sur 1'autre nerf facial. Les branches
intactes du nerf etaient sensibles comme celles du cote
oppose. Lorsque ces branches furent coupees, leurs bouts
centraux, examines imme'diatement, se montrerent sen-
38 EFFETS DE LA PARALYSIS DU NERF FACIAL
sibles, inais les bouts peripheriques n'aceuserent aucune
sensibility.
An moment ou Ton fit la section des branches du
facial , la levre inferieure devint completement tom-
bante. La narine de ce cote fut frappee de paralysie, et,
ainsi quecela avait eu lieu de 1'autre c6te, la narine s'apla-
tissait et se soulevait comnie une soupape au moment
de 1'inspiration et de 1'expiration. II en resulta une ve-
ritable asphyxie pour le cheval, qui, ouvrant largement
la bouche, suffoquait malgre" ses efforts pour respirer.
Le cheval ne pouvant respirer par la bouche, a cause de
la disposition du voile du palais et de 1'epiglotte qui
remonte jusqu'a 1'orifice posterieur des fosses nasales;
il s'en suivit une mort de 1'animal par asphyxie.
Get accident est particulier au cheval et ne se moutre
pas chez le chien ouchez d'autres anirnaux qui peuvent
respirer par la bouche.
En outre, chez I'homme, chez le chien, la resistance
des cartilages du nez empeche la paralysie des nerfs
faciaux d'avoir les consequences qu'elles out chez le
cheval; il leur resterait d'ailleurs, ainsi que nous venons
de le dire, la ressource de respirer par la bouche.
Le nerf facial, nous le savons, se distribue encore
aux levres et aux joues. L'immobilite cle ces parties est
la consequence de sa section. Si Tamma! veut prendre
ses aliments avec les levres lorsque le facial est coupe
des deux cotes, ce mode de prehension lui est devenu
impossible. J'ai vu par exemple, en coupant les deux
nerfs faciaux chez des lapins que ceux-ci, etant reduits
SUR LES JOUiiS. LES I.EVRtS Li L'oRLSLLL:. 39
a saisir avec les dents les aliments qu'on lour domie,
etaient obliges de les macher eo levant latete, sans quoi
ces aliments leur echappaient. La joue est alors paralysee
en meme temps et, le buccinateur ne se contractant plus,
les aliments ne sont plus ramenes sous les dents pendant
la mastication. Us s'accunuilent des lors eiitre Farcade
dentaire et la joue, et gonflent celle-ci an point de
gener les mouvemenls des machoires. II y a en outre,
comme consequence de la paralysie des filets du digas-
trique et stylo-hyoi'dien du nerf facial, des difficulty's
apportees dans la deglutition, si bien qn'apres la section
desdeux nerfs faciaux, ces animauxmangentlentement,
difficilement, ne peuvent plus se nourrir suffisamment
et Cnisscnt par mourir de faim.
La paralysiodu muscle buccinateur qui est animo pai§
le nerf facial, donne a la joue unc flaccidite qui, dans
les mouvements d'expiration, rempeche de resister a la
pression de 1'air expire. II en resulte, du c6t<3 paralyse
seulement, une distension intermittente de la joue pro-
duisant un soulevement particulicr , souvent observe
chez 1'homme et qu'on caracterise en disant que le
malade fume la pipe.
Enfin, messieurs, la section du nerf facial ameneaussi
des modifications tres apparentes du cote de 1'oreille.
Sur ce lapin, qui a le nerf facial gauche coupe, vous
pouvez voir 1'oreille gauche tomber; il ne pent plus la
redresser comme 1'oreille droite. ce qui tient a la
paralysie des muscles exterieurs du pavilion de 1'oreille.
Ce phenomene est tres marque chez les animaux qui,
comme Tane, out delonguesoreilles. Chez 1'homme il n'a
EFFETS DE L\ PARALYSIE DU NERF FACIAL.
pas lieu; 1'oreille reste a pen pres immobile, dans une
position determinee a cause de la rigid ite de ses car
tilages el la paralysie des muscles auriculaires n'y pro-
duit pas de deformation apparente.
La branche auriculaire du nerf pneupaogastrique
parait aussi avoir une certaine influence sur les mouve-
ments de 1'oreille. Yoici, en effet, ce que nous avons
observe :
Exp. — On fit sur un lapin la section dela branche au-
riculaire du nerf pneumogastrique avant son anastomose
avec le facial. Aussitot apres la section de ce filet,
1'oreille devint basseet tornbante, tandisquecelledu c6te"
oppose resta droite. Cependaut, quand on irritait I'ani-
mal, Toreille tombante se redressait; rnais ensuite,
quand le lapin rtait en repos, 1'oreille relombait. On
observa ce resultat d'line maniere conslante pendant
quatre jours de suite; apres quoi, 1'animal etant sacri-
fie, on constata que i'aoastomose entre le facial et le
pneumogastrique etait bien exactement coupee.
En resume, lapartie exterieure du nerf facial preside
aux mouvements dc la face qui out en general pour
siege les ouvertures des organes de sens. Ce nerf est
done exclusivement moteur, et lorsqu'on a coupe son
tronc au sortir du trou stylo-mastoi'dien, on n'observe
aucune alteration dans les mouvements profonds de la
face.
Une derniere observation doit encore eirefaite ici re-
lativement a la paralysie de la partie externe du facial.
Lorsque ce nerf est paralyse chez 1'homme d'un seul
cote, on a une deviation des traits qui sont tires du cote
DEVIATION DES TRAITS DE LA FACE. /ll
sain ; cette deviation est bieii connue et je u'insisterai pas
sur elle. On a explique cette deviation en disant que les
muscles paralyses ayant perdu leur puissance contrac-
tile on leur ton, 1'action antagoniste subsistait seule.
Je ne sais pourquoi, ciiez les animaux, on observe
exactenientl'inverse, c'est-u-dire que les traits sont tires
du cote de la paralysie. Cette deviation s' observe moins
facilement chez le lupin, mais je vous la montrerai cbez
lechien. Je vous donne simplement ce fait sans cher-
cber pour le moment a 1'expliquer.
Actuellement, messieurs, nous allons vous exposer un
certain nombre d'experiences que nous avons faites deja
depuis longtemps et dans lesquelles vous trouverez les
preuves des tliilt- rentes assertions que nous avons avan-
cees dans cette lecon.
d
Exp. — Sur un lapin on coupa a gauche le nerf facial
a la sortie du trou stylo-mastoi'dien. Apres cette section,
les traits de la face etaient aplatis, et attires en arriere,
a gauche, c'est-a-dire du cote paralyse. Cette deviation
des traits est done I'in verse de ce qui a lieu chez
1'homme.
Apres la section de la cinquieme paire, la face pre-
sente un autre aspect : an lieu d'etre tendu et tire en
arriere, le c6te de la face est, au contraire, flasque et les
traits sont tombants. On peut, a cet aspect seul, recon-
naitre de loin si c'est le facial on la cinquieme paire qui
a ete coupe.
Exp. — Sur un lapin chez lequel les deux nerfs fa-
ciaux avaient ete coupes dans la caisse du tympan , on
conslata que la sensibility Otait conservee des deux cotes
/l2 UE LA PARALYSIE DU NERF FACIAL.
de la lace. Les mouvements du nez, des levres, des
oreilles, des joues, etaient completement perdus. Les
machoires seules pouvaient se mouvoir.
Le lapiu prenait sa nourriture avec les dents, ma-
chant tres bien ; mais les aliments macho's se placaient
entre les joues et les machoires et y restaient accumules
en quantity plus ou moins considerable.
On observa le meme phthiomene sur quatre autres
lapins chez lesquels le nerf facial avait etc coupe des
deux c6t('is.
Eoop. - - Sur un chat, on fit 1'extirpation du facial
d'un cote.
Uoreille correspondante resta parfaitement droite,
immobile; la paupiere etait fixe et ne se fermait pas,
mais 1'animal clignait avec la troisieme paupiere qui avail
conserve tous ses mouvements. La pupille etait verti-
cale, et, comme celle de 1'autre u?il, n'offrait rien
d'anorrnal. Le globe oculaire avait e'galement conserv^
tous ses mouvements.
L' animal se placait souvent devant le feu , et quand
il s'endormait en se chauffant, il fermait les paupieres
de Fceil sain, tandis que celles de I'ceil opere restaient
ouvertes. Mais de ce cote la paupiere clignotante
s'e'tendait au-devant de I'oeil.
Exp. - - Sur un lapin de taille moyenne, on fitTextir-
pation des deux faciaux. Apres Textirpation du facial
droit. les traits de la face etaient aplatis, tires en bas et en
arriere de ce cote. Apres 1'extirpation des nerfs faciaux,
tous les mouvements etaient paralyses : les oreilles etaient
basses. II y avait cependant parfois nne espece de sou-
HXPERi, \. . A3
levement des Marines qui tenail sans cloute a un souleve-
ment par 1'air expulse.
Dans I'arrachement du facial, il arrive quelquefois
que Ton menage le nerf acoustique et parfois aussi le
petit ganglion genicule du facial ainsi que le nerf in-
termediaire de Wrisberg. Ici, on n'a pas examine ce
qui avail eu lieu ; mais on observa que 1'ou'ie du lapin
etait considerablement affaiblie. Toutefois I'aiiimal en-
tendait encore les bruits lorsqu'ils etaient tres violents.
LTanimal mangeait mais avalait ditlicilement ; les ali-
ments s'accumulaient entre les arcs dentaires et les
joues; si bien qu'il mourut pendant la unit, proba-
blement eloufle par les aliments qivil avail dans la
bouche.
Nous avons fail ensuite diff^reotes experiences sur
1'extirpalion des nerfs qui ont des rapports avec le facial,
el nous avons vu que :
a. En extirpant le facial, on n'arracbe pas son ana-
stomose avec le pneumogastrique dansla portion osseuse
du temporal.
b. En arrachant le pneumogastrique , on enleve les
deux faisceaux radiculaires du nerf; mais on ne detruit
pas son anastomose avec le facial. Comme cette anas-
tomose prend directement naissance du ganglion jugu-
laire, il est pronaltie qu'on n'arracbe pas ce ganglion.
c. En extirpant le nerf spinal on pent quelquefois n'en-
lever que la branche externe ; d'autres fois on n'extirpe
aussi la branche interne, quand on saisit le nerf plus
haul. Quelquefois les animaux suiFoquent subitemenl,
cela tient-il a ce qu'on a lese les vagues ou d'autres nerfs ?
1\l\ PARALYSIS DU NERF FACIAL.
d. En extirpantl'hypoglosse,onn'atteinl aucunement
les nerfs de la huitieme paire.
Exp. — Sur an lapin do forte taille, on enleva le gan-
glion cervical supn-ieur. Le ganglion put etre pi nee sans
douleur, seulement I'arrachement determina un pen
de sensibilite. On fit ensuite la section des branches
superficielles dn plexus cervical. Les mouvements de la
narine correspondante ne changercnt pas. On observa
seulement encore, apres 1'ablation dn ganglion , la de-
formation deja signalee de 1'ouvertnre palpi'brale avec
saillie considerable de la troisieme paupiere ainsi que la
contraction de la pnpille.
On exposa les deux yeux a la lumiere dn soleil : Les
deux pupilles se contracterent; maisTiris du cote gauche
ou le ganglion avail ete enleve paraissail bien plus sen-
sible a 1'action de la luniiere.
Ensuite on essaya de conper Vanaslomose du pneumo-
gastrique dans la caisse a gauche et on coupa le facial.
11 y eut immobility do tout le cote correspondant.
Le lendemain, les mrmes phenomenes persistaient.
On voulut faire la section de 1'anastomose du pneumo-
gastrique a droite et on coupa encore le nerf facial.
L'animal avalait diiticilement; 1'herbe s'accumulait
entre les dents et les joues; il mourut deux jours
apres.
A Tantopsie : epanchement de sang dans les deux
pouinons, serosile liquide dans le pericarde, rien dans
la plevre.
Exp. — Sar un lapin de forte taille, on fit a gauche
1'ablalion du ganglion cervical superieur.
Le ganglion cervical put etre pince et lacere sans
provoquer aucun signe de douleur, seulement 1'animal
cria au moment de 1'airachement. On examina si cette
operation avait amene quelque diminution dans les mou-
vements de la narine du cote correspondant et on ne vit
rien de bien evident a ce sujet.
Le lendemain, en observant 1'aninial, on remarqua
pour la premiere fois qu'il existait du cote ou le gan-
glion avait ete enleve un relrecissement et une de-
formation parliculiere do ruuverture palpebrale. On
observa e"galement le phenoinene bien conim du retre"-
cissemenl de la pupille qui existait du cote gauche.
Deuxjoursapres,onn'0bservait riende nouveau. Alors
on fit a gauche la section de 1'anastomose du pneumo-
gastrique, maison opera involontairement la section du
tacial et on abolit tons les mouvemeuts de la face. Le
retrecissement do la pupille persista. Le lendemain on
essaya decouper ['anastomose du cole droit; mais cette
fois encore on coupa le facial du cote droit, de sorte
que ce nerf elait coupe des deux eotrs. On s'assura ([lie
1'animal entendaittresbien, malgre ([ue les deux faciaux
fussent coupes dans la caisse. Lorsqu'oii laissait toniber
(juelque chose a terre, il prenait la fuite au moment ou
le bruit se produisait.
Les jours suivanls, 1'animal presenta les memessym-
pt6mes; il mangeait avec difficulte et mourut apres cinq
jours. A 1'autopsie, ou trouva la bouchc remplie d'herbe
incompleteiuent broyee. L'animal, qui n'avalaitque dif-
ficilernent a cause du sejour des aliments entre ses joues
paralyst-es, macbait toujourset avait Tair de ruminer. On
DE L\ PARALYSIE DU NERF FACIAL.
remarqua dans les deroiei s jours de la vie du iapin que-
Foeil gauche, ducote ou ie ganglion cervical avait ete en-
leve, etait humide et larmoyant. On avait egalement
observe qu'il y avait un ecoulement par la narine, du
meme cote.
Exp. - - Sur un jeune lapin, on fit la section de la cin-
quieme paire a gauche. Apres la section, les traits e"taient
pousses en avant. Les mouvements des narines s'execu-
taient bien des deux cotes. Alors on fit 1'ablation dn
ganglion cervical superieur a gauche ; les mouvements
de la narine de ce cote continuaient, surtout quand on
comprimait la trachee ; a IViat de repos, ils semblaient
u n peu modifies.
Eiiiin on lit la section du nerf facial dans la caisse du
tynipau du c6te gauche. Les traits qui avaient ete pous-
ses en avant au moment de la section de la cinquieme
paire se retirerent un peu en arriere et se mirent de
niveau avec ceux du c6t6 oppose.
L' animal fut ensuite sacrifiedans uneautre experience.
Tels sout messieurs, les phenomenes exterieurs qui
apparaissent dans la face quand on a detruit le facial par
un precede quelcoiique. Nous aurions maintenant a rap-
procher les resultats que nous fournit rexperimentatiou
chezles animaux, dessymptomes que la lesion de cenerf
determine chez 1'homme. Sous ce rapport, nous pour-
rions citer un grand nombre de cas de paralysies de la
face simples ou doubles chez Fhomme, observe'es par
differentsauteurs, et nous trouverions Fanalogie la plus
complete entre les phenomenes pathologiques et ceux
qui sont le resultat de 1' experimentation. Ce sont la des
EXPERIENCES 111
faits teHement connus qu'il est completement inutile d'y
insister.il y a seulement une difference que nous avons
deja signalee : c'est la deviation des traits du cote du
du nerf paralyse chez les animaux et du cote oppose
chez I'homine. Sans vouloir entrer dans 1'explication de
ce phe'nomene, nous dirons cependant que chez
rhomme, dans certains cas ou la paralysie du facial a
succeYle a une nevralgie, il survient une sorte de contrac-
tion qui tire les traits du cute ineme de la paralysie.
C'est la une sorte d'influence que le nerf de sensibilite
exercerait sur le nerf de mouvement. Nous aurons a
revenir sur cette influence a propos de la cinquiemc
paire en vous parlant de Inflection convulsive, a laquclle
on adonne lenom de tic douloureux dela face, affection
caracterisee par des mouvements convulsifs, reflexes,
qui surviennent dans le nerf de mouvement par suite
d'une lesion du nerf de sentiment.
QUATRIEME LECON.
I") MAI ISo".
SOMMAIRE : Nerf trijumeau. — Ses fonclions. - - Experiences de Ma-
genclie, de Schaw. — Vucs dc Ch. Hell. -- Anatomic do la cinqnieme
paire. — Section de la cinquieme paire dans le crane. -- I'rocedi!. —
Experience. — Eflets de cetle operation, immediats et consecutifs. -
Eflets compares de la section de la cinquieme paire avant el apres le
ganglion de dasser. -- Accidents qui stirvic-nnent du cole de 1'a'il
apres la section du nerf trijumeau. — t,a cecite" est conse'cuiive el non
primitive. — Experiences.
MESSIEURS ,
Apres avoir etudie la distribution et le role de la por-
tion extra-cranienne du facial, nous devrionsaujourd'hui
examiner sa partie intra-cranienne, c'csl a dire les filets
qui en omanent depnis son origine de la nioelle allon-
g(^e jusqu'iisa sortie par le trou stylo-mastoi'dien. Mais,
ainsiquejevous 1'ai deja indique, ces filets, suivantnous,
font partie du grand sympathique et nous renvoyons
leur etude apres cello de la cinquieme paire qui est
le nerf sensitif principal de la face.
Je dois vous montrer encore le lapin sur lequel nous
avons, dans la derniere seance , fait la section du nerf
facial a sa sortie du crane. Vous voyez que du cote gauche
ou ce nerf a etc coupe les mouvements de la face sont
completement abolis, bien que la sensibilite persiste,
conime il est facile de le voir aux mouvements provoques
par les excitations dans les parties qui sont encore ca-
pablesdese mouvoir. tel que le globe de lYpil. II est aise
NERF TRl.JUME.YU. /j9
tie voir sur cet animal qu'aucunc alteration de nutrition
n'a suivi la section du facial. Bien qne les paupieres ne
puissent plus recouvrir le globe de 1'oeil, celui-ci est
reste humide et brillant ; la cornce n'a pas perdu sa
transparence.
Laissons done la le nerf -facial ; nous aliens atijour-
d'hui entreprendre 1'e'tude de la cinquiemc paire. dont
1'histoire se rattache du reste etroitement a celie de la
portion (lure de la septiemo paire.
La cinquiemc paire. nerf trijumeau, donne la sensi-
bilite a la face; la physiologic de n1 nerf n'esl bien
connue que depuis leslravaux dc Ma^Midic. Avant lui,
voyant le nerf trijumeau sc distribner a la peau de la
face et le facial se dislribuer aux muscles de cette
region, Ch. Bell avail deja ctablila difference fonction-
nclle ([ii i srpare physiologiquement ces deux nerfs. 11 fit
faire l'expe"rience sur un ane ])ar Schaw. (jui, conpant
d'un cote la brancbe sous-orbilaire de la ciiKjuieme paire
et de Tautre les rameaux buccaux du facial, ant-antit le
sentiment de la levre supt^rieui-e d'un cote et le mou-
vement de 1'autre cote.
La presence du ganglion de Gasser a 1'origine du
nerf trijumeau fut ensuitc pour Ch. Bell une raison
de rapprocher ce nerf des racines posterieures.
Au moment ou Magendie entreprit ses experiences
sur la cinquieme paire, on avait done seulement demou-
tre qu'elle donne le sentiment a la levre, et que le facial
lui donne le mouvement. Les experiences de Magendie
apprirent surlout que non-seulement le nerf trijumeau
estun nerf sensitif, mais qu'il a encore une influence
B,, SVST. HERY. — II. 4
50 NERF TRUUMEAU
tres remarquable sur la nutrition de la t'aceet par suite
sur les manifestations sensorielles.
Vous savez quo 1'origine apparente do lacinquieme
paire a lieu au pont de Varole par deux portions, 1'tine
^rosse, 1'autre petite ; lagrossi; portion constitue un nerf
de sentiment, la petile portion est motriee.
Immediatement en sortant du ganglion qui se trouve
pen apivs son origint1, le trijumeau se divise en trois
anches : la branche ophthalmiqu6, la branche maxil-
laire snperieure et la branche maxillaire inferieure.
Les deux brandies superieures sont des nert's purs de
sentiment. Mais la branche inferieure est mixte, cequi
est du a une partie motrice fort grele, qui n'entre pas
dans le ganglion et vient, un peu au dela, se joindre a la
branche maxillaire interieure. Cette portion motrice
vient ensuite s'associer a certains filets du nerf maxil-
laire iuterieur, qui grace a cette adjonction deviennent
mixtes, tandis que d'autres restent seulement sensitit's.
Tandis que toute la partie ganglionaire du nerf trijumeau
preside a la sensibilite generale de tons les organes des
sens, de la pruu de la face,, excepte a celle de la partie
interieure et posterieure de 1'oreille, la portion motrice
c
qui est venue se joindre a la branche maxillaire interieure,
donne le mouvement aux muscles masticateurs. Aussi,
quand on a coupe completement sur un lapin, la cin-
quieme paire, ranimala perdu non-seulementla sensibi-
lite de la face, inais aussi les mouvements de la machoire
inierieure : si le trijumeau a ete coupe des deux cotes,
la mastication est devenue impossible. Lorsque la section
EFFETS DE SA SECTION.
n'a ete pratiquee ([ue d'lin soul cute , les nioiiveinents
masticateurs peuveut encore s'exe'cuter grace a 1'inte-
grite des niouvements du cote oppose.
Voilapour cequi concerne les phenomenesqui suivent
immediatement la section dn nerf trijunieau.
D'autres effets, portant plus specialement sur les
sens, s'observent lorsque, coinine 1'a fait Magendie,on
coupe la cinquieme paire dans le crane de maniere que
les aniniaux survivent.
Cette operation , que nous aliens pratiquer devant
vous, est difficile par la raison simple qu'on
ne voit pas ce qu'on fait. Le tronc du triju-
nieau cniaiie de la partie supe"rieure et externe
de la protuberance aimulaire, vers le lieu oil
naissent les pedoncules cerebelleux inoyens. 11
esi evident qu'on ne pourrait decouvrir le nerf
en ce point qu'en enlevant la voute du crane et
une partie du cerveau, ainsi qu'on Ta fait sur
cette ])ioc'o qui vient d'un lapin (%. 2). Comnie
dans Toperation que nous allons pratiquer,
nous agissons sans voir le nerf, il faut toujours
se resiguer, en raison liitMne de cette difficulte,
a courir les chances de quelques insucces.
Pour couper la cinquieme paire dans le
crane , on pent faire usage d'instruinents de
forme tres ditferente.
Le premier, celui dont se servait Magendie
est une sorte de crochet cuneiforme tranchant
que voici. (^elui dont nous faisons usage pour
arriver sur la racine du trijumeau et la couper est
52
SECTION
FIG. 2 (l).
(1) Section de la cinquieme paire dans le crane chez le lapin. —
Le crane est ouvert ct le cerveau enlevt5 afin de montrer les origines des
DU NERF TRUUMEAU DANS LE CRANE. 53
represente (fig. 1). On pent encore donner a cet
instrument une forme analogue a celle d'un canif. Voici
d'ailleurs le proce'de' tel que nousle suivons (fig. 2) :
1° On tient solidemcnt de la main gauche la tete du
lapin en sentant avecle doigtun tubercule place imme-
diatement au-devant de 1'oreille et qui est constitue par
le condyle de la machoire infrrieure. En arriere de ce
tubercule, on trouve une portion osseuse dure qui est
1'origine du conduit auditif ;
2° On pique avec ['instrument H immediatement en
arriere du bord supmeur du lubercule condylien, en
dirigeant lapoiuto de rinstrunient un pen en avant pour
eviter detombenlnns Pe'paisseur meme du rocher et par-
venir plus facilement dans la fosse iemporale moyenne;
on incline en me' me temps un pen en haul atinde ne pas
glisser dans la fosse /ygnmaliqiie en manquant ainsi
d'entrer dans le crane;
o° Aussitot que rinstrunient a penetre dans le crane,
ceqni se reconnait a ce que sa pointe pout se mouvoir a
1'aisc, on cesse de le pousser et le dirige aussitot en
ncrfs ct la marclic que ('instrument doit snivre pour parvenir sur le
tronc de la cinquienie paire.
A, nerfs olfaclil's; -- B, ncrfs optiques; — C, nerfs moteurs oculaires
communs ; -- D, ncrfs patheliques ; — E, lame de rinstrunient pe*ne-
trnnt dans le crane par sa base pour couper le trijinneau (deuxieme
precede"); ~ G, G', tronc du nerf de la cinquienie; a droite, en G', le
nerf est coupe par le premier precede, par le cote lateral du crane; — H,
extremile de rinstrunient arrivee sur le tronc de la cinquienie paire,
apres avoir glisse d'ai riere en avant et de haul en bas sur la face du ro-
cher, en meme temps que le nianche de 1'instrument se dirigeait de bas
en haul et en arriere, 1 ; — II', nerfs de la seplieme paire; — K , coupe
de la moelle allongee.
5/J NKHF TKI.IUMK\U
has et en arriere on faisant idisser son dos contre la
face anterieure du rocher qui doit servir d'e guide
dans 1'operation ;
h° Ce point do repere, c'est-a-dire la face anterieure
du rocher, etant trouve. on poussc 1'instrument sur cette
facedu rocher en suivant son Itord inferieuret procedant
gradnelleinent . en enfoneant 1'instrument et appuyant
sur 1'os dont la resistance est facile a reconnaitre. Mais
bieniot on sent, a nne certaine profondeur, que ia resis-
tance ossense cesse : on est alors sur la cinquieme paire
et les cris que pousse 1'animal donnent aussitot lapreuve
qn'oii cuinpriine le nerf;
5° C'est a ce moment, (ju'il fanttenir solidement 1'in-
strnment et la tete de 1'animal ; puis on tourne le Iran-
chant de rinstrninent de facon a le diriger en arrierc
et en has, en meme temps qif on a})pnie dans le meme
sens pour operer la section du nerf immediatement a
son passage sur I'extremite du rocher, en arrierc du
ganglion de Gasser, si c'est possible, on tout au moius
sin- ce ganglion lui-meme.
6° On ramene ensuite rinstrumenten appuyant sur 1'os
de manicre a bien achever la section du tronc de la
cinquieme paire : puis on le retire en lui faisant parcourir
le meme trajet sur la face anterieure du rocher en sortant
(m'en entrant, afin dene pas labourer la substance cere-
bral e.
L'accident a redonter dans 1'operation est snrtout la
section de 1'artere ©arotide lorsqu'on pousse rinstrument
tropen dedans, on la lesion du sinus eaverneuxiorsqu'on
le pousse trop en a van I.
EFFETS IMMKM.'vTS 1)E SV SECTION DANS I.E CRANE. 55
Nous aliens maintenant faire cette experience clevant
vous en suivant le precede- que je viens de vous in-
diquer :
Au-devant do 1'oreille de ce lapin nous sentons le
tubercule qui inarqueU'origine du conduit auditif; c'est
au-devant de ce tubercule qu'il faut enfoncer 1' instru-
ment. Cet instrument est piquant; 1'os pen epais pent
etre perce directement. Nous voici dans le crane,
nous suivons le rochcr; le lapin s'agite : nous soimucs
arrive sur le nerf. Le mouvemeiil violent auquel 1'ani-
mal s'est livre, aurait eu des suites (adieuses si nous
n'avions tenu, ace monienl. tressolidement la lete de la
main gauche et I'inslrmnent de la main droile. De cette
faoon, les deux mains de Foperateiir el latetr <lc ranimal
faisant pour ainsi dire corps, il n'y a pas eu de drpla-
cement relatif de la pointe de rinsirument. L'animal
pousse des cris aigus; nuns coupons le nerf de la cin-
quieme paire. Yous voye/ saillir le globe oculairc dn
cote di'oit oil nous operons la section du nerf. Mainte-
nant nous retirons Finstrumcnt.
Vous voyezen touchant lacornee. leslevreset les joues,
(uie la sensibiliie de la face est compl&ement perdue de
cecote droit ou r«»peration a ele pratiqiK'-i1. bienqu'elle
soit ton jours tresvive tin cole oppose. On pent pincer la
narine a c6tc de la section, y introduire un corps etran-
ger sans provoquer de douleur; du cole sain, ces parties
sont restees tres sensibles. L'animal est un pen affaisse,
toutefois il n'y a pasdesignesactuelsd'hemorrhagie, et jc
pense qu'en laissantle lapin en repos il n'en surviendra pas.
La langue est insensible comme la face. On pourrait
56 NF.RF TRIJUMEAU
la saisir et la pincer a gauche sans que 1'animal la
retire; la meme chose n'aurait pas lieu a droite,
Les phe'nom6nes imme'dials d'insensibilite que nous
observons chez ce lapin persisteront toujours, comine
nous le verrons, en conscrvant runimal. Mais bientot
d'autresphenomenes surviendront : lesions consecutives
de nutrition qu'a decouvertes Magendie en suivant les
animaux. operes, apres leur avoir coupe la cinquieme
paire dans le crane.
Magendie est le premier experimentateur qui ait
coupe la cinquieme paire dans le crane, de maniere a
conserver les animaux vivants. II a execute cette ope-
ration en 1824. II est vrai que d'autres physiologistes
avaient eu avant lui 1'idee de couper la cinquieme paire
dans le crane : Ainsi, Herbert Mayo, en 1823, publiail
des experiences dans lesquelles il avait coupe la cinquieme
paire dans le crane a des pigeons apres leur avoir euleve
le cerveau ; la meme anuee, Fodt'-ra 111 des expe-
riences dans lesquelles il coupa la cinquieme paire
sans enlever la calote eranienne, en entrant par le
parietal et en levant uue petite portion du rocher. Les
deux experiences qu'il fit par ce procede ne donnerent
que des resultats tout a fait incomplete et tres confus- :
les animaux ne survecurent dans aueun cas. Or, comnie
Tidee de cette experience n'a rien de particulier, et que
toutle merite consiste dans rinvention d'un procede qui
pcrmette de Texecuter et de conserver les animaux vi-
vants, tout le merite decette experience et des decouvertes
auxquelles elle a conduit reviennent a Magendie, bien
que, comme cela arrive a tons les inventeurs. on ait
EFFETS CONSECUTIFS DE SA SECTION DANS LE CRANE. 57
essay 6 de lui enlever ce me" rite au profit cles physiolo-
gistes que nous avons cites.
Le lapin sur lequel nous avons tout a 1'heure fait la
section de la cinquieme paire dans le crane, est main-
nant tres vivace. Ayant eu occasion de pratiquer cette
operation un grand noinbre de Ibis, j'ai era remarquer
que lorsque un affaissement ou une tendance aux he-
morrhagies se manifestaient apivs r operation, un repos
absolu permettait a Taninud de sr ivtablirplus prompte-
rnent, tandis que le mouveinent etait prcsque constam-
inent funeste.
Pouretrc en mesure de vous montreren inline temps
aujourd'hui les phenomenes consecutifs a la section do
la cinquieme paire, nous avons pratique cette operation
il y a deux jours sur cet autre lapin.
Nous avons d'abord nmslalr die/ lui les monies phe-
nomenes immediats que nous avous signales chez le
lapiiuipere devantvons, savoir : la perte de sensihilite de
tout un cote de la face. Vous pouvez voir quo ces plie-
nomenes persistent encore et qu'on pent impuni'mriit
porter sur la moitie gauche de la face des irritations
mecaniques. Cette paralvsie du sentiment n'ost pas bor-
nee aux parties superficielles, un stylet introduit protbn-
de'ment dans la narine du cote lese n'y produit aucune
sensation douloureuse. L'oreille seule n'a pas perdu sa
sensibilite. Celatient ace qu'elle recoit ses nerfs de seu-
sibilite, non de la cinquienie paire exclusivement, mais
du plexus cervical ct mt>me du pneumo-gastrique.
L'operation est faite depuis deux jours, et deja les
accidents consecutifs sont tres visibles. L'oeil est rouge, la
58 NliKl TRLIUMIiAU
conjonclive ost injcctee; deja on voit nne tache snr la
cornee qui a perdu son brillant et un pen de sa trans-
parence. La cornee est pins convexe. 1'iris est comme
chagrinee. Cette alteration est nne consequence de la
section de la cinquieme paire; elle ne tient pas, comme
on 1'ii pretend u, uniquement an defaut d'occlusion ties
panpieres, quoiqii'on ait dit que si Foeil etait sonstrait
an contact de 1'air , 1'alieration consecutive arriverait
plus lentenienton ineine n'anrait paslien. (> (jui pronve
que ce n'est pas du lout nne consequence forceedn con-
tact prolong'1 dr Fair avec le globe ocnlaire, c'est ce
qui se passe sur uu lapin auquel nous avons coupe le
facial il y a sept jours. L\ril est sain, tpioique la section
du facial, paralysant le. muscle orbiculaire, ne permette
plus le rapprochement dcs paupieres.
L'altei'ation de Voeil, apres la section de la cinquieme
paire dans le crane, a ete tres hitMi ('tiidiee dans ces
derniers tomps par M. Schiff. 11 y a des causes diverses,
causes qui peuveut retarder ['alteration de la cornee.
J'ai reinarqui'1 encore qu'apres de simples contusions
du nerf lorsqifil n'y avail pas nne solution de continuity
jmrfaile, ralt('ration etait plus tardive ou meme n'arri-
vait pas quoitpie la sensibility eut parfaitement disparn.
Exp. — Sur nn lapin deja affaibli et par consequent
predispose a ralteration de la cornee, je coupai la cin-
quieme paire dans le crane du cote droit. L'animal cria
au moment de la section, inais il n'y eut pas saillie de
1'ceil comme a Tordinaire, et il y eut aussitot apres
1 'operation qnelques mouvements de clignenient dans
la paupiere. Cependant l'(jeil, le nez, les levres, etaient
SliS FO.NCT10.YS. 59
Gompletenaent inseiisibles. L'aniinal vecut quatre jours
en prescntant les memes symptomes d'insensibilite sans
qu'il y cut aucune alteration cle la cornee, raninial
mourut d'affaiblissement , et non cle la section de la
cinquieme paire.
A I'autopsie on tiouva que la cinquieme paire etait
tres nettement con pee. excepte une portion de labranche
ophthalmique (jui tenait encore comme un fil,nmis qni
avait cependanl etecontondue, car 1'animal ne manife&-
taitancune sensiltilitc dansl'ooil pendant sa vie.
Immediatement apivs son lianulion, la cinquirnK)
paire se divise en truis branches qui donnent la sensi-
bilitt'^ tiV'iici'ale aux orpines des sens. La branchc
ophtalniit|iic sc rend a iVril; la hranche niaxillaire
supericurc a 1'organc de 1'odorat: la branchc niaxillaire
infericnre au.x organes dn s;-ont. (les trois branches
naissentdn tnuicde lacinquiemc paire sur lequel sc ren-
contre le ^anii'lion de dasser. ^aii^lion diujiiel ne nail
ancim nerf. Cc dernier caractere tjui le rapproche des
ganglions intervertebraux, le diflV-ivncie en meme temps
des ganglions du grand sympathique des<juels naissent
ordinaireineni des ramifications nei'veuses.
Nous allons examiner successivement les cifets de la
paralysic de ces trois branches de la cinqniemc paire,
en conimencant par la branchc ophthalmique.
La branchc ophtalmique pt'iietrc dans 1'orbite par la
fente splnMioidale, aprcs ipioi elle se divise eii plusienrs
rameaux ipii sont tons sensitit's.
Mais avan t d'entrer dans 1'etude de ces branches de
la cinquieme paire, il est une question dontnousdevons
CO NER-F TRIJUMEAU
nous occuper, c'est celle de rinfluence du ganglion sur
les effets consecutifsde la section du nerf trijumeau.
Lorsqu'on opere la section du nerf trijumeau, les
effets sont-ils identlques quand la section porte avant le
ganglion de Gasser ou apreslui?
Deja, en 1822, Magendie avail vu quo non. G'est le
hazard qui porte ordinairement la section avant le gan-
glion ; lorsqu'ou fait Toperation , il est difficile ou
meme impossible de choisir exactement le lieu sur le-
quel tombera rinstrument. La section ne saurait £tre
dirigee a coup sur entre le ganglion et le ponl de Varole,
en raison de 1'espace trrs (Hroit qui les separe, espace
diminue encore par la cloison que forme la d ure-mere
entre la protuberance et le ganglion de Gasser. Pour
arriver h detruire la cinquieme paire avant son ganglion,
j'avais autrefois imagine un procede qui consistait a
attaquer le nerf par sa partie posterieure avec un cro-
chet destine non a le couper. mais a I'arracher; ce pro-
cede est d'une execution tres difificile et tout aussi pen
certaine que 1'autre.
Dans les experiences nonibreuses qui ontete pratiquee
sur la cinquieme paire, il est done arrive que tantot on
a coupe le tronc de ce nerf avant le ganglion, tantot on
1'a coupe apres, tantol enfin on 1'a coupe sur le ganglion
lui-meme. Magendie avail deja observe que quand on
avail coupe le trijumeau avant son ganglion, les pheno-
menes cT alteration de nutrition e'taient plus lents a se
produire que lorsque la section avail porle sur le
ganglion ou sur la parlie du nerf siluee au dela.
J'ai meme vu ces phenomenes d'alleration man-
SES FONCTIONS. 61
quer completement qtiand on arrive a coupcr la
cinquieme paire dans le cerveau meme , suffisamment
loin dii ganglion. On a alors tons les phenomenes que
nousavons vu suivre la paralysie de la cinquieme paire,
moms les alterations de nutrition. II est done permis de
penser que ces desordres de nutrition sont en rapport
avec la lesion dti ganglion. Cette interpretation est d'ac-
cord avec ce que Ton sait de 1'influence des ganglions
intervertebraux sur la nutrition ties nerfs; elleest d'ac-
cord aussi avec ce qui s'observe chez rhomme oil Ton
rencontre des paralysies dc la cinquieme paire avec
les deux ordres de lesions. A i'exameu d'un malade
affecte de paralysie des centres nerveux, I'absenee des
lesions de nutrition fora pivsuiner que la cause de la
paralysie a son siege dans les centres nerveux; la pre-
sence de cesdrsordres t'era penser, an contraire, que la
cause de la paralysie interesse le ganglion, ou la partie
du nerf situeeau dela du ganglion.
J'ai eu autrefois 1'occasion de suivre a la SalptMriere
une observation de paralysie de la cinquieme paire,
avec troubles de la nutrition et destruction de Pceil.
Dans ce cas, 1'autopsie montra que le ganglion de Gasser
etait comprime et detruit par une tumeur de la fosse
temporale moyenne.
La pathologic avait deja Ibtirni quelques observations
analogues aux experiences recentes de M. Waller, qui
out essaye une explication de ces faits. SuivantM. Wal-
ler, il faudrait rattacher, a une memo loi physiologique
les efFets de la cinquieme paire, et ceux des racines ra-
chidiennes. Nous avons vu cependant que la section des
62 NERF TRIJUMEAU
racincs rachidiennes ne parait pas amener de desordres
cle nutrition dans les membres,
Examinons mainlenant ccs desordres de nutrition
qu'enlraine la section de la cinquieme paire.
Dans 1'ceil, ou ils sont leplusapparents, indepeiidam-
ment de la paralysic du sentiment dans toutes les autres
parties ou se distribue la brauche ophthalmique, on voit
qu'au bout de quelqnes heures la cornee transparente
n'est plus aussilisse ni aussi brillante. La saillie du globe
oculaire parait etre plus grande. la cornee plusconvexe;
des vaisseaux grossis se dessinent sur le pourtour de la
conjonclive coninie on le voit dans la figure 3.
Apres la section du nerf. independamment des causes
citees plus baut et qui, tenant au siege de la lesion,
peuvent accelerer on retarder les accidents, nous devons
indiquer encore que Talteration pent etre rendue plus
prompte ou plus tardive par 1'elal general des aniinaux
sur lestpiels on experinieiite : les alterations de nutritions
apparaissent plus tot chez les aniinaux allaiblis.
Generalement, au bout de deux jours, la cornee com-
mence a devenir opaque. Plus lard, 1'animal devient
aveugle.
Tne question importante merite de nous arreter ici.
La perte de la \ue est-elle primitive ou consecutive;
est-elle une consequence de la section du uerfou de la
perte de transparence de la cornee?
Magendie avail pense d'abord que la cecito etait pri-
mitive et suivait immediatemenl 1'operation ; il croyait
que le nerf optique ne pouvait etre impressionne par la
lumiere, son excitant propre, qu'aulant que lasensibilite
SES FONCTIONS. 03
generate de 1'ceil etait intacte. La pcrte cle la vue n'etait
cependant pasreelle, car on pent, en coupantlacinquieme
paire des deux cotes, voir qu'apres 1'operation 1'auimal y
voit encore assez pour se conduire. Si Ton n'a opere la
section quo d'un cote, on pent reconnaitre aussi quo,
de cecote, la pupille se contracte encore sous rintluence
de la lumiere.
Au bout de quelques jours I'opacite de la cornee se
prononce de plus en plus. I'engorgement des vaisseaux
de la conjonetive augnieute, un bourrelet se forme
quelquefois autour de la muqueuse; bourrelet ([iii doune
un ecoulemeut purulent, dessymplomes inflammatoires
sc uioiitrent, inflammation sans douleur ui chaleiii1. l.a
temperature de ce cote de la face est. au contraiir.
moins e'levt'-e que celle du cote oppose.
Les di'sordres vont se pronoiirant de ]>lus en plus :
la taclie qui s'etait d'abord niontrce sur la cornee, se
creuse. devieiit un veritable ulcere. la cornee se per-
fore. Alors 1'oeil se vide : la perforation de la cornee
donne issue au cristallin, a 1'huineur vitree; cVst une
surte de fonte de I'CLM!. Si raninial y survit, il ne reste
de 1'oeil qu'un inoignon petit et dur.
En general, les animaux succombent a ces desordivs,
qui finiraientd'apresMageiidie par aniener unegangrene
de toute la inoitie de la face, surtout chez des animaux
a sang froid qui resistent inieux aux suites de cette ope-
ration. Je n'ai jainais vu les lapins vivre que quinzc
jours ou trois semaines au plus; et ce n'est pas
assez longtemps pour qu'on assiste a la perte complete de
I'oail.
G/l NERF TRUUMEAU
Apresla section de la cinquieme paire, on remarque
encore ilu cote des aulres membranes muqueuscs des
drsordres de nutrition.
Du cote du nez, il y a souvent un ecoujcment mu-
queux ; du cote de la bouche , on en voit egalement par
la commissure du cote opere. Des les premiers jours
qui suivent la section de la cinquieine paire, on observe
aussi des ulcerations sur le bout de la languc et sur les
levres, qui tiennent bien certainement ace quo ranimal
morel ces parties devenues insensibles, morsures qui
deviennent ensuite le sir^r d'ulcerations (voy. fig. 3).
On sail qu'il y a aussi paralvsir des mouvements de
la machoirc du cote oil Ton a coupe la einquieme paire ;
les dents ne se correspondent plus, d'ou resulte quo
ranimal se nourrit plus didicilement. coinme nous le
verrons en etudiant les phenomenes qui sont speciaux
a la paralysie du maxillaire infe'rieur.
Quand on a coup*' les deux cinqim-mcs paires on ne
pent pas observer les pbe'nonienes consecutifs, parce
que ranimal ne pouvant plus se nourrir meurt de faim.
Quand on a coupe une seule einquieme paire, ou seule-
ment une de ses brandies, ranimal pent encore se nour-
rir de maniere a vivre quelque temps, on pent avoir
ainsi isolementles de'sordres qu'entrainent la destruction
de chacune de ces brandies.
Certaines influences peuvent avoir une action sur la
rapidite de la production des lesions de nutrition. Nous
avons dejta parle de 1'etat de faiblesse des animaux ,
qu'elle qu'en soit la cause; nous avons remarque que
Pablation du ganglion cervical superieur semblait au
EXPERIENCES. 65
contraire retarder les desordresde nutrition. Cefaitest
tr&s interessant parce que nous savons que 1'ablation
cle ce ganglion active les phenomenes circulatoires ties
parties auxquelles sVtend son influence; ces parties
paraissent avoir alors une vitalite plus grande, ce qui
lour permettrait par lit une plus longuo resistance aux
causes de disorganisation qui tiennent a roper.it ion.
Nous allons actuellement vous donner un certain
nombre d'experiencesdanslesquelles vous trouverez les
preuvesde ce que nous venous de vous annoncer, expe-
riences qui comprcnnenl des rxi'inples de destruction cle
la cinquieme paire suit des deux cote's, suit d'un seul,
soit meine simplement d'une liranche isolee de ce nerf.
Exp. — Sur un lapin de taille inoyennc et tres vit',
on coupa dans le crane la cinquieme paire du cole
gauche. L'aiiimal cria pen au moment de la section;
cependanl les phenomenes ordinaires apparurent : saillie
de 1'ocil, constriction de la pupille. insensibilile de la
conjonctive et de la inoitie correspondante de la face.
Apr6s 1'op^ration, le lapin avail consei've sa vivacite.
Ce qu'il y cut de reniarquable dans cette experience,
une des inieux reussies qu'on puisse trouver, c'est la
liberte des mouvements du globe de I'cril dans tous les
sens. Ces mouvements paraissaient s'effectuer aussi bien
du cote gauche que du cote sain. 11 y out egalement
des mouvements de clignement de la paupiere, mouve-
ments qui etaient peut-6tre moins prononces du c6te
mahulc, mais qui survenaient en meme temps dans les
deux yeux. Tous les phenomenes precedents fureut
observes imme'diatement apres 1'operation.
B., SYST. NEHV. — n. 3
60 NKRF TRIJUMEAU.
Un quart d'heure apres la section du nerf, 1'animal
etait dans le memeelat; seulement la pnpille gauche,
d'abord fortement contractee, s'e'tait deja notablement
dilatee. L'iris du c6te opere presentait un aspect plisse
en rayonnant. La cornee semblait un pen plus seche a
gauche qu'a droite. Les mouvements du globe oculaire
etaient toujours tivs libres.
Trois quarts d'heure apres reparation, la pnpille
gauche etait a peu pres aussi dilatre que la droite, et elle
se contractait trt-s maiiifestement sous 1'mfluence de la
lumiere d'une cliandelle, puis elle se dilatait quand on
la placait dans 1'obscurite. La cornee du c6te* gauche etait
deja terne et comnie poisscusc. taudis que celle du cdte1
droitavait conserve son aspect brillant ordinaire. L' ani-
mal qui j usque-la avait portt'1 haut Toreille gauche, la
tenait baissee a ce moment.
Le lendemain. vingt-quatre heures apres Tope" ration,
1'animal avait 1'oreille basse du cote gauche; lorsqu'il cli-
gnait du c6te droit. il ne s'executaitplusdemouvement
de clignement a gauche. La conjonctive etait injectee et
presentait deja une opacite vers sa partie interne et inf<>-
rieure. L'ceil et la face etaient insensibles, et tous les
sympt6mes de la section dela cinquieme paire existaient
tres bien caracterises. Les mouvements du globe ocu-
laire gauche etaient toujours tres bien conserves. Lapu-
pille gauche, quoique dilatee, etait toujours un peu plus
resserree que celle du c6te oppose, et Ton constatait a
plusieurs reprises qu'elle se resserrait davantage sous 1'in-
fluence de la lumiere d'unechandelle ; ce qui prouve que
1' opacite coinmencante de la cornee n'empechait pas
EXPERIENCES.
Faction cles rayons lumineiix. L'iris etait rougeatre .
bombe en avant, oifrant des plissements radies pro-
fonds; la surface de 1'oeil etait enduite d'une chassie vis-
queuse; il y avait un pen d'ecoulement muqueux par la
commissure labiale clu c6te gauche, et Taile du nez
paraissait un peu moins mobile de ce cote.
Le surlendemain, l'animal fut trouve mort.
A son autopsic. on ne constata pas d'epanchement dans
le crane; la cinquieme paire etait tres bien coupee et la
section portait avant le ganglion qui etait a peine atteint.
Tous les nerfs moteurs del'ocil e"taient parfaitement me-
nage's, ainsi que les nerfs petreux qui semblaienit eliv
restes parfaitement intacts.
La conservation de lamobilite du globe oculaire ob-
servee dansce cas tenait-elle a ce que les nerfs moteurs
de Fceil avaient ,rtr m^nag^s7koe que la cinquieme paire
avait etc ooupre avant son ganglion, on bien ;i ce que les
nerf petreux et carotidiens n'avaient pas ete atleints?
Exp. (30 avril 1841). — Sur deux jeunes lapins je
coupai la cinquieme paire d'un seul c6te.
Aussit6t apres 1'operation, Tosil devint saillant et la
pupille fut contracte"e com me a Tordinaire. De plus on
observa 1' insensibility de tout le cote correspondent de la
nice.
En faisant cligner les paupieres du cote sain, celles
du c6te opere n'executerent aucun mouvement.
Quatre heures apres 1'ope'ration, I'oail opere etait,
cbez les deux lapins, dejii convert de chassie, bien que
lacornee fut encore transparente. La pupille etait moins
resserree qu'elle ne 1'avait ete au mtmiont de 1'opera-
68 NERF TRIJUMEAU.
tion ; nmis elle etait toujours plus contracted que cell*1
du c6te oppose. Lorsqiron appfochait une lumiere cle
I'oail ope>e, la pupille se eontractait ; puis, apres, 1'ani-
mal fermait la paupiere ; ces phenomenes s'observaient
chez les deux lapins.
Le lendemain, quinzc heures apres reparation, les
paupieres etaientcollees; la partie superieurede lacon-
jonctive oculaire etait tres injectee; la cornee transpa-
rente blanchissait deja, 1'alteration commenrant par la
partie inferieure. La pupille etait toujours plus contractt'-e
du c6te opere que du c6te sain. Les phenomenes observes
(Haient toujours identiques chez les deux lapins.
Le surlendemain, 5 mai, la cornt'e etait devenuc de
plus en plus opaque, etc.
L'un de ces lapins succomba le 5 mai, c'est-a-dirc
six jours apres Toperation, et 1'autre le 7 mai , c'esl-a-
dire huit jours apres.
Exp. — Sur un autre jeune lapin, on lit a droite la
section de la cinquienie paire. Du c6te correspondant a
la section, la narine se mouvait bien, mais elle paraissait
rester plus dilatee que celle du cote oppose.
Le lendemain Fanimal mourut. La cornee etait deja
opaque; mais le cristallin et 1'humeur \itree avaient
parfaitement conserve leur transparence. L'autopsic
montra que le nerf de la cinquieme paire avait et6 bien
coupe.
Exp. (8 aout 1849). — Sur un lapin rouge, vivace, on
coupa a midi la cinquieme paire a gauche en r^ussissant
a passer derriere le rocher pour couper le nerf avant
son ganglion. Apres la section, il y eut insensibilite de
EXPERIENCES. 69
tout le c6te gauche tie la face ; les mouvements de ce
cote, compares a ceux du c6te oppose, ne paraissaient pas
sensiblement modifies. La pupille etait plus contractee
du cote de 1'operation que du cote sain; cependant elle
paraissait Fetre moins que dans les sections ordiuaires
de la cinquieme paire. Le globe de 1'ceil etait mobile.
Six heures et deinie apres 1'operation, le m&me etat
persistait. Toutefois, il semblait y avoir dejaun commen-
cement d'injection danslaconjonctive, et la cornee etait
peut-etre un peu plus seche que du c6te oppose; la
pupille etait dilatee et redevenue pour le diametre sem-
blable a celle du cote" oppose'1.
Le 9 aout, vingt-six heures apres F operation. 1'oeil
gauche semblait faire legerement saillie. La cornee. un
peu tcrne, etait cependant humicle et avait conserve sa
transparence. L'iris etait pliss<; d boinbe en avant. La
pupille etait plus contractee que celle du c6te oppose. On
avait observe qu'il y avait une convexite moins grande
de la cornee du cote coupe. C'est la cornee de ce lapin
qui a ete representee (fig. 3).
L'animal fut conserve sept jours, etce n'est que vers le
cinquieme jour que commenui a se manifester une tres
legere opalescence de la cornee.
L'animal presenta en outre rallongement par absence
d'usure dans les deux dents incisives, qui avaient perdu
leurs rapports naturels. II ofTrait egalement les ulcera-
tions caracteristiques qui surviennent aux levres et a
la langue apres la section de la cinquieme paire ; ce
sout les dents et les levres de ce lapin qui ont ete repre-
sentees(fig. 5, page 103).
70 NERF TRIJUMEAU.
A 1'autopsie, on trouva que la cinquieme paire etait
tres nettement con pee avant le ganglion.
Cette experience concorde avec les resultals observes
par Magendie, a savoir que les alterations de I'oeil sont
beaucoup plus lentes quand le nerf a ete coupe avant
son ganglion. Toutefois, il taut noter ici que raninial
etait (Tune vigueur remarquable; etnous avonsvu que,
toutes choses egales d'ailleurs , I'alteration de 1'ceil est
d'autant plus rapide que les aniinaux sont plus jeunes
et plus aflaiblis.
Exp. (aout 18/12). — Sur un lapin, on coupau gauche
I'anastomose du facial et clu pneumogastrique : il y eut
une legere diminution de 1'activite des mouvements
respiratoires de la uarine.
Alors on fit a gauche la section de la cinquieme
paire dans le crane. Les traits de la face ne furent pas
pousses en avant autant qu'a r ordinaire, ce qui tenait
peut-etre a ce qu'on avait prealablement arrache" le
spinal et le ganglion cervical superieur de ce c6te.
Le 7 aout, on fit la section des branches du plexus cer-
vicalqui se rendental'oreille. Aprescette section, 1'oreille
etait eompletementparaly see : ay ant ete privee de sa sen-
sibilite par la section de la cinquieme paire et du plexus
cervical, elle semblait avoir perdu oompletement la mo-
tilite.
Avant la section du rameau auriculaire, lorsqu'on irri-
tait le nerf auriculahe lui-meme ou quand, d'abord, on
pincait 1'oreille dulapin. qui recevait unepartie desasen-
sibilite de ce nerf, on deter minait une demi-occlusion de
la paupieregauche quoique la cinquiemepaire fut coupee.
EXPERIENCES. 71
La cornee gauche, malgre la section de la cin-
quieme paire, etait transparente et humide ; la pupille,
resserree, se contractait encore davantage sous 1'in-
fluence de la lumiere; 1'iris etait convexe en avant et
commeneait a offrir des plis rayonnes.
Le 8 aout, vingt-quatre heures apresroperation, Trail
gauche etait toujours humide ; la cornee etait transpa-
rente ; la pupille, plus resserree que du c6te droit, se
contractait encore sous 1'influence de la lumiere,
De plus, on observa que, depuis 1' ablation du gan-
glion cervical superieur, il y avait un ecoulement mu-
queux par la narine gauche et par la bouche, du meme
c6te.
On mit alors ranimal sous Tinfluence de Topium, ce
qui diminua les mouvementsrespiratoiresdans les deux
narines, mais sans les abolir entierement ni d'un c6te
ni de 1'autre.
Le 9 aout, ranimal etait toujours ii pen pres dans le
meme etat; il etait vif ; son oreille gauche etait toujours
paralysee du mouvement etdela sensibilite, maiscequ'il
y avait de plus remarquable, c'est 1'e'tat de Tceil qui etait
humide et partaitement transparent. La pupille etait mo-
bile, seulement elle etait plus resserree que celle duc6te
oppose. L'iris, brun et comme tumefie, etait bombe en
avant et offrait des plis rayonnes. La conjonctive etait
injectee dans sa partie moyenne en haut et en bas; le
globe oculaire gauche etait mobile; les paupieres se
fermaient quand on exposait Fanimal au soleil ; la pupille
se contractait alors davantage aussi. A onze heures du
soir, Tanimal etait mourant avec une respiration exces-
72 M;KF TRIJUMEAU.
sivement genee : on opera la tracheotoiuie, et les niou-
vements exageres des narines n'en furent en rien climi-
nues. Le 10 aont r animal etait mort.
A 1'autopsie on constata quo la cinquieme paire avail
ete bien coupee avant son ganglion, qni etait iontefois
rouge et un pen enflamme. Les poumons etaient engor-
ges et tres malades ; ce qni sni'fit pour expliquer la mort
de 1 'animal
Exp. — Stir un antre lapin, la section de la cinquieme
paire amena unesaillie considerable de 1'ceil ; la pupillc
e"lait fortement contractee. En touchant 1'ceil sain pour
le faire cligner, il n'y avail aucun clignement dans Yodil
du c6te ou avait ete pratiquee 1'operation
Quatreheuresapresroperation.lapupille, quid'abord
etait fortement contractee, s'etait dilatt'-e; ellc 1'etait
toutefois moins que celle du c6te oppose1.
Alors, etant dans Tobscurite, on approcha une lu-
miere del'oeil; la pupille se coiltracta et le mouvement
de clignement eut lieu.
Le lendemain. qninze heures apres 1'operation, 1'oeil
commencait deja a se couvrir de chassie ; la pupille etait
restce legerement plus contractee que celle du c6te
oppose.
Exp. — Sur un lapin, on lit la section de la cinquieme
paire dans le crane. Aussitdt apres, Tceil etait saillant, la
pupille contractee et immobile. Parfois il y avait des
mouvements de clignement dans 1'oeil opere sansqu'il en
resulta des mouvements synergiques dans 1'ceil oppose.
Six heures apres Toperation, r animal ne paraissait pas y
voir : une lumiere approchee de 1'oeil ne determina ni
EXPERIENCES. 73
coutractatioii delapupilleni clignement. L'ceil etaitlar-
moyanl et la conjonctivepalpebrale commencail a s'in-
jecter.
Dix-huit heures apres 1'operation , 1'oeil etait ton jours
larnioyant, la cornee transparente devinl le siege d'une
opacile qui commenca par le centre.
Six jours apres, I'ammal mourut. En examinaniroeil,
on trouva la cornee enlieremenl opaque. Le cristallin
et les autreshiimeurs del'ceiletaient restes parfaitemenl
tran sparents.
Exp. — Sur un jeune lapin, on ]»r;itiqua la section de
la cinquieme paire. Au moment de la section, on observa
les phenornenes ordinaires; le lendeniain, une opaciir-
existait deja dans le centre de la rornee; 1'aiiiinal tonte-
fois ne paraissait pas compl^tement aveugle et il se diri-
geait lorsqu'on le laissait aller, ;ipi»\s lui avoir bouche
I'o3il sain avec une bandelette d*,1 diachylon.
Exp. — Sur un lapin. apivs la section de la cinquieme
paire des deux c6tes, les deux pupilles pouvaient se
contracter. Seulement le clignement n'existait quo d'nii
seul cote parce quo, de I'autiv, le facial avail e'te coupe
prealablement.
Exp. — Sur iiu gros lapin. on enlevale ganglion cer-
vical superieur a droite. II y out aussitot apres un retre-
cissement de la pupille, en nieme temps qu'elle se de-
fornia et qu'elle prit un plus grand dianioti-e vertical.
Une heure apres, il n'y avail rien de change dans la
pupille quietait restee dans le menie etat.
Un pen plus lard, on coupa, du memo cote, la cin-
quieme paire. Aussitot la deformation de la pupille dis-
7/1 NERF TRUUMEAU.
parut; elledevint arrondie et excessivement conlraclee;
le globe cle 1'oeil elaittres saillant.
line heure apres la section de la cinquieme paire,
la pupille etait redevenue comme avant, c'est-a-dire
que 1'influence du ganglion s'y faisait toujours sentir,
car la pupille avail conserve son diametre vertical plus
considerable et sa forme elliptique. L'oeil etait reste
saillant; mais le globe oculaire paraissait mou et flasque.
Exp. — Sur un jeune lapin de septsemaines, bieu por-
tant,on cmipa la cinquieme paireduc6te* gauche. Aussitol
1'ceil devint saillant et il y eut un resserrement conside-
rable de la pupille. Les paupieres etaient largement ou-
vertes; la conjonctive et la peau du nez furent trouves
insensibles aussit6t apres 1' experience ; 1' animal etait
tres vif.
On tourna Foeil gauche du lapin du cote de la lu-
miere et il pivsenla tres bien les mouvements de tota-
liie du globe oculaire.
Une denii-heure apres, on constata que la pupille de
Toail opere s'etait dilatee ; cependant elle ne 1'etait pas
autantque celle du c6le oppose. II faut ajouter qu'au mo-
ment de 1'operation, la pupille ducote droit n'avait pas
eprouve de changement appreciable dans son diametre.
Une lumiere dirigee sur 1'oeil, prealablement dans
1'obscurite, determina des mouvements non-seulement
de la pupille mais des mouvements generaux du globe
de 1'oeil, absolurnent com me du c6te sain. On s'apercut
en outre que la cornee etait redevenue brillante conime
avant 1'ope'i ation et que le globe de 1'oeil avail cesse d'etre
saillant. C'est alors que Ton reconnut que la brancbe oph-
EXPERIENCES. 75
talmique n'avait pas ete completement coupee, et que
1'insensibilite qui etait survenue dans 1'oeil au moment
de 1'operation dependait probablement d'une compres-
sion de ce nerf.
En eff'et, voici quels phenomenes preseniait a ce
moment Tamma! : le globe oculaire oilVait une sensibilite
evidente, mais le nez , les levres , etaient parfaitement
insensible ; c'est-a-djre qu'on avail les signes de la sec-
tion complete des nerfs maxillaires superieur et infe-
rieur.
Alors je reintroduisis I' instrument pour achever hi
division de la branche ophtalmique; et, au moment ou
je lacoupai, 1'animal poussa des cris aigus. 1'oeil redc-
\irit saillant, la pupille tres contracted et la cornt'e
completement insensible. Aussitot apres cette operation,
on lit eprouver a la tete un inouveinent de rotation,
de mani6re a voir si le globe oculaire restait immobile.
Les mouvements de rotation de 1'oeil en dehors etaient
excessivement faibles.
Au moment de cette seconde operation , il n'y avait
pas eu non plus de contraction dans la pupille du cote
oppose, du c6te droit.
Une demi-heurc apres, Toeil gauche etait reste saillant,
la cornee etait deja devenueterne ; ce qui n'avait pas eu
lieu lors de la premiere operation, alors que le nerf
n'avait ete que comnrime. La pupille s'etait un peu
dilatee depuis 1'operation.
Deux heures apres la section du nerf, Tceil etait tou-
jours insensible, la pupille etait un peu plus dilatee
qifavant, bien qu'elle le fut toujours moins que celle
70 NERF TRUUMEAU.
du cot6 oppose. Les mouvements du globe oculaire
etaient toujours tres faibles du cote gauche, tandis
que du cote* droit ils etaient tres marques.
Dans robscurite, la lumiere artificielle delerminait
une contraction tres lente cle la pupille ; 1'iris etait bombe
et coniine plisse ; 1'oeil, toujours terne, commencait a
devenir un pen sec.
Apres la seconde operation, le lapin demeura moins
vif qu'apres la premiere.
Le lendemain , dix-huit heures apres 1'operation , le
lapin etait a pen presdans lememe etat quelaveille. On
constata que du cote gauche il existait une insensibilite
parfaite de 1'oeil et de toutes les parties de la face ou se
distribue lacinquiemepaire; 1'oeil etait terne et sec; il
etait moins saillant qu'au moment de 1'operation ; les mou-
vements du globe oculaire avaient absolument disparu.
La pupille etait immobile et largement dilatee ; elle 1'etait
plus que celle du c6te sain. Toutefois, cette immobilite
de 1'iris, par suite de la section de la cinquieme paire.
n'etait pas une paralysie absolue ; et, sousTintluence de
rameaux du sympathique venant par le ganglion cer-
vical superieur, elle pouvait encore se contracter. Cette
source multiple d'innervation molrice semblerait exister
aussi pour d'autres organes, tels que les glandes sali-
vaires. Lebord pupillaire gauche etait iuegal, ondule sur
quelques points; 1'iris paraissait flasque, terne; compare
a celui du cote sain il semblait lave, decolore, prive de
Faspect veloute que presente celui du cote non opere.
La cornee transparente gauche etait terne, ainsi qu'il
vient d'etre dit, inais elle n'etait pas encore opaque;
_-
EXPERIENCES. /7
seulement, du c6te interne deToeil, un image blanchatre
commenoait a apparaitre.
Dans 1'obscurite, la lumiere artificielle, projetee alter-
nativeraent sur les deux yeux, donna les resultats
suivants :
Dn cote gauche, la lumiere projetee en plein dans
1'oeil faisait cligner 1'animal, et ce clignement avail lieu
par abaissement dcla paupiere superieure sans que 1'in-
fe'rieure se rclevat; on n'observa pas le moindre mou-
vemenl dans lapupille qui restaitdilatee.. On constata ce
phe'nomeue a cinq on six reprises differentes; toujours
les monies phenomenes se manifesterent : clignement et
immobilite de 1'iris. De sorlc que 1'animal avait la sen-
sation lumineuse.
Du cote droit, le clignement se faisait, sous 1'influence
de la luinirre, sirnultaneinent avec une forte constriction
dela pupillc.Ce clignement se faisait connne a gauche,
surtout par Tabaissement de la paupierc superieure.
Le lapin mourut pendant la journoe, vingt-quatre
lieures apres I'expt3rience. Apres la mort, la pupille de
I'o3il sain s'etait fortement contractee, tandis que celle
du cote oppose etait restee tres elargie, comme cela se
trouvait pendant la vie.
A Tautopsie, on constata que lacinquiemepaire avait
ete completement coupee. Le nerf de la troisieme paire
etle pathetiqueetaient completement in tacts; peut-etre
le nerf pathetique et les petreux avaient-ils ett3 atteints
par la section? II y avait un pen d'epanchement, parce
que le sinus caverneux avait ete blesse.
Dans cette experience, il y avait done deux choses qui
78 NERF TRMUMEAU.
meritent d'etre notees, parce qu'elles peiivent, jusqu'a
un certain point, servir cle caractere pour reconnattre
si on a coupe la cinquieme paire :
1° L'aspect de 1'oeil. Lorsque apres 1'operation on voit
I'oeil et la face devenir insensibles mais la cornee con-
server sou aspect brillant, on pent elre a pen pres certain
que bientot la sensibility reviendra et que la cinquieme
paire n'a etc" que contuse ou comprimee mais non com-
pletement coupee.
W2° II en est de meme pour les mouvements du globe
oculaire. Dans 1'etat normal, lorsqu'on deplace laterale-
mentla tete du lapin en observation, leglobe oculaire se
meut dans un sens oppose comme pour chercher a rester
dans sa direction premiere. Lorsque la cinquieme paire
a ete completement coupee. le globe oculaire reste le
plus sou vent completement immobile et suit les rnouve-
ments de la tete.
Exp. — Sur un lapin de taille moyenne, on essaya:
l°De faire la section de 1'anastomose entre le pneu-
mogastrique et le facial a gauche. L' animal poussa un cri
a ce moni(3nt, et on n'observa pas de changement appre-
ciable du cote de la narine correspondante; il etait
probable que 1'operation n'avait pas re'ussi.
2° On essaya ensuite de faire la section de la me" me
anastomose du c6te droit et on coupa le facial, ce qui
se reconnaissait a la paralysie du mouvement de la face
de ce cote et a la retraction des traits en arriere.
o° On opera la section de la cinquieme paire du c6te
gauche : il y eut immobilite complete dansle cote gauche
de la face et persistance des mouvements de la narine.
EXPERIENCES. 79
[\° On coupa la cinquieme paire a droite.
Avant la section de la cinquieme paire, les mouve-
ments etaient abolis par la section du facial, et les traits
tires en arriere. Aussit6t apres la section dela cinquieme
paire, les muscles se relacherent et les traits tomberent
en avail t comme cela arrive generalement dans la sec-
tion de la cinquieme paire. Les mouvements de la
narine gauche persislaient toujours.
5° On fit la section des branches superficielles du
plexus cervical et la section du pneumogastrique et do
1'hypoglosse du cote gauche. Les mouvements do la
narine correspondante persisterent toujours, me" me avec
une grande intensite, lorsque la respiration etait genre.
Le lapin examine trois heures apres la section des
deux cinquiemes paires. on mnstala quo los pupilles
etaient mobiles sous riniluonce de la lumiore, qu'il y
avait quelques ciignomeuts dans la paupiore gauche, du
c6tO",ou lo facial olait intact. Les yeux otuient d('j;i plus
sees, mais il n'y avait aucunc opacito. 1'anijnal avail
conserve la vue ; il courait dans Se laboratoirc en se
guidant tres bien c-\ sans se heurier aux objets environ-
luints. Les deux machoires otaient ocartoes et la ma-
choire intorioui'o pondante. On fit respiror a P animal
du chloro et del'hydrogene sulfure, qui le firent tousser,
mais rien ne domontrait pour cela qu'il percevait la
mauvaise odour. L' animal ne pouvait plus manger; lo
lendemain, il mourut.
A 1'autopsie, on trouva les deux cinquiemes paires
coupoes; le facial gauche otait. reste intact; le droil
(Hait loso pros de sa sortie du trou stylo-mastoidien.
80 NERF TRIJUMEAU.
Exp. (21 jiiillet 18/12). — Sur un lapin de taille
moyenne, on coupa la cinquieme paire clu cote gauche
inais la section ne porta que sur les deux branches in-
terieures; la branche ophtalmique restait intactc. II y
avail, comme symplomes: insensibilitedela moitie dela
langue de ce cote, sensibilite vive de la conjunctive, de
lanarine, sensibilite du lobe du nez; loulefois, la sensi-
bilite du lobe du nez e'tait plus faible qu'a 1'etat normal.
On remarqua des clignements plus tVe'quents de la
paupiere gauche, qui tombait en quelque sorte involon-
tairement, 1'animal etant force de faire une sorte
d'effort pour la relever.
Le lendemain ranimal se portait bien ; il presentait
les nieines phenomenes ; les mouvements de la narine
gauche etaient diminues, seulement quand 1'aninial
etaitau repos. 11 s'etait mordu la langue ducote gauche,
et Ton y remarqua deja une petite ulceration.
Exp. (2/1 juillet 1842). — Sur un jeune lapin, on fit
a gauche la section de la cinquieme paire. Les deux
branches superieures etaient seules atteintes.
L'animal presenta : insensibilite complete de 1'ceil,
du nez et de la levre superieure; sensibilite normale de
la levre inferieure. Les mouvements de 1'oreille etaient
parfailemenl conserves; 1'animal la portait droite. Les
mouvements de la narine paraissaient diminues, surtout
quand ranimal etait au repos.
Le lendemain , 25 juillet , 1'animal se portait bien.
L'oreille, mobile encore, ne se mouvait pas en harmonic
avec celle du cote oppose. La cornee etait opacpie dans
son centre.
EXPERIENCES. 81
Aii moment de la section du uerf, 1'oeil n'avait pas
ete aussi saillant qu'il Test generalement.
Le 28 juillet, 1'animal seportaittoujoursbien, il etait
tres vif: il presentait lesmemes phenomenes que le pre-
mier jour. La cornee gauche etait opaque dans un seul
point : en dedans et en bas. La pupille elait plus con-
tractce qifa droite; 1'oeil rtail chassieux; Tiris. d'nn
brim rouge, rtait ^onlle, rayonne, et offrait une convexitr
anu'rieure. Cependant cette membrane etait contractile,
et la pupille pouvait se resserrer. L'oeil etait clair d I'mi
voyait ses humeurs transparenles ;i travel's la partie
conservcMi de lacornre. La conjonrlive palprbralc (Hail
inject/'e et 1'ceil etait huiiiide.
Le "29 juillet. les phenomenes etaienl Ics HHMUCS du
cote de P.oeil ; tandis que la sensibililr jiaraissait «Mre un
pen revenue dans la Icviv suprnrmv ct dans le ne/.
surtout a la parlie inti rnr. et les mouvciiirnls rcs-
piratoires paraissaient aussi s'executer mieux.
L'animal mourut le .'>! juillet.
A I'autopsie, on trouva que les l)ranches ophlbal-
mique et inaxillaire superieure ctaicnt eoupees, a part
quelques filaments tres lins de la branche inaxillaire
superieure.
La branche inaxillaire interieure etait intacte, de
nieme que le filet auriculo-temporal.
Exp. (ill aout 18/r2). - • Sur un lapin de taille
moyenne, on tenta la section de la cinquieme paire
ii droite ; la section ne fut que partielle ; voici les phe-
nomenes qu'on observa :
II y avait scnsibilit/' normale de. la face a droite,
B., SYST. NF.RV. — n, 6
82 NKRF TRUUMKUJ.
excepte rceil qui etait insensible. La pupille etait con-
tracts •.
Le 18 aout, 1'oeil etait toujours insensible, mi peu
chassienx. inais transparent: la pupille, mobile . etait
toujours un pen plus contractee. L'iris. elait fortement
bombe en avant et presentait des plis rayonnes.
Le 21 aout, sept jours apres I'operation : <ril droit tou-
jours insensible, un peu chassieux, avcc une tres legere
opacite au-dessousde lajmpillc, a la partic infV'rieim1 <lr
la cornee. La pupille etait plus contractee que du cot£
oppose et elle presentait une forme elliptique a grand
diametre vertical.
On fit ensuite serviicet animal a d'autres experiences
sur le spinal. II niounit lc 25 aout. on/e jours apres la
section de la cinqui»'>me pairo. On fit I'autopsieavecsoin
et on constata que la branche maxillaire superieure de la
cinquieme paire r-tait seule bien coup(;e; les branches
ophthalmique et maxillaire iiilV'rieure paraissaient in-
tactes.
Sans un epanchement considerable (jui existait, il
serait difficile d'expliquer par cette lesion les symptomes
observes pendant la vie. (juoique cependantlenerf maxil-
laire superieur fournisse une branche orbitaire. II sem-
blait y avoir eu en outre les sympt6mes de 1'ablation
du ganglion cervical superieur.
Exp. 24 juillet 1 842). — Sur un jeune lapin, on coupa
a gauche 1'anastomose entre le facial et le pneumo-
gastrique. II y eut diminution des mouvements de la
iiarine quand 1'animal etait au repos.
On tenta ensuite la section de la cinquieme paire du
EXPERIENCES. 83
meme c6te, a gauche; la branche inferieure seule fut
coupee, ce que Ton reconnut aux symptdmesque presen-
tait 1'animal. En effet, il y avail insensibilite complete de
la levre inferieure, de la moitie gauche de la langue, avec
sensibilite conservee dans tout le reste de la face:
1'oreille etait basseet pen mobile. Les mouvements de la
narine etaient modifies; ils presentaient line notable
diminution quand Tanimal etait an repos, et, dans les
mouvemenls forces, ils restaient un pen plus failiies a
gauche.
Messieurs, d'apres toutes les experiences que je vicns
de vousrappoi'ter et (}ue je pourrais multiplier encon1,
vous avezacquis iinc id«'r nVMii'-ralr sufBsante des troubles
nombreux et varies que la section complrtc uu partielle
de la cinquieine pent produire. 11 nous restc mainte-
nant a cntrer dans I'cxamen de certains pb^noraenes
plus sprciaux qui soul propres a la paralysic de cer-
taines branches de ce nerf. Ce sera 1'objet de la pn>-
cliaine lecon.
CINQUIEME LECON.
20 MAI 1857.
SOMMAIRE : Du nerf trijumcau ; suito.— Branche ophllialmiqne. -
Sensibility de lacornee et do la conjunctive; filets ciliaires directs ol
indirccls. — Experiences sur les nerfs ciliaires. — Observation de para-
lysie de la cinqniome paire avec conservation de la sensibilile de la
corm'c. — De la photophobia. — Son siege. -- Influence de la section
de la cinquieme paire sur la glande lacryinale et sur les glandes de
Meibomius. -- Branche inaxillaire superieure , exchisivemenl sensi-
live. — De I'influence de cette branche sur refaction. — Arrachemeni
du ganglion spheno-palatin. — Sensibilitc spe"ciale d'nn filet emananl
de la branche maxillain- snpe'rieiire. — Branche inaxillaire infe'rieure,
M'usiiive et mot rice. - \ccroissementdes incisives chez le lapin apivs
la section de ce nerf. — Les lapins chezlesquels on a coupe" la cinquieme
paire nieurent surtoul de fuim. — Ulcerations de la langue et des
levres. — Influence de la cinquieme paire sur les secretions salivaires.
MKSSIl.t HS.
Apros avoir vu d'une maniere generale quels son!
les syinptoines do la section de la cinquieme paire,
syniptomes qn'on peut classer en iminediatset en con-
secutifs. il nous reste a entrer dans quelques details
vetatifsa certaines particularites de paralysie de la cin-
quieme paire, details qui se rapportent aux alterations
dont les organes des sens sont le siege. Nous ferons
porter cet examen successivement sur les trois branches
de la cinquieme paire : la branche ophthalmique . la
branche inaxillaire superieure et la branche inaxillaire
inferieure.
A propos de la branche ophthalmique, nous vous
avons df'ja longuemeut entretenus de 1'alteration de 1'npil
BRANCHE OPHTHALM1QUE DU NERF TRIJUMEAL. 85
qui suit la section de la cinquieme paire, nous n'y re-
viendrons pas; nous vous rappellerons qua les premiers
syrnptomes qui apparaissent sont une vascularisation
de 1'oeil, un aspect terne de la corne'e, une alteration de
I'iris, avec constriction de la pupille et une plus grande
convexite de la corne'e du cote opere, etc. (voy. fig. 3).
FIG. 3 (1).
Lorsque la braiiche ophthalmique a e'te coupe'e en
masse, toute sensibility a disparu dans 1'oeil. Mais en
(1) Alterations de I'osil apres la section de la cinquieme paire. -
Fig. I. OEil normal du cote" non open*; Toeil cst brillant et tres sensible ;
la paupiere superieure etant sotilev«5e, on apercoit apeine qtielqnes vais-
seaux greles en a; — 6, reprcsentc la convexite noimale de la cornee
de Toeil sain.
Fig. II. OEil malade, du cote oper^ ; la col-ne'e transparente insensible
est lerne , la conjunctive fortenient injeclee, la pup lie contract^e, I'iris
decolor^ et lle.iri ; un commencement d'opacite se montre au centre; —
o, represcnte la convexite exagdrde de la cornde de TORJ! opere.
86 NERF TRUUMEAU.
etudiant les paralysies partielles cles divers rameaux de
la branche ophthalmique, on peut \oir qu'il en est qui
sent doue's cle proprie'tes sensitives particnlieres.
La branche ophthalmique se distribue a 1'oeil apres
sY'tre divisee en trois rameaux :
Le rauieau lacrymal, qui va a la glaude lacrymale;
Les rameaux frontaux, a la peau du front ;
Le rameau nasal, au boutdu nez.
Ce dernier fournit une racine au ganglion ophthal-
mique, apres quoi des filets partent de ce ganglion pour
aller a 1'iris. Outre les filets indirects que le rameau nasal
(Mivoie a 1'oeil en passant par le ganglion ophthalmique,
il tVuirnit encore a cet organe des filets ciliaires directs.
La sensibilite que 1'ceil recoil par les filets qui lui vien-
nent du ganglion ophthalmique se presente avec desca-
racteresspeciaux, qui la differencientde la sensibilite qui
lui arrive par des filets ciliaires directs venant du nerf
nasal. L'iris parait recevoir les deuxordres de filets; les
nerfs ciliaires, directs, donnent la sensibilite a la conjonc
tive el a 1'iris ; les filets indirects, ceux qui out passe par
le ganglion ophthalmique, donnent la sensibilite a la cor-
ne e transparente eta I'iris. On concoil deslors qu'il puisse
exister telle lesion qui entraine Tinsensibilite complete de
toutrceilmoinslacornee transparente, el reciproquemenl
que la coruee transparentedevienne insensible, toutes les
autres parties de Toeil ayant conservi1 leur sensihilite.
Lorsque la sensibilite disparait chez un animal souinis
a une intoxication ou a une cause de mort quelconque,
lacinquieme paire parait 6tre atteinte la derniere. Mais,
chose singuliere. (jui je crois n'avail pas ele signaleeavant
BRANCHE OPHTHALM1QUE. 87
inoi, c" est que, clans cette abolition des proprie'tes sen-
sitives de la cinquieme paire,Ja cornee et la conjonctive
ne perdenl pas leur sensibilite en inline temps, mais suc-
cessivement et dans on ordre qui varie avec la cause qui
produit la niort.
Ainsi, dans la mort par la strychnine, la conjonctive
reste sensible apres que la cornee est devenue insensible.
Dans la mort par section du bulbe rachidien, la cornee
reste encore sensible apres que la conjonctive est deve-
nue insensible.
ftvidemment , cette sensibilite de la cornee a un
caractere special. £tant interne a l'H6tel-Dieu , j'ai
observe un cas dans lequel elle etait conservee. Le sujet
de cette observation etait une t'eimne of Iran t d'un seul
cote une paralysie complete de la cinqiiiemr pain-,
paralysie sans alterations de nutrition. Tout Trail etait
insensible a 1'exception de la cornee transparent!'.
Je ne connais de cet remarquable phenomene quo
ce seul exemple che/ 1 'homme, qu'on trouvera rapporte
dans la these de M. le Dr Demeaux (1843).
Souveut j'ai fait che/ des chiens 1'ablation du gan-
glion ophlhalmique. La cornee transparente devient
alors insensible. D'autres desordres de nutrition s'obser-
vent encore, ainsi qu'on va le voir.
Exp. ("29 mars 1 848). — Sur un chieii adulte, j'ai
mis les nerfs de 1'oeil ii decouvert. Le procede consista a
fendre en dehors la peau de Torbite, et a diviser le muscle
crotaphyte jusqu'au-devant de 1'oreille, a enlever par
deux traits de scie 1'arcade zygomatique ; a resequer
1'apophyse coronoide de la machoire, puis dissequer les
88 NERF TRl.irME.U'.
nerfs en e'tanchant le sang qui s'ecoulait on abondance.
Apres avoir isole le nerf optique, je constatai quo les
nert's ciliaires qui rampent dans le tissu cellulaire en~
vironnant le nert' optique sent sensibles. Car apres avoir
ilepnuille le nerf optique des nerfs ciliaires, il etait com-
ple'teinent insensible.
En coupant les nert's ciliaires, j'ai constate les pheno-
fnenes suivants du cote de Tiris : ayant d'abonl coupe
seulement les lilets ciliaires situes sur le cote externe
du nerf optique, j'ai vu la pupille paralyse'e sinilenient
en dehors; de sorte que la pupille se contractant apres.
sous rintluence de la luiniere, elle se resserrait ])artout
(;xcept('1 en dehors, ce qui lui donnait alors une forme
allonge'e transversalement. Chex les animaux qui out la
pupille disposee en long on en travc^rs, cela tiendrail-il
a ce que les nerfs ciliaires ne se distribuent pas aux
points de 1'iris ijui servent de commissure a la pupille?
Apres avoir coupe les nerfs ciliaires tout autour du nerf
optique, la pupille etait largement dilatee et immobile.
Apres la section des nerfs ciliaires, je vis la cornee
devenir snbitement insensible et il me sembla aussi
qu'elle devint aussitot terne et seche, comme cela a
lieu apres la section de la cinquieme paire. D'ou il re-
sulterait que ces nerfs ciliaires out une intluence directe
sur I't3tat de la cornee transparente.
L'animal guerit de cette operation, mais son oeil
fondit completement, ce qui tient sans doute a la foisa
la destruction des vaisseaux et a celle des nerfs.
Exp. — Le 31 mars18/i8, surun lapin bien portant,
j'ai, par le interne precede, mis le nerf optique a de-
NliRFS CILIA IRKS. 89
convert. 11 me parut egalement sensible au pineement
lursqu'il etait entoure des nerfs ciliaires.
Je vis de meine que la cornee transparente recoil sa
sensibilite des nerfs ciliaires ; car, apres avoir denude
I'o3il de la conjouctive tout autour de la cornee trans-
parente, celle-ci etait restee toujours sensible; et ellc
ne perdit sa sensibilite que lorsque les nerfs ciliaires
eurent ete coupes.
Un fait singulier s'est manifesto1 relativement a la
pupille. Sous rintluence de 1'operation, sans doute a
cause de la lesion des ranieaux de la ciiiquieme paire. la
pupille s'etait ivssenve. .Mais, au moment de la section
des nerfs ciliaires, elk? ne se dilata point comnie
cela avail eu lieu chez le chien, de telle sorte (jiie,
apres la section des nerfs ciliaires, la pupille etait forlr-
ment dilatee chez le chien, tandis qu'elle etait restee for-
tement contractee chez le lapin.
Nous noterons en passant que ces aniinaux presentent
des differences analogues lorsqu'oii vient a couper chez
eux la ciixpiienie paire. Plus tarcl, nous reviendrons
sur ce sujet quand nous nous occuperons specialement
du ganglion ophthalmique. Sur un autre lapin j'ai
pince le ganglion ophthalmique qui ne possedait pas
de sensibility, tandis quo les nerfs ciliaires qui en
emanaient etaient sensibles. Celte sensibilite parait
devoir s'expliquer par la jonction apres le ganglion
des filets ciliaires directs, venant de la cinquieme paire,
avec les filets ciliaires indi reels.
Maintenant, messieurs, ces considerations, ainsi que
les experiences qui precedent, m'amenent a vous entre-
90 NERF TRIJUMEAU.
tenir d'une question qui se rattache a la sensibilile de
roeil; je ve-ux parlerde la photophobie.
On sail combien ce symptome est frequent clans les
inflammations de 1'oeil, particulierement dans les alte-
rations de la cornee, de 1'iris; la photophobie n'existe
pas lorsque la conjonctive senle est malade. D'ou
vient la photophobie? La sensation doulourense est-elle
due a 1 'action de la lumiere sur 1'iris, sur la retine,
on sur les nerfs de la cinquieme paire qui out traverse
le ganglion ophthalmique?
Cette question a deja pivoccupe les physiologistes, el
quelques epreuves out ete lentees dans le but de la
resoudre.
Magendie avail deja montiv qne la retine est insen-
sible. Des operations chirurgicales out montre que la
section du nerf optique chez riiomme n'est pas non
plus doulou reuse.
D'autres raisons portaient encore a penser que la
photophobie n'avait pas son origine dans la retine. En
effet, on avail rencontre ce symptome chez des malades
porteurs de laches de la cornee qui ne leur permeltaient
pas de voir; ainsi desamaurotiquesquietaienlpris d'oph-
Ihalmie eprouvaienl alors de la photophobie. Depuis
longlempsj'avais ele amene par mes experiences acon-
siderer dans mes cours la photophobie comme n'existanl
pas dans la retine, mais dans les parties de Toeil qui re-
coivenl les nerfs ciliaires indirects. M. Caslorani, que
j'avais 1'anneederniere engage a elucider ce sujel par des
experiences directes, a reprislaqueslion. Ses experiences
sonl arrivees aux memes resullals el onl monlre que
PHOTOPHOBIE.
chez un animal auquel on a prealablement coupe le nerf
optique. une plaie de la cornee determine de la photo-
phobie. Cesontla desphenomenesextremement curieux
et qui semblent prouver que les nerfs qui se sont associes
avec le grand sympathique, out recu de cette association
des qualites particulieres.
On avait d'nn autre c6te signale deja la sensibilite de
1'irispour la lumiere. M. Brown-Sequard avait montn'1
qu'apres la section du nerf optique, 1'iris conserve encore
la propriete de se contracter sous I'influence de la lu-
miere et de se relacher dans I'obscurite. Son experience
consiste a enlever les deux yeux d'une angiiille ou
d'une grcnouille, et a les placer srpiirement sur des
eponges humides pour eviter une perte trop rapide des
proprietes de tissus par la dessiccation. L'un de ces yeux
restant a la Iumi6re, et 1'autre etant place dans une
boite ferme'e, on constatait bientot, en les comparant,
que la pupille etait contractee seulement dans Toeil qui
etait reste expose a la lumiere. On changeaii ensuite ces
yeux de place, laissant a la lumiere celui (|ui avait
d'abord ete enferme et placant dans la boite celui (}ui
avait et6 expose a la lumiere. La pupille se contractait sur
le premier et se dilatait sur le dernier; le phenomene
e'tait renouvele par le renversement des conditions. L'iris
parait done jouir crime sensibilite" a la lumiere in-
dependante de celle de la retine. Or la cornee recoit
les nerfs de la memo source que Tiris : c'est done dans
les filets ciliaires iudirecls de la cinquieme paire qu'il
faudrait, suivant nous, localiser le symptome de la
photophobie.
&2 Nfc!RF TRUUMEAU.
Quant aux modifications organiques quo la section
de la cinquieme paire apporte dans 1'oeil, nous avons
cite a propos des experiences leurs principals parti-
rularites, sur lesquelles nous ne nous etendrons pas da-
vantage parce que ce sont des phenomeues bien
connns. M. Schift" a public sur ce sujet un travail tres
complet.
La glande lacrymale parait , apres la section de la
cinquieme paire, secreter moins. Au contraire , les
glandes de Meibomius sembleraient fournir une secre-
tion plus abondante.
Nous aurons ulterieurement a revenir sur les nerfs
qui president a la secretion des glandes de 1'orgaue de
la vision, a propos des fonctions du grand sympathique
de la tete en general, et de celle du ganglion ophthalmique
en particulier.
Nous aliens continuer I'histoire physiologique des
autres branches de la cinquieme paire, par la branche
inaxillaire supe'rieure<,
Comme la branche ophthalmique, la branche inaxil-
laire superieure est exclusivement sensitive.
Chez 1'homme la branche maxillaire superieure sort
du crane par le trou maxillaire superieur ou grand
rond, traverse la fosse pterygo-maxillaire et vient,
s'epanouissant sur la face, clonuer la sensibilit(3 a la levre
superieure et a la narine.
Cette branche porte sur son trajet un ganglion, le
ganglion de Meckel ou ganglion spheno-palatin. Ce gan-
glion, qui appartient an systemedu grand sympathique
communique avec la septieme paire.
BRANCHE MAXILLIARE SUPKR1EURE. 93
Chez certains animaux,lelapin, le chien, lecheval, le
trou grand rond n'existe reellement pas ou plutdt il
n'existe qu'en dehorsdu crane. Les branches maxillaires
superieures et inferieures sortent de la base du crane
par un meme trou, le Iron ovale, et c'est a la sortie de
cette ouverture (pie la branche maxillaire superieure
se dirige en avant dans une sorte de virole osseuse qui
representerait le trou grand rond.
Je n'insisterai pas ici sur la propriete qu'a la bnmrhe
maxillaire superieure de donner la sensibilite aux tegu-
ments des parties auxquelles elle se distribue, non plus
que sur la sensibilite qu'elle tburnit aux dents par scs
filets dentaires; sensibilite que nous examinerons tout
a i'beureen parlantdela branche maxillaire mfrrieure.
La branche maxillaire supi'-rieure donne encore la sen-
sibilite generate a la membrane muqueuse du nez. Quaud
nous exarainonsce lapin chcz lequel la cinquieme paire a
ele coupee, nous voyons qu'ori pent, sansqu'il trinoigiu1
la moindre douleur, lui introduire un instrument
dans les narines. La section de la cinquieme paire a
done aboli la sensibilite, non-seulement dans les parties
superflcielles, mais encore dans les parties profondes de
la face.
En parlant de 1'influence que pouvait exercer la sec-
tion de la cinquieme paire sur les organes des sens, je
vous ai signale une influence indirecte, secondaire. sur
les phenomenes de la vision qui sont consecutivement
rendus impossibles par suite de 1'alteration de certains
milieux de 1'uMl. Ce qui se passe du cote de 1'organe de
Todorat presente-t-il quekpie analogic avec les
NERF TRUUMEAU.
menes que je vous rappelle? Quelle influence pent avoir
la cinquieme paire sur 1'olfaction?
C'est la une question sur laquelle on a beaucoup dis-
cute. On aete porte par analogic a penser que la branche
riiaxillairc superieure donnait la sensibilite generale a
la membrane muqueuse nasale, etque lasensibilite spe-
ciale en rapport avec la perception des odeurs etait due
au nerf ol fact if. Pour verifier Inexactitude de cette vue, a
laquelle il est naturel de s'arreter d'abord, il etait neces-
saire de faire des experiences ; or, la pratique de ces
experiences et surtout I'appreciation des phenomenes
produitsoflrait de serieuses dillicultes. Ici encore des fails
de deuxordres pouvaientconduire a la connaissance dela
verite : des experiences physiologiques et des observa-
tions pathologiques. Nous verrons. a propos de I'ol fac-
tion, ce qu'ont donne les lines et les autres; toutefois je
dois vous faire remarquer d'avance qnelle importance
relative prennent ici les observations faites sur 1'homme,
et combien elle peuvent fournir de renseignements plus
nets dans une question aussi delicate que celle de la
perception des odeurs.
Nous avous, messieurs, essaye il y a deux jours d'en-
lever chez uu chien le ganglion de Meckel, ganglion du
grand sympatbique qui afl'ecte des rapports assez inte-
vessants avec la branche maxillaire superieure.
Nous voulions voir si cette ablation etait possible ; et
si, a la suite de 1'operation, quelques phenomenes nou-
veaux ne pouvaient pas etre observes.
L'experience ne fut pas fort difficile. Chez I'honiine,
ce ganglion est colle au nerf lui-meme; chez le chien.
BRANCHE MAXILLAIRE SUPER1EURE. 95
il en est separe et se trouve a cote de lui dans la fosse
pterygoide. Nous avons done, sur un chien, enleve
1'arcade zygomatique , souleve 1'ceil, suivi vers I'orbite
le nerf maxillaire superieur; et, arrive sur le ganglion
spheno-palalin, nous 1'avons arrache.
Avant d'enlever ce ganglion, nous avons vu que quand
on le pincait on ne provoquait pas de sensibilite bien
e>idente, tanclis que quand on 1'arracha on produisit
une douleur tres vive, ce qui est d'accord avec ce que
nous avons vu des autres ganglions du grand sym-
pathique. Nous avons ensuite observe ce chien , et
n'avonsrien vu qui parut se rattacher aux consequences
de reparation. Aucun symptome particulier nc s'est
manifest*' du cote de 1'oeil; rien de precis du cote dcs
nariues ou se distribue le nerf maxilluirc superieur. La
sensibilite de la membrane muqueuse nasale paraissail
aussi developpee du c6te ou avail ete enleve le ganglion
de Meckel, peut-etre meme 1'etait-elle davantage?
Les filets qui emanent du ganglion de Meckel von I
se distribuer a la membrane muqueuse du no/ avec une
branche dela cinquieme paire. Examinantchez le chien
le nerf naso-palatin qui va a la membrane muqueuse
du nez, nous avons et6 tres surpris de le trouver en
apparencecompletement insensible, taudis que la (tran-
che principale, la sous-orbitaire . nous offrait tons les
signes d'une sensil)ilitr vive. Cette insensibilitt- d'un ra-
meau apparteuant a la cinquieme paire porterait a penser
qu'elle renferme des filets de sensibilite speciale ; Magendie
ayant prouve que les nerfs de sensations speciales sont
completement insensibles aux irritations mecaniques.
96 NERF TRIJUMEAU.
Dejaautrefois, experimental)! sur la cinquieme paire,
il m'avait semble quo le nerf lingual, nerf de sensibilite
generale et speciale a la fois, etait moms sensible qne
les rameaux superficiels de la cinquieme paire. Cela
pourrait peut-etre tenir aussi a cette double aptitude
fonctipnnelle.
En resume, dans roperation citee plus haul, nous
avions done remarque que le ganglion spheno-palatin,
insensible quand on le pince, ne pent etre arrache sans
produire une vive douleur. Un autre fait nous avail
snrtout frappe, je veux parler de ['insensibility d'un
filet nerveux de la cinquicme paire qui sr rend u la
nuiqueuse nasale.
Aujourd'bui nous avons repete sur le meme animal
cette experience, de I'autre cote, avec les memes resul-
tats. Ce filet singulier a done ete coupe des deux cotes.
En introduisant un stylet dans les narines on trouve que
la membrane muqueuse nasale est toujours sensible ;
d'ici aux procbainesleeons, nous observerons raniuial et
tacherons de voir si 1'odorat a ete modifie, et, dans le
cas ou il 1'aurait ete, quelle alteration il aura subie.
Si les observations precedentes se verifiaient, la cin-
quieme paire se trouverait aiiisi composee de trois par-
ties : un nerf moteur, petite branche d'origine qui se
rend tout entiere dans le nerf inaxillaire inferieur; des
nerfs de sensibilite generale, et des nerfs de sensibilite
speciale qui presideraient a 1'olfaction et a la gustation.
II ne s'agira plus que de verifier ces vues experimentale-
inent en analysant convenablement les fails; il faudra
couper les branches que nous sommes dispose a regar-
'iUANCIIi; MAXIU.AIKK Si PKRlliURIi . 97
dor comnio presidanl ;'i la sensibilite speciale. et voir si
apres bisection deces branches I'olfactipB a etc delruite
on troublee.
Sans insisler aujourd'hui sur ce fait de savoir si la
cinquienic paire preside oti ne preside pas, dans le ne/,
pour une certaine part a la sensibilite olfactive, question
sur laquelle Inexperience doit prononcer. je me borne a
vous poser la proposition quo nous examinerons plus lard .
Nous savons que la einquieme paire tieut sous sa de-
pendance certains plienoineiiesde nutrition. Vous 1'avez
MI pour la branche ophlhalniique; on pent le constafer
aussi pour les branches maxillaires superieure et infe-
rieure. La membrane imiqueuse nasale est goiifleo el
rpugeatre. >"ous eonstaterons cette apparence le jour on
nous 1'erons Taulopsie de ee lapin. Je vous signalei'ai ;i
ce propos une precaution a prendre dans les conclusions
a lirer des experiences eptreprises pour juger de 1'in-
llnenee de la cincpiieme paire sur I'olfaction : il ne lan-
drail evidemment pas attendre, pour etudier les modifi-
cations de ce sens apres la section du trijumeau, ([ue les
alleralions de nutrition se fussent produites clans le ne/>.
I. experience ayant pour objet de rechercher si le sens
oll'aelit' est atleint [trimitivement, son alteration, apres
que les desordres de nutrition soul survcnus. nV'taltlirait
pas plus son aptitude sensoriale que la cecite, apres les
alterations de 1'a'il consi'cutives a la section de la branche
ophthalmique, n'etablit une influence directe dc cettc
branche sur la vision.
Passons maintenant a rexamen des usag'es delabran-
chc maxillaire inferieure.
B., SY»T. NFnv. -- ii. 7
98 NERF TRUUMEAU.
La branche maxillaire infi'rieure du nerf trijume-iu
sort du trou maxillaire inierieur ct vicut se dislribuer a
la Ix niche. Ce nerf dillr-tv ties autrcs branches dc la
cinquieme paire en ce qu'il n'estpas exclusivement sen-
.sitif. Lorsqu'au dela du ganglion dc Gasser, la cin-
quieme paire s'est divisee en trois branches, la branch*1
inferieure do cette Irifucation. branche maxillaire in-
fe'rieure, reooit un filet d'origine distincte qni passe au-
dessous du ganglion sans se confondre avec lui. Ce filet
represente la partie motrice d'unc paire nerveuse, dont
le Ironc principal du trijuniean rentermc rclement sen-
sitif. Cette branche motrice n'abandonnant i-ien auxdeux
branches superieures du trijumeau, le nerf maxillaire
inferieur se trouvc scul dans la cinquieme paire reprp-
senter un nerf mixti1.
Dans 1'etude du nerf maxillaire inferieur, nous avons
done a considerer des phenomenes cle sentiment et des
phcnomenes de mouvemcnt.
Je vous ai dejii dit quo la branche maxillaire inlV1-
rieure donne la sensibility aux parois de la bouche el !<•
mouvement aux muscles de la machoire intV'i-ieure.
Tandis que le facial donne le mouvement aux muscles
superficiels, le nerf maxillaire inferieur preside au
mouvement des muscles masticateurs profonds : masse-
ters, mylo-hyoidiens . pterygoi'diens (>t cmtaphytes.
Apres la section de la cinquieme paire, on constate en
ffM. une paralysie des muscles de la machoire. Lorsque
la lesion n'a etc produitc que (Fun cote, cette paralysie
n'empeche pas immediatement 1'animal de se nourrir :
la machoire tbruiaut un seulos, et les mouvements du
BRANCHE MAXILLAIRE IXFERIEURE. 00
cote oppose etant conserves, la mastication pent encore
s'effectuer. Cepenclant cette mastication est incomplete.
1'animal se nourrit mal, deperit et maigrit.
FIG. l\ (1).
Je dois vous signaler a ce propos un fait interessant
a noter, fait rclatif a 1'accroissement des dents. La sec-
(1) Portion motrice de la cinquieme paire chez le cheval. —
Fig. I. A, portion motrice de la cinqnicmc paire qui embrasse en forme
de collier le nerf niaxillaire inlerictir; — A', branche aiiriculo-tempo-
rale qui est entourde par une anso provenant dc la portion motrice ; —
0', autre portion du ncrf auriculo-temporal provenant exclusivement de
100 NhHF TKI.il Mi-.U .
lion ties rameaux dentaires que louniil la eiiiquieme
paire. n'einptk-he pas les dents de pousser. On pent Ic
eonstater sur les animaux chez lesqueis raccroisscnienl
des dents est continue!, chez les lapins. par exemple.
Lorsque die/ ces aiiiinaux. on coupe la cinquieme
paire d'uu seul cute, les dents incisives correspondantes
ne sont plus eu rapport ; elles ne s'usent plus les unes
sur les autres. Cette alteration des rapports entre les
dents tient a ee qu'apres la section de la cinquicmc
paire. la destruction de sa petite ratine motrice a para-
lyse les muscles masticateurs d'un cote.
La inachoire etant devii'-e et altin e du cote sain, la
dent incisive superieure du role sain i'rotte seule sur I'in-
eiM\e iiderieure du C(Ait(; paraiysr-. Mais alors 1' incisive
superieure du cote o})ere et 1'incisive int'erieure du eoti'
sain portant ii vide continuent a s'accruitre. An bout de
eiiuj on six jours on pent deja reeonnaitre (pie ees
soul plus lonifues ,V(»y. tiu. .">).
l,i porlion scnsilivo tin niaxillairc infi;ri<.'iir, cl cii\ovnnl un lilcl a
niuli([iii' S a la corrtc du lympan I ; — S ', aulio fik-l allanl du uia\i!kiii c
infrrii'iir a la rordo du tympan I: — 13, rauioau huccal du niaxillaiiv
ir.lV-rieur vcnant en plus Brando parlie dc la porlion ninlrin1 du ucrf;
- CT, lilot uiotour pour 'c muscle crolapliylo ; -- V. lilcl motcur |)uiu
lo voile du palais ; -- U . ran;eau inoteur [xiin- Ic ptcrygoidicn ; -
/,, brauchco phlhaliiiiquc dc la cinqui>'ine paire; — U. hrnnclie niaxillairc
superieurc de la cinrjuicnio paire; - - X . nerf lingual ; -- "i . nerf den-
l lire inferieur.
riy. II. Mcine ncrl' quc j>r»'cedcinincni vu | ar la face exlernc : -
C/M, lilets niesscteriens el crotapli\lcs venaiil dc la porlion molrice du
niaxillaire inleneui cl auxquels se uielenl tependanl quelqiies lilm^
\ciianldelaporlion sensitive du nerf: — D, branche ophllialmiquo ; -
K, ncrl inaxillairc suporieur ; — K, nerf denlaire; - II. nerf lingual;
A . porlion de la branelie auriculo-leniporalc.
s
JiR \\CHI- MAXILLAIRF. INFKRIKl'RE. 101
L'aceroi^sement des dents est dour indcpendant do
]' influence nervouse.
11 est tros probable quo e'est la iin fait general . car,
ehez le fetus, le developpemefat des organesse fait alors
qifils no sont pas encore pnurvus de norfs : I'mlliionce
nervonse no parait. en ofl'et, intervenir dans les phcuo-
mones de nutrition quo comine inoyon d'harmonisntion
e^enerale.
Le lapii: quo nous avons montn! tout a 1'henre p<;rira
dans ([ii<»l(jues jours. 11 no inourni pas par Topc'ration
nirine de la section de la cinquieine paire; il inourra
de' faitn. A lautdpsic. on trmivera dans Testoinae pen
d'aliinents, beaucoup nioins tpio dans les conditions nor-
inales: on pourrait .peut-iMre prolonger son existence en
lui injectant dans I'cstoniac- des aliments sullisamnient
divises on dissous, dn bouillon, par oxomple.
(lette imperfection de la mastication doit recoianaltre
deux causes: d'une part, ranimal se sort nioins bien de
si'sdonls niolaires, dont le contact ne se fait plus quo par
imo portion rostreinte de lour surface trilurantc: onsuilo,
Faction des incisives est singnlierenient amoindi'ie par
ce d(''placement lat(;ral qui no perinet qn'a deux dents
do se inettre on rapport.
Ohex un clnen cos incoiivonients seraient nioins pro-
nonces, les inoiiYoinenis do didudion des inachoires
pronant uno }»arl boaueoup mains large dans la mastica-
lion dtjs carnivores. Toutoibis , le rapprochement des
donls so faitassez faiblement due6to paralyse pourqu'on
puisse, en niettanl lo doigt entre les deux machoires
dn cote lose, sentir qn'il ri'est serre que legerement.
102 NERF TRIJl'MEAU-
Lorsque au lieu de couper la cinquiemo paire d'un c6te
seulement on la coupe des deux c6tes, 1'aninial ne pent
plus ni niacher, ni avaler. Alors il meurt de faim; la
bouche reste beante et la machoire inferieure pendante.
Vous voyez done que la section de la cinquieme paire
amene des desordres du mouvement qui sont limites a
la machoire ; voila tout pour ce qui concerne son in-
fluence motrice.
Mais, outre cela, le nerf inaxillairo inferieur[est aussi
un nerf de sentiment. C'est lui qui donne la sensibilite
aux joues, a la bouche, a certaines parties de 1'oreille.
11 fournit des anastomoses au facial par une branche
auriculo-temporale. La section du nerf maxillaire infe-
rieur est suivie d'une paralysie du sentiment, non-
seulement dans les parties profondes, mais encore dans
les parties superficielles ; c'est ce qu'il est facile de con-
stater sur ce lapin. La sensibilite a disparu dans la
muqueuse comme dans la peau des joues; nous pouvons
aussi sans causer de douleur a 1'animal pincer la langue
duc6te paralys^.
Les effets dela paralysie dela branche maxillaire infe-
rieure ou de sa section ne paraissent pas se bonier aces
lesions du mouvement et dela sensibilite : nous trouvons
sur leslevreset la langue des alterations consecutives qui
peuvent porter a penser qu'il y a en meine temps des
alterations de nutrition. La muqueuse des levres est
quelquefois rouge, gonflee ; elle est, aux levres supe-
rieure et inferieure, le siege d'ulcerations ; le bout de la
langue presente aussi une ulceration. Toutefois, avaut de
seprononcersur la nature de ces ulc^rations, il convient
BRANCHE MAXILLAIBE INFERIEURE. 103
dese demantler si elles sont la consequence d'une alte-
ration de nutrition, ou si elles sont clues simplement aux
morsuresquese ferait 1'animal qui a perdu la sensibilite.
Je crois quo cette derniere supposition est plus fondee,
parce que les alterations quo je vous signale, et que vous
III
FIG. 5 (1).
pouvez encore voir sur ce lapin , se montrent des le
lendemain de Topr-ration et siegent pre'cisement dans
les parties qui sont exposes a Vaction des dents (fig-. 5,
'
(i) Fig. 5. — Fig. L Ulcorailons survenucs du cole correspondant a
la section do la cinqniemc paiiv; olios sont ordinairement an nombre de
trois : 1" 11110, la phis larso. a la levrc superieure: 2° une plus petite a
JO/I NERF TRUUMKAU.
Pour computer 1'histoire de la branche maxillaire
inferieure, il me resterait a vous parlor de son influence
sur le sens du gout.
Cette influence cst ici incontestable : elle s'exerce
sur la partie anterieure de la languc. Elle est due an
nerf lingual, qui donne a cette partie a la fois la seusibi-
lite generale et la sensibility speciale. Ces deux sensibi-
lites disparaissent apres la section du lingual.
Nous reviendrons -sur les phenomenes de la gustation
lorsque nous aurons a examiner 1'action des autres nerfs
du gout;qu'il noussuffise de vous Lndiquer auj&urd'hui
que, dans certaines parties de la langue, elle est d'une
maniere absolue sous la dependauce du nerf lingual.
Ouant aux alterations de nutrition qui, consecutive--
meut a lasection de lacinquieme paire , seremarqueut
dans 1'oreille moyenne, on pense qu'elles peuvent
ameuerquelques troubles second aires de Taudition ; mais
primitivement on n'apercoit rien d'appreciable. La cin-
quieine paire aaussi une iiitluence sur les s<'civtions de
I.-i lace et particulieremeiii sur la secretion salivaire.
Nuns viMTons qu'apres la section de ce nerf. les excila-
la UHre intcriciire; 3" line autre sur le boul do la lunguc et sur le rolo
correspondant a la paralysie du sentiment.
Fig. II. Dents incisives norniales de lapin ; elles se coriespondonl
exactement ctsont taillees cam'-inenl.
Fiij. TIF. Dents incisi\csde lapin, le septiemejour apres la section de
lacinqiiK-me paire ; lesdcnts tetft'secorrespondentseulespendanl la mas-
tication, les dents a, a' ne se correspondant plus, ne s'usenipasot s'allon-
gent, d'ou il resulte que la coupe dcs dents, an lieu de former une li^ne
iransversale, forme une lii^ne oblique de haul en baset de droite a yaurlic
quand la cinquieme paire a ele coupee a droite, et oblique deliaul en bas
el de p;auc!ie a droile quand la cinquieme paire a e'te coupee a
INFLUENCE SUR LES SECRETIONS. 105
tions sensitives qui determincnt IPS secretions par
action retlexe ne peuvent plus avoir lieu.
Toutefois, les secretions ne sont pas pour cela abolies
cornpletement .; elles sont seulemc-nt diminuees. Et
lorsfju'on met un corps sapide sur la lang'ue. par
exemple, la senvlion a lieu laibleinent tin rote ou la
cinquieme paire a ete coupee, 11011 plus par excitation
du nei'f lingual de ce cote mais par excitation du meine
nerf du cote oppose, clout les fibres agissent alors par
action reflexe croisee sur les glancles du c6t<; ou la cin-
(juieine paire a etc coupee.
Nous avons deja donne ailleurs des experiences sur <v
sujet, sur lequel nous reviendrons encore en parlanl
de lacorde du tyinpau.
SIXIEME LECON.
22 MAI 1857.
SOMMAIKE : Comparison des phenomenes conse'cutifs a la section de
la cinquit-me et de la septieme paire. -- Portion intra-cranienne du
ncrf facial. — I )i (Halite's de rexpmmentation sur cette partie. —
Constitution dc la septieme paire dans le conduit auditif interne. —
Hypotliese sur le nerf facial, considere comme une racinc ante"rieure,
ibrmant unc paire nerveuse avec le nerf de Wrisbcrg, qui constitue-
rait la racine postericure. — Cette liypothese est inadmissible, pliy-
siologiquement et anatomiquement. -- Le nerf de \Yrisberg ost une
racinc d'originc du grand sympathique. — De la paralysie du nerf
facial. — Observations rccueillies chcz rhomine. — I'aralysies faciales
superficielles et paralysies faciales profondes.
MESSIEURS ,
Voici deux lapins quo je vons ai deja presentes plu-
sieurs fois et quo j'aurai it vous montrer encore pour
quo vous puissiez suivre sur eux les accidents qu'ont
(Ictenniue les operations auxquelles ils ont ete soumis.
Vous pouvez, sur celui-ci, auquel nous a vons, il y a
quelques jours, coupr devant vous la cinquieme paire,
voir que 1'oeil s'altere de plus en plus.Lacornee. entre les
lames de laquelle le pus est epanche en grande quantite.
oifpe aajourd'hui Taspect d'une grande tache blanchatre.
Mais les alterations de nutrition ne se bornent pas a l'o?il ;
la levre superieure et aussi la levre inferieure coin-
mencent a suppurer; la membrane muqueuse nasale est
tumefiee, rouge ; les dents ayant perdu leurs rapports
continuent apousseren s'usant inegalement; elles offrent
PARTIK INTRA-CRANIENNE DU FACIAL, 107
la deformation que je vous signalais dans la derniere
leeon ,
4
Vous pouvez voir comparativement cet autre lapin
stir lequel nous avons coupe le nerf facial : toute la
moitie gauche do la face a perdu ses mouvements,
cependant elle est toujours sensible. L'ceil, bien qu'il
resle constainment a de'couvert et que les paupieres ne
puissent plus 1'occlure offre une cornee toujours
transparente et brillante.
La partie intra-craniennc du facial qu'il nous reste a
examiner, est d'une etude beaucoup plus difficile que
celle desa portion externe. Sa disposition anatomique est
extreiiiement complique'e, et la difficult^ qu'on rencontre
lorsqu'on veut 1'attaquer. en vue de rexperimentation
physiologique, est telle que celle-ci a ete jusqu'a ce jour
presque impossible. Tout se reduit en effet a une ques-
tion de procede operatoire : quand on peut couper un
nerf, on voit quelles sont ses proprie^s, quelles sont ses
fonctions; aussi le nerfs les plus faciles a couper ont-ils
ete les premiers etudies. A la suite des indications de
Ch. Bell, on expei-imenta d'abord sur les branches du
facial et de la cinquieme paire; plus tard Magendie
opera sur les racines rachidiennes, etc.
L'etude de la partie interne du facial offre des difti-
cultes telles que les questions qui se rattachent a ilivers
points de son hisloire physiologiime sont encore en litige.
Une autre raison tend encore a Jeter de 1'obscurite sur
les fonctions de cette partie du facial. En effet, elle n'est
pas simple; plusieurs autres nerfs raccompagnent dans
ce trajet et viennent eompliquerde leur influence propre
108 I'ORTIOV PROFOXDC DU FACIAL.
les phenomdies que I!exp^rimehtati6'ft a a dderminer.
Lo I'acial n'cntre pas scul dans le conduit auditif interne;
il y cst accompagne par le nerf auditit' et par le nerf
intorme'diaire de Wrisherg, nerf d'une nature speciale.
eomme nous le verrons, et clont ^influence propre nc
saurait (Mro nogli^iH? saus exposcr a des causes dVnvur
dans 1'appreciation des fails physiologrques.
Lc DIM'!' dc la septieine paire, (juand il onlrc dans lc
conduit auditiC, esl done constiiiu'1 par trois nert's : lc
facial proprement dit est cu avant . lc nerf acoustitpic
en arricrc ; entre cux csi lc ncif internnMliairc <lc Wris-
Itcru:, d('cri1 par Scba\v connne nnc anastomose qui iVui-
nirait le nerf acoustitpK1 an facial. Kn diet, il semble
([ue les iilets les plus anterieurs du nerf acoustiquc se
M-jiarent du tronc de ee neiT ct vienncnt se joindre an
nerf facial. On avail vu la une anastomose; maisces filets
constituent reelltMiicnt, comme nous It1 verrons. un nerf
special.
Nous devons done d'ahoi-d dimmer du facial lc nerf
acoustique qui. arrive an fond du conduit auditif interne.
s\ anvte ct se distribue a I'dreille inlcrjie.
!l in1 resteplns alors <pie le facial proprement dit. d
(•'•s iilets quc nous venous de voir former le nerf mtcr-
mediaire de Wrisberg.
Le facial et le nerf de NVrisberg entrent ensemble
dans le canal de Fallopo. oil ils son! reunis en un soul
faisceau presentant, dans un trajet llexueux, trois portions
separees par deux coucles; la derniere de ces portions
conduisant le nerf an trou stvlo-mastoi'dien par leqiicl il
sort du crane.
SA CONSTITUTION* ANATOMlOUIi. Ktt)
Arrive duns le canal de Fallope le i'acial est bientot
accole an ganglion genicule d'ou partent deux filets, le
rgand et le petit petrenx. (!es deux filets qui emanent
tie ce ganglion genicule i-tablissent des communications
avec la cinquieme paire. Le petit petrenx. en effet. se
jette dans le ganglion otique, situe sur le trajet de la
branche maxillaire inlcrieure. tandis quele grand pe-
ti'eux se jette dans le ganglion spheno-palatin, situe sur
le trajet de la branche maxillaire superieurc.
De la portion moyenne dn trajet spiro'ule dn facial
nV'inaneaiicini rainean. Onerfen t'oiirnit. an contraire.
plusienrs dans sa portion descendante, entre son dernier
coiide et sa sortie par le trou stvlo-inastoi'dien. 11 doniie
d'ahord les filets qni sc rendent an iniiscle de I'etrier;
ensnite la corde du Ivmpaii. qui sort du crane par la
scissure delilaser et vient se jeter dans un ganglion sitni'-
sur le trajet dn rameau lingual de la hranche maxillaire
ml'ei leure. l:n antre filet, tonriii encore par le I'acial dans
celte derniei'e parlie de son trajet intra-cranien . elaNit
line iinastoniose enti'c lui et le ner!' glosso-pharyngien.
Knlin. dans cetle parlie le facial communique encore
avec I*1 pneumo-gastrique par une anastomose.
Avant d examiner qnel est le role de <rs diflerents
nerfs. je dois vous parler (Time hypothese relative au
facial et an nerf de \Yrisberg, hypothese d'apres laipiclle
on a considere <MIS deux nerfs comme constituant les
deux racines d'nne meme [taire nerveuse.
On avail dit ([lie le facial nait comme une racine an-
ttM'ieure, a la([iielle le nerf <le Wrisberg viendrait se
joindi'e a la maniere des racines posterieures. Le carae-
HO PORTION PROFOMM; or FACIAL.
tere analomique dominant des racines post6rieures etaut
d'avoir un ganglion sur lour trajet, on rctrouvait cc
fait dans ^observation <|ui inontre les filets du nerf
de Wrisberg allant se Jeter plus specialement dans lc
ganglion ge'nieule du facial. On trouvait done la des
FIG. 6 (i).
(I) Portion intra-cruniennedu nerf facial cliez tin anon. — A, nerf
acouslique; — F, uerf facial; — G, nerf pnetimogastrique ; — II, nerf
glosso-pharyngien ; - - W, nerf accessoire de Willis ; — D, ganglion
ge'nicule' sur le trajet du nerf intermediairc a ,• — E , nerfs pe"treux
emanant du ganglion genicule ; — /', ganglion jugulaire du pneuinu*
gastrique ; — j, /, anastomose enire le nerf facial et le pneumo-gas-
trique; — a, nerf intermediate de Wrisberg autrefois considere coinnic
line anastomose entre le nerf acoustique et le facial ; — «', anastomose
entre le facial et le glosso-pharyngien ; — 6, anastomose entre le facial
et le ganglion jugulaire du facial , — /', muscle de 1'etrier recevant deux
iilets nerveux du nerf facial.
SES 1'ROl'KltTES PHYSIOLOGIQUES. HI
raisons qui rapprochaient, jusqu'a un certain point, le
nerf de Wrisberg d'une racine posterieure.
On s'appuyait eusuite sur ce que c'etait ce nerf inter-
me'diaire qui venait fournir la corcle du tympan, le grand
petreux , le petit petreux, pour conside'rer res nerfs
comme cles filets de sensibilite destines a la langue et a
I'orcille, etc.
Cette opinion ne me parait pas soutenable physiolo-
giquement ni meine anatoiniquenient.
Et d'abord quel est le caractere physiologique d'une
racine posterieure? Une grande sensibilite; sensibilite
qui. alors (jue le nerf a ete coupe , persiste dans son
bout central. Lorsque, sur un animal donl le crane a ete
ouvert, on pince la masse des nerfs de la seplieme paiiv.
on trouve qu'il n'y a pas de sensibilite evidente. Ce de-
faut de sensibilite relative serait-il la consequence
du delabrcment? Cependant la cinquieme paire, pince'e
a ce moment, donne des signes (rune vive douleur. Les
proprietes du nerf intermediaire de Wrisberg ne per-
mettraient done pas de le regarder comme unc racine
posterieure.
On a pretendu que ce nerf fournissait des filets
sensitits, la corde du tympan qui intervicnt dans les
phenomenes de gustation. Xous verrons qu'il y a tine
autre interpretation a donner dans ce cas : la corde
du tympan, sans rien prejuger sur sa sensibilite, agirait
plutot sur la gustation comme nerf moteur; son in-
tluence porterait ici sur des phenomenes pureinent
me'caniques.
line autre raison 5 d'ordre anatomique, vient encore
1!2 roKTiox pRor-oMn; nr FACIAL.
monlriT 4110 les analogies qni avaient i'ail regarder le
nert' d<> Wrisberg, comjoae une racine poslrrieure.
rtaient ties analogies troinpruses.
Kn examinant Irs paires rachidieniics. on pent con-
slaler que jaiuais il iiVmane de filets d>H ganglion inter-
vertebral. Or. id, le ganglion genieule dormant nais-
sance a des filets nervenx. s'eloigne par re caractnr
des ganglions interverlebraux ptmr se rappi'oeher drs
ganglions dn grand sympathique. Ce earactere, qui
n'a jainais ete invoque. me parait eependant livs
bon pour earacteriser les ganglions du grand sympa-
thiquc et les faire distingner des ganglions interveri*'1-
braux.
J'espere \ous demontrer plus lard que le nerl' de
VVrisberg est une racine du grand sympathique, racine
qui naitrait do lanioelle allongee, eomnie une antn; ra-
cine, signaleepar MM. Budge et Waller, nail de la inoelle
raehidienne enli-e la region cervicale et la region
dorsale, d'un point aiujuel ces observations out donne
le noni de region dlio-spinale. Ouant an ganglion qui
dans la paire eranicnne. a laqucllc appai'tient le nert'
I'acial. rej)resente le ganglion intei'vertebral. il landrail
le chereher \ers Torigine dn nert' trijuineau : e'est le
u'anii'lion de Gasser.
o cj
,]v pense done que la septieme paire cranienne des
anatoinistes doiL <Mre divisee en trois nerfs distincts;
qu'elle reunit : 1° le nert' acoustique. nert'de sensibilite
spcciale ; 2° le nert' facial, inoteur ; 3" le nerf intenne-
diaire de Wrisberg constituant une racine d'origine du
grand sympatbique. Ce dernier porte sur son trajet le
SES PROPIUliTES PIIYSIOLOGIQUES. 113
ganglion gen icu le quidoiine naissance aux ncrfs petreux
et a la corde du tvmnan.
•J A
Cettc distinction, ({lie m'ont conduit a admeltre mes
experiences df avulsion du i'acial, semble justifiee paries
observations pathologiques. Lcs auieurs. en cfFet, out
quclquefois cliscute sur les syinptdmes do la paralysie
du facial, rcnconirant la:itot les symptomes exterieurs
seuls, tantot les trouvant compliqu6s de symptomes in-
ternes du cote des glandes salivaires et sublinguales, de
la luettc. du voile du \ alais. etc. Dans ce dernier cas,
le nert'de Wrisl.enri M a!iri;:i jiar la irsiu'.j. I/isnloincnt
possiblede cesdeux j'spiVcs dr phenomenes, soitparles
experimentations physiologiques, soil |>ar les observa-
tions pathologiques , juslilicrnnt done pleinement la
distinction que nous venous dYtablir.
Avant d'entrer dans relud«; exp^rimentale des fonc-
tions du nerf internukliaire de Wiisberg, il faut savoir
que les diilei'ents ordres de pheuomenes ivpondant
aux trois ordrcs de nert's que nous venous d'indiquer
peuvent se rencontrer isolement.
Tout le inonde adnict que les paralyses du nerf
acousli(i[iie peuvent cxister independamnient de cclles
du nerf facial. Quant a la paralysie du nerf facial pro-
prement dite, les auteurs reconnaissent que tantot elle
est simple, c'est-a-dire qu'elle n'atteint (jue les mouve-
vements exterieurs de la face et a'alterequeFexpressiofl
de la physionomie en laissant intactes toutes les parties
profondes : voile du palais, langue, etc.
D'autres fois, au contraire, la paralysie faciale, outre
les symptomes exterieurs qu'elle manifesto, atleint aussi
B., SVST. NERY. — 11. 8
11/1 PARALVSli: DU NERF FACIAL.
cei! .ins orpines in!. : tangue, voile du palais.
pharynx, et determine alors des alterations particu-
lieres dans le gout, dans la deglutition, etc.
II est tres frequent de rencontrer des paralysies du
nerf facial quine donnent lieu qu'a des phenonienes ex-
ti'rieurs sans aiteiiulre Irs organes interieurs. Descas de
cette paralysie simple due a des misses tres divcrses,
out ete rapportes par beancoup d'auleurs. 11s sont Irop
counus pour qu'il soit mressaire de nous y arreter;
nous rapporterons seulement conime exemple le cas
suivant pris dans la pratique de Magendie, et publie
par M. C. James.
OBSERVATION. - -Mademoiselle X..., agee dc 22 ans, cl'un
teiiiperanieiit d'apparcMice lymphatique.se ;:resente, Ic2avril 18/40,
a la consultation de M. Magendie. Sa taille est inoyenne, ses che-
veux blonds, ses trails ;>eu colores. Elle dil avoir loujours joui
d'une sante parfaite, Icrsquc, il y a 15 jours, elle eprouva, sans
cause connue ni meine appreciable, les premiers syniptomes de la
nialadie dont elle est mainleiiant adectee. Ces syinptoiues, je vais
leseiiuinerer en sui\aut 1'ordre de ieur apparition, (ie lour succes-
sion et de leurs progn .
Je divise done mon observation en quatre periodes. A cliacunc
de ces periodi's correspondra tin groupe pai ticulier de symptomes,
ainsi qu'ur.c phase speciale de la paralysie.
Premiere period^. - - Deviation des traits du c6t? droit ; ]>n-
ralysie dc la se^ticine /jairc gauche. — Le premier symplou.e i'ut
un leger embarras danslejeu des paupieresdu cote gnuclie Bieulot
le front et la tempe de ce cote cesserent de se mouvoir. i'uis la
moilie gauche des levres et du menton perdirent Ieur contractility
et furent enlrainees a droiie. Jusque-la, la malade u'avail aucune-
ment soulTert. <;'est alors qu'elle ressentit de I'engourdisseinent
dans la moitie gauche de la langue, sans aucnne gene dans les
o EN '. noNs. H5
uiouvements de cti organe, en meme temps qu'une exaltation vive
do Tou'ie, a lei point que les moindres bruits provoquaient a I'in-
lerieur cle I'oiville gauche un penible relenlissemenl. Au bout de
viii— quatre lieures, i'oreille et la langue avaieni repris ieur sensi-
oilile normale; mais les signes de la parahsk- faciale persislaient.
Us avaient acquis Ieur maximum de deyeloppement a l'£poque ou
la ma lade \intconsuller M. Mager.die.
Ainsi, distorsion drs traits, siirloul de la boncbe el du nicnlon,
du cole droit. Jmpossibilile de les redresser, de piisser le front, ni
de rapprocher completement 1'une de i'aiun1 les paupieres gaudies.
La levre superieure dc ce cole est pendante et parait plus longne
que du cote droit, I'inferieure est egalemenl paralyses dans loule
sa moilie gauche. L'intiTv.dir de ces deux ie\:< s donue issue ii un
ecoulement iinolonlairede saiive. l.ajour e, tirailleeh droile,
esl teudue, lisse. appliquee sur I s <lmis d Icsgencives. On la voit
se gonder dans rexpiraiion, s'affaisser dansl'inspiratioil. Pendant le
repas, les aliui-'iils se porlcnl et s'afcunuilenl du cote gauche.
Quand la malade jiai'le, rit. c'nnniuniqne quelque expression a ses
traits, la diffonnii.'1 anginenle. Cc sont done bien la tousles signes
d'une paraiysie complete de la seplieme pa ire gauche
M. Magendie pre.scrit le galvanisme »l emploie le procedequi
lui a lant de fois reussi dans les affections de cclte nature. Une
aiguille esl implanlee dans la glande parutide gauche . nne seconde
aiguille est surcessivemenl placee aux Irons sus-orbiiaire, sous-
orbitaire el menlonnier du ineuie cole. Nous meltons ces aiguilles
en rapport avec les conducteurs de la machine de Clarke, dont on
lourne la roue lentement d'abord, puis ensuile un pen plus vile.
Ciiaqne comnic.iion ualvaniquc s'accompagne, d;ms lout le cote
correspondaut de la face, de douloureux elanccments; mais nous
remarquons que les muscles se coulracteut Ires facilcment. Ces
seances sont continuees chaque jourde la meme niaineie. Ouelque-
fois Yi. Magendie n'emploie qu'une aiguille, celle de la paroiide,
mais alors il remplace la seconcie par le boulon d'uu des conduc-
leurs qu'il appliipu; sur la meinbrano muqueuse de la joue et des
levres.
110 PARALYSIE DU NF.RF FACIAL.
Pen de changement dans les premieres seances. T.es muscles
se contractent tin pen mieux dans le moment de 1'influcnce du
galvanisme, pour retomber ensuile dans lenr immobility. Quant
a la sensibilite de tout ce cote de, la face, elle est parfaitement
intacte.
Vers la sixieme stance (9 avril), il est survenn d'importants
phenomenes qui sont le prelude dc complications nouvelles dans la
marche ct le siege do la paralysie.
Dquxieme periode. • — fiedresseyient passif^des traits ; paralysie
de la septieme paire droite. - - La deviation des traits diminuc
notablement. I. a bouclic esr moins tiraillee iidroite; en un mot, la
paralysie, an premier coup d'o.'il, semhlo Ctre c:i voic de guerison.
Mais est-ce la vine a 'Melioration bien reellc ? — Consultons les sympto-
mes en les isolant. Les mouvemcnls sont a pen pres ausst impossi-
bles du cote gauche (jn'ils 1'etaieiu auparavant ; dc plus, ils sont
devenus difficiles du cole droit, ou ils elaienl restes intacts jusqu'a-
lors. Ainsi, de ce cote, 1'ceil se forme a peine, le front ne se plisse
presque plus, le sourcil devient lombrmi, tons plienomenes qui ont
signale le debut de la paralysie (!e la septieme paire gauche. II n'y
a done point amelioration ; c'est, au contraire, une paralysie nou-
velle qui commence a enfaliir la septieme paire du cole droit.
i\l. Magendie, dans 1'espoird'en arreter les nrogrrs, soumet ce
cot6 de la face a 1'action galvaniqne. .Mais les muscles se contrac-
tent moins bien qn'a lY-lal normal. iNul doute, par consequent, que
la septieme paire du cote, droit ne soil bien positivement com-
promise a son tour. Mcines applications galvaniques'du cote gauche.
Les contractions sont plus prononcees de ce cote, ce qu'ilfauten
partie attribuer a ce quc les muscles antagonistes opposent moins
de resistance.
La malade a ressenti, dans hjourp.ee du 12 avril, cet engonr-
dissement du cote droit de ia langue et cette snrexcitation de
1'oui'e que nous avions mentiomies !ors de 1'invasion dela paralysie
gauche. Cc sont done litteralement les mC-mes plienomenes pour la
droile.
iMalgre piusieurs seances snccessives, la paralysie de ItiseptiLTrfe
OBSERVATIONS. 117
paire droilc continue a faire des progrcs. Eile esl mainlenaut
(15 avril) aussi complete que ci-llc de la scplieme paire gauche.
A ce dcgre de maladie, voici quel est 1'elal de la face :
II n'y a plus la inoindre deviation des Irails. Ceux-ci sont re-
guliers, mais immobiles, impassibles, a lei point que les sensations
interieures ne se traduisent an dehors que par des changements
dans la coloration du \isage. Les yeux, largemedt ouverts, paraissent
plus grands que de coutume. La malade essaye-t-elle de les fermer,
clle nc le pent, et il reste entre les paupicrcs un ecoulement assez
considerable qui laisse apercevoir la teinle blanchalre de la con-
jonclive. Les larines coulent involonlairement sur les joues, le
front ne peut plus se plisser. Les sourcils, obeissant a leur poids,
pendent au-dessus des orbites, ce qui donne a la physionomie une
effrayante expression. Affaissement des narines ; souvent, dans les
fortes inspirations, elles se rapprocheut de la cloison nasaleau point
de former soupape et d'intercepter complelement le passage de
1'air. Les levres ont perdu toule faculte contractile, aussi le parler
est-il devenu tres embarrasse, surtout pour la prononciation des
mots ou se trouvent dcs lettres labiales. A chaque mouvement rcs-
piratoire, les levres, commedeux voiles mobiles, sortent ctrentrent,
selon la direction du couranl de 1'air. La mastication est pareille-
ment tres penible, car les aliments se portent de cbaque cote entre
les gencives et !es joues, et la malade est obligee de se servir des
doigls pour les ramener sous les dents. Les joues sont flasques,
pendantes, ce qui rend la figure plus longue ct la fait paraitre
vieillie. D'apres ces pbenomenes, il est manifesto que, de cbaque
cote, les muscles soumis a 1'inlluence de la seplieme paire ont perdu
toute action qui leur soil propre pour ne plus remplir qu'un role
exclusivement passif. On dirait presque une tete inanimce sur un
corps vivant. Cependanl la sante generalc de la malade n'a point
cesseun instant d'etre parfaite. L'appetit est conserve, le sommeil
calme, la lele est librc. I.a paralysie de la face est done plutot ici
uue incommodite qu'une maladie veritable.
M. Wagendie galvanise a pen pros tons les jours les deux septie-
mespaires. Les contractions mnsculaires deviennent de plus en plus
I-- PARALVSI-E I)U NKRF FACIAL.
-marque gauche; elles sent, au contraire, tres faibles du cole
droit, c'est-a-dire du cote oil la paralysie s'est montree en dernier
lieu.
Troisieme periode. - Deviation des traits du cofr gauche;
gi/erison de In pnralysie dr la septicme pnirp de ce cote. — Vers
la douzieme seance f 18 avril), les traits commenrent a se devier
a gauche. Legere d'abord, cette deviation se prononcechaqne jour
davantage. !.a malade, qui en avail paru vivementaffectee, reconnait
bienlot que ce qu'elle croyait Otre une nouvelle complication est un
symptome nerveux qui coincide avec le retour desmouvements dans
tout le cdte correspondent de la face. Ainsi, du cote gauche, elle
pent deja plisserles levres, rider le front, rapprocher les paupieres,
tandis que ces memes mouvements sont encore presque nuls du
cote droit.
(Test par le degre de deviation des traits que nous sommes
avertis de I'amelioration de la paralysie gauche ; de sorte que
le uieme signe qui, dans la premiere periode, nous indiquait
le progres de la nialadie , nous indique dans celle-ci le progres
la guerison. Cette contradiction apparente des phenomenes est hien
de simple a expliquer : dans le premier cas, les muscles du cote
gauche devenaient plus faibles; dans le second cas, ils deviennent
pins forts.
A chaque application galvaniqtie, nous obtenons une augmen-
tation dc la contracliliie muscnlaire ; aussi la face est-ellc deplus en
plus deviee du cote gauche. Si les muscles de ce cote recouvrent
chaque jour quelque chose de leur action, ceux du cote oppose ne
restent pas statiannaires. Alaintenant (Ik avril), iis peuvent executer
quelqnes mouvements par la seule volonte de la malade, et le gal-
vanismu les fait se contracler bien plus fortement. ^lais, qu'on me
pardonne celte expression, ils soiit en retard par rapport aux mus-
cles du cote gauche. ;:enx-ci elaient deja en voie de guerison que
ceux-la n'avaient eprouve aucune amelioration sensible. De la pre-
dominance des premiers sur les seconds.
Nous void arrives a la dix-huitieme seance (28 avril). La de-
viation persiste, bien que de chaque cote les progres continuent. Ils
OBSERVATIONS. 119
soul ids du cole gauche que les mouvemeiils de ce cote paraisseut
etre entierement relablis.
(Juatrieiiic periode. - - Redressement act if des traits, gueri-
sonde la paralysie de la sept ieme pair e f/auche. - - Les muscles du
cole droit se conlraclent de jour en jour davantage, el par suite la
deviation des trails tend a s'elfacer. Le redressement de lafacen'esl
plus ici, comme dans la seconde periode, 1'iiidice d'une double
paralysie, mais, au conlraire, d'uiic double guerison. Ainsi, du
coti' droit, les mouvements reviennent de la meme maniere qu'ils
sonl deja i evenus du cote gauche. Les larmes el la salive ne s'ecou-
lentplusinvolontaireinent, la Marine ne s'affaisse plus dans 1'inspi-
ralion ; la malade n'aplus besoindu secoursdes doigts pourramener
les aliments sous les dents : en un mot, ce sont les memessymploines
d'araelioration que nous avons observes du cole gauche, alors quo
la paralysie :le re cole elait pres de disparaitre.
A la vingl-cinquieme seance (8 mai) , les trails parnissentrede-
vcnus reguliers, quand la face resle immobile; mais pour pen que
la malade parle on rie, on rcrnarque encore une l&gere deviation du
cote gauche. - - A la trentieme seance (15 mai), la face a repris sou
expression normale. Tous les mouvemenls sont libres, et dansquel-
que sens (jue la malade les execute, on n'anercoitpltis que les traits
se devient d'aucnn cote. La paralysie devait done etre regardee
comme entierement guerie, n'etait encore un peu d'embarras dans
la prononciat ion de certains mots qui exigent specialement 1'action
des levres; par exemple, la malade ne dira pas conrammentyw/w,
mais pa — pa, en metlanl un petit intervallc entre les deux syllabes.
Aussi M. iMagcndie juge-t-il quelques applications galvaniques
encore necessaires. Dans les seances qui out snivi, les aiguilles out
ete implantees directement dans les muscles dont les contractions
n'etaient point tout a fait assez nettes : de celte maniere, les mus-
cles cut ete plus vivemenl stiinules que quand les aiguilles etaient
placees aux deux extremites du nerf. II n'a plus fallu qu'un pelii
nombre de seances pour que la >rononciation fut redevenue aussi
facile qu'avant 1'invasion dela paralysie.
Pendant les premiers jours qui on I suivi la guerison, les yeux
120 PARALYSIE PROFOXDE
sont restes un peu larmoyants par suite tie 1'aclion irritanle que
1'air avail exercee a Icur surface' alors que les paupieres nc pouvaient
se fermer. Lc rctour el la persistancc tics motivemenls do cligne-
meutont promptcment fait cesser cc-tte legere incommodite.
Depuis ceUe epoque, mademoiselle X... n'a plus eprouve la
moiudre gene dans les mouvemeiUs tie la face. Ses traits out repris
touteleur vivacite", tonic lew expression, ct il nc resle aujourd'hui
aucune trace des deux paralysies.
Cette observation est d'auUiut plusinte'fessantequ'elle
offre success! verncnt les plu'nomhies d'tine paralysie
simple, puis ceux d'nuo paralysie double.
Cette paralysie ne'anmoins est un cas simple dans le-
quel on n'a pas signal;' do troubles du cote des organes
interieurs. M. Ricord a eu, dans son service a I'h6pital,
un malade affecte d'une paralysie double du nerf facial,
chez lequel il n'y avail (jue rimmobilite exterieure de
la face sans aucun desonlre des organes internes. La
deglutition, la gustation etaient restees sans lesions appa-
rerites.
D'autres fois an contraire, il y a, en m6me temps
que les signes exterieurs de la paralysie de la face, des
troubles du cote de la langue et du cote du voile du
palais. Ces troubles peuvent exister tantot avec une
paralysie d'un seul c6te, tant6t avec une paralysie
double.
Dans les paralysies du facial, beaucoup de malades
se sont plaints d'uue alteration du gout. Ce synip-
t6me, signale d'abord par M. Montault, a etc souvent
observe depuis. Cependant ce phenomene n'est pas
constant et il est des malades chez lesquels on no le
DU NERF FACIAL. J21
rencontre pas. II etait assez naturel d'attribuer cette
lesion du gout a une alteration de la corde du tympan,
ce nerf etablissant la seule communication anatomique
qui cxiste entre la langue et le facial. Lorsqu'on a exa-
mine avec soin les malades chez lesquels une lesion du
gout se wttachait a la paralysie du facial, on a vu que
1'alleration remontait tres haut. On ne 1'observe pas
dans les affections de la portion superficielle du facial,
dans les paralysies dont la cause n'a atteint que les bran-
ches superficielles du nerf.
Or, nous verrons en elfet que ce nhenomene s'observe
chez les auimaux aux([iiels on a coupe la corde du
tympan.
Lorsqif un malade oll'rant la lesion du gout qui nous
occupo vicnt a tirer la langue, ct qu'on depose une
substance sapide, de 1'acide citrique par exemple,
alternativement du cote sain et du oMr malade, la sen-
sation (rune savour acide esi immediatement et tres
nettement percue du cote sain. Du cole de la paralysie,
au contraire, il y a settlement perception d'une sensa-
tion obscure, et encore cette sensation n'est-elle pas
immediate.
Si, apres cette epreuve, on vient a toucher la langue
alternativement a droile el a gauche, on pent voir que
la sensibility generale est parfaitement nette des deux
cotes. Ces observations, faites sur rhomme, montreut
done que les paralysies profondes du facial s'accompa-
gnent, non pas d'une abolition complete de la faculte
gustative, mais d'une diminution et d'une perversion
notable de cette faculte sensitive.
12:2 I'AtULYSlE DU NERF FACIAL
A une epoque ou j 'avals entrepris des experiences
sur la corde du tyiupan. j'avais apprivoise des chiens
assez bien pour pouvoir , sans e"prouver de resis-
tance , ouvrir la bouche et deposer sur la langue des
substances sapides. L'mipression produite par ces ap-
plications etait immediatement peirue. et ces animaux
retiraient et remuaieiit aussilot la langue. Apres la
section de la corde du tympan, la meme epreuve ne
provoquait que des mouvements de retrait nioins ener-
gique, et un intervalle de temps appreciable s'ecoulait
toujours entre rimpression etla reaction motrice qu'elle
determinait.
La section de la corde du tyiupan amone done une
diminution dans la faculte gustative du cote correspon-
dant .
Quant it la nature de rintluence qu'exerce la corde
du tympan sur la sensation guslalive, nous I'examine-
rons longuement, mais je veux auparavant signaler un
certain nombre d' observations que nous avons deja pu-
bliees dans un memoire , sur les bemiplegies faciales
avec alteration du gout
OBSERVATION I. — La ferame Pinot , agee de trente-trois ans,
placee a la Salpetriere, dans le service de M. Falret, eut en 1835
une heiniplegie faciale a gauche, a ia suite d'un coup de tabouret
sur la region temporale du meme cote : la sensibiliteetaitconservee.
Peu a pen la paralysie diminua et avail completement disparu au
bout de deux ans. Mais cinq ans plus tard, la malade fut prise
d'accidents cerebraux et de douleurs violentesdans tout le cote gau-
che de la lele, et 1'hemiplegie faciale, celte fois accomnagnee de
surdite, reparut et persistait d'une maniere complete depuis seize
AVEC ALTERATION DU GOUT. l"2o
mois, lorsque je pus voir la malade et constater les symptomes de
sa maladie, sa\oir : paralysie complete du mouvement des muscles
de la face dans tout le cote gauche, avec conservation de la sensi-
bilite. La langue possede tons ses mouvements, n'est pas device et
n'offre aucune deformation parliculiere. Legout estaltere a gauche,
et voici ce qu'on observe a cet egard : si Ton place sur la pointe de
la langue un pen d'acide citrique pulverise, la inalade eprouve inie
sensation beau coup plus promple et beaucoup plus intense du cole
droit que du cote gauche Si Ton agit avec le sulfate de quinine, la
sensation d'amertume est egalemcnt beaucoup plus rapide du cote
droit que du cole gauche, inais ce pSienomene, quoique tres evi-
dent, esl inoins pror.oncc pour celte derniere substance que pour
1'acide cilrique. Du resle, l\ sensibililc tactile de la inuqueuse
linguale n'offre aucune alteration el est aussi exquise d'un cote que
de 1'autre. (;es experiences out ete repetees un grand uonibre de
fois avec les meines resullats. Les troubles intellectuels et la sur-
dite, qui out coincide avec la reapparilion de I'heiniplegie faciale,
doivent lui fa ire snpposer pour cause une lesion organicjue siegeant
a 1'origiue de la septieme pairc et situee . par consequent, au-
dessus de la uaissancede la corde du lympan.
OBSERVATION II. — Le uialade qui fait le sujet dc cctte deuxieme
observation est uu jeune hoimne que je n'ai pu voir qu'une scule
fois. Je vais rapporler ce <;u'il m'a dil et ce que j'ai pu observer :
Depuis 11 n mois la paralysie faciale existuit adroile et elait surve-
nue brusquementapres quelques douleurs nevralgi(jues dans le cote
correspondent de la face : la sensibilile elait eulierement conservee,
aiusi que tons les sens, excepte le gout. Des les premiers jours de
la paralysie, le nialade avail remarque qu'il goutait moiiis hien sur
le cote droit. de la langue ; les impressions gustatives etaient obtuses,
comme s'il avail eu, disait-il, la inuqueuse linguale legerement
brulee de cc cole. Je me sin's moi-meme assure du fait avec de
Facide tartrique en poudre : le nialade eprouvait la saveur fraiclie
et acide de celte substance d'une maniere moins prononcee et beau-
coup plus lenlement du cote droit que du cote gauche.
124 I'AllALYSIL 1>U NKRF FACIAL
OBSERVATION III. — Ilourlier (Henry), age cle dixans, et
d'une bonne constitution, entra a I'hopkal des Enfants malades le
10 decembre 1843, sulle Saint-Joan, n° 17. A la suilc d'une lievre
eruptive (rougeole),i!survint dans 1'oreille droite des douleurs pro-
f ondes ct tres vives qui firent diagnostiquer par M. Meniere, con-
suite pour cet enfant, la formation d'un abces dans 1'oreille moyenne.
En effet, bientot un ecoulement purulent se manifesto, et en menie
temps les douleurs diminuerent d'inlensite. Cet ecoulement de pus
durait depuis douze ou quinze jours et etait presque tari, lorsqu'un
matin, en sereveillant, 1'enfant s'apercut qu'il parlait plus difficile-
mentetqu'il ne pouvait plus feruier 1'oeildu cote droit. 11 appela sa
mere, qui fut effrayee par la deviation de la face qu'elle remarqua,
elamena aussitot son enfant a 1'hopiial (16 decembre IS'i.')).
En ce moment I'ecoulement purulent de 1'oreille droite est reduit
a un simple suintenientsereux. Lasensibiliie dela face est conservee
partout, mais la paralysic du niouvement est complete du cole
droit. Les traits sont consider ablement devies a gauche; le front ne
se ride qu'a moitie ; les paupieres ne peuventplusse fermer a droite ;
la narine du meme cole I'este immobile et largemcnt deprimee. La
luette non plus quo la langtie, dont les mouvemenls sont restes
libres, nepresenlent aucune deviation; la prononciation des labiales
est seulement un pen genee, etc. Voici ce qu'on observe relative-
ment a la gustation : lorsque la langue est tiree hors de la bouche,
si Ton place a la surface de cet organe du sulfate de quinine ou du
sel marin en poudre, la saveur de ces substances est obtuse ct se
manifeste lentement du cote droit, taiidis qu'elle est vive et
promptement percue a gauche.
Le 7 Janvier 1SW, lorsque je vis le malade avec M. H. Gueneau
de Mussy, tons ces symptumes existaient encore tres bien caracle-
rises. iNous pumes constater que la surface linguale, egalement
bumide des deux cotes, n'offrait pas de difference sensible dans son
aspect. Quand on touchait la muqueuse de la langue ou qu'on la
piquaitlegerement, la sensibilite tactile etait aussi exquise a droite
qu'a gauche : c'etait seulement pour I'apprecialion des substances
sapides qu'il y avail une diflerence remarquable ; ainsi, la bouche
AYKC ALTERATION DU GOUT. 125
elant onvertc, si l'on placait de 1'acide cilrique reduit en poudre
tres fine sur le cote droit et anterieur de la langue, la saveur etait
faible el deniandait un laps de temps tres appreciable pour elre
sentic : du cote gauche, ;;u contraire, la saveur etait penetranteet
instantanee.
A (later du 'JO Janvier, les symptomes exterienrs de la paralysie
faciale dirainuerent, et la difference dans la sensibilite gustative
s'eflaca progresshi'-cr.t. Ce dernier pbenomenc sembla meme dis-
parage un peu plus rapidement que les autres, car 1'alteration du
gout n'etait plus appreciable, quoiqu'il existal encore une legere
deviation dans les (raits de la face. Lo i8 fevricr 184^, le malade
sorlit de I'hopital parfaitement guf-ri.
OBSERVATION IV. - - Louis Gauvin , age. dc trcnte-cinq ans,
serrurier, enlra, le 29 juin 1 8/i3, a rhupi!;;! de laCharile, salle Saint-
IMichel, n" 9. !<;n oclohre IS'il, apres avoir rU: atteint depuis
quelque temps de tpux et de crachemcnt dc sang, le malade Tut pris
d'uu ('coulement purulent pen abundant par 1'oreille gauche. En
mai 18/i2, la face du cole gauche, et 1'reil en particulier, devinrent
le siege de rougeur el d'une inmefaction douloureuse accompagnee
de IViss",). (>t appareil de symptomes se termina par la rupture
d'un abces qui se fit jour par le conduit auditii' externe. A dater de
ce moment, 1'^coulemrnt par 1'oreille fnl tres abondant, etun jour,
au dire du malade, il sortitavecle pus un petit os presentant deux
dents et une petite tele ronde ; quand je me mnucliais, ajoule-t-il,
il me passait cooime un vent par 1'oreille. Le 3 mars 18^3, 1'ecou-
lemenl purulent par 1'oreille gauche persisiait toujours, mais il
survint alors dans 1'organe de 1'ouie des douleurs vives et profon-
des ; au bout detrois on quatre jours elless'apaiserent et laisserent
a leur place une paralysie du mouvement dans lout le cole gauche
de la face.
Tels sont ies principaux symptomes que Ic malade eprouva de-
horsde I'hopital ; lorsqu'il y entra, le 29 juin 1843, on reconnut
chez lui une affection tuberculetise des pouinons deja assez avancee.
Voici les phenomenes qn'on ohservait pour I'hemiplegie faciale dont
PARALYS1E DU NERF FACIA!.
nous avons seulcment ii nous occuper id : les traits sont conside-
rablemem devies et la paralysio du mouveuient est complete du
cote gauche de la face ; la sensibiliteestconservee partout. Les pau-
pieres ne peuvent s'occlure; la vision est intacie pour 1'oeil du
cote paralyse, seulement il y a parfois un peu d'epophora. L'ou'ie
est tout a fait perdue a gauche et. 1'ccoulement purulent existe tou-
jours assez abondanl. Les mouvements de la langue sont libres, la
luetle n'est pas device ; il y a un peu de gene pour la pronunciation
deslabiales. La gustation offre une difference remarquable du cole
droit et du cote gauche de la laugue. Ouand on place a gauche du
sulfate de quinine, par exemple , la saveur y esl plus faible, et il
faut un certain temps pour quVlle soit percue, landis que du cote
droit, le malade la reconnait el I'apprede instanlauemeut. Cos obser-
vations faites pa;' M. Ra\vr furent rej;etees souvent devant ics
personnes qui suivaient sa visile. La paralysie laciale fut attribute
a une lesion de la septieme ; aire consecutive a uue affection luber-
culeuse du rocher. Pendant loute la durce du sejour du ma'ade
a I'hopilai , I'ccoulement purulent de 1'oreille ne disconlinua
pas; il ;;e survint non plus aucun changement dans les pheno-
inenes relatifs a I'h^miplegie faciaie , si ce n'est une petite luineur
allongee et douloureuse a ia pn-ssio . qui appami au-devant du
conduit audilif exlerne. Les sympiomes de la plilhisie pulmo-
naire marchaient toujours, et le '15 decembre 1848 le malade suc-
comba.
Autopsi'.1. - Les poumons preset! taient de vasles cavernes ;
tous les ganglions bronchiques et ceux cu cou etaient considera-
blement engorges de matiere tubercuieuse. /esl a une alieraiion
de cette nature qu'etait due la i elite tumeur qui s'elait deveiop-
pee au-devant du conduit auditif externe du cole gauche, etc. Je
recherchai avec beaucouj) de soin les alteraiio.:s ifathologiques
relatives au nerf facial gauche. A 1'ouveiiure du crane, et apres
avoir souleve le cerveau, on voyait, du cole gauche, sur la du re-
mere qui recouvre la face exlerne et superieure de la base du
rocher, une solution de continuite de forme arrondie, de deux
centimetres de diametre environ. On apercevait dans ce point de-
AY EC ALTERATION DU GOUT. 127
mule la substance o.sseusc c!u rocher ; la portion qui repoiuiuil: a
la partic superieure dc I'orei'le moyenne etait dure ct necrosee,
tandis que plus has, au niveau de 1'hiatus de Fallope, 1'os petreux
friable et infiltre de matiere luberculeuse ramollie, penneltait au
stylet de penetrer a travers cette substance jusque dans la caisse du
tympan. La partie correspondante du lobe moyen du cerveau par-
ticipait a ces alterations ; on y voyait u;;e perle de substance de la
ineine grandeur, ere u see en forme d'uiceralion de 3 millimetres
environ de profondeur, et offrant un fond jaunatre et coniine in-
dure. Au pourtour de celte perle de substance du cerveau, les
meniuges cerebrales avaient contracledes adherences avec les bords
de la dure-mere petreuse, et dc cette facon le pus du foyer cir-
conscril s'ecoulait par 1'oreille moyenne. Le nerf de la septieme
paire (portion dure el portion molie) etait allere jusque vers son
origine : a son entree dans le conduit auditif interne, il presentait
sur son trajet une petite tnmeur ovo'ide blanchStre, visible dans
Pinlerieur du crane, (lette jietite lu:nciir eiait du •• a de l;i matiere
tnberculense infiltrc'e au-dessous du nevriieuie. l-ln suivant avec
precaution le facial dans le canal spiroide du rocber, il etait gonile,
jaunatre , et offrait la meme de^eneresceuce tuberculeuse jusque
vers son premier coude environ. <Mais dans ce point, on perdait le
nerf, et il disnaraissait au milieu de la masse luberculeuse ramollie
qui, envaiiissant 1'oreille moyenne, s'etendait au loin dans les cel-
lules mastoi'diennes d-'sorganisees <;t rempliesde pus. D'apresl'exa-
men attentif de la piece, tout porte a penser qu*1 c'etait la Je point de
depart de 1 'affection, qui s'6tait ensuite pro;>agre dans le crane par
I'hiatus de Fallope, ei, \ers i origine du nerf, parle conduit au-
ditif interne. Le facial, avons-nous dit, avait completetnent disparu
au milieu de ces alterations profondes : ce n'est que vers 1'extre-
mite interieuie du canal de Fallope qu'on retrouvait le bout peri-
pberique a He re et gonfle; de sorte que, dans Joule sa portion
petreuse, le nerf facial etait degenere ou desorganise par la suppu-
ration. Les brandies du irijnmeau, et le nerf lingual en parlicu-
lier, furent examines avec beaucoup de soin : on n'y decouvrit
aucune lesion.
128 PARALYS1I-: Mi: NERF FACIAL
OBSERVATION V. — Lagarde, age do trcnic-sepl ans, tourneur,
enlra u niotel-Dieu, le 20 fevrier 18/i/i, sallc Sainle-Agncs. Le
17 fevrier, le malade, sans cause do lui connue etsans am re clian-
gemcnt dans sa sante generale, ressenlit unc sortc d'engourdisse-
mcnt dans la langue, qui lui semblait plus grosse el plus lourde
qu'a 1'ordinaire. La parole ni la deglutition n'etaienl pas gcnees ; mais
le malade lui-meme remarqua avec surprise qu'il ne percevait la
saveur des aliments que du cole droit do la langue. « i'our m'as-
surer, dil-il, que je ne me trompais pas, je mis de la moutarde et
du sel sur lecote gauche de ma langue; je les scniaisa peine, tandis
qu'a droile cola m'emportait la langue. »
Le 18 fevrier, les symptomes soul les rnemes, seulement 1'oeil
gauche cst pris d'un pen de larmoiement, et devient !e siege d'une
sorte de baltemenl profond. Le malade dormil ires bicn pendant la
nuit; mais en s'Ovcillsm le matin (19 fevrier), il vilque sa bnuciie
etait deviee. Los innnes plienomenes persistaient du cole de la gus-
tation ; il y out un epistaxis dans la jouraee. Le 20 fevrier, le malade
enlra a 1'liopiial, el voici les symplomes qu'on observe a la visile
du lendeniain (21 fevrier) : les traits de la face sont tiivs a droitc.
Tout le mouvement est paralyse a gauche; le sentiment est conserve
partout. L'wil gauclic ne se iermc qirimparfaiiement ; le malade
ne pout sii'ller et fume la pipe, comme on di- ; pendant la masli-
cation, les alimenls s'accumnlent entre les dents etla joue gauche.
La parole et la deglutition sont lih.-es; il n'y a pas de deviation de
la Incite nidela langue. On essaye la sensibilife gustative ties deux
cotes de la langue avec du sel et de I'alnn : la sensation estinegaie,
et beaucoup plus prononcee a droite qu'a gauche. L'etat gtMieral du
malade est du reste excellent ; il a bon appetit, dorlbicn, n'a pas de
cephalalgie, etc. On nc remarquc non plus aucune douleur ni au-
cune contusion sur le trajetou a la sortie du nerf facial gauche. Des
le 23 fevrier, tousles symptomes dela paralysie ci-dessusmentionnes
s'amoindrirent et disparurent })rogressivement sous 1'influence des
vesicatoires. Le 16 mars, le malade sortitde L'Holel-Dieu comple-
tement gueri de son hemiplegie lacinle.
OBSERVATIONS. 129
OBSERVATION VI. — Broson (Andre), age do quaranle-cinq ans,
inacon. Le 2 ft inai 18ft3, a une heure, Ic inalade fit une chute sur
la tete,de la hauteur d'un premier elage. II y cut pertede connais-
sance, plaie sur le cote gauche de la tete, et ecoulement d'un peu
de sang par 1'oteille du memo cote. Le malade, saigne aussitot apres
sa chute, ftit immediatement transporte a I'hopital, et il ne recouvra
sa conuaissance que le 25 mai, a six heures du matin. A la visile, on
ohservales symplomes suivants : il y a paralysie du facial gauche,
et le malade accuse unedouleur vive dans le cote gauche de la tele:
M. le professeur Velpeau diagnosliqua une fracture du rochcr.
L'elat grave du malade m'empecha de me livrer a un examen de-
taille des symptoines de I'heraipl^gie faciale. Lcs jours suivants,
sous ['influence d'un traitementconvenable, les accidents cerebraux
avaient disparu, la plaie de la tete s'elait cicatrisee et la cephalalgie
dissip6e ; mais la paraljsic du facial persistait loujours avec la meine
intensite, et elle etait complete. A gauche, le front ne se plissail
plus, les paupiercs ne pouvaient s'occlure; les traits etaient entraines
h droite. La parole cst assez libre, la luette n'est pas deviee. Pen-
dant la mastication, les aliments s'accumulent enlre la joue etles
dents. La vue est conserv6e ; 1'ou'ie et 1'oclorat ne sont pas scnsible-
ment alteres, mais il y a une inegalite remarquable pour la (justa-
tion dans les deux cotes de la langue et seulement vers la partie
anterieure. Si Ton place sur cet organe de 1'acide cilrique ou tar-
trique en poudre, la saveur est promptcment sentie avec son
caractere acide du cote droit, tandis qu'a gauche la saveur, plus
lentement percue, cst affaiblie et le malade n'en reconnait pas
exactement la nature. Malgre cctte inegalite dans la faculte gusiative,
la surface de la langue offre partout le meme aspect; elle est egale-
ment humectce dans tous les points, et la sensibilile tactile y cst
aussi exquise a droite qu'a gauche. La paralysie faciale nc fut que
peu amendee par 1'emploi des vesicatoires et du galvanisme, et
le IZi juin 18/!t3, le malade voulnt sortir; il etait parfaitement re-
tabli, quanta sa sante generale, mais non gueri de son hemiplegie
faciale.
ISO TARALYSIE PROFONDE DU NERF FACIAL.
Dans toutes les observations precedentes , il y avail
les phenomenes exterieurs de la paralysie du facial tres
prononces en m6me temps qu'il y avait des lesions ca-
racterisant une paralysie des rameaux profonds de ce
nerf.
Voici un autre cas dans lequel il y avait surtout , au
contraire, predominance des symptomes internes de la
paralysie du facial, tandis que les symptomes exterieurs
etaient moins prononces.
Si notre maniere de voir est exacte, et si les pheno-
menes internes dependent du nerf de Wrisberg, on
pourrait comprendre a la rigueur que les phenomenes
interieurs existassent seuls en 1'absence des phenomenes
exterieurs. Ce sont la des resultats qu'on peut obtenir
chez les aiiiuiaux.
Voici cette observation, que j'emprunte au memoire
de mon ami, M. le docteur Davaine :
OBSERVATION. — Dansle courant de 1'annee 1851, iM. le doc-
teur Davaine fut consulle par M. X. .. La singularite et 1'obscurite
du cas 1'engagerent a me montrer le malade. De sorle que j'ai pu
cousiateravec M. Davaine les phenomenes dont je vais vous donner
la relation.
Voici d'abord une note qui a ete r^digee et remise par le malade,
M. X... :
J'ai trente-quatre ans, mon pere esttres sain ; ma mere jouissait
aussi d'une bonne same, mais elle etait sujelte a un rhume presque
constant. A part 1'afiection dont je parlerai, je suis tresbien portant
et je n'ai jamais fait de grandes maladies; je u'en ai pas eu de syphi-
litiquesjje n'ai euque deux gonorrhees tres benigiies, qui ont ete
facilement gueries avant 1838, epoque ou ma maladie acluelle s'est
declaree.
OBSERVATIONS. 131
En avrii 1838, a Funiversite de Saint-Petersbourg, ou je i'aisais
mes etudes, un jour en discourant j'eprouvai tout a coup, el c'est
encore le cas aujourd'hui, une difficulte a parlor distinctement.
Depuis lors j'ai toujours send que le siege du mal etait en arriere du
nez, dans Fendroit ou les fosses nasales s'ouvrent dans le pharynx.
Si un doigt pouvait y penetrer, je pourrais dire tres facilement :
C'est ici ! neanmoins je n'ai jamais senti la moindre douleur.
Voici les symptomes de mon mal : j'ai dit que le principal etait
de ne pouvoir parler distinctement. Ceci s'applique surtout a de
certaines lettres et combinaisons de syllabes; il rn'est surtout difficile
de prononcer IX; cependant je parle tout a fait distinctement en
commenca nl. Lorsque je parle beaucoup, je sons que les parties
inalades s'irritent, je crache beaucoup, ot quand mon langage de-
vient indistinct apres avoir parle qiiclque temps, jo le rends de nou-
veau plusclairen expectorant, ne fut-ce qu'une fois. Plus ma
maladie a empire", moins j'ai eu de rhumes, lesquels ofaienl tres
frequents autrcfois; il m'arrive rarement de mo motichcr, en re-
vanche j'etcrnue bien frequemment ct violemment.
Je sens aussi sou vent une espece de paralysic do la langue, qui
s'etend meine quekjuefois aux levres, dc fac<>n a nc pas pouvoir
contenir Feau quand je me gargarise; en avalant les liquidos, il en
sort quelquefois par le nez, si je suis uu pen penche en avant J'ai
aussi de la difficulte a avaler, mais ceci a surlout empire depuis
Fete de 1850; cela m'a fait contractor Fhabitude de macher tres soi-
gneusement; mais souvent les plus petits morceaux, qui ne m'em-
pechent nullement de respirer, s'arretent dans le gosier, et je bois
alors de Feau pour les faire descend re. Ce symptome est fait pour
impressionncr Fimagination, et il esi possible que j'avale mieux
quand je n'y pensepas.
II y a des 6poques, mais cela ne m'arrive qu'en me couchaut et
avant de m'endormir, ou je sens le sang se porter a la tele. A
moilie endormi, je in'eveille aussi quelquefois en sursaut ayant le
sentiment que Fair manque, et il n'en est rien ; ceci ne date que
de 1'annee 1849 ou 1850. Je souffre jusqu'a un certain degre de
constipation, mais cela ne dure jamais plus de deux jours; c'esl un
132 PARALYSIE PROFONDE
symptome tres variable. J'ai atissi quclquefois senti un rhuma-
tisnic dans un des pieds, du rcstc tres pcu douloureux el passager.
J'avais avant ma maladie une voix de tenor forte et liaule qui s'est
perdue; j'ai aussi souflert un peu des yeux plus ou moins depuis.
Je dois dire que tons ces symptomes soul tres variables, el quo
souvent les uns empirent, landis que d'autres disparaissenl. II y a
aussi des epoques ou j'etais presque corame tout a fait retabli, et
elles out dure quatre a six mois, mais alors meme je n'aurais pu
faire sans interruption unc lecture a haute voix de trois a quatre
pages ; il est vrai que dans un mauvais ctat de sante, je puis a peine
lire distinctemenl cinq a six lignes. Aucun cliinat n'a indue sur
mon etat, et j'ai vecu a Pelersbourg, en tgypte, en Perse et en
Portugal.
J'ai remarque qu'un cms rliume me retablissait pour quntre a
six semaines au moins. Telle a ete atissi rinfluence de grands
voyages. J'etnis parfaitement bien porlant aussi longlemps qu'ils
duraient, el 1'effel s'en faisail sentir encore six semaines a deux
mois apres. J'ai ete unc fois violemrnent amoureux, et en conse-
quence tout a fait bien porlant pendant plus d'une annee. En ge-
neral, quandj'ai mcnG unc vie agilee et moiulaiiie, je me suismieux
porte, tandis qu'une vie retiree a empire mon mal. Je m'en suis
surtoul apercu pendant unc annee de deuil. J'ai aussi observe que
mon elal erapirait considerablement en etc et plus particulierement
dans les pays meridionaux, par exemple a Lisbonne et a Naples ;
mais a part cela et malgre une observation constanle, jc n'aijamais
pu d^couvrir les causes qui me font parler dislinclement aujour-
d'hui, indistinctemenl demain et qui produisent meme des varia-
tions d'un moment a 1'autre.
Je dirai maintenant cc que j'ai fait en treize ans pour me guerir.
1838. Commencement de la maladie. Cautere au bras. Amelio-
ration instantanee, mais qui n'a dure qu'autant quele caulere.
1839. Unpeu d'iode, mais comme essai seulement. Bains d'eau
salee ct chaude a Jsc/il. Aucun effet.
A \ienne, se declare mon mal syphililique, et Ton me fait faire
la cure complete de mcrcure par voie de frottement. Pas d'eflet.
DU NERF FACIAL. 133
1840. A Berlin, quatre semaines de salsepareille; puis, enet6,
deux mois de curcd'eau froide. Meme ttat.
A Paris, on me louche les parties malades avec la pierre infer-
nule, deux fois par semaine, pendant quatre mois. Jeme portetout
a fait bien, mais aussi longtemps seulement que dure cette opera-
tion. Gilet de flanellc pendant huit mois.
ISM. Cure d'eau froide pendant cinq mois. Je me rends ensuile
a Naples ou je passe deux ans et dcmi.
1842. Cure de rob La/fecteur, quarantc jours, avec diete exacle-
ment severe. Bums d'hchia; puis voyage de cinq mois en Orient,
pendant lequel je me porte parfaitement bien.
Depuis lors jusqu'en 1849, je n'ai rien fait pour ma sant£ ; mais
jc me suis en general assez bien. porte, et j'ai meme pu me croire
quelquefois tout a fait retabli, car c'est dans cette periode que torn-
bent dc frequents et longs voyages, de meme quo la passion amou-
reuse don t j'ai pa He.
1849. Monmal elant atlribue en panic a ma faussc circulation du
sang, je pris en <M6 dcs bains et des eaux sulfureuses en Russie,
mais a line source d'une eflicacite mediocre.
1850. A Naples. Bains artificials de soufre etcaux sulfureuses
Castclla.ma.re.
1851. Liq. cup. amm. de Kcechlin.
Pendant un sejour de deux ans u Naples, on ui'a applique tousles
quatre mois quelques sangsues a 1'anus, ct j'ai pris de temps en
temps de la poudre dc soufre avec de la crcme de tartre pour agir
centre la constipation.
On le voit, pour M. X..., lamaladie a eu longtemps
son siege au voile du palais, dans le pharynx, et les
accidents qu'elle produisait consistaient principale-
ment dans le nasonnement, dans la difficulte d'avaler
et quelquefois de lire pendant un certain nombre de
minutes d'une maniere soutenue. D'un autre c6te, on
remarqueru que celle afleclion nerveuse, quoique dis-
IS/I PARALYSIE PROFONDE
paraissant quelquefois presque completement sous 1'in-
flueuce de rhumesoud'excitations physiques et morales,
a ete regardee comme grave par des medecins successi-
vement consultes, les uns ayant conseille 1'application
d'un cautere, d'autres un traitement antisyphilitique,
d'autres des verres d'eau minerale de diverse nature.
Quant a 1" expression de la face qui frappait tout
d'abord, c'etait I'immobilite" de la figure et la large ou-
verture de ses yeux. En engageant le malade a froncer
les sourcils et a conlracter les muscles du front, il ne
pouvait le faire que d'une maniere tres incomplete ; en
lui disant de mouvoir les ailes du nez, cela lui etait a peu
pres impossible ; en lui demandant de siffler, il avail cait
les levres et ne pouvait produire qu'un son faible et
nasonne, 1'orifice de la bouche restant assez largement
entr'ouvert. Enfin, ayant engage M. X... a essayer de
grimacer, on t'tait de plus en plus frappe du peu de
mobilite des traits de la face.
Ayant etc conduit de la sorte a examiner avec soin
les divers phenomenes de 1'alfection de ce malade,
voici ce qui fut observe :
M. X... parle en nasonnant, comme on 1'observe
pour une division ou une destruction du voile du
palais. Lorsqif il lit a haute voix, les premieres phra-
ses sont distinctes, les suivantes s'affaiblissent de plus
en plus, en me" me temps que le nasonnement augmente
et la lecture finit par une sorte d'epuisement. Lorsqu'il
essaye de faire une gamme, le son s'eteint bient6t en
se perdant dans les narines ; il en est de me" me lorsqu'il
siffle; mais si, dans ce cas, le malade se pince le nez,
DU NERF FACIAL. 135
le nasonuement cesse, et le son pent etre soutenu pen-
dant un certain temps avec un degre de force propor
tionne au pen d'energie des levres ; nne semblable
epreuve aurait sans doute produ.it le meme effet sur la
voix, si Pocclusion complete des narines ne la rendait
naturellement nasillarde.
Quant a la prononciation des lettres, le nasonnement
ne permet pas, en general, de bieii juger de leur nettete;
1'L etl'U sont surtout mal articules : aussi les mots ou
il entre plusieurs de ces linguales, Londrespar exemple,
sont quelquefois inintelligibles.
A la paresse de la deglutition s'ajonte une difficulto
d'expulser les mucosites qui se forment dans 1'arriere-
gorge; pour les en extraire et cracher, le malade jette
fortement la tete en avant.
Par 1'inspectiou des parties, on constate que le voilo
du palais tombe direclement en bas, sans former la
votite qifon lui connait; la luette n'est point device.
Dans le baillement ou dans les efforts pour faire agir le
voile du palais, cet organe reste dans une immobility
absolue ; mais les piliers se tendent et se contractent
d'une maniere bien evidente, sans cependant se porter
en dedans aussi fortement que chez un homme sain.
La langue est tres mobile et se porte avec facilite
entre les arcades dentaires et les joues de chaque c6te.
Le malade la sort droite hors de la bouche sans pouvoir
la porter tres en avant. Hors de cette cavite, il peut lui
faire executer divers mouvements, mais il ne peut la
recourber en haut. Quelque effort qu'il fasse, la pointe
de cet organe n' arrive jamais a recouvrir la levre supe-
136 PARA.LYSII: PROFOXDE
rieure; lorsqu'il essaye do faire cemouvement, lalevre
inferieure vient au secourscle la langue dontelle souleve
la pointe, neanmoins celle-ci ne peut atteindre que le
bord libre de la levre superieure.
Bien que les Jones, les paupieres, etc., puissent so
mouvoir sous rinflueiice de la volonte, ces parties
rie remplissent qu'imparfailement leurs fonctions. La
physionomie est serieuse, les levres font une saillie Ires
prononcee en avant et restent habituellement mi j.eu
enlr'ouvertes ; les joues sout amincies et semblent,
lorsqu'on les louche, n'elre forme'es que par lapcau.
Les aliments si'journent en partie enlre clles et les
arcades denlaircs ; pour les en relirer le malade se sert
habituellement de la langue on d'un cure-dent et quel-
quefois du doigt. M. X... ne peut nullement elargir les
ailes du nez, il lour communique seulement un leger
mouvemenl en bas. Les paupieres se ferment naturelle-
menl mais avec peu d'energie. On les ouvre sans eprou-
ver la rnoindre resistance pendant que le malade s'efforce
de les contractor forlement; memo dans ce moment,
lorsqu'on souleve la paupiere superieure ot qu'on la
laisse retomber, elle s'arrete pour ainsi dire en chemin
et ne recouvre pas completement 1'oeil. II y a, sous ce
rapport, une difference outre les deux c6tes. Les pau-
pieres de Foeil droit out encore moins d'energie que
celles de 1'oeil gauche, et le malade no peut les former
en maintenant cellos-ci ouvertes.
Du cote des organes des sous, on ne constate rieii do
parliculier. L'oui'e n'est point alteree, la vue est bonne,
1'odorat et lo gout paraitraient egalement iiitacls quoi-
DU NERF FACIAL, 137
que sous 'ce rapport 1'appreciation soil difficile. En
effet, Ton n'a point ici pour terme de comparaison,
comme dans 1'affection bornee a un seul cote de la face,
1'impression normale du cole reste sain. Un simple
affaiblissement, survenu lentement dans la perception
des otleurs et des savours, pourrait etre difficilement
appivci<' par le malacle; j'en dirai autant de la seusibi-
litc cutan6e de la face qui parait normale. Les muscles
masticateurs qui rtvoivent Tinfluence nerveuse de la
branche motrice de la cinquieuie pairc, ont conserve
toute leur energie. Du reste, cbez M. X..., dont 1'es-
prit est cultive, les fbnctions intellectuelles s'execu-
lont tres libmnrnt. 11 n'y a aucun indice de paralysie,
soil dans les nionibrcs inferieurs, soil dans les membres
supth'ieurs, soit dans tons les autres organes qui d(;-
pendeni dela moelle e'piniere. Les fonctions de la circu-
lation, de la respiration, s'executcnt avec une grande
regularite.
De sorte qu'cn resume, le mrdorin ne pent constaler
chez lui qu'une paralysie incomplete des deux c6tes de
la face, du pharynx , du voile du palais et de la laiiguo.
Cette paralysie est accom pawnee en outre par le pen
d'irritabilite des muscles de la face et du voile du pa-
lais, sous r excitation e'lectro-magne'tique.
Le reste de 1'observation est consacre a des details
sur le traitement par I'electro-magne'tisme, traitement
qui resta sans effet.
On voit done cbez ce uialade les symptomes de la
septieme paire interessant les brandies profondes et les
438 PARALYS1K PROFONnii
branches superficielles. L'examcn cle la face leva les
cloutes que pouvait laisscr a cet egard la lecture des
renseignements foumis par le malade , renseigne-
ments qui (hnanent evidemment d'un sujet hypochon-
driaque.
Le Memoire de M. Davaine , auquel nous avons em-
prunte cette observation contient quelques autres exem-
ples de paralysie t'aciale iuteressant les branches pro-
fondes du nerf. Les symptomes qui traduisent celte
lesion sont une gene de la deglutition, du nasounement,
la chute du voile du pulais avec courbure de la luette.
Romberg a surtout insiste sur ce dernier signe dont il
cite plusieurs exeniples. Enfin il y a, dans la paralysie
profonde du facial, imperfection de la prononciation des
lettres linguales et paralysie partielle de la langue.
On a explique cette paralysie de la langue par le
dt'faut d'action des muscles digastrique, stylo-hyoi'dien
et longitudinal superficiel. Par Faction du digastrique,
1'os hyoide se trouve souleve et avec lui la base de la
langue ; le stylo-hyoidien porte 1'os hyoi'de en haut et
un peu en arriere, ce qui fait qu'il souleve la base dela
langue et retrecit Tisthme du gosier; le muscle longitu-
dinal superficiel, raccourcissant la langue, en ramene
la pointe en haut et en arriere.
La paralysie des rameaux de la septi&me paire qui
animent ces muscles, rendra done incomplets ou im-
possibles : 1° le mouvement d'elevation dela base de la
langue et le retrecissement de 1'isthme du gosier ; 2° le
mouvement d'elevation de la pointe de la langue. Ces
mouvements sont plus ou moms necessaires pour porter
DU NERF FACIAL. 139
la langue hors cle la bouche, pour articuler les lettres
gutturales et les lettres linguales.
Les phenomenes interieurs qui out etc observes a la
suite de la paralysie profonde du nerf facial sont done
relatifs : 1° a 1' alteration du gout; 2° a la deviation de
la luette ; 3° a la deviation de la langue ; li° a la diffi-
culte" de la deglutition et de la parole; 5° a 1'alteration
de Foui'e.
En resume, nous pensons avoir etabli qu'on doit dis-
tinguer deux sortes de paralysies de la septieme paire :
1'une quo nous appellerons exterienre , tantot double,
tant6t simple, et qui depend d'une alteration du facial
proprement dit; — Tautre, que nous appellerons inte-
rieure, qui aftecte certains mouvements profonds des
organes des sens, etqui dependrait. suivant nous, d'une
lesion du nerf inlermt'diaire de Wrisberg. Les expe-
riences que nous aurons a vous rapporter dans la pro-
chaine lecon etabliront physiologiquement cette dis-
tinction.
Enfin, on pourrait encore admettre une paralysie
partielle de la septieme paire lorsque la lesion n'atteint
que certains filets limites du nerf. Cette lesion ne pent
gu6re etre que le n'sultat de causes traumatiques qui
out agi directement sur le nerf facial, soit chezl'homme,
soit chez les animaux oil ces paralysies s'observent le
plus souvent. M. Goubaux en a cite un certain nombre
de cas observes sur les chevaux.
SEPTIEME LECON.
27 MAI 1857.
SOMMAIJJE : Portion intra-cranicnne de la septieme paire (suite).
Section clu facial dans le crane ; avulsion du facial. — Son inde"pen-
dance du nerf de Wrisberg. — Alteration du gout produite chez le
chien par la section du facial dans le crane. — Rameaux fournis dans
le rocher par le nerf intermediaire de Wrisberg. — De I'excrtHion
salivaire sous-maxillairc. — Action de la corde du tympan sur cette
se'cre'tion. — lixpc-rience. — Mecanisme physiologiquc de la secretion
sous-inaxillaire. — La section de la corde du tympan, qui supprime la
secreHion sous-maxillaire, laisse persisler la secretion parotidienne. —
L'excre'tion parolidienne n'est pas sous la dependance du nerf facial-
- L'excretion parotidienne, supprime'e par la destruction du nerf de
Wrisbersr, peut s'effectuer lorsque le ganglion spbe"no-palatin qui recoil
le grand nerf petreux a e"te seul detruit. — Les se'cre'tions salivaires
peuvent-elles etre deiermineespar une sensation parlie de Testomac?
MESSIEURS,
Apres nous 6tre angles sur une distinction a etablir
entreles differentes parties de la septieme paire, etl'avoir
appuyee d'arguments empruntes a la pathologic, il nous
reste a vous presenter les raisons experinientales qui
viennent confiruier les resultats de 1'observation cli-
nique.
En effet, pour connaitre les fonctions d'un nerf, on
fait usage de plusieurs nioyens.
La section de ce nerf supprime les manifestations
fonctionnelles qui sont sous sa dependance; ensuite 1'a-
natomie pathologique peut, dans certains cas, offrir de
precieuses ressources et faire apprecier des nuances
moins tranchees.
ARRACHEMENT DU NERF FACIAL. 1/|1
J'ai fait, il y a unc quiiizaine d'annees, quelques
essais qui m'ont permis d'observer sur des chiens des
lesions semblables a celles que nous avons notees chez
1'homme. J'avais coupe le facial dans le crane en y pe-
netrant par le trou de passage de la veine mastoi'dienne
qui se rend dans le sinus occipital. L'instrument intro-
duit par ce trou etait clirige vers 1'origine de la sep-
tieme paire pour en operer la section. Les symplumes
etaient notes avec soin et 1'autopsie montrait si Ton
avail produit la lesion cherchee. Les resultats que j'ai
obtenus ainsi sont parfaitement d'accord avec ce qu'on
observe chez rhomine dans les cas de paralysie des deux
elements du facial.
Unc autredonneeme permit de varierles conditions
de 1' experimentation. Ayant cherche quels pouvaient
etre les nioyens de detruire le nerf accessoire de Willis
sur lequel je faisais alors des recherches, je songeai a
I'arrachemen't. Pour cela il suflit d'une traction operee
sur ce nerf qu'on saisit avec des pinces a sa sortie du
cnlne. Le succes qui avait couronne mes tentatives
d'avulsion du spinal me donna Tidee d'essayer d'arra-
cher le facial. Je vis alors que la chose esta peu pres
impossible chez les chiens, dont le tissu cellulaire est
dense et ferme, tandis que Foperation reussit assez faci-
lement sur les chats et les lapins.
Cette experience pent fournir un argument d'une
grande valeur pour prouver rindependance du facial et
du nerf de \Vrisberg. En eifet, on arrache quelquefois
le facial seul , le nerf de Wrisberg restant intact, ainsi
que le ganglion genicule. Si ces nerfs n'etaient pas dis-
EFFETS PRODUITS SUR LA LANGUE
tincts, on ne pourrait pas, ce me semble, arracher run
sans 1'autre. Cette experience permettrait d'observer les
symptomes qui suivent la destruction complete clu facial
et de ses branches externes, les nerfs petreux et la corde
du tympau restant intacts. Mais malheureusement on ne
reussit pas toujours, et souvent on arrache en meme
temps que le nerf facial le nerf de Wrisberg et le gan-
glion genicule.
Lorsque avec un instrument introduit dans la caisse
du tympan on detruit le facial a son entree dans le canal
de Fallope, on observe alors non-seulement les pheno-
menes notes du cote de la face, mais en meme temps
des desordres internes lies a la paralysie des filets que
le facial fournit dans le crane.
On retrouve alors une alteration du gout qui, signalee
deja dans les observations patbologiques, ne se montre
pas lorsque le facial est detruit settlement dans sa partie
superficielle ou dans les cas patbologiques qui, cbez
I'liomme, n'affectent que la partie extra-cranienne de
ce nerf, comuie on le voit dans certaines paralysies
rhumatismales.
Nous avons deja insiste sur les symptomes de la pa-
ralysie profonde du nerf facial, qu'elle ait ete produite
par une fracture du rocher, par la carie de cet os qui
s'observe quelquefois cbez des phthisiques, ou par toute
autre cause. L'un de ces symptomes est une alteration
du gout qui a ete constatee depuis cbez l'homme par
tous les observateurs,
Cette alteration du gout , j'ai pu la constater aussi
chez le cbien. II faut, pour y arriver, beaucoup de
PAR LE NERF FACIAL. 1/1 3
patience. J'avais coupe le facial dans le crane sur 1111
chien, en introduisant, ainsi queje 1'ai dit tout al'heure,
1'instrument par le trou de la veine mastoi'dienne. Puis,
j'avais apprivoise assez bien 1' animal pour qu'il se laissat
facilement mettre sur la langue les substances sapides
qui me servaient de reactifs pour sa sensibilite gustative.
L'examen de la langue ne montrait au point de vue
dela sensibilite tactile, aucune difference entre le c6te
sain et celui qui corresponclait au facial coupe. Mais on
obtenait des effets tout a fait differents lorsqu'on placait
un corps sapide alternativement sur le cote sain et sur
le cote paralyse. Je me servais d'acide lartriqueen pou-
dre.Son contact avec la muqueuse de la langue, ducote
sain, faisait naitrc une sensation instantanee; Tanimal
retirait immediatement la langue. Lorsque Facide tar-
trique etait depose surle cote correspondant a la section,
la sensation n'etait plus percue aussi rapidement; le
chien ne retirait pas la langue de suite et il la retirait
moins vivement : la sensation paraissait emoussee.
C'est aussi ce qui se passe chez les malades qui accu-
sent dans ce cas une sensation obtuse, mais non une
insensibilite absolue. Nous verrons plus tard comment
on doit expliquer ce phenomene.
Nous avons egalement constate chez des lapins, apres
la destruction du facial dans la caisse du tympan , une
deviation de la langue et de la gene de la deglutition.
Chez les chiens, nous avons observe une action remar-
quable sur les glandes salivaires. Nous allons examiner
successivement ces symptomes et rechercher leur ex-
plication physiologique. Cette explication ressortira de
CORDE DU TYMPAN.
1'etucle que nous aliens t'aire clu nerf intermediaire tie
Wrisberg et cles ganglions sous-inaxillaire, sublingual,
spheno-palatin, otique, qui se trouvent sur son trajet.
Les differents rameaux que fournit le nerf interme-
diairede Wrisberg sont : 1° la corde du tympan, en
rapport avecles ganglions sous-maxillaire et sublingual;
2° le grand nerf petreux superficiel, en rapport avec
le ganglion splieno-palatin ; 3° le petit nerf petreux
superficiel, en rapport avec le ganglion otique. Enfin,
nous aurons a discuter si le filet qui va au muscle de
1'etrier doit etre cousidere comme provenant du facial
ou du nerf intermediaire de Wrisberg.
Examinons d'abord les fonctions de la corde du tym-
pan (fig. 6 et 7) :
Lorsque apres avoir engage un tube dans le conduit de
la glande sous-maxillaire mis a decouvert, on place une
substance sapide sur la langue, on voit s'ecouler la sa-
live. On a ad mis que cette action etait provoquee par
Fentremise du nerf lingual.
Comment s'opere cette transmission de 1'excitation
depuis le nerf lingual jusqu'a la glande ?
Evidemment ce ne peut etre, comme on avait pu
le croire autrefois, par des filets directs faisant commu-
niquer la muqueuse linguale avec la glande, par 1'inter-
mediaire du ganglion sous-maxillaire. En ellet , si on
coupe le nerf lingual au-dessus du ganglion sous-maxil-
laire, Tapplication cVune substance sapide sur le cote
correspondant de la langue n'excite plus la secretion
salivaire. Alors 1'excitation galvanique du bout periphe-
rique clu lingual coupe reste egalement irnpuissante a
CORDE DU TYMPAX. 1/j5
produire la sensation, mais la galvanisation du bout
central provoque la secretion, pourvu toutefois qne ce
bout central communique encore avec le ganglion sous-
maxillaire.
On explique la secretion salivaire par une action
reflexe a laqnelle prendrait part, comme cela a toujours
FIG. 7 (1).
lien en pareilcas, un nerf sensitif et mi nerl'moteur. La
question est maintenant de savoirsi 1'act ion motrice np-
(1) Disposition de la corde du tympan chez I'hommc. — A , tronc
de la cinquieme paire ; — B, ncrf facial offrant vers son coude 1'originc
des nerfs p<5treux, ct dans sa portion descendantc, pour cetie piece en
particulier, une sorte d'intumescence gangliforme C, d'oii nait la cordo
du tympan; — D, nerf dentaire coupe;— E, corde du tympan sepan'e.
par la dissection, du nerf lingual ; on voit en E un filet du nerf lingual
B., SYST. NERV. — 11. 10
l/l6 SECT. DE LA CORDE DU TYMP. DANS L'oREILLE MOYENNE.
partient an maxillaire infe'ricur de la cinqui6me paire
on a un a utre nerf. On pent, dans 1' explication de ce
phe" nomene, faire intervenir lo facial etattribuer Faction
motrice a un filet venant de ce nerf, et qui serait la corde
du tynipan. On savait de'ja que, qnand on irriteles filets
qui se se' parent dn nerf lingual pour se rendre a la
glande, on provoque la secretion salivaire; inaison n'a
janiais agi sur la corde du tympau elle-meme avant son
union avecle lingual.
Nous allons vous montrer 1'elTet que produit la section
de la corde du tympan sur la secretion de la glande
sous-maxillaire. L'experience a e'te' prepare : on a mis
a nu le conduit salivaire de la glande sous-maxillaire,
dans lequel nous allons introduire un tube par lequel
vous verrez couler la salive. Avec un fil nous soulevons
le filet lingual qui, du ganglion sous-maxillaire, va a la
glande; plus tarcl nous agirons sur ce filet.
Maintenant on met du vinaigre dans la gueule de ce
qui parnit ensnite y renlrer en U ; une autre portion de la corde du
tympan va se rendre an ganglion sous-maxillaire G , tandis qu'une
de ses divisions suit le nerf lingual; — F, lilet buccal provenant du
nerf lingual ; — G, ganglion sous-maxillaire reccvant un filet de la corde
du lympaii , et envoyant des rameaux en arriere qui se distribuent a
diverses parlies dela membrane nuiqueuse buccale, probablement dans
les glandules qu'elle renferme; j'ai pu suivre un de ces rameaux tres
long, jusqu'a une masse glandulaire du voile du palais et du pharynx ; —
N, filet allant a la glande sublinguale M ; — I, nerf lingual ; — K, artere
meningee moyenne entouree par des rameaux sympathiques communi-
quant avec la corde du tympan ; — L, filet faisant communiquer le nerf
maxillaire infe'rieur avec la corde du tympan ; — M , glande sublin-
guale;— N, rameau nerveux venant du ganglion sous-maxillaire et
allanl a la glande stiblinguable; — 0, glande sous-maxillaire; —
P, conduit de la glande sous-maxillaire ; — M, glande sublinguale.
ARRET DE LA SECTION SAL1VAIRE SOUS-MAXILLA1RE. \ 111
chien : la salive conic par le tube. L'application du vi-
naigre a determine une sensation , cette sensation a done
du produire une reaction motrice sur la glande, car
les actions motrices sont toujours les manifestations
definitives.
Nous allons maintenant chercher a couper la corde
dntyrnpan dansl'oreille moyenne, puis nous verrons ce
qui en resultera. C'est une experience quejen'ai encore
jamais faite dans ce but special. La corde du tympan est
excessivement difficile a atteindre dans les diverses par-
ties de son trajet. (rest un nerf tres grele qui nail du
facial dans le canal spiroi'de. a quatre ou cinq millime-
tres au-dessus du trou stylo-mastoi'dien, se dirige en
haut et en avant et penetre dans 1'oreille moyenne qu'il
traverse d'arriere en avant; la, ce filet se trouve isole
dans un tres court espace entre 1'cncluine et lemartcau,
apres un court trajet de six a huit millimetres, il passe
vers la fissure de Glaser, et sort du crane au voisinage
de l'epine du sphenoi'de.
Pour couper ce nerf, le moyen le plus simple est de
1'attaquer dans le point ou il est libre dans la caisse du
tympan, en y entrant par le conduit auditif externe.
Penetrant dans cette caviteavec un instrument tranchant,
analogue a celui quo nous employons pour la section de
la cinquieme paire, nousdirigeons le tranchant en haut,
et inclinant le manche en has, nous accrocherons le
nerf de telle faron qu'il est presque impossible de ne pas
le couper. Dans tons les cas, I'autopsie de 1'animal nous
montrera s'il a ete effectivement divise. Une sensation
de papier dec-hire, accompagnee d'un bruit que vous avez
l/l8 EFFETS PE LA SECTION DE LA CORDE L>U TYMPAN
pu entendre, nous avertit que nous perforons la mem-
brane clu tyinpan en peneirant dans la caisse ; je coupe
maintenanl la corde du tympan, ce qui arrache des cm
a 1'animal, probablement a cause de la sensibilite des
parois de 1'oreille moyenne.
Nous allons maintenant melt re du vinaigre sur la
langue de 1' animal. Si la secretion continue, il faudra
chercher une autrevoie a la transmission de I'excitation
motrice et nous avons dit qu'il en pourrait exister une,
venant soit de la portion motrice de la cinquieme paire,
soit de la septieme paire.
Nous injectons maintenant le vinaigre dans la gueule
du chien.
Yoici une goutte de salive qui etait au bout du tube,
mais cette goutle enlevee , il ne coule plus rien. Ce
que nous observons ici prouve done que c'est la corde
du tympan qui estla voie de transmission a la glande
salivaire.
La sensation produite sur la membrane muqueuse lin-
guale par I'lnstillation du vinaigre est cependant encore
transmise au cerveau par la cinquieme paire. mais elle
ne peut plus 1'etre jusqu'a la glande. Un de mes anciens
eleves, M. Yella (de Turin), a fait ici quelques experiences
relatives a 1'influence de la cinquieme paire sur la se-
cretion salivaire. Des tubes avaient ete fixes clans les con-
duits parotidien et sous-maxillaire d'un chien. La cin-
quieme paire etait ensuite coupee de ce c6te, puis
apres on mettait clu vinaigre dans la gueule de l'animal.
La cinquieme paire etant suppose 1'agent de transmission
de la sensation, on pouvait penser que sa section em-
DANS L'OHEILLE MOYEXXE. l/l9
pecherait 1'impression de se transmettre. Or la secretion
continuait; elle etait seulement diminuee.
Quese passsait-il done danscecas? — L'influence qui
procluit 1'excretion de la salive suit la loi ordinaire d'un
inouvement reflexe. Lorsqne la substance sapide est de-
posee sur la langue chez un animal sain, 1'impression
est transmise au cerveau par la cinquieme paire des deux
cotes. Ce nerf etant coupe d'un seul cote, celui qui est
intact reste 1'agent de transmission de la sensation
gustative qui arrive ainsi an cerveau, centre qui la re-
flechit en la transformant en action motrice.
Vous avez souvent ici etc temoins de phenomenes re-
flexesde lamoelle epiniere, offrant ranalogielapluspar-
t'aite avecles phenomenes reflexes croisesque nous consi-
elerons en ce moment. Lorsque, sur des grenouilles. nous
avions coupe les racines posUh-ienres qui se rendaient a
un membre, vous avez vu Tirritation du membre du
cote oppose mettre en mouvement, non-seulement le
membre irrite, mais aussi, et en mthne temps, celui
dont les racines posterieures avaient etc coupees.
Un autre exemple semblable d' action retlexe croisee
se montre, lorsqueapres avoir coupe le nerf optiquc d'un
cote, on en irrite le bout central, on produit des deux
c6tes des mouvements reflexes de la pupille, contractions
dont 1'agent actif de retour est un nei'f moteur.
Ces fails renti'ent completement dans les vues que
nous vous avons exposees dans la premiere partie de ce
cours, a savoir que. tandis que les influences motrices
restent locales, on voit toujours dans les actions reflexes
une generalisation des reactions du sentiment.
150 EFFETS DE LA SECTION DE LA CORDE DU TYAIPAN
Mais revenons a 1'exper-ience quo nous avons faite : la
section tie la corde du lympan a du abolir.completement
lasecriHion dela glandesous-maxillaire. Eneffet, dansce
cason u'agit plus sur un des ncrfs qui portent 1' impres-
sion au.cerveau, ou la sensation se generalise, mais bien
sur le nerf qui rapporte du cervcau 1'excitation motricc
essentiellement localisee, limitee. Lorsqu'on coupe le
nerf lingual d'un cote, le lingual du cote oppose transmei
au cerveau la sensation gustativc percue sur la languc ;
cettc sensation, qui s'y generalise plus on moins, eveille
la reaction du centre parliculier dans lequel elle vient
retentir, reaction qui se reflechit sous forme d'excitation
motrice dans les nerfs moteurs et la corde du tympan,
qui sont sous la de'pendance du centre impressionne.
Apres avoir, par la section de la corde du tympan,
arrete la secretion de la glande maxillaire, nous galva-
nisonsle bout peripherique du nerf que nous venous de
couper, et la secretion vase produire sous cetle influence.
Si nous avions voulu produire la secretion salivairc
apres la section du lingual, et en agissant sur lui, c'est
son bout central qn'il cut fallu exciter.
La corde du tympan est done bien un nerf motenr. et
c'est elle qui provoque la secretion de la glande sous-
maxillaire.
A cause de son importance, nous aliens encore repeter
clevaut vous cette experience qui montre de la maniere
la plus nette ce fait que je vous ai deja signale, a savoir
que Taction des nerfs sur les glandes, sur les organcs
(in'on regai'de comme charges de racconiplissement de
phenomenes chimiques, est bien une action motrice.
DANS L'OREILLL MOYENNE. 151
Nous n'avous pas encore etudie hi secretion paroti-
diennc dans ses rapports avec le systeme nerveux. Nous
allons en meme temps essayer d'etre renseigne's a cet
egard; ou. an moins, acirconscrirele champ desrecher-
ches expd'imentales propres a e'lucider cette question.
Void un petit chien sur lequel nous avons, d'un c6te,
mis a decouvert les conduits parotidien et sous-maxil-
laire, dans chacun desquels nous avons engage un lube.
Lorsque nous mettons du vinaigre dans la gueutedecet
animal, vous voyez ([ue des deux tubes s'ecoule de la
salive. On va vous faire passer cessalives. recueillies
separement dans des verres de inontre, et vous pourrez
voir, ainsi quejel'ai signale depuis longtemps, qu'elles
ne se ressemblent pas du tout : dies sont il'imc con-
sistance toute diflerente ; la salive parotidienne est par-
faitement liquide, tandis (jiu; la salive sous-maxillaire se
recommit a sa viscosite.
Nous allons maintenant. sur ce chien. couperlacorde
du tympan. Vous vcrrex. puisque nous 1'avons deja con-
state a la suite de cette section, cesser la secretion sous-
maxillaire. Quant a la secretion parotidienne, j'ignore
ce qu'elle deviendra : je ne serais cependant pas eloigne
de penser qu'elle continuera a s'etl'ectuer.
Je ne vous decrirai pas de nouveau le procede ope-
ratoire de la section de la corde du tympan que nous
avons employe il n'y a (ju'un instant : nous faisons
cette section en portant rinstrument dans la partie su-
perieure de la caisse du tympan.
Maintenant que cette section est faitc, nous mettons
du vinaigre dans la gueule dc 1'animal. Auciiu ecoule-
152 EFFETS DL LA SECTION DE LA CORUE DU TYMPAN
ment n'u lieu par le tube de la glande sous-maxillaire;
la secretion parotidienne, au contraire. continue a
couler com me avant 1'operation.
Nous allons main tenant galvaniser la corde du tympan
au-dessous du point ou elle a ete coupe'e : la secretion
sous-maxillaire recommence. II vous est done encore
prouve, par cette epreuve, que la corde du tympan est
mi nerf moteur.
La glande sous-maxillaire excrete done sons Tin-
iluencede Texcitation de la cinquieme paire, mais cette
influence est indirecte. L'excretion est directement su-
bordonne'e a une action motrice : c'est cette action mo-
trice qui est mise en jeu par 1' excitation sensitive. II n'y
a done pas lieu de voir lit une action spe'ciale, specifique
en quelque sorte, une deces influences mysterieusespar
lesquelles cerlaines theories placent sous la de'pendance
directe du systeme nerveux des actes dits vitaux. Nous
y voyoiis. au contraire. le systeme nerveux agir d'une
I'anjn uni forme, provoquer des phenomenes purement
moteurs et exercer par ces phenomenes une action reelle ;
quoique indirecte, sur les phenomenes chimiques qui
appartiennent a im autre ordre de taits. a des actes
vraiment vitaux analogues aux phenomenes du develop-
pement organique.
L'experience que nous \L-IIUIISJ de t'aire ne nous per-
met pas d'attribuer a la corde du tympan rintluence
motrice qui produit I'ecoulenlent de la salive paroti-
dienne. La glande sous-maxillaire a done avec 1'appareil
gusiatif des connexions plus intimes que la parotide. La
secretion parotidienne intervient dans des phenomenes
DANS L ORE1LLE MOYENNE. 153
d'une autre nature : elle se rattache plus specialement
a Tacte cle la mastication.
Quel est le nerf qui preside a 1' excretion du liquide
parotidien? — Jusqu'ici on n'a fait pour le voir aucune
experience directe. La question est d'abord de savoir si
1'excretion du liquide parotidien est sous la dependance
des nerfs faciaux superficiels oudes nerfs profouds. Est-
elle due a l'intervention du facial qui preside aux mouve-
ments superficiels de la face? Est-elle due a 1'action du
nerf intermediaire de Wrisberg qui, analogue an nerf
grand sympathique de la face , viendrait clonner le
moLivement aux parties profondes de cette region?
Nous savons que c'est ce nerf profond qui agit sur les
membranes muqueuses, sur les glandes: il estle nerf des
mouvements organiques. tandis que le facial superficiel
est le nerf des mouvements de relation, d'expression.
Vous savez qne la glande parotide est traversee par
le tronc du facial. Les anatomistes sont di vises sur la
question de savoir sile facial, en la traversal) t, lui aban-
donne quelques filets, on si elle recoit ses nerfs des ra-
ineaux du grand sympatbique qui accompagnent les ra-
meaux des arteres qui s'y distribuent.
En presence de ces deux sources nerveuses possibles.
L' experience seule peut prononcer d'une maniere se-
rieuse, Pour le voir, il nous faudra mettre a nu le facial
au sortir du trou stylo-mastoi'dieii , puis le couper a cet
endroit.etnousconstateronsalorssi, sous rinfluenee des
sensations gustativesetdes mouvements des machoires, la
parotide ne secrete plus. Dansle cas ou il en serait ainsi.
on devrait aclmettrc que le facial lui abandonne des filets,
15/1 EFFETS DE LA SECTION DU NERF FACIAL
Au cas contraire, il fauclrait chercher dans les nerfspro-
foncls 1'agcnt determinant desa secretion.
Void maintenant not re chien sur lequel on a mis le
facial a decouvert an sortir dn tron stylo-masto'idien.
Avant de couper ce nerf , pour juger de 1'influence
qu'il pent exercer sur la secretion parotidienne, nous
nous assurons encore, par nne instillation devinaigre dans
lagueulede 1'animal, quecette secretion se faittresbien.
Nous coupons maintenant le facial. Lescris que pousse
1'animal vous montrent ce que vous saviez deja, qu'au
sortir du trou stylo-mastoi'dien le facial est sensible.
Une arteriole a ete coupee qui nous donne du sang; on
en fait la ligature. Le facial est bien coupe; Tanimal ne
pent plus fermer 1'a'il; tout ce c6te de la face est para-
lyse du mouvement.
En plarant du vinaigre sur la langue de ranimal,
nous voyons que la secretion parotidienne continue
toujours comme avant la section du nerf. L'influence
nerveuse qui la tient sous sa dependance vient done
des nerfs profonds.
Nous chercherons ulterieurement a en preciser
1'origine, en experimental^ sur les ganglions du grand
sympathique : nous essayerons si nous ferons cesser
la secretion parotidienne par 1'ablation du ganglion
oti([ue.
En definitive, nous veuons de constater ici deux fails
qui se re'sument ainsi :
1" La section de la cor tie du tympan dans roreille
mnyenne fait cesser la secretion de la glande sous-maxil-
laire.
SUR LA StiCRtfTIOX SAL1VAIRE. 155
2° La section du facial, a sa sortie du mine, n'a pas
fait ccsser la secretion parolidienne.
Lorsqu'on detruit le facial a son origine dans le crane,
experience quo nous avons faite plusicurs fois, on
trouve que les secretions salivaire sous-maxillaire et
parotidienne sont abolies. Le nerf facial agit done
reellement snr les mouvemonts profonds comme sur les
mouvements superficiels de la face. Cette derniere ac-
tion, celle qu'il exerce snr les mouvements superficiels,
appartient an facial proprement dit ; rinfluence sur les
mouvements profonds appartient an nerf de Wrisberg,
ainsi que nous I'avons deja dit.
Les raisons a invoquer en faveur de cette maniere
de voir, sont les suivantes :
Lorsque attaquantle facial cbez un chien, par tin in-
strument qui. introduitdans lacaisse du tympan, permet
de detruire ce nerf dans le crane, les mouvements de
la face sont abolis, les glandes sous-maxillaire et parotide
ne secretent plus.
Dans cette operation, le nerf acoustique est detruit
anssi; mais nous verrons que celte lesion ne doit modi-
fier en rien nos conclusions relativement aux secretions
qui sont deversees dans lacavite buccale.
Quand on coupe le facial an sortir du trou stylo-
mastoi'dien. les monvements des muscles de la face sont
abolis; les secretions continuent.
C'est done aux filets qui se detacbent du facial pen-
dant son trajet intra-cranien que les glandes doivent
la propriete de sOcreter.
L'experience qu'il faudrait faire pour resoudre defi-
156 EFFETS DE LA SECTION DU NERF FACIAL
nitivement la question par une epreuve directe, consis-
terait a separer le facial clu nerf cle Wrisberg en
detruisant le premier seulement. Nous verrions, en
Tarrachant et respectant le nerf de Wrisberg, si 1' in-
fluence que nous attribuons a ce dernier nerf persiste.
L'experience n'est pas possible sur les chiens. Chez
ces animaux, les deux nerfs sont trop etroitement unis
pour qu'on puisse arracher 1'un d'eux seulement. Chez
les lapins, la separation est possible, mais les pheno-
nienes de la salivation sont trop obscurs, les conduits
salivaires sont trop petits pour qu'on puisse facilement
juger des modifications qui pourraient survenir dans
leur production. C'est sur des chats que nous pourrions
tenter 1'experience. Chez ces animaux. 1'avulsion clu
facial n'entraine pas toujours necessairement celle du
nerf de Wrisberg, et les conduits salivaires sont assez
gros pour qu'on puisse y introduire des tubes.
Nous avons commence tout a 1 heure une experience
qui a du etre interrompue, et dont je vous rendrai
eompte dans la prochaine lecon ; mais nous en avons
fait une hier dont je vais vous exposer les resultats.
Nous avons pris un chat et mis a decouvert les con-
duits salivaires des deux cotes. Apres quoi, voulanl
arracher le facial, nous 1'avons rompu a sa sortie du
Iron stylo-mastoidien. Les glandes ont continue a se-
creter sous rintluence des excitations sapides.
De 1'autre cote, le nerf facial a ete arrache ; mais il
ne 1'a pas ete seul et le nerf de Wrisberg a ete detruit
en meme temps. Le nerf acoustique etait reste intact.
Les choses se sont passees alors corame lorsque nous
SUR LA StfCRtfTlON SALIVAIRE. 157
avions deiruit le facial dans le crane, avec le nerf
acoustique; c'est-a-dire que toutes les secretions out
et£ suspendues. En mettant a ce moment du vinaigre
dans la gueule de I'animal, la salive coulait seulement
du c6te ou le facial avait ete rompu au sortir du trou
stvlo-masto'idien.
V
II semble done qu'on cloive admettre que du facial se
detachent, pendant son trajet intra-cranien, des filets
(corde dutympan, nerfs petreux ou autres?) qui se
rendent aux glandes el determinant la secretion.
Nous avons verifie 1'exactitiide de cette vue relative-
merit a la glande sous-maxillaire, en montrant qu'elle
cesse de seereter apres la section de la corde du tym-
pan.
II restait a faire la meme epreuve pour la glande
parotide.
Ici les inductions tireesde 1'analomie nous font com-
pletement defaut. Nous savons ce qu'il fatidrait penser
de 1'opinion qui fait provenir les nerfs parotidiensde la
partie extra-cranienne du facial. Cette opinion, sur la-
quelle les anatomistes n'etaient pas meme d'accord. vous
avez dil y renoncer en voyant la glande continuer a
secreter apr^s qu'on avait coupe le facial au point ou il
sort du crane.
Les nerfs de la parotide lui viennent done necessai-
rement des filets qui emergent du facial clans le canal
spiroi'de du temporal.
Viendraient-ils du grand nerf petreux? — Messieurs,
cela parait impossible a admettre apres une experience
que nous avons faite et qui a consiste a enlever le gan-
158 EFFETS DE LA SECTION DU NERF FACIAL
glion do Meckel, ou ganglion spheno-palatin ; la parotide
continual! a secreter.
Nous nous trouvons aiusi conduit, par exclusion, a
supposer que la secretion parotidienne est re-glee par
le petit nerf pe'treux qui irait au ganglion otique. Cette
hypothese suppose entre la parotide et le ganglion
otique des communications que les anatomistes n'ont
pas signalees, mais que la physiologic nous porte a ad-
mettre. Si 1'ablation du ganglion otique ou du ganglion
genicule tarissait la secretion parotidienne, notre hypo-
these serait confirmee : c'est une experience que nous
tenterons ultmeurement.
Sauf ce detail relatif a la secretion parotidienne, nous
avons done des a present des notions exactes stir 1'usage
de la corde du tympan relativement a la glande sous-
maxillaire.
Des considerations dans lesquelles nous venous d'en-
trer resulte un fait qui, an point de vue pathologique,
n'est pas sans interest. Je veux parler de ['influence
possible du systeme nerveux sur la persistance des fis-
tules salrvaires.
Yous savez que ces fistules gue'rissent tres difficile-
ment chez rhomme, et que, meine dans les casheurenx,
elles ne guerissent pas par le retablissement de la conti-
nuite des voies salivairesnaturelles. II est aussi assez rare
qu'elles guerissent de cette facon chez les animaux Que
sur un chien, dont le facial est intact, on cree une fis-
tule salivaire, elle donnera lieu a un ecoulement de
salive. Qu'on fasse la meme operation sur un animal
SUR LA S£CR£TION SALIVAIRE. 159
chez qui on auradetruit le facial on lacorde dutyinpan,
la salivation n'aura pas lieu. Void, par exemple, un
chien auquel nous avons pratique cles fistulas salivaires,
apres quoi on lui a detruitle facial a son origine. L'ope"-
ration remoiite a quelques jours ; la plaie ne donne pas
d'ecoulement do salive ; elle est en voiede cicatrisation.
Je ne sache pas que quelque chose d'analogue ait ete"
observe chez 1'homme, et qu'on ait eu 1' occasion d'ob-
server simultanement une iistule salivaire se tarissant
par une paralysie profonde du facial.
Dans les consequences que nous pouvons etre tentes
de tirer des experiences qui vous out ete exposees, ou
dont vous avez ete temoins, il ne faudrait peut-tMre pas
etre trop exclusif pour le moment.
II existe une proposition parfaitement exacte etd'une
haute importance en physiologic, c'est que lorsque plu-
sieurs nerfs de memo ordre se distribuent a un meine
organe, c'est pour lui donner des influences variees
et non pour y accumuler la me" me activite nerveuse.
Les muscles qui, comme ceux du larynx, out des actions
multiples, recoivent des nerfs moteurs de differentes
sources. II en est de meme des glandes qui recoivent
plusieurs nerfs et qui peuvent etre en rapport avec plu-
sieurs phenomenes fonctionnels. Dansce cas,chaque in-
fluence est apportee par des filets nerveux differents.
C'est ce qui s'observe pour les glandes de la face.
II ne faudrait done pas encore affirmer que tout se
borne, dans les glandes, a ce queje vous ai signale jus-
qu'ici. Ces glandes, apres la destruction du facial, nese"-
cretent plus sous 1' influence des excitations venant de la
160 EFFETS DE LA SECTION DU NERF FACIAL
houche ; quand le nerf de Wrisberg manque, les actions
qui portent sur la cinquieme paire ne les font plus secre-
ter : voilatoutce que nous sommes en droit d'affirmer.
Est-ce a dire qu'elles ne puissent plus secre'ter sous
I'influence d'excitations apportees d'ailleurs? — Nous,
ne le savons pas; il est d'autres influences qui peuvent y
e*veiller ce mode d'activite, influences moins connues,
plus profondes, mais incontestables.
Ces excitations viendraient, par exemple, de 1'esto-
mac.
II estdes animaux chez lesquels on en a constate plus
specialement 1'effet apres 1'insalivation, et alors que
le bol alimentaire est parvenu dans 1'estomac ou il
excite la secretion gastrique. Ce phenomene parait trrs
evident chez lecheval.
En dehors des conditions normales, on voit frequern-
ment un ptyalisme abondant <Mre la consequence d'un
(Mat pathologique de 1'estomac. C'est ce qui s'observe
surtout dans les nausees qui precedent le vomissement.
Comment pent se faire, dans ce cas, la transmission de
Timpression sensitive? — Est-ce encore par 1'interme-
diaire de la septieme paire. le pneumogastrique etant le
nerf de sensation ?
Quant a la transmission de 1'excitation motrice, elle
pourrait aussi se faire par d'autres nerfs moteurs. II y a
dans la glande sous-maxillaire, dans la glande parotide,
des filets nerveuxqui viennentdu ganglion cervical supe-
rieur du grand sympathique. Quand on excite le grand
sympathique dans la region du cou, cette excitation agit,
en efFet, sur la secretion des glandes parotide et sous-
ET DU SVMPATllHJUE SUll LA SALIVATION. 161
maxillaire. C'est un fail dont nous vous rendrous te-
moins an commencemout de la prochaiue lecon.
Chezle chien, le pneumogastrique est uni au grand
sympathique, niais on peut cepondanl les separer au
voisinage du ganglion cervical superieur. Chez le cheval, le
lapin, etc. , ces deux nerfs sont distincts. Or, vous verrez,
quand on galvanise lefilel qui tient an ganglion cervical
superieur, qu'on agit sur la secretion salivaire: quand
on galvanise le pneumogastrique isole on ne produit rien.
Cette influence se transmet aux glandes par desfilets
qui passent par le ganglion cervical superieur, accom-
pagnent les divisions de 1'artere maxillaire, et cellos de
1'artere faciale ([ui vont aux glandes salivaires.
Lorsque ce filet du grand sympathique est coupe, les
influences venant des organes splanehniques n'auraient
done plus d'influence sur les glandes salivaires. Nous
aurions settlement Faction du nerf de Wrisberg qui, nous
vous Pavous drjadit, peut etre considere com me appar-
tenant au sysleme du grand sympathique.
J'ai insistc doja sur la nature de 1'action qu'exerce ce
nerf sur la glande pour la faire socirter, ot jo vous ai dit
quo cette influence paraissuit purement molrice. Nous
considererons aussi comme telle Faction exerce"e par
les nerfs du grand sympathique. Les elements mo-
teurs des glandes sur lesquels agiraient les nerfs ne sont
pas visibles a Fo?il nu. Cepoudant, il existe dans la joue
du lapin une petite glande enveloppe'e par une capsule
musculaire, sur laquelle on pourrait peut-etre verifier
s'il y a un resserrement produit par Fexcitation ner-
veuse.
B., SYST. NEHV. — 11. II
16-2
ACTION DU GK.VNL) SVMl'ATlIigUii
(1) Nerf facial et sympathique chez un fcetus de cheval, — A, nerf
facial; — B, corde du tympan conlractant plusieurs anastomoses
avec le nerf maxiliaire inferieur U, U' ; — C, plexus nerveux repre-
sentant le ganglion sous-maxillaire ; ce plexus re'unit, la corde du
tympan et un rameau du sympathique Z accompagnant une artere ; —
D, nerf dentaire ; — G , glandc salivaire : ~ I , nerf raassete"rin ; -™
SUR LES GLAMDES SALH AIRES. 163
Dans les autres glandes qui sont plus grosses, les culs-
clc-sac gland iilai res cloivent 6tre entoures par une cap-
sule contractile, sur le tissu de laquelle vient agir
1'excitation motrice. Ce sont lades actions qui appartieu-
uent a des organes contractiles exterieurs a la glande
proprement dite. La meme chose s'observe pour le pan-
creas.Chez lesanimauxaparois abclominales musculai-
res, mobiles, on pent voirlesucpancreatiques'echapper
par jets dans les mouvements d'inspiration. Despheno-
nienes serablables s'observent chez certains insectes,
quiont des glandes anales dontlesproduits sont expulses
exclusivement par la contraction fles parois abclomi-
nales. Chez ceux qui n'ont pas ccs mouvements, chez
lesoiseanx, par example, les conduits glanduleux excre-
teurs sont dones de mouvements peristaltiques. etc.
•Tetenais a appelervotre attention sur cette uniformite
physiologiquc des manifestations motrices, aboutissant
a des manifestations fonctionnelles differeutes ; la con-
traction des tissus moteurs des glandes n'est pas le seul
effetproduit par la galvanisation du grand sympalhique.
Nous aussi faisons, par le meme genre de nerfs, con-
tracter les vaisseaux.
11 resterait a savoir si, lorsqu'on galvanise les nerfs qui
se rendent a nne glande, on n'agit pas sur les vaisseaux
plutot quo sur le tissu de la glande et si la secretion n'est
J, branchc du nerf dcntairc ; - L, iicrf dciUaire;— 0, branche
oplithnliiiiquc dela cinquieme Jiaire; -- AINPj branchc inaxillaire supc-
rieurc; — S, pelits corpuscules gaiigliohnairos sur le Uajet du inaxil-
laire supericur et an. point oil vienl sc rcndrc IP. grand ncrf pi-iroux
stipeiliciel ; -- V, ncrf sublingnal du maxillnirc infi'-riour.
ACTION DU GUAM) SYMPATHISE
pas supplement une consequence cle la contraction des
vaisseaux, contraction qui aurait pour effet immediat
d'augmenter la pression du liquide qui y circule et de
faire transsuder a ti avers leur parois le produit de la
secretion. Nous examincrons ulterieurement celte ques-
tion a propos du grand sympathique. Mais, nous dirons
Dependant qu'il n'est pas possible de voir dans Faction
secretaire Feffct d' une difference entre la pression du sang
et la resistance des parois des cellules glandulaires.
M. Luclwig a fait des experiences qui prouvent que la
secretion ue sefait pas parcemecanisme; la pression du
sang arteriel etant observee, on voit la pression du li-
quide secrete retenue dans une glaude salivaire et s'ele-
ver a une pression beaucoup plus grande que celle du
sang, et cependant la galvanisation du nerf cle la glande
donne encore lieu a un ecoulement de la salive.
Une autre experience ajouterait des resultats fort
signiflcatifs a ceux que je viens de vous rappeler : on
pourrait peut-etre Her Fartere qui se rend i\ la glande,
etensuite, en galvanisant lenerf, provoquer la salivation.
Cette excretion aux depensd'un organ e qui ne recevrait
plus de sang nous montrerait bien qu'il y avail la un re-
servoir de salive qui a ete evacue. Sans doute, pour cou-
tinuer a saliver, il faudrait que la glande se nourrisse:
1' experience prouveseulementque Fintervention du sang
ne pent etre qu'une cause assez eloignee du phenomene,
et qu'il faut en chercher ailleurs le mecanisme pro-
chain.
Ainsi que je vous Fai dejii indique, lorsqu'il a ete
question ici de la secretion glycogeniquc du foie, toute
SUR LES GLA.NDES SAL1VAIRES. 165
secretion parait se faire en deux temps : le premier
est la periode de formation, aux depens du tissu de
1'organe secreteur, de la substance qui doit 6trc modi-
fiee et excretee; ce temps correspond au repos de
1'organe. Le deuxieme temps se reduit aux pheno-
menes d'expulsion ; il correspond a la periode d'acti-
vite motrice de la glande ; c'est sur lui que portent plus
specialement les influences motrices exercees par le
systeme nerveux.
Nous avons vu quels rapports physiologiques exis-
tent entre le ganglion sous-maxillaire du grand sympa-
thique et la glande sous-maxillaire ; nous sommes arrives,
par voie d'exclusion, a soupconner les m6mes rapports
entre le ganglion otique et la glande parotide. Nous
devrions revenir sur le role du ganglion spheno-pa-
latin.
Nous avons. sur un chien, enleve ce ganglion des
deux c6tes sans rien produire d'immediatement appre-
ciable. Lesplaies sont a pen pros cicatrisees.
II faudrait faire I' experience autrement. N'ayant rien
manifested d'evidentensupprimant les actesqui sont sous
1' influence de ce ganglion, nous essayeronsde voir si nous
obtenons des resultats appreciables en les exagerant ; ce
que nous ferons en galvanisant le uerf. Cette derniere
maniere de proceder peut (Hre tres avantageuse dans
1' etude, toujoiirs delicate et difficile, des phenomenes
qui out leur siege dans les parties profondes. En galva-
nisant sur le chien le filet qui va au ganglion spheno-
palatin, le nerf petreux superficiel, je ne serais pas
eloigne de croireque nous agironspar la sur la secretion
160 NERF DES GL.VNDES SALIYA1RES.
de la membrane nuiqueuse nasale etsurles mouvements
du voile dii palais. Mais nous renverrons ces experiences,
ainsi qu'un certain nombre d'autres sur lesquelles nous
n'avons pas encore pu rassembler un assez grand
nombre de fails, an moment ou nous traiterons cle la
portion ce'phalique du nerf grand sympathique.
HUITIEME LECON
29 MAI 1SS7.
SOMMAIRE : Les filets du grand sympathique ne tiennent pas leurs
proprietes molrices des ganglions qui se trouvent sur leur trajet. —
Galvanisation du filet cervical avant el apres le ganglion sous-maxil-
laire. — Secretion dans les deux cas. -- Action sur la langue d'un
filet e'manant de la corde du tympan. -- Influence de la section du
facial dans le crane sur la guslalion. — Experiences. — Les narines
sonl le siege de mouvemenls reflexes imlependanls des sensations
perrues par la cinquieme paire. — Ces mouvements ont-ils leur point
de depart dansle pneumogastrique ?— Ces mouvements sontsensible-
mcnts diminue's par la section de Panastomose quo le pnenmogaslriqup
envoie au facial. — Experiences.
MESSIEURS,
Vous avez suivi depuis quatorze jours la uiarche des
accidents consecutifs a la section de la cinquieme paire
chez ce lapin. Vons pourrez voir que depuis la derniere
lecon le mal a fait des progres. La cornee est perfoive
et deja une partie des liquides de 1'ceil s'est ecoulee.
Autour de la solution decontinuite, les membranes sont
dessechees.
Sur cet autre lapin, auquel on a coupe le facial plu-
sieurs jours avant et que nous vous avons toujours pre-
sente comparativement. vous pourrez voir que bien qu'il
reste constamment expose a 1'air. 1'ceil est toujours
parfaitement sain.
Nous avons insiste, dans la clerniere lecon, sur la
double voie par laquelle semblait setransmettre Faction
flu systeme nerveux sur lesglandes salivaires. Les secre-
168 ACTION UES GANGLIONS
tions salivaires peuvent, comme vous savez, reconhaltre
aussi pour point tie depart une impression percue par
le pneumogastrique et reflechie par un filet du grand
sympathique.
A ce sujet se rattache une question sur laquelle nous
aurons a revenir, question qui doit cependant 6tre indi-
quee ici et sur laquelle on a autrefois beaucoup discule.
Le nerf grand sympathique est en communication
avecla moelle epiniere par des rameaux qui unissent le
centre rachidien a la double chaine quc forment le
long du rachis ses ganglions. Outre ces chaines late-
rales existent des ganglions independants, en quel-
quesorte,au point devue topographique. Ces ganglions
se rencontrent vers les points ou le grand sympathique
se distribue dans les organes. G'est ainsiquelacorde du
lympan, apres avoir communique \ers son origine avec
le ganglion genicule, s'accole au lingual et aboutit au
ganglion sous-maxillaire d'ou ernanent les filets qui
vont a la glande sous-maxillaire. J'ai de plus de'crit
autrefois des tilets qui partent de ce meme ganglion, se
rendent dans les glandules buccales et jusqu'a celles du
pharynx ; il y en a particulierement un tres long qui re-
monte jusqu'a la base du crane, a la voute du pharynx.
II serait par consequent possible, d'apres cela, que la
corde du tympan agit sur les glandules pharyngiennes.
On s'estpreoccupe du r61e special que pouvaientjouer
les ganglions peripheriques situes dans le voisinage de
certains organes; et on a pretendu que les nerfs ne
jouissaient de leur propriete d'agir sur ces organes
qu'apres avoir traverse ces ganglions. On avait admis
SUR LE TRAJET DBS NERFS. 169
que 1' excitation portee sur le filet nerveux avant son
entree dans le ganglion restait sans effet; que pour
obtenir Faction excitatrice cles fonctions de 1'organe, il
fallait exciter le nerf entre lui et le ganglion voisin.
Nous aliens, en vous montrant que la glande sous-
maxillaire secrete sous la double influence de la corde
du tympan et du grand sympathique cervical, voir ce
qu'on doit penser des idees que je viens de vous ex-
poser.
La glande sous-maxillaire recoil du ganglion sous-
maxillaire des filets qui lui viennent de la corde du
lympan. Elle est reliee en outre au ganglion cervical
superieur paries plexus qui, enlacant 1'artere carotide,
s'etendent sur ses divisions. Or nousavons excite le nerf
tant6l avant, tantot apres le ganglion; et, dansles deux
cas, nous avous provoque une action sur la secretion
salivaire d'une facon tres manifesto . Ce matin encore
nous avons galvanise le filet cervical du grand sympa-
thique au-dessus et au-dessous du ganglion cervical su-
perieur, avec les monies resultats. Pareille chose nous
est arrivee en galvanisanl alternativement la corde du
tympan avant et apres le ganglion sous-maxillaire.
Dans cette derniere experience, pour atteindre la
corde du tympan, nous avons du saisir le nerf lingual
aussi haul que possible, le couper en masse avec la
corde du tympan ; apres quoi nous avons galvanise" le
bout periphe'rique resultant de cette section.
La conclusion a laquelle nous conduisent ces expe-
riences, faitessur les deux voies par lesquelles le sympa-
thique excite la secretion sous-maxillaire, est que le
170 ACTION DU GRAM) SYMPATHIQUE
ganglion n'u pas d'influence propre sur le mode de
1'excitation trausmise a 1'organe.
Void un chien sur lequel nous avons prepare 1'expe-
rience, Una incision assez large nous a amenes sur ledi-
gastrique : en le soulevant, on trouve an fond de la
plaie, apres avoir incise le muscle mylo-hyo'idien,leiierf
lingual et la corde du tympan ; plus en arriere, la
carotide interne quisert de point de reperepour trouver
les nerfs. Le filet de la gland e sous-maxillaire accoin-
pagne 1'artere linguale, puis le petit rameau gland ulaire
qui emane au-dessus. Nous avons isole ces nerfs sur des
anses de fil qui vont nous permettre de les retrouver au
fond de la plaie. Un petit tube d'argent, engage dans le
conduit sous-maxillaire. nous permet de recueillir facile-
ment lasalive expulsee par ce conduit. Yoici le nerf lin-
gual coupe et rabattu; il off re la reunion et du lingual
proprement dit et de la corde du tympan. Nous en
ualvanisons le bout pe'ripberique : la secretion coule
abondamment Je galvanise maintenant le filet sympa-
tbique venant du cou : vous voyez la secretion plus vis-
(jueuse s'arre"ter bientot.
Nous prenons maintenant la corde du tympan avant
son arrivee au ganglion sous-maxillaire; nous la galva-
nisons : la salive coule.
Nous ajouterons que la galvanisation de ce filet, qui
emane du nerf lingual, agit aussi sur la glande sublin-
guale, car nous voyons cette salive couler abondamment
lors de 1'excitation du nerf.
L' action du sympathique est la,meme, si nous
galvanisons dans la region du cou, au-dessons du gan-
s
SUR LES SECRETIONS SAL1VA1RES. 171
g-lion cervical superieur, le tronc provenant de la reu-
nion du pneumogastrique et du grand sympathique.
Ces deux ordres d' influences paraissent toutes agir
sur la secretion sous-maxillaire; lorsque ces deux nerfs
out etc coupes la glande serait done paralysee. Notons
toutefois que 1'influence la plus remarquable, celle qui
a Tetai physiologique. preside le plus specialement a la
secretion, est celle qui vient par la corde du tympan.
Ce n'estque dans des eirconstances exceptionnelles,
dans les efforts de vomissemeht, par exemple, que Fac-
tion du pneumogastrique venant de 1'estoinac manifesto
son inlluence.
Ce que je viens de vous dire d<- la glande sous-
maxillaire s1 applique probableinent aussi a la parotidc
qui, elle aussi, recevrait ses nerl's de deux sources, du
nerf de Wrisberg et du grand sympathique.
Plus tai-d nous reprendrons nos experiences sur le
ganglion de Mcckel, et complrtmms ainsi'ce que nous
avions a vous dire des nerfs de la cinquieme et de la
septieme paire.
Je terminerai en vous parlant d'un autre point de
I'histoire du neif intermediate de Wrisberg sur lequel
il me sera facile de vous dormer des fails d'observation
pathologique etexperimentale : je veux parler de la por-
tion de la corde du tympan qui se rend a lalangue. Yous
savezqifau niveau du ganglion sous-maxillaire, la corde
du tympan se divise en deux filets, 1'un qui se rend a la
glande sous-maxillaire, I'autre qui se confond avec le
nerf lingual et se rend avec lui a la langue (fig. 7).
apres toutefois avoir traverse un petit ganglion du sympa-
172 ACTION DE LA CORDE DU TYMPAN
thique decrit chez 1'homnie par Blaudin, et situe sur
le trajet du nerf lingual au moment ou il va penelrer
dans la langue.
Les auteurs qui regardaient le nerf intermediaire de
Wrisberg comme une racine posterieure avaient vu,
dans la corde du tympan, un rameau sensitif qui venait
s'adjoindre au nerf lingual. Cette pensee expliquait 1' al-
teration du gout apres la paralysie faciale, puisque la
corde du tympan est le seul filet emanant du facial qui
vienne se perdre dans la langue. Des raisons que nous
avons donne'es ailleurs ne nous permcttent cependant pas
d'admettre qu'elle soit un nerf de sentiment.
Depuis longtemps j'ai propose une explication del'aHe-
ration dugout, qui est simplement une interpretation,
et est par consequent, sujette a 6tre remplacee par une
autrele jour ou elle sera en disaccord avecde nouveaux
resultats observes : seulement les faits seront definiti-
vement etablis parce qu'ils out etc convenablement
observe* s.
J'avais done adrnis autrefois que la corde du tympan
venait du nerf facial: qu'elle etait motrice. La muqueuse
de la langue, alaquelle ellesedistribuesurtout, renferme
des elements moteurs dont la corde du tympan met en
jeu 1'activite. C'est ainsi que la paralysie ralentirait la
perception de la sensation.
Aujourd'hui. des dissections repetees et de nouvelles
experiences meportent a penser que la corde du tympan
s'unit avec le grand sympathique, en divers points de
son trajet; cela pourrait peut-etre porter a penser que la
corde du tympan agit aussi sur les vaisseaux de la
SUR LI* GOUT. 173
langue. Je revieudrai plus longuement sur cettc vuc,
quc jc ne fais qu'incliquer ici, lorsque etudiant le grand
sympathique j'aurai a examiner son action sur les phe-
nomenesdevascularisation.Desphenomenesfortcurieux
out etc notes a cc sujct, phenomenes qu'on ne saurait
encore resumer dans aucune loi generate, amenant dans
la circulation des modifications peu connues et ofTrant
des effets tout a fait opposes dans des circonstances qu'au
premier examen on serait tente de regarder comine
analogues.
Ces considerations ne soul pas les seules que nous de-
vions vous presenter relativementa la corde du tympan.
Le ganglion sous-maxillaire, situe sur le trajct du
nerf lingual, rccoit la corde du tympan par sa partie
posterieure. Elle reunit done le ganglion ge'nicule au
ganglion sous-maxillaire, caractere qui la rapproche
encore des nerfs du grand sympathique.
Du ganglion sous-maxillaire partent, en arriere, des
filets qui se rendent a la glande sous-maxillaire, filets
dont la galvanisation donne un ecoulement consi-
derable de salive. Nous nous en sommes assures en
introduisant des tubes dans le conduit excreteur de la
glande et galvanisant les filets glandulaires de la corde
du tympan qui, apres s'etre accoles au ganglion sous-
maxillaire, so sont reflechis pour se jeterdans la glande.
II serait interessant de voir si le meme effet s'obtien-
drait en galvanisant la corde du tympan dans I'oreille.
C'est une experience qui serait difficile, mais que nous
pourrons tenter si le temps nous le permet. Nous dirons
seulement que, lorsqiron vient a couper la corde du
J7/1 ACTION DE LA CORUE DU TV.VH'A.N
tympan dans I'oreille inoyenue, la secretion salivaire do
la glande sous-maxillaire est excitee. On remarque en
meme temps que cette section du nerf produil uuc
vive douleur. Est-elle due a la corde du tyinpau, ou
itien a des filets de la cinquieme paire qui se distribueut
dans 1'oreille moyenne ; cette derniere supposition me
semble plus probable.
Lorsqu'on a coupe d'un c6te la corde du tympan, ou
lorsque Ic facial est paralyse sufFisamment haut, il arrive
qifil y a de ce cote alteration de la gustation. Cette
alteration a (He constatre surtout chez 1'homme, seul en
etat de rendre compte de ses sensations ; nous en avons
cite des exemples, en parlant de la paralysie inlra-
cranienno du facial. Maintenarit, comment 1'explique-
rons-nous? - - Le filet paralyse vientde la meme source
que les filets qui nous out occupesjusqu'ici; il emane de
la corde du tympan : son action serait done une action
motrice.
La pertur])ation de cette influence motrice pourrail
agir sur le goutde deux mauieres: soit en amcuanl dans
les vaisseaux de la langue une perversion de la circula-
tion qui tronblerait le gout ; soit en exercant sur 1'ele-
meut contractile des papilles de la langue une modi-
fication qui changerait les phenom«3nes de leur miseen
rapport avec les substance sapides. 11 pourrait se faire.
par exemple, que, dans ce dernier cas, 1'absorption fut
ralentie.
Mais ces vues ne sont que des interpretations sur les-
quelles nous ne saurions insister. Ce qui reste acquis
a la science, c'est que c'est par des actions motrices que
SLR LE GOUT. 175
la corde clu tympan exercerait son influence sur des
phenomenes de nature variee : sur les secretions glan-
dulaires, sur la circulation locale, sur les sensations
gustatives.
Nous vous avonsdeja signale, relativement a I'altera-
tion clu gout qui accompagne les lesions profondes du
nerf facial, les troubles gust atifs observes cbezl'homme;
nous aliens maintenant vous signaler ce que nous avons
observe chez les animaux apres la destruction des uert's
t'aciaux ou la lesion isolee de la corde clu tympan.
Exp. — Sur un lapin, on fit 1'extirpation des deux
t'aciaux. Alors le gout sembla alterr et diminue. En
placant de 1'acide citrique sur la langue , Fanimal ne la
retirait pas, tandis que sur un lapin normal, la niumc
substance provoquait un retrait immediat de la langue.
La sensibilite tactile ne paraissait du reste pas moditirY.
et 1'animal sentait Ires bien quand on pincait la langue.
Exp. — Sur un chien on coupa. du cote droit. le
facial et Facoustique a leur origine et a leur entree dans
le conduit auditif interne, en entrant dans le crane par le
trou de la veine occipitale. Sur cet animal, il y avail
tons les symptomes exterieurs de la paralysiedu facial
et diminution de la faculte gustative du cote corres-
pondant a la section du nerf facial. Quand on mettait
de 1'acide citrique sur la langue de ce chien, qui etait
bien apprivoise , il percevait la sensation et retirait
anssitot la langue lorsque Facide citrique etait place du
c6te gauche. Quand on mettait 1'acide citrique sur le cote
droit de la langue, il s'ecoulait toujours un moment
avant que la sensation tut percue. La section de la corde
176 DEVIATION UK LA LANGUE
du tympan ainena aussi unc deviation de la langue du
meine cote.
Eocp. — Sur mi autrc chien, on fit la section de la
cordc du tympan dans la caisse du c6te gauche en entrant
par le conduit auditif. On constata ensuite quede la colo-
quinte, de 1'acide citrique cristallise, appliques sur la
pointe de la langue, donnaient une sensation plus vive
et plus rapide du cute; droit que du cute gauche. De
la quinine, du labac, du tannin, de la polasse, donnerent
des differences dans le meme sens, mais moins pro-
noncees que les substances precedentes.
La sensibility tactile ne paraissait pas modifiee dans
ce cas, et ranimal sentait tres bien quand on lui pincait
la langue.
A ce propos, chez 1'homme, dans un cas ou il y avail
eu augmentation de temperature du bras droit avec les
signes apparents d'une lesion du grand sympathique, il
y avail diminution de la sensibilite tactile avec conser-
vation de la sensibilite general e. Serait-il possible de rap-
procher de ces modifications de temperature, lieesa ces
lesions du grand sympathique, cesphenomenes auxquels
on a donne le nom d'analgesie et d'hyperesthesie?
Independamment des phenomenes que nous avons
signales, on observe encore du cott3 de la langue une de-
viation de cet orgaue du cote ou le facial a ete paralyse.
Ce fait a, du reste, ete observe aussi chezThomme, sans
qu'on ait pu arriver a en donner une explication bien
satisfaisante. Toutefois, il senible difficile de ne pas ratta-
cher cette dt3vialion a la paralysic de la corde clu tym-
pan qui est, comme on le sail, le seul filet nerveux qui
EXPERIENCES. 177
I'tablisse une comryuniealioi] entre le nerf facial el la
langue, a moins qu'on n'invoque 1'alte'ralion d'un autre
filet bien decritpar M.L, HirsoMeld,provenant toujours
du ineme nerf et s'anastomosant avec le glosso-pbaryn-
gien, avec lequel il se distribue jusqu'ala pointe de la
langue.
Voici deux experiences que j'ai faites avec M . Davaine,
et quo j'extrais de son Memoire sur la paralysie de la
septieme paire. Ces fails se rapporlent a la question des
mouvemenls clu voile du palais:
Ecrp. — Sur un cliien de forte taille, 1'os hyoicle
ful incise danssapartie moyenne etl'incisionprolongee
jusqu'au larynx, ailn de inellre en evidence loule la
face anterieure du voile du palais. Ensuite, le nerf
glosso-pharyngien fut in is a, de'couverl an con, pen
apres sa sortie clu Iron decbire poslericur, el 1'animal
fut tue par la section de la moelle epiniere au-dessous
de 1'origine des nerfs craniens.
Cela fait, les poles d'une j)ile furent mis en contact
avec le nerf glosso-pbaryngien, des contractions vio-
leiiles agiterent le voile du palais, ses piliers et uue
partie du pharynx du nie~ine cote. Cette mancpuvre
ayant ele repetec a plusieurs reprises avec le me"me
resullal, le nerf glosso-pbaryngien fut coupe. Les poles
de la pile appliques alors sur lebout pe'riplie'rique, c'est-
a-dire sur celui qui aboutissait au ])barynx et an voile
du palais, aucun mouvement ne se manifesta dans ces
organes; au contraire, le galvanisme ayant etc port6
sur le bout central du nerf glosso-pharyngien, c'est-a-
dirc sur celui qui tenail a la moelle allongee, les cou-
15. , SV3T. NEIIV. — II. 12
478 MOUVEMENT DU VOILE DU PALAIS.
tractions du voile du palais, de ses piliers et du pharynx
f u rent tout aussi vivement excitees que lorsque le nerf
e"tait intact.
Exp. — Un chien de forte taille ayant ete prepare,
corume dans 1'experience precedente, pour laisser a
de'couvert le voile du palais, la partie posterieure du
crane fut enlevee par un trait de scie; le nerf facial du
cote droitfut ensuite coupe a son entree dansle conduit
auditif interne. On s'assura que la section avail bien
porte sur ce nerf par la perte desmouvements de la face
du me" me cote, el plus tard par 1'autopsie. Le nerf
facial gauche fut laisse intact. L'animal ayant et£ tu<^
par la section de la moelle epiniere au-dessous de
1'origine des nerfs craniens, les nerfs pneumogaslrique,
glosso-pharyngien, grand hypoglosse et lingual furent
mis rapidenient a dtfcouverl de chaque cote, peu apres
leur sortie de la base du crane. Alors les poles d'une
pile furent portes sur le nerf glosso-pharyngien du c6t6
droit (cote oil le nerf facial etait detruit) ; des mouve-
menls se pioduisirent dans les piliers du voile du palais
de ce cote et dans les parties voisines, mais le voile lui-
meme n'eprouvait que quelques legers mouvements
produits evidemmenl par le tiraillement des parties
environnantes. Le galvanisme ayant ete ensuite applique^
au glosso-pharyngien du cote gauche (cote ou le facial
etait intact), les mouvements du cote correspondant du
voile du palais furent beaucoup plus forts et plus eten-
dus que ceux qui avaient ete produits de 1'autre c6te.
Non-seu lenient les piliers etaienl agites, mais ie voile
lui-meme offrait des mouvements evidemmenl
EXPERIENCES. 179
pendants du tiraillement des parties voisines et qui se
manifestaient par un froncement qui remontait tres
haut sur la moitie chi voile du palais eorrespondante
au nerf excite.
Le galvanisme applique aux nerfs pneurnogastrique,
grand hypoglosse et lingual, de cbaque c6te. ne produisit
aucun mouvement dans le voile du palais ou dans ses
piliers.
La premiere experience pronvo que le nerf glosso-
pharyngien n'est pas le nerf inotenr du voile du palais,
maisqu'il provoque des rnouvements reflexes par Texci-
tation qu'il transmet au centre nerveux. excitation qui
est ramenee aux parlies par un anire nerf.
La seconde experience pr«>uve que les mouvenients
reflexes du voile du palais. pn-Ydqiies par Texcitation
du glosso-pharyngien, son! en inirtie transmis par le
nerf facial, les in ou Yemenis des piliers dece voile n'etant
pasproduits par des filets appartenant a ce nerf.
Le nerf intermediaire de WrishcrLj: nous donne encore
le nerf petit petreux qui se rend au ganglion otique, et
que nous avons suppose fournir a la glande parotide;
enfin, le nerf petreux superieur qui va au ganglion
spheno-palatin, que nous avons suppose sedistribuer aux
glandules de la membrane muqueuse du nez. II nous a
semble. en effet, que sur un chien, chez lequel nous
avions enleve les deux ganglions spheno-palatins, il y
avail eu ensuite par le nez un ecoulemenl s^reux ana-
logue a celui du coryza, mais, ainsi que nous 1'avons
deja dit, nous ne sommes pas, pour le moment, en etat
de clonner des conclusions positives relativement a Tar-
180 MOUVEMKXTS T)E L\ FACE.
lion de ces nerfs. et nous renvoyons leur tMude a celle
de la portion cepbalique du grand sympathique auquel
ils appartiennent.
En attendant, nous resterons dans la meme incerti-
tude relativement aux nerfs qui meuvent les muscles des
osselets de 1'oui'e; proviennent-ils du nerfintermediaire
de Wrisberg. et les muscles du marteau et de 1'etrier
sont-ils an hues par ce nerf ?
Ici, messieurs, se termine ce que nous avions a dire sur
la paire nerveiise de la face, constitute, d"al)ord, par un
element sensitif, qui estla grosse portion do la cinquieme
paire; puis par un element moteur, constitup principa-
lement par la portion extra-craniemic du nerf facial etla
petite portion de la cinquieme paire; enfin. par un ele-
ment sympathique que representerait la portion intra-
cranienne du facial on le nerf intermecliaire de Wrisberg.
Nous avons vu que la section de I'tMement sensitif
amenait ici des lesions de nutrition tres caracteristiques.
A la face nous retrouvons, entre les phenomemes mo-
teurs et sensitifs. la meme independance que dans les
racines rachidieilnes. Toutefois, nous avons signale, a
propos des racines racbidiennes, une influence tres re-
marquable des nerfs de sentiment sur les nerfs de mou-
vement ; a tel point que les mouvements volontaires ne
semblaient plus s'executer dans un membre prive com-
pletement de sensibilite. Nous avons du nous poser la
meme question relativement a 1'influence qu'exerce la
perte de sensibility de la face sur les mouvements vo-
lontaires de cette partie. On voit, en etfet, qu'apres la
section de la cinquieme paire et la perte de la sensibility,
EXPERIENCES. 181
qui en est la consequence, la paupiere reste immobile
et n'est le siege d'aucun mouvement volontaire. La
joue parait etre de merne ; elle est comnie flasque et
sans mouvement.
II y a neanmoins un mouvement de la face qui con-
tinue toujours apres la section de la cinquieme paire
et qui a contiuuellement suffi a faire penser que les
mouvements du facial etaient inalteres d'une ma-
niere complete a la suite de cette section. Ces mouve-
ments sont ceux des narines qui persistent, en effet,
d'une maniere tres evidente apres la section de la cin-
quieme paire. Toutefois, il taut remarquer que lorsque
cette cinquieme paire est coupee, le facial recoit encore
des anastomoses sensitives d'autres nerfs, tels que du
plexus cervical superficial, unpeu du glosso-pharyngien
et particulierement du nerf vague qui, ainsi que nous
nous en sommes assure experimentalement, fournit dans
1'aqueduc de Fallope la sensibility au tronc du facial.
Nous avons voulu voir si la persistance des mouve-
ments de la narine, du cote ou la cinquieme paire avaitete
coupee, n'etait pas due a la persistance de cette anasto-
mose; nous avons, par consequent, tente sa section par
un procede qui consiste a inciser verticalement la por-
tion du temporal iniermediaire a 1'aqueduc de Fallope
et au Iron dechire posterieur, incision dont la direction
coupe transversalement celle du filet anastomotique.
Quoique apres cette section il n'y eut pas abolition
complete de ces mouvements respiratoires , neanmoins
on ne peut s'emp^cherde reconnattre qu'il y a line in-
fluence evidente exercee par la section de cette anas-
182 MOUVEMKNTS i)U NEZ.
I
tornose sur les mouveuieiits rospiratoires lies Marines.
Nous avons vu e'galement, qu'en galvanisant le pneu-
mogastrique dans le crane chez le chieu et chez le
cheval, on obtenait clans les narines et dans les oreilles
des mouvements tout a fait caracteristiques, qui sem-
blaicnt se trunsmettre par I'intermediaire de cette
anastomose qui parattrait ainsi etre mixte, c'est-a-dire
sensitive et motrice.
On pourrait nienie penser qu'il entre clans la consti-
tution de cette anastomose des filets sympathiques, car,
dans le point meine d'ou emane ce filet, le pneumogas-
trique forme un coude pour s'inflcchir en has et c'est sur
la convexite de ce coude que setrouve un ganglion qu'on
pourrait appeler ganglion genicule du vague, qui donne
naissance an filet que nous examinons en ce moment.
Nous allons vous faire connaitm les experiences cjue
nous avons faites sur cette singuliere inlluence du pneu-
mogastrique sur les mouvements de la uarine ; plustard,
nous aurons encore occasion de revenir sur cette anas-
tomose au sujet du pneumogastrique :
Exp. — Sur un lapin de forte taille, on coupa la cin-
quieme paire du c6te gauche. Les phenomenes ordi-
naires survinrent : la sensibilite disparut dans tout le
c6te correspondant de la face.
On fit alors la section de 1'anastomose du vague dans
le rocher. Apres cette double operation, on examina la
narine gauche de Tanimal : elle paraissait immobile
.et elargie; du cote oppose, la mobilite de la narine
ptait parfaite.
Lorsqu'on comprimaitlatracheede ranimal, les mou-
EXPERIENCES.
vements apparaissaient Ires forts dans les deux narines ;
inais la narine gauche paraissail se dilater uu peu diffe-
remmenl, el surloul aux depensde lademi-circonference
inferieure.
Le lendemain, Familial elail bien portanl, la cornee
n'etait pas encore opaque, mais 1'ceil etait chassieux , la
conjonclive injeclee el la pupille forlemenl contractee.
L'animal elail dans le meme elal que la veille, quant
aux niouveinenls des narines.
On enleva alors le ganglion cervical superieur du cdte
gauche : celte operation nouvelle n'apporta Hen de
parliculier dans les mouvemeiits de la narine qui. a
peine visibles quand ranimal etait Iranquille. apparais-
saient Ires evidenls quand on genail la respiralion en
comprimanl la Irachee.
II y avail quelques fremissements musculaires dans la
levre du cote gauche, fremissemenls qui seniblaient
augmented lorsqu'on pincait du meme c6te nne partie
sensible, 1'oreille. par exemple.
Le surlendemain, U juin, onobservales inemes phe-
nomenes; seulemenl la cornee etail plus alleree el coin-
mencait a se ramollir. II y avail toujours des fremisse-
menls musculaires dans la levre superieure gauche; ce
jour meme ranimal mourut.
A Faulopsie, on trouva que le facial etail intact dans
toul son Irajel dans le canal spiroi'de. L'anastomose
enlre le facial el le pneumogaslrique paraissail avoir
ele bien coupee. Les poumons etaient gorges de sang. 11
y avail un peu de liquide transparent dans le pericarde.
La cinquieme paire avail ele bien coupee.
18/J MOU YEMENI'S Dl NE/.
Exp. — Sur un jeune lapin, on fit a gauche la section
de Tanastomose du pneumogastrique avec le facial;
les mouvemgnts de l;i narine du cote correspondant
disparaissaient quand ranimal etait tranquille, pour
reparaltre quand ongenait la respiration en comprimant
la trachee.
On enleva le ganglion cervical superieur. Ce ganglion,
pince etlacere, nedonnait lieu a aucune manifestation de
douleur; il y cut sculemcnt indice de sensibilite lurs-
qu'on 1'extirpa. Cette operation n'apporta pas de mani-
festation sensible dans les mouvements respiratoires.
On nota du cote de I'tri! les phenomeues ordinaires.
On opera ensuite la section des branches superficielles
du plexus cervical du meme cote; celte section IK;
nioditia pas les mouvements des narines.
Enfin, on opera la section de la cinquieme paire du
meme c6te et on produisit un epanchement qui amena
la mort de ranimal.
Exp. — Sur un lapin de forte taille, on fit a droite la
section de 1'anastomose du pneumogastrique et du fa-
cial. A la suite de Toperation, les mouvements de la
narine furent dummies quand ranimal rtait calme et
reprenaient de leur energie quand la respiration de
ranimal etait genee. On fit ensuite la section de la cin-
quieme paire du cote droit, mais le facial paraissait
avoir ete blesse en m^me temps, et non-seuleinent les
mouvements de la narine cesserent tout a fait, mais aussi
presque completement ceux de la face et de 1'ceil.
Le 22 juiu, Irois jours apres, ranimal ne mangeait
plus et sa respiration paraissait etre devenue difficile. La
EXPERIENCES. 185
cornee etait tres alteree et formait une espece de cham-
pignon considerable, blanchatre. II y avail, sans qu'on
sut pourquoi, un oedeme considerable de 1'oreille gauche ;
cette oreille avail perdu sa sensibilite . tandis que
1'oreille droite, qui nY-tait pas cedeniatiee, avait con-
serve la sienne.
On fit alors la section de la cinquieme paire a gau-
che ; lesmouvements de la narine n'etaient pas sensible-
inent modifies. On essaya ensuite de faire la section du
pneumogastrique dans le crane et 1'animal mourut.
A 1'autopsie, on trouva que la cinquieme paire avait
etc bien coupee des deux c6les; le facial etait broye et
contus a droite, tandis qu'il etait parfaiteiucnt intact a
gauche.
Exp. — Sur un gros lapin. on fit ['ablation du gan-
glion cervical superieur du cote gauche. L'extirpatiou de
ce ganglion ne detennina aucune manifestation de
douleur.
Aussitot up res roperation, on constata du cote de
Toeil les phenomenesordinaires.
On fit ensuite I'ablation du ganglion cervical infe-
rieur. L'extirpation et le tirailloment de ce ganglion
donnerent des signes de douleur tres evidents.
Apres cette double operation, l'o?il gauche, dont la
pupille etait contractee, paraissait larmoyant et plus
humidequecelui ducote oppose. On examina avec soin
si le mouvement dc la narine avait subi quelque modi-
fication ; il etait tresdifficilede s'en rendre compte.
Le lendemain, 3 juillet, 1'animal paraissait triste. On
constata que rouverture pupillaire et 1'ouverture palpe-
18G MOUVKMEMTS 1>U NEZ.
brale gauche etaient plus petites qua celles du cote op-
pose ; la narine paraissait peut-etre un pen moins
dilatable a gauche.
On coupa alors la cinquienie paire du c6te gauche:
1' animal mourut pendant Tpperati on ; et on observace
fait singulier que les rnouvements do la face et de la
narine cxistaient encore du cote gauche lorsqu'ils avaient
cesse completeinent du cote droit, 1'auimal etant inou-
rant.
A I'autopsie, on trouva un pen de serosite dans le
pericarde. Le lobe supe'rieur du poiunon gauche etait
altere, comme infiltre de sang et son tissu allait au fond
del'eau. Lepoumon droit n'elail pas alteresensiblemeut.
Exp. -Sur uii jeune lapin, on fit ;i droite 1'ablation
du ganglion cervical superieur. II n'y eut pas dedouleur
manifested quand on pincale ganglion ; il yeut unelegere
douleur lorsqu'ou 1'arracha. II se produisit line hemor-
ragie arterielle abondante au moment de 1'avulsion du
ganglion; 1'h^morrhagie s'arreta bientot et 1'aninial
revint a lui. quoique affaibli par I'hemorrhagie.
Examine aussitdt apres 1'operation, ce lapin presentait
une diminution notable del'ouverturepalpebrale droite ;
la paupiere inferieure seniblait evideminentrelevee; la
pupil le etait retrecie et deformee : elle presentait son
pi us grand diametre dans le sens vertical, comme celle des
chats. II y avait une diminution semblable dans 1'inten-
sitt3 des mouvements respiratoires delanarine droite ; ces
mouvements revenaient quand la respiration etait genee,
maisla narine droite paraissait tout a fait moins dilatable
du c6te oppose. Une heure apres I'operation, les memes
EXPERIENCES. 187
phenomenes existaient; Tceil droit paraissait etre un
peu plus humide que le gauche ; les mouvements de la
narine elaient faibles : elle elail le siege d'un fremisse-
ment.
Cinq heures apres 1'ablation du ganglion cervical
superieur, on coupa la cinquieme paire du merne c6te
a droite. Au moment de 1'operation, 1'animal elanl
agile", il y avail des mouvements respiraloires violents
dans les deux narines ; mais, peu a peu, 1'animal redeve-
uant calnie, ces mouvements respiraloires cessaient
d'etre apparenls dans la narine droite. Au moment de la
section de la cinquieme paire, la pupille droite etait
excessivement contracted, etl'oeildeviiit saillanl comme
a 1'ordinaire. II y eut insensibilite complete de loute la
face a droite.
Une heure apres la section de la cinquieme paire, la
pupille droite avail repris la forme elliplique verlicale
qu'elle avail avail t la seclion de la cinquieme paire et
apres 1'ablation du ganglion cervical superieur. Le globe
oculaire droit paraissait mou el flasque; les mouvements
respiratoires elaient a peu pres mils a droite, dans les in-
spirations ordinaires, elnese manifestaienl evidemmenl
que dans les inspirations forn'rs.
Lelendemain. 8 juillet, 1'animal elail a peu pres dans
le meme elal. Les deux pupilles semblaient presque
egaleinenl dilalees. Les mouvements dela narine droite
etaienl faibles dans les inspirations ordinaires, plus pro-
nonces dans les fortes inspirations; les traits etaient lires
a gauche. L'oiil droiletailchassieuxelplus humide que
dans les sections ordinaires de la cinquieme paire; la
188 MOUVEMENTS DU NEZ.
cornee etait peu alteree , seulement il y avait vers le
centre un faible commencement d'opacite.
On fit chez ce lapin 1' ablation bien complete du
ganglion cervical inferieur. Quand on y toucha, I'aui-
mal donna des signes evidents de douleur.
Apres cette operation, les mouvements respiratoires
qui se manifestaienf dans les deux narines e"taient un
peu acceleres.
Alorson fit la ligature de la trachee, a laquelle on pra-
tiqua une ouverture au-dessous de cette ligature. A ce
moment, les respirations furent accelere'es et a peu pres
aussi fortes a droite qu'a gauche; mais peu a peu le
calme se retablit et les mouvements de la narine droite
redevinrent beaucoup plus faibles que ceux de la
narine gauche.
On observa alors ce fait singulier : si, 1'animal etant
calme, on venait a eomprimer le cou au-dessus du point
ou la trachee etait ouverte, les mouvements des narines et
ceuxdu thorax se suspendaiejat comme si 1'animal etouf-
fait, puis ils reprenaient avec une graiide rapid ite, comme
chez un animal qui n'aurait pas eu d'ouverture a la
trachee. L'oail droit, parfaitement insensible, n'etait ni
opaque ni sec; en Texposant au soleil, ^1 se fermait
presque completement.
On fit alore la section du pneumogastrique a gau-
che, ce qui n'amena aucun changement clans les mou-
vements de la narine. On tua ensuite 1'animal par
hemorrhagie en ouvrant la carotide gauche. Au moment
de la mort, ranimal fit avec les narines des mouve-
ments inspirateurs tres forts, bien que la trachee fut liee
l-APKRIKNCES. ISO
et ouverte nu-dessous tie la ligature, de tellc sorte que
rair ne pouvait pas passer a t ravers ies narines. De la
il resulte cvideimner.t que Ies mouvements respiratoires
semblent etre sous la depeudance de nerfs dont 1'exci-
tation motrico n'a pas son origine danslanarine me" me.
On a, en outre, observe chez cc lapin que 1'alteration de
la cinquieme paire paraissait plus lente apres I'ablation du
ganglion cervical superieur et que la cornee, humide,
restait plus transparente. Lorsqu'on exposait 1'oeil au
soleil, il clignait plus Ibrtement; son ceil paraissait
plus sensible a rintluence de la luniiere apres 1'ablatiou
du ganglion.
Exp. — Sur un jeune lapin, on fit d'abord I'ablation
des deux ganglions cervicaux iniV'rieurs. On observa un
retrecissement notable des pupilles, qui devint encore
plus prononce a gauche, apres I'ablation du ganglion
cervical superieur gauche, et qui donna a Touverture la
forme allongee verlicalement.
Aussitot apres roperation, Ies mouvements inspira-
toires furent difficilesetlents; Ies deux yeux paraissaicnt
pluspetits, la paupiere inferieure etait releveeet le globe
oculaire comme enfonce; Ies deux pupilles etaient con-
tractees, mais elles pouvaient encore se resserrer sous
I'influence de la lumiere solaire; Ies mouvements res-
piratoires etaient lents dans Ies narines et dans le thorax.
Le ill juillet, Tanimalu'etait pas encore rnort, mais il
etait triste. Les mouvements respiratoires des narines,
tres lents, etaient genes; ils etaient plus forts a droite
qu'a gauche. Les deux yeux etaient a demi ferni(3S et
pen saillants.
190 MOUVEMENTS 1W NEZ.
On fit alors la section de la cinquieme paire.
Au moment meme de 1'ope ration, il y cut une agita-
tion extreme dans la face ; il y eut meme des mouve-
inents de clignotement repetes dans la paupiere gauche.
De ce cote, la pupille etait beaucoup plus retrecie que
du c6te oppose, et elle etait arrondie comme dans les
cas de section de la cinquieme paire. Les globes ocu-
laires par u rent plus petits, comme s'il y avait eu eva-
poration des milieux de l'ceil.
L'animal inourut des suites immediates de 1'opera-
tion.
Exp. — On fit la section de 1'anastomose du facial
et du pneumogastrique des deux cotes, sur un lapin.
Apres cette double operation, il y eut, comme a Tor--
dinaire, diminution dans les mouvements respiratoires
de la narine quand I'auimal etait calme; mais ces mou-
venients differaient peu de ce qu'ils etaient a 1'etat nor-
mal , lorsqif il etait excite et que sa respiration etait
acceleree. L'animal portait bas les deux oreilles.
Le 20 juillet, il etait dans le meme etat. II y avait
une petite diminution, une modification legere des mou-
vements respiratoires des narines mais non abolition.
Alors, sur ce lapin. on fit la section de la cin-
quieme paire u gauche. Au moment de reparation,
I'excitation causee par la douleur determina des mou-
vements dans les narines, qui parurent moins forts du
cote gauche. Bieniot ranimal toniba dans un coma
du a une hemorrhagie acciclentelle produite par 1'ope-
ration , et , dans cet etat, il ve'cut encore cinquante-
deux minutes, sans uonner aucun mouvement des
EXPERIENCES. 191
narines. Settlement, lorsqu'on lui serrait la trachee, que
la respiration se trouvait genee, il apparaissait des mou-
vements tie dilatation dans les narines, peut-etre un peu
plus faibles a gauche. Quand on coupa la peau, 1'ani-
mal poussa des cris et les mouvements respiratbires
augmenterent. On decouvrit 1'artere carotide droite qui
contenaitdu sang rutilant. malgre la lenteur dela respi-
ration. On detruisit alorsle nerf pneumogastrique droit,
qui etait tres sensible a la partie snpe rieure du cou,et on
observa ce fait singulier, que la narine droite. qui etait
fermee et sans motivement pendant lerepos, resta, apres
la section du nerf. ouverte, dilatee, et n'etait le siege
d'aucun mouvenient. excepte dans les respirations for-
ce" PS. On coupa le pneumogastrique a gauche, et Ton
observa le me'me ph^nomene de dilatation de la narine,
inais moins fort que du c6te droit. Vingt minutes apres la
section des pneumogastriques, le sang etait toujours
rouge dans les deux arteres carotides.
On ope'ra alors la section de la deuxierne paire cervi-
cale et 1' extirpation du ganglion cervical superieur a
gauche; mais 1'artere carotide ayant etc dechiree en
arrachantle ganglion, il en resulta une hemorrhagie qui
fit perir i'animal. Pendant qu'il inourut, le lapin iaisait
des mouvemeiits respiratoirestres violents avec la narine
droite, tandis que du c6te gauche la narine etait com-
pletement immobile, ainsi que le reste de la face. Cette
absence de mouvements pouvaitteuir a la destruction de
Fartere de ce cote. A I'autopsie, on trouva que la cin-
quieme paire gauche avait ete bieu coupee, et que le fa-
cial de ce c6te etait intact; 1'anastomose du facial et du
192 MOUVF.MENTS Di; KE/.
pneumogastrique avait ete contusionne'e sans etre entie-
rement coupee ; a clroite, cette anastomose paraissait a
pen pres entierement menagee.
Exp. — Stir un lapin, j'ai coupe du cote gauche la
cinquiemepaire dans le crane, et, du cote droit, le facial
a sa sortie du trou mastoidien. II y eut insensibiiite, qui
survint aussitdt avec les phenomenes ordinal res de la
section de la cinquieme pal re du cote gauche, tnndis
qu'a la droite, il y eut immobility des traits : quaud
on touchait Fceil gauche, il ne clignait pas, parce qu'il
etait insensible, et le globe oculaire ne se mouvait pas.
Quand on louchait la cornee droite, Fanimal le sentait
tres bien, faisait des mouvements avecle globe oculaire et
sa troisieme paupiere, mais ne pouvalt pas cligner avec
ses paupieres qui etaient inimobiles et ouvertes. II est a
remarquer que I'attouchement de Fceil droit sensible
ne determinait pas de clignement du cote gauche insen-
sible.
Le lendemain, viugt-quatre heures apres Foperation,
1'oeil gauche presentait sa cornee blanchatre, depolie,
terne; la pupille elait retrecie et 1'iris comme fletri et
bombeen avant. Du cote droit. au contraire, 1'ceil qui
etait egalement reste expose a Fair presentait une cornee
transparente, luisante, sansaucune alteration.
Lorsqu'on fit mouvoir la tete de F animal, les globes
oculaires paraissaient se mouvoir egalement a droite et
a gauche.
Lorsqu'il mangeait , la machoire inferieure etait
entrainee du cote droit, de sorte qu'il en resulta un de-
faut de parallelisme entre les dents incisives. Lorsque
EXPERIENCES. '193
rai)iinahuangeadcravoine,illabroyaitencoreassezbieii;
mais les fragments restaient eutre les dents et les joues.
Du cote gauche, ou il y avail insensibilite, a cause de
la section de la cinquieme paire, les aliments s'accumu-
laient en plus graude quantite et faisaient une petite
tumeur sous la joue, tanclis quo du cote droit, ou la
sensibilite existait, 1'animal essayail constammeut, avec
sa langue, de retirer les aliments qui s'accumulaient en
plus petite quantite eutre les dents et la joue.
En operant la section du nerf facial, on avail blesse la
glande parotide et ilen etait resulte une listule salivaire
qui laissait e'couler de la salive lors de la mastication
l\ mars. — 11 etait survenu depuis la veille uu pheno
mene singulier du cote des narines.
Au moment de 1' operation, la narine droite etait
complelement immobile, et la narine gauche se dilalait
tres bien. Aujourd'hui, la narine gauche offre a peine
quelques le'gers mouvements dans le lobe du nez au mo-
ment de 1'expiration; on ify remarque pas de mouve-
ment de dilatation au moment de 1' inspiration.
Le 5 mars, Tanimal est toujours vivant .; il mange bien,
et les aliments restent accumules eutre les arcades den-
taires et les joues, surtout du cote gauche. Les narines
sont toujours immobiles. La cornee du cote gauche est
blanche en totalite et commence a seramollir. La cornee
du cote droit est parfaitement limpide et transparente ;
1'animal mange tres bien , seulement en usant d'un
artilice particulier : lorsqu'il prend mi grain d'avoine
avec les dents, il le laisse d'abord echapper, parce
que la moitie sensible de ses levres etant immobile ne
B. , SYST. NERV. — n. 13
19/1 MOITVEMENT DE LA NARINE .
pent retenir 1'aliment dans la bouche, tandis qu'a gauche
les levres mobiles etant insensibles ne le sentent pas H
rie le retiennent pas non plus. C'estalors que r animal,
apres avoir saisi le grain entrn les dents , levail la tete
pour le faire tomber en arriere sous les dents molaires.
Le 0 mars, le lapin parait malade, la cornee est Ires
alteree et seche; il y a un ecoulement sereux par la
narine du cote de la section de la cinquieme paire ; les
narines sont ton jours immobiles; 1'animal meurt pen-
dant la journee. L'autopsie niontre que la cinquinn^
paire a bien etc coupee a gauche sans que le facial ail
ete lese de cecote; seuleinent, ['instrument a penetre
profondement et les nerfs pe'treux out duetre interesses.
L'estomac contenait pen d'aliments parce (pie. bien
que Faninial niangeat toujours. il ne niachait que tori
inconq)letenient.
Exp. — (5mars.)Surun lapin, on con pa d'abord du
c6tecln)it le nerf facial dans la caisse, an niveau de la
trosieme portion. L'aninialn'eprouvapasdedouleur;seu-
leineni, lorsqu'on appuyait sur le facial, il y avail des
inouveinents convulsifs dans la face. AussitiM apres la
section du nerf facial, il y eut immobility des traits qui
ftaient aplatis et tire's en arriere; cepbenomene. qui est
I' in verse de ce qui a lieu chez rhomnie. in'a semble
nepas se presenter lorsqu'on coupe lesraineaux du facial
sur lajoue. II n'y avaitancun changement du cote de la
pupille droite.
On coupaaussitotla cinquieme paire du cole gauche;
il y eut en meme temps saillie de 1'oeil, constriction ener-
gique de la pupille avec apparence terne et fletrie de 1'iris.
EXPERIENCES. 195
msensibilite de toutce cdte de la face, etc. Apres cette
double operation, on constata que les traits etaient de-
vies a droite ; la levre gauche etait abaissee et porte'e en
avanl. tandis que la levre droite etait relevee, aplatie et
porte'e en arriere. On constata avec soin que la narinc
droite etait immobile, tandis que la narine gauche SP
niouvail et se dilatait parfaitement bien.
Le lendeniain, 6 mars, lelapinse portaitbien ; la con-
jonctive oculaire etait injectee eu haut et en has; la
eorne'e transparente etait devenue blanche, opaque, du
centre a la cif conference. L'iris etait bombe en dehors.
plisse, d'une couleur rougeatre t'oncee. ce ((ui u'avait
pas lieu du c6te oppose.
Quand on i'aisait mouvoir la tete de I'auiinal. on re-
connaissait que le globe oculaire se mouvait des deux
rotes ; la pupille gauche paraissait encore jouir d'une cei'-
taiueiuol)ilite. La narine gauche se dilatait parfaitement
hien et n'etait pas le siege d'un ecoulement.
Le 7 mars, les meiues phenoinenes persistaienl : la
conn-e gauche devenait de plus en plus opaque; TOM!
flait lannovant et huniide : du cote droit il etait sain.
V
Les niouvements tie la narine gauche etaient toujours
part'aitement intacts.
8 mars. — Menies phenoinenes, seulement plus pro-
nonces; la cornee etait opaque, sans ulceration ; la con-
jonctive, t'ortement injectee, surtout en haut et en has.
oiTrait des ramifications vasculaires qui circonscrivaient
la cornee a son union avec la sclerotique. L'oeil gauche
etait moins humide que la veille ; 1'animal etait devenu
languissant ; la narine se mouvait ton, jours. L'animal
19() MOUYEMliM DE LA XAR1NE.
avail toujours pre'sente, depuis le commencement de
Inexperience, Toreille haute du cote oil la cinquieme
paire avait ete coupee, et basse du cote oppose oil 1'ou
avail fait la section du facial.
Le globe oculaire etait reste mobile a gauche, quand
on provoquait des mouvemenls de latete.
Sur ce lapin, on coupa alors la cinquieme paire du
c6te droit oil le facial avait e'te divise precedemment.
De sorte que le lapin of frail : section de la cinquieme
paire des deux cotes, et section du facial a droite.
Aussitot apres celle operation , le lapin presentait
les phenomeiics suivants :
l.,a l)ouche rlail ouverlc, et la machoire inlerieure
pendante. Quand on placait le doigl entre les dents, le
lapin ue leserrait pas. Quand Tanimal etait dans lela-
boraloire, il se sauvail en evitant les obstacles et sans
parailre aveugle, quoique la cornee fut opaque a gauche
el la pupille forlemenl contraclee a droite, par suite de
la section de la cinquieme paire. La narine droite se
inouvait loujours dans les mouvements respiratoires.
Trois heures apres 1'operation. on revit 1'animal qui
presentait les memes phe'nomenes. Le lapin fut sacrifie,
el 1'autopsie montra que les deux cinquiemes paires
etaient bien coupees ainsi que le facial.
On n'a pas verifie, pour les nerfs pe'lreux, atin de
savoir si la persistance du mouvement de la narine gauche
ne tenait pas a ce queces nerfs avaient ele menages, ou
plutot a rintegrite du filet provenant du rameau de
Jacobson qui, emanant du glosso-pharyngien , vient
s'anaslomoser avec le nerf pe'lreux.
EXPERIENCES, 197
Exp. — Sur un jeune lapin, on eoupa a gauche le
facial dans la caisse clu tympan et on observa les pheno-
menes ordinaires de cette section : absence de dilatation
de la narine, impossibility d'occlnsion dn globe ocu-
laire, etc. Alors je fis a droite la section de I'anastomose
du pneumogastrique avec le facial, par un precede qui
consiste a divisor verticalenient laparoi posterieurede la
caisse du tympan cntrele facial ct le pneumogastrique.
Aussit6t apres la section, les mouvements de 1'aile du
nez de ce c6te cesserent. La narine se dilatait encore :
mais cette dilatation avail lieu seulement par 1'abaisse-
mentde la demi-circonference inferieure de la narine
qui etait constitute par la levre. 11 if y avait plus de mou-
venient appartenant an lobe du nez ; et cela se voyait
d'autant mieux que, le facial ayant etc coupe de 1'auliv
cote, le nez n'etait pas entraine. De sorte qu'on pouvait
mieux juger de rinfluence de cette anastomose sur le
mouvement de la narine.
On coupa ensuite, sur lememe lapin, successivemenl
la ciiKuiieme paire du cote droit et le plexus cervical
superficiel, de maniere a rendre la face completemenl
insensible ; on enleva enfin le ganglion cervical suptM-ifiir
du cote droit, et on divisa I'anastomose du pneuinogas-
trique et de Fbypoglosse. Apres tontes ces operations, il
ivy avait rien en depreciable dans les monvements
de la narine qui etaient peut-etre un pen plus atl'aiblis.
mais ivavaient pas change de caractere.
11 aurait fallu, pour que 1'experience fut complete,
couper la cinquieme paire dn cote oppose, parce qiu-,
ainsi que nous le veri'ons dans iVautres circonstanees,
198 MOUVEMENTS DBS NARINES
rinllnence de la sensibilite de la oinquieine paire non
divisee pouvait parfaitement avoir une action sur les
nionvenienis rdloxes <hi cote oppose. (Vest aiusi que
cola a lieu, pour 1' influence do la cinquidne paire. sm
los g'landes salivaires; {tour le nerf oplii|iic. sur les
mouvements de la pupille, dr.. dc.
L'animal uiourut ptMulaiif ia unit d on tiouva 1111
d-dcinc considerable du lissn cdlulaire du con d do la
TiK-c. particulierement du ciMcdroit. II n'y avail pas d'r-
panchemeni dans la plovi-c. Lc pericarde £tait disiondn
par de la serosite" liinpide.
Kn exaininant les uerts, on tronva que L'anastomose
dn pneumogastrique et. dn facial (;tait completemcnl
i-dupco; qne le tronc dn facial n'avait pas etc ai-
teint. ainsi quo lo pronvaienl : d'aillours les phenonienes
observes chez 1 "animal vivant, pnisque la panpiere con-
tinuait luujoui's a pouvoir se fermer compl^temeni.
Quant a lacimjnieine paire. .scs deux branches sujtc-
rieuros ophthalmique d maxillairesuperieure) avaieni
de completement conpees d la hranclie maxillairo in-
I'i'i'ieuiv ne IVtail que Ires tncompletement ; la portion
(inn nail la branche auriculo-tempoVale , qni s'anaslo-
moso avec le facial, dait completement intacte.
En n'sumo, cette experience so m bio proaver que
1' anastomose du pneumogastrique possede uno intliionoe
roello sur les mouvements des narinos. (le serait la uno
influence par action roflexe. en adinettant quo ooito
branche donnat au\ narines une seusibilitt'1 ^pi'-oialc oil
rapport avec les besoins do la respiration.
NRUVIEHE
SOMM/UUE : DCS nerfs accessoires aux organes des sens. • - Organr
de la VHP. — Nerf pailitMiqne. — Norf moteur onilaire extern<\ —
Nerf moteur ocnlaire roninuin. -- Sa disirihmion ; ses fonctions. —
Des mouvements de la pupille. — Arrachenient de la troisieme paire.
— Experiences. -- De I'infltienco de cenerf sur la pnpille. — Sur les
inoiivemenls de la Iroisieme panpiere. -- De r.olfaclion. -- Exp«'--
riencos oi opinion de Magendie. — Observalions d'absence dc nerfs
ollaclHs. — Celte lesion n'avait pas ete diagnostiqnee pendant la vie.
_ Gustation. - - N'esi pas sons rinflnence exclusive de la cin-
([iiieine pain-. - - DPS norfs glosso-pharynglen et grand hypoglosse.
_ f,e nerf grand hypoglosse lieni sa sensibilitt5 recurrente de la cin-
quiemo pairo. -- De 1'otiH' <•! (In nfrf annHi<|iie.
MESSIEURS,
Le lapiii sur lequt'l IKUIS avions coupe la cinquieme
paire estmort hiei1. Aucune precaution n'avail ete prise
pour suppleer au vice tie la mastication devenue in-
suifisante : sans cela, il eut peut-^tiv vt'cn plus long-
temps. Void sa tete : la calotte tin crane a ete en-
leve>, . puis les hemispheres cerebraux, et Ton peut
voir t[ue la cinquieme paire a ete conpee, ([ue la
section a ete bien complete. En avant de la section, nous
trouvons un pen de tumefaction; nousexaminerons cette
petite tumeur a\7ec soin pour voir s'il est possible de
Texpliquer parqnelque mecanisme connn.
Yous voyez aussi 1'alteralion de ro?ih La cornee
ue tonne plusqu'une large cronte U'un blunc jannatre.
200 ORGANE BE LA VISION.
Nous aliens 1'ouvrir et voir en quel etat soiit les milieux
de 1'ceil qui sont les derniers a s'alterer. Ici I'humeur
vitre'e et le cristallin n'ont pas perdu leur transpa-
rence; 1" alteration, qui de 1'iris s'etend d'ordinaire an
cristallin, n'a pas encore envahi celui-ci. Si done cet
ceil etait perdu pour la vision, cela tenait uniquement a
1'alteration de la cornee qui formait un ecran opaque
aii-devant des milieux restes suffisainment sains pour
permettre aux impressions Inmineuses d'etre pereues
par la retine. Yens pouvez en outre constater sur cette
piece 1'obliquite des dents qui ne sont plus en rapport,
ainsi que le developpement exagere des deux incisives qui
out cesse d'etre usees contre les dents correspondantes.
Cette derniere modification anatomique est surtout
frappante lorsqu'on la compare a la disposition normale
que presente cette autre tete de lapin, venant du lapin
auquel nous avions coupe la septieme paire et que nous
avons sacrifie hier.
Apres vous avoir expose le role et la distribution
physiologique des deux grands nerfs qui donnent a la
face. 1'iin le mouvement, Fautre la sensihilite, nous
passerons aujourd'hni a 1'examen d'uii certain nombre
d'autre nerfs qui setrouvent groupes, en quelque sorte,
aulour des nerfs speciaux des organes des sens.
Dans la cavitr orbitaire, nous avons deja vu que la
sensihilite generate etait sous la dependance de la cin-
quieme paire ; que cette paire presidait aussi a des pbe-
nomenes de nutrition. Nous savons encore que le facial
exerce une influence sur lesmouvements exterieurs de
1'teil; qu'il donne le mouvement an muscle orbiculaire
NERFS MOTKURS.
des paupieres et determine ainsi Pocclusion de 1'organe
visuel. Mais la ne se bornent pas les mouvements de
1'appareil do la vision, et trois autres nerfs moteurs s'y
distribuont encore; ce sont : le nerf moteur oculaire
commun, le nerf pathetique etle nerf moteur oculaire
externe. L'histoire physiologique de ces nerfs est cx-
tremement simple ; elle se resume toutentiere dansleur
distribution anatomique.
Le nerf moteur oculaire externe se rend an muscle
droit externe du globe de 1'oeil. Lorsque le nerf est
detruit, ce muscle est paralyse et il y a strabisme in-
terne.
Le nerf pathetique va an muscle grand oblique, qui
preside a des mouvements de rotation de 1'oeit sur son
axe. Les phenomenes consecutifs a sa paralysie n'ont
rien de bien apparent, en raison meme de la nature de
ces mouvements.
Nous vous montrerons des animaux chez lesquels ces
deux nerfs aurontete coupes separement, etvouspourrez
ainsi juger de la nature des modifications qui survien-
nent lorsqu'ils sont paralyses. Le nerf pathetique est
remarquable par I'anastomose qu'il off're avec la cin-
quieme paire (fig. 9).
Le role du nerf moteur oculaire commun est beau-
coup plus important; il preside a tons les autres mou-
vements de Foeil.
J'ai souvent detruit ce nerf dans le crane, en 1'arra-
chant par un procede analogue ii celui que vous nous
avez vu mettre en usage pour detruire la septieme on
la buitu'ine paire. Inexperience n'a pas rtr faiteaujour-
202 NERF DE LA TROISIEME PAIRE ;
d'hui faute d'uii instrument convenable. En attendant
t jue cette experience soil execute ici, je vous rappellerai
deux experiences qui vous montreront les modifications
nmsmilives ;i ['extirpation dii la tro isieine paire (ncr
FIG. 9 (1).
uioteur oculaire commiiu). II y a simplement paralysie
du mouvement des muscles auxquels ce nerf se distri-
bue, sans aucune alteration de nutrition.
Vous pouvez, d'apres cette simple indication, prevoir
t|uels symptoines nous presentera 1'animal auquel nuns
(1) Fit). 1. Xerf pathtiiq-ue che:, I'homme. - - \I , miisclo ^ra
ubliqiie dans leqnel se distribne 1*^ nerf patluMiqne P, P ; — \. noil
moteiir occulaire externe ; — 0, nerf optique ; — C, ner! nioleur occu-
laire commun pr^sentant la, dans le sinus caverneux, un aspect grisair.-
comme ganglionnaire ; — T, ironr de la cinquieme paire;— I, nerf
maxillaire inf^riour ; — S, nerf inaxillaire siip^rieur ; — X, nerf 1'ronta
SON ARRACHEMKNT.
aurons enleve la troisieine paire. Tons les muscles etanl
paralyses, excepte IP grand- oblique et le clroit. externe.
ce dernier agira pour produire le strahisme externe.
Eu memo temps, le relachemeut des autres muscles
d roils et du petit oblique de IVjeil amenera uue saillie
<lu ulobe oculaire ; la paralvsie du releveur de la pan-
pi ere superieure produira la chute de eelle-ci el uue
occlusion partielle du globe oculaire.
Tout ne se borne pas a ces symptomes bien apparent* :
oo a aussi a noter des modifications relatives a la pu-
pille. En effet, un des caracteres admis de la paralysie
dela troisieme paire est une dilatation permanent e de la
pupille. Voici deux experiences que nous avons iaites
autrefois, vousytrouverez les symptomes que nous vous
iivons indique's :
Exp. — Sur un gros lapin, ayanl ete choisi avec une
coloration bleu clair de 1'iris, afin que 1' observation des
phenomenesdu cote de la pupille tut plus facile, j'arra-
cbai la troisieme paire, uerf moteur oculaire commun. a
gaucne, a 1'aide d'un petit crochet iutroduil par la
paroi exleriie de I'orbitc. On penctra dans la losse tem-
porale moyeune; puis on saisit avec le crochet leneii
qui est libre sur rextremite anterieure du repli de la
dure-mere qui vient s'inserer sur la selle turciqne.
interne; — I'P, nerf patluHique: — A , anastomose en arcade de ce |>a-
tlietique avec le frontal interne ; — F, nerfs fronlaux de. ia brnnche
ophthalniique.
Fig. 2. Nerf patht'tique cliez If lapin. -- M, muscle dans leqnel se
distribuo le nerf P, I''; — A, A', anastomose du paihethique avec la
branche frontale 0; — 0, branche froniale de la cinquieme paire:
F, F' extn'-mite anterieure du nerf facial.
20/1 NERF DE LA TROISIEME PAIRE ;
Au moment oil Ton pratiqua 1'operation, on touoha
la branche ophtaalmique de la cinquieme paire, car
r animal cria et sa pupillc se contracta violemment, en
me" me temps que 1'ceil clevint saillant. Ancnne modifi-
cation n'etait survenue dans 1'oeil oppose. Bient6t ce
trouble cessa; et voicice qu'on observa sur 1'oeil gauche
chez lequel la troisieme paire avait ete arrachee :
1° Strabisme externe de 1'oeil;
2° Immobilite complete du globe oculairc, except*;
en dehors;
3° Chute de la paupiere interieure qui pouvait so
fenncr davantage mais non se relever;
h° Enfin, la sensibilite etait parfaitement conservee
dans la face et dans toules les parties de 1'oeil ;
5° Enfin, il y avait une saillie du globe de 1'oeil plus
considerable que du cote oppose.
On observa qu'au moment de I' operation, il y avait
eu une injection subite et passagere des vaisseaux
irienset des vaisseaux de la conjonctive.
Pour demontrer que les mouvements de 1'ceil n'exis-
taient plus ({lie pour porter Foeil en dehors, voici com-
ment on s'y prit :
En exposant 1'ceil de 1'auimal a la lumicre, et en
tournant la tete en dedans, on voyait que le globe ocu-
laire tendait a se porter en dehors par de petits mou-
vements; mais quand on tournait la tete en dehors, le
globe oculaire restait completement immobile.
Du cote sain, an contraire, le globe oculaire se por-
tait en dedans imand on tournait la tete en dehors, et
en dehors quand on tournait la tete en dedans.
SON ARR\C11EMKNT. 205
Apres I'ablation <le la troisieme paire , la pupille
'n'avait pas ete deformee; seulemcnt elle s'etait montree
mi pen plus contraclee quo cello ducote oppose : proba-
blement parce qu'on avail louche la cinquieme paire.
Le lendemain, le lapin etait .toujours bien portant. Les
deux yeux etaient seusibles egalement el n'etaient le
siege d'aucuoe alteration cle nutrition. L'injeciion qui
avail paru dans Firis el dans la conjunctive, au moment
de Foperalion, avail comple'tement disparu. Les pheno-
menes qui avaienl persiste elaienl : le strabisme exteme,
la saillie clu globe de 1'ceil, la chute de la paupiere supe-
rieure, I'immobilile du globe oculaire, excepte dans les
mouvements en dehors.
La pupille qui, au moment de 1'ablalion de la Iroi-
sieme paire, s'etait montree plus contracted que du cote"
oppose, etait aujourd'hui dans un elal inverse; c'est-a-
clire qu'elle t3tail plus dilatee que celle du cole oj)pose;
maisla pupille n'offrait aucune deformation, et elle pa-
raissail pen mobile sous rinfluence de la lumiere artifi-
cielle qui determinait un clignement dans les deux
yeux.
On appliqua de la belladone dans les deux yeux ; les
deux pupilles se dilaterent, et pendant toute la journee
reslerent egalement dilalees dans les deux yeux.
Lesoir, vingt-six heures apres Tablalion de la troi-
sieme paire, on coupa du me" me cole, a gauche, la cin-
quieme paire. Aussitol 1'animalcria: la pupille resta
d'abord immobile, mais bienlol elle se resserra forte-
ment, comme elle le fait habituellement dans la section
de la cinquieme paire. La pupille opposee resta dilatee
206 NERF HE I A TROISIKME PAIRE ;
comme elle 1'etait sous I'intluence de labelladone, L'o'il
gauche cleja saillant, par suite cle 1'ablation de la troi-
sienie paire, ne le devint pas heaucoup plus lors de !a
section du trijuniean.
La section de la cinquierne paire aniena un cpan-
rhenient de sang, par suite de la blessure du sinus ca-
verneux; Familial suecomba a cet accident.
De cette experience on peutconclure:l°que 1'ahlalion
de la troisienie paire, dont les sympt6mes s'expliqnenl
tres liien par sa distribution, n'a pas ameiie la paralysis
de riris. puisque, sous rintluence de la belladone et de
la section de la cinquienie paire. il s'y estproduit des
inouvements de dilatation et de resserrement.
Exp. — Surun lapin adulteon arracha le nerf moteur
oculaire connnun.itarleprocede ordinaire. Aussitotapres
("operation on constata : saillie du globe lie 1'oeil. cliuic
de la paupiere supe'rieure. strabisnie externe. iinmobi-
lite du globe del'ueil. excepte pour les niouvenients en
delioi's; la conjonctive avail conserve toute sa sensilu-
lite; la pupille etait contracte'e jtarce que, lors de Tope-
ration, on avail tonclie a labranche opbthalmique de la
rinquieme paire.
Trois heni'es apres 1'operation, la pupille s'e'tait dilatee,
niais elle etait encore un peu plus retrecie que celle du
cote oppose. Elle ne paraissait pas se mouvoir bien nelte-
nient sous Tinlluence de la luniiere artificielle.
Le lendemain, vingt-quatre heures apres Toperation,
Tceil gauche avail les paupieres collees; niais, en les
entr'ouvrant, on trouva que 1'ueil n'etait le signe d'au-
r-uue alteration, et Ton voyait que la pupille etait beau-
SON ARRACHEMENT. 507
coup plus dilutee que celle du c6te droll, (jui etait le cot*1
reste normal.
Mais, 1'oeil gauche etaut demeure a la lumiere, uii
h'ouva qu'une heure apres sa pupille gauche s'etait
ronsiderablementresserree, cequi pruuvaitque, quoiqur
!es mouvements de 1'iris fussent lents, ils ne s'eu effec-
luaient ])as moiiis quand Toeil passait de 1'obscurite a la
lumiere. L'animal presentail, du reste. les memes phe-
nornenes que la veille relativeiueut aux mouvements dc
Fnpil , qui n'etaienl apparents qu'cn dehors; il y avail
toujours cliute de la paupiere superieurr.
.rintroduis alorsde la belladone dans les deux yeux,
o1 les deux pupilles se dilaterent egaleinent.
Rnsuite, je coupai la ciuquieme paire a gauche :
aussit6t la conjonctive devint insensible, les traits furent
ponsses en avant. et la pii])ille se resserra considera-
Itlemeut.
Le lentlemain, quarante-huit heures apres I'ablatiun
de la troisieme paire, et viugt-quati'e heures apres la
section de la cinquieme, la pupille gauche s'etait dila-
tee; elle avail pris une tbrrne oblongue. et 1'iris oifrail
quelques plis rayounes.
D'apres ces experiences, on voit que I'extirpation de
la troisieme paire n'empeche pas la pupille de se con-
I racier sous Fintluence des excitations portees sur la
cinquieme paire; ce qui prouverait que ce n'est pas par
le nerl'moteuroculaire commun qu'est rapportee 1'action
reflexe, mais que c'est par le grand sympathique que
cette action se trouve transmise.
F>lle n'est pas 11011 plus transmise par les autres
208 NEKF DE LA TROIS1EME PA1RE ;
nerfs inoteurs de 1'oeil, comme le prouve 1'experience
suivante :
Exp. — Sur mi jeunelapin. j'ouvrisle crane, j'enlevai
les lobes anterieurs d u cerveau, et je divisai les deux
nerfs upfiques. L'aniraal etait alors completement
aveugle, et les pupilles etaient largement dilutees et
immobiles. Cepenclaut le globe oculaire avait conserve
ses mouvements, que Ton rcndait inaniiestes en laisant
tourner la tete de Taiiinnd. Le lapin etait toujours bien
vivant, et la corne'e et la conjouctive avaient conserve
paiiaitement leur sensibilite . Alors, du cote gauche, on
cassa dans le crane le neii'de la troisieme paire. L'oeil
devint saillant; il survint le strabisrae en dehors, la
chute de la paupiere superieure, et tons les symptomes
de la destruction de la troisieme paire.
Au moment de la destruction du moteur oculaire
commun, la pupille n'avait pas eprouve de changement;
elle ne s' etait ni resserree ni dilatee. Alors, avec un petit
crochet, je cassai le nerf pathetique dans le crane. II n'y
cut rien de change du cote de la pupille ; seulement, les
mouvements du globe de 1'oeil avaient toujours lieu en
dedans, quand on faisait tourner la t<Me de Tanimal. Enfin ,
on cletruisit la sixieme paire : il n'y eut rien de change
dans la pupille; quant an globe de 1'oeil. il etait comple-
tement immobile, quels que fussent les mouvements
que Ton fit executer a la tete de 1'animal. Apres toutes
ces operations, la conjonctive et la cornee etaient tou-
jours restees sensibles. Dans cet etat, on pinca la branche
ophthalmique ; aussitot 1'animal cria et la pupille se eon-
tracta conside'rablement.
LA PARALYSIE.
Du c6te droit, oil les nerfs moteurs cle 1'oeil u'avaient
pas etc coupes, on pinea cle ra6me la cinquieme paire,
ce qui donna lieu aussitot a une contraction energique
de la pupille droite. La presence ou F absence des nerfs
moteurs n'avait done rieu change au phenomene.
Du cote gauche, avant le pincement cle la cinquieme
paire, en irritant le bout peripherique du uerf moteur
oculaire comnuui , on n'obtenait aucun phenomene de
raouvcment dans la pupille.
En resume, uoustrouvons comme effets de la paralysie
de la troisieme paire : strabisme externe , saillie du
globe oculaire, chute de la paupiere superieure, elar-
gissement cle la pupille.
Les phe'nomenes de la paralysie, simples en ce qui
est relatif aux muscles moteurs du globe oculaire, sont
moins faciles a comprendre en ce qui concerne 1'iris.
Loi'sque la troisieme paire est detruite, il y a relache-
ment des muscles avec diminution de 1'ouverture
pupillaire , mais non paralysie de 1'iris. Quoique la
pupille soit, d'une mauiere permanente, plus large que
celle du c6te oppose , elle n'a pas perdu la faculte de
se dilater ou de se retrecir sous certaines influences.
La section du grand sympathique cle'truit toujours
cette dilatation , et la galvanisation du nerfl'elargit da-
vantage ; Faction de la belladonepeut encore la dilater.
II n'y a done pas a proprement parler paralysie com-
plete, c'est-a-dire perte de mouvement.
On a cru pouvoir expliquer ce qui se passe dans ce
cas en aclmettant une paralysie incomplete. Pour
iiiieux vous faire saisir la nature de cette explication,
B., SVST. KEBY. — II. 14
210 MOUVEMENTS DE LA PUPILLE.
il taut comparer ce qui se passe alors dans 1'oeil aux
phenomenes reflexes en general. Nous avons vu que les
impressions percues par la cinquieme paire peuvent
reagir sur les organes internes: qu'une influence me"-
canique, qu'un gravier dans 1'oeil determinait sur la
cinquieme paire une impression qui se trad u it par
une contraction de la pupille, de meme que la sensation
lumineuse qui affecte normalement la retine. La con-
traction pupillaire se presente done comme reaction
reflexe determinee par une influence mecanique ou
lumineuse, agissant sur la cinquieme paire ou sur le
nerf optique. Par quelle voie se transmet l'infltience
reflexe ?
L'impression portee an centre par la cinquieme paire,
reviendrait, d'apr&srexplication indiquee plus haut,par
le nerf moteur oculaire commun, nerf moteur de retour.
Or, ce nerf offre une particularity bien cligne d'etre no-
te"e : sur son trajet se trouve un ganglion, place tout pres
de 1'organe sur lequel agit la troisieme paire; c'est le
ganglion ophthalmique.
Lorsqued'autres branches de la cinquieme paire sont
affecte^es, nous avons vu que les actions motrices de re-
tour sont transmises aux organ es par un nerf moteur
special, le nerf de Wrisberg. lei, nous ignorons si une
portion du grand sympathique vient clans le ganglion
ophthalmique, ou si ce ganglion est exclusivement une
dependance du nerf moteur oculaire commun.
Pour savoir si ce ganglion doit etre considere comme
appartenant au nerf moteur oculaire commun, on a gal-
vanise ce nerf avant le ganglion, pensant que s'il en etait
MOUVEMENTS DE LA PUP1LLE.
ainsi, la galvanisation du nerf produirait line contrac-
tion de la pupille. Or, cette contraction n'a pas e"te
obtenue. Si, au contraire, on excite les filets ciliaires,
qui du ganglion ophthalmique se rendent a 1'iris, on fait
contracter la pupille.
Dans la derniere lecon, je vousparlaisd'une loiqu'on
avait autrefois formulae, et d'apres laquelle les nerfsqui
traversent les ganglions peripheriques du grand sym-
pathique prendraient dans ces ganglions la faculte'
d'agir sur les organes auxquels ils se rendent. On avait
formule cette loi d'apres la seule experience que je
viens de vous citer. On disait, pour le cas qui nous oc-
cupe, que la troisieme paire fait contracter la pupille ;
mais il faut pour cela qu'elle ait traverse" le ganglion
ophthalmique.
Nous aurions done ici une double exception apparente
dont il faudrait chercher la raison : 1° la galvanisa-
tion du nerf moteur oculaire commun avant le ganglion
ophthalmique ne fait pas contracter la pupille ; 2° la
section de la troisieme paire donne cependant lieu a
I'elargissement de la pupille.
Quoi qu'il en soit de ces faits, auxquels la serie de nos
recherches sur le sympathique nous ramenera tres pro-
bablement, nous savons que 1'iris recoit non-seulement
des filets moteursde la troisieme paire (si tant est que ce
soit le ganglion qui receive ces filets et non lui qui les
donne), mais qu'il en recoit encore du grand sympa-
thique du cou. Nous devons noter, en outre, que pour
que la contraction de la pupille ait lieu, il faut que les
muscles mote urs du globe oculaire le maintiennent dans
212 MOUVEMENTS DE LA PUP1LLE.
une position telle que la pupille soit dirigee en dedans.
II est done necessaire de tenir cornpte de cette condi-
tion, surtout quand on sait que, apres la paralysie de la
troisieme paire, 1'axe de I'oeil se trouve dirige en dehors
dans nne position qui favorise elle-meine la dilatation
de la pupille.
Si, quand on a coupe le nerf moteuroculairecommun,
la pupille n'agit plus par les excitations qui portent sur
le nerf optique on peut en solliciter Dependant les mou-
vements par des excitations qui portent sur le grand
symphatique, telles sont Fatropine, la galvanisation du
grand sympathique du cou. Nous retrouverions la une
influence rapprochee,qui est le nerf sensoriel,et une in-
fluence eloignee qui serait dansle sympathique visceral,
comme pour la secretion salivaire; la pupille pourrait
done reconnaitre la cause de ses mouvements dans des
sensations locales, ou dans des sensations eioignees,
profondes, comme on le voit dans certaines affections
intestinales.
Admettant pour le moment que les mouvements de
la pupille sont sous la double influence du nerf moteur
oculaire commun et du grand sympathique, la question
serait maintenant desavoir si, comme on I'a cm, les ac-
tions de ces deux nerfs sur la pupille sont differentes,
ou s'ils agissent dans le meine sens.
Ruete et MM. Budge et Waller, etc. , out ad mis que ces
deux influences nerveuses etaient antagonistes ; que la
troisieme paire et le grand sympathique ne se distri-
buaient pas aux memes organes contractiles dans 1'iris.
On a, vous le savez, decrit dans Firis des fibres con-
MOUVEMKNTS DE LA. I'Ul'UJ.K. 213
tractiles circulaires, produisant la contraction de la pu-
pille, et des fibres radices en prodnisant, au contrairela
dilatation. Ruete et MM. Budge et Waller, voyant la
section clu nerf motcur oculaire conimun produire un
elargissement de 1'ouverture pupillaire, pensaient que,
dans ce cas, les fibres circulaires etaient paralysees;
que le contraire avail lieu pour le grand sympathique.
Us expliquaient ainsi, par la paralysie des fibres radices,
le retrecissement de la pupille consecutif a la section
du sympathique clu cou, retrecissement deja observe en
1722 par Pourfour Du Petit.
Cette theorie me semble difficile a soulenir, car,
lorsque, apres la section d'un de ces nerfs. il y a elar-
gissement on retrecissement persistant de 1'ouverture
pupillaire, il pent encore y avoir des mouvements de
1'iris. Ceux-ci sont seulemenl plus limites.
Si Tanalogie devait £tre invoque'e ici, elle nous por-
terait a penser que les choses peuvent se passer comme
dans les glandes, oil nous avons vu deux nerfs agir a la
fois sur un meme organe, et agir tons deux clans le
sens different, sans qu'on puisse dire loujoursque ce soil
dans un sens oppose. II est probable qu'il en est de m£me
pour la pupille, et qu'il faut se contenter de dire que ses
mouvements reconnaissenl simplement deux ou plu-
sieurs sources.
II nous resterait a examiner pourquoi, en agissant sur
le nerf moteur oculaire commun, on ne determine pas
de contraction de la pupille, et a quoi peut tenir cetle
exception apparente a une loi qui semblerait s'appliquer
aux phenomenes observes dans d'autres organes. Ce
21/1 MOU YEMENIS 1)E LA PUPILLE.
n'est que par de nouvelles experiences sur le nerf mo-
teur oculaire commun qu'on pourrait resoudre cette
question. II faudrait aussi repeter la meme experience
sur 1'origine du nerf facial pour la corde du tympan.
Nous renvoyons encore ces etudes a celle du grand sym-
pathique auquel elles appartiennent. Nous allons main-
tenant vous rapporter quelques faits qui montrent que
cet elargissementde la pupille n'est pas toujours un sym-
ptome constant dans la paralysie de la troisieme paire.
OBSERVATION I. — Paralysie de la paupiere superieure droite
et rotation forcee de I'ceil en dehors , vue inlacte a droite, pas de
dilatation de la pupille de ce c6te.
Le 2 1 Janvier 1 8/4 1 , entre a I'hopital de la Charite" , salle Saint- Louis,
n°l 9, un homme de cii]quante-.siv ans. Cet homme, qui avail naturel-
lement la vue faible, fit, il y a trois ans, une chute a la suite de laquelle
la vision s'aflaiblit encore davantage.
II y a un an, 1'ceil gauche cessa de voir. Le droit avail conserve"
la faculte visuelle, mais il etait faible le soir. Le 20 Janvier, la pau-
piere superieure droite tombe tout a coup et reste paralysed; de
suite Trail gauche recouvre en partie sa facultevisuelle.
Le 28, la paupiere droite est forcement abaissee. Quand on la
retourne, on voit que Trail est fixe immobile en dehors. La pupille
droite n'est pas plus dilatee que 1'autre. La perception des objets
est nette.
Plusieurs vesicatoires sont appliques au front. Au bout de deux
mois, la paralysie de la paupiere est guerie ; mais la rotation forcee
de Tail en dehors persiste comme a 1'entree. Le malade sort.
OBSERVATION II. — Paralysie de la paupiere superieure droite,
et rotation forcee de I'ceil en dehors ; pas de dilatation de la pu-
pille droite.
Femme, quaranle-sixans, hopital de la Charite, salle Sainte-Anne,
n° 9. A yanl habite unan un logementhumide : tout a coup, au coin-
OBSERVATIONS. 215
mencement d'avril 1846, chute de la paupiere superieure droite.
A 1' entree, on constate cette paralysie et la rotation forcee de I'ceil
en dehors. La pupille droite est un peu moins contractile que la
gauche; mais elle a le meme diamelre, diametre qui est normal.
La vue est conservee a droite comrae a gauche.
V6sicatoires au front, saignee du pied, sans res ul tat appreciable.
On pratique plusieurs inoculations avec une solution aqueuse de
chlorhydrate de strychnine; on oblientainsi un ecartement des pau-
pieres de Om,009, 1'ecartement normal etant Om.Oll.
Le chef du service ayant suspendu le traitement, la paupiere
retomba ensuite au contact de Finferieure.
II est curieux de voir que chez les oiseaux les mouve-
ments de la pupille ne presentent que peu de pheno-
menes differents relativement aux influences nerveuses.
Exp. — Sur un pigeon, jc coupai la cinquieme paire
dans le crane a 1'aide d'uu Ires petit crochet tran chant,
enfonce au-devant de rinfundibulum auditif. On dirigea
T instrument legerement en haul et en arriere ; on le
poussa doucement, en suivant le plaucher de la fosse tem-
porale ; et, lorsqu'on fut arrivi; sur la cinquiome paire, on
la detruisit par un mouvement de la pointe du crochet.
Apres cette operation, iaite du c6te droit, le pigeon
montra une insensibiliir complete de la cornce, de la
conjonctive et de la moitie correspondante du pourtour
du bee.
Au moment de la section, on observa une constric-
tion momentanee et tres fugitive de la pupille. II y cut,
aussit6t apres reparation , une occlusion de I'osil par
elevation de la paupiere inferieure.
L'ceil, du cote opere, ne paraissait pas larmoyant ; et
lorsqu'on ecartait les paupieres et qu?on exposait 1'ceil a la
MOUVEMENTS DE LV PUl'ILLE.
lumiere, il y avail des mouvements rapides de la mem-
brane nictitante. Les mouvements du globe oculaire
semblaient parfaitement conserves et aussi forts que du
c6te sain. Line demi-beure apres 1'operatiou , le pigeon
etait toujours dans le meme ctat : il y avail occlusion
complete de la paupiere droite , insensibility de la
conjonctive , de la cornee ; la pupille etait du meme
diametre des deux cotes, egaleinenl mobile ; les mou-
vemenls de la membrane nictitante el ceux du globe
oculaire etaienl parfaitement conserves.
Le lendemain. vingt-quatre beures apres 1'operation,
le pigeon etait toujours vif et dans un Ires bon etat.
11 offrait les memes symptomes que la veille. relativement
a Focclusion de la paupiere, a 1'insensibilile des par-
lies, aux mouvements du globe oculaire, de la pupille et
de la membrane nictitante.
La cornee ne paraissait pas plus seche du cole opere ;
maisil faul noler que Tocclusion des paupieres la lenail
constammenl recouverle. II n'y avail pas sur elle d'opacile
apparenle ; mais il y avail vers son cenlre une espece
d'ulceralion qui provenail peul-elre d'une blessure par
les instruments.
II etait difficile de bien conslaler la mobilile de la pu-
pille; pour pouvoir agir plus facilemenl. j'enlevai
avec des ciseaux les deux paupieres et la membrane
niclilanle ; ce qui se fil sans douleur, puisque la cin-
quiecie paire etail coupee.
Alors , elanl dans robscuritt3 , el dirigeanl de la lu-
miere artificielle sur 1'oeil , on vit manifestemenl des
mouvements alternatifs de resserrement el de dilalation
EXPERIENCES. 217
de la pupille. On put voir manifestement aussi que
chaque contraction do 1'iris coi'ncidait avec un mouve-
ment de totalite du globe de 1'oeil, ce qui n'avait pas lieu
pour la dilatation. On vit encore que les mouvements
de totality du globe oculaire elaienl conserves du cole
opere. Le pigeon elait Ires bien portant et continuait a
manger.
Le lendemain de la precedenle operation. 1'ceil droit
etait opaque et enflamme ; il y avail du pus el on nc
pouvait })lus rien observer.
Du cote gauche , en essayant de coupcr la troisieme
paire, je comprimai la cinquieme ; aussitdt, il y eut in-
sensibilite de 1'oeil gauche clout les paupiiVes se ferme-
rent; le bee do 1'animal restart entr'ouverl. Mais bientot
la sensibilite du globe de 1'oeil revint, les paupieres s'oii-
vrirent, les symptomes produits cesserent.
Je coupai alors lestrois paupieres., apresquoije divisai
compl(3tement la cinquieme paire de ce c6te. L'insensi-
bilite se manifesta de nouveau, ainsi quo recartement du
bee avec lequel r animal ne pouvait j)lus serrer. On con-
stata que la pupille, qui avail sernble dans ce cas eprouver
un elargissementau moment de la section, avail conserve
sa mobilite ainsi que le globe de 1'oeil.
Pour faire conlracter la pupille chez les pigeons a
1'aide d'une lumiere arlificiellc, lorsqu'on esldans 1'ob-
scurile, il taut agir d'une certaine maniere. Quand on
promene la lumiere au-devanl de 1'oeil, transversalement,
on observe que lorsque la lumiere est arrivee de facon
a lomber sur Tangle interne de 1'oeil, il y a un resserre-
menl de la pupille. Quand, au conlraire elle esl en de-
218 MOUVEMENTS DU GLOBE DE 1/OE1L
hors et tombe sur Tangle externe, il y a dilatation de la
pupille. Ce phenomene est tres manifesto et tres bien
caracterise.
Parlous maintenant des particularity qui sont rela-
tives aux mouvcments du globe de 1'oeil.
A propos des mouvemeiits du globe de 1'oeil, il y a,
au point de vue pathologique, des considerations relatives
au strabisme, pouvant dependre soit de la lesion du nerf,
soit de lesion du muscle. II arrive aussi parfois que, dans
certains etats morbides, il se manifeste des troubles
dans les mouvements du globe de Toeil , et qu'il sur-
vient un strabisme divergent on convergent.
On a signale dans certaines meuiiigites un strabisme
interne, etl'on a consider^ ce strabisme comme sympto-
matique d'une meningite de la base du cerveau, ame-
nant une paralysie que Ton expliquerait par 1'intlamma-
tion du nerf de la sixieme paire (moteur oculaire externe).
On trouve encore , dans certains cas , des lesions du
cerveau qui produisent des deviations dans le globe de
1'oeil, qu'on ne pent rattacher a la paralysie bien deter-
minee d'aucun muscle de cet organe. G'est ainsi que la
blessure du pedoncule cerebelleux determine une devia-
tion des yeux, qui est exactement en rapport avec le sens
de la rotation, qui est la consequence de cette lesion. Si
1'animal tourne a gaucbe, par exemple, son ceil gaucbe
regarde en bas, tandis que son ceil droit regarde en haut
eiviceversd. Cette deviation des yeux est caracteristique,
et persiste iorsqu'on maintient le corps et la tete de- 1'a-
nimal, et qu'on empeche les mouvements de se pro-
duire dans ces parties.
ET DE LA TROISIEME PAUP1ERE.
Certaines substances toxiques peuvent produire des
effets qui se manifestent par cles mouvements dans les
yeux : F essence de terebenthine est dans ce cas. En fai-
sant respirer do 1' essence de t6rebenthine a un lapin, en
lui placant le nez au-dessus d'un verre rempli de cette
substance, j'ai vusemanifesterau bout d'un certain temps
des mouvements convulsifs tressinguliers dans les yeux.
Puis ces mouvements disparurent quelque temps apres,
lorsque Tanimal se retablit.
II nous resterait, pour completer 1'histoire cles mou-
vements du globe de 1'ceil, a parler des mouvements de
la troisieme paupiere, ou paupiere nictitante, qui existe
tres developpee chez certains oiseaux de proie, et qu'on
rencontre aussi chez certains animaux mammiferes tels
({lie le chieu, le chat, meme un peu chez le lapin.
Le mecanisme des mouvements de cette paupiere est
tout a fait different chez les oiseaux et chez les mammi-
feres. Chez les oiseaux rapaces, le hibou par exemple ,
il existe un muscle destine specialement aux mouve-
ments de cette paupiere, et clont le tendon, long et grele,
esttellement dispose qu'il agit exactement, pour fermer
la paupiere, comme une corde qui tire un rideau. C'est
un filet nerveux moteur qui anime le muscle de cette
troisieme paupiere, qui se meut des lors par un mouve-
ment actif.
Chez les mammiferes, le chien et le chat, la troisieme
paupiere n'est , pour aiusi dire, que Fexageration de la
caroncule lacrymale, qui se trouve supportee par une
sorte de tubercule place a Tangle interne de 1'orbite,
entre la paroi de 1'orbite et le globe oculaire lui-meme.
220 MOUVEMEXTS !>U GLOBE UK 1/oWI,
Lorsque les muscles du glol)e oculairo, animes par le
moteur oculaire commun, viennent a se contracter, le
globe oculaire, se retiraut dans le fond de 1'orbite, presse
le pedicule cartilagineux de la troisi&me paupiere et la
chasse en avant comme un noyau de cerise qu'on pres-
serait entre les doigts. Cette propulsion de la base de la
troisieme paupiere la porle au-devant de 1'ocil dont elle
recouvre une partie plus ou moins grande suivant les
animaux. Ici done, quoique le mouvement soil deter-
mine par la troisieme paire, il 1'est d'une maniere me-
canique et passive. Co qui le prouve, c'est qu'on peut
le produire m^caniquement, meme chez 1'animal mort,
lorsque avec le doigt on presse sur la cornee pour enfon-
cer 1'ceil dans 1'orbite. Toutes les fois qne 1'oeil tend a
s'enfoucer dans 1'orbite le meme phenomene a lieu :
c'est ce que Ton voit, par exemple, apres la section du
grand sympathique au cou, parce que cette operation
entraine la retraction du globe oculaire dans le fond de
1'orbite.
La galvanisation du nerf sympathique, en amenantle
prolapsus de 1'ceil en clehors, fait rentrer la troisieme
paupiere. L' action dela nicotine, en amenant la retraction
violente du globe oculaire, produit la saillie de cette
troisieme paupiere d'une maniere si forte qu'elle couvre
completement la cornee trausparente, etque 1'animal en
est comme aveugle. Quelquefois 1'animal semble mouvoir
cette troisieme paupiere volontairement dans des mou-
vements destines a remplacer le clignement ; mais c'est
toujours par le meme mecanisme. C'est ce que nous
avons vu tres nettement sur un chat, chez lequel les
ET DE LA TROIS1EME PAUPIERE.
deux nerfs faciaux avaient ele arraches. Lorsque cet
animal se chauffait devant le feu, ne pouvant plus fer-
mer les paupieres, comme les animaux le font habituel-
lement, il faisait avancer au-devant de Foeil sa troi-
sieme paupiere, seul organe de clignement dont il put
faire usage.
Le nerf pathetique, ou de la quatrieme paire, prend
naissance de la valvule de Vienssens, pres des tubercules
quadrijumeaux ; de la il vient contounier la petite cir-
conference de la lente du cervelet, se loge dans le repli
de la ilure-mere. puis dans la face externe du sinus
caverneux, et penetre dans 1'orbite par la partie la plus
interne de la fente sph&io'iclale, en croisant les nerfs
optique, nioleur oculairc commun, et moteur oculaire
externe, qui sont places au-dessous de lui. En ce point,
le nerf pathetique se trouve superficiellement place a
cote de la branche ophthalmique, et particulierement
du nerf frontal interne avec lequel il sr anastomose en
formant une anse, comme 1'indique la figure S. Apres
([uoi il va se rendre vers le milieu du ventre du muscle
grand oblique dans lequel il se termiue.
Ce nerf, par ses fonctions, est evidemment moteur ;
mais il doit probablement, comme tous les nerfs de cet
ordre, posseder une sensibilite recurrente. II serait vrai-
semblablement possible, en agissantsur la portion iutra-
cranienne de ce nerf, de verifier s'il possede la sensi-
bilite recurrente : les anastomoses qui 1'unissent a la
cinquieme paire font penser que c'est de la brancjie
ophthalmique qu'il tiendrait la sensibilite recurrente.
Nous devons ajouter que le nerf pathetique presente
222 NERFS MOTEURS
encore une particularity reinarquable : il offre au ni-
veau du sinus caverneux un aspect grisatre, gangli-
forme. Le microscope serait necessaire pour decider si
cette apparence est liee a 1'existence de cellules gan-
glionnaires dans cette portion du nerf.
Le nerf moteur oculaire externe ou nerf dela sixieme
paire nait par deux racines, Fune provenant du pout de
Varole, 1'autre delapyramideanterieure. Bient6t il pe-
netre dans un orifice de la dure-mere, et vient se placer
dans la paroi externe du sinus caverneux. De la il enlre
dans 1'orbite, a cote du nerf moteur oculaire commun,
et va se distributer dans lc muscle droit externe de
1'oeil.
Ce nerf, dont les fonctions sont rnotrices, doit con-
tracter des anastomoses avec la cinquieme paire dans le
muscle droit externe, qui recoit des filets sensitifs de la
cinquieme paire. Ce serait la la source de la sensibilite
recurrente que 1'exigui'te du nerf rendra difficile a con-
stater.
En resume, le nerf moteur oculaire commun, le plus
important des nerfs moteurs de 1'oeil, fournit, ainsi que
nous 1'avons vu, a tous les muscles droits, rnoinsle droit
externe, au petit oblique et au muscle releveur de la
paupiere supefieure chez rhomuie. Chez les animaux, le
bo3uf et le cheval, c'est le moteur oculaire externe qui
fournit au muscle conolde. II y a chez le cameleon,
a lapartie externe de 1'oeil, un autre groupede muscles
qui recoit du nerf moteur oculaire externe.
Le nerf moteur oculaire commun prend naissance
a la partie interne des pedoncules du cerveau, d'une
DU GLOBE OCULAIRE.
masse grise que 1'examen microscopique a montre
formee de cellules ganglionnaires motrices. Le nerf
penetre dans un repli de la dure-mere, puis vient se
placer sur le c6te du nerf optique, se divise en deux
branches dont 1'une passe au-dessus, 1'autre au-dessous
du nerf optique. La branche superieure se distribue au
muscle ^releveur de la paupiere superieure, au droit
superieur et au droit interne ; la branche inferieure se
distribue aux muscles droit inferieur et petit oblique.
Un des points les plus interessants de 1'histoire du
nerf moteur oculaire commun, est la presence d'un
ganglion sur le trajct de sa branche inferieure. On de-
crit generalement ce ganglion, appele ganglion ophthal-
mique, qui se trouve situe sur le cote cxterne du nerf
optique, comme etant un ganglion du grand sympa-
thique qui recoit sa racine motrice du nerf moteur ocu-
laire commun par une anastomose qu'on appelle chez
1'homme la racine courte et grosse, anastomose qui se
detache du nerf au moment ou il va fournir le filet qui
se distribue dans le muscle droit inferieur. De plus, il
communique avec le nerf nasal de la cinquieme paire
par un rameau qu'on regarde comme sa racine sensi-
tive, et qu'on appelle racine longue et grise.
Nous nous sommes explique ailleurs relativement a
la sensibility speciale que les nerfs ciliaires coinmuni-
quent a 1'iris et a la cornee transparente, ainsi erne sur
1'iniluence qu'exercent ces nerfs sur la secretion des hu-
meurs de 1'oeil. II parait bien evident que lasensibilite des
nerfs ciliaires a pour point de depart lacinquieme paire.
II s'agit ici d'examiner si la faculte motrice des nerfs
MOUVJiMENTS DE LA I'll'II.LE.
ciliaires provient exclusivement du nerf moteur oculaire
commun. La plupartdesanatomistesradmettent, depuis
Herbert Mayo, en se fondant sur le pretendu relache-
meiit de la pupille apres la paralysie do la troisieme
paire. Nous verrons toutefois que cette explication n'est
pas satisfaisante, parce que les mouvements de la pu-
pille ne cessent pas apres la destruction du nerf moteur
oculaire commun, de la quatrienie, de lasixieme paires,
et meme apres la destruction des nerfs optiques. II suffit
alors de pincer la branche opbthalmique pour determi-
ner une contraction tres violentede la pupille. Du reste,
le volume du ganglion opbthalmique ne parait point
en rapport avec Fintensite des mouvements de la pu-
pille. Quant a 1'auastomose que le nerf moteur oculaire
cominun contracte avec le ganglion opbthalmique, on
pourrait anatomiquement plutot soutenir que c'est le
ganglion qui fournit des filets au nerf moteur oculaire
commun que de pretendre que c'est ce nerf qui lui
en envoie. D'ailleurs la section du filet cervical du
grand sympathique, de meme que sa galvanisation,
produisent, coinnie nous le, verrons, des mouvements
de la pupille, de maniere a faire penser que la faculte
motrice de nerfs de 1'iris viendrait aussi de la region
cilio-spinale de la moelle epiniere.
La nature cles mouvements de la pupille est encore
entouree aujourd'hui de la plusgrande obscurite, quelques
auteurs regardant le tissu de 1'iris comme musculaire,
lesautrespensantqu'il estconstitue non par des muscles,
mais par un tissu vasculaire erectile. L'action du grand
sympalhique sur la pupille, c'est-a-dire d'un nerf qui aait
MOUVEMENTS DE LA PUFILLE. 225
spe'eialement sur les vaisseaux, serait <T accord avec cette
derniere opinion. Nous aurons du reste a discuter ces
questions a propos du. grand sympathique.
Quand on pince la branche ophthalniique de la cin-
quieme paire, on a une constriction de la pnpille. parce
(jiie dans le sinus caverneux cette branche, qui a une
apparence gangliforme, recoil des anastomoses nom-
breuses du grand sympathique, et c'est leur irritation
qui pi'oduit sans cloute le mouvement de la pupille. Ce qui
leprouve, c'est qu'en pineant le tronc de la cinquieme
paire avant le ganglion on ne produit rien sur la pupille.
Nous tenninerons en disantque le nerl' moleur ocu-
laire coniinun presente aussi un aspect ganglifornie dans
la portion situeedans la paroiexlernedu sinus cayerneux.
II coutracto en effet a ee niveau, avec les ramraux
carotidiens du grand syinpathique. des anastomoses Ires
nombreuses. Le nerf pallieti(|ue est dans le ineme cas;
et on sait que les anciens consideraient ce nerf comme
(Hant Torigine du trisplanchnique dans la tete.
Le nerf moteur oculaire commun, essentiellement mo-
teur ainsi que sa deiioniinajion meme Tindique. [)os-
sede la sensibilite recurrente. Toutcfois cette sensibilite
est tivs dillicilement appreciable sur les branches du
nerf dans i'orbite; c'est sur te tronc ineme du nerl', dans
sa portion intracranieune que cette propriete doit etre
constatee. Toutefois, il laut employer pour cela des ani-
maux jeuiies et capahles de resister. parce (jue 1'epuise-
inent cause par Toperation pent empecher la constata-
tion de ce phenomene, ainsi que nous le savons deja
pour les racines rachidiennes. Le nerf- qui fournit la
13., SVST. NERV. 11. 15
226 OLFACT10X.
sensibilite recurrente au moteur oculaire coimnun, est
encore la branche qphthalmiqoe cle la cinquieme paire;
de sorte que c'est la branche ophthalmique de la cin-
quieme paire qui fournil la sensibilite recurrente a tons
les nerfs moteurs de 1'oeil et joue par consequent, par
rapport a eux. le r61e de racine sensitive.
Nous avons deja dit, relativement a i'olfaction, que
les experiences faites sur les animaux avaient conduit
. Magendie a cette conclusion, que la cinquieme paire
pre'sidait a la fois aux deux sensibilites, a la sensibilite
generate et a la sensibilite speciale, olfactive. C'est d'ail-
leurs bien evideminent ce qui a lieu pour la langue a
propos de la sensibilite gustalive.
Magendie a detruit les nerfs olfactit's, et il a dit qu'a-
pres cette operation., les animaux iv avaient' pas perdu
1'odorat. II avait eu recours pour agir sur la muqueuse
nasale a 1'ammoniaque et a des substances odorantes.
Quand on se sert d'ammoniaque, il est evident que
la sensibilite generate doit etre affectee ; ces experiences
ne prouvent done rien quant a la sensation olfactive;
mais il en est d'autres, celles faites avec des corps pu-
rement odorants , qui ne permettent guere d'admettre
qu'un animal chez lequel on a detruit les nerfs olfactifs
ait perdu conipletement 1'odorat .
Tne couronne de trepan e'tant appliquee sur le frontal,
permettait a Magendie d'arriver sur les trous de la lame
criblee. La les nerfs olfactifs etaient detruits avec le
mauche d'un scalpel; la plaie ferniee, r animal gueris^
sait, et quelques jours apres on essayait de reconnaitre
s'il avait perdu la perception des odeurs. Pour cela, on
OLF ACTION. "227
enveloppait dans du papier, d'uue part du t'romage de
gruyere, de 1'autre, un inorceau de bois ou de liege.
Les deux paquets etaient ensuite jetes an ehien, qui
prenait le plus souvent celui qui reiifermait le t'romage,
defaisait I'euveloppe et mangeait le couteuu. II semblc
difficile d'admettre qu'ilput, en cette circonstanee, etre
conduit fa choisir parautre chose que par 1'odorat. Cette
experience a ete faite plusieurs fois. toujours aved des
resultats analogues.
Lorsque repoussant les conclusions de Magendie, on
a voulu montrer que ses experiences etaient entachees
d'erreur, on a invoque ses experiences avec I'amino-
niaque; quant aux autres, je ne sache pas qu'on ait
cherche a les repeter.
Peut-etre eut-on pu obtenir d'utiles indications d'ex-
periences faites sur des chiens de chasse qu'on aurail
rendus ensuite a leurs habitudes ; ces experiences nous
paraissent meriter d'etre faites.
Les experiences de Magendie setnbleraient done rnoii-
trer que, si le nerf olfactif preside a la sensibilite olfac-
tive, ce n'esi pas d'une facon exclusive. Nous aurons a
nous prononcer la-dessus plus tard.
Les cas pathoiogiques observes chez 1'homme ontofferl
desparticularitesqui sont tres importantes dans 1'appre-
ciation du role des nerfs olfactifs.
On a frequemment observe rabsencecongenitale de ces
nerfs chez rhomme. Or, il est remarquable que dans au-
cun cas cette lesion n'a ete diagnostiquee pendant la vie.
Les Bulletins de la Societe anatomique renfermenl
un certain noinbre de cas d'absence de nerfs olfactifs
228 CAS D'ABSENCL
rencontres en faisant tic ranalomie dans les amphithea-
tres. II parait probable (jue si Ton avail pendant la vie
reconnu 1'absence de 1'odorat. on aurait du t'aire I'au-
lopsie ties sujets a ce point de vue.
Lorsque, constatant a 1'autopsie 1'absence des nerfs
olfactifs, on a etc conduit a soupconner nne lesion do
1'odorat en rapport avec les fonctions qu'on pretait a
ces nerfs. on a reconslruit apres la inort 1'histoire des
i naiades snr des renseignements recueillis avec une idee
preeoncue evidente. Le cas d'absence des nerfs olfactit's
die/ 1'homme tjue Ton invoque tonjours, el tpii aurait
coincide avec une absence complete de rolfaction, est
precisement do cette nature. M. Pressat a soigne un
malade sans soupconner 1'absence de 1'olfaction; c'est
apres la mort que les parents, presses de questions, out
i'ourni des renseignements qui 1'ont porte a admettre
cette lesion pendant la vie.
Lorsque j'tHais interne ct preparateur du cours de
Magendie au College de France, j'apportai ici, pour la
dissequer, la tete d'une femme phthisique morte a
rHotel-Dieu. En ouvrant le crane, je fus surpris de
Fabsence complete des nerfs olfactifs. I/absence des
nerfs olfactifs reconnue . je pris 1'adresse dc la
femme et me mis en quete de renseignements. evi-
lanl toutefois de poser les questions de maniere a in-
tluencer les reponses. Ces renseignements, conime on
va le voir, ne furent nullement en rapport avec la theorie
qui voudrait que les nerfs de la premiere paire presi-
dassent exclusivement a 1'olfaction.
DBS NERFS OLFACTIFS.
Voici da reste cette observation :
Leinens, nee en Belgique, commune cle Lippeloo, arrondisse-
mentde Malines, province d'Anvers; agee de \ingt-nenfans, habi-
tant Paris depuis six ans (rue de la Fripcrie, n" 22;, esl entree a
I'lloiel-Dieu le 17 juillet 18-'U , a 5 heiires du matin.
Apporteedans 1'hopital a la derniere extremite, la maladc inourut
nne demi-heure apres son entree sansqn'on aitpu 1'observer antre-
mcnt que pour constater sa maigreur extreme, etles signes de la der-
niere periode de la phthisic pulmonaire a laquelle elle snccombait.
Le 19 juillet, sa tele, apportee au College de France pour senir
an cours, fut injectee avec du suif colore, et a I'examen qui en fut
fail avec le plus grand soin.on constata les particulariles suivantes :
A I'ouverture du .crane, rien de particulicr, soil dans I'epaisseur
des os, soil dans 1'aspect des autres enveloppes cerebrales. Le cer-
vjeau oll'rait une conformation et nne consistence nor males dans tonte
sa partie superienre. Mais lorsqu'ou vinl a souleverlaface inft'-rieuro
des lobes antt-rieurs du cerveau, afinde detacher d'avant en arricre,
suivant le precede ordinaire, les origines de tons les nerfs de la base
du crane , on fut surpris de ne trouver aucune trace des nerfs
olfactifs.
L'attention eveillee par cette particularity siuguliere, on apporta
les plus grandes precautions pour enlever le cerveau, le cervelet et
la moelle allongee. La preparation terminee, il fultres facile d'exa-
miner la base du crane, la face inferieurc de I'eucepbale, la disposi-
tion des membranes, des vaisseaux et des origines de tontes les
paires nervcuses et on trouva :
1" Conformation normale de la face inferieure du cerveau :
2° Absence complete des nerfs olfactifs ;
3° Disposition normale des vaisseauxet des membranes ;
k" Origine des autres nerfs offrant une distribution parfailement
reguliere ;
Kn resume, c'etait un cerveau conforme comme tous les autres,
avec la scule difference qu'il ne presentait que luiit. paires de nerfs
au lieu d'en avoir neuf.
CAS D'ABSENCE
F.n presence cl'iin fait si remarquable, si positif, et, par conse-
quent, dc nature a eclairer vivement un point de physiologic encore
controversy aujourd'lini, on dut regretterde ne pas avoir pu suivre
[a malade pendant sa vie, afin d'observer les nuances on les parli-
cularites de sa sensation olfactive. Cependant, coinme on n'nvail
pas affaire ici a ces nuances de symptomatologie qui ne peuvent
etre saisies que par le medecin lui-meme, mais qn'il s'agissait an
contraire de 1'existence ou de 1'abscnce d'un sens : ce sont de ces
chosesqui frappent tout le monde, qui influent sur les habitudes de
1'individu dans les rapporls ordinairesde la vie. Cette absence d'un
sens vient a'chaque instant se reveler aux amis des malades, a leurs
parents, clont les renseignements sont d'autant plus precieux qu'ils
sont le fruit d'une longue observation, et sont Pexpression pure et
simple des faitssans aucuneidee scientifiquepreconcue de leurpart.
Je me transportai done rue de la Petite-Friperie , cliez.
M, M..., ou Marie Lemens avail habile les six derniersmois de sa
vie. Parmi les renseignements qne je pus obtenir sur la maniere de
vivre et de sentir de Marie Lemens, je ne rapportcrai que ceux qui
sont relalifs a 1'etat de 1'odoration et sur lesquels je dus revenir a
plusieurs reprises et par des questions directement posees afin d'e-
viter 1'erreur.
II resulta de ces renseignements que Marie Lemens ne pouvaii
supporter 1' odour de la pipe, et que, particulierement le matin, en
entrant dans nn appartement ou Ton avait fume la veille. elle se hatait
d'ouvrir la fenetre pour dissiper la mauvaise odeur de pipe rcn-
fermee.
Marie Lemens se plaignait frequemment de la fetidiled'unplomb
qui avoisinait sa chambre. Enfin, elle fit pendant six semaines
environ la cuisine chez M. M..., et, commc toutes les cuisinieres,
elle goutait les sauces et les aliments : elle etait meme, a ce qu'il
me fut dit, line fort bonne cuisiniere.
Je fus ensuite aduesse a quelqu'un qui avait ete 1'ainant de Marie
Lemens et avait veru maritalement avec elle pendant presdequatre
ans. Celte personne, qui comprit parfaitement le motif de ma de-
marche et que je trouvai ires disposed a me donner toute espece de
DES NERFS OLFACTIFS. 231
renseignenifiiits, m'affirma que Marie Lemens n'avait jamais parti
faire rien qui denotat qu'elle fiitdepourvue d'odorat ; elle goutait et
odorait eomme toutle monde. Elle aimait les fleurs, die les portait
a son nez pour les odorer. La seule particularity que presentait le
caractere de iMarie Lemens, etait une tendance nalurelle a la me-
lancolie.
La troisieme person ne que je vis etait une amie de Marie Lemens
qui 1'avait soignee pendant deux mois environ qu'elle etait restee
alitee, rue de la Petite-Friperie, avant d'entrer a I'hopital. £lle
m'affirma encore que Marie Lemens sentait pnrfaitemenl les odeurs
et toute espece de saveur. Pendant sa maladie , Marie Lemens
avail des sueurs nocturnes tres abondantes , et elle se plaignait
dc i'odeur forte et desagreable qu'exhalait sa transpiration. Elle
etait d'un gout tres difficile et ne prenait pas la tisane pour pfMi
qu'elle cut un mauvais gout.
Mainteiiant que faire de ceite observation et des dr-
tails qui la suivent? Si j'en conclus que 1'odorat et la
degustation existent malgre 1'absence des nerfs olfactifs.
on me dira que inon observation n'est pas bonne et
qu'il aurait fallu avoir observ^ moi-rneme les plieno-
menes dont je parle et ne pas les tenir de personnes
etrangeres a la science. Je comprends, en effet, quecela
eilt oiieux valu, el j'aurais voulu en effet connaitre Ma-
rie Lemens pendant sa vie. Cependant je ne vois pas
comment j'aurais pum'apercevoir que les nerfs olfactifs
manquaienten observant ce que m'ont rapporte les trois
personnes qui out vecu longtemps avec Marie Lemens.
Si on m'opposaitdescasd'absence des nerf olfactifs qui
eussent ete diagnostiques et etudies par des medecins
pendant la vie puis verifies par 1'autopsie, je tiendrais
volontiers cette observation pour insuffisante. Mais il est
assez singulierqu'aucune des observations connuesdans
232 CAS D'ABSENCE
la science ne soit dans ce cas, ainsi qne nous 1'avonsdit.
en parlant des autopsies consignees dans les Bulletins de
la Societi <nifit<iiiii<juc. <>t dans la these de M. Pressal.
a, ' \ /
FIG. 10 (l).
La base dn crane de Marie Leinens a ete longtemps
conservee ici. En voici iindessin sur lequel on pent voir
(1) Fig. I. Partie anlerieure de la base du crdiic recrtue dela dure-
mere. — a, parlie correspondante a la lame criblec de retlimo'ide ; on
y voit de chaqne cote des series de petils portuis par oil penelrent des
filaments celluleux el va^culaires tres delies ; — //, faux du cervean ; -
c, sinus longitudinal inferienr ; — ddf, artere carolidc interne ; — e, by-
pophyse ; — f, nerf de la cinqnienie paire.
Fig. II. -- Meme base du crane qne precedeminent ;totiteslcs parties
niolles ct la dare-mere out ete enlevees ; — a. trou borgne ; — 6, apo-
DE NERFS OLFACTIFS. 233
que la lame criblee n'existe pas on plutot qu'elle ne pre-
sente pas de trous (fig. 10).
Void maintenant la figure dc la face inferieure du
A
FIG. 11 (1).
cervean (fig. 11). D'un cute on a conserve les meninges
et rle 1'autre cote elles out rte enlevees. Toutes les ori-
pliysc crisla-galli tres pen developpe'e ; -- c, fossotte corresponclant ;i
hi lame criblee de I'ethmoifde ; on ne voit pas do perinis pour les nerfs
ollactifs; — <l, petits os wormiens ; — e, rameau eihmoidal du filet na-
sal de la branche ophtlialniiquo de la cinquienie paire.
(1) A, sillon du nerf olfactif ; le sillon existe beaucoup moins prononce",
mais on ne troino aucune vestige de nerf olfactif, pas meme versson ori-
f,rine ; — I», nerf oplitbalmiqiie; — C, nerf moleur oculaire commun ;
— I), nerf palbetique ; — K, moteur oculaire externe; — F, nerf tri-
234 OLFACTION.
glues des nerfs encephaliques sont a 1'etat normal. II
n'y a rien autre chose d'anormal que Fabsence dp la
premiere paire (nerfs olfactifs).
Nous vous citerons une autre observation invoquee a
I'appui de la specialite du nerf olfactif ; 1'exanien de
cette observation vous montrera qu'elle ne saurait rien
prouver.
OBSERVATION. — Cecite et diminution de I' ol faction produile
fjar une tumenr fibreuse u la base du crane, par M. Vidal,
interne a la Salpetriere. — L'odorat est excessivement obtus,
tellemcnt que cette malade, qui avail conlracte 1'habitudedn tabac,
en a discontinue 1'usage coinrae ne lui produisanl plus de sensation.
A la parlie anterieure de la base du cerveau, tumeur de la
grosseurd'un oeuf de poule, siluee au-dessus de la selle turcique.
Elle semble formee par I'gpanouissemenl de rextremite de la tige
pituitaire a laquelle elle adhere. Le corps pituitaire ne presente rien
de particulier et les os de la base du crane ne presentent aucune
empreinte. Cette tumeur est logee dans 1'epaisseur du cerveau, a
refoule en haut le plancher du troisieme^ventricule et, placee dans
1'espace qu'occupe ordinairement celui-ci, elle a ecarte I'extremite
anterieure de la scissure longitudinale, de telle sorte qu'elle a for-
tement dejete en dehors les nerfs olfactifs, qui sont comprimes et
aplatis. De plus elle a pousse directement au-dessous d'elle les nerfs
optiques dont la commissure a disparu ou plutot fait partie inte-
grante de ses parois.
Dans toute 1'observation, M. Vidal ne fait pas mention de la
cinquieme paire. Cependant la tumeur, du volume d'uiiGeuf, devait
comprimer le sinus caverneux etla l)ranche opbtbalmique.On ne fait
jumeau ; — G, nerf de la septieme paire ; -- H, nerf vague ;.--!, nerf
glosso-pharyngien ; — J, nerf spinal; -- K, nerf grand liypoglosse ; —
L, artere carotide interne ; — M, lobe anterieur du cerveau ; — IN, lobe
cerebral moyen ; — 0, pont de Varole ; — P, artere basilaire ; — 0, pyra-
mide anterieure; — R, cervelet.
OBSERVATION, 235
pas mention non plus de la sensibilite generale du nez et des yeux.
Sous ce point devue, 1'observation est incomplete et on ne peut
en tirer aucune conclusion rigoureuse pour on contre !a speciality
du nerf olfactif.
Si done on admet au jourd'hui que le nerf olfaetif est
le nerf special de 1'odorat, et que la cinquieme paire
donne seulement a la membrane rauqueuse nasale la
sensibilite generale , on emet une opinion bas^e seule-
ment sur 1'analogie avec la vision. Apres les fails que je
viens de vous exposer, il est difficile d'adrnettre que le
r61e du nerf olfactif dans 1'olfaction puisse 6tre au jour-
d'hui regarde" comme bien coiniu. Qu'il ait tin role
dans 1'exercice de cette fonction , je suis loin de )e nier.
Mais quel est exactement ce r61e?- -Je 1' ignore, per-
sonne n'ayant pu diagnostiquer pendant la vie 1'absence
des nerfs olfactifs, et observer quelles en etaient les
consequences.
On n'a, d'ailleurs, aucune raison meme analogique
de refuser a la cinquieme paire un r61e dans 1'olfaction.
C'est un nerf de sensibilite generale, sans doute:
mais deja, dans la bouche, ne le voit-on pas reunir les
aptitudes des nerfs de sensibilite generale et de sensi-
bilite speciale?
L'olfaction est une fonction qui n'a pas hesoin, comme
la vue et 1'oui'e, d'un organe particulier et special. Des
surfaces muqueuses constituent les appareils olfactif et
gustatif : la cinquieme paire percoit les sensations gus-
tatives; pourquoi ne percevrait-elle pas certaines sensa-
tions des odeurs ?
On aparle de sujets qui sentent la saveur d'un aliment.
23f> NERFS OLFACTIFS.
mais n'en percbiveht pas le fumet, qui n'ont pas con-
science du bouquet d'un vin, etc. 11 semble qu'il y ait
dans ces exemples combinaison de sensations gusta-
lives avec des sensations olfactives ; la perception des
aronies serait, en quelque sorte, ropuvred'un sensmixte.
Se basant sur la perte de ce sens particulier -pendant un
coryza intense, on s'est demande si chez les sujets qui
soul d'une facon pennanente dans rimpossibilite <lr
percevoir les aromes, le nerf olfactif ne manquait pas.
Cest encore une supposition.
II faut absolument, pour juger la question de la part
que peuvent prendre a 1'olfaction les nerfs de la piv-
mu're et de la cinquieme paire, faire des experiences
precises.
L'ablation des nerfs olfactifs pourrait etre executee
sans detruire les lobes olfactifs, etsans aniener une lesion
aussi grave. D'un autre c6te, ii suffirait de couper les
deux nerfs maxillaires superieurs pour enlever aux na-
rines la sensibilite generate on speciale qu'elles peuvent
tenir de la cinquieme paire, et observer 1'odorat com-
parativement avant et apres la section de cette branche
de la cinquieme paire. De cette facon, les delabrements
ayant ete pen considerables, il n'y aurait pasbesoin d'at-
tendre aussi longtempspour constaterretatde 1'olfaction ;
alors on ne pourrait plus objecter qu'il est survenu des
lesions de nutrition dans la muqueuse nasale. Nous avons
deja dit ailleurs que les branches de la cinquieme paire,
qui vont se clistribuer dans les fosses nasales, paraissent
jouir d'une sensibilite moindre, et se rapprocher par la
des nerfs de sensation speciale.
LEUR DESTRUCTION. 237
Avant de voiis parler d'experiences nouvelles ,
nous devons vous citer une experience ancienue qui
nuns a donne des re'sultats fort singuliers et tout a fait
e'trangers d'ailleurs aux phe'nomenes relatifs a Todorat
(jni ne furent pas snivis chez cet animal.
Exp. (ler mai J8/il). — Sur un chien, on appliqua
une couronne de trepan sur la partie anterieure dn fron-
tal ; on perfora les deux tables des sinus frontaux , et, a
Taide d'un instrument en forme de canif, on de'truisit les
deux nerfs olfactifs sur la lame ethmoi'dale.
Le premier jour, I'animal tomba dans un coma pro-
fond. Feu a pen il se retablit ; et, le troisieme jour,
I'animal completement revenu commencait a manger.
On conserva ce chien en vue d'experiences ulterieures
sur 1'odoral, eton le laissa dans les caves du laboratoire;
il mangeait durestetres bien, lorstpie, le 25 juin, rani-
mat deVint suliitement morne et silencieux , se tenant
tapi dans son coin et evitant la Inmiere. Ces syrnptomes
augmenterent d'intensite: il grondait, essayait de mor-
dre lorsqu'on Tapprochait; ses yeux etaient brillants.
ses membres se contractaient ; il e'cumait et offrait par-
ibis des crises convulsives, comme epileptiformes; il re-
fusait toute espece de nourriture. Apres avoir oil'erl
pendant trois jours ces symptonies, ranimal monrut le
28 juin. L'autopsie n'a pas ete faite.
Comment pourrions-nous expliquer ces phe'nomenes
singuliers? Ce serait un objet de recherches a poursuivre.
Je dirai senlement qu'il me semble me rappeller que
chez ce chien il s'etablit, apres 1'ablation du nerf olfac-
tif, une fistule frontale par laquelle s'ecoulait du liquide
238 GUSTATION.
eephalo-rachidien, et que plustard cettefistule se boucha,
et que c'est quelques jours apres que I'auimal presenta
les synipt6mes que nous venous de rappeller. Peut-elre
dans ce cas s'elait-il forme quelque lesion du cdte du
cerveau. Galien pretendail, comme on sail, que les hu-
nieurs s'echappuient du cerveau paries Irons de la lame
criblee; nous ne pensons cependant pas que son asser-
tion puisse servir d'explieation a ce cas.
De lout ce que nous avons dit sur le sens de 1'olfac-
lion, je ne voudrais tirer aucune conclusion definitive.
J'ai desire seulemeut vous prouver que lerdle exclusif des
nerfs olfactifs n'est pas aussi bien etabli qu'on le croit
dans 1'appreciation des odeurs. et qu'il taut encore de>
experiences pour prouver que la cinquieme paire n'y
prencl aucune part, Car, je le repete, les faits qu'on a
invoques jusqu'ici ne sont pas suffisamment probants.
Nous avons commence quelques experiences sur la des-
truction des nerfs qui se rendent dans la membrane mu-
queuse des fosses nasales. Nous avons delruit, d'une part,
les branches de la cinquieme paire sur des chiens, et sur
d'autres nous avons detruit les nerf olfactifs par un nou-
veau precede, qui consiste a couper la partie ante'rieure
des lobes cerebraux. Mais nos animaux ne sont pas encore
suffisamment re'tablis de 1'operation pour que nous puis-
sions faire 1'observation dans des conditionsconvenables.
Nous les observerons et nous vous donnerons ulterieu-
rement les resultals de ces observations. En attendant,
comme le temps nous presse. nous allons passer aux
nerfs des autres organes des sens.
Le sens de la guslalion n'est pas exclusiveiiieut sous
\ERFS.
239
rinfluence de la cinquieme paire. En eftet, la branche
linguale qui vient de cette paire nerveuse ne se distri-
bue que dans les deux tiers anterieurs de la langue.
Dans la partie posterieure, la gustation est sous 1'in-
tluence du nerf glosso-pharyngien. Toutefois, cette
FIG. 12 (i).
localisation n'est applicable qu'a 1'ensemble des tilets
et n'est pas d'une rigueur absolue, car il y a des filets
de la cinquieme paire qui se distribuent dans la region
posterieure de la langue, et sur les piliers du voile du
(1) Graeme du gout. (Figure emprtmte'e a la Nevrologie de MM.Lu-
dovic Hirclifeld et Leveille). - - 1, grand hypoglosse; -- 2, branclic
lingtiale du trijumeau ; — 3, brunche linguale du glosso-pharyngied; —
/l, corde du lyiupan ;— 5, rameau lingual du facial qui, apres s'fitre anas-
lamosc' avec le glosso-pliaryngieu, parvient a la langue ;— 7, plan ner-
veux accompagnant Parterc linguale et sa division ; — 8, ganglion sous-
maxillaire donnaut des ramifications a la glande sous-maxillaire ; —
11, anastomose du nerf lingual avec le grand hypoglosse ; — 12, nerf fa-
cial; — 13, e"pidermc detache du dernie et de"jete en haul.
NEKFS DL; GOUT.
palais, de inline aussi qu'il existe un grand tilel ner-
veux decnt par M. Lwlovic Hirschteld fig. 12), qui
provient a la tbis du facial ct du glosso-pharyngien, el
qui s'avanee jusqif a la pointe dc la langue.
Nous n" avons rieu a ajouter sur la physiologic dcs ncrf's
gustatifs, a cc qui cst connu depuis longtemps deja. Nous
I'cinarijiicrons seulemcnt que le sens de la gustation offre
ceci de particulier, qu'il cst erideinment sous I'influence
de deux nerfs, le glosso-pharyngien et la cinquicnie
paire. La cinquieme paire est done, d'aprcs cela. un
ncrf inixte possedant toutes les proprictcs nerveuses
co.nnues. II preside it la sensibilite generale par ses trois
branches, et. de plus, par sa branehe inferieure, il pre-
side au mouvciiient et a la sensibilitc speciale. On s'est
demandc si dans la partie antcrieurc dc la langue la
sensibility tactile et la sensibilitr speciale ctaient dctcr-
ininces paries memes filets nerveux, ou bien s'il fallait
considc'rcr le ncrf lingual connne possedant les deux
ordres de fibres. C'cst Ki line question qifil est a pen
prcs impossible de resoudrc expcrimentalement. Nous
avons vu qifoutre la cinquieine paire, il y avail encore
la corde du tympan qui agissait sur la gustation dans
la partie antcrieure de la langue. Nous nous somnies
expliquc sur son action, ct nous avons niontre cc qui
peut survenir comme phenomenc isole conse'cutif a la
section de ce filet nerveux. Toutefois il nous a semblc
quelephenoincne ne devcnait surtout evident quelors-
qu'on coupait la corde du lympan, aprcs sa sortie de
1'oreille inoyenne.
On sait, en effet, que dans ce point la corde du tym-
NhRFS DE I/OEIL. W2/| 1
pan contracte ties anastomoses avec cles filets du grand
sympathique , qui accompagnent 1'artere meningee
moyenne.
Nous n'avons pas essaye si , en enlevanl le ganglion
sous-nuixillaire, on obtiendrait les monies resultats.
Chez le chien, ce ganglion est a peinc visible.
IA>rgane de la gustation, comine tous les organes
des sens, possede des nerfs inoteurs. Ces nerfs inoteurs
sont le glosso-pharyngien. considers conime un nerf
mixte, et plus specialement le nerf grand hypoglosse,
qui est le nerf motetiressentiel de 1'organe. Nous n'avons
rien a ajouter a ce qu'on sait sur les fonctions de ce
nerf, si ce n'est que nous avons constate sa sensibilitt-
recurrente, et vu qu'elle lui (Mail luurnie par la cin-
quieme paire. De sorte qu'ici nous voyons que la cin-
([uieme paire tient sous sa dependance. non-seulemeiit
le nerf facial, les nerfs moteurs de 1'oe-il, inais encore
T hypoglosse.
L'organe de 1'oui'e possede, comrne tous les organes
des sens, trois especes de nerfs : 1° le nerf de sensation
speciale, nerf acoustique, qui est bien evidennnent le
nerf de Taudition, niais que M. Flourens a divise en
deux, conside'rant la partie liinacienne comme la por-
tion acoustique par excellence , et la portion vesiibu-
laire comme presidant a des mouvements d'equilibra-
tion de la UHe. En effet, quand on blesse les canaux
demi-circulaires, on voitsurvenir dans la t6te des mou-
vements de torsion qui persistent pendant un temps
plus ou moins long. Nous produisons quelquefois cet
efTet, lorsque voulant couper le facial dans le crane
B., SYST. NEUV. — u. 16
NERFS DF LOEIL.
nous venous a blesser les canaux demi-circulaires.
L'appareil auditif recoil sa sensibilite generate du
plexus cervical pour la peau de 1'oreille externe ; de la
cinquieme paire et du pneumogastrique pour le conduit
auditif; pour 1'oreille inoyenne et la tronipe d'Eustache,
de la cinquieme paire et du glosso-pharyngien par le
filet qui emane du ganglion d'Andersch.
La sensibilite de 1'oreille moyenne et du conduit au-
ditif n'est pasdouteuse. Quaud on pratique la section de
la corde du tympan chez le chien, on trouve que 1'in-
terieur du conduit auditif est doue d'une sensibilite vive
due a la cinquieme paire. Le pneumogastrique fournit
aussi au filet auriculaire que nous avons vu expe"-
rimentalement etre tres sensible, lorsque nous 1'avons
examine" avant et apres la jonction an facial dans le
canal spiroi'de.
Lorsqu'on agit sur le nerf auditif, le nerf de Wris-
berg on le nerf facial, il est tres difficile de ne pas leser
tous ces nerfs a la fois. 11 serait impossible par exemple,
meme en operant sur de grosanimaux, sur des chevaux
com me nous 1'avons fait, de couper isolement a leur en-
tree dans le conduit auditif interne, le facial, Tacous-
tique, ou le nerf de Wrisberg ; de facon qu'il est diffi-
cile d'examiner I'influence que pourrait avoir sur le sens
de 1'oui'e la soustraction des nerfs moteurs qui animent
les muscles des osselets de 1'oreille. Nous avons pu ope-
rer cette separation des nerfs par rarrachement qui
permet d'enlever quelquefois le nerf facial seul, quelque-
fois aussi avec lui le nerf intermediaire de Wrisberg;
mais en respectant toujours le nerf acoustique. Or, nous
\ERFS DE LOEIL.
avons remarque, ainsi que le prouvent les experiences
deja citees, qu'apres Tarrachement du nerf facial le
sens cle 1'ou'ie n'est pas perdu. Toutefois, il serait impos-
sible de dire s'il n'a pas ete modifie, parce que les ani-
maux ne peuvent pas rendre compte de ce qu'ils eprou-
vent. Nouspouvons remarquer cepenclant, en parcourant
les observations prises chez rhomme, que la paralysie
du rierf facial, lorsqu'elle n'est pas due a une lesion de
I'oreille, n'entraine generalement pas d'alt^ration sen-
sible dans le sens audit if.
DIXIEME LECON.
10 JUIN 18o".
SOMMAIRE: Nerf spinal. Son histoire pliysiologique ; Oalien ,
Willis, Scarpa , Cli. Bell, Bischoff. • - Anatomic clu nerf spinal chez
riiomme et chez les animaux. — Propri^tes cln spinal.
MESSIEURS ,
Nous avons sou vent repete que la distribution anato-
miquc d'un nerf etant connue. la methode physiolo-
gique experimentale qiTon einploie pour determiner ses
usages consiste a le couper. Le nerf ainsi separe du
cerveau ou de la moelle n'exerce plus son influence
dans les parties du corps ou ses branches se ramifient.
Les phenomenes auxquels il donnait lieu ne se produi-
sent plus; en coustatant leur absence, on etablit par
voie negative le role qui appartient au cordon nerveux.
Si les fonctions du spinal sont restees longtemps inde-
terminees, cela tienl uniquement a ce que ce nerfetait
plus diHicilement accessiltle que beaucoup d'aulres au
mode d' experimentation que je viens de rappeler. L'idee
de detruire ses origines noinbreuses et d'aller les at-
teindre au milieu du trajet bizarre qu'elles parcourent
dansle canal rachidien, parait, au premier abord, d'une
realisation presque impossible. Cependant cette expe-
rience a ete tentee et executee dans ces derniers temps.
Mais, les mutilations considerables qui accompagnaient
I'op6ration entrainant toujours rapidement la mort des
animaux, les experimentateurs n'ont pu etablir leurs
NERF SPINAL.
opinions que sur des phenomenes de courte duree, et
consequemment incomplets.
Les resultats obtenus au milieu de ces circonstances
defavorables ne m'ont pas paru, ainsi qu'a beaucoup de
physiologistes, suffisamment concluants, et on ne pou-
vait en attribuer la faute qu'au procede experimental,
qui etait defectuenx, car le sujet avait ete etudie avec
autant de conscience que de savoir.
J'ai entrepris autrefois des recherches a ce sujet, dans
la pensee que si on trouvait le moyen de conserver la
vie aux animaux, et cependant de detruire chez eux
completement toutes lesorigines du spinal, le probleme
serait resolu.
Apres des epreuves longues et multipliers, j'ai enfin
reussi a faire ce que n'avaient pas fait mes devanciers ,
a observer et a etudier pendant un temps considerable
les troubles apportes aux fonctions des animaux aux-
quels j'avais enlev«3 completement les nerfs spinaux ou
accessoires dc Willis. J'ai pu en consequence presenter
des faits nouveaux, qu'on trouvera, jel'espere, deduits
d'une experimentation aussi rigourense que possible.
Dans 1'expose des travaux qui ont ete entrepris pour
arriver a etablir le r61e physiologique du nerf spinal, je
passerai succinctement en revue les principals opinions
emises jusqu'ii ce jour sur les fonctions de ce nerf. Je
m'arreterai principalement au travail de Bischoff, et je
discuterai avec soin cette doctrine actuellement re-
gnante, d'apres laquelle on voudrait confondre le
pneumogastrique et le spinal comme les deux racines
d'une paire nerveuse rachidienne. L'importance de
NKRF SPINAL.
ceiie theorie et la celebrite qu'elle a acquise justifieront
sans doute 1'etendue des developpements que je donnerai
a son examen.
Je vous rappellerai ensuite les recherches anatomiques
et physiologiques a Taide desquelles j'ai determine les
functions du spinal. Sous le rapport anatomique, je
crois avoir ete conduit a des vues nouvelles, qui eclaire-
ront et simplifieront les descriptions tres diverses et sou-
vent confuses qu'on a donne'es sur les origines et la dis-
tribution du nerf spinal. Sous le rapport physiologique,
si j'insiste sur les precedes d'experiences qui me sont
propres, c'est qu'ici plus que jamais les resultats depen-
daientdes moyens d'analyse et d'experimentation.
1° WILLIS (1664). Galien n' avail sur le spinal que des
connaissances fort incomplete, et il considerait ce nerf
comme un rameau du pneumogastrique (6e paire de
Galien). Willis le premier decrivit comme un nerf par-
ticulier le spinal, auquel il reconnut une origine et une
distribution distinctes de celles du pneumogastrique.
II assigna egalement un r61e physiologique different a
ces deux nerfs.
W7illis signala parfaitement les origines du spinal a la
moelle epiniere cervicale; il decrivit son trajet ascen-
dant dans le canal vertebral et sa sortie du crane avec le
pneumogastrique par le trou clechire posterieur. II in-
sista sur les connexions que le nerf spinal offre dans le
trou clechire posterieur avec le pneumogastrique, et il
regardait deja cette anastomose comme un lien physio-
logique entre les deux nerfs. « C'est dans ce point, dit-
il, que le vague (on pneumogastrique! peut, a la faveur
IHSTORIQUE.
tl'iine elroite union, eonmiuniquer ses fibres, et. par
suite, ses proprietes a 1'accessoire (ou spinal). »
Or, voici comment Willis interpretait physiologique-
ment cette union nerveuse. Suivant lui, le spinal etait
un nerf moteur volontaire, qui remontait dans le crane
et s'adjoignait au vague, non pour lui fournir, mais au
contraire pour lui emprunter des fibres et par suite une
influence motrice involontaire. D'ou il resultait, d'apres
Willis , qu'independamment de sa verlu motrice vo-
lontaire qu'il tirait de la moeile epiniere cervicale, le
spinal possedait de plus, par cet emprunt de filets au
vague, une faculte motrice involontaire acquise, qui lui
permettait d'agir sympathiquement avec le pneuino-
gastrique dans certains mouvements des passions se pas-
sant dans le cou et dans le membre superieur. Puis
1'auteur supposait que c'etait afin de contractor cetle
anastomose importante dans le trou dechire posterieur
(jue le spinal ne de la moeile epiniere cervicale avec les
nerfs volontaires etait oblige de remonter dans le crane
et de parcourir un trajet si bizarre. Eufiu, Willis ajoutail
qu'au moyen de cette anastomose nerveuse le spinal
deveuait 1'auxiliaire ou, suivantson expression. Yacces-
soire du pneumogastrique.
Cet expose de la theorie de Willis sur les fonctions du
spinal prouve clairement que cet auteur admettait que
le pneumogastrique fournit une anastomose an nerf spi-
nal, tandis (me Scarpa et tons les modernes admettent
au contraire que c'est le pneumogastrique qui recoil
une anastomose da spinal. Dans la deuxieme partie de ce
travail, je prouverai que la description de Willis n'eii
2/|S XERF SPINAL.
est pas nioins tres exacte, et que si elle differe de celle
de Scarpa, cela tient uniquement a ce que ces deux au-
teurs out delimite diffe"remment les origines du nerf
spinal.
2° SCARPA (1788). Scarpa, commc Willis, chercha a
expliijuer les fonctions du spinal parl'unionanatomique
quo ce nerf offre avec le pneumogastrique. Seulement
i! donna une description de cette anastomose tout op-
posee a celle de Willis. Scarpa, en effet, a de'crit, sous
le nom de brancke interne du spinal, un raineau consi-
derable ({ue ce nerf envoie dans le tronc du vague an
niveau du trou dechire posterieur, et il considerait deja
cette anastomose coinme une sorte de ratine mot-rice
fournie par la nioelle cervicale an nerf pneumogas-
trique. Cette interpretation, qui fut adinise par Seem-
merring, Arnold, etc., se retrouvera plus tard soutenue
par Bischoff avec des developpements nouveaux.
Coniine doctrine jmysiologitpie, Scarpa pensait que
le nerf spinal (ou accessoire de Willis) ne s'insere si
longuement dans le canal vertebral qu'afiu de porter au
pneumogastrique ['influence nerveuse de toute cette
etendue de la moelle. « Le uerf accessoire, dit-il, qui a
la meme origine que les nerfs du bras, remonte dans le
crane pour envoyer un raineau dans le vague ou
pneumogastrique , et Her ainsi sympathiquement les
mouvements qu'il regit a ceux du membre superieur et
du con. » Bien que cette opinion semble se rapprocber
de celle de Willis, en ce que le nerf spinal servirait a,
etablir une relation sympatbique entre les mouvements
de la respiration et ceux du bras et du cou, elle en dif-
H1STOKIQUE. 2/|9
fere cepcndaut essentiellement quant an fond. Pour
Willis , c'etait le pneumogastrique qui communiquait
son influence an spinal, tandis que, pour Scarpa, c'etait
au central re le spinal qui apportait au vague 1'influence
de la moelle epiniere. Ces deux theories, au lieu de se
confondre, sent done en pleine opposition. II nepouvait
en etre autrement, puisque les deux auteurs ont base
leurs explications sur le meme fait anatomique (!' anasto-
mose du spinal et du vague) interprets d'une maniere
tout opposee.
o° CH. BELL (1821 ) . Tel etait 1'etat de la question sur
les fonctions du spinal lorsque la decouverte de Ch.
Bell et Magendie sur les usages des nerfs rachidiens
vint doniier 1111 nouvel elan a la physiologic du systeme
nerveux. Ch. Bell et Magendie, comme on salt,
fu rent les premiers qui demontrerent expe'rinientalement
la localisation des nerfs de sentiment dans les racines
posterieures et celle des nerfs de mouvemcnt dans les
racines anterieures de la moelle epiniere. Mais le phy-
siologiste anglais subdivisa de plus les nerfs moteurs
en deux ordres : les uns, moteurs volontaircs, lies
exclusivement du faisceau anterieur de la moelle, et les
autres presidant aux mouvements involontaires ou res-
piratoires et prenant leur origine sur le faisceau medul-
laire lateral. Dans cette derniere classe, il range le fa-
cial, le glosso-pharyngien, le pneumogastrique, le spinal
ou Yaccessoirc et Yhypoglosse. Toutes les recherches de
Ch. Bell sur le spinal fureut faites dans le but de con-
firmer sa theorie des nerfs respiratoires.
Pour cet auteur, le spinal doit 6tre un nerf respira-
250 NEHF S1MN.M .
toire, paree qu'il nail clu faisceau lateral tie la moelle
epiniere, et c'est a ce litre, (lit Ch. Bell, qu'il va porter
aux muscles stemo-mastoi'dien et trapeze une influence
motrice involontaire en rapport avec les mouvemeuts
normaux du thorax; et comme les muscles auxquels se
dislribue le spinal ret-oivent encore des filets des ratines
anterieures par le plexus cervical, il s'ensuit qu'ils pos-
sedent a la fois une double faculte motrice, Tune volon-
taire, Fautre involontaire. Cctte double source motrice
expliquerait, d'apres Ch. Bell, comment dans certains
cas d'hemiplegie, lorsque les mouvemeuts volontaires
soul abolis, les muscles sterno-mastoi'dien et trapeze
peuvent encore servir a la respiration en soulevant le
thorax dans les grandes inspirations.
Les opinions cle Willis et de Scarpa sur les fonctions
du spinal furent, ainsi que nous 1'avons vu, de simples
inductions anatomiques, tandis que Ch. Bell, et ensuite
Shaw, qui aclopta sa maniere de voir sur le spinal,
furent les deux premiers auteurs qui essayerent de ve-
rifier leur theorie par la voie experimentale.
L'experience suivante, qui est la principale, appar-
tient a Ch. Bell. Sur uu ane, chez lequel les muscles de
la respiration etaient en action, ce physiologiste coupa
tous les filets du spinal qui se rendeut clans le sterno-
masloi'dien. « Aussitot, dit-il, tous les monvements
involontaires ou respiratoires cesserent dans ce muscle,
tandis que 1'auimal pouvait encore s'en servir comme
muscle volontaire. »
J'ai repete cette experience sur des chiens, des chats
et des lapins sans obtenir des resultats de la me" me nature.
HISTOR1QUK. 251
que ceux qu'indique Ch. Bell. Quclques autres physiolo-
gistes n'ont pas non plus reussi. Bischoff rapporte ega-
lement deux experiences dans lesquelles il coupa sur des
chieus les spinaux sur les c6tes de la moelle allongee :
six semaines apres, la plaie du con etant guerie, il
constata que les mouvements des sterno-mastoi'diens
etaient Ires visibles quand on provoquait de grandes
inspirations en comprirnant les narines de 1'auimal.
En definitive., il demeure incontestable qu'en rese-
quant lesnerfs spinaux on paralyse certains mouvements
dans les muscles sterno-masto'i'dien ct trapeze. Mais,
contre Topinion de Ch. Bell, il srinblerait plul6t qu'on
abolit les mouvements non respiratoires , puisque nous
avons vu ces mouvements persister sous la seule influence
du plexus cervical. Du reste, Ch. Bell n'etablit pas assez
nettcmcnt dans son rxwTience sa distinction entre les
mouvements volontaires et respiratoires. Plus tard, nous
aurons encore a revenirsur ces experiences de Ch. Bell,
qui se rapportent uniquement, cornme on le voit, a la
branche extcrne du spinal, et nullement au r61e fonc-
tionnel de sa branche interne on portion anastomotique
avec le pneumogastrique , qui avail au coutraire spe-
cialement fixe ratteution de Willis et de Scarpa.
k° BISCHOFF (1832). Depuis la de'couverte de Ch.
Bell et Magendie, les etudes physiologiques poursuivies
de tout c6te avec perseverance avaient suscite des re-
cherches anatomiques plus minutieuses, qui avaient
assis la doctrine de la separation des nerfs moteurs et
sensitifs sur des preuves nouvelles. Comme tout systeme
en faveur, celui-ci tendait de jour en jour a se genera-
252 NERF SHMAL.
liser. Deja des travaux importants de Soemmerring , de
Ch. Bell, d'Eschricht, etc., sur la cinquieme paireet sur
le facial faisaient penser que Ton pourrait aussi, de
meme que pour les paires rachidieimes, distinguer dans
les nerfs craniens 1'element moteur de 1'element sensi-
tif et par la les ramener a la meme systematisation.
La jonction anatomique du pneumogastrique et du
spinal semblait se preter a cette maniere de voir. Deja
Goeres, en 1805, c'est-a-dire avant la decouverte des
proprietes des nerfs rachidiens, avait dit qu'on pouvait
comparer les origines du vague et de 1'accessoire aux
deux racines d'une paire rachidienne. Gette vue, deja
indiquee par Scarpa et plus tard partagee par Arnold et
quelques atiatomistes , fut reprise par Bischoff, qui eut
le merite de I'introduire dans la science. Get auteur,
dans mi travail reinarquable, s'appuyant d'une part sur
I'anatomie humaine et comparee, et d'autre part sur
^experimentation physiologique directe, verifia pleine-
ment le theoreme de Gceres et avanca cette proposition
absolue , que le pneumogastrique (nerf sensitif) et le
spinal (nerf moteur) ont des origines distinctes et se
trouvent entre eux dans le m6me rapport anatomique et
physiologique que les deux racines d'une paire rachi-
dienne : Nervus accessorius Willisii est nervus motor ius
atque eandem habet rationem ad neruumvagum quisen-
sibililati solummodoprceest, quam antica radix nervi spi-
nulis ad posticam.
Une semblable demonstration, dans laquelle les pre-
visions de la theorie se trouvaient si pleinement confir-
mees par ['experience, produisit une vive sensation. Le
NEftF SPINAL. 25o
nom de Tauteur ct des illustres temoins (levant qui il fit
son experience contribuerent a porter rapidement la
conviction dans les esprits et firent accepter cette doc-
trine avec ton to la confiance qu'elle paraissail mr-
riter.
Cependant la difficulte de reproduire 1'experience
telle que 1'indique Bischoff, qnelques objections anato-
miques faites a cette maniere de voir, qui ne semblaient
pas suffisammeiit resolues dans le travail du physio-
logiste alleinand , laisserent encure des doutes dans
1'esprit (I'un certain noinbre de physiologistes , qui ne
i'urent pas entieremenl convaincus. Muller . Magen-
die, etc., etaient de re nombre, et attendaient ,
avant de se prononcer sur cello (jueslion, qu'on cut ras-
seniblr de nouveaux fails. Magendie, ayant repet6
))lusieurs to is 1'cxporience de Bischoff, n'obtint pas des
resultats seniblables, et il signala le premier certains
desorclres qui surviennent dans la demarche de Fanimal,
et particulierement dans les mouvements des membres
anterieurs, a la suite de la section des nerf spinanx dans
le crane.
Du reste. en lisant le travail de Bischoff, il est facile
de voir que cet auteur est sous 1'influence de la ten-
dance scientifique regnante, etqu'il se preoccupe, avant
tout, de confirmer une analogic theorique entre une
paire rachidienne et les nerfs pneumogastrique et spi-
nal. Aussi, le probleme, tel que Bischoff se Test pose,
n'a pas ete d'etudier d'uue maniere generate les fonctions
du spinal ; mais, domine par le point de vue systema-
tique, il arrive de suite a se demander :
25/1 NERF SPINAL.
1° Le spinal est-il analomiquement une racine ant^-
rieure associee au nerf pneumogastrique ?
2° Le spinal est-il physiologiquement une racine ante"-
rieure motrice, tandis que le vague serait la racine pos-
terieure sensitive correspondante ?
Toute la these de Bischoff a pour but la demonstra-
tion affirmative de ces deux propositions. Nous devons
les reprendre et les examiner chacune a part clans 1'ap-
pre"ciation critique quo nous allons faire de la doctrine
qu'elles represented.
PREMIERE PROPOSITION. • Le nerf spinal peul-il $tre
compare sous le rapport anatomique a la racine anterieure
d'une paire rachidienne dont le pneumogastrique repre-
senlerait la racine poslerieure ?
Les principaux arguments apportes par Bischoff et
par les autres auteurs qui ont soutenu cette comparaison
anatomique so ri'sument en disant :
1° Que le nerf spinal, comme une racine rachidienne
anterieure, nait du faisceau ant^ro-lateral de la moelle ;
2° Que ce nerf, comme une racine rachidienne an-
terieure, est toujours depourvu de ganglion sur son
trajet ;
3° Que le spinal, en s'anastomosant dans le trou d&-
chir^ posterieur, par sa branche interne avec le pneumo-
gastrique au-dessous de son ganglion jugulaire, se com-
porte a 1'egard de ce nerf de la me" me maniere que le
fait une racine rachidienne anterieure, quand elle
s'unit a sa racine posterieure correspondante dans
ie trou de conjugaison , apres son jganglioii interver-
tebral ;
NERF SPINAL. 255
4° Enfin, on ajoute que la distribution cle la branche
externe du spinal dans les muscles sterno-mastoi'dien et
trapeze etablit pleinement sa nature motrice.
Tout le monde ad met, en effet, et cela est incontes-
table, que le spinal possede les caracteres anatomiques
d'un nerf moteur. Ce qui n'empeche pas, ainsi qu'il sera
facile de le demontrer, que les rapprochements prece-
dents, qui tendraient a faire considerer ce nerf comme
la racine anterieure de pneumogastrique, ne soient
completements inexacts et forces.
D'abord, lo mode d'origine du spinal n'est pas le
m6me que celui d'une racine anU-rieure. Ce nerf prend
naissance dans une etendue tres considerable de la
moelle epiniere, tandis que chaque racine rachidienne
nait d'un point tr6slimite. Ensuite, au lieu de s'inserer
comme les racines anterieures, dans le sillon de separa-
tion du faisceau anterieur et du faisceau lateral, les Glets
originates du spinal emergent d'une partiede la moelle
beaucoup plus reculee et tres pres du faisceau posterieur
comme nous le verrons bientot.
Sous le rapport de ses variations de volume chez les
animaux, le spinal ne se monlre pas, comme une racine
rachidienne anterieure, d'autant plus volumineux que
les organes musculaires auxquels ils se distribue pren-
nent un plus grand de"veloppemenl.
Ainsi le spinal n'augmente pas chez les animaux donl
les organes pharyngo-gastriques acquierent un volume
considerable. Chez le bceuf , ou il y a quatre estoniacs
tres musculeux et des mouvenients speciaux de rumi-
nalion, le spinal n'est pas plus gros que chez le cheval,
250 NKHl SPINAL.
oil il y a un estomac simple, tres petit, duns lequel les
aliments sejournent pendant tres pen de temps.
Mais le rapprochement le plus errone qu'on a vouhi
etablir entre le spinal et line racine ant^rieure, c'est
d'avoir compare son anastomose avec le pneumogas-
Irique dans le tron dechire posterieur a runion qui s'e-
tablit entre les racines rachidiennes anterieure et poste-
rieure danslo trou de conjugaison.
En effet. les deux racines rachidiennes, un peu au
dela du ganglion intervertebral qui appartient a la racine
posterieure, se joignent et se reunisser.t de telle ma-
niere qu'il y a une decussation intime enti'c leurs filets.
Cette intrication est entiere et se montre comme une
fusion complete des deux racines en un nerf mixle ; de
telle sorte qu'il devient impossible de distinguer si un
rameau ne au dela de cette union provient de la racine
anterieure plutot quo de la racine posterieure.
Pour le spinal, au contraire, c'est une simple jonction
partielle de sa branche interne avec le tronc du pneumo-
gastrique. BischofT, partageant 1'opinion de Scarpa, de
Gceres, etc., pensait quo cette branche anastomotique
interne resultait indistinctement de filets emanes de
toute 1'etendue des origines du nerf spinal. Mais les dis-
sections de Bendz, de Spence, ainsi que les miennes,
prouvent clairement que le rameau anastomotique. qui
se jette dans le tronc du pneumogastrique, provient
uniquement des trois ou quatre filaments origiuaires les
plus eleves du spinal, qui naissentde la moelle allongee,
tandis que toutes les origines situees au-dessous et
s'inserant sur la moelle cervicale composent la branche
MERP SPINAL. 557
extern e tin spinal, qui reste coinpletement etrangere a
1'anastomose clu spinal et du pneumogastrique.
II n'y a done, d'apres cela, que les filets originates du
spinal provenant de la moelle allongee qui s'anastorno-
sent avec le vague, et ce seraient les seals qu'on pour-
rait reellement chercher a consiclerer comme represen-
tant la racine anterieure du pneumogastrique.
Mais la comparaison, meme ainsi restreinte, est en-
core fautive. En effet, si nous supposons que la branche
interne clu spinal seule joue le role d'une racine ante-
rieure a regard du pneumogastrique, elle devrait se
confondre avec lui comme le fait Line racine anterieure
avec sa racine posterieure correspondante. Or, au lieu
d'une fusion complete il existe un simple accolement, et
on constate clairement par la dissection la plus facile
que. parmi les filets de cette anastomose interne du spi-
nal, il en est qui se continuent directement avec la
branche pbaryngienne du vague, tandis que, a regard
des rameaux qui naissent apres runion des racines ra-
cbidiennes, ainsi que je Fai deja dit, le scalpel le plus
habile ne pourrait debrouiller, tant la fusion des deux
nerfs a ete intime. Spence, qui a soutenu cette opinion
que la branche interne du spinal representait seule la
racine auterieure du vague, n'a pas aclmis la fusion des
deux nerfs, car il compare tres ingcnieusement cette
anastomose a la petite racine mot rice de la cinquieme
paire.
Une objection grav<5 doit encore etre faite a la ma-
mere dont on a considere 1'anastomose du spinal dans
ses rapports avec le ganglion clu pneumogastrique. On
B., Svsr. NEUV. — ii. IT
258 NERF SPINAL.
salt en effet que cbaque raciue rachidienne anterieure
s'unit a la racine posterieure un peu au dela clu ganglion
intervertebral deceite derniere. Laplupartdesauteurs,
regardant le ganglion jugulaire du pneumogastrique,
qu'on voitexistersur son trajet au moment ou il penetre
dans le trou dechire posterieur, comme 1'analogue du
ganglion intervertebral (Tune racine posterieure, ontcru
trouver la un argument en faveur de leur doctrine en
disantquele spinal s'unit au pneumogastrique au-dessous
de ce ganglion. Mais il fallait prouver d'abord que ce
ganglion du pneumogastrique etait 1' analogue du gan-
glion intervertebral d'une racine rachidienne poste"-
rieure. Or, il est facile de demon trer que le seul gan-
glion qui pourrait etre rapproche de celui des racines
posterieures est celui qui existe sur le trajet du pneumo-
gastrique . au-dessous du 1' anastomose du spinal. Ce
ganglion est tres visible et nettement delimite chez
certains animaux, tels que le chat et le lapin (fig. 14,
n, n), tandis que chez Thomme il est represente par
une sorte d'intumescence ganglionnaire diffuse du tronc
du pueumogastrique a laquelle on donne le noin de
plexus gangli forme, et qui avait ete decrit deja parfai-
tement par Scarpa. De sorte que 1'anastomose du spinal
differe encore de celle d'une racine anterieure, en ce
qu'elle se jette dans le pneumogastrique reellement au-
dessus du ganglion, qui est 1'analogue de celui d'une ra-
cine posterieure.
En resume, a cause de toutes les differences pre-
cedemment signalees, je conclus « qu'au point de vue
» anatoimque. , les nerfs pneumogastrique et spinal ne
NERF SPINAL. 259
» sont pas dans les memes rapports que les deux racines
» cl'une paire rachidienne, et que le rapprochement
» qu'on a voulu etablir entre eux a cet egard me parait
» fautif. »
DEUXIEME PROPOSITION. — Le nerf spinal peut-il tire
compare physiologiquement a la ratine anterieure d'une
paire rachidienne dont le pneumogastrique representeratt
la ratine posterieure?
1° Sous le rapport de sa sensibilite recurrente.
Aujourd'hui il est parfaitement etabli (voy. Ier vol.)
que les racines anterieures rachidiennes, qui sont spe*-
cialement motrices, manifestent cependant aux irrita-
tions physiques ou mecaniques une sensibilite qui est
tout a fait particuliere, en ce qu'elle semble venir de la
peripherie, ce qui 1'a fait nommer sensibilite en retour
ou sensibilite recurrente.
II s'agit actuellementde juger avec cenouveau carac-
tere la question d'association du pneumogastrique et
du spinal. 11 s'agit, en un mot, de savoir si le spinal est
la racine anterieure du pneumogastrique, Pour cela, on
le comprend , il laut rechercher si la sensibilite recur-
rente du spinal provient du pneumogastrique, de meine
que la sensibilite recurrente d'une paire rachidienne
anterieure provient de sa racine posterieure correspon-
dante. Si le pneumogastrique fournit la sensibilite au
spinal, on pourra dire qu'il remplit relativement a lui le
role d'une racine posterieure. Dans le cas contraire, la
question devra etre jugee en sens inverse, puisque la
propriete essentielle qui caracterise Fassociation des deux
260 NERF SPINAL.
racines d'une paire rachidienne ne se rencontrera pas
entre le spinal et le pneumogastrique.
Or, j'ai constate que la sensibilite recurrente dn spinal,
que j'ai trouvee excessivement nette et evidente chez le
chien, lelapin, le chevreau, ne subit auciinc diminu-
tion par la section du pneumogastrique ; ce qui prouve
peremptoirement que ce n'est point ce nerf qui Iburnit
la sensibilite recurrente an nerf spinal. Je montrerai
nlterieurement que cette sensibilite recurrente du spinal
provient des racines posterieures des quatre premieres
cervicales, de sorte que. a ce point, de vne, il faudrait
considerer le spinal comme nne racine rachidienne an-
terieure surajoutee aux racines anterieures des quatre
premieres paires cervicales, puisqu'il tire sa sensibilite
recurrente de la meme source qu'elles.
Pour le moment, je veux seulement deduire de tout
ce qni precede que le spinal ne recoil pas sa sensibilite
recurrente du pneumogastrique. conime cela arrive pour
les racines rachkiiennes anterieures, qui recoivent cette
propriete de lenr racine posterieure correspondante.
D'ou je conclus « (iue, sons le rapport de sa sensibilite
» recurrente, le spinal ne peut pasdu tout etre considere
» comme I'analogue de la racine anterieure d'une paire
» rachienne, dont le pneumogastrique representerait la
» racine posterieure. »
line remarque ([lie je n'ai vu faire par ancun physio-
logiste et qui sulfirait, ct; me somble, a elle seule pour
montrer clairement que le pneumogastrique ne peut pas
etre compare physiologiquement a une racine posterieure
rachidienne , c'est que ce nerf presente aux irritations
NERF SPINAL. 201
mecaniques ties phenomenes cle Sensibilite essentielle-
ment differents de ceux qui caracterisent une racine
posterieure rachidienne. En effet. tandis que lesracines
posterieures rachidiennes ou le nerf mixte qu'elles for-
nient sont invariablement doues d'une sensibilite tres
vive, le pneumogastriqne, an contraire, examine an mi-
lieu du con, presente, au moins dans la moitie cles cas,
chez le chien, une sensibilite nulle ou tres obtuse; et
cbez le lapin. je ue I'ai jamais pu trouver doue d'une
sensibilite tres evidente.
2° Sous le rapport de ses proprietes matrices a I' excita-
tion galvanique, le spinal est-il comparable a une racine
rachidienne anterieure ?
Midler le premier s'est servi convenablement de 1'ex-
citation galvauique pour distinguer les racines rachi-
diennes entre elles. L' experience pent etre faite sur un
animal vivant ou immediatementapres la inert, et voici
comment on s'y prend : apres avoir coupe les racines du
nerf et les avoir separeesdu centre nerveux, on applique
le galvanisme a leur bout peripherique et on constate,
en agissant avecles precautions necessaires, que I' irrita-
tion galvanique portee sur le bout peripherique d'une ra-
cine anterieure coupce donne lieu sur-le-champ aux con-
vulsions les plus violentes, tandis que lorsquon agit sur le
bout peripherique d'une racine posterieure on n'en pro-
voque jamais. Muller avail conseille, pour jugerla ques-
tion de savoir si le pneumogastrique et le spinal e'taient
dans les memes rapports physiologiques qu'une racine
anterieure et posterieure, d'employer I'excitalion galva-
nique. Yoici comment il indiqua 1'experience : « 11 fan-
262 NERF SPINAL.
drait , pour re'soudre cette question , employer la me-
thocle dout j'ai fait usage pour les nerfs rachidiens, et
qui consiste a faire agir des irritants taut mecaniques
que galvaniques sur ces racines, afin de voir si ces ir-
ritations appliquees au nerf accessoire dans 1'interieur
meme du crane, chez un animal recemment mis a mort,
occasionnent des convulsions du pharynx , et si le nerf
vague, traite de la m6me maniere, n'en determinerait
pas. » Ces experiences galvaniques, indiquees par Muller,
out etc faites par MM. Van Kempen, Hein , Bischoff et
Longet.
Les recherches de tons les auteurs precites sont d 'ac-
cord pour deuiontrer que le spinal se comporte aux ir-
ritations galvaniques comme un nerf moleur; maiselles
different quand ils'agitde determiner si les mouvements
qu'on provoque dans ce nerf se transmettent au pneu-
mogastrique.
Hein assure que P excitation du pneumogastrique de-
termine des convulsions dans le pharynx et dans le voile
du palais. Van Kempen avance, de son c6te, que ces
mouvements du vague ne viennent pas du spinal, car
1'excitation de ce nerf ne determine pas, suivant lui, de
convulsions clans le larynx.
M. Longet est en opposition avec Hein et Van Kem-
pen , et il soutient que le pneumogastrique n'a aucune
faculte motrice par Iui-m6me, parce que son excitation
galvanique dans le crane ne determine aucune convul-
sion dans le pharynx ni dans le larynx, tandis que rex-
citation galvanique du spinal provoque au contraire des
contractions violentes dans le larynx.
NERF SPINAL. 263
Cette difference dans les resultats provient do lama-
niere differente dont chaque anteur a delimite son
experience, ainsi que je le montrerai plus loin. Pour le
moment je dirai seulement que je partage pleinement
Topinion generalement admise aujourd'hui par la plu-
part des physiologistes, que 1'excitation galvanique ap-
pliquee au pneumogastrique pent determiner des mou-
vements dans le pharynx et le larynx.
J'admetsdonc que le galvanismeconvenablement ap-
plique met en evidence dans le pneumogastrique une
source motrice propre, independante de celle que la
branche interne du spinal porte au larynx. D'ou je con-
clus que « le pneumogastrique ne se comporte pas a
» 1'excitation galvanique comme une racine rachidienne
» posterieure, et quo le spinal ne lui fournit pas exclu-
» sivement sa faculte motrice, comme cela a lieu pour
» une racine anterieure a 1'egard de sa racine posterieure
» correspondante. »
3° Sous le rapport de sa fonction molrice, les vivisec-
tions demontrent-elles que le spinal est la racine anterieure
du pncumogaslrique ?
II s'agit encore d'examiner, a 1'aide d'autres expe-
riences, si le spinal est la racine motrice du pneumo-
gastrique, autrement dit, si tous les mouvements du
pharynx , de 1'cesophage, de Testomac, du coeur et des
poumons auxquels preside le nerf pneumogaslrique, ti-
rent exclusivement leur source de 1'anastomose que le
spinal (nerf rnoteur) envoie dans le nerf pneumogastri-
que. G'est la 1'opinion que Bischoff a developpee dans
le travail que nous avons deja cite. Voyons les argu-
26fl NERF SP1N\L.
ments qu'il avance et les tails sur lesquels il is'appuie.
Partons de ce fait quo lorsqu'on coupe a leur ori-
gine toutes les racines poste^rieupes de la moclle dpi-
niere qui se rcndcni dans un membre . la sensibilite
seule s'y trouve complclement abolie ; taudis quo si Ton
agit uniquenient sur les rarines anterieures correspon-
dantes, la molilile est seule detruite dans le membre, qui
a nt-anmoins conserve touto sa sensibilite. Eh bien , il
est facile decomprendre que c'etait de lameme maniere
qu'on devait pouvoir demontrer les proprietes de la
pretend ue 'paire pneumospinale. Cela se resume done,
comme le dit BischofT, a coupcr le spinal avant son
union avec le pneumogastrique, et la question sera re-
solue si, apres cette section, la faculte motrice du pneu-
mogastrique est eiiticrcment abolie, ainsi que cela arrive
apres la destruction des racines anterieures qui se ren-
dent dans un membre. C'est dans la vue de chercher
cette demonstration que Bischoff a institue ses expe-
riences, que je rappelle ci-apres.
Experiences de Bischoff. - Des sept experiences que
cet auteur rapporte, une seule lui parait probante : c'est
la derniere. Nous lesmentionnerons toutes, cependant, a
cause de certaines particularity qu'elles out offertes et
pour ne rien negliger des arguments sur lesquels Bischoff
appuie sa theorie.
Premiere experience (chien) . — Essai infructueux pour
arriver sur les origines du pneumogastrique et du spi-
nal, au moyen d'une couronne de trepan. « La niort
survint rapidement, dit Bischoff, par rhemorrhagie qui
resulte de rouverture des sinus veineux. »
NEKF SPINAL. 265
Pour ses aulres experiences, 1'auteur choisit un pro-
cede qui consistait a fendre la membrane occipito-
atloi'dienne apres avoir disseque les muscles poste'rieurs
du con au moven d'uue incision en T.
d
Deuxieme experience (chien). — L'aniraal, e'puise par
la perte considerable de sang, meurt avant la fin de
1'experience.
Troisieme experience (chien jeune et vigoureux). —
Le ligament occipito-atloi'dien etant mis a decouvert et
la dure-mere ayant e'le divisee, il s'ecoula une grande
quantite de liquide cephalo-rachidien. Bischoff, voyant
alors dislinctement les deux nerfs spinaux places sur les
c6tes de la rnoelle allongee, parvint a les diviser facile-
ment au-dessus de la premiere paire racbidienne. Lors
de la section du nerf spinal droit, le cliien hurla et pen-
cha la tele a droite. Au moment de la section du spinal
gauche, 1'auimal poussa le meme cri et peneha la tete de
ce c6te. Mais le sinus veineux latf'ral droit ayant ete
blesse, Tanimal mourut aussitot.
«Cette experience, de meme que les precedents, ne
prouve rien,» ditBischoff. « L'expe'rimentation est tres
difficile , ajoute-t-il , a cause de la grande quantite de
sang qui gene le manuel operatoire et clout la perle af-
faiblit les animaux au point de compliquer singuliere-
ment les resultats. » Cependant il poursuit ses tenta-
tives.
Quatrieme et cinquieme experience (sur deux chiens).
— BischolT parvint a diviser la membrane occipito-atloi-
dienne et a couper les deux spinaux dans le canal ver-
tebral au-dessus de la premiere paire rachidienne. Apres
260 NERF SPINAL.
cette operation , les deux chiens eurent la voix rauqueet
alteree. Tons deux purent etre conserves jusqu'a gueri-
son, et ce qu'il y eut de remarquable, c'est qu'apres
quelques semaines, la voix revint avec son timbre ordi-
naire. L'autopsie faite alors avec beaucoup de soin
prouva que les spinaux etaient bien coupes, mais elle
laissa aussi constater, dit Bischoff, qu'au-dessus du point
de leur section il restait quelques filets originates du
spinal, qui permettaient a ces nerfs d'executer encore
leurs fonctions. L' ablation des spinaux n'avait done etc"
que partielle.
Sixieme experience (chevreau). — BischofF commen-
cait a desesperer d'arriver a une experience complete,
quand par hasard ii observa que sur les chevres 1'espace
entre 1'oceipital et V atlas, etant beaucoup plus grand,
permettraitd'atteindre les racines superieures du spinal.
II se decida a tenter de nouvelles experiences sur ces ani-
maux qui, plus criards et plus sensibles que les chiens,
lui semblaient encore sous ce rapport devoir etre plus
favorables a ce genre de recherches. Sur un premier
chevreau, Bischoff;, apres avoir ouvert la membrane
occipito-atloi'dienne, fut encore oblige de diviser les os
pour atteindre les racines superieures du spinal. Malgre
le sang qui coula en abondance, il coupa autant qu'il
put les racines des nerfs accessoires. Cependant L' animal
ne perdit pas entitlement la voix. L'autopsie etant venue
apprendre qu'il restait encore quatre ou cinq filets ori-
ginaires intacts de chaque cote, on s'expliqua comment
la voix n'avait pas ete entitlement abolie.
Septieme experience (chevreau). — Sur un second che-
NERF SPINAL. 267
vreau plus vigoureux, Bischoff repeta la meme expe-
rience avec un plein succes. Apres la section complete
de toutes les racines du spinal droit, la voix devint,
rauque. A mesure qu'on les coupait du cote oppose, la
voix s'eteignit graduellement, et a la fin 1'animal ne
rendit plus qu'une espece de son qui ne pouvait etre
qualifie du nom de voix, « qui neutiquam vox appelari
potuit. »
Tiederaann et Seubert e'taient presents a cette exp6-
rience : Fautopsie du chevreau faite en leur presence
demontra que toutes les racines des spinaux avaient ete
coupees et que le vague etait reste intact des deux cotes.
Bischoff ne refit plus cette experience, et il se felicite
beaucoup d'avoirpu reussir une fois devantdes temoins
aussi illustres que ceux qui Fassistaient.
C'est d'apres cet unique fait que Bischoff a conclu que
le spinal representait la seule racine motrice du vague.
La the"orie de Bischoff s'introduisit rapidement dans
la science, et fut soutenue par des physiologistes de tous
les pays: mais nulle part, sans doute a cause de sa dif-
ficulte, 1'experience de Bischoff ne futreprocluite, si ce
n'est en France, ou M. Longet parvint a la repeter tres
incompletement sur un chien, qui eut la voix rauque
apres la section des origines du spinal d'un cote.
Cependant 1'experience de Bischoff, qui seule etait
complete, restait ton jours comme 1'unique argument
sur lequel reposait toute sa theorie. Elle etait evident-
ment insuffisante ; ensuite elle prouvait simplement qu'a
la suite de I' ablation des spinauoc, la- voix avait cte abolie
dans un cas. On ne pouvait pas rigoureusement inferer
208 M'RF SPINAL.
de ce simple resultat, comine 1'ont fait Bischoff et ceux
qui out soutenu sa theorie, que Ic spinal preside a tons
les mouvements de la moilie superieure du tube digestif,
a ceux des apparcils vocal, respiratoire et circulatoire.
L'analogie pouvait sans doute conduire a cette conclusion
generale, mais, en physiologic experimentale, 1'analogie
ne suffit pas, il faut avoir la preuve directe.
Comment pouvait-on faire pour demontrer cette in-
fluence du spinal sur les mouvements du cceur, de 1'es-
toniac, de 1'cesophage, etc.? II fallait t'videmment con-
server les animaux apres la section des deux spinaux et
s'assurer sur eux que, outre 1'abolition de la voix (par
suite de la paralysie du larynx), le pharynx, 1'oesophage,
1'estomac, etc.. etaient egalement paralyses et ne fonc-
tionnaient plus sous le rapport de leurs mouvements.
Or jamais, dans 1'etat ou se trouvaient les animaux
que BischofF avail operes, il ne fut possible de constater
ces faits, car ils ne survivaient a 1'operation que quelques
heures au plus.
Le precede experimental que j'ai employe permet la
survie des animaux, et laisse tout 1(3 temps necessaire
pour observer 1'ensemble des phenomenes qui soul la
consequence de la destruction des nerfs spinaux.
Pour le moment, il me suffira de dire ([ue j'ai con-
state, apres I'ablation bien complete des deux spinaux
par mon precede, que la voix etait abolie, comme 1'avait
vu BischofF dans son experience. Mais, de plus, j'ai pu
coustater que la voix seule etait eteinte, tandis que les
mouvements de la digestion, de la circulation et de la
respiration, etc., continuaient sans presenter aucune le-
NERF SPIRAL. 269
sion evidente. Je me suis assure de ces resultats en con-
servant les animaux pendant des mois cutlers.
Vabolition de la voix est done un fait confirmatif de
F experience de Bischoff, mais I'integrite des mouvements
fonctionnels de 1'estomac. de Voesophage, du cceur, du
poumon, etc., sont des resultats en opposition avec sa
theorie. En effet, il est evident qne si, comme il 1'avance,
le nerf spinal e'tait la racine fliotriee unique dupneum<£-
gastrique , non-senlement le larynx , mais encore tons
les mouvements auxquels preside ce nerf dans 1'oeso-
phage, 1'estoniac, etc.. auraierit du <Mre delruits. Orcela
n'a pas lieu, d'ou il suit qu'on doit admettre qu'apres
1' extirpation des spinaux il y a des fdets moteurs propres
au vague, et ind^pendants du spinal, qui continuent a
faire fonctionner, comnu1 a 1'ordinaire, l'o?sophage,
1'estomac, le pounKMi el le ccpur. Rien d'analogue ne
s'observe quaud on (Tuipe toules les racines anterieures
qui se distribnent dans un inembre. La paralysie des
inouvemenis est complete partont ou se distribuaientles
racines motrices resequees.
De tout cela, je conclurai, en rapport avec les faits
de Bischoif mais contrairement a sa theorie, que,
« sous le rapport anatomique , aussi bien que sous le
» rapport physiologique, les nerfs pneumogastrique et
» spinal ne se trouvent pas dans les m£mes rapports
» fonctionnels que les deux racines d'une paire rachi-
» dienne, et que, consequemment, 1'histoire anatomique
» et physiologique de ces deux nerfs doit £tre separee. »
Messieurs, tons les physiologistes qui, a 1'exemple dc
BischofT, out considere le pneumogastrique et le spinal
"270 NERF SPINAL.
comme representant les deux: elements dime paire
nerveuse, ont du, par suite de cette idee, confondre et
etudier simultanement les fonctions de ces deux nerfs.
Nous pensons avoir e'tabli, coiitrairement a cette doc-
trine, que le vague etle spinal n'offrent point 1'exemple
d'une association analogue a cello qui unit les racines
d'uuo paire rachidienne, et que ces deux nerfs sont
parfaiteraent inde'pendants 1'iui de Fautre dans 1'ac-
complissement de leurs fonctions. En consequence,
nous separonsl'etude physiologique du pneumogastrique
de celle du spinal, auquel se rapporteront spe'cialement
toutes les recherches qni vont suivre.
Le nerf spinal nait par des origines tres e"tendues sur
la moelle epiniere cervicale, et remonte, par un trajet
recurrent bizarre, dans le crane, pour sortir ensuite,
conjoin tement avec le vague, par le trou dttehire* poste-
riour. Ces dispositions anatorniques exceptionnelles out
attire, de tout temps, I'attention des anatomistes.
Willis, qui le premier a decrit le spinal comme un
nerf particulier, a parfaitcmentindique la nianiere dont
il prend naissance sur les cotes de la moelle epiniere
cervicale.
« Le nerf spinal (accessoire) nait, dit cet auteur, sur
les cotes de la moelle, et commence, vers la sixieme ou
eptieme vertebre cervicale, par ime extremite tres
ddiee; puis il remonte vers le crane, en augmentant
considerablement de volume par 1'adjonction successive
de nouvelles fibres originaires, jusqu'a ce que tous ces
fdets, nes de la moelle epiniere^ constituent dans le canal
vertebral , par lew reunion , un tronc nerveux blanc et
NERF SPINAL. 271
arrondi, qui se dirige en suite vers le trou dechire poste-
rieur, etc.
II est necessaire de nous arreter un instant sur la des-
cription du spinal donnee par Willis, parce que, bien
qu'elle soit tres exacte, elle n'a pas ete comprise, et a
e"te" mal appreciee par les auteurs modernes. II resulte,
en effet, tres claireinent de sa description anatomique et
des figures qui 1'accompagnent , que Willis comprend,
comme originc du spinal seulement , les filets nes de la
moelle epiniere, et se reunissant au niveau ou tres pen
au-dessus de la premiere paire cervicale, dans le canal
vertebral, en un tronc nerveux comniun (B, fig. 13),
tandis que tous les filets originaires (IV, fig. 13), nes
de la moelle allongee , au-dessus de la premiere paire
cervicale et qui ne s'accolent an spinal que dans le trou
dechire posterieur en K (fig. 13) , sont regardes par
Willis comme appartenant au nerf pneumogastrique.
Scarpa, dont la description a ete suivie par les mo-
dernes, a donne au nerf spinal une definition originaire
toute diffeYentede celle de Willis, en cequ'il a compris,
dansles originesdu spinal, les filets nerveux (B', fig. 13),
provenant de la moelle allongee que Willis rapportait
au pneumogastrique.
11 faut done etre bien fixe sur ce point, que les
origines du spinal, d'apres Willis, ne sont constitutes
que par les filets nes de la moelle epiniere cervicale, tandis
que Scarpa y joint en plus les filaments nes de la moelle
allongee, et places au-dessous des origines du pneumo-
gastrique, dont its ne sont separes que par un petit
intervalle dans lequel passe habituellement une petite
272 NERF SPINAL.
artere ccrebelleuse posterieure. Cette remarque, qui
n'avait etc" faite par aucun aoatomiste avail t moi ,
decoule directeinent de la lecture attentive des auteurs
et (Tun grand nombre de dissections ininutieuses quo
j'ai faites. Elle servira de point de depart a la critique
que nous allons faire des opinions de Willis, de Scarpa
et des moderues, sur le nerf spinal.
Si, en effet, on examine la distribution clu spinal in-
diquee par Willis, en dormant a ce nerf la rneme deli-
mitalion originelle que lui, on trouve sa description
parfaitement claire et tres exacte. En suivant le fais-
ceau B (fig. -13), qui resulte de la reunion de tons
les filets originaires du spinal provenant de la moelle
e'piniere cervicale, et qui constitue le nerf accessoire
tel que le delimite W7illis, on voit qu'arrive dans le trou
dechire posterieur, ce tronc nerveux pent tres facile-
ment, sur des pieces convenablement preparees, etre
decolle et separe des nerfs voisins. On constate ensuite
qu'il se continue directeruent avec la branche externe
du spinal, qui se distribue dans les muscles sterno-
raastoidien et trapeze. De sorte que Taccessoire decrit
par Willis ne concourt en rien a la formation de la
brauche anastomotique internet; line fournitdonc rien
au pneumogastrique ; an contraire, il en recoit une
anastomoses (fig. 13), qui est profondement et poste-
rieurement situee.
Ainsi Willis est consequent a sa description quand il
dit que I' accessoire qui remonte dans le crane n'apporte
rien au vague, mais qu'il vient au contraire lui emprun-
ter un ou plusieurs filets, pour aller ensuite se tiistribuer
NERF SPINAL. 273
duns les muscles dti con. Do phis cetie description est
parfaitement exactcen ce qu'elieetablit dejaclairement
ce que Bendz a trouve dans ces derniers temps, savoir
que les filets du spinal ne's do la moelle epiniere vont
plus specialement conslituer la branche externe de ce
nerf.
Scarpa, ayant doune an nerf spinal non-seulement
les memes origines que Willis, niais y ayant adjoint do
plus le petit faisceau de filets B' (fig. 13), ne de la
moelle allongee, a du necessairement donner une des-
cription toute differente de 1' anastomose entre le spinal
et le pneumogastrique. En effet , quand on poursuit
j usque dans le Iron de'chire posterieur ces origines ema-
ne'es de la moelle allongee, on constate rvideimnent
qu'elles s'unissent an tronc du spinal , et semblent se
confondre avec lui en s'euveloppant dans unegainocel-
luleuse commune. Mais sur des pieces macere'es et con-
venablement |iiv|tar<'ies, on drmontre. rn divisant cetlc
gaine, qn'il n'y a la qu'un simple accolement, et que
ces inemes filaments bulbaires, reunis en k (fig. Jo ,
se detachent un pen plus bas en un uu plusieurs ti-
lets /, ?», pour constituer la branche anastomotique du
spinal. Cect prouve que les anastomoses que Scai'pa a
decrites sous le nom debranche anastomotique interne du
spinal proviennent uniquemcnt des filets originates su-
perieurs du spinal B' (fig. 13) et naissent de la moelle
allongee. Etcomme, d'autrepart, nous avons demontre
ipie Willis ne rangeait pas parmi les origines du spinal
les filets nes de la moelle allongee, au-dessus de la pre-
miere paire cervicale, il est facile de comprendrc que
B., SVST. NERV. -- II. 18
27ft
M-KF SFIN'AL.
FIG. 13 (l).
(1) Xerfs pnewnogastrique et spinal chez I'homme. — La piece, vue
en arriere, a £te" dissequi'e cl disposee de maniere a mcttre eu evidcnc
ANATOMIL. "275
cet auteur n'ait pas du decrire la branche unastomotiquc
interne. C'est pour n'avoir pas fait toutes ces remarques
el ces comparisons, que Bischoff reproche a Willis
de ne pas avoir vu que 1'accessoire envoie 1111 ranieau
auaslomotique dans le vague : « Qualis autem era!
anatomic scieiitia, 11011 minim est Willisium 11011
perspexisse quod sit accessorium inter et vagum vera
ratio, etc. »
En resume, lorsqu'on admet, ainsi([uele fontlesana-
tomistes modenies, la delimitation originelle du nerf
spinal telle que 1'a donnee Scarpa, cette delimitation
les engines ct Ics anastomoses de ces ncrfs. — A, faisceau dcs origines
du pneumogastrique; -- B, lilets originaires de la grande portion me-
dullaire du spinal qui vienl cnsuite former la branche exlcrne de ce
nerf r; ces lilets originaires s'etendent dcpuis la premiere jusqu'a la
einquiemc pairc cervicale environ ; -- IV, iilets originaires de la portion
bulbaire du spinal qui vont ensuitc constituer la branche interne de ce
nerf A'; — C, origine duglosso-pharyngien ; — D, troncs du facial etde
Pacoustiquc return apres leur origine (seplieme pairc) : — E, nerf grand
hypoglosse coupe" ; — F, F, racines posterieures cles paires nerveuscs
cervicales rachidicnnes; • g, ganglion du nerf glosso-pharyngien;
— /«, ganglion jugulaire.du pneumogastrique; — i, rameau auriculairc
du pneumogastrique; — k, branche interne du spinal;— /, rameau
pharyngien du pneumogastrique piovenant dc la branche interne du
spinal; — m , nerf larynge" superieur; — n, nerf larynge infOrieur ou
recurrent ; — o, tronc du nerf pneumogastrique coupe ; — yi, ganglion
cervical superieur; — f/, ganglion cervical inferieur; — r, branche
externe du nerf spinal coupe ; — s , anastomose de Willis cntre le
pneumogastrique et la branche externe du spinal ; — (, calamus scrip-
turius ; — M, w, coupe des pedoncules du cervelet; — v, planchcr du
(juatrieme vcntricule; — a:, corde du tympan ; — 1, coupe du rocher;
— 2, coupe de la partie basilaire de Toccipilal; — o, o, vertebres cer-
Vlcales ; — k-, lit dure-mere ; — 5, 5, arlerc vertebrale ; — 6, 6, artere
Caroiide;— 7, faisceau des muscles styliens coupes; — 8, 9 et 10,
muscles constrictcurs du pharynx; — 11, oesophage; — 12, premiere
vertebre dorsale.
270 XliUK SPINAL.
est preferable a celle do Willis : nous en ilonnerons pins
loin la raison physiologique. 11 faut savoir que les ori-
gines du spinal doivont etre distinguees en cellos qui
naissent cle la moelle cpinicrc pour aller conslituer la
branche externe du spinal, et on cellos tjui prennent
origine cle la moelle allongee pour aller former la branche
anastomotique interne.
Toutofois. Scarpa a comple'tement ignore cette dis-
position ; il a de'crit le spinal comme un tronc norveux
dont les fibres, sans distinction d'origine, se so parent on
deux portions, et il ad met que la partie anastomotique
provient inditferemment de Unites les origines medul-
laires, puisqu'il suppose, comme nous 1'avons dit plus
bas , que cette anastomose est destinee a apporter an
pneumogastrique 1'influence de toute la moelle ccrvi-
cale. Bischoff n'a pas fait non plus cette distinction, bien
que ses experiences eussent du l"y conduire. M. Longot.
qui a reproduit la doctrine de Bischoff, a developpelYr-
reur qui s'y rattache et a docril 1'anastomose interne
comme provenant de toute la portion cle la moelle epi-
niere ou s'insere le spinal. Scnlement, cet aiitcur i'ai-
sonnant sur cette disposition anatomique inexacte, veut
lui trouvcr une cause finale, et il ajoute que c'csl une
prevision admirable de la nature d'avoir ainsi assun'-
les functions si importantes de la branche interne du
spinal, en la faisaut naitre dans une etendue tres
considerable cle la moelle epiniere. (Longet. Trail?
d'anatomie ct de physiolocjie dit sijsteme nerveux, t. II,
p. 2G6, 1842.) 11 est vrai de dire que, depuis cette
epoque, M. Longet a coiflpletemeiit change d'opi-
AN ATOM IE. 277
(Yoyez son Traitv de physiologie , t. II, p. 312,
1850.)
Relativement aux anastomoses quo le spinal contracle,
soil dans lo canal racbidien , soil a son passage dans le
trou decbire posterieur, soit a sa sortie du crane, on
trouve unegrande divergence d' opinions parmi les ana-
tomistes.
Avant son entree dans le trou decbire posterieur, le
spinal forme un nerf successivement croissant debas en
haul, depuis la cinquieme pain1 cervicale environ qui
limite ses origines intV'rieures.
La plupari des anatomistes di'criveut . en cffet , !<'s
origines du spinal emnme se ierminanl inlV'rieureinent
chez riiomme an niveau de la rinquieme paire cervi-
cale; cependant il arrive souvent quYn plarant la pre-
paration sous 1'cau on poursuit encore un on plusieurs
lilaments originaires excessivement tenus jusqu'a la
septieme paire cervicale. et ineme jusqu'a la premiere
paire dorsale.
Le tronc du spinal, alors place sur les cotes de la
moelle epiniere. semble etre colic sur son faisceau late-
ral. Mais en soulevant ce nerf avec des pinces, on voit
que ses radicules se portent obliquement en arriere et
viennents'implanter, en se bifurquant et quelquefois en
setrifurquant. iinmediatementau-devant des filets radi-
culaires des racines poste'rieures. Yers la partie supe-
i-ieure du coil, les filets d'origine du spinal sont plus
longs, et le tronc du nerf, place tout a fait late'ralement
a la moelle epiniere, appuie sur la face posterieure du
ligament dentele. A mesure que Ton descend, les ori-
278 NERF SPINAL.
gines (hi spinal deviennent de plus en plus courtes et
font consequemment que le tronc du nerf serapproebe
davantage des faisceaux posterieurs de la moelle. si bien
que dans la partie inferieure du con il est place tres en
urriere et tres pres des racines posterieures rachidiennes,
Quoi qu'il en suit, les filets originates du spinal naissent
tons par des origines bifurquees on trifurquees (cecarar-
tere appartient aux racines anterieures), sur la partie la
plus reculee des faisceaux lateraux, par consequent im-
mediatement a c6te des racines posterieures et bien en
arriere des racines anterieures.
Le tronc du spinal contracte dans son trajet intra-
rachidien quelques anastomoses avec les racines poste-
rieures. Dans toules les pieces que j'ai dissequees. ces
connexions m'ont paru constantes et plus marquees avec
les racines posterieures de la premiere paire cervicale,
ainsi que 1'avait deja observe Bischoff. II ne m'a pas
semble que ce fussent la de veritables anastomoses,
c'est-a-dire un echauge de filets nerveux entre le spinal
et les racines posterieures. Souvent il arrive, en effet,
que quelques filaments de la racine posterieure de la
premiere paire cervicale s'unissent an tronc du spinal,
mais il est toujours facile de les isoler et de constater
qu'il ivy a la qu'iin simple accolement. Quelques ana-
tomistes , et Mayer en particulier, out decrit au niveau
de ces accolements des petits corps ganglionnaires sur le
tronc du spinal. J'ai cherche souvent ces corps ganglion-
naires sans succes. J'ai seulement vu quelquefois le petit
ganglion de la racine posterieure de la premiere paire
cervicale adherer au tronc du spinal, dont on pouvait
ANATOMIE. 279
Ires bien le separer sur des pieces un pen macerees. A
part cela, je n'ai pas vn de ganglion appartenant a
1'accessoire de Willis.
Apres avoir franchi la premiere paire cervicale. toutes
les origines qne le nerf spinal a tirees de la moelle epi-
niere forment un tronc isole B (fig. 13), et c'est ce tronc
nervenx seul qui constituait pour \Yillis le spinal tout
entier, aiusi que nous 1'avons dit ailleurs. Cette portion
du spinal monte vers le trou dechire posterieur, ens'in-
uY'chissant nn pen en dehors, et elle recoit, chemin fai-
sant, un certain nombre de filets B' (fig. 13) nes de la
moelle allongee, qui s'y accolent pour aller constitiier
plus tard la branche anastomotique interne. Willis con-
siderait ces filets comrae appartenant au pneumogas-
trique ; c/est Scarpa (jui les a ranges dans les origines
du spinal. 11 parait, au premier abord, assez difficile de
separer nettement les filets du spinal emanes de la moelle
allongee de ceux du vague lui-meme, qui naissent abso-
lument sur la meme ligne. Cependant ces filets, qui sont
au nombre de trois ou quatre, ont des origines bifur-
qu^es ou trifurquees, ce qui n'a pas lieu pour les ori-
gines du vague, dont ils sont, du reste, souvent separes
par le passage d'un rameau de 1'artere cerebelleuse
posterieure.
Les trois ou quatre filets originates B' , nes de
la moelle allongee, s'unissent quelquefois au spinal
dans le canal vertebral, mais c'est le plus ordinairement
a 1'entree du trou dechire posterieur ; et ils se placent
en avant et au-dessus de la portion foraiee par les ori-
gines provenant de la moelle cervicale, a laquelle ils ne
280 NKRF SPINAL.
font quo s'accoler pour aller former ensuite ia branche
anastomotique interne du spinal.
Le spinal, rtant ainsi constitue par deux portions uri-
ginairement distinctes. penetre dans le trou dec-hire en
arriere et un pen au-dessous du pneumogastriquie. Cha-
cune des deux portions originaires du spinal pent etre
suivie isole'ment dans son trajet dans le trou dechire pos-
terieur. Le tronc B (fig. 13), qui est le resultat de toutes
les origines medullaires du spinal, et que j'appellerai
cjrande ratine medullaire, se place tout a fait en arriere
dans lo trou drchire posterieur. et sur des pieces mace-
re'es comenablement on pent tou jours le decoller avec
la plus grande facilite, et suivrc sa continuity entiere
avec la branche externe du spinal. J'ai toujours constate,
ainsi quo 1'admettait AYillis. que cette grande racine du
spinal reroit un filet anastomotique S du pneumogas-
trique lorsqu'elle est pres de sortir du trou dechire pos-
l(;rieur. Le faisceau /••, ([iii provient de 1'assemblage des
filets radiculaires B' du spinal inseres sur la moelle al-
longe'e, et que j'appellerai courte racine bulbaire, est
d'abord accole par du tissu cellulaire a la partie ante-
rieure de la grande racine, avec laquelle il chemine
pendant quelijue temps comme etant dans un nevrileme
commun.Mais bient6t, en suivant avecsoin cette courte
racine, on constate qu'elle se separe du tronc du spinal
par un, deux ou quelquefois plusieurs filets, qui se jet-
tent dans le pneumogastrique.
Scarpa et les modernes qui out suivi sa description
n'avaientpas su, ainsi que je viens de Tetablir, que la
grande racine medullaire nee de la moelle epiniere va
ANATOMIE. 281
constituer la branche musculaire exierne du spinal .
tanclis que la courte racine bulbaire, nee du bulbe ra-
chidien , va se Jeter dans le vague, et constiluer la branche
anastomotique interne. Scarpa considerait en effet que
le tronc du spinal arrive dans le trou dechire posterieur
etait un nerf indivis, parfaitement homogene, dont
toutes les origines sjintriquaient et se confondaient inti-
meinent, apivs quoi il se separait en deux portions, la
brancbe externe r (fig. 13) et la branche interne /, m.
destinees a porter aux muscles du con et an pneuino-
gastrique ['influence provenant de toutes les origines
mednllaires du spinal. Cette opinion de Scarpa ae'te par-
tagee par BischofF et par plusieurs autres anatoniistes.
Mais elle a surioul ete developpee par des physiolo-
gistes qui out admis qu'ilfallait que chacune des origines
si multipliers du spinal vintconcourir dans une certaine
niesure a la formation de sa branche interne , car
ce serait,suivaut ces auteurs, une prevision de la nature
pour assurer les t'onctions de la branche interne du
spinal.
II est done evident, centre 1'opinion de Scarpa el
celle des auteurs qui 1'onl adoptee, que le spinal est un
nerf compose de deux portions, qui sont distinctes a leur
origine et a leur terminaison ; que la grande racine IIM.'-
dullaire correspond a la liranche externe du spinal, que
la courte racine bulbaire correspond a la branche in-
ternedu spinal anastomotique avec le vague. Bendzelait
deja arrive a une distinction analogue en se basant sur
des dissections minutieuses. De mon c6te, sans connaitiv
son travail, j'y ai ett'1 conduit par les experiences pby
282 NERF SPINAL.
siologiques; ce qui in'a pennis non-seulement d'indi-
quer celte distinction, qui est un fait capital dans 1'his-
toire du spinal, uiais (Veil donner la demonstration >
ainsi qu'on le verra plus loin.
Labranche interne du spinal, apres s'etre separee de
ce qu'on a appele le tronc du spinal, se jettc dans le
pneumogastrique par un. deux on plusieurs filels,
/, m (fig. 13). Ces filets viennent se placer en arriere el
un pen on dedans du tronc du vague, auquel ils ne font
que s'accoler. sans se confondre dans I'intumescence
gangliforme que ce nerf presente en ce point. Spence,
se fondant sur cette particularity, compare ingenieuse-
mentlemode d'adjonction de cette branche interne du
spinal au vague a la maniere dont se comporte la petite
racine motrice de la cinquieme paire avec sa grosse
racine sensitive.
II est difficile de poursuivre longtempsles filets emanes
de la branche interne du spinal, et, anatomiquement,
il est impossible de les distingue? aussi loin que nous le
ferons plus tard a Faide de 1'experimentation physio-
logique. On voit en effet la branche interne du spinal
se diviser et s'eparpiller en filaments blancs sur le tronc
du vague, qui presente uue intumescence gangliforme,
grisatre, marquee, ence point. On pent constater ceperi-
dant directement la continuation des filets de la branche
interne du spinal j usque dans le rameau pharyngien,
ainsi que 1'avait tres bien figure Scarpa. Sur des pieces
convenablement macerees, les filets de la branche
interne tranchent par leur blancheur sur le fond gris
du tronc du nerf pneumogastrique ; on les voit se com-
ANATOMIE. 283
poser et se decomposer, sans qu'il soil possible anato-
miquement de les suivre isolement. II ne m'a pas ete
possible de se"parer, ainsi que Bendzl'afait, les filets de
la branche interne j usque dans le nerf recurrent ou
larynge inferieur. On ne pent pas non plus constater
d'anastomose bien nette de la branche interne du spinal
avec le glosso-pharyngien et 1'hypoglosse dans le trou
dechire posterieur.
La branche externe du spinal, a sa sortie du trou
dechire posterieur, se dirige en clehors et en bas au-
dessous des muscles digastrique etstylo-hyoi'dien, puis
au-dessous du muscle sterno-mastoidieu, traverse sou-
vent ce muscle ou s'accole a sa face profonde pour
gagner le muscle trapeze dans lequel le spinal se tor-
mine. Ghemin faisant, la branche externe du spinal
donne des branches an sterno-cleido-mastoidien, et
forme, au niveau de ce muscle, une sorte de plexus
auquel concourcnt des rameaux venant des paires cer-
vicales et, en particulier, de la troisieme. Les anasto-
moses ont une disposition en anse tres marquee. Apres
avoir franchi le sterno-masto'idien, le spinal afTaibli
recoit encore des communications des deuxieme et
4
troisieme paires cervicales. A la face profonde du trapeze,
il recoit deux branches des troisieme, quatrieme et
cinquieme paires cervicales. C'est a tort qu'on a clit
que chez 1'homme le spinal se rendait dans d'autres
muscles que le sterno-mastoi'dien et le trapeze.
En resume" :
1° Le nerf spinal ou accessoire de Willis, etudiechez
1'homme, est compose par une serie de filaments ner-
NERF SPINAL.
veux a oi'igiues superficielles et bifurque^es qui s'im-
plantent sur la ligne de separation des cordons poste-
rieurset lateraux do la moelle.
2° Ces filets d'origine du spinal commencenten haul
sur les cotes de la moelle allongee, au-dessous du nerf
vague, et desceudent infe'rieurement jus(]u'au niveau de
la racine posterieure de la cinquieme paire cervicale
environ.
o° Le nerf spinal doit etre divisc en deux portions :
1° la petite racine bulbairc qui nait de la moelle allon-
gee au-dessus de la premiere paire cervicale, et qui est
destinee a former la 1 tranche interne du spinal dite
anastomolique du vague; "1" la grande racine medullaire
qui prend naissance sur la moelle epiniere cervicale, et
est destinee a former labrancheexternedu spinal.
4° L' anastomosfc entrele spinal et lepneumogastri(|ue
dans le trou de'chire post^rieur n'est pas constituee uni-
quement par les anastomoses de la branche interne
qui sejettent dans le tronc du vague, mais il y a aussi
mi uuplusieurs filets plusanterieurementsituesS (fig. 13 ,
qui proviennent du pneumogastrique et vont se jeter
dans la branche externe du spinal. De sorte qu'en
realite il y a un echange de filets entre le spinal et le
pneumogastrique.
5° Le uerf spinal doit etre considere comms un neri
essentiellemenl moteur. Sa branche interne se jettedans
li- vague et s'associe de plus an glosso-pharyngien et
an grand sympathique par L'interme-diaire du plexus
pharyngien, tandis que la branche externe va s'associer
aver le plexus cervical.
ANATOM1E. 285
Chez les auimaiix, nous devous muiutenir la division
(jue nuns avons elablie (Mitre les deux portions origi-
nal res du uerf spinal, Chez tons les mammiferes que
j'ai pu examiner (singe, chien, chat, lapin. dievreau,
cheval, boeuf), on pent distin'guer nettement et niemc
})lus parfaitement (jue chez I'lioinine, que la grande
racine medullaire va coustituer la branche externe du
spinal, tandisquela courte origine bulbaireva former
la branche anastomotique interne du spinal. J'ai sur-
tout eludie cette disposition dans If chat et dans le
lapin.
Les origines medullaires du spinal descendent chez
certains mammiferes beaucoup plus bas que chez
riiomnie; ainsi chez le bu'iif, le chcvaL le chat, les
derniers filets radiculaires descendent jusqu'au niveaudc
la Iroisieme on de la quatrieme veilebre dorsale. Comme
les origines medullaires sont destinces, ainsi que IKHIS
1'avonsetabli, aconstituer finalenient la branche externe
du spinal, il en resulte que cliez les mammiferes^ plus
les origines du spinal s'etendent inlerieiireinent, plus
la branche externe devient volumineuse. et vice versa.
Je n'ai jamais constat(; chez les mammiferes des
anastomoses intra-rachidiennes entre les racines pos-
terieures de la deuxieme paire cervicale, ainsi qiron en
a signale chez riiomnie. Chez ie lapin. le chien. le
cheval, etc., la branche externe se distribute aux mus-
cles de Tepaule, ce qui apporte quelques differences
avec ce qui a lieu chez Thornine. Les origines bulbaires
du spinal vont, chez ces auimaux comme chez rhomme,
constituer finalement la branche interne du spinal qui
•286 NERF SPINAL;
sc jelte dans le vague, loujours au-dessus du ganglion
cervical nn , ainsi qu'on le voil aussi sur le chat cl
sur le lapin.
Chez le chien, lechat, le lapin, lebceuf, j'ai toujours
vu. comme chez I'homino, la branche interne du spinal
s'anastomoser et se contbndre avec le vague. II parai-
trait cependant que cela if est pas un i'ait general, car
Vrolik dit qne chez le chhnpanze la branche interne dn
nerf spinal ne se rennit pas an vague, et va directe-
nient an larynx, tandis que la branche externe de ce
nert' chez le meme animal se distribue an sterno-mas-
toi'dien et an trapeze, mais presque exclusivement a ce
dernier muscle.
Chez les oiseaux el les reptiles, la grande origine
medullaire du spinal a tout a fail disparu et il ne resle
plus que la courte origine bulbaire, ainsi qu'on peut
le voir sur le coq. Aussi chez ces animaux il u'y a
pas de branche externe du spinal, et cela est facile a
concevoir , puisque sa partie originate a la moelle
epiniere manque. II faul encore noter comme conse-
quence, chez les oiseaux et les reptiles, Tabsence des
muscles analogues aux sterno-mastoi'diens et trapezes.
Bischoff avail deja remarque que chez les oiseaux toutes
les origines du spinal se jettent dans le vague; mais,
comme il ignorait la division de ce nerf en deux por-
tions, Tune bulbaire, 1'aulre medullaire, il if avail pas
donne a ce fail sa ^feritable interpretation en e'tablis-
sant, ainsi que je viens de le faire, cette pcrsistance des
origines bulbaires du spinal quand les racines medul-
laires out disparu s Nous ferons ressortir ulterieurement
SI.S 1'HOl'RIKTKS. 287
I'lmportance physiologique de ce fait d'anatomic com-
paree.
Chez les poissons, le nerf spinal n'existe pas, par cola
soul qu il n'a plus ancun rule a remplir, ainsi epic nous
1(3 montrerons.
Les proprietes du nerf spinal se rapportent, (rune
part, a sa sensibilite recurrente, et, d'autre part, a son
irritability a I' excitation yalvanique.
La sensibilite recurrente existe dans le nerf spinal
(••online dans les racines rachidiennes ante'rieures et dans
quelques autres nerfs de mouvenient. Je 1'ai constatee
chez le chien, le chat, le lapin, le chevreau. II taut avoir
soin de ne pas divisor la premiere et la deuxieme paire
cervicale en faisant la plaie. sans quoi on no trouve plus
la sensibilite recurrente, et c'est pour cola qif il m'e'tait
arrive de ne pas la rencontrer dans quelques expe-
riences.
J'aid'abord expe'rimente sur la sensibilite recurrente
clu spinal avant son entree dans le trou dechire pos-
terieur, et je Fai ensuite examinee apres sa sortie du
crane.
Premiere experience. Sur la parlie intra-rucliiclienne
du spinal. — Apres avoir mis a decouvert la membrane
oecipito-atloi'dienne sur un gros chien, je I'ai fendue et
j'ai pu voir les deux troncs formes par les racines me-
dullaires du spinal, qui etaient places sur les cotes de la
moelle allongee. Ayant laisse reposer 1' animal quelque
temps, j'ai souleve le spinal gauche au moyen d'un petit
crochet, et avec beaucoup de precautions; puis, afin
d'avoir plus de liberte pour le pincer, je 1'ai divise
288 NERF SPINAL;
immediatement au-dessus de la premiere paire cervi-
cale. Agissant alors sur les deux bouts du trouc nerveux
divise, j'ai constate claireinent (jue le bout superieur ou
peripherique etait sensible, land is quele bout inlerieur
ou central ne paraissait posseder aucune sensibilite. J'ai
obtenu les memes resultats sur le spinal du cote oppose.
Pour m'assurer d'oii venait cette sensibilite du bout pe'ri-
pherique, j'ai coupe le vague, qui, theomquement, avait
ete regarde comme la racineposterieure du spinal, et au-
ra it du, a ce titre, lui t'onrnir la sensibilite recurrente.
La section du pneumogastrique du meine c6tr,ou ineine
du cote oppose, ne produit pas la disparition ni aucune
diminution de la sensibilite recurrente du spinal. Alors,
j'ai divise dans le canal rachklien la racine posterieure
de la premiere paire cervicale qui s'ollrait a ma vne, et
aussitot apres la sensibilite du bout superieur ou peri-
pherique i'ut considerablement diminuee , mais 11011
entierement abolie. Pour 1'eteindre, il me i'allut encore
conper la deuxieme et la troisieme paire cervicale :
pour cela, j'allai chercher ces racines avec soin a leur
sortie du trou de conjugaison, en renversant les mus-
cles posterieurs de dehors en dedans, afin de ne pas
diviser les anastomoses du plexus cervical etdu spinal.
Cette experience prouve done :
1° Que le spinal possede la sensibilite recurrente. des
son origine;
2° Qu'elle ne lui esl point fournie par le pneumo-
gastrique, mais par lestrois premieres paires cervicales.
Deuxieme experience. Sur la partie exlra-craniennc
du spinal. — Sur un gros chieu. bien nourri et bien
s
SES PROPRIETIES. 289
portant, j'aidecouvert aussi haut que possible la branche
externe du spinal, ce qui a exige une operation assez
laborieuse. J'ai ensuite recousu la plaie, qui etait re-
froidie, et j'ai.laisse reposer quelque temps 1'animal de
son operation. Alorsla plaie s'etant rechauffee, j'ai pince
la branche externe du spinal a sa sortie du tron dechire
posterieur : elle etait nettement sensible. Alors je la
divisai pour obtenir deux bouts, Tun central et Tautre
peripherique, et je constatai, en les pincant . successi-
vemeut, qu'ils etaient sensibles tons deux. Le bout peri-
phn-ique etait sensible evidemment par la sensibilite
•recnrrente qui provenait des paires cervicales, et je la
(is disparattre en coupant les racines on memo les anas-
tomoses i'li anses qui e\istt»nl entre le spinal et les
branches du plexus cervical. Ces anastomoses sont sur-
iout tres facilcs ii voir enti'e la premiere paire et la
branche externe d'u spinal. Mais d'ou provenait la sen-
sibilite du bout central? II est probable que c'etait la un
phenomene de sensibilito directe, et non de sensibilite
rccurrente ; car cette derniere ne s'observe que dans les
nerfs qui ne tiennent plus directeinent aux centres ner-
venx. Cette sensibilite du bout central provenait tres
vraisemblablement du vague par I' anastomose indiquee
par Willis. Mais il aurait fallu, pour s'en assurer, couper
le pneumogastrique dans le crane et produire des desor-
dres qui auraient modifie les conditions du phenomene.
J'ai repete ces experiences, avec les memes resultats,
sur le chevreau, le chat et le lapin.
Troisieme experience. Sur Virritabilite du nerf spinal
a {'excitation galvanique. En excitant au dedans du
B., Svsr. NERV. — ii. 19
290 NERF SPINAL.
crane le tronc des racines medullaires (longue racine
medullaire), on determine des mouvements seulement
dans les muscles sterno-mastoi'dien et trapeze, et abso-
lument rien dans le larynx. En agissant sur les filets
qui composcnt la courte racine bulbaire B' (fig. 13),
on produit des convulsions dans le larynx, le pharynx,
et sensiblemerit rien dans les muscles du eon. En agis-
sant sur les origines du pneumogastrique on produit
des mouvements dans le pharynx et dans le larynx ,
inais qui paraissent d'tine autre nature quo les prec.«>
dents en ce qirils sefont un pen attendre. Pour obtenir
ces resultats, il faut agir rapidement sur des animaux
liien nourris ; inais si on laisse quelques instants s?e-
couler, on voit les origines du pneumogastrique cesser
d'abord d'etre irritables au galvanisme, puis la racine
bulbaire, puis la racine medullaire du spinal, qui per-
siste pendant plus longtemps excitable : de sorte qu'il
seinblerait qu'on pent, par le galvanisme, distinguer les
filets moteurs du pneumogastrique de ceux du spinal,
par la duive moins grande de leur excitabilite au gal-
vanisme.
Quoi qu'il en soit, de ceci je conclus que le vague
possede a son origine, et independamment du spinal,
une propriete raotrice evidente sur le larynx et le pha-
rynx; ce qui est, du reste, comme nous le verrons,
part'aitement en harmonie avec 1 is experiences sur les
animaux vivants.
ONZIEME LECON. - /
12 JUIN 1857.
SOMMAIRE : Des fonctions du nerf spinal. — Precedes de destruction
du spinal chez les animaux vivants. -- Ablation complete des deux
spinaux. — Discussion des experiences et conclusion ; mecanisnie de
('abolition de la voix. --De la gene de la deglutition consecutive a
la destruction des spinaux. — Usages de la branclie externe du spinal.
MESSIEURS,
Nous avons deja clit, dans la derniere leoon, que la
methocle de section , qu'on emploie g'eih'ralement pour
determiner les usages des nerfs. ne pouvait etre appli-
quee aux spinaux. Les clangers <!<> <r!ti; operation out
dn nous la faire repousser, pour lui substituer une autre
iiiethode de destruction des nerfs spinaux par arrache-
ment, qui est plus simple et qiii permet la survie des
animaux. Chacun de ces modes operatoires merite de
nous arnHer un instant, taiU pour apprecier la valour
des resultats qu'il fournit que pour meltre a meme les
personnes qui le voudraient de repeter les experiences.
Precede de Bisclwff. — L' operation ii laquelle cet au~
teur s'est defmitiveuient arret(3 consiste, comme nous
1'avons vu, a mettre a decouvert et a diviser la mem-
brane fibreuse qui unit posterieurement 1'occipital a
Fatlas. On arrive par ce nioyen dans la cavite rachi-
dienne, et Ton apercoit distinctement les deux nerfs spi-
naux, qui sont places sur les cotes de la moelle allongee.
Mats, ainsi que le remarque fort bien Bischofl'. eeitc
29*2 NERF SPINAL;
ouverture, suffisante pour detruire les origines infe'-
rieures cl u spinal, ne permet pas, surles chiens ni sur
les chevreaux . d'en diviser les racines superieures ; et
Ton est dans la neeessite, pour les atteindre, d'enlever en-
core une certaine portion de 1'occipital. II y aurail ainsi
deux temps dans 1' operation : 1° ouverture de la mem-
brane occipito-atloidienne ; 2° section d'une partie de
1'occipital.
Le premier temps s'accomplit en general avec assez
de facilite, et c'est du resle le m&me precede qu'on em-
ploie pour obtenir le liquide cephalo-rachidien.
Mais an deuxieme temps, qiuind on coupe le tissu os-
seux de 1' occipital, les sinus veineux, qui sont presque
inevitablement divises, fournissent souvent une tres
grande quantite de sang ; et Von voitalors, dans le plus
grand nombre des cas, les animaux faiblir rapidement
et mourir avanl la fin de 1' experience.
Bischoff et tous les expe'rimentateurs qui, apres lui,
ont employe le meme mode operatoire, ont attribue la
uiort rapide des animaux a Tabondance de 1'hemor-
rhagie.
Quant a moi, apres avoir repete un tres grand nombre
de fois 1'operation de Bischoff sur des chiens, des chats
et des lapins, je puis affirmer que, dans tous les cas, j'ai
vu la mort survenir par 1'introduction de Fair dans le
coeur.
En effet, aussitot qu'uu sinus ou me"me les petites
vi ii nes osseuses qui s'y rendent ont t3te ou verts, on voit
«les bulles d'air melangees an sang qui flue et reflue en
suivant les mouvements respiratoires ; ct si ranimal fait
SA SECTION.
iles inspirations profondes , la cessation do la vie est
presque instantanee.
J'ai toujours en soin de dissequer les aniniaux apres
la mort, et je me suis assure que les veines jugulaires
etaient pleines d'air, aiusi que les cavites droites du
coeur.
N'ayant done plus aucun doute sur le mecanisme de
la rnort et sur la nature de la cause qui empechait la
reussite de 1'experience, j'ai travaille avec une perseve-
rance infatigable a trouver un inoyen pour eviter I'iu-
troduction de 1'air dans les veines. Par une serie de ten-
tatives tres multipliees, dont j'abregerai le recit, j'ai
essaye, tant6t de Her les quatre veines jugulaires, 1anl6t
d'obstruer la veine cave sup^rieure, pour empecher la
depletion brusque des sinus dans ['inspiration, et pour
forcer le sang a s'ecouler par le system e veineux ra-
chidien. Mais ['engorgement des sinus occipitaux et
rhemorrhagie veineuse considerable qui en resultait
apportaient un autre obstable a 1'accomplissement de
1'experience, et la mort, quoique plus lente, arrivait
encore de la nieme maniere ; car a 1'autopsie je trou-
vais la veine azygos et le coeur droit remplis d'air.
Enfin, je songeai a cauteriser et a boucher directe-
mentles sinus de 1'occipital. Pour cela j'employai deux
inoyens.
Le premier consistait a faire la section de 1'occipital
avec u n gros couteau rougi au feu, et transforme ainsi
en cautere actuel.
Le second moyen, que je pret'ere au precedent, con-
siste a pratiquer avec un perforateur, immediatement
29/i NERF SPINAL;
au-dessus de la saillie occipitale externe. un petit iron
qui penetre dans le torcular. Par cette ouverture, qu'il
faut avoir soin de fermer aussitot avec le doigt pour
emp&cher 1'entree de Fair, on introduit avec pression le
siphon d'une petite seringue, et Ton pousse avec beau-
coup de lenteur, dans les sinus, une solution concentree
de persulfate de ferou de nitrate d'argent. De cette facon
on obtient assez surement I' obstruction des sinus par la
coagulation du sang qu'ils contiennent, surtout si Ton
fait pre'alablement la ligature temporaire des veines
juiailaires.
A 1'aide de ces modifications, qui rendent ['expe-
rience excessivement longue, et qui ne sont pas toujours
des moyens infaillibles. je suis parvenu, cependant,
dans quatre cas, a faire vivre les animaux (trois chiens
et un chat) pendant quelques heures, et j'ai pu repeter
plus convenablement 1'cxperience de Bischoff, sur la
section directedes racines du spinal.
Voici ce que j'ai observe :
Quand on divise les filets inferieurs des deux spinaux
jusqu'un peu au-dessus du niveau de la premiere paire
cervicale, la voix n'est pas abolie ; elle m'a paru quel-
quefois d'un timbre plus clair et pluspercant; maisa
mesure qu'ou arrive a couper les fdets originaires supe-
rieurs, les cris deviennent rauques d'abord, puis s'etei-
gnent completement lorsque la destruction des deux
spinaux est achevee.
Dans un cas, sur un chien. au lieu de commencer la
seel ion des origines spinales do bas en haut. j'ai divise
ssulement les trois 01: quaire filets superieurs. Alors la
SA. SECTION. 295
voix fut entierement abolie. quoique ioutes les origines
inferieures n'eussent pas etc lesees.
Mes experiences, dout les resultats s'accordent avec
ceux de Bischoff. prouvent de plus que le spinal pre-
side a la phonation par ses trois ou qnatre origines
superieures, puisque, apres la destruction de ces filets
seuls, les animaux ne rendent plus qu'une sorte de
souffle expiratoire sans aucune vibration sonore. Cette
conclusion est , du reste, pleinement d'accord avec
F anatomic , savoir que la branche anastomotique du
spinal qui s'associe au pneumogastrique est constitute
exclusivemcnt par les filets originates bulbaires de ce
nerf.
Mais apres les operations que je viens de rapporter, il
ne m'a jamais (He possible de prolonger la vie des
animaux au dela de quelques heures, et, du reste, les
mutilations etaient si grandes, qu'il est difficile de com-
prendre comment la guerison aurait pu arriver sans
amener. du c6te de la moelle allongee et des nerfs
pneumogastriques, des alterations graves, qui auraient
empeche de savoir si les phenomenes observes ulterieu-
rement dependaient de 1'ablation du spinal ou d'une
alteration consecutive du pneumogastrique.
En un mot, pour conserver les animaux et savoir si
le spinal agissait sur d'autres organes que sur le larynx,
il fallait absolument renoncer a cette maniere d'expe-
rimenter, et parvenir a enlever les spinaux sans ouvrir
lacavite cranienne. C'est 1'experience que j'ai realisee
a 1'aide d'un precede qui consiste a saisir le spinal a sa
sortie du trou dechire posterieur, et a operer par arra-
296 M<KF SPINAL;
chement la destruction do toutes ses uriiriues intra-
t
rachidiennes.
Voici coQiment on opere : an nioyen d'une incision
e'tendue de 1'apophyse mastoi'de jusqu'un pen au-dessons
de 1'apophyse transverse de F atlas, on decouvrelabran-
che externe du spinal dans le point 011 elle se degage
en arriere du muscle sterno-masto'idien. Avec line
petite erigne, on fait soulever par un aide la partie
superieure du muscle sterno-mastoi'dien ; et dissequant
avec soin la.branche externe du spinal, on s'en sert
comme d'un guide pour parvenir jusqu'au trou dechire
posterieur. Cheminfaisant. il suffit de quelques precau-
tions pour e'viter la lesion des vaisseaux et des nerfs
voisins.
Lorsqu'on est arrive au dela du muscle stern o-
mastoidien, entre les faisceaux duquel il faut suivre le
spinal, on arrive vers la partie anterienre de la colonne
vertebrale, et en remontant pour se diriger vers le trou
dechire posterieur, on apercoit Jjientot le nerf hypo-
glosse, qui vient traverser la direction du nerf pneu-
rnogastrique. C'est precisement en ce point que la
branche- anastomotique interne / (fig. 13) se detacfre
du spinal pour se porter dans le tronc du pneumo-
gastrique. A 1'aide de pinces modifiees pour cet usage,
on saisit cette branche en meme temps que la
branche externe du spinal r (fig. 13), puis on execute
sur la totalite dn nerf spinal qu'on a- ainsi saisi, nne
traction ferme et continue, c'est-a-dire sans secousses,
qui agit sur toutes les origines du nerf. Bientot on sent
une suite de craqueinent; le nerf cede, et on ramene
SCKV EXTIRPATION. "297
an bout cles pinces un long filament nerveux conique,
qui se termine par une extremite excessivement tenue,
et dont se detachent des radicules quand on le place
sous 1'eau. Ce n'est rien autre chose que toute la portion
intra-rachidienne du nerf spinal.
Gommeonlevoit, le precede operatoire telqu'ilvient
d'etre decrit a pour but d'arracher le nerf spinal en
entier, c'est-a-dire de de'truire a la fois les origines qui
constituent sa brauche externe et sa branche interne.
Mais on pourra, si Ton veut, oxtirper isolement, soit
les origines medullaires, soit les origines bulbaires du
spinal. En effet, si Ton saisit avec les pinces, et si Ton
cxerce les tractions sur la branche interne seule, on
arrache seulement les filets bulbaires. Cette operation
est fort difficile sur de petits animaux. chat ou lupin ;
elle reussjt mieux sur le chevreau ou sur le cheval. Si,
an contraire, on saisit la branche externe du spinal
r (fig. l/i), ce ([iii est reparation la plus facile, on
arrachera seulement les origines medullaires du spinal,
et on aura lesresuitats de 1'ablation isole'e de la branche
externe.
Pour decouvrir chez le chien la branche externe du
spinal et le rameau auriculaire poste'rieur du plexus
cervical , il faudrait prendre pour guide la saillie de
1'apophyse transverse de Taxis, et faire un pen au-des-
sous une incision longitudinale. Alors, sur le bord
posterieur du sterno-mastoi'dien, apres avoir ecartc; le
tissu cellulaire, on decouvre le rameau auriculaire a son
point d'emergence. Le spinal se trouve immediatement
derriere et descend obliquement, en bas et en arriere,
298 NI-:KI< SPINAL:
sous le trapeze. En remontant, on pent suivre le spinal
qui traverse le muscle stern o-mastoldien.
On remarquera que cette sorte de dedoublement du
precede experimental vient encore prouver, comme je
1'ai deja etabli, que les origiues medullaires du spinal,
qui constituent la branche oxterne de ce nerf, ne son I
que simplement accolees par un tissu cellulairo lache
aux origines builmin.-s /,: (fig. 'Jo et 14), dans le trou de-
chire posterieur; car si clles etaient unies intirnement
et surtout intriquees el melangces, il serai t impossible
de It's arracher isoleinent. J'ai reconnu cependant que
quelquefois, chez les vieux aniinaux, chat et lapin, il
arrive que la densite du tissu cellulaire est plus grandc
entre deux neri's. de sorte qu'il pent arriver alors qu'en
tirant seulement sur la branche externe du spinal on
enleve totalement on partielleraent la branche interne.
D'apres la description i<ui precede, on voit que cette
maniere d'enlever le spinal if est. certainement pas plus
difficile que celle de Bischofl1, mais qu'elle est plus
complete et est exempte de grandes mutilations, ce qui
doit la faire preferer. Avec un pen d'habitude elle pre-
sente egalement un degre de certitude irreprochable.
Avant d'appliquer ce precede aux animaux vivants, je
1'ai etudie scrupuleusement sur des animaux morts,
auxquels j'avais prealablement decouvert les origines
intra-rachidiennes du spinal. J'ai pu ainsi m'assurer
directement que tous les filaments originates du spinal
sont toujours arraches et entraines dans 1'operation,
taudis que ceux du vague sont respectes.
Du reste, on pent soumettre toujours les animaux a
SON EXTIRPATION. 299
mi criterium stir, I'auiopsie de la tele, qui nous mon-
trera clairement les racines nerveuses qui auront ete
detruites. Les pinces dont je fais usage ressemblent a
des pinces a torsion pour les arteres : seulementlesmors,
an lieu d'etre tranchants, doivent etre arrondis afin que
le nerf puisse etre serre solidement sans que, pour cela,
son nevrileme soit coupe.
J'ai experiments sur des chiens, des chats, desche-
vreaux et des lapins. Chez le chat, le lapin, lechevreau,
Fextirpation du spinal est tres facile, excepte sur le
chien, oil elle echoue presquc toujours : cela tient a la
densii<: du tissu cellulaire, qui, chez cet animal, unit le
nevrileme avecle perioste des os qui livrent passage aux
nerfdelahuitieme paire. Cetteeircoiistance particulicre
fait que les branches du nerf spinal se cassent ordinai-
reinent sous les mors de la pince plutot que de se laisser
arracher. Cette extirpation des nerfs n'est pas unproctkle
nouveau qui soit special an spinal ; c'est une methode
nouvelle d'experimentation que j'ai appliquee au facial,
a riiy[)oglosse et anx nerf craniens en general. Je rcpete
que, chez le chien, 1'application de cettc methode offre
beaucoup de difiicultes.
J'ajouterai qu'on doit en general prefeier les animaux
encore jeunes, et que les chats sont surtout favorablcs
a ce genre d'experimentation, a cause de lour nature
criarde. On ne voit pas ordinairementsurvenir de com-
plications graves a la suite de cette operation. Au bout
de quatre a cinq jours les plaiesdu con entrent en cica-
trisation, ct les animaux sont rendus a leuretat normal,
moins les spinaux qu'ils n'ont plus.
300 NKKF SPINAL.
Ainsi, par niuii premie, j'ai pu atte-indre le but : les
m'ifs spinaux out ete bien detruits, etles nerfs pneumo-
gastriques menages : des lors il m'a ete permis de con-
stater des phenomenes nouveaux, et d'observer toutes
les phases des troubles fonctionnelsqui suivent 1'abation
des nerfs dont je voulais etudier les usages.
Premiere experience. Le 25 octobre 1842, j'ai
enleve les d.eux spinaux a un chat male adulte et bien
port ant.
La voix, devenue rauquc apres r ablation d'un seul
spinal, fut subitement abolie quand la destruction des
deux spinaux fut operee.
Le chat e'tant dt-barrasse de ses liens, et remis eri
liberte, voici ce qu'on observa :
Get animal qui, avant rexporience, etait tres re-
mnant et tres criard, se retira dans un coin ou il resta
calme pendant environ une heure, executant de temps
en temps une sorte de mouvement de deglutition, mais
sans proferer aucun miaulement.
Quand on pincait la queue de 1'animal pour lui arra-
cher des cris, il ouvrait les machoires, mais ne rendait
qu'une esp6ce de souffle bref et entrecoup^ par des in-
spirations. Si on prolongeait la douleur. le chat faisait
des efforts pour s'echapper, rendait parfois une sorte de
ralemeht brusque et rapide. A 1'etat de repos, sa respi-
ration neparaissait nullementgenee; seulement, quand
on forcait 1'animal a se deplacer et a courir, il parais-
sait plus vite essouffle, et avait de la tendance a s'ar-
reter.
Le lendemain, le chat etait completement remis des
EXPERIENCES. SOI
soufirances et de la frayeur de son operation ; il etait
redevenu gai et caressant comme avant, mais il cher-
chait pen a miauler. Cependant quand oil lui presentait
la nourriture avant de la lui donner, il essayait de 1'at-
teindre en voulant pousser des mianlements de desir,
com me font les chats en parcil cas; mais ces mianle-
ments spontanes se reduisaient, comme ceux qu'on Ini
arrachait par la douleur, a un souffle cxpiratoire leplns
ordinairemont pen prolonge. Si alors on jetait a 1'ani-
nial son morceau de mou, il so precipitait d'abord sur
lui avec voracite, mais bientot son ardeur s'apaisait. et,
mangeant plus lentement. ranimal s'arrotait ot relevait
la tote a chaque inouvenu'iit do deglutition. Quand on
lroul)lait brusqiieinent le chat a col instant, on doter-
minait (juelqnefois une espoco de toux ou d'^termiment
comme si des parcelles alimentaires tendaienta passer
dans la trachee. La prehension des aliments liquides(Iait)
se fabait lentement, et la deglutition , quoique sensi-
blemenl genee, paraissait plus facile dans ce cas que
pour les aliments solides.
Les jours suivants, le chat ne presenta rien de parti-
culier; les troubles legers de la deglutition, bien que
toujours approciables, surtout quand on derangeait brus-
quementl' animal pendant son re pas, devinrent par la
suite un peu moins apparents.
Les phenomenes respiratoires, digestifs et circula-
toircs n'oprouvorent pas la moindre atteinte. L'animal,
d'une assez grande maigreur an moment de son opera-
tion, engraissa rapidement sousrinfluence d'une bonne
nourriture.
302 Nl-RF SPINAL.
En un mot, ce chat elait reste physiologiquemenl a
pen pres le meme; il n'y avail iranormal en lui que
1' absence complete de la voix.
Ce chat, qui etait Ires apprivoise, sortait dehors el
rentrait ordinairemenl ; inais le 28 decembre 18/i2,
c'est-a-dire deux mois apres 1' operation, il tut perdu et
ne revint plus, de sorte que cette experience ne put etre
onnpletce par 1'autopsie.
Deuxieme experience. — Le 12 Janvier 18/iS, je fis
rexlirpatioii des deux spinaux sur un autre chat male
adulte : j'obtins r abolition complete de la voix, avec des
phniomenes semblables a ceux ineiitionnes dans Fexpe-
rience precedente.
Le 27 Janvier, quinzieme jour de 1'experience, je
sacriiiai 1' animal en lui faisant subirune experience que
je rapporterai ailleurs; et je constatai, d'une part, que
Ics deux spinaux etaient bien exactement enleves, el
ijiic. d'autre part, le ponmon et 1'estomac n'offraient
pas la niohiftK' apparence d'aiteration.
Depuis la publication de ces experiences, qui setrou-
vent consiirnees dans mon premier niemoire, j?ai opere
de meme un grand nombre de chats, et toujours avec
les memes ])henonienes.iPlusieurs de ces animaux ont ete
conserves plusieurs mois. J'en ai memesuivi un pendant
deux ans ; il appartenait a line personne qui me 1'avait
confiepour lui enleverla voix : sesfonctions organ iques
etaient toujours restees iutegres.
Troisieme experience. - - Le 11 mars 18/io, sur un
gros surmulot male, j'ai extirpe les deux spinaux. Ces
animaux. de meme ijue les dials, sont assez diffiriles a
EXPERIENCES. oOo
experimenter, a cause de leur indocilite et de la con-
formation , conique de leur museau , qui ne permet pas
de les imiseler surement. J'emploie pour cela un pro-
cede tres certain : il consiste a passer an travers de la
gucule de {'animal et derriere les dents canines nn petit,
inorceau de bois, comme un crayon, par exemple;
aussit6t on place en arriere de cette espece de morsune
ligature circulaire, qii'on serro moderement. L'animal
ainsi pris ne pent plus se demuseler, parce quele crayon
empeche la ligature de glisser, et que les dents retien-
nent le crayon. On a en meme temps 1'avantage de
maintenir la gueule ouverte et de ne pas empecb*1!-
la formation des cris, ni la respiration dr sVxorcer
libremenl.
Quand on irritait le surmulot avant 1'ope" ration, il
poussail des cris excessivcment aigus. qui sent parti-
cullers aux animaux tic son espece.
Aussit(A»t apivs 1'ablation des <!ci!\ spinaux il y eut
aphonie, etles cris aigus i'urent remplaces par un gro-
gnement tres bref.
Remis en liberte, raniinalfit pendant quelque tenijis
des mouvements de deglutition ; il se lapit. dansun coin
de sa cage et repugnait au mouvement. Le lendemain
on lui donnait du pain u manger. La deglutition parais-
sait sensiblement genee, et quand le surmulot mangeait
trop vite, il passait evidemment des aliments dans la
trachee, a en juger par ses eternnments et pai' une
sorte de toux rauque qui troublait momentanement la
respiration. Apres la cessation de ces accidents, 1'a-
nimal recommencaii ;i s;, anger plus leniemenl qu'avant ;
30/i NERF SPINAL.
il machait longtemps et suspendait la mastication an
moment ou la deglutition s'effectuait.
Les jours suivants , les monies phenoinenes persis-
terent toujours. A 1'etat de repos, ranimal etait calme,
respirait normalement et avalait assez bien; mais on
provoquait facilement les desordres deja indiques dans
la deglutition, si on le forcait a courir et a respirer
tbrtement au moment oil il mangeait.
Le 16 mars (cinquieme jour de 1'operation), ranimal
fut sacrifie. Les spinaux etaient completement enleves.
Les poumons etaient sains, excepte une partie dn lobe
superieur du poumondroit, qui ofTrait une particularity
remarquable. Exterienrement on apercevait de petites
masses blancbatres. de volume egal, diss^minees dans
cette portion du tissu pulmonaire. En ouvrant alor? les
canaux aeriens du poumoii avec precaution, je trouvai
des miettes de pain mache qui obstruaient les grosses
brouches, et il me fut facile de coustater que les petites
taches blanches etaient formees par la meme matiere.
L'estomac n'offrait pas d'alteration, et contenait des
aliments en partie digeres.
Quatrieme experience. — J'ai enleve les spinaux a mi
tres grand nombre de lapins jeunes ou adultes. Comme
toutes ces experiences se ressemblent, quant aux resul-
tats, je me boruerai a en ra})porter une seule. Le
18 Janvier 18/to, sur un lapin adulte, 1'ablation d'un
seul spinal determina laraucitede lavoix, quifutabolie
apres Fextirpation des deux spinaux; si alors.on pincait
ibrtement la queue de ranimal, il faisait entendre un
siftlement expiratoire, chair et bref, successivement in-
EXPERIENCES. 305
terrompu el entrecoupe par des inspirations bruyantes
et rauques. Parfois 1'expiration etait aphone et on
entendait seulenient le mucus inspiratoire. Pendant le
repos, r animal rcspirait normalement et avait conserve
touto sa vivacite ; mais, si on le faisait courir, il parais-
sait assez \ile essout'fle; la respiration s'accelerait, et on
entendait quelquefois alors des inspirations bruyantes.
Lorsque 1'aninial mangeait, la deglutition etait sensi-
blement g6nee. Si dans ce moment on forcait le lapin a
se mouvoir, il produisait uue sorte de loux rauque,
comme si des corps etrangers passaient dans les voies
respiratoires.
Les jours suivaiits, les rnemes pht'inomenes persis-
terent; rauimal an repos ne paraissait pas souffrant et
respirait libremeut; quand on le laissait manger tran-
quillemeut, la deglutition, quoique un pen genee,
s'operait assez facilement; mais quand le lapin etait
subitement derange, on voyait constamment apparaitre
les troubles respiratoires moraentanes deja indiquesplus
haut.
Le 29 Janvier (onzieme jour de r experience) Tanimal
ful sacrifie.
Autopsie: Les deux spiuaux rtaient tletruils en tota-
lite. Les poumons exempts d'ecchymoses etd'alterations
dans la plus grantle partie de lenr etendue, preseii-
taient nn pen de rougeur et d'hepatisation dans leiirs
lobes superieurs. Le tissu pulmonaire incise dans ce
point offrait uue coupe comme marbree par des por-
tions vertes qui u'etaieut autre chose que de 1'herbe
machee rentermee dans les tubes bronchiques. Lacolo-
B., SVST. NERV. -- II. 20
306 NERF SPINAL.
ration ires verte de 1'herbe contenue dans les grosses
bronches indiquait que ['introduction en etait assez
recente, tandis que celle situe'e dans les petites bron-
ches etait cleja en partie de'coloree , et y sejournait
evidemment depuis plusieurs jours. L'cstoniac, qui
dtait sain, contenait une grando quantite d' aliments.
Le nombre de lapins a qui j'ai extirpe les deux spi-
naux est tres considerable. Us ve'curent bien apres cette
operation, excepte dans les cas ou ii se formait cles
pneumonies par suite de rintroduction de 1'herbe dans
les bronches.
Cette premiere serie d" experiences prouve que les
modifications fonctionnelles qui surviennent apres 1'abla-
tion complete des deux spinaux portent specialemenl
sur les organes vocaux et respiratoires. Nous constatons,
en outre, que ces phenomenes se manifestent spe'ciale-
ment dans les functions de relation. En eflet :
1° Chez I' animal agissant. il y a aphonie, une cer-
taine gdne de la deglutition, la brievete de Texpiration
quand r animal veut crier , 1'essoufflement dans les
grands mouvements ou les efforts, et parfois irregula-
rite dans la demarche, etc.
2° Chez I" animal en repos, toutes les fonctions orga-
niques, respiratoires, digestives, circulatoires, s'accom-
plissent, an contraire, avec la plus grande reguiarite1, et
il serait impossible de s'apercevoir, sous ce rapport, que
les animaux sont prives d'une influence nerveuse quel-
conque.
11 faut remarquer aussi que 1'ensemble de ces phe-
nomenes,qui caracterise la paralysie des nerfs spinaux,
EXPERIENCES. 307
se distingue par une foule de points de la paralysie qui
suit la section des deux nerfs vagues. On pourra encore
mieux saisir cette difference clans le tableau comparatif
suivant :
Phenomenes propres a la paralysie
des deux spinaux.
1° La voix est abolie ;
2° La respiration n'cst pas trou-
blee, le nombre des respirations
n'est pas change ;
3" Le nonibre des baltements de
coeui1 et cijlui des pulsations arle-
rielles restent les menies;
k" La digestion stoniacale n'est
pas de'rangee, et les secretions gas-
triques s'accomplissent bien;
5° La survic des animaux est
coiistante et inch-lime.
Phenomenes propres a la paralysie
des deux nerfs vaijues.
1° La voix est abolie;
1° La respiration est modifiee, et
le nonibre des inspirations est con-
slaninient diminue;
3" Les batiements de coeur sont
conside*rablement acceleres, el le
nombre des pulsations arterielles
est considerablement augment)'- ;
Zl° La digestion stoniacale est
geiie'rali'ini-iii trouhir-e, ainsi que
'. s -''-cretions gastriqnes;
5° La niort d;'s animaux est con-
slante et ariivc en general an plus
lard apres trois on qualre jours.
11 resulte de la comparaison precedente qu'il n'y a
qu'un seul caractere qui soit commun a la paralysie des
spinaux et a celle des pneuinogastriqucs , c'est 1'apho
nie on 1'abolition de la voix. En analysant actuellement
u
le mecanisme de cette aphonie, nous voyons qu:il est
essentiellement different dans la paralysie des spinaux
on dans celle des nerfs vagues.
Ce phenomene est indubitablement la consequence
d'une paralysie survenue dans les mouvements du larynx.
Mais uu fait fort singulier, qui devra d'abord fixer notre
attention, c'est que la paralysie du larynx (jui suit 1'a-
blation des spinaux est totalement differente de celle
qu'on produit ordinaireinent par la section des pneumo-
gastriques on des nerfs larynges.
308 NERF SPINAL.
En efl'et, sur un chat aphone, auquel j1 avals extirpe"
les spinaux clepuis quinze jours, j'ai mis la glotte a nu
en incisantverticalementlamembrane thyro-hyoi'dienne,
de maniere a menager les nerfs laryngcs. Puis ayant
saisi Fepiglotte par cette ouverture a Faicle de pinces-
erignes, j'attirai I'ouverture superieure du larynx en
avant, et voici ce que j'observai :
La glotte. diialee dans tonic son etendue, permettait
un passage libre a rentre'e et a la sortie de Fair. La
muqueuse laryngienne avail conserve toutesa sensibilite,
et quand on venait a toucher avec tin stylet I'interieiir
du larynx ou bien les cordes vocales elles-m^mes, les
levres de la glotte se rapprochaient legerement : uiais ce
mouvement de resserrement etait excessivement borne,
et ne determinait plus la tension et le rapprochement
complet dcs cordes vocales. Alors, si I'aniinal, tourmente
par la douleur, voulait former des cris, il chassait brus-
quement I'air de son pouinon; niais les cordes vocales,
n'etant pas tendues et ne se joignant pas. ne pouvaient
6tre mises en vibration. I>a colonne d'air produisait
seulement, en passant, le souffle assez rude qui avait
remplace la voix chez cet animal, tlepuis que les spinaux
avaient ete detruits. L'expiration vocale (aphone) etait
en general pen prolongee et entrecoupee par des mou-
vements inspiratoires Itrusques. qui produisaient parfois
une sorte de ronflement.
Sur les lapins, j'ai obsorve des phenoinenes seni-
blables dans le larynx, c'est-a-dire que j'ai constate,
apres Tablation des spinaux, que chez ces animaux
comme chez les chats, la glotte. qui avait conserve toute
EXPERIENCES. 309
sa sensibility, restait dilutee, et avait perdu la facultc
de s'occlure completement.
Seulement les lapins presentent souvent apres 1'abla-
tion des spinaux une paralysie tres complete des muscles
crico-thyroi'diens , cc qui permet aux cartilages de
s'ecarter et a la membrane crico-thyroidienne de faire
saillie a 1'interieur du larynx ; cela donne alors a 1'inspi-
ration un caractere tres hruyaut.
Ouand on coupe les nerfs pneumogastriques ou leurs
rameaux larynges, la chose se passe tout diffeiemment
dansle larynx. La voix se trouveabolie, il est vrai, mais
tout le moncle sait qifil y a en meme temps une
occlusion de la glotte qui occasionne une gene plus ou
inoins grande de la respiration. siii\*int 1'age des ani-
maux. De sorte quo nous devons etablir des a present
comme resultat experimental :
lu Qu'apivs I'ablation des spinaux, Taphonie coexiste
avec une dilatation persistante de la glotte et avec une
impossibilile de rapprochement des cordes vocales;
W2° Qu'au contraire, apres la section des pneumogas-
triques ou des nerfs larynges, 1'aphonie coexiste avec
une occlusion et une impossibility d'ecartement des
cordes vocales.
L'experience suivante, faite sur un animal adulte.
nous rendra encore ces fails plus palpables.
Si Ton attire 1'ouverture superieure du larynx en
dehors sur un chat vivant, en evitant la lesion des nerfs
larynges, on verra d'abord les mouvements de resserre-
ment et de dilatation de la glotte se succe'der rapide-
ment dans les efforts que fait Fanimal pour crier et se
310 NERF SPINAL.
debattre ; mais, si Ton attend quelques instants, 1'ani-
mal se calme pen a pen, et finit par respirer tranquille-
ment. Alors la glotte respiratoire reste dans une dilata-
tion pourainsi dire permanente, et les mouvements de
resserrement et d'ecartementexcessivement bornes, qui
s'accomplissent dans Inspiration et 1' expiration, sont
a peine appreciates : comme ceux qui se remarquent
clans les narines des animaux lorsque la respiration est
calme.
Vient-on, dans ce moment, a pincer fortement
1'animal ou a piquer la muqueuse laryngienne, aussitot
le larynx change de role, et devient ie siege de pheno-
meiies nouveaux. Les deux cordcs vocales tendues
subitement se rapprochent au contact; une expiration
puissante et prolongee vient les faire vibrer, et des cris
percants se font entendre.
Si, apres avoir constate ces faits, on arrache le spinal
d'un c6te, on verra la moitie de la glotte correspon-
dante rester ecarlee, et a pen pres immobile ; tandis
que celle du cote oppose continue a se mouvoir et a se
rapprocher de la ligne mediane. Lorsque 1'animal veut
crier, la colonned'air, expulsee des poumons, franchis-
sant I'ouverture de la glotte a moitie ferme'e, et cir-
conscrite d'un cote par une corde vocale tendue, et de
1'autre par une corde vocale relachee, ne prodnit plus
qu'un son tipre ou rauque au lieu d'un timbre clair par-
ticulier a la voix du chat.
Si Ton extirpe 1'autre spinal, I'ouverture glottique
execute bien encore de legers mouvements de resserre-
ment comme ceux que nous avons notes dans la respi-
EXPERIENCES. 311
ration calme, mais elle a perdu la faculte de s'occlure
completement. Malgre ses tentatives pour former ces
cris que lui commande la douleur, 1'auimal ne peut plus
tend re on rapprocher au contact ses cordes vocales flas-
ques et separees, et il ne prod u it qu'un souffle expira-
toire tres bref. 1 y a alors aphonie complete, et les
mouvements vocaux sont eteints ; la respiration conti-
nue pourtant a s'exercer par la glotte dans toute sa ple-
nitude.
Veut-on se convaincre que c'est bien le pneumo-
gastrique qui maiiitient les levres de la glotte dans I'e-
cartement oil on les voit, et lui communique les mou-
vements le'gers dont nous avons parle, il suffira de
diviser les nerfs recurrents, et aussitut Fouverture du
larynx, devenue complctemenl immobile, se trouvera
retrecie. Les cordes vocales, comme des soupapes flot-
tantes, s'accoleront mecauiquement dans 1'inspi ration
sous la pression de IViir exterieur, qui tend a penetrer
dans le larynx, et seront soulevees par la colonne d'air
expire. II en resulte alors une gene de la respiration,
analogue pour son mecanisme a celle qu'on observe dans
1'oedeme de la glotte.
Aiusi, cette experience demontre clairement que
rablatiou des iierl's spinaux paralyse partiellement le
larynx en taut qu'organe vocal, mais le laisse intact en
tant qu'organe de respiration. En effet, la glotte beante
et dilat^e ne peut plus se resserrer pour produire la
voix, mais elle laisse tres librement les mouvements
respiratoires s'accomplir.
Les experiences suivautes donneront la meme de-
012 MiKF SPINAL.
monstration d'une autre mauiere, qui sera encore plus
saisissante.
Destruction comparative des nerfs larynr/es et des nerfs
spinanx sur de tres jeunes animaux. — 11 etait impor-
tant de faire line experience sur de tres jeunes animaux.
et voici pourquoi :
Nous savons que la section des nerfs larynxes int'e-
rieurs paralyse tons les muscles du larynx, moins les cri-
cothyroidiens, et determine Talxtlition de lavoix et 1' oc-
clusion de la glotte. Cette derniere circonstance devrait
produire constamment la mort par suffocation.
Toutetbis, chez les vieux aniiiiaux, il n'en est pas
ainsi, parce que, chez eux. il reste en arriere, dans
1'espace inter-arytenoi'dien, une ouverture beante qui
permet encore 1'entroe et la sortie de 1'air des voies
respiratoires , malgre la paralysie complete du la-
rynx.
Mais chez les jeunes animaux, une semblable dispo-
sition n'existant pas, la paralysie complete qui suit la
section des nerfs recurrents amene immediatement la
mort par suffocation. Nous le verrons en etudiant le
pneumogastrique.
Des lors on conceit que, grace a cette particularite,
nos experiences ne laisseront aucun doute, parce que si
1' ablation des spinaux determine, chez ces jeunes ani-
maux, Taphonie sans produire la suffocation mortelle,
il sera naturel de conclure que la destruction de ces
nerfs a paralyse le larynx comme organe vocal, mais lui
a permis de continuer ses fonctions comme organe de
respiration.
EXPERIENCES. 313
Premiere experience. — J'ai ope're la section des la-
rynges inferieurs sur un petit chat de trois semaines ;
apres la section du recurrent droit, la voix est devenue
rauquc et la respiration genee. Apres la section des
deux recurrents, le chat est mort subitement par suf-
focation .
Deuxieme experience. — J'ai enleve les deux spinaux
sur un autre petit chat de la memo portee que le prece-
dent par cornparaison avec 1'experience prece'dente.
Aussitot apres, 1'animal est eleven u aphone. mais la
respiration et la circulation sont demeurees aussi libres
(jiravau 1. (La dilatation de la glotte persistait done en-
core, et la respiration se faisait apres I'ablation des spi-
naux souls.)
Le 19 mai, douziemc jour, ce petit chat a ete sacri-
iie", et 1'aulopsie a prouve que les spinaux etaient bien
conipletement detruits.
Troisieme experience. — Le 3 jinn 18/|3, sur un autre
jeune chat age de cinq semaines environ, j'ai extirpe
les deux spinaux; aussitot la voix a ete abolie, mais les
autres fonctions, sous 1'influenco dupneumogastrique,
out continue a s'exercer librement.
Le 5 juin, deux jours apres, sur le me"me animal, qui
etait aphone, mais, du reste, bien portant, j'ai excise
les deux nerfs larynges inferieurs. Bientot le chat est
mort suflbque, preuve que lo larynx, paralyse settlement
conime organe vocal par 1'extirpation des spinaux, fut,
de plus, paralyse comme organe de respiration deux
jours apres lorsque je fis la section des nerfs larynges.
Toutes les experiences rappoi tees precedemment me
NERF SPINAL.
semblent conduire directement a cette conclusion ,
qu'il y a dans le larynx deux ordres do mouvements,
les uns qui president a la phonation, et qu'on paralyse
en detruisant les nerfs spinaux ; les autres qui sont re-
latifs a la respiration, et qu'on paralyse en coupaut les
nerfs pneumogastriques on leurs branches laryngees.
De sorle que nous admettrons que le pneumogastriuue
possede une puissance motrice propre et independante
du nerf spinal. C'est cette puissance motrice propre an
penumogastrique qui influence les organ es circulatoires,
digestifs et respiratoires, et perniet aces appareils d'ac-
complir leurs fonctions organiques, et aux animaux de
survivre quand la voix a ete abolie par 1'ablation com-
plete des deux spinaux. (Test encore cette puissance
motrice, provenant du pneumo-gastrique, qui fait fonc-
tionner le larynx comme organe respiratoire involon-
taire sur les tres jeunes animaux, et les empeche de
suiibquer lors de 1'ablation des spinaux, comme celaa
lieu apres la section des nerfs larynges.
Toutefois, si nous prouvons physiologiquement que
les mouvements vocaux du larynx sont animes par les
filets des nerfs spinaux, tandis que les mouvements res-
piratoires sont influences par des filets moteurs, distincts
des premiers, et venant des pneumogastiiques, nous
devons ueaninoins reconnaitre qu'anatomiquement il
n'est pas possible de poursuivre et d'isoler ces deux or-
dres de filets nerveux. Chez I'hoimne et chez la plupart
des mammiferes, avant leur arrivee dans le larynx, ils
se melangent dans le tronc du vague, et ils sont unis et
confondus dans les nerfs larynges ; le nerf larynge in-
EXPERIENCES. 315
ferieur se trouve done compose, comme la physiologic
le demontre, par des filets du vague et du spinal, qui
apporlent au larynx la double influence motrice clont il
a besom pour I'accomplissement. de ses fonctions res-
piratoires, qui sont inyolontaires et permanentes, et de
ses fonctions vocales, qui sont temporaires et volon-
taires.
II faut ajouter que, cependant, chez certains animaux,
la double distribution nerveuse, dont nous venous de
parler pour le larynx, se trouve anatomiquement clis-
tincte. Ainsi, chez le chimpanze, Yrolik a montre que
labranche interne du spinal ne s'unit pas au tronc du
vague, mais vadirectement se distributer dans le larynx.
De sorte que chez cet animal il y a des filets larynges
isoles arrivant directementdu spinal.
En resume, nous formulerons notre conclusion ge-
nerale de la nmnitTC suivante :
« Quoique dans le larynx, la respiration et la phona-
» tion semblent analomiquement confondues , parce
» qu'elles s'accomplissent dans un meme appareil, ces
» deux fonctions n'en demeurent pas moins physiologi-
» quement independantes, parce qu'elles s'exercent sous
» des influences nerveuses essentiellement distinctes. »
Mais quel est done le mecanisme de F abolition de la
voix apres la destruction des spinaux? En se rappelant
quelles sont les conditions physiologiques de la phona-
tion, on comprend que la voix ne puisse plus s'effectuer
apres les modifications que la destruction des spinaux
apporte dans le larynx. En eflet, il est necessaire, pour
produire le son vocal, qu'il y ait une occlusion active
310 NKKr SPINAL.
de la glotte, c'est-a-dire tension et rapprochement des
corcles vocalcs. Or, nous avons vu, par nos experiences,
que, chez les animaux qui n'ont plus tie spinaux, les
corcles vocales sont detendues et ecartees sans pouvoir
drsonnais se rapprocher activement. II est naturel, des
lors, que la colonne d'air expulsee parlatrachee ne pro-
duise plus de vibrations sonores, et que sa sortie se fasse
par la glotte beante en donnant lieu a un simple souffle
expiratoire ; mais la question qui se presents ici est de
savoir si, de nieine que in HIS avons rte conduit a re-
connaitre pour le larynx une intluence nerveuse, mo-
trice, vocale, volontaire, provniant du spinal, et uue
intluence mot rice involontaire, rinanant dn pneumo-
gastrique, nous pouvons et nous devons admettre dans le
larynx un ordre de muscles vocaux et un ordre de mus-
cles respiratoires.
Evidemment 11011, ce serait une distinction inutile
d'abord, et ensuitc insoutenable.
En eilet, si nous rellcchissons un instant, nous ver-
rons que la dilatation prrmanente de la glotte, qui suit
r ablation des spinaux, nous donne bien plulot la raison
de la persistance des phenomenes respiratoires qu'elle
ne nous explique le mecanisme de 1'aphonie. II serait
impossible d'inferer de nos experiences que le spinal
abolit la voix en paralysant les muscles constricteurs du
larynx, car nous serious oblige desupposer que les mus-
cles constricteurs du larynx sont exclusivement vocaux,
tandis que les dilatateurs seraient uniquement respira-
teurs. Une semblable distinction serait inadmissible, car
nous verrons plus loin que la glotte peut s'occlure sans
EXPERIENCES. SI 7
produire pour ccla la phonation. Du reste, cctte dilata-
tion glottique, qui suit I'ablation des spinaux, sans la-
quelle on ne pent cpmprendre la persistance de la res-
piration, n'est pas un phenonieuequi soit necessairement
lie a rabolition de lavoix; nous voyons que, chez les
animaux auxquels on excise les nerfs larynges. 1'apho-
nieexisteavec des conditions diametralement opposees,
c'est-a-dire avec son occlusion.
Nous ne pouvons done pas Irouver dans 1'appareil
moteur laryngien deuxordresde muscles correspondaut
aux deux ordres de nerfs moteurs que nous avons de-
montres dans cet organ e. Nous sommes force d'ad-
inettre que tons les muscles du larynx sont indivisibles
dans lour action, et nous devons les considerer comme
formant dans leur enseinble un systeme moteur unique,
qui pent, cependant, realiser deux ionctions disiinctes,
parce que les deux influences nerveuses qui 1'animent
sont separees dans leur oriaine, et consequemment in-
d(;|ieiHlantesdans la transmission de leur influence.
De sorle qu'apres I'ablation des spinaux ce n'est pas
la paralysie de tels <>u tels muscles laryngiens speciaux
u la pbonation qu'il faut chercber, c'est laperte d'une
des influences nerveuses de 1'appareil moteur laryngien
qu'il taut ounstator.
Nous ferons encore remarquer que cette diversite
fonctionnelle d'un meme muscle ou d'un ensemble de
muscles en rapport avcc la plural ite" des influences ner-
veuses motrices qui s'y rendent, n'est pas un fait isote
qui soit particulier seulement .ii 1'appareil musculairedu
larynx; c'est un moyeu do.nt la nature se sert souvent
318 NERF SPINAL;
pour harmoniser les fouctions entre elles, et pour eco-
nomiser, en quelque sorte, les organ es moteurs; et,
sans sortir de notre sujet, nous voyons que ce fait do-
mine 1'histoire physiologique tout entiere du nerf spi-
nal. En effet, chacun salt qu'en se ramifiant dans les
muscles sterno-mastoi'diens et trapezes, ce nerf anime
des muscles deja influences par des filets moteurs pro-
venant du plexus cervical. Chacun sait aussi, et nous le
de'montrerons plus loin, que ces deux ordres de nerfs
sont en rapport avec deux ordres de mouvements spe-
ciaux. Eh bien, pour le larynx il ne se passe pas autre
chose : le spinal apporte aux muscles du larynx une fa-
culte motrice distincte de celle que le pneumogastrique
leur donne; et, par ce moyen, les muscles laryngiens
peuvent se preter a deux fonctions disliuctes. Sous ce
rapport, le larynx est done bien, ainsi que nous 1'avons
deja dit, un orgaue physiologiquement double, et 1'aria-
lomic comparee appuie cette maniere de voir. Chez les
oiseaux, on voit le larynx vocal separe anatomiquement
du larynx respiratoire.
En resume, chez les mam in i feres (et animauxa larynx
unique), 1' appareil musculaire laryngien est un appareil
vocal quand le nerf spinal 1'excite, et il est seulement
un appareil respiratoire quand le pneumogastrique
seul rinfluence. Apres r ablation des spinaux la voix est
abolie, mais le larynx n'en continue pas moins son role
d'organe respirateur parce que ses muscles obcissent
toujours a 1'excitation incessante du pneumogastrique.
La glotte, maintenue be'ante, reste identiquement dans
les monies conditions cVactivite ou elle se trouve chez un
SES FONCTIONS. 319
animal sain qui ne fait que respirer ; mais, pour ainsi
dire, dedouble et reduit acelte seule fonction, le larynx
est condamne an repos absolu en tant qu'organe vocal,
parce qu'il a perdu les filets nerveux qui appropriaient
la glotte a la phonaiion. Apres la section des nerfslaryn-
ges, les deux influences nerveuses sont detruites a la
ibis ; le larynx est alors paralyse completement, c'est-a-
dire frappe de mortdans 1'accomplissement de cesdeux
fonctions ; la glotte, encore entr'ouverte comme chez
un animal mort, ne pent plus servir ni a la phoiialion
ni a la respiration. La mort par suffocation ou par gene
de la respiration est la consequence normale de cette,
double paralysie fonctionnelle du larynx. Et si, chez les
vieux aniraaux, la grande rigidite des cartilages arythe-
noi'des, s'opposant a lour aflaissement sous la pression
de 1'air inspire, pennet parfois a la respiration de s'exe-
cuter encore, c'est un phenomene passif qui explique
seulement ces cas exceplionnels ; car cet ecartement dii
a la solidification des cartilages par les progres de 1'age
ne depend en aucune facon de 1'activite musculaire du
larynx, et ne meriteconsequemment pas plus le nom de
glotte que nele meriterait Forifice d'une canule adaptee
a la trachee cFun animal qui suffoque.
En se placant a un point de vue different de celui
que nous venous d'exposer, et tout en admettant les
- fails qui ne sauraient etre recuses, puisque ce sont des
re"sultats d'experiences, on pourrait repousser Tinter-
pretation que j'ai clonnee et soutenir que, dans le la-
rynx, 1'influence motrice vocale n'est pas distincte,
comme je 1'avance, de 1'influence motrice respiratoire,
,V2G NERF SPINAL.
et que les resultals quo j'ai obtenus ne proviennentpas
tie la suppression d'une influence nerveuse spociale,
mais qu'ils sont simplement une consequence d'une di-
minution d'intensite dans la puissance motrice du la-
rynx. En effel, dira-t-on, le larynx recoil dans Fetal
normal une certaine proportion de filets moteurs. et,
consequemment, une certaine dose de puissance motrice
sans destination speciale, mais qui, par sa seule quan-
lile, sera capable deproduirea lafois et les mouvements
respiratoires qui exigent moins d'energie nerveuse, et
les mouvements vocaux qui exigent au contraire une
plusgrande e'nergie musculaireet nerveuse. Or, quand
onenleve lesnerfsspinaux. continuera-t-on, on detruit
une grande proportion des fdets nerveux moteurs du
larynx, et par suite on lui enleve une grande partie de
sa puissance motrice, qui alors, devenue trop faible, est
incapable de produire les mouvements energiques que
reclame 1'acte de la phonation, bien qu'elle puisse en-
core permettre quelques mouvements respiratoires qui
exigent une depense motrice moins considerable.
Cette theorie qui a ete einise est d'abord basce sur
une hypothese toute gratuite, la supposition qu'il faut
plus de puissance motrice pour la voix que pour la res-
piration ; elle est ensuite inadmissible. En effet, je de-
manderai a ceux qui la soutiennent d'expliquer ce fait
que j'ai observe et qui a ete depuis constate par d'au-
tres physiologistes, a savoir que lorsqu'on detruit les
spinaux, le larynx est paralyse avec dilatation sans pou-
voir s'occlure, tandis que par la section des vagues ou
des larynges. le larynx est paralyse avec occlusion sans
SES FUNCTIONS. O'2l
plus potiYoir se dilater. 11 cst evident quo ces deux etats
opposes ne pen vent el re les degres d'une nieme para-
lysie ; si cela elait, en effet, 1'ahlation des spinaux devrait
amener un commencement d'occlusion de la glotte, qui
serait ensuite completee par la section des pneumogas-
ti'i([uesou des nerfs larynges.
En admettant lii deux influences nerveuses, et par
consequent deux causes differentes de p'aralysie, jecrois
etre mieux d'accord avec les faits. Dans le larynx, le
spinal est nerf inoteur vocal, et le pneumogastrique
nerfmoteur respiratoire. La proximite d'origine de ces
nerfs ne prouverait rien centre cette difference fonc-
tionnelle devoluea chacun d'eux. Les experiences phy-
siologiques n'ont-elles pas deinontre qne les filets ori-
ginaires du pneumogastrique seuls viennent pivndiv
naissance dans un espace tres limite et iirs important de
la nioelle allongee, aiujnel on a du donner le noin de
point premier inoteur des mouvements respiratoires?
.le persiste done dans mon opinion, en conclnant avec
Ch. Bell :
« One, lorsqu'nn organe recoit des nerfs de plusieurs
» sources, ce n'esi pas pour y accumuler la force ner-
» veuse, niais pour lui apportcr des influences nerveuses
» dillerentes. »
Chez nn animal sain, noussavons qu'au moment ou le
pharynx recoit lebol alimentaire, il y a reaction des mus-
cles constrictenrspharyngiensqui le poussent versl'oesu-
phage ; mais nous savons aussi qu'il y a simnltanement
abaissement de 1'epiglotte et occlusion plus on moins
complete de 1'ouvertufe.glottique, De sorte que, dans la
B , Svs. XERV. — ii. 21
;V22 NKKF SP1VU.;
drglutition normals, il so passo deux actions inusni-
laires distinctes, I'une ((iii dirigc Ics aliments clans les
voies digestives, 1'autre qui ferme le larynx et previent
leur entree clans les organes respiratoires.
Les fonctions toutesjne'caiiiques de re'piglolte ue sut-
fisent pas pour operer cette occlusion indispensable cle
I'ouverture laryngienne. Beauconp d'experiences ainsi
qin.iiie foulede cas pathologiques s'accordent aprouver
que repiglotte pent etre detruite sans gener sensiMe-
ment la deglutition des aliments solides: d'ou il resulte
que c'est principalement le emplacement du larynx et
son resserrement, plutut que la soupape epigloUique,
qui s'opposent a Tentree des particules alimentaires
dans les voies respiratoires.
Nous devons rappeler (pie c'est par Y action des mus-
cles pharyngiens que I'ouverture superieure du larynx
se trouve fermee et la respiration suspend ue pendant
que la deglutition s'opere. Les experiences sont posi-
tives a cet egard ; ('lies demontrent, en etfet, que cette
constriction de la glotte qui accompagne la deglutition
est independante des muscles du larynx, puisque, stir
les animaux (chiens) auxquels on a excise tons les
nerfs larynges et 1'epiglotte, cette occlusion pent encore
s'operer et prevenir le passage des aliments par la
glotte.
Consequemment aux iaits que nous venons de citer,
nous admettrons qu'il taut, pour Taccomplissement re-
gulier de la deglutition, que les muscles pharyngiens
aient une doultle action , I'une qui a pour effet de
pousser les aliments dans Toesophage, et cle metlre en
SES FONCTIOXS. 323
aetivite les voies de deglatitbo ; i'autre qui a pour but
de feriner le larynx et d'arreler le jeu des voies respi-
ratoires; afiii d'empecher le conflit perturbateur de ces
deux fonctions.
En enlevant les spiuaux, le pharynx ne perd qu'un
seul ordre de niouvements, celui qui est relatif a roc-
elusion dii larynx. En effet, nous avons vu que die/
nos animaux, la deglutition proprenient dite n'ctait
point abolie. Le bol alimentairc, pousse paries muscles
constricteurs vers 1'oesopbage, descendait encore dans
1'estomae; niais le larynx ne pouvant plus se resserrer,
nous avons la raison du passage dcs aliments dans la ira-
che'e, ct nous nmipreiiuns des lors. avec facilitr. com-
ment ce phenomene snrvient priticipalement lorsqu'on
irrite les animanx. el (piand on provoque chez eux des
niouvements d'inspiration an moment on la drglutilion
s'effectue. Nous avons trouvf'- celte gene de la degluli-
tion plus marquee chez les lapins que chez Icscluds. Ori
s'explique quand on retleehit ([lie les lapius trilurent
I'lierlie et la reduisent en nn bol alimentaire, dont les
particules tenues out pen de cohesion entre elles, tan-
el is que les dials, incisanl simplement avec les denlsla
viande dont ils se nourrissent, avalcnt nn bol alimen-
taire dont les parlicules restent unies, et sont moins
susceptibles de se dissocier pour entrer dansrouverture
beante du larynx. Che/ les lapins, la quant ite d'herbe
inachee qui passe dans les bronches est quelquefois con-
siderable, et celte circonstance peut amener an bout de
peu de jours une gene de h respiration et une pneu-
monie qui fait perir les animaux. On peut facilement
32/j. NERF SPINAL;
faire cesser cette complication si, com me nous 1'avons
fait, on deplace artificiellement Fentree des voies res-
piratoires en adaptant line canule a la trachee, et en
mettant line ligature au-dessus.
i Or 1' anatomic nous apprend qne le pharynx recoit des
nerfs de plusieurs sources, et que le spinal lui envoio
tin rameau tres evident (ramean pharyngien). La phy-
siologic nous indique que pendant la deglutition le pha-
rynx accomplit deux actes : 1'un qui ouvre en quelque
sorte Foesophage, 1'autre qui ferine le larynx.
Nos experiences nous demontrent qu'apres rablation
des spinaux, les muscles pharyngiens out perdu la fa-
culte d'occlure le larynx, et out conserve cellc de pous-
ser le bol alimentaire dans 1'cesophage.
Comme conclusion rigoureuse, il s'ensuit quelesdeux
actions du pharynx s'exercent sous des influences ner-
veuses motrices dislinctes, etque les mouvements d'oc-
clusion glottique s'operent exclusivement par 1' influence
du rameau pharyngien du spinal.
Maintenant, pour formuler d'une maniere generate le
role physiologique de toute la branche interne du spinal
sur le pharynx et sur le larynx, ilsuffitde rappeler qu'a-
pres 1'ablatioude ces nerfs, les voies respiratoires laryn-
giennes restent toujours ouverles, et ne peuvent plusse
resserrer ni s'occlure lors de la phonation on de la de-
glutition, et nous dirons :
Qu'en agissant sur les muscles laryngiens, la branche
interne dn spinal a pour effet de resserrer la glottc, de
tendre les cordes vocales, de rend re r expiration sonore,
et de changer momentanement les fonctions respira-
SES FONCTIONS. 325
toires du larynx pour en faire un organe exclusivement
vocal ;
Qu'en agissant sur les muscles laryngiens, la branche
interne du spinal a pour but de ferrner 1'ouverture su-
perieure du larynx, et d'intercepter temporairement le
passage de 1'air par le pharynx, pour approprier cet or-
gane exclusivement a la deglutition.
Mais si nous reflechissons que, dans toutes ces cir-
constances, la branche interne du spinal agit unique-
ment comme constricteur momentane du larynx, nous
resterons convaincusquele but final de 1'influence ner-
veuse des spinaux est toujours le meme, celui de former
un antagonisme temporaire a la fonction respiratoire,
afm de permettre aux organes qui sont places sur les voies
de la respiration d'accomplir des fonctions etrangeres a
ce phenomene.
En effet, pour que le pharynx execute sa fonction de
deglutition, il taut que sa fonction relative a la respira-
tion (conducteur beantde 1'air qui arrive aux poumons)
soit abolie. Pour que le larynx execute sa fonction vo-
cale, il fa ut que sa fonction d'organe respiratoire (con-
ducteur qui laisse arriver Fair aux poumons) soit mo-
mentanement arretee. Dans tous ces actes diffe'rents, ce
sont les memes organes qui fonctionnent. Mais les
memes appareils musculaires qui, sous une excitation
nerveuse donnee, s'approprient a la respiration, peu-
vent, par le moyeu d'uneautre influence nerveuse, agir
en sens contraire, et diriger leur activite sur une autre
fonction qui eteint ou re m place temporairement la
premiere.
326 NERF SPINAL;
Or, pour le pharynx ot le larynx, c'est la branche
interne clu spinal qui apporte cette derniere influence
nerveuse antagoniste a la premiere (respiration),
Ainsi doit etre compris le r61e fonetionnel double du
pharynx et du larynx; ainsi se trouvent expliquees
1'abolition de la voix et la gene de la deglutition, qui ne
sont que la consequence de la persistance des pheno-
menes respiratoires dans le larynx et dans le pharynx.
II nous reste encore a examiner la brievete de I'expi-
ration, Yessoufflement et Y irregularity dans la demarche
de certains animaux. Avant dYludier les causes de ce
dernier ordre tie phe'nomenes, nous aliens voir, par les
experiences, qu'il taut les rapporter a ia branche
extcrne du spinal, et nous constaterons que cesdiflerents
troubles dependent d'un defaut de reaction du spinal
sur les agents inspirateurs du thorax, reaction sur
1'appartjil thoraciijue qui est toujours eongenere de celle
exercee sur I'appareil laryniiUMi par la branche interne
du menu? nerf.
Les resultats qui vont suivre ayant (l<''ja <-te observes
a la suite de ralilation totale des nerfs spinaux, nous ne
ferons que les indiquer succlnctement dans nos expe-
riences nouvelles. Nous ferons seulementremarquerque
les phenomenes dont il s'agit sont plus prononces apres
la destruction totale des nerfs spinaux qu'apres la sec-
tion isolee de la branche externe.
Premiere experience. • • Sur nn chien encore jeune
et bien portant, j'ai disseque avec soin la branche ex-
terne du spinal, et je 1'ai divisee des deux cotes le plus
pres jiossihle de son (''mergence par le trou dechire pos-
SES FONCT10NS, 3*27
terieur, en ayant soin de ne pas inte'resser les filels du
plexus cervical qui vont au sterno-mastoi'dien. L'ani*
inal remis en liberty, ^7oici ce que Ton reraarqua ;
Rien n'etait change clans 1' allure de 1'animal quand
il restait au repos. La deglutition n'avait pas subi la
moindre atteinte. La voix avail conserve son timbre
clair et normal, mais les cris etaient en general plus
brets, et ils etaient souvent entrecoupe's par des inspi-*
rations, surtout quand on irritait lechien. L'animalsem-
blait etre, en un mot, dans les conditions de quelqu'un
qui a hi respiration courte. Aussi devenait-il assez promp-
tement essoufflc quand on le
faisait courir; et c'est alors
settlement, quand la respira-
tion etait de venue acceleree,
qu'on remarquait quelques
troubles dans les mouvements
des membresanlerieurs. L'ani-
mal fut sacrifie le m6me jour
a d'autres experiences.
Deuxwme experience. —
Les In-anches externes des
,o . , N u .
spinaux r (fig. 14) ayant ete
seules arrachees sur un chat adulte, la deglutition resta
parfaitemerit libre. Les miaulements spontanes avec leur
(1) Moeile allongee avec les origines des nerfs dc la Imilieinc i/ain-
rlicz le chat (In piece est vue par sa face laterale et i)osterieure). -
A, origine du pneumogastrique ; — B, porlion nu'-dullairc du spinal; -
B', porlion bulbaire du spinal; — C, glosso-pharypgicn ; — I), </, uci'f
facial; -- K, nerf hypoglosse ; — V, premiere paii;e nerveuse cervicale:
— G , roupo drs pedoncules du cerveau ; — h , i;;uii:!ioii juyulairo clu
(1).
328 NERF SPINAL;
timbre ordinaire etaient devenus plus brefs; ceux qifon
lui arrachait par la douleur etaient assez prolonged,
mais ils deyenaient en quelque sorte saccades, et sui-
vaient dans leiir succession les necessites da mouvement
expiratoire. II fnt tliflicile de constater de riiTegularite
dans les monvemenls des niembres; seulement 1'ani-
mal, naturellement tres sauvage, s'agitait moins dans sa
cage. Ce chat fut encore conserve pendant deux jours,
et n'offrit plus rieu de particulier.
Troisieme experience. — Sur un cheval, la 1 tranche
cxterne du nerf spinal droit (uerf trachelo-dorsal fut
excisee avant sa division en rameaux innsculaires. Kn
faisant marcher 1'animal apres. on constata un desac-
cord evident des monvements du membre thoracique
droit avec ceux du cote gauche, dYui resultait une sorte
de claudication particuliere.
Aiusi, comme Tanatoinie aurait pu de'ja nous le faire
prevoir, la branche externe du spinal n'agit pas sur la
formation du son vocal, ui sur la dedutition : mais elle
' CJ '
exerce son influence sur le systeme des mouvements
respiratpires du thorax. Or ces mouvements sont dans
pncuinogastrique ; — «',_/, branclic auriculaire du pnotimogastriqiic ; —
A", branche intcrmediaire du spinal ; anastomose de la branche interne
du spinal avec le pneimiogastrique ; — m , rameau pharyngicn du
pneumogastrique ; — p, ganglion cervical superieur; — <j, fik-ts ner-
veuxdu pneumogaslrique ne passant pas par le ganglion; — r, branche
exlcrne du spinal; --.s, anastomose du pneumogastrique avec la
branche externe du spinal (anostomose de Willis1 ; — u , section du pd-
doncule du cervelet ; - - r, plancher du quatrieme ventricule ; -
cc, tubercules quadrijumeaux ; — ?/, origine des nerfs acoustiques ; -
z , nerfs petreux.
SES FONCTIONS. 329
une liaison fonctionnelle necessaire avec la phonation,
V effort, la course, etc.
Reflechissons d'abord a ce qui se passe dans le chant
ou dans la phonation en general. II s'opere premiere-
ment une constriction speciale de la glotte qui fait vi-
brer Fair expire et produit le son vocal. /"Nous savons
que c'est une portion de la brancbe interne qui preside
a cette fonction ; nous n'y reviendrons pas.) Mais la voix
n'est pas constitute seulement par une expiration so-
nore; le son vocal ou chant a une dim'r, une intensite,
des modulations, une forme, enlin. qtii estsubordonnee
a des conditions nouvelles survenues danslemecanisme
de I'expiration thoracique. Les forces cxpiratoires du
thorax ne s'appliquent plus alors uniquement a drbar-
rasser avec promptitude le poumon de Fair qu'il con-
tient ; elles agissent inline en sens contraire: elles re-
tiennent Tair pendant un certain temps ; car les organ es
pulmonaires, en tantqu'organes respirateurs, s'arr^tent
pour remplii1 nioinentaneinent le role de porte-vent dans
Tappareil vocal.
L' expiration simple respiratoire. et I'expiration coin-
plexe vocule, en raison de hnir but different, ne se res-
semblent done pas du tout. II suffit. pour s'en rend re
coinpte, de s'observer soi-meme un instant. Si, e'tant
debout et ne prenant aucun point d'appui surlesobjets
environnants. on respire tranquilleinent, voici ce qu'on
remarque : ['inspiration et I'expiration se succedent re-
gulierement et out a pen pres la m6me duree, ou, si
Tune etait plus courte, ce serait I'expiration. Les mus-
cles sterno-mastoi'diens et trapezes ne se contractent pas
330 NERF SPINAL;
visiblement alors, bien qu'il y ait nil leger niouvement
d'elevation et d'abaissement dc 1'epaule qui corresponde
a 1'elevation et a 1'abaisseraent des c6tes. Maintenant, si
Ton veut changer les rapports dedureeqni existent entre
Tinspi ration et 1'expiration, on verra quo ce n'est qu'avec
la phis grande g£ne qu'on parvient a etendre les limites
de 1'expiration respiratoire ordinaii'e.
Mais si 1'on vient a parler, on surtout a chanter, la
condition precedente s'obtient avec la pins grande fa-
cilite, parce que 1'expiration a subitement change son
mecanisme pour devenir vocale. Voici ce i}iii arrive
alors: le thorax etant rempli d'air, et an moment ou la
fonction vocale du larynx va commencer, les muscles
slerno-mastoi'diens et trapezes se contracient, saisissent
en quelque sorte 1'epaule et le sternum, les rnaintien-
nent eleves, et suspendent lour abaissement ainsi que
celui des cotes, pendant tout le temps que dure remis-
sion sonore; lapreuve, c'est que, anssitot que le chant
cesse, 1'expiration s'accomplit ct les epaules tombent
sur le thorax. Dimint le chant, Texpulsion de 1'air se
fait cependant ; rnais, an lieu de se produire par 1'abais-
sement brusque d(> 1'epaule et des cotes comme dans
1'expiration respiratoire, elle s'opere tantot par un
abaissement lent et graduel du thorax (dans les sons
graves), tant6t par les muscles abdorainaux (dans les
sons aigns).
Cette contraction des muscles sterno-mastoidiens et
trapezes, qui a pour but de suspendre 1'inspiration pour
permettre ainsi an thorax d'adapter la colonne d'air
pxpiree aux modulations de la voix, cette contraction.
SES FONCT10NS. 331
dis-je, est d'autant plus marquee, que 1'action des mus-
cles laryngiens devient plus e'nergique. C'est le cas des
chanteurs,qui font effort pour produire les sons les plus
varies; tout le monde sait combien le larynx et les mus-
cles sterno-mastoidiens et trapezes acquierent de cleve-
loppement a cet exercice.
Maintenant, pour en revenir a nos animaux. il nous
sera facile d'interpreter toutes les particularity qu'ils
nous ontoffertes du cote de la voix. Quand ils n'ont plus
de spinaux, le thorax tout aussi bicn que le larynx res-
tent organes respiratoires, et ne peuvent plus se modi-
fier pour la phonation. Lorsque les animaux veulent
crier, ils se trompent. et nVxenitenl que des mouve-
ments respiratoires plus act it's. Quand la branche ex-
terne du spinal a ele drlniite seule, le larynx a con-
serve la faculte de produire le son . mais le souffle
thoracique ne pent plus 1'^tendre on le moduler : de la
brievete de la voix. qui est cntrecoupee et ne depasse
jamais en etendiie la duree de rcxpiratiou respiratoire
ordinaire.
Ainsi, dans 1'appareil vocal . il y a deux choses :
IM'organe formateur de son (larynx); 2° le porte-vent
(thorax). Mais ce que nos experiences demontrent, le
voici : c'est que, an moment ou le larynx est approprie
a la phonation par la branche interne du spinal, en
meme temps le thorax, par Tinfluence de la branche
externe, cesse momentane'ment d'appartenir a la res-
piration proprement dite, ponr s'nnir a 1'appareil pho-
nateur. Ces deux modifications du larynx et du thorax
con con rent. doncaumAme but final, etellesdoivente'tre
332 NERF SPINAL;
liees, puisqu'elles proviennent de la memo source ner-
veuse.
Les muscles stern o-mastoi'diens ct trapezes ne sont
pas antagonistes des mouvements respiratoires thoraci-
ques uniquement dans la phonation. Comme tels, ils
agissent encore dans les autres cas ou la respiration
s'arrete pour permettre an thorax, devenu immobile,
de servirde point fixe anx differents muscles de 1'epaule
on de 1'abdomen, etc.
Tons ces actes musculaires, qui demandent pour
s'accomplir nne suspension des phenomenes respira-
toires, meritent le nom (V effort. II pent se rencontrer
deux cas distincts dans la production de ce phenomene.
Quand 1'effort est violent et durable (effort complet), il
y a action simultanee on synergic des branches interne
et externe du spinal pour arreter la respiration ; le la-
rynx se ferme sous I'influencedcs muscles pharyngiens,
et les muscles sterno-mastoi'diens et trapezes se contrac-
tent vigonreusement pour s'opposer a 1'expiration et
maintenir le thorax plein et dilate : ainsi, dans les vio-
lents efforts abdominaux on des membres, etc.
Si 1'acte musculaire de r effort est de courte duree,
au contraire, et pen intense, le thorax n'a plus besoin
d'une aussi grande fixite. Alors ce synchronisme d' ac-
tion des deux branches du spinal n'est plus aussi neces-
saire : ainsi, dans beaucoup d' efforts passagers qu'on
execute avec les membres superieurs, Faction de la
branche externe sur les muscles sterno-mastoi'diens et
trapezes maintient suffisamment le sternum fixe et
1'epaule elevee, pour suspendre temporairement 1'expi-
SES FOXCT10.NS. o33
ration thoraciqire, sans qu'il soil necessaire que le la-
rynx se ferme hermetiquement. Ainsi, dans la degluti-
tion, la branche interne clu spinal suspend Texpiration
glottique sans avoir besoin clu concours des muscles qui
agissent dans le me" me sens sur le thorax.
Nous placonsla deglutition danslacategoriedes efforts
passagers, parce que. ne pouvant s'effectuer sans arre-
ter la respiration, c'est toujours le mecanisme cle 1'ef-
fort. a la duree et a 1'intensite pres. En effet. 1' effort
devient tres evident et complet quand la deglutition se
prolonge, com me chez les individus, par exemple, qui
boivent a la regal ad e.
Ainsi, la premiere condition de reffort. c'est I'arret
de la respiration. Or, nos animaux, (jui n'avaient plus
de spinaux, ayant perdu la faculte" d'arreter leur res-
piration, ne pouvaicnt plus fa ire d'efforts : ils sont alors
toujours trompe's dans leur attente. parce que a mesure
qu'ils veulent suspeiidre leur respiration, ils ne font que
1'accelerer.
Chez les animaux non davicuk's. il se passe pendant
la course une serie d'actes musculaires cmi nous sem-
blent pouvoir rentrer dans la classe des efforts passa-
gers. D'abord. si Ton examine chez ces animaux les
insertions inferieures des muscles sterno-mastoi'diens et
trapezes, on voit que le trapeze s'inseie a 1'omoplate
comme dans Thornine ; mais le sterno-mastoi'dien se
separe en deux faisceaux musculaires bien isoles, dont
Tun se fixe a la partie superieure clu sternum et 1'autre
(portion claviculaire chez rhomme) va s'attacher a rhu-
merus. Chez le cheval, la portion sternale du sterno-
oli'i \KKI- SPINAL:
masloidieM forme un musele bien sc'pare (sterno-maxil-
laire), s'inse'rant d'nne part au sternum et de 1'autre a
Tangle de la macboire inferieure. Ouand ce muscle
prend son point iixe en haut. il pent agir sur le sternum;
mais (juand il prend son point immobile infe'rienrement
nous admettons, avec M. Rigot, qn'il pent agir pom1
ouvrir la machoire, on, si eelle-ci est iixr'e, pour abais-
ser. la tete et prodnire le monvement de rengorgcincn't
ducbevat. Tons ces muscles s<mt animes par la branche
externe dn spinal, et (juand. la tele mi la colonnc cer-
vical^ a hujuelle ils s'attachent aUssi en haut) servant
de point fixe, ees imisrles vieniH.Mit a se contracter en-
semble, ils ont necessaircmeiit pour et'tet de porter le
sternum et IVpanle en bant et en avant. en m^me temps
que le meinbre anterieur est souleve du sol ct attire en
avant. De cette maniere. les parois tboraciques se trou-
veitt dc'-gagt'-es pour rinspiration loi'sque le niembre-se
porte en avant. et eomme le sternum est fixe, fexpi-
ration est suspendue jus([u'au moment on, la contraction
de tons ces muscles cessant. l^-paulc et le membre re-
viennent en arriere. Par ce mecanisme, il s'etablit un
rapport harmonique entre les mouvements du thorax
et ceux du membre anterieur, ce qni permet a ces der-
niers de se succe'der avec une grande -rapidite dans la
course, sans entre-cboquer on gener les mouvements
respiratoires.
On comprend maintenant comment, cbezles animaux
auxquels nous avons enleve lesspinaux, cette harmonie
n'existantplus, il se produisait par suite un essoufflement
des qu'on les forcait a courir. On remarqne alors une
si;s
irregulcH'itocaracteristiquedanslademai'chede raninial.
Cetlc particularile est surtout tres e'vidente chez le
chcval.
La forme eoslor-infsrieure de ia respiration , qui est
normale chez lesanimaux non clavicules, aiusi que Tout
avance MM. Beau et Maissiat, suffit pour assurer la
regularite do la function respiratrice dans la progression
ordinaire. C'est surtout lorsque. par reflet de la course,
les mouvemenls respiratoires tendent a prendre le type
coslo-superieur, que rhai'inonisation dont nous parlous
devieut plus necessaire. Du reste, tons ce> petits efforts
successifs, (jui tendraient a etablir I'accord des mouve-
uients respiratoires du thorax uvec ceux du inembre
anteiieur, chez les aniinaux sails clavicule. pouvant
rentrer. coinni(3 nous I'avons dit, dans les efforts tie
tres courte duree. uc n'vlameut pas 1' occlusion du
larynx. Kn elfet, les ehevaux coruards auxquels on a
praticjue la tracheotomie, soul encore aptes a la course,
et ce n'est que dans les grands efforts musculaires qu'ils
se troiivent un pen genes.
En resume, apres la destruction de la hranche externe
du spinal, les muscles sterno-mastoi'diens et trape/es ne
peuvent plus anrter les mouvemenis respiratoires
thoraciques, et, partant, ils sontdevenus inaptes a faire
servirle thorax comme point fixe dans reffort,etcomrne
porte-veul dans la phonation.
Cependant ces muscles ne sont pas paralyses comple-
tement; car si alors on les met a decouvert, on voit
qu'ils se contractent dans certains mouvements de la
tete; et, ce qui est le plus remarquable, c'est qu'ils
3oG Mill!-' SPINAL.
agissent encore eomme inspirateurs quand en vieiit a
gener mecaniquement la respiration. Unc experience va
nous fixer sur ce fait. Si 1'on pi-end un chien on un
chat, et qu'on mette a decouvert les muscles sterno-
mastoi'dienSjVoicicequ'on observe : quand on comprime
moderement la trachee de rauiinal, les deux sterno-
mastoi'diens so contractent pour soulever le steruiiiu et
produire Inspiration; mais cette contraction est de
tres courte duree . coiinno Tiuspiratioii elle-meme.
Quand , eessant de comprimer la trachee, on fait crier
rauiinal, les deux sterno-niasioidieus se contractent
encore vigoureusement et umiutieinieut le thorax soulevt'1
pendant toute la duree du cri. Mais si Ton vieiit a cou-
per le spinal du cote droit. par exemplc, et a reproduire
apres cela les circonstances precedentes, on verra que,
pendant le cri, le sterno-mastoidien gauche parait se
contracter plus fortement; quo. pendant la respiration
forcee. au contraire, les deux sterno-mastoi'diens se
coniractent ('galeiiKMit et continnent d'agir coniine
inspirateurs. 11 est preferable de couper les origines de
la branchc externe dansle crane, pour ne pas tirailler les
sterno-mastoi'diens et etre certain (jiron n'a pas les<3
les filets du plexus cervical qui serendeiit a ces muscles.
Cette experience prouve bien nettement (jiie la con-
traction vocale, si Von pent dire, dusterno-mastoi'dien, et
sa contraction respiratoire, sont sous des influences ner-
veuses ditlerentes. En effet, elles out des buts bien dis-
tincts : dans un cas, c'est pour amMer la respiration;
dans Tautre, c'est pour 1'aider on la produire.
La, nous retrouvons encore ce fait remarquable que
SES FOXCTIONS. 337
nous avons deja observe relativement aux muscles clu
larynx, savoir : qu'un meme muscle peutservir a deux
actesphysiologiques opposes, suivant I'influence nerveuse
qui 1'anime. L'exemple du sterno-masloi'dien est me' me
plus frappant quo celui des muscles laryugiens , parce
que c'est un gros muscle, a insertions bien determinees,
dont il semhle qu'on pent d'avance bien preciserTaction.
Et, pour expliquer sa duplicite" fonctionnelle, ce n'est
pas dans un ehaogement de point fixe qu'il faut la
chercher : il rcste toujours le meme (c'est la tele) ; ce
n'est pas non plus dans tin mode special du raccourcis-
sement de la fibre musculaire qui existerait dansun cas
et non dansl'autre; ce serait une supposition absurde,
puisque tonics les fibres musculaires ont la me'me
direction. Mais d'ou vient done cette duplicite fonction-
nelle? Elle vient simplement du temps d' action du
muscle. Ainsi, quand le sterno-mastoi'dien agitcomme
inspirateur (sous I'influence du plexus cervical), il se
contracte et souleve le thorax jusqu'a ce que lepoumon
soit rempli d'air : alors la fonctiou est finie, il se relacho
et laisse agir les muscles expirateurs. Quand, au con-
traire, le sterno-mastoi'dien agit dans la phonalion
(sous Tinfluence du spinal, il attend que le thorax soit
plein d'air; alors il fai'rete clans cot etat : la voix com-
mence et le muscle sterno-mastoi'dien, s'opposant tou-
jours aux autres muscles expirateurs, accompagne la
voix taut qu'elle dure et maintient de 1'air dans le thorax
pendant tout le temps que la voix en a besoin pour se
produire : c'est une influence nerveuse qui succede a
1'autre. Voila 1'explication de ce fait singulier, et ce
B., SVST. hEuv. — ii. 22
338 NERF SPINAL;
que nous venous cle dire pent s'appliquer aux muscles
du larynx.
De tout cela, nous conclurons qu'a 1'egal des appareils
musculaires pharyngienetlaryngien, les muscles sterno-
mastoi'diens et trapezes peuvent s'approprier a deux
fonctions differentes, parce qu'ils obe'issent a deux in-
fluences nerveuses distinctes :
1° Qu'ils agissent essentiellementcomme inspirateurs,
quancl ils recoivent leur influence du plexus cervical;
toutefois leur action n'est necessaire que lorsque la
respiration est difficile.
2° Qu'ils arretent la respiration et forment un anta-
gonisme aux mouvements respiratoires du thorax, quand
la branche externe du spinal les excite, et qu'ils sont
alors congeneres d'une action semblable exercee dans le
larynx par la brancbe interne du me" me nerf.
II y a done, pour les actes fonctionnels ou la respira-
tion doit etre arretee temporairement, deux antago-
nismes musculaires destines a cet eftet : Tun, qu'on
pourrait appeler interieur, qui agit to u jours sur 1'ouver-
ture du larynx et qui est re'gi par la branche interne
du spinal ; Tautre. qu'on pourrait appeler exterieur, qui
agit sur le thorax et qui se trouve regi par la branche
externe du meme nerf. On concoit qu'il ne pouvait pas
en etre autrement, parce que le larynx et le thorax
sont animes de mouvements respiratoires incessants; et
si, par exemple, au moment ou le thorax aurait ete fixe
pour servir de point d'appui dans 1'effort, le larynx
avait continue afonctionner commeorgane respiratoire,
et vice versa, on sait le desordre et la desharmonie qui
SES FONCTIONS. 339
en seraient resultes : nos experiences nous Tout de-
mon tre.
Ainsij la constriction du larynx ne suffisait pas pour
arreter la respiration ; a elle seule, elle ne pouvait s'op-
poser viclorieusement aux mouvements expiratoires du
thorax. Elle avait besoin d'un antagonisme exterieur,
autrement dit, cle 1'action auxiliaire et indispensable cle
la branche externe du spinal. Cette derniere etit seule-
ment pu devenir inutile, si le thorax, par tin mecanisme
quelconque, avait pu rester immobile. Ceci n'est pas
une simple conjecture : 1'anatomie comparee nous le
prouve. Chez les oiseaux, la respiration se fait, com me
on salt , tout autrement quo chez les mammiferes : ils
n'ont pas reellemcnt de diapfaragme, les poumons sont
fixes, etc., mais ce qui est important a notre point de
vue, c'est que leur thorax, a cause de sa structure os-
seuse , reste a pen pres immobile. II est ainsi tou jours
dispose a servir de point lixe aux organes musculaires
qui s'y attachent, et il ne ivagil. pas non plus sur les
poumons pour en expulser 1'air. Aussi les oiseaux, comme
nous 1'avons deja vu. n'ont-ils pas de branche externe
du spinal.
Nous savons maintenant que tons les troubles remar-
quables qui accompagnent la destruction des nerfs spi-
naux se coucentrent uniquement sur la partie motrice
ou dynamique de 1'appareil respiratoire (mouvements
laryngiens, mouvements thoraciques). Mais, avant de
rapprocher dans notre esprit toutes ces experiences,
aim d'en deduire quelques fails generaux. il importe de
nous rappeler que les agents respirateurs (larynx, tho-
340 NERF SPINAL;
rax) peuvent, a raison des deux ordres de nerfs moteurs
qui les animent, se trouver, chez un animal sain, dans
deux etats fonctionnels bien distincts.
Tantdt, comme cela se voit chez un animal qui reste
en repos ou qui est plonge dans le sommeil, une seule
fonction organique s'accomplit : c'est la respiration ; le
larynx beant livre a 1'air un passage facile dans les pou-
mons ; le thorax se dilate etse resserrealternativement;
enfin I'inspiration et 1' expiration j a pen pres egales,
s'exercent irivolontairement d'apres un rhythme regu-
lier que rien ne vient troubler. Tels sont les phenomenes
de la respiration simple.
Dans un autre etat, qui accompagne seulement la
veille, et qui est appele etat respiratoire complexe, par
opposition au precedent, il se manifeste d'autres phe-
nomenes, qui, bien que se produisant toujours au
moyen des agents respirateurs, sont cependant en de-
horsdu but de la respiration. Tels sont la phonation, la
deglutition, ['effort, etc.
Les agents respirateurs (larynx, thorax) out done un
double but fonctionnel, et il serait vrai de dire que,
dans le premier etat de respiration simple, ces organes
appartiennent exclusivement a la vie interieure ou orga-
nique, tandis que dans le second etat, dit de respiration
complexe, ils intervertissent provisoirement leur fonc-
tion respiratoire pour s'approprier a d'autres actes dela
vie exterieure. Or, il ne faut pas oublier que c'est uni-
quement a ces organes que le nerf spinal va distribuer
ses rameaux et porter son influence.
Maintenant, qu'est-ceque nos experiences nous ap-
SES FONCT10NS.
prennent? C'est que, clans 1'etat cle repos. quand la res-
piration simple s'effectue, les nerfs spinaux n'ont aucun
rule a remplir ; car, lorsque nos animaux sont calmes
ou qu'ils clorment, on ne voit pas le moindre trouble
dans leurs functions, et il serait tout a fait impossible
de dire alors s'ils out des spinaux, ou s'ils n'en out pas.
Mais quand 1'etat oppos6 au repos arrive, et lorsque
1'animal (sans spinaux) veut accomplir les differentes
fonctions qui etablissent des rapports entre lui et le
monde exterieur. il se trouve arrete dans tous les actes
qui, pour s'operer, reclament des modifications parti-
culieres dans les agents respirateurs. La volonte de
1'animal se manifesto pourtant toujours, inais elle n'a
plus de prise sur sa respiration pour I'arreter, la mo-
difier a son gre. et produire la phonation, V effort, etc.
Le larynx et le thorax ne sont plus avertis en quel-
que sorte des actes de la vie ex-lerieure qui se passent
autour d'eux ou dans eux : ces organes, demeures
agents dela respiration simple, continuent perpetuelle-
ment, malgre 1'animal, a executer cette fonction, etils
ne peuvent ])lus en remplir d'autres. Quand 1'animal
croit former un cri, il respire; quand il veut avaler, il
respire en meme temps; quand il cherche a faire un
effort, il respire encore plus vite.
Ainsi, les agents actifs de la respiration (muscles qui
agissent sur le larynx, muscles qui agissent sur le thorax)
reooivent done deux ordres d'influence nerveuse motrice.
i>
Dans l^tat de respiration simple, 1'influence du spinal sur
elle estnulle; ce nerf n'excite des mouvements qu'en
vue des actes de la vie exterieure, et c'est lui qui preside
NERF SPINAL;
a tons les changements qui surviennent dans la motilite
du thorax el du larynx lors do la respiration complexe,
telsque 1' effort, lavoix. Aussi, sous ce rapport, le nerf
spinal doit-il etre considere com me le nerf vocal ou nerf
des chanteurs par excellence ; car sans lui toute modu-
lation de son est devenue impossible.
De tout ce qui precede nous demons conclure que :
4° Pour le moment, il serait difficile de ramener les
nerfs craniens au type simple des nerfs rachidiens. Et
pour le cas qui nous occupe, il est demontre par les faits
quele pneumogastrique et le spinal ne sont pas dans les
memes rapports anatomiques et physiologiques que les
deux racines d'une paire de nerfs rachidiens.
"2° Le nerf pneumogastrique est un nerf mixte qui
regit les phenomenes organiques moteurs et sensitifs de
trois grandes fonctions, savoir : la respiration, la circu-
lation et la digestion.
3° Mais parmi ces fonctions il en est une, la respira-
tion, qui participe a la vie volontaire ou de relation.
Aussi elle a un nerf de plus, c'est le spinal.
/i° Le spinal est done un nerf moteur qui regit les
mouvements du larynx et du thorax toutes les fois que
ces organes doivent produire la phonation et etre ap-
propries a des actesqui sont en dehors du but de la res-
piration simple.
Autrement dit, c'est un nerf de la vie de relation an-
nexe a Tappareil respirateur, de meme que les actions
auxquels il preside, la voix, etc., sont des phenomenes
de la vie de relation annexes a la fonction respira-
toire.
SES FONCTIONS. 3/J 3
Consequemment Ic spinal ne saurait 6tre consider^
comme un nerf respirateur on accessoire de la respira-
tion ; il agit toujours en sens contraire, et il a constam-
ment pour objet de suspendre 1'accomplissement decette
fonction organique, en meme temps qu'il adapte le la-
rynx et le thorax aux phenomenes de la phonation, de
1'effort, etc. Si Ton voulait donner a ce nerf un nom
qui rappelat le mecanisme de sou influence, il faudrait
plut6t Tappeler nerf antagonists de la respiration.
Avecde semblables usages, le spinal forme dans 1'eco-
nomie un nerf tout a fait exceptionnel, et cela n'a lieu
de surprendre, puisqu'il appartient a une fonction (la
respiration) elle-meme exceptionnelle, en ce que les
organes moteurs qui 1'aceomplissent (larynx, thorax)
peuvent tour a tour se preter a la vie de relation on
rester dans la vie organique.
Nous avons vu qu'apres la destruction des nerfs spi-
nanx I'appareil respirateur redescend pour ainsi dire
dans la vie organique, et que 1'animal aphone ne parait
desormais avoir pas plus de prise sur les niouvements de
son larynx ou de son thorax qu'il n'en a sur ceux de son
coaur ou de son estomac.
Dans la prochaine lecon nous passerons a 1'etude du
pneumogastrique, qui se trouvera simplifiee par ce que
nous avons deja dit du nerf spinal.
DOUZIEME LECON.
17 JUIN 1857.
SOMMAIliE : Nerf pncumogastrique. — Ses proprietds : sonsibilitd non
constanle. — Hameaux larynges superieur et infe"rieur. — ResuUats
varies de leur section. - Explication. — Experiences. — Eflets de
la section des pneuino^astriques sur les poumons. — Experiences.
— Lorsqu'on a coupe les pneumbgastriques a un animal , la rnort qui
survient n'est pas necessairement la consequence de I'asphyxie. —
Apres la section des pneumogastriques, les respirations sont plus
rares et plus larges.
MESSIEURS ,
Nous aliens passer aujourd'hui a 1'etude du pneumo-
gastrique.
Le nerf pneumogastrique est connu depuis fort long-
temps; c'est un de ceux sur lesquels on a experiment^
le plus anciennement, sans doute a cause de la facilite
avec laquelle on peut le mettre a decouvert dans la
region du cou. Galien a experiment^ sur le pneumo-
gastrique, il parait meme qu'avant lui on 1'avait disse-
que ou comprime sur 1'animal vivant. Depuis, ces
e"preuves se sont considerablement multipliers : il n'est
peut-etre pas un physiologiste qui n'ait appele 1'expe-
rimentation a prononcer sur ses fonctions. Malgre cela
le nerf pneumogastrique est un de ceux dont 1'histoire
est encore le moins connue.
Bichat le presente comme un nerf d'une nature diffi-
cile a definir anatomiquement, paraissant participer a
NERF PKEUMOGASTRIQUE. 3/1 5
la fois des nerfs de la vie de relation et du systeme du
grand sympathique avec lequel nous verrons qu'il se
confond dans les especes inferieures.
Nous avons examine a propos du spinal la question de
savoir si le nerf pneumogastrique devait ou ne devait
pas etre considere comme une racine posterieure dont
le spinal serai t la racine ante'rieure. Pour resoudre cette
question nous avons eu recours au criterium de la sen-
sibilite* recurrente, qui nousamontre que ces deux nerfs
ne sont point reunis par cette propriete et que I'acces-
soire de Willis recoit sa sensibilite des paires cervicales.
Un autre fait, extre'mement curieux et propre a
montrer que le pneumogastrique differe parses proprie-
t6s des racines posterieures rachidiennes, est son mode
de sensibilite directe. Nous savons que les racines rachi-
diennes posterieures sont toujours donees d'une vive
sensibilite; il n'en est pas de meme du nerf pneumo-
gastrique qui, clans diverses circonstances, chez I' animal
sain , se niontre completement insensible.
Voici un lapin sur lequel nous pincons le pneumo-
gastrique dans la region du cou sans produire aucune
douleur; nous le coupons ensuite sans que I'aniinal
paraisse le sentir. Cependant on pent se convaincre, en
lui pincant 1'oreille ou une patte, que 1'animal a sa sen-
sibilite generale parfaiternent intacte.
Sur un chien, nous pincons egalement le pneumo-
gastrique sans faire crier 1'animal.
Tout a 1'heuro nous faisions 1'experience sur un chat
et nous obtenions les memes resultats. Lorsque le
pneumogastrique est sensible, sa sensibilite est le plus
3/j6 NERF PXIiUMOGASTRIQUE r
souvent obtuse. Mais le point le plus interessant a elu-
cider, c'est la determination des circonstances dans
lesquelles ce nerf est sensible on insensible.
J'ai beauconp experimente sur des chiens pour cher-
cher a etablirces conditions de la sensibilite on del'insen-
sibilite du pneumogastrique. Quelques faits panni ceux
quc j'ai pu observer ecbappent jusqu'ici a toute interpre-
tation ; cependant, j'avais cm voir, d'apres le plus grand
nombre des cas , que le pneumogastrique est insensible
chez les cbiens a jeun, tandis qu'il serai t sensible cbez
cesanimaux en digestion ; toutefoisje suis loin de donner
cette proposition coniine sullisamment etablie. II y a
done la une modification relative a la sensibilite qui
tient sans doute a la nature speciale du nerf etdemontre
clairement que, sous ce rapport, le rapprocbement
qu'on a voulu faire entre lui et une racine posterieure
n'est pas exact. Les fails dont je vous parle seront si-
guales dans des experiences que nous signalerons plus
loin et qui se rapportent en meme temps a d'autres
questions relatives a la pbysiologie du nerf pneumogas-
trique.
Ceci m'amene encore a vous parler d'uue question sur
laquelle nous aurons plus tard a revenir, celle de savoir
si les nerfs sont sensibles seulement quand ils se ren-
dent a des parties sensibles. N'y aurait-il pas lieu de
gent3raliser cette proposition dans certaines limites et
de retrouver, outre les nerfs des sens proprements dits,
des divisions de nerfs sensitifs qui anraient les pro-
prietes des nerfs de sensibilite generale , ou celles des
nerfs de sensibilite speciale. II est constant que quand
SES PROPRltTES. 3/1 7
ut) nerf va a ia peau, dont les perceptions soul doulou-
reuses, le nerf est lui-meme extremement sensible aux
irritations mecaniques. Nous voyons . en effet . les
nerfs qui se rendent a certains organes jouir de pro-
prietes speciales en rapport avecles fonctions dont 1'ac-
complissenient est confie a ces parties. G'est ainsi que
le nerf optique ne transmet pas d' impressions doulou-
reuses , mais bien des sensations lumineuses ; que la
contusion de ce nerf, en laissant de c6te la douleur percue
par les nerfs des enveloppes de Fcei! , se traduit par
une sensation lumineuse subjective, qui fait dire vulgai-
rement que le patient voit trente-six chandelles.
Or. il semble qu'il en soit de ineme pour les nerfs qui
se rendent a des membranes muqueuses ou se percoi-
vcut des sensations speciales. Aucune impression dou-
loureuse n'est peut-etre plus vive que celle qu'on fait
naitre en pincant ii la face le nerf sous-orbitaire. Ce-
pendant vous savez qu'un autro rameau de meine nerf,
pince en arriere des fosses nasales, nous a semble com-
pletement insensible.
Ces vues expliqueraient jusqu'a un certain point 1'in-
sensibilite du pneumogastrique dans la region du cou.
Ce nerf, en effel, se rend a Testomac, aux voies respi-
ratoi res, organes qui sont doues d'uue sensibilite parti-
culiere, et dont la sensibilite generate parait a })eu pres
nulle dans les circonstauces ordinaires. Dans les voies
respiratoires, cependant, noustrouvonsun organe d'une
sensibilite extreme, la glotte. Or, il taut noter que le
nerf qui s'y rend, le larynge superieur, est tres sensible
et que c'est plus haut, au-dessus du point sur lequel a
3 AS NERF 1'NEUMOGASTRIQUE.
porte notre exploration, qu'il se de"tache du pneumo-
gastrique.
II resulterait done de la qu'un m£me nerf sensitif
pourrait avoir des filets sensibles et des filets insen-
sibles aux excitations douloureuses. Ce nerf serait tou-
jours sensitif, inais certaines de ses parties ne perce-
vraient normalement que des sensations speciales.
Ainsi, lorsqu'on introduit un liquide dansle larynx par
en haut, le faisant tomber par une sonde sur les bords
de la glotte, on provoque une toux violente et extieme-
ment penible. Cette sensibilite parait n'exister que sur
la muqueuse de la face superieure de la glotte, car on
ne laretrouve pas lorsque apres avoir fait une ouverture
a la trachee et renversant la tete de 1'animal on fait la
meme instillation de liquide de la trachee vers le
larynx. De sorte que le liquide touch ant les bords de la
glotte produit une sensation tres penible lorsqu'il tombe
de haut en bas, et non lorsqu'il passe de bas en haut;
etcependant c'est le me' me tronc nerveux qui fournit des
filets aux deux parties de la muqueuse qui sont si diver-
sement impressionnees.
Arrivons maintenant a 1'etude des fonctions du pneu-
mogastrique. en recourant aux moyens d'exploration
qu'on emploie d'ordinaire; voyons quels sont les effets
de la section du pneumogastrique sur les diflerents
organes auxquels il se rend. Pour conserve!1 quelque
clarte a cet expose, nous exarninerons successivement
les elfets produits par cette section sur chacun des or-
ganes auxquels le nerf envoie ses filets.
Apres avoir indique les particularities relatives a la
SERFS LARYXGtiS. 3^|9
sensibilite du larynx , il nous reslerait a parler de ses
mouvements ; nous ne nous y arreterons pas ici : nous
les avons deja examines a propos du spinal qui est le
nerf moteur par excellence de cet organe.
Nous avons vu que sous ce rapport le larynx etait le
siege de deux orclres de mouvements, les mouvements
vocaux et les mouvements respiratoires.
Quancl on detruit les nerfs larynges. on abolit les
mouvements vocaux et les mouvements respiratoires.
Les effets produits, lorsqu'on coupe Fun seulement de
ces nerfs, different suivant que la section porte sur le
nerf larynge superieur, ou sur le nerf larynge" inferieur.
Apres la section du larynge superieur. la sensibilite
de la glotte est abolie, ainsi que celle du restc du
larynx; la voix n'est pas eteinte, inais elle devient
rauque ; Tanimal pent toutefois continuer a vivre. Ces
effets sont connus, je ne m'y arreterai pas.
Lorsque Ton a coupe le larynge inferieur, la voix est
comple" lenient perdue; mais les sympt6mes qui s'ob-
servent du c6t£ de la respiration sont assez remar-
quables.
Tantot , en effet , r animal auquel on a coupt^ le
larynge inferieur peut respirer et continuer a vivre,
tan tot il ne peut plus respirer et peril asphyxie. Cette
difference si prononcee dans les phenomenes conse-
cutifs a la section d'un meme nerf tient a 1'age des
animaux sur lesquels ou a pratique 1'operation.
Comment peuvent s'expliquer les phenomenes qui
s'observent apres la section des deux nerfs larynges.
Quand on a coupe le larynge superieur, la raucite de
350 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
la voix tient a la paralysie du muscle cricothyroi'dien
et a mi defaut de tension des cordes vocales.
Quand on acoupe le larynge inferieur, tons les autres
muscles du larynx sont paralyses, d'ou resulte une perte
complete de la voix.
Voyons main tenant pourquoi apres la section du
larynge inferieur, les animaux sont quelquefois asphyxias
et quelquefois peuvent, au contraire, continuer a res-
pirer. Legallois qui a observe ce fait par hasard , en
operant sur de petits chiens, en a fort bien saisi la
condition. Pour abolir la voix, il avait coupe le larynge
inferieur; 1'animal jeune cessa de crier, mais il suffo-
qua et succomba rapidement. Legallois fut tres etonne
de ce resultat, car il avait souvent coupe le nerf Iaryng6
inferieur sans observer cette asphyxie. 11 attribua a
1'age les differences qui se presentaient dans les resul-
tats de ses experiences, et vit qu'en effet, la section
du larynge inferieur, rapidement mortelle chez les tres
jeunes animaux, cesse de l'6tre a un age plus avance.
Toutefois., Legallois avait constate le fait sans donner
la veritable explication.
On a reconnu ensuite que cette explication ressort
de la solidite variable des differentes pieces du larynx ,
suivant les ages. Chez les jeunes animaux, apres la pa-
ralysie du larynx, les levres de la glotte sont flasques
dans toute leur etendue ; elles se rapprochent dans les
mouvements d'inspiration , et ne permettent plus a
1'airde penetrer dans le larynx. Chez les animaux plus
ages, les cartilages arytenoi'des, plus resistants, laissent
en arriere des levres de la glotte une ouverture qui ne
LARYNG1' INFtfRIEUR. 351
peut pas s'obturer. C'est par cette ouverture que con-
tinue a passer 1'air.
Les troubles fonctionnels qui s'observent chez les
jeunes animaux apres la section du larynge inferieur,
tienneut ^videmment a une obstruction survenue dans
le larynx. En effet, on peut, lorsqu'ils sont sur le point
d'asphyxier,lesfaire vivreen pratiquant la trache'otomie.
Voici mi petit chat age de sept ou huit jours ; peut-
etre est-il deja un peu tard pour observer chez lui 1'as-
phyxie consecutive a la section du larynge inferieur.
Nous allons ueanrnoins faire 1'experience.
Nous coupons le larynge inferieur d'un cote : deja les
cris deviennent plus sourds; la voix a perdu beaucoup
de son intensite. Maintenant nous coupons le larynge"
inferieur de Tautrecdte : la voix est completement abo-
lie. En meme temps vous voyez que l'animal ne peut
plus respirer, le sang qui s'ecoule par la plaie est noir;
la langue prend une coloration foncee comme si on
(Hranglait l'animal ; il asphyxie.
Tout ;i Tlieure nous le ferons revenir en lui ouvrant
la trachee. Mais le voici deja sans mouvement, je crains
quelatracheotomie n'arrive unpeu tard. La trachee est.
ouverte ; voici bientot une large inspiration ; nous ai-
dons le retablissement dela respiration par des pressions
alternatives exerces sur les parois thoraciques ; bientot
l'animal ouvre les yeux et est revenu a la vie. Nous lui
placons une petite canule dans la trachee ; si ce chat peut
teter, il est probable qu'il survivra a 1'operation et que
nous pourrons vous le presenter encore vivant dans la
prochaine lecon .
352 NERF
Voilapourle laryng^ inferieur.
Examinons mainlenant r action du pneumogastrique
sur les organes thoraciques, sur le pounion d'abord, et
ensuite sur le cocur.
On sail depuis fort longteinps que le pneumogas-
trique a une influence tres marquee sur 1'appareil res-
piratoire. Cette influence a ete tres diversement inter-
pretee par les physiplogistes ; et nous verrons, passant
en revue les resultats des experiences, qu'il etait dif-
ficile qu'il en fut autrement. La section du pneumo-
gastrique sur un mam mi fere ou sur un oiseau amene
la mort au bout d'un temps qui varie cle deux a quatre,
et rarement au dela de cinq jours. Les reptiles peuvent
vivre davantage, mais ils finissent aussi par y succom-
ber. Legallois croyait que. clans ce cas, la mort etait
produite necessairement par une lesion pulmonaire.
En effet, a 1'autopsie des animaux qui ont succomb^
a la section du pneumogastrique, il a signale une lesion
des poumons. Aussilut apres 1'operation, il notait une
perturbation profonde des ])henomenes respiraloires ;
il pensait que la respiration devenait alors insuffisante,
que les pbenomenes chimiques qui s'y rattachent etaient
incomplete et que I'aniuial mourait asphyxie au bout
d'un temps variable.
Les alterations des poumons pouvaient porter a penser
qu'il en estainsi. Legallois, ayant coupe ies pneumogas-
triques sur de jeunes lapins, trouvaqu'ils succombaient en
presentant une alteration des poumons qui rappelle 1'he-
patisation ; leur tissu, rouge et dense, ^taitfortement con-
gestionne; certaines parties meme nesurnageaient plus.
ALTERATION DBS POUMONS. 353
D'autre part, des travaux entrepris sur leme'mesujet
nous montrent quo cette alteration pent 6tre fort legere,
qu'elle pent inline manquer completement. Dans leurs
experiences sur le pneumogastrique, de Blainville et
Provencal n'ont trouve aucune alteration anatomique
dans les poumons d'animaux qu'ils avaient fait perir en
leur coupant les pneumogastriques. Us en avaient conclu
que ces animaux mouraient , non par 1'appareil respi-
ratoire, mais par 1'appareil digestif; qu'ils mouraient
de faim.
Les experiences de de Blainville et Provencal mon-
trent seulement que 1'alteration du pouinon n'est pas
conslante, qu'elle pent manquercomple'tement, sans que
les animaux survivent pour cela a rope" ration ; que par
consequent 1'opinion qui vent trouver dans cette altera-
tion pulmonaire la cause de la mort par section des
nerfs pneumogastriques est une opinion errone'e.
Enfin cette lesion du poumon n'existe pas chez les
oiseaux, bien que chez eux, comme chez les mam mi-
feres, la section des pneumogastriques soitmortelle.
Repetant a mon tour Inexperience, qui consiste a
couper les nerfs pneumogastriques dans la region du
cou, et a suivreles perturbations fonclionnelles ou ana-
tomiques qui en sont la consequence, je suis arrive a des
resultats variables. Toujoursou presque toujours (j'aurai
a revenir sur cette restriction), les animaux ont suc-
combe dans un temps, qui avarie de quelques heuresa
trois ou quatre jours. Mais tant6t j'ai rencontre les lesions
pulmonaires signalees par Legallois, t:int6t les poumons
etaient completement exempts de cette infiltration san-
B., S7ST. h'ERV. — II. 23
NERF PNEUMOGASTRIQUE.
suine sia'nalee. Je me suisdes lors attache a chercher
o o
clans les conditions de 1'experience, la raison de cette
divergence des resultats, et je crois F avoir trouvee.
Cette earn ificat ion du poumoii se montre plus spe-
cialement chez les jeunes animaux, chez ceux qui sont
en meme temps plus petits, comme les lapins , ou les
cochons d'lude. Un lapin jeune, auquel on a coupe les
pneumogastriques, ineurt generalement avant vingt-
quatre heures ; or, si on le sacrifie une heure apres
1'operation, on trouve deja de la congestion ; un peu
plus tard, un epanchement sanguin se fait; les pou-
mous sont alors marbres par le sang ; 1'auimal peril plus
tard reellement asphyxie.
Mais cette asphyxie n'est qu'accidentelle, il y a en
effet des animaux qui ne Teprouvent pas et qui n'en
meurent pas moins. J'ai vu des chiens survivre trois
ou quatre jours a Toperation sans presenter de signes
d'asphyxie et conservant les poumons sains et le sang
arteriel parfaitement rouge.
Lorsquon a coupe les pneumogastriques a un animal.,
la mort qui survient riest done pas necessairement la con-
sequence de Vasphyxie.
M. Trauhe, de Berlin, a experiment^ sur des lapins
pour tacher de saisir la cause de 1'alteration que pre-
sentent chez eux les poumons. II a cru remarquer que,
chez eux, Falteration des poumons etait due a Fintroduc-
tion, dans les bronches, des liquides secretes dans la
bouche ou remontant de 1'estomac dans 1'oesophage pa-
ralyse. La presence de ces liquides dans les bronches
expliquerait, suivantcet auteur, 1'asphyxie et les altera-
ALTERATION DBS POUMONS. 355
tions anatomiques qui I'accompagnent. Les observations
de M. Traube sont exactes en ce que les phe nomenes qu'il
signale sont possibles ; mais je ne saurais admettre les
conclusions qu'il en tire, parce que I' introduction des
liquides dans les bronches n'est pas plus necessaire pour
produire les desordres anatomiques observes dans les
poumons, que ces desordres ne le sont eux-niemes pour
produire la mort. C'est la encore un accident qui vient
s'ajouter au phenomene, mais qui en est independant
et ne saurait etre regarde cooime sa cause productrice.
En effet, on peut, chez les memes animaux, empe-
cher les mucosites, les liquides venant du pharynx d'en-
trer dans les bronches, la congestion pulmonaire n'en
a pas moins lieu. Pour le voir, j'ai pris deux lapins et
j'ai, sur tous deux, coupe les nert's pneuinogastriques,
coiniue nous le rapporterons plus tard. Ensuite, j'ai
pratique sur Tun d'eux la tracheotomie, et introduit
dans la trachee une canule qui a ete convenabiement
liee. II est evident que chez ce dernier, aucun liquide
ne pouvait penetrer dans la trachee, qui ue communi-
quait plus qu'avec 1'exte'rieur directement. Tous deux
cependant out succombe en meme temps, pre'sentant les
alterations du poumon a un meme degre.
Les experiences qui suivent montrent que chez les
animaux de meme espece (chiensj, on peut trouver
tant6t cette alteration et tant6t la voir manquer. Ces
experiences contiennenten outre des observations hemo-
metriques qui out ete faites en vue de constater Tin-
fluence de la section des vagues sur la pression du sano-
dans le systeme arteriel. Nous donnons ici ces resultats
356 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
quoiqu'ils se rapportent en partie aunsujet sur lequel
nous aurons a revenir plus loin.
Exp. — Sur tine chienne de taille moyenne, on fit
la section des nerfs vagues dans la region moyenne du
cou.
Avant reparation, les pulsations etaient au nombre de
72 a 75 par minute avec I'irregularit6 etl'intermittence
qui s'observent chez les chiens. Les respirations etaient
au nombre de 16 a 17 par minute. L'hemodynamo-
metre place alors sur 1'artere carotide droite oscillait
de 150 a 210.
L'instrument restant en place, on fit la section du nerf
vague droit ; les pulsations atteignaient le chiffre de l\k
par minute, avec de grandes intermittences. On
comptait 11 respirations par minute. L'hemodynamo-
metre oscillait de 180 a 230 au moment meme de la
section du nerf ; puis, au bout de dix minutes environ,
il etait revenu de 75 a 105.
L'instrument restant toujoiirs en place, on fit la sec-
tion du nerf vague gauche. Alors, apres la section des
deux vagues, les pulsations devinrent si nombreuses
qu'on ne pouvait plus les compter, et elles n'offraient
plus aucune interrniltence. L'hemodynamometre , au
moment meme de la section du nerf gauche, r animal
restant calme, monta jusqu'a 240, 250 et 260; la
chienne fit a ce moment des efforts tellement violents,
que 1'instrument echappa de 1'artere d'ou s'ecoula une
certaine quantite d'un sang rutilant.
Apres une demi-heurc, 1'animal etant calme, on
reappliqual'hemodynamometre ; les pulsations n'etaient
EXPERIENCES. 357
plus que de 80 a 85, et les respirations de 6 a 1 par
minute.
Apres la section cles deux nerfs vagues, on remarqua
que le plus grand abaissement de la colonne mercurielle
coincidait avec 1'expiration, comme cela se voit d'habi-
tude.
D'abord 1'animal avait eu la respiration libre ; mais,
trois quarts d'heure apres, il fut pris d'une g6ne de la
respiration excessivement prononcee, qui semblait tenir
a la presence de mucosites qui venaient peut-etre de
1'estomac.
Le lendemain, 19 octobre, seize heures apres la sec-
tion des vagues, 1'animal etait plus calme, quoique sa
respiration fut toujours genee. Pulsations de 145 a 150,
sans irregularite. L'hemodynamometre, applique sur la
meme artere que la veille, oscillait de l/iO a 170, puis
ensuite il baissa et oscilla de 120 a 130, puis de 110 a
90, lorsque 1'animal devenait parfaitement calme. Le
sang etait noir dans 1'artere, tandis que la veille il etait
rutilant. Quaiul on mettait 1'animal dans la position
horizontal, il y avait vomiturition d'un liquide alcalin,
bilieux, venant de 1'estomac. L'inspiration et Fexpira-
tion etaient separees par un temps considerable, pen-
dant lequel la colonne mercurielle se tenait toujours a
son minimum.
On pinca alors le bout superieur du nerf vague gauche
qui etait tres pen sensible ; ce pincement parut donner
lieu a un phenomene singulier de fremissement dans le
c6te correspondant de la face; la temperature prise dans
le rectum de 1'animal etait de 35°5.
358 NERF PNEUMOGASTRIOUE.
Le 20 octobre, qnarante heures apres 1'operation,
I'animal fut trouve mort. A I'autopsie, on vit les pou-
mons gorges de sang dans leur tissu. L'estomac etait
rempli d'un liquide jaune-verdatre, bilieux,alcalin,qui
refluait directement par 1'oesophage flasque et paralyse",
lorsqu'on venait a comprimer Festomac. Cette sorte de
reflux, qui avail lieuquandranimal etait dans la position
horizontal, avait semble" se produire pendant la vie.
Exp. - - Dans un autre cas nous avons vu survenir de
1'hemoptysie apres la section des nerfs vagues : sur un
chien adulte et en pleine digestion, on resequa les deux
nerfs vagues dans la region moyenne du cou. Ce chien
presentait les sympt6mes ordinaires de la section des
vagues ; settlement, vingt-quatre heures apres, la res-
piration devint beaucoup plus gene'e, le chien fut pris
d'une hemoptysie abondante et mourut quelques heures
apres. A 1'autopsie, on trouva les poumons marbre"s,
comme earnings, avec des mucosites sanguinolentesdans
les branches.
Exp. - - Un vieux chien, de taille moyenne, etant
couche sur le dos, on compta, 1'animal etant calme, de
85 a 90 pulsations, et23 ou 24 respirations par minute.
Alors on fit une incision dans la region du cou et on
isola les deux nerfs vagues au-dessous desquels ou passa
une anse de fil.
On compta de nouveau les pulsations qui etaient
alors au nombre de 9/i, et les respirations au nombre
de!2a!5.
On placarhemodynamometre sur lacarotide droite ; il
accusait une pression de 150 a 180 millimetres.
EXPERIENCES. 359
On fit alors la section du vague gauche, 1'hemocly-
namometrerestanten place. Aussit6t il y cut une acce-
leration comme convulsive cles pulsations ; 1'animal
s'agita, fit cles efforts, et la pression monta dans Tin-
strument cle 180 a 220, pen a peu le calme se retablit;
mais I'hemodynamometre allait encore de 100 a
200 millimetres.
Un quart d'heure apres la section du premier nerf.
on coupa le vague du c6te" droit, I'hemodynamometre
e"tant toujours applique". L'animal s'agita de nouveau et
le mercure monta dans 1'instrument de 260et270 milli-
metres. Le calme revint peu a pen, et la pression resta
stationnaire entre 250 et 260 pendant un quart d'heure
environ qii'onobserval'instruinent. Les pulsations etaient
devenues regulieres et excessivement prdcipilees. Les
respirations etaient rares. L'animal perdit un peu de
sang arteriel qui etait parfaitement rutilant, ce qui
prouvait que la respiration n'etait point genee; ce chien
etait, du reste, calme.
Peu a peu, la pression baissa ; et, dans ce moment, on
apercut tres bien les effets de la respiration : a chaque
inspiration, ily avait soulevement de lacolonne mercu-
rielle, et abaissement au moment de 1'expi ration. Mais
la quantite dont la colon ne mercurielle s'abaissait etait
toujours plus considerable que celle dont elle s'elevait,
il en r^sultait qu'elle ne remontait janiais aussi haut
que dans 1'ascension prt3cedente, d'ou un abaissement
successif de la colonne mercurielle. Ce qui fit qu'apres
avoir observe pendant une demi-heure 1'hemodynamo-
metre en place, il etait descendu entre 160 et 150.
360 NERF PNEUMOGASTR1QUE.
Alors oil enlcva rhemoclynamometreetonlaissarani-
mal en repos.
line henre apres, on replaca 1'instniment. Le cliicn
avail perdu peu de sang dans toutes les manoeuvres. Le
sang etait tou jours rutilant dans les arteres. L'hemodyna-
mometre donna alors une pression qui oscillait entre 130
et 150. Les pulsations etaient excessivement faibles et
avaient perdu, apres la section des vagues, leur inter-
mittcncc qui etait naturelle chez le chien. Les respira-
tions etaient au nombre do 8 par minute, les pulsations
de 132.
On laissa 1'animal en repos. Cinqheures apres la sec-
tion des vagues, on revit ce chien ; il etait calmc ; il y
avait 6 inspirations par minute et 17/t pulsations. L'he-
modynamometre place successivement sur les arteres
carotides droite et gauche oscillait entre 150, 100, et
memo descendait jusqu'a 80. II y avait toujours ascen-
sion de la colonne pendant Tinspiration et abaissement
pendant 1'expiration. Le sang etait toujours rutilant
dans les arteres.
Le len domain 5 octobre, vingt heures apres la section
des nerfs vagues, le chien etait couche, calme, n'avait
pas du tout la respiration g£nee. II y avait 5 respirations
et 175 pulsations par minute.
On prit 1'artere carotide gauche dans laquelle s'e"-
tait forme un caillot noir. En donnant issue a ce caillot,
il sortit un jet de sang tres rutilant. On appliqua I'hemo-
dynamometre.
Au moment de Uapplication del'instrument, 1'aninial
fit quelques efforts et la colonne mercurielle monta a
EXPERIENCES. oGl
150, 160, alia meme a 200. Pen a pen le calme se reta-
blit ; et, apres dix a douze minutes, 1'animal etant bien
tranquille, on observa ce qui suit :
Pendant 1'intervalled'une expiration et d'une inspira-
tion, le mercure oscilla entre 70 et 80; puis, dans 1'ins-
piration, il monta a 90 pour clescendre a 70 dans 1'ex-
piration.
Apres chacunede ces experiences, F animal paraissait
tres fatigue, ce qui acceleraitun pen le nombre des res-
pirations. Lelendemain 6 octobre ahuitheures, le chien
fut trouve mort, sans doute depuis pen de temps, car il
e'tait encore chaud.
A Tatitopsie, les pournons etaient d'une couleur rose
magnifique, ne contenaient point de sang epanche et
Etaient partout permeables a Fair. Les bronches ne con-
tenaient pas de mucosites. La plevre, seche, ne renfer-
mait point de serosite.
Le coeur etait rempli de sang coagule dans toutes ses
cavites. Le pericarde etait sain ; il ne contenait pas de
liquide. L'estomac etait vide ; il ne renfermait qu'un
liquide biliaire fetide.
Exp. — Sur un chien encore jeune, amene depuis
deux jours dans le laboratoire, et qui, depuis ce temps,
avait refuse toute nourriture, on fit la section des nerfs
vagues apres avoir pratique une ouverture a 1'estomac,
dans le but d'emp&cher le reflux par Toesophage des
liquides gastriques.
1° On decouvrit 1'artere carotide gauche ; les pulsa-
tions etaient au nombre de 115 par minute, intermit-
tentes; les respirations, de 13 par minute. On appliqua
362 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
rheniodynamometre qni oscillait de 1/|0 a 160.
2° On fit alors une incision ahdominaleet on attirasur
les bords de la plaie la paroi de 1'estomac, qu'on ouvrit
et qu'on fixa a la plaie par quelques points de suture.
L'estomac etait vide ; sa membrane muqueuse etait
pale et livide ; il s'ecoula seulement une petite quantity
d'un liquide clair, tres nettement acide. On chercha a
exciter la surface de 1'estomac, dont la sensibilite etait
assez obtuse; les points qui furent touches devinrent
rouges et comme le siege de vergetures.
Alors on cberchales deux nerfs vagues dans la plaie
du con, ils etaient completement insensibles an pince-
ment. On en fit la section ; et voici ce qui se passa a ce
moment du c6te" de 1'estomac :
La couleur pale de la membrane muqueuse ne chan-
gea pas. En promenant le doigt dans 1'estomac, sa sur-
face paraissaitplussecheetil n'yeutpas cette formation
abondante de mucus qui fut observe dans un autre cas
(voir plus loin). En introduisant le doigt par le cardia,
dans Tcesophage paralyse, il y penetrait avec une grande
facilite, tandis qu'avant la section des vagues cela n'avait
pas lieu a cause de la constriction de 1'cesophage.
II est a remarquerque, bien que cet animal fut jeune,
il ne se manifesta aucun pbenomene de suffocation.
Cela tient-il a ce qu'il etait a jeun depuis deux jours,
on a ce qu'il n'y avait point de liquide dans 1'estomac?
Le 30 octobre, dix-sept heures apres 1'operation,
1'animal nepresentaitaucune gene de la respiration. La
membrane muqueuse de 1'estomac s'etaiten partie ren-
verste au dehors par la plaie, etelle offrait une couleur
EXPERIENCES. 303
rouge brique ; ce qui provenait, sans donte, cle son con-
tact avecl'air. La membrane muqueuse offrait une reac-
tion neutre au papier de tournesol, et aucun mucus no
s'echappa par laplaie. La temperature cle 1'estomac etait
de 32 degres ; cello du rectum de 33 a 34 degres.
A trois heures du soir, vingt-quatre heures apres la
section desnerfs vagues, 1'animal etait tresfaible, coucho
sur le flanc ; les respirations etaient treslentes, mais nul-
lement g^nees; le| pouls n'etail plus perceptible aux
arteres; 1'animal s'etait considerablement refroidi.
On ouvrit 1'artere caroticle qui contenait a peine du
sang ; il etait trcs rutilant et s'ecoulait en bavant sans
jet sensible. Cependant le sang etait toujours noirdans
laveine jugulaire.
L'animal etant mourant, on ouvrit le thorax : les pou-
mons s'aflaiss6rent et il fit des efforts de respiration seu-
lement avec la bouche mais nullement avec le thorax.
Des 1'ouverture du thorax, le sang de 1'artere etait de-
venu noir. On vit alors le coeur, excessivement petit,
ne rernplissant pas le pericarde, coutinucr a battrc de
la maniere suivante :
1° Contraction des deux oreillettes; 2°aussit6t apres,
contraction des ventricules; 3° an moment dela contrac-
tion des oreillettes, il y avait reflux du sang dans les
veines pulmonaires par la contraction de 1'oreillelte
gauche, et reflux dans les veines caves par contraction
de 1'oreillette droite.
Le tissu des poumons n'etait nullement altere ; on n'y
rencontra aucune ecchymose etleur insufflation se faisait
parfaitement. On remarqua, en outre, qu'il y avait un
364 NERF PNEUMOGASTR1QUE.
emphyseme considerable dans le tissu cellulaire des me'-
diastins anterieur etposterieur. Get emphyseme, qui etait
du a 1'entree de 1'air par la plaie du cou, soulevait la
plevre jusqu'a sa reflexion sur les cotes.
Eoop, — Un chien loulou, vivace, depnis quatre jours
dans le laboratoire, ay ant ton jours mange avec vora-
cite, fit son dernier repas trois heures et demie avant
1'operation.
L'animal etant place sur la table, et une plaie ayant
e*te faite auxparois abdominales pour y fixer 1'estomac ;
puis une plaie faite au cou pour mettre a decouvert
1'artere carotide gauche ; 1'animal etant reste" parfaite-
ment calme durant toutes les operations :
1° On compta les pulsations de 1'artere en la tenant
sous le doigt. Ces pulsations irregulieres, au nombre de
90 par minute, sont pleines et vibrantes.
2° Les respirations sont au nombre de 15 par minute.
3° L'hemodynamometre applique sur 1'artere caro-
tide gauche, 1'animal etant tres calme, oscille de 160
a 190.
Alors on enleva 1'hemodynamometre eton ouvrit les
parois de 1'estomac. Un thermometre mis alors dans
1'estomac marquait 38 degres ; son indication n'avait pas
varie lorsqu'ensuite on avait fait la section des vagues.
La surface interne de 1'organe etait rouge ; 1'estomac
contenait beaucoup de tripes non encore digerees ; il s'en
ecoula une grande quantite de sue gastrique. On retira
la plus grande partie des aliments contenus dans 1'esto-
mac afin d'observer plus facilement la membrane mu-
queuse. Alors, on coupa le nerf vague gauche qui se
EXPERIENCES. 365
montra sensible au pincement. Cette section du nerf
n'amena pas de decoloration dans la membrane mu-
queuse stomacale. Alors on coupa le vague droit, e'gale-
ment tres sensible au pincement; il y eut une decolora-
tion tres sensible de la muqueuse. On observa quelques
efforts; bient6t 1'animal se calma et la respiration
n'e'tait pas sensiblement g6nee.
On compta de nouveau les respirations et les pulsa-
tions :
Pulsations : 192 par minute, sans intermittence.
L'artere 6tait beaucoup moins pleine et moins tendue
qu'avant la section des vagues ; le sang y etait reste ru-
tilant.
Respiration : 9 par minute. L'hemodynamometre,
1'animal etant parfaitement calmc, oscillait del 20 a 130,
Lespulsationsetaientdeveiuiesbeaucoupplusfrequentes,
en m&me temps qu'elles etaient moins energiques ; elles
ne presentaient pas d'intermittence.
On examina alors la surface inte'rieure de 1'estomac,
qui etait devenue rouge brique dans certains points; en-
suite on delia 1'animal et on le remit en liberte.
Le lendemain, ler novembre, dix-neuf heures apres
1'operalion, on reconnutque ranimal avait eu pendant
la nuitdes evacuations fre'quentes; il etait calme et sa
respiration n'etait pas g^nee. Les respirations elaient
de 11 a 12 par minute; les pulsations de 19/j. a 196.
L'hemodynamometre place sur la carotide gauche qui
contenait un sang tres rutilaut, oscilla de 130 a 'l^iO ;
les oscillations etaient a peine perceptibles. Alors j'ap-
pliquai 1'instrument sur la carotide droite, et il donna
360 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
del 50 a 160, augmentation depression qui suit toujours
la ligature d'un nouveau vaisseau.
Le thermometre introduit dans 1'estomac accusa une
temperature de 38 degres.
Le 2 novembre, trente-six heures environ apres
1'operation , 1'animal fut trouve mort, depuis peu de
temps sans doute, car iletait encore chaud. A 1'autopsie,.
les poumons etaient sains; ils s'affaissaient parfaite-
ment, no contenaient pas d'epanchement de sang;
toutetbis, ils etaient conime iletrisetpeu crepitants sous
le doigt. L'estomac etuit vide.
On remarqua, en outre, un emphyseme dans les m&-
diastins anterieur et posk;rieur, emphyseme qui s'elait
propage depuis le tissu cellulaire de la plaie du cou j us-
que dans la poitrine.
Messieurs, ce n'est qu'apres 1'examen et le controle
desfaits que je viens de vous signaler que je dus cher-
cher a determiner la cause de cette lesion du tissu pul-
monaire.
Je pense que la cause qui la produit est une cause
physique, que la lesion du poumon est primitivement
une lesion traumatique occasionnee par les troubles
qui surviennent dans les actes mecaniques de la res-
piration.
Observons, en effet, un animal sur lequel on vient de
couper les pneimiogastriques : les mouvements respira-
toires sont beaucoup moins frequents ; mais ils sont
devenus beaucoup plus larges, beaucoup plus profonds.
Dans ce cas, il semble que les mouvements respira-
toires gagnent en amplitude ce qu'ils perdent en fre-
EXPERIENCES. 367
quence, et qu'ils tenclent a introduire une mfone quan-
tite d'air dans le poumon. La dilatation du thorax peut
alors devenir telle que, pour le suivre, le poumon se
trouve distendu au dela des limites ordinaires et se de-
chire. Cela expliquerait comment Falteration cle cet
organe s' observe, surtout chez les jeunes animaux
dont le tissu pulmonaire est moins resistant.
L'observatiou directe est d'ailleurs presque possible ici .
En effet, nous avons, sans entamer la plevre pulmonaire,
pratique en en levant les muscles intercostaux, une ouver-
ture, unesorte defenetre par laquelleon pouvait suivre
les mouvements du poumon. Des que les pneumogas-
triques sont coupes, il y a de 1'emphyseme; on distingue
des bulles d'air sous la plevre. Cet emphyseme s'accom-
pagne ensuite de ruptures vasculaires, d'^pancljement
sanguin, ({'obstruction des vaisseaux aeriens, etc.
Cherchant a verifier directement 1'existence de la
cause a laquelle nous a\ions d'abord attribue la produc-
tion possible d'un emphyseme, nous avons fait respirer
un animal avant et apres Topcration, en lui faisant faire
sa prise d'air sous une cloche. Nous avons vu ainsi que
si, avant I'operution, il prenait, a chaque inspiration,
une certaine quantite d'air , il en prend une quantitu
notablement plus grand e apres que les pneumogastriques
out ete coupes.
Si 1' animal n'est plusjeune, remphyseme arrive plus
lard. Chez^les vieux chiens il ne se produit pas.
Dans ces experiences, un autre fait assez singulier
s'est presente a noti'e observation, fait dont je n'ui re-
conn u la cause que longtemps apres.
368 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
Pour saisir les nerfs pneumogastriques, on fait une
plaie an cou de 1'animal.
Dans les inspirations forcees que nous avons vues apres
la section de ces nerfs, le mediastin entraine par la face
interne de chacun des poumons tend a suivre le mou-
vement des parois thoraciques, tend a s'agrandir. II en
resulte un emphyseme produit par 1'air que 1'aspira-
tion du mediastin a introduit par le tissu cellulaire de
la plaie. Get emphyseme peut quelquefois 6tre prevenu
en cousant bien la plaie.
La lesion pulmonaire consecutive a la section des pneu-
mogastriques produit done un emphyseme traumatique,
par une distension mecanique du tissu du poumon.
La realite de ce fait nous parait assez bien e"tablie
pour que nous puissions, faisant 1'experience, annoncer
a 1'avance si Ton aura ou si Ton n'aura pas cet emphy-
seme. Sur un jeune animal on produira cette lesion; sur
un tres vieux chien, on est a peu pres sur de ne pas la
rencontrer.
11 est des animaux chez lesquels les conditions meca-
niques de la respiration sont autres que celles que nous
venous d'examiner : chez les oiseaux , par exemple,
dont les poumons sont fixes et dans d'autres rapports.
C'est pour cela qu'operant, sur des oiseaux, la section
des pneumogastriques, on ne trouve pas chez eux
d'alteration des poumons. La lesion n'est done pas,
com me on 1' avail dit, un effet special du au defaut
d'action du pneumogastrique. On ne saurait, comme
on a fait, la comparer a Valleralion de nutrition que
presente I'o3il apres la section de la cinquieme paire ;
EXPERIENCES. of)9
en ef'fet, il peutmanquer, laud is quo la fonte de 1'ceil,
apres la section du trijumeau, est gene'ralement ine'vi-
lable. ' :.
Voici le detail des experiences qui prouvent que les
inspirations sont plus larges apres la section des vagues
que dans Tetat normal.
Ecep. — Sur un jeunc lapin, on plaoa dans la
trachee, prealablement ouverte dans la region ducou,
line sonde de gomme elastique de 3 a 4 millimetres de
diametre interieur, diametre sensiblement egal a celui
de la trachee de r animal. Apres cette operation, on en-
leva quelques fibres musctilaires, vers la partie ante rieure
des derniers espaces intercostaux, en menageantle feuil-
lel parietal de la plevre qui eiait transparenl et permet-
lait de voir, comme a Iravers une vitre, le bord inferieur
despoumons, executant a chaque respiration des mou-
vementsd'elevation et d'abaissement. Alorson introdui-
sit la sonde qui tenait ;i la trachee dans une eprouvette
graduee placec sur Teau, etl'on constata qu'a chaque in-
spiration 1'eau moutait dans 1'eprouvette d'une cerlaine
hauteur, par suite de Tentree dans le poumon d'une
certaine quantite d'air. On coupa les vagues dans la
region nioyenne du cou, en menageant les deux filets
sympathiques. On constata alors que, a chaque inspira-
tion, 1'eau montait plus haut, ce qui indiquait evi-
demment que la quantity d'air introduce dans le poumon,
etait plus considerable qu'avant la section des vagues.
Les respirations de 1'animal etaient tombe'es a 52 apres
la section des nerfs.
Pour mesurer plus exactement la difference qu'il y
B., SYST. NF.RV. — n. 24
370 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
avait entre la capacite respiratoire avant et apres la sec-
tion des pneumogastriques, on refit une nouvelle expe-
rience sur un autre animal.
Exp. — Sur un lapiu vif et bien portant, en digestion,
on adapta a lat racbee une sonde cle 3 a k millimetres de
diametre ; ensuite on mesuni exactement la difference
qu'il y avait dans la capacite respiratoire du poumon
avant et apres la section des vagues. Voici ce qu'on
observa :
Avant la section des pneumogastriques, 1'animal in-
spirait 190 divisions de 1'eprouvette , c'est-a-dire pres
de 20 centimetres cubes d'air. Aussitot apres la sec-
tion des vagues, il inspirait 310 divisions c'est-a-dire
32 centimetres cubes environ. Dans les deux cas, le la-
pin etait dans la meme situation, etendu sur la table.
Deux heures et demie apres, on mesura encore de
nouveau la capacite inspiratoire eton trouva qu'elle etait
de 32 centimetres cubes , exactement comme imrne-
diatement apres la section des nerfs.
Le lendemain ranimal etait mort ; on en fitl'autopsie
et on trouva que la soude etait bien adaptee sur la tra-
chee,de sorteque rien n'avait passe dans les bronches
et gene me'caniquement la respiration. Le poumon
presentait des eccbymoses, qui toutefois ne semblaient
pas aussi profondes que dans certains cas ou il n'avait
pas ete mis de tube a la trachee.
Ce tube avait bien empeche les mucosites de la bouche
de tomber dans les voies respiratoires, de meme que les
parcelles d'aliments que ranimal avait mangees apres
1'operation etqui s'etaientaccumule'esdansroesophage.
EXPERIENCES. 371
puis celles-ci, arrivees au pharynx, n'ayant pas pu des-
cendre dans le larynx, etaient sorties par le bout supe-
rieur de la trachee dans la plaie du cou.
Toutcfois, il y avait de 1'emphyseme du poumon, par-
ticuliereinent sur les bords de 1'organe, et on voyait de
plus des echymoses sanguines bien caracterisees.
Nous devons maintenant, Messieurs, vous clonner
des exemples des faits que nous vous avons indiques
conime consequence de la section des vagues. Nous
vous rendrons aujourd'hui temoins des phenomenes
primitifs; dans la prochaine seance, nous observerons
les phenomenes consecutifs.
Exp. — Yoici un chien boule-dogue; ilest d'une taille
moyenne mais de"ja un pen vieux. Les chiens ont nor-
malemcnt de 16 a 20 respirations par minute. Nous lui
en trouvons 16 d'abord, puis 25. II a etc" agite lorsqu'on
1'a place sur la table, mais il se calme; nous lui trou-
vons encore 25 respirations par minute. Le thorax se
dilate pen : tout a 1'heure vous le verrez se dilater beau-
coup plus largement et bien plus rarement.
Nous saisissons les pneumogastriques entre les deux
nerts larynges : nous paralyserons, par consequent, le
larynx; mais 1'anirnal, qui n'est plus jeune, ne succom-
bera pas immediatement a cette lesion.
Nous couperons le pneumogastrique des deux cotes.
Si on se bornait a en couper un seul, 1'animal ne suc-
comberait pas ; on pourraitlegarder longtemps et obser-
ver chez lui une alteration semblable a celle dont je vous
parlais , mais dans le poumon correspondant au nerf
coupe. Nous faisons d'abord la ligature cl'im des pneu-
372 NF.RF PNEUMOGASTRIQUE.
mogastriques 5 Vanimal s' agile et fait quelques ef-
forts pour s'ecbapper; puis il redevient calme. Nous
lions egalement le pneiimogastrique du cote oppose ; la
ligature est ici equivalente a la section ; elle nous per-
mettra de plus de saisir a volonte le nerf si nous vou-
lons, plus tard, le galvaniser. La ligature de ce second
pneumogastrique produit encore quelques efforts vio-
lents, puis une suffocation qui se dissipera tout a 1'heure ;
suffocation qni m'a paru plus considerable quand les
animaux sont en disgestion (jue lorsqu'ils sont a jeun.
La respiration est ralentie et le deviendra de plus en
plus, mais elle est beaucoup plus large; la dilatation
des parois thoraciques s'accompagne d'une contraction
des muscles abdominaux tres facile a constater.
Les mouvements respiratoires sont deja tombes a 6
par minute; ils deviendront plus rares encore. Nous
suivrons cet animal et je vous le presenterai dans la
prochaine seance.
Nous allons reproduire Inexperience surun lapin.
Je vous montrerai d'abord celui-ci ; c'est un lapin
auquel nous avons, il y a deux jours, coupe un pneu-
mogastrique dont la section n'a pas ete doulou reuse. Ce
lapin pourra vivre encore longtemps avec une alteration
du poumon, du c6te qui correspond a la section. Lors-
que, comme celaa eu lieu cbez cet animal, on coupe les
pneumogastriques d'un seul cote, 1'auimal respire plus
largement dece cote. Toutefois, si Inspiration est plus
active, Fexpiration parait Tetre moins. Si Ton place un
petit corps leger devant les narines de 1'animal, on voit
- du ciMe ou le pneumogastrique a <He coupe, 1'ex-
EXPERIENCES. 373
piration est d'une faiblesse extreme, tandis qu'elle se
fait tres bien du c6te oppose.
Cette observation est tres curieuse en ce qu'elle sem-
blerait etablir une solidarite entre Tissue del'air par les
narines et le jeu des poumons. C'est la un pbeno-
mene tres singulier, sur lequel nous reviendrous.
Get autrelapin, qui n'a encore subi aucune operation,
offre pres de 100 respirations par minute. Nous lui pra-
quons une incision sur le milieu du cou : on decouvre
a droite et a gauche de la trachee les uerfs pneumo-
gastriques.
Nous les lions tons deux separement. Les mouve-
ments respiratoires sont devenus plus larges ; ils ne
sont plus que de 25 par minute. Trois jours nous sepa-
rent de notre prochaine reunion ; Familial inourra d'ici
la et nous vous montrerons ses poumons.
TREIZIEME LECON.
19 JUIN 1857.
SOMMAIRE : Animaux chcz lesquels les pncumogastriqucs avaicnt e"te"
coupes. — Autopsies. — Influence de la section des pneumogastriques
sur les niouveme.nls du coeur. — Le noinbre des pulsations cardia-
ques est 'considerablement augmcnte*. — Experiences. — La galvani-
sation du pneumogastrique arrete les mouvemcnts du cceur. —
Experiences. • - Effets de la section du pfteumogastrique sur la
respiration et sur les contractions du coenr cliez les animaux a sang
froid. — Influence dc la temperature sur les mouvements du cceur
chez les animaux ;i sang froid. — Les nerfs pneumogastriques sont-
ils la voie de transmission des actions nervcuses au coeur et au
ponmon. — Experiences. — Section des pneumogaslriques dans le
crane.
MESSIEURS,
Dans la derniere seance, nous avons, devant vous,
coupe les nerfs pneumogastriques sur un chien ct sur
un lapin : le chien est encore vivant ; le lapin a rapide-
ment succombe aux suites cle cette operation.
\7ous avez ete temoins des accidents qui out suivi
immecliatement ces operations : le noinbre des mou-
vemeuts respiratoires est tombe a un chiffre tres bas,
tandis que leur amplitude est devenue plus conside-
rable.
Le lapin est mort tres vite, en trois ou quatre heures.
Nous avons deja trouve chez lui Talteration des pou-
mons que je vous ai signalee ; seulement elle etait
moins prononcee que chez les animaux qui succombent
au bout de vingt-quatre heures.
NERF PNEUMOGASTRIQUE. 375
Un autre lapin a ete opere hier et a survecu cinq ou
six heures. Yoici ses poumons : ils sont alteres par un
dpanchement sanguin ; les bords en sont emphysema-
teux. Comme le precedent, ce lapin n'a pas survecu
assez longternps a la section des pneumogastriques
pour qu'on puisse rencontrer chez lui cette lesion pul-
monaire an plus haut degre.
La rapidite avec laquelle ces animaux out succombe
tient en grandc partie a la temperature eleveedont nous
souffrons depuis quelques jours. Dans ces conditions,
1'asphyxie est plus rapicle ; la respiration doit etre acce-
leree, et son ralentissement ajoute en pareille circon-
tance anx causes de la mort.
Le contraire s'observc chez les chiens ages qui ne
meurcnt pas par asphyxie. Celiii-ci, que nous avons
ope"re devant vous il y a deux jours, a tres bien survecu ;
il a maintenant sept respirations par minute. II so trouve,
en raison de son age, dans des conditions telles que les
lesions pulmonaires seront faibles ou m6me nulles ; an
lieu d'avaucer sa fin, la chaleur fera qu'il succombera
plus lentement.
Cette influence des conditions dans Icsquelles se fait
reparation est curieuse, en ce qu'elle sufflt pour inter-
vertir Fordre des phenomenes. Dans ce cas , nous
voyons agir chez les lapins une cause de mort acciden-
telle eu vertu de laquelle ils perissent d'autant plus vite
que la temperature est plus elevee, tandis que le con-
traire a lieu chez les chiens aclultes, qui, ayant subi la
meme operation , succombent par un mecanisme dif-
ferent,
376 NERF PNEUMOUASTRiyiB.
Voici un pigeon auqucl nous avons avant-hier, apres
la leoon , coupe les nerfs pneumogastriques ; il no
mourra pas asphyxie non plus ; vous pouvez voir qu'il
est encore tres vivace.
Chossat a signals, chez les animaux qui meurent
d' inanition, qu'a I1 agonic, a mesurc qu'ils sont pluspres
cle succomber, ils vont se refroidissant , et qu'on peut
prolonger leur existence en les rechauffant. Chez les
chiens auxquels on a coupe" les pneumogastriques, la
temperature s'abaisse aussi. Nous verrons que les ani-
maux auxquels on a coupe ces nerfs meurent comme les
animaux qu'on fait perir par inanition.
Messieurs , d'apres Timpossibilite ou Ton se trouvait
d'expliquer la mort consecutive a la section des pneumo-
gastriques par une lesion des poumons. on en a re-
cherche la cause dans d'autres organes, et on a pense
que les modifications qui survenaient alors dans les
mouvements du coeur pourraient suffire a en rendre
compte.
Lorsque ensuite on se demande quelles sont les mo-
difications des mouvements du coeur, on se trouve en
presence d'un fait singulier qui semble renverser les
notions les mieux acquises. S'il existe deux phe'uome-
nes physiologiques qui offrent entre eux une relation
constante. ce sont le pouls et la respiration envisages
au point de vue de leur frequence. La chaleur, la/ievre,
toutes les influences qui accelerent le pouls, rendent
aussi les respirations plus frequentes. Or, apres la sec-
tion du pneumogastrique, nous voyous une perturba-
tion qui porte sur ces deux phenomenes , et qui les
INFLUENCE SUR LA CIRCULATION. o77
at'fecte precisement en sens inverse. La respiration de-
vient alors plus rare ; le pouls augmente de frequence;
si le chiffre des mouvements respiratoires diminue de
moitie, celui des pulsations cardiaques double. Outre
cette influence qu'exerce la section des pneumogastri-
ques sur le nombre des contractions du coeur, elle en
exerce une antre fort remarquable sur la pression dans
le systeme circulatoire. Nous vous avons deja parle de
cette modification dans la premiere partie de ce cours;
il nous restera cependant a vous presenter quelques
considerations relatives aux actions qui reglent alors ces
phenomenes.
Mais avant, je dois appeler votre attention sur un
autre fail extremement singulicr:
La regularity du pouls s'observe normalement chez
beaucoup d'especes aninuiles, chez I'homme , chez le
cheval , par exeinplc. II n'en est pas de meme chez
d'autres ; le chien offre normalement une grande irre-
gularile du pouls. Lorsque nous avons d'abord observe*
ce phenomene, nous supposions que I'emotion que pou-
vait produire chez ces animaux 1'examen dont ilsetaient
1'objet, etait la cause de cette irregularite. Mais, depuis,
nous avons constate la meme chose chez des chicns
bien apprivoises et tres tranquilles. Or, apres la section
du pneumogastrique chez les chiens, leur pouls devient
parfaitement regulier. Je vous signale ce fait tel que je
1'ai observe, sans savoir a quelle cause rattacher 1'irre-
gularite qif offre naturellement le pouls chez ces ani-
maux.
Ce changement dans le rhythme du coeur ne pent
378 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
certainement pas tire une cause de mort ; les mouve-
ments de 1'orgaue soiit regularises et acceleres. La
pression cardiaque du sang clans 1'appareil circula-
toire diminue : mais cette diminution ne saurait expii-
quer la mort. Ce n'est que lorsque colle-ci est immineiite
quo toutes les fonctions siibissent une depression qui
presage la cessation dos actes vitaux, et Ton voit alors les
battements du caw se ralentir etperdrede leur energie.
Voici des ex pcriences relatives aux troubles qui sur-
viennent dans les conditions physiques de la circulation
apres la section des piieumogastriques.
Exp. — Sur un tres gros lapin, on fit la section des
nerfs vogues dans la region du con.
Avant 1'operation, Fanimal etant fixe sur la table,
on comptait cent vingt respirations et cent soixante
pulsations par minute.
L'hemodynamonietre plac6 sur la carotide donnait
une pression de quatre-vingt-dix millimetres.
Pendant que rhemodynamometre etait applique, on
coupa le nerf vague du cote droit et Hen ne fut change
notablement, pendant deux minutes environ qu'on ob-
serva rinstrument. Mais 1'animal fit des mouvements
violents; Tartere se cassa et une certaine quantite
de sang rutilant s'ecoula. Apres cette hemorrhagie
1'animal etait tres faible ettomba en syncope. Cependant
il revint et on appliqiia de nouveau rhemodynamo-
metre a 1'arterc du c6te gauche. L'instrument ne
donna alors qu'ime pression de /iO millimetres, ce qui
prouvait que la pression avait considerablement dimi-
nue sous 1'iuflueuce de cette saignee arterielle.
INFLUENCE SUR LA CIRCULATION. 379
Alors on decouvrit le nerf vague du cote gauche;
mais aussit6t qu'on le toucha, la pression du cceur
augmenta et I'hemodynamometre monta jusqu'a GO
et 70.
On coupa le nerf; apres sa section, I'lustrument
donna une pression de 90 millimetres, comme au
debut de Inexperience, et il resta stationnaire pendant
3 a 4 minutes qu'on 1'observa. L'animal se dcbatit et
1'artere se cassa encore. On cessa 1'experience.
E-xp. (29 septembre 1845). — Sur un chieii d'assez
forte taille, recemment amene dans le laboratoire, on
fit la section des deux nerfs vagues dans la region du
cou, et on observa les phenomenes suivants. Avant de
mettre les nerfs a decouvert, le nombredes inspirations
e"tait de 20 a 22 par minute;
Le nombre des pulsations de 120 a 125 par mi-
nule.
On decouvrit Tartere carotide gauche, on isola
le nerf vague, on compta de nouveau les pulsations,
qui furent trouvees au nombre de 130 par minute;
Fanimal etait calme. II n'y avait rien de particulier dans
les mouvements du cceur; ils pre'sentaient 1'intermit-
tence qui est normale chez le chien.
On appliqua alors rhemodynamometre de M. Poi-
seuille a 1'artere carotide gauche; il oscilla entre 145
et 140 millimetres. L'animal resta toujours calme pen-
dant les observations. On coupa a ce moment le nerf
vague gauche qui fut trouve sensible au pincement.
L'animal fit quelques respirations profondes et
anxieuses qui se calmerent bientot. On compta les
o80 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
respirations qui etaient de 23 par minute ; les pulsations,
an nombre de 130 a l/iO par minute.
On coupa alors le nerf vague du c6te droit qiii se
montra egalement sensible an pincement. Aussit6t,
ranimal eprouvades phenomenesd'etouffements; ilsur-
vint un trouble considerable, des mouvements comme
convulsifs, des vomissements de mucosites abondantes;
le sang devint noir dans 1'artere.
Alors on ouvrit la trache'e et on y placa une canule.
L'animal devenu calme, les inspirations etaient lentes
et profondes, au nombre de 10 a 12 par minute; les
pulsations etaient tellement rapides qu'il etait impossible
de les compter. L'hemodynamometre applique oscillait
entre 140 et 150. Malgre la tracheotomie, le sang de
1'artere resta toujours noiratre.
Le lendemain, 30 septembre, dix-huit heurcs apres
reparation, ranimal etait assez calme; ilavait quelques
mouvements de toux et la respiration paraissaitt g&nee.
Les respirations etaient au nombre de 5 a 6 par minute.
L'artere contenait toujours un sang imparfaitement
rutilant. On appliqua rhemodynamometre qui ne donna
plus qu'une pression de 70 millimetres.
On ouvrit Tartere crurale et on trouva sensiblement
la meme pression que dans 1'artere carotide et le sang
imparfaitement rutilant.
L'animal ayant perdu du sang arteriel pendant ces
operations mourut quelques heures apres.
Nous bornerons ici ces exemples et nous ajouterons
seulement quelques experiences de galvanisation du
pneumogastrique dans la region du cou. qui inontrent
SA GALVANISATION. 38!
le gonre d'iafluence (}ue cette excitation des nerfs
exerce sur le coaur el sur le pounion lorsqu'on galva-
nise soil les bouts peripheriques, soit les bouts cen-
traux.
L'influence que la galvanisation du pneumogastrique
exerce sur le coeur pour en arreter les mouvements, est
un fait que nous avons souvent signale ici et qui est
connudeja depuis longtemps sansqu'onen ait une expli-
cation satisfaisante. J'ai, pour ma part, observe ce fait
en 1846; j'auscultais le chien pendant qu'on galvanisait
les pneumogastriques et je eonstatais alors avec la plus
grande facilite qu'achaque galvanisation, le coeur s'ar-
retail, que les bruits cessaient pour reprendre aussitot
(ju'on arretait le galvanisme. Le fait se trouve con-
signe dans la these de M. le dodeur Lefevre (1) qui
suivait alors mes cours. La inline annee MM. Ernest
et Henri Weber, publuTent des observations de
1'arret du coeur par galvanisation des pneumogas-
triques on de la moelle allongee chez des grenouilles.
Plus tard, M. Budge signala le me"me fait, et tous les
physiologistes out pu voir depuis cette experience singu-
liere, dont plusieurs explications et interpretations out
ete proposees.
Exp. (30 novembre 185*2.) — Sur un jeune chien
loulou, en digestion, on fit la section des deux vagues
dans la region du cou, apres les avoir prealablement
liees tous deux. Puis on galvanisa successivement les
bouts centraux et peripheriques, a 1'aide d'une machine
electro-magnetique de Breton.
(1) Thfeses dc Paris, 18/i8. -
382 NERF PNEUMOGASTRIOUE.
Au moment m&me de la ligature des deux nerfs, le
ehien fit des efforts respiratoires considerables, et le sang
devint noir dans les arteres carotides. Quelques instants
apres, ces accidents se calmerent, et ils reparaissaient
tontes les fois qifon appMqiiail le galvanisme surlc
bout central de ces nerfs. Yoici les phenomenes que
Ton observait an moment de la galvanisation des deux
bouts ceutraux, souleves et maintenus, lies ensemble
par uii fil :
1° Lesdeuxpupilles se dilataient considerablement et
les globes oculaires faisaient saillie hors de 1'orbite.
Quand on cessait la galvanisation, 1'oeil rentrait et la
pupille se resserrait.
2° On ne remarqua pas de vomissements chez ce chien
quoiqu'on en eut observe dans d'autres cas, chcz des
chiens semblablement operes.
3° Du cote de la respiration, on observa cequisuit :
Avant la galvanisation, les respirations etaient de 11 a
13 par minute ; lorsqu'on appliquait le galvanisme, elles
diminuaient pen a peu ct disparaissaientcompletement
lorsqu'on faisaitagir la machine avec force. Les mouve-
ments respiratoires s'arretaient alors au moment del'in-
spiration, et le sang des carotides etait noir a ce moment.
Si alors on cessait la galvanisation, 1'animal restait quel-
ques instants, quelquefois de quinze a trente secondes,
sans faire aucun mouveraent respiratoire, bien que les
conjonctives fussent restees sensibles. Ensuite les inou-
vements respiratoires reparaissaient peu a peu, puis de-
venaient d'abord tres acceleres; au bout d'un quart
d'heure environ, ils etaient a 22 par minute, ce qui est
SA GALVANISATION. 383
a peu pres le nombre normal du chien. Le sangetait
alors tres rutilant clans les arteres carotides. On repeta
a plusieurs reprises cette experience del'arret des mou-
vements respiratoires par une forte galvanisation, et on
observa constamment les memes phenomenes. Le sang
devenait noir dans les arteres ; puis lorsqu'on cessait la
galvanisation, lesmouvementsrespiratoiress'acceleraient
et arrivaient a peu pres au type normal, c'est-a-dire a
22 environ par minute. Mais si on attendait un certain
temps, une heure environ apres. les mouvements respi-
ratoires devenaient plus lents et retombaient a 12
comme avant la galvanisation.
/f Au moment de la galvanisation du bout central
du pneumogastrique , le coeur, qui avant la galvanisa-
tion donnait 260 pulsations par minute, n'eprouvailau-
cune espece d'effet do cette galvanisation, taiulis que
la meme excitation galvanique portee sur le bout ptVi-
pherique, arretait, comme on le sait, immediatement le
coeur.
5° On placa sur 1'oeil gauche du chien une goutte
d'ammoniaque qui produisit immediatement une vive
rougeur, et une douleur telle que 1'animal tenait son
oeil hcrmetiquemcnt ferme. On galvanisa alors le bout
central du pneumogastrique gauche : aussitol Foeil s'ou-
vrit largement: quand on cessa la 'galvanisation, il se
referma energiquement; lorsque Fosil etait ainsi ouvert,
sous 1' influence de la galvanisation du grand sympa-
thique, il ne se fermait pas sousFinfluence d'une action
reflexe : de sorte qu'on voyait que la galvanisation du
grand sympathique uni au vague, permettait d'ouvrir
384 NERF PNEUMOGASTRIOr: -.
Fcjeil en detruisant en quelque sorte Faction reflexe qui
tendait a le maintenir ferine.
6° Lorsqu'on galvanisa fortement le bout central des
deux vagues, on remarqua une injection passive de la
membrane muqueuse de la bouche, par suite de Tas-
phyxiemomentaneequietait produite. (Test un effetqui
est du an pneumogastrique, car si on cut galvanise le
sympathique seul, on ri'eut observe aucun phenomena
d'arret cle la respiration, et an lieu de voir la mem-
brane muqueuse s'injecter, on 1'aurait vue, au contraire,
palir.
7° Vers la fin de la galvanisation, le chien fit quel-
ques efforts de vomissement ot rendit des tripes qu'il
avait mangees. Apres toutes ces experiences, le chien
fut sacrifie par introduction cFairdans les veines. On
constata ii Tautopsie que le sang cle la veine jugulaire
contenait beaucoup de sucre; le liquidc cephalo-rachi-
dien et la bile contenaient egalement du sucre; la ves-
sie e"tait completement vide et revenue sur elle-meme,
d'ou il semblerait resulter que la galvanisation des bouts
centraux des pneumogastriques avait completement ar-
rete la secretion urinaire.
Sur un autre chien, mort a la suite de la galvanisation
du bout central des nerfs vagues, on observa egalement
cette vacuite de la vessie.
Le foie donna une decoction jaunatre, transparente,
qui contenait tres peu de sucre.
Exp. (2decembre 1852). — Sur un gros chien, de'ja
vieux, en digestion, on fit dans la partie moyenne ducou
la section du nerf vague droit, apres avoir maintenu par
SA GALVANISATION. 385
cles ligatures le bout central et le bout peripherique.
Avaut I'operation, les respirations etaient au nombre de
1 5 par minute ; aussit6t apres 1'operation, elles etaient au
nombre de 20. On remarqua, en outre, que du c6te droit,
1'ouveriure palp^brale etait deformee et rapetissee, que la
pupille etait retrecie, que la troisieme paupiere couvrait le
tiers interne de 1'oeil, etc.. commecela se voit toujours
apres la section du grand sympathique. L'oreille cor-
respondante etaii phis rouge et plus chaudc ; la voix de
1' animal etait devenue moins forte, et les cris voiles. Alors
on galvanisa le bout central du nerf vague droit. D'abord
1' animal s'agitabeaucoup etcria; mais bienldt, en con-
tinuant avec assez de force la rotation de la machine,
on vit la respiration s'anvter en restant clans un mon-
vement ({'inspiration, et Tanimal ne plus pouvoir crier.
En memo temps, la paupiere sYtait elargie, la pu-
pille aussi, 1'oeil avail fait saillie, Toreille etait deve-
n ue plus pale.
Apres la premiere galvanisation, qui dura environ
line minute , on observa les phenomenes suivants :
D'abord, aussitot que la galvanisation eut cesse, 1'ani-
mal resta environ un quart de minute en repos, sans
respircr: puis, apres, les respirations revinrent pen a
pen, s'accelererent etdevinrentplus rapidesqu'avantla
galvanisation. On repela plusieurs fois I'experience pre-
cedente, en laissant environ une demi-heure d'inter-
valle, et Ton observa toujours les memes phenomenes:
1" D'abord agitation et cris voiles de ranimal, puis
calme, arret de la respiration dans le mouvement in-
spiratoire et cessation des cris; '2° en meme temps, dila-
B., SliT. NKRV. — II. 23
386 NERF PNEUMOGASTRIOUK ;
tation des paupieres, de la pupille, saillie de 1'oeil,
disparition de la troisieme paupiere, paleur survenant
dans 1'oeil et dans 1'oreille. Relativement a 1'ccil , on
avait place tine goutte d'ammoniaque sur la conjonc-
tive, ce qui avait produit une vive rougeur; la galvani-
sation du bout central du ncrf vague uni au sympathi-
que iit diminuer et disparattre momentanement cette
rougeur, qui revint quand on cessa la galvanisation.
La paleur de 1'oreille ne fut egalement que momentane'e
pendant la galvanisation ; elle reparut apres qnand on
arreta le galvanisme. On examina la face muqueuse de
la levre superieure, et elle ne pal it pas par la galvanisa-
tion, comme cela avait lieu pour 1'oeil et 1'oreille; peut-
etre cela tenait-il a la corde qui muselait raniinal et
qui genait la circulation dans ce point.
3° Les inouvements respiratoires etant arre'te's par la
galvanisation, an moment de 1' inspiration, ainsi qu'il a
i't(' dit, il arrivait, si Ton continuait longtemps la gal-
vanisation , que ces mouvements revenaient nn pen,
mais seulement dans le diaphragme, les cdtes restant
^levees et fixes, et ne reprenant leurs mouvements qu'a-
pres la cessation de la galvanisation. D'abord, les
mouvements respiratoires reprennent, tres acceleres,
puis vont ensuite en diininuant. Dans un cas ou ils
furent comptes, on les trouva d'abord de 60 par mi-
nute, puis ^8, puis 30, etc., en baissant ton jours.
h° Pendant les intervalles de la galvanisation, ranimal
restait pris de tremblements et couche ; il paraissait
comme epuise apres chaque operation. Pendant la
galvanisation 1'oeil droit paraissait moins sensible ; tou-
SA GALVANISATION. 387
tefois il n'avait pas perdu completement la sensibi-
lite.
5° Pendant la galvanisation, la salive coulait tou-
jours; elle etait devenue plus visqueuse qu'avant
1'operation. Ce fait a ete constate sur d'autres chiens
chez lesquels on avait place des tubes dans les conduits
salivaires, et chez lesquels on voyait ainsi directement
que la salive qui s'ecoulait de la glande sous-maxillaire,
par suite de r excitation du nerf sympathique et vague
reunis au cou, etait moins abondante. muis beaucoup
plus visqueuse que celle secre'tee sous 1'influence de la
cinquieme paire ou de lacorde dutympan.
()° Pendant la derniere galvanisation, on plara 1'ani-
inal sur le tlos, tandis que dans les operations prece-
dentes, il etait reste couche sur le cote gauche. Alors on
galvanisa, non plus lebmil cenlral, inais le bout pe'ri-
pherique du nerf vague droit, pendant que Ton tenait
cntre les doigts 1'artere curotide du meme cote. Aussi-
tot qu'on galvanisait, me'me tres If'gerement, le bout
peripherique du nerf vague, 1'artere cessait instantaiu'-
ment de batlre, par suite de Farrel du coeur. On r(;-
peta plusieurs Ibis 1'experience, toujours avec le me'me
resultat, c'est-a-dire que le cceur s'arretait, tandis que
les mouvesnents respiratoires continuaient.
Alors on galvanisa comparativement le bout central
du nerf vague droit, et Ton vit bientot les mouvements
respiratoires s'arreter completement, en restant dans
1'inspiration; puis, la galvanisation etant continuee avec
violence, les mouvements respiratoires reparaissaient ;
mais c'etait surtout le diaphragms qui agissait, et les
388 NERF PNEUMOGASTRIQUE;
cotes n'y prenaient qu'une part tres faible, mais egale
des deux c6tes. En cessant cette galvanisation, les mou-
vements respiratoires redevinrent acceleres comme a
1'ordinaire.
7° A pros deux lieurcs qn'avaient cluro toutes ces gal-
vanisations re'petees de vingt minutes en vingt minutes,
on delia raninial et on le remit en liberle ; il paraissait
tres fatigue.
8" Au commencement de toutes ces operations, 1'ani-
inal avaitla vessie pleine d'urine parfaitement acide et
dans laquelle on ne constatait pas desucre. A la fin dela
galvanisation. Turine ne contonait pas non plus de
sucre. line ho ure et demie aprrs, Turine ne donnait
pas de sucre d'une manioro evidente. Les respirations
de raninial etuient alors de 20 par minute, c'est-a-dire
5 de plus qu'avant la section du va«j;ue droit.
Cela prouverait-il que la section d'nn seul vague
accelere la respiration ?
Les pulsations de 1'animal etaient de 125 a 130 par
minute, et offraiont une irregularity qui semhlait con-
sister surtoul dans 1'absence de la pulsation an moment
de rinspiration.
Exp. — 5 decembre 1852. — Sur un lapin adulte en
digestion, ayant les urines alcalines, on fit la section des
deux vaguesen mtMiageant les filets sympathiques. Avant
1'operation les respirations etaient an nombre de 60 a 80,
et les pulsations de 2/j() par minute. On lia avec quatre
fils les quatre bouts des deux vagues divises, afin de les
galvaniser successivement. On galvanisa d'abord succes-
sivement et isolement les bouts superieurs des vagues
SA GALVANISATION. 389
droit et gauche : on vit que la respiration thoracique
s'arretait, mais beaucoup plus evidemment par la galva-
nisation du vague droit que par celle du gauche. On
examina en meme temps les arteres carotides qui etaient
dans le fond do la plaie, et Ton reconnut qu'elles n'etaient
nullementiniluence'esdans leurs battements par la gal-
vanisation des bouts superieurs des vagues, soit qu'on agit
isolement sur chacun d'eux on sur tous les deux en-
semble. Seulement, lorsque la galvanisation avail arr6le
la respiration, le sang devenait noir dans 1'arlere sans
que pour cela les battements changeassenl de type.
Quand on galvani.sait le bout infe'rieur des vagues, a
droite el a gauche, on voyait les battements artrriels
arrete's de meme que quand on galvanisaitles deux nerfs
ensemble; mais on observa une chose assez singuliere
qu'on n'a ]>as retrouvee chez le cliien : la inspiration
s'arreta ainsi que le coeur; et apres la cessation de la
galvanisation, les battements de 1'artere reparaissaient
toujours plus vile que les mouvements respiratoires, qui
tardaient a revenir. Quand on galvanisait les bouts supe-
rieurs, et que la respiration s'arrelail tandis que le cow
continuait, les mouvements respiratoires revenaient
immediatement apres la cessation du galvanisme, plus
rapides qu'avant, pour ensuite diminuer de frequence.
Si Ton galvanisait les bouts inferieurs des vagues, on
voyait aussitot, avec 1'arret de la circulation, des mou-
vements peristaltiques se faire dans le venire et les
liquides de 1'estomac remonter par Toesophage et sortir
par le nez. Toutefois c'etaicnt la des effets de vomituri-
tion plutot que de vomissement : les efforts de voinis-
390 NERF PNEUMOGASTRIQUE;
sement reels se produisaicnt lorsqu'on galvanisait les
bouts superieurs des nerfs values, et plus specialement
du nerf droit.
Lorsque la galvanisation etait trop faible, elle n'ar-
irtait pas les respirations, niais au contraire elle les
accelerait.
Lorsque la respiration s'arrete completement, peut-
on dire que cela est du ii la douleur? — il faudrait, pour le
savoir. re-peter I'experience sur des animaux etherises.
L'apparition des mouveinenls peristaltiques, notee
dans ce He experience, s'accorde avec d'autres observa-
tions dans lesquelles re liiirnoinene a coincide aver un
arrtH de la circulation.
Aprestoutes les operations, le lapin, etanttranquiilr.
j)i'*;sentait un rhonchus tres fort avec des inspirations
profondes. Les respirations etaient an nombre de 3/i ]>ar
minute. Apres une premiere galvanisation, on laissa
raniiiial en i*epos pendant environ deux lieures, puison
appliqua de nouveau la galvanisation avec les monies
rcsultats, si ce n'est que 1'arret de la respiration etait
nioins facile a obtenir.
On prit 1' urine du lapin, qui eiait alcaline. mais ne
contenail pas de sucred'une maniere evidente.L'animal
avail 30 respirations par minute; les pulsations etaient
tellement nombreuses, qu'on ne pouvait les compler.
Le 6 decembre, vingt-quatre heuresapres 1'ope'ration,
1'animal avail loujours le rhonchus note la veille; son
urine, jaunatre, alcaline et limpide, ne contenail pas de
sucre. On le sacrifia. A 1'autopsie, on trouva les poumons
emphysemaleux, ne s'atTaissanl pas quand on ouvrit la
SA GALVANISATION. 391
poitrine et presentant des ecchymoses, surtout du c6te"
gauche sur lequel le lapin etait resle couche pendant les
dernieres heures de sa vie. A droite, les ecchymoses
etaient pluspetites etmoins prononcees. Le cceur ren-
fermait du sang dans toutes les cavites. L'estomac con-
tenait des aliments et desgaz; sa reaction etait acide;
celle do 1'intestin grele etait alcaline. Le foie ne conte-
nait pas de sucre, parcc que 1'animal etait mort lente-
ment. Ccltc mort lente tenait a la temperature basse,
car pendant 1'ete les auimuux meurent beaucoup plus
vite et leur foie pout alors contenir du sucre. On examina
la plaie au cou : les deux nerfs sympathiques avaient
ete pari'aitement respectes.
Eocp. — Sur un jeunechien on fit, dans la region du
cou, la section des nerfs vagues entredeux ligatures, de
maniere ii avoir attaches a des fils les deux bouts infe-
rieurs et les deux bouts superieurs.
Apres la section des vagues, on observa avcc soin la
forme des respirations, et Ton conslata que les c6tes
restaient presque immobiles et que la respiration se
faisait surtout aux depens des mouvements du dia-
phragme.
On o-alvanisa alors a la ibis les deux bouts superieurs
des nerfs vagues. Quand la galvanisation etait tres legere,
la respiration n'etail pas arretee, mais an contraire ello
etait frequente et entrecoupee. Les c6tes se mouvaient
alors rapidement. Lorsque la galvanisation etait forte, les
mouvements respiratoires s'arretaient; puis, quand on
cessait la galvanisation, les mouvements respiratoires re-
prenaient au bout de quelques instants avec une grande
392 NERF PNEUMOGASTRIQUE;
frequence et les mouvements des c6tes les accompa-
gnaient. Pendant la galvanisation des bouts superieurs
des vagues, on vit 1'oeil devenir stiillant, les pupilles ct
les paupieres elre tres dilatees, 1'oeil et 1'oreille palir;
mais quand la respiration ctait eompletement arrelee,
on voyait la languc (levenir brune et les phenomenes
de Fasphyxie se prononcer; le thorax etail arrete dans
I'inspiratioo forcee. am point que les cartilages des cotes
etaient de formes.
On cessa la galvanisation : 1'aninial en etait moii.
Exp. — Sur un chien de chasse on mil a nn les
deux nerfs vagues, on les souleva sur une anse de fil,
et on les galvanisa tous les deux u la fois sans les
co u per.
Pendant la galvanisation il yeut arret du cauir. arrtH
de la respiration et saillie des yeux, ce (\\\\ prouvait
qu'il y a a la fois action centripele et cenlrituge dans
le nerf vague, ('eci ivsulle encore de rcxp<M'ience sui-
vsuitc taite apres la section du vague.
Exp. — Sur un autre chien, le vague etant coupe
dans la region inoyenne du con, on galvanisa successi-
vemeiit le bout inferieur et le bout superieur. La galva-
nisation du bout inferieur arreta le coeur et laissa couti-
nuer la respiration. La galvanisation du bout superieur
arreta la respiration et laissa continuer la circulation.
Pour le grand sympathique, la galvanisation du bout
superieur, centrifuge, fil saillir 1'oeil.
La galvanisation du bout inferieur du grand sym-
pathique ue produisit rien depreciable ; ces cfTets
n'ont du reste pas ete suffisamment observes pour s'cn
SON INFLUENCE SUR LES MO U YEMENIS DU COEUR. 393
faire une opinion complete d'apres cette seule epreuve.
Les effets de la galvanisation cles vagues sont aussi
faciles a constater sur des grenouilles ; c'est sur ces
anirnaux qu'ils out ete le plus souvent observes. Sous
1' influence de cette excitation des pneumogastriques, le
cosur s'arrete. Pour faire 1'experience, on peut ouvrir le
canal vertebral ou couper la tete de Fanimal, de ma-
niere a mettre a nu 1'origine des pneumogastriques sur
laquelle on applique cnsuite 1'excitation.
Nous meltons ici pre'alablement a nu le cceur d'une
grenouille, en ouvraul sur les parois thoraciques une
fenfire assez petite pour no pas livrer passage aux pou-
mons. Nous coupons la tote de 1'animal, ce qui n'eni-
p6che pas le cceur de continuer a battre; puis, nous
galvaniserons lamoclle allongee mise a nu. La galvani-
sation n'arreterait pas le co?ur si nous avions enleve la
moelle allongee sur cette grenouille, et galvanise seule-
ment la moelle epiniere. Cetle experience prouve encore
que cen'est pas par I'inlermediaire de la moelle qu'agit
le pne,umogaslrique pour arreter le coeur.
Voici notre grenouille doul le coeur bat ; elle a ete
decapitee et la moelle allongee mise a nu. Nous galvani-
sons la moelle dans le point d'origine des vagues;
immediatement le coeur s'arrete. On peut voir en meme
temps qu'il est dilate : il s'est arrete dans la diastole.
Bientotles mouvements recommencent.
Yoyant I'arret du coeur succeder a la galvanisation du
pneumogastrique dans la region du cou, on a cm pou-
voir admettre que le coeur recevait deux ordres de
nerfs : les mis, venanl du grand sympathique, destines
39ft MOUVEMENTS DU COEUR.
k Je fairc mouvoir ; les autres, venant dn pneumogas-
trique, n'agissant que pour Farrier.
On doitrenoncera expli([uer tons les motivements du
coeur, en les attribiiant clirectement a une influence ner-
veuse centrale ; le coeur hal. en eflet, independamment
du systeme nerveux central , lorsque, arrache de la
poitrine d'un animal vivant. il continue a battre sur
une table. Xous avons vu encore le coeur continuer a
battre pendant un temps assez long, lorsque, empoison-
nant des animaux avec du curare, nous avions aneanti
les actes du systeme nerveux inoteur.
En galvanisant le pneumogastrique chez divers ani-
maux, nous avons obtenu des resultats differents. Ainsi,
nous n'avons pas vu 1'arret du cceiir chez les oiseaux,
et, d'une maniere generale, ce resultat nous a paru
d'autant moins sensible que nous nous sommes adress£
a des animaux plus eleve's dans 1'echellc, ou mieux a
des animaux offrant une plus grande activite des ph6-
nomenes vitaux. Cela tiendrait-il a ce que chez les
animaux il faudrait, suivant leur nature, employer
des doses differentes d'electricite pour procluire les
memes effets; or, soit que nous ayons experimente sur
des animaux inferieurs ou des animaux eleves, nous avons
toujours fait usage de la m6me machine electrique.
Lorsqu'on coupe les pneumogastriques ou qu'on les
paralyse, loin d'arreter les mouvements du coeur, ainsi
que vous le savez, leur nombre augmente d'une facon
notable: ce nombre est souvent double.
Cette influence de la section du pneumogastrique
sur I'augmentation des mouvements du coeur se re-
MOU YEMENIS DU COEUR. 395
trouve-t-elle chez tons les animaux? Observe-t-on chez
les animaux a sangfroid 1'augmentation du nombre des
pulsations cardiaques et la diminution du nombre des
mou\ements respiratoires quo nous avons vus chez les
animaux a sang chaud?
M. le docteur Armand Moreau a fait recemment ici,
a ce sujet, quelques experiences sur des grenouilles. II
resulterait de ses observations que la section des pneu-
mogastriques est sans influence sur le nombre des pulsa-
tions, qui reste le meme apres Foperation qu'avant
celle-ci. M. Moreau a egalement trouve que le nombre
des mouvements respiratoires restait le meme. Ces phe-
nomcnes, s'ils se confirmaient, constitueraient-ils des
differences assez tranchees pour caracteriser Faction du
pneumogastrique chez les deux classes d'animaux a
sang chaud et a sang froicl? - - C'est line question inte"-
ressante a poursuivre.
D'autresrecherchesnous montrent une influence diffc-
rente de celle du systeme nerveux central, qui a sur
le nombre des battements du coeur une action bien plus
marquee chez les animaux a sang froid que chez les
animaux a sang chaud. Voici a ce sujet les resultats
d'experiences qu'a faites ici M. le docteur Calliburces.
M. Calliburces, partant de Finfluence connue de la tem-
perature sur les pulsations cardiaques chez les animaux
a sang chaud, a recherche quclle etait cette influence
chez les animaux a sang froid, chez les grenouilles.
Chez les animaux a sang chaud, le froid diminue le
nombre des battements du coeur; la chaleurles augmente.
La meme chose a lieu, mais d'une facon bien plus mar-
396 MOU YEMENIS DU COEUR.
quee, chez les animaux a sang froicl. Chez ces derniers,
1' action de la temperature est bien plus prononcee que
celles des nerfs, tandis que le contraire parait avoir lieu
pour les animaux a sang chaud.
M. Calliburces se proposa, dansleprincipe, d'etudier
1'influence de la chaleur sur la vitesse de la circulation,
et, dans ce but, re'pe'ta des experiences de M. Poi-
seuille. Apres avoir plonge dans de 1'eau chaude Tune
desextre'mitesposterieuresd'unegrenouille,ilexaminait
au microscope la membrane natatoire de Tautre patte,
et il remarqua que 1'iniluence du calorique applique
sur 1'autre patte accelerait toujours la circulation capil-
laire, mais que la frequence des battemeuts de C03ur
augmentait en meme temps d'une maniere si notable,
qu'elle ne paraissait plus etre en proportion avec la
vitesse de la circulation. Void les resultats de ces expe-
riences pre'liminaires qui indiquent en eflet que la
frequence des moiivements du coeur est liee a la modi-
fication thermique que la chaleur apporte au sang.
lUTTEMKNTS DKGRES BATTEMKNTS DIFPI'RENCK
tin cn>ur par min'ite . , du coeur par minute en plus
uvant l'..|>|ilit-..iiii'i .i|jr •< I'upplicatiua sous I'mlluence
de la chaleur. <lc chaleur. dcla chuleur. de lu rhaleur.
52 35 90 38
38 39 86 A8
h!\ 55 82 38
50 55 92 kl
32 68 64 32
30 72 8/1 48
A'-> 75 100 58
Le vehicule qui sert a appliquer la chaleur semble 6tre
sans influence; les metaux, 1'air, un grand nombre
d'acides, lesang defibrin^, I'urine, qui ont etc employes,
out toujours donuy le meme resultat que 1'eau.
INFLUENCE DE LA CHALEUR. 397
Ces premiers resultats imprimerent une autre direc-
tion aux recherches de M. Calliburces. Ayant sous les
yeux un animal a sang froid en quclque sorte meta-
morphose en animal a sang chaud, eu egard au nombre
des pulsations, il crutl'occasion favorable pour resoudre
par voie d'experimentation la question des rapports
qui existent entre 1'influence de la chaleur animale et
1'activite du centre circulatoire. Les grenouilles ctaient
d'autant mieux appropriates a ces recherches, qu'clles se
trouvent tres sensibles a cette action, et qu'elles se pre-
tent admirablement a 1'analysc physiologique.
Par quclle voie physiologique Faction de la chaleur
est-elle transmise depuis la palto an coeur? C'etait la
le point important du prohleme. On pourrait admettre
a priori plusieiii's explications de ce phenomene, et
il s'agissait de les soumcttre successivement ;'i 1'examen
experimental.
I. L'acceleration de la circulation provient-elle de ce
que la chaleur modifie les conditions de mouvement du
sang? La chaleur est-elle ainsi la cause premiere de la
frequence plus grandedes mouvements du coeur?
Se fondant sur les resultats d'experiences repete"es,
M. Calliburces se crut dejii autorise a repondre par la
negative a cette premiere question. Apres avoir mis a nu
le coeur d'uue grenouille, il appliqua une ligature a la
partie supe'rieure des extremites posterieures de 1'ani-
mal, en ayant soin de ne pas y comprendre les nerfs
cruraux, de maniere que la communication par les vais-
seaux entre le tronc et les extremites etait interrompue,
tandis que celle par les uerfs continuait a subsister.
398 MOUVEMENTS DU COEUR.
Les extremites poste'rieures ayant ete plongees jusqu'au
voisinage des ligatures dans de 1'eau a 39 degre's centi-
grades, les battements du coeur monterent a 88 par mi-
nute, et le merne re'sultat se produisit chez des gre-
nouilles que Ton plongea dans de 1'eau a la m6me
temperature, mais auxquelles on n 'avail pas lie les
extremites posterieures.
L'accroissement de Factivite du coeur cst aussi la
consequence de la modification physique du mouvemenl
du coeur par Fapplication de la chaleur sur Forgane
lui-mthne. Apres avoir enleve a une grenouille la paroi
thoracique anterieure, on disposa r animal de telle sorte
que le coeur, qui avail l\k pulsations par minute, vint
plonger dans un petit verre, de maniere que Faction
de Feau chaucle ne putetre que locale. On versa ensuite
dans ce verre deFeau a /il degres, et aussitot le nombre
ties pulsations monta a 64 par minute. On ne pent
plus supposer ici que, dans un espace de temps relati-
vement si ininime, toute la masse du sang ait subi Fin-
tluence de la temperature de Feau contenue dans le
verre, et qu'elle soil ainsi devenue la cause de la fre-
quence plus grande des pulsations du cceiir.
Yoici quelques-iins des resullals obtenus :
BVTTEMKMS DIGRES BATTEMGNTS DIFFERENCE
du cceur uviint . du coeur ii)iic;-i t-ii plus
Pappliciiiion locale 1'upplic.il.inii loculc sons 1'inlluence
de la chaleur. de cbalenr. de la chaleur. de la chuleur.
50 25 6/1 Id
50 hi 68 18
32 70 52 20
hk 55 82 38
62 65 64 22
42 65 82 AO
INFLUENCE DE LA CHALEUR. 399
La deuxieme experience a ete faite sur la grenouille
n° 1, et la sixieme experience sur la grenouille ne 5,
lorsque le nombre des battements du coeur fut redevenu
le me~me que dans la premiere et la cinquieme expe-
rience.
II. La chaleur agit-elle sur le coeur par Pinterme-
diaire du systeme nerveux?
D'apres une serie d'experiences repetees a plusieurs
reprises, il semblerait que raccroissement de ractivite*
du coeur, consecutif a 1'augfflentation de la chaleur ani-
male, n'est pas directement lie a I'action du systeme
nerveux.
Premiere experience. — Apres avoir opere dans les
extremites poste'rieures d'une grenouille la section des
neri's cruraux , on les plongea dans de Teau chaude,
et Ton remarqua que les mouvements du coeur aug-
mentaient exactement de la memo maniere que chez
des grenouilles auxquelles il iravait pas fait la section
des nerfs cruraux.
Deuxieme experience. — An lieu d'employer de
1'eau cbaude, on appliqua sur des grenouilles saines de
1'acide acetique et azotique, depuis la plus faible dilu-
tion jusqifa la concentration la plus forte : I'activite du
coeur ii'i'prouva aucun changement dans quelques cas.,
dans d'autres elle s'accrut seulement de quelques con-
tractions ; et, Sors de Implication de 1'acide azotique
concentre, elle s'arreta meme compietement.
Troisieme experience. — On ouvrit le canal ra-
cbidien d'une grenouille dans la region de la moelle
allongee, et Ton y introduisit la canule d'une petite
400 MOUVEMENTS DU COEUR.
seringue remplie d'eau chaude; les mouvements du
coeur s'arreterent au moment menie de 1'introduction
de la canule, sous rinfluence mecanique du contact de
1'eau chaude et avant que 1'injection eut pu etre faite.
Plus tard ils reparurent, mais leur nombre avait dimi-
nue de trois a cinq par minute.
Quatrieme experience. — On detruisit completement
1'encephale et la moelle epiniere d'une greuouille, et Ton
observa cependant, lors de 1'application de la chaleur,
la meme augmentation des contractions du coeur. Dans
la premiere experience de ce genre, elles monterent de
36 a 8/1 par minute.
Cinquieme experience. - - On paralysa les nerfs mo-
teurs d'une grenouille en 1'empoisonnant par du
curare. Dans la premiere de ces experiences, le cosur
de 1'animal battait 50 fois par minute, tant avant qu'a-
pres 1'intoxication, et avant 1'application de la chaleur.
Les extremites posterieures avant &<$ plongees dans de
1'eau a 55 degres, le nombre des pulsations monta a 92
par minute ; et puis il commenra a diminuer, et lors-
qu'il n'y en avait plus que 60 par minute, on mit les
extremites posterieures dans de 1'eau a 73 degres,
ce qui fit remonter le nombre des pulsations a 92 par
minute. Dans une autre experience, le cceur de la
grenouille battait 38 fois par minute apres 1'intoxication
et avant 1'application de la chaleur. De 1'eau a 39 de-
gres ayant ete appliquee sur le cosur, le nombre des
battements monta a 86 par minute, puis il diminua
insensiblement ; etlorsqu'il n'y eut plus que 7/i pulsations
par minute, on fit cesser 1'application de 1'eau chaude
INFLUENCE DE LA CHALEUR. 601
sur le coeur : les pulsations de cet orgaiie continuerent
a diminuer peu a peu en nombre; ce qui prouve
que Tact ion de la chaleur sur le coeur a continue encore
a se faire sentir lors meme qu'on avait cesse de fy ap-
pliquer directement; des experiences ulte'rieures ont
pleinemont confirme ce resultat. line nouvelle appli-
cation de chaleur provoque chezla meme grenouille. au
moyen d'eau a 35 degres, fit remonter le nombre des
contractions du coeur de 40 a 88 par minute; mais ces
pulsations etaient doubles, inv^uliiTes et intermittentes,
resultat qui t'ut egalement confirms par des experiences
repetees et qui terait voir que la chaleur a de I'influence,
non-seulement sur la quantite. mais encore sur la qualite
des contractions du coeur.
III. L'acceleration des mouvements respiratoires qui,
lors de 1' augmentation de la chaleur animate, coincide
avec 1'accroissement des contractions du coeur, peut en
etre independante dans certains cas.
Chez les grenouilles empoisonne'es par le cu-
rare, les mouvements respiratoires cessent complete-
ment, et neanmoins 1'application de la chaleur provoque
line augmentation de ceux du coeur. Du reste, nous
avons deja vu que 1'application locale de la chaleur sur
le coeur en accelere 1'activite, sans avoir pour cela
d'intluence sur les phenomenes respiratoires de la gre-
nouille.
IV. L'acceleration de 1'activite du coeur, parait de-
pendre uniquement de Faction locale et specifique de la
chaleur sur le coeur meme.
Yoici de quelle maniere M. Calliburces fit ses expe-
B., SYST. NEHV. — n. 26
402 MOUVEMENT DU COEUR.
riences : II extirpa le cceur crime grenouille qui avail
36 pulsations par minute: apres 1'operation, il en avait
encore 18. On placa alors le cceur dans un verre de
montre contenant de 1'eau a 40 degres, et aussitot les
pulsations monterent a 94 par minute. Dans ladeuxieme
experience, la chaleur de 1'eau (40 degres) fit monter
les contractions du coeur de 38, qu'il avait avaut 1'ex-
tirpation a 80 par minute. Un troisieme coeur battait
encore 30 fois par minute apres avoir ete excise ; mis
dans de 1'eau a 25 degres, il se contracta 62 fois dans
le meme espace de temps. Dans la derniere experience,
eufin, on mit le coeur d'une grenouille, qui avait 36 pul-
sations avant d'etre extirpe, dans de 1'eau a 50 degres,
ce qui fit monter les contractions a 72 par minute ;
alors on placa le coeur dans de 1'eau qui n'avait que
10 degres de chaleur, et aussitot les pulsations cesserent
completement, mais elles reparurent de nouveau (82 par
minute) lorsque le coeur fut remis dans de 1'eau a
50 degres.
M. Calliburces a observe d'une maniere generate que
le nombre des contractions du coeur augniente en rai-
son du degre de temperature employe; mais il ne lui
a pas ete possible d'y trouver une proportion directe :
ainsi, pour citer un exemple, une temperature de 22 de-
gres fit monter les mouvements d'un coeur de 32 a 45 par
minute ; lorsque le coeur fut revenu a 32 battements, on
1'exposaa une temperature de 32 degres sous I'influence
de laquelle il y eut 65 pulsations par minute.
Conclusions — 1° La chaleur parait avoir une action
specifique sur le coeur ; 1'augmentation des pulsations
INFLUENCE DE LA CIIALIiUR. /lOo
qu'elle provoque chez la grenouille semble etre inde-
pendante , noii-seulement des conditions hydrauliques
de la circulation, mais encore du systeme nerveux et
des mouvemenls respiratoires ; elle peut n'etre duo qu'a
1'action directe de la chaleur sur le centre circulutoire;
2° La chaleur animalc petit done exciter le coeur
d'une maniere locale et en entretenir 1'activik' ;
3° Le nombre des contractions du coeur s'accrolt sans
qu'il y ait proportion directe, en raison du degre de
chaleur qu'on emploie, si le coeur se trouve pres de son
etat physiologique, c'est-a-dire s'il n'a pas deja servi a
plusieurs experiences de ce genre;
4° La chaleur influe non-seulenient sur la quantilo
mais encore sur la qualile des contractions du cceur;
5° L 'action de la chaleur sur le cuiui1 continue u stib-
sisler lors memo qu'il ii'y est plus expose d'une maniere
directe.
Messieurs, je vous signale ces tails sans vouloir en
dckluire maintenant une loi physiologique geuerale.
Yous potivez sur ces cceurs cnleves a des grenouilles,
voir les re'sultats que nous YOUS signalons. La meuie chose
s'observerait sur la grenouille vivante, si, mettant le
C03ur a decouvert, on Tobservait pendant qu'on trernpe
une partie de la grenouille, alternativement dans 1'eau
froide et dans 1'eau chaude.
Cette influence de la chaleur sur les mouvemeiits du
coeur est tres interessante a constater, mais si nous avons
YU que chez les grenouilles le systeme nerveux n'a pas
d'influence sur ces mouvemeiits du coeur, il n'en est plus
de memo chez les animaux superieursou cetteiuihience
/lO/| NERF PNEUMOGASTRIQUE.
est des plus manifestes. Serait-ce dans des differences de
ce genrequ'il faudraitchercherles caracteres spe"cifiques
des anirnaux a sang chaud et a sang froid?
Lesnerfspneumogastriquessont, en effet, des voies de
transmission par lesquelles les actions nerveuses peuvent
etrecommuniqueeau coeur etau poumon. C'est ce que
demontrent encore les experiences suivantes sur les effets
de la nicotine avant et apres la section des pneumogas-
triques.
Exp. (12 novembre 18/j5). - Sur une*chienne a
jeun, d'assez forte taille et adulte, on deposa trois gonttes
de nicotine dans une plaie sous-cutanee faite a la partie
interne de la cuisse. Les pulsations etaient an nombre
de 115, les respirations de 28, par minute, avant 1'ad-
ministration de la nicotine.
Une minute apres F administration de cette substance,
la respiration e'taitgenee, Tamma! etait essouffle, titu-
bant, les oreilles penchees en arriere : les respirations
abclominales et diaphragmatiques etaient alors de /i2?
les pulsations, 232. Apres huit minutes, vomissement
de mucosites blancliatres.
Apres dix-neuf minutes, le globe de Foail paraissait
renverse; mais en examinant de pres, on voyait que cet
aspect etaient du li la tension au-devant de I'oail de la
troisieme paupiere; de telle sorte que les deux tiers in-
ternes et inferieurs de 1'ceil etaient recouverts et que
1'animal etait comme aveugle.
Vingt-cinq minutes apres I' administration de la nico-
tine, 1'animal allait uiieux. Les respirations etaient
de 36 et les pulsations de 129 par minute.
EXPERIENCES. &05
Apres trente minutes, tous lessymptomesproduits par
la nicotine avaient a pen pres cesse, sauf la respiration
et la circulation qui etaient encore un pen troublees.
Sept jours apres, le 19 novembre, le me1 me animal se
portant bien, on fit 1'experience suivante :
L'animal avait mange a onze heures et demie. Deux
heures apres, on fit la section cles deux nerfs vagues.
Avant la section des nerfs, les pulsations etaient de 120,
les respirations de 20 et I'hemodynamometre oscillant
de 150 a 170. Les deux nerfs etaient d'une insensibility
complete. Au moment de la section, l'animal n'eprouva
aucune souffrance. II se manifesta chez lui un sympt6me
qu'on observe generalement cbez tous les animaux aux-
quelson irrite ou on coupe lepneumogastrique, Cesont
des mouvements de la queue tout a fait semblables a
ceux quo fait l'animal pour exprimer sa joie. Ces mou-
vements paraissent ici lies a une gftne de la respiration,
car on les observe de meme quand on suffoque l'animal.
On les observe encore souvent quand on vient de faire
la section du bulbe rachidien. II serait interessant de
savoir par quelle voie se transmet cette action reflexe
pour produire les mouvements de la queue.
Apres la section des nerfs vagues, 1'animal n'eprouva
aucun phenomene de suffocation ; mais on observa
qu'aussitot la carotide avait perdu de sa tension, de sa
plenitude, et me"me en apparence de son volume. Les
pulsations etaient alors an nombre de 206 sans intermit-
tence; les respirations, an nombre de 9, tres profondes.
L'hemodynamometre restait fixe a 200 : les oscilla-
tions etaient excessivement courtes.
AOG NERF PNEUMOGASTRIQUE.
Alorson administra a 1'animal trois gouttesde nicotine
dans le tissu cellulaire de la cuisse non operee, car de
Fauire cote la plaie etait encore un pen enflammee.
Apres deux minutes, 1'animal eprouva qnelquc
trouble, se tourmenta et s'agita; eependantla circula-
tion et la respiration no paraissaient pas avoir snbi de
trouble du a la nicotine.
Apres dix minutes, les pulsations etaientde 195 sans
interniittence ; les respirations, an nombre de 7, abdomi-
nales, profondes. L'hemodynamometre oscillaitentre 160
et 170. Le sang, qui etait rntilant dans la carotide apres
la section des vagues, paraissait plus fonce depuis 1'ad-
ministration de la nicotine. Apres douze minutes, la
troisieme paupiere etait tendne devant I'oail et rendait
1'animal aveugle; la pnpille etait fortemeut contractee.
Le lendemain, 20 novembre, qninze heures apres la
section des vagiics, r animal etait calme ; les inspirations
etaient lentes, profondes, abdonn'nales, au nombre de 9
par minute. L'animal etant sur ses quatre pattes, on
voyait ;i l'<ril le ccenr battre avec vitesse centre les parois
du thorax du cote gauche. Co phenomena, qui no se
voit pas pendant la vie chez les chiens, s'observe sou vent
apres la section des pneumogastriques, ou apres une
mort brusque, lorsque le coeur continue a battre dans
le thorax avec quelque energic. L'animal ne presentait,
du reste, pas de signe de suffocation proprement dit.
Alorson voulut appliquer rhemodynamometre sur Far-
tere; mais le vaisseau se cassa et le sang s'echappa de
Tartere avec un jet faible et une couleur tres imparfai-
lement rutilante. Bientot 1'animal mourutd'hemorrhagie
EXPERIENCES. h 07
en presentant les synipt6mes suivants : 1° d'abord, il
faut observer que la mort par hemorrhagie a ete bien
plus rapide chez ce chien, dont les vagues etaient coupes
qu'elle ne 1'aurait ete chez un autre.
2° Les battcments du coeur, tres rapides, cesserent
brusquement an moment de la mort, ce qui n'a pas lieu
ordinairement. A peine determinait-on quelque fre-
missement musculaire en piquant les parois du coeur.
S° En mourant, 1'animal Gt quelqnes efforts inspira-
toires, et les derniers etaient accompagnes d'un aplatis-
sement enorme du venire et de la poitrine. Lapoitrine
e"tait tellement comprimee lateralement par la pression
de Fair que les c6tes presentent a 1'oeil une courbure
concave, an lieu de letir convexite habituelle.
L' animal elant mort, cet aplatissement du thorax ne
disparut qu'en partie. Alors, on otivrit le ventre et on
tronva le diaphragme fortement voute en haut. En per-
cantle diaphragme, ils'abaissa; Fairentra dansle thorax
et celui-ci reprit sa forme primitive.
A Fautopsie, les poumons, le gauche surtout, etaient
engoucs de sang noir et comme marbres. Le tissu
du poumon, quoique crepitant, etait rempli de mueosi-
tes dans les petites bronches. II y avail de 1'emphyseme
dans le mediastin posterieur; Fair etait entre par la
plaie. L'estomac contenait des aliments (des tripes), en
partie digeres, mais repandantune odeur infecte d'acide
butyrique. Ceci prouve que la section des pneumogas-*-
triques avail arreto la digestion.
La partie superieure del'intestin grele offrait des chy-
liferes injectes en blanc,
408 NERF PNE.UMOGASTRIO.Ut:.
Exp. (12 novembre 1845). — On constata que les
pulsations d'un chicn adulte et a jeun etaient au nombre
de 80 par minute, tivoc ^irregularity normale. Les
respirations etaient au nombre de 14 par minute. L'he-
modynamometre oscillait entre 170 et 200. Alors on
opera la section des deux ncrfs vagues dans la region
moyenne du cou.
Immediatement apres, les pulsations etaient au nom-
bre de 95 par minute. Dix minutes apres, elles etaient
au nombre de 175.
Les respirations etaient au nombre fie 0. L'hemody-
namometre oscillait entre 5/|0 ct 550 par secousses
A •
de 4 a 5 millimetres seulement.
Alors on administra a 1'animal Irois gnu ties de nico-
tine dans une plaie sous-cutanee faite a la partie interne
de la cuisse.
Au bout de deux a Irois minutes, les phenomenes dns
a 1'action de la nicotine se manifesterent; L' animal etait
chaiicelant, titubant; il n'avait cependant pas de vo-
missement ; les mouvements respiratoires n'etaient pas
acceleres : il y en avail 5 a la minute; les pulsations
etaient au nombre de 148. Apres qnelqnes instants, les
yeux offraienl les modifications dues a 1'influence de la
nicotine, c'est-a-dire une occlusion de la troisieme pa.u-
piere qui donnait a 1'animal 1'apparence d'avoir les
yeux renverses. L'hemodynamometre , applique une
demi-heure apres Tadministration de la nicotine ,
oscillait entre 150 et 160.
L'animal mourut pendant la nuit, probablement six
pu sept lieures apres 1'operalion.
EXPERIENCES. 409
Les poumons etaient seulement un peu hyperemies
et ne contenaient pas de mucosites.
La conclusion a tirer des deux dernieres experiences
est que la nicotine ne produit pas les troubles de la cir-
culation et de la respiration qui lui sonl propres apres
que les pneumpgastriques ont etc coupes.
Dans d'autres experiences rapportees plus haut, nous
avons vu que la section des pneumogastriques dans la
region du cou n'arrete jamais immediatement la respira-
tion, land is que la galvanisation du bout central pent
produirecet eff'et. Mais il semble, au contraire, que la
section des pneumogastriques dans le crane, a leur ori-
gine rneine, pourrait egalementamener une mort subite.
Les experiences suivantes en seraient une preuve.
£#/K (mai 1843). — Sur un lapiu, on enleva une
partie de 1'occipital et on coupa les deux pneumogas-
triques sur les cotes de la moelle allongee. Aussitot les
mouvements cespiratoires cesserent et Fanimal mourut.
L' animal etait deja Ires alTaibli an moment ou on fit
la section des pneumogustritfiies; cependant la mort a
coincide exactement avec la section des pneumogas-
triques.
Exp. — Sur un chien adulte, prealablement stupt3fie
}>arropium, on enleva 1'occipital et on lit la section des
deux pneumogastriques a leur origine, en conservant
les.spinaux. L' animal etaittres affaibli; mais, lorsqu'on
eut coupe les pneumogastriques, les mouvements res^
piratoires cesserent aussit6t et 1'animal mourut.
Exp.— Le 20.mai 1843, sur un jeune chien, on en-
leva Toecipital en partie et on accrocha les deux nerfe
/1 10 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
spinaux stir les cotes de la moelle; on arracha toute leur
partie inferieure : la voix ne fut pas modifiee. Ensuitc,
on detruisit successivement, en montant vers les pneu-
mogastriques, les autres filets d'origine du spinal, et,
lorsque les filets les plus elevcs furent detrnits, la voix
fut voilee. Quand ranimal criait, il rendait un souffle
plutot qu'un veritable son. Ce souffle produisait line
espece de sifilement dans 1'expiration. Si on faisait faire
de grands efforts ;i ranimal pour crier, 1'expiration res-
tait soufflante, mais Finspiration devenait bniyante ct
produisait une espece de braieincnt. Alors on coupa
Ic pneumogastrique ii droite et Fanimal continua en-
core a respirer. On le coupa a gauche : aussitot ranimal
mourut sans donner de signe do suffocation. 11 faut
noter encore que dans cette experience 1'animal etait
affaibli par 1' operation.
On a pn se convaincre dans cctte operation que le
spinal n'etait pas d'une sensibilite evidente, tandis que
le pneumogastrique, quand on le touchait, provoquait
les signes d'une sensibilite vive. Le pneumogastrique
paraitrait done plus sensible a son origine que dans la
region du cou.
Exp. (27 avril 1841). - - Sur un jeune lapin on fit
la section du pneumogastrique gauche dans le crane.
Aussit6t tons les mouvements de la respiration ces-
serent dans le cote correspondant. La narine gauche
resta immobile et plus dilatee que la droite qui avait
conserve sa motilito" normale. L' animal avait conserve
toute la sensibilite de la face du c6te gauche. Lorsqu'on
le pincait, il relirait les levres; il clignait, ce qui
EXPERIENCES. /ill
prouve que le nerf facial eiait intact. De sorte que les
mouvements de la face semblaient conserves, excepte
eel u i de la respiration dans la imrine.
En examinant 1'animal en face, la levre superieure
paraissait un pen relevee et retiree en arriere.
Exp. — Sur un chien, chez lequel on avail determine
le coma par line fracture du crane qui avail du reste pro-
duitle diabete (v. 1. 1, p. Sft/i), on conpa les deux nerfs
pnenmogastriques dans la region moyenne du con, et,
ce qu'il y cut de remarquable, c'est que 1'animal cessa
de respirer aisssitut apres la section des vagues. Mais on
reproduisit des mouvements respiratoires el de degluti-
tion, en excitant le bout central des nerfs vagues. On ne
produisail absolumenl rien en agissnnt sur les bouts pe-
ripheriques;ce qui prouve ('videmmenl que les mouve-
ments respiratoire s'operent dans ce cas par action reflexe;
seulement chez le chien, il scrait difficile de dire si c'e"-
tait par le pneumogastrique ou par le grand sympathi-
que, car ces deux nerfs se trouvent rennis. II y avail
en meme temps chez ce chien, dans le coma, une sali-
vation Ires abondante. Alors j'ai decouverl le canal de
Stenon : rien ne s'e'coulailpar ce canal, ce qui semblerail
prouver que la salivation etait, dans ce cas, produite
surtout aux depeiis des glancles sous-maxillain^s.
Enfin, a 1'autopsie, on observa des ecchymoses dans
le foie, ecchymoses surtout Ires visibles dans les parois de
la vesicule du fiel. Les ganglions lymphatiquesdelaface
et du con etaient marbres par desepanchements sanguins.
Ces lesions etaient sans doute la consequence des chocs
sur la tete qui avaient produitla fracture des osdu crane,
412 NERF 1'NEUMOGASTRIQUE.
car on ne saurait attribuer de semblables resultats a
1'insufflation. Ces ecchymoses du foie sont surtout
«.
interessantes, en ce qu'on a signale des lesions du
foie, commc coi'ucidant souvent avec les fractures du
crane.
Exp. — On lit sur un lapin la section de la moitie
de la moelle, dans la region cervicale, au niveau de
I'articulatioti occipito-atloi'dienne gauche.
Les mouvcments du nez etde lalevre furent abolis a
droite, et les traits etaicnt pousses en avant de ce c6te".
La sensibilite existait des deux cote's de la face et les
oreilles n'etaient point paralysees, non plus que les
yeux qui se fermaient des deux c6tes; les membres
avaient tons conserve leur sensibilite.
Quand on excitait 1'ahimal, il se produisait des mou-
vements dans la levre droite, mouvements qui n'avaient
pas la forme respirateire.
En resume, on pent dire que les mouvements respi-
ratoires sculs etaient abolis dans la face ; tons les autres,
ceux de rueil et de 1'oreille etaient conserves.
Alors on essaya de faire la section de la cinquieme
paire et Tamma! mourut.
On constata a 1'autopsie que la moelle etait blessee k
droite, au niveau du calamus scriplorius ; la moiti^ gau-
che n'avait ett3 nullement interessee. La plaie siegeait
un peu au-dessous de 1'origine des pneumogastriques. La
section de la moelle en ce point avait done fait cesser les
mouvements respiratoires sans leser la cinquieme paire
ni le facial, puisque la sensibilite . et les mouvements
des yeux etaient parfaitements conserves.
EXPERIENCES.
II nous reste main tenant a examiner 1'influeiice
qu'exerce la section du pneumogastrique surles organes
contenus clans rabdomen. sur les organes digestifs etsur
le foie. Cette etude sera le sujet de la prochaine lecon;
nous devrons y rechercher encore la cause de la mort
des animaux qui succombent a la section des nerfs
vagues, cause que nous n'avons pas trouvee necessaire-
ment clans les alterations produites sur les organes
thoraciques.
QUATORZIEME LECON
24 JUIN 1857.
SOMMAIHE : Effcls de la section du pneumogastrique sur les organes
abdominaux. - - La sensation dc la faini persiste. — Les aliments
s'accumulent dans 1'cesophage paralyse. — La secretion gastrique est
troublee. -- Experiences sur des inainmiferes et sur des oiseaux.
— Modifications apportees par la section des nerfs vagues dans I'ab-
sorption sur la membrane nuiqueuse stomacale. — Elfels de la sec-
tion des nerfs pncumogastriques .stir les fonctions du foie. — La fonc-
tion glycogenique est troublee. — Experiences. - - Modification du
cote des urines. --La galvanisation du nerf pneumogastrique deter-
mine rapparilion du Sucre dans le sang et dans les urines. -- Expe-
riences. — Observation du relour des propriett-s nervcu-es dans un
pneumogastrique fatigue par la galvanisation. - - Observalion du
retour des actes physiologiques aaxquels preside le pneumogastrique,
apres la section de ce nerf.
MESSIEURS ,
Nous continuous aujourd'hui I'liistoire du pneuino-
gasirique, et nous ullons cherclier u voir comment suc-
combent les animaux chez lesquels on en a pratique
la section.
Nous avons vu qu'ils pouvaient mourir asphyxies ;
mais il r.e faudrait pourtant pas generaliser cette
conclusion, parce que dans certaines conditions, dans
certaines especes animales, 1'hepatisation du poumon
n'a pas lieu. Cette lesion est done une cause de mort
accidentelle.
Examinons maintenantce qui arrive chez les animaux
qui, apres avoir en les pneumogastriques coupes, ne
NERF PNEUMOGASTRIQUE.
presenlent pas la lesion pulmonaire et meurent cepen-
dant.
On ne peut pas admettre que les animaux meurent
par suite de troubles de la digestion, car ils succombent
beaucoup plus vite que les animaux soumis al'abstinence.
Cependant il y a aussi dans les actes digestifs des
troubles qui ont sur la mort une influence evidente.
Le larynx , I'ossophage , 1'estomac sont paralyses :
niais les animaux ne perdent pas Fappetit pour cela.
On avail presente 1'estomac comme le siege de la sen-
sation de la faim, et on avail pretend u que la section des
pneumogastriques fuisait disparattrelebesoinde prendre
des aliments. II n'en est rien : apres 1' ope rat ion, les
animaux continuent a manger ; nous avons vu beaucoup
de lapins manger surtout lorsqu'ils ont etc operes etant
a jeun. Dans ces conditions les animaux continuent
done a manger ; mais ils rendent ordinairemenl apres
un certain temps ce qu'ils ont pris. On a chercbe a
expliquer ces vomissements qui suivent Fingestion des
aliments en pretendant que ces animaux avaient bien
garde la sensation de la faim , mais qu'ils avaient perdu
celle de la satiete.
Desireux de verifier, aussi directement que possible,
ce quise passe dans cette circonstance, j'avais autrefois
coupe les pneumogastriques surunchienporteur d'une
fistule stoniacalc, assez large pour pcrmettre 1'observa-
tion. Au moment de Foperation, ce chien etaitajeun.
Apres la section, il mangea avidement; rien ne par-
venail cependant dans Festomac. Bientot Faniinal se
mil a vomir; tout s'etait accumule dans Foesophage.
.
ftlG NERF PNEUMOGASTRIQUE.
Je vous ai dit que la section ties pneumogastriques
paralysait 1'oesophage ; il se trouve des lors constituer
une poche inerte qui cede a 1'action mecaniquo des ali-
ments ingeres et se dilate. Totitefois le cardia reste ferine"
etce n'est qu'au bout d'un certain temps qu'ilse relache
a son tour.
Ces observations sont d'accord avec celles de Magcn-
dieet de Muller qui avaient \u que lorsque 1'oesophage
est en repos, le cardia est le siege de contractions ver-
miculaires qui comprennent le cinquieme intV'rieur do
1'oesophage environ.
Le lendemain de rop&ration, il n'en est plus ainsi;
les aliments s'accumulcnt encore dans I'oesophage, mais
ils finisscnt par penetrer dans 1'estomac peu apres, sol-
licites par les contractions des piliers du diaphragme.
11 y a en meme temps paralysie de 1'estomac. En y
introduisant le doigt, on ne le sent plus presse par les
contractions que sa presence determine lorsque les
pneumogastriques sont intacts.
On a signale encore, comme consequence de la sec-
tion des pneumogastriques, la suppression de la secrtHion
gastrique. Cette influence, toutefois, a ete tres contro-
versee. Tandis que certains auteurs 1'admettent, d'autres
'la nient. Je vous dirai ceque m'ont appris, a eet egard,
mes experiences, qui ont porte sur deux ou trois ob-
servations directes.
Lorsqu'on prend un chien qui a a 1'estomac une fis-
tule large etpouvant permettre d'observer 1'etat de 1'or-
gane, on voit que Tanimal etant a jeun, son estomac
vide est enduit d'un mucus a reaction alcaline. Ce
SECRETIONS GASTRIQUES. 417
mucus etant enleve avec une eponge douce, la membrane
muqueuse devinl immediatement rouge, turgide; elle
se recouvrit desgouttelettes du sue gastrique qui bientdt
ruisselerent le long cles parois de I'organe. C'est a ce mo-
ment et dans ces conditions, que j'ai coupe les deux
pneumogastriques. Aussilot la membrane muqueuse
(Halt devenue pale, de rouge qifelle etait; la secretion
gastrique, acide, limpidc, avail immediatement change"
de caractere et avail etc rcmplacee quelquefois par une
secretion muqueuse alcaline, visqueuse et filante. Telles
sont les conditions dans lesquelles j'ai deux ibis observe"
ce phenomene.
Si maintenant on taisait 1'experience autrement :
que Ton donnat a manger a Tanimal et qu'on lui coupat
ensuite les pneumogastriques, on ne serait plus dans des
circonstances aussi salisfaisanles pour observer, dogage
d'influences e'trangeres, 1'eflet tie la section des nerfs
vagues. II y aurait eu secretion de sue gastrique, au
moment de I'arrivce des aliments dans 1'estomac, et ce
sue gastrique, pre'alablernent secrete et cmprisonne avec
les aliments, pourrait, etant retrouve, iaire croire que
la secretion a continue' apres I'op6 ration.
II est encore, dans 1' appreciation de cefait, uneautre
cause d'erreur, que j'ai pu constatcr dans des expe-
riences directes. Sur un chien, dont nous rapporterons
plus loin 1'observation , j'ai mis, apres 1'operation,
de la soupe dans 1'estomac. La fir.lule fut bouchee avec
une eponge maintenue par un bandage de corps. Le
lendemain, la soupe etait encore dans 1'estomac ou elle
se trouvait a 1'etat d'une bouillie tres acide. Devrait-on
B., SYS, NEBV,— ir, 27
a 18 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
en conclure qu'il y avail en secretion de sue gastrique?
— Ce serait, Messieurs, tirer de cette observation, des
conclusions erronees qui dependraient d'une simple
apparence. On se tromperait en admettaut que la reac-
tion acide fill due au sue gastrique: elle provenait de la
fermentation lactique de F aliment.
Eu effet je vidai alors 1'estomac, dans lequel j'intro-
duisis de la viande hachee. Le lendemain, cette viande
etait infecte; elle exhalait uneodeur ammoniacale Ires
prononcee, etdonnait une reaction alcaline, resullat de
la decomposition spontanee de la viande.
II est done important de ne pas se placer, pour juger
de rintluence de la section des pneuniogastriques sur
les secretions de 1'estoinac, dans des conditions qui expo-
sent a prendre la reaction des aliments pour celle du sue
gastrique.
En resume, si, au moment de 1'operation, il se trouve
des aliments dans 1'estomac , le sue gastrique secrete
pent continuer ii les digerer ; niais, si le sue gastrique
est enleve, la section des pneumogastriques empeche la
secretion de se produire apres qu'elle a ete pratiquee.
Nous verrons bientot si la secretion gastrique pent
plus tard se montrer de nouveau ; car il est des cas ex-
ceptionnels dans lesquels les animaux ont survecu a la
section des nerfs vagues. Dans tons les cas, la conclusion
immediate est qu'apres la section des pneumogastriques,
la secretion du sue gastrique est au moins momentane-
ment troublee et suspendue.
Voici maintenant les details des fails dont nous ve-
nous d'indiquer les principaux resultats :
EXPERIENCES.
Exp. — Deux lapins. Fun a jeun, 1'autre en digestion,
eurent les pneumogastriques coupes dans la region clu
cou. Tons deux etaient morts le lendemain ctleur esto-
mac presentait toujoursla reaction acide, etles intestins
une reaction alcaline.
Apres 1'operalioii, on avait presente" des carottes aux
deux animaux; scul, celui qui etaitajeun, en avait
mange.
Mais bientot il ne put plus avaler, eterntia, cut des
etouffements et fit des efforts de vomissement, sans rien
rendre toutefois. II avait la respiration anxieuse comme
s'il cut eu quelque chose dans la trachee.
A 1'autopsie, on trouva I'cesophage distendu par des
carottes niacheesqui le remplissaient jusqu'au niveau du
larynx, et on reconnut des fragments de carottes qui
avaient penetre dans la trachee. Vers la partie infe-
rieure, les carottes s'arretaicnt imme'diatement au-des-
sus des piliers du diaphragme.
Exp. — Sur un cheval, a jeun depuis vingl-quatre
heurcs, morveux et farcineux, amaigri par la maladie,
on lit la resection (rune certaine longueur des deux
nerfs vagues, dans la region moyenne du con. A droite,
le nerf ne parut pas sensible; a gauche, il parut done
d'une legere sensibilite quand on le pincait et qu'on le
tiraillait en meine temps.
Les deux vagues etant coupes de chaque c6te, a pen
pres au niveau de Tarticulation du larynx avec la tra-
chee ; raiiinml ne seinbla nnlleraent gene et la respi-
ration rcsta libre.
On donna alors 3 litres d'avoine a manger a 1'animal ;
/| 20 XKRF PMUiMOGASTRlQUE.
*
il les mangea d'abord assex bien, mais, apres 45 ou
18 minutes, lorsqu'il arriva alaiin de son avoine, il parut
gene dans la deglutition et eternua comme si quelque
parcelle d'aliments avail penetre dans le larynx.
On lui donna alors du foin qu'il mangea, mais assez
Icntemenl, ct en n'en prenant quo de petites bouchees
a la fois. Au bout de cinq a six minutes, il fut repris
plus fort par la gene de deglutition, clcruuail violem-
menl, baissait la tete et s'arretait de manger pour re-
eommencer, lorsque la quinte de toux etail passee. Alors,
on donna a boire au cheval. 11 pril une gorgee d'eau, et
aussitotelle lui ressortit par les naseaux, entrainant avec
elle de 1'avoiue broyee, melangee a du foin ires iinement
mache. De violenls elernuments s'ensuivirenl et se cal-
merent au bout de quelques minutes. L'animal repril
alors une nouvelle gorgee d'eau ; les iiiemes phenomenes
survinrent, et prouverent evidemment qu'il ne pouvait
pas avaler 1'eau (ju'il buvail. Alors on le sacrifia par
1'ouverture de 1'artere carotide.
En examinant I'cBsophage, on le Irouva rempli d'un
boudin alimenlaire s'ciendant depuis les piliers du dia-
phragme jusque au pharynx. Aucune parcelle alimen-
taire n'avaitpenetre dans 1'estomac, qui contenait seule-
menl un peu d'un liquidc verdatre. La partie superieure
de la malierealimentaire eontenue dansl'oesophage, for-
mait une pate plus fiuide que culle de la partie infe-
rieure. Cela etait du a Teau avalee; ce qui le prouve,
c'est que cette bouillie se relrouvail jusque dans le
pharynx et les fosses nasales.
*• tj
Cette experience montre clairementque les sensations
l-iXI'KRIENCES. /| 21
de lafaim et tie la soif ne sont pas abolies par la section
des nerfs vagues et que si les animaux se remplissentalors
1'cesophage jusqu'au pharynx, ce n'est pas, comme on
ravaitcruancieimement,parcequ'ilsont perdu la satiete;
mais parce que les aliments ne peuvent plus pe"netrer
dans 1'estomac et s'arretent dans 1'oesophage paralyse.
Exp. — Deux lapins a jeun, qui eurent les pncumo-
gastrfques coupes, presenterent des phenomenes analo-
gues. Le pain que 1'un mangea lui resta dans 1'oesophage ;
1'autre mangea des carottcs qui s'y amMerent aussi. Chez
ces deux animaux, la presence de ces aliments dans
1'oesophage arnena des phe"nomenes de suffocation.
Exp. (10 decembre 1843.) • • Sur un chien, muni
d'une large fistule gastrique qui datait do deux mois, on
fit la section des deux nerfs vagues de la maniere sui-
vante :
La fistule examinee avant la section, 1'animal e"tant a
jeun, offrait une reaction tres acide ; et, en promenant
le doigt dans 1'estomac, on le retirait humecte par un
liqnidc tres acide. La membrane muqueuse de 1'estomac
tbrmait antour de la fistule un bourrclct d'un rouge vif
et turgide. On fit alors la section des deux nerfs pneu-
inogastriques dans la region du con.
Aussitot apres cette section, la membrane muqueuse
se decolora instantanement, devint livide et blafarde
comme celle d'un animal mort ; la secretion acide cessa
et la membrane offrit une reaction neutre sur les bords
de la fistule; ce n'est qu'en 1'enfoncant profondeinent
dans 1'estomac que le papier bleu rougissait encore. Au
bout de vingt minutes, il n'y avait plus nulle part de
NERF PNtiUMOGASTRIQUK.
reaction acide, et le liquide qui s'ecoulait de la fistule
etait neutre. Lorsqu'on introduisait le doigt par la fis-
lule, les parois de 1'eslomac no se contractaient plus;
et 1'animal n'eprouvait plus de sensation. Aussitot
apres la section des nerfs vagucs, on donna a manger a
ranimal de la soupc an lait sucree ; il la mangea avec
peine et en faisant beauconp d'eflbrls pour 1'avaler ;
mass on ne la vitpas descendre dans 1'estomac et sortir
par la iistule, ainsi qne cela avail lieu pour les aliments
inheres avant la section des piHjimiogastriques. Un in-
stant apres, ranimal vomit sa soupe. melee d'unogrande
quantitc de mucus fllant.
L'animal essaya a quatre reprises differentes de man-
ger sasonpe sans pouvoir la faire entrer dans 1'estomac.
Trois heures apres la section des vagues, 1'estomac etait
toujours nentre. On introduisit alors dans son cstomac,
a 1'aiilc do la fistule, des morceaux de sucre, de Talbu-
inine el un pen de lactate de fer.
Treize heures apres la section des vagues, 1'estomac
e'tait loujours neutre; 1'animal paraissait malade; on
retira de 1'estomac une certaine c[iiantit(3 d'un liqnide
filant a reaction neutre.
Yingt-qualre heures apres 1'operation. 1'animal etait
tres malade, et a ce moment, 1'animal etant couche, on
vit s'ecouler par 1'estomac un liquide blanchatre tres
acide qne Ton reconnut visiblement pour etre clu lait
qui elait descendu de I'oesophage dans 1'estomac et qui,
pendant son sejour dans I'cesophage, avail subi !a fer-
mentation laclique. L'aniinal mourut quelque temps
apres.
EXPERIENCES. 423
A 1'autopsie, on trouva des matieres alimentaires
empilees dans 1'oesophage distendu, j usque dans le pha-
rynx. Les parties solides des aliments etaient arretees
par les piliers du diaphragme ; il u'y avail eu que les par-
ties liquides qui avaient coule dans la cavite stomacale.
Dans 1'oesophage, il y avail du pain et des morceaux de
viaiule qui n'avaicnt subi aucune alteration.
Les poumons etaient sains et exempts d'ccchy-
moses.
Exp. ( \ 3 decembre 1 8/i5 . ) — Unc jeune chiennc por-
tait depuis un inois Line fistnle gastrique parfaitement
cicatrisee, maisqui avail ete dilatee depuis quelques jours
avec de I'eponge preparee, afin de voir plus facilement
la surface interne de 1'estomac. Sur celte chienne on
fit la resection des deux ucrt's vagues dans la region
moyennc du cou. L'animal, a jeun depuis trente-six
heures et affame, veiiail d'avaler quelques debris de
lapin qu'il avail trouyes dansle laboratoire.
Avant de faire la section des deux nerfs vagues. je
debouchai la fistulo en enlevant 1'eponge preparee qui
1'obslruail. L'eslomac contenait une grande quantite
de sue gastrique que j'eulevai , ainsi que les debris
d'aliments qui s'y trouvaient. Avec une eponge fine,
j'essuyai partout la surface interne de 1'estomac.
Une portion de la membrane muqueuse faisait saillie
vers la partie infericure de la fistule ; elle etait rouge et
turgide. Alors je coupai le nerf vague droit, prealable-
menl mis a decouverl ; il se montra nettement sensible.
Aussilot la membrane muqueuse devintpale. Je coupai
ensuite le nerf vague gauche , qui parut moins sensible
NERF PNEUMOGASTR1QUE.
que le droit. Lapaleurde la muqueuse n'augmenta pas
d'une facon appreciable.
Apres cette operation, 1'animal, quoiquo jeunc, n'e-
prouvapas de phe"nomenes do suffocation, il fit scule-
ment quelques efforts de toux.
Alors on essuya de nouveau la muqueuse avec une
eponge ; il n'y avait plus aucune secretion a sa surface, et
elle etait tout a fait insensible quand on lapincait. tandis
qifavant la section des vagues, die etait tres sensible.
Apres la section des nerfs vagues, ranimal avait con-
serve 1'appetit voracequ'il manifestait avant Toperation.
Onlui donna a manger du fromagc d'ltalie, qu'il mangea
et deglutit en faisant des efforts. On regarda dans 1'esto-
mac, au moment ou 1'animal avait drjadi'gluti nne cer-
tainc quantite d'aliments : rien if y etait descendu.
Apres quelimos instants, j'examinai la reaction de la
muqueuse stomacale; elle etait sensiblement neutre au
juipier de tournesol, seche, visqueuse et collante.
Voulant savoir si 1'absorption n'avait pasete modiflee
par la section des vagues, on concha 1'animal sur ledos,
et, a 1'aide d'une pipette, j'introduisisdans 1'estomac,
par la fistule, quelques gouttes d'acide prussique au
quart. Apres quelques instants, 1'animal mourut avec
tous les phenomenes de 1'empoisonnement par 1'acide
cyanhydrique.
Apres la mort, on ouvrit le thorax : les poumouss'af-
faissaient; le sang etait rutilant dans les arteres et moins
noir qu'a 1'ordinaire dans les veines. Le coeurbatiit pen-
dant quelque temps et les vaisseaux ouverts donnerent
du sang qui devint de plus en plus rutilant ; et, lors des
EXPERIENCES.
dernieres contractions clu coeur, le sang veineux etait
aussi rutilant que le sang arteriel: ce qui etait du. d'une
part, a Tinfluence de 1'acide prussique, et, de 1'autre, a ce
que dans les dernieres portions des hemorrhagies vei-
neuses le sang finit par offrir une couleur plus claire.
En ouvrant 1'oesophage, on le trouva dilate par les
portions d'aliments qu'avaient avalees 1'animal et qui se
trouvaient entourees d'un mucus filant.
Toutes les parties des aliments etaient restees au-des-
susdu diaphragme; aucune parcelle n'etait lombeedans
1'estomae.
Exp. — Sur un jeune ehien de taille nioyenne, on
lit la section des deux pneumogastriques eton appliqua
une canule a la trachee. L'animal etait tres sensible
et tres indocile. Les pneumogastriques etaient sensibles
lorsqu'on en fit la section.
Apres la section des pneumogastriques, {'animal ne
voulut pas manger. Environ un quart d'heure apres. il
fut pris d'attaques d'epilepsie qui se renouvelerent tres
frequemment.
On injecta dans Testomac de ralbumine d'ceuf frais
m^lee avec de 1'eau, que 1'animal vomit en partie, parce
que toute la substance n'avait pas penetre dans Festomac.
Deux heures apres, on introduisit jusque dans 1'esto-
mac de la gelatine. Six heures apres 1'operation, on vifc
1'animal qui etait toujours dans un etat epileptiforme.
Yingt-quatre heures apres le chien etait mort.
A 1'autopsie, on trouva dans 1'estomac quelques par-
celles alimentaires.
L'estomac oftrait une reaction neutre.
420 Nlilir I'XKliMOUASTlllQUE.
Les poumons etaicnt ibriemci't congest ionncs sans
presenter precisement des epancheinents.
Les experiences sur les oiseaux monirenl queles phe-
nomenes digestifs sont completement arretes par suite
de la paralysie du jabot et des orpines situes au-dessous.
Mais co-mine la mort survient chez eux sans alterations
des pouinons, le ternie s'en trouve retarde.
Exp. (Mai 1850.) — Sur un jeune pigeon de six sc-
maines a deux niois. mangeant tres bicn soul, ct a jeun
depuis vhigt-qualre heures, j'ai coupe les deux nerfs
values dans la region sup^rieure du con, en denudant
un pen le bout inimeur pour ('-viter qu'il se trouvat en
contact avec le bout superieur. Lcs deux vagues parais-
saientpeu sensibles. On laissa ie pigeon ji!S([u'au lende-
main avec des vesces qiii etaient son aliment ordinaire,
et avec de Veau.
Le lendemain, le pigeon n'avait pas mange et son ja-
bot contenait a peine quelques graincs; mais il etait
rempli d'air et d'un liquide clair qui regorgeait par le
bee du pigeon, quand celui-ci faisait un mouvement uu
pen violent ou quand on lui pressait le jabot.
Les jours suivants, le pigeon restait dans le m^me
etat; il paraissait malade, mangeait a peine quelques
graines et son jabot etait toujours plciu tie liquide et de
gaz. Ce liquide ne me paraissait pas provenir directe-
ment de ce que buvait le pigeon, car 1'eau n'avait pas
sensiblement diminue dans le vase. An bout de quel-
ques jours de cet etat, le pigeon allait un pen mieux;
la plaie du cou etait cicatrisee ; il prenait un peu do
vesces, le liquide de son jabot diminuait; ce pigeon
EXPERIENCES.
avait beaucoup maigri ; cependant il paraissail en voie
de re'tablissement, lorsque le douzieine jour cle Topera-
lion, ayantmis dans uneeage cet animal, reste jusqu'a-
lors en liberte, je le trouvai le lendemain etrangle pour
avoir passe la tete entre les barreaux de sa cage ou elle
etait restee prise.
A 1'aulopsie, on trouva quo les deux nerfs vagues
etaientbien reseques ; leurs Units otaient bien cicatrises;
mais on ne rechercha pas s'il y avait cntre eux des filets
de communication. Le foie, examine le lendemain, ne
contenait pas sensiblment de sucre.
Exp. (U juillet 1850.) — Sur un pigeon de trois
inois environ , bien nourri , vi^ounuix , mais n'ayant
rien dans son jabot, ou vosO'qua les deux pneumogas-
triques a la partie superieure du cou, et on trouva pen-
dant l'operation que les nerl's etaient assez sensibles.
Apresla section des nerfs, la respiration baissa consi-
derablement ; les pulsations ne furent pas comptees.
Aussitut apres l'operation, 1'animal parut essouffle, mais
bient6t il se remit. On forma la plaie du cou et on laissa
ensuite 1'auimal dans une cage sans lui clonner iii a
boire ni a manger.
Le 15 juillet, le pigeon avait 1'air assez bien portant,
il becquetait quelques graines egarees dans sa cage et
cssayait de les manger. On constata qu'il n'avait aucun
liquide dans le jabot et on le laissa encore ce jour-la a
rabstjnence.
Le i6 juillel, le pigeon paraissait toujours dans le
memo etat; point de licjuide dans le jabot. Alors on lui
donna a boire et a manger : aussitut le pigeon se jeta
NEUF I'MKU.MOI.ASTKIOUE.
sur 1'eau qu'on lui presentait el on but avecavidite et a
plusieurs reprises line grande quantite. Aussitol quc le
pigeon eut bu, il pa rut gene dans sa respiration ; il se
eambrait en arrierc et ouvrait largement le bee pour
respirer comme s'il etail essouffle.
Deux heures apres, on revit le pigeon qui paraissait
assez tranquille; mais aussitot qu'on lepritdans la main
il s'echappa de son bee du liquide, dont le jabot etait
plein et distondu : pnis. aussitot apres, 1'animal parul
essouffle et ouvrit largement le bee pour respirer. On
replaoa 1'animal dans sa eage et il se mit encore aboire
a di verses reprises, quoique eela parut lui g£ner de plus
en plus la respiration. La soif paraissait inextinguible;
mais il n'en etait pas de memo de 1'appetil, car on ne
lui -vit prendre aucun aliment solide.
Alors on enleva 1'eau de la cage du pigeon pour savoir
si son jabot se desemplirail.
Le lendemain, 17 juillet. le pigeon etait a pen pres
dans le m^me rtat. Aussitot qu'il se remuait violemment,
1'eau de son jabot etait rejetee et 1'animal otait es-
souffle. Toutefois 1'eau avail disparu en partie et le jabot
etait moins pleiri que la veille.
Les jours suivants, lepigeon parut aller un pen mieux
quoique de la bile se trouvat parfois melee an liquide des
regurgitations. L'animal avail considerablement mai-
gri; il s'afTaiblissait continuellement et mourut le
26 juillet, c'est-a-dire douze jours apres 1'ope" ration.
D'apres les experiences qui precedent, on pent voir
que chez les oiseaux la section des nerfs vagues arr^te
la digestion. On voil aussi que ces animaux resistent.
EXPERIENCES. /1 29
en general, plus longtemps quc les mammiferes aux
suites de cette operation.
Nous clevons vous parler actuellement cl'un autre
effet de la section des nerfs vogues sur les phenomenes
d'absorption dans la membrane muqueuse de 1'estomac.
Apres la section des pneumogaslriques, la membrane
muqueuse de 1'estomac, par suite des modifications
circulatoires qui sont survenues dans son lissu, absorbe
plus lentement : on a meme dit qu'elle n'absorbaitpas
du tout et on a cite des experiences dans lesquelles, apres
la ligature du pylore, on pouvait injecter dans 1'esto-
mac une solution de noixvomique sansque r animal fut
empoisonne. Ces experiences out ete laites par M. le
professenr II. Bouley (d'Alfort) sin1 des chevaux et sur
des chiens. Nous avons repete ces experiences avec le
prussiate de potasse, quo nous avons vu cependant passer
dans les urines. Dans les experiences cilees plus haul,
la de-ligature du pyloi'e ainenait de suite rempoisonne-
menl, d'ou on avail conclu que c'etait dans 1'inlcslin
quo I'absorpliori avail lieu. Miiller avail deja dit qu'apres
la section du pneumogaslrique, I'absorption etait ra-
lentie dans 1'eslomac. Dupuy, experimentant sur des
chevaux avec la pond re de noix vomique apres la sec-
tion des pneumogaslriques , etait arrive a conclure
que cette poudrc n'avait pas d'action. Nous avons fail
(juelques experiences qui, d'accord avec les fails observes
par Miiller et M. Bouley, montrent uii ralentissement
dans ^'absorption par la surface stomacale.
Exp. — Sur une cbienne jeune et a jeun, on coupa
les deux pneumogaslriques el on placa une canule a la
/|30 NERF PNEUMOGASTRIO.UE.
trachee. Les pneumogastriques no se montrerent pas
sensibles a la section.
Les phenomenes orclinaires de la section ties pneumo-
gastriques se manifesterent.
Trois heures apres, on i'njecta dans I'estomac de I'a-
cide tartrique, aihi de le rechercher dans 1'urine. Mais,
chose singuliere, quelques instants apivs, le venire de
I'animal s'eluriiit en se dilatant considerablement.
Quatre heures apres la section des pueumogastriques,
on injecta une solution saturce a 1'nml de cyanure de
inercure. L'effipoisoiinenient surviut bientot, inais un
pen plus leiitemeiit, en upparence, quo die/ les chiens
qui n'oiit pas eu les pneumogastriques coupes et avec
des troubles de la circulation moins prononces et moins
de convulsions.
A 1'autopsie de Faniinal, on sentit dans les poumons
1'odeur caracteristiip^ie de Tacide prussique. L'estomac
etait enorme'ment distendu }>ar des gaz qui ne passaient
ni dans ra'sopliage ni dans Piniestin grele. L'estomac
etait parfaitement vide d'aliiueuts. Le gaz contenu dans
Testoniac, recueilli sous 1'eau dans une cloche, no brula
pas : ce u'etait done ni de 1'hydrogene, ni de 1'oxygene
Apres la section des pneumogastriques, les effets de
retherisaiion paraissent plus durables.
Exp. (6 novembre 185 i .)— Sur un gros chieu caniche
on fit une injection d'ether dans le peritoine et dans la
plevre. Au moment ou Tetherisation s'titait manifestee,
on fit la section des deux nerfs vagues dans la region
moyenne du con. La section des vagues out pourresultat
que les effets de Tetherisation se dissiperent tres Ion-
EXPERIENCES. llO\
temcnt. Touteibis, il sembla qu'apres la section des
vagues, la diminution des mouvements respiratoires
n'avaitpas ete aussi considerable chez ce chienquechez
les animaux non etherises.
L'animal servit ensuite a des experiences sur la se-
cretion salivaire qui durerent line heure environ, apres
quoi il fut sacrifie, et on ne trouva pas d' urine dans la
vessie.
Remarquez bien ici. Messieurs, quejusqu'a present
nous ne trouvons rien encore qui puisse expliquer la
mort qui survient chez nos operes.
Mais il y a dans rabdomen un autre organe sur Icqucl
le pneuniogastrique a une influence reelle quoiqu'elle
semble indirecte : cet organe, c'est le tbie.
Voyons si nous pouvons regarder les troubles qu'y
amene la section des pneuniogastriques coinme cause de
la mort.
Lorsqu'on coupe les pneumogastriques sur un animal
en saute, le ibie contient, au moment tie ('operation, tout
ce qu'il doit normalement contenir; ce n'est que plus
tard que des changements peuvent y survenir.
Lorsqif on a coupe les nerfs pneumogastriques a un
lapin, qu'il est mort an bout de trente-six heures, par
exemple, on trouve que toujours le ibie a cesse de con-
tenir du sucre. Chez cechien, chez ce pigeon, qui mour-
ront sans Irsions du pouinon, nous ne trouverons plus
tard. dans le foie, ni sucre, ni matiere glycogene.
Peut-on rattacher la mort a la cessation des fonctions
du foie, fonctions que d'ailleurs nous ne connaissons pas
toutes? — Les experiences tendraient a le faireadmettre.
NERF PNEUMOGASTRIOUE.
En suivant 1'animal dans son developpement, on voit
la fonction glycogenique s'executer des la vie intra-
uteriue; plustard, elle persiste pendant tout le coursde
la vie et dure jusqu'a la mort. Chez les animaux soumis
a 1'abstinence, on voit cette fonction persisler ; toujours
leur foie renferme du sucreet de la matiere glycogene;
ce n'est que quclques jours avant la mort quc la matiere
disparait. A ce moment, 1'animal est perdu, irre" vocal >le-
rnent , memo quand on lui donne a manger. Or, quand
les animaux sont arrives a ce point d'epuisement, qui cor-
respond a la disparition de la matiere glycogene dans
le foie, ils succombent generalement au bout de trois
ou quatre jours, conimc apres la section des pneumo-
gastriques. Je crois que chez les animaux qui out subi
cette operation, lorsqu'on ne trouve rien dans le coeur,
rien dansle poumon, rien dans 1'estomac qui puisse ex-
pliquer lamort, ilfautserattacheracesfonctionsdu foie
qui ne peuvent 6tre suspendues sans causer la perte de
ranimal. Apres la section des pneumogastriques, les ani-
maux se refroidissent ct perissent dans lY-puisement
qu'on observe dans F inanition ; seulement, daiisl'inani-
tion, cette periode derniere n'arrive qu'au bout d'un
temps assez long, tanclis qu'ici elle commence de suite
apres la section des vagues.
Pour toutes ces raisous, je crois que la cause de la
mort est extremement compliquee. et que la cessation
des fonctions du foie doit y avoir une large part.
Du reste, les experiences qui suivent monlrent com-
bien est profonde 1'influence de la section des pneumo-
gastriques sur les phenomenes de la nutrition, et quelles
EXPERIENCES.
modifications cette operation amene, soit du c6te du
foie, soit du c6le des urines, qui, par leur composition,
represented jusqu'a un certain point 1'etat de la nu-
trition.
Exp. (22novembre 1848). — Sur un chien loulou,
ayant, deux on trois heures auparavant, fait un repas
de viande. on coupa les deux vagues dans la region
moyenne du cou. Le chien etait mort le troisieme jour ;
il n'y avail pas trace de sucre dans son foie.
Exp. — Sur un gros lapin, on coupa les deux nerfs
vagues dans la region moyenne du cou et on divisa, en
meme temps, le filet sympathique. Le vague droit parut
tres sensible et le gauche retail heaucoup moins.
Aussilot apres la section des nerfs, la respiration
fut ralenlie et devint abdominale. L'animal n'avait
pas de suffocation. On prit de 1'urine avant 1'opera-
tion : elle etail tres trouble et tres alcaline, coloree en
jaune rougealre.
Trois quarts d'heure apres, on retira de 1'urine de
la vessie du lapin ; elle elait limpide et beaucoup plus
faiblement alcaline.
Exp. (11 mars 1846). - - Aun lapin a jeuu, ayant les
urines acides et claires, on donna a midi des carottes a
manger. Trois heures apres, il avail les urines troubles,
blanchalres, nettement alcalines. Alors on coupa les deux
vagues en ayant soin de ne pas toucher au filet du sym-
pathique. Les signes ordinaires de la section du vague
apparurcnt , moins le rhonchus que 1'animal ne pre-
senta pas, cequi pourrait peul-elre dependrede la non-
section du filet du sympathique.
15. , Srsr MKHV. — n. 28
NERF PNEUMOr.ASTRIQUK.
A quatreheures el demie, les urines tin lapin examinees
etaient neutres; u cinq lieures et demie, les urines
etaient claires et bien nettement acides. A six heuresles
urines etaient to u jours claires et tres acides ; le lapin se
tenait dans un coin, respirait lentementet avec peine,
mais il ne faisait pas entendre de rhonchus.
Le lendemain, le lapin etait mortet on trouva a I'au-
topsie que les recurrents el les filets sympathiques
avaient ete menages.
Exp. (17 mars 18/iG). — Lapin atlulte, ajeun depuis
trente-six heures, ayantles urines tres acides, citrines et
claires. On lui donna des caroltesqu'il mangea avec avi-
dile. Apres une demi-heure, les urines etaient troubles,
mais encore acides quoiqu'elles le fussent nioins. Apres
une heure quarante minutes, elles etaient tres troubles,
blanchatres, et alcalines.
Alors on fit la section des deux pneumogastriques en
menageant le larynge et les filets sympathiques. 11 n'y eut
pas de rhonchus. Apres une heure, les urines etaient de-
venues acides et moins troubles, quoiqu'elles le fussent
encore. Apres une heure et demie, les urines n'etaient
plus acides, mais toujours un pen troubles.
Alors, pensant que cette acidile des urines provenait
d'un arret de la digestion, on fit une injection del 00
grammes de sue gastrique nalurel de chien dans Fes-
lornac du lapin.
Apres cette injection, les urines resterent toujours
acides ettres limpides.
D'apres les fails precedents, on voit done que la
section des pneuinogastriques a en pour elfet d'ame-
EXPERIENCES. /1 35
nerla disparitiondu sucre danslefoie au bout d'un cer-
tain temps. Nous savons que sou excitation, au contraire,
produit 1'apparitiou du sucre dans le sang et dans les
urines. Quoique nous ayons deja rapporle des fails de
cette nature clans le premier volume de ces leoons, a
propos de la theorie du diabete, nous allons vous
signaler ici une nouvelle serie de ces resultats se rappor-
taut plus specialement a la physiologic du nerf pneu-
inogastrique.
Exp. ('23 avril 1849). — Sur un chien , nourri de
viande depuis trois jours, et ayant fait son dernier repas
deuxheures auparavant, 1'on retira vers dix heuresduma-
tin de I'lirine de la vessie, puis on saignaranimal a la ju-
gulaire gauche, ensuite on mit a decouvert les deux neri's
vagues dans la region du cou, et, en soulevant ces deux
nerfs sur un fil sans les couper, on les excila en faisant
passer sur leur tronc un courant electrique, assez faible
pour ne determiner sur la langue qu'un leger picote-
rnent. Les nerfs vagues etaient excessivement sensiblesa
cette galvanisation, eton provoquait de la part de 1'ani-
mal des cris et des mouvements de deglutition. Toute-
fois, pendant cette galvanisation, le timbre de la voix
ne parut pas scnsiblement modifie, et, ce qu'il y a de
particulier, c'est qu'au ni6me moment, pendant la gal-
vanisation, la pupille gauche t'-tait contractee, la mem-
brane clignotante devint saillante, tandis que du cote
droit, la pupille semblait elargie. II y avail, en m6me
temps aussi, des mouvements convulsifs dans les muscles
sourciliers.
On galvanisales ncrts a trois reprises difft'-rentes {HMI-
436 NERF PXEUMOGASTRIQUE.
tlant une heure ; on reprit alors cle 1' urine dans la vessie
et du sang dans la jugulaire. L'animal fut pris d'un
treinblement considerable comme s'il avail froid.
Apres une heure le chien ne tremblait plus. La pupille
gauche etait toujours contractee et non la droite. On
ivtira alors de 1'urine de la vessie et du sang de la jugu-
laire, puis on galvanisa de nouveiui les vagues. 11s
paraissaient encore sensibles acetic galvanisation ; 1'ani-
inal cria, inais la voix etait devenue rauque et voilee.
L'animal etanl reinis en liberle. fut encore repris de
cette espece de treinblement dejii observe une Ibis. Alors
on enleva le fil passe au-dessous des deux vagues. et on
mil 1'animal an repos. 11 presentait de 20 a 22 respi-
rations et de -UO a 150 pulsations par minute.
Vers quatre heures du soir, le chien paraissait elre
dans les conditions d'un animal qui a eu les pneumo-
gaslriques coupes, ses respirations etaient tres lentes;
mais il y avail un signe contraire, c'cst que les pnpilles
rtaient dilatees, la droite toujours plus que la gauche.
On retira alors de 1'urine de la vessie et du sang de la
veine jugulaire, puis le chien fut laisse en repos.
On fit 1'examen comparatif du sang et des urines pen-
dant le cours de Voperation :
BRINE.
Avant I'experiencc.
Ambrde, clairc. acide, pas de sucre.
SANG.
Aiant I'experiencc.
Scrum limpide. alcalin, contenant
des traces dc sucre.
Pendant toute la duree de la galvanisation, 1'urine et
le sang conserverent les memes caracteres. Le lende-
main.le sang comme I'm ine etaient depourvusde sucre.
EXPERIENCES.
d'ou il resulte quela galvanisation clu pneumogastrique
dans les conditions precitees n'apas procluit 1'apparition
du sucre dans les urines et 1'aurait meme fait disparaltre
du sang. On a conserve ce chien : les jours suivants,
pen a peu il se remit a manger et revint a son etat
normal, ce qui prouve que les nerfs galvanises avaient
pu reprendre leurs fonctions, car 1'animal serait mort,
si les pneumogastriques avaient ete coupes ou alteres
d'une facon cquivalente.
Le 28 avril, Vanimal ctait ii pen pres revcnu a son
etat normal et il servit plus tard a d'autres experiences.
Exp.^Lct avril 1849). — Sur un gros lapin, on mit
a decouvert les deux nerfs vagues, on les soulcvaal'aide
d'un fil place sous eux et on les galvanisa avec un con-
rant faihle pendant quelqucs instants.
Avant rcxpe'ricnce, les urines etaient troubles, blan-
ch sitrcs, alcalines, no contenaient pas de sucre.
Quelqucs hcurcs plus tard. les urines etaient toujours
claires, elles etaient inoins alcalines et renfermaient du
sucre d'une manic-re tres nette, quoiqu'en petite quan-
titr.
Le soir, neuf hcurcs aprcs la galvanisation, les urines
etaient troubles, alcalines et paraissaient contenir encore
des traces de sucre.
Le 24 avril, le fil etant toujours reste autour des va-
lues tut retire avec Line certaine difficult^.
o
Des ce moment, I'animal parut avoir la respiration
g^nee et il mourut la unit suivante avec tousles sym-
ptomes de la section des nerfs vagnes.
Les poumons etaient ecchymoses. Le foie donnaitune
/|o8 NERF I'.M-iPWHlASTRIQUL:.
decoction jaimatre, limpide. qui ne contcnait aueune
trace de sucrc.
E.rp. (10 novcmbre 1852). - - Sur une chienne en
pleine digestion ct bien portante, on fit la section des
pneumogastriques dans la region moyrnne du cou el
on galvanisa Irs deux bouts superieurs prealablement
lies ensemble. La galvanisation dura environ une demi-
hcure. inais elle rlait iriterrompue et on agissait alter-
nativement sur chacun des deux nerfs. L'animal vomit
abondarnment; les yeux devinrent saillants. Dans les
premiers instants de la galvanisation, la pupille se res-
seiTii: mais bient6t elle se dilatait fortemeot si la galva-
nisation continuait.
Pendant la galvanisation, I'aiimial preseuta des con-
vulsions assez violcntes. Une demi-heure apres la gal-
vanisation, ce chien rend it de 1'urine qui ne contenait
pas de sucre.
Une heure apres la premiere operation, on galva-
nisa encore I'aniinal pendant un quart d'heure avec des
interruptions. Lc galvanisme di'termina toujours des
convulsions avec efforts de vomissement.
Unpeu plus tard, on fit la ponction de la vessie pour
obtenir de 1'urine qui fut trouvee legerement alcaline
et contenait une grande quantite de sucre.
Une heure apres la ponction de la vessie, Tanimal
rendit spontanement de 1'urine tres chargee de sucre.
Le lendemain matin, environ dix-huit heures apres,
Tanimal fut trouve mort, mais encore chaud.
Aulopsie. Le foie ne contenait que des traces de sucre.
La vessie et les intestins e'taient vicles. Les cornes de la
EXPERIENCES. 439
inatriee rcnfeniiaient six petits, donl trois seulement
etaient morts. Le foie de ces petits chiens contenait du
sucre de meme que le liquide anmiotique.
Le cerveau et la moelle allongee etaient tres injec-
tes, ce qui tenait peut-elre a la galvanisation du bout
superieur des nerfs vagues.
Le coeur etait plein de sang coagule; il y avail une
ecchymose hemorrhagiquc dans I'epaisseur de la valvule
mitrale. Les pouinons etaient engoues et comme hepa-
tises.
Exp. — Sur mi chien en digestion, on fit, le 12 no-
vembre 1853, la piqure dc la moclle allongee, apres avoir,
(jiiatre jours auparavant. tente la section des nerfs
grands splanohniques.
La piqure reussit bien. et, an bout d'tine heure envi-
ron, Faniinal s'etait releve et marchait. Seulement il
avail vomi ot il salivait beaucoup. La pupille, qui etait
tres dilatee iinniedialement apres la piqure , 1'etail
encore beaucoup quatre heures plus tard.
On saigna Taiiinm! deux heures environ apres la pi-
qure et on trouva une grande quantite de sucre dansle
sang de la veine jugulaire.
On exaniina de Turine que 1'animal avail rendue
spontanement quelque lenips apres, on y constata une
quantite considerable de sucre.
Deux jours apres, le 14 novembre, 1'animal n'avait
plus de sucre dans son urine. Alors on decouvril les
deux nerfs vagues dans la region moyenne du cou ; on
les lia ensemble, el on galvanisa au-dessusde la liga-
ture avec 1'appareil electro-magnetique de Breton. La
/|/jO NERF PXlimOfiASTRlQlJE.
premiere ibis, on galvanisa pendant quelques minutes.
Vingt cinq niinules apres, on les galvanisa de nouveau :
Tanimal mourut pendant I'operation, ce qni tenait,sans
doute, al'arret desmouvements respiratoires quielaienl
comme suspendns pendant la galvanisation.
A 1'autopsje, onconstataqne les nerfs splanchniques
if e"laienl coupe's ni a droite, ni a 'gauche; rinslrurnenl
avail porte trop en dehors. Le sang de I'animal renfer-
mait dn sucre, de meine que le foie qui, au dosage,
donna 0,77 pour 100. 11 if y tivait point d'uriuc dans la
vessie.
Exp. (G Janvier 1853). — Sur un chien loulou, ayaut
fait le matin un repas copieux de viande et de soupe,
on praiiqua la section des deux vagues dans la region
moyenne du con afin de pouvoir les galvaniser ensuite.
Le chien. etant etendu sur la table et fixe par des liens,
of frail par minute 28 respirations ct 152 pulsations a
1'arlere crurale. On fil la ligature des deux nerfs vagues
ensemble, et ensuite lew section, de maniere a tenir
reunis dans des ligatures separees les deux bouts supe-
rieurs et les deux bouts inferieurs. Les nerfs vagues
parurent completement insensibles, et, an moment ou
on en fit la ligature, Tanimal remua la queue seulement
comme cela arrive frequemment.
Apres la section, les respirations etaient de 12 par
minute, el les pulsations de 192. Cette augmenta-
tion des pulsations n'a paru se manifester que cinq a
six minutes apres la ligature des nerfs. Ilserait curieux
de savoir s'il en esl de me"me dans d'autres cas. Alors
on galvanisa successivemenl les bouts centraux et pe-
EXPERIENCES. 4,'l I
ripheriques des uerfs vagues. On galvanisa moderement
el a diverses reprises, pendant cinq a six minutes, les
bouts superieurs. Quand on galvanisait le vague droit, il
y avait ton jours vomissement des aliments et arret de
la respiration. Quand on galvanisait le vague gauche, il
n'y avait pas de vomissement et ilsemblait que la respi-
ration ne s'arretait pas aussi facilement. D'ailleurs, lors-
qu'on galvanisait ces nerfs, il y avait du c6te des yeux
les symptomes ordinaires; et du cote de la face, tirail-
lernent en arriere des commissures de la gueule, etc.
Aprescette galvanisation, Tanimal fiit detach^ etmis
en liberte dans le laboratoire. La respiration etait lente
et difficile ; apres une heure on recommenca de nouveau
la galvanisation ; et aussitot apres on retira de la vessie
des urines qui etaient devenues alcalines, d'acides
qu'elles etaient avant; on constata qu'elles contenaient
manil'estement du sucre.
Dans la seconde galvanisation, les symptomes provo-
ques par cliacun des deux vagues en particulier ne fu-
rent pas aussi nets que la premiere fois.
Enfin on galvanisa plus tard tres fortement 1'animal,
et le sucre disparut de 1' urine.
Dans aucun cas, on n'irrita le bout periphe'rique des
nerfs vagues. Le lendemain matin, 1'animal n'etait pas
encore mort; il n'avait plus que 8 respirations par mi-
nute. II mourut le soir. On trouva a 1'autopsie son
foie depourvu de sucre.
Exp. (11 juin 1853). — Sur un chieu , de taille
moyenne et adulte, en pleine digestion et ayant faittrois
heures aujiaravant un repas de viande cuite (t6te de
jr M-:KI i-N
iiiouton),oii compta les respirations qui rtaientde 30 par
minute Tanimal e"tait un pen agik-). les pulsations etaienl
dr 06 a 100. Ensuile on fit la section des deux nerfs
values dans la region nioyenne du con. entre deux liga-
tures porlees sur les deux nerfs a la fois qui elaienl
pen sensibles. Apres la section de cesdeux nerl's on avail
du cdterie 1'oeil et de la face les phenomenes ordinaires
de la section du grand synipathique faite en mt^me
temps quo celle des vagues. On galvanisa alors les deux
bouts superieurs, tanlolalafois, tantot allant d'un nerf
al'autre, ])cndant dix minutos environ, avec des inter-
in ittences. Les mouveinents respiratoires etaient suspen-
dus pendant cette galvanisation. L'animal n'eut pas eu
de vomissements reels, inais il avail de la tendance a
vomir pendant qu'on galvanisait, allant toujours d'un
nerf a 1'aulre.
Apres qu'on eut cesse la galvanisation., on constata
que les respirations etaient de 12 par minute, et les pul-
sations de 112 a 120. Le chien etant remis en liberle,
les respirations etaient difficiles et ses yeux etaient de-
forme's el injecles. On retira des urines de la vessie et
on constata qu'elles etaient alcalines. Une heure apres,
on galvanisa le chien ; on prit de F urine avant la galvani-
sation et on n'y constata pas la presence du sucre. Apres
la galvanisation, qui avail dure environ dix minutes
avec inlermittences, on reprit les urines. Les urines
paraissaienl alors moins alcalines qu'elles ne 1'elaienl
une beure auparavant el elles ne conlenaienl pas de
sucre. Une heure apres la seconde galvanisation, on
retira de Furine qui etail loujours legeremenlalcaline.
KXPERIEXCKS. 443
et on y reconnut la presence d'une gran lie quantite do
sucre. On trouva alors les respirations de 13 par mi-
nute, et les pulsations de 152 a 160. Alors on sacrifia
1'animal par la section du bulbe rachidien et on re-
cueillit, par le procede ordinaire, le sang de differents
vaisseaux, savoir : de la veine porte, des veines hepa-
tiques, du coeur droit et du coeur gauche. On constata
la presence du sucre dans tons ces sangs, mais beaucoup
plus dans le sang des veines sus-hepatiques. Le serum
e"tait clair et limpide dans tous les sangs, excepte dans
celui du coeur droit ou il presentait une teintelaiteuse.
II existait dans le pericarde un epanchement conside-
rable deserosite.qui se prenait par le refroidissement en
une masse fibrineuse et quicontenait beaucoup de sucre.
On fit fcrmenter alors, comparativernent, les
urines avant les galvanisations, et les urines qu'on avait
retirees de 1' animal apres la inort. La fermentation fut
nulle dans la premiere ; dans 1'autre, elle fut tres active
et donna une grande quantite d'acide carbonique.
Le chien pesait 16kil, son foie pesait 180 gram.; il
donna unedecoctionlimpide, danslaquclle ontrouvaque
le tissu de 1'organe contenait lsl,4'15 de sucre pour 100.
L'examen du foie fut fait le lendemain di5 la mort.
On examina de memo le contenu de 1'estomac, qui ne
renferniait pas de sucre ; la bile ctait, au contraire,
manifestenient sucre'e.
Exp. ("21 Janvier 1853). — Sur une chienne de
moyenne taille, tres grasse, ayant deja servi a d'autres
experiences, et ayant eules deux nerfs recurrents coupes
par un procede sous-cutane. On pent, en effet, couper
PNtUMOGASTRKjUK.
les nerfs recurrenis chcz le chicn par la methode sous-
cutanee. Pour cela. avcc notre crochet a couper les
nerfs, on pique la peau et on va sur les c6tes de la tra-
chee, vers sa partie supmeure. Cela fait, on rcmonte
le long de la face externe droite et gauche de la trachee,
on accroche et on coupe les nerfs recurrents qui sont
accoles sur les parties latoralcs des premiers anneaux
du tuyau respiratoire.
On rcconnalt que la section est opere'e a la raucite de
la voix de raniinal. Mais revenons au sujct de 1'expe-
rience actucllc.
On coupa les nerfs vagues dans la region moyennc du
cou. puis on galvanisa les bouts supe'rieurs, et, a trois
reprises, on constata qu'alorsles mouvcments du thorax
etaient arretes. Puis, on galvanisa les bouts inferieurs
cton vit que le cceur etait arrete. Ensuitc, on revint gal-
vaniser les bouts superieurs, en prolongeant davantage
la galvanisation, afin de faire voinir raniinal; la
chienne ne vomit pas et n'eut pas memo des envies de
voinir; mais 1'autopsie prouva plus tard que 1'animal
etait a jeun, qu'il n 'avail rien dans 1'estouiac. Une heure
apres, on galvanisa les bouts inferieurs des vagues seu-
lement, a deux ou trois reprises, a un quart d'heure
d'intervalle ; puis, une demi-heure apres la demise
galvanisation, 1'animal fut sacrifie par la section du bulbe
rachidien.
L'autopsie montra que le foie contenait beaucoup de
sucreetquel'urme, qui etait acide, etaitsucree, ainsique
la bile. Lefoie contenait I5r,67 pour 100 de sucre.
On observa sur cette chienne differentes particulari-
EXPERIENCES. A ft 5
tes : 1° le vague droit paraissait bien evidemment plus
petit que le gauche (cette disposition ne serait ici
qu'exageree). 2° Les vagues etaient sensibles avant qu'on
iv en fit la section ; mais apres la section, il sembla que
les bouts inferieurs excites, donnaient lieu a des mani-
festations de douleur, qui ne pourraient s'expliquer la
que par 1'irritation du bout central du grand sympa-
thique, qui restait uni au bout peripherique du vague.
8° 11 sembla quechez ce'c animal les phenomenes du cote
des yeux etaient nioins prononce's qu'ii Fordinaire.
k° Enfin cette experience prouve encore que la galvani-
sation des bouts pe'riplx6riques n'a pas empe'che le dia-
b<'ite de se produire, par suite de la galvanisation des
bouts centraux. 5° On constata rhez celte diienne, au
moment cm elle fut sacrifiee, que dans la mort par
section du bulbe rachidien la conjonctive devient in-
sensible avant la cornee. Knfin, cette experience montre
que le diab(He peut parfaitement se manifesterFanimal
etant a jeun.
Exp. (Octobre 1851). — 1° Un petit chien, de six a
huit jours, fut etherise^ d'une maniere continue, pendant
une heure, dans le but de voir si cette etherisation pro-
duirait Tapparition du sucre dans 1'urine. Une heure
apres, en examinant I'lirine dont sa vessie etait remplie,
on n'y rencontra pas de sucre d'une maniere sensible.
On tua ensuite I'animal par decapitation. Son sang
contenait du sucre, de meme que la decoction du foie
qui etait transparente.
Dans les experiences de diabete, on ne saurait at-
tribuer 1'apparition du sucro dans les urines au ralen-
/1 46 NERF PNKUMOGASTRIQUE.
tissement de la respiration qui accompagne la section
des pneumogastriques et qui donnerait lieu a une sorte
d'asphyxie. L' experience suivante montre qiiel'aspliyxie
aurait plutot un effet contraire.
Exp. — 29 Un autre chien,du me' me age que le pre"ce-
dent, cut les deux recurrents coupes dans la region du
cou ; il devint de suite cyanose ; il suffoquait ; mais, comme
il e'tait ne depuis quelques jours, son asphyxie fut lente et
dura une heure et quart. La vessie elaitpleine d'urinequi
ne reufermait pas de sucre; le sang contenait seulcment
des traces de sucre et la decoction du foie n'en contenait
pas.
Exp. — 3° Un troisieme petit chien, de la meme por-
ted que les precedents, fut tue directement par decapita-
tion pour etre compare aux deux precedents. Son sang
contenait du sucre. La decoction de son foie e'tait opaline
et sucre'e. L' urine ne ren term ait pas de sucre.
II ivsulte de ces trois experiences faites sur ces trois
petits chiens, dans les memes conditions de digestion a
peu pres terniimio, que 1'asphyxie lenle a detruit le sucre
au lieu de le faire apparaitre dans le sang et dans les
urines. L'ether, au contraire, quoiqu'il n'ait pas fait
apparaitre le sucre dansrurine,d'unernaniere evidente,
semble avoir augmente sa production dans le sang et
dans le foie. Quant au troisieme chien, nous voyons
que la decoction de son foie se distinguait des deux
autres par 1'opalescence, caractere qui, d'apres ce que
nous avons vu depuis, indique que son foie contenait de
lamatiere glycogene, tandis qiril n'y en avait plus chezles
deux autres. Cette experience prouve de plus que, sous
s
EXPERIENCES.
ce rapport, il ne fund rait pas assimiler Tether aux agents
asphyxiants.
La section d'un seul pneumogastrique n'est pas mor-
telle chez les chiens ; et, si an bout d'un certain temps,
cle six semaines, par exemple, on pratique la section de
1'autre pneumogastrique, on dit que 1'animal resiste a
cette section successive des deux nerfs. On a pense que
le temps qui s'etait econle entre les deux operations avail
etc suffisant pour permettre le retablissement des fouc-
tions du vague coupe. Toutefois, apres ce temps, les phe-
nomenes que la section amene ducote de I'oail et du c6te"
de la temperature de la tete n'ont pas encore disparu.
Exp. — Une grosse chienne avait eu le pneumogas-
trique 'droit coupe dans la region moyenne de cou, et
eprouva, comme consequence, tons les symptomes ordi-
naires qui sont observes du cote de Toeil et du cote de
la chaleur de la t6te.
Deux mois et demi apres, ces sympt6mes n'avaient
pas encore disparu. L'oeil du cote coupe etait plus pe-
tit, la pupille plus contractee, etc. Alors, on coupa le
pneumogastrique bien au-dessous du point ou il avait
et^ coupe la premiere fois, et on galvanisa son bout su-
perieur, afm de voir si la galvanisation aurait quelque
efTet sur 1'ceil, en d'aulres termes, si les proprietes des
nerfs etaient retablies dans le point coupe. Cette galva-
nisation ne produisit aucun effet sensible sur la pupille :
1'oeil ne devint pas saillant.
Cette experience semblerait prouver que, apres deux
mois et demi, le pneumogastrique ou plutot le sympa-
thique qui lui etait uni, ne s'etait pas re'genere, de ma-
NERF PNEUMOGASTRIQUli.
niere a reprendre ses fonctions. Cela peut paraitre sur-
prenant , parce qu'on (lit que la section ties deux
pneumogastriques est ordinairement suivje de mort,
tandis que la section successive des deux nerfs a six se-
maines de distance ne Test pas. On explique ce resultat
en disant que le nerf coupe a eu le temps de reprendre
ses fonctions. Cette experience prouverait cependant que
le nerf n'avait pas recouvre ses proprietes physiologi-
ques ; il eut fallu , pour savoir si le nerf pouvait entretenir
la vie, faire la section du cote oppose. II auraitete neces-
saire encore de faire la section du nerf au-dessus du
point de la section primitive, afin de voir si la galvanisa-
tion du bout peripherique n'aurait pas arret^ le coeur,
effet qui apparticnt exclusivement an pneumogastrique,
Nous citerons a ce propos ['experience suivante quoi-
qu'elle renferme d'autres resultats qui se rapportent
plut6t a 1'histoire du grand sympathique.
Exp. (28 octobre 1853). — Sur un chien ayant,
comme dans le cas precedent, un pneumogastrique coupe"
depuis longtemps, on constata qu'il y avail encore un peu
de chaleurdans 1'oreille correspondante et les desordres
earacteristiques du cote de I'ceil ; ce qui montrait que les
fonctions du grand sympathique n'etaient pas retablies.
Apres avoir etherise I'animal, on decouvrit le pneumo-
gastrique vers le point de sa cicatrisation, puis on laissa
revenir l'animal de son etherisation. On galvanisa le nerf
au-dessus de la cicatrice et on n'observa rien du c6te du
cteur, tandis qu'il y avait saillie du globe de Foail et les
phenomenes ordinaires du cote de la tete. On galvanisa
ensuite au-dessous de la cicatrice et on observa un arret
EXPERIENCES.
du copur et rien du cote de la tete. Ge qui prouve evi-
demment que 1'excitation electrique nc passait pas a
t ravers la cicatrice.
On sacrifia ensuite 1'animal par la section du bulbe
rachidien et aussit6t on observa qu'en galvanisant le
premier ganglion thoracique du c6te" gauche, le coeur se
remitabattre et des mouvementsenergiquesapparurent
dans 1'intestin grele et dans 1'estomac. Quand ou galva-
nisa le ganglion coeliaque du ineme cote, on vil. an
contraire, les mouvemcnts de 1'intestin grele s'arreter
tandis qu'il en apparut dans le gros intesiin de Iresvio-
lents. A plusieurs reprises on constatale^m£mespheno-
menes, apres quoi on galvanisa de ineme les ganglions,
premier thoracique et cceliaque du cote oppose, avec
les menies resultats.
Knfin, on coiq)a le filet nerveux qui unit inf(;rieure-
inent le ganglion premier thoracique an ganglion sui-
vant, et on obtinttoujours le ineme n'sultat par la galva-
nisation du ganglion, ce qui prouverait que 1'influence
du ganglion se transmet aux intestins par une action
reflexe passant par la moelle. En elTet,on galvanisa alors
le bout superieurdu nerf coupe tenant au ganglion et on
produisit les menies pbenomenes cle contraction ; tandis
qu'en agissant sur le bout inferieui') on ne vit aucun
mouvement se developper. II reste maintenant a deter-
miner par quel filet cette action reflexe se propage aux
intestins; tout porte a penser que c'est ]iar les nerfs
splanchniques.
Nous reviendrons sur ces ({ueslsons a propos du nerf
sympalhique.
R., SVST. NERV. - II. 20
450 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
Lorsque les nerfs ont etc fatigues par uno cause quel-
conque; par la galvanisation, par exeinple, ils repren-
nent leurs proprietes assez vite, contrairement a ce qui
a lieu apres leur ligature ou leur section ; c'est ce que
prouve ^'experience suivante :
Exp. (25 avril 1849). — Sur un chien,on mit anu les
deux vagues et on les gal vanisa dans la region moyenne
du cou. On fit passer un courant assez faible pour ne pas
trop alterer les nerfs ; cependant, apres avoir cesse la
galvanisation , la voix de I'animal etait devenue rau-
que, voilee ; la pupille du cote gauche etait retrecie et
la membrane clignotante faisaitsaillie au-devant de 1'ceil
comme lorsque le sympathique a e'te coupe ; les res-
pirations ne paraissaient cependant pas sensiblement
ralenties. Pendant qu'on galvanisait les pneumogas-
triques, ranimal faisait de frequents mouvements de
deglutition.
Le 30 avril, 1'aninial se portait bien ; il mangea, el
les symptdmes precedemment observes avaient disparu :
la voix etait redevenue claireet la pupille de 1'ceil gauche
avait repris son etat normal.
Alors cet animal tut pique an plancher du quatrieme
ventricule. et, a la suite de cette operation, on observa
rapparition du sucre dans les urines avec les phenome-
nes que nous avons signalos.
Cette experience raontre que I'altt.Tation des nerfs,
qui a <'te produite par le fait de la galvanisation, a cesse
plus rapidement qu'on aurait pu le penser, puisque
au bout de cinq jours le nerf avait repris ses propriete's.
Ce qui prouve que le nerf etait simplement fatigue par
EXPERIENCES. A 51
la galvanisation, mais non pas detruit, car les choses se
fussent passees tout autrement apres la section.
Enfin, il semble que le pneumogastrique soit un
nerf capable d'offrir des exemples de toutes les anoma-
lies possibles, car on a vu deschienssnrvivre a la section
des deux pneumOgastriqu.es sansqu'on puisse en donncr
^explication, si ce n'esl en disant que 1'influence ner-
veuse a pu se continuer par 1'auastomose que Galien
avait dt'ja signalee entre le larynge superieur et le larynge
iuferieur, anastomose qni serait dans ces cas plus fortu1
qu'a 1'etat ordinaire. Nous considerons cette explication
comme une simple hypothese. Quoi ([u'il en soit, divers
observateurs, M. Sedillot en particulier, out signal*' des
exemples de survie prolongee chez des chiens a tjui
on avait coupe les nerfs vagues. Nous allons vous en
rapporter un cas que nous avons observe nous-meme.
Eocp. (20 mars 1847). — Je resequai, sur un chien,
les deux vagues dans la region moyenne du con.
Avant 1'operation, les pulsations e'taient au nombr«'
de 85 avec irregularite. Apres Toperation 178, et re-
gulieres. Les respirations, qui (Haient avail t au nombre
de 16, etaienttombees a 12 apres la section des nerfs.
On remarqua pendant 1'operation qu'apres la section
du nerf vague gauche, la circulation etait de'ja acce-
leree.
Aussitot apres la resection des deux nerfs vagues,
1'animal suffoquait convulsivement; bient6t le calme se
retablit.
On observa, en outre, du cote des yeux une constric-
tion de la pupille, un enfoncement du globe oculaire,
NERF PNEUMOGASTRIQUE.
une deformation de rouverturepalpe'brale, consequences
de la section du grand synipathiqne ine'vitablement
coupe avec le pneumogastrique*
Le 27 mars, 1 'animal allait bien, ne paraissait pas
triste, les symptomes de la veille persistaient du cote de
la respiration et de la circulation. On donna a raniinal
un morceau de viande qu'il mangea, mais qu'il ne put
avaler; il le vomit bientot, essaya de uouveau de le
manger, le revomit et ainsi de suite.
Le 28 mars, r animal allait toujours bien; les memes
symptomes persistaient; raniinal buvait assez bien les
aliments liquides; cependant, en buvant, il toussait et
vomissait de temps en temps; mais unererlaine quantite
des aliments arrivait cependant dans I'estomac, car il
en rendait beaucoup moins qu'il n'cn prenait.
Le 29 mars, meme etat ; le chien mangeait toujours
et vomissait la plus grande partie de ce qu'il prenait.
Du 30 mars an 2 avril, le chien resta toujours de
meme : il rendait toujours la plus grande partie de ce
qu'il prenait. De temps en temps il rendit des excrements
qui etaient durs, et son urine etait tres foncee.
L'animal paraissait calme, il se courbait en rond
pour s'endormir conime a 1'ordinaire ; ses respira-
tions etaient toujours excessivement laborieuses et 1' in-
spiration commencait toujours par la contraction tres
forte des muscles abdominaux, a laquelle succedait
recarternent tres marque des cdtes. Au moment ou
1'inspiration commencait, tous les muscles de 1* animal
etaient pris d'une sorte de tremblement convulsif qui
se voyait meme jusque dans les muscles de la cuisse,
EXPERIENCES. /J53
et ce tremblement convulsif clurait dans les muscles
pendant tout le temps de I' inspiration et cessait un
instant au moment ou 1'expirationse faisaitpar un rela-
chement brusque des forces inspiratrices, pour recom-
mencer bient6t avec line nouvelle inspiration, Les jours
suivants, 1'animal presenta toujours les memes pheno-
menes.
Huit jours apres la resection des vagues, on placa une
canule a 1'estomac de 1'animal. On trouva qu'il y avail
une certaine qnantite de liquide acide dans 1'estomac ;
qu'uue partie des aliments y avail pe'netre et paraissait
v 6tre diu'ei'ee. On nourrit. le chien avec du bouillon et
v
diflerents autres aliments.
Le chien maigrissait toujours de plus en plus, et il
mourul dix-sej)t jours apres la section des vagucs. A
1'autopsie, on trouva un poumon eutieren suppuration,
1'intestin grele presenta, en grande quantite, des villo-
sites blanchatres gorgeesde chyle, ce qui tenail a la len-
leurde 1'absorption. car ce fait s' observe aussi chez des
animaux auxquels on fait la section du vague en pleine
digestion. La dissection de la region du cou montraque
les deux nerfs vagues elaienl bien coupes ; il exislait
une solution de continuite cntre les deux bouts qui pre-
sentaient chacun un rentlement tres manifeste.
Nous avons aussi repete plusieurs fois la section du
pneumogastrique au-dessous du coaur et du poumon, de
telle facon que les effets de la paralysie de ce nerf ne
peuvent se manifester que sur les organes abdominaux.
Nons avons decrit ailleurs (l)le precede a 1'aide cluquel
(1) Tome I, p. 328.
/JO/1 NERF PNEUMOGASTRIQUE.
on coupe le pneumogastrique dans la poitrme. II n'y a,
dans I'op^ration ainsi pratique^, aucuii phenomene du
c6te du cxrur. ni do la respiration qui reste normalc,
inais. ce qui est plus remarquable, c'est que les desor-
dres que la section de ce nerf apporte dans les fonclions
des organes abdominaux irintluent pas d'une maniere
immediate sur la saute de riiuiniul. Ost ainsi qu'apres
cette operation, nous avons vu la digestion continuer,
et la formation du sucre avoir lien dans le foie aiusi
que le prouve rexpt'rience suivante.
Exp. — Sur un chien, jeunect detaille moyenne, on
prati([iia 1'etherisation pour couper les nert's pneunio-
gastriques au-dessous despoumons. par le procede dejii
d(;crit (t. I, pag. 328 . Apres Toperation on observa ce
(\m suit :
L'urine avant Toperation (Hail coloree, acide, et elle
doniiii directement du nitrate d'uree par Taddition
d'aridr a/oti({ue. line heure apres Toperation. rurinc
ctiiit It'ii-civinent alcaline, pas de pre'cipite alltuuiineux
par Tacide azotitpie. ni par la dialeur; mais il y avail
toujours precipitation de nitrate d'uree par Tacide azo-
tique: pas de sucre d'une maniere evidente.
Deux heures apres ropeiation, les urines oifraient
Ion jours les memescaracteres; leur reaction etaitlegere-
inent alcaline. En laissant se'cher le papier rouge qui
etait devenu bleu par son iinniersion dans Furine, on le
voyait redevenir rouge, ce ([ui semblerait indiquer que
1'alcalinite etait due a de rammoniaque.
En taisant bouillir ces urines qui etaient nettement
alcalines, elles devenaient e'galement acides.
EXPERIENCES. 455
Le 14 juin, le chien mangea else portait bien.
L'urine presentait toujours les memes caracteres.
On avail constate que les pupilles clu chien n'of-
raient pas de deformation. Le sympathique, qui agit
sur la pupille, n'etait done pas encore uni dans ce point
avec le pneuinogastrique.
Le 19 juin 7 1° chien etait toujoars bien portant, il
mangeait bien ; Furine. au moment de 1'emission. etait
legerement alcaline; nuiis ralcalinite disparaissait sur
le papier quand il s»?ehuit, ct Turine merne finissaitpas
devenir acide a 1'air.
"21 juin. — Lc chien etait toujours danslememe e'tat
On I'ccueillit de 1'urine qui presentait toujours les
monies caracteres; alcalinite legere, au moment de
remission , qui disparaissait par f Ebullition. On fit
servir ce chien a des experiences sur la salive, expe-
riences qui out ete rapjiortees (t. II, p. 113).
L' animal fut empoisonne par injection de strychnine
dans le canal parotidien. A Tautopsie, on trouva vers
le ([iiart inferieur de I'ojsophage, quc le vague, applique
centre la partie droite de ce canal, etait coupe et presen-
tait des cicatrices renflees a ses bouts. Sur le cote gau-
che, on trouva egalemeni mi lilet coupe. On constata
done que les filets nerveux, qui a ce niveau represen-
tent les deux pneumogastriques reunis, etaient tres bien
coupes. L'animal avail ete sacrifie au commencement
de la digestion, 1'estomac etait rempli de viande; le
canal thoraciques et les lymphatiques etaient distendus
par un liquide blanchatre.
Le sang conlenait clu sucre; le tissu du foie en ren
/|5(> NhKF J'.NKl MOIiASTUlQL'E.
form ait uiiegrande quantitO, tandis que le contenu cle
rinU'stin n'en donnait pas de trace.
Cette experience prouve done qu'apres la section des
pneumogastriques au-dessous du poumon, la vie a pu
conliiiucr sans lesion pulmoiiaire et sans que les fonc-
lioiis digestive et glycogeniquedu foie aient ete suspen-
dues.
Ccs derniers resultals sont tres importants en ee
qu'ils scmblent Men niontrer que Faction mortelle de
la section du pneumogastrique ne pruduit pas ses effets
t'unestes par une action directe sur les organes- abdo-
ininraix. mais tres probablement par une action reflexe
(jui aurait sa source soit dans le poumun, soil dans le
caMir. Le grand sympathique doit probablement avoir
un role dans ces sortes d'actions reflexes organiques,
et c'est precise'ment a cause de ce melange des pro-
prie'te's d'un nerf de la vie exterieure et d'un nerf de la
vie organique, que le pneumogastrique nous offre dans
son bistoire des obscurites qui ne pourrout elredissipees
(jue lorsque le sympathique lui-meme sera mieux
connu.
Aiin de distinguer les actions qui appartiennent aux
pneumogastriques et atl grand sympathique, il faudrait
i'ai re la physiologic comparee de ces nerfs chez des ani-
maux ou leurs filaments se trouveraient separes.
Chez les invertebres, il y a des nerfs qu'on a compa-
res an pneumogastrique et au grand sympathique.
Ces deux nerfs affectent un developpement inverse.
Chez les insectes, deux filets partent du cerveau de
memo qu'un autre du ganglion median ou ganglion
EXPERIENCES. 4~>7
frontal. Le filet eniane du ganglion frontal vient passer
clans 1'anneau oesophagien et accompagne le canal di-
gestif. Les filets emanes du cerveau se rendent aux
trache"es et au vaisseau dorsal.
Quand on suit le filet oesophagien chez les dystiques,
on voit qu'il se distribue a 1'espece de jabot dans lequel
descendent les aliments : on ne peut le suivre an dela.
Si Ton vient a couper ce nerf, I'animal deglutit con-
stamment; s il ne mange pas, il drglutit de Pair.
L'arret brusque de ce 'nerf a la fin de 1'organe de la
deglutition se retrouve dans les especes animales ^le-
vees : lorsque, sur unchien on sur un oiseau, on galva-
nise le pneumogastrique, on fait contractor 1'estomacou
le jabot; on ne produit rien au dela. Chez les asimaux
invertebres il scmble en etre de meme.
Tout u 1'heure, sur le pigeon que vousavez vu ouvert
sur cette assiette, nous avons galvanise les pneumogas-
triques et fait ainsi contracter le gesier ; les contraclions
n'ont pas ete au dela de cet organe.
Sur ce chien qui nous a deja servi au commencement
de la lecon et qu'on vient de sacrifier, nous aliens gal-
vaniser le pneumogastrique.
L'estoniac se contracte (1'aninial est en digestion) •,
mais nous ne voyons aucun mouvement des intestins.
Ces mouvements sont provoques surtout iorsqu'on gal-
vanise le pneumogastrique vers la partie inlerieure dc
Toesophage. Les mouvements peristaltiques intestinaux
sont independants de ceux qu'on provoque ainsi dans
restonmc. En portant lesconciucteurs de 1'appareil gal-
vanique sur le point dout je viens de parler, nous oble-
nons des mouvements beaucoup plus violents, surtoul
NEKFS MIXTKS RACH1D1ENS.
vers le pylore. 11 faut, pour que ces mouvements aient
line grande intensite, que Familial soit en digestion.
Les mouvements qui out pour siege les fibres contrac-
tiles des conduits pancreatique et biliaire ne son! pas
sous 1'influence du pneiimogastrique. Chez les pigeons,
ou ils sont tres prononces, ils continuent apres la section
du pneumogastrique conmie le font les mouvements du
coeur. Ils ne sont pas non plus, chez ces animaux, arretes
par la galvanisation. D' apres ces faits, Faction motrice
du vague semblerait done s'arnMer a Vestomac.
Messieurs, eiifinissant 1'histoire du pneumogastrique,
nous terminons celle des nerfs craniens. Nous avons cleja,
dans le premier semestre, vu les racines rachidiennes,
de sorte qu'il ne nous reste plus a etudier que le grand
sympathique dans ses differentes portions. Toutefois,
avant d'aborder ce sujet, nous devons revenir sur quel-
ques points de 1'histoire des nerfs cerebro-rachidiens.
Ainsi on a signale frequeinnient des paralysies partielles
de certaines branches iujrveuses qui dependent de lesions
centrales du systeuie nerveux. etqui a cause decela sont
assez difficiles a expliquer. Ainsi, dans les affections sa-
turnines on voit survenir une paralysie qui affecte plus
specialement les muscles extenseurs. Quant au siege de
cette paralysie il est difficile de s'en rendre compte,soit
qu'on le place dans les muscles, soit qu'on le place dans
!a moelle epiniere. Cependant nous devons rappeler que
nous avons vu dans nos experiences qu'il y avait cer-
taines parties de la moelle affectees plus specialement
aux mouvements d'extension ou de flexion.
On a encore signale, comme consequence de 1'as-
phyxie par le charbon. la paralysie isolee de certaines
PLEXUS NERVEUX.
branches uerveuses des membres. Enfin on sait qu'il
existe clans 1'hysterie et dans d'autres affections, des le-
sions passageres on durables de la sensibilite, lesions
tres exactement circonscritesa certaines regions, etdont
il est, dans 1'etat actuel de la science, impossible de
donnernne explication physiologique.
A propos des nerfs mixtes rachidiens. nous ne vou-
lons pas ici faire leur histoire detaillee, je dirai quel-
(jues inols sur le role de leurs anastomoses ou plexus.
Nous savons que tous les nerfs rachidiens s'associent
deux a deux , une racine de mouvement avec une racine
de sentiment. Nous savons encore que ces nerfs mixtes,
sur leur trajet, s'associent les uns aux autres dans des
plexus d'ou emanentdes nerfs qui proviennent d'un cer-
tain nombre de paires nerveuses. De telle sorte qu'on
pent dire que bien que les nerfs rachidiens soient inde-
prndants les uns des autres, cependant ils forment, par
la reunion d'un certain nombre d'entre eux, des fais-
ceaux nerveux destines specialemenl ;i tello ou telle
partie du corps.
Malgre cette reunion des nerfs rachidiens entre eux
dans les plexus, on ne peut pas en conclure que leurs
proprietes y soient confondues, et on voit souvent des
paralysies partielles et limitees a un muscle paraissant
provenir d'une lesion des centres nerveux et mon-
irant ainsi (jue dans un nerf il pourrait y avoir a la fois
des fibres alterees et des fibres restees saines.
C'est dans les plexus nerveux que les nerfs rachidiens
semblent contractor cette union sur laquelle nous avons
longuement insiste dans le premier semestre, union en
vertu de laquelle la racine posterieure sensible commu-
/|60 M'RFS M1XTKS RACHIDIENS.
nique sa sensibilite, elite rccurrenle. a la raciue ante-
rieure. Nous savoiis, en effet. que lorsqu'on vient a
couper le nerf rachidien mixte immediatement apres
la reunion des deux ratines, on trouve que la racine
anterieure a perdu sa sensibilite recurrente. Ce qui
prouve que le retour de la sensibilite de la racine pos-
terieure a la racine anterieure s'effectue plus loin. Mais
si Ton vient a couper les nerfs an dela de leur plexus,
on trouve que la racine anterieure rachidienne ne perd
pas sa sensibilite recurrente. parce que la communica-
tion de la sensibilite a eu lieu plus haut que la section.
Iv existence de cette sensibilite recurrente se retrouve
probablement dans tons les nerfs qui s'anastoniosent
enire eux. (Test ainsi qifen preuant un lameau colla-
teral du nerf spinal ou un rameau du nerf facial et
en operant la section, on constate, en attendant un
temps convenable, que les deux bouts qui resultent de
cette section sont sensibles. Le bout central possecle une
sensibilite directe, qui vient directement de la racine
posterieure, et le bout peripherique possecle une seusibi-
lite recurrente qui revient au moyen des anastomoses
peripheriques. On trouve, par exemple, en coupant les
differentes anastomoses que les nerfs cervicaux envoient
au nerf spinal, que ce dernier perd sa sensibilite re-
currente.
II faut done admettre que les nerfs peuvent, par leurs
anastomoses peripheriques , communique!* non-seule-
ment de facon a s'accoler pour marcher vers une des-
tination commune, mais de maniere a s'echanger des
filets dont les tins remonteut par un trajet recurrent
vers les centres nerveux. Nous nous sommes deja Ion-
SENSIBILITY RECURRENTE. /j61
guement etendu dans le premier semestresur la maniere
dont il fallait cornprendre ce retour des filets d'une ra-
cine dans 1'autre. Nous allons ici revenir en quelques
mots sur ce sujet, 1'un des plus importants de la phy-
siologic des nerfs.
Nous avonsdit qu'il fallait evidemment supposer que
des fibres sensitives emanees d'une racine posterieureH
(fig. 15), se recourbaient en A, apres un certain trajet,
pour retourner par la racine anterieure V dans le centre
nerveux meme. De telle sorte ijue cette fibre nerveuse sen-
sitive prend son origine a 1'emergence de la racine poste-
rieure.etsetenninearemergencedelaracineanterieure.
Or, coinine nous savons que les fibres sensitives perdent
leurs proprietes de laperipherie vers le centre, il devient
facile de pomprendre comment, chc/un animal epuisc,
la fibre sensitive a perdu ses proprie^s a son extri'niitt'1
la plus reculce, c'est-a-dire dans la racine anterieure.
Cette maniere de comprendre le retour de la fibre sen-
sitive dans la racine anterieure, permetparfaitement de
comprendre comment il arrive, lorsqu'on a divise la ra-
cine anterieure apres avoir constate qu'elle etait sensi-
ble, que ce soit le bout periph('ii'ique qui conserve sa
sensibiiite, tandis que le bout central de cette racine
devient completement insensible. C'est qu'en effet, en
pincant le bout peripherique de la racine anterieure,
on pince en realite le bout central de la fibre sensitive
qui manifesto ses proprietes ; tandis qu'en pincant le
bout central de la racine anterieure, on irrite, en rea-
lite, le bout peripherique de la fibre sensitive qui se re-
connatt aux proprietes negatives de cette fibre.
Comment maintenant cette fibre sensitive recurrente
SENSIBILITY RECURRENTK.
se termine-t-elle flans la substance meme de la moelle
epiniere? Nous savons que ses fibres naissent par des
cellules dans la come posterieure de la substance grise.
Lorsque apres un longtrajet elles reviennent a la moelle
par la racine anterieure, elles se terminent, sans cloute.
ou par une cellule on par quelquc autre mode de ternii-
naison qu'on ne saurait preciser actuellement.
En resume, la paire rachidienne constitute par deux
racines pourrait etre considered com me presentant des
fibres dans quatre directions.
Deux especesde fibres, qu'on pourrait appeler directes,
emaneraient de la racine anterieure V, on de la racine
posterieure H, pour aller directement se rendre a la
peau P ou dans un muscle M.
Deux autresespeces de fibres, qui seraient recurrentes :
Tune provenant de la racine posterieure H, remontant
par la racine anterieure V, irait se terminer dans les
faisceaux moteurs de la moelle epiniere; 1'autre, dont
1'existence n'est ici donnee qu'hypothetiquement, ema-
nerait de la racine anterieure V, se recourberait egale-
ment en A, et remonterait par la racine posterieure H,
pour venir se terminer soit par une cellule, soit autre-
ment dans la partie sensitive de la moelle epiniere.
EXCITATIONS ELECTRIQUES DBS NERFS. 463
Le r61e physiologique de cette communication ou de
cette recurrence, qui est bien etabli pour les fibres sen-
sitives, serait assez difficile a determiner actuellement
pour les fibres motrices. Nous savons seulement que les
deuxracinesdes nerfssont toujoursassociees entreelles.
Si nous vonlions emettre une hypothese sur ce sujet, ce
qui est toujours necessaire pour ouvrir une nouvelle voie
aux recherches, nous dirionsque lamoelle epiniere, con-
stituant en re'alite un organe, a besoin de recevoir elle-
ni6me, dans chacune de ses parties, des nerfs moteurs
et des nerfs sensitit's. Or, la partie motrice de la moelle
epiniere recevrait par recurrence ses nerfs sensitifs de
la racine poste'rieure ; et, de m6me, la partie sensitive
de la moelle epiniere recevrait par recurrence ses nerfs
moteurs de la racine anterieure.
11 est singulier que cette sensibilite de la moelle
paraisse resider surtout a sa surface ainsi que le montre
['experience suivante :
Exp.— Sur un chien, dontla moelle avait etc coupee
dans la region lombaire. on enfonca tres proioiidc'ment
des aiguilles dans le tissu medullaire sans y cle'velopper de
la sensibilite, tuiulisqu'a la surface des faisceaux. et sur-
tout des faisceaux posterieurs, il y avait une sensibilite
tres vive. Ce qui semble prouver que la surface nerveuse
de la moelle est plus sensible que la partie inte'rieure.
La substance grise parut comple'tement insensible.
Je desire placer iciquelques-unes des observations qui
m'ont prouve que la quantite d'electricite necessaire
pour manifester Tactivite physiologique d'un organe
est bien difTerente suivant le tissu auquel on s'adresse.
II y a plus de dix ans que. pour la premiere fois, j'ai
EXCITATION ELECTRIQUE
ete a meme d'observer un fait de ce genre : c'est lors-
que voulant etudier les ctfets que le curare produit sur
les uerfs, je priai M. Pulvermacher de construire les
pinces clectriques bieu connues aujourd'hui des phy-
siologistes. D'al.)ord ces pinces etant d'nn tres petit ca-
libre, voici ce que j'observai sur les grenouilles tuees
dans lY-tat phvsiologique, et preparees a la maniere de
(ialvani : j'avais constate que les pinces appliquees sur
les nerfs determinaienl des convulsions violentes dans
les muscles, tandis qu'au eonlraire je reconnus que
lurs(|ue la grenouille avail ete empoisonnee par le curare,
la meme pince a^'.-liquec sur les nerfs ne determinait
aucune contraction musculaire. Maisalors, voulant sa-
voirsi le curare avait detruit I'irritabilit6 musculaire en
memo temps que I'excitabilite nerveuse, je portai la
pince electrique sur le tissu musculaire meme delagre-
nouille tucc iiar le curare, et je ne constatai noiijtlus
aucune contraction dans le tissu musculaire.
Pour savoir si le muscle etait egalement paralyse par
le curare, je rcnrtai la m6me expth-ience sur des cuisses
de grenouilles non empoisonnees, et je vis que chez ces
grenouilles, Jorsqu'on agissait seulement sur le tissu
musculaire, sans exciter le nerf, on n'obtenait aucune
contraction musculaire. II me tut demontre par cette
experience, que j'ai depuis repeU'e et publiee. que, sur
un meme animal, on peut, avec uu m^mecourant elec-
trique, obtenir une contraction tres violente dans les
muscles quand on agit primitivement sur les nerfs, tan-
dis qu'il faut employer un courant beaucoup plus ener-
gique pour obtenir la contraction musculaire en agissant
directement sur le tissu de 1'oixane.
DES NERFS ET DES MUSCLES. /|G5
C'est a cause de cela quo je fis faire a M. Pulverma-
cherun modeledepincesbeaucoup plus fort, afin qu'elles
fussentcapablesd'exciter non-seulement lesnerfs, mais
encore les muscles eux-memes lorsqu'on agit directe-
ment sur leur tissu.
II resulte doncde cequi precede, qu'ilfaut. pour faire
agir un muscle, unequantite d'electricite beau coup plus
considerable que pour agir sur un nerf. Je ne saurais
indiquer avec quelque precision quelle est cette diffe-
rence; je puis seulement dire qifelle est considerable.
Cette simple remarque pent expliquer, je crois, des
fails en apparence contradictoires qui out ete emis par
M. Duchenne (de Boulogne) et M. Remak.
M. Duchenne a adrnis que I'irritabilitc inusculaire
etait plus facilement mise en jeu lorsqu'on agissait avec
des courants assez faibles sur certaines parlies des mus-
cles. M. Remak a fait observer que les points repon-
daient a Tentree des nerfs dans les muscles, et que I'ac-
liou de 1'electricite etait alors portee directement sur
eux, et il en conclu que, sur le vivant, il n'etait pas pos-
sible de produire des contractions en agissant directe-
ment par Telectricite sur le tissu inusculaire sans 1'in-
termediaire des nerfs, et qu'ainsi , sur le vivant,
Tirritabilite inusculaire n'etait pas mise en jeu.
La divergence d'opinion entre MM. Duchenne et Re-
mak me parait s'expliquerquand on sail quelacmantite
d'electricite qui est necessaire pour faire contractor un
muscle, est bcaucoup nioins considerable quand on agit
sur lesnerfsquelorsqu'on agit directement sur le muscle.
Cette difference d'excitabilitr a Telectricite entre les
H., SYST. MEHV — u. 30
EXCITATIONS liLECTRIQUES.
tissus nerveux et musculaire, me semble, ainsi que je
1'ai ditdepuislongtemps, etre un excellent argument pour
demontrer que 1'irritabilite musculaire et 1'excitabilite
nerveuse sont deux choses distinctes.
II est un a utre fait que je veux signaler et qui, je crois,
avait deja ete observe avaut moi : c'est la difference
d'excitabilit6 sous I'influence de I'electricite qui existe
entre le nerf moteur et le nerf sensitif.
Lorsqu'on excite le tronc du nerf sciatique d'une gre-
nouille, tenant d'une part a la moelle e"piniere et de
I'autre aux muscles de la jarnbe. avec une pile tres faible
ouavecle courant musculaire d'une grenouille, on n'ob-
tient jauiais de contraction reilexe par suite de Texcita-
tion du nerf sensitif. tandis qu'on obtient constamment
la contraction dans les muscles ou se rend le nerf scia-
tique par 1' excitation du nerf moteur.
Un troisieme point serait relatif a la difference d'e-
lectricitt'1 necessaire pour manifester les proprietes d'un
nerf moteur du systeme cerebro-rachidien et d'un nerf
moteur du systeme sympatbique.
En efl'et. pour faire contracter la pupille ou les vais-
seaux sous 1' influence du filet cervical du grand sympa-
tbique, il faut une dose d'electricite plus considerable
que pour exciter un nerf de la vie animate.
Pour faire secreter la glande sublinguale sous I'in-
fluence de la corde du tympan, il faut un courant plus
energique que pour faire contracter un muscle en agis-
sant sur un des rameaux du nerf facial, etc.
Les nerfs mixtes, lorsqu'ils out ete coupes, sont sus-
ceptibles de se regenerer. M. Waller, en particulier, a
RETABLISSEMENT DE LA SENSIBILITY. &(>7
beaucoup insiste" sur le mecanisme de cette regeneration.
Je veux seulemenl rappeler ici un fait quej'ai plusieurs
foi.s observe. (Test un retour de la sensibility apres la
section des racines rachicliennes. Nous devons signaler
aussi le retour de la sensibilite dans certaines parties qui
out ete se'parees du corps. Ainsi. dans certaines opera-
tions, dans la rhinoplastie, par exemple, on voit des
lainbeaux qui, apres avoir ete separes de toutes parts,
reprennent leur sensibility. On a constate que dans ces
circonstances, il y avail en line regeneration des fibres
nerveusesdonlon ne pentreconnaitre dircctement lacon-
tinuite avec le scalpel, inais dont le microscope donne
parfaiteinent la demonstration, line question qui pour-
rait etre soulev^e a cette occasion est celle de savoir si
deux branches nerveuses peuvenl sesouderet reprendre
leurs proprietes sans etre detrnites prealablemcnt. On
a essaye, et nous avons essaye nous-m£me, de souder
des nerfs jouissanl de proprietes differentes, sans pou-
voir arriver a aucun resultat decisif. Maisquand, par une
greffe aniinale, on soude a une partie quelconque du
corps un appendicc tel que la queue ou 1'oreille par son
extremite libre, et qu'ensuile on vient a couper cet ap-
pendice vers sa base, il paraitrait qu'on trouve la sou-
sibilite conservee dans les deux moignons. La question
serait de savoir alors si on pent admettre que le me'me
uerf sensitif puisse transniettre les impressions sensitives
dans deux sens opposes; ce qui devrait avoir lieu s'il
n'y a pas eu formation de nouveaux nerfs et si ceuxqui
existaient anterieurement restaient encore charges de
I'accomplisscment des fonctions.
II nousreste encore a indiquer une precaution impor-
/j68 NERFS SENSITH'S ET MOTEURS.
tante a prendre dans les experiences relativement aux
proprietes des filets nerveux inoteurset sensitifs que nous
savons etre parfaitement distincts, au point qu'on ait ]>u
lesdetruire isolement.
Lorsqu'on a empoisonne une grenonille avecle curare,
apres avoir lie les vaisseaux qui se rendent soil dans
un nienibre isole, soil dans les deux membres poste-
rieurs, on voit qu'apres rempoisonnenient la grenouille a
conserve la propriete d'operer des mouvements reflexes
quand on vient a pincer line partie du corps dans la-
quelle le poison a penetre, et qu'elle semble meme se
mouvoii- volonlairement lorsqu'on la ])lace dans 1'eau,
apres avoir empecbe le poison de penetrer dans les deux
membres posterieurs. Ce que je desire faire remarquer
ici, c'est que la reaction des nert's sensitifs sur les nerfs
moteurs n'a lieu que lorsque renipoisonnement paralt
tout a fait complet.
En effet, lorsque 1'animal est sous la premiere in-
fluence de rempoisonnemenlet qu'on vient a pincer une
partie du corps cmuoisonuee, on n'a aucune espece de
reaction de la part des membres preserves de Faction du
curare par la ligature des vaisseaux; on n'observe rien
non plus qui puisse etre attribue a 1' influence de la volonte
sur ces membres. J'ai meme observe qu'a ce moment les
proprietes electriques des muscles et de la peau etaient
aneanties. Cen'est que quelques instants plus tard que la
grenouille reprend sa sensibilite et que les reactions sur
les nerfs moteurs deviennent alors tres t3videntes et
pen vent durer pendant un temps souvent tres long.
QUINZIEME LECON.
26 JUIN 1857.
SOMMAIRE : Systeme norvcux du grand sympathique.,— Difficult^
actuclle dc son histoirc physiologiquc. — Examcn de rinfluencc
qu'exerce la section du sytnpalhiquc. — Section du sympathiqne au
cou. — Eflets note's du cdle dc I'u'il. — Modification dc la tempdra-
ture de la tete. — Experiences comparatives sur les nerfs qui se dis-
tribuent a la face.
MESSIEURS,
On divise le systemc ncrveux en deux grandcs par-
ties: le systeme nerveux cere'bro-spinal que nous avons
ctudiV1 jns(iu'ici, et le systeme du grand sympalliique
que nous allons maintenant examiner, line telle etude
scrait impossible dans son ensemble aujourd'hui, les
notions que nous avons sur ce nerf se reduisent a des
faits detaches, entre lesquels il scrait difficile d'etablir
mi lien systematiquc.
Nous allons commencer par unc influence des plus
remanuiables de ce nerf sur laquelle nous avons fait
un grand nombre d'experiences, je veux parler de 1'in-
fluence que la section de ce nerf exerce sur la chaleur
animate et sur la circulation du sang.
Je n'ai pas 1' intention de rapporter ici toutes les
hypotheses qu'on a pu faire sur les fonctions du grand
sympathique ; je desire seulement rappeler dans leur
ordre chronologique les principales experiences qu'on a
ten tees sur ce nerf a diverses epoques. Cette indication
•|70 M-IU GUAM) ^Y.Ml'
bislorique montrera, uiioux quo loute a u Ire discussion,
la part ot la succession des cftbrls de chacun dans Fe-
tude experimenlale, si difficile, de cetle partic du sys-
teine nerveux.
La pivmuTi1 experience sur la portion ccrvicale du
iierf grand sympathique appartient ii Pourfour du Petit.
Dans nn memoire tres romarquable , public dans les
Memo ires de l\-tcadi^nic. des sciences pour 17*27 (me-
moire danslequel il est demontrt} quo lesnerfs intercos-
tanx fournissent des ramcaux tpii portent des esprits
dans lesyeux. p. 1), eel auteur soutient dejacjuela por-
tion eervicaledu grand sympathique ne nait pas dans la
lete (dc la cinquienie etsixieine paire) pour descendre
vers le thorax comme I'avaient cru Vieussens et Willis,
mais qirelle inonte an eontraire ds la partie posterieure
du corps (chez les quadrupedes) vers la tete, pour se
termiucr dans les yeux, avec les deux nerfs precites.
La preuve que Petit en donne, c'est que quand on coupe
le nerf sympathique clans le cou, chez les animaux
(chiens), les effets de sa paralysie se manifestent au-des-
sus de la section vers les yeux, qui ofirent alors un re-
trecisseinent de la pupille, un affaissement de lacornee,
une rougeur et une injection de la conjonctive ; de plus,
la troisieme paupiere est saillante et s'avance au-devant
de l"(ril. Chez les chiens, le cordon sympathique au cou
est uniavec le vague, qu'il est impossible par consequent
de menager. Petit, qui n'ignore pas cette disposition,
distingue tres bien dans cette experience coinplexe les
ei'i'ets qui dependent de la section du pneumogastrique
de ceux quiappartiennent acelle du sympathique. Petit
HISTORIQUE. 471
ajoute (jue le sympathique influence les glandes et les
vaisseaux de 1'oeil qui, apres la section du nerf, perdent
leur ressort et s'emplissent de sang ; il explique tres bien
aussi le retrecissement de la pnpille parla paralysie des
fibres du sympathique qui, apres 6tre unies aux filets
ciliaires, doivent aller dilater la pupille. Enfin il signale
encore un rapetissement du globe oculaire quand les
animaux vivent un certain temps.
Tons les phenomenes signales pre'cedemment se pro-
duisent lorsqu'au lieu de couper le filet sympathique au
cou, on extirpele ganglion cervical superieur ou 1'infe-
rieur.
Dupuyen ISlG.Brachet en 1837, John Reid en 1838
n'ajftuterent Hen de bien essentiel a Inexperience de Pour-
four du Petit. Us signalerent tous, comme consequence
de la section du filet sympathique au cou, ou comme re-
sultat de 1'extirpation des ganglions cervicaux de ce
nerf, le retrecissement de la pupille. la rougeur de la
conjonctive, l'enfoncement du globe oculaire dans 1'or-
bite et la projection du cartilage de la troisieme pau-
piere au-devant de rceil.
Quoi qu'ilen soit, c'est ce phe'nomene du retrecisse-
ment de la pupille qui avait attire plus specialement 1'at-
tention des experimentateurs, dans ces derniers temps;
c'est a ce fait surtout quesesont adressees toutes les ex-
plications proposees et toutes les experiences nouvelles
qui firent faire quel([ues progresa cette question.
En 18/iG, M. Bit'fi (de Milan) observa cet autre fait
nouveau que lorsque la pupille estretrecie par suite de la
section du nerf sympathique, on peutlui rendre son elar-
472 NERF GRAND SYMPATHIQUE.
gissement en galvanisant Ic bout cephalique du nerf
sympatbique coupe.
A peu pres a la memo epoque, le docteur Ruetc (de
Vienne) ayant remarque que, dans la paralysie de la troi-
sieme paire de nerfs, la pupille dilutee et immobile peut
encore s'agrandir sous 1'influence do la belladone, en
conelut que 1'iris recoil deux especes de nerfs moteurs
correspondant a ses deux ordres de fibres musculaires,
et que le grand sympathique, en animantles fibres mus-
culaires radices, produit le mouvement de dilatation,
tandis que le nerf motcur oculaire commun, en ani-
mant les fibres circulaires, determine an contrairc le
mouvement de contraction de 1'iris.
En 1851, MM. Budge et Waller reconnuient que, dans
son action sur la pupille, le filet cervical du grand sym-
pathique n'agit que comme un conducteur qui transmit
une influence dont le point de depart cst dansune re-
gion de la moelle epiniere quo preciserent ces experi-
mentatcurs, et a laquelle ils donnerent le nom de region
cilio-spinale. Cette region est comprise entre laderniere
vertebre cervicale et la sixieme vertebre pectorale inclu-
sivement.
Toutefois ces auteurs, en signalant ce resultat, s'atta-
cberentuniquement a 1'explication du retrecissement de
la pupille. Ils admettent aussi qu'apres la section du
sympathique, les fibres radices de 1'iris (muscle dilata-
teur) sont paralysees, d'ou il suit que 1'action cles fibres
circulaires (muscle constricteur) predomine et retrecit
1'ouverture pupillaire. Si, quand on galvanise la region
cle la moelle a laquelle le sympathique prend naissance,
HISTOR1QUE.
on voit la pupille se dilater, cela vient encore, suivant
eux, de ce que, sous 1'influence galvanique, le nerf
sympalhique moteur excite Faction des fibres radices ;
leur contraction energique surpasse alors temporaire-
ment 1'action des fibres circulaires et determine la dila-
tation de la pupille.
Depuis plusieurs annees, en montrant dans mescours
publics les effets de la section de la portion cephalique
du grand sympathique , j'ai insiste sur ce point qu'au
lieu de pourstiivre une explication exclusive pour rendre
compte des modifications de la pupille, il faudrait en
chercher une pour tons les autrcs phenomenes qui, sur-
vcnant et disparaissant simultanrment, semblcnt naitre
sous 1'influence d'une cause commune. Tous cespheno-
menes simultanes et connexes sont, ainsi que nous 1'a-
vons vu :
1° Le retrecissement de la pupille et la rougeur de la
conjonctive ;
2° La retraction du globe oculaire dans le fond de
1'orbite, cc qui fait saillir le cartilage de la troisieme
paupiere et le porte a vcnir se placer au-devant de
1'ceil ;
3° Le resserrement de rouverture palpe"brale et en
meme temps une deformation de cette ouverture qui
devient plus elliptique et plus oblongue transversale-
ment ;
h° L'aplatissement de la cornee et le rapetissement
consecutif du globe oculaire.
Outre les phenomenes precedents, j'ai encore signale
le retrecissement plus ou moins marque de la narineet
NliUl-1 (,l{\Nli SVMPATI11QUK.
de la bouche clu cote" cnrrespondant ; mais j'ai surtout
indique une modificiition touto speeiale de la circula-
tion, co'incidantavec une grande augmentation de calo-
j'icite et meme de seusibilito dans les parties.
J'etudiai ces faits. qui n'avaient ete signales par per-
sonne avant moi, couime ivsullat de la destruction du
nerf grand sympathique, et le 29 mars 1852, je lus a
1' Academic des sciences une note sur I' influence du nerf
grand sympathiqne sur la chaleur animate.
Bien que ce phenomene de calorification et d'aug-
mentation de sensibilite out du se manifester eutre les
mains de tons les experimentateurs, personne ne 1'avait
ce])endant remarqut', ni ne lui avait donne sa signifi-
cation : c'est a peine s'il avait ete not*'. Dupuy parle,
dans deux de ses experiences sur des cbevaux, de cha-
leur passagereet de sueursmeme survenues dansquel-
ques parties de la face on de la nuque. Mais cet obser-
vateur ne pense pas le moms du monde a caracteriser
le phenomene, qu'il con fond, du reste, dans la des-
cription des symptcjmes d'une carie de 1'occipital qui
existait coincidemment dans un cas, et d'une carie de
1'os maxillaire qui existait dans 1'autre. II le signale, au
reste. chez d'autres animaux qui n'avaient pas eu les
ganglions extirpes, mais qui presentaient des maladies
des fosses nasales ou des os maxillaires (1).
II reste done evident que Dupuy n'a pas distingue ni
compris le phenomene commeresultat physiologique de
1' extirpation des ganglions sympathiques, ainsi que nous
(1) Voyez Dnpuy, De I' affection tuberculeusc. Paris, 1817, iu-8.
IllSTOUIQLIii. 475
le demontrent les conclusions do son meinoire, quo je
transcris litteralement et completement :
« Des experiences que nous avons rapportees, il re-
suite :
» 1° Que la situation profonde des ganglions supe-
rieurs des nerfs grands sympathiques ne s'oppose point
a leur excision sur ranimal vivant ;
» 2° Que F operation necessaire pour enlever ces gan-
glions est simple, pen douloureuse, et n'est accompa-
gnee ni suivie d'eveneinents iacheux;
» 3° Que les phenomenes qui se manifestent et qui
sont independants do I'opiTalion sont le resserrement
de la pupille, la rougeurde la conjonclive, I'amaigrisse-
ment general accompagne de riniiltration des membres
et do renq)tion d'une especede gale qui finit par atTec-
ter toute la surface culanee;
» [\° Enlin qu' on est en droitdeconclure que ces nerfs
exercent une grande influence sur les fonctions nutri-
tives. »
En lisant le memoire de Dupuy avant la publication
de mon travail, aucun des nombreux auteurs qui Tout
cite if a pu y voir et if y a vu que la calorification des
parties fut la consequence de 1'extirpation des ganglions
cervicaux : car cela if y est pas dit. Mais aujourd'hui
que j'ai caracterise le phe'nomene, si on trouve, en lisant
retrospectivement les experiences du professeur d'M-
fort, on nieme celles d'autres auteurs, qu'il y a dans les
descriptions, des mots, des phrases, des passages qui
doivenl se rapporier a ce que j'ai decrit, ce if est pas la
question que j'examine; car il est clair, ainsi que jeTai
A76 NERF GRAND SYMPATHIQUE.
deja dil, que les experiences out du donner les monies
resultats entre les mains de tons les experimentateurs
qui ont du, par consequent, avoir tousle phenomeneen
question sous les yeux. Mais il estsi facile d'avoirun phe"-
nomenc sous les yeux et de ne pas le voir, tant qu'une
circonstance quelconque ne vient diriger 1'esprit de ce
cote! En 1842, j'ai fait un grand nombre de sections
du sympathique et d'ablations des ganglions cervicaux
de ce nerf sans me douterque cette operation produisit
le re"chauffement des parties, bien que je connusse ce-
pendant les experiences de Dupuy. Si, dix ans apres,
c'est-a-dire en 1852, j'ai decouvert le fait, cela tient a
ce que je m'etais place a un point de vue different pour
observer les resultats de I'experience.
Dans ma note lue a 1' Academic des sciences je me
bornai ii decrire les phenomenes et a signaler leur con-
dition de production sans vouloir cntrer aucunement
dans leur explication. Cependant au premier abord il
etait difficile de ne pas croire que cette augmentation de
caloricite et de sensibilite ne fut pas consecutive a une
plus grande activite circulatoire. Mais comme j'avais
observe des cas dans lesquels Tactivite circulatoire sem-
blait 6tre le phenomene secondaire au lieu d'etre le fait
primitif, je me bornai a indiquer la possibilite des deux
hypotheses, en disant que la caloricite n'etait pas
toujours en raison directe de la vascularisation des
parties.
Depuis lors je continual mes recherches et jesignalai
la mfcrne annee, dans mon cours, que le galvanisme ap-
plique sur le bout superieur du sympathique au cou.
HISTORIQUE. 477
faisait disparaitre tous les troubles produits par la sec-
tion du nerf. Ces resultats furent publics plus tard dans
les Complex rendus de la Societe de biologie (octobre et
novembre 1852).
Mais pendant que je poursuivais mes experiences en
France, M. Budge en Allemagne, M. Waller en An-
gleterre, et M. Brown-Sequard en Amerique, chacun
de leur cote, etaient a la recherche de Implication du
phenomene que j'avais decouvert.
M. Budge rattacha cette calorification a la region ci-
lio-spinale de la moelle, ce qui pouvait confirmer sans
doute que la partie cervicale du sympathique nait en ce
point, mais ce qui n'ajoutait en realite rien au pheno-
mene lui-ineme.
M. Waller fit pour les arteres le m6me raisonneinent
que pour la pupille. 11 admit que la section du filet cer-
vical du sympathique qui est moteur, amene une para-
lysie des arteres de la face, qui se relachent, se dilatent
et se remplissent d'une plus grande quantite de sang.
Ainsi s'explique pour lui la calorification des parties. Si
Ton galvanise le sympathique, on fait contracter les ar-
teres, le sang en est expulse et le refroidissement sur-
vient.
A son retour en France, M. Brown-Sequard reclama
pour lui la theorie de la stase du sang par la paralysie
des arteres, et il annonca avoir vu le premier en Ame-
rique que la galvanisation du sympathique amene le re-
froidissement des parties et la contraction des arteres.
Je n'entrerai pas dans des discussions de priorite relati-
vement a des faits qui (latent tous de la me"me anne"e, et
/i78 NERF GRAND SYMPATHIQUE.
qui se sont developpes immedialement comme corro-
laires tout naturels cle ma premiere experience. Je me
felicite seulement de rempressement que les expe"rimen-
tateurs cites plus liaut out mis a rue suivre dans Tetude
de ces phenomenes de calorification, Cela me promt1
qu'ils les out trouves important? et digues d'intertH.
M. R. Wagner (de Go3ttingae) s'est encore livre dans
ces derniers temps a des experiences tres intoressantes
sur le grand sympathique, iriais (jui ne se rapportent
point directemeut a la question d'augmeutation de ca-
loricite et de sensibilite (jue nous examinons ici.
Depuis la publication do nos premieres experiences
sur rinflueuce du sympathique sur la calorification, un
grand nombre d'expe'rimentateurs out verifie et repete
nos experiences.
Depuis longtempsj'avais ete IVappedu grand nombre
de faits eontradictoires qui existent dans la science
relativement a rinlluence des lesions nerveuses sur la
calorification des parlies paralyses. On a observe en
effet. dans ces c:rconstances,taut6t la diminution, tantot
^augmentation de caloricite. II y avait done a recber-
cher la raison de ces dissidences dans une specialit*'1
d'influence desdiverses especes de nerfs; carquand, en
physiologic, un phenomene s'offre avec des apparences
eontradictoires, on pent etre assure que ses elements
sont encore complexes et que ses conditions d'existence
n'ont pas etesuffisamment analysees. II fallait examiner
ainsi successivement rinfluence sur la calorification des
nerfs de mouvement, des ueris de sentiment et deceux du
grand sympathique. Je commencai par ces derniers, et je
EXPERIENCES COMPARATIVES.
dois dire que, etant sous ttnfluence de 1'idee tres aucienne
quele grand sympathise qui accompagne specialement
les vaisseaux sanguins arteriels doit etre le nerf qui
preside aux phenomenes des mutations organiques s'ac-
complissant dans les tissus vivants, j'eus la pensee que
sa section, en amenant une atonie des vaisseaux et un
ralentissement on une abolition dans les phenomenes
circulatoires et nulritifs, serait probablement en rap-
port avec le refroidissement des parties. Je fis done
1'experience et je choisis le lapin, parce que chez cet
animal le filet cervical sympathique, qui monte a latete
en allant d'un ganglion a 1'autre, se trouve facile a at-
teindre et est tres nettement distinct du nerf pnemno-
gastrique. Le resultat fut loin d'etre d'accord avec ma
prevision, et, au lieu du refroidissement que j'attendais,
je constatai une graude elevation de temperature dans
tout le cote correspondant de la tete. Mon hypothese
s'evanouit aussit6t devant la realite ; 'mais elle m'avait
mis sur la trace d'un fait nouveau qui devait rester ac-
(piis a la science; il s'agissait de 1'etudier, de Tisoler et
de lui donner une signification parmi les phenomenes
qui se rapportent a 1'histoire du systeme nerveux sym-
pathique.
Comme c'etait sur le le nerf sympathique de la face
que j'avais d'abord experiment^, je pensai qu'il valait
inieux agir sur les nerfs de sentiment et de mouvement
de cette inline partie du corps afm d' avoir des pheno-
menes plus facilement comparables.
1° EXPERIENCES SUR LE NERF DE LA CINQUIEME PAIRE. —
. — Le 21 decembre 1851, sur un gros lapin vif et
480 NERF GRAND SYMPATHIQUE.
bienportant, j'ai fait la section de la cinquieme paire a
gauche dansle crane par le precede deMagendie.L'ope-
ration, qui reussit parfaitcment, fut suivie immedia-
tement des symptomes d'insensibilite de la lace bien
conn us.
Avant 1'operation on ne sentaita la main qui saisissait
1'oreille, ou avec le doigt plonge dans le pavilion auri-
cuiaire, aucune difference sensible dans la chaleur d'un
cote a Fautre. Environ nne demi-heure apres la section
de la cinquieme paire, on appre'ciait au contraire mani-
festement a la main quo 1'oreille gauche qui correspon-
dait au cote de la section etait plus froide; on ne me-
sura pas la diftV'rence a 1'aide d'un thermometre. Le
lendemain 22 de'cembre, dix-huit heures environ apres
1'operation, il existait toujours la me~me difference tivs
marquee entre la temperature des deux oreilles; celle
du cote gauche etait plus froide. La chaleur, prise au
therinometre, donna 34° C. a droite et 31° C. a gauche
ce qui faisait 3° C. d'abaissement de temperature apres
la section de la cinquieme paire. L'animal avait, du
reste, conserve toute sa vigueur.
Ace moment lesphenomenesd'alteration de nutrition
de Toeil decrits par Magendie commencaient a se ma-
nifester du cote gauche. La conjonclive etait rouge,
les vaisseaux dilates et gorges de sang, 1'ceil chassieux,
les paupieres collees et la cornee deja alteree ; mais,
comme je 1'ai dit, la temperature de ces parties etait
cependant abaissee malgre 1'existence de ces troubles
circulatoires qu'on rattache gen^ralement a ce qu'on
appelle des inflammations.
EXPERIENCES COMPARATIVES. /j8l
Alors je Pis la resection du filet sympathique an con a
gauche, du meme cote ou la temperature des parties
avait ele" abaissee par la section de la cinquieme paire,
el aussilol la calorification se manifesta. Apres quelques
instants la temperature de 1'oreille gauche depassa de
beaucoup celle de 1'oreille droite, el le thermometre
plonge dans les deux pavilions auriculaires environ trois
quarls d'heure apres donna pour 1'oreille gauche 37° C.
el pour 1'oreille droite 31° C.
En resumant les varialions de lempe'rature observees
voici les chiffres obtenus :
A gaucliP, A droite,
cole opere". cole sain.
1° Apres la section de la 5*" paire. . . 31° cent. 3A0cent.
2° Apres la section da sympathiquc. . 37° cent. 31° cent.
II est bon de noter que 1'elevation de temperature a
gauche a coincide avec un abaissement a droite. Nous
retrouverons plus lard des choses semblables dans des
experiences analogues.
Le 2 decembre, les deux oreilles offraient toujours
la meme difference de temperature que la veille; les
phenomenes d'allcralion de Toeil marchaienl loujours.
Laconjonclive elail loujours Ires injectee, la corneeetait
devenue enlieremenl opaque et ramollie ; il y avail aux
levres des ulceralions du ineme cote. II est inutile de
dire quel'insensibilite complete de la face persistait lou-
jours a gauche ; cependanl il y avail encore dans le pa-
vilion de 1'oreille de la sensibilite qui provenail des
branches auriculaires du plexus cervical. Je fis alors la
re.Neetion de ces nerfs an con. a leur emergence sur le
B.( S\6T. NKHV. — II. 31
482 NERF GRAND SYMPATHIQDE.
bord posterieur du muscle sterno-mastoi'dien, et im-
mediatement Toreille deviut compleiement insensible ;
mais cela ne changea rieu dans la temperature de cette
oreille qui resta toujours plus elevee que celle du cot£
oppose.
Les jours suivantsjusqu'au 27 decembre I'anirnal tut
observe, et il offrit constamment unc plus grande ele-
vation de temperature dans le cote gauche de la tete.
J'ai bien souvent repete la section de la cinquieme
paire sur des lapins dans le but de verifier I1 experience
qui precede, et toujours j'ai vu cette operation etre sui-
vie d'un abaissement de temperature dans la partie cor-
respondante de la tete. Mais si alors on fait la section
du sympathique, les phenomenes de calorification sur-
viennentde me'me et independamment des lesions que
produit la paralysie de la cinquieme paire; et genera-
lenient on pent meme dire que chacun de ces pheno-
menes atteint son maximum d'intensite dans des condi-
tions vitales opposees, c'est-a-dire que les alterations
dues a la section de la cinquieme paire se manifestent
avec d'autant plus de rapidite et d'intensite que les ani-
maux sont plus faibles et languissants ; au contraire le
phe'nomene de calorification se produit avec d'autant
plus de force et d'instantaneite que les animaux sont
plus vigoureux et mieux portants.
2° EXPERIENCES SUR LE NERF FACIAL (SEPTIEME PAIRE).
— Le 21 decembre 185! , sur un gros lapin vif et bien
portant, j'ai fait du cote gauche la section du nerf facial
non loin de sa sortie par le trou stylo-mastoi'dien, en
penetrant avec un stylet aigu dans la caisse auditive.
EXPERIENCES COMPAttATIVtS. /i<So
Cette operation fut suiyie des phenomenes ordinaires de
paralysie de mouvement que je ir ai pas a decrirc. Mais
en examinant 1'oreille environ une clemi-heure apres
1' operation, an point de vue de la calorification qui nous
occupe, je trouvaia la main 1'oreille gauche paralysed,
nianifestement plus chaude que celle du cote sain. Je
laissai I'animal jusqu'au lendemain, et je trouvai tou-
jonrsune elevation de temperature plus considerable du
cote oil le facial avait e'te coupe. Le thermometre don-
nait :
OreiHe gauche paralysee 3D" cent.
Oreille droitc saine 30" cent.
Alors je coupai le filet cervical du sympathique du
cote gauche. Quelques instants apres, la chaleur avait
apparu beaucoup plus predoininanie encore du cott^
gauche : on avait an thermometre :
Oreille ^auciie paralysce o!i* cent.
Orcille droile saine ul%5 cent.
Les jours suivants, Tanimal ne presenta rien de par-
ticulier; il fut observe jusqu'au 26 decembre.
Sur un autre lapin adulte et tres vigoureux, je fis de
meme la section du nerf facial dans la caisse auditive
du c6te gauche, en ayaut soin d'incliner rinstrument
de maniere ii couper le nerf aussi pres que possible de
son origine. L' operation reussit tivs bien ; mais quel-
ques instants apres la section on appreciait a la main une
elevation manifeste de temperature du cote paralyse
Le thermometre donnait :
Oreilie gauche paralysde 33" cent.
Oreillc droitc saino 31" cent.
/j8/J NFRF GRAND SYMPATHIQl'F..
Lelendemain, la difference lie temperature t-tait un
pen moindre, et on avail :
Oreille droite paralysed .... 32", 5 cent,
Oreille droite saine 31", 5 cent.
Les jours suivants, 1'exces de temperature do I'oreille
gauche s'effaca de plus en plus, et six jours apres Tope-
ration les deux oreilles etaient a I'unisson de chaleur. Le
thermometre donnait :
Oreille gauche paralyse . . . . 31° cent.
Oreille droite saine 31° cent.
Cette egalitede temperature se maintint pendant les
trois jours du rant lesquels 1'animal fut encore soumis a
1'observation.
3° AUTRKS KXI'l'RIKNCES SUR LE NF.RF FACIAL. — II Ill'est
souvent arrive, en piquant la moelle allongce des cbiens
ou des lapins pour lain1 apparailre le sucre dans leur
urine, de blesser involontairement les origiiies cachets
du nerf de la seplieme pairc, et de produire ime para-
lysie simple des inouvements de la face, soil a gauche,
soit a droite. Dans cos circonstances il y a toujours. au
moment nieme de la piqure, une augmentation ino-
mentanee de la tempei'ature dans les deux cotes de la
trie. Mais apres quelques instants, lorsquecette chaleur,
due a 1'emotion, a disparu, la face et les oreilles re-
prennent leur temperature primitive, quelquefois meine
elle est un pen plus basse; or jamais I'oreille paralysee
ne fut plus cbaude (}ue 1'autre : c'ctait souvent le con-
traire, et le thermometre indiquait g«r>neralemenl '1 de-
j^rea 1 clegiv \/'l d'abaisseme'ntde temperature relative,
dans le cote de la face paralyse du mouvement et ayant
EXPERIENCES COMPARATIVES. ft«S5
conserve loutesa sensibilite, ce qui temoignait cle 1'inte-
grite de la cinquieme paire. Un phenomene momentane
d'elevation cle chalcur des parties pe'ripheriques a pres-
que toujours lieu quand on blesse brusquement, d'une
maniere quelconque, un point des centres nerveux ;
mais cela ne pent pas £tre confondu avec les pheno-
menes durables que je decris ici.
II sc manifesto done, ainsi qu'on le voit, des eft'ets
calorifiques diffe'rents, suivant que le nerf facial est
coupe dans son trajet extra-cranien. ou suivant que ses
fibres originates sent coupees dans la substance morne
de la moelle allongee. Dans ce dernier cas, la paralysie
du facial amene, an point de vuc de la calorification,
des effets qui ne different pas notablement de ceux que
produit la section de la cinquieme paire ; et si, pour ce
dernier nerf, I'abaissement de temperature est ordinai-
renient plus considerable, on pom-rait 1'attribuer aux
lesions de nutrition qui surviennent apres la section du
trijumeau. lesions qui ne se man ifestent pas apres la
section du facial.
Quand an contraire on coupe le facial apres qu'il s'est
engage dans le canal spiroide du temporal, et surtout
apres qu'il en est sorti, les effets de sa section se rappro-
chent beaucoup de ceux que produit le sympathique,
en ce sens qu'il y a toujours une elevation marquee de
temperature.
Cette opposition entre les experiences precedemment
citees me fait penser qu'en agissant sur la moelle allon-
gee on paralysait uniquement les origines spe'cialement
motrices niusculaires du facial, car on avait une para-
/j8() NKRl-' (HUM) SYMI'A
lysic complete des muscles de la face sans augmenta-
tion dc temperature ; qu'en coupant, an contraire, le
facial dansle canal spiroi'de, on agissait non-seiiletnent
sin1 les origines motrices nuiscuiaires, mais encore sur
les fibres sympalliiques qui s'y irouvaient adjointes,
puisqu'on obscrvait ^'augmentation dc temperature. J'e-
tais, du rcste, porte a cclle interpretation des pbeno-
menes par d'aulrcs experiences. En effet, s'il est incon-
testable, f-n s'appuyant sur 1'anatomie comparee et sur
la physiologic, que le sympalhique en prenant naissance
dans les centres nerveux cerebro-spinanx a des rapports
de contact avec lesnerfs moteurs. il fant nj'anmoins ad-
mettre une origine sp('ci;ilc- dans la substance nerveusc
pour les nerfs sympathi<iues a raison d'une speciality
nette de leurs propi'ietj's. J'ai vu en particulier que le
curare, qni agit d'une maniere si remanpiable sur le
systeme nerveux. rteint distincteinent les proprietes
nerveuscs, d'abord celles des nerfs de sentiment, puis
cellesdes nerfs de mouvcment, et celles des nerfs sym-
pathiques, dont rextinciion se manifeste la derniere.
J'aurai, du reste. occasion de developper ailleurs ces
fails iuteressants; je veux seulement insisler ici sur ce
point que rintluence sur la calorification appartientspe-
cialement au nerf sympathi(|ue, quand on agit sur lui
isolement. Les nerfs de sentiment, com me lacinquieme
paire, ne peuvent etre. sous ce rapport, confondus avec
lui, puisqu'ilsproduisent un refroidissement; et si main-
tenant on trouve que le facial coupe dans son trajet
extra-cranien donne lieu a des effets complexes, il est
beaucoup plus naturel ct plus logique de conclure que ce
liXPKRlSiXCES COMPARATIVES. /]87
nerf qui contracte, coinme on salt, tant d'anastomoses
dans le canal spiroide, est deja complique dans sa compo-
sition. Pour obtenir une solution directe dela question,
etpour savoir si les nerfs moteurs purs agissent surla
calorification, je pensai qu'il etaitplus convenable d'a-
gir sur les racines rachidiennes, qu'on pent atteindre
avant qu'elles aientsubi aucun melange.
4° EXPERIENCES SUR LES NERFS RACHIDIENS. - - Sur un
chien de forte taille, adulte et vigoureux. j'ouvris la co-
lonne vertebrate dans la region lombo-sacrce , pour
atteindre les racines des nerfs qui animent les membres
posterieurs. L'animal ne perdit pas beaucoup de sang
et supporta bienroprration.qui dura environ unedemi-
heure. Tontes les racines racbidiennes etant a decouvert
et convenablement pre'parees a droite et a gaucbe, je
pris la temperature dans les deux membres en faisant
une ponction sous-cutanee a la partie interne de cbaque
cuisse et en introduisant exactement tonte la longueur
de la cuvette du tbei-inometre sous la peau ; je pris
anssi la temperature du rectum. Voici les chiflres que
donna le tbermornetre :
Cuisse gauche 35", 5 cent.
Cuisse droite 35°, 5 cent.
Rectum 39°,5 cent.
Les temperatures etant bien constate'es et verifiees aplu-
sieurs reprises, je fisalors a droite la section des six ra-
cines anterieures (quatre dernieres lombaires et deux
sacrees) qui concourent a la formation des plexus lom-
baire et sacre. Ces racines possedaient une sensibilite
recurrente trcs faible, a cause d'un pen de fatigue de
488 NERF GRAM) SYMPATHIQI H.
i'animal et clu temps un pen considerable depuis lequel
la moelle elait denudee. Alors la plaie clu dos fut soi-
gneusement recousue, Taninuil delie et laisse en repos.
Frequemment le chien so relevait ct couraitdans le la-
boratoire, trainant son membre posterieur droit para-
lyse du nioLivement ; on constata que la sensibilite etait
tres bien conservee dans les deux meinbres poste-
rieurs.
Deux heures et demie apresla section des racines an-
terieures, j'exarninai Taniinal au point de vuede la tem-
perature de ses deux membres posterieurs. A la main on
sentait manifestement (jue l»i membre gauche sain avail
une temperature plus (-levee quo le ineinbre droit pa-
ralyse du mouvemenl. La temperature fut reprise avec
le therraometre, plongesous la peau paries menies in-
cisions (^t de la nuMne facon (jue la premiere fois. Void
le noinbre qn'on obtint constamment dans un grand
nombre de verifications successives :
Cnissc gauche saino 36° cent.
Cuisso droilc paralysee du niouvcincnl . 36° cent.
Alors la plaie du dos fut decousue, la moelle etaitchaude
et tres sensible, ainsi que les racines anterieures qui
otTrirent alors une sensibilite recurrente tres developpee.
Ce rechauffement de la plaie survenu pendant le repos
de I'animal pent expliquer 1'elevation de temperature
d'un (Icmi-degTe qu'on a trouvee du cote sain ; mais il
n'en ii'sie que plus evident que la section des racines
anterieures a ainone un abaissemcut [de temperature
dans le ineinbre correspondant.
KXI'iiRIEXGliS COMPARATIVES. /lb9
Alors ct pendant quo la plaie etait decousue, je fis
du c6te gauche la section de toutes les raciues poste-
rieures de sentiment (quatre dernieres lombaires et
deux sacrees) qui concourent a la formation des plexus
lombaire et sacre. Cette operation finie,la plaie fut re-
cousue une seconde fois et I'auimal laisse en repos.
Une demi-heure et une heure apres, on prit a deux
reprises la temperature sous-cutanee des deuxcuisses,
com me il a etc indique, en ayant soin de toujours re-
peter plusieurs Ibis les verifications. Voici ce que Ton
obtint :
1" OBSERVATION f Cuisse gauche paralysed da sentiment. . 35° cent.
apres 1/2 heure. (Cuisse droilc paralyse du muuvement . 3i° cent.
U* OBSKRVATIOX ( Cuisse gauche paralysi'e du scnlimont. . 34" cent,
apres 1 lieurc. . (Cuisse droite paralysec du mouvenicnt . 32° cent.
On voit ainsi qu'aussit6t apres la section des raciues
rachidieiines, aussi bien apres la section des ante*rieures
qu'apres celle des posterieures, la temperature du inem-
bre a commence a s'abaisser, tandisque la temperature
s'etait tres bien maintenue dans le membre taut (ju'il
avail conserve sesdeux ordres de Herts racbidiens.
Trois beures s'etaient a peine ecoulees depuis la sec-
tion des racines anterieures, que la temperature du
membre droit s'etait abaissee de quatre degres; et deja
une heure apres la section des racines de sentiment,
celle du membre gauche s'etait abaissee d'un degre.
L'animal etait rcsti' tirs vigoureux apres son opera-
tion, et on iie pouvail pas objectcr que son etat d'at-
faiblisscment avail cmpcchc les ellels de caloricile dc
/l90 M-:RK i,u:.\n svMr.
^
sc develooper. Tcmtefois, je voulus lever ton to prise ii
1' objection en faisant une contre-epreuve directe : en
consequence, sur le cbien qui avail snbi toutes ces ex-
periences sur les raci::es rachidiennes. je coupai le sym-
pathique an cou, ci apivs vmL>t-emq minutes il y avait
a la main deja une ti'cs ^randc difference de tempera-
ture entre les deux oreilles : Toreille gauche, oil Ton
avait coupe le sympathiqne, dnnnait 23 degres, tandis
que cellc dn c6tr sain marquait senlement 20 degres. II
fut done demon! iv par la que la calorification se deve-
lopjiait ciiciuv hvs aetivemeut chez cet animal, et que
par consequent ce phe^nomene auraif dilnecessairement
se produire, si la section desracines anterieures eilt ete
dans le cas de le determiner.
En resume, il me semble ivsnlter clairement desex-
p^riences contenues dans ce paragraphe les propositions
qui suivent :
1° La section des nerfs du sentiment, outre 1'abuli-
tion du sentiment, produit la diminution de temperature
des parties.
2° Celle des nerfs de mouvement , outre 1'abolitiou
du mouvement, a donne lieu egalement a un refroidis-
sement des parties paralysees.
o° La destruction du nerf synqtatbique, qui ne pro-
duit ni 1'iinmobilite des muscles ni la perte de sensibilite,
amene une augmentation de temperature constante et
tres considerable.
/i° Maintenant. si Ton coupe un tronc nerveux mixte
qui renferme ii la fois des nerfs de sentiment, de mou-
vement et des filets sympatbiques. on a les trois effets
I-XPKRIENV.KS CO.Ml'AIlATSVt-S. (\\}[
reunis, siivoir : paralysie do mouvemenl, paralysie de
sentiment et exaltation de caloricite. C'cst ce que Ton
pent obtenir par la section du nerf sciatique. par ex em-
pie ; toutefois, on comprendraque la calorification doive
etre dans ce dernier cas un pen moins prononc<'e,parce
qifelle est alors contre-balance"e par 1'abaissement que
determine sirnultanement la paralysie des nerl's de
mouvemenl et de sentiment.
5° D'apres cela je crois done avoir e'tabli avec raison
que cette augmentation de caloricit<f> est le resultat spe-
cial de la section du ncrf sympathique. CVst cot effet
isole qu'il s'agira d'etudier dans les paragraphes sui-
vants.
J'ai observe que lorsque sur un animal mammifere,
sur un chien, sur un chat, sur un cheval, sur un lupin
ou sur un cochon d'lnde, par cxeni])le, on coupe on on
lie dans la region moyenne du cou le filet de commu-
nication (1) qui existe entrele ganglion cervical infericur
et le ganglion cervical superieur, on constate aussitot
que la caloricite augmente dans tout le c6te correspon-
dant de la tete de ranimal. Cette elevation de tempe-
rature debute d'une maniere instantanee . et elle se
developpe si vile qu'eu quelques minutes, danscertaines
circonstances, on trouve entre les deux c6tes de la tete
(1) Chez le lapin , le cochon cVInde,le cheval, ce filet est isole du
pneumogastrique, et se trouve place" enlre ce nerfet 1'arlere carotide.
Chez le chien, le chat, le lilet syinpalliique est confondu avcc lt> vague, et
il devient impossible dc couper isolement ces deux nerfs. Le ganglion
cervical moycn manque gi'-neralcment chez ces aniinaux, oxceptO chez le
cochon d'lnde, oil je Tai u peu pros loujours rencontre.
•V.)"2 MillF GRAN!) SY.Mr-ATHlO.ri;.
line difference de temperature qui pent s'elever quel-
quefoisjusqu'a li on 5 degres centigrades. Cette diffe-
rence de chalenr s'apprecm parfaitement a 1'aide de la
main, maison la determine plus convenablement en in-
troduisant comparativement, et avec les precautions
convenahles, nn petit thermometre dans la narine ou
dans le conduit auditif de ranimal.
J'ai souventextirpe les ganglions cervicaux superieurs
du grand sympathiqne chez le chien et chez le lapin ;
chezce dernier animal, je les ai trouve's insensihles a la
pression d'une pince, ainsi (me 1'avait deja constate
M. Flourens; settlement leur arrachement senible ton-
jours accompagne d'une douletir plus on moins vive.
Chez lechien, cette sensibilite parait un pen plus grande.
I/ablation du ganglion cervical superieur est suivie des
monies effets calorifiques que la section du filet cervi-
cal ; toutefois ces effets sont toujours plus rapides, plus
intenses et plus durables. II est inutile de citer toutes les
experiences excessivement nombreuses que j'ai prati-
quees; je dirai seulement qu'apivs la section du filet
sympathique chez les lapins, les phenomenes de Texces
de calorification et de sensibilite ne sont guere evidents
an dela de quinze a dix-huit jours, tandis que chez les
chiens cela pent durer six semaines a deux mois. Apres
1'ablation des ganglions chez ces animaux, la persis-
tance de la lesion pent etre consideree comme indefinie;
car sur un chien a qui j'avais fait 1'extirpation du gan-
glion cervical superieur a gauche, tons les phenomenes
d'exces de caloricite et de sensibilite dusa cette extir-
pation etaicnl encore tres intenses un an et demi apres
INFLUENCE SUR LA CALORIFICATION. /|9o
1'extirpation du ganglion, lorsque 1'animal fut sacrifie
pour d'autres experiences.
Cette difference de k a 5 degres est remarquable
comme difference de calorification relative entre les
deux cotes de la face. Mais si Ton compare la chaleur
de 1'oreille et de la narine (ainsi echauffee par suite de
la section du nerf) a la chaleur du rectum ou des parties
centrales du corps, le thorax ou 1'abdomen, on voit
qu'elle est a pen presla meme. Toutefois, j'ai constate
assez souvent que 1'extirpation du nerf sympathique ele-
vait dans 1'oreille correspondante la chaleur jusqu'a
bO degres, land is que la temperature normale dans le
rectum, chez cet animal, nr depassait alors pas 38 ou
39 degres centigrades.
Toute la partie de la tete qui s'echauffe apres la sec-
lion du nerf devient le siege d'une circulation sanguine
plus active. Cela se voit tres distinclement sur les vais-
seaux de 1'oreille chez le lapin. Mais les jours suivants,
etquelquefoismeme des le lendemain, cette turgescence
vasculaire a souvent considerablement diminiK', bien
(jue la chaleur de la face, de ce cote, continue a etre
tres developpee.
On peut constater, en faisant penetrer le thermo-
metre al'aide d'incisions prealables, que cette elevation
de temperature qu'on apprecie superficiellement s'etend
egalement aux parties profondes, et meme dans la ca-
vite cranienne et dans la substance cerebrale. Cela se
remarque mieux apres 1'extirpation des ganglions sym-
pathiques. Le sang lui-meme iiui revient des parties
ainsi echauffees possede ur.e temperature plus elev^e,
NERF GRAND SVMi'ATIlIOUE.
ainsi que je 1'ai constate plusieurs fois sur ties chiens, en
introduisant un petit tbermometre dans la veine jugu-
laire a la region inoyenne du cmi. II est bien entendu
(jue la cuvette dn thermometre doit etre dirigee en
hunt, de maniere a etre baigne'e par le sang veineu.v
qui descend de la ttMe.
J'ai voulu rechepcher comment le coir de la tete
echauiVf par la section du nerf sympathise se compor-
teraitcomparativement avecles autres parties du corps,
si Ton venait a soumeUiv les auiisiaux a de grandes va-
riations de temperature ambiante. Je placai done un
animal (un lapin aiiquel j'avais pratique la section du
nert'j dans une eluve, dans un milieu dont la tempera-
ture etait au-dessus de celle de son corps. Le cote de la
tete qui etait dejti cbaud ne le devint pas sensiblement
davantage, tandis que la moitie opposee dc la face s'e-
chaufla; et bientot il ne tut plus possible de distinguer le
cote de la tete ou le nerf sympathiijue avait ete coupe,
parce que toutes les parties du corps, en acquerant leur
sumnuim de caloricite, s'etaient mises en harmonie de
temperature.
Les choses se passent tout autrement quand on re-
froidit ranimal en le placant dans un milieu ambiant
dont la temperature est beaucoup au-dessous de celle
de son corps. On voit alors que la partie de la tete cor-
respondante au nerf sympathique coupe, resiste beau-
coup plus au froid que celle du cote oppose ; c'est-a-dire
que le cote normal de la tete se refroidit et perd son ca-
lorique beaucoup plus vite que celui du cote oppose. De
tellesorte qu'alorsla desharmcnie de temperature enlre
INFLUENCE SUR LA CALORIFICATION.
les deux moities de la t£te devient de plus en plus e'vi-
deute, et c'est dans cette circonstance que Von constate
une difference de temperature qui peut s'elever quelque-
fois jusqu'a 10 ou 12 degres centigrades.
J'avais eu Tidee de faire la section du ncrf sympa-
thiquesur des aniniaux hibernants, pour savoirsi cela
les rendrait moins sensibles a Faction engourdissante
que le froid leur fait eprouver. Je n'ai pas encore eu
1'occasion de re'aliser cette experience.
Ce phenomene singulier d'une plus grande resistance
au froid s'accompagne aussi d'une sorte d'exaltation de
la vitalite des parties, qui devient surtout tres manifeste
quand on fait mourir les aniniaux d'une maniere lente,
soit en les empoisonnant d'une certaine fai-uii, soit en
leur resequant les nerfs pneumogastriques. A mesure
que I' animal approchede 1'agonie, la temperature baisse
progressivenieut dans toutes les parlies exterieures de
son corps ; mais on constate toujours que le cote de la
tete ou le nerf sympathique a etc coupe ofi're une tem-
perature relativement plus elevee, et au moment ou la
mort survient, c'est ce c6te de la face qui conserve le
dernier les caracteres de la vie. Si bien qu'au moment
ou Tanimal cesse de vivre, il peut arriver un instant ou
le c6tt3 normal de la tete presente deja le froid et I'im-
mobilite de la mort, tandis que 1'autre moitie de la face,
du c6te ou le nerf sympathique a ete coupe, est sensi-
blement plus chaude et offre encore ces especes de mou-
vements involontaires qui dependent d'une sensibilite
sans conscience et auxquels on a donne le nom de mou-
*
vements reflexes.
A96 NERF GRAND SYMPATIIIQUK.
En observant pendant longtemps les animaux aux-
quels j'avais fait la section tie la partie cephalique iln
grand sympathique, j'ai pu suivre les phenomenes de
calorification ainsi que je 1'ai dit plus haul. Si les ani-
maux restaient bieu portants, je n'ai jainais vu, apres
cette experience, survenir dans les parties plus chaudes
aucun cedeine ni aucun trouble morbide qu'on puisse
rattacher a ce qu'on appellede rintlammation. J'ai dit :
si les animaux etaient bien portants, car en effet, lors-
qu'ils deviennent malades, soit spontanement, soit a la
suite d'autres operations qu'on leur faitsubir, on voit les
membranes muqueuses oculaire et nasale, seulement du
c6te ou le nerf sympathique a rte coupe, devenir tres
rouges, gonflees, et produire du pus en grande abon-
dance. Les paupieres restent habituellement colle'espar
du mucus purulent, et la narinc en est frequemment
obstruee. Si Tanimal guerit, ces phenomenes morbides
disparaissent avec le retour a la sante.
D'apius cela jeivadmets pas I 'inflammation de la con-
jonctive signalee par Dupuy, John Reid, etc., comme
une consequence normale de la lesion du nerf sympa-
thique : je considere ce phe'nomene comme accidentel et
comme ne survenant qu'a la suite d'un etat d'affaiblis-
ment consecutif de r animal. Je signale du reste le fait
comme je 1'ai observe, sans vouloir essayerd'expliquer
pour le moment, comment il se fait que cette augmen-
tation de caloricite et de sensibilite des parties arrive a
se changer subitement sous certaines influences en ce
qu'on appelle une inflammation violenle avec forma-
tion purulente excessivement intense.
INFLUENCE SUR LA CALORIFICATION. 497
Les fails de calorification de la tele que j'ai precedem-
nient signales, apres la section, la ligature, la contusion
ou la destruction de la partie cervicale du grand sym-
pathique, sont facilesa reproduire et a verifier. Toute-
fois, comme toujours en physiologic experimentale, il
est necessaire de prendre quelques precautions pour
obtenir des resultats constants et bien tranches. Voici les
conditions qui me paraissent les meilleures :
1° II est preferable de faire 1'experience lorsque la
temperature ambiante est un pen basse, parce qu'alors
la difference de chaleur entre les deux c6tes de la face
est d'autant plus facile a saisir qu'elle est plus conside-
rable.
2° II faut choisir des animaux vigoureux et plutoten
digestion, 1'observation m'ayant appris que les pheno-
menes de calorification se manifestent d'autant plus fai-
blenieut et plus tardivemcnt que les animaux sont prea-
lablement affaiblis ou languissants.
3° II faut eviler les grandes douleurs et 1'agitation de
1'animal pendant 1'operation. II arrive en effet, si celle-
ci est laborieuse, que I'emotion et I' excitation generate
que 1'animal eprouve en se debattaut masquent com-
pletement le resultat immediat. Bien qu'on n'ait coupe
le nerf sympathique (jue d'un seul cote, on pourrait
trouver les deux oreillespar exemple aussi chaudesl'ime
que 1'autre immediatement apres la section. Mais bien-
t6t, si on laisse 1'animal en liberte, les choses repren-
nent leur equilibre et le cote correspondant an nerf
coupe reste seul avec une temperature plus elevee.
l\° Ainsi qu'il a ete dit, les phenomenes sont toujours
B., STST. NERY. — H. 32
/| 98 M'-tU- GRAND SVMP.VTIIIQUE.
plus marques et plus durables, quandau lieu do couper
le filet d'union du sympaihique uu con, on cxtirpe lo
ganglion cervical superieur.
5° Du reste, en revenaut ailleurs sur les phenomenes
de calorification produits par la section du sympathique
nous yerpops qu'ils paraissent suivre les variations phy-
siologiques de la chaleur auimale. Us sont plus marque's
generalement pendant la periode digestive et plus fai-
bles pendant Tabstinence. J'ai pratique encore 1'extir-
pation des ganglions et la section des filets du sympa-
thique dans le thorax et dans rabdomen. Je ne decrirai
puint ici ces experiences, parce qu'elles out ete faites
a d'autres points de vue. Je dirai seulement qu'elles
sont suivies quelquefois inais non toujours des memes
effets vasculaires et calorifiques qu'a la tete.
Lorsqu'on galvanise avec une forte machine electro-
magnetique le bout cephalique du nerf sympathiquo
coupe, chez uu chien par exeuiple, ce n'est pas seule-
ment la pupille qui reprend son elargissement, mais tous
les autres phenomenes qui avaient suivi la section du
nerf disparaissent egalement et mdme s'exagerent en
sens inverse; c"est-a-dire, que sous cette influence gal-
vaniquc, la pupille retrecie devientplus large que celledu
c6te oppose, 1'oeil enfonce devient saillant hors de 1'or-
bite, la vascularisation des parties s" efface et leur tempe-
rature baisse au-dessous de 1'etat normal. C'est en me
fondant sur ces faits que j'ai insiste depuis longtemps
sur la connexion evidente de tous ces desordres et sur
la possibility deles rainener tous, malgru leur variete, a
une explication unique, puisqifilsapparaissent et dispa-
SA GALVANISATION. 1} 99
raissent constammenl tous sous riuflueuce iles menies
causes.
J'ai fait connaitre ces resultats dans mon cours cle
1'annee 1852, et ilsontete imprimes aux mois d'oclobre
et novembre fie la me" me annee, dans les comptes ren-
dus de la Societe de Biologie. Voici une partie de 1'ex-
trait qui s'y Irouve : « Si Ton galvanise le bout supe-
rieurdu grand sympatbique divise, tous les phenomenes
qu'on avail vu se produirc par la destruction de Fin-
fluence du grand sympathique cbangent de face et sont
opposes. La pupille s'elargit, Touverture palpebrale
s'agrandit; 1'a'il fail saillie liors de Forbite. D'active
qu'elle etait la circulation devient faible; la conjonctive,
les narines, les oreilles qui elaient rouges })alissent. Si
Ton cesse le galvanisme, tous les pbenouienes priiniti-
vement produits par la section du grand sympathique re,-
paraissenl peu apeu pour clisparaitre denouveau a une
seconde application du galvanisme. On peut conlinuer
a volonte cette experience, la rcpeter aulant cle fois que
Ton voudra, toujours les resultats sont les monies. Si
Ton applique une goutte d'amnaoniaque sur la conjonc-
tive d'un cbien du c6te ou le nerf a ete coupe, ladou-
leur determine ranimal a tenir son ceil obstinement et
constamment ferine. Mais ace moment si Ton galvanise
le bout supe'rieur du sympathique coupe, malgre la dou-
leur qu'il eprouve, le cbien ne peut niaintenir son ceil
ferme; les paupieres s'ouvrenl largemeul en meme
temps que la rougeur produite par le caustique diminue
et disparait presque entierement. »
Parmi les experiences tres nombreuses que j'ai faites
500 NERF PNEUMOGASTR1QUE.
relativement a 1'influence de la galvanisation sur la ca-
lorification, il me suffira cle decrire une de celles qui out
ete faites avec des mesures thermometriques pour don-
ner une idee exacte de la nature du phenomena. Les
chiffres indiques ci-dessous represented des nombres
arbitraires pris sur des thermometres metastatiques a
cleversemenl cle M. Walferdin, qui a bien voulu me pre-
ter son concern rs dans ces recbercbes dedicates. Mais la
comparaison n'en est que plus facile et plus sure ; du
reste on pent avoir les valeurs reelles par le calcul en se
reportant a un thermometre etalon (1).
Ces experiences ont ete faites pendant 1'ete ; la tem-
perature ambiante etail elevee et oscillait entre 20° et
22° C. Cela doit etre note, parce que la difference de
caloricite entre les parties saines et celles ou le sympa-
thique avail ete coupe a du se montrer moins grande
qu'elle ne 1'aurail ete par un temps plus froid.
Exp. - - Sur une chienne, de petite taille, j'ai fail la
section du grand sympalhique dans la parlie moyenne
du cou, du cote droll. II est impossible, ainsi qu'il a ete
dil, de couper le sympalhique seul chez le chien, parce
qu'il est intimement uni au tronc du nerf vague. Mais
ce nerf n'a aucune part dans ces pbenomenes de calo-
rification, ainsi que cela se prouve par la meme expe-
rience donnant les memes resultats chez le lapin, ou Ton
(1) 56,7 parties du thcrmometre mt-taslatique mis en usage = 1 de-
gre centigrade, 1 partie — par consequent 0°,0176; d'oii il resuite que
dans cetle se"rie d'experiences on a pu lire directement des fractions tres
faciles a apprecicr a I'onil nu, et correspondant a une fraction plus petite
que la centieme partie d'un degre centesimal. Ce thermometre avail etc"
r^glO de 35° a /|0°. La temperature ambiante de 20", 5.
SA GALVANISATION. 501
pe;it faire la section du synipathique isolement. Si j'ai
choisi le chien, c'est parce que le volume plus conside-
rable des nerfs se prete mieux a la galvanisation.
On prit la temperature dans les deux conduits auditifs
9 minutes apres la section du nerf.
Oreille gauche = 280. Oreille droite = 287. Difference 7.
Le thermometre restant place dansl'oreille droite, on
galvanise le bout cephalique du sympathique du meme
c6te, en alternant a pen pres avec une minute de
repos, et on constate pendant la galvanisation Fabais-
sement de temperature dans 1'oreille de la maniere sui-
vante :
287 point de depart.
269 apres 7 minutes.
255 apres 11 minutes.
2/46 apres 15 minutes.
2/iO apres 16 minutes.
On cesse la galvanisation et bient6t la temperature
s'eleve ainsi tju'il est demontre par les nombres sui-
vants :
/ Seize minutes apres qu'on avail
\ cesst5 la galvanisation, on re-
2iO. Point extreme d'abaissemcnt. I place le thermometre dans
I Torcille , et il donne les nom-
\ bres suivants :
2/i5 apres 16 minutes de repos.
259 19
268 22
273 24
276 25 (la temperature mon-
tant toujours , on
cesse Tobservation).
On voit done que 1'oreille droite qui, par la section
du sympathique, e'tait montee de 7 parties au-dessus de
1'oreille gauche saine, est descendue par la galvanisation
50:2 M<IU-' GRAM) SYMP
bioii au-i!essus dela normale 280, puisqu'elle est arrives
an eninre^/lO, c'est-a-direa un abaisscment de 27 par-
ties.
Pendant cette galvanisation 1'oreille gauche normale
ne participait en rien a I'abaissement de temperature
observe sur 1'oreille droite. Au contraire elle eprouvait
une influence inverse; car en examinant la temperature
immediatement apres la galvanisation ail moment ou
1'oreille droite marquait 2/iO, on tronva dans la gauche
286,5, c'est-a-dire une augmentation de temperature
a peii pres egale a cello que la section du nerf syinpa-
thique avail produite primitivement dans 1'oreille droite.
On avail done alors comme resultat comparatif les
nombres suivants :
( Orcillo gnnche saine 280
Avaut la galvanisation.] Oroillc droite correspondant ausympa-
( tliique conptf 287
[Orcillc gauche saine 286,5
Apres la galvanisation . \ Oreille droite correspondant an sympa-
( thique coupi- 2&0
(>ette espece de renversement ou d'antagonisme des
phenomenes calorifiques d'un c6t^ a 1'autre, esttres re-
niarquable et nous allons le retrouver encore a Tocca-
sion des effets de la chloroforrnation.
Les inspirations d'ether ou dechloroforme, qui out la
propriete d'eteindre la sensibilite, produisent ce meoie
effet quand le sympathique a ete detruit; seulement, si
on fait agirle chloroforme lentement, on voitquece re-
sultat arrive ordinairement un pen plus tard a cause de
Texccs de sensibilite qui existc toujours dans les parties.
Mais c'est la calorification qui nous offre le plus d'inte-
INFLUENCE DliS ANESTIlr'SlQUES. 503
ret en co qu'elle se comporte comme s'il s'agissait de
relectricite.
Premiere experience. — Une chienne de petite taille
et encore jeune avait subi la section du filet sympathi-
que dansle con du cote droit, elle avait egalement ete"
soumise a la galvanisation du bout peripherique de ce
nerf, et avait fourni les resultats qui out ete consigned
prece'demment.
Lequatorziemejour apres 1'operation, laplaiedu cou
etait depuis longtemps cicatrisee ; mais les phenomenes
de calorification persistaient toujours tros evidemment,
1'oreille droite etait plus injectee et plus chaude que
celle du c6te oppose. On chloroforma alors ranimal a
1'aide d'un masque de caoutchouc serre autour du nm-
seau et cominuniquant avec de Tair charge de vapeur
de chloroforme : bientot 1'insensibilite se manifesta, et
au moment ou elle etait devenue complete au point que
I attouchement des conjonctives ne produisait plus de
cliguement, 1'oreille droite baissa rapidement de tem-
perature, devint froide et pale ; tandis que celle duc6te
sain a gauche devint plus injectee et plus chaude. On intro-
duisit un thermometre dans les oreilles et on trouva :
Oreille droite corrospondant au nerf sympathique coupi: pen-
dant la chloroformation et 1'insensibilite complete 36°, 8 C.
Oreille gauche saine au meme moment 37°, 2 C.
On cessa alors les inspirations de chloroforme, pen a
peu ranimal reviut, et une heure et demie apres, lors-
qu'il etait a peu pressorti de son ivresse chloroformique,
on trouva :
Oreille droite, cote" de 1'opuration 37°,8 C.
Oreille gauche , cote* sain 3i",4 C.
504 NERF GRAND SYMPATIHQUE.
On soumit de nouvcau Tanimal a Faction du chloro-
forme. et aii moment on I'lnsensibilitc devint complete,
la temperature des oreilles etait :
Oreille droite, c6te" de 1'op^ration 37°,3 C.
Oreille gauche, cdte sain 37°,8 C.
Deiixieme experience. — Sur line chienne de forte
taille. adulte, je fis la section a droite du filet cervical
du grand sympathique. Quelques instants apres, la tem-
perature fut prise avec un thermometre metastatique a
deversement de M. Walferdin, a echelle arbilraire; on
obtint :
1° Cold gauche sain. |Sine'au moment dc'rcxpiration! 105,5
On voit dans la narine une oscillation d'une demi-
division environ pendant la respiration ; il y a un abais-
sement a chaque inspiration par 1'action de 1'air froid,
et elevation a chaque expiration par sortie de 1'air
chaud.
2° Cote droit correspon- ( Oreille 177,5
dant au nerf coupe . | Narine 174,2
On n'observait plus alors ces oscillations respiratoires
indicmees precedemment ; il semblait qu'il passait a peine
de 1'air par cette narine. Cela dependait de la section
du vague qui avail e"te operee avec le sympathique.
On soumit alors 1'animal a la chloro formation, et
aussit6t que 1'insensibilite fut obtenue, on mesura la
temperature des oreilles qui fut trouve'e :
1° Oreille droite , nerf coupe* . . . baisse'e de 177,5 a 175,3
2° Oreille gauche , c6te sain . . . monte'e de 165,5 a 174,3
EFFETS SUR LA VASCULARISATION. 505
Je me borne a citer ces deux 'experiences ; elles de-
montrent que le chloroforme n'agit pas de memesur les
parties saines et sur celles ou le sympathique a ete coupe.
Plus tard ces fails seront repris a un autre point de vue.
Ainsi que je 1'ai indique dans ma note lue a 1'Aca-
demie en mars 1852, la section du filet cervical du
grand sympathique et surtout Pextirpation du ganglion
cervical supe'rieur, anienent immediatenient et en memo
temps que {'augmentation de chaleur, une tres forte
turgescence vasculaire dans Foreille et dans tout le cote
correspondant de la tete. Les arteres, plus pleines,
semblent battre avec plus de force ; la circulation est
activee et Fabsorption des substances toxiques ou autres,
drposees a quantite egale dans le tissu cellulaire sous-
cutane de la face ou a la base de Foreille, paraissent
toujours plus vite absorbees du c6te ou a ete operee la
section du sympathique.
11 y a, sans aucun doute, des rapports intimes que
personne lie pent meconnaltre, entre les phenomenes
de calorification et de vascularisation des parties du
corps; mais est-ce a dire pour cela que dans le cas qui
nous occupe, on devra attribuer raugmentation de cha-
leur de 1'oreille ou de la face purement et simplement
a ce que la masse de sang, qui est devenue plus consi-
derable, se refroidit moins facile ment et fait apparaitre
les parties plus chaudes ? Cette interpretation par la stase
toute mecanique, qui devait d'abord se presenter al'es-
prit, serait insuffisante pour expliquer ces differences
de 6° a 7° C. de temperature qui existent quelquefois
entre les deux cdtes de la face. J'ai ete encore porte a
506 NliRF GRAND SYMI'ATHIQUK.
repousser cettc explication, parccquc Ton voit tres sou-
. vent I'engorgement des vaisseaux diminuer considera-
blemcnt des le lendcmain do I'operation, bicn quo
1'orcille ne vario pas sensiblement do temperature.
Pai'ini un tres grand nombrc d'experienccs cle cette
nature que j'ai pu observer, j'en citerai Une seule pour
clonner une idee plus cxacte du fait.
Exp. - - Sur un gros lapin, vigoureux et bien nourri,
j'ai fait 1'extirpation du ganglion cervical superieur du
c6te droit. L' operation fut faite an mois de decembre et
la temperature ambiautc etait basse ; avant I'operation
la temperature prise dans Ics deux oreilles etait :
Pour Poreillp droite 33" cent.
Pour ToreiHe ganchc 33° cent.
Aussitot apres 1'extirpation du ganglion 1'oreille droito
devint tres vascularisee et tres chaude, tandis que celle
du cote oppose ivavait pas sensiblement change d'as-
pect. Un quart d'heure apres renlevement du ganglion
on reprend la temperature des deux oreilles et on
trouve :
Pour I'oreille droite 39° cent.
Pour Toreille gauche 33° cent.
Ainsi en un quart d'heure la chaleur de I'oreille et
de la face avail monte" de 6° C. Le phenomene n'e'tait
pas encore arrive a son summum, car une heure apres
on trouva 40° C. dans I'oreille droite.
L'animal fut laisse jusqu'au lendemain ou il fut de
nouveau soumis a 1'observation. L'oreille droite etait
alors beaucoup moins turgescente que la veille; les ar-
teres etaient considerablement diminuees de calibre, et
Ei-'FIiTS SULl LA VASCULA1USATION. 507
il fallait une assez grande attention pour voir une diffe-
rence cntre les deux oreilles au premier abord. C'etaient
seulement les tres petites ramifications vasculaires ou
les capillaires qui etaient restes plus visibles et plus nom-
breux clans Toreille droite; mais la main percevait
toujours tres manifestemeat une grande difference de
temperature cntre les deux cotes de la tete. Le ther-
mometre plonge dans les deux oreilles donna :
Pour roreille droitc 37° cent.
Pour TorciHe gauche 30", 5 cent.
On voit ainsi que 1'enorme turgescence vasculaire et
raccumulation d'une grande quantite de sang qui sui-
vent immediatement 1'oprration, peuventdiminuer con-
siderablement, sans entrainer un abaissement de tem-
perature notable. Cependant, comme je 1'ai dil, la
circulation capillaire rcstc toujours plus visible dans
1'oreille plus chaude.
Toutcfois il ne faudrait pas encore conclure de la que
la temperature sera toujours plus elevee quand les vais-
seaux capillaires seront plus visibles. A la suite de la
section de la cinquieme paire, comme on sait, la con-
jonctive devient tr6s rouge et les vaisseaux capillaires y
sont tres visibles ainsi que dans d'autres parties de la
face, et cepeudant il y a dans ces cas un abaissement de
temperature. Si it cela on objectait avec raison qu'il y
a, apres la section de la cinquieme paire, une paralysie
des vaisseaux qui enraye la circulation et produit le re-
froidissement, je repondrais qu'il est etonnant de con-
siderer aussi comme une paralysie, la section du sympa-
thique qui fait apparaitre aussitdt la caloriflcatiou dans les
508 NERF GRAND SYMPATHIQUE.
tissus ou la turgescence vasculaire existait deja cepcn-
dant, mais avec refroidissement. Cotte influence calori-
fiante du sympathique, memesurles parties ou le cours
du sang se trouve gene et diminue par une inertie vascu-
laire, sera encore renduc plus evidente par Inexperience
suivante :
Exp. — Snr un lapin adultc et bien portant, j'ai fait
la ligature des deuxtroncs vasculairesveineuxdeehaque
oreille. Apres cette operation les veines se dilaterent,
devinrent gorgees par le sang qui stagnait. Apres trois
quarts d'heure, les deux oreilless'elaient manifestement
refroidies par suite de cette stase de sang. Alors je fls
la section du filet sympathique cervical du c6te droit, et
aussit6t Toreille correspondante devint plus chaude ; il
etait cependant impossible d'expliquer cette calorifica-
tion parl'accumulation seule du sang qui precedemnieut
produisait un phenomene inverse, le refroidissement
qui s'observaittoujours sur I'oreilledu cote oppose. Alors
je fis la ligature de 1'arterede facon a emprisonner autant
que possible le sang dans 1'oreille, la temperature di-
minua un pen, mais elle resta toujours plus elevee que
dans 1'oreille opposee.
Quand, an lieu de la ligature primitive des veines,
on pratique celle des arteres, les parties se refroidissent
aussi, mais par un mecanisme inverse. Dans le premier
cas, le refroidissement est la consequence de I'impossi-
bilite du renouvellement du sang, et dans le second, le
resultat de son absence. Nous avons vu qu'en resequant
le sympathique apres la ligature des veines, la calorifi-
cation peut se produire, ce qui n'a pas lieu quand on
SA PARALYSIE. 509
fait la section de ce nerf apres la ligature exacte des
arteres seules ; mais tout cela demontre simplement que
si le phenomene de calorification ne pent pas se produire
dans les parties dont les vaisseaux sont completement
vides de sang, il peut an contraire avoir lieu dans des
parties ou le sang stagnait, quand son mouvement peut
devenir plus rapide. J'ai encore remarque que si chez
les chiens ou les lapins, ou la calorification d'un des
c6tcs de la t<He se trouve bien developpee, sous 1'in-
fluence de 1'extirpation du syinpathique . on vient a
diminuer 1'afflux ou le renouvellement du sang par la
ligature de F artere carotide du c6te correspondant, on
voit neanmoinsla chaleur des parties rester tpujoursplus
elevc'e que celle du cote oppose.
D'apres ces experiences, il n'cst done pas possible
d'expliquer le ivchauffement des parties par une simple
paralysie des artrres qui, a raison d'un elargissement
passif, laisseraient accumuler une plus grandc quantite
de sang. En resume, le mot paralysie est ici plutot 1'ex-
pression d'une theorie que d'un fait demontre.
La section du sympathique n'amene pas toujours a
1'instant meme de V operation un elargissement subit
de 1'artere; c'est souvent le contraire qu'on observe.
En faisant snr des lapins la section du filet cervical du
sympathique qui avoisine la carotide, on voit d'abord
cette artere se resserrer au moment de la section ou
du dcchirement du filet. Plus tard cette artere et ses
divisions deviennent plus grosses et sont en quelque
sorte distendues par un appel de sang qui se fait dans les
parties correspondantes ; mais cet eifet, loin de ressembler
510 NERF GRAND SY.MPATlIIO.tlE.
a line paralysie, amene une circulation plus active.
Quand en galvanisant le bout peripherique du nerf sym-
palbiquc coupe avec une forte machine electro-magne-
tique, on produit dans les parties ou il se distribue une
serie de troubles profonds, je ne puis pas les considerer
commc une exageration de 1'etat fonctionnel qui amene-
raitun arret de la circulation. Alors les arteres coniine
les veines se resserrent et reviennent sur elles-memes;
il n'y a plus de sang pour les distendre. Mais il n'est
pas prouve que ce resserreinent des vaisseaux ne soil
pas le simple eflet d'une rupture d'equilibre fonctionnel.
Et du reste, si c'etait une vraie paralysie ou atonie des
arteres, il me semble que rimpulsion du coeur devrait
fmir par amener des dilatations arterielles anevrysma-
tiques. II n'arrive rien desemblable, puisquenousavons
vu au Contraire que le lendemain de la section du sym-
patbi(iue la vascularisation a ordinaiiemenl beaucoup
diminue, les arteres sont revenues sur elles-memes, bien
(me la chaleur soit toujours tres notablement aug-
mcntee.
En un mot, le pbenomene circulatoire qui succedefi
la section du nerf sympatbique me parait actif et non
passif, il est de la meme nature quo la turgescence san-
guine qui ainsi que je 1'ai demontre ailleurs, survient dans
un organe secreteur qui, d'un etat de repos ou de fonc-
tion nement faible, passe a uu etat de fonctionnement
tres actif; il se rapprocbe encore de Tafflux de sang et
de 1'augmentation de sensibilite qui surviennent autour
d'une plaie recente ou aux environs d'un corps etranger
qui sejoume dans les tissus vivants. Je n'ai pas a me
S\ PARALYSIE. 511
pruoccuper ici de 1'explication de ces phenomencs sur
lesquels j'aurai occasion de revenir ailleurs. II me suf-
fira de dire quo, bien que dans tous ces cas on voie les
vaisseaux plus gorges de sang et les arteres battre avec
plus de force, il ne peut venir a Tidee de personne de
les rapporter a line paralysie pure et simple des ar-
teres.
Je desire, du reste, ne pas insister davantage ici sur
1'explication de ces phe'nomenes, parce que, pour bien
les comprendre, il faut encore avoir egard a d'autres
considerations, et particulierement a 1'action du coaur.
Nous vous citerons dans la prochaine lecon des cas de
Teffet de la galvanisation sur la chaleur de 1'oreille
quand on galvanise directement cette partie soit saine,
soil apres avoir fait la section dunerf grand syiiipathiquc
dans le cou .
SEIZIEME LECON.
1" JUILLET 1857.
SOMMAIKE : Grand sympathiquc (suite) ; -- Des rapports qui existent
entre la vascularisation et la calorification des parties apres la section
du grand sympathique; — EfTetsdela galvanisation surla chaleurde
Toreille ; — Les efTets de la calorification produits par la section du
grand sympathique, pouvant se compliqucr de phi5nomenes inflain-
nialoires chez un animal aflaibli. --Examples d'ablation des divers
ganglions du grand sympathique ; -- Proce'dc' pour couper le grand
sympatliique dans la poitrine ; — Experiences ; --Influence de la
destruction de certaines parties du grand sympalhique sur 1'exhalation
des membranes sc"reuses ; - - Dernieres experiences sur la piqure du
plancher du quatrieine ventricule.
MESSIEURS,
La galvanisation appliquee clirectement sur 1'oreille
au lieu d'etre police sur le filet cervical du sym-
pathique coupe dans la region du cou, produit des effets
differents suivant qu'on a ou qu'on n'a pas prealable-
ment coupe ce nerf.
Lorsqu'on a divise le filet sympathique au cou, 1'o-
reille s'echauffe commc nous le savons. Si on laisse
1'animal dans les conditions ordinaires et qu'on 1'exa-
mine le lendemain ou le surlendemain, on trouve que
bien que la temperature de 1'oreille soit toujours plus
elevee que celle du cote oppose, elle est cependant beau-
coup abaissee si on la compare a celle observee aussitdt
apres la section du filet sympathiqne ; et c'est a ce mo-
ment que les effets de cette section sont toujours le plus
prononces.
GALVANISATION DE I/OREILLE. 513
Si alors on galvanise 1'oreille directement, en pincant
la base de 1'oreille etson extremite avec deux serres-fmes
a chacune desquelles on applique un des poles d'une
pile, afin de faire traverser 1'oreille par le courant dans
son grand diametre, on voit dans cette operation que,
sous 1'influence de la galvanisation directe, 1'oreille
s'echauffe au lieu de se refroidir, coimne cela a lieu
quand on galvanise le bout superieur du nerf sympa-
thique coupe au cou. (le qui est remarquable , c'est que
cetle galvanisation direcle produit des etl'ets opposes
lorsque Toreille est saine on lorsque le grand sympa-
thique a ete prealablement coupe.
On constate, dans le premier cas, que la galvanisation
directe produit un abaissement de la temperature coiuine
si Ton galvanisait le neiisynipathique lui-me'nie.
Voici des experiences qui inontrent ce resultat. La
galvanisation a ete t'aite avec Tappareil de Legendre et
Morin. Les nombres qui sont indiques n'ont qu'une va-
leur comparative parce qu'ils out ete pris avec un ther-
nioinetre a echelle arbitraire :
Exp. (18 Janvier 185/K - -Sur un lapin bien portant,
dont le filet syinpathique avait ete coupe a gauche dans
le cou depuis trois jours, on prit la temperature de
1'oreille qui etait de "28 divisions du tbennometre.
Pendant les premiers instants de la galvanisation,
Toreille devint rouge sans que la temperature s'elevat
sensiblernent. Puis bientot , par la galvanisation , la
temperature mouta rapidement de 29 jusqu'a A3 divi-
sions.
L'oreille du cote droit, qui n'avait pas subi d'operation,
b., SVST. MERV — li.. 33
51/1 INFLUENCE DE LA SECTION DES NERPS
fut alors galvanisee comme la gauche. Elle marquait
26°, 5. Pendant la galvanisation, elle descendit a 23 divi-
sions; on arreta la galvanisation et la temperature des-
cendit encore jusqifa 20°, 5.
Exp. • -Un autre lapin. vigourenx, n'ayant subi au-
cune operation sur lesympathique, fut lie pour 1'opera-
tion ; il poussa dcs cris violents. s'agita et ses oreilles sY-
cliaufTerent beaucoup connne cela a toujours lieu chez
ces aniinaux lorsqu'ils sont agites on emus. Les oreilles
avaient alors ime temperature de A3 a 45 divisions. Quel-
ques instants apres cet echauffement passager avail dis-
paru, et 1'oreille gauche etait redescendue a 3 A divisions.
Alors on la galvanisa pendant deux minutes, et elle haissa
a 31 divisions; maisaussitot qu'on cessa la galvanisation
elle remonta momentanement a AO, pour rcclescendre
hientdt (an bout de qua! re minutes) a 32 divisions. Trois
minutes apivs. file etait a 25. Enfin, on galvanisa encore
1'oreille . et la temperature descendit ;'i 23 divisions ou
elle resta.
On prit alors 1'oreille droite qui etait a 20 divisions.
On la galvanisa : pendant la galvanisation, la tempe-
rature descendit a 24°,5 ou elle resta.
Exp. — Sur im lapin, dont le filet sympathique avait
ete divise a droite et le nerf auriculaire du plexus cer-
vical coupe a gauche depuis huit jours: on lia 1'animal,
et ses oreilles s'echaufferent momentanement par les
mouvements qu'il fit. On galvanisa 1'oreille droite; elle
etait a 29, et elle monta, au moment ou 1'animal poussa
cles cris, jusqu'a 38 divisions : puis apres elle redescendit
a 35, ou elle resta fixe. L'oreille gauche marquait alors
SUR LA GALVANISATION DE L'oREILLE. 515
35 divisions, ce qui etait une temperature relativenient
elevee ; cela tiendrait-il a la section du filet auriculaire?
Quoi qu'il en soil, on galvanisa directement cetteoreille
en partic insensible, et, pendant la galvanisation, elle
descendit a SO divisions; apres cela elle continua a
descendre encore jusqu'a 23.
Si Ton cherche d 'abort! a quoi tient cette difference
entre les resultats obtenus par la galvanisation directe
de 1'oreille lorsque le grand sympathique a ete conpr
on lorsqu'il est reste intact , on est porte aux explica-
tions suivantes pour se rendre conipte des phenomenes.
Lorsque, en agissant sur 1'oreille dontle filet sympa-
thique a ete coupe", on voit la temperature s'clever par
1' excitation galvanique, on pent penser que le nerfsym-
pathique n'est pas directement excite et que Pelevation
de la temperature provient de ce que, sons I'iiiflueiice
de la doulenr, le c<rur i'ail scutir son excitation avec
pins de force dans les arteres de 1'oreillc relachees par
la section dn grand sympathique; tandis qne, dans le
cas oil le sympathique n'a pas rir coupe, cette action
portee snr les nerfs sensitifs et transmise par la moelle
epiniere produit nne action reflexe snr le grand sympathi-
([iie, qui resserre les vaisseaux et 1'oreille, et einpeche
Faction du coeur d'avoir les niemes resultats. Pour verifier
cette bypothese, il fairdra couper d'uB m6me cote le filet
aiiriculaire et le grand sympathique pour. 1'oreille etant
insensible, voir si les memes effets se prodniront. Ce sont
la des resnltats sur lesquels il y aura lien de revenir aussi
qnand nous etudierons 1'intluence du grand sympathi-
(\UQ sur la circulation d'une maniere plus speciale.
516 INFLUENCE DE LA SECTION DES NERFS.
Exp. (19 Janvier 185/i). - - Sur un lupin, chez lequel
on avail coupe a gauche le filet du grand sympathique,
depuis sept jours, on fit les experiences suivantes :
L'animal elant en repos, la temperature de 1'oreille
gauche etait de 22 degres, niais r excitation que Ton
produisit chez lui en le liant sur la table, fit subitement
inonter la temperature de 22 a 28 degres, tandis que
1'oreille droite ne marquail que 22°,5.
Alors on mil a nu les nert's auriculaires droit et gau-
che du plexus cervical qu'on isola en passant un 111 au-
dessous; apres ces operations, lorsque raniinal fut un peu
revenude son emotion, la temperature de 1'oreille gauche
s'etait arretee a 2/i degrcs, cello de 1'oreille droite a 22°, 5.
On lia alors le nerf aurieulaire gauche, ce qui fit
eprouver au lapin une douleur vive et fit monter subi-
tement la temperature de son oreille de 24 a 34,35, 36,
37,38 degres. c'esl-u-dire de \h degres.
Pendant cette elevation si considerable de la tempe-
rature de I'oreille gauche. Toreille droite e'lait a 2/i de-
gres ; elle avail par consequent monte de 1°,5. Alors on
pratiqua la ligature du nerf aurieulaire droit, et aussi-
tot apres on trouva, comine temperature, 38 degres a
gauche et 22°, 5 a droile.
Apres ces op«'irations, on proceda ;i la galvanisation
des nerfs auriculaires.
On galvanisa d'abord le bout peripherique du nerf au-
rieulaire droit coupe" ; il if en resultaaucune douleur, et la
temperature de 1'oreille ne varia pas :, elle resta a 22°, 5.
Alors on galvanisa le bout central, ce qui produisit
une vive douleur et fit descendre la temperature de
SUR LES EFFETS DE LA GALVANISATION. 517
Toreille a 20 degres. Toutefois, pendant cette galvani-
sation, 1'oreille ne devint pas pale; elle paraissait .me' me
an contrairc nn peu plus vascularisee. Pendant cette
operation, la temperature de 1'oreille gauche etait de
36 degres.
On galvanisa alors le nerf auriculaire gauche. La gal-
vanisation du bout peripherique ne produisitni douleur,
ni changement de temperature. La galvanisation du
bout central produisit de la douleur ; le thermometre
marquait 35 degres et n'oscilla guere pendant 1'opera-
tion que dans les limites de 1 degre ; 1'oreille finit par
roster a 35 degres.
Pendant les galvanisations des bouts centraux des
\.j
nerfs auriculaires, on remarqua que les yeux devenaient
larmoyants ; il y avail des contractions de la face pen-
dant la galvanisation du bout central du nerf auriculaire
droit.
Apres toutes ces operations, on isola le nerf sympa-
thiquc du cote droit dans la region du con et on passa
un fil au-dessous de lui. Par le seul fait de cet isolement
du nerf et de son tiraillemenl, le thermometre place
dans 1'oreille etait monte de 22 a 35 degres.
Alors, sans couper le nerf sympathique, on le galva-
nisa en le soulevant sur un fil ; cette galvanisation fit
descendre rapidement la temperature de Foreille de 35
a 30 degres.
Alors on galvanisa le bout central du filet auricu-
laire droit, et, pendant cette galvanisation, la tempera-
rature de Toreille, au lieu de baisser comme cela avail
eu lieu lorsquc le filet sympathique nYtait pas detruit.
518 EFFETS INFLAMMATOIRES
continua a monter de 32 a oft dcgre's ou ellc e'tait par-
venue lorsc[u'on cessa 1'experience.
Ce dernier resultat inontre bien que 1'excitation du
bout central du nerf auriculaire sensitif determine un
mouvement reflexe qui agit sur 1'oreille par 1'inter-
mediaire du grand sympathique, car, apres la section
de ce filet, le refroidissement de Toreille, resultat de
cette action reflexe, ne se manifesto plus.
Exp. - - Sur mi autre lapin, qui avail cu le filet sym-
pathique cervical coupe a gauche, depuis trois a quatre
semaines, 1'oreille gauche inarquail 18 degres. Pendant
la galvanisation directo. elle oscilla entre 17 et 18 de-
gres et remonta aussit6t apres a 22 degres.
L'oreille droite, examinee apres cette premiere ope-
ration, inarquait 17°, 5. Le filet auriculaire du plexus
cervical de ce cot(' avail »'te coupe.
On fit la galvanisation du bout central de ce nerf: Tani-
mal poussa des cris aigus, et la temperature do 1 7°, 5 des-
cenditsuccessivementjusqirii 1 k degres ou elle s'arreta.
On observa encore que pendant la galvanisation les
yeux devenaient larmoyants.
Messieurs, les effets de calorification du grand sympa-
thique peuvent se transformer en phenomenes intlam-
matoires lorsque 1'animal s'aflaiblit. C'est ce que mon-
tre Fexperience suivante :
Exp. — On coupa d'un seul c6te, a gauche, le pneu-
mogastrique et le vague reunis, sur un chien. Apres quoi
on pratiqua une iistule salivaire permanente du canal
parotidien. On pratiqua, plusieurs jours apres, des ex-
periences surrexcitationde la secretion salivaire a 1'aide
PAR LA SECTION DU NERF SYMPATHIQUE. 519
du vinaigre porle sur la langue, et sur la rapidite du pas-
sage de 1'iodurc de potassium dans la salive. On prit du
liquide cephalo-rachidien pour y constater le passage de
I'iodure de potassium. Cette derniere operation rendit
Tanimal inalade et produisit une inflammation des cen-
tres nerveux : il mourut cinq jours apres. Ce qu'il y eut
de remarquable, c'est que les muqueuses du cote de la
face correspondaut a la section du sympathique, devin-
rent le siege d'une inflammation violente, des le moment
ou Familial commenea a s'affaiblir par la maladie. II y
avait une suppuration abqndante de la narine, de la
muqueuse buccale et de la conjunctive gauches, tandis
(pie du c6te oppose les memes muqueuses etaient a Tetat
normal. De sorte que Ton voit ici que I'lnflammation des
membranes muqueuses, qui est bien la consequence de
la section du sympathique, n'a pu semanifester que lors-
queranimal s'y est trouve predispose par un etat gene-
ral morbide. C'cst la un fait dont il faut tenir compte
dans les recbercbes pbysiologiques sur rinflammation.
L'ablation de certains ganglions produit encore des
effets de vascularisation qui donnent lieu tres facilement
a des inflammations ^7iolentes. Les ganglions thoraciques,
ainsi que ceux du plexus solaire, sont dans ce cas. ainsi
que le prouvent les experiences suivantes :
Exp. (h juillet 185o). — Sur un chieu de moyenne
taille, on fit une incision au-dessus de Fepaule gauche
qui fut tiree en bas. On arriva ainsi sur le muscle grand
dentele dont on divisa 1'insertion a la premiere cote ;
puis on fit une ouverture au thorax en incisant les
muscles intercostaux entre la premiere et la seconde
520 EFFETS INFLAMMATOIRES
c6te. On maintint ecartes les deux c6tes a 1'aide d'un
coin de bois introduit outre elles. Alors, a 1'aide d'une
erigne, on accrocha le ganglion que Ton soulcva, avec
une pince a anncaux, on le saisit et on Tarracha com-
pletement; cela fait, on recousit la plaie exterieure cles
muscles et on laissa 1'animal en repos.
Pendant I'operatiou. ranimal (;1ait chloruforme. A
chaquc expiration, on conslatait la sortie de Fair a tra-
vers Touverture faite a la poitrine.On ronstala en oulre
qifau moment de ['extirpation du ganglion, quoique
ranimal fut etherise, la respiration s'accelera consid(M'a-
blement.On laissa cechien en reposjusqu'au lendemaiu.
Le ItMidemain. 5 juillet, on constaia que la pupille du
c6te opth'e etait tre's contraot.ee; 1'oreille du inline cot*'1,
elait tres chaude; ranimal paraissait malade; les respi-
rations <'taient deoO et les pulsations de, (J-2 par minute.
Les urines etaient tres acides, contenaient beaucoup d'u-
ree; on avail domn1 a manger a ranimal. mais on nesait
pass'ilavaitprisla nourriture «{ui lui avait ete presentee.
Le lendemain, 6 juillet, ranimal etait inert; il avait
succombe pendant la unit.
Al'autopsie. on trouva une pleuresie violente avec in-
jection extraordinairement forte et caracteristique dans
tout le tborax. Toutefois il y avait une difference entre les
deux cotes : a gauche, la ou on avait fait 1'ablation du
ganglion, il y avait pleuresie avec epanchement de liquide
trouble, purulent, et formation de fausses membranes
abondantes sur la plevre parietale et costale, tandis que
du c6te droit, le liquide de 1'epanchement, un pen san-
guinolent. n'elait pas trouble el ne }>araissait pas contenir
PAR L'ABLATION DE GANGLIONS DU GRAND SYMPATHIQUE. 521
de pus. L'injection de la plevre semblait plus prononcee
parce qu'elle n'y etait pas masquee par cle fausses mem-
branes.
Outre les vaisseaux assez volumineux qui etaient gor-
ges de sang, on voyait dans les deux plevres des ecchy-
moses et des extravasations sanguines. On voyait une
arborisation tres riche autour de 1'aorte et desgrostroncs
nerveux et veineux, autour du pericarde, ainsi que sur
la face supe"rieure du diaphragme.En examinantensnite
rinterieur dc I'aorte, de 1'a'sophage, on ne retrouva
plus la inline injection; la membrane interne de ces
organes etait blanche et avail sa coulcur normale. Le
tissu du poumon ctait gorge de sang, et magnifiquement
inject*' dans tonics ses parties. Le tissu du coeur n'offrait
rien de particulier, 11011 plus que sa surface interietire.
Dans rabdomen, Ic peritoine n'offrait aucune injection;
il semblait. meme que les organes abdominaux fussent
plus pales qifa IVtat normal et comme anemiques. L'es-
tomac contenait des morceaux de viande en partie digc-
res ct oil rant nne n'iaction neutrc on meme legerement
alcaline, ce qui pourrait dependre de ce que les ali-
ments scjournaient depuis longtemps clans 1'estomac, et
de ce que la grande chaleur avait, depuis la niort, amene
un commencement de decomposition. Le foie ne conte-
nait pas de sucre dans son tissu.
Exp. (29 novembre 1845) (1). — Sur un gros chien
mouton, jeunc, iijeun. on enleva les deux ganglions so-
lairespar une plaie faite a I' abdomen . Aussitotapres Tope-
ration on retiraaranimal 100 grammes cle sang veineux.
(1) Experiences dcji cilee a un aulrc point dc vuc, t. I, p. 369.
522 EFFETS INFLAMMATOIRI-S
Quand on toucba simplement les ganglions solaires,
il n'y eut pas manifestation dedouleur ; settlement, quand
on fit, en qnelque sorle,vibrer les nerfstendusqui en par-
tent, par nn frotteinent rapitle, il en resultades inouve-
ments de totalite clu tronc et particulierement des mem-
bres inferienrs, mouveineiits saccades et invulontaires.
Quand on pinrait tbrtement le ganglion solaire on
qu'on le tiraillait, r animal eprouvait manifestement de
la doulenr et poussait des cris.
Lorsqne le ganglion on uu des gros nerfs qui en par-
tent eut ete ainsi contus par la compression, il resta noi-
ratre et comme ecchymose a la place de la contusion,
ce qui n'a pas lieu pour les nerls du system e cerebro-
spinal.
Pendant Tope'ration, 1'animal rendit des matieres te-
cales diarrbeiques. Apres Toperation, laplaie fut recou-
sue et 1'aninial laisse en repos jusqu'au lendemain.
Le lendemain, 30 novembre, 1'animal paraissaittriste
et refnsa les aliments.
Le ler decembre, le cbien etait toujonrs triste. L'ayant
amene dans le laboratoire, il urinaet rendit des matieres
fecales diarrbeiques. II ret'usa toute espece de nourri-
ture solide ou liquide et but seulement un peu d'eau.
Le 2 decembre, Tanimal etait morne; la plaie de
1' abdomen s'elait onverte; ellefumait etlaissaits'ecouler
une grande quantite d'un liquide sero-purulent.
Le o decembre 1'animal etait mort.
Autopsie. A Fouverture de 1' abdomen, on vit une
rougeur ecarlate de toutes les parties contenues dans le
ventre.Cette rongeur appartenait essentiellement aupe-
PAR L' ABLATION DE GANGLIONS DU GRAND SYMPATIIIQUE. 5U23
ritoine etelles'etendaitsurtoute la surface desinteslins,
sur le mesentere, sur ses appendices graisseux qui pre-
sentaient la meme coloration rouge. Cette teinte rouge
vif, resistait parfaitement an lavage; elle ctait partout
tiniforme et ne paraissait pas, a 1'oeil nu, offrir d'arbo-
risation; mais, an microscope, on voyait une injection
capillaire excessivement fine et abondante.
Les ganglions solaires avaient ete bien enleves; il res-
tait seulement une grande quantite de nerfs qui allaient
sur les arteres dans tons les sens. Les poumons etaient
sains, exempts d'ecchymoses ; ily avait tontefois un pen
deserosite dans la plevre, maiscette membrane n' off rait
aucunement la rougeur et ralto" ration du peritoine.
Cette experience montre done que les ganglions so-
laires sont sensibles aux fortes contusions on au tirail-
lement; que I'excilation des nerfs qui en partent deter-
mine des mouvements dans les membres, et que rablation
de ces ganglions produit une peritonite particuli6re
avec dilatation (Miorine des vaisseaux capillaires.
Neanmoins j'ai vu cette intlammution ne pas se mani-
festerdans deux casou lesanimaux avaient ete etherises :
Exp. (lojuin 1853). - Sur un chien adulte , de
taille moyenne, on pratiqua la chloroformisation et on
extirpa le ganglion coeliaquc du cote gauche, 1'animal
ayant sa digestion terminee et 1'estomac vide. L'opera-
tion etant achevee, on cessa les inhalations de chloro-
forme ; 1'animal etant revenu peu a peu on fit les obser-
vations suivantes :
La temperature du ventre au moment ou on com-
menca 1'expmence etait de 39°, 5, prise dans le peri-
524 EFFETS 1NFLAMM.VTOIRES
toine, 1'animal nYtant pas encore completement .anes-
thesia". Apres 1'operation, I'animal etant encore sous
1'influence du chlOrofprme, la temperature du peritoine
etait de 39 degres. Deux heures apres Toperation, les
effets du chloroforme ayant cesse, on repritla tempera-
ture qu'on trouva de 39%2, de sorte qu'elle no paraissait
pas avoir varie sensiblement par le fait de 1'ablation du
ganglion coeliaque. On examina Turine avant et apres
1'operation. Avant 1'operation, 1'urine etait acide, con-
centree; elle precipitait directement par 1'acide azotique
du nitrate d'uree. Apres 1'op^ration, 1'urine etait moins
concentree; elle ne precipitait plus directement du ni-
trate d'uree par 1'acide azotique et, elle presentait unc
reaction alcaline, qui ne disparaissait pas en faisant se-
cher le papier reactif. Par la chaleur, il y avail un pre*-
cipite d'apparence albumineuse ; ])ar la jiotasse ajoutee
a 1'urine, il y avail un precipite tloconneux que le m6me
reactif n'y denotait pas avant I'opmtion. II n'y avait
pas de sucre d'une manieiv evidente dans cette urine.
Deux heures et demie apres 1'operation, on retira en-
core de 1'urine de la vessie ; elle off rait les caracteres
que nous venous de signaler et ne renfermait pas de
sucre. On observa que les pupilles n'avaient subi aucune
deformation , ce qui montre que la lesion qu'on avait
produite n'avait pas eu d'influence sur Toeil.
Lelendemain (Hi juin) le chien se portait assez bien ;
il n'avait pas mange, mais il ne paraissait pas avoir des
sympt6mes de peritonite. Les urines etaient acides, ne
contenaient pas d' album in e et donnaient directement
du nitrate d'uree par 1' addition d'acide azotique.
PAR L'ABLATION DE GANGLIONS DU GRAND SYMPATHIQUE. 525
Le 15 juiu, le chien allait bien ; il avait mange.
Urines acides, pas d'albumine ; 1'acide azotique y pre-
cipitait directenient du nitrate d'uree.
19 juin,le chien va bien;la plaiedu venire se cicatrise.
23 juin, meme elat ; on fit alors servir 1'animal,
dans le but de le sacrifier, a des experiences sur la se-
cretion salivaire (voir t. II. p. 113).
A 1'autopsie, ou ne trouva dans le peritoine aucune
trace de peritonite ; seulenient, on trouva les ganglions
lymphaiiques ine'sent^riques tres volumineux. Les
lymphatiques paraissaient tres pleins, et le canal tho-
racique tres distendu par de la lyinphe Cette disten-
sion du systeme lyinphaiique pourrait etre le resultal
de rempoisonneinent par la strychnine qui tut injectee
dans le conduit salivaire chez ce chien, car cette ui6me
distension du systeme lymphatique a ete observee chez
un autre chien einpoisonne de la nieme mani(3re.
La dissection du plexus solaire a montre que le gan-
glion ctt'liaque droit etait entierement conserve, land is
qu'ii gauche, il «'tait presquc completement enleve".
II resulte de cette experience, que la peritonite qui
s'est developpee avec beaucoup de violence dans d'au-
tres circonstances apres la destruction du plexus solaire
ne s'est pas montree ici. Est-ce du a 1' ablation partielle
du plexus solaire ou a 1'emploi du chloroforme dont on
n'avait pas fait usage dans les autres experiences. C'est
ce quepourront etablir des experiences ulterieures.
Exp. ("2/i juin 1853). — Sur un chien, on extirpa un
ganglion solaire et on dilaceia 1'autre, 1'animal etant
soumis aux inhalations de chloroforme.
5'2f) EFFETS DE LA SECTION
Les jours suivants, 1'animal n'eut pas tie peritoniie et
pr&enta des phenomenes analogues a ceux notes chez
1'aninial clout il vient d'etre question. II guerit assez
rapidernent. II est remarquabte que cette pe'ritonite que
nous avions notce si violente chez le chien de la premiere
observation ait manque dans ces deux cas. Est-ce parce
qifil y avait en dans le premier cas extirpation plus
complete des ganglions solaires, on parce que I'aniinal
n'avaii pas ete etherise?
Kufin, il y a certaines parties du grand sympathique
(pi'on peul couper impunement sans qu'il en resulte
aucun phenoniene apparent de calorification ui de vas-
cularisation dans les organcs, qui si mt en rapport avec
ces nerfs. C'cst ce qui arrive dans la section des nerfs
splanchniquesdont nous rapporterons quelques exam-
ples, en signalant les procedi s quo nous avons employes
pour faiiv les experiences.
Si Ton voulait couper les nerfsqui, parlant du ganglion
cervical interieur, le reunissent au premier thoracique,
il t'iiudrait laire une incision vers la pariie inferieure
du cou, puis trouver le pneumogastrique qui passe en
dedans des scalenes et tirer ces muscles en dedans, en
abaissant 1'epaule. et on trouverait 1'artere verte'brale
sur laquelle rampent les nerfs qu'il s'agit de couper.
Pour couper le grand sympathique dans la poitrine,
on a fait une incision imniediatement au-dessous de la
derniere cote, aussi pres que possible, et dans Tangle
rentrant, que forme son articulation avec la colonne
vertebrale. Le bistouri introduit jusque dans la poitrine
sert de guide a un crochet ad hoc; puis, le bistouri etant
DES NERFS SPLANCHNIQUES. 527
degage de la plaic, on pousse le crochet transversale-
ment vers la colon ne vertebrale. Des qu'on sent 1'instru-
ment arr£te par le corps des vertebres, on tourne le
c6te tranchant du crochet du c6te du dos et on retire
1'instrument en coupant ce qu'il accroche.
On arrive au meme resultaten enfonrant rinstriiment
entrc les apophyses transverses de la derniere vertebre
dorsale et de la premiere lombaire. Puis on fait glisser
le crochet tranchant sur la face laterale du corps de la
vertebre ; et, en inclinant la pointe de rinstriiment en
dehors, on le retire en coupant le nerf qui est accroche.
L'aorte est a eviter.
Exp. - -Sur un chien, de taille moyenne, on fit la
section des deux grands splanchniques, en pene'trant
danslapoitrine par les procedesindii[iirs. i^cliien ('tail
etherise et n'oprouva aucune douleur au moment de
Toperation. II revint des eflets do re'th^risation comme
a I'ordinaire et il ne se manifesta, a pros I'operation,
aucun phenomene general qui put otro altribiu'1 a la sec-
tion des nerfs sympathiques.
Le lendernain, r animal paraissait tresbien portantet
mangea comme a rordinairo. 11 tut consent pendant
Irois jours sans qu'on reconniU aucun changement no-
table dans sa sante. Le quati'ieme jour, 1'animal etait
en pleine digestion, on repeta le procede de la section
des nerfs splanchniques, dans la pensee ou 1'on^tait que
1'operation n'avait peut-etre pas reussi la premiere fois.
Cette seconcle operation, faite egalement pendant rethe"-
risation, produisit une blessure de 1'aorte qui causa
imiiiediatemont la mort.
528 SECTION DKS NERFS SPLANCIIMOUKS.
KM faisant avec soin 1'autopsie de raninial. on con-
stala que les deux neiis splanchniques avaient etc ires
bieu coupes la premiere fois, sans lesion d'aucun urgane
voisiu. On conslata aussi chez ee ehien, qui etait en di-
liestion, que lesvaisseaux chyliferes etaientremplis d'un
chyle blanc, que les mouvementsperistaltique existaient,
que la vessie etait pleine ; enfin, on n'observa rien d'u-
normal dans les organes abdominaux. On recueillit en-
suite le sang des veines he'patiques qui contenaient du
sucre; et le tissn du Ibie donna une decoction laitcuse
Ires sucree.
On iit ensuite avec soin la dissection des nerfs cou-
|)cs, et on trouva que la sectimi du furrand synqmthique
avail (;te operee entre la dou/ieme et la treizieme cote.
Kile avail laisse au-dessons d'elle deux filets cominuni-
(juant encore avec la inoelle.
Exp. (15 decenibre 1<S,V2). - -Sur uu chien, de taille
moyenne, on fil des deux rotes la section des nerfs
splanchniques, par le procede deja indique. L'aniinal
etait etherise, et, apres Toperation, il revinl a son (^tat
normal sans presenter aucun ])hrnomene particulier.
Les jours suivants, Ton donna a manger a ce chien
qui resta toujours bien portant.
Unit jours apres cette operation, on lui fit la piqure du
plancher du quatrietne ventricule pour obtenir i'appari-
tion du sucre dans les urines. An moment meme, 1'ani-
malparulpeu aflecte; il etait seulementtitubant. Apres
nneheure environ, il devint Iresmalade, tomba sur le
c6le sans pouvoir plus se relever; il y avail une saliva-
tion abondante.
SECTION DES NERFS SPLAXCHNIQllES. 529
L'urine, examinee avant Puperation el durant les trois
heures qui la suivirent, ne presenta de sucre dans au-
cun cas.
Apres cinq jours, rauinial etait gueri et a pen pres
revenu a sun t'-lat normal.
Tnn's semaines apres la section des nerfs splanchni-
qnes, on tenta do faire line fistule biliaire sur cet ani-
mal; mais 1'operation ifayant pas reussi, on le sacrifia,
et on s'assura. par L'autopsie, que les deux nerls grands
splanchniques avaieut ete parfaitement coupes des deux
cotes. Un pen de lissu cellulaire rlait iulerpijse eulre les
bouts i! irises.
An moment de la inert. I'animal i'taii ;i jeun; ses or-
ganes ne presentaient rien d'anormal, si ce n'est une
legere rougeur de la vessie el de la parlie duodenale de
1'inlestiii.
Le t'oie contenait beaucoup do sucre. II pesait :25/i
grammes; la rate, G/i; Tanimal entiei' pesait 9kil,93"2.
Dans le cervelet, on trouva mi i>etit foyer hemorrha-
gique et dans la moelle allunget^ on retronva la trace
do la piqure qni avail ete iaite ;i droite, au-dessus des
origines du pneuinogastrique et qui s'elendait oblique-
ment en avanl dans le pont de Varole. La piqure ne.pa-
raissait pas avoir atteint le point donl la blessure fait
constamnient apparaitre le sucre dans les urines, de
sorte qu'il est difficile d'atlribuer la non-apparence du
sucre dans 1' urine a la section du grand syinpatlnque.
Enfin, Messieurs, le grand sympathique a sur les pro-
prieles de 1'oeil, soil sur sa sensibilite, soit sur sa nutrition ,
une influence tres evidence. Nous savonsdeja queTabla-
B., SYS. NERV. — ii. 3i
530 INFLUENCE DU (1RAND SVMPATIIIQUE
tion du ganglita Ophthalftiique ;i une influence marquee
sur les inouvcmeuts cle la pupille. la sensibilite de hi
corneeetla secretion derhumeuraqueuse. .Mais desphe-
nomenes semblables pcuvcnt se nianifester lors menu1
qu'on agitsur des portions pluseloignees du grand sym-
pathique, comme le montrent les experiences suivantes :
Exp. — Deux lapins avaient on d'un c6te le cordon
syinpathique coupe an cou. L'un deux fut etherise ct la
sensibilite ne parut pas. iPune maniere evidente, per-
sister plus longtemps dans I'd-il du cote correspondant
au c6te du syinpathique coupe.
Chez 1'autre lapin,tu<; par le curare, on observa quc
I'o3il du c6te ou le syinpathique avait (He coupe restait
sensible lorsque 1'autre ne 1'etait ])lus. Au moment de la
mort, lorsque la dilatation terminate cle la pupille sur-
vint, elle apparut beaucoup plus lard dans 1'oeil du cote
ou le syinpathique avait «He cuupe, ce qui indique, en
un mot, ([ue cet 031! avait, en quelque sorte, survecu a
1'autre.
Exp. — Un chien adultc, en digestion, tut asphyxie par
la ligature de la trachee. On observa Ires nettement les
phenomenes qui suivent : pendant Tasphyxie, il y cut
successivement elargissement, puis retrecissement cle
la pupille, et enfin, elargissement terminal avec saillie
du globe oculaire au moment cle la mort. On observa
egalement que c'est la conjonctive qui devint d'abord
insensible ; la cornee transparente ne perdit sa sen-
sibilite que beaucoup plus tarcl et tres peu apres 1'e-
largissement terminal de la pupille. Presque aussitot
apres la perte de sensibilite de la cornee transparente,
SUR L'OEIL. 531
1'animal sembla fairc quelques efforts inspiratoires. On
pratiqna alors rinsufflatinn par la trachee a 1'aide d'un
soufflet; maisce fut inutilement, car les battements du
coeur qni avaient cesse ne reparurent pas et la mort fut
definitive.
Pour enlever Ic ganglion cervical superieur chez le
chieii. il faut faire unc incision en T, dont la branche
transversale passe imm^diatement au-dessous de la con-
que auditive; la branche verticale est prolongee en bas,
le long du bord posterieur du sterno-mastoi'dien. On
trouve d'abnnl le bord posterieur de la uiande parotide,
<|iii sera dejetc en avant en menugeanl la veinc jugulaire
qifon repoussera dans le menu1 sens.
On tire en arriere le bord de la plaie forme par le
muscle splenitis, et on apeivuil au fond de la plaie le
venire pnsl.Tiem1 du di^aslricuie dunl on divise Tinser-
tion postei ieure ii 1'os le plus exactement possible. Par
sa relradinn. le muscle laisse l\ decouvert, au-dessous
de lui, les vaisseaux et nerJs profonds du cou traverses
par I'liypoglosse qui est place sur le premier plan.
C'est irnmt'diatement au-dessous de 1'anse que forme
ce nert' ([lie se trouve le ganglion cervical superieur
qu'il devient alors facile d'extraire, parcequ'en ce point
il est sepure du pneumogastrique.
Jlxp. (4 juillet 1842). — Le ganglion cervical supe-
rieur gauche fut extirpe sur un jeune chieu. Aussitot
apres cette operation , rouvertnre palpebrale gauche e'tait
deformee et plus petite que celle du c6te oppose, et la
paupiere inferieure semblait plus relevee qu'a Tordi-
naire.Lesde ux yeux utaient chassieux, mais particu-
532 iNKLrexcE m; GRAND SYMPATHIQUE
lieremcnt celui du cute ou le ganglion cervical avail ele
enleve. L'anhnal paraissait soufFnrdcs plaies qui elaient
enflammees.
Lc 7 juillet, on obscrva tie nouveau 1'auinial et
on constata les monies phenoinenes. On exainina la
narine gauche, et on reconnnt qu'elle etait plus excitable
et coiinne agitee cle fremissenients niusculaires con-
stants.
Le (S juillet , nieme etat. — Les plaies se cicatri-
sent.
Le 23 aout, cinquante jours apres 1'operation, 1'ani-
mal etait parfaitement gueri tie toutes ses plaies; I'a'il
gauche seul elait reste chassieux : il elait baigne par un
liquide inuco-piirulent, sans que (Dependant la cornee
fut alten'r. 11 paraissait y avoir exaltation de la sensi-
bilite de I'lril gauche. La pupille et rouverlure palpe-
brale sont toujours plus resserrees ipie du cote oppose.
L'aninial avail, drpuis reparation, conserve une petit*'
toux (\\il sunenait par quinlcs.
Ce cbien I'ut ensuite soumis a une experience de la
commission qui examinait les travaux de Darcet sur la
gelatine.
Le 6 novembre, deux cent six jours apres 1'extirpa-
tion du ganglion. l'o?il gauche est dans le m6me etat,
chassieux ; Vouverture palpebrale et la pupille sont tou-
jours resserres; le chien a toujours cette espece de toux
quinteuse. Ce jour-la, on fitsurl'animal uneautre ope-
ralion consistant dans la section de tous les nerfs du
plexus brachial a droite, afin de voir quels seraient les
troubles que cette operation apporterait dans la nutri-
SUR L'OEIL. 533
tion clu membre. En memo temps on nourrit r animal
avec de la garance, afin de voir si elle passerait dans le
membre paralyse de meme que dans I'autre.
Le 13 novembre, laplaie de 1'aisselle etaila pen pres
cicatrisee. II n'y avail ricn d'apparent dans la nutrition
du membre : pas d'cedeme; la patte offrail une certaine
rigidile et etait entrainee dans le sens de la flexion.
Le 15 novembre, neuvieme jour de 1'alimentation a
la garance, les urines etaienl rouges et I'ammoniaque
les rendait pourpres. Les excrements etaient brun noir
et I'ammoniaque y ivvclait claiivment la presence de
la garance.
Sur le membiv antmem1 droit paralyse, on mit a
decouvert FarttVe et laveine. L'artere conlenait du sang
rutilant, et laveine clu sang noir. Les muscles de la
jainbe, qui avaient leur couleur normale, etaient excita-
bles; il n'y avail aucune douleur quand on tiraillait les
nerfs du membre.
On chercha si dans le pus qui provenait de la plaie
il y avail de la garance; il ne parut pas y en avoir;
rammoniaque ne fit pas apparaitre de coloration rouge.
Le 28 novembre Tamma! 1'ut sacrifie. Les memes
pluniomenes deja observes du cote de 1'oeil persis-
taient.
On {itl'autopsie et on examina sile ganglion avail etc
parfaitement enleve. On le trouva enleve completement
sauf une petite portion de sa partie superieure. Les pou-
mons etaient sains; il n'y avail rien d'anormal du cote
du COP ur.
Exp. (-20 novcmbre 1845). — Sur un chat adulte, on
INFLUENCE Dlj GRAND SYMPATHIQUE
dccouvrit le filet de communication des ganglions cervi-
casix et on en fit la section des deux nMes. Ce tilet etait
nni an vague, situe ois arriere de lui. et contenu dans
la inline gaine; la separation en fut assez difficile. Apres
la section du filet d'un cn!e. la voix pivsenla un timbre
moinsfort : en coupant 1'autre filet, le timbre dela voix
diminna encore d'inleiisite; la respiration ire'tait pas
genre. Alors, desdeux coles, lapupille Ires sensible etait
arrondie et seniblait rlai^ie. La troisirnie paupiere re-
couvrait la inoitie au inoins (in i^lobo de Toei!. On fit
dcs essais infructneux pour suivre le filet jusqn'au gan-
glion cervical inferienr; et, en faisant cello operalion,
on observa (ju'a cbaque cri d'expii'ation de raninial,
1'oesophage se gonflait d'air qui vcnail de I'estomac.
Alors, on ouvrit r abdomen de Tanimal, il etait en
pleine digestion. On titilla le ganglion solaire et Ton
n'obtint riiMi.
C'est apres celaque Ton coupa les deux nerfs vagues
dans la region dn con, ce qui ne delermina pas de phe-
nornenes de suffocation, Apres cette section, on oxcita les
deux ganglions solaires et on dctermina dans le thorax
et dans le train posterieur de Taniinal des monvements
convnlsifs involonlaires. On coupa et on arracha alors
les ganglions du plexus solaire.
On ouvrit ensnile le thorax, le cceur battait avec force
ettres regnlierement. Alors on arracha les ganglions
cervicaux inierieurs et aussitot les battemenls du cceur,
de reguliers qu'ils etaient, devinrent irreguliers; et les
contractions confuses paraissaient moins energiques.
Exp. — Sur un cochon d'Inde, on coupa le filet sym-
SUR L'OEIL. 535
pathique au cou, apres quoi Ton observa que 1'ouverture
palp^brale ctait devenue plus petite et plus ohlongue que
celle du c6te oppose. An moment de la section du nerf,
on vit diminuer considerablement le calibre de Tartere
carotide.
On ne put pas voir bien clairement les effets pro-
duits sur la pupille. Plus tard, ranimaletant place a la
cave, dans 1'obscurite. on constata, a la lumiere, que la
pupille etait bien plus dilatee du cote opere que du cote
sain. L'oreille etait egalcineiit plus vasculaire de cec6te
et sa chaleur plus developpec.
La section du filet sympathique a done chez le
cochon d'lude les menu's diets que chez les autres
animaux , sauf la pupille qui est dilatee au lieu d'etre
retrecie.
Enfin, Messieurs, sur les animaux sains, la section du
grand sympathique manifesto uussitot ses efTetsparune
injection violente dans tout le c6te correspondant de
la face; tandis que sur les animaux aflaiblis et tres d6-
biles, les phenomenes sont excessivement peu marques.
En outre, chez les animaux faibles, il arrive de la sup-
puration comine consequence de la section du grand
sympathique, ce qui n'a pas lieu chez les animaux ro-
bustes. Sur deux chiens chez lesquelsle vague et le sym-
pathique avaient ete coupes d'un cote, dans la region
du cou, les animaux etant devenus malades, il y cut
suppuration dans le nez et dans Toeil du cote correspon-
dant.
Mais lorsque ensuite les animaux reviennent a lasante
et reprennent de la force, ces phenomenes inflamma-
536 INFLUENCE DU SYMPATIIIQUE
toires disparaissent ; cVst-a-dire que la suppuration
cesse.
Lc syinpathique parait avoir encore une intluence sur
les exhalations des membranes soreuses ainsi ([ii'il pa-
raitrait resulter d'experiences que nous avuns faites sur
les ganglions cervicaux :
E'xp.-- Surun lapin. on enlcva le gang-lion cervical
infe'rieur du cote droit; la niorl arriva au bout do six
jours et on trouva a I'autopsic in:e pleuresie ei surlout
une pericardite inlenso avcc formation d'une quantite
considerable do t'ausses meinbranes. Les poumoiis
eluicnt p:ori?es de sang, particulierement du coti* opi'-iV-.
Exp. (1 juin l«s/ii). — Sur nnjinme lapin, on enhna
de chaque colt'1 le ganglion cervical siiprrieur al'aide du
procecle suivant :
L'angle de la macboire inlerieureet Papophyse trans-
verse de 1'alliis elanl pris c<imme jjoints de repere, on
fit line incision longitudinale entiv ccs deux inberosi-
tes. Oncvita la veiiu? jugulaire qu'on repoussa en avanl,
puis , un peu I'ius prot'ondi'ineui . <m apercut bienlot
1'artere carotide et le pneumogastrique, (nitre lesquolsse
trouve j^lace le ganglion cervical superieur au-dessusde
1'anse de I'hypoglosse.
II 1'n 1 1 res facile alors d'en faire I'ablation.
Des deux c6t(r>s, le ganglion cervical superieur fui
pince, tiraille, laccre, sans donner aucune trace de
sensibility. Le pneumogastrique pince dans cette region
donna, an contraire, des signes de sensibilite evidente.
Le 2C2 juin iS/jl, treize jours apres, le lapin mourut
apres quelqucs jours de langueur.
SUR LES EPANCHEMENTS SEREUX. 5o7
A I'autopsie, on trouva un epanchcrnent considerable
dans la plevre; et des fausses membranes epaisses qui
couvraient entierement la face exterieure du pericarde
etune partiedupoumon gauche. L'interieurde la poche
pericardique e'tait entierement tapisse par des fausses
membranes mais rnvjoiilenait pasde liquide. La surface
exlri'ieure du cceur, recouverte par des fausses mem-
branes, offrait un aspect comme chagrine. Les plaies du
cou rlaient parfaitement cicatrisees et on s'ost assure
qu'il n'y avail anemic relation directe entre rintlamma-
tion de cette plaie et la lesion du cirur.
On Irouva chez ce lapin , comme cela arrive sou-
vent, une grande quantito d'hydatides dans le foie et
dans les feuillels du nn'senlere.
Exp.(\.^ juillet J8/j2). — Sur un jenne lapin, on
extirpa compl&ement les quatre ganglions cervicaux.
On coniiiKMsca par F ablation <ies deux ganglions cer-
vicaux intV'rieurs et on constata qu'alors les deux pu-
pilles etaient contracti'-es el oflVaient leur grand dia-
nuMi'e dans le sens vertical. Ensuite, on enlevales deux
ganglions cervicaux superieurs : la pupille etaitun pen
plus fortement contractee. Apres cette operation, 1'ani-
mal respirait plus lentement et plus difficilement
qu'avant; il but abondamment et ne mangea pas.
Une heure api'es 1'operation, la respiration devint
encore plus diiticile ; les mouvements respiratoires
etaient lents et penibles.
Trois heures apres : memo etat.
Neuf heures apres : respiration excessivement
anxieuse; mouvements respiratoires lents; mouvements
538 INFLUENCE DES GANGLIONS INTERVERTKBRAUX
du cocur lents, rares; enGnl'aiiimal inourut conime en
syncope.
A L'autopsie, on trouva unc quantite enorme de
liquide dans la plevre et le pericarde. Les parties supe-
rieures des poumoiis etaient hepatisees et tombaient
au fond de 1'eau.
Le liquide contenu dans la plevre et le pericarde etait
un pen trouble et contenait des fausses membranes, ce
qui pourrait faire peusor que la pleuivsir cxislail avant
I' operation. Toutefois, alors, ranimal etait vif ct parais-
sait bien portant.
Ex}). — Surun gros lapin, on fit d'abord 1'exlirpa-
tion des deux ganglions cervicaux superieurs, sans qu'il
y eut rien de change relativemeiit a la raprdili* «»u a i'in-
tensite des bruits du coeur (|ue Ton ausculta.
On extirpa ensuite les ganglions cervicaux inferieurs;
on neconstata pus encore de changeinent sensible dans
les bruits du coeur.
Puis on conpa les pneumogastriques dans la region
moyenne du cou. 11 y eut aussitut gene considerable de
la respiration. L* animal inourut au l)out de six beures.
A 1'autopsie on trouva les poumons engoues; ils
etaient le siege d'un epanchernent de sang noir; le pe-
ricarde et les plevres contenaient une certaine quantite
de serosite.
Messieurs, on a pretendn encore que lesmouvements
reflexes qui se passent lorsqu'on vient a agir sur un nerf
de sensibilite exigeaient,pourleuraccomplissement, 1'in-
tegrile des ganglions intervertebraux, qui des lors rem-
pliraient le meme role, relativemeiit aux mouvements re-
ET DU GRAND SYMPATHIQUE. 539
flexes externes,que les ganglions du grand sympathiqne
relativernentaux mouvements reflexes internes. J'ai deja
cite, il y a qnelques annees, a la Societe de biologic,
cles fails de destruction partielle cles ganglions interver-
lebraux qui pourraienl venir a 1'appui de cette opinion.
Ces experiences consistaient a montrer que la des-
truction des ganglions intervertebraux enlevait 1'action
reflexe sans empecher la transmission de la douleur.
Quoi qu'il en soit, il est certain qu'on pent observer des
mouvements reflexes non -settlement chez les animaux
decapites , mais dans des circonstances ou, soit a cause
de la h'gerete de Texcitation ou de Taffaiblissement des
proprietes nerveuses, 1'animai ne percoit plusde douleur.
Ces faits ressortent des experiences qui suivent :
Exp. (l\ levrier 1842). - - Sur un cbien, legerement
stnpefie par Topium, on decouvritranastomose auriculo-
lemporale de la cinquieme paire avcc le facial. Son
pinccmenl rtait ires douloureux, et, en Fexcitant avec
unepince, on dcti'nninait des mouvemenls dans les pau-
pirres. On decouvrit ensuite le nerf sous-orbitaire qui
etait tres sensible, et, lorsqu'on Fexcitait legerement,
on produisait des mouvements danslalevre superieure.
Ces experiences se rapprochent de celles qui ont ete
deja faites sur le rameau auriculaire du plexus cervical
et elles montrent que, bien que les nerfs de sentiment
ne puissent etre consideres comme les conducteurs du
mouvement, cependant leur excitation legere, 11011 dou-
loureuse, sutlit a determiner un mouvement dans les
parties auxquelles ces nerfs se rendent. C'est sans doute
par action retlexe qu'a lieu cet effet, et, pour s'en
5/lO INFLUENCE DES GANGLION'S SYMPATH1QUES.
assurer, il etait interessant de faire la section du nerf
moteur. En prenant 1'oreille pour exemple, c'est le nerf
facial qui a ete coupe : les mouvements ont cesse.
Exp, — Sur mi liv.ard. deoapiti'1 (Hunt en mueet a jeun
depuis quelque temps, apres avoir ouvert I'abdomen,
on pinca le ganglion semi-lunaire qui est colle centre
la rate. A chacune de ces excitations, on ne vit aucune
contraction dans 1'estomac ; inais on de*termina con-
stamment des mouvements dans les parois abdomi-
nales, surtout dn coir gauche. Co ivsullat a etc constate
nn grand noml)re de fois.
Exp. — Lorsque sur un animal on a coupe la moelle
epiniere etqirensnite on I'asphyxic en obstruant les na-
rines, on voit des inonvementsapparaitre dans les mem-
bres posterieurs au-dessous de la section de la moelle.
Ces mouvements se remarquent egalement lorsqu'on
fait perirranimal d'hemorrhagie. C'est le grand sympa-
thique, qui, sans donte, transmet an bout infmeur de la
moelle epiniere 1'excitation qui cause ces mouvements.
Dans ces conditions, on observe encore nn phenomena
tres important, c'est que la galvanisation des bouts in-
ferieurs des pneumogastriques fait apparaitre des mou-
vements dans le train posterieur paralyse, ce qui n'a
pas lieu dans les cas ou la moelle n'est pas coupee.
Ces mouvements prodnits dans les membres poste-
rienrspar 1'excitation du grand sympathique se remar-
quent dans d'autres circonstances encore ; par exemple,
lorsqne dans les experiences sur le foie, on fait la liga-
ture de la veine porte a son entire dans cet organe,
comprenant dans la ligature le paquet ncrveux qui 1'ac-
MOUVEMENTS SYMPATHIQUES. 5/J'l
compagne : on voit alors des mouvements e'clater dans
les meinbres inferieurs.
Pour les centres nerveux, les recherches les plus
recentes tendent a prouver que les mouveraents reflexes
out pour agents do transmission les cellules de la sub-
stance grise, analogues aux cellules des ganglions ner-
veux. Nous avons vu,dans les norabreuses sections de
la moelle epiniere, qu'il y avail eu exageration des
mouvements reflexes et de Tactivite organique en
general dans les parties si lures au-dessous de la sec-
D
lion de la moelle. Nous avuns vu que les functions du
foie elles-mernes se trouvaient dans le cas des aulres
pai'lies et quo cos tbnctions etaienl exagerees. Ce qu'il
y a de remanjuable dans ces experiences, c'esl qu'il taut
operer la section dans des points bien determinees pour
que lespbenornenespuissent se produire. Nous ne rap-
pellerons pas ce que nous avons dit sur le lieu precis de
lapiqure du |)lancher du quatrieme ventriculesurlequel
nous avons drja longuement iusiste. Nous rappellerons
seulemcnt que, suivant que la section de la inuelle porte
au-dessus, au niveau on au-dessous du rentlemenl bra-
chial, les effets soul essentiellement differents el lors-
qu'on veul, sur un lapin, couper la nioelle, de maniere
j'i produire dans Tabdonien les mouvemenls perislalli-
([ties el les aulres phenomenes du cote du foie decrils
ailleurs, il faul en general faire la section au-dessus du
renflemenl brachial.
Dans cette experience, il y a un danger qui consiste
a couper la moelle trop haul, au-dessus de 1'origiue des
nerfs phnhiiques. de telle sorte que Taninial meurt subi-
5/lc2 EFFETS SYMPATHIQUES.
tement aspbyxie. II y a nn precede qui conduit juste sur
1'espace intervertebral qu'il taut atteindre. Pour cela.on
saisit, entre le pouce ct I'index de la main gauche, la
colonne vertebrate par derriere. immediatement au-
dessus de la premiere cole. Kn remontant, on trouve a
un centimetre on deux, une depression qui correspond
a 1'espace intervettebral dans lequel il taut penetrer
avec rinstrument. De cette maniere, on menage tou-
joursles originessuperieures des nerfs phivmijiies.
Enfin ces actions re'llexes, qui, d'apres la tbeorie ac-
tuelle, sont sous la dependence des cellules du grand
sympatbique, senibleni prendre. ainsi quecertaines se-
cretions qui en depcndraient. une plus graude activite
sous rintluence de cerlaines substances, le curare en
particulier. Yoici un nouvel exemple de cestaitssurles-
(uiels nous avons dejii appel<; ['attention.
Exp. ('28 octobre 1851). — Sur un gros chien, bien
portant. ayant servi quelques jours auparavant a 1'eta-
blissement d'une fistule pancreatique ijui etait cicatri-
see, on introduisit. nu commencement de la digestion,
une solution de curare sous la peau du dos. Dix a douze
minutes apres, le poison tit sentir ses effets et la respi-
ration s'arreta. Alors on placa 1'animal sur une table et
on soulila dans la tracbee avec un soufllet pendant envi-
ron deux heures et demie, en cessant seulement par
intervalles. Voici ce qu'on observa :
Le sang, pendant 1'insufflation, etait tres bien pousse
dans les arteres par le cceur et le pouls etait tres mani-
feste. Aussitot qu'on cessait I'insuillation, le sang devenait
noir dans les arteres; des qu'on la recomineiicait il deve-
MOU YEMENIS SYMPATHIQUES.
nait rutilaiit. Pendant rinsufflation, les pupilles etaient
constammenten mou veinent, se dilatant ou se retrecissant
suivant qu'on diminuaitou qu'on laissait arriver la lu-
miere. II y avait cependant, en general, dilatation pupil-
laire. Pendant 1'insufflatioii, il y avait secretion abon-
daute de larmes et de salive; la plaie rneme de la fistule
pancreatiquc, qui n'etait pas encore completement ci-
catrisee, secouvrilabondannnent d'une sorte de plasma
ou de scrosite. Apres deuxheures d'insufilation, lecoeur
battaittres bien. Alors, on di'couvritle pneumogastrique
droit et on le coupa dans la region moyenne du cou.
On vit, a ce moment, que la pupille du cote correspon-
dant se retrecit. Quand on saisissail avec des pinces le
bout superieur du vague et du sympathise, la pupille
se dilatait largement, tandis quc le pincement et le ti-
raillcment des bouts inferieurs dn inr-nie nerf ne pro-
dnisaient aucuii effet sur la pupille. i^n m6me temps, et
lorsqu'on avait cesse momentanement 1'insufflation, on
vit se manifester dans les menilircs nne espece detrem-
blement convulsif. II y avait des iiiouvcmeiits de deglu-
tition, des mouvements dans la queue, et emission des
urines et des excrements : puis enfin des sortes de ten-
tat ives de mouvements respiratoires. Un end nit sec, qui
s'etait forme sur la cornee, disparut en partie et les
pulsations semblerent devenir plus fortes. Alors on
coupa le nerf sciatique et on irrita les deux bouis. L'ir-
ritation du bout inferieur pi'oduisitquelques mouvements
dans les muscles, et celle du bout superieur des mou-
vements geiK'imix dans tout le corps. Alors on constatu
I'apparition du sucre dans 1'urine. Enfin, ayant cesse
EFFET DE LA SKGTION DE LA ?,TOELLE E>INIERE.
d'insuffier Familial, il moui'ut. On a remarque quo les
muscles etaient plus irritables qu'a 1'ordinaire, et a
Faulopsie les ganglions solaires out puru plus rouges.
Entin, Messieurs, dans cette lecon, la derniere. rela-
tive an systenie nerveux. nous ilevons reimir ce qui
nous reste a dire sur ee sujet. Nous vous avons dcja
rappolo beaucoup d'exp^riences isolees el sc raltachanl
en meme temps a des sujets divers; il nous reste en-
core a ajouter quelque chose a des experiences dont
in nis vous avons souvent entrelenus. rnais dont rex-
plication physiologique est fort dillicile, et en meme
temps 1'ort imporlanle.
II s'agil tie recherches sur la piqure du plancher du
(juatrieme ventricule, et du mccanisinc par lequel
cette lesion vienl rcagir sur le foie. Nous vous avons deja
dit que celte piqure ne se tiansinel ]>as par lespneurno-
gastriques. D'apivs des experiences que nous vous avons
citees precedemment, elle ne se transmettait pas 11011 plus
par les filets du grand splanchnique. il s'agiraitde savoir
si la moelle epiniere est 1'agent de cette transmission.
Nous avons fait a ce sujet quelques experiences que nous
allons vous rapporter; nous y joindrons, en m6me
temps, quelques nouveaux resultats relatifs an diabete
artificiel dont nous vous avons deja, a d'autres points
de vue, cite beaucoup d'exemples.
Celles que nous allons d'abord vous rapporter eta-
bliront, qu'en suivant notre precede ordinaire, quicon-
siste a Iraverser le cervelet avant d'arriver sur le plan-
cher du quatrieme ventricule, la blessure du cervelet
n'a aucune action sur la production du sucre et que
SUR LE DIABETE ARTIFICIEL. 5/|5
cette production de sucre pout avoir lieu lorsqu'on ar-
rive sur le plancherdu quatrieme ventricule sansblesser
le cervelet. Nous avons montre, en outre, dansd'autres
circonstances. que les blessures stiperficielles de la
moelle allongee, soit sur sa partie anterieure, soit sur
sa partie posterieure, ne produisent pas le diabete arti-
ficielet qu'il faut, pour le determiner, atteindre la partie
moyenne de 1'epaisseur de cette partie des centres
nerveux.
Exp. (2'> juin 1850). - -Sur trois lapins de la m6me
portee on fit les experiences suivantes :
1° Sur Tun deux, on decouvritla membrane occipito-
atloi'dienne en ecartant les muscles de la inique sans les
diviser en travers, a fin d'eviter la titubation qui en est
la consequence. On divisa ensuite la membrane occipito-
atloidieimed'ouresultarecoulement du liquide cephalo-
racbidien ; apres on introduisit Finstrument a piqure par
I'orifice inferieur du quatrieme ventricule, de maniere
a en blesser le plancber au niveau de Vorigine des
pneumogastriquessans leser le cervelet. An moment de
la piqure, qu'im mouvement de 1' animal rendit un
peu plus etendue. il y eut une espece de sideration, les
respirations s'arrelerent et les conjonctives devinrent
insensibles. Mais bient6t 1'animal se retablit, la res-
piration s'effectua de nouveau et les yeux reprirent
leur sensibilite. Toutefois 1'animal resta coucbe sur le
cote. .
Apres une heure, les urines recueillies etaient alca-
lines, troubles, jaunatres et ne contenaient pas de sucre,
Plus tard, I' animal t'tait toujours dans le m&me etat,
I/., SVST. KKRV. — II, 35
5/lG EFFETS DE LA SECTION DE LA MOELLE
mais ses urines abondantes, toujours troubles, conte-
naient beaucoup de sucre.
Cinq heures apres la piqure. ranimal etant toujours
couche sur le flanc et dans le meme etat, ses urines
etaient claires, abondantes, et contenaient toujours du
sucre quoique enquantite moindre que pivnnlemment.
L'aninial fut saerifie par decapitation et on recueillit
tout son sang.
Apres 1'autopsie, on retira le tbie qui pesait 45 gr.
II donna, par decoction un liquide laiteux sucre qui
renfermait pour la totalite du foie Osr,lG de sucre, ce
qui fait Ogr,35 pour 100 grammes de foie.
Le sang contenait Ogr,225 de sucre par 100 centi-
metres cubes de sang.
L'autopsie de la tete montra que 1' instrument avail
produit une large piqure oblique qui sYtendait sur le
plancher du quatrieine ventricule dupuis le bee du cala-
mus scriptorius jusqifaux tubercules de Wenzel, prrs
de 1'orifice posterieur de 1'aqaeduc de Sylvius.
2° Sur un second lapin, on perfora 1'occipital avec
1'instrument qu'oii enfonca dans 1'cpaisseur du cervelet
sans aller assez profondement pour atteindre le plancher
du quatrieme ventricule.
Aussitot apres 1'experience, 1'animal pre'senta des
respirations plus accelere'es; il e'tait comme cbancelant
sur ses pattes.
L'urine examinee avant Fexpe'rience etait trouble,
jaunatre et alcaline, ne contenant pas de sucre.
Trois quarts d'beure apres, les urines presentaient les
memes caracteres et ne contenaient pas de sucre.
SUR LE DIABETE ARTIFICIEL. 5/j7
Deux heures apres, les urines examinees ne ren-
fermaient pas de sucrc et n'avaient pas change d'as-
p'Ct.
Plus tarcl encore, les urines de 1'animal n'offraient pas
de sucre.
3° Sur letroisieme lapin, on piquala moelle allongee
en traversant Iccervelet. Aussitot apres 1'animal presenta
d(!S respirations plus accelc'rees; puis il eut des mouve-
ments de roideur convulsive dans ses membres sur
lesquels il se tient souleve.
Avant 1'expericnce les urines etaient troubles, jau-
i nitres, alcalines et ne contenaient pas de sucre.
Trois quarts d'heure apres, les urines etaient troubles,
alcalines et contenaient des traces douteuses de sucre.
Une beure apres lapiqure, il y avail evidemnient du
sucre ({unique en petite quantiie.
Tne beure et demie pins tard, les urines toujours
troubles et alcalines renferniaicnt une grande quantity
du sucre.
Un quart d'beurc apres on tua 1'animal par decapita-
tion, en recueillantson sang. Son foie pesait/il grammes
et donnaii une decoction sucree qui accusa Qs',88 de
sucre pour 100 grammes de tissu frais du foie.
Le sang, dose, contenait O3'yj69 par \ CO centimetres
cubes de sang. Eniln, Turine la plus sucree contenait
une quantite de sucre corresponclant a 42gl,5 pour 100
centimetres cubes d'urine.
Exp. — Sur un lapin adulte, bien portant, on fit la
piquredu plancber du quatrieme ventricule par le pro-
cede ordinaire. Au bout cVniieheure environ, 1'urine dn
5'i<3 EFFETS DE LA SECTION DE L\ MOF.LLE
lapiii contenaittres 6videmment du sucre, dont la pre-
sence fut constatee par la reduction du liquide cupro-
potassique et par la fermentation. L' animal n'avait pas
de desordres tres marques dans les mouvements, si ce
n'est un pen d'inclinaison de la tete a droiie. Environ
line heui'e et demie apres la piqure, lorsque la quantite
de sucre etait considerable dans les urines et dans le
sang de la veine jugulaire, on coupa la moelle epiniere
tout a fait an commencement de la ivgion dorsale.
Aussitot apres cette section de la moelle, le lapin fnt
completement paralyse de tout le train poste'rieur. Les
cotes etaient ini mobiles et V animal respiraitpar ledia-
phragme seulement.
La formation de Tnrine scmbla arnMee par la section
de la moelle; car, apirs cette operation, il fut impos-
sible d'en fa ire rendre a Tani'mal.
Deux heures environ apres la section de la moelle,
n'ayant pu obtenir de Tanimal aucime quantite d'urine,
on retira du sang de la veine jn^ulaire et de Tartere
carotide, et on constala (|ue le sucre y avait conside-
rablement diminue sans avoir toutefois disparn.
D'apres cela, i! paraitrait vraisemblable quela section
de la moelle epiniere aurait fait diminuer la production
du sucre dansle sang et dans Turine, si la formation de
ce dernier liquide n'avait pas ete completement arretee.
L'animal fut alors tue par hemorrhagie, et son foie
etant examine donna une decoction tres laiteuse qui
contenait tres peu de sucre.
L'autopsie de la tete rnontra que la piqure avait ete
faite au niveau des tubercules de Wenzel et un peu sur
SUR LE DIABETE ARTIFICIEL. 5/l9
le c6te" droit, ce qui explique 1'inclinaison de la tete de
Fanimal de ce c6te.
La quantite d'urine qui s'etait ecoulee avant la section
de lamoelle ne paraissait pas pi us considerable quedans
les conditions normales.
Exp. — Sur un autre lapiu, adulte etbien portant,
on fit la piqure du plancherdu ventricule, et, une heure
environ apres. on exaniina Turine qui contenait beau-
coup desucrc. Le lapin avait quelques troubles dans les
mouvcmenls et etait un pen cbancelant. On suivit 1'ani-
rnal pendant troisheureset on constata que 1'urine, qui
n'etait pas augmented de quantite, contenait toujours
beaucoup de sucre. r.rlte particularity que I'liriue etait
sucree sans etre plus abondante, faisait supposer, d'a-
pres d'autres experiences (h'-ja indiquees (t. \) que la
piqure dcvait sieger un pen haul.
On sacrifia raniinal pour la ire 1'autopsie de sa t6te,
et on trouva, en ellet, que la piqure siegeait un pen
au-dessus des tubercules de Wenzel et sur la limite de
la region dout la lesion produit le diabete.
Chez le lapin, la quantitV1 de sucre commencait deja
a diminuer dans 1'urine, trois beures apres la piqure,
au moment ou il fut sacrifle.
Exp. — Sur un jeiine chien, bien portant et en diges-
tion, on fit la piqure du plancher du quatrieme ventri-
cule. II en resulta un pen de deviation dans la tete du cote
gauche, et un desordre marque dans les mouvements.
Environ une heure et demie apres la piqure, on rctira
de V urine de la vessie an nioycn de la soncle, et Ton y
constata, d'une maniere ires evidente, la presence du
550 SliCRtTlON SAUVAIRK
sucro. Chez cet animal, on rernarqua en mAinc lemps
(ju'iine salivation tr&s abondante s'etail d&velopp6e a l;i
suite de la piqnre, ct on mil a drconverl les conduits
salivairesparolidien el sous-maxillaire. tFabord du cote
gauche, puis di: cote droil. Du cole gauche, il y avail
line secretion de la Claude sous-maxillaire plus forte
que la seeretion parotiiiienne du meme cole ; inais on
conslaiait tres uetteineiit qu'ii druite la secretion sous-
inaxillaire etait beaucoup plus forte ({lie celle dn cut«i
gauche. On mil un tube dans chacun des conduits sons-
c '
inaxillairesetonobserva encore dc nonveau (jue la (juan-
titi'1 cle salive (jui s'ectuihiit par le tube droit ('tail beau-
conp plus consid('irable ([lie cello (jui s'ecoulait par le
tube gauche. A droite. lYcoulement de la salive etait
continu, tandis qu'ii gauche il etait quelquefois presque
mil et s'accelerait surtont lorstfu'on irritait la plaie
dans laquelle se trouvait le nerf lingual.
Ace moment, on coupa It,1 ueif lingual des deuxcotos
eton pinca successiveinent les deux bouts perinluTiqnes
et les deux bouts cculiaux de ces nerfs. Lorsqu'on pin-
rait les bouls periphe'riques. on n'observail d'augmenta-
tion de la secrelion salivaire ni a droile ni a gauche.
Lorsqn'on pincail, au conlraire, les bouts centraux, il y
avail augmenlalion de st-crelion it droile el a gauche,
pour le pincemenl de chacun des bouls. On observa
seulement ceci de particulier que, lorsqu'on pincail le
boul central du nerf lingual droit, on provoquail de ce
cole un ecoulemenl tres abondant de salive, et du cote
oppose un ecoulement faible; tandis que, en pincant le
bout central du nerf lingual gauche, on provoquait un
ET DIABETE ARTIFICIEL. 551
ecoulement rnodere de salive dans la glande clu meme
cole, et uu ecoulement tres considerable dans celle clu
cote clroit.
On voit par la quo le pincement des bouts centraux
des deux nerfs linguaux agissait toujours plus energi-
(juement sur la secretion salivaire du cote droit ; ce qui
prouve quo la piqure avail apporte a 1'origine du nerf
de ce c6te nne excitation fonctionnelle. Cependant, il
paraitrait qu'il y cut effetcroise, car 1'animal deviait la
tele a gauche.
Apres avoir fait toutesces constatations, on a essaye la
section des nerfs splanchniques dans le thorax d'apres le
precede deja indique ; puis on a laisse ranimal en repos.
Cette nouvelle oprration no changea rien a I'ecou-
leinent de la salive qui rlait toujours tres abondant et
continue! du coir- droit, tandis qifa gauche cet ecoule-
ment etait tres iaible.
Environ trois heures apres la section des nerfs splanch-
niques, on retira de 1'urine de la vessie de F animal,
et on y constata r absence du sucre, tandis que dans les
urines recueillies avant, on avait reconnn sa presence au
moyen de la fermentation et duliquidecupro-potassique.
Al'autopsie, on vit que la piqure siegeait imme-
diatement an-dessus de 1'origine du pneumogastrique,
et un pen a droite, du cote oppose a la deviation
de la tete. Le siege de cette piqure explique tres bien la
presence du sucre dans 1' urine, la deviation de la tete
a gauche, et la secretion plus abondante de salive du
c6te droit. On trouva chez ce chien des traces de vas-
cularisation, com me inflannnatoire, dans les ventri-
552 EFFETS DE LA SECTION DE LA MOELLE
cules. Le foie el I'urine ne contenaient pas cle sucre.
Exp. — Sur un lupin, en digestion et bien portant,
on coupa la moclle epiniere an commencement de la
region dorsale, apres qnoi on piqua le plancber du qua-
trieme ventricule coinnic pour rendre lo lupin diabe-
ti(|ue. Mais, ainsi que nous 1'ont montre les experiences
pnvrdentes. comnie il esl impossible d'avoirde 1'nrine
dans ces conditions, nous avuns en recours a 1'examen
du sang pour y constater la pivsence du sucre. On
avail, avaut la piqnre du plancher du quatrieme ven-
tricule, saigne Familial et vide la vessic de Turine qu'elle
contenait. Ensuiie mi laissa en repos 1'animal qui etait
panilysi'1 du train posterieur. couclie sur le cote, ne
respirant que par rabdnmen.
Tne beure el demie aj)res, ranimal etant toujours
dans le ineine etat, on le saigna de notiveau a la memo
vein*; jugulaire. et on vit tm'il n'y avail pas d'urine
dans la vessie.
Kn t'xaminant, an point de vue du sucre, le sang des
deux saignees, on constata qifil existait du sucre dans
toules deux, el il etait diilicile de determiner s'il y
en avail plus dans un cas quo dans Tautre.
Trois heures el demie apres I' operation, 1'animal etant
toujours dans le meme etat, on fit de nouveau une sai-
gnee a la veine jugulaire. et on conslala qu'il n'y avail
plus de sucre dans le sang. On observa cle plus qu'a ce
moment la temperature de Fanimal avail conside'rable-
ment baisse dans le rectum, et que de 38 degres, tem-
perature normale. elle etait descendue a 23 degres.
\lors on tua 1'animal par bemorrhagie, et on con-
SUR LE DIABETB ARTIFICIEL. 553
stata de nouveau clans tout son sang qu'il n'y avait pas
de sucre.
Le foie donna une decoction tres laiteuse qui etait
depourvue de sucre.
L'autopsie de la t6te montra que la piqure avait ete
faite dans le lieu convenable pour produire 1'apparition
du diabete.
Cette experience est interessante en ce qu'elle nous
montre, d'abordqu'apres la section de la moelleepiniere
1'urine cesse de se produire et que le sucre disparait du
sang, d'on il resulte clairement que 1'action dela piqure,
qui a pour effet d'augmenter cette transformation de ma-
tiere sucree, ne pent plus se transmettreau foie lorsque
la moelle ('pim'ere a (Hi'1 couple. De plus, nous avons vu
lo tissu du foie lui-meme ne plus contenir de matiere
sucree. mais il renfermait la matiere glycogene qui,
dans ce cas, ainsi que cela alien dans toutes les sections
dc la moelle, semble s'etre formee en quantite plus abon-
dante, comme si le tissu du foie avait acqnis un surcroit
de vitality, comme cela a lieu, dans ces conditions, pour
les tissus muscnlaire et nervenx.
Exp. - - Sur un lapin adulte etbien portaut on fit la
piqure du plancher du qnatrieme ventricule, en cher-
chant a tomber un pen plus bas que le point ordinaire,
pour obtenir vine augmentation de 1'urine en m£me
temps que 1'apparition du sucre.
Apres la piqure, I'animal eprouva un desordre
considerable des mouvements et une espece d'opis-
thotonos. Apres cette piqure, la quantite de Turine
augmenta considerablement, et de trouble qu'elle etait
avant 1'operation, elle devint limpide et transparente.
554 DIACtTE ART1FICIEL.
Pendant trois on quatre heures apivs 1'operation,
on constata raugmentation de la quantite d'urinc , mais
il u'apparut poini de sucpa, On tua alors raninial par
hemorrhagie et on constata clans son sang dcs traces
excessivement faibles de sucre; on nYn put pas trouver
ilans la decoction de son foie, qui etait a pen pres
transparent*?. L'autopsie de la tete- inontra que la pi-
qure otait faite bien exaclement sur la %ne mediane ;
mais beaucoup au-dcssous des tubercules do Wenzel, et
c'est la mi des cas quo nous avons dt'iii signales, dans
lesquelson pent produire raugmentation de Turin*; sans
1'apparition du sr.civ.
E;rj>. - - I'n ehien de forlc taille, eten digestion, fut
pique an plancher du quatrieme ventricule, apresqu'on
eut fait prealal denicnt. iiTaide (run perforatcur, nn trou
a 1'occipital jiar lequel on put diriger riustrument. An
moment de la piqure, raninial fit un moiivemcnt qui
causa une blessure plus large el drs (h'-sord res conside-
rables dans les mouvfiiicnts. L'animal avail la tete
fortement inclinee a droite, poussait des hurlements
Ires forts, fut pris de vomissernents ct d'une salivation
tres abondante.
Une heure apres environ, on examina 1'urine qui
contenait des quanlites considerables de sucre, et elle
resta sucree justm'a la uiort de Tanimal, qui cut lieu
pendant la nuit. En effet, le lendemain on retira de
1s urine de la vessie. apres la mort, et on constata ({n'elle
etail tnujours sucree. Le tissu du foie donna une de-
coction qui contenait egalement du sucre.
L'autopsie de la tete montra que la piqure siegeait a
droite, qu'elle etail oblique, tres etendue, et reniou-
DIABETE AHTIFICIEL. 555
tait jusqu'au-clessus f!e 1'origine cles pneumogastiiques.
On pent voir, d'apres les experiences precedentes,
que les resultats obteuus offrent une grande variete
quant au rapport entre 1'apparition du sucre clans les
urines et sa production dans le foie.
De plus, dans ces experiences, nous avons vu que la
section dc la moelle epiniere fait disparaitre le sucre
du sang ainsi que de la decoction du foie; mais, dans
ce cas, le foie contient de la matiere glycogene en tres
grande proportion.
Quant a la section des nerfs splanchniques et a 1'in-
lluence que cette operation peut avoir sur la production
du diabetc artificial, nous voyons que la section de ces
nerfs ne parait pas einpiVher ce phenomene. II en re-
sulterait que c'est probablemeot par les filets splanch-
niques IK'S plus haul que peut se transmettre cette
action de la piqurc du plancher du quatrieme ventri-
cule, qui doit rvidemment se propager depuis la moelle
allongee jusqu'au foie par une continuity nerveuse.
Aujourd'hui, le cours de ce semestre se trouve ter-
miiic', cl l;i doivent s'arreter pour le moment nos etudes
sur le systeme nerveux. Nous n'avons pas eu la preten-
tion d'epuiser notre sujet. Nous avons voulu vous
montrer seulement que la science est loin . comme on
1'a voulu montrer, d'etre faite sur cette partie, et qif elle
offre encore matiere a d'abondantes decouvertes pour
ceux qui voudront s'en occuper.
Nousavionschemin faisantajournecertaines questions
qui, malheureusement, restent encore a resoudre.
Ainsi, relativement aux nerfs olfactifs, nous avons
cmis notre opinion sur les fonctions exclusives de ces
556 DIABETE ARTIF1CIEL.
nerfs dans le sens do I'olfaction. Nous avions a ce sujet
projete ties experiences quo nous n'avons pas eu le temps
de realiser.
Relativement a rinflucnce ties clifferents rameaux qui
partciit du nerf intermediaire de Wrisberg pour se
rendre aux glandes, nous n'avons pas non plus tcnnine
les experiences que nous avons projetees. Mais, dans un
cours prochain, nous aurons certainement 1'occasion
de revenir sur ces questions.
Nous n'avons pas non pins cpuisr anssi comple'te-
ment que nous reussions desire la recherche des pro-
prietes de sensibilite recun-eute dans les nerfs de la
face, ni les diflterentes rtudrs (pn» nous aurions pu pour-
suivre sur la nature de ce phenomene. Touteibis, nous
vous avons indique toutes ces questions (Vune nuiniere
suffisamment precise, pour (ju'elles puissent servir de
point de depart a ceux d'entre vous qni d^sireraient
poursuivre quelques-uns des probkMnes si inlercssants
que nous presents encore Tetendue du systeme nerveux.
FIN DU TOME SECOND.
TABLE DES MATIERES
I)U TOME SECOND.
IT.I \m 1:1 LECON. — Etai de nos connaissances sur les proprie'te's
el les manifestations grnerales du systeme nerveux. -- Des nerfs
craniens en parliculier. -- Classifications analomiques. -- Pro-
pnY'it's el functions des nerfs craniens. - - Nerfs sensoriaux. -
Filets du grand sympathique. — De ('association dt.-s meines e'le'-
nienls nerveux dans les nerfs craniens et dans les nerfs rachi-
diens. — Conservation prolong^1 des propriety's du lissu nerveux
apres la inert clicz nn animal a sang c.hnud. — Experience. . . 1
I»M \ii.\n; LECON. -- Le nerf facial et le nerf trijnmeau appar-
tiennent a tine nn'Miie paire physiologique. - - Nerf facial. —
Anatomic. — 1'romle pour conper le nerf facial dans la caisse
dn tynipan. - Experiences. - - Le nerf facial est niotenr. —
Son developpement en rapport avec !a varied de ses fonctions.
— Experiences 17
TROISIEMK LEC01V. - Partic cxtra-cranicnne du nerf facial. -
Son influence sur les inouveinents de la face. — Mouvemenls
des paupieres ; influence qu'exerce sur eux la section du nerf
facial et du grand syinpatliique. -- Mouvements des narines. —
Efl'ets de la paralysie des narines clic/ les clievaux. — Mouvements
des levres ct des joues. -- Elfcts de leur paralysie sur la mastica-
tion et la prehension des aliments. -- Influence de la section du
facial sur les mouvements de 1'oreille. — Re*siune. — Expi5-
riences 31
QIIATRIEME LECOiv. — Nerf trijumeau. — Ses fonctions. — Ana-
lomie de la cinquiemc paire. — Section de la cinquieme paire
dans le crSne. -- Precede". — Experience. — Efl'ets de cette
operation, immediats et consecntifs. - - Effets compares de la
section de la cinquieme paire avant et apres le ganglion de
Gasser. — Accidents qui surviennent du cdte de To?]'! apres la
section du nerf trijumeau. — > Experiences ........... 48
558 TABLE I)ES AIATIERES.
ClNQUlEME LECON. — Du ncrf Irijiinicau : suite. — Branclic
ophlhalmique. -- Sensibilite de la cornee ct de la conjonctive;
iilets ciliaircs directs et indirccls. -- Experiences sur les ncrfs
ciliaircs. — Observation de paralysie de la cinquieme pa ire avrc
conservation de la sensibiliic" dc la corne'e. — De la photophobie. -
Branclic maxillain1 supe'rieure,exclusivcment sensitive. — Hranclie
niaxillaire inferieure, sensitive et molrice. - \remissement <les
incisives clicz le lapin apres la section de ce nerf. — Les lapins
cliex, lesqucls on a coupe la cinquieme pa ire meuivnt snrlmit de
faiin. — Ulceralions de la langue et des levivs. - Influence de la
cinquieme pairc sur les secn'-iions salixaires 8/i
SIXIL.ME LECOIV. — Coniparaisoii des phenomencs consecutifs a
la section de la cinquieme et de la septK'ine pairc. -- Portion
intra-cranienne du nerf facial. — Difliciilles de rexperimentation
sur cette partie. — Hoiistilution de la septieine pairc dans le
conduit auditif interne. -- llypolhesc stir le nerf facial, consider*?
comnie une racine anle'ricure , formanl unc paire nerveuse avec
le nerf de \\rislieri;, qui conslituerait la racine posterieure. -
De la parahsie dn nerf facial. - Observations rocueillies chcz
I'lmnime. — Paralysies faciales superficiellesct paralysies faciales
profondes 106
SEPTIEME LEC;ON. — Portion inlra-craniennedc la septieine paire
(suite). — Section du facial dans le crane ; avulsion du facial. -
Alteration du gout produite cbez le cbien par la section du facial
dans le crane. — De Texcrelion salivaiiv sous-maxillairc. — Action
dc la cordc du tympan sur cette secretion. -- Experience. -
Mecanisnie physiologique de la secretion sous-maxillaire. -- La
section de la cordc du tympan, qui supprime la secretion sous-
maxillaire, laisse persister la secretion parotidiennc liO
HU1TIEME LEfiOX. -- Les filets du grand sympathiqnc ne tien-
nent pas leurs proprietes motrices des ganglions qui se trouvent
sur leur Irajet. -- Galvanisation du filet cervical avant el apres
le ganglion sous-maxillaire. — Action sur la langue d'un filet
e'manant de la corde du tympan. - Influence de la section du
facial dans le crane sur la gustation. — Experiences. — Les na-
rines sont le siege de raouvements reflexes independanls des
sensations percues par la cinquieme paire. — Ces mouvements
ont-ils leur point de depart clans le pneumogastrique 1 — Expe-
riences 1G7
TABLE DES MATIERES. 559
NEUVIEME LECON. — DCS nerfs accessoires aux organes des sens.
- Org;mc dc la vue. -- IXerf pathetique. — Nerf moteur oculaire
externe. — Nerf moteur oculaire comnum. - - Sa distribution;
ses fonctions. — Des mouvements de la pupille. — Arrachenient
de la troisieme paire. — Experiences. — De I'mflnence de ce nerf
sur la pupille. -- Sur les mouvements de la troisieme paupiere.
- De Tolfaction. - • Experiences o,t opinion de Magendie. -
Observations d'absence de nerfs olfactifs. — Gustation. -- JN'est
pas sous 1'influence exclusive de la cinquieme paire. — Des nerfs
glosso-pharyngien et grand hypoglosse 199
itmi \n: LECON. - - Vrf spinal. — Son histoire pliysiologiqne ;
(Jalicn, Willis, Scurpa, Cli. Bell, Bischoff. -- Anatomic du nerf
spinal cliez riiommc ct chez les animaux. -- Proprieles du
spinal 26/1
ONZIEIUE LECON. - - Des fonctions du nerf spinal. - - Proce"de"s
de destruction du spinal chez les animaux vivants. =- Ablation
complete des deux spinaux. - Discussion des experiences et
conclusion; mecanismc do Pabolilion de la voix. -- De la gene
dc la deglutition consecutive a la destruction des spinaux. —
I sages de la brancbe externe du spinal 291
urn y.u MI LECO\. — Mcrf pneumogastrique. — Ses propriete's :
sensibilite non constante. - - Rameaux laryngcs superieur et
infeiicur. -- Hesullats varies dc leur section. - Explication. -
Experiences. -- Ell'ets de la section des pneumogastriques sur
les po unions. — Experiences 3/1/1
Ti'.i I/.II;MI: LECON. -- Influence de la section des pneumogastri-
ques sur les mouvements du ccuur. — Experiences. -- La galva-
nisation du pneumogastrique arrete les mouvements du cauir.
— Experiences. - - Efiets de la section du pneumogastrique sur
la respiration et sur les contractions du coeur chez les animaux
a sang froid. — Influence de la temperature sur les mouvemenls
tlu cttMir cbez les animaux a sang froid. -- Les nerfs pneumo-
gastriques sont-ils la voie de transmission dc.s actions ncrveuses
au cceur et au potunon. — Experiences. — Section des pneumo-
gastriques duns le crane 37/j
QKATORZIEME LECOIV. — Eflets de la section du pneumogastrique
sur les organes abdominaux. — La sensation de la faim persiste.
— Les aliments s'accumulent dans 1'oesophage paralyse. — La
secretion gastriquc est troublce. -- Experiences sur des mam-
560 TABLE DES MATURES.
miferes et sur des oiseaux. — Modifications npporlecs par la
section des nerfs vagues clans I'absorptinn sur la membrane
umqueuse stomacale. — Effets de la section des nerfs pneumo-
gaslriques sur les functions du foie. — La fonction glycoge"nique
est troublec. — Experiences. -- Modification du cole des urines.
- La galvanisation du ucrf pneumogastrique determine 1'appa-
rition du sucre dans le sang et duns les urines. — Experiences.
— Observation du rciour des proprie'te's nerveuses dans un
pneumogastrique fatigue par la galvanisation
QLINZIEME LECON. — Systeme nerveux du grand sympatliiqup.
— Difliculle acluelle de son histoire physiologiqtio. — Examen
de rintluence qu'exerce la section du sympatliique. — Section
du sympatliique au cou. — Ellels note's du cole de Tceil. -
Modification de la temperature de la tete. — Experiences com-
paratives sur les nerfs qui sc distribuent a la face 469
SEIZIEMK LECON. — Grand sympatliique (suite). — L)es rapports
qui existent enlre la vascularisation et la calorilication des parties
apres la section du grand sympatliique. — Ellets de la galvanisa-
tion sur la chaleur de 1'orcille. — Les effets de la calorilication
produits par la section du grand sympathique, i)ouvant se trans-
former en phenomenes iiillammatoires chez un animal afl'aibli. —
Exemples d'ablalion des divers ganglions du grand s\mpathique.
— 1'rocede" pour couper le grand sympailiique dans la poitrine.
— Experiences. -- Influence de la destruction de cerlaines par-
taines parlies du grand sympatliique sur Texhalation des mem-
branes se"reuses. — Deruieres experiences sur la piqQre du plan-
cher du quatrieme ventricule 512
FIN DE LA TABLK DES MATlfefiES DU TOME SECOND.
• 1
V
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