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Full text of "Le Grand vocabulaire françois"

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LE   GRAND 

VOCABULAIRE 

FRANÇOIS 


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R  A  N  D 

VOCABULAIRE 

ÎR  AN  COIS, 

CONTE  N  A  N  T 

1".  L'explication  de  cliaque  mot  confidéré  dans  fes  diveifes  acceptions  gramnutia 
cales  j  propres,  figurées  >  fjrnonymes  Se  relatives. 

a.*.  Les  lois  de  l'Orihographe  ;  celles  de  la  Profodie  ,  ou  Prononciation  ,  tant 
familière  qu'oratoire  \  les  Principes  généraux  &  particuliers  de  la  Grammaire: 
ies  Règles  de  ta  Verlîncaiion .  &  généralement  tout  ce  qui  a  rapport  i  l'Éloqoence 
acàUPocfie.  '  1  rr-  -i 

}*.  La  Géographie  ancienne  fie  moderne  ;  le  Blafon  ,  ou  l'Art  héraldique  ;  la 
Mythologie  i  l'Hiftoire.  naturelle  àst  Animaux,  des  Plantes  &  des  Minéraux  s 
l'Expofé  des  Dogmes  de  la  Religion ,  &  des  Faits  principaux  de  l'Hiftoire  Sacrée  , 
Eccléfîaftique  &  Profane- 

4<*.  Des  détails  raifonnés  Se  pHibfophiqaes  fur  l'Économie ,  le  Commerce  ,  U 
Marine  ,  la  Politique  >  la  Juriforudence  Civile  t  Canonique  Se  fiénéficisde  ; 
J'Anatoœie  ,  la  Médecine  ,  la  Cniturgie  ,  la  Chimie  ,  la  Phyfique  ,  les  Ma- 
thématiques ,  la  Multque  y  la  Peinture ,  la  Sculpture  ,  la  Gravure  ^  rAichi? 
teâure,  &c.  &c. 

^jtR   UNE  SOCIÉTÉ   DE   GENS  DE  LETTRES. 

TOME     QUINZIÈME. 


A    PARIS, 

H&tel  de  Thon  »  rne  des  Poitevins ,  Quartier  S.  Ai»dté-de»-Ans. 


M.  DCC.  LXXL 
jfyec  A/ifnhation  &  Privilège  du  /W. 


LE  GRAND 


VOCABULAIRE    FRANÇOIS- 

JAS  JAS 


f-AS  ;  fubftamif  mafculîti 
&  terme  de  M.itine.Af- 
fcmblage  de  deux  pièces 
de  bois  qui  fuutienneni 
l'ancre  droite  dans  l'eau, 
afin  qu'elle  puifTe  mojdre  au  fond. 
JASENlTZ  ;  nom  propre  d'une  pe- 
tite vitle  d'Allemagne,  dans  laHau- 
te-Saxe  ,  au  Duché  de  Steitn  ,  fur 
la  rive  gauche  de  l'Oder,  allez  près 
de  fon  embouchure.  Elleappartieut 
au  Roi  de  PrulTe. 
JASER  ;  verbe  neutre  de  la  pre- 
mière conjugaifon  ,  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chanter.  Carrire. 
CauTer  ,  babiller.  Des  enfant  gui 
ne /ont  que  jafer. 

On  dit  proverbialement  i  quel- 
qu'un, vous  jafe\  bien  à  voire  aife^ 
vous  ave\  Us  pieds  chauds. 
Jaser,  ,  fignifie  figutcment  &  familiè- 
rement j   dire   &  révéler  quelque 
chofe  qu'on  devoit  tenir  fecret.  Si 
elle  n'avait  pas  jafé  >  l'affaire  aurait 
réuft. 
Jaseu  ,  fe  dit  aufll  àts  geais  &  de 
Tmt  XK 


de  quelques  autres  oifeauz  ,  pattî- 
cnlierement  des'pies  >.  des  perro- 
quets ,  des  merles  qui  parlent. 

On  dit  proverbialement  d'un 
grand  caufeur  ou  d'une  grande  eau- 
ieufe  ,  qu'i/  j.jfe  ou  qu'<//«  jafc 
comme  une  pie  borgne. 

JASERIE;  fubflaniif  féminin.  Babil.» 
caquet.  Tout  cela  nejl  que  de  laja- 
Jirie. 

La  première  fyllabe  ell  loneue» 
la  féconde  ciès-brève  &  la  troifiemc 
longue. 

JASEUR,  EUSE  i  fubftantifs.  Cau- 
feur .  babillard.  Cejl  un  jafeur  , 
une  jafeufe. 

JASIDES^  fubftantif mafculin  pluriel. 
On  appelle  ainlî  des  voleurs  du Cur- 
diflan  ,  bien  montés  ,  qui  tiennent 
la  campagne  autour  d'Etzerom,  juf- 
qu'à  ce  que  les  grandes  neiges  les 
obligent  de  fe  retirer  ;  &  en  atten- 
dant ils  font  â  l'affût  pour  piller 
les  Caravanes  qui  fe  rendent  i 
Téfliï ,  Tauris  ,  TrdbiiEonde ,  Alep 
&  Tocat.  Od  les  nomme  Jajidts 


i  JAS 

parceque  par  tradition  ils  difene 
qa  ils  croient  en  Jafide  ou  Jefus  -y 
mais  ils  craignent  Se  refpeâenc  en- 
core plus  le  Diable. 

Ces  fortes  de  voleurs  errans  s'é- 
tendent depuis  Monful  ou  la  nou- 
velle Ninive ,  jufqu'aux  fources  de 
TEuphrace.  Us  ne  reconnoiiïent  au- 
cun maître ,  &  les  Turcs  ne  les  pu* 
niflènt  que  de  la  bourfe  lorfqu'ils 
les  arrêtent  ^  ils  fe  contentent  de 
leur  faire  racheter  la  vie  pour  de 
l'argent ,  Se  tout  s'accommode  aux 
dépens  de  ceux  qui  ont  été  volés. 

Il  arrive  d'ordinaire  que  les  Cara- 
vanes traitent  de  même  avec  eux , 
'  lorfqu'ils  font  les  plus  forts  :  on  en 
eft  quitte  alors  pour  une  fomme  d'ar- 
gent »  &  c'eft  le  ipeilleur  parti  qu'on 
puitfe  prendre  ;  il  n'en  coûte  quel- 
quefois que  deux  ou  trois  écus  par 
tête. 

Quand  ils  ont  confumé  les  pâtu- 
rages d'un  quartier  >  ils  vont  cam- 
Cr  dans  un  autre  t  fuivant  toujours 
;  Caravanes  à  la  pifte ,  pendant  que 
leurs  femmes  s'occupent  i  faire  du 
beurre ,  du  fromage  ^  à  élever  leurs 
enfans ,  &  à  avoir  foin  de  leurs 
troupeaux. 

On  dit  qu'ils  defcendent  des  an- 
ciens Chaldéens. 
JASLOWIECZ  ;  nom  propre  d'une 
petite  ville  de  Pologne  ,  dans  le 
Falatinat  de  Podolie  ,  vers  les  fron- 
tières de  la  Moravie. 
JASMELÉE  i  fubftanrif  féminin.  Ef- 
pèce  dhuile  que  les  Anciens  prépa- 
roient  en  faifant  infufer  deux  onces 
de  fleurs  blanches  de  violettes  dans 
une  livre  d'huile  de  féfame.  On  s'en 
fervoit  au  fortir  du  bain  pour  oindre 
le  corps  ,  quand  il  s'agiflfoit  d'é- 
chauffer  ou  de  relâcher. 
JASMIN  i  fubftantif  mafculin.  Jaf- 
minum^  Plante  dont  on  diftingue 
divcrfes  efpèces.  Nous  parlerons  de 


JAS 

celles  qu'on  cultive  le  plus  ordînai<* 
rement. 

Le  jafmîn  blanc  commun  eft  Ui> 
arbrideau  qui  pouffe  de  longues 
tiges  farmenteufes  auxquelles  il  faut 
un  foutien.  Sa  feuille  d'un  vert  fon- 
cé eft  compofée  de  plufîeurs  folioles^ 
attachées  a  un  filet  commun.  Ses 
fleurs  paroiffent  à  k  fin  de  Juin  ^ 
&  fe  renouvellent  Jufqu'aux  gelées  i 
elles  font  blanches  ,  viennent  eo 
bouquet  ,  &  rendent  une  odeur 
agréable  qui  fe  répand  au  loin.  Cet 
arbriffeau  ne  porte  point  de  graines 
dans  ce  climat  ^  mais  il  fe  multiplie 
aifcment  de  boutures  on  débranches 
couchées ,  qu'il  faut  faire  au  prin- 
temps. I>e  l'une  ou  de  l'autre  fa- 
çon les  plants  feront  des  racines  fuf- 
fifantes  pour  être  tranfplantées  aa 
bout  d'un  an  \  mais  les  branches 
couchéesfonttoujoursdesplantsplus 
forts  &  mieux  conditionnés  :  c'eft 
la  méthode  la  plus  fimple  &  la  mieux 
fuivie.  Ce  jaimin  réuflit  dans  toua 
les  terrains  \  mais  il  lui  faut  Texpo- 
fition  la  plus  chaude,  afinqull  loie 
moins  endommagé  par  le  givre  6c 
les  gelées  qui  quelquefois  le  font 

fiérir  Jufque  contre  terre  ,  lorfquo 
es  hivers  font  rigoureux.  Cet  ar- 
brifleau  pouiïe  ti  vigqureufement 
pendant  tout  l'été  ,  qu'il  faut  le 
tailler  fouvent  pour  le  retenir  dans 
la  forme  qu'on  veut  lui  faire  garder^ 
avec  l'attention  néanmoins  de  con- 
ferver  &  paliffer  les  petites  bran-* 
ches  :  ce  font  celles  qui  produifenc 
le  plus  de  Seurs»  Si  la  taille  n'a  pas 
été  fuivie  ,  il  faudra  y  fuppléer  en 
hiver  ^  &  ne  la  faire  qu'après  les 
gelées  au  mois  de  Mars  &  d'Avrih 
Si  on  la  faifoit  plutôt  »  les  frimats 
venant  à  defféchcr  le  bout  des  bran* 
ches ,  en  ôteroient  l'agrémeht  &  lai 
produâion.  Ce  jafmin  fert  à  garnir 
les  murailles  ^  a  couvrir  des  ba« 


JAS 

ceaaz  »  i  former  des  haies  :  c'eft 
fartouc  à  ce  dernier  ufage ,  qu'on 

J^euc  remployer  le  plus  avancaeeu- 
émenc ,  lorfqu'il  e(l  entremêlé  de 
rofiers  &  de  chèvre  -  feailles.  La 
verdure  égale  &  conftance  de  fes 
feuîUeSi  la  beauté,  la  durée  ic  Tex- 
ceJieore  odeur  de  fes  fleurs ,  &  la 
qualité  tflFez  rare  de  n'ctre  fujetaux 
attaqaes  ni  à  la  fréquentation  d  au- 
run  infeé^e  y  doivent  engager  à  pla- 
cer ce  jafmin  dans  les  jardins  d  or- 
nemenr.  Cette  efpèce  de  jafmin. a 
deux  variétés  j  Tune  a  les  feuilles 
uchées  de  jaune ,  Se  l'autre  de  Hlanc  : 
elles  font  plus  délicates  que  l'efpèce 
commune ,  la  blanche  lurtout  :  il 
faut  les  tenir  en  pot  »  &  les  ferrer 
pendant  Thiver. 

Le  jafmin  jaune  d'Italie  eft  un  petit 
arbriâeau  qui  ne  s'élève  qu'a  4  ou  5 
pieds.  Sa  tige  fe  foutient  ^  fa  feuille 
eft  large  ,  brillante  &  d'un  beau 
ren:  la  fleur  eft  jaune,  petite  6c 
fans  odeur.  Il  eft  encore  plus  déli- 
cat que  l'efpèce  précédente.  Il  faut 
le  mettre  dans  un  terrain  léger , 
contre  un  mur  de  bonne  expofîtion , 
&  le  couvrir  de  paillalTons  dans  les 

Eandes  gelées.  On  le  multiplie  de 
sutures  ic  de  branches  couchées  : 
on  peut  auffi  le  erefFer  en  écuflbn 
ou  en  approche  lur  le  jafmin  jaune 
commun  qui  eft  le  fuivant  :  ce  fera 
mène  un  moyen  de  le  rendre  plus 
robufte. 

ht  jafmin  jaune  commun  s  élève  à 
cinq  ou  fix  pieds  :  il  poufle  du  pied , 
une  quantité  de  tiges  minces  qui  fe 
foutiennent  fort  droites ,  &  dont 
l'écorce  eft  verte  &  cannelée  :  fa 
feuille  eft  petite  ,  faite  en  treffle& 
d'un  vert  brtin  :  fes  fleurs  font  d'un 
|aun0  aflez  vif ,  viennent  en  petite 
quantité  le  long  des  nouvelles  bran- 
ches :  elles  paroiiTent  au  mois  de 
Mai  9  ic  elles  font  fans  odeur.  Lçs 


JAS  5 

baies  noires  qui  leur  fkccèdent, 
peuvent  fervir  d  le  multiplier;  mais 
il  eft  plus  court  &  plus  aifé  de  le 
faire  par  les  rejetons  que  cet  ar- 
brilfeau  produit  dans  la  plus  grande 
quantité  :  il  réuflit  dans  tous  les  ter- 
rains ;  il  eft  très-robufte  ;  il  fait 
naturellement  un  très-joli  buiflon  : 
&  comme  il  garde  fes  feuilles  pen-* 
dant  tout  l'hiver ,  il  doit  trouvée 
place  dans  un  bofquet  d'arbres  tou« 
jours  verts. 

ht  jafmin  d*Efpagne  eft  un  arbrif- 
feau  qui  de  la  façon  dont  on  le  cul- 
tive ,  ne  s'élève  dans  ce  climat  qu'à 
deux  ou  trois  pieds  :  il  pouflè  des 
tiges  minces  &  foibles ,  dont  l'é- 
corce eft  verte  :  fes  feuilles  reflem- 
blent  aflez  à  celles  du  jafmin  com- 
mun ;  mais  elles  les  furpaflent  par 
le  brillant  ic  l'agrément  de  la  ver- 
dure :  fes  fleurs  blanches  en-defliis 
&  veinées  de  rouge  endeflbus ,  font 
plus  grandes  &  d'une  odeur  plus 
délicieufe.  Ce  jafmin  eft  délicat  ^  il 
faut  le  tenir  en  pot ,  ic  lui  faire 
pafler  l'hiver  dans  l'orangerie  où  il 
fleurira  pendant  toute  cette  faifon  j 
mais  pour  l'avoir  dans  toute  fa  beau* 
té ,  il  faut  le  mettre  en  pleine  terre, 
où  avec  quelques  précautions ,  il 
réfiftera  aux  hivers  ordinaires.  On 
pourra  le  planter ,  en  tournant  le  pot 
dans  une  terre  limonneufe  fe  fraî- 
che contre  un  mur ,  à  l'expoiition  la 
plus  favorable  &  la  plus  chaude;  ce 
qui  doit  avoit  lieu  au  mois  de  Mai , 
afin  que  l'arbrifleau  puifle  faire  de 
bonnes  racines  avant  Thiver.  Il  fau« 
dra  palifler  les  rejetons  à  la  muraille» 
ic  retrancher  à  deux  pieds  ceux  qui 
feront  trop  vigoureux  ,  afin  de  faire 
de  la  garniture.  Les  fleurs  com- 
menceront â  paroître  au  mois  de 
Juillet ,   &  dureront  jufqu'aux  ge- 
lées ;  alors  il  faudra  fupprimer  tou- 
tes les  fleurs ,  &  couper  les  bouts 

A  il 


%  3  AS 

des  branches  qui  ccmc  trop  tendres , 
"  occadonneroient  de  la  moiûÏÏure  en 
fe  flétriiïànc,  &  infeâeroient  Tar- 
bre;  enfuite  couvrir  Tarbrifleaupar 
un  temps  fcc ,  avec  des  paillaflons 
qu'on  lèvera  dans  les  temps  doux  , 
&  qH onr  notera  entièrement  que 
vers  le  milieu  d'Avril  ;  alors  il  fau- 
dra le  tailler  Ôc  réduire  à  deux  pieds 
les  rejetons  les  plus  vigoureux  \  ce 
qui  fera^produire  quantité  de  Heurs 
qui  feront  plus  grandes  &  beaucoup 

flus  belles  que  celles  des  plants  que 
on  tient  en  pot»  La  culture  de  ceux- 
ci  coniîde  à  couper  tous  les  ans  au 
mois  de  Mars  ,  toutes  leurs  bran- 
ches à  un  œil  au-deflus  de  la  greffe. 
Il  leur  faut  cette  opération  pour  les 
foutenir  en  vigueur  ^  car  n  on  les 
lailToic  monter  a  leur  gré ,  ils  s'épui- 
feroient  bientôt.  On  multiplie  cet 
arbre  par  la  greffe  fur  le  jafmm  blanc 
ordinaire.  11  jr  a  une  variété  de  cet 
^       arbriffeau  qui  eft  à  fieur  double  : 
cette  fleui:  eft  compofée  d  un  pre- 
mier rang  de  cina  ou  fix  feuilles  , 
du  milieu  defquelles  il  s'en  élève 
trois  ou  quatre  qui  quand  elles  ne 
«'épanouiflent  pas  ,    reftent  ferrées 
dans  le  milieu  de  la  fieur  où  elles 
forment  un  globule  :  cette  fleur  a 
l'odeur  plus  torte  que  celle  du  jaf- 
min  d'Efpagne  fimple ,  &  elle  fe 
foutient  plus  long- temps  fut  Tar- 
brifleau  où  elle  fe  defsèche  fans  tom 
ber  i  &  il  arrive  quelquefois  que  le 
même  bouton  qui  a  fleuri ,  fe  r'ou- 
vre  &  donne  une  féconde  fleur.  On 
multiplie  &  on  cultive  ce  jafmin  , 
comme  celui  qui  eft  à  fleur  fimple  : 
l'un  &  l'autre  font  toujours  verts. 

Le  jafmin  jaune  des  Indes ,  ou  le 
jûfmin  jonquille  ,  eft  un  bel  arbrif- 
fcau  qui  par  Téducation  qu'on  eft 
forcé  de  lui  donner ,  faute  d'une 
température  fuSifante  dans  ce  cli- 
mat, ne  s'élève  qu^â  quatre  ou  cinq 


JAS 

pieds.  Il  prend  une  tîge  forte  &  lî- 

f;neufe  qui  a  du  fouiien  :  fes  feuil- 
es  en  forme  de  treftle  font  grandes 
6c  de  la  plus  brillante  verdure  r  fes 
fleurs  qui  viennent  aux  extrémités 
des  branches,  font  jaunes,  petites , 
raflèmblées  en  bouquets  d'une  ex- 
cellente odeur  de  jonquille  ,  &  de 
longue  durée  :  l'arbrifleau  en  four* 
nît  pendant  tout  l'été  &  une  paFtie 
de  l'automne  :  on  le  tient  en  pot ,  & 
on  le  met  pendant  l'hiver  dans  l'o- 
rangerie comme  le  jafmin  d'EPpa- 
gne  ,  quoiqu'il  foit  moins  délicat  : 
on  peut  le  multiplier  de  graines  ou 
de  branches  couchées;  mais  cette 
dernière  méthode  a  prévalu  par  la 
longueur  &  la  diflîculté  de  l'autre  r 
fi  on  marcotte  fe»  branches  au  mois 
de  Mars ,  elles  auront  au  printemps 
fuivant  de  bonnes  racines  pour  la 
tranfplantation.  11  faut  tailler  ce  jaf- 
min au  printemps ,  fupprimer  les 
branches  languifianres,  &  n'accour- 
cir  que  celles  qui  s'élancent  trop  , 
attendu  que  les  fleurs  ne  vienrvent 
qu'à  leur  extrémité  ,  &  que  cet  ar-^ 
brifleau  étant  plus  ligneux  que  les 
autres  jafmins  ,  les  nouveaux  reje- 
tons quil  poufteroit ,  ne  feroient 
pas  aflez  forts  pour  fleurir  la  même 
année  :  il  eft  toujours  vert. 

Le  jafmin  des  Aqores  eft  un  ttès- 
bel  athrifleau  ^  dont  la  délicate  (Te 
exige  dans  ce  climat  l'abri  de  l'o- 
rangerie pendant  l'hiver  ;  aufli  ne 
s'élève- t-il  qu'à  trois  ou  quatre 
pieds  ,  parcequ'on  eft  obligé  de  le 
tenir  en  pot.  Ce  jafmin  fe  garnit  de 
beaucoup  de  btanches  \  ce  qui  per- 
met de  lui  donner  une  forme  régu- 
lière :  fa  feuille  eft  grande ,  d'un 
vert  foncé  ttèsbrillant  :  h%  fleurs 
font  petites ,  blanches ,  d'ui^  odeur 
douce  ,  très-agréable  :  elles  vien- 
nenr  en  grappes  &  en  (i  grande  quan- 
tité 9  que  l'arbrifleau  en  eft  couvert  : 


JAS 

elles darent  pendant  coût  Tautomne. 
Les  graines  qu'elles  produifenc  dans 
ce  Climat  ne  lèvent  point  :  on  peut 
le  multiplier  de  marcotte  ^  mais 
l'afage  eft  de  le  greffer  comme  le 
jafmin  d'£/pagne  fur  le  jafmin  blanc 
commun  :  il  lui  faut  la  même  cul- 
ture qu'au  jafmin  jonquille ,  fi  ce 
n  eft  pour  la  taille  qu'il  faut  faire  au 
printemps  ,  &  qui  doit  être  relative 
a  la  forme  que  l'on  veut  faire  pren- 
dre  a  Tarbriffeau  :  nul  ménagement 
à  garder  pour  conferver  les  bran- 
ches à  fleurs  »  attendu  qu'elles  ne 
viennent  que  fur  les  nouveaux  reje- 
tons  :  il  eft  toujours  vert. 

l^jafmin  d  Arabie  eft  le  plus  pe- 
tit &^  le  plus  délicat  de  tous  les 
jafmins  :  on  ne  peut  guère  te  taifler 
en  plein  air  que  pendant  trois  ou 
auatre  mois  d  été  :  il  lui  faut  une 
ferre  chaude  pour  lui  faire  patTer 
rhiver  :  fes  feuilles  font  entières , 
arrondies ,  de  médiocre  grandeur , 
&  placées  par  paire  fur  les  branches  : 
fes  fleurs  font  purpurines  en-def- 
fous  »  &  d'un  blanc  terne  en-deflîis , 
qui  devient  jaunâtre  dans  le  milieu  : 
elles  exhalent  une  odeur  délicieufe 
qui  approche  beaucoup  de  celle  de 
la  fleur  d'orange.  Ce  jafmin  fleurit 
au  printemps  &  pendant  tout  l'au- 
tomne. Dans  fa  jeunefle  la  taille 
lui  eft  néce flaire  pour  lui  faire  pren- 
dre de  la  confiftance.  On  doit  au 
printemps  couper  à  moitié  les  reje- 
tons ,  jufqu'a  ce  que  la  tète  de  Par- 
brifleau  en  foit  fuffifammentgarniej 
après  quoi  on  fe  contente  de  retran- 
cher les  branches  feibles  »  sèches  ou 
fuperflues.  On  le  multiplie  par  la 
greffe  fur  le  jafmin  blanc  ordinaire. 
Il  y  a  uiie  variété  de  ce  jafmin  qui 
eft  à  fleur  double ,  &  c'eft  ce  qui 
en  fait  toute  la  différence  :  l'un  & 
l'autre  font  toujours  verts. 

Le  jafmin  d^  Virginie  pouSV  des 


JAS  j 

tiges  longues  &  farmentenfes  qui 
s'attachent  d'elles-mêmes  aux  mu- 
railles ,  à  la  faveur  des  griffes 
dont  les  rejetons  font  garnis  à  cha** 
que  nœud.  Ces  griffes  reflemblent 
i  celles  du  lierre  &  font  aufli  tena- 
ces î  l'écorce  des  jeunes  brancheseft 
jaunâtre  j  fa  feuille  eft  aufli  d'un 
vert  jaunâtre  ^  elle  eft  grande  «  com- 
pofée  de  plufieurs  folioles  qui  font 
profondément  dentelées  6c  atta- 
chées â  un  filet  commun  ;  elle  a 
?[uelque  reflemblancre  avec  celle  da 
rêne.  Ses  fleurs  paroiffent  au  mois 
de  Juillet  ft  elles  durent  jufqu'en 
Septembre  î  elles  font  raflfemblées 
en  grouppes  aflez  gros  au  bout  des 
jeunes  rejetons  :  un  groupe  con- 
tient quclq^uefois  jufqud  vingt-cinq 
fleurs  qui  font  chacune  de  la  grof- 
feur  &  de  la  longueur  du  petit 
doigt  8c  d'un  rouge  couleur  de 
tuile  :  elles  fleurifient  par  partie  ; 
les  unes  fe  détachent  &  tombent 
tandis  que  les  autres  s'épanouiflent; 
elles  n'ont  point  d'odeur.  Ce  jafmin 
ne  donne  point  de  graines  dans  ce 
climar.  On  le  multiplie  de  bran- 
ches couchées  que  l'on  fait  au  prin- 
temps ,  &  qui  font  aflez  de  raci- 
nes pour  être  tranfplantées  au  bouc 
d'un  an.  On  peut  auflS  le  faire  ve- 
nir de  boutures  qui  ,  â  voir  les 
griffes  attachées  à  chaque  nœudj 
font  préfumer  une  grande  dif- 
pofition  à  faire  des  racines  ^  ce- 
pendant ces  griffes  n'y  contribuent 
en  rien  ,  &  les  boutures  ne  réuflSf- 
fent  qu'en  petit  nombre  ;  on  les  fait 
au  mois  de  Mars  :  celles  qui  prof- 
pèrent  ne  font  en  état  d'être  tranf- 
plantées qu^après  deux  ans.  La  taille 
de  cet  arbrilfeau  demande  des  at- 
tentions pour  lui  faire  produire  des 
fleurs  :  il  faut  retrancner  au  prin- 
temps toutes  les  branches  foibles 
ou  sèches ,  tailler  celles  qi^'on  veiu 


€  JAS 

conferver  â  trois  ou  quatre  yeux , 
à  peu  piès  comme  la  vigne  ^  Ôc  les 
palifTer  fort  loin  les  unes  des  au- 
tres. Cet  arbriffeau  pouffe  fi  vigou- 
reufement  pendant  tour  l'été ,  qu'il 
eft  force  d'y  revenir  Souvent  j  mais 
il  faut  fe  garder  de  le  -  tondre  au 
cifeau  &   d'accourcir    indifférem- 
ment tous  les  rejetions.  Comme  les 
fleurs  he  viennent  qu'au  bout  des 
branches  ,  &  qu'elles  ne  paroiffent 
Qu'au  commencement  de  Juillet  ,il 
^ut  attendre  ce  temps  pour  arran- 
ger ce  jafmin  ;  on  retranche  alors 
toutes  les  branches  gourmandes  qui 
ne  donnent  aucune  apparence  dei 
fleurs ,  &  on  attache  a  la  paliffade 
toutes  celles  qui  en  promettent  :  ce 
jafmin  eft  très-robufte ,  il  croît  très- 
promptement  Se  il   s'élève  â  une 
grande  hauteur.  Il  réuflit  â  toutes 
expoficions  &  dans  tous  les  terrains^ 
fi  ce  n'eft  pourtant  que  dans  les  ter- 
res sèches  &  légères  ,  fon  feuillage 
devient  trop  jaune ,  mais  il  y  donne 
plus  de  fleurs.  Il  y  a  deux  variétés 
de  cet  arbriffêau  \  l'une  a  les  feuil- 
les plus  vertes  ,  1  autre  les  a  plus 
petites^  toutes  deux  font  d'un  moin- 
dre accroiffement  :  elles  ne  s'élè- 
vent qu'à  quatorze  ou  quinze  pieds. 
On  doit  les  multiplier  ,  les  culti- 
ver &  les  conduire  comme  la  gran- 
de efpèce.  M.  Miller  ,  auteur  aii- 
glois  ,  fait  encore  mention  dans  la 
fixième  édition  de  fon  diéfcionnaire 
des  jardiniers ,  d*un  jafmin  de  Caro- 
line à  fleur  jaune  i  mais  cet  arbrif- 
fêau eft  très-rare.  C'eft  un   grim- 
pant toujours  vert ,  fes  feuilles  font 
fort  étroites  &  brillantes ,  &  il  don- 
ne en  été  des  fleurs  jaunes  en  bou- 
quets qui  font  d'une  odeur   déli- 
cieufe.  Il  peut    paffer     en    pleine 
terre  dans    les  hivers    ordinaires: 
on  le  multiplie  de   branches  coui» 
chées.  { 


JAS 

Les  fleurs  de  jafmin  ne  fournie 
fent  point  d'eau  odorante  par  la 
diftiilaiion;  ainfi  ce  qu'on  appelle 
ejjence  de  jafmin  ,  qu'on  nous  ap- 
porte dltalie  &  de  Provence  ,  n'eft 
3u'une  huile  de  ben  aromatifée  par 
es  fleurs  de  jafmin.  Pour  cet  ef<* 
fet  on  imbibe  du  coton  d'huile  de 
ben  &  on  difpofe  ce  coton  lits  par 
lits  en  les  entremêlant  de  lits  de 
fleurs  de  jafmin  ^  le  coton  s'imbibe 
de  l'odeur.  On  en  exprime  enfulte 
l'huile  qui  alors  eft  fort  aromati- 
que &  conferve  affez  long-temps 
cette  odeur  pourvu  que  les  flacons 
foient  bien  bouchés.  On  peut ,  en 
s*y  prenant  à  peu  près  de  même  » 
faire  contracter  au  lucre  une  odeur 
de  jafmin.  Pour  faire  acquérir  ï 
l'efprit-de-vin  cette  odeur  de  jaf- 
min 9  qu'il  n'acquerroit  point  mê-» 
me  par  la  diftillation  y  il  ne  s'a^c 
que  de  verfer  de  l'efprit  de  vin  lur 
de  l'huile  de  ben  aromatifée  »  &  en- 
fuite  agiter  le  mélange  \  l'odeur 
de  jafmin  abandonne  enticremenc 
l'huile  graffe  &  paffe  dans  l'efprit 
de  vin  ;  mais  celui-ci  laiffe  échap- 
per cette  odeur  avec  la  plus  grande 
facilité. 

.  En  termes  de  Parfumeurs  on  ap« 
pelle  gants  de  jafmin ,  des  gants  par- 
fumés avec  du  jafmin.  'Ei  poudre  de 
jafmin  ,  pommade  de  'jafmin  >  &c, 
une  poudre  ,  une  pommade  ^  &c. 
où  il  entre  des  fleurs  de  jafmin. 

JASON  ;  nom  propre  d'un  Héros  , 
fils  d'iËfon ,  Roi  d'Iolcos ,  dans  la 
Theflalie  ,  &  iffiide  Deucalion.  Pé» 
lias  ,  frère  d'/Efon ,  s'étoic  em])aré 
du  Throne  ;  mais  il  s'étoit  engagé 
à  le  rendre  i  Jafon  lorfqu'il  feroie 
parvenu  a  l'âge  prefcrit  par  les  lois 

fiour  gouverner.  L'ambition  de  Pé-» 
ias  fit  craindre  qu'il  n'entreprît  fur 
les  jours  de  fon  neveu^  &  on  remijC 


JAS 

celui-ci  entre  les  mains  du  centaure 
Chiron  ,  pour  être  élevé  fous  fes 
yeux  dans  les  fciences  &  dans  les 
arcs  propres  à  former  lefprit  &  le 
cœur  d'un  Prince  deftiné  au  Thrô- 
ne.  Il  revint  après  quelques  années 
redemander  la  Couronne  qui  lui 
apparrenoic  ^  Pélias  n'ofa  le  refufer 
ouvertement  ;  mais  comme  il  lui 
connoiflbit  on  grand  amour  pour 
la  gloire  ,  il  lui  fit  envifager  la 
conquête  de  la  toifon  dVr  ,  comme 
la  plus  brillante  occafion  de  fe  fi- 
gnaler  ,  5c  fut  tellement  échauffer 
Ton  courage  »  qu'il  n'eut  plus  d'au- 
tre penfée  que  de  fe  mettre  en  érac 
d'exécuter  cette  entreprife.  Pélias 
en  connoitfoit  tout  le  danger  Se  fe 
flatcoit  que  Jafon  y  périroit.  Ce  jeu- 
ne Héros  commença  par  faire  conf- 
truire  un  vaiflfeau  &  lui  donna  le 
nom  du  conftruâreur  qui  s  appeloit 
jirgo  :  dans  le  même  temps  il  in- 
vita toute  la  jeuneffe  de  la  Grèce  â 
venir  partager  avec  lui  les  périls  6c 
la  gloire  de  cette  expédition. 

Il  s'embarque  avec  fes  braves 
compagnons  (tes  Argonautes,  vcfye\ 
ce  mot  )  au  nombre  de  cinquan- 
te-quatre, &  fait  voile  fous  la  con- 
duite de  Tiphys  ,  Béotien  ,  habile 
Pilote  ,  &  de  Lincée  ,  fils  d'Âpha- 
rée ,  qui  avoir  la  vue  fi  perçante  , 
qu'elle  pénéttoit  jufqu'au 'fond des 
abîmes  de  la  mer  &  même  juf- 
qu'aux  enfers.  11  fut  très-utile  dans 
le  voyage  pour  faire  éviter  les 
bancs  de  fable  &  les  écueils  cachés 
qui  fe  trouvoient  fur  la  route. 

Le  navire  ^fgo  arrive  à  Tem- 
bouchore  dû  Phafe ,  dans  la  Col- 
chide  où  régnoit  Âétès  y  fils  du  So- 
leil &  de  Perfajfille  de  rOcéan.  Les 
Argonautes  s'étant  débarqués  ,  fe 
rendent  à  la  Cour  ,  &  Jaf  >n  portant 
la  parole  comme  leur  chef ,  lede- 
nunde  à  Aétès  avec  doocear  >  la  J 


JAS  7 

toifon  que  Phrixus  avoir  d<fpofce 
entre  fes  mains.  Aétès  fans  le  re* 
fufer  pofitivement  ,  lui  remontre 
la  difficulté  de  recouvrer  ce  pré« 
cieux  dépôt  défendu  &  gardé  par 
des  monitres  terribles  &  furieux  ^ 
&  lui  fait  envifager  ce  qu'il  doit 
efTuyer  de  dangers  pour  le  con* 
quérir. 

Jafon  répond  qu'il  feroit  pea 
flatté  d'une  conquête  qui  ne  lui 
auroit  coûté  aucun  péril  »  qu'il 
ne  connoît  point  la  crainte  y  SC 
qu'il  eft  prêt  à  facrifier  une  vie 
courte  Se  palfagère  i  la  noble  am*" 
bition  de  s'immortalifer  par  des 
aâions  de  valeur  &  de  générofité« 
Médée  qui  écoit  préfente  à  ce  dif-^ 
cours  en  fut  fenfiblement  touchée, 
&  admira  également  la  bonne  mi-* 
ne  &  le  erand  courage  de  ce  jeune 
Héros  :  elle  fait  qu'il  périra  infail- 
liblement &  fon  cœur  en  eft  atten*^ 
dri  j  cependant  elle  ne  peut  le 
fauver  qu'en  expofant  les  jours  de 
fon  père  :  la  raifon  &  le  devoir 
combattent  les  fentimens  que  lui 
infpire  la  pitié  ;  mais  bieni&t  une 
paÂion  viQieute  &  qu'elle  ne  peut 
furmonter  fait  taire  malheureufe*^ 
ment  fa  raifon  &  fon  devoir. El  le  fe 
détermine âfrcourirJafon&  à  le  fui- 
vre  dans  la  Grèce,  s'il  veut  lui  pro-^ 
mettre  de  l'époufer.  Jafon  s'y  en^ 
gage  par  les  fermens  les  plus  capa- 
bles de  la  rafTurer.  Auflirôt  elle  va; 
cueillir  ,  après  avoir  invoqué  la 
rerrible  Hécate  ,  les  plantes  qui 
ont  le  plus  de  vertu  ^  elle  en  expri-» 
me  le  fuc  qu'elle  répand  fur  Ja- 
fon &  qui  le  rend  invulnérable  ^ 
car  cette  Princeffe  excelloit  dansU 
magie  &  les  charmes  qu'elle  cm- 
ployoit  ne  mnnquoient  jamais  leur 
.  effet-  le  leni-emain  dès  que  lau-r 
rare  eut  fait  difparoître  les  étoile^  * 
le  peuple  s'affemble  dans  le  champ 


\ 


«  J  A  s 

de  Mars  ,  &  fe  place  fur  les  col- 
lines qui  s'élèvenc  couc  autour  en 
forme  d'amphithéâcre.  Le  Roi  Aétès 
vient  s'alFeoir  au  milieu  fur  fon 
Thrône  &  s'appuie  fur  un  fcepcre 
d'ivoire.  Jafon  s  avance  dans  la 
carrière  èc  auflicôc  on  voit  paroître 
l^s  taureaux  aux  pieds  d  airain  qui 
lancent  des  tourbillons  de  âamnies 

*  dont  l'ardeur  defsèchc  &  brûle  tou- 
tes les  hetbes  d'alentour.  Jafon  mar- 
iche  d  leur  rencontre  :  à  fon  appro* 

.  che  ces  féroces  animaux  lui  préfen- 
cent  des  cornes  de  fer  ,  l'environ- 
nent de  Bammes  dévorantes ,  Se 
fonp  entendre  d'horribles  mugiflTe- 
mens.  Les  Argonautes  font  faiHs 
4'effroi  :  Jafon  s'élance  d'un  air  af- 
furé  au  travers  des  flammes  &  n'en 

•  reçoit  aucune  atteinte  \  telle  eft  la 
force  des  enchantemens  dé  Médée. 
Il  flatte,  il  careiTe  les  deux  tau- 
reaux; il  les  met  fous  le  joug  &  les 
lie  au  timon  d'une  charrue.  Après 
avoir  furmonté  ce  premier  danger 
il  falloit  labourer  la  terre  &  y  fé- 
ix)er  une  partie  des  dents  du  fer- 

fent  qu'avoit  tué  Cadmus  >  &  que 
allas  &  Marsavoient  envoyées  en 
préfent  au  Roi  de  la  Colchide.  La 
charrue  traînée  par  les  taureaux  de« 
venus  dociles  »  ouvre  de  profonds 
/liions  &  Jafon  y  sème  les  denrs  du 
ferpent.  Ces  dents  abreuvées  d'un 
venin  très-puiflTant  y  s'amolliiTent  , 
croiflent  &  prennent  la  forme  hu- 
maine ;  &  â  peine  ces  hommes 
nouveaux  font -ils  hors  du  fein  de 
la  terre  ,  qu'on  les  voit  armés  de 
toutes  pièces  >  tourner  contre  Jafon 
la  pointe  de  leurs  dards.  On  ne 
pourtoit  dire  quelle  fut  la  crainte 
des  Argonautes  :  Médée  elle-même 
ne  put  fans  pâlir  ,  voir  Jafon  au 
milieu  de  tant  d'ennemis;  elle  dou* 
te  que  les  fucs  qu'elle  lui  a  donnés 
gieat  a0ez  de  vercu }  elle  y  s^joute 


JAS 

un  nouveau  degré  de  force  en  pro- 
nonçant  quelques  paroles   myilc- 
rieufes  &  emploie  en  un  mot,  pour 
le  garantir  ^  tous  les   fecrets  de  la 
magie.Cependant  Jafon  jette  au  mi- 
lieu de  ces  guerriers  enfans  de  la 
Terre  ,   une  roche  fort  pelante  j 
dans  le  moment  ils  tournent  contre 
eux-mêmes  les  armes  dont  ils  le 
menaçoient  &  s'entretuent  les  uns 
les  autres.  11  reftoit  à  Jafon  une  der- 
nière épreuve  â  fubir  :  il  falloit  par 
des  herbes  enchantées  ailbupir  le 
dragon  qui  veilloit  à  la  garde  de  la 
toii^n  ,  &  dont  les  yeux  n  avoient 
jamais  donné  d'entrée  au  fommeiU 
Ce  monftre  portoit  une  crête  fur  fa 
tète ,  &  fa  gueule  d'où  il  foctoic 
trois  langues,  étoit  armée  d'un  dou- 
ble rang  de  dents  crochues  dont  la 
morfure  donnoit  fur  le  champ  la 
mort.   Jafon  l'arrofe  de  loin  d'ua 
fuc  aflbupiflant  ,  &  prononce  par 
trois  fois  des  paroles  dont  l'e^Fec 
eft  de  provoquer  le  fommeil ,  de 
calmer  les  flots  irrités»  &  d'arrêter 
le  cours  des  fleuves.  Les  paupières 
du  dragon  s'appefantiifent  »  &  le 
fommeil  les   ferme  pour  la  pce-- 
mière  fois.  Dans  l'inftant  Jafon  fe 
faiflc  de  la  toifon  &  n'eft  pas  moins 
flatté  d'enlever  Médée  que  d'em- 
porter cette  précieufe  dépouille.  Il 
marche  fans  perdre  de  temps  pour 
fe  rembarquer  avec  fes  compagtions 
&  reprendre  la  route  d'Iolcos.  Ce-- 
pendant  Aérés  le   fait  pourfuivre 
avec  toutes  fes  troupes:  Abfyrte  fon 
fils  étoit  i  leur  tête  &  Jafon  ne 
pouvoit  efpérer  de  fe  fauver,  fi  Mé« 
dée  n'eût  imaginé  un  artifice  qui 
lui  réuffit.  Elle  députa  vers  fon  frore 
&  lui  ayant  fait  dire  qu'on  l'emme- 
npit  contre  fon  gré  ,  elle  lui  propoHi 

f^our  la  nuit  fuivante  un  pourpar-^ 
er  où  elle  pût  concerter  avec  lui 
U%  paoyens  f}e  s'évader.  Le  jeune 


JAS 

Prince  accepte  imprudemmenc  le 

rendez-vous  Se  y  vient  fans  avoir 
pris  aucune  précaution.  Médée  l'en- 
lève  &  après  Tavoir  fait  maflacrer, 
difperfe  cà  &  là  fes  membres  fur 
la  route.  Le  temps  qu'on  emploie 
à  les  ramaffer  donne  à  Jafon  tout 
le  loi&z  de  s*embarquer.  Les  Ar- 
gonautes partent  &  ayant  abordé 
dans  111e  d'Œea  où  régnoit  Circé» 
tante  de  Médée  &  fœur  de  fon  pè- 
re ,  ils  s'y  firent  expier  du  meurtre 
d'Ablyrte  fans  être  connus  :  Circé 
elle-même  prcfida  aux  facrifices,  fit 
les  libations  en  l'honneur  de  Jupi- 
ter Expiatetir  ,  6c  prononça  les  priè- 
res propie^  à  fléchir  le  couroux  des 
furies  vcngeieffes  des  crimes  j  après 
quoi  les  Argonautes  reprirent  enfin 
leur  route  &  arrivèrent  heureufe- 
ment  â  lolcos  où  Médée  rajeunit 
par  fes  enchantemens  le  vieux  ^fon, 
père  de  Jafon.  Dans  la  fuite  ceder- 

.  nier  quirta  Médée  pour  époufer 
Creufe  ou  Glaucé ,  &  Médée  de 
fon  côté  fe  vengea  de  l'infidélité  de 
Jafon  en  époufant  Egée  ,  Roi  d'A- 
chènes»  dont  elle  eut  un  fils  appelé 
Mcdus^  qui  fonda lempire  desMè- 
des.  Voyc\  Medbe. 

JASPE  ;  fubltantif  mafculin.  Jafpis. 

Picne  dure  du  nombre  de  celles 

qu'on  appelle  prccieufes  :  c'eft  une 

efpèce  d  agarhe  qui  prend  très-bien 

le  poli  Se  donne  des  étincelles  lorf- 

qu'on  la  frappe  avec  de  l'acier  ;  on 

eo  diftingue  de  plufieurs  fortes ,  fa- 
voir , 

Le  ja/pe  d'une  feule  couleur  :  il  y 
en  a  de  blanc  ,  de  jaune ,  de  rouge, 
de  vert,  de  bleu  &  de  noir  :  celui 
qui  eft  vert  acquiert  au  feu  la  pro- 
priété de  r^iluue  dans  l'obfcuiité  : 
on  croie  mais  à  tort ,  que  le  lapis 
laïuU  autrement  dit  pierre  d'a\ur  , 
.  eft  un  iafoe  bleu. 

Le  jaj'pe  fleuri  eft  compofé  de 
Tome  XK 


l 


JAS  5 

plufieurs  couleurs  qui  quelquefois 
lont  mêlées  enfcmble  »  ce  qui  fait 
chatoyer  la  pierre;  quand  elles fonc 
diftin<ttes  &  fcparées  ,  cela  fait  pa- 
roître  la  pierre  panachée  &  mou- 
chetée de  différentes  couleurs.  Il  y 
a  dujafpe  fleuri  de  toutes  les  cou* 
leurs  ,  c'eft-à-dire  , où  Ion  remar- 
que une  couleur  dominante ,  ce  qui 
ait  dire  jû/pe  fleuri  rouge  ou  jaune  , 
&c. 

htjafpefanguin  fi  vanté  des  au- 
ceuts  9  eft  un  jafpe  dont  le  fondopa* 
que  &  vert  eft  rempli  de  taches 
rouges;  s'il  eft  moucheté  en  jaa« 
ne,  on  VzppeWejaJpe panthère.. 

Le  jajpe  héliotrope  non  moins 
vanté  que  le  précédent ,  eft  verda- 
tre  &  bleuâtre ,  parfem^  de  points 
rouges  :  quelques  perfonnes  faciles 
à  perfuader ,  portent  ces  jafpes  en 
amulettes  pour  brifer  la  pierre  da 
rein  &  fe  préferver  d'épilepfie, 
d'hémorragies ,  &c. 

Le  jaJpe  aguhe  femble  être  un 
filex  plus  épurée  moitié  opaque'& 
moitié  demi>tranfparent:  félon  la 
pureté  &  l'arrangement  des  veines 
de  ce  jafpe  ,  on  le  nomme  jafpe 
Calcédoine^  ou  jafpe  onix^  oa  agufhe 
jafpce. 

Les  jafpes  ont  un  poli  plus  ou 
moins  éclatant  j  félon  la  finefle  ou 
rhomogénéiré  du  grain  qui  tes  com-. 
pofe. 

Quelques  auteurs  confondent 
mal  i  propos  U  jafpe  avec  le  mar- 
bre. La  différence  enrrç  eux  eft  très- 
fenfible  :  le  premier  donne  des  étin- 
celles lorfqu  on  le  frappe  avec  uo 
briquet  &  ne  fe  diffbut  point  dans 
les  acides  ,  au  lieu  que  le  marbre 
s'y  diffbut  &  ne  fiit  point  de  feu 
lorfqu'on  le  frappe  avçc  le  bri- 
quet. 

Le  jafpe  fe  trouve  dans  le  fei^ 
de  la  terre  par  ma  fies  détachées  de 


10  JAS        ^ 

différentes  grandeurs  «,  des  voya- 

§eurs  parlent  d'un  morceau  de  jofpc 
e  neuf  pieds  de  diamètre  qui  fut 
tiré  d*une  carrière  de  TArchevcché 
de  Sahzbourg,&  placé  parmi  le  pa- 
vé d*une  des  Cours  du  Palais  Im- 
périal à  Vienne  ,  en  Aurriche. 

Mr^Gmelin  dans  Ton  voyage  de 
Sibérie^  dit  avoir  vu  dans  le  voi< 
finage  de  la  rivière  d'Argun ,  une 
montagne  qui  eft  prefqu'entière- 
menc-compofée  d'un  jafpc  vert  irès- 
beau  ,  mais  entièrement  mêlé  de 
roche  brute,  de  forte  qu  il  eft  rare 
de  trouver  des  morceaux  de  trois 
livres  exempts  de  gerfures&  de  dé- 
fauts. Le  même  auteur  ajoute  que 
quelquefois  on  en  a  tiré  des  mânes 
qui  avoienr  un  ou  deux  pieds;  (  le 
pied  fait  j}  livres)  mais  elles  fe 
fendoient  à  Tair  au  bouc  de  quel- 
ques jours ,  de  (brte  qu'on  ne  pou- 
voit  s'en  fervir  pour  faire  des  co- 
lonnes ,  des  tables  ou  autres  grands 
ouvrages. 

Oo.trouve  aùffi  dtsjafpes  de  dif- 
férentes couleurs  en  Bohème ,  en 
Italie   5c  dans  beaucoup  d'auttes 

Eays  de  1  Europe.  ^  mais  on  donne 
(préférence  a  ceux  des  Indes  orien- 
tales parcequ'on  les  regarde  com- 
me puis  durs;  ils  prennent  mieux 
le  poli  y  les  couleurs  en  font  plus 
vives. 

JASPÉ ,  ÉE }  adjeâùf  &  participe  paf- 
ilf.  Peint  &  bigarré  en  forme  de 
jafpe  9  foit  par  art  foit  par  nature. 
Une  colonne  jafpée^  Une  tulipe  jaf- 
pée^  Un  livre  relié  en  veau  jafpé. 

JASPER  j  verbe  adif  de  la  première 
conjugaifon  »  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter.  Jafpidis  colore 
inficere.  Peindre  ou  bigarrer  de  di  - 
verfes  couleurs  en  forme  de  jafpe. 
Jafper  la  couverture  d* un  livre. 

JASPUREi  fubftantif  fértiinin.  L'ac- 
uon  de  jafpet  ^  ou  fe&èc  qui'réfalte 


JAS 

de  cette  adtion.  Ce  relieur  fait  aux 
livres  de  jolies  jafpures» 

La  première  iy-ilabe  eft  brève  » 
la  féconde  longue  &  la  troifième. 
tiès-brève- 

JASQUEj  nom  propre  d'une  ville 
maritime  de  Perfe  y  dans  la  pro- 
vince de  Tubéran  ,  fur  le  golfe 
d'Ormus  ,  au  7^®  degré ,  ja  mi- 
nutes de  longitude  >&  au  15.^,  40- 
minutes  de  latitude. 

JASSEFUT-,  fubftantif  mafcuUn. Sor- 
te de  vaidèau  perfan  qui  navigue 
dans  la  ijier  des  Indes. 

JASSUS  y  nom  propre  d*une  ancienne 
ville  d'Afie  dans  la  Cârie^ 

JASSY  ;  nom  propre  d'une  ville  con- 
fidérable,  capitale  de  la  Moldavie, 
fur  le  Pruth  >  environ  à  vingt  lieues 
de  Soczowa  ,  vers  l'orient.  C'eft  la 
réfidence  de  THofpodar.. 

JASVA  MORE\Ç^AIA  ;  on  appelle 
ainU  en  Rullie  ,  une  maladie  épi- 
démique  qui  paroît  être  la  pefte  » 
dont  néanmoins  elle  diflFere ,  &  qui 
fe  fait  fentir  affez  fréquemment 
dans  la  Sibérie  &  chez  les  Tarta- 
res  appelés  Kalmoucks.  Elle  attaque 
tout  le  monde  fans  diftindtion  d'âge 
ni  de  fexe ,  les  chevaux  eux  mêmes 
n*en  font  point  exempts  'y^  elle  s'an-* 
nonce  par  une  tache  blanche  oa 
rouge  qui  fe  place  fur  une  des  par- 
ties du  corps ,  &  au  milieu  de  cette 
tache  on  dit  qu'il  y  a  fouvenc  un 
petit  point  noir.  Cette  tache  ou 
tumeur  eft  entièrement  dépourvue 
de  fentiment^  elle  eft  dure  &  s*é^ 
lève  un  peu  au-dedus  du  refte  de 
la  peau  ^  elle  augmente  en  peu  de 
temps  &  en  quatre  ou  cinq  jours 
elle  acquiert  la  groffeur  du  poing 
&  a  toujours  la  n:Tème  dureté  Se 
la  même  infenfibilité.  Le  malade 
éprouve  durant  ce- temps  une  gran- 
de laffirude  &  une  foif  extraordi- 
naire')^ il  perd  entièrement  l'appé- 


JAS 

rit  ,  êft  toujours  adoupi  ;  il  lui 
prend  des  étourdifTemens  auditoc 
qu'il  fe  tient  debout  ;  il  fent  un 
ferrement  confidérable  de  la  poi- 
trine y  enfin  il  a  de  la  difficulté 
de  refpirer  \  fon  haleine  devient 
puante  j  il  pâlit  ou  jaunit  ;  il  éprou- 
ve de  grandes  douleurs  intérieure- 
ment :  il  fe  retourne  &  change  per- 
pétuellement de  Htuation  &  la  foif 
va  toujours  en  augmentant.  Quand 
tous  ces  fymptômes  font  fuivis  d'u- 
ne fueiir  abondance  ,  c'eft  un  fîgne 
Î[ue  la  mort  approche ,  6c  les  per- 
onnes  robuftes  périffent  ordinaire- 
ment le  dixième  ou  onzième  jout^ 
les  délicats  ne  vont  pas  Ci  loin.  Ceux 
qui  font  attaqués  de  cette  maladie, 
ne  fe  plaignent  que  de  douleurs  de 
tcte  tant  (iju'elle  dure  j  on  ne  re- 
marque aucun  changement  fur  la 
langue  »  aucune  conftipation  ni  ré- 
tention d'urine  ,  &:  la  tète  de- 
meure faine  jufqu  au  dernier  mo- 
ment. 

Auffitôt  qu'un  Tartare  apperçoit 
une  de  ces  taches  fur  fon  corps , 
il  va  trouver  un  Cofaque  qui  n'eft 
ordinairement  qu*un  médecin  de 
beftiaujt  ;  il  arrache  la  tache  avec 
fes  dents  jufqu'au  fang ,  ou  il  en- 
fonce dans  le  milieu  une  aiguille  & 
la  tourne  enâellbus  en  tout  fens. 
Se  continue  à  la  détacher  ain(i  juf- 
qu'à  ce  que  le  malade  fente  fon  ai- 
guille ;  après  quoi  il  achève  de  Tar- 
racher  avec  les  dents  :  il  mâche 
cnfuite  du  tabac  &c  le  faupoudre 
d'un  peu  de  fel  ammoniac  j  il  ap- 
plique ce  mélange  fur  la  plaie  j  & 
recouvre  le  tout  d*une  emplâtre  ou 
bien  il  fe  contente  de  la  bander; 
il  renouvelle  le  tabac  &  le  fel  am- 
moniac tous  les  vingt-quatre  heu- 
res jufqu*à  la  guérifon  parfaite  c|ui 
fe  fait  au  bout  de  Jeux  ,  cinq 
ou  fept  jours  /fuivant  le  degré  de 


JAT  II 

dureté  &  la  grandeur  de  la  tache 
ou  du  bubon  :  il  n'y  a  pas  lieu  de 
craindre  que  les  autres  parties  du 
corps  prennent  la  contagion.  La  par- 
tie aftligée  reprend  fa  couleur  na- 
turelle Se  la  plaie  fe  cicatrife.  Le 
réeime  qu'on  fait  obferver  ati  ma* 
lade  contifie  à  le  tenir  dans  un  en- 
droit obfcur  y  à  l'empêcher  déboire» 
ou  fi  on  le  lui  permet,  ce  n'eft  que 
du  petit  lait  aigri  ;  les  autres  boif- 
fons  lui  font  interdites  :  on  lui  dé« 
fend  aufli  les  fruits  à  filiques ,  Se 
toute  nourriture  fujette  i  ferme»» 
ter;  on  lui  permet  le  pain  trempé 
dans  le  petit  lait  j  du  bouillon  de 
poulet  n  des  raves  ;  mais  toute  vian- 
de eft  regardée  comme  nuifible.On 
a  remarqué  que  la  chair  qui  eft  aa- 
deffous  de  la  tache  qu'on  a  etdevée» 
eH;  bleuâtre. 

jATARON'i  fubftantif  mafculîn.  M. 
Adanfen  donne  ce  nom  i  une  forte 
de  coquillage  bivalve  que  Ronde- 
let appelle  coquille  ridée*  La  figure 
en  eft  pcefque  ronde  :  rexténeuc 
de  la  coquille  eft  d'un  beau  cou- 
leur de  rofe  ou  de  chair  j  &  l'in- 
térieur en  eft  quelquefois  blanc  Se 
quelquefois  de  couleur  purpurine 
ou  violette.  Ce  coquillage  {e  trou- 
ve communément  autour  de  l'île 
de  Corée  »  dé  celles  du  Cap.Verd^ 
&c. 

JATTE  ;  fubftantif  féminin.  Gahata. 
Efpèce  de  vafe  de  bois ,  de  faïen- 
ce }  de  porcelaine  j  &c.  qui  eft  rond, 
tout  d'une  pièce  Se  fans  rebords. 
Vue  jdtu  d  ancien  japon.  Une  jatte 

*  .defaïance. 

JxtTB  ,  fe  dit  en  termes  de  Marine  « 
d'une  enceinte  de  planches  faite 
vers  l'avant  du  vaideau ,  pour  re- 
cevoir l'eau  que  les  coups  de  mer 
y  font  encrer  par  les  écubiers. 

Jatte,  fe  dit  en  cetmes  dePademen- 
tiers-Boutonniers  >  d'une  efpèce  de 

B  ij 


it  JAV 

fébile  trouée  par  le  miliea  »  fur  lâ- 

3uelle  ces  arcifans  fabriquent  avec 
es  fufeaux ,  les  gros  cordons  de 
foie  ,  de  fleuretj  de  fil  ,d'c.  qui  fer- 
vent à  faire  des  guides  de  chevaux 
de  carroffè  »  i  fuipendre  des  luftres. 

Jatte  à'EAV ,  fe  dit  en  termes  d'Ar- 
tificiers »  d'une  forte  d'artifice  afTez 
femblable  aux  roues  de  feu  appelées 
girandoles, 

La  première  fyllabe  eft  brève  & 
la  féconde  très  brève. 

» 

JATTEE  i  fubftantif  féminin.  PJein 
une  jatte.  Unejattéedefoupe. 

La  première  fyllabe  ell  brève  , 
la  féconde  longue  >  &  la  troifième 
très-brève. 


JAVA  \  nom  propre  de  deux  îles  de  la 


\ 


grande  Java  eitfép: 
de  l'île  de  Sumatra  par  le  détroit  de 
la  Sonde.  On  y  recueille  du  ris ,  du 
fucre  j  du  Benjoin ,  du  poivre  trè$- 
eftimé ,  du  gingembre  &  des  fruits 
excellens.On  y  trouve  auffi  des  mi- 
nes d'or,  d'argent  Se  de  cuivre  »  de 
rubis  ,  dediamans  &  de  très-belles 
émeraudes. 

On  y  a  toute  forte  de  bétail  , 
à^s  bœufs  ,  des  vaches ,  des  bre- 
bis »  des  chèvres  ic  même  des  che- 
vaux 'y  la  volaille ,  les  paons ,  les 
pigeons  ,  les  perroquets  y  multi- 
plient â  fouhait. 

Les  lieux  inhabités  font  peuplés 
de  tigres  »  de  rhinocéros,  de  cerfs  j 
de  bufies  j  de  fangliers ,  de  fouines, 
de  chats  fauvages  ,  de  civettes ,  de 
ferpensj  &  les  rivières  ont  des  cro- 
codiles très-dangereux  pour  ceux 
qui  s  y  baignent  ou  qui  fe  promè- 
nent fur  le  rivage  fans  précaution, 
uetques  montagnes  de  l'île  font 

s  volcans  qui  jettent  bien  l^in 


i 


JAV 

des  cendres  ,  des  flammes  &  de  la 
fumée. 

La  religion  des  habitans  naturels 
eft  la  mahométane  qui  leur  a  été  ap- 
portée par  un  Arabe  dont  le  tom- 
beau eft  en  grande  vénération  par- 
mi eux.  Les  HoUandois  pollcdenc 
une  bonne  partie  de  cette  île  :  le 
refte  dépena  de  TEmpereur  deMa- 
téran ,  qu'on  appelle  aufli  Empereur 
de  Java. 

La  ville  capitale  de  Tîle  eft  Ba- 
tavia :  le  luxe  des  femmes  j  furtouc 
des  HoUandoifes ,  y  eft  prodigieux. 
Il  s'y  fait  un  grand  commerce  & 
des  marchands  de  toutes  les  Na- 
tions viennent  s'y  réunir.  Les  Chi- 
nois furtout  y  trafiquent  beaucoup 
&  contribuent  le  plus  i  la  richefle 
de  cette  ville  \  ils  y  font  en  (î  grand 
nombre,  qu'ayant  excité  en  1741  , 
an  foulèvement ,  les  Hollandois  eu- 
rent beaucoup  de  peine  à  le  cal- 
mer. Batavia  eft  te  fiége  du  Con- 
feil  fouverain  des  Indes  pour  les 
Hollandois.  Ce  Confeil  eft  compofé 
d'un  Général  qui  a  l'autorité  de 
Vice- Roi ,  d'un .  Direâeur  ,  de  fix 
Confeillers  ordinaires  &  de  quel- 
ques autres  extraordinaires  dont  le 
nombre  dépend  de  la  Compagnie 
des  Indes  orientales  qui  rende  en 
Hollande.  Ce  mèoie  Confeil  a  fous 
lui  fix  Gouverneurs  Généraux,  fa- 
voii;  ceux  de  Paliacate  ,  fur  la  cote 
de  Coromandel ,  d'Amboine  ,  de 
Banda  ,  de  Ternate  ,  de  Ceylan  &c 
de  Malaca. 

La  Compagnie  Hollandoife  des 
Indes  orientales  envoie  tous  les  ans 
à  Batavia  plus  de  vingt  vaiffeaux 
chargés  de  marchandifes  d'Europe  , 
propres  pour  les  Indes ,  &  ils  en 
rapportent  de  lor  , de  l'argent ,  des 
diamans,  des  perles  ,  du  cuivre  y 
du  thé  ,  des  porcelaines,  des  épi- 
ceries X  ^^  loies  ^  du  coton  ^  & 


«•« 


JAV 

quantité  d'autres  roarchaDdifes  de 
toute  TA  fie. 

La  petite  Java  firuéeàrOrientde 
la  précédente  ^  fe  nomme  plus  com- 
munément   rîle    de   Bah.    f^oyei 
Dali. 
JAVARIS)  fubftantif  mafculin.  Ani* 
mal  quadrupède  qui  fe  trouve  au 
Brcfil ,  dans  l'île  de  Tabago  &  dans 
quelques  aunes  de  l'Amérique.  Il  a 
quelques  rapports  avec  lefanglier; 
ies  oreilles  lont  très-couttes  Se  il 
n*a  prefque  point  de  queue  j   fon 
nombril  eft  Air  le  dos }  il  y  a  de 
ces  animaux  qui  font  tout  noirs  ; 
d'autres  font  monchetés  de  blanc  : 
ils  ont  un  cri  plus  délagréable  que 
celui   du  cochon  ;    leur  chair  eft 
allez  bonne  â  mapger  y  ils  font  dif- 
ficiles i  prendre  parceque  >  dit-on, 
ils  ont  fur  le  dos  une  ouverture  par 
où  l'air  edtre   &    rafraîchit  leur 
poumon  9  ce  qui  fait  qu'ils  peu* 
vent  courir  long-temps  fans  fe  fa- 
tiguer 'y  d'ailleurs  ils  font  armés  de 
fortes  dents  ou  défenfes.  . 
JAV  ART  j  fubftantif  mafculin.  Tu- 
meur qui  s'élève  ou  â  coté  ou  au- 
defTus  du  boulet ,  fouvent  vis-à-vis 
de  fon  mouvement  Se  fur  le  tendon. 
Otte  tumeur  peut  être  occafionnée 
eu  par  un  vice  intérieur  ou  par  des 
coups  fur  le  tendon  ,  ou  par  les 
meurtritTures  que  fe  fait  l'animal 
qui  s'entreuille  ,  ce  qui  lui  caufant 
une  douleur  violente  excite  la  fièvre 
&  le  jette  dans  ramaignftement. 

Outre  cette  efpèce  de  javart  qu'on 
2fpe\lcjavart  nerveux ,  on  en  recon- 
noit  encore  deux  fortes  j  favoir  le 
javart  fimple  &  le  javart  encorné. 

Le  javart  fimple  eft  celui  qui  fe 
montre  particulièrement  &  le  plus 
fouvent  au  derrière  du  paturon  ;  il 
caufe  de  la  douleur  au  cheval  ^  l'a- 
nimal en  boite  ;  mais  fes  fuixes 
n'ont  rien  qui  foit  i  ciaindret. 


JAV  ïi 

Le  javart  encorné  eft  celui  qui  fe 
trouve  fitué  près  de  la  couronno 
au-deftiis  d'un  des  quartiers  »  plus 
fouvent  fur  celui  de  dedans  que  fur 
celui  de  dehors  »  &  qui  peut  »  tinfi 
que  l'atteinte  encornée  >  donner 
lieu  i  de  vrais  ravages  >  fi  la  fup* 
puration  qui  doit  en  réfultet  fe 
creufe  des  finus  »  &  fi  la  matière 
fuppurée  flue  8c  defcend  dans  l'on-- 
gle  même. 

Conformément  â  ces  principes , 
le  javart  provient  des  mêmes  eau* 
fes  j  mais  les  conféquences  en  font 
plus  ou  moins  dangereufes  »  félon 
la  fituation.    • 

Ces  caufes  peuvent  être  internes 
&  externes:  celles-ci  feront»  par 
exemple  ,  des  coups ,  des  meur» 
trifiures ,  ou  bien  quelque  matière 
irritante  »  une  grande  quantité  de 
boues  9  d'ordures  &  de  craÛe  »  qui 
bouchant  les  pores  de  la  peau ,  for- 
ceront la  lymphe  ou  l'humeur  féba-^ 
cée  de  s'arrêter  dans  quelque  vaif« 
feau  fécrétoire. 

Cette  humeur  arrêtée  empêchant 
celle  qui  vient  de  nouveau  ,  Se  qui 
devroit  s'exhaler  aufli  par  la  tranf^ 
piration,de  pafter  &  de  fe  faire  iour^ 
donnera  necefTairement  lieu  a  un 
engorgement  »  d'où  réfultera  une 
tumeur  d'un  volume  plus  ou  moins 
confidérable ,  qui  fera  plus  ou  moins 
dure ,  plus  ou  moins  élevée  ,  dont 
la  pointe  s'abcédera  plus  ou  moins 
dimcilement ,  Se  lainera  fortir  une 
matière  purulente  Se  même  fangui- 
nolente  j  tandis  qu'il  s'élèvera  du 
fond  de  l'ulcère  un  bourbillon 
blanc  ,  vifqueux  ,  tenace  »  élafti* 
que  &  femolable  â  un  morceau  de 
corde.  Ce.  bourbillon  hors  de  l'bl-- 
cère ,  il  y  aura  un  trou  étroit  8c 
profond  par  lequel  il  s'écoulera  cha^ 
que  jour  une  cej:taint  quantité  de 
pus.»  Se  la  tumeur  enEn  le  réfoudra 


3" 


"1 


14  JAV 

&    fe    di(fipera    infenfiblement. 

A  i*é;^ard  des  caufesinternes  aux- 
quelles  le/tnal  peut  devoir  fa  naif- 
junce  y  on  ne  peut  en  accufer  que 
répainiifemenc  &c  l'acrimonie  de 
l'humeur  ,  qualités  vicieufes  qui 
ont  leur  fource  dans  le  fang  ,  & 

Iui  favoriferonc  cetre  accumulation 
*où  provient  le  javart. 
On  applique  fur  la  tumeur  des 
médicamens  propres  â  la  faire  ve- 
nir i  fuppu  ration ,  tels  que  les  oi- 
gnons de  lys  cuirs  dans  la  braife , 
&  piles  dans  un  mortiet  avec  de 
Thuile  de  lin  ou  de  navette  ,  ou  le 
blanc  de  poireau  meté  avec  du  vieux 
oings  5  &c>  après  la  fuppuracion  on 
lave  la  plaie  avec  du  vin  chaud ,  &c. 

JÂUDES  y  nom  propre  d'un  bourg  de 
France  ,  en  Angoumois ,  environ  à 
crois  lieues  ,  nord-nord-eft ,  d'An- 
goulème,     . 

JAVEAUi  fubftantif  mafculin.  Ter- 
me d'Eaux  &  Forets,  par  lequel  on 
défîgne  une  îb  formée  de  (able  & 
de  limon  par  un  débordement  d'eau. 

J  A  VÊLÉ,  ÉE;  adjeftifac  participe 
paffif.  Foyei  Javblir. 

On  appelle  avoines  javclées  celles 
dont  le  grain  eft  devenu  noir  6c  pe- 
fant  par  la  pluie  qui  les  a  mouillées 
tandis  qu'elles  étoient  en  Javelle. 

J  A  VELER;  verbe  aftif  de  la  pre- 
mière  conjugaifon ,  lequel  fe  con- 

1*uzuocommeCHANT£R.  Mettre  les 
»les  par  petites  poignées  ,  &c  les 
lai  (Ter  couchés  fur  les  filions  afin 
que  le  grain  fèihe  de  jaunifle.  On 
doitjaveler  les  blés  avant  de  les  mee* 
tre  en  serbe. 

\\  eft  aufiî  verbe  neutre.  Ses  blés 
javellent. 

La  première  fyllabe  eft  brève , 
la  féconde  très-brève,  &  la  troifîème 
longue  ou  brève,  yoyei  Verbe. 

L'e  qui  précède  une  fyllabe  termi- 
néepar  un  e  muet  pren4  k  fon  4e  1'^ 
moyen. 


JAV 

JAVELEUR  i   fubftantif  mafculin. 

Celui  qui  javelle.  Ilades  javeleurs 

dansfes  champs. 
JAVELINE  i  fubftantif  féminin,  Ef- 

[>èce  de  dard  long  &  menu  qui  fe 
ançoir ,  &  dont  les  anciens  fe  ferr 
vvoient  à  la  guerre  avant  Tinven- 
tion  de  la  poudre  à  canon. 

La  javeline  eft  encore  en  ufage 
parmi  les  cavaliers  arabes  ,  ceux  du 
Royaume  de  Fez  &  de  Maroc.  Elle 
a  environ  huit  pieds  de  longueur  \ 
le  bois  va  un  peu  en  diminuant  de- 
puis le  milieu  jufqu  au  taton  ,  où  il 
y  a  une  efpèce  de  rebord  de  plomb 
pu  de  cuivre ,  dupoids  d'une  demi** 
livre;  la  lance  eft  d'un  grand  pied  de 
lonç  très-aigue  &  rrès-rrancnante  , 
de  deux  pouces  ou  environ  dans  fa 

Elus  grande  largeur  avec  une  petite 
anderoUe  fous  le  fer.  Les  Maures 
fe  fervent  de  cette  javeline  avec  due 
adrefte  furprenante  ;  ils  la  tiennent 
a  la  main  par  le  bout  des  doigts  tc 
en  équilibre  9  &  le  poids  qui  eft:  i 
Textremité  du  talon  fait  que  le 
côté  du  fer  eft  toujours  plus  lonr 

?|ue  vers  le  talon  ;  ce  qui  fert  a 
aire  porter  le  coup  plus  loin. 

M.  le  Chevalier  de  Folard  pré« 
tend  qu'on  ne  peut  rien  imaginer 
de  plus  redoutaole  que  cette  arme 
pour  la  cavalerie.  Le  moyen  ,  dit- 
il  j  d'aborder  un  efcadron  armé  de 
la  forte  ,  qui  au  premier  choc  jetre 
un  premier  rang  par  terre  &  en  fait 
autant  du  fécond ,  fi  celui-ci  veutten* 
ter  l'aventure ,  chaque  cavalier  étant 
comme  adiiré  de  tuer  fon  homme  ; 
car  il  lance  fon  coup  de  toute  la 
longueur  de  fon  ajme  en  fe  levant 
droit  fur  les  écriers,  Il  fe  baifte  6c 
i!  s'étend  jufques  fur  le  cou  de  fou 
icheval  6c  porte  le  coup  avec  tant 
de  force  6c  de  roideur ,  qu'il  perce 
un  homme  d'outre  en  outre ,  avant 
qu'il  ait  eu  le  temps  de  l'approcher  , 


JAV 

&  il  fe  relève  avec  la  mime  légè- 
reté 6c  la  même  vigueur  pour  redou- 
bler encore.  Le  lancier  n*avoic 
qu  un  coup  à  donner  ,  .&  ce  coup 
n'écoit  |atnais  fans  remède  y  l'en- 
nemi pouvant  Tévicer  en  s'ouvràiit  ^ 
maïs  rien  ne  fauroic  rcfifter  contre 
la  lance  des  Maures,  qui  charge 
par  coups  redouble!  ,  comme  on 
féroit  avec  une  épée. 

JAVELLE  i  fubftantif  féminin.  Plur- 
fieurs  poignées  de  blé  fcié ,  qui  de« 
meurent  couchées  fur  le  fillon ,  juf- 
,qu'à  ce  qu'on  en  falTe  des  gerbes. 
Amajfer  l€s  javelles» 

Javelle  j  fe  dit  auffi  d'un  petit  faif- 
ceau  de  farmenr.  Brûler  une  ja'^ 
velle. 

JAVELOT  j  fubftantif  mafculin.  Ef- 

{>èce  de  dard  plus  court  que  la  jave- 
ine.  C'étoit  l'arme  que  les  Ro- 
mains donnoient  aux  VéliteSy  ou 
troupes  légères.  Sa  longueur  étoit 
de  deux  coudées,  &  fa  groifeur  d'un 
doigt  \  le  fer  étoit  long  d'un  pied , 
fi  délicat,  &  il  pointi^  qu'il  le  tor- 
tuoit  dès  qu'on  l'a  voit  jeté ,  de  forte 
que  les  ennemis  ne  s'en  pouvoient 
pas  fervir* 

Us  avoîem  encore  d'autres  jave- 
lots y  dont  le  bas  étoit  g^mi  de  trois 
plumes^  à  la  redemblance des  flè- 
ches &  dards  dont  (e  fervent  les  Po- 
lonois  &  plulTeurs  autres  >  princi- 
palement les  Maures  qui  les  nom* 
ment  :(^:igaies^ 

Les  premiers  François ,  à  l'imira- 
tion  des  Gaulois  j  fe  font  fervis  du 
javelot  j  qui ,  comme  bien  d  autres 
armes,  adifparu,  lorfq.ue  les  armes 
•    d  feu  ontéré  inventées.' 
JAVELOT  j.  rby^ç  AcoNTiAs. 
JAVER  j.  nom  propre  d'une  ville  forte 
d'Allemagne  ,  capitale  d*une  Prin-  [ 


JAU  15 

La  Principauté  de  Javer  a  la  Bohè- 
me au  midi  ^  la  haute  Luface  à  l'oc- 
cident }  les  Principautés  de  Sagan 
&  de  Glogaw  au  nord  j  &  j  l'orient 
les  Principautés  de  Lignitz  &  de 
Schvreidnit2. 

JAUGE  j  fubftantif  féminin.  La  jufte 
mefure  que  doit  avoir  un  vaiireau 
fait  pour  contenir  quelque  liqueur 
ou  quelques  grains»  Un  muid  qui 
nefi  pas  de  jauge. 

Jauge  j  fe  dit  aufti  de  cette  verge  de 
bois  ou  de  fer ,  divifée  en  travers 
par  pieds ,  par  pouces  &  parlignesy 
avec  laquelle  on  prend  &  on  mefure 
la  longueur  &  la  largeur  dé  la  fu^ 
taille.  Mefurer  avec  la  jauge* 

Jauge,  fe  dit  encore  d'une  futaille 
qui  fert  d'échantillon,. d'étalon  pour 
ajufter  &  échantillonner  les  autres. 
Echantillonner  un  muid  à  la  jauge  def 
Paris. 

Jauge  »  fe  dit  en  termes  d'Architec- 
ture, d'un  bâton  étalonné  fur  la 
profondeur  &  la  largeur  que  doit 
avoir  la  tranchée  qu'on  a  faite  pour- 
fonder  un  bâtiment.- 

Jauge,  fe  dit  en  termes  de  charpen-> 
tiersjd'une  petite  règle  de  bois  fort 
mince ,  divifée  par  pouces  Se  par 
lignes ,  &  fervant  a  tracer  les  mor-^ 
toife^,  tenons,  &c.' 

Jauge  ,  fe  dit  en  termes  de  fontc- 
niers ,  d'une  boîte  percée  de  pli>- 
Geurs  trous ,  qui  leur  fert  à  cor.-r 
noicre  la  quantité  des  pouces  Sc 
lignes  d'eau  que  produit  une  fource^^ 
On  zppelit  Jroits  de  jauge  &  de 
courtage^  des  droits  d'aides  qui  fe 
perçoivent  dans  tous  les  pays  où  leS' 
aides  ont  lieu.  Ces  droits  font  partie* 
de  la  Ferme  générale  des  Aides. 

La  première  fyllabe  eft  longue ,  & 
la  féconde  très-brève. 


cipaUté  de  même  nom  dans  la  barte    JAUGEAGE  j   fubftantif  mafculin^ 


SiléfTe  y  à  huit  milles^  fud  oueft ,  de 
Brefla^v^ 


L'aâion  de  jauger  les  tonneaux  y  le» 
navires.' 


l6 


JAU 


Le  jaugeage  le  plus  difficile  eft 
celui  des  vailfeaûx  de  mer.  C'jttc 
diâiculcc  vienr  de  la  grande  irrégu 
laricc  des  courbes  &  du  grand  nom- 
bre de  différentes  cou i  bes  qui  entren  t 
dans  la  furface  d'un  même  vaiffeau 
&  produifenc  fa  capacité.  Comme 
on  ne  jauge  les  vailieaux  que  poui 
favoir  ce  qu'ils  peuvent  contenir  de 
marchandiies  ^  outre  coûtes  les  cho 
fes  qui  leur  font  néceflaires  pour 
faire  voyage ,  parce  que  les  Souve- 
rains lèvent  des  droits  fur  ces  mar- 
chandifes  ;  on  appelle  proprement 
jaugeage  des  vaiffcauXjla  mefurejnon 
de  la  capacité  entière  de  leur  creux 
ou  vide ,  mais  feulement  de  la  par- 
tie de  cette  capacité  que  les  mar- 
chandifes  peuvent  remplir.  Âinfi 
le  vaifleau  étant  conftruit  &  pourvu 
feulement  de  tout  ce  qui  lui  eft  né> 
ceffaire  pour  le  voyage  9  il  enfonce 
dans  l'eau  d'une  certaine  quantité 
&  jufqu'à  une  ligne  qu'on  appelle 
ligne  de  l'eau;  fi  de  plus  on  le  cnarge 
de  toutes  les  marchandifes  qu'il 
peut  porter  commodément  ou  lans 
péril  y  il  enfonce  beaucoup  davan- 
tage &  jufqu'à  une  ligne  qu'on  ap 
pelle  ligne  du  fore  ^  parceque  la^dif- 
tance  de  cette  ligne  jufqu'à  celle  où 
le  vaiffeau  feroit  près  de  fubmer- 
ger ,  fe  prend  pat  rapport  au  milieu 
'  du  vaiflfeau  qui  en  eft  la  partie  la 
'  plus  baffe  &  en  même  temps  la  plus 
large  qu'on  appelle  le  fort,  La  ligne 
du  fort  dans  un  vaiffeau  aufli  chargé 

•  qu'il  peut  Tctre  ,  eft  ordinairement 
un  pied  au-deffus  du  fort.  La  ligne 
de  l'eau  &  celle  du  fort  font  toutes 
deux  horifonrales  8c  par  conféquent 
parallèles ,  &  il  faut  donc  conce- 
voir que  par  elles  paffent  deux  fec- 
tions  ou  coupes  di)  vaifleau ,  qui 
font  àu(G  deux  plans  horifontaux. 

*  Il  eft  vifible  que  c'eft  entre  ces  deux 
plans  qu'eft  comprife  toute  la  capa- 


JAU 

cité  du  vaiffeau  que  les  marchai>dî- 
Cgs  occupent  ou  p«.'uvent  ucciipci  } 
c'eft  eiie  qui  doit  les  droits ,  8c  qu'il 
fsLMi  jauger.  Le  volume  d'eau  qui  la 
rempliroit  ell  d'un  poids  égal  à  celui 
des  marchanJifcs  ;  8c  fi  Ton    fait 

Î[uel  eft  ce  volume  &c  par  conféquent 
on  poids,  car  un  pied  cube  d eau 
pèfe  71  livres ,  on  lait  le  poids  des 
marchandifes  du  vaiffeau.  La  dif- 
ficulté de  ce  j.iugeage  confifte  en  ce 
(Tà^  chacune  des  deux  coupes  hori- 
lontales  du  vaiffeau  a  une  circon- 
férence ou  un  contour  très-bifarre 
formé  de  différentes  portions  de 
courbes  différentes,  &  de  plus»  en 
ce  que  les  deux  coupes  ont  des 
contours  très-différeiis  j  ainfi  la 
géométrie  doit  déiefpérer  d'en  avoir 
les  aires.  Quant  à  la  diftance  des 
deux  plans ,  qui  eft  la  hauteur  du 
folide  qu'ils  comprennent  >  il  eft 
très^aifé  de  la  prendre  immédia- 
tement. La  lumière  de  la  géométrie 
manquant ,  les  hommes  ont  >  pour 
ainfi  dire  «,  été  abandonnés  chacun 
à  fon  fens  particulier  \  en  différens 
ports  d*une  même  nation,  &  en  dif- 
férens temps  ,on  a  pris  différentes 
manières  Aq  jauger.  Sur  cela  M.  le 
Comre  de  Touloufe  ,  Amiral  de 
France ,  chef  du  Confeil  de  Marine, 
demanda  â  l'Académie  Royale  des 
Sciences  de  Paris  fon  fentiment  , 
en  lui  envoyant  en  même  temps  les 
méthodes  pratiquées ,  foit  chez  les 
étrangers  ,  foit  en  France  ,  afin  que 
par  la  préférence  qu'elle  donneroit 
à  une  d'entr 'elles  ou  par  l'invention 
de  auelqu'autre  méthode  ,  on  put 
établir  quelque  chofe  d'affe:^  fur  8c 
d'unifprme  pour  le  Royaume.  MM. 
Varignon  ScdcMairan  furent  prin- 
cipalement chargés  du  foit)  de  ré- 
pondre aux  intentions  de  ce  Prince. 
On  peut  voir  dans  l^HiJloire  de 
V Académie  année  1711,  ce  qi'ils 

hrenc 


JAU 

firent  ponr  cet  effet.  M.  Parignon 
foivic  une  roace  puilsnienc  géomé- 
triqae.  M.  de  Stairan  encra  (kn« 
rexamen  de  coaees  les  méthodes 
envoyées  par  le  Confeil  de  la  Ma- 
rine Scpré/rra  ztWtài^.Hocquart'^ 
Intendant  de  la  Marine  dans  lêiport 
de  Toulon.  Elle  confiAe  à  prendre 
Faire  de  deux  fnrfaces  hori  ion  taies 
de  la  partie  du  vaifTeau  fuboiergée 
par  la  charge ,  &  â  multiplier  la 
moitié  de  la  fommc  des  deux  aires 
par  la  hauteur  de  la  partie  fubmer- 
eée.  Tout  bien  confidéré  (  c'eft 
la  concinfion  de  M.  de  Fontenelle  ) 
il  faut  que  la  pure  géométrie  fe 
récufe  elle-même  de  bonne  grâce 
fur  le  fait  du  jaugeage  »  &  qu'elle 
en  laiflè  le  foin  â  la  géométrie  im- 
parfaite &  tâtonneufe. 

A  l'égard  du  jMgeaee  àt%  ton- 
neaux ^  on  trouve  dans  Tes  Mémoi- 
res de  l'Académie  des  Sciences  de 
l'année  1 74  \  un  excellent  Mémoire 
de  M.  le  Camus  :  il  les  regarde 
comme  des  fegmens  d'un  rhom- 
boïde ,  formé  par  la  révolution  d'u- 
ne parabole ,  qui  auroit  fon  fom- 
met  fur  le  bondon  ;  il  a  de  plus 
imaginé  une  verge  ou  bâton  de 
jauge  d'une  conftruâion  nouvelle. 

La  verge  de  jauge  ordinaire  ,  eft 
on  bâton  quatre  de  quatre  â  cinq 
lignes  de  largeur  &'de  quatre  pieds 
deux  ou  crois  pouces  de  longueur  ) 
une  des  faces  eft  divifée  en  pieds  , 
pouces  9  &c.  Les  autres  font  mar- 

?|aces  de  divifîons  relatives  aux  dif- 
érences  efpèces  de  tonneaux  qu'on 
peut  avoit  à  niefurer.  Le  baron  de 
jauge  de  M.  Camus  eft  d'une  conf- 
truâion  très-différente  ,  ic  d'un 
nfage  plus  fur  &  plus  univerfcl. 

Jaugeage  ,  fe  dit  auffi  du  droit  que 
prennent  les  Officiers  qui  jaugent. 
Paytr  le  jaugeage. 


JAU  17 

JAUGÉ ,  ÉE  i  participe  paffiE  P"oye[ 
Jauger. 

JAUGER  ;  verbe  aâif  de  la  pre- 
mière conjugaifon ,  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chanter.  Mefurtr 
la  capacité  d'un  vailFeau  quelcon* 
que.  Joiégôr  un  muid.  Voyez  Jau- 
geage. 

Jauger»  fe  dit  en  termes  de  bâti* 
mens  de  fignifie  appliquer  une  me* 
fure  d'épaiifeur  ou  de  largeur  ^  vers 
les  extrémités  d'une  pierre  pour  en 
faire  les  arrêtes  ou  les  furfaces  op* 
pofées  parallèles. 

La  première  fyllabe  eft  moyenne» 
&  la  féconde  longue  ou  brève* 
P'oyeil  Verbe. 

Les  temps  ou  perfonnes  qui  fa 
terminent  par  un  e  féminin  y  ont 
leur  pénultième  {yllabe  longue. 

JAUGEUR  i  fubftamif  mafculîn. 
Officier  dont  l'emploi  eft  de  jauger. 
Chaque  Juré  Jai^eur  doit  avoir 
fa  jauee  jufte  &  de  bon  patron,  fui-» 
vant  l'échantillon  qui  eft  dans  THô* 
tel  de  Ville  de  Paris.  Il  doit  auffi 
imprimer  fa  marque  fur  l'un  de» 
fonds  du  tonneau  ou  futaille  qu'il 
a  jaugé  avec  une  rouanette  »  &  7 
mettre  la  lettre  S  ,  fi  la  jauge  eft 
bonne  ,  la  lettre  M^  fi  elle  eft  trop 
foible  ou  moindre  ,  &  la  lettre  P  » 
fi  elle  eft  plus  forte  avec  un  chiffre 
pour  faire  connoitre  U  quantité  des 
pintes  qui  s'y  font  trouvées  de  plus 
ou  de  moins. 

Chaque  J.iugeur  doit  avoir  fa 
marque  particulière  ,  laquelle  il 
doit  figurer  en  marge  du  regiftre  de 
fa  réceprion  pour  y  avoir  recours 
dans  le  befoin  en  cas  de  faufie  jau^e; 
le  Jaiigear  deia  marque  duquel  la 
pièce  fe  trouve  marquée  ,  demeu- 
rant refponfable  envers  Tacheteur 
fi  la  jauge  eft  moindre  ,  &  envers 
le  vendeur  pour  l'excédent. 

1         II  eft  peroiis  à  diacun  de  deoian-f 


IrS  J  A  U 

"  der  une  nouvelle  jauge  ,  dont  les 
frais  font  payés  pir  le  premier  jau- 
geur  fi  la  jauge  fe  trouve  défec- 
tueufe  ,  &  par  celui  qui  s'en  plaint 
fi  elle  fe  trout^e  bonne. 

En  Normandie ,  les  Jaugeurs  ont 

'  droit  de  vifiter ,  marquer  ôc  contre^ 
marquer  aux  Armes  du  Roi  les 
poids  Se  mefures  des  marchands ,  I 
meuniers,  cabaretiers  ,&  gens  qui  ' 
*par  état  font  aucorifés  de  vendre 
chez  eux ,  qui  payent  pour  cela* des 
dtoirs  réglés;  mais  ils  ne  peuvent 
aller  en  vifice  chez  les  laboureurs: 
le  Parlement  de  Rouen  Taainfi  jugé 
par  Arrêt  rendu  le  jo  Avril  1745  » 
imprime  à  la  fuite  du  teste  de  la 
coutume  de  Normandie ,  en>  1 7  57* 

Ces  fortes  d'Officiers  peuvent 
dreifer  des  procès-verbaux  de  rebeU 
lion  &  des  contraventions  qails 
trouvent;  mais  ces. procès- verbaux 
doivent  être  recordés ,  c^eft-*à-dire  > 
fignés  de  deux  témoinSic 

JAULNAY  'y,  nom  propre  d'un  bourg 
de  France  en  Poitou,  fur  le  Clain  , 
àdeuxlieues  ,  nord-nqrd-efl:  ^  de 
Poitiers. 

JAUMlÈRE^fubftantif  fcminin-,  & 
terme  de  marine.  Petite  ouverture 
à  la  poupe  davaiflfeau,  proche  de 
Iccambord ,  par  laquelle  le  timon 
répond  au  gouvernail,  afin  de  le 
faire  jouer.  Cette  ouverture  a:  or- 
dinairement de  largeur  en  dedans  , 
les  deux  tiersde  l'épailTeur  du  gour 
vernail ,  &  en  dehors.un  tiers  moins 
qu'en  dedans.  A  l'égard  de  fa  hau- 
teur ,  elle  e(l  un  peu  plus  grande 
3uefon  ouverture  intérieure.  U  y  a 
es  marins  ;qui  Ift  garnirent  de  toiles 
goudronnées,  lor(qu'ils  font  en  mer, 
pour  empêcher  que  l'eau  n'entre 
parla  dans  le  vaiiïeau:  mais  il  en* 
eft  d'autres  qui  ne  croyent  pas  de- 
XQÎJC  çrendxè.  centre  précaution  :  iU 


jAir 

laifTent  entrer  Veau  qui  s'écoule  par 
es  cotes. 
JAUNÂTRE;  adjeftif  des.  deux 
genres.  Suhflayus ,  a ,  um.  Qui  tire 
tur  le  jaune..  //  a  le  teint  jaunâtre. 
Un  oifeau  dont  le  bec  ejl  jaunâtre^ 
Une  couleur  jaunâtre. 

La  première  fyllabe  eft  moyennef 
la  féconde  longue  ji  &  la  troifîème 
très-brève. 
JAUNE  y  adjecStif  des  deux,  genres. 
Flavus ,  a  y,  um.  Qui  eft  de  couleur 
d'or,  de  citron  ,  de  fafran.  Un  taj^ 
fitas  jaune.   Une  robe  jaune. 

U  y  a  plufieurs  fubftances  jaunes* 
qui  deviennent  blanches  en  les  met- 
tant alternativement  pendant  quel- 
que temps  au  foleil  &  à  la  rofée;, 
telles  font  la. cire ,  la  toile  de  chan- 
vre, &c. 

La  catamine  donne  au  cuivre: 
rouge  la  coufeur  jaune. 

Le  papier  &  l'ivoire  préfentés  an* 
feu  deviennent  fucceffivement  jau^ 
nés ,  rouges  &  noirs. 

La  foie  qui  eft  devenue  Jaune  fe* 
blanchit  ^ar  le  moyen  de  la  fumée 
du  foufre. 

On  dit  de  quelqu'un  qui  a  le. 
reint  jaune ,  quV/  efi  jaune  comme- 
un-  coing ,  comme  Jbuci ,  comme  fa* 
fran. 

On  dit  familièrement  de  quel- 

-  ott'un  à  qui  l'on  %~  fait  voir  qu'il- 

^  rrompoit  lourdement ,  qu'u/z  lui 

a  J^ait  voir  /on  bé^jaune. . 

Jaune  ,  eft  aufli  fubftantif  mâfculin^. 

&  (ignifie  la  couleur  jaune. 

Le  jaune  en  teinture  eft  une  des- 
cinq couleurs  primitives. 

Pour  avoir  les  jaunes  les  plu  s.  fins», 
on  commence  par  faire  bouillir  le 
drap  ou  Pétofte  aans  de  l'aluni  de  la. 
potafTe  ,  enfuite  on  lui  donne  la. 
couleur  avec  la  gaude. 

On  a  aufti  un  bois  des  Indes  quL 
donne  un  jafoic  tirant. fur  l'ox  ^Sc 


JAU 

fan  fait  une  efpèce  de  j;iane  avec 
de  la  fariette  ,  mais  c  eft  le  moin* 
dre  de  tous. 

Le  verc  Te  fait'  ordinairement 
avec  du  jaune  Se  du  bleu  mêlés 
l'un  avec  l'autre. 

Avec  <f u  faune  %  du  rouge  de  ga- 
rance ,  6c  du  poil  de  chèvre  teint 
par  la  garance ,  on  fait  le /aune  doré , 
/aurore ,  la  penfée»  le  nacarat,  l'i- 
fabelle ,  &  la  couleur  de  chamois, 
•qui  font  autanc  de  nuances  du 
jaune» 

En  termes  de  peinture  »  on  ap- 
pelle yai:^^  de  Naples0Vk  gialloUno  » 
«ne  covieur.  fort  uGtée^  fur-tout 
^ns  la  miniature  où  elle  donne  une 
couleur  de  citron  plus  folide  que  les 
orpins  &  le  maflicot  \  mais  fa  cherté 
tfait  qu'on  l'épargne  dans  les  grands 
^  ouvrages.  Les  I^hyficiens  ont  été 
jufqu'ici  très-partages  fur  la  nature 
de  cette  couleur  dont  on  fait  â 
I^aples  un  grand  fecret.  Suivant  M, 
Pomet,  c'étoit  un  foufre  recuit; 
iuivant  l'Encyclopédie,  au  mot 
yrefque ,  c'étoit  une  crafle  des  mines 
de  foufre.  M.  Montamy  crut  que 
c'étoit  une  ochre  martiale  calcinée 
f)ar  le  Véfuve.  M.  Pot  l'a  regaidée 
<omme  une  produâion  de  l'art.  M. 
Pougerouic ,  de  l'Académie  Royale 
iles  Sciences,  ayant  fait  des  re* 
cherches  à  ce  fujet,  efl:  parvenu  â 
reconnoître  que  le  plomb  en  étoit  le 

(principal  ingrédient  :  voici  en  effet 
a  méthode  ufitée  âNaples  pour 
cette  préparation,  &  que  M.  le 
Prince  de  S.  Severo  a  communi- 
quée à  M.  de  la  Lande. 

On  prend  du  plomb  bien  calciné 
&  pafle  au  tamis,  avec  un  tiers  de 
fon  poidsd'antimoine  pilé  &  tamifé: 
on  m&le  exaâement  ces  deux  ma- 
tières ,  &  on  les  palfe  de  nouveau 
par  le  tamis  de  foie  :  on  prend  en- 
j(uice  de  grandes  affiettes  plattes,  dé 


terre  cuite,  non  verniflfces  ;  on  les 
couvre  d'un  papier  blanc ,  ou  l'on 
étend  la  poudre  fur  une  épaiffeur 
d'environ  deux  pouces  :  on  place  ces 
affiettes  dans  un  fourneau  à  fayance, 
mais  feulement  d  la  partie  fupé- 
rieure  du  fourneau,  pour  qu'elles 
ne  reçoivent  pas  un  feu  trop  violent, 
la  rcHeftionde  la  flamme  ou  le  ré- 
verbère leur  fuffit  :  on  retire  ces  ma- 
tières en  même  temps  que  la  fayance; 
on  y  trouve  alors  une  (ubftance  dure 
&  jaune  que  Ton  broie  fur  le  por- 
phyre avec  de  l'eau ,  &  que  l'on  fait 
enfuite  fécher  pour  s'en  fervir  au 
befoin  j  c'eft  ce  qu'on  appelle  ya///?e 
de  Naples* 

11  faut  avoir  l'attention  de  ne  pas 
fe  fervir  de  couteau  de  fer  pour  ra- 
maiïer  cette  couleur  de  delfus  le 

f>orphyre  où  on  l'a  broyée ,  ni  pour 
a  rompre  fur  la  palette  avec  les 
autres  couleurs ,  parceque  le  fer  lui 
donne  un  œil  grifâtre  ou  verdâtre. 
On  fe  fcrt  d'un  couteau  de  bois  de 
bpis  >  de  châtaignier  ,  d'ivoire  ou  de 
bois  des  Indes. 

On  appelle  jaune  d*œttf  ^  cette 
partie  de  l'œut  qui  eft  jaune ,  & 
qu'on  appelle  encore  autrement  le 
moyeu  de  Vœuf.  On  dore  ks  pièces 
depâtljferie  avec  des  jaunes  d^œuf. 

On  appelle  rivière  jaune  ,  un 
fleuve  de  la  Chine  auquel  on  don- 
ne aufll  le  nom  de  Hoamho.  Voyez 
ce  mot. 

La  première  fyllabe  eft  longue  ^ 
&  la  féconde  très-brève. 
JAUNET  j  fubftantif  mafculin.  On 
donne  ce  nom  à  diverfes  petites 
fleurs  jaunes  qui  croiffent  dans  les 
prés. 
JAUNI ,  lE  j  participe  paflîf.  Foye:^ 

Jaunir. 
JAUNIR  ;  verbe  aûif  de  la  féconde 
conjugaifon  ,    lequel  fe  conjugue 
comme    Ravir.     Havo    inficere* 

Cij 


N 


Teindra  en  )ftiine  ,  «endw  ^«ine.  ' 
Jaunir  un  larrAris  ,  une  coilt.  tefo-' 
kil  jaunit  Us  blés. 

Jaunir  ,  eft  auffi  verbe  neutre ,  & 
fîgnifie  devenir  jaune*  Les  épis 
commencent  à  jaunir.  Son  teint  jau^ 
nijfoit. 

Jauwir  ,  fe  dit  en  ternies  de  Do- 
reurs fur  bois  ,de  l'aûion  d*eaduire 
un  ouvrage  à  dorer  d*une  couche 
de  jaune  a  l'eau  après  la  couche 
daifiette^  pour  cendre  la  dorure 
plus  belle. 

Jaunir  ,  Ce  dit  en  termes  d'Epin- 
gliers  ,  de  la  première  de  toutes  les 
façons  qu'on  donne  au  fil  de  iakon  : 
on  le  hiit  pour  cet  effet  bouillir 
pendant  quelque  temps  dans  de  Teau 
^  de  la  gravelle  ;  on  bat  enfuiie  le 
paquet  lur  un  billot ,  a  force  de 
bras ,  pour  en  féparer  la  rouille  & 
la  gravelle  :  on  le  jette  après  cela 
dans  de  Peau  fraîche ,  &  on  le  fait 
fécher ,  au  feu  ou  au  foleiK 

Jaunir  ,  fe  dit  en  termes  de  Clou- 
tiers  d*épingle  j  de  1  aâion  d  eclair- 
cir  les  clous  de  cuivre  ou  de  lai- 
ton en  les  fecouant  dans  un  pot  de 
grès  avec  du  vinaigiie  ou  de  la  gra- 
velle. 

JAUNISSE  ;  fubftantif  ftminin.  le- 
urus.  Maladie  caufée  par  tuie  bile 
lépandae  qui  jaunit  k  peau.  On 
l'appelle  auffi  îâère» 

Cette  Malaiiefe  manifefte,  non* 
iCeulementparla  couleur  jaune  de  la 
peau  &  de  la  conjon'âive  ,  mais 
encore  par  b  demangeaifon  de  tout 
le  corps  y  par  Tamerrume  de  la 
bouche  &  la  perte  de  l'appétit ,  par 
les  urines  chargées  de  bile ,  quel- 
quefois noirâtres ,  par  les  déjec- 
tions décolorées  ,  &c.  Les  malades 
voient  quelquefois  les  objets  jau- 
nes: la  falive  &  la  fueur  ont  fou- 
vent  la   même    couleur  »  qui  fe 


JAU 

cottoianique  auffi  â  tontes  les  ptf -^ 
tîes  intecnes.  Le  vocûfTecnent  »  la 
cardialgie  j  les  anxiétés ,  la  douleur 
Ôc  .la   t^niion  des  hypochondres  » 
ou  de  .la  région  du  foie  j  la  fièvre, 
la  difficulté  de  refpirer  ,  les  laffitu- 
des ,  les  défaillances  »  &c.  font  les 
fyœptomes  ordinaires  de  cette  ma* 
ladiei:  le  pouls  y  eft  fbible  &  lent , 
&  quelquefois  fcbcile.  On  donne  le 
Jiom  à'Jffère  aoir^  à  llâièce  dont  la 
couleur  tice  fur  de  bleu,  le  verdâ* 
tre,  le  livide  ,  lobfcur  ou  Ufilom- 
bé::  les  fêta,  {ont  aUusii'ttn  jaune 
plus  fon^  ,  &   d'une  couleur  de 
iîiie  ;  .les  usines  ont  xeUe  du  café. 
*Qn'iair  ique  iz  jauniHè  .ocdinaire 
ppend  ce  caraâère ,  iocfqot:  la  bile 
por  racée  dégénère  >  &  jqu*elle  con- 
traAe  une  forte  de  .pucndiisé  acide. 
Mais  on  ne  doitpas  prendre  pour 
iâèce  noir  certaines  raches  fcorbu- 
tiques  »    que    quelques  iâériques 
portent  fur  le  vifage,  &  encore 
moins  certe   couleur  plombée,  fi 
familière  aux  mélancoliques,    dc 
qu'on  rapporte   ordinairement   au 
mauvais  état  de  la  rate. 

JLa  jaunilTè  d^end  fauvent  de  la 
colique  hépatique  ^  hyftérique  6c 
hypochondriaque ,  ou  de  toute  au- 
tre i'de  Tinflammation  &  de  l'abC- 
cès  au  foie  ;  de  l'obftru&ion  de  ce 
vifcère ,  &  de  celle  des  canaux  bi- 
liaires  ;  des  émétiques  j  des  purga- 
tifs draftiques  ;  de  la  paffion  ilia^ 
que  ;  dos  poifons  ;  de  la  morfure 
des  bètes  -venimeufes  ;  de  k  répuU 
•fion  des  maladies  de  la  peau  ^  de  Isk 
fuppreflion  des  règles  &  des  hé- 
morroïdes}  de  la  nèvre-quarte  ,  Sc 
autres  intermittentes  maltraitées, 
&c.  Ce  n'eft  quelquefois  qu'une  ca- 
chexie dégénérée  fans  aucun  vice 
au  foie  ,  ou  le  produit  d*upe  mau* 
vaife  nourriture ,  foit  trop  délicate 
&  trop  recherchée>foit  trop  groffière 


jau 

On  t  obrervé  que  Tufage  immodéré 
du  chocolac  difpofou  aux  maladies 
du  Foie  y  d*où  refaite  la  jai^nilTer 
C'-eft  eiuîore  la  fuite  de  la  colère 
qui  va  à  i*eroportemcnc  j  de  la  trif- 
teffe  &  des  chagrins  continuels.  On 
fkiec  enfin  au  nombre  des  caufes  de 
la  œa/adie  dont  nous  parlons,  la 
grotthttc  &  plufieurs  autres  acci- 
acns  indépendans  de  l'étac  du 
foie. 

IJIZère  ordinaire  invétéré ,  dé^  1 
génère  en  iâère  noir  ;  &  celui-ci 
ell  ordinsôrement  funefte  ,  .((irtouc 
aux  vieillards.  Vlclèrc  qui  (urvient^ 
AUX  fièvres  aiguës  «  avant  le  (ep-' 
tième  jour  ,  eft  d*un  mauvais  au^ 
gurt.  Après  ce  temps ,  il  eft  ordi- 
nairement critique  :  celui  qui  eft 
occatiunné  par  la  colère  >  par  l'émc- 
cique  &  les  purgatifs^  par  la  coli- 
que Jpafmodique  »  &€.  dure  peu  de 
temps.  L'accouchement  tjsrmiue 
Tiâère  qui  a  pour  caufe  la  grof- 
fede  y  mais  ,  lorfqu  il  n'en  recon- 
noît  aucune  évidente  ,  il  eft  plus 
rebelle ,  furtout  fi  le  fujet  eft  icor- 
buiique.  On  doit  porter  le  même 

Jugement  de  celui  qui  eft  aftbcié  à 
'inflammation,  â  l'abfcès  &  au 
fquirre  du  foie  »  foit  qu'ils  le  pré- 
cèdent ,  foit  qu'ils  en  foient  la 
fuite.  On  fait  que  la  tenfion  du  ven- 
tre ,  la  tympanite  >  le  vomifTement 
purulent»  &  les  déjeâions  de  la 
même  nature  ;  l'oppreffion  ,  les 
.  défaillances  »  la  conlomption ,  Thy- 
dropifie ,  &c.  font  des  fignes  mor- 
tels. On  o'ignore  pas  non  plus  que 
les  urines  troubles  Sc^épailles,  ver- 
4atres ,  avec  une  nuance  de  noir , 
ou  chargées  de  bile,  font  réputées 
meilleures  que  les  limpides  :  on  a 
enfin  obfervé  que  les  fueurs  ,  le 
rflux  hémorroïdal,  &  la  dyflTenterie 
ont  terminé  cette  maladie  ^  fujette 
il'aiUeui^  à  de  fiéquens  retours* 


Le  traitement  de  la  jaunifTe  n# 
doit  pas.  être  moins  varié  que  let 
caufes  qui  la  produifent  3  c  eft  d'à*- 
piès  leur  recnerche  j   qu'on  peut 
faire  un  bon  choix.  VIclère  invcuré 
demande  un   traitement  lent  \   6ç 
beaucoup  de  malades  ont  été  la  vic- 
time de  la  méthode  contraire.  Le 
récent  pt\xt  fouftrir  une  attaque  plus 
vive  ^  mais  elle  doit  être  toujours 
ménagée.   La    faignée   convient  i 
quelques  plétoriqUes,  &  lorfqu*it 
y  a  fuppreflion  des  menftrues  j  .des 
hémorroïdes  ,   ou   quelque    figne 
d'inflammation }  mais  hors  de  ces 
cas  ,  Texpéxience  n'a  que  tropifou- 
vent  appris  q^  elle  étoit  meurtriè- 
re ,  ou  tout  au  moins  inutile.  L'/- 
metiquej  lorfque  l'état  de  l'eftomac 
ne  s  y  oppofe  pas ,  eft  d'un  gr^d 
fecours  :  on  l'a  donné  jlv^c  luccès 
dans  tous  les  tep^ps  de  la  maladie. 
Mais  on  juge  bien  qu  il  fera  plus 
utile  au  commencement  j  &  if  eft 
arrivé  très  fouvent  qu'on  a  diflipé  , 
par  ce  feul  moyen  la  jauni  (Te.  Xes 
purgatifs  ne  font  pas  moins  eflen-- 
tiels  dans  ce  traitement  :  mais  on 
ne  doit  employer  que  les  plus  doux» 
tels  que  la  rhubarbe,  la  cafle ,  la 
manne  &  le  tamarin  j  le  fel  d'ip- 
fom ,  celui  de  Sedlitz ,  de  Glauber» 
&c  On  les  réitère  fouvent  feuls» 
ou  mariés  avec   les  autres  ternè^ 
des. 

On  ufe  beaucoup  encore  des  dé- 
layans ,  des  tempérans  &*|^s  ra- 
fraîchiffans  ;  tels  font  le  pRu-lfiit, 
les  émulfions ,  la  limonade  t  la  bour- 
rache, la  chicorée,  Taigremoine» 
la  futneierre,  les  capillaires  ,  la 
fcolopendre,  le  cerfeuil ,  le  chien- 
dent', la  patience  »  l'ofeille',  le 
fraifier  ,  la  guimauve ,  les  écrevif- 
fes ,  la  poudre  tempérant^ ,  &c.  On 
peut  tirer  quelqu'utilité  du  fafran  , 
de  lapoudte  deGuttete,  &  autres 


21  JAU 

caïmans  anti-fpafmodiques  ;  mais  on 
cloic  être  réfetvé  fur  Tufage  des 
hypnotiques  ,  dont .  l'abus   dirpofe 
aux  obftrudions  du  foie.    Il  7  a 
quelques  cas    qui    demandent  les 
amers  Se   les  ftomachîques^ ,  tels 
que  l'abfynche  ,  la  petite  centau- 
rée ,  Taunée  ,  la  gentiane ,  le  quin- 
quina ,  la  cannelle ,  l'extrait  de  ge- 
nièvre ,  la  confe€lion  d'hyacinclv:  , 
la  thériaque  ,    &c.  mais    on   doit 
éviter  Tabus  que  la  plupart  des  Pra- 
ticiens en  ont  fait.  Les  apéritifs  & 
les  diurétiques ,  tels  que  la  parié- 
taire ,  la  chélidoine ,  Tache ,  laf- 
p?rge  ,  la  garance ,  Tiris  de  Floren- 
ce ^  le  nirre,  le  fel  de  genêt  &  de 
tamarifc  ,  le  fafran  de  Mars  ^  la 
boule  d'acier ,  la  gomme  ammo- 
niaque, le  borax  y  le  favon,  la  terre 
foliée  de  tartre  ,  le  tartre  vitriolé  ^ 
le  tartre  martial  foluble ,  les  clo- 
portes ,    l'oxjmel  fcillitique ,  &c. 
font  les  remèdes  les  plus  appro- 
priés à  cette  maladie ,  &  paroiUent 
mériter  à  jufte  titre  le  noiivd^A^/7â- 
tiques  ^  que  les  Anciens  leur  ont 
donné  ;    car ,  ainfî  qu'on  tire  de  la 
clafle  des  adouciflTatis  des  vulnérai- 
res ic  des  incififs  ,  £'c.  des  remèdes 
que  l'expérience    &    l'obfervanon 
ont  confacrés  aux  maladies  du  pou- 
mon &  à  la  matrice ,  &  qu'on  ap- 
pelle pour  cette  t7L\(oti  peàoraux  Se 
utérins  ;  de   mêoie  pn   a  reconnu 
qu'il  y  avoir  partpi  les  tempérans , 
lej^i^^ritifs ,  &c.  des  médiçamens 
qui  rcuflidbient    mieux  dans    les 
maladies  du  foie  »  que  dans  les  au- 


JAU 

fois  très-long.  On  le  termine  enfin 
heureufemenc  par  les  eaiu  miné- 
rales »  tant  acidulés  &  ferragineu* 
fes ,  que  thermales.  Celles  de  Pafly, 
de  Forges  Se  de  Vais  >  parmi  les 
premières  »  ont  été  les  plus  em- 
ployées :  Celles  de  Vichi  ,  de 
Plombières  Se  de  fialaruc ,  font  les 
chaudes ,  dont  on  a  fait  le  plus 
d'ufage.  On  doit ,  pendant  ruiage 
de  tous  ces  remèdes  tenir  le  ventre 
libre  par  des  layemens  propres  â 
cet  effet  :  les  fomentations  émoi- 
lientes  font  rarement  néceflfaires. 
Les  bains  ont  été  quelquefois  mil- 
les,  pour  appaifer  les  cemangeai- 
fons,ou  pour  rétablir  la  peau  â  la 
fin  de  la  maladie.  On  a  ennn  éprou- 
vé que  la  fumée  du  vinaigre  difli< 
poit  la  couleur  jaune  «  qui  reftoic 
aux  yeux  après  la  guérifon ,  même 
la  plus  complette. 

JAUNSTEIN;  nom  propre  d'an 
bourg  d'Allemagne  »  dans  la  baflè 
Carinthie ,  vers  les  frontières  de  la 
Carniole. 

JAVOULX  ou  Javols  ;  nom  pro- 

f>re  d'un  bourg  de  France  ,  dans 
eGevaudan ,  environ  à  cinq  lieues, 
nord-oueft,  de  Mendes.Ce  fut  au- 
trefois une  ville  confidérable  où 
l'Evcque  de  Gevaudan  tenoic  fon 
ficf^e. 
JAUR  ;  nom  propre  d  une  petite  ri- 
vière de  Languedoc  qui  arrofe  le 
Diocèfe  de  Saint-Pons ,  pafle  par 
la  Vilb  de  ce  nom ,  &  va  fe  per- 


dre dans  l'Orbe   après    un    i:ours 

.      -   ./r  -  -1      d'environ  cinq  lieues, 

très  cas ,  ou  qui  paroilioient  avoir    • . ,     -^ 

plus  d'affinité  avec  ce  vifcère.  JAVRON  ;  nom  propre  d'un  bourg 

'  ^   '  de  France ,  dans  le  Maine  >  envi- 

ron à  cinq  lieues  ,  nord  -  eft  ,  de 
Mayenne. 

JAUSIR  j    vieux  mot  qui  fignifioic 

autrefois  jouir. 
JAUZÉ  i  nom  propre  d'un  bourg  de 


Les  abforbans  %  les  diaphorcti- 
ques  j  les  députans  &  les  anti-fcor- 
butiques ,.  relativement  aux  circon- 
fiances  8c  aux  complications ,  peu- 
vent avoir  encore  place  dans  ce 
traitement  qu'on  (ait  être  quelque- 


JAZ 

f  rance ,  dans  le  Maine ,  environ  à 
cinq  lieues ,  nordefl: ,  du  Mans. 

JAXARTES  j  ancienne  rivière  d*A- 
fie  ,  qui  bornoir  la  Sogdiane  au 
nord  3  &  la  Scyrhie  au  mrdt.  On 
lappelle  aujourd'hui  \e  Sihun. 
Voyez  ce  mot. 

JAYETj  voycif^  Jafs. 

JAZENEUIL  j  nom  propre  d'un 
bourg  de  France ,  en  Poirou  »  en- 
viron à  cinq  lieues  ,  fud-oueft,  de 
Poitiers. 

J  AZENNES  \  nom  propre  d*un  bourg 
de  France  j  en  Saintonge  >.  d  une 
tieue ,  oueft  »  de  Pons. 

JAZYGES  j  (  les  )  anciens  peuples 
de  la  Sarmatie  Européenne. 

JE  ;  fubftantif  des  deux  genres.  l\jo. 
Pronom  de  la  première  pecfonne 
au  finguliec,   &  dont  nous  eft  le 

Eluriel.  U  eft  toujours  le  fujet  de 
L  propo(i<ion  ,  ou  comme  difent 
les  Grammairié'ns  »  le  nominatif  du 
verbe.  Je  ris.  Jt  bois*  Je  chante»  Je 
vous  /liiyrai.  Je  le  rencontrai  hier. 

Je  ,  s'emploie  devant  les  verbes  en 
certaines  formules  avant  l'interpo- 
ficion  du  nom  &  des  qualités*  de 
celui  qui  parle.  Je  Char/es  -  G«i/- 
.  laume ,  Marchand  à  Paris  ,  déclare 
confentir  ......  Je  foujpgné  cer- 
tifie ........ 

Je  ,  s*emplore  après  ks  verbes  y  foit 
dans  les  façoQs  de  parler ,  interro- 
gatoires ou  admiratives  \  comme , 
que  lui  dirai-je  ?  que  voi^je  !  foit 
quand  le  verbe  fe  trouve  enfermé 
datis  ur>e  efpcce  de  parenthèfe  y 
comme  ,  pourrez  -  vous  bien  (  lut 
dis'je  )  foiitenir  la  gageure  ?  Soit 
quand  on  l-emploie  par  manière  de 
fou  hait  j  pitiffé-je  ie  voir  parvenir  à 
jon  but.  Soit  quand  on  s'en  fèrr  par 
manière  de  doute  ;  comme ,  peut- 
être  le  préviendrai- je.  Soit  enfin 
^uand  il  eft  précédé  de  la  conjonc- 


.JEA  13 

tion  aujji\  ou  de  quelqu'un  des 
adverbes  femblablcs  j  comme , 
aujji  n'ai  -  je  point  cru  l'ojf  enfer. 
Envain  entreprendrois-jede  Tempcr^ 
ter.  Inutilement  voudrois  ^je  le  dé" 
tourner  defon  projet. 

Remarquez  que  quand  ce  p^ro- 
nom  eft  mis  après  les  verbes ,  c'eft 
toujours  immédiatement  fans  qu'on 
puifTe  rien  mettre  entfe  deu». 
JEAN  ;  nom  d'un  Roi  de  France, 
fi\s  de  Philippe  de  Valois.  U  monta 
fur  le  irone  le  23  Août  1350,  à 
lage  de  trente  aj>6>  &  commença 
fon  règne  par  faire  décapiter  fans  ' 
a^icune  forme  d^  procès ,  le  Comte 
d'Eu ,  Connétable  ,  foupçonnc  d'a- 
voir intelligence  avec  les  Anglois. 
Cette  violence  au  commencement 
d'un  r^ne  ,  dit  M.  le  Préfidenc 
Hénauir,  aliéna  tous  les  efprits  & 
fut  caufe  en  partie  des- malheurs  du 
Roi  Jean.  Charles  d'Ëfpagne  de  la 
Cerda ,  qui  avoir  la  charge  du  Com- 
te d'Eu  y  fut  afTafliné  peu  de  temps 
après  par  le  Roi  de  Navarre  Charles 
U  Mauvais.  Ce  Piinceétoit  irritiide 
ce  qu'on  lui  avoit  donné  le  Comté  * 
d'Angoulême  qu'il  demandoirpour 
la  dot  de  fa  femme ,  fille  du  Roi 
Jean.  Ce  dernier  Monarque  s'en 
vengea  en  faifant  trancher  la. tête 
â  quatre  Seigneurs  amis  du  Navar- 
lois.  Des  exécutions  fi  barbâtes  ne 
pou  voient  produire  que  des  caba- 
ies ,  &  ces  cabales  mirent  le  Royau- 
me, fur  le  bord  du  précipice.  .Charr- 
ies, Dauphin  de  France,  ayant in^ 
vite  le  Roi  de  Navarre  à  venir  à 
Rouen  à  fa  réception  y  au  titre  de 
Duc  de  Normandie  y  le  fit  arrêter 
en  135  6.  Cette  déteruion  réunie  le» 
armes  de  Philippe ,,  frère  du  Rot 
de  Navarre  ,  &  celles  d'Edouard 
III ,  Roi  d'Angleterre ,  contre  \x 
France.  Edouard ,  Prince  de  Galles», 
fils  du  Monarque  Anglais  y  coima 


24  y  E  A 

foas  le  nom  de  Prince  Noir  ^  »*&- 1 
vança  avec  une  armée  redoutable, 
quoique  petite  ,  jufqu'à  Poitiers  , 
après  avoir  ravagé  i'Âuvergtie  ,  le 
LimouHri  ôc  une  partie  du  Poitou. 
Le  Roi  Jean  accourt  à  la  tète  de 

{>rès  de  foixante  mille  hommes» 
'atteint  â  Maupertuis,  à  deux  lieues 
de  Poitiers ,  dans  des  vignes  ,  d'où 
il  ne  pou  voit  fe  fauver ,  &  lui  livre 
bataille  le  19  Septembre  i)5<>t 
malgré  les  offres  que  faifoit 
Edouard  de  rendre  tout  ,  &  de 
mettre  bas  les  armes  pour  fept  ans. 
Cette  j  ournée  connue  fous  le  nom  de 
Bataille  de  Poitiers  ,  fut  funefteau 
'  Roi  Jean  ;  il  fut  entièrement  dé- 
fait ,  quoique  les  Angloîs  n'euf- 
lenc  que  Sooo  hommes  ^  mais  la 
difciplme  l'emporta  fur  la  bravoure 
Se  fur  le  nombre.  Les  principaux 
Chevaliers  de  France  périrent  »  le 
refte  prit  la  fuite  ;  le  Roi  bleflcf  au 
vifage ,  fut  fait  pnfonnier  avec  un 
de  Tes  fils  par  un  de  fes  fujets  qu'il 
évoit  batlni ,  8c  qui  fervoit  cheai  les 
^nemif^.  Le  Prince  Noir  mena  fes 
deux  pcifonniers  à  Bordeaua  &  à 
Londres ,  où  il  les  traita  avec  autant 
de  police ffe  que  de  refpeâ.  La  pri- 
foii  du  Roi  fut  dans  Paris ,  le  fignal 
de  U  gaerre  civile.  Le  Dauphin , 
déclaré  Régent  du  Royaume ,  le  vit 

f^Fefqu  erttièrement  révolté  contre 
ut.  Il  fut  obligé  de  rappeler  ce 
même  Roi  de  Navarre  qu'il  avoir 
fait  emprifonner« 

Mais  ce  Prince  n'arriva  i  Paris 
que  pour  attifer  le  feu  de  la  dif* 
eorde  !  Marcel ,  Prevot  des  Mar- 
chands, à  la  tète  àtt  Parifiens 
révoltés ,  fait  maflacrer  Robert  de 
Cleritiont ,  Maréchal  de  Norman- 
die, &  Jean  de  Conflans  Maréchal 
de  Champagne  ,  en  préfencé  & 
dans  la  chambre  du  Dauphin.  Les 
Faâieux  s'atr;oupent  de  tous  côtés  ^ 


JE  A 

ic  dit»  cette  confufion  ils  fe  jettent 
fur  tous  les  Gentilshommes  qulls 
rencontrent.  Ils  portent  leur  fureur 
brurale  )ufqu'â  Faite  rôtir  un  Sei* 
gneur  daui  fon  Chareau  ,  &  a  con« 
traindre  fa  fille  6c  fa  ftmme  de 
manger  la  chair  de  fon  époux ,  6c 
de  Ion  père.  Marcel  dans  la  crainte 
d'être  puni  de  tous  (es  ctimes  par  le 
Régent  9  qui  avoit  inveilii  Paris , 
alloit  y  mettre  le  comble  en  livrant 
la  Ville  aux  Anglois,  lorfqu'il  fut 
aflbmmé  d'un  coup  de  hache  en 
1558.  Dans  ces  convuhions  de  l'E- 
tat,  Charles  de  Navarre  aipiroic  â 
la  Couronne.  Le  Dauphin  6c  lui  fe 
font  une  guerre  fanglante  qui  ne 
finit  que  par  une  paix  iimulée.  Enfin 
le  Rôi  Jean  foftit  de  fa  prifon  de 
Londres.  La  paix  fut  conclue  à  Bré- 
tigni  en  1 3(^0.  Edouard  exigez  pour 
la  rançon  de  fon  prifonnier  environ 
trois  millions  d'écus  d'or  ,  le  Pbi-* 
tou  ,  la  Saintonge  ,  l'Agenois ,  le 
Périgord ,  le  Ltmoufîn  »  le  Quercy, 
l'Ângoumôis  &  le  Rouergue.  La 
France  s'épuifa  :  on  fut  obligé  de 
rappeler  les  Juifs,  Se  de  leur  ven- 
dre le  droit  de  vivre  &  de  com- 
mercer. 

Jean  qui  érolt  revenu  d'Angle- 
terre en  13^0 ,  y  retourna  trois  ans 
après  pour  y  traiter  de  la  rançon  du 
Duc  d'Anjou  fon  fils,  qui  s'en  éroit 
fauve  y  étant  en  otage  :  quelques- 
uns  ont  prétendu  que  c'étoit  aufli 
pour  y  revoir  une  femme  dont  il 
étoit amoureux  :  quoiqu'il  en  foit, 
il  y  mourut  le  aS  Avril  1 364  ,  à 
l'âge  de  44  ans.  C'étoit ,  remarque 
M.  de  Sainte-Foix»  un  preux  Che-^ 
valier;  mais  d'ailleurs  un  Prince 
fans  génie»  fans  conduite,  fans 
difcernement  )  n'ayant  que  des 
idées  fauâfes  ou  chimériques  j  ou- 
trant la  probité  comme  la  bravou- 
re j  d'une  facilité  étonnante  avec 


«0  ennemi  qui  le  flacroic,  Se  de 
rencccement  le  plus  orgueilleux 
4ivec  des  Miniftres  affediouncs  qui 
ofoienc  lui  donner  des  confiftils  j 
împacienc ,  fdnrafque  ,  &  ne  par- 
lant que  trop  fouvenc  avec  humeur 
arU  Soldat  :  un  jour  qu'on  chantoic 
la  chanfon  de  Roland»  comme c*é- 
coir  i'ufage  dans  les  marches,  Uy  a 
Jong-umps ,  dit  -  il ,  qu'a/i  ne  voit 
plus  de  Rolands  parmi  les  François  : 
en  y  verroit  encore  des  Rolands  »  lui 
répoYidic  un  vieux  Capitaine  »  s'ils 
-avaient  un  Charlemagne  à  leur  tête. 

La  variation  des  monnoies  fous 
ce  règne  >  elt  la  preuve  la  plus  forte 
des  malheurs  qui  le  défolèrent.  Le 
Roi  fut  réduit  i  |Kiyer  ce  qu'il 
achecoic  pour  fa  Maifonj  avec  une 
petite  monnoîe  de  cuir ,  qui  avoir 
au  milieu  un  petit  clou  d*argenr. 
Cette  variation  étoic  Timpôc  le  plus 
commun  de  ces  temps  funeftes ,  & 
fans  doute  le  plus  fafal  au  com- 
merce :  auffi  le  peuple  obtint  -  il 
comme  une  grâce  qu'il  fût  rem- 
placé pas  les  Tailles  &  par  les  Ai 
des.  Ce  qui  eft  étrange  %  c'cft  que 
le  luxe  ne  fut  jamais  porté  plus  loin 
par  les  grands  Seigneurs. 
JEAN  BAPTISTE ,  (S)  Précurfeur 
de  Jésus-Christ,  fils  dé  Zacharie 
&  d'Elifabech ,  naquit  l'an  du  mon 
de  4000 ,  environ  fix  mois  avant  la 
nailfance  du  Sauveur.  Un  Ange 
lannonça  à  Zacharie  fon  père  qui 
n'ayant  pas  aflez  de  foi  à  les  paro* 
Us  y  parcequ  Élifabeth  fa  femme 
étoit  avancée  en  âge  &  ftérile  , 
perdit  dès  le  moment  Tufage  de  la 
parole.  Cependant  Élifabeth  devint 
enceinte.  Lorfque  la  Sainte-Vierge 
-alla  lavifiter,  Jean-Baptifte  tré- 
faillit  dans  les  entrailles  de  fa  niè- 
«re.  Dans  le  temps  du^mafTacre  des 
Innocens ,  Élifabeth  fe  fauva  fui- 
^anr  une  tradition  afTez  incercaine. 

Tome  XV. 


JE  A  25 

avec  ion  fils  dans  le  défert ,  où  elle 
mourut  au  bout  de  quarante  jours. 
Saint -Jean  y  demeura  parmi  les 
bHes  fauvages,  vctu  d'une  peau  de 
chameau,  &  fe'nourriifant  de  miel 
&  de  faucerelles.  L'an  29  de  Jèsvs- 
Chhisx»  il  commença  à  prêcher  la 
pénitence  le  long  du  Ju&rdain ,  ic 
baptifa  tous  ceux  qui  vinrent  à 
lui.  La  fainteté  de  fa  vie  accroire 
aux  Juifs  qu*il  étoit  le  MefEe  \  mais 
il  leur  dit  qu'il  étoic  la  voix  de  ce- 
lui qui  crie  dans  le  défert.  Jésus- 
Chr^st  étant  allé  fe  faire  baptifer» 
il  le  montra  à  tout  le  monde  5  en 
difant  que  c'étoit  l'Agneau  de  Dieu, 
la  vidtime  par  excelknce.  Son  zèle 
fut  la  caufe  de  fa  mort.  Ayant  re« 
pris  avec  force  Hirodc  Andpas ,  qui 
avoir  époufé  Hérodiashtnvat  de  (oa 
frère ,  ce  Prince  le  fit  mettre  ^en 
prifon  au  château  de  MaqaeroDte. 
Quelque  temps  après  il  eut  la  foi- 
blefTe  de  le  facrinec  à  la  fureur  de 
cette  femme ,  qui  fut  profiter  d'u- 
ne proinefTe  indifcrète  qu'Antipas 
avoit  f%ite  à  Salomé  »  fille  êiHero^ 
dias.  Saint-Jérôme  die  qu'Hérodiias 
lui  perça  la  langue  avec  une  aiguille 
de  tète  ,  pour  fe  venger  après  fa 
mort  de  la  liberté  de  fes  paroleS;. 
Les  Difciples  de  J^an  ayant  appris 
fa  mort)  vinrent  enlever  fon  corps* 
L'Evangile  ne  marque  pas  où  ils 
l'enterrèrent  ;  mais  du  temps  de 
V Empereur  Julien ,  on  montroit  fon 
tombeau  â  Samarie.  La  fête  de 
Saint- Jean  eft  de  la  plus  haute  an* 
tiquité  dans  TÉglife.  11  a  été  un 
temps  qu'on  célébroit  trois  Mefles 
ce  jour-là  comme  à  Noël.  On  fai- 
foit  au  (Il  la  (ète  de  fa  conception  le 
^4  Septembre. 
JEAN-CHRYSOSTÔME ,  (  S.  )  Pa- 
criarche  de  Conftantinople ,  Père  8c 
po&eu,r  de  l'Églife  j  oaqnit  i  An- 
^iociiie  Vjprs  Tan  $47  «  d'une  famille 

D 


noble;  Il  etadia  ia  Rhétorique  fous 
Libanius ,    &  la  Philofophie  fous 
Andragache.  Il  fie  des  progrès  rapi- 
des dans  ces  fciences ,  &  s'appliqua 
enfaice  à  connoîcre  rÈcricure-Sain- 
te.  11  fe  mie  fous  la  conduite  d'un 
ancien  folitaire,  avec  lequel  il  de- 
meura quatre  ans.  Saine -Melecel 
l'ordonna  Diacre  en  380  ou  )8i. 
Flavien  ^   fuccelfeuT   de  Melece  , 
réleva  au  Sacerdoce  cinq  ans  après, 
Se  lui  confia  l'emploi  de  prédica- 
teur jufqu'alors  réfervé  aux   Eve- 
J[ues.  Il  s'en  acquitta  avec  tant  de 
ruit ,  qu'il  fur  furnonimé  Chryfof- 
4omc  9   c'efti-dice  ,   Bouche  d*or. 
Neâaire  ,   Patriarche  de  G^nftan- 
tinople ,  étant  mort  en  397 ,  Saine- 
Chryfoftômej  donc  le  nom  étoit 
célèbre  dans  l'Empire ,  fut  élu  en 
fa  place ,  &  facré  malgcé  fa  rcfidan- 
ce ,  le  16  Février  398,  Sa  vie  (im- 
pie &  frugale  Tenrichit  en  peu  de 
temps ,  &  lui  procura  les  moyens 
<ie  diftribuer  une  part  de  fes  reve- 
nus aux  pauvres  &  aux  hôpitaux. 
Sa  liberté  à  reprendre  le^uxe ,  Tor- 

Î|ueil  &  Tavarice  des  Grands ,  lui 
ufcitèrenc  de  violeas  ennemis.  On 
tint  contre  lui  le  Synode  du  Chine  ^ 
fauxbourg  de  Chalcédoine,  où  il 
fur  dépole  en  403  ,  &  envoyé  en 
exil  en  Biihynie,  La  nuit  même 
qu'il  panit  ,  un  violene  tremble- 
ment de  terre  eifraya  tellement 
l'Impératrice  Eadoxie,  qui  regar- 
doic  ce  phénomène  comme  une 
punition  du  Ciel ,  qu'elle  obtint  de 
Ion  époux  le  rappel  du  faint  Doc- 
teur. Le  brute  ae  Ton  arrivée  occa- 
iionna  une  grande  )oie  parmi  le  peu- 
ple «  qcfi  le  reçue  comme  en  triom- 
phe. Saint-Chryfoftôme  reprit  fon 
miniftereavec  autant  de  vigueur  & 
de  fuccès  qu'auparavant.  Mais  ce 
xalme  fat  bientôt  troublé  par  une 
(DouveUe  xempete  :  on  avoit  dieilé 


JEA 

une.  ftatue  d'argent  à  rimpératf îce 
dans  une  place  voifine  de  la  grande 
Églife  appelée  Sainte-Sophie  ;  &  les 
(peétacles  qui  fe  donnèrent  à  la  dé- 
dicace de  cette  ftatue,  furent  fi  tu- 
multueux Y  Se  troublèrent  le  fer* 
vice   divin  de    telle  forte  ,  que  le 
faint  Evèque  crut   devoir   s'élever 
contre  ces  ^)ccès.    Eudoxie  outrée 
de  dépit ,  le  fit  exiler  une  féconde 
fois.  Il  fut  rélégué  à  Cucufe  »  ville 
d'Arménie  :   les    mauvais    traite- 
mens  qu'il  reçut  dans  cet  exil  j  le 
réduifirent  a  un   fi  grand  état  de 
langueur   Se  d'épuifement  ,    qu'il 
mourut  comme  on  le  transféroit 
ailleurs  »  le  1 4  Septembre  de  l'ait 
407  ,  après  neuf  ans  &  demi  d'é- 
pifcopat,  dont  il  avait  pafié  plus  de 
trois  ans  en  exil.  Pluneurs  Églifes 
fe  glorifient  d'avoir  de  fes  reliques; 
le  Pape,  Se  les  Oxrcidentaux  furent  û 
touchés  de  fa  mort ,  qu'ils  ne  vou- 
lurent point  avoir  de  communion 
avec  les  Evcques  d'Orient,  qu'ils 
n'euflent  mis  le  nom  de  Saint-Chry- 
foftome  dans  les  dypriques.  Saint* 
Auguftin  dit  de  ce  Père  de  TEglife, 
qu'il  avoit  la  foi  la  plus  pure ,  Tef- 
prit  le  plus  élevé ,  la  fcicnce  la  plus 
profonde ,  &  la  réputation  la  plus 
étendue.  Il  a  laifTé  pluficurs  ouvra- 
ges ,  dont  la,  meilleure  édition  eft 
celle  de  D.  Bernard  de  Montfau- 
con,  Bénédiâin  de  Saint -Maur, 
en  treize  volume  in-foiio  en  grec. 
Ils  confident  en  tin  grand  nombre 
d'homélies,  &  de  bons  commen- 
taires fur  l'Écriture,  des  panégyri- 
ques ,  fix  Kvres  du  Sacerooce  ,  di« 
vers  trairés  de  controverfe,  &  plu- 
fieurs  lettres*  Saint- Chryfoftom* 
plaît  par  la  beauté  de  fes  expref- 
Jîons  ,  &  perfuade  par  la  force  ée 
(es  raifons^  il  fait  rendre  la  vertu 
aimable  i  tout  le  monde.  Il  étoit 
^rand  théologien  z  fes  dilcoars  âir 


JEA 

nn  gtfttid  nombre  de  livres  de  l'É- 
criture ,  peuvent  erre  regardés  com- 
me des  commentaires  achevés. 

JEAN  rÉVANGELISTE,  (S.)  né 
a  Bethzaïde ,  éroit  fils  de  Zébédée 
&  de  Salomcj  frère  de  l'Apôtre 
Saint-Jacques ,  &  le  difciple  bien- 
aimé  de  Jesos-Christ.  Il  fonda  , 
dit  Saint-Jér&me ,  &  gouverna  tou- 
tes les  Églifes  d'Afie.  11  écrivit  fon 
Évangile  après  Ton  rerour  de  llle  de 
Parmos ,  où  il  avoir  été  exilé  ,  & 
après  s*être  fixé  à  Éphèfe  l'an  96 
de  notre  ère.  Il  le  fit  à  la  foUicita- 
tion  de  prefque  tous  les  Evèques 
d*Afie ,  èc  après  avoir  fait  obfer- 
ver  un  jeûne  public.  Son  objet  fut 
de  réfurer  Théréfie  de  Corinrhe, 
d'Ebion  &  d'autres  qui  s'élevoient 
contre  la  Divinité  deJisus-CHRisT, 
&  en  même  temps  de  fuppléer  à  ce 
qai  avoir  été  omis  par  les  autres 
Évangéliftes.  Il  mourut  dans  une  ex- 
trême vieilleflè.  Sainr- Jérôme  at- 
tefte  qu'il  fut  enterré  près  de  la  ville 
d'Éphèfe. 

Les  Épirres  de  Saint- Jean  l'Évan- 
gélifte  font  au  nombre  de  trois  :  il 
paroît  que  la  première  eft  écrite  aux 

Îuifs  qui  demeuroient  parmi  les 
^artbes.  Il  leur  recommande  fur- 
tout  la  charité  &  la  vérité ,  &  les 
inftruit  de  l'amour  de  Jisus- 
Christ  pour  nous. 

La  féconde  adreflee  i  ÉleAe  & 
à  fes  fils ,  contient  une  exhortation 
iperfévérer  dans  la  foi  en  Jésus- 
Christ  ,  &  dans  la  pratique  de  la 
charité.  Il  y  réfute  l'impiété  de  Ba- 
filide  Se  de  fes  Seâateurs  qui  enfei- 
gnoientque  Jésus-Christ  n'éroit 
pas  vraiment  homme,  mais  qii'il 
n'avoir  qu'un  corps  fanraftique  : 
dans  la  troifîème  écrire  à  Caïus ,  il 
le  loue  de  fa  foi  &  des  oeuvres  de  fa 
charité. 


JEA  ty 

JEAN  DTJDINE  ;  nom  propre  d*un 
Peintre  né  à  Udioe,  dans  le  Frioul  ^ 
en  1494.  Son  goût  pour  la  peinture 
fe  perfeûionna  fous  le  Giorgion  à 
Vtnife ,  &  à  Rome  fous  RofhacL 
Il  excelloit  à  peindre  les  animaux  » 
les  fruits  ^  les  neurs  &  les  ornemens^ 
c'eft  aufli  le  genre  dans  lequel  Ra^ 
phael  reivployoic.  Il  a  rrès  bien 
réuflS  dans  \^s  ouvrages  de  ftuc; 
c'eft  à  lui  qu'on  attribue  la  décou-» 
verte  de  la  véruable  matière  donc 
les  anciens  fe  feivcient  pour  ce  tra« 
vail.  Jean  d'Udine  a  éié  beaucoup 
occupé  i  Rome  »  où  il  mourut  en 
15^4  y  en  finilTant  de  peindre  une 
loge  pour  le  Pape  Ptc  iV.  Ses  def- 
fems  font  très- recherché  par  ceux 
qui  aiment  les  ornemens  d  Ui  grand 
goût.  Il  en  a  peint  à  gouache. 
JEAN  LE  BLANC  i  fubftantif  n  af- 
culin.  Sotte  d'oifeau  de  proie  ,  donc 
M.  de  Buffon  donne  la  defcripiion 
fuivante»  d'après  un  qui  avoit  été 
pris  au  mois  d'Août  lyCi ,  &  qui 
paroifToit  au  mois  de  Janvier  17^9» 
avoir  acquis  toutes  feS  dimenfions  : 
fa  longueur ,  depuis  le  bout  du  bec 
jufqa  a  l'extrémité  de  la  queue  »  étoic 
de  deux  pieds ,  &  jufqu'au  bout  des 
ongles  d'un  pied  huit  pouces;  le 
bec ,  depuis  le  crochet  jufqu'au  coin 
de  l'on verrure,  avoit  dix-(ept  lignes 
de  longueur  ;  la  queue  étoit  longue 
de  dix  pouces  \  il  avoir  cinq  pieds 
un  pouce  de  vol  ou  d  envergure^ 
fes  ailes,  lorfqu'elles  étoient  pliées , 
s'étendoient  un  peu  au-delà  de  l'ex* 
trémitéde  la  queue  :  la  tète ,  le  def* 
fus  du  cou,  le  dos  &  le  croupion  » 
étoienc  d'un  brun  cendré.  Toutes 
les  plumes  qui  recouvrent  ces  parties 
étotent  néanmoins  blanches  à  leur 
origine ,  mais  brunes  dans  rout  le 
refte  de  leur  étendue  ;  enforte  que 
le  brun  recouvroit  le  blanc ,  de  mi- 
\      niere  qu'on  ne  Tappercevoir  qu'en 

D  ij 


i8  JEÂ 

refeVâtit  Tes  plumes  :  U  gorg«  i  h 
poitrine ,    le  ventre    &   les  côtes 
étoient  blancs ,  variés  de  taches  lon- 
gues »-&  de  couleur  d'un  brun  roux  ^ 
*    il  y  avoir  des  bandes  tranfverfales 
'   plus  brunes  fur  la  queue  ^  la  mem- 
<    Drane  qui  couvre  la  bafe  du  bec  eft 
^   d  un  bleu  fale  j  c*eft-là  que  font  pla- 
'    cécî  les  narines.  L'iris  des  yeux  eft 
d'un  beau  jaune  citron  ou  de  couleur 
de  topaze  d'orient;  les  pieds  étoienr 
de  couleur  de  chair  livide  de  terne 
'    dans  fa  jeuneflTe,  &   fonr  di^enus 
faunes,  ain(r  que  la  membrane  du 
bec ,  en  avançant  en  âge.  L'inter- 
valle entre  les  écailles  qui  recou- 
vrent la  peau  des  jambes ,  paroifToit 
rougeâtrej  enforte-que  l'apparence 
du  tout,  vu  de  loin ,  fembloit  être 
,  jaune ,  même  dnns  le  premier  âge. 
'    Cet  oifêau  pefoit  trois  livres  fept 
'    onces  après  avoir  mangé ,  &  trois 
livres  quatre  onces  lorfqu'il  étoit  i 
jeun. 

Le  Jean  le  Blanc  fe  rapproche  du 
Balbuzard,  qui  a  les  ailes  courtes 
â  proportion  du  corps,  mais  il  n'a 
pas,  comme  celui-ci ,  les  pieds  bleus  y 
il  a  aufli  les  jambes  bien  plus  menues 
te  plus  longues  à  proportion  qu'au- 
cun des  Aigles.  Ain  fi  quoiqu-'il  pa- 
roi (Te  tenir  quelque  chofe  des  Ai- 
lles ,  du  Pygargue  6c  du  Balbuzard, 
û  n'e(b  pas  moins  d'une  efpèce  par- 
ticulière &  rrès-diflferente  des  uns 
ëc  des  autres.  Il  tient  aufli  de  la  Bufe 
par  la  difpoûtion  des  couleurs  du 
plumage ,  &  par  un  caïaâère  dont 
M.  de  BufFon  dit  avoir  été  fouvent 
frappé  3  c'eft  que  dans  ceptaines  at- 
titudes ,  &  fur^tout ,  vu  de  face ,  il 
refTembloit  à  l'Aigle  ;  Se  que  vu  de 
côté  8c  dan»  d'autres  attitudes ,  il 
fieiïembloit  à  la  Bufe.. 

U*  eft  fingulier  ,  afoute  l'illuftre 
Maturalifte-,  que  cfttte  ambiguïté 
disL*  âg}ire.  rcgooMle;  à  lljunbiguicc 


JEÀ 

de  fon  naturel ,  qui  tient  en  eflEec  de 
celui  de  l'aigle  &  de  celui  de  la. 
bufe  *y  enforte  qu  on  doit  à  certains- 
égards  regarder  le  Jean-le-blanc^ 
comme  formant  la  nuance  inter* 
médiaire  encre  ces  deux  genres 
d'oifeaux« 

li  a  paru  que  cet  oiïeaavoyoit 
trcs-clait  pendant  le  jour  ,  &  ne 
craignoic  pas  la  pliis  forte  lumière  y 
car  il  tournoi t  volontiers  les  yeux 
du  coté  du  plus  grand  jour  ,  Se  mê- 
me vis-à-vis  du  foleil  :  il  couroit 
aflTez  vite  lorfqu'on  l'effrayoir ,  Se 
s'aidoit  de  fes  aiies  en  courant  ; 
quand  on  le  gardoit  dans  la  cham- 
bre ,  il  cherchoit  à  s'approclier  du 
feu^  mais  cependant  le  froid  ne 
lui  éroit  pas  abfolument  contraire  , 
parcequ^on  l'a  fait  coucher  pendant 
plufieurs  nuits  à  L'air  dans  un  temps 
ae  gelée  ,  fans  qu'il  en  ait  paru  in- 
commodé». On  le  nourriflbit  avec 
de  la  viande  crue  &  faignante  y 
mais  en  le  faifant  jeûner ,  il  man- 

§eoit  aufli  de  la  viande  cuite  :  il 
ochiroicavec  fon  bec  la  chair  qu'on 
lui  préfentoit ,  Se  il  en  a  va  loi  t  d'af- 
fez  gros  morceaux  ;  il  ne  buvoic 
jamais  quand  on  étoit  auprès  de  lui, 
ni  même  quand  il  appercevoit  quel- 
qu'un^ mais  en  fe  mettant  dans  un 
lieu  couvert,  on  l'a  vu  boire  &  pren- 
dre pour  cela  plus  de  précaution 
qu'un  aâe  aufli  fiqsple  ne  paroît  en 
exiger.  Un  laiflbit  àia  portée  un  vafe 
rempli  d'eau  :  il  commençoit  par 
regarder  de  tous  côtés  fixement  8c 
long-temps,  comme  pour  s'afliirer 
s'il  étoit  feul  ;  enfuite  il  s'appro- 
choit  du  vafe ,  Se  regardoit  encore 
autour  de  lui  ;  enfin  après  bien  des 
héfirations  ,  il  plongeoit  fon  bec 
jufqu'aux  yeux^.  Se  à  plufieurs  re- 
prites  dans  l'eau.  Il  y  a  apparence 
que  les*  autres,  oifeaux  de  proie  fe^ 
cachent  de  même  pourboire.  Qdlu 


JE  A 

TÎem  vrairemblablement  de  ce  que 
ces  oifeaux  ne  peuvent  prendre  de 
liquide  qu  en  entonçanc  leur  tcce 
iulqu*au  delà  de  louvercure  du 
bec  ôc  jufqu'aux  yeux  y  ce  qu'ils 
ne  font  jamais  ,  tant  qu'ils  ont 
quelque  ratfon  de  crainte  ^.  cepen- 
dant le  Jean-U-blanc  ne  mon- 
croit  de  défiance  que  fur  cela  feul  ; 
cat  pour  tout  le  rede ,  il  paroif- 
foit  îndiiFérent  &  même  a(Tez  (lu- 
pide.  11  n'étoit  point  méchant  «  & 
le  laiflbit  toucher  fans  s'irriter  ;  il 
avoir  même  une  petite  exprcûion 
de  contentement  cif..  •  •  coy  lorf* 
qu'on  lui  donnoit  à  manger^  mais 
il  n'a  pas  paru  s'aicacher  4  perfonne 
de  préférence.  11  devient  gras  en 
automne ,  &  prend  en  tout  temps 

J)lus  de  chair  &  d'embonpoint  que 
a  plupart  des  oifeaux  de  proie. 

Cer  oifeau  eft  très-commun  en 
France  y  Se  comme  le  dit  Bélon  >  il 
n'y  a  çuère  de  villageois  qui  ne  Je 
connoiilènr  Se  ne  le  redoutent  pour 
leurs  poules.  Ce  font  eux  qui  lui 
ont  donné  le  nom  de  Jean-U-blanc , 
parcequ'il  eft  en  effet  remarquable 
par  la  blancheur  du  ventre ,.  du  déf- 
ias des  ailes ,  du  croupion  &  de  la 
queue.  Il  eft  cependarM^  vrai  qu'il 
B'y  a  que  le  mâle  qui  porte  évidem- 
ment ces  caraâères}  car  la  femelle 
eft  prefque  toute  grife  ,  &  n'a  que 
du  blanc  fale  fur  les  plumes  du  crou- 
pion ;  elle  eft  comme  dans  les  au- 
tres oifeaux  de  proie ,  plus  grande  , 
plus  grolle  &  plus  pefante  que  le 
aiâle  ;  elle  fait  fon  nid  prefque  à 
terre  j  •  dans  les  terrains  couverts  de 
bruyères  ^  de  fougère ,  de  ^enêt  & 
de  joncs  ^.  quelquefois  aufti  fur  des 
fapins  Se  fur  d'autres  arbres  élevés. 
Elle  pond  ordinairement  trois  œufs 

2ui  lont'  d'un  gris  tirant  fur  l*ar- 
oife  : iemâile  pourvoit  abondam- 
inent  i  fa.  fubfiftance  pendant  tout: 


JE  A  19 

le  temps  de  l'incubation  y  Se  même 
pendant  le  temps  qu'elle  Ibigne  Se 
élève  fes  petit».  Il  fréquente  de  près 
les  lieux  habités  ^  Se  fur  tout  les  ha- 
meaux Se  les  fermes  :  il  faifît  &  en- 
lève les  poules ,  les  jeunes  dindons» 
les  canards  privés  ^  &   lorfq.ue  la- 
volaille  lui  manque  j  il  prend  des 
lapreaux ,  des  perdrix  j  des  cailles* 
&  d'autres  moindres  oifeaux  ::  il  ne 
dédaigne  pas  même  les  mulots  Se 
les  lézards.  Comme  ces  oifeaux  j> 
&  furtout  la  femelle ,  ont  les  ailes 
courtes.  &  le  corps  gros  »  leur  voL 
eft  pefant  j  &.ils  ne  s'élèvent  ja- 
mais â  une  grande  hauteur  :  on-  le» 
voit  toujours  voler  bas  ,  &  fàifir 
leur  proie  plutôt  à  terre  que  dans 
l'air.    Leur   cri  eft  une  elpèce  do' 
fifflement  aigu  qu'ils  ne  font  en- 
tendre qpe  rarement  :  ils  ne  chaf< 
fent  guère  que  le  matin  &  le  foir ,. 
&  ils  fe  repofênc  dans  le  milieu  du» 
jour. 
JEANNE  j  nom  d'une  Reine  de  Jé- 
rufalem  ,  de  Naples  &  de  Sicile  ,. 
qui  naquit  vers  l'année  131(1.  Elle 
n'avoir  que  dix-neuf  ans  lôrfqu'elle' 
prit    les  xène»  du  Gouvernement. 
Elle  étoit  mariée  alors  a  André  de 
Hongrie.  La    haine  qu'elle   avoir 
pour  fon  époux  étoit  fi  connue  ,. 
qu'ayant  été  cruellement  aftadiné , 
elle  futviolemmentfoupçonnéed'è* 
tce  complice  dé  ce  crime.  Dcvenua* 
veuve  par  ce  meurtre,  elle  époufa- 
Louis  de  Tarenre  qui  en  étoit  Tâu- 
teur  en  partie^-Cepet^dant  Louis  de^ 
Hongrie  »  frère  d'André^s'avançoii^'' 
pour  venger  là  mort  de  fon  frère' 
fur  Jeanne qpi  avoir  été  jugée  in- 
nocente dans  un  confiftoirc  tenu  i^ 
.  Avignon  auquel  elle  aftiftk.  Ce  Ëtoi^ 
de  Hongrie  appela  de  ce  j.ugemenc^ 
èe  ne  répondit  à    la    lettre   que^ 
Jeanne*  lui  écrivit  pour  fe  [uftifiér,. 
que  ces  mots  dignes  d'un  S^artiate^;^ 


30  JE  A 

>^  Jeanne ,  votre  vie  déréglée  ,  l'au- 
f>  torité  dans  le  Royaume  retenue^ 
99  la  vengeance  négligée ,  un  ma- 
99  r iage  précipité  8c  vos  excufcs  prou- 
»  vent  que  vous  êtes  coupable  ». 
Ce  Prince  s'a^ançoit  toujours  ,  & 
Jeanne  fut  obligée  de  fuir  avec  fon 
nouvel  époux  en  Provence  donc  elle 
étoit  ComteflTe»  Ce  fut  alors  qu'elle 
vendit  au  Pape  Clément  Vî,  Avi- 
gnon &  fon  territoire  pour  quatre- 
vingt -mille  florins  d'or.  De  retour 
à,  Naples  elle  perdit  fon  fécond  ou- 
ri  &  donna  bientôt  la  main  â  tm 
troifiéme  mort  peu  de  temps  après. 
'  Enfin  à  l'âge  ae  quarante-fix  ans 
elle  fe  remaria  pour  la  quatrième 
fois  avec  un  cadet  de  la  Maifon 
de  Brunfwick.  C*étoir  choîfir  plu- 
tôt un  mari  qui  pût  lui  plaire  , 
2u'un  Prince  qui  pût  la  défendre. 
!omme  elle  n'avoit  point  d'enfans 
elle  adopta  fon  parent  Charles  de 
Duras.  Elle  Tavoit  fait  élever  avec 
beaucoup  de  foin  ^  lui  avoir  fait 
époufer  fa  nièce  &  le  regardoit 
comme  fon  fils  :  cependant  ce  Prin- 
ce ingrat  foulevé  par  le  Roi  de 
Hongrie ,  fe  révolta  contre  Jeanne. 
La  Reine  de  Naples  »  à  la  follici- 
tation  de  Clément  VII  qui  tenoit 
le  Pontificat  à  Avignon  dans  le 
temps  qu'Urbain  VI  le  tenoit  à 
Rome  ,  transféra  fon  adoption  a 
Louis  de  France.,  Duc  d'Anjou  , 
fils  du  Roi  Jean.  Ce  changement 
alluma  la  guerre.  Charles  de  Du- 
ras furieuxTe  rendit  maître  de  Na- 
ples &  de  Jeanne  »  après  avoir  rem- 
porté une  vidtoire  fignalée  en  i  $8 1. 
Ce  monftre  fit  étouffer  fa  bienfai- 
trice entre  deux  matelas.  Cette 
PrincelTe  fut  infiniment  regrettée 

E^ar  les  favans  &  les  gens  de  lettres^ 
a  Cour  étoit  leur  afile  :  elle  |oi- 
gnoit  aux  charmes  de  la  figure  ceux 
de  l'efprit  Se  prefque  toutes  les  qua- 


i 


JEA 

lités  du  cœur.  La  poftérîté  toujours 
juAe    quand  elle  ell  éclaitée  ,    la 

f)taînt ,  dit  un  hiftorien  ,  pârceque 
e  meurtre  de  fon  premier  mari  fut 
plutôt  TefTet  de  fa  foiblefie  que  de 
fa  méchanceté  »  parcequ'elle  n'avoir 
que  dix  -  huit  ans  quand  elle  con^ 
lentit  â  cet  attentat ,  &  que  depuis 
ce  temps  on  ne  lui  reprocha  ni 
débauche  y  ni  cruauté  »  ni  injuf- 
tice. 
JEANNIN  ;  (  Pierre  )  nom  propre 
d'un  fimple  Avocat  au  Parlement 
de  Dijon  ,  qui  par  fes  ralens  &  fx 
probiré  parvint  ahx  premiers  etii>* 
plois.  Les  Etats  de  Bourgogne  le 
chargèrent  des  affaires  de  la  pro- 
vince &  eurent  â  fe  féliciter  de  ce 
choix.  Quand  on  reçut  à  Dijon  les 
ordres  du  malTacre  de  la  Saint fiar- 
thclemi ,  il  s'oppofa  de  toutes  fes 
forces  i  leur  exécution  ,  &  quel- 

3ues  jours  après  un  Courier  vint 
éfendre  les  meurtres.  Les  places 
deConfeiller,  de  Préfident,  &  en- 
fin de  premier  Préfidenr  au  Parle* 
menr  de  Dijon  furent  la  récom- 
penfe  de  fon  mérite.  Jeannin  ébloui 
par  le  zèle  qu'afFeâoient  les  li- 
gueurs pour  la  religion  &  pour  TE- 
tar  j  entra  dans  cette  faâion  \  mais 
il  ne  tarda  pas  à  en  découvrir  la 
perfidie  &  la  méchanceté.  Envoyé 
par  le  Duc  de  Mayenne  auprès  de 
Philippell,  il  reconnut  que  Inuérèc 
de  TEglife  n'étoit  qu  un  prétexte 
dont  le  Monarque  Efpagnol  fe  fer- 
voit  pour  enlever  la  France  à  fon 
Roi  légitime.  Le  combat  ,de  Fon- 
taine-Françoife  ayant  donné  le  der- 
nier coup  à  la  ligue  ,  Henry  IV 
rappela  auprès  de  lui  &  l'admit 
dans  fon  Confeil.  Comme  Jeannin 
faifoit  quelques  difficultés  ,  ce  bon 
Prince  lui  dit:  je  fuis  bien  affiirc 
que  ce  lui  ^ui  a  étéfidelle  à  un  Duc  > 
le  fera  à  un  Roi  i  5c  lui  donna  dans 


JE  A 

le  mîme  temps  la  charge  cle  pre- 
niàer   Préûdent  au  Pailement  de 
Bourgogne ,  à   condition   qu'il  en 
tiaiteroit  avec  on  aut(e.  Dès   ce 
moment  Jeannin  fut  le  Confeil  & 
l'ami  de  Henri  IV^car  ce  grand  Roi 
«voit  des  amis  ;  il  fut  chargé  de  la 
itégociation  entre  les  Hollandois& 
le  Koi  d'Efpagne  »  4ine    des  plus 
difficiles  quil  y  eût  jamais.  11  en 
vint  d  bout  &  fut  également  efti- 
mé  des  deux  partis.  Scaliger  témoin 
de  fa  prudence  9  &  fiarneveld ,  un 
des  meilleurs  efprits  de  ce  temps- 
là ,  proteftoient  qu'ils  fortoient  tou- 
jours d'avec  lui  meilleurs  &  plus 
înftruirs.  Le  Cardinal  Bentivoglio 
dit  qu'il  l'entendit  parler  un  jour 
•dans  le  Confeil  avec^anc  de  vigiieur 
^  tant  d*autorii;é  ,  qu'il  lui  fembla 
•que  touie  la  Majefté  du  Roi  ref-* 


JEB  31 

rut  en  1^11  à  81  ans.  Nous  avons 
de  lui  des  mémoires  &  des  négo- 
ciations publiées  à  Paris  ,  in-JoU  eo 
1  r>  s  1  :  elles  font  eftimées. 

jEfiNÂEL ,  ou  j£BNi£L  \  nom  pro- 
pce  d'un  ancienne  ville  de  la  Pa** 
leftine,  fur  les  frontières  delà  Tci« 
bu  de  Nephtali. 

11  y  avoit  une  autre  ville  de  même 
nom  dans  laTribude  Juda. 

JEËUS  \  ancien  nom  de  la  ville  de 
Jérufalem  avanr  que  les  Ifrâélites 
rendent  conquife.  Elle  fut  aîi^fîap- 

Selée  du  nom  de  fon  fondateur  , 
ébus   ou  Jébufée  ,  fils  de  Cha- 
naan. 


JEfiUSËENSj  (les)  ;  anciens  peu^ 
plcs  de  la  Paleftine  ,  qui  étoienc 
defcendans  de  Jcbus  ou  Jébufée , 
filsde  Clianaan. 
JECMAAN  ;  nom  propre  d'une  an- 
piroit  dans  fon  vifage.  Henri  IV  fe  rienne  ville  de  la  Palûdine,  dans  la 
plaignant  un  jour  â  fes  Minières  Tnbii  d'Éphraïm. 
que  l'un  d'eux  avoit  révélé  le  fé-,  11  y  avoit  ime  autre  vil]e4e mime 

cret^  il  ajouta  ces  paroles  en  pre-  |      nom  dans  la  Tribu  de  Juda. 


nant   le  Préfidenr  Jeannin  par  la 
main  :  jt  réponds  pour  le  bon  hom- 
me ;  c'tfi,  à  vous  autres  de  ycfus  exa- . 
miner.  Lé  Roi  lui  dit  pen  de  temps  ' 
avant  fa  mort ,  qu'il  fongeât  i  fe 
pourvoir    d'une   bonne    haquenée 
pour  le  fûivre  dans  toutes  fes  en- 
treprifes.  La  Reine  mère  après  la 
mort  de-ilenri  IV  fe  repofa  fur  lui 
des  plus  grandes  affaires  du  Royau- 
me ,  &  Itii  confia  Tadminidration 
des  finances.  11  les  mania  avec  une 
£dclité  dont  le  peu  de  bien  qu'il 
laifTa  à  fa  famille  fut  une  bonne 
preuve.  Le  Roi  Henri  IV  qui  fe 
ireprochoit  de  ne  lui  4ivoir  pas  fait 
ailez  de  bien  »  dit  en  plufieurs  ren- 
contres, ipi'il  dorait  quelques-uns  de 
fis  fujets  pour  cacher  leur  malice  ; 
mais  que  pour  le  Préfident  Jeannin , 
/■/  en  avoit  toujours  dit  du  bien  fans 
laitnfaire.Cej^xzvA  Minidre  mou- 


E 


JE^^AN  s  ou  JficosNAM  ;  nom  pro- 

{»re  d'une  ancienne  ville  de  la  Pa-^ 
efline  ,  dans  la  Tribu  de  Zabu«- 
lon. 

JÉCORAIRE  i  Foye^  Hépatique. 

J£CTEHELl»ou  JecTHEL  ;  nom  pro- 
re  dnne  ancienne  ville  de  lafa- 
eftine ,  dans  la  Tribu  de  Juda* 

JECTIGATION^  fubftantif  féminim 
&  terme  de  Médecine.  Treffaille- 
ment  qu'on  feht  au  pouls  d'un  ma- 
lade ,  èc  qui  indique  que  le  cerveau 
efl  attaqué  &  menacé  de  convuU 
fions. 

JECTISSES  i  adje^if  fémtnm  plu- 
riel par  lequel  on  déiigne  des  terrée 
qui  ont  été  remuées  ou  rapportées. 
Cette  maifon  n'eJlpasfoUde  ytlLe  ^ 
conflruite  fur  des  terres  jeà^e^. 

JEDALA  :^  nom  {propre  ^ne  an- 
cienne ville  delà  S'ateftioejidaDiSls 
Tribu  deZabuloo. 


3t  JED 

JÉDOGAWA-TSUTSUSIjfubftantif 
inafculin.  C'eft  an  cytife  fort  ce- 
Jèbrc  au  Japon  ^  fes  rameaux  font 
hérKTcs  de  pointes  ;  fa  feuille  eft 
couverte  dé  poils  8c  dt  la  figure 
d'un  fer  de  lance.  On  en  diftingue 
un  à  fleurs  blanches ,  un  autre  à 
fleurs  purpurines  Se  un  autre  à  fleurs 
incarnates* 

JEDSO  i  Foyei  Jsso. 

JEGUN  j  nom  propre  d'tine  petite 
ville  <le  France  ,  dans  PArmagnac, 
environ  â  crois  lieues  >  nord-oueft  , 
d'Aufch.  Il  y  a  une  Collégiale  &  une 
J-uftice  Royale. 

JEHOVAH  ;  nom  de  Dieu  dans  la 
langue  hébraïque. 

Les  Juifs  dilbnt  que  dapui54c  re- 
-tour  de  la  captivité  on  ne  pronon- 
çoic  le  nom  de  Dieu  ou'une  feule 
fois  par  an  dans  le  Temple,  &cela 
a4i  jour  de  Texpiation  folennelle; 
encore  faifoit-on  exprès  du   bruit 
lorfque  le  Grand  Prêtre  le  pronon- 
çoic  en  préfence  d'un  petit  nombre 
deDifciples  choifisquile  pouvoienc 
entendre  fans  que  le  peuple  l'en- 
tendît y  mais  depuis  la  dellru£bion 
du  Temple  on  a  celfé  entièrement 
de  le  prononcer  j  ce  qui  en  a  fait 
Derdre  la  vraie  prononciation.  Les 
juifs  «expriment  plus  du  roue  le 
nom  de  Jehovah  \  mais  en  fa  place 
ils  difciit  Adonai  ou  Elohim  ,  en 
li'fant  6c  en  pilant.  Saint  Jérôme 
les  a  imités  en  mettant  :  je  ne  leur 
ai  point  découvert  won  nom  Adonaiy 
au  lieu  de  mon  nom  Jehovah.  Les 
Hébreux  modernes  enfeignent  que 
c*eft  par  la  vewu  du  nom  Jehovàh  , 
que  Moyfe  avoir  gravé  fu-r  la  verge 
miracuteii^e,  qu'il  faifoit  tous  les 
prodiges  dont  il  eft  parlé  dans  TÉ- 
crinîre;  ic  que  c'eft  par   la  même 
vertu  qtie  Jéjus-Chriji  a  fait  eous 
fes  miracles  ,  ayant  dérobé  dans  le 
Temple  le  nom  ineffable  qu'il  mit 


JEJ 

djns  fâ  cuiflTe  entre  cuir  &  chair* 
ils  ajoutent  qae  nous  en  pourriotis 
faire  de  même,  (i  nous  pouvions 
arriver  i  la  parfaite  prononciation 
de  ce  nom.  ils  fe  "flattent  que  le 
JVIeflie  leur  apprendra  ce  grand  fe* 
cret  lorfquil  fera  venu  dans  le 
monde. 

Les  Juifs  croyenr  que  Simon  le 
'  jufte ,  Grand  Prêtre  de  leur  Nation^ 
eft  le  dernier  qui  ait  fu  la  vraie  pro- 
nonciation de  ce  mot.  Tarphon  » 
Rabbin  fameux  ,  raconte  qu'un  jour 
s*étant  approché  du  Prcrre  pour  en- 
tendre fa  bénédiâion  jil  s'apperçuc 
quM  n'articuloit  plus  les  douze  let- 
tres ,  &  qu'il  fe  contentoit  de  mar- 
motter pendant  que  les  Lévites 
chantoient  ;  que  cela  venoit  de  la 
multitude  des  profanes  auxquels  il 
n'étoit  pas  de  la  prudence  de  dé- 
couvrir ce  nom  facré  de  peur  qu'ils 
n'en  abufaflent.  Ils  dénoncent  dans 
leur  Tbalmui  des  malédi&ions 
épouvantables  contre  ceux  qui  le 
prononcent  j  ils  fe  font  un  fcru- 
pule  de  tenter  même  de  le  pronon- 
cer^ ils  prétendent  que  les  Anges 
n'en  ont  pas  la  liberté. 

JEISTAM  ;  fubftantif mafculin.  Ceft 
le  tToinème  mois  des  Indiens  qui 
font  fous  la  domination  du  Grand  ^ 
Mogol.  Il  répond  à  notre  mois  de 
Juin. 

JEJUNUM  ;  fubftantif  mafculin  & 
terme  d'anatomie.  On  donne  ce 
nom  au  fécond  dej  intervins  grê- 
les ,  parce  qu'on  le  trouve  plus  fou- 
vent  vide  que  les  autres  ;  ce  qui 
vient  de  la  multitude  des  veines  lac- 
tées dont  il  eft  fourni ,  lefquelles 
enlèvent  promptement  la  partie  la 
plus  fluide  du  chyle  qui  y  eft  con- 
tenu. Il  eft  beaucoup  plus  long  que 
le  duodénum  «  6c  moins  que  l'ileum. 
Il  eft  d'une  couleur  rougeatre  y  ce 
qui  lui  vient  de  la  multitude  des 

vaiiïeaux 


JÉK 

▼aîfleattx  fangains   qui  s*y  dîftri- 
^uent. 

Cec  inceftin  fait  plufîeurs  circon- 
volarions  cu-dellus  du  nombril  :  il 
n  eft  pas  noflible  de  marquer  le  lieu 
'  précis  ou  il  donne  naiflànce  i  Ti- 
leum.  M-  Winrtow  veut  que  Ton 
diW/e  route  la  longueur  de  ces  deux 
iflteftins  en  cinq  portions  égales  » 
deux  defquelles  feront  le  jéjunum , 
&  les  croîs  autres  ou  un  peu  plus, 
rileum  • 

C'eft  le  jejontlmqaifaicla  hernie 
de  l'ombilic  ^  dans  lequel  il  s'en- 

*  gage  ordinairement  avec  l'épiploon. 
Cet  inteftin  contient  un  très-grand 
nombre  de  valvules  conniventes  qui 

•  font  fort  confidérables.'  On  trouve 
dans  le  velouté  de  cet^  inteftin  , 
beaucoup  de  petites  glandes  plus 
ou  moins  fenfibles  dans  les  dif- 
férens  fujecs  :  elles  font  ramalfées 
par  petits  pelotons  en  manière  de 
grappes  oblongues  &  plates.  ( 

JEK  oqIFerbpbmonoa  ;  lubftantifmaf 
culin.  Serpent  aquatique  du  firéfil , 

Jioî  fe  tient  fouvenc  dans  l'eau  fans 
aire  aucun  mouvement.  Il  eft  d'une 
fobftance  R  vifqueufe ,  que  tous  les 
animaux  qui  couchent  fa  peau  j  s'y 
collent  de  manière  qu'on  a  peine  â 
les  en  arracher  ;  ainn  il  en  faicaif^ 
ment  fa  proie.   Ruîfçh  dit  que  ce 
ferpenc  fore  quelquefois  de  l'eau 
pour  fe  meccre  fur  le  rivage  où  il 
i'encorcille^  &  que  R  quelqu^un  alors 
y  porte  la  main  pour  le  prendre ,  elle 
s'y  attache  y  &  s'il  en  approche  l'au- 
tre main  croyant  s'en  débarraiïer  ,  ' 
elle  y  demeare  pareillement  atta- 
chée :auflit6c  ce  ferpenc  s'étend  de 
ùt  longueur  ,  Se  retournant  dans  la 
mer ,  emporte  avec  lui  fa  ptife  & 
en  fait  fa  p&ture.- 
-JEKKOi  fubftantif  mafculin.  Efpèce 
de  lézard  de  l'île  de  Ceylan  ,  qui  a 
les  pieds  plus  élevés ,  &  la  queue 
Tome    Xy. 


JEM-  33 

plus  courte  que  la  fahmandre  ordi^ 
naire.  Il  a  cinq  doigts  à  chaque  pied  * 
il  eft  couvert  de  petites  écailles  , 
quelquefois  fa  queue  eft  ronde  &  par 
anneaux.    11  y   a   encore  le  jekko 
étoile  qui  eft  une  efpèce  de  falamah- 
dre  aquatique  de  l'Arabie  ,   ou  la 
falamandre  coidyle  d*Egypte. 
JEMPTERLAND  ;  nom  propre  d'une 
contrée  de  Suède,  dans   la  partie 
feptentrionale  j   entre  la  Laponie', 
rÀngermame  ,    la    Médelpadie  ^ 
l'Helfingie  &  la  D^lécarlie.  Elle  n'eft 
pas  peuplée ,  &  Ton  n'y  trouve  point 
de  villes  :  il  n'y  a  que  quelques  bourgs 
&  des  villages. 
JEMSÉE  î  nom  propre  d'un  bourg  de 
Suède  »  en  Finlande ,  dans  la  Pro- 
vince de  Tavaftie ,  fur  le  lac  ïende. 
JENAC',  fubftantif  mafculin.  Coquil- 
lage univalve  du  genre  des  .lepas  , 
qui  fe  trouve  au  Sénégal  fur  les  ro- 
chers de  l'île  de  Gorée.  La  coquille 
en  eft  chambrée  &  forr blanche,  fur- 
tout  à  la  furface  intérieure  qiii  eft 
du  plus  beau  poli. 
JENDAYA  ;  fubftantif  mafculin.  Ef- 
pèce de  perroquet  du  Bréftl ,   de  la 
grandeur  d'un  merle.  Cet  oifeau  a 
les  jambes  &  le  bec  noirs  \  Us  yeux 
ont  l'iris  dorée.  Il  a  la  tète ,  le  cou 
&  la  poitrine  jaunes  ,  '&  un  pei» 
de  roux  ou  couleur  de  tnafllicot  >'  le 
tout  mêlé  enfemble.  Sctfi  dos  ,    ia 
queue  &  fes  ailes  font  d'un  v^rt 
céladon. 
JÉNÉEN;  nom    d'une  grande    ville 
d'AHe  ,  daiîs  la  Paleftine  ,  avec  un 
vieux  Château  &  detix  Mofquées.  Il 
y  réGde  un  Emir  qui  lève  un  caphar 
fur  tous  ceux  qui  font  la  route  4e 
Nazareth  à  Jérufalem'. 
JENGAN  j  nom  propre  d'une  ville  de 
,  la  Chine ,  dans  la  Province  de  Xenfi 
dont  elle  eft  la  huitième  Métropole. 
Il  y  adix-huic  autres  villes  dans  fon 
départemenit. 


34  JEN' 

JENGAPOUR  }  nom  propre  d'une 
ville  des  Indes  »  capiule  aune  con- 
trée de  même  nom  ,  dans  les  États 
du  Grand  Mogol  »  fur  la  rivière  de 
Chaul  »  à  trente-cinq  Heues ,  nord- 
oueft ,  de  Dély. 

JENISCEA  ,  JENISESKOÏ  ou  Ybni- 
sfiioi  'y  nom  propi^  d'une  ville  de 
Ruilie  j  dans  la  farcarie  »  en  Si- 
bérie ,  fur  une  rivière  de  même 
nom  ,  près  des  frontières  des  Oftia- 
ques  &  des  Tongufes. 

JENIZZÀR  ^  nom  propre  d'une  ville 
de  Grèce,  dans  la  Macédoine  »  fur 
le  golfe  de  Salonique  »  près  des  rui- 
nes de lancienne Pella ,  Patrie d'A- 
lexandre-le*Grand ,  à  cinq  lieues  > 
fud-oueft  »  de  Salonique;  &  à  fept 
lieues  ,  nord-eft  »  de  Caraveira. 

Il  y  a  aufli  une  petite  ville  de 
même  nom  dans  la  Grèce  »  entre 
Lariffe  &  le  golfe  de  Volo. 

JENKOPING  i    nom   propre  d'une 
ville  de  Suède ,  dans  la  Province  de 
Smaland  j  fui^  le  lac  Vater ,  â  vingt 
deux  lieues ,  nord'oueft,  deCalnur. 

JENO  i  nom  propre  d  une  ville  6c 
château  de  la  Haute  Hongrie  ,  vers 
les  frontières  de  la  7'ranfylvanie , 
fur  la  rivière  de  Keres  »  encre  Gya- 
lay  &  Temefwar. 

^EISrPING  ;  nom  prepre  d'une  ville 
confidérable  de  la  Chine  ,  dans  la 
Prpvînce  de  Fokien  dont  elle  e(i  la 

•  cinquième  Métropole.  11  y  a  fix 
autres  villes  dans  ion  département. 

JENUPAR  i  voyei  Jengapour. 

JEPHETl  'y  nom  propi^  d'ui>e  ancien- 
ne ville  de  la  Paieftine ,  fur  les  fron- 
.  fières  des  Tiibus  de  Benjamin  ôc 
d'Ephratm. 

jEPHTA  j  nom  propre  d'une  ancienne 
ville  delà  Paieftine,  dans  la  Tribu 
de  Juda. 

JEPHTAEL  ;  nom  propre  d'une  an- 
cienne ville  de  la  Faleftine  »  dans  la 
Tribu  de  Zabolon» 


JER 

JEQUITINGU ACU  ;  fubftantîf  mat 
culin-  Fruit  qui  croît  au  Bréfil ,  fie 
qui  reflTemble  â  nos  grofles  fraifes  : 
ce  fruit  recouvre  un  noyau  très- dur  , 
noir  &  luifant  comme  du  jais  ,  6c 
dont  récorce  eft  très-amère.  On 
écrafe  ce  noyau  qui  eft  de  la  grof- 
feur  d'un  pois  ,  pour  en  tirer  une 
huile  dont  on  faif  du  favon. 

JÉRÉMIADE  y  Tubftantif  féminin  da 
ftyle  familier.  Plainte  fréquente  Se 
importune.  Elle  ennuie  tout  U  monde 
avecjcs  Jérénùades^ 

JÉREMIE  'y  nom  propre  d*un  des 
quatre  grands  Prophètes  de  l'An* 
cien  Teftament.  Il  étoit  (ils  d'HeU 
cias  ,  du  bourg  d*Anatotk  ,  dans 
la  Tribu  de  Benjamin ,  près  de  Je- 
rufalem.  Il  commença  fort  jeune 
à  prophétifer^  fur  la  fin  du  règne 
de  Jofias  ,  &  continua  (ts  prophé- 
ties jufqu'â  la  captivité  des  Juifs  en 
Babylone«  La  prophétie  de  Jcrémit 
eft  terminée  à  la  fin  du  chapitre  5 1 
ar  ces  mots  :  hàcufquc  vtrba  Jeremu  t 
e  { 1^  eft  de  fiaruch  01»  d'Efdras. 

Outre  la  prophétie  de  Jé.émic , 
nous  avons  encore  fes  lamentations 
où  il  dépeint  &  déplore  d'une  ma-» 
nière  pathétique  la  défolation  &  la 
ruine  de  Jérufalem  par  les  Chai* 
déens.  Cet  ouvrage  eft  écrit  en  vers  ^ 
dont  les  premières  lettres  font  dif- 
pofées  fuivanr  Tordre  de  Talphabeu 
11  y  a  une  Préface  dans  le  Grec  & 
dans  la  Vulgate,  qui  ne  fe  rencontre 
ni  dans  THébreu ,  ni  dans  la  Para-^ 
phrafe  Chaldaïque ,  ni  dans  le  Sy« 
riaque»&  qui  paroît  avoir  étéajoutéc 
pour  fervir  d'argument  â  ce  livre. 

Le  ftyle  de  Jenmic  eft  moins  fa«» 
blime  &  moins  véhément  que  celui 
dlfaïe  y  mais  il  eft  plus  tendre  ic 
plus  affeâueux..  H  y  avoir  ancienne^ 
ment  une  autre  prophétie  de  Jcré^ 
mie  dent  parle  Origène  ,  où  Toa 
troiivok  ces  paroles  citées  dans  !'£- 


i: 


V 


JER 

▼angi  le  :  appendcrunt  mercedcm  mcam 
trigenta  argentées ,  &c.  mais  il  y  a 

-    apparence  que  c'ëtoit  un  ouvrage 
apocriphe  dont  fe  fervoient  les  Na- 
zaréens ,  comme  la  remarqué  S.  Jé- 
râme  dans  fon  Commeniaire  fur 
*S.  Marhjeo. 

JEREPEMONGA  j  vcye^  Jek, 

JfRICH AW  ;  nom  propre  d'un  bourg 
&  baiilage  d^AUemagne  ,  dans  le 
Duché  de  Magdebourg ,  fur  les  fron- 
tières du  Brandebourg. 

JERICHO  ;  nom  propre  d'une  an- 
cienne ville  de  la  Paleftine  »  dans  la 
Tribu  de  Benjamin  ,  environ  à  fepc 
lieues  de  Jérufalem ,  &  â  deux  lieues 
du  Jourdain.  C'eft  la  première  ville 
du  pays  de  Chanaan  que  Jofué  prie 
Se  faccagea  :  on  en  rétablit  une  nou- 
velle dans  (on  voifinage.  Vefpafien 
la  (iérruifit  :  Hadrien  la  répara.  Cette 
ville  fur  encore  relevée  fotis  les 
Empereurs  chrétiens  ,  &  décorée 
d'un  Siège  épifcopal;  mais  finale- 
ment les  guerres  des  Sarrafins  dans 
la  Terre-Sfainte  ont  détruit  le  Siège 
&  la  ville  \  on  n'y  voit  plus  que 
quelques  huttes  oh  demeurent  des 
Arabes  fi  gueux ,  qu'à  peine  ont*ils 
de  quoi  couvrir  leur  nudité. 

La  rofe  de  Jéricho  louée  dans  l'É- 
criture ,  eft  une  plante  qui  nous  eft 
inconnue  :  elle  ne  préfente  point 
celle  â  laquelle  les  modernes  don- 
nent vulgairement  ce  nom. 

JÉRÔME  \  (Saint)  nom  propre  d'un 
fameux  Doâeur  de  rÊgliie  ,  qui 
naquit  i  Stridon  ,  dans  l'ancienne 
Pannonie»  vers  l'an  $40,  &  mou- 
rut à  Bérhléein  en  410.  C'eft  de  tous 
les  Pères  latins  celui  qui  a  montré 
le  plus  d'érudition.  Ses  principaux 
ouvrages  font  une  verfion  latine  de 
rÉcriture-Sainre  ,  adoptée  par  l'È- 
glife  fous  le  nom  de  Vulgûte  j^  ex- 
cepté la  verfîon  des  Pfeaumes ,  qui 
a  été  retenue  prefqu*en  CDciec  de  I 


JER  5, 

l'ancienne  verfion  ;  des  Commen- 
taires fur  difFérens  livres  de  TÈcri- 
tuté-Sainte  i  des  Traité»  polémiques 
contre  les  hérétiques  Mon  tan ,  Hel- 
vidius ,  6fc.  pluheurt  lettres  ,  un 
Trai(é  de  la  vie  &  des  écrits  des 
Auteurs  eccléfialtiques.  Ces  difFé- 
rens oiftvcag/es  ont  été  recueillis  pat 
les  Bénédiâins  en  5  vi>lume$  infoL 
Il  y  en  a  une  édition  publiée  i  Vé- 
rone en  1 1  volumes  in-foL  Le  flyle 
de  ce  Père ,  quoique  chargé  de  ci- 
tations j  eft  vif,  éloquent  &  quel- 
quefois fublime  ;  mais  on  ne  ren- 
contre que  trop  fouvent  dans  fes 
écrits  polémiques ,  des  traies  d'un 
càradère  aigre  &  chagrin  qui  fai- 
foit  peine  â  les  meilleurs  amis. 
JÉRÔME  DE  PRAGUE  :  nom  pro- 
pre d  un  fameux  difciple  de  Jean 
Hus  ,  qui  étant  allé  au  Concile  de 
Confiance,  pour  y  défendre  la  doc- 
trine de  fon  maître ,  y  fur  arrêté  &c 
brûlé  comme  lui*   Voyi;:^  Hus  & 

HUS^ITES. 

JJÈRON  ;  nom  propre  d'une  ancienne 
ville  de  la  Paleftine  >  dans  la  Tribu 
de  Nephtali. 

JÉRONIMITES  ;  (les)  Religieux 
qu'on  nomme  zuQxHermites  de  S\  Je^ 
rome.  On  diftingue  quatre  Ordres 
différens  de  Jéronimites  »  ceux  d'Ëf- 
pagne  ,  ceux  de  Lombardie ,  ceux 
de  la  Congrégation  du  Bienheureux 
Pierre  de  Pife  »  &  ceux  de  la  Con- 
grégation de  Fiéfoli. 

Les  Jéronimites  d'Efpagne  doi- 
vent leur  naifTance  au  Tiers-Ordre 
de  S.  François.  Le  Pape  Grégoire 
XI  approuva  leur  Ordre  par  une 
Bulle  du  1 8  Oâobre  1 37}  ,  &  leur 
donna  encore  la  Règle  de  S.  Auguf- 
tin  ,  avec  les  Conftiturions  qu'on 
obfervoit  dans  le  Monaftère  de  Sain- 
.  te-Marie  du  Sépulcre  ,  hors  des 
murs  de  Florence }  &  pour  tkabit 
une  tunique  de  drap  blanc  »  un  fca^ 

E  il- 


}6  JER 

pulaire  de  couleur  tannée  »  au  petit 
capuce  &  un  manteau  de  même 
.  couleur.  11  y  a  auili  en  Efpagne  des 
Religieufes  Jéronimites  Fondées  à 
Tolède  vers  la  fin  du  quinzième 
(îècle. 

Les  Jcronimites  de  Lombardie 
ou  de  rObfervance  ont  pour  Fon- 
dateur Loilp  d'Olmédo.  Il  changea 
auelque  chofe  dans  rbabillement 
es  Religieux  de  S.  Jérôme ,  fondés 
dans  les  montagnes  de  Cazalla ,  au 
Diocèfe  de  Séville.  Il  ajouta  à  la 
Règle  de  S.  Âuguftin  des  Conftitu- 
rions  très-auftères ,  tirées  en  partie 
de  celles  des  Chartreux. 

La  Congrégation  des  Jéronimîtes 
du  Bienheureux  Pierre  de  Pife  fut 
fondée  par  ce  faint  Homme  vers 
Tan  1375  on  1J77»  fur  une  mon- 
tagne nommée  Montebelto.  11  pref-^ 
crività  fes  Religieux  une  forme  de 
vie  tièsauftère  \  mais  elle  fut  mo- 
dérée par  •  diverfes  Conftitutions 
faites  en  difFérens  temps. 

Les  Jéronimites  de  la  Congréga- 
.     tion  de  Fiéfoli  ^  autrefois  Tune  ^es 
douze  premières  villes  de  la  Tof* 
cane ,  ont  pour  Fondateur  le  Bien- 
heureux Charles  de  Montegraneli , 
de  la  famille  des  Comtes  de  ce  nom. 
Innocent  VU  l'approuva  en  \^q6  y 
Se  elle  fut  confirmée  par  plufieurs 
.  autres  Papes  y  mais  Clément  IX  fup 
prima  cet  Ordre  en  j  66im 
JÈROSLAW  j  nom  propre  d'une  ville 
de  R  uflie  ,  fur  le  w  olga ,  dans  un 
Duché  de  même  nom  ,  environ  à 
40  werftes  de  la  ville  de  Roftow. 

Le  Duché  de  Jéroflaw  eft  borné 
au  nord  par  la  Province  de  Wolog- 
da ,  à  l'orient  par  la  Principauté  de 
Galicz<S£  le  Duché  de  Scydal  »  au 
midi  par  le  Diiché  de  Roftow  ,  Se 
à  Toccident  par  celui  de  Bélofero. 
JERVERTLAND  j  nom  propre  d  un  , 
petit  pays  de  la  Livome>  dans  V£f-  I 


JER 

tonie.  LeChâteaudeVittenfteinen 
eft  le  chef-lieu. 
JÉRUSALEM  j  nom  propre  d'une  an- 
cienne &  fameufe  ville  d'AHe  »  dans 
la  Palelline  ,  autrefois  capitale  du 
Royaume  des  Juifs  ,  depuis  que 
David  l'eut  conquife  fur  les  Jébu- 
féens.  Ce  Prince  &  Salomon  l'em- 
bellirent. Séfac  Roi  d' Ègypce  »  Ha- 
zaelRoi  de  Syrie,  Amafias  Roi  dlf- 
raël  ,  enlevèrent  confécutivemenc 
les  tréfors  du  Temple  y  mais  Nabu- 
chodonofor  ayant  pris  la  ville  mètxle 
pour  la  quatrième  fois  »  la  réduidc 
en  cendres  j,  &  emmena  les  Juifs 
captifs  à  Babylone.  Après  cette  cap- 
tivité 9  Jérufalem  fut  reconftruite 
&  repeuplée  de  nouveau.  Antiochus 
le  Grand  ayant  reconquis  la  Celé- 
Syrie  Se  la  Judée  ,  afliégea  8c  ruina 
Jérufalem  }  enfuite  Simon  Mâcha- 
bée  vainquit  Nicanor  ,  rétablit  la 
ville  &  les  facrifices  ^  elle  jouit  d'une 
zffez  grande  paix  julqu'aux  démêlés 
d'Hircan  &  d'Ariftooule.  Pompée 
s'étant  déclaré  pour  Hircan ,  s*em* 
para  de  Jérufalem  (>  j  ans  avant  Jé^ 
jus^CkriJlyôc  en  démolit  les  murail- 
les dont  Jules-Céfar  permit  le  réta- 
blifTement  vingt  ans  après. 

A  peine  la  Judée  rut  réduire  en* 
Province  fous  l'obéiflance  du  Gou- 
verneur de  Syrie  ,  que  les  Juifs  fe 
révoltèrent  &  pafsèrent  au  fil  de 
l'épée  la  garnifon  Romaine  j  alors 
l'Empereur  Titus  vint  en  perfonne 
dans  le  pays  ,  affiégea  Jérufalem  » 
l'emporta  ,  la  brûla  &  la  réduifie 
en  folitude  Tan  70  de  l'ère  chré- 
tienne. 

L'Empereur  Adrien  fit  bâtir  une 
nouvelle  ville  auprès  des  ruines  de 
lancienne.  Les  Perfes  la  prirent  en 
fi4^  &  les  Sa rra fins  en  ^2^}  mais 
les  Latins  l'ayant  reprife  ,  y  fondè- 
rent un  nouveau  Royaume  en  1 05^9^ 
.  9uidiua$5^an$fou5de$Roisfjtan9ois«^ 


JER 

Saladin^Soadan  d*Égypce&  de  Syrie, 
fe  rendit  maître  de  la  ville  en  1 1 88 
foas  Guy  de  Lufignan.  Les  Turcs  en 
chafsèrent  les  SarraHns  en  1 5 1 7 ,  & 
depuis  ce  temps  elle  leur  eft  reliée. 
Elle  n*eft  plus  rien  en  comparaifon 
de  ce  qu  elle  étoit  autrefois  :  elle  a 
néanmoins  encore  un  Patriarche.  Le 
Alont  Calvaire  &  la  Montagne  de 
Sion  font  renfermés  dans  fon  en- 
ceinte. Les  Cordeliers  y  ont  TÉglife 
du  Saint^Sépulcre ,  Se  un  holpice 
pour  les  Pèlerins  latins. 

Elle  eft  à  quarante-cinq  lieues  , 
fud-oueft,  de  Damas,  fous  le  57®'. 


50 


degré  de  longitude  ,  &  le  5 1 
minutes  de  latitude. 

Cette  ville  eft  célèbre  à  plufieurs 
égards  dans  l'Hiftoire  ecclénaftinue. 
C  e(Ulà  où  le  Sauveur  du  monde  a 
offe^  le  premier  iacrifice  de  la  nou- 
velle Alliance.  C'eft  dans  cette  ville 
qu'a  été  établie  la  première  Églife , 
doù  la  loi  de  l'Evangile  s'eft  répan- 
due dans  le  monde.  S.  Jacquts  le 
mineur  en  a  été  le  premier  Evêque. 
Il  y  fiégea  jufqu'en  60  qu'il  reçut  la 
couronne  du  martyre. 

11  s'eft  tenu  dans  cette  ville  Tan 
de  Jefus-Chriji  5 1  ,  un  Concile  qui 
ed  le  premier  de  tous  les  Conciles , 
&  le  modèle  des  fuivans.  On  décida 
dans  cette  afTembiée  ,  qu'il  ne  fal- 
loit  point  inquiéter  les  Gentils  nou- 
vellement convertis  ,  au  fujet  de  la 
circoncidon  &  des  pratiques  de  la 
loi  de  Moïfe  }  mais  que  l'on  devoit 
leur  demander  feuUment  de  s'abf- 
tenir  de  ce  qui  a  été  offert  aux  ido- 
les,  d  éviter  la  fornication,  &  de 
ne  point  manger  le  fang  des  ani- 
maux ,  ni  les  viandes  étouffées  pour 
lefqueiles  les  Juifs  avoient  de  Ta- 
verfion ,  afin  d'apprendre  aux  Gen- 
tils à  honorer  la  loi ,  &  que  ces  ob- 
fervations  communes  à  la  Synago- 
gue Se  à  rÉglife  >  fervilTent  comme 


JES  37 

de  lien  pour  unir  enfemble  les  deux 
peuples  ,  les. Juifs  &  les  Gentils. 
Cette  dccifion  fut  envoyée  à  An- 
tioche  par  écrit  ;  elle  écoit  conçue 
en  ces  termes  :  vifum  ejl  cnim  Spi^ 
ritui  SanQo  &  nobis  ,  &c.  C'eft 
cette  même  fotmule  dont  on  s'eft 
fervi  depuis  dans  les  décidons  des 
Conciles. 

Il  s  eft  tenu  plufieurs  autres  Con* 
ciles  à  Jérufalem. 

Jérusalem  ,  fe  prend  fouvent  au  fi- 
guré pour  défîgner  le  Ciel  j  le  Pa- 
radis y  le  féjour  des  Bienheureux  ; 
&  c'eft  dans  ce  fens  que  l'on  dit ,  la 
Jérufalem  d'en  ^  haut  ^  la  Jérufalem 
célejlc  ,  la  faintc  Jérufalem, 

Jérusalem  ,  en  termes  de  Spiritua- 
lité fe  prend  encore  pour  l'ailemblée 
de  ceux  qui  oht  du  goût  pour  les 
chofes  Saintes  ,  &  ce  mot  eft  op- 

fofé  en  ce  fens  au  monde  ,  ou  à 
affemblée  des  mondains  j  (Ignifiée 
par  rÉgypte. 

JESANA  j  nom  propre  d'une  ancienne 
ville  de  la  Paleftine  >  dans  la  Tribu 
^  d'Ephraïm. 

JESI  y  nom  propre  d'une  ville  épifco- 
pale  dltalie ,  dans  la  marche  d'An- 
cône ,  ftir  une  monragne  ,  à  fept 
lieues  ,  fud-oueft  ,  d'Ancone  :  &  X 
quarante- cinq  lieues,  nord-e(t,  de 
Rome. 

jÉsi ,  eft  audi  le  nom  d'une  ville  du 
Japon  y  dans  la  prefqu  île  de  Ni- 
phon  ,  au  voifinage  de  Méaco. 

JÉSIMA  ;  nom  propre  d'une  petite 
île  d'Afle ,  dans  l'Empire  du  Japon. 

JÉSO  i  nom  propre  d'une  île  d'Afîe , 
qui  n'eft  féparée  de  la  grande  Tar- 
tarie  que  par  le  détroit  deTefToy. 
Les  côtes  de  Jéfo  ont  été  en  partie 
reconnues  en  i(?43 ,  par  les  Hollan- 
dois  qui  cherchoient  le  pafTage  du 
nord  au*de  (Tus  du  Japon.  Les  japo- 
nois  appellent  ta  partie  feptentrio' 
I      nale  de  laTartarie  qui  joint  le  Kamt- 


3" 


38  JES 

chatka,  OkuJéfo  le  haut  Yéfo,  qu'ils 
diftinguenc  de  Jéfo-Gafima  ,  ou  de 
nie  de  Jéfo  qui  eft  féparée  d  eux 
par  le  décroît  de  Sungar.  On  con- 
fondoit  il  n*y  a  pas  long- temps ,  Tîle 
aveda  partie  méridionale  du  Kamt* 
chatka  que  l'on  crovoit  plus  étendu 
qu'il  n'ell^  à  caufe  de  la  route  qu'on 
a  tenue  pour  le  découvrit }  mais 
félon  les  dernières  navigations  des 
RufTes  j  il  eft  féparé  de  l'île  de  Jéfo 
par  plufieurs  autres  îles  moins  con- 
iîdérables.  Le  Jéfo-Gafima  eft  fort 
plîuplè ,  &  il  y  a  des  plaines  qui 
leroient  fertiles  »  fi  les  habitans  fe 
donnoient  la  peine  de  les  cultiver  ; 
inais  ils  vivent  principalement  de 
pèche  6c  de  chaffe ,  quoiqu'ils  aient 
luclque  bétail.  Us  demeurent  fous 
tes  cabanes  conftruites  de  planches 
clouées  enfemble.  On  dit  qu'il  y  a 
dans  ce  pays  des  mines  d'argent ,  de 
cuivre  6c  de  fer.  La  partie  méri- 
dionale dépend  du  PrincedeMatfu- 
mai  qui  y  a  bâti  des  forterefTes. 
JÉS;<AÉLou  JÉZRAEL  ;  nom  propre 
d*une  ancienne  ville  de  la  Paleftine , 
dans  la  Tribu  d'Iffachar,  entre  Lc- 

fion  i  l'occident ,  &  Scythopolis  à 
orient. 
JESSELMÈRE  ;  nom  propre  d'une 
ville  des  Indes  ,  capitale  d'une  Pro- 
vince de  même  nom ,  dans  les  États 
du  Grand  Mogol^à  75  lieues,  nord, 
d'Amadabat. 

La  Province  eft  bornée  à  l'orient 

L»ar  celle  d*Afmer  ,  au  fud-eft  par 
a  rivière  de  Paddar  ,  au  fud-oueft 
par  la  Province  de  Soret ,  i  l'occi- 
dent par  des  montagnes  qui  la  fépa* 
rent  du  Sinde  ,  &  au  nord  par  le 
pays  de  Poukor. 
JÉSUAT;  nom  propre  d'une  Province 
des  Indes  orientales ,  dans  les  États 
du  Grand  Mogol.  Elle  eft  bornée  au 
nord  par  le  Royaume  de  Necbal ,  â 
i  orient  par  celui  d'Afem^  au  midi 


E 


JES 

par  celui  de  Bengale ,  8c  à  Tocd- 
dent  par  le  pays  de  Patna  :  Rajapour 
en  eft  la  capitale. 
JÉSU  ATES  5,  (  les  )  Ordre  religieux 
inftituc  par  Saint- Jean  Colombin , 
noble  Siennois ,  vers  Tan  1 3^5.  Cet 
Inftitut  fut  approuvé  â  Viterbe  par 
Urbain  V  en  i  j^y.  Le  nom  de  /c- 
/uates  fut  donné  i  ces  Religieux , 
parceque  leur  faint  Fondateur  pro- 
nonçoit  continuellement  le  nom  de 
Jefùs.  On  les  appela  enfuite  Clercs 
apqftoliqucs  de  S.  Jérôme  ,   â  cau- 
ie  de  leur  dévotion  à  ce  Saint  ^  & 
parce  qu'ils  lui  dédièrent  la  plus 
grande  partie  de  leurs  Eglifes  8c 
de  leurs  Oratoires.   Ils    Aiivoient 
la  Règle  de  Saint  Auguftin.   Cet 
Ordre  a  été  fupprimé  en  166S  par 
Clément  IX  ,  â  la  recomma^ation 
de  la  République  de  Vénife,  qui  fe 
propofoit  d'employer  leurs  biens  à 
ibutenir  la  guerre  contre  les  Turcs 
qui  afliégeoient  Candie.  Depuis  ce 
temps  il  n'y  eut  plus  de  Religieax 
Jéfuates  de  S.  Jérôme  y   mais  les 
couvens  de  Religieufes  de  cet  Inf- 
titut fubfiftent  encore  en  quelques 
endroits  d'Italie.  Leur  vie  eft  auf- 
tère  :  elles  ont  pour  habillement  une 
tunique  de  drap  blanc  j  une  cein- 
ture de  cuir  ,  un  manreau  de  cou- 
leur tannée  ,  &  un  voile  blanc.  La 
première  Religienfe  de  cet  Ordre 
fut  la  Bienheureufe  Catherine  Co- 
lombin de  Sienne ,  confine  de  Saint- 
^  Jean  Colombin. 

JÉSUÉ  ;  nom<  propre  d'une  ancienne 
ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  Tribu 
de  Juda. 

JÉSUITES;  (les)  Ordre  Religieux 
inftitué  par  Ignace  de  Loyola ,  8c 
connu  fous  le  nom  de  Compagnie 
ou  Société  de  Jéfus. 

Ignace  de  Loyola  qui  avoir  donné 
fes  premières  années  au  métier  de 
la  guerre  &  aux  amofemens  de  la 


JES 

galanterie  j  ayant  été  blefle  dange- 
rettfement  au  fîége  de  Pampelune 
en  1511  j  prit  la  réfolution  de  re- 
noncec  au  monde  &  de  feconfacrer 
i  Dieu  :  mais  plus  zélé  qu'éclairé  il 
fe  perfaada  que  Dieu  exi^^eoit  de 
lui  qu'il  fe  dévouât  au  fer  vice  de  la 
Sainte  Vierge  en  qualité  de  fon 
chevalier.  Plein  de  cette  idée  &  en- 
core convalefcent  »  il  avoir  félon 
les  lois  de  l'ancienne  Chevalerie  » 
pafTé  toute  la  nuit  armé  devant  Tau- 
tel  de  la  Sainte  Vierge  i  il  pendit 
fon  épée  â  un  pilier  ^  s'habilla  en 
chevalier  errant  &  en  prit  toutes 
les  allures.  Un  Maure  qui  contef- 
coît  la  virginité  perpétuelle  de  la 
mère  de  Dieu  j  penfa  périr  fous  le 
fer  de  ce  nouveau  converti.  Ignace 
perfuadé  de  plus  que  Dieu  1  avoir 
appelé  à  la  converHon  des  infidel- 
les  9  fe  mit  i  faire  fes  études,  quoi- 
qu'il eût  alors  trente  trois  ans.  11 
les  continua  â  Paris ,  où  il  arriva 
au  commencement  de  Février  en 
1  si8.  Un  zèle  ardent  pour  fa  pré- 
tendue miffion  lui  tint  lieu  des  ta- 
lens  naturels  dont  il  éroit  privé  j  il 
s'aifocia  pour  ce  deflein  quelques- 
uns  de  les  compagnons ,  entr'au- 
tres  le  Fevre  ,  Xavier ,  Lainez  , 
Salmeron ,  Bobadilla  &  Rodrignez. 
Ayant  réfolu  de  fe  les  attacher  par 
un  engagemenr  irrévocable ,  il  les 
mena  pour  cet  effet  dans  l'Eglife 
de  Montmartre  le  jour  de  l'AfTomp- 
tion  de  l'an  1534^  &  les  deux  an 
nées  fuivantes  à  pareil  jour  ils 
renouvellèrent  leurs  vœux  qui  con- 
/îftoient  â  aller  prêcher  la  foi  aux 
infidelles  du  levant  »  on  d  aller  de- 
mander au  Pape  relie  miffion  qu*il 
Toudroit  leur  donner.Comme  ils  ne 
purent  accomplir  leur  premier  pro- 
jet ,  ils  allèrent  à  Rome  offrir  leur 
service  au  Saint  Père  ,  à  qui  Ignace 
pcéfema  le  plan  de  la  nouvelle  S(y 


JES  39 

ciété  qu'il  décora  du  nom  de  Jéfus. 
Paur  111  nomma  des  commiifaires 
qui  s'opposèrent  d'abord  au  nouvel 
inftirut.  Mais  Ignace  ayant  ajouté 
aux  trois  vœux  ordinaires  une  obéif- 
fance  fans  bornes  au  Saint  Siège ,  il 
fut  exaucé.  Ignace  fut  déclare  Gé- 
néral de  fon  nouvel  Ordre  en  1541. 

Depuis  la  fialle  qui  établit  ces 
Religieux ,  ils  en  ont  obtenu  plu- 
fieurs  autres  qui  leur  ont  accordé 
les  plus  grands  privilèges. 

On  diflingue  dans  cette  Compa- 
gnie plufieurs  .diffcrens  degrés  } 
entr'autres  ceux  de  Profès  ,  de 
Coadjuteurs  formés  &  d'Ecoliers 
approuvés.  Les  Profès  font  de  deux 
fortes  ,  les  uns  de  quatre  vœux  » 
les  autres  de  trois  feulement.  Ces 
va  ux  font  folennels;on  n'y  eft  admis 
qu'à  trenre  ttois ans  I  après  deux  an- 
nées de  noviciatjfept  ans  d'étude,  Se 
un  nouveau  noviciat  d'une  année. 
Les  vœux  des  Coadjuteuis  font 
publics  mais  fimples  ;  les  vœux  des 
Écoliers  font  feulement  limples  ;  le 
Général  de  l'Ordre  eft  perpétuel  » 
&  refide  à  Rome  dans  la  Mailon 
Profefle  dite  de  Jéfus.  Il  a  auprès 
de  lui  cinq  Affiftans  généraux  qui 
n'ont  point  voix  déliberative  »  mais 
confultative. 

Le  devoir  d'un  Afliftant  eft  de 
préparer  les  affaires  &  d'y  mettre 
un  ordre  qui  facilite  l'expédition 
au  Général. 

Celui  qui  veille  fur  une  Province 
porte  le  titre  de  Provincial;  le  chef 
d'une  Mai  fon  celui  de  HeStur. 

L'établi (Tement  des  Jéfuites  en 
France  fouffrtt  dans  l'origine  bien 
^  des  difficultés  ;  mais  après  bien  des 
refus ,  la  Cour ,  avant  faire  droit 
fur  la  demande  en  enregiftremenc 
de  lettres  patentes  accordées  â  cet 
Ordre  le  x^  Décembre  1^60  , 
ordonna  par  Arrct  4^  li.  Février 


40  JES 

fuivant ,  que  w  les  Jcfuites  fe  pour- 
»  voyeroient  au  Concile  général  ou 
>i  aflemblée  prochaine  qui  fe  feroic 
»  en  l'Eglife  gallicane  iur  Tappro- 
»  bacion  de  leur  Ordre.  <t 

En  conféquence  de  cet  Artèt , 
les  Jéfuices  s'adrefsèrent  à  TAlFem- 
blce  du  Cierge  qui  fç  tenoitalorsà 
PoifTy  &  à  laquelle  on  a  donné  le 
nom  de  colloque  de  Poîjfy  ,  parce 
qu'on  y  tint  une  conférence  avec  les 
Proteftans  fur  la  controverfç  j  & 

Ear  une  délibération  du  1 5  Sepcem- 
re  i^6ï  ,  le  Clergé  les  approuva 
pour  s'établir  dans  le  Royaume 
»  par  forme  de  Société  &  de  CoU 
»  lége  &  non  de  religion  nouvelle 
19  inilituée  ,  à  la  charge  j  dit  U  dé- 
»  libération  ,  qu'ils  feront  tenus  de 
»>  ne  prendre  autre  titre  que  celui 
i>  de  Société  dç  Jéjus  on  Je  fuit  es  ;  & 

»  que  fur  icelle   Société TÉ- 

>>  vcque  diocéfatn  aura  toute,  furin- 

V  tendance ,  juridiârion  &  correc- 
»  tion  y  de  chafler  &  ôter  de  ladite 
a?  Compagnie  Iqs  forfaiteurs  &  ipal- 
»  vivans. 

»  N'entreprendront  les  Frères 
>>  d'icelle  Compagnie ,  &  nç  feront 

V  en  fpirituel  &  en  temporel  au- 
»  cune  chofe  au  préjudice  des  Evê- 
»9  ques  ,  Chapitres ,  Curés ,  Paroif- 
y%  fes  ic  Uniyerfîtés  »  ni  des  autres 
99  Religion^  ^  ^in$  feront  tenus  de 
»  fe  conformer  entièrement  à  la  _ 
*'  difpoiîtiop  du  droit  commun  , 
>>  fans  qu'ils  ayenc  droit  ni  juridicr 
j>  tion  aucune  ,  ^renonçant  aii  préa- 
n  lable  &  par  exprès  à  tous  privilé- 
n  ges  portée  par  les  Bulles  aux  cho- 
3}  IfîS  /ufdites  contraires,  autrecpent 
97  les  préfentes  demeuçeroni;  nulRs 
»  &  ae  nul  effet ,  &c.  f< 

>  Cet  aâe  d'approbation  condition- 
nelle donnée  aux  Jéfuites  par  le  coU 
|oc}u9  de  Poiffy  »  a  dçpuis  été  enre; 


JES 

giftrc  &  homologué  au  Parlement 
le  15  Février  15^1, 

L'Ordre  entier  des  Jéfuites  fut 
enfuite  banni  du  Royaume  ,  tant 
par  un  Arrêt  dû-Parlement  de  Paris, 
prononcé  le  10  Décembre  1594a 
qu'on  trouve  dans  les  recherches 
d*Etienne  Pafquier  &  ailleurs  ,  que 
par  un  Edit  du  7  Janvier  1595  , 
regiftré  au  Parlement  de  Rouen. 
Mais  il  leur  fut  depuis  permis  de 
rentrer  en  France  par  des  Lettres 
patentes  en  formé  d'Edit  du  mois 
de  Septembre  1^95  ,  fous  les  con- 
ditions portées  par  le  colloque  dQ 
Poiffy  dont  l'Édit  de  1505  ne  con- 
tient aucune  révocation  ;  cet  Èdit , 
qui  n^a  pas  été  exécuté  bien  exade* 
ment  ic  que  Pufage  a  modifié  , 
porte  en  fuDftance  que  les  Jéfuites 
pourront  demeurer  â  Touloufe  ,  i 
Aufch ,  à  Agen  ,  a  Rhodes  ,  à  3or«^ 
deauX  ,.à  Perigueux  »  à  Limoges  « 
d  Tournon ,  au  Pui-èn-Velay  ,  i 
Aubenas  &c  â  Béziers»oà  ils  étoient 
reftés  après  le  banniffement  donc 
on  a  parlé. 

Qu'ils  pourront  s^établir  d  Lyon 
&  â  Dijon  d^où  ils  avoient  été  chafr 
fés  y  &  fpécialement  à  la  Flèche ,  â 
condition  qu'ils  ne  pourroient  éta- 
«  blir  ailleurs  aucun  Collège  fans 
permiffjpn  du  Roi  »  â  peine  de  àcy 
chéance  de  la  grâce  portée  par 
rÊdit. 

Quils  feront  tous  françois»  mè^ 
me  les  Refteurs  6c  Procureurs  de 
leurs  Maifons  ,  9t  qu'ils  ne  pouti 
rpnt  admettre  dans  leur  Société  au^ 
çun  étranger  qu'avec  la  permilHon 
du  Roi  \  fur  quoi  il  faut  remar- 
quer que  les  Avignonoii  font  répu- 
tés François  par  cet  Édit. 

Qu'ils  auront  toujours  à  la  Cour 
un  des  plus  confidérablesd^entr'eux» 
pour  prêcher  devant  le  Roi  ,  6c 
pour  lui  rendre  compte  4e  1a  con- 
duite 


JES 

daite  de  Ces  confrères  qawd  il  en 
fera  requis. 

.  Que  cous  les  Jéfuites  du  Royau- 
me &  ceux  qui  encreront  à  l'ave- 
nir dans  la  Société  s'engageront 
par  fertnenc  devant  les  Omciers 
royaux,  fans  exception  ni  reftric- 
.  cion  mentale,  d'ne  rien  faire  ni 
entreprendre  contre  le  Roi  &  la 
tranquillité  publique- 

Que  ceux  qui  refuferonc  de  prê- 
ter ce  ferment  »  feront  tenus  de 
.  fbriir  du  Royaume. 
.  Que  ceux  qui  auront  fait  des  vœux 
fimples  ou  folennels ,  ne  pourront , 
fans  permiffion  du  Roi  «  acquérir 

•  aucun  bien-fonds  par  vente  »  dona- 
,    don ,  ou  de  quelqu'autre  manière 

J[ue  c%foit  y  ni  profiter  d'aucune 
ttccemon  direâe  ou  collatérale , 
non  plus  que  les  autres  Religieux , 
i  moins  qu'ils  n'obtiennent  leur 
jcongc  de  la  Société }  auquel  cas  ils 
rentreront  dans  tous  leurs  droits 

Que  ceux  qui  encreronc  chez  eux 
ne  pourront  leur  porter  de  biens- 

-  fonds,  8c  que  ces  biens  pafTeront 
aux  héritiers  ou  à  ceux  en  faveur 
de  qui  ils  en  auront  difpofé. 

Que  les  membres  de  ladite  So- 
ciécé'feronc  tenus  en  tout  &  par- 

-  tout  de  fe  foumectre  aux  lois  du 
Royaume  &  aux  Magiftrars  ,  ainfi 
que  cous  les  aucres  Ècclé/iafliques 
éc  Religieux. 

Qu'ils  ne  feront  rien  qui  putfle 
préjudicier  aux  droics  des  Évèques , 
des  Compagnies  ,  des  Univerlîcés, 
ni  des  aucres  Ordres  Religieux , 
nais  qu  ilsfe  eonformeronc  en  tout 

.   <au  droit  commun. 

i  Qu'ils  ne  pourront  prêcher ,  ad* 
miniftrer  les  facremens ,  ni  même 
entendre  ies  confeffions    d'autres 

•  que  de  leurs  confrères ,  fi  ce  n'eft 
.  .ayec  la  permiffion  de  l'Evêque  dans 

l'écendue  ^es  Parlement  oà  les  ét^- 


JES  4T 

bliflemens  leur  font  accordés;  (jer- 
miffion  qui  n'aura  pas  lieu  dans  le 
refforc  du  Parlement  de  Paris ,  ex- 
cepté i  Lyon  &  à  la  Flèche  ,  où  ils 
auront  libre  exercice  de  leurs  fonc- 
tions ,  comme  dans  les  auites  villes 
ou  on  les  reçoit. 

Dans    la   fuite   cet   ordre   de* 
vint  très  puifiànt  dans  le  Royau- 
me ,  furtout  fous  le  feu  Roi  j  il 
y  étoit  encore  dans  un  état  florif- 
fant  lorfqu  on  vit  éclater  il  y  a  quel- 
ques années,  la  fameuse  banque- 
route du  père  la  Valetre.  Les  cor- 
refpondans  de  ce  Jéfuire  n'ayant 
pu  obtenir  à  l'amiabie  l'indvmnité 
qu'ils   prétendoient  Uur  ètie  due 
par  la  Société  ,   comme  foliciaire 
•de  leur  commiftionnaire ,  reclamè- 
rent pour  cet  effet  la  juftice  des  tri- 
bunaux :  les  Jéfuites  maladroits  fe 
défendirent  au  lieu  d'atfoupir  l'af- 
faire. Le  Parlement  de  Paris  frappé* 
du  commerce  &  desentreprifesim- 
menfes  de  la  Société  fous  le  nom  dti 
père  la  Valette,  faifit  cecce  occafîon 
pour  prendre  connoifiânce  des  conf- 
ticucions  de  Tordre  y  il  les  examine» 
&  le  réfulcat  de  fon  examen  a  été 
le  fameux  Arrêt  du  6  Août  \y6t  » 
qui  déclare  l'inftitut  de  la  Société  » 
inadmiâible  par  fa  nature  dans  tout 
état  policé  »  comme  contraire  aa 
droit  naturel  ^  atcencatoire  i  touce 
autorité  fpirituelie  &  temporelle  » 
&  tendant  à  introduire  dans  les  Ègli- 
fes  &  dans  les  États  un  cor^  poli- 
tique j  dont  l'efience  cenfifte  dans 
une  aâivité  continuelle  pour  par- 
venir  par  toutes  fortes  de  voies  » 
d'abord  àl une  indépendance  abfolue, 
&  fucceffivemenc  à  l'ufurpation  de 
toute  l'autorité. 

Et  faïfant  droit  fur  lappel  com- 
me d'abus ,  interjeté  par  le  Procu- 
reur général  »  des  vœux  &  (èrmene 
'    '    pat  l«s  Prêues^  icoliers  4c 


4t  J  E  S 

autres  de  ladite  fociété ,  l'Arrêt  fuf- 
dit  déclare  »>  qti* il  y  a  abas  dans  lef- 
D  dics  vœux  &  fercnens  ^  ce  faifant , 
»>  les  déclare  non  valablement  émis: 
t>  ordonne  que  ceux  des  membres 
*y  de  la  Jire  Société ,  qui  auront  at- 
»  teint  1  âge  de  trente-trois  ans  ac- 
.    »  complis  au  jour  du  préfent  Arrêt, 
.    »  ne  pourront  prétendre  à  aucunes 
>f  fuccedions  échues  Se  à.écheoir, 
9»  conformément  â  la  Déclaration 
9»  da  i6  Juillet  17 1 5  »  qui  fera  exé* 
»  cutée  comme  loi  de  précaution 
9>  néceflàire  pour  allurer  le  repos  des 
»  familles ,  ians  que  de  ladite  Dé- 
>9  claration  il  ait  pu  être  induit  au- 
»  cune  approbation  de  ladite  So- 
it ciété  j  u  ce  n'eft  à  titre  provifoire , 
s9  &  fous  les  conditions  toujours  in- 
»  hérenresà  i'admidion  &rétabUf-- 
j»  fement  de  ladite  Société. 

*>  Enjoint  aux  membres  de  ladite 
M  Société  de  vider  toutes  les  Mai- 
»  fons  t  Collèges ,  Séminaires  »  No- 
9>  viciats ,  x>u  autres  étabUifemens 
»  Qu'ils  occupent ,  &  de  fe  retirer 
»  dans  tel  endroit  du  Royaume  que 
*  99  bon  leur  femblera  ,  autre  que  les 
>9  Collèges  j  Séminaires  &  Maifons 
9?  deftinées  pour  l'éducation  de  la 
»  jeunefle  ;  fi  ce  n'eft  qu'ils  y  en- 
99  traflènt  à  titre  à*écudians  ou  pour 
»  prendre  les  Ordres  ;  leur  enjoint 
.  9>  de  vivre  dans  1  obéi  (Tance  au  Roi 
'>  &  fous  l'autorité  des  Ordinaires  » 
*>.  fans  pouvoir  fe  réunir  en  fociété 
J9  entr'eux  ;  leur  fait  défenfes  d'ob- 
9».  fervet  i  lavenir  lefdits  Inftitucs  & 
.  99  Conftitutions  ,  de  vivre  en  com- 
i>  mun  ou  féparémenc  fous  leur 
99.  empire. 

,  9>  Ordonne  que  tous  ceux  de  la- 

tf  dite  Sociétéqui  fe  trouvoient dans 

«  fes  Maifons  &  établiflèmens  au  6 

■    9»  Août  \y6\  ^nt  pourront  remplir 

i  99  des  grades  dans  aucune  des  Uni- 

«9>Ê£fités  du  ceâbrt  »  poiTéder  Ca- 


JES 

99  nonicats,  ni  des  bénéfices  â  charge 
99  d'ames  ,   Vicariats  »  emplois  ou 
>9  fondrions,  ayant  même  chaige, 
M  chaires^  ou  enfeignemens publics» 
99  offices  de  Jadicacure  ou  munici- 
99paux,   ni  généralement  remplir 
99  aucune  fonchion  publique,  qu'ils 
99  n'ayent  prête  feunent  detrc  bons 
99  &  Jidellcsfujcts  &Jcrvueurs  du Ro'h 
99  de  tenir  ô»  proférer  les  libertés  de 
99  l'Eglife  Gallicane^  &  les  quatre 
99  articles  du  Clergié  de  Frdniej  con^' 
99  ttnus  en  la  Déclaration  de  1682  ; 
99  dobferver  les  canons  reçus  &  les 
99  maximes  du  royaume  ;  de  n  entrer 
99  tenir  aucune  correfpondance  direcle 
99  ni  indireàe ,  par  lettres  ,  par  per» 
99  fonnes  interpofus ,  ou  autrement  ^ 
99  en  quelque  jafon  &  maff/tre  que  ce 
99  puijjè  être ,  avec  le  Général ,  le  Ré" 
99  gtme  ^  &  les  Supérieurs  de  ladite 
»  Société  y  ou  autres  perfonnts  par 
9%.  eux  prépafées  ,  ni    avec  aucuns 
99  membres  de  ladite  Société  réjidcns 
99  en  pays  étrangers  ;  de  combattre  en 
99  toute  occajion  la  morale  pernideujfi 
99  contenue  dans  les  extraits  des  affer" 
99  tionsdépofées  au  Greffe  de  laK^our^ 
99  notamment  en  ce  qui  concerne:  la 
99  sûreté  de  laperfonne  des  Rois  y  & 
99  Vindépendxuice  de  leur  Couronne  % 
9>  6»  en  toutfe  conforrner  aux  difpc^ 
njitions  du  préfent .  Arrêt.  1 

Le  Parlement  de  Rouen  avolc 
déjà  rendu  un  Arrêt  de  ce  genre 
le  1 1  Février  précédent ,  &  la  plu- 
part des  autres  Parlemens  profcri- 
virent  auffi  par  la  fuite  rinltitut  de 
la  Société  dans  leur  reffort  ;  enfin 
par  une  loi  de  l'État  en regiftrée  dans 
tous  les  Tribunaux  ,  l'Ordre  entier 
des  Jéfuites  fe  rrouve  aujourd'hui 
diflbus  dans  le  Royaume. 

Cet  Ordre  à  ettuyé  de  fembla- 
blés  révolutions  dans  plufieurs  au- 
tres Etats  de  l'Europe',  comme  ea 
Portugid ,  en  Efpagne  j  &c. 


JES 

JÉSUITESSES  ;  (  les  )  Religieufes  qui 
fuivoienc  la  règle  des  Jéfuices  y  elles 
avoienr  en  Flandre  ôc  en  Italie  plu- 
fieurs  Maifons  auxquelles  elles  don- 
noient  le  nom  de  Collèges ,  &  d'au- 
tres qui  porcoient  celui  de  Proba- 
tions.   Il  y  avoit  dans  chacune  de 
ces  Maifons  une  Supérieure  entre 
les  mains  de  laquelle  les  Religieu- 
les  faifoient  des  vœux  de  pauvreté , 
de  chafteté  &  d'obéilTance  ;  mais 
elles  ne  gardoient  point  de  clôture 
&r  s*adonnoient  à  la  prédication.  Ce 
furent  deux  filles  Angloifes  qui , 
étant  en    Flandre  ,  établirent  cet 
Ordred  Tinlligation  duPere  Gérard, 
Reâreur  du  Collège ,  &  de  quel- 
ques autres  Jéfuites.  Leur,  delFein 
croit  d'envoyer  de  ces  filles  prêcher 
en  Angleterre.  Mais  le  Pape  Ur- 
bain VIII  fupprima  cet  Inftitut  par 
fonbrefduij  Janvier  itfji  ,adre(ré 
à  fon  Nonce  de  la  Baffe  Allemagne. 
JESUPOL  j  nom  propre  d'une  petite 
ville  de  Pologne  dans  la  Pokucie  , 
fur  la  rivière  de  Biftritz  auprès  de 
Halicz. 
JÉSUS -CHRIST;  nom  du  Sauveur 
du  Monde  ,  fils  de  Dieu  &  Dieu 
lui-même ,  le  Meflîe  prédit  par  les 
Prophètes  &  le  Médiateur  entre 
Dieu  &  les  hommes.   Conçu  par 
lopérarion   du  St.  Efptit  dans  le 
feiiî  de  la  Vierge  Marie  »  il  naquit 
dans  une  érable  à  Bethléem.    La 
Vierge  &  Jofeph  fon  époux  s'éroient 
rendus  dans  cette  ville  pour  fe  faire 
infcrire  lors  du  dénomorement  çr- 
donné  par  Augufte ,  Tan  du  mon- 
de '4004  avant  notre  ère  vulgaire. 
Auffitôt  après  fa  naifTàncedes  Anges 
l'annoncèrent  i  dés  Bergers  &  une 
étoile  apparut  en  Orient  &  amena 
des  Mages  qui  vinrent  adorer  ce 
Dieu  enfant.    Il   fut   circoncis  le 
huitième  jour ,  &  le  quarantième 
fa  mère  le  porta  au  temple.  Hérode 


JES  45 

foupçonneux  &  cruel  fit  mourir 
tou!»  les  enfans  de   Bethléem    de 
deux  ans  &  au-deflbus.  11  comptoit 
y  envelopper  celui  que  les  Mages 
lui  avoiei.t  annoncé  comme  le  Soi 
des  Juifs  i  mais  Jofeph  averti  par 
un  Ange  ,  sëtoit  retiré   avec   la 
I  mère  de  Tenh'nr  en  Egypte ,  d'où 
il  ne  revint  qu  après  la  mort  du 
tyran.    Il  demeuioit  à  Nazarerh  ^ 
d*où  ils  alloient  tots  les  ans  à  Je- 
rufalem  pour  célébrer  la  Pâque  \  ils 
y  menèrent  Jéfus  i  Tâge  de  douze 
ans  ;  il  y  refta  â  leur  ini^u  ,  &  s'en 
étant  apperçu  dans  le  ch*  min  ils 
retournèrent  à  Jcrufalem  où  ils  le 
rrouvèrent  dans  le  temple  au  pii« 
lieu  des  Doâeurs.  C  eft  tout  ce  que 
nous  apprend  l'Ëvangile  de  Jésus* 
Christ  jufqu'au  moment  de  fa  fna« 
nifeftation.  Il  croilToit  en  fageiïe  , 
en  âge  &  en  grâce ,  étant  foumis  à 
fon  j>ère  &  à  la  mère. 

Comme  ils  étoient  obligés  de 
travailler  pour  gagner  leur  vie  »  on 
ne  peur  douter  que  Jésus-Christ 
ne  leur  ait  témoigné  fon  obéiffance 
en  travaillant  avec  eux.  C'étoit  fans 
doute  le  métier  de  charpentier  quil 
exerçoir  ,  puifque  les  Juifs  lui  en 
donnèrenr  le  nom.  L'an  15  de  Ti- 
bère ,  Jean-Baptîjic  qui  devoir  lui 
préparer  les  voies  ,   commença  â 

Îrècher  la  pénitence.  11  baptifoit  & 
Ésus-CuRisT  vint  à  lui  pour  être 
baptifé.  Au  fortir  de  l'eau  le  Saint 
Efprir  defcendir  fur  lui  en  forme 
de  colombe  ,  &  on  entendit  une 
voix  qui  dit  :  voici  mon  fils  tien  aime 
en  qui  J'ai  mis.  routes  mes  comptai" 
fiances.  C'étoit  Tan  30  de  l'ère,  & 
Jésus-Christ  avoit  environ  trente- 
trois  ans.  11  fut  conduit  par  le  St 
Efprir  dans  le  défert ,  y  paflTa  qua* 
rante  jours  fans  manger  &  voulut 
bien  y  être  tenté.  Il  commença 
alors  à  prêcher  l'Ëvangile.  Accom- 


44  J^S 

pagné  it  douze  Âpâcres  qa*U  avoir 
appelé»,  il  parcourue  toute  la  Ju- 
dée &  la  remplie  de  fes  bienfaits  , 
confirmant  les  vérités  qu'il  enfei- 
gnoit  par  des  miracles.  Les  démons 
&  les  maladies  lui  obéiiTenr  ,  les 
aveugles  voyent ,  les  paralytiques 
marchent,  les  inorts  rc^ufcicet^ 
Mais  il  falloit  qite  le  Chrift  fouT- 
frît  \  il  fatisfit  par  fes  fouff rances  à 
la  jullice  de  Dieu.  La  jalouHe  des 
PhariCens  Se  des  Doâeurs  de  la 
loi  le  fit  condamner  à  un  fupplice 
infâme  y  un  de  fes  difciples  le  tra- 
hit ,  lui  autre  le  renia.  Le  Pontife 
&  le  Confeil  condamnèrent  jÉsus- 
Cri^ist  ,  parcequ  il  s*étoit  dit  le 
^ils  de  Dieu.  11  fut  livré  à  Ponce 
Pilate  ,  Préfident  Romaio  ,  con- 
damné à  mort  &  attaché  i  la  croix , 
cil  il  offrit  le  facrifice  qui  devoir 
ccre  l'expiation  du  genre  humain. 
A  fa  morr  le  ciel  l'obfcurcit ,  la 
terre  trembla ,  le  voile  du  Temple 
fe  déchira  »  les  tombeaux  s'ouvri- 
rent, les  morts  reirufcitèrent»  l'Hom- 
me Dieu  mis  en  croix  expira  le  foir 
du  vendredi  }  Avril ,  le  14  de 
Nifan  ,  l'an  5  j  de  l'ère  chrétienne. 
Son  corps  fut  mis  dans  le  tombeau , 
où  l'on  pofa  des  gardes.  Le  troir 
iième  jour  qui  étoic  le  Dimanche, 
Jisus-CHRisT  fortit  vivant  du  fé- 
pulcre.  11  apparut  d'abord  â  plu- 
iieurs  faintes  femmes  ,  enfuite  â 
fes  Difciples  ^  à  fes  Apôtres.  11 
refta  avec  eux  pendant  quarante 
jours  \  il  leur  apparoifibit  iouvent , 
buvant  &  niangeant  pour  leur  faire 
voir  qu'il  étoit  vivant ,  Bc  leur  par- 
loir du  Rayaume  de  Dieu.  Q^a- 
xante  jours  après  fa  réfurreâion  il 
monta  au  Ciel  en  leur  préfence  yen 
leur  ordonnant  de  prêcher  TÉvan- 
'gile  â  toutes  les  nations,  ic  leur 

{>romettant  d'être  avec  eux  jufqa  à 
a  fin  du  monde. 


JES 

JÉSUS-CHRIST  'y  (  Ordrt  de  la  Croix 
de  )  Ordre  ,que  des  Inquifireurs 
Dominicains  donnoient  autrefois; 
Les  Statuts  de  cet  Ordre  ont  pour 
titre:  Règle  &  Statuts  des  Cheva- 
liers du  Saint  Empire  de  la  Croix 

.  de  Jefus.  11  y  eft  marqué  que  les 
frères  fervans  de  cet  Ordre  por- 
teront fur  le  manteau  la  croix  noire 
&  blanche  fleurdelifée ,  &  au  coa 
une  croix  d'argent  émaillée  ,  moi- 
tié de  noir ,  &  moitié  de  blaoc  > 
avec  un  f  uban  noir ,  à  la  différence 
des  Chevaliers  nobles,  DoAeurs 
Se  Commandeurs  Grand-croix  qui 
la  porteront  d'or  émaillée  de  blanc 
avec  cette  devife ,  in  hocjigno  vinccs^ 

JÉSUS-CHRIST  i  (  Ordre  de  la  foi 
de  }  le  Père  Jean-Marie  Campana 
dit  qu'il  y  a  dans  les  Diocèfes  de 
Milan ,  d'Yvrée  Se  de  Verceil ,  des 
Chevaliers  de  la  foi  de  Jésus- 
Christ  Se  de  la  croix  de  St  Pierre^ 
martyr  ;  mais  ce  n'efl  qu'une  cour* 
pagnie  de  gentilshommes  qui  s'obli- 
gent au  fervice  de  Tlnquinrion.  Ils 
en  fàifoient  atitrefois  vœu  \  ils  en 
font  aujourd'hui  ferment. 

JÉSUS-CHRIST i  (Ordre de)  Qrdrê 
de  Chevalerie  >  inffitué  par  Jea» 
XXII  en  1 3 10  â  Avignon ,  ou  réfi« 
doienr  les  Papes.  Les  Chevaliers 
de  rOrdre  de  Xéfus-Chrifi  ^  portoient 
une  croix  d'or  pleine  émaillée  de 
rouge ,  &  enfermée  dans  ^ne  autre 
croix  pâtée d*or,femblabIeâcelIede 
l'ordre  du  Chrift  en  Portugal  ,,mais 
avec  des  émaux  bien  differens.  Fa- 
vyn  en  parle  dans  fon  théâtre  d'boi>* 
neur  &  de  Chevalerie. 

JÉSUS  i  (Congrégation  âes  Prcires 
du  bon  )  Congrégation  dont  l'em- 
ptoi  eft  de  confeffer  ^  prêcher  Sc 
enfèigner.  Elle  fur  inftituée  dans 
l'Eglife  de  Saint- Jean-de  La tran  » 
&  établie  â  Ravçnne  vers  l'an  1 31^ 
par  Séraphin  de  Furmo  ^  Chanoiae 


JET 

régulier  de  Saine- Sauveur.  Ces  Pr6-' 
très  ont  auffi  une  Maifon  à  Rome  » 
8c  quelques-autres  dans  laTofcane. 
Leur  habit  eft  noir  &  modefte  j  ils 
ponenr  les  cheveuic  très-courts^  & 
ont  un  bonnet  rond  fur  la  tète,  ils 
vivent  en  commun  fans  rien  poSi- 
der  en  propre ,  &  choifiiTent  parmi 
eux,  premièrement  un  Prieur  qui  a  le 
.commandement  feulement  pour  un 
temps ,  mais  qui  peut  être  continue 
trois  années. 
3ÊSUS  ET  MARIE  j  (Ordre  de.)  Or- 
dre  de  Chevalerie ,   qui  obligeoit 
ceux  qui  i'avoient  reçu  â  porter  un 
habit  blanc  dans  les  lolennités,  6c 
à  entretenir  un  cheval  ôc  un  homme 
arme  contre  les  ennemis  de  TEtat 
£cclc(ia(lique.  Les  Chevaliers  por- 
toient  une  croix  de  bleu  céiefte, 
dans  le  milieu  de  laquelle  écoient 
écrits  les  noms  de  Jéfus  &  de  Marie. 
Cet  Ordre  fut  connu  à  Rome  du 
temps  de  P%ul  qui  en  avoit  formé  le 
projer. 
JET  \  fubftantif  mafcuKn.  JaZus.  Ce 
terme  a  diverfes  acceptions.  Dans 
celle  qui  appproche  le  pf us  du  verbe 
jeter  aoù  il  vient ,  il  (e  dit  de  l'ef 
pace  quun  cerps  parcourt  »  étant 
pouflî  avec  violence. 

On  àiiunjeide  pierre^  pour  dire, 
autant  d'efpace  qu'en  peut  parcou- 
rir une  pierre  qu  un  homme  jette  de 
de  toute  fa  force* 

En  termes  de  Tart  militaire ,  on 
appelle  armes  de  jet ,  des  armes  pro 
près  à  lancer  des  corps  avec  force 
pour  oflfenfer  l'ennemi  de  loin.  Chez 
les  anciens»   la  fronde  »  l'arc,    la 
balifte ,  la  catapulte^   &c.  étoient 
des  armes  de  jet.  Dans  Tufage  pré- 
fent,  les  canons  »  les  morriers  ^  les 
fufils  ,  &c.  font  les  armes  de  jet  qui 
ont  été  fubftituées  snx  anciennes. 
j£T.  y ,  fe  dit  particulièrement   de  la 
bombe  jetée  ou  lancée  par  le  moyea  j 


i 


JET  45 

du  mortier.  On  appelle  le  jet  des 
bombes  ,  l'art  ou  la  fcience  de  les 
tirer  avec  méthode  pour  les  faire 
tomber  fur  des  lieux  déterminés. 
Cetre  fcience  fait  la  principale  par- 
tie de  la  baliflique  ,  qui  traite  du 
mouvement  des  corps* pefans  jetés 
pu  lancés  en  l'air  fuivant  une  ligne 
de  direâion  oblique  ou  parallèle  à 
i'horifon. 

Les  premiers  qui  ont  fait  ufage 
des  bombes  les  tiroient  avec  très* 
tu  de  méthode.   Us  avoient  pb« 
ervc  que  le  mortier  plus  ou  moins 
incliné  à  i'horifon ,  portoic  la  bom» 
be  à  des  diftances  inégales  ^  qu'en 
éloignant  la  direâion  du  mortier 
de   la  verricale  ,   la  bombe  alloic 
tomber  d'au  anr  plus  loin  que  Pan- 
gle  formé  par  la  verricale  &  la  di- 
ruébion  du  mortier  approchoient  de 
45  degrés  'y  8c  que  lorfqu'ils  furpaf- 
(oient  certe  valeur  ,  les  diftancesoù 
la  bombe  étoit  portée  alloient  en 
diminuant  ;  ce  qui  leur  avoit  fait 
conclure  que  la  plus  grande  portée 
de  la  bombe  étoit  fous  l'angle  de 
45  degrés.  Muni  de  cette  connoif- 
fance  que  la  théorie  a  depuis  con- 
firmée ,  lorfqn'il  s'agiffoit  de  jeter 
des  bombes ,  on  comnençoit  à  s'af* 
furer  ,  par  quelques  épreuves ,  de 
la  portée  fous  l'angle  de  45  degrés; 
8c  lorfqu'on  vouloir  jeter  les  bom-- 
bes  i  une  diftance  moins  grande  » 
on  faifoit  faire  au  mortier  un  an- 
gle avec  la  verticale  plus  grand  ou 
plus  petit  que  45  degré.  Cet  an- 
gle le  prenoit  au  haikrd  j    mais 
après  avoir  tiré  quelques  bombes  , 
on  parvenoit  à  trouver  â  peu  près 
la  dircârion  ou  l'incHRaifon  qu'il 
falloir  donner  au  mortier  pour  faire 
tomber  les  bombes  fur  les  lieux 
qu'on  avoit  en  vue. 
'^  Telle  étoit  i  peu  près  la  fcience 
àts  premiers  bombardiers  î  elle 


4^  j  E  t 

leur  fervoic  prefque  autant  ^ae  H 
elle  avoit  été  plus  exaâe  j  parceque 
la  vjrurion  del  aâion  delà  poudre» 
la  difficulté  de  faire  tenir  fixement 
&  folidemenc  L*  morcier  dans  la 
pofition  qu'on  veut  lui  donner  ,  font 
des  cautés  qui  dérangent  prefque 
toujours  les  effets  déterminés  par 
la  théorie. 

Les  premiers  Auteurs  qui  ont 
écrit  fur  Tarrillerie  ,  comme  Tar- 
taglia  de  Brefce  ,  Diego  Ufano  , 
&c.  croyoientquela  bombe  ainfî  que 
le  boulet ,  avoit  trois  mouvemcns 

t^aiyiculiers  ;  favoir ,  le  violent  ou 
e  droit ,  le  mixte  ou  le  courbe ,  & 
le  naturel  ou  perpendiculaire. 

Le  mouvement  étoit  droit ,  félon 
ces  Auteurs,  tant  que  Timpulfion 
de  la  poudre  Temportoit  confidé- 
rablement  fur  1^  pefanteut  de  la 
bombe.  Auflîrôt  que  cette  impulfion 
venoit  à  être  balancée  par  la  pefan- 
teur ,  la  ligoe  du  mouvement  du 
mobile  devenoit  courbe  ;  elle  rede- 
venoit  naturelle  ou  perpendiculaire, 
lorfque  la  pefanteur  l'empclrtoit  fur 
la  forcé  de  Timpuliion  de  la  poudre. 

C'eft  i  Galilée ,  Mathématicien 
du  Grand  Duc  de  Florence ,  qu'on 
doit  les  premières  idées  exaâes  fur 
ce  fûjét.Il  coniîdéra  la  bombe  com- 
me (e  mouvant  dans  un  milieu  non 
rendant ,  &  fuppofant  que  la  pefan- 
teut fait  tendre  les  corps  au  centre 
de  la  terre  ,  il  trouva  que  la  courbe 
décrite  par  la  bombe  eft  une  para- 
bole. 

Noos  avons  pliifîeqrs  ouvrages 
fur  la  théorie  du  jet  des  bombe5^ 
mais  perfonne  ,  frelon  la  ^remarque 
de  M.  d'Alembert ,  n  a  traité  cette 
matière  d'une, manière  plus  élégante 
ni  plus  courte  que  M.  de  Mauper- 
tuis  dans  un  excellent  Mémoire  fth- 
primé  parmi  ceux  de  L'Académie  | 


JET 

dçs  Sciences  de  Paris  de  17}!  ,  & 
intitulé  halijlique  arithmétique. 

On  dit  le  jet  d'un  filet ,  en  par- 
lant d*un  filet  a  pcchtir  qu'on  jette 
en  mer  ou  dans  une  rivière  pour 
prendre  du  poillbn.  Et  Ton  dit , 
acheter  le  jet  i\n  filet  ;  pour  dire  , 
acheter  tout  le  poiiïbn  qu'on  pren- 
dra par  le  coup  de  filet  qu'on  va 
jeter. 
Jet  d'eau  ,  fe  dit  de  l'eau  qui  jaillît 
hors  d'un  tuyau.  Voici  les  règles'que 
prefcrivent  les  Phyficiens  pour  ren- 
dre un  jet  d'eau  aufli  beau  qu'il 
peut  rètre. 

I  **.  Lorfque  l'ouverture ,  par  la- 
quelle l'eau  doit  s'écouler ,  eft  auflî 
large  que  le  tuyau  même  dans  le- 
quel elle  tombe,  l'eau  ne  s^élève  pas 
i  fa  plus  grande  hauteur. 

a^.  Quand  le  diamètre  dé  Tou- 
verture  eft  plus  petit  que  celui  |  du 
tu^au,  le  jet  eft  beaucoup  plus  élevé 
que  dans  le  cas  précédent. 

30.  Plus  le  canal.par  lequel  Teau 
coule  eft  laifgé,  par  rapport  à:  Tou* 
verture  ,  plus  le  jet  d'eau  s'élève. 
C'eft  un  corollaire  des  deux  règles 
précédentes. 

4''.  La  hauteur  d*un  jet  d^eau 
diminue  de  celle  de  fa  chute  ^ 
félon  la  ràifon  dès  hauteurs  où  il 

s^élève. 

5®.  Si  la  ^conduite  deTeaii  cfans 
un  tuyau  large  fe  foudivîfè  en  plu- 
fieurs  brancnes  ou  conduits ,  pour 
être  diftribuées  en  difFérepsyVw  ,  le 
carré  du  diamètre  du  tuyau  priiici- 
j>al  doit  'être  proportionné  à  la  fom- 
mè  de  toutes  les  dépénfes  de  ces 
branches.  Et  fi  le  réfervoir  eft  haut 
de  5  2  pieds ,  Se  que  le  diamètre 
de  l'ajutage  foit  d'un  pouce ,  celui 
du  tuyau  doit  être  de  3. 

Cette  règle  qu'on  Ut  dans  le 
Tfaiti'  dit  Mouvieniènt  des  Eaux  de 
M.  iKirièrrrj'a  été  très-bien  déve-- 


JET 

• 

îoppée  par  le  Doélear  DtfaguHers. 
sSuppofons  qu'on  veuille  avoir  iîx 
jets  d*tau  de  \  d'un  pouce  de  dia- 
mètre qui  jouent  continuellement 
(  bien  entendu  qu'on  a  afTez  d'eau 
pour  cela  )  ,  il  raut  chercher  quel 
doit  être  le  diamètre  de  l'ajutage 
qui  donne  autant  d'eau  que  tous 
les  (ix  à  la  fois»  Voici  la  règle  que 
prefcrit  ce  PhyHcien. 

I  '.  Multipliez  le  carré  de  J,  c*eft- 
i*dire  \ ,  par  6.  x^.  du  produit  54 
prenez  la  racine  carrée  ,  vous  au- 
rez 7  ^  ou  prefque  un  pouce  &  \ , 
pour  le  diamètre  d'up  ^jvutag^  qui 
donne  autant  que  les  fix  ajutages 
de  \  d'un  pouce  chacun. 

30.  Prenez  pour  la  conduite  un 
tuyau  de  fepr  fois  le  diaqièxre  de 
l'ajutage,  qui  fera  de  1 5  pouces. 

Enfin  4^«  pour  la  partager  en  6x 
tuyaux  dans  les  différensy^/j  i^ctu^ 
faites  ces*  tuyaux  cha^run  de  fix 
pouces  ,  afin  de  mieux  éviter  les 
froiremens. 

Remarquez  qu'un  jiet  d'eau  s'élève 
beaucoup  plus  haut,  lorfqu'il  pafle 
par  le  trou  d'une  lame  placée  fur  1  a- 
jutage ,  que  quand  il  (ort  par  un  pe- 
tit tube.  Selon  les  expériences  de 
M.  Mariette  y  un  jet  qui  parr  d'ijin 
petit  tube  fait  en  manière  de  coup, 
ne  s'élève  que  jùfqu  à  là  hauteur  de 
douze  pieds.  Part-il  du  trou  d'pne 
petite  lame?  Il  s'élève  jufqu'à  la 
hauteur   de  quinze   pieds.  Outre 
cela  le  dernier /^r  ell  plus  uni^  plus 
tranfparent ,  plus  égal  que  le  pré- 
cédent. -    ' 

r 

Remarquez  auflî  qu'un  fbt  d*çau 
ne  peut  jamais  monter  aufli  .hajut 
qu'cft  l'eau  dans  fon  réfervoir  ,  jk 
cela  pour  plafieurs  raifons  :  la  pre« 
mière  eft  le  frottement  de  Peau 
contre  les.  parois  du  tuyau  dans 
tout  le  trajet  du  tuyau  :  elle  ke 
defcend  pas  pal:  conféqnent  avec 


JET>  .47^ 

toute  la  vîtette  rcquîfe.  Venant  donc 
à  s'élancer  hors  du  tuyau  avec  moins 
de  rapidité  y  elle  ne  peut  s'élever  à 
une  hauteur  égale  à  celle  de  fa  chû^ 
te.  La  féconde  eft  la  chute  de  l'eau 
d'un  jet  perpendiculaire  fur  l*tau 
même  qui  fort.    En  effet ,  lorfque 
l'eau  s'eft  élancée  aufii  haut  qu'il 
eft  poffible  :  cçtte  eau  qui  tpmbe 
peipendiculairement,  rencontre  le 
jec  qui  monte  ,   le   comprime  6c 
l'empêche  par  fa  preftion  de  mon- 
ter Se  de  s'élever  i  la  hauteur  de  la 
chute.  Aufli  Torricclli  a-t-il  remar- 
qué qu'un  jet  monte  plus  haut  lorf- 
qu'il eft  dirigé  obliquement  à  l'ho- 
rizon >  que  quand  il  lui  eft  perpen- 
diculaire. Qu'on  ajoure  à  ces  rai- 
fons la  réfiftance  de  l'air  >  réfiftance 
fi  confidérablç  j  que  le  diàtnètre  du 
jet  à  mefure  qu'il  monte ,  s'élargit 
au  point  de  devenir  cinq  ou  fix  fois 
plus  grand  que  celui  de  l'ouveiture. 
Jets  db  feu  ,  fe  dit  en  termes  d'Ar- 
tificiérs^  de  certaines  fufées  fixes» 
dont  les  étincelles   font  d'un  feu 
clair  comme  les  gourtes  d'eau  Jaîl- 
liflTante ,  éclairées  le  jour  par  le  fo- 
leil ,  ou  ïa  nuh  par  une  grande  lu- 
niière. 

La  cpmpofitîon  iesjets  n'eft  au- 
tre chofe  qu'un  mélange  de  pqudie 
écrafée&  de  limaille  dp  fer.'Lorf- 
qa'elle  eft  fine,  pour  les  jpeihsjecs  » 
on  en  met  le  quart  du  poids  de  la 
poudre  ,  &  Ibrfqu'elle  éft  groffè  , 
comme  pour  les  gros  jets ,  dont  les 
étincelles  doivent  être  plus  appa- 
rentes ,  on  y  en  mçt  le  tiers  8c  mf- 
*  me  davantage.  On  petit  dimini  ec 
'cette  dofe  de  force /  Inrfqu'on  fe 
'  prôpofe  d'imiter  des  c^fcàde^  d'eau, 

f>arceqa'alors  au  lieu  de  monteV  » 
es  étincelles  doivent  tomber  pour 
imirtr  ta  chute  de  l'eau. 

On  fait  des  jcrs  de  toute  gran-^ 
" deUr ;' depuis  douze  jufqu'à  vingt' 


Il 


4«  JET 

ponces  de  long ,  &  depuis  fîx  lignes 
jafqa'à  quinze  de  diamètre. 

Leur  poficion  perpendiculaire , 
inclinée  ou  horifoncale  9  eft  ce  qui 
en  varie  les  effets  ;  ainfi  l'on  peut 
imiter  les  jets  d'eau  droits  ou  cour- 
bes y  en  les  plaçant  dans  les  fitua- 
tiens  qui  conviennent  ^  ce  que  l'on 
veut  repréfenter. 

Un  affemblage  de  jets  pofé  per- 

Eendiculairement ,  forme  une  ger- 
e» 

On  fait  une  nappe  de  feu ,  en 
joignant  plufîeurs  gros  jets  placiés 
horifontafement  ;  on  ne  les  écran- 
;le  point ,  foit  qu'on  les  charge  en 
vrillant  ou  en  feu  commun. 

On  forme  auflî  des  pyramides  de 
feu  >  foit  carrées  ou  coniques  ,  en 
difpofant  des  jets  le$  uns  au  deHTus 
des  aqtres  fur  une  légère  charpente 
qui  en  4  la  forme,  &  qui  fe  termine 
par  un  feul  jet ,  d'où  le  feu  fe  com- 
munique i  tous  les  auprès  par  des 
(ftoupilles  ;  on  fait  renir  tes  jets 
deffus  j  fpit  en  y  perçant  des  trous 
dans  lefquels  pu  Içs  colle  «  foit  en 
.  )es  attachant  contre  avec  de  bonne 
ficelle ,  fur  laquelle  on  mer  un  peu 
de  colle  pour  empêcher  la  ligature 
de  fe  relacl^er. 

'  OppeutauflS  Ipur  f^re  jeper  fuc- 
ireflivement  différentes  efpèces  de 
£eux ,  en  les  chareçant  d*autant  de 
fcompoficions  dinçrentes  pour  en 
former  des  foleils  fixes  ou  (our- 

naos. 

|1  y  a  une  infinijcé  d'autres  ufages 

auxquels  on  peut  employer  les  jets 

.  (elon  ridée  &  \p  goût  dç  l'artificii^r. 

On  appelle  y^r  Je  lumière^  un 
faypn  de  lumière  qui  paroit  fpit^i^e- 
pient. 

On  zppeWfi  jet  d'abeille^  ^  i^nnpii- 
yel  eflfaim  .d'|toe|llçs  qui  fort  d$  la 

/ST  9  fç  dit  fvu$  4^  calcul  ^v^  fe  f^ 


JET 

par  les  jetons.  Calculer  au  jet  &  àtâ 
plume. 

Jbt  de  Marchandises  »  fe  dit  Ma 
mer  »  quand  on  eft  forcé  de  jeter  ^ 
pour  alléger  un  vaiffeau ,  une  partie 
des  marcnandifes  dont  il  eft  char* 

On  entend  auffi  quelquefois  par 
ce  terme  de  jet  »  la  contributioa 
que  chacun  des  Intéreffés  au  Na- 
vire.doit  fupporter  pour  les  mar-* 
chandifes  qui  ont  été  jetées  i  U 
mer. 

Suivant  l'Ordonnance  de  la  Ma- 
rine j  livre  III  9  titre  VIII ,  fi  par 
tempête  ou  par  chaffe  d'ennemis 
ou  de  Pirates ,  le  maître  du  Na- 
vire fe  croit  obligé  de  jeter  en  mer 
une  partie  de  fon  chargement ,  il 
doit  prendre  l'avis  des  Marchands 
&  principaux  de  fon  équipage  \  ic 
fi  les  aVis  font  partagés  »  celui  du 
maître  de  l'équipage  doit  être 
fuivi. 

|l.es  uftenfiles  du  vaifTeau  &  au- 
tres chofes  jes  moins  néceffaires  , 
Ipsplus  pefantes  &  de  moindre  pri^^ 
doivent  être  jetées  les  premièresj  & 
enfuite  les  marchandifes  du  pre«* 
mier  pont  ;  le  tout  cependant  au 
choix  du  Capitaine  9  &  par  l'avis  dt 
l'équipage. 

L'écrlyain  doft  tenir  regiftre  des 
choks  jetées  i  la  mer.  Au  premier 
port  ou  le  Navire  abprdera  ,  le 
o^aître  doit  déclarer  devant  le  Jugt 
de  l'Amirauté  »  s'il  y  en  a  ^  finon 
devant  le  Juge  ordinaire ,  la  caufe 
pour  liquelle  il  aura  fait  le  jçt.  Si 
c'eft  en  pays  étranger  qu'il  aborde  9 
il  doit  faire  fa  déclaration  devant 
le  Conful  de  la  Nation  Françoife. 
Après  l'eftimatiqn  des  marchandi- 
fes fauvées ,  &  de  celles  qui  ont  éto 
jetées ,  la  répartition  de  la  perte  fe 

faft  (v^i  les  ipes  ^  fur  les  a^tr es  ^8c 

m 


JET 

fur  la  moitié  du  Navire  Sc  dm  fret 
au  macc  la  livre. 

Pour  juger  de  U  qualité  de%  ef- 
fets jecis  a  la  mer ,  les  connoifTe- 
mens  doivent  être  repréfentés ,  & 
même  les  faûures  s'il  y  en  a.  Si  la 
<^ualité  de  quelques  marchandifes  a 
cté  dcguiféeparies  connoîfTemcas  , 
8c  quelles  fe  trouvent  de  plus 
grande  valeur  qu'elles  ne  paroîf* 
lent  par  la  déclaration  <iu  Mar- 
chand chargeur ,  elles  doivent  con- 
tribuer Cl  eUcs  font  fauvées  p  fur  le 
pied  de  leur  véritable  valeur  ^&  fi 
elles  font  perdues  elles  ne  peuvent 
^tre  répétées  que  fur  le  pied  du 
connoiuement.  Si  au  contraiie ,  les 
marchandifes  fpnt  d'une  qualité 
inférieure  à  ce  qi^e  porte  la  décla- 
ration ,  èc  qu'elles  loient  fauvées  , 
on  les  fait  contribuer  fut  le  pied  de 
la  déclaration;  8c  G.  elles  tbnt  je- 
tées à  la  mer  ou  endommagées  »  on 
ne  les  paie  que  fur  le  pied  de  leur 
valeur. 

Les  munitions  de  guerre  »  ni  les 
loyers  8c  bardes  des  matelots  ne 
contribuent  point.au  jet ,  &  néan- 
moins ce  qui  en  a  été  jeté  eft  payé 
par  contribution  fur  tous  les  auttes 
effets. 

On  ne  peut  pas  denunder  de 
contribution  pour  le  payement  des 
effets  qui  étoient  fur  le  rillac  »  s'ils 
font  jetés  ou  endommagés  par  le 
jec  t  fauf  au  propriétaire  fon  re- 
cours contre  le  maître ,  &  néan- 
moins ils  contribi^ent  s'ils  font  fau- 
ves. 

Oo  ne  fait  pas  non  plus  de  con- 
tribution ,  pour  raifon  du  domma- 
ge arrivé  au  bâtiment  »  s'il  n'a  été 
'  nit  exprès  pour  faciliter  le  jet. 
Si  le  jet  ne  fauve  pas  le  Navire , 
il  n'y  a  lieu  â  aucune  contribution , 
&  les  marchandifes  qui  peuvent 
être  fauvées  du  naufrage ,  ne  font 
Tome  Xf\ 


JET  4t 

point  tenues  du  p4)f4ri)e0t  tii  du 
dédommagement  de  celles  qui  ont 
été  jetées  ou  endo^ms^gées. 

Mais  fi  le  Navire  ayant  été  fauve 
par  le  jet ,  8c  continuant  fa  route 
vient  à  fc  perdre  ,  les  effets  fauves 
du  naufrage,  contribuent  au/Vr  fut 
le  pied  de  leur  valeur  y  en  l'état 

3u'ils  fe  trouvent ,  dédu&ion  faite 
es  frais  du  fauvemcnt. 

Les  effets  jetés  ne  conttibuent 
en  aucun  cas  au  payement  des  dom^* 
mages  arrivés  depuis  le  jet  aux 
marchandifes  fauvées ,  ni  les  mar*» 
chandifes  au  payement  du  vaif- 
feau  perdu  ou  btiié.  Mais  fi  le  vaif- 
feau  a  été  ouvert  par  délibération 
des  principaux  de  l'équipage  &  des 
marchands  s'il  y  en  a  ,  pour  en 
tirer  les  marchandifes^  elles  doivent 
dans  ce  cas  contribuer  àla réparti- 
tion du  dommage  fait  au  b&timenc 
pour  les  en  oter. 

Si  des  i;narchandifes  mifes  dans 
des  barques  pour  alléger  le  vaiffeau» 
viennent!  fe.  perdre  >  la  réçaratitioA 
doit  s'en  faire  fur  le  Navire  :  mais 
fi  le  vaiffèau  périt  avec  le  refte  de 
fon  chargement ,  il  ne  Ven  fait  au« 
cune  répartition  fur  les  marchant 
difes  mifes  dans  les  barques  quoi« 
qu'elles  arrivent  à  bon  port. 

Si  quelques-uns  des  contribua- 
bles refufent  de  payer  leur  part,  le 
maître  peut  pour  fureté  de  la  con« 
tribution  retenir ,  m^me  faire  ven- 
dre par  autorité  de  Juftice  »  des 
marchandife's  jufqu'a  concurrence, 
de  leur  portion. 

Si  les  effets.  \erM  font  recouvrés 
pat  les  propriétaires  depuis  U  té« 
partition ,  ils  doivent  rapporter  au 
maître  &  aux  autres  Intéreflcs  ce 
qu'ils  ont  pu  recevoir  dans  la  con- 
tribution ,  dédudfcion  £iite  néant 
moins  des  frais  du  recouvrement 

G 


Se  du  dommage  qa'ils  ont  fouffert 
par  le  jec. 
Jir  »  fe  die  aafli  des  bourgeons  j  âes 
fcioas  que  pouffent  les  arbres ,  les 

vignes.  Un  pêcher  qui  fait  de  beaux 

1  On  dît ,  qu^ttur  canne  efi  étunftul 
f€t;  pour  dire»  qu'elk  n'a  point 

:  de  nœuds*  £t  Toa  dit  auffi  abfolu- 
ment ,  unjet^  pour  fignifier  une  can- 

.  ne.  Un  jet  bien  droit.  Combien  vous 
coûte  ce  jeu 

On  dit  en  ternies  de  Peinture  y  te 
jet  £une  draperie  ^  pour  fignificr  la 
manière  dont  les  plis  d'une  drape- 
rie foiv  diftribués  dans  un  tableau. 
Il  faut  toujours  faire  paroîcre  cette 
diftribution  naturelle  &  en  bannir 
tellement  raffeâation^  que  Tart  ne 
s'y  faflè  pas  fentir.  Ce  naturel  con- 
£fte  dans  une  négligence  apparente, 
mats  fi  heureufe  que  les  draperies 
n'ayent  rien  de  duc  ^  de  cade  y  Se 
qu'elles  laiffent  fentir  te  nu  Se  tes 
emmanchemens  qu'elles  cachent. 
On  dit  abrs  ^M^une  draperie  eji 
lien  jetée  y  qu  un  peintre,  jette  bien 

.  une  draperie  ;  po^^r  dire  y  qu'il  en 
difpûfe  bysn  les  plia  &  les  con- 
tour s^ 
Jbt  ,^le  dît  en  termes  de  Fondeurs  y 
d^unc  efpèce  d'entonnoir  qui  eft.  au 
bout  dW  moule  &  par  lequel  on 

~  iVerfe  le  métal  fondu.  Et  1  on  dit  ^ 
'fnejj^ure  d'un /eul jet  ;  pour  dire, 
une  f^ure  qui  a  été  fondue  tout  i  la 
fois.  La  Jtatue  de  la  place  des  vie-- 
toifes  efi  d'un  feul  jet. 

En  termes  de  Marine ,  onappetle 
jet  de  voiles ,  l'appareif  complet  de 
tomes  les  voiles  d'un  vaiffeaif.  Un 
Navire  bien  équipé  doir  avoir  au 
moins  d^eux  jets  de  voiles ,  &  de  ta 
toile  pour  en  faire  en  cas  de  be- 
foinv 
Jbt  ,  fe  dit  en»  termes  de  Fauconnerie 
d'une  menue  corroie  qu'en  mn  au- 


JET 

tour  de  la  jambe  de  ToIfeaU.  (7£cr 
les  jets  à  un  oifeau. 

Jet  d'b au  Marin  ,  fe  dit  d*une  pso* 
duftion  fingulière  du  Cap  de  Bon* 
ne-Efpérance, «qu'on  prendront  d'à- 
bord  pour  une  éponge  ou  pour  un^ 
maflTe  de  moufle  \  elle  tient  affes 
fort  aux  rochers  pour  réfîfter  aux 
vents  &  aux  vagues  ;  fa  couleur  e(k 
verdâtre  \  ce  jet  d'eau  maria  dif-^ 
tille  de  hii-mème  une  humeur 
aqueufe.  Dans  l'intérieur  il  ren-^ 
;  ferme  une  fubftance  charnue  tn^ 
forme  y  qu'on  prendroit  pour  un 
géfier  :  on  ne  lut  découvre  aucun 
ngne  de  vie  animale,mais  pour  peis 
qu'on  le  touche ,  il  pouCe  par  deux 
ou  trois  petits  trous,  d  a(Fez  beaux 
jets  d'eau ,  Se  recommence  autant 
de  fois  qu'on  y  pone  lia  main  y  juC» 
qu'a  ce  que  fbn  réfervoir  foir  entier 
remenr  épuifé  r  tout  ceci  indique 
que  c  eft  tme  efpèce  d'holoturie  oia 
un  zoophyte» 

JETCHU  ,  ou  Jeetsjit  ;  nom  pro^ 
pre  d'tme  Province  feprentrionale 
du  Japon^,  dans  ta  contrée  de  Fo-» 
kurofjcudo..  On  y  a  beaucoup  de 
bétail  j  du  chanvre  >  des  mutiers  » 
de  lia  foie  ,^6^» 

JETÉ  }  fubftantif  mafcufin.  Un  cfes 
pas  de  la  danfe  qui  ne  £iit  que  par-^ 
tied'un  autre.  Un  jeré  fenl  ne  peur 
remplir  ane  mefure  ;  il  en  faue 
deux  de  fuite  pour  faire  l*équivar- 
lent  d'un-  autre  pas.  Comme  ce 
i^'eft  que  par  le  plus  ou  moins  de 
force  du  coup  de  pied  que  Pon  s'é*^ 
lève^  ce  pas  en  dépend  pour  le  faire 
avec  légèreté.  H:  fe  lie  aifémeas 
avec  d'autres.. 

JETÉ ,  ÉE  ^  participe  paffi£  f^yqf 
Jeter. 

JETEBA  ;  nom  propre  d*une  vilFe  db 
k  P^ileftine  ,.  dans  k  Tribu  de 
Juda. 

JETÉE  ^  fiibaamif  féminin  Motù. 


JET 

Conftraâion  d'an  mole  i  cocé  du  < 
canal  qui  {forme  l'entrée  d'un  porc 
pour  iervir  à  rompre  rimpécuoiicé 
des  vagues. 

On  diftingue  trois  forées  de  je- 
tées î  les  jetées  de  fafcinage ,  les 
jetées  de  charpenterie ,  &  les  jetées 
de  maçonnerie.  Voici  une  idée  de  la 
conftraâion  de  chacune  de  ces  es- 
pèces. 

Jetées  de  fafcinage.  Après  avoir 
fait  des  efpèces  de  fondemens  à 
l'endroit  ou  Ton  veut  fonder  ces 
jetées ,  &  avoir  rempli  ces  fonde- 
mens de  terre  glaife^  bien  cor- 
royée &  battue  lit  par  lit  »  on  étend 
}Jufieurs  lits  de  fafcines  plates  »  de 
fix  ou  fept  pieds  de  longueur ,  fur 
dix-huit  à  vingt  pouces  de  circon- 
férence aa  gros  bout,  jufqu'â  ce  que 
ces   lits  en  forment  un  qui  ait  un 

Eied  d*épaiflêur.  Ces  fafcines  étant 
ien  afldfes^  on  les  arrête  par  des 
rangées  de  piquets  de  trois  pieds 
de  ioneueur  ,  armés  <  de  brochets , 
&  par  des  brins  ou  verges  de  quia- 
se  à  feize  pieds  de  long  »  entrela- 
cés autour  des  piqaets,  de  forte 
que  le  bout  compofe  une  aiïïette 
prefque  de  niveau.  Ceft  fur  cette 
affiette  qu'on  fait  un  fécond ,  un 
troifième ,  un  quatrième  lits,  qu'on 
arrête  de  même.  Parvenu  enfin  i 
la  plus  grande  hauteur  qu'on  veut 
donner  aux  jetées ,  on  couvre  la 
furface  de  tout  le  maflif  »  d'un 
grillager  de  bois  de  *  fapin  de  quatre 
pouces  d'équarrifTage.dont  les  com- 
partiment font  de  deux  pieds  en 
carré  ,  arrêtés  par  de  petits  pilots  > 
enfoncés  de  biais,  de  douze  a  treize 
pieJs  de  longueur,  fur  onze  à  douze 
pouces  de  circonférence^  Enfin  on 
remplit  ces  compartimens  de  pier- 
res dures ,  ou  de  moilons  plats  , 
pofés  de  champ  &  à  fec ,  qu'on 

terre  à  coups  de .  mafles  de  rois  j 


JET  51 

6c  les  vides  que  peuvent  Iài(rer  les 
inégalités ,  fe  garnilfent  de  piquets 
ferrés  de  même  que  les  moilons. 

Jetées  de  charpenterie.  C^s  jetées 
font  coœpofées  de  coffres  de  char- 
pente ,  qu'on  remplit  de  pierres. 
Ces  coffres  ont  neuf  pieds  de  plus 
que  la  hauteur  de  la  mer ,  &  leur 
hauteur  eft ,  o\i  doit  être ,  à  leur 
talut  ^  comme  fept  à  trois.  Quant 
à  leur  conftruâion  ,  il  feroit  diffi^ 
cile  de  la  faire  entendre  fans  fîgu* 
res ,  ce  font  différentes  pièces  qui 
s'entretiennent  les  unes  les  autres. 
On  peut  voir  la  manière  de  les  dif- 
pofer  &  de  les  lier ,  dans  VArchi-^ 
teSure  hydraulique  de  M.  Bélïdor. 

Jetées  de  maçonnerie.  On  lescon(^ 
truit  degros  quartiers  de  pierres  ou 
de  caiflons  remplis  de  matériaux 
qu'on  jette  fans  aucun  ordre  datis 
la  mer;  c'eft  ce  qu'on  appelle  ^/z- 
der  à  pierres  perdues ,  méthode  donc 
on  fait  ufage  lorfqu  il  n'eft  pas  pof- 
Hble  de  fonder  à  iec  en  failant  des 
batardeaux.  Le  refte  s'ach^eve 
comme  un  ouvrage  ordinaire^  de 
maçonnerie.  A  l'égard  des  di- 
menfions  de  la  jetée  «  elles  ne 
font  pas  abfolument  déterminées. . 
L'épaifTeur  ordinaire  eft  de  neuf  â 
douze  pieds ,  &  le  talus  doit  avoir 
dti  (ixième  de  la  hauteur. 
Jetée  ^  fe  dit  auflî  des  amas  de 
pierres,  de  fable  &  de  cailloux  je- 
tés dans  k  longueur  d'un  mauvais 
chemin  pour  le  rendre  pratica- 
ble. 

La  première  fvllabe  eft  trèsrbrè^ 
ve  ,.la  féconde  longue,  &  la  troi- 
fième très-brève. 
JETER  i  verbe  aûif  de  la  pretnière 
conjugaifon  ,  ,  lequel  Te  conjugue 
comnie  Chantek.  Lancer  avec  la 
main  ou  avec  quelqu'autre  chofe* 
Jeter  des  pierres.  Jeter  des  grenades. 
Lors  de  la  dédicace  de  la  jlatue  on 


jfe  JE  t 

j€ta  de  Cargent  au  peuple.  La  tem^ 
fite  obligea  de  j.eter  les  marthandifes 
à  la  mer.  Chacun  jteoic  de  l'eau^bé^ 
nite  fur  la  tombe. 

On  dit  en  termes  de  Marine» 
jeter  l* ancre  ;  pour  dire ,  faire  tom^  | 
ber  lancre  dans  la  mer,  afin  d'ar- 
icter  le  Navire.  El  jeter  la  fonde  ou 
le  plomb  ;  pour  dire ,  lai({èr  tomber 
k  fonde  afm  de  connoîcre  la  hauceur 
de  Teau ,  ou  s*il  j  a  fond. 

On  die ,  jeter  dehors  le  fond  du 
hunier;  pour  dire,  pouffer  dehors  la 
voile  du  mât  de  hune. 

On  dit  »  qu'z//z  cap  ,  une  pointe 
de  terre  fe  jette  bien  avant  en  mer  ; 
pour  dire ,  qu'elle  j  avance  beau- 
coup. 

On  die,  jeter  du  blé  ou  autres 
grains  à  la  bande  ;  pour  dire ,  pouf 
fer  vers  un  feul  côté  du  vaifleau  les 
grains  qui  étoient  chargés  uniment 
&  fi  plat  dans  le  fond  de  cale;  ce  que 
Ton  ne  fgiit  que  lorfqu'on  y  efl  con* 
traint  par  la  tempête  ,  ou  quel- 
qu'autre  accident ,.  pour  alléger  un 
€6té  &  faire  un  contre  -  balance- 
ment. 

*On  dît,  jeter  un  vaijfeau fur  un 
hanCy  fur  un  rocher ^  ou  à,  la  côte; 
pour  dire ,  aller  donner  exprès  con- 
tre un  rocher^  contre  un  banc ^ é'c. 
&  7  échouer ,  parcequ'on  regarde  le 
péril  comme  incertain,  &  qu'on 
croit  éviter  par-lilun  péril  aflfuré.  Si 
cet  échouèment  venoit,  non  d'un 
defTein  concerté ,  mais  par  l'igno- 
fance  du  pilote ,  celui-ci  eft  privé 
pour  toujours  des  fondions  de  fon 
état  \  fie  m&me  fuivant  les  circonf*- 
tances,,  condamné  au  fouet  ;  fie  à 
i'égatd  dç  ,celùi  qui^  a^  malicieufe- 
itient  fêté  un  Navire  fur  un  banc  ou 
une  céte ,  £*<:.  il  eft  puni  de  mort , 
Ar  on  attache  fon  cadavre  à<  un  mat 
planté  près  du  lieu  du  naufraee. 
SixifiL^^fe  dit  en  termes  de  Cuiers» 


JET 

defaâion  de  vetferla  féconde  cou- 
che de  cire  fur  les  mèches  attachée» 
à  un  cerceau. 

Jbter  ,  Ce  <iic  en  termes  de  Fondeurs',. 
de  Taéliion  de  couler  le  métal  fondu 
dans  un  moule ,  afin  d*en  tirer  quel* 
que  figne.  Jeter  une  figure  en  ploiiib , 
en  bronre. 

On  du  eir  termes  de  Plombiers  ^ 
jeter  le  plomb  fur  toile  ^  ce  qui 
(îgnifie  ,  fe  fervir  d'une  forme  ou 
mouie  couvert  d'un  drap  de  laine , 
fie  doublé  par  deffus  pour  couler  le 
plomb  en  lames  très-ânes« 

Cette  manière  de  jeter  le  plomb  . 
eft  défendue  aux  PlQmbiers  parleurs 
ftatuts  ;  cependant  il  y  a  de  certains 
ouvrages  pour  lefquels  ces  fortes  de 
tables  de  plomb  jeté  fur  toile  font 
nécelTaires. 

Les  Fadeurs  d'orgue  jettent  or- 
dinairement fur  toile  i'étain  dont 
ils  font  certains  tuyaux  pour  cet 
inftrument  de  mufique.  La  pratique 
en  eft  ièmblable  i  celle  qu'on  mec 
en  ufage  pour  former  les  tables  de. 
plomb. 

Jbter  en  sake  ,  fe  dit  en  termes  de 
Fonderie ,  de  l'aâion  de  couler  le- 
métal  fondu  dans  de  petits  moules^ 
faits  de  fable  ou  de  poudre  d'ar- 
doife ,  de  pieds  de  mouron ,  d'os 
de  sèche ,  de  cendres  &  autres  cho*- 
fes  femblablies. 

On  dit  en  termes  de  Potiers  d'é^ 
tain  ,  jeter  fur  la  pièce  ;  pour  dire  ^ 
couler  une  anfe  en  moule  fur  une 
pièce  ,  ce  qui  fe  fait  par  le  moyen 
d'un  moule  en  cuivre  compofé  de: 
plnfieurs  morceaux  ajuftés  les  uns^ 
aux  autres  :  les.  moules  font  percés, 
aux  endroits  où  l'anfe  doit  s'attar 
cher  à  la  pièce. 

On  dit  Égarement  6c  familière- 
ment, qu'tt/itf  chofe  ne  fe  jette  pa$\ 
en.  moule  ;  pour  dire ,,  qu'elle  ne: 


JET 

fe  fait  pas'  facilement  ^  prompte- 
ment. 

On  dit  >  ft  jeter  dans  le  péril  ;* 
pour  dire ,  s'abandonner  *au  péril. 
£t  fe  jeter  fur  fon  emtemi  ;  pour 
dire  9  attaquer  Ion  ennemi  avec  im- 
pétuofitér  Et  fe  jeter  au  milieu  des 
ennemis  ;  pour  dire  ,  s*élancer  au 
milieu  des  ennemis. 

On  dit  jeter  fon  venin  ;  pour  dire, 
r^andre ,  exhaler  fon  venin. 

On  dit ,  fêter  au  fort  ;  pour  di- 
re» tirer  au  fort. 

On  dit ,  jeter  un  coup  d*ail  fur 
quelque  chofe  ;  pour  dire ,  voir ,  re- 
garder quelque  chofe  comme  en 
paffant. 

On  dit ,  jeter  des  larmes  ;  pour 
dire ,  pleurer.  Et  Jeter  un  cri  ^  jeter 
Us  hauts  cris  ;  pour  dire  ,  crier.  Et 
jeter  unfoufur  ;  pour  dire  ,  fbupi- 

On  dir  en  termes  de  Bouton- 
aiers  ,  jeter  en  foie^  ce  qui  fignîBe, 
couvrir  un, moulé  de  bouton  d'une 
ibîe  tournée  fur  la  bobine  en  piu- 
iieurs  brins. 

Jetbr  ,  s'emploie  aaflî  pour  mettre , 
comme  dans  cette  pfarafe ,  ce  mot 
jette  de  Pobfcuritédans  le  difeours.  Et 

'  Votï  dit  dans  même  fens ,  <yx*une 
€hofe  jette  dans  de  grands  embar-^ 
ras. 

On  à\t^  fi  jeter  dans  un  couvent  ; 
foxkx  dire ,  s'y  retirer. 

En  termes  de  Fauconnerie»  on 
dit ,  jeter  le  Faucon  ;  pour  dire,  le 
laifler  partir  pour  le  vol.  A  Tégard 
de  Tautonr ,  on  dit ,  lâcher. 

On  dit  figurément ,  jeter  des 
hommes  ,  jeter  de  l'I/ifanterie ,  de 
la  Cavalerie  ^  jeter  des  munitions  , 
des  vivres  dans  une  place  j  pour 
dire ,  les  y  faire  entrer  prompre- 
jnent  dans  le  befoin. 

On  dit ,  jeter  un  propos  ;  pour 

•  £ie ^avancer  des  propos  qui  tefl*  j 


nr  „ 

délit  indiredement  à  infinuer  ou 
à  découvrir  quelque  chofe.  Il- jeta 
quelque  propos  de  mariage. 

On  dit  proverbialement  &  popù«^ 
lairement  de  quelqu'un  qui  fe  croit 
bien  fondé  à  efpérer  quelqu  avan- 
tage ,  qu*il  n*en  jeteroa  pas  fa  part 
aux  chiens. 

On  dit-figur.émenr, yîr  ye/^ry^r 
quelque  chofe  ;  pour  dire  s'y  porter 
avidement.  Tous  les  convives  fi  je^ 
tèrent  fur  les  entrées  ,  fur  le  rôt. 

On  dit  figurément  de  quelqu'un  » 
qu*  il  jette  fan  bien  par  les  finetres  ^ 
pour  dire ,  qu'il  diffipe  fon  bien  en 
folles  dépenles.  Er  qu'il  ne  jette  rien 
par  les  fenêtres  ;  pour  dire ,  qu*ilne 
dépenfe  rien  inutilement. 

On  dit  figurémenr ,  jeter,  de  la 
poudre  aux  yeux  à  quelqu'un  ;  pour 
dire,  éblouir,  furprendrç  par  de 
faux  brillans.  Cet  Avocat  jeta  de  la 
poudre  aux  yeux  des  Jugesm 

On  dit  auffi  figurément  ^ yVr^r /^x 
yeux  fur  quelqu*un  ;  pour  dire.  Je 
deftiner  i  quelque  pofte ,  à  quelque 
emploi. 

On  dit  figtirément  &  familière- 
ment,  yVf^/*  9</^^tf«  chofe  à  la  tête 
de  quelqu'un  ;  pour  dire,  la  lui  don- 
ner fans  qu'il  la  demande.  On  lui 
jeta  une  riche  héritière  à  la  tête.- 

On  dit  auffi  fijgurément ,  fi  jeter 
à  la  tête  de  quelque  un  ;  Se  abfolu- 
ment  y  fi  jeter  à  la  tête  ;  pour  dire  » 
s'offrir  d  lui  avec  emprenement^  8C 
fans  erre  recherché.  C'ejl  unfot  qui 
fi  jette  à  la  tête  du  premier  venu.  Onf 
ne  doit  pas  ainji  fi  jeter  à  la  têtt. 

On  dit ,  jeter  un  dévolu  fur  un^ 
bénéfice  ;  pour  dire  >•  impcrrer  eiv 
cour  de  Rome ,  les  provifions  d^un^ 
bénéfice  qu'on  prétend  vaquer  par 
l'incapacité  de  la  perfonfie ,  ou-  \x 
nulhté  du  titre  du  Titulaire.  P^oy^ 
Dévolu:. 

On  die auflSen matière bénéfii»aw- 


j4  ^ET 

le  ,  jcfcrfes  grades  ;  pour  dire ,  no^  ! 
tifier  aux  Collaçeurs  ou  Patrons  fes 
titres  &  capacités,  les  lettres  qu'on 
a  obtenues  en  vertu  des  grades  ac- 
quis dans  une  ^niverfité.  Voyt\ 
Grades. 

On  dit  Bffxvémenx  f  Jeter  fou  foup- 
confur  quelqu'un  ;  pour  dire,  foup- 
çonner  qap\^ix*\xnJ\Ei  Jeter,  d^s/oup^ 
çons  contre  quelqu'un  ,  pour  dire , 
faire  foupçonner  quelqu'un.  Et  je- 
ter des  foupfons  dans  Pefprit  de  quel- 
qu'un; pour  dire»  faire  naître  des 
ibupçons  dans  l'efprit  de  quel- 
qu'un. 

On  dit  figurémenc ,  jeter  lesfon" 
démens  d'un  Empire  ,  d'un  Edifice  ; 
pour  dire  ,  être  le  premier  à  en 
faire  l'établiffement.  Jules  Ccfar 
jeta  les  fondemens  de  l'Empire  Ro- 
main. Le  Gouvernement  tyrannique 
de  Philippe  Second ,  jeta  les  fonde- 
mens deja  République  des  Provinces- 
Unies.  Le  vainqueur  de  Jyr  jeta  les 
fondemens  d'Alexandrie. 

On  dit  figurément ,  qu'^/z  Moine 
d  jeté  le  froc  au^  orties  ;  pour  dirie  > 
qu'il  a  quitte  l'habit  Religieux  ,  & 
|u'il  a  apoftafîé.  La  même  chofe  fe 
lit  d'un  novice  qui  a  quitté  l'habit 
avant  la  profeffion  \  8c  par  exten- 
fion ,  elle  fe  dit  aufll  aim  jeune 
homme  qui  étoit  dans  la  profeflibn 
ecclédaftique  fans  avoir  les  ordrçs , 
&  qui  a  changé  d  état. 

On  dit  proverbialement  &  figu- 
rément  de  quelqu'un  ,  qu'/V  a  jfté 
fon  plomb  fur  quelque  chofe  ;  pour 
dire  ,  qu'il  a  des  vues  fur  quelque 
chofe  j  qu'il  a  formé  le  deffein  de 
l'obtenir. 

On  dir  proverbialement  &  figû- 
rément ,  jeter  le  manche  après  la 
coignée  ,  lorfque  dans  un  malheur, 
au  lieu  de  fonger  au  remède ,  on 
abandonne  tour. 

On  dit  proverbialement  Ôc  figa«  J 


I 


JET 

rément ,  je  Jetai  mon  Bonnet  par 
dejfus  les  moulins  ;  pour  dire  ,  je 
ne  fai  plus  la  fuite  du  conte ,  je  ne 
foi  plus  où  j'en  fuis. 

Jbter  ,  fe  dit  aaffi  des  arbres  Se  des 
plantes  qui  produifent  des  bour- 
geons ou  des  fcions.  Des  efpaliers 
qui  Jutent  beaucoup  de  fiions.  Et  ab- 
lolument ,  des  pêchers  qui  comment 
cent  à  Jeter, 

Jeter  ,  fe  dit  encore  de.  l'eau  qui  jail- 
lit avec  impétuodté.  Une  fource  qui 
Jette  beaucoup  d'eau. 

Jeter,  fe  dit  aufli  des  abcès  ^  des  uU 
(ières  y  des  apoftèmes ,  &c.  Un  ab-» 
cis  qui  jette  beaucoup  de  pus*  Des 
pujiules  qui  commencent  à  jeter. 

Jeter  ,  fe  dit  en  termes  d'Hippiatri* 
que ,  d*un  cheval  lorfqu'il  a  un 
écoulement  ou  un  flux  par  les  na- 
zeaux  j  d'une  matière  ou  d'une  hu- 
meur plus  ou  moins  épaiffe ,  bl^« 
châtre,  verdârrej  noirâne  ou  fan^ 

Î;uinolente^  comme  il  arrive  dans 
a  gourme ,  la  fauffe-gourme  >  la 
morfondure,  la  morve  ,  &c. 

Les  humeurs  qui  découlent  par 
les  nazeaux  du  cheval  dans  les  unes 
ou  les  autres  de  ces  maladies,  font 
féparées  du  fang  dans  les  glandes  de 
la  membrane  mnqueufe  ou  pituitai«< 
re.  Cette  membrane  eft  garnie  d'une 
multitude  innombrable  de  petjts 
vaifTeaux  artériels  qui  tapiffent*  in« 
térieurement  les  nazeaux,  les  cel- 
lules de  l'os  ethmoïde,  les  os  fpon- 
gieux  ^  les  finus  frontaux  ,  (phé- 
noïdaux  &  maxillaires  :  or ,  fi  par 
quelques  caufes  externes  ou  inter- 
nes ,  les  vaiiTeaut  de  cette  mem- 
brane viennent  à  s'engorger  ,  la  fe- 
crétion  de  Thumeiir  muqueufe  eft 
fufpendue  ,  il  en  réfulte  un  gon- 
flement aux  glandes  ,  lequel  donne 
lieu  à  l'éclat  de  quelques  vailfeaux 
qui  y  aboutiffent ,  &  â  l'écoule- 
luent  d'une  humeur  qui  aura  diffé^ 


JET 

'   rentes  couleurs,  félon  la  quantité 

de  la  liqueur  rouge  ou  blanche  qui 

fera  prcdominante ,  ou  félon  que 

l'une  &   l'autre  auront  acquis  un 

certain    degré  de  perverdoné  Cet 

écoulement  deviendra  uicme  hitbi- 

tuel,  fi  la  difpoGtion  Daturclledes 

glandes  &  des  vailTeaux  a  été  telle- 

ineot  changée  »  que  la  féparaiion 

de  rhumeur  tnuqueufe    ne  puiflTe 

plus  fe  faire  comme  auparavant  j 

As    que    leurs   ocifices  oéans   ne 

puifliene  plus  empêchée  les  diifé- 

rences  liqueurs  de  s'échapper  i  aufli 

eft  il  arrive  queiquefcMs  >  que  des 

chevaux ,  après  avoir  jeté  pendant 

long-temps ,  ont  toujours  jeié  fans 

danger ,  &  n'en  ont  p^s  été  d'un 

moindre  fervice. 

JsTfiR  y  fe  dit  des  mouches  il  miel  qui 

produifent  Se  meuenc  dehors  un 

nouvel  effaim.  Ces  mouches  yien* 

nazi  de  jeter*  Ces  mouches  eommen- 

eent  à  jeter. 

On  dit  d'un  cerf,  o^xil  jette  fa 
xàe  j  pour  dire  »  qu'il  quitte  (bti 
bois* 

^  On  dit  en  termes  de  Petmure  8c 
de  Sculpture,  jeter  les  draperies i 
'  pour  dire,  en  difpofer  les  plis  d'une 
manière  plus  ou  mcHos  naturelle. 
JUs  draperies  font  bkn  jitées  Urf- 
quelles  amonecnt  Jans  équivoque  les 
cljeis quelles  couvrent.  Voyez  Jet. 
JfTER,  (ighiiie  auffi  calculer  avec4es 
jetons»  J'ai  jeté  tous  les  articles  du 
mémoire  y  &  j*ai  trouvé  qu  ils  mjon^ 
toient  a  quatre  cens  francs. 

La.  première  fyllabe  eft  très- 
brève  ,  '&  k  iêconde  longue  ou 
brève.  Foye\  Virbe* 

Remarquez  que  le  pénufième  e 

des  temps  qui  fe  terminent  par  un 

€  muet ,  prend  le  fon  de  Ve  moyen: 

ç'eft  poarqaoî  l'oa  écrit  je  jette  , 

Sec. 

JëTI1£LA  y  jxom  propre  d'une  an^ 


JET  55 

cientie  ville  de  la  Paleftintf ,  dans  la 
Tribu  d^  Dan. 

JETHER  i  nom  propre  d'une  ancien- 
ne ville  de  la  Paleiline  ,  dans  la 
Tribu  de  Dan. 

JETICUCU  y  voye:i  Méchoacak. 

JETON  jfubftantif  mafculin.  Pièce 
ronde  6c  plate  ,  ordinairement  de 
métal  j  lur  laquelle  on  met  des 
portraits ,  des  atmes ,  des  devifes  , 
&C.&C  dont  on  fe  fert  pour  jeter  éc 
.  calculer^  pour  marquer  &  payer  aii 
jeu-  , 

Dans  les  tet^ips*  reculés  on  ne  fe 
fervoit^ouf  compter  que  de  petites 
pierres,  de  coquillages  de  noyaux  , 
comme  font  encore  aujourd'hui  la 
plupart  desmcions  fauvages.  Quand 
le  luxe  fe  fut  introduit  à  Rome  ^  on 
employa  pour  le  même  objet  des  je- 
tons d'ivoire  ^  mais  il  pavoit  que 
c'eft  en  France  qu'on  a  fabriqué  les 
premiers  jetons  de  métal >  tels  qu'on 
en  voit  aujourd'hui.  Les  plus  an- 
cif  ns  n'offiroient  dans  leurs  infcrip* 
tiohs  que  le  fujet  pour  lequel  lU 

^   avoient  été  faits  ,  favoir  pour  les 

.  ^o^tes ,  pour  les  finances.  On  lie 
fur  quelques-uns  de  ceux  qui  onr 
éié  frappés  fous  le  règne  de  Char-^ 
les  Vlll  ,  entende^  bien  &  loyau-^ 
ment  aux  comptes  j  fous  Anne  de 
Bretagne  ,  gardez-vous  bien  de  mé-' 
compter  i  fous  Louis  Xll  ,  calcule 
numerandum  regisjujfa  Lud^XII  j  ÔC 
fous  quelques  Koisfuivans,  qui  bière 
fêtera  fon  compte  trouvera, 

L'ufage  d^  jetons  pour  cafcufer 
croit  fi  fore  établi ,  que  nos  &ot9 
en  faifoient  fabriquer  des  bouriès 

Sous  erre  diftribuces  aux  Officiers 
e  leur  *Maifon  qui  étoient  clrar* 
gés  des  étais  des  comptes ,.  &  aus 
perfonaes  qui  a  voient  le  manie- 
ment  des  deniers  publics* 

La  nature  de  ces  comptes  sex-^ 
prictoic  ainfi  dans  les  Légendes^ 


S6  JET 

pour  lacune  dô  ta  Royne ,  (bas  Aïïne 
de  Bretagne  j  roi/r  l'extraordinaire 
de  la  guerre ,  ious  François  I  ;  /?ro- 
pluteo  Domini  Delphini ,  fous  Fran- 
çois IL  Quelquefois  ces  Légendes 
porcoienc  le  nom  des  Cours  à  Tu- 
faoe  dêfquelles  ces  jetons  écoient 
deftinés  r  pour  les  gens  des  comptes 
de  Bretagne ,  jetoirs  aux  gens  défi-- 
nancesipro  caméra  computorum  Bref- 
Ji^.  Quelquefois  enfin  on  y  lit  le 
nom  des  Officiers'  mènaes  à  qui  on 
les  deftinoir.  Ainû  nous  en  a?ons' 
fur  lefquelsfe  trouvent  .'ceux  de 
Raoul  de  Refuge  \  Klaître  des 
Comptes  de  Charles  VII,  de  Jean 
de  Saint-Amadour ,  Maître-d'hôcel 
de  Louis  XII  j  de  Thomas  Boyer  , 
Général  des  finances ,  fous  Char- 
les VIII  ;  de  Jean  Teftu ,  Confeil- 
ler  &  Argentier  de  François  I  ;  &' 
d'Antoine  de  Corbie ,  Contrôleur 
fous  Henri  IL 

Les  Villes  j  les  Compagnies  &^ 
tes  Seigneurs  en  firent  auiu  fabri-' 
quer  à  leur  nom,  &  à  Tufage  de. 
leurs  Officiers.  Les  jetons  fe  malti-| 
plièrent  par  ce  moyen ,  &  leur  ufa- 
ge  devint  fî  .néceÔaire  pour  faire 
toutes  fortes  de  comptes  y  qu'il  n*y 
a  guère  plus  d*un  ficelé  qu*on  em* 
ployoit  encore  dans  la  dot  d'une 
fille  d  marier  ,  la  fcience  qu'elle 
avoir  dans  cette  forte  de  calcul. 

Les  États  voi/ins  de  la  France  goû- 
tèrent bientôt  la  fabrique  des /Vro/zj 
de  métal  ;  il  en  parut  pieu  de  temps 
après  en  Lorraine^  dans  les  Pays- 
Bas  j  en  Allemagne  Se  ailleurs, t 
avec  desLégendes  Françoifes ,  p^our 
les  gens  des  Comptes  de  Bar ,  de 
Bruxelles  j  (&c. 

Dans  le  dernier  fiècle ,  on  s*eft 
appliqué  à  les  perfectionner ,  &  fi- 
nalement on  en  a  tourné  Tufage  à 
piarquer  les  comptes  du  }eu.  On  y 
a  mis  au  revers  du  portrait  du  Prin- 


JEU 

ce,  deif  devifes  de  toute  efpèce. 
Les  Rois  de  France  en  reçoivent 
d'or  pour  leurs  étrennes  *,  on  en 
donne  dans  ce  Royaume  aux  Cours 
fupérieures  &  à  différentes  peribn- 
nes  qualitiées  par  leur  naifTance  ou 
par  leurs  charges.  Enfin  le  Monar- 

3ue  en  gratifie  les  gens  de  lettres 
ans  les  Académies  ,  dont  il  eA  le 
proteâear*  . 

JfeTON ,  fedit  en  termes  de  Fondeurs 
de  caraâèces  d'imprimerie  ,  d'.une 
petice  placée  de  enivre  ou  de  fer 
très^mince ,  avec  laquelle  ils  font  la 
juflification  des  lettres  nonvelle- 
meqt  fondues.  Si  le  jeton  pofé  hori- 
fontalemenc  fur  Tccil  de  plulieurs 
lettres  ^  touche  également  toutes 
ces  lettres  ,  c'efl  une  preuve  qu'el- 
les font  égal»  en  hauteur ,  &  qu'au 
contraire  elles  font  inégales,sli  pofe 
fur  les  unes  8c  t^on  fur  les  autres- 
La  première  fyllabe  eft  rrès*brè- 
ve ,  &  la  féconde  brève  au  fingu* 
lier  ^  maisjongue  au  pluriel. 

JETONNIERS  ;  fubftantif  mafculin 
pluriel.  On  a  ainfi  appelé  ceux  qui 
affiftenc  régulièrement  aux  A^em- 
blées  de  l'Académie  Françoife  ,  & 
enrre  lefquels  les  jetons  deftinés  aux 
abfens  fe  parragenr. 

JETSENGEN ,  ou  Jctsingo  ;  nom 
propre  d'une  grande  Province  fep;- 
tencrionale  du  Japon ,  dans  la  con- 
trée de  Fokii*Rokkudo.  On  loi 
donne  fix  journées  de  circuit.  Elle 
eft  fertile  &  produit  b^iaucoup  de 
foie. 

JETSISSEN  j  voye^  Jetchu.» 

JETSON  'y  nom  propre  d'une  ancien- 
ne ville  de  la  Palefline  ,  dans  la 
Tribu  de  Ruoen. 

JEU  }  fubftantif  mafculin.  Lufus.  Di* 
verriffement ,  récréarion.  Ce  terme 
(e  dit  généralement  parlant ,.  de 
tout  ce  qui  fe  fait  d'agréable  ou  de 
badin  ^  par  efprit  de  gaité  6c  par 

pur 


JEU 

pur  amafement.  Ils  s'amufcnt  en" 
Jemble  à  des  jeux  innocens.  Ce  font 
des  jeux  d*enfans.  Il  ne  éifoit  cela 
que  par  jeu. 

On  appelle  jeux  de  main ,  les 
jeux  oit  l'on  joue  i  fe  donner  de 
petits  coups  les  unsaux  autres.  C'eft 
dans  cette  acception  qu'on  dit  pro- 
verbialement ^jeux  de  main  jeux  de 
vilain.  Et  en  parlant  des  jeux  qui 
Font  i  Ëlcher  ou  i  bleflfer  quelqu'un, 
on  dit ,  que  ce  font  de  rudes  jeux.  Et 
proverbialement ,  que  ce  font  jeux 
de  Prince  qui  ne  plaifent  qu'à  ceux 
qui  les  font.  Ou  abfolumeot,  que 
C€  font  jeux  de  Prince. 

On  dit  aufld  familièrement  d*unç 
affaire  grave  &  férieufe ,  d'un  en- 
gagement duquel  on  ne  fe  peut  plus 
dédire  »  que  ce  nejl  pas  un  jeu 
d*cnfantj  c^ece  n*ejl  pas  jeu  d' en- 
fant^ 

On  dit  9  prendre  quelque  chofe  en 
jeu;  pour  dire,  le  prendre  en  piai- 
fanterie.  Et  cela  pajfe  le  jeu  ,  cela  eft 
plus  fort  que  le  jeu  ;  pour  dire ,  cela 
paile  la  raillerie. 

On  dit  d'une  chofe  qu'on  fait  fa- 
cilement ,  que  ce  nejl  quun  jeu» 
•  Cet  ouvrage  ne  fut  qu'un  jeu  pour 
lui. 

Quand  une  perfonne  fe  mêle  de 
auelque  chofe  qui  peut  avoir  des 
iuites  facheufes,  on  dit  (\\i\lUjoue 
un  jeu  à  fe  perdre  ,  c^ elle  joue  gros 
jeu. 

En  termes  d'Hiftoire  Naturelle, 
on  appelle  jeu  de  la  nature  ,  cettai- 
nés  prduâions  de  la  nature  y  qui 
paroifHrnt  bizarres  ^  eztraordinai* 
t^^  comme  font  certaines  pier- 
res figurées  ,  chargées  d'accidans  > 

d'C. 

Jfiy  ,*  fe  prend  particulièrement  pour 

un  exercice  de'récréation  quia  de 

certaines  règles  &  auxquelles  on  ha- 

farde  ordinairement  de  l'argent.  |Et 

Tome  Xf. 


JEU  57 

dans  cette  acception  il  fe  divife  en 
jeux  de  hafard ,  comme  les  jeux  de 
cartes  ,  Us  jeux  de  dés  ,  &c.  bn  jeux 
d'adrefle ,  comme  le  jeu  de  paume  , 
le  jeu  du  mail ,  le  jeu  du  billard ,  &c. 
Et  en  jeux  d'efprit ,  comme  le  jeu 
des  échecs ,  le  jeu  des  dames  ,  &c. 

Dans  cette  acception  générale 
on  dit ,  un  beau  jeu  ,  un  vilain  jeu^ 
un  jeu  amufant ,  un  jeu  fcriiux  y  les 
rigUs  du  jeu  ;  mais  c'eft  principale* 
ment  des  jeux  de  hafard  ,  comme 
les  carres  &  les  dés  qu'on  dit  ^  j'a- 
donner  au  jeu  ,  aimer  le  jeu ,  être 
heureux ,  malheureux  au  jeu ,  perdre^ 
gagner  au  jeu ,  fe  ruiner  au  jeu ,  trom* 
peraujeu  ,&c. 

On. dit  ,  qu'o/i  joue  gros  jeu  » 
quand  on  y  joue  de  grandes  fom* 
mes.  Et  <\u'ily  a  grand  jeu  dans 
une  maifon ,  lorfqu  il  s'y  raffemble 
beaucoup  de  joueurs. 

On  a  de  très  -  anciennes  ordon- 
nances  contre  le  jeu  :  Charlemagne 
dans  fes  capitulaires  défendit  les 
jeux  de  hafard  à  peine  d'être  privé 
de  ta  communion  des  fidelles. 

Charles  IV,  dit  le  Bel^  par  une 
ordonnance  de  x  j  i  «^ ,  défendit  de 
jouer  aux  dés ,  aux  tables  ou  tric- 
trac ,  au  palet ,  aux  quilles  ,  aux 
billes,  d  la  boule  &  a  d'autres  jeux 
femblables  qui  détournent  des  exer- 
cices militaires  â  peine  de  46  fous 
pariHs  d'amende. 

Charles  V  ,  dît  le  Sage  renou- 
vela la  même  peine  par  une  ordon- 
nance du  i  Avril  13^9  >  publiée  le 
a;  Mai  de  la  même  année. 

Charles  VIII  par  une  ordonnance 
du  mois  d'Odtobre  1485  ,  fait  dé- 
fenfe  aux  prifonniers  de  jouer  aux 
dés  :  il  permet  feulement  aux  per* 
fonnes  de  naifTance  &  d'honneur 
qui  y  font  pour  caufes  légères  &  ci* 
viles ,  de  jouer  au  triârac  de  aux 
échecs. 

H 


St  JEU      ^ 

En  1527  le  jeu  de  paume  n'é- 
toic  plus  défendu  ,  comme  on  peut 
voir  pac  des  lettres  patentes  de  Fran- 
çois I  du  9  Novembre  de  cette  année. 

Un  Ariêt  da  Confeil  rendu  le 
1:5  Janvier  16^1  ^  défend  aux  Of- 
.  ficiers  des  troupes-  6c  i  toutes,  au-* 
très  perfonnes  de  ({uelques  iexe  & 
qualité  qu'elles  (bienc  »  de  jouer 
aux  jeux  de  hocca ,  pharaon ,  bar- 
bacolle  &  de  la.  baflette  ^  ou  pour 
&  contre ,  fous  quelques  noms  ou 
formes  qu'ils  puiflfent  être  dégui- 
fés  ,  à  peine  ae  1000  livxes  da- 
mende  pour  les  joueurs  &  ^000  li- 
vres pour  ceux  qui  auront  donné 
a  jouer  ou  foufFert  qu'on  jouât  chez 
eux.. 

Les  mêmes. défenfesavoient  été 
faites  pour  la  baflfette  6c.  le  hocca , 
par  arrcc  du  Parlement  rendu  h  16 
septembre  1&80,  a  peine  de  ^00 
liv;  d'amende». 

Par  un  aixre  arr&t  de  règlement^ 
rendu  le  8. Février  1706^  la»  Cour  a 
/ait  très-exprejfes  inhibitions  &  dé- 
fcnfcs  à  tous  Marchands  y  Colpor» 
teurs  y  artifans  &  autres  de  quelque 
qualité  &  condition  quils/bienty  de 
donner  à  jouer  dans^  les  foires  ou  mar^ 
chés  &  autres  Jieux  des  villes ,  bourgs 
&  villages  du  report  y/ôit  aux  cartes 
au  aux  dés  y  /oit  à  lit  blanque ,  tour- 
niquet y  chevilles  ,  ou  à  tirer  dans  un 
livre  y  &  à  tous  autres  jeux  de  ha» 
/ard  y  généralement  quelconques  ,  à 
peine  de  100  liv .d^ amende  &  decon* 
jS/cation  de  l'argent  du  jeu  len/emble 
de/dits  jeux  ,.  marchandi/es  ,.  che- 
vaux &  équipages-à  eux  appartenansy 
le/quels  /eront  fai/s  pourétre  venduSy 
&  en  être  le  prix  appliqué  aux  Hô^ 
tels-Dieu  ou  Hôpitaux  ks^plus  pro^ 
ches  du  lieu  où  ils  auront  donné  à 
jpuer  y  même  à  peine  de  punition  cor- 
porelle en  cas  de  récidive  :  eomme 
éutjpfait  dé/en/t  à  tous  Jug£s.roy4iux 


JEU 

&  autres  du  rtffort  de  ladite  Cour  '^ 
d'accorder  aucune  permiffion  y./ous> 
quelque  prétexu  que  ce /oit  ^  dt  4on^ 
net  à  jouer  auxdîts  jeux  à  peine  £in^ 
terdiàion  :  &  en  outre  ,  enjoint  aux: 
Prévôts  des  Maréchaux  &  leurs  Lieu^ 
tenans  ,  chacun,  dans  leur  départe^ 
ment  y  de  tenir  la  main  à  l'exécuûoni 
du  pré/ent  arrêt  y  de /aifir  &  arrêter 
ceux  qu'ils  trowteront  en.  contraven-^ 
tion.  y.&  de  les  conduire  dans  lespri^ 
fons  du  lieu  oh  ils  auront  donné  àa 
jouer  y  &  de  faire  remettre  pareille^ 
ment  entre  les  mains  des  OfficierS' 
dudit  lieu ,  les-  chevaux  y.  marchandi^ 
fis  &  équipages  des  contrevenans  ; 
en/emble  l'argent  du  jeu  y  procès  ver^ 
bal  préalablement  drejfé  des  chofespar' 
eUx  faiftes  ,  pour  y  être  enfui  te  pour— 
vu*par  les  Officiers  du^  lieuy  ainfi  qu'itl 
appartiendra.. 

Le  Parlement  a  renouvelé  ces- 
défenfes  par  deux  autres  arrêts  de- 
règlement  des  x  Juillet  1717  &  a» 
MarS'  17x1.  Ce  dernier  arrêt  dé- 
taille, les  fortes^  de  preuves  fur;  lef- 
quelles  les  conuevenans  pourront^' 
être  condamnés  \.6c  entr'autres  dif- 
portions  il  ordonne  que  les  pro^ 
priécaires  des  maifons-  dont  les  loca- 
taires donneront  à  jpuer  y  pourront  ,. 
après  en  avoir  été  avertis  par  les  Corn- 
miffaires  du  Châtelet^  être  condamnés 
fur  les  procès'^verbaux  defdits  Comm^ 
miffaires  y  fplidairement  avec  les  loca^- 
taires-^   au  payement  des  amendas  » 
jufqu'à  lafomme  de  1000  livres. 

Un  règlement  des  Maréchaux  de 
France-, iaitdéfenfè  aurprifonniers^ 
détenus  par  leurs  ordres  de  jouer 
Air  leur  parole,  â  peine  d'être  mit' 
au  cachot,  &  de  punir  ledébireur 
&  le  créancier  également. 

Quand  ceux  qui  donnent  à  jouer 
i  des  jeux  prohibés ,  font  pris  en 
flagrant  délit ,  les  Officiers  qui  con- 
ftatent  ces  contraventions  >  peuvenc 


Tïtr 

faifîr  l'argent  qui  fe  trouve  furies 
xables  de  jeii  6c  tout  ce  qui  peut 
avoir  rapport  à  la  coDtravention  , 
comme  cartes ^  dés»  cornets,  ôc, 
&  il  y  a  une  déclaration  du  50 
Mai  16 II,  enregiftrée  le  23  Juin 
iuivanr ,  qui  ordonne  la  confifca* 
tion  des  deniers  faifis  en  pareil  cas^ 
au  profit  de  THôtel-Dieu. 

Par  un  arrêt  du  14  Juillet  1 745 , 
«rendu  au  rapport  de  M.  deSalaberj, 
en  la  Grand'Chambre ,  un  billet  de 
1100  livres  fait  au  profit  d'un  par- 
ciculiec  dcmt  la  veuve  e(t  convenue 
par  un  interrogatoire  fur  faits  & 
articles  ^  «voir  connoiflance  que  la 
<:aufe  iroic  pour  areent  perdu  au 
jeu, a  été  déclaré  nui  avec  dépens. 

Le  •Parlement  de  Aoaen  a  auffi 
déckré  nuls  des  billets  faits  pour  jeu^ 
quoique  déguifés  pour  valeur  re- 
^ae  y  par  arrêt  rendu  le  15  Février 
171^,  entre  les  nommés  Morin& 
OuvaL 

On  voir  par  ces  décidons  que  les 
billets  qui  ont  pour  caufe  la  perte 
faite  au  jeu ,  font  nuls  ^  telle  eft 
<n  effet  la  Jurifprudence  des  arrêts. 
Voyc:{  encore  à  ce  fiijet  Tarrct  ren- 
<iule  jojuillet  1  (^  9  j  qu'on  trouve  au 
journal  des  Audiences. 

Quelques  auteurs  prétendent  ce- 
pendant que  les  biHets  pour  jeu , 
faits  entre  perfonaes  de  grandequa- 
lité ,  font  valables  j  mais  c'eft  une 
erreur  condamnée  par  TarticleijS 
4le  Tordonnance  de  1619 ,  qui  non 
feulement  déclare  nuls  les  oillets, 
obligations&  promeflfes  caufées  pour 
jeu ,  mais  veut  même  que  celui  qui 
demande  le  montant  du  contenu  en 
cts  aâes  ,  foit  condamné  en  une 
pareil  le  fomme  envers  les  pauvres. 

Remarquez  cependant  que  les 
Maréchaux  de  France  contraignent 
au  payement  des  dettes  de  jeu  entre 
Genriishommes. 


JÊU  59 

L*artîcle  5  9  de  Tordonnance  de 

-  Moulins ,  accorde  une  aâion  aux 

pères ,  mères ,  tuteurs  &  Curateurs, 

Jour  la  répétition  de  ce  qu  ont  perdu 
ïs  mineurs  â  des  jeux  de  hafard. 
L'ordonnance  de  161^  contient 
la  même  difpofition  j  elle  veut  mê- 
me par  l'article  140  ,  que  ^ansces 
matières,  la  preuve  par  témoins  foit 
xeçue ,  nonobftant  que  les  fommes 
excèdent  100  liv. 

On  dit,r^nir  le  jeu  de  quclquuni 
pour  dire ,  jouer  pour  quelqu'un. 

On  appelle  yVicx  de  renvi^  cer-» 
tains  jeux  des  cartes  ,  comme  le  bre-i 
lan  &  la  grande  prime. 

Aux  jeux  de  renvi ,  ouvrir  le 
jeu^  fignifie  faire  la  première  vadej; 
Se  fermer  le  jeu ,  c'eft  tenir  la  der« 
nière  vade  Oc  ne  point  faire  de 
renvi. 

On  dit ,  tenir  jeu  ;  pour  dire  i 
continuer  â  jouet  avec  quelqu'un  qui 
perd,  &  couper  jeu  i  pour  dire,  fe 
retirer  avec  gain  Se  ne  vouloir  pa» 
tenir  jeu. 
Jfii7 ,  fe  prend  au(fi  pour  les  règles 
du  jeu  «l'art  de  fe  bien  conduire  au 
jeu.  f^ous  ne  joue\  pas  lejew.  S'il' 
eut  joué  lejeUyVOusaurie^fiûtla  bêu^ 
Jev  ,  en  parlant  des  jeux  de  hafard  , 
fe  prend  fouvent  pour  les  cartes  qui 
viennent ,  ou  pour  les  points  qu'on 
amène  aux  àù  \  mais  u  fe  dit  prin- 
cipalement en  parlant  des  cartes.  // 
a  tout  le  jeu.  Son  jeu  ne  vaut  rien. 
Fbuspouve^l  montrer  votre  jeu* 
Jeu  ,  fe  dit  aufli  de  ce  que  l'on  mec 
au  jeu.  1 1  tire  fouvent  le  jeu.  Nous  ne 
jouons  pas  un  jeu  à  nous  ruiner. 

On  dit  dans  cette  acception  ,aa 
jeu  de  brelan  &  aux  autres  jeux 
de  renvi  ^j'y  vais  du  jeu  ,  j'enfuis 
dujeu^ 

On  dit  figurément  d'une  perfon^ 
ne ,  <\ïx  elle  fait  bien  couvrir fon  jeu, 
cacher  fon  jeu  ;  pout  dire ,  q[u'elle 

H   ij 


6o  JEU 

fait    bien  cacher   Tes   deiïeios. 

On  die  figurémenc  &  proverbia- 
lemenc  de  quelqu'un,  cp!  il  fait  bon- 
ne mine  à  mauvais  jeu  ;  pour  dire  , 
Îiu'il  fait  bien  diflimuler  &  faire 
eniblanc  d*ècre  content  quoiqu  il 
n'en  ait  pas  fujet.  Et  dans  le  même 
fens  on  dit  (implement,  ^o/i/ie  mine 
&  mauvais  jeu  ,  en  parlant  d'une 
.  perfonne  qui  fous  une  apparence  de 
joie  cnche  du  chagrin. 

On  dit  figurément  de  quelqu'un 
qui  fe  comporte  adroitement  en 
quelque  affaire  &  qui  fait  biendif- 
umuler ,  qu'i/  joue  bienjon  jeu*  Et 
qniljoueâjeu  sûr  ;  pour  dire,  qu'il 
eft  aifurc  de  réuflir. 

On  dit  fii^urément  &  familière- 
ment de  quelqu'un  ,  qu'i/  a  beau 
'  j^^  i  P^ur  dire  ,  que  dans  une  af- 
faire importante  l'apparence  du  fuc- 
ces  eft  pour  lui. 

On  dit  audi  figurément  &  fami- 
lièrement ,  donner  beau  jeu  à  quel- 
qu'un ;  pour  dire  ,  lui  procurer  une 
occadon  favorable,  lui  donner  de 
grandes  facilités.  Et  proverbiale- 
ment &  figurément ,  pour  donner 
à  entendre  qu'on  ne  peut  s  attaquer 
à  quelqu*un ,  fans  qu'il  s'en  re  (fente 
&  qu'il  s'en  venge  ,  on  dit  yjion  le 
fâche  on  verra  beau  jeu. 

On  dit  provert;)ialement  6c  figu- 
rément ,  que  le  jeu  ne  vaut  pas  la 
chandelle  ;  pour  dire  j  qu'une  chofe 
.  ne  vaut  pas  la  dépenfe  qu  on  y  fait , 
la  peine  qu'on  y  prend. 

On  dit  figurément  &  familière- 
ment y  mettre  quelqu'un  enjeu  ;  pour 
dire  ,  le  citer  fans  fa  participation , 
le  mêler  à  fon  infçu  dans  une  af- 
faire. Vous  ne  devic^  pas  le  mettre 
•  enjeu» 

On  dit  proverbialement  &  figu- 
rément ,  à  beau  jeu  beau  retour  ; 
pour  dire>qu'on  a  bien  de  quoi  ren- 
,dre  la  pareilte ,  ou  qu'on  l'a  rendue. 


JEU 

On  dit  proverbialement  &  figu« 
rément  de  quelqu'un  qui  ne  va  plus 
dans  une  maifon  j  dans  une  com- 
pagnie où  il  a  voit  accoutumé  d'aller, 
à  quel  jeu  l'a^t^on perdu? 

On  dit  aufi]  proverbialement  & 
figurément ,  en  parlant  de  certaines 
vieilles  habitudes  ,  ou  de  plaifante- 
ries  rebattues,  que  c'ejlle  vieux  jeu* 

On  dit,  cela  eft  plus  fort  que  le 
jeu;  pour  dire ,  cela  patfe  la  raillerie» 
cela  eft  trop  fort. 

On  dit  proverbialement  &  figu- 
rément ,  tirer  fon  épingle  du  jeu  ; 
pour  dire  9  fe  tirer  habilement  d'u- 
ne mauvaife  affaire  où  l'on  s'étoic 
engagé. 

On  dit  aufii  proverbialement  & 
figurément ,  à  tout  venant  beau  jeu  ; 
pour  dire,  qu'on  eft  en  état  de  faire 
tète  â  tous  ceux  qui  fe  préfenteront» 

On  dit  encore  proverbialement 
&  figurément ,  bon  jeu  bon  argent  ^ 
pour  dire ,  ttès-férieufement  &  vé- 
ritablement. Ils  fe  querellèrent  bon 
jeu  bon  argent.  On  lui  fait  fun procès 
bon  jeu  bon  argent. 
Jeu  d£  paume  ,  fe  dit  d'une  efpèce 
de  falle  où  l'on  joue  â  la  paume.^ 
Cette  falle  beaucoup  j>lus  longue 
que  large ,  eft  fermce  de  murs  juf- 
u'â  une  certaine  hauteur  ,^u  def- 
us  defquels  font  des  pilliers  de 
charpente  qui  portent  un  comble  à 
deux  égoûts  avec  plafond.  11  7  a 
d'un  côté  une  galerie  pour  le  fer- 
vice  des  baies  Se  pour  les  fpeâa- 
teurs  ^  &  quelquefois  anfii  une  au- 
rre  galerie  à  l'une  des  extrémités  de 
la  lale.  Comme  dans  cet  endroit 
on  joue  toutes  fartes  de  jeux ,  on 
l'appelle  aufii  tripot. 

On  appelle  ;Vtt  de  longue  paumt^ 
une  place   ou  allée  large  où  l'on 
joue  ï  la  longue  paume,  comme 
on  fait  à  la  place  qui  eft  proche  la 
I,     porte  Saint- Antoine  â  Paris.  A  une 


?" 

lu 


Jeu 

des  exttémités  de  cette  place  eft  un 
toit  pour  le  fervice  des  eteufs  qu'on 
poulfe  avec  des  batbirs. 
Jeu  ,  fe  dit  auQi  au  jeu  de  la  paume, 
d'une  divifion  d'une  partie  de  pau- 
me :  les  parties  font  ordinaire- 
ment de  nuit  jeux  j  chaque  jeu 
contient  quatre  coup  gagnés  ,  le 
premier  fe  nomme  quinze  ;  le  fé- 
cond trente  ;  le  troifième  quarante- 
cinq  ;  &  le  quatrième  jeu.  Quand 
les  joueurs  ont  chacun  un  quinze, 
on  dit  qu'ils  font  quin-^ains  ;  quand 
ils  ont  chacun  trente  y  on  dit  qu'ils 
font  trentains  ;  quand  ils  ont  cha- 
cun quarante-cinq  ,  cela  s'appelle 
être  en  deux  ;  Se  pour  lors  il  faut 
encore  deux  coups  gagnés  de  fuite 
pour  avoir  le  jeu  ;  le  premier  fe 
nomme  avantage ,  &  le  fécond  jeu. 

Lorfque  les  deux  joueurs  ont  cha- 
cun fept  jeux ,  ils  font  ce  qu'on  ap- 
pelle  à  deux  de  jeu  j  alors  la  partie 
eft  remife  en  deux  jeux  gagnés  de 
fuire ,  dont  le  premier  le  nomme 
avantage  de /eu. 

Figurément  &  familièrement  en 
parlant    de   deux    perfonnes   qui 
le  (ont  rendu  réciproquement  de 
mauvais  offices  ^  on  dit  ,  qu'elles 
font  à  deux  de  jeu.    Et  la  même 
chofe  fe  dit  de  deux  hommes  qui 
ont  été  également  maltraités  dans 
quelque  affaire. 
Jeu  ,  fe  dit  aulli  d*un  lieu  oà  Ton  joue 
à  certains  jeux.  Un  jeu  de  boule.  Vn 
jeu  d'arquebufe.  Et  l'on  appelle  jeux 
publics  «  les  lieux  où  l'on  djnne  à 
jouer  â  toutes  fortes  de  jeux.  Et  l'on 
dit  de  ceux  qui  donnent  ï  jouer  k 
jours  réglés  ,  c^^ ils  tiennent  un  jeu. 
j£u  ,  fe  dit  aufli  de  ce  qui  fert  à  jouer 
à  certains  îeux.  Un  jeu  de  quilles.  Un 
jeu  d'échecs.  Un  jeu  de  cartes. 

On  dit  au  jeu  des  cartes  >  en  par- 
lant de  la  manière  dont  quelqu'un 
a  coutume  de  jouer ,  qu'i/  a  le  jeu 


JEU 


6t 


Jerré;  pour  dire  ,  qu'il  n'aîme  pas 
à  hafarder  ,  à  rifquer.  La  même 
chofe  fe  dit  au  jeu  des  échecs ,  de 
quelqu'un  qui  n'étend  pas  aflez  fon 
jeu.  Et  au  triârac  on  dit  que  le 
jeu  de  quelqu'un  eji  ferré  &  prejfé  ; 
pour  dire  ,  que  les  cafés  les  plus 
éloignées  font  faites,  &  que  s'il  amè- 
ne des  cinq  ou  des  (îx  ,  il  ne  les  fau- 
roit  jouer  utilement. 

On  dit  auffi  au  tridrac  ,  étendre 
fon  jeu  j  pour  dire  ,  abattre  beau- 
coup de  dames  afin  de  faire  plus  fa- 
cilement des  cafés. 
Jeu  ,  fe  dit  audi  de  la  manière  donc 
on  touche  les  indrumenS)  comme 
le  luih,  les  orgues,  la  viole,  &c. 
Avoir  le  j  eu  brillant  y  le  jeu  délicat. 

On  appelle  les  orgues  >  un  jeu 
d'orgues. 

On  appelle  auffiyetf,  les  tuyaux 
d'orgue  qui  font  rangés  fur  le  mê- 
me regiftre.  Tous  les  tuyaux  du 
même  jeu  rendent  des  fons  qui  ne 
diffèrent  que  par  les  différences  de 
l'aigu  au  grave  ,  au  lieu  que  les 
-  tuyaux,  d'un  autre  jeu ,  rendent  des 
fons  qui  diffèrent  encore  d'une  au- 
tre manière,  de  même  que  plu(leur« 
nuances  de  bleu,  par  ex etan pie , dif- 
fèrent des  nuances  de  rouge  qui 
participeroient  également  du  clair 
&  de  l'obfcur ,  lefquels  dans  cette 
comparaifon  répondent  à  l'aigu 
&  au  grave. 

Ob  appelle  dans  ce  fens  ^  jeu  de 
voix  humaine  y  un  jeu  de  l'orgue  qui 
imite  la  voix  humaine.  Jeu  de  flûtes 
douces  ,  celui  qui  imite  les  flûtes 
douces.  Jeu  de  trompettes ,  celui  qui 
imite  les  trompettes,  é'c. 

Tous  les  jeux  de  l'orgue  font  ran- 
gés fut  les  fommiers  ou  pièces  gra- 
vées ,  en  telle  forte  que  l'Organifte 
laifTe  aller  le  vent  i  tel  jeu  qu'il 
lui  plaît ,  en  ouvrant  le  regitre  qui 
pafle  fous  les  pieds  des  tuyaux  ^  & 


6i  JEU 

• 

a  tel  tuyau  de  ce  jeu  qu'il  lui  plaie  » 
en  ouvrant  la  foupape  qui  ferme  la 
gravure  fur  laquelle  le  ruyau  répond. 

On  laiflfe  partir  ordinairement, 
plufiears  jeux  i  la  fois ,  ce  qui  for- 
mant des  jeux  compofés ,  s'appelle 
plein  jeu  qui  eft  la  montre  &  le 
bourdon  ac  i6  pieds  ^  le  bourdon 
dé  8  pieds  ouvert  j  le  preftant ,  la 
doublette  Ja  fourniture  ^  la  cimbale 
&  la  tierce. 

Les  autres  jeux  compoKs  font  à 
la  difcrétion  des  organiftes  qui  les 
compofent  chacun  a  fon  gré ,  en 
prenant  dans  le  nombre  prefqae  in- 
fini de  combinaifons  qu'on  en  peut 
faire ,  celles  qui  leur  plaifent  le  plus, 
c»  dont  ils  s  apperj^oivent  en  tétant 
le  clavier. 

On  appelle  y  «ut  de  viole  ,  quatre 
ou  cinq  violes  de  différentes  gran- 
deurs ,  pour  jouer  les  différentes 
parties  de  la  mufique. 
Jeu  9  fe  dit  au0i  de  la  manière  dont 
lin  Comédien  repréfente.  Un  Cgmé- 
(lien  qui  a  lejeff  notlfi.  Cette  AlQrfcç 
a  l^jcu  tendre ,  IntéreJJant» 

On  appelley^ft  de  théâtre ,  certai- 
nes aftions  d^s  aâbèurs  »  qui  con- 
fident le  plus  fouvent  en  geftes  8c 
en  mines.  Uya  dans  cette  pièce  plu* 
Jîeurs  jeux  de  théâtre  qui  placent. 

On  dit  proverbialement ,  cejl  un 
jeu  joué  ^  pour  dire,  ç'eft  une  feinte 
concertée  entre  d^sperfonnç^  qi^i 
s'entendent. 
Jbu  »  fe  dit  auffi  de  l^exercice  &  de  1^ 
façon  de  manier  les  hautes  armes. 
Le  jeu  de  la  hallebarde.  Le  jeu  de  la 
pique. 

Jeu,  fe  ditaufli  en  termes  d'efcrime, 
de  la  façon  d  efcrimer  Sç  dç  faire 
aflaut. 

*  L'afl^ut  comprend  deux  jeux  qui 
font  le  fenfible&  l'infenfible.  Quel- 

auefois  on  exécute  ces  deux  jeux 
ans  un  même  aflàut  ^  en  paûàiK  de 


JEU 

Tttnâ  Tautre^  &  quelquefois  oon*eit 
exécute  qu'un. 

Le  jeu  infenfible  eft  un  alTaut  qui 
fe  fait  fans  que  les  épées  fe  toa-. 
chent, 

Cetaflaut  s'exécute  toujours  fous 
les  armes  à  votre  égard  ,  parceque» 
de  quelque  façon  que  lennenu  fe 
mette  en  garde  ,  d'abord  qu'il  ne 
fouflPre  pas  que  les  épées  fecouchenr^ 
vous  tenez  la  garde  haute. 

On  fuppofe  d;tns  ce  jeu  que  les 
efcrimeurs  étant  en  garde  y  leurs 
épées  ne  fe  touchent  point ,  mais 

3uelles  fe  rencontrent  dans  les  parât- 
es &  dans  les  attaques. 
De  ce  quon  doit  pratiquer  dans 
tajjaut  du  jeu  infenjible.  Article  L 
Dans  ce  |e.u ,  i ^.  con^me  on  ne  fenç 
pas  l'épée  de  l'ennemi  %  on  fe  mec 
toujours  hors  de  mefure  pour  évi- 
ter d'être  furpris  :  i®.  on  tient  une 
garde  haute ,  le  bras  plus  tendu  que 
dans  la  garde  bafle  ,  la  garde  de 
répée  vîs-a-vis  de  Teftomacde  l'çn- 
netpi  y  afin  de  le  tenir  éloigné  & 
qu'il  ne  puifTe  faire  aucune  attaque 
Kins  détourner  cette  pointe  :  3^.  on 
regarde  fa  main  droite  afin  des'ap^ 
percevoir  des  mouvemens  qu'il  fait 
pour  frapper  votre  épép  avec  h| 
fienne. 

Article  IL  Les  attaques  qui  fe 
font  dans  ce  jeu  ,  font  des  teinte$ 
&  doubles  feintes.Qn  les  peut  faire 
parcequ'pn  eft  hers  de  mefure  ;  d'où 
il  fuit  que  l'ennemi  nepeut  pas  vous 
prendre  fur  ce  temps. 

Lorfque  vous  t^ites  le  premier 
temps  de  la  feinte  ou  feinte  droite» 
fi  l'ennemi  va  a  votrç  épée  >  vous 
profitez  de  fon  mouvement  pour 
entrer  en  mefure  en  dégageant ,  & 
incontinent  vpus  recommencez  la 
feinte.  Remarquez  que  dans  certe 
attaque  vous  dégagez  quatre  fois 
par  la  feinte  >  &  trois  rois  par  U 


JEU 

hftïtt  droite  »  que  le  premier  d^iga- 

Î;ement  eft  volontaire  &  les  autres 
orcés ,  Se  qu'au  dernier  vous  déta- 
ehez  Teftocade. 

Ârricie  IIL  L'ennemi  qui  vous 
attaque,  eft  obligé  par  votre  pofition, 
de  détourner  votre  épée*  Sil  laveut 
frapper  ,  dégagez  par  le  deuxième 
dégagement  forcé. 

Article-  IV.*  On  regarde  le  pied 
gauche  de  l'ennemi  »  ft  dès  qu'on 
s'apper^çoic  qu'il'  TaVance  pour  en- 
trer en  mefure  ,  on  l'attaque 
fiir  ce  mouvement  par  une  efto- 
cade.  Ce  procédé  l'oblige  de  pa- 
rer ,  &  on  profite  de  ce  défaut. 
Article  V.  Quand  vous  attaquez 
Fennemi  par  une  feinte ,  s'il  ne  va 
pas  a  répée  >  vous  entrer^n  mefure 
£àtts  dégager ,  en  vous  tenam  prêt 
à  parer*  &  Tennemi  ne  vou»  porte 
pas  Teftocade  fiir  le  temps  que  vous 
eritrez  en*  mefure  »  incontinent  que 
vous  y  êtes  arrivé  &  de  la  pofition 
où  vous  ctety  vous  détachez  Tefto- 
cade  i  droite  ;  car  i l eft  â: préfumer 
que  l'ennemi  s'attend  que  vous  al- 
lez faire  une- feinte.  S*il  n'allott  à 
Fcpée  que  lorfque  vous  entrez  en 
mefure ,  alors  y  étant  arrivé  »  vous 
kii  feriez  une  feinte* 

Article  VI.  Dan»  ce  jeu  on  n'en- 
veprend  nr  botte  de  paffe  nr  db 
▼olte  ,  ni  défarmemenc ,.  excepté 
le  défarmemenr,  en  faifant  tom- 
ber l'épée  de  l'ennemi  en  la  frap- 
pant r  quand  il  porte  une  eftocade 
de  féconde»- 

Si  en  attaquant  rermemi  it  fe  dé- 
fend par  la  parade  du  cercle ,  vous 
le  pourfuivrez  dans  le  défaut  de 
cette  parade. 

Le  Jeu  Jcnfiblc  eft  un  affaut  qui 
fe  .fait  par  W  fentimeac  de-  l'é- 
pée. 

Cet  aÏÏaut  s'èxécutr  fut  les  ar- 
mes, ou  fous  les  armes;., fur  le»  ar- 


I 


JEU  6i 

mes  j  fi  les  efcrimeurs  tiennent  une 
;arde  balTe  ou  ordinaire;  &  fous 
es  armes  ,  s'ils  en  tiennent  une 
haute. 

Si  l'ennemi  tient  une  jgarde  hau<- 
te ,  il  faut  abfolument  u  tenir  de 
même  ;  mais  s'il  en  tient  un  bafle^ 
vous  pouvez  tenir  la  même  ou  bien 
la  garder  haute. 

On  fuppofe  dans  ce  Jeu  que  l'en- 
nemi iailfe  fentir  fon  épée. 

On  fait  d'abord  attention  fi  l'on 
eft  en  mefure  ou  hors  de  mefure  ; 
fi* l'on  eft  en  mefure,  on  regarde 
le  pied  droit  de  l'ennemi ,  par  le 
mouvement  duquel  on  conçoit  s'il 
faut  parer  ,  &  Ion  fent  fon  épée» 
parceque  ce  iènriment  nous  en  af-^ 
lure  la  pofition,  ic  nous  avertit  s'il 
dégage  ou  s'il  porte  l'eftocade  droi« 
ce ,  ou  s'il  fait  toutes  autres  atca-* 
ques.  Suppofons  maintenant  que 
les  épées  foient  engagées  dans  les^ 
armes. 

La  première  attaque  que  Ton 
fait  à  l'ennemi ,  eft  d'oppofer  en 
quarte.  Ce  mouvement  vous  cou^^ 
vie  tout  le  dedans  des  armes ,  ic 
dérecmine  l'ennemi  ou  k'  dégager , 
ou  â  Dortet  l'eftocade  en  dégagesnr,. 
ou  àdemeurer  en  place,  t".  Sil  dé- 
gage ,  détachez  incontinent  lefto- 
cane  de  tierce  droite,  i^.  S'il  porte 
l'eftocade  en  dégageant ,  fon  pied 
droit  vousavestitde  psfrer ,  &  vous 
tâchez'de  ripofter.  j^.  S'il  demeure 
en  plate  ,  vous  détachez  l'eftocade- 
de  quarte  droite  ou  vous  faites  ut>* 
coulement  d'épée. 

Articleir.  Si  dans  llnftant  qu^'on* 
pare  l'eftocade  on  ne  faifit  pas  le 
temps  de  la  ripoft^  ,  on  donne  le 
temps  à  l'ennemi  de  fe  remettre  en 

?;arde>  pour  le  prendre  dans  le  dé- 
àur  de  ce  moovemenn  Remarquez 
?|u*après  avoir  pôuflfê  une  botte  ,  il- 
aut  abfolument  qjie  l'ennemi  ib 


64  JEU 

metee  oa  qa^il  le  feigne  ;  ce  qu*il 
ne  peut  faire  &  porter  l'eftocade  : 
donc  fi  on  i*accaque  fur  ce  temps , 
on  le  mettra  dans  la  ncceflicéde  pa- 
rer ,  &  on  le  prendradans  le  défaut 
de  fa  parade. 

Article  III.  Si  Tennemi  pare  Tef- 
rocade  que  vous  lui  porter  ,  il  faut 
remarquer  qu'il  peut  faire ,  en  vous 
remettant  ,  ce  que  vous  lui  avez 
fait  y  mais  auffi  qu'il  peut  tomber 
dans  le  défaut  que  voici ,  qui  tf^ 
de  fe  remettre  avec  vous  »  c'eft  à- 
dire  ,  de  quitter  l'oppontion  parcç- 
qu'il  croit  que  vous  vous  remettrez 
en  garde.  Dans  ce  cas ,  vous  profi- 
terez de  ce  défaut  en  lui  repoullant 
la  même  eftocade.  Si  au  contraire  il 
réfîlle  toujours  égalemeoit  à  votre 

.  ^pée  'y  alors  comme  il  aura  le  côté 
oppofé  à  découvert ,  il  td  certain 
qu'il  fe  portera  nécedairement  à  pa- 
rer de  ce  c6té-Ià  \  c'eft  pourquoi  en 
^niflfant  de  vous  remettre  ,  vous 
feindrez  uneeftocade  en  dégageant , 

(  fie  dans  lin(kaut  qu'il  fe  portera  à  h 
parade 3  vous  dégagerez.  Si  l'ennemi 
n'alloit  pas  à  la  parade  de  cette  feiti- 
te ,  vous  rompriez  la  mefure  i  s'il 
profite  du  temps  que  vous  vous  re- 

.    mettez  en  garde  pour  vous  attaquer , 

.    faites  retraire. 

Article  IV.  Vous  pouvez  auflî  at- 
piquer  l'ennemi  par  un  battemei)t 
d'épce  ;  &  S' il  pare  votre  eftocade, 
pbierve?;  en  vous  remettant ,  ce  qui 
.eft  contenu  en  l'article  ilL  Si  l'en- 
nemi  vous  porte  une  bottejobfervez 
ce  qui  eft  contenu  dans  les  articles  I 
Se  11^  &  fi  l'ennemi  ne  pare  pas& 
ou'il  n'ait  pas  reçu  l'eftocàde  »  c'eft 
iignequil  a  rompu  la  mefure;  c'eft 
pourquoi  portez  lui  une  eftocade  de 
paflTe.  Si  l'ennemi  pare  l'eftocàde  de 
paffe  I  vous  remettrez  prompcement 
votre  pied  gauche  où  il  étoit ,  & 
yg^f  fçc^lejrez  iin  peu  le  droit;  Vous 


JEU 

devez  vous  attendre  que  Tennemî 
va  venir  fur  vous  y  mais  remarquez 
qu'il  n'eil  pas  alors  en  mefure  : 
(  car  vous  ères  auffi  éloigné  de  lui 
qu'avant  de  porter  l'eKocade  de 
padej)  c'eft  pourquoi  il  ne  faut 
pas  s'amufer  à  parer ,  mais  remar- 
quer fon  pied  gauche  ,  &  auilitot 
3u'il  le  remue,  détacher  Tedocade 
roite  s'il  ne  force  pas  votre  épée  » 
&  fi  vous  fentez  qu'il  la  force  |, 
vous  détacherez  Tellocade  en  déga* 
géant. 

Article  V.  Si  l'on  eft  hors  de  me^ 
fnre  ,  il  faut  obferver  le  pied  gau- 
che de  l'ennemi  &  fentir  fon  épée* 

Les  attaques  qu'on  doit  faire 
hors  de  mefure,  font  des  coulemei^s 
4'^ppe  'y  &  toutes  les  fois  que  ren- 
nemi  pare  votre  eftocade  &  que 
vous  parez  h  fienne  ^il  faut  fuivre 
les  maximes  des  artj^cles  I,  II  &1II, 

Article  VI.  Quelque  mouvement 
que  l'ennemi  puide  faire  hors  de 
mefure ,  vous  n'y  devez  point  ré- 
pondre à  moins  que  vous  ne  pre^ 
niez  le  temps  pour  l'attaquer.  Ob- 
fervcz  cotitinuellement  fon  pied 
gauche  >  parcequ'il  ne  peut  vous 
offenfer  qu'en  l'avançant  ^  n>ais  aufr 
ficôt  qu'il  l'avance  ,  détachez -lui 
Tcftocade  droite  s'il  ne  force  pas 
votre  épée,  &  s'il  la  force  ,  portes 
leftocade  en  dégageant. 

Il  faut  auffi  faire  attention  que 
l'ennemi  pourroit  avoir  la  finefle 
de  forcer  votre  épée  pour  vous  faire 
détacher  l'eftocàde ,  afin  de  vous 
la  faire  ripofter  ^  il  n'y  a  que  la  pra^ 
tique  qui  puifTe  vous  faire  connoî« 
tre  cette  rufe.  Cette  remarque  fe 
rapporte  au  précepte  qui  dit  qu'il 
ne  faut  jamais  tirer  d^ns  un  jour  que 
Tennemi  vous  donne. 

Article  VII.  Tout  ce  qui  eft  en* 
feigne  aux  articles  l,  II  »  III ,  IV, 
V  ^  yi  ^  peut  s'çzécuter  eti  tierce  , 

9t\ 


JEU 

en  quarte  »  en  quarte  baflè  6c  en 
féconde  }  il  n'y  a  qa*i  décerminer 
une  de  ces  poGcians  &  fuÎTre  ce 
qat  y  eft  enieigné. 
Article  VIIl.  Voas  devez  con- 


que s'il  vou^faic  les  mêmes  atta- 
aaes  ^'il  vous  avertit  de  fondef- 
iein  dont  voas  tâcherez  de  pro- 
fiter. 

Article  IX.  Quelques  variées  que 
puiflent  être  les  attaques  d'un  ef- 
crimeur  »  elles  k  rapponent  tou- 
jours à  la  feinte  oit  double  feinte, 
à  l'appel  ou  coulement  d'épée ,  ou 
battement  d'épée  »  ou  i  forcer  Té- 
pée. 

Article  X.  Si  Tennemi  fe  dé- 
fend par  la  parade  du  cercle  »  vous 
le  pourfuivrez  dans  le  défaut  de 
cette  parade. 

On  dit  figurément  de  la  manière 
d'agir  de  quelqu'un  »  qvConfaUfon 
jeu ,  quefofijeu  cjifort  couvert ,  fort 
caché  y  frc. 

On  appelle  Jeu  4^  mots  9  tme  cer* 
taine  alluiioo  fondée  fur  la  reflèm* 
blance  des  mots.  Vn  j€u  de  mots 
plaijant  ^  froid  ,  puéril»  Voyez  Al- 
lusion. 
JjEux  ,  au  pluriel  j  fe  dit  des  fpeâa- 
clés  publics  des  Anciens  »  comme 
les  courfes  »  les  luttes ,  ks  combats 
de  Gladiateurs  ^  &c. 

La  Religion  confacra  chez  les 
Anciens  ces  fortes  de  fpeâacles  : 
on  n'en  conooiflbir  point  qui  ne  fut 
dédié  à  quelque  Dieu  en  particu- 
lier 9  ou  iDème  à  plusieurs  enfem- 
ble  :  il  y  avoir  un  Arrêt  du  Sénat 
ronnîn  qui  le  portoit  expreflTément. 
On  commençott  toujours  â  les  fo 
lennifer  par  des  iâcrifices  8c  autres 
cérémonies  religieufes.  En  nn  mot 
leur  inftitation  avoit  pour  motif 
To  me  Xr. 


JEU  ^5 

appafent  la  Religion  ou  quelque 
pieux  devoir. 

Les  jeux  publics  àe^  Grecs  (e  di-^ 
siioxtm  en  deux  efpèces  différent 
tes  \  les  uns  étoient  compris  fous  le 
nom  de  gymniques  ,  &  les  autres 
fous  le  nom  àefcéniqucs.  Les  jeux 
gymniques  comprenoient  tous  les 
exercices  du  corps ,  la  courfe  â  pied, 
ai  cheval ,  en  char  \  la  lune ,  le  faut , 
le  javelot  »  le  diique  >  le  pugilat , 
en  un  mot  le  pentathle  ;  &  le  lieu 
où  l'on  exerçoir  &  où  l'on  faifoic 
ces  jeux  ,  fe  nommoit  Gymnafc  ^ 
Palcfircy  Stade  ^  &c.  Alonlaqua* 
lité  des  jeux. 

A  l'égard  des  jeux  fcéniques  ,  on 
les  repréfentoit  fur  un  théâtre ,  ou 
fur  la  fcène  qui  eft  prife  pour  le 
théâtre  entier. 

Les  jeux  de  mqfique  &  de  poéfîe 
n'avoient  point  de  lieux  particuliers 
pour  leurs  repréfentations. 

Les  jeux  les  plus  folennels  qui  fa 
célébrèrent  chez  les  Grecs  ,  furent 
les  Olympiques ,  les  Pythiens  ,  les 
Néméens  &  les  Ifthmiens.  I^oye:^ 
ces  mots. 

A  Rome  les  jeux  ne  furent  pas 
moins  fameux  que  chez  les  Grecs , 
par  la  fplendenr&  la  magnificence 
qui  les  caraâérifoient.  On  les  dif  r 
tingua  par  le  lieu  où  ils  étoient  céâ 
lébrés  ,  ou  par  la  qualité  du  Dieii  s 
qui  on  les  avoit  dédiés.  Les  premier 
croient  compris  fous  le  nom  àejeux 
circenjis  &  aejeuxfcéniques ,  parce 
que  les  uns  étoient  célébrés  dans  le 
cirque  ,  &  les  autres  fur  la  fcène. 
A  l'égard  des  jeux  confacrés  aux 
Dieux ,  on  \es  AWiioit  tu  j  eux facr es , 
enjeumvotifs;  parcequ'ilsfe  faifoient 
pour  demander  quelque  grâce  aux 
Dieux  ;  en  jeux  funèbres  &  en  jeux 
divertiffans  ,  comme  étoient,  par 
exemple  ,  les  jeux  compttaux. 

Les  Rois  réglèrent  les  jeux  Ro-* 

I 


6€  JEU 

mauis  pendant  le  cemps  de  fà  RoyaU' 
té  ;  mais  après  qu'ils  eurent  écé 
.  chafles  de  Rome ,  dès  que  la  Repu 
bliqueeut  pris  une  forme  régulière  y. 
ks  Confuls  &  les  PréceurspréCdèrenc 
aux  jeui^  circenfes  ,  apoUinaires  & 
féculaires.  Les  Ediles  Plébéiens  eu- 
rent la  diredion  àts  ieux  Plébéiens  y, 
les  Préteurs  ou  les  Édiles  curules , 
celle  des  jeux  dédiés  â  Cérès  ,  i 
Apollon  ,  à  Jupiter  »  à  Cybèle  & 
aux  I&tres  grands  Dieux ,  fous  le 
cicre  de  jeux  Mégalcfiens. 

D^ns  ce   nombre  àçr  fpeâSLcles- 

{oublies ,  il  y  en  avoir  qu'on  appeluit 
jpécialementyVftx  Romains  >  &  que 

>    l'on  divifoir  en  grands  magni  ^  & 
très-grands  maxuni. 

Le  Sénat  &  le  Peuple  ayant  été 
réunis  Tan  387  par  radrelTe  &  tha- 
bileté  de  Camilie  >  la  joie  fut  (î  vive. 
dans  tous  les  Ordres  >  que  pour  mar- 
quer aux  Dieux  leur  recohnoi (Tance 
de  la^tianquilUré  don^  Us  efpéroient 
jouir  y,  le  Sénat  ordonna  que  1  on  fit 
degrands  j£ux  a  Thonneur  desDàeux, 
&  qu!oa  les  folennisat  pendant  qua- 
tre jours  ;  au  lieu  qu^auparavant  les. 
jeux  publics  n  avoient  eu  lieu  que 
pendant  trois  jours  y  Ôc  ce  fur  par 
ce  changement  qu*on  appela  ludi 

.    gidximiy  les  jeux  qu'on  nommait 
auparavant  ludi  magnu 

Oti  célébroir  chez  les  Romains 
des  jeux ,  non-feulement  à  l'hon- 
neur des  Divinités  qui  habitoient 
le  CieL,  mais  même  à.  l'honneur  de 
celles  qui  régnoient  dans  les  Enfers  ; 
.  &  les  jeuxinftitués  pour  honorer  les 
Dieux  infernaux  étoient  de  trois 
fortes.,  cotinus  fous  le  nom  de  Tau- 
rilia  ,  Compitalia  &  Tcrcnéni  ludi. 

Les  jeux  fcéniqaes  comprenoient: 
tentes  les  repréfenrations  qui  fe  fisii- 
foicnt  fur  la  fcène  ;  elles  confiftoient 
en  tragédies  ,   comédies  ,    faryres 
c^u'on  repicfentoit  fur  le  théâtre  eo 


JEU 

rhonneur  de  Racchus ,  de  Véhas  St 
d*Apollon.  Pour  rendre  ces  diver-> 
ttifTemens  plus  agréables ,  on  l^pré- 
ludoit  par  des  danfeurs  de  corde  ^ 
des  voltigeurs  âc  autres  fpeâacle» 
pareils  ;  enfuite  on  introduisit  Hir  la» 
icène  les  mimes  Se  les  pantomimes  » 
dont  les  Romains  s'enchantèrenc 
dans  les  temps  ék  la  corruption 
chaffa  les  mœurs  &  la  vertu. 

Les  jeux  fcéniques  n'avoient  poine 
de  temps^  marq^ués  j  non  plus  que. 
ceux  que  les  Confûfs  Se  les  Empe-- 
reurs  donnoiénc  au  peuple  pour  ga-» 

{;iîer  (%  bienveillance  »  te  qa'-on  céi^ 
ébroit  dans  un  amphithéâtre  envi- 
ronné de  loges  &  ae  balcons  ;  U  fe 
donnoiénc  des  combats  d*hommes 
eu  d'animaux.  Ces  [eux  étoienr.  ap-» 
pelés*  agonalés  ;  Se  quand  on  cou.- 
roit  dans  le  cirque ,:  équefires  ou  cu-^ 
raies  ,  les  premiers  étoient  confacrés- 
à  Mars  &  à  Diane ,  les  autres  i  Nep-- 
tune  Se  au  Soleil. 

La  dépenfe  qu'on  faifoir  pour  ces: 
jeux  étoit  prodigieufe* 

Des  jeux  plus  célèbres  encorequer 
ceux  dont  on  vient  de  parler ,  étoienr 
les  î^voi  féculaires  qui  n'avoienr  lieue 
que  tous  les  cent  ans ,  pour  deman- 
der la-  confervation   de   l'Empire*. 
C  croient  les   Quindécemvirs  qui 
avoient  foin  de  faire  célébrer  ces. 
jeux.  Par  leur  or<lre  un  Héraut  in- 
vitoit  le  peuple  à^  aiTifter  à  >des  jeux 
que  nulle  perfonne  vivante  n'avoir 
vus  ni  ne  verrait.  On  les  célébroir' 
principalement  en  l'honneur  d'A* 
poUon  8c  de  Diane  »  durant  trois. 
|purs  Se  trois  nuits  dans  rou»  les 
théâtres  \  &  f>endam  ce  temps-là  ott: 
faifoit  des  facriâces  dan»  tous  les 
Temples.  Le  troifième  jour  vingt- 
fept  jeunes  garçons,  de  condition  ^ 
&  autant  de  jeunes  filles»  ayant  tous, 
leurs  pères  &  leurs  mères  vivans  ». 
chantoienc  dans  le  Temple  d'AgoL-- 


JEU 

lAn  j'uné  hymne  qu'on  appeJoit  Po'é^ 
^nt  féculaire. 

On  aDpeloic  jeux  de  prix  ,  ceux 
auxquels  il  y  avoir  des  prix  pour 
'quelque  exercice  \  8c  encore  aujour- 
d'hui en  parlanr  de  cerrains  jeux  , 
comme  le  jeu  d'arquebufe,  darba- 
lêre ,  &c.  on ,  les  appelle  jeux  Je 
prix^ 

On  appelle  jeux  floraux  ou  Aca- 
démie des  jeux  floraux  ,  une  Société 
littéraire  qui  tient  ks  afTemblées  à 
Touloufe.  ^<?yrj  Floraux. 

En  poëfieon  dit,  les  jeux  y  les  ris 
*•  Us  grâces  i  les  jeux  &  les  plaiflrs  ; 
les  jeux  &  les  amours  :  Se  dans  ces 
phrafes  on  entend  par  les  jeux  j  tout 
ce  qui  contribue â  lagrément ,  à  la 
joie ,  au  divertiflèment  d*une  com- 
pagnie. 

On  dit  de  même  en  parlant  d  une 
belle  perfonne  ,  que  les  jeux  ,  les 
ris  &  les  grâces  l* accompagnera  par-- 
tout. 

^^^9  en  parlant  de  cerraines  chofes 
dart ,  le  dit  de  laifance,  de  la  fa- 
cilité avec  laquelle  elles  peuvent  fe 
mouvoir ,  6c  de  lefpace  dans  lequel 
eMes  fe  meuvent.  Ainfi  les  horlogers 
difenr  qu'ra  pivot  a  trop  de  jeu  dans 
fort,  trou ,  lorfqu  il  peut  s'y  mouvoir 
de-çà  &  de.là.  ^ 

Ea  termes  de  Peinture  on  dit , 
<{\x*ily  a  du  jeu  dans  une  compofition , 
lorfqu'il  y  a  du  mouvement ,  une 
variété  dafpefts ,  .&  lorfque \t% ob- 
jets ne  font  point  entafl<^s  ,  mais 
qu'ils  laiflent  entr'eux  Tefpace  né- 
ceflaire  à  la  facilité  de  leur  mouve- 
ment. 

En  termes  de  Marioe  on  appelle 
jeu  du  gouvernail  y  le  mouvement  du 
gouvernail. 

On  appelle  jeux  dUfprit^  certains  ^ 
petits  jeux  où  Ton  joue  quelquefois , 
&  qui  demandent  quelque  facilité', 
<îuelqu'agrément  d'eïjirit. 


JEU  Gj 

On  appelle  auflî  jeux  d^efprlt ,  iz% 
productions  d'efprit  qui  ont  plus  de 
gentilielTe  que  de  folidité  ,  comme 
les  anagrammes  ,  les  énigmes ,  les 
bouts  rimes. 

On  dit  en  termes  de  Fauconnerie» 
donner  le  jeu  à  l* autour  ^  pour  dire^ 
lui  lailTer  plumer  la  proie. 

En  termes  de  Commerce  marî-^ 
timeon  ^xx^  faire  jeu  parti  ,  quand 
de  deux  ou  piuneursperfonnesinté* 
felTées  fur  un  vailTeau  ,  il  y  en  a 
une  qui  veut  rompre  la  (ociété  , 
&  qui  demande  que  le  tout  de- 
meure A  celui  qui  tera  la  meilleure 
condition  aux  aurres  ,  ou  bien  que 
Ton  faffe  eftimer  les  parts. 
Jbu  de  fief  >  fe  dit  en  termes  de  Ju- 
rifprudence  féodale  ,  d'une  aliéna- 
tion des  parties  du  corps  matériel 
du  fief,  (ans  divifîon  de  la  foi  due 
pour  la  rotalité  du  fief.  11  peut  avoir 
lieu ,  foit  en  faifant  des  fous-inféo* 
dations  ,  ou  en  donnant  quelque 
portion  du  domaine  du  fief  à  cens 
ou  à  rente  ,  ou  en  la  vendant. 

Le  |eu  de  fief  eft  permis  pour  la 
totalité  dans  les  pays  de  droit  écri:  \ 
mais  dans  les  pays  coutumiers  il  eft 
regardé  comme  excefiif  ,  lorfqii'il 
excède  la  portion  dont  la  coutume 
permet  de  fe  jouer.  La  plupart  des 
coutumes  veulent  (jue  le  va(ral  r^é- 
ferve  du  moins  le  tiers  des  domai- 
nes en  fonds ,  comme  celle  de  Paris 
qui  permet  au  vaJTal  de  fe  jouer  de 
(on  fief,  &  faire  fon  profit  des  hé- 
ritages ,  rentes  ou  cens  étant  du 
fief,  fans  payer  aucun  profit  au  Sei- 
gneur dominant ,  pourvu  que  l'alié- 
nation n'excède  pias  les  deux  tiers  ,. 
&  qu'il  retienne  la  foi  entière  &c 
quelque  droit  feigneurial  &  doma- 
nial lur  ce  qu'il  aliène. 

Ce  que  les  coutumes  d'Anjou  , 
du  Maine  &  de  Touraine  appelleiK 
dépié  de  fiej  y  n'eft  pas  le  démem*- 


Ç8  )EU 

brôinenr  du  fief ,  mais  plmot  le  jeu 
exceflîf  du  fief. 

La  peine  du  d^pié  de  fief  &  du 
jeu  exceffif  eft  que  couc  ce  qui  ell 
aliéné  ,  relève  cforénavanc ,  imœé- 
diaceiMnc  du  Seigneur  dominant  du 
vaiTal  qui  »  faic  Taliénation  excef- 
five  \  au  lieu  que  toute  la  peine  du 
démembrement  eft  que  le  Seigneur 
dominant  n'efl:  pas  ooiieé  de  recon- 
noître  la  divifion  que  Ton  a  voulu 
faire  du  fief. 

j£UDi  'y  fubftaBtif  mafculin.  Le  cin- 
quième jour  de  la  femaine.  Il  étoit 
confacte  chez  les  Anciens  â  Jupiter , 
c eft  pourquoi  ils  lappeloient  dies 
JoviSy  d'où  lui  eft  venu  fon  nom. 
Proverbialement  Se  populaire- 
ment ,  pour  donner  â  entendre  qu'u* 
ne  choie  ne  fe  fera  point ,  on  dit , 
quW/(^  fe  fera  la  fcmainc  des  trois 
Jeudis ,  trois  jours  après  jamais  ,  ou 
iimptemçnt  ^  la  femaine  des  trois 
Jeudis. 

On  appelle  Jeudi  gras ,  le  Jeudi 
qui  précède  le  Mardi-gsas.  £c  Jeudi- 
Saint  ou  Jeudi  ahfolu  ,  le  Jeudi  de 
la  Semaine-Sainte. 

JI«Ey  ER  \  nom  propre  d'une  ancienne 
ville  d'Allemagne ,  chef-lieu  dû  Je- 
verland  »  en  w  eftphalîe  ,  à  douïe 
lieues  ,  nord- eft ,  d'Embden. 

jEVERLAND  \  fx>m  propre  d'une 
contrée  d'Allemagne ,  dans  la  Weft- 
phalie.  Elle  renferme  trois  petits 
pays  qui  font  le  Wangerland  ,  TOf- 
tringen  &  le  Ruftringen.  Sa  lon- 
gueur eft  d'environ  huit  lieues ,  & 
la  largeur  de  quatre.  Elle  appartient 
à  la  Maifon  d'Anhalt-Zerbft. 

JEUMERANTE}  fubftantif  féminin 
&  terme  de  Cbarrotlis.  Petite  plan- 
che de  bois  plat  formant  la  fixième 
ou  la  huitième  partie  d'un  cercle  , 
&  qui  fert  de  patron  aux  charrons 
pour  faire  des  jantes  de  roues. 

JEUN^  tertae  doDC  ou  ne  fe  fert  que 


JEU 

dans  cette  exprefiion  adverbiale  k 
jeun  ,  pour  dire ,  fans  avoir  mangé 
de  la  journée.  On  doit  être  à  jeun 

£mr  aller  recevoir  l'Eucharifiie. 
NEj  adjeûif  des  deux  genres.  Jtf- 
venis.  Il  (e  dit  des  perfonnes  qui  ne 
font  guère  avancées  en  âge.  Un 
jeune  enfant.  Un  jeune  ecoli€f.  Un 
jeune  homme.  Une  jeune  fille.  Une 
jeuru  femme.  Ce  foru  des  jeunes  gens 
qui  t^amujent. 

JfiUN£  ^  fe  dit  auffi  des  bètes  &  des 
plantes.  Un  jeune  chien*  Un  jeune 
arbre. 

^ïï  termes  de  Vénerie  on  appelle 
jeunes  cerfs  >  ceux  qui  font  à  leur 
deuxième ,  troifième  &  quatriècne 
tête. 

JfiUNi^  fe  dit  quelquefois  par  rapport 
aux  dignités  »  aux  emplois  qu'on  ne 
donne  d'ordinaire  qu'à  des  perfon- 
nes déjà  avancées  en  âge.  Il  étoit  en* 
core  jeune  quand  on  lui  donna  le  bâton 
de  Maréchal  de  France. 

On  dit  »  dans  mon  jeune  âge  ^dan$ 
mon  jeune  temps  ;  &  poétiquement , 
dans  ma  jeune  faijon  ;  pour  dire  « 
lorfque  j*étois  jeune.  Et  on  dit  auffi 
pocriquement ,  jeunes  déjirs  ,  jeune 
ardeur  &  jeune  courage  ,  en  parlant 
des  défirs  j  de  l'ardeur  &  du  cou- 
rage d'une  jeune  perfonne. 

Jeune  ^  fe  dit  ailfli  de  celui  qui  a  en- 
core quelque  chofe  de  la  vigueur  Se 
de  Tagrcment  de  la  jeunet.  //  ejl 
encore  jeune  ,  quoiquon  le  difefort 
âgé.  Il  aura  toujours  tef prit  jeune.  A 
quatre-vingts  ans  il  avoit  encore  V-bu^ 
meur  jeune. 

On  dit  de  quelqu'un  qui  eft  déjà 
dans  râge«  qu'i/  a  encore  le  goût 
jeune  ;  pour  dire  »  qu'il  akne  le€ 
plaifirs  »  les  divertiflemens  de  la 
jeunefTe. 

On  dit,  qix^une  couleur  eJl  jeune i 
pour  dire ,  qu'elle  ne  convient  qu'à 
déjeunes  geas. 


JEU 

Stvut ,  fignifie  auâi  étourdi  »  évùpôré ,  ; 
qui  n*a  point  encore  iefprie  mur. 
y^ous  le  yerrc\  Jcuju  toute  la  viei 

On  dit  d'un  jeune  garçon  fore 
étourdi  ,   qu*/7  ejl  fou  comme  un 
jeune  ckien^  £t  on  TappelU  figuré- 
ment,  un  feune  tévron^ 

Par  mépris  on  appelle  un  jeune 
iiomme  ,  jeune  barbe.  Vous  n*êtes 
encore  quune  jeune  barbe.  Et  quand 
un  jeune  homme  veut  faire  des  cho- 
Tes  qui  demandent  plus  de  maturité , 
plus  de  poids  que  n'en  ont  ordinai- 
rement CQUK  de  fon  âge ,  on  lui  dit, 
qu'/7  a  encore  la  barbe  tropjeunu 

Jxui^E ,  fe  ditauûi  pour  cadet,  iliam/i 
U  jeune  »  pour  le  difiinguer  de  Martin 
aine^ 

On  dit  proverbialement  »  jeune 
chair  &  vieux  poijjim  ;  pour  donner 
à  entendre  que  la  chair  des  jeunes 
bêtes  eft  plus  délicieufe  ,  &  oue  les 
plus  grands  poiflbns  (ont  d'ot dinaire 
les  meilleurs  au  goût. 

La  première  iyllabe  eft  brcve  »  & 
U  féconde  très-brève. 

J£UNE  i  fubftantif  raafculin.  Ceft  en 
général  un  aâe  deReligion,  par  le* 
quel  on  s'abftienc  d  alimens  ôc  mê- 
me d  autres  chofes  «dont  Tufage  eA 
permis. 

Le  jeune  a  été  dans  tous  les  temps 
•ic  parmi  toutes  les  Nations  un  exer* 
cice  u(ité  dans  le  deuil ,  dans  la  dou- 
ceur 5  dansia  tridefle*  Ceftun  fen- 
timent  qui  eft  en  quelque  forte  inf- 
piré  par  la  nature  qui  dans  ces  cir- 
confiances  fe  refufe  la  nourriture  » 
&  émoulTe  le  fentiment  de  U  faim« 
Kous  ne  voyons  aucun  exemple' du 
jeûne  proprement  dit  avant  Motfe  ; 
Ibit  que  ce  Légiflaceurn'en  ait  point 
Tcmarqué  dans  les  anciens  Patriar- 
ches ;  ce  qui  eft  affez  difficile  i 
croire  »  -puirqu  on  y  voit  des  deuils 
très-grands  &  très-bien  marqués^ 
comme  celui  d'Abraham  pou^Sara^  i 


JEU  {^9 

&  celui  de  Jacob  pour  fon  flts  Jo- 
feph  y  foit  qu'il  n'ait  pas  jugé  nécef- 
faire  d'en  parler  d'une  manière  ex- 

{ greffe  .'  mais  il  paroît  par  la  loi ,  que 
es  jeûnes  même  de  dévotion  pour 
expier  fes  fautes  ,  étoiem  com- 
muns patmi  les  Ifraélites.  Moïfe 
ordcmie  que  fi  une  femme  mariée 
s*engage  par  vœu  i  un  jeûne  de  fu- 
rirogation ,  fi  fon  mari  ne  s'y  op- 
pofe  pas ,  elle  fera  obligée  d'y  fatis- 
faire.  On  ne  parle  pas  du  jeûne  de 
quarante  jours,  que  Moïfe  pafla 
fans  manger  fur  la  Montagne  cTHo- 
teb  j  parceque  ce  jeûne  n'eft  point 
dans  les  règles  ordinaires  de  la 
nature. 

Depuis  Moïfe  les  exemples  du 
jeûne  focitcommnns  parmi  les  Juifs; 
mais  pour  les  jeûnes  qui  fe  lifenc 
dans  leur  calendrier  ,  ils  font  pof- 
térieufs  à  la  loi.  Moi'fe  n'ordonne 
aucun  jeune  particulier  dans  fes  li- 
vres ,  finon  le  jeûne  de  4'expiatioa 
fobnnelle  qui  eft  d  une  obligation 
{lri<ae  &  générale.  Jofiié  Se  les  An- 
ciens dlfracl  demeurèrent  profter- 
nés  devant  l'Ardie  d«puifi  le  matin 
jufqu  au  foir ,  fans  manger ,  après 
la  défaite  des  Ifraélires  devant  JHaï. 
Les  onze  Tribus  qui  avoierK  pris  les 
artnea  contre  celle  de  Benjamin , 
voyant  qu'elles  ne  pouvoiem  tenir 
contre  ceux  de  <?abaa  ,  fe  profter- 
nèrent  devant  l'Arche ,  &  y  demeu- 
rèrentjufqu  au  foir  fans  manger.  Les 
Juifs  fe  fentanr  preflTés  par  le$  Phi- 
4iftins ,  s'aflemblèrent  devant  le  Sei- 
gneur i  Mafpha,  &  jeûnèrent  en 
ia  préfence  jufqu'au  foir.  David 
jeûna  pendant  Ja  maladie  du  premier 
fils  qu'il  avoit  eu  de  Berfabée  fem- 
me dXIde,  Les  Prophètes  ^  Jefiis^ 
Chrifl ,  S.  Jean-flaptifte  4Mu  jeûné 
■dans  pIufieuTs  occafione. 

Le  Roi  de  Ninive  dFrayé  ftr  U 
psédicatioA  4e  Jonas .  cocdâona  ou 


yo  JEU 

non -feulement  les  hommes  ^  maïs 
aulfi  les  aoimauXydemeureroient  fans 
boire  &  fans  manger.  Les  Juifs  dans 
lés  grandes  calamités  publioient 
des  jeûnes  extraordinaires ,  &  fai- 
foienc  jeûner  jufqu  aux  enfans  i  la 
inamelle.Dans  leurs  jeûnes  ordinai- 
res ils  commencent  i  jeûner  dès  la 
veille  après  le  coucher  du  foleil  » 
&  demeurent  (ans  manger  jufqu'au 
lendemain  i  la  même  heure  ,  c*eft- 
à-dire  j  jufqu  au  lever  des  étoiles. 
Ils  ne  prennent  aucune  nourriture  , 
m  aucune  boilfon  pendant  tout  ce 
temps.  Le  jour  de  l'expiation  folen- 
nelle  où  le  jeûneeQ  d*une  plus  grande 
obligation,  ils  jeûnent  vingt *huir 
heures.  Les  hommes  font  obligés 
au  jeûne  dès  1  âge  de  treize  ans'ac-' 
complis  »  Se  les  filles  dès  lage  de 
ente  ans  accomplis.  On  fait  audi 
jeûner  les  enfans  dès  lage  de  fept 
ans  »  fuivant  la  portée  de  leurs  for- 
ces. Pendant  ce  jeune  les  Juifs  s'abf- 
tiennent  non -feulement  de  toute 
forte  de  nourriture  ,  mais  audi  du 
bain ,  des  parfums  »  des  odeurs  > 
des  onârioas.  Ils  vont  nus  pieds , 
vivent  dans  la  continence  ,  èc  n'a- 
fent  point  du  mariage.  C'eft  Tidée 
que  tous  les  Orientaux  ont  du  jeûne. 
Les  Samaritains  font  jeûner  au  jour 
de  Texpiation  folennelle ,  les  enfans 
des  qu'ils  font  fevrés  »  ou  même 
félon  quelques-uns  ,  ceux  qui  font 
à  la  mamelle,  &  cela  pendant  vingt- 
quatre  heures  du  jeûne  de  ce  jour- 
là;  au  lieu  que  les  Juifs  ne  font, 
jeûner  que  les  enfans  de  fept  ans. 

Voici  les  principaux  jours  où  les 
Juifs  font  obligés  an  jeûne.  Au  mois 
deTifri  qui  eft  le  premier  de  l'année 
civile  y  &  le  feptième  de  l'année 
Sainte  ,  ils  jeûnent  le  troifième  jour 
en  mémoire  du  meurtre  Commis  fur 
la  perfonne  de  Godolias.  C'eft  ce 
pièms  jeûne  dont  parle  Zacharie 


JEU 

fous  le  nom  de  jeune  du  /iptânté 
mois. 

Le  feprième  du  même  mois  ils 
célèbreiu  un  jeûne  à  caufe  du  veaa 
d'or. 

Le  dixième  on  célèbre  le  jeûne 
folennel  de  l'expiation. 

Le  fixième  jour  du  fécond  mois 
nommé  Marshtvan  ,  on  jeûne  i 
caufe  que  Sédécias  Roi  de  Juda  eue 
les  yeux  crevés  par  ordre  de  Nabu- 
chodonofor. 

Le  feptième  jour  du  troinème 
mois  on  jeûne  en  mémoire  de  ce 
que  Joachim  Roi  de  Juda  perça 
avec  un  canif,  &  brûla  lesprophé-* 
ries  de  Jérémie. 

Le  huitième  jour  du  quatrième 
mois  les  Juifs  ont  jeûné  en  haine  de 
la  traduâion  de  la  Bible ,  faite  d'hé- 
breu en  grec  ,  par  l'ordre  de  Ptolé' 
mée-Philadelpne. 

Le  neuvième  jour  du  même  itiois 
on  fait  un  jeûne  dotit  les  Rabbins  ne 
rapportent  pas  la  raifon. 

Le  dixième  du  même  mois  ils 
jeûnent  en  mémoire  du  (iége  de  Jé« 
rufalem  par  Nabuchodonofor. 

Le  huitième  jour  du  cinquième 
mois  ils  jeûnent  en  mémoire  des 
Juflies  qui  ont  vécu  fous  Jofité. 

Le  vingt-troifièmêdu  même  mois 
on  célèbre  un  jeûne  â  caufe  dé  \x 
guerre  que  les  onze  Tribus  firent  i 
celle  de  Benjamin ,  pour  punir  l'in- 
jure faite  à  la  femme  d'un  Lévite. 

Le  feprième  jour  du  fixième  mois 
onjeûneàcaufedelathortdeMoïfe. 

Le  neuvième  on  jeûne  à  caufe  de 
la  divifion  des  écoles  de  Sammaï  Se 
d'Hillèl. 

Le  premier  jour  du  (eptième  mois 
de  Tannée  civile ,  qui  elc  le  premier 
de  Tannée  Sainte ,  on  jeûne  â  caufe 
de  la  mort  des  enfans  d'Âaron  con- 
fumés  par  le  feu  facré. 

Le  aixième  du  même  mois  on 


JEU 

«e  à  caufe  de  la  more  de  Marie 
r  de  Moïfe. 

Le  vtngc-fixième  on  jeune  pour  la 
morcdejofaé^. 

Le  dixième  du  huicième  mois  on 
jeûne  pour  la  mort  du  Grand  Prêtre 
Héli  j  &  pour  la  prife  de  TArche. 

Le  vingt-huitième  on  jeûxie  pour 
la  mort  de  Samuel. 

Le  vingt-^roifième  du  neuvième 
mois  on  Jeune,  a  caufe  que  Jéroboam 
Roi  des  dix  Tribus  défendit  à  Tes 
fu jecs  de  porter  les  prémices  â  Jéru- 
faleiu» 

Le  vingt  -  cinquième  du  même 
mois  on  jeune  à  caufe  de  la  mort  des 
Rabbins ,  Siméon  fils  de  Gamaliel  y. 
Iftmcl  fils  d'Élifée  ,  &  Ananias 
Vicaire  du  Grand  Prêtre» 

Le  vingt  -  feptième  on  jeune  i 
caufe  que  le  Rabbin  Hariinaf  ut  brûlé 
avec  le  Livre  de  la  loi. 

Le  drx-fepcième  du  dixième  mois 
on  jeûne  >  à  caufe  que  Moïfe  brifa 
les  Tables  de  la  loi.  Le  même  jour 
on  fàic  mémoire  de  la  ceflàcion  des 
iàcrifiçes ,  &  de  Tidole  placée  dans 
le  Temple  fous  Antiochus  Épi- 
phanes. 

Le  neuvième  du  onzième  mois 
on  jeûne  ,,  i  caufe  que  Dieu,  dir  à 
Moïfe  y  que  nul  des  Israélites  mur- 
murateurs  nentreroit  dans  la  Terre 

Çromife ,  &  que  le  même  Jour  le 
*emple  de  Jéfufalem  fut  brûlé  pre- 
mièrement par  les  Chaldéens  ,  & 
long-temps  après  par  les  Romains: 
ced  le  jeûne  du  cinquième  mois  de 
Vannée  Sainte  j  marqué  dans  Za- 
charie. 

Le  dix-huitième  du  même  mois 
CMi  jeûne  ^  à  caufe  que  du  temps 
d'Achas  »  la  lampe  qui  s'allumoir 
tous  les  foixs  dans  le  Saint  ,  fur 
^ceinte. 

Le  dix -feptième  du  douzième 
mois,  de  L'année  civile ,,  on  jeûnoit 


JEU  71 

en  mémoire  de  la  mort  de  ceux  qui 
ayant  été  envoyés  pour  confidérec 
la  Terre  promife ,  en  firent  un  rap- 

fort  défavanrageux  au  peuple,  6c 
engagèrent  dans  le  murmure. 
Outre  ces  jeûnes  qui  font  corn- 
miins  à  tous  les  Juifs  ,   ils  en  ont 
encore  d  aucies  de  dévotion  ,  prati- 

3  nés  par  les  plus  zélés  Se  les  plus 
évots. 

Les  Rabbins  foutiennent  qu*it 
n'eft  pas  permis  de  jeûner  au  moi» 
de  Mars  j  parceque  c'eft  en  ce  mois» 
que  les  Ifraélices  fortirent  de  TÈ- 
gypte»  &  qu'il  doit  être  rout  entier 
confacré  d  la  joie  &  à  la  reconnoif-- 
fance.  Cependant  quelques-uns  ne 
laiffent  pas  de  jeûner  le  jour  que 
Marie  fœiir  de  Moïfe  mourut  j  par- 
cequ'alors  Teau  ayant  manqué  aa 
peuple  au  campement  de  Cadesbar*^ 
né ,  Uracl  toniba  dans  le  murnHire 
contre  Dieu» 

Les  Égyptiens  ,  tes  Phéniciens 
ont  aufli  eu  des  jeûnes  faccés  r  ea 
Eeypce ,  par  exemple  ^  on  jeûnoic 
toknneUement  en  1  honneur  d'ifis  , 
au  rapport  d'Hérodote. 

Les  Grecs  adoptèrent  les  mêmesr 
coutumes^  Chez  les  Athéniens  il  y 
avoit  plufieurs  fctes  ,  entr  aurres^ 
celle  d'£Ieufine&  des  Thefmopho- 
ries ,  dont lobfervation étoit accom- 
pagnée de  jeûnes ,  particulièrement: 
pour  les  femmes  qui  palFoienr  un; 
jour  entier  dans  un  équipage  lugu- 
bre ,  fansprendre  aucune  nourriture.» 
Plutarque  appelle  cette  journée  la 
plus  trifte  desThefmophories.Ceux: 
qui  vouloient  ie  faire  initier  dans» 
lesmyftères  de  Cybèle ,  étoient  obli- 
gés de  (e  difpofer  à  l'initiation  par 
un  jeûne  de  dix  jours.  S'ilen  faut: 
croire  Apulée  Jupiter,  Cérèsfic  les^ 
autres  Divinités  du  Paganilmeexi^ 
^  geoient'le  même  de  voir  tantdes  Pre- 
nez oa  Prennes  qui  rendoienc  Icucs 


7* 


JEU 


\ 


Qcades^  que  de  otaz  qui  fe  pr^fen* 
coieocfKMirlescoafulcer}  &lorfqu'il 
s*agiflatc  de  fe  purifier  de  quelque 
manière  ^ue  ce  fûc  ,  c'ctoit  un 
préliminaire  indifpenfable. 

Les  Romains  plus  fuperfticieus 
que  les  Grecs  ,  poufsèrenc  encore 
plus  loin  lufage  des  jeûnes.  Numa 
Pompilitis  obiervoic  des  jeûnes  pé- 
riodi<}ues  »  avant  les  facrifices  qu'il 
•ffroit  chaque  année  pour  les  biens 
de  la  terre.  Nous  lifons  dans  Tire- 
Lîve ,  que  les  Déceravirs  ayant  con- 
f ulté  par  ordre  du  Sénat  les  livres  de 
la Sybille  ,  i  loccafîon  de  plufîeurs 
prodiges  arrivés  coup  fur  coup  y  ils 
déclarèrent  Que  pour  en  arrêter  les 
fuites ,  il  falloir  fixer  un  jeûne  pu- 
blic en  riionneur  de  Cérès ,  &  Tob- 
ferver  de  cinq  ans  en  cinq  ans«  Il 
,  paroît  aufli  qu'il  y  avoit  à  Rome 
des  jeûnes  réglés  en  l'honneur  de 
Jupiter. 

Virgile  fait  dire  i  un  Berger ,  que 
les  animaux  mêmes  jeûnèrent  à  la 
mort  de  Ce  far. 

Parmi  nous  le  jeûne  confifte  à 
s'abftenir  de  viande ,  en  ne  faifant 
qu'un  repas  dans  la  journée ,  foit  à 
dîner  avec  une  légère  collation  à 
fouper ,  (bit  à  fouper  avec  une  lé- 
gère collation  à  dîner. 

Le  jeûne  eft  ordonné  par  TEglife 
pendant  le  carême  &  les  quatre- 
temps.  II  y  a  aufli  dans  les  Diocèfes 
pluUeurs  icres  de  Tannée  ,  qui  font 
précédées  d'un  jeûne  que  l'Evcque 
peut  établir  ou  abolir.  Le  jeûne  de 
carême  a  été  établi  dès  les  premiers 
fiècles  de  TÉglife  ,  afin  qu'ïl  y  eût 
un  temps  de  Tannée  confacré  i  la 
pénitence  ,  &  pour  imiter  Texemple 
de  JefuS'CkriJl  qui  a  jeûné  pendant 
quarante  jours.  Les  Evèques  modé- 
rèrent quelque  foisi  'auftéritédu  carê- 
me, en  permettant  l'ufage  des  œufs 
&  du  laitage  aux  6 délies  de  leur 


JEU 

Diocèfe.  Cette  permifllion  ^hdonne 
quand  le  poiflbn  eft  rare  ,  buRfians 
dbs  temps  de  difette.  Lorfque  M. 
l'Archevêque  de  Paris  juge  à  propos 
d'accorder  Tufage  des  oeufs  &  du 
laitage  dans  fon  Diocèfe  ^  le  Parle-* 
ment  rend  un  Arrêt  par  lequel  il 
permet ,  en  conféquence  du  man* 
dément  de  TArchevêque  »  d'expo-^ 
fer  des  oeufs  8c  du  laitage  en  vente 
dans  les  marchés. 

L^Eglife  n'a  point  ftatoé  fur  Tage 
auquel  l'obligation  de  jeûner  com- 
mence j  ni  fur  le  temps  où  elle  finit  ^ 
mais  on  doit  croire  que  cette  obli- 
gation dure  autant  qu'on  eft  en  état 
d'accomplir  le  précepte. 

On  ne  jeûne  jamais  le  Diman« 
che  »  &  on  ne  fait  point  abftinençe 
le  jour  de  Noël.  Dans  les  Diocèfes 
où  la  Cathédrale  eft  fous  l'invoca- 
tion de  Notre-Dame ,  il  eft  permis 
d'ufer  d'alimens  gras  y  les  famedis 
qui  fe  trouvent  entre  la  fête  de 
Noël  6c  la  Purification. 

Les  Curés  peuvent  en  connoîf- 
fance  de  caufe ,  difpenfer  du  jeûne 
&  de  Tabftinence. 

Le  jeûne  des  Proreftans  tc  CzU 
viniftes  diffère  du  nôtre ,  en  ce  qu'il 
leur  eft  permis  de  manger  de  la 
viande  ,  &  qu'ils  ne  peuvent  man« 
ger  qu'après  foleil  couché. 

Les  Mufulmans  ont  aufli  leurs 
jeûnes  qu'ils  obfervent  pendant  4e 
mois  entier  de  Ramadam  ,  qui  eft 
le  neuvième  mois  de  Tannée  Arabi- 
que. Ce  mois  eft  lunaire  &  change 
perpétuellement  de  place  ,  roulant 
fucceflîvement  dans  toutes  les  fai^ 
fons  de  Tannée  \  parceque  ces  peu- 
ples ne  reçoivent  pomt  dlnter- 
catation.  On  dit  que  ce  jeûne  a 
été  inftîtué  en  mémoire  de  Tal^ 
Coran  que  Mahomçt  dit  lui  avoir 
été  envoyé  en  ce  mois  là.  Il  confifte 
à  ne  boire  ,  ni  mang^er ,  ni  fumer 

fendant 


JEU 

f)enâant  tout  le  jour ,  det>uî$  k  man 
tin  jufqu'au  lever  des  étoiles  ;  après 
quoi  ils  boivent  &  ils  mangent  tant 
qu'ils  veulent  toute  la  nuit ,  fi  ce 
n'eft  que  le  vin  leur  eft  encore  plus 
étroitement  défendu  en  cette  ren- 
contre qu'aux  autres  temps.  On  en 
a  vu  à  qui  Ton  a  fait  avaler  du  plomb 
fondu  pour  avoir  violé  cette  règle. 

Nul  n  eft  exempt  du  jeûne ,  ni 
femme  ,  ni  foldat ,  ni  voyageur  , 
ni  ouvrier ,  ni  artifan  ,  ni  pauvre  , 
ni  riche  :  le  Sultan  jeûne  comme 
hs  autres.  Les  malades  qui  font 
dans  rimpuiffànce  de  jeûner  le  Ha- 
madam ,  font  obligés  de  jeûner  un 
autre  mois  après  leur  convalefcence. 
La  foif  furtout  eft  très-pénible  aux 
voyageurs  &  aux  ouvriers  j  mais  il 
faut  la  foufFrir ,  ou  G  l'on  rompt  fon 
jeûne,  (e  refoudre  déjeuner  autant 
de  jours  dans  un  autre  temps.  La 
plupart  demeurent  tout  le  jour  dans 
«ne  grande  inaétion  >  évitant  fur- 
tout les  exercices  qui  peuvent  cau- 
,  ier  de  l'altération. 
JeDne  ,  outre  fes  diverfes  acceptions 
«n  matière  de  Religion ,  fe  dit  de 
toute  abftinence  dalimens. 

La  privation  totale  des  alimens 
aux  heures  où  Ton  a  coutume  d'en 
prendre ,  eft  fouvent  d'un  auffi  grand 
effet  pour  préferver  des  maladies  , 
ou  pour  empêcher  le  progrès  de  cel- 
.     les  qui  commencent  ,   que  Tufage 
modéré  qu'on  en  fait ,  eft  utile  & 
.     néceffaire  pour  conferver  la  famé  : 
ainfi  les  perfonnes  d'un  tempéra- 
ment foible  ,  délicat  ,  fe  trouvent 
très-bien  ,  non- feulement  de  ditni- 
nuer  de  temps  en  temps  la  quantité 
ordinaire  de  leur  nourriture  ,  mais 
encore  de  s'abftenir  entièrement  de 
manger  ,  en. retranchant  par  inter- 
valles  quelques  repas  i  ce  qui  eft 
furtout  tr^s-falutaire  danç  le  cas  de 
.     pléthore  ,  comme  lotfqu  on  a  palle 
Tome  XK» 


JEU  73 

«aelque  temps  fans  faire  antanc 
^exercice  qu  à  l'ordirtaire  ,  lorf- 
qu'on  a  été  expofé  pat  quelque  caufe 

2ue  cefoit,  â  quelque  fuppreffion 
e  la  rranfpiration  infenfible ,  ou  de 
toute  autre  évacuation  néceflaire  ou 
utile ,  lorfque  les  humeurs  conden- 
fées  par  le  froid  &  la  plus  grande 
aftion  des  vai fléaux  qui  en  font  une 
fuite  >  fe  difpofent  à  tomber  en  fonte 
par  le  retour  de  la  chaleur  de  l'air. 

Au  refte  le  jeûne  ne  convient ^jas 
également  à  toutes  fortes  de  perfon- 
nes j  il  faut  être  d'uh  âge  avancé 
ffour  le  bien  fup|>orter  ,  pàrceqil'on 
ait  alors  moins  cediATipation.  Aufli 
Hippocrate  afsûre-t  il  que  les  vieil- 
les gens  fe  padent  plus  facilement 
de  manger  que  les  autres  ,  par  op- 
pofition  aux  enfans  qui  ne  fé  paffenc 
que  difficilement  de  prendre  de  la 
nourriture ,  &  ainfi  à  proportion , 
tout  étant  égal ,  par  rapport  aux  dif- 
férons temps  de  la  vie. 

On  dît  proverbialement  de  quel- 
qu'un qui  a  été  long -temps  (ans 
trouver  de  quoi  manger ,  i\\xil  a  bien 
fait  des  ^unes  qui  nétoient  pas  de 
commandement* 

La  première  fyllabe  eft  longue 
&  la  féconde  très-brève. 
JEUNEMENT;  adverbe.  Nouvelle- 
ment. Il  ne  fe  dit  qu'en  termes  de 
Vénerie  &  en  cette  phrafe  y  un  cerf 
de  dix  cors  jeunemenc;  pour  dire^ 
un  cerf  qui  a  pris  depuis  peu  un  cors 
de  dix  andouillcrs  de  chaque  côté. 
JEÛNER  î   verbe  neutre  de  la  pre- 
mière conjugaifon  ,  lequel  fe  con- 
jiçue  comme  Chanter.  Obferver 
les  jeûnes  ordonnés  par  TEglife.  // 
jeune  tous  les  vendredis.  Les  enfans 
les  malades ,   les   voyageurs  ,  font 
difpenfés  de  jeûner.  On  le  fit  jeûner 
au  pain  &  à  l'eau. 

On  dit  proverbialement  &  figu- 
rément  ,  jcùnér  à  feu  &  à  fang  ; 


74  ÏEU 

pour  dire  ^  jcuncr  avec  une  extrême 
exaâlcude,  &  dans  coaie  la  rigueur 
du  jeûne. 
Jeûner  ,   (ignîfie  aufli  manger  peu , 
ou  même  moins  qu'il  ne  faut ,  foit 
par  une  abftinende  volontaire  »  foit 
par  une  abftinence  forcée.  Son  Mé- 
decin 'lui  recommande  déjeuner*  Il  fait 
fouvent  jeûner  fa  femme  &fes  enfans.  ' 
La  première  fyllabe  e(t  longue , 
&  la  féconde  longue  ou  l)rève.  f^. 

^r  ER.be 

JEUNESSE  i  fubftamif  féminin.  Ju^ 
ventus.  Cette  pattie  de  la  vie  de 
rtiomme  qui  ett  entre  Tertfante  & 
Tage  viril.  Ces  chofes  fe  pafsirent 
durant  fa  jeuneffe^  Il  eut  une  jeunejfe 
bien  turbulente.  Les  feux  de  la  jeu^ 
nejfe.  Ilj^affafijeunejfè  dans  Voifi" 
vête.  On  ne  lui  reproche  que  quelques  - 
*  traits  de  JeaneJfL 

On  dit  quelquefois  ,  de  jeunejfe;  ' 
pour  dire  ,  dès  k  jeunèffe.  //  sac-\ 
xoutuma  dz  jeunejfe  à  la  fatigue» 

On  dit  proverbialement  &  figuré- 
4nent ,  jeunejfe  ejl  forte  à  pyfer  ; 
jK)ur  dire ,  que  dans  il  jeuneÛè  on 
al)iende'la  peine  à  modérer  Tes  paf-» 
:fions.  Et  Ton  dit  à  peu  près  dans  le^ 
*même  fens  ,  il  faut  que  jeunejfe  fe , 
paffe  ;  pour  dire  ,  que  la  jeuneàfe' 
elTfuiette  i  faire  des lauces,  &  qu'il 
HFaut  les  excufec«  ! 

'On  dit  iigurément  &  proverl>iale- 
'ment.y  Ji jeunejfe  favoit  &  vieillejfe] 
.pouvoit;  pour  dire  ^  fî  la  jeunelfe; 
avoir  l'expérience  ^  &  que'k  vieil- 
lefle  eût  la*force. 
.Jeunesse,  lignifie  aulfi  ceux  qui  font 
dans  1  âge  de  la  jcunefTe.;  ficmême 
il  fe  dit  pareillemem  des  perfbnnes 
qui  font  encore  dans  l'enfance.  Inf 
truire  la  jeunejfe.   C^jl  une  tonne  ^ 
école  pour 'la  jeunejfe. 
Jeunissb  ,  fe  dit  encore  de  ceuxqui 
font  dans  l'â^e  de  vingt  ans  i  trente- 
^inq  ou  environ.  Il^avoit  bien  dt 


JEU 

la  belle  jeunèffe  dani  cefte  affemlHe. 

Jeunesse  ,  fe  dit  quelquefois  de  l'im- 
pnidence  Se  des  folies  de  la  jeu- 
nèffe. Il  fit  bien  desjeunejfes  autre^ 
fois.  C*efi  une  jeunejfe  quil  faut  lui 
pardonner. 

Jeunesse  ,  fe  dît  entermes  de  Mytho» 
logie ,  d'une  Divinité  des  Romains  t 

3m  préfidoit  à  l'â^e  de  la  jeunefle  » 
epuis  que  les  enfans  a  voient  prit 
-la  robe  appelée  prétexte.  Elle  fut  no- 
norée  long- temps  au  Capitole  ;  en* 
fuite  Marcus  Livius  Salmstor  lui 
voua  un  Temple  tandis  qu'il  étoit 
Cenfeur ,  &  quinze  ou  feize  ans 
après  le  Daumvir  C.  Licinius  Lu- 
cullus  en  fit  la  dédicace. 

La  première  fyllabe  eft  brève  « 
la  féconde  moyenne  j  &  latroifième 
très-brève. 

JEUNET ,  ETTE  ^  adjeftif  qui  n^a 
guère  d'ufage  que  dans  le  ftyle  fa^ 
milier ,  &  qui  (ignîfie  extrêmement 
jeune.  //  eft  encore  jeunet.  Elle  étoie 
bien  jeunette  quand  il  Vépoufa* 

JEÛNEUR ,  EUSE  j  fubftantif.  Celui 
ou  celle  qui  jeûne  beaucoup  &  fou- 
vent.  Cefi  un  grand  jeûneur ,  une 
grande  jeûneuje.  11  ne  s'emploie 
guère  qu'avec  l'adjeâif  grand. 

JEVRASGHKA;  fubftantif  mafculin. 
Animal  de  Sibérie  qui  eft  une  ef- 
pèce  de  petite  ^marmete  avec  une 
tète -ronde  &  un  mufeau  écraie  :  on 
ne  lui  voit  point  d'oreîUes  ,  ficTon 
ne  peut  même  découvrir  l'ouverture 
du  conduit  auditif  qu'en  détournant 
le  poil  qui  le  couvre  \  la  longueur 
du  corps  V  compris  û  tète ,  eu  tout 
au  plus  aun  pied  \  la  queue  n'a 
guère  que  'trois  pouces  y  elle  eft 
prefque  ronde  auprès  du  corps  -y  àc 
enfuite  elle  s'aplatit ,  6c  fon  extré* 
mité  paroît  tronquée.  Le  corps  de 
cetanimal eft  a(Ièz épais,  le  poil  eft 
fauve,  mêlé  de  gris ,  6c  celui  de 
L'extrémité  de  U  queue  eftjprefque 


\ 


JEZ 

■oîr.  Ijts  jambes  font  courtes  »  celles 
Je  derrière  font  feulemenc  plas  lon- 
gues que  celles  de  devant.  Les  pieds 
de  derrièse  ont  cinq:  doigts  &  cinq 
engles  noirs  &  un  peu  courbés  » 
ceux  de  devant  n'en  ont  que  quatre: 
lorfqn'on  irrite  ces  animaux  »  ou 
feulement  qu'on  veut  les  prendre  , 
ils  mordent  violemment  »  de  font 
sn  cri  aigu  comme  Iz  macmotte  j 

Îiuand  on  leur  donae  al  manger  ils 
e  tiennent  affis  >  &  portent  a  leur 
|ueuU  avec  les  pieds  de  devant  : 
ils  fe  f echerchent  au  printemps  & 
produifenr  en  été  ;  les  portées  or- 
dinaires font  de  cinq  oo  fis  ;  ils  fe 
font  des  terriers  où  ils  paffenc  l'hi- 
ver &  où  la  femelle  met  bas  & 
alaite  fes  petits» 

JEZER  ;  nom  propre  d'une  ancienne 
ville  de  la  Paleftine  »  dans  la  tribu 
de  Gad. 

JÈZIDE  ou  jBzinâEK  ;  fubftantif 
jnafculin.  Terme  de  Relation  qui 
fignifie  hérétique  chez  les  Maho- 
métans.  Léunclaviusdit  que  ce  nom 
vient  d'an  Émir  nommé  Jézidc  »  qui 
tua  les  deux  fils  d'Ali ,  nafan  & 
Huflein  j  neveux  de  Mahomet  par 
leur  mère  »  &  qui  perfécuta  la  pof- 
tcrité  de  ce  prophète.  "Les  Âgaré- 
niens  dont  il  étoit  Émir  ou  Prince , 
le  regardèrent  comme  un  impie  6c 
un  hérétique  ,  &  de  U  vint  la  cou* 
cunîe  d'appeler  Jc^idéens  les  héré- 
liques. 

Quelques-uns  parlent  des  Jt^idts 
comme  d'un  peuple  particulier  qui 
parle  une  langue  différente  du  Turc 
^  du  Perfan ,  quoiqu'elle  approche 
de  la  dernière.  Us  difent  qu'il  y  a 
deux  fortes  de  Jérides ,  les  blancs 
&  les  noirs.  Les  blancs  n'ont  point 
le  collet  de  leurs  chemifes  fendu  \ 
il  n'a  qu'une  ouverture  ronde  pour 
pafler  la  tète  »  &  cela  en  mémoire 
a  un  cercle  d'or  &  de  iumièie  def- 


JEZ  7f 

cendu  du  ciel  dans  le  cou  de  leur 
grand  Scheik  on  chef  de  leurs  fec* 
tes.  Les  Jé^itUs  noirs  fonc  faqufrs. 
ou  religieux. 

Les  Turcs  &  les  Je^ides  fe  haïf- 
feni  fort  les  uns  les  autres ,  &  la. 
plus  grande  injure  que  l'on  puifle 
dire  à  un  hcmme  en  Turquie  ,  c'eflî 
de  l^appeler  Jé{ide.  Au  contraire 
les  Jéiidcs  aiment  fort  les  chrétiens^. 
parce  qu'ils  font  perfuadés  que  Je-* 
fidê  leur  chef  eft  Jisus-CttRisT  ^ 
eu  parce  qu'une  de  leurs  traditions 
poste  que  Jc\îde  fit  autrefois  aU 
liance  avec  les  chrétiens  contre  let 
Mufttlmans. 

Ils  boivent  du  vin  même  avec  ex- 
cès ,  6t  mangent  du  norc.  Ils  ne  re-^^ 
^oivent  la  circenciuon  que  qu.  ndi 
ils  Y  fonc  forcés  par  tes  Turcs.  Leur 
ignorance  eft  extrême  ;  ils  n'ont  au- 
cun livre  ;  ils  croient  cependant  à 
l'évangile  &  aux  livres  facrés  des 
Juifs  t  fans  les  lire  ni  fans  les  avoir; 
ils  font  des  vœux  Se  des  pèlerinages» 
mais  ils  n  ont  ni  mofquées  ni  tenr.^i^ 
pies  ,  ni  oratoires ,  ni  rères  »  ni  cé- 
rémonies ,  &  tout  leur  culte  fe  ré-* 
dttit  à  chanter  des  cantiques  fpi- 
rituels  à  l'honneur  de  Jés us-Christ^ 
da  la  Vierge  ,  de  Moïfe  Se  de  Ma- 
homet. Quand  ils  prient  ils  fe  tour-^ 
nent  duc6téde  l'orienta  l'exemple 
des  chrériens ,  au  lieu  que  les  Turcs 
regardent  le  midi  ;  ils  croient  qu'il 
fe  pourra  faire  que  le  diable  ren-* 
trera  en  grâce  avec  Pieu ,  &  ils  le 
regardent  comme  l'exécuteur  de  la 
juuice  de  Dieu  dans  l'autre  monde. 
Delà  vient  Qu'ils  fe  font  un  point 
de  religion  de  ne  le  point  maudire i^ 
de  peur  qu'il  ne  fe  venge  :  aufli 
quand  ils  en  parlent  ils  le  nomment 
1  ange  paon ,  ou  celui  que  les  igno- 
rans  maudilTènt. 

Les  Jé^ides  noirs   font  réputés 
iaints  «  le  il  n'eft  pas  permis  dQ 

K  ij 


7^ 


JIT 


pleurer  leur  oiort^  on  s'e;D  réjouie; 
ils  ne  font  pout^anc  la  ptuparc  que 
bergers.  Une  leur  eÇt  pas  permis 
de  ruer  eux-mêmes  les  animaux 
donc  ils  mai^efic  la  viaxide  ,  8c  ils 
laiffent  ce  foin  auXf  Jc[ides  blancs. 
Les  Jé^ides  v-qoc  ei>  rtpupc  comme 
l^s  Arabes  y  çh^ngetH  fouvenc  de 
demeutie ,  &  babiçenr  fous  des  pa- 
villonsiooics  faits  de  poildechèvre» 
df,  entourés  de  gros  rofeaux  5<  d'é- 

E'n^  lies  eofemble.  Ils  difpofenr 
urs  tentes  en  rond  ,  &  mettent 
leurs  troupeaux  au  milieu.  Ils  ache- 
Sfïnc  leurs  femmes ,  donc  le  prix 
ordinaire  eft  dé  deux  cens  écus  ^el- 
IesiX}|i'elles  ibi^nr.  Le  divorce  leur 
eft  permis ,  pourvu  que  ce  foie  pour 
ip  faire  f^qi^ir*  C'eft  un  crime  par-* 
mi  eux  de  rafer  ou  de  couper  fa 
barbe  quelque  peu  que  ce  foit.  Us 
ont  certaines  coutumes  qui  fem- 
blent  montrer  qu'ils  defcendenc  de 
quelque  forte  de  chrétiens  \  par 
exemple  >  dans  leurs  feftins  Tun 
d'eux  préfente  une  raiTe  pleine  de 
vin  à  un  autre ,  &  lui  dit  :  prenez 
ce  calice  du  fang  de  Jàsus-Chaist; 
eelui-ci  hai(e  la  main  de  celui  qui 
lui  préfente  la  tafTe,  &;  la  boic. 

lEZRAËL  ;  nom  propre  d'une  an- 
cienne ville  de  la»  Paleftine  », dans^ 
la  tribu  de  Juda. 

Il  y  avoir  une  autre  ville  de  mê- 
me nom  dans  la  tribu  d'Iflachar. 
Voyc\  Jbsrael. 

JITO  ;  fubftanrif  mafcnUn.  Arbce 
du  Bréfll  dont  les  baies  ronges  dans 
leur  maturité,  &.conftammenr at- 
tachées i  leur  pédicule  pendant 
toute  l!année. ,.  font  difpofées  en 

'  ferme  de  grappes  de  raifin,  &  ref- 
lemblent  àce  frultpar  leur  figuce 
Ac  par  leur  couleur  j.mais^elles  foqr 
figneufes  en  dedans,  &  ne  donnent 
aucun  jus.  La;^  vert4\  médicinale  de 
Cl  fi  arbre  réf  d&  dans  Técorce  jauoe. 


JOA 

Si  acre  de  fa  racine,  oui  purge  avee 
violence ,  même  à  la  aofe  d'un  fcru^ 
pule. 

JITA  j  vcycç^  CARrcuEiBïJu. 

JOACHIMITES;  {les)    hérétiques 

Îui  fuivirent  la  dodirrijie  de  TAbbé 
oachim  fur  la  morale.  Cet;  Abbé 
.  qui  étoit  de  Flore  en  Calabre  ,  vi- 
ioit  iune  perfeâion  extraordinaire; 
il  s'étoit  aéchainé  contre  la  corrup-- 
tion  du  fiècle  y  il  étoit  exceflive- 
ment  prévenu  pour  la  vie  crémiti-^ 
que  &  pour  ce  qu^on  appelle  la  vit 
intérieure  &  reririe  ;  il  ne  vouloir  pas. 
que  Ton  fe  bornât  à  la  pratique  des- 
précepres  de  l'évangile.  Quelques» 
petfonnes  prirent  de  lioccafion  de 
dire  que  la  loi  de  l'évatigile  étoic 
imparfaire ,.  &  qu'elle  devoit  être 
fuivie  par  une  loi  plus  parfaite  ;  que* 
cette  loi  étoit  la  loi  de  l'efprir  ,  qUl 
dévoie  être  éternelle. 

Cette  loi  de  l'efprît  n*éroîc  que- 
la  colleélion  des  maximes  de  cette^ 
faufle  fpiritualité  dont  les  Joachi-^ 
mites  faifoiebt  profeflion ,  &  qu'ils 
renfermoient  dans  un  livre  auquel 
ils  donnèrent  le  nom  à^évangUê- 
éterneL 

Les  loachimices  fuppofoienr  dans* 
la  religioir  rrois  époques  :  la  pre- 
mière commençoit  au  temps  de- 
Tancien  teftament,  &  la.  féconder 
au  -nouveau  teftament  ;  mais  le: 
nouveau  teftament  n^étoit  pas  une 
loi  parfaite  j  il  devoit  finir  &  faiie 
place  i  une  loi  plus  par&ice  qui  (êra^ 
éternelle  ;  cette  loi  eft  la  morale 
de  l'Abbé  Joachim  que  Ton  donne 
dans  l'évangile  éternel  :  or  on  y 
enfeigne  que  pour  prêcher  révangile- 
érernel ,  il  faut  être  déchauflé  \  que 
nijisus  CHRisr  ni  lès  apôtres  n'oBC 
atteint  la  perfeâion  de  la  vie  coo-*- 
templative  ;  que  depuis  Jèsus*^ 
Christ  jùfqtt'â  l'Abbé  Joachim  ,  lax 
ide  adive^  avoit:  été  utile  ;  niais 


JOA 

^puls  qae  cet  Âbbé  avoic  para  far 
k  terre '»  la  vie  adive  étou  dew- 
Due  iniuile  »  &  que  la  contempla- 
tive donc  cec  Abbé  avoir  donné 
l'exemple  ,  feroit  bien  plus  luilet 

Tels  fontlçs  principes  derévstfi* 
gile  éternel  :  il  eft  rempli  d*exrca- 
yagances  fondées  ordinairement  fur 
quoique  interprétation  myftique  de 
quelque  palfage  de  TÉcriture  Sainte. 
L  évangile  éternel  a  été  attribué 
à  Jean  de  Rome  9  fepcième  Géné- 
ral des   Frères  Mineurs  y  d  autres 
Tattribuent  à  Âmauri  oa  à  quel- 
qu'un de  fes  difciples  y  quoi  qu'il 
en  fôit ,  il  eft  certain  que  plu(jeùrs 
xeligieuxapprouvèrent  cet  ouvrage, 
&  que  quelques-uns   d'entre  eux 
voulurent  enleign^r  cette  doârine 
dans  rUniverHté  de  Paris  en  11 5*4. 
L'évangile  éternel  a  été  condam- 
né par  Alexandre  IV  ,  &  par   le 
Concile  d* Arles  en  1 2^0. 
JOACHIMSTALL  j  nom   propre 
d'aune  ville  &  vallée  de  Bobeme  i 
dans  le  cercle  d*Elnbogen.   On  y 
découvrit  au    commencement   du 
feizième  iîècle  de  riches  mines  d'ar- 
gent. 
K>A4LLERîE  ;   fubftantif  féminin. 
Art ,  métier  de  Joaillier.  S'adoa^ 
ntr  à  la  joaillerie* 
JOAILLIER;  fubftantif  mafculin. 
Celui  qui  mec  en  œuvre  toutes  for- 
tes de  pierreries  &  dç  diamans  & 
qui  en  fait  commerce. 

Les  ouvrages  qui  (ont  partie  de 
l'a  joaillerie  font  eu  très-grand  nom- 
bre aujouvi'hui  furtout  que  le  luxe 
&  le  gpûtde  la  parure  font  poufles* 
à.  l'excès. 

Les  principales  pierres  précieu- 
fes  que  Ton  emploie  dans  les  paru-^ 
res  ,  Ibnt  Ife  diamant  ,  le  rubis  , 
rémeratuJbss  le  faphir  ,  la  topaze  ,, 
ropale-y  la-  turquoife,  Tamétiilfte  ,: 
W  g^eMCi  raigiK>ma€tpe  9>lasérû- 


JOA  77 

dot ,  la  jacinthe  »  la  perle  >  l'agathe 
atborifée,  &c. 

On  empLoyoit  fort  rarement  le 
diamant  avant  le^  règne  de  Louis 
XIII ,  parcequ  on  n'avoir  point  en- 
core trouvé  le  fecret  de  le  tailler  » 
&  ce  n'eft  proprement  que  (bus 
Louis  XIV  que  Ton  a  commencé 
d'en  faire  ufage.  Les  anciens  leçon- 
noiffoient ,  mais  ils  en  faifoient  pea  * 
de  ca»^   ils  eftimoienr  beaucoup 
plus  les  pierres  de  couleursL  &  Air- 
tout  les  perles*  Agnès  Sorei  y  qui 
aimoit  la  parure ,  efb  la  première 
femme  qui  ait  porté  des  pierre» 
ries  en  Fcanoe*  Anne  de  Bretagne 
eft  la  féconde»  Depuis  François  !> 
qui  a  chaifé  la  barbarie  Se  rappelé 
U^ arts,  jiifqu'à  Louis  XUl ,  touteS' 
les  parures  n'étaient  composées  que* 
de  pierres  de  couleur  &  de  perles. 
On  portoit  des  agralfes  dedifEéreU' 
tes  pierres  de  couleur ,  &•  quelque- 
fois on  y  mettoi«  un  dâamane  aw 
milieu.  Pour  les  perles ,  fu&tout  les* 
perles  en  poires  ,  elles  éroient  fif 
communes^'  (i  à  lamode  en  Fraoce,. 
fous  Heri  111  &  fous  Henri  IV ,  que 
les  femmes    &    les    hommes  en^ 
avoient  fouvenr  leurs  habits  femés- 
depuis  le  haut  jufqu'en  bas..  Les» 
femmes  ont' confervé  l'ufage  des^ 
perles  jurqu'i  la  mort  de  la  Reine- 
Marie-Thérèfe   d'Autriche.    G'e(t 
à  peu  près  l'époqueoù  les  diamans* 
brillans   ont  commencé  à  devenir 
en  vogue  ».&  i  obtenir  la  préférence^ 
fur  toutes  les  autres  parures- deLpier-- 
vts  précieufesk 

La  dureté  ,  la  tranfparence ,  \t^ 
jeu  éclatant  des  reflets  des  diamans^ 
&  leur  pefarueur  fpéciâque  fonr  . 
les  principales  qualités  qui  les  £3nir 
reconnoitre  parmi. lesautres  pierres^ 
précieufes*  On  ne-trouvioir  autre-^ 
fois  des*  diamans  que*  dans^  les  I^v- 
desvoxieBiales  ^»ptmugalemeiM:^dàn$s 


78  JOA 

la  partie  inférieure  de  l'Indbftan* 
Ha  1677  il  y  avoir  vingt-rroir«H- 
nés  de  diamans  ouverres  dans  le 
Royaume  de  Golconde  ;  aujour^ 
d'hui  c  eft  da  Brétîl ,  Province  de 
l'Amérique  méridionale  apparte- 
nance aux  Portugais >  que  l'on  tire 
la  plus  grande  partie    des  diamans 

âui  fe  répandent  en  Europe  ;  mais 
apaCTent  pour  avoir  moins  de  du- 
reté que  ceux  d'orient  »'  auflî  les 
Joatilliers  dafinent*ils  Tépithète  à^o- 
'  rUruales  i  toutes  les  pierres  fines 
qui  ont  la  perfeéfcion  que  l'on  exige. 
Les  diamans  blancs ,  &  dont  l'eau 
eft  bien  nette  >  lont  les  plus  eftimés. 
Dans  le  commerce  on  entend  par 
sau  9  la  cranfparence  du  diamant. 
Les  défauts  qui  peuvent  fe  trouver 
dans  la  netteté  de  cette  pierre  pré- 
cienfe  i  font  les  couleurs  fales  fie 
noirâtres;  les  glaces,  les  points 
rouges  ou  noirs»  les  filandres  &  les 
Veines.  Ces  défatws  que  l'on  ex- 
prime par  diâerens  noms ,  cemme 
tables  y  dragons  ^jardinages  ^viennent 
ou  de  ce  que  les  matières  étrangères 
font  incorporées  dans  le  diamant , 
ou  de  ce  que  les  ouvriers  en  caflant 
les  roches  à  coup  de  malTe,  donnent 

Iuelquefois  ûir  les  diamans  bruts 
es  coupf  qui  les  fêlent. 
La  netteté  &  la  tranfparence  dans 
un  beau  diamant  dépendent  de  la 
nature  j  mais  l'éclat  6c  la  vivacité 
.viennent  de  la  iaille  que  leur  donne 
le  lapidaire  ou  diamantaire. 

On  diftingue  facilement  les  pier- 
res fines  naturelles  des  faâices ,  par 
le  poids  &  par  la  dureté;  mais  la 
couleur  des  dernières  imite  quel- 
quefois bien  celle  des  premières.  On 
connoit  la  dureté  par  TelTai  de  la 
lime  qui  ne  mord  point  fur  les 
pierres  fines  naturelles  ;  mais  ce- 
pendant le  faphi'tj  l'améthifte  orien- 
tale^ la  topaze»  la  chry folite ^  8c 


JOA 

toutes  celles  d'entre  les  pierres  pré- 
cieufes  »  dures  6c  tranfparentes  qui» 
ont  la  propriété  de  perdre  leur  cou« 
leur  au  feu ,  ont  fouvent  donné  àes> 
diamans  faâices ,  que  les  plus  hft- 
biles  connoilTeurs  avoient  peine  h 
difcerner  de  ceux  q^e  la  nature  pré* 
fente  tour  formés. 

Les  pierres  faulfès  oirde  compo-^ 
ikion  les  pluS'  â  la  mode  font  le» 
/Iras  f  nottt  d'un  Jbaillier  de  notre 
temps  »  qui  le  premier  les  a  mifes- 
en  vogue;  elles  ne  diffèrent  des  fines- 
que  par  la  dureté  &  le  potds> 

Les  deux  plus  beaux  diamans  que 
le  Roi  pofsède  font  le  Régent  &  le 
Sancy, 

Le  Régent  fut  acheté  d'un  Anglois^ 
par  feu  M.  le  Dur  d'Orléans ,  Ré- 
gent ,  qui  lui  a  donné  fou  nom.  Il 
pèfe  547  grains»  ou  137  ka^sars 
moins  un  grain  5  &  a  coûté  deur 
millions  cinq  cens  mille  livres^  mais 
il  eft  eftimé  aujourd'hui  cinq^  mil- 
lions. Il  eft  fi  parfait  »  qu'il  pafle 
pour  être  le  plus  beau  du  monde. 

Le  Sancy  pèfe  1x6  grains:  il  eft 
de  figure  oblongue>fbrmant  une  dou-* 
ble  rofe  »  d'uneeau  &  d'une  netteté 
parfaite!  Ce  fut  M.  de  Harlay ,  Bz* 
roa  de  Sancy,  Ambailadeur  de 
France  i  Conftantinople ,  qui  l'ap- 
porta au  Roi  9  6c  lui  donna  Con 
nom.  Il  n'a  coûté  que  fix  cens  mille 
livres }  mais*  on  l'eftime  biendavan^ 
rage. 

Pour  donner  tme  idée  de  la  joaiU 
lerie,  nous  parlerons  de  la  façon 
de  mettre  en  œuvre ,  c'eft-â-dire  de 
monter  une  pierre  »  &  d'en  former 
une  bague. 

Pour  faire  une  bague  â  une  pierre 
feule  ;  on  prend  une  ferrilTure  d*or 
qui  eft  un  ni  d'or  deftiné  à  entourer 
la  pierre  ^tcon  adapte  cette  fertif« 
fure  à  la  pierre. 

Après  cette  opération  on  fait  le 


JOA 

!fond  delà  bague*.}  oa  a  ane  plaque 
4)  oc  qu'on  emboutit  9  c*eil-à-dire  , 
qu'on  creufe  dans  un  de  à  emboutir 
avec  unie  bouterolU. 

Le  dé  à  emboutir  efttin  morceau 
de  cuivre  de  deux  poucesL  &  demi 
en  quarré ,  percé  de  plufieurs  csous 
*de  difFcrenres  grandeurs. 

La  bouieroUe  eft  un  morceau  de 
fer  long  d'environ  trois  pouces  , 
«proportionné  â  la  grandeur  d'un  des 
uous  du  dé  à  emboutir  &  qui  doit 
former  celle  du  fond  de  la  bague. 

On  place  cette  plaque  d  or  fur 
•Je  trou  du  dé  â  emboutir  &  labou- 
reroUe  fur  la|>iaque  ;  &  en  frappant 
^vec  un  marteau  fur  la  bouteroUe, 
-on  emboutit  la  bague  comme  elle 
.doit  Tctrev 

Quand  le  fond  eft  embouti». on 
tl  ajufte  fous  la  feriiflure  ,  fc  on  le 
ibude  à  la  Jampe  par  le  moyen  d'un 
«chalumeau  »  avec  de  la  foudure  d'or 
•&  du  borax«  On  prend  enfuite  un 
•fil  d'or  Jimé  en  quatre  »  on  le  tourne 
4ivec  des  tenailles  de  la  grandeur 
dont  on  veut  iaire  le  teur  de  lai 
i>ague«»  ayant  foin  de  laiflèr  les  deux 
•extrémités  plus  épaiffes  que  le  mi- 
^lieu  ;  on  ajufte  le  tout  à  la  bague 
ibus  fon  fond ,  &  quand  il  eft  àjufté , 
^n  attache  les  deux  parties  avec  du 
£1  de  £br  pour  Us  fouder  «nfemblej- 
^comme  on  l'a  déjà  die* 

Quand  la  bague  eft  foudce  »  on  la 
^taille ,  c'eft-i-dire  qu'on  y  fait  des 
filets  tout  autour  avec  C onglet ^  .q^\ 
'eft  un  morceau  d'acier  trempé,  long 
de  deux  pouces  &demi  »  emmanché 
dans  un  morceau  de  bois  »  &  qui  a 
au  bout  une  de  desifaces  uauchante 
•le  l'autfe  rende.  ; 

Quand  la  bague  eft  taillée  »  o/t  la. 
met  en  ciment^  ce  qui  confifte  à  l'en-; 
loncer  dans  .une  poignée  de  bois, 
•garnie  de  ciment^  pour  avoir  la  faci- 
ale .dfi  la  £brtir  fans  qu'elle  ^vacille.. 


JOA  7^ 

Pour  la  fectir ,  on  commence-pac 
mettre  du  noir  d'ivoire  délayé  avec 
de  l'eau  dans  l'endroit  qui  doit  l^r- 
vir  d'encemte  à  la  pierre ,  &  par  le 
moyen  d'un  bâton  de  cire  qui  fertâ^ 
'  la  preûdre^  oni'ajufte  dansi'œuvre 
avec  une  échoppe  à  arrêter ,  qui  eft 

[»latte9  carrée  &  prefque  pointue  par 
e  bout  avec  lequel  on  (erre  le  nié- 
•cal  contre  la  pierre,  pour  évitée 
qu'il  y  ait  du  jour  entre  Tun  &  Tau- 
tœ.  On  prend  enfuitta  une  échoppe 

E  latte  pour  former  les  griffes  de  {a 
^gu^  >  ^\  f<>nc  ordinairement  au 
nombre  de  huit.,  &  qui  fervent  à 
alTermir  la  pierre.,  &  d  la  contenir. 

Apiès  ces  différentes  opérations  ^ 
on  ote  la.bague  du  ciment^  &i  on  la 
polit. 

Pour  la  polir ,  on  y  paflerd'aberd 
«ne  forte  de  pierre  qui  mange  tous 
les  traits  que  la  lime  peut  avoir 
faits ,  &  qu'on  nomme  pierre  à  pajl 
ferj^  on  .y  pafle  enfuite  de  la  pierre 
ponce  délayée  dan$.de  l'huile,  &ou 
froite  la  bague  avec  un*échev«attde 
fil  imbibé  de  cette  coàipolition^^on 
la  frotte  de  la  même  manière  avec 
du  tripoli  en  poudre  délajré  dans  de 
l'eau-,  te  ennn  pour- l'aviver ,  ic 
lui  donner  l'éclat  qu'elle  doit  avoir« 
on  la  nettoie  avec  une  brolTe  :ce 
<mi  Jui  donne  fa  dernière  pecfec- 
uon. 

Il  n^y  a  de  différence  «ntre  U 
«monture  d'un  diamant,  &  celle 
d'une  pierre  de  couleur,  qu'eu  ce 
X}ue  la  fertiflur^e  d'un  diamant  doit 
^tre  'd'argent  j  8c  que  xseUe  d'une 
.pieKe  de  couleur  doit^tre  d'oc« 

Les  Joailliers  dcrParis  ne  •olidênc 
point  leurs  ottvr;^;es  ^  ce  ibnt  udes 
.ouvrièses  ^ptliespolijpu/is  .qui  f 
.mettent  la  deriHèce  main. 

Les  MercieMi&les.Oe£ifffesde 
Paris  font  appelés  fu  leurs  ftaruts 
Marchands  Joailliers  ^  ^parceque  Ifi^ 


Ji 


u 


JOB 


uns  &  les  antres  »  à  Texcludon  de 
tons  marchands  ,  ont  la  Faculté 
de  faire  trafic  de  marchandifes  de 
joaillerie  ;  mais  les  Merciers    ne 

*  peuvent  tailler ,  monter ,  ni  mettre 
4sn  œuvre  aucune  pierre  précieufe 
ni  joyau  ,  xela  écant  rélervé  aux 
Orfèvres  ,  qui  font  les  arttfans  de 
ces  fortes  de  chofes. 

JOANNITES  ;  (les)  on  a  ainfi  appelé 
dans  le  cinquième  fiècle  ceux  qui 
ameutèrent  attaches  à- Saint  Jean- 
.  Chryfoftotne,  &  qui  continuèrent 
de  commonier  avec  Ui>  quoiqu'il 
eût  été  exilé  par  les  artifices  de 
l'Impératrice  Eudoxie,   &  dépofé 

.  dans  un  conciliabule  par  Théophile 
d'Alexandrie ,  cnfuite  dans  un  fé- 
cond» tenu  à  Conftantinople.  Ce 
titre  de  Joannkcs  fut  invente  pour 
défignerceuxà  qui  on  le  donnoit, 
&  qu'on  fe  propofoît  de  delTervir  à 
à  la  Cour. 

JOB;  nom  propre  d'un  ancien  Pa- 
triarche  non  moins  célèbre  par  fes 
Tertus  que  par  fa  patience*  On  eft 
partagé  fur  ion  origine  &  fur  le 
temps  auquel  il  a  vécu.  On  lit  à  la 
fin  des  exemplaires  grecs  &c  arabes 
de  Job  j  -àc  dans  l'ancienne  vulgate 
latine  ces  mots ,  &  l'on  y  dit  qu'ils 
font  tirés  du  fyriaque  :  »  Job  a  de- 
«  meure  dans  l  Aunte ,  fur  les  con- 
»  fins  de  ridumée  &  de  l'Arabie  j 
n  fon  'premier  nom  étoit  Jobab.  Il 
}>  époufa  une  femme  arabe  dont  il 
>9  eut  urt  fils  nomn>é  Ennon,  Pour 
»)  lui  il  étoit  fils  de  Zara  ,  des  def- 
9>  cendans  d'Efaii  &  de  Bozra  ;  en«^ 
>9  forte  qu'il  étoit  le  cinquième  de- 

*  99  puis  Abraham.  U  régna  dans  TI- 
99  dumée ,  &  voici  l'ordre  des  Rois 
99  qui  .y  ont  régné  avant  &  après  lui. 
99  Balac  fils  de  fiéot  régna  dans  la 
99  ville  de  Denaba  ,  après  lui  régna 
99  Job  ,  autrement  appelé  Jobab.  A 
»  Job  fuccéda    A(om    Prince   de 


JOB 

99  Thcman.  Après  lui  régna  Adad 
»  fils  de  Barad  ^  qui  défit  les  Ma- 
»  dianites  dans  les  campagnes  de 
99  Moab.  Le  nom  de  fa  ville  étoit 
»>  Jéthem.  Les  amis  de  Job  qui  le 
•9  vinrent  trouver  font  Éliphaz  de  la 
^  poltérité  d'Efau  &  Roi  de  Thé- 
»9  man  ,  &  Baldad  Roi  des  Sau- 
n  chiens ,  &  Sophas  Roi  des  Mi- 
•»  néens. 

Voili  ce  qu'on  a  de  plus  ancien 
touchant  la  généalogie  de  Job.  Arif- 
tée  ,  Phibn  ,  Polyhiftor  reConnoif- 
fent  cette  généalogie  ;  les  anciens 
Pères  grecs  &  latins  ont  reconnu 
ôc  cité  cette  addition  ,  &  Théodo- 
tion  l'a  confervée  dans  fa  traduc- 
tion du  livre  de  Job.  En  fuivanc 
cette  tradition  ,  on  trouve  que  Job 
étoit  contemporain  de  Moyfe. 

On  appelle  livre  de  Job ,  un  livre 
canonique  de  l'ancien  te(Vament , 
ainfi  appelé  de  Job  dont  il  contient 
l'hiftoire  ,  Se  qui  pafTe  commune* 
ment  pour  e«i  être  l'auteur. 

On  a  formé  une  infinité  de  con- 
Jeâiures  diverfes  fur  le  livr<  de 
Job  ;  les  uns  ont  cru  que  Job  l'avoir 
écrit  lui-même  en  fyriaque  ou  en 
arabe ,  &  qu'enfuite  Moïfe  ou  quel* 
qu'autre  Ilraélite  l'avoir  mis  en  hé- 
breu i  d'autres  l'ont  attribué  à  Eliu, 
l'un  des  amis  de  Job  »  ou  à  fes  au- 
tres amis  ,  ou  a  Moïfe  »  ou  à  Salo« 
mon ,  ou  à  Ifaïe,  ou  A  quelqu'Ecri« 
vain  encore  plus  récent.  U  eft  cer^ 
tain  que  le  livre  en  lui-même  ne 
fournit  aucune  preuve  décifive  pour 
en  reconnoître  l'Auteur.    Ce  qui 

1>aroît  inconteftable  ,  c'eft  que  ce- 
ui  qui  Ta  compofé  étoit  Juif  de 
religion  &  poftérieur  au  temps  de 
Job  ,  qu'on  croit  avoir  été  contem- 
porain de  Moïfe.  Il  y  fait  de  trop 
fréquentes  allufîons  aux  exprefiions 
de  l'Ecriture  pour  penfer  qu'elle  ne 
lui  ait  pas  été  familière.  La  langue 

originale 


JOB 

originale  da  livre  de  Job  ^ft  llié- 
braïqae  ,  mais  mêlée  de  pjufieur» 
exprelfions  arabes  &  chaldéennes , 
&  de  plufieurs  cours  qui  ne  font 
pas  connus  dans  l'hébreu  ,  ce  qui 
rend  cet  ouvrage  obfcur  &  difficile 
â  entendre.  Il  ell  écrit  en  vers  libres 
quant  â  la  mefure  &  à  la  cadence  ; 
vers  dont  la  principale  beauté  con- 
fiée dans  la  grandeur  de  Texpref- 
ûon  ,  dans  la  hardie  (Te  &  la  fubli- 
mité  des  penfées  »  dans  la  vivacité 
des  mouvemens  y  dans  l'énergie  des 
peintures  ^  &  dans  la  variété  des  ca- 
ra^ères, parties  qui  s'y|trouvent  tou- 
tes réunies  dans  le  plus  haut  degré. 
Quant  à  la  canonicité  du  livre  de 
Job ,  elle  eft  reconnue  généralement 
danales  Èglifes  grecque  &  latine, 
elle  Y  a  toujours  pallé  comme  un 
article  de  foi ,  &  ce  fentiment  eft 
venu   de    la  Synagogue  à  rÊglife 
chrétienne*  Les  Apôtres  l'ont  cité. 
Théodore  de  Mopfuefte  le  criti* 
quoic  ,  mais  fur  une  verHon  grec- 
que y  qui  faifant  quelques  allutions 
à  la  fable  ou  à  Thiftoire  poétique  j 
n'étoit  pas  exaâement  conforme  au 
cexce  hébreu.  Quelques-uns  accu* 
fenc  Luthet  &  les  Ânabaptiftes  de 
rejeter  le  livre  de  Job ,  mais  Seul- 
tec  &  Spanheim  tâchent  d'en  jufti- 
(îer  Luther.  On  peut  confulter  fur 
ce  livre  le  commentaire  de  Pineda , 
celui  de  Dom  Calmer  &  Thiftoire 
de  Job  par  M.  Spanheim. 

JOBATE  ;  voye^  Beilbrophon. 

JOBETî  fubftanrifmafculin,  &  ter- 
oie  de  Fondeurs  de  caractères  d'im- 
primerie. Ceft  un  petit  morceau 
de  fil  de  fer  plié  en  équerre ,  qui 
fe  met  au  moule  si  fondre  les  carac- 
tères d'imptimerie ,  entre  le  bois 
de  la  pièce  de  deiTus  &  la  platine. 
Il  fert  à  empêcher  que  la  matrice 
ne  s'éloigne  trop  de  fa  place  Iprfque 
Touvrier  ouvre  fon  moule* 
Tome   XV., 


JOC  Se 

JOC ASTE  î  voyc{  Œdifi . 

JOCELIN  ;  voyq  Josseun. 

JOGONDirÉ  ;  vieux  mot  qui  fignî- 
fioit  autrefois  joie ,  allégrefle. 

JOCRISSE;  fubftantif  mafculin. 
Terme  populaire  &  injurieux  par 
lequel  on  déHgne  un  benêt  qui  fe 
laiire  gouverner,  ou  qui  s'occupe 
des  plus  bas  foins  du  ménage.  Son 
mari  eji  un  jocrijfe. 

JOD  j  (ubftantif  mafculin.  Ceft  en 
Angleterre  le  quart  du  quintal,  au 
trement  vingt- fept  livres  d'averd 
du  poids. 

JoD ,  eft  aufll  le  nom  d'une  mefure  de 
diftance  Se  de  longueur,  dont  on 
fait  ufa^e  au  royaume  de  Siam. 
Vingt-cmq  jods  font  environ  deux 
mille  toifes  de  France. 

JODO  \  nom  propre  d'une  ville  du 
Japon,  dans  l'ile  de  Niphon,  fur 
la  roure  d'Ofacca  à  Méaco. 

JODOGAWAjnom  propre  d'une  ri- 
vière du  Japon ,  dans  I  ile  de  Ni- 
phon.  Ellearrofe  la  ville  de  Jodo» 
&  va  enfuite  fe  perdre  dans  le  golfe 
d'Ofacca. 

JODUTTE  j  nom  propre  d'une  idole 
des  Saxons ,  qui  ne  fut  dans  lori- 
gine  qu'une  ftatue  que  Lothaire, 
Duc  de  Saxe ,  avoit  fait  placer  aux 
environs  de  la  foret  de  Welps ,  après 
la  viâoire  qu'il  remporta  en  1 1 1 5 
fur  Henri  V. 

JOËL;  nom  propre  d'un  des  douze 
petits  Prophètes.  Il  étoit,  dit-on» 
de  la  tribu  de  Ruben  &  de  la 
ville  de  Béthoron  ,  ou  plutôt  Bc- 
tharan  ;  car  Béthoron  étoit  en  de~ 
de<;à  du  Jourdain  ,  dans  la  tribu 
dcphraïm,  &  Bicharan  étoit  de 
l'autre  côté  du  âeuve ,  dans  la  tribu 
de  Ruben.  Joël  ^prophérifa  dans  le 
royaume  de  Juda  ;  &  Ton  croir  qu'il 
n'jr  parut  qu'après  le  tranfport  des 
dix  tribus^  &  la  ruine  du  royaume 
d'iftaèl.  On  ne  fait  pas  diftinâe- 

L 


»i  JOE 

ment  Tannée  où  il  conunença  l  pro- 
phécifer^ni  celle  de  fa  mort.  Il 
parle  d'une  grande  famine  &  d'une 
inondation  de  faucerelles  »  qui  ra- 
vagèrent la  Judée  ;  mais  comme  ces 
maux  ne  font  point  rares-  dans  ce 
pays ,  &  que  1  niftoire  n'a.  pas  tenu 
regiftre  de  routes  ces  fortes  d'évé- 
nemens»  on  n'en  peut  rien  inférer 
pour  fixer  l'époque  de  la  prophétie 
de  JocL 

JOESW^OÉ  y  nom  propre  d'une  ville 
de  la.  Chine.,  au  département  de 
Pékin ,  fur  le  bord  du  canal  nommé 
Chaoléang*. 

JOGANA  ;  c'eft  félon  Ptoléméè  une 
ancienne  ville  de  l'iIedeTaprobane. 

lOGHI  »  ou  JoGUB }  fubftantif  maf- 
çulin.  On  appelle  ainficert^ns  Re- 
ligieux idolâtres  des>  Indes  Orien? 
cales,  quine  fe  marient  Jamais,  ne 
pofsèdent  rien«  en.  propre,  mais 
vivent  d'aumônes  Se  pratiquent  de 
grandes  auftérités.  . 

Ils  font  foumis  à  un  Générât  qui 
les  envoie  prèchec  d.'un  lieu  »  l'aur 
tre.  C'eft  proprement,  une  efpèce 
de  Pèlerins  que  l'on  croit  être  une 
branche  des.  anciens  Gymnofo* 
phyftes» 

Us  fréqtientent  tous  les  lieux  con^^ 
facrés  pat  la  dévotion  du  peuple^ 
&.  prétendent  pouvoir  paflèr  plu-^ 
fieurs  jours  fans  manger  &  fans 
boires  Aprèis  av^ir  gardé- la  conti^ 
fience.  pendant  un  certain  temps  , 
ils  s'eftimen  t  impeccables  &:  croyent 
^ae  tout  leur  eft  permis  >  ce  qui 
tait  qu'ils  fe  plongent  dans-  les<  dé- 

.   baucnes'les  plus  infâmes.         • 

JPOHANSBERG  ,  ou  Johansbur«  ; 
nom  propre  d'une  ville  de  Pologne , 
dans  la  Sudavie ,  fut  la*  rivière  de 
Pyfch ,  présida  lac  de  Spirdingi 

JOIADA*;  nom  du.  Grand^Prètre  des 
Juifs  qui  fit  mourir  la  Reine  Atha- 


JOI 

S78  ans  avant  JJBSuS'CimisT.. 

•  fut  inhumé  en  confidécation  de  Ces* 
iervices  >  dans  le  fépulcre  des  Rois:; 
de  Jérufalem- 

JOÏANX  ;  vieuxs  mot  qjii  figaifîoit 
autrefois  joyeux^ 

JOIE  'y  fubftantif  fémitiin*.  Gauditun^. 
Pafiion  y  mouvement  vif  &  agréa- 
ble que  l'ame  reffent  dans  la  poi^ 
feffion  d'un  bien.  efTeâif  ou  imagir^ 
naire.  Une  joie  pure.  Une  joie  qui^ 
ravit  Vame^  Cette  nouvelle  la  fit  tr<f- 
faillir  de  joie.  Mourir  de  joie. 

On  dit  familièrement  de  qtiel-- 
qu'un  qui  eft  tranfporté  de  joie  », 
qu'/V  eft  à.  la.  jçic  „  dans  la  joie  de 
fqn.  azur* 

On  appelle  feux  dèjçie  y  lès  (bux: 
qu'on  fait  dans  lesréjouiflfances  pu- 
bliques y  pour  la.  naifiànce  d'un. 
Prince ,  pour  une  vidoire  rempor— 
tée^  &c.. 

On  zf^eMc  fille  de  joie  ^  onefiUer 

proftituce* 

"^Ce  monofyllabe  eft  longi 

Diâférences relatives  enuejoieSc: 
gaieté..  v 

Layaitf  eft- dans  le  cœur.  Lzgaiete 
eft^ dans  les  manières.  L'une  confifte* 
dans  un  doux.fentiment:  de  l'àme  ;^ 
l'autre  dans,  une  fituation  agréable^ 
d'efprit« 

U  arrive  quelquefois  que  la  pof- 
feffion  d'un  bien  dont  l'efoérance. 
nous  avoir  cauie  beaucoup  ae  joie  », 
nous  procure  beaucoup  de  cha- 
grin. U  ne  faut  fouvent  qu'un  tour: 
d'imagination  »  pour  faite  fuccéder 
une  grande  gaieté  aux  larmes  quu 
paroilfent  les^plus  amères. 

F'oye:^  d'ailleurs  SatisfactjqN|. 
pour  les  différences  qui  en  diftin-r 
gaenxjoie  ,  contentement ,  &c. 
JOIGNANT,  ANTEî^dtéûif.  Qur 
approche  de  fi  près  qu'il  rouche.  II  - 
ne  fe.  dit  que  des  maifons  &  aorress. 


lie^âc  recannoîtte  loas  «  Roi  de  luda^uL     biens^en  ionds.de  terre.  HvientxCa^ 


JOI 

€hceer  un  pre  joignant  lejicn.  On  va 
rétablir /a  maifonjoigi^ntc  à  la  nôtre. 

JaiGiïAMT  ,  s'emf4oie  aa(fi  dans  le 
•même  fens  comme  prépoCtion.  // 
a  acheté  une  mai/on  joignant  la  co- 
médie. 

JOIGNY^  nom  propre  d'une  vHIe 
de  France  en  Champagne,  fur  l'Yon- 
ne ,  iÇvL  lieues  ^  lud  eft  y  de  Sens. 

JOINDRE  j  verbe  aAif  de  la  qua- 
crième  conjugaifon  ,  lequel  fe  con- 
jugue comme  Cra^indrb*  Jungere, 
Approcher  deux  chofes  Tune  de 
Taucre  ^  enforce  qu'elles  fe  touchenr^ 
qu'elles  fe  riennenc.  Il  faut  joindre  ce 
contrat  au  doffîer.  Vouvrier  s*eji 
Jervi  de  colle  pour  joindre  ces'  deux 
morceaux. 

II  s'emploie  auffi  comme  verbe 
nearre  dans  l'acception  précédente. 
'Ces  fenêtres  ne  joignent  pas  ajfe'^.  Il 
faudroit  que  <ette  porte  joignît  un  peu 
plus. 

On  dit  j  joindre  les  mains  ;  pour 
dire  »  renir  les  deux  mains  éHendcieSj 
de  manière  qu'elles  touchent  l'une 
à  l'autre  par  dedans.  On  joint  les 
mains  en  priant  Dieu* 

loiMDRB ,  (ignifie  auffi  ajouter  ^  mettre 
une  chofe  avec  une  autre  ^  enforte 
qu'elles  fafTent  un  tout.  //  a  acheté 
ce  pré  pour  le  joindre  À  fa  terre.  Il 
faut  joindre  enjemble  ces  deuxfommts. 
On  dît  auffi  3  joigne\  vos  vaux 
aux  miens  :  il  joignit  fis  prières  aux 
nôtres  :  joigne^  à  cela  l'autorité  du 
concile  de  Baie  ^  et. 

On  dit  en  termes  de  Palais  yjoin* 
dre  deux  infiances ,  ou  procès  ;  pour 
dire  ,  les  mettre  l'un  avec  l'autre  , 
afin  de  les  juger  conjointement. 
Cette  jonâion  ne  fe  fait  quelque- 
fois que  fauf  à  disjoindre  ,  c*eft-â- 
dire  ^  que  (i  l'on  reconnoît  dans  la 
fuite  qu'il  y  ait  lieu  de  juger  une 
affaire  avant  l'autre  >  on  les  disjoint 
pour  les  juger  féparémentt 


JOI  aj 

Dâ:ns  les  inftances  &  procès  ap« 
pointés  ,  on  appointe  en  droit  8c 
joint  les  nouvelles  demandes  qui 
font  incidentes  au  fond. 

On  joint  même  quelquefois  au 
fond  ,  des  Requêtes  contenant  de- 
mande provifoire  y  lorfqu'on  ne 
trouve  pai  qu'il  j  ait  lieu  de  fta^. 
tuer  fur  le  provifoire. 

Quand  on  Joint  amplement  la 
Requête  ,  il  n'y  a  point  d*inftruc- 
tion  i  faire ,  on  ftatue  fur  la  Re- 
quête en  jugeant  le  fond  :  mais 
(juand  on  appointe  en  droit  &  joint  » 
ii  faut  écrire  ic  produire  en  exécu- 
tion de  ce  règlement. 
JoiKDRE  ,  figniâe  auffi  unir  1  allier. 
Elle  joint  fefprit  avec  les  grâces* 
Joindre  la  générêfité  à  la  bravoure. 
Il^étoient  joints  tnfemble  pour  cette 
entreprife.  Ils  étoient  joints  d'ami'-* 
né  Cf  d'intérêt. 

Il  eft  auffi  pronominal  réfléchi  & 
réciproque  dians  l'acception  précé- 
dente.  V  Angleterre  fe  joignit  à  la 
Hollande*   Ces  deux  Puijffances  fc 
joignirent  enfemble. 

Il  (ignifie  auffi  fe  rencontrer ,  fe 
trouver  enfemble.  Ils  fe  joignirent  à 
l'opéra.  Ce  vaiffeaujoignit  la  flotte  à 
la  hauteur  du  cap  de  Bonne  E/pérance. 
Joindre  ,  fignifie  encore  atteindre  y 
attraper.  La  garde  joignit  le  valeur 
à  la  porte  de  la  ville. 

Qn  dit  auffi  ,  joindre  un  homme  ; 
pour  dire  ,  l'approcher  de  (i  près 

3tt'on  lui  puifle  parler  »  &  cela  le 
it  de  quelqu'un  qui  évite  la  ren- 
contre d'un  autre.  Il  y  a  huit  jours 
que  je  le  cherche  fans  avoir  pu  le 
joindre.  Je  le  joignis  enfin  à  la  Foire  ^ 
après  l'avoir  cherché  long-temps. 

La  première  fyllabeeft  longue  j 
k  la  féconde  très-brève* 

f^oye\  au  mot  Verbe  les  règles 
pour  la  conjugaifon  &  quantité  pro* 
fodique  des  autres  temps. 

L  ij 


«4  J.O! 

JOINT ,  OINTE  i    participe  paffif. 

f^oyc:[  Joindre. 
JOINT  ^  fubftancif  ma fcuKn.  Articu- 
lation ,   l'endroit  où  deux  os  fe 
joignent.  Le  joint  de  l^ épaule.  Pour 
tien  couper  une  yolaille  il  faut  en 
trouver  les  joints. 
Joint  y  fe  dit  en  termes  d*Architec- 
tuce  y  des  efpaces  vides  qui  font 
entre  les  pierres  qu'on  remplit  de 
mortier  >  de  plâtre  ou  de  ciment , 
ou  qu^on  iailTe  â  fec.  On  diftin^ue 
pluueuis  fortes  de  joints  :  ainU  on 
appelle  » 

Joints  de  tus ,  ceux  qui  font  de 
niveau  y  ou  fuivant  une  pente 
donnée. 

Joints  montans  ^  ceux  qui  font  it 
plomb. 

Joints  quarrés ,  ceux  qui  font  d*e- 
guerre  en  leurs  retours. 

Joints  en  coupe ,  ceux  qui  font  in- 
clinés &  tracés  d'après  un  centre. 

Joints  de  tête  ou  de  face  ,  ceux 
qui  font  en  coupe  ou  en  rayons  au 
parement ,  &  féparent  les  voulToirs 
le  claveaux. 

Joints  de  doutUc  y  ceiuc  qui  Tont 
fur  la  longueur  du  dedans  d'aune 
voûte  ou  fur  l'épaifleur  d'un  arc. 

Joint  de  recouvrement ,  celui  qui 
fe  fait  par  le  recouvrement  d'une 
marche  fur  une  autre. 

Joint  recouvert  ,  le  recouvre- 
ment qui  fe  fait  de  deux  dales  de 
pierre  >  par  le  moyen  d'une  efpèce 
d'ourlet  qui  en  cache  \q  joint. 

Joint  feuille  y  le  vecouvre- 
taent  qui  fe  fait  de  deux  pierres 
Tune  fur  Taurre ,  par  une  entaille 
de  leur  demi-épaiOeur. 

Joints  gras ,  celui  qui  eft  plus  ou- 
vert que  Vangle  droit ,  Se  joint  mai- 
gre ,  fe  contraire. 

Joints  ferrés  ,  ceux  qui  font  fî 
étroits  qu'on  eft  obligé  de  les  ou- 
tsk  avec  le  couteau  à  fcie  p  pour 


JOI 

le^  pouvoir  couler  oi}  ficher  avec 
plâtre  ou  otortier. 

Joints  ouverte  ,  ceux  qui  y  a  caufe 
de  leurs  cales  épaiffes  >  font  hauts 
&  faciles  à  ficher» 

On  appelle  au/fi  joints  ouverts 
ceux  qui  font  écartés  par  mal  façon  » 
ou  parceque  le  bâtiment  s'eft  affaifTé 
plus  d'un  coté  que  de  l'autre. 

Joints  refaits ,  ceux  qu'on  eft  con* 
traint  de  retailler  de  Ut  ou  At  joint 
fur  le  tas  y  parcequ'ils  ne  (ont  ni  â 
.  plomb  ni  de  niveau. 

Ce  font  auffi  \t%jomts  qu'on  fait 
en  ragréant  &  en  ravalant  avec  le 
mortier  de  même  couleur  que  la 
pierre. 

Joint  à  anglety  celui  qui  fe  fait 
de  la  diagonale  d'un  retour  d  e- 
querre ,  comme  il  s'en  voit  dans 
les  ouvrages  de  marbre  &  les  in- 
cruftations. 
Joint  y  fe  dit  audi  en  termes  de  Me- 
nuiferie  j  de  la  manière  d'alFembler 
une  ou  plufieurs  pièces.  Il  y  a  le 
joint  carré  »  le  joint  i  queue  d'aronde» 

On  joint  â  plat  jo/'/zr,  quand  on 
rient  deux  pièces  approcaées  fans 
rainure  ni  languerte. 

j4  pointe  de  diamant  y  lorfque 
quatre  pièces  d'iiïemblage ,  toutes- 
les  quatre  coupées  en  angle  »  la 
pointe  des  quatre  angles  fe  réunie 
au  même  fommet ,  comme  on  voit 
aux  frifes  y  au  parquet  dans  les  ap^ 
partemens  »  M  aux  petits  bois  des 
croifées.  Il  n'y  a  point  â  t^endroit  où 
ils  fe  croifent  le  petit  carré  qui  s'ap» 
pelle  plinthe  en-  termes  de  menulfe-^ 
rie  ^  mats  les  petits  bots  y  forment 
quatre  angles  qui  fe  réuniâfent  aui 
même  point. 
JOINT  QUE  ^  vieille  conjor«aion 
qui  fignifioit  autrefois  ajoutez  que,, 
outre  que. 
JOINTE;^  fubilantifféminin&ternae 


JOI 

t 

de  Maréchallerie  »  fynonytne  de 
paturon.  Un  cheval  .qui  a  lajoinu 

Jointe  ,  fe  die  dans  les  manufaâures 
de  /oie ,  d'une  partie  d  organHn  dé- 
vidée fur  des  rochers  pour  nouer 
les  fils  qui  calTenc.  La  jointe  eft  de 
la  couleur  de  la  chaîne  ou  du  poil. 
JOINTE  ,  ÉE  ;  adjeûif.  11  ne  fe  dit 
guère  qu'en  parlant  d'un  cheval  ^  & 
leulement  dans  ces  phrafes»  un 
cheval  court-jointe  ^  un  cheval  long" 
jointe  i  pour  dire ,  un  cheval  qui  a 
je  paturon  trop  court  &  difpropor- 
tionné»  ou  qui  a  cette  partie  trop 
longue. 

Les  chevaux  court  -  jointes  de- 
viennent aifément  droits  fur  leurs 
meinbres  »  &  f e  boulettent  plus  fa- 
cileoient  que  les  autres,  fur- tout ^ 
fi  on  leur  laifTe  le  balon  trop  haut, 
&  fi  l'on  n'a  pas  foin  de  le  leur 
abanre.  D ailleurs,  dès  que  cette 
partie  eft  trop  courte ,  elle  ne  fau- 
roit  être .  auez  pliante  &c  a(Iez 
flexible  :  au0i  le  cheval  court-jointé 
n'eft-il  pas  regardé  comme  parfai- 
tement propre  au  manège  ^  parce.- 
qu'il  eft  dénué  du  reflort  &  de  la 
liaifôn  néce (Taire  à  celui  que  Ion 
choific  pour  l'école. 

Les  chevaux  long-jointés ,  c'eft  i- 
dire ,  dont  la  partie  poftérieure  du 
bouler   porte  prcfqu'à  terre >  lorf- 
qu'ils  marchent,  ont  rarement  de 
la  force ,  &  ne  réûftent  poinr  ordi- 
nairement au  travail.  Les  barbes  & 
les  chevaux  de  légère  taille  font  fu- 
jets  à  ce  défaut. 
JOINTâE;  fubftamif  féminin.  Au- 
tant  que  les  deux  mains  enfemble 
peuvent  contenir.  U ne  jointée  de  fè- 
ves. Une" joint  ce  de/on.  Une  jointe  e 
d'avoine^ 

La  première  fy  Uabe  eft  moyenne  ^ 
k  féconde  longue  >  &  la  ttoifième 
ifiè&r  brève» 


JOI  8j 

jOINTIF  ,  IVE  ;  adjeAif.  Qui  eft 
joint.  Ces  aisfontjointifs.  CesploM'^ 
chesfont  jointives. 

JOINTE,  ÉE;  participe  paffif.  Foye\ 

JoiNTER. 

JOINTER;  verbe  aûif  delà  première 
conjugaifon  ,  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter.  Terme  de  Ma- 
çonnerie. Lier  ^  joindre  des  pierres 
avec  du  mortier  ou  du  Plâtre. 
JOINTURE;  fubftantif  féminin. 
JunSura.  Articulation ,  l'endroit  oik 
deux  osfe  joignent. 

Les  tranfaâions  philofophiques 
parlenr  d'un  Anglois  nommé  Clarck 
qui  avoir  trouvé  fur  la  fin  du  der« 
nier  fiècle ,  le  fecret  de  déboîter  , 
de  tordre  ,  de  luxer ,  de  difloquer 
la  plupart  des  jointuresgie  fon  corps 
à  un    degré   de   fingularité  qu'on 
croyoit  impraticable.  Il  eut  une  fois 
le  talent  de  poulfer  fi  loin  fes  dif-- 
torHons  »  qu'un  fameux  Chirurgien 
appelé  pour  le  traiter  j  après  l'avoir 
attentivement  examiné  ,  refufa  de 
l'efirreprendre  &  déclara  que  le  cas 
étoit  incurable  ^  mais  à  peine  eut-il 
prononcé  cet  arrèr ,  qu'à  fon  grand 
étonnement  il  vit  le  prétendu  ma- 
lade effacer  de  lai-meme  toutes  fes 
diftor fions,  &  lui  prouver  combien 
le  pouvoir  de  la  nature  l'emporte* 
fur  celui  de  l'artr 
Jothturi  ,  fe  dit  anfil  dans  les  arts 
mécaniques ,  de  l'endroit  où  deux 
corps  fe  rouchent  &  fe  lient.  Quand 
un  ouvrage  ejl  bien  travaille  on  rÇen 
•  apperfoitpas  la  jointure. 
Jointure  ,  fe  dit  en  termes  de  Pein-» 
ture  j  du  lieu  où  fe  joignent  deux 
parties  différentes  de  la  même  figu- 
re, comme  la  [ambe  avec  la  cuiuey 
le  bras  avec  l'avant  bras ,  &c^ 

La  première  fy  Uabe  eft  moyenne, 
la  féconde  longue  &  la  troifième^ 
très-bfève. 
JOIN  VILLE  ;,  nom  propre  d'une  vilW 


u 


JOL 


Je  France,  en  Champagne ,  far  la 
Marnç ,  à  Hx  lieues ,  fud-fud-eft, 
de  Sainc-Dizier ,  fous  le  ix""  degré 

5  }  minutes  de  longitude ,  &  le  48S 
21  minutes,  5  fécondes  de  latitude. 
O'eft  là  où  naquit  en  1519  »  le 
fameux  Cardinal  Charles  de  Lor- 
raine. 

JOIN  VILLE  î  (  Jean  fire  'de  )  nom  de 
ce  fameux  Sénéchal  de  Champagne, 
Tun  des  principaux  feigneurs  de  la 
Cour  de  Saint  Louis ,  &  qui  avoir 
toujours  fuivi  ce  Prince  dans  fes  ex- 
péditions militaires.  Comme  il  fa- 
voit  également  bien  fe  fervir  de  la 
plume  &  de  l'épée  ,  il  écrivit  la  vie 
de  ce  Monarque.  Ou  a  un  grand 
nombre  d'éditions  de  cet  ouvrage , 
entr'autrfs  une  excellente  par  les 
foins  de  Charles  du  Cange  qui  la 
publia  avec  de  favantes  obier  va- 
fions  en  i66i.  Joinville  mourut 
vers  l'an  1318,  âgé  de  près  de  90 
ans. 

JOKAITZ  j  nom  propre  d'une  ville 
du  Japon ,  dans  Tîle  de  Niphon  ,  â 
deux  lieues  de  Tfitfuki  j  &  à  trois 
de  Quano. 

JOLI ,  lE  'j  adjeâif.  Gentil ,  agréable. 
il  fe  dit  particulièrement  de  ce  qui 
eft  petit  en  Ton  efpèce  ,.  &  qui  plaît 
plutôt  par  la  gencillefTe  que  par  la 
beauté.  Elie  a  de  jolis  enfansSllleur 
aditmillc  jolies  chofes»  C*eft  une  jo- 
lie perfonne.  Elle  a  r  humeur  fort  jolie. 
Il  lui  envoya  de  fort  jolis  vers.  Une 
étOjfe  ajfe:^  jolie.  Un  joli  petit Jinge. 

On  dit  d'un  jeune  homme  qui 
commence  i  entrer  dans  le  monde, 

6  qui  s'y  diftingue  &  s'y  fait  efti- 
mer  ,  que  c'ejl  un  joli  homme. 

On  dit  aulïî  d*un  jeune  homme 
qui  s'eft  fait  remarquer  à  la  guerre 
dans  quelque  occafîon  »  qu'i/  a  fait 
Je  jolies  aSions  à  la  guerre.  Cet  Of 
ficierfit  une  jolie  aSion  au  jîégc  de 
cette  f  lace. 


JOt 

On  dît  ironiquement  âqaelqd*iim 
qui  fait  ou  dit  quelque  chofe  qui 
déplaît  9  qu'i/  ^  joli.  Vous  êtes 
fort  joli  de  nous  tenir  un  pareil  dif^ 
cours. 

On  dit  figurèment  d*un  jeune 

homme  ,  c^lU  ejl  joli  gardon  ,  qu'il 

*s*eflfait ,  quil  tjl  devenu  joli  gar^- 

fon  ;  pour  dire  ,  qu'il  a  beaucoup 

profite  en  quelque  exercice. 

La  même  cliofe  fe  dit  auffi  pr<v 
verbialement  &  ironiquement  de 
quelqu'un  qui  s'eft  enivré ,  qui  a 
été  battu ,  qvn  eft  en  mauvais  état. 
Il  s'efl  fait  joli  garçon  dans  ce  ca-' 
baret. 

La  même  chofe  fe  dit  encore  de 
ceux  qui  ont  mis  leurs  affaires  en 
défordre  pat  la  débauche,  par  leur 
mauvaife  conduite* 
Joli  ,  s'emploie  quelquefois  fubftan- 
tivement.  On  préfère  ^quelquefois  le 
joli  an  beau. 

On  dit ,  qu'une  chofe  paffe  le  joli; 
pour  dire  ,  qu'elle  eft  belle. 

Les  deux  fyllabes  font  brèves  au 
(ingulier  mafculin  \  mais  la  der^ 
nière  eft  longue  au  pluriel  &  au  fé« 
minin. 

^,  Différences  relatives  entre  beau 
6c  joli. 

Le  beau^  dit  M*  l'Abbé  Girard  ^ 
eft  grand ,  noble  &  régulier  ^  on  ne 
peut  s'empêcher  de  l'admirer ,  6c 
quand  on  l'aime  ,  ce  n'eft  jamais 
médiocrement  ,  il  attache.  Le  joli 
eft  fin  ,  délicat  &  mignon  j  on  eft 
toujours  porté  à  le  louer ,  &  dès 
qu'on  1  apperçoit  ott  le  goûte  ,  il 
plaît.  Le  premier  tend  avec  plus  de 
force  à  la  perfeâion  6c  doit  être  la 
règle  du  goût.  Le  fécond  cherche 
les  grâces  avec  plus  de  foin  &  dé- 
pend du  goût. 

Nous  jetons  fur  ce  qui  eft  beau^ 
des  regards  plus  fixes  6c  plus  cu« 
rieux»  Nous  regardons  d'un  œil  plus 


éveillé   &  plus  riaoc  ce    qui  eft 
pli. 

Les  dames  font  belles  dans  les 
romans.  Les  Bergères  (ont  jolies  dans^ 
liesPocres. 

Le  teau  fait  plus  d^ef&t  fur  ref- 
prit  \  nous  ne  lui  refufons  pas  nos 
applaudiiTemens.  Le  joli  fait  quel- 
^uefois^  plus  d*impre(fion  fur  le 
cœur  j.  nous  Jui  donnons  nosfenri- 
juens. 

Il  arrive  alTer  (bu vent  qu'une  telle 
peifonne  brille  &  charme  les  yeux» 
lans  aller  plus  loin  ;  candis  que  la. 
jolie  forme  les  liens  &  fait  de  véri- 
fiables  pafliions.  Alors  la  première 
a. pour  parcage  les  éloges  qu'ondoie 
à  la  beau  ce  j.  &  la  féconde  a  pour 
elle  rinclinacion  qu'on  fent  pour  ce 
q;ii  faic  plaifir*. 

Le  ceint,  lar caille,  la  proponion^ 
&  la.  régulartcé  des  craies  formenc 
fies  belles perfonnes.  Lesyo/i^i  le.  fonc: 
par  les  agrémens  j  la  vivacicé  des- 
yeux  y  lair  te  la  cournure  gra- 
cieufe  davifage  quoiqpe  moins-  ré- 
gulière^ 

En  faic  d*buvra;ges  d*èfpric  ilTauc 
pour  qu'ils  foienc beaux  ,  quil  y  aie 
du  vrai  dans  le  fujec ,  de  Télévacion 
dans  les  penfées  ,  de  la  jufteiTe  daas 
les  termes ,  de  la  nobledè  dansl'ex- 
preflion ,  de  la*  nouveaucé  dans  le: 
cour  Si  de  larégular icé  dans  la  con* 
duite:  maisle  vraifemblablej  la  vi- 
vacicé ,  la  flneularicé  &  le  brillant 
fiiffifenr  pour  Tes  rendreyW/j. 

Quelqu'un  a  die  que  lès  anciens 
é'coienc  beaux  &t  que  les  modernes 
ecoiencyo/ix.  Je  ne  fais  s'il  a  bien 
lenconcré  ;  mais  cela  même  eft  du 
Bombre,des7*o//>j  chofes  &  nondesi 
Belles^.  \    * 

Le  beau  eft'  plus  férieux  &  il  oc- 
cupe. Leyo/i  e&  plus  gai  &  il  diver- 
lix  j^c'eft  pourquoi  l'on  ne.  die  pas 


JOL 


«7 


une  jolie  tragédie ,  mais  on  peut  dire 
une  jolie  comédie. 

Je  mecs  au  rang  des  belles  répon* 
fes ,  celle  d'Alexandre  a  Parménion< 
fur  les  oflFres  de  Darius;  celle  de- 
Louis  XII  au  fujet  de  ceux  qui 
avoienc  mal  agi  â  fon  égard  avants 
qu'il  montâc  iin  le  crône,  &  celle 
de  Madame  de  Baineveld  au  Prince 
d'Orange  Maurice  de  Naflau  ,  fur 
lies  démarches  qu'elle  faifoit  au- 
près de  ce  Prince  pour  fauver  la  vie 
a  fon  fils  aîné  qui  avoir  eu  connoif— 
fance  de  la  conlpiracion  de  fon  frère 
fans  la  découvrir.  Le  premier  ré- 
pond à  Parménion  qui  lui  difoitr 
que  s'il  étoie  Alexandre ,  il  accep- 
teroicles  offres  de  Darius  y  Se  moi 
l'e  les  refufe  parceque  je  ne  fuis» 
point  Parménion.  Le  fécond  répli- 
que à  fes  courcifans  qui  cherchoienc 
à  le  flarer  du  côté  de  la  vengeance,, 
qu'il  ne  convenoit  pas  au  Koi  de 
France^  de  venger  les  injures  faites^ 
au  Duc  d'Orléans.  Enfin  Madame 
de  Barneveldincerrogéc  avec  uneeA 
^e  de  reproche  par  le  Prince  d'O-- 
nmge  >  pourvoi  elle  demandoie  lai 
grâce  de  fon  fils  &  n'avoie  pas  de- 
mandé celle  de  fon  mari ,  lui  répond^ 
que  Vr'eft  parceque  fon  fils  eft  cou- 
pable Se  que  fon  mari  éroie  innocent.- 
Je  place  dans  l'ordre  de  ce  qui  eft: 
joli ,  les  reparcies  &  les  faillies  gaf«- 
connes  quand  elles  onc  du  fel.  Tel! 
eft  ,  par  exemple  ,  la  réponfe  d'uni 
mauvais  Pèinere  devenu  Médecin  ^ 
qui  die  à  ceux  qui  lui  demandoience 
la  raifon  de  fon  cHangçmenc  d*état,> 
qu'il  avoie  voulu  choifir  un  are  dontr 
la  cerre  couvrir  les  fauees  qu'il  y/ 
feroici 

Qui  die  de  belles  choCes  n'èft  pas> 
toujours  écoueé  avec  aerencion  quoi- 
qu'il méxire  de  l'ctre  j  la  converfa--- 
tion  en  eft  quelquefois  crop  grave* 
6c  crop  favance*  Qui  die  dejoiiezi 


88  JOM 

chofeseft  ordinairement  écoute  avec 
plaifir  i  la  converfation  en  eft  tou- 
jours enjouée. 

Le  mot  beau  fç  place  fort  bien 
à  regard  de  toutes  fortes  de  chofes, 
quand  elles  en  méritent  Tépithète. 
'  celui  de  jo/ine  convient  guère  à  Tc- 
gard  des  chofes  qui  ne  foufFrent 
point  de  médiocrité  ;  telles  font  la 
peinture  &  la  poéfie  :  on  ne  dit  pas 
un  joti  pocme  ,  ni  un  joli  tableau  : 
ces  fortes  d'ouvrages  font  beaux  y 
ou  s'ils  ne  le  font  pas  ils  font  mau- 
vais. 

Lorfque  les  épithètes  de  beau  Se 
de  joli  font  données  à  l'homme  , 
elles  ceflTent  d'être  fynonymes ,  leur 
fignification  n'ayant  alors  rien  de 
commun.  Un  bel  homme  eft  toute 
autre  chofe  qu'un jo/i  homme.  Le 
fens  du  premier  tombe  Tur  la  figure 
du  corps  &  du  vifage  y  &  le  fens  du 
fécond  tombe  fur  l'humeur  Se  fur 
les  manières  d'agir. 
JOLIET  ,  ETTE  j  adjeftif.  Fenuftu- 
lus.  Diminutif  de  joli.  Il  nel^dit 
guère  qu'au  fémiwi  &  dans  IMif- 
cours  familier.  Pïlc  ejl  aJ[fe:[jo' 
lieue. 

JOLIMENT;  adverbe.  Non  învenuftè. 
D'une  manière  ]o\\tMlU  chante  joli- 
ment. Il  étoit  joliment  habillé. 

Les  deux  premières  fyllabes  font 
brèves  ,  &  la  troifieme  moyenne. 

JOLIVETÊ  ;  fubftantif  féminin.  Il 
ne  fe  dit  guère  qu'au  pluriel  pour 
défigner  des  babioles  >  des  bijoux  & 
de  certains  petits  ouvrages  qui  ne 
font  pas  de  grand  fervice.  //  a  un 
cabinet  rempli  d*une  infinité  de  petites 
jolivetés. 

JoLiVETÉ  ,  s'eft  auflî  dit  autrefois  des 
gentilleflTesque  font  les  enfans;  mais 
il  eft  vieux  dans  cette  acception. 

JOM  AD  A  \  fubftantif  mafculin.  C'cft 
le  nom  du  cinquième  mois    des 


JON 

Turcs.  Il  repond  à  peu  près  â  notre 
mois  de  Janvier. 

JOMBARBE  ;  fubftantif  féminin. 
C'eft  le  nom  qu'on  donne  vulgai- 
rement â  la  âûte  de  tambourin  ou  à 
trois  trous. 

JONAS  ;  nom  propre  du  cinquième 
des  douze  petits  Prophètes.  Il  étoit 
Galiléen  &  fils  d'Amathi.  II  pro* 
phétifa  fous  Jéroboajn^  Roi  d'Ifracl» 
&  du  temps  d'Ofias  ou  Azarîas  , 
Roi  de  Juda.  Dieu  l'envoya  â  Ni- 
nive  pour  exhorter  les  habitans  de 
cette  ville  à  la  pénitence.  Uhiftoire 
de  cette  Mîffion ,  de  la  défobéif- 
fance  du  Prophète ,  de  fa  punition» 
Se  enfui  te  de  fa  prédication  à  Ni- 
nive  ,  fuivie  de  la  converfion  de 
cette  ville  &  de  quelques  autres  cir- 
conftances  perfonnelles  à  Jonas  » 
font  le  fujet  de  cette  prophétie 
qui  ne  contient  que  quatre  chapi* 
très. 

Jonas  avoît  auflî  compofé  une  au- 
tre prophétie  dont  il  eft  parlé  au 
quatrième  livre  des  Rois  >  dans  la* 

3uelle  il  avoit  prédit  fous  le  règne 
e  Joas  9  les  conquêtes  que  feroic 
fon  fils  Jéroboam.  Le  livre  que  nous 
avons  femble  être  cité  dans  Tobie 
&  eft  approuvé  par  Jéfus-Chrifi  mê- 
me. Ceft  pourquoi  l'Eglife  l'a  tou- 
jours reconnu  pour  canonique  &  U 
Synagogue  l'avoir  mis  dans  le  canon 
des  Juifs. 
JONCj  fubftantif  mafculin.  Juncus. 
Plante  dont  on  diftingue  plufieurs 
efpèces  :  les  joncs  proprement  dits 
font  de  la  famille  des  liliacées  >  & 
paroiflent  tenir  le  milieu  entre  les 
gramens  &  les  lis.  Ils  ont  tous  une 
maîtrefle  racine  rampante  &  fibreu- 
•  fe.  Leur  calice  eft  compofé  de  fix 
feuilles  diftinâes  rangées  autour 
du  piftil. 

Le  jonc  aigu  &  piquant  eft  «ine 
plante  qui  croît  dans  les  maraispro- 

che 


JON 

che  la  tner  &  en  plufieors  autres 
iieux  aquatiques  *,  fa  racine  eft  com 

Îofée  de  grolTes  fibres  y  elle  pouffe 
eaucoup  de  tiges  â  tuyaux  de  la 
hauteur  de  deux  pieds  >  greffes  , 
r aides,  pointues,  compoices d*un^ 
écorce  epaifle  &  d'une  moelle  un 
peu  dure ,  blanchârre  ,  enveloppée 
depuis  la  racine  par  des  efpèces  d^ 
graines  feuilletées  qui  ont  jufqu'a 
près  d*un  pied  de  longueur.  Ses 
ileurs  font  en  étoile  &  placées  vers 
Je  fommet  des  tiges.  Il  leur  fuccède 
une  capfule  relevée  de  trois  coins , 
&  qui  renferme  des  femences:  cerre 
plante  eft  aftringente  &  narco- 
âqne. 

*  Le  jonc  i^cau  eft  le  plus  grand 
des  joncs  liflès  ;  il  convient  i  un 
grand  nombre  d'ouvrages  :  on  s'en 
ferr  pour  lier  différentes  fortes  de 
choies.  C*eft  une  plante  aquatique 
dont  les  racines  font  longues  »  grof- 
fes»  nouées ,  rampant  dans  la  terre  , 
rouges  j  brunâtres  en  dehors  >  blan- 
ches en  dedans  ;  elles  pouflent  plu-^ 
fieurs  tiges  hautes  de  fîx  à  fept  pieds^ 
poîntu.es,  grofles  comme  le  petit 
doigt ,  droites  ,  rondes ,  verdâtres, 
unies ,  pyramidales  »  remplies  de 
moelle  blanche  ,  portant  en  leurs 
fommités  èA%  fleurs  difpofées  en 
manière  d^épis:  il  leur  fuccède  des 
femences^  greffes  comme  celles 'du 
millet  ^  triangulaires  ,  rainâfrées 
Tune  contre  l'autre  &  formant  en- 
femble  une  tète.  Ce  jonc  eft  aftrin* 
gcnt. 

Le  jonc  fleuri  a  fa  racine  grofle, 
nouée  3  blanche  &  fibreufe  ;  elle 
poufle  des  tiges  hautes  de  quatre 
pieds  ^  fes  feuilles  font  longues  , 
étroites  &  fortent  de  la  racine  :  fes 
fleurs  naiffent  au  fommet  des  tiges 
en  manière  d'ombelles,  de  couleur 

{>urpurine  &  difpofées  en  rofes  :  il 
eur  fuccède  un  rruit  membraneux, 
Tome  XF.  • 


JON  89 

compofé  le  plus  fouvent  de  fix  grai- 
nes remplies  de  femences pblongues 
&  menues.  Cer  jonc  convient  pour 
la  morfure  des  bètes  venimeufes  :  le 
bœuf  en  eft  fort  friand. 

Lt  jonc  marin  eft  une  efpcce  de 
jonc  aigu.  La  partie  de  ce  jonc  qui 
a  pouflé  la  dernière ,  eft  la  plus  ten* 
dre  y  c'eft  une  bonne  tiourriture 
pour  toutes  fortes  de  beftiaux  après 
qu'elle  a  été  pilée  dans  une  auge  oa 
autre  machine  femblablè* 

Le  Jonc  ordinaire  ou  des  jardins  a 
les  tiges  &  les  feuilles  plus  menues, 
plus  cadantes  Se  la  planre  moins  ai- 
guë &  moins  piquante  que  celle  du 
joncaigu':  fes  fleurs  naiuent  en  bou- 
quets épars  :  cette  plante  eft  aflfeZ 
commune  dans  les  marais^  elle  fert 
ainfî  que  le  jonc  aigu  ^  i  faire  des 
cables  »  des  cordages  Se  à  lier  des 
paquets  d'herbes, 

Obfervations  fur  Icsjoncs»  En  gé- 
néral les  tiges  des  joncs  font  vertes 
&  rondes  ;  elles  né  font  que  peu  ou 
point  feuillues  ni  branchues,^& 
nniffent  dans  les  eatix  où  proche  de 

'  celles  qurcrouj^tlîent. 

Les  joncs  marins  qu'on  appelle 
falnfcin  d* Efpagne  o\i'iartdes\  c coif- 
fent dans  les  landes  &  les  terres  les 
plus  ftérilesjmcme  fans  qu'on  lésait 
femés  j  mais  celui  qui  'irient  de  fe- 
mence  eft  meilleur  :  on  donne  Tun 
&  l'aurréaux  beftiîiux /haché  & 
pilé  :  on  doit  couper  lés  joncs  aind 
que  les  rofeaux  par  un  beau  temps  Se 
on  les  laîflTefur  place  pendant  trois 

•  on  tiuatre  jours  afin  qu'ils  sèchent. 

On  emploie  enfuite  ces  joncs  i  la 

"   campagne  pour  couvrir  les  tous  de 

^  peu  d'importance  ,  &  pour  faire  des 
p.iillàlfons,  des  corbeilles  ,  des  ba- 
lais ,  &c.  La  plupart  des  joncs  de- 
viennent gros  comme  le  pouce  lorf- 
qu'on  les  laiffe  trois  ans  fans  les 
couper.  On  doit  en  fci^ier  la  graine 

M 


au  mois  de  Mars  »  parmi  quelques 
menus  grains  &  on  les  récolte  au 
mois  d'Âoùc  fuivanr* 

On  die  familièrement  d*un1iom- 
me  »  d*ttne  femme  qui  ont  la  taille 
droite ,  qiiil  eft  droit ,  qu'elle  cfl  droi- 
te comme  un  jonc. 

Quelques  Minéralogiftes  appel- 
lent jonc  de  pierre  ,  une  pierre  for- 
mée par  Tâiremblage  de  tubulites 
'pétrifiées  ou  de  coralloïdes  cylin- 
driques parallèles  les  unes  aux  au- 
tres &  placées  perpendiculairement 
eu  égard  à  la  malle  de  la  pierre  :  il 
fe  trouve  une  pierre  de  cette  efpèce 
en  Angleterre»  dans  la  province  ou 
comté  de  Shropshire  ,  fuivanr  le 
rapport  d'Emmanuel  Mendez  d'A- 
coda  qui  place  cette  pierre  parmi 
celles  qu'il  nomme  marmoroïdes  ou 
rejfemblantts  au  marbre.  C'eft  auffi 
de  cette  efpèce  qu'eft ,  félon  lui ,  le 
marmorjuncum  ou  lesjunci  lapides 
décrits  dans  le  catalogue  de  Wood- 
ward^  oà  il  eft  dit  oue  les  cylindres 
qu'on  remarquoit  dans  le  morceau 
qu'il  p^lTédoit»  avaient  près  de  deux 
pieds  de  longueur  8c  s'étendoient 
autant  que  la  pierre  ^  quoiqu'elle 
ne  fût  elle-même  qu'un  fragment. 
Ce  morceau  curieux  étoit  tire  d  une 
carrière  ïituée  encre  Carliile  &  Co- 
kefmouth  ,  dans  le  duché  deCum 
berland.  Il  s'en  trouve  auffi  en  An- 
gleterre dans.rÊvcché  de  Durham 
Se  dans  la  province  d' Yorck. 

Jonc  ,  fe  dit  aufli  d^une  efpèce  de  ba- 
gue dont  le  cercle  eft  égal  panout. 
Unjoncd*or.  Vn  jonc  entouré  d'éme^ 
itaudes* 

Ce  monofyllabe  eft  bref  au  fin- 
gulier  &  long  au  pluriel. 

On  devroit  éctirejon  d'après  la 
prononciation. 

JONCAIRE ,  ou  JuNCARiÀ  ;  fubftan- 
tif  féminin.  Petite  plante  ralneufe 
4ont  les  tiges  refletnbleat  à  celles-^ 


ION 

du  )onc  d'où  elle  a  tiré  le  nom  de 
joncaire.  C'eft  une  efpèce  de  Ga- 
rance. Elle  croît  dans  les  lieux  fa- 
blonneux  &  dans  les  vignobles.  On 
la  dit  vulnéraire ,  déteruve  &  apé- 
ritive. 

JONCHÉ ,  ÊE  i  participe  paOIf-^oy. 
Joncher. 

JONCHÉE  ;  fubftantif  féminin.  Tou- 
tes fortes  d'herbes  ,  de  fleurs  &  de 
branchages  dont  on  parfeme  les 
rues ,  les  Eglifes  un  jour  de  céré- 
monie. Une  jonchée  de  rofes  &  d'ail* 
lets. 

Jonchée  ,  fe  dit  auffi  d^un  petit  fro- 
mage de  crcme  ou  de  lait  caillé  » 
fait  dans  une  efpèce  de  panier  ou 
de  clifle  d^  jonc.  Une  jonchée  de  crè- 
me ,  Manger  de  la  jonchée. 

La  première  fy  lUbe  edmoyenne, 
la  féconde  longue  ,  &  la  troiûème 
rrès-brcve. 

JONCHÉES  i  (  i  )  vieille  expreflîon 
adverbiale  qui  (ignifioit  autrefois 
abondamment  Ȉ  pleines  mains. 

JONCHER  i  verbe  aûifde  la  pre- 
mière çonjugaifon ,  lequel  fe  con«^ 
jugue  comme  Chanter.  Parfemec 
de  joncs  y  d'herbes ,  de  fleurs  »  de 
branchages  pour  une  cérémonie. 
On  joncha  de  fieur^  les  ruçs  par  où  il 
devoir  pajfer^ 

On  dit  figurément  y  joncher  la 
campagne  de  morts  ;  pour  dire  y  cou- 
vrir la  campagne  de  morts. 

La  première  fy  llabe  eft  moyenne» 
&  la  féconde  longue  ou  brève.  Foy^ 
Verbe. 

Les  temps  ou  perfoones  qui  fe 
terminent  par  un  e  féminin ,  ont 
leur  pénultième  fyllabe  longue. 

JONCHERIE  î  vieux  mot  qui  figni- 
iioit  autrefois  tromperie. 

JONCHETS  i  fubftantifmafcttlinpltt- 

riel.  Certains  petits  bâtons  fort  me- 
nus en  forme  de  joncs  avec  leC- 
^els  onjoue^  Jouer  aux jonchetfm. 


'  JON 

JONCTION  ;.  fubllanrif  féminin. 
Junaio.  Union,  aflemblage."// /roir 
intérejfant  d* empêcher  lajonQïon  des 
deux  armées.  On  a  pratiqué  le  canal 
de  Languedoc  pour  lajonUiùn  de  1*0- 
ciàn  &  de  la  Méditerannée. 

Jonction^  fe  dit  en  termes  dé  Palais, 
de  l'union  d'une  caafe ,  inftance  ou 
procès  â  un  autre  ,  Dour  juger  con- 
jointement par  un  feui  &  même  ju- 
gement. 

On  appelle  appointement  de  jonc- 
tion ,  ^  le  règlement  qui  unit  ainfi 
deux  inftances  ou  procès  qui  étoienc 
lépa tés  auparavant. 

On  dit ,  c^M'une  affaire  fe  pourfuit 
à  la  jonction  du  Procureur  Général, 
ou  du  Procureur  du  Roi  ,  ou  du  Mi- 
f^ftm  public ,  lorfque  dans  une  af- 
faire criminelle  où  il  y  a  une  Partie 
civile  ,  le  Miniftère  pubUc  inter- 
vient pour  conclure  à  Ja  vengeance 
&  punition  du  délit.  Cette  inter- 
vention s  appelleyoiiS/o/2 ,  parceque 
le  Miniftère  public  fe  joint  i  Tac- 
cafateur  lequel  requiert  la  jonûion 
du  Miniftère  public  ,  parcequ'en 
France  les  particulier»  ne  peuvent 
conclure  qu'aux  intérêts  civils  j  le 
droit  de  pourfuivre  la  punition  du 
et ime  &  la  vindidle  publique  réfi- 
dent  en  la  perfonne  du  Miniftère 
public. 

f^oyei  Union  pour  les  dtfférten- 
ces  relatives  qui  en  diftiigçent  Jonc- 

tlON. 

JONE  j  nom  propre  d'une  petite  île 
d'Écoire,  au  fud-oueft  de  Tîle  de 
Mull.EUea  deux  «ailles  de  longueur 
&  un  de  largeur.  EUeeftremarqua- 
ble  par  fa  fertilité  j  &  pour  aVoir* 
été  autrefois  îe  tombeau  des  Rois 
d'Ecofte.  On  y  en  compte  quarante 
d'inhumés  ,  &en  outre  quatre  Rois 

'  dlllande  &  quatre  de  Norwège. 
JONGLER;  vieux  mot  qui  fignifioîtj 
autrefois  &ire  ^des  tours  &  pafTe 


JON-  .  91 

,  { aflfè  poiit  annifet  le  peuple.  Et  1 00 
SL cit jonglerie jfQkit  exprimer ladion 
de  jongler. 
jONCaUR  i  fubftaïuif  mafcMlîn. 
On  a  ainfi  appelé  des  efpèces  de 
Méuétrit^rs  qui  piirureni  du  teoips 
des  Troubadours  ou  Trottvers  »  Poin- 
tes Provençaux ,  fameux  ilès  le  on- 
zième Cède. 

Le  terme  de  Jongleur ,  i  ce  qu'on 
croit ,  eft  une  corruption  du  mot  la* 
tin  Joculator  »  en  françois  Joueur*  U 
en  eft  fait  mention  dès  le  temps 
de  l'Empereur  H^/zri  //mort  en  1  o  5  ^, 
Comme  les  Jongleurs  jcueient  de 
diftérens  inftrumens  ,  ils  s'aflbçiè- 
resr  aux  Troubadours  &  aux  Chan* 
teurs  pour  exécuter  les  ouvrages  des 
premiers»  &  ils  s'introduifîrent  a.nfî 
avec  eux  dans  les  Palais  des  Princes 
&  des  Grands. 

Après  la  mort  de  Jeanne  »  Reine 
de  ^laples  6c  de  Sicile  >  Comtefte  de 
Provence  »  arrivée  en  1381  »  rous 
ceux  de  la  profefliou  des  Trouba- 
dours &  des  Jongleurs  fe  féparèrect 
en,  deux  différentes  efpèces  d'Ac- 
teurs :  les  uns  fous  l'ancien  nom 
de  Jongleurs ,  joignirent  aux  inftru- 
mens >  le  chant  &  le  récit  des  vers  ; 
les  autres  prirent  feulement  le  nom 
de  Joueurs^ziTiÇi  qu'ils  fon(  némmés 
par  les  ordonnances. 

Tous  les  jemç  de  ceux -"ci  confift^ 
toienr  en  gefilculations  ,  tours  de 
paffe-pajfe  ,  ou  par  eux-mêmes  ou 
par  des  finges  qu'ils  portoient^  oa 
en  quelques  mauvais  récits  du  plus 
bas  Durlefque.  Leurs  excès  ridicules 
te  eitravagans  les  firent  tellement 
méprifer  ,  que  pour  fignifier  alors 
une  chofe  mauvaife ,  folle  ,  vaine 
ou  faufle ,  on  l'appeloitjfo/zg/m^. 

Philippe  Augufie  dès  la  première 
année  de  fon  règne  ,  chaûà  d,e  fa 
Couc  rous  les  Jongleurs  iz  les  ban- 
nit 4e  les  ÈtaQ.  Quelques-uns  ce^ 

M  ij 


5>i  •  JON 

fendant  s'étant  réfocmés  ,  fe  récà- 
tirent  en  Franco  &  y  furent  foufFerts 
dans  la  fuite  fous  le  rèzne  de  ce 
Prince  &  des  Rois  fes  (acceflTeurs. 
Dans  un  tarif  fait  par  Saint  Louis 
pour  t^gter  le  droit  de  ^^age  qui  fe 
payoit  a  l'entrée  de  Paris  fous  le 

Îetit  Châtelet  «  il  eft  dit  que  les 
ongleurs  feroient  quittes  cfe  tout 
péage ,  en  faifant  le  récit  d'un  cou- 
plet de  chanfon  devant  les  Péagers} 
Oc  i  une  autre  porte  ,  (]ue  le  Mar- 
chand qui  apporroit  .un  Hnee  ^  pay  e- 
roit  quatre  deniers  j  que  u  le  (inge 
appartenoit  à  un  homme  qui  Teut 
acheté  pour  fon  plaifir  ,  il  ne  don- 
neroit  rien  ;  que  s'il  étoit  i  un 
Joueur  ,  il  joueroit  devant  les  Péa- 
gers  ,  &  que  par  ce  jeu  il  feroit 
q^iitte  du  péage  >  tant  du  finge  que 
de  tour  ce  qu'il  aurait  acheté  pour 
fon  ufage  :  c'eft  dc-lâ  que  vient  cet 
ancien  proverbe  ,  payer  en  monnoU 
definge  &  en  gambades. 

Les  Jongleurs  n'habitoient  à  Pa- 
ris qu'une  leule  rue  qui  avoir  pris  le 
nom  de  rue  des  Jongleurs  ,  &  qui  eft 
aujourd'hui  celle  de  Saint -julien 
des  Ménétriers.  On  y  alloic  louer 
ceux  qu'on  j&geoit  i  propos  pour 
s'en  fervir  dans  les  fêtes  ou  afiem- 
blées  de  plaifîr. 

Par  une  ordonnance  de  Guillaume 
de  Germant  Prévôt  de  Paris ,  du  1 4 
Septembre  1^95  ,11  fut  défendu 
aux  Jongleurs  de  rien  dire ,  repré- 
fenter  ou  chanter  dans  les  places 
publiques  ou  ailleurs  y  qui  pfit  cau- 
1er  quelque  fcandale  ,  à  peine  d'a- 
mende &  de  deux  mois  de  prifon  au 
pain  &  â  l'eau. 
Jongleurs  ,  fe  dit  auffi  de  prétendus 
Magiciens  ou  Enchanteurs  fort  en 
réputation  chez  les  Sauvages  de  l'A- 
mérique où  d'ailleurs  ils  exercent  la; 
Médecine.  * 

Le  Père  de  Charkvoix  npporte  ) 


JON 

• 

que  ces  Jongleurs  font  profeffiondc 
n'avoir  commerce  qu'avec  ce  qu'ils 
appellent  des  génies  bienfaifans^  8c 
qu'ils  fe  vantent  de  connoître  par 
leur  moven  »  ce  qui  fe  pde  dans 
les  pays  les  plus  éloignés  >ou  ce  qut 
doit  arriver  dans  leê  temps  les  plus 
reculés  ;  de  découvrir  ta  fource  6c 
la  nature  des  maladies  les  plus  ca-* 
chées  y  &  d'avoir  le  fectet  de  les 

{;uérir^dedifcerner  dans  les  affaires 
es  plus  embrouillées  >  le  parti  qu'il 
faut  prendre  ^  de  faire  réuflif  les  né-* 
gociations  les  plus  difEciles  y,  de 
rendre  les  Dieux  propices  aux  guer* 
riers  8c  aux  chaflfeurs  j  d'eutenor^  le 
langage  des  oifeaux  ,  &c. 

Une  de  leurs  plus  ordinaires 
préparations  pour  faire  leurs  pref* 
ciges^  c'eft  de  s'enfermer  dans  des 
écuves  pour  fe  faire  fuer.  Ils  'ne 
différent  alors  en  rien  des  Pyrhies  » 
telles  que  les  Poètes  nous  les  enc 
représentées  fur  le  trépied.  On  les 
y  voit  entrer  dans  de^  convulfions 
Se  des  enthoufiafmes»  prendre  des 
tons  de  voix  &  faire  des  aâions  qui 
paroiirent  au-delTus  des  forces  ha- 
maines.  Le  langage  qu'ils  parlent 
dans  leurs  invocations  >  n'a  rien  de 
commun  avec  un  autre  langage  fao- 
vage;&  ileft  vraifemblable  qu'ilne 
confiftequ'en  des  foiis  inform^,pra» 
duits  fur  le  champ  pa^r  une  imagina- 
tion échauffée,  &  que  ces  charlatans 
onr  trouvé  le  moyen  de  le  faire  paiS^ 
fer  pour  un  langage  divin  j  ils  pren- 
nent différens  tons  y  quelqui^ai$  ils 
groflident  leurs  voix  «  pois  ^Is  con- 
trefont une  petite  voix  grcle  ,  afies 
femblable  à  celle  de  nos  marioo- 
nettes  &  on  croit  que  c'eft  leur  ef* 
prit  qui  parle. 

Quelquefois  ils  déclarent  qu'ils 
vonc  commimiqner  aux  racines  6c 
aux  piaûtes  U  tercu  de*  giicrir^  lotc^ 


JON 

tes  fortes  de  plaies  &  même  de  reo* 
dre  la  vie  aux  morts. 

Leur  métier  toutefois  efl:  an 
peu  périlleux  chez  les  Sauvages  ap- 
pelés Naichq^,  Quand  ils  foignent 
un  malade  ils  font  bien  payés  s'il 
vient  a  guérir  :  mais  s*il  meurt  il 
leur  en  coûte  fouvent  la  vie  à  ejix- 
mêmes. 

Quelques-uns  de  ces  Jongleurs 
entreprennent  de  procurer  la  pluie 
&  le  beau  temps.  V  ers  le  printemps 
on  fe  cottife  pour  acheter  de  ces 
prétendus  Magiciens  ,  un  temps  fa- 
vorable aux  biens  de  la  terre.  Si 
c'eft  de  11  pluie  qu'on  demande,ils  fe  | 
remplifTent  la  bouche  d'eau ,  &avec 
uncnalumeau  dontunbouteft  percé 
de  plu(7eurs  trous  comme  un  enton- 
noir »  ils  foufflent  en  l'àir  du  coté 
où  ils  apperçoivent  quelque  nuage. 
S'il  eft  queftion  d'avoir  du  beau 
temps  ,  ils  montent  fur  le  toit  de 
leurs  cabannes  Se  font  figne  aux 
nuages  de  pader  outre.  Si  cela  arri- 
ve >  ils  danfent  6c  chantent  autour 
de  leurs  Idoles ,  avalent  de  la  fumée 
de  tabac  &  préfentent  au  Ciel  leurs 
calumets.  Si  l'on  obtient  ce  qu'ils 
ont  promis  ,  ils  font  bien  recom* 
penfés  y  s'ils  ne  téufliiTent  pas  »  on 
dit  qu'on  les  fait  mourir  fans  mifé- 
ricorde. 

JONQUE  ;fubftantif  féminin.  Sorte 
de  vailfeau  fort  large ,  â  peu  près 
de  la  grandeur  d'un  flibott  dont  on 
fe  fert  dans  les  Indes  Orientales ,  & 
le  lone  des  côtes  de  la  Chine.  Voici 
la.defcription  qu'en  donne  M.  W^it- 
fen  ,  d'après  un  petit  modèle  qu'il 
a  eu  entre  les  mains  :  la  quille  eu  de 
trois  pièces  ;  celle  du  milieu  eft  en 
ligne  droite  :  mais  les  deux  qui  font 
Its  plus  courtes  ,  ont  à  l'arrière  &  à 
l'avant  un  relèvement  de  cinq  pieds. 
L'avant  eft  plat^  formé  prefqu'en 


JON  93 

triangle ,  dont  la  pointe  la  plus  ai- 
guë eft  en  bas ,  &  a  un  peu  de  quê- 
te. L'arrière  eft  aufli  plat  &  reh* 
tré  un  peu  en  dedans  ,  depuis  le 
bord  jufqu'au  milieu.  De  cette 
manière  >  ce  bâtiment  n'a  niétrave» 
niétambord.'ll  n'y  a  qu'une  pré- 
ceinte pofée  à  la  hauteut  du  premier 
pour  >  &  qui  eft  ronde  par  dehors  > 
avec  un  relèvement  proportionné  i 
tout  le  gabarit.  Sous  cette  préceinte 
le  vaifl'eau  eft  arrondi  par  le  bas  , 
mais  au-deiTus ,  jufqu'au  haut  pont, 
il  a  les  côtés  plats.  Il  a  deux  ponts , 
qui  font  également*ouverts  dans  le 
milieu ,  félon  la  longueur  du  bâti- 
ment ,  Se  ces  ouvertures  font  en- 
tourées de  bordages.  A  l'arrière  > 
proche  Le  gouvernail,  font  quelques 
marches  fur  le  bas  pont  ^  pour  def^ 
cendre  au  fond  de  cale.  À  ce  même 
endroit  le  vailTeau  eft  ouvert  au- 
deflus  de  l'acafle ,  laquelle  eft  audi 
haute  que  le  pont  ;  de  forte  que  le 
vent  peut  entrer  par  l'arrière.  Le 
gouvernail  eft  fufpendu  à  cette  par- 
tie du  bâtiment ,  &  attaché  de  cna- 
ue  côté  avec  des  cordes  qui  paf- 
ent  au  travers  par  le  bas ,  &  qui 
ibnt  amarrées  au  bord  par  le  haut , 

t^our  aider  d  gouverner ,  parceque 
e  gouvernail  étant  fort  grand,  la 
barre  ne  fuffit  pas  pour  le  faire  jouer 
dans  les  gros  temps.  On  ajoute 
même  alors  de  groflfes  rames  à  cha- 
que côté  de  l'arrière  pour  gouver- 
ner avec  plus  de  facilité. 

Le  grand  mât  eft  plus  proche  de 
l'avant  que  de  l'arrière.  Il  penche  un 
peu  vers  l'arrière.  Il  y  a  fur  le  bas 
pont  un  ban  ou  rraverfin  tout  ronc^, 
qui  par  chaque  bouc  eft  joint  avec  la 
préceinte ,  Se  dans  lequel  le  mât  eft 
enchâlfé  &  tenu  par  un  cercle  de 
fer  :  mais  par  le  bas  il  n'jip  aocune 
pièce  qui  l'arrête  fur  le  plafond;  Sa 
forme  -carrée  en  xec  endroit  fpSit 


i 


5>4  JON 

apparemmenc  pour  qu*il  foie  appuyé 
allez  ferme. 

A  lavanc  eft  un  autre  mât  un  peu 
plus  petit  »  qui  penche  en  avant.  On 
peut  ôter.ces  mâts,  &  les  coucher 
vers  l'arrière.  Us  ont  des  tons  fen- 
dus en  échancrure ,  dont  les  deux 
côcés  font  entrecenus  avec  des  che- 
villes y  Se  les  bouts  liés  enfemble , 
en  haut.  C*eft  là  que  s'ente  le  bâ- 
.  ton  de  pavillon  ^  de  forte  que  quand 
.  on  couche  le  mât ,  on  en  peut  ôter 
le  ton.  On  monte  le  long  du  mât 
.  par  des  taquets  >  qui  y  font  cloués , 
6c  on  hilTe  lés  yoiles  avec  des  vin- 
das.  L'ancce  eft  de  bois.  Sa  figure 
refTemble  â  deux  coudes  courbés  & 
attachés  l'un  à  l'autre.  Sous  fes  bras 
qui  n'ont  point  de  patte ,  il  y  a  une 
pièce  de  Sois  en  txavers ,  entée  de 
chaque  coté  dans  la  vergue. 

Dans  le  milieu  du  bâtiment  »  fous 
le  premier  pont,  il  y  a  de  chaque 
coté  une  porte  carrée ,  pour  entrer 
dans  le  vaiffeau.  On  met  fur  le  bas 
pont  quatre  pièces  de  canon  à  ftri- 
l>ord  6c  à  bas  bord ,  donc  deux  font 
pofées  fur  le  tillac  même,  6c  deux 
font  un  peu  élevées.  On  y  voit  auflî 
de  faux  fabords ,  les  ans  ronds ,  les 
autres  carrés  >  peints  en-dehors  avec 
de  la  couleur  noire.  Ce  font  lés  feuls 
endroits    du    vaideau    qui   foîent 

f ceints.  Il  y  a  en  haut  du  bordage ,  à 
'un  &  l'autre  bout ,  des  baluftres 
qui  peuvent  s'ôter  &  fe  remettre  y 
&  au  haut ,  contre  le  bord ,  eft  une 
efpèce  d  echafFaud  ,  où  les  Matelots 
montent  pour  putfer  de  Veau  dans 
la  mer.  A  l'arriére ,  contre  le  bord» 
en- dedans  «  il  y  a  à  bas  bord<»  un 
long  épars,  où  Ton  hiiTe  un  pavil- 
lon ,  6c  même  une  petite  voile  au 
befoin.  Enfin  pour  donnpr  en  peu 
de  mgps  une  idée  de  la  forme  en- 
tière d'une  jonque ,  fon  pont  eft 
plus  étroit  à  Tavant  qu'à  l'arrière  y 


JON 

6c  le  bâtiment  plus  étroit  par  le 
haur  que  par  le  bas* 

Pour  la  conduite  de  ce  bâtiment  > 
le  pilote  eft  aflîs  à  Tarrière  »  &  là  » 
avec  un  petit  tambour ,  il  indiquer 
au  rimonnier  de  quel  côté  il  doit 
gouverner. 

Les  peuples  de  Java  font  aufli 
'  ùfage  de  jonques  :  mais  elles  fonc 
dinerentes  de  celles  dont  on  vient 
de  parler:  de  l'avant  à  l'arrière,  elles 
ont  un  pont  faic  comme  un  toit  de 
maifon  ,  couvert  de  joncs  >  fous  le- 
quel on  eft  i  l'abti  du  foleil ,  de  la 
rofée  &  de  la  pluie.  Il  y  a  encore 
une  chambre  pour  le  Capitaine  ott 
pour  le  Maître  ;  8c  le  creux  eft  di-- 
vifé  en  plufieurs  petits  efpaces ,  où 
la  cargaifon  refte  bien  arrimée.  On 
y  entre  par  les  deux  cotés ,  &  pro- 
che des  entrées ,  eft  la  cuifine.  Il  y  a 
un  beaupré  â  l'avant  y  un  grand  mâr 
&  un  mat  d'artimon.  Les  voiles  fonc 
de  joncs  ou  de  bois  entrelacés.  Les 
ancres  font  de  bois. 
On  appelle  encorejonque ,  les  plus 
grands  vailTeaux  des  Chinois ,  Qu'ils 
équipent  en  guerre  &  en  marcnaU'- 
difes.  Leur  nom  ^  dans  la  langue  da 
pays ,  eft  TJoen  y  Soen  ou  Soun. 

JONQUE  RE  j  nom  propre  d'une 
ville  d'Efpagne  en  Catalogne,  au 
pied  des  Pyrénées  ,  â  huit  lieues  » 
fud ,  de  Perpignan. 

JONQUIÈRES  i  nom  propre  d'une 
pente  ville  de  France ,  en  Proven* 
ce ,  â  quatre  lieues ,  nord-oueft  3  de 
Nlarleille. 

JONQUILLE  ;  fubftantîf  féminin. 
NarciJJus  juncifoilus.  Plante  qui 
fleurit  en  Mars ,  &  qui  eft  une  ef- 
pèce de  narcide  dont  on  diftingae 
f>lufieurs  variétés.  La  première  eft 
a  jonquille  â  grandes  fleurs  ;  (a 
racine  eft  bulbeufe ,  blanche ,  cou- 
verte d'une  membrane  noire  i^llc 
poulTe  des  feuilles  longues  ^  étroi* 


JON 

tes  »  quelquefois  arrondies  ,  fore 
tlouces  au  coucher,  flexibles,  re(- 
ftmblanc  à  celles  du  jonc.  11  s'élève 
d^encie  elles  une  tige ,  qui  au  prin- 
temps porte  en  fon  fommec  des 
fleurs  (eoiblables  à  celles  du  nar« 
cilTe  ocdinaire ,  mais  plus  petites , 
jaunes  par  tout ,  très*  odorantes. 

La  jonquille  à  petites  feurs ,  ne 
diffère  de  la  première  ,  qu'en  ce 
qu'elle  eft  moins  grande  en  toutes 
fes  parties  ,  &  qu'elle  rapporte 
moins  de  fleurs. 

La  jonquille  à  fleur  double ,  dif- 
fère des  autres ,  en  ce  qu'elle  |«tte 
beaucoup  de  fleurs  doubles,  qui  ont 
de  la  reilèmblaace  avec  celles  de 
Xanémone. 

\^%  jonquilles  en  général  fe  per- 
pétuent de  femence  ,  mais  plus 
promptement  par  les  oignons,  qu'on 
couvre  d'une  terre  légère  à  la  hau- 
teur d'un  pied  :  on  \t%  arrofe  mo- 
dérément :  on  les  lève  au  mois  de 
Septembre,  &  on  en  coupe  les  fi- 
lets &  les  cheveux.  Les  blanches 
&  les  jaunes  doubles  viennent 
mieux  dans  des  pots  qu'en  plan- 
che. 

Cette  plante  eft  Tn^^fMt  jonquille^ 
à  caufe  de  la  reflemblance  de  fes 
feuilles  av^ec  celles  du  jonc 

On  fait  avec  les  fleurs  de.  |on- 

3uille ,  des  bouquets  ^  des  parfums, 
es  poudres  »  <ic5  pommades  &  des 
elTences.  Diofcoride  dit  que  la  ra- 
cine de  cette  forte  de  plante  eft  vo- 
mitive. 
JONTE,  ou  Junte  ^  fubftantif  fémi- 
nin. On  appelle  ainfi  en  Efpagne  3 
rAflèmblés  d'un  certain  nombre  de 
perfonnes  que  le  Roi  choiiit  pout  les 
confnlter  (ur  des  affaires  d'impor- 
tance, il  convoque  &  diflout  leur 
AlTemblée  â  fa  volonté  \  elle  n'a  que 
la  voix  de  confeil  &  le  Roi  d'Efpa- 
gne  eft  le  maître  d'adopter  x>u  de  re- 


JON  95 

jeter  fes  décifions.  Après  la  mort  du 
Roi,  on  é^tablit  communément  une 
jonte  ou  confeil  de  cette efpèce  pour 
veiller  aux  affaires  du  Gouverne- 
ment \  elle  ne  fubflfte  que  jufqu'à 
ce  que  le  nouveau  Roi  ait  prit  les 
rênes  du  Gouvernement. 

A  la  mort  de  Charles  II  Roi 
d'Efpagne ,  le  Royaume  fut  gouver- 
né par  une  jonte  en  rabfence  de 
Philippe  V. 

Ce  terme  eft  aufli  uflté  en  Por« 
tugal ,  où  il  défigne  une  Compa- 
gnie chargée  de  quelque  adminif- 
tration.  11  y  a  dans  ce  Royaume 
trois  jontes  confidérables  \  la  jonte 
du  commerce ,  la  jonte  des  trois 
Érats  &  la  jonte  du  tabac.  Les  deux 

gremières  ont  été  établies  par  le 
.oi  Jean  IV  j  &  la  jonte  du  tabac 
par  Pierre  11.  Celle-ci  eft  compofée 
d'un  Préfident  &  de  fix  Confeil- 
lers. 
JONTLASPl  ;  fubftantif  mafculin. 
Plante   crucifère    ainfi    nommée, 

{>arcequ'elle  reflemble  beaucoup  à 
a  violette  par  fes  fleurs,  &  au  tlafpi 
par  fes  fruits.  Elle  eft  vulnéraire , 
déterfive  &  apéritive.    ' 

JONV1LL1ER5  ;  nom  propre  d'une 
Abbaye  d'hommes  de  l'Ordre  de 
Prcmontré  ,  â  trois  lieues ,  fud-fnd- 
eft ,  de  Bar-le-Duc.  Elle  jouit  d'en-« 

.    viron  8oeo  liv.  de  rente* 

JONZAC  \  nom  propre  d*une  ville 
de  France,  en  Saimonge  ,  a  trois 
lieues ,  fud-fud-eft  ,  de  Pons. 

JOOSIÉ^  fubftantif  mafculin.  Planta 
qui  f^  trouveau  Japon ,  quelle  vient 
€n  très- grande  abondance:  ceft 
I  une  efpèce  de  gramen  médicaîum  ; 
«lie  croît  à  la  hauteur  <i'un  pied  , 
elle  a'' des  feuilles  comme  celles  <lu 

• 

rofeau ,  &  elles  font  trèsrtranchan* 
tes  par  les  cotés.  11  y  en  a  deux  ef- 
pèces  y  la  première  s'appelle  iîin- 
plen^ent  Joo/îé:  la  féconde  €*ap^ 


1 


S)6  JOP 

pelle  Joqfie  Muf^uha  ,  parcequ*elle 
n  iîx  feuilles  qui  partent  d'un  même 
centre.  Les  Japonois  ccrafcnt  ces 
feuilles  avec  du  rinaigrej  &  les 
mettent  fur  les  plaies  ^  ils  font  bouil- 
lir Us  racines  dans  de  l'eau  avec  du 
fucrej  cette  décoûion  filtrée  eft, 
dit-of),  un  remède  excellent  con- 
tre les  douleurs  des  reins  &  la 
pierre. 

JOPPÉ  i  nom  propre  d'une  ancienne 
ville  maritime  de  la  Paledine  fur  la 
Méditerranée.  Son  nom  moderne 
eft  Jafa.  Cétoit  le  feul  port  que  les 
Hébreux  poûTcdaffcnt  fur  la  Médi- 
terranée. Quelques  Auteurs  croient 
que  cette  ville  tire  fon  nom  de  Jop- 
pé,  fille  d'iEolus,  &  femme  de  Cé- 
phée  ,  qui  en  fut  la  fondatrice.  Pli- 
ne raconte  que  Scaurus  ,  apporta  de 
Joppi  à  Rome  ,  pendant  Ion  édili- 
té,  les  os  du  monftre  qui  devoit 
dévorer  AndromcJe^,  &  S.  Jérô- 
me dit  que  de  fon  temps ,  on  voyoit 
encore  à  Joppé  des  marques  de  la 
chaîne,  par  laquelle  cette  Princeffè 
avoir  été  attachée  lorfqu*on  Tezpofa 
au  monftre marin. 

JOQUES;  fubftantif  mafculin  plu- 
riel. On  appelle  ainfi  certains  Bra- 
niines  du  Royaume  de  Narfîngue. 
Ils  font  auftcres  ,  îk  errent  dans  les 
Indes  ;  ils  fe  traitent  avec  la  der- 
nière dureté  ,  jufqa*i  ce  que  de- 
venus abduls  ou  exempts  de  toutes 
lois»  &  incapables  de  tout  péché» 
ils  s'abandonnent  fans  remords  à 
toutes  fortes  de  faletés ,  ne  fe  refu- 
fant  aucune  fatisfaâion  ;  ils  croient 
avoir  acquis  ce  droit  par  leur  péni- 
tence antérieure.  Us  ont  un  chef  qui  \  \ 
leur  diftribue  fon  revenu  lequel  eft 
confidérable ,  &  qui  les  envoie  prê 
cher  fa  doftrine. 

JOR  j  vieux  mot  r^ui  fignifioit  autre- 
fois jour. 

JORDAANSj  (Jacques)  nom  d'un 


JOR 

Peintre  né  à  Anvers  en  1594,  & 
mort  dans  la  même  ville  en  1^78. 
Il  eut  pour  maître  ,    Adam  Van- 
Oort  :  un  génie  heureux  &  beau- 
coup de  facilité  pour  l'exécution  , 
lui  firent  faire  des  progrès  rapides. 
Son  mariage  avec    la  fille  de  foa 
maître  ,    le  fixa   dans    fon  pays  , 
mais  il  faififtbit   toutes  les  occa- 
fions  que  le  hafard  lui  fourniiroit 
de  copier  les  ouvrages  des  meilleurs 
Peintres  Italiens.  Il  s'attacha  panif 
culièremenr  aux  tableaux  du  Cara- 
vane ,  du  Titien  ,  de  Paul  Vero- 
ne(e  &  du  Baftàn.  A  ce  travail  il 
joignit  Ictude  de  la  nature»  &  ac- 
quit par  fon  application  une  grande 
manière  qui  l'a  élevé  au  rang  dt% 
plus  Savans  Artiftes.  Rubens  ne  put 
voir  les   rares  talens  de  Jordaans 
fans  jaloufie.  En  effet',  il  av.  ii  un 
piiîceau  fier  &  vigoureux  qui  pou- 
voir être  comparé  au  fien  ;  ce  fut 
pour  PafFoiblir  que  Rubens  fe  ren- 
dir  officieux  auprès  de  lui ,  &  qu  il 
fir  charger  fon  rival  de  peindre  à 
Gouache  des  cartons  pour  les  rapide- 
ries  du  Roi  d'Efpagne.  Cette  peintu- 
re à  détrempe  devoit, fui  van  tics  vues 
du  premier  détourner  Kautre  de  la 
peinture  à  l'huile  :  mais/orû?i7fl/7j s'ac- 
quitta avec  diftindkîon  decetemploiy 
&  rraica  la  peinture  à  l'huile  avec  le 
même  goût  qu'auparavant.  Ce  Pein- 
tre excelloit  furroutdans  les  grands 
fujets;  il  peignit  pour  Ch.irles  Gaf- 
tave  s  Roi  de  Suède ,  douze  tableaux 
de  la  PaflSon  de  Notre- Seigneur , 
qui  font  autant  de  chefs-d'œuvre  : 
on  admire  encore  le  magnifique  ta- 
bleau de  quarante  pieds  de  haut , 
érigé  à  la  gloire  du  Printe  Frederic- 
Henri  de  Nalfau.  Ce  maître  a  auffi 
excellé  dans  des  fujets  plaifans  ;  on 
connoît  fon  morceau  du  Roi-boit. 

Jordnans  avoir  un  grand  fonds  de 
gaieté  qui  l'aida  à  fupporter  le  poids 


JOR 

du  travail  ^  8c  lui  fit  trouver  le  plai- 
fir  jufques  dans  le  fein  de  la  vieil- 
lefle.On  remarque  dans  fes  tableaux 
une  parfaite  intelligence  du  clair- 
obfcur;  il  embrafloit  tous  les  gen« 
res  de'Peinture.  Il  a  fait  des  payfa- 
ges  d'une  touche  admirable  ;  fa  ma- 
nière étoît  facile  &  expcdiiive ,  fon 
(rinceau  fier  &  vigoureux  ,  fon  co- 
oris  brillant  s  il  mettoit  dans  fes 
ouvrages  beaucoup  d'expreflîon  & 
de  vérité  ;  £qs  figures  parôilfent  en 
mouvement ,  &  femblent  être  de 
relief.  Il  a  quelquefois  péché  con- 
tre la  correction.  Se  fes  penfées  ne 
font  point  fouvent  alfez  élevées,  ni 
fes  caraéfcères  affez  nobles.  On  voit 
un  tableau  de  cet  Artifte  dans  la 
colleâion  du  Palais  Royal. 
JORDANS  j    (  Lucas  )    furnommé 
Fa-Preflo  ;  Peintre  né  â  Naples  en 
i^}^  y  &  mort  dans  la  même  ville 
en  1705  •  Il  eft  audi  appelé  par  quel* 
ques  Auteurs ,  Luc  Jordana.  On  ne 
le  croit  point  parent  de  Jacques  Jor- 
daans.  Lucas  entra  dans  l'école  de 
Jofeph  Ribera ,  d'où   il  fortit  un 
jour  fecretement.  Il  fit  connoiffan- 
ce  avec  Pierre  de  Cortone,  &  l'aida 
dans  fes  grands  ouvrages  ,  mais  il 
s'attacha  furrout  à  la  manière  de 
Paul  Veronefe.  Son  père ,  Peintre 
médiocre  »  le  vint   trouver   pour 

[profiter  de  fes  talens  &  de  fa  faci- 
ité  i  il  vendoit  cher  fes  deffeins  & 
fes  efquiffes  j  ôc  voulant  que  fon 
fils ,  encore  très-jeune ,  ne  perdît 
point  on  feul  inftant ,  il  lui  préjpa- 
roit  i  manger  &  lui  répéroit  fans 
cette  ;  lucas ,  Fa-Prejlo  ,  d'où  lui 
cft  venu  fon  furnom.  Perfonne  n'a 
tant  copié  que  Jordans  ;  fes  études, 
jointes  à  une  mémoire  des  plus  heu- 
reufes  ,  lui  avoient  donné  uAe  ma- 
nière compofée  de  celles  de  tous 
les  grands  maîtres.  Le  Roi  d*Éfpa- 
gne  Charles   îl  le  fit  venir  à  fa 


E 


Tome  XV^ 


JOR  ^7 

Cour  \  &  l'occupa  i  embellir  l'Ëf- 
curial  \  le  Roi  &  la  Reine  pre- 
noient  plaifir  à  le  voir  peindre ,  & 
le  firent  toujours  couvrir  en  leur 
préfence.  Jordans  avoir  une  humeur 
gaie  &  des  faillies  qui  amufoient  la 
Cour  ;  l'aifance  &  la  gtâce  avec 
laquelle  il  manioit  le  pinceau  fe  fai-* 
foient  remarquer  de  tout  le  monde. 
La  Reine  lui  parla  un  jour  de  fa  fem- 
me, &  témoigna  avoir  envie  de  la 
connoître.  Le  Peintre  auffitôt  la  ré- 
préfenta  dans  le  tableau  qui  écoic 
devant  lui ,  &  fit  voir  fon  portrait  â 
cettePrincelTe,  qui  fut  d'autant  plus 
étonnée  qu'elle  ne  fe  doutoit  point 
de  fon  intention.  Elle  détacha  cians 
l'inftant  fon  collier  de  perles ,  &  le 
donna  à  Jordans  pour  fon  époufe. 
Le  Roi  lui  montra  un  jour  un  ta-« 
bleau  du  Bafian  ,  dont  il  étoit  fâ- 
ché de  n'avoir  pas  le  pendant  j  X«- 
cas  peu  de  jours  .après  en  fit  pré- 
fentd'un  à  ce  Prince,  qu on  crue 
être  de  la  main  même  du  fiaHTan  , 
&  l'on  ne  fut  défabufé  que  quand 
.  il  fit  voir  que  le  tableau  étoit  de 
Ipi.  Le  Roi  d'Efpagne  créa  ce  f avant 
Artifte  Chevalier ,  8c   lui  donna 

f>lufieurs  places  importantes  \  il 
ui  envoyoit  tous  les  foirs  un  de 
fes  carrofles  pour  fe  promener  j  il 
plaça  avantageufement  fes  fils ,  Se 
maria  fes  filles  à  ceux  de  fes  Offi- 
ciers qu'il  honoroie  de  fa  protec- 
tion. 

JORGIANE;  nom  propre  d'une  ville 
d'Afie,  dans  le  Koraffan  ,  fur  une 
rivière  de  même  nom ,  qui  a  fon 
embouchure  dans  la  mer  Cafpienne 
vers  le  89^  degré  de  longitude ,  & 
le  38^  de  latitude ,  fqlon  les  Géo- 
graphes Arabes. 

JORNÉE  5  vieux  mot  qtd  fignifioit 
.  autrefois  journée* 

JOS  j    nom    ancien  d'une  île  de  lu 

N 


^8 


JOS 


oier  Égee  y,  ^a  on  appelle  aujouc- 
d  hui  Nio. 

JOSAPHATj  nom  propre  d*ane  val- 
lée de  la  Paleftine  »  enrre  les  urs 
de  Jérufalem  Se  le  Mont  des  Oli- 
viers. Le  Prophète  Joël  dit  qae  le 
Seigneur  alTeoiblera  toutes  les  Na- 
tions dans  la  vallée  de  Jofaphat» 
&  qu'il  y  encrera  en  jugement  avec 
•elles.  Les  Juifs  Se  pluneurs  Chré- 
tiens fondés  fur  ce  pafTage ,,  ont  cra 
Gue  le  jugement  dernier  fe  feroic 
dans  la  vallée  de  Jofaphat  j  mais 
plufieurs  Doéleurs  penfent  que  la 
vallée  de  Jofaphat ,  mot  qui ,  en 
Hébreu ,  (igoine  le  Jugement  du  Sei- 
gneur y  eft  fy mbolique  dans  le  Pro- 
phète Joël. 

JOSAPHAT  y  nom  propre  d'une  Ab- 
baye d'hommes  de  l'Ordre  de  Saint- 
Benoît  ,  à  uue  lieue  ,  nord  »  de 
Chartres.  Elle  eft  en  commende  & 
Yaur  environ  j  5.00*  livres  de  rente 
au  Titulaire. 

JOSEPH;  nom  d'un  fUs  de  Jacob  8c 
de  Rachel.  Ses  frères  jaloux  de  la 

Iirédileâion  que  fon  père  avoit  pour 
ui ,  &  de  ce  que  Dieu  lé  favorifoit 
en  lui  donnant  par  des  fonges  ,  la 
connoiflance  de  l'avenir  y  médité- 
cent  fa  perte.  Un  jour  qu'il  étoit 
allé  de  la  parr  de  fon  père  vidcer  fes 
Arères  occupés  an  loin  dans  la  cam- 
pagne â  faire  paître  leurs  troupeaux, 
ils  réfolurent  de  le-  tuer.  Mais  fur 
ks  remontrances  de  Ruben ,  ils  le 
jjfstèrenrdans  une  vieille  citerne  fans- 
eau  »  à  deffein  de  l'y  laiiïer  mourir 
de  faim.  A  peine  fut-il  dans  la  ci- 
terne, Q^ejudhsy  voyantpafTcr  des* 
Marchands  Madinaites  &  Ifmac* 
Htes  )  perfùada  à  fes  frères  de  le. 
vendre  à  ces  étrangers.  Us  le  leur 
Hvrèrent  pour  vingt  pièces  d'ar- 
gent,  &  ayant  trempe  fes  habirs. 
dans  le  (ang  d'un  chevreau  ,  ils  les 
n^eoj^èient  tout  déchiréa^  &  tout 


JOS 

enfanglantés  â  leur  père  ,  en  Tut 
faifant  dire  qu'une'bcte  féroce  l'a- 
voir dévoré.    Les   Marchands  qui 
avoient  acheté   Jofeph  ,.  le  menè- 
rent en  Egypte  &  le  vendirent  au 
Général  des  Armées  de  Pharaon  y. 
nommé  Putiphar.  Bientôt  il  gagna 
la  confiance  de  fon  maître ,  qui  le 
fit  Intendant  de  fes  autres  Domef- 
tiques.  La  femme  de  Puciphar  con* 
fut  pour  lui  une  paffion  violente. 
Cette  femme  voluptueufe  l'ayant 
un  jour  voulu  retenir  auprès  d'elle 
dans  fon  appartement ,  le  jeune  If- 
raëlire  prit  le  parti  de  fe  lauver  err 
lui  abandonnant  fon  manteau  par 
lequel  elle  l'arrètoit.    Outrée  da 
mépris  de  Jofeph ,  elle  rapporta  que 
l'Hébreu:  avoit  voulu  lui  faire  vio- 
lence j  &  que  dans   la  réfiftance 
qu'elle  avoit  faite,  foa   manteaa 
lui  étoit  refté  entre  les  mains.  Pu- 
tiphar  indigné ,  fît  mertre   Jofeph: 
en  prifon.  Le  jeune  Ifraëlite  y  ex- 
pliqua les  fonges^  de  deux  prifon- 
niers  illuftres  ,    qui  éroienr  avec 
lui.  Pharaon  inftruit  de  ce  fait, 
dans  le  temps  qu'il  avoit  eu  an- 
fonge  etfrayant  ,  <^e  les  Devins 
&    Sages  d'Egypte   ne  pouvoient 
expliquer  ,  fit  fortir  Jofeph  de  pri^ 
fon.  Cet  illuttre  opprime  lui  prédir 
une  famine  de  fepc  ans*,  précédée 
d'une  abondance  ae  fept  autres  an- 
nées. Le  Roi   plein    aadmiratioci 
pour  Jofeph,  lui  donna  l'âdmiDif- 
tration  de  fon  Royaume,^  le  fit 
traverfer  la  ville  fur  uo  chariot^,^ 
précédé  d'un  Hérault  criant  que- 
tour  le  monde  eût  a  fléchir  le  genoux 
devant  ce  Miniftre.     La  lamine 
ayant  amené  fes  frères  en  Egypc# 
pour  demander  du  blé  j  Jbieph  fei- 
gnirde  les  prendre/pour  des  efpions^ 
Il  les  renvoya  enfuire  avec  ordre  de 
lui  amener  Benjamin ,  &  retint  Si«> 
meon  pour  otage.  Jacc^  refuCt  d* 


JOS 

l>ord  de  laifler  aller  Beûjamîn  ; 
tnaisia  famine  croilTanc»  il  fur  con- 
traint d'y  confentir.  Jofcph  ayant 
reconnu  fon  jeune  frère  fils  de  Ra- 
chel  comme  lui  j  ne  put  retenir  {t% 
larmes^  il  fit  préparer  un  grand 
feftin  peur  tous  fes  frères  qu'il  fît 
placer  félon  leur  âge ,  fteut  des 
attentions  particulières  pour  Benja- 
nkvxu  Jofepa  fe  fit  enfin  connoître  à 
fes  frères  9  leur  pardonna  &  les  ren- 
voya avec  ordre  d'amener  promp- 
tement  leur  pèce  en  Egypte.  Jacob 
eut  la  confblation  de  finir  fes  jours 
auprès  de  fon  fils  »  dans  la  terre  de^ 
GeiTen  que  le  Roi  lui  donna.  Jofeph^ 
aprèsavoir  vécucentdixans,&avoir 
vu  ks  petit-fils  l'ufqu'à  la  troifième 
génération  »  tomba  malade.  Il  fit  ve- 
nir fes  frères,  leur  prédit  que  Dieu 
les  feroit  entrer  dans  la  terre  pro- 
naife ,  &  leur  fit  jurer  qu'ils  y  tranf- 
porteroient  fes  os.  C'eft  ce  qu'exé- 
cuta Moïfe  lorfqu'il  tira  les  Ifracli- 
res  de  l'Egypte.  Ce  corps  fut  donné 
en  garde  â  la  Tribu  d'Éphraïm  qui 
l'enterra  près  de  Sichem ,  dans  le 
chap:ip  que  Jacob  avoir  donné  en 
propre  à  Jofeph  peu  avant  fa  mort. 
Ce   Patriarche  mourut  1(^)5  ans 
avant  Jésus-Christ,  à  iio  ans, 
après  avoir  gouverné  l'Egypte  pen- 
dant 80  ans.  U  lailTa  deux  fils  >  Ma- 
naffcs  &  Éphraïm.  \ 

JOSEPH  i  nom  d'un  fils  de  Jacob  J 
petit- fils  de  Mathan  ,  époux  de  la 
Vierge  -  Marie ,  mère  de  Jisus- 
Christ.  Il  étoit  de  la  Tribu  de  Ju* 
-da ,  &  de  la  famille  de  David.  Ma- 
than defcendu  de  David ,  par  Salo- 
mon  &  Melchi  qui  en  defcendoic 
aufli  par  Nathan  ,  époufèrent  l'un 
après  l'autre  une  femme  nommée 
Efta.  Mathan  en  eut  Jacob,  &  Mel- 
chi en  eut  Héli  ^  qui  étoient  ainfi 
frères  de  mère.  Héli  étant  mort 
fans  enfans  >  Jacob  époufa  fa  veuve 


JOS  ^f 

félon  l'ordre  de  la  loi ,  &  de  ce  ma- 
riage eft  venu  Jofeph ,  fils  d'Hcli , 
félon  la  loi ,  &  de  Jacob ,  félon  la 
iiature.  On  ne  fait  quel  eft  le  lieu 
de  la  nailfance  d^  Jofeph }  mais  on 
ne  peut  douter  qu'il  ne  fût  établi  à 
Nazareth,  petite  ville  de  Galilée 
dans  le  Tribu  de  Zabulon.   Il  eft 
confiant  par  l'Évangile  même  qu'il 
étoit  artifan ,  puifque  les  Juifs  par- 
lant de  Jésus-Christ  ,  difent  qu'il 
étoit  Fabri-FiUus*  Il  étoit  fiancé  à 
la  Vierge -Marie.  Le  myftère  de 
ilncarnation  du  Fils  de  Dieu  n'a- 
voit  pas  d'abord  été  révélé  i  Jo- 
feph ;  ce  Saint  homme  ayant  remar- 
qué la  grolTelFe  de  fon  époufe ,  vou- 
lut  la  renvoyer  fecrettement ,  au 
lieu  de  la  deshonorer    publique-* 
ment  ;  mais  l'Ange  du  Seigneur  lut 
apparut  &  lui  révéla  le  myftère.  Jo- 
feph n'eut  jamais  de  commerce  con- 
jugal avec  la  Sainte- Vierge.  11  rac- 
compagna â  Bethléem  lorfqu'elle 
mit  au  monde  le  Fils  de  Dieu.  U 
s'enfuit  enfuite  en  Egypte  avec  Jâ- 
sus  &  Marie  ,  &  ne  retourna  a  Na- 
zareth qu  après  la  mort  d'Hérode. 
L'écriture  dit   que    Jofeph  alloic 
tous  les  ans  à  Jérufalem  avec  la 
Sainte  -  Vierge  pour  y  célébrer  la 
fcre  de  Pâque ,  &  qu'il  y  mena  Jâ- 
s us-Christ  â  l'â^e  de  douze  ans. 
Elle  ne  rapporte  rien  de  plus  de  fa 
vie  ni  de  la  mort. 
JOSHPH  VHiJlorUn,  Juif,  furnom- 
mé  Flavius ,  fils  de  Matthias ,  de  la 
race  des  Prêtres  ,  naquit  i  Jérufa- 
lem la  première  année  du  règne  de 
Caïus,  &  la  trente -feptième  de 
Jisus-CHRisT.  Il  fut  fi  bien  inf- 
truit,  qu'à  l'âge  de  quatorze.ans  , 
les  Pontifes  mêmes  le  confultoienc 
fur  ce  qui  concerne  la  loi.  Depuis 
l'âge  de  feize  ans ,  jufqu'à  dix>neuf, 
il  s'occupa  â  des  exercices  très-la- 
borieux dans  le  défert ,  fous  la  con- 

Nij 


lOD 


JOS 


daite  d*an  nommé  Banc  ;  &  après 
avoir  examiné  les  trois  principales 
fedtes  qui  écoient  alors  en  repu  ra- 
tion chez  les  Juifs ,  il  s*atcacha  à 
celle  des  Pharifiens.  A  dix  -  neuf 
ans  ,  c'eft-à-dire  »  Tan  5  ^  ou  57  de 
Jésus-Christ,  il  revint  â  Jérufa- 
lem ,  où  il  commença  â  entrer  dans 
les  affaires  publiques.  Vers  l'an  ^4 
de  Jésus-Christ,  étant  âgé  de  plus 
de  vingc-(ix  ans  5  il  fit  un  voyage  à 
Rome  9  pour  fervir  quelqu'un  de 
{t%  amis.  En  y  allant  il  fie  un  nau- 
frage j  &  de  plus  de  fîx  cens  per- 
fonnes  qui  étoient  dans  le  vaifleau, 
lui  &  quatre-vingts  autres  feulement 
fe  fauvèrent  en  nageant  toute  la 
nuit.  11  obtint  la  liberté  de  fes  amis 
par  le  moyen  de  Poppée ,  que  Né- 
ron avoir  époufée  en  Tannée  62.  II 
faroît  que  Jofeph  eut  trois  femmes. 
1  dit  aux  Juifs  qu'il  avoitfa  femme 
i  Jérafalem.  Ailleurs  il  dit  que  Vef- 
pafien  lui  en  fit  époufer  une  de  Ce- 
iarée ,  qu'il  quitta  bientôt  pour  en 
époufer  une  d'Alexandrie. 

Au  commencement  de  la  guerre 
des  Juifs  contre  les  Romains ,  & 
l'an  66  de  Jésus-Christ  il  fut  en* 
voyé  dans  la  Galilée,  en  qualité  de 
Gouverneur.  Il  fit  un  àrand  nom- 
bre d'aâions  mémorables,  qu'il  a 
décrites  lui-même  avec  foin  dans 
it%  livres  de  la  guerre  des  Juifs. 
Vefpafien  l'affiégea  «dans  Jotapate , 
ville  de  Galilée ,  &  il  s'y  détendit 
d'une  manière  qui  fut  admirée 
même  des  Romains.  Lorfqu'ils  eu- 
rent pris  la  place ,  Jofeph  fe  fauva 
dans  une  caverne  fort  fecrette,  où 
il  trouva  quarante  Juifs  qui  s'y 
Croient  déjà  retirés. 

Vefpafien  qui  en  fut  informé 
trois  jours  après ,  fit  offrir  la  vie  â 
Jofeph  s'il  vouloir  fe  rendre  \  mais 
il  en  fut  empêché  par  fes  Compa- 
gnons qui  le  menacèrent  de  le  tuer 


JOS 

s'il  y  confentoit.  Ces  furieux  peut 
ne  point  tomber  entre  les  mains  de 
leurs  ennemis  ,  préférèrent  de  fe 
donner  la  mort ,  &  Jofeph  ne  réuf- 
fit  qu'avec  peine  à  leur  perfuader 
de  ne  pas  tremper  leurs  mains  dans 
leur  propre  fang ,  mais  de  recevoir 
la  mort  par  la  main  d'un  autre.  Ils 
tirèrent  donc  au  fort  pour  favoir 
qui  feroit  tué  le  premier  par  celui 
qui  le  fuivoit.  Jofeph  eut  le  bon- 
heur de  redteravec  un  autre  â  qui  il 
perfuada  de  fe  rendre  aux  Romains. 
Vefpafien  lui  accorda  la  vie  ,  à  la 
prière  de  Titus,  qui  avoit  conçu 
beaucoup  d'eftime    &   d'affeélion 
.  pour  lui.  Ce  Prince  l'amena  avec 
lui  au  fiége  de  Jérufalem.  Jofeph  7 
exhorta  vainement  fes  compatriotes 
â  fe  foumettre  aux  Romains.  Après 
laprife  de  cette  ville  il  fuivir  Titus 
à  Rome ,  où  Vefpafien  lui  donna  le 
titre  de  Bourgeoifie  Romaine ,  &  le 
gratifia  d'une  penfion.  Titus  &  Do*^ 
mitien  lalui  continuèrent,  &  ajouté-* 
rentaux  bienfaits  les  carrefies  les 
plus  fiatteufes.  C'eft  à  Rome  que  Jo- 
feph coivipofa  la  plupart  des  ouvra-* 
ges  qui  nous  refient  de  lui  j  i^.  XHif» 
toirt  de  la  Guerre  des  Juifs ,  en  Vil 
Livres  :  l'Auteur  l'écrivit  d'abord 
en  Syriaque,  &c  la  traduifit  en  Grec^ 
cette  Hifloire  plut  tant  à  Titus  > 
u'il   la  figna  de  fa  main  ,  &  la 
t  dépofer  dans  une  Bibliothèque 
publique  :  on  ne  peut  nier  que  Jo« 
feph  n'ait  Timagmation  belle  y  le 
flyle  animé,  l'expreflion  noble  j  il 
fait  peindre  à  l'eiprit  &  remuer  le 
cœur.  C'eft  celui  ae  tous  les  Hifto* 
riens  Grecs  qui  approche  le  plus  de 
Tite-Live  :  auflî  S.  Jérôme  Vappe- 
loit-il  le  Tite^Live  de  la  Grèce;  mais 
s'il  a  les  beautés  de  THiftorien  La- 
tin ,  il  en  a  auffi  les  défauts.  Il  eft 
long  dans  fes  harangues  ,  exagéré 
dans    fes    récits  12^.   Les  Anth^ 


i 


JOS 

qultes  Judaïques  en  XX  Livres,  on- 
vrage  écrit  avec  autant  de  nobleflfe 
que  le  précédent  :  3®.  Deux  Livres 
contre  Appi on.  Grammairien ,  l'un 
des  plus  grands    Adverfaires  des 
Juifs.  Cet  ouvrage  eft  précieux  par 
divers  fragmens    d'anciens  Hillo- 
riens  que  l'Auteur  nous  a  confer- 
vés  :  4°.  Un  difcours  fur  le  mar- 
tyre des  Macbabées  ,  qui  eft  un 
chef-d*cÉuvre  d'éloquence.  Jofeph 
auroit  pu  être  un  des  plus  grands 
Orateurs  >  comme  il  eft  un  des  plus 
grands   Hiftorien$.    La    meilleure 
édition  de  fes  ouvrages  eft  celle 
d'Amfterdam  en  1717,  en   deux 
volumes  in  -fol.  en  Grec  &  en  La- 
tin ,  par  les  foins  du  Savant  Haver- 
cà'mp.  Nous  en  avons  deux  traduc* 
rions  en  notre  langue  ;  la  première 
par  Arnauli  d'Andilli  ,  &   la   fé- 
conde par  le  Père  GïlUt  :  celle-ci 
eft  faite  avec  plus  d'exaâitude  »  & 
l'autre  avec  plus  de  force* 
70S1DA  \  nom  propre  d'une  ville  du 

Japon ,  à  crois  lieues  d'Akafaka. 
ÏOSSELINj  nom  propre  d'une  ville 
de  France ,  en  Bretagne  »  fur  la  ri- 
vière d'Ouft  y  à  huit  lieues  >  nord* 
eft ,  de  Vannes. 
JOSUÉ  j  nom  d'un  des  livres  cano- 
niques de  l'ancien  teftament.  C'eft 
celui  qui  dans  les  bibles  fuit  ordi- 
nairement le  Pentateuque  où  les 
cinq  livres  de  Moïfe.  Les  Hébreux 
le  nomment  Jehofua.  H  comprend 
Thiftoire  de  l'entrée  du  peuple  de 
Dieu  3  de  fes  premières  conquêtes , 
&de  fon  établidement  dans  la  terre 
promife  fous  la  conduite  de /q/i/^ 
qui  après  Moïfe  fut  le  premier  chef 
eu  général  des  Hébreux. 

La  fynagogue  &  l'églife  font  d'ac- 
cord à  attribuer  ce  livre  à  Jofué  y 
fils  de  Nun ,  ou  comme  s'expriment 
U%  Grecs ,  fils  de  Navé ,  qui  fuc- 

céda  à  Moïfe  dans  le  gouvernement 


JOS  ICI 

théocratique  des  Hébreux ,  &  à  le 
reconnoître  pour  canonique.  On 
avoue  cependant  qu'il  s'y  rencontre 
certains  termes  ,  certains  noms  de 
lieux  3  Se  certaines  circonftances 
d'hiftoires  qui  ne  conviennent  pas 
^u  temps  de  Jofué  ^  &  qui  font  ju-* 
ger  que  le  livre  a  été  retouché  ae« 
puis  lui ,  &  que  les  copiftes  7  ont 
fait  quelques  additions  &  quelques 
correâions  y  mais  il  y  a  peu  de  li« 
vres  de  l'écrirure  où  l'on  ne  remar- 
que de  pareilles  chofes. 

Les  samaritains  ontaudi  un  livre 
de  Jofué  qu'ils  confervent  avec  un 
grand  refpeft,  &  fur  lequel  ils  fon- 
dent leurs  prétentions  contre  les 
Juifs.  Mais  cet  ouvrage  eft  fort  dif- 
férent de  celui  que  les  Juifs  &  le^ 
Chrétiens  tiennent  pour  canonique* 
Il  comprend  quarante-fept  chapitres 
remplis  de  fables ,  d'abfurdités ,  de 
traits  &  de  noms  hiftoriques  ,  qui 
prouvent  qu'il  eft  poftérieur  à  la 
ruine  de  Jérufalem  par  Adrien.  Ce« 
livre  n'eft  point  imprimé.  Jofeph 
Scaliger  à  qui  il  appartenait  y  le  lé- 
^ua  à  la  bibliothèque  de  Leyde  y  où 
il  eft  encore  à  préfent  en  caractères 
famaritains ,  mais  en  langue  arabe^ 
&  traduit  fur  l'hébreu* 

Les  Juifs  modernes  artribuenc- 
encore  i  Jofué  une  prière  qu'ils  ré- 
citent ou  toute  entière  ou  en  par- 
tie ,  lorfqu'ils  fortent  de  leurs  fyna-^ 
gogues.  Elle  commence  ainfi  :  «  c'eft' 
»  à  nous  qu'il  appartient  de  louer 
55  Te  Seigneur  de  TUnivers ,  ôè  do 
»  célébrer  le  créateur  du  monde  y 
n  puifqu'il  ne  nous  a  pas  fait  fem- 
9)  blables  aux  autres  nations  de  la 
»9  terre ,  &  qu'il  nous  a  préparé  un 
>»  héritage  infiniment  plus  riche  St 
»  plus  grand ,  ^c.  » 

Les  Mahométans  croient  que  Jo- 
fué fut  envoyé  de  Dieu  pour  com- 
battre les  Céans  qui  poiTédoienc  li 


101  TOT 

ViWe  JAriba  ou  Jéricho ,  Se  qu'il 
leur  livr^  baciiile  un  vendredi  : 
cette  circonftance  eft  un  des  motifs 
qui  leur  ont  fait  préférer  ce  jour 
au  famedi  pour  en  faire  leur  fère 
hebdomadaire. 

JOTA  i  nom  propre  d'une  ancienne 
ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu 
de  Juda  >  (elon  le  livre  de  Jofué. 

JOTAPATE}  nom  propre  d'une  an- 
cienne ville  de  la  Terre-Sainte,  dans 
la  Galilée.  Elle  eft  remarquable  par 
le  fiége  qu  y  foutiot  l'hiftorien  jfo- 
ïeph  contre  Vefpafien  alors  général 
de  Tarmée  romaine  »  &  depuis  Em- 
pereur. Elle  fut  prife  &  ruinée  Tan 
67  de  rère  vulgaire. 

JOTAVILLA  i  fubftantif  féminin- 
Les  Italiens  ont  donné  ce  nom  i  une 
efpèce  d'alouette  très-rare  ,  &  donc 
le  chanc  efl:  des  plus  agréables  ) 
la  niaife  eft  meilleure  que  la  boca- 
gère  pour  le  chanc  :  cet  oifeau  k 
tait  entendre  la  nuit.  Le  mâle  porte 

*  une  hupe  ;  il  a  l'ongle  de  derrière 
fi  long  qu'il  pade  le  genou.  Cet 
oifeau  faïc  d*ordinaite  fon  nid  dans 
les  vallées  où  les  arbres  font  crès-* 
feuilles.  Sa  ponte  eft  de  cinq  œufs  : 
fa  vie  eft  de  dix  ans. 

JOTTES  i  fubftantif  féminin  pluriel^ 
&  terme  de  Marine.  Il  fe  dit  des 
4euz  cotés  de  Tavanc  du  vaifTeau  , 
depuis  les  épaules  jufqu*à  l'étrave» 

JOUA  \  fubftantif  maUulin.  Oifeau 
d'Afrique  »  de  couleur  brune  »  de 
la  groUeur  d'une  alouette  ,  &  qui 
fait  ordinairement  fes  œufs  fur  les 
grands  chemins  &  dans  les  routes 
Frayées.  Les  nègres  de  Sierra-Leona 

Îiui  mangent  de  toutes  fortes  d  oi« 
eaux  9  eftiment  celui-ci  Ci  facré, 
qu'ils  n*olent  y  toucher   non  plus 

3u'à  fes  œufs  ,  perfuadés  qu'ils  per- 
roienti  leur  tour  leurs  enfans* 
JpUAïLLER  i  verbe  neutre  de  la 
première  conjugaifon  ^  lequel    fe 


JOU 

conjugue  comme  Chanter.  Terme 
du  ftyle  familier  qui  figniâe  jouer 
à  petit  jeu ,  &  feulement  pour  s'a- 
mufer.  Ils  ontpajfé  lafoirée  àjouail^ 
1er. 

JOUARRE  j  nom  propre  d'une  ma* 
enifiqiie  abbaye  de  fiénédiâines, 
dans  lafirie  Champenoife^  â  quatre 
lieues,  eft-fud-eft,  de  Meaux.  Elle 
jouit  de  plus  de  40  mille  livres  de 
rente, 

JOUBARBE ,  ou  JONBARDE  j  fub- 
ftantif féminin.  Scdum.  Plante  donc 
on  diftingue  plufieurs  efpèces  :  les 

Principales  font,  la  grande  jou- 
arbe ,  la  petite  joubarbe  ou  trique*. 
Enadame ,  &  la  vermiculaire  bru» 
lante. 

hz  grande  joabarbe  eft  une  plante 
baflfè  qui  croît  fur  les  vieux  murs  » 
&  fur  les  toîts  des  chaumières.  Sa 
racine  eft  petite  &  Sbreufe;  elle 
pou  (Te  plufieurs  feuilles  oblongues, 
groiïes ,  grades, pointues j charnues  » 
pleines  de  fuc,  attachées  contre 
terre  à  leur  racine,  toujours  vertes, 
prefque  difpofées  en  rofes&un  peu 
velues.  11  s'élève  de  leur  milieu  une 
tige  â  la  hauteur  d  environ  un  pied , 
droire,  affez  grofle,  rongeât re , 
moelleufe,  revêtue  defeuilks  fem-- 
blables  â  celles  d'en  bas ,  mais  plus 
pointues.  Cette  tige  fe  divife  vers 
la  fommité  en  quelques  rameaux  ré» 
fléchis ,  qui  portent  après  le  folftice 
d'été  des  fleurs  à  cinq  pétales  j  dif« 
pofées  en  rofe ,  &  de  couleur  pur- 
purine. Elles  font  fuivies  par  des 
fruits  compofésde  plufieurs  gaines  ^ 
ramaffées  en  manière  de  tète ,  6c 
remplies  de  femenoesfort  menues  » 
qui  fe  fèchent  en  automne. 

La  petite  joubarbe  ou  trique  -  ma« 
iamc  croît  au/fi  fur  les  toîts  &  \t% 
murailles  expofées  au  foleiljfa  racine 
eft  menue  6c  fibrée;  elle  poufle 
plufieurs  petites  tiges  ^  dures  »  li« 


inettfes^roageatres.  Ses  feuilles  font 
Tbngaecces,  fucculences,  vermicu- 
laires.  Ses  fleurs  paroKTent  en  été  : 
elles  font  petites,  i  plufieurs  feuil- 
les 9  difpofées  en  rofe  au  fommet 
des  branches  \  elles  ont  une  cou* 
leur  jaune  blanchâtre.  Il  leur  fuc* 
cède  de  petits  fruits  â  gaines  ramaf- 
fées  en  tête  8c  retnplies  de  petites 
femences. 

Ces  blantes  font  mifes  au  rang 
des  médicamens  »  à  titre  de  rafraî- 
chi (Tantes  y  tempérantes  ,  incraf- 
fantes,&  légèrement  répercuflîves*^ 

C'eft  le  fuc  &  Tinfufion  des  feuil- 
les de  ces  plantes  qui  font  principa- 
lement recommandées  pour  Tufage 
intérieur ,  &  furtout  dans  les  fièvres 
continues,  ardentes  >  &  dans  les 
fièvres  intermittentes  qui  particr- 
pent  du  même  caraâère  ,  c'eft-i- 
dire  ,  dont  les  accès  font  marqué» 
par  une  chaleur  exceffive  qui  n'eft 
précédée  d'aucun  froid.  Ces  remè- 
des font  yantés  audi  pour  lesfaifec- 
tions  inflammatoires  de  Teflomac 
&  des  inteftins  y  on  les  croit  utiles 
dans  les  dyflenteries  ,  d'après  les 
iuccès  oblervés  chez  certains  peu- 

Îles  d'Afrique  où  ces  remèdes  font 
brt  ufltés  dans  ce  dernier  cas.  On 
attribue  les  mêmes  vertus  à  l'eau 
diftillée  de  cette  plante.  Au  refte 
ces  remèdes  font  prefqu'abfolument 
inusités  parmi  nous. 

Leur  ufage  extérieur  eft  un  peu 
plus  fréouent  ^  on  en  fait  avec  du 
Deurre  frais  des  onguens  pour  les 
kémorroïdes^  &  pour  les  brûlures. 
L'eau  diflillée  de  ces  plantes  0e 
kur  fuc  mêlé  av^c  une  certaine 
quantité  d'efprit  -  de  -  vin  ,  font 
comptés  parmi  les  cofméciques.  ^ 

Les  feuilles  de  grande  joubarbe 
tntrent  dans  la  compofition  de  l'on- 
guent mondificatif  d'ache  Se  dans 
ÏQttj^ent  populcum  ^\cs  racines  ^es 


•JOU  103 

feuilles  &  le  fuc  de  nique  madame 
entrent  dans  l'emplâtre  diabotanutn 
Se  fes  feuilles  dans  Tonguent  popu- 
Uum. 

La  vcrmiculairc  brûlante  croît  prêt 
que  partout  fufpenduc  par  fes  raci- 
nes ,  ou  couchée  fur  les  vieilles 
murailles  »  fur  les  toits  des  maifons 
bafles  ou  àt%  chaumières ,  on  aux 
lieui  pierreux ,  arides  ou  moufleux. 
Sa  racine  cft  également  petite  Se 
fibreufe  ;  fes  feuilles  font  peu  épaif* 
h%  >  mais  fucculentes  ,  pointues  Se- 
triangulaires  :  fes  tiges  font  bafles- 
te  menues  ;  elles  portent  en  leurs 
fommets  dans  l'été,  de  petites  fleurs 
jaunes  en  étoiles  à  cinq  feuiiles,aux' 
quelles  fuccèdent  de  petites  graines, 
comme  dans  les  précédentes.  La 
plante  fe  fèche  &  périt  l'hiver. 

Cette  plante  a  un  goût  piquant  „. 
ehaud  &  orûlant ,  ce  qui  lui- a.  faic^ 
donner  auffi*  le  nom  de  poivre  des^ 
murailles.  Elle  eft  excellente  pouc 
déterger  les  gencives  ulcérées  des- 
fcorbutiaues  :  elle  fait  un  peu  vo- 
mir :  appliquée  extérieurement ,  elle 
réfout  les^ tumeurs  fcrophuleufesô^ 
les  loupes  naiflàntes. 
J0U£^  fubftantif  féminin.  Ge/ia.  L» 
partie  de  la  face  de  l'homme  quï 
eft  au-deflbus  destempesfic  desyeux. 

Les  joues  font  formées  par  les 
os  de  la  pomette  &  par  lesmufcles' 
moteurs  des  lèvres*  Elles  s'étendent^ 
depuis  l'orbite  jufqu'à  la  marge  du 
menton  en  hauteur,  &  en  largeur 
depuis  le  lobe  de  l'oreille  jufqu'aux» 
ailes  du  nés  ^  la  peau  des  joues-  eft' 
très-fine  ,  c'eft  pour  cela  que  fou- 
vent  elles  font  rouges,  les  vailfeau^ 
fanguins  paroiflànt  d'autane  plur 
aifemenr. 

On  dît  d'une  perfonne  cxrteme-- 
menr  maigre  Se  atténuée  »  qu'e//^  a' 
les  Joues  coufuesi 

On  dit ,.  donner  fur  la  jpue  ^  cou^ 


104  JOU 

vrir  la  joue  ;  pour  dire  >  donner  un 
fouflflet.  Et  tendre  la  joue  ;  pour 
dire  ,  préfenter  la  joue. 

On  dit ,  coucher  en  joue  ;  pour 
dire  j  ajufter  fon  fufil  pour  rirec  fur 
quelqu'un ,  fur  quelque  chofe:  // 
H  eut  que  le  temps  de  coucher  le  che- 
vreuil  en  joue. 

On  die  aullî  figurcment  &  fami- 
lièrement ,  coucher  en  joue  ;  pour  | 
dire  ,  vifer  à  quelque  chofe  pour 
lobcenir.   //  couche  en  joue  la  fille 
de  ce  financier.  ' 

On  dit  aufli  ^    les  joues  d'un 

cheval. 

On  appelle  jouts  d'un  pefi)n ,  de 
petites  plaques  placées  de  part  & 
d'autre  fur  les  broches  d'un  pefon. 

Joues  ,  fe  dit  en  termes  d'Artillerie , 
des  deux  côtés  de  l'épaulement  d'une 
batterie  coupée  félon  fon  épaiffeur 
pour  pratiquer  Tembrafure. 

Ce  monofyllable  eft  long. 

JOUÉ  ;  nom  propre  de  deuxjbourgs 
de  France  ,  dont  un  en  Touraine  , 
à  une  lieue  ,  fud-fud-oueft  ,  de 
Tours  ,  &  l'autre  dans  le  Maine , 
à  iîx  lieues ,  oueft  >  du  Mans. 

JOUÉ  ,  ÉE  j  participe  paflîf.  Foye^ 
Jouer. 

On  dit  au  jeu  des  dames,  du 
triftrac ,  dame  touchée  j  dame  jouée  ; 
pour  dire  >  que  lorfqu  on  a  touche 
une  dame  on  eft  obligé  de  la  jouer. 

JOUÉ  DU  PLAID  ;  nom  propre 
d'un  bourg  de  France  en  Norman- 
die >  à  deux  lieue$  >  fud-oi^ôft ,  d'Ar- 
gentan. 

JOUÉE  ;  fubftantif  féminin  &  terme 
d'Architecture.  C'eft  dans  l'ouver- 
ture ou  la  baie  d'une  porte  ou  d  une 
croifée  ,  l'épaifleur .  du  mur  qui 
comprend  le  tableau  ,  la  feuillure 
&  Tembrafiire.  On  appelle  auffi 
jouée  ou  jeu  ,  la  facilité  de  toute 


JOU 

fermeture  mobile  dans  fa  baîe.'^ 
Jouées  d*abajour  ,  fe  dit  des  côtés* 
rampans  d'un  abajour  fuivant  leur 
talus  ou  glacis  :  on  dit  aufli  jouées 
defoupirail ,  pour  fignifier  la  même 
chofe  dans  un  foupirail.  Et  l'on  aj)- 
pelle  jouées  de  lucarne  y  les  cotes 
d'une    lucarne  dont  les  panneaux 
font  remplis  de  plâtre. 
JOUÉ  L'ABBÉ;  nom   propre  d'un 
boutg  de  France  dans  le  Maine  , 
environ  à  trois  lieues  ,  nord-notd- 
eft  ,  du  Mans. 
JOVENTE  j  vieux  mot  qui  fignifioît 

autrefois  jeuneiTe. 
JOUER  ;  verbe  neutre  de  la  pre- 
mière conjugaifon  ,  lequel  fe  con-« 
jugue  *  comme  Chanter.  Ludere. 
Folâtrer,  s'ébattre  ,  fe  ^iverrir.  Des 
jeunes  gens  qui  aiment  à  jouer  ^/z- 
femble.  Elit  s'amufie  à  jouer  avec  fon 
chat. 

Il  s'emploie  fouvent  dans  l'ac- 
ception précédente  comme  prono- 
minal réfléchi.  Les  enfans  fe  jouent 
avec  leurs  poupées.  Cefingefe  joue 
avec  tout  ce  qu  il  peut  attraper. 

On  dit  ^  Je  jouer  de  quelque  chofe  , 
&  faire  quelque  chofe  en  fe  jouant  ; 
pour  dire ,  faire  quelque  chofe  en 
s'amufant ,  en  badinant ,  fans  ap- 
plication &  fans  peine.  //  a  fait  ce 
difcours  en  fe  jouant.  Le  travail  de 
fes  ouvrages  ne  lui  coûte  rien  j  il  ne 
fait  que  s'en  jouer. 

On  dît  auflî  figurcment, /ryWr 
de  quelque  chofe;  pour  dire ,  en  faire 
quelque  mauvais  ufage  ,  la  profa- 
ner. Les  grands  ne  fe  jouent  que  trop 
fouvent  des  loix. 

On  dit  auflî  figurément ,  yèyW<?r 
de  quelqu'un  ;  pour  dire  »  fe  moc- 
.quer  de  lui ,  le  railler  adroitement  , 
lui  donner  de  belles  paroles.  //  ne 
veut  plus  fouffrir  qu'on  fe  joue'  de  lui. 
On  dit  auflî  ,  fe  jouer  de  quel^ 
quun  i'  pour  dit^e  >  être  maître  du 

fort 


JOU 


JOU 


lOJ 


l 


fort  èe  qudqa'un  &  en  dirpofer  |  Jôv^R  •  fîgnifie  auffi  rif^aer  de  per- 

(oavcraiiïçiyitnt.  Ce géfura/fejouoic        ^ -^ '' ^'  - 

défis  troupes» 

On  dit ,  que  la  fortune  fi  joue 
des  hommes  ;  pour  dire ,  que  la  for- 
tune trompe  les  projets  des  hom- 
mes. £c  1  on  dit  dans  le  même  feos . 
que  le.  chat  fi  joue  delafiuris. 

Sb  joubr  ,  figniiie  auffi  s'exercer  avec 
efprit  fuj:  quelque  matière  agréa*, 
ble^  &  fufceptibie  d'ornemens.  Ce 
poète  fi  joua  agréablement  fir  leurs 

.    amours. 

On  dit  en  termes  de  Jurifpru- 
dence  féodale  >  qa*ir/z  Seigneur  peut 
fi  jouer  de  fin  fief i  pour  dire  ,  qu'il 
lui  eft  permis  de  le  démembrer  & 
même  d'en  vendre  une  partie  fans 
payer  de  lods  &  ventes  a  fon  fuze- 
rain  »  pourvu  qu'il  retienne  la  foi 
entière  ic  quelque  droit  feigneu- 
rial  &  domanial  fur  la  partie  aliénée. 

On  dit  auffi  fi  jouer  défis  quali- 
tés  i  pour  dire ,  en  changer  félon 
l'occurrence.  Un  mineur  peuc  fe 
jouer  de  fes  qualités ,  c  eft-à-dire  , 
que  quoiqu'il  fe  foit  d'abord  porté 
héritier  ,  il  peut  enfuite  fe  porter 
douairier  ou  aonatatre* 

On  dit  figurément  &  familière- 
qnent ,  fi  jouer-  à  {{uelquun  ;  pour 
dire ,  attaquer  inconfidérément  plus 
fort  que  foi.  Si  vous  vous  joue\  à 
lui  vous  n*y  fere\  pas  votre  compte. 

On  dit  auffi  j  ne  vous  joue7[  pas 
à  cela,  ne  vous  y  joue:^  pas ^  pour 
dire  »  fi  vous  ères  aflez  imprudent 
pour  faire  cela ,  vous  aurez  lieu  de 
vous  en  repentir. 

On  dit  encore  »  jouer  i pour 

dire  y  fe  mettre  en  danger. .  •  •  // 
jouoit  à  fe  faire  mettre  à  ta  Baftille. 

On  dit  d'une  perfonne  ,  (\\i'elle 

joue  furie  mot ,  qu'elle  aime  à  jouer 

furie  mot  ;  pour  dire,  qu'elle  fait 

(des  allufionsj  des  équivoques  fur 

.     \^  mots. 


dre  ou  de  gagner  une  fomme  d'ar- 
gent ou  quelqu'autre  chofe  à  un 
jeu  qui  a  des  règles ,  comme  le  \t\k 
de  triârac ,  des  échecs ,  des  cartes , 
de  la  paume  »  du  billard ,  â'c. 

On  joue  en  général  à  deux  fortes 
de  jeux  \  aux  jeux  d'adrelTe  &  aux 
jeux  de  hafard.  On  appelle  jeux 
d'adreffe  ceux  où  l'événement  heu- 
reux  eft  amené  par  l'intelligence  » 
l'expérience  ,  l'exercice  »  la  péné- 
tration »  en  un  mot  par  quelques 
qualités  acquifes  ou  naturelles  de 
corps  ou  d'el'prit ,  de  celui  qui  joue. 
On  appelle  ye«;t  de  hafardy  ceux  où 
l'événement  paroît  ne  dépendre^en 
aucune  manière  des  qualités  du 
joueur.  Quelquefois  d'un  jeu  d'a- 
drefle  l'ignorance  de  deux  jouears 
en  fait  un  jeu  de  ha(ard  ^  &  quel- 
uefois  auffi  d'un  jeu  de  ha  fard  la 
ubtilité  d'un  des  joueurs  en  fait 
on  jeu  d'adreffe. 

Il  y  a  des  contrées  où  les  jeux 
publics  de  quelque  nature  qu'ils 
foient ,  font  défendus ,  &  où  l'on 
peut  fe  faire  refticuer  par  l'auto- 
rité des  loix  l'argent  qu'on  a  perdu. 

A  la  Chine  Te  jeu  eft  défendu 
également  aux  grands  6c  aux  petits^ 
ce  qui  n'empêche  point  les  habitans 
de  cette  contréç  de  jouer ,  ic  même 
de  perdre  leurs  terres ,  leurs  mai*- 
fons,  leurs  biens,  &  de  mettre  leurs 
femmes ,  leurs  enfans  fur  une  carte. 

Il  n'y  a  point  de  jeu  d'adrcffe  où 
il  n'y  entre  un  peu  de  hafard.  Un 
des  joueurs  a  la  tète  plus  faine  6c 
plus  libre  ce  jour*  là  que  fon  ad- 
ver  faire  ;  il  fe  pofsède  davantage , 
6c  gagne  par  cette  feule  fupcrioritc 
accidentelle  ;  celui  contre  lequel  il 
auroit  perdu  en  tout  autre  temps. 
A  la  fin  d'une  partie  d^cchecs  ou  de 
dames  polonoifes  ,  qui  a  duré  un 
grand  nombre  de  coups  enpre  des 


kctf  JOU 

k>uettrs  qat  font  a-peu-près  d*égaU 
ibrcie,  le  gain  ou  la  perre  dépend 
quelquefdis  d'une  difpoficion  qu'au- 
cun d'eux  n'a  prétue  &  ne  s'efr  pro- 
pofée. 

Entre  deux  foueurs  donc  fun  ne 
rifque  qu'un  argent  qu'ilpeut  perdre 
fans  s'incommoder,  &  l'autre  un 
argent  dont  il  ne  fauroit  manqtier , 
fans  être  privédes  befoins  efTentiels 
de  la  vie ,  i  proprement  parler  ^  le 
jeuneftpas  égal» 

Une  conféq^ence  naturelle  de  ce 
principe  »  c'eft  qu'il  n'eft  pas  per- 
mis à  un  Souverain  de  jouer  un  |eu 
luineux  contre  un  de  fes  fojets. 
Quel  que  foit  l'événement  ^  il  n'eft 
rien  pont  l'un  ;  il  précipite  l'autre 
dans  la  misère. 

Au  refte ,  comnie  on  foue  beau- 
coup aujourd'hui  dans  le  monde*,  il 
n'eu  pas  inutile  de  favoir  jouer ,  ne  |. 
fût-ce  que  pouc  amulèr  les  autres  ; 
&  il  eft  bon  de  £ivoic  bien  jouer , 
6  fonneveut  pas  être  dupe:  mais, 
malheur  à' celui  pour  qui  le  jea-  de- 
viendra une  paillon  ^  c'eft  une  des  ' 
plus  funeftes  dont  on  puifle  être 
tourmenté  y  eHe  agite  tellement  Kef- 
prit  du  joueur  >  qa'itne  peut  plus, 
fupporter  auctme  autre  occupation;. 
&  il  arriva  fouvent  qu'après*  â^oir 
perdu  fa  formne  j  il  eft  condamné  A 
«'ennu]Fer  le  refte  de  fa  vie. 

On  dit^  J0ticr  ie  jeu  y  pour  dire  , 
Jouer  felon  les  règles  du  jeu.  //  n*a 
pas  joué  li  jeu. 

Oo  dît  auftî  figtrrément  &  fami- 
lïirement^joiêer/bnjeu,  pour  dire>, 
agir  conformément  ifes  intérêts. 
//  a/u  jouer  fin  jeu^ 

On  dir  au  piquer,  jouer  bien  les 
canes;  pour  dire ,. tirer  tout  le  parti' 
poflible  de  (ts  carres.  Et  l'on  dit 
dans  un  fens  contraire ,  jouer  mal 
Us  carres. 

On  die  figurément ,  jouer  au  £lus* 


JOtl 

ji^;pour  dire,  choifir  de  deux 
pédiens  celui  qui  préfente  le  moins 
de  rifque,  le  moins  d'inconvéniens^ 
Ar  une  plus  grande  apparence  de 
fticcès.  Et  jouer  à  jeu  ji2r ,  pour  dire^. 
ctre  afliiré  de  réullii  dans  un  profet^ 
dans  une  enrrejprife.  Et  jouer  au  fin  ^ 
jouer  au  plus  fin  ;  pour  dire,  em?» 
ployer  Tadreflè  Se  la  finel&  pouc 
parvenir  à  fon  bu^ 

On  dit  encore  figurément,  qu*tt/76: 
perfonntjoue  de  malheur;  pour  dire  ^ 
que  ce  qu'elle  entreprend  lui  réuilic 
mal.  Et  proverbialémentjondit  d'uiv 
fripon  qui  trompe  au  Jeu ,  quilfai^ 
foucr  les  autres  de  malheur. 

On  dit  proverbialement  &  figu--^ 
rément  de  quelqu'un  qu'on  a  tota- 
lement ruiné,  jufqu'â  lui  enlevée 
{^%  meubles  ,  fes  habits  »  qu'i/  a: 
joué  aw  roi  dépouillé. 

Oir  dit  auffi  proverbialement  ^ 
jouer  À  quitte  ou  double  ;  pont  dire  ^ 
menre  rout  au  hafard ,  lifquex  la- 
tout  pouc  le  toup.. 

On  dît  figurément  8L  familière^ 
ment ,  jçuer  de  fin  rejie  ;  pour  dire  ^ 

Iirendre  un  moyen  extrême  aprè» 
equel  il  n'y>  .en  a  plus  d'atttre  ii 
prendre*. 

La  même  chofe  Hgnifieauffi  athe-- 
ver  de  fé  ruiner  II  va  jouer  dcfim 
refte  à  Paris%. 

On  iivtncore  y  jouer  dé  fin  rtftcy, 
en  plûfieurs  autres  cas ,  &  en  par-- 
lantdu  dernier  parti ,  des  dernières^ 
te^urces- qu'on  tire  de  fa  place  >  de 
iafitnatien.  Cette fimme jouera Uzn^ 
tôt  de  fin  refte.. 

On  dit,  qu'irn  eKeval  joue  avec: 
fin  mors  ;  pour  dire- ,  qu'il  mâche/ 
&  fecQue  fon  mors  avec  aftion..  Ec: 
^ïi il.  joue  de  la  queue;  pout  dire^. 
qu'il  remue  fou  veut  la  queue  corn* 
me  un  chien  ,  furrout  lorfqu'6nMai« 
approche  les  jambes.  Les  cbevauxc 
qui  aiment  à  ruer  &  à  fe  défendii^ 


JOU 

font  fujecs  i  ce  mouvemeat  de 
queue  »  qui  déiigne  fouvenc  leur 
mauvaife  volonté. 

Jouer  ,  fe  die  eu  parlant  d'inftrumefts 
de  mufique ,  &  figoifie  exécuter  fur 
ces  inftruQptefis  des  airs  de  mufîque  ^ 
furtoQC  ceux  qui  leur  font  propres , 
o(^  les  chancs  notés  pour  eux.  Jouer 

.  4bi  violon ,  jouer  de  laflute^ 

Remarquez  que  quoiqu'on  dife 
jouer  de  la  trompette  y  jouer. du  cor  ^ 
il  eft  mieux  de  dire  ,  former  de  la 
trompette ,  former  du  cor  ^  ou  fimple- 
latTuJbnner^ 

Jouer  ,  s'emploie  aâivement  en  ces 
phra(ès  ^fouer  un  air  j  jouer  une  con- 
ircdanfe  ^  jouer  un  menuet  ^  jouer  une 
éillemande  »  &c« 

.  U  fe  die  aufli  d'autres  nftramens , 
&  lorfqu^il  eft  fuivi  du  nmn  de  l'inf- 
cxumeat  avec  lequel  on  joue  ,  il 
demande  une  prépofition.  Jouer  au 
billard  avec  la  majfe  y  jouer  au  battoir. 
On  dit ,  jouer  des  gobelets  ;  pour 
dire  ^  faire  des  tours  de  pafTe  pafle 
avec  des  gobelets.  Et  figurément  & 
familièrement 9  on  dit  d'un  fourbe  9 
de  quelqu'un  qui  cherche  â  tromper 
ceux  avec  qui  il  traite ,  qa* il  joue 
dis  gobelets. 

On  dit ,  joufir  de  fefpadon ,  jouer 
du  bâton  à  deux  bouts  ;  pour  dire  , 
manier  ces  armes  avec  aarefle. 

On  dit»  jouer  du  drapeau;  pour  dire, 
faire  voltiger  un  drapeauavec  adrefle. 
On  dit  »  jouer  des  mains  ;  pour 
dire ,  badiner  avec  les  mains  ,  fe 
donner  des  coups  les  uns  aul  autres 
avec  les  mains.  //  furvieru  ordinai- 
rement quelque  querelle  entre  ceux 
qui  s'amuftru  à  jouer  des  mains. 
Et  l'on  dit  figurément  8c  populaire- 
ment y  jouer  de  la  griffe  ;  pour  dire, 
dérober. 

On  dit  au  (Il  figurément  &  popu- 

hitement  Jouer  du  pouce;  pour  dire , 

..  compiei:  de  l'argent  pour  payer«  Et 


JOU  107 

jouer  de  la  poche  ;  pour  dire  ,  tirer 
de  l'argent  de  fa  poche  pour  payer* 
On  dit  figurément  &  familière- 
ment ,  jouer  de  la  prunelle  ;  pour 
dire ,  conduire  fes  yeux  avec  affec« 
cation  i  defleia  de  plaire  ,  de  don- 
ner  de  l'amour.  Sa  fille  commencé 
à  jouer  de  la  prunelle. 

On  dit  populairement , /Wer i/e^f 
couteaux  ;  pour  dire ,  fe  battre  l'é- 
pée  i  la  main. 

Jouer  ,  lorfqu'on  y  ajoute  la  fomm» 
que  l'on  eft  convenu  de  jouer ,  s'em«« 
ploie  avec  la  prépofition  â.  Jouer 
aux  liards  ,  jouer  aux  louis* 

Jouer  »  s'emploie  auffi  à  de  certains 
jeux  de  cartes ,  avec  le  nom  de  Iv 
couleur  dans  laquelle  on  joue.  Jouer 
en  trèfle ,  jouer  en  cœur.  Et  l'on  dit , 
faire  jouer;  pour  dire ,  nommer  la 
couleur  dans  laquelle  le  coup  doit 
être  joué. 

Jouer  8c  faire  jouer  ,  fignifie  aufli 
â  de  certains  jeux-  de  cartes ,  jouer 
fans  prendre  y  faire  jouer  fans  prendre  ; 
c'eft-à-dire  ,  fans  écarter  &  fans 

[»rendre  de  nouvelles  cartes  au  ta* 
on.  Ainfi  au  feu  de  Thombre  on 
dit ,  joue\  vous?  faites-vous  jouer  ?• 
pour  dire,  jouez  vous  fans  prendre? 
Faites-vous  jouer  fans  prendre  ?  Ec 
au  quadrille  &  au  rri ,  jouer  fans 
prendre ,  c'eft  jouer  fans  demander 
un  roi» 
Jouer  ,  eft  auffi  verbe  aébif  dans  ces 
phrafes  \  jouer  une  partie.  Jouer  un 
jeu.  Jouer  un  coup.  Jouer  le  quadrille» 
Jouer  le  piquet ,  &c. 

On  dit  auffi  aâivement ,  jouer 
une  balle  ;  pour  dire  ^  pouffer  une 
balle.  Jouer  une  carte  ;  pour  dire , 
jeter  une  carte.  Jouer  trèfle ,  jouer 
cœur;  pour  dire  j  jouer  une  carte 
de  ces  couleurs.  Jouer  gros  jeu;  pour 
dire  ,  jouer  une  fomme  confidéra- 
ble.  Jpuer,  petit  jeu  ;  pour  dire  , 
jouer  peu  d'argent.  Joutr  dix  écus  ^ 

O  ij 


loî  JO  U 

yingt  écus  ^fur  une  cane  y  à  la  partie  ; 
pour  dire  ,  mettre  dix  écus ,  viagt 
*    écus  »  fur  une  carte ,  fur  le  jeu. 
On  dit  au(fi  ,  jouer  un  jeu;  pour 
jdire ,  le  favoir  bien  jouer ,  le  jouer 
par  préférence  ,  être  dans  Tufage  » 
.    dans  l'habitude. de  le  jouer.  //:  ne 
joue  pas  le  quadrille  ,  mais  il  joue  le 
piquet. 

On  dîr  proverbialement  de  quel- 
qu'un ,  (\\xil  joueroit  jufquàfa  che^ 
,    mife  j  pour  dire  »  qu  il  joueroic  rout 
ce  qu'il  a. 

On  dit  figurément  &  familière* 
ment,  qixuneperfonne  joue  gros  jeu; 
.  pour  dire,  qu'elle  s*eft  engagéedans 
une  affaire  où  elle  hafarde  beau- 
coup pour  (a  réputation ,  pour  fa 
foirpne. 

On  dit  ,  jouer  quelqu'un  ;  pour 
dire ,  jouer  avec  quelqu'un  dans  ces 
phrafes  de  la  paume  6ç  du  volant. 
//  fa  joué  du  batoir.  Il  le  joue  par- 
deffbus  la  jamht ,  par  dejjbus  jambe. 
On  die  aufli  figurément  &  fami- 
'  lièrement ,  jouer  quelqu'un  par  def- 
fous  iambe  ,  par  dejfous  la  jambe  ; 
pour  dire  ,  déranger  avec  facilité 
les  vues ,  les  defTeins  de  quelqu'un , 
&   par  fupériorité  d'efprit  ou  de 
conduite  lui  faire  adopter  nos  ijdées. 
Jl  joue  tousfes  collègues  par  dejfous 
.^    jambe  ,  par  dejfous  la  jambe. 

On  dit  aulli ,  jouer  quelqu'un  ; 
.^     poijir  dire ,  le  tromper  »  l'amufer. 
On  l'a  joué  longtemps  en  lui  pro^ 
menant  cette  place. 

On  dit  dans  le  œcme  Cens  ^  jouer 
les  deux;  pour  dire  »  tromper  deux 
.  perfonnes  ou  deux  parties  qui. ont 
des  intérêts oppofés ,  en  faifant  Cem- 
jblant  de  U$  f^rvir  Tune  contre  Vau- 
tre. 

On  dit  proverbialement  «  jouer 
une  pièce ,  Jouer  un  tour  à  quelqu'un  ; 
pour  dire  j  lui  faire  quelque  malice 
ou  méchanceté. 


j  0  u 

Or  die  auifi  provetbiatement  l 
jouer  d'un  tour  à  quelqu'un ,  lui  en 
jouer  d'une  ^  lui  en  jouer  d'une  bonne. 
•Et  alors  jouer  cft  employé  comme 
verbe  neutre. 
JoTJEK  ,  (ignifieauffi  repréfenter  ,  8c 
il  fe  dit ,  foit  de  la  pièce  de  théâ- 
tre qu'on  joue ,  foit  du  perfonnage 
qu'on  y  joue.  On  va  jouer  la  corné-' 
die.    Il  joue  bien  fes  rôles  dans  le 
tragique.  La  nouvelle  aclrice  jouera 
le  rôle  de  Phèdre.  On  joue  aujour-- 
d'hui  Mérope. 

On  dit  figurément  de  quelqu'un 
qui  fait  une  grande  figure  ,  qui 
occupe  une  grande  place  dans  l'E' 
rat ,  qu'i/  joue  un  grand  rôle.  Et  de 
quelqu'un  qui  eft  dans  Un  pbfte  peu 
honoiÉlfe  y  <fx*il  joue  un  petit  per-^ 
Jbnnagef 

On  dit  figurément ,  jouer  la  corné-' 
die  i  pour  dire  >  feindre  ce  qu'on 
ne  fent  pas.  Quand  elle  lui  dit  qu'elle 
taime ,  elle  joue  la  comédie. 

On  dit  au(fi  figurément  ,  jouer 
V affligé^  jouer  t homme  d'importance; 
pour  dire ,  feindre  d'être  affligé  y 
d'être  un  hc^mme  d'importance  , 
chercher  à  en  impolèr  là-de(Tns. 
Jouer  »  fignifie  encore  railler  quel- 
qu'un y  te  tourner  en  ridicule.  Mo* 
Hère  a  joui  les  faux  dévots. 
Jouta  »  fignifie  aufii  avoir  l'aifance  & 
la  faculté  du  mouvement  ^  &  il  fe 
dit  d'un  reil4drt  ,  d'une  machine. 
Cette  clef  ne  joue  pas  bien  dans  la 
ferrure.  Ce  njjbrt  joue  mieux  que 
T  autre. 

On   dit  que  deux  chofes  jouentr 
bien  enfemble  ;  pour  dire  ,  qu'elles 
^  font  im  bon  effet  quand  elles  font 
vues  enferhbie.    Ces  deux  tableaux 
jouent  bien  enf<fmble. 

On  dit  figurément  d'une  perfonne 
qui  emploie  toutes  fortes  de  moyens 
pour  réuffir  a  quelque  chofe,  qu^ellc 
a  fait  joucr^  toutes  fênes  de  rejforts. 


îoir 

On  dit  figurémenc  ,  jouer  aux 
barres  y  en  parlant  de  ceux  qui  fe 
cherchent  l'un  Vautre  fans  fe  trou- 
ver ,  ou  qui  remportent  tour  à  tour 
quelque  avantage  l'un  fur  l*aucre. 

On  dit  ,  faire  jouer  une  mine  » 
faire  jouer  une  pièce  d'artillerie  ;  pour 
dire  ,  y  mettre  le  feu. 

On  dir ,  que  les  eaux ,  les  jets 
i^tau  ,  ks  cafcades  jouent  ;  pour 
dire  »  qu  elles  ne  font  plus  retenues , 
'  qu'on  les  fait  couler  ou  jaillir.  Le 
jour  de  la  cérémonie  on  fera  jouer  les 
eaux. 

On  dit  en  termes  de  Marine  9 
<\\xun  vaijfeau  joue  fur  fon  ancre  , 
lorfqu'il  eft  agité  par  les  vents  & 
en  même  reçips  arrêté  par  fon  ancre* 

La  première  fjrllabe  eft  brève ,  & 
la  féconde  longue  ou  brève.  yoye\ 

VfiRBE. 

Ue  féminin  qui  termine  te  fin- 
gulier  du  préfenc  de  Tindicatif , 
&Cm  s'unit  i  la  fyllabé  précédente  & 
la  rend  longue. 

JOUEREAU  j  fubftantif  mafculin. 
Terme  du  ftyle  familier.  Qui  ne 
joue  pas  bien  à  quelque  jeu  ,  ou 
qui  joue  petit  jeu.  &efl  un  joue^ 
reau. 

G  n  prononce  &  Ton  devroit  écri- 
re joûrau, 

JOUET  ;  fubftantif  mafculin.  Cre- 
pundia.  Petite  bagatelle  comme  un 
hochet ,  ^c.  que  Ton  donne  aux  en- 
fans  pour  les  amufer ,  dont  ils  fe 
jouent.  Rendt\  lui  fon  jouet.  Ces  en- 

-    fans  s*amufent  avec  leurs  jouets. 

Jouet  ,  fe  die  suffi  par  excenfion  ^  des 
chofes  dont  les  aniinaux  fe  jouent. 

•    Le  jouet  d'un  chien  ^  d*un  chat^  <tun 

.    finge. 

JoufcT,    fe  dit  fii^urémcnr  d'une  per- 

fonne  dont  on  fe  joue ,  dont  on  fe 

mocqne.  Ilvouhit  me  prendre  pour 

fon  joufit.   Elle  n  *efl  point  faite  pc  ur 

w   vous  fervir  de  jouet  w 


JO  U  tô^ 

On  die  aufll  figurément  qo*«;z^ 
perfonne  tft  le  jouet  de  la  fortune  : 
pour  dire  qu'elle  a  éprouvé  plufieurk 
revers  de  la  fortune.  Et ,  c^elle  efl 
le  jouet  de  fespaffons  ;  pour  jdire , 
quelle  fe  lai  fie  emporter  par  fes 
paflions ,  fans  leur  oppofer  la  moin^ 
dre  réfîftance. 

On  dit  encore  figurément  qu'x//x 
vaiffeau  efl  le  jouet  des  vents  »  des 
flots  y  des  tempêtes^ 

Jouet,  fedit  en  termes  de  marine^ 
de  certaines  plaques  de  fer  de  di-^ 
verfes  longueurs ,  pour  empêcher 

'  que  la  cheville  de  fer  qui  les  tra^ 
verfe,  n'entre  dans  le  bols  où  elles 
font  pçfées.  Et  l'on  appelle  jouets  de 
pompe ,  les  plaques  de  fer  clouées 
aux  côtés  des  fourches  de  la  potence 
d'une  pompe  au  travers  de  laquelle 
on  fairpaflet  des  chevilles  qui  Ibr- 
ventâ  tenir  la  brimbale.  Et  ^jouets 
defep  de  driffe ,  les  plaques  de  fer 

?iu'on  cloue  aux  côtés  du  fep  de  df  iP 
e ,  pour  empêcher  que  l'eflieu  des 
poulies  n'entaille  le  îep. 

Jouet  j  fe  dit  en  termes  de  manège, 
d'une  petite  chaînette  fufpendue  i 
la  brifure  du  canon  qui  forme  lem- 
bouchure. 

JOUEUR  ,  EUSE;  fubftantif.  Lufor. 
Celui  ou  celle  qui  joue,  qui  s'ébar, 
&  qui  folâtre  avec  quelqu'un.  En  ce 
**fens  j  il  n'eft  ufiré  qu'en  cette  phcafe, 
un  rude  joueur ,  une  rude  joueufe  ^ 
pour  dire  ,  une  perfonne  qui  ,  eft 
badinant  y  a  coutume  de  faire  mal 
à  ceux  avec  qui  elle  joue. 

On  dit  figurément  &  familière* 
ment  de  quelqu'un  ,  qu'i/  efi  rude 
joueur  ;  pour  dire,  qu'il  eft  dange^ 
reux  d'avoir  quelque  choie  à  démè« 
1er  avec  lui. 

Joueur,  fignifie  plus  ordinaîremtnc 
celui  qui  rifque  de  perdre  ou  de 
gagner  de  l'argent  à  quelque  feu  qui 
a  des  règles*  Un  habile  joueur  ■  de 


ifo  roir 

paumt*  Un  grand  joueur  depîqutt.  Un 
mauvais  joueur.  Un  joueur  déterminé. 
JovBua ,  fe  die  ablbiumenc  de  celai 
^  qui  a  U  paffion  du  jeu ,  qui  fait  mé- 
tier de  jouer.  Il pajfe  pour  un  joueur. 

On  appelle  btau joueur^  quelqu'un 
qui  a  dçs  procédés  honncres  au  jeu , 
foie  qu*ii  gagne  «  foie  qu'il  perde. 
Ec  l'on  die  par  oppoficion  j  un  vilain 
joueur  y  un  mauvais  joueur. 

On  die  figur^menc  &  familière- 
menc ,  la  balU  va  au  joueur  y  la  balle 
va  aux  ions  joueurs  ^  la  balle  cherche 
le  joueur  ;  pour  dire,  que  loccafion 
femble  chercher  ceux  qui  iavenc  le 
.  mieux  es  profieer. 

On  appelle  joueur  d* injlrument y 
celui  qui  exécuee  des  airs.de  oiu- 
fique  mr  un  violon ,  fur  une  harpe  y 
.  ou  fur  quelqu'aucre  inftrumenc  de 
mufique*  Un  joueur  de  haut  bois. 
Vnejoutufe  de  guitearre» 

On  appelle  jo  ueur  dcfarccy  joueur 
de  gobelets ,  joueur  dé  marionnettes , 
ceux  qui  divereitTenc  le  public  par 
des  farces  >  des  eoursdepatTe-paue» 
àc. 

J0U£UR  DB  LTRE  y    e(^le  HORl  ^U*00  a 

donné  à  un  ferpenç  d'Amérique  à 
bandes  circulaires >  qui  par  fes 
fiSemens  mélodieux ,  aetire  i  lui  de 
peeies  oifeaux  dont  il  faie  fa  proie. 
La  première  fyllabe  eft  brève , 
la  féconde  longue ,  &  la  eroifièpe 
du  féminin  très-brève. 

JOUFFLU ,  UE}  adjectif  du  ftylefa- 
miliet.  Qui  a  de  grolles  joues.  Elle 
feroit  plus  jolie  ,  Joëlle  n*étoit  pas  Ji 
joufflue. 

ils'emploieaufli  fubftaneivemene. 
C*eft  un  gros  joufflu. 

Joufflu  »  fe  die  encore  d'un  poifTon 
des  Indes  peu  longj  &  qui  a  en- 
viron cinq  pouces  de  largeur.  Sa 
couleur  eft  )aune  mêlée  de  taches 
blançhe^argéneées.  Il  a  la  chair  d'af- 
ièz  bon  goût. 


JOU 

JOUG  i  fttbftancif  mafculia.  Su^umi 
Pièce  de  boiseraverfane  par-defliis  U 
tèee  des  bœufs ,  &  avec  laquelle  ils 
fone  aetelcs  pour  eirer  ou  pour  la- 
bourer. Mettre  des  taureaux  au  joug, 
Oter  le  joug  aux  bœufs. 

Joug,  fe  die  dans  le  fens  .figuré  j  te 
fignifie  feevieude  ,  fujéeion.  Ces 
belles  contrées  gémijfentfous  le  joug 
delà  tyrannie.  Il  jallut  fubir  le  joug 
defon  autorité.  Ils  parvinrent  à  s'af* 
gauchir  du  joug  de  la  domination  des 
barbares*  Ils  Jècouèrent  le  joug  de 
cette  république.  Oh  les  tient  Jbus  le 
joug. 

On  die ,  le  joug  du  mariage  ;  pour 
dire  y  le  lien  du  mariage. 

JoUG  »  fe  die  dans  THiftoire  Romaine  » 
de  erois  piques  ou  javelines  j  dont 
deux  éea'nr  planeées  en  eerre  éeoient 
furmoneées  d'une  eroifième  arrachée 
en  eravers  aa  boue  des  deux  autres  \ 
elles  formoiene  uneefpèce  debaie 
de. porte  ,  plus  baflè  que  la  haueenr 
d'un  homme  ordinaire  y  afin  d'o- 
bliger les  vaiacus  quon  y  faifbic 
pauer  prefque  nus  l'un  après  l'auere, 
de  fe  bailfer  j  ce  qui  marquoit  l'en- 
tière foumiflîon  y  Ôc  cela  s'appeloit 
mitterefub  jugum.  ^ 

Tous  les  aueres  peuples  voifins 
de  Rome  avoiene  le  même  ufage. 
C'écoie  le  comble  du  déshonneur 
done  fe  fervoie  le  vainqueur  ,  pour 
faire  fentit  le  poids  de  fa  vidoire  à 
ceux  qui  avoiene  fuccombé  :  les  Ro- 
mains ont  raremene  éprouvé  céeee 
honte  y  &  l'one  aûTez  fouvenc  fait 
éprouver  à  leurs  ennemis. 

Cependane  ils  l'éprouvèrent  dans 
la  guerre  contre  les  Samnites,  lorf- 
que  le  Conful  Spurius  Pofthumius 
pous  fâuver  les  erôupes  de  la  Ré- 
publique enfermées  par  fa  fauee  aux 
défilés  des  fourches  Caudines»qu'oo 
nomme  aujourd'hui  Streta  d^Arpaia^ 
oonfeneiede  fubir  lui-même  ceeco 


JOU 

infamie  avec  toute  fon  armée.  H  eft 
yrai  que  de  recoiu  â  Rome  »  il  opina 
dans  le  Sénat ,  qu'on  le  renvoyât 
pieds  8c  poings  lié$  pour  mettre  i 
couvert  la  foi  publique  du  traité 
honteux  qu'il  avoit  conclu  ^  fon 
avis  fut  fuivi  ;  mais  les  Samnites 
ne  voulurent  point  recevoir  le  mal* 
heureux  ConiuU 

Denys  d'Halicarnaffê  rapporte 
que  les  Pontifes  à  qui  Tullus  Hofti- 
lius  avoit  renvoyé  le  jugement 
d'Horace  »  accufé  du  meurtre  de 
fa  fosur  y  commencèrent  à  purifier 

.  la  .ville  par  des  facrifices  ;  &  après 
plufieurs  expiations ,  ils  firent  paf« 
ier  Horace  fous  le  joug;  c'eft  une 
coutume  »  dit- il ,  parmi  les  Romains 
d'en  ufec  ainii  envers  les  ennemis 
vaincus^  aptes  quoi  on  les  renvoie 
chez  eux» 

Ce  monofyllabe  eft  bref  au  fin- 
golier  &  long  au  pluriel. 

On  fait  fentir  ^  mais  peu  >  le  ^ 
final  >  même  devant  une  confonne. 

JOUÏ^  fuèftantSfmafculin.  Lioueur 
alimenteufe  &  reftaurante  ,  fluide 
comme  du  bouillon  ,  noire ,  d'une 
faveur  a^éabie  &  falée.  Lémery 
dit  çgàe  c'eft  une  compofition  dont 
la  bafe  eft  du  jus  de  bœuf  exprimé 

3uand  il  a  été.  toti ,,  on  n'et^  fai^  pas 
avantage  ^  le  refte  de  la  prépara- 
tion n'eft  connu  que  des  leuls  Ja- 
ponoîs  qui  le  tiennent  fecret ,.  6c 
vendent  cette  Uqueur  fort  cher  à 
mus  les  Indiens  èc  autres  peuples 
qjui  veulent  enavoir.  LesOtientaux 
siches  en  adàifonnent  prefquetout 
ce  qu'ils  mangent  »  pour  rendre 
leurs  mets  plus  agréables  y  Se  pour 
s'exciter  k  la  luxure.  Cette  liqueur 
eft  très-rare  en  Europe^,  cependant 
•n  pourroit  en.  apporter  aifémenr, 
puilqu'elle  fis  conierve  pendant 
dcuze  ans. 
JOVIAL  j,  ALE  i,  adieâdf.    Gai ,. 


10l>  III 

joyeux.  Jvoir  te/prit  jovial,  rhu-- 

mcur  joviale.  Cêjl  un  homme  joviah 

JOUILLIÈRES  i   lubftantif  féminin 

SlurieL  C'eft  dans  une  éclufe  les 
eux  murs  aplomb  avancés  dans 
Teau ,  qui  retiennent  les  berges  >  èc 
où  font  attachées  les  portes  ou  cou^ 
lifTes  des  vannes- 
JOVINIANISTES i  (les)  hérétîqecs 
qjuiparurencdans  le  quatrième  &  le 
cinquième  Gècle ,  &  qui  furent 
ainu  appelés  de  Jovinien  leur  chef. 
Celui-ci  avoit  pafle  fes  première» 
années  dans  lel  auftérités  de  la  vie 
monaftique  >  vivant  de  pain  &  d'eau  , 
marchant  nus  pieds ,  portant  un  ha* 
bit  noir  ,  Se  travaillant  de  fes  mains 
pour  vivre* 

Il  forrie  de  ibnmonaftère  qui 
étoiti  Milan  ^  &  fe  rendit  i  Romey 
fasigué  des  combats  qu'il  avait  lin 
vrés  i  £ss  paiEons^  où  fédust  par 
les  délices  de  Rome  »  il  ne  urdapas 
i  £e  livxer  aux  plaifîrs» 

Pour  juftifi^r  aux  yeux  du  pubGcy 
&  peuc-etre.  \  fes  propres  yeux  foni 
changement  »  Jbyinien  foutenoic 
que  la  bonne  clière  &  l'abftinence 
n*étoient  en.  elles  mêmes  ni  bonnes 
ni  mauvaifes..  Se  qu'on  pouvoir 
>ufer  indiffçrerninent  de  toutes  le» 
viandes.^  pourvu  qu'où  en  usât 
avec  aâionsi  de  grâces. 

Comme  Jovinien  ne  (e  bornoti: 
point  au  plaiiir  de  la-bonne  chère  , 
il  prétendit  que  ta  virginité  n'écoie 
pas  un  eut  plus  parfait  que  le  ma* 
riage^  qu'il étôit  faux  que  la  Mère 
de  Notre.  Seigneur  fût  demeurée 
Vierge  après    l'enfantement  y  ous 

3u'il  falloir  comme  resManichcens> 
onner  sli  Jésus-Chkist  un^  corps- 
Ëtntaftique  ^^  qu'au  refte  ceux  quL 
avoienrété  rcgénéréspatlebaptème^ 
ne  pouvoient  plus  être  vaincus  par 
le  démon^  que  la  grâce  db  baptême 
égaloit  tous  tes  uommesj^  Se.  q(U9 


J 


m  JOif 

comme  ils  ne  méritoienc  qae  par 
elle ,  ceux  quï  la  cdnfervoient  joui- 
roienc  dans  le  ciel  d'une  récompenfe 
égale.  Saint  Auguftin  dit  que  Jo- 
vmien  ajouta  à  toutes  ces  erreurs 
celle  de  l'égalité  des  péchés» 

Jovinien  eut  beaucoup  de  fec- 
rateurs  i  Rome  :  on  vie  une  multi- 
tude de  perfonnes  qui  avoient  vé- 
cu dans  la  continence  &  dans  la. 
mortification  ,  renoncer  à  une  àuf* 
cérité  qu'ils  ne  croyoient  bonne  à 
rien,  (e  marier  »  mener  une  vie 
molle  &  voluptueufe  qui  ne  faifbit 
perdre  félon  eux  aucun  des  avan- 
tages que  la  religion  nous  promet. 

Jovinien  fut  condamné  par  le 
Pape  Syrice  »  &  par  une  atfemblée 
d'Evèques  à  Milan. 

JOUJOU  }  fubftantif  mafculin  du 
ftyle  familier.  Crepundia.  Jouet 
qu'on  donne  aux  enfans  pour  les 
amufer.  Put/qu'il  a  été  bien  fage  , 
il  faut  lui  donner  un  joujou.  Il  du 
qu'on  luia  pris  fis  joujoux*^ 

JOUIR  I  verbe  neutre  de  la  féconde 
conjugaifon  ,  lequel  fé  conjugue 
comme  Ravia.  Frul.  Avoir  l'a- 
fage  ,  la  difpodtion    aâuelle  de 

Î|uclque  chofe  tSc  en  percevoir  les 
ruits ,  le  produit ,   &c.  //  a  joui 
de  ce  bénéjiu  pendant  dix  ans.  Elle 
jouit  d'un  revenu  honnête.  Il  lui  ven- 
dit un  fief  dont  il  neputpa^  h  faire 
-  jouir. 

Qn  dit  auflî  ,  jouir  d'une  bonne 
fanté.  Jouir  d'un  grand  crédit.  Jouir 
d'un  bonheur  fans  égal.  Blte  jbuit 
de  la  meilleure  réputation.  Jouir  de 
la  vie.  Jouir  de  la  paix.  'Jouir  d'une  I 
tranquillité  parfaite.  Jouir  des  pri^ 
•viléges  de  fa  jeunejfe*  fouir  du  frtdt 
flefes  travaux. 

On  dit ,  jouir  d^  une  femme  ;  pour 
(lire  »  eri  avçii:  les  dçrni^res  fa- 


JOÛ 

On  dît  auffi  ,  jouir  de  quefquién  ; 
pour  dire ,  avoir  la  liberté ,  le  tert^ps 
de  conférer  avec  Idi ,  de  l'entrete- 
nir,  d'en  difpofer,  d'en  tirer  quel- 
que fervice  ,  quelque  plaifir.  //  ne 
peut  pas  jouir  de  fon  Avocat.  S'il 
vient  ici  nous  pourrons  en  jouir. 
Jouir  ,  s'emploie  aufli  abfolument. 
lia  de  grands  biens ,  mais  il  ne  fait 
pas  jouir. 

La  première  fyllabe  eft  brève  » 
&  la  féconde  longue  ou  brève.  Voy. 
Verbb. 

JOUISSANCE  ;  fubftanrif  féminin. 
Poffeffio.  Ufage&poflreflîonde  quel- 
que chofe.  On  lui  abandonna  lajouif 
jance  de  cetteterre.il  fut  troublé  dans 
la  poffeffion  de  ut  héritage  après  une 
longue  &  paifiblejouiffance. 

Jouissance  ,  fe  prend  quelquefois 
pour  la  perception  des  fruits  :  c'eft 
dans  ce  fens  qu'on  dit  en  termes  do 
Palais  ,  rapporter  les  jouijfànces  ; 
pou{  dire ,  rapporter  les  fruits. 

Ceux  qui  rapportent  àt$  biens  i 
une  fucceflion  »  font  obligés  de  rap- 
porter aufli  les  jouiflances  du  jour 
de  l'ouverture  de  la  fucceffion.  Le 
poflefleur  de  mauvaife  foi  eft  tenu 
de  rapporter  toutes  les  joaiiTances 
qu'il  a  eues. 

On  dit ,  avoir  la  jouijfance  étun^ 
femme  ;  pont  dire,  en  avoir  les  der- 
nières faveurs.  Et  dans  le  même  fens 
en  dit  familièrement ,  une  bonne  t 
une  mauvaife  jouijfpincef  Ces  expre(« 
fions  font  un  peu  libres. 

Les  deux  premières  fyllabes  font 
brèves»  la  troisième  longue  &  la  qua- 
trième très-brève. 

JOUISSANT ,  ANTE  ;  adjeftif.  Qui 

jouit;  Ils  font  ufans  &  jouijfans  de 
leurs  droits.  Une  fille  majeure  ufante 
&  jouîffante  de  fes  droits. 
JOUR  ;  fubftanrif  taafculîii.  Dîes. 
Clarté,  lumière  que  le  Soleil  ré- 
pi^nd  Iprfqu'il  ^eft  far  l'horifon  ou 

ijuil 


JOU 

on  qa*il  en  eft  proche.  lifait  d/ji 
grand  Jour.  Nous  eûfms  de  fort  btaux 
jours  dans  notre  voyage.  Il  partit  à 
i'aube  du  jour.  Regardei^  €es  mar- 
ehandifes  au  jour  >  edes  ont  toute 
autre  apparence  que  dans  lemagafin. 
Le  jour  pajft  au  travers. 

On  appelle  petit  jour  »  la  pointe 
4u  jour. 

On  appelley^ttjc/oârt  une  clarté 
qui  entre  dans  un  lieu ,  de  telle  for- 
te qu'elle  ne  fait  pas  voir  les  ob 
jets  tels  qu'ils  font.  On  ne  lui  a  mon. 
iré  ces  pierreries  que  par  un  faux  jour  ^ 
te  qui  l'a  empêché  d'en  reconnoitre 
ies  défeSuoJués. 

On  dit  figurémenr  de  quelqu'un, 
qu'//  a  mis  une  ajfaire  dans  un  faux 
jour;  pour  dire  y  qu*il  l'a  fait  paroi- 
tre  autre  qu'elle  n'étoit. 

On  dit ,  qixune  choft  eft  en  fon 
jour  y  dans  tout  fon  jour  i^o^t  dire  , 
qu'elle  eft  dans  une  fituation  qui  en 
fait  paroitre  toute  la  beauté.  Place^ 
^e  tableau  dans /on  jour.  Il  faut  voir 
cette  étoffe  dans  fon  jour. 

Onditfigurément»  mettre  une pen- 
fée  dans  fon  jour  y  dans  un  beau  jour; 
pour  dire ,  la  faire  paroître ,  lui  don- 
ner tout  l'éclat  y  tout  le  brillant 
qu'elle  peut  avoir. 

On  dit  figurément  &  familière- 
ment ,  qu'a/t  brûle  le  jour  y  quand  on 
allume  des  flambeaux  pendant  qu'il 
fait  encore  jour. 

On  dit  poétiquement  ,  que  le 
Soleil  eft  le  pire  du  Jour ,  l*ajlrè  du 
jour  y  Vaftre  qui  donne  y  qui  fait  le 
jour. 

On  dit  proverbialement ,  elle  eft 
belle  à  la  chandelle  ,  mais  lejour  gâte 
tout. 

On  dit  auflî  proverbialement  d'u- 
ne belle  petfonne  ,  qvCelle  eft  belle 
comme  le  jour ,  comme  le  beau  jour^ 
Et  d'une  propofitlon,  qiCelU  eft  claire 
comme  le  jour. 
Tome  X  V^ 


JOU  1T5 

On  appelle  le  jour  on,  les  jours  , 
les  fenêtres  ou  ouvertures  des  bati«* 
tnens  y  par  où  vient  te  jour. 

Les  Architeâes  appellent  jour 
droit  y  celui  d'une  fenêtre  i  hau- 
teur d'appui.  Jour  d^en-haut  j  celui 
qui  eft  communiqué  par  un  aba^jourj 
un  foupirail ,  une  lucarne  faitière 
de  grenier ,  &c.  Et  jour  d'aplomb  j 
celui  qui  vient  perpendiculaire- 
ment. • 

On  dit  en  termes  de  Jurifpru-* 
dence  «  un  jour  de  coutume  ;  pour 
dire  ,  un  jour ,  une  fenêtre  que  le^ 
propriétaire  d'une  œaifon  fait  ou-^ 
vrir  dans  un  mur  coïKre  lequel  fon 
voilîn  n'a  pas  de  bâtiment  adofle» 
Et  Ion  appelle  jour  de  fervitude ,  une 
ouverture  ou  fenêtre  faite  dans  un 
mur ,  en  veirtud'un  litre  »  d'une  cpa- 
venrion  particulière. 
Jour  ,  fe  dit  auffi  de  certaines  ouver- 
tures par  où  le  jour  y  l'air  peuvent 
padèr.  Le  Menuifier  a  mal  fait  ces 
volets  y  lejourpafte  au  travers. 

En  termes  de  Peinture  ,  on  ap- 
pelle jour  ^  ce  qui  eft  repréfentc 
frappé  de  la  lumière^par  ôppofition 
'  â  ombre.  On  le  prend  aiiffi  pour  te 
point  d'où  la  lumiècie  fe  répand  fuc 
les  objets  qu'on  a  repréfentés.  £c 
lorfquon  dit,  que  Us  jours  d^un 
tableau  font  bien  placés ,  bien  répan^ 
dus  y  bien  ménagés  ;  cela  veut  dire^ 
que  les  objets  qu'on  y  voit  frappés 
de  lumière  ^  font  bien  difpofés. 

La  principale  force  du  jour  doit 
tomber  fur  ta  principale  figure  8c 
fur  le  grouppe  le  plus  intéreflfant* 
On  le  difpofe  ordinairement  de  ma- 
nière qu'il  frappe  plus  vivement  le 
centre  du  grouppe  &  qu^il  fe  perde 
infenfîblementfur  les  bords. 

On  divife  le  jour  d'un  tableau 
en  jour  naturel  ou  principal ,  en  jour 

1      accidentel  ou  fubordonné  ^  tel  que 
celui  de  la  lumière  d'iine  bougie 

P 


114  JOO 

••a .  cTane  petite  fenêtre  t  on  d*un 
layon  <lu  foleii  échappé  entre  des 
nuages }  en  jour  de  reflet ,  ou  celui 
qui  éclaire  la  partie  communément 
mabxée,  <l*un  ob|et»  par  une  lu- 
mière réfléchie  &  qui  participe  de 
la  couleur  des  objets  qui  la  réflé- 
«hi/Tent. 

Lorfqu*on  dit  j  qu'i/  efl  avétn-- 
4ageux  que  les  tableaux  foient  placés 
dans  un  apparemment  ou  dans  une 
Eglife  à  leur  jour  ;  cela  veut  dire  ,  i 

2[ue  fi  les  objets  imités  paroiflent 
claires  par  un  jous  qui  vienne  du 
côcé  droit  >  il  faut  que  le  jour  de 
Tapparrement  vienne  du  même  co- 
té &  no»  du  côcé  gauche»  Et  Ton 
dit  »  qu'ir/i  tableau  efl  dans  un  faux 
jp>ury  quand  la  lunoière  oui  entre 
par  les  fendues ,  ne  l'éclairé  pas 
de  manière  ài  !e  faire  bien  apper- 
cevoir  dans  toutes  fes  parties»  Les 
luifàns  de  la  peinture  à  1  huile  »  ibnt 
k  caufe  de  ce  prétendu  faux  jour» 
Ils.  réfléchifleBC  la  lumière  comme 
«ne  glace  ou  comme  s'il  jr  avoit  du 
TermSy  8c  empêchent  de  diftingfier 
les  objets  qui  fonr  deflfbus. 

Un  tameaiL  efl:  encose  dans»  un 
£aux  jour  ou  à  concre^jour ,  quand 
il  eft  placé  de  façon  que  ht  lumière 
>  propre  Ac.princtpale  en  eft  £ippofée 
v^enir  du  côté  oppofé  aux  fenêtres 
par  lefauelles  la  lumièreinatticelle 
éclaire  l'appartement. 

On  appelle  aufli  y^icrj ,.  les  toui- 
ches  les  plus  claires  d'un  tableau. 
Un  Peintre  qui  obfervc  bien,le$sjours^ 
&  les  ombres^ 

On  dit  9  perccàjoupî  pour  dire», 
percé  de  part  ea^  part  »  de  ma- 
nière qu'on  voie  le  jour  au.  tra- 
▼ers- 

On  die  d'im  bâtiment  (pii  n'a. 
Jii  portes  n^fenêrres  j.qvLiZç/?â/otfr^. 
toutàjoup*. 
Ca  api^elle^oiir  d^efialier^  livide. 


JOU 

ou  Tefpace  quarré  ou  rond  qui  reftff 
entre  les  limons  droits  ou  rampans 
de  bois  ou  de  pierres  fur  lefquels  ê  A 
portée  la  rampe  de  fer. 
Jour,  fe  dit  en  cesmes^d^Horlogerie, 
d'uu  efpace  ou'on  Uiflê  encre  deux 
roues  qui  pauenc  Tune  fur  l'autre  ». 
ou  entre  les  platines  &  ces  roues 
pour  empêcher  qu'elles  ne  fe  tou-^ 
chent.  Les  jours  de  la  grande  roue 
moyenne  avec  la  platine  des  piliers^ 
6c  la  grande  roue ,  &  du  barillet 
avec  la  platine  de  deiTus  &  la  grande 
roue»  ne  doivent  pas  être  trop  con- 
fidérables  ou»  pour  parler  com-^ 
me  les  Horlogers  ,  doivent  erre 
bien  ménagés  ,  afin  de  confisrvera» 
barillet  &  par  con(équent  au  grand 
rcllbrt  »  le  plus  de  hauteur  qu'il  eft 
poffible.^ 

On  dit  9  fi  faire  jour;  pour  dire, 
(e  faire  palfage  Se  ouverture.  Ce  Ré- 
gimeiu  je  fit  jour  au  travers  de  Var^* 
mée  ennemie* 
JovtL  y  fignifie  figuiément  jfacilî^  , 
moyen  pour  réuilir  i  quelque  pro- 
jet, a  quelqu'entreprife ,  à  quelque 
a&ire.  Su  vcyoit  jour  à  lia  faire 
obtenir  cette  place.  On  ne  voit  point 
dtjour  à  faire  réuffir  fentreprife. 

On  dit  ,  mettre  un  livre  y  mettre 
un  ouvrage  au  jour  ;  pour  dire  »  le 
Élire  imprimer  ,  le  rendre  pn- 
bkc 

On  dit  au(fî ,  mettre  au  jottr;  pour 
fignifier,  divulguer.  //  mie  au  jour 
toutes  les  fourberies  de  ut  homme. 

On  dit  j  t\xiune  perfonne  craint 
le  grand. jour;  pour  dire  ,  qu'elle 
craint  de  fe  montrée  ^  d'être  con- 
nue* 
JouK  »  fe  prend  auffi  figurément  pour 
la  vie.  Ceux  à  qui  nous  devons  U^ 
jour^ 
loua  ,  fe  dir  encore  d'un  certain  ef«- 
pace  de  temps  par  lequel  on  divife 
Us^maisr&  lea  années.  11  y  a.  deim 


I 


JOU 

fortes  de  jours ,  rarcificiel  &  le  na- 
turel. 

Le  jour  artificiel  qui  eft  le  pre- 
mier qa'il  femble  qu'on  ait  appelé 
fimplement  jour ,  eft  le  temps  de 
la  lumière  qui  eft  déterminé  par  le 
lever  &  le  coucher  du  Soleil. 

On  le  définir  proprement  le  Té- 
jour  du  Soleil  fur  Thorizon ,  pour 
e  dîftinguer  du  temps  de  robfcu* 
rite  ou  du  féjour  du  Soleil  fous  l'ho- 
rizon 9  qui  eft  appelé  nuiu 

Le  jour  naturel  appelé  anffi yV^/ir 
dvil  y  eft  Tefpace  de  temps  que  le 
Soleil  met  d  faire  une  révolution 
autour  de  la  rerte ,  ou  pour  parler 
plus  jafle,  c'eft  le  remps  que  la  terre 
emploie  i  faire  une  révolution  au- 
tour de  fon  axe  ;  les  Grecs  l'appel- 
lent pltis  proprement  NiHhcmtron  y 
comme  quidiroit  nuit  &  jour. 

Il  faut  cependatu  obferver  que 
par  ces  mots  de  révolution  de  la 
■terre  autour  de  fon  axe  »  on  ne 
doir  pas  enrendre  ici  le  temps  qu'un 
point  ou  un  métidien  de  la  terre 
emploie  â  parcourir  ^Co  degrés  ; 
mais  le  temps  qui  s'écoule  depuis 
le  pafTage  du  Soleil  au  méridien , 
te  le  paflage  fuivant  du  Soleil  par 
^e  même  méridien  \  car  comme  la 
terre  avance  fur  fon  orbite  d'occi- 
dent en  orient  ,  en  même  temps 
qu'elle  tourne  £ar  fon  axe  »  le  So- 
leil repalle  par  le  méridien  un  peu 
avant  que  la  terre  air  fait  une  ré- 
volution entière  autour  de  fon 
axe.  Pour  en  fentir  la  ratfon  il  n'v 
a  qu'sl  imaginer  que  le  Soleil  le 
meuve  d'orient  en  occident ,  il  eft 
facile  de  voir  qu'un  point  de  la 
terre  qui  fe  fera  trouvé  fous  le  So- 
leil 9  s  y  retrouvera  de  nouveau  un 
peu  avant  d'avoir  fait  un  tour  en- 
^er. 

L'époque  ou  le  commencement 
da  jour  civil  eft  le  terme  oùle  jour 


JOU  iij 

cemmelice  te  où  finit  le  jout  pré- 
cédent. Il  eft  de  quelque  confé* 
quence  de  fixer  ce  terme  j  &  il  eft 
certain  que  pour  diftinguer  les  jours 
plus  commodément  «  il  but  fe  fixer 
a  un  moment  où  le  Soleil  occupe 
quelque  partie  facile  â  diftinguer 
dans  le  ciel  ;  par  conféouent  le  mo- 
ment le  plus  propre  i  nxer  le  coln« 
mencement  du  jour ,  eft  celui  dans 
lequel  le  Soleil  palTe  par  l'horizon 
ou  par  le  méridien.  Or  comme  de 
ces  deux  inftans,  le  plus  facile  i 
déterminer  par  obfervations  »  eft 
celui  du  padage  par  le  méridien  \  il 
femble  qu'on  doit  préférer  de  faire 
commencer  le  jour  naturel  à  midi 
ou  â  minuir  \  en  effet  l'horizon  eft 
fouvent  chargé  de  vapeurs;  d'ail- 
leurs le  lever  &  le  jucher  du  So- 
leil font  fujets  aux  réfraâibns  :  ainfi 
il  eft  difficile  de  les  obferver  exac* 
tement  \  car  les  réfraâions  élevant 
le  Soleil  »  font  qu'il  paroît  fur  l'o^ 
rifon  dans  le  temps  qu'il  eft  encore 
au-de(Ious  }  &  par  conféquent  elles 
augmentent  la  durée  du  jour  arti-' 
ficiel  :  on  ne  peut  donc  lavoir  exac- 
tement la  durée  du  jour  par  cette 
méthode  ,  fans  connoître  bien  les 
réfradtions  »  &  fans  pouvoir  obfer- 
ver facilement  le  foleil  â  l'horizon  ; 
deux  chofes  qui  font  fouvent  fuf- 
ceptibles  d'erreurs.  Cependantcom- 
me  le  lever  &  le  coucher  du  So*- 
leil  font  d'un  autre  côté  le  com- 
mencement &  la  fin  du  jour  arti- 
ficiel y  ils  paroiftent  aufli  être  pro- 
pres par  cette  raifon  ,  â  marquer  le 
commencement  6c  la  fin  du  jour  na- 
turel ou  civil. 

Ceux  qui  commencent  le  jout  au 
lever  du  Soleil,  ont  l'avantage  de 
favoir  combien  il  y  a  de  remps  que 
le  Soleil  eft  levé  \  ceux  oui  ccpi- 
mencenr  le  jour  au  coucher,  fa- 
vent  combien  il  leur  sefte  de  temps 

pij 


riif  JOU 

jufqo'à  la  fin  du  jour  }  ce  qui  peut 
être  ucile  dans  les  voyages  &  les 
difFérens  travaux  y  mais  les  uns  & 
les  autres  font  obligés  de  calculer 
^our  avoir  l'heure  du  midi  &  celle 
de  minuit* 

11  n'eft  donc  pas  étonnant  que  les 
difficrens  peuples  commencent  dif- 
féremment leur  jour  ,  puifque  les 
raifonsfont  i  peuprès  égalesde  parc 
ôc  d*autre. 

Ainft  I  ^  •  les  anciens  Babyloniens, 
les  Perfes ,  les  Syriens  &  pluileurs  I 
autres  peuples  de  TOriem  ,  ceux 
qui  habitent  les  îles  Baléares»  &  les 
Grecs  moderses  »  &c.  commencent 
leur  jour  au  lever  duSoIeil. 

x^.  Les  anciens  Athéniens  &  les 
.   Juifs ,  le^  Autrichiens  »  les  Bohé- 
-   miens  ,  les  Marcommans  ,  les.  .Si! é- 
.  liens  »  les'  Nations  modernes  ;&  les 
Chinois»  &c  le  commencent  au  cou- 
cher du  Soleil. 

3^.  Les  anciens  Umbriens  &  les 
anciens  Arabes  »  auAî  bien  que  les 
.  ^Aftronomeamodfroes»  le  commen- 
cent à  midi.  ^ 
.4®.  Les  Égyptiens  Ôc  h»  Ro- 
'    sviias ,  les.  François  modernes ,  les 
Aoglois,  Jies  Holiaodois  j  ics  Alle- 
mands ,  les  £fpagnols  6c  les  Portu- 
gais, £'c.â  minuit» 

C'éteit  aufli  à  minuit  que  tes  an- 
•Mfci^ns  Égyptiens  commençorent  le 
.  jour, &  même  le  fameux  Hyppar- 
> .  que  avoir  introduit  dans  TAftrono- 
mie  cette  manière  de  compter ,  en 
quoi  il  a  été  fuivi  par  Copetnic  Se 
par  plufieurs  autres  Aftronômes  ; 
mais  la  plus  grande  partie  des  Af- 
tronômes modernes  a  trouvé  plus 
}j  conrîmode  de  commences  â  midi. 
Le  jour  fe  divife    en    henres , 
comme  le  mois  &  la  femaine  en 
jours. 

L^  Aftronômes  ont  été  divrfés 
cnu*èttz  fur  la  queftion  cilles  jours  | 


JOU 

naturels  font  égaui  tout  te  long  de 
l'année  ou  non.  Un  ProfetTeur   de 
Mathématiques  à  Séville  >  ptétend 
dans  un  Mémoire  imprime  parmi 
ceux   des  tranfaûions  philolophi- 
QueS)  qu'après  des  obfervations  con- 
lécuiives  pendant  trois  années  ,  il 
a  trouvé  tous  les  jours  égaux.  Mr 
Fiamfteed  dans  les  mêmes  tranfac- 
lions  réfute  cette  opinion  &   fait 
voir  que  quand  le  Soleil  eftâ  Téqua- 
teur  9  le  )our  eft  plus  court  de  qua« 
rante  fécondes  que  quand  il  eft  aux 
tropiques  ^  &  que  quatorze  jours 
tropiques  font  plus  longs  que  qua- 
torze jourséquinoxiaux  de  ^d'heure 
ou  de  10  minutes.  Cette  inégalité: 
des  jours  vient  de  deux  différentes 
caufes  'y  l'une  eft  l'excentricité  de 
lorbite  de  la  terre  ;  l'autre  eft  l'o- 
bliquité de  récliptique.  La  combi- 
«aifon  de  ces  deux  caufes  fait  va- 
rier la  longueur  du  jour  \  6c  c'e(t 
fur  certe  inégalité  qu'eft  fondée  ce 
qu'on  appelle  équation  du  temps. 

On  a  appelé  chez  difterens  peu-- 
pies  célèbre»,  jours  hiurcux  ou  mal" 
heureux  ,  certains  jours  réputés  tels 

rir  une  opinion  fuperftirieufe ,  oa 
caofe  de  quelques  événemens  mé*- 
mof ables  qui  avoieur  eu  lieu  i  pa^ 
reils  jours  dans  les  années  antérieu-- 
res  :  ainfi  les  Rois  d'Egypte  feloo 
Pltttarque  j  n'exprdioient   aucune 
affaire  le  troifîèrae  jour  de  la  fe-- 
maine  j  0c  s'abftenoient  ce  jour  -14 
de  maiiger  jufqu'à  la  nuit,  parceque 
cVtoit  le  jour  funefte  de  la  naiâànce 
dé  Typhon.  Ils  renoient  auilî  le  dix* 
feptième  jour  pour  infortuné  parce- 
qu'Oilris  étoit  mort  ce  jour- la.  Les 
Juifs  pottfsèrent  fi  loin  teur  extra- 
vagance à  cet  égard  »  que  Moyfe 
mit  leurs  recherches  au  ranjg  des  dt- 

vinar  ions  dont  Dieu  leur  défendoit  1& 
pratique. 

Chez  les  Athéniens  le  jeudi  pdD- 


JOU 

foit  cellemenc  pour  malheureux  » 
que  cette  fuperftition  feule  fit  long- 
temps différer  les  alTemblées  du 
f)euple  qui  tomboient  ce  jour-lâ  : 
e  pocme  d'Héfiode  fur  les  travaux 
ruftiques»  écrit  dans  le  onzième  fiè- 
c\c  zvsLnt  Je/us 'Chrifi  f  fait  une  ef- 
pèce  de  calendrier  des  jours  heureux 
où  il  importe  de  former  certaines 
entreprileS)&  deceuxxo^  il  convient 
de  s'enabftenir  ;  il  met  furtout  dans 
le  nombre  des  derniers^le  cinquième 
jour  de  chaque  mois,  parcequ'ajou- 
terril ,  ce  jour-lâ  les  furies  inferna- 
les fe  promènent  fur  la  terre. 

Virgile  a  fai(i  cette  fiâion  d'Hé- 
Code  pour  en  parer  fes  géorgiques. 
»>  N'entreprenez  rien ,  dit  -  il ,  le 
9»  cinquième  jour  du  mois  »  c'efV  ce- 
n  lai  de  la  nai(Tànce  de  Platon  & 
n  des  Euménides.  En  ce  jour  la  terre 
.  n  enfanta  Japet ,  le  géant  Cée  ,  le 
*'  cruel  Tiphée  ,  en  un  mot  toute 
99  la  race  impie  de  ces  mortels  qui 
»  confpirèrcnt  contre  les  Dieux  »>• 
mais   Héfiode   pour  confoler   fon 

λayS|  mitau  rang  des  jours  heureux 
efeptième,  le  huitième,  le  neu- 
vième ,  le  onzième  te  le  douzième 
de  chaque  mois. 

Les  Romains  nous  font  adez  voir 
par  leurcalendrierjla  ferme  croyan* 
ce  qu'ils  avoient  de  la  diftinâion 
des  jours.  Ils  marquèrent  de  blanc 
les  jours  heureux,  &  de  noir  ceux 
qu'ils  réputoient  malheureux  ;  tous 
les  lendemains  des  kalendes  »  des 
nones  &  des  ides  étoient  de  cette 
dernière  claflfe.  L'hiftoire  nous  en 
a confervé lepoque &  la  raifon. 

L'an  de  Rome  ^6j  ,\es  Tribuns 
miliraires  voyant  que  la  République 
reccvoit  toujours  quelque  échec  , 
requirent  quon  en  recherchât  la 
caufe.  L3  Sénat  ayant  mandé  le  De- 
vin L.  Aquinius ,  il  répondir  que 
lorfque  les  Romains  avoi^t  corn- 


JOU  117 

battu  contre  les  Gaulois  près  du 
fleuve  Allia  j  avec  un  fuccèf  (i  fu- 
nefte  ,  pn  avoir  fait  aux  Dieux  des 
facrifices  le  lendemain  des  ides  de 
Juillet  ,  &  qu'à  Crémère  les  Fa- 
biens  furent  tous  tués  pour  avoir 
combattu  le  même  jour  ^  fur  cette 
réponfe  le  Sénat ,  de  l'avis  du  Col- 
lège des  Pontifes  ,  défendit  de  rien 
entreprendre  à  l'avenir  contre  les 
ennemis  le  lendemain  des  kalen* 
des ,  des  nones  &  des  ides  :  chacun 
de  ces  jours  fut  nommé  jour  fu-^ 
ntjit. 

Vitellius  ayant  pris  pofTeffion  du 
fouverain  Pontificat  le  quinzième 
des  kalendes  d'Août  »  &  ayant  ce 
même  jour  fait  publier  de  nouvel- 
les ordonnances  ,  elles  furent  mal 
reçues  du  peuple  ,  difent  SuétoncSc 
Tacite  •  parceque  tel  jour  étoient 
arrivés  les  défaftres  de  Crémcre  ic 
d'Allia. 

Il  y  avoir  quelques  antres  jours 
eftimés  malheureux  par  les  Ro- 
mains \  tels  étoient  le  jour  du  Sa- 
crifice aux  Mânes ,  celui  des  Lému- 
ries ,  des  Fériés  latines  &  des  Sa- 
rurnales ,  le  lendemain  des  Volea- 
nales  ,  le  quatrième  avant  les  nones 
d'Oftobre,  le  .fixième  des  ides.de 
Novembre  ,  les  nones  de  Juillet  ap* 
pelées  Caprotines  \  le  quatrième 
avant  les  nones  d'Août  y  à  caufe  de 
la  défaite  de  Cannes  ,  &  les  ides 
de  Mars,  par  les  créatures  de  Jules 
Céfar. 

On  juge  bien  qu*outre  ces  jours- 
H  il  y. en  avoir  d'autres  que  chacun 
eftimoit  malheureux  par  rapport  4 
foi-mème:  Augufte  n'entreprenoit 
rien  d'important  le  jour  des  nones^ 
&  quantité  de  particuliers  avoient 
une  folie  pareille  fur  le  quatrième 
des  kalendes  ,  des  nones  &  des 
ides. 

Plufieurs  obfçT  varions  hi(lori(]ue$ 


ii8 


JOU 


ruperAineufemenc  recueillies ,  ont 
contribué  à  favorifec  avec  tant  d'au- 
tres erreurs  »  celle  des  jours  heureux 
&  malheureux.  Jofephe  remarque 
que  le  Temple  de  Salomon  avoir  été 
brûlé  par  les  Babyloniens  le  8  Sep- 
tembre ,  &  qu'il  le  fut  une  £econde 
fois  au  même  jour  &  an  même 
mois  par  Titus.  iEmilius  Probus 
débite  que  Timoléon  le  Corinthien 
gagna  toutes  fes  viâoires  le  jour  de 
la  naiflance* 

Aux  exemples  tirés  de  1  antiquité 
on  en  joint  d'autres  puifés   dans 
rhiftoire  moderne.  Ou  prétend  que 
Charles-Quint  fut  comblé  de  tontes 
iês  profpérités  le  jour  de  Saint  Ma- 
thias.  Henti  III  »  nous  dit-on  ,  fut 
élu  Roi  de  Pologne  ,  enfuite  Roi 
de  France  le  jour  de  la  Pentecôte 
qui  éroit  auffi  celui  de  fa  naiflance. 
Le  Pape  Sixte  Vaimoit  le  mercredi 
fur  tous  les  jours  de  la  femaine  » 
parcequ'il  prérendoit  que  c'étoit  le 
jour  de  fa  naiflance  ^  de  fa  promo- 
tion au  Cardinalat ,  de  fon  éleâion 
i  la  Papauté  &  de  fon  couronne- 
ment. Louis  Xlll  atTaroit  que  tout 
lui  réttflliflbit  le  vendredi.  Henri  VII^ 
Roi  d'Angleterre  ,  étoit  attaché  au 
famedi  comme  au  jour  de  tous  les 
bonheurs  qu'il  avoit  éprouvés. 
Joua  DB  tzKiE ,  s'eft  dit  che?  les  an- 
ciens »  des  jours  confacrés  i  quel- 
que fête  &  pendant  lefquels  on  ne 
ttavailloit  point.  Aujourahui  cette 
expreflion  a  une  autre  fignification  : 
elle  défigne  les  jours  de  travail  par 
oppoittion  aux  Dimanches  6c  aux 
Fêtes  chômées. 

On  appelle  jours  gras,  les  fours  où 
l'on  mange  de  la  viande ,  à  la  diflfé- 
xence  des  autres  jours  oi  l'Eghfe  dé- 
fend d'en  manger^  &  qu'on  appelle 
jours  maigres* 

'On  dit  auflS  abfolument  les  jours 
gras  ;  pour  défigner  les  derniers 


JOU 

jours  du  carnaval ,  qui  font  le  Jeu- 
di ,  le  Dimanche  »  le  Lundi  &  le 
mardi. 

On  zppelle  jour  Je  fan  y  le  pre- 
mier jour  de  l'année.  Il  a  fort  varié 
chez  les  diflférens  peuples  par  rap- 
port au  temps  de  fa  célébration  ; 
mais  il  a  toujours  été  en  grande  vé- 
nération. 

Chez  les  Romains  le  premier  8c 
le  dernier  jour  de  Tan  étoient  con- 
facrés i  Janus  ;  ce  qui  a  été  caufe 
qu'on  le  repréfente  avec  deux  vifa- 

Ceft  des  Romains  que  nous  te- 
nons cette  coutume  fi  ancienne  de% 
complimens  du  nouvel  an.  Avant 
Que  ce  jour  Hit  écoulé  ils  fe  fài- 
(oient  vifite  les  uns  aux  autres  8c 
fe  donnoient  des  préfens  accompa- 
gnés de  VŒUX  réciproques.  Lucien 
parle  de  cette  coutume  comme  très« 
ancienne  &  la  rapporte  au  temps  de 
Numa. 

En  termes  de  Commerce  on  zp^ 
polit  jours  de  faveur^  ou  jours  de  grâ- 
ce,  un  nombre  de  jours  accordés  par 
la  coutume  pour  le  payement  d'une 
lettre  de  change  lorfau'elle  eft  due» 
c'eft-â-dire  y  lorfque  le  temps  pour 
lequel  elle  a  été  acceptée  »  eft  ex- 
piré. 

En  Angletetre  ou  accorde  trois 
jours  de  grâce  »  en  forte  qu'une  lettre 
de  change  acceptée  pour  erre  payée, 
par  exemple  dans  dix  jours  â  vue  » 
peut  n'être  payée  que  dans  treize 
jours.  Par  toute  la  France  on  accorde 
dix  jours  de  grâce,autantà  Danrzick» 
huit  i  Naples,fix  i  Venife,à  Amfter- 
dam,  i  Rotterdam  ,â  Anvers  j  qua- 
tre à  Francfort  \  cinq  â  Leipfic^dou* 
ze  a  Hambourg  ;  fix  en  Portugal , 
quatorze  en  Efpagne  ;  trente  à  Gè- 
nes j  &c.  Remarouez  que  les  Di- 
manches &   les  fètes  font  corn- 


JOU 

pris  dans  le  nombre  des  jours  dé 
grâce. 

On  dit  qvLune  lettre  de  change  ejl 
foyable  à  jour  préfix  >  à  jour  nom* 
me  y  lorfque  le  jour  qu*eUe  doit  ctre 

{)ayée ,  eft  exprimé  &  fixé  dans  la 
ettre  de  change.  Les  lettres  à  jour 
préfix  ne  jouident  point  du  béné- 
fice des  dix  jours  de  faveur  ou  de 
grâce.  ^ 

Une  lettre  de  change  à  deux ,  i 
quatre ,  i  fix  jours  de  vue  préfix  > 
eft  celle  qui  doit  être  payée  deux  , 
quatre  ou  fix  purs  après  celui  de  Ion 
acceptation» 

A  Amfterdam  &  dans  les  autres 
villes  maritimes  des  Provinces- 
Unies  >  on  z^^eWe  jour  de  planche^ 
le  féjour  que  le  Maître  ou  Bace-^ 
lier  d'un  bltiment  frété  par  des 
Marchands  j  eft  obliger  de  fiiire  dans, 
le  lieu  de  fon  arrivée  »  fans  qu'il 
lui  foit  rien,  du  ao-deU  du  fret.  On 
convient  ordinairement  de  ces  fours 
de  planche  par  la  charte  partie ,  i 
moins  qu'ils  ne  foient  fixés  ou  par 
Fafage  ou  par  des  règlemens.  A 
Rotterdam  par  exemple  &  aux  en- 
Tirons ,  les  Barelrers  fonv  obligés 
de  donner  trois  Jours  de  planche  \ 
ceux  du  Brabantj  Flandte,  Zélan- 
de  &  des  aunres  villes  également 
diftantes  d'Amfterdam,  en  donnent 
cinq  ou  fix  fuivanr  l'a*  grandeur  du 
barimenty  mais  fr  après  ces  jomrs  de 

E tanche  ou  réglés  ou  convenus  ^  le 
âtiment  refte  encore  chargé^  le 
Marchand  paye  rant  par  jour  ,  par 
proportion  à  fa  grandeur  ou-  au  prix 
accordé  pour  le  fret. 

On  dit  figurément  qu'//  ^ft  jour 
ghe\  le  Roi  ;  pour  dire ,  que  le  Aoi 
eft  éveillé  ,  Se  qu'il  eft.  pièt  à  fe 
lever. 

On  dit  y  il  fait  grand  jour  ;  pour 

4ue>.q!ie  le  SoleU  eft  levé,  £t  il 


JOU  II? 

Jaii  petit  jour  i  pour  dire,  lecrépuf-- 
cule  du  matin. 

On  dit  figurément  ,  il  ejl  petit 
jour  che\  le  Roi ,  che:[  quelque  Da- 
me ;  pour  marquer  le  temps  où  l'oci 
tire  les  rideaux  du  lit. 

On  appelle  un  jour  de  grande 
fète  )  un  bonjour. 

On  dit  proverbialement  bon  jour 
bonne  âs«vr«, quand  quelqu'un  fait 
une  méchande  adîon  le  jour  d'une 
bonne  fète. 

On  dit  ^  faire  fin  bonjour  ;.pout 
dire ,  fiiire  fes  dévotions  »  recevoir 
l'Euchariftie. 

On  dit ,.  prendre  le  jour  de  queU 
^'tt/i;  pour  dire  y  le  temps ,  le  mo« 
ment  qiii  lui  convient.  On  irapren^ 
dre  votre  jjour. 
JouRrS  ,  fe  prend  au  pluriel  pour  1» 
vie  ,  l'âge  ,  le  temps  auquel  on  vit. 
Couler  agréablement  fis  jours.-  Il  na 
joui  de  cette  fortune  que  fur  la  fin  de 
fisjcurs^  Quand  on  cfifurfes  vieux  ^ 
jours. 

Dans  Tecrimre  (ainte  Dieu  s'ap<^ 
pelle  l'ancien  des  jours. 

On  appelle  les  premiers  jours  dit 
printemps ,  les^  beaux  jours  ^Zi  figu** 
iémenc  on  die  ,  les  beaux  jours  i 
pour  dire  y  le  temps  de  la  première 
jeunefie  ou  les  temps- les  plus  heu^ 
reux  de  la.  vie.  Elle  eji  dans  fit 
beaux  jours.  Ses  beaux  pours  fimf 
paffés. 

On  dit  adverbialement  y.  ^tf^'/itfr 

fa  vie  au  jour  la  journée  i  pour  mre,. 

ne  travailler  chaque  jour  que  pouF 

eagner  ce  qu'il  faut  pour  vivre  pen-- 

danrcejour-U. 

On  dit  auffi  des  perfonne»  né^ 
gligentes  qui  ne  prévoyent  pas  Ta-^^ 
venir  ,  t^elles  vivent  aa  jour  la? 
journée. 

On  dit  figucémenr  te  familière^ 

ment ,  quun  homme  fi  met  à  tous^ 

I     les  jours  i  pour  dire  ^(|fi'il  ^ct^oGfi 


110 


JOU 


trop  »  qa*il  fe  familiarife  trop  fins 
oblerver  la  bienféance  ,  en  taifant 
trop  louvenc  une  chofe  qa*il  ne  de- 
vroit  point  faire  di^  tout  ou  qu'il 
ne  devroit  faire  que  trèi-rarement. 
//  ne  dcvoitpas  meurt  à  tous  les  jours 
la  faveur  du  Prince*  Ce  Héros  s^cx- 
pofe  continuellement  au  danger  ^  il  Je 
met  à  tous  les  jours. 

On  z%^>^\t  grands  jours  y  ^Ênt  af- 
feinblée  ou  compagnie  de  Juges 
qu  on  envoyoit  autrefois  dans  les 
provinces  les  plus  éloignées  pour  y 
tenir  les  plaids  généraux  du  Roi. 

Les  grands  jours  royaux  furent 
établis  pour  juger  en  dernier  reflbrt 
les  affaires  des  provinces  les  plus 
éloignées  &  principalement  pour 
informer  des  délits  de  ceux  que  Té- 
loignement  rendoit  plus  hardis  & 
plus  entreprenans  :  on  les  tenoit 
ordinairement  de  d^ux    en  deux 


ans. 


Ils  croient  compofés  de  perfon- 
nes  choifies  &  députées  par  le  Roi 
i  cet  effet  »  tels  que  les  Commif- 
faires  appelés  Mijfi  Dominici  ,  que 
nos  Rois  de  la  première  &  de  la  fe  - 
conde  race  en voy oient  dans  les  pro- 
vinces pour  informer  de  la  con- 
duite des  De  es  &  des  Comres  ,  & 
des  abus  qui  pouvoient  fe  gli0er 
dans  Tadminiftration  de  la  JafUce 
ic  des  Finances  contre  Tordre  pu- 
blic &  général. 

Les  grands  purs  les  pltis  anciens 
qui  ayent  porté  ce  nom ,  font  ceux 
que  les  Comtes  de  Champagne  te- 
noient  à  Troyes  j  &  ce  fut  a  Pinf- 
tar  de  ceux-ci  que  les  affemblées 
pareilles  qui  fe  tenoient  au  nom 
du  Roi  ,  furent  aufli  nommées 
grands  jours. 

La  féance  même  du  Parlement 
lorfqu'il  étoit  encore  ambularoire , 
étoit  nommée  grand  jour.  Les  Par- 
le mtns  de  Touloofe  ,  Bordeaux  , 


JOU 

Bretagne  &  quelques  autres  tenoient 
aufli  leQïs  grands  jours. 

Depuis  que  les  Parlemens  ont 
été  rendus  fé4entaires ,  les  grands 
fours  n*ont  plus  été  qu'une  commif- 
fion  d'un  certain  nombre  de  Juges 
tirés  du  Parlement  pour  juger  ea 
dernier  refforr  toutes  affaires  civi- 
les &  criminelles  »  par  appel  des 
Juges  ordinaires  des  lieux  ,  même 
les  affaires  criminelles  en  première 
inftance. 

Les  derniers  grands  jours  royaux 
font  ceux  qui  furent  tenus  en  1666 
â  Clermonten  Auvergne ,  &  auPui 
en  Vêlai  pour  le  Languedoc. 

Nos  Rois  accordèrent  aux  Princes 
de  leur  fang  >  le  droit  de  faire  tenir 
des  grands  jours  dans  leurs  appana^ 
ges  &  pairies  i  mais  l'appel  cle  ces. 
grands  jours  reflbrtiflbit  au  Parle-  ' 
ment,  à  moins  que  le  Roi  ne  leur 
eût  oÂroyé  fpécialement  le  droit  de 
juger  en  dernier  reffort. 

Plufieurs  Seigneurs  avoient  aufli 
droitde  grands  jours  où  Ton  jugeoit 
les  appellations  interjetées  des  Ju- 
ges ordinaires  ,  des  crimes  qui  fe 
commettoient  par  les  Baillifs  &  Sé- 
néchaux &  autres  Juges  dépen  dans 
du  Seigneur.  Les  igrands  jours  fei«* 
gneuriaux  ont  été  abolis  par  1  or* 
donnance  de  RoufGllon ,  qui  défend 
i  tout  Seigneur  d'avoir  deux  degrés 
-de  Jurididion  en  un  même  lieu  : 
quelques  Pairs  en  font  cependant 
affcmbler  j  mais  ils  ne  jugent  pas  en 
dernier  reflort. 

Jours  alcyoniens  ,  voy^:{  Alcyon 
&  Alcyohien. 

Jour  ,  fe  dit  d'une  mefute  des  héri- 
tages ,  particulièrement  ufitée  en 
Lorraine  pour  les  terres  labourables. 
Le  jour  contient  dix  omées  &  Ta- 
qiée  vingr-cinq  verges  ou  toifes. 
Ce  monofyllabe  eft  long. 

JOURA  j  petite  île  déferre  de  PAr- 

chipel 


JOU 

clilpcl  î  c*eft  le  Gyaros  des  ati- 
ciens. 

JOURDAIN;  nom  propre  d'an  fleu- 
ve célèbre  dans  les  livres  facrés.  Il 
a  fa  foarce  à  Céfarée  de  PhilippeSj 
Se  fon  embouchure  dans  la  mer 
Morte,  autrement  le  lac  Âfphaiti- 
ce  ,  après  un  cours  d'environ  cin- 
quante lieues*  H  forme  le  lac  de  Se- 
mechon  à  cinq  ou  (ix  lieues  de  fa 
fource.  De  là  il  entre  dans  le  lac 
de  Tibériade  8c  pafTe  tout  au  tra- 
vers. Il  fe  déborde  vers  te  temps  de 
la  moi(fbn  des  orges  ou  de  la  fere 
de  Pâque.  Les  bords  du  Jourdain 
font  couverts  de  joncs  ,  de  rofeaux , 
de  Cannes  ,  de  fautes  &  d'antres 
arbres  qui  font  que  pendant  l'été  on 
a  atttz  de  peine  de  voir  l'eau  de  ce 
Heuve  :  on  dît  qu'il  y  a  pour  ainfi 
dire  deux  lits  &  deux  bords  du  Jour- 
dain diftingttés  l'un  de  Tautre.  Le 
1>remier  eft  celui  où  ce  ^euve  coule 
otfqa'il  eft  dans  fon  état  naturel  : 
le  fécond  eft  celui  qu'il  remplit  lorf- 
qu'il  fe  déborde. 

L'écriture  nous  apprend  les  mi- 
racles auxquels  ce  fleuve  a  fervi  :  il 
ie  partagea  pour  lai  (Ter  un  paffage 
*  libre  aux  Hébreux  conduits  par  Jo- 
iué  :  Élie  &  Élifée  le  pafsèrent  en 
marchand  fur  fes  eaux  :  Élifée  6t 
nager  le  fer  de  la  coignée  qui  y  étoit 
«ombé:  enfin  lorfque  Jésus  Christ 
y  fat  baptifé ,  le  Ciel  s'ouvrit  &  le 
Saint  Efpritdefcendît  fur  lui. 

Cette  dernière  circonftance  du 
Baptême  de  Jésus-Christ  dans  le 
Jourdain  ,  a  donné  au^  Chrétiens 
«ne  grande  vénération  pour  ce  fleu- 
ve :  l'Empereux  Conflantin  ne  dif- 
féra de  fe  faire  baptifer  qu'àcîiufe 
?u'il  avoir  projeté  de  Vctre  dans  le 
ourdain.  L'Abbé  Fleuri  nous  ap- 
prend que  les  Pèlerins  qui  font  le 
froy^gp  de  la  Paleftine  ^  ne  oian- 


JOU  ïxi 

quent  guère  de  fe  baigner  pat  dévo- 
tion dans  le  même  fleuve. 
JOURNAL  i  adje£kif  mafculin  qui 
n'eft  guère  uCtc  qu'en  ces  phrafes  » 
livrô  journal  ,  papiers  journaux  ; 
pour  dire ,  un  livre  »  des  papiers 
qui  contiennent  ce  qui  fe  perçoit , 
ce  qui  fe  dépenfe ,  ce  qui  fe  vend 
chaque  jour. 

Journal  ,  s'emploie  auflî  fubftanti- 
vement  ,  &  fignifie  relation  jour 
par  jour ,  de  ce  qui  fe  pafle  ou  s'eft 
paffé  en  quelque  pays ,  en  quelque 
endroit ,  en  quelque  négociation  , 
en  quelque  affaire.  Il  nous  a  envoyé 
le  journal  de  fon  voyage^  Ave\  vous 
refu  le  journal  de  V armée  d^AIk" 
magne^ 

Journal  ,  fe  dit  en  termes  de  Ma- 
rine ,  d'un  regiftre  que  le  Pilote 
rient  de  tout  ce  qui  eft  arrivé  au 
vailTeau  jour  par  jour  &  d'heure  en 
heure.  Il  eft  ordinairement  divifé 
par  colonnes  ,  &  le  Pilote  y  écrit 
les  routes ,  les  diftances ,  l'eftime , 
les  routes  corrigées ,  les  vents ,  leur 
direftion  &  leur  force ,  k  Variarioa 
du  compas,  &  les  différentes  ob- 
fervations  &  calculs  qu'on  a  faits  , 
les  dangers,  les  profondeurs  de  l'eau 
&  d'autres  remarques  utiles. 

Journal  ,  fe  dit  aufli  d'un  ouvrage 
périodique  qui  contient  les  extraits 
*  des  livres  nouvellement  imprimés , 
avec  un  détail  des  découvertes  que 
l'on  fait  tous  Tes  jours  dans  les  arts 
&  dans  les  fciences.  Le  journal  dt$ 
favans.  Le  journal  encyclopédique.  Le 
journal  éconpmique» 

Journal  ,  fe  dit  encore  d'autres  ou- 
vrages du  genre  de  ceux  dont  on 
vient  déparier,  quoiqu'ils  portent 
d'autres  titres  que  celui  de  journal. 
Le  mercure  de  France  tfi  ua  jour- 

naL 
Journal,  flgnifie auffi une mefure  de 


A 


Il*  lov 

terre  uficée  en  quelques  provinces  au 
lieu  d*arpent. 
JOURNALIER  ,  1ÈRE  ;  adjeaif. 
Quotidianus.  Qui  fe  fait  chaque 
jour.  Travail  journalur.  Exercice 
journalier.  Dépenfe  journalière. 

Journalier,  j  (ignifie  auifi  inégal  , 
qui  eft  fujec  à  changer.  Cejl  une 
beauté  journalière.  Il  a  l'efpritjour- 
nalier.  Son  humeur  ejl  journalière.  Les 
armes  font  journalières. 

Journalier  ,  fe  dit  encore  des  ani- 
maux. Ces  chiens  font  journaliers ,  ils 
ne  chajfent  pas  toujours  de  même. 

Journalier  ,  fe  die  ^uffi  fubilanci- 
vemenc  »  &  alors  il  (ignifie  un  hom* 
me  travaillant  â  la  journée.  C*efl  un 
journalier.  Il  ne/f  ploie  à  ce  travail 
que  des  journal/ers. 

JOURNALISTE  ;  fuhftamif  mafcu- 
lin.  Celui  qui  fait  un  journal.  Les 
Journalifles  de  Trévoux. 

JOURNÉE;  fubftantif  féminin.  Dies. 
•  L'efpace  de  temp^  qui  s'écoule  de- 
puis rheure  où  l'on  fe  lève  jufqu'â 
celle  où  l'on  fe  couche.  Une  journée 
agré.ble.  Nous  pajfcrons  la  journée 
che^i^  elle. 

JouRNÀE  ,  fe  dit  auflî  du  travail  d'un 
ouvrier  pendant  un  jour.  Il  faut  lui 
payer  fa  journée. 

On.  appelle  gens  de  journée  y  les 
ouvriers  qui  fe  louent  pour  travail- 
ler le  long  du  jour ,  c'eft-à-dire ,  de- 
puis cinq  heures  du  matin  jufqu'à 
fept  heures  du  foir. 

On  dit  parmi  les  ouvriers  &  ar- 
tifans  ,  travailler  à  la  journée  j  par 
opposition  à  travailler  a  la  tâche  & 
â  la  pièce.  Le  premier  (ignifie  tra- 
Tailler  pour  un  certain  prix&  â  cer- 
taines conditions  de  nourriture  ou 
autrement,  depuis  le  matin  jufqu'au 
toit  y  fans  obligation  de  rendre 
l'ouvrage  parfait  :  le  fécond  s'en* 
tend  du  marché  que  l'on  fait  de  fi- 
nir un  ouvrage  pour  ua  certain  prix. 


TOU 

quelque  temps  qu'il  faille  employer 
pour  lachever. 

Les  ftatuts  de  la  plupart  descom« 
munautés  des  arts  6c  métiers  met- 
tent auflî  de  la  différence  entre  tra- 
vailler à  la  journée  6c  travailler  i 
l'année.  Les  compagnons  qui  tra- 
vaillent à  r;innée  ,  ne  peuvent  quit* 
ter    leurs    maîtres    fans     permif- 
(ion,  que  leur  temps  ne  foit  achevé; 
&  les  compagnons  qui  font  ample- 
ment à  la  journée ,  peuvent  fe  reti- 
Irer  à  la  fin  de  chaque  jour. 
Quant  à  ceux  qui  font  i  la  tâche> 
il  leur  eft  défendu  de  quitter  fans 
congé  ,  que  l'ouvrage  enrrepris  ne 
foit  livré. 
JouRNÉB ,  fignifie  auiE  falaire  qu'on 
donne  à  un  ouvrier  pour  le  payer 
du  travail  qu'il  a  fait  pendant  un 
jour. Illui eji  dû fix journées* 
Journée  ,  fe  prend  quelquefois  pour 
le  chemin  qu'on  fait  d'un  lieu  d  an 
autre  dans  l'efpace  d'une  journée.  // 
y  a  une  journée  de  chemin  de  Paris  m 
Meaux. 

On  dit  proverbialement ,  figurc- 
ment  &  familièrement  »  faire  tant 
parfes  journées  que  .  .  .  pour  di^e» 
faire  en  forte  par  fon  travail ,  par 
fes  foins»  par  Ion  induftrie ,  que  • .  » 
Il  fit  tant  par  fes  journées  j  qu*ilob'^ 
tint  une  penfion. 

Le  même  proverbe  s*emploie  fou- 
vent  en  mauvaife  part  &  par  rail- 
lerie, lia  tant  fait  par  fes  journées  , 
quon  ta  cajféaux  gages. 
Journée  ;  fignifie  encore  jour  de  ba» 
taille ,  ou  la  bataille  même.  La  ce-- 
lèbre  journée  de  Fontenoi.  V exécra- 
ble journée  de  la  Saint  Barthélémy, 

En  termes  de  Palais  on  appelle 
journées  de  caufe  y  les  journées  d'au- 
dience ,  les  expéditions  ,  appointe-' 
mens  >  les  aâes  préparatoires  &  inA- 
truâifs  qui  fe  prononcent  par  fen- 
tence  »  &  non  ce  qui  fe  fait  ex* 


JOU 

trajudiciairement  &  par  une  fîgni«  | 


ficacion. 

La  première  fyllabe  eft  brève  » 
la  féconde  longue  Se  la  croifième 
rrè^  brève. 
JOURNELLEMENT  ;  adverbe.  Q«o- 
tidiè.  Tous  les  jours.  Il  s* occupe jour^ 
ncllcment  de  vos  affaires* 
JOURSAC  y  nom  propre  d'un  bourg 
de  France ,  en  Auvergne  ,  fur  la  ri- 
vière d*Alaignon  ,  à  crois  lieues , 
nord-nord-ouefl: ,  de  Saine  Flour. 
JOUTE  j  fubftanrif  féminin.  Ccrea" 
mcn.  Combat  à  cheval,  d*homme  à 
homme  avec  des  lances ,  foie  à  ou- 
trance foie  par  divercifTement* 

Les  fêtes  des  tournois  écoieAt  fui- 
vies  de  joutes  qui  fe  faifoient  avec 
àti  armes  innocences  ,  c'eft^à-dire, 
qui  ne  bleiFoicnt  point.  Deux  bra- 
ves par  galanterie  rompoient  une 
lance  ou  deux  en  Thonneur  des  da* 
mes.  Ces  intrépides  preux  courant 
i  toute  bride  ,  fe  aonnoienr  des 
coups  fi  terribles  quand  ils  ve- 
no^nc  à  fe  rencontrer  ,  qu'il  falloir 
fe  tenir  bien  ferme  pour  n'être  pas 
défarçonAe.  La  différence  qu'il  y 
avoix  entre  Içs  tournois  &  les  joutes, 
c  eft  que  les  premiers  ëtoient  des 
batailles ,  &  les  fécondes  de  vrais 
duels. 

Ces  jeux  occafionnoient  une  in- 
finité d'accidens ,  maigre  les  pré- 
,  cautions  que  l'on  prenoit  pour  les 
prévenir.  Plus  de  vingt  Princes  y 
ont  péri  ou  reçu  des  bleifures  mor- 
telles \  entr'autres  Henri  II  dont  la 
more  arrivée  en  1559  ,  fie  mettre 
fin  i  ces  dangereux  amufemens. 
Joute,  fe  dit  au(C  de  certains ani- 
maux  qu'on  fait  combattre  par  ama- 
fement  \^s  uns  contre  les  autres.  La 
joute  des  coqs. 

La  première  fyllabe  eft  longue , 
&  la  féconde  très -brève. 
JOUTER  j  verbe  neutre  de  U  pre- 


JOU  T13 

mière  oonjugaifon  ,  lequel  fe  con- 


jugue comme  Chanter.  Certare. 
Combattre  avec  des  lances  l'un  con- 
tre l'autre  »  ou  à  outrance  ou  pardi- 
vertiftemenc.  Vufagc  dejoutzr  a  cejfé' 
depuis  la  mort  de  Henri  //• 
Jouter  ,  fe  die  aufli  de  certains  ani* 
maux  qu'on  fait  combattre  les  uns 
contre  les  autres  pour  fe  divertir. 
Faire  jouter  des  coqs. 
Jouter  ,  fe  dit  figurément  &  fami* 
lièrement,  &  fienifie  difvuter.  // 
jaut  être  inJtruLt  pour  jouter  contre  lui. 
La  première  fyllabe  eft  brève  » 
Sf  la  féconde  longue  ou  brève,  /^oy. 
Verbe. 

Les  temps  on  perfonncs  qui  fe  . 
terminent  par'un  e  féminin, ont  leur 
pénultième  fyllabe  longue. 
JOUTEREAUX  ;  fubftantif  mafcu- 
lin  pluriel  &  terme  de  Marine.  On 
appelle  ainfi  deux  pièces  de  bois 
I  courbes ,  pofées  parallèlement  k  l'a- 
vant du  vaiffeau  pour  foutenir  l'é* 
rercn  &  qui  répondent  d'une  herpe 
l'aiiere  dont  elles  font  l'alTem- 
blage. 

On  appelle  joutereaux  de  mat , 
deux  pièces  de  Bois  courbes  que  l'on 
coud  au  haut  du  mâr ,  de  chaque 
côté  ,  pour  foutenir  les  barres  de 
hune. 
JOUTEUR  ;  fubftan.  mafc.  Celui  qui 
joute.  Ce  fut  un  grand  Jouteur. 

Figurément  &  tamiliècement  oa 
appelle  un  rude  Jout<ur ,  celui  qui 
eft  redoutable  en  quelque  forte  de 
combat ,  de  jeu  ou  de  difputeque 
ce  foit. 

La  première  fyllabe  eft  brève  & 
la  féconde  longue. 
JOUVENCE  î  vieux  mot  qui  fignî- 
fioit  autrefois  jeunefle,  &  qui  n'eft 
plus  ufirc  qu'en  cette  phrafe  ,  fon^ 
taine  de  jouvence  ;  pour  dire,  la 
fontaine  fabuleufe  à  laquelle  on  a 
attribué  la  vertu  de  rajeunir.  Il/em^ 


y^ 


114  JOU 

bte  qtttllc  aie  été  à  la  fontaine  ic  | 
Jouvence, 

JOUVENCEAU  v  fttbftantif  mafcu- 
lin.  Il  ne  fe  dit  qu'en  plaifaoterie 
pour  défigner  un  jeune  nomme  qui 
eft  encore  dans  ladolefcence.  Elle 
aime  ce  Jouvenceau. 

JOUVENETj  (Jean)  nom  d'un  Pein- 
tre né  à  Rouen  en  1 554 ,  &  more  à 
Paris  en  1717.  Le  tableau  du  Mai 
qu'il  fit  à  l'âge  de  19  ans  >  &  donc 
le  fujet  eft  la  guérifon  du  paralyti- 
que» annonça  l'excellence  de  fes 
talens.  Le  Brun  préfenta  ce  M^iître 
i  TAcadémie  où  il  fut  reçu  en  1  ^7  5 . 
On  le  nomma  depuis  Direâeur  & 
Reâeur  perpétuel.  On  connoit  les 
quatre  morceaux  qu'il  compofa  pour 
l'Eglife  de  S.  Martin  des  Cbamp<;. 
Le  Roi  voulut  les  voir ,  &  en  fut  C\ 
iatisfair  »  qu'il  ordonna  à  Jouvenet 
de  les  recommencer^  pour  erre  exé- 
cutés en  tapifTcrie.  Jouvenet  peignit 
donc  les  mêmes   fujets»   mais  en 
homme  de  génie ,  fans  s'attacher  fer- 
vileroenc  à  fes  premières  idées.  Il 
fe  furpaflfa  lui  même  dans  fes  der- 
niers tableaux  qui  font  aux  Gobe- 
lins.  Le  Czar  Pierre  I  ayant  vu  les 
capifTeries  qui  étoient  exécutées  d'a- 
près lui,  en  fut  frappé ,  &c  les  choi- 
fit  pour  la  tenture  que  le  Roi  lui 
avoir  offerre.  Louis  XIV  connoif- 
fant  le  rare  mérire  de  Jouvenet  j  le 
chargea  de  peindre  i  frefque  les 
douze  Apôtres  »  au-deflbus  de  la 
coupole  de  l'Eglife  des  Invalides  : 
rilluftre  Artifte  l'exécuta  de  la  plus 
grande  manière.   Son  pinceau  fut 
au(G  employé  dans  la  chapelle  de 
Verfailles.  Un  travail  exceffif  alréra 
fa  fanté  :  il  eut  une  attaque  d'apo- 
plexie 9  &  demeura  paralytique  du 
côté  droit.  Cependant  il  defUnoit 
encore  de  la  maindroite,  mais  avec 
beaucoup  de  difficulté ,  enfin  il  s'ha- 


JOU 

On  voit  plufieurs  magnifiques  otv» 
vraies  qu'il  a  exécutés  de  cette 
mam ,  entr'autres  le  tableau  appelé 
le  Magnificat  ,  dans  le  chœur  de 
Notre-Dcune  de  Paris.  Ce  Peintre 
avoit  une  imagination  vive ,  beau* 
coup,  d'enpument  dans  l'efprir  ,  de 
franchife ,  de  droiture  dans  le  ca- 
raûère.  Sa  mémoire  étoit  très-heO' 
reufe  :  il  peignit  un  jour  fur  te  par-* 

?|uet  avec  de  la  craie  blanche  un  de 
es  amis   abfent    depuis   quelque 
temps.  La  retfemblance  étoit  frap^ 
pante»  On  fit  enlever  la  feuille  da 
parquet  qui  devint  un  tableau  d'au^ 
tant   plus  précieux ,    que  l'amitié- 
l'avoir  tracé.  Jean  Jouvenet  ne  vit 
point  l'Italie,  ayant  été  artctépar 
une  maladie ,  loriqu'il  étoit  fuc  le 
point  de  partir.  Cependant  il  fe  for- 
ma par  la  feule  étude  de  la  nature  » 
un  goût  de  delTein  fier,  correârâc 
favant.  Il  donnoit  du  relief  &  ci» 
mouvemement  à  it%  figures  :  fes  ex-^ 
preflions  font  vives ,  fes  attitudes 
vraies ,  ît^  draperies  bien  jetées  , 
fes  figures  heureufement  contiaf* 
tées^  Il  réufliflôit  fut  tout  dans  les> 
grandes  machines  ;  il  traitcit  avec 
beaucoup  de,  fuccès  l'hiftoire ,  la  fa», 
ble,  l'allégorie ,  l'épifode  \  il  a  fait 
encore  des  portraits  fort  eftimés. 
Son  pinceau  ferme  &  vigoureux  ^ 
la  richcife  de  fa  compoiition ,  fa 
grande  manière  charment  &  éton- 
nent le  fpeûateur.,  fans  le  féduire 
par  le  coloris  qu'il  a  trop  négligé» 
Lorfqu'il  fe  trouvoit  de  rârcnitcc* 
ture  dans  fe»  tableaux  »  il  la  faifoit 
peindre  par  d'autres  mains. 
JOUX  ;  c'eft  le  nom  d'une  chaîne  de 
montagnes ,  d'une  vallée  &  d'un  lac 
du  pays  de  Vaud^  dans  le  Canton 
de  Berne  en  Suiffe. 
Joux ,  eft  auifi  le  nom  d'un  Château 
très-fort  de  Franche-Comté,  à  une 


bitvia  ife  fervir  de  la  main  gauche:  ]     lieue,  j^  fud  ^  de  Pontaclier..  Qa  j^ 


JOY 

voit  le  fameux  paffage  taillé  par] 
Jiiles-Ccfar  pour  pénétrer  en  Alle-^ 
magne.  C'eft  auffi  là  où  Ton  pafle 
de  Suifle  en  Franche-Comté ,  &  ou 
fe  perçoivent  les  droits  de  fortie  & 
d^entree ,  impofés  fur  les  marchan- 

diiês. 

JOUXTE  i  vieux  mot  qui  fignifioit 
autrefois  proche  ou  conformémentt 
Jouxte  la  maifon.  Jouxte  le  terrier. 

JOUY  i  nom  propre  d'une  Abbaye 
d'hommes  ,  de  TOrdre  de  Cîteaux , 
dans  la  Brie  Champenoife ,  à  deux 
lieues  ,  nord-nord-oueft  ,  de  Pro- 
vins. Elle  eft  en  commende  ,  & 
vaut  au  Titulaire  environ  quinze 
mille  hvres  de  rente. 

JOYAU  i  fubftantifmafculin.  Orne- 
ment précieux  dor,  d'argent,  de 
pierreries  ,  dont  fe  parent  ordinai- 
rement les  femmes.  Il  ne  fe  dit  plus 
guère  qu'en  termes  de  Jurifpru- 
dence  ,  &  en  cette  phrafe  ,  bagues 
&  joyaux.  Voyez  Bague. 

On  appelleyf^y^ttx  de  la  Couronne^ 
les  ornemens  de  ce  genre  qui  appar- 
tiennent à  la  Couronne.  < 

On  dit  ironiquement  de  quelque 
chofe  que  les  autres  veulent  faioe 
palTer  pour  beau  &  pour  bon ,  voilà 
un  beau  joyau. 
JOYE^  (la)  nom  propre  de  deux 
Abbayes  de  Filles ,  de  TOrdre  de 
Cîteaux ,  dont  Tune  eft  fituée  en 
Bretagne  >  fur  la  rivière  de  Blavet, 
près  de  Hennebont ,  au  Diocèfe  de 
Vannes  j  &  l'autre  dans  le  Gâtinois 
François  ^  fur  la  rivière  de  Loing , 
près  de  Nemours,. au  Diocèfe  de 
Sens.  Elles  jouiffent  chacune  d'en- 
viron dix  mille  livres' de  rente.  \ 
JOYENVAL  i  nom  propre  d'une 
Abbaye  de  TOrdre  de  Prémomré , 
au  Diocèfe  de  Charues  ,  dans  le 
Mnntois  ,  à  une  lieue  ,  oueft-fud- 
oueft  ,  de  S.  Germain  en  Laie.  La 
xaenfe  sdïbaciale  qui  eft  d'envirça 


lOY  Î15 

dix  mille  livres  de  rente ,  eft  réu- 
nie à  TEvêché  de  Chartres  depuis 
1(^90.. 

JOYEUSE  i  nom  propre  d'une  ville 
de  France ,  en*  Languedoc  ,  fur  la 
Detite  rivière  de  Beaune  ,  environ 
â  cinq  lieues ,  fud-oueft ,  d'Aubenas. 

JOYEUSEMENT  j  adverbe.  Hilare. 
Avec  joie.  Ils  partirent  joyeufement. 
La  première  fyllabe  eft  brève,  la 
féconde  longue  ,  la  troifième  très- 
brève  &  la  quatrième  moyenne. 

JOYEUSETÊ  y  vieux  mot  qui  figni- 
fioit autrefois  plaifanterie  ,  moc 
pour  rire.  Il  fe  dit  encore  quelque- 
fois  par  raillerie  dans  le  ftyle  fami- 
lier. //  aime  à  dire  des  joyeufetés. 

JOYEUX,  EUS;Ej  ;ià]tai(.  HUaris. 
Qui  a  de  la  joie ,  qui  eft  rempli  de 

-  joie.  Ils  étoienc  tous  fort  joyeux. 
Être  d'humeur  joyeufe.  On  y  mène 
joyeufe  vie. 

On  appelle  bande  joyeufe  ^  une 

'    compagnie  de  gens  qui  aiment  la 

j6ié,  &  qui  ne  cherchent  qu'à  fe 

<  divertir.  Nous  allons  joindre  la  bande 
joyeufe.. 

Joyeux  ,  fignifie  auffi  qui  caulé  de  la 
joie.  Un  conte  joyeux.  Une  jùyeufc 
nouvelle. 

On  appelle  joyeux  avènement^ 
ravénemcnt  du  Roi  à  la  Couronne* 
Et  droits  de  joyeux  avènement ,  cet* 
tains  droits  dont  le  Roi  jouit  lors  de 
fon  avènement  à  la  Couronne. 

Ces  droits  font  de  deux  fortes  j 
lés  uns  utiles ,  les  autres  honori* 
fiques. 

Les  droits  utiles  font  des  fommes 
que  le  Roi  lève  fur  certains  Corps 
&  autres  perfonnes. 

Cecufage  eft  fort  ancien  ,   puif- 

3uon  voit<ju'en  1385  lesHabitans 
e  Cambrai  offrirent  à  Charles  VI 
^000  livres  lors  de  fon  joyeux  av/- 
nemtnt  dans  cette  ville.  En  X4S4  tes 

twi  Géoéraax  a^Temblé^  à  Tour^ 


litf  JOY 

accordèrent  à  Charles  VIII  deux 
millions  cinq  cenc  mille  livres  ,  & 
3  oo  mille  livres  pour  ion  joyeux  avè- 
nement ;  ce  qui  fur  réparci  fur  la 
Noblede ,  le  Clergé  Se  le  Peuple. 

Le  droicde  connrmacion  des  Of- 
fices Se  des  Privilèges  accordés  foie 
à  des  Particuliers  ,  foit  aux  Corn* 
munaucés  des  villes  &  bourgs  du 
Royaume  ,  aux  Corps  des  Mar- 
chands, Arts  &  Métiers  où  il  y  a 
Jurande ,  Maîcrife  &  Privilège ,  eft 
un  des  plus,  anciens  droirs  de  la  Cou- 
ronne ,  &  a  été  payé  dans  tou^  les 
temps  ^  â  Tavénement  des  nouveaux 
Rois.  François  I  par  différentes  Dé- 
clarations &  Lettres  Patentes  de 
Tannée  1514»  Henri  II  par  des  Let- 
*    très  de  1 54^  &  1 547  ,  François  II 

far  celles  de  1 5  5  9  &  1 5  ^o ,  Charles 
X  par  rÉdit  du  mois  de  Décem- 
bre 15^0  ,  ont  confirmé  tous  les 
Ofiiciers  du  Royaume  daos  V^xèr- 
cice  de  leurs  fondions.  Heari  III 
ordonna  par  des  Lettres  Patentes 
du  dernier  Juillet  1574^  à  toutes 
perfonnes  de  demander  iaconfir^ia- 
tion  de  leurs  charges  »  offices ,  états, 
&  privilèges.  Par  uoe^  Déclaration 
du  £5  Décembre  i  $  S9  »  Henri  IV 
enjoignit  à  tous  les  Officiers  du 
Royaume  >  de  prendre  des  Lettres 
pour  être  confirmés  dai^s  leurs  ojS- 
ces.  Louis  XIII  par  Lettres.  Paten- 
tes des  années  1610  6c  \6iï  ^  con- 
firma  les  Officiers  dans  leurs  fonc< 
tiens  &  droits ,  &  accoi;d%  U  con- 
fîrniation  des  privilèges  des  Villes 
&  Communautés  ,  &  à^%  différens 
Arts  &  Métiers  du  RoyautpQ*  Louis 
XIV  par  deux  Èdits  du  mois  de  Juil- 
let i(>4$ ,  &  par  iine  Déclaration  du 
;tS  OÂobre  de  la  même  année  «  con- 
firma dansjeur^  fon£^ions&  privilè- 
ges tous  les  Officiers  de  Judicatuce , 
Police  Stc  Finance  \  les  Communaux 
If  $  4?$  villes  ^  bourgs  j^.bpurg^dps  )  \ 


JOY 

les  Arts  ,  Métiers  &  Privilèges ,' 
enfemble  les  Hôteliers ,  Cabareciers 
&  autres  »  à  condition  de  lui  payer 
le  droit  qui  lui  étoit  du  à  caufe  de 
fon  heureux  avènement. 

La  perception  du  droit  At  joyeux 
avènement ,  fut  différée  par  le  Roi  i 
préfent  régnant  ,  jui qu'en  17x5 
qu'elle  fut  ordonnée  par  une  Décla- 
ration du  z  5  Septembre ,  publiée  aa 
fceau  le  jo. 

Suivant  rinftruûion  en  forme  de 
tarif  y  qui  fut  faite  pour  la  percep- 
tion de  ce  droit ,  les  offices  de  n- 
nance  ic  ceux  qui  donnent  la  No^ 
bleffe  ,  dévoient  payer  fur  le  pied 
du  denier  30  de  leur  valeur ,  les  of- 
fices de  JuiUce  &  de  Police  fur  le 
pied  du  denier  60  \  les  vétérans  des 
officesqut  donnent  la  Noblefle  »  font 
taxés  à  la  moitié  des  titulaires  des 
moindres  offices  jouiffans  des  me* 
mes  privilèges  »  les  veuves  au  quart , 
les  vétérans  des  autres  offices  au 
quart ,  les  veuves  au  huitième. 

On  excepta  les  Préfidens ,  .Con« 
jfeillers ,  Procureurs  &  Avocats  du 
Roi ,  leurs  Subftitsts  &  les  Gref- 
fiers en  chef ,  fie  premiers  Huifiiiers 
des  Cours  fupérieures. 

La  Noblefie  acquife  par  Lettres 
depuis  1645 ,  pat  Prévôré  des  Mar*. 
cbands ,  Mairie  &  Échevinage  ,  Ju- 
rats ,  Confulats ,  Capitouls  &  autres 
Offices  que  ceux  de  Secrétaire  da 
Roi ,  fut  taxée  fur  le  pied  de  xooo 
livres  par  tête  ,  des  jouiifaoces  tanc 
pour  les  perfonnes  vivantes  que  pour 
leurs  ancêtres. 

lats  oArois  Se  deniers  patrimof 
niaux  ou  fubventions  des  villes  fu- 

r 

rent  taxés  fur  le  pied  d^un  quart-  du 
revenu  ,  les  foires  &  marchés  fuc 
le  pied  d'une  demi-année  de  revenu  , 
les  ufages  &  communes  fur  le  pied 
d'une  année. 

Les  Privil^es  ^  Statuts  &  ^^tan^ 


• 

it$  cics  différentes  Communautés 
des  Marchands  &  Artifans  ,    aind 

?ue  des  Cabaretiers  &  Hôteliers  , 
urent  taxés  félon  leurs  facultés. 

Le  franc- falé  fut  payé  par  toutes 
perfones,y  compris  les  Communau- 
tés eccléfiaftiques  ,  excepté  les  Hô- 
pitaux y  fur  le  pied  dfe  la  valeur 
d'une  année  dudit  franc-falé  j  félon 
que  le  fel  fe  vend  dans  les  lieux  où 
le  privilège  fe  lève. 

Pour  confirmation  des  Lettres  de 
légitimation  8c  de  naturalité  ,  cha- 
cun des  Impétrans  paya  looo  livres. 

Les  domaines  engagés  &  aliénés 
avant  1^43  ,  payèrent  le  quatt  du 
revenu ,  &  ceux  engagés  depuis ,  la 
moitié  }  les  dons ,  concédions  j  pri- 
vilèges 9  aubaines  &  confifcations  » 
une  année  de  revenu  ^  les  droits  de  . 
moulins ,  forges  ,  vanneries  ,  péa- 
ges ,  bacs  y  paifagers ,  pèches  &  éclu- 
fes ,  une  demi-année. 

Les  droits  honorifiques  dont  jouif- 
fent  nos  Rois  a  leur  avènement^  con- 
fiftent  dans  les  nouvelles  fois  & 
hommages  qu'on  leur  doit ,  dans 
l'ufage  où  ils  font  d'accorder  des 
Lettres  de  grâce  i  des  criminels  , 
&  dans  le  droit  de  difpofer  d'une  | 
prébende  dans  chaque  cathédrale. 

On  met  auffi  au  nombre  des  droits 
honorifiques  donc  le  Roi  jouit  à 
caufe  de  fon  joyeux  avétiement ,  le 
droit  qu'il  a  de  nommerun  Clerc 

Eour  être  pourvu  de  la  première  pré- 
ende  qui  vaque  dans  chaque  Eglife 
cathédrale  ou  collégiale  du  Roy  au» 
me }  mais  pour  qu'une  Eglife  col- 
légiale foie  afTujettie  à  Texpeâative 
du  /oyeux  avènement ,  deux  chofes 
font  requifes;  la  première  que  le 
nombre  des  prébendes  de  cette  Egli- 
fe foit  fupérieur  au  nombre  de  dix  ^ 
c*eft-  â-dire,  qu'il  en  faut  au  moins 
onze  9  non  compris  les  dignités;  fie 
la  féconde  que  ces  prébendes  ne  ] 


JOY 


'^^1 


foieiit  point  de  la  collation  de  l'or^ 
dinaire. 

Le  droit  de  joyeux  avénemenc 
appartient  au  Koi  jure  regni  »  parce 
Que  toutes  les  Eglifes  de  trance  font 
K)us  fa  proteâion  ,  &  non  pas  en 
vertu  de  concédions  particulières 
des  fouverains  Pontifes.  Si  ce  droit 
ne  s'exerce  plus  comme  ancienne- 
ment par  rapport  aux  Abbayes 
d'hommes  ,  c'eft  que  les  places  de 
Religieux  étant  peu  recherchées ,  le 
Roi  n'a  pas  occasion  de  l'exercer  ; 
ce  qui  n'empêche  pas  qu'il  ne  fub- 
fîfte  toujours ,  &  que  Sa  Maie(lé  ne 
puiffe  en  faire  ufage  quand  elle  le 
jugera  i  propos. 

Le  Roi  en  conféquence  de  fort 
joyeux  avènement ,  fait  expédier  uti 
brevet  â  qui  H  lui  plaît  :  le  Brève- 
taire  fait  enfuite  notifier  fon  droit , 
&  lors  de  la  vacance  il  requiert  la 
première  prébende  qui  ne  peut  lut 
erré  refufèe. 

Le  Grand -Confeil  eft  le  fevl  Juge 
des  queflions  concernant  les  brevets^ 
de  joyeux  avènement  ^  &  ce  droit 
n'eft  pas  reftreint  i  la  petfonne  feule 
des  Brevetaires;  mais  il  s'étend  à 
tous  ceux  qui  reprcfentent  un  Bre- 
vetaire  décédé ,  &  qui  exercent  fes 
droits. 

L'avènement  des  Archevêques  ou 
Evèques  i  l'èpifcopat  donne  auffi  ao 
Roi  te  droit  de  nommer  à  la  pre- 
mière prébende  qui  vaque  dans  TE- 
glife  cathédrale,  autrement  que  par 
téfignation  ou  dèmiflion ,  après  que 
rEvcqué  a  prêté  le  ferment  de  fi^ 
délité. 

On  appelle  droit  At  joyeufe  en^ 
trée ,  un  droit  en  vertu  duquel  le 
Roi  nomme  à  un  canonicat ,  lorf- 
qu'il  fait  fa  permière  entrée  dans  les 
villes  de  fon  Royaume ,  ou  dans 
les  Eglifes  doDC  il  efk  reconnu  Qha^ 
noine» 


ii8 


JUA 


On  fait  que  les  Rois  de  France 
ODC  des  canonicacs  6c  des  dignicés 
dans  plusieurs  Eglifes  du  Royaume , 
qu'ils  confervenr  quoique  laïques  & 
mariés.  On  met  du  nombre  de  ces 
Eglifes  les  Eglifes  cathédrales  de 
Lyon ,  du  Mans  »  d*Ângers  ,  de 
Chalons  fur  Saône ,  &  les  E-giifes 
collégiales  de  Notre-Dame  de  Clé- 
ry  ,  Notre-Dame  de  Melun  ,  de 
Saint  Marrin  de  Tours ,  &  de  Saint 
Hilaire-le-Grand  de  Poiriers.  Lorf- 
que  le  Roi  fait  fa  première  entrée 
dans  ces  Eglifes ,  les  Chanoines  lui 
préfentent  l'aumufTe,  &  prétendant 
aue  le  Roi  voulant  bien  l'accepter  , 
IQ  déclare  par  cette  marque  de  fa- 
veur Chanoine  de  leur  Ealife. 

Le  Roi  a  encore  un  autre  drott 
femblable ,  &  qui  n  eft:  peut-être 
qu'une  extenfion  du  premier  j  c'eft 
celui  de  difpofer  du  premier  béné- 
fice qui  vient  i  vaquer  dans  une 
ville  où  le  Roi  fait  fon  entrée  (m- 
lennelle.  Ce  droit  a  été  regardé  com- 
me un  témoignage  que  le  Clergé 
donne  au  Souverain ,  de  la  part  qu'il 
prend  i  la  joie  publique.  Il  y  a  plu- 
sieurs faits  qui  conftatent  que  Louis 
!X1V  a  fait  quelque  ufagede  ces  deux 
droits. 
JU  ;  nom  propre  de  deux  villes  de  la 
Chine  ,  dans  la  Province  de  Honan. 
La  première  plus  occidentale  que 
Pékm  de  trois  degrés  cinquante- 
cinq  minutes  •  eft  muée  dans  le  dé- 
parrement  de  Caifung^  l'autre  plus 
pccidenjtale  que  Pékin  de  quatre 
degrés  cînquante-fept  minutes ,  eft 
Ittuée  au  confluent  d'une  rivière  de 
même  noon  &  de  celle  de  Sienul. 
Cette  dernière  ville  en  a  quatre  au- 
très  dans  fon  département ,  quoi^ 
qu'ellp  n'ait  pas  le  titre  de  Métro- 

JiIaN  D'AUTRICHE;  (Dom)  nom 
4'vt)  i^U  PAtprel  dç  Charles-^uint 


M 


JUA 

oé  i  Ratisbpnne  en  1 547.  Il  fut  él&< 
vé  à  la  Cour.  d*Efpagne  ,  &  s'y  dif- 
tingua  de  bonne  heure  par  fa  poli- 
teue  &  fa  grandeur  d'ame.  Philippe 
II  l'envoya  en  i  j  70  cpntre  les  Mau- 
res de  Grenade  qu'il  réduidt.  La 
réputation  qu'il  (e  fit  dans  cette 
guerre ,  le  fit  choifir  pour  Généra^ 
iiffimc  d'une  flotre  de  près  de  troi? 
cens  voiles  que  TEfpagne  &  l'Italiç 
avoient  préparée  contre  les  Turcs  , 
vers  le  golfe  de  Lépante  ,  proche  de 
tes  mêmes  lieux  ou  Antoine  8c  Aui- 
gufte  combattirent  autrefois  pour 
TEmpire  du  monde.  Les  Chrétiens 
&  les  Mufulmans  en  vinrent  au^ 
mains  le  7  Oârobre  1571  ,  &  fe 
battirent  avec  un  acharnement  fans 
exemple.  Dom  Juan  par  fa  valeur 
força  la  vidoire  i  fe  déclarer  pour 
lui  :  il  s'empara  de  la  Capitane  enr 
nemie ,  &  obligea  les  Turcs  à  pren- 
dre la  fuire.  Les  vainqueurs  ptirenc 
130  galères  ,  en  brûlèrent  ou  cou- 
lèrent à  fond  5^  ,  tuèrent  3000Q 
Turcs  parmi  lefquels  étoit  Ali-Pacha 
leur  Général ,  tirent  loooç  prifon- 
niers ,  &  délivrèrent  1 5  000  efçlaves 
chrétiens.  Cette  viâoire  coûta  dix 
mille  hommes  aux  Efpagnols.  Dom 
Juan  donna  le  combat  malgré  Dom 
Louis  de  Requefens  ,  qu'on  avoir 
chargé  de  modérer  l'ardeur  de  ce 
Prince  intrépide.  Il  vouloir  aller 
droit  i  Conftantinople  \  c'étoit  le 
feul  parti  qu'il  y  eût  a  prendre  :  fon 
confeil  s'y  pppofa.  Dans  la  confter- 
nation  où  étoient  les  Mufulmans^ 
on  pouvoit  ndn-feulement  fe  rendre 
maure  de  la  capitale  de  leur  Emr 

Cire  >  tnais  encore  chatTer  de  la 
'hrace  &  de  la  Grèce  ces  fiers  enncr 
mis  des  Chrétiens.  Ûomjuan  d'Au- 
triche acquit  rapidement  la  plu^ 
grande  réputation  dont  jamais  Ca- 
pitaine ait  joui.  Chaque  Nation  mo^ 
derne;  dit  un  Hiftorien  ^  oecomptQ 


JUB 

que  Tes  Héros  >  &  néglige  ceux  des  i 
aucres  peuples.  Dont  Juan ,  comme  | 
vengeur  de  la  Chréciencé  ,  écoic  le 
Héros  de  toutes  les  Nations.  On  le 
comparoit  i  Charles-    Quint  fon 

£dre  dont  il  avoic  la  figure  ,  U  va- 
^ur  y  rhumanicé ,  la  générofité  & 
le  génie.   Il  mérita  furtout  d'être 
l'idole  des  peuples  ,  lorfque  deux 
ans  après  il  prit  Tunis  comme  Char- 
les-Quint ,  &  fit  comme  lui  un  Roi 
africain  tributaire  d'Efpagne.  Dont 
Juan  acquit  une  nouvelle  gloire  en 
1576,  lorfqu'il  eu  té  té  nommé  Gou- 
verneur des  pays  révoltés.  Il  fe  ren- 
dit maître  de  Namur  ,   de  diverfes 
places ,  &  défit  entièrement  les  re- 
belles dans  les  plaines  de  Gemblours 
en  1578.  Les  ennemis  perdirent  dix 
mille  hommes  dans  cette  journée. 
r  Leur  Général  Goignés  fut  pris  avec 
Tartillerie  ,  les  bagages  &  les  dra- 
peaux. Le  Vainqueur  profita  de  la 
viâoire ,  en  foumettant  rapidement 
Louvain,  Dieft, Nivelle, Philippe- 
Ville  ,  Limbourg ,   Harlem.    Une 
mort  prématurée  l'enleva  au  milieu 
de  fes  conquêtes.  Il  expira  le  pre- 
mier Odlobre  de  la  même  année  à 
$  a  ans ,  dans  les  convulfions  que 
lui  caufa  fuivant  les  uns ,  la  douleur 
d'avoir  perdufonMiniftre  Efiovcdo 
lâchement  aflafiîné  ,  &  fuivant  les 
autres,un  poifon  lent  que  lui  fit  don- 
ner Philippe  jaloux  de  fa  gloire. 
JUBARTJE  i  fubftantif  féminin.  Efpè- 
ce  de  baleines  qui  n'ont  point  de 
dents ,  &  qui  font  plus  longues  , 
mais  moins  groffes  que  celles  du 
Groenland.  On  en  trouve  près  des 
Bermudes. 
JUBE;  fubftantifmafculln.  Efpècede 
tribune  ,  lieu  élevé  dans  une  ÉgUfe , 
qui  cftordinairèmententre  le  chœur 
&  la  nef,  &  où  l'on  va  réciter  l'E- 
vangile des  MefTes  folennelles  \  c'eft 
la  même  chofe  que  Tambon  où  fe 
Tome  XV% 


JUB  rij 

faifbient  anciennement  toutes  le^ 
leâures  publiques  pendant  l'Office 
divin.  On  Ta  appelé  Jubé ,  à  caufe 
du  premier  mot  de  la  formule  par 
laquelle  le  Le£beur  demandoit  la 
bénédiAion  au  Célébrant  avant  de 
convmencer  fa  leâure.  U  jr  eut  dès 
jubés  dès  Tan  410  ,  &  il  y  en  eût 
dedififérens.  Celui  où  on  lifoit  l'Ê-- 
vangile  étoit  â  la  droite  du  Pontife 
au  tond  de  labAde.  11  y  a  peu  d'Ê- 
glifes  qui  aient  confervé  l'ufage  des 
jubés. 

On  dit  proverbialement  ,  venir 
à  jubé  ;  pour  dire»  venir  i  la  rai  • 
fon  par  contrainte  ,  malgré  qu'on 
en  ait.  Il  faudra  bien  qu'il  vienne  à 
jubé. 

Les  deux  fyllabes  font  brèves  au 
fingulier  ^  mais  la  féconde  eft  lon- 
gue au  pluriel.  ' 

JU  BETA  \  fubftantif  mafculin.  Ârbra 
du  Japon  »  de  la  grpffeur  du  pru- 
nier  ,  dont  les  fleurs  &  les  baies 
reflfemblent  à  celles  du  troefne.  Son 
écorce  eft  verdâtre  \  fes  fleurs  font 
en  grand  nombre ,  difpofées  l'une 
vis-à-vis  de  l'autre  ,  de  figure  ova- 
le  ,  tendue  &  fujettes  à  fe  flétrir 
bientôt  :  le  noyau  eft'  blanc  ,  d'un 
goût  aftringent  &  cauftique  :  ces 
baies  paflent  pour  venimeufes. 

JUBILAIRE  ;  voye^  Jubile. 

JUBILATION  i  fubftantif  féminin. 
Ldtiiia.  Terme  de  plaifanterie  qui 
fignifie  réjouiflkncè  »  bonne  chère. 
lu  font  en  grande  jubilation.  D*oà 
vous  vient  cet  air  de  jubilation  f  Un 
vifage  de  jubilation. 

JuBiLATioH,fe  dit  en  termes  de  Myf- 
tiques  »  d'urle  forte  de  joie  que  fain- 
te  Thércfe  dans  fon  château  de  l'a- 
me  explique  ainfi  :  c'eft ,  dit  cette 
Sainte ,  une  grande  union  de  toutes 
les  Puiflances  ,  qui  ne  leur  ote  pas 
non  plus  qu'aux  fens  ,  la  liberté 
de  connoître  qu'ils  jouiflent   d'un 

R 


13^1  JUB 

très-grand  bonheur ,  fans  compr^n^ 
dre  néanmoins  ni  quel  il  eft  y  ni  la 
manière  donc  ils  en  jouiffenc.  Une 
fi  grande  joie ,  H  incime  &  accom* 
pa^nce  d'une  fi  grande  paix  ne  (au- 
roic  provenir  du  Démon..  C  eft  une 
chofe. toute  furnaturelle»  qui  dure 
quelquefois  un  jour  tout  entier.  L'a- 
.  she  eft  alors,  comme  une  perfonoe 
qui  a  beaucoup  bu  ^  &  qui  néan- 
moins n'eft  pas  ivre». 
JUBILÉ  ;  fubftantif  mafcttlim  Cctoîr 
parmi  les  Ifraclites  dans  la«  loi  de 
.Moïfe ,  la  cini^uième  année  qui  fui- 
voit  la  révoluuon  de  fepc  femaines 
d'années- 

L'année  du  Jubilé  commençoic 
au  premier  jour  de  tizri  qui.  répon* 
doit  à  peapcè^  à  notre  mois  de  Sep- 
tembre«  En  cette  année  >.  on  ne  ie* 
moit ,  ni  on  ne  moiflonnoit;  maîs^ 
.  on  fe  contentoit  de  recueillir  ce  que 
la  terre  &  les  atbres.  produifoient 
d'eux-mêmes.  Chacun  cencroit  dans» 
fes  héritages  »  foit  qulls  fuflent  vea*- 
dus  ^  engagés  oa  aliénés.   Les  ef- 
claves-  hébreux  ^  de  Quelque  ma^ 
nière  qu*il&  fu(fent  tombés  dans  l'ef- 
clavage^  étoient  af&anchis  y  avec 
leurs  femmes  de  leurs  enfans  ^  mê- 
me ceux  qui  avoient  renoncé  au  prt*- 
vilége  que  leur  donnoit  Tannée  lab* 
batique  de  recouvre»  leur  libertés 
,     Cet  afFranchiflèment  cependant 
,ne^  fe  confommoic  qu'au  dixième 
foux  du  mois.  On  paflbit  les  neuf 
premiers  dans  la  joie  Se  dans  les 
plaidrs ,,  i  peu  près  comme  les  Ro- 
mains dans  leurs  fêtes  faturnales. 
Durant  ces  neuf  jours  lès  efclaves 
ne  faifoient  aucun  ouvrage  à,  leurs 
maîtres  »  ni^ais  ils  mangeoient  »  bu- 
voient  ôc  fe  réjouiflbient  »  6c  pre- 
fioient  chacun  une  couronne  fur  la 
tête.  Le  jour  de  Texpiation.  folen» 
nelle  qui  eft  le  dixième  de  tizri» 
fi'écoit  pas  plutôt  arrivé  >  que  les 


JUB 

Cbnfeillets  du  Sanhédrin  faîIoîeM 
ibnner  des  trompettes  ».  &  i  ^*,r 
tant  les  efclaves  étoient  déclarés  U* 
bres ,  &  les  terres  revenoiem  à  leur» 
anciens  maîtres.' 

Le  motif  de  cette  loi ,  étoit  d'emi- 

ècher  que  les  riches  n  op|>rimaf- 

mt  lespauvresN»  en  les  réduifantài 
un  efclavage  perpétuel  ;  qu'ils  ne 
s'attiraffent  tous»  les  fonds  par  les- 
voies»  d«  L'achat ,.  ou.  de  l'engage- 
ment »  ou  enfin  de  l'ufurpation  ;« 
que  Les  dettes  ne  vinlTent  à  fe  trop 
multiplier  ,  flc  pa«  conféqueiit  i 
rainer  entièrement  les  pauvres;  quê- 
tes efdaves-  ne  demeuraflent  pas^ 
toujours,  eur,  leurs  femmes  Se: 
leurs  enfans  dans  la  fervitudc^  De? 
plus ,  Moïfe  voulcrit  confervcr  au- 
tant qu'il  étoit  poffible>.  la  libertér 
dt$  perfonnes>  Tésalité  des  biens  ,* 
Tordre  des  familles  dans  le  pays.. 
Enfin  il  voubit  que  le  peuple  s'at- 
tachât à  fon  pajrs^-a  fes^  terres  j  ^i^ 
fi>n  héritage  >  qu'il  s'y  affeétioimât: 
comme  4^^ un  bien,  qui  venoit  de^ 
fes  pères ,  &  qu'il  devoit  laitfêr  i; 
fès  enfiins ,  fans  crainte  qu'il  lbrtî& 
pour  toujours  de  fa^famille. 

Les  elclaves  étrangers  ne  jouiC- 
foient  pas  des  privilèges  du  Jubilés- 

L'année  du  Jubilé  avoit  plufieur» 

Erérogarives  par  defliis  l'année  fab* 
atique  ,  &  la  fabbatique  a  auffi 
quelques  petits  avantages  par  deflus^ 
l'année  du  Jubilé  r  l'année  fabbati- 
que annulloit  les  dettes ,  ce  oue  ne. 
raifoit  pas  le  Jubilé  j  mais  le  Jubilé^ 
remet  les  efclaves  en  liberté ,  8c 
rend  les  terres  à  leurs  anciens  mai* 
très  :  de  plus,  il  reftitue  les  terres 
d'abord  au  commencement  du  Ju* 
bile ,  au  lieu  que  dans  l'année  fab- 
batique» les  dettes  ne  font  annuUées 
qu'à  la  fin  de  Tannée.^  Les  biens  qui 
avoient  été  achetés  ou  donnés ,  re— 
tournoient:  £uis  difficulté  i  leurs 


anciens  maîtres,  ceax  qui  écoiehc 
venus  par  droit  de  fucceffion ,  de- 
mearoient  à  ceux  qui  en  |oaiflbient  : 
les  contrats  de  vente  »  où  ion  avoit 
exprimé  un  certain  nombre  d'an- 
nées »  fubfiftoienc  pendant  toutes 
ces  années ,  nonobftant  la  rencon- 
tre du  Jubilé.  Mais  les  contrits  ab- 
folus  8c  illimités ,  éioient  cadçspar 
le  Jubilé.  Les  maifons  &  les  autres 
4édifices  bans  dans  les  villes  muirées 
jie  revenoient  point  au  propciéuire 
4ans  l'aimée  au  Jubilé. 

Depuis  la  captivité  de  fiabjrlone  » 
on  continua  d  obferver  les  années 
fabbatiques ,  mais  non  pas  les  an- 
nées du  Jubilé.  Alexandre  le  Grand 
4iccordi  aux  Juifs  l'exemption  du 
tribut  pour  la  feptième  année,  à 
laifoB  du  repos  qu'ib  obfervoienc 
cette  année  U ,  mais  i  l'égard  du 
Jubilé ,  pttifqu  il  n*étoit  inftitué  que 
pour  empêcher  Tanéantiflenlent  du 
parcage  tait  par  Jofué ,  &  la  con- 
fanon  des  tribus,  &  des  familles, 
il  ne  fut  plus  praticable  comme 
avant  la  difperfion  des  tribus  y 
celles  qui  revinrent  de  la  captivité , 
«'étant  établies  comme  elles  purent, 
&  où  elles  purent ,  &  un  très-grand 
nombre  de  familles  »  &  peut-être 
des  Tribus  entières  étant  demeu 
rées  dans  le  lieu  de  leur  captivité. 

A  rimitation  des  Juifs  »  les 
Chrétiens  ont  aulC  établi  un  Ju- 
bilé i  mais  qui  ne  regarde  que  la 
xémillîon  des  péchés  j  &  l'induK 
gence  que  l'Églife  accorde  aux 
pécheurs  »  en  vertu  du  pouvoir 
qu'elle  a  reçu  de  Jbsus-Christ  de 
lier  &  de  délier.  Ces  fortes  de  Ju- 
bilés n'ont  eu  lieu  que  depuis  le 
Pape  Boniface  VIII  en  l'an  i^oo  de 
JesusChj^ist  ,  &  encore  n'on&-ils 
commencé  i  pofter  le  nom  de  Ju- 
biU  y  que  depuis  Sixte  IV  »  qui  fur 
./ait  Pape  en  1471  >  &  qui  dans  fa 


JU3  13  î 

Bulle  de  Tan  147$  donna  l  fin- 
dulgence  plénière  8c  générale  qu'il 
accordoit  a  tous  les  fideUes ,  le  nom 
de  JubiU^  Dans  les  commencemeng 
ces  Jubilés  ne  s'accordaient  que  de 
cent  en  cent  ans:  mais  le  Pape  Clé- 
ment yil  eh  I  f  41 ,  les  réduifit  i 
cinquante»  Grégoire  XI  -les  avoit 
fixés  à  on  efpace  de  trente-trois  ans  ; 
&  Paul  II  trouvant  que  cette  durée 
étoit  encore  trop  longue ,  ordonna 
^que  <le  vingt»  cinq  en  vingt -cinq 
ans  »  on  dooneroit  un  Jubilé  ;  ce 
qui  s'e  A  toujours  pratiqué  depuis  ce 
temps*U. 

On  appelle  ordinairement  ce  Ju- 
bilé ,  le  Jubilé  de  l* Année  Sainte. 
La  cérémonie  qui  s'obferve  âRome 
pour  l'ouverture  de  ce  Jubilé,  con-* 
fifte  en  ce  que  le  Pape  »  ou  pendant 
la  vacance  du  Siège ,  le  Doyen  det 
Cardinaux  ,  va  à  Saint-Pierre  pour 
faire  Touverture  de  la  porte  fainte 
qui  eft  murée ,  &  ne  s'ouvre  qu'en 
cecre  rencontre.  Il  prend  un  mar- 
teau d'or,  &  en  frappe  trois  coups 
on  difant  >  aptrite  mÙii  portai  juf' 
titiû ,  &c.  puis  on  achève  dé  rom« 
pre  la  maçonnerie  qui  bouche  la 
porte.  Enfuite  le  Pape  fe  met  a  ge* 
noux  devant  cefte  porte  pendant  que 
les  Pénitenciers  de  Saint -Pierre  la 
lavent  d'eau-bénite,  puis  prenant  la 
Croix  j  il  entonne  le  Te  Deum  ,  8c 
encre  dans  l'Églife  avec  le  Clergé, 
Trois  Cardinaux  Légats  que  le 
Pape  a  envoyés  aux  trois  autres 
portes  faintes  ,  les  ouvrent  avec  la 
même  cérémonie.  Ces  trois  portes 
font  aux  Églifes  de  Saint-Jean-de- 
Latran ,  de  Saint-Paul  &  de  Sainte- 
Marie  -  Majeure.  Cette  ouverture 
fe  fait  toujours  de  vingt  -  cinq  en 
vingt-cinq  ans  aux  premières  vê- 
pres de  la  Fête  de  Nocl.  Le  lende- 
main marin  ,  le  Pape  donne  la  bé- 
nédiAîonaa  peuple  en  forme  de  Ju* 

Rij 


I 


tile.  L'année  fi|îvance'érant  «xpkée» 
on  referme  la  porte  fainte  la  veille 
de  Noël  en  cette  manière  :  le  Pape 
bénie  les  pierres  &  lé  mortier,  pofe 
la  première  pierre  ,  &  j  mer  douze 
caUertea  pleines  de  médailles  d*or 
&  d'argent,  ce-  qui  fe  fait  avec  la 
même  cérémonie  aux  trois  autres 
portes  faÎRtes*  Le  Jubilé  atticoit  au-* 
crefois  à  Rome  une  quantité  pro-  1 
digieufe  de  peuple  de  tous  les  pays 
de  rEurçpe.  Il  n'y  en  va  plus  guère 
)  aujourd'hui  que  des  provinces  d'I- 
.  talie  j  furtout  depuis  que  les  Papes 
accordent  ce  privilège  aux  antres 
pays,  qui  peuvent  nire  le  Jubilé 
chez  eux ,  &  participer  à  l'indul- 
gence^ i      .^ 

Ce  qu^on  peut  remarquer  de  par- 
ticulier fur  l'indulgence  du  Jubilés 
c'eft  qu'ordinairement  la  fiuHe  per- 
.  mer,  i ^.  à  tout  fidelie  de  choiiir  tel 
Confe^ur  approuvé  par  l'ordinaire 
qu'il  lui  plaît  ^  2®.  i  tout  Confef- 
Jeur  approuvé  d'abfoudre  de  toutes 
les  ceniures ,  &  de  tous  les>  cas  ré- 
fervés,  &  quelquefois  de  commuer 
la  plupart  des  vœux.  Du  refte  cette 
indulgence  redemble  aux  autres. 

Outre  ces  Jubilés  de  vingt -cinq 
ans  en  vingt*cinq  ans ,  tous  tes  nou- 
vezixXt  Papes  en  accordent  un  à  leur 
exaltation  ;  ils  ea  accordent  audit 

Eour  les  befoins  extraordinaires  de 
i  Chrétienté. 

.  Suivant  l'ufage  de  l'Églife  de 
France  j  les  Bulles  de  Jubilé  doi- 
vent être  adrcflTées  aux  Archevê- 
ques,  qui  les  envoyant  aux  Eve-; 
ques  leurs  fuflfragans.  Cet  ufageeft' 
attefté  par  rAflimblée  générale  du 
Clergé,  tenue  en  itfyoJ 

Les  chapitres  6c  autres    corps,; 

même  .exempts  de  la  Juridtânon 

.    ipifcopale  ,  n'ont  pas  Je   droit; dp. 

donnée. d^s  Mti'ndemebsLpour  laipu>  : 

Micdtioa  d«$  Jubilés*  .QtxÉt  pùbli-  ' 


JUB 

r 

cation  ;doit  être  faite  de  TOtcfon- 
nafice  dei'Êvëque,tant  dans  TEglife 
cathédrale  ,  que  dans  celles  de  la 
dépendance  des  chapitres  &  des  au- 
tres exempts,  qui  tous  font  obligés 
d'y  obéir  :  cetfe  maxime  eft  confor- 
me aux  décidons  du   Concile  de 

•  Trente. 

JuBiLB ,  ou  JxTBiLAiRE,  eft  un  titre 
qu'on  donne  à  un  Eccléfiaftique  qui 
a  deffervi  une  Églife  pendanr  cin- 
quante ans ,  à  uti  religieux  qui  a 
cinquante  ans  de  profeflion  dans 
un  Monaftère  ,  à  un  chanoine  qui 
a  affifté  aux  offices  le  temps  porté 
par  les  Statuts  capitdaires.  On  fait 
que  chez  les  Juifs  le  mot  de  Jubilé 
te  difoit  de  la  cinquantième  année 

?\\H  fuivoit  ht  révolution  de  fept 
emaines  d'années  j  origine  du  mot 
Jubilaire. 

Les  Jubilaires  ou  Jubilés  ont 
quelque  rapport  à  ce  que  les  Ro- 
mains appeloient  Vetcranl  dans  la 
milice. 

il  y^  a  d'ans  les  Pays-Bas  Se  ait^ 
leurs  plufieurs  chapitres-  où  il  y  a 
des  ftatuts ,  qui  portent  que  ceux 
qui  ont  été  trente  ans  chanoines-fe- 
ront  Jubilaipes ,  8c  en  cette  qualité 
exempts  d'afliftef  à  Matines ,  ex-» 
cepté  les  Dimanchies  &  les  Fêtes  9 
&  le  temps  qu'ils  {^x uni  Semainiers^ 
fa^s  qu'ifs  perdent  aucune  diftribu- 
tion  manuelle  affeâée  aux  préfens* 
Mais  ces  ftatuts  font  regardés  com- 
me abufîfs ,  parcequ'ils  font  con- 
traires à  la  nature  même  des  cano- 
nicats,  qui  obligent  tous  les  cha- 
noines ,   non  légitimement  empê- 
chés ,  d'aftifter  à  tous  les  offices  di- 
vins. 

Jubilé,  fe  dît  auflî  dans  la  Facultc* 
de  Théologie  de  Paris  ^  d'un  n«.c- 
teur  qui  a  cinquante  ans  de  De  dto- 
rat  :  il  fouir  alors  de  tous  les  droits,, 

/    émulumens  f,  ^ç*^  fàns^  étire  tenu^ 


J'UC 

"  3*afiftetâaxA(reinblée$,Thères& 

autres'  aâkes  de  lia  Faculté. 

Les  trois  fyllabei  font  brèves  au 

(mgutier ,  mais  la  dernière  eft  Ion- 

eue  au  pluriel. 
JUBLAINS  }  nom  propre  d'un  bourg 

de  France,  "dans  le  Maine,  â  deux 

lieues    &  detnie ,    Tud-eft  ,  de 

Mayenne. 
JUCADAM  j    nom    propre    d'une 

ancienne  ville  de  la  Pale^ftine ,  dans 

la  Tribu  de  Juda. 
JUCATAN  ,   ou  YucATAN'  ;'  nom 

fropre  d'une  grande  Péninfdle  de 
Amérique ,  dans  la  Nouvelle  Éf- 
pagne,  découverte  par  Ferdinand 
de  Cordoue  en  1517,  &  fituée 
vis-à-vis  de  Tîle  de  Cuba.  Elle  s'é- 
tend dans  le  golfe  du  Mexique , 
depuis  le  feizième  degré  de  latitude 
fcptentrionafe ,  jufqu'au  vingc-deu* 
xième. 

Cette  Péninfule  eft  riche  en  ini- 
nés  d'or,  &  le  fol  en  eft  Ci  fertile, 
qu'on  y  fait  la  moifibn  deux  fois 
l'année.  Elle  abonde  àu/Ii  en  bois 
propres  à  conftruire  des  vaifleaux , 
eh  miel  ,  en  cite ,  en  volaille  ,  en 
Tucre». en  coton,  &x.   C'eft*lâ  où 

*  eft  le  port  de  Campëche  ,  connu 
par  le  bots  de  ce  nom ,  dont  on  fait 
un  fi  grand  ufage  dans  les  befles 
teintures.  On  donne  à  c6  pays  deux 
cens  lieues  de  longueur ,  &  quatre- 
vingt  dans  fa  moindre  hiî^^tur., 

LesEfpagnoIs  en  font  les  maîtres. 
Us  y  ont  un  Gouv-rmcur  qui  rcfide 
'd  Merida  ,  qui  eft  la  capitale  du 
pavs. 

JU^  HART  i  fubfVandf  maPculin. 
Mefuic  ufitée  dans  la  Sùiire,  jpour 
mcfurer  les  ttrres.  *EUe  contient 
140  verbes  de  Eâle. 

JUCHÉ  ,  ÉjEj  pmticipe  paffif.  Foyc^ 

JoCHfR. 

On  appelle  ifijyai  juthe\  r-nUt 
j/idié\Q^.va  dont  ier  boûlfetfi^gorie 


I     tellement  en  ayant ,  qu'il  marche  Se 
.  repol^Iur  la  pince. 

Ce  défaut  auquelles  mulets  font 
extrêmement  fujets ,  provient ,  ou 
d'un  long  travail ,.  où  de  l'habitude 
que  cpntrafte  l'animal  placé  dans 
une  écurie  pal  pavée  ^  de  s*appuyec 
fur  la  pince  plutôt  que  fur  tout  le 
pied  ;  mfehublement  il  lui  devient 
impollible  de  porter  le  boulet 
en  arrière  ,  conformément  i  fa; 
ftrudlure  naturelle. 

JUCHER  •  v,erbe  neutre  de  la  pre- 
mière. cônjDgaifoh^  lequel  fe  côn» 
{*ugu^  comme  Chantir.  Affidfrcw 
1  ne  fe  dit  proprement  que  des  pou- 
les ou  volailles,  &  de  quelques  oi« 
feàux  qui  fe  mettent  fur  une  bran-^ 
che ,  fur  une  perche  pour  d6rnjiir.r 
Les pouUt'i'd^indc  jùchept furies  àr'^ 
ires  qui/ont  da^s  là  taffî-coun  Les 
poules  vont  jucher  dahs  le  poulàil^ 
1er. 

Il  eft  aufli  pronominal  réfléchi.- 
Il  y  a  unfaifan  qui  fe  juche  tous  le» 
jours  fur  cet  arbre. 

Il  fe  dit  figurément  Se  populai-^ 
remcnr  d'une  perfonne  logée  à  utv 
troifième^  quatrième  ou  cinquième 
étage  ,  ou  dans  quelqu'autre  èn-^ 
droit  élevé  &  peu  convenable.  Poar-- 
qîuol  s*ejl^etle  juchée  là  haut. 

La  première  fyllabe  eft  '  brè^fe  ^ 
&  la  ft condé  longue  cfu  brève,- 
T^oyei  Vêrbï*.       .      " 

JUCHOIR  ;  fubftantif  mafculin.rén- 
droit  où  juchenr  les  poules^  Pren^ 
dre  une  poule  au  juchoir. 

; JUD ,  ou  Jupi  ;  lîom  propre  d'aune 
anirienne  ville  de  la  Pal'eftine,  dans 
:  la  Tribu  de  Dan. 

JUDAl,  ou  Judas  ,  nom  du^ quarriè»^ 
me  fils  de  Jacob  &  de  tia.  H  na- 
quit en  Méfopotamie ,  ï7*î5  ^"*' 
avant  l'ère  vulgaire.  Ce  fut  lui  qui 
corifeillâ  â'fcS  fjères^'de  vendre  jo^ 
i^pli  iiu3t  Marchands'*  l/machte^-»» 


h 

plutôt  que  de  tremper  leurs  mains 
dans  fon  fang^  Il  époùfa  Sué ,  fille 
d'un  Chananéen  nommé  Hiram^  & 
il  en  eut  crois  fils^  Her,  Onan  & 
Séla.  Il  maria  Her  à  une  fille  nom- 
mée Thamar.  Her  étoir  un  fcélérac 
que  Dieu  frappa  de  mort  pour  fes 
crimes.  Judas  dit  à  Onan  fon  fé- 
cond fils  »  dé  prendre  la  veuve  de 
fon  frère  ,  qui  étoit  mort  fans  en- 
fans  ^  &  de  lui  fufciter  de  la  li- 
gnée :  mais  Onan  pax  une  aébion 
abominable  ,  empèchoic  Thapaar 
de  devenir  mère.  C*^  pourquoi  le 
Seieneur  le  frappa  auUi  de  mort. 
Judas  craignant  de  donner  Séla  fon 
troifième  fils  a  (a  br^^  Tamufoix 
par  des  promçflfes  fans  venir  a  Te- 
yécution.  Thamar  voyant  bien  que 
Judas  ne  irherchoit  qu:a  cirer  la 
chofe  en  longueur  »  &  a  éluder  Tes 
promettes  ,  le  déguifa,  prie  ThaKt 
d'une  courtifanne ,  8c  fe  mit  fur  un 
chemin  ou  Judas  dévoie  pa0er.  Ju- 
das s'étant  donc  approché  de  Tha- 
mar ,  elle  conçut  »  Cf,  enfanta  deux 
fils  ^  dont  Tun  fut  nommé  Phares , 
&  l'autre  Zara. 

Le  teftament  des  douze  Patriar-- 
ches  fait  prononcer  à  Juda  une  pro- 
phétie concernant  le  Medlîe  ,  mais 
On  voi^  bien  qu'elle  a  lété  faij:e  après 
coup. 

Juda  fut  toujours  régardé  com- 
me le  preinier  &  le  plus  confidéré 
des  enfans  de  Jacob,  da  T^ ibu  fut  la 
plus  puî(rante  &  la  plus  nombreufe. 
On  l'appela  Juda  du  nooi  de  ç^  Pa- 
triarche. Elle  occuppit  couce  la  par- 
cie  méridionale  de  la  P^leftine.  Elle 
fe  trouva  fi  confîdérable  au  ibitir 
de  l'Egypte ,  qu'on  y  comptoir  foi- 
xance  &  quatorze  niille  fix  cpns 
hommes  capables  de  porter  les  ar- 
mes. La  Royauté  paiia  de  la  Tribu 
de  Benjamin  ,  d'où  étaient  Saiil  & 
lfl>o£bth  dans  celle  d^  Juda»  qui  fut 


JU0 

la  Tribu  de  David  ic  dç  £od  Siic^ 
cefTeurs  Rois,  jufqui  la  captivité 
deBabylonc}  ^  depuis  le  retour 
de  la  captivité  y  quoique  cette  Tri« 
•  bu  ne  régnât  pas ,  elle  ocdupa  tou« 
jours  néanmoins  la  pren^ière  place# 
Elle  donnoit  le  iceptre  à  ceux  quî 
régnoient.  Elle  réuniffoir  en  queU 
que  forte  toute  la  nation  des  Hé- 
breux dans^  elle  -  même ,.  &  on  ne 
les  connoiiïdi^  que  fous  le  nom  dç 
Jui4l ,  les  Juifs  s  defc^odans  de 
Juda. 

Quand  Juda  eft  oppofé  â  Ifrael^' 
il  défigne  le  Royaume  de  Juda  » 
c^eft-â-dire ,  ta  partie  qui  demeura 
fidelle  a  David  &  i  (es  5uccefleurs  ; 
au  lieu  qu'lfracl  fignifie  les  dix  Tri- 
bus rebelles  qui  commencèrent  par 
leur  divifion  le  Royaume  dp  Sania* 
rie.  Une  des  princmales  prérogati-r 
ves  de  la  Tribu  de  Juda  eft  d'avoir 
confervé  le  dépôt  de  la  vcaie  Reli^ 
gion,  6c  l'exercice  public  duSacerw 
doce  »  &  des  cérémonies  de  la  loi 
dans  le  Temple  de  Jérafa.lem^  peo- 
dant  que  les  dix  Tribus  s*abandon- 
noient  au  culte  des  veaux  d'or  &  i 
ridolatrie. 

Juda  ,  eft  auffi  le  nom  d'un  Royaume 
de  Guinée  en  Afrique  ,  fur  la  cote 
des  Efclaves.  Il  y  a  trois  forts  fitué$ 
environ  â  june  lieue  de  la  mer.  La 
dçfcence-  à  cerre  efl:  défendue  par 
une  barre  que  forme  un  banc  de 
fable,  &  qui  eft  très-dangereufe  » 
non-feulement  parcequ'elle  occa** 
fionne  de  fréquens  naufrages,  mais 
encore  par  la  multicude  oe  requins 

'  qu^on  y  trouve.  Les  chaloupes  ni  les 
canots  des  Navires  ne  peuvent  pra^' 
tiquer  f^ç  cette  barre  j  on  y  va  avec 
de  pecits  canots  faits  exprès  ,  qae 
conduifent  à  la  nige  une  vingtaine 
de  Nègres  fort  adroits  i  ce  métier  , 
&  armés  de  petits  poignards  avec 
lefqmels  ils  fe  bactenc  contre  les 


\ 


/0D 

Miois  j  (Jtiand  le  canot  rient  1  virer. 
ie  foie  François  eft*  le  prenaier  des 
trois  y  étant  aa  vent  des  autres.  Le 
fort  Ângiois  eft  le  fécond  ,  Se  le 
Ibrt  Portugais*  le  troiûème  j  ces 
crois  Notions  y  font  un  commerce 
confidérable  d'efciaves  ^  c*eft  Ten- 
droit  de  la  cote  qui*  en  fbornit  le 
plus.  Les*  noirs  de  Juda  font  les 
meilleurs  j  &  les  plus  chers  de  tous 
les  Nègres  d'Afrique.  On  les  eftime 
en  Amérique  ^  furtout  à  caofe  de 
leuc  dextérité  ».  Se  de  leurs  dipofi- 
fions  â  tout  apprendre  en  peu  de 
temps.  Ee  Royaume  de  Juda  a  fouf- 
lërc  de  grandes  révolutions.  Daho- 
sliec  fortv  des  bois  i  la  tète  de  cent 
mille  bomme»^  en  1717  j  s'en  em- 
para:, après  av^ir  battu ,  chafTé ,  ou 
nif  prifonniers  les  poiTelTeur^  qui 
^totenr  plus  négocians  que  jguér- 
riers«  Ce  Prince  Nègre  a  dépeuplé 
toxU'  ce  pays^.  Au  mois  de  Décem- 
bre de  chaque  année,  il  faifoit in- 
viter les  Européens  de  fe  trouver  à 
fa  Cour»  pour  affifter  à  ce  qu'il  ap- 

Î^ek)ii  àj  coutumes  y  c'eft-à-dire  ^  à 
'annivetfaire  de  (bn  père.  Là  il  im-^ 
moloic^  aux  mânes  de  fon  père  un 
grand  nombre  d'hommes  &  de  fem- 
mes y  de  chevaux  »  bœufs ,  mou- 
tons f  chevreaux,  poules  8c  autres 
animaux  auxquels  il  faifoit  couper 
la  tète  >  &  qu'il  faifoit  jeter  dans  un 
«rou  creufe  en  terre  ,•  pour  aller ,> 
difoit*il ,  fervir  fon  père  dans  l'au- 
tre monde.  On  jetoit  dans  le  mê- 
me trou  de  l'eau-de-vie,  du  maïsj 
des  mouchoirs    ,    des   pièces    de 
foie ,  8c  routes  fortes  de  vivres  & 
d'étoffes.   Les   Européens    étoient 

Ïréfens  â  cet  affreux  fpeftkcle  ,  Se 
>ahomer  étoit  alors  environné  de 
trois  Direâeurs  François ,  Angiois 
&  Portugais.  Enfuite  on  refermoit 
le  troa  9  8c  il  faifoit  diftribuer  au 

leuple  de^  Teaunde-vie  8c  autres 


JUD  135 

marchandifes.  Il  immoloit  autre- 
fois à  l'anniverfaire  dé  fon  père  juf» 
qu'à  huit  ou  neuf  cens ,  tant  hom^ 
mes  que  femmes  ;  mais  en  1758  , 
qu'il  ne  lui  reftoit  plus  environ  que 
onzd  mille  hbmtnes ,  Se  qu'il  éroit 
mal  ^vec  tous  fes  voifins ,  il  n'im- 
moloit  plus  que  peu  de  inonde.  On 
appelle  Judaïques  les  Habicans  de 
ce  Royaume  de  Juda. 
JUDAÏQUE  i  ad jeftif  des  deux  gen- 
res. Judaicus.  Qui  ^partieht,  quia 
rapport  aux  Juifs.  Pratiquer  la  loi 
Judaïque.  Lus  cérémonies  Sudaï^ 
quesm 

On  appelle  pierres  judaïques ,  des^ 

Eierres  d  une  forme  ovale  Se  fem*- 
labiés  à  des  olive j ,  ayant  ordinai-- 
rem^nt  une  queue  par  un^  de  leurs 
côté$.  Quelques  Naturaliftes  les  ont 
anffi  dciignées  fous  le  nom  de  pîer^ 
res  d^oHves  ;  elles  font  plus  ou  moins* 
pointues^&  alongées  ;.  il  y  en  à  qui 
font  unies  \  d'autres  font  éllonnées  ^; 
d'autres  font  remplies  de  petits  tu- 
bercules. Quelques  gens  les  ont  re-' 
gardées'  comme  des  .glands  pétri- 
fiés ^  mais  il  y  a  route  apparence 
que  ce  font  des  tubercules  ou  poin- 
tes   d'outfins   pétrifiés.    Quelque» 
Naturalises  ont  aufli  donné  le  nom^ 
à^  pierres  judaïques  à  des  pierres  cy- 
lindriques,,  longues  Se  pçintuesparv 
t^n  bout.  Se  arrondies  par  l'autre  j. 
elles  fonraufli,  ou  liffes,  ou  fiUon- 
nées ,  ou  garnies  de  tubercules.  Ce 
font  pareillement  des  pointes  d'our-- 
fins  pétrifiées  ou  dcchinites.  Ces^ 
pierres  ont  été  ainfi  nommées  ^  par- 
'  cequ'elles  fe  trouvoient  en  Judée 
&  dsins  la  Paleftine.  Il  s'en  trouve 
auflî  en   Siléfie   Se  dans  d'autres^ 


pays. 

On  leur  attribuoit  autrefois  de 
grandes  vertus  médicinales ,  &  Ton 
prétendoit  que  la  p'um  judaïque 
pulvérifée  Se  prife  dans  de  i*eaip 


i3<f  JUD 

chaude  ^  éroic  un  grand  diurccique 
&  un  remède  fouvçrain  contre  la 
pierre  des  reins  Se  de  la  veflîe* 

JUDAÏSER  y  verbe  neutre  de  la  pre- 
mière conjugaifon»  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chantbr.  Suivre  & 
pratiquer  en  quelques  points  les  cé- 
xémonies  de  la  loi  des  Juifs.  Saint- 
Paul  nous  dit  qu  ayant  rencontré 
Saint-Pierre  ^  il  lui  demanda  pour- 
quoi  il  côritraignoit  les  Gentils  àju* 
daïfer.  On  judaïfe  en  gardant  le 
jour  du  Sabat. 

Les  trois  premières  fyllabes  font 

'  brèves,  &  la  quatrième  longue  ou 
brève,  f^oye:^  Verbe. 

Les  temps  ou  perfonnes  qui  fe 
terminent  par  un  e  féminin  ont  leur 
pénultième  fyllabe  longue. 

JUDAÏSME  i  fubftantifmafculin./r«- 
daifmus.  La  religion  des  Juifs.  Le 
Judaï fme  étoit  fondé  fur  rautorité 
divine ,  &  les  Hébreux  lavoient 
reçu  immédiatement  du  Ciel  \  mais 
il  n'étoit  que  pour  un  temps ,  &  il 
devoit  faire  place,  du  moinsquaiit 
.  i  la  partie  qui  regarde  les  cérémo- 
nies^ à  la  Loi  que  Jésus-Christ 
nous  a  apportée. 

Le  Judaïfme  fur  autrefois  partagé 
en  pludeurs  feAes,  dont  les  princi- 
pales étoient  celles  des  Pharifiens, 
des  Saducéens  &  des  EiTéniens. 

On  trouve  dans  lès  Livres  de 
Mojffe  un  fyftème  complet  du  Ju- 
daïfme :  il  n'y  a  plus  aujourd'hui 
que  deux  kOits  chez  les  Juifs  \  fa- 
yoir.,  celle  des  Caraïtes,  qui  n  ad- 1 
mettent  d  autre  loi  que  celle  de 
Moife ,  &  celle  des  Rabbins  qui 
y  joignent  les  traditions  du  TaU 
tnud. 

JUDE  ;  (  Épître  de  Saint  )  titre  d*un 
des  Livres  canoniques  du  Nouveau 
Teftameft t ,  écrit  par  T Apôtre  Saint 
Jude.  Cette  Épître  n*e(t  adreflée  à 
aucune  Ëglife  particulière  »  mais  à  1 


JUD 

tous  les  fideUes  qui  (ont  aimés  dii 
Père ,  &  appelés  du  Fils  Notre-Sei- 
gneur.  Il  paroît  cependant  par  le 
verfet  17  de  cette  Épître,  où  Saint- 
Jude  cite  la  féconde  de  Saint-Pier- 
re y  &  par  tout  le  corps  de  la  lettre 
où  il  imite  les  expreflious  de  ce 
Prince  des  Apôtres ,  comme  déji 
connues  ï  ceux  à  qui  il  écrie  »  que 
fon  deflfcin  a  été  d'écrire  aux  Juifs 
convertis  qui  étoient  répandus  dans 
toutes  les  Provinces  d*Orienc ,  dans 
TAfie  Mineure ,  &  au-delà  de  l'Eu' 
phrate*  Il  y  combat  les  faux  doc- 
teurs qu'on  croit  être  les  Gnofti- 
ques ,  les  Nicolaïtes ,  &  les  Simo- 
niens  qui  «troubloient  déjà  TÈ-^ 
glife. 

On  ignore  en  quel  temps  elle  a 
été  écrite  ,  mais  elle  eft  certaine- 
ment depuis  tes  hérétiques  dont  on 
vient  de  parler  ;  d'ailleurs,  Saint- 
Jude  y  parle  des  Apôtres  comme 
morts  depuis  quelques  temps  \  ce 
qui  fait  conjeâurer  qu  elle  eft  d  a* 
près.  Tan  de  Jésus-Christ  66 ^  6c 
même  félon  quelques-uns  v  écrite 
après  la  ruine  de  Jerufalem. 

Quelques  Anciens  ont  douté  de 
la  canoniçité  6c  de  l'authenôcité 
de  cette  Épître.  Eusèbe  témoigne 
qu'elle  a  été  peu  citée  par  les  Ecci^ 
vains  eccléfîaftiques  »  mais  il  remar* 
que  en  même  temps  qu'on  la  lifoic 
publiquement  dans  plufieurs  Éeli- 
les.  Ce  qui  a  le  plus  contribué  a  la 
faire  rejeter  par  plufîeurs  ,  c'eftqne 
l'Apôtre  y  cite  le  livre  d'Enoch,  ou 
du  moins  fa  prophétie.  Il  cite  aufli 
un  fait  de  la  vie  de  Moïfe  qui  ne 
fe  trouve  point  dans  les  Livres  ca^- 
noniqu^s  de  l'Ancien  Teftamenc  , 
&  qu'on  croit  avoi'i:  été  pris  d'un 
ouvrage  apocryphe ,  intitulé  VAP- 
fom  tion  de  Moïfe.  Mais  enfin  elle 
eft  reçue  comme  canonique  depuis 
plufj<?ur;s  Hècles^  parceque  Saint- 

Judc 


.  Suit  poavoît  faroir  ce  qaUI  cite  j 
d'ailleurs  que  des  livres  apocry- 
phes »  ou  qu'étant  infpiré  il  pouvoit 
..  y  difcerner  les  vérités  des  erreurs 
avec  lefquelles  elles  étoienc  mê- 
lées. 

On  a  aulE  attribué. a  Saint- Jude 
un  faux  Evangile  qui  a  été  condam- 
né par  le  Pape  Gelafe. 
JUDÉE  >  (  la  )  nom  d'une  Province 
d' Afie  >  appelée  anciennement  Terre 
de  Chanaan  ou  Paleftine,  6c  enfuite 
Terre  Promife  ,  Terre  (tifràel  »  & 
enfin  Judée.  Ce  ne  fut  que  depuis 
le  retour  de  la  captivité  de  Baby- 
lone,  qu'elle  porta  ce  nom  \  parce- 
'    qu'alors  la  Tribu  de  Juda  étoit  la 
principale  ^  &  prefque  la  feule ,  qui 
éit  quelque  figure  dans  le  pays  \  8c 
^ue  les  terres  des  Ifraélites  des  au- 
tres Tribus  avoient  prefque  toutes 
.   été  occupées .  par  les  Samaritains  , 
les  Iduméens ,  les  Arabes  &  les  Phi- 
lîftins.  Les  Juifs  de  retour  de  la  cap- 
tivité ,  commencèrent  à  fe  rétablir 
autour  de  Jérufalem  &  dans  le  par- 
rage  de  Juda ,  d'où  ils  fe  répandi- 
rent enfuite  dans  le  refte  du  pays 
•  qu'ils  occupèrent  ayant  le  Liban  & 
la  Syrie,  au  nord  ,  l'Arabie  Pétrée 
&  ridumée  méridionale  au  midi , 
les  montagnes  de  Galaad  ,   l'Idu- 
mée  orientale,  l'Arabie  Déferte^ 
les  Ammonites  &  les  Moabites  a 
l'orient^  les  Philtftins,  les  Phéni- 
ciens &  la  Méditerranée  au  cou- 
.  ckant.   Le  Jourdain  coupoit    tout 
ce  pays  en  deux  parties  prerqu'égales, 
&  prenant  fa  fource  au  pied  du  Li- 
ban ,  couloir  du  nord  au  midi ,  juf- 
^ue  dans  la  mer  Morte  où  il  fe 
perdoit. 

La  Judée ,  avant  l'arrivée  des 

Hébreux,  étoit  gouvernée  par  des 

Rois  Chananéens    qui   ^xerçoient 

.  une  puiffance  abfolue  chacun  dans 

^  ville.  Lorfque  Joftté  en  eue  fait 


ÎUD  137 

la  conquère,  il  h  gouverna  com« 
me  Lieutenant  du  Seigneur  ,  ôc 
exécuteur  de  fes  ordres.  A  Jofué 
fuccédèrent  les  anciens  pendant  en- 
viron quinze  ans.  Après  cela  les  If- 
raélites tombèrent  aans  une  efpèce 
d'anarchie  ,  qui  dura  fept  ou  nuic 
ans.  Enfuite  ils  furent  gouvernés 
par  des  Juges  pendanr  trois  cens 
dix-fept  ans  \  enfin  par  des  Rois» 
depuis  Saiil ,  jufqu'à  la  captivité  de 
Babylone^  pendant  cinq  cens  fepc 
ans.  Depuis  le  retour  de  la  capti* 
vite,  la  Judée  demeura  foumife 
aux  Rois  de  Perfe ,  puis  à  Alexan- 
dre le  Grand ,  Se  eniuite  à  fes  Suc* 
ceffeurs  ;  tantôt  aux  Rois  de  Syrie  ^ 
&  tantôt  aux  Rois  d'Egypte  ^  qui 
eurent  cependant  beaucoup  de  aé^ 
férence  dans  le  Gouvernement  par- 
ticulier ,  pour  le  Grand- Prêtre,  Se 
les  Chefs  de  la  famille  de  David. 
Depuis  que  les  Macabées  eurent 
mamtenu  la  religion  ,  &  rétabli  les 
affaires  des  Juifs ,  ils  demeurèrent 
en  poileflion  de  la  fouveraine  auto^ 
rite  jufqu'au  règne  du  grand  Héto^ 
de ,  pendant  environ  trente  -  cinq 
ans.. 

L'écriture  décrit  ce  pays  comme 
le  plus  beau  &  le  plus  fertile  de  U 
Terre.  Mais  aujourd'hui  qu'il  eft 
fous  la  domination  du  Grand-Sei- 
gneur ,  il  refte  peu  de  veftiges  dd 
Ion  ancien  état ,  &  il  eft  en  général 
aride  ,  pierreux  &  ftérile  :  on  f 
trouve  cependant  encore  quelques 
endroits  où  l'on  recueille  aflTe:? 
abondamment  le  grain  ,  les  olives, 
les  dattes ,  le  vin ,  le  miel ,  &c. 
La  Judée  eft  aujourd'hui  di  vif  ée  eu 
plufieurs  gouvernemens  qui  com- 
prennent le  pays  de  Gaze ,  le  pays 
d*Eikhalil  ou  d'Hebron  ,  le  pays 
d'Elkôds  ou  de  Jérufalem  ,  le  pays 
de  Naploufe ,  le  pays  de  Harié  ,  le 
pays  de  Nazaietki^  le  pays  de  Sar; 


plièt,  ft#nfin  le  pays  aQ^deflusdii 
Jourdain ,  oà  il  eft  dangereux  de 
voyager  â  caufe  des  Axabes  qui  Toc- 
cupcnc.  Jérafalem  eft  k  capitale  de 
la  Judée. 

On  a^ppelle  bitume  de  Judée  ,  un 
bicuaie  qui  fe  ^ouve  â  la  furface  de 
la  mer  Morte  en  Judée.  Oo  le  nom- 
me autrement  ÂJf  halte.  Voyez  u 


mot. 


JUDENBOURG;  nom  propre  d'une 
ville  confidçrable  d'Allemagne ,  ca- 
pitale de  la  haute  Styrie  9.  fur  la. 
Muer,  i  ving-deux  lieues,  nord- 
oueft ,  de  Gratz ,  &  quarante  «  fud- 

.   oueft ,  de  Vienne. 

jpoiCATUM  SOLVI  ;  expreflSon 
empruntée  du  Latin,  6c  qui  eft* 
u(îtée  au.  Palais  en  cetce  phrafe , 
caution  judicatum  folvif  pour  expri<- 
mer  ta  caution  qu^un  étranges  qui 
etl'  demandeur  ou  appelant ,  t(k 
obligé  de  donner  pour  (uretd  des^ 
condamnations  de  dépens  &  autre» 
qui  pourront  intervenir  contre  lui» 
yoyej  Caution* 

JUDICATURE;  fubftantif  féminin. 
État ,  profeflion  de  ceux  qui  fonr 
employés  dans  TadminiAration  de 
la  Juftice.  Les  offices  de  Pnjîdent^ 
de  Confeillers ^  de  Greffiers^  de  No- 
taires j  de  Procureurs  i  font  des  offi- 
ces de  Judicature.  Il  préféra  Ictjudi- 
cature  à  fépée.- 

JuDicATURi ,  fe  prend  quelquefois 
pour  TafTemblée ,  le  corps  des  Ju- 
ges. La  Judicature  s^affembla-  pour 
délibérer  fur  cette  matière. 

JUDICELLO  y  nom  propre  d'une 
petite  rivière  d'Italie  en  Sicile  ^ 
dans  la  vallée  de  Noto.  Elle  a  fa 
fource  auprès  de  laMotta-di  Santa- 
Anaftafîa ,  &  fon  embouchure  dans 
la  mer,  après  avoir  arrofé  la  ville 
de  Carane. 

JUDICIAIRE  ;  adjeaif  des  deux 
genres»  Judiciarius.  Qui  fe  fait  en 


Sun 

Jttffice  y  ou  par  autorité^  de  Tu^cr^ 
Un  bail  Judiciaire^  La  pratique  judi^ 
claire^  Les  formes  judiciaires^ 

En  rermes  de  Riiétorique ,.  ot» 
appelle  genre  judiciaire ,  celui  des^ 
trois  genres  qui  font  l'objet  de.Té- 
loquence ,  pac-  lequel  on  accufe  ott^ 
Ton  défend.. 

Le  premier  pas-  que  doit  faire- 
^Orateur  dans  le  genre  judiciaire^ 
dit  un  Académicien'»  ed  de  fixe& 
l'état  de  la  queftion. 

La  queftion  a  potu  objet  le  fait , 
ou  le  droit  9.  ou  le  non^» 

Oii  demande  qui  a  tué^^L'accu^^ 
fateur  dit  »  c*eft  vous.  L'accufé  ré*- 
pond,  ce  n'eft  pas  moi«  Il  s^agir 
donc  de  prouver  qui  l'a  fait  :  eft-ce^ 
vou^,  n'eft  '  ce  pas  vous  ?  11-  fauc 
réunir  les  circonftances  qui  établi*- 
ront  la  vérité  ou  la  (aufleté  du  fair.* 
C'étoit  votre  ennemi ,  vous  l'aviez 
menace ,  vous  étier  dans  le  même* 
lieu  j  ^^us  l'avez  pu  fans  peine», 
vous  y  étier  intcrelfé ,  vous  aveas^ 
difparu,  &.^  toutes  circonAances^ 
qui  prouvent  que  c'eft  vous  ^oa  les^ 
réfute  par  d'autres  oirconftancesqui» 
ne  peuvent  s  allier  avec  le  fait  :  j'é- 
tois  àcent  lieues  de  \L  le  jour  dm 
meurrre,.â'c; 

Mais  j'avoue  que  je  Tai  tué ,  paF^ 
ceque  j'en  avois  le  aroit.  C'eltunè-' 
autre  queftion*  On  peut  tuer  uni 
homme  qui  attaqtie  notre  vie  ». 
quand  il  n*y  a  pas  d'autre  moyens 
de  la  conferven  Clodius  m'attaque^» 
il  veut  m'aflaflliner:'  jç  me  défends  j» 
il  y  petite  Les  lois  m*accotdent  mai 
grâce ,  ou  plutôt  elles  déclarent  que: 
je  ne  fuis  pas  coupable^ 

La  queftion  de  nom  a  pour  objet: 
de  décider  la  qualité  de  la  choie  ;; 
laquelle  étant  décidée ,  toute  con- 
teftation  finit.  Telle  démarche  d*\xw 
foldat  eft-elle  déferrion  ?  Ne  Teft- 
elle  pas?.  Il  ne. s'agit  que  du  xiaaai 


1 


<2aand  il  fera  décide  »  toat  fera 
<dir. 

Dans  Je  genre  judiciaire ,  il  s*a- 
jgit  coutours  d'un  corc»  ou  réel,  ou 
précendtt  réel.  On  peut  définir  le 
tore  ^  une  aâlon  libre  qui  oce  fon 
•bien  au  polTefTeur  légitime. 

S'tl  n'y  avoir  point  de  liberté  ,  il 
tCj  auroir  point  de  torts  faits*  L'in- 
Juftice  fuppofe  donc  un  droit  contre 
lequel  on  a  agi  libremenr. 

Or,  il  y  a  en  général  deux  ef- 
pèces.de  (iroits  :  tun  naturel,  gra- 
vé dans  le  coeur  de  tous  les  hom- 
mes :  l'autre  civil,  qui  aftreint  tous 
les  citoyens  d'une  même  ville,  d'u- 
ne même  république ,  tous  les  fu 
jets  d'un  même  royaume ,  à  faire  ou 
à  ne  pas  faire  certaines  chofe s ,  pour 
le  repos  &  l'intérêt  commun.  On 
ne  peut  violer  cette  loi  fans  être 
mauvais  citoyen.  On  ne  peut  violer 
la  loi  naturelle  fans  offenfer  l'hu- 
manité. 

Ceft  à  l'Orateur  à  faire  valoir 
l'autorité  de  ces  lois ,  il  fe  fera 
^courer  avec  attention,  s'il  montre 
que  l'intérêt  commun  ,  que  l'hu- 
manité eft  bleffée  ,  outragée  dans 
Vaûion  dont  il  demande  juftice.  Ce 
n'eft  que  par- là  que  l'intérêt  par- 
ticulier eft  touchant  pour  les  autres 

hommes. 

On  appelle  AJtrologie  judiciaire  ^ 

l'art  de  juger  de  l'avenir  par  les  af. 

très.  V'oyi\  Astrologie. 
Judiciaire,  fe  dît  auffi  fubftantîve- 

ment  &  familièrement  de  la  faculté 

de  juger.  Ce  Maglftrat  a  la  judiciaire 

excellente.  Un  Poëce  qui  manque  de 

Judiciaire. 

Les  trois  premières  fyllabes  fpnt 

brèves,  la  quatrième  longue  ,  &  la 

cinquième  très-brève. 
JUDICIAIREMENT;  adverbe.  /«- 

ridicè.  En  forme  judiciaire.  Um  de- 


mande  formée  judiciairement.  Inter^ 
venir  judiciairement^ 
JU  DICIEUSEMEN  T;  adverbe.  Malth 
cum  judicio.  Avec  jugement.  Ils*ejl 
comporté judicieufemeàt.  Écrire  judi-' 
cieafement. 

JUDICIEUX ,  EUSE  j  adjcâif.  Ju^ 
dicio  prétditus.  Quia  lejugen^nt  fatin 
&  folide.  Vn  homme  judicieux. 

Judicieux  ,  fignifie  auffi  fait  avec  ju- 
gement. Une  réponfe  judicieufe.  un 
difcoar s  judicieux k  Une  réflexion  Ju* 
dicieufe. 

Les  trois  premières  fyllabes  font 
brèves ,  i^  quatrième  longue ,  &  la 
cinquième  du  féminin  très-brève. 

JUDITH.  Foyei  HoLoriRNE. 

On  appelle  Livre  de  Judith ,  un 
Livre  canonique  de  l'ancïen  Tefta- 
ment,  dans  lequel  eft  renfermée 
ï'hiftoire  de  Judith  ,  qui  délivra  la 
ville  de  Béthulie  fa  patrie ,  affiégé^ 


\ 


ar  Holoferne,  en  coupant  la  tête 

ce  Générai, 
L'authenticité  &  la  canonîcité  du 
Livre  de  Judith  font  des  points  fort 
conteftés.  On  fornie ,  dit  Dom  Cal- 
mer ,  cent  difficultés  fur  le  temps  , 
fur  les  perfonnes,  &  fur  les  autres 
circonftances  qui  fe  rencontrent  dans 
Ï'hiftoire  t]u*il  contient.  Les  Juife 
lifoient  ce  Livre,  &  le  confervoient 
du  temps  de  Saint  Jérôme  j  Saine 
Clément ,  Pape ,  Ta  cité  dans  fon 
Epître  aux  Corinthiens,  auflî-bien 
querAitteurdesConftitutionsApof- 
toliques,  écrites  fous  le  nom  du 
même  Saint  Clément.  Saint  Clément 
d'Alexandrie,  Origène ,  Tertulien\ 
Saint  Ambroife,  en  parlent  auflî. 
Saint  Jérôme  le  cite  dans  fon  Epître 
i  Furia ,  &  dans  fa  Préface  fur  le 
Livre 'de  Judith  ;  il  dit  que  le  Con- 
cilie de  Nicée  avpit  reçu  ce  Livre 
parmi  les  Canoniques,  non  qu'il 
eut  fait  un  Canon  exprès  pour  l'ap- 
prouver ,  car  on  n'en  connoît  aucun 

S  i j 


•N 


^4*  î  U  D 

où  il  en  foît  ftit  mention ,  &  Saint 
Jérôme  lui-même  n'en  cite  aucun  j 
mais  il  favoit  peut-être  que  les  Pères 
du  Concile  lavoient  allégué ,  où  il 
préfumpit  que  le  Concile  Tavoit 
approuvé,  puifque  depuis  ce  Con- 
cile les  Pères  l'avoient  reconnu  & 
cité.  Saint  Athanafe ,  ou  l'Auteur 
de  la*Synepfe  ^ui  lui  eft  attribuée, 
en  donne  le  précis  comme  des  autres 
Livres  facrés.  Saint  Auguftin,  & 
toute  TEglife  d'Afrique,  le  recc- 
voient  dans  leur  Canon  j  le  Pape 
Innocent  I ,  dans  fon  Epitre  à  Exu- 
père ,  &  le  Pape  Gélafe ,  dans  le 
Concile  de  Rome,  l'ont  reconnu 
pour  Canonique.  Il  eft  cité  dans 
Saint  Fulgence  &  dans  deux  Auteurs 
anciens ,  dont  les  Sermons  font  im- 
primés dans  TAppcndix  du  cin- 
quième tome  de  Saint  Auguftin  j 
enfin  le  Concile  de  Trente  l'a  dé- 
claré Canonique. 

L'Auteur  de  ce  Livre  eft  inconnu. 


Saint  Jérôme  femble  croire  que  Ju- 
dith l'écrivit  elle-même  j  mais  il 
ne  donne  aucune  bonne  preuve  de 
fon  fentiment.  D'autres  veulent  que 
le  Grand-Prctre  Joachim  ou  Eliacim , 
dont  il  eft  parlé  dans  ce  Livre ,  en 
foit  l'Auteur  ;  ce  ne  font  après  tout 
que  de  iîmples  con  jeâures.  D'autres 
Tattribuent  à  Jofué,  fils  de  Jofe- 
dech  j  l'Auteur ,  quel  qu'il  foit ,  ne 
paroît  pas  contemporain.  Il  dit  que 
de  fon  temps  la  famille  d'Achior 
fubfiftoit  encore  dans  Ifracl  ,  & 
<lu'on  y  célcbroit  encore  la  fête  de 
la  vidoire  de  Judith  ,  expreffions 
oufi  infinueni  que  la  chofe  étoit  paf- 
ice  depuis  affez  long-temps. 

Les  Juifs  du  temps  d'Origène 
avoient  Thiftoire  de  Judith  en  hé- 
breu ,  c'eft-à-dire  félon  toute  ap- 
parence en  chaldéen,  que  l'on  a 
fouvent  confondu  avec  l'hébreu. 
Saint  Jérôme  dit  que  de  fon  temps 


lis  la  lîfoient  encore  en  chaldéeB  i 
Se  la  mettoient  au  nombre  des  liiies 
hagiographes*  Scbaftien  Mùnfter 
croit  que  les  Juifs  de  Conftantino- 

1>le  l'ont  encore  â  préfent  en  cette 
angue^  mais  jufqu'ici  on  n'a  rien 
vu  d'imprimé  de  Judith  en  chaU 
déen.  La  verfion  fyriaque  que  nous 
ea  avons  eft  prife  lut  le  grec ,  mais 
fur  un  grec  plus  correA  que  celui 

Îue  nous  liions^  aujourd'hui.  Saine 
erôme  a  fait  fa  verfion  latine  fut 
le  chaldéen ,  &  elle  eft  fi  différente 
qu'on  ne  fauroir  dire  que  l'une  6c 
l'autre  viennent  de  la  même  fource 
6c  du  même  original.  Ce  Père  fe 
plaint  fort  de  là  variété  qui  £e  vojroit 
entre  les  exemplaires  latins  de  fon 
temps ,  &  l'on  peut  facilement  fe 
convaincre  de  la  juftice.de  fes  plain- 
tes ,  en  confrontant  entre  eux  les 
morceaux  de .  ces  traduâions  qui 
font  venus  jufqu'à  nous,  Ôc  ce  qui 
^  en  eft  cité  dans  les  Pères. 

JUDOIGNE  ;  nom  propre  d'une  pe- 
tite ville  des  Pays-bas ,  dans  le  Bra- 
bant  ,  fur  la  rivière  de  Gete  »,  i 
cinq  lieues  de  Louvaîn. 

JUpSUNAMASI;  fubftantif  mafcu- 
lin.  Terme  de  relation.  Prières  de 
la  féconde  heure  de  la  nuit  chez  les 
Mufulmans. 

JUEKIANG  ou  JuENKiANG  'y  nom 
d'une  ville  de  la  Chine  ,  dans  la 

f)rovince  de  Junnan  ,  dont  elle  eft 
a  feptième  dans  l'ordre  des  villes 
militaires.  Elle  eft^^oifine  du  Ton- 
quin  &  du  royaiifhe  de  Laos.  Son 
territoire  abonde  en  foie,  en  pal* 
miers  &  en  bois  d'ébène. 
JUENCHEU  j  nom  propre  d'une 
ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Kiangfi ,  dont  elle  eft  la  onziè- 
me métropole.  On  y  trouve  des 
mines  d'alun  &  de  vitriol.  Il  y  a 
trois  autres  villes  dans  foii  dépar-- 
temeot. 


JUG 

JUG AL  i  AIE  ;  adjeaif  &  terme  I 
d'Afiacomie.  On  appelle  os  ju^al^ 
Tos  de  la  pommette.  Et  future  ju- 

Sfûle ,  la  fagitcale  &  celle  qui  unit 
e  zjgotnz  i  la  mâchoire  fupé- 
tieure. 

JUG A  ,  oa  JuGATiNB  ;  terme  de  My- 
thologie &  nom  que  les  anciens 
avoienr  donné  i  Junon  en  qualité 
de  DéeUè  qui  préfidoit  au  mariage. 
Elle  fnt  ainfi  appelée  du  joug ,  Ju- 
gum  y  que  1  on  plaçoit  fur  les  époux 
dans  la  cérémonie  du  mariage. 

JUGATIN  i  terme  de  Mythologie. 
LesRomains  hoooroient  deux  Dieux 

Jtfils  appeloieEt/Kfttri/7j  ;  l'un  pré- 
doit aux  mariages  &  l'autre  aux 
fommers  des  montagnes. 
JUGATINE  i  vipyq  Juga. 
JUGE  'y  fubftantif  mafculin.  Judex. 
Qui  a  le  droit  ôc  l'autorité  de  juger. 
Dieu  tfi  It  fouverain  juge  de  l'Uni- 
vers. VÈglife  ^Jijuge  de  ce  qui  con- 
cerne la  doàrine  chrétienne. 
JuGB ,  fe  dit  plus  particulièrement 
d'un  homme  prépofé  par  le  Souve* 
rain  pour  rendre  juftice  aux  particu- 
liers. 

Dans  le  premier  âge  du  monde 
les  pères  faifoient  chacun  la  fonc- 
tion de  juges  dans  leur  famille  j 
lorfqu'on  eut  établi  une  puiflance 
foaveraine  lur  chaque  nation ,  les 
Rois  &  autres  Princes  fouverains 
furent  chargés  de  rendre  la  juftice  ; 
ils  la  rendent  encore  en  perfonne 
dans  leurs  Confeils  &  dans  leurs 
Parlemens  ;  mais  ne  pouvatit  expé- 
dier par  eiuc-mèmes  toutes  les  affai- 
res ,  ils  ont  établi  des  ji^ges ,  fur 
lefoniU  ils  fe  font  déchargés  d'une 
partie  de  ce  foin. 

Chez  les  Romains,  &  autrefois 
en  France ,  ceux  qui  avoient  le  Gou- 
vernement militaire  d'une  Province 
ou  d*une  ville  ,  y  remplifToient  en 
même  temps  la  fonâion  de  juges 


JUG  141 

avec  quelques  alTeflèar)  dont  ilt 
prenoient  confeil. 

La  fonâion  déjuge  dans  le  pre-^ 
mier  Tribunal  de  la  Nation  ,  a  tou^^ 
jours  été  attachée  aux  premiers  6c 
aux  Grands  de  l'État. 

En  France  elle  n'étoit  autrefois 
remplie  au  Parlement  que  par  les 
Barons  ou  Grands  du  Royaume  » 
auxQuels  ont  fuccédé  les  Pairs ,  ic 
par  les  Prélats  y  pour  y  être  admis 
en  qualité  de  Sénateur  ^  il  falloit 
être  Chevalier. 

Du  temps  de  Saint  Louis  >  il  fal** 
loir  en  général  être  noble  ou  du 
moins  rranc,  c'eft-à-dire  libre  j 
pour  faire  la  fonction  de  juges  r 
aucun  homme  coutumier  ou  villain 
ne  pouvoir  rendre  la  juftice  j  cac. 
dans  les  lieux  où  elle  fe  rendoit 
par  Pair ,  il  falloit  néceflàiremenc 
être  Pair^  pour  être  du  nombre  des 
juges  'y  &  dans  les  lieux  où  elle  fe 
rendoit  pat  des  Baillis  ^  ceux-ci  ne 
dévoient  appeler  pour  juger  avec 
eux  que  des  gentilshommes  ou  de$ 
hommes  francs  ,  c'eft-â-dire  des 
Seigneurs  de  fief  ^  &  quelquefois 
des  bourgeois. 

Il  y  a  différens  ordres  de  juges' 
qui  font  plus  ou  moins  en  dignité  , 
lelon  le  Tribunal  où  ils  exercent 
leur  fonction  ;  mais  le  moindre  juge 
eft  refpeâable  dans  fes  fondions  ^ 
étant  i  cet  égard  dépoHtaire  d'une 
partie  de  l'autorité  du  Souverain. 

L'infulte  qui  eft  faite  au  Juge 
dans  fes  fonâions  Se  dans  l'auditoire 
même  ,  eft  beaucoup  pi  us  grave  que 
celle  qui  lui  eft  faite  ailleurs. 

Le  Juge  doir  auflS  peur  fe  faire 
connoître  Se  fe  faire  refpedber ,  por- 
ter les  marques  de  fon  érat ,  telle- 
ment que  fi  le  Juge  n'étoit  pas  revêta 
de  rbabillement  qu'il  doit  avoir  » 
ce  qu'il  auroit  fait  feroit  nul ,  com- 
me étant  réputé  fait  par  quelqu'im 


41  JVG 

fans  caraftèrç  i  hors  leurs  fonAîons 
&  les  cérémonies  publiques  ,  ils  ne 
font  pas  obligés  de  porter  la  robe 
&  autres  marques  de  leur  état  y  mais 
ils  ne  doivent  néanmoins  paroîcre 
en  public quen  habit  décent ,  &  tel 
qu'il  convieht  à  la  gravité  de  leur 
caraâère. 

Les  'Magldrats  roqiains  étoient 
t>récédés  dun  ceruin  nombre  de 
lifteurs  ;  en  France  pluGeurs  Juges 
ont  obtenu  la  prérogative  d'avoir 
des  gardes.  Le  Prevot  de  Paris  a 
douze  Huiûiers  a^més  de  percuifa- 
*nes  \  Louis  XI  ayoit  aufll  donné 
vingc*cinq  gardes  au  Prevot  de 
Bourges ,  à  caufe  que  ce  Prince  écoit 
tïé  dans  cette  ville. 

Tous  les  Juges  ont  des  Huiiliers 
Se  Sergens  qui  les  précèdent  lorf- 
qu'ils  entrent  au  Tribunal  ou  qu'ils 
en  fortent  pour  l^ur  faire  faire^  place, 
&  leur  faire  porter  honneur  &  ref- 
peâ  *,  ces  Huiflîers  battent  ordinai- 
rement de  la  baguette  devant  le 
Î'ribunal  en  corps  ,  ou  devant  une 
épuration  ^  ou  devant  les  premiers 
Magiftrars  du  Tribunal  »  pour  an- 
noncer la  préfence  de  ces  Juges  & 
en  Hgne  de  leur  autorité. 

Les  Juges  confidérés  par  rapport 
à  leur  qualité  ,  peuvent  ctre  diftin- 
gués  en  juges  royaux  &c  en  juges  de 
Seigneurs. 

'  On  appelle  juges  royaux  ceux  qui 
font  prépofés  par  le  Roi  dans  les 
Cours  Souveraines  j  Bailliages ,  Sé- 
néchauflces  ,  Prévôtés  ,  &  autres 
Juftices  royales.  Les  Juges  de  Sei- 
^gneurs  font  ceux  qui  font  établis  par 
les  Seigneurs  particuliers  dans  l'é- 
tendue de  leurs  Juftices. 

Par  rapport  aux  affaires  dont  tes 
Juges  peuvent  connoître ,  on  peut 
les  divifer  en  j^^ges  ordinaires  ,  & 
en  juges  extraordinaires* 

Les  Juges  ordinaires  font  ceux 


Sut  de  droit  commun  connoiflènt 
e  toutes  fortes  de  matières  »  excepté 
de  celles  qui  font  attribuées  fpécia' 
lement  à  d'autres  Juges.  Tels  font 
les  Juges  des  Seigneurs  Hauts- Juf- 
ticiers ,  les  Prévôts  royaux  qu'on 
nomipe  çn  quelques  endrolrs  CAa* 
telains  ,  Vicomtes  ou  Viguiers  y  les 
Baillis  &  Sénéchaux  royaux  »  &  les 
Cours  de  Parlement. 

Les  Juges  extraordinaires  font 
ceux  qui  ne  peuvent  connoître  que 
de  certaines  affaires  donc  la  connoif- 
fance  leur  oft  atuibuée  ps^r  les  Or^ 
donnances  du  Royaume.  Tels  font 
les  Juges  des  Eleâions  ^  ceux  des 
Traites  Foraines  ,  les  Juges  des  Ga- 
belles ,  ceux  des  Amirautés  ,  les 
Tréforiers  ,  les  Juges  des  Eaux  & 
Forets  ^  ceux  des  Chaifes ,  les  Lieu- 
tenans  généraux  de  Police ,  les  Ju* 
ges  des  Monnoies^les  Connétablies, 
Tables  de  Marbre  ,  Cours  des  Ai- 
des ,  Cours  des  Mqpnores  >  Cham- 
bres des  Comptes^  les  Intendans  des 
Provinces,  dr. 

Quelques  Juges  connoiifenc  in- 
diftinâement  de  toutes  fortes  de 
matières  de  Juftice  ordinaire  ;  mais 
feulement  jufqu'a  une  certaine  fom- 
me  en  dernier  reflbrtj  tels  font  les 
Sièges  Préfidiaux ,  les  Juges  Audi- 
teurs duChâteletde  Paris,  le  Siège 
des  caufes  de  quarante  livres    du 
Châtelet   d'Orléans  ,    6-c.    &  tels 
étoient  autrefois  à  Rome  les  Juges 
appelés  defenfores  civitatum  ,  qui  ne 
pouvoient  connoître  que  jufqu'à  la 
concurrence  de  trois  cens  écus  d'or. 
Enfin  il  y  a  des  Juges  qui  peu- 
vent connoître  de  toutes. (ortes  de 
matières  à  quelque  fomme  qu'elles 
montent  ,.  mais  feulement  entre 
certaines  perfonnes«  Tels  font  les 
Juges  de  Privilèges ,  par  exemple, 
les  Confervateurs  des  Univerficés  , 
ceux  des  Folies  de  Champagae  & 


JVG 

ée  firi6  ^  les  Juges  des  Requérez  de 
FHocel  ou  du  Palais  y  le  Grand 
Confeil  >  &c. 

Les  Juges  confidérés  par  rapport 
à  la  natare  de  leurs  jugeraens ,  fe 
divisent  en  juges  de  première  inflance 
Se  en  Juges  d'appel. 

hes  Juges  de  première  rnjjtanve  font 
ceux  devant  lefqiielson  porred^abord 
fes  coQteftatioAS  pour  les  décider. 
Tels  font  les  Juges  deSeigueurs ,  les 
Prévôts  Royaux,  les  Juges  des  Éfec^ 
non» ,  ceux^  des  Monnoies  y  des 
Gabelles ,  â^c 

Les  Juges  d^appelSônt  cfeux  qui 
fur  ^appellation  interjetée  par  celui 
qui  prétend  avoir  été  mal  jugé  par 
le  Juge  de  première  in ftance  ,  con- 
noident  une  féconde  fois^de  l'affaire, 
&  décident  fv  le  Juge  de  première 
inftance  a  bien  ou  mal  jugé.  Tels 
font  les^  Baillis^  Se  Sénéchaux  ,  les  i 
Tables  de  Marbre ,  Se  les  Cours  ' 
fouveraines. 

Quelques-uns  de  ces  Juges  font 
Juges  de  première  inftance  en  cer- 
mins  cas  y  Se  Ju?es  d*appel  en  d'au- 
rreSk  Tels  font  Tes  Baillis  &  Séné-- 
chaux  ,  les  Juges  Préfidiaux  ,8!  les 
Cours  Souveraines  en  quelques  oc- 
cafions.- 

Oh  peut  diftinguer  lès  Juges  en 
Juges^  à  la  charge  de  t appel  ,/&  en- 
Juges  en  dernier  rejfort^ 

Les  Juges  à  la  charge  de  V appela 
fent  ceux  dont  les  Sentences  peu- 
vent être  ponées  par  appel  devant 
un  Juge  fupérieur  où  reUortit  Tap- 
el  de  leurs  Sentences,  comme  font 
es  Juges  de:  Seigneurs ,  &  les  Pré- 
vôts royaux ,  dont  les  appellations 
redbrtifTent  devant  les  Baillis  Se 
Sénéchaux ,  les  Juges  des  Élevions 
Se  ceux  des  Greniers  à  Sel  &  des 
Traires- Foraines  dont  les  appels  fe 
portent  aux  Cours  des  Aides  \  les 
Juges^  Gardes  des  MonnoieSj.dont 


le 


lesappeUaûonîs  fe  portent  aux  Cours 
des  Monnoies ,  &  atnfi  des  auttes.- 

Les  Juges  en  dernier  rtjfort ,  font 
ceux  dont  on  ne  peut  appeler,  ll^els 
fohc  les  Pré&diaiix  lorfqu'ils  jugent 
au  prél9h^ier  cfhef  de  lÉdit  ;  le  Siége^ 
des  caufes  de  quàratlte  livres  Si  au- 
dedous  ,  étabVi-  pou¥  ;le  Châtdlet 
d'Orléans  y  les  Juges- Conluh  lorf- 
qu'il  ne  s'agir  que  de  la  fôn^me  de 
cinq  cens'^res  y  ceux  Ae$  Éle&ronsJ 
lorÊju'il  ne  s'agit  que  d'une  fomma 
de  trente  livres ,  t^e. 

W  Y  a-  â^s  Juges  qui  en  certains^ 
cas  font  Jûge^  à  la  diarge  de  Tâp- 
pel'rt  &  en  d'autres  Juges*  en  der- 
nier re(ïort ,  comme  font  les  Pré- 
(idiaux ,  les  Élus  »  les  Officiers  des> 

Greniers  à  Sel ,  les  JugesXonfuls  ^ 
&c. 

Les  Cours  fouveraines  ,  cotnihe 
font  les  Parlemens  ,  les  Cours  des^ 
Aides ,  les  Cours  des  Monnoies  , 
les  Chambres  des  Comptes  Se  le 
Grand-Confeil  ,  font  aufli  Juges 
en  dernier  reflbrt  Se  dans  toutes^ 
fortes  de  cas  indiftinâ:ement  ;.mais> 
on  les  qualifie  plus  ordinairement 
de  Juges  fouverains  ^  ce  qu'on  ne- 

E>eut  pas  dire  des  Préfidiaux ,  dans^ 
e  cas  même  où  ils  jugent  en  der-> 
nier  reflorn 

lîy  a  des  Juges  délégués  qui  con-- 
noiflfent  de  certaines  aflFaires  j  en^ 
vertu  de  Commiflions  qui  leur  en^ 
attribuent  la  cônnoifTance ,  comme-* 
font  les  Inteiidans  ou  CommifTaires* 
dépanis  dans  les  Provinces  ,  &  au-- 
très  Commiffàires  nommés  par  le- 
Roi ,  qui  connoiffènt  de  certaines^ 
affaires*,  foit  de  finances  ou  autres* 
Ces  Commiffaires  jugent  ordinai-- 
rement  en  dernier  relTort ,  ^  Ton» 
ne  peur  fe  pourvoir  contre  leurs? 
jîigemens  &  ordonnances-  qu'aux 
Confeil  du  Roi.- 

£nfin   on'  peut    par  une^  vue^" 


144  fVG 

générale  dîftinguer  en  chaqae  Ja- 1 
ridiâion  deux  fortes  de  fondions  i 
qui  font  exercées  par  les  mêmes  | 
Juges  :  l'une  pour  les  matières  ci- 1 
viles  ,  &  laucre  pour  les  matières 
criminelles.  Ces  deux  fondions  fe 
trouvent  non-feulement  dans  tou- 
tes les  Juridiâions  ordinaites  , 
mais  auilî  dans  toutes  les  autres  > 
comme  les  Êleâions  ,  les  Mon- 
noies  ,  les  Cours  des  Aides  ,  &c. 

On  ne  peut  être  Jn^e  qu'à  Page 
de  vingt-cinq  ans  >  &  il  y  a  même 
des  omces  qu'on  ne  peut  pofleder 
que  dans  un  âge  plus  avancé  ;  mais, 
le  Roi    accorde  fouvent  des  dif- 

Îenfes  par  le  moyen  defquelles  les 
uges  peuvent  être  reçus  avant  l'âge 
requis ,  8c  alors  ils  peuvent  bien 
nfllfter  au  rapport  &  au  jugement 
des  ^ffaîres  »  mais  ils  n'ont  pas 
voix  dclibérative,  11  n'y  a  d'excep- 
tion qu'en  faveur  des  Rapporteurs , 
lefquels  quoique  n'ayant  point  en- 
core l'âge  requis  ,  peuvent  néan- 
moins rapporter  &  opiner  dans  les 
affaires  dont  ils  font  Rapporteurs. 
Tel  eft  lufage  obfervé  au  parle- 
ment de  Paris. 

II  rij  a  que  les  Cours  fouverai- 
nés  qui  puidènt  ou  commettre  ou 
déléguer  un  Juge,  pour  faire  l'inf- 
truâion  d'une  affaire ,  entendre  des 
témoins ,  recevoir  des  affirmations^ 
nommer  des  experts  ;  &c.  ni  les 
Préfîdiaux ,  ni  toute  autre  efpèce 
de  Magiftrat  ne  le  peuvent  ;  ils 
^dreflfent  feulement  des  commif- 
(ions  rogatoires»  Se  jamais  des  Ju- 
ges royaux  n'en  adreffent  à  ceux 
des  feigneurs,  mais  feultfUent  au 
plus  prochain  Juge  royal  de  l'en- 
droit où  il  s'agit  d'inftruire. 

Les  Cours  fupérieures  ne  font 
pas  non  plus  dans  l'ufage  de  com- 
mettre des  Juges  de  feigneurs ,  pas 
mêoïc  des  Dwhh  *  pairie  »  c'eft  ^ 


JUG 

toujours    un  Juge    royal   qu'elles 
commettent. 

Le  Juge  doit  rendre  la  juftice 
dans  l'auditoire  ou  autre  lieu  def- 
tiné  a  cet  ufkge  ;  il  peut  feulement 
faire  en  fon  hôtel  certains  aâ:es  tels 

Îiue  les  tutelles  ^  curatelles  &  ré- 
érés. 

Les  anciennes  ordonnances  dé- 
fendent aux  Juges  de  recevoir  au- 
cune follicitation  ;  mais  ces  difpo- 
(itions  ne  font  plus  fuivies ,  '&  ce- 

(>endant  il  feroit  très  à  défirer  qa'el* 
es  le  fuffent  ;  car  quel  eft  le  Ma- 
giftrat quelque  intégre  qu'il  foit  » 
qui  pui^e  raifonnablement  croire 
qu'il  ne  fe  laidera  point  prévenir  fi 
l'on  a  la  pcrmiffion  de  lui  déguifer 
la  vérité  par  des  foUicitations  infi- 
dieufes. 

On  obfervoit  auffi  autrefois  en 
France ,  comme  chez  les  Romains, 
que  nul  ne  fur  Juge  dans  fon  pays  » 
afin  que  le  Juge  ne  fût  point  détour* 
né  de  fon  devoir  par  des  motifs  de 
confidération  pour  fes  partns ,  al- 
liés 9  amis  y  voifins  ou  autres  per« 
fonnes  à  lui  connues. 

anciennement  les  Juges  dévoient 
être  i  jeun  pour  juger  ^  c'eft  la  dif^ 
pofition  d'un  çapituTaire  de  Charle- 
magne  de  l'an  8x  t  ,  &  d'un  concile 
de  Rheims  de  l'an  8 1 }  ,  ce  qui  ne 
s'exige  plus  y  on  obferve  feule* 
ment  que  les  procès  criminels 
fe  voient  le  matin  Ôc  non  de 
relevée  ,  &  les  Juges  ne  font  pas 
obligés  d'être  à  jeun  même  pour 
juger  ces  fortes  d'affaires  }  mais  la 
prudence  veut  que  s'ils  déjeunent  » 
ils  le  faKTent  fobremenr. 

Quant  au  nombre  des  Juges  qu'il 
faut  pour  rendre  un  jugement^  cela 
dépend  des  tribunaux  &  de  la  na- 
ture des  aflfaires. 

Dans  les  juftices  feigneuriales  Sc 
datis  Us  petites  juftices  royales  »  il 


JUG 

n'y  a  ordinalretnenr  qu'un  feul  Juge  ' 
pour  rendre  une  fencence  ;  mais 
dans  les  affaires  criminelles  il  en 
faut  au  moins  crois ,  de  force  que 
s'il  n'7  en  a  pas ,  le  Juge  appelle 
a^ec  lui  deux  gradués. 

Au  Châcelec  de  Paris  ,  il  fauc 
du  moins  cinq  Juges  pour  rendre 
une  fencence  en  la  Chambre  du 
ConfeiL 

II  y  a  quelques  tribunaux  qui  ne 
peuvent  juger  qu'au  nombre  de 
cinq ,  tel  que  le  Confeil  fouverain 
de  Rouflillon. 

Les  Préfidiaux  ne  peuvent  Juger 
qu'au  nombre  de  fept  ^  autrerois  il 
talloic  y  être  au  nombre  de  douze 
Se  même  treize  pour  juger  une  pro- 
pofîrion  d'erreur  ,  ce  .  qui  a  été 
abrogé. 

Les  Parlemens  de  Grenoble, d'Aix 
&  de  Dijon  jugent  au  nombre  de 
fept ,  comme  font  aufli  les  Maîtres 
des  Requêtes  au  Souverain  ;  le  Par- 
lement de  Paris  ne  juge  qu'au  nom- 
bre de  dix.  ^ 
Au  Confdl  du  Roi  ,  il  n'y  a 
point  de  nombre  fixe  de  Juges  pour 
rendre  un  arrêt. 

Les  Juges  doivent  écouter  avec 
attention  les  Avocats  &  Procureurs 
àes  parties  j  ou  celui  d'entre  eux 
qui  fait  le  rapport  de  l'affaire  ^  ceux 
qui  ont  manqué  d  affifter  à  quelque 
plaidoirie  ou  i  une  partie  du  rap- 
port »  ne  peuvent  plus  être  Juges 
pour  cette  affaire. 

Il  n'eft  pas  permis  au  Juge  de  ré- 
former lui-même  la  fencence  ^  elle 
ne  peut  êcre  réformée  que  pao  un 
Juge  fupérieur  \  cefk  pourquoi  Phi- 
lippe de  Macédoine  aima  mieux 
payer  l'amende  en  laquelle  étant 
endormi  il  avoic  condamné  un  hom- 
me ,  que  de  révoquer  fa  fencence. 

Les  Juges  qui  manquenc  à  leur 
devoir   ou   qui  prévariquen;  dans 


JUG  145 

leurs  fonâkièns  font  fujecs  à  di- 
verfes  peines. 

Nous  voyons  dans  l'anciquicé  que 
Cambyfe  Roi  de  Perfe  ,  fie  écor- 
cher  un  Juge  pour  avoir  jugé  fauf- 
fement  ;  Arcaxerxès  craica  de  même 
de  mauvais  Juges ,  &  fit  affeoir  fur 
leurs  peaux  leurs  fucceffeurs. 

Les  anciennes  ordonnances  du 
Royaume  jveulent  que  les  Juges 
qui  ne  feronc  pas  le  procès  aux  dé- 
linqaans ,  foienc  cenus  de  payer  le 
dommage. 

Dans  les  pays  coutumies»  lorf- 
qu'on  feplaignoic  d'un  jugement  , 
on  incimoic  le  Juge  pour  voir  infir- 
mer ou  confirmer  le  jugement  »  Ce 
l'on  ajournoit  la  partie  y  &  iorique 
le  Juge  avoir  mal  jugé  on  le  cQti- 
damnoic  en  l'amende^  préfencement 
on  n'incime  plus  que  la  partie  qui  a 
obtenu  la  fentence ,  à  moins  qu'il 
n'y  ait  des  caufes  pour  prendre  le 
Juge  à  partie  ;  il  eft  feulemenc  redé 
de  l'ancien  uiage  que  les  Juges  du 
Châtelet  afiiftent  a  l'ouverture  du 
rôle  de  Paris* 

II  n'eft  pas  permis  aux  Jugi^s  de 
fe  rendre  adjudicataires  des  biens 
qui  fe  vendent  en  leur  fiége,  qu  qui 
s'y  donnent  à  bail  judiciaire  ^  ils 
doivent  auflî  obferver  toutes  les 
bienféances  qui  conviennent  â  leur 
état. 

Les  anciennes  ordonnances  dé- 
fendoient  aux  Sénéchaux,  Baillis 
&  autres  Jugesde  recevoir  pour  eux 
ni  pour  Içurs  femmes  &  enfans  au- 
cun préfenr  de  leurs  jufticiables,  i 
moins  que  ce  ne  fuflenc  àts  chofes 
â  boire  ou  à  manger  que  Ton  pût 
confommer  en  un  feul  jour^  ils  ne 
pouvoient  pas  vendre  le  furplus 
fans  profufion ,  encore  ne  dévoient* 
ils  en  recevoir  que  des  perfonçes 
riches ,  &  une  fois  ou  deux  Tannée 
feulement  ;  s'ils  recevoient  du  vin 

T 


À 


i4<$  J  U  G 

en  préfenc ,  il  fallotc  que  ce  fut  en  f 
barils  ou  bouteilles  ;  telles  étoient  | 
'  les  difpofitions  de  l'ordonnance  de 

Celle  d'Orléans  »  article  4;  ,^ 

{^ermetcoit  aux  Juges  de  recevoir  de  1 
a  venaifon  ou  gibier  pris  dans  les 
forêts  &  terres  des  Pnnces  &  Sei- 
gneurs qui  le  donneroient. 

Mais  l'ordonnance  de  Blois  dé- 
fend  à  tous  Juges  de  recevoir  aucun 
don  ni  préfenc  de  ceux  qui  auront 
affaire  i  eux. 

Le  miniftère  its  Juges  devoir 
donc  être  purement  gratuit ,  com- 
me il  l'eft  encore  en  effet  pour  les 
affaires  d'iaudience  ^  mais  pour  les 
«iffaires  appointéesjl'ufage  ayant  in^ 
croduit  que  la  partie  qui  avoit  ga- 
gné fon  procès  faifoit  préfent  à  fes 
Juges  de  quelques  boîtes  de  dra- 
gées &  confitures  sèches  que  l'on 
appeloit  alors  épiccs  ;  ces  épices 
furent  dans  la  fuite  converties  en 
argent. 

Les  Juges  font  auflî  autorifés  si 
fe  faire  payer  des  vacations  pour 
leurs  procès-verbaux  ,  8c  pour  les 
affaires  qui  s'examinent  par  des 
Commiuaires. 

Tous  les  Juges ,  même  ceux  des 
feigneors  »  doivent  être  catholiques 
romains. 

Dans  les  affaires  mixtes  où  TÈ- 

glife  &  rÉtat  prennent  intérêt^  & 

dans  lefquelles  il  ne  s'agit  point  de 

,  la  foi ,  le  Magiftrat  politique  eft 

le  fouverain  arbitre. 

Tous  les  Juges  des  juridiftions 
dépendantes  des  domaines  engagés 
font  réputés  Juges  royaux.  Ils  |ottit 
fent  des  mêmes  privilèges,  &  con- 
noiflènt  comme  eux  des  cas  royaux , 
à  caufe  de  l'efpérance  du  retour  ; 
mais  c'eft  l'engagifte  qui  doit  payer 
leurs:  gages  &  fupporter  les  autres 


JUG 

frais  que  l'adminiffration  de  Fa  )U& 
tice  occafionne. 

L'engagifte  prcfente  au  Roi  Ub- 
Officie  rs  qu'il  juge  à  propos  de  nom- 
mer ,  &  Sa  Majeftc  leur  accorde 
des  provifibns  fur  cette  nomination» 

Ces  officiers  ne  peuvent  être  def- 
titués  ni  révoqués ,  parce  qu'il  netk 
pas  au  pouvoir  de  l'engagifte  d'efe- 

{►êcher^  encore  moins  d'anéantir 
'effet  des  provifions  que  le  Roi  ac-- 
corde.^ 

C'eft  la  réception  »  le  ferment  8c 
l'inftallacion  qui  donnent  au  Juge 
te  cara&ère  de  l'autorité  publique  t 
les  provifions  ne  font  que  le  prépa^ 
rer  à  recevoir  ce  caraâère  ^  elles  ne* 
l'aiitoriferoientpoint  à  faire  aucune 
fonâion  fans  la  réception. 

Le  droit  de  nommer  des  Officiers^ 
pour  exercer  la  jùftice  dans  les  }uf- 
tices  feigneuriales  ,.eft  regardé  com- 
me faifant  partie  des  revenus  da 
fi^ef  y  c'eft  pour  cela  que  la  nomina* 
rion  de  ces  Officiers  (  dans  lefquels 
on  ne  comprend  pas  ordinairemenc  . 
les  Procureurs  y  parcequ'on  ne  le» 
regarde  pas  comme  Officiers  dans^ 
les  juftice»  feigneuriales  )  appartient 
i  rufufruitier  ,  exclufîvemenc  aa 

{propriétaire ,  au  nom  duquel  ôr  par 
equelles  provifions  doivent  néan-*^ 
moins  être  données  fur  la  préfen- 
tation  que  lui  fait  l'ufufruitier  fans^ 
pouvoir  les  refufer* 

Le  mari  commun  en  biens  avec 
fa  femme ,  peur  nommer  les  Juges- 
&  Officiers  des  terres  de  fa  femme.- 
il  peut  de  même  nommer  ceux  des- 
terres qui  appartiennent  à  fa  fem- 
me ,  &  qui  compofent  le  fonds  de 
£1  dot  dans  les  pays  où  la  commu- 
nauté de  biens  n'a  pas  lieu  ;  mais  il 
ne  peut  pas  nommer  ceux  des  terres 
de  fa  femme  féparée  ou  noîi  com- 
mune en  biens  >  iii  ceux  des  cènes 


40Q  fiefs  donc  fa  femme  jouir  i  com« 
'Ine  de  biens  parapheraaux. 

La  nomination  aux  offices  dépen- 
dans  des  terres  d'un  pupille  appar* 
tient  â  fon  tuteur. 

Le  curateur  d'un  interdit  pour 
démence  peut  auffi  nommer  aux 
offices  attachés  aux  terres  de  fon 
pupille. 

La  nomination  aux  offices  dépen- 
dans  d'une  terre  qui  appartient  â 
une  fucceffion  acceptée  par  béné- 
fice d'inventaire  »  appartient  à  l'hé- 
tirier  bénéficiaire. 

L'acquéreur  d'une  terre  fous  fa- 
culté de  rachat  ^ouit  du  droit  d*en 
nommer  les  Officiers ,  tant  que  la 
faculté  n*e(l  pas  exercée  j  mais  ce 
droit  n'appartient  point  au  fermier 
judiciaire. 

11  n'appartient  pas  non  plus  au 
fermier  conventionnel  ,  i  moins 
qu'il  ne  lui  foit  exprellémenc  ac- 
cordé par  fon  bail }  &  fi  la  faculté 
lisi  en  eft  accordée,  il  ne  peut  l'e- 
xercer que  comme  mandataire  , 
parcequ^on  regarde  le  droit  d'inf- 
cL  tuer  des  Officiers  comme  perfon- 
nel  &  non  ceffible. 

Les  Juges  des  feigneurs  peuvent 
êf re  deftitués  ad  nutum  ,  a  moins 
qu'ils  n'aient  payé  une  finance  pour 
leur  office  ,  auquel  cas  ils  ne  peu- 
vent être  deftitués  qu'en  les  rem- 
bourfanr. 

A  l'égard  des  Juges  royaux  ,  ils 
ne  peuvent  plus  être  deftitués  de- 
puis la  vénalité  des  charges  ,  que 
pour  malverfation. 

Tous  les  Juges  des  Sièges  redbr- 
tiflans  au  Parlement ,  doivent  être 
licenciés  ic  reçus  au  ferment  d'A- 
vocat. 

Quand  le  Juge  d'une  jùridiâion 
eft  abfent ,  ni  Tes  officiets ,  ni  les 
gradués  ou  praticiens  des  Juftices 

voifines  ne  peuvent  le  lui  eu  fubf- 


ticuer  un  autres  k%  fondions  fon^ 
dévolues  aux  /euls  gradués  ou  pra- 
ticiens «cmes  du  Siège  vacant  ; 
mais  feulement  dans  les  affairc^s  où 
la  religion ,  le  Roi ,  la  Police  ,  les 
Communautés  ,  les  mineurs  font 
incéreifés ,  &  où  il  eft  néceiïàire  que 
le  Miniftère  Public  donne  des  con- 
clufions  ;  car  dans  les  autres  ma- 
tières les  fondions  des  Juges  font 
dévolues  au  Procureur  du  Roi  ,  (1 
c'eft  un  Siège  royal  \  ou  au  Procu- 
reur fifcal ,  fi  c'eft  une  Juftice  de 
feigneur. 

11  eft  défendu  à  ceux  qui  ont  le 

t mouvoir  d'inftituer  &  de  deftituer 
es  Juges  »  d'ufer  de  ce  pouvoir 
pour  donner  un  certain  Juge  i  une 
certaine  caufe  ;  cette  règle  a  lieu 
même  contre  les  Evcques  à  qui  il 
n'eft  pas  plus  permis  de  donner  un 
officiai  particulier  pour  une  caufe» 
qu'à  un  feigneur  de  donner  un  Juge 
particulier  pour  une  affaire- 
Le  pouvoir  des  Juges  des  fei<- 
Î;neurs  eccléfiaftiques  ne  finit  ni  par 
a  mort  ni  par  fa  réfignation  des 
bcnèficiers  qui  les  ont  nommés  j  ils 
conferyent  leur  caraâère  &  leur 
autorité  jnCqu'à  ce  qu'ils  foient  def^ 
titués  par  le  nouveau  bénéficier,  & 
ils  peuvent  appofer  (celle  &  faire 
inventaire  des  effets  du  feigneur 
ecclèfiaftique ,  s'ils  en  font  reguis. 
Juge  d'armbs  ,  fe  dit  d'un  Officier 
royal  établi  pour  conpoître  de  toutes 
les  conteftations  &  difFérens  qui 
arrivent  à  Toccafion  des  armoiries  » 
circonftances  &  dépendances ,  & 
.  pour  drelTer  des  regiftres  dans  lef- 
quels  il  emploie  le  nom  &  lés  ar« 
mes  des  perfonnes  nobles  &  autres 
qui  ont  droit  d'avoir  des  armoiries. 
Cet  Officier  a  fuccédé  au  Maré- 
chal d'armes  y  qui  fut  établi  par 
Charles  Vlll  en  1487  ,  pour  écrire , 
peindre  &  blafonner  dans  les  regif*- 

T  ij 


14S 


JUG 


très  publics  >  le  nom  &  les  armes 
de  routes  les  perfonnes  qui  avoienr 
droit  d*en  porter*  / 

La  NoblefTe  de  France  animée  du 
même  efpric ,  fupplia  le  Roi  Louis 
XIII  de  créer  un  Juge  d'armes  ;  ce 
quil  fit  par  Edit  de  Janvier  i6i$  y 
lequel  lui  donna  plein  pouvoir  de 
juger  des  blafons,  fautes  St  méféan- 
ces  des  armoiries ,  Se  de  ceux  qui 
en  peuvenc  &  doivent  porter  ,  & 
des  difFérens  â  ce  fujet ,  à  l'exclu- 
ûotï  de  tous  autres  Juges  ,  voulant 
Sa  Majefté  que  les  Sentences  &  Ju- 
gemens  de  ce  Juge  reffbrtiflènt  nue- 
ment  devant  tes  Maréchaux  de 
France. 

L'office  de  Juge  £  armes  fut  fup- 
primé  en  i^^G  ,  &  en  fa  place  on 
créa  un  Grand- Maître  de  larmoirie 
eénéral  ^  pour  juger  en  dernier  ref- 
,  tort  l'appel  des  Maîtres  particuliers 
qui  furent  auffî  créés  dans  chaque 
Province  ;  mais  ces  Officiers  furent 
eux-mêmes  fupprimés  en  1700  ;  & 
par  Edit  du  mois  d'Août  x  707  celui 
de  Juge  alarmes  fut  rétabli. 

On  appelle  Juge  délégué  ^  celui 
qui  eft  commis  pour  connoître  d'une 
affaire  particulière. 

En  rermes  de  Mythologie  or\  ap- 
pelle Juge  des  Enfers ,  trois  enfans 
de  Jupiter ,  établis  aux  Enfers  pour 
j  juger  les  hommes  après  leur 
morr. 

Platon  dit  que  quand  Jupiter  » 
Neptune  ic  Pluton  eurent  pattâgé 
le  Royaume  de  legr  père  j  ils  or- 
donnèrent que  les  hommes  prêts  à 
quitter  la  vie  ,  fufTent  jugés  pour 
recevoir  la  récompenfe  ou  te  châti- 
ment de  leurs  bonnes  ou  mauvaifes 
aâions  y  mais  comme  ce  jugement 
fe  rcndoit  à  l'itiftant  qui  précédoit  la 
mort  2  il  étott  fujet  k  de  grande» 


JUG 

injuftices.  Les   Princes   fadueux, 

Îuerriers ,  defpotiques ,  paroifToieni 
evant  leurs  Juges  avec  toute  la 
pompe  &  tout  l'appareil  de  leur  puif- 
lance ,  les  éblouifToient  &  fe  fai- 
foient  encore  redouter,enforte  qu'ils 
pafToient  fouvent  dans  l'heureux  fé^* 
jour  des  Juftes.  Les  gens  de  bien  au 
contraire ,  pauvres  &  fans  appui  » 
étoient  encore  expofés  à  la  calom- 
nie y  &  quelquefois  condamnés 
comme  coupables.  ~ 

Sur  les  plaintes  réitérées  qu'en 
reçut  Jupiter ,  il  changea  la  forme 
de  ces  jugemens  \  le  temps  en  fut 
fixé  au  moment  mène  qui  fuit  la 
mort.  Rhadamante  &  Eaque  fes 
fils  furent  établis  Juges  \  le preniier 

[>our  les  Afiatiques  &  les  Africains  » 
e  fécond  pour  les  Européens  ,  & 
Minos  fon  treifîème  fils  étoit  au^- 
defTus  d'eux  »  pour  décider  fouve* 
rainement  en  cas  d'incertitude. 

Leur  Tribunal  fut  placé  dans  un 
endroit  appelé  le  champ  de  la  vérité^ 
parceque  le  menfonge  &  la  calom- 
nie n'en  peuvent  approcher  :  ilaboui- 
tit  d'un  coté  auTartare,  &  de  l'au- 
tre aux  Champs  Élifées.  Là  compa^ 
roit  un  Prince  dès  qu*il  a  rendu  le 
dernier  foupir  }  là,  ditSocrate^  il 
comparoît   dépouille  de  toute  fa 

Srandeur ,  réduit  à  lui  feul  »*  fans 
éfenfe  »  fans  proteâion  ^  muec  & 
tremblant  pour  lui-même  ^  après 
avoir  fait  trembler  la  terre.  S'il  efk 
trouvé  coupable  de  fautes  qui  foient 
d'un  genre  d  pouvoir  être  expiées  » 
il  efl  relégué  dans  leTartare  pour  un 
temps  feulement»  &avecafsûrance 
èitTi  for  tir  quand  il  aura  été  fuffi- 
famment  purifié.  Tels  étoient  aufli 
tes  difcours  des  autres  fages  de  la 
Grèce. 

Juge  ,  fe  dit  auffi  de  quelqu'un  qui 
fans  autorité  publique  eltchoifi  pomt 


JUG 

trbitre  par  des  parties  ,  afin  de  ter- 
miner leur  différent.  Nous  pouvons 
le  prendre  pour  Juge.  Il  n'y  a  qu'à 
prier  Madame  d'être  notre  Juge, 

On  dit  auflî ,  les  fens  font  juges 
de  cela  ;  l'œil  y  t oreille  en  eftjugc. 

On  dit  encore  ,»  qcLune  perfonne 
cft  juge  d'unt  chofe  ;  poiir  dire  , 
qu  elle  eft  capable  d'en  porter  juge- 
ment. //  e/i  bon  juge  d'une  pièce  de 
théâtre.  Ce /ont  des  matières  dont  il 
n*ejl  pas  trop  ton  juge. 

On  appcloit  autrefois  Juge  botté ^ 
un  Juge  qui  n'étoit  pas  gradué.  Et 
il  fe  dit  aujourd'hui  par  dénigre- 
•  ment ,  de  ceux  qui  jugent  fans  lu- 
mières &  fans  étude. 

On  dit  proverbialement ,  de  fou 
Juge  briève  Sentence  ;  pour  dire ,  que 
les  ignoransfoni  ordinairement  ceux 
qui  décident  le  plus  vite ,  fans  exa- 
miner mûrement  les  chofes. 
Juges  ,  fe  dit  dans  l'ancien  Teftament, 
de  ceux  qui  eouvernèrent  les  Ifraé* 
lites  depuis  Jofué  jufqu'à  Saiil.  Les 
Carthaginois ,  colonie  des  Ty riens , 
avoientaufll  des  Magiftrats  ou  Gou- 
verneurs qu'ils  appeloient  Suffétes 
ou  Sophétim  ,  ayant  comme  ceux 
des  Hébreux  une  autorité  prefqn'é- 
gale  à  celle  des  Rois.  Quelques-uns 
croient  que  les  Archontes  ches  les 
Athéniens  %  &  les  DiSateurs  chez 
les  Romains ,  étoient  â  peu  près  la 
tncme  chofe  que  les  Juges  cnez  les 
Hébreux.  Grotius  compare  le  gou- 
vernement des  Hébreux  fous  les  Ju- 
ges »  i  celui  qu'on  voyoit  dans  les 
Gaules  ,  dans  l'Allemagne  &  dans 
la  Bretagne  >  avant  que  les  Romains 
l'euffcnt  changé. 

Leur  charge  n'ctoît  point  hérédi- 
taire ,'  elle  étoit  à  vie ,  &  leur  fuc- 
cefCon  ne  fut  ni  toujours  fuivie ,  ni 
fans  interruption  ;  il  y  eut  des  Anar- 
,  chies  &  de  longs  intervalles  de  fer- 
vitude^,  durant  lefquels  }e$  Hébreux 


JVC  f4j 

n'avoient  ni  Juges ,  ni  Gouverneurs 
fuprcmes  :  quelquefois  cependant 
ils  nommèrent  un  Chef  pour  les 
tirer  de  l'oppreffion  j  c'eft  ainfi  qu'ils 
choiCrent  Jephthé  avec  un  pouvoir 
limité,  pour  les  conduire  dans  la 
guerre  contre  les  Ammonites  ;  car 
nous  ne  voyons  pas  que  Jephthé  ni 
Barac  ayent  exercé  leur  autorité  au- 
delà  du  Jourdain. 

La  pui (Tance  de  leurs  Juges  en 
général  ne  s'étendoit  que  fur  les  af- 
Faites  de  la  guerre ,  les  traités  do 

f)aix ,  &  les  procès  civils  j  toutes 
es  autres  grandes  affaires  étoient  du 
diftriâ  du  Sanhédrin  :  les  Juges  né^ 
toient  donc ,  à  proprement  parler  , 
que  les  Chefs  de  la  République. 

Ils  n'avoient  pas  le  pouvoir  de 
faire  de  nouvelles  lois  ,  d'impofac 
de  nouveaux  tributs.  Ils  étoient  pro- 
teéteurs  des  lois  établies ,  défen* 
feurs  de  la  Religion  ,  &  vengeurs 
de  ridolârrie  ^  d'ailleurs  fans  éclata 
fans  pompe,  fans  gardes,  fans  fuite» 
fans  équipages ,  a  moins  que  leurs 
richeiles  perfonnelles  ne  les  mifîenc 
en  état  de  fe  donner  un  train  con* 
forme  à  leur  rane. 

Le  revenu  de  leur  charge  ne  con- 
fiftoit  qu'en  préfens  qu'on  leur  fai- 
foit  ;  car  ils  n'avoient  aucun  émo' 
lument  réglé  >  &  ne  levoient  rien 
fur  le  peuple. 

La  auree  du  temps  des  Juges ,  de« 
puis  la  mort  de  Joiué  jufqu'au  corn* 
mencement  du  règne  de  Saiil ,  eft 
de  trois  cent  trente-neuf  ans. 

On  appelle  Livre  des  Juges ,  le 
feptième  Livre  de  l'ancien  Tefta- 
ment ,  qui  contient  l'hiftoire  des 
Juifs ,  depuis  la  mort  de  Jofué  juf- 
qu'à la  naifTance  de  Samuel. 

Ce  Livre  que  l'Eglife  reconnoîc 
pour  canonique  ,  eft  attribué  par 
quelques-uns  i  Phinéès  ;  pat  d'au* 
tres^à  Efdras  ou  à  Ézéchias  ^  &  |^ 


ija  JUG 

d'autres  à  Samuel  ou  i  tous  les  Jau- 
ges qui  auroient  écrit  chacun  l'hif- 
coire  de  leur  temps  Se  de  leur  judi- 
cature  i  mais  il paroîc que c'eft  lou- 
vrage  d'un  feul  Auteur ,  &  qui  vi- 
voit  après  le  temps  des  Juges.  Une 
preuve  fenfible  de  ce  fentiment , 
c*eft quau chapitre  i,  au  verfet  lo 
&  dans  les  fuivans ,  il  fait  un  précis 
de  tout  le  Livre ,  &  en  donne  une 
idée  générale.  L'opinion  qui  l'attri- 
bue â  Samuel,  fe  foutient  atTez  bien, 
i^.  L'Auteur  vivoic  dans  un  temps 
où  les  Jébufcens  étaient  encore  mai- 
très  de  Jérufàlem,  &  par  confé- 
quent  avant  David,  a^.  H  garoit 
qu'alors  la  République  des  Hébreux 
ctoit  gouvernée  par  des  Rois,  puif- 
que  l'Auteur  remarque  en  plus  d'un 
endroit  fous  les  Juges  ,  qu'alors  il 
n'y  a  voit  point  de  Roi  dans  Ifraël. 

On  ne  laitfe  pas  de  former  contre 
ce  fentiment  quelques  difficultés 
conHdérables.  Par  exemple  il  eft  dit 
dans  les  Juges  chap.  18  ,  jo,  51  , 
^ue  les  en/ans  de  Dan  établirent  Jo- 
nathan &  fes  fils  ,  Prêtres  dans  la 
Tribu  de  Dan  ,  jufquau  jour  de  leur 
captivité  ;  &  quel'idoU  de  Micha  de* 
meura  che:^  tux  ,  tandis  que  la  Mai- 
fon  du  Seigneur  fut  à  Silo.  Le  Ta- 
bernacle ou  la  Maifon  de  Dieu  ne 
fut  à  Silo  que  jufqu'au  commence- 
ment de  Samuel  \  car  alors  on.  la 
tira  de  Silo ,  pour  la  porter  au  camp 
où  elle  fut  prife  par  lesPhiliftins  \  Se 
depuis  ce  temps  elle  fut  renvoyée  à 
Cariath-Iarim.  Quant  à  la  captivité 
de  la  Tribu  de  Dan ,  il  femble  qu'on 
ne  peut  guère  l'entendre  que  de  celle 
qui  arriva  fousTéglatbphalaflar  Roi 
d'AflTyrie ,  plufieurs  centaines  d'an- 
nées après  Samuel ,  &  par  confé* 
quent  il  n'a  pu  écrire  ce  Livre  >  à 
moins  qu'on  ne  reconnoifTe  que  ce 
pafTage  y  a  été  ajouté  depuis  lui  ; 
ce  qui  n'eft  nullement  incroyable , 


JUG 

paifqu^Dn  a  d'autres  preuves  8c  d*aa^ 
très  exemples  de  pareilles  addi- 
tions faites  au  texte  des  Livres 
facrés. 
JUGÉ  ,  ÉE  j  participe  paffif.  f^aye^ 
Juger. 

Le  Juge  d'appel  dit ,  ikn  juge 
mal  appelé ,  mal  jugé  bien  appelé  9 
lorfqu*il  confirme  ou  catTe  la  Stxk^ 
tence  d'un  Juge  fubalterne. 
JUGEMENT  ;  fubftantif  mafculin. 
Décifion  prononcée  en  Juftice. 

Tout  Jugement  doit  être  précédé 
d'une  demande  \  6c  lorfqu'il  inter* 
vient  fur  les  demandes  &  défenfes 
des  parties  ,  il  eft  contradi&oire  ; 
s'il  eft  rendu  feulement  fur  la  de- 
mande ,  fans  que  l'autre  parrie  aie 
défendu  ou  fe  préfente ,  alors  il  eft 
par  défaut  ^  ôcf\  c'eft  une  affaire  ap- 
pointée ,  ce  défaut  s'appelle  un  Jju^ 
gement  par  forclufion  :  en  matière 
criminelle  »  c'eft  un  Jugement  de 
contumau. 

Les  Jugemens  font  ou  interlocu- 
toires  ou  diffinitifs. 

Les  Jugemens  interlocutoires  font 
ceux  qui  ne  décident  pas  le  fond  des 
conteftations ,  mais  qui  ordonnent 
une  inftrudtion  ou  une  provifîon. 

Les  Jugemens  diffinitifs  font  ceux 

Î[ui  jugent  le  fond  de  la  queftion 
ur  laquelle  les  parties  font  divifées. 

Les  Jugemens  rendus  fur  produc- 
tion des  parties  »  qui  condamnent 
à  des  intérêts  ou  i  des  arrérages  , 
doivent  en  contenir  la  liquidatioa 
ou  le  calcul. 

Les  fommes  pour  condamnations, 
taxes  ,  falaires  ,  redevances  &  au-- 
tres  droits  ,  doivent  être  exprimées 
dans  les  jugemens  ainH  que  dans  les 
conventions  8c  autres  aébes  ,  pat 
livres ,  fous  &  deniers  >  &  non  par 
parifis  ou  tournois. 

Celui  quia  préfidé  au  Jugement  » 
doit  â  l'iflue  de  l'audience  >  ou  dans 


le  même  toar ,  voie  ce  qne  le  Gtef- 1 
fier  a  réaigé ,  fîgner  le  plumitif  > 
&  parapher  chaque  ^ntence>  Ju- 
gement ou  Arrêt. 

Les  Jugemens  doivent  «être  dates 
du  jour  qu'iU  ont  été  arrêtés  ,  fans 
qu'ils  ptuiTenr  avoir  d  autre  date  ^  & 
lorfque  le  Jugement  eft  rendu  en 
procès  par  écrit ,  le  jour  de  TAtrêt 
doit  être  écrit  de  la  main  du  Rap- 
porteur, enfuite  du  i/i£fi//iz  ou  difpo- 
fitif ,  avant  de  le  mettre  au  greffe. 

Les  Arrêts ,  Sentences  &  Juge^ 
mens ,  pour  avoir  kuc  effet ,  doi* 
vent  être  ûeniiîés  aux  parties  contre 
lefquelies  ils  ont  été  obtenus  ,  ou  ài 
kurs  Procureurs  j  au  cas  qu'il  y  ait 
Procureur  conftirué  lorfque  ces  Jo- 
gemensont  été  rendus  en  procès  par 
cccîf ,  foir  par  fbrclufion ,  foie  fur 
produâions  rèfpeâives  des  parties  ^ 
suais  les  Jugemens  rendus  contra- 
diâoirement  à  Taudience  en  matiè- 
re d'hypothèques.,  faifies&  exécu- 
tions ,  Se  autres  ^hofes  ,  ont  tout 
leur  effet  ,  quoiqu'ils  n'ayent  point 
été  fignifiés. 

Les  JugenMDS  ne  peuvent  être, 
fignifiés  à  la  partie ,  s'ils  n'ont  été 
préalablement  figntités  à  fon  Procu- 
reur ,  au  cas  qu'il  y  en  ait  un  de 
conflitué. 

Il  y  a  plufieurs  cas  ou  les  Juges 
peuvent  prononcer  fur  des  provi- 
sions demandées 'dans  le  cours  d*4ine 
snftance.  Par  exemple  fî  quelqu'un 
étanr  pourfuîvi  par  voie  de  faifie 
pour  l'exécution  d'un  contrat  liti- 
gieux »  demande  que  par  provifion 
il  lui  (bit  adjugé  une  fomme  pour 
fa  nourriture ,  ou  autre  cas  fembla- 
ble }  alors  le  Juge  peut  prononcer 
féparément  &  par  un  Jugemenr par- 
ticulier fur  la  provifion  demandée , 
quand  l'inftance  fur  le  fond  n;'eft 
point  en  érar  d^être  jugée  ;  mais  fi 
les  iaftancef  for  k  proviiipn  Se  iur 


JUG  151 

la  di£Snitiv«  iCbnt  en  même  temps  en 
état ,  les  Juges  font  tenus  d'y  pro- 
noncer par  un  feul  &  même  Juge- 
ment ,  &  dans  ce  cas  ils  peuvent  or** 
donner  l'exécution  provifoire  de 
leur  Sentence  en  cas  d'appel,  en 
donnant  caution  lorfqu'il  échoit  de 
juger  par  provifion. 

Les  Jugemens  rendus  par  les  Ju- 
ges font  ou  paffis  en  force  de  chofe 
Jngee ,  ou  ils  font  attaqués  par  la 
voie  de  TappeL 

Les  Sentences  Se  Jugemens  pafîés 
en  foras  de /chofc  jugée ,  font  ceux.qui 
ont  été  rendus  eu  dernier  refibrt^ 
&  dont  il  n'y  a  point  d'appel ,  ou 
dont  rappel  n'efl:  pas  rccevable  » 
foit  que  les  parties  y  ayent  formeU 
lement  acquiefcé ,  ou  qu'elles  n'en 
ayent  point  interjeté  appel  dans  le 
temps  marqué  par  l'ordonnance ,  ou 
que  l'appel  ait  été  déclaré  péri. 

Lorîqu'il  s'agit  de  mettre  à  exé- 
cution un  Arrêt  hors  de  l'étendue 
du  leiTort  du  Parlement  qui  l'a  ren- 
du ^ .  on  peut  obtenir  un  pareatis  du 
5;rand  iceau  en  vertu  duquel  on  peut  » 
aps  demander  permiflion  à  aucun 
Juge ,  mettre  cet  Arrêt  â  exécution 
en  quelque  lieu  que  ce  foit  ,  ou 
obtenir  un  vareads  de  la  Chancelle- 
rie du  Parlement  dans  l'étendue  du- 
guel  il  doit  être  exécuté ,  que  le» 
rardes  des  feeaux  font  tenus  de 
fcelles  â  peine  d'interdiâiion  ,  fans 
entrer  en  connoifTance  de  caufe  ;  ou 
bien  on  peut  au  lieu  de  pareatis ,. 

f>rendre  une  permiflion  du  Juge^des 
ieux  où  l'Arrêt  doit  être  mis  à  exé- 
.  cution.^ 

Si  une  partie  a  été  condamnée  par 
Arrêt  ou  Jugement  paffe  en  force 
de  chofe  jugée ,  à  délaifTer  la  pof- 
ftflSon  d'un  héritage ,  elle  efl:  tenue 
.de  le  faire  dans  la  quinzaine  après 
la  figniftcarion  de  l'Arrêt  ou  Juge - 
.naen&y  faire  à  per£;)nne  ou  à  domi» 


15^  JUG 

cile ,  i  peine  de  deux  cens  Uvres 
d  amende  ,  &c.  &  faute  par  elle  de 
le  faire ,  elle  peur  y  être  condamnée 
par  corps. 

Ec  fi  cerce  condamnation  n'a  été 

f prononcée  contre  la  partie,  qu'en 
ui  rembourfant  quelques  fommes , 
efpèces,  impenfes  ou  améliorations, 
elle  ne  peut  erre  contrainte  à  quitter  i 
rhéritage  qu'après  avoir  été  rem- 
bourféç ,  &  â  cet  effet  elle  eft  renue 
de  faire  liquider  les  efpèces,  im- 
penfes ou  améliorations  ,  dans  un 
délai  qui  doit  lui  être  donné  par 
l'Arrct  ou  Jugement  »  finon  l'autre 
partie  doit  être  mife  en  pofTeffion 
des  lieux  ,  en  donnant  caution  de 
payer  ces  fommes  ,  impenfes ,  &c. 
nprès  qu'elles  auront  été  liquidées. 

L'article  7  du  titre  27  de  l'ordon- 
nance de  1 66y  porte  :  <<  Que  le  pro- 
M  ces  fera  fair  extraordinairement  â 
»  ceux  qui  par  violence  ou  voie  de 
P>  fait  empêcheront  l'exécution  des 
M  Arrêts  ou  Jugemens ,  &  qu'ils  doi- 
»  vent  en  outre  être  condamnés  en 
9»  200 livres  d'amende,  êç  aux  dé- 
»9  pens  Se  intérêts  des  patties.  *» 

Quand  il  y  a  plufieurs  Juges  qui 
afliftent  au  Jugement ,  il  doit  être 
formé  â  la  pluralité  des  voix  :  en  cas 
d'égalité  il  y  a  partage  ]  6c  fi  ç'eft  en 
matière  criminelle  ,  il  faut  deux 
voix  de  plus  pour  départager  :  quand 
il  n'y  en  a  qu'une ,  le  Jugenaent 
pafie  à  l'avis  le  plus  doux. 

On  diftingue  deux  parties  dans  un 
Jugement  d'audience ,  les  qualités 
tfcTe  difpofitif. 

Les  Jugemens  fur  procès  par  écrit, 
outre  ces  qualités ,  ont  çnpôre  le  vu 
;ivant  le  difpoficif. 

Le  Juge  doit  rendre  fon  Juge- 
pienr  fur  ce  qui  a  fait  l'objet  de  la 
jponteftation  entre  les  parties* 

Il  4piF  pïoRoqcçi:  (iir  çpu^çç.lçs 


>, 


JUG 

demandes  des  parties  ;  mais  quand 
il  y  a  plufieurs  chefs  de  demande  , 
il  peut  juger  diflSinitivement  quel- 

Îues-uns  de  ces  chefs ,  &  rendre  un 
ugement  interlocutoire  à  Tégard 
des  autres. 

Il  ne  doit  point  adjuger  aux  par* 
ties  plus  qu'elles  n'ont  demandé. 

Les  Jugemens  doivent  être  clairs» 
cisrtains  &  précis ,  de  manière  qu'il 
ne  puifie  y  avoir  aucune  ambiguïté 
ni  incertitude.   ' 

Quand  un  Jugement  eft  une  fois 
rendu  ,  il  n'eft  plus  permis  de  le 
changer ,  fi  ce  n'eft  fur  le  champ  « 
&  avant  que  ce  Jugement  ait  été  ar^ 
rêté  &  figné. 

On  appelle  Jugement  arbitral ^  ce* 
lui  qui  eft  rendu  par  des  arbitres } 
Se  prernicr  Jugeme(it ,  celui  qui  eft 
rendu  par  le  premier  Juge  ,  c'eft-à- 
dire ,  devant  lequel  l'affaire  a  été 
portée  en  première  inftance  •  Et  Ju^r 
gementde  mort^  celui  qui  condamne 
•  â  mort  un  criminel. 

En  Théologie  on  appelle  Jugement 
doSrinaiy  une  décifion  qijfi  a  été  ren-^ 
due  par  des  perfonnes  qui  n'ont 
point  une  autorité  fufEfante  pour 
prononcer  un  jugement  juridique  , 
définitif  ou  déciiu.  Les  Doâeurs  Se 
les  Théologiens  ne  peuvent  porter 
que  des  Jugemens  doârinaux  furies 
queftions  qui  leur  font  propofées. 
Le  Pape  feul  &  les  Évcques  ont 
reçu  de  Dieu ,  le  droit  de  rendre  de% 
Jugemens  décififs  en  matière  ecclé- 
fiaftique  &  rhéologique. 

On  a  appelé  Jugement  de  la  croix  ^ 
une  de  ces  épreuves  que  l'on  faifoit 
anciennement,  dans  l'efpérance  de 
découvrir  la  vérité»  Ce  Jugement 
confiftoit  ï  donner  gain  de  caufe  à 
celle  des  deux  parties  qui  tenoit  le 
plus  long-temps  fes  bras  élevés  en 
croix.  Et  l'on  appeloit  Jugement  de 
J3içt(,  I  les  épreuves  oui  fe  faifoieni^ 


l 


JUG 

n  r^aa  bouillante  &  autres  fem- 1 
iabtes  ^  dont  Tafage  a  duré  jufqu'à 
Charlemagne. 

On  donnoic  aufli  le  même  nom  i 
Tcpreuve  qui  fe  faifoit  par  le  duel  j 
donc  i'ufage  ne  fut  aboli  que  par 
Henri  IL 

Le  nom  de  Jugement  de  Z)iett,que 
1  on  donnoit  â  ces  différentes  épreu- 
ves, vient  de  ce  que  Ton  étoit  alors 
perÂiadé  que  le  oon  ou  le  mauvais 
luccès  que  l'on  avoir  dans  ces  fortes 
d'épreuves  ,  éroit  un  Jugement  de 
Dieuyqm  fe  déclaroit  toujours  pour 
l'innocent. 

On  dit  encore  ,  les  jugemens  de 
Dieu  i  pour  dire  ,  les  décrets  de  fa 
jullice.  Ce  ferait  une  grande  témérité 
de  vouloir  approfondir  les  jugemens 
de  Dieu,  Un  jujle  jugement  de  Dieu. 
On  dit  aufli ,  le  jugement  ;   pour 
dire  ,  le  Jugement  dernier  auquel 
Dieu  jugera  les  vivans  Se  les  morts. 
JL'Écrirure  nous  indique  les  (ignés 
précédens ,  les   circonftances  ,  les 
luires  ôc  les  effets  de  ce  Jugement. 
i^.  Lésines  précédens  {ont  h  pté' 
dication  de  l'évangile  annoncé  par 
toute  la  terre ,  Tapoftafie  d'utie  infi- 
nité de  Chrétiens  féduits  par  TÂnte- 
Chrift  ,  la  venue  du  Prophète  Elie  » 
la  converfion  des  Juifs. 

2**.  Les  circonftances  prochaines  , 
le  foleil  obfcurci  ^  la  lune  teinte  de 
couleur  de  fang^  l^s  étoiles  déta- 
chées de  la  voûte  des  Cieux ,  les 
Vertus  céleftes  ébranlées  y  le  Fils  de 
rHomme  revêtu  de  puilTance  &  de 
jDajefté  porté  fur  les  nues ,  &  def- 
cendanc  fur  la  rerre  pour  juger  les 
vivans  &  les  morts.  Par  les  vivans 
on  doit  entendre  ceux  qui  étant  en*| 
core  en  vie  lors  du  Jugement,  mc^ur- 
ront  pour  reflufciter  auflîtôc ,  &  être 
jugés.  Alors  le  Fils  de  l'Homme 
paroîtra  aflis  fur  le  Trône  de  fa  Ma- 
jeilé.  Toutes  les  Nations  comparoî- 
Tome  Xr. 


JUG  153 

tronr  i  ion  TribunaL  Les  Apôtres 
félon  la  promeflê  de  Jéfus-Ckrift , 
jugeront  avec  lui  les  Tribus  dlfraël. 
Les  aâions  de  rous  les  hommes  fe- 
ront examinées  au  poids  du  Sanc« 
tuaire.  Chacun  recevra  la  récom* 
penfe  de  fes  bonnes  ou  mauvaifes 
aâions. 

5^«  Les  faites  &  les  effets^  Les 
bons  feronr  iéparés  des  méchiins. 
Les  premiers  enrreront  dans  le 
Royaume  de  gloire  &  de  félicité  » 

3ui  leur  a  été  préparé  dès  la  création 
u  monde.  Les  autres  feront  ptéci- 
pi  tés  dans  un  feu  éternel.  L'embra- 
ieœent  du  monde  fuivr a  ;  &  dans 
le  bruit  d  une  effroyable  rempète  , 
dit  l'Apotre  Sainr  Pierre ,  les  cieux 
paiFeront  ,  les  élémens  fe  diflbu* 
dtont ,  la  terre  avec  tout  ce  qu'elle 
contient  fera  confumée  parle  feu  » 
&  le  monde  reprendra  une  face 
toute  nouvelle. 

Ce  fujet  terrible  a  été  traité  par 
pliifieurs  Peintres ,  dont  les  ouvra- 
ges ont  pour  cette  raifon  été  appelés 
le  jugement  ou  le  jugement  dernier,  ou 
le  jugement  univerfeL  Le  premier  qui 
ait  couru  cette  carrière  ,  eft  André 
Orgagna  né  à  Florence  enij  19  .Doué 
d'une  imagination  vive  5:d *unegran« 
de  fécondité  pour  Texprefllon,  il  ofa 
peindre  dans  la  Cathédrale  de  Pife 
le  jugement  univerfel  »  aulH  forte- 
ment que  (Ingulièrement.  D'un  côté 
fon  tableau  repréfentoit  les  Grands 
de  la  terre  plongés  dans  le' trouble 
des  plaiûrs  du  (îècle  }  d'un  autre 
côté  régnoit  une  folitude  où  S.  Ma- 
gloire  fait  voir  à  trois  Rois  qui  fonr 
a  la  chafTe  avec  leurs  maîtreues  >  les 
cadavres  de  trois  autres  Princes^  ce 
que  l'Ârtiflie  exprima  fi  bien  ,  que 
l'étonnement  des  Rois  qui  alloient 
chaûTant ,  étoit  marqué  fur  leur  vifa- 
ge.  U  y  en  avoit  un  qui  en  s'écar- 
tant  fe  bouchoit  le  nez ,  pour  ne  pas 

V 


iij-4  TV  G' 

fentit  la  puantear  de  ces  corps  i  de- 
«li-poarris.  Au  milieu  da  tableau 
Orgagna  peignit  la  more  avec  fa 
fauTx  »  qui  ^onchoit  lacerre  de  gens 
de  roue  agez&.deeoatrang^,  de  1-un 
&  de  Tautre  fcM ,  qu  elle  ctcndoit 
ifnpitoyablement.  à  fes  pieds.  Au 
haut  du  tableau  paroiffbit  J^fi^f" 
Chrifi  auimitieu  de  fes^douise  Apô- 
tres affis  fur  des  nuages  tout  en  feu  ; 
mais  TAftifte  a  voit  principalennent 
affeâé  de  repréfenter  d'une  manière 
reflemblante ,  fes  intimes  amis  dans 


JîUG 

porté  pat  fon  asèle  mît  i  mort-  o» 
Ifraélite.  c^\  vouloit.  factifict  aux 
faux.  Dieux. . 

Les.  inconvAiiens.  de  cette,  forte; 
de  jugement  de  zèle,  (but  fenfibles.. 
Une. multitude  inconfidéiie,  unlf- 
raclîte  outré ,  un  fanatique  fe  croira, 
permis  de  faire  périr  un  homme, 
qu'il  imaginera  contraire  aux  inté- 
rêts de  Dieu&  de  la  Religion.  Les. 
exemples  nTcn  font  qiie.tropfréqjiens^ 
dans  rhiftoîre*. 
XuGBMENT,  fe  prend  auffi  pour  avis , 


«(Temblyte.  fes  intimes  «msdan^^   -  fc^^^ent..  opinion.  llfondoU  fon. 
Ugloiceda Paradis, &par«Uement        -^  j-^^„  ^  y,^  lui  ««^ç, 

f«s  Muiemis  dans  les  nammes  de  L    j,o.         j  » 

l'jEnfer. .  Ott-  a  prétendu  qu'en  ceci        '*"'* 


il  avoir  imitét  bien  des-  gens  q^î  ne 
font  pas  Peintres* 

Jugement  parricufier  Ce  dit  de  ce- 
lui par  lequel  Dieu  Juge  les^ames 
aufllitôt  après  la  mort. 

Chez  les  Juifs  on  appeire  Jiége- 
mencdeièle,  le. droit  patlequel  leurs 
Doâeurs  prétendent  que  dans  cer- 
taines circonftances  où  Ton  voit  un 
Juif  c^u!  bleflfe'  l'honneur  de  Dieu, 
qui  viole  ipopunément  h  loi  >.Qui 
biafphèfne  contre  Dieu ,  contre  ton 
Têmpfe ,  ou  contrc.fon  Légiflâteur  ; 
ou.  même  lor (qu'on  voit  un  Païen 

3 ai  veut^engager  le  peuple  dans  le 
éfdrdre  y  dans,  ridôlâtrie  ,  dans  le 
YÎolemenr  dès  lois  du  Seigneur  ,  on 
peut  impunément  lé  mettre  à  moi^t, 
te  fans  autre  forme  dé  jûftice ,  s'a- 
bandonner i  fon  zèle,  &  otec-ce 


JUGEMENT ,  fignific  encore  Papproba^ 
;     tionou  condamnation  de  quelque, 
aâton  moraleiK,5i  vott*  condamneifa  : 
conduite^  défi  en  faire. un  mauvais 
jfigement ,  cefi  en  faire  m  jugement 
téméraire ,  m  jugement  favorable. 
Jugement  ,  fignifie  au0i  la  faculté  de 
l'ame  qw  juge  des  chofes. .  ^oir  U- 
jugement  fain.Cefikua  homme  qui 
il  a  point  de  jugement *^Eiùs. ne  manr 
qu£  pas.  de  jugement.  Il  faut x  quH 
foUMenMpourvuÂi  jugement. 

Otïdit ,  qix  il  ny,  a,  ppi^t  de  juge-- 
menxMns  un  ouvrage  i,  pour  diire^ 
qu'il  n'eft  pas  fait  avec  jugements 

Foye[  Espwx.  &  Dmoernb*^ 
MENT ,  pour  les  différences  relati- 
ves qui  en  diftinguent  J.uo&k^NT  >, 

JUGER  î.  verbe  aûlf  de  là  première. 
coB^ugaifon  ,  lequel  fe  conjugue 


fcamlale  du. milieu  du  peuple.  Ils  j*    cQmme.CHANTEiu /u^<z'v* Rendre: 
fpndejit    cette   Jûrifprudçnce»  fur    ',    iajviftice.   VÉcriture  nous  enfeignc 
Vexemplô  de  Phinéès  fils  d'Êléazar ,  -     -  .    — 


qut^yant  vu  entrer  un  Ifr'aélite  dans 
U  tente  d'une  fil^e  prx^ftituée  de  Mé- 
dian ,  prir  un  javelot-*  lé  fu^vit  & 
tua  ces  deux  coupables ,  dans  le  mo« 
liietKqa'ih  commettoient  le  crime. 
Ils  citent  auffi  l'exemple  de^  M àtha- 
sÎM.  [>èrcLdes.Macabées  >^^ul  em-  ' 


quÀJafin  du  monde.  Dieu  jugera  Us , 
vivansSf  les  mofts.. 
jjUGEA  »  fignifie  plus- communément! 
décider  une  affaire,  un  différent  en  < 
Jttftice.  On  jugera  demain  fon  procès. 
Cefi  une  affaires  difUU^à  juger.  Us^ 
Préfidiaux  jugent  certaines  afaires^ 
ea  detnUr  re£ort.  On,  ne  doit  jugtn 


^tn  tonnoiffiuice  M  xauft. 

On  die ,  qvL^une  affizire  ejl  prête  à 
ijifgtr^  c^n  état  de  juger;  pour  dire , 
«qu'elle  eft  en  étatc  d'être  oécidée* 

On  die  proverbialement  &  figuré- 
«ment  »  qu'i/  ntjautpa$  juger Jur  té- 
■tiqueite  du  fac ,  ou  umplement ,  fur 
i'étiquetùe  j  pofx  dite  j  que  fur  quel- 
*que  chofe  que  ce  foit,  il  ne  îaut 
pas  |ager  légèrement  &  fur  la  pre- 
<inièfe  apparence. 

On  dit  »  jvger  une pcrfonne  ;  pour 
dire  9  juger  ion  procès.  On  juge  de- 
main ces  prifonniers.  Dieu  juge  les 
Rois  comme  les  autres  hommes. 

Juger  >,  .fignilie  aufllî  dccidet  comme 
arbitre  9  >&  comme  étant  cboifi  pat 
ceux  qui  (ont  en  diiFérent.  Nous 
n'avons  qu'à  le  prendre  pour  nous 
juger*  Ils  l*ycnt  ^hoifi  jfour  juger  la 
difficulté. 

JuoER ,  figniiie  encore  décider  du  dé- 
faut ou  de  la  perfeâion  de  quelque 
chofe  9  êc  alors  il  fe  ^onftriût  cou- 
leurs »vec  la -particule  ^^^ou  un  équi- 
valent. Il  juge  bien  d'une  pièce  'de 
théâtre.  U  a  fort  mal  jugé  de  ce, 
tableau. 

Jvgfr  9  s'emploie  auffi  avec  la  même 
particule  pour  fignifier ,  décider  en 
oien  ou  en  mal  du  mérite  de  quel- 
qu'un »  de  iès  idées  «  de  fes  aâions. 
Chacun  juge  bien  de  ce  Miniflre.  On 
ne  doit  pas  légèrement  juger  mal  d'une 
perfonne.  Les  fujets  font  difpofés  à 
juger  favorablement  de  leur  Souve- 
rain» On  juge  mal  de/a  conduite. 

On  dit ,  juger  d'autrui  par  foi- 
'mime  ;  pour  dire ,  comprendre  par 
les  propres  feiitimens,  QV^ls  <ioi- 
vent  être  ceux  d^autrui  fur  la  ma- 
tière dont  il  eft  queftion.  On  ne  doit 
pas  toujours  juger  d^autrui  par  jfoi- 
même. 

Juger,  fignifieaufli,  faire  cifage  de 
fon jugement >  pour  dire  ou  pour! 
afsûrer  quelque  chofe.  hiffévention  \ 


empêche  la  plupart  des  homûies  Hejuj 

:ger  faùiement. 
Juger  ,  fe  dit  aufli  'des  fens.  L'ouie 

juge  des  fins  »  &  la  vue  des  couleurs. 
Juger  j  Signifie  aufli  conjeâurer.  <// 

■cioit  aije  de  juger  quil  perdroit  la 

> partie.  Ses  amis  jugèrent  qut  cette  en-^ 

treprife  le  ruineroit.  On  nefaU  qu'en 

juger. 

'On  dit  au  jeu  depaume^,  juger  la 
balle  ;  pour  -dire  ,  prévoir  où  la 
balle>tombera.  // a  in^/yi/^^Viz  balle. 
On  dit  aufli  figurément  &  fami^ 
hérement  i  juger  la  balles  pour  di« 
re.,  prévoir  quel  tour  «une  affaire' 
prendra. 

Juger  9  fignifie  aiiffi>,  croire  »  être 
d*a¥is9  d'opinion.  Je  juge  qu'il  n'en 
peut  rien  arriver  de  mal.  Quejuge-t^l 
queyous  devie^  faire  ?  Nousn'avionè 
pas  jugé  cette  démarche  nécejfaire. 

JuGBR ,  'fignifie  encore,  comprendre 
dans  fon  efprit ,  fe 'figurer  ,  s'ima-* 
giner.  Nous  jugeons  bien  que  vous  ne 
Jutes  pas  fâchée  de  le  rencontrer. 

La  première  fyllabe  eft  brève ,  8c 
\z  féconde  longue  ou  -brève.  Foyei^  • 
Verbe. 

Les  temps  on  perfonnes  qui  ft 
terminent  par  «n  e  fénrinin»  ont 
leur  pénultième  fyUabe  4ongue. 

JUGÈRE  ;  fubftantif  mafculin.  Juge^ 
tum.  Mefuretles  terres  chez  les  Ro^ 
mains.  Elle  défignoit  originaire-» 
ment  autant  de  terrain  qu'une  paire 
de  bœufs  attelés  pouvoir  en  labou- 
rer d'un  jour^  Dans  la  foite  elle  dé- 
£gna  deux  acres  carrés  dont  chacttn 

^    contenoit  *cenr-vrngt  pieds. 

JUG£RI£^  vieux  mot  qui  "fignifioit 
autrefois  Jnrididbion  d'un  Juge. 

jUGfiUR }  fubftantif  mafculin.  An- 
cien terme  de  Palais  »  par  lequel  on 
déiignoit  autrefois  des  Conieillers 
au  Parlement ,  *quiétoieiit  diftribués 
dans  les  Chambres  des  Enquêtes  » 
pour  7  juger  les  enqucre^ ,  c'^ft-à-- 

V  ii 


1^6  JUG 

dire ,  les  procès  pur  ^ciic  dont  la 
dccifion  dcpendoic  d'enquêtes  ou 
autres  preuves  liitécales.  Les  Con* 
ieillers  des  Enquccesctoient  de  deux 
fortes  ,  les  uos  Jugturs  ,  les  autres 
Rapporteurs.  Cette  diftinâton  fub- 
fifta  jufqu'à  TOrdonnaoce  du  lo 
.  Avril  I  }44,  qui  incorpora  Us  Rap- 
porteurs avec  les  Jugeurs. 

JUGNAC  ;  nom  propre  d*un  bourg 
.  de  France  >  daos  TAngoumois  ,  à 
.  fept  lieues  ,  fud-fud-eft ,  d'Angou- 
Icme. 

JIJCOLIM;  vûyeç  Sbsame. 

jyGON  ;  noin:  propre  d'une  petite 

ville  de  France  y  en  Bretagne  ,  fqr 

'  la  rivière  d'Arqoenon  ,   environ  â 

fept  lieues  »  fiul  -  eft ,  de  Saint- 

Brieux. 

JUGORA  ou  JuGoaia  ;  nom  d*une 
Province  de  Ruflie ,  qui  dépend  du 
.  Gouvernement  d' Arcnangel.  Elle  eft 
diviféç  en  deux  parties  par  le  cercle 
polaire.  Les  habitans  en  font  fau- 
vages ,  Se  reflemblent  beaucoup  ai|x 
Samoyèdes. 

jyGULAlRE^  adjeâifdes  cieuxgeD* 
res.  Jugularis.  Qui  appartient  à  la 

On  appelle  glandes  jugulaires  , 
un  corps  glanduleux  de  différent 
volume  »  mais  communément  de  la 
groHeur  d'im  haricot ,  qui  entoure 
la  gorge  &  le  cou«  Les  glandes  ju- 
gulaires fupérieures  font  les  plus 
molles  y  les  inférieures  ont  plus  de 
fermeté.   On  en  compte  quelque- 

.  fois  jufqu'à  quatorxeScpltts.Comme 
les  conduits  excréteurs  de  ces  glan- 
des ne  fonr  point  encore  découverts, 
on  n'en  fauroit  affigner  Tufage. 
Néanmoins  on  regarde  ces  glandes 
comme  lymphatiques  8c  Ton  croit 

^qu'elles  mêlent  leur  humeur. dans 
le  fang  qui  coule  par  les  veines  du 
cou. 

On  appelle  veines  juguliûres  »  des 


JUI 

veines  dont  le  tronc  fe  rencontre 
dansle  coo. 

On  diftingue  les  veines  jugulai- 
res en  internes  &  en  externes.  Cel- 
les-ci font  fimées  le  long  des  parties 
latérales  du  cou,  n'étant  couvertes 
que  de  la  peau,  de  la  grai({e  fie  des 
mufcles  peauciers.  Elles  reçoivent 
les  veines  qui  rapportent  le  fang 
de  la  face  ,  de  l'extérieur  du  crâne 
&  d'une  partie  du  cou.  La  plupart 
de  ces  veines  ont  des  noms  parti- 
culiers j  ou  pour  mieux  (tire ,,  por- 
tent les  mêmes  noms  que  les  artè^ 
res  qu  elles  accompagnent ,  fi  l'on 
en  excepte  la  préparate  qui  répond. 
à  l'artère  du  rronr.  Les  autres  vei- 
nes font  de  chaque  c&té ,  la  tem- 
porale ,  l'occipitale  ,  l'angulaire, 
la  maxillaire  externe  ,  la  maxil- 
laire interne  j  la  ranine  ou  ranule  » 

La  veine  jugulaire  inreme  eft  la 
féconde  branche  principale  qui  de 
chaque  fouclavière  monte  à  la  tète. 
Cette  veine  monte  près  de  l'artère 
carotide  interne  &  à  côté  de  la  tra- 
chée artère  i  laquelle  elle  donne  en 
pa({ànt  quelques  rameaux  ,  &  en^ 
luire  anffi  aux  mufcles  dtv  larinx  & 
à  ceux  de  l'os  hyoïde ,  i  la  langue  y 
aux  dents  &  â  quelques  autres  par- 
ties voifines  ,  tantôt  plus ,  tantôt 
moins ,  de  manière  cependant  que 
la  jugulaire  externe  remplace  ledé- 
faur  de  l'inrerne  &  réciproquement. 
Après  quoi  le  tronc  de  la  jugulaire 
interne  fe  divife  en  deux  branches, 
dont  la  plus  gro(!è  va  fe  rendre  aa 
finus  latéral  de  la  dure-mère ,  oa 

Plutôt  forme  ce  finus  même  ;  & 
autre  branche  qui  eft  la  plus  petite> 
donne  quelques  rameaux  i  la  glande 
pituitaire  &  va  fe  diftribuôr  à  la 
dure-mère. 
JUIF ,  IVË  ;  adje&if.  Q^i  appartient 
aux  Juifs  «  à  la  nation  Juive.  La  ïï€^ 


i: 


JUIFS  y  (lesj  ÇA  «  ainG  appelé  i^e- 
pnis  1^  capfivué  ck  Babyloniq ,  les 
IU)^Uc«is  qui  ÇD  rcviprçnc ,  parçe- 
qu'alo^s  Uk  Tnbi^  4<^  Juda  fe  troi^va 
nanreuktn^int  UpliispuilT^ij^xe^rodis 
rtlq^e  la  feule  <)uv  n^  âgure  d^ns 
e  piys ,  ^  qui  y  parue  avec  quel- 
que éclac  depuis  la  captivité  qui  eft 
lie  temps  où  ils  onc  commencé  i  ççre 
proprement  appelé3  J^i/s-  y  ils  fe 
muUiplicrenc  àc  fç  forti,(iàrenc  de 
telle  lorre  ,  quau  temps  de  nptre 
Seigneur  Se  quarante  ans  ?pcé$  lorf- 
qu'ils  déclarèrent  la. guerre  aqx  Ro- 
.  mains  »  ils  écoîent  une  des  pliis  puif- 
.    fanres  nations  de  1  Orient. 

Ils  s'appliquèrent  d  rétablir  le 
Temple  du  Seigneur  &  la  Ville 
.  Sainte  fous  Efdras  &  fous  Néhé- 
.  mie  t  eomosie  nous  le  voyons  dans 
les  livres  qui  portent  les  nom$  de 
<  ces  deux  pieux  perfonnages.  Depuis 
.  ce  temps  ils  eurent  plus  de  zèle 
•  pour  robfervance  de  leurs  lois  , 

{»lus  de  fidélité  à  la  pratique  .de 
eurs  devoirs  >  plus  d  eloignement 
de  ridolatrie  quiU  n'en  avoient  té- 
moigné auparavant. 

Les  Ifraélites  des  dix  Tribus  qui 

.  revinrent  de  la  captivité  en  difFé< 
rens  temps,  furent  confondus  avec 

.  ceux  de  Juda  &  portèrent  le  nom 
de  Juifs  ,peut-ctre  par  des  vues  de 

.  politique  ,  parceque  la  permidîon 
accordée  par  Cyrus  aia  captifs  Hé 
breox,  de  retourner  dans  leur  pays, 
ii*avoit  été  accordée  expreflcment 
qu'à  ceux  du  Royaume  de  Juda  ,ou 
parceque  tous  les  Hébreux  fe  trou- 
vant après  la  captivité  réunis  fous 
une  nrième  Monarchie  »  &  n*y  ayant 
plus  en  ce  fens  de  diftinâicn  entre 
Juda  &  Ifracltils  prirent  tous.  le 
norri  dejuda^  cornme  delà  plus  con- 
sidérable prtie  ,  &  de  celle  où  ré- 
ùdoït  U  Chef  4?  \^  religion ,  c  eft- 


JUI 


*)7 


'.  àr*due  yh  Grajad  Rtctiequi  den^eu-. 
roit  à  Jérufalem  «  &  le  Pcisce.du 

:  pay^.qui  étoi^  a)^^o^^s  de  h  Tribu 
de  Juda ,  fubordonné  au  GQMv^r-- 
oeiax  enyoyé  par  les  Rois  4e  Petfe, 
Sous  le  règne  de  ces  Rois  »  tls|oiii- 
cenc  d'une  grande  paix  &.  eurent  le 
loîfic  de  fe  rétablir  tranquUkt&enc 
daoa  leur  pays  ,  d'y  rebâtir  leurs 
villes  ,  &  d'y  cultiver  leurs  champs 

3ui  avoieot  ^c  fi  longtemps  aban^ 
onnés.Peijuiaficc^et  intervalle  cçux 
oui  étoienr  de^neur^s  au  -  delà  de 
1  £upluate.|  coujcureot  un  grand  daa« 
g«i:  a  caufe  de  Tan^bition  d'Aman 
6c  de  la  fermeré  de  Mardocbée  qui 
ne  put  fe  réfoudre  à  rendre  à  ce  fa- 
vori des  honneurs  qui  ne  lui  étoienc 
pas  dûs}  mais  Efther  eut  le  crédit 
de  faire  révoquer  Tédit  que  I^  Roi 
de  Pcrfè  *  avoir  rendu  contre  les 
Juifs  ,  &  Mardochée  fut  élevé  au 
rang  qu'Aman  occupoit  dans  1  état 
&  à  la  Cour  :  les  Juifs  fe  vangèrent 
alors  de  leurs  ennemis  &  devinrent 
terribles  à  ceux  qui  les  avoient  mé- 
prifés. 

Lorfqu'Alexandre  le  Grand  en- 
treprit la  guerre  contre  Darius  Co- 
domanus  ,  dernier  Roi  des  Perfes» 
les  Juifs  demeurèrent  fidelleoiienc 
attachés  à  Darius  qui  étoit  leur  lé* 
gipime  Souveraiti ,  fc  refusèrent  à 
Alexandre  les  fecours  qu'il  leur  de- 
mandoit  pour  le  fiége  deTyr  au*^ 
quel  il  étoit  occupé.  Ce  Prince  ré- 
folut  de  fe  venger  de  leur  refus 
&  après  qu'il  eut  pris  la  ville  il 
marcha  contre  Jérulalem  ^  mais  le 
Grand  Pierre  étant  allé  au-devant 
de  lui  à  la  tC  te  de  tout  (on  Clergé 
&  de  tout  le  peuple ,  Alexandre  le 
reçut  avec  refpc^, combla  degiâces 
les  Juifs ,  &  leur  accorda  l'exemp- 
tion de  tributs  pour  toutes  les  fep 
tînmes  annçes  ;  faveur  qu'il   ne 


158  JUÏ 

.voulut  pas  accorder  aax  Samari- 
uitis. 

Depuis  la  more  d'Alexandre  le 
«Granq  «  'les  Juifs  furent  fujets  -tan- 

•  tôt  auic  Rois  d'Ègypce  &  tant^  â 
ceux  de  Syrie  ^  félon  que  ces  Prin- 
ces croient  plus  ou  moins  puilTans, 

'  j&  qu'ils  pouflfoient  plus  ou  moins 
ieurs  conquêtes  .les  uns  conae  -les 
/ftutrjss. 

Sous  Ptelémîe  Philopator  »  Roi 
d*Ëeypte  ,  ils  fouffrirent  une  rude 
perKcution  dans  fes  États  :  ce  Pan- 
ce  voulut  le^  faire  ^crafet  fous  les 
I^ieds  de  fes  éléphans  1  mais  Dieu 
es  «rancit  de  ce  péril  par  un  effet 
^e  la  prote^on  mirflcul)su&< 

La  divi^op  <*écant  mife  pai:mi 
leurs  Prêtres  ,  &  Jafon  ayapt  acheté 
h  foiivçraine  facriiicat;ure  auprès  du 
Roi  ^nciochus  Êpiphfines  ,  ce  Prin- 
ce en  prit  occafîpn  de  p^rfécuter.les 
Juifs  ,  ^  ei^trepcit  de  leur  faire 
.^bandonn^r  leur  religion  pour  em- 
braffer  celle  de?  Gr/ecs  :  îl  rfjr  put 
point  de  tourmens  qd*il  ne  leur  fît 
«fouffrirpocir  vaincreleur  conftance: 
^1  trouva  une  réfiftance  inflexible 
dans  les  MAC.abé.e$  &  dans  un  grand 
'  «lombre  de  bonslfraélites  qi|i  le joi- 
;gmrenc  â  puic ,  8c  qui  par  des  prodi* 
^es  de  valeur  foutinrent  la  vraie 
religion  &  rendirent  enfin  la  liberté 
à  leur    pays.  Les  Afmonéens  ou 
Macabées ,  après  avoir  eixexcé  pen- 
dant quelque  temps  la  fouveraine 
facrtfic;iture  fous  1  empire  des  ^ois 
de  Syrie  ,  fe  tirèrent  enfin  de  leur 
dépendance  j  &  joignirent  la  Prin- 
.cipauté  ou  la  $Quverainejcé  tempo- 
relle d  la  dignité  du  Sacerdoce.  Ce 
fut  Hircan  qui  fecoua  emièremenc 
le  joug  des  Syriens^  mais  ce  fut 
Ariftobttle  fon  fils  &  fon  fc^cceflèur 
qui  le  premi^  prit  le  titre  de  Roi. 
%t  Royaume  demeura  dans  fa  fa- 


îtJÏ 

mille  jufqu  au  temps  d*Hérodè»  fib 
d'Antipacer ,  Iduméen. 

Il  y  eut  toutefois  quelque  incec* 
cupcion;  car  Gabinius^  Gouverneur 
de  Syrie  ,  étant  entré  en  Judée âla 
-tète  d'une  paillante  armée  ,  peu  do 
temps  après  que  Ponipée  en  tutfor- 
ti«  réduifit  à  robéiUance  Alexan- 
tire ,  fils  aîné  d'Aciftobule  qui  s-é- 
toit  fauve  d'enrre  les  mains  de  Pom- 
pée ,'rérablit  Hircan  dans  la  erando 
^acrificacure  &  changea  prelqa'en* 
tièrement  Tétat  civiUla  pays }  -de 
Monarchique  qu'il  -étoit  il  le  xendk 
ariftocratique^  y  fupprima  le  titre 
de  Roi .  6c  au  lieu  du  grand  San- 
hédrin &  des  tribunaux  ordioaif es 
qui  rendaient  la  ^uftice  dansjéru- 
ialem  de  dans  lies  autres  villes ,  U 
établie  cinq  différentes  Cou»  dans 
4a  Judée  ,  dont  chacune  étoît  in*- 
dépendante  des  autres  ,  &  exei^oit 
tarte  fouveraine  autorité  dans  fon 
reffort.  La  première  fut  mife  i  |é- 
f  ufalem ,  k  féconde  i  Jérico  »  ht 
troifième  à<Sadara  ,  rla  quatrième  i 
Amathur^  &  la  cinquième  â  Sépho- 
ris.  Tout  4e  pays  fat  partage  ^ea 
cinqprovinces  ou  départemens  ^  Se 
chaque  province  fut  obligée  de  re- 
courir i  la  juftice  de  l'une  des  Court 
qui  lui  étoit  affignée  »  &  où  les 
affaires  fe   terminoijsnc  fans  ap- 
pel. 

Quelques  années  apcès  Jules  Cé- 
far  étant  venu  de  l'Egypte  dans  la 
Paleftine  pour  fe  rendre  en  Syrie  » 
Andgone  ^  fils  d'Ariftobule ,  der- 
nier Roi  des  Juifs  ,  vint  fe  jeter  i 
fes  pieds  &  lévrier  de  le  récaldir 
dans  la  Principauté  de  fon  père ,  fe 
plaignant  en  même  temps  a  Hircan 
Qc  d'Anripater  j  mais  ce  dernier  i 
quiCéfar  avoir  de  tcès-jgrandcs  oblU 
gâtions  i  caufe  de$  Services  qu*il 
fui  avoir  rendus  pendant  la  «erre 
4'Égypte  ,  fut  fi  bien  juftî&er  (a 


rur 

«>ii(lmce  ic  celle  d'Hircan  »  <}U*il 
renvoya  Ancigone  comme  un  tur^- 
balenc  6c'  un  fédîtieux  ,  ordonna 
m'Hircan  g^rderoit  la  fouveraine 
Sacrificature  &  la  Principauté  de 
.  Judée  y  Se  donna  en  même  temps 
i.  Ancipater  la.  charge  de  Procura- 
teur de  la  ludée  fous  Hircan.  L'a- 
riftocratie  établie  par  GabiniuSjFut 
abolie  &  le  Gouvernement  rétabli 
fur  le  même  pied  qa'îLétoil  aupa- 
savant. 

A  ntigone  ^fils  d*Ar  iftobule,  ayant 
donné  de  grolTes  fommes  auxPar- 
thes  afin  qu'ils- lui  aidalTent  à  aK>n- 
ter  fur  le  rrone  de  &5  pères ,  trou* 
Ta  moyen  de  diffiper  les  forces 
d'Hircan  qaHérodes  &«  fes  frères 
foutenoient  y,  puis  Hérodes  s'étant 
retiré  en  Italie  ^  Antigone  prit  Hir- 
can y  lui  fit  couper  les  oreilles  ^  pour 
le  rendre  déformais4ncapable  de  la 
grande  Sacrificature  yle  livra  aux 
Bar  thés  qui  l'emmenèrent  dans  leur 
pays  ,  &  s'empara  ainfi^  du  Sa- 
cerdoce &.  de  l^  Principauté,  des 
Jxiifs. 

Mais  Heroder  étant  arriva  â-Ro- 
me  &•  ayant  expofé  d  Antoine  l'état 
des  affaires  de  la  Judée ,  Antoine 
conjointement  avec  Oâavien  fur- 
nommé  defuis^Augu/Icy  lui  firent 
donner  la  Couronne,  de  Judée  qu'il 
pofréda-jufqa'à  famort&  qu'il  iranf- 
jnic  à  fes  en  fans*. 

Après  lav mort  de  ce  Prince  ^.fon 
Royaume  fut  patugé  entrefcs-fils. 
Atchélaiis  eut  la.  Judée  »..  Tldumée 
&  la  Samarie^  .Hérodes  Anripas^eut 
la  Galilée  &'la  Perée  ^.Philippe. eut 
i*Auranite  &  la  Trachoniie  9.Paneas 
&  la  Batanée  ^  .Archélaiis  ne  régna 

3ae  dix^ans  en  Jjadée».ll  fut  accufé 
evant  Augufte  par  les -Juifs  &  les 
Satmaritains,  &  n'ayant  pu fejiifti- 
6er  ,  il  fut  relégué  à  Vienne  dans 
lés  .Gaules  ^&  ^la  Judée,  fut  réduite 


JUI  ij^ 

en  province.  Elle  étoit  en  cet  état  a 
la  mort  du  Sauveur. 

Les  Juifs  eurent  des  Gouver* 
Aeurs  romains  depuis  ce  temps  j,uf"^ 
qu'à  la  ruine  de  Jérufalem.  Après- 
la  ruine  de  Jérufalem  9  la  Judée  fut 
compriie  fous  le  goavernemenrdet^ 
Préudens  de  Syrie  ,  &  les  Juifs  fi- 
rent encore  un  peuple  â  part  &. de*' 
meurèrent-dans  leur  pays  afTujettis^ 
aux  Romains  fufqu'au^  règi>e  d'A- 
drien :  alors  ils  fe  révoltèrent  &  fi-*^ 
sent  la. guerre  aux  Romains  ;  la  plu- 
part Y  périrent  miférablement  »  8C 
leur  Nation  fut-  entièrement  dif- 
perfée. . 

Depuis  ce  temps  les  Juifs  ontété^r 
Fédui(%  i  courir  de  terres  en  ter--^ 
res  ,.de  tners  en  mers  pour  gagper*" 
leur  vie.  Partout  déclarés  incapables- 
de  polféderdes  biens- fonds,  oiv.ne^ 
leu^alaitTéde  redburces^  pour  fiib-- 
fifter  ,  que   le  commerce  ,  ;  profef- 
fîon  long-temps  mépriiiée  par  la  plu* 
part  des  peuples  de  l'Europe  ^  .c'eft  ' 
pourquoi  on  la  leur  abàtKiomia  dans- 
les  fiècles  barbares:;  .&  comme  ils« 
s^-y  enrichirent. néce(raipemeM,.on' 
les  traita  d'infan>es  ufuriers.  LeS' 
Rois  ne  pouvant- fouiller  dan&  Ia^« 
bourfe  de  leurs  fujets  »  mirera  i  la^ 
torsuce  les  Juifs  qu'ils- ne  regar-- 
doient  pas  <;omme  des  citoyens^Ce^ 
qui  fe  paflfa  en  Angleterre  à  leuc^ 
cgaid  y  peut  donner  une  idée  de  ce  * 
qu'on  exécuta  contre  eux  «  dans  les  ' 
autres  pays.  Le  Roi  Jear»  ayant  be-»* 
ùÀn  d'argent'»  fit  empriftoner- les> 
riches  Juiisde  fan  Royaume  pourr 
en  extorquer  de- te» Fs  maios^  il  y/ 
en  eut  peu  qui échapèreru aux  pour-* 
fuites  de  fa  Chambre  de  Juftice..Un* 
d'eux  à  qui  on  arracha  (èpt  dents  l'u^ 
ne  après  l'autre,  donna  mille  marcs ^^^ 
d'argent  à  la  huitième»  Henri  '  IIIl 
tira  d'Aaron,  Juif  d'Yorck  ,  quatre?; 
mille  marcs  d  arg^ju  &  deux  miil*; 


ji 


VC6  3Vl 

pour  la  Reine.  Il  vendit  les  autres 
Juifs  de  fon  pays  à  Richard  fon 
frère,pour  an  cet  tain  nombre  d'an- 
nées, ut  quos  Rex  txcoriavtrats  cornes 
evifctraret .  dit  Mathieu  Paris. 

On  n  oublia  pas  xl'empbyet  en 
France  tes  mêmes  craitemens  con- 
tre les  Jaifs  j  ^^  l^*  mettoic  en  pri- 
fon  ,  on  les  jpilloit ,  on  les  vendoit, 
on  les  accploïr  de  magie  ,  de  Sa- 
crifier des  enfans ,  d'empoifonner 
les  fontaines  \  on  les  chaffoit  du 
Royaume  ,  on  les  y  laUFoi^t  rentrer 
pour  de  l'argent  \  &  dans  le  temps 
même  qu'on  les  toléroit  ,  on  les 
diftinguoit  des  autres  habitans  par 
des  marques  infamantes. 

Il  y  a  plus ,  la  coutunte  s'intro- 
dnifit  dans  ce  Royaume  ,  de  con- 
fifquer  tous  les  biens  des  Juifs  qui 
cmbraflToient  le  Chriftianifme.  Cet- 
te coutume  fi  bizarre ,  nous  la  fa- 
vons  par  la  loi  qui  l'abroge  ;  c'eft 
l'édic  dn  Roi  donné  à  Bafville  le  4 
Avril  1 J91*  La  vraie raifon  de  cette 
confifcation  que  l'auteur  de  Vejprit 
des  lois  à  Cl  bien  développée,  étoit 
une  efpcce  de  droit  d'amortiflement 
pour  le  Prince  ou  pour  ks  Seigneurs 
des  taxes  qu'ils  levoient  fui  les  Juifs 
comme  ferfs'main-mortables  aux- 
quels ils  fuccédoient.  Or  ils  étoient 
privés  de  ce  bénéfice  lorfque  ceux- 
ci  embralToient  le  Chriftianifme. 

En  un  mot  on  ne  peut  dire  com- 
bien en  tout  lieu  on  s*eft  joué  de 
cette  nation  d'un  fiècieà  l'autre.  On 
a  confîfqué  leurs  biens  lorfqu'ils  re- 
cevoient  le  Chriftianifme  ;  Se  bien- 
tôt èiprès  on  les  a  fait  brûler  lorf- 
qu  ib  ne  vouloient  pas  le  rece- 
voir. 

Enfin  profcrits  fans  ccfle  de  cha- 
que pays  ,  ils  trouvèrent  ingénieu- 
lement  le  moyen  de  fauver  leurs 
fortunes  &  de  rendre  pour  jamais 
leurs  retraites  afliirées.  Bannis  de 


ftancd  ions  i^hilippe  le  Long  « 
IJ18,  ils  £(  réfugièrent  en  Lom- 
bard le^  y  donner  tnt  aux  négocians 
des  lettres  fur  ceux  à  qeri  ils  avoienc 
confié  le«r$  effets  en  partant  »  & 
ces  lettres  Rirent  atqoitées.  L'in- 
vention admirable  des  lettres  de 
chaifyg^  ibrtit  du  fein  dudéfefpoirj 
&  pour  lors  feulement  le  commerce 
put  éluder  la  violence  &  fe  mainte- 
nir par  tour  le  monde. 

Depuis  ce  temps-là  les  Princes 
ont  ouvert  les  yeux  fur  leurs  pro- 
pres intérêts  &  ont  rraité  les  Juifs 
avec  plus  de  modération 

Us  font«  apjonrd'hui  tolérés  en 
France,  dans  la  ville  de  Metz  &  dans 
la  province  d'Alface. 

Religion  des  Juifs  ,  lois ,  mœurs  , 
&c.  Sous  les  Patriarches  ils  fuivi- 
rent  la  religion  naturelle  y  éloignés 
de  l'idolâtrie  &  des  crimes  qui  font 
des  fuites  de  l'athéifme  ou  du  culte 
fuperftitieux  des  faux  Dieux  :  ob- 
fervant  la  circoncifion  qui  étoit  le 
fceau  de  l'alliance  que  Dieu  avoic 
faite  avec  Abraham  ,  &  les  lois  que 
la  raifon  aidée  des  lumières*  de  la 
grâce  &  de  la  foi ,  découvre  à  ceux 
qui  ont  le  cœur  droit  &  qui  cher- 
chent férieufement  Dieu,  fa  juftice 
&  fa  vérité ,  vivant  dans   l'attente 
du  Medie  ,  du  défiré  des  Nations 
qui  devoir  accomplir  leurs  efpéran- 
ces  &  leurs  defirs  j  &  les  combler 
de  fes  lumières  &  de  fes  bénédic- 
tions :  telle  étoit  la  religion  d'A* 
braham ,  dlfaac  ,  de  Jacoo  ,  de  Ju-> 
da ,  de  Jofeph  &  des  autres  Patriar- 
ches qui  confervent  dans  leurs  fa« 
milles  le  culte  du  Seigneur  &  la  tra- 
dition delà  vraie  religion. 

Depuis  Moyfe  la  religion  des 
Juifs  rut  plus  fixe  &  plus  détaillée. 
Le  droit  &  la  religion  naturelle  fu* 
rent  mieux  éclaircis.  Auparavant 
chacun  honoroit  Dieu  fuivant  le 

penchanr 


JUI 

peRohâiic  defôn  coMir  &  la  manière 
<}u'il  jugeait  à  propos.  Depuis Moyfe 
les  cérémonies ,  les  jours,  les  fèces , 
les  Prêtres,  les  vidimes ,  furent 
déterminés  avec  beaucoup  de  pré- 
ciiion.  Ce  légiflateur  marqua  juf- 
qu'à  rage»  le  fe^e  &  la  couleur  du 
poil  de  certaines  hofties  :  il  en  fixa 
le  .nombre ,  les  qualités ,  la  nature, 
à  quelle  heure  ,  par  qui ,  pourquoi 
ic  dans  quelles  occaHons  on  les  de- 
voir offrir.  11  régla  la  Tribu  ,  la  fa* 
mille ,  les  qualités  corporelles  ,  l'ha- 
bit ,  Tordre  «  le  rang ,  les  fondions 
des  Prêtres  ic  des  Lévites,  Il  fpéci- 
fia  les  mefures  ,  les  métaux  ,  les 
laines  qui  dévoient  compofer  le  Ta- 
bernacle ou  le  Temple  portatif  du 
Seigneur  -y  les  dimentions  ,  le  mé- 
tal ôc  la  figure  de  l'Autel  Se  de  fes 
uftenfiles  y  en  un  mot  il  n*omit  rien 
de  ce  qui  conceriK>it  le  culte  du 
Seigneur ,  qui  eft  le  premier  &  le 
principal  ,  6c  pour  mieux  dire  , 
l'unique  objet  de  la  religion  des 
Juifs. 

On  7  peut  rapporter  au0i  les  di- 
verfes purifications  qu'on  employoit 
pour  le  difpofer  à  approcher  des 
chofes  Saintes.  Les  impuretés  qui 
en  éloignoient ,  les  manières  d'ex- 
pier  les  fouillurès ,  de  les  prévenir^ 
de  les  éviter,  l'attention  continuelle 
où  dévoient  être  les  Juifs  pour  ne 
pas  tomber  dans  quelques-unes  de 
ces  fc^uillures  qui  excluoient  tantôt 
de  la  fociéré  civile  ,  tantôt  de  Tufage 
des  chofes  faintes ,  tantôt  du  camp 
&  de  fa  propre  maifon.  Il  n'y  avoir 
pasjufqu'à  certaines  incommodités, 
certaines  maladies  ,  certains  acci- 
dens  involontaires ,  qui  n'exigealTent 
des  purifications.  Ûattoucnemenc 
d'un  animal  mort  de  lui  •  même  » 
i'affiftance  à  des  funérailles  ,  l'attou- 
chement d'une  perfonne  fouillée , 
croient  capables  de  fouiller  un  hom- 
Tome  Xy. 


JUI  \C\ 

me&  len^eçtoientdansrobligaclon 
de  fe  purifier. 

Les  Jufs  avoienc  des  lois  très-ri- 
goureufes  y  par  exemple  elles  con-- 
damnoient  à  mort  ceux  qui  vio- 
loient  le  Sabat ,  qui  contraâoienc 
des  mariages  dans  les  degrés  défen- 
dus ^  qui  tomboient  dans  Tadultèrej 
qui  s'approchoient  d'une  femme  du- 
rant fes  incommodités  ordinaires  , 
qui  commfittoient  des  crimea  contre 
la  nature  ,  qui  follicitoient  leurs 
frères  à  Tidolatrie^qui  confulf oient 
les  Devins  6c  les  Magiciens ,  qui 
blafphémoient  contre  le  Seigne-ur  » 
qui  s'approchoient  des  chofes  fain- 
tes fans  être  purifiés.Un  laïc  oumè* 
me  un  Lévite  qui  feroit  entré  dans 
le  Temple  ,  c'eft  à-dire  ,  dans  le 
Saint  ou  dans  le  Sanâuaire ,  qui  au*- 
roit  touché  ou  vu  a  nu  larched'al- 
liance  \  toutes  ces  chofes  &  plu- 
fieurs  autres  fautes  étoient  punies  de 
mort. 

Lerlong  fejour  que  les  Hébreux 
firent  en  Egypte,  leur  lai  (Ta  un  vio- 
lent penchant  pour  Tidolatrie  \  ni 
les  miracles  que  Moyfe  fit  à  leurs 
yeux  ,  ni  les  précautions  qu'il  prie 
pour  les  retirer  du  culte  des  idoles, 
ni  la  rigueur  des  lois  qu'il  publia 
fur  ce  fujet ,  ni  les  manques  éclatan- 
tes de  la  préfence  du  Seigneur c^^ns 
le  camp  a  Ifracl ,  ne  durent  capables 
de  vaincre  ce  penchant. 

On  fait  avec  quelle  facilité 
ils  tombèrent  dans  l'adoration  du 
veau  d  or ,  prefqu'i  peine  fortis  , 
pour  ainfi  dire  ,  du  lit  de  la  mec 
Rouge  où  ils  avoient  été  témoins  des 
effets  de  cette  merveille  qui  avoir 
jeté  TefFroi  dans  le  cœur  des  nations 
voifines. 

Depuis  le  retour  de  la  captivité  de 
Babylone ,  il  s'crt  formé  différentes 
feâes  dans  la  religion  des  Juifs  \ 
comme  les  Pharifiens  ,  les  Sadu- 

X 


6i  JUÏ 

ccens  ,  les  ESéniens*  Voye[  ces 
mocs. 

Le  Parlement  de  Paris  a  Jagé  par 
arrêt  rendu  le  a  Janvier  1758  for 
les  conclafions  de  M.  l'Avocat  Gé- 
néral Ségnier  ^  qa*an  Juif  nommé 
Borach'Lévi  lequel  depuis  fon  ma- 
riage avec  MasdeUCerf,  Juive, 
s'ctoit  fait  ch rérien ,  ne  pouvoir  pas 
époufer  une  autre  femme  j  quoique 
Mandel  Cerf  eût  perïéveramment 
refufé  de  venir  habiter  avec  lui  de- 
puis Ton  Baptême  j  &«  qu'elle  eue 
non  feulement  confenti  à  la  diflb- 
lution  de  fon  mariaee^  mais  qu'elle 
eût  même  fait  une  fommarionâfon 
mari  de  lui  accorder  des  lettres  de 
divorce  conformément  à  Tufage  pra- 
tiqué parmi  les  Juifs. 

Lévi  n'avoit  pour  adverfaire  que 
M.  l'Èvèque  de  Soiflbns  ,  intimé 
fur  Tappel  comme  d*abus  des  fen- 
tences  rendues  par  fon  Officiai ,  par 
lefquelles  Lévi  écoit  déclaré  non  re- 
cevable  dans  fa  demande  i  ce  que 
le  Curé  de  Ville-Neuve  fur  Bellor» 
fût  tenu  de  publier  fes  bans  de  ma- 
riage avec  Anne  Theyart. 

L'Official  de  Strafbourg  avoir  au- 
contraire  permis  à  Lévi  de  fe  pour- 
voir par  mariage  en  face  d'Eglife , 
avec  une  autre  Femme  que  Mandel- 
Cerf ,  en  laiflfant  à  celle-ci  la  liberté 
de  faire  ce  qu'elle  jugeroit  d  pro- 
pos ,  &  d'époufer  fi  elle  le  vouloir  y 
on  Juif  ;  mais  MeHieurs  les  Gens 
du  Roi  s'étant  rendus  appelans  com- 
me d'abus  de  cette  icntence  ,  la 
Cour  a  jugé  qu'il  y  avoit  abus,  & 
a  décidé  qu'il  n'y  avoit  abus  dans 
celle  de  l'Official  de  Sollfonç. 

Le  motif  de  l'arrêt  a  été  Tiridif- 
folubilité  du  mariage  contradc  mê- 
me par  les  infidclies. 

Figarément  on  appelle  Juif^  un 
homme  qui  prête  à  ufure  ou  qui 
vend    exorbitamment  cher,     Ccc 


JUl 

homme  tfi  un  vrai  Jtuf^  il  ne  prcit 
fon  argent  quà  dix  pour  cent. 

Juif  ,  fe  dit  aufli  figurément  &  fami- 
lièremenr  de  quelqu'un  qui  monrre 
une  grande  avidité  d'argent  &  d'ac- 
deor  pour  en  gagner. 

On  dir  proverbialement  de  quel- 
qu'un ,  qu'/7  ejl  riche  comme  un  Juif; 
pour  dire  »  qu'il  eft  fort  riche. 

On  dit  auOi  proverbialement  de 
quelqu'un  qui  va  &  vient  fans 
ceffe  cà  &  là  9  que  c'eft  le  Juif  cr^ 
rant. 

JUiGNE  ;  nom  propre  d*an  bourg  de 
France,  dans  le  Maine,  â  une  lieue, 
nord^eft ,  de  Sablé. 

Il  y  a  un  autre  bourg  de  même 
nom  en  Anjou,  fur  la  Loire,  à  deux 
lieues ,  fud-eft  >  d'Angers. 

JUILHAC  ;  nom  propre  d'un  bourg 
de  France  ,  en  Limoufin  ,  i  lix 
lieues ,  oueft-nord  -oueft ,  de  Bri-* 
ves. 

JUILHAC  LE  COQ  j  nom  propre 
d'un  bourg  de  France ,  dans  l'An* 
goumois  j  â  deux  lieues ,  fud-fad- 
eft ,  de  Cognac. 

JUILLÉ;  nom  propre  d'un  bourg  de 
France ,  dans  le  Maine ,  fur  la  Sar- 
the,  à  fix  lieues  ,  nord-nord-oueit, 
du  Mans, 

JUILLET  j  fubftantif  mafculin.  /a- 
lîus.  Le  feptième  mois  de  Tannée* 
Ce  mois  dans  l'origine  s'appeloic 
Quintilïs  chez  les  Romains,  parce 
qu'il  éroit  le  cinquième  mois  de 
l'année  qui  comVnençoit  alors  au 
mois  de  Mars  \  mais  Marc  Antoine 
ordonna  dans  fon  Confulat  »  que 
ce  mois  porteroit  par  la  fuite,  le 
nom  àtjulius  en  l'honneur  de  Jules 
Céfar. 

Ce  mois  éroit  cenfé  fous  la  pro- 
teârion  de  Jupiter  j  on  l'a  perlbn- 
nifié  fous  la  figure  d'un  nomme 
nu  qui  montre  fes  membres  hâlcs 
par   le  foleil.    Il  a  les    cheveux 


JUI 

roQX  y  liés  de  tiges  &  d'épis  :  il  tient 
dans  un  panier   des  mures  ,  fruit 

3 ai  paroit  fous  le  figne  du  Lion 
iins  lequel  le  îbleil  entre  pendant 
ce  mois. 

Les  deux  //fe  prononcent  mouil- 
lés. 
jfUILLIÉ  ;  nom  propre  d'un  bourg  de 
France  ,   dans  le  fieaujolois,  en- 
viron i  trois  lieues  ^  nord-eft  ^  de 
Beaujeu. 
JUILLY  'y  nom  propre  d*un  bourg  de 
France  »  dans  la   Brie  Champe- 
noife ,  à  trois  lieues  y  nord-oueft,  de 
Meaux. 
JUIN  *y  fubftantif  mafculin./tf/ziiij.  Le 
fixième  mois  de  l'année.  C'eft  dans 
ce  mois  que  le  foleil  entre  au  fi^ne 
du  Cancer  &  qu'arrive  le  folftice 
d'été. 

Le  mois  de  Juin  étoit  fous  la 

S^roteftion  de  Mercure.  On  Ta  per- 
onnifié  &  repréienté  tout  nu ,  mon- 
trant du  doigt  une  horloge  folaire, 
pour  fignifier  que  le  foleil  com- 
mence a  defcendre.  On  lui  a  donné 
une  torche  ardente  &  flamboyante 
pour  marquer  les  chaleurs  de  la  fai- 
ibii  qui  font  mûrir  les  fruits  de  la 
terre.  Derrière  lui  eft  une  fiiucille 
pour  faire  entendre  que  l'on  com- 
mence dans  ce  mots  à  fe  difpofer  a 
la  moiiTon   :   enfin  on  voit  à  fes 

Eieds  une  corbeille  remplie  des  plus 
eaux  fruits  qui  viennent  au  prin- 
temps dans  les  pays  chauds. 
JUINE  'y  rivière  qui  pafle  i  Eflbnne 

où  elle  prend  le  nom  de  ce  bourg. 

^oy«:(  Essonne. 
JUIVERIE  î  fubftantif  féminin.  Quar- 

cier  d'une  ville  habité  par  dts  Juifs. 

La  Juiverie  de  Met\. 
JUJUBE  ;   fubftantif  féminin.  Z/:^/- 

phunin  Fruit  du  jujubier.  Foyc^  ce 

mot. 
JUJUBIER  ;  fubftantif  mafculin.  Zi- 

:iiphus.  Petit  arbre  que  Ion  cultive 


dans  les  contrées  méridionales  de 
l'Europe  par  rapport  à  fon  fruit  qui 
eft  d'ulage  en  Médecine.  Cet  atbre 
ne  s'élève  qu*â  x  a  ou  1 5  pieds.  Sa 
tige  eft  courte ,  tortue  &  couverte 
d  une  écorce  brune  ,  raboteufe  Se 
crevadéej  il  fe  garnit  de  beaucoup 
de  rameaux  qui  font  épineux  :  fes 
feuilles  font  ovales ,  unies ,  légè- 
rement dentelées  fur  les  bords ,  lui- 
fautes  en-deffus  Se  relevées  en-def- 
fous  de  trois  nervures  principales  i 
la  verdure  en  eft  agréable  quoiqu'un 
peu  jaunâtre  t  elles  font  placées  al- 
ternativement fur  des  branches  fort 
minces  d'environ  un  pied  de  leng  » 

3ui  fe  defsèchent  après  la  chute 
es  feuilles  &  tombent  â  leur  tour. 
La  fleur  &  le  fruit  viennent  aufli 
fur  ces  petites  branches  à  la  naif- 
fance  des  feuilles:  cette  fleur  qui 
eft  petite ,  herbacée  ,  n'a  nul  agré« 
ment  )  elle  commence  à  paroitre 
dans  les  premiers  jours  de  Juillet 
&  elle  dure  pendant  deux  mois.  Le 
fruit  qui  la  remplace  fe  nommey^- 
jube  ;  il  eft  oblong ,  charnu ,  rouge 
en-dehors  ,  jaunâtre  en  -  dedans  , 
d'un  goûr  doux  &  relevé  \  il  renfer- 
me un  noyau  qui  fert  à  multiplier 
l'arbre. 

Le  jujubier  eft  commun  dans  nos 
provinces  méridionales  j  en  Italie  ^ 
en  Efpagne,  &c.  Il  lui  faut  un  ter- 
rein  médiocre  &  léger  j  il  fe  plaît 
dans  les  lieux  les  plus  chauds  ex- 
pofés  au  foleil  &  à  l'abri  du  vent  : 
dans  cette  expofîtion  il  réfiftera  à  de 
grands  hivers ,  même  dans  la  par- 
tie feptentrionale  de  ce  Royaume  > 
cet  arbre  n'exigeprefqu  aucune  cul^ 
ture. 

Les  jujubes  avant  leur  parfaite 
maturité  ont  un  goût  aigrelet,  vi« 
neux,  très-agréable:  c'en  dans  cet 
état  qu'on  les  mange  en  Langue- 
doc ^  en  Provence  où  elles  font 

Xii 


/ 


i64  JUK 

aûes  communes:  elles  rafraichiffent 
&  calment  un  peu  la  foif }  mais 
comme  leur  chair  eft  ferme  Se  peu 
fuccttlence  ,  elles  ne  font  pas  très- 
faciles  à  digérer  :  on  n  a  cependant 
jamais  obfervé  qu'elles  aient  produit 
de  mauvais  effets.        , 

Ce  fruit  mur  Se  feché  eft  compte 
parmi  les  bcchiques  adoucifTans  y 
c'eft  un  des  fruits  doux  &  pe&of  aux 
des  boutiques. 

On  trouve  dans  la  pharmacopée 
de  Paris  un  firop  de  jujubes  corn* 
pofé  ,  dans  lequel  ce  fruit  fe  trou- 
ve âfTocié  à  d  autres  fubftances  qui 
lui  font  parfaitement  analogues  :  ce 
firop  a  par  conféquent  les  mêmes 
vertus  que  les  jujubes  mêmes* 

Les  jujubes  entrent  encore  dans 
le  firop  de  tortue  &  dana  Télec- 
tuaire  lénitif- 

Auguftin  Lippi  a  obfervé  crois 
cfpècesde  jujubiers  qui  diffèrent  de 
celui  donc  on  vient  de  parler  :  i^. 
te  jujubier  d'Âlexandfie  à  feuilles 
larges  »  dont  le  fruit  e(t  fort  gros  : 
1^.  celui  dojnt  le  fruit  eft. petit  :  }^. 
le  jujubier  de  Meraphis  qui  eft  ex- 
trêmement, grand  ^   6c  donc  le  fruit 
eft  plusgros  qjie  celui  des  autfesef- 
pèces. 
JUKI  AUX  ;(  les  )  on  appelle  amfi  à 
la  Chioe ,  des  Seâaues  dont  les 
Chefs  furent  deux  hommes*  célè^ 
bres  ^vpelés  Chu-T/c  Se  Ching-T/é  y 
lefquels  parurent  dans  le  quinzième 
fijècle  y  èc  s'afTocièrene  av«c  qoa- 
tante-deux  favans  qui  leur  aidèrent 
â  faire  un  commentaire  fur  les  an- 
ciens livres  de  la  religion  de  la  Chi- 
ne, auxquels  ils  joignirent  nncorps 
particulier  de  doârine  ,  diftribué 
en  vingt    volumes  »  fous  le  titre  de 
Sing'lL'ta'tfum  ,  c'eft-a-dire  ,  Phi- 
lofophte  naturelle.  (Is  admettent 
une  première  caufe  qu'ils  nomment 
TairKL  U  n'eft  pas  aifd  4'expliquer 


JUK 

ce  qu'ils  entendent  par  ce  mot  ;{& 
avouent  eux-mêmes  que  le  Tai^Ki 
eft  une  chofe  dont  les  propriétés  ne 
peuvent  être  exprimées  :  quoi  qu'il 
en  foit ,  voici  Tidée  qu'ils^  tâchent 
de  s'en  former.  Comme  ces  mots^ 
Tai'Ki  dans  leur  fens  propre  ,  fi* 
^i&tntfaîtc  de  maifon^Qt%  DbâeursL 
en  feignent  que  le  Tai^Ki  eft  à  l!é- 
gard  à^s  autres  êtres  ,  ce  que  le* 
faîte  d'une  maifon  eft  i  l'égard  de- 
toutes  les  parties  qui  La  compof ent;: 
que  comme  le  faîte  unit  &  confetve; 
toutes  les  piècesd'un  bâtiment  ,.de. 
même  le  Tai-Ki  fert  à  allier  encre- 
clles&  à  cônferver  toutes  les  pai>- 
ties  de  TUnivers.  C'eft  le  Tai-Ki  ^ 
difenc-il»  ,  qui  imprime  â  chaque 
chofe  un  caraâère  fpécialqut  ht 
diftingue  des  autres  chofes  :  on  faic 
d'une  pièce  de  bois  ua  banc  ou  une 
table  \  mais  le  Tai^  Ki  donne,  au; 
bois  la:  forme  d'une  table  ou  d'un 
banc  :  lorfque  ces  inftrumens  fonr 
brifés  ,  leur  T^i- JQ  ne  fubfifte 
plus. 

Les /tt^itfi/:r  donnent  d  cette  pce-' 
mière  caufe  des  qualités  in&mes  ^ 
mais  contradiâoiresw  Ils  lui  attri- 
buent des  perfeâiions  fans  bornes  ;; 
c'eft  le  plus  pur  Se  le  plus  puifTanr 
de  tous  les  principes|  il  n'a  point  de- 
commencement  ,  il  ne  peut  avoir 
de  fin.  Ceft  l'idée  y  le  modèle  6c 
l'effence  de  tous  1er  êtres  y  c'eft  l'a- 
me  fouveraioe  de  l'univers  ;.  c'eft 
l'inrelligence  fuprême  qui  gouverne: 
tout.  Ils  foutiennent  même  que  c^eft 
une  fubftance  immatérielle  6c  un> 
pur  efprit  ;  mais- bientôt  s'écartanc 
de  ces  belles  idées  >  ils  confondent, 
leur  Tai'Ki  avec  tous   Ic^s  autres^ 
êries.  Ceft  la  même  chofe ,  difent- 
ils  ,,que  le  ciel ,  la  terre  8e  les  cinq 
élémens  \  en  forte  que  dans  un  fens 
chaque  être  particulier  peut   être 
appelé.  TVzirlTi,  Us  ajoutent  que  c& 


3; 


JUL 

premier  ècre  eft  la  caufe  féconde 
de  roucei  les  produâions  de  la  na- 
ture ,  mais  une  caufe  aveugle  8c 
inanimée  qui  ignore  la  nature  de 
fes  propres  opérations.  Enfin ,  dit 
le  Père  du  Halde  ,  après  avoir  flotte 
entre  mille  incertitudes  y  ils  tom- 
bent dans  les  ténèbres  de  rAchéif- 
me»  remettant  toute  caufe  furnatu- 
relie,  n'admettant  d*autre  principe 
qu'une  vertu  infenfible  ,  unie  & 
identifiée  à  la  matière» 
JULE  ^  fubftantif  mafcuUn.  Infeâe 
oui  a  beaucoup  de  rapport  avec  la 
icolopendre  y  mais  il  en  diffère  pat 
k  forme  de  fon  corps  qui  eft  rond  > 
cylindrioue  ,  &   par  fes  antennes 

1UÎ  ne  font  jamais  compofées  que 
e  cinq  anneaux.  Sqs  pattes  font 
couttes  y  menues  &  nombreufes. 
Avec  cet  appareil  de  pattes  qui  ref- 
iêmble  à  line  frange  de  poils ,  l'in* 
feâe  marche  cependant  moins  vite 
que  la  fcolopenare  :  on  diroit  qu'il 
lampe  plutôt  qu'il  ne  marche.  Sa 
peau  eft  dure  ,  cruftacée  &  réniten- 
te.  Il  s^tn  dépouille  comme  la  fco- 
lopendre  avec  laquelle  on  le  trouve 
fouvent  fous  les  pierres  Se  dans  la 
cerrev  On  connoîtdeux  efpèces  plus 

1>etites  de  j.ules  autour  de  Paris  ; 
^une  noirâtre ,  lide  ,  à  deux  cens 
pactes  ,  l'autre  Jaunâtre  en  a  deux 
cens  quarante.  Chaque  anneau  quel-* 

ÎueFois  ftrié  ,  donne  naiffance  â 
eux  paires  de  pattes.  Le  jule  étant 
en  repos  fe  replie  fur  lui-même 
comme  un  ferpent.  Si  on  touche 
cet  infeâe  ,  il  fe  roule  en  fpirale  » 
de  façon  q.ue  fes  pattes  font  en  de- 
dans* 
Jule  ».  eft  audi  le  nom  d'une  pièce  de 
vers  ancienne  que  les  Grecs  &  cnfui- 
te  les  Romains  à  leur  imitation  chan- 
coient  pendant  la  moiflon  à  Thon- 
Deur  de  Cérès  &  de  Proferpine  pour 
ie  le4  rendre  propices- 


JUL  1^5 

JULEP  j  fubftantif  mafculin»  Julepus, 
Potion  médicinale  faite  avec  une 
eau  diftillée  ou  commune  &  d'autres 
ingrédiensr 

On  peut  préparer  des  juleps  pour 
remplir  la  plupart  des  indication» 
médicinales ,  ou  ce  qui  eft  la  même 
chofe,  on  peut  donner  fous  cette 
forme  cm  grand  nombre  de  médi- 
camens  doués  de  diverfes  vertus» 
JLes  juleps  les  plus  udtés font  cepen-^ 
dantceux  qu'on  prépare  avec  desre-^ 
mèdes  humeâans ,  adouciffans  >,ra- 
fraîchiflàns  y  ou  quelquefois  y  mai» 
plus  rarement  ^  avec  des  fortifiant 
8c  cordiauxr 

La  matière  des  Juleps  doit  Stre 
diftinguée  en  excipient  8c  en  bafi  y 
€*eft-à-dire  ,  en  liqueur  qui  reçoit  ^ 

3ui  étend ,  qui  dé/aye ,  &  en  mé^ 
icament  principal,  foit  liqpide, 
ibitfolide^qui  eft  refu^étendu^cUiayé^ 
L'excipient  des  Juleps  eft  premiè- 
rement l'eau  commune,  ou  de» 
eaux  diftitlées  des  plantes  inodores^ 
telles  que  l'eau  de  chicorée,  de  lai- 
rue  ,  de  coquelicot ,  de  bourrache  y 
d'ofeille ,  &c. 

La  bafe  du  julep  eft  un  firop' 
agréable  &  parfairement  foluble,» 
comme  celui  d  œillet,  de  capillaire 
de  limon ,  de  coin ,.  de  mûre,  d*^é- 
pine-vinette  y  de  framboife,  &c. 
ou  dts  fucs  des  fruits  doux  &  aigre^ 
lets,  tels  que  ceux  dont  nous  venons^ 
de  parler  ^. celui  ii$  cerifes^  de  pom- 
mes,, de  grofeilles,  &c. 

JULES  j  fubftantif  mafculin.  Petite* 
monnoiequia  cours  en  Italie,  8c 
furtout  à  Rome,  où  elle  vaut  en- 
viron fix  fous.!  Son  nomluivieot.du^ 
Pape  Jules  It 

JULES  j,  nom  die  ttois  Papes  :1e  pre- 
mier fut  élu  en  J37,  &  mourut  eni 
J5Z.  Ilaétécanonif<:^  &  Ton  a  de 
lui  deux  lettres  recqeilliejs  dani  les 
oeuvres  dç  Saint ,Athanafc»,&  qiii 


1^^ 


JUL 


paflent  pour  deux  des  beaux  monu- 
mens  de  Tantiquicé  eccléfiaftique. 
JuLis  II  ,  (Julien  de  la  Rovere  ) 
né  au  bourg  d'Albizole  ,  près 
de  Savone,  fut  élevé  fucceffive- 
ment  fur  le  Siège  de  Carpentras , 
d^Albano  ,  d'Oftie ,  de  Bolcigne  & 
d'Avignon.  Le  Pape  Sixte  IV  fon 
oncle ,  l'honora  de  la  pourpre  en 
1471  ,  &  lui  confia  la  conduite  des 
troupes  ecclédaftiques  contre  les 
peuples  révoltés  en  Ombrie.  Le 
Cardinal  de  la  Rovere  ,  né  avec  un 
génie  guerrier ,  dompta  les  rebelles. 
Set  exploits  &  fes  entreprifes  lui 
acquirent  beaucoup  de  pouvoir  dans 
Rome.  Après  la  mort  d'Alexandre 
VI  ,  il  empêcha  que  le  Cardinal 
d'Amboife  ne  fût  placé  fur  le  trône 
pontifical ,  &  il  y  fit  monter  Pie  III 
qui  mourut  au  bout  de  17  jours  y 
auquel  il  fuccéda  en  1503.  L'ar- 
gent répandu  1  propos  lui  avoit 
alfuré  la  thiarre  même  avant  qu'on 
fût  entré  dans  le  conclave.  Le  nou- 
veau Pape  fe  fit  appeler  Jules.  Com- 
me il  avoit  les  inclinations  guer- 
rières 9  fes  ennemis  répandirent 
Iu'il  avoit  pris  ce  nom  en  mémoire 
e  Jules  Céfar.  Son  premier  foin 
fut  de  faire  conftruire  Téglife  de  S. 
Pierre  ,  &  il  en  pofa  la  première 
pierre  en  150^.  Cet  édifice,  un 
des  plus  beaux  que  les  Hommes 
ayent  élevé  à  la  Divinité ,  fut  bâti 
fur  le  Vatican  k  la  place  de  l'églife 
conftruire  par  Conjtantin.  Des  idées 

Îlus  vaftes  l'occupèrent  bientôt, 
ules  II ,  qui ,  comme  tous  fes  pré- 
déceflfeurs  >  auroit  voulu  cha(Ier 
tous  les  étrangers  de  l'Italie  »  cher- 
choit  à  renvoyer  les  François  au- 
delà  dès  Alpes ,  mais  il  vouloir  au- 
paravant que  les  Vénitiens  lui  re- 
mifTent  les  villes  qu'Alexandre  VI 
avoit  prifes  fur  eux  ,  &  dont  il  s'é- 
coienc  refaifis  après  ta  mort  de  ce 


i 


JUL 

Pontife,  Ces  républicains  voulutenr 
garder  leurs  conquêtes.  Jules  II 
s'en  vengea  en  liguant  toute  l'Eu- 
rope contre  Venife.  Cette  ligue 
connue  fous  le  nom  de  ligue,  de 
Cambrai ,  fut  (ignée  en  1508  entre 
le  Pape  »  l'Empereur  Maximilien  ^ 
le  Rpi  de  France  ^  Louis  XII .  le 
Roi  d'Arragon  y  Ferdinand  le  Ca« 
tholique.  Les  Vénitiens  réduits  k 
l'extrémité  ,  excommunies  par  le 
Pontife  romain ,  &  battus  par  les 
autres  PuifTances  ,  demandèrent 
grâce  &  l'obtinrent  i  des  condition» 
aiïez  dures.  Jules  II  leur  donna  Tab- 
(blution  le  21  Février  1 5  10  :  abfb* 
lution  qui  leur  coûta  une  partie  de 
la  Romagne»  Ce  Pontife  n'ayant 
plus  befoin  des  François  qu'il  n'ai- 
moit  pas  d'ailleurs  >  parce  qu'ils 
avoient  traverfé  fon  éleâion  ponti- 
ficale »  fe  ligua  contre  eux  la  même 
année  avec  les  Suifles  »  avec  U  Roi 
d'Arraeon  &  avec  Henri  VIII  »  Rot 
d'Angkterre.  Il  n'étoit  pas  de  l'in- 
térêt des  Anglois  de  faire  la  guerre 
â  la  France  )  ils  7  furent  entraincs 
par  une  galeafle  chargée  de  vins 
grecs  ,  de  fromages  6c  de  jambons 
que  le  Pape  envoya  à  Londres  pré- 
cifément  à  Touvermre  du  Parle- 
ment. Le  Roi  &  les  membres  des 
Communes  &  de  la  Chambre  Haute 
à  qui  on  diftribua  ces  préfens  »  fii- 
renc  fi  charmés  de  l'attention  géné- 
reufe  de  Jules  II ,  qu'ils  s'empref- 
sèrent  tous  de  fervir  fon  reUenti- 
ment.  Ce  trait  eft  une  nouvelle  preu- 
ve que  le  motif  le  plus  petit  pro« 
duit  fou  vent  les  plus  grands  évcne- 
mens.  Le  Pape  ne  trouvant  aucun 
prétexte  de  rupture  ouverte  avec 
Louis  XII ,  fit  demander  à  ce  Prince 
quelques  villes  fur  lefquelles  le  S. 
Siège  prétendoit  avoir  des  droits. 
Louis  les  refufa  &  fut  excommunié* 
La  guerre  commença  vers  Boiogae 


t 


l 


JUL 

8c  vers  le  Ferrarois.  Le  Pape  affié- 
gea  la  Mirandole  en  petfonne  pour 
donner  de  l'émâlacion  i  fes  croupes. 
On  vir  ce  Pontife  fepcuagénaire  »  le 
cafque  en  tète  &  la  cuiralTe  fur  le 
dos  y  vifiter  les  ouvrages  »  prefler 
les  travaux ,  &  encrer  en  vainqueur 

ar  la  brèche  le  lo  Janvier  1 5 1 1 . 

a  fbrrune  changea  tout- à- coup. 
Trivulce ,  Général  des  croupes  fran 
çoifes  ,  s'empara  de  Bologne.  L'ar- 
mée papale  &  celle  des  Vénitiens 
fut  mife  en  déroute.  Jules  II,  obligé 
de  iè  retirer  â  Rome ,  eut  le  cha- 

J/in  de  voir  en  paflTant  à  Rimini 
es  placards  affichés  pour  incimer 
findiâion  du  Concile  général  de 
Pife.    Louis  XII  excommunié  en 
^avoic  appelé  i  cette  afTemblée ,  qui 
inquiéta  beaucoup  le  Pape.  Après 
diverfes  citations  il  fut  déclaré  fuf- 
pens  par  contumace  dans  la  huitième 
ièffion,  tenue  le   xi  Avril  15 11. 
Ce  fat  alors  que  JuUs  ,  ne  gardant 
plus  aucune  mefure ,  mit  le  Royau- 
me de  France  en  ioterdit  &  délia 
les  fujets  du  ferment  de  fidélité. 
Louis  XII  irticé  fie  excommunier  â 
fon  tour  Jules  II ,  &  fit  battre  des 
pièces  de  monnoie  qui  portoient  au 
levexs^perdam  Babylonis  norruri;]^ 
idétruirai  jufqu'au  nom  de  Babylone. 
Jules  oppofa  nu  Concile  de  Pife 
celui  de  Latran  donc  l'ouverture  fe 
£c  le  3  Mai  1 5 1 1 ,  mais  il  n'en  vit 
fis  la  fin.  Une  fièvre  lente  x:aufée , 
dit-on  ,  par  le  chagrin  de  n'aVoir  pas 
pu  porter  lesVéniriens  4  s'accommo- 
der avec  l'Empereur^  l'emporta  le 
i  I  F^vrierde  Tan  1 5  M .  U  pardonna 
en  mourant  aux  Cardinaux  du  Con- 
cile de  Pife ,  avec  cette  rcftriAion, 
qu'ils  ne  pffnrtoient  aflSfter  à  Télec- 
tîon  de  fon  fuccefleur.  Comme  par-- 
ticu/ier  jd\t4l  Je  pardonné  aux  Car- 
finaux  fchîfmatiques  ;  mais  comme 
Pape  ^  je  ja^e  qu  il  faut  ûific  lajujlicc 


JUL 


1^7 


fe  faffe.  Jules  II  avoir  dans  le  carac- 
tère, dit  M.  l'Abbé  Aâvna/,  un  fonds 
d'inquiétude  qui  ne  lui  permertoit 
pas  d'être  fans  projet  »  &  une  cer^ 
caine  audace  qui  lui  failbit  préférer 
les  plus  hardis.  S*il  eut  l'entnoufiaf- 
me  propre  i  communiquer  fes  paf- 
fions  à  d'autres  puifiances  >  il  man« 
<^uâ  de  la  probité  qui  rend  les  al- 
liances fincères  »  &  de  Tefpric  de 
conciliation  qui  les  rend  durables. 
Il  étoit  très-peu  efclave  de  fa  parole  ^ 
encore  mmns  des  traités.  II  dit  un 
jour  aux  Ambafladeurs  de  Madrid 
&  de  Venife  que  leurs  maîtres  ne 
dévoient  point  être  allarmés  de  la 
paix  qu'il  avoir  faite  avec  la  France. 
Mon  but  y  ajouta-t-il ,  eji  d'endormir 
cette  Couronne  afin  de  la  prendre  au 
dépourvu.  Sans  la  majefté  de  foa 
Siège  ic  les  dilTenfions  qui  de  fon 
temps  partageoieat  l'Europe  ,  fon 
ambition  emportée  &  fa  mauvaife 
foi  l'auroient  précipité  dans  les  plus 
grands  malheurs.  Le  fubliine  de  fa 
place  lui  échappa^  il  ne  vit  pas  ce 
oue  voyent  fi  bien  aujourd'hui  fes 
iages  fuccefieurs ,  que  le  Pontife 
Romain  eft  le  père  commun  &  qu'il 
doit  être  l'arbitre  de  la  paix  &  non 
le  flambeau  de  la  guerre  :  rout  en- 
tier aux  armes  &  à  la  politique  « 
il  ne  chercha  dans  la  puiffance  fpi- 
rituelle  que  le  moyen  d'acxroître 
la  temporelle  ;  il  n'eft  pas  vrai  pour- 
tant qu'il  ait  jeté  un  jour  dans  le 
Tibre  les  clefs  de  S.Pierre  pour  ne 
fe  fervir  que  de  Tcpée  de  S.  Paul  » 
comme  tant  d'Hiftoriens  proteftans 
{r  catholiques  Taffurent  d'après  le 
témoignage    d'un   mauvais    Pocte 
faty  tique.  Les  Papes  n'ont  pas  cen- 
fervé  tout  ce  que  Jules  U  leur  avoir 
donné.  Parme  &  Plaifance  détachés 
du  Milanois  furent  joints  par  <e 
Pape  au  domaine  de  Rome  du  ^on- 
lentement  de  l'Empereur  Se  esx&sr 


i68  JUL 

été  réparés  depais*  Si  fon  pontificat 
eut  été  moins  agité  ,  Ci  les  plaifirs 
de  la  table  Se  de  la  chaiTe  Teudènt 
moins  occupé  »  il  auroit  été  favo- 
rable aux  Savans.  Les  lettres ,  difoit- 
il  y  font  de  l'argent  pour  les  rotu- 
riers »  de  lor  pour  les  nobles ,  & 
des  diamans  pour  les  Princes,  il 
encouragea  la  peinture,  la  fculp- 
rure  »  &  Tarchiteâure  »  &  de  fon 
temps  les  beaux  arcs  commencèrent 

.  à  forcir  des  décombres  de  la  barba- 
rie  gothique.  Le  Pape  Jules  II  fut 
le  premier  qui  laiffa  croître  fabarbe, 
pour  infpirer  par  cecte  fingularicé 
un  nouveau  refpt* â:  au  peuple.  Fran- 
çois I ,  Charles-Quint  &  tous  les 
autres  Rois  fuivirent  cet  exemple 
qui  futadopté  i  Tinftant  par  les  cour- 
tifans  &  tnfuice  par  le  peuple. 

Jules  III  ,  (  Jean- Marie  du  Mont  ) 
né  dans  le  Diocèfe  d'Âtezto ,  fe  fit 
eftimer  de  bonne  heure  par  fercon- 
noiifances  en  littérature  6c  en  Jurif- 

f prudence  :  il  eue  fucceiliveminr 
'adminiflracion  de  plufieurs  Èvè- 
chés  ,  l'Archevêché  de  Siponte  & 
enfin  le  chapeau  de  Cardinal  en 
I5)(>.  Jules  né  avec  de  la  fermeté 
dans  le  caradère  ,  avoir  paru  avant 
fon  pontificat  d'une  févérité  excef- 
five  y  mais  lorfqu'il  eut  été  placé 
fur  le  trône  de  S.  Pierre  en  1550, 
il  fejli  vra  aux  plaifirs  j  &  en  corrom- 
pant fon  anie  ils  adoucirent  fon  hu- 
meur. Il  avoir  prcfidé  au  Concile  de 
Trente  fous  Paul  III.  Il  le  fir  réta- 
blir &  continuer  dès  qu  il  fut  Sou- 
verain  Pontife.  Il  prit  les  armes 
enfuiteavec  l'Empereur  contreOâra 
veFarnèfe,  Duc  de  Parme,  &  mou- 
rut en  1 5  ^  5 .  Ce  Pontife  voluptueux 
avoir  établi  en  155}  une  nom- 
breufe  Congrégation  de  Cardinaux 
6c  de  Prélats,  pour  travailler  à  la 
reforme  de  l'Eelife,  mais  cette 
Congrégation  n'eut  aucun  fuccès. 


r; 


JUL 

JULIADE;  nom  propre  de  deux 
villes  de  la  Paleftine.  La  première 
eft  la  même  que  Bethzaïde  donc 

Earle   l'évangile,  &   l'autre  a  été 
âtie  fur  les  ruines  de  Betharan. 
JULIE  j  nom  de  la  fille  unique  d'Au- 
gufte.     Elle  reçut  une    éducation 
dign^  de  fa  naiÂknce.  Son  père  ne 
détournoit  les  yeux  des  affaires  du 
Gouvernement ,  que  pour  les  fixer 
fur  fa  fille.  Elle  le  mériroit  par  fa 
beauté ,  par  fes  grâces ,  par  ia  lé- 
gèreté &  par  la  délicat  elfe  de  fonef- 
prit.   Elle  époufa  Marcellus.     Son 
rang  lui  fit  des  courtifans  ,  &  fa  £• 
gure  des  adorateurs.  Loin  de  les 
dédaigner,  elle  fe  livra  avec  eux  aux 
plailirs  de  la  débauche  la  plus  ef- 
frénée. Devenue  veuve  y  elle  époufa 
jigrippa ,  &  ne  fut  pas  plus  fage. 
Son  mari  étoit  vieux  \  elle  y  rémé^ 
dia    en  prenant  pour  galans  tout 
ce  que  Rome  avoit  de  jeunes  gens. 
C'éroit  affez ,  fuivant  elle  ,  qu'elle 
fût  fidèle  à  fon  époux  tant  qu  elle 
n*écoit  pas  enceinte ,  &  qu'elle  n^ 
lui  donnât  point  d'enfans  étrangers. 
Après  la  mort  <t Agrippa^  Augujlc 
la  fit  époufer  à  Tibère ,  qui  ne  vou- 
lant ècre,  ni  cémoin,  ni  dénoncia- 
reur  des  débauches  de  fa  femme» 
quitta  la  Cour.  Sa  lubricité  aue- 
mencoit  tous  les  jours  j  elle  pouua 
l'impudence,    jufqu'i  faire  mertre 
fur  la  ftatue  de   Mars,  autant  de 
couronnes  qu'elle  s'écoit  proftituée 
de  fois  dans   une    nuic.  Âugufte  » 
.  inftruit  de  fes  excès ,  l'exila  dans 
l'ile  Pandaraire   fur  la  côte  de  la 
Campanie,  après  avoir  fait  défenfe 
â  tour  homme  libre  &c  efclave  d'al- 
ler la  voir  fans  une  permiflion  ex- 
f trèfle.  Tibère  devenu  Empereur  l'y 
aiffa  mourir  de  faim  ,   l'an  1 4  de 
Jéfus-Chrift. 

Une  autre  Julie ,  fille  d'un  Prêtre 
du.  Soleil  y  d'Emcfe  en  Phénicie  » 

époufa 


JUL 

époufa  rEmperenr  Septirae  Sévère J 
Belle  coltitne  la  fille  d'Augufte ,  elle 

'  limita  dans  fes débauches ,  &  finit 
comme  elle  par  mourir  de  faim  à 
Anrioche  en  ii8. 

JULIEN,  furnommé  l'Apostat  j 
nom  d'un  Empereur  Romain ,  fils 
de  Jules  Confiance ,  néÀ  Conftanti- 
nople  en  5  )  i.G>nftance  le  créaCéfar 
en  )5{.  Ileut  le  commandement 
général  des  troupes  dans  les  Gaules, 
&  fe  fignaia  dans  cet  emploi  par  fa 
prudence  &  fon  courage.  Il  rem- 
porta une  viâroire  fur  fept  Rois 
Allemands  auprès  de  Scran>ourg, 
vainquit  plufieurs  fois  les  Barbares , 
&  les  cnafla  des  Gaules  en  très- 

S  eu  de  temps.  G>nftance,  auquel 
croit  devenu  fufpeâ  par  tant  de 
fuccès ,  lui  envoya  demander  pour 
laffbiblir ,  une  partie  de  fes  trou-  i 
pes,  fousprérexte  de  la  guerre' contre 
Us  Perfes  i  mais  les  (bldats  de  Ju- 
lien fe  mutinèrent ,  &  le  déclarè- 
rent Empereur,  malgré  fa  réfiftan- 
ce.^  U'étoit  alors  à  Paris  où  il  avoir 
fait  battr  un  Palais  do^nt  on  voit  en^ 
core  les  reftes.  L'Empereur  Conf- 
tancd,  indigné  de  ce  qui  s'ètoit 
paflé ,  fpngea^  aux  moyens  de;  le 
foumettre,  lorfqu'il  mourut  le  ) 
Novembre  }6i.  Julien  alla  auflltot 
en  Orient,  où  il  fur  reconnu  Em- 
pereur, comme  il  l'avoir  été  en 
Occident.  Le  luxe ,  la  molefle  %  une 
foule  de  maux  défoloient  l'empire. 
Julien  y  remédia  avec  zèle.  Sa  mai- 
ion  fut  réformée  ,  &  les  Cour- 
tifans  l'imitèrent.  Un*  jour  que 
l'Empereur  avoit  demandé  un  bar- 
bier ,  il  s'en  préfenta  Un  fuperbe- 
ment  vêtu.  Le  Prmce  le  renvoya 
en  lui  difadc  :  C'eji  un  bartitr  que 
je  demande  &  non  un  Sénateur^  \aZ% 
Curiofi^  Officiers  qui,  fous  pré- 
texte d'informer  l'Empereur  des 
chofes  utiles ,  écoient  des  efpions 
Tome  XV* 


JUL  1^9 

dangereux  &  le  fléau  de  la  fociété , 
furent  fupprimés.  Ce  retranchement 
de  tant  de  charges  inutiles  tourna 
au  profit  du  peuple.  Il  lui  remit  la 
cinquième  patrie  des  impôts. 

Ouperfuada  alors  à  Julien  de  re^ 
noncer  au  Chriftianifme  &  de  faire 
revivre  l'idolâtrie  jen  conféquence  ce 
Prince  ordonna  par  un  Êdit  général 
d'ouvrir  les  Temples  du  Paganifme. 
11  fit  lui-même  les  fonâiôns  de  Sou- 
verain Ponrife  »  avec  roures  les  cé- 
rémonies payennes,  s'efforçant  d'ef- 
facer le  caraâère  de  fon  baptême 
avec  le  fang  des  facrifices.  Il  afligna 
des  revenus  aux  prêtres  des  idoles  » 
dépouilla  les  Églifes  de  tous  leurs 
biens  pour  en  faire  des  largefles  aux 
foldars,  ou  les  réunir  â  fon  domaine» 
révoqua  tous  les  privilèges  que  les 
Empereurs  Cbi(tiens  avoient  accor« 
dés  à  l'Èglife,  &  âcales  penfions 
que  Conftantin  avoit  données  pour 
nourrir  les  clercs ,  les  veuves  &  les 
vierges.  Du  refte  il  ne  voulut  point 
qu'en  perfécutat  les  Chrétiens  6c 
rappela  tous  ceux  qui  avoient  été 
exilés  foils  Conftance  pour  caufe  de 
religion. 

Ce  Prince  blelfé  à  mort  dans  un 
combat  contre  les  Perfes  le  i<^  Juin 
3^3  ,  expira  la  nuit  fuivante  à  l'âge 
dé  )  1  ans  :'  Je  me  foumets  ,  dit-ii 
en  mourant ,  avec  joie  aux  décrets 
étemels  ,  convaincu  que  celui  qui  ejt 
épris  de  la  vie  quand  il  faut  mourir, ejl 
plus  lâche  que  celui  qui  voudroitmou* 
rir  quand  il  faut  vivre.  Ma  vie  a  été 
courte^  mais  mes  jours  ont  été  pleins. 
La  mort  qui  efl  un  mal  pour  les  m^- 
chans  »  eft  un  bien  pour  r  homme  ver^ 
tueux»  C*e/i  une  dette  qH*un/àge  dois 
payer  fans  murmure,  y  ai  écéparticu^ 
lier  &  empereur  ;  &  dans  la  vie  privée 
&  fur  te  trône  ,  je  n*ai  rien  fait  ^  je 
ptnfe ,  dontj^aye  lieu  de  me  repentir» 
Il  employa  fes  derniers  momens  à 

Y 


J 


'  s^entretenir  île  la  nobieflTè  desaûies 
avec  le  Philofophe  Maxime» 

Il  eft  peu  de  Princes  donc  les  au- 
teurs ayent  parlé  plus  diverremenc  : 
les  uns  l'ont  loué  &  les  autres  l'ont 
blâmé  exceffivement.  Ceux-là  lui 
accordent  toutes  les  vertus  des 
grands  Princes  ;  ceux-ci  le  tejpré 
tentent  léger,  inconftant,  fanatique 
&  fuperftitieux  :  nous  renvoyons  fur 
tout  ceta  aux  Ecrivains  qui  ont 
.   parlé  de  lui. 

Une  chofe  établie  fans  contradic- 
tion eft  que  cet  Empereur  aima  les 
Lettres  &  les  cultiva  :  il  nous  rofte 

.  de  lui  plttfieurs  difcours  ou  haran- 
gues t  une  faryre  des  Céfars ,  un 
iraité  intitulé  Mifopogon  ,  qui  eft 

.  une  fatyre  des  habitans  d'Ântioche 
&  quelques  autres  pièces  qui  ont 
éii  publiées  en  g!%c  &  en  latin  par 
le  Père  Petaa  en  1603.  Ces  ouvra- 
ges prouvent  que  Julien  avoit  un 
Î;énie  vif,  aifé ,  fécond  ;  mai»  on 
ui  reproche  de  s'être  trop  livré  au 
goût  de  fon  fiècle ,  où  la  déclama-- 
tion  tenoit  lieu  d'éloquence,  les 

.  antithèfes  de  penfées ,  &  Jes  jeux 
de  mots  de  plaifanteries. 

JULIENNE  j  fubftantif  féminin,  Hef 
péris.  Plante  qui  croît  dans  les  jar- 
dins Se  dans  les  hâtes.  Elle  fe  mul- 
tiplie de  graine ,  de  bouture  &  de 
planr  enraciné  :  (e%  fleurs  four  de 
couleur  tantôt  blanche  j  tantôt  pur- 
purine; &  tantôt  de  couleurs  diver- 
sifiées :  l'odeur  qui  en  eft  fuave  & 
très-agréable  ,  fe  fait  fentir^davan- 

*  tage  après  le  foleil  couché  que  pen- 
dant le  jour.  Les  Cliques  n'en  font 
point  applaties  comme  celles,  du 
giroflier  jaune.  On  jouit  rarement 
de  la  beauté  des  fleurs  de  cette 
plante  i  Paris ,  parce  que  les  jardi- 
niers la  brûlent  avec  le  fumier  de 

^  cheval.  On  donne  auffi  i  la  julienne 


JUL 

le  nom  de  violette ,  giroflée  des  ia^ 
mes  ou  giroflée  mufquée. 
ULIENNE}  adjeâif  &  terme  de' 
chronologie  ufité  en  ces  phrafes: 
calendrier  julien  ,  année  julienne  ,  & 
fériode  julienne. 

On  appelle  calendrier  jutien^  celui 
que  réforma  Jules  Céfar.  Et  année 
julienne ,  une  ancienne  manière  de 
fuppucer  les  années  inventée  anfli 
par  Jules  Céfar  >  pour  la  diftinguer 
de  Tannée  grégorienne  qui  eu  en 
ttfage  dans  u  plus  grande  partie  de 
l'Europe. 

L'année  julienne  eft  une  année 
folaite  contenant  communément 
3^5  jours ,  mais  qui  de  quatre  ans 
en  quatre  ans ,  c'eft-à  dire«dans  les 
années  biflèxtiles  j  eft  de  j  66  jours. 
Ainfi  la  gsandeur  aftrooomique  de 
l'année  julienne  eft  de  165  jours  6 
heures ,  &  furpafle  par  conféquenc 
la  vraie  année  folaire  d*environ  1 1 
minutes ,  ce  qui  en  1  )  1  ans  prodni- 
foit  autrefois  un  jour  d  erreur. 

L'année  romaine  étoit  encore 
dans  cet  état  d'imperfe&ion  lorfque 
le  Pape  Grégoire  XIII  établit  Tan- 
née grégorienne  qui  n'eftautre  chofe 
que  l'année  julienne  corrigée  par 
cette  règle  ,  qu'au  lieu  que  la  cler- 
nière  de  chaque  fiècle  étoit  tonjoars 
biflèxrile ,  les  dernières  années  de 
trois  fiècles  confécutifs  doivent  erre 
comniunes  ,  Se  la  dernière  du  q«a« 
trième  fiècle  feulement  eft  compiée 
pour  biflextile. 

La  raifon  de  cette  correâdoo  » 
fut  que  VMnée  julienne  avoir  été 
fuppofée  de  $65  jours  ,  6  heures  » 
au  lieu  que  la  véritable  année  folaire 
eft  de  365  jours ,  5  heures ,  49  mi- 
nutes ,  ce  qui  fait  1 1  jsinutes  de 
différence  comme  on  Ta  remarqué. 
Or  quoique  cette  erreur  de  1 1 
minutes  qui  fe  trouve  dans  Vunné€ 
julienn  e^  foit  for;  pejtite  »  cependant 


JUL 

etle  éroir  devenue  fi  conirtlécabie  en 
3'accQmulanc  depais  le  temps  de 
Jules  Cé&r  »  qu'elle  avoit  monté  a 
70  )oats  j  ce  qui  avoir  coniidéra  • 
blement  dérangé  l'équînoze.  Gar  du 
temps  du  conctte  de  Ntcée^  lorfqu'ii 
fut  queftion  de  fixet  les  cermés^du 
temps  auquel  on  doit  célébrer  la 
Pâqne  ,•  Téquinoxe  du  ptintemps  fe 
trottvoit  au  1  i  Mars.  Mais  cet  équi- 
noxe  ayant  continuellement  anti- 
cipé ,  on  s'appercttt  en  1 571  »  lorf- 
3u*on  propoia  de  réformer  le  calen-^ 
rier  de  Jules  Céfar ,  qu^e  le  foieil 
eintroie  déjjl  dans  Téquateur  dès  le 
I  i  Mars  y  c*eft«à*dire  10  |ours  plu- 
tôt que  du  temps  du  concile  de  Ni* 
céfi.  Pour  remédier  â  cet  inconvé- 
nient qui  pôuvoit  aller  encore  plus 
loin  y  le  Pape  Grégoire  Xill  fie  venir 
les  plus  habiles  Ailronomes  de  fon 
temns  »  te  concerta  avec  eux  ta  cor- 
reAion  qu'il  falloit  faire  afin  que* 
l'équinoxe  tombât  an  mime  jout 

Îue  dans  le  temps  du  concite  de 
[icée  ;  Se  comme  il  s'étoit  giifTé 
une  erreur  de  dix  jours  depuis  ce 
temps-lâ  j  on  retrancha  ces  dix 
jours  de  Vannée  1581,  dans  la^ 
quelle  on  fit  cette  correâion  ;  -  Se 
au  liea  du  5  Oâobre  de  cette 
année  »  on  compta  tout  de  fuite 
le  15. 

La  France ,  TEfpagne ,  les  pays 
catholiques  d'Allemagne  Se  d'Italie, 
en  un  mot  tous  les  pays  qui  font 
feus  l'obéiflànce  du  Pape ,  reçurent 
cette  téforme  dès  fon  origine  ;  mais 
les  Proteftans  la  rejererenr  d'a- 
bord. 

En  Tan  1 700  l'erreur  des  dix  jouris 
avoit  augmenté  encore  Se  étoir 
devenue  de  onze  ;  c'eft  ce  qui  dé- 
termina les  proteftans  d'Allemagne 
a  accepter  4a  réformation  grégo- 
rienne ,  anfli  bien  que  les  Danois 
te  les  HoUaadois*  Mais  les  peuples 


JUL  171 

de  la  Grande  Bretaene  ^  la  plu- 
part de  ceux  du  nord  de  l'Europe  » 
ont  confervé  jufqu'ici  l'ancienne 
forme  du  calendrier  julien. 

Au  refte  il  ne  faut  pas  croire  que 
l'année  Grégorienne  foît  parfaite^ 
car  dans  quatre  fiècles  Tannée  Ju- 
lienne avance  de  trois  jours  »  une 
heure  Se  vingt-deux  minutes.  Or 
comme  dans  le  Calendrier  Gréèo- 
rien  on  ne  compte  que  les  trois 
jours ,  Se  qu'on  n^lige  la  ftaUtiok 
d'une  heure  Se  vingtdeux  minutes, 
cette  erreur  au  bout  de  7100  ans 
produira  un  jour  de  mécompùs.  ' 

On  appelle  période  jûùenne  »  une 
période  a  laquelle  on  a  donné  ce 
nom  y  parceqiie  c'éft  Jules  Sdàliger 
qui  en  a  parlé  le  premier.  Cette  pé- 
riode eft  formée  du  produit  du  cfclc 
folarre  18 ,  par  le  cycle  lunaire  1*9  ^ 
&  par  le  cycle  des  indiéfcions  1^5  ^ 
ce  qui  fait  7980  ans. 

On  la  fait  commencer  environ 
764  ans  avant  la  créarion  du  monde 
plus  ou  moins  félon  Tbypothèfe 
qu'on  veut  fuivre;  Son  prtncipiil 
avantage  confifte  en  ce  aue  les  mî- 
mes années  du  cycle  (otaire ,  lu* 
naire  ^  ou  de  l'indiâion  qui  ^par- 
tient  à  une  année  de  cette  période  , 
ne  peuvent  fe  rencohrret  enfentbie 
qn^au  bout  de  79^80  ans.  Coâtiméon 
luppofe  dans  cette  période  que*  le 
cydt  folaire  eft  a)(,>&?qà'il  revient 
toujours  le  même  au  uùûz  de  18 
ans  ,  on  véit  principalement  que 
c'eft  â  Vannée  julienne  qu'elle  con- 
vient ;  car  dans  Vannée  jùlliknt  lé 
cycle  folaire  eft  conftamment  iH  , 
patceque  chaque  quatrièttie  année 
eft  toujours  biflextile  $  au  lieu  qu'il 
n*en  eft  pas  de  nricme  dans  l'aniiée 

Î|régorienhe  »  où  fur  quatre  années 
écttlaires  confécutives  ,  il  n'y  en  a 
qil'une  qui  foit  biilèxtile.  La  pré* 
mi^tt  amx^  de  l'ère  chrétienne  daai 

Yi| 


17*  JUL 

COUS  les  fjrftëmes  de  chronologie  > 
eft  toujours  la  4714^  de  la  période 

.  julienne.  Aind  pour  trouver  i  quelle 
année  de  la  période  juUcnf^e  appar- 
tient une  année  donnée  depuis  Jt- 
sus-Christ,  on  ajoutera  à  cette 
année  47 1 3  pour  les  nombres  d'an- 
nées qui  fe  font  écoulées  avant  la 
naiflfance  de  Notre^Seigneur ,  &  la 
fomoie  donnera  Tannée  de  la  pério- 
de yW/V/z/i^  que  l'on  cherche. 

JULIERS^  nom  propre  d'une  ville 
d'Allemagne  ,  capitale  d'un  Duché 
de  mime  nom  ^  près  de  la  Roer , 
à  fix  lieues ,  nord*eft,  d'Aix  la  Cha- 
pelle ,  &  à  fepc  lieues ,  ôueft  %  de 
Cologne. 

Le  Duchéde  Juliers  eft  un  petit 

•  Pays  d'Allemagne  dans  le  cercle  de 
WeftphaHew   11  eft  borné  au  nord 

Far  la    Gueldre;   k  1  orient,  par 
Archevêché  de  Cologne^  au  midi, 
par  le  pays  d'EifFel  \  Àc  â  l'occident 
i    par  le  pays  d'Outremenfe  ic  le  Du- 
ché de  Limbourg.  Il  appartient  à 
l'Éleâeur  Palatin. 
JULIOBONA  }  c'eft  félon  Ptolémée , 
.    une  ancienne  ville  de  la  haute  Pan- 
:  xionie  fur  le  Dannbe.  On  croit  que 
.    c'eft  préfentement  laville  de  Vienne. 
JXJLIOBRICA  y  nom   propre   d'une 
.    ancienne  ville  d'Efpagne  qui  étoit 
;    iituée  près  de  la  foarce  de  l'Ébre. 
C'eft  aujourd'hui  Fueore  d'ivero. 
JULiOLA  }    c;eft  félon  Prolétnée  , 
une  ancienne  ville  deSardaigne^ 

•  qu'^n  croit  être  aujourd'hui  Vi- 
gnola. 

JUUOPOLIS  \ .  nom  propre  de  trois 
,   anciennes  villes  :  l'une  étoit  iituée 

près  du  mont  Olympe  dans  TAfie 
.   mineure  ^  la  féconde  dans  la  petite 

Arménie  près  de  l'Euphrate,  &  la 

troifième,  far  le  Nil ,  à  deux  mille 

pas  d'Alexandrie. 
JULIS  \   fubftanrif  mafcnlin»   Petit 
..   poifloD  de  jner.  bon  i  manger  »  & 


JUM 

fort  commtm  fur  les  cotes  de  Gènes 
&  d' Antibes.  Il  n'eft  guère  plus  long 
que  le  doigt.  11  eft  couvert  de  pe- 
tites écailles  variées,  brillantes  s  tc 
fortement  adhérentes  à  la  chair.  Le 
long  des  cotes  règne  une  ligne  blan- 
che p  &  au-deflbus  une  autre  faf- 
firannée  \  fon  ventre  eft  d'un  blanc 
de  perle  )  fes  yeux  font  ronds  & 
petits  9  fon  iris  eft  rouge  }  le  rrou 
des  excrémens  eft  placé  au  milieu 
du  corps  \  fa  bouche  eft  petite  ,  ar- 
mée de  dents  fortes  &  aiguës  ;  fes 
lèvres  font  épaiftes  &  charnues  ;  fa 
nageoire  du  dos  s'étend  jufqu'â  la 
queue. 

Les  mâles  font  peints  des  plus 

brillantes  couleurs  ,  vertes  fur  le 

'  dos  »    jaunes   &    rouges    fur   la 

,  tète  ,  bordées  de  raies  dorées 
fur  les  côtés,  &  mouchetées  de 
rouge  ic  de  bleu  fur  la  nageoire  du 
dos ,  ainfi  que  fur  la  queue. 

Elien  affure  que  ce  poifibn  a  les 
dents  venimeufes.  Il  eût  rencontré 
plus  jul}e  s'il  eût  dit  avec  Athénée 
qu^il  eft  friand  de  chair  humaine , 
car  il  perfécute  les  nageurs  &  les 
plongeurs ,  court  fur  eux  à  grande 
troupe ,  &  vient  mordre  les  jambes 
nues  de  ceux  qui  font  dans  l'eau. 

JUMALA  ;  fubftanrif  mafculin.  Les 
Lapons  &  d'autres  Peuples  du  nord» 
donnoient  anciennemenr  ce  nom  au 
plus  pnidànt  de  leurs  Dieux.  Us  le 
repréfentoient  fous  la  figure  d'un 
homme  aflis  fur  une  efpèce  d'autel  » 
au  milieu  d'un  bois  où  étoit  fon  feul 

-    &  unique  temfJe. 

JUM  ART;  fubftantif  mafculin.  Ani- 
mal engeitdré  d*un  utireau  &  d'ane 

:  aneftè ,  d'un  âne  &  d'une  vache  » 
d'un  taureau  &  d'une  jument. 

M.  de  Buffisn  croit  que'^  le  tnot 
fuman  eft  un  être  chimérique  ,  flc 
qui  D*a  point  d*ob jet  réel  ;  parceqae 
les  animaux  dont  on  vient  de  pu- 


JUM 

1er  9  diffèrent  trop  l'un  de  Tdatrel 

par  leur  nature  pour  qu'ils  puifTeut 

produire  enfemble. 

Ceux  qui  foutiennenc  l'exiftence 

du  Jumart ,  lui  donnent  le  muffle 

8c  la  queue  de  la  vache  »  les  pieds 
^    du  cheva^  &  des  efpèces  de  cornes 

naiflfanres.  Us  le  difent  d'ailleurs 
.    extrêmement    f<9rt  &   capable  de 

porter  fept  ou  huit  cens  livres. 

JUMEAU ,  ELLE  ;  adjeftif.  Gemcl^ 
lus.  11  fe  dit  de  deux  ou  trois  en- 
Fans  nés  d'un  même  accouchement. 
Deux  frères  jumeaux.  Deux  faurs 
jumelles.  C*efifon  frère  jumeau.  C^eji' 
fa  fceur  jumelle. 

Il  s'emploie  fouvent  fubftantlye- 
nietit.  Safehime  vient  d* accoucher  de 
deux  jumeauk^ 

Entre  deux  jumeaux ,  le  droit 
d'aînede  eft  déféré  à  celui  qui  voit 
le  jour  le  premier.  Des  préfomp- 
lions  hafàrdées  ont  fait  croire  à 
Quelques  Naturaliftes'que  cehii  qui 
naît  le  dernier  a  été  le  premier  con- 

Î;ii }  mais  on  a  reconnu  le  dangeç  ôc 
'incertitude  de  cette  opinion ,  8c 
on  a  décidé  que  le  droit  d'aînefîe 
appartient  â  celui  des  jumeaux  qui 
a  la  priorité  de  la  naifTance  :  c!eft 
ainh  qu'ont  penfé  les  Juifs:  Éfaii 
êc  Jacob  9  Pnarez  iSc  Zara  en  font 
des  exemples. 

Lorfqu'on  ne  fait  point  lequel 
des  deux  jumeaux  eft  né  le  pre- 
mier ,  le  droit  d  aînefle  appartient 
i  celui  qui  eft  en  poflfeffion  de  la 
qualité  d'aîné,  &  qui  a  été  reconnu 
pour  tel  dans  la  famille  î  l'autre  ne 
teut  revenir  contre  le  jugement  de 
.  .  la  famille  qu'en  faifant  ime  preuve 
contraire. 

Jumeaux,  fe  dit  anffi  des  fruits  quand 

.  il  s'en  trouye  deux  joints  enfemble^ 

&  alors  il  n'a  d  ufage  qu'adjedive- 

•    snem.  Dcj  ^bricQts  jumeaux.  Des 


J  U  M  173 

poires  jumelles.  Une  noix  jumelé 
le. 
Jumeaux  ,  fe  dit  en  termes  d'Ana- 
tomie ,  de  deux  petits  mufdes  plats 
&  étroits,  ^tucs  prefque  tranfver- 
falement  fous  le  pyrifotme,  l'un  au* 
deflTus  de  l'autre ,  entre  la  tubéro- 
fité  de  Tifchion  ,  &  le  grand  tro- 
chanter.  Ils  font  unis  l'un  a  l'autre 
par  une  membrane  particulière  qui 
forme  une  gaine  ou  fe  trouve  logé 
le  tendon  du  mufcle  obturateur  in- 
terne. C'eft  par  cette  raifon  que 
M.  Lieutaud  a  conHdéré  ces  deux 
mufcles ,  comme  n*en  faifant  qu'un, 
auouel  il  a  donné  le  nom  de  cane*' 
lé.  M.  Petit  l'Ânatomifte ,  qui  les 
considère  foas  le  même  rapport , 
appelle  le  mufcle  réfultant  de  leur 
.  union ,  accejfoire  de  t obturateur  in- 
terne. Le  jumeau  fupérieur  ,  ou  la 
partie  fupérieuré  du  canelé  ,  s'at« 
tache  par  une  de  fcs  extrémités  à 
Tépine  de  l'os  ifcbium ,  &  fiar  Tau-* 
tre  a  la  partie  fupérieuré  &. interne 
du  grand  trochanter }  le  jumeau  in- 

.  férieut  fe  termine  de  même  après 
avoir  pris  nailFance  au  bord  pofté- 
xieur  de  la  tubérofité  de  l'ifcnium* 
Ces  mufcles  font  partie  des  qaa- 
drijumeaux.  Us  fervent  à  écarter  U 
cni0e»  lorfqu'on  eft  debout»  Se  ils 
aident  â  fa  rotation  quand  on  eft 
ailis. 

On  donne  encore  le  nom  de  Ju^ 
meauxj  i  deux  autres  mufcles  de  la 
partie  poftérienre  de  la  jambe  y  ap- 
pelés plus   cominanémeot  gajlro^^ 

. .  ncmiens.  Voyez  ce  mot. 
JuMXAux  j  fe  dit  en  rermes  de  Chi- 
mie y  de  deux  alembics  d'une  piè- 
ce y  dont  l'un  fert  de  récipient  k 
lautre. 

La  première  fjllabe  eft  brève  y  8c 
la  féconde  moyenne  au  fingulier  ; 
mais  celle  -  ci  eft  longue  au  pla« 
riel. 


V 


y 


174  JUM 

JUMELÉ  »  ÊE  i  adjeftif  &  terme  de 
I*Arc  Héraldique.  Il  fe  die  d'un  fau- 
toir ,  d'an  chevron  &  de  coiice  piè- 
ce formée  de  deux  jumelles. 
JUMELER  y   verbe  a^^if  de  la  prer 
mière  conjugaifon  »  lequel  fe  oon- 
iiigue  coaune  Chanter.  Terme  de 
Xkrine  ,  qui  figniSe   fortifier  te 
foucenir  on  mac  avec  des  jumel- 
les 
JUMELLES}  fobftandf  féminin  plu- 
riel 6c  terme  de  Cbarpénterie.  On 
appelle  ainfi  deux  pièces  de  bois 
qui  entrent  dans  la  compofition  des 
preflbir^. 
JoU£LLEs  9  fe  dit  en  termes  de  Ma* 
rine  »  de  longues  pièces  de  bois^  de 
iapin  arrondies  &  creufées  »  que  l'on 
attache  autour  d'un  mat  avec  des 
cordes  quand  il  eft  néceflkire  de  le 
lenforcer. 

fin  termes  dlmprimerie ,  on  ap* 
pdle  Jumelles  de  prejfes  »  deux  piè* 
ces  de  bois  à  peu  près  carrées,  en- 
viron de  fix  pieds  de  haut  fur  deux 
pieds  de  diamètre  »  égales  &  fem- 
Diables ,  pofées  d'aplomb ,  vis-à-vis 
Tane  de  l'autre  ,  maintenues  en- 
iemble  par  deux  traverfes  ou  piè- 
CjeS'daflemblage;  leurs  extrémités 
fupérieures   font  appuyées  par  les 
étaoçons ,  &  les  intérieures  fe  ter- 
minent en  tenons  qui  ibnt  reçus 
dans  les  patins  i  aux  faces  du  de^ 
dans  de  ces  jumellent  font  difFéren» 
tes  mortoifes  faites  pour  recevoir 
les  tenons  des  fommiers* 
Jyuu^Bs  j  fe  dit  en  termes  de  Tour- 
neurs ,  de  deux  longues  pièces  de 
bois  placées  borifontalement^ntre 
lefquelles  on  mec  les  poupées  i  poin<» 
les  ou  â  lunettes  qui  louriennent 
l'ouvrage  &  les  mandrins  dçs  Tour- 
neurs quand  ils  travaillent. 
JyMxiiBs ,  fe  dit  en  terqies  d'Artifi* 
ciers  \  de  deux  (ufées  adofleçs  fur 

iin«  t>»g4ÇU«  commune» 


JUN 

Jumelles  ,  fe  dit  en  termes  de  TArt 
Héraldique ,  de  deux  petites  fafces, 
bandes ,  barres  ,  &c.  parallèles,  qui 
n  ont  en  largeur  que  le  tiers  de  la 
largeur  ordinaire. 

JUMENT}  ûibftantif  féminin. Eftttf. 

Cavale,  la  femelle  du  cheval.^i>yq[ 
Chcval. 

On  appelle  Jument  pouàmère^ 
Jument  de  haras ,  celle  qui  eft  def- 
tinée  à. porter  des  poulains,  ou  qui 
en  a  déjà  eu.  Et  Jument  pleine  ^  celle 
qui  porte  un  poulain.  Et  Jument 
vide  9.  celle  qui  n'a  pas  été  emplie 
par  l'étalon. 

On  dit  proverbialement  Se  figu* 
rément,  que  jamais  coup  de  pied  de 
Jument  ne  fit  mal  à  cheval  j  pour 
dire ,  qu'un  galant  homme  ne  s!of« 
fenfe  point  de  recevoir  un  coup  ou 
une  injure  d'une  femme. 

La  première  fyllabe  eft  brève»  ft 
la  féconde   moyenne  au  finguUer, 
mais  longue  au  pluriel. 
JUMIÈG£> }  nom  propre  d'un  bourg 
de  France 9  et^  Normandie»  fur  la 
Seine ,  à  cinq  lieues  »   fud  -  oueft  » 
de  Rouen.  Il  y  à  une  fameufe  Ab* 
l>aye  de  l'ordre  de  S.  Benoit  «  qui  eft 
en  commende ,  &  donr  le  Titulaire 
jouit  d'environ  vingt-cinq  mille  li« 
vres  de  rente, 
JUNCAGO  î    fubftanrif  mafcu/in. 
Plante  qui  croît  dans   les  marais  » 
&  qui  tient  du  gramen  &  du  jonct 
elle  a  fa  fleur  compofée  de  quatre 
pétales  difpofés  en  rofe  :  le  piftil 
lorr  du  milieu  de  la   fleur ,  &  il 
devient  dans  la  fuite  un  fruit  qai 
s'ouvre  par  U  bafe ,  &  qui  eft  com- 
pofé  de  trois  petites  gaines ,  dont 
chacune   renferme   une    femence 
oblongue. 
JUNCARIA  i  c'eft  fden  Ptolomëe  , 
une  ancienne  ville  de  TEfpagneTar* 
ragonoife. 

JUNCELS }  nom  propre  d^one  Ab^ 


JU.N    V 

baye  d*hommes  de  Tordre  de  Saint- 
fienoîc  j  en  Languedoc  »  à  deux 
lieues  »  iiord  oueft ,  de  Lodève.  Elle 
eft  en  commcnde,  &  vaut  25000 
Ht.  de  rente  au  Titulaire. 
JUNGCH  ANG  ;  nom  propre  d'une 
ville  confidérable  de  la  Cnine,  dans 
la  Province  de  Jufinan  ,  dont  elle 
eft  la  huitième  Métropole  ,  fous 
le  i  19C  degré ,  5  5  minutes  de  Ion- 

{{itude»  &  le  14^ ,  jS  minutes  de 
acitude.  Elle  a  trois  autres  villes 
dans  fon  département. 
JUNGCHEU^  nom  propre  d'une  ville 
de  la  Chine ,  dans  la  Province  de 
Huquang ,  dont  elle  eft  la  rreizième 
Métropole.  Elle  a  Rx  autres  villes 
dans  fon  département. 
JUNGNING  î  nom  propre  d'une  ville 
de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de 
Jnnnan  >  donr  elle  eft  la  onzième 
Métropole*  Elle  a  quatre  autces 
villes  dans  fon  département. 

Il  y  a  dans  la  Province  de  Qtiei- 
cheù ,  une  autre  ville  de  même  nomj 

2ui  tient  le  fécond  rang  entre  les 
)irés. 

JUNGPING  'j  nom  propre  d'une  ville 
de  la  Chine ,  dans  le  Pekeli ,  dont 
elle  eft  la  huitième  Métropole.  Elle 
a  cinq  autres  villes  dans  fon  dépar- 
tement* 

JUNING  ;  nom  propre  d*une  ville 
de  la  Chine  »  dans  la  Province  de 
Honan  »  dont  elle  eft  la  huitième 
Métropole.  Elle  a  treize  autres  villes 
dans  fon  dépaitement. 

JUNNÂN  j  nom  ptopre  de  la  Pro- 
vince la  plus  occidentale  de  la  Chi- 
ne :  elle  eft  bornée  au  nord  par  la 
Province  deSakuen  on  Soutchouen; 
â  Tgrient  »  par  la  Province  de  (j^ei- 
cheu  ;  au  midi  ^  par  le  Tonqoin  & 
le  Royaume  de  Laos  ^  &  â  l'occi- 
dent ,  par  les  États  du  Roi  d*Ava. 

Cette  Province  eft  une  des  plus 
xiches  de  la  Chine  ^  8c  où  les  vivres 


JUN  175 

foient  i  meilleur  marché.  On  y 
rrouve  d'exctilens  chevaux  »  des 
éléphans  ,  des  rubis ,  des  faphirs 
&  autres  pierres  précieufes^^Sc  des 
mines  très -riches.  On  y  compté 
douze  Métropoles  »  huit  Villes  mi- 
litaires ,  plus  de  quatre- vingt  Cités 
&  environ  quatotze  millions  d*ha- 
bitans».fi  Ion  en  croit  le  Père  Mar- 
tini. 

La  première  Métropole  de  cette 
Province  fe  nomme  auffi  Jnnnan  ^ 
&  comprend  douze  autres  villes  dans 
fon  département. 
JUNON  j  nom  propre  d'une  Divî-. 
nit^  célèbre ,  la  principale  du  Pa- 

Jianifme ,  en  même  temps  femme  & 
œur  de  Jupiter.  Plufîeurs  pays  fe 
difputoient  Vhonneur  de  lui  avoir 
donné  fe  |our  ^  furtout  la  ville 
d'Argos  Se  l'île  de  Samos ,  où  elle 
étoit  en  effet  honorée  d'un  culte 

[particulier.  Elle  fut  nourrie  pat 
'Océan  ôc  par  Tethys  fa  feipme. 
"Les  Heures  prirent  foin  de  fon 
éducation  »  cav  les  Heures  étaient 
regardées  comme  des  DéeflTes, 
dont  les  fonâions  étoient  d'ouvrir 
le  Ciel  Se  de  le  fermer  au  moyen 
d'une  trape  qu'elles  levoient  &  laiTi 
foient. 

Lorfque  Jupiter  époufa  Junon  » 
il  donna  ordre  à  Mercure  d'inviter 
à  fes  noces  tous  les  Dieux^  tous  les 
hommes  &  tous  les  animaux.  Une 
feule  Nymphe  nommée  Chéloné  qui 
n'approuvoit  pas  ce  mariage ,  cher- 
cha dés;  prétextes  pour  n'y  pas  affi£- 
ter.  Mercure  pour  la  punir ,  la  pré- 
cipita dans  un  fleuve,  la  changea  en 
l'animal  appelé  Tortue ,  l'obligea  de 

I)ortet  fa  maifon  fur  fon  dos,  8c 
à  condamna  de  plus  à  un  filence 
éternel.  C'eft  de-la  qu'on  a  regardé 
la  tortue  comme  le  fymbole  du  fi- 
lence. 
Comme  Jupiter  étoit  un  Dieu  li* 


i7<î  JUN 

bertln,  &*  fort  déréglé  dans  fes 
mœurs ,  Junon  fe  brouilla  plufieurs 
fois  avec  lui  att  fujet  de  fes  mai- 
trefl^s.  Les  Pocces  font  fouvent  men- 
tion  de  fa  jaloufie  ,  de  fes  emporte- 
meos  &  de  Taigreurde  fon  efpric. 
Elle  prit  à  tâche  de  perfécuter  tous 
les  enfans  de  Jupiter ,  Hercule ,  $ac- 
chus  &  les  autres. 

On  donne  à  Junon  quatre  enfans, 
Hébé ,  Déeffe  de  la  jeuncfle  ,  Lu-, 
cine  qui  préfidoit  aux  accouche- 
mens,  Vulcain  le  Forgeron  des 
Dieux  i  &  Mars  le  Dieu  de  la  guer- 
Xfi }  mais  ces  quatre  enfans  n'avoient 
pas  Jupiter  pour  père,  ^qy^i  Mars, 

Iris  ctoit  la  meflagère  de  cette 
Déefle  i  &  comme  la  conduite  de 
fon  mari  Tinquictoit  fans  ceflTc ,  elle 
le  fit  épier  par  un  homme  nommé 
Argus  c^ï  avoit  cent  yeux,  dont 
cinquante  veilloient  pendant  que 
les  cinquante  autres  dormoient. 

Jupiter ,  cjtt'un  efpion  fi  vigilant 
încommodoit  »  chargea  Mercure  de 
l'en  délivrer ,  ce  qu'il  fit  en  Ten- 
dormanr  par  les  charmes  d'une  flûte 
douce  qui  lui  fit  fermer  tous  fes 
yeux.  11  le  tua  -,  &  Junon,  pourim- 
mortalifer  fa  mémoire ,  attacha  k% 
yeux  â  la  queue  du  paôti ,  &  vou- 
lut que  cet  oifeau  lui  fût  confa* 

crc. 

Comme  femme  de  Jupiter  elle 
avoir  en  partage  les  Royaumes ,  les 
Empires  &  les  richeflcs  \  &  c'ell  ce 
qu  elle  offrit  au  Berger  Paris,  pour 
rengager  à  déclarer  fa  beauté  lupé- 
tieure  i  celle  de  Minerve  &  de  Vé- 
nus. Voye\  Paris,, 

Peu  de  Divinités  eurent  un  culte 
auffi  folennel  &  auffi  général  que 
celui  de  Junon,  La  peinture  de  fes 
vengeances  dont  les  Théâtres  reten- 
tiflbient  fans  ceffe  >  infpira  unt  de 


JUN 

craintes ,  d'alarmes  &  de  refpeâ  , 
qu*on  n-'oublia  rien  pour  obtenir  fa 

Eroteâion  ,  ou  pour  appaifer  une 
>ée(Fe  fi   formidable  ,  quand  on 
crut  Tavoir  offenfée. 

Les  honneurs  religieux  de  tous^ 

genres  qu'on  lui  rendit  en  Europe» 

pafi^ent  en  Afrique,  en  Afie,  en 

,   Syrie  &  en  Egypte.  On  ne  trouvoit 

Ear  tout  que  Temples ,  Autels  & 
Chapelles  dédiées  à  Junon. 

On  repréfentoit  ordinairement 
cette  ;Dée(fe  fous  la  figure  d>ne. 
femme  aûifle  fur  un  trône ,  tenant 
d'une  main  un  fcepcre  ,  de  l'autre 
un  fufeau  ^  avec  une  couronne  de 
rayons  fur  la  tète ,  &  un  paop  à  fes 
pieds. 
JUNONALES.  ou  jpNONIES; 
fubCbntif  féminin  pluriel  &  terme 
de  Mythologie.  J^ètes  que  les  Ro« 
mains  inftituèrent  en  rhonneur  de 
Junon ,  à  i'occafion  de  certains  pro- 
diges qui  parurent  en  Italie  \  ce 
qui  fie  que  les  Pontifes  ordonnè- 
rent que  vingt- fept  jeunes  filles,  di- 
vifées  en  trois  bandes,  Koient  par. 
la  ville  en  chantant  un  cantique 
compofé  par  le  poëte  Livius  \  mais 
il  atriva  que  comme  elles  Tappre- 
noient  par  cœur ,  dans  le  temple  de 
Jupitet  Stator ,  la  foudre  »  tomba 
fur  celui  de  Junon  Reine ,  au  Monc«- 
Aventin. 

A  la  nouvelle  de  cet  événement, 
les  Devins  ayant  été  confultés  ,  ré* 
pondirent  que  ce  dernier  prodige 
regardoir  les'Dames  Romaines,  qui 
devoienr  appaifer  la  foeur  de  Jupiter 
par  des  offrandes  &  par  des  facri^ 
fices.  Elles  achetèrent  donc  un  baflhr 
d  or  ,  qu'elles  allèrent  offrir  i 
Junon  fur  le  Mont- Aventin  j  en- 
•  fuite  les  Décemvirs  aflignèrent  un 
jour  pour  un  fervice  folennel ,  qui 
fut  ainfi  ordonné  :  <»  On  conduific 

»  deux 


JUP 

«»  Aenx  vaches  blanches  dvL  temple 
»  d* Apollon  dans  la  ville  ,  par  la 
M  porte  Carmentale  :  on  porta  deux 
»>  images  de  Junon  Reine ,  faites  de 

'  •»  bois  de  cyprès  :  enfuite  mar- 
M  choient  vingt  jeunes  filles ,  vè« 
*»  tues  de  robes  traînantes  ,  ôc 
»  chantant  une  hymne  en  Thon- 
>»  neur  de  la  DéeÔe.  Les  Dccem- 
»  virs  fuivoient  couronnés  de  laa- 
»  riers ,  Se  ayant  la  robe  bordée  de 
»  pourpre.  Cette  pompe  après  avoir 
M  fait  une  paufe  dans  la  grande  pla- 
»  ce  de  Rome  ^  où  ks  vingt  fiU 
M  les  exécutèrent  la  danfe  de  leur 
>'  hymne  ,  continua  fa  route ^  & 
M  fe  rendit  fans  s'arrêter  au  temple 
M  de  Junon  Reine  j  les    vifkimes 

'  »  furent  immolées  par  les  Décem- 
»>virs,  &  les  iaiages  de.  Cyprès 
»  furent  placées  dans  le  temple 
w  de  la  Divinité. 

JUNSALAM  i  nom  propre  d*un  port 
d'AHe»  au  Royaume  de  Siam,  au 
nord  8c  à  deux  lieues  d'une  ile  de 
même  nom  ,  &  a  loccident  de  la 
Péninfule  dé  Malaca.  C*eft  un  afile 

{>our  tous  les  vaifTeaux  qui  allant  à, 
a  cote  de  Coromandel  >  font  fur- 
pris  d*un  ouragan. 
JUNTE  j  vqy«:(  JoNTE. 

JUPAN ,  ou  JupAiN  j  fubftantif  maf- 
culin.  Titre  de  dignité  que  portoit 
autrefois  le  fécond  fils  des  Rois  de 
Servie. 

JUPE  ^  fubftantif  féminin.  La  pattie 
de  rhabillement  des  femmes  qui 
defcend  de  la  ceinture  jufqu'auz 
pieds.  Une  jupe  de  dejfus*  Une  jupe 
de  dejfous.  Une  jupe  de  Joie,  Une 
jupe  légère. 

4  La  première  fyllabe  eft  brève  >  Se 
la  féconde  très-brève. 

JUPIN  ;   fubftantif  mafculin  ,  qui  fe 
dit  quelquefois  dans  le  ftyle  rami- 
lier ,  furtout  en  Pocfie ,  pour  défi* 
Tome  XF. 


JUP 


177 


gner  le  dieu  Japiter.  La  Fontaine 
attit: 

Les  grenouilles  fe  lailanc 
De  récat  démocratique  » 
Par  leui^  clameurs^fireat  tanc 
Que  Jupinlet  foumit  au  pouvoir  monarckique. 

JupiN  ,  eft  aufli  un  vieux  mot  qui  fc- 
gnifioit  autrefois  débauché. 

JUPITER  j   nom   propre  du  fils  de 
Saturne  &  de  Cybèle  où  de  Rhée , 
celui  des  Dieux  de  l'antiquité  qui  a 
été  reconnu  pour  le  plus  puiflànt. 
Saturne  ayant  voulu    obliger  fon 
frère  Titan  à  lui  céder  fon  droit 
d'aînefle,  celui-ci  ne  confentit  à  fes 
vues  qu'à  condition  que   Saturne 
n'éleveroit  aucun  enfant  mâle,  ce 
qui  fut  agréé.  En  exécution  de  ce 
traité ,  Saturne  dévoroit  tous  fes 
enfans ,  fans  exception ,  au  mo- 
ment de  leur  naiffknce.  Déjà  Vefta 
fa  fille  aînée,  Cérès ,  Junon  Se  Nep- 
tune avoient  été  dévotés ,  lorfque 
Cybèle  ou  Rhéa  étant  grofle.  Se 
voulant  fauvet  fon  enfant,  s'en  alla 
dans  l'île  de  Crète ,  où  elle  accou- 
cha de  Jupiter,  qu'elle  fit  nourrir 
fecrettement  par  deux  Nymphes  du 
pays  :  elle    recommanda  Ion  en- 
fance  aux  Curetés  ou  Corybantes, 
car  on  leur  donne  ces  deux  noms. 
C'étoientdes  Prêtres  fort  fa  vans  dans 
la  religion  &  dans  le  métier  des 
armes.  Ces  Curetés  danfoient  au- 
tour  de  1- antre ,  où  Jupiter  étoit  ca- 
ché ,  Se  en  frappant  leurs  boucliers 
avec  leurs  lances ,  faifoient  afiez  de 
bruit  pour  empêcher  que  Saturne 
ne  pût  entendre  fes  cris.  Cependant 
Cybèle,  pour  mieux  tromper  Sa- 
turne ,  qui  favoit  qu'elle  étoit  ac- 
couchée, lui  fit  avaler,  ai^  lieu  de 
l'enfant  ,  une  pierre  qu'elle  avoic 
emmaillottée. 

Jupiter  devenu  grand ,  fit  pren^ 


178  JUP 

dre  i  Saturne  un  breuvage  oui  lui 
fîr  vomir  cous  les  enfans  qu  il  avoir 
dévorés. 

Titan  ayant  découvert  qu'on  n'a^ 
voir  pas  exécuté  le  traire ,  déclara 
la  guerre  à  Saturne ,  le  vainquit  & 
renferma  avec  Cybèle  dans  une 
étroite  prifon  ^  mais  après  quelques 
années ,  Jupiter  les  remit  en  liber- 
té. Cependant  Saturne  avoit  des  in- 
quiétudes fur  fon  fils;  car  le  deftin 
lui  avoit  appris  que  ce  même  Jupi- 
ter qui  Tavoit- délivré  de  prifon ,  lui 
enleveroit  fon  Royaume  ;  il  cher- 
cha d'abord  i  le  faire  périr  fecretre- 
snenr ,  &  lui  fit  enfuite  une  guerre 
ouverte  \  Jupiter  eut  la  viâoire  8c 
chafla  fon  père  du  Ciel.  Foyei  Sa- 
turne. 

Jupiter  difpofa  enfuite  de  TEm- 

{»ire  de  TUnivers  ,  prix  pour  fa  part 
a  Royaiime  du  Ciel  &  de  la  Terre, 
donna  TÈmpire  de  la  mer  i  Neptu- 
ne fon  frère ,  &  celui  des  enfers  â 
Pluton  fon  autre  frère  :  il  ne  fut  pas 
tranquille  dans  les  commencemens 
de  fon  règne  \  les  Titans ,  fils  de  la 
Terre  &  d'Uranus,  fe  révoltèrent 
&  tentèrent  de  le  déuôner.  Jupiter 
les  voyant  s'approcher ,  appela  tous 
les  Dieux  à  fon  fecours  ;  la  plupart 
furent  faifis  d'épouvante,  &  aban- 
donnèrent le  Ciel  pour  fe  réfiigier 
en  Egypte ,  où  ne  fe  croyant  pas 
alTez  en  fureté  ils  fe  cachèrent  fous 
différentes  formes  de  plantes  &  d'a- 
nimaux. 

Bacchus  fut,  dit- on,  le  feul 
qui  n'abandonna  pas  Jupiter  \  quoi 
qu'il  en  foit  ,  après  un  combat 
long -temps  douteux  ,  ce  Dieu 
triompha  de  fes  AggrefTeurs,  pré- 
cipita les  uns  dans  le  Ta  r tare  ,  & 
enferma  les  autres  fous  le  Mont- 
Etna. 

Bientôt  après  Jupiter  eut  on  au<^ 


JUP 

tre  fujet  de  chagrin.  Prométhée^ 
fils  de  Japet ,  prit  du  limon  &  en 
forma  des  hommes  ^  pour  \ts  ani* 
mer ,  il  s'éleva  jufqu  aux  cieux  ,  6c 
s'étant  approché  du  char  du  foleil , 
il  déroba  quelques  -  uns  de  fes 
rayons.  Jupiter  poui  punir  fa  témi- 
rite ,  donna  ordre  à  Vulcain ,  for- 

Î;eron  des  Dieux ,  de  l'attacher  fur 
e  Mont-Caucafe  avec  de  ^roffes, 
chaînes  de  fer.  De  plus,  Jupuec en- 
voya une  aigle  ou  un  vautour ,  qui 
dévoroir  chaque  jour  une  partie  du 
foie  de  ce  malheureux,  &  chaque 
nuit  le  foie  renaiflbit,  de  manière 
que  le  vautour  y  trouvoit  conti- 
nuellement une  nouvelle  pâture. 
Se  perpétuoit  ainfi  la  durée  du  fup- 
plice.  Les  Dieux  furent  touchés  de 
cette  punition  >  &  pour  en  adoucir 
lanigueur ,  ils  lui  formèrent  une 
femme  qu'ils  appelèrent  Pandore , 
c'eft-â-dire ,  ajjemblagc  de  tous  les 
dons.  Mais  Jupiter ,  pour  tromper 
leur  efpérance  ,   ordonna  i  certe 
femme  d'aller  trouver  Épiméthée , 
frère  de  Prométhée  ,*  &  de  lui  re- 
mettre une  boite  qui   renfermoit 
tous  les  maux.   Épiméthée  eut  la 
curiofité  de  voir  ce  qu'elle  conte* 
noit  y  il  l'ouvrit ,  te  lut  le  champ, 
les  maladies,  les  peines  ,  les  foucis 
&  tous  les  autres  maux  qui  tout- 
mentent  les  hommes ,  forrirent  en 
foule  de  la  boîte  fatale  ,  &  fe  ré- 
pandirent fur  la  terre  \  il  ne  refla 
au  fond  que  l'efpérânce ,  unique 
relTource  des  malheurenx. 

Jupiter  délivré  de  tous  fes  enne* 
mis,  s'abandonna  fans  retenue,  1 
toutes  fes  pallions ,  &  prit  difFéren* 
tes  formes  pour  fédmre  les  fem- 
mes. C'eft  ainfi  que  les  Payens  cra- 
rent  pouvoir  autorifer  leurs  défor- 
dres  >  par  l'exemple  de  leurs  Dieux. 
Il  fe  transforma  en  aigle  ^o\xx  en- 
lever Ganym^e ^  fils  de Iros  Roi 


JUP 

desTroyens,  à  qui  il  donna  la  fonc- 
tion de  verfer  aux  Dieux  le  nec* 
tar.  Uébé  »  DéeCTe  de  la  jeunefTe  » 
éroic  auparavant  chargée  de  cet 
emploi,  il  prit  la  forme  d'un  tau- 
reau pour  enlever  Europe  ,  fille 
d'Agenor  Roi  de  Phœnicie.  11  fe 
transforma  en  pluie  d'or*,  pour 
corrompre  Danaé ,  fille  d*Acrifius 
Roi  d'Argos  :  en  cygne  pour  cor- 
rompre Leda ,  femme  de  Tyndare 
Roi  de  Sparte  »  &c.  Nous  parlons 
de  fes  aventures  diverfes  fous  les 
nonis  de  fes  maîtreûTes  »  &c. 

Ce  dieu  eat  auffi  un  grand  nom- 
bre de  femmes,  donf  la  plus  con 
,  iidérable  fut  Junon'fa  fœttr.f^(?yq 

JUNON. 

On  repréfencoit  Jupiter  de  plu- 
fieurs  manières  l  mais  la  plus  ordi- 
naire étoir  fous  la  figure  a  un  hom- 
me majeftueux  ,  avec  une  barbe 
longue  ^  cpaiiTe,  affis  fur  un  trô- 
ne ,  tenant  la  foudre  de  la  main 
droite  »  &  de  l'autre  la  figure  de  la 
viâoire  \  il  avoir  à  fes  pieds  une 
aigle  dont  les  ailes  étoient  cployées  \ 

Îiuelquefois  cette  aigle  portoit  la 
oudre  dans  fes  .ferres  \  d'autres 
fois  elle  étoit  pofée  fur  le  haut  du 
fceptre* 

Les  Habitans  de  l'île  de  Crète 
reprcfentoient  Jupiter  fans  oreilles» 
6c  vouloient  marquer  par- là  que 
Jupiter  n'écoutoit  perfonne  par  pré- 
férence ,  &  répandoit  fes  bientaics 
également  fur  tous  les  hommes.  Les 
Mcédémoniens  au  contraire  lui 
donnoient  quatre  oreilles ,  afin 
qu'il  fût  plus  en  état  d'entendre  les 
prières  qui  lui  venoient  de  tous  co- 
tés. 

Jupiter  ,  fe  dit  auffi  en  teri^es  d'Af- 
tronomie  »  d'une  des  fept  planètes , 
remarquable  par  fon  éclat ,  fituée 
entre  Saturne  &  Mars  >  &  qui  fe 


JUP  i7î^ 

meut  autour  de  la  terre  dans 
l'efpace  d'environ  douze  ans 
par  un  mouvement  qui  lui  eft 
propre. 

Cette  planète  tourne  autour  de 
fon  axe  en  neuf  heures  cinquante-* 
fix  minutes,  &  achève  fa  révolu- 
tion périodique  autour  du  foleil  en 
4)31  jours,  iz  heures  j  lo  minu- 
tes ,  9  fécondes.  Elle  eft  la  plus 
grande  de  toutes  les  planètes;  il 
paroît  par  les  obfervations  aftrono- 
miques  que  fon  diamètre  eft  à  ce- 
lui du  foleil  comme  1 077  à  ^  0000  ; 
i  celui  de  Saturne  »  comme  1077  à 
8  89 ,  &  â  celui  de  la  terre  »  comme 
1077  à  104. 

La  diftance  de  Jupiter  an  foleil 
étant  au  moins  cinq  fois  plusgrande 
que  celle  de  la  terre  au  loleil ,  Gré- 
gory  en  conclut  que  le  diamètre 
du  foleil  vu  de  Jupiter,  ne  paroîtroic 
pas  la  cinquième  partie  de  ce  qu'il 
nous  paroît  ,  &  par  conféquent 
jue  Ion  difque  feroit  vingt- cinq 
ois  moindre  ,  &  fa  lumière  & 
fa  chaleur  moindres  en  mcme 
proportion* 

L'incliiaifon  de  Torbite  de  Jupi- 
ter ,  c'eft-à-dire ,  l'angle  que  forme 
le  plan  de  fon  orbite  avec  le  plan  de 
l'écliptique,  eft  de  10  minutes.  Son 
excentricité  eft  de  150  fur  1000  j 
f  î  Huyghens  a  calculé  que  fa  fur- 
face  eft  quatre  cent  fois  auflî  gran- 
de que  celle  de  la  terre.  Au  refte, 
on  obferve  dans  les  mouvemens  de 
cette  planète  plufieurs  irrégularités 
dont  on  peut  voir  le  détail  dans  les 
inftitutions  aftronomiques  de  M.  le 
Monnier  :  ces  irrégularités  font 
vraifemblablement  occafionnées  en 
grande  partie  par  l'aâion  de  Satur- 
ne fur  cette  plinète.  On  peut  voir 
aufli  fur  ce  fujtt  la  pièce  de  M.  Eu- 
ier  qui    a    remporté    le   prix  de 

Z  i] 


l 


(' 


xSo 


JUP 


l'Académie  des  Sciences  en  1748. 

Quoique  Jupiter  foie  la  plus  gran- 
de de  toutes  les  planètes ,  c*eft  néan- 
moins celle  dont  la  révolution  au- 
tour de  fon  axe,  eft  la  plus  promp- 
te. On  a  remarqué  que  fon  axe  eft 
plus  court  que  le  diamètre  de  fon 
équateur  -y  Se  le  rapport  de  l'un  à 
l'autre  »  fuivant  M.  Newton  ,  eft 
celui  de  huit  à  neuf  ;  de  forte  que 
la  fîjjure  de  Jupiter  eft  celle  d'un 
fpheroïde  applati  ^  la  vîte^Te  de  fa 
rotation  rendant  la  force  centrifuge 
de  fes  parties  fortconfidérablei  fait 
que  l'applatidement  de  cet^e  pla- 
nète eft  beaucoup  plus  fenHble  que 
celui  d'aucune  autre.  M.  de  Mau- 
pertuis  l'a  démontré  dans  ies  Mé- 
moires de  l* Académie^  de  1737,  & 
dans  fon  Difcoufs  fur  la  figure  des 
AJlres. 

Jupiter  paroîr  prefque  aufli  grand 
que  Vénus ,  mais  il  eft  moins  briU 
lant  ;  il  eft  quelquefois  éclipfé  par 
la  lune  »  par  le  foleil ,  &  même  par 
Mars. 

Jupiter  a  des  bandes  ou  zones  que 
M.  Newton  croit  fe  former  dans 
fon  atmofpbère. 

Ces  bandes  furent  remarquées 
d'abord  à  Naples  par  deux  Jéluites 
nommés  Zuppus  &  Bartolus  y  8c  en 
1^))  par  Fontana  qui  en  figure 
trois  y  dans  un  livre  d'obfervations 
qu'il  fit  imprimer  i  Naples  en 
\64t6  :  Hévélius  ,  le  P.  Rheita  , 
le  P.  de  Riccioli  ^  le  P.  Grimaldi, 
les  obfervèrent  aufli  j  Jof.  Cam- 
pani  qui  conftruifîc  à  Rome  d'ex- 
cellenres  lunettes  »  obferva  dans  Ju- 
piter le' premier  Juillet  166^  ^  qua- 
tre bandes  obfcures  &  deux  bkn- 
ches  :  au  rapport  de  M.  Caffini ,  il 
y  a  des  temps  où  ces  bandes  paroif- 
îenr  très-peu  ,  elles  ne  font  pas  éga- 
lement bien   marquées  da^is  touce 


JUP 

la  circonférence  du  globe  t  il  7 
en  a  d'interrompues }  en  1^91  ,  on 
vit  jufqu'â  fept  ou  huit  bandes  obf- 
cures fort  près  les  unes  des  autres  ; 
fouvent  on  n*en  diftingue  qu'une  ou 
deux ,  peut-être- en  1773  en  verra- 
t-on  beaucoup  3  Jupiter  étant  Péri- 
hélie &  Périgée  »  le  plus  près  de 
nous  qu'il  foit  poflîble. 

Hévélius  dans  fa  Sélénographie, 
remarqua  que  ces  bandes  étoient 
fenfiblement  parallèles  à  Téclipti- 

2uey  M.  Caftini  reconnut  qu'elles 
toient  plutôt  parallèles  à  Téqua- 
teur  de  Jupiter ,  mais  cer  équateur 
diffère  rrè^peu  du  plan  de  l'éclip- 
tique ,  il  n^eft  incliné  que  de  trois 
degrés  fur  lorbite  de  Jupiter  y  ce 
qui  produit  dans  cette  planète  une 
efpèce  d'équinoxe  perpétuel. 

Galilée  a  le  premier  découvert 
quatre  étoiles  ou  petites  lunes  qui 
tournent  autour  de  Jupiter ,  &  qu'il 
a  appelées  les  Afires  de  Médicis  ;  on 
ne  les  nomme  plus  qn^  les  Satellites 
de  Jupiter • 

M.  Caflini  a  obfervé  que  le  pre- 
mier de  ces  Satellites  eft  éloigné  de 
Jupiter  de  cinq  demi-diamètres  de 
cette  planète,  6c  achève  fa  révolu- 
tion en  un  jour  »  dix- huit  heures  >  & 
trente-deux  minutes* 

Le  fécond  qui  eft  un  peu  plus 
grand ,  eft  éloigné  de  Jupiter  de 
huit  diamètres ,  &  achève  fon  tour 
en  trois  jours  treize  heures  douze 
minutes.  Le  troifième  qui  eft  le  plus 
grand  de  loxxi ,  eft  éloigné  de  Jupi- 
ter *de  treize  demi -diamètres  ,  & 
achève  fon  tour  en  fept  jours  trois 
heurej  «  cinquante  minutes.  Le  der- 
nier qui  eft  le  plus  petit ,  eft  éloi- 
gné de  Jupiter  de  vingt-trois  demi- 
diamètres  >  &  achève  fa  révolution 
en  feize  jours  dix-huit  heures  6c 
neuf  minutes. 


JUP 

Ces  quatre  lunes  «  félon  robfer- 
varion  de  M.  de  Fontenelle  >  dans 
fa  pluralité  des  mondes  j  doivent 
faire  un  fpeâacle  allez  agréable 
pour  les  habitans  de  Jupiter  ,  s*il 
eft  vrai  qu  il  y  en  ait.  Car ,  tancôc 
elles  fe  lèvent  toutes  quatre  en- 
femble ,  tantôt  elles  font  toutes  au 
me ridien,  rangées  Tune  au-deiïus  de 
l'autre  »  tantôt  on  les  voit  fur  Tbo- 
tifon  à  des  diftances  égales  \  elles 
foufFrent  fouvent  des  éclipfes  dont 
les  obfervations  font  fort  utiles  pour 
connoitre  les  longitudes.  M.  Cailini 
a  fait  des  tables  pour  calculer  les 
immérfions  &  les  écnerfions  du  pre- 
mier fatellite  de  Jupiter  dans  lom- 
bre  de  cette  planète. 

Le  jour  &  la  nuit  font  à  peu  près 
de  même  longueur  fur  toute  la  fur- 
facé  de  Jupiter  \  favoir,  de  cinq 
heures  chacun.  L'axe  de  fon  mou- 
vement journalier  étant  à  peu  près 
à  angles  droits  fur  le  plan  de  fon 
orbite  annuel. 

Quoiqu'il  y  ait  quatre  planètes 
principales  aU'deflbus  de  jupiter  , 
néanmoins  un  œil  placé  fur  fa  fur- 
face  ne  les  verroit  jamais,  fi  ce 
n'eft  peut-être  Mars  qui  eft  aflez 
près  de  Jupiter  pour  en  pouvoir  être 
apperçu.  Les  autres  ne  paroîtroient 
tout  au  plus  que  comme  des  taches 
qui  padênt  fur  le  difque  du  fo- 
leil  ,  quand  elles  fe  rencontrent 
entre  l'œil  &  ce  dernier  aftre. 
Le  diamètre  apparent  du  foleil  vu 
de  Jupiter ,  ne  aoit  être  que  de  fix 
minutes.  Le  plus  éloigné  des  fatel- 
lites  de  Jupiter  doit  paroiire  pref* 
que  aufli  grand  que  nous  parok  la 
lune.  Grégory  ajoute  qu'un  Âftro- 
nome  placé  dans  Jupiter  ,  apper- 
cevroit  diftinâement  deux  efpèces 
de  planètes ,  quatre  près  de  lui  \  fa- 
voir  9  les  fatellites  »  &  deux  plus 


JUP 


iSt 


éloignées  ;  favoir ,  le  foleil  &  Satur^ 
ne  :  la  première  cependant  feroic 
beaucoup  moins  brillante  que  le  fo^ 
leil ,  malgré  la  grande  difproportion 
qu'il  y  a  entre  leur  diftance  &  leur 

f grandeur  apparente  :  les  quatre  faiel- 
ices  doivent  donner  quatre  diâfé- 
rentes  fortes  de  mois  aux  Habitans 
de  Jupiter.  Ces  lunes  foufFrent  une 
éclipfe  toutes  les  fois  qu'étant  ex- 
pofées  au  foleil ,  elles  entrent  dans 
l'ombre  de  Jupiter  j  elles  caufent 
une  éclipfe  de  foleil  pour  un  œil 

I^Iacé  dans  l'endroit  de  Jupiter,  fur 
equel  cette  ombre  tombe.  Mais 
comme  les  orbites  de  ces  fatellites 
font  dans  un  plan  incliné  fur  celui 
de  Torbite  de  Jupiter  ,  avec  lequel 
elles  forment  un  angle,  leurs  éclip- 
fes deviennent'  centrales  >  lorfque 
le  foleil  eft  dans  un  des  nœuds  de 
ces  fatellites  ^  &  quand  il  eft  hors 
de  cette  pofition ,  les  éclipfes  peu- 
vent devenir  totales ,  fans  être  cen« 
rrales.  La  petite  inclinaifon  du  plan 
des  otbites  des  fatellites  fur  le  plan 
de  l'orbite  de  Jupiter  ,  fait  qu'à 
chaque  révolution  il  fe  fait  une 
éclipfe  des  fatellites  &  du  foleil , 
quoique  ce  dernier  foit  à  une  dif-' 
tance  confidérable  des  nœuds.  Biea 

1)lus ,  le  plus  bas  de  ces  fatellites  , 
ors  même  que  le  foleil  eft  le  plus 
éloigné  des  nœuds,  doir  éclipfer 
le  foleil ,  ou  être  éclipfe  par  rap* 
port  aux  Habitans  de  Jupiter  ;  ce- 
pendant  le  plus  éloigné  peut  être 
deux  ans  confécutifs  fans  tomber 
dans  l'ombre  de  cette  planète  ,  8c 
celîe-ci  dans  la  fienne.  On  peut 
ajouter  i  cela  que  ces  fatellites  s'é- 
clipfent  quelquefois  l'un  l'autre^  ce 
qui  fait  que  la  phafe  doit  être  dif-' 
fcrente,  &  même  fouvent  oppofée, 
à  celle  du  facellite  qui  entre  dans 
l'ombre  de  Jupiter,  &  dont  on  vient 
de  parler }  car  dans  celui-ci  le  bord 


iSi 


JUR 


oriental  doit  encrer  le  premier  dans 
lombre,  &roccidemal  en  forcir  lé 
dernier  ,  au  lieu  que  c'eft  couc  le 
contraire  dans  les  autres. 

Quoique  lombre  de  Jupiter  s'é- 
tende bien  au  delà  de  (es  fateliires , 
elle  eft  cependant  bien  moindre  que 
la  diftance  de  Jupiter  à  aucune  pla- 
nète ,  &  il  n'y  en  a  aucune  »  pas 
mcme  Saturne  qui  puifTe  sj  plon- 
ger. 

En  termes  de  Chimie  ,  Jupiter 
fignifie  letain. 

Les  deux  premières  (vllabes  font 
brèves ,  &  la  troitième  longue. 

On  prononce  Jupitair.  * 

JUPON; fubftantifmafculin.  Courte 
jupe  que  les  femmes  mettent  fous 
les  autres  jupes.  Un  jupon  piqué.  Un 
jupon  de  flanelle. 

Les  deux  fyilabes  font  brèves  au 
fingulier ,  mais  la  féconde  eft  longue 
au  pluriel. 

JUPPILLES  ;  nom  propre  d'un  bourg 
de  France  dans  le  Maine ,  à  deux 
lieues  &  demie,  nord-nord  eft,  de 
Château-du-Loir. 

JURA  ;  (  mont  )  nom  d'une  chaîne  de 
montagnes  qui  féparent  la  SuilTe  de 
la  Franche-Comté.  Elle  s'étend  de- 
puis le  Rhin  près  de  Baie ,  jufqu'au 
khône,  à  quatre  lieues  au-deflTous 
de  Genève. 

JuRA,eftau(Ii  le  nom  d'une  petite  île 
d'Écofle ,  l'une  des  Wefternes  ,  au 
midi  de  Tile  de  MuII ,  &  an  nord 
de  celle  d'Ua.  Elle  a  huit  lieues  de 
longueur ,  &  deux  de  largeur.  On 
y  pèche  d'excellens  faumons. 

JURADE  ;    fubftantif  féminin.  On 
donne  ce  nom  d  Bordeaux  à  lafTem- 
blée  des  Jurats.  La  Jurade  va  s'af- 
Jemhler, 

JURANDE;  fubftamif  féminin.  Ce 


lUR 

mot  (ignifie  quelquefois  la  charge 
de  Juré  d'une  Communauté  de 
marchands  ou  artifans  :  quelquefois 
il  (ignifie  le  temps  pendant  lequel 
le  Juré  exerce  cette  charge ,  &  quel- 

?uefois  enfin  il  fignifie  le  corps  des 
urés. 

Les  jurandes  furent  établies  en 
même  temps  que  les  arts  &  métiers 
furent  mis  en  Communauté  par  S» 
Louis  :  on  établit  dans  chaque  Corn* 
munauté  des  prépofés ,  pour  avoir 
infpedion  fur  les  autres  Maures  du 
mcme  état.  Une  Ordonnance  du 
Roi  Jean  porte  qu'en  tous  les  mé- 
tiers Se  toutes  les  marchandifes  qui 
font  &  fe  vendent  â  Paris  ,  il  j 
aura  Vifiteursj  Regardeurs  &  Maî- 
tres qui  regarderont  lefdîts  mé- 
tiers &  marchandifes ,  les  vifiteront 
&  rapporteront  les  défauts  qu'ils 
trouveront;  aux CommifTaires  ,  au 
Prevot  de  Paris ,  &  Auditeurs  du 
Châtelet.  Dans  la  fuite  ces  prépo- 
fés ont  été  nommés  jurés  ^  parce- 
Îu'ils  prêtent  ferment  en  juftice. 
)ans  les  fix  Corps  des  Marchands , 
Se  dans  quelques  autres  Commua 
nautés ,  on  les  appelle  Gardes  ;  dans 
d'autres ,  Jurés-Gardes. 

JURAT  ;  fubftantif  mafculin.  On  ap- 
pelle ainfi  â. Bordeaux  &  dans  d'au* 
très  villes  de  Guienne ,  des  Officiers 
municipaux  qui  rempli fTent  les 
mêmes  fondions  que  les  Confuls  ou 
Échevins  des  autres  villes.  Voyei^ 

ÉCHEVIN. 

Les  Jurats  de  Bordeaux  ont  la. 
Juftice  criminelle  concurremment 
&  par  prévention  avec  le  Lieutenant 
Criminel  de  cette  ville. 

*  Dans  TAgénoîs  &  le  Condomois 
il  y  a  auffi  des  Jurats  qui.  connoiC- 
fent  d'une  partie  des  crimes  que 
l'on  y  commet.. 

On  appelle  encore  Jurats  ^   les 


JUR 

Juges  des  Seigneurs  du  Béarn.  Ces 
Juracs  connoifTenc  des  décrets  » 
mais  ils  ne  peuvent  juger  quand  il 
s'agit  de  peine^  affliâive  *,  ils  ont 
feulement  en  ce  cas  la  liberté  de 
donner  leur  avis  qui  eft  porté  au 
Parlement. 

Uappel  des  ingemens  des  Jurats 
de  Béarn  peut  être  porté  aux  Sièges 
des  SénéchaulTées  ou  au  Parlement, 
au  choix  des  Parties. 

JURÂTOIRE)  adjeâif  des  deux 
genres  &  terme  de  Pratique.  Il 
n'eft  ufité  qu  en  cette  phrafe  •  eau* 
lion  j aratoire  ^  pourdéiigner  le  fer- 
ment que  fait  quelqu'un  en  juftice 
de  repréfenter  la  perfonne ,  ou  de 
rapporter  quelque  chofe  dont  il 
elt  chargé.  On  lui  donna  main^ 
levée  de  J  a  perfonne  fur  fa  caution  ju 
ratoire. 

JURÉ ,  ÉE  \  adjcftif.  Celui  qai  a  fait 
\çs  fermens  requis  pour  la  maitrife. 
Un  Ecrivain  juré*  Un  Chirurgien 
juré. 

JuRB  9  fe  dit  auflU  dans  les  Corps  & 
Communautés  de  Marchands  ou 
Artifansjdeceux  qui  font  prépofés 
pour  avoir  foin  du  Corps  ou  de  la 
Communauté. 

Le  nombre  des  Maîtres  Jurés 
n*eft  pour  l'ordinaire  que  de  quatre 
dans  chaque  Corps  ^  il  y  a  pourtant 
certaines  Communautés  d'Arts  & 
Mériiets  i  Paris  qui  en  ont  jufqu  a 
fix^  quelques-unes  cinq ,  &  d'autres 
un  Syndic  avec  les  quatre  Jurés , 
&  quelques-unes  deux. 

L eleâion  des  Jurés  fefait tous 
Jes  zn% ,  non  de  tous  les  quatre , 
mais  de  deux  feulement  ;  en  forte 
qo*îls  font  en  charge  chacun  deux 
années:  ce  font  toujours  les  deux 
plus  anciens  qui  doivent  fortir ,  & 
quinze  jours  après  TéleAiondes  nou- 


JUR  183 

veaux   Jurés  9   ils  doivent  rendre 
compte  de  leur  jurande. 

Il  y  a  aufli  des  MaîtrefTes  Jurées , 
dans  les  Communaurés  qui  ne  font 
compofces  que  de  femmes  &  de    ^ 
filles  9  telles  que  les  lingères  y  cou- 
turières ^  &c. 

Les  principaux  É.iitsdonnés  pous 
rétabliflfement  des  Jures,  leurs  clec 
rions  ,  leurs  droits  ,  vifitcs ,  &c» 
font  des  années  1581,  1588  & 
1597,  fous  Henri  lll  &c  Henri  IV. 

En  1691 ,  Louis  XI V  fupprima 

f»ar  un  Édit  du  mois  de  Mars ,  tous 
es  Maîtres-Gardes  »  Syndics  &  Ju- 
rés d'éleâion ,  &  créa  en  leur  place 
autant  de  Maîtres  &  Gardes ,  Syn- 
dics &  Jurés  en  titre  d'office  «  dans 
tous  les  Corps  des  Marchands, 
Communauté  des  Arrs  &  Métiers 
de  la  ville  &  fauxbourgs  de  Paris  » 
&  de  toutes  les  autres  vi  lies  &  bourgs 
clos  du  royaume*  Mais  peu  de  ces 
offices  ayant  été  levés  ,  &  lesCorps 
&  Communautés  les  ayant  acquis 
moyennant  le  payement  des  taxes 
réglées  par  le  rôle  du  Confeil  du  10 
Avril  1^91 ,  il  y  a  peu  de  Commu** 
naucés  cant  â  Paris  que  dans  le  refte 
du  royaume ,  qui  ne  foient  rentrées 
en  pofTelIion  d'élire  leurs  Jurés  ic 
autres  Officiers.  * 

Les  ftatuts  de  chaque  Corps  rè« 
glent  ordinairement  les  fondions 
de  fes  Jurés ,  &  il  n*y  a  fur  cela 
d'uniformité  qu'en  ce  que  les  Jurés 
reprcfentent  toujours  leur.  Commu- 
nauté, &  en  adminiftrent  les  biens 
de  la  même  manière  que  les  tuteurs 
gèrent  ceux  de  leurs  pupilles. 

Les  Jurés  de  Communautés  peu* 
vent  I  comme  les  tuteurs,  être  con- 
traints par  corps  à  rendre  compte  de 
leur  gedion ,  &  à  en  payer  le  reli' 
quat.  On  penfe  même  univerfeU 
lement  qu'ils  peuvent  y  être  con- 
traints folidairement^  lorfque  leurs 


3' 


1S4  JUR 

ftatuts  ne  contiennent  point  de  dif- 
portions  contraires. 

Les  membres  d'une  Communauté 

Iuifont  élus  Jurés,  Syndics  ou  Gar- 
es de  leur  Corps ,  ne  peuvent  fe  dif- 
penferd'en  faire  les  fondions ,  parce 
quec*eftune  charge  publique.  11  y  a 
même  des  Corps  où  Taccepcation  de 
cette  charge  doit  fe  faire  ,  fous  pei- 
ne de  déchéance  de  maîtrife  &c  ré- 
ception. La  Communauté  des  Or- 
fèvres de  Paris  a  obtenu  des  Arrêts 
qui  Tonc  ainii  jugé  contre  quelques- 
uns  de  fes  membres  qui  refufoient 
d'être  gardes  ;  &  l'article  X  des 
ftatuts  des  Fabriquans  &  Marchands 
d'érofFes  à  Lyon ,  revêtus  de  Lettres- 
patentes  du  premier  Oâobre  1757, 
régiftrées  au  Parlement  le  }i  Mars 
1738,  prononce,  outre  la  déchéance 
de  la  maxtrife  une  amende  de  5  00 1. 
contre  ceux  qui  refuferont  d'être 
Gardes  après  avoir  été  élus. 

En  Hollande  on  appelle  Jurés^ 
Maîtres-Marqueurs  de  mefures  ,  des 
Officiers  établis  par  les  Collèges  des 
Amirautés  pour  faire  le  jaugeage  & 
mefurage  des  vaifTeaux. 

On  appelle  écolier  juré  ^  celui  qui 
â  fait  fes  études  de  Philofophie  dans 
rUniverirré  &  qui  en  a  le  certificat 
du  Redléur ,  pour  être  enfuite  reçu 
Maître  es- Arts. 

On  appelle  un  grand  &  irrécon- 
ciliable ennemi ,  un  ennemijuré. 
JURÉ  ,  ÉE  j  participe  paflîh  Voye'[ 

Jurer. 
JURÉE  j  fubftantif  féminin  &-  terme 
de  coutume.  Il  fe  dit  d'un  certain 
droit  qui  fe  paye  pour  la  juridic- 
tion &  connoidànce  des  caufes.  On 
appelle  bourgeois  dé  jurée  y  hommes 
&  femmes  de  jurée  3  ceux  qui  doi- 
vent au  Roi  ou  à  quelqu'autre  Sei- 
gneur Haut-jufticier  un  droit  de 
jurée  qui  eft  communément  de  fix 
dfcniers  pour  livre  des  meubles  &  | 


JUR 

deux  deniers  pour  livre  des  immeu- 
bles ,  i  moins  qu'il  n'y  ait  quelque 
abonnement. 
JUREMENT  i  fubftantif  ^mafculin. 
Juramentum.  Atle  par  lequel  cri 
prend  Dieu  à  témoin  de  ce  que  Ton 
avande.  Le  fécond  précepte  du  Dé- 
calogue  nous  défend  de  jure  r  en vâin^ 
ce  qui  fuppofe  qu'il  eft  quelquefois 
permis  &  même  néceflàire  de  le 
faire  ;  aufC  les  Théologiens  recon- 
noiflent-ils  qu'un  jurement  fait  avec 
les  conditions  requifes ,  eft  un  a€be 
dé  religion. 

On  peut  prendre  à  témoin  Dieu 
confideré  en  foi  ou  dans  quelqu'un 
de  fes  attributs  ,  &  alors  le  jure* 
ment  eft  ce  qu'on  appelé  un  jure* 
ment  par  Dieu  ;  ou  on  le  prend  i 
témoin  confîdéré  dans  fa  créature  , 
&  alors  c'eft  jurer  par  la  créature. 
Dans  le  premier  cas ,  le  jurement 
légitime  eft  un  aâe  de  latrie  ;  dans 
le  fécond  ,  c'eft  un  aâe  de  dulie  ^ 
n  cette  créature  eft  fainte ,  ou  d'hy- 
perdulie ,  fi  c'eft  la  fainte  Vierge. 

On  divife  le  jurement  en  impli- 
cite ou  explicite ,  eh  abfolu  &  con- 
ditionnel ,  en  affirmatif  &  en  pro- 
milToire ,  en  fimple  &  folennel  ^ 
en  judiciaire  &  extra -judiciaire  > 
&c.  félon  la  manière  dont  le  jure- 
ment eft  fait  y  ou  félon  les  cas  qui 
l'exigent.  Foye^  Affirmation  ^ 
Serment. 

Au  pluriel ,  ce  mot  (ignifie  ordi- 
nairement blafphêmes  ,  impréca* 
rions  &  exécrations. 

Saint  Loui;  fit  des  Réglemens 
révères  contre  les  jureméns  &  les 
blafphêmes  ^  les  Ordonnaocesi  pof-. 
térieurespnt  aufli  établi  des  peines 
contre  ceux  qui  profèrent  dcsjure^ 
mens  envain.  Vanille  Sa  de  l'Or^ 
donnance  de  Moulins  défend  tous 
blafphêmes  &  jureméns  du  nom  de 
Dieu ,  fous  peine  d'amende  &  x&e- 


lUR 

me  de  panition  corporelle  8*il  y 
écher* 

Fqyci  Serment  ,  pour  les  diflfc- 
rences  relacives  qui  en  diftinguenc 

JVAEMEMT  9  &C. 

JURER;  verbe  adif  de  la  pre- 
mière conjogaifon ,  lequel  fe  con- 
jiigiie  comme  Chanter,  Jurarc, 
Affirmer  par  ferment  en  prenant 
quelqu'un  ou  quelque  choie  à  té- 
moin* Dieu  en  vain  eu  ne  jureras, 
jurer /a  foi. 

Il  s'emploie  aufli  comme  verbe 
neutre  dans  cette  acception.  Jurer 
par/on  Dieu ,  par/h  foi  ^  fur /on  hon- 
neur. 

Les  Grecs  &  les  Romains  juroient 
tantôt  par  un  Dieu»  tantôt  pardeux> 
&  quelquefois  par  tous  enfemble. 
Us  ne  réfervoient  pas  aux  Dieiu 
feuls  le  privilège  d'être  les  témoins 
de  la  vérité  j  ilsaffbcioientaumème 
honneur  les  demi*Dieux,  6c  ju- 
roient par  Caftor  »  PoUux ,  Hercule j 
&c.  avec  cette  différence  chez  les 
Romains»  que  les  hommes  feuls 
juroient  par  Hercule  j  les  hommes 
&  les  femnotes  par  Pollux ,  &  les 
femmes  feules  par  Oftor. 

Les  femmes  juroient  aufli  géné- 
ralement par  leurs  Junons  &  les 
hommes  par  leurs  Génies  ^  mais  il 
y  avoir  certaines  Divinités ,  au  nom 
defqueiles  on  juroit  plus  fpéciale- 
ment  en  certains  lieux  qu'en  d'au- 
tres. Ain(î  à  Athènes  on  juroit  le 
I^lus  fouvent  par  Minerve ,  qui  étoit 
a  Déeflfe  tucélaire  de  cette  ville  ;  à 
Lacédém^ne  par  Caftor  &  Pollux  ; 
en  Sicile  par  Proferpine  ^  parceque 
ce  fat  en  ce  lieu  que  Pluion  l'tfnleva  -y 
6c  dans  cette  même  île ,  le  long  du 
fleuve  Simette  »  on  juroit  par  les 
Dieux  Palices. 

Les  particuliers  avoient  eux- 
mêmes  certains  fermens  dont  ils 
ttfoient    davanuge  félon  la  diffé^ 
Tome  XF. 


JUR  1J5 

rencede  leur  état ,  de  leurs  engagea 
mens  &  de  leuts  goûts.  Xos  vefta- 
les  juroient  volontiers  par  la  DéefTe 
Vefta ,  les  femmes  mariées  par  Ju- 
non  ,  les  laboureurs  par  Céiès ,  les 
vendangeiuB  par  Bacchus ,  les  chaf- 
feurs  par  Diane  ^,^e. 
*  Non* feulement  on  juroit  par  les 
,  Dieux  &  les  demi-Dieux  ,  mais 
encore  par  tout  ce  qui  relevoit  d» 
leur  epapire ,  par  leurs  temples ,  par 
les  marques  ae  leur  dignité  »  par  les 
armes  qui  leur  étoient  particulières. 

Jurer  »  fipifie  auffi  blafphèmer.  // 
ofa  jurer  le  nom  de  Dieu.  Et  Ton  dit 
abfolument  en  ce  fens  jon  a  horreur 
de  feneendre  jurer.  Il  vint  à  nous  en 
jurant. 

Jurer  ,  (ignifie  aufli  confirmer  ,  rati- 
fier une  chofe  par  ferment.  Les  deux 
Puijfances  viennent  de  jurer  la  paix. 
Ils  lui  jurèrent  ebéijfance. 

Jurer  ,  (ignifie  encore  promettre  for*- 
temçnt  »  quand  même  ce  feroit  fans 
jurer.  Il  lui  jura  un  fecret  inviolable. 
Les  amans  fe  jurent  toujours  fidélité. 
On  dit ,  jurer  la  mort  d'une  per^ 
fonne  ,  jurer  fa  ruine ,  jurer  fa  perte  ; 
pour  dire  >  prendre  la  réfolution  de 
procurer  fa  more  ^  fa  ruine  >  fa 
perte. 

Jurer  ,  verbe  neocrt  j  fignifie  aufli 
faire  des  fermens  fans  ùâeffité  »  par 
emportement  ou  par  une  mauvaife 
habitude.  C*ejl  un  homme  qui  ne  fait 
qu^  jurer.  Il  juroit  comme  un  char-- 
reeier. 

Jurer  >  fe  dit  figurémenr  au  neutre 

de  deux  chofes  dont  l'union  eft  cho- 

.  quante.  Ctete  couleur  jure  avec  celle* 

là.  Son  âçe  &  fes  manâres  jurent 

enfemble^. 

On  dit  aufli ,  cj^un  violon  ou  un 
autre  inflrument  jure  ,  lôrfqu'il  rend 
un  fon  aigre. 
La  première  fyllabe  eft  brève 

Aa 


/^ 


lU  JUR 

^  &   la  féconde   longue  oa  brève. 
yoye:^  Verbe. 

Les  temps  oa  perfonnes  qui  fe 
terminent  par  un  c  féminin  ,  ont 
leur  pénultième  fyllabe  longue.        | 

JUREUR  i  fubftaniif  i^afculin.  Qui 
jure  beaucoup  par  mauvaife  habitu- 
de ou  par  paflion.  C'cfl  un  ju^ur 
&  un  blafphémauur^ 

JuREua  ,  s*eft  die  autrefois  parmi  les 
Francs  y  de  celui  qui  fe  purgeoit 
par  ferment  d'une  accufation  ou 
d'une  demande  faite  contre  lui. 

Selon  la  loi  des  Francs  Ripuaires  » 
on  fe  contentoit  pour  la  décifion 
des  affaires  des  feules  preuves  P^a- 
tives.  Ain(î  celui  contre  qui  on  tor- 
moit  une  demande  ou  une  accufa- 
tion ,  pouvoit  dans  la  plupart  des 
casfe  juflifier  en  jurant  avec  ua  cer- 
tain nombre  de  témoins  qu'il  n'a- 
voit  point  fait  ce  qu'on  lui  imputoit, 
&  par  ce  moyen  il  croit  ablous  de 
f  accufation. 

Le  nombre  des  témoins  qui  dé- 
voient jurer  atigmentoit  félon  Tim- 
portance  de  la  choie  \  ilalloit  quel- 
quefois à  foixante  &  douze, '&  on 
lies  appeloit/wrett^j  ^juratores* 

La  loi  des  Allemands  porte  que 
jtifqu'à  la  demande  de  fix  fous  on 
s'en  purgera  par  fon  fermenf ,  & 
celui  de  deux  jureurs  réunis.'La  loi 
des  Frifohs  exigeoit  fept  jureurs 
pour  établir  fon  innocence  dans  le 
ca»  d'accufation  d'homicide.  On 
voit  pat  notre  ancienne  hifloire  que 
Ifon  requéroit  dans  quelques  occa- 
fions  ,  outre  le  ferment  de  la  per- 
ibnnq ,  celui  de  dix  otf  douze  junurs 
pour  pouvoir  obtenir  fa  décharge. 

JSURl  DICTION  ;  fubflantif  féminin, 
pouvoir  de  celui  qui  a  droit  de 

y    ^ger. 

Quelquefois  ce  mot  (ignifiele  ref 
&tt  ».  rétendue  du  lieu.où  un  J^ge 
ili  Ife  gouvoit  de.  jugçj:* 


Quelquefois  auili  on  entend  par 
Juridiclion ,  lé  Tribunal  où  l'on  rend 
la  juflice. 

.  On  diftingue  deux  forres  de  Jiiri* 
dictions  principales^  iâ  JuridiSlon 
ecclejiajiique  ,  &  la  Juriduiion  fccu^ 
liire. 

La  JuridiSion  eccléfiafiiqut  eô:  le 
pouvoir  qui  appartient  4  TEglife  d'or- 
donner ce  qu'elle  rrouve  de  plus  con'- 
venable  fur  les  chofes  qui  fonr  de  fa 
compétence  ,  &  de  faire  exécuter 
fes  loix  6c  fes  jugemens. 

Jésus  Christ  en  quittant  la  terre 
a  laiile  à  fon  Êglife  le  droit  de  fi^e. 
exécuter  les  lois  qu'il  lui  avoit  pper^ 
crites  ,  d'en  établir  de  nouvelles  ' 
quand  elle  le  jugeroit  néceiTaire  & 
de  punir  ceux  qui  n'obéirôient  point 
à  fes  ordonnances.  C'cft  là  l'origine 
&  le  principe  de  la  Juridiâion 
eccléfiaftique  ,  dont  le  fils  de  Dieu 
fait  homme  a  confié  le  dépôt  à  fes. 
Apôtres  pour  le  tranfmettre  à  ceur 
qui    dévoient    gouverner    l'Eglife 
après  eux  jufqu*â  la  confotnmatioik 
desfiècles.  Comme  Jis us-Christ 
ne    s'efl    fait   homme  que   pour 
fauver  les  hommes  &  pour  rendre^ 
témoignage  i  la  vérité  ,  il  s'efl  pro* 
pofé  de  les  inflruire ,  fans  exercée: 
aucune   puiflànce  fur  le  temporel*. 
Il  a  déclaré  que  fon  royaume  n'éroic 
pas  de  ce  monde:  il  n'a*  pas  même 
voulu  fe  mêler  d\in  partage  entre 
deux  frères^  Sa  puiATance  ne  s'exer- 
çoit  donc  que  fur  le  fpirituçl.  Celte- 
au'il  a  confiée  à  l'Églife  n'elt  point 
d'une  nature  difiiérente ,  ainfi  qu'il 
le  dit  à  fes  Apôtres  y  en  leur  donnant: 
leur  miflion.  De-là^il  fuit  que  la  ju- 
ridiâion  qui   appartient  a  l'Églife 
de  droit  divin,  ne  confifte  que  dkns. 
le  pouvoir  d'ènfeigaer  les  nations  ». 
de  remettre  les  péchés,  d'adminif-- 
trer  aux  fidèles  les  facremens ,.  &" 
dfi  punir  par.  des  peines  purement: 


i; 


JUR 

ipîrîtcielles  ceux  qui  violent  les  lois 
ecclédaftiques.     ^ 

Mais  quoique  dans  Torlgine  la 
jurididlion  de  l'Églife  fût  bornée  à 
ces  feuls  objets  »  les  Princes  fécu- 
liers  par  refpeft  pour  TEglife,  & 
pour  honorer  lesPafteurs,  lui  ont 
attribué  une  autre  efpèce  de  juri- 
diâion  qui  eft  de  droit  humain  & 
)ofitif  :  ils  ordonnèrent  d'abord  que 
esÉvèques  pourroienc  juger  les  af- 
faires civiles ,  comme  arbitres  ,  du 
confentement  des  parties.  Condan- 
tin  ordonna  qu*il  n'y  auroit  aucun 
appel  de  leurs  jueemens,  &  que 
les  Juges  féculiers  les  feroient  exé- 
cuter par  leurs  Officiers. 

Les  Empereurs  Ârcadius  &  Ho- 
noriusayant  remarqué  que  quelques 
£vcques  cherchoientà  étendre  trop 
loin  lapuiiïance  qui  leur  avoir  été 
accordée ,  les  réduidrent  à  jugçr 
feulement  des  affaires  de  religion. 
Valentinien  II  renouvela  ce  règle- 
ment j  mais  Juftinien  renditaux  Evî*. 
ques  toute  Tautorité  que  quelques- 
uns  leur  avaient  ôtée;  il  leur  éta- 
blir même  une  audience  publique, 
'&  donna  audi  aux  Clercs  &  aux 
Moines  le  privilège  de  ne  pouvoir 
être  obligés  de  plaider  hors  de  leur 
Province ,  &  de  n'avoir  que  leur 
Évcque  pour  Juge  en  matière  ci- 
'  vile ,  &  pour  les  crimes  eccléfiaf- 
dques. 

Ce  même  Empereur  connoiffaot 
la  probité  &  la  charité  desÉvcques  j 
&  fiiivanc  en  cela  lexemple  de  plu- 
sieurs de  fes  prédéceflTeurs,  leur 
donna  beaucoup  d'aucorirc  dans 
certaines  affaires  temporelles,  com- 
me dans  la  nomination  des  tuteurs 
fie  curateurs  j  danslçs  comptes  dts 
,deiiiers  communs  des  villes ,  Ip s 
Xî^archés  Se  réceptions  des  ouvrages 
publics  J  la  vifite  des  prifons  ,  6c 
pour  la  proteé^ioa  4es  efcUves  »  if$ 


JUR  liy 

eiifansexpofés,  des  perfonnes  mi- 
férables;  enfin  pour  la  police^  contre 
les  jeux  de  hafard ,  6c  contre  la 
proÂitution  ^  mais  leur  autorité  , 
par  rapport  d  ces  différentes cho fes, 
neconfilloitqu  à  veillera rexécuriott 
de$  règlemens  concernant  la  piété 
&  les  bonnes  mœurs ,  fans  qu'ils 
euffcntà  cet  égard  aucune  juridiSion 
coaâive. 

Les  lois  civiles  qui  autorifoient 
les  Evêques  a  connoître  des  diffé- 
rends des  Clercs,  entroient  dans 
lés  vues  de  rÉglife^  qui  étoienc 
d  empêcher  fes  minières  de  plaider-» 
ou  du  moins  qu'ils  ne  parufient  de^ 
vant  les  Juges  Laïques»  dans  la 
crainte  que  cela  ne  tournât  au  mépris 
du  minUlère  £cc*é(ia(lique  ;  ceA 
pourquoi  le  troifième  Concile  de 
Carthage  avoir  ordonné  que  fi  un 
Evcque  ;  ou  un  Prêtre  ,  ou  autre 
Clerc  pourfuivoic  une  caufe  dans  un 
Tribunal  public ,  &  que  ce  fût  en 
matière  criminelle  j  il  feroit  dépofé, 
quoiqu'il  eût  gagné  fa  caufe  j  q 
H  c  ctoit  en  matière  civile  ^  il  per 
droit  le  profit  du  jugement  s'il 
vouloit  pas  s'expo.fer  a  être  dépoft.  x 

Le  Concile  de  Calcédoine  ordon- 
ne qu  un  clerc  qui  a  une  affaire 
contre  uu  autre  clerc ,  commence 
par. le  déclarera  fbn  Evêque  pouc 
Ten  faire  juge  9  ou  prendre  des  ar- 
bitres du  conienrement  de  TEvêque* 

Quelques  autres  Conciles  poftér 
rieurs  ne  défendent  pas  abfolument 
aux  clercs  d'agir  devant  les  Juges 
féculiers ,  mais  de  s*y  adreffer  ou 
d'y  repondre  fans  la  peruiifllon  de 
l'Évèque. 

La  JuridiAion  ecclifiaflique  s*ac« 
crut  encore  dans  les  fiècles  fuivansj 
rslleinent  qu'en  S 66  9  le  Pape  Nico- 
las l  dans  fes  réponfes  aux  Bulgares  > 
dit  qu^ils  ne  doivent  point  juger  les 
clercs  ^  maxime  fondée  principale- 

A  a  ij 


-  -w-*--^ 


JÊ 


188  JÙR 

ment  far  les  faulTcs  décrétâtes  com- 
me on  voie  (kns  le  (raicé  de  Gra- 
nen« 

Il  n*y  eut  point  de  pays  fartoat 
où  les  Évèqaes  acquircnr  plus  d'au- 
torité qu'en  France  :  on  perfuada 
à  Charlemagne  dans  fa  vieillefle 
qu'il  y  aroit  dans  le  code  Tlicodo- 
fien  une  loi  de  Conftantin  portant 
que  Ci  de  deux  fcculiers  en  procès, 
l'un  prenoît  un  Évcque  pour  Juge , 
l'autre  étoit  obligé  de  fe  foumettre 
au  jugement  fans  en  pouvoir  apoe- 
1er.  Cette  loi  qui  pafle  chez  les  cri- 
tiques  pour  fuppofce  ,  ou  du  moins 
qui  n'avoit  jamais  été  exécutée  juf- 
qu'au  temps  de  Charlemagne  ,  fut 
adoptée  par  ce  Prince  dans  fes  capi- 
tulairès,  &  Louis  le  Débonnaire  Ion 
'fils  en  fat  une  des  premières  vie- 
>  Dmes* 

Le  tfoifîème  Concile  de  Latran 
pouiTa  les  cbqCes  jufqu'd  défendre 
aux  laïques  >  fbos  peme  d'excom^ 
munication  »  d'obliger  les  clercs  i 
comparoitre  devant  eux  ,  &  Inno- 
cent III  décida  que  llss  clercs  ne 
E ou  voient  pas  renônter  i  ce  privi- 
\ge ,  comme  étatlt  de  droit  public. 
La  Jurididion  de^  Év^ues  fe 
trouva  pourtant  fort  reftreinte  dès 
le  dixième  fiècle  pour  les  matières 


loirituelles  ,  par  f'extenfion  qui  fut 
'donnée  i  Tautoriré  du  Pape  au  pré- 
judice des  Ëvèques  8c  par  la  Juri- 
diction des  Légats  qui  furent  en- 
voyés fréquemment  dans  le  on- 
zième fiàcle.  Les  ÉVcques  cher- 
chèrent à  s'en  dédommager  en  étcn- 
danr  fotis  difFérens  prétextes  leur 
juridiâion  fur  les  piatières  tem- 
porelles. 

Non-feulement  lesCîercs  éroient 
alors  totalement  exempts  de  la  ju- 
ridiûîon  féculière ,  mais  lès  Évc- 
ques  exôrçoient  même  leut  jurî- 
diâidh  fur  les  Séculiets.  Oaos  la 


JUR 

plupart  des  af^ires ,  ils  prenoîenr 
connoiiTance  des  canfes  réelles  & 
mixtes  où  les  Clercs  avoient  intérètj 
&  trou  voient  toujours  moyen  de 
les  attirer ,  foit  fous  prétexte  de 
connexité)  ou  par  reconvention  ^ 
ils  revendiquoient  les  criminels  qui 
fe  difoient  Clercs,  quoiqu'ils  ne 
pôrtaflent  ni  Thabit  ni  la  tonfure  ; 
lis  donnoient  la  tonfure  1  tous  ceax 
qui  fe  préfentoient  pour  augmenter 
le  nombre  de  leurs  Jufticiables ,  Se 
mettoient  au.  nombre  des  Clercs 
tous  ceux  qui  avoient  la  tonfure  » 
quoiqu'ils  fufTent  mariés.  Les  meu- 
bles des  Clotcs  n'éioient  fujets  qu  i 
là  juridiûion  ecdcfiaftique,  ions 
prétexte  que  les  meubles  fuivent 
la  perfonne. 

ils  connoifibieht  de  Texécation 
des  contrats  auxquels  on  avoir  ap- 
pofé  la  claufe  du  fermenr  ^  claufe 
qui  étoit  devenue  de  ftyle  y  &  en 
général  toutes  les  fois  quil  pouvoir 
y  avoir  du  péché  ou  de  la  mauvaife 
foi  dans  l'inexécution  de  quelque 
aâe  ,  c'en  étoit  afTez  pour  attirer 
la  caufe  devant  les  Juges  d'Ëglife , 
au  moyen  de  quoi  ils  connoiflbient 
de  tous  les  contrats. 

L'exécution  des  teftamens  étoic 
aufll  de  leur  compérence  »  i  caufe 
des  le^^s  pieux,  ce  qui  entraînoic 
les  fcellcs  &  les  inventaires. 

Us  connoiffoient  aufli  des  con- 
ventions matrimoniales,  parceque 
le  dctuive  fe  cohftituoit  en  face 
d'Églife,  â  la  pcnedu  rhoupicr. 

Les  veuves,  les  orphelins  >  les 
mineurs ,  les  pauvres  étoient  fous 
leur  proteâion,  &  partant  leurs 
jiifticiables. 

Ils  excomnidnioiént  ceux  eut 
étoient  en  demeuré  de  payer  les 
fommes  par  eux  dues,  &  obligeoienc 
les  Juges  laïques  de  contraindre  les 
excommuniés  i  fe  faire  abfôudre^ 


feus  ^iM  d'ècre  êtt3r-mt'mes  Ac- 
xrommuniés,  défendant  de  rien 
vendre  aux  excommuniés,  ni  de 
tr^ivatlltr  poar  eux ,  mecrant  les  lieux 
en  inrerdk,  (joand  les  Juges  lie  leur 
obéiflbienc  pas^  ils  joignoient  même 
aux  cenfures  des  amendes  pécu- 
niaires j  ce  que  dans  Torigine  les 
Juges  d'Èglife   n  avoient  point  le 

f^ouvoir  de  faire,  ne  pouvant  félon 
eur  état  impofér  que  des  peines 
/piritueltes. 

I4s  prétendoient  aufli  que  c*étoit 
à  euxâ  fuppléer  lajudice  léculièré, 
lorfqu'elle  ^t jit  fulpciâre  aux  parties 
ou  qu'elie  tardoit  un  peu  a  faire 
droit. 

Enfin  ils  qualifioient  de  crimes 
cccléfiafiiquef ,  même  à  Tégard  des 
Laïques ,  la  plupart  des  crimes  »  tels 
queleconcuDÎnage,  rufure,  le  par- 
jure,  en  forte  qu'ils' 5*arrogeoient 
Ul  connoilTance  de  toutes  les afiai tes 
criminelles  j  auffi  bien  que  des  af- 
faires civiles  ;  il  ne  reftoit  prefque 
plus  rien  aux  juridiâions  féculières. 

Ces  entreprifes  de  la  juridié^ion 
cccléfiaftique  (ur  la  juridiâiohfécu- 
lière  firent  le  fujet  de  la  fameufe 
Jifpute  entre  Pierre  de  Cugneres , 
Avocat  du  Roi ,  &  Pierre  Bertran- 
di ,  Évcque  d*Autun  ,  devant  Phi- 
Hppe  de  Valois  à  Vii^cennes  >  €n 

1319. 

Pierre  de  Cugneres  fouiînr  <jue 
rÉglife  n*avoit  que  la  juridiftion 
purement  fpirituelle,&  qu'elle  n'a- 
voit  pas  droit  de  juger  des  caufes 
temporelles:  H  coita  66  chefs  fur 
lefqnels  il  foùtint  que  les  ÉccWfiaf- 
tiqtres  fexcédoient  leut  pouvoir ,  no- 
tamtnent  dans  les  matières  tempo- 
relles dont  on  a  vu  ci-devant  que  les 
Juges  d*Égtife  s'étoient  àtttibtté  la 

connoilTance. 

Bfettrandi  prétendît  au  coi^traire 
4pLt  les  Ecciefiaftiques  étoient  ca- 


SUR  189 

pabies  dt  la  |utidiftîon  temporelle» 
auQî  bien  que  dfe  la  fpUituéllei  il 
répondit  à  chacun  des  66  articles , 
&  en  abandonna  quelques-uns  com- 
me des  abus  que  rEglife  défavouoit  ; 
thai^il  en  défendit  la  plus  grande 
partie,  alléguant  la  coutume,  la 
pofleflîon  fldesconceffions  èxprefles 
•ou  tacites  des  Princei  qui  avoient 
cru  ne  pouvoir  mieux  faire ,  que  de 
confier  l'exercice  de  cette pbrtion  de 
la  îuftice  aux  Juges  de  1  Églift  i  il 
exnorta  le  Roi  à  rte  rien  innover  » 
&  h  chofe  en  demeura  là  pour  lors. 

Mais  ce  qu'il  eft  important  cPob- 
fervêr,c'eft  que  Pierre  de  Cugneres 
qualifia  d*abus  les  entreprifes  des 
eccléfiaftiques  fur  la  Juridiélion 
temporelle  ,  &  c'eft  à  cette  époque 
que  Ion  rapporte  Torigixie  des  ap- 
pels comme  d*abus ,  dont  l'objet  eft 
de  contenir  les  Juges  d'Eglife  dans 
les  bornes  de  leur  pouvoir  »  &  de 
les  obliger  de  fe  conformer  aux  an- 
ciens canons ,  aux  lois  &  aux  Or« 
donnances  du  Royaume  dans  Ttxer* 
cice  de  la  Juridiâion  qui  leur  eft 
confiée. 

On  a  encore  apporté  deux  tempes 
ramens  pour  litniter  la  JuridiSion 
cccUJraJli^ue» 

L'un  eft  la  diftInâioA  du  délie 
commun  d'avtc  le  délit  privilégié  \ 
rÉglife  connoît  du  délit  commun 
des  clercs;  le  Juge  royal  counoîr 
du  cas  privilégié. 

L'autre  eft  la  dittîn€kîoh  que  Ton 
fait  dans  les  tfiatières  eccléfiaftiques 
du  pétîtoire  d'avec  le  poireffbire  } 
le  Juge  d'Églife  connoît  du  pétiroire» 
mais  le  Juge  royal  Connoît  feul  dtt 
poITeflôire. 

Cefut-principalemenr  TOrdon- 
nanct  de  François  1  de  1539,  qui 
Cotntnetita  i  renfermer  k  ^juridio 
tion  eccléfiaftique  dans  de  juft^ 
bornes. 


ii>ô  J  U  R 

Ce  Prince  défendit  à  coas  fes  fu* 
jets  défaire  cicer  les  laïques  devant 
les  Juges  dÉglife,  dans  les  aâions 
pures  perfonnellei ,  ibus  peine  de 
perdre  leur  caufe  &  d'amende  arbi- 
traire y  il  défendit  aufli  par  provi- 
fîon  à  tous  Juges  d'Eglife  de  déli- 
vrer aucune  citation  verbale  ni  par 
écrit  pour  citer  les  laïques  dans  les 
matières  pures  petfonnelles  ,  fous 
peine  aulli  d'amende  atbitraire. 
Cette  même  ordonnance  porte  que 
c'eft  fans  préjudice  de  la  Juridiction 
ecclé(îa(lique  dans  les  matières  de 
ia<;rement  ou  autres  purement  fpi- 
rituelles  &  eccléfiaftiques  dont  ils 
peuvent  connoître  contre  les  laïques 
lelon  la  forme  de  droit  ,  &  auffî 
fans  préjudice  de  la  Juridiâion  tem- 
porelle &  féculièrç  contre  les  clercs 
piariés  &  non  mariés  ^  failant  & 
exerçant  états  ou  négociations  pour 
iraifon  defquels  ils  font  tenus  & 
accoutumés  de  répondre  en  Cour 
féculière.j  où  ils  continueront  de 
procéder,  tant  en  ipatipre  civile 
i^ue  criminelle. 

Il  eft  aufli  ordonné  que  Içs  appejs 
commç  d'abus  interjetés  par  les 
Prêtres  Se  autres  perfonnes  ecclc- 
fia(liques  dans  les  matières  de  dif- 
ciplii^e  Sç  dç  correé^ion ,  ou  ai^ires 
pures  pçrfonnelles  >  p'auroiic  aucun 
effet  lufpenfih 

L'Ordonnance  d'Orléans  r^gla 
que  les  Prélats  4c  leurs  O/ficiers 
n'ufi^roient  de  cenfures  cccléfîafti- 
ques  que  pour  des  crimes  fcanda- 
)eux  &  publics  \  mais  comme  cette 
difpofîtion  donnoit  lieu  à  beaucoup 
de  difficultés  ,  Cl>arles  IX  y  p^  fi^s 
Je ttres- parentes  de  l'an  1571,  régja 
que  les  P;éiars  pourroi^it  ufer  des 
cenfures  dans  les  cas  qui  leur  font 
permis  par  les  f;^ints  Décrets  $c 
(Conciles. 

jL'Édif  de  1  tfj?  5 ,  concernant  }a 


JUR 

Juridiâion  ecdéfiaftique ,  ordonne 
que  les  Ordonnances  j  Edits  &  Dé- 
clarations rendus  en  faveur  des  ec- 
cléfiaftiques  concernant  leur  juri-* 
didbion  volontaire  Se  contentieufe 
feront  exécutés. 

La  Jurid'iclion  gracieufc ,  appelée 
tufll  Juridiciion  volontaire ,  eft  celle 
qui  s'étend  fur  1  adminiftration  des 
ordres  &  des  facremens  ,  la  colla- 
tion des  bénéfices,  Tinftitution  ca- 
nonique &  autres  matières  fpirî- 
ruelles  que  TEvèque  tient  de  foa 
propre  caradfcère. 

La  jurididion  contentieufe  ,  qui 
eft  celle  accordée  aux  Pafteurs  par 
les  Princes  féculiers ,  connoît  des 
affaires  perfonnelles  intentées  con- 
tre les  clercs  ,  ranr  pour  le  civil 
que  pour  le  criminel.  Les  Évcques 
font  parr  de  leur  Jurididkion  volon- 
taire aux  grands  Vicaires  ,  &  de 
leur  Juridiâion  conrentieufe  aux 
Officiaux. 

Les  principales  difpoficions  de 
cet  Édic  portent  que  les  eccléfiafti- 
ques  pourvus  en  (Jour  de  Rome  de 
fiénéncçs  en  la  forme  appelée  dig-' 
nuni ,  font  tenus  de  fe  préfenter  en 
perfonne  aux  Archevêques  âf  Ev^ 
ques  dans  les  Diocèfes  defquels 
lefdirs  Bénéfices  font  (itués ,  &  ça 
leur  abfence  à  leurs  Vicaires  géné- 
raux pour  fubir  l'examen  Se  obtenir 
des  lettres  de  yifa  /dans  lefquelles 
il  doit  être  fait  mçntiot^  dudic 
examen. 

Ceux  qui.  ont  obtenu  en  Cour  de 
Rome  des  provifious  en  forme  gra-* 
cieufe  d'une  cure  ,  vicariat  perpé- 
tuel ,  ou  autres  bénéBces  a  charge 
d*ames ,  ne  peuvent  entrer  en  pof- 
feflîon  &  jouiffonce  defdits  bénéfi- 
ces, qu*après  qu'il  aéré  informe  de 
leur  vie  ,  mœurs  &  religion ,  qa'i|s 
ont  fubi  Texamen  devant  TArche^ 
vê(jue  01^  jËyècjue'diocéfafn.^  QU  I9A 


JUR 

Vicaire  ginéizl  en  Ton  abfence ,  ou 
après  en  avoir  obtenu  le  vifa. 

Le»Ârchevèques&  Èvèquesécanc 
hors  de  leurs  oiocèfes  >  peuvent  y 

renvoyer  s'ils  reftimenc  néceflai- 
Te-,  ceux  qui  leur  demandent  des 
lettres  de  vi/dt^  afin  d'y  être  exa* 
minés  en  la  manière  accoutumée. 
Les  Archevêques  &  Évèques  > 
ou  leurs  Vicaires  généraux  qui  re* 
fufent  de  donner  leur  vifa  ou  leur 
înftitution  canonique,  font  tenus 
d'en  exprimer  les  caufes  dans  les 
aâes  qu'ils  font  délivrer  i  ceux  aux- 
quels ils  les  ont  refufés. 

Les  Cours  &  autres  Juges  ne 
peuvent  contraindre  les  Archevê- 
ques^ Êvèques  &  autres  collateurs 
ordinaires,  de  donner  des  provi- 
lions  de  bénéfices  dependans  de  leur 
collation,,  ni  prendre connoiflance 
du  refus,  à  moins  qu'il  n*y  en  ait 
appel  comme  d'abus. 

Lorfque  les  Cours  on  autres  Juges 
ordonnent  le  féqueftre  des  fruits 
d'un  bénéfice  ayant  charge  d'anaes, 
jaridi&ion  ou  fonâion  eccléfiafti- 
qœ  ôc  fpirimelle  donc  le  poflèUbîre 
eft  contentieux  j  ib  doivent  ren- 
voyer par  le  même  jugement  ^  par- 
devant  l'Archevêque  ou .  Èvêque 
diocéfain ,.  afin  qu  il  çommetre  pour 
le  deffervir  une  ou  plufieurs  per- 
fonnes ,  aurres  cpio  celles  qui  y  pré- 
tendent droit. 

.  Les  réguliers  ne  peuvent  prêcher 
dans  leurs  Éelifes  ou  Chapelles , 
fans  s'être  préfentésen  pecfoanes  aux 
Archevêques  ou  Èvêques  diocé- 
fains  9  pour  leur  demander  leur  bé- 
jiédiÂion ,  ni  y  prêcher  contre  leur 
volonté.  A  régacd.des  autres  Êgli- 
feSy  les  féculiers  &c  réguliers  ne 
peavent  y  prêcher  fans  en  avoir  ob- 
tenu la  permiffion  des  Archevêques 
^M|^vêques  qui  peuvent  la  limiter 
ûBTrévoquec  aina  qu'ils  le  j.ugentà 


JUR  icfi 

propos.  Dans  les  Églîfes  qui  ontr 
titre  ou  po({è(lion  valable  pouc  la 
nomination  des  prédicateurs^  ceux^ 
ci  ne  peuvent  pareillement  prêcher 
fans  l'approbation  &  miffiondesAr^^  ' 
chevêques  &  Èvêques. 

Il  n'eft  point  permis  aux  Prêtres 
féculiers  &  réguliers  d'adminiftrer 
le  facrement  de  pénitence ,  fans  en 
avoir  obtenu  la  permiffion  des  Ar- 
chevêques ou  Evêques ,  lefquels  la 
peuvent  limiter  pour  les  lieux,  les 
perfonnes ,  les  temps  &les  cas ,  ainâ 
qu'ils  le  >ugent  à  propos ,  &  la  révo- 
quer même  avant  le  terme  expiré 
pour  caufes  furvetuies  depuis  à  leur 
connoifTance. 

Cesdifpofitions  ne  s'étendent  pas 
fur  .les  Curés,  foit  féculiers,  u)ic 
réguliers  j  ris  peuvent  prêcher  &ad- 
miniftrer  le  facrement  de  pénitence 
dans  leurs  Pïiroi(fes  :  lesTnéologaUs 
peuvent  auffi  prêcher  dans  les  Ègli- 
fesoù  ils  font  établis ,  fans  aucune: 
permiffîon  pfus  fpéciafe. 

Les  Archevêques  de  Èvêques  dbi* 
vent  vificer  tous  les  ans  au  moins  une* 
partie  de  leurs  dîocèfes,flt  faire  vifi* 
ter  par  les  Archidiacres  ou  autres 
eccléfiaftiques  ,  ayant  droit  de  le 
faire  fous  leur  autorité ,  les  endroits 
où  ils  ne  peuvent  aller  en  perfonne,  à 
la  charge  par  tefdits  Archidiacres  ou 
autres  eccléïîaftiques  ,  de  remenre 
aux  Archevêqties&  Èvêques  dans'un» 
mois  leurs  procès  -  verbaux  de  vi- 
fite,afin> d'ordonner  en  conféquence 
ce  qu'ils  eftimeront  néccfifaire. 

Les  Archevêque! &  Èvêques  peu- 
visnt  vifiter  en:  perfonne  les  Égtifes*' 
paroifTiales  fituées  dans  les  Monaftè- 
re$,Commanderies  &  Églifes  des  re^ 
ligieux  qui  fe  prétendent  exempts* 
deleur  j4iridiâ;ion^&  pareillement^ 
foit  par  eux ,  foir  par  leurs  AichL^ 
diacres*  ou  autres  ecdéfiaftiques  „ 
celles:  dont  les^Cucés;  font  Rei  igjéua^ 


■  r 


19^  JUR 

&  celles  où  les  Chapitres  préceodunt 
avoic  droic  de  vifitew 

Il  eft  enjoinc  aux  MarguiUiers  » 
Fabriciens  de  reprcfepter  les  comp- 
tes des  revenus  &  de  la  dépenfe  des 
Fabriques  aux  Archevêques ,  Evc- 
ques  Se  â  leurs  Archidiacres  >  aux 
jours  qui  leur  ont  été  marqués, 

les  Archevêques  &  Évèques  font 
charges  par  le  même  Édit  de  veil- 
ler ,  dans  rétendue  de  leurs  Dio- 
cèfes ,  à  la  confervation  de  la  dif- 
cipline  régulière  dans  tous  les  Mo- 
naftères  exempts  ou  non  exempts  , 
tant  d*honi™cs  que  de  femmes  9  où 
elle  eft  obfervée  ^  &  â  fou  rétablif- 
femenc  dans  tous  ceux  où  elle  n'eft 
point  en  vigueur» 

Les  Religieufes  ne  peuvent  fortir 
des  Monauères  exempts  ou  non 
exempts  ,  fous  quelque  prétexte 
que  ce  foit^  pu  pour  quelque  temps 
que  ce  puiàe  être ,  fans  caufe  l^i« 
time  &  qui  ait  écé  jugée  telle 
par  TArchevcquc  ou  Êvèque  Dio- 
céfain  qui^  en  donne  la  peripi^on 

Î>ar  écritt  Aucune  perfonne  fécu- 
ière  ne  peut  pareillement  entrer 
dans  ces  Monaftères  ians  la  permif- 
fon  defdits  Archevêques  ou  Ëvè- 
ques ,  ou  des  fupérieurs  réguliers  i 
l'égard  de  ceux  qui  font  exempts , 
le  tout  fous  les  peines  portées  par 
les  Confticutto|is  canoniques  Se  par 
les  Ordonnances. 

Les  Archevêques  &  Évêques 
peuvent ,  avec  les  folemnirés  Se  pro- 
cédures accodbimées  »  ériger  des 
Cures  dans  les  lieux  où  ils  leftiment 
néceflàire. 

Il  rfeft  permis  aux  Archevêques 
&  Èvêques  non  plus  qu'à  leurs  Of« 
ficiaux  ,  de  décerner  des  monitoi- 
res  que  pour  des  crimes  graves  & 
fçandales  publics.  Les  Juges  ne  dol* 
vent  en  ordonner  la  pubKcatioii^ue 


dans  les  mêmes  cas ,  Se  lorfqu*ili  tie 
peuvent  avoir  autrement  la  preuve. 

Le  règlement  de  l-honoraire  des 
eccléiîaftimiesappartient  aux  Arche- 
vêques &  Evêques. 

Ils  peuvent  ordonner  les  fctes 
qu'ils  trouveront  à  propos  d'établir 
PU  de  fupprimer  dans  leurs  Diocè- 
fes  y  mais  les  Ordonnances  qu'ils 
rendent,  fur  ce  fujet ,  doivent  être 
revêtues  de  lettres  patentes  du  Rot 
enregiftrées.  Il  eft  enjoint  aux  Cours 
&  Juges  de  tenir  la  main  i  Tezéca^ 
tion  de  ces  Ordonnances ,  fans  qu'ils 
puiffent  en  prendre  connoilTance  » 
fi  ce  n'eft  en  cas  d'appel  comme 
d  abus  j  ou  en  ce  qui  regarde  la 
police. 

Les  Archevêques  »  Évêqnes  » 
leurs  grands  Vicaires  Se  autres  ec- 
cléfiaftiques  qui  font  en  po(Iè(BoQ 
de  prénder  &  d'avoir  foin  de  l'ad- 
miniftraciôn  dés  hofntaux  &  des 
lieux  pieux  établis  pour  le  foula- 
gemeot  >  retraite  &  mftruâûon  des 
pauvres  font  maintenus  par  cet  Édit 
dans  tous  les  droits  ,  féances  & 
honneurs  dont  ils  ont  légitimemenr 
joui  jufûu'â  piéfent. 

Le  même  Édit  confirme  aux  Ar« 
çhevêques  &  Évêques  la  connoif* 
fance  Se  le  jugement  de  la  doârine 
concernant  la  Religion  :  connoif* 
fauce  qui  leur  appartient  de  dioit 
divm. 

Il  eft  de  plus  enjoint  aux  06S' 
cièrs  roj^aux  &  aux  Cours  de  Par«« 
kmem  j  de  laifTec  &  même  de  ren- 
voyer aux  Juges  d'Églifie ,  la  con« 
ttoiflànce  des  cauies  concernant  les 
Sacremens  ,  les  vœux  de  religion  ^ 
FOffice  divin  >  la  difcipline  eccié* 
fiaftique ,  Se  autres  purement  fpi« 
rituevles  j  fi  ce  n'eft  qu'il  7  eut  ap» 
p^l  comme  d'abus ,  interjeté  efdites 
Coucs  j  de  qoi^lques  7ugeni^^  , 
Ordo;uiaBces  ou  procédures  notes 

fur 


JUR 

Aif  ce  ru)e(  ^c  les  Juees  (^'ÉgUfe , 
ou  qu*îl  s'agic  d'une  iucceffion  où 
autres  effets  civils  ,  à  l'occaHon  def- 
quels  on  traiteroic  de  l'ctac  des  per- 
fonoes  décédées  ou  de  celui  de  leurs 
enfans. 

Les  Cours  ne  peuvent  connoitre 
ni  Recevoir   d'autres    appellations 
des  Ordonnances  &  Jueemens  des 
Juges  d'ÈgUfe ,  que  celles  qui  font 
qualifiées  comme  d'abus.  Il  eft  en- 
joint aoxdites  Cour  d'en  exami- 
ner  ,    le   plus   exaAement   qu'il 
leur  eft  poflible ,  les  moyens  avant 
de  les  recevoir  »  &  de  procéder  à 
leurs  Jugemens  avec  telle  diligence 
&  circonfpeâion  que  Tordre  &  la 
difciplineecctéfiaftiquen'en  puifTent 
erre  altérés  ni  retardes ,   Se  qu'au 
contraire    ils  i^e  ferventqu'â  les 
maintenir  dans  leur  pureté  fuivant 
les  (aints  décrets ,  &  à  conferver 
Tautorité  légitime  &  nécefTaire  des 
Prélats  &  autres  fupérieurs  ecclé- 
fiafliqtaes.  ' 

Les  procès  criminels  qu'il  fera . 
aéceflàire  de  faire  aux  prêtres  »  dia-  | 
cres  fous'diacres  ou  clercs  vivant 
derîcalemenc  y  réfîdant  &  fervant 
aux  Offices  ou  au  miniftère  &  bé- 
néfices qu'ils  tiennent  dans  l'Èglife  > 
&  qui  feronc  accufés  des  cas  que 
ion  appelle  privilégiés  ,  doivent 
erre  iniiruics  conjointement  avec 
les  Juges  d'Églife  ôc  par  les  Juges 
royaux  y  en  la  forme  prefcrite  par 
les  Ordonnances ,  &  particulière- 
ment par  l'article  ii  de  i'Èdit  de 
Melun ,  par  l'Édit  du  mois  de  Fé- 
vrier i6jt ,  &  par  la  Déclaration 
du  Roi  du  mois  de  Juillet  l  (S84* 
Comme  la  juridiâîon  eccléfiafti- 
que  n'a  point  de  territoire  , .  la  re- 
coonoiflance  d'une  promeffe  ou  bil- 
let faite  devant  le  Juge  d'Eglife  , 
n'emporte  point  d'bypothèque. 
Avant  l'édit  de  1^95  »  le  Juge 
Tome  XK. 


JUA  195 

d'Eglife  ne  pouvoir  mettre  à  exécu^ 
tion  les  jugemens  ,  que  par  exécu- 
tion de  meubles  &  non  par  faifie 
réelle* 

Le  Juge  d'Eglife  pouvoit  décré- 
ter même  de  prife-de  corps  j  mais 
il  ne  pouvoit  faire  arrêter  ni  em^ 

Erifonner  fans  implorer  l'aide  du 
ras  féculier  j  ii  pouvoit  feulement 
faire  emprifonner  ceux  qui  fe  rrou- 
•  voient  dans  fon  auditoire ,  lorfqu'il 
y  avoir  lieu  de  le  faire  \  mais  par 
l'article  24  de  Tédit  de  166%^  il  eft 
dit  que  les  fentences  &  jugemens 
fujets  a  exécution ,  &  les  décrets 
décernés  par  les  Juges  d'Eglife  ,  fe- 
ront exécutés  en  vertu  d*e  cette  nou- 
velle ordonnance ,  fans  qu'il  foitbe^ 
foin  de  prendre  aucun  pareatis  des 
Juges  royaux  ni  de  ceux  des  Sei- 
gneurs ,  &  il  eft  enjoint  à  tous  Ju- 
ges de  donner  main-fone  &  toute 
aide  &  fecours  dont  ils  feront  re- 
quis ,  fans  prendre  aucune   con- 
noiftance  des  jugemens  eccléfiafti^ 
ques« 

Il  a  toujours  été  d'ufage  de  con- 
damner aux  dépens  dans  les  Tribu* 
»nauxecclé(iaftiques,  lors  même  que 
Ton  n'en  adjugeoit  pas  encore  en 
Cour  Laye  \  mais  le  Juge  d'Eglife 
ne  pouvoit  autrefois  condamner  à 
l'amende  à  caufe  qu'il  n'a  point  de 
territoire  :  préfentemem  ilpeutpro* 
noncer  une  amende, laquelle  ne  peut 
être  appliquée  au  profit  de  l'É vécue 
parceque  l'Eglife  n'a  point  de  fiic  ; 
il  faut  qu  elle  foit  appliquée  à  de 
pieux  ufaees  &  que  Tapplication 
en  foit  déterminée  pat  la  fen- 
tence. 

Les  autres  peines  auxquelles  le 
Juges  d'Eglife  peut  condamner  » 
font  la  fufpenfîon  ,  l'interdit  »  l'ex-  . 
communication  ,  les  jeûnes  ,  les 
prières ,  la  privation  pour  un  temps» 
du  rangulans  L'Eglife  ,  de  soi%r  4é- 

"  Bb 


1^4 


JUR 


libcracîve- dans  le  Chapitre ,  des  dif- 
rributions  oa  d*une  partie  des  gros 
fruits,  la  privation  des  Bénéfices^ 
la  prifon  pour  un  temps ,  &  la  pri 
Ion  perpétuelle  »  t  amende  -  hono-  1 
rabie  dans  l'auditoire ,  nue  tète  Se  à 
genoux. 

L*£gUfe  ne  peut  pas  prononcer 
Je  peme  plus  grave  \  ainfî  elle  ne 
peut  condamner  i  mort  ni  si  aucune 
peine  qui  emporte  effufion  de  fang, 
ni  â  être  fouetté  publiquement ,  ni 
à  la  queftion  ni  aux  galères  y  elle  i 
ne  peut  même  pas  condamner  au 
banniiïèment  ,  mais  feulement  or- 


donnera an  Prêtre  étranger  de  fe  re* 
tirer  dans  fon  diocèfe. 


On  appelle  jundiUion  quoji  tpif- 
€opal€  ou  comm€  épifcopale ,  celle 
clont  jouiflent  pluneurs  Chapitres 
&  Abbayes  ,  &  qui  leur  confère  le 
droit  d*avdr  des  Officiaux^  de  don- 
ner rinftiturion  canonique  des  Bc- 
néficieris ,  d  ordonner  des  prières  > 
de  faire  la  vifîte  dans  leur  retTort , 
de  tenir  Synodes ,  de  donner  des 
dimifToires  ,    &c.  Notre  }urifpru- 
dence  a  été  fore  févère ,  &  par  rap- 
port aux  titres  &  par  rapport  à  Té- 
xercîce  même  de  cette  juridiâion, 
pour  éviter  tous  les  abus.  Quand  on 
a  porté  devant  les  Tribunaux  fécu- 
Uers  des  affaires  de  cette  nature  » 
•n  a  prefone  toujours  ordonné  de- 
puis un  iiecle  ,  que  les  Chapirres 
Sui  préteixloient  ne  relever  que  du 
aint  Siège  ou  du  métropolitain  ^ 
êc  qui  croient  en  pofleffion  immé- 
snoriale  d'avoir  an  Officiai  ,  con- 
ierveroient  un  premier  degré  de 
jortdidion  ,  i  la  charge  que  les  ap- 
pellations des  jugemens  rendus  par 
iOfficial  du  Chapitre,  fefoient  pot- 
tées  devant  celui  de  rÉvèqueauquel 
en  a  donné  en  outre  le  droit  de 
prévention  »  faufe  par  TOfficial  du 


JUR 

Chapitre  d'informer  dans  les  trois 
jours. 

Il  a  été  jugé  qu'un  Chapitre  qui 
eft  en  po.lTeUion  de  la  juridiâioo 
comme  épifcopale»  n'eftpas  endroit 
d'empêcher  des  Prctres  approuves 
de  l'Ëvèque ,  de  prêcher  dans  i'écen- 
due  de  fa  juridi&ion. 
Ju&iDicrioM  SEcuLiÈRB  ,  fe  dit  de 
toutes  les  juridiâions  royales  »  fei* 
gneuriales  &  municipales.  On  les 
appelle  féculiirts^  pour  les  diftin* 
guer  des  juridictions  fpirituelles  ou 
eccléfiaftiques. 

1 1  n*appartienc  qu'à  la  jut idiâion 
£écultère  »  d*afer  de  contrainte  ex- 
térieure ,  &  de  procéder  par  exécu- 
tion des  perfonnes  èc  des  biens. 

Les  juridiâions  royales  font  des 
Tribunaux  où  la  piltice  eft  rendue 
par  des  Officiers  commis  à  cet  ef- 
tet  par  le  Roi ,  à  la  différence  des 
jutidiâions  feigneuriales  qui  font 
exercées  par  les  Officiers  des  Sei- 

f;neurs ,  des  juridiékions  municipa- 
es  qui  font  exercées  pat  àts  per-* 
fonnes  choifies  par  les  citoyens  en-^ 
tre  6ax  »  &  à^%  juridi&ions  ecclé- 
(iaftiques  qui  font  exercées  par  les 
Officiers  des  EccUfiaftiques  ayant 
droit  de  juftice. 

Il  y  a  differens  ordres  de  jaridic- 
tions  royales  dont  le  premier  eft 
compofé  des  Parlemens  ,  da  Grand 
Confeil  &  autres  ConfeiU  fouve- 
raias  ,  des  Chambres  des  Comptes» 
Cours  des  Aides ,  Cours  des  Mon-* 
noies  &  autres  Cours  Souverai- 


nes. 

Le  fécond  ordre  eft  compofé  des 
Bailliages ,  Sénéchaaffées  &  Sièges 
préfidiaux. 

Le  troifième  8c  dernier  ordre  eft 
compofé  des  Prévôtés  ,  Mairies  » 
Vigueries  .Vicomtes  &  autres  Ju- 
ridiAions  femblables. 

Les  Bureaux  des  finances  ^  Amn 


JUR 

rattiés  ,  Élevions  ,  Greniers  à  fel , 
&  autres  Juges  d'auubucion  &  de 
privilège,  font auffi  des  Jurididions 
royales  qui  relTorrifrcnc  Duenienr 
aux  Cours  Souveraines;  les  Gruries 
royales  rellbrriflenc  aux  Maicrifes  ; 
celles-ci  i  la  Table  de  Maibre  ,  & 
cecce  dernière  au  Parlemeiir. 

Les  juridiAions  royales  ordinai- 
res connoiffent  de  plufieurs  matiè- 
res ,  d  Texclufion  des  juridictions 
feigneariales ,  comme  des  dixmes  , 
des  cas  royaux ,  des  fubfticutions  » 

On  dir  9  faire  àclc  de  jwrididion  ; 
pour  dire  ,  u(er  du  pouvoir  juridic 
tionnel. 

On  appelle  degrés  de  juridiclion  , 
les  difFcrens  Tribanaux  dans  lef- 
quels  on  peut  plaider  fucceflivemenc 
pour  la  même  affaire  »  6c  l'ordre 
qui  eft  établi  pour  procéder  dans 
une  jurididbion  inférieure  »  avant 
de  pouvoir  porter  lafiFaireâ  une  ju- 
fidiâion  fup^rieure* 

Les  Komains  a  voient  trois  (brres 
de  furidiâions  donr  le  pouvoir  ctoit 
différent  ;  favoir ,  celle  des  Magif- 
trars  du  premier  ordre  qui  avoient 
merum  &  mixtum  imperium ,  c'e(l*à« 
dire  ,  Tentière  juridiAion ,  ou  com- 
me on  diroic  parmi  nous  haute  , 
moyenne  &  ba(fe  jujlice.  D'autres 
d*un  ordre  inféiieur  »  qui  n'avoient 
que  le  mixtum  imperium  dont  le  pou- 
voir étoit  moins  étendu  &  refiem- 
bloit  i  peu  près  à  la  moyenne  juf^ 
tice.  Enfin  il  y  avoir  des  juridtAions 
(impies  qui  reffembloient  aflez  à 
nos  bajjes  jufiices  ;  mais  ces  diver- 
ks  juridiâions  ,  quoique  de  pou- 
'  voir  différent  ,  ne  formoienc  pas 
trois  degrés  de  juridiâioo  pour 
l'appel. 

Anciennement  en  France  »^oi- 
qu'il  y  eût  différens  Magiftratsqui 
avoient  plus  ou  moins  de  pouvoir  ^ 


JUR  ^jîj 

on  ne  diftinguoic  pointles  degrés  de 
jurididbion  y  cependant  du  teni(>s 
de  Charlemagne  le  Comte  de  cha- 
que province  connoiflfoit  d'affaires 
graves  privativement  aux  premiers 
Juges  appelés  Centenarii ,  &c. 

Dès  le  temps  de  Pépin  il  n'étott 
pas  permis  d'aller  au  Roi  avant  d'a- 
voir plaidé  devant  le  Comte  6c  de- 
vant les  Juges  qui  étoient  fous  lui; 
autrement  ii  c'étoit  un  homme  da 
commun ,  on  le  battoit  de  verges  ; 
G  c'étoit  un  homme  qualifié  il  étoit 
punii  l'arbitrage  du  Roi. 

Dans  les  juridictions  féculrère^ 
il  fe  trouve  en  quelques  endroits 
jufqu'à  cinq  degrés  de  ruridiâion. 
Le  premier  aegré,  c'eft«d^dire,  l'or- 
dre le  plus  inférieur ,  ell  celui  de  ta 
iajfe  ou  de  la  moyenne  juftice  :  on 
peut  appeler  de  ces  juftices  â  la 
haute  qui  fait  le  fécond  degré  \  de 
Iz  haute  jufîice  ^  on  peut  appeler  à  la 
jnjlice  royale  ,  oui  fait  le  troifième 
degré  ^  d^  (\  c'eft  une  Prév&té  oaau« 
tre  jultice  du  même  ordre  ,  €>n*peut 
en  appeler  au  Bailliage  ou  Sénc- 
chauiiée  :  enfin  on  appelk>  de 
ceux-ci  au  Pailement ,  ^qui  fait  le 
cinquième  degré. 

Pour  diminuer  te  nombre  des  de- 
grés de  juridiâions ,  i'Gnrdokinance 
d  Orléans ,  article  54,8:  celle  de 
Rouflillon,  article  a4,  avoient  or- 
donné que  toutes  Prévôtés ,  Vigue- 
ries  ou  autres  )urididlions  royales  & 
fubalrernes qui  étoient  établies  dans 
les  villes  où  il  y  a  Bailliage  on  Se- 
néchaoflée  auxquelles  elles  reffat-* 
tiflbient,  feroienr  filpprimées. 

Mais  comme  cela  nedevoit  avoir 
lien  qu'à  mefnre  que  les  offices  va^ 
qneroiont,  l'cxéciuion  en  fiut  par- 
là  fi  long-temps  différée  1  eue  Henri 
Ul  par  fon  ordonnance  ae  filois  , 
atxicle  i8  8  ,  fe  contenta  d'ordonner 
que  lei  offices  de  ces  Sièges  fabaU 

Bb  i; 


19^ 


JUR 


N 


ternes  ,  feroienc  réduits  na  même 
nombre  où  ils  étoienc  fuivaiU  la  pre- 
mière création. 

Cette  loi  n'ayant  pas  été  mieux 
exécutée  ,  te  Roi  à  ptéfent  régnant^ 
après  avoir  fupprimé  par  difFétens 
édits  particuliers  ,  pluneuFS  Prévô- 
tés ,  ^donna  par  un  autre  édit  du 
mois  d'avril  1749  ,   que  toutes  les 
•   Prévôtés  ,  Châtellenies  ,  Prévôtés 
foraines  ,  Vicomtes ,  Vigueries  & 
toutes  autres  juridiAions   royales 
établies  fous  quelque  dénomination 
que  ce  fût ,  dans  les  villes  où  il  y 
a   Bailliage  ou  ScnéchaufTée  aux- 
quelles elles  étoient  rcirortiffantes» 
enfemble  tous  les  Offices  créés  & 
•  établis  pour  fervir  d  l'adminidra" 
lion  de  la   fuftice   dans  ces  furi- 
diâions  »    demeureroient  fuppri-* 
mes. 

Cet  édit  a  laifie  fubHfler  les  ju- 
tidiâions  Royales  refTorti  (Tantes  aux 
Bailliages  &  ScnéchaulFées  y  lorf- 
^'elles  ne  font  pas  dans  la  même 
ville. 

En  quelques  endroits  l'appel  de 
la  haute  juftice  eft  porté  dire&e- 
ment  au  Bailliage  ou  Sénéchaudee^ 
auquel  cas  il  n'y  a  que  trois  degrés 
dejaridiâion. 

Dans  les  aflFàires  qui  font  portées 
rtUà  au  Bailliage  royal ,  il  ne  peut 
7  avoir  que  deux  degrés  de  furi* 
diftion's. 

Il  en  eft  de  mime  des  affaires 

Îui  font  du  reiïbrt  des  Cours  des 
âdes  ;  il  n'y  a  jamais  que  deux 
.    degrés  de  juridiction.  En  effet,  des 
Éleâions ,  Greniers  à  fel  &  Juges 
des  traites  »  on  va  direârem^nt  par 
appel  à  k  Cour  des  Aides. 

En  matière  d'Eaux  &  Forets  il  y 
a  ordinairement  trois  degrés  ,  fa- 
voir  »  les  Gnieries  &  Maîrrifes  y 
ta  Table  de  Maibf  e  &  ie  Pkrle- 


JUR 

L'ordre  des  juridictions  eft  de 
droit  public  ,  tellement  qu'il  n  eft 
permis  à  perfonne  de  l'interverctr. 
Il  eft  défendu  en  conféquenceaux 
Juges  d'entrej^rendre  for  la  juridic- 
tion  les  unsdes  antres. 

Il  n'y  a  que  le  Prince  ou  les  Cours 
Souveraines  ,  dépofitaires  de  fon 
autorité ,  qui  puiilenc  diftraire  quel- 
qu'un de  la  juridiction  à  laquelle  il 
eft  naturellement  fournis. 

Une  partie  qui  n'eft  pas  affignée 
devant  fon  Juge  natutel  ou  autre 
Ju^e  compétent ,  peut  décliner  la 
juridiâion. 

Les  particuliers  ne  peuvent  pas 
non  plus  déroger  à  Tordre  naturel 
des  juridiâions  ni  Tincervertir  » 
quelque  foumiffion  qui  ait  été  faite 
i  une  juridiâiondl'exclufion  d'une 
autre ,  quand  même  cette  tbumif- 
fion  feroit  une  des  daufes  du  con- 
trat^ il  n'eft  pas  permis  aux  Parties^ 
même  d'un  commun  accord  ,  de 
porter  une  affaire  a  un  autre  Juge 
que  celui  auquel  la  connoiffance  en 
appartient  naturellement  ;  autre- 
ment le  Miniftère  public  peutreven- 
diquer  l'affaire  pour  le  Juge  qui  en 
doir  être  fai6. 

Il  n'eft  pas  non  plus  permis  en 
matière  civile»  d'interverrir l'ordre 
des  juridiâions  pour  porter  l'appel 
d'une  fentence  â  un  autre  Juge  que 
celui  qui  eft  le  fupérieur  immédiat 
du  Juee  dont  eft  appel  y  fi  ce  n'eft 
dans  les  appels  cotnme  de  déni  de 
renvoi ,  ou  comme  de  J4]ge  iiicom- 
pètent,  dans  lefquels  l'appel  eft  porté 
reSâ  au  Parlement. 

En  matière  crimineHe^  Fappelya 
aufli  toujours  au  Parlement  omijfo^ 
mcdio». 

Dans  U  juridiâioneccléfiaftiqur 
il  n'y  aqUe  quatre  degrés. 

L'omcial  de  l'Éveque  eft  le  pre* 
.  mec  degré  ^  00  appelle  de-4à  à 


V 


JUR 

l'Official  da  Métropolitain  qui  eft  i 
ie  fécond  degré  \  de  celui-ci  au  pri- 
mat qui  fait  le  troifième  degré  ,  & 
du  Primat  au  Pape  qui  eft  Te  qua- 
crième. 

Quand  TEvêqueou  rArctievcque 
eft  fournis  ioimcdiarement  au  Saint 
Siège  ,  il  n'y  a  que  deux  ou  trois 
degrés  de  juridiftton. 

Il  peut  arriver  dans  la  juri Jiâlon 
eccléliaftique  que  l'on  ibit  obligé 
d'elTuyer  cinq  ou  fix  degrés  de  juri- 
diâion  y  parceque  le  Pape  étant  re* 
nu  de  déléguer  des  Commillaires 
fur  les  lieux,  y  on  peut  encore  appe- 
ler de  ces  CommilTaires  au  Pape  » 

.  lequel  commet  de  nouveaux  Com- 
millaires jufqa'd  ce  qu'il  y  ait  trois 
fencences  conformes  >  ainfi  que 
cela  a  été  limité  par  le  Concor- 
dat.   # 

■  On  ne  doit  pas  confondre  le  dé- 
troit «diftriâ  ou  territoire  d'une  ju- 
xidiâion  inférieure  avec  fonreifortj 
le  détroit  ou  le  territoire  d'une  ju« 
rididion  inférieure  »  eft  ie  terri- 

.  coire  qui  eft  fournis  immédiatement 
à  cette  jûridiâion  ^  au  lieu  que  le 
reflbrt  de  cette  même  juridiàion  , 
eft  le  territoire  de  celles- qui  y  vien- 
nent par  appel*  * 

Ainfi  la  juridiàion  dts  premiers 
Juges  qui  n'ont  point  d'autres  Ju- 
ges au-deffous  d'eux ,  n  a  point  de 
redore ,  mais  feulement  fon  détroit 
oa  territoire  j  cependant  on  con- 
fond qnelquetois  ces  termes  dans 
Tafâge  ,  lurcout  en  parlant  des 
Cours  Souveraines  dont  le  ter- 
ritoire &  le  reffort  font  la  même 
étendue. 

JURIDICTIONNEL,  ELLE  ;  adjec- 
tif &  terme  de  Jurifprudence. 
Qui  a  Juridiârion.  La  déclaration  du 
X 1  Avril  1 5  J  7,  porte  qae  le  Rot  na 
foint  entendu  far  ré£t  de  Créndtu  , 


JUR 


Ï97 


faire  aucun  préjudice  aux  droits  des 
Seigneurs  juridiclionnels» 

JURIoiQUE  j  adjeaif  des  deuxgen- 
res.  Juridicus.  Qui  eft  de  droit»  fé- 
lon le  droit  &  les  termes  de  la  juf- 
tice.  Une  procédure  juridique^  Cet  acle 
n  eft  point  juridique. 

Les  trois  premières  fyllabes  fon 
brèves  &  la  quatrième  très-brève. 

JURIDIQUEMENT;  adverbe. /«ri- 
dicè.  D'une  manière  juridique.  Pro- 
céder juridiquement. 

JURIEU  i  (  Pierre  )  fameux  Minif- 
tre  Proteftant,  né  en  15; 7  dans  le 
Diocèfe  de  filois.  Il  profeflTa  da- 
bord  la  rhéologie  &  l'hébreu  à  Se- 
dan \  mais  l'Académie  de  cette  ville 
ayant  été  atée  aux  Catviniftes  en 
1681  ,  il  fe  retira  à  Rotterdam  la 
même  année.  &  y  obrint  une  chaire 
de  théologie.  Hdmme  d*un  zélé 
emporté  &  fanatique,il  s'y  fignala 
par  fes  extravagances   &  par  fes 

Îiuerelles  avec  les  Philofophes  de 
.on  parti  :  îl  fe  mêla  de  préfages  » 
de  miracles  >  de  prophéties:  il  ofa 

Fré^re  dans  un  commentaire  fur 
Apocalipfe  ,  qn'en  16^9  le  calvi- 
nirmre  feroit  rétabli  en  France^Ilfe 
déchaîna  contre  toutes  les  Puiifan- 
ces  de  l'Europe  oppofées  au  Protef- 
tantifme»  &  fit  frapper  des  médail- 
les qni  éternifenr  la  démence  &  fa 
haine  contre  Rome  Se  fa  Patrie* 
C'eft  avec  ce  fougueux  rnfenfé  que 
Bayle ,  Philofophe  fceptique ,  mais 
doux  y  fimple  &%moaéré  eut  à  fe 
banre.  Cette  guerre  eut  diverfes 
caufes  mais  on  ne  fait  pas  encore 
la  véritable.  Lés  uns  i'attribuem  il 
la  Jaloufie   qu'infpira  à   Jurieti  le 
fuccès  de  la  critique  de  Khiftoiredu 
Calvinifme  de  Maimbourg    qu'il 
s'étoit  avifé  de  cenfurer  en  même 
temps  que  Bayle.  Les  autres  i  ta 
publication  du  Hvre  de  tavir  de^ 
I      réfugiés  dont  te  PKilofophe  ^£1 


19?  JUR 

Iiour  Tauteur ,  &  qui  déplut  i  tous 
es   enthouluftes.  Le   plus    erand 
nombre  enfin  ,  aux  liaifuns  de  myle 
avec  Madame  Jurieu.  Cecce  fem- 
me de   beaucoup    d'efpric  &   de 
mérite  »  connut  Dayie  â  Sedan  Se 
l'aima.  Son  amant  vouloir  fe  fixer 
en  France  i  mais  lorfque   Jurieu 
pafTa  en  HoHande ,  l'amour  rem- 
porta fur  la  Patrie  &  il  alla  joindre 
fa   Maltreffe.    Us   y    continuèrent 
leurs  Uaifons  fans  même  en  faire 
trop  de  my itère.  Tout  Rotterdam 
s'en  enrretenoit  ;  Jurieu  feul  n'en 
fa  voie  rieïT.  On  étoit  étonné  qu'un 
homme  qui  voyoit  tant  de  chofes 
dans  Tapocalypfe  »  ne  vît  pas  ce  qui 
fe  padbit  chez  lui.  Il  ouvrit  enfin 
les  yeux.  Un  cavalier  en  pareil  cas, 
dit  l'Abbé  d'Olivet ,  tire  l'épée ,  un 
homme  de  robe  intente  un  procès ^ 
un  Poète  fait  une  fatyre,  Jurieu  fît 
des  livres.  Ce  procès  occupa  long- 
temps la  Hollande.  La  conteftation 
&  la  chaleur  avec  laquelle  Jurieu 
écBÎvit  jufqu'I  la  fin  de  fes  jours  , 
épuisèrent  Ion  efprit.  U^tomba  dans 
Tenfance  ,  &  il  eft  fort  douteux  fi 
ce  qu'il  faifoit  dans  cet  état  de  lan- 
gueur ,  ne  valoit  pas  autant  que  ce 
qu'il  avoit  fait  dans  la  force  de 
l'âge.  Il  mourut  à  Rotterdam  en 
1713  à  75  ans.  Les  Catholiques  & 
les  Proteftans  ,  du  moins  ceux  qui 
font  capables  d'équité  ,  fe  réunif- 
fent  aujourd'hui  dans  le  jugement 
qu'on  doit  pori^r  de  fes  écrits  &  de 
ia  perfonne.  Ils  conviennent  qu'il 
avoit  beaucoup  de  feu  &  de  véhé- 
mence, qu'il  éroit  capable  d'enim- 
pofer  aux  foibles  par  fon  imagina- 
tîoa  }  mais  ils  avouent  en  même 
temps  que  fon  zèle  alloit  jufqu'i  la 
fureur  &  au  délire  y  Se  qu'il  étoit 
plus  digne  de  prêcher  i  des  fréné- 
tiques qu'à  des  hommes  raifonna- 
bles. 


JUR 

!  JURIPÉBA  i  fubftantif  œafculîti.  Ar- 

I      brifièau  épineux  qui  croît  au  Bréffl^ 

dans  les  terres   fablonneufes  j  fa 

feuille  eft  longue,  déchiquetée  ea 

plufieurs  endroits ,  lanugineufe  en  • 

deflbus  Se  amère  au  goût  :  fa  fleur 

-  difpofée  en  étoile  ,  eit  de  couleur 

blanche  Se  bleue  :  fon  fruit  reflèm- 

ble  au  raifin.  Les  feuilles  de  cet 

arbrifieau  font  eftimées  vulnérai* 

res. 

JURISCONSULTEi  fubftantif  mif- 

culin.  Jurisconfultus.  Celui  qui  fait 

profeffion  du  droit  &  de  donner 

confeil. 

Les  anciens  donnoient  â  leurs 
Jurifconfultes  le  nom  de  Sages  Se 
de  Philofophcs  ,  parceque  la  Philo- 
fophie  renferme  les  premiers  prin- 
cipes des  lois  »  Se  q^ue  fon  objet  eft 
de  nous  empêcher  de  faire  ce  qui 
eft  contre  les  lois  de  la  t^rure ,  & 
que  la  Philofophie  &  la  Jurifptu* 
dence  'ont  également  pour  objér  ^ 
l'amour  &  la  pratique  de  la  juf- 
tice. 

Les  Jurifconfultes  de  Rome 
étoient  ce  que  font  parmi  nous  les 
Avocats  confultans ,  c'eft-à-dire  , 
ceux  qui  par  le  progrès  de  l'âge  & 
le  mérite  de  l'expérience  »  parvien- 
nent  à  l'eTnploi  ae  la  confultarion  , 
&  que  les  anciennes  ordonrances 
appellent  Advocati  CoRfiuurii;  thais 
à  Kome  les  Avocats  plaidans  ne 
devenoient  point  Jurifconfultes  ; 
c'étoient  des  emplois  tout  diffé-* 
rens.  « 

Du  temps  de  la  République ,  Tem* 
ploi  des  Avocats  étoit  plus  hono- 
rable que  celui  de  Jurifccnfalte  » 
parceque  c'étoit  la  voie  pour,  par-- 
venir  aux  premières  dignités.  On 
appeloit  même  les  JunfconJUltcs  par 
mépris  ^formnlarii  ou  LcguUi  ^  par* 
cequ'ils  avoient  invente  cerciines 
formules  Se  ceruins  monofyllabes 


JUR 

pour  répondre  plus  gravement  & 
plus  myftérieufemenc  \  cependant 
ils  fe  rendirent  fi  recommandables 
qtt*on  les  nomma  Prydcnus  o  u  Sa^ 
picnus,. 

Leurs  rèponfes  acquirent  une 
grande  aurorirc  depuis  qu*Âugulle 
eèr  accordé  là  un  certain  nombre 
de  perfonnes  illuftres ,  le  droit  ex- 
clufif  d  mrerpréter  les  lois  ,  &  de 
donner  des  décifions  auxquelles  les 
Juges  feroient  obligés  de  fe  con^ 
i§f>rmer  )  il  donna  même  i  ces  Ju- 
rifconfulres  des  lettres  \  en  forte 
qu*Hs  étoient  regardés  comme  Offi- 
ciers de  l'Empereur. 

Caligula  au  contraire  menaça  de 
détruire  TOrdre  entier  des  Jurif- 
confultes^  mais  cela  ne  fut  pas  exé- 
cuté ,  &  Tibère  &  Adrien  confir- 
mèrent les  }urifconfultes  dans  les 
privilèges  qui  leur  a  voient  été  accor- 
dés par  Augufte. 

Théodofe  le  jeune  &  Valenti- 
nien  III  ,  pour  6ter  l'incertitude 
qui  naît  du  grand  nombre  d'opi- 
nions diflPérentes  i  ordonnèrent  que 
les  ouvrages  de  Papinien,de  Catus, 
de  Paul ,  d'Ulpien  &  de  Modi^ftin, 
auroient  fculs  force  de  loi  ,  &  que 
quand  ces  Jurifcon fuites  feroient 
partagés ,  le  fentiment  de  Papinien 
prévaodroit. 

Ceux  qui  travaillèrent  fous  les 
ordres  de  Juftinien  à  la  compofi- 
tion  du  digefte  «  firenr  cependant 

«i  ufaf^e  des  ouvrages  des  autres 
ifcon fuites  ,  lefquels  s'étoient 
multipliés  jufqu'â  plus  de  looo  vo- 
lumes &  plus  de  }ooooo  vers.  On 
a  marqué  au  haut  de  chaque  loi  le 
nom  au  Jurifconfulte  &  le  titre  de 
Touvrage  donr  elle  a  été  tirée  \  on 
prétend  qu'après  la  confeftion  du 
digefte ,  juftinien  fie  fupprimcr  tous 
les  livres  des  Jurifconfultes  \  quoi 


JUR  199 

qu'il  en  foit  il  ne  nous  en  refte  que 
quelques  fiagmcns. 

Quelques  auceurs  ont  entrepris 
de  railembler  ces  fragmensde  cna- 
que  ouvrage,  qui  (ont  à  paît  dans 
le  digtfte  &  ailleurs  \  mais  il  en 
manque  encore  une  grande  partie 
qui  (croit  néctffaire  pour  bien  con- 
noicre  les  principes  de  chaque  Ju* 
r ifcon  fuite. 
JURISPRU  DENCE  ;  fubftaritif  fémi- 
nin.'/urj/^M/^^/i/ia.  La  Icience^  du 
droit. 

On  entend  auffi  par  le  terme  de 
Jurifprudcnce  ,  les  principes  que 
l'on  fuit  en  matière  de  droit ,  dans 
chaque  pays  ou  dans  chaque  Tribu- 
nal ;  l'habitude  où  l'on  eft  de  juger 
de  telle  ou  telle  manière  une  quef- 
tion  &  une  fuite  de  jugemcns  uni- 
formes qui  forment  un  ufage  fur 
une  mcme  queftion. 

La  jurifprudcnce  a  donc  propre- 
ment deux  objets  »  lun  qui  eft 
la  connoiffaiace  du  droit  »  l'autre 
qui  confifte  ï  en  faire  Tapplica- 
rton. 

Juftinien  U  définit ,  divinarum  af^ 
que  humanarum  rerum  noiitia  yjujli 
atquc  injujli  Jcicntia  ;  il  nous  en- 
feigne  par* là  que  la  fcience  par- 
faite du  droit  ne  confifte  pas  fim- 
f élément  dans  la  connoiftancc  des 
ois  ,  coutumes  &  ufages  ^  qu  elle 
demande  aufli  une  connolifance  gé- 
nérale de  toutes  les  choies  tant  fa- 
crées  que  profanes  auxquelles  les  rè' 
gles  de  la  Jaftice  &  de  l'équité  peu- 
vent s'appliouer. 

Ainfi  la  jurisprudence  embrafTe 
néctflairemenr  la  connoifiance  de 
tout  ce  qui  appartient  à  la  religion^ 
parcequ'un  des  premiers  devoirs  de 
la  Juftice ,  eft  de  lui  fervir  d'apui , 
d'en  favori (er  Texerctce  Se  d'écar- 
ter les  erreurs  qui  pourroienr  la 
troubler  9  de  s  oppofer  à  tout  ce  qui 


N 


too  J  U  R 

poarroit  tourner  au  nicprîs  dt  la 
religion  de  de  fes  Minidres. 

Elle  exige  pareillement  la  con- 
noidancede  la  Géographie,  de  la 
Chronologie  &  de  1  Hiftoire  'y  car 
on  ne  peut  bien  entendre  le  droit 
des  gens  &  la  politique  ,  fans  dif- 
tinguer  les  pays  8c  les  temp;  »  fans 
connoître  les  mœurs  de  chac^ue  na- 
tion &  les  rcvolucions  qui  iont  ar- 
rives dans  leur  Gouvernement  \  Se 
Ton  ne  peut  bien  connoître  Tefprit 
d'une  loi,  fans  favoir  ce  qui  y  a 
donné  lieu  ,  &  les  changemens  qui 
y  ont  été  faits. 

La  connoiflance  de  toutes  les 
autres  fciences  6c  de  tous  les  arts 
&  métiers  ,  du  commerce  &  de  la 
navigation  j  entrent  pareillement 
dans  la  jurifprudence  ,  n'y  ayant 
aucune  profeflion  qui  ne  foit  aflii- 
jettie  à  une  certaine  police  qui  dé- 

Fend  des  règles  de  la  juftice  &  de 
équité. 
Tout  ce  qui  regarde  l'état  des 

f>etfonnes  ,  les  biens  ,  les  contrats, 
es  obligations ,  les  aAions  &  les  ju- 
gemens  ,  eft  auffî  du  reflbrt  de  la 
.  jurifprudence. 

Les  règles  qui  formenr  le  fond 
de  la  jurisprudence ,  fe  puifent  dans 
trois  fources  différentes  ,  le  droit 
naturel ,  le  droit  des  gens  &  le  droir 
civil. 

La  jurifprudence  tirée  du  droit 
naturel ,  qui  eft  la  plus  ancienne , 
eft  fixe  &  invariable }  elle  eft  uni- 
forme chez  toutes  les  nations. 

Le  droit  des  gens  forme  auffi  une 
jurifprudence  commune  â  roas  les 
peuples  \  mais  elle  n'a  pas  toujours 
été  la  même ,  8c  eft  fu jette  à  quel- 
ques changemens. 

La  partie  la  plus  étendue  de  la 
jurifprudence  eft  fans  contredit  le 
droit  civil  ;  en  effet  elle  embrafle 
le  droit  particulier  de  chaque  peu 


JUR 

pie  3  tant  public  que  privé,  les  lois 
générales  de  chaque  nation  ,  telles 
que  les  ordonnances  ,  édits  8c  dé- 
clarations ôc  les  lois  particulières  , 
comme  font  quelques  édits  &  dé- 
clarations -y  les  coutumes  des  pro- 
vinces &  autres  cou'tumes  locales^ 
les  privilèges  &  ftatuts  particuliers, 
les  règlemens  faits  dans  chaque  Tri- 
bunal &  les  uGges  non  écrits^  en- 
fin  tout  ce  que  les  Commentateurs 
ont  écrit  pour  interpréter  les  loï^Sc 
les  coutumes. 

L'étude  de  ta  jurifprudence  a  tou- 
jours été  en  honneur  chez  les  na- 
rions  policées  ,  comme  étant  vne 
fcienceétreitement  liée  avec  le  gou-> 
vernement  politique. 

Chez  les  Romains  ,  ceux  qui  fe 
confjicroient  à  la  jurirbrudencè  » 
étoient  gratifiés  de  penuons  confî'- 
dérables.  Ils  furent  même  honorés 
par  les  Empereurs  ^  du  titre  de 
Cornées  de  l* Empire.  Les  Souverains 
Pontifes ,  les  Confuls  ,  les  Dida- 
reurs ,  les  Généraux  d'armées  ,  les 
Empereurs  même  fe  firent  hon- 
neur de  cultiver  cette  fcience,  com- 
me on  le  peut  voir  dans  l'hiftoire 
de  la  jurifprudence ,  romaine  que 
nous  a  donnée  M.  Terraffon  j  ou- 
vrage rempli  d*érudition  &  égale- 
ment curieux  8c  utile. 

La  jurifprudence  n'eft  pas  moins 
en  recommandation  parmi  nous  » 
puifque  nos  Rois  ont  honoré  de  U 
pourpre  tous  ceux  qui  fe  font  z^xy^ 
facrés  â  la  jurifpruclence  'y  tel^gjie 
les  Magiftrars  ,  les  Avocats  &«Rx 
qui  profèrent  publiquement  cette 
fcience  dans  les  Univerfirés  &  avant 
la  vénalité  des  charges  ,  les  pre- 
mières places  de  la  Magiftratare 
étoient  la  récompenfe  des  plus  fa- 
vans  Jurifconfultes. 

On  appelle  jurifprudence  des  ûr- 
rêcs  ^  un  ufage  formé  par  cme  faite 

arrêts 


JUR 

i^^rûtî  uniformes  intenrenas  fur 
une  même  queftion* 
JURISTE  i  fubftantif  mafculin.  /«- 
m  pcritus.  Auteur  qui  a  écrit  fur  les 
matières  de  droit ,  qui  eft  verfé 
dans  la  fcience  du  droit.  En  ce  fens 
il  eft  peu  u&té  8c  il  ne  fe  dit  plus 
guère  que  des  étudians  en  droit. 
JURON  ;  fubftantif  mafculin  duftjle 
familier.  Certaine  façon  afFeâéede 
jurer.  Dieu  mc-'damne  ffi  le  juron  des 
gafcons.  Ventre  Saint^Gris  \écoit  le 
juron  de  Henri  IV.  Il  ajuréfon  grand 
juron. 

Voyei  Serment  ,  pour  les  diffé- 
rences relatives  qui  en  diftinguent 
Juron,  &c. 
JURTE  'y  fubftantif  féminin  8c  terme 
de  relation.  Les  Rudes  donnent  ce 
nom  aux  habitations  des  Tartaces 
qui  font  en  Sibérie.  C*eft  une  ca- 
banne  formée  par  des  échalas  fi- 
chés en  terre  &  recouverts  d'écor- 
ces  de  bouleaux  ou  de  Pf^ux  d'ani- 
maux. On  laitTe  au  milieu  du  toit 
qui  eft  en  forme  de  cône ,  une  ou- 
verrure   pour  la  fortie  de  la  fu- 
mée. 
lURUCUA  ;  forte  de  torme  du  Bré- 
fil,  appelée  autrement  tortue  fran- 
che. Elle  n'a  pas  l'écaillé  bien  belle  ; 
mais  fa  chair  &  fes  œufs  font  excel- 
le ns  &  très-recherchés  par  les  gens 
de  mer.  Une  feule  tortue  peut  don- 
ner jufqii'à  deux  cens  livres  de  chair 
qu'où  laie.  La  femelle  pond  decu 
cent  foixante  œufs  fon  gros  &  qui 
font  de  garde.  Sa  longueur  eft  ordi- 
nairement de  quaitre  pieds  &  demi , 
&  fa  largeur  de  quatre.  Voye^  "^kJr- 

TUE. 

JCJRUR  A  ;  autre  efpèce  de  tortue  du 
Bréfil  »  la  plus  petite  de  toutes.  La 
partie  fupérieure  de  fon  écaille  eft 
de  forme  elliptique ,  &  l'animal  peut 
entièrement  s'v  cacher.  Son  cou  paftè 
irois  doigts  de  longueur }  fa  tète 
remç  XV, 


JUS  COI 

en  a  trois  d'épaiûTeiiF ,  Se  elle  eft 
un  peu  oblongue  :  fon  nez  eft  élevé 
&  pointu }  fa  bouche  eft  grande  } 
fes  yeux  8c  fes  paupières  font  noirs  : 
elle  a  aux  pieds  quatre  ongles  longs 
&  noirs;  fa  queue  eft  courte  8c 
pointue  }  fa  peau  eft  ridée  8c  cou- 
verte d'écaiiles  ;  le  delfus  de  fa 
grande  écaille  eft  brun  »  le  de  (fous 
eft  jacuie  :  elle  pond  des  œufs  ronds , 
qui  font  moins  gros  de  moitié  que 
ceux  des  poules }  la  coque  en  eft 
blanche  :  ces  œufs  font  de  bon  goût  ; 
Ray  marque  que  Marc-Grave  s'en 
eft  nourri  pendant  vingt-un  mois  ^ 
n'ayant  pas  d'autre  nourritiire. 

JUS- j  fubftantif  mafculin.  Succus.  Suc, 
liqueur  que  l'on  tire  de  quelque 
chofe  ,  foit  par  preftion  ,  loit  par 
coâion  ,  fôit  par  préparation.  jDu 
jus  de  bœuf.  Du  jus  de  citron.  Du 
jus  de  régUJfe.  Du  jus  de  perdrix.  Le 
jus  ejl  fort  en  ufage  dans  les  cuijines% 
On  appelle  proverbialement  le 
vin  \  du  jus  de  raifin  ,  du  jus  de  /^ 
treille. 
Ce  monofyllabe  éft  long. 

;        Le  s  final  ne  fe  fait  pas  fentir. 

iJUSANT;  fubftantif  malcuhSi  &  ter- 
me de  Marine.  Reflux  de  la  marées 
On  àîwyflot  &  jufant;  pour  dire, 
flux  8c  reflux^  &  deuxjufants  contre 
un  flot  ^  pottrdire,  deux  reflux  con«» 
tre  un  flux  dans  une  navigation. 

JUSQUE  \  prépûfîtion  qui  marque 
certains  termes  de  lieu  ou  de  temps 
au-deli  defquels  on  ne  [Kifle  point» 
Depuis  Londres  jufqu*à  Paris.  De* 
puis  le  premier  Janvier  jufqu*au  pre-* 
mier  Juillet.  Il  va  jufqu  en  Hollande. 
Elle  lui  fut  fidelle  jufqu  à  la  mon. 
]Lifc[  cette  pièce  jufqu  au  Tfout*  Il  fut 
pourjfuivi  jufque  dans  fa  mûifon. 

Quelquefois  on  écrit  jufques  ^ 
lôrfqu'il  fuit  une  voyelle.  Cela  n^ 
^vint  pas  jufaues  à  nàûs* 

Jusqu'à ^  jusqu'aux,  marque  auâi 

Ce 


quelque  excès  «  quelque  chofe  qai 
vâ  2^«*(kU  de  l'ordinaire  ,  foit  en 
bien  ,  foit  en  mal.  Ilfit'disprifins 
à  touiis  Us  perfontus  de  la  mai/on  , 
jufqudux  fcrvAHtes.  On  doit  ions 
to€caJîon  ok/iger  tout  le  monde  »  ju/- 
.  quà  ftê  ennemis, 

JUSQUIAME  ;  fubftantif  féminin. 
Hyofcyamus.  Plante  dont  l'odeur  eft 
défagréable  ,  le  fuc  narcotique  & 
Souvent  mortel  aux  animaux  qui  en 
mangent.  On  en  diftingue  deux  cf- 
pèces  principales  ,  la  jufquiame 
noire  ,  &  la  jufqaiame  blanche. 

La  jufquiame  noire  croît  partout 
dans  les  champs,  le  long  des  che- 
mins ,  aux  environs  des  villages,  &c. 
elle  a  une  racine  épailTe  ,  ridée , 
longue ,  branchue  ,  brune  en  de- 
hors ,  blanche  en  dedans  :  elle  pqufTe 
des  tiges  haures  d'un  pied  ou  euYi- 
ron  ,  rameufes  &  velues  :  fes  feuil^ 
les  font  nombreufes ,  amples  »  mol- 
les au  toucher  ,  cotonneufes ,  d'un 
vert  gai ,  découpées  profondément 
en  leuis  bords  >  d'une  odeur  forte 
&  puante  ,  principalement  étant 
frotrées  dans  les  mainsifes  fleurs  fçnt 
rangées  fur  les  tiges  en  longs  épis  , 
de  couleurs  mêlées  ,  jaune  &  pur- 
purine :  chacune  d'elle  eft ,  félon 
Kl .  de  Tournefqrt ,  une  campane 
découpée  irrégulièrement  en  cinq 
parties  »  foutenue  par  un  calice  velu, 
formé  en  gobelet  :  i  cette  fleur  fuc  - 
ce  le  un  fruit  caché  dans  le  calice , 

*  de  la  figure  d*une  marmite ,  4  deux 
loges  ,  fur  lequel  eft  placé  un  cou- 
vercle qui  fe  rerme  es^aûement  :  ce 

*  fruit  eft  rempli  en  dedans  de  plu- 
lieues  petites  graines  cendrées  ,  ar- 
rondies ,  ridées  ^  aplaties  »  d'une 
faveur  gluante ,  Se  a  tme  odeur  nar- 
cotique. 

La  jufquiame  Hanche  diffère  de  la 
.pl4ccdeote  »  en  ce  qii*elle .  eft  plus 


JUS 

petite  8c  moins  rameufe  y  cpCtWt  a 
fes  feuilles  plus  molles  &  plus  co*^ 
tonnées  ,  Se  que  fes  fleurs  &  fes 
graines  font  blanches  6c  plus  peti--* 
tes.  Celle-ci  croît  particulièremenc 
dans  les  pays  chauds. 

Cette  plante  renferme  un  polibn 
dangereux  &  aâif  qui  porte  princi^ 

fialement  à  la  tête ,  &c  altère  les 
bnftions  de  l'ame  d'une  façon  trcs- 
fingulière.  Wepfer  rapporte  une  ob- 
fervation  fort  remarquable  fut  les 
eflt^ts  des  racines    de  jufquiame , 
qu'on  fervit  par  mégarde  en  falade 
à  une  Communauté  de  fiénédiâins. 
Ces  Religieux  turent  pour  la  plupart 
attaqués  pendant  la  nuit  qui  fuivic 
ce  repas ,  de  divers  genres  de  déli- 
re, de  vertige  &c  de  manie.  Ceux 
qui  furent  les  moins  malheureux , 
en  furent  quittes  pour  des  fan tai  fies 
&  des  avions  ridicules.  On  trouve 
dans  divers  Obfervateurs ,  un  grand 
nombre  de  faits  qui  concourent  à 
établir  la  qualité  vétiéneufe  abfolue 
de  laiufquiame ,  &  fon  aélion  par- 
ticulière fur  les  fonctions  de  l'ame. 
Simon  Sculrzius  raconte  que  quatre 
jeunes    écoliers   &  leur  cuifinier 
ayant  mangé  par  mégarde  des  raci- 
nes de  jufquiame  &  de  panais  bouil- 
lies avec  du  bœuf,  a  voient  eu  VeC- 
prit  fort  troublé }  qu'ils  étoient  de- 
venus comme  furieux  ^  que  d'abord 
ils  s'étoient  quereII45  &  enfuite  bat- 
tus avec  tant  d'acharnement ,  que 
fi  on  ne  les  eût  féparés ,  ils  fe  fe- 
roient  tués  ;  qu'ils  faifoient  des  gef- 
tes  ridicules ,  &  étoient  remplis  d'i- 
maginations fingulières. 

On  prévient  l'aâion  véné- 
neufe  de  la  jufquiame  ,  comme 
celle  des  autres  poifons  irritans  »  en 
procurant  fon  évacuation  par  le  vo« 
miflement^  fi  Ion  eft  appelé  à  temps; 
on  fait  enfuite  avaler  â  grandes  do- 


JUS 

ft$  ^9  bouillons  gras  ,  du  Iaît,^u 
beurre  fondu,  &e.  On  infifte  furlei 
purgatifs  doux  &  lubrffians ,  &  I  on 
provoque  enfin  les  Tueurs  par  des 
oiapheréciques  légers. 

La  jufquiame  entre  malgré  fes 
mauvaiies  qualités  dans  plufieurs 
compolicions  pharmaceutiques ,  la 
plupart  deftinces  à  Tufage  extérieur , 
mais  beureufement  en  trop  petite 

Suantitépour  qu'elle  puifle  les  ren- 
te daneereufes. 

L*huile  exprimée  des  femences  de 
)ufquiame  ne  participe  .point  des 
qaaiirés  vénéneufes  de  cette  plante. 
JUSSEY  ;  nom  propre  d'une  ville  de 
France ,  en  Franche-Comté  ,  fur  la 
rivière  d'Amance  ,  â  fept  lieues  , 
nord-oueftj  de  Vefoul. 
JÙSSION  î  fubftantif  féminin.  Man-^ 
datum.  Commandement  du  Roi  par 
lettres  fcellées ,  adreffées  à  des  Ju- 
ges fupérieurs  ou  autres ,  de  procé- 
cJet  à  l'enregiftrement  de  quelque 
Edit ,  Ordonnance  ou  Déclaration  , 
ou  de  faire  quefqu'autre  chofe  qu'ils 
ont  refufé.     Quand    les    premiè- 
fes  lettres  de  juflton  n'ont  pas  eu 
leur  effet ,  le  Roi  en  fait  expédier 
d'autres  qu'on  appelle  itérative  juf- 
Jhn  ,  ou  Jeconde  jujjîon  ,  fécondes 
lettres  de  jujfion. 

Voy€[  Orbrb  ,  pour  les  difR- 
feoccs  relatives  qui  en  diftinguent 
JussioH  ,  &c. 
JUSSYî  nom  propre  d'un  bourg  de 
France  ,  en  Champagne  ^  â  deux 
lieues,  fud,  d'Auxerre. 

11  y  a  un  autre  bourg  de  même 
nom  en  Berry ,  à  deux  neùes  &  de- 
mie ,  fud-oueft ,  de  la  Charité. 
JUSTAUCORPS  i  fubftantif  mafcu- 
Un.  Efpèce  de  vêtement  ï  manches  ^ 
qui  defcend  jufqu'aux  genoux  &  qui 
lerre  le  corps^  Un  juftaucorps  di 
drep.  ^Jn  juftaucorps  galonné. 

On  appelle  jufiauçorp  à  breyçt  ^  \ 


5U^  ao3 

I  une  forte  de  juCtaucorps  bleu ,  à  pa- 
remens  rouges,  brodé  d'or,  que 
quelques  courtifans  ont  droit  de 
porter  par  brevet  du  Roi. 

JUSTE-,  fubftanrifmafcnlin.  Habil- 
lement de  païfanne ,  qui  a  des  mah- 
chei ,  &  qui  s'applique  exademcht 
fur  le^corps.  Une  païfanne  en  jufté. 

JUSTE;  adjedtifdes  deux  genres.  Juf 
tus.  Equitable ,  qui  efl  félon  les  prin- 
cipes du  droit,  de  la  raifon  &  de 
la  jttièice.  Sa  prétention  eftjafie.  Cefl 
la  jujie  ricompenfe  d'une  bonne  coh^ 
duite.  Cette  décîfion  tfi  juJle.  Rien  de 
plusjujit  43ue  f  Arrêt  qui  le  condamne. 

Juste  ,  fe  dit  aulfi  des  perfonnes  qui 
jugent  ou  agiOeot  félon  l'équité.  Le 
premier  devoir  d*un  Magiflrat  ejt  d^e^ 
trejufte. 

On  dit  pat  exclamation  ,  rafle 
Dieu!  hfte  Ciel  î 

Juste  ,  (ignîfie  encore  ,  qui  obferte 
exaâiement  tes  devoirs  de  la  Reli* 
gion.  Un  homme  jafîe  &  craignant 
Dieu.  En  ce  fens  il  s'emploie  fou- 
vent  fubftantivemenr.  le  Jyjle  ne 
crdini  point  les  remordi  de  fa  cdnf 
cicnce.  Jouir  dans  k  Ciel  du  bonheur 
des  Jufies. 

JusTB,  (îghifieauflS  qui  a  lajuftefle 
convenaote. ,  Une  balance  juJle.  Une 
réflexion  fujfe,  Vnjufte  poids. 

Juste  ,  fe  dit  eh  termes  de  Mufîque  » 
des  intervalles  dbnt  les  fons  font 
exactement  dans  \t  rapport  qu'ils 
doivent  avoir ,  ^  ètt  voix  qui  en- 
tonnent toujours  ces  intervalles  dans 
leur  juftelTe. 

On  dir  en*  termes  de  Peinture,  i/rt' 
dejfein  fttfie  ;  pour  dire ,  un  deffeia 
correi  &  conforme  à  l'origina.  Et 
des  contQurs  juftes  ;  pour  dire,  dei 
contours  marqués  avec  précifion  &r 
nette  ré. 

On  dît  d'une  montre ,  (\\xelle  efl 
jufle;  pour  dire,  qu'elle  marque 

i   estaâemenc  les  heures. 

Ce  ij 


204  JUS 

On  dit  quelquefois  ^  qvL*une  chofe 
tfi  juflc  ,  bien  jujlc  ;  pour  dire  j 
qu'elle  eft  plus  courte ,  plus  étroite , 
moins  pefance  quil  ne  faut.  Cet  habit 
ejl  un  peu  tropjujle.  En  ce  fens  on  dit 
adverbialement ,  c^Lune  perfonne  ejl 
chaujfée  tropjujle  ;  pour  dire ,  que  | 
fes  fouliers  font  trop  étroits. 

On  dit  proverbialement  d*une 
chofe ,  quelle  ejljujle  comme  de  l'or; 
pour  dire ,  qu'elle  a  précifément  le 
poids ,  la  qualité  »  &c.  qu  elle  doit 
avoir. 

On  dit  9  q\x*une  arme  à  traita  ou 
une  arme  à  Jeu  tjljujle  y  lorfqu*eile 
porte  droit  au  but.  Sonfufiliji  ajfe\ 

Il  fe  dit  au(£  de  celui  qui  tire , 
quand  il  donne  au  point  ou  il  vife. 
Ce  chajTiur  eft  un  tireur  fort jujlc. 
lu  STB ,  Te  dit  aullî  adverbialement  & 
£gnifie  dans  la  jufte  proportion  i 
comme  il  faut.  Chanter  jufie.  P enfer 
juflc.  Defjinerjufle,  Raijonnerjufte. 

On  dit  dans  le  commerce  ,  pefer 
jujie;  pour  dire ,  ne  point  donner  de 
trait.  On  pèfe  jufte  lor »  l'argent , 
les  diamans  &  autres  marchandifes 
précieufes  donc  le  bon  poids  appor- 
teroit  trop  de  préjudice  au  venoeur. 
La  plupart  des  autres  marchandifes 
fe  pefent  en  donnant  du  trait ,  c'eft- 
i-dire  ,  en  chargeant  allez  le  baflSn 
où  on  les  met ,  pour  emporter  celui 
où  eft  le  poids.  V 

Ohditaufli,  aunerjufle;  pour 
dire ,  auner  fans  donner  au-deU  de 
la  mefure. 
J[vsT£  »  a  auffi  quelquefois  la  (ignifi* 
cation  àt  précifément  ^  comme  dans 

.  cette  phrafe  »  t'efi  toutjufie  ce  que 

nous  cherchons. 
Au  jusTS  »  lignifie  adverbialement , 

'  juftement  &  précifément.  Il  fe  dit 
du  prix  j  du  nombre ,  du  poids  & 

.  àtlzmttiâie^  youle'^^vousfavoirau 
juJle  combien  cclayautf  On  peut  vous 


JUS 

dire  au  juJle  combien  II  y  en  a.  Je  ni 
fais  pas  au  jufte  quel  âge  elle  a, 
JUSTEMENTi  adverbe.  Juftk.  Avec 
juftice.  On  l'a  condamné  juftement. 
Justement  ,  fignifie  auffi  précifémenc, 
dans  la  jufte  proportion  ^  comme  il 
faut.  //  arriva  juftement  à  t heure  du 
dîner.  Foilà  juftement  ce  quil  dc^^ 
mande. 

La  première  fyllabe  eft  brève  ^ 
la  féconde  très-brève  &  la  troifième 
moyenne* 
JUSTESSE;  fubftantif  féminin.  Jo-, 
lertia.  PréciHon  exa&e  »  grande  cé- 
gulairité  à  faire  une  choie  comme 
elié  doit  être  faite.  Elle  chanu  avec 
juftcïïè.  La  jufteffe  de  t oreille.  Un 
chajeur  qui  tire  avec  jufteftè. 

il  fe  dit  auili  figurément  en  ma«- 
*  tière  de  langage  ,  de  penfées ,  d'e^^ 
prit  9  de  goût  ôc  de  ientiment. 

La  jufte  (Te  du  langage  ccmlîfte  i 
s'exprimer  en  termes  propres  j  choi« 
fis  Bc  liés  enfemble  »  qui  ne  difent 
ni  trop ,  ni  trop  peu. 

La  juftelTe  ae  la  penfée  confîfte 
dans  la  vérité  &  parfaite  convenance 
au  fujet ,  &  c*eft  ce  qui  fait  la  fpli-- 
de  beauté  du  difcours.  Les  penfées 
font  plus  ou  moins  belles,  feloa 
qu'elles  font  plus  ou  moins  confor- 
mes i  leur  objet.  La  conformité  eti- 
tière  fait  la  juftelTe  de  la  penfée;  de 
force  qu'une  penfée  jufte  eft ,  i  pro- 
prement parler  »  une  penfée  vraie 
de  tous  les  côtés  »  &  dans  tous  les 
jours  qu'on  la  peut  regarder. 

La  jufteiïè  d'efprit  lait  démêler  le 
jufte  rapport  que  les  chofes  ont  en- 
femble :  la  jufteffe  de  goût  6c  de 
fentiment  fait  fentir  tout  ce  qu'il  y 
a  de  fin  &  d'éxaft  dans  le  cour  ^ 
dans  le  thoix  d'une  penfée  >  &  dan$ 
celui  de  l'expreftion. 

yoyei  PaiçisiON ,  pour  les  différ 
rences  relatives  qui  en  diftinguea^ 

JUST£SS£. 


"•  •»  t 


JUS 

JtJSnCË  ;  fubftantif  féminin.  Jufiî^ 
iia.  Les  Jurifconfaltes  Romains  dé- 
finiflenc  la  juftice  »  une  volonté  fer- 
Bie  8c  confiante  de  rendre  à  chacun 
ce  qoi  lui  eft  dû. 

Le  terme  de  ufiice  fe  prend  auffi 
pour  U  pratique  de  cette  vertu. 
Quelquefois  il  fignifie  bon  droit  & 
raifoD.  En  d'autres  occafions  il  fi- 
gnifie le  pouvoir  de  faire  droit  i 
chacun ,  ou  Tadminiflraiion  de  ce 
pouvoir. 

Quelquefois  encore  y/i/?/V^  figni- 
fie le  Tribunal  où  Ion  juge  les  par- 
ties ,  8c  fouvenr  la  juftice  eft  prife 
pour  les  Officiers  qui  la  rendent. 

Sous  la  première  race  de  nos  Rois 
la  juftice  s'adminiftroit  au  nom  du 
Roi  dans  tout  je  Royaume.  Les 
Ducs  8c  les  Comtes  auxquels  le 
gouvernement  des  Provinces  éroit 
confié ,  étoient  auffi  loges  dans  leurs 
Gouvernement.  Ils  a(tembloientles 
.  plaids  généraux  de  leurs  Provinces 
trois  ou  qoatre  fois  par  an  ;  ils  en- 
trerenoient  dans  les  villes  leur  Cour 
ordinaire  de  juftice  >  8c  pronon* 
çoient  au  nom  du  Roi. 

Outre  les  Ducs  &  les  Comtes  » 

il  7  eue  d'autres  Officiers  royaux 

dont  le  reilbrt  fe  terminoic-^ux 

bourgs  &  i  leur  territoire.  Quoique 

leurs  perfonnes  fufient  fubordon- 

nées  aux  Ducs  &  aux  Comtes  »  leur 

Juridiâion  en  étoir  indépendante  : 

ils  jugeoient  en  dernier  report  les 

affaires  communes  :  on  pottoit  les 

cauies  majeures  au  Duc  ou  au  Com- 

re  ,  aux  Commifiaires-Vifiteurs  des 

Provinces  ,   ou  au  Pfals- Grave, 

c*eft-i-direj  au  Comte  du  Palais.  Ce 

Juge  après  le  Maire  avoir  la  plus 

grande  autorité  )  il  rendoit  la  junice 

dans  la  Cour  du  Roi ,  fouvent  â  la 

porte  du  Palais  :  on  nommoit  fes 

aodiences  les  plaids  ou  Us  ajjtfes  de 

la  porte. 


JUS  ao5 

La  fupprefiion  des  Maires  ne  fit 
aucun  tort  d  la  Juridiâion  des 
Comtes  du  Palais  \  leur  Tribunal 
femble  avoir  fubfifté  jufqu  au  dixiè« 
me  fiècle. 

Parurent  enfuite  les  Maîtres  des 
Requêtes  de  THôrel  »  dont  l'origine 
n'eft  pas  encore  bien  éclaircie  :  leurs 
fonâions  font  mieux  connues }  ils 
recevoient  les  plaintes  des  parties  » 
terminoient  les  différens  ordinai- 
res 9  &  rapportoient  au  Roi  &  à 
fon  Confisil  les  procès  de  conf(> 
quence. 

Les  Magiftrarures  des  Ducs  & 
Comtes  y  amovibles  fous  les  Rois 
Mérovingiens  <]ui  onr  gouverné  par 
eux-mêmes ,  viagères  tous  les  Mai- 
res 9  devinrent  infenfiblement  héré- 
ditaires ,  les  unes  par  la  conceffion 
des  Souverains  »  les  autres  par  Tu- 
furpation  des  pofiefieurs.  Les  grands 
Officiers  ,  propriétaires  de  leurs 
Gouvernemens  &  de  leur  Juridic  • 
tion  9  profitèrent  de  la  foiblelTe  des 
Princes  Carlovingiehs ,  pour  s'attri- 
buer les  droits  de  la  Souveraineté. 
Ils  rendireiWlÀ  juftice  en  leurs  noms, 
&  firent  de  leur  propre  autorité  »^ 
d'autres  fondions  dont  ils  ne  s  ac- 
quittoient  auparavant  qu'au  nom  du 
Roi. 

Dans  lesdifFérens  états  de  Tanclen* 
nejudicature  )  le  Magiftrat  avoir 
pour  alTefleurSydes  Juges  dont  lacon^ 
dition  étoit  égale  â  celle  des  parties 
qui  plaidoient  :  on  les  nommoic 
Pairs  :  on  admcttoit  trois  fortes  de 
Pairies ,  celle,  du  Clergé  j  celle  de 
la  Noblefie ,  8c  celle  de  la  Bout- 
geoifie.  La  Pairie  avant  le  treiziè- 
me fiècle  étoit  un  fimple  office  de 
Judicature  éleâif ,  dont  l'exercice 
ne  duroit  qu'un  certain  temps.  Le9 
Ducs,  les  Comtes  ne  mettoientpas 
autrefois  la  Pairie  au  ranedes  titres 
qui  les  décoroient. 


♦» 


!•€ 


JUS 


Les  aftes  pablics  pa(I2s  en  lent 
nom  détaillent  toutes  leurs  qaalttcs  ; 
celle  de  Pair  ne  s'y  trouve  point  j 
elle  n'a  commencé  d  briller  comme 
un  titre  d'honneur  que  dans  le  trei- 
zième fiècle  »  lorfque  la  Pairie  altta- 
chée  aux  fiefs  diftmgués  devint  une 
dignité  féodale  ^  il  femble  néan- 
moins que  les  Etats  Généraux  du 
quatorzième  fiècle  ne  l'ont  pas  re- 
connue comme  un  titre  de  préémi- 
nence ;  les  Pairs  ,  les  Chevaliers 
concouroient  également  aux  délibé- 
rations f  8c  tous  y  étoieut  compris 
encore  fous  la  dénocniiiation  de 
Barons  de  France. 

Le  douzième  fiècle  paroît  avoir 
été  l'époque  de  notre  plaidoirie  :  les 
affaires  prirent  alors  le  cours  de  la 
procédure  eccléfiaftique  ;  les  Prati<- 
ciens  s'accrurent  :  Paris  en  un  demi- 
fiècle  vit  augmenter  d'un  vingtième 
le  nombre  de  fes  habitans. 

Les  Seigneurs  ennemis  des  forma- 
lîtésyfe  déchargèrent  d'une  partie  de 
lajuftice  fur  les  Prévôts  &  les  Châ- 
telains 'y  ils  donnèrent  leurs  juftices , 
les  unçs  en  fiefs ,  les  autres  à  vie ,  fe 
réfervant  le  dernier  relfort  des  juge*- 
mens  féodaux ,  Se  de  quelques  cas 
privilégiés.  Ils  composèrent  leur 
Cour  mr  celle  du  Roi  \  un  Seigneur 
puifiant  eut  fon  Chancelier ,  fon  Sé- 
néchal y  fes  Prévôts  6c  fes  Vaflaux 
pairs. 

La  France  méridiotitle  ne  con- 
noifibit  point  la  Pairie  ;  la  juftice 
l'y  rendoit  par  les  Sénéchaux  ou  les 
Viguiers  ,  filon  leurji  lumières  & 
fèur  confcUnce.  Le$  Pairs  l'adminif- 
proient  dans  la  Champagne ,  le  Ver- 
Diandois  &  le  Ponthteu.  Cet  ufage 
$'obferve  encore  dans  la  Flandre , 
)e  Kainaut  &  l'Artois.  Le  Bailli  n^y 
$  pas  voix  dçlibérative  \  il  recueille 
celle  des  Pajrs ,  ^  pcQpoQçe  Iç  jij- 


JUS 

Le  Duc  de  Normandie  n'avoi' 
point  de  Vafiaux  nommés  Pairs  ;  fk 
juftice  étoit  originairement  entre 
fes  mains  %  6c  ne  s'exerçoit  qu  ea 
vertu  de  fa  commiflion. 

Les  Sénédiaux  font  plus  anciens 
que  les  Baillis.  Ceux-ci  ne  parurent 
que  vers  le  douzième  fiècle-  Les  uns 
&  les  autres  ne  pouvoient  être  du 
Confeil  du  Roi ,  ou  de  celui  de  leur 
Seigneur  ^  cependant  ils  rcformoient 
les  Sentences  des  Juges  fubalternes, 
&  jugeoient  en  dernier  refibrt  les 
afiaires  ordinaires.  Les  parties  qui 
vouloient  fe  pourvoir  au  Confeil  du 
Roi ,  à  celui  du  Duc  ou  du  Comte , 
formoient  une  plainte  contre  le 
Juge  »  &  celui-ci  répondoit  de  fa 
Sentence.  ^ 

Quoi  qu'il  en  foit  de  ces  anciens 
ufagesj  l'adininiftration  de  la  Juf- 
tice confidérée  en  général ,  renfer« 
me  la  connoilfance ,  Tinftruâion  Se 
la  décifion  de  tous  les  procès  Se  dif- 
férens  qui  peuvent  être  l'objet  de  la 
juftice. 

La  Juftice  confidérée  en  elfe-më-* 
me,  fe  divife  en  Ju/iic<  €ccléfiaftiqu€ 
Se  en  juftice  fi'culièrcJ 

La  Juftice  eccléfi^ftique  eft  de 
deux  fortes  »  inférieure  ou  extc* 
rieure. 

La  Juftice  eçcléfiaftique  propre^ 
ment  dite  i  ou  intérieure ,  eft  celle 

S|ui,  s'étend  fur  les  chofes  purement 
pirituelles  &  entre  toutes  fortes  de 
perfonnes  foit  laïques  »  foit  eccléfiaC* 
tiques.  La  Juftice  eçcléfiaftique  im- 
propremetK  dite ,  ou  extérieure  ,  eft 
celle  qui  s'étend  fur  les  perfonnes 
ecccléfiaftiques  en  matière  pure  per« 
fonnelle  ;  cette  féconde  efpàce  de 
Juftice  eft  plutôt  temporelle  qu  ec-* 
cléfiaftiqae  t  l'une  Se  l'autre  de  ces 
Juftices  s'exercent  par  lesOfficiauc^ 
S(  elles  appartiennent  aux  Êvè<|aes 
^  ;iU]c  Ai^chevè^ues  qui  ti«n«eQC  U 


JUS 

rremière  de  Jéfus^Chrift'y  mais  i 
égard  de  la  fécondé ,  ils  ne  la  tien- 
tietic  que  des  Souverains  qui  onr 
bien  voulu  la  leur  accoider. 

La  Juftice  férulière  eft  celle  qui 
s*écend  fur-roures  les  chofes  rempo- 
relles  :  elle  fe  di  vife  en  Juftice  civile  j 
en  Juftice  crimintlU  8i  en  Juftice  de 
Police.  Toutes  les  Juftices  féculières 
appartiennent  au  Roi ,  8c  aux  Sei- 
gneurs Hauts-Jufticiers  qui  les  tien- 
nent du  Prince  en  fief  ou  en  arrière- 
fief  ,  de  elles  font  exercées  par  les 
Officiers  du  Roi ,  ou  par  ceux  des 
Seigneurs  Hams-Jufticiers. 

La  JuAice  civile  eft  celle  qui  a 
pour  objet  toutes  les  matières  civi- 
les ,  &  qui  s'exerce  par  les  Juges 
ordinaires ,  foir  Royaux  ou  de  Sei- 
gneurs. 

La  Juftice  criminelle  eft  celle  qui 
eft  établie  pour  la  punition  des  cri- 
mes :  elle  s'exerce  par  les  Lieure- 
nans-Criminels  ,  &  autres  Juges 
p  répofés  à  cet  effer. 

Enfin  la  Juftice  qui  concerne  la 
Police ,  a  pour  ob}èr Vordre  qui  doit 
s'obferver  dans  les  vflles  &  autres 
lieux  ,  pour  y  maintenir  une  exacte 
difcîpline  ,  ainiî  que  la  sûreté  des 
habitans ,  foit  pour  leurs  perfonnes , 
foit  pour  leurs  biens  \  elle  s'exerce 
en  première  inftafice  par  les  Lieure 
Dans-  Généraux  &  aurres  Juges  de 
t^olice. 

Toutes  ces  Juftices  s'exercent 
non-feulemenr  par  des  Juges  parti- 
culiers ;  mais  elles  s'adminiftrent 
aufiî  fuivant  de  certaines  règles  & 
des  formalités  dont  il  n  eft  pas  per- 
mis aux  Juges  de  s'écarter. 

Les  affaires  civiles  s'intentent  par 
une  demande,  &  fut  \t%  exceptions, 
défenfes  &  autres  procédures  ,  on 
en  vient  à  Taudtence  où  la  caufe  fe 
juge  fur  la  plaidoirie  des  Avocats 
ou  des  Procureurs  des  parties  j  lorf- 


5US  167 

3u*it  s*agit  d  un  appel  ou  de  qdeftions 
e  droit ,  la  caule  doit  être  plaidée 
par  des  Avocats.  • 

Quand  l'affaire  ne  peut  être  vidée 
à  l'audience  ,  on  appointe  leS  par- 
ties ,  c'eft'à-dire  >  que  les  parties 
doivent  produire  leurs  pièces,  & 
fournir  des  écritures  pour  inftruire 
l'affaire  plus  amplement. 

En  matière  criminelle ,  l'affaire 
commence  par  Une  plainre  ou  par 
une  dénonciation;  on  informe  con« 
tre  t'accufé,.^  fur  1  information  on 
décrète  Taccufé  s'il  y  a  lieu  ,  &  en 
ce  cas  il  doit  fe  préfenter  &  répon-> 
dre  en  perfonne  \  quand  l'affaire  eft 
légère  ,  on  la  renvoie  à  l'audience. 

Outre  le  Droit  Romain  &  les 
Coutumes,  on  fe  rèele  par  les  or- 
donnances j  édirs  &  déclarations  de 
nos  Rois  A  &  par  la  jurifprudence 
des  Arrêts. 

Les  premiers  Juges  doivent  tou- 
jours juger  à  la  rigueur  &  fuivant 
la  lettre  de  la  loi  \  il  n*appartienc 
qu  au  Roi  &  aux  Cours  souverai- 
nes dépoâraire^  de  ion  autorité  » 
d'interpréter  les  lois. 

Les  formalités  de  la  Juftice  ont 
été  établies  pour  inftruire  la  religion 
des  Juges ,  mak  comme  on  abufe 
des  meilleures  chofes ,  il  arrive  fou- 
venr  que  les  plaideurs  multiplieâc 
les  procédiues,  fans  néceftité. 

Dans  les  pays  où  la  Juftice  fe 
rend  fans  formalités,comnie  chez  les 
Tares  ^  les  Juges  doivent  fouvent 
être  furpris  t  a  parrie  qui  parle  avec 
le  plus  d'afmrance ,  eft  ordinaire- 
ment ^tlle  qdi  a  raifon  ;  ileftauffi 
crès-dangereux  qtfan  Juge  foir  le 
uiattre  dâ  fore  des  hommes ,  faus 
craindre  que  petionne  puifle  le  ré- 
former. 

Justice  Royale  ,  fe  dîr  de  celle  qui 
appartient  au  Roi  ^'K  qui  eft  exci* 


to8  JUS 

céa  en  Ton  pom.  Foyei^  JuaiDiC*  l 


TION, 


Justice  Seigneuriale  ,fe  dit  de  celle 
qui  ccanc  unie  à  un  nef ,  appartient 
â  celui  qui  en  eft  le  Seigneur ,  8c 
eft  exercée  en  Ton  nom  par  ceux 
qu*i]  a  commis  à  cet  effet. 

Les  Juftices  Seigneuriales  font 
aufli  appelées  Juftices  fubalterncs  , 
parcequ'elles  font  inférieures  aux 
Juftices  Royales* 

On  leur  donne  le  furnooi  de  Sei- 
gneuriales  ou  fubaltcrncs ,  pour  les 
diftinguer  des  Juftices  royales ,  mu- 
nicipales &  eccléfiaftiques. 

L  origine  de  la  plupart  des  Jufti- 
ces feigneuriales  eft  fi  ancienne ,  qae 
la  plupart  des  Seigneurs  n'ont  point 
te  titre  primitif  de  conceflSon,  foit 
que  leur  Juftice  foit  dérivée  du 
commandement  militaire  qu*a- 
voient  leurs  prédéceflfèurs  ,  foit 
que  ceux-ci  Tayept  ufurpée  dans  des 
temps  de  troubles  &  de  révolution* 

Au  refte  les  Juftices  qui  font  étfi- 
blies  ,  quelle  qu'en  foit  Torigine  , 

*  font  toutes  cenfçes  émanées  du  Roi» 
<  êc  lui  feul  peut  en  concéder  de  nou* 

velles ,  ouïes  réunir  ou  démembrer; 

•  lui  feul  pareillement  peut  y  créer 
de  nouveaux  oESces. 

Les  Juftices  Seigneuriales  font 
devenues  patrimoniales  j  en  même 
temps  que  les  bénéfices  pnt  été 
transformés  en  fiefs  »  &  rendus  hé- 
^édiraires. 

On  diftingue  trois  fortes  de  Juf- 
tices feigneuriales,  \^  haute  Juftice ^ 
Ja  moyenne  Juftice  &  la  bajje  Juftice. 

La  haute  Juftice  eft  la  Juridiâion 
/d'un  Seigneur  dont  le  Juge  connoît 
ide  toutes  affaires  civiles  &  crimi- 
nelles ,  excepté  des  ca»  Royaux. 
Foye\  HautJusticiiii. 
^  La  moyenne  Juftice  eft  la  Juridic- 
tion  d'un  Seigrieur  dont  le  Juge 
ÇQunoît  de  toutes  le«  c^ufes  réelles  1 1 


JUS 

perfonnelles  &  mixtes  »  &  des  droîtâ 
ic  devoirs  dus  au  Seigneur ,  avec 
pouvoir  de  condamner  tes  fujets  en 
l'amende  portée  par  la  coutume  \ 
mais  on  ne  peut  pas  y  faire  d'adjii^ 
dication  par  décret. 

Elle  a  la  police  des  chemins  & 
voiries  publiques  »  9c  l'infpeétion 
àeiwÀas  &  mefures;  ellepeut  faire 
meiurage  &  bornaee ,  taire  élire 
àts  Meifiers  »  condamner  en  l'a- 
mende due  pour  le  cens  non  payé. 

A  l'égard  des  matières  criminel» 
les^  les  coutumes  ne  font  pas  uni* 
formes  par  rapport  au  pouvoir  qu'eU 
les  donnent  au  Moyen-Jufticier. 

Plufiears  coutumes  lui  donnent 
feulement  le  pouvoir  de  connoître 
des  délits  légers  «  dont  l'amende 
n'excède  pas  foixante  fous  parifis  ; 
il  peut  néanmoins  faire  prendre  tous 
les  délinquans  qui  fe  trouvent  dans 
fon  territoire  j  les  emprisonner  j 
informer  j  tenir  le  prifonnier  l'ef- 
pace  de  14  heures  \  après  quoi  fi  le 
crime  mérite  plus  griève  punition 

3ue  foixante  fous  parifis  d'amende  » 
doit  faire  conduire  le  prifonnier 
dans  les  prifons  du  Hant-Jufticiett 
&  y  porter  le  procès  poiir  y  être 
pourvu. 

D'autres  coutumes ,  telles  que 
celles  de  Picardie  &  de  Flandre  > 
attribuent  au  Moyen- Jufticier  ^  la 
connoi  fiance  des  batteries  qui  vont 
jufqu'à  effufion  de  fang  »  pomrva 
que  ce  ne  foit  pas  de  guet-àpens  » 
&  la  punition  du  larcin  non  ca- 
pital. 

D'autres  encore  attribuent  aa 
Moyen- Jufticier  ,  la  connoifiance 
de  tous  U%  délits  qui  n'emportent 
pas  peine  de  mort ,  ni  mutila^on  df 
membres. 

Enfin  celles  d'Anjou  »  Tourain* 
&  Maine  lui  attribuent  la  connoif- 
iMçe  du  larcin  |  m^me  capital  j  8C 

4f 


JUS 

de  rhomicide  ,  pourvu  que  ce  ne 
foie  pas  de  guet  âpens. 

Ces  diiFcrences  proviennent  ou 
des  conceflfions  plus  ou  moins  éten- 
dues, faites  par  le  Roi  ou  par  les 
Seigneurs  dont  les  petites  Judices 
relevoient  immédiatement ,  ou  de 
ce  que  les  Seigneurs  inférieurs  ont 
été  plus  ou  moins  entreprenans ,  & 
de  la  podeflion  qu'ils  ont  acquife. 

La  bajfe-jujiice  ,  qu'on  appelle 
aaflî  en  quelques  endroits  Jujiice 
foncière  ou  ccnfucllc  ,  connoît  des. 
droits  dus  aux  Seigneurs ,  tels  que 
cens  &  rentes  ,  de  de  l'amende  du 
cens  non  payé  »  exhibition  de  con- 
trats ,  lods  &  ventes. 

Elle  connoît  auffi  de  toutes  ma- 
rières  perfonnelles  entre  les  fujets 
du  Seigneur  jufqu'à  cinquante  fous 
parifis. 

Elle  exerce  la  Police  dans  fon  tér- 
titoire ,  &  connoît  des  dégâts  com- 
mis par  des  animaux  ,  des  injures 
légères  »  &  autres  délits  dont  la- 
mende  ne  pourroit  être  que  dix  feus 
parifis  &  au-delFous. 

Lorfque  le  délit  requiert  une 
amende  plus  forte ,  le  Bas-Jufticier 
doit  en  avertir  le  Hautjufticier  j  au* 
quel  cas  le  premier  prend  fur.  l'a- 
mende qui  eft  adjugée  par  le  Haut- 
jufticier la  fomme  de  fix  fous  pa- 
rifis. 

Le  Juge  Bas-Jufticier  peut. faire 
arrêter  tous  les  délinquans  ;  &  pour 
cet  effet  il  doit  avoir  Sergent  &  Pri- 
ibn  ,  à  la  charge  auffitot  après  la 
caprare  ,  de  faire  mener  le  Prifon- 
nier  au  Haut-Jufticier  avec  l'Infor- 
marion  ,  fans  pouvoir  décréter. 

Le  Bas-Jufticier  peut  faire  mefu- 
rage  &  bornage  entre  fes  fujets ,  de 
leur  confehtement. 

Eh  quelques  pays  il  7  a  deux  for- 
te/ de  oafie- Juftice  \  l'une  foncière 
ou  cènfuelle  qui  eft  attachée  4^  droit 

Tonit  XKn 


J  US  Z09 

i  tout  fief ,  &  qui  ne  connoît  que 
des  droits  du  Seigneur  j  lautre  per- 
fonnelle  qui  connoît* de  toutes  les 
matières  dont  la  connoilTance  ap« 

Îartient  communément  aux  Bas* 
«rticiers. 

Une  même  Juftice  peut  s'éten- 
dre fur  plufieurs  fiefs  qui  n'appar- 
tiennent pas  i  cel^i  oui  a  la  JuJlice  ; 
mais  il  n'y  a  point  de  Juftice  fei- 
gneuriale  qui  ne  foit  attachée  à  un 
nef,  &  elle  ne  peut  être  vendue  ni 
aliénée  fans  ce  nef. 

Anciennement  les  Seigneurs  ren- 
doient  eux-mêmes  la  Juftice  :  cela 
étoit  encore  commun  vers  le  milieu 
du  douzième  fiècle.  Les  Abbés  la  reu- 
doient  aufli  en  perfonne  avec  leurs 
Religieux  i  c'eft  pourquoi  ilsnecon- 
noifloient  pas  des  grands  crimes» 
tels  que  le  duel ,  Padulière ,  lln- 
cendie ,  trahifon  &  homicide  ;  mais 
depuis  on  a  obligé  tous  les  Seigneurs 
de  commettre  des  Juges  pour  rendre 
ta  Juftice  en  leur  nom. 

Il  n'eft  pas  néceflaire  que  les  Ju- 
ges de  Seigneurs  foient  gradué^  ,  il 
luffit  qu'ils  ayent  d'ailleurs  les  an- 
très  qualités  nécefiaires. 

Ces  Jfiges  font  commis  par  le  Sei- 
gneur ,  &  prêtent  ferment  entre  fes 
mains  ;  ils  lont  xévocMesadnuium  ; 
mais  ils  ne  peuvent  être  deftitués 
cum  clogio  ,  lans  caufe  légitime  ;  & 
s'ils  ont  été  pourvus  à  titre  onéreux , 
ou  pour  récompenfe  de  fervices 
réels ,  ils  doivent  être  indemnifés. 

Dans  les  fimples  Juftices  non  qua« 

lifiées  »  il  n'y  a  ordinairement  qu'un 

feul  Juge  ;  il  ne  peut  pas  avoir  de 

Lieutenant ,  que  le  Seigneur  ne  foie 

autorifé  par  Lettres  Patentes  à  ftn 
commettre  un. 

« 

En  rabfeiîce  du  Juge,  c'eft  le  plut 
ancien  Praticien  qui  tient  le  Slége. 

Dans  les  affaires  criminelles ,  les 
Juges  de  Seigneurs  font  obligés.d'ap- 


110 


JUS 

peler  ieax  gradués  pour  juger  con- 1 
joincemenc  avec  euic  :  s*il  y  a  deus 
Juges  Officiers  du  Siège ,  il  fuffic 
ti'appeler  un  gradué. 

Le  Seigneur  plaide  dans  fa*}u(li« 


JUS 

on  fief  dans  fa  mouvance,  EOe  a 
été  ainfi  appellée  parçeijue  les  Vi- 
comtes dans;  leur  première  infttco- 
tion  n'ayoienc  que  la  ipQyeniiç  Juf« 
nce. 


ce  par  le  miniftçre  de  fon  Procureur?    Justice  M unicipali  i^  fe  die  de  celle 
Fiical  au  Procureur  d'office ,  lequel        qui  appar^cienc  à  une  Ville  »  &  qui 


fait  auflS  toutes  les  fondions  du  mi 
niftère  public  dans  les  autres  affaires 
civiles  &  criminelles  ^  mais  fur  l'apr 
pel  des  Sentences  où  le  Seignetir  e(l 
IntérefTé ,  c*efk  le  Seigneur  lui-mê« 
tne  qui  plaida  en  fon  nom. 

Les  Juges  de  Seigneurs  ont  un 
fceau  pour  fceller  leurs  Sentences  j 
ib  ont  aufli  des  Sergens  pour  les 
Bettre  i  exécution ,  &  pour  faire 
les  autres  exploits  de  Ju(lice. 

Les  Seigneurs  même  Hauts-Juf- 
tîciers  n'ont  pas  droit  de  Notariat  & 
Tabellionage  ;  c^la  dépend  des  ti- 
tres ,  ou  de  la  pofTeffion ,  ou  de  la 
coutume. 

Les  Juftices  des  Duchés  &  Corn- 
'  tés-Pairies ,  &  autres  très  erandet 
terres  titrées  ,  ne  font  que  oes  Juf- 
tices feigneuriales  ,  de  même  que  les 
(impies  Juftices.  Les  Pairies  ont 
feiuement  la  prérogative  de  refifor- 
tir  nuement  au  Parlement}  les  Ju- 
ces  de  ces  Juftices-Pairies  prennent 
le  titre  de  Lieutenant-  Général  »  de 
en  quelques  endroits  ils  ont  un  Lieu- 
tenant Particulier. 

Pans  les  Chatellenies ,  les  Jueel 
font  nommés  Châtelains  ;  dans  les 
fimples  Juftices ,  Prévôisox\  Baillis  ; 
dans  les  BaiTçs- Juftices  y  ils  i^e  doi- 
vent avoir  que  le  titre  de  JMairc  ; 
mais  tout  cet?  dépend  beaucoi^p  dç 
Tufage. 
Jvsticè>Vicomti£re  ,  fe  dit  dan^ 
quelques  Coutumes  ,  comme  en 
Artois  &  en  Picardie  ,  de  la 
moyenpe  Juftice  qui  appartient  de 
droit  4  tout  Seigneur  dès  qu'il  a  un 
hoiao^e  d.e  fief,  c*eft-â-dire>  qoll  a 


eft  exercée  par  les  Maire  Se  Eche- 
vins ,  ou  autres  Officiers  qui  font 
les. mêmes  fonâions. 
Justice  Militaire,  fe  dit  d'oqe  Ju* 
ridiâion  exercée  au  nom  du  Roi 
dans  le  Confeil  de  guerrç  pat  les 
Officiers  qui  le  compofenr. 

Cette  juridiâion  connoit  de  tous 
les  délits  militaires  qui  font  com- 
mis par  les  cavaliers  »  dragoDs  »  ic 
foldacs. 

Pour  entendre  de  queHe  manière 
s*excrce  la  Juftice  militaire  ^  tant 
dans  les  pUcesqu'à  l'armée  i  il  faut 
obferver  ce  qui  fuit. 

Tout  Gouverneur  ou  Comman- 
dant dune  place ,  peut  faire  arrê- 
ter &  conftituer  prifonnier  tout 
foldat  prévenu  de  crime  ,  de  quel- 
que corps  &  compagnie  quil  ibit, 
en  faifant  avertir  dans  les  vingt- 
quatre  heures  de  Temprifonne- 
ment  >  le  Capitaine  ou  Officier 
Commandant  la  Compagnie  dont 
eft  le  foldat. 

Il  peut  auffî  faire  arrêter  les  Of- 
ficiers qui  feroient  tombés  en  gricve 
faute ,  a  la  charge  d'en  donner  aut 
ftt&t  avis  ai\  Roi  pour  recevoir  fcs 
ordresr 

Les  Chefs  Se  Officiers  des  trou* 
pes  peuvent  au^  faire  arrêter  Sc 
emprifonriçr  le^  foldats  de  leurs 
corps  8^  compagnies  qui  auront 
commis  quelques  excès  o»  défot- 
dres  ,  mais  lU  ne  peuvent  les  élargir 
fans  la  peripiftion  du  Gouverneur  > 
ou  qu'ils  n'ayetu  été  jugés  au  Con- 
feil de  guerre ,  fi  le  cas  Te  requiert- 

Le  argent  -  M^r  dç.  1^  pl^ce  , 


JUS 

^  ën-4i  place  eeltti  qui  éh  fait  bs 
fonâions,  doit  faire  faire  le  pro- 
cès^aux  foldftts  ainfi  artères. 

Les  Jages  ordinaires  des  lieux  où 
les  troapes  tiennent  garnifon  ,  con- 
noiflenc  de  tous  crimes  &  délits  qui 
peuvent  être  commis  dans  ces  lieux 
parles  gens  de  guerre  »  de  quelque 
qualité  Se  nation  qu'ils  foient ,  lorf- 
aue  les  Habitans  des  lieux  ou  autres 
iiijets  du  Roi  j  ont  intérêt ,  non- 
obftant  tous  privilèges  i  ce  caiii- 
traités  ^*fans  que  les  Officiera  des 
troupes  en  puifTent  connoltre  en 
aucune  manière.  Les  Juges  ordi- 
Dattes  font  feulement  tenus  d'ap- 

Ktiet  le  Prérôt  des  Bandes  ou  du 
égtmelit,  en  cas  qu'il  7  en  ait» 
pour  afliftet  i  l'inftruâion  6c  au 
|ugen»em  des  crimes  de  foldat 
â  habitant }  &  s'il  n'y  a  point  de 
Prévôt,  ils  doivent  appeler  le  Ser- 
vent-Ma^or»  ou  rAide'Ma|cr  ^  ou 
'Officier  Commandant  le  corps 
àé  la  troupe. 

Les  Omciers  èes  troupes  du  Roi , 
comioi(reht  feulement  des  crimes 
ecr  délits  qui  fonit  commis  de  foldat 
à  foldat  :  ils  ne  peuvent  cependant, 
fous  ^écexte  qo^Hs  antofeiit  droit 
lie  eonhoître  de  ces  crinries  »  retirer 
Oit  £iife  rètitet  leurs  fotdàss  des 

rrifoos  00  ils  autoient  été  mis  de 
aatorî té  des  Juges  ordifiaives ,  mais 
feulement  requérir  ces  Juges  de  les 
leur  remettre  j  6c  en  cas  de  refus  , 
fe  pourvoir  par  devers  le  Roi* 

Les  Cbefs  on  Officiers  ne  peu* 
vent  s'afTembler  pour  tenir  confeil 
eie  guerre  ou  aunreknent ,  fans  la 
pefff»iilbn  exîpteilè  du  Gouvertieur 
Ml  ComiiMiidttfit* 

La  Jttftke  mî4it«re  peut  condaAi- 
net  à  mort  ou  â  d'autres  peines  plus 
légère!»^  feion  1»  nature  du  délit.  Ses 
l^igetnens  n'emportent  point  m<^rt 
civile^  ai  oonfifcatÎM^^oud  ils^  font 


JUS 


lit 


F 


i^m.'Hlés  du  conféil  dt  gilerre  :  il 
n'en  eft  pas  de  même  quand  ils  font 
émanés  du  Prévôt  de  Tarméé  «  ou 
autres  Juges  ayant  caraâère  public 
pour  juget  dans  les  formes  judiciai- 


res. 


Lorfque  le  condaniné ,  après  avoir 
fubi  quelque  peine  I^^ère ,  a  pafTé 
fous  le  drapeau,  &  eft adthis  i  ref<* 
ter  dans  le  corps  »  le  jugement  ren- 
du contre  lui  n'emporte  point  d'in- 
famie. 

La  Jufticé  qui  eft  exercée  par  le 
Prévôt  de  l'armée  fur  les  marau- 
deurs ,  6c  pour  la  police  du  camp*> 
eft  auffi  une  juftice  militaire  qui  fe 
rend  fommairemént. 

On  appelle  aufïK  Jujlice  MiCedifc^ 
dans  un  ietis  figuré  ,  une  Juridic- 
tion où  la  Juftice  fe  rend  fomniàt- 
refilent,  6c  prefque  fans  figure  de 
procès ,  ou  bien  une  exécotioti  faite 
tiiiRtaitehietit  6c  fans  obfervet  au- 
cune forntaliré. 

Oh  appelle  JitJIice  commâtaûve^ 
la  Ji^ftite  qui  concerne  le  cotfinftét- 
ce  i  Id9  écitoiges  &  les  ventes.  Et 
JuJl΀€  iifiribHtîve  ,  celle  par  la- 
quelle les  Margiftrats  adjugent  i 
chacun  ce  qui  lui  appartient ,  dis- 
tribuent les  récompenfes  Se  les  pei- 
nes :  &  cette  dernière  êfpèce  de 
Jiift^e  qui  regarde  les  peines  » 
s'apfiHelie  ^inékatètc. 

Ondit  y  fi /air  ejqfiicc;  pour  di- 
re ,  fe  condamfhet  quand  on*  a  tort. 
Et  qrfi/  ne  faut  pas  fi  fiire  jupceà 
fii-mime  ;  pour  dire  y  qu  il  ne  ftmc 
pas  fe  venger  foi-même ,  fe  payer 
piar  fes  rt^ai-ns ,  &c.  mais  avoir  re- 
cours aux  voies  ordinaires  de  la  Juf- 
tice. 

On  dit  abfolument  ,  rendre  ia 
Jujlice  ;  pour  dire ,  juger  ,  faire 
fonAion  de  Juge.  Er  rendre  jufiict , 
rendre  à"  quelqu  mt  la  fiftice  qai  tul 
eft  dud  i  pour  dire.,  parler  de  lui  Se 

D  d  ij 


m  JUS 

.  agir  à  (on  égard  comme  il  le  mé« 
nce. 

On  die ,  qu*o/i  ne  peut  avoir  juf- 
ticc  d'un  Juge ,  quand  on  ne  peut 
l'obliger  à  rapporter  l'affaire  ,  à  la 

juger- 

On  dit  des  Juges  qui  paflfent  pour 

.  injudes  ,  qu'i/  n'y  a  point  de  jujlice 

en  leur  Siège  j  en  leur  Tribunal. 

On  appelle  déni  de  Ju/Iice  »  le  re' 
fus  qu'un  Juge  fait  de  juger. 

On  dit ,  faire  jujiice  ;  pour  dire  9 
punir  corporellement.  On  vient  de 
faire  jujlice  ^  on  a  rompu  vifs     ces 

On  appelle  auffi  Jujiice^  les  four- 
ches patibulaires. 

En  termes  de  Mythologie  «  la 
Jujlice  eft  une  DéelTe  fille  de  Jupi- 
ter 9  qui  eft  attachée  au  trône  de  ce 
dieu  dans  le  ciel ,  &  lui  demande 
vengeance  toutes  les  fois  qu'on 
bleflb  les  lois  &  l'équité. 

Les  Anciens  la  peignoîent  ain(i 
cu*Âftrée  ^  en  Vierge ,  d'un  regard 
ievère  ,  joint  â  un  certain  air  de 
fierté  &  de  diginité  »  qui  infpirpit 
le  refpeâ  &  la  crainte. 

Les  Grecs  du  moyen  âge  la  re- 
préfencèrenc  en  jeune  fille ,  aflife 
'  lur  une'  pierre  carrée ,  tenant  une 
balance  â  la  main ,  Se  de  l'autre  une 
épée  nue,  ou  un  faifceau  de  ha- 
ches entourées  de  verges  »  pour 
marquer  que  la  Juftice  pefe  les  ac- 
tions des  nommes  &  qu'elle  punit 
également  comm^  elle  récom- 
penfe. 
•^  Elle  étoit  auffi  quelquefois  re- 
préfentée  le  bandeau  fur  les  yeuif , 
pour  montrer  qu'elle  ne  voit  & 
n'envifage  ni  le  rang  ,  ni  la  qualité 
des  perionnes.  Les  Egyptiens  fai* 
foienr  fes  ftatues  fans  tête ,  voulant 
iignifier  par  ce  fymbole  que  les  Ja« 
jges  doivent  fe  dépouiller  de  leur 


JUS 

propre  fentiment  pour  fuivte  la  Aè* 
ci  (ion  des  lois. 

JusTicB,  fignifie  auffi  la  reâitude  in- 
térieure que  Dieu  met  dans  Tame 
par  (a  grâce^  Perfévérer  dans  la  Juf" 
tice. 

Justice  ,  fe  prend  encore  dans  le  ftyle 
de  récriture  ,  pour  Tobfervation 
exaâe  des  devoirs  de  la  Religion* 
jéccompUr  toute  Jujlice* 

Différences  relatives  encre  Droit 
&  Justice. 

Le  droit  eft  l'objet  de  la  Jujlice; 

^  c  eft  ce  qui  eft  du  â  chacun.  La  /o/l 
tiçe  eft  la.  conformité  des  a&ions 
avec  le  droit}  c'eft  rendre  &  con- 
ferver  i  un  chacun  ce  qui  lai  eft  du. 
Le  premier  eft  diâé  par  la  nature, 
ou  établi  par  l'auroriré  ,  foit  divi<* 
ne  »  foit  humaine  j 'il  peut  quelque* 
fois  changer  y  félon  les  circonftan* 
ces.  La  teconde  eft  la  règle  qu'il 
faut  toujours  fuivre ,  elle  ne  varie 
jamais. 

Ce  n'eft  pas  aller  contre  les  lots 
de  la  Juftice^  que  de  foutenir  &  dé* 
fendre  fes  droits  par  les  mêmes 
moyens  dont  on  fe  fert  pour  les  ac* 
caquer. 

Les  deux  premières  fyllabesibnt 
brèves,  &  la  troifième très-brève. 

JUSTICEMENT  i  (ubftantif  mafca- 
lin.  Ce  mot  dans  la  coutume  de 

*  Normandie  3  fignifie  exécution  de 
Juftice. 

JUSTICIABLE  ^  adjeaif  des  deux 
genres»  Jurifdiàioni  obnoxius.  Qui 
doit  lépoiyire  devant  certains  Ju^ 

En  général  toat  particulier  eft 
jttfticiaDle  duluge  fous  la  juridic- 
tion duquel  il  a  fon  domicile  cca- 
bli:  cependant  en  matière  de  po- 
lice, chacun  eft  jufticiable  du  Juge 
du  lieu  où  il  a  commisquelque  coti^ 
travencion  aux  Règlemens  de  po- 
lice »  quand  même  il  n'y  auroit  pas 


JUS 

fon  domicile.  En  matière  crtmÎDel- 
le ,  oo  eft  jufticiable  du  Juge  du 
lieu  où  le  délie  a  été  commis.  On 
peut  auflS  en  matière  civile  devenir 

I'ufticiable  d'an  Juge  autre  que  ce- 
ui  du  domicile ,  comme  quand  il 
s'agit  d  une  matière  attribuée  à  un 
certain  Juge  ;  ainfi  pour  raifon  d'u- 
ne lettre  de  change,  on  devient  juf- 
ticiable des  Çonfuls  j  en  matière 
des  Eaux  &  Forêts ,  on  eft  jufticia- 
ble des  Juges  des  Eaux  &  Forêts , 
&ç.  On  devient  auffi  jufticiable  d'un 
Ju^e  de  privilège  ,  lorfqu'on  eft 
aftigné  devant  lui  par  un  privilégié,  | 
c'eft-i-dire ,  qui  a  fes  caufes  com- 
mifes  devant  lui  \  enfin ,  on  peut 
devenir  jufticiable  d'un  Juge  autre 
que  Ton  Juge  naturel ,  lorfqu'une 
affaire  eft  évoquée  pour  caufe  de 
connexité  ou  litifpendance. 
JUSTICIÉ  ,    ÉE  i  participe  paffif. 

yoyC[  J  USTICIER. 

JUSTICIER  i  verbe  neutre  de  la  pre- 
mière conjugaifon  ,  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chanter.  Afficere 
fupplicio.  Punir  quelqu'un  d'une 
peine  corporelle  en  exécution  d'un 
Arrêt  ou  d*un  Jugement  en  dernier 
reflbrt.  On  vient  de  jujiicier  ces  cri'- 
mine/s. 

Les  trois  premières  fyllabes  font 
brèves  ,  &  la  quatrième  longue  ou 
brève,  f^oye:^  Verbe. 

Uc  féminin  qui  termine  le 
fingulter  du  préfent  de  l'indicatif, 
&c.  s'unit  à  la. pénultième  fyllabe 
&  la  rend  longue. 

JUSTICIER  ,  ÈRE  ;  fubftantif.  Qui 
aime  i  rendre ,  à  jFaire  rendre  juf- 
tice.  Ce  Prince  fut  un  \élé  Jujiicier. 
Il  ne  fe  dit  guère  au  féminin. 

Justicier  ,  fe  dit  aufli  de  celui  qui  a 
droit  de  Juftice  en  quelque  lieu.  Il 
y  a  trois  forte  de  JuAiciers ,  le  haut 
Jufticier ,  le  moyen  Jufticier  &  le 
bas  Jufticier  :  le  haut  Jufticier  eft 


JUS  «3 

celui  qui  a  droit  de  Haute- Juftice  : 
le  moyen  J  ufticier ,  celui  qui  a 
droit  de  moyenne  Juftice*}  &  le  bas 
Jufticier ,  celui  qui  a  droit  de  bafte 
Juftice  feulemenr. 

JUSTIFIANT  ,  ANTE  j  adjedif. 
Jujlificans.  Qui  rend  jufte  intérieu- 
rement. Il  ne  fe  dit  guère  qu'en  ter- 
mes de  Théologie  dans,  ces  deux 
phrafes  ,  la  grâce  jufiifiantt ,  la  foi 
jufifîante. 

JUSTIFICATIF ,  IVE  i  adjeûif  6c 
terme  de  Palais.  Qui  fert  d  jufti- 
fier  y  c'eft-â-dire ,  à  prouver  qu'une 
chofe  eft  ainfi  qu'on  l'a  expofée.  // 
faut  repréfenmr  les  pièces  jujlrfica^ 
iives. 

On  appelle  fait  jujlificatif^  une 
chofe  qui  tend  â  la  juftification  d'un 
accufé.  V^oye^  Faits  Justifica- 
tifs, 

JUSTIFICATION  ;  fubftantif  fémi- 
nin.  Jujlificctio,  Aâion,  procédé  par 
lequel  on  fe  juftifie.  L'accufé  tra^ 
vaille  à  fa  jujiification. 

Justification,  fign  i  fie  aufti  en  ter- 
mes de  Théologie  &  de  i'Écriturc-  . 
Sainte ,  l'aâion  &  PefFet  de  la  grâce 
pour  rendre  les  hommes  juftes. 

Le  Concile  de  Trente  ex igie  dans 
les  Adultes  fix  dtfpofitions  princi- 
pales pour  obtenir  le  bienfait  de  la 
juftification. 

La  première  eft  la  foi ,  vertu  théo* 
logale. 

La  féconde  eft  la  crainte  de  la 
Juftice  divine  ,  vengerelfe  des  pé- 
chés, 

La  troifième  eft  Tefpérance  d'ob- 
tenir le  pardon  de  fes  péchés,  par 
les  mérites  de  Jésus- Christ. 

La  quatrième  eft  l'amour  de  Dieu 
comme  fource  de  route  Juftice. 

La  cinquièrne  eft  U  hame  &  la 
déteftaiionde  (es  péchés,  &  la  dou- 
leur de  les  avoit  conunis. 

La  ûxièmc  eft  le  ferme  propos 


214  JUS 

dé  mener  une  vie  nourelte ,  d'ob- 
fervec  toas  les  Commaftdemens  de 
Dieu ,  6c  de  recevoir  lé  Sacrement 
de  Baptême  ou  celui  de  la  Péni* 
tence. 

Ce^  dLfpo(Tcions  dépendent  celle- 
ment  de  la  Grâce ,  que  perfonne  ne 
peut  les  avoir  par  les  feules  forces 
de  la  nAcnre. 

Le  mcnie  Concile  déclare  que  la 
juftiBcacion  a  pour  caufe  firiiiie  la 
Gloire  de  Dieu  &  de  Jésos- 
Christ  j  &  la  glorification  de 
l'homme  ;  pour  caufe  efficiente 
principale  tofolue  ,  Dieu  \  prin- 
cipale méritoire,  JP^sus-Chkist  j 
inftrumentelle  ,  les  Sacremens  de 
Baptême  8c  de  Pénitence  ;  difpod  ci- 
ve ,  les  aAes  formés  par  ta  erâce , 
8c  produits  par  celui  qui  doit  être 
juftifié  }  pour  caufe  formelle  Tin- 
fsfion  àeià,  grâce  ou  de  la  juftice , 
ftofi  cette  ;uftice  par  laquelle  Dieu 
eft  }ufte ,  mais  celle  par  où  il  nous 
rend  juftes,  non-feulement  de  nom, 
tAais  réetlemenc  Se  en  effet* 

JUSTIFICATION  ,  fe  dit  en  termes 
d'Imprimerie ,  de  la  longueur  des 
lignes  lïérerminée  par  Telpace  que 
l'ouvrier  a  laiiTé  dans  le  coinpof- 
teur. 

JosTiFieATfON ,  fe  dit  auflS  en  ter- 
mes de  Fondeurs  de  caractères 
d'itoprimerie  ,  d*^un  petit  inflfru- 
ment  de  cuivre  ou  de  fet  dont  ces 
ouvriers  fe  fer ver>t  pour  s'aflTurer  fi  • 
les  tertres  (qui  bien  en  ligne  &  de 
hauteur  entr'elles. 

Les  trois  prenricres  fyllabes  font 
Inrèves ,  Kb  quatrième  longue ,  Se  fes 
autres  brèves  au  fingulier  ;  mais  la 
dernière  eft  longue  au  pluriel. 

JUSTIFIÉ  ,  ÉE  :  participe  paffif. 
f^oye^l  Justifier. 

JUSTIFIER  ;  verbe  adif  de  la  pre- 
mière conjugaifon  ,  lequel  fe  ccm- 
jugue^  comme  Cwawter.  Abfolvc- 


JUS 

ri.  Prouver ,  fairô  voir  ,  déclarer 
que  celui  qui  étoit  aecufé  eft  inno* 
cent.  Lts  témoins  It  judificront.  Cela 
pourra  ftrvit  à  k  jufiificr. 

JusTiPifiR  y  fe  dit  auflî  des  chofes  Se 
fignifie  en  prouver  la  bonté  ,  la  fo- 
lidité ,  la  vérité.  Le  fuccls  ajujiifié 
fort  entreprUe. 

JustiFzER  ,  fignifie  auflS  faire  voir, 
démontrer  qu*an  fait  eft  tel  qu*oa 
Ta  avancé.  //  jufiific  fa  propojition 
par  l*aurorité  des  Pèresi  II  s*èft 
ftrvi  de  et  titre  pour  jujlifier  fa 
naijfance.  On  peut  /uftijîcr  que  cet 
ouvrage  a  été  imprimé  à  Londres.  ' 

JuSTiFifia  9  fignifie  encore  donner  la 
juftice  intérieure.  La  Pajfion  de  Ji« 
sus -Christ  a  juflifié  les  hoth^ 
mes. 

JirsTiFiER ,  fe  dit  en  termes  d'Im- 
primerie ^  Se  fignifie  renir  les  pages 
également  bâtîtes ,  &  les  lignes  éga- 
lement longues  entr'^elles. 

Lq$  trois  premières  (yllabes  font 
brève) ,  Se  la  ouatrième  longue  ou 
brève,  f^cye^  VbAbe. 

LV  féminin  qui  terntine  le  fin- 
gutier  de  l'indicatif,  &c.  s*unit  à  la 
pénultième  fytlabe  Se  la  rend  Ion* 
gue. 

JUSTIFIEURi  fubftantif  mafcuKn 
&  terme  de  Fondeurs  de  caraâères 
dlmprimerie.  Il  fe  dit  de  la  princi- 
pale partie  du  coupoir  avec  lequel 
on  coupe  les  caraâères  d'Im^nrime- 
rie. 

JUSTIN  Ij  nom  d'un  Empereur 
d'Orient  ,  né  en  4.5.0,  à  Bederiane 
dans  les  Campagnes  de  la  Tlirate.- 
Son  père  étoit  un  pauvre  Lab^ou- 
reur.  Le  fils  manquant  de  pain  , 
s'enrôla  dans  la  Milice,  &  quoi- 
qu'il ne  (àt  ni  lire ,  ni  écrire,  if  par-^ 
vinr  de  grade  en  grade  par  fa  valeur 
Se  par  (a  prudence*  julqu'au:  rtone 
Impérial.  Il  f  montaen'  5 1 8*  ^  de  en 
parut  dïgne;  Soû'  pttttiier  foin  fut 


JUS 

dl^ezaminer  les  lois.  Il  confirma  cel- 
les qui  lui  parurent  juftes  ,  annulla 
les  ancres  »  accorda  au  peuple  plu- 
fieurs  immunités  ,  retrancha  beau- 
coup d*itnp6ts  »  fie  des  heureux 
&  mt  l'ètrè.  li  fe  déclara  pour  le 
Concile  de  Calcédoine  ,  rappela 
tous  ceux  qui  avoient  été  exilés 
pour  la  foi ,  demanda  un  Formulaire 
au  Pape  Hormifdas ,  &  le  fit  figner 
dans  un  Concile  tenu  à  Conftanti- 
nople  :  mais  il  devint  fuoefte  à  TÉ* 
gUfe  àsLïis  le  temps  même  qu'il  vou- 
loir la  faire  triompher.  Il  perfécuta 
les  Ariens  pour  réprimer  leur  au- 
dace ,  &  aigrit  par  cette  conduite 
Théodoric  contre  les  Orthodoxes 
d'Occident.  Il  mourut  en  s  17  >  ^ 
77  -ans  après  avoir  nommé  Jufti- 
nieh  ^  fils  de  fa  fœur,  pour  lui  fuc- 
céder. 

Il  y  a  eu  un  autre  Empereur  de 
'  ce  nom  qui  fuccéda  en  «j  6  5  à  Jufti- 
nien  fon  oncle ,  ic  mourut  en  578.  II 
fut  du  nombre  des  niauvais  Princes. 
Justin,  eft  auffi  le  nom  d'un  Hiflo- 
rien  latin,  qui  a  laKTé  un  abrégé  de 
la  grande  Hiftoire  deTioguePoni- 

JiStÎNE  i  fubftaniif  féminin.  Mon- 
noie  d'argent  fabriquée  à  Vénife, 
&  qu'on  appelle  autrement  Duca- 
ton.  Le  nom  de  Juftine  lui  vient  de 
ce  qu'elle  a  été  frappée  fous  un 
Doge  de  la  famille  des  Juttiniani. 
Elle  vaut  un  demi-fequin. 

JUSTINGEN  j  nom  propre  d*un 
bourg  d'Allemagne  ,  en  Suabe. 
C'eft  le  chef  lieu  d'une  Seigneurie 
de  même  nom  ,  près  d'Ulm  &c  du 
Dnnube. 

JUSTINIEN  1  ',  nom  d'un  Empereur 
d'Orient ,  neveu   de  Juftin  1  ^    & 
né  dans  un  périt  village  de  la  Par- 
danie  en  48  j,  d'une  famille  obf 
cure.  L'élévation  de  fon  oncle  pro- 

-  duifit  la  tienne.  H  lui  fuccéda  ei> 


JUS  ti5 

527.  L^Empire  Grec  n*étoîr  plus 
alors  qu'un  foible  refte  de  la  pnif« 
Tance  Ronmine  \  mais  ce  Prince  en 
recula  les  frontières ,  &  lui  rendit 
quelque  chofe  de  fon  ancien  luflr». 
11  mit  â  la  tète  de  fes  armées  le  fage 
&  vaillant  Bélifaire ,  qui  reprit  aux 
Barbares  ce  qu'ils  avoient  enlevé 
aux  Romains.  Les  Perfes  furent 
vaincus  en  518,  541  &  €43;  let 
Vandales  exterminés  »  &  leur  Roi 
Gelimer  pris  prifoimier  en  5  j  j  ,l'A- 
frique  reconquifei  les  Goths  fubju- 
gués  j  les  Maures  réduits ,  les  di(^ 
ienfions  inteftines  étouffées.  Les 
Bleus  &  les  Vcrds ,  deux  faâions 
qui  déchiroient  l'Empire  ,  furent 
réprimés.  Après  avoir  rétabli  la 
tranquillité  au -dedans  &  au-de^ 
hors,  l'Empereur  mît  de  l'ordre 
dans  les  lois  qui  étoîdnr  depuis 
long-temps  dans  une  confufion  ex- 
trême. Il  chargea  dix  JurifconfuU 
tes  s  choids  parmi  les  plus  habiles 
de  TEmpire ,  de  faire  un  nouveau 
Code  tiré  de  fes  Conftitutions  &  de 
celles  de  fes  prédéceiTeurs. 

Ce  Code  fut  fuivi  du  Digefte ,  des 
Inftitutes  8c  des  Novelles:^oye^  ces 
mots;  Attenrif  à  tout ,  JutUnien 
fortifia  les  places  ,  embellit  les  vil- 
les &  en  bâtit  de  nouvelles.  Mais 
fon  règne  fut  trop  long  :  fur  la*  fin 
de  hs  jours  il  devint  avare ,  mé* 
fianr ,  cruel ,  &  accabla  le  peuple 
d'impôts  :  il  fe  laifTa  gouverner  par 
fa  femme  Théodora  ,    qu'il  avoir 

rife  fur  le  théâtre  ,  ou  elle  s'éroic 
ong- temps  prortiruée,  &  qui  con- 
ferva  fous  la  pourpre  tous  les  vices 
d'une  courtifanne.  Enfin,  il  mourut 
en  5<?^  à  l'âge  de  84  ans ,  haï  de  fes 
fujers,  &  peu  regretté  de  fe&  cour- 
tifans. 

,11  )r  a  eu  un  autre  Empereur  de 
même  nom,  qui  fuccéda  à  l'âge  (le 
16  ans.  à  fon  père  Conftanuii  Pogo* 


i 


ii6  JUT 

nac  en  6S$  ,  &  fat  tué  en  71 1.  Ses 
crQaucés ,  fes  débauches ,  Tes  exac- 
tions oat  rendu  fa  mémoire  exécra- 
ble. 

JUTES  \  (  les  )  anciens  peuples  de 
Germanie  qui  s*emparèreni  de  la 
Cherfonnèfe-Cimbrique  ,  &  lui 
donnèrent  le  nom  de  Jucland.  f^oye:[ 
ce  mot. 

JUTHIA,  ou  JuDiA  ;  nom  Chinois, 
d'une  grande  &  célèbre  ville  d*Afie, 
capitale  du  Royaume  de  Siam.  Les 
étrangers  nomment  cette  ville 5i^^ 
ain(i  que  le  Royaume,  f^oy^i 
Siam. 

JUTLAND;  (  le  )  nom  propre  d'une 
grande  prefqu'île  qui  fait  parcie  du 
Royaume  de  Dannemarck  »  &  des 
Écats  du  Duc  de  Halftein.  Elle  eft 
bornée  au  midi  par  le  Duché  de 
Holftein,  &  ailleurs  entourée  par 
la  m«r  d'Allemagne  &  par  la  mer 

*  Baltique.  Sa  longueur  eft  d'environ 
foixante-dix  lieues,  &  fa  largeur 
de  vingt.  L'air  y  eft  froid ,  mais 
fain  :  les  terres  y  abondent  en  grains 
&  en  pâturages  qui  nourrKTeat  des 
chevaux  &  des  bœufs  quon  en- 
vole en  Allemagne ,  en  Hollande  Se 
ailleurs. 

Ce  pays  qui  e(l  l'ancienne  Cher- 
fonnèle  -  Cimbrique  j  fe-  divife 
aujourd'hui  eu  deux  parties  j  dont 
Tune  fe  nomme  Jutland  feptentriO" 
naly  &  l'autre  Jutland  méridional. 

Le  Jutland  feptentrional  beau- 
coup plus  grand  qne  le  Jutland  mé 
ridional ,  en  eft  féparé  par  une  ligne 
qui  va  en  ferpentant .  depuis  Ripen 
jufqu'd  Colding.  Il  appartient  en 
entier  au  Roi  de  Dannemarck. 

Le  Jutland  méridional  ou  le  Du- 
ché de  Slefwig,  appartient  en  partie 
au  Roi  de  Dannemarck»  &  en  partie 
au'Duc  de  Holftein. 

JUTURNE",  nom  d'une  Nymphe, 
fœur  de  Turnus  ^  que  Jupiter  çhan- 


JUV 

gea  en  Naïade  pour  prix  des  faveurs 
qu'il  en  a  voit  obtenues ,  &  lui  don- 
na. l'Empire  des  lacs ,  des  étangs  ^ 
des  fontaines  &  des  rivières  dlca- 
lie. 

Il  y  avoir  dans  le  Latium  une 
fontaine  de  même  nom  ,  dont  les 
eaux  fer  voient  dans  les  facriâces 
des  Romains  ,  &c  furtout  dans  ceux 
de  Vefta ,  où  il  étoit  défendu  d'en 
employer*d'autre.  Cette  eau  s'ap- 
peloit  Veau  virginale. 

JUVARDEIL  ;  nom  propre  d'un 
bourg  de  France  ,  en  Anjou ,  fur  la 
Sarthe  ,  à  quatre  lieues  ,  nord  j 
d'Angers. 

JUVEIGNERIË  î  fubftantif  fémi- 
nin 6c  terme  de  Coutume.  Ordre 
de  DaifTance  entre  deux  frères , 
dont  l'un  eft  plus  jeune  que  l'autte. 

yoyei[  JOVEIGNEUR. 

JUVEIGNEUR  ;  fubftantif  mafculin 
&  terme  ulité  dans  la  coutume 
de  Bretagne  en  matière  féodale  , 
pour  défigner  les  puînés  relative- 
ment à  leur  ^Iné. 

Les  Juveigncurs  ou  puînés  fuccc- 
doiet;t  anciennement  aux  fiefs  de 
Bretagne  avec  l'aîné  }  mais  corrime 
le  partage  des  fiefs  préjudicioic  au 
Seigneur    dominant  ,    le   Comte 
Geoffroi ,  du  confentemenr  de  fes 
garons,  fit  en  1185  une  AflTife  ou 
Ordonnance ,  porranr  qu'à  l'avenic 
il  ne  feroit  fait  aucun  partage  des 
Baronnies  &  des  Chevaleries  \  que 
l'aîné  auroit  feul  ces  Seigneuries  » 
&  feroit  feulement  une  provifîoti 
fortable  aux  puînés  ,  ^  junioribus 
majores  providerent.  11  perntiit  ce- 
pendant aux  aînés ,  quand  il  y  au- 
roit d'autres  terres ,  d'en  donner 
Suetques-unes  aux  puînés ,  au  lieu 
'une  provifion  ;  mais  avec   cecre 
différence  que  (i  l'aîné  donnoit  une 
terre  à  fon  puîné  «  â  la  charge  de  la 
tenir  de  lui  à  la.  foi  fie  hommage  » 

OH 


x\7 


juv  rtrz 

oa  comme  Juveipeur  d'aîné ,  fi  le  1     fit  exiler  le  Pocte  en  Egypte ,  à  l'âge 
pmné  décédoit  Uns  enfans  &  fans.      de  80  ans. 


avoir  difpofc  de  \z  terre ,  elle  te- 
toarneroit  non  pas  â  Taîné  qui  Ta- 
voit  donnée,  mais  au  Cliet- Soi- 
gneur qui  avoit  la  ligcnce  ;  au  liea 
que  la  terre  retournoit  à  l'aîné, 

Î|uand  il  l'avoir  donnée  fimplement 
ans  la  charge  d'hommage   ou  de  J 
la  tenir  en  Juveignerie.  Ce  qui  fut 
corrigé  par  Jean  I  ,  en  ordonnant 

Sue  dans  le  premier  cas  Taîné  fuccé- 
eroit  de  même  que  dans  le  fécond. 

Le  Duc  Jean  II  ordonna  que  le 
père  pourroit  divifer  les  Barpnnic$^ 
entre  (qs  enfans  ,  mais  qu'il  ne 
pourroit  donner  à  fes  enfans  puînés 
plus  du  tiers  de  fa  terre.  Suivant 
cette  Ordonnance ,  les  puînés  pa- 
roiflent  avoir  la  propriété  de 
leur  tiers  ;  cependant  les  aru  547 
8c   $6^    de   lancicnne    coutume  , 


JUVÈNAUX  ;  { les  jeux  )  on  a  aihfi 
appelé  des  jeux  mêlés  d'exercices 
8c  de  danfes  qulnftitua  Néron  lorf- 
qu^il  fc  fît  faire  la  barbe  pour  la 
première  fois.  On  les  célébra  d'a- 
bord dans  des  maifons  particuliè- 
res j  ôc  il  paroît  que  les  femmes  7 
avaient  part  :  car  XiphUin  rappor- 
ter qu'une  Dame  de  la  ^première 
qualité ,  nommée  JËalia  -  C&tula  y 
dan  fa  âi'age  de  So  ans  ^taaiis  Né- 
ron rendit  'bientôt  apr^  -hs  je^x 
juvehaux  publics  jSc  fobnqels^  ^  on 
les  nomma  Néronitns. 

JU7IGNE  ;  nom  propre  d'un  bourg 
de  France ,  dans  le  Maine  ,  à  (ix 
]ieue6  J  nord-oueft ,  de  Laval. 

JUVIGNY  ;  aom  propre  4ie  deux 
bouegs  de  France ,  ;en  Normandie  : 
l'un  eil  litué  à  deux  lieues  >  fud-e((  » 


<lécidèrent  que  ce  tiers  n'étoit  qu'à  [      ^e  Oomfront ,  &  l'autre  À  une  lieue 

&  demie,  oueft-nord-oueft ,  de 
Mortain. 

JUXTAPOSITION  ;  fubftantif  fé- 
minin &  terme  de  Phyfîque.  Il  fe 
dit  de  la  matûère  dont  Iqs  cocps 
augmentent  de  volume  ic  4e  quan- 
tité»  par  l  addition  de  la  matière 
qui  s'y  ajoute  extérieurement.    La 
Juxtaposition  eft  oppofée  à  Tlntus- 
ufception   >  ou  à   Faccroiflfemenc 
d'un  corps ,  en   tant  qu'il  fe  fait 
par  la    réception  d'un  fuc  qui  fe 
répand  dans  tout  l'intérieur  de  h 
mafle.  L'opinion  commune  efl:  que 
les  pierres    ne   croitfent  que  par 
Juxcapojîûon. 

JUZIERS  ;  nom  propre  d'un  bourg 
de  France ,  dans  le  Vexin  IFrançois , 
fur  la  Seine ,  à  une  lieue  »  oueft-fud* 
oueft ,  de  Meulan. 


viage 

La  JuveigneriCy  ou  part  des  puî- 
nés ,  éft  en  parage  ,  ou  fans  pa- 
rage. 

JU  VENAL  ;  nom  propre  d'un  Poète 
Latin ,  natif  d'Aquin  au  Royaume 
de  Naples ,  &  qui  vivoit  à  Rome 
fur  la  fin  du  règne  de  Domîtien , 
&  même  fous  Nerva  &  fous  Tra- 
jan.  Il  eft  connu  par  feize  Satyres  , 
dans  lefquelles  on  remarque  beau- 
coup dé  force  &  de  véhémence  ;  I 
mais  ceux  qui  aiment  la  raillerie 
fine  &  délicate,  lui  préfèrent  le  fa- 
tyrique  enjoué  de  la  Cour  d'Au- 
gufte.  On  reproche  à  Juvenal  d'être 
tombé  dans  un  ftyle  de  déclama-^ 
teur  J  &  d'avoir  combattu  les  vices 
d'une  mamère  à  faire  rougir  la 
vertu. 

Le  trait  lance  ,  dans  une  de  fes 
fatyres ,  contre  le  comédien  Paris , 
homme  d'un  grand  crédit  à  laCour^ 

Tome  XV • 


JYNGUER  ,  vieux  mot  qui  fignifioic 

autrefois  folâtrer. 
JYNX  J  jfûy€\  TuRcoT. 

£  e 


iiS 


KAB 


K 


KÂB 


^      jl  \  fubdantif mafculin.  Let- 

Il  ice  confonne  j  U  onzième 

Il  de  l'alphabet ,  Se  la  bui- 

y  rième  «onfonne.  On  di- 

Toit  aotrefois  an  ka;  maïs 

félon  U  nouvelle  méthode  d'é[>eler, 

.  on  dit  un  kt ,  comme  le  monofyl- 
labe  que. 

Cette  lente  eft  peu  ufitée  en 
notte  langue ,  8c  devtoii  l'être  da- 
vantage, f^oye^  ce  que  nousdifons 
i  ce  fujei  au  mot  Orthographe. 

K,cbez  quelques  auteurs  eft  une  lettre 
numérale  qui  (îgniâe  deux  cent  cin- 
quante. 

La  n^ème  lettre  avec  une  barre 
horizontale  au-delTus  vaut  deux 
cent  cinquante  mille. 

K,  eft  la  marque  de  la  monnoie  qui 
(e  fabrigue  i  Bordeaux. 

KABAK  -y  voyfç  CabÂck. 

KABÂNl  -y  rubftantif  mafculin  & 
terme  de  Relation.  On  donne  ce 
nom  dans  le  Levant  à  un  homme 
public  dont  le^  fondions  répondent 
â  celles  d'un  Notaire  parmi  nous. 

KABARDINSKIS  ;  (les)  peuple  qui 
habite  une  contrée  de  fa  Tartaric 
appelé  Kaharda  ,  &  dont  les  hom- 
mes &  les  femmes  font  d'une  beau- 

•  té  fingulière.  M.  Sanchez  dit  en 
avoir  rencontré  trois  cens  à  cheval 
qui  venoient  au  fervîce  de  b  Ruf- 
He,  &  ilaOure  qu'il  n'a  jamais  vu 
de  plus  beaux  hommes  t  6c  d'une 
iigureplus  noble  ie  plus  mâle  :  ils 
«nt  le  vifage  beau«  frais  9c  V8imeil> 


tes  yeux  grands  >  vifs  fie  boÏts  j  la 
taille  haute  &  bien  piife  ^  il  dit 
que  le  Lieutenant  Général  deSéra- 
pikin  qui  avoit  demeuré  long-remps 
en  Kabarda  ,  lui  avoir  almré  que 
les  femmes  étoient  aulTi  belles  que 
les  hommes;  mais  cette  nation  G 
différente  des  Tattares  qui  l'envi-  . 
tonnent  >  vient  originairement  de 
rUkrainejàcequediiM.Sanchex» 
Se  a  été  tranfportée  en  Kabarda  il 
y  a  environ  Moans.  ' 

KABBADEi  fubftantifmafculin.  Ha- 
bit militaire  des  Grecs  modernes  > 
il  fe  poitoit  fous  un  autre  :  il  ctoic 
court,  ferré,, fans  plis  &  fe  bouton- 
noît  jul'qu'au  bas  ne  la  poitrineavec 
de  gros  boutons.  Le  P.  Gour  croit 
que  c'étoir  lejhgum  des  Romain*. 
L'Empereur  Se  le  Defpote  le  pot- 
loient  pourpre  ou  violet. 

KABESQUi  ou  Kabesque;  fubftan- 
tif  mal'culin.  Petite  monnoie  de 
cuivre  qui  fe  fabrique  en  Perfe  ojb 
elle  vaut  un  peu  moins  de  fîx  de- 
niers de  France. 

KABIN^  fubftantif  mafculinAc  terme 
de  Relation.  Mariage  contraélé  chez 
les  Mahométans  pouc  un  certain 
temps  feulemenr.  I^  kabin  fe  fait 
devanr  le  Cadi  en  picfence  duquel 
l'homme  é'poufe  une  femme  pour 
un  certain  temps  «  i  conditioa  de 
lui  donner  une  ceitaine  fomme  i  \» 
an  du  terme  lorfqu'il  U  quittera. 
Quelques  uns  piétendent  que  le 


KAD 

kibin  fi'eft  autorifé  aw  chez  le» 
Perfes  &  dans  ta  feâ^  d'Ali. 

KACHEMIREZ  ;  v<iyq[  Cachemire. 

KACKERLACKES }  (les)  les  Hol- 
laodois  donnent  ce  nMn  aux  habi- 
rans  des  îles  (ituées  au  fud*eft  de 
Tarnate. 

KADALI;  fubftantif  mafculin.  Ar- 
brifleau  des  Indes  orientales  dont 

Îarle  Ray.  Il  j  en  a  quatre  efpèces. 
.es  fruits ,  les  feuilles ,  Técorce  & 
les  fleurs  fervent  i  faire  une  huile 
bonne  contre  les  aphtee»  en  l'appli- 
quant defTus  ,  6c  contre  l'épilepue , 
en  s'en  frottant  la  tète. 

KADARES  ou  KadarItes}  (les) 
voyci  Cadariens. 

KADÉZ  A  DÉLITES  i  (les)  ^oye^ 
Cadizad^litss. 

K  A  DOLE  'j  fubftantif  mafculin. 
c'étoit  chez  les  anciens  un  miniftre 
iles  prêtres  dans  les  facrifices  &  les 
myftères  ries  grands  Dieux.  C'eft 
ce  qu'on  appeloit  Camille  chez  les 
Romains. 

KADRIS;    (les)  vqyej.  Cadrxtss. 

KAEY  'y  fubftantif  mafculin.  Arbre 
qui  croît  en  Nigritie  &  dont  le  bois 
eft  fort  dur.  Les  Nègres  en  font 
des  canots. 

KAFFUNGEN  ou  Cappung  ;  nom 
propre  d'une  petite  ville  d'Alle- 
magne »  dans  la  HefTe  ,  près  de 
CaÎTel. 

KÂFRECHIRIN  \  nom  propre  d*0ne 
villa  de  Perfe,  que  Taverniçr  place 
'  au  71^  degré,  50  minutes  de  longi- 
tude y  5c  au  34*  degré,  40  minutes 
de  latitude. 

KAHOUAUNE  ou  CAOUAUNE  -, 
iiÀftan^if  féminin*  Efpèca  d^  tor- 
tue dont  récaille  s'emploie  dans  les 
ouvrages  de  marquetterie.  Sa  chair 
.  eft  îi^rérieiire  i  celle  de  U  tortue 
franche.  f^oycT;  Tortue. 

MHCJER  BACHI  i  fubftantif  maf- 
fia &rerms  de  ReUïioo.  Qn 


ï 


KAI  %i9 

[donne  ce  titre  en  Perfe  k  TOfticiet 
ui  a  foin.du  caffe  &  des  liqueurs 
[u  SophK 

KAI  i  nom  propre  d*une  ville  de  U 
Chine  j  dansle  Pckelijaudépaite' 
ment  de  Tamtng  »  fepcième  .  Q:é^ 
tropote  de  cette  Fiovince. 

Kac  ,  eftaufli  le  nom  d'une  Province 
du  Japon, dans  la  prefque*îled(.  Ni- 
pSon.  C  eft  de  U  que  les  Japonois 
tirent  leurs  meilleurs  chevaux. 

KAÏA  i  fubftantif  mafculin.  C'^ft 
une  (orte  d'if  du  Japon  qui  porte 
un  fruit  femblable  i  des  noix  j  il  ,eft 
commun  dans  les  Provinces  fepteo- 
trionales  j  &  devient  fort  grand. 
Ses  branches  naiftentvis-à  vis  Tun^ 
de  l'autre, *&  s'étendent  prefque 
fur  un  même  plan.  Son  écorcé.  ett 
noirâtre  »  grolTe  ,  odorante  &  fore 
amère  \  fon  bois  eft  fec ,  léger  &  a 
peu  de  moelle.  Ses  feuilles  qui  font 
lans  pédicules  ,  reftemblent  beau*; 
coup  à  celles  du  rdmarin ,  mais  font 
roiaes,  beaucoup  plus  dures  ,  ter* 
minées  par  une  pointe  fort  courte  » 
d'un  vert  obfcur  par  deiTus  &  clair 

Ear  deffous.  Son  fruit  afTez  fem-* 
iable  aux  noix  d'Areka ,  croit  en* 
tre  les  aillelles  des  feuilles  où  il  eft 
fortement  attaché  fans  aucun  pé- 
dicule. Il  naît  i  l'entrée  du  prin- 
temps j  pour  mûrir  i  la  fin  de  Tau- 
tomne  ;  fa  chair  qui  eft  molle  9  fi«^ 
breufe ,  verte  »  d'un  goût  balfami- 
que  &  un  peu  aftrîngent,  renferme 
une  noiic  ovale  »  garnie  d'une  pointe 
$nx  deuK  extrémités  »  avec  une  co* 
quiUe  ligneofe  »  min^e  &  fragile. 
Son  noyau  eft  d  une  fubftance  dou- 
ce êc  huiieufe  ,  mais  fi  ftiptique  »v 
qu'il  eft  impoCble  d'en  manger 
lorfqu*il  eft  un  peu  vieux.  On  ea 
tire  une  huile  qui  diffère  peu  pouc 
le  goût  de  l'huile  d'amaiide»  &  fert 
également  aux  ufages  de  la  cuifisiQ 

.  ic  d^  U  mid^çWf ^ 

Eeij 


TCATC 

» 

KÂÏEf^;  nom  propre  d'une  vifie  de 
Perfe  que  Tavernier  place  au  8  3  ^ 
degré  ,  10  minutes  de  longitude  , 

'  A:  au  5(>e  ,  12  minutes  oe,  lati- 
tude. 

KAIRIOVACOU  ;  nom  d'une  pe- 
tite île  d*Amériq«e,  la  plus  belle 
^es  Grenadines  fie  Tune  des  An* 
filles.  Elle  abonde  en  gibier  ôc  en 
faifans.  Son  circuit  eft  d'envicon 
huit  lieues  ',  5c  1  on  y  trouve  une 
très'belle  baîe  du  coté  du  nord. 

XAIROVAN  ou  Kairvah  ,  ville 
d'Afrique ,  capitale  d'un  Gouverne- 
ment de  même  nom  au  royaume  de 
Tunis.  Elle  appartient  au  Grand 
Seigneur. 

I^AJUTSIN  j  nom  propre  d'une  ville 
de  la  Chine  j  dans  la  province  de 
Kiangnani  au  département  de  Yang- 
cheu  ,  feptième  métropole  de  cette 
Province. 

IkAXAMA  ;  nom  d'une  montagne 
de  la  Laponie  Suédoife ,  dont  il  eft 
parlé  daos  les  Mémoires  de  l'A- 
cadémie des  Sciences.  Elle  eft  fi- 
tuée  environ  à  vingt  minutes  au 
nord  de  Torneo.  Le  fommet  de 
cette  montagne  eft  d'une  pierre  blan- 
che ,  feuilletée  &  féparée  par  des 
plans  verticaux  qui  coupent  perpen- 
diculairement le  mériaien. 

KAKAMOULON  ou  Kakamulluj 
ArbseGuî  félon  Ray  croît  aux  Indes 
orientales  ,  Se  produit  des  Cliques. 
On  dit  que  fon  écorce  étant  bouil 
lie  dans  du  lait  eft  un  excellent  re- 
inède  contre  les  diabètes  &  la  go- 

'  norrhée. 

KAKATODALIj  fubft*iwif  mafiuHn. 
t  Arbrîiïeau  des    Indes  orientales, 
*  dont  la  racine  fie  le  fruitvert  bouil- 
lis daifs  de  l'huile ,  forment  un  on- 
'  guent  qu'on  dit  bon  pour  csAfAex  les 
-  <lo»teirs  de  la  ^aattt.  On  wépare 
avec  fes  feuilles  booillii^s  dans  de 


KAK 

Teaii»  des  bains  falutaires  contre^fes 
tumeurs  œdémateufes.        .  *^ 

KAKATOON  i  fubftantif  mafculinl 
Oifeau  des  iles  Moluques  qui  ap- 
prend à  parler  comme    le  perro- 
quet. Il  eft  bupé  j  fie  on  le  nomme 
auelquefois  oifeau  blanc ,  à  caufe 
e  Textrcme  blancheur  des  plumes 
de  fes  ailes  ,  de  foy  dos ,  de  fa  poi- 
trine fie  de  fa  queue.  Sous  cette 
blancheur  règne  un  jaune  de  cou- 
leur de  fouf  re  ;  fâ  hupe  eft  com- 
pofée  de  Ibrigues  plumas  qui  font 
de  la  même  couleur  j  laquelle  de- 
vient plus  lavée  fous  les  yeux  fie 
fous  le  cou  ;  le  front  eft  prefque 
tout  blanchâtre i  le  bec  eft  large, 
long,  crochu,  fie  il  eft  extrême- 
ment noir  fie  comme  azuré.  Il  a  les 
yeux  grands  ,  brillans  ,  châtains  , 
bordés  de   jaune  tout  autour.   Sa 
langue  eft   épaifle  ,  dure  fie  d'an 
rouge  brun  ^  les  jambes  font  gref- 
fes &  courres  ;  les  pieds  fie  les  on- 
gles font  plus  grands  que  ceux  des 
perroquets  :  chaque  pied  eft  fendu 
en  quatre  doigts ,  dont  deux  s'avan- 
cent en  avant  fie  deux  en  atrière. 

KAIKONGO  ;  fubftantif  mafculin. 
PoifTon  de  la  forme  du  faumon, 
lequel  fe  trouve  dans  les  rivières 
de  Congo  fie  d'Angola  en  Afrique  : 
fa  chair  eft  grisâtre  fie  rrès-gra(Ie. 
Les  pécheurs  font  obligés  de  por-. 
ter  ce  poifibn  au  Roi  du  pays. 

KAKEGAVA  ou  Kakinga  j*  nom 

f^ropre  d'une  ville  du  Japon  »  à  deux 
ieues  de  Fukuroi  j  fur  la  route  de 
Famamaz  à  Yedo* 

KAKERLAQUE  ;  fubftantif  mafca* 
lin.  Infeâe  volant  fort  connu  en 
Amérique  ,  aux  Indes  orientales  fie 
des  Marins ,  parceque  les  vaiffeaux 
n'en  font  que  trop  fréquemment  in- 
feftés.  Ces  petits. animaux  font  du 
genre  des  mittes«  II  y  en  a  une  e£- 


'  K  A  K 

pèce.qtn  fe.mulciplie  beaucoup  en 
Europe  daiu  les  cuîGnes. 

Les.  Kakedaqiies  en  Âioénque 
font  d'afTez  grands  infe^sdcuir  le 
corps  ed.apiari':'  le  corps  des  maies 
eft  caché  ùo\xs  des  ailes ,  6c.  cnliii 
des  femelles  e(l  à  décoUv^t,,pance- 
qa'elU^u'oncjpoînt  d  aiie$»  Ces  tôt* 
tesdemictes/oncbien  moins,  gcan- 
des  dans  notr^  pays  que  dans  les 
aurres  parties,  du. monde  :  elles. ne 
font  pasvnon  plus,  il  malfaifantes; 
oo  ne  les  redoute  mcme  dana  nos 
cuiilnes  que   comme  une  malpro- 
prexé.  }^siis  dans  nos  ries  elles  s'in- 
troduîfenc  de  tous  cotés,  elles: ta- 
cKenr  tout  &.  n'épargnciic  nr  habtrs 
ni  linges^  elles  dévorent  aaifi  les 
fouliers^,  les  viandes  &  le  pain,  dr^nc 
elles  ne  mangenc  que  la  mie.  Les 
kakerlaque&   aimenc    futtouc    les 
chofes  douces,  &  particulièremcnc 
l'ananas;  ils  jettent  leur  femence 
par  tas ,  &   l'enveloppent  comme 
font  en  Europe  cerca jnes  araignées. 
C'eft  uopUiur  que  dç.  voir  les*  jeu- 
nes animaux  près  d'éclorre  ,  ronger 
leur  coque  Se  en  for  tir  avec  préci- 
pitation :  alors  ils  ne  font  pas  plus 
BUS  qu'une  fourmi  ;  ces  jeunes  ka- 
Efflaquesfe  fourrent  facilement  par 
les  feotes'ou  pa;  la  ferrure. dans  les 
coffres  Se  dans  les  aomoires  pu  ils 
rongient  &  détruifent.  tout  ;  mais 
heurevfement  >  .dit^  M.  Çoiligni  , 
que  les  guêpes    icjbnenmones  at- 
taquent  &  tuent  ces  infedles  def- 
traAeurs. 

Qoan4  1^  ga^pe  ichneumone  , 
apccs  avoir  r^idé  de  difEcrens  côtéft , 
foie  en  volant ,  A)it  eo>  itiâiEr^hant , 
cooune  pour  découvrir;  du  gibier». 
apperçoit  un  kakerlaque  >  elle  s  ar- 
rête un  inftant  pendant  lequel  les 
deux  infctftes  femblent  fe  regardeff.; 
mais  bien  toc  l!iciiueumc»^e  s'élance 
fut  ÏMXittf  dontelle  faiiljitiliemd- 


AK  an 

feau'oale  bourde* la  tcceavcc  fe^ 
ferres  ou  dents  ^  elle  fe  replie  en« 
fuite  fous  le  ventre,  de  faproie  pour 
la  percer,  de  fon  aiguillon  :  dès 
^uelle  fent  y  avoir  répandu  le  ppi- 
^n, fatal  ,  elle  quitte  cet    enoe- 
.  mi,  &  s'en  éloigne  ;  mais  après  avoir 
fait  divers  tours  ellerevient^le  cher^ 
cher ,  bien  certaine  de  le  trouver 
où. elle  L'a   lailTé.    Le  lukerlaque 
naturellement  peu    courageux^  a 
alors  perdu  fes  forces  j  il  eft  hors 
d-état  de  rcfifter  à  la  guêpe  ichneu- 
mone qui  le  failit  par  la  tète ,  &  mar- 
cbasr  i  reculons  ,  1^  traîne  jufqii'sb 
ce  qu'elle,  Taix  conduit  à  foa  trou^ 
A  Surinam  &  à  la  Martinique , 
on  donne  le  nom  de  kakcrlakki  ova 
raveri  cette' mê;me  mîue  qui  court 
!     la  nuit  pour,  butiner»  Dans  les  Indes 
;     oriei^tales  les  fourmis  noires  molef* 
'     tent  cruellement  les  kakerlaques. 
Lorfque  le  hafard  leur  en  offre  quel- 
qu'un d'edropié  ou  de  morr^  elles: 
;     le  faififfent  douze  anfe)Q;ible  j  le 
traînenr  au  trou  de  la.fourmillière  » 
Se  l'y  font  entrer  fouvçnt  dépecé  » 
iDrfqu'elles  ne  peuvent  Ty  introduire  ^ 
en  entier. 
KAKUSJU  ,    ou   Kawarafisagi  } 
arbufte  du  Japon,,   i  feuilles  4e 
bardane  j  ;4om.  la  .fleajc..e(t.  mono-  , 
pétale,  les  piques  loi^t^sâc  me- 
nues j  la  femence  pexite  eiy  fpra^ 
de,  rein  »   Se  gariu^|d#  poils  a9X 
deux  extrémités,  il  a  peu  de  bran- 
ches ,  mais  elles  fontrort  longues* 
Le  pidil  de,  fes.  fleurs  qui  font  de 
couleur  pâle  &  d'une  odeur  p^^e^ 
1   douce^  foichan;^  eo  éiH^e  (Uiqiue  pen- 
'   dante  ,.ronde.^  groile  comme. un 
i   tuyaa  d'av^oine  «  dont  on  fa}^  boire 
la  décoâion  auxafthmatiques.  Les 
feuilles.qui  ont  de  chaque  cÀcé  deux 
efpèces  aoreilletcgs,)  s'appUqvenc 
fur  les  parties  douloureufes,.&  paf-* 
fent  pottr  être  amies  4$s  nerfs*  >    .  .  ^ 


é 


iix 


KAL 


KALA  ;  nom  ci*ane  petite  ville  (!*A1- 
lemagne,  dans  U  Principauté  d'Al- 
tenbourg ,  far  la  Saale.  Elle  appar- 
cienc  à  la  Maifon  de  Saxe-Gocha. 
KALAAR  ;  nom  d'une  ville  confidé^ 
rable  de  Perfc  dans  le  Ghilan.  Ta- 
verniec  U  mst  au  j^^  degré,  15 
minutes  de  longitude^  &  au  37^  » 
15  minutes  de  latitude. 
KALANFAR ,  ou  Kalentar  \  fub- 
ftanpif  mafculin  &  terme  de  Rila- 
'  cion.  On  donne  ce  titre  en  Perfe  au 
premier  0$cier  municipal  d'une 
ville. 
KALI  ;  fttbftantif  mafculin.  Plante 
qu'on    appelle    autrement  foudc. 
Voyez  ce  mot. 
KALIMBOURG;  nom  d'une  ville  de 
Dannemarck  ,  chefT-lieu  dun  Bail- 
liage coniîdérablç  dans  l'île  de  Sce- 
lande ,  ^u  fond  d'un  golfe  ,  dont 
Touvertare  eft  i  Tentrée  feptenttio- 
nale  du  Grand  Belt. 
KALINj  nom  propre  d'une  ville  de 
Perfp,  <|ue  T^vernier  place  aij  87* 
degré,  5  minutes  de  longitude  ,  & 
au  )  {* ,  15  minutes  de  latiruie^ 
K ALIR  'j  nom  d'une  petite  ville  d'Al- 
lemagne, au  Cercle  de  Souabe,  dans 
le  piicHé  de  Wirteniberg,  fur  la 
rivière  ^e  Nagoldt^ 
KALIS  'j    nom  propre  d'une  petite 
▼iHe  d'Allemagne ,  dans  la  Noti* 
vèlle  Marche  de  Orandebourg ,  Air 
un  lac  y   à  trçis    milles    d'Arqf- 
walde. 
I^ALISCH  \  ville  de  Pologne  dans  une 
rrovince  de  même  nom,  i  cinq 
sniiUt  de  Siradie. 

La  Province  de  Kalifch  a  le  Pa- 
«latinat  de  Pofnanie  i  Toccident, 
celui  de  Siradie  au  midi  t  cdui  de 
Sendomir  au  fud-eft  •  te  ceux  de 
l^encicza  6ç  de  Cujayie  à  Torient 
fk  au  nor(|-9ft,  Gnçfne  çn  eft  U  ville 

principale. 

JULL^ifOM }  fu^aqtif  iqafc«Uif 


AAM 

&  terme  de  Relation.  Titré  d*cm 
des  premiers  Officiers  ok  Miniftces 
du  xtoyaume  de  Siam.  Il  a  le  dé- 
partement de  la  guerre  ,  des  forci* 
ficationsj  des  Arfenaoz  &  Maga- 
fins ,  avec  le  droit  de  dOmmander 
les  armées. 
KALMOUCHS}    voyc^    Cal- 

MOUCKS 

KALNICK;  ville  forte  de  Pologne» 
dans  le  Palatinat  de  Bracklaw ,  i 
fix  milles  de  la  ville  de  ce  nom. 

KALO  ,  njm  d*une  ville  forte  de  la 
haute  Hongrie ,  dans  le  Comté  de 
Zarmar  ,  i  douze  lieues  j  fud^ft» 
de  Tokai. 

KAMA  }    (  la  )    nom  propre   d'ane 

Î;ranJe  rivière  de  Ruflîe ,  qui  a  fa 
burce  au  pays  desCzeremifles  dans 
les  marais  qui  fonr  au  midi  des 
vaftes  forets  de  la  Province  de  Zi<- 
ranie  »  &  fon  embouchure  dans  le 
Wolga  au  Royaume  de  Cafan. 

KAMAKURA  \  nom  propre  d'une 
île  du  Japon  >  fur  la  c6re  méridio- 
nale de  la  prefqu'île  de  Niphon  en- 
tre les  embouchures  des  rivières  d^ 
Bansjtt  &  de  Fudfifava.  Elle  ii'^ 
qu'une  lieue  de  circaii ,  &  l'on  J 
envoie*  en  exil  les  grands  quî^onc 
fait  quelque  faute  con(idérable« 
Coqime  les  c&tes  en  font  fort  efcar* 
pées,  on  eft  obligé  d'élever  avec 
des  grues  pu  d'autres  machines ,  let 
bateaux  qifi  y  coadnifent  d^  pn«» 
fonniers  ou  aès  provifions. 

KAMAN  ;  nom  propre  d'une  ville 
des  Indes  Orientales  j  dans  laprefr 
qu'île  en- deçà  du  (?ange ,  au  Royan* 
me  de  Garnate»  for  la  rooce  de 
Tripiti  â  Gandicote. 

KAMENOIEMASLÔ  ;  on  liomie 
ce  nom  en  Ru(fîe  i  poe  ibbftance 
minérale  onâueofe  ic  grade  aa  cou- 
cher ,  comme  da  beurre  qui  fe  rro«<* 
vé  en  placeurs  endroits  de  la  Sibé« 
rif  ^  fltf  aciiée  cçmmf  de{  ft^la^tic^ 


KAM 

* 

MX  cavités  de  quelques  roches^ 
d*Qne  ardoife  noitâtre  >  chargée 
d'alun  'y  fa  couleur  eft ,  ou  jaune  > 
ou-d'un  jaune  blanchâtre  j  fes  pro- 
priétés font  qu'en  Allemand  on  a 
donné  le  nom  de  teurr^  fofik ,  ou 

.  de  iiurn  de  pitrre  à  cette  (ubftaace. 
M,  Gmelîa  pacoît  être  le  premier 
qui  Tait  décrite  dans  foti  voyage  de 
Sibérie  où  il  rapporte  un  grand 
nombre  d'expériences  qu'il  fit  pour 
s'aflTurer  de  ce  qu'elle  contenoit.  On 
ignore  fi  on  doit  la  regarder  comme 
une  effervefc^nce  vitriolique;  mais 
il  naroic  que  c*eft  un  compote  d'a- 
cide vitriolique ,  de  fel  alkali  mi- 
néral ,  de  fer  qui  lui  donne  fa  cou- 
leur jaune  ^  &  d'une  matière  grafTe 
inconnue.  Cette  fubftance  devient 

.  plus  blanche  lorfqu'elle  a  été  expo- 
fée  i  l'air. 

KAMIENIECK  \  nom  propre  de  deux 
bourgs  de  Pologne  >  dont  un  dans 
la  Mazovie ,  fur  le  Boug ,  &  l'autre 
en  Lichuanie>  au  nord- eft  de  Brzef- 
cie* 

KAMIN;  petite  ville  de  Pologne,  au 
Palatinac  de  KaKfch ,  fur  la  warte, 
'    entre  Gnefne  &  Lencicza. 

KAMINIECKi  nom  propre  d'une  ville 
forte  &  épifcopale  de  Pologne,  ca- 
pitale de  la  Podolie  »  fur  une  roche 
efcarpée  que  baigne  le  Smotrzicz  , 
â  trente- fix  lieues ,  fud-eft,  de  Lem- 
berg.   . 

KAMISINKA  ;  nom  propre  d'une  ville 
de  Ruffîe ,  fur  une  Rivière  de  même 
nom,  entre  le  Don  &  le  Volga, 
dans  TendroijC  où  Pierre  le  Grand 
avoir  voulu  pratiquer  un  canal  pour 
la  communication  de  ces  deux  âeu 
ves. 

KAMMAJAMMA    -,      nom    d'une 
grande  ville  du  Japon ,  entre  Nia  & 
*     Mioacutz. 
KAMPSj   nom  d'une  petite  rivière 


KAM  xii 

d'Allemagne ,  qui  a  ia  focnrce  fur 
les  frontières  de  la-  Bohême  >  & 
fon  embouchure  dans  le  Danube  > 
près  de  Crembs* 
KAMTSCHATK  A;nom  propred'une 
grande  prefqu'île  fituée  à  l'extré- 
mité orientale  de  l'Empire  de  Ruf- 
fie  de  de  notre  continent.  Elle  eft 
contiguc  au  nord ,  à  la  Sibérie  &  la 
mer  l'entoure  au  midi ,  à  1  orienr  Se 
â  l'occident.  Elle  eft  habitée  par  di- 
verfes  nations ,  dont  celles  qui  oc- 
cupent environ  le  milieu^  payent 
tribut  aux  Rufles;  au  lieu  que  celles 
qui  demeurent  plus  au  nord  ,  &  en 
•particulier  \ç%     Olutorski    (  nom 

au  on  leur  donne  dans  la  carte  de 
.uflxe  )  r  tn  font  les  ennemis  dé- 
clarés. Les  Kurilski  ou  Ku  ilis  (juî 
demeurent  plus  au  fud  i  étant  moinf 
batbaresque  les  aunes,  font  regar- 
dés pat  les  RufTes  comme  une  cola» 
nie  des  Japojiois. 

Lé  commerce  entre  la  Sibérie  iC 
le  Kamtfihaïka  fe  fait  par  deux  rou- 
tes difFérenrq5*  ;Quclqud$-uns  tra- 
verfent  le  golie  de  Kamrfchacka^ 

Îui  fépare  ce  pays  de  la  graqde 
arraiie  &  de*  la  Sibérie,  à  près 
de  )8  degrés  de  latirude  ,  &  ils 
s'embaïquerit  d'ordinaire  à  Lnma 
où  les  RufTiens  ont  commencé  a 
bârir  de  grands  vailTeaux  pour  paf- 
fer  à  Priftan ,  ville  qu'ils  ont  éta- 
blie dans  le  KamtCchatka,  &  qui 
eft  habitée  par  une  colonie  Ruf- 
fienne  ;  mais  les  habirans  de  la  S:-- 
bérie  qui  demeurent  aux  environs 
du  fleuve  Lena  ,  &  le  long  de  la 
mer  Glaciale  ,  font  d'ordinaire  par 
mer  le  tour  du  cap  Sucotoinos ,  pour 
ne  point  tomber  entre  les  tnains 
des  Tskalatzki  &  Tfchatzki,deux 
nations  cruelles  &  barbâtes  qui 
habitent  la  pointe  de  la  Sibérie  ail 
nord- eft,  &  qui  fon^, ennemies 
mortelles  des  RuITes. 


/ 


\ 


/ 


^^4  K  A  N 

M.  Kracheinnnîkow  rappërte 
qut  kl  plupart  des  femmes  «du 
Kalnftchafkafont  périr  leur  fruit 
par  des  drogues ,  ou  ont  recouBs  à 
d  ancres  ixiOTens  plus  laflreux  «r- 
core ,'  ét^ttflhant  leurs  enfiins  dans 
leiir  fein  »  du  les  faifant  brifer  par 
^s  vieilles  femmes  -expérimentées 
dans  depat^ils  fof  &tts,quoique^(bu^ 
vent  il  leur  en  coure  la  vie.  'Quel- 
quefois ces  horriWos  tentatives  ne 
réuflUiTent  pas  ,  &  alors  la  mère 
wangte  renfamauffitôt  qu'il eft^né, 
ou  le  rair  manger  aux  chiens  ;  quand 
■'une -femme  accouche  de  deux^n- 
ians,  il  &urnécie(raîremént  que  t'un 
d'eux  péri  (Te. 
KAMUSCHINKA.  Foyei  Kamiyin- 

KA. 

KAN  ;  fubftarttlf  mafcuUn.  -Tin^'  de 
dignité  qui  fignifie  Prince  ,  Com- 

*  mandant»  &  qu'on  donne  aux  dif- 
férens  Chefs  clés  peuples  Tattares , 
quoiqulh  n'aient  pas  cous  le  même 
pouvoir. 

Les  Tartares  de  la  Crimée ,  pays 
connu  dans  l'antiquité  ^ous  le  nom 
At  Cherfonèfe  Taurique  ,  où  les 
Grecs  portèrent  leurs  armes  &  leur 
commerce»  profefTent  le  mahomé- 
rifme)  &  obéifTent  d  un  Kan^  dont 
le  pays  eft  fous  la  ptoteâion  des 
Turcs.  Si  les  Tartares  de  la  Crimée 
fe  plaignent  de  leur  Kan  »  la  Porte 
le  dépofî  fous  ce  prétexte.  S*il  eft 
aimé  du  peuple ,  c'eft  encore  un 
plus  grand  crime ,  dont  il  eft  plutôt 
puni  y  ainfi  la  plupart  des  Kans  de 
cette  contrée  paiTent  de  la  fouverai- 
neté  à  Texil ,  &  finiftent  leurs  /ours 

'   i  Rhodes ,  qui  «ft  d'ordinaire  leur 

firifon  &  leur  tombeau.'Cependant 
e  fang  Ottoman  dont  les  Kans  de 
Crimée  font  defcendus«  &  le  droit 

3u'ils  ont  à  TEmpire  des  Turcs»  au 
éfauc  de  la  race  du  Grand  Seigneur, 
rendent  leac  fimille  refpeflable  au 


m.       w  \  * 

le  AN 

I  Sttkan<fi*me ,.  qttin'ofô  h  détruire, 
A  qui  de  pkn'ert  c$Bligé  de  nommer 
à  la  j^lace  Axi-Kna  qu'il  dépoflcde  , 
un  autre  Prince  qui  ioii  du  mime 
'fang. 

ht  Kan  des  l*èrtares  f^oubâns  ne 
reeonncMt  peit^tles^'<>i^es>dH  "Grand 
Seigneur ,  .&  s*eft  mâiimi^a  libre 
jufqu'^  «e  joitt. 

X^^idiqiîe  .le  "iCii/z  des  Ttimres 
Mongut^és  de  i'fiueft  foit  foui  la 
'pi'oîei&fon  de  la  Chine ,  cette  fou- 
-  'million  n'êft|  au 'fend*  quSine  fou- 
rniffion  précàtre  ;' piiifquè  loin  de 
payer  le  moindre  tribut  à  l'Empire 
•Chinois  v  •  il  ^reçoit  lui-tnème  'des 
préfel)s  magnifiqtes  de  ia^Couf  de 
Péking,  &  en  eft  fore  redoùré. 

Les  Tartares  du  Dagheftan  ne 
(ont  pas  (èulement  îndépendans  de 
leurs  voifins,  à  caufe  de  leurs  mon« 
ragnes  inacceifibUs  ^  mais  ils. ii'o«* 
béiftènt  à  leur  propre  Kan  »  qui  eft 
élu  par  le  Chef  de  leur  Religion» 
qu  aurant  qu'il  leur  plaît. 

Les  Tartares  Noghais  n*ont  point 
de  Kan  général  ponr  leur  Maître  » 
mais  feulement  plufîeurs  Chefs 
qu'ils  nomment  Murfes  ou  Mir\asm 

Si  les  Tartares  de  la  Cafaftchia 
Orda  ont  un  feul  Kan  pour  Souve- 
rain »  les  Murfes  brident  encore  fou 
pouvoir  à  leur  volonté. 

Enfin  les  Tartares  Circajflfès  obéif- 
fent  i  divers  Kans  particuliers  de 
leur  nation  »  qui  font  tous  fous  la 
protedtion  de  la  RuflTie. 
KANAKOJURI  ;  efpèce  de  lys  du 
Japon ,  dont  la  fleur  a  quelque  ref- 
femblance  avec  un  turban  des 
Turcs  j  elle  penche  comme  la  fri- 
tillaite  ;  elle  eft  couleur  de  chair  ^ 
de  fon  calice  fortent  fept  étamines 
comme  celles  des  lys  blancs  \  elle 
croît  i  la  hauteur  d'environ  deux 
pieds  \  fes  feuilles  font  fermes , 
épaiftes  >  ^  remplies  de  beaucoup 

de 


•KAN 

.  de  fibres.  La  râx:tne  ou  la  bulbe  eft 
comme  compofée  d'écaillés.  Les  Ja- 
ponois  mangent  cette  racine  ,  Se 
cultivent  cette  fleur  dans  leurs  jar« 
dlns ,  (ans  qu'on  en  hSé  ufage  dans 
la  médecine. 

KÂNASTER  i  fubftantif  mafculin. 
On  donne  ce  nom  en  Amérique  i 
des  paniers  de  jonc  ou  de  canne  , 
dans  lefquels  on  met  le  tabac  que 
Ton  envoie  en  Europe  ;  c'eft-là  ce 

3 ni  a  fait  donner  le  nom  de  tabac 
c  Kanajlcr  y  au  tabac  à  fumer  en 
touleaux  ,  qui  vient  d'Amérique  : 
le  plus  eftinié  e(t  celui  qui  vient  de 
Makatibou. 

KANDEL  ;  nom  d'une  rivière  de 
Sai/Te,  au  ,Ginton  de  Berne.  Elle 
fort  duMont<-Geishorn.  &  va  fe 
perdre  dans  le  lac  de  Thun. 

KANGIS  9  ou  Kengis  \  nom  d'un 
bourg  de  Bothnie ,  au  nord  de  Bor- 
néo. 11  y  a  ào^  mines  de  fer  &  de 
cuivre. 

KANGUE  ;  fubftantif  féminin.  Ceft 
Je  nom  d*un  fupplice  fort  uGté  i  la 
Chine,  &  qui  confifte  à  mettre  au 
cou  du  coupable  deux  pièces  de  bois 
qui  fe  joignent  Tune  a  l'autre ,  au 
milieu  deiquelles  eft  un  efpace  vide 
pour  recevoir  le  cou.  Les  pièces  de 
bois  font  fi  larges ,  que  le  criminel 
ne  peut  voir  à  fes  pieds ,  ni  porter 
les  mains  â  fa  bouche ,  enforte  qu'il 
ne  peut  manger ,  à  moins  que  quel- 

Îpe  per&nne  charitable  ne  lui  pté- 
ente  fes  alimens.  Ces  pièces  de 
bois  varient  pour  la  pefanteur  ;  il  y 
en  a  depuis  foixante  jufqu'â  deux 
cens  livres.  Ceft  la  volonté  du 
Juge  ou  l'énormité  du  crime  qui 
décide  de  la  pefanteur  de  la  Kan^ 
guc ,  &  du  temps  que  le  criminel 
eft  obligé  de  la  porter  v  il  fuccombe 
Quelquefois  fous  le  poids ,  &  meurt 
faute  de  nourriture  &  de  fommeil. 
On  écrit  la  nature  du  crime  ^  & 
Tonu  XV 


KAN  ai5 

le  temps  que  le  coupable  doit  por- 
ter la  kanguc ,  fur  aeux  morceaux 
de  papiers  qui  font  attachés  à  cet 
inftrument.  Lorfque  le  temps  eft  ex- 
piré t  on  va  trouver  le  Mandarin 
ou  le  Juge ,  qui  fait  une* répriman- 
de. Se  fait  donner  la  baftonnad^ 
au  coupable ,  après  quoi  il  eft  remis 
en  liberté. 

KANJA  i  fubftantif  mafculin.  Ceft 
le  nom  d'une  fête  folennelle  qui 
fe  célèbre  tous  les  ans  au  Tonquia 
en  l'honneur  de  Tagriculture  »  8c 
pour  en  infpirer  le  goût.  Le  Hoî 
accompagné  des  grands  de  l'État , 
fe  rend  â  un  endroit  marqué  pour 
la  cérémonie  :  U  il  forme  avec 
une  charrue  plufieurs  filions ,  Scil 
finit  par  donner  an  grand  repas  à 
fes  «courtifans. 

KANIOW }  nom  propre  d'une  ville 
forte  de  Pologne,  dans  l'Ukraine» 
au  Palatinat  de  Kiovie ,  près  du 
Nieper ,  à  Quarante  lieues  ,  nord- 
eft ,  de  BracKlaw. 

KANISA  ;  voyq  Canischa. 

KANNAi  fubftantif  féminin.  Ceft 
une  r4icine  qui  croît  au  Cap  de 
Bonne  -  Efpérance.  Les  Hottentots 
la  recherchent  avec  palSon.  Le  Père 
Tachard  fuppofe  que  c'eft  le  gin« 
feng  des  Chmois  ;  en  effet ,  efîe  a 
à  peu  près  les  mêmes  propriétés. 
Les  Hottentots  qui  la  mâchent ,  en  * 
reffentent  les  mêmes  effets ,  que  les 
Turcs  de  l'opium. 

KANTERKAAS }  fubftantif  mafcu- 
lin. Efpèce  de  fromage  de  Hollan- 
de j  dont  la  forme  Se  la  couleur  va* 
rient.  11  y  en  a  de  blancs ,  de  verts» 
de  fonds ,  &c, 

KANUN }  fubftantif  mafculin.  On 
donne  ce  nom  chez  les  Rudes-,  au 
repas  qu'ils  ont  coutume  dç  faire 
tous  les  ans  fur  les  tombeaux  de 
leurs  parens. 

ANUNl  ;  fubftantif  mafculin.  Nom 

Ff 


tt6 


KAO 


u 


de  deux  mois  de  Tannée  des  Turcs» 
donc  l'un  prend  répichcce  de  pre- 
mier ,  &  revient  a  notre  mois  de 
Décembre  ,  &  l'autre  l'épithèce  de 
podérieur ,  &  revient  i  notre  mois 
de  Janvier. 

KÂOCHEU  ;  nom  propre  d'une  ville 
de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de 
Quanton  ^  dont  elle  eft  la  fepcième 
Mécropole.  Elle  a  cinq  autres  villes 
dans  fon  département. 

KAOLIN  ^  fubftantif  mafculin.  Nom 
Chinois  d'une  fubftance  terreufe, 
blanche  ou  ^unâtre»  entremêlée 
de  particules  brillantes  de  talc  ou 
de  mica  9  &  dans  laquelle  on  trouve 
de  petits  fragmens  de  quartz  ou  de 
caillou  :  cette  terre  jointe  avec  le 
petumfe»  forme  la  pâte  ou  com- 
pofition  dont  fe  fait  ta  porcelaine 
de  la  Chine  y  mais  on  commence 
>ar  laver  le  kaolin  pour  en  féparer 
les  matières  étrangères ,  talqueufes 
&  quartzeufes  qui  font  mêlées 
avec  lui ,  &  qui  le  rendroiene  peu 
propre  i  faire  la  porcelaine.- 

Il  fe  trouve  une  terre  tout  i  fait 
femblable  au  kaolin  des  Chinois  , 
Se  qui  a  les  mêmes  propriété» ,  aux 
enviroiïs  d'Alençon  »  &  dans  plu- 
fieurs  autres  endroits  de  la  France  -y 
les  Anglois  en  employeur  auffi  dans 
leur  porcelaine  de  Chelfea;  mais 
on  ne  fait  d'où  ils  la  tirent  :  ce  qu'il 
y  a  de  certain  >  c'eft  qu'on  a  trouvé 
une  charge  très  -  confidéf  able  de 
kaolin  >  lur  un  vaifTeau  qui  fut 
pris  fur  eux  pendant  la  dernière- 
guerre« 

KAPFENBERG  î  nom  d'un  bourg 
d'Allemagne  ,  dans  la  Styrîe  j  avec 
un  Château  fur  une  montagne,  â  un 
demi  mille  de  Bruggandermuer. 

KAPISLBRKAHIASI  j  fubftantif 
mafculin  &  terme  de  Relation. 
Titre  du  Colonel  ou  Général  des 
C^des    du    Grand  *  Seigneur»  U 


KAP 

fait  à  la  Porte  Ottomane  ToiEce 
de  maître  des  cérémonies  8c 
d'introduâeur  de  tous  ceux  qui 
vont  i  l'audience  du  Sultan.  Sod 
emploi  eft  fort  lucratif  par  les  corn- 
mimons  dont  le  charge  le  Prince  » 
&  par  les  préfens  qu'il  reçoit  d'ail- 
leurs. Il  porte  dans  fa  fonâion  ane 
vefte  de  brocard  â  Seurs  d'or  » 
fourrée  de  zibehnes ,  le  gros  tur^ 
ban  comme  les  Vifirs  j  &  une  can- 
ne â  pomme  d'argent.  C'eft  lui  qui 
remet  au  Grand- vifir  les  ordres  de 
Sa  Haute ffe.  Il  commande  aux  Ca- 
pigis  &  Capigis  Baohis ,  cVft-à-dire 
aux  portiers  6c  aux  chefs  des  poi» 
tiers. 

KAPOS  ;  nom  d'une  rivière  de  ^ 
baffe  Hongrie,  qui  a  fa  fotu'ce  dans 
le  Comté  de  Tolna ,  au  midi  du 
village  de  Giuta ,  Ôc  fon  embou*- 
chure  dans  le  Danube  au  Comté 
de  Baran ,  fous  le  nom  de^Sarvitfa^ 
qu'elle  prend  après  avoir  mêlé  fes 
eaux  è  celles  du  Kopaa  j  au-deflbiis 
de  Dobrakos« 

KAPOSWAR  J  nom  propre  d^une 
fortereâe  de  la  balte  Hongrie ,  ainfi 
appelée  de  la  rivière  de  Kapos  qui 
Tarrofe  i  douze  lieues  »  oueft  »  de 
Tbhia» 

KAPTUR  'y  terme  de  Relariom.  Ot> 
donne  ce  nom  en  Pologne  dans  le 
tem)M  d'^ua  interrègne  pendanc  la 
Djète  convoquée  pour  l'éleûioa 
d'un  Roi»  à  une  commi({îon  éta^ 
bile  contre  ceux  qui  s'aviferoîens 
de  troubler  la  tranquillité  publia 

2ue.  Elle  eft  compoiée  de  1 9.  pec^ 
>ones  les  plus  copftituées  e&d^ 
gniré  du  Royaume»  &  fuge  en  der- 
nier reflort  des  afiGiiies  crimihel-^ 
les.^ 

KARA  ANGOLAM  ;  fubftamîf  ina(l 
culin.  Grand  arbre  du  Malabar^ 
qui  a  U  feuille^  la  fleur  9c  Le  fiiÛK 


KAR 

Al  pêcher  i  mais  ce  fruit  eft  extrê- 
mement chaud  y  &  rarement  bon  i 
manger. 
KARABÉ  ;  fubftantif  mafculin.  Ka- 
rabe  y  fuccinum.  Subftance  qu'on 
appelle  auflî  ambre  jaune  Scfuccin  > 
&  qui  eft  une  madère  dure  »  sè- 
che ,  tranfparente ,  caflante  ,  de 
couleur  jaune  >    cirrine    ou   rou- 

feâtre  >  quelquefois  blanchâtre  ou 
rune  ,  &c.  d'un  goût  un  peu 
acrcj  éc  approchant  de  celui  des 
binimes*  Le  karabé  eft  inflamma- 
ble »  &  a  sine  odeur  forte  &  bitu- 
mineufe  lorfqu'il  eft  échauffé.  Il 
attire  après  avoir  été  frotté  »  les 
petites  pailles  ^  les  fétu^ ,  &  autres 
corps  minces  &  légers.  Le  karabé 
fe  aifibut  dans  relpritrde-vin,  dans 
l'huile  de  lavande ,  &  même  dans 
Thuile  de  lin  »  mais  plus  difficile- 
ment. Il  fe  fond  fur  le  feu ,  il 
s'enflamme  ;  alors  il  répand  une 
odeur  auflS  forte  &  aufli  défagréa- 
ble  que  celle  des  bitumes. 

Le  karabé  fe  trouve  par  couches 
*  fuivies  en  plusieurs  endroits  de  la 
terre ,  &  furrout  dans  le  Royaume 
de  PruIIé>  fur  les  bords  de  la  mer 
Baltique.  Aux  endroits  où  il  fe  ren- 
contre on  voit  d'abord  à  la  furface 
de  la  rerre  une  couche  de  fable ,  il 
vient  enfuite  une  couche  de  glaife 
qui  couvre  une  couche  de  bois  réfl- 
neux  ,  (>refque  entièrement  pourri 
&  réduit  en,  terre,  mais  oui  a  en- 
core la  propriété  de  s'ennammer, 
Au-deffbus  de  ce  bois  fe  trouve  une 
couche  de  terre  alumineufe  &  vi- 
triolique  *,  enfln  on  rencontre  une 
nouvelle  couche  de  fable ,  dans  la- 
quelle le  karabé  eft  répandu  par 
mafTes  détachées  ,  &  en  morceaux 
plus  ou  moins  gros.  M.  Hellwing, 
qui  a  eu  occauon  d'obferver  par 
lui-même  la  (ituatîon  de  cette  fub« 
ftance  dans  le  fein  de  la  terre ,  re*- 1 


KAR 


tx7 


marque  dans   fon   ouvrage  qui  a 
pour  titre  Uchograp^/^  Angerbur^' 
gica  y  que  Ton  crouve  toujours  du 
bois  bicumineux  ,  de  la  terre  bitu- 
mineufe  noire ,  &  du  gravier ,  dans 
le  voiflnage  du  karabé ,  &  que  Ton 
7  rencontre  aufli  du  vitriol  &  du 
foufie  'y  d'où  il  conclut,  avec  beau- 
coup de  raifon ,  que  c'eft  un  bois 
foflile  &  bitumineux  qui  doit  être 
regardé  comme  la  fource  d'où  eft 
venu  le  karabé ,  qui  fe  tire  du  fein 
de  la  terre ,  &  que  Ton  nomme 
fuccin  fojple ,  pour  le  diftinguer  de 
celui  qui  fe  tire  de  la  mer  \  cepen- 
dant cette  diftinftion  eft  mal  fon« 
dée ,  vu  que  le  fuccin  qui  fe  pêche 
avec  des  nlets.  dans  la  mer ,  &  que 
pour  cette  raifon  l'on  nommt fuccl^ 
num  haujiile ,  eft  précifément  de  la 
même  nature  que  celui  qui  fe  tire 
de  la  terre.  En  effet ,  il  ne  fe  trou^ 
ve  dans  la  mer  que  parceque  fes 
eaux  pouflees  par  les  vents  ont  été 
frapper  avec    violence  les  côtes  » 
ont  miné  le  terrein ,  Çc  en  ont  arra- 
ché des  maffes  de  fuccin  ou  karabé 
Ju'elles  ont   entraînées    plus  loin 
ans  la  mer.  Ce  qui  prouve  cette 
vérité,  c'eft  qu'on  ne  trouve  le  ka- 
rabé en  grande  abondance  dans  la 
mer,  qu'a  la  fuite  des  fortes  tem-- 
pête^,  ic  furtout  de  celleS  qui  ont 
orté  les  flots  avec  violence  contre 
es  cotes  qui  contiennent  des  cou* 
ches  de  cette  fubftance  ;  ainfl  c'eft 
une  erreur  de  croire  que  le  karabé 
ait  été  produit  dans  le  lit  de  lamer^ 
fes  eaux  ne  font  que  le  détacher, 
&  fouvent  on  en  trouve  des  mor- 
ceaux qu'elles  ont  rejetés  fur  les 
bords. 

En  i7;i  )  on  découvrit  une  mine 

de  karabé  en  Saxe ,  dans  le  voifl* 

nage  de  Pretfch.  Le  terrein  où  l'on 

^fît  cette  découverte  eft  aflez  uni , 

quoicjue  Ton  y  rencontre  quelques 

Ff  ij 


i: 


xiî  KAR 

buttes  OîUnégalités  ;  il  eft  com- 1 
pofé  d*umftble  rougeâtre  y  mêlé  de 
cailloux  Se  de  gallets.  Le  fable  rou* 
geâtre  peut  avoir  environ  deux  toi- 
les d*épaiflêttr  y  Se  couvre  une  cou- 
che de  terre  noire  »  qui  eft  elle  mê- 
me compofée  de  deux  bancs  ;  le 
premier  eft  un  limon  mclc  de  fable 
&  de  parties  talqueufes  ^  en  le  por- 
tant fur  la  langue»  on  lui  trouve  un 
Îjoût  de  vitriol ,  &  en  en  jetant 
ur  le  feu  il  en  ^art  une  fumée 
épaitTe  ,  &  une  odeur  de  bitume. 
Le  fécond  banc  eft  une  glaife  gri- 
fe  ,   dans  laquelle  on  trouve  des 
morceaux  de  bois  Se  des  racines  y 
elle  eft    auflî   vitriolique  »    mais 
moins  aue  le  banc  précédent.  Le 
karabé  le  trouvoit  à  la  partie  fupé- 
rieure  du  banc  noir  y  qui  renrer- 
moit  auffi  une .  fubftance  femblable 
à  du  jais  y  6c  à  laquelle ,  pour  cette 
raifon ,  on  donnoit  mal  â  propos  le 
nom  de  fuccin  noir  y  dont  elle  dif- 
fère  conGdérablement  ^    ce  banc 
contenoit  aufli  différentes  efpèces 
de  bois  bimmineux.  Au-deflbus  de 
ces  deux  bancs  étoit  une  glaife  ver- 
dâtre'qui  ne  contenoit  rien  de  par- 
ticulier. 

Suivant  le  rapport  de  plufîeurs 
auteurs  ,  le  terrain  qui  renferme  ce 
fuccin  de  Saxe  a  fouvênt  brûlé  y  & 
s'eft  embrafé  ,  foit  de  lui-même  , 
foit  par  différens  accidens  ;  on  af- 
fure  que  pendant  les  grandes  cha-  1 
leurs  de  Tété  on  s  appèrçoit  en  ce 
lieu  d*une  odeur  très-agréable. 

Tout  ce  qui  vient  <i*être  rapporté 
prouve  que  le  karabé  eft  une  vraie 
féfine  ,qui  tire  fon  origine  du  règne 
.végétal ,  &  qui  vient  des  atbres  ré- 
fineux  ,qut  par  ouelque  inondation 
ou  quelque  révolution  du  globe  , 
ont  été  enfevelis  dans  le  fein  de  la 
terre  :  origine  qui  lui  eft  commflne 
nvec  le  charbon  de  terre ,  le  jais  &  | 


KAR 

tous  les  bitumes.  La  différence  que 
lanalyfe  chimique  fait  trouver  en- 
tre le  karabé  Se  les  réfines  ordinai- 
res^, ne  parok  venir  que  du  féjour 
qu'il  a  (ait  dans  le  fein  de  la  eerre  » 
où  les  exhalaifons  minérales  y  fui- 
fureufes  &  vitrioliques  peuvent  lui 
avoir   donné  des  qualités  qua  n'a 
point  une  réline  purement  végétale. 
Se  qui  n*a  poinr  été  enfouie  en  terre 
pendant  plufieurs   fiècles.  Ç'eft  à 
ces  mêmes  vapeurs  que  le  karabé 
paroîc  être  redevable  de  fa  dureté; 
car  on  ne  peut  douter  que  cette 
fubftance  refineufe  n'ait  été  molle 
&  fluide  dans  fon  origine  y  comme 
toutes  les  réfines  que  nous  connoif- 
fonsî  ce  qui  prouve  cette  vérité, 
c'eft  que  les  morceaux  de  karabé 
qu'on  trouve  dans  le  fable  font  rem- 
plis de  petits  trous  qui  y  ont  été 
formés  par  les  grains  de  gravier, 
lorfque  cette  matière  étoit  encore 
molle  \  ces  petits  trous  ou  ces  iné- 
galités ne  fe  trouvent  point  fur  les 
morceaux  de  karabé  qu  on  tire  de 
la  mer ,  parcequ'ils  ont  été  roulés  > 
Se  pour  ainfi  dire  polis  par  le  moa« 
vement  des  eaux.  Ce  qui  démontre 
encore  plus  la  fluidité  primitive  da 
karabé  ,  ce  font  les  infeâes  ,  les 
mouches )  les  araignées,  &€•  qui 
s'y  trouvent  renfermés  &  comme 
embaumés  )  nous  voyons  tous  les 
jours  que  la  même  chofe  arrive  aux 
inCeâes  qui  s'arrachent  aux  arbres 
d'où  il  découle  de  la  gomme  ou  de 
la  réfine. 

Dans  le  royaume  de  Prude  la 
pêche  du  karabé  appartient  au  Roi 
feul  s  qui  l'afferme  à  des  partica* 
liers.  On  trouve  encore  du  karabé 
dans  plufieurs  autres  parries  de  TEu- 
rope  :  en  1 7  j  8  on  en  a  découvert 
une  couche  abondante  en  Ukraine» 
â  peu  de  diftance  de  Kiow  j  il  écoit^ 
ainfi  que  celui  de  Prufle ,  dans  da 


KAR 

fable«  On  en  a  trouvé  en  France , 
près  de  Soifibns  ,  dans  les  fouilles 
qui  ont  été  faites  pour  le  canal  de 
Picardie*  On  en  a  auflî  trouvé  en 
Sicile  »  &  dans  quelques  endroits 
de  TAfie  mineure.   ' 

Le  karabé  comme  on^  Ta  déjà  re- 
marqué ,  varie  pour  la  couleur  :  il  y 
en  a  d*un  jaune  de  citron  ,  d'un 
jaune  d'or  ,  d'orangé  ,  de  rouge  » 
de  blanc  ,  de  bleuâtre ,   &c. 

Cette  fubftance  faifoit  autrefois 
une  branche  de  commerce  aflez 
confidérable  »  ôc  elle  étoit  fort  re- 
cherchée avant  l'ufage  des  pierres 
fines  qu'on  a  tirées  d'Amérique  :  on 
en  faifoit  par  le  moyen  du  tour  des 
pommes  oe  cannes^  des  bradèlçts  , 
des  colliers ,  des  tabatières ,  &  di- 
vers autres  bijoux  qui  ne  foitt  au- 
jourd'hui regardés  comme  de  gfan» 
des  raretés  qu'en  Perfe ,  en  Chine , 
en  Turquie  Se  chez  les  Sauvages. 
On  prétend  que  quand  ces  bijoux 
fecaflentyon  lesloude  facilement 
en  enduifant  d'huile  de  tartre  l'en- 
droit de  la  fradure  qu'on  a  un  peu 
duwfFé  auparavant  devant  le  reu. 
On  dit  que  le  Roi  de  Prufle  pofsède 
un  miroir  ardent  fait  de  karabé;  il 
eft  large  d'un  pied  Se  Cans  défauts.On 
voit  aufli  dans  le  cabinet  des  grands 
Ducs  de  Florence  uue  belle  colonne 
de  karabé  de  la  hauteur  de  dix 
pieds  »  &  un  luftre  de  tguté  beauté. 
On  voie  même  encore  des  vafës  faits 
de  cette  matière  avec  un  travail  in 
fini.  On  aflfure  que  M.  Kerkring  » 
vers  le.  milieu  du  QècU  dernier  , 
avoir  trouvé' le  fecret  de  ramollir 
le  karabé  auttemencque  par  le  feu , 
&  d'en  faire  comme  une  pâte  à  la- 
quelle il  donnoit  telle'  figure  4^*1! 
lui  plaifoit.  On  dit  que  depuis  quel- 
ques années  il  jr  a  en  ï^ruffe  un  ou- 
vrier nommé  Sàmucl-Sojk.  qui  a 
lart    nod^feulemeht  d^éclarrar  le* 


karabé ,  mais  encore  de  le  teindre 
de  toutes  les  couleurs  ,  &  même 
de  le  ramollir ,  Se  d'7  enfermer  des 
infeâes  pour  en  tirer  bon  patti  en 
le  vendant  aux  perfonnes  curieufes 

'  de  ces  raretés. 

On  fait  entrer  le  karabé  préparé , 
c'«ft-i-dire ,  réduit  en  poudre  très- 
fubtile  dans  les  différentes  compo- 
fitions  antifpafmodiques  &  nervi- 
nes  ;  on  Femploie  même  feul  pour 
arrêter  lés  gonorrhées  &  les  hémor- 
rhagies.  Sa  teinture,,  par  fa  vertu 
antifpafmodiqUe  &  netvine,  con- 
vient dans  les  maladies  hipocon- 
driaques  &  hyftériques-,  &  quel- 
quefois dans  les  maladies  convulfi- 
ves ,  f  urtotit  dans  les  perfonnes  d'un 

.  tempérament  lâche  Se  humide. 
Le  fel  de  karabé  bien  purifié  efl:  ran- 
gé parmi  les  remèdes  céphaliqqes, 
décef  (if$,balfamiques  &  antifpafmo- 
diques. Il  agit  par  la  voie  des  uri- 
nes, &  joint  à  petites  dofes  aux 
diaphorétiques  Se  aux  purgatifs ,  il 
en  augmente  la  vertu  j  combiné 
avec  refprif  volatil  de  corne  de 
cerf,  il  forme  un  fel  que  l'on  con- 
ferve  en  liqueur  fous  le  nom  de 
liqueur  de  corne  de  <erf  fuccinie  ^ 

?|u'on  emploie  avec  le  plus  grand 
uccès  â  la  fixité  des  remède  apéri- 
tifs pour  redonner  aux  parties  le 
ton  qfu'elles  ont  perdu. 

L'hbile  de  karabé  eft  acre  »  bal- 
famique ,  vulnéraire  ,  diaphoréti- 

aue ,  emménagogue  &  antifpafnio- 
ique  \  on  l'emploie  avec  fuccès 
'"  dans  les' vieux  ulcères  Se  dans  les 
ihalâdiës  de  convulHons. 
•  L'huile  de  karabé  blanche  ,  & 
celle  qu^on  retire  de  l'huile  noire 
par  la  reârification  ,  font  regardées 
comme  fpécifîques  conrre  les  afFec* 
,tions  fpafmodiques  ,  Se  principale- 
ment contre  là  paflion  hyftérique^ 
Elles  font  nès-recomoiandée»  en^ 


130  KAR  KAR 

côte  contre  les  maladies  iu  fyftême  |     poix  minérale  j  qui  sage  si  là  (arfica 


nerveux  Se  du  cerveau  »  celles  que 
la  paralyne^rapoplexie^â*^*  OnTor- 
donne  coaimui)émen  cpar  gouctes,& 
la  dofe  la  plus  haute  n'excède  guère 
fept  à  huit  gouttes.  Il  n'y  a  point 
d'inconvénient  à  augmenter  jconfi- 
dérablement  cette  dofe  »  à  donner 
cette  huile  à  un  demi-gros  ,  &  mê- 
me à  un  gros  &  davantage  »  fi  on 
l'unit  à  un  jaune  d'œut  ou  â  du 
iucre  en  poudre.  Outre  Tufage  inté- 
rieur dont  nous  venons  de  parler , 
on  l'emploie  encore  extérieurement 
contre  les  mêmes  maladies ,  on  en 
frotte  les  tempes  »  le  deffous  du 
nez ,  la  nuque ,  l'épine  du  dos  j  dans 
les  maladies  nerveufes  &  convulfi- 
ves  9  dans  l'apoplexie  ^  la  paraly- 
iie,  &c. 

*  Dans  les  paroxifmes  des  vapeurs 
hyftériques ,  on  l'applique  fous  les 
narines ,  on  en  fait  flairer  un  fia* 
con  ,  &  on  en  fait  encore  un  ufage 
fort  fingulier  &  vraifemblableirient 
fort  inutile  ,  qui  eft  d'en  frotter  le 
pubis  &  la  vulve,,  &  même  d'in- 
troduire dans  le  vagin  des  peflaires 
qui  en  foient  imbibés. 

L'efprit^  &  le  fel  de  fuccin  font 
comptés  parmi  les  apéritifs  diuréti 
ques  les  plus  efficaces  :  on  croit  que 
la  matière  huileufe  dont  ce  fel  tù 
empreint  «  le. rend  très- propre  à 
dérerger  &  â  confolider  les  ulcères 
de  la  vedie  8c  de  Turetre.  Cet  efprit 
Se  ce  fel  font  encore  recommandés 
contre  les  maladies  des  obftruâions 
&  en  partie  contre  la  jauniffe  :  on 
les  vante  aufli  pour  le  traitement  du 
fcorbut^  la  dofe  commune  de  l'efprit 
eft  d'environ  demi  gros  jufqu'â  un 
gros  dans  une  liqueur  appropriée. 

Quelques  Naturaliftes  nomment 
karahc  de  Sodome  ,  la  fpbftance  in- 
flammable &  birumineufe  que  Ton 
appelle  communient  afphalte  ou 


des  eaux  du  lac  de  Sodome  en  Judée. 
yoye:i^  Asphalte. 

KARÂSERÂ  y  nom  propre  d'une  ville 
d'Afie  dans  la  Méfopotamie  •  fur  la 
route  d'Ourfa  à  Moflul.  U  n'eu 
refte  que  des  ruines* 

KAR  AT;  voyer  Carat. 

KARATA;  fubftaniifmafculîn.  Plante 
qui  croît  en  Amérique  &  qui  eft 
une  efpèce  d'alocs  dont  les  feuilles 
font  fort  amples  &  terminées  en 
pointes  triangulaires  \  ces  feuilles 
bouillies  donnent  une  efpèce  de  fil 
qui  fert  à  faire  des  filets  pour  les 
pécheurs.  Il  y  a  deux  autres  efpèces 
de  karatas  \  une  dont  les  feuilles 
font  creufes  &  conriennent  fi  bien 
l'eau  de  la  pluie ,  qu'elles  font  d'uno 
grande  reflource  dans  les  lieux  fecs  \ 
une  autre  qui  porte  un  fruit  en  for- 
me de  gros  clou  ,  dont  le  goût  liiâ 

•  fur  celui  de  !a  pomme  de  reinette , 
&  dont  on  fait  d'excellentes  confi- 
tures. 

Dans  le  pays  de  Cayenne  on  àoVL^ 
ne  le  nom  de  bois  de  mèche ,  i  ont 
efpèce  de  karata  dont  la  moelle  fett 
d'amadou  aux  nègres.  M.  de  Pré- 
fontaine dit  que  la  feuille  du  bois 
de  mèche  »  chauffée  fur  la  cendre 
&  appliquée  fur  la  partie  affligée 
de  rhumatifmes  »  foulage  beaucoup. 
C'eft  encore  un  fpécifique  pour  le« 
bleflures.  Le  fruit  de  cette  plante 
s'appelle  citron  de  terre ,  citron  par- 
cequ'il  a  le  goût  acide  ;  de  terre , 
parcequ'il  faut  la  fouiller  poar  le 
trouver. 

KARBUSj  fubftantif  mafculîn.  On 
appelle  ain.fi  certains  melons  d'eaa 
qui  fe  trouvent  à  Afiracan  &  dont  les 
voyageurs  vantent  beaucoup  U 
bonté.  Ils  font  verts  &  lilfes  à  Tex- 
térieur ,  mais  à  l'intérieur  ils  font 
d*un  rouge  plus  vif  que  les  melons 
ordinaiccs  :  cependant  il  y  en  a  qui 


KAR 

font  blancs  intérieurement  i  liiais 
ces  derniers  ne  font  pas  les  meil- 
leurs. La  graine  de  ces  melons  eft 
toute  noire  &  ronde  ,  la  peau  en 
cft  dure ,  le  goûc  délicieux  &  Ton 
peut  en  manger  une  grande  quan- 
tité fans  aucun  danger.  Ce  fiuit  fe 
conferve  pendant  très-longtemps  ^ 
pour  cet  efFet  on  le  cueille  avant 
d'être  mur.  On  en  tranfporte  une 
grande  quamité  d'Âftracan  â  Pé- 
tersbourg  où  Ton  en  mange  juf- 
qu'au  cœur  de  l'hiver. 

KARESMÂ  'y  fubftantif  mafcul.  On 
donne  ce  nom  à  une  efpèce  d'hôtel- 
lerie fort  commune  en  Pologne  &  ^ 
qui  eft  un  vafte  bâtiment  de  terre 
grailè  &  de  bois  conftruit  fur  les 
grands  chemins  de  Pologne  pour 
loger  les  padàns. 

KÂRGÂPOL;  nom  propre  d'une  ville 
de  Rutlie  ,  capitale  d  une  province 
de  même  nom  ,  fur  la  rivière  d'O- 
nega ,  à  cinquante  lieues  >  fud  , 
d'Ârchangel. 

La  province  de  Kargapol  eft  bor- 
née au  nord  par  la  Carélie  de  Kar- 
gapol »  &  par  la  province  d'Onega  j 
a  Torienr  par  les  provinces  de  Vaga 
&  d'Oftioug  y  au  midi  par  celle  de 
Voloeda,  Ik  i  l'occident ,, par  le 
grand  lac  d'Onega.  Ceftunpayscou- 
verr  de  forets  &  coupé  de  rivières. 

KAR  HAIS  }  voyci  Carhaix. 

KARKOUH  ;  voye^  Carcub. 

KARMESSE',  fubftantif  féminin.  Nom 
qu'on  donne  en  Hollande  ôc  dans 
les  Pays  fias  à,  des  foires  annuelles 

2ui  fe  célèbrent  avec  des  procef- 
ons ,  des  danfes  »  des  mafcarades 
&  d'autres  extravagances. 
KAROUATA  ;  ïubftantif  mafculin. 
Plante  d'Amérique  qui  croit  dans 
l'île  de  Maragnan  :  fes  feuilles  font 
longues  d'une  aune  &  larges  de  deux 
pouces  ;  il  en  fort  une  tige  qui 
|K>rte  un  grand  nombre  de  fruits 


KAS  231 

de  la  longuecu:  du  doigt,  rouge» 
par  dedans  &  par  dehors  &  d'un 
goût  excellent;  ils  font  fpongieuz 
6c  remplis  de  petites  graines  ;  quel* 
que  agréable  que  foit  ce  fruit ,  (î 
Ton  en  mange  avec  excès ,  il  fait 
faignec  les  gencives.  On  le  regarde 
comme  un  puiflant  remède  contre 
le  fcorbut. 

KARSj  voytfijr  Cars. 

KARVARY;  fubftantif  mafculin.  On 
donne  ce  nom  dans  le  commerce  i 
une  efpèce  de  foie  qu'on  tire  de  la 
Perfe  &  particulièrement  de  la  pro- 
vince de  Ghilan. 

KASî  fubftantif  mafculin.  Petite  mon* 
noie  de  cuivre  qui  a  cours  aux  Indes 
orientales  ,  fur  la  côre  de  Tran* 
quebar. 

KASEMIECH ,  ou  Kasemith  j  nom 
d'une  rivière  de  Syrie  qui  a  fa  îburce 
dans  les  montagnes  de  l'Anti-Liban 
&  fon  emboucnure  dans  la  mer  de 
Phénicie  entre  Tyr  6c  Sidon.  On 
y  pèche  beaucoup  de  morues. 

KASI  'y  fubftantif  mafculin  ,  6c  terme 
de  relation.  C'eft  le  quatrième  Pon- 
tife de  Perfe  &  en  même  temps  le 
fécond  Lieutenant  Civil  qui  juge 
des  affaires  temporelles. 

KASICMATZ  y  fubftantif  mafculin. 
C'eft  le  nom  qu'on  donne  au  Japon 
à  un  quartier  des  villes  qui  n'eft 
confacré  qu'aux  conrtifannes  ou  fil- 
les de  |ot^  ?  les  pauvres  gens  y  pla* 
cent  leurs  filles  dès  l'âge  de  dix  ans» 
pour  qu  elles  y  apprennent  leur  mé- 
tier lubrique.  Elles  font  fous  la  con* 
duite  d'an  direâeur  qui  leur  faic 
apprendre  à  danfer  y  à  chanter  j  8c 
.  à  jouer  de  différens  inftromens.  Le 
profit  qu'elles  tirenc  de  leurs  appas 
eft  poar  leurs  directeurs  ou  maîtres 
de  penfion-  Ces  filles  après  avoir 
fervi  leur  temps  peuvent  k  marier, 
&  les  Japoflois  font  fi  peu  délicats , 
qu'elles  trouvent  (aus  peine   des 


»5z  KAT 

partis  -,  tout  le  blâme  retombe  fur  I 
leurs  parens  qui  les  ont  proftituées. 

KASSRE  ^  EL  -  LÊHOUS  i  viUe  de 
Perfe  qa  on  nomme  auffi  Kengavar , 
Se  que  Tavernier  place  au  Ibixante- 
feizièrae  degré  20  minutes  de  lon- 
gitude ,  &  au  trenter  troifièpie,  tren- 
te-cinq minutes  de  latitude. 

^KASTHAMÔUNIindm  propre  d'une 
ville  de  Turquie ,  dans  la  Natolie , 
à  vingt-cinq  lieues ,  fud-ôueft,  de 

Sinope. 
K AT-CHERIF  j  fubftannt  malcuhn , 
&  terme  de  relation.  Les  Turcs  don- 
nent ce  nom  aux  ordonnances  éma- 
nées diredement  du  Grand  Sei  - 

gneur. 

KATIF  i  (  el  )  voyq  Elcatif. 

KATONG  CING  ;  fubftantit  malcu- 
lin.  Plante  paralîtedu  Japon,  dont 
la  fleur  reflemble  à  un  fcorpion.  Elle 
aTodeut  du  mufc  ;  fes  pétales  au 
nombre  de  cinq  font  coufeur  de  ci- 
tron ,  variés  de  belles  taches  pur- 
purines  \  ils  ont  deux  pouces  de 
long,  &  la  largeur  d*une  plume 
d<)ie.  Us  font  roides,  gros  ,  plus 
larges  à  l'extrémité  ,  &  un  peu 
plus  recourbés.  Celui  du  milieu 
s'étend  en  droite  ligne  comme  la 
queue  du  fcorpion  j  les  cjuatre  au- 
tres ,  deux  de  chaque  côte ,  fe  cour- 

.  bent  en  forme  de  croiflknt ,  &  re- 
pcéfentent  les  pieds.  A  loppofite 
delà  qoeiae ,  une  efpèce  de  troiape 
courte  &  recourbée ,  ne  repréfente 
pas  mal  la  icte  de  cet  animal.  Ce 
qu'il  y  a  de  plus  fingulier ,  c'eft  que 
l'odeur  de  mufc  ne  réfide  qu'à  l'ex- 
trémité du  pétale  qui  reflemble  i  la 
queue  du  fcorpion  ;  &  que ,  s'il  ett 
coupé ,  la.  fleur  demeure  fans  odeur. 
KATOU-CON A  \  fubftantif  mafcu- 
lin.  Grand  arbre  de  la  côte  de  Ma- 
labar qui  eft  toujours  vert^fc  oui 
porte  en  tout  temps  des  fruits  &  des 
fleurs.  On  prétend  que  ladccoftion 


KAU 

de  fefi  fleurs  eft  un  puiflant  retnède 
contre  U  lèpre ,  &  empêche  les  che- 
veux de  blanchir.  On  mêle  aufli 
fon  écorce  avec  du  lucre ,  pour  en 
former  une  pâte  que  l'on  dit  excel- 
lente contre  la  lèpre. 

KATTEQUli  fubftantif  mafculin. 
On  donne  ce  nom  dans  le  commerce 
à  une  toile,  de  coton  blanc  qu'on  tire 
des  Indes  Orientales,  futtout  de 
Surate.  La  pièce  n'a  que  deux  aunes 
cinq  huitièmes  de  longueur,  fur 
cinq  flxièmes  de  largeur. 

KATATI  -  JETTI  -  POU ,  fubftantif 
mafculin.  Plante  du  Malabar  dont 
on  vante  les  propriétés  pour  refon- 
dre les  empyèmes  Se  les  autres  abf- 
ces  internes  ,  ainfl  que  contre  les 
convulfions  Se  leshydropifies.Quel- 

3ues  Médecins  Allemands  font  pren- 
re  cette  plante  en  infufion  comme 
duthé. 
KATUWALA;  fubftantif  mafculifl. 
Plante  des^ Indes  qui  produit  deflbus 
&  defliis  la  terre  des  fruits  pu  des 
efpèces  de  glands  très-bomTà  man- 
der ,  &  d  un  goût  fort  agréable* 

K ATZBACH  ;  nom  propre  à^uoe  pe- 
tite rivière  de  Silcfie ,  qui  pafle  à 
Lignitz ,  &  fe  perd  dans  l'Oder , 
un  peu  au-deflbus  de  cette  ville. 

K  AUFFBEUREN  ;  nom  propre  d'une 
ville  libre  &  impériale  d'Allema* 
ene ,  en  Suabe ,  fur  la  Werdach  ^ 
i  douze  lieues ,  fud-oueft ,  d'Àugf- 
bourg. 

KAVIAC,  Kaviarî  VoyqCAViAR- 

KAURYSAOUL  }  fubftantif  mafcu- 
lin ,  &  terme  de  relation.  Corps  de 
foldats  qui  forme  le  dernier  8c  le 
cinquième  de  ceux  dont  la  garde  du 
Sophi  de  Perfe  eft  coropofée*  Ce 
font  des  Huifliers  â  cheval  au  nom- 
bre de  1000  ,  qui  ont  pour  chef  le 
Connétable  &  en  fon  abfence  le 
Lieutenant  du<Guet, 


KAZ 

Ils  font  le  guet  la  nuit  autour  du 
Palais  >  écartent  la  foale  quand  le 
Roi  monte  i  cheval ,  font  faire 
filence  aux  audiences  des  Ambaflà* 
deirs,  fervent  i  arrêter  les  Kans 
Ôc  les  autres  Officiers  difgraciés  » 
te  à  leur  couper  la  toce  quand  le 
Roi  Tordonae. 

KAYSERSBlËRG  ;  nom  d'un  bourg 
d'Allemagne  dans  la  Styric  »  fur  la 
rivière  de  Saltel  »  à  fis  lieues  de 
Cilley. 

KA YS£RSHEIM  j  nom  d'une  Abbaye 
de  Bernardins ,  en  Bavière ,  près 
de  Doaaverth.  L'Abbé  .eft  Pcmce 
d'Empire. 

KAySERSLAUTERN  j  nom  propre 
^'une  ville  d'Allemagne ,  dans  le 
bas  Palatinat  >  à  neuf  lieues ,  fud- 
oueft ,  de  Worms.  Elle  fut  autre- 
.  fois  libre  &  impériale,  mais  depuis 
1401 ,  elle  appartient  i  l'Éleâeur 
Palatin. 

KAYSERSTUHLjnom  propre  d'une 
ville  de  Suifle  j  dans  le  Comté  de 
Bade ,  fur  le  Rhin  j  à  trois  lieues , 
fiïd-eft  j  de  Zurzach.  Elle  appartient 
à  l'Évêque  de  &>nftance  pour  le 
domaine  utilbt  mais  les  Cantons 
Seigneurs  du  Comté  de  Bade  ,  en 
ont  la  Souveraineté. 

kAY§ERSVP^ERD  i  nom  propre  d'une 

Erire  ville  d'AUeiftagne ,  dans  le 
uché  de  Berg  »  fur  le  Rhin  ^  i 
trois  lieues  »  nord-oueft  »  de  Duf-- 
feldorp.  Elle  appartient  à  i'Éleâeur 
Palatin. 
KAZIMIERS  ;  voye^  Cazimir. 
KAZINE^  fubftantif  féminin ,  & 
terme  de  relation.  Le  tréfor  du 
Grand  Seigneur.  11  renferme  les 
xegiftres  des  recettes  »  des  comptes 
des  provinces ,  dans  des  cai0es  co- 
tées par  années ,  avec  les  noms  des 
provinces  &  des  lieux.  Ceft  là  auflS 
lue  l'on  ferre  une  partie  dés  habits 
lu  Grand  Seigneur» 


?" 


i 


KE  A  233 

Tous  les  Jours  de  Divan  on  ouvre 
ce  tréfor ,  ou  pour  y  mettre  ou  pour 
en  retirer  quelque  chofe*:  il  faut 
que  les  principaux  Officiers  qui  en 
ont  la  charge  affiftent  i  cette  ou* 
verture.  Le  TchaoucgBachi  lève  en 
leur  préfence  la  cire  dont  le  trou  de 
la  ferrure  eft  fcellé  \  &  l'ayant  portée 
au  Grand  Vifir ,  ce  Miniftre  la  baife 
d'abord  &  puis  la  regarde.  Il  tire 
enfuite  de  fon  fein  le  fceau  du  Grand 
Seigneur ,  qu'il  y  porte  toujours  j 
&  U  le  donne  au  Tchaoucg*Bachi , 
fui  ayant  enfermé  &  fcellé  le  tré^ 
or  9  rapporte  au  Viiir  avec  la  même 
cérémonie  »  le  fceati  qu'il  en  avoit 
reçu. 

\\  y  a  d'autres  appartemens  où 
l'on  enferme  l'argent,  ic  dans  lef- 
quets  les  Officiers  n'entrent  jamais 
avec  des  habits  qui  ayent  des  po« 
ches. 
KÈAJA  ^  ou  KiAHiA  ^  fubftantif maf- 
culin  ic  terme  de  relation.  Lieùte^ 
nantdes  grands  officiers  de  la  Porte» 
ou  Sur-Intendant  de  leut  Cour  par- 
ticulière. 

Les  Janilfaires  &  les  Spahis  ont 
un  Kéaja  qui  reçoit  leur  paye  &.la 
leur  diftribue  ;  c'eft  comme  leur 
Syndic  :  les  Bâchas  ont  aufli  leurs 
Kéajas  paniculiers  chargés  du  foin 
de  leurs  maifons»  flc  de  leurs  provi- 
iioBs  6c  équipages  jpour  faire  cam« 
pagne  :  le  Mnphu  a  de  même  fon 
Keaja. 

Mais  le  plus  conifidérable  .eft  ce* 
lui  du  Grand  Vifir  :  outre  les  affai* 
res  particulières  de  fon  Maître  »  il 
a  très-grande  part  aux  affaires  pu- 
bliques :  traites  y  négociations  ,  aU' 
diences  à  ménager ,  grâces  à  obte«» 
nir  y  tout  paflTe  par  fon  caïul  :  les 
Drogmàns  ou  Interprètes  des  Am^ 
ba(Iàdeurs  ^  n'oferoient  rien  propo* 
fer  au  Grand  Vifir ,  fans  en  avoir 
auparjivant  communiqué  avec  fon 

Gg 


4j4  KEl 

Khfu  ;  6c  les  Minjyftrei  étrangers 
•axsnemes  lui  rendeiit  TÎfite  a>m- 
tteauxprîncîpauic  Officiers  de  rEm- 
pire.  C'eft  le  Grand  Seigneur  qui 
nomme  i  ce  pofte  très- propre  à  en- 
richir celai  qui  Toccupe  ,  Se  dont 
on  acbecce  la  faveur  par  des  préfens 
confidérables.  Le  Kdéaja  a  ime  ma\- 
ibn  en  ville  6c  un  rrain  aufli  nom- 
breux qu'on  Sacha.  Quand  il  eft  re- 
mercié de  Css  fervices ,  il  eft  honoré 
de  trois  qaeties  ^  fi  on  ne  lai  en  ac- 
cordoit  que  deux  ,  ce  feroit  une 
marque  de  diigrace  Se  de  bannîf- 
fement. 

KEBËR  ;  fubftantîf  mafcolin.  Nom 
d  une  fefte  chez  les  Perfans.  Il  pa- 
roic  par  ce  q^i  on  en  rapporte,  qu'elle 
n'eft  point  diffi&rente  de  ceUîs  des 
Gaures.  f^oye[  Gaures. 

KËBLAH,  oa  Kesleh  ,  ou  Kiblak  \ 
fubftantîf  mafculin  Se  terme  de  re- 
lation. C'eft  chez  \t%  Muiuknans  , 

•  le  point  de  pofition  du  Temple  de 
la  Mecque ,  vers  lequel  ils  fe  tour- 
nentpour  faire  leur  prière* 

D'autres  peuples  orientaux  onr 
au(fî  leur  kcblah  :  les  Juifs ,  par 
exemple,  fe  tournent  vers  le  Tem- 
»le  de  jécuialem  «  les  Sabéens  vers 
le  Biidi  ,  &  les  Gaures  vers  l'o- 
rient. 

Les  Mttfalmans  appellent  auflî 
Keilih  ,  un  Autel  ou  une  Niche 
qu'ils  «Ht  dans  la  Mofquée  >  8c  oui 
eft  fort  exadbement  tourné  du  coté 

-  du  Xdmple  de  la  Mecque^ 

KECOUy  nom  propre  d'une  ville  du 
Tonouin  j  environ  à  vingt  lieues 
de  Checo  ,  capiule  de  ce  Rofau^ 
me. 

KÉER  -^  w>^  CiBU. 

KEIRI  ;  Vûye7[  Violier. 

KEIROTONIE  j  fubftantit  féminin. 
Manière  de  donner  fon  fuffrage  à 
Athènes  y  par  rélévanon  des  mainst 
Lorfqttç  les  Athéniens  vouloient 


KEt 

élire  leurs  Magiftf ats  »  île  uflêm'^ 
bloieot  le  peuple  pour  les  fuffirmges; 
mais  comme  il  étoit  difficile  de  te- 
cueîlUc  les  voix  iépacémem  ,  on  in* 
trodaintrélévation^e  la  maih  y  pat 
laqudlle  chaque  pamcolier  nmr- 
quoiit  fou  fuftraee  :  cette  manière 
d'éleâion  dont  I^craite  Se  Démof-^ 
tbène  nous  parlent  (ouvenc  »  fiil 
nonunée  ktiroienie. 

KEITH  ;  nom  propce  d'one  île  de  4'É- 
cofte  méridionale  ,  dans  la  rivièrç 
de  FoTck  >  vis  *  i-  vis  du  port  du 
Lith. 

KEKKO  ,  ou  KiKroo  ^  ou  KrnA- 
Koo  ;  plante  qui  croit  au  Japon  & 
qui  après  le  gin-feng  eft  la  plus-efti^ 
mée  de  toutes  pour  fes  vertus.  Elle 
s'élève  à  la  hauteur  d'une  coudée  ; 
fes  feuilles  fi>nt  obtongues  ,  dente^ 
lées^  fa  racine  groffe  ,  laiteufe  Se 
longue  de  quatre  pouces  :  fes  Bearsf 
qui  croiftent  au  fommet  de  la  tige, 
font  en  cloches,  d'un  pouce  Se  demi 
de  diamètre ,  bleues  Se  découpées 
aflèz  profondément  en  cinq  parties. 
On  diftingue  trois  efpèces  ae  cette 
plante ,  Tune  qui  a  la  fbut  Uandie 
&  double  \  l'autre  dont  la  fteor  eft 
fimple  y  d'un  pourpre  bleu  avec  des 
cannelures  couleur  de  pourpre ,  ear-, 
nies  de  poils  dans  les  intervalles  ç^ 
les  pointes  jaunâtres  &  un  piftil 
bleu  9  revêtu  de  poils  :  la  troiuème 
a  la  fleur  double  Se  d'un  pourpre 
bleu.. 

KELEK  'y  fubftantîf  mafcuEn  Seterme 
de  relation.  Efpèce  de  bateau  qui 
fert  en  A  fie  à  conduire  les  carava* 
nés  qui  voyagent  par  eau.  On  y  em- 
barque 2  8  ou  fo  perfonnes  avec 
xo  ou  121  quinuux  de  marchao?» 
difes. 

KELL^(le  fort  de  )  fort  d'Allemagne^ 
fur  la  rive  droite  du  Rhin  ,  à  la  te- 
te  du  pont  de  Strafbourg.  11  a  éré 
bâti  par  les  Fcançpis  fur  les  deflèin» 


K£M 

in  VtmiîhfA  dm  V^i^bon  ,  poitf  la 

défenfo  dh»  toftlboiug*  U  fut  çidci 

rfimçire  en  1^97  par  la  paix  d» 

Kyùfuok  :  les  François  U  reprirent 

en  1703  &  en  17)3  9  &  ^°^  ^  ^• 

^léreacki  i  l'Empire  qui  le  pofsède 

aajourd'faui. 

KELLES  9  QU  Kels  j  ?ille  cotifidéra- 

•  Ue  dlrfatnde  »  dans  la  province  de 

Leinfter,  au  Comté  d'Eftmeack  , 

fin:   ta  petite  rivière   de  Black* 

water, 

KELLUf GTON  ;  vilW  d'Angleterre  » 

-  M  comté  de  Cornouailles  9  i  foi- 

aaote  lieues  >  fod-oueft  ,  de  Lan- 

dses.  EUe  envoie  deux  députés  au 

.  Parlemieafi. 

KELMART  ,  ou  Keimuntz;  nom 

é*w^  bourg  d- Allemagne  enSoaabe» 

£ar  riUe»  >  entre  Menuaingi^n.  Oc 

V\m. 

XEJLSO  ;  nom  d'une  ville  d'Êcoflè  , 

au  Comté  de  Roxboure  »  fur  la  ri- 

jfrîècc  de  Twed»  i  dix  uêues  ,  £ud- 

eft  y  d'Edimbourg. 

KEMA  'y  fubftaatif  mafeulin.  Fruit 

301  croie  (q«5  terre ,  en  divers  en- 
roits  d'Afrique  &  qu'on  dit  très- 
boni  manget.  C'eft  fans  dbvte  quel* 
qne  efpèce  de  truffe. 

KEMAC  ;  nom  d'une  forteceilè  d'A» 
fie,. au  pays  de  Roum •  i  fept  Ueues 
de  la  ville  d'Arzend^ian  »  fur  les 
fnmiières  de  la  Narolie. 

KEMARAT  ;  nom  d'une  ville  d'Afie, 
ibr  les  frontières  des  Rofaumet  de 
Laos  &  de  Siam. 

KEMBOKU  i  fttbftantif  mafcttUn. 
Arbre  du  Japon  ^  de  grandeur  mé- 
diocre j  dont  les  feuilks  &  les  fleurs 
fseâieiiiblent  a  celles  du  Myrtbe  ro-» 
maîo  de  Mathiole.  Ses  baies  vien- 

.  sent  feules  fur  un  pédicule  ;  elles 
ioDC  pointues  &  de  la  eroifeur  d'un 
grain  de  poivre  :  les  lemences  ref- 

-  iemblent  i  celles  de  l'ancoUe  ;  leur 
0ottt  eft  m  peu  amer  &  foct  aftria* 


KEM  «35. 

Snt*  Cet  ai?bre  efr  «ioftfacré  aux 
oJes. 
KJtMÉAS  i  fobft^njtif  m&ftuliii*  On 
doi^OiS  ce  nom.  dai)s  le  comaierce  i 
des  raffetas  â  fleurs  qui  viennent  det 
Inde^ariemales. 
KEMMËROUE  ^  nom  Ptopre  d'une^ 
ville  de  l'Inde  »  iau-deU  ou  Gange, 
dans  les  Écars  du  Roi  d'Ava  »  tur 
les  frontières  du  Rojaume  de  Bou- 
tan. 
KEMNITZ,  ou  Chbmkitz;  nom  pro- 
pre d'une  ville  de  Bohème  dâù  le 
cercle  de  Leutmaritz. 

U  7  a  une  autre  ville  de  m£me 
nom  dans  la  Mrfbie. 
REMOIS  j  (les|  peuples  fauvage  d^A- 
fie  y  cffii  occupant  Ia>  partie  occi- 
dentale de  ta  CochineTiine  où  ils 
ont  le  Royaume^e  Ciampa  au  mi- 
di ,  0c  oeliii  de  Camboge  au  cou- 
chanr« 

KEMPEN  ;  voye^  C amt»en. 

KEMPENLArt[>;:vc!y(r{  Camptnx. 

KEJSfflMERLAY  ;  nom  propre  d'une 
Abbaye  de  Bénédiâîn) ,  au  Diocèfe 
de  Quimper  y  en  Bretagne.  Elle  eft 
en  commande  fit  vaut  au*  titulaire 
6*500  livres  de  rente. 

KEMPTEN  j  nom  propre  d*une  ville 
d'Allemagne  »  en  Souabe  »  dans 
i;Alg^  3  firr  l'Kler  ,  i  dix-  huit 
lieues  »  fud-oueft  3  d^Augftx>atg. 
EUe  dépendait  autrefoiir  de  PAbbé 
de  Kempten  j  mais  ell'e  eft  libre  6c 
impériale  depuis  >  5  z  5  • 

Kbmptkd  »  eft  aufli  le  nom  d'un  petit 
État  fc  d'iule  célèbre  Abbaye  d'AU 
lemagne ,  en  Souabe ,  dont  l'Abbé 
qui  ne  relève  que  du  Saiut  Siège  , 
eft  Prince  de  l'Empire  6c  a  voix  aux 
diètes  :  il  eft  aofli  grand  Maréchal 
de  rimpératfijze  ,  ce  qui  lui  donne 
le  dfioit  de  s'habiller  en  féculier  l'a- 
près  midi.  Cet  Abbé  eft  élu  par  les 

moines  qui  font  au  nombre  de  douae^ 
tous  de  qualité* 


^ 


13^  KEN 

UÉtai  deKempten  renfermefoî- 
xante  &  douzç  Paroifles  ,  des  fiefs 
&  des  châteaux  ficués  entre  rÉvc- 
ché  d'Augfbourg  ,  la  Baronie  de 
Mindelheim  .  le  Comté  de  Wald- 
bourg  &  celui  de  Kœnigfeck. 

KEN  \  fubftantif  mafculin.  Nom  de 
plufieurs  mois  lunaires  qui  compo- 
fent  le  cycle  de  cinq  ans  des  Chi- 
nois. Kcn-fu  eft  le  leptième ,  Ken- 
fchin  le  dix  -  feptième  >  Ken-gin  le 
yiDgt-repcième  ,  Ken-  eu  le  trente- 
(eptièine  ,  Ken  -  shin  le  cinquante 
fepcième. 

KEN  i  fubftantif  mafcuUm  Mefure 
des  longueurs  <lonc  on  k  ferc  à  Siamj 
c'eft  une  efpcce  d'àune  qui  n'a  pas 
tout  i  fait  trois  pieds  ,  deux  kens 
faifant  un  voua  qui  revient  à  la  tpi- 
fe  de  France  moins  un  pouce.  Jr^e 
ken  contient  deux  foks ,  le  fokdeux 
keubs  >  &  le  keub  douze  nious  :  ces 
nious  ibnc  comme  les  ^  pouces  du 
pied  de  roi  ;  il  faut  huit  grains  de 
ris  dont  la  première  enveloppe  n'a 
pas  été  brifce  au  moulin  j  pour  faire 
un  niou  j  en  forte  que  huit  de  cet 

f;rains  valent  encore  neuf  de  nos 
ignés.  On  a  dit  qu*au*deflus  du  ken 
eft  le|  voua  ou  toni  ^  âu-deflus^  du 
voua  eft  le  fen  qui  en  Soutient 
vingt  j  cent  fens  font  le  roc-ncug  ou 
la  lieue  :  ce  qu*on  nomme  jod  con- 
tient quatre  lens. 
Ken  ,  eft  auffi  le  nom  d'une  rivière 
d'Angleterre  ,  dans  le  Weftmor- 
land.  Elle  fe  forme  de  cina  ou  fix 
ruifleaux  au-delTus  de  Kendale,  & 
va  fe  perdre  dans  un  golfe  '  de  la 
province  de  Lancaftre. 

KENDAL  i  nom  propre  d'une  ville 
riche  &  bien  peuplée  d'Angleterre, 
dans  le  Weftmorland ,  fur  la  rivière 
de  Ken  ,  à  foixante  lieues ,  nord- 
,  oueft  ,  de  Londres.  On  y  fabrique 
des  draps  ^  des  ferges^  des  droguets. 


KEN 
des  bas ,  des  chapeaux  dont  il  fefaii 
un  commerce  confidérable. 
KENKOO  i  fubftantif  mafcuUn.  Plan- 
te du  Japon ,  qui  fert  à  faire  du 

'k^nSaOUG  ;  c'eft  ,  félon  d'Hetfce- 
lot,  une  ville  de  l'indouftan,  dans 
le  pays  de  Rend  ,  au  iii^  degré 
de  longitude  ,  &  au  16^  de  lati- 
tude. ^  .  - 
KENNASSERIM  i  ville  de  Syrie,dans 

le  voifinage  d'Alep. 
KENNE  ;  fubftantif  féminin.  On  a 
donné  ce  nom  à  une  pierre  fabu- 
leufe  qu'on  a  prétendu  fe  former 
dans  l'œil  du  cetf ,  &  a  laquelle  on 
a. attribué  des  propriétés  contre  les 

venins. 
KENNEMERLAND  j  nom  propre 
.     d'une  contrée  des  Pays-bas  ,.qui 
fait  une  partie  confidérable  de  la 
Hollande   feptentrionale.  Alciaaer 
en  eft  la  ville  principale. 
KENNETH  ;  (le)   rivière  d'Angle- 
terre ,  qui  a  fa  fource  dans  le  com- 
té de   Wilts  &  fon  embouchure 
dans  la  Tamife ,  au-deffbus  de  R»- 

ding. 
KENOQUE  ;  (  le  fort  de  la  )  fort  des 
Pays-Bas  ,  dans  la  Flandre  Autri- 
chienne ,  entre  Ypres  &  Furnes,  i 
deux  lieues  &  demie  de  Dixmude. 


iLesFrançois  s'en  emparèrenten  1744 
&  le  rendirent  à  la  paix  d'Aix-la- 
Chapelle. 
KENT  5  nom  d'une  riche  &  belle  pro- 
vince d'Angleterre  ,  fuuée  entre  la 
mer  &  la  Tamife.  Elle  a  cent  foi- 
xante milles  de  circuit  &  contieijt 
environ  douze  cent  quarante-huit 
mine  arpens.  Elle  abonde  en  bois^, 
en  blés  Se  en  pâturages.  On  y  pè- 
che d'excellens  faumons  &  des  trui- 
tes d'une  grandeur  extraordinaire. 
Cantorbéri  en  eft  la  capitale. 

Cette  province  compofoit  antre- 
fois  un  Royaume  durant  TEptax- 


KEP 

fcUe  i.  c^cft'àdire  »  <lans! le  lemps 

.  auquel  l'Âi^lecerre  ct^it  dtviféèen 
fepc  Royaumes  donc  chacun  avoic 
fon  Souverain  particulier. 

Quand  Guillaume  I  conquit  l'An* 
gleterre  »  il  confirma  les  anciens 
privilèges  des  habitans  de  cette  pro 
vince  »  do^t.  les  trois  principaux 
confifienc  i^.  en  ce  que  le^  enâins 
mâles  parugent  les  immeubles  par 
égale  portion }  1^.  que  tout  héritier 
peut  vendre  Se  aliéner  à  1  âge  dS 
quinze  ans;  3^.  que  la  condamna- 
tion du  père  convaincu  d'un  crime 
capital  y  n'empêche  point  le  fils 
d'hériter  de  fes  biens. 
,.  Le  fécond  de  ces  privilèges  mé- 
rireroit  bien  mieux  le  nom  d'à-- 
bus* 

KENTZlNGUEî  petite  ville  d'Alle- 
magne ,  dans  le^rifgaw ,  fur  i'Elz, 
au  25^  degré»  xG  minutes  de  longi- 
tude %  &  au  .48*.  ,15  minutes  de  la- 
tirudfl^  , 

KEPATH  i  fubftantif  mafciilin.  Petit 
poids  dont  fe  fervent  les  Arabes. 
C*eft  la  moitié  du  grain.  , 

KEPHA  \  nom  propre  d'une  ^îUe.de 
la  Terre  Sainre ,  ficuée  au  pied  du 
mont  Carmel»  vis-à-vis  de  Ptolé- 
tnaïde. 

KÈPX.ER ,  nom  propre  d'un  Aflrono- 
me  célèbre  qui  naquit  te  17  Dé- 

.  cembre  1571  à  Wila,  dans  le  du- 
ché de  Wircemberg.:  il  fut  reçu  en 
158^  parmi  les  élèves  du  Couvent 
de  Mulefoncaioe.  Deftiné  d*àbord 
à  récat  eccléfiaftique ,  il  fe  diftin- 
guoit  dans  la  prédication  à  Pige  de 
XI  ans  \  cependant  il  avoir  fait  des 
progrès  aifes^  n>arqués> dans  lésina- 
thématiques  fous  MciJiUnus.^  pour 
mériter  d'être  demandé  en  15  9)  à 
Gratz  en  Styriç  où  Ton  v/enoit'dc 
perdns  George  Stadius  ,  Proftf- 
feur  de  mathématiques  &  de  n^o- 
^ale. 


KEP  137 

•  Dès  ce  moment  il  fé  tourna  par 
goût  vers  Taftronomie  &  compofa 
en  1595  le  livre  intitulé  Afyftcrium 
cofmopraphicum  ^  qui  fit  admirer 
fon  génie  par  les  connoifTeurs  de  ce 
temps-là  ,  &  fît  défirer  à  Tycho- 
firahé  de  l'attirer  près  de  lui.  Ke- 
pler vint  à  Prague  en  i^oo:ilpa(Tk 
a  peine  deux  mois  avec  Tycho  :  ce* 
lui-ci  mourut,  &  Kepler  reçut  en 
dépôt  toutes  fes  oblervations  fur 
le/quelles  il  compofa  fon  fameux 
ouvrage  dcfiellâ  Manis. 

L'Empereur  Mathias  l'attira  en- 
fuite  à  Lintz  où  il  vécut  dans  une 
étroite  médiocrité.  En  161  $  il  fe 
rendit  à  la  Diiete  de  Rati(bonne>où 
Ton  patloit  de  la  réformationdu  ca^ 
lendrier.En  1616  il  alla  âUlm  pour 
f)ite  imptimer  fes  tables  rudolphi- 
ne$.  En  16129  il  alla: à  Sagan  chez 
le  Duc  de  Fridland  ,  6c  quaC^o  il 
fut  fait.  Pro&fTeur  de  mathémati- 
ques à  Roftoch.  Enfin  étant  allé  à 
Ratifbonne  pour  y  folliciter  les  ar- 
rérages des  penfions  qui  lui  étoienc 
dus ,  il  y  mourut  le  x  j  Novembre  à 
lage.de  59  ans. 

Les  principaux  ouvrages  de  Ke- 
pler font ,  Myjieritijn  cofmograpbi" 
cum^  i^^6i  Paralyponttna  adVitd^ 
lionem ,  i(>04  :  de  Stella  noviinpe" 
de  ferpentarïi  ,  i  6q6  :  AfironomicL 
nova  de  Stella  Manis ,  1  ^09  :  Diop^ 
trlca^  1^1 1  :  Ep'uome  ^JironomU 
<^opernican€^\ 6 tZ ^16 IX  :  Harmonie 
ces  iibri  quinque ,  16 \$  vâe  Corne* 
tis  j  1 5 1 9  :  Tabulé  Rudolphi/zd  ^ 
4^17.  Il  y  a  encore  de  lui  plu* 
fleurs  autres  ouvrages  de  moindre 
conséquence.'. 

En  termes  d'Aftronomie  00  ap- 
pelle loi  de  XépUr ,  cette  fameufe 
loi  du  miouvement  des  planètes  » 
découverte  par  Kepler ,  &  qui*  eft 
celle  du,  rapport  qu'il  y  a  entre  le« 
grandeurs  de  leurs  orbites  6c  le 


13$  KEP 

temps  qn'elles  emploient'  à  les  par^ 
courir  :  Jupiter  eft  cinq  fois  plus 
éloigné  du  Soleil  que  k  terre  ; 
le  contour  de  fon  orbire  eft  cinq 
fois  plus  grand  j  mais  il  met  douze 
fois  plus  de  temps  que  la  terre  à 
parcourir  cette  oroite  qui  eft  feule- 

.  ment  cinq  fois  plus  grande.  Krépler 
chercha  long -temps  la  caufe  de 
cette  différence  &  la  fource  de  ces 
rapports  :  il  avoit  d*abord  voulu 
rapporter  les  diftances  des  fix  pla- 
tièces  aux  corps  réguliers ,  le  cuke  » 
le  tétraèdre,  roétacdre ,  le  dodécaè- 
dre ,  l'icofaëdre^  enfuite  k  l'harmo- 
nie des  corps  fonores  :  mais  il  ne 
trouvoit  aucun  rapport,  farisfai- 
fant  entre  les  temps  &  les  dif- 
tances. 

Ce  fut  le  8  Mars  1^18  qu'il  lui 
vintâ  l'efprit  pour  la  première  fois» 

.    de  comparer  les  puiflances  des  dif- 

•-  férens  nombres  ,  au  lieu  de  com- 
parer les  nombres  mêmes  qui  ex- 
primoient  les  temps  périodiques  des 
planètes  6c  leurs  diftances  ;  il  com- 
para donc  au  hafard  des  carrés  , 
des  cubes ,  &c.  Il  elTaya  même  les 
carrés  des  tem^s  avec  les  cubes 
des  diftances;  mais  il  fe  trompa 
cette  première  fois  dans  fon  calcul^ 
&  rejeta  cette  proportion  comme 
fauflè  ic  inutile.  Ce  ne  fut  que  lei  5 
de  Mai  fuivant  qu'il  revint  à  la 
charge  ^n  recommençaht  les  mê- 
mes eifais  &  les  mêtnes  calculs  ; 
alors  enfin  il  reconnut  qu'il  y  avoit 
réellement  toujours  un  rapport  égal 
&  conftant  entre  les  carrés  des 
temps  périodiques  de  deux  planè- 
tes quelconques  5c  les  cubes  de 
leurs  diftances  tnoyennes  au  Soleil  : 
il  fut  fi  enchanté  de  cette  décou- 
verte qu'à  peine  il  fefioit  à  fefs  cal- 
culs ;  il  n'ofoit  qu'à  peine  fe  per- 
fuader  qu'il  eût  enfin  trouvé  une 

.    vérité  cherchée  pendant  77  ans. 


f. 


La  diftance  de  la  terré  au  Soteif 
eft  à  celle  ^Jupiter  i^u  Soleil,  com- 
me 1900  eft  À  j^ioj  leurs  cubes  (ont 
par  conféqaenc  comme  i  o  ^.1407  : 
or  les  durées  de  leurs  révolutions 
font  de  j6j  ^  &  de4)  51  fours  donc 
les  cacrés,  en  négligeant  les  der* 
niers  chiffres,  iont  comme  1S7  à 

i  1 } }  4  >  ^^^^  i^s  carrés  des  temps 
périodiiqties  font  entre  eux  comme 
1877  à  i;)4i  »  ou  comcne  roi 
1407  j  donc  le  rapport  eft  le  mê- 
me de  part  Se  d'autre  ;  le  carré  du 
temps  périodique  de  Jupirer  eft 
140  fois  plus  grand  que  le  carrré 
du  temps  périodique  de  la  terre  ^  & 
le  cube  de  la  diflance  moyenne  de 
Jupiter  au  Soleil  eft  140  fois  plus 
rand  que  le  cube  de  la  diftancede 
a  terre  -y  c'eft  en  quo»  coofifte  Péga- 
licé  des  rapports. 

Cette  loi  ie  vérifie  égatemenc 
quand  on  compare  le^dlAaoces  des 
Satellites  de  Jupiter  3c  deiSatume 
avec  les  durées  dé  leuss  rév^u^ 
tions. 

On  appelle  auffi  ItHiU  Kep/er^ 
cette  loi  générale  du  mouvement 
des  planètes ,  devenue  fi  importante 
dans  Taftronomie ,  favoir  que  les 
aires  font  proportionnelles  au  temps? 
Cependant  Kepler  ne  démontroic 
cette  vérité  que  d'ttne  manière  in- 
complétée  :  Newton  a  été  le  pre« 
mier  qui  ait  fait  voir  qu'elle  étoic 
une  fuite  néceffaire  tr  «xaéfce  de 
la  loi  générale  du  mouvement  pla-» 
nétaire. 

Kepler  étoifperfuadé  que  le  mos^ 
vement  circulaire  des  planètes  étoic 
produit  par  une  certaine  force  éma* 
née  du  Soleil  »  qui  les  ÊKçoit  à  tour- 
ner autour  de  l'axe  du  soleil  com- 
me il  y  rMrnoit  lui-oiême.  Il  con« 
fidéroit  oue  puifque  les  planètes 
les  plus  éloignées-  tournoient  plus 
lentement  que  les  planètes  le»  ploa 


Ê 


KEP 

proches  da  Soleil ,  il  falloit  que  la 
force  motrice  fôi  plus  petite  d  une 
plus  grande  diftance ,  &  cela  le  con- 
daifit  à  établir  non  feulement  la 
force  A^inertie  dont  il  a  parlé  le  pre- 
mier )  mais  encore  la  règle  des  aires 
proportionnelles  au  temps. 

Kepler  démontre  d'abord  à  la.pâ- 

t;e  1^5  de  fa  nouvelle  Phyfiqae  cé« 
efte  s  que  le  mouvement  des  pla- 
nètes dans  les  abfides  >  eft  propor- 
rionnel  à  leur  diftance  au  folei^mè* 
me  9  dans  Thypothèfe  de  Ptolémée, 
c'eft-â'dire ,  qu'en  prenant  un  arc 
de  Texcentriqi^e  vers  l'aphélie  »  & 
un  autre  arc  de  même  longueur  vers 
le  périhélie  ,^a  planète  eft  plus 
long  •  temps  dans  Tare  aphélie  »  à 
proportion'  que  la  diftance  aphélie 
eft  plus  grande ,  ou,  ce  qui  revient 
au  même  »  que  les  aires  décri- 
tes dans  le  même  temps  »  font 
égales.   . 

De  ce  que  la  planète  emploie 
pltis  de  temps  dans  ion  aphélie  à 
parcourir  un  m^me  arc  \  Kepler 
conclue -en  général  j  que  pins  la  pla- 
nèce  eft  é^ignée  du  cintre  du  So- 
leil ,  plus  elle  eft  foiblettent  ani- 
mée par  la  force  motrice  ^ui  la  fait 
tourner    autour  du  Soleil.  Kepler 
applique  cette  propontion  au  cal- 
cul de  réquation  au  ceotie  :  puif- 
que  la  demeure  d'une  planète  dans 
chacun  des  arcs  égaux  de  Texcen- 
trique  »  eft  toujours  proportionnelle 
à  la  diftance  de  la  planète  ;  fi  Ion 
peac  avoir  la  (boime  de  teutes  les 
diftances  ,  on  aura  la  fon^ne  de 
toutes   les  demeures  ,  ou  le  temps 
employé  à  parcourir  un  arc  quel* 
conque ,  de  quelque  grandeur  qu*il 
ibit  :  or  la  fomme  de  toutes  les  dif- 
tances  eft  visiblement  la  furface  en- 
tière  du  feûeur  décrir  par  la  pla- 
nète y  ainfi  Taire  du  feâieur  repré- 


KER  239 

lîefltert  îasM^matie  mojreniie  qui  eft: 
proportionnelle  a«  tenips* 

Lorfque  Kepler  pafle  si  la  confît* 
dération  des  orbes  elliptiques  >  il 
tranfporte  â  Tellipfe  cette  proprié* 
ré  qu*il  n  avoit  démontrée  que  pour 
le  cercle  excentrique  ,  fans  y  em* 
ployer  de  nouvelle  démonftration  ; 
ainfi  la  loi  des  aires  proportion- 
nelles au  temps  »  n^étoît  démontrée 
qu'imparfaitement ,  elle  ne  pouvoit 
paflèr  fufqu  alors  que  comme  une 
approximation  commode  ,  facile 
dans  la  pratique  >  6^  jaftifiée  pat 
l'accord  du  calcul  avec  l'obferva- 
tion. 

Mais  que  Ton  confidère  les  orbi- 
tes plaiiétaires  comme  formées  par 
le  concours  de  deux  forces  &  da 
deux  direâions  différentes  donc 
l'une  eft  de  fa  nature  uniforme  & 
conftantej  dès-lors  les  aires  devien- 
nent néceflairement  &  rigoureufe- 
ment  proportionnelles  aux  temps. 

KERÂH  ;  nom  propre  d'une  ville  de 
Perfe  que  Tavernier  place  au  86* 
degié ,  40  minutes  de  longimde  » 
&  au  54*  9  15  minutes  de  lati- 
tude. 

KÉRAMÉE;  voy^tf  Céramique. 

KER AMIENS  ^  (les)  f^âe  de  Mu- 
fulmaos  ainH  appelés  de  Moham- 
med Ben  Keram ,  fon  auteur. 

Les  Kéramiens  foutiennenc  qu'il 
faut  entendre  â  la  lettre  tout  ce  que 
Talcotan  dit  des  bras,  des  yeux  & 
des  oreilles  de  Dieu.  Ainfi  ils  ad<- 
mettent  le  Taghjfum  ,  c'eft-à-dire, 
une  efpèce  de  corporéité  en  Dieu  , 

?|u*iis  expliquent  cependant  foridif- 
éremmenr  entre  eux- 
KERATOGLOSSEi  voyi^CiKATO- 

GLOSSE. 

KERATOPHYLLON  ,  ou  KARii. 
70PHYTE  \  plante  qui  croît  dans  la 
mer.  Elle  eft  gluante  &  vifqneufe  > 
traofparente  comme  la  corne  ,  <Sc 


\ 


Z4^  K-EiR' 

quelquefois  variée  de  >  fort  belles 
couleur;.  C'eiit  une  efpèce  de  cora* 
line.  Foyei[  ce  mot. 

KERÈS<î  (le)  nom  propre  d'une  j:i- 
vière  de  Hongrie  j  qui  a  fa  fource 
en  Tranfjrlyanie,  au  comté  de  Za- 
rand  ,  &,  (on  embouchure  dans* 
la  Teiflè  ,  au  Comté  de  Czon- 
Gracz» 

KERLBOURG  j  nom  d'un  bourg  de 
Hongrie  »  fur  le  Danube  »  à  quel- 
ques lieues  au-deifousde  Prefbourg, 
vers  le  midi. 

KERLOT  i  nom  d  une  Abbaye  de 
filles  de  rOrdre  de  Cîteaux  ,  au 
Diocèfe  de  Quimper ,  en  Bretagne, 
fon  revenu  eft  de  fept  à  huit  mille 
livres. 

KERMÀN  ;  ville  de  Perfe ,  capitale 
d'une  province  de  même  nom ,  qui 
s'étend  vers  le  golfe  d'Ormus»  &c 
qui  eft  bornée  a  TOrient  parle  Se- 
geftan  j  à  l'Occident ,  par  la  pro- 
vince de  Fars  ou  la  Perfe  propre- 
ment dite  ;  au  nord ,  pas  le  Khoraf- 
fan ,  &  au  midi  pnr  la  mer. 

KERMASIN  i  ville  d'Afie  en  Perfe  , 
dans  riraque  Persienne,  au  midi  de 
Hamadan. 

KERMEN  ;  ville  de  Turquie»  dans  la 
Remanie^  prèsd'Andrinople. 

KERMENT  ;  nom  propre  aune  ville 
de  Hongrie ,  (ituée  au  confluenf  du 
Raab  &  de  U  Bincka  >  à  deux  mil- 
les des  frontières  de  Styrie.LesTurcs 
y  furent  battus  en  1 66 j{. 

KERMÈS  'y  fubftantif  mafculin.  Sotte 
d'infe&e  du  genre  des  gallinfedbes: 
La  figure  du  kermès  approche  de 
celle  d'une  boule  dont  on  auroit 
retranché  un  allez  petit  ferment. 
Cet  infeâe  vient  Air  les  feuilles 
épineufes  &  les  tendres  rejetons 
dune  très-petite  efpèce  de  chcne 
vert  qui  s'élève  environ  à  deux  ou 
.  trois  pieds  ,  &  qui  croît  fur  les  col- 
lines pierreu(es  de  Provence  j  du 


KEH 

Languedoc  ,  même  en  Efpagne 
dans  l'île  de  Candie. 

Les  femelles  du  kermès  font  plus 
aifées  àrrouver  que  lesmales:  elles 
reffensblent  dans  leur  jeuneiTe  à  de 
jeunes   cloportes  :  elles  pompent 
leur  nourriture  en  enfonçant  pro* 
fondénaient  leurtrompe  dans  l'ecor* 
ce  de  l'arbre  ;  alors  elles  courent 
avec  agilité  ^  mais  quand  Tinfeâe 
a  acquis  toute  fa  croiffance  ,  il  pa- 
roît  comme  une  petite  xroque  fphc- 
rique ,  membraneufe ,  atrachée con- 
tre l'arbrifTeau  ;   c'eft  li  qu'il  cfoit 
fe  nourrir  »  muer  y  pondre  &  termi'» 
ner  enfuite  fa  vie.  «Les  habitansdu 
pays  qui  ne  font  U  récolte  duket'^ 
mes  que  dans  la  faifon  convenable» 
confidèrent  cet  animal  dans  trois 
états  diflPérens  d'accroiÀement  :  iS« 
vers  le  commencement  du  mois  de 
Mars.  En  langage  provençal  onap-* 
pelle  le  kermès  ,  verméou  ^  &  6n 
dit  que  dans  ce  temps  lou  verméou 
grouc ,  c'eft  -  'à  -  dire  ,  que  le  ver 
couve  :  alors  il  eft  moins  grosqu^un 
erain  de  millet  :  i^.  dans  le  mois 
d'Avril ,  les  gens  dupaysdifentqoe 
tou  vtrméou  efpelis  ,  c*eft-à-dire  » 
qu'il  commence  â  éclorè  :  (  M.  Ème- 
ry  remarque  ici  que  par  vers  éclos  j 
il  faut  entendre  le   ver  qui  a  pris 
fon  accroifTement:  )  5**.  vers  la  fin 
de  Mai  on  trouve  fous  le  ventre  de 
l'infeâe  ,  mil  huit  cens  ou  deux 
mille  petits  grains  ronds  qu'on  ap- 
pelle dans  le  p^y  s  freijfet  :  ce  font 
des  œufs  qui  venant  enfuite  à  éclo* 
re ,  donnent  autant  d'animaux  fem- 
blables  si  celui  dont  ils  font  fortis. 
Ces  œufs  font  plus  petits  que   la 
graine  de  pavot  ;  ils  font  rempHs 
d  une  liqueur  d'^n  rouge  pâle  y  vas 
au  microfcope,  ilsfemblent  parfe-* 
mes  d*une  infinité  de  points  brîAlans 
de  couleur  d'or  j  il  y  en  a  de    blan- 
châtres 6c  de  rouges  :  les  petits  qui 

fortent 


KER 

ibrtent  des  œufs  blancs ,  font  d'an 
blanc  fale  ^  leur  do$  eft  plus  écrafé 
que  celui  des  autres  :  les  points  qui 
brillent  fur  leur  corps  ,  font  de 
couleur  d'argent.  M.  deRéaumur 
dit  qu'il  y  a  moins  de  Kermès  blancs 
que  de  rouges  »  6c  que  c'eft  à  tort 
que  les  gens  du  pays  les  appellent 
la  mère  du  kermès.  Lés  petits  oeufs 
étant  fecoués,  il  en  fort  autant  de 

Eetits  animaux  entièrement  fem« 
tables  i  l'infefte*  d'où  ils  provien- 
nent }  ils  fe  difperfent  fur  ^a^- 
brifleau  jufqu'à  ce  qu'au  printemps 
fuivant  ils  le  fixent  dans  les  divi- 
fions  du  tronc  Se  des  rameaux  pour 
y  faire  leurs  petits.  On  doit  oofer- 
▼er  que  quand  le  kermès  acquiert 
une  grofTeur  convenable  ,  alors  la 
partie  inférieure  du  ventre  s'élève 
&  fe  rerire  vers  le  dos  en  formant 
«ne  cavité  ,  &  de  cette  manière  il 
devient  femblâble  à  un  cloporte  à 
demi-roulé  :  c'eft  dans  cet  efpace 
vide  gu'il  dépofe  fes  œufs ,  après 
quoi  il  meurt  &  fe  defsèche.  A 
peine  les  œufs  font- ils  éclos  que  les 
petits  animaux  veulent  fortir  de 
deflToBS  le  cadavre  de  leur   mère 

fiour  chercher  leur  nourriture  fur 
es  feuilles  ,  non  en  les,  rongeant 
comme  les  chenilles  >  mais  en  les 
fuçant  avec  leurs  trompes. 

La  récolte  du  kermès  eft  plus  ou 
moins  abondante  félon  que  l'hivec^ 
a  été  plus  ou  moins  doux  :  on  a  re- 
marqué que  la  nature  du  fol  con- 
tribue beaucoup  au(G  à  la  grofleur 
êc  k  h  vivacité  du  kermès  :  celui 
oui  vient  fur  des  arbrifTenux  voi- 
nns  de  la  mer ,  eft  plus  gros  &  d'u- 
ne couleur  plus  vive  que  celui  qui 
le  trouve  fur  des  arbrifleaux  qui  en 
ibnt  éloignés.  Des  femmes  arra- 
chent avec  leurs  ongles  le  kermès 
avant  le  lever  du  foleil.  Il  faut  veil- 
ler dans  ce  temps  de  récolte  à  deux 
Tome  X  V^ 


KER  i4i 

chofes  :  i  ^.  aux  pigeons  ,  parce- 
qu'ils  aiment  beaucoup  le  kermès  » 
quoique  ce  foit  pour  eux  une  aflea 
mauvaife  nourriture  :  i^.  on  doic 
arrofer  de  vinaigre  le  kermès  que 
l'on  deftine  pour  la  teinture  ,  &  le 
faire  fécher.  Cette  manœuvre  lui 
donne  une  couleur  rongeât re.  Sans 
cette  précaution  i'infeae  une  fois 
métamorphofé  en  mouche  »  s'en* 
vole  &  emporte  la  teinture.  Lorf* 
qu'on  a  ôté  la  pulpe  ou  poudre 
rouge ,  on  lave  les  grains  dans  du 
vin  ,  on  les  fait  fécher  au  foleil  » 
on  les  frotte  dans  un  fac  pour  les 
rendre  luftrés  \  enfuite  on  les  en- 
ferme dans  des  fachets  où  l'on  a 
mis  ,  fuivant  la  quantité  qu'en  a 
produit  le  grain,  dix  à  douze  livres 
de  cette  poudre  par  quintal.  Les 
Teinturiers  achètent  plus  ou  moins 
le  kermès ,  félon  que  le  grain  pro- 
duit plus  ou  moins  de  cette  pou- 
dre. La  première,  poudre  qui  paroîc 
fort  d'un  trou  qui  fe  trouve  du  c&té 
pa^  où  le  grain  tenoit  â  l'arbre  \  ce 
ui  paroît  s'attacher  au  grain»  vient 
'un  animalcule  qui  vivoit  fous 
cette  enveloppe  &  qui  l'a  percée  » 
quoique  le  trou  ne  foit  pas  vifible: 
les  coques  du  kermès  tout  la  ma** 
trice  de  ces  infeâes  :  c*eft  ce  qu'on 
appelle  graine  iVécarlate  dont  on 
tiré  une  belle  couleur  rouge ,  la  plus 
eftimée  autrefois  avant  qu'on  fe  fer-» 
vît  de  la  cochenille. 

Le  kermès  eft  non  feulement 
utile  pour  la  teinture  }  mais  on 
s'en  fert  auffi  beaucoup  en  Méde* 
cine.  On  prépare  en  Languedoc  un 
fuc  ou  fyrop  de  kermès  de  la  ma- 
nière fuiyante  :  on  mêle  trois  pat'* 
ties  de  fucre  avec  une  partie  de 
coques  de  kernîès  écrafées  \  on  gai« 
de  ce  mélange  pendant  un  jour  dans 
un  lieu  frais  \  le  fucre  s'unit  pen- 
dant ce  temps  au  fuc  de  kermès  « 


3 


2^1  KER 

&  forme  avec  ce  fuc  une  liqueur 
qui  étant  paffce  &  cx|)rimée ,  a  la 
confiftance  de  firop.  Cette  compo- 
fitioneft  envoyé  en  grande  quantité 
à  Paris  &  dans  les  pays  étran- 
gers. 

On  nous  apporte  aufli  du  même 
pays  les  coques  de  kermès  nouvel- 
les &  bien  mûres  dont  on  prépare 
quelquefois  une  conferve,  fuç  ou 
ihrop  de  kermès  de  la  manière  fui- 
vante  :  pilez  des  graines  de  kermès 
dans  un  mortier  de  marbre ,  gar* 
dez-les  dans  un  lieu  frais  pendant 
fepc  à  huit  heures ,  pour  que  le  fuc 
fe  dépure  par  une  légère  fermenta- 
tion j  exprimez  Se'  gardez  encore 
le  fuc  pendant  quelques  heures  pour 
qu'il  achève  de  s'éclaircir  par  le  re- 
pos }  verfez  la  liqueur  par  inclina- 
tion y  mêlez -la  avec  deux  parties 
de  fucre,  &  faites  évaporer  à  un  feu 
doux  jufqu'à  la  confiuance  d'un  fi- 
rop épais. 

Les  Apothicaires  de  Paris  prépa- 
rent rarement  ce  firop  ;  ils  préfè- 
rent avecraifon  celui  qu'on  apporte 
de  Languedoc  }  c'eft  avec  l'un  ou 
l'autre  de  ces  fîrops  ,  ^u'on  pré- 
pare la  célèbre  confeâion  aikex- 


mes. 


Les  femences  de  kermès  don- 
nées en  fubftance  depuis  un  demi- 
fcrupule  jufqu'à  un  gros ,  ont  acquis 
beaucoup  de  célébrité  dans  ces  der- 
niers temps  contre  Tavortement. 
GeofFroi  afliire  dans  fa  matière  mé- 
dicale ,  d'après  fa  propre  expérien- 
ce y  que  plufieurs  femmes  qui  n'a- 
voient  jamais  pu  porter  leurs  en- 
fans  à  terme ,  étoient  heureufement 
accouchées  au  bout  de  neuf  mois , 
fans  accident ,  après  avoir  pris  pen- 
dant tour  le  temps  de  leur  groflefle , 
lespillules  fui  vantes. 

Prene^  graine  de  kermès  récente, 
en  poudre  >  &  confeâion  d'hyacin- 


KER 

te  9  de  chaque  un  gros  ;  germes 
d'œufs  defséchés  &  réduits  en  potk- 
dre  ,  un  fcrupule  \  firop  de  kermès, 
fuffifante  quantité  y  faites  une  mafle 
de  pillules  pour  trois  dofes  qu'on 
donnera  à  fix  heures  de  diflbance 
l'une  de  l'autre  ,  c'eft-i-dire ,  en 
douze  heures  ,  avalant  par-deflos 
chaque  dofe  un  verre  de  bon  vin 
avec  de  l'eau,  ou  d'une  eau  cordiale 
convenable. 

La  graine  Se  kermès  en  fabC- 
rance  eft  fort  célèbre  encore  pour 
rétablir  &  foutenir  les  forces  abba- 
tues  ,  furtout  dans  l'accouchement 
difficile  ,  à  la  dofe  d'un  gros  ou 
deux.  Le  firop  eft  employé  au  mê- 
me ufage ,  à  la  dofe  d'une  ou  de  deux 
onces. 

L'un  &  l'autre  de  ces  remèdes 
pafTent  pour  ftomachiques  ,  toni- 
ques &  aftringens  ;  les  anciens  n'en 
ont  connu  que  cette  dernière  pro- 
priété. 

Quelques  auteurs  ont  attribué  i 
la  graine  de  kermès ,  une  qualité 
corrofive  ,  capable  d'entamer  la 
membrane  intérieure  des  inteftirts  : 
Geoffroi  prétend  que  cette  imputa- 
tion n'eft  point  fondée. 

La  poudre  de  graine  féchée  de 
kermès  entre  dans  la  confeâion  al- 
kermès ,  dans  la  confeâion  d'hya- 
cinthe )  dans  la  poudre  contre  Ta- 
vortement  ;  le  firop  entre  dans  les 
pillules  de  Bêcher. 
Kermès  »  fe  dit  aufiî  d'une  des  pitis 
importantes  préparations  d'antimoi- 
ne ,  tant  par  les  phénomènes  qu'elle 
préfente  en  chimie  ,  que  par  le 
grand  ufage  dont  elleeft  dans  la  Mé- 
decine. 

Ce  n'eft  que  depuis  le  commen- 
cément  de  ce  fiècle  que  l'ufage  du 
kermès  s'eft  établi  dans  la  Méde- 
cine: â  la  vérité  quelques  Chimîf- 
tes,  entr'autres  Glauber  &  Léme- 


KER 

rf  avodenc  avant  ce  lemps-U  fait 
mention  dans  leurs  ouvrages  ,  de 
plufieurs  préparations  d'antimoine 

.  i{ui  approchent  plus  on  moins  du 
kermès^  mais  ces  préparations  fort 
peu  connues  ,  écoient  confondues 

;  avec  mille  autres  qui  font  abfolu- 

.  mçpjc  négligées  ,  quoiqu*extrème- 

.  ^enc  vantées  par  leurs  auteurs. 

Le  commencement  de  la  fortune 
&  de  la  réputation  du  kermès ,  eft 
dû  au  J'rèrc  Simon  ,  Apothicaire 
d^s  Chartreux.  Ce  frère  tenoit  cette 
préparation  d*un  Chirurgien  nom- 
mé U  Ugcrie  »  lequel  la  tenoit  lui- 
même  d'un  Apothicaire  allemand 
qui  avoit  été  Difciple  du  fameux 
Glauber.  Ce  Frère  Simon ,  fur  les 
éloges  que  la  Ligerie  lui  ayoit  faits 
de  ce  nouveau  remède ,  en  fit  pren- 
dre à  un  Chartreux  attaqué  d'une 

.  fluxion  de  poitrine  des  plus  vio- 
lentes ,  Se  qui  étoit  â  toute  extré- 
mité :  le  remède  eut  un  plein  fuc- 

.  ^cès  »  le  Religieux  fut  guéri  promp- 
.t^ment  &  comme  par  miracle.  Des 
ce  moment  le  Frère  Apothicaire 
publia  partout  la  vertu  de  ce  médi- 

.  cament  :  le  kermès  opéra  pludeurs 
autres  guétifons  éclatantes.  Le  pu- 
blic y  prit  confiance  &  le  nommoit 
la  foudre  des  Chartreux ,  parceque 
ce  n'étoit  que  dans  TApothicairerie 

.  de  ces  Religieux  qu'on  le  prépa- 
roi  t.  La  imputation  de  ce  nouveau 
remède  s'étendantde  plus  en  plus, 
M.  le  Duc  d'Orléans ,  alors  Régent 
du  Royaume  ,  en  fit  l'acquifition 
au  nom  du  Roi  pour  le  public  « 
6c  ce  fut  la  Literie  qui  publia  le 
^  procède.  Voici  en  quoi  il  con- 
fifte: 

On  fait  bouillir  pendant  deux 
heures  de  l'antimoine  crud,  con 
calTé»  avec  le  quart  de  fon  poids 
de  liqueur  de  nîcre  fixé  par  les  char- 
bons j  jk  le  double  de  fon  po^ds 


KER  14} 

d'eau  très -pure.   Au  bout  de  ce 
temps  on  décante  la  liqueur  &  on 
la  fiiltre  toute  bouillante  â  trarets 
le  papier  cris  :  elle  refte  très-claire 
tant  Qu'elle  eft  chaude  au  degré  de 
l'ébullition  i  mais  â  mefure  qu'elle 
fe  refroidit ,  elle  fe  trouble ,  elle 
prend  une  couleur  rouge  ,  brique* 
tée ,  ôc  s'éclaircit  de  nouveau  par 
le  dépôt  qui  s'y  forme  d'une  pou- 
dre rouge  y  c'eft  cette  poudre  qui  eft 
le  kermès.  On  réitère  1  cbullition 
jufqu'à  trois  fois  ,  en  ajoutant  cha- 
que fois  fur  l'antimoine  la  même 
quantité  d'eau  ,  &  chaque  fois  au(E 
un  quarr  de  moins  de  la  liqueur  de 
nître  fixé.  On  réunit  le  kermès  qui 
s'eft  précipité  de  ces  trois  décoc- 
tions y  on  le  lave  exaAement  avec 
de  l'eau  pure  jufqu'à  ce  que  cette 
eau  en  forte  limpide  ,  on  fait  en- 
fuite  fécher  le  kermès  :  voici  pré- 
fentement  ce  qui  arrive  dans  l'opé- 
ration du  kermès ,  Se  quelle  eft  pré« 
cifément  fa  nature. 

L'antimoine  crud  eft  compofé  de 
régule  d'antimoine  Se  de  foufre 
commun  unis  naturtU^ment  l'un 
avec  l'autre  ,  comme  cela  arrive 
dans  prefque  tous  les  minéraux  mé- 
talliques.  L'alkali  fixe  avec  lequel 
on  le  fait  bouillir  ,  quoiqu'étendu 
dans  une  très-grande  quantité  d'eau, 
agit  fur  le  foufre  de  l'antimoine  Se 
forme  avec  lui  du  foie  de  foufre  ; 
&  ce  compofé  étant  un  diflblvant  de 
toutes  les  matières  métalliques  , 
diflout  i  fon  tour  une  certaine  quan- 
tité de  la  partie  téguline  de  l'anti- 
moine :  il  fe  fait  donc  dans  cette 
opération  une  combinaifon  d'alkali 
fixe  p  de  foufre  Se  de  régule  d'an- 
timoine. De  ces  trois  fubftances,  il 
n'y  a  que  l'alkali  qui  foit  diffolu* 
ble  dans  l'eau ,  &  c'eft  pat  fon  in- 
termède que  les  deux  autres  s*y 
trouvent  lufpendues  j  mais  il  eft  i 

Hh  ij 


y 


> 


V 


X44  KER 

remarquer  que  Talkali  fe  charge 
dans  cette  opération ,  &  i  la  faveur 
de  rébullition ,  d'une  plus  grande 
quantité  de  régule  j  6c  furtout  de 
foufre  qu'il  ne  peut  en  tenir  fuf- 
pendus  dans  Teau  froide  :  c'eft  par 
cette  raifon  que  la  décoâion  du 
kermès  qui  ett  claire ,  limpide  & 
fans  couleur  ^  tant  qu'elle  eft  bouil- 
lante y   fe    trouble  &  laifTe  pré- 
cipiter le  kermès  à  mefure  qu'elle 
fe  refroidir.  Il  en  eft  donc  de  ce 
compofé  relativement  â  l'eau  bouil- 
lante &  froide  ^  précifément  com- 
me de  certains  lels  que  l'eau  peut 
tenir  en  diflfblution  en   beaucoup 
plus  grande  quantité  à  chaud  qu'a 
froid ,  te  dont  une  bonne  partie 
fe  précipite  d'elle-même  par  le  ré- 
froidiirement. 

Il  eft  â  remarquer  de  plus  ,  que 
dans  le  temps  de  la  précipitation 
du  kermès ,  la  totalité  du  foie  de 
•  foufre  antimonii  qui  fe  trouve  en 
difiblution  dans  la  liqueur  bouil- 
lante ,  k  partage  en  deux  parties  : 
l'une  t  &  c'eft  le  kermès ,  furcfaar- 
gée  de  régule  &  furtout  de  foufre  » 
ne  contient  que  peu  d'alkali  qu'elle 
entraîne  avec  elle  en  fe  précipitant^ 
l'autre  contenant  beaucoup  plus 
d'alkali ,  refte  en  diïïblution  dans 
la  liqueur  même  â  froid ,  par  l'in- 
termède de  cette  plus  grande  quan- 
tité d'alkali.  Toutes  ces  propomions 
vont  être  éclaircies  6c  démontrées 
par  les  obfervations  fuivantes. 
^  Premièrement  lorfque  la  décoc- 
tion de  kermès  eft  refroidie  8c 
ctt'elle  a  formé  tout  fon  dépôt  y  û 
lans  y  rien*  ajouter ,  on  la  tait  ré- 
chauffer jufqu'i  la  faire  bouillir , 
elle  redifTout  le  kermès  en  entier, 
tout  le  dép&t  difparoît ,  la  liqueur 
redevient  auifi  claire  qu'elle  étoit 
d'abord  j  elle  fe  trouble  de  nou- 
veau par  le  refroidi^emeot  8c  laif*  \ 


KER 

fe  dépofer  une  féconde  fois  la  mft* 
me  quantité  de  kermès.  On  peut 
faire  auffi  rediffoudre  6c  précipirec 
le  même  kermès  un  auffi  grand  nom* 
bre  de  fois  qu'on  le  veur. 

Secondement  en  faifant  digérer 
du  kermès  dans  de  l'eau  régale  qui 
diiTout  l'alkali  &  la  portion  de  ré- 
gule qu'il  contient  >  on  en  fépare 
du  foufre  pur  :  les  acides  de  leaa 
régale  forment  du  nitre  &  du  fel 
fébrifuge  de  Sylvius  avec  l'alkali  dm 
kermès  y  8c  Ci  l'on  fait  fondre  avec 
du  flux  noir  une  certaine  quantité 
de  kermès  »  après  l'avoir  défourfé 
par  la  torréfaâion  ,  on  en  retire  cm 
vrai  régule  d'antimoine. 

Ces  expériences  qui  font  de  M. 
Geoffroi  y  &  dont  on  trouve  le  dé- 
tail dans   deux  mémoires  qu'il  a 
donnés  à  T Académie  en  i7}4  8c 
17} 5  fur  l'analyfe  du  kermès, dé- 
montrent bien  évidemment  la  pré* 
fence  du  foufre,  de  l'alkali  fixe  8c 
du  régule  d'antimoine  dans  ce  coii^- 
pofé.  Â  l'égard  des  proportions  de 
ces  trois  fuoftances ,  il  réfulte  dcB 
mêmes  expériences  de  M.  Geoffroi^ 
qu'un  gros  de  kermès  contient  en- 
viron 16  à  i-/  grains  de  régule  ,  i  y 
i  1 4  grains  de  fel  alkali ,  &  40  à 
4 1  grains  de  foufre  commun  ,  ce 
|ui  montre  que  la  quantité  du  fou*' 
re  furpafTe  beaucoup  celle  du  ré^ 
gule  &  de  l'alkali ,  &  <fkt  cette  der- 
nière fubftance  eft  en  moindre  quan-: 
tiré  que  les  deux  autres. 

TroiHèmement ,  (i  lorfque  la  dé- 
coâion  a  laifTé  dépofer  fon  kermès 
par  le  refroidi (fement ,  on  la  fait 
rebouillir  de  nouveau  fur  l'anti- 
moine ,  elle  reforme  une  nouvelle 
quantité  de  kermès  qui  fe  dépofe 
comme  le  premier  par  le  rerroi- 
diflement  :  cette  expérience  peut 
fe  réitérer  un  très-grand  nombre 
de  fois.  Mr  Geoffroi  qui  en  donn^ 


I, 


KER 

le  détail  dans  les  mémoires  qu^on 
vient  de  citer  »  dit  avoir  fait  avec 
la  même  liqueur  jufqu'à  foizante- 
dix- huit  ébuliitions^fans  y  rien  ajou- 
ter que  de  Teau  pure  ,  pour  rem- 
placer celle  qui  s'évaporoit  ,  & 
avoir  retiré  à  chaque  fois  une  quan- 
tité de  kermès  aflfez  considérable. 
Cette  expérience  prouve  que  c'eft 
en  fe  furchargeant  de  régule  &  de 
foufre  ,  que  l'alkali  transforme 
l'antimoine  en  kermès  ,  &qu*â  cha- 
que précipitation ,  le  kermès  ne  re- 
tient 8c  n'entraîne  avec  lui  que  fore 
peu  d'alkali. 

Quatrièmement  f!  Ton  verfe  un 
acide  quelconque  dans  la  liqueur 
où  s*eft  formé  le  kermès  ,  &  donc 
il  s  eft  entièrement  féparé  par  le 
refroidiflèment ,  M.  fiaumé  a  ob- 
fervé  que  cette  liqueur  fe  trouble 
de  nouveau ,  &  qu'il  s'y  forme  un 
fécond  dépôt  de  couleur  jaune - 
rougeatre  qui  n'eft  autre  chofe  que 
ce  qu'on  appelle  Axxfbufrc  doré  à' an* 
timo'mt ,  c  eft  -  i  -  dire  ,  du  régule 
d  antimoine  &  du  foufre  mêlés  en- 
femble  ,  mais  dans  des  proportions 
&  avec  un  degé  d'union  qui  le  font 
différer  beaucoup  de  1  antimoine 
crud. 

Après  cette  précipitation  il  reAe 
dans  la  liqueur  un  fel  neutre  formé 
de  l'alkali  qu'elle  contenoit  &  de 
l'acide  employé  pour  k  précipita- 
tion. Cette  expérience  démontre 
^u*il  refte  encore  dans  la  liqueur 
où  le  kermès   s'eft  dépofé  ,    une 

3aaDtité  affez  confidérable  de  foie 
e  /bufre  antimonié ,  mais  diffé* 
cent  du  kermès  en  ce  qu'il  con- 
tient une  quantité  d'alkali  beau- 
coup plus  confidérable  &  fuffifante 
poQC  tenir  en  diflblution  dans  l'eau» 
tncme  â  froid ,  le  foufre  &  le  ré- 
gule avec  lefquels  il  eft  uni  ^  ainfi 
4]a  4>ii  Ta  avancé  plus  haut* 


\ 


KER  145 

Après  ce  qui  vient  d'être  dit  fur 
la  manière  dont  fe  forme  le  ker- 
mès &  fur  les  phénomènes  que  pré- 
fente  cette  opération ,  on  doit  avoir 
une  idée  nette  de  ce  que  c'eft  que 
ce  compofé  \  il  eft  bien  évident 
'u'il  n'eft  autre  chofe  qu'un  foie 
e  foufre  antimonié  ,  d:)ns  lequel 
le  foufre  domine  >  &  qui  contient 
trop  peu  d'alkali  pour  être  diflolu- 
ble  dans  l'eau.  Il  faut  obferver  fur 
ce  dernier  article  que  le  kermès  j 
après  fa  précipitation  fpontanée ,  ic 
avant  d'avoir  été  lave  ,  contient 
beaucoup  plus  d'alkali  qu'après  fes 
lotions  ;  d'où  il  arrive  que  (i  l'on 
fait  les  premières  lotions  à  l'eau 
très-chaude  »  il  y  a  une  partie  du 
kermès  qui  fe  rediffout  dans  cette 
eau  ;  mais  l'eau  emportant  toujours 
la  partie  la  plus  alkaline»  à  la  fin 
le  kermès  arrive  â  uh  point  où  il 
hii  refte  trop  peu  d'alkali  pour  être 
diiïbluble  mëme£l'eau  bouillante; 
&  c'eft  alors  qu'il  a  toutes  les  quali- 
tés qui  lui  conviennent* 

Il  y  a  plusieurs  préparations  d'an- 
timoine dans  lefquelles  il  fe  forme 
du  kermès  ou  des  compofés  qui  y 

_  reifemblentplusoumoins^  cela  arri- 
ve toutes  les  fois  que  l'anrimoine 
crud  eft  traité  par  la  fonre  aVec 
une  quantité  de  fel  alkali  telle  qu'il 
en  refulte  un  foie  de  foufre  anti*^ 
monié,  furchaffçé  de  régule  &  de 
foufre,c'eft-â-dire,qui  contient  une 
plus  grande  quantité  de  ces  deux 
fubftances  qu'iln'en  peut  tenir  en  dif- 
folution  dans  l'eau  froide.  Si  l'on  fait 
bouillir  dans  l'eau  toutes  ces  fubf- 
tances combinées  ,  il  fe  précipite 
toujours  par  le  refroidiffement  une 
matière  analogue  au  kermès  :  cela 
arrive  par  exemple  ,  aux  fcories  du 
régule  d'antimoine  fimple ,  &  dans 

•  une  opération  décrite  par  M.  Geof- 
fioi  pour  abréger  b  procédé  du  ker<^ 


14^  KER 

mes  »  en  le  faifant  par  la  fonte. 
Pour  faire  ce  kermès  par  la  fon- 
te ,  M.  GeofFroi  fait  fondre  deux 
parties  d*antimoine  avec  une  partie 
de  fel  alkali  j  il  pulvérife  cette  ma- 
tière encore  chaude  &  la  tienr  pen- 
dant deux  heures  dans  Teau  bouil- 
lante 'y  il  la  âltre  &  reçoit  la  li- 
queur dans  de  nouvelle  eau  bouil- 
lante» laquelle  par  fon  refroidiiTe- 
ment  ,  laifle  dépofer  environ  fix 
gros^de  kermès  par  once  d  anti- 
moine. Cette  méthode  de  faire  le 
kermès  eft  beaucoup  plus  expédici- 
ve  j  mais  elle  eft  moins  parfaite  ; 
car  de  l'aveu  de  l'auteur  même,  le 
kermès  qui  en  provient  »  n'a  pas  la 
fineife  &  le  velouté  de  celui  qui  eft 
fait  par  la  méthode  ordinaire. 

'  M.  Lémery  le  père  parle  aufti 
dans  fon  traité  de  lamimoine, d'u- 
ne opération  de  laquelle  fon  fils  a 
prétendu  qu'on  retire  un  vrai  ker- 
mès :  cette  ofUration  confifte  à  faire 
digérer  &  enfuite  bouillir  de  l'an- 
timoine crud  réduit  en  poudre  fine 
dans  la  liqueur  de  nitre  fixé,  toute 
pure.  Cette  liqueur ,  fi  elle  eft  en 

3uantité  fufEfante,  eft  capable  de 
îfToudre  très-promptement  &c  en 
entier,  l'antimoine  réduit  en  pou- 
dre très-fine  ;  &  il  n'eft  pas  dou- 
teux qu'elle  ne  fournide  par  le  re-, 
froidilfement  ,  une  quantité  très- 
confidérable  d'une  fubftance  fort 
analogue  au  kermès  ;  néanmoins 
aucune  de  ces  méthodes  abrégées 
de  faire  le  kermès  n*eftadoptéedans 
les  difpenfaires  &  dans  les  bons  li- 
vres ou  Ion  donne  la  defcription 
des  remèdes  chimiques  ,  &  l'on  ne 
peut  difcûnvenir  que  cela  ne  foit 
très-fage  ôc  très-prudent^car  outre 
qu'on  peut  foupçonner  tous  ces  ker- 
mès d'être  moins  fins  ou  plus  char* 
gés  de  parties  régulines  que  celui 
qui  eft  préparé  par  le  procédé  ufité. 


KER 

quand  l'obfervaûon  confiante  de  la 
Médecine  pratique  a  déterminé  su- 
rement  les  effets  d'un  remède  com- 
pofé  9  ce  médicament  fe  trouve 
confacré  par  une  efpèce  d'empirif- 
me  refpedtable  visa- vis  duquel  la 
plus  belle  rhéorie  &  les  ratfonne- 
mens  les  plus  fpécicux  doivent  fe 
taire.  C'eft  alors  une  témérité  con- 
damnable que  de  vouloir  faire  la 
moindre  réforme  ou  innovation , 
furrout  quand  il  s'agit  d'un  mé- 
dicament de  l'importance  de  ce- 
lui-ci. 

Le  kermès  n'a  d'autres  uGiges 
que  dans  la  Médecine  y  mais  il  y  a 
peu  de  médicamens  dont  un  habile 
Médecin  puifTe  tirer  d  aufti  grands 
avantages  j  il  réunit  la  vertu  exci- 
tante &  évacuante  des  préparations 
émériques  d'anrimoine,avec  les  pro< 
prières  toniques,  divifantes ,  apéri- 
tives  &  fondantes  du  foie  de  fou- 
fre  «  c'eft-à-dire  ,  qu'il  eft  capable 
de  iktisfnire  aux  deux  plus  grandes 
indications  qu'on  ait  prefque  tou- 
jours à  remplir  à   la  fois  dans  le 
traitement  d'un  très -grand  nombre 
de  maladies  aiguës  ou  chroniques  : 
il  devient  dans  d  habiles  mainsémé- 
tique  ,  purgatif ,  diurétique ,  fodo- 
rifique  j  expeâorant ,  fuivant  les 
cas,  &  toujours  divifant&  fondant. 
Lorfqu'on  en  fait  prendre  fepr  à  huit 
grains  en  une  feule  prife ,  fon  ac- 
tion  s'exerce  principalement  dans 
les  premières  voies  ;  il  fait  ordi- 
nairement vomir  &  évacuer  aufli  pat 
bas  :  i  la  dofe  de   trois  ou  qua- 
tre   grains   il    fait    rarement    vo- 
mir &  produit  plutôt  un  efifet  pur- 
gatif. 

Quand  on  le  fait  prendre  à  ces 
dofes  comme  évacuant ,  il  en  paftt 
auflî  un  peu  dans  les  fécondes  Se 
troifièmes  voies  :  lorfqu'on  Tadmi- 
niftre  à  de  plus  petites  dofes  ,  cook- 


KER 

me  depuis  an  demi-grain  }ufqu*à 
deux  en  les  réitéranc  par  interval- 
les »  alors  ii  pafle  prefque  en  entier 
dans  les  veines  laâées ,  fanguines 
&  même  lymphatiques  j  il  y  occa- 
fîonne  les  mêmes  fpalmes  6c  of- 
cillacions  que  dans  les  premières 
voies  y  en  force  qu'il  augmente 
les  fécrétion^  Se  excrétions  quelcon^ 
qaes  ,  mais  particulièrement  celles 
des  urines ,  de  la  Tueur  ou  des  cra- 
chais ,  fttivant  la  dofe  &  fuivant 
la  nature  de  la  maladie  ,  &  la  dif- 
pofition  aâiuelle  du  malade.  II  pro- 
duit (inguhèrement  des  effets  ad- 
mirables dans  toutes  les  maladies  de 
poitrine  qui  viennent  d'embarras  & 
d'engorgemens. 

On  peut  adminiftrer  le  kermès 
dans  des  looks  ,  dans  des  potions 
huileufes  ou  cordiales  ,  dans  toutes 
fottes  de  véhicules  ;  ou  incorporé  j 
fous  la  forme  de  bolj  avec  des  mé- 
dicamens  appropriés  tmais  une  pré- 
caution qu'il  faut  néceffairement 
prendre  dans  TadminiAration.  du 
kermès,  &  à  laquelle  il  paroît  qu'on 
a  fort  peu  penfé  jufqu'à  prélent  » 
c'eft  qu'on  doit  éviter  ablolument 
de  Tallbcier  avec  des  matières  aci- 
des ,  fi  Von  veut  qu'il  agilTe  comme 
kermès  ;  il  faut  même  lui  joindre 
des  fubftances  anti-acides  &  abfor- 
bantes ,  fi  le  malade  a  des  aigres  | 
dans  les  premières  voies  ,  pu  qu'il 
foit  dans  une  difpofitionacefcente; 
car  il  eft  évident  que  ces  acides  fa- 
rurant  la  porttt>n  d'alkali  qui  conl- 
tirae  le  kermès  foie  de  foufre  an- 
timonié  ,  ^'P^^  laquelle  feule  il 
diffère  du  fourre  doré  d'antimoine, 
il  deviendroit  en  tout  femblable  à 
cette  préparation  dont  les  effets 
font  bien  différens  :  il  n'eft  pas  dou- 
teux même  que  dans  certains  cas 
on  ne  dût  préférer  le  kermès  non 
lave  au  kermès  ordinaire,  &  qu'il 


KER  247 

feroit  à  propos  par  cette  raifon  ^ 
que  les  Apothicaires  en  euflènc 
cnez  eux  de  cette  efpèce  ,  comme 
le  prop#fe  fort  bien  M.  Baron  dans 
fon  édition  de  la  chipiie  de  Lé- 
mery,    • 

KERMESSE  j  voye^KAKunssE. 

KERNES;  (  les  )  ancienne  milice  d'Ir- 
lande.qui  étoit  armée  d'épées  &  de 
dards  garnis  d'une  courroie  pour 
les»  retirer  quand  on  les  avoir  lan- 
cées. 

KERPEN  j  nom  propre  d'une  petite 
ville  &  feigneurie  d'Allemagne  , 
enclavée  dans  le  Duché  de  Ju- 
liers. 

KERRI  ;  Comté  d'Irlande  ,  dans  la 
province  de  Munfter  ,  fur  le  Shan- 
non.  Sa  longueur  eft  de  foixante 
milles  &  fa  largeur  de  quarante  fept* 
Il  eft  divifé  en  huit  fiaronies.  On  y 
a  du  blé  &  des  montagnes  couvertes 
;de  bois. 

KERSCH  ,ou  Kertz  j  ville  maritime 
de  la  Crimée ,  fiir  le  dérroit  de  Da- 
man qui  fépare  le  Palus  Méotide  de 
la  mer  Noire. 

KERWACH}  ville  de  Perfe  que  Ta- 
vernier  dit  être  fituée  au  87*  degré, 
3 1  minutes  de  longitude ,  &  au  j  ^*^ 
1 5  minutes  de  latitude. 

KÉSITHA  ;  ce  terme  fe  trouve  dans 
la  Genèfe  &  dans  Job  ,  &  il  eft 
traduit  par  des  brebis  ou  des  agneaux^ 
dé  forte  que  Jacob  acheta  Te  camp 
où  il  avoir  dreffé  fes  tentes  ,  pour 
le  prix  de  cent  agneaux  y  &  que 
chacun  des  parens  6c  des  amis  de 
Job,  après  fon  rétablifrement,lui 
firenr  préfent  d'un  agneau  ou  d'une 
jeune  brebis.  Mais  la  plupart  des 
Rabbins  &  des  nouveaux  interprè^ 
res  croyent  que  kéjitha  fignifie  plu-*' 
tôt  une  pièce  de  monnoie  ;  car  don- 
ner â  un  homme  comme  Job ,  une 
jeune  brebis,  cela  paroît  un  préfent 
trop  peu  digne  de  la  généroficc  de 


!^ 


X4J  '    KES 

fes  amis  8c  de  fes  parens  >  &  trop 
»eu  projpornonné  à  fes  bcfoins  ,  a 
Ta  qualité  &  à  la  leur  :  mais  ne 
peuc-on  pas  faire  la  même  objec- 
tion fl  l'on  admet  que  kcjitha  (igni- 
fic  une  pièce  de  monnoie  ^  à  moins 
que  Ton  ne  fuppofe  qu'elle  étoit 
d*or  &  d'un  prix  confidérable  \  car 
il  y  en  a  qui  la  font  très-petite. 

Don  Calmet  penfe  qu'on  doii  en- 
tendre par  ce  terme  de  ktjitha^  une 
bourfe  d'or  ou  d'argent. 

KESKER;  province  ou  contrée  de  Per- 
fe  a  fur  le  bord  méridional  de  la 
mer  Cafpienne  »  entre  le  Ghilan  & 
le  Mazanderan.  Kurab  en  eft  la 
capitale. 

KESMARCK  ^  nom  propre  d'une 
ville  forte  de  Hongrie  ,  dans  le 
Comté  de  Czépus ,  fur  la  rivière  de 
Paprad»  à  neux  milles  de  LeutfchoWj 
en  allant  vers  la  Pologne  &  le  mont 
Krapack. 

KESROAN  ;  nom  d'une  chaîne  de 
montagnes  d'Afie  ,  fur  la  côte  de 
Syrie.  Elles  font  partie  du  mont  Li- 
ban. L*air  qu'on  y  refpire  eft  très- 
pur  &  l'on  y  recueille  en  abondance 
du  vin ,  du  blé ,  des  fruits  d'un  goût 
exquis ,  &  en  général  tout  ce  qui 
eft  néceftaire  à  la  vie.  Cette  con- 
trée eft  une  des  plus  agréables  de 
l'Orient  :  elle  eft  habitée  par  des 
Maronites  &  par  des  Grecs  MeU 
chites. 

KESSEL;  (la  terre  de)  petit  pays 
de  la  Haute  Gueldre ,  entre  le  Pée- 
land  à  l'occident  »  la  Meufe  à  l'O- 
rient ,  le  pays  de  Cuyk  au  nord  , 
&  le  Comté  de  Horn  au  midi.  Il 
fut.cédéau  Roi  de  PrufTe  par  la  paix 
d'Urrecht. 

KETIEN  \  nom  propre  d'une  ville  de 
la  Chine ,  dans  la  Province  de  Jun- 
nan  j  au  département  de  Jungning , 
onzième  Métropole  de  cette  Pro- 

;  vîncç. 


le 


KET 

KËTIR  ;  nom  propre  d'une  ville  de 
Turquie ,  dans  la  Natolie  »  près  de 
la  Mer-Noire  j  entre  Prufe  &  Si«> 
nope. 

KETMIE  ;  fubftantif  féminin.  Xct^ 
mia.  Plante  qui  croit  dans  preiqae 
tous  les  pays  chauds ,  &  qui  eft  ao- 
fage  en  Amérique  &  en  Afcioite, 
Oo  ne  la  cultive  dans  nos  jardins 
jue  parcuriofité:  fa  racine  eft  fibrée; 
es  racines  font  hautes  d'up  pied  5c 
velues^  fes  feuilles aflfezfembkibles 
i  celles  de  l'aLcéc  »  font  découpées  » 
velues  en  deflbas  »  &  d'un  goût  vif- 

3ueux  ;  fes  fleurs  relfemblent  à  celles 
e  la  mauve  y  Se  font  de  couleur 
jaunâtre  >  mêlée  un  peu  de  purpu- 
rin j  il  leur  fuccède  des  fruits  oui 
contiennent  en  plufieurs  loges  des 
femences  menues  &  noirâtres:  cette 
plante  eft  émolliente. 

KETOY }  nom  propre  d'une  ville 
d'Afie  j  dans  le  Tonquin  ,  environ 
â  15  lieues  de  Ciampa  ^  Se  à  30  de 
Checou. 

KETULE;  fubftantif  nafculin.  Ef- 
pèce  d'arbre  qui  croît  dans  l'île  de 
Ceylan  :  il  a  des  feuilles  qui  leflem- 
blent  à  celles  du  cocotier  :  fon  bois 
eft  très-dur  »  d'une  couleur  noire  » 
avec  quelques  veines  ;  mais  il  eft 
fujet  â  fe  fendre  :  fon  écorce  fe  par- 
rage  en  filets  dont  on  fait  des  cor* 
des.  En  faifant  des  incifions  â  cet 
arbre  ,  on  tire  une  liqueur  très- 
agréable  Se  rafraîchiflànce.  Si  on  la 
fait  bouillir ,  elle  s'épaiflit  &  forme 
une  efpèce  de  fucre  noir  que  les  ha* 
bitans  nomment  jaggori  ;  il  devient 
blanc  Iqrfqu'on  le  rafine  »  8c  ne  le 
cède  en  rien  au  fucre  tiré  àt% 
cannes. 

KEU  \  nom  propre  d'une  ville  de  la 
Chine  j  dans  la  Province  de  Xan- 
tung  y  au  département  de  Tune- 
chang  ,  troifième  Métropole  de 
cettç  Province* 

.    KEUB} 


KEUB  ;  fabftantif  mafcalin.  Mefare 
des  longueurs  donc  on  fe  ferc  à 
Siaoï.  C'eft  la  paume  des  Siamois , 
c'eft-â-dice,  louvercure  du  pouce 
&  du  doigc  moyen. 
fCEUMEESTERSi  fubftanrif  mafcu- 
lin  pluciel.  On  appelle  ainfi  i  Âmf- 
cerdam  y  des  Commis  ou  Infpeâeurs 
établis  par  les  Bourmemeftres  pour 
vifiter  certaines  elpèces  de  mar- 
chandifes ,  &  veiller  i  ce  qu'elles 
foient  de  bonne  qualité  »  6c  que  le 
commerce  s'en  fade  fidellement. 

U  y  a  des  Kemneefters  pour  les 
laines  ^  les  chanvres  »  les  cordages } 
ils  en  font  la  vifite  ,  Se  règlent  ce 
qu'il  faut  rabattre  du  prix  pour  ce 
qui  s*y  trouve  de  taré  &  d'endom- 
magé* 

0*autres  font  chargés  de  la  mar- 
que des  quartaux ,  pipes ,  barrils  & 
autres  futailles  ,  &:  d'y  appliquer 
la  marque  de  la  ville  quand  ils  les 
trouvent  de  jauge. 

Quelques-uns  font  pour  les  fuifs  > 
quelques  autres  pour  les  beurres  & 
viandes  falces.  U  n'y  a  point  de 
marcbandife  un  peu  confidérable , 
qui  ne  foit  fujette  à  l'examen  de  ces 
Infpeâeurs. 

Leus  rapport  fait  foi  en  Juftice  ; 
Se  c*eft  fur  leur  témoignage,  que 
les  Bourguemeftres  &  autres  Juges 
devant  qui  les  conteftations  en  fait 
de  commerce  font  portées ,  ont  cou- 
tume de  juger. 
KEW  j  nom  propre  d'un  bourg  de 
Hongrie  ,    lur  le  Danube  ,  à  une 
lieue  ou  deux  au-deflfus  de  Futak. 
KEXHOLM  y  nom  propre  d*une  ville 
forte  de  Rûifie  j  dans  la  Careiie ,  fur 
le  bord  occidental  du  lac  de  Lado- 
ga,  à  treize  lieues  y  nord-eft  ,  de 
Wibourg. 
KEYHOOKA  j  grande  &  riche  ville 
d'Amérique  ,  dans  la  nouvelle  £f- 
pagne  ,  au  midi  de  la  baie  de  Cam* 
Tome  Xy% 


K  H  A  249 

pèche.  Il  s'y  fait  un  commerce  con- 
(idérable  de  cacao. 

KEYSERSBERG  ;  nom  propre  d'une 
petite  ville  de  France ,  dans  la  haute 
Alface  ,  à  deux  lieues ,  oued-nord- 
ouefl:  y  de  Colmar.  Elle  fut  autres- 
fois  Impériale. 

KEYSERSLAUTERN  j  vcyrf  Kay- 

SEaSLAUTE&N. 

KEYSERSTUL  \   voyc[   Kaysers- 

TUHL* 

KEYSERSWERD  \  voye^  Kaysers- 

KHAGÛETS  i  fubftantif  mafculin. 
Nom  du  cinquième  mois  des  Armé- 
niens. U  répond  i  notre  mois  de 
Février» 

KH  AIBAR  \  nom  propre  d'une  petite 
ville  de  l'Arabie  heureufe ,  i  fix 
dations ,  nord-eft  t  ^^  Médine. 

KHAOUS^  nom  propre  d'une  petite 
ville  d' Afie ,  dans  la  Tartarie ,  au- 
deflbus  de  Samarcande  »  â  fept  pa^* 
rafanges  de  Zamin ,  &  à  neuf  de 
Khokhket. 

KHATOU AT ,  fubftantif  mafculin. 
Mefure  des  longueurs  dont  fe  fer- 
vent les  Arabes  :  c'eft  le  pas  géomé- 
trique des  Européens. 

KHAZINE;  voye\  Kazine. 

KHESËLL ou KuisiLL  ^  (la)  grande 
rivière  d*Afie  >  dans  la  Tartarie ,  au 
pays  des  Usbeks.  Elle  a  fa  fource  ' 
dans  les  montagnes  qui  féparent  les 
Calmouks  de  la  grande  Bucharie  , 
&  fon  embouchure  dans  le  lac  d'A« 
rall  depuis  1719  feulement.  Aupa-^ 
ravant  elle  porroit  fes  eaux  dans  la 
mer  Cafpienne. 

KHI;  nom  propre  d'une  ville  de  la 
Chine ,  dans  la  Province  de  Pékin  ,' 
au  département  de  Paoring  j  deu- 
xième  Métropole  de  cette  Province^ 

KHOCHING  \  nom  propre  d'une  ville 
de  la  Chine ,  dans  la  Province  de 
Pékin  ,  au  dépariement  de  Chin* 

li 


MO  KHO 

'  tîng ,  quatrième  Métropole  de  cette 
Province. 
KHOGEND  î  voyei  Cogekdb* 
KHORASSAN  ou  Korasan  ,  ou  Co- 

RASAN  ,     (  le)   ou   la  CORASSANE  ', 

nom  propre  d'un  pays  d'Âde ,  à  l'ex- 
trémité  de  la  Perfe  >  vers  le  nord- 
eft.  11  eft  borné  à  Toccident  par  un 
déferr  qui  le  fépare  du  Giorgian  & 
de  riraque  PerHque ,  au  midi  par 
un  autre  défert  qui  le  fépare  de  la 
Perfe  proprement  dite  Se  du  pays 
de  Comas ,  à  l'orient  par  le  Segef- 
tan  ôc  les  Indes ,  8c  au  nord  par  le 
Mayharalnahar  &   une   partie  du 
Turqueftan.  Ce  pays  eft  habité  par 
les  Usbecks  ,  dont  le  Prince  rende 
à  Hérat  quien  eft  la  principale  ville. 
On  y  a  du  grain  ^  de  la  (oie  ,   des 
Turquoifes  ,  &c. 
,  KHORREM  j  nom  propre  d'une  ville 
\  *  de  l'île  de  Ceylan ,  au  pied  de  la 
haute  montagne  où  les  Mufulmans 
prétendent  qu'Adam  eft  enterré,  & 
où  d'autres  croient  qu'étoit  le  Para- 
dis terreftre. 
KHOSCHKET  j  nom  propre  d'une 
ville  d'Afie  ,    dans  le  Mavharal- 
nahar  ,  fur  la  rivière  de  Schafch ,  à 
neuf  parafanges  de  Khaous. 
KHOTAN  ou  Khoten  j  ville  d'Afîe , 
.  capitale  d'un   pays  très-fertile  de 
même  nom ,  dans  la  Tartarie ,  à 
Textrémité  duTurqueftan. 
KHOTLAN  ou  Khotoil  ,  ou  Kho* 

TOLAN  ;  voye:(^  Khotan. 

KHOVAGEH-ILGAR  j  petite  ville 

de  la  Tranfoxane  eu  de  la  grande 

fiucharie  9  en  AHe»  dans  la  contrée 

de  Schafch.    Elle  eft  remarquable 

pour  avoir  vu  naître  Tamerlan. 

KHOUAKEND  ;  nom  propre  d'une 

*   ville  d'Afie  ,    dans  le  Mavharal- 

.   nahar.  Abulfeda  lui  donne  90  de- 

.  S^és,  50  minutes  de  longitude,  & 

41  degrés  de  latitude* 
J^HOUAREZEM   ou  Kouarezm  i 


^     K  I 

pays  d'AHe  fi  tué  en  partie  en  deci 
du  Gihon  ou  de  l'Oxus  ,  du  côté  au 
Koraflan  ,  &  en  partie  au-delà  «  du 
coté  du  Mavharalnahar  ou  de  la 
Tranfoxane.  Il  eft  borné  au  nord 
par  leTurqueftan  &  par  les  États 
du  Kan  des  Kalmoucks ,  à  l'orient 
par  la  grande  Boukarie  t  au  midi 
par  le  Khoraflan  &  la  Province  d'AC* 
tarabat  >  &  à  l'occident  par  la  mec 
Cafpienne. 

Ce  pays  eft  très-fertile  :  il  eft  ha" 
bité  par  trois  fortes  de  peuples  qui 
font  les  Sartes ,  les  Turcomans  Se 
les  Usbecks. 

Kl ,  il  y  a  â  la  Chine  fix  villes  de  ce 
nom  :  la  première  eft  dans  la  Pro« 
vince  de  Pékéli ,  au  département  de 
Xuntien  qui  en  eft  la  première  Mé- 
tropole :  la  féconde  eft  dans  la  mê- 
me Province  ,  au  département  de 
Chiuting  qui  en  eft  la  quatrième 
Métropole  :  la  troifième  eft  dans  la 
Province  de  Chanfi  ,   au  départe- 
ment de  Taiyven  qui  en  eft  la  pre- 
mière Métropole  :  la  quatrième  eft 
dans  la  Province  de  Huquang ,  au 
département  de  Hoangcheu  qui  en 
eft  la  cinquième  Métropole  :  la  cin- 
quième eft  dans  la   Province  de 
Honan  ,   au  département  de  Cai-» 
fung  qui  en  eft  la  cinquième  Métro- 
pole :  Se  la  fîxième  eft  dans  la  mê- 
me Province  ,  au  département  de 
Gueihoei  qui.  en  eft  la  quatrième 
Métropole. 

Kl  ;  fubftantif  mafculîn.  Terme  de 
Relation.  Nom  de  la  fixième  partie 
du  fécond  cycle  des  Kathaïens  Sc 
des  Iguriens:  Ce  cycle  joint  au  pre- 
mier cycle  qui  eft  auodénaire  «  fert 
à  compter  leurs  jours  qui  font  ao 
nombre  de  foixante  ,  &  qui  for-* 
ment  leur  femaine,  comme  les  fepc 
jours  forment  la  nôtre. 

Le  mot  ki  fignifîe  poule  i  il  ma»r 


f  I 


KIÀ 

que  aofli  le  dixième  mois  de  Tannée 
dans  les  menées  Contrées. 

Chez  les  Chinois  le  Ki  eft  le  nom 
de  plufieurs  mois  lunaires  des  foi 
lanre  de  leur  cycle  de  cinq  ans.  Le 
Ki  fu  eft  le  fixième  ;  le  Ki-nuco  » 
le  feizième }  le  Xi-cheu  ,  le  vipgc- 
(ixième  ;  le  Ki-ka,  le  trente- fixiè- 
me j  le  Ki^yeu  ^  le  quarante- fixiè- 
me 'y  le  Ki  oi  )  le  cinquante^fixième. 

Au  refte  Ki  eft  toujours  le  fixième 
de  chaque  dixaine. 

KIA  'y  nom  propre  de  deux  villes  de  la 
Chine ,  dont  une  dans  la  Province 
de  Henan  ,  au  département  de  Ju  , 
grande  cité  de  cette  Province  y  & 
f  autre  dans  la  Province  de  Chanfi  , 
au  département  de  lengad  ,  huitiè- 
me Métropole  de  cette  Province. 

KIA  ;  fubftantif  mafculin/  Nom  de 
plufieurs  mois  du  cycle  de  cinq  ans 
des  Chinois.  Le  Kia-çn  eft  le  pre- 
mier^ le  Kia-fio,  lonzième)  le Kia- 
sheu  ,  le  vingt-unième  y  le  Kia-u*, 
Je  trente-unième  j  le  Kia-shin  y  le 
quarante  -  unième  j  le  Kia-yin  ,  le 
cinquante-  unième. 

D'tfù  l'on  voit  que  le  Kia  eft  le 
premier  de  tous ,  &  le  premier  de 
chaque  dixaine. 

KIACIANG)  nom  d'une  ville  de  la 
Chine^dans  la  Province  de  Xautung^ 
au  département  d'Yeticheu,  féconde 
Métropole  de  cette  Province* 

KIAHING  ;  nom  propre  d'une  ville  de 

C  la  Chine ,  dans  la  Province  de  Che-* 
kiang  dont  elle  eft  la  féconde  Mé- 
tropole' Elle  a  cinq  autres  villes  dans 
fon  département. 

KIÂI  ;  nom  propre  d*une  ville  de  la 
Chine ,  dans  la  Province  de  Chanfi» 
au  département  de  Pingyang  ,  deu- 
xième Métropole  de  cette  Province. 

I^IAIHIEU  i  nom  propre  d'une  ville 

'*    de  U  Chine ,  dans  la  Province  de 

Cb^nfi ,  au  département  de  Fuen« 


KIA  .Z5I 

cheu  ,    cinquième  Métropole  de 
cette  Province. 

KIÂKKIÂK  ;  Terme  de  Mythologie 
&  nom  propre  d'une  Divinité  ado- 
rée aux  Incles  orientales ,  dans  le 
Royaume  de  Pégu.  Ce  mot  fignifie 
le  ÎDieu  des  Dieux.  Le  Dieu  Kiak- 
Kiak  eft  tépréfenté  fouS^une  figvire 
humaine  qui  a  vingt  aunes  de  lon^ 
gueur ,  couché  dans  l'attitude  d'ua 
homme  qui  dort.  Suivant  la  tradi- 
tion du  pays  ce  Dieu  dort  depuis  fix 
mille  ans  ^  6c  fon  réveil  fera  fuivi 
de  la  fin  du  monde.  Cette  Idole  eft 
placée  dans  un  Temple  fomptu&ux , 
.dont  les  portes  &  les  fenêtres  font 
toujours  ouvertes ,  &  dont  l'encrée 
eft  permife  i  tout  le  monde. 

KlAM  ou  Jam-ce  }  (  le  )  grand  fleuve 
de  la  Chine ,  qui  a  fes  îoutces  dans 
la  Province  de  Junnan  ,  &  fon  em- 
bouchure dans  la  mer  orientale  i  au- 
deftous  de  Nankin  ,  après  un  cours 
d'environ  quatre  cens  lieues. 

KIÂNG  y  nom  propre  de  trois  villes 
de  la  Chine  ,  dont  deux  dans  la  Pro- 
vince de  Chanfi ,  au  département 
de  Pingyang,  féconde  Métropole  de 
cette  Province  ,  &  la  troifième  dans 
la  Province  de  Quangfi  ,  au  dépari- 
tement  de  Taiping ,'  huitième  Mé- 
tropole de  cette  Province. 

KIANGCHUEN  j  nom  propre  d'une 
ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province 
de  Junnan  ,  au  département  ,âc 
Cinkiang  ,  cinquième  Métropole 
de-cette  Province^ 

KIANGCIN  j  nom  propre  d'une  ville 
de  la  Chine  »  dans  la  Province  dé 
Suchusn,au  département  de  Chang- 
kinq  ;  cinquième  Métropole'  de 
cette  Provinte. 

Kl ANGHO A  ^  nom  propre  d'une  tille 
de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de 
Huquang,  au  département  de  Jung- 
cheu  ,  treizième  Métropole  de  cette 
Province. 


i^%  KIA 

Kl ANGN AN  î  nom  piopre  d*une  Pro- 
vince maritime  de  la  Ohine  y  qui  te* 
noie  autrefois  le  premier  rang  lorf- 
que  l'Empereur  y  faifoit  fa  rcuden- 
ce  9  mais  qui  n'eft  plus  que  la  neu* 
Yième  depuis  que  rÈmpereur  réfide 
à  Pékin.  Elle  eft  bornée  à  i'eft  8c  au 
fud-eft  par  la  mer ,  au  fud  par  le 
Chékian ,  au  fud-oueft  par  le  Kian- 
fi  ,  à  l'oueft  par  le  Huquang ,  as 
nord-oueft  par  le  Honan ,  ic  au  nord 
par  le  Chanton.  On  la  divife  en 
quatorze  Métropoles  qui  ont  cha- 
cune leur  département ,  &  fous  lef- 
qaelles  on  range  cent-dix  cités  & 
on  grand  nombre  d'autres  lieux 
moins  confidérâbles.  Les  terres  y 
(ont  très-fertiles  ,  &  te  commerce 
prodigieux.  Le  fleuve  Kiam  la  di- 
vife en  deiu  parties  ^  &  tout  le  pays 
eft  d'ailleurs  entrecoupé  de  rivières 
&  de  canaux  propres  i  la  navi- 
gation. 

Si  Ton  en  croit  le  Père  Martini , 
cette  Province  eft  peuplée  de  près 
de  dix  millions  d*amês  ,  &  tes  di- 
vers  tributs  qu'en  tire  l'Empereur  » 
vont  environ  à  trente-deux  millions 
de  ducats. 

tIANGNING  ;  ville  de  la  Chine  » 
dans  la  Province  de  Kiangnang  dont 
elle  eft  la  première  Mérropole  :  on 
la  nomme  autrement  Nankin,  Voy. 
ۏ  mot. 

KUNGPU  ;  ville  de  la  Chine  ,  dans 
la  Province  de  Kiangnan ,  au  dé- 
partement de  Kiangning ,  première 
Métropohî  de  cette  Province» 

KiANGSI  on  Kiansi  }  nom  propre 
d'une  Province  de  la  Chine  oè  elle 
tient  le  premier  rang.  Elle  eft  bor- 
née an  nord  ôc  à  loueft  par  h Pro- 
vii>ce  de  Huquang ,  au  nord-eft  par 
celle  de  Kiar^nan  ,  à  Teft  par  celle 
de  Chekiang  ,  au  fud  eft  par  celle 
de  Fokien  ^  &:  au  fud  par  celle  de 
Quantung  ou  Canttxi.  Elle  produit 


abondamment  tout  ce  qui  eft  n^ef' 
faire  à,  la  vie  ,  &  en  la  dit  peuplée 
de  plus  de  fix  millions  d*ames.  On 
la  ëivife  en  treize  Métropoles  qui 
ont  dans  leurs  départemens  foixan- 
te-fept  cités  Se  plulieurs  autres  vil< 
les.  On  rapporte  que  TEmpereur  en 
rireuntribut]annuelde  i6i66oo(2c$ 
de  ris ,  8130  livres  de  foie  crue» 
iiji6  paquets  de  foie  filée  »  outre 
les  droits  qui  fe  lèvent  dans  les 
Douanes  &  autres  Bureaux. 

KIANGXAM  î  ville  de  la  Chine, 
dans  la  Province  de  Chekiang ,  aa 
département  de  Kiucheu  ,  fixième 
Métropole  de  cette  Province. 

KIANGYEU  i  ville  de  la  Chine ,  danf 
la  Province  de  Sdchuen ,  an  dépar* 
teoient  de  Lunggan  ,  feptième  Mé* 
tropble  de  cette  Province. 

Kl  ANG  YN  i  ville  de  la  Ctnne ,  dait$ 
la  Province  de  Kiangnan  ,  au  dé- 
partement de  Changcheu  9  cinquiè- 
me Métropole  de  cette  Province. 

KIANSI  *y  voye^  Kiangsi. 

KIAO  y  ville  de  la  Chine ,  dans  la, 
Province  de  Channton ,  au  dépar- 
tement de  Laicheu,  fixième  Mé- 
tropole de  cette  Province. 

KIAOÇHING j  ville  de  la  Chine* 
«^dans  la  Province  de  Chanfi ,  au  dé- 
partement de  Taiyven ,  première 
Métropole  de  cette  Province. 

Kl AOHO  y  ville  de  la  Chine ,  dans  l» 
Pékéli  y  au  département  de  Hoki- 
ken  y  troifième  Métropole  de  cette 
Province. 

KIASTRE;  fubftantif  mafculki  &  ter- 
me de  Chirurgie.  Efpèce  de  bandage 
pour  la  rotule  f  raâurée  en  travers. 

KIATlNGj  ville  de  la  Chine  ,  danf 
k  Province  de  Kiangnan  ,  aa  dé- 

Srtemenc  de  Sucheu  ,    rroificme 
étropole  de  cette  Province. 
Il  y  a  une  autre  ville  de  même 
nom  dans  la  Province  de^uchnea 
doBi  elle  eft  la  uoificme  cité.. 


KIC 

KIAXEN  }  ville  de  la  Chine ,  dans  la 
Province  de  Chekiang ,  au  Dépac* 
tement  de  Kiahing  >  deuxième  Mé- 
tropole de  cette  Province. 

KIAYU  i  ville  de  la  Chine  »  dans  la 
Province  de  Haquang,  au  Dépar- 
tement de  Vuchang,  première  Mé- 
tropole de  cette  Province. 

KIBLAH  ;  vcye:^  Kéblah. 

KlfiOURG  ^  nom  propre  d*une  ville 
de  SuifTe ,  au  Canton  de  Zurich  , 
fur  la  rivière  de  ThoefT,  à  cinq 
lieues  »  nord-eft  ,  de  Zurich  \  &  â 
fix  lieues  ^  fud-eft  >  de  Schafibuze. 

KlCË  'y  ville  de  la  Chine ,  dans  la  Pro- 
vince de  Pékin  y  au  Département  de 
Quampeing ,  fixième  Métropole  de 
cette  Province. 

KICHICOUANNE}nom  propred'une 
rivière  de  l'Amérique  feptentriona- 
le  t  qui  a  fa  fource  dans  le  lac  des 
Chriftinaux  j  &  fon  embouchure  au 
fond  de  la  baie  d'Hudfon. , 

KIDDERMINSTER  ;  nom  propre 
d'un  bourg  d'Angleterre  ,  dans  le 
Comté  de  w  orcefter«  fur  la  Stoure. 

KIDG;  ville  d'Afie,  capitale  de  la 
Province  ou  Royaume  de  Mécran  , 
fous  le  99C  degré  de  longitude ,  & 
le  17e  ^  50  minutes  de  latitude. 

KIDWELLY  ;  ville  d'Angleterre ,  au 
pays  de  Galles ,  dans  la  Province  de 
Caermarthen  ,  à  l'embouchure  du 
JFowi. 

KIE  y  ville  de  la  Chine ,  dans  la  Pro- 
vince de  Chanfi  ,  au  Département 
JeFuencheu,  deuxième  Métropole 
de  cette  Province. 

KIECHI  ;  ville  de  la  Chine  j  dans  la 
Province  de  ChanH  ,  au  départe- 
ment de  Taiyven,  première  Métro- 
pole de  cette  Province* 

XIEGAN  'j  nom  propre  d'une  ville  de 
la  Chine,  dansla  Province  de Kiangii 
dont  elle  eft  la  neuvième  Métropo- 
le.  Elle  a  huit  autres  villes  dans  fon 
^épartemenCt 


KIB  i^j3 

Il  y  a  auflî  une  villa  de  ce  nom 
dans  la  Province  de  Quanfî  ,  au 
département  deTaiping,  huitième 
Métropole  de  cette  Province. 

KIELL  ;  nom  propre  d'une  ville  forte  9 
riche  &  confidérable  d'Allemagne  ,, 
capitale  du  Duché  de  Holftein  »  dans 
la  baffe-  Saxe ,  près  de  l'embouchure 
du  Schwenrin  ,  dans  la  mer  Balti- 
que I  ft  1 5  lieues ,  nord-oueft ,  de 
Lubeck.  Il  y  a  une  Univerfité  »  &  il 
s'y  rient  tous  les  ans  une  foire  célè« 
bre  après  la  fête  des  Rois. 

KIELUNG }  ville  de  la  Chine,  dans 
la  Province  de  Quangfi ,  au  dépar- 
tement de  Taiping  ,  huitième  Mé» 
tropole  de  cette  Province. 

KIEN  'y  nom  de  trois  villes  de  la  Chi- 
ne :  Tune  eft  dans  la  Province  de 
Xenfi  y  au  département  de  Sigan  ; 
&  les  deux  autres  dans  la  Province 
de  Suchuen  ,  aux  départemens  de 
Chingtu  &  Paoning  ,  première  Se 
féconde  Métropoles  de  cette  Pro- 
vince. 

KIENCHANG  j  ville  de  la  Chine , 
dans  la  Province  de  Kiangfi  donc 
elle  eft  la  fixième  Métropole.  Elle  a 
quatre  autres  villes  dans  fon  dépar* 
tement. 

Il  y  a  encore  une  antre  ville  de  c« 
nom  dans  la  même  Province  ,  au 
département  de  Nankang  qui  en  eft 
la  quatrième  Métropole. 

Il  y  a  au(Ii  une  ville  &  fortere(fe 
de  même  nom  dans  la  Province  de 
Suchuen. 

KIENCHUEN  j  ville  &  fortereffe  de 
I     la  Chine ,  dans  la  Province  de  Jun- 
nan,  au  département  de  Cioking, 
troifièmeCité  militaire  de  cette  Prot 


vince. 


KIENGU  El  i  ville  de  la  Chine,  dans 
la  Province  de  Suchuen  »  au  dépar- 
tement de  Kiating,  troifième  grande 
Cité  de  cette  Piovince. 

l  KIENLI  i  ville  de  la  Chine ,  dans  b 


I 


Z54  KIE 

Province  de  Huquang ,  au  Départe- 
ment de  KincheoUj  Uxième  Métro- 
pole de  cette  Province, 

KIENNING  j  ville  de  la  Chine ,  dans 
la  Province  de  Fokien  dont  elle  eft 
la  quatrième  Métropole.  Elle  a  fix 

<   autres  villes  dans  fon  département. 
11  y  a  dans  la  même  Province  une 
autre  ville  de  même  nom  ,  au  dé- 
partement de  Xaou  ,  huitième  Mé- 
tropole de  la  Province. 

KIENPING  ;  ville  de  la  Chine  ,  dans 
la  Province  de  Kiangnang  ,  au  dé- 
partement de  Quangrcj  première 
gtande  Cité  de  cette  Province. 

klÈN-TCHEOU  i  fubftantif  mafcu- 
lin.  On  donne  ce  nom  à  une  étoffe 
de  foie  de  vers  fauvages ,  qui  Te  fa- 
brique â  la  Chine«   Cette  foie  eft 
grife  ,  fans  luftre  y  ce  qui  fait  ref- 
.  ïembler  l'étoffe  à  une  toile  roulfe  , 
'^  bu  aux  droguets  un  peu  groffiers  : 
-  elle  eft  cependant  précieule  ,  &  fe 
'  vend  plus  cher  que  les  plus  beaux 
fatins. 

KlENTEj  ville  de  la  Chine,  dans  la 
Province  de  Kiangnan  ,  au  dépar- 
tement de  Chicheu  ,  treizième  Mé- 
tropole de  cette  Province. 

KIENXI  ^  ville  de  la  Chine,  dans  la 
Provihce  de  Suchuen  ,  au  départe- 
ment de  Queicheu,  fixième  Métro* 
pôle  de  cette  Province. 

KIENXUI  ;  ville  de  la  Chine ,  dans 

.  Province  de  Juannan ,  au  dépar- 
tement de  Lingan  j  troidème  Mé- 
tropole de  cette  Province. 

KIENYANG;  ville  de  la  Chine,  dan- 
la  Province  de  Fokien  ,  au  dépar 
tement  de  Kienning  ,    quatrième 
Métropole  de  cette  Province. 

KIERNOW  y  nom  propre  d  une  ville 
de  Lithuanie ,  fur  la  Vilie ,  fous  le 
41»  degré  ,  $6  minutes  de  longitu- 
de ;  &  le  54^,  50  minutes  de  lati- 

.  tude.  Les  Ducs  de  Lithuanie  y  fai- 
foient  autrefois  leur  rcfidence. 


KIEUj  ville  delà  Chine,  dans  la  Pro- 
vince de  Xantung  ,  au  départe- 
ment de  Tungcbang  j  troidème  Mé- 
tropole de  cette  Province. 

KIEUKIANGi  ville  de  la  Chine, 
dans  la  Province  de  Kiangfi  dont 
elle  éd  la  cinquième  Métropole. 
Elle  eflfituée  fur  le  fleuve  Kiam,  au 
nord  de  Nanchang,  première  Mé- 
tropole de  la  Province.  Il  s'y  fait 
un  commerce  conlidérable  :  elle  a 
quatre  autres  villes  dans  Ton  dépar- 
tement. 

KIEXUI  j  ville  de  la  Chine,  dans  la 
Province  de  Kiangfi  ,  au  départe- 
ment de  Kiégan  ,  neuvième  Métro- 
pole de  cette  Province. 

KIEYANGj  ville  de  la  Chine  ,  dans 
la  Province  de  Quangtung ,  au  dé- 
partement de  Chaocheu  ,  cinquiè- 
me Métropole  de  cette  Province. 

KIFT  j  ville  d'Egypte ,  dans  le  .  Saïd- 
Aala,  qui  eft  la  haute  Thébaïde.  Elle 
eft  à  fept  parafanges  du  Nil.  C'eft; 
l'ancienne  Coptos, 

KlHAIAjfubftantif  mafc.  &  terme  de 
relation.  Titre  que  Ton  dônne"eh 
Turquie  à  l'Officier  qui  èft  le  Lieu- 
aenant  Général  du  Grand  ViGr. 

KIJOUN;  fubftantifmafculin.  Nom 
d'une  ancienne  idole  que  les  Ifraé- 
lites  avoient  honorée  dans  le  défert , 
comme  le  leur  reproche  le  Prophète 
Amos.  C'étoit  Saturne  ou  le  Soleil. 

KIKEKUNEMALO  ;  fubftantif  maf- 
culin.  Efpèce  de  gomme  ou  de  ré- 
fine d'Amérique,  qui  reffemble  i 
la  gomme  copale  blanche ,  op  aa 
karabé.  Se  qui  eft  très-propre  à  faire 
un  beau  vernis  tranfparent  :  elle  fe 
diffout  très-prompr^menr  dans  T^f- 
prit  de  vin. 

RlKIANG  ;  ville  de  la  Chine  ,  daii& 
h  Province  de  Suchuen  ,  au  dépar- 
tement de  Chungking ,  cinquième 
Métropole  de  cette  Province. 

KILBEGAN}  petite  ville  dlrUnde  » 


KIL 

dans  la  Province  de  Leinfter ,  au 
Comté  de  VTeftméath  »  &  à  dix  mil- 
les j  fud-eft  de  fiallimore.  Elle  a 
deux  Députés  au  Parlement. 

KlLDARE  i  ville  d'Irlande  ,  capitale 
d'un  Comté  de  même  nom ,  dans  la 
Province  de  Leinfter  j  à  neuf  lieues , 
fud-oueft,  de  Dublin.  Elle  a  deux 
Députés  au  Parlement. 

Le  Comté  de  Kildare  a  trente- 
huit  milles  de  longueur  &  ving-trois 
de  largeur.  11  eft  riche  &  fertile. 

KILDERKIN  ;  fubftantif  mafculin. 
Mefure  des  liquides ,  uHtée  en  An- 
gleterre ,  ic  qui  contient  le  quart 
d'un  muid. 

KlLDU  YN  ;  petite  île  de  la  mer  fep- 
tentrionale  ,  peu  diftante  de  celle 
de  Wardhus ,  environ  à  6^  deerés, 
40  minutes  de  latitude.  Elle  eft  fté- 
rilc  ,  &  n'eft  habitée  que  pendant 
Tété  par  quelques  Lapons  qui  vont 
pafTer  l'hiver  ailleurs. 

KILER^  fubftantif  mafculin  &  terme 
de  Relation.  Troifième  chambre  du 
Sérail  du  Grand  Seieneur  où  eft  la 
fommellerie  &  la  rruiterie.  Il  y  a 
deux  cens  pages  de  fetvice  aux  or- 
dres du  Kilerdei-Bachi. 

KILERDGI-BACHI  ;  fubftantif  maf- 
culin &  terme  de  Relation.  Officier 
de  la  Porte  Ottomane  qui  eft  le 
Chef  de  l'échanfonnerie  y  de  la  fom- 
mellerie &  de  la  fruiterie. 

KILIANO VA  î forterefle  de  la  Tur- 
quie  d'Europe ,  dans  la  Bedarabie , 
à  l'embouchure  du  Danube.  On  lui 
donne  Tépithèce  de  nova  y  pour  la 
diftinguer  de  Kilia-Fechia  qui  eft 
une  bourgade  &  une  ile  formée  par 
le  Danube  »  à  trente- fix  lieues ,  fud- 
oueft,  deBialogrod. 

KILISTINOUS  ou  Christinaux  j 
(les)  peuples  fauvages  de  T Améri- 
que, feptentrionale  ,  au  fond  de  la 
baie  d'Hodfon.  Ce  font  avec  les  Af- 
ilniboils  ^  les  plus  tuHnbreux'  &  les 


KIL  25^ 

rlus  confidérés  d'entre  les  Sauvages* 
Is  font  grands  »  robuftes ,  alertes , 
braves ,  endurcis  au  froid  &  à  la 
fatigue.  Ils  n'ont  ni  villages ,  ni  de- 
meure fixe ,  ic  vivent  de  leur  chafte* 

KILKENNI }  grande  ,  riche  &  forte 
ville  d'Irlande ,  capitale  d'un  Comté 
de  même  nom ,  dans  la  Province  de 
Leinfter ,  fur  la  Nure ,  i  huit  lieues» 
fud'oueft ,  de  Dublin* 

Le  Comté  de  Kilkeoni  a  qua- 
rante  milles  de  longueur  &  vingt- 
deux  de  largeur.  11  eft  fercile  &  bien 
cultivé.  -  . 

KILLALAou  Killalooj  ville  d'Ir^* 
lande  ,  chef- lieu  du  Comté  de 
Mayo  ,  dans  la  Province  de  Con- 
naughr  près  de  ia  mèr. 

KILLALOW  s  ville  dlrlande  ,  capî- 
taie  du  Comté  de  Clàre  ou  de  Tlic- 
mond ,  dans  la  Province  de  Con- 
naught ,  fur  le  Shannon  ,  d  troia 
lieues  ,  nord  ,  de  Limerick. 

KILLIN  ;  ville  de  la  Turquie  d'Euro- 

f^e ,  dans  la  BeHàrabie»  a  vingt-huit 
ieues  de  Bender. 

KILLMALOCK  j  ville  riche  &  con- 
fidérable  d'Irlande  ^  au  Comté  de 
Limerick  ,  dans  la  Province  de 
Munfter  ,  à  cinq  lieues  ,  fud  ,,  de 
Limerick.  Elle  a  des  Députés  au 
Parlement. 

KlLMACALO  ou  Kilmacough;  pe-^ 
rite  ville  d'Irlande  ,  au  Comté  de 
Galwai  y  dans  la  Province  de  Corv- 
naught ,  entre  Clare  Se  Galwâi. 

KILMARE  ;  bourg  d'Irlande  ,  dans 

la  Province  de  Munfter  ,  au  Comté 

'  de  Kerri ,  fur  la  rivière  de  Kilmare 

qui  tombé  dans  une  baie  de  mcmt 

'    nom. 

KILM9RE  ;  ville  d'Écofle  ,  d.ins  la 
Province  de  Knapdail ,  fur  la  c6te 
feptentrionale  de  la  baie  de  Loch- 
finn. 

'     Wjz  une  sttttré.  ville  de  ce  nom 


ij^  Kl  M 

en  Irlande  %  dans  la  Province  d'Ulf- 
cer  ,  au  Comté  de  Cavan, 

KILRÉNIE}  ville  d'EcolTe  ,  dans  la 
Province  de  Fife  j  près  de  la  mer , 
i  une  lieue  j  fud-oueCb ,  de  Crail. 

)UMI  *j  ville  de  Suède ,  capitale  d'une 
Province  de  même  nom ,  dans  la 
Laponie ,  fur  la  rivière  de  Kimi  j 
près   de  foa  embouchure  dans  le 

Îjolfe  de  Bothnie  »  à  quatre  lieues , 
udreft  y  de  Torneo. 

KIMPER  j  voy€r  Quimperi         » 

KIMSKI  'y  ville  de  la  Tartarie  ruflieh- 
ne  ,  dans  le  Tunzuska.  On  trouve 
dans  le  voifinage  beaucoup  de  mar- 
tres-zibelines plus  noires  qu'ail- 
leurs, 

KIM-TE-TCHIM }  bourg  confidcra- 
ble  de  la  Chine ,  dans  la  Pxovince 
de  Kiangfi  y  au  département  de 
Jaocheu  »  féconde  Métropole  de 
cette  Province.  On  y  fabrique  de  la 
fuperbe  porcelaine  a  un  blanc  vif  , 
éclatant  »  &  d'un  beau  bleu  célede. 
Il  ne  manque  à  ce  bourg  pour  être 
mne  grande  &  magnifique  ville,  que 
d'être  entouré  de  murailles  j  car  fes 
rues  font  tirées  au  cordeau ,  &c  Ton 
prétend  au'il  contient  plus  d'un 
million  d'nabitans. 

j^IMUEN  ;  ville  de  la  Chine  ^  dans  la 
Province  de  Kiangnang  ,  au  dépar- 
tement de  Hoeicheu  ,  quatrième 
Métropole  de  cette  Province. 

]^IN  ;  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Pro- 
vince de  Xenfi ,  au  département  de 
Liniao  ,  fîxième  Métropole  de  cette 
Province. 

KlNANClEi  fubftantif  féminin.  Ef- 
quinancie  inflammatoire  qui  empê- 
che la  refpiration ,  &  oblige  le  ma- 
lade de  haleter  en  tirant  la  langue 
comme  les  chiens.  Fvyc:[  Esqux- 

NANCIE. 

KING  ;  il  y  a  à  la  Chine  quatre  villes 
de  ce  nom  :  la  première  eft  dans  la 
Province  dç.  Qoantung  ^  -au  dépar-  | 


KIN 

riment  de  Lieucheu  qui  en  eft  h 
huitième  Méttopole  :  la  féconde  eft 
dans  le  Pékéli  »  au  Département  de 
Hokieu  qui  en  eft  la  troifieme  Mé« 
tropole  :  la  troifième  eft  dans  la  Pro^ 
vince  de  Xenfî ,  au  département  de 
Pingleang  qui  en  eft  la  quatrième 
Métropole  :  &  la  quatrième  eft  dans 
la  Province  de  Kiangnan  j  au  dé« 
partement  de  Ningque  qui  en  eft  la 
douzième  Métrppofe. 

KiNG ,  eft  auffi  le  nom  d'un  Royaume, 
particulier  j  enclavé  dans  l'Empire 
de  la  Chine  ,  entre  des  montagnes 
fituées  au  nord-eft  de  la  Province  de 
Suchuen ,  &  fur  les  frontières  de 
celles  de  Honan  &  de  Chenfi.  Les 
Chinois  ont  en  vain  tenté  de  s'en 
emparer. 

KING;  fubftantif mafculin.  LesChi* 
nois  donnent  ce  nom  i  des  livres 
qu'ils  regardent  comme  fàcrés  »  & 
pour  lesquels  ils  ont  la  plus  profonde 
vénération.  C'eft  un  mélange  con-- 
fus  de  myftères  incompréhenfibles  » 
de  préceptes  religieux ,  d'ordonnan- 
ces légales  9   de  poë(ies  allégorie 
qiies ,  &  de  traits  curieux  tires  de 
l'hiftoire  Chinoife.  Ces  livres  qui 
font  au  nombre  de  cinq  ^  fontrob* 
jet  des  études  des  Lettrés.  Le  pre- 
mier s'appelle  Y^king  :  les  Chinois 
l'attribuent  â  Fohi  leur  Fondateur  ; 
ce  n'eft  qu'un  amas  de  figures  hic«- 
roglyphiques  ,    qui    depuis  long* 
temps  ont  exercé  la  fagacité  de  ce 
peuple.  Cet  ouvrage  acte  commen- 
té par  le  célèbre  Confucius  qui  pour 
s'accommoder   i  la  aédulité  des 
Chinois  ,  fit  un  commentaire  très- 
philofophique  fur  un  ouvrage  rem- 
pli de  chimères  ,  mais  adopté  par 
la  Nation  ;  il  tâcha  de  perfuadet 
aux  Chinois  ,  &  il  parut  lui-même 
convaincu  que  les  figures  fymboli- 
ques  contenues  dans  cet  ouvrage 
rcofermoienc  de  grands  myftères 

pOttC 


V 


KIN 

pour  la  conduite  des  Ècats.  H  réalifa 
en  quelque  for^e  ces  vaines  chimè- 
res ,  &  il  en  cira  méthodiquement 
d'excellentes  indaâions.  Dès  que 
It  ciel  &  la  terre  furent  produits ,  dit 
r  Confbcios ,  tous  les  autres  êtres  ma- 
tériels exîfihrent  :  il  y  eut  eles  ani  - 
maux  des  deuxfexes*  Quand  le  mâle 
&  la  femelle  exijièrent ,  //  y  eut  mari 
^  femme ,  ily  eut  père  &  fils  :  quand 
il  y  eut  père  &  fils  ,  //  y  eut  Prince 
&  Sujet*  De*U  Confucius  conclut 
l'origine  des  lois  4c  des  devoirs  de 
la  vie  civile.  Il  feroit  difficile  d*inu- 
giner  de  plus  beaux  principes  de 
morale  &  de  politique  :  c'eft  dom- 
mage qu'une  philofophie  H  fublime 
ait  elle-même  pour  bafe  un  ouvrage 
auflr  extravagant  que  le  Y^-king. 

Le  fécond  de  ces  livres  a  été  ap- 
pelé Cku'king.  Il  contient  Thiftoire 
des  trois  premières  Djrnafties.  Ou^ 
cre  les  faits  hiftoriques  qu'il  ren&r- 
nie  ,  Se  de  rauthenticité  defqQcls 
rous  nos  favatls  Européens  ne  con* 
viennent  pas ,  on  y  trouve  de  beaux 
préceptes  &  d'excellentes  maximes 
de  conduite. 

Le  troifième  qu'on  nomme  Chi- 
^^^g  »  cft  un  recueil  de  poches  an- 
ciennes» partie  dévotes  &  partie  im- 
pies ,  partie  morales  &  partie  liber- 
tines ,  la  plupart  très-ffoides.  Le 
peuple  accoutumé  à  refpeâer  ce  qui 
porre  un  cara&ère  facre,  ne  s'apper- 
çoir  point  de  l'irréligion  ni  du  liofer- 
cinage  de  ces  pocHes.  Les  Doâeurs 
qui  voient  plus  clair  que  le  peuple, 
difent  pour  la  défenfe  de  ce  livre  » 
qu'il  a  été  altéré  par  des  mains  pro- 
fanes. 

Le  quatrième  Se  le  cinquième 
King'OTït  été  compilés  par  Confu- 
cius. Le  premier  eft  purement  hif- 
toriqtie  ,  &  fert  de  continuation  au 
Chi-king  ;  l'autre  traire  des  rires  ,  j 
des  ufages  ,  des  cérémonies  léga-  j 


les»  &  des  devoirs  de  1^  focieté 

civile. 

Ce  fonr-lâ  les  ouvrages  que  les . 
Chinois  regardent  comme  làcrés  p 
&  pour  lefquels  ils  ont  le  refpeâ  le 

F  lus  profond  ;   ils  font  l'objet  de  . 
étude  de  leurs  Lettrés  qui  paflenc 
toute  leur  vie  i  débrouiller  les  myf- 
tères  qu'ils  renfermenr. 

KINGAM  y  fubftantif  mafculin.  On 
donne  ce  nom  dans  le  conimocce  à 
une  forte  d'éroife  à  fond  bleu  qui  fe 
fabrique  au  Japon. 

KINGCHEU }  ville  de  la  Chine  »  dans 
la  Province  de  Huquang  dont  eUe. 
ell  la  fixième  Mérropole.  Elle  a  dou- 
ze aurres  villes  dans  fon  déparce- 
menr. 

KINGFU  i  ville  de  la  Chine ,  dans  la 
Province  de  Suchuen  ^  au  départe-, 
ment  de  Sieuchea  ,  quatrième  Mé- 
tropole de  cette  Province. 

KINGHORN  ;  ville  d*Êcofle  ,  dans 
la  Province  de  Fife ,  fur  le  Forth  » 
à  crois  lieues ,  nord ,  d'Edimbourg. 

KINGLING }  ville  de  la  Cbhie,  dans 
la  Province  de  Huquang  »  au  dé- 
partement de  Cfaingtien  «  quator- 
zième Métropole  de  cette  Provincet 

KINGMUEN  i  ville  de  la  Chine ,  dans 
la  même  Province  &  au  même  dé- 
partement que  la  précédente. 

KINGNING  i  Ville  de  la  Chine ,  dans 
la  Pxovînce  de  Chekiang  ,  au  dc- 
parremerit  de  CKucheii ,  feptième 
Métropole  de  cette  Province. 

KINGSALE  ;  ville  dirlande  ,  dans 
'  la  Province  de  Manfter  j  au  Comté 
&  à  quatre  lieues  de  Corck.  Elle  eft 
bien  peuplée  ,  très-marchande ,  a 
lin  bon  porc,  &  envoie  desDéputés 
«au  Parlemenr. 

KINGS-COUNTI  ou  le  ComtÎ  pu 
Roi;  ConrréeT d'Irlande  y  dans  la 
Province  de  Leinfter.  Elle  a  feize 
lieues  de  longueur  &  cinq  de  lar* 

Kk 


1 


y 


Ȕ>  KIN" 

gêur.  Oii  y  compte  onze  Baronnies. 
Philipflow  en  eft  la  capitale, 
KINGSTON}  t>Ue  dT Angleterre ,  aa 

.  Comté  de  Sorrey ,  for  U  Tamife ,  â 
dix  milles  de  Londtes* 
KINGSTOWNE  oa  Philipstown, 
ville  dlrktnde ,  dans  la  Province  de 
Leînfter  ,  capitale  du  Comté  du 
Roi  9  à  Hx  lieues  nord-oueft ,  de 
Kildtare. 

KINGTU }  ville  de  la  Chine ,  au  Pé- 
kéli  y  dans  le  département  de  Pao- 
ting  ^  deuxième  Métropole  de  cette 
Province. 

KINGTUNG;  ville  de  la  Chine,  dans 
la  Province  de  Jannan  dont  elle  eft 
la  fepcidme  Métropole.  Elle  eft  uni- 
que dans  fon  département  ;  ce  qui 
eft  fort  rare  à  la  Chine. 

KINGX  AN  \  ville  de  la  Chine  »  dans 
la  Province  de  Hucjuang ,  au  dépar- 
tement de  Chingrien,  quatoraùème 
Métropole  (fe  cette  Province. 

KINGYANG  ^  il  y  a  à  U  Chine  deux 
villes  de  ce  nom  dans  la  Province 
de  Xenfî  :  l'une  en  eft  la  feptième 
Métropole ,  &  a  quatre  autrei  villes 
dans  Ion  département  :  Tautre  eft 
dans  le  départemenr  de  Signan  >  pre- 
mière Métropole  de  cette  Province. 

KINGYUEN  I  nom  de  deux  villes  de 
la  Chine  :  l'une  eft  dans  la  Province 
de  Quangfî  dont  elle  eft  la  troisième 
Métropole  »  &  a  fept  autres  villes 
dans  Ion  département  :  l'autre  eft 
dans  la  Province  de  Chekiane  >  au 
département  de  Chacheuj  ieptîè- 
me  Métropole  de  cette  Province. 

KINGY UN  î  ville  de  la  Chine ,  dans 
le  Pékéli ,  au  département  de  Ho* 
kien ,  troifième  Métropole  de  cette 
Pîovince.  • 

KINHOA  \  ville  de  la.  Chine  ,  dms 
^a  Province  de  Chckiang  dont  elie 
eft  la  troifième  Métropole.  Elle  a 
fept  autres  villes  dans  ion  départe- 


ment 


.. 


KIN- 

KINKI  \  ville  de  la  Chine  ,  dans  la 
Province  de  Kiangfi  j  au  départe- 
ment de  Vucheu  »  feptième  Mécxo» 
pôle  de  cette  Province* 

KiNKi;  fubftantif  mafculin.  Bel  oi- 
fean  qui  ne  fe  trouve  qu'à  1» Chine, 
&  fur -tout  dans  la  Province  de 

.  Qaangfi.  Cet  oifeau  a  un  plumage 
fi  éclatant ,  que  lorfqu*il  eft  expofé 
au  foleil  »  il  patoît  tout  d'or ,  mêlé 
des  nuances  les  plus  vives  &  les  plus 
belles  :  on  afsûre  de  plus  qu'il  eft 
d'un  goût  délicieux.  On  en  a  quel- 
quefois apporté  en  Europe  ,  pour 
orner  les  volières  des  Curieux. 

KINROSSE }  ville  d'ÈcolFe»  chef-lien 
d'un  Comté  de  même  nom  »  à  fix 
lieues  ,  nord  oueft  »  d'Édijmbourg. 

KINSALE  ;  voye\  Kingsalb. 

KINSIN  \  fubftantif  mafculin.  Arbre 
du  Japon  qui  s'élève  en  cône  comme 
le  cjprès  9  â  la  hauteur  d'environ 
trois  DraiTes ,  &  dont  les  feuilles 
reflTemblent  à  celles  du  laurier- rofe. 
Son  fruit  eft  oblong  ,  partagé  ta 
deux  y  retfemblant  par  fa  parue  (ii- 
périeure  à  un  grain  de  poivre  »  & 
renfermant  un  noyau. 

KINSU  \  fubftantif  mafculm.  Efpèce 
de  lin  qui  croit  à  la  Chine  :  on  en 
tire  une  filaflè  blonde  j  très- fine  \ 
on  en  fabrique  des  toiles  très-cfti- 
mées  dans  le  pays^,  &  très- commo- 
des en  été.  On  n'en  trouve  que  dans 
le  Xanfi  \  la  rareté  en  augmente  en- 
core fe  prix. 

KINTAN;  ville  de  la  Chine»  dans 
la  Province  de  Kiangnan  ^  au  dé^ 
parrement  de  Chinktane  ,  fixicme 
Métropole  de  cette  Provmce. 

KINT-ZIG  \  rivière  d'Allemagne  qui 
a  pinfieurs  fources,  dont  la  plupart 
fe  réuniffenr  à  Schimk ,  dans  la  Prin- 
cipauté de  Furftemberg  »  que  cette 
rivière  traverfe  ponr  aller  enfuttefe 

{>erdre  dans  le  Rhin ,  à  qoelijues 
icues  de  Strasbourg. 


KIO 

KINYiJ  {  CubRamf  mafciiUD.  Les 
Chinois  donnent  ce  nom  à  on  petit 
poidg»  très -beau  »  qui  fe  trouve 
dans  quelques- unes  des  rivières  de 
leur  pgijs.  Le  mâle  a  la  tête  rooge  » 
iinfi  que  la  moitié  du  corpf  qui  eft 

'  ordinairement  de  la  longueur. du 
doigt  i  le  refte  eft  parfem^  de  taches 
brillantes  comme  de  lor  :  la  fe- 
melle eft  blanche  comme  de  Tar- 
gent.  Ces  poiflons  fe  tiennent  oom- 
munément  d  la  fur&ce  des  eaux  »  où 
ils  fe  remuent  avec  une  agilité  Air- 
prenante  j  ce  qui  produit  un  effet 
admirable ,  furtoutlorfque  le  foleil 
.les  éclaire  :  les  gens  riches  en  gar 
nidènt  les  badins  de  leurs  jardins  j 
mais  par  malheur  ces  animaux  font 
très-délicats  &  fen^bles  aux  vicif- 
Ctades  de  Tair ,  au  tonnerre  ,  au  I 
chaud  &  au  froid  ,  ^  même  aux 
t>deurs  fur  tes  &  au  btuit* 

KIOCH  ',  fubftancif  mafculin*  Ar- 
briifeau  fauvage  du  Japon  ,  hériiTé 
d*cpines,doni  les  feuilles  font  gran- 
des, terminées  en  pointe  &  âne- 
snenr  dentelées.  Ses  fleurs  font  blan- 
châtres «â  cinq  pétales  9  &  difpofées 
en  oaU>elles  ;  la  femence  reUemble 
à  celle  du  lin. 

KIOCHEN  i  ville  de  la  Chine  dans  la 
province  de  Pékin  ,  au  départe- 
ment  de  Quampemg ,  (ixième  mé- 
tropole  de  cette  prpvince. 

KIOCING  ;  ville  forte  de  la  Chine , 
dans  la  province  de  Junnan  dont  elle 
eft  la  première  ville  militaire^  &  en 
a  cinq  autres  dans  fon  département*. 

KIO  HEU  ;  ville  de  la  Chine  dans  la 
province  de  Xantung ,  au  départe- 
ment dTençbeu  deuxième  métro-: 
pote  de  cette  province. 

KIOO;  fubftantifmafcnUn.  Efpèce 
d'abricotier  du  Japon  dont  le  nuit 
eft  fort  urps. 

KlOSQUEifubftantifmafculin,  Mot 

cmptimié  .du  Turc  «  qui  fe  die  d*uo 


petit ptifyiHoa  ifblé  Sc  owttt  de  tf ui 
c&tés ,  où  Ton  va  prendra  le  frais  ôc 
jouir  de  quelque  vue  agréable.  Les 
ktoiques  des  riches  de  Conftanti- 
nople  font  peiots ,  dorés  »  pavés  de<. 
carreaux  de  porcelaines ,  &  ont  vue 
pour  la  plupart  fur  le  canal  de  la 
.    mer  Moire  À  fur  la  Propontide. 
KIO  VIE;  ville  confidérable  capitale 
de  l'Ukraine  qui  appartenoit  autre*  ' 
fois  à  la  Pologne ,  5c  qui  eft  au)our«> 
d*hut  fous  la  domination  des  Ruifes. 
Elle  eft  fituée  fur  le  Nieper ,  à  foi-- 
zante-fix  lieues ,  nord-eft  j  de  Kami* 
nieck ,  ëc  i  cent  quarante ,  fud-eft, 
^  de  Varfovie ,  fous  le  quarante-neu- 
vième degré,  vingt-fix  minutes  de 
longitude,    &    le   cinquantiènie  » 
douze  minutes  de    latitude.  Il  y  a 
uneUniverHté;  il  s'y  fait  un  anez 
bon  commerce  en  grains  »  en  four- 
rures,  en  cire,  en  miel,  en  fuif» 
en  poiffon  falé ,  &c. 
KIOXAN  ;  ville  de  la  Chine  dans  U 
Province  de  Honan  au  département 
de  Juningj  huitième  métropole  de 
cette  Province. 
KIOYAO  i  ville  de  la  Chine ,  dans 
la  Province  de  Xanfi  ,  au  départe- 
ment de  Pingyang  j  deuxième  mé- 
tropole de  cette  Province. 
KIPSCHACH ,  ou  Kapschac;  grand 
pays  d'Europe  &  d'AHe  entre  la 
rivière  de  Jaik  &  le  Boryfthène. 
Les  Cofaques  d'aujourd'hui  en  fons 
originaires  ,  &  c*eft  de- là  que  for- 
cirent autrefois  les  Huns,  les  Getes , 
les  Gepides  ,   les   Vandales ,  les 
'  Alains  ,  les  Suédois ,  &c.  Ce  pays 
appartient  atijourd'hoi  i  la  Ruflie 
&   à   plufieurs    Princes  Tattares* 
Serai  en  eft  la  ville  capitale. 
KIRCHBERG  -,  ville  8c  Comté  d'Al- 
lemagne ,  dans  le  Cercle  de  Suabe , 
au-deifus  de  la  ville  d'Ulm.   Ce   ^ 
Comté  qui  appartient  a  la  Maifpn 
1      d'Autriche  ,;  eft   divifé  en   deux 

Kk  ij 


parues  pAC  U  Baconiede  Juftingen. 

11  y  a  un  Bailliage  de  ce.  npm 

dans  le  bas  Palacinar  »  &  en  Suiffe 

une  conrtée  de  même  nom  qui  eft 

.    unades  Comn^unauiés  du  Tocken- 

bourg  inférieuc.  •  | 

KIRCHEDËR  ;  viUe  d'Afie  dans  la 
Narolie,  entie Céfatée  &  Angoura, 
KIRCUHEIM  i  ville  d'Allemagne  en 
.    Souabe»  dans  te  Duché  de  Wir- 
.    temberg ,  â  neuf  lieues  de  Scurgard. 
XlRl  ^  fubUantif  mafculin.  Arbre  du 
.    Japon  dont  la  fleur  redèmble  à  celle 
.   ^e  la  digitale.  Son  bois  léger  &  fer- 
me 9  eft  employé  a  faire  àt%  coffres 
&  des  ublettes  :  fes  feuilles  fonr 
'.    fore  grandes  ,  coconneufes  j  avec 
une  oreillette  de  chaque  côté.  Ses 
fleurs  «  qui  refTemblenc  à  celles  du 
mufle  de  veau ,  font  d'un  bleu  pur- 
.    purin  »  blanchâtres  en  dedans»  d'une 
odeur  douce ,  longues  de  deux  pou- 
ces, d  cinq  lèvres  crénelées  &  d'une 
figure  très  agréable.  On  tire  de  fes 
deux  (emeiKes  »  qui  font  à  peu  près 
de  la  forme  ic  de  la  gsolTeur  d'une 
amende ,  une  huile  qui  fert  à  divers 
ufages  y  c'eft  la  feuille  de  cet  arbre 
que  les  Dairos  du  Japon  ont  choifî 
.    pour  leurs  armoiries.  Elle  eft  fur- 
montée  en  chef  dans  leur  écuflbn , 
de  trois  épis  de  fleurs* 
KIRISMA  -  TSUTSUSI  ;  fubftantif 
mafculin.    Arbufte  du  Japon  fort 
touffu  &  ibrt  eftimé  :  fa  fleur  eft 
de   couleur  écarlate   &    il  en  eft 
tellement  couvert  au  mois  de  Mai 
qu'il  paroîc  tout  en  feu. 
KIRKALDIE;  j>etite  ville  à'tcàSk  , 
dans  la  Province  de  Fife ,  à  trois 
lieues  >  nord ,  d'Edimbourg.  Elle  a 
des  députés  an  Parlement. 
.  KIRKBI ,  ou  KmzBiMOREsiDV  \  bourg 
d'Angleterre     dans    la     province 
d'Yorck.  U  envoyé  des  députés  au 
Pariemenc. 

KIRKBYSTEVEN  *  ou  KiivBy-sTa- 


KIR 

VEM'  \  bourg  d'Angleterre  ^ns  le 
Weftinorland  ,  fur  les  frontières  de 
la  Province  d'Yorck.  U  a  des  dé- 
putés au  Parlement. 

KIRKISIA  ;  petite  ville  d'Afiedansb 
Diarbeck ,  fur  l'Euphrate  >  près  des 
frontières  de  l'Arabie  déierte  ,  i 
vingt  -  dnq  lieues  au  -  deflous  de 
Rica. 

RIRKUBRIGHT  -,  ville  d'Ècofle  dans 
la  province  de  Gallotfat  ,  à  it) 
lieues  /nord-oueft  ,  de  Londres  j 
près  de  l'embouchure  de  la  Dée* 
Elle  a  des  députés  au  Parlement. 

KIRKWAL  ;  ville  d'Écofle,  capitale 
de  l'île  de  Pomona  »  la  principale 
des  Orcades»  i  87  lieues ,  nord» 
d'Edimbourg, 

ïGRMEUî  fubftantif  mafcuUn,  Oi- 
feau  qui  fe  trouve  fur  les  cotes  de 
Spitzberg  ^  il  a  le  corps  auflt  petit 
qu'un  moineatf  »  cependant  comme 
il  eft  fort  garni  de  plumes  »  on  le 
cruiroit  fort  gros  au  premier  coup 
d'œil  ;  fa  queue  eft  d'une  longueur 
extraordinaire  \  fon  bec  eft  mince 
&  pointu  &  d'un  rouge  très-vif, 
ainii  que  fes  partes  ;  fes  ongles  font 
noirs  ;  fes  jambes  qui  font  tort  cour* 
tes  font  rouges  \  le  deflus  de  fa  tèce 
eft  noir  ^  le  refte  du  corps  eft  d'un 

5 ris  argenté;  le  ventre  &  le  deflous 
es  ailes  font  rtès-blancs  ^  le  delV 
fus  a  des  plumes  noires.  Toutes  ces 
plumes  font  fines  comme  àts  che» 
veux  \  les  œufs  font  gris  ,  tachetci 
de  noir  &  de  ta  grofleur  de  ceux 
des  pigeons;  le  faune  en  eft  rouge  ^ 
ils  lonr  très-bons  â  manger. 

KIRMONCHA  ;  ville  d'Afie  dans  la 
Perfe  ^  fittiée  félon  Tavernier  »  an 
(»}^  degré  45  minutes  de  longitude 9 
&  au  j4^  ,  57  minutes  de  latitude. 

KIRN  ;  château  &  Comté  d'Allema- 
gne dans  le  Cercle  du  Rhin  ,  à  Gn 
lieues  au-defltis  de  Creutznach. 

KIRN-BOURG  ;  petite  ville  4*A\lft* 


KIR 

ttiagne  dans  le    Comcé  de  Kirtij 
près  du  chkeau  de  ce  nom» 

KIRO  'y  Aibllancif  mafculin.  Ârbrif- 
feau  du  Japon  ,  donc  la  feuille  eft 
grande  Se  rellemble  i  celle  du  lys  j 
il  a  fa  racine  longue ,  groffe  »  cbar* 
nue  ,  fibreufe  Se  un  peu  amère  :  les 
fruits  font  rouges  de  la  grofleur  Se 
de  la  figure  d'une  petite  olive  Se 
d'un,  très-mauvais  goût.  Il  fert  à 
garnir  les  murs  des  jardins. 

KIRTONj  bourg  d'Angleterre  dans 
la  Province  de  Lincoln.  Il  a  des  dé- 
putés au  Parlement. 

Il  y  a  en  Devonshire  un  autre  bourg 
de- même  nom  fur  la  rivière  de 
Crcdi  ,  lequel  fut  autrefois  une 
ville  épifcopale  de  la  province  de 
Weft-Fex. 

KISCH  ,  ou'  KISMICH  ;  île  du  golfe 
Perfique  d'environ  vingt  Heues  de 
longueur  Se  deux  de  largeur.  Elle 
eft  fertile  Se  bien  peuplée.  On  pêche 
des  perles  dans  le  voifinage. 

KTSLAR  AGA  j  fubftantif  mafcu- 
lin  ,  &  terme  de  relation.  Titre 
qu'on  donne  i  la  Porte  Ottoma- 
ne *au  chef  des  Eunuques  noirs. 
11  eft  Surintendant  de  l'appartement 
des  Sultanes  ,^uxquelles  il  annonce 
les  volontés  du  Grand  Seigneur.  U 
a  fous  Tes  ordres  un  grand  nombte 
d'Eunuques  noirs  deftinés  à  ia  garde 
des  Odaliques.  Cet  Eunuque  a  un 
fecréraire  qui  tient  regiftre  de  tous 
les  revenus  des  fimis  bâtis  par  les 
Sultans,  qui  paye  lesappointemen^ 
des  Baitagis ,  des  femmes  employées 
au  fervice  du  ferrail  &  de  tous  les 
Officiers  qui  dépendent  de  lui.  Le 
Kiflar-Aga  va  de  pair  eu  autorité 
Se  en  crédit  avec  le  Capigi  fiachi 
ou  Grand  maître  du  Serrail.  Les 
Bâchas  qui  ont  befoin  de  fa  faveur 
ne  font  aucun  préfent  au  Sultan  , 
ians  l'accotinpagner  d'un  autre  pour 
le  chef  des  Èunuc^ues  noirs  \  l'accès 


KIT  i6x 

facile  qu'il  a  auprès  du  Grand  Sei- 
gneur l'en  rend  quelquefois  le  fa* 
vori ,  &  prefque  toujours  l'ennemi 
du  Grand  Viiir  \  d  ailleurs  les  SuU 
tanes  qui  ont  befoin  de  lui  le  fervenc 
par  leurs  intrigues. 

KISTE  j  fubftantif  mafculin.  Mefure 
des  liquides  dont  fe  fervent  les 
Arabes  Elle  contient  une  pinte  fé- 
lon les  uns  &  fclon  d'autres  ce  n'eft 
?ue  la  moitié  d'un  demi-feptier  de 
rance. 

KITAI;  fubftantif  mafculin.  On  don- 
ne ce  nom  i  une  forte  de*  damas  Se 
i  certaines  toiles  de  coton  qui  fe 
fabriquenr  à  la  Chine. 

KITTIS  ;  montagne  de  la  LaponîeSué- 
doife  voiftne  de  Pello  ,  lous  le  66^ 
degré ,  48  minutes ,  10  fécondes 
de  latitude.  En  y  montant  on  trouve 
une  fuurce  d'eau  claire  Se  limpide 
ttès-abondante  qui  fort  d'un  labie 
très  fin  3  Se  qui  dans  les  grands 
froids  de  l'hiver  conferve  fa  liqui- 
dite ,  tandis  que  la  mer  du  fond  du 
golfe  de  Bothnie  Se  tous  les  fleuves 
d*alentour  tont  aufli  durs  que  le 
marbre.  • 

KITZINGEN  }  ville  d'Allemagne  , 
en  Franconie  »  dans  le  Diocèie  de 
Wurtzbonrg ,  fur  le  Meyn. 

KIU  \  nom  de  deux  villes  de  la  Chine 
dont  une  dans  ia  Province  ^e  Xan^- 
tung  ,  au  département  de  Cincheu  , 
troifième  métropole  de  cette  Pro- 
vince ,  Se  l'autre  dans  la  Province 
de  Suchuen  ,  au  département  de 
Xunkin  qui  en  eft  la  troinème  mé* 
tropole. 

KlUCHEU  ;  ville  de  la  Chiite ,  dan» 
la  Province  de  Chékiang  ,  dont 
elle  eft  la  (ixiètne  métropole.  Elle 
a  quatre  autres  villes  dans  fon  ai» 
parlement.  * 

KIUCIN  ;  ville  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Junnan  au  département 
de  Likiang  *,  fixième  métcopole  des 


*6i  KIU 

villei  militaires  de  cetee  Province. 

KIUCKIANG  i  ville  de  U  Chine , 
dans  la  Province  de  Suchuen  »  au 
dcparcemenc  de  Changking,  cin- 
quième mécropoledececce  province. 

KIU-GIN  i  fubftamif  mafculin.  Nom 
que  donnent  Us  Chinois  au  fécond 
gcade.des  lettrés  \  ils  y  parriennent 
après  on  examen  très-rigoureux  qui 
ie  fait  tous  les  trois  ans  en  préfence 
des  principaux  Mandarins  &  de 
deux  CommilTaires  de  la  Cour ,  qui 
fe  rendent  pour  cet  effet  dans  la 
capitale  de  chaque  province.  Les 
Kiu-gin  portent  une  robe  brune  avec 
une  bordure  bleue  ôc  un  oifeau  d'ar- 
gent doré  fur  leur  bonnet.  Us  peu- 
vent être  élevés  au  rang  des  Man- 
darins ;  c*eft  parmi  eux  que  l'on 
choifit  les  lettrés  du  troifième  ordre» 
appelés  Tfirirfé  ou  Doâeurs. 

KIUHIANG  \  ville  de  la  Chine  dans 
la  province  de  Xantung  ,  au  dépar- 
tement dTencheUy  deuxième  mé* 
tropole  de  cette  province. 

KIUIUNG  \  ville  de  U  Chine  ,  dans 
la  province  de  Kiangnan  »  au  dépar- 
tement de  ICiangning  >  première 
métropole  de  cette  l'rovince. 

KIULO  \  ville  de  la  Chine ,  dans  la 
Province  de  Pékin ,  au  département 
de  Xunte  »  cinquième  métropole 
de  cèpe  province.    . 

KlUN  \  ville  de  la  Chine  »  dans  la 
province  de  Huquang ,  au  départe- 
ment de  Siangyang ,  troiiième  mé- 
tropole de  cette  province. 

KIUNCHEU  i  ville  de  la  Chine ,  dans 
la  province  de  Quantung ,  dont  elle 
eft  la  dixième  métropole.  Elle  a 
douze  autres  villes  dans  fon  dépar- 
tement. 

I^IUNCMINC;  ville  de  la  Chine  , 
dans  la  province  de  Xantung  au  dé- 
partement d'Yencheu  ,  deuxième 
métropole  de  cette  province. 

KIUNG  9  quatrième  cité  de  la  pro** 


KIX 

vince  de  Suchuen  â  la  Chine*  Elle 
a  deux  autres  vilbs  dans  fan  dépar- 
tement. 

KIU  Y  ANG  i  ville  de  la  Chine ,  dans 
la  Province  de  Huquang ,  au  dépar- 
tement de  Xiucheu  \  douzième  mé* 
tropole  de  cette  province* 

KIUYË}  ville  de  la  Chine  ,  dans  la 
province.de  Xantung ^  au  départe- 
ment d'Yencheu  »  deuxième  métro^ 
pôle  de  cette  province. 

KIXAN  i  ville  de  U  Chine  ,  dans  U 
province  de  Chenfi ,  au  déparrement 
de  Fungciang  »  féconde  métropole 
de  cette  Provincp. 

KIXUI  i  ville  de  U  Chine .  dans  U 
province  de  Huquang ,  au  départe^ 
ment  de  Hoangcheu ,  cinquième 
métropole  de  cette  province. 

KIYANG  \  ville  de  la  Chine ,  dans  la 
province  de  Huquang ,  au  départe- 
ment de  Juncheu  »  treizième  mé- 
tropole de  cette  Province. 

KlZlLBACHEi  fubftanrif  mafculin, 
&  terme  de  relation.  Mot  Turc  qui 
Hgniâe  tcte  rouge  j  &  par  lequel  les 
Turcs  défignent  les  Perfans  depuis 

Julfmaél  Sophi ,  fondateur  de  la 
ynaftie  des  Princes  qui  rcgnentau- 
jourd'hui  en  Perfc,  commandai  fes 
foldats  de  porter  un  bonnet  rouge  « 
autour  duquel  il  y  eût  une  écharpe 
ou  turban  a  douze  plis,  en  mémoire 
&  à  rhonneur  des  douze Imans,  fuc- 
cefleurs  d*Alï,  defquels  il  préten- 
doit  defcendret^ 

KLETTENBERGj  bourg  d'Alle- 
magne dans  Li  Thuringe  ,  an  comté 
de  Hohendein,  à  deux  lieues  de 
Northaufcn. 

KLINGENAWjvilledeSuJfreaacom- 

té  de  Bade  fur  l'Aari  une  lieue  do 
Waldshutt.  Le  domaine  utile  en  ap- 
paitient  à  l'Évèque  de  Confiance  ; 
mais  les  Cantons  Seigneurs  du  comté 
de  Bade  y  ont  la  fouverainetc. 
KLINGSTET^noui  d\m  peincjre  né 


KLO 

1  i  Riga  en  Livonie  &  mort  i  Paris 
en  17)4  ,  âgé  de  77  ans.  11  s'écoic 
deftiné  i  la  profeflion  •  ëes  armes 
fans  négliger  les  calons  qu'il  avoir 
pour  la  peinture  ;  ion  goûr  &  fa 
bravoure  (ont  également  connus. 
Ce  peintre  a  donné  dans  des  fujets 
extrêmement  libres }   on  ne  peur 
pomt  dire  qu'il  aie  eu  dans  un  haut 
degré  la  corredion  du  deflein  ,  Sc 
le  génie  de  l'invention  ,  cependant 
on  voit  plufieurs  morceaux  de  fa 
compofition  allez  eftifcnables  \  fes* 
ouvrages  font   pour  l'ordinaire  à 
^*encre  de  la  Chine  ;  il  a  excellé  dans 
la  miniature  j  il  donnoir  beaucoup 
de  relief  &  de  caraâère  d  fes  figures. 
KLODA  i  fubftantif  mafculin.  Me- 
fure  qui  concienr  quatre  boilTeaux , 
Sc  dont  on  fe  ferc  en  Pologne  6c 
dans  la  RuflSe  rouge. 
KLOPPENBOURG  j  petite  ville  d'Al- 
lemagne dans  TËvèché  de  Munfter, 
i  huit  lieues  »  nord ,  d'Oldembourg. 
KN  APDAIL  ;  contrée  d'ÈcolIe  la  plus 
.    fertile   de  la   province   d'Argyle. 

Kilmore  en  eft  l'unique  ville. 
KNARESBOROUG;  ville  d'Angle- 
rerre  dans  la  province  d'Yorck  ,  à 
cinquante  lieues  ,  .nord  -  eft  ,  de 
Londres.  Elle  a  des  députés  au  Par- 
lement. 
KNÉES  ;  fubftantlf  moulin.  Titre 
de  dignité  qui  répond  en  Ruflie  à 
celui   de  Prince  parmi   les  autres 
narions  de  l'Europe.    On  compte 
en  Ruffie  trois  efpèces  de  knéesotide 
Princes  ;  1  ^.  ceux  qui  defcendentde 
Wolodimir ,  Grand  Duc  de  Ruflie, 
ou  qui  ont  été  élevés  prtr  lui  â  cette 
dignité  j  i**.  ceux  qni  defcendenr 
de  Princes  Souverains  étrangers  éta- 
blis en  Ruflie  J  )^«  ceux  qui  ont 
été  créés  Princes  par  quelqu'un  des 
Grands  Ducs. 
KNELLER  ;  nom  d'un  Peintre  né  à 
Labeck  tn  1 648  &  mort  à  Londres 


KNE 


1^5 


vers  Tan  x?  17.  H  s'nppHqua  d'abord 
à  l'hiftoire  ,  &  fe  détermina  cnfoite 
à  peindre  le  portrait ,  genre  de  rra* 
vail  qui  lui  parut  plus  lucratif.  £n 
effet  il  fut  tort  employé  i  la  Coiit 

.  d'Angleterre ,  &  Charles  U  le  nom- 
ma  fon  premier  peintre.  Les  hon- 
neurs  vmrent  en  foule  le  trouver  j 
il  fut  créé  Chevalier  par  le  Roi 
Guillaume  III.  L'Empereur  le  créa 
aufli  Chevalier  héréditaire  de  1  Em« 
pire  9  titre  que  ce  Prince  accompa* 
gna  d'une  chaîne  d'or  ,  avec  une 
médaille  &  fon  portrait.  Enfin  on 
le  nomma  en  Angleterre  Baronnet  » 
qualité  qui  eft  dans  ce  Royaume  ie 
premier  degré  de  nobleUe  titrée. 
On  a  gravé  d'après  ce  maître.  Sa 
touche  eft  ferme ,  fans  ître  dure  , 
te  fon  coloris  onâueux#  Les  fonds 
de  fes  tableaux  font  pour  l'ordi- 
naire ornés  de  payfages  ou  d*archi^ 
reâure. 

KNEUFF  ,  ou  Knaiff  î  fubftantif 
mafculin.  Les  minéralogiftes  alle- 
mands donnent  ce  nom  à  une  efpèce 
de  roche  qui  accompagne  très-fré« 

Suemment  les  mines  &,  les  mécaux 
ans  le  fein  de  la  terre.  Cette  pierre 
eft  fi  dure  ,  que  les  outils  des  ou« 
vriers  ont  beaucoup  de  peine  â  la 
brifer.  Elle  rtiTembleordinaiTemenc 
à  Tardoife;  elle  eft  ou  grifeou  ver- 
dâtre  ,  mêlée  de  points  luifans  ]  fon 
tiflu  eft  très-fin  &  très-ferré  :  on  n'ai- 
me point  à  trouver  cette  pierre 
jointe  aux  mines  »  parcequ'elle  nuit 
i  leur  exploitation  &  à  leur  trai- 
tement ,  attendu  qu'elle  eft  très- 
réfraAaire.  Le  kncufftfk  ,  fuivanc 
quelques  auteurs ,  une  pierre  mélan- 
gée dans  la  compofirion  de  laquelle 
il  entre  des  particules  de  talc,  ou  de 
mica ,  ou  de  qnaitz ,  ou  de  grès ,  8c 
d*ardoi(e. 

On  dit  que  le  IcneufF  eft  une 
pierre  formée  par  le  limon  j  qu  elle 


i54  '^KNO 

a  pour  bafe  une  cerre  gca(Te  ou  vif- 
queufe..  Se  qu  elle  nelt  ni  pierre  à 
chaux ,  ni  Spath  ,  ni  caillou.  Les 
iîlons  des  min.'S  de  Freyberg  en 
Mifnie  &  de  plufieurs  endroits  de 
Hongrie  ,  font  preTque  toujoussi  ac- 
coiupagncs  dececce  espèce  de  roche. 
On  croie  que  quand  on  la  rencontre 
on  a  lieu  d  elpérer  qu'on  trouvera 
bientôt  une  mine  bonne  &  abon- 
dante. 

KNI  i  petite  ville  de  Dalmatie  au  con- 
fluent de  la  Chcrca  &  de  la  Boti- 
ntza ,  fur  les  frontières  de  la  Bof- 
nie ,  à  trente  milles  de  Sebcnico. 
*  Elle  appartient  aux  Vénitiens. 

KNITTÉLFELD  ;  ville  de  la  haute 
Styrié ,  fur  la  Muer ,  à  quatre  lieues 
de  Judenbourç. 

KNOCK  FERGUS  -,   voyci  Carik 

FERGUS. 

KNOPFFSTEIN  ifubftântifmafculin. 
On  donne  ce  nom  en  Allemagne 
à  une  efpèce  de  pierre  ou  de  fub- 
ftance  minérale  noire  fcrrugineufe 
qui  fe  rencontre  dans  plufieurs  mi- 
nes de  fer  :  elle  fe  fond  trcs-aifé- 
ment ,  &  fe  convertit  en  un  verre 
noir  qui  imite  le  jais  &  dont  on 
fait  des  boutons. 

KNORCOCK  i  fubftantif  mafculin. 
Oifeau  du  cap  de  Bonne  Efpcrance 
qu'on  nomme  audi  Coc^  knori  Kol- 
be  nomme  le  maie  knorhaan ,  &  la 
femelle  hnorhen  ou  pouk-knor*  Ces 
oifeaux  fervent  de  f^ntinelles  aux 
autres  oifeaux  »  en  les  avertilTanc  de 
l'approche  des  hommes  par  un  cri 
qui  exprime  le  mot  croc ,  &  qu'ils 
répètent  fort  haut  :  auffi  les  chaf- 
feurs  tirent-ils  cet  oifeau  ,  à  caufe 
de  fon  cri  qui  fait  fuir  le  gibier  , 
quoiqu'ils  (alfent  peu  de  cas  de  fa 
chair.  Le  knorcocK  eft  de  la  gran- 
deur d'une  poule  ;  fon  bec  eft  court 
&  noir,ainfi  que  fon  plumage  creréi 
celui  des  ailes  &  du  corps  eft  liicié 


i 


KNY 

de  rouge  de  bleu  &  de  cendré  ;  (eâ 
jambes  font  jaunes  :  les  ailes  font 
Cl  petites  que  ces  oifeaux  ne  peuvent 
ms  voler  bien  loin  ;  ils  fréquentent 
es  lieux  folitaites  ,  &  font  leurs 
nids  dans  les  buifTons  :  leur  ponte 
eft  de  deux  oeufs. 

KNOUTE  i  fubftantif  mafculin.  Snp- 
plice  uiicé  parmi  *  les  Ruftes  \  il 
conftfte  à  recevoir  fut  le  dos  ui 
certain  nombre  de  coups  de  fouet 

-    *  fait  avec  un  morceau  de  cuir  fort 
épais  y  qui  â  i  ou  )  pieds  de  lon- 
gueur, ir.  taillé  de  façon  qu'il  eft 
carré  &  que  fes  côtés   font  tran- 
chrints  :  il  eft  attaché  à  un  manche 
de  bois.  Les  bourreaux  appliquent 
les  coups  fur  le  dos  avec  tant  d'à-»  - 
drefte  qu'il  n'y  en   a  pas  deux  qui 
tombent  fur  le  même  endroit  \  ils 
font  placés  les  uns  à  côté  des  autres 
de  manière  qu'il  eft  ailé  de  les  cil^ 
tinguer ,  parceque  chaque  coup  em- 
porte la  peau.  Le  fupplice  du  Knoute 
n'eft-  point  tenu  pour  un  deshon* 
neur  ,  &  on  le  regarde  plutôt  com- 
me une  punition  de   faveur  ,   â 
moins  qu'il  ne  foit  fuivi  de  YttiX  en 
Sibérie.  Le  knoute  dans  de  certains 
cas  eft  une  efpèce  de  queflion  ou 
de  torture  qu'on  met  en  ufage  pour 
faire  avouer  quelque  chofe  à  ceux 
qui  font  aWuiés  de  quelque  crime  ; 
alors  i  l'aide  d'une  corde  &  d'une 
poulie,  on  les  fu'pend  par  les' bras 
à  une  potence  \  on  leur  attache  des 
poids  aux  pieds  ,  &  dans  cette  pos- 
ture on  bur  applique  des  coups  de 
knoute  fur  le  dos   nu  jufqu'à  ce 

?|u'ils  ayent  avoué  le  ctime  dont  ils 
ont  accufés. 
KNYSSIN  ;  ville  de  Pologne  dans  U 
Mazovie  ,  entre  Bielska  &  Au-* 
guftow. 
KOBBER  A-GUION  ;  fubftantif  niaf- 
cuHn.  Animal  amphibie  de  l'île  de 
Ceylan ,  &  qui  reueoible  beaucoup 


. 


kot) 

i  ralligatoc.  l\  s^  fix  pieds  de  Ion-  • 
gueur,  Sa  chair  ell  d'an  afTez  mau^. 
vais  goûr.  Quoique  ccc  animal  pion*  > 
ge  fouvenc  dans  l'eau ,  fa  demeure 
ordinaire  eft   fur  la  terre  y  où  il| 
mange  les  corps  de^ifeaaz  &  des 
autres  bêtes.  Sa  langue  qui  eft  b^eue . 
te  fourchue  ,  s'.^lIonge  en  fo(me> 
d'aiguillon  Se  eft  effrayante  lorfqu'il 
la  tire  pour  fiffler  oa  pour  bail- 
ler :  cependant  ,  loin  de  piquer 
&  de  mordre  les  hommes  ,  il  fe 
contente  de  Gffler  lorfqu'il  les  ap- 

ferçoit  :  il  n'en  fait  pas  de  même  â 
égard  des  chiens  qui  s'approchent* 
de  lui  j  foît  pour  abboyer  ,  foit 
pour  mordre;  car  il  les  frappe  C\ 
vivement  de  fa  queue ,  qui  reuem- 
ble  i  un  long  fouet ,  qu'il  les  fait^ 
fuir  en  criant.  , 
KOBOLT  9  ou  KoBAL»  j  voyei  Co-* 

BALT. 

KOCKZUBI  î  petite  ville  de  BefTa-. 
rabie  au  pays  des  Tactares  d'Ocza-^ 
koyr  ,  i  deux  lieues  de  l'embou- 
chure du  Niefter. 

KODDAGA  PALLA  ;  vqyq  Coi)a. 

GAPAL. 

KODEN  ;  petite  ville  de  Lithuanie , 
dans  la  Polefie ,  fur  le  Bug ,  â  cinq 
lieues  au-dellbus  de  Breflici. 

KCEMPFER }  nom  d'un  Médecin  & 
Voyageur  célèbre  né  i  Lemgow  en 
Weftphalie,  en  1551.  11  paffa  en 
Suède  »  après  s'ctre  adonné  quel- 

fue  temps  à  l'étude  de  la  Médecine, 
e  la  Phyiique  &  de  l'Hiftoire  Na- 
cnrelle.  On  le  folUcita  vivemei^t  dô 
s  arrêter  dans  ce  Royaume  ;  m^isfâ 
paflion  extrême  jpont  les  voyages 
lui  fie  préférera  tous  les  emploi) 
qu'on  lui  offrit ,  la  place  de  Secré^ 
(aire  d'ambaffade  à  la  fuite  de  Fa- 
brice ,  que  la  Cour  de  Suède  en* 
voyoit  au  Roi  de  Perfe.  Il  partit  de 
Stockolm  en  1.^83  ,  s'arrêta  deux 
mois  i  Mofcott  &  paffa  deux  ans  i  | 
Tom€  XV^ 


KOfi 


i^j 


i 


Ifpahat)  »  capitale  de  la  Perfe.  Fa* 
hrice  voulut  l'engager  a  revenir 
avec  lui  en  Europe  \  mjiîs  fon  goût 

{>our  voyager  .aiig,mentant  avec 
es  connoilTances  qu'il  acqucroic,  il 
fe  mit  fur  la  flotte  de  la  Compagnie 
HoUandoife  des  Infles  Orientales 
en  qualité. de  Chirurgien  en  chef. 
Koempfer  fur  à  portée  de  lâtisfaire 
fa  curiofité  j  il  pouifa  fes  courfes 
jufqu'au  Royaume  de  Siam  &  au 
Japon.  Ce  pays  fermé  aux  étrangers 
n'écoit  connu,  qu imparfaitement: 
l'habile  voyageur  remarqua  tout  y 
&  grâce  a  les  foins ,  on  vit  difpa* 
roitre  dans  ja  Géographie  un  vide 
qu'on  dcfefpéroit  de  pouvoir  jamais 
remplir.  La  compoficion  de  divers 
ouvragesj  Ja  Pratique  de  laMéde- 
cin^T,  &  .remploi  particulier  du 
Médecin  du  Comte  de  la  Lippe,  fon 
Souverain ,  l'occupèrent  jufqu'à  fa 
..mort  arrivée,  en  171(9.  Parmi  les 
ouvrages  dont  ce  fa  vat^tObfervateur 
enrichit  la  littérature' ^.oadif^ingue» 
i^.  ^mœnicaces  E:çotif£  in-.4Ô4 
17 1 1 ,  ;ivéc  un  grand  nombre  de 
figures.  C^  otivrage  emre  dans  un 
détail  cutteux  &  fatisfaifant  fur 
Thiftoire  naturelle  &  civile  de  la 
Perfe  &  des  autres  pays  orientaux 
que  l'auteur  avpit  parcourus  Se  exa* 
minés  avec  tpuce  l!attention  d'un 
voyageur  philofophe.  x^ .  Hcrbarium 
ultra, Gangxticum*  j^^^HiftoireNatu* 
relie  3  Ëcdéûaftique  &  civile  de 
l'Empire  du  Japon  en  allemand  » 
traduite  en  anglois  par  Scheuthzer, 
Se  en  françois  fur  cette  verfion  en 
171P  en  a  vol.in-fol.  avec  quantité 
de  figures.  I^oempfér  voit  en  favanc 
il  écrit  de  mèn^e  ^ileft  un  p^u  feç ,. 
&  quelcjuefois  minutieux  ,  mais  il 
eft  u  eftimable  à  t^nt  d'autres  égardS) 
il  entre  dans  des  dér:^ils  (î  curieux  » 
il  les  r^nd  ayec  tapit  d'exaâitude 
&  de  yérité  qiji'il  iiK^J^ite  bien  qu'où 


^6g  KOG 

lui  pardonne  quelque  chofe.  4^  Le 
recueil  de  fes  ancres  voyages  ;à  Lon- 
dres en  1755  ^^  ^  ^^^*  in-foL  avec 
figures.  On  y  trouve  des  defcrip- 
lions  plus  exaâes  que  routes  celles 
qui  avoient  para  avant  lui  de  la 
Cour  &  de  l'Empire  de  Perfe  &  des 
autres  contrées  orientales. 

^KCERTEN  i  (  Jeanne  )  née  à  Amfter: 
dam  en  1(^50  6c  morte  en  171 5  j 
donna  dès  fes  premières  années  des 
marques  fenfibles  de  fon  bon  goùc 
pour  les  beaux  arts.  Elle  réuffifloit 
à  jeter  en  cire  desftatues,  des  fruits, 
à  écrire  ^  à  chanter  ,  à  graver  fur  le 
verre ,  à  peindre  en  dérrempe.  Mais 
elle  eKcelloit  principalement  dans 
h  découpure.  Tout  ce  que  le  gra- 
veur exprime  avec  le  burin ,  elle  le 
'  rendoit  avec  fes  cifeaux^  Elle  exé- 
eu  toit  des  payfages,  des  marines  ^ 
des  animaux  ,  des  fleurs ,  des  por- 
traits d'une  reflemblance  parfaite» 
Ses'  ouvrages  font    d'un  goût   de 

*     deflfein  très-corredb  ;  on  ne  peut 

''     mieux  les  comparer  qu'à'  là  manière 

de  graver  de  Mellan.  En  les  collant; 

fur  du  papier  noir  j  le  vide  de  la 

.   coupe  repréfentoit  des 'traits  com- 

*^  me  du  burin  ou  de  la  plume.  C'eft 
peut-être  U  Porigne  de  cts  portraits 
groffièremént  dédôupés  dont  la  folie 

'  '  a  faccédé  partni  nous  à  celle  des 
panrins.  Les  talens  de  Madame  de 
Koerten  lui  acquirent  un  nom  dans 
l'Europe  ;  pluiîcurs  Princes  em- 
ployèrent fon  art  &  lui  firent  ou 
de^  préfensou  des  vîfites.  Pierre  le 
Gr'iind  fc  f\iufiv\^i(it  de  l'aller  voit 
&  de  pâyet  à  (es  ouvrages  le  tribut 
de  louanges  qu'ils  mériroîem. 

■KOGE  ',pctite?viHe  maritime  de  Dan- 
nemarck ,  dans*  l'ile  de  Sceland ,  i 
quatre  lieues  de  Copenhague.  Elle 
donne  fon  hom  â  un  enfoncement 

'^    que  'feit  la  mpr  en  cet  endroit  si 

^      <qu*on:âppeîle  fa  martçf^dçKogi.   ^ 


KOK 

KOHÔBRAN  i  fubftantiFmafcuiîn  ; 
&  terme  de  Chimie.  Quelques  Au- 
teurs  ont  ainfi  appelé  la  préparation 
de  zinc,  qu'on  nommme  commu- 
nément tutie. 

KOKENHAliSEN,  ou  Kohenhoys  , 
ville  forte  de  Livonie ,  dans  la  pro- 
vince de  Letten  ^  fur  la  Dwine  ,  i 
dix-fept  lieues  ,  fud-eft  ,  de  Riga. 
Elle  a  appartenu  fucceflivemenc  aux 
Polonois  y  aux  Suédois  ^  &  enfin  a  la 
Ruflie  qui  la  pofsède  aujourd'hui. 

KOKOBI  i  fubftantif  mafculin.  Ser- 
pent fort  dangereux  qui  reflèmble 
beaucoup  à  l'aimorrhoiis.  On  !• 
trouve  dans  une  péninfulefituée  en- 
tre le  golfe  du  Mexique  &  celui  de 

*  Honduras  :  ce  ferpent  eft  d'une  cou- 
leur noirâtre  ;  fa  longueur  eft  de 
trois  pieds  ou  environ  :  quand  on 
en  eft  mordu ,  on  perd  tout  fon  fang 
dansl'efpace  d'une  heure  >  &  l'on 
meurt ,  ù  l'on  ne  boit  auflitot  ime 
potion  compofée  de  rabac  fie  de  fuc 
de  primevère. 

KOKSCHAGAj  petite  ville  de  Ruffiç, 
au  Royaume  de  Cafan ,  fur  le  W<à- 
,  ga  ,  à  trente  werftes  »  &  âu-deffoii» 
de  Sabakzar. 

KGKURA  ;  ville  du  Japon  ,dans  \k 
partie  feptentrionale  de  l'île  de  Kia* 
iiu  9  fur  le  détroit  qui  la  fépare  âe 
l'île  de  Niphon ,  fie  aflèz  près  de 
l'île  de  Sirofima. 

KOKUTAN;  ville  que  les  Chinois 
ont  1)âtie  dans  la  Tartarie  »  à  quinze 
journées  de  Pékin,  pour  arrêter  les 
courfes  des  Calmouks  ,  Se  les 
empêcher  de  pénétrer  jufqu*a  la 
Chmé. 

JKOLA,;  iBom  propre  d'une  petite 
ville  maritime  de  la  Laponie  Mof^ 
covite ,  à  l'embouchure  d^une  ri* 
vière  de  même  nom  dans  la  mer 
glaciale. 

KOLAH  ;  fubftantif  mafculin.    Pruît 
de  Guinée  que  les  voyageurs  difçps 


tê(!embler  beaucoup  k  la  châtaigne, 
excepté  pour  le  goûc  qui  en  ell  forr 
tmer.  On  rapporte  que  les  Nègres 
en  font  tant  de  cas  y  que.  cinquante 
de  ces  fruits  fuffifent  pour  acheter 
une  NégrefTe; 

KOLAO  y  iubftantif  mafculin.  On 
donne  ce  titre  à  la  Chine  j  aux  grands 
Mandarins  ou  Minières  qui ,  après 
avoir  pa(ré  par  les  places  les  plus 
ioiinemes  Je  i*£mptre,  font  appe- 
(espar  rEnipeteur  auprès  de  fa  pet* 
fonne ,  afin  de  l'aider  de  teors  con- 

^  feils  dans  les  cribooamx  fupérieurs 
établis  i  Pékin  »  oki  pour  prafider  en 
(on  nom  i  ces  uibunaux ,  Se  poer 
veiller  fur  les  Mandarins  qui  les 
compo&nt ,  de  la  cotnliiite  defqueis 
ils  rendent  compte  à  TEmperçiir  di- 
ceâement.  L'autorité  des  Kolaos 
eft  refpeâée  même  pat  les  Princes 
de  la  Maifon  Impériale.   . 

KOLDING  ;  voyc^  Colding. 

KOLMOGORODi  voyei  Colmo- 

GOaOD* 

KOLLOMENSKE  j  ville  de  Ruffie , 
dans  le  voifinage  de  Mofcqu ,  fur 
une  éminence. 

KOLOMNÂ  i  ville  de  Ruflie  3  â  cent 
quatre-vingt  werftes ,  i  lorient  de 
Mofcou. 

KOLOSWAR  i  voyei  Coloswar. 

KOLYMA;  Beuve  de  U  Sibérie  fep- 
tentrionale ,  qui  a  fon  embouchure 
dan&  la  mer  glaciale. 

ILOM^  grande  ville  de  Perfe  dans 
rirac-Agemy»  i  6^  lieues  j  nord- 
oueft ,  d'ifpahan.  Il  7  a  une  fuperbe 
mofquée  où  font  les  tombeaux  de 
olufieurs  Rois  de  d'une  fille  de 
Mahomet» 

KOMARE ,  ou  KoMORE  \  voyc[  Co- 

MPRl. 

KOMOS  i  fubftantif  mafcuUn  ,  & 
terme  de  relation.  Titre  qu'on  don- 
ne dans  l'Abvffinie  aux  Prêtres  qui 
t^pliflenç  dans  le  Clergé  l«s  fçnc- 


tloni  de  nos  Archiprêtres  &  Curés  » 
&quifontjà  la  tête  des  autres  Prêtres 
&  Diacres  fur  lefquels  ils  ont  une 
efpèce  de  juridifbion  qu'ils  éten- 
dent même  aux  féculiers  de  leurs 
paroiHes.  Us  peuvent  fe  marier  Se 
font  fournis  à  l'Abounaqui  eft  l'uni- 
que chef  du  Clergé.  Voyc^  A  bouna. 

KONGAL  ou  KoNGïL  j  petite  ville 
de  Norwege  au  gouvernement  de 
Bahus  ,  fur  la  rivière  de  Gothelba, 
i  une  lieue  de  Maelftrand.  Les  Da« 
nois  4z  cédèrent  aux  Suédois  en 
1^)8  par  le  traité  de  Rofchild. 

KONGPU  ;  fcbftantif  ipafculin  ,  & 
terme  de  relation.  On  donne  ce 
nom  chez  les  Chinois  à  un  Tribu- 
nal ou  Confeil ,  qui  eft  chargé  des 
travaux  publics  de  l'Empire  y  reli 
que  les  palais  de  l'Empereur  y  les 
erands  chemins»  les  fortifications g^ 
les  temples. ,  les  ponts ,  les  digues  ^* 
les  éclufes,  &c.  ce  Tribunal  en  a 
quatre  autres  au-delTous  de  lui ,  qui 
font  comme  autant  de  bureaux  où*- 
Ton  prépare  labefogne»  Cette  Cour 
ou  Juridiâicn  eft  préfidée  par  un^ 
des  premiers  Mandarins  dû  Koyau* 
me  y  qui  rend  compte  à  l'Empeteucf 
eh  perfonne. 

leONIECPÔL;  ville  de  Pologne , 
dans  la  bafle  Podolie  »  fur  le  Bug  » 
â  vingt-quatre  lieues  au-pdeffôus  dé 
B  racle  la  w* 

KONIGSBERG  ;  ville  capitale  d« 
royaume  de  PrufTe  y  fur  la  rivière 
de  Prégel  près  de  la  mer ,  i  vingt- 
cinq  lieues  »  nord-eft  ,  d'Elbiag ,  & 
k  trente  lieues  ,  eft-nord-eft  »  i% 
Dantzick,  fous  le  )8^  àtgxiy  }è 
minute^ ,  1 5  fécondes  de  longitiii' 
de,  &le  54^  degré,  4}  minutes  de 
latitude.  Cette  ville. a  été  fondée 
au  13C  fiècle  par  les  Chevaliers  de 
rOrdre  Teutonique.  Albert  de 
Brandebourg  ,  premier  Duc  de 
Prufle  •  y  établit  une  Univerfitéva» 


t6i  KÔN 

1 544.  Elle  eft  aujourd'hui  fort  peu- 
plée ,  &  le  commerce  y  eft  âorif- 
fant. 
KoNiGSEERG  ,  eft  eucote  le  nom  de 
fix  autres  villes  :  Tune  eft  (ftuée  en 
Bohème  ,.far  TÉger  >à  deux  milles 
de  Falkenau  :  la  féconde  eft  en  Al- 
lemagne ,  dans  le  ccccle  de  Franco- 
nie  5  d  deux  milles  de  Schweinfurth; 
celle-ci  appartient  à  la  raaifon  de 
Sixe  Veymar  :  latroiftcme  eft  dans 
la  haute  Luface  ,  fur  les  frontières 
de  !a  Mifnie  :  la  quatrième  eft  en 
Silcfie ,  dans  la  principauté  de  Trop- 
pau,  auprès  de  Benifchaw  :  la  cin- 

Juièine  eft  dans  la  HcfTe ,  à  un  mille 
eGieflTen  ,  &  la  fixième  eft  dans 
rEle&orat  de  Brandebourg  ,  fur  la 
routé  de  Stetin  a  Cuftrin  ^  entre 
GriefenHnÊ;e*n  &  Burenwald. 

KONIGSIiRUCK  ;  Abbaye  de  fi\les 
de  rOrdre  de  Cîceaux ,  en  Alface  , 
audiocèfe  de  Sxraftsourg^  dans  la 
foret  de  Haguenau.  Elle  Jouit  de 
feize  à  dix-huit  mille  livres  de 
rente. 

KONIGSDALLER  ;  fubftantif  maf- 
culin.  Monnoie  qui  a  cours  en  Al- 
lemagne ,  &  qui  vaut  trots  livres  iix 
fous  nuit  deniers  de  France. 

IfcONIGS-ECK  i  château  ,  bourg  & 
comté  d'Allemagne  ,  en  Souabe , 
entre  Ubèrlingen  &  Buchau. 

KONIGSÉEi. petite  ville  d'AlIema- 

\  gne  >  dans  la  Saxe  s  au.  comté  de 
Schurrzburg  ^  fur  le  ruifTeau  de 
Rînne. 

KONIGSFEtD  ou  Kuniospeld  ; 
Bailliage  de  SuiHe  ,  dans  le  canton 
,  3e  Berne.,  à  une  demi-lieue  de 
Broiilc,,  C^éroit  autrefois  un  riche 
monartèrç  jôflTédé  par  des  Religieux 
de  St.  François  &  des  Religieufes 
de  Stc  Claire  qui  habitoient  lou5  le 
même  toit,  mais  dans  des  apparte-  : 
nrens  difFçrens.  [ 

XONIGSGRAtZ  i  ville  forte  &  épif-  \ 


KON 

eopale  de  Bohème  »  fur  l'Elbe  ,  1 
vingt-cinq  lieues  »  eft ,  de  Prague. 

KONIGSHOFENj  petite  mais  torte 
ville  d'Allemagne  ,  dans  TÉvèché 
de  Wurtzbourg  ,  à  fix  lieues ,  fiid- 
oueft ,  de  Wurrzbourg. 

Il  y  a  une  autre  ville  de  même 
nom  en  Franconie ,  for  le  Tauber  ^ 
à  deux  lieues  au  deffous  de  Marien- 
thaï.  Celle-ci  appartient  à  TÈlec- 
teur  de  Mayence^ 

KONIGSLUTER  ;  petite  ville  d'Al- 
lemagne avec  une  célèbre 'Abbay« 
de  Proteftans  ,  dans  le  pays  de 
Brunfwicfc  WolfembuteL 

KONIGSTEIN  j  petite  ,  ville  forte 
d*Allemagne^  dans  l'Éleâorat  is 
Saxe  ,  fur  TEibe ,  à  quatre  lieues  * 
fud-èft  ,  de  Pirn. 

KONITZ  \  ville  de  Pologne ,  dans  la 
Prune  royale  ,  à  quatre  Keaes  ,. 
nord-oueft ,  de  Culm. 

KONQUER  i  fubftantit  mafcnlîn  & 
tetmede  Relation.  C*eft  le  titre  que 

Sorte  le  chef  de  chaque  nation  de» 
fettentots.  Cette   dignité  eft  hé- 
réditaire; celui  qui  en  jouit  porte- 
une  couronne  de  cuivre  \  il  com* 
mande  dans  les  guerres  %  négocie 
la  paix ,  &  prédde  aux  a(&mblée^ 
delà  nation  au  milieu  des  capi« 
laines  qui  font  fous  lui.  Il  n'y  à  ati^ 
cun  revenu  attaché  à  fa  place  ,   ni 
aucune  diftindkion  perfonneUe.    Ea- 
prenant  poflèftion  de  fon  emploi  y, 
il  s*engage  de  ne  rien  entreprendre 
contre  les  privilèges  des  capitaines» 
&  du  peuple. 
KOOKI;  fubftantif  mafculin.  Arbre 
épineux  du  Japon ,  dont  les  feuilles 
.  font  en  très-grand  nombre  ,.  ovales 
&  longues  d'un  pouce  ,    fans  âa- 
cune   découpure  \    {e%  fleufs  -qui: 
naifTent  une  ou  deux  fur  chaqtse  pé^ 
dicttle  ,  font  de  couleur  purpurine  » 
à  cinq  pétales  ,  &  reftemblent  à  U 
fleur  ahyacinthe.  Oa  fe  fe  t^^en  toé«> 


. 


KOP 

decitré  de  fes  baies  &  de  fes  fe*  | 
mences ,  aulli  bien  que  de  fes  feuil- 
les donc  1  infu(ian  fc  boir  en  ma- 
,  iiière  de  tj|c. 
KOPj  fubftantif  mafculîn.    C'eft  la 
plus  pecice  mefure  qui  foie  uficée  à 
Âniderdam  pour  la  vente  des  grains 
en  dctaîK  Huit  kops  font  un  vier* 
devat,  Ôc  le  vierdevac  huic  lierons 
de  Paris. 
KÔPEIK  i   fubaantif  inafculin.   Pe- 
tire  monnoie  de  Ruflîe  qui  revient 
a  un  fou  de  France. 
KOPERSBERG  j  montagne  de  Suède, 
dans  la  Dalécarlie  ,  iiir  les  fron-* 
lièresde  laGeftricie.  Elle  renferme 
les  mines  de  cuivre  les  plus  riches 
du  royaume. 

Il  y  a  près  de  cerre  montagne  une 
petite  ville  de  même  nom  qu'on  ap- 
pelle auflî  Fahlumm 
KOPFSTYCK  ;  fubftantif  mafculin. 
Monnoie  d'argent  qui  a  cours  dans 
quelques    endroits  d'Allemagne  , 
pjtti'cuHcrement  en  Souabe.  Il  en 
Faut  quatre  &  demi  pour  faire  Técu 
d*£mpire  qui  vauc  trois  livres  quin- 
ze fous  de  France. 
XOPING;  ville  de  Suède  ,  dans  le 
Weftmanland  ,  près  du  lac  Malet  ^ 
à  locctdent  de  w efteran». 
KOPPANj  petite  ville  de    la  balTe 
Hongrie  ,  dans  le  comté  de  Zigeth, 
i  neuf  lieues ,  fud ,  d^^AJbe  Royale. 
KOPPUS  V  fubftantif  mafculiii  &  ter- 
me àt  Relation.  Les  habitans  de 
rile  de  Ceylan  donnent  ce  nom  à 
des  Prêtres  confacrés  au  fervice  des 
Dieux  du  fécond  ordre.  Ces  Prç- 
fres  né  font  point  fr  refpeftés  que  t 
les  Gonnis  qui  forment  une  clafTe  1 
fupérieure  de  Pootifes  po3r  qui  le 
peuple  a  autant  de  vénération  que 
pourle  DienBuddoulovt  Pout^a  dout 
ils  font  les  miniftresy  &  qui  eft  la 
grande  'Divinité  des  Chingulais 


K  O  R  X69. 

mi  les    nobles  ;  ils  ont  Ai  fe  /bu« 
mettre  le  Roi  lui-mcoie  qui  n'ofe-- 
Toic  les  réprimer  ou  les  punir  lors 
mcme  qu'ils  ont  attenté  à  fa  propre 
perfonne  5  ces  Prctres.fi  puiflans  &C 
(i  redoutables  fui  vent  la  nwme  rc-*, 
gle  ,  &  ont  les  mêmes  prérogative» 
que  ceux  que  Ton  namrne  Talapoins 
chez  les  Siamois.  Quant  aux  Kop^ 
pus  dont  il  s'agit  ici,  ils  font  fourni» 
aux  taxes  &  aux  charges  publiques- 
dont  les  Gonnis  font  exempts  »  Se 
fouvent  ils  font  obligés  de  labourer 
&  de  travailler  comme  les  autre» 
fujets  pour  gagner  de  quoi  fubfif- 
ter  »  tandi»  que  les  Gonnis  menenir 
une  vie  fainéante  ,  ic  s'engraiiTéni; 
de  la  fubftance  da  peuple. 
KOPYS  y  petite  ville  forte  de  Lîthua- 
nie  y  au    Palatinat  de   Mfciflavr  , 
fur  le  Nieper.  Elle  appartien-t  à  U 
maifon  de  Radzivil. 
KOQUET  i  fubftantif  mafculin.  C'eft 
en  Angleterre  ce  qiron  appelle  en 
France  dro'u  cU  fortie.  Les  AngK)^# 
le  payent  fimple  &  les  François  dou- 
ble en  conféquence  du  tarif  qu'on 
appelle  en  Anglererre  coutume  de 
l*  étranger. 
KORASAN  'y  voye:^  K^aoKASsÀv, 
KORATE  i   fubrflantif  féminin.  On 
donne  ce  tiom  dans  le  commerce'  à 
de  groiTes  toiles  de  coron  qui  vien^ 
Aem  des  Indes  orientales  ,  parti-' 
colièrement  de  Sutater 
KORBAN  }  fubftantif  mafculin  8C 
terme  dé  Relation.  C'étok  autrefoit^ 
chez  les  cbrétieui  orientaux  ,  une 
forte  de  facrifice  jqui  cojiiîftoit  à 
conduire  en  <;éi;émotûe  un  moutotr 
fur  le  parvis  de  rEjglife.  Le  Prçtre: 
facrificateur  béoiïïoit.  du  fei ,  &  le 
'  tnettpii  d^ns  la  gorge  i(te  j^  viâii^ie  ^ 
il  faiioir  enfoite  5}u<tl^es  pçicre» 
fur  le  couteair  dont  il  alloit  fe  fer^ 
vit  y3i  ^prèfii  ^votrr>a3|>ofc  les  maitt^ 


les  (?OAr/iij  font tou|oars  choifis  par- 1.  .  im  U*^iià\M  iqouçOJi  ii  Tégprgeoit 


^fth 


KOR 


La  vî(^îme  étant  égorgée ,  le  Prêtre 
.  âvoit  grand  foin  de  s'en  approprier 
une  bonne  partie,  &  abandonnoit 
le  relie  aux  aflifbns  qui  en  faifoient 
un  grand  feftin. 

ÏCORIAM;fubftantifm.ifculin.  C'cft 
le  neuvième  des  dix  mois  qui  corn- 
pofent  Tannée  des  habitans  de  l'île 
de  Formofe. 

KORKOFEDO;  fubftantif  mafculin. 
Poiflbn  de  la  côte  d*Or ,  en  Afrique, 
donc  les  dimenfions  font  égales  en 
longueur  &  en  largeur  :  fa  queue 
eft  Faite  en  croilTant ,  il  y  a  peu  d'ar- 
rôtcs:  fa  chair  qui  efl:  très-bl.inche , 
devient  rouge  &  excellente  par  la 
cuiflbn.  C'eft  pendr.nc  le  mois  de 
Décembre  que  les  Nègres  en  fo»t 
une  pèche  abondante.  Us  prennent 
ce  poifTon  avec  un  hameçon  fort 
crochu ,  auquel  on  .attache  une  piâce 
d«canneàfucre  à  Textrémité  d'une 
ligne  de  huit  brafTes  de  longueur  : 
Jcs  Nègres  fe  paflent  l'autre  bout 
de  la  ligne  autour  du  cou  ,  &  dès 
qu'ils  Tentent  une  petite  fecouffe , 
ils  ramènent  auflicôt  le  poilTon  Se 
Tamorce  dant  leur  clnot. 

KORNBOURG  ;  nom  d'un  bourg 
d'Allemagne  ,  en  Styrie,  fur  le 
Raab  »  à  iix  milles  de  Gratz. 

KORNEWBOURG  ;  petite  ville 
d'Allemagne ,  dans  la  balTe  Au- 
triche y  fur  le  Danube ,  â  deux  milles 
au-deflius  de  Vienne. 

4COROM;  bourg  de  la  balTe  Hon- 
grie far  le  Danube,  vis-JUvis  de 
l'embouchure  de  la  Teilfe,. 

KORSOÉ  ou  KoRsOR  \  petite  ville 
forte  de  Oannemarck ,  dans  Tile 
de  Séelande,  f^r  le  grand  Beit, 
yis-1-vis  de  Ule  de  Funen ,  à  qua- 


d  neuf  milles  de  Czircafli  ,&  à  c:a^ 
du  Nieper. 

KORZEC;  fubftantif  mafculin.  Me- 
fure  des  liquides  ufuée#n  Polognei 
&  dont  la  cpnfiftance  varie  \  à  Cra- 
covie  elle  eft  de  feize  pintes ,  â  War- 
fovie  de  vingt-quatre ,  &  à  Lublin 
de  vingt-huit. 

KOSEL  ou  KossEL  ;  petite  ville  forte 
deSilcfie,  dans  le  Duché  d'Oppe- 
len  ,  près  de  l'Oder  ,  entre  le  petit 
Glogau  6c  fieuten. 

KOSKOLTCHIKS  \  (  les  )  on  don- 
ne  ce  nom  en  Rullie  ,  auz  fcbif- 
mariques  féparés  de  TEglife  grec- 
que établie  dans  cet  Empire.  Ces 
fchifmatiques  ne  veulent  rien  avoir 
de  commun  avec  les  Ruffes  ;  ils  ne 
fréquentent  point  les  mêmes  Egli* 
fes }  ils  ne  veulent  point  fe  fer  vit 
des   mêmes  vafes   ni  des   mêmes 

f>lats  ;  ils  s'abftiennenr  de  boif e  de 
'eau  -  de  -  vie  \  ils  ne  fe  fervent 
que  de  deux  doigts  pour  faire  le 
Signe  de  la  Croix.  Da  refte  on  a 
beaucoup  de  peine  à  tiret  d'eux 
quelle  eft  leur  croyapce  ,  dont  il 
paroir  qu'ils  font  eux-mêmes  très^- 
peu  inftruits.  En  quelques  endroits 
ces  fchifmatiques  font  notâmes  Stcr 
ro  Vierjî. 

KOSMOS  ;  fubftantif  mafculin.  Sorte 
de  liqueur  que  préparent  les  Tarta- 
tes  avec  du  lait  de  jument  qu'ils 
font  fermenter  &  aigrir  jufqu'a  ce 
que  la  partie  butireufe  en  foit  fé* 
parée.  Elle  ennivre  &  eft  fort  diu» 
rétique. 

KOSS  \  fubftantif  mafculin.  Mefure 
dont  on*  fe  fert  en  Sibérie  Pour 
com{)ier  les  diftances.  Le  kon  falc 
quatre  lieues  deFr^nce^ 


tone  lieaes,  oaeft  ,  de  Copea-   KOSSEN  BLÂDEN }  fnbftamif  tnaC 
hagae.  câlin.  On  donne  ce  nom  dans  1« 

KORSUM  ;  petite  ville  de  l'Ukraine,      commerce ,  â  certaines  étoffes  grof- 
PoloDoife .  fut  U  ùviàcc  de  RoC*      fibres  donc  p«  fait  olàee  daas  U 


ItOT 

Traite  des  Nègres ,  â  Cacongo  &  d 
Loango. 

KOTBAH  î  fubftantif  mafculin  & 
terme  de  Relation*  C'eft  chez  les 
Mululmans  une  Prière  qae  Tlman 
ou  Prêtre  fait  tons  les  vendredis 
après  midi  dans  la  Mofquce  pour 
la  fanté  &  la  profpérité  du  Hoix- 
verain  dans  les  Ëtats  de  qui  il  ie 
trouve.  Cette  Prière  eft  regardée 
par  les  Princes  Mahométans  ,  com- 
me une  prérogative  de  la  Souverai- 
neté dont  ils  iont  très-jaloux. 

KOTEN  :  }>ourg  d'Allemagne  au  cer- 
cle de  la  Haute  Saxe ,  dans  la  Prin- 
cipauté d'Ânhalt ,  a  quatre  lieues  de 
Bernbourg. 

KOTVAL  i  fubftantif  mafculin  & 
terme  de  Relation.  Titre  que  porte 
i  ta  Cour  du  Grand  Mogol  ,  un 
Magiftrat  dlltingué  dont  la  fonc- 
tion eft  de  juger  les  fujets  de  ce 
'  Monarque  en  matière  civile  &  cri- 
minelle. Il  eft  chargé  de  veiller  à 
la  Police  &  de  punir  l'ivrognerie 
&  les  débauches.  Il  doit  rendre 
compte  au  Souverain  ,  de  tout  ce 

Îioi  le  pa^e  i  Delhi  ;  pour  cet  ef- 
et ,  il  entretient  un  grand  nombre 
d'efpions  qui  fous  prétexte  de  net- 
toyer les  meubles  &  les  apparte- 
mens ,  entrent  dans  les  maifons'des 
particuliers  ,  obfervent  tout  ce  qui 
s*y  paffe  ,  Se  tirent  des  domeftiques 
les  lumières  dont  le  -Kotval  a  be- 
foin.  Ce  Magiftrat  rend  compte  au 
grand  Mogol ,  des  découvertes  qu'il 
a  faites,  ôTce  Prince  décide  fur  fon 
rapport  ^  du  fort  de  ceux  qui  lui 
Ont  été  déférés  jcar  le  Kotval  ne 
peut  ptononcer  une  fentence  de 
mort  contre  perfonne  (ans  laveir 
du  Souverain  qui  doit  avoir  confir- 
mé la  fentence  en  trois  jours  difFé- 
rens  avant  qu'elle  ait  fon  exécu- 
tion. La  même  règle  s'obferve  dans 
les  provinces  de  Tlndoftan  »  ou  les 


KOU    •  171 

Gouverneurs  &  Vice- Rois  ont  feuls 
le  droit  de  condamner  â  mort. 
KOUAN  ;  royei  Chouan, 
KOUAN.INj  terme  de  Mythologie 
chitioife  ,  &  nom  de  la  Divinité  lu- 
télaire  des  femmes.  Les  Chinois 
foiK  quantité  de  figures  de  cette 
Divinité  fur  leur  porcelaine  bl.-in- 
che  :  la  figure  .repréfente  une  fem- 
me tenant  un  entant  dans  fes  bras* 
Les  femmes  ftériles  vénèrent  extrê- 
mement cette  Image  ,  perfuadées 
que  la  Divinité  quelle  repréfente, 
a  le  pouvoir  de  les  rendre  fécon- 
des« 

KOUBAN  j  grande  rivière  de  la  Tar- 
tarie  3  qui  a  fa  fource  dans  le  mont 
Caucafc  &  fon  embouchure  dans 
le  Palus  Méoiide  ,  au  nord-eft  ,  de 
la  ville  de  Daman.  Ses  bords  font 
en  partie  habités  par  une  branche 
de  Tartares  de  Crimée,  que  du  nom 
de  cette  rivière  on  appelle  Tarta* 
rts  Koubans,  Ils  vivent  indépen- 
dans  de  leurs  voifins  &  ne  fub(îf* 
tent  que  de  vols  &  de  pillages,  lis 
enlèvent  furtout  beaucoup  de  Géor- 
giennes &  de  Circaflicnnes  dont 
ils  peuplent  les  ferrails  de  Tur- 
quie. 

KOUCHT  ;  ville  de  Perfe  que  Ta- 
vernicr  met  au  38*  degré,  40  mi* 
nures  de  longitude  ,&au  3}^,  zo 
minutes  de  latitude. 

KOUH  DE  M  A  VEND  i  ville  de 
Perfe  que  Tavernier  met  au  74 
degré  ,  1 5  minutes  de  longitude  » 
&  au  ^3^*  9  15  minutes  de  lati^ 
tude. 

KOULIKAN  i  (  Tbamas  )  nom  d'un 
fameux  Roi  de  Perfe  appelé  aufli 
Sçhah  Nadir  i  fils  d'un  Gouverneur 
de  Calot  »  fortereife  du  Khorallan. 
Depuis  long- temps  ce  gouverne^ 
ment  étoit  héréditaire  dans  fa  fa- 
mille ;  mais  comme  Nadir  éroir 
mineur  i  la  mort  de  fon  père  »  fon 


^ 


»7x  •     KOU 

oncle  s'empara  de  ce  mcme  gou- 
varnemenc  fous  le  prcrexce  fpécieux 
d'en  pf eodre  £oîn  jufqa  a  la  maj^- 
rite  de  fon  neveu  :  NaJir  né  avec 
une  arae  élevée  &  un  efpcit  indé- 
pendant y  ne  voulue  pas  vivre  fous 
un  oncle  fi  injofte  \  il  s'exjpacria  : 
étant  allé  en  pèlerinage  àMuicbade, 
dans  le  Khorafan ,  le  Gouverneur  le 
prit  â  fon  fervice  pour  fon  Maître 
de  cérémonie.  Ce  Gouverneur  fut 
n  farisfait  de  fa  conduite,  qu'il  lui 
donna  une  compagnie  de  Cavale- 
rie. Sa  bravoure  &  fon  habileté  ré- 
levèrent en  peu  d'années  â  un  grade 
fupérieur  ;  il  fut  fait  Min-Bajchl  ou 
Commandant  de  mille  chevaux»  11  de- 
meura dans  ce  pofte  jufqu  a  Tâge 
de  }  a  ans  ,  fe  faifant  aimer  de  tous 
ceux  avec  qui  il  fe  familiarifoit  »  de 
cachant  avec  foin  l'ambition  dont 
il  brûloit.  Il  ne  pue  néanmoins 
8*cmpêcher  de  la  laiflfer  tranfpirer 
en  17Z0.  Les  Tartares  Ufbecks  fi- 
rent une  irruption  dans  le  Khorafan 
avec  un  corps  de  dix  mille  hommes: 
le  BégUerbey  n'avoit  fur  pied  qu'en- 
viron 4000  chevaux  6c  1000  fan- 
caflîns.  Dans  un  Confeil  de  guerre 
où  tous  les  Officiers  faifoient  fentir 
au  Gouverneur  qu'il  y  auroit  de 
l'imprudence  de  fe  rifqueravecdes 
forces  inégalée  ,  Nadir  s'offrit  pour 
cette  expédition  en  répondant  du 
fuccès«  Le  Gouverneur  charmé  de 
cette  propoHtion  ,1e  fit  Général  des 
troupes.  Nadir  parr ,  rencontre  l'en- 
nemi ,  le  bat  &  tue  de  fa  main  le 
Général  des  Tarrares.  Cette  vic- 
toire donna  un  grand  loftre  à  la 
Î;Ioire  de  Nadir  :  le  Gouverneur 
e  reçut  comme  an  homme  diftin- 
gué  ttC  l'alfura  qu'il  avoit  écrit  en 
Cour  pour  > lui  obtenir  la  Lieute- 
nance  général  du  Khorafan  *,  mais 
k  fbible  HuJ^in  fe  lai  (Ta  prévenir^ 
contre  Nadir  par  dt%  Officiers  ja-j  { 


KOU 

loux  de  Ces  fuccès  ,  &  l'emploi  fut 
donné  i  un  autre  ,  parent  du  Gou- 
verneur. Nadir  piqué  fit  des  repro- 
ches au  Béglurbcy  ,  &  il  poulTa  l 'in- 
folence  fi  loin  ,  que  ce  Seigneur , 
quoique  naturellement  doux  j  fe  vie 
obligé  de.  le  caflfer  après  lui  avoir 
fait  donner   la   baftonnade  fur  la 
plante  des  pieds  jufqu'à  ce  que  les 
ongles  des  orteils  fufient  tombés. 
Cet  aiFront  obligea  hadir  i  prendre 
la  fuite  }  il  fe  joignit  à  dipux  vo- 
leurs de  gratis  chemins ,  enrôla  des 
bandits  &.  ie  vit  dans  peu  i  la  tète 
de  cinq  cen$  hommes  bien  moirés* 
Avec  ce  corps  il  ravagea  tout  les 
pays  &  brûla  les  maifoBS  de  tous 
ceux  qui  refufoient  de  contribuer* 
Les  Âghwans  s'étoient  rendus  maî- 
tres alfpahan,  (bus  la  conduite  de 
Maghmud  qui  venoit  d'envahir  la 
Perfe.  Les  Turcs  ,  les  Mofcovites 
s'étoient  d'un  autre  côté  jetés  fur 
divers  États  de  la  Perfe  ;  de  forte 
que  Sehah'Thamas  i  légitime  fuc- 
ce  (Te  ur  de  Huffein ,  n'avoit  plus  que 
deux  ou  trois  provinces.  Un  aes 
Généraux  de  fon  armée  dont  il  étoic 
mécontent  ,  fe  retira  *  fecrètemenc 
auprès  de  Nadir  avec  quinze  cens 
hommes.  L'oncle  de  Nadir  appré* 
bendant  alocs  qu'il  ne  vînt  le  dé- 
pouiller du  gouvernement  i  aiain 
armée,  lui  écrivit  qa'il  obtiendroitj 
s'il  vouloir ,  le  pardon  de  tour  ce 
qu'il  avoit  fait,  &  qu'il  pourroic 
entrer  au  fervice  du  Roi.  Il  accepta 
cette  offre  ,  &  partit  fans  différer  , 
avec  le  Général  fugitif  d^  cent  hom- 
mes d'élite.  Arrivé  chez  fon  oncle 
à  Calot ,  il  y  fut  bien  reçu  \  mais 
la  nuit  fuivante  il  fit  inveuir  la  pla- 
ce par  cinq  cefls  bomines ,  8c  écanc 
monté  dans  la  chambre  de  fon  on- 
cle ,  il  le  tua  en  1727.  SckafuTha^ 
mas  ajant  befoin  de  monde  fit  dire 
i  N,adir  q;a'il  lui  pafdonnerpit  etw 

cote 


K 

<ote  cetee  faute  s*il  irenoit  le  |oin^ 
lire  f  &  qult  le  fecoic  Min-Ba/cki. 
Nadir  ravi  de  cette  pcopoficion ,  fe 
rendit  auprès  du  Monarqne  ^  s*ex-* 
cura&  jurade  lui  erre  fidelle.  Après 
s  être  fignalé  en  diverfes  rencontres 
contre  les  Turcs ,  il  fur  fait  Lieu-» 
tenant  Général.  Il  fur  même  fi  bien 
s'infinuer  dans  l'efprlt  du  Roi  & 
rendre  fufped  le  Général  de  fes 
troupes  ,  que  ce  dernier  ayant  eu 
la  tète  tranc^^ ,  Nadir  fe  vit  Gé- 
néral au  commencement  de  l'an 
1719.  Ce  fut  dans  ce  pofte  qu'il 
déploya  toute  Tétendue  de  ks  ta« 
lens  i  le  Roi  fe  repofa  fur  lui  pour 
tputes  les  affaires  militaires.  Dans 
le  mois  d'Août  de  cette  année  TAa* 
mOs  apprit  qM^^/chruff' ^  fucceflèur 
de  Maghmudy  inarchoit  avec  trente 
mille  hommes  vers  le  Khorafan  \ 
Nadir  mzïchz,  contre  lui ,  la  bataille 
fe  donna  &  Afchruff^  ayant  perdu 
douze  mille  hommes ,  fe  retira  i 
Ifpahan  avec  environ  le  tiers  de 
fon  armée  ;  ce  fut  alors  que  Tha-- 
mas  fit  à  fon  Général  le  plus  grand 
honneur  qu'un  Roi  de  Perfe  puifie 
faire.  Il  lui  ordonna  de  porter,  fon 
nom  \  de  forre  qu'il  fut  nommé 
Thamas^Kulic  ou  Kouli  ,  tEfcIavc 
de  Thamas  j  en  y  ajoutant  le  mot 
IKan  qui  fignifie  Sejgneur*  L*Efclave 
voulut  bientôt  erre  le  maure.  Kou^ 
UKan  excita  une  révolte  contre 
Thamas  »  le  fit  enfermer  dans  une 
prîTon  obfcure  èc  fc  plaça  fur  le 
Trône  d'où  il  Tavoitfait  defcendre. 
Il  fur  couronné  en  173^  d  Kafbin. 
Le  Grand  Seigneur  &  le  Mogol  le 
reconnurent  pour  Roi  de  Perfe.  11 
partit  au  mois  de  Décembre  avec 
une  armée  de  plus  de  Quatre -vingt 
mille  hommes  ,  ayant  laifTé  fon  fils 
Be^a-fCù^i'Mirla  pour  commander 
Àatïs  Ifpahan  pendant  fon  abfence, 
&prir  Kandahar  après  un  fiége  de 
Tome  Xr.       •       * 


KOU 


*7> 


dixphmr  mois.  Qiielqi)ei  Miniftres 
de  Mahommed"  Schah  ,  Empereur 
du  Mogol  ou  de  l'Indoftan , comme 
Nk^am^  Gouverneur  de  Décan  » 
&  Saadic^  Gouverneur  ^e  la  pro- 
vince d'Audib  ,  écrivirenr  à  Kouli" 
Kan  pour  l'invirec  i  6*emparer 
d'un  Empire  dont  le  Monarque  in- 
dolent &  voluptueux  fi'étoir  pas 
diçne.  Dès  que  le  Roi  de  Perfe  eut 
pris  fes  sûretés  il  ne  fe  refufapas 
à  cette  conquête  fi  conforme  à  fon 
inclination.  A  près  avoir  pris  les  vil- 
les de  Ghorbundec  &  de  Ghoznaw, 
il  rira  droit  â  Kabul ,  capitale  de  la 
province  de  même  nom  &  froniièro 
de  rindodan  :  Kouli-Kan  la  prit 
&  il  y  trouva  d'immenfes  richef- 
fes.  Il  écrivit  au  Grand  Mogol  que 
rout  ce  qu'il  vendit  de  faire  étoit 

four  le  foutien  de  la  religion  de 
Empertur.Mahommednerépondir 
à  cette  lettre  qu'en  levant  des  trou- 
pes, Kouli-Kan  envoya  un  fécond 
AmbalTadeur  pour  demander  envi- 
ron cent  millions  de  notre  mon- 
noie  &  quatre  provinces.  L'Empe- 
reur trahi  par  fes  Miniftresi»  ne  fit 
aucune  diligence.  Pendant  ces  ter- 
giverfations  ,  Iç  Petfai»  fe  rendit 
devant  Peishor  dont  il  s'empara 
après  avoir  défait  lept  mille  hommes 
campés  devant  cette  place  au  mois 
de  Novembre  ly^i^.iLe  19  Janvier 
fuivant  il  fe  vitm^iître  de  Labor^  En- 
fin l'arméeduGrandMogols'ébranla 
&  le  Monarque  partir  de  Delhi  te 
1 8  Janvier  à  la  tcte  de  douze  cent 
mille  hommes.  'Kouli  Kan  alla 
au-devant  de  lui.  Son  armée  n'ctoir 
as  de  foixante  mille  hommesâl  alla 
e  camper  à  une  petite  diftancede 
l'armée  ennemie»  l'afiiégea»  lui  coa« 
pa  les  vivres  &  la  détruifit  et^  de- 
rail.  La  confternacion  &c  la  terreur 
s'éraur  répandues  dans  le  camp  de 
l'Empereur  ,  on  tînt  un  Gonfqir& 

M  m 


i 


74  K  O  U  ^ 

on  ftt  fuite  iès  prbpofirions.  d*ac«T 
cofnnK)dement    à  Kouli^Kan    qui* 
exigea  qu'avant  coûtes  chofes  »  le 
Grand  Mogol  vint  s'entretenir  avec 
lui'daiy  (on  camp.  L'Empereut  fie 
cequ*on  demandoicde  lui  ,&  après  l 
que  lé  Roi  de  Pcrfe  l'eut  fait  af  • 
fcoir  i  côté  de  lui  dans  le  m^nKi 
fiége  j  il  lui  parla  en  maître  0C  la 
traita  en  fujet:  il  ordonna  enfuite  à 
un  détachement  de  cavalerie  de  s'em* 
parer  de  toute  rartillerie  du  Grand 
Mogel  ic  d'enlever  tous  les  tréfors» 
les  joyaux  ,  toutes  les  armes  Se  les 
munitions  de   l'Empereur   ic  des 
Ëmiis.  Les  deux  Monarques  fe  ren^j 
dirent  enfuite  à  Delhi ,  capitale  de 
lEmpire ,  &  ils  y  arrivèrent  avec 
leurs  troupes  le  7  Mars  1759*  ^^ 
Vainqueur  ^ferma  Le  Vaincu  dans 
une  prifoh  honorable  &  fe  fît  pro- 
clamer Empereur  des  Indes.  Tout 
fe  paflà  d'abord  avec  beaucoup  de 
tranquillité  »  mais  uj^e  taxe  quelon 
mit  fur  le  blé»  caufa  un  grand  ta- 
ttiulte  &  quelques-uns  des  gens  da 
Roi  de  Perfe  furent  tués.  Le  len- 
'    demain  Le  tumulte  fut  plus  grand 
^encore.  K<mlh-Ka/k.monx7i  ii  che»- 
v:il  &  envoya  un  gros  détacbenient 
de  fes  troupes  pour  appaifer  la  mul- 
titude »  avec  pernûifixMi  de  faire 
maÎDrbaffe  fur  les   féditieûx  après 
avoir  employé  la  douceur  &  le$ 
menaces.  Le  Rot  de  Perfe  s'étanc 
rendu  uans  une  Mofquée ,  y  fut  at* 
taqué  à  coups  de  pierres  y  on  tira 
même  fur  lui.  Ce  Prince  fe  livrant 
alors  à  toute  (à  fureur  ,  ordonna  un 
maflàcre  général  :  il  le  fit  celTer  en- 
fin y  mais  ayant  duré  depuis  huit 
heures  du  ntatin  jufqa'à  trois  heu- 
res après  midi  y  il  y  eut  un  11  grand 
tarnage  ,  que  Ton  compte  qu'il  y 
péritau  moins  cent  vingt  mille  ha- 
bitans«  Pour  fe  déNvrer  d'un  hôte 
fi  formidable  y  il-s'agiffait  de  lui. 


Kot; 

paver  les  fommes  qui  lui  avoîent 
été  promifes»  Kouli-Kan  eut  pour 
fa  part  des  richelTes  immenfes  en 
bijoux  y  en   diamans.  (1    emporta^ 
beaucoui>  plus  de  tréfors^de  Delhi^ 
que  les  Ëipagnols  n'en  prirent  a  lai    - 
conquête  du  Mexique.  Ces  tréfors 
amatles  par  un  brigandage  de  pla- 
fieurs  fiècles  >  furent  enlevés  par  tta 
autre  brigandage  :.  on  fait  monter 
le  doQHnage  qu^iufa  cette  irrup- 
tion des  Perfes  ftem  vingt  -  cinq 
millions  de  livres  fterlings.  UnDer-»- 
vis  touché  des  malheurs  de  fa  Pa- 
trie ,  ofa  préfemer  ^' KouH-KaftW 
requête  fuivante  i  Ji  tu  es  Dieu  ^ 
cgis  en  Dieu  ;  Ji  tur  es  *Prophiu  ^ 
I      conduis-nous  dans  la  voie  dt^falut;^ 
fi  tu  es  Roi  „  rendi  les  peuples  heu* 
reux  &  ne  Us  détruis  pas.  Kouli- 
Kan  répondit,  je  ne  fuis  pasDicui 
pour  agir  en  Dieu  j  ni  Prophète  pour 
montrer  le  chemin  du  Jalut  j  ni  Roi 
pour  rendre  les  peuples*  heureux.  Je: 
fuis  celui  éfue  Dieu»  envoyé  contre  lest 
Nations  Jiir  le/quelles  il  veut  faire: 
tomber  fa  vengeance*  Le  Monarque- 
Cerfanquiétoit  en  droit  de  tout  exi*- 
ger  de  Mahomnied  »  fifait  par  lui 
demander  en    mariage  une  Prin*^ 
cefle  de  Um  fang  pour  fba  fils ,  avec 
la  cefllôn  de  toutes  les  provinces^ 
fituées  au'-delide  la  rivière  d'Atek, 
Se  de  celle  de  rindiis  du  cocé  de  la: 
Pèdfe.  Mahommed  canfentit  i.  ce 
démembrenaeat  pat  un  adte   figné: 
de  fa  mainw  Kouli-Kan  fe  contentai 
de  la  ceflion  de  ces  belles  provin» 
ces  qui    étoient  continues   àp  fon? 
Royaimie  de  Perfe  3  &  les  préféra: 
fagement  â  des  conquêteS'pIusyaf-' 
tes  qu'il  eût  confervées  difficile-- 
menr.  Il  kiflà  le  nom  d'Empereur 
à  Mahommed: ,  mais  il  donna  le: 
gouvernemen^iun  Vice-Roi..Coin«^ 
blé  de  gloire  &  de  richefTes ,  ^1  ne- 
{bngea.  plus  .qu'd  retourner  en  Perfc« 


KOU 

•  Il  y  arriva,  après  une  marche  p^nl-^ 
ble  qui  fat  rraverfée  par  pluiieurs 
obftacles  que  fa  valeur  &  fa  fortune 
rurmonrerent.Sesaucresexplpics  (bot 
peu  connus.  It  fuc  malTaccé  en  1 747 

Car  Mahommed  ,  Gouverneur*  de 
"awus ,  de  concerravec  AU-Kouli- 
Kan  ,  neveu  de  KôuU  ^  qui  fe  fir 
proclamer  Rot  de  Perfe.  Amfi  mou- 
tur  ce  Prince  aufli  brave  qu'Alexan- 
dre »  aulfî  ambitieux  ,  mais  bien 
moins  généreux  &  bien  moins  hu- 
main. Sts  conquêtes  ne  furent  mar- 
quées que»  par  des  ravages.  P^int 
de  villes  réparées  ou  bâties  \  point 
de  grands  établiflemens*  Il  ne  fur 
.  enhn  qu'un  illuftre  fcélérat.  11  ài- 
moit  exceflivemenc  les  femmes  , 
fans  négliger  les  affaires.  Pendant 
la  guerre  il  vivoit  comme  un  (împle 
foldat  ;  à  la  paix  il  n'érott  pas  moins 
frugal.  Sa  taille  étoit  de  ux  pieds  , 
fa  conditution  fort  robufte&  fa  voix 
extrêmement  forte* 

KOUROUK  ;  fubftantif  m«i'culia& 
terme  de  Relation.  Sorte  d'otdon-- 
tiance  par  laquelle  il  eft  defendu.cn 
Perfe  >  fous,  peine  de  mort  «  â  qui 
que  ce  foir ,  de  fe  trouver  fur  les 
chemins  où  le  Sophi  doit  paflfer 
avec  fes  femmes  ioriqu'il  juge  à 
propos  dequitter  1  fpahao  pour  quel- 
que voyage  ou  quelque  promenade. 
Cette  ordonnance  ry ra unique  &ab« 
furde  le  publie  tEois  jour^  avant  le 
voyage. 

KOWNO  i  ville  de  Pologne ,  en  Li- 
thuanits ,  au  Patatinat  de  Troki  j 
au  confluent  de  liEi  Vilk^  &  du 
Niémen  ,   &  â  treize   millei  ^de 

Vilna.         •  •  '' 

KOUXEURY  i  fubftantif  mafculm.  ' 
PoilTon  du  lac  deXîayenne ,  très- 
connu  dans  ce  pays.  Les  Indiens  du 

*    fond  de  la  Guyarine ,  fe  fervent  de 


KRA  ^7f 

fon  au  lieu  de  lime  »  pour  polii^  Ie« 
arcs  ,  les  boutons  &  autres  ou- 
vrages. 

KRAAL  'y  fubftantif  mafculin  &  ter^ 
me  de  Relation.  On  donne  ce  nom 
à  une  efpèce  de  village  ambulant , 
habité  par  des  Hottentots  ,  &  qui 

.  eft  d'ordinaire  compofé  d*Une  ving- 
taine de  cabannes  bâties  fort  près 
les  unes  des  autres  6c  rangées  en 
cercle.  L'entrée  de^es  habitations 
eft  fort  étroite.  On  les  place  fur  le 
bord  de  quelques  rivières  :  les  ca- 
bannes font  de  bois  \  elles  ont  la 
forme  d'un  four  &  font  recouvei« 
tes  de  nattes  de  jonc  (î  ferrées ,  que 
la  pluie  ne  peur  point  les  pénétrer. 
Ces  cabannes  ont  environ  14  ou  i  ^ 
pieds  de.  diamètre  \  les  portes  en 
font  n  baffes  que  Ton  ne  peut  y  en* 
trer  qu*en  rampant ,  &  Ton  eft  obli- 
gé de  s  y  tenir  accroppi  faute  d'clc- 
Vation  :  au  centre  de  la  cabanne  eft 
un  trou  fait  en  terre ,  qui  fert  de 
cheminée  ou  de  foyeUpîl  eft  entouré 
de  trous  p!u$  petits  qui  fervent  de 
fiéges  &  de  lits.  Les  Hottentots  vont 
fe  tcanfporter  ailleurs  lorfque  les 
pâturages  leur  manquent  ,ou  lorf- 
que quelqu'un  d'entr'eux  eft  venu 
â  mourir  d'une  mort  violente  ou 
narurelfe.  Chaque  Kraal  eft    fous 
l'autorité  d'un  Capitaine  dont    le 
potivôir  eft  limité.  Cette  digriité  eft 
nérédiraire  ;  lorfque  le  Capitaine  en 
prend  poITellion  ,  il  promet  de  ne 
rien  changer  aux  lois  &  coutumes 
du  Kraal.  Il  reçoit  les  plaintes  du 

f>euple ,  te  juge  avec  les  anciens  ^ 
ei  pf^ocès  &  Tes  difputes  qui  fur- 
,  viennent.  Les  Capitaines  qui  font 
les  Kobles  du  pays,  fpntfubordon- 
nés  au  Konqucr.  Us  font  auflî  fou- 
mis  au  Tribunal  du  Kraal  qui  les 
•  juge  &  les  punit  lotfqu'ils  ont  com- 
miiquèlqdefàtité^ 


l'os  qui  forme  le  palaia.de  ce  poif-  KRAI^OURG  ;    nom  .d'^in   bour^ 


17^  KRA 

.  d'Allemagne  »  en  Bavière^  fur  Tlnn» 
à  (ix  lieues  deBurckbaufen. 
KR AKEN  'y  fubftancif  mafculin.  On 
donne  ce  nom  i  an  'aninial  donc 
Texiftence  eft  difficile  à  croire  :  il 
habite  les  mers  du  nord ,  &  fon 
corps  9  difenc  les  pécheurs  de  Nor- 
wège^a  jufqu^â  une  demi-lieue  de 
longueur  ^  on  le  prendroic  pour  un 
.  amas  dt  rochers  nocrans  ou  de  pier- 
res couvertes  de  moufle  :  ces  mê- 
mes pécheurs  difent  »  à  ce  que 
l'on  rapporte ,  que  pendant  les  ctia- 
leurs  &  les  beaux  jours  de  Tété  , 
quand  ils  avancent  quelques  milles 
en  mer  »  au  lieu  de  la  profondeur 
ordinaire  qui  eft  de  quatre  -  vingt 
&  cent  brafles  »  il^  n'en  trouvent 
que  vingt  ou  quarante»  ils  concluent 
de-IA  qu'ils  font  au-deflus  des  kra- 
kens  dont  la  prcfence  occafionne 
cette  diminution  de  profondeur.  La 
pèche  eft  alors  très-abondante  pour 
eux  \  i  chyiiie  inftant  ils  prennent 
des  poiflbns  d  l'hameçon  \  mais  ils 
obfervenc  toujours  H  la  profondeur 
refte  la  même  ;  car  (î  elle  diminue 
ils  fe  retirent  au  plutôt ,  de  peur 
que  l'animal  par  fon  mouvement 
ne  les  fafle  périr.  On  penfe  que 
c'eft  une  efpèce  de  polype  dont  les 
bras  pour  répondre  à  la  mafle  du 
corps  ^font  de  la  grandeur  des  plus 
hauts  mâts  de  vaiSeaux.  On  ajoute 

Iue  les  poiflbns  font  attirés  au- 
eflus  de  cet  animal  par  les  hu- 
meurs fangeufes  qu'il  rejette  & 
qui  colorent  la  mer  ;  &  cotnme 
rout  doit  être  (Tngulier  dans  un 
femblable  animal,  on  dit  que  fon 
dos  s'ouvre  &  qu'il  engloutir  ainfi 
les  poidbns  qui  font  au-defllis.  de 
lui  ^  &  en  fait  fa  nourrimre. 
KRANlGHFELDi  petite  ville  de  la 

Principauté  -de  ^axe  •  Gotha  l  (yxt 
rino. 

KRANOSLOW.^  petite  ville  de  Po- 


i 


•     KRE 

legne ,  dans  ta  Ruflie  Rou^e,  fur  la 
rivière  de  \l7ieprz  »  i  huit  lieues  de 
Cdelm. 

KRANOWITZ  y  ville  de  la  Haute  Si- 
léHe  »  dans  la  Principauté  de  Tiopv 
pau  y  entre  Ratibor  &c  Troppau» 

KRAPACKS  ;  (  les  monts  )  longue 
chaîne  de  montagnes  qui  s'éten- 
dent depuis  l'embouchure  de.  la 
Morave  »  dans  le  Danube  »  en  Hon- 
grie ,  en  Tranfylvanie  »  en  Mora- 
vie &  en  Siléfîe ,  jufqu'â  la  petite 
Pologne  où  on  les  appelle  SchnC' 
icrg. 

KRAPPITZ  i  petite  ville  de  Siléfie, 
fur  rOder  ,  dans  la  Principauté 
d'Oppelen  «  vers  Falkenberg. 

KRASNOBROD  -y  village  de  Pologne 
dans  le  Palatinat  de  Lublin ,  au  mi* 
lieu  d'une  foret.  Il  eft  célèbre  par 
trois  vidoires  mémorables  que  Jean 
Sobieski  \  depuis  Roi  de  Pologne,  f 
remporta  fur  les  Tartares  deux  ou 
trois  années  avant  fon  avènement  à 
la  Couronne» 

KRASNOJE  DE  REWO  }  fobfttn- 
tif  mafculin.  Arbre  propre  au  pays 
des  Tartares  qui  habitent  en  Sibctie 
fur  les  frontières  de  la  Chine.  Il 
reflemble  au  cerifier  faovage  ^i 
produit  des  guignes, excepté  que  les 
feuilles  font  plus  longues  Ce  d'un 
vert  plus  foncé  ,  &  ont  des  fibres 
auffi  fortes  que  celles  de  la  feuille 
du  citronnier  ;  il  produit  des  baifes. 
Son  bois  eft  rouge  comme  du  fantal 
ic  fort  dur. 

KREMLIN  }  fubftamif  mafculin. 
Nom  «du  Palais  des  Czars  â  MoC- 
icou. 

KREMPE  ,   ott  KasMPEN  }  ^^^ 

CR€MP£N.     .      • 

KREMS,  ou  Krembs  ;  petite  ville 
d'Allemagne ,  dans  la  Baffe  Aatri- 
c)>e,  fuF  le  Danubei  i  quinze  lieues, 
,eft,dëA^iènne. 

KRtUlrZER  ,  ou  CRÈVT2ER }  fabC 


KTRI 

Ufitif  mafculio.  Petite  monnoie 
d'Allemagne  ,  qai  a  particulièrer 
ment  cours  en  Bavière ,  en  Soaabe 
&  fax  les  bords  du  Rhin  où  elle  vaut 
un  peu  moins  d'ufi  fou  de  France. 
Il  en  faut  90  pour  un  écu  d'Empire 
on  trois  livres  quinze  fous  de  Fran- 
ce. Le  kreutzer  de  Franconie  a  on 
peu  plus  de  valeur*  U  revient  à  dou- 
ze deniers  &  demi  de  France. 

KRICZOW  î  ville  forte  de  Lithua- 
nie  ,  au  Palatinat  de  Mfciflaw. 

KRILOW  y  nom  de  deux  petites  viU 
les  de  Pologne  »  dont  une  eft  firuée 
fur  le  fioug  ,  au-deflfous  de  Belz , 
dans  le  Palatinat  de  ce  nom  ;  & 
l'autre  au  Palatinat  de  Kiovie ,  dans 
une  île  que  forme  la  rivière  deTaf- 
min  â  fon  embouchure  dans  le  Bo« 
lyftène. 

KRINOCK  j  bourç  marttimed'Écofle». 
fur  un  petit  golfe  de  même  nom. 
G'eft  de  là  que  partent  les  paque- 
bots pour  l'Irlande. 

KRUMAU;  voy^:(CRUMAu. 

KRUSWICK  :  ville  &  châtellenie  de 
Pologne  »  dans  la  Cujavie  ,^u  Pa- 
latinat de  Brzefcie  \  fur  le  lac  de 
Guplo. 

KRUZMANN  ;  terme  de  Mytholo- 
gie &  nom  propre  d*un  Dieu  que 
révérèrent  autrefois  les  peuples»qui 
habtroient  fur  les  bords  du  Rhin  y 
près  de  Stra(bourg  :  on  croit  que 
c'étoit  Hercule  que  les  Romains 
leur  avoient  fait  connoître ,  &  cette 
opinion  fe  fonde  fur  ce  que  ce  Dieu 
étoit  repréfentè  avec  une  mafiue  8c 
un  bouclier. 

KRZEMINIEC;  ville  &  châtelleniede 
Pologne  s  dans  le  Palatinat  de  Vol* 
hinie. 

KUBAN  ;  voye{  Koûbam. 

KUB3È  ;  fubftantif  inafculin  8c  ter- 
me de  Relation.  Les  Turcs  dé(i- 

•  gnent  ainli  un  monumejnt  funèbre 
qui  confifte  en  une  tour  ou  autre 


/ 


uc 


277 


ouvrage  de  ce  genre ,  délicatement 
&artiilemenc  travaillé,  qu'on  élève 
fur  les  tombeaux  des  Vilîrs  &  des 
Bâchas. 

KUCHEL  j  bourg  d'Allemagne  »  an 
Bavière ,  fur  la  rivière  de  Saltz ,  k 
cinq  lieues  de  Saltzbourg. 

KUCHING-,  ville  de  la  Chine,  datft  le 
Pékéli ,  au  département  de  Hokien». 
troifième  Métropole  de  cette  pro- 
vince. 

KUDACHj  forterefle  de  Pologne, 
dans  l'Ukraine ,  au  Palarinat  deKio- 
vie>  fur  le  Bory fthène.  Les  Cofaques 
l'ont  enlevée  aux  Polonois. 

KUFA  ;  voyq[  Cufa. 

KUFSTEINj  ville  for  te  d'Allemagne, 

.  dans  leTirol.fur  Tlnn^à  vingt  lieues, 
fnd-eft  y  de  Munich. 

KUGAN  ;  ville  de  la  Chine, dans  le 
Pékéli  j  au  département  de  Pékin  , 
Capitale  de  VÊmpire. 

KUGE  'y  fubftantif  mafculin  8c  terme 
de  Relation  qui  figpifie  Seigneur. 
Les  Prêtres  Japonois ,  tant  ceux  qui 
font  a  la  Cour  du  Dairo ,  que  ceux 
ui  fe  trouvent  dans  les  provinces 
e  l'Empire  ,  fe  parent  de  ce  titie. 
Us  ont  un  habillement  particulier 
qui  les  diftingue  des  Laïques  ,  8c 
cet  habillement  varie  félon  le  pofte 
ue  chacun  d'eux  occupe  à  la  Cour 
u  Pontife.  Les  dames  de  cette 
Cour  ont  anfll  un  habillement  dif- 
tingue de  celui  des  femmes  laï- 
ques. 

KUHRIEM  i  fubftantif  mafculin.  On 
donne  ce  nom  dans  les  fonderies  du 
Hartz  ,  â  une  efpèce  de  mine  de 
fer  alFez  peu  chargée  de  métal ,  qui 
eft  jaune  ou  br\^ne ,  &  dans  l'état 
d'une  ochre }  ou  la  joint  à  dau- 
très  mines  de  fer  plus  riches ,  & 
dpntona  trouvé- quelle  facilitoit  U 
fufion. 

KUL  ,  ou  KovL  'y  fubftantif  ma  fculiii 

t     8c  terme  de  Relation.  C'eft  propre-* 


i 


3; 


i7«  KUL      . 

nient  un  efclave  du  GranoSeigneur. 
Ceux  qui  ont  quelque  place  auprès 
de  la  perfonne  de  te  Prince  ,   qui 
tiennent  à  la  Cour  par  quelque  em- 
||Ioi  ,  qui  font  gagés  par  le  Sultan  , 
en  un  mot»  qui  le  fervent  de  quel-* 
que  façon  que  ce  fait  y  prennent  le 
'  rftre  de  Kul  ou  Kou/ ,  ou  d'Efcla- 
.  ve  y  lequel  les  élève  fort  au-delTus 
de  h  qasiiué  dtfujets*  Un  Kul  ou 
Efclave  du  Grand  Seigneur  a  droit 
de  maltraiter  ceux  qui  ne  font  que 
fes  Domeftiques  \  mais  un  fu|et 
qui  maltraiteroit   un  Kul  ,  feroit 
Icvérement  puni.  Les  Grands  Vifirs 
&  les  Bâchas  ne  dédaignent  point  de 
porter  le  nom  de  Kul.  Les  KuU  font 
entièrement  dévoués  aux  caprices 
du  Sultan  }«ils  fe  tiennent    pour 
fort,  heureux  s'il  leur  arrive  d  être 
étranglés  ou  de  mourir  par  k$  or- 
dres y  c'eft  pour  eqx  une  efpèce 
'  de  martyre  qui  tes  mène  droit  au 
Ciel. 
KULKICHAIA;  fubftantif  mafculin 
8c  terme  de  Relation.  Les  Ottomans 
donnent  ce  titre  à  un  Officier  Gé- 
néral qai  eft  le  Lieutenant  de  leur 
milice  »  &  qui  occupe  le  premier 
rang  après  l'Aga  des  Janiflàires  par- 
mi les  troupes ,  mais  qui  prend  le 
rang  au-deflus  de  lui  dans  le  Con- 
feil  ou  dans  le  Divan.  C*eft  lui  qui 
tient   le  rôle  des  Janiflàires    aufli 
bien  que  du  refte  de  l'infanterie  : 
Les  affaires  qui  regardent  ces  trou- 
pes ,  fe  terminent   enire  lui  & 
rAga. 
KULP ,  ou  KoutÇB  ;  (  la  )  rivière  qui 
a  fa  fource  dans  la  Carniole ,  vers 
Bucariza  ,  Se  foi)  embouchure  dans 
la  Save  ,  à  Craftowitz  ,  près  des 
frontières  de  TEfclavonie. 
KUNCKEL  ,  (  Jean  )  né  dans  le  Pu- 
chéde  Slefwick  en  j(>50  ,  futChi- 
miftede  lEIefteurde  Saxe  >  de  ce- 
lui de  Brandebourg  &  de  Charles 


KUN 

XI  y  Roi  de  Suéde.  Ce  Monarque 
récompenfa  fon  mérite  par  des  let- 
tres db  ooblefle  &  par  le  titre  de 
Confeillcr  Métallique.Kunck^l  mou- 
rut en  1 70 z  apfès  avoir  fait  plufieurs 
découvertes ,  entt'autres  celle  du 
pkojphorc  d'urine.  Parmi  le  grand 
nombre  d'ouvrages  qull  a  publiés 
en  allemand  &  en  latin  y  on  diftin- 
gue  particulièrement  fon  arc  de  l^ 
verrerie  imprimé  i  Paris  ftn  1751'. 

KUNÇCHANG  j  ville  de  la  Chine , 

.  dans  la  proyince  de  Socbuen,  au 
département  de  Siucheu ,  quatriè- 
me Métropole  de  cette  province. 

KUNOW  ;- bourg  de  la  Haute  Polo- 
gne  ,  dans  le  Palatina:  de  Sendo- 
mir  y  â  quinze  lieues  »  nord,  delà 
ville  de  oendomir,  11  eft  remarqua- 
ble par  fes  carrières  de  marbre. 

KUON-IN  PU-SA  i  terme  de  My- 
thologie ic  nom  propre  d'une  Di- 
vinité chinoife  qu'on  repréfente 
fousJa^gure  d'une  femme  ayant 
UîT  grand  nombre  de  mains  pour 
marquer  qu'elle  lépand  fans  cef- 
fe  fes  bienfaits  fur  ceux  qui  l'in- 
voquent. 

KUPFERBERG  j  on  compte  quatre 
>Ûlles  de  ce  nom  :  l'une  eft  en  fio* 
hème  >  dans  le  cercle  de  Satz  :  la 
féconde  eft  en  Siléfîe ,  fur  le  fio- 
.ber,  dans  le  Duché  de  Javer  :  la 
troifième  eft  en  Franconie  dans  TÉ- 
vèché  de  fiamberg  ,  à  neuf  lieues  ^ 
oueft ,  de  Cronach  :  6c  la  quart  ic^e 
eft  aufli  en  Franconie  »  i  cinq  Ueues, 
oueft,  d*Aichftat. 

KUPFERNIKKEL  -,  fubftantif  maf- 
culin.  Les  mineurs  de  Saxe  donnent 
ce  nom  à  une  efpèce  de  mine  d'Ar- 
fénic  d'un  rouge  femblable  à  celui 
du  cuivre ,  mais  qui  très*fonventne 
contient  que  peu  ou  point  de  ce 
métal.  Quelquefois  il  eft;  mêlé  avec 
les  mines  de  cobalt  ;  ce  qui  fai( 
qae  quelqaes  auteurs  l'oni  regardé 


KUR 

comme  étant  lui-même  une  mîne  { 
de  cobalt  y  mais  il  ne  fait  que  nuire  I 
ftu  faffre  ou  à  la  couleur  bleue  que 
Voti  en  retire.  M.  Henckd  croit  que 
cerre  mauvaife  quahté  vient  d'une 
terre   étcangcie  qui  s'y   trouve  & 
qu'on  ne  peut  point  eihdcgdgeré  Le 
Koipfernikkel  ne  comienu  commu- 
nément que  de  la  terre,  de  l'ar- 
fenic  &    une  quantité  de   foufre 
qui  eft  tantôt  plus ,   tantôt  moins 
grande   :    quelquefois  il   y   a  ou^ 
cre  cela  an  peu  de  cuivre  qui  s'y. 
trouve    acciden  tellement    ^    voili 
pourquoi  ce  minéral  colore  en  vert 
iacide  nirreux  dans  lequel  on  le  fait 
difloudre.  On  prétend  auiO  qja  on  y 
trouve  quelquefois  de  l'argent  ^mais 
c'eft  encore  par  accident  >  &  cela 
vient  ^fuivam  M.  Henckel  »  d'un 
cobalt  tenant  argent  qui  s'eft  mèlc 
avec  ce  minéral. 
CUR^rivIère  d'Aiie^qui  fort  duCau^ 
Café  &  va  fe  jeter  dans  la  mer  Caf- 
pienne.  Et'e  abonde  en  e(hirgeons» 
KÙRAB  \  ville  de  Pei/e,  capitale  de  la 
crovince  deKesker^à  une  dmi^ieue 
de  la  met  Cafpienne. 
KURBATOS  i,  fubÛantif  mafculin. 
Oifeau-  dont  les  bords  du  Sénégal 
font  peuplés  ^  il  fe  iioiurLc  de'poif- 
ibns  y  il  n'e(t  pas  plus  gros-  qu'un 
moineau ,  (on  plumage  eft  fort  va- 
rié :il  a  le  bec  plus  long  que  tour 
te  corps  :.ce  bec  eft  fort  Se  pointu  9 
crénelé  en-dedans  comme  une  fcie  : 
•     il  fe  balance  dans  l'air  &.  à  la  fur- 
&ce  de  l'eau  avec  un  mouvement  (i 
vif  que  les  veux  en  font  éblouis.  Il 
s*en  trouve  des  milliers  furies  bords 
de  la  GUmbra  ,  furtout  vers  l'île  du 
Aiorfil:  leurs  nids  font  en  H  grand 
nombre  fur  les  arbres  qui  bordent 
k  rivière ,  que  les  Nègres  leur  don- 
nent le  nom  de  villages.  L'art  qui 
flègne  dans  la  condrujftion  de  ces 
nid^  eft  admirable  :  la  ffgure  en  eft 


KUR  17^ 

oblongue  &  grisâtre  :  ils  font  corn** 
pofés  d'une  terre  dure ,  nièlée  de 
plumes  5  de  moulTe ,  de  paille  H  bien 
entrelacées  que  In  pluie  n'y  peut  pé» 
nétrer.  Ces  nids  Vont  fi  folides  qu'c-^ 
tant  agités  par  b  vent  ,  ils  s'entre- 
heurtent  fans  fe  brifer  :  à  quelque 
dift;uice  il  n'y  a  perfonnequi,  pour 
la  première  fois  ne  les  prit  pour  les 
•fruits  de  l'arbre.  Ces  oifeaux  ne 
donnent  à  leurs  nids  qu'une  petite 
ouverture  qui  eft  tournée  i  l'eftafin 
d'éviter  la  pluie  :  par  ce  moyen  les 
Kurbatos  font  en  sûreté  dans  leur» 
nids  contre  les  fuaprifes  des  finges 
leurs  ennemis  9  qui  n'ofent  Te  rif^ 
quer  fur  des  branches  H  foibles  &  (r 
mobiles  :  d'ailleurs  les  feuilles  de 
ces  arbres  font  cpincufes  &  rcndenc 
l'accès  de  ces  nids  encore  plus  difîi* 
cile.  On  a  cependant  des  exemples 
que  des  finge^  veillent  fouvent  â> 
l'autre  bout  des  branches  y  8c  lorf-^ 

3 ne  la  nichée  commence  à  croîrre». 
s  ont  la  malice  de  fecouer  la  bran«* 
che  j  de  manière  qu'elle  fair  b;aian« 
cer  les  nids,  &  y  donne  ufl  contre^i-' 
coup  i\\xï  les  détache  &  les  jette  fuc 
la  terre.  On  a  encore  remarqué  que 
quand   ces  nids  n'étoient  pas  luf- 

t^eiyius  à  d'alfez  longs  61s  ou  liens, 
es  ferpens  qui  montent  audi  d  ces 
arbres,  gagnenr  le  bour  de  la  bran- 
che ,  s'y  fufpendent  perpendiculai-- 
remenr  par  leur  queue  ôc  entrent 
dans  le  nid  pour  y  butiner. 
KDRGAN  j,  (  le  )  rivière  d' Afie ,  fore 
oilFonneufe  ,  qui  a  fa' fource  dans* 
e   Khorafan*  &   fon  embouchure- 
dans  la  mer  Cafpienne  ,  à  l'occident 
de  la  ville  d'Aftrabar,  après  un-cours^ 
d*enyiron  foirante  lieues» 
KURIÉ  ;  bourg  de  Turquie  ,.  dans  la: 

Natolie  auprès  de  Prufe. 
KURILIS;  (  les  J  peuples  dé  Sibérir 
ui  babit-enr  la  partie  méridior^le- 
e  la  Piefqu  lie  de  Kamtfchatka.  Ils^ 


r. 


3; 


1 


ttOr 


KUR 


font  Fort  pauvres ,  ne  vivent  qae  de 
poidj^ns  6c  ne  payent  tribut  i  pet- 
fonne. 

KUROGANNI  ;  fubftantif  mafcalin. 
Arbre  da  japon  dont  le  bois  appro- 
che de  la  dureté  du  fer.  Ses  feuilles 
font  fans  poils  &  fans  découpures , 
&  refTemolent  â  celles  du  ulephium 
commun.  Ses  baies  font  de  la  grof- 
feur  des  petites  prunes  fauvaees.  Çn 
en  diflingue  une  efpèce  qui  le  nom- 
me ^«ro  kaki. 

KUROGGI  i  fubftantif  mafculin.  Ar- 
bre fauvage  du  Japon ,  qui  a  fes 
feuilles  ovales ,  terminées  en  poin- 
te p  longues  de  deux  pouces  &  lé- 
gèrement dentelées.  Ses  fleurs  font 
doubles  y  d'un  jaune  pale  »  petites  , 
garnies  d'un  grand  nombre  d'éta- 
mines  qui  environnent  le  piftiL  II 
a  plulleurs  fleurs  fur  un  feut  pédi- 
cule. Les  pétales  extérieurs  font 
•cailleux  &  recourbés.  Ses  baies  font 
plus  grofTes  qu*unpois,  oblongues, 
charnues  &  purpurines. 

KURPIECKS  ;  (  les  )  on  appelle  ainfi 
en  Pq^ogne  des  payfans  cha(reurs& 

?afteurs  qui  habitent  un  canton  du 
'alatinat  de  M azovie  où  ils  vivent 
indépendans. 

KURTCHIS  i  fubftantif  mafculin  plu- 
riel &  terme  de  Relation.  On  ap- 
pelle ain(î  en  Perfe  un  corps  de  ca- 
valerie compofé  de  l'ancienne  No- 
blelle  &  des  defcendans  de  ceux  qui 
placèrent  Ifrt>acl  Sophi  fur  le  trône. 
Les  Kurtchis  font  au  nombre  d'en- 
viron dix-  huir  mille. 

KUSiMA  DEMIANSKI  ;  ville  de 
l'Empire  de  Ruflîe,  dans  la  Tarta- 
rie .  à  treize  lieues  y  nord  eft  »  de 
Vafiligorod. 

KUSNOtCI  ;  fubftmtif  mafculin.  On 
donne  ce  nom  dans  le  Japon  à  l'ar- 
bre qui  produit  le  camphre,  f^oye^ 
Camphrier  &  Camphre. 

KUTTENBERG  j  ville  de  Bohème  , 


KYi 

I  i  quinze  lieues  «  eft  s  de  Pfagae# 
Il  y  a  des  mines  d'argent  dans  le 
voifinage. 

KUT2ENH  AUSEN  j  bourg  de  Frao- 
ce  «  chef-iiçu  d'un  Bailliage  de  mê- 
me nom  >  dans  la  Bafle  Al/àce ,  à 
trois  lieues,  nord-nord-eft^de  Stras- 
bourg. 

KUWANA;  grande  ville  maritime 
du  Japon ,  avec  un  beau  port  ,dans 
la  province  d'Owari.  Elle  eft  divifée 
en  crois  parties  qui  font  comme  sa- 
tant  de  villes  diftinguées  Tune  de 

'     l'autre. 

KUYNDER  ,  forterefle  des  Pays- 
Bas  y  dans  la  Frife  y  fur  les  fron- 
tières de  rOvéryflel,  à  quatre  lieues 
de  Stéenvyk. 

KUYVEN;  ville  de  la  Chine, dans 
la  province  de  Xenfi  ,  au  départe- 
ment de  Pingléang ,  quatrième  Mé- 
tropole de  cette  province. 

KYKAYA  i  ville  de  la  Chine  ,  dans 
la  province  de  Kiangtî ,  au  dépac* 
temcntde  Linkiang,  huitième  Mé- 
tropole de  cette  province. 

KYLBOURGîpetite  ville  dA'IIema- 
gne  ,  chef- lieu  d'un  bailliage  de 
même  nom  dans  l'Eleâorat  de  Trê- 
ves ,  far  la  Ky  11^  â  huit  lieues,  nord- 
ope  ft,  de  Trêves. 

KYLE  \  province  de  l'Écofle  méridio- 
nale qui  eft  bornée  au  nord  par  l'ir- 
win  qui  la  fépare  de  la  province  de 
Cuningham  ^  &  au  midi  par  le  Dun 
qui  la  lépare  de  la  province  de  Car- 
rîck. 

KYLL  ;  rivière  d'Allemagne  ,  dans 
le  Cercle  électoral  du  Rhin  :  elle  a 
fa  fource  fur  les  frontières  des  Du* 
chésde  Limbourg  &  de  JaUers  j  Se 
fon  embouchure  dans  H  Mofelle , 
à  deux  lieues  au  -  delfus  de  Trê- 
ves. 

KYPHONISME  i  royc[   Cy^ho- 

NISME. 

KYRIELI^  \  fubftantif  féminin.  Au 

propre 


ICYS 

propre  îl lignifie  litanie  ;  lîiai&ilne 
fe  dit  guère  en  ce  fens  :  on  l'em- 
ploie plus  communément  au  figuré 
&  dans  le  ftyle  familier  pour  ex* 
primer  une  longue  fuite  de  chofes 
ennuyeufesou  facheufes.I//:^  Ar/r^^//^ 
de  plaintes.  Une  longue  kirielle  de 
compUmenSé 
KYSTE  j  fubftantif  mafculin  ic  teirme 
de  Médecine.  Membrane  en  forme 
de  veflUe ,  qui  renferme  des  humeurs 
liquides ,  epaitTes  ^  adipeufes,  char- 1 


KYT  i»l 

nîies  ,  6tc:  contre  nature.  Telle  éft 
l'enveloppe  membraneufe  de  i*athé« 
rome ,  du  melicécis  &c  de  toutes  les 
tumeurs  qui  s'engendrent  daas  les 
glandes.  Foyeii  kmiKouî^ ,  Lou- 

KYTÈOTOMIE ,  ou  KYSTioToiiiE; 
fubftantif  féminin  &  terme  de  Chi- 
rurgie î  opération  par  laquelle  on 
ouvre  la  veffie  pour  en  tirer  l'u^ 
rine.  On  rappelle  zvS^pon^ion  au 
périnée^ 


'^^B 


XijM, 


^m* 


■«•i^W 


L 


Lj  fubftantif  mafculin  fui* 
vaut  Tappeliation  nouvelle 
qui  prononce /tf  ;  &c  fémi- 
nin iuivant  Tàppellation  an- 
cienne qui  prononçoit  elle.  La  dou- 
zième lettre ,  &  la  neuvième  con- 
fonne  de  Talphabèr. 

Quand  cette  lettre  eft  double ,  & 
qu'elle  eft  précédée  de  a/,  ei ,  oui^ 
elle  fe  prononce  mouillée  comme 
en  ces  mots  »  vaillant  »  vermeille  > 
quenouille.     '  * 

Elle  fe  prononce  aufli  mouillée 
en  Quelques  mots  où  elle  n'eft  pré- 
cédée que  d*un  i ,  comme  dans  cariU 
Ion  ^  gentillejfe^  briller. 

On  la  prononce  encore  4e  même 
dans  les  mots  qui  finiifent  en  aiU  ^H 
6c  ouil, comm^  bail  y  vermeiljenouilj 
Se  dans  d'autres  qui  ne  finiflènt  que 
par  i/^  comme  2#vri/,  babil  ^  péril. 

Il  y  a  quelques  mots ,  comme 
taril ,  chenil ,  fujil ,  outil  j  finil , 
grjl^  fournil ,  coutil  ^  fourcil  a  où  /  | 


ne  fe  fait  pas  fentir.  On  les  prononce 
comme  s'il  y  avoit  bari ,  cheni ,  yi- 
Ji^  &c. 

Cette  Jettre  ne  fe  mouille  point 
dans  tranquille  ,  pupille  ,  vUle  ,  & 
leurs  dérivés  fil  j  à  la  fiU  ,  mil , 
mille  i  noms  de  nombre  \  ni  dans 
/n/V/g , fubftantif}  ni  dans  lesadjeAifs* 
en  //ou  en  ile  ,  comme  fubtil ,  fa^ 
cile  ;  ni  quand// eft  la  première  fyl- 
labe  du  mot ,  comme  dana  Uluftre  » 
illicite. 

Quand  il  y  a  deux  //  de  fuite,  on 
n'en  prononce  ordinairemenr  qu* un» 
comme  dans  collège  «  allumer. 
*  Il  faut  excepter  Tes  mots  qui  com« 
mencent  par  i/,  comme  illégitime  , 
illimité ,  fie  quelques  autres  »  comme 
allûfion ,  allégorie ,  vaciller^  &c.  où 
1  on  prononce  les  deux  II. 

Cette  lettre  fe  mettoit  autrefois 
avec  une  apoftrophe  devant  le  pro^ 
nom.  on  j  quand  on  le  plaçoit  après 
le  verbe ,  comme  dans  cette  phrafe 
de  J  biiiviUe  :  celui  jo^r  portoit  /  jpn 

N  n 


i8i  -LA 

les  croix  en  proceffions  en  plufieurs 
lieux  de  France  ,  6^  les  appelto'u  ton 
les  croix  noires* 

L  »  chez  les  anciens  ,  eft  une  lettre  nu- 
mérale qui  (Ignifie  cinquante. 

Quand  on  y  ajoure  au-delTus  une' 
ligne  borizbncale  >  fa  valeur  eft  mille 
fois  plus  grande^  ainfi  I  fignifie  cin-, 
quante  mille. 

L ,  eft  le  caraârère  dont  on  marque  la 
monnoie  fabriquée  a  Bayonne. 

L  ,  dans  le  commerce  ferr  à  pludeurs. 
fortes  d'abréviations  pour  la  com- 
modité des  Banquiers  ,  Négocians, 

^'  Teneurs  de  livres  ,  &c.  aina  I.  ST. 
iîgnifie  livres  Jèerling.  L  de  G  ^  ou 
i.  G.  fignifie  livre  de  gros»  L  majuf- 
cule  bâtarde  fe  met  pour  livre  tour' 
vois  qui  fe  marque  auftî  par  cette 
figure  tt. 

LA  ;  article  des  noms  féminins,  f^oy. 
Le. 

LA  \  pronom  relatif,  f^oyer  Le. 

LÀ;  adverbe  démonftratih  II  fe  dit 
d*un  lieu  confidéré  comme  différent 
de  celui  où  Ton  eft,  &  comme  moins 
proche.  Refiei^là  un  infianu  Vous  le 
trouvere'['là.  lin  eft  pas  là.  Comment 
feront-ils  pourfe  tirer  de  ià  ? 

LÀ  ,  fe  mec  fouvenc  au  commence- 
ment  du  membre  d'une  période  »  & 
ne  fe  dit  que  pour  marquer  la  diffé- 
rence des  lieux  ,  (ans  aucun  rap- 
port au  plus  ou  au  moins  de  diftan- 
ce.  Là  fut  un  Temple  d' jépollon  ^  ici 
un  amphithéâtre.  La /ont  des  Nym- 
phes féduifantes  y  ici  un  concefp  en* 
chanteur. 

LA  )  fe  mec  quelquefois  après  J*ad- 
verbe  fà  ,  comme  dans  cetre  phra- 
fe ,  cà  &  là  ;  &  alors  ces  deux  ad- 
verbes de  lieu  joints enfemble  figni- 
fient  difperfion  &  confufion.  Tous 
fes  papiers  éioient  répandus  cà  &  là. 
.  Les  ennemis  fuyoitnt  fà  &  là  ^  fans 
favoir  où  ils  alloient. 

Là  j  fe  joinc^auffi  avec  quelques  au- 


LA 

très  adverbes  de  lieu  qu*il  procède 
toujours.  Là-haut.  Là 'bas.  Là-dtf 
fus    Là'Ouprès.  Là^ontre. 

LÀ  »  fe  mec  encore  à  la  fuite  des  pro- 
noms démonftratifs  &  ties  noms 
pour  une  plus  grande  défignation. 
Ces  gens-là  font  fort  finguliers.  Ce- 
lui-là n^y  éioitpas. 

LÀ  ,  ne  s'emploie  quelquefois  que  par 
une  efpèce  de  redondance  »  &  doot 
donner  plus  de  force  &  plus  d'éner- 
gie au  difcours ,  comme  dans  les 
exemples  fuivans.  Quelle propofition 
nous  faites-vous  là  ?  Efl-ce  là  l'effet 
que  VOUS  en  attendiez  ? 

On  dit  figurémenc  &  pour  mar- 

?|uer  la  néoefllité  indifpenfable  de 
aire  une  cUofe ,  qu'//  enfautpajfer 
par  là  ;  pour'  dire  ,  qu'on  ne  peut 
faire  autrement.  //  exigea  de  nous 
dix  mille  francs  ,  &  nous  fumes  obli* 
gés  d'en  paffer  par  là . 

On  dir  auffi  proverbialement ,'  fi- 
gurémentâc  familièrement,  il  faut 
paffer  par  là  ou  par  la  fenêtre  ;  pour 
dire  j  c'eft  une  nécefficé  ,  c'eft  Tunie. 
que  parti  qui  refte  a  prendre. 

On  dit  figurémenc,  s*en  tenir-là; 
pour  dire ,  Varreter  à  ce  qui  a  été 
propofé ,  parcequ'on  ne  peut  trouver 
mieux.  On  lui  a  confiilli  de  s%n 
tenir  là. 

On  dit  auflî  figurémenc ,  en  de-- 
meurer  là  ;  pour  dire  ,  ne  parler 
plus  d  une  chofe  qu'on  croit  avoir 
été  afTez  agitée.  Nous  nousfommts 
affei  occupés  de  ce  mariage  ,  nous 
pouvons  en  dtmeurer  là. 

La  même  chofe  fe  dit>  lorfqu'on 
veut  faire  finir  un  difcours  dont  la 
fuite  pourroit  être  fâcheufe.  Crpyej* 
moi  ,  demeureT^-en  là.. 

On  dit,  de-^à  &  de-là;  pour  dire» 
de  côté  &  d'autre.  //  court  de-fà  6r 
de-là^  pour  emprunter  l^argcm  quom 

lui  demande. 

Ondic^nflî^  de-là;  pour  dire. 


LA 

de  cette  caufeU-,  âc  ce  fujfef  H. 

C*ejl  de-là  que  vient  leur  hrouillerie. 
//  /i  j' a  rien  à  inférer  de-là. 
De-lA  ,  eft  quelquefois  une  prépon- 
cion  qui  (ignifie  plus  outre,  de  l'au- 
tre côté,  lleji  de-là  la  rivière.  H  va 
fardrpour  aller  ie^lk  les  monts. 

En  ce  fens  il  fe  joint  avec  les  par- 
ticules au,  de  Se  par.  U armée  ètoit 
au-delà  du  Rhin.  Il  vient  de-delà 
£eau.  Qn  le  trouva  par-delà  la  forêt. 

On  dit  figurément  ,  au  -  delà  de 
r imagination ,  au-delà  de  mes  efpé- 
ronce ,  au-delà  de  ce  que  je  croyois  ; 
pour  dire ,  beaucoup  plus  qu  bn  ne 
le  peut  imaginer,  beaucoup  plus 
que  je  n'efpcrois ,  que  je  ne  croyois. 
On  lui  en  donna  au-delà  defes  efpé- 
tances» 

Onditau/nabfolument,  au-^delà; 
pour  dire ,  encore  plus  ,  encore  da- 
vantage. //  a  tout  ce  qui  lui  revient 
&  au-delà. 

On  difoit  autrefois  ,  de4à  ,  par- 
de^à  &  par  delà;  pour  marquer  le 
lieu  ,  la  place  de  la  perfonne  ou  de 
la  chofe  dont  on  parloir ,  comme 
dans  ces  phrafes ,  dès  qu  il  fera  re- 
venu de  delà  ,  il  faut  nous  en  infor- 
mer ,  nous  ferons  par  deçà  ce  qui  dé- 
pendra de  nous.  Tandis  qu* il  étoit par- 
delà  ,  les  chofesfe  pajjbient  ainji  par 
deçà  :  mais  ces  façous  de  parler 
vieillilTent. 

On  dit,  en-delà;  pouï  dire,  plus 
loin.  Il  faut  vous  placer  plus  en-  delà. 
I^À  ,  fe  met  quelquefois  â  la  fuite  de 
la  prêpo/ition  dcs^  &  il  devient  alors 
un  adverbe  de  temps  qui  fignifie 
dès-lors ,  de  ce  temps-lâ.  Us  fe  liè- 
rent d* amitié  à  t armée  ^  &  dès-là  ils 
ne  fe  font  plus  quittés. 

On  dit  auffi,  dès-là  ;  pour  dire  , 
cela  étant.  //  refufa  de  montrer  fon 
regiflre  ,  &  dès- là  je  ne  doutai  plus 
qu  il  neût  formé  le  deffein  de  me 
tromper. 


LA  A'  tti 

Oij*  dît  %  jilfqut'ià;  pour  dire  > 
jufqu'â^  te  temps,  ju(^u*à  ce  lieu» 
julqu'à  ce  point ,  jufqu  au  point  de* 
S'il  nous  laijfe  tranquilles jufqueJà  , 
nous  ferons  en  état  de  le  payer.  Il  vous 
conduira  jufque-là. 

Dans  les  places  de  guerre  &  à  lar^ 
méé  les  fentinelles  demandent  à 
ceux  qui  les  approchent ,  qui  va  là.^ 
&  difent  »  demeure  là. 

LA  où  }  façon  de  parler  adverfative  » 
qui  étoit  autrefois  ufitée  pour  dire  ^ 
au  lieu  que ,  comme  dans  cette  pbra- 
fe  :  celui  qui  fait  modérer  f es  défirs^ 
vit  dans  lefein  de  la  tranquillité  y  là 
oà  l'ambitieux  pafjèfes  jours  dans  un 
trouble  &  une  agitation  continuelle  : 
mais  cette  exprelHon  eft  vieillie. 

LA  L A ,  fe  dit  ramilièrement  par  for- 
me de  menace  &  de  réprimande.  Là 
là  il  na  qu*à  revenir. 

Il  fe  aitaufli  par  forme  de  confo- 

'  lation  &  d  adoucidement.  Là  là  il 
n'y  a  pas  grand  mal  à  cela. 

LA  lA  ,  fe  dit  encore  adverbialement 

>  par  forme  de  réponijb  à  certaines 

quefttons  ,  &  pouc  dire  médiôc^er 

ment.  Efi^ce  là  un  Juge  éclairé  f 

Là  là.  .  •  :': 

La  ,  en  termes  de  MuHque  eft  le  nom 
de  la  fixième  des  notes  de  la  gamme 
inventée  par  Guy-Aretin. 
Ce  roonofylbbe  eft  brève.    . 

LA  A  ou  Laab  \  petite  ville  d'Alle- 
magne ,  danshbilTe  Autriche»  fur 
laTeya ,  4  onw  lieues  ,  nord -pU  eft , 
de  Vienne.  Ellecft  remarquable  par 
la  viâoire  que  Rodolphe  de  Habf- 
bourg  y  remporta  en  1 178 ,  fur  Ot« 
tocare  Rôi  de  Bohème  qui  y  fut' tué. 
Ceft  ce  qui  a  îlciquis  T Autriche  & 
1^1  Styrie  a  la  Maifon  qui  les  pofi^èdc 
aujourd  hui. 

LAABIM^  nom  propre  d'un  fils  de 
Mezraïm^  dont  parle  laGenèfe ,  & 
duquel  on  croit  que  les  Lybien« 
font  defcendus. 

Nn  ij 


284  LAA 

LAALEM -  GÈSULE  ;   nom   d'une  I 
montagne  d'Afrique  »  au  Royauo^e  1 
de  Maroc  ,  dans  11  Province  de  Sus. 
Elle  eft  habitée  par  des  Bércbères  de 

.  la  Tribu  de  Muçamoda ,  qui  peu- 
vent mettre  for  pied  fix  mille  copi- 
batans.  On  y  trouve  des  mines  de 
'  cuivre  &  d'argent ,  &  elle  aboqde 
en  blé  ,  en  miel  >  en  cire  &c  en 
bétail. 

LAAR  ou  Lar  'y  nom  propre  d^une 
ville  de  Pçrfe ,  capitale  d'une  Pro- 
vince qn  on  appelle  Ghcrmès  ou  La^ 
Tifidriy  &  où  le  Roi  faifoit  autre- 
fois (a  réfidence ,  lorfque  les  Seâ:a* 
teurs  de  Zoroaftre  polFédoienr  ce 
pays.  Le  grand  Schan- Abas  leur  ota 
cette  ville  :  elle  eft  aujourd'hui,  la 
léndence  d*un  Kan  qui  commande 
à  toute  la  Province.  Cette  ville  eft 
lituce  a  quatre  journées  de  Gomron  » 
-fous  Jje  7*ç  degré  ,  xo  minutes  de 
longitude  j  &  le  ty^ ,  j.o  minutes 
de  latitude.  Il  s*y  fait  un  commerce 
considérable  de  foie  »  &  les  environs 
fonç  couverts  de  citrotuiiers  >  d'o- 
rangers ,  de  palmiers ,  &c. 

JLAASj  petite  ville  d'Allemagne,  au 
"cercle  d*Autrïche,  dans  la  Carnio- 
le  ,*  fur  le  Boick  »  au    pied  des 
monragnes. 

tABADIA  ;  ville  forre  d'Italie,  dans 
le  Ppléfiu  de  Rovigo  ,  fur  TAdige, 
à  huit  lieues»  nord-oueft  >  de  Ferrare» 
Elle  appartient  aux  Vénitiens.. 

LABADlSTESj  (les)  Hérétiques dif- 
ciples  de  Jean  Labadie ,  fanatique 
fameux  du  dix-feotième  fîècle ,  qui 
après  avoir  été  Jéluite ,  puis  Carme , 
enfin  Miniftre  protcftant  à  Montau- 
ban  &  en  Hollande  y  fut  chef  de 
fedte  j  &  mourut  dans  le  Hoifteia  en 

L'Auteur  du  fupplément  de  Mo- 
réry  fait  Ténumération  fui  vante  des 
principales  erreurs  que  fourenoient 
ittLabadiJtcs.  i**.Ils  croyoient  que 


LAA 

Diea  pouvoit  &  voulint  tromper  lei 
hommes»  &  qu'il  les  trompoit  ef* 
feâivement  quelquefois.   Ils  allé' 
guoienr  en  faveur  de  cette  opinion 
monftrueufe  »  divers  exemples  cirés 
de  l'Écriture  *  Sainte  »  qu'ils    en* 
ceixdoienc  mal  ^  comme  celui  d'A- 
chab  de  qui  il  eft  dit  que  Dieu  lui 
envova  un  e(pric  de  menfonge  pour 
le  féduire.  i^*  Ils  ne  regardoient  tus 
rÉcri cure  -  Sainte  commp   abfoui* 
ment  néceflfaire  pour  conduire  les 
âmes  dans  les  voies,  du  faluc.  Selon 
eux  leSaitu-'Efprit  agiiïbic  immé* 
dia^èmenc  fur  elles ,  &  leur  donnoic 
des  degrés  de  révélation  ^  tels  qu'el- 
les étoienc  en  état  de  fe  décider  & 
de  fe  conduire  par  elles  n:^.mes%  Us 
permettoient  cependant  la  leâuire 
derÈcritureSaiDce  ;  mais  ils  vou- 
loi6i;u  que  quand  on  la  lifoic,  on  fôc 
moins  actentif  à  la  lettre ,  qu'à  une 
prétendue  infpiration  intérieure  di> 
Saint- Efprit  dont  ils  fe  prétendoient 
favoiifés»  )^.  Ils  convenoienc  que- 
le  Baptcm^  eA  un  fceaude  lalliance 
de  Dieu  ^vec  Les  hommes  ».  &  ils  ne* 
s'oppofoienc  pas  qu'on  Le  conférât 
aux  en£ans  naUfani  dans  L'Eglife  y 
.  mais  ils  confeilloienc  de  le  différer 
)u(^u'à  un  Nage  avancé  >  puifqu'il 
étoit     une    oiarque    qu'on    ecoit 
mort  au  monde  »  &  reilufcicé  en> 
Dieu.  4^«  Ils  prérendoienc  que  Ist 
nouvelhe  alliance  n'admectoic  que 
des.  hommes  fpirituels,  &  qa'elle- 
mectoir  l'homme  dans  ane  liberté  & 
parfaite  ,  qu'il  n'avoir  plus  befoin 
ni  de  la  loi ,  ni  des  cérémonies  ,  ic 
que  c'étoit  un  joug  donc  ceux  de  jeuc 
fuite  éroient  délivrés.  ^^.  Us  avan* 
çoient  que  Diea  n'avoïc  pas  préfétir 
.  un  jour  â  l'autre  >  &  qu'il  étoic  in- 
différent d'obferver  ou  non  le  jour 
du  repos  ,  &c  que  Jéjus-Chriji  avoit 
lai  (Té  une  entière  liberté  de  travail- 
ler ce  jour-lâ  comme  le  refte  de  la 


lAB 

fematne ,  pourvu  que  Ton  cravnillat 
dévotement.  6*.  Us  diftinguoient 
deux  Êglifes ,  Tune  où  le  chriftia- 
Difme  avoit  dégénéré  ^  &  Tautre 
compofée  des  R^énérés  qui  avoient 
renoncé  au  monde.  lUadmettoient 
aufli  le  règne  de  mille  ans ,  pendant 
lequeUéfus-Chri/i  viendroit  domi- 
ner fur  la  terre ,  &  convertir  véri- 
tablement les  Juifs  9  les  Gentils  & 
les  mauvais  Chrétiens.  7^.  Us  n*ad- 
mertoient  point  de  préfence  réelle 
de  Jefus  -  Chrijl  dans  TEucbariftie. 
Selon  eux  ce  Sacrement  n'étoit  que 
la  commémoration  de  la  mort  de 
Jéfus^ChrîJi  ;  on  l'y  recevoit  feule- 
ment fpirituellement  ^  lorfqu  on  l'y 
recevoir  comme  on  le  devoit.  8^.  La 
vie  contemplative  étoit  félon  eux 
un  état  de  grâce  &  une  union  divine 

{rendant  cette  vie ,  ôc  le  comble  de 
a  perfeârion.  Us  avoient  fur  ce 
point  un  jargon  de  fpiritualité  que 
la  tradition  n'a  point  enfeigné ,  & 
que  les  meilleurs  Auteurs  de  la  vie 
Ipitituelle  ont  ignoré.  Us  ajomoient 
qu'on  parvenoit  à  cer  état  par  l'en- 
tière wnégation  de  foi-meme  >  la 
mortification  àts  fens  &  de  leurs 
objets,  &  par  l'exercice  de  l'oraifon 
mentale ,  pratiques  excellentes ,  & 
qui  conduifent  véritablement  à  la 
perfection  ,  mais  non  pas  des  La-^ 
iadijles.  On  afsûre  qu'il  y  a  encore 
des  Labadijtes  dans  le  pays  de  Glè- 
bes ,  mais  qu'ils  y  diminuent  tous 
les  jours. 

LABANA  ;  nom  d'une  ancienne  ville 
de  la  Terre- Sainte  ,  dans  la  partie 
méridionale  de  la  Tribu  de  Juda. 

LABARUM  y  fabftantif  mafcul.  Mor 
emprunté  du  latin  >  &  terme  d'Hif- 
tolre  qui  fîgnifie  l'étendart  Impérial 

.  qu'on  portoit  à  la  guerre  devant  les 
Empereurs  Romains.  G'^toit  une 
longue  lance  traverfce  par  le  haut 
d'un  bâton ,  duquel  peuuoit  un  riche , 


LAB  185 

Yoilede  couleur  de  pourpre,  orné 
de  pierreries  5c  d'une  frange  à  l'en* 


tour. 


Les  Romains  avoient  pris  cet 
étendart  des  Daces ,  des  Sarmates, 
des  Pannoniens  &  autres  peuples 
Barbares  qu'ils  avoient  vaincus.  \\ 
y  eut  une  aigle  peinte ,  ou  tilfue  d'ot 
fur  le  voile,  juiqu'au  règne  de  Conf- 
taurin  qui  y  fit  mettre  une  croiié 
avec  un  chiffre  ou  monogramme 
marquant  le  nom  de  JéfusChrifi.  U 
donna  la  charge  à  cinquante  hom^ 
mes  de  fa  garde ,  de  porter  rour-â-- 
tour  le  labarum  qu'il  venoit  de  ré^ 
former. 

LABATUT  y  nom  propre  d'un  bourg 
de  France ,  au  pays  des  Landes ,  en 
Gafcogne  ,  fur  la  rive  droite  du 
Gave,  à  cinq  lieues,  fud-eft  ,  de 
Dax. 

LABDANUM  ou  Ladanum;  fubf-^ 
tantif  mafculin.  Subftance  rédneufe 
que  produit  une  efpèce  de  cifte  qui 
croît  dans. nie  de  Chypre,  d^ns 
celle  de  Gandie,  en  Grèce  &  en 
Italie* 

Le  fameux  Botanifte  Tourneforc 
nous  apprend  dans  fon  voyage  dix 
Levant ,  la  manière  dont  on  y  re- 
cueille cette  fubftance  qui  étoit  ft 
Erécieufe  du  temps  de  Pline ,.  de 
>iofcoride ,  de  Théophrafte  &  de 
Belon.  Les  Moines  grecs  âc  même 
certains  Payfans  fe  tranfportent  pen^ 
dant  la  plus  grande  ardeur  de  la  ca^ 
nicule ,  fur  les  montagues  qui  (ont 
auprès  de  la  Ganée ,.  autrefois  le  fa«^ 
meux  Gydon  ,  capitale  de  llle  de 
Crète ,  fur  les  montagnes  de  l'ile  de 
Candie ,  entr'aurres  au  pied  du  monr 
Ida  &  autres  îles  de  l'Archipel-  Pour 
faire  cette  récolte ,  ils  font  armés 
de  fouets  formés  d'un  grand  nom- 
bre de  lanières  de  cuir  en  forme  de 
frange^fc  attachés  au  bout  d*une  ptr^ 
che*  Us  les  palfent  &  repafl'ent^  fu^ 


x^6 


LAB 


les  ciftes  :  la  matière  rcHneufe  qu! 
rranfpire  alors  de  cous  les  pores  de 
la  plante,  s'attache  à  ces  cuirs  dont 
ils  la  détachent  en  les  grattant.  On 
elHme  qu'un  homme  en  peut  re- 
cueillir deux  livres  par  jour  :  cette 
fubftance  réfineufe  eft  le  labdanum 
pur^  alors  elle  eft  en  malfe,  molle, 
gluante  ,  d'un  gris  noirâtre  ,  in- 
flammable ,  d'une  odeur  agréable  ,  | 
d'un  eoût acre  &  balfamique.  On: 
nous  l'envoie  dans  des  peaux  ou  vef- 
fies  :  c'eft  la  meilleure.  Dans  le  com- 
merce il  s'en  trouve  d'une  autre 
forte  en  pains  tortillés  )  durs ,  fra- 
giles ,  s  amollifTant  cependant  à  la 
chaleur  ,  d'une  odeur  tbible  ,  mé* 
langé  avec  du  fable  &  avec  des  réH- 
nes  odorantes  qu'on  a  fait  tondre  en- 
femble  :  c'elt  celui-là  que  l'on  nom- 
me labdanum  in  tords ,  &  qu'on  fub- 
ftitue  fî  communément  au  vrai  Az^- 
danum.    - 

Autrefois  on  recueilloit  le  labda- 
num ,  en  peignant  la  barbe  &  les 
poils  des  jambes  des  chèvres  qui 
avoient  brouté  le  cide ,  &  auxquels 
cette  matière  gralTe  étcitadhérent*e; 
&  comme  il  y  reftoit  toujours  quel- 
ques brins  de  poil ,  les  Marchands 
nommoient  alors  cette  ré(ine  ,  lab- 
ianum  en  barbe. 

Le  labdanum  appliqué  extérieu- 
rement eft  réfolutif,  intérieurement 
il  eft  aftringent  Les  femmes  Grec- 
ques Se  Circafliiennes  portent  fou- 
vent  à  la  main  des  boules  de  labda- 
num mêlé  avec  de  l'ambre  &  du 
maftic  en  larmes ,  &  s*en  fervent 

Sour  les  flairer.  Ces  boules  de  lab- 
anum  font  utiles  contre  l'air  pefti* 
lentieL  En  Turquie  on  en  fait  entrer 
dans  la  compolition  des  talifmans 
foporifiques ,  uiités  dans  les  férails 
Mufulmans  &  Tartares ,  moins  pour 
(e  rendre  propice  le  Dieu  Morpnce , 
que  pouc  cauler  une  forte  de  léthar- 


i 


LAB 

gte  en  d'engourdifTement  aax  Vef* 
taies  à  qui  Ion  ne  veut  pas  décerner 
les  honneurs  du  mouchoir  .Les  Parfu- 
meurs préparent  une  huile  odorante 
de  labdanum  \  on  tç  fait  entrer  dans 
la  compoGtion  des  paftilles.  En  Ef- 
pagne  où  cet  arbriUeau  croît  aofli  > 
les  payfans  en  retirent  par  ébuUî< 
rion  cette  fubftance  réfineufe  ,  maie 
qui  eft  la  moins  eftimée  de  toutes. 

LABÉATES  ;  (les)  ancien  peuple 
dllljrie  qui  habitoit  vers  Scoira  ^ 
aujourd'hui  Scutari. 

LABËCIA  ;  c'étoit  une  ancienne  ville 
de  l'Arabie  heureufe,  l'une  de  celles 
ue  détcuifit  Gallas  dans  fon  expé- 
ition. 

LABEDE  ou  Làbade  \  petite  place 
maritime  de  Guinée ,  fur  la  côte 
d'Or ,  dans  la  partie  orientale  du 
Royaume  d'Acara  y  entre  Acara  & 
le  petit  Ningo. 

LABER  i  (  le  )  il  y  a  en  Bavière  deux 
rivières  de  ce  nom  voifines  l'une  de 
l'autre ,  qu'on  diftingue  par  les  épi- 
thètes  de  grand  &  petit  j  &  qui 
vont  fe  perdre  enfemble  dans  le  Da- 
nube ,  entre  Augsbourg  &  Sttau- 
bing. 

LABERRIS  ;  c'eft  félon  Ptoléméeune 
ancienne  ville  de  l'Efpagne  Tarra- 
gonoife. 

LABETZAN  i  contrée  de  Perfe,  dans 
le  Ghilan  ,  le  long  de  la  mer  CaC- 

fnenne.  Elle  eft  fameufe  par  les  bêl- 
es foies  qu'on  en  tire. 
LABEURi  fubftantifmafcuUn.  labor. 
Travail  corporel  ,  long  &  pénible. 
C*efi  une  entreprife  de  grand  labeur. 
Il  na  pas  joui  du  fruit  de  fon  labeur» 
Il  eft  moins  ufité  dans  le  difcoors 
ordinaire  que  dans  le  ftyle  foutena 
&  dans  la  pocfie. 

On  dit ,  que  des  terres  font  en 
labeur  ;  pour  dire  ,  qu'elles  font 
façonnées  >  cultivées  ,  quelles  nt 
font  pas  en  friche. 


lAB 

Xabittr  5  en  termes  d'Imprimerie,  fe 
dit  des  ouvrages  confîdérabies  »  8c 
cirés  â  grand  nombre.  11  eft  oppofé 
â  ouvrage  Je  ville ^  qui  fe  dit  des  fac- 
iiHns  &  autres  ouvrages  de  peu  d'é- 
tendue qu'on  tire  ordinairement  â 
petit  nombre. 

La  première  fyllabe  eft  brève  8c 
la  féconde  longue. 

LABEUR ER  \  verbe  neutre  de  la 
première  conjugaifon  ,  lequel  fe 
conjugue  comme  Chanter.  Opéra- 
re.  Opérer.  Il  n'eft  plus  ufité  que 
dans  cette  phrafe  proverbiale  ,  en 
peu  d'heures  Dipu  labeure,  quand  on 
parle  d*un  pécheut  qui  a  changé  de 
vie  fubitement ,  ou  d'un  grand  chan- 
gement de  fortune  auquel  on  ne  s'at- 
tendoit  point. 

LABEZ  'y  ville  d'Afrique,  autrefois 
capirale  d'un  Royaume  de  même 
nom  qui  neft  plus  aujourd'hui  qu'u- 
ne contrée  de  celui  d'Alger.  C'eft 
un  pays  de  montagnes  à  l'orient  de 
Couco.  Il  eft  afTez  ftétile.  On  croit 
que  la  ville  de  Labez  eft  l'ancienne 
Ahaoou  Atao,  ville  de  la  Mauri- 
tanie Céfarienne. 

LABIAL  ,  ALE  j  adjeftif  *&  terme 
d'Anatomie.  Qui  appartient  aux  lè- 
vres. Les  glan  tes  labiales. 

En  termes  de  Grammaire,  on  ap" 
^tWt  lettre  labiale  y  conforme  labiale  y 
.  une  lettre ,  une  confonne  qui  fe  pro- 
nonce avec  les  lettres.  Nous  avons 
cinq  lettres  ou  confonnes  labiales , 
qui  font  A ,  /; ,  v  ,  /j  m. 

En  termes  de  Palais  on  appelle 
offres  labiales  ,  des  ofFres  de  paver 
/aires  de  bouche  ou  par  écrit ,  fans 
qu*il  y  ait  des  deniers  réellemenc 
offerts.  Les  offres  labiales  font  op- 
pofées  aux  offres  réelles. 

LABIAW  ;  nom  d'une  petite  ville 
forte  du  Royaume  de  Prufle ,  près 
àt%  frontières  de  la  Nadravie  »  fur 


LAB  287 

la  Dremme  »  à  onze  lieues  de  Ko- 
nigsberg. 

LABlÈ ,  É£  ;  adjeâif  &  terme  de  Bo^ 
tanique.  Il  fe  dit  de  certaines  plan- 
tes dont  la  fleur  eft  d'unefeule  pièce  j 
mais  partagée  comme  en  deux  lè- 
vres »  lefquelles  ont  fouvent  plu- 
fieurs  découpures. 

La  clafle  des  labiées  renferme  des 
plantes  herbacées  »  annuelles  ou 
vivaces  ,  8c  des  arbriflfeaux  donc 
quelques-uns  font  toujours  verts. 
Les  racines  des  labiées  font  rameu- 
fes  &fibreufes}  leurs  tieesfont  ron- 
des quand  elles  font  vieilles  ,  carrées 
étant  jeunes,  &les  nouvelles  bran- 
ches oppofées  en  croix.  Les  feuilles 
font  de  même  oppofées  deux  à  deux  > 
pointi liées  &  ornées  de  petites  ta- 
ches brillantes  \  le  feuillage  eftaudi 
difpofé  en  croix.  La  plupart  des 
fleurs  font  hermaphrodites ,  &  for- 
cent routes  des  aiuelles  oppofées  des 
feuilles.  La  pouffière  prolifique  eft 
compofée  de  cor pufcules très-petits» 
blancs  &  tranfparens.  Ces  plantes 
font  1^.  ou  aromatiques  chaudes  » 
&  ont  une  vertu  fudorifique ,  fébri- 
fuge &  corroborante  :  i*.  ou  pi- 
quantes, pénétrantes,  &fontefti-!^ 
mées  erthines  &  céphaliques:  5^  ou 
acres  &  légèrement  corrofives  :  4^ 
ou  le  plus  fouvent  amères  ,  vulné^ 
raires ,  aftringentes  &  vermifuges. 
En  général  ces  plantes  font  d'un 
ufage  merveilleux  dans  les  maladies 
caufées  par  l'atonie-ou  le  relâche* 
ment  des  fibres. 

LABILE  ^  adjeaif  qui  n'a  d'ufage 
qu'en  cette  phrafe ,  mémoire  lahile  , 
pour  fignifier  une  mémoire  peu  heu- 
reufe  ,  peu  fidelle ,  &  qui  manque 
au  befoin.  j4voir  la  mémoire  labile. 

LABIZA;  fubftantifmafculin.Efpèce 
d'ambre  ou  de  fuccin  jaune  qui  fe 
durcit  à  l'air  ,  &  qu'on  tire  par  in- 
cifion  d'an  atbre  4e  la  Caroline..  On 


288  LAB 

en  fait  des  bracelets  &  des  colliers. 

LABORATOIRE  i  fubftantifmafcu- 
lin.  Lieu  où  les  Chimiftes  ont  leurs 
fourneaux  &  leurs  vaiflcaux  pour 
travailler. 

Comme  la  chimie ,  remarque  un 
maître  de  Tare ,  eft  une  fcience 
entièrement  fondée  fur  rexpcnen- 
ce  ,  on  ne  peut  efpcrer  de  la  bien 

^  entendre  &  de  la  polTcder  jufqu'à 
un  certain  point ,  fi  l'on  ne  tra-  j 
vaille  foi-mcme  à  vérifier  la  plupart  » 
des  opérations  fondamentales  -déjà 
connues  ,  &  à  en  faire  de  nouvelles , 
que  le  raifonnement ,  Tapalogie  , 
l'efprit  de  recherches  ne  manquent 
jamais  de  fuggérer ,  quand  on  a  le 
goût  &  les  difpofitions  convenables 
pour  cette  partie  effentielle  de  la 
phyfique.  Dailleurs  lorfqu'on  eft 
obfervateur ,  &  qu'on  opère  par  foi- 
mcme  j  il  eft  impoffible  qu'on  p'ap- 
perçoive  pas  dans  les  opérations 
même  les  plus  connues ,  une  infinité 
de  petits  faits  de  détail  qu'il  eft  très- 
efleutiel  de  connoître  ,  &  dontce- 

Î>endant  il  n  eft  fait  mention  ni  dans 
eslivres,nlmcme  dans  les  mémoires 
de  recherches ,  parcequ  ils  font  trop 
,  multipliés  »  &  qu'ils  y  paroîtroient 
minutieux.  Enfin  combien  y  a-t-il 
de  qualités  dans  les  différens  agens 
de  la  chimie  ,  dont  il  eft  impoflible 
de  donner  une  idée  jufte  par  écrit , 
&  que  l'on  connoît  parfaitement  j 
dès  qu'elles  ont  frappé  les  {ens? 

C'eft  donc  une  chofe  indifpenfa- 
ble  à  quiconque  veut  devenir  chi- 
iriifte  ,  d'avoir  un  laboratoire  pour- 
vu des  inftrumens  les  plus  néceffai- 
res  pour  la  pratique  de  cette  fciencej 
c'eft  pourquoi  l'on  donneraicila  nori-  \ 
ce^de  celui^qui  convient  à  un  chimifte 
phyficien ,  pour  faire  en  petit  les 
opérations  quelconques  de  la  chi- 
mie fuivântroccafion.   Un  pareil 


LAB 

laboratoire   occafionne  ncceflaire- 
ment  de  certains  frais  j  mais  il  n  eft 
pas  d'une  aoffi  grande  dépenf e  qu'on 
le  croit  communément ,  (juand  ce- 
lui qui  y  travaille  fait  tirer  parti 
des  uftenfiles  quM  a  ,  &  qu  il  n'em- 
ploie que  la  quantité  convenable  des 
différentes  fubftances  fur  lesquelles 
il  opère  )  quand  enfin  il  fait  choifir 
les  moyens  les  moins  difpendieux 
de  parvenir  à  foa  but  &  s'y  borner. 
Bien  des  gens  font  dans  la  perfua- 
fion  ,  qu'un  laboraroire  au  rez  de 
chauffée  &  par  bas  eft  plus  commo- 
de ,  furtout  à  caufe  de  l'eau ,  du 
pilage  ,  du  lavage»  &c.Sci\  eft  vrai 
qu'il  eft  avantageux  pour  ces  objets 
là  'j  mais  d'un  autre  côté  il  a  des  in- 
convéniens  bien  grands ,  furtout  i 
caufe  de  l'humidité.  L'humidité  ha- 
bituelle ,  quoiqu  elle  foit  mcme  trèî- 
peu  confidérable  &  peu  fenfible  pour 
une  infinité  d'objets,  devient  un 
,  très-grand  inconvénient  pour  un  la- 
boratoire de  chimie.  Dans  un  pareil 
endroit  la  plupart  dçs  matières  fa- 
lines  s'hume<Sfcent  à  la  longue.^   les 
infcriptions  fe  décollent ,  fe  moi- 
firtent  &  s'effacent  j  les  foufflets  y 
>ériirent ,  les  métaux  fe  rouillent , 
es  foiuneaux  fe  dégradent  ,  en  un 
mot  prefque  tout  s'y  gâte.   Il  y  a 
donc  un  avantage  infini  a  avoir  un 
laboratoire  plutôt  en  haut  qu'en  bas, 
&  qui  foit  le  plus  fec  qu'il  eft  poffi- 
ble.  11  eft  effentiel  que  l'air  y  ait  un 
libre  accès ,  &  même  qu'il  foit  percé 
de  manière  que  par  le  moyen  de 
deux  ou  d'un  plus  grand  nombre 
d'ouvertures  oppofées  ,  on  puiffe  j 
admettre  un  courant  d'air  qui  de- 
vient très-néceflTaire  pour  emporter 
les  vapeurs  ou  les  pouffières  des  dro* 
gués  dangereufes. 

On  doit  faire  conftruire  dans  ee 

lieu  une  cheminée  en  hotte  ,  affcz 

*  çlevée  pouf  ^u'on  puilTe  encrer  de& 

fous 


i 


lAB 

Ibut  Ubremenc ,  ic  la  plus  étendue 
-^u'il  eft  poffible  »  c*eft-a*dire  y  d*un 
mar  i  Tautre.  Le  tuyau  de  cecce 
cheminée  doit  être  le  plus  haut  qu'il 
eft  poflîble  ^  &  fuffifamment  rétréci 
pom  pouvoir  bien  tirer.  Comme  on 
ae  brûle  que  du  charbon  fous  cette 
cheminée  »  il  ne  s'y  amafFe  point  de 
fuie  y  c'eft  pourquoi  il  n'eft  pas  né- 
ceffaire  qu'un  ramoneur  puiflè  y 
pafler. 

Oa  peut  faire  conftmire  fous  cette 
cheminée  quelques  fourneaux  en 
brique ,  particuhèrement  »  un  four- 
neau de  fufion ,  un  pour  diftiller  â 
Talembic  ^  &  un  ou  deux  réchauds 
comme  dans  les  cuifines  \  le  refte 
4e  l'efpace  doit  être  occupé  par 
de  /impies  fopports  'de  différen- 
tes hauteurs  ,  depuis  un  pied^ 
un  pied  &  demi  »  ^fqu'â  hauteur 
d'aj^ni ,  pour  placer  deflus  des  four- 
neaux portatifs  de  routes  les  efpèces. 
Ces  fourneaux  font  les  plus  commo- 
des y  par  la  facilité  que  l'on  a  de  les 
difpoler  i  fon  gré  ,  ic  les  fe«ls  né- 
ceuàires  dans  un  laboratoire  en  pe- 
tit. Il  doit  y  avoir  un  foufflet  i 
double  vent,  d*une grandeur  moyen- 
ne ,  placé  le  plus  commodément  & 
le  plus  près  qu'il  eft  poffible  de  la 
cheminée  »  lui  van  t  la  difpofition 
des  lieux.  On  monte  aufli  quelque- 
fois ces  fortes  de  foufflets  dans  un 
châfljs  portatif  \  ce  qui  même  eft 
aflfez  commode  »  quand  le  foufilet 
n'a  pas  plus  de  1 8  a  lo  pouces.  Ce 
foufflet  doit  avoir  un  porte  vent  & 
une  tuyère  qu'on  puifte  dirieer  fur 
le  fuppoR  où  l'on  vent  établir  la 
forge. 

Les  fourneaux  dont  on  a  befoin  » 
font  le  fourneau  (impie  pour  diftiller 
ii  Talembic  de  cuivre ,  un  fourneau 
de  lampe  ,  deux  fourneaux  de  ré- 
verbère de  grandeur  différente  pour 
diftiller  i  la  cornue  ^  au  fgurneau  i 

Xomc  XF. 


vent  ou  de  fufion ,    un  fourneau 
d'edai  ic  un  fouroeau  de  forge. 

Il  doit  y  avoir  fous  la  che^ 
minée  X  une  hauteur  convenable  ^ 
une  rangée  de  clous  â  crochet 
fichés  dans  les  murs  du  fond  tc 
des  côtés  }  on  arrache  i  ces  clou0 
les  petites  pcles  ,  poêles  de  t&IeV 
pinces  »  pmcetres  droites  »  cour** 
Des  3  'circulaires  »  tenailles  »  pe« 
tits  fourgons  ,  verges  de  fer  &  au* 
très  outils  dont  on  a  befoin  pour 
arranger  le  charbon  &  manier  ledl 
creuiets. 

Tous  les  pans  de  mur  du  labora^ 
toire  doivent  être  garnis  de  tablet-* 
tes  de  différente  hauteur  &  lar- 
geur >  ou  plutôt  à  crémaillère ,  pour 
y  placer  fur  des  ronds  de  natte  'oti 
autrement  y  les  vaifTeaux  de  verre 
fervant  à  la  chimie  y  &  les  produits 
des  opérations  :  ces  tablettes  doi- 
vent être  multipliées  le  plus  qu'il 
eft  poffible  :  on  n'en  a  pour  ainfi 
dire ,  jamais  affez  dans  un  labora«» 
toire  ou  Ion  travaille  fréquemment* 

La  place  la  plus  convenable  pour 
la  fontaine  en  grès  ou  en  plomb  qui 
contient  la  provifion  d'eau,  eft  dant 
un  coin  du  laboratoire  y  aunleffui 
d'une  cuvette  ou  auge  qui  doit  avoir 
un  tuyau  de  décharge  s'il  eft  poffiw 
ble.  Comme  c'eft  tous  cette  fon- 
taine qu'on  lave  &  qu'on  nettoie  tou9 
les  vaifTeaux  t  il  eft  à  propos  qu'elle 
foit  environnée  de  clous  nchés  dan» 
le  mur  y  auxquels  font  attachés  des 
torchons  &  at%  goupillons  de  tou-« 
tes  grandeurs* 

On  place  au  milieu  du  labora- 
toire ,  une  grande  table  fur  laquelle 
on  fait  les  mélanges  y  les  prépara*  , 
tions  d'opérations ,  les  diflblutions  y 
les  précipitations ,  petites  filtradons^ 
&  en  un  mot  tout  ce  qui  ne  deman- 
de point  le  fecours  du  feu  y  fi  co 
n*eft  fcolemtnt  celui  de  la  lampe. 

Oo 


25>^  L  A  B 

Il  faac  établir  dans  des  endroits 
commodes  du  laboratoire  piuHeurs 
billots  de  bois  fur  des  ronds  de  natte 
pleins,  Tun  pour  foutenir  un  moyen 
mortier  de  fer  ,  l'autre  pour  un 
moyen  de  marbre  j  ou  encore  mieux 
de  grès  dur ,  Ci  Ton  peut  en  avoir  , 

.  &  un  troidème  pour  un  tas  d'acier , 
&  une  petite  bigorne.  On  accroche 
dans  les  environs  des  mortiers  y  les 
tamis  de  difFérente  grandeur  &  h- 
nedè  ,  &  dans  les  environs  du  tas 
d*acier  ^  le  marteau  â  planer  ,  des 
limes ,  râpes  ,  de  petites  pinces , 
tenailles  j  ctfeaux  ,  cifailles  &  au- 
tres petits  outils  dont  on  a  befoin 
pour  donner  aux  métaux  la  forme 
convenable  atix  opérations  auxquel- 
les on  veut  les  Tourne  ttre. 

Il  eft  bon  d'avoir  aufli  dans  un 
laboratoire  deuxtretaux  portatifs: 
ils  fervent  à  foutenir  un  grand 
âltre  monté  fur  un  châflîs  quand 
on  en  a  befoin  :  on  établit  cet 
appareil  dans  l'endroit  le  pluscom- 

.   mode ,  fuivant  les  occafions. 

Le  charbon  eft  un  article  impor- 
tant pour  le  laboratoire  ;  il  faut  né- 

.   ceflàiremenr  en  avoir  toujours  une 

:  provision  à  fa  portée.  Mais  il  eft 
c'un  autre  coté  une  fource  conti- 
nuelle de  malpropreté  :  là  pouflière 
noire  qui  s'en  élève  »  quand  on  l'ap- 
porte ou  qu'on  le  remue ,  vole  par- 
tout 8c  falit  tous  les  uftenfiles  j  il  eft 
très- avantageux  pour  éviter  cet  in* 

.  convénient  le  plus  qu'il  eft  poffible, 
d'avoir  quelqa'endroit  voi(in  du  la- 
boratoire y  pour  y  mettre  la  provi- 
sion de  charbon  Se  de  braife  de  bou- 
langer, qui  eft  infiniment  commo- 
de pour  allumer  le  feu  prompce- 

.  ment.  Cet  endroit  fert  en  mcme 

.  temps  de  décharge  pour  y  retirer  les 
chofes  embarrallantes  dont  on  ne 
ie  fert  point  aâiiellement^  tels  que 
des  fourneaux  ^  des  briques ,  des 


LAB 

tttileaax  »  de  l'argile ,  de  la  terre  i 
four  y  de  la  chaux  »  du  fablon ,  Se 
autres  chofes  de  cette  nature  y  pé- 
ceflaires  pour  un  grand  nombre  d'o- 
pérations de  chimie. 

Enfin  on  doit  mettre  au  nombre 
des  gros  meubles  du  laboratoire  , 
une  moyenne  table  à  pieds  folides  > 
deftinée  à  foutenir  une  pierre  à 
broyer  de  porphyre ,  ou  encore 
mieux  d'une  elpèce  de  grès  très- 
denfe  8c  rrès-dur  y  qu'on  nomme 
ec(HlIe  de  mer  >  avec  fa  mollette  dç 
même  matière. 

Les  autres  menus  meubles  ou  uf* 
renfiles  du  laboratoire  foBt» 

De  petits  mortiers  à  la  main  y  de 
marbre-  »  de  verre  Se  de  fer  ,  6c 
leurs  pilons  '^  toffs  lesvaifTeaux  de 
mécal ,  de  terre,  de  grcs  ^  de  verre. 

Une  provision  de  papier  blanc  à 
écrire  ^  &  de  papier  non  collé  pour 
filtrer  \  une  bonne  quantité  de  pail- 
les nettes  ,  coupées  à  la  longueur 
de  huit  i  dix  pouces  'y  elles  fervent 
à  ro^iuer  les  mélanges  dans  les  ver- 
res ,  &:  à  foutenir  les  filtres  du  pa- 
pier dans  les  enronnoirs  de  verre. 

Des  rubes  de  verre  pour  remuer, 
mêler  Se  agiter  les  liqueurs  coj> 
rofives. 

Des  fpatnles  de  bois  ,  d'ivoire  ^ 
de  métal  ,  de  verre. 

Des  cartes  &  des  cornes  minces  , 
très-commodes  pour  ranaflèr  les- 
matières  broyées  â  l'eau  fur  le  por- 
phyre ou  dans  les  mortiers  ;  des 
Douchons  de  liège  de  routes  grof- 
feurs ,  des  vefiies  &  des  bandes  de 
linge  fervant  à  lutter  les  vaifTeaux. 

Un  bon  fouflfler  porutif ,  un  bon 
briquet ,  un  pot  à.  la  colle  avec  fa 
petite  brofie ,  enfin  une  bonne  quan- 
tité de  boites  de  différentes  gran- 
deurs ,  qui  fervent  â  contenir  la 
plupart  des  chofes  dont  on  vient  de 
parler  ,  Se  qu'on  place  dans  un  cat^ 


LAB       ' 

tofi  de  tablerres  qui  leur  eft  deftinc. 

Outre  routes  ces  chofes ,  il  y  a 
une  cerraine  quantité  de  drogues 
d'un  fi  grand  uO^e  dans  prelque 
toutes  les  opérations  de  chimie  ,. 
qu'on  doir  les  metrre  au  nombre 
des  inftrumens  néceflaires  à  la  pra- 
tique de  cette  fcience  :  ces  drogues 
fonr  tous  les  métaux  Ôc  demi-mé* 
taut  kien  purs. 

De  l'acide  virriolique  ordinaire  » 
tel  qu'on  le  trouve  chez  les  droguif- 
tes  :  ce  même  acide  bien  concentré 
&  reâifié. 

De  Teau-forte  commune  &  à  bon 
marché  »  relie  qu'on  la  trouve  chez 
les  diftillateurs  d'eau-forte  y  fle  l'eC- 
prit  de  nître  médiocrement  forr  » 
mais  très-pur ,  &  du  même  acide 
très-pur  ,  très -concentré  ôc  bien 
fumanr. 

De  l'efprir  de  fel  commun  des 
didillateurs  d'eau-forré  ,  &  du  mê- 
me acide  très- pur  &  rrès- fumant. 
Tous  les  acides  doivent  erre  dans 
des  flacons  de  criftal ,  bouchés  aufli 
de  criftal. 

Du  vinaigre  diftillé  »  dans  une 
bouteille  ordinaire  fi  l'on  veut  y  du 
vinaigre  radical  dans  un  flacon  bou- 
ché de  criftal  ^  de  la  crème  de  tar- 
tre dans  un  bocal  ou  dans  une  boîte. 

De  l'alcali  fixe  végétal  commun 
&  bien  fec  ,  tel  que  du  fel  de  po« 
tafle  &  de  cendres  gravelées  que 
Ion  conferve  dans  une  bouteille 
bien  bouchée  y  le  même  alcali  efi 
liqueur. 

De  l'alcali  de  tartre  ,  très- pur  , 
fec  Se  en  liqueur. 

De  Talcali  minéral  en  liqueur , 
c'eil  i-dire  y  une  bonne  leflive  de 
fonde  y  le  même  alcali  fec  &  pur , 
ou  des  criftaux  de  fonde  bien  faits. 

Les  deux  alcalis  végétal  &  mi-  1 
lierai  purs  en  liqueur  ,  &  rendus  i 
cauiHques  par  la  chausç.  U  efl:  à  pro-  | 


1  A  B  191 

pos  que  ces  alcalis ,  furtout  les  cauf^ 
tiques ,  foient  dans  des  flacons  bou- 
chés de  criftal  y  de  l'alcali  fixe  ph,lo« 
giftiqué  ,  ou  même  faruré  pour  le 
tUu  de  Prujfc  ;  du  foie  de  foufre  fec 
dans  un  flacon  bien  bouché  ,  &  lé 
même  en  liqueur  ;  du  foufre  corn-* 
mun. 

De  l'alcali  volatil  de  fel  ammo-* 
niac  bien  pur ,  dégagé  par  l'alcali 
fixe  ^  fous  forme  concrète  >  dans  un 
flacon  bouché  de  criftal  j  le  mêm& 
en  liqueur. 

De  l'efprit  volaril  de  fel  ammo- 
niac fluor  ,  dégagé  par  la  chaux ,  b 
plus  fort  poluble.  On  peut  en 
avoir  auflî  de  moins  fort ,  parce* 
qu'il  eft  fuffifant  pouf  une  infinité 
d'expériences. 

^  De  l'eau  de  chaui^  ^  de  la  chaux 
vive  dans  une  bouteille  bien  bou--' 
chée. 

De  l'efprir  de  vin  commun  ;  le 
même  ,  le  plus  pur  &  lemieux  rec* 
tifié. 

De  bon  éther  vitriolique  ,  de 
l'huile  eflentielle  de  térébenthine 
rectifiée  ,  de  l'huile  d'olives ,  du 
favon. 

De  la  noix  de  galle  j  du  firop  vio^ 
lat  y  de  la  teinture  de  tournefol  > 
ou  du  tournefol  en  drapeau  pour  en 
faire  du  papier  bleu  fin  ^  une  pro- 
vifion  d'eau  de  tivièce  ou  de  pluie 
diftillée.' 

Indépendamment  de  ces^fubftan- 
ces  dont  la  pluparr  font  des  diflol- 
vans  ,  il  y  a  un  certain  nombre  de 
fels  neutres  s  qui  font  d'un  ufage 
fréquent  dans  les  opérations  chimi- 
ques y  &  d'autres  moins  ufités ,  mais 
longs  ou  embarraflàns  â  préparer  : 
il  eft4Don  d'avoir  une  petite  pro vi- 
fion des  uns  &  des  autres  ;  les  voici. 

Du  tartre  vitriolé,  dé  l'alun  or- 
dinaire &  calciné  ,  du  vitriol  verr , 
du  vitriol  bleu  ,   du  nître  .  du  fel 

Oo  \^ 


t^i  L  A  B 

comman  décrépite ,  du  mhtne  crès^ 
par  fc  difTouc  dans  i'eaa  diftillée  , 
du  fel  ammoniac  pfiriBé ,  du  borax 
calciné  ,  du  fel  fedacif. 

De  la  diflblution  d'argent  dans  de 
refprir  de  nître  très-pur  ,  de  la  dif- 
folurion  de  mercure  dans  le  même 
acide  >  du  beurre  d  antimoine ,  le 
tout  dans  des  flacons  bouchés  de 
criftal  'j  du  fublimé  corrofif. 

De  la  cérufe  >  de  la  litharge ,  du 
minium ,  du  fable  lavé  Sc  broyé  , 
du  marbre  blanc  &  de  la  craie  lavée» 
du  verre  de  plomb  >  du  verre  de 
borax. 

Quand  on  eft  une  fois  pourvu  des 
înftrumens  Sc  des  drogues  dont  Té- 
iiumération  vient  d'être  faite  »  il  n'y 
a  point  d'expériences  &  de  recher- 
ches de  chimie ,  qu'on  ne  foit  en 
ctat  d'entreprendre  fans  embarras 
&  (ans  délai.  Il  peut  arriver  à  la  vé- 
rité »  qu'on  ait  oefoin  dans  certai- 
nes occafions  de  beaucoup  de  fels 
neutres  qui  n'ont  point  été  nommes  j 
mais  tous  ces  fels  à  bafes  terreufes  » 
métalliques  »  d'alcali  fixe  bu  vola- 
til ,  peuvent  Ce  préparer  facilement 
&  fur  le  champ ,  attendu  qu'on  en 
A  les  matériaux ,  8c  qu'ils  n'exigent 
la  plupart  ni  diftillation  ,  ni  fu- 
biimatioo.  Rien  n'empêche  néan^ 
.  moins  ,    (î  on  le  |uge  à  propos  , 

Su'on  ne  les  prépare  tous  d'avance  , 
ce  n'eft  leur  nombre  qui  eft  afTez 
confidérable. 

Voici  d^aillenrs  quelques  obfer- 
▼ations  importantes  pour  ceux  qui 
veulent  fe  hvrer  aux  travaux  de  la 
chimie.  Il  faut  être  bien  perfuadé 
d  abord  que  l'arrangement  y  l'ordre 
ic  la  propreté  font  abfolimient  ef- 
fentiels  dans  un  laboratoire  de  chi- 
mie :  on  doit  nettoyer  exaârement 
tous  les  vaiffeaux  &  uftenfîles  ,  cha- 
que fois  qu'ils  ont  fervî ,  &  les  re- 
mettre i  leur  place  y  avoir  un  foia 


LAB 

extrême  de  coller  des  infcripcloni 
généralement  fur  toutes  les  drogues^ 
mélanges  &  produits  d'opérations 
que  Ton  conferve  dans  les  nacons  ois 
autrement  ;  de  les  nettoyer  »  de  les^ 
vifîter  de  temps  en  temps,  &  de 
renouveler  les  infcriptions  y  quand 
elles  en  ont  befoin.  Ces  fcnnsquine 
paroiflènt  rien  ,  font  cependant  ce 
qu'il  y  a  de  plus  fatigant ,  de  plus 
rebutane ,'  de  plus  important  ^  & 
fottvent  de  moins  oblervé.  Lorf- 
qu'on  a  une  certaine  ardeur  »  les  ex^ 
périences  fe  fuccèdent  rapidement  : 
il  s'en  trouve  de  très-piquantes  qui 
paroidènt  amener  la  décifion ,  ou 
qui  font  naître  de  nouvelles  idées  i 
on  ne  peut  s'empêcher  de  les  faire 
fur  le  champ  :  on  eft  entraîné  fans 
y  pehfer  de  Tune  à  l'autre  :  on  croit 

2u'on  reconnoîtra  aifément  les  pro* 
uits  des  premières  opérations  :  oa 
ne  fe  donne  point  le  temps  de  les 
mettre  en  ordre  :  on  fait  les  dernier 
res  avec  aâivité  :  cependant  les  vaif- 
feaux employés  ,  les  verres,  les 
flacons  j  les  bouteilles  remplies ,  fe 
multiplient  &  s'accumulent  y  le  la- 
boratoire en  eft  plein  j  on  ne  peut 
plus  $*Y  teconnoître  ;  ou  tout  au 
moins  il  refte  des  doutes  de  de  Tin-^ 
certimde  fur  un  grand  nombre  de 
ces  anciens  produits.  C'eft  bien  pire 
encore  ,  ii  un  nouveau  travail  s'em-^ 
pare  tout  de  fuite  du  laboratoire  , 
ou  que  d'autres  occupations  obli- 
gent à  l'abandonner  pour  up  certaiir 
temps  ;  tout  fe  confond  &  fe  dé-- 
grade  de  plus  en  plus.  Il  atrive  fou- 
vent  de-lâ  qu'on  perd  le  fruit  d'un 
très-grand  travail ,  qu'il  faut  jeter 
tous  les  produits  de  ces  expériences^ 
&  quelquefois  renouveler  prefqo^ 
entièrement  le  laboratoire. 

Le  feul  moyen  d'éviter  ces  încon- 
véniens  ,  c'eft  d'avoir  les  foins  & 
le  s  attentions  dont  on  a  parlé  plu^ 


LAB 

Kattt  ;  il  eft  vrai  qu'il  eft  bien  défa-i 
gréable  &  bien  difficile  de  s'arrêter 
continàellement  au  milieu  des  re- 
cherches les  plus  intérelTantes ,  & 
d'employer  un  temps  précieux  & 
très-confidérable  y  a  nettojer  des 
vaifleaux ,  à  les  arranger  ,  â  coller 
des  étiquettes ,  ^c.  Ces  chofes  font 
bien  capables  de  refroidir  ,  de  re- 
farder la  marche  du  génie  ;  elles  por- 
tent avec  elles  l'ennui  Ôc  le  dégoiit; 
mais  elles  font  nécefTaires.  Ceux  a 
qui  leur  fortune  permet  d'avoir  un 
artifte  ou  un  aide  ,  fur  Texaâitude 
&  l'intelligence  duquel  ils  peuvent 
compter,  évitent  une  grande  partie 
de  ces  défagrémens  y  mais  ils  ne  doi- 
vent pas  fe  dif|)enfer  pour  cela  d'y 
travailler  par  eux-mêmes.  Sur  ces 
objets  quoique  minutieux  »  on  ne 
peut  pour  aind  dire,  s'en  rapporter 
qu'à  foi-même ,  i  caufe  des  fuites 
qu'ils  peuvent  avoir  ;  cela  devient 
même  indifpenfable ,  quand  on  veut 
tenir  fon  travail  fecret ,  du  moins 
pour  un  temps  ;  ce  qui  eft  fort  or- 
dinaire 6c  fou  vent  néceflàire  en 
chimie» 

Il  n'eft  pas  moins  important ,  lorf- 
qu'on  fait  des  recherches  &  des  ex- 
périences nouvelles,  de  conferver 
pendant  long-temps  les  mélanges  , 
léfultats  &  produits  de  toutes  les 
opérations ,  oien  étiquetés  8c  portés 
fur  un  regiftre.  11  eft  très-ordmaire 
qu'au  bout  d'un  certain  temps  ces 
chofes  préfenient  des  phénomènes 
très-finguliers  ,  &  quon  n'auroit 
jamais  foupçonnés.  Il  y  a  beaucoup 
de  belles  découvertes  de  chimie, 
qui  n'ont  été  faites  que  de  cette  ma- 
nière, &  certainement  un  plus  grand 
3x>mbre  qui  ont  été  perdues,  parce 
qu'on  a  jeté  trop  promptement  les 
produits ,  ou  parcequ'on  n'a  pu  les 
xeconnoître  après  les  changemens 
qui  leur  font  arrivés* 


LAB  193 

Enfin  on  ne  peut  ttop  recomman- 
der à  ceux  qui  fe  livrent  avec  ar4^ur 
aux  travaux  chimiqfies  ,  d'être  ex« 
trêmement  en  garde  contre  l^s 
expériences  impofantes  &  trom- 
peufes  qui  fe  préfentent  très-fré- 
quemment dans  la  pratique.  Une 
circonftance  qui  femble  très -peu 
importante  ,  ou  qu'il  eft  même 
quelquefois  très-difficile  d'apperce- 
voir  ,  fuffic  fouvent  pour  donner 
toute  l'apparence  d'une  grande  dé- 
couverte à  certains  effets  qui  ne  font 
cependant  rien  moins  que  cela.  Les 
expériences  dechimie  tiennent  pref- 
que  toutes  à  un  (1  grand  nombre  de 
chofes  acceiïbires  ,  qu'il  eft  très- 
rare  qu'on  faffe  attention  à  tout , 
fingulièrement  lorfqu'on  travaille 
fur  des  matières  neuves  :  auffi  arri* 
ve-t-il  très -communément  que  la 
même  expérience  répétée  plulieurs 
fois 9  préfente  des  rélultats  fort  dif« 
férens.  Il  eft  donc  très-efTentiei  de 
ne  point  fe  prefTer  de  décider  d'a« 
près  une  première  r^uflite.  Lorf-* 
qu'on  a  fait  une  expérience  qui  pa« 
roît  porter  coup ,  il  faut  abfolumenc 
la  répéter  plufîeurs  fois ,  &c  même 
la  varier ,  jufqu'à  ce  que  la  réuf&te 
conftante  ne  laiffe  plus  aucun  lieu  de 
douter. 

De  plus  comme  la  chimie  offre 
des  vue)  fans  nombre,  la  perfeâion 
d'une  infinité  d'arts  imporrans , 
qu'elle  préfente  en  perfpeâive  beau- 
coup de  découvertes  ufuelles  ,  & 
même  capables  d'enrichir  leurs  au- 
teurs, ceux  qui  dirigent  leurs  tra- 
vaux de  ce  côté-là  ,  ou  auxquels  le 
hafard  en  procure  qui  paroiiFent  de 
cette  nature  ,  ont  befoin  de  la  plus 
grande  circonfpeAion  ,  pour  ne  fe 
point  laifler  entraîner  dans  des  dé- 
penfes  de  temps  &  d'argent  ,  fou^ 
ventauffi  infruâueufcs  qu'elles  font 
confidérables»  Ces  fortes  de  travaux 


i94      *  L^B 

qui  ont  qaeIqu*analogie  avec  ceux 
de  la  pierre  philofophale ,  par  les 
fdées  de  foc^ne  qu'ils  Font  naître , 
en  ont  audi  tous  les  dangers.  Il  eft 

'  rare  que  dans  une  certaine  Alice  d  e- 
preuves  il  ne  s'en  trouve  pas  quel- 
qu'une de  crès-féduifanre  ,  quoi- 
qu'elle ne  foie  réellement  rien  en 
elle-même.  La  chimie  eft  toute  rem- 
plie de  ces  demi-fuccès  qui  ne  font 
propres  qu'à  tromper  ,  lorfqu'on 
n'efl  pas  affez  fur  ic\  gardes  :  c'eft 
un  vrai  malheur  que  d'en  rencontrer 
de  pareils  ;  l'ardeur  redouble  ,  on 
ne  penfe  plus  qu'à  cet  objet,  les  ten- 
tatives fe  mulciplienc ,  l'argent  ne 
coûte  rien  ,  la  dépenfe  eft  déjà  mê- 
me devenue  crès-confi  iérable  avant 
qu'on  s'en  foit  apperçu  ^  &  enfin  on 
reconnoît ,  mais  trop  tard  ,  qu  on 
s'eft  engagé  dans  une  route  qui  ne 
conduit  à  rien. 

Au  refte  les  fuccès  dans  le  genre 
dont  il  s'agit ,  ont  fouvent  couron- 
né les  recherches. des  auteur»  >  & 
plufieurs  ont  acquis  de  cette  maniè- 
re,  une  fottune  d'autant  plus  hono- 
rable j  qu'ils  ne  la  dévoient  qu'à 
leurs  travaux  &  à  leurs  talens. 

Les  trois  premières  fyllabes  font 
brèves  ^  la  quatrième  longue  ic  la 
cinquième  très-brève. 

LABORIEUSEMENT;  adverbe.  I^- 
èoriosè.  Avec  beaucoup  de  peine  & 
de  travail»  //  a  toujours  vécu  labo- 
rieufcmcnc. 

Les  trois  premières  fyllabes  font 
brèves  >  la  quatrième  longue  ,  la 
cinquième  très-brève ,  &  la  fixième 
moyenne. 

LABORIEUX  ,  EUSE  ;  adjcAif. 
Padens  laboris.  Qui  aime  le  travail 
&  qui  le  foutient.  Les  Hollandois 
font  laborieux'.  Le  dejîr  du  bien •  être 
phyjîque  rend  les  hommes  laborieux. 
Une  nation  laborieufe. 

Laborieux  ,  fe  dit  audx  des  chofei 


LAB 

qui  demandent  un  grind  travail  ^  & 
qui  font  accompagnées  d'un  grandi 
travail.  C'ejl  un  ouvrage  laborieux. 
Il  a  toujours  mené  une  vie  labo* 
rieufe.  » 

Les  trois  premières  fyllabes  (bnc 
brèves ,  la  quatrième  longue  ,  Se 
la  cinquième  du  féminin  très* 
brève. 
LABOUR;  fubftantif  mafcuUn.  Ca/- 
tura  terrd,  La  façon  qu'on  donne 
aux  terres  en  les  labourant. 

L'objet  du  labour  eft  de  divifer 
la  terre ,  d'expofer  fucceffivemenc 
fes  molécules  aux  influences  de  l'air. 
Se  de  déraciner  les  herbes  inutiles, 
les  chardons  »  &c.  Ainfi  le  labour 
doit  être  fait  autant  qu'il  eft  poifî' 
ble  dans  une  terre  afTez  tremjpée 
pour  être  meuble ,  mais  qui  ne  loic 
pas  trop  humide.  Si  elle  eft  trop  sè- 
che ,  elle  fe  divife  mal  ;  (i  elle  eft 
trop  humide ,  on  la  corroyé  y  le 
haie  la  durcit  enfuite  »  &  d'ailleurs 
les  mauvaifes  herbes  font  mal  dé- 
.  racinées.  La  profondeur  du  labour 
doit  être  proportionnée  i  celle  de 
la  terre  végétale ,  aux  befoins  de  U 
'  graine  qu'on  veut  femer  ^  &  aux  cir* 
conftances  qui  déterminent  i  la- 
bourer. 

A  l'égard  de  la  profondeur  de  U 
terre  végérale  ,  il  y  a  un  alFez  grand 
nombrede  terres  propres  i  rapporter 
du  blé,  quoiqu'elles  n'aient  que(îx 
à  fept  pouces  île  profondeur.  Si  l'on 
pique  plus  avant ,  oo  amène  à  la  fu- 
perficie  une  forte  d'argiile  peu  pro- 
pre à  donner  du  blé  ,  fans  erre 
néanmoins  inféconde  ;  car  l'orge  , 
l'avoine  &  les  autres  menues  grains, 
n'en  croitroient  que  plus  abon* 
damment  dans  cette  terre.  Elle  ne 
fe  refufe  i  la  production  du  blé  que 
par  une  vigueur  exceffive  de  végé- 
tation. La  plante  y  poutTe  beaucoup 
en  herbe ,  graine  peu ,  &  fur  tout 


LAB 

'ftiûric  tard  »  ce  qui  rezpofe  préf- 
que  in&illiblemenc  à  la  touille.  La 
peice  des  années  de  blé  eft  aflTez 
confidérable  pour  que  les  Cultiva- 
teurs aient  à  cet  égard  la  plus  gran- 
de attention*  Us  ne  fauroient  trop 
fe  précautionner  ^  quant  d  cet  ob- 
jet ,  contre  leur  propre  négligence, 
ou  l'ignorance  de  ceux  qui  mènent 
la  charrue. 

Les  terres  fiijetces  i  cet  inconvé- 
nient t  font  ordinairement  rQueeâ- 
très  Se  argilleufes.  Lorfqu'on  ylève 
la  jachère  pendant  Tétéj  après  une 
longue    fécherede  y  la    première 


couche  foulevée  en  grofles  mot«- 
tes,  entraîne  avec  elle  une  partie 
de  la  féconde  ;  &  on  dit  alors  que 
la  terre  eft  dejfoudéc^  Les  Fermiers 
fripons  qu'on  force  i  quitter  leur 
ferme  ,  defToudent  celles  de  Idurs 
tetres  qui  peuvent  l'être  pendant  les 
deux  dernières  années  de  leur  bail. 
Par  ce  moyen  ils  recueillent  plus  de 
menus  etains ,  ^^puifent  en  même 
temps  a  celui  qui  doit  les  rempla- 
cer. 

Il  faut  en  fécond  lieu  que  le  la- 
bour foit  proportionné  aux  befoins 
de  la  graine  qu'on  veut  femer.  Si 
vous  préparez  votre  terre  pour  de 
menus  grains  ,  tels  que  l'orge  & 
l'avoine,  un  labour  Superficiel  eft 
iufEfanr.  Le  blé  prend  un  peu  plus 
de  terre  ;  ainfi  le  labour  doit  être 
plus  profond.  Mais  (I  on  veut  femer 
durain-foin  ou  de  la  luzerne  ,  dont 
les  racines  pénètrent  â  une  grande 
profondeur  ,  on  ne  peut  pas  piquer 
rrop  avant  j  cela  eft  néceliaîfe,  afin 
que  les  racines  de  ces  plantes  pren- 
nent un  prompt  accroiffement ,  & 
acquièrent  le  degré  de  force  qui  les 
fait  enfuite  s'enfoncer  d'elles-mê- 
mes dans  la^terre  qu'on  n'a  pas  re- 


£nfin  le  lahour  doit  être  propor- 


LAB  Z95 

tionné  aux  circonftances  dans  lef- 
quelles  il  fe  fait.  Si  vous  défrichez 
une  terre ,  la  profondeur  du  labour 
dépendra  de  la  nature  de  la  friche 
que  vous  voulez  détruire.  Un  la- 
bour de  quatre  pouces  fuffit  pour 
retourner  du  gazon  y  expofer  à  l'air 
la   racine  de  l'herbe  >  de  manière 
qu'elle   fe    defscche  ,    &  que   la 
plante  périile  \  mais  fi  la  friche  eft 
couverte  de  bruyères  &  d*épines  ». 
on  ne  fauroit  en  effarter  trop  exac- 
tement toutes   les  racines  ,  &  le 
plus  profond  labour  n'y  fuffit  pas 
toujours.  La  levée  des  jachères  eft 
dans  le  cas  du  défrichement  léger» 
Ce  premier  labour  doit  être  peu 
profond ,  mais  il  faut  enfoncer  par 
degrés  proportionnels  ceux  qui  le 
fuivent  :  par  ce  moyen  les  dinéicn- 
tes  parties  de  la  terre  fe  mêlent  &c 
font  fucceffivement  expoféesaux  in- 
âuences    de   Tait  :   les   herfages , 
ajoutent  à  Teffet  du  labour  »  &  en 
font  comme  le  complément. 
Les  campagnes  offrent  dans  les  dif- 
férens  pays  un  afpeâ  différent  »  par 
les  variétés  introduites  dans  ta  ma- 
nière de  mener  les  labours.  Ici  une 
plaine  d'une    vafte  étendue  vous 
préfencera  une  furface  unie ,  dont 
toutes  les  parties  feront  également 
(^pnvertes  de  grains.  Là  vous  ren- 
contrerez des  filions  relevés  ,  dont 
les  parties  balles  ne  produifent  que 
de  la  paille  courte  &  des  épis  mai- 
gres. Ces  variétés  naifient  de  la  na- 
ture &  de  la  pofition  du  fol  j  &  il 
feroit  dangereux   de  fuivre   à  cet 
égard  une  autre  méthode  que  celle 
qui  eft  pratiquée  dans  le  pays  où 
on  laboure.  Si  les  filions  plats  don- 
nent une  grande  fuperficie  ,  les  fil- 
ions relevés  font  néceffaires  par  tout 
où  i  eau  eft  fujette  à  féjourner  :  il 
faut  alors  perdre  ui>e  partie  du  ter- 
rain pour  conferveff  l'autre.  Au  ref- 


^9^  LAB 

ce  f  dans  qtlolqtie  terre  que  ce  folr  » 
n  Ton  veut  qa  elle  foie  bien  remuée, 
les  difFcrens  labours  doivent  être 
croifés  &  pris  par  diflPérens  côtés. 

On  dit ,  <\a  une  pièce  de  terre  ejl 
en  labour  i  pour  dire  ,  qu'elle  eft 
préparée  pour  recevoir  la  femence. 

La  première  fyllable  eft  brève  » 
&  la  féconde  longue. 

LABOUR  j  (  la  terre  de  )  nom  d'une 
Province  confidérable  d'Italie,  la 
principale  du  Royaume  de  Naples. 
Elle  eft  bornée  au  nord  »  par  TA- 
bruzze  citérieure  &  ultérieure  ;  â 
l'orient ,  par  le  Comté  de  Molifte 
&c  par  la  Principauté  ultérieure  ;  au 
midi ,  par  le  golfe  de  Naples ,  & 
â  l'occident ,  par  la  mer  de  Tof- 
cane  Se  la  campagne  de  Rome.  Sa 
longueur  eft  d'environ  cent  quaran- 
te milles ,  &  fa  largeur  de  rrente. 
Elle  eft  fertile  &  bien  peuplée.  Na- 
ples en  eft  la  capitale ,  &  donne  en 
même  remps  Ion  nom .  à  tout  le 
Royaume. 

LABOURABLE  j  adjeftif  des  deux 
genres.  Culture  idoneus.  Propre  à 
être  labouré  pour  produire  du  grain. 
Il  ne  fe  dit  guère  qu'en  cette  phra- 
fe ,  terres  labourables. 

LABOURAGE;  fubftantif mafculin. 
Agricultura.  L'art  de  cultiver  «les 

.  terres.  S^injlruire  dans  le  labourage. 
Voyez  Agriculturb  &  Labou- 
reur. 

Labouragi  ,  fe  dit  aufll  de  lou- 
vrage ,  du  travail  du  Laboureur. 
Le  labourage  de  ces  terres  eft  diffi^ 
cile. 

En  termes  de  Tonneliers  j  on 
•appelle  labourage  ô  déchargeage  des 
vins  ,  cidres  &  autres  liqueurs ,  la 
forrie  de  ces  liqueurs  hor;5  des  ba- 
teaux qui  les  ont  amenées  aux  ports 
de  Paris. 
Les  deux  pfemières  fyUUbci  fonc 


LAtf 

brèves ,  la  troidème  longue  j  &  Itf 

quatrième  très-brève. 
LABOURD  V  nom  d*un  pays  de 
Gafcogne  ,  fîtué  entre  le  1 5^  de-- 
gré  ,5a  minutes ,  &  le  16^  degré, 
10  minutes  de  longitude }  &  entre 
le  4}'  degré,  15  minutes,  Se  le 
même  degré,  51  minures  de  lati^ 
cude.  Il  a  les  grandes  Landes  de 
Bordeaux  au  nord,  la  haute  Na* 
varre  au  fud ,  la  Bifcave  Efpagnole 
au  fud-oueft  ,  la  batte  Navarre  i 
Teft  ,  &  rOcéan  à  l'oueft.  Sa  lon- 
gueur eft  de  fept  lieues  &  demie  ^ 
Se  fa  largeur  de  ilx  &  demie.  L'A- 
doutj  la  Nive,  la  Bida({ba,  &c. 
(ont  les  principales  rivières  qui 
Tarrofent.  Les  chaleurs  de  l'été  y 
font  très-fortes.  On  y  recueille  pea 
de  blé  Se  de  vin  ;  mais  on  y  a  dei 
ftuits  exquis  Se  cfexcellens  pato» 
rages.  Bayonne  en  eft  la  capitale. 

Du  temps  de  Céfar ,  le  pays  de 
Labourd  étoit  habité  par  les  Tarbelli^ 
Se  en  particuli*  pat  les  f^ajp^i.  Sous 
Honorius ,  ce  pays  fe  trouvoit  cooh 
pris  dans  la  Novempopulanie. 

De  la  domination  des  Romains  1 
le  Laoourd  paffa  fous  celle  des  Wi^ 
figoths ,  Se  enfuite  fous  celle  des 
François.  Ce  fut  ime.  des  premières 
contrées  où  les  Gafcons  s'établirent. 
Les  Sarrafins  y  firent  au£  quelque 
féjour.  Après  que  ceux-<:i  eurent 
été  chafTés  du  Royaume  ,  le  La* 
bourd  obéit  aux  Ducs  de  Gafco-- 

fne  :  il/uivit  depuis  le  fort  de  ce 
>uché.  Mais  la  ville  de  Bayonne 
eut  des  Vicomtes  particuliers  de- 

Îuis#an  1060  y  jufqu'en  1105  que 
ean  Sans-Terre ,  Roi  d'Angleterre 
&  Duc  de  Guienne  ,  réunit  cette 
Vicomte  an  Duché  de  Guienne.  En 
1451  ,  au  mois N  de  Septembre» 
Charles  VII  chafTa  les  Ânglois  de 
Bayonne,  &  réunit  cette  ville Ifon 
domaine*  Depuis  ce  temps  tout  le 

payi 


LAB 

f\f%  de  Lftboard  app&rdent  â  U 
rance. 

LABOURÉ,    ÉE  ;   participe  paflîf 
yoye:(  Labourer. 

LABOURER  j  verbe  aâif  de  la  pre- 
mière conjugaifon  ,  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chanter.  Taram 
arart.  Remuer  la'  terre  avec  la  char- 
rue j  ou  la  bêche  j  ou  la  houe ,  &c,La* 
bourcr  Us  champs^  On  laboure  les  vi^ 
gnes.  llfaut  labourer  ces  arbres  au fied. 

Labourer  ,  fe  die  aufli  de  (quelques 

•  animaux  &  des  chofes  qui  font  ï 
peu  près  fur  la  fuperficie  de  la  terre 
le  même  effet  que  la  charrue ,  la 
houe  j  &c.  Les  cochons  ont  labouré 
ce  vsrger*  Les  taupes  ont  labouré  cette 
ailée.  Le  canon  a  labouré  le  rempart. 
On  dit  figur^ment  en  termes  de 
Marine  j  qvCune  àticre  laboure  ; 
pour  dire  ^  que  le  fond  où  elle  a 
Clé  jetée  y  n'eft  ps  bon ,  &  qu'elle 
0*7  rient  pas.  Et  qu*ii/f  vaiffeau  la- 
boure ;  pour  dire ,  qu'il  pafle  par 
«n  endroit  où  il  y  a  peu  aeau  ^  & 
qu'il  touche  le  fond. 

Labourer  ,  fe  dit  encore  figurément 
&famiiièrementj  pour  dire  ,  avoir 
beaucoup  de  peine,  avoir  beaucoup  â 
feu£Frir.  //  laboura  long-temps  avant 
de  réuffir. 

Labourer  ,  (ignifie  en   termes  de 

■  Plombiers ,  mouiller ,  remuer ,  & 
difpofer  avec  un  baron  le  fable  con- 
tenu dans  le  châffii  autour  du  moule. 
On  dit  en  termes  de  Commerce, 
labourer  des  vins  i  pour  dire>  les 
décharger  des  bateaux  fur  lefquels  ils 
ootécé chargés, &  les  mettreiterre. 
Les  deux  premières  fyilabes  font 
ltèvies,&  la  troilième  longue  ou 
brève.  Foye\  Verbe. 

Les  temps  ou  perfpnnes  qui  fe 

terminent  par  un  e  féminin  ,  ont 

leur  pénultième  fyUabe  longue. 

LA|OUREUR  \  fub.  mzic: Agricola. 

Uelni  qoî  laboure  ou  qui  ^t  prqfeC- 


LAB  2^7 

fion  delabburer  j  de  cultiver  la  terre. 

La  coutume  de  Nevers  permet  à 
qui  le  veut ,  de  labourer  &  de  cuU 
river  les  terres  &  vignes  en  friche» 
fans  autre  réquijïtion^  en  payant  les 
droits  de  champart  ou  partie ,  félon 
la  coutume  &  ufance  du  Heu  oà  ejè 
l* héritage  affîs  ,  jufquà  ce  que  par 
propriétaire  lui  foit  défendu., 

Coquille  dit  que  cette  difpofition 
de  la  coutume  de  Nevers  a  été  in- 
troduite pour  procurer  l'abon  lance 
des  blés  &  des  vins ,  &  pour  fujp« 
pléer  â  l'impuifiTance  &  à  la  négli* 
gence  des  propriétaires. 

Ce  n'eft  pas  au  Seigneur  de  fief 
que  le  champart  dont  il  eft  queftion 
en  cet  article  »  eft  du ,  mais  au  pro- 

Eriétaire  de  l'héritage  qui  Tavoit 
liffé  efi  friche.  Ainfi  dans  la  cou- 
tume de  Nevers  »  le  champart  eft 
différent  de  celui  qui  fe  perçoit 
ailleurs.  Ceft ,  dit  âoquiUe  ,  une 
liquidation  coutumière  du  partage 
des  fruits  enrre  celui  qui  laboure  le 
champ  d'un  autre ,  &  le  propriétaire 
du  champ  cultivé  par  autrui. 

Cette  liquidation  n'eft  pas  uni* 
forme  dans  le  Nivernois.  En  quel- 

3ues  endroits  »  le  propriétaire  peut 
emander  la  troifième  gerbe  ;  dans 
d'autres  »  il  ne  peut  exiger  que  la 
quatrième  »  dnquîvme  «  fixième  » 
&  quelquefois  la  feptième.  . 

Cependant  comme  le  propriétaire 

d'un  champ  peut  avoir  de  bonnet 

raifons  pour  le  laifler  en  friche ,  la 

coutume  lui  permet  de  défendre  de 

le  labourer  ;  mais  lufage  veut  que 

cette  défenGs   foit  faite  avant  le^ 

.  temps  de  la  culture }  elle  viendfoit  * 

trop  tard  »  fi  la  première  facou  étoit 

.  faite.  Il  7  a  même  cda  de  ungulier» 

die  Coquille  »  que  »  •«  fi  Tnlance  eft 

tt  au  lieu  que>celiii  qui  a  fait  les 

m  gros  bléft&ioo)^  la  terre»  doive 

iimïnuh iwmtt  faire  les  periti 


z^S  LA  B 

9i  hlis ,  ce  Labourear  ne  pourra  être 
M  empêché  de  faire  Tannée  fuivance 
n  les  pertes  blés  j  car  c'eft  comme 
t$  une  feule  culcure  die  detii  an- 
m  nées  »• 

Le  champarr  que  le  Laboureur , 
qui  cultive  le  champ  d  autrui  dans 
la  coutume  de  Nevers  y  eft  chargé 
de  payer  au  propriéuire  »  doit  être 
porté  en  la  grange ,  fi  elle  n'eft  pas 
éloignée  de  plus  d'une  demi  -  lieue 
de  ia  fituaùon  du  labourage* 

Celui  qui  cultire  ainu  le  champ 
-  d  autrui  ne  peut  en  acquérir  la  pro- 
priété par  la  voie  de  la  prefcrip- 
tion  ,  quelque  longue  que  foit  la 
pofleflion. 

Les  Èdits  des  mois  de  Janvier 
te  d'Oâobre  9 1 7 1  )  ,  enregiftrés  les 
15  Février  ic  premier  Décembre 
de  la  même  année  »  permettent  aux 
Syndics  &  Habitans  des  Paroifles 
d'affermer  les  terres  te  héritages 
laiifés  en  (riche  par  les  propriétaires, 
k  la  charge  par  les  fermiers  de  les 
cultiver  \  mais  ils  ne  leur  don- 
nent cette  faculté ,  qu'en  dénon- 
çant par  eux  aux  propriétaires  les 
publications  ordonnées  par  les  arti- 
cles 14  &  15  du  fécond  de  ces 
Edits. 
^  Cet  Édic  n'accorde  ms  au  pre- 
mier occupanr  comme  u  courume 
de  Nevers  »  la  liberté  de  labourer 
les  terres  incultes  :  il  veut  feule- 
ment que  les  Habitans  des  Paroif- 

•  fes  aient  -^la  liberté  d'affermer  les 

*  héritages  après  avoir  rempli  les  fbr- 
^  '  malitâ^u'il  pcefcri& 

'  Par  rapport  aux  fârvicodes  que  le 

^labour  &  la  (ttlrasedes  champs  ren- 

:  «deot  indî(peti£il)les  i,  la   règle  eft 

'    qu'un  Labouretu:  puiflè  f  a(&r  fur 

^w héritages  veifns  pour  arriver  au 

*'  fijêfi,  quuifd  «MOd.  opentifi  n'y  con- 

*.   'doit  ;  50lio{i-(!MiâriieMklors  il  doit 

palfer  ^at  febdrok  4e  omntiÀovm- 


LAB 

mode  (  en  dédommageant  Id  vot- 
fin) ,  mais  il  doit  encore  paflèr  de 
la  manière  qui  peut  le  moins  in^ 
coipmoder  autrui.  Âinfi,  par  exern^ 
pie ,  5'il  y  a  un  champ  enfemencéj 
&  un  autre  qui  ne  le  foie  pas  >  le 
Laboureur  ne  pourra  pas  pafTer  par 
le  champ  emblavé ,  fous  prétexte 
qu'il  en  a  le  droit  en  indemnifant  le 
propriétaire  ;  il  fera  repréheofible 
dans  ce  cas  U ,  &  condamnable  en 
une  amende  »  pour  avoir  gâté  ït% 
fruits  d'un  hérirage  par  lequel  il 
pottvoit  fe  difpenfer  de  pafler^outre 
le  dommage  qu'il  devra  encore 
payer  ,  au  Ueu  qu'il  n'y  aura  point 
d'amende  fi  tous  les  hérirages  fonr 
emblavés  «  mais,  feulement  une  in- 
demnicé  â  dire  d'experts* 

Par  la  même  raifon  ».le  laboureur 
qui  palTe  à  travers  un  champ  pour 
arriver  au  fien ,  doit  prendre  (bin 
de  retourner  fa  herfe  »  ranger  fa 
charrue  &  autres  hacnois,  »  ce  rna* 
nière  qu'il  ne  fai&  ni  kbour  ni  Ibf- 
fés  dans  l'héritase  fur  lequel  il  paf« 
fera.  S'il  ne  le  »it  pas ,  non-feoie^ 
ment  il  devra  indemnifer  le  pro« 
priécaire ,  mais  il  devra  fupporter 
une  amende  proportionnée  aux  cir- 
conftances  »  furtout  fi  le  terrein  fur 
lequel  il  pafle  eft  enfemencé  »  paÉ- 
cequ^ayanr  pu  paflèr  d'une  manière 
moins  incommode  il  a  dû  le  faire  » 
te  prendre  toutes  les  pcccaïuions 
que  la  prudence  humaine  pouvoic 
lui  indiquer ,  pour  éviter  de  caùfer 
du  dommage  a  celui  que  la  nature 
du  terrein   ibice    de  lui  d^iAPer 
paflage. 

L'arride  i^  do  ticre  )3  de  l'Or* 
donnance  de  1 66y  ,  veut  que  les 
cl^vsiix ,  bœufs  te  suitres  pites  de 
laboacage')  charrues,  charrênw  te 
uftef{files.fer.v^nt  d  laboucer  te  cul- 
tii^è  les  Mrccs  »  yjgnbs  tC  pëés  jdè 
puisent  èi(eif(ûfisLÀpeii)e;|le«ttQité> 


LAB 

^ .  de  coas  dipeti^  «  dommages  8c  imé* 
rècs  &  de  5  o  li^es  d'amende  con- 
ue  le  créancier  5c  le  fergenc  folidai- 

.    remenr. 

Cet  article  excepte  néanmoins 
les  cas  où  la  faifie  auroit  liea  pour 
les  fommes  dues  au  vendeur  on  à 
celai  qui  a  prècé l'argènc  pour  la- 
chat  des  mêmes  beftiaûx  fc  uftend- 
les,  ou  pour  les  fermages  &  moif- 
fons  des  terres  où  font  les  beftiaûx 
&  uftenfiles. 

Laboureoh  ,  fe  dit  en  rermes  de 
Plombiers  ,  du  baron  donr  ils  fe 
fervent  pour  labourer  leur  fable. 

Les  deux  premières  fyllabes  font 
brèves ,  &  la  troisième  longue. 

LABRADOR }  grand  pays  de  l'Amé- 
rique feprentnonale  qui  eft  borné 
au  nord-eft  par  le  décroit  d'Hudfon 
&  par  la  mer  du  nord  \  au  fud  eft , 

Î^ar  le  décroit  de  Belle- Ifle  qui  le 
cpare  de  Terre-Neuve  j  au  midi , 
Sar  le  fleuve  de  Siint-Laurent ,  le 
aguenai  &  les  Chriftinaux  j  &  à 
loccidenr  par  la  baie  d'Hudfon.  IL 
s'étend  depuis  le  joi«  degré  de  Ion- 
gitude  julqu'au  3  2  }«  ,  &  depuis  le 
50*  degré  de  lacicude  jufqu'au  6^^. 
11  eft  babicé  par  des  fauvages  qu'on 
appelle  Eskimaux. 

On  appelle  /n«r  de  Labrador  ^  un 
intervalle  de  mer  qui  coupe  par  la 
moitié  rîle  du  Cap-Breton,  à  la 
réferve  de  800  pas  de  terre  ou  en- 
viron, qu'il  y  a  depuis  le  fort  Saint- 
Pierre  jufqu'i  cette  exttémité  de  la 
mer  de  Labrador  ^  qui  fait  une  ef- 
pèce  de  golfe. 
LABR  AND  A  j  nom  d'un  ancien  bourg 
de  Carie  où  Jupiter  eut  un  temple 
qoi  le  fit  furnommet  Labrandicn. 

LABURNE  ;  voyez  Aubours. 

LABYRINTHE;  fubftantif  mafculin. 
Labyrinthus.  Lieu  coupé  deplufieurs 
chemins  ,d*aUces,  &  oùU  y  a  beau- 


coilt»  de  dcroacs  ,  eiifôrte  qu'il  eft 
trèsrdiâiîciie  dVn  trouver  Tiflue. 

Les  anciens  font  mention  de  qua* 
tre  Ubjrrifitlies  fasnens  :  le  plus  cé- 
lèbre »  été  celui  de  Grèce ,  bâti  par 
Dédale  pôiir  enfermer  le  Mino* 
taure  »  &  d'dà  Théféeneferoir  point 
forti  fan»  le  fil  qn'Ariadne  lui  avoic 
donné  ;  le  iecood  a  été  celui  d'É* 
gypte  9  dans  leauel  fe  troii voient 
des  temples  ou  des  autels  en  l'hon- 
neur de  toutes  les  Divinitésdu  pays. 
On  y  comptoit  trois-  mille  apparte- 
.  mens  &  douze  pafais.  11  fut  ,  dit 
Hérodote  »  l'ouvrage  de  plufieurf 
Rois ,  dont  le  dernier  fut  Pfanîmé- 
tichus.  Pline  raoporre  qu'il  fubfif*- 
toit  encete  de  (on  temps  &  qu'il  v 
avoit  )  600  ans  qu'on  l'avoit  cons- 
truit. Le  troifième  a  été  celui  de 
Lemnos  qui  fut  remarquable  par  un 
grand  nombre  de  colonnes  artifte- 
ment  travaillées  \  &  le  quatrièiine  a^ 
été  celui  d'Italie  que  Porfenna  Roi 
d'Ètrurie  fit  faire  pour  lui  fervic 
de  tombeau. 

Labyrinthe,  fe  dit  figorément d'un 
grand  embarras,  d'une  compltca- 
rion  d'affaires  embrouillées.  Ilnefor- 
tira  ja  mais  de  ce  labyrinthe  d'af^ 
faires.   ' 

Labyrinthe,  fe  dit  en  termes  d'A* 
natomie  ,  d'une  des  cavités  qui  font 
dans  l'oreille  de  Tbomme.  11  eft  di^ 
vifé  en  rrois  parties  \  une  antérieure» 
une  moyenne  &  unç  poftérieure. 
La  portion  Nantérieure  eft  nommée 
vcjiibule  ,  la  moyenne,  limaçon ,  ic 
la  poftérieure  labyrinthe  en  partica* 
lier  ,  parcequ'il  7  a  trois  canaur 
demi-circulaires. 

On  a  aufli  donné  le  nom  de  laby^ 
rinthe^i  la  partie  fupérieure  de  l'os 
erhmoïde  ,  parcequ'elle  eft  telle* 
ment  embrouillée  qu'on  n'y  recon* 
noit  aucune  forme. 

I  £nfin  9    on  nomme  labyrinthe 

Bpij 


3CÔ  LAC 

toute  cavité  des  os  où  ie  trourent  f 
plufieurs  concours  cacfa^  qui  coin- 
moniquenc  enrre  eux. 

Labyrinthe  ,  eft  auffi  le  nom  d*une 
force  de  limaçon  aquatique  qui  a  (a 
coquille  d'un  gris  obfcur  >  place  j 
en  forme  de  nombril  à  la  parcie  fu- 
périeure  &  i  qnarre  échancrores 
rondes.  Les  ftries  longicudinales  & 
tranfverfales  font  menues  &  élevées. 
Vcye^l  Limaçon. 

Les  deux  premières  fyllabes  font 
brèves  ,  la  troifième  longue  ,  &  la 
quatrième  très-brève. 

LAC  \  fubftantif  mafculin.  Grand 
amas ,  grande  étendue  d'eaux  raf- 
femblées  au  milieu  d'un  continent* 
Il  V  a  des  lacs ,  dit  M.  de  fiaffon^ 
qui  font  comme  des  mares  qui  ne 
reçoivent  aucune  rivière  »  Se  def- 

3uels  il  n'en  fort  aucune  ;  il  7  en  a 
autres  qui  reçoivent  des  fleuves , 
&  defquels  il  fort  d'autres  fleuves  , 

6  enfin  d  autres  qui  feulement  re- 
çoivent des  fleuves  ;  la  mer  Caf- 1 
pienne  &  le  lac  Aral  font  de  cette 
dernière  efpèce  ;  ils  reçoivent  les 
eaux  de  plufleurs  fleuves  6c  les  con- 
tiennent }  la  mer  Morre  reçoit  de 
même  le  Jourdain ,  &  il  n'en  fort 
aucun  fleuve.  Dans  TAfle  mineure , 
il  f  a  un  petit  lac  de  la  même  efpèce 
qui  reçoit  les  eaux  d'une  rivière  dont 
la  fource  eft  auprès  de  Cogni ,  &  qui 
n'a  comme  les  précédens  d'autres 
voies  que  l'évaporation,  pour  rendre 
les  eaux  qu'il  reçoit  :  il  y  en  a  un 
beaucoup  plus  grand  en  Perfe,  fur 
lequel  eft  utuèe  la  ville  de  Marago  \ 
il  eft  de  figure  ovale  &  a  environ  10 
ou  1 1  lieues  de  longueur ,  fur  6  ou 

7  de  largeur.  11  reçoit  la  rivière  de 
Tauris  qui  n'eft  pas  confidérable.  Il' 
y  a  aufli  un  périt  lac  en  Grèce  in 
ou  1 5  lieues  de  Lépante  ;  ce  font  Id 
les  feuls  lacs  de  cette  efpèce  que  l'on 
connoifle  en  Afie  \  en  Europe  il  n'y 


LAC 

'  eo  a  pas  un  qui  foit  an  peu  confidé- 
rable. En  Aftique  il  y  en  a'  plufieurs, 
mais  qui  font  tous  auez  oetits  »  conn 
me  le  lac  qui  reçoit  le  fleuve  Gbir  » 
celui  dans  lequel  tombe  le  fleuveZez, 
celui  qui  reçoit  la  rivière  de  Tou* 
guedour  »  &  celui  auquel  aboutit  le 
neuve  Tafilet.  Ces  quatre  lacs  font 
aflezprèsles  uns  des  autres,  &  ils 
font  utués  vers  les  fcon  tières  de  Bar- 
barie ,  près  desdéferts  de  Zaaia  ;  il 
y  en  a  un  autre  fitué  dans  la  contrée 
de  Kovar  qui  reçoit  la  rivière  du^ 

}>ays  deBerdoai  Dans  l'Amérique 
êptentrionale ,  où  il  y  a  plus  de 
lacs  qu'en  aucun  pays  du  monde  » 
on  n'en  connoit  pas  un  de  cette  ef- 
pèce »  i  moins  qu'on  ne  veuille  re- 
Sarder  comme  tels  deux  petitsamas 
'eau  formés  par  des  ruifleaux ,  Tun 
auprès  de  Guatimapo  &  l'autre  à 

auelques  lieues  de  Réalimevo ,  tous 
eux  dans  le  Mexique  \  mais  dans 
l'Amérique  méridionale  au  Pérou , 
il  y  a  deux  lacs  confécurifs ,  donc 
l'un  aui  eft  le  lac  Titicaca ,  eft  fort 
grand  »  qui  reçoivent  une  rivière 
dont  la  fource  n'eft  pas  éloignée  de 
Cufco ,  &  defquels  il  ne  fort  an- 
cune  autre  rivière }  il  y  en  a  un  plus 
petit  dans  le  Tucuman  qui  reçoit  la 
rivière  de  Salta  ^  &  un  amre  un  peu 
plus  grand  dans  le  même  pays  »  qui 
reçoit  la  rivière  de  Santiago  »  6c 
encore  trois  on  quatre  autres  entre 
le  Tucuman  &  le  Chili. 

Les  lacs  donr  il  ne  fort  aucan 
fleuve  &  qui  n'en  reçoivent  aucun  , 
font  en  plus  grand  nombre  que 
ceux  dont  on  vient  de  parler  \  ces 
lacs  ne  font  que  des  efpèces  de' 
mares  où  fe  raflemblent  les  eaaz 
pluviales  ,  ou  bien  ce  font  des  eaux 
fouterraines  qui  forrent  en  forme' 
de  fontaines  dans  les  lieux  bas  »  où 
elles  ne  peuvent  enfuite  ttouver 
d'écoulement  )  les  fleuves-  qui  dé« 


LAC 

bordent  peavenc  aufli  laîtTer  dans- 
les  tecres  des  eaux  ftagnaoces  qui 
fe  confervent  enfuice  pendant  long- 
cenaps ,  6c  qui  ne  fe  renouvellent 
que  dans  le  temps  des  inondations; 
la  mer  par  de  violentes  agitations 
a  pu  inonder  quelquefois  de  cer- 
taines tecres  &  y  toïtnev  des  lacs 
fidés ,  comme  celui  de  Harlem  & 
plufieurs  autres  de  la  Hollande , 
auxquels  il  ne   paroîc   pas  qu'on 
puiflfe  attribuer  une  autre  origine  » 
ou  bien  la  mer  en  abandonnant  par 
fon  mouvement  naturel  de  certai- 
nes terres  »  y  aura  laiflfé  des  eaux 
dans  les  iieux  les  plus  bas ,  qui  y 
ont  formé  des  lacs  que  Teau  des 
pluies  entretient  II  y  a  en  Europe 
plufieurs  petits  lacs  de  cette  efpèce, 
comme  en  Irlande  »  en  Judand  »  en 
Italie ,  dans  le  pays  des  Grifons ^.en 
Pologne  >  en  Mofcovie ,  en  Finlande, 
en  Grèce  ^  mais  tous  ces  lacs  font 
très-peu  cpnfidérables.  En  Âfie  il  y 
en  a  un  près  de  TEuphrate ,  dans  le 
défert  d'I  rac ,  qui  a  plus  de  1 5  lieues 
de  longueur ,  un  antre  auffi  en  Per- 
fe»  qui  eft  â-peu-près  de  la  rnèn^ 
étendue  que  le  premier,  &  fur  le- 

3|uel  font  fitnées  les  villes  de  Kélat» 
e  Tctuan ,  de  Vaftan  &  de  Van  ^ 
an  autre  petit  dans  le  Choraflàn , 
auprès  de  Ferrior  ;'  un  autre  petit 
dans  la  Tartarie  indépendante ,  ap- 
pelé le  lac  de  Levi  ;  deux  autres 
dans  laTarta rie  Mofcovite  }  un  au- 
tre à  la  Cochinchine ,  &  enfin  un 
â  la. Chine,  ic  qui  eft  a(Ièz  grand, 
qui  n*eft  point  fort  éloigné  de  Nan« 
k in  :  ce  lac  cependant  communique 
i  la  mer  voifine  par  un  canal  de  quel- 
ques lieues.  En  Afrique  il  v  a  un 
petit  lac  de  cette  espèce  dans  le 
Royaume  de  Maroc  \  un  autre  près 
d'Alexandrie  qui  paroît  avoir  écé 
laifTé  pailla  mer  ;  un  autre  aHezcon- 
iidérablet  formé  pat  les  eaux  pluvia-  ] 


£ 


XAC  301 

les  dans  le  défert  d*Azarad ,  environ 
fous  le  trentième  degré  de  la- 
titude. Ce  lac  a'  huit  ou  dix  lieues 
de  longeur  ;  un  autre  encoie  plus 
grand ,  fur  lequel  eft  fituée  la  ville 
de  Gaoga ,  fous  le  17*  degré  ;  mu 
autre ,  mais  beaucoup  plus  petit  » 

i)rès  de  la  ville  de  Kanum ,  fous 
e  30*  dejgré,  auprès  de  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Gambia  ;  plu- 
fieurs autres  dans  le  Congo ,  à  deux 
ou  trois  degrés  de  latitude ,  fud  y 
deux  autres  dans  le  pays  des  Cafres» 
Tun  appelé  le  lac  Rufumto^  qui  efl: 
médiocre ,  &  l'autre  dans  la  pro- 
vince d'Arbuta ,  qui  eft  peut-être  le 
plus  grand  lac  de  cette  efpèce,  ayant 
15  lieues  environ  de  longueur  ,  fur 
7  ou  8  de  largeur.  Il  y  a  aufli  un  de 
ces  lacs  à  Madagafcar,  près  de  là 
côte  orientale,    environ  fous   le 
ty  degré  de  latitude,  fud. 

En  Amériaue,  dans  le  milieu  de 
la  péninfule  de  la  Floride  »  il  y  a  un 
de  ces  lacs,  au  milieu  duquel  eft 
une  île  appelée  Serropc;  le  lac  de  la 
ville  de  Mexico  eft  aufli  de  cette 
efpèce ,  &  ce  lac ,  qui  eft  â-peu- 
prèsrond,  a  environ  lo  lieues  de 
diamètre  j  il  y  en  a  un  autre  encore 
plus  grand  dans  la  nouvelle  Efpa- 
gne ,  à  15  lieues  de  diftance  ou  en- 
viron  de  la  c6te  de  la  baie  de  Cam- 
pèche,  &  tm  autre  plus  petit  dans  la 
même  contrée ,  près  des'câtes  de  la 
mer  du  fud.  Quelques  voyageurs 
ont  prétendu  qu  il  y  avoir  dans  l'in- 
térieur des  terres  de  la  Guiane  un 
très-grand  lac  de  cette  efpèce  :  ils 
l'ont  appelé  le  tac  (tor  ^  ou  le  lac 
Parime  .  &  ils  ont  raconté  des  mer- 
veilles de  la  richefle  des  pays  voi- 
fins  ,  &  de  l'abondance  des  paillet- 
tes d'or  qu'on  trouvoit  dans  l'eau  de 
ce  lac  :  ils  donnent  à  ce  lac  une  éten- 
due de  plus  de  400  lieues  de  lon- 
gueur^ac  de  plus  de  1 15  de  largeur } 


301  LAC 

il  n'en  fort,  difent-ils,  aucun  Ôeu- 
ve ,  &  il  n'y  en  entre  aucun.  Quoi- 
que plufieurs  Géographes  aient  mar- 
qué ce  grand  lac  Jfur  leur$  cartes ,  il 
n  eft  pas  certain  ^u'il  exîft^  ,  oc  il 
Tell  encore  bien  moins  qu*il  exifte; 
teJ  qu  ils  nous  le  rcprcfentent. 

Mais  les  iacs'les  plus  ordinairesj 
&  les  plus  commùnémeoc  grands,: 
font  ceux  qui  après  avoir  reçu  un^ 

'  '  autre  flisuvd  ,  ou  plufieurs  rivières  , 
donnent  naiâance  â  d'autres  grands! 
fl;îuves  :  codbme  le  nombre  de  ces 
lacs  eft  fort  grand ,  on  ne  parlera 
due  des  plus  co  «ndérables  ,  ou  de 
ceux  qui  auront  quelque  fingularité. 
£n  commençant  par  rEurope,  nous 
avons  en  Suiflfe  le  lac  de  ôenève  , 
celui  de  Confiance  »  &c.  en  Hon* 
grie  cellii'  de  Balaton  ,  en  Livonie 
un  lac  qui  eft  aflea  grand  ,  &  qui 
fépare  les  terres  de  cette  Province 
de  celles  de  la  Mofcovie  \  en  Fin- 
lande  le  lac  de  Lapwert  qui  eft  fort 
long  &  qui  fe  divife  en  plu(îeurs 
bras  ,  le  lac  Oula  qui  eft  de  fig^ure 
ronde  j  en  Mofcovie  lie  lac  Ladoga 
qui  a  plus  de' 15.  lieues  de  longueur 
lut  plus,  de  la  de  Urgpur  ,  le  lac 
Onégaquieft  auflî  long, .mais  moins 
large  ^  le  lac  Umen  ,  celui  de  Bélo- 
9&éro ,  d  où  fort  Tune  des  Iburces  du 
Volga  i  riwan-Ofcro  duquel  fort 

.  lune  des  fources  du  Don  i  deux  au- 
très  lacs  dont  le.Vîtzogda  tire  fon 
origine  ;  en  Laponie  le  lac  dont  foit 
le  fleuve  de  Kimi ,  un  autre  beau- 
coup plus  grand  qui  n'cft  pas  éloi- 
gné de  la  côte  de  Watdhus ,  plu- 
Heurs  autres  defqpels.  fortent  les 
fleuves  de  Lula ,  de  Pitha ,  d'Uma , 
qui  tous  ne  (ont  pas  fort  confîdera- 
blés  î  en  Norvège  deux  autres  à  peu 

£ rcs.de  même  grandeur  que  ceux  de 
apônie  i  en  Suède  le  lac  Véner  qui 
lîft  grand  aufli-bien  que  le  lac  Mêler 
(ttr lequeleft (îtué Scockolûi ,  deux 


LAC 

autres  lacs  moins  confidérables ,' 
dont  Tan  eft  prés  d'Elvédal ,  8c  l>.u- 
tre  de  rineopiri. 

Dans  la  Sibérie  6t  dànl  IaTart;(^ 
rie  Mofcovite  &  indépendante ,  il 
y  a  un  grand  nombre  dé  ce$  lies  dont 
tes  principaux  font  lé  grand  lac  Ba- 
raba  qui  a  plus  de  1 00  lieues  dé  lon- 
gueur .  &  dont  les  eaux  tombent 
dans  rîrtis  j  lé  grand  lac  Eftraguel 
i  fa  (ohrce  du  même'  fleuVe  Irtis  ; 

fMtifieurs  autres  moins  grands  i  la 
burce  du  Jénifcà ,  le  grand  lac  Kita 
I  là  fource  de  TÔl^y ,  uti  autte  grand 
lac  â  la  fource  dé  rA'ngàra  *,  le  lac 
Bàiciil  qui  sr  plus  de  loixantendix 
lieues  de  longueuf  ,  8C  qui  eft  for^ 
mé  par  le  niemelieuVe  Angâra;lë  lac 
Péhud'oùfort  le  fleuve  Vràck,£nr.i 
làCbine  6c  dins  fa  Tàf tarie  Cliinoi- 
fe  le  lac  Datai  d'où  fort  la  grôfle 
rivière  d* Argus  qui  toitibe  dans  le 
rîeave  d* Amour ,  le  lac  des  trois 
montagnes  d'où  fort  It  rivière  Hé- 
fum  ^ui  tombe  dans  le  même  fleuve 
Amour  ,  les  lacs  dé  Cinhal  j  de 
Cokaior  8c  de  Sotama,  defquels 
fortent  les  fources  du  fleuve  Hoam- 
ho  'j  4eu^  autres  grands  lacs  voifins 
du  fleuve  de  Nankin ,  &c.  dans  le 
Tonquia  le  lac  de  Goadae  diii  eft 
confldérable  ;   dans  rindé  le   lac 
CKiâmat  d'où  foft  le  fleuve  Laquia , 
ëc  qui  eft  voifln  dés  fources  du  Aeavt 
Avà  ,  du  Lôngenu ,  &c.  Ce  lac  a 
plus db  40  lieuss  de  largeur  fur  50 
de  longueur  j  un  autre  l'aé  S  Vôrigine 
diuGançe ,  un  autre  [|^ès  deCaîche- 
mire  à,  l'une  des  fources  du  fleuve 
Indus,  &c. 

En  Afrique  on  a  le  lac  Cayar ,  8c 
dent  ou  trois  autres  aUi  fofft  Voitins 
dé  Tembouchure  du  Sénéeal  ;  le  lac 
de  Guarde  8^  celui  de  Sigiimes ,  qui 
tous  deux  né  font  qu'un  m^meuic 
dé  ferme  prefque  triangulaire  •  dai 
â  plus  de  lop  iieuéif  de  umgaêat  rat 


le  grand  W  Gambe;i  4%^  plus  «de 
50  lie.aes  de  longueur  :  il  y  a  au 


<:' 


LAC 

7  {  de  largeur  ^  &  qui  contient  urne 
île  confidérable.  C'eft  dans  ce  lac  > 
que  le  Niger  perd  Ton  nom  »  £c  au 
fortir  de  ce  lac  qu'il  rraver/e  ,  on 
l^appelle  Sénégal  :  dans  le  Gourbi  du 
jneme  fleuvç ,  en  remontant  ver$  la 
fburçe ,  op  trouve  un  autre  lac  con- 
fidérable  qu'on  appellç  le  lac  Bour^ 
nou  où  le  Nigf^r  quit^,  encore  (pn 
nom  ;  car  la  rivière  qui  y  arrive  » 
l'appelle  Gamiam  qvl  Gombarow. 
EnEthioMe^  wx  four  ces  4u  .Nil  eft 

im^plus,de 
:  il  jr  a  aum 
plufieurs  lacs  fur^la  côte  ae  Guinée , 
qui  parQÎilèiit  avoir  été  formés  par 
la  mer  »  &  il  p'v  a  que  peu  d'autres 
lacs  d'i^ne  gr^ndepr  un  peu  cpnG^é- 
rable  dans  le  refte  dé  ^Afrique.  ^ 
Iv^/Voaérioue  feprentriqiiaUi  eO;  le 
ys.des  lacs:  les  plus  gran<}3  fpnt 
e  laç  (upérieur  qui. a  pl^$  4e  1,15 
lieues  de  longueur  fur  50  dç  lar« 
geur;  le^laç  Hufon  qui,  a  pi.è^  de 
100  Ueûe^  de  longueur  (ur  environ 
40  de  largeur  \  le.  l^c  des  ^Uino^s  » 
qui  eii  cçmprenafït   la   b^ie   ces 
PuaijtSji  e^  tout  auffi  étçndu  que 
le  U^  ^ucôa  ;  le  lac  Érié  iç  le  lac 
Ontario 9  qui  ont.  tous  4cux  pj^t  de 
89  tieuçs  ce  Ipnj^feur  fgr  10  ojti  .15 
de  lariieur  ;  le  lac  NÎiftafin  au  nord 
de  Québec ,  qt^  a  environ  5  o  li^es 
de  |pnf  uçur  3  1^  lac  C^amplain.  au 
midQL  d^  Québec  »  qui  eil  â  peu  près 
dè'U  mcqîe  étendue  que  le  lac  Mif- 
taun:  lé  lac  Alçmipigon  &  le  fac 
des  Chriftioaqx,,  tous  deux  au^nord 
é^  h^c  fiijpétieun: /,  tofir  au^  fore 
'  considérables;  le  tac  des  Àfliniboils, 
qui  confient  pluiieurs  ilçs  .  &  dçnt 
rérendue  eii  lônsueur  eft  déplus  de 
7  5  heiies  ^  ily  en  a  auUi  de\ix  de  mé- 
diocre grandeijir  dans  le  Mc^rq^e , 
indépend^menf;.dê  celui  de  Mé- 
xxço  j  up'autrç  Wufoup  plûs;^^^^ 
^PP^^Ç  I9  'f  ^  ^' Wtfflttfi.,  dans  I9  Pro- 


2»  A  G 


ÎP> 


vihfedu  mèmt  nom  :  ce  lac  a  plus 
de  60  ou  70  lieues  d'étendue  ea 
longueur. 

Enfin  dans  l'Amérique  méridio- 
nale il  ]Ben  a  un  peciç  a  la  fource  da 
Maragnon ,  un  autre  plus  grand  à 
la  fource  de  la  rivière  qu  Paraguai  » 
le  lac  Titicares  donc  les  eaux  tom- 
bent dans  le  fleuve  de  U  Platii  ^  deux 
autres  plu^  petits  dqnt  lef  eaux  cou-* 
lentaufll  vers  ce  ipcme  fleuve ^.& 
ûueJquA^  autres  ^ui  xiefopt  pas  cpn- 
ud<^ra^le$  dans  Tmcériqur  des  tQf res 
du  Çhilû  .)     -        ,. 

Tous  les  lacs  dont  les  fleuves  ci- 
rent leur  origine  ^  ^ousceux  qui  fe 
crouypnt  d^ps  le  cqyfs  4e^⻫uye$pu 

2ui  en  fqptVoifia,?.,  &  qui  y,  v^r- 
snt  le^rsi  eapx  ^  ne  fpnt  point  fal^s  ; 
prefqup  tous  ceux  a^*  contraire  ^oi 
re^piyent  de^  fleuves  ,  fans  qiji'il  en 
forte  4'^utres  fleuve^ ,  fon^  lalés. 

I.Ç4  Ucs,  qui  Qnt  aifçlque  chçfe 
de  particulier ,  (pm  I4  nier  iporte 
dont  Jçs  eaujjc  pQut^euççjOjH  be^ucgup 
plus  de  oiruipè  auç.  4€^.feA..  Ce  bi^tu- 
,  me  qu'on  wpelle  bitu/rui  de  Jud^c  , 
n'eft  aucre  cAo/e  que  4^  i'afpbal^e  ; 
&  aulfi  q^elqqes  Aute^rs  ont  appelé 
1^  mer  mprte  Azf  aJpfiaUitCf  ^es  t^r- 
^  rçs  aux^  ^pv irons  du  lac  cpntiennçnc 
:une  graij^^e  qi)f n^ité^4^  c^  bituçpe  : 
bfead^  Ççns  f&  fqpt  Bet(pa4^^^ 
fujçt  dp  cej^c.»  4^%  q^oiçs^jÇ^bla-* 
*  bies  i  ceïles  <^e  liss  Po,çtes  opt  écri- 
tes du  lac  Ayecpe^que  le  poiflbn  ne 
pouypi;,  y  vivre ,  aue  les  çiCe^ujç  qui 

.mu  na^is  ni^  i^n  ml/iMt^e  4e^es 
lacs  ne  produit  ces  r^eltes,  effets. 
1^  naurrjflîyn  tous,  depx  du  pajflon  ; 
les  oifeaux  v.olei^t  par  4eflus  >  fiç  'les 

;  hojpnmes  4*7^  baigpent  fans  ^i^çun 

;  On  a  rem%cqvé  quç,  le^/.e^MMa 
,  '  '*,S^«>DomIef,^^c^rjJ.^  ,& 


504  LAC 

une  mer  agitée,  fans  que  le  temps 
'   paroi  (Te  orageux. 

.  Qn  a  au£  obfervé  que  û  ce  phé- 
hornèné  arrive  à  l'approche  de  la 
plaie  ,  les  eanx  perdei#Ieur  lim- 
'  pidité»  &  paroi (Tenc  fous  des  afpeâs 
'  extraordinaires.  Des  perfonnes  au- 
deflfus  des  préjugés  croient  y  apper-< 
cevoir  desphantomes  ,  lefqueis  en 
s*évanout(unc  infenfiblement ,  font 
vtnr  qu'ils  n*écoienc  formés  que  par 
des  vapeurs  &  dc$  exhalaifons  con- 
denses. Le  lac  de  Zirchiiics  en 
Hongrie  eft  un  des  |»lus  fingulibrs 
que  Ton  connoKTe  :  il  reçoit  beau- 
coup d'eau  «  &  ne  déborde  jamais  : 
il  fe  perd  fous  des  montagnes  qui 

*  l'avbitinent ,  où  les  cavernes  font 
quelquefois  sèches  8c  d'autres  fois 
humides ,  chargées  d'oifeaux  de  paf- 
fàge  Se  de  poiuons.  Il  v  a  un  temps 
pu  le  tac  fe  tarit ,  &  1  on  jr  ramaue 
des  rofeaux  dont  on  fait  de  la  litière 
nux  beftiaux  t  on  y  récoite  auffi  du 
fojn  :  fottvent  on  y  laboutç  le  ter- 
rain t  on  y  sème  du  miller  qui  croît 

'    Bc  mûrit  rapidement  :  enfan  on  y 
fait  la  chafTe  au  gibier  &  aux  bètes 
fauves   qui  defcendent  alors  des 
montagnes.  Les  Hydrologiftes  font 
encore  mention  .d*ttn  autre  phéno- 
mène que  donnèrent  enr  i^o|  les 
^    taux  du  lac  de  Zurich  »  &  en  1 70} 
''  (Celles  de  Délits:  elles  devinrent 
'    tout*i-conp  rougelrres  comme  du 
fang.  L'examen  fit  recovmoître  que 
ce  riic  des  conrans  d'eaux  bitumi- 
tïenCts ,  chai^ée$  d'ochre  rouge  de 
'   fer  »  qi)|i  vinrent  alors  fe  mtlet  aux 

*  eaux  dç  ces  lacs. 

Il  y  a  j  clit-on ,  en  Bohème ,  dans 

la  campagne  de  Boleflaw  un  lac  où 

il  y  a  des  tVous  d'une  profondeur  fi 

,  pande  qn*on  n'a  pu  le  fonder  ,  6c 

U  s*élève  d^  ce^  trous  des  vents  im- 

Sérueux  qui  parcourent  toute   la 
içl^nx^i  êc  tjfxï  pendant  Phivçf 


3; 


LAC 

élèvent  fouvent  en  l'air  des  mor- 
ceaux de  glace  de' plus  décent  livres 
de  pefanteur.  On  parle  d  un  lac  ea 
lllanJe  qui  pétrifie  j  le  lac  Néagh 
en  Jrlande  a  au(Ii  la  mcme  proprié- 
té, mais  ces  pétrifications  produites 
par  l'eau  dé  ces  lacs ,  ne  font  fans 
doute  autre  chofe  que  des  incruf- 
tations  comme  celles  que  fait  l'eau 
'  d'Arcueih 

Lac  »  en  termes  de  Mythologie.  Le 
refpeâ  pour  les  lacs  faifoit  partie 
de  la  religion  des  anciens  Gaulois  » 
[ui  les  regardoient  comme  autant 
e  Divinités ,  ou  au  moins  de  lieux 
qu'elles  choififlbient  pour  leur  de-^ 
meure  ;  ils  donnoient  même  à  ces 
lacs  le  nom  de  quelques  Dieux  par- 
ticuliers. Le  plus  célèbre  étoit  celui 
de  Touloufe  ,  dansjequel  ils  je- 
toient ,  foit  en  efpèces ,  foit  en 
barres  ou  en  lingots ,  Tor  &  l'argeitt 

Îiu'ilsavoienr  pris  fur  les  ennemis. 
I  y  avoir  auffi  dam  le  Gévaudan  ^ 
au  pied  d^une  montagne  »  un  grand 
lac  confacré  à  la  lune  »  où  Ton  s*af«* 
fembloir  tous  les  ans  des  pays  cir- 
convoifins  ,  pour  y  jeter  les  of- 
frandes qu'on  faifoit  à  la  Déefle» 
Strabon  parle  d'un  autre  lac  très* 
^célèbre  dans  les  Gaules  ,   qu'on 
'nàrtimoir/<  lac  des  deux  corbeaux^ 
'    parce  que  deux  de  cts  oi/èaux  j 
faifoient  leur  féjour;&  là  princi- 
pale céréi^onie  religieufe  qui  s'y 
prariquoit ,  avoir  pour  but  de  faire 
décider  par  ces  divins  corbeaux  les 
différens  ,  foit  publics ,  foit  par- 
'   ticuliers;  Au  jour  marqué ,  les  deux 

f>artis  fe  rendoienrfur  le  bord  dir 
ac  »  ft  jetbient  aux  corbeaux  cha- 
cun un  gâteau  j  heureux  celui  dont 
ces  oifeaux  mangeoient  le  gâteau 
de  bon  appétit ,  il  '  avoit  gain  de 
caufe.  Celui  au  fronrraire  dont  les 
corbeaux  ne  tiifoient  que  bequeter 
ic  éparpiller  Uôfthnde»  étott  cenfé 

condamné 


LAC 

condamné  par  ia  bouche  mèmd  des 
Dicuiî  fuperftirition  aiïèz  fernbla- 
ble  à  celle  des  Roaiains  pour  leurs 
poulets  facrés. 

LACE,  ÉEi  participe paflif.  /^. Lacer. 

LACÉDÉMONE  ;  ancienne  &  fa- 
-meafe  ville  de  Grèce  dans  le  Pelo- 
ponife ,  fur  TEurocas  y  on  Tappe- 
loir  auffi  Sparte.  Elle  étoir  capitale 
de  la  Laconie  Se  d*unc  République 
qui  a  confervé  un  nom  i  jamais 
célèbre  par  la  valeur  de  Tes  habi- 
tans  &  par  les'l^elles  loizque  Lycur- 
gueluiaonna.Quoiqu*ellefûtquacre 
Fois  moins  grande  qu'Athènes  »elle 
Icgaloiten^puiflànce  j  ia  furpafToit 
en  vertUj  &  ic  maintint  dans  tout  Ton 
luftre  pendant  fept  ou  huit  cens  ans. 
Les  Lacédémomens  vivoient  en- 
core comme  des  peuples  barbares 
lorfque  Lycnrgue ,  du  fang  des  Hé- 
racli^^s  j  entrepi2t  deles  poHcer  , 
<le  les  éclairer  &  d'en  former  un 
Etat  folide  &  refpeârable. 

Après  la  mort  de  fon  frère  Poly- 
deâe  ^  Roi  de  î:acédémone  ,  il  re- 
fufa  la  couronne  que  lui  ofFroit  la 
veuve  »  &  qui  s'engageoit  â  fe  faire 
avorter  de  i*enfant  dont  elle  croit 
grolFe  ,  pourvu  qu'il  voulût  Tépou- 
fer.  Penfaut  bien  difFéremment  de 
fa  belle  fœur  ,  il  la  conjura  decon- 
ferver  fon  enfant  qui  fur  Léobocés 
ou  Labotés  »  &  félon  Plutarque  j 
CliariUiis;  il  le  prit  fous  fa  tuteHe , 
&  lui  remit  la  couronne  quand  il 
eut  atteint  Tâge  de  majorité. 

Mais  dès  le  commencement  de 
fa  régence  il  exécuta  le  projet 
qu'il  avoit  formé  de  changer  toute 
la  face  d\i  gouvernement  de  Lacé- 
démene ,  dans  la  police  ,  la  guerre , 
les  finances  ,  ta  religion  &  l'édu- 
cation ;  Aïs  la  poileilion  des  biens , 
dans  les  magiftrats,  dans  les  parti- 
culiers ,  en  un  mot ,  dans  les  per- 
fonnes  des  deux  fexes  de  loucage  ! 
Tome  Xr. 


LAC  305 

&  de  toute  condition.  Nous  par- 
courrons le  plus  brièvement  qu'il 
fera  poilible  ivs  inftitutions  de  c» 
grand  homme. 

Son  premier  foin  fut  d'établir  un 
Sénat  de  vingt-huit  membres^ppe^ 
lés  Gérantes  j  qui  joints  aux  deux 
Rois ,  cpmpofoieot  un  confeil  de 
trente  perfonnes  auquel  fut  attribué 
le  droit  de  vie  &  de  mort.  Il  ordon- 
na que  les  places  qui  viendroient  â 
vaquer  fulfent  remplies  d'abord 
après  la  mort  »  &  que  pour  cet  effet 
le  peuple  éliroit  i  la  pluralité  des 
voix ,  les  plus  gens  de  bien  de  ceux 
qui  auroient  atteint  1  âge  de  foi« 
xante  ans. 

Le  peuple  tenoit  fes  affemblées 

f;énérales  &  particulières  dans  un 
leu  nu  où  il  n'y  avoit  ni  ftatues  » 
ni  tableaux  ,  ni  lambris  y  pour  que 
rien  ne  détournât  fon  attention  des 
fujets  qu'il  devoit  trairer.  Tous  les 
habirans  de  la  Laconie  afliftoient 
aux  alfemblées  générales  ,  &  les 
feuls  citoyens  de  Spaite  compo«* 
foient  les  afTemblées  particulières. 
Le  droit  de  publier  les  aflTemblées 
&  d'y  propofer  les  matières  n'appar- 
tenoit  qu'aux  Rois  &  aux  Gérontes  > 
les  Ephores  l'ufurpèrenr  dans  la  fuite» 
On  y  délibSroit  de  la  paix ,  de  la 
guerre  ,  des  alliances ,  Qt%  grandes 
affaires  de  l'État  &  de  l'éledion  des 
Magiflrats.  Après  les  propofitions 
faites  ,  ceux  de  Tairembléc  qui  te- 
noient  une  opinion  fe  rangeoient 
d'un  côîé,&  ceux  de  l'opinion  con- 
rraire  fe  rangeoient  de  l'autre  \  ainii 
le  grand  nombre  étant  connu  déci- 
doit  de  la  contcdation. 

Le  peuple  fe  divifoit  en  tribus 
ou  lignées  \  les  principales  écoient 
celles  des  Hcraclides  &  des  Pica-r 
nates  dont  forrit  Ménélas ,  &  celle 
des  Egides ,  différente  de  la  tribu 
d^  ce  nom  â  Athèixcs.  > 


3ctf  1-AC 

Lt$  Roîs  itoïtni  les  Généraux 
des  armées  pendant  la  guerre  j  pré- 
fidoienc  aux  aflemblées»  aox  facri- 
£ces  publics  pendant  la  paix  ^  pou- 
voient    propofer    coac    ce    qu'ils 
croyoient  avantageux  à  l'État ,  8c 
avoienc  la  liberté  ce  diflfoudre  les 
aflemblées   quMs  avoient  convo- 
Œiées  »  mais  non  pas  de  rien  con* 
.  dure  fans  le  confentement  de  la 
Nation  y  enfin  il  ne  leur  éroit  pas  per- 
mis d  epoufer  une  femme  étrangè- 
re. Us  écoient  proprement  les  pre- 
miers Magiftrats  de  U  République , 
feoiblables  aux  deux  Confuls   de 
Rome  ,  dont  ils  différoient  cepen- 
dant en  ce  queleurdignitéétoità  vie* 
Lycurgue  s'étoit  propofé  de  dif- 
tribuer  le  pouvoir  monarchique  » 
le  pouvoir  ariftocratiqiie  &  le  pou- 
voir  démocratique  ,    de  manière 
au'ils  fe  ferviffent  lun  à  l'autre  , 
e  balance  ôc  de  contrepoids  ^  & 
l'événement  juftifia  l'excellence  de 
cette  idée.  Il  brifa  enfuite  tous  les 
liens  de  la  parenté  en  déclarant  tous 
les  citoyens  de  Lacédémone  enfans 
nés  de  l'état  \  il  mit  en  commun 
toutes  les  terres  du  pays  &  les  divifa 
en  trcnte-neof  mille  portions  égales» 
qu'ildiftribuacommeà  des  frères  ré- 
publicains qui  feraient  leur  partage. 
Il  voulut  que  les  deux  fexes  euf- 
fent  leurs  facrifices  réunis  ,  8c  joi- 
gnifTent  enfemble  leurs  vaux  & 
kurs  offrandes  i  chaque  folemniré 
leligieufe.  Il  fe  perluada  par  cet 
inftitut  ,  que  les  premiers  noeuds 
de  l'amitié  &  de  l'union  des  eCprits 
feroient  les  heureux  augures  de  l^ 
fidélité  des  mariages.. 

Il  bannit  des  funérailles  toute  fu- 
perdition  j  ordonnant  qu'on  ne  mît 
tien  dans  la  bierre  avec  le  cadavre  , 
&  qu'on  n'ornât  les  cercueils  que 
de  (impies  feuilles  d'olivier.  Mais 
comme  les  prétentions  de  la  vanité 


LAC 

font  fans  bornes  ,  il  défendit  d*ié- 
crire  le  nom  du  défunt  fur  fon  tom« 
beau  »  hormis  qu'il  n'eut  été  tué  les 
armes  à  la  main ,  ou  que  ce  ne  fut 
ttne  Prètrefle  de  la  religion. 

Il  permit  d'enterrer  les  morts  ao^ 
tour  des  temples  »  &  dans  les  tem- 
ples mêmes ,  pour  accoutumer  les 
jeunes  gens  à  voir  fouveot  ce  fpec- 
tacle  9  8c  leur  apprendre  qu  on  n*é- 
toit  point  impur  ni  fouillé  »  en  paC* 
fant  par-deflTus  des  ollemens  8c  des 
fépulcres. 

11  abrégea  la  durée  des  deuils,  &  la 
régla  à  onze  jours» ne  voulant  laiffer 
dans  la  vie  rien  d'inutile  8c  d'oifeux» 

Se  propofant  encore  d'abolir  les 
fuperfluités  religieufes,  il  fixa  tous 
les  rits  de  la  religion  »  les'loix  d'r<* 
pargne  &  d'économie.  Nous  pré- 
fentons  aux  Dieux  des  chofes  com- 
munes, difoic  un  Lacédimonien  ^ 
afin  que  nous  ayons  tous  les  jours 
les  moyens  de  les  honorer. 

11  renferma  dans  un  code  poli- 
tique les  loix,  les  moeurs  &  les  ma- 
nières j  parceque  les  loix  8c  les  ma* 
nières  repréfentent  les  mœurs ^  mais 
en  formant  les  manières  il  n'eut  en 
vue  que  la  fubordinatioQ  i  la  Ma- 
giftrature,    &  l'efprit  belliqueux 
qu'il  vouloit  donnes  ifon  peuple. 
Des  gens  toujours  ciM'rigeans^  8c 
toujours  corrigés  ,  qui  inftruifoient 
toujours ,  Se  croient  inftruits ,  éga>- 
lement  fimples   &  rigides  y  exer- 
çoient  plutôt  des  vertus  qâ*ils  n'a^» 
voient  des  manières  :ainfi  les  mœurs 
donnèrent  le  ton  de  cette  républi* 
^e.   L'ignominie  devint  le  plus 
grand  des  maux,  &  la  lâcheté  »  le 
plus  grand  des'cripies. 

Comme  Tufage  de  l'or  &  de  far- 
gent  n'eft  qu'un  u(k^É|^nefte ,  Ly- 
curgue le  profcrivit  ious^  peine  de  la 
vie.  Il  ordonna  que  toute  la  mon- 
noie  ne  feroir  que  de  fex  &  de  cui- 


LAC 

Tre  \  encore  Séneqne  eft  le  feul  mi 
parle  de  celle  de  cuivre  ;  tous  les 
autres  auteurs  ne  nomment  que  cel- 
le de  fer ,  8c  m&me  de  fer  aigre , 
félon  Piurarque.  Les  deniers  publics 
de  Lacédémone  furent  mis  en  fé- 
oneftre  chez  des  voiitns  ,  Se  on  les 
bifoit  garder  en  Arcadîe.  Bientôt 
on  ne  vit  plus  â  Sparte ,  ni  Sophîftes, 
ni  Charlatans,  ni  Devins»  ni  difeurs 
de  bonne  aventure  ;  tous  ces  gens 
qui  vendent  leur  fcience  &  leur  fe- 
cret  pour  de  l'argent ,  délogèrent  du 
pajrs  ,  &  furent  fuivis  de  cdix  qui 
ne  travaillent  que  pour  le  luxe. 

Les  procès  s'éteignirent  avec  Tar- 
ifent :  cotmnent  auroient-ils  pu  fub- 
iifter  dans  une  républiaue  ou  il  n*y 
avoir  ni  pauvreté  ni  richeilè ,  Téga- 
lîtéchaUant  la  difetre^  &  Tabon 
daace  érant  toujours  également  en- 
tretenue par  la  trugaKtié?Plurus  fut 
enfermédans  Sparte  comme  une  fta- 
tue  fans  ame  &  fans  vie  j&  c'eft  la  feu- 
le ville  du  monde  oà  ce  qa  on  dit 
communément  de  ce  Dieu ,  qd'il 
eft  aveugle  ,  fe  trouva  vérifié  :  ainfi 
le  Légiilateur  de  Lacédémone  s'af- 
fura  qu'après  avoir  éteint  Tamour 
des  richeffes  ,  il  rourneroit  infailli- 
blement toutes  les  penfées  des  Spar- 
tiates vers  la  gloire  Se  la  probité. 
Il  ne  crut  pas  même  devoir  a (Tujettir 
a  aucunes  formules  les  petits  con- 
trats entre  particuliers.  Il  laidà  la 
libertéd'y  ajourer  ou  retrancher  tout 
ce  qui  paroîcroit  convenable  à  un 
peuple  u  vertueux  Se  C\  fage. 

Mais  pour  préferver  ce  peu  pie  de 
la  corruption  du  dehors ,  il  Bt  deux 
chofes  importantes. 

Premièrement,  il  ne  permit  pas 
i  tous  les  citoyens  d'aller  voyager 
de  côté  Se  d'autre  félon  leur  fantai- 
fie ,  de  peur  qu'ils  n'introduifTlfent 
â  leur  retour  dans  la  patrie,  des 
idées,  des  goûts»  desufages,  qui 


LAC  5®7 

minaiTein  n»rmonie  du  gouver no* 
tnent^cafbli ,  comme  letdiflbMiatKei 
Se  les  faux  tons  déccuileat  Ihatmo* 
nie  dans  la  mufique. 

Secondement ,  pour  empêcher 
encore  avec  plua  d  efficace  que  le 
mélange  des  coutumes  oppofées 
à  fes  loix  ,  n'altérât  la  difci- 
pKne  &  les  moeurs  des  Lacédémo- 
niens  ,  il  ordonna  que  les  étrangers 
ne  fuflènt  reçus  à  Sparte ,  que  peu* 
dant  la  folennité  des  fètes  ^  des 
jeux  publics  &  autres  fpeâacles»  On 
les  accueilloitalort  honorablcmenr, 
&  on  les  plaçoit  fur  det  fiéges  i  cou- 
vert, tandis  que  les  habitans  fe 
mettment  oà  ils  pouvoient.  Les 
Proxènes  n'étoient  établis  à  Laoé^ 
démone  que  pour  Tobfervation  de 
cet  ufâge ,  on  ne  fit  que  rarcmeint 
des  exceptions  à  la  loi ,  9c  feuletoient 
en  faveur  de  certaines  perfonnes 
dont  le  fèjour  ne  pouvottoa'honorer 
l'Etat.  Ceft à  ce  (ujet  que  kénopfaon 
&  Pltttarque  vantent  Tholpiialité 
du  Spartbte  Lychas. 

Il  ne 'S'agifloit  plus  que  de  pré- 
venir dans  Tintérieur  des  maifons  » 
les  débauches  particulières  ,  nui- 
sibles à  la  fanté ,  &  qui  demandent 
enfttite  pour  cure  paHiative  le  long 
fommeil ,  du  repos ,  de  la  diète , 
des  bains  te  des  remèdes  de  la  mé- 
decine ,  qui  né  font  eux-mêmes  que 
de  nouveaux  maux.  Lycurgue  coupt 
toutes  les  fources  à  l'intempérance 
domeftique  ,  en  établiflant  des  phi- 
dities,  c*eft-â-dire  nnecommonauté 
de  repas  publics  ,  dans  des  faites  où 
tous  les  citoyens  lèroient  obl^és  de 
maneer  enfemble  des  mêmes  mets 
règles  par  la  loi. 

Les  tables  étoient  de  quinze  per^* 
fonnes ,  plus  ou  moins.  Chacun  ap- 
pottoit  par  mois  un  boiffeauce 
tarine  ,  huit  mcfures  de  vin ,  cinq 
Uvres  de  fromage  •  deux  livres  Se 


568^  EAC 

demie  de  figues ,  fli^uelque  peu 
de  monnoie  de  fer  pour  acheter 
de  ia  viande.  Celui  qui  faifoit  chez 
lui  un  fâcrifice  ,  ou  qui  avoic  tué 
'  du  gibier  à  ia  chaflfe,  envoyoit  d'or- 
dinaire une  pièce  de  fa  viâime  ou 
de  fa  venaiion  i  la  table  dont  il 
étoit  membre. 

Il  n'y  avoir  que  deux  occadons , 
fans  maladie  ,  où  il  fût  permis  de 
manger  diez  foi  ,  favoir^quand  on 
étoic  revenu  forr  tard  de  la  chalTe  , 
ou  qu  on  avoit  achevé  fort  tard  fon 
facritice  'y  autrement  il  falloit  fe 
trouver  aux  repas  publfcs  »  &  cet 
ufage  s'obferva  ttèslong-tems  avec 
la  derniète  exa&itude  y  jufques-lâ 
que  le  Roi  Agis  qui  revenoit  de 
Tarmée  ,  après  avoir  wvaincu  les 
Athéniens  »  &  qui  fe  faifoit  une 
fête  de  fouper  chez  lui  avec  fa  fem- 
me y  envoya  demander  fes  deux 
flottions  dans  la  falle  ;  mais  les  Po- 
emarques  les  lui  refusèrent. 

Les  Rois  feuls ,  pour  le  remar- 
quer en  patTant»  avoient  deux  por- 
tions j  non  pas  ,  dit  Xénophon  , 
afin  qu'ils  mangeaflfent  le  double 
des  autres ,  mais  afin  qu'ils  pufTent 
donner  une  de  ces  portions  â  celui 
qu'ils  jugetoient  digne  de  cet  hon- 
neur. Les  enfans  aun  certain  âge 
adiftoient  à  ces  repas  j  &  on  les  y 
menoit  comme  à  une  école  de  tem- 
pérance &  d'inftruâion. 

Lycurgue  fit  orner  toutes  les  fal  - 
les  à  manger  des  images  &  des  (la 
eues  du  ris ,  pour  montrer  que  la 
joie  devoir  erre  un  des  affaironne- 
'  mens  des  tables  »  &  qu^elle  fe  ma- 
rioir  avec  l'ordre  &  la  frugalité. 

Le  plus  exquis  de  tous  les  mets 
q.ie  Ton  fervoit  dans  les  repas  de 
Lacédemone  9  étoit  le  brouet  noir , 
du  moins  les  vieillards  le  ptércroient 
à  toute  outre  chofe.  Il  y  eut  un  Roi 
de  Pont  qu    ^ncrdant  faire  Icloge 


LAC 

de  ce  brouet ,  acheta  exprès  on  cnu 
finier  de  Lacédemone  pour  lui  en 
préparer  i  fa  table.  Cependant  il 
n'en  eut  pas  plutôt  goûté  »  qu'il  le 
trouva  deteftable^  maisleCuifinier 
lui  dit  :  >i  Seigneur  j  je  n'en  fuis  pas 
»  furpris  ;  le  meilleur  manque  i 
i>  mon  brouet ,  &  je  ne  peux  vous 
»  le  procurer }  c'eft  qu'avant  d'en 
f>  manger ,  il  faut  fe  Daigner  datu 
f>  l'Eurotas  >>. 

Les  Lacédémoniens ,  après  le  re« 
pas  du  foir ,  s'en  rerournoient  cha- 
cuutf hez  eux  fans  flambeaux  &  fans 
lumière.  Lycurgue  le  prefcrivic 
ainfi  y  afin  d'accoutumer  les  citoyens 
â  marcher  hardiment  de  nuit  au  fore 
des  ténèbres. 

Ce  grand  homme  eut  aufii  des 
vues  toute^  nouvelles  fur  le  beau 
fexe:  il  s'étoit  convaincu  fuivant  la 
remarque  d'un  homme  d'efprit ,  que 
les  femrtiès  qui    par-tout  ailleurs 
fembloient ,  comme  les  fleurs  d'un 
beau  jardin^  n  être  faites  que  pour 
lornemenc  de  la  terre  &  le  plaifir 
des  yeux»  pouvoient  être  employées 
'  il  un  plus  noble  ufage^  &  que  ce 
fexe  avili  &  dégradé  chez  prefqae 
tous  les  peuples  du  monde  j  pouvoit 
entrer  en  communauté  de  gloire 
avec  les  hommes  j   partager  avec 
eux   les  lauriers  quil  leur  fziCoit 
cueillir,  &  devenir  enfin  un  des 
puiiïàns  reflbrts  de  la  légiflation. 

Lapluparr  des  Auteursgrecs  nous 
apprennent  que  les  Laéédémonîen»^ 
nés  éroient  les  plus  belles  femmes 
de  1  UniverSiT  On  fait  quels  furens 
les  charmes  d'Hélène  &  de  Pcnelo* 
pe,  quiécoient  de  Sparte.  Lycurgue 
fe  propcfant  donc  d'élever  les  mU% 
de  fa  république  au-deflfus  des  cou- 
tumes de  leur  fexe ,  leur  fit  faire  les 
mêmes  exercices  que  faifoient  les 
hommes  ,  afin  qu'elles  ne  leur 
fuiltnt    infécieures  ,    ni    ptmr   U 


LAC 

force  t  ni  pour  la  famé  dû  corps  i 
ni  poar.  la  grandeur  du  courage. 
Ainfi  deftinées  â  s'exercer  k  la  couric» 
à  lalutce  »à  jerer  le  palet  &  à  lancer  le 

1*avelor,etles  porcoienc  des  habits  qui 
eur  donnoient  toute  raifanceriiécef- 
fai  re  pou  r  s'acquitter  de  ces  exercices. 
Le  Légi dateur  Lacédcmonien  ne 
voulut  pas  feulement  que  les  jeunes 
garçons  danfaifent  nus^  mais  il  éta- 

«  blit.  que  les  jeunes  filles  dans  cer- 
raines  fêtes  folennelles  danferoient 
en  public,  parées  de  leur  propre 
beauté ,  &  fans  autre  voile  que  leur 
vertu.  Les  Âpologiftes  d'un  ufaee 
qui  nous  paroît  fi  étrange  &  fi  blâ- 
mable, difent  qu'outre  qu'il  eft 
impoilib'.e  de  fuppofer  que  Lycur- 
gue  qui  teg.irdoit  l'éducation  des 

.  enfans  comme  lafFaire  la  plus  im- 
porranre  ,  ait  jamais  pu  fonder  une 
coutume  qui  tendît  au  dérèglement, 
la  nudité  étant  commune  d  Lacédé- 
mone  n'y  faifoit  point  d*impreflion 
criminelle  ou  dangereufe»  11  fe  for- 
me paptout  naturellement ,  ajoute- 
r-on ,  une  habitude  de  l'œil  à  l'objet 
quidifpofe^-^'infenfibilitc,  &  qui 
bannit  les  défirs  déréglés  de  l'ima- 
gination 'y  l'émorion  ne  venant  guère 
que  de  la  nouveauté  du  fpeâacle. 
Enfin ,  &  c'ed  la  meilleure  raifon  , 
des  qu  on  s'ed  une  fois  mis  dans 
Tefprît  l'intcgtité  des  mceurs  de 
Sparte ,  on  demeure  perfuadc  de  ce 
bon  mot:  Lcsjîllts  de  Lacédémonc 
nétoUnt  point  nues  ;  r  honnêteté  pu^ 
blitjue  Us  couvrait.  Telle  étoit ,  dit 
PIur.irque ,  la  pudiciré  de  ce  peuple, 
que  l'adultère  y  palloit  pour  une 
chofeimpolliblc  &  incroyable. 

Les  femmes  de  Lacédéroone  por- 
toienr  un  voile  fur  le  vif  âge ,  &,  nqn 
pas  les  filles  ^  &  lorfqu'un  étranger 
en  demanda  autrefois  la  raifon  à 
CharilaiJs ,  il  répondit  que  les  filles 
cherchoient  un  mari.  Se  que  les 


LAC  .309 

"femmes  fe  confervoient  pour  le  leur. 
Dès  que  ce  mari  étoit  trouvé  6c 
agréé  par  le  Magiftrat,  il  fallcHC 
'  qu'il  enlevait  la  nlle  qu'il  vouVôit 
epoufei  'y  peut*  être  afin  que  la  pudeur 
prête  à  iuccomber  eût  un  prétexre 
dans  la  violence  du  ravilTeur.  Plu* 
tarqye  ajoute  qu'au  temps  delacon- 
fommation  du  mariage  ,  la  femme 
étoit  vêtue  de  Ihabit  d'homme. 
Comme  on  n'en  apporte  point  de 
raifon,  on  n'en  peut  imaginer  de 
plus  modefle  &  de  plus  apparente  » 
finon,  que  c'éroit  le  fymbole  d'un 
pouvoir  égal  entre  la  femme  &  le 
mari  ^  car  il  eft  certain  quUl  n  y  a 
jamais  eu  de  nation  ,  où  les  fem« 
mes  aient  été  plus  abiblues  qu'à  La- 
cédémonc. On  fait  à  ce  fujet.ce  que 
répondit  Gorgo^  femme  de  Lconi- 
das,  Roi  de  Sparte,  à  une  dame 
étrangère  qui  lui  difoit  :  »  il  n'y  a  que 
M  vous  autre  s  qui  commandiez  à  vos 
i>  maris  :  cela  eft  v  rai,  répliqua  la  rei- 
9>  ne\  maisaufiiiln'yaquenous  qui 
i>mettions  des  hommes  aumonde.»  ' 

Quand  les  Lacédcmoniennes  ap* 
prenoient  que  leurs  enfans  avotenc 
été  tués ,  8c  qu'elles  étoient  à  portée 
de  vifiter  leur  corps ,  elles  y  cou- 
roient  pour  examiner  fi  leurs  blef- 
fures  avoient  été  reçues  le  vifage  oa 
le  dos  tourné  cotitie  l'ennemi*,  fi 
c'éroit  en  faifant  face,  elles  ef- 
fuyoient  leurs  larmes ,  &  d'un  vi- 
fage tranquille  j  elles  alloient  inhu- 
mer leur  HIs  dans  les  tombeaux  des 
ancêtres  y  mais  s'ils  avoient  été  bief- 
fcs autrement,  elles  fe  retiroient  fai- 
fies  de  douleur,  &  abandonnoient  les 
cadavres  à  leur  fépulture  ordinaire* 
•  Les  loix  de  Lycurgue  puniflôienc 
les  célibataires,  ceux  qui  fe  ma- 
rioient  fur  Tâgc- avancé,  &  mc.ne 
ceux  qui  faifoient  des  alliances  mal 
afIbrtieSj&enmcnietemps  eibs  dé* 
fendoient  le  mariage  aux  lâches  qui  ' 


3IO  LAC 

«voientprls  la  fuice  dans  an  combat.  I 

Quelquefois  un  mari  cédoic  fon 
lit  oupciai  à  un  homme  de  bonne 
mine  pour  avoir  des  enfans  robuftes 
Se  bienfaits;  les  Spartiates  n'appe^ 
loient  point  cette  ceflîon  un  adulte^ 
re.  Us  croyoient  que  dans  le  partage 
d*un  bien  (i  précieux  »  le  cot^feme- 
ment  ou  la  répugnance  d'un  mari 
fait  &  détruit  le  crime»  &  qu'il  en 
étoit  de  cette  aâion  comme  d'un 
tréfor  qa*un  homme  donne  quand 
il  lui  plaît  »  m  ûs  qu'il  ne  veut  pas 
qu  on  lui  ravi  (Te. 

Lors  de  la  nailfance  des  enfans  de 
Lacédémone ,  on  les  lavoit  dans  du 
vin.  Cette  liqueur  félon  leur  opi- 
nion »  avoit  la  vertu  d'augmenter  la 
force«de  la  bonne  conftitution ,  ou 
d'accabler  la  langueur  de  la  mau- 
▼aife.  Les  enfans  qui  fortotent  heu- 
,  reufement  de  cet  te  épreuve  j  avoient 
une  portion  ^e%  terres  de  la  républi- 
que! allignée  pour  leur  fabH^ance, 
&  jouifloieit  du  droit  de  bourgeoi- 
fie.  Les  infirmes  étoient  expoiés  à 
l'abandon^  parceque  ,  fclon  l'ef- 
prit  des  lois  de  Lycurgue ,  un  La- 
céJémonien  ne  naiflbit  ni  pour  foi- 
mème ,  ni  pour  fes  parens  ,  mais 
pour  la  république  »  dont  il  falloir 
que  l'intérêt  fut  toujours  préféré 
aux  devoirs  du  fang.  Athénée  nous 
afsûre  que  de  dix*  en  dix  jours ,  les 
enfans  padoienr  en  revue  tout  nus 
devant  les  Ephores  pour  examiner 
fi  leur  fauté  pouvoit  rendre  à  la  ré- 
publique le  fervice  qu'elle  en  at- 
tendoit. 

Chaque  vieillard ,  chaque  père 
de  famille  avoit  droit  de  chàrier  les 
enfans  d'autrui  comme  les  fiens 
propres,  &  s*il  le négligeoit ,  on  lui 
imputoit  la  fauté  con) mi fe  par  l'en- 
fant. Cette  loi  de  Lycurgue  tenoit 
les  pères  dans  une  vigilance  conri 
nuelle  ,    Se   rappeloir   fans    celTe 


LAC 

MX  enfans  qu'ils  apparcenoitnt  1  la 
république.  Au£li  fe  ibumettoient* 
ils  de  leur  f  topre  mouvement  à  la 
cenfure  detous  les  vieillards.  Jamais 
ils  ne  rencontroient  un  homme  d*i- 
ge ,  qu'ils  ne  s'arrètaifent  par  cef- 
peâ  9  jufqu'â  ce  qu'il  fût  paflfé  \  8c 

5|uand  ils  étoient  ailis»  ils  fe  levoienc 
ur  le  champ  à  (on  abord.  C'eft  ce 
2ui  faifoii  dire  aux  autres  peuples 
e  la  Grèce ,  que  fi  la  dernière  fai-» 
fonde  la  vie  avoit  quelque  chofe  de 
flatteur ,  cen'écoit  qu'à  Lactdtmont. 
Dans  cette  république  l'oifiveté 
des  jeunes  gens  écoic  mife  au  rang 
des  fautes  capitales,  undis  qu'on 
la  regardoit  comme  une  marque 
d'honneur  dans  les  hommes  faits. 
Car  elle  fervoit  à  difcerner  les 
Maîtres  des  efclaves  :  mais  avant  de 
goûter  les  douceurs  du  repos ,  il  fal- 
loir s'ctre  continuellement  exercé 
dans  la  jeunelfe  â  la  lutte ,  i  la  cour* 
fe  »  au  faut ,  au  combat  »  aux  évo- 
lutions militaires ,  i  la  chaflTe ,  à  la 
danfe ,  &  même  aux  petits  brigan- 
dages. 

Le  larcin  leur  étoit  permis  pour 
leurdonnerde  l'adreiTe ,  de  la  rufe, 
de  l'a&ivité  \  mais  ceux  qui  étoient 
ris  fur  le  fair  étoient  châtiés  pour 
eur  maladreffe.AuflScraigaoientils 
tellement   la  honte  d'être  décoti- 
verrs  ,  qu'un  d'eux  ayanr  volé  un 
petit  renard  ^  le  cacha  fous  fa  robe» 
&  fouffrit  y  fans  jerer  un  feul cri , qu'il 
lui  déchirât  le  ventreavecles  dents 
jufqu'â  ce  qu'il  expira  fur  la  place. 
Les  pères  en  certains  jours  de 
fêtes ,  raifoient  enivrer  leurs  efcla- 
ves &  les  produifoient  en  cet  état 
méprifable  devant  la  jeuneffe  de 
•  Lacédémone,  afin  de  la  préferver 
de  la  débauche  du  vin  ,  &  lui  enfirt- 

f|ner  la  vertu  par  les  défauts  qui  lui 
ont  oppofés  \  comme  qui  voudroit 
faire  admirer  les  beautés  de  la  na- 


r. 


LAC 

taie  en  montrant  les  horreurs  de  la  { 
mût. 

Au  motnent  que  les  Spartiates 
entroient  en  campagne  leur  vie  écoic 
moins  pénible ,  leur  nourriture  plus 
délicate ,  &  ce  cjui  les  touchoit  da- 
vantage f  c'écoit  le  moment  de 
faire  briller  leur  gloire  8c  leur  va- 
leur. On  leur  permetroit  â  l'armée 
d'embellir  leurs  habits  &  leurs 
armes  ,  de  parfumer  &  de  trefler 
leurs  longs  cheveux.  Le  jour  d'une 
bataille  »  ils  couronnoient  leurs  cha- 
peaux de  fleurs.  Dès  qu'ils  étoient 
en  préfence  de  Tennemi ,  lenr  Roi 
fe  mettoit  â  leur  tète  »  commandoit 
aux  joueurs  de  flûte  de  jouer  l'air 
de  Caftor  &  entonnoir  lui-même 
l'hymne  pour  fignal  de  la  charge. 
C'étoir  un  fpeébicle  admirable  & 
terrible  de  les  voir  s'avancer  i  l'en- 
nemi au  fon  des  flûtes  Se  affronter 
avec  intrépidité ,  fans  jamais  rom- 
pre leurs  rangs ,  toutes  les  horreurs 
du  trépas.  Liés  par  l'amour  de  la 
patrie ,  ils  périfloient  tous  enfemble 
ou  revenoient  viâorieux. 

Quelques  Chalcidiens  arrivant 
â  Lacédémonc  ,  allèrent  voir  Argi- 
léonide  ,  mère  de  Braiîdas  oui  ve- 
noit  d'être  rué  en  les  défendant 
contre  les  Athéniens.  Argiléonide 
leur  demanda  d  abord  \e%  larmes 
aux  yeux  ,  (i  fon  fils  étoit  mort  en 
homme  de  cœur ,  &  s'il  étoit  digne 
de  fon  pays  ?  Ces  étrangers  pleins 
d'admiratien  pour  Brafidas ,  exal- 
tèrent fa  bravoure  &  fes  exploits 
jufqu'à  dire  que  dans  Sparre  il  n'y 
avoir  pas  fon  égal.  Non ,  non ,  répar- 
tir Argiléonide  en  les  interrompant 
te  en  eiTuvant  fes  larmes  ,  mon  fils 
étoit  y  j'elpère,  digne  de  fon  pays» 
mais  fâchez  que  sparte  cfl  pleine 
de  fujets  qui  ne  le  lui  cèdent  ni 
en  vertu  ni  en  courage. 

£o  effet  les  aâions  de  bravoiire 


LAC  311 

des  Spartiates  pafferoiént  peut-ctr® 
pour  folles ,  fi  elles  n'étoient  confa* 
crées  par  l'admiration  de  tous  les 
fiècles.  Toujours  impatiens  de  com- 
battre ,  ils  fe  précipitoient  avec 
fureur  dans  les  bataillons  ennemis ^ 
ic  de  toutes  parts  environnés  de  la 
mort ,  ils  n'envifageoient  autre  chofe 
que  la  gloire. 

Les  étrangers  alliés  de  Lacédé- 
mone  ,  ne  lui  demandoient  pour 
foutenir  leurs  guerres ,  ni  argent  » 
ni  vaiffeaux ,  ni  troupes  >  ils  ne  lui 
demandoient  qu'un  Spartiate  â  la 
tere  de  leurs  armées  \  &  quand  ils 
l'avoient  obtenu ,  ils  lui  rendoient 
avec  une  entière  foumifllon  toutes 
fortes  d'honneurs  &  de  refpcéts. 
Ccftainfi  que  les  Siciliens  obéirent 
â  Gy lippe  \  les  Chalcidiens  i  Brafi«> 
das  i  &  tous  les  Grecs  d'Afie  à  Ly- 
fandre,  à  Callicratidas  &  â  Agéfilas. 
Tels  furent  les  fruits  de  la  légif- 
lation  de  Lycurgue.  Quand  ce  grand 
homme  vit  fa  forme  de  gouverne- 
ment folidement  établie ,  il  dit  i 
fes  compatriotes  qu'il  alloit  conful- 
ter  l'oracle  pour  lavoir  s'il  y  avoir 
quelques  changemens  à  faire' aux 
lois  Qu'il  leur  avoir  données  ,  &  il 
leur  m  jurer  d  obferver  inviolable- 
menr  fes  ordonnances  jufqu'â  fon 
retour  :  mais  il  réfolut  dans  fon 
cœur  de  ne  point  revenir  â  LacéJé- 
mone  &  de  finir  fes  jours  à  Del- 
phes où  il  les  termina  en  effet  fe* 
crètement  en  s'abftenant  de  manger. 

LACÉDÉMONIEN,  ENNEj  adjec- 
tif  fie  fubilantif.  Qui  appartient  â 
Laccdémone  y  qui  eft  de  Lacédé- 
mone.  yoye:(^  LAcâuÉMoNB. 

LACER  \  verbe  aékif  de  la  première 
conjugaifon  ,  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter.  Loro  ilUgarc. 
Serrer  ou  fermer  avec  un  lacet.  On 
lace  un  corps  de  jupe  en  pa(fant  un 
lacet  dans  Us  x'Ulets  perces  fur  fes 


3rz  LAC 

bords  à  droite  &  à  gauche.  Sa  femme 
de  chambre  la  lace. 

On  die  lacer  du  ruban  ^  quand  on 
le  paflfe  pludeurs  fois  par  ornement 
au  bcrd  d'un  habit j  d'une  robe, 
&c. 

On  die  en  termes  de  Marine, 
lacer  la  voile  ;  pour  diiej  faifir  la 
voile  à  la  vergue^  ce  qu'on  eft  obligé 
de  faire  quand  on  eft  furpris  par  un 
vent  violent. 
Lacer  ,  fe  die  d'un  chien  qui  couvre 
fa  femelle.  C^ejl  un  excellent  chien 
qui  a  lacé  cette  chienne. 

La  première  fyllabe  cft  brève,  & 
la  féconde  longue  ou  brève.  P^oye\ 
Verbe. 

Les  temps  ou  perfonnes  qui  fe 
terrninent  par  un  e  féminin  ,  ont 
leur  pénultième  fyliabe  lonp;ue. 
LACÉRATION  j  fubftantif  féminin , 
6c  terme  de  Palais.  Adion  de  lacérer 
un  écrit  »  un  livre.  On  ordonne  la 
lacération  des  pièces  reconnues  fauf- 
fes,  quon  déclare  nulles;  &  celle 
des  écrits  ou  libelles,  qu'on  fuppri- 
me,  comme  fcandaleux  ou  injurieux 
  quelque  perfcnne  ou  compagnie 
cûndituée  en  dignité.  La  lacération 
des  pièces  fauffes  fe  fût  par  le  Gref- 
fier, &  celle  des  libelles  par  l'Exé- 
cuteur de  la  baute-juftice. 
LACÉRÉ,  ÉEj  participe  paflîf.  f^oyei 

Lacérer. 
LACÉRER  \  verbe  aâif  de  la  première 
conjugaifon ,  lequel  fe  conjupiie 
comme  Cham^t^k  Lacer  are.  Déchi- 
rer, Il  ne  fe  dit  guère  que  du  papier 
&  en  termes  de  Palais.  Il  faut  lacérer 
la  première  quittance.  Il  fut  ordonné 
que  le  libelle  feroit  lacéré  par  l*Exé^ 
cuteur  de  la  hautejujiice  y  &  enfuite 
brûlé. 
LACERNE;  fiibftantif  féminin,  & 
terme  d'antiquité  Cctoie  chez  les 
Romains,  une  jcfpèce  de  manteau 
qu'on  meftoi^par-de0us  la^oge,  & 


LAC 

I     quand  on  quittoit  cette  robe ,  par* 
dc'flus   la   tunique.    On  l'artacnoic 
avec  une  agraffe  fur  l'épaule  ou^par.» 
devant.  Il  ne  fut  d'abord  en  utage 
que  pour  la  campagne.  On  s*ea  fer- 
vie  dans  la  fuira  a  la  ville  pour  fc 
garantir  de  la  pluie. 
LACERON.  Foy€[  Laiteron.    • 
LACERT;  fubftantif  mafculin.   On 
donne  ce  nom  i  un  poidbn  de  mer 
qui  a  beaucoup  de  reîremblance  avec 
un  Iczard.  Sa  longueur  eft  d'un  pied^ 
il  a  le  mufeau  pointu  j  la  tète  gran- 
de ^  large,  applatte,  fk  la  bouche 
petke.  Au  lieu  d'une  fente  a  l'en- 
droit des  ouïes ,  il  y  a  au-defllous  de 
la  tcte  deux  trous  qui  y  fuppléent  » 
un  de  chaque  côté.  Les  yeux  font 
aufli  placés  fur  la  futface  fupérieure 
de  la  tcte^   les  nageoires  font  en 
partie  de  couleur  d'or ,  &  en  parrie 
de  couleur  d'argent^  celles  qui  fe 
trouvent  audellous  des  nageoires 
voifines  des  ouies ,  ont  plus  de  lon- 
gueur ,  &  font  placées  fort  près  de 
la  bouche.  Le  dos  a  deux  nageoires  : 
la  première  eft  fore  petite  &  de 
couleur  d'or ,  avec  des  traits  de  cou«* 
leur  d'argent  :  la  féconde  eft  très- 
longue  SfC  terminée  par  cinq  pointes  j 
il  fe  trouve  au  delà  de  lanus  une 
nageoire  dorée  dans  toute  fon  éten- 
due ,  excepté  le  bord  qui  eft  noir  ^ 
le  corps  a  peu  de  diamèrre;  la  queue 
a  une  nageoire  très-longue,  &c  noire 
fur  le  bord  \  la  couleur  du  dos  eft 
d'un  jaune  verdâtre^  les  côtés  cnc 
de  petites  taches  argentées  8c  bletiâ'- 
xres;  le  ventre  eft  blanc,  large,  plat, 
&  revêtu  fculemenr  d'une  peau  dé- 
liée; la  chair  du  Lacert  a  beaucoup 
de  rapport  â  celle  du  Goujon^  On 
voit  des  Lacerts  i  Gènes  Se  à  Ro« 
me. 

LACET  \  fubftantif  mafculin.  La-- 
queus.  Cordon  de  filou  de  foie  fer« 
li  par  les  deux  bouts  »  doue  les  fem- 

met 


LAC 

mes   fe  fervent  pour  ferrer  leur 
corps  de  jupe.  Un  lacet  plat.  Un  là- 
>  cet  rond.  Un  lacet  de  foie. 
Lacet  ,  fe  dît  aufli   d'un  lacs  avec 
.  quoi  oh  prend  tes  perdrix ,  les  liè- 
vres »  &c.  //  va  tendre  des  lacets 
'  dans  ces  haies.  Prendre  une  perdrix 

au  lacet. 

Lacet,  fedîrcn  cermesde  Boyaudiers, 

d*ane  petite  corde  qui  rient  à  une 

cheville  >  à  laquelle  on  attache  un 

bout  de  boyau  qu'on  veut  retordre. 

Lacst  ,  fe  dit  en  termes  de  Serruriers, 

ë*une  petire  broche  de  fer  qu'ils 

.  appellenr  aufli  rivure. 

LACET ANIENs  ;  (  les  )  ancien  peu- 

pie  d*Efpagne  qui  babitoit  une  par- 

'  rie  du*  Diocèfé  de  Lerida  &  de  la 

nouvelle  Catalogne. 

LÂCHE;  ail)èâirdes  deux  genres. 

t  Laxus.  Qui  n'eft  pas  tendu,  qui  n'eft 

pas  ferré  comme  il  pburroit  lecir. 

Tene^^  la  ficelle  un  peu  lâche.   La 

-  eeiniure  tfi  trop  lâche.  Un  n<zud  qui 

tfi  bien  lâihe: 

•  On  die  âaffi  >  que  de  h  toile ,  du 
drap  ou  quelque  autre  étoffe  eft  lâche , 
qaand  la  trame  n'eft  pas  bien  bat- 
tue &  ferrée.  Une  toile  lâche.  Une 
étoffe  lâche. 

On  dit  ,  avoir  le  ventfe  lâche  ; 
pour  dire  j  avoir  le  ventre 'trop 
libre.  '      ^ 

LAcRB  ,  fignifie  figurément,  qiil'h'a 
point jle  vigueur  ni  d*aâ.ivité.  Un 
homme  lâche  au  travail» 

Il  fe  dit  fouvent  des  chevaux  qui 

le  itieoveAtnonchâlammenc&  fui- 

blemenr.  La 'méthode  pour  révèH- 

Itrun  cheval  natutellemenr  lâche, 

Ibard  &  pare(reux,eft  de  renfermer 

dans  une  écurie  très-obfcure  •  de  l'y 

lailTer  durant  un  mois  ou  (ix  femai- 

nes  (ans  l'en  faire  fortir ,'  &  de  lui 

«donner  à  manger  tant  qu'il  veut.On 

prérend  que  cette  manière  dé  gbù.- 

vernerun  cheval /^irAe  ^  Tévétlfe  éc 

Terne  XV. 


LA  C  3n 

le  rend   propre  à  Tcxercice.  Si  on 
n'en  vient  pas  à  bout  par-ll  »  il  faut 

''  avoir  recours  à  la  chambrière  ,  à  la 
houfl[]nè&  à  la  voix;  &  H  ces  aides  ne 
raniment  &  ne  le  réveillent  point , 
ilfaut  le  bannir  entièrement  au  ma» 
nége  ;  car  c'eft  un  temps  perdu  que 
de  l'y  garder  plus  long-  temps. 

On  dit ,  que  U  temps  ejt  lâche; 
pour  dite, qu'il  eft  vain  &  jmou. 

On  appelle  figurément  un  jlyle 
lâche ,  un flyle  qui  n'eft  point  ferfé, 
qui  n'a  rien  de  nervei^x  ,  qui  ^eft 
chargé  de  mots  irïuriles  ,  &  qui  ne 
peint  point  l'idée  fortement. 

LAcHE ,  figniâe  aufli  qui  eft  fans  cœur» 
far«  courage  \  il  eft  oppofcà  brave. 
Un  lâche  Co'f  mandant.  Des  irpupes 
Idche  5' &^  efféminées.  .... 

LXcHE  \;  (îgnifie  encore  ,  qui  n'a  nu! 
fentiment  d'honhear.  Cejl  une  ame 
lâche  &  baffe. 

LÂCHÉ ,  fe  dit  au(G  à  peu  près  dans  le 
même  fens ,  des  a£bions  ii>digi)es 
d'un  honnête  homme.  C'eft  un  pro" 
'  cédé  bien  lâche. 

LAcHE  ,  Te  dit  qUelc^uefols  fubft^n* 
tivement  pout  ngnider  un  homme 
fans  cœur  y  fans  courage  ,  ou  qui 
n*a  nul  fentiment  d'honneur,  fljc 
trouva  à  cette  affairé  ,  mais  il  s'y 
comporta  en  lâche,  t'èfltaclion  i^un 
lâche.    '"  '•     '^    *         '    /^ 

f^oye:[  Poxtr  qN «  pour  les  dilFc- 
'rerices  relatives  qdi  en  diftinguçnc 
lâche.      '   ' 

.  La  première  fyllabe  eft  longue  , 
*&  U  féconde  très-brève.'  '  | 
^  Cet  adjédif  petit  en  certains  cas 
précéder  ou  luiyre  lé  fubftantif 
auquel  il  fe  rapporte  :  ainfi  l'on 
dira  ,  de  lâches  Joldats ,  ou  des Jol-' 
dats  lâches. 

LÂCHÉ  ,  ÉE  ;  participe  pàflîf.  Foyer 

CHER. 

LÂSHEMENT  ;  adverbe.   Molliter.^ 
•  'Mfellethertt  ',  foibleitient ,  noncHa;- 

Rr 


314  lAC 

iammenc.  Ca  ouvrier  travaiUt  bien 
lâchement^ 
Lâchement,  (ignifie  auffi  fans  cœur 
&  fans  courage  ,  &  il  eft  oppo(é  â 
▼aillammenc.  //r  prirent  lâchement 
•    la  fuite  fans  combattre. 
LAcHEMENr,  (ignifie  encore  fanshon* 
neiir.  Ils  le  trahirent  lâchement. 

La  première  fyllabe  eft  longue  , 
la  féconde  très-brève  ,  &Ja  croifiè- 
me  moyenne. 
LAlHER^  verbe  aâif  de  la  première 
conjugaifon ,  lequel    fe    conjugue 
comme  CHANtkR.  Laxare,    Faire 
quune  chofe  foie   moins  tendue, 
moins  ferrée  qu*elle  n'écoic.  Il  faut 
tâcher  la  corde  de  cette  grue.  Lâche\ 
'    un  peu  ta  ctinrure.  tucher  un  reffort. 
On  die  ,  tâcher  la  Bride  à  un  che- 
val  ;  pour  dire,  lui  tenir  la  biide 
moins  courte ,  ou  pour  le  pouffer 
ou  pour  le  laifTer  aller  à  fa  volonté. 
Et  lâclier  la  main  àfon  cheval  ;  pour 
dire  ,  le  faire  courir  de  toute  fa 
VîtelTe.  Et  lâcher  la  gourmette  ;  pour 
dire ,  l'accrocher  â  un  maillon  dif- 
férent de  celui  où  elle  ferre  trop  le 
menton  du  cheval. 

On  dit  figurémenc  &  familière- 
ment ,  tâcher  la  main  »  lâcher  ta 
bride ,  lâctier  ta  gourmette  à  quel- 
qu'un ;  pour  dire ,  lui  donner  plus 
de  liberté  qu'on  n*a  coutume  de 
faire. 

On  dit  auffi  figurémenc  »  lâclier 
la  bride  a  f es  pâmons  ;  pour  dire  , 
fe  livrer  fans  réierve  à  les  parlions. 
On  dit  encore  figurément  en  par- 
tant d'affaires,  d'inicrct  ,  lâcher  la 
main  ;  pour  dire  j  abandonner  quel- 
que chofe  de  fon  intérêt ,  dimi- 
nuer de  la  fomme  qu'on  deman- 
doit.  Et  lâcher  le  pied  ;  pour  dire , 
prendre  la  fuite* 

En  termes  dVfcrîftie,  on  dit ,  tâ- 
cher la  mefure ;  pour  dire,  recuJelr. 
LAoHER  3  égnifie  aufli  laifles  aliêr 


LAC 

tout-à-fait.  Si  vous  tâche\ce  vafe  il 
febrifera.  On  ne  peut  pas  lui  jaire 
tâcher  prife.  On  a  lâché  les  prifoa; 

niers. 

On  dit  en  termes  de  Vénerie , 
tâcher  les  chiens;  pour  dire ,  les  laif- 
fer  courre  après  la. bête.  Et  en  ter- 
mes de  Fauconnerie,  lâcher  t  autour; 
pour  dire  ,  le  laifler  partit.  A  lé- 
gard  du  faucon ,  on  dit  ,  jcter.^ 

On  dit  figurément  &  familière- 
ment ,  .  lâcher  des  Sergens  après 
quetquun  ;  ppur  dire  »  donner  com« 
miffion  à  des  Sergens  de  pourfuivre 
quelqu'un.  Et  généralement  on  dit, 
lâcher  un  homme  après  un  autre  ; 
pour  diçe ,  charger  un  homme  d'en 
perfécutec  ,  d'en  inquiéter  un  au- 
tre. 

On  dit  ,  lâcher  la  bonde  d'um 
'  étang  ,  tacher  une  éclufe  ;  pour  dire, 
lever  la  bonde  d'un  étang  ,  lever 
une  éclufe.  Et  lâcher  te  robinet  ; 
pour  dire  ,  tout ner  la  clef  du  robi- 
net afin  de  faire  couler  l'eau. 

On  dit  ;  qiiune  chofe  lâch€  le 
ventre ,  ou  amplement ,  <\\ï*elle  là* 
ehe  ;  pour  dire,  qu'elle  rend  le  ven- 
tre lâche  &  libre  ,  qu'elle  a  une 
vertu  laxative.  Les  mauves  tâchent 
le  ventre.  Les  pruneaux  tâchent. 

On  dit  familièrement ,  tâcher  de 
teau  ;  pour  dire  ,  uriner.  Et  l'on 
difoit  autrefois ,  tâcher  raiguUtcttc; 
pour  dire,  fe  décharger  le  ventre. 
On  dit  encore ,  lâcher  un  vent  ; 
pour  dire ,  laifler  échappeif  un  vent 
par  derrière.  Et  Ton  dit  d'un  mala- 
de ,  qu'i/  lâche  tout  fous  lui  ;  pour 
dire ,  qu'il  ne  peut  retenir  fes  ex- 
crémens. 

On  dit  figurément  &  populaire- 
ment ,  lâcher  un  coup  j  tâcher  un 
f^ufflet;  pour  dire ,  donner  un  coup, 
donneç  un  (butflet.  //  /««  lâ^ha  un 
coup  de  pied^  un  coup  de  canne. 
LÂcuBA ,  fe  dit  auffi  d'une  arme  à  feu* 


LAC 

Il  lui  lâcha  un  coup  defafildans  les 
Jambes.  L'amiral  lâcha  fa  bordée  à 
'  cinquante  pas  de  difiance. 

On  dû  »  lâcher  une  parole  ^  lâcher 
anmot;  poar  dirç  JaifTer  échapper 
inconfidérémenc  quelque  chofe  qui 
pcoc  nuire.  //  fe  repencjt  bien  Sa- 
voir lâché  ce  mot* 

On  le  die  aufli  d'une  perfonne 
qui  die  une  chofe  avec  quelque  def- 

'  lein.  Dis  qu'il  eut  lâché  cette  parole , 
on  Je  réunit  à  fon  avis. 

On  die  encore  ,  lâcher  la  parole  , 
lâcher  le  mot ,  lorfque  dans  un  mar 
ché  on  viene  k  dire  le  dernier  moe 
du  prix  qu'on  veur  avoir  ou  don- 
ner, ou  lorfque  dans  une  négocia- 
tion on  acquiefce  à  une  chofe  après 
quelques  difficuleés.  //  avoit  réfoh^ 
de  s* en  tenir  là  ;  mais  cette  damé  Va 
tngagi  à  lâcher  le  mot. 

Au  jeu  de,  la  paunne  ,  on  dit ,  lâ- 
cher la  balle  ;  pour  dire,  n^  la  poinr 
Coucher  ,  parccqu'on  gagne  la 
chaflè. 

LlcHER ,  ft  dit  andi  ï  de  certains 
jeux  des  cartes  .coitime  à  l'hombre. 


LAC  3it 

te  nom  propre  de  celle  des  trois 
Parques  qui  veilloit  fur  eous  les 
événemens  de  la  vie,  &  eournoie  te 
fiifeau  jufqu'au  moment  où  il  étoic 
décidé  qu'il  falloir  mourir.  Voye^ 
Parques. 

Prononcez  laké^is. 
LÂCHETÉ  ;  fiibaairtîf  féminin.  Igna- 
via,  Poltronerie  ,  manque  de  cou^ 
rage.  Il  eft  oppofé  à  bravoure.  Les 
ennemis  durent  la  conquête  de  cette 
place  à  la  lâcheté  de  la  garn\fon.  Il 
s'enfuit  par  lâchaé. 

Lâcheté  ,  fe  prend  auflli  pour  aâion 
bafle  &  indigne ,  àc  en  ce  fens  oti 
le  dit  au  pluriel  comme  au  Hugu* 
lier.  On  lui  impute  toutes  fortes  de 
lâchetés. 

La  première  fyllabe  eft»  longue  » 
la  féconde  ttès-brcvej  &  la  eroi- 
fième  brève  au  fin^ulier  ;  mais  celle* 
Cl  eft  longue  au  pluriel. 

LACHI  \  bourg  maritime  de  l'Alba- 
nie ,  à  deux  lieues  de  Durazzo  » 
vers  le  midi.  Ceft  l'ancienne  ville 
de  Petra. 

&'    a^^'.c^^    u;/r      11     I         ;      //i  GACHIS:  nom  d'une  ancienne  ville 
Itenine  ,  laifler  aller  la  main.  Il\      j    •    ni  n.-  -j-  j   i        l 

A//^;»  u^L^J    u     ^  '.  r  ^.  t   Lâ^       I      de  Ja  Paleftine  ,  au  midi  de  la  tribu 
jallott  lâcher  ^  dauroit  fait  la  bite.  j    t  j       «    a 

i^„.«     ^n.  ...a: ul  •-        de  Juda ,  &  i 


LÂCHER ,  eft  auffi  verbe  neutre  ,  & 
lignifie  ceflcr  d'èrre  tendu.  Si  cette 
corde  lâchoit^  la  machine  fe  brîferoit. 

On  dit ,  QtCun  piftolet ,  un  fufil 
tjl  venu  à  Je  lâcher  ;  pour  dire , 
qu'un  piftolet  »  un  fu(il  s'eft  débandé 
"^de  lui-même. 

Il  eft  aufti  pronominal  réfléchi. 
Son  moufquet  s*efl  lâché.  Le  r^JJbrt 
fe  lâchera. 

Ondiv  fîgurémenr  &  familière- 
ment, fe  lâcher  ;  pour  dire  ,  tenir 
des  propos  indifcrets ,  une  conver- 
iation  indécente. 

La  première  fyllabe  eft  longue,  ôc 
la  féconde  longue  ou  brève,  ^oyq 

'V*RBH. 

LACUÊSIS  ;  resme  Àt  Mircholoftie  : 


fept  milles  d'Él 
theropolis. 
LACIER  'y  vieux  mot  qui  fignifioic 
autrefois  arracher. 

LACINIÈ  ,  ÈE  ;  adjeâif  &  terme  de 
Botanique*  11  fe  oit  des  planées  qui 
comme  l'areichaue,  le  fenouil  ,otK 
leurs  feuilles  découpées  eu  forme 
de  lanières. 

LACINIENNEi  adjedif  féminin  8c 
terme  de  Mythologie.  Surnom  de 
Junon  ainfi  appelée  du  promontoire 
Lacinium  dans  la  grande  Grèce  où 
elle,  avoit  un  temple.fameux  par  les 
riches  offrandes  dont  il  éeoitorué. 

LACIS  ;  fubftanrif  mafculin.  Tex^ 
tunt.  £fpècé  de  réaeali  de  filou 
4e' foie^oil'd'^Mtres  matières  qu*oa 

Rrij 


p6  :LAC    ' 

peut  entrelacer.    Elle  fait,  4^  lacis,  j 
Ce  lacis  ncft  pas  ajp^fin*      , . 

Lacis  >  fe  dk  en  termes  d'Ânatoniie  > 
d'une  forte  d*eatceiacement  de  dif- 
fcrens  vaidêaux  di>  corps  humain  : 
il  prend  auHI  le  nom  de  plexus  tlprf* 
qu'il  eft  corapoi^  de  filets  nerveux  j 
..&  celui  de  rcc  admirabU^  quand  H  fe 
fait  de  vaiireaux  fanguins. 
.  La  première  fyllabe  eft  brève ,  & 
la  féconde  iongbe.    , 

LâCK  \  fubibncif  mafculin.  Mpn- 
noie  de  compte  qui  dans  l'Empire 
du  Mogol  vaut  cent  mille. roupies. 

t-ACKMUS  ;  fubftantif  mafculin.  Les. 
Allemands  donnent  ce  nom  à  .une 
couleur  bleue  j  femblable  à  celle 
qu'on  tire  du  tournefol.  Elle  vient 
d'Hollande  &  de  Flandre.  Ceft  un 
mélange  compofé  de  chaux  vive  , 
de  verd«de-gris  »  d'un  peu  de  fel 
ammoniac,  &  du  fuc  du  fruit  de 
myrtille  épaiffi  par  la  coûion. 
Quand  ce  mélange  a  été  féché  ,  on 
le  met  en  paftilles  ou  en  tablettes 
carrées.  Les  peintres  ea  font  ufage, 
.  &  l'on  en  mêle  dans  la  chaux  dont 
on  fe  fert  poor  blanchir  les  plafonds 
&  rintériéur  des*  maifons  \  cela 
donne  un  coupd'œil  bleuâtre  au 
blanc ,  ce  qui  le  rend  plus  beau. 

LACOBRIGA  ;  nom  de    trois  an- 
ciennes villes  d'Efpagne ,  dont  deux 
étoientdans  la  Lufitanie,^  la  troi- 
'   (lèmedansrEfpagneTarragonoife, 
au  pays  èt%  Vaccéens. 

XACOME  ;  petite  rivière  de  France 
qui  a  fa  fource  dans  la  fbrèt  d'Of- 
léans  ,  &  arrofe  une  partie  de  l'Or- 
léanois  &  du  Donofs  où  elle  le  Jette 
dans  le  Loir. 

LACONIE;  nomd\ine fameofe  con- 
trée '  de  l'ancienne  Grèce  ,  À^tm  lei 
•  Péloponèfe  »  fvr  tes  bords  de  l^Eu- 
fotas  qui  la  divite  tn  deux  parties 
^ales.  ]^l^avokat|^ffNKd,lQ:fo)rau-i 


r' 

le 


LAC 

'  %ii,  ^xni^i  le  golfe^  de*  Laôotiié  ^  2 

^  i'ocç^dept  la  Meiïétiie  ,  &  l'Arcâ- 

die  au  nord-outlV.  Lacédéoione  ea 

étoiç  la- ville  capitale,  /^oy^  La- 

CEDÉMONE. 

Le  golfe  de  Laconie  fe  nomme 
aujourd'hui  folj^  de  Colnkyria^  près 
du  cap  'Matapan.' 

Le;  anciens  'appeloieoc  marbre  de 
Laconie  ,  un  marbre  vert  d^une 
grande  beauté  ,  mais  dont  la  coiî* 
leur  n'étoit  point  entièrement  uni* 

'  fofine^  ilét;oit  reinpU  de  taches  8c 
de  veines  d'un  vert  ou  plVis<  claie  ou 
lusobfcurque  le  fond  de  la  cou- 
eur.  Sa  re(Icmblance  avec  la  peaa 
de  quelques  (erpens  l'a  fait  appelée 
ophites  par  quelques  auteurs  :  il  ne 
faut  pomt  confondre  ce  matière 
avec  la  ferpentine»  que  l'on  a  auffi 
appelée  ophites* . 

Le  nom  de  ce  niarbre  fembleroit 
devoir  faire  conjeâurer  qu^on  en 
tiroir  de  la  partie  de  la  Grèce  qui 
eft  aux  environs  de  Lacédémone  ^ 
cependant  on  dit  que  les  Romaiiis 
je  faifoient. venir  d'Egypte.  Au- 
jourd'hui on  en  trouve  en  Europe  > 
prèsde  Véronne  en  Italie  ,en  Suède» 
&  en  Angleterre  près  de  Briftot*. 
Il  paroît  que  ce  n^rbre  eft  le  mê- 
me que  celui  que  les  marbciers 
nomment  ven  d! Egypte  ou  venant 
tique*  . 

LACONIQUE  j  adjeâif  des  deux 
genres.  Laconicus  >  tf  >  um.  Qui 
appartient  à  la  Laconie.  Le  golfe 
laconique. 

Laconique  ,  fignifie  aulli  concis  à  la 
mantète  des  Lacédémoéienai    Vnc 

.  :  ,^ep0nfi  lac$niqHe.  Unfiyle  {aconique^ 
Un  auteur  UtçQtûquei 

Les  trois  premières  fyllades  font 
brèves  &  U  quatrième  très-brève 

LACONIQUEMENT }  adverbe.  Lr* 
eonici.  Brièvement  »  d*iinenianièce 


•i 


fiement.  Ccfi  répendre  laconique-' 


mcntn 


LACONISME  ;  fubftantif  mafcuUn. 
Laconifmus.  Façon  de  parler  con- 
cife  ,  ferrée  j  animée  à  la  manière 
4es  Lacéd^nohieàs.  L'hlftoire  nous 
a  confervé  deaï  exemples  mémo- 
rables de  laconifmedans  les  répàn- 
fes  que  les  l!àcédémoni^ns  fireric  â 
deax  lettres  de  Philippe  Roi  de  Ma- 
cédoine :  par  la  première  de  ces 
lettre^  cjcu  étoir  fore  longûelj  ce 
Prince  '  menaçoic  les  Xa<:éJéiiio- 
tilens  ,  &  ils  ne  lui  repoli  dirent  àae 

eii; lapaniculeyF.  Dat\s la  féconde» 
hilippe  qai  les  avoir  vaincue  &  ré- 
duirs  i  Textrémicé  ,  leur  demanda 
en  termes  impérieux  j  s'its  ne  vpu- 
loienr  pas  le  recevoir  dans  leur  vi)le? 
Leur  réponfe  fut  le  .mopofyllabe 
non. 

Lacqub  j  viTyq^  Laque.    . 

JLACRYMAL  ,  ALE  ;  idjeûif  & 
terme  d'Ânaromie.  11  fe  dit  de  ce 

,  qpi  a.  rappel  aux-  tarmeS;  :  ainH  > 
rJLa  <arot2€lile^lc;CryjnaIc  i^  ^ft  .une 

•    pe^re  g^nde.n^ruéeau  graifd  at^jgte 

;  dé  rœiî.  Elle  .e(l petÎRç  ^ans.J'hoîn- 
0)0»^  M.'Ruilch  y  a  remarqué 
beaucoup  de  petites  ouvertures  j 
mais  daos  les  bœufs  &  les  moutons 
^oi  ont.  une  troifîème .  paapièi;e  , 
elle,  eft  plus  gïo(k ,  Se  il  en  (f>n 
deux  ou  trois  conduits  excré;teurs 
ai  s'ouvrent  à  ta  (titfaçe  intérieure 
e  cette  paupière  >  Se  qui  a*0|ic  pas 
cûcQt^  été  découverts  dzps  Tboinf 

Cette  glande  ,  oiftrt  ion  ttfage 

IiriACÎ^l,'  qui  eft  de  filtret  ^elque 
iqaidéVfttt  eticoH  ^rete^îir  to  li- 
^a««  kn^âle  ,  8c  '^  empdtber 

Îla'etle  ne  coolie  continuellement 
ur  le*  foues  j  de  forte  q  f  »  Me  fait 

à  4;»né^dr<tt  office  ^'qnb^dteBc^V  Se 
dkrge'l^coiii^'4e^<iW.KqiWur  de 


i 


■  tA'C  jïî 

celle  manière  qii*elle  entrie  toute 
dans  leç  points  lafcry maux. 
'      Le*  conJu'u  lacrymal^  eft  à  la  fuite 
du  fac'  lacrymal  i,&  conduit  les 
larmes  dans  le  nez. 
'     hz  glande  /çcrjy/Wt^/if  deftinée  à  la 
iféparacion  des  larmes  ,  eft  un  corps 
gtanduletfx  conglomérc^iicuédatlsla 
folTerre  de  1  os  eorortàl ,  ve^s  le  pe- 
tit an^lede  rœil,  duquel  partent 
■placeurs  petits  vailTeaux  excréroi- 
res,  qui  ayant  percé  là  membrane 
'c^fe'nâtive  j  vieWhents-onvrir  ^ar 
plufieiifs  orific€l$'âiipi!ès*des  racines 
del'ortl.-       '       "•      /»■ 

La  goiutiire  lacrynlak  de  Kos^  tin- 
guis  eft  cteufée  â  la  face  externe  de 
ces  os  j  elle  commence  à  TeTtrc- 
mité  fâpérfeûre  ,  ôrf^'dcfcemd  plus 
bas  qaerexit^^mtté'iriférreure  de  la 
ftfée,  éfl  fè.  refmînant  pat  une  ex- 

'  tréniité  particulière  ,  (^ui  dans  un 
crâne  entier^  eft  cachée  par  l*os  ma- 
xillaixve  \  elle  eft  diftinguée  du  refte 
de  la  face  externe  pstr  un  rebord 
très^igu  ou  tranchant.   ' 

XJhJàhtur  lacrymnle  \  eft  celle  des 
larmes,  /^(^yej'  LàKmes.  .' 

.  f^o  ht'  neff  iaciymctt y  eft  le'rartîfeaa 
externe  de  la  branche  fnpcrieurè  o|i 
ophralmique«de  la  cmquicme  paire* 
11  fe  diftfibue  à  la  glandé   lacry* 

'  'inare/'i  ^^  -  -     '  •     '•     -       j 

!  Lts'o^'  litcrymaùic  f6nt  les  os  un- 

-  '  \jli  p'oiàff  Xntrymatdc  font  deux 
pctitVtr oui  formés  a  rcxtrémité  da 

»  bord  de  chaque  paupière,  tout  àii« 
^rès  du  gr*ni  angle^  dfe  i'œrh'  Ces 

-^  'deui  »*c6hdàits  'Vôrtt'  ôfblîqueTnenc 

^  vers  le  fie  WéVymalvV^couvèrti  de 
la  peau  qui  couvre  le^borq  des  {Jai^«- 

"*•  ^^ères  y  &  fe;rtfuniff€nt  vers  le  iic^ 
'  en  un  feul  con4tiit 'fort  cpurt  der- 
rière la  fonâtdn  des  paupières.  Ce 
'•conduit  qtii's^élarçh  tbnftdérable- 

•  -^  Mehf ,  iFotthe  tmê  pbcbè  linguetie  , 


3t8  LAC 

membraneufe  appelée  yâc  l^ctymal  » 
que  quelques-uns  nomment  aufll 
l'entonnoir ,  parcequil  va  en  s'être- 
cidant  infenublemenc.  Ce  fac  eft 
firué  immédiatement   derrière    le 

.  tendon,  &oà  commence  la  partie 
charnue  du  mufcle  qui  ferme  les 
paupières  ,.&  qui  a  foa. attache  au 
grand  angle  de  l'œil  Lt^evient  peu- 

-  à-peu  plus  étroit  dans  fon  extrémité 
inférieure ,  où  il  fe  réduit  en  un 
petit  tuyau  qui  s'ouvre  dans,  la.  ca- 
vité du  nez  ,  ;^^«de(^us  de  la  voûte 
du  palais,  par  une  ouverture  qu*on 
nomme  le  point  cxcnteur  du  conduit 
lacrymal i  QQll'i  dite  ^  de  tout  le 
conduit  qui  s'étend  depuis  les  points 
lacrymaux  jufqu'i  Textrémité  in- 
férieure du  point  eiEcréfeur%  Au 
refte ,  ces  petits  conduits  qui  par- 
.cent  des  points  lacrymaux,  le  Tac 
laprymal  &  le^canal  qui  fe  tern>ine 
dans  le  nez ,  qqe  Ion  appelle  con- 
du'u  nafdl ,  font  formés  par  une 
continuation  de  la  membrane  qui 
capitTe  intérieurement  le  nez.     t 

On  appelle  jSyZtf/e  lacrymale  ,  un 
ulcère  au  coin  de  l'cpil ,  d  où  dif-- 

^  tille  une  humeur  acre  8C'  maligne. 
F'oye^  EisTULE.  . 

LAÇRYMATOIRE;  fuhftamif  maf- 
,  cu|in,^£4/rry/iii2roritfj^.  Terme  d'An- 
tiquité. Petit  vafe  que  les.  aucuns 
Bjdmarn^  mettpient^an^r  le^  fépuU 
cres ,  &  qui  étoit  deftiné  à  y  con- 

j  ftçryer;les  uro^es  qu^j'on  avoir  ver- 
fées  aux  funérailles  du.  moi;!, 

LACS  ;  fubftantif  mafcplin.  Lgiquti 
Cordon  déUé*  Un,  lacs  délié.  Ots 
lacs  de  /çiev^rte.  Les  muetstdufer^ 

,  >  r^il  étranglent  les  grands  de  la  Porte 
avec  des  lacs  de/oie^ 

X^àCs  y  fi^  d^t  auffi  d'un  nqsud  coulant 
proj)re  poiir  prendre  des  oifeaùx , 
des  lièvres  ôç  autre  gibier. 

L'Qrdont^ance  des  ;paux  &  Fo^fets 

.  rm  fm^  coqis  tçAdç^ts  4e^  \k»^  à- 


LAC 

.  râilèi  ,  &c.  foient  condamnés  a« 
fouet  pour  la  première  fois  »  &  pour 
la  féconde ,  fuftigés ,  flétris  ëc  ban- 
nis pour  cinq  ans  du  reiïbrt  de  la 
Miîrrife ,  foit  qu'ils  aient  commis 
délit  dans  les  forets  ,  garennes  Ôc 
tejres  du  domaine  du  Roi ,  ou  dans 
.  celles  des  EccléHaftiques  »  commu'- 
nàuésou  particuliers  iudiilinâte* 
inent. 

Lacs  ,  fe  dit  encore  d'un  cordage 
d'une  certaine  étendue  que  Ion  em« 
ploie  pour  abattre  uti  cheval  auquel 
on  veut  faire  quelque  opération. 

Lacs  ,  fe  die  dans  les  manufaâures 
d'ét4»fFes  de  foie  ,  d'un  gros  fil  qui 
forme  d*un  feul  bout  plufieurs  bou- 
cles entrelacées  dans  les  cordes  du 
femple  »  &  qui  tiennent  à  la  gayaf* 
fine. 

Lacs  ,  fe  dit  en  termes  de  Ruban* 
niers  ,  des  ficelles  attachées  aux 
marches ,  &  qui  de  même  font  at« 
tachées  aux  lames  pour  les  faire 
baiïïèr. 

Lacs  ,  fe  dit  figurément  d'une  paffion 

dans  Jàquel!e*  on  fe  LiifTe  engager 

'  par  des  manières  artificieufes ,  un 

;'  embarras  dont  on  a  de  la  peine  à  fe 
tirer.  Elle  le  fit  tomber  dans  le  lacs* 
Ce  Juif  le. tient  dans /es  lacs. 

On  appelle  lacs    d'amour  ,  des 

'  cordons pAfTés l'un-dans latirre d'une 
certaine  manière.  Un  chiffre  en  lacs 
d'amoûf. 

Ge  thônofylUbe  eft  long. 
'On'  fié  fait  pas  fentir  le  c. 
LACTÉE  ;  adjeâif  féminin  qiri  n*a 
d'ufage  qu*en  ces  phrafes  ,  voie  tac^ 
i  :té^9ç  veumJa^éeà.  r • 

V  ,ni  L/i  vo/e:^^Vieft  çettie  k^gaç  ira- 

C0  bljM^che^  M  {«minéufe   oui  oc« 

.  cilM.  une  gr^ndo^fjpiftie  ,au  àel 

qu  elle  femble  diviier  en  deux  par« 

ties.  Qp  rappelle  aatreipent   vois 

,   de  Jaii]^gfi(aaçi^\yoywùjkhAKn^ 


pèriâ  v^fleauz  blancf  i  inirKpa* 
reiiS  ,  formés  par  une  membrane 
fine  &  délicate ,  &  qui  font  def- 
vxiés  i  recevoir  le  chyle,  des  inceC- 
fins  pour^e^  chartier  enfuire  au  ce- 
fervoic  de.Pecquec.  Afellius  les  dé- 
couvrit en  y6ii  y  quoiqail  y  air 
des  auteurs  qui  prétendent  qu'un 
des  plus  anciens  anatomilles^Êrafif 
trate  ,  les  avoir  apperçus  dans  les 
chèvres,  &  qu*il  les  avoir  pris  pour 
des  arteresFempli.es  de.uiu'. 
Pii^fieufs  pecirçs  branches    ^ui 

{partent  delà  futface  intérieure  de 
a  tunique  nerveufe^ou  mime  de  la 
membrane  intérieure*  des Jnteftins  » 
forment  le  commencement  des  vei- 
nes l^iâces..  Ces.yaïdèaus  fe  réu- 
niiFeQt  ^enfuire  f  produi/ienQide|dus 
gros  rameau](  qui  s'appetçoLveiaken 
aflez  grande  quantité  à  la  furface 
externe  des  inteftins^  tandis  qu'ils 
font  imperceptibles  à  leur  furface 
interne* 

Dans  le  .chiçn  j  les  veines  Taâées 
qui  ont  le  plus  de  volume»  nâidént 
aibfî  d^s  premières  petites  branches^ 
&  s'uninenr  en  pluueurs  endroits  du 
méfenière;  elles  fe  rendent  i  une 
grolTe  .  glandé  nommée  pancréas 
d^A'çUius  jff elles  i'cmbraflTcnt  par 
plufie^Uil.  .tuyautée  \\  puis  daucées 
conduits  partent  de  ce  gros  corps 
glanduleux ,  &  charrient  le  chyle^ 
au  réf^rvoir*^  Or  on  appelle  vtïncs 
iaSécs  p/tmièftSy  celles  qui  vonr  des 
iiitcftins  i  la  glande  j  &c  veines  lac- 
i4es  ficpndairts  ,  celles  q^ii  vont  de 
la  groiFe  glande  au  r.érietyoic  Ilii*en 
^A  ,  pas.  tout.i'fait  .^ioifi  dans  Je 
c  r.  s  de  Phomme.  i^.  Cette  glande 
dont  on  viet^t  de  parlé^»  ne  s  y  ren- 
contre pas  t  1^.  toutes  les  veinSes 
ladtét^  vont  fe  tendre  aux  glamles 
€\\xk  tont  d^fperfées  dani  Ir  n^éfen- 
rère^fic  ^  U  ai||  réfervoir.  Ct'peh- 
daûi  pd  Ub   iaiCeupa$  d' 


l:a€:  5tj 

*'■  chee l'homme  des  vânes'laQécs  prc* 
mièrcs  &  des  fécondains  %  en  s'ex- 
phquantd'une  autre  manière  Celles 
qui  vont   des  intçftins  aux  glandes 
'  du  méfentère  font  nommées  .pre* 
mièrcs  ,  &  ceJles  qui  vont  des  glan* 
M. des  du  méCemère  au  réfervoir  font 
*  iSi ppel)ées  ftcondairjs.  Ces  dernières 
font    moins  nombreufes   que   les 
premières  ^  mais  elles  font   plut 
greffes.  -  •  -/        -  »;  î      •  » 

'     ;M,  ijleifter^'  télèbce  anaromifte  » 
.   &  chirur'^en;,  reconnoît  que  les 
.  gros  inteftinsp/oduifent  au(E  des 
veines  bâées  ,.  mais  qire   cela  eft 
tate^fiertholinapréteûdu  qu*ily  eri 
avoit.j  majs  il^autres^onc  cru  qu'il 
iâ^oitpris  poi|r  ;veines  hûiies f  des 
/,  vaillèaux  lyjnphnwqjuep.MiWrnfloW 
^  a  démpntré  l'exiftence'  des  veines 
•  .  laâées  fur  le  ccecum  &  le^  colum  ^ 
&  M  Petit  1  anatomifte  en  a  trouvé 
plufieurs  l'ois  qui  partaient  de  Tef*' 
tomac ,  6c  fe .  rendoienc  aux  glssi- 
des  du  méferiièf  e.   >  .      < 

•  Quant  à  Tufagedés  veines  bc- 
céès  j  quelques  uns  croient  qu-elles 
ne  font  autre  'chufe  que  des  vaif- 
ft^ux  lymphatiques  qui  paffènt  par 
.  le  méfentère  ,  avec  cette  différence 
qtteceuxquû  font.deftinés  à  charrier 
I     le  chjfle,  commencent  par  depe- 
'  L  lires .  branc&es  qui  partent'  de .  la 
furface  incerne  des  inteftins,  dans 
.  laquelle  ils  fonr  .ouverts  pour  rece* 
voir  ce  chyle»  &  que  d'autres  vier> 
nent  des  membranes  des  mêmes  in- 
teftins.'poux'  •  enlever .  la  lymphe  }  de 
foire  :que  quand  j1  ne  pafffe'pasde 
chyle  par  ces  ycùffèaus  ^  la  lymphe 
y  paffe  toujours.'  Les  !Keines  laâées 
fervent  ddnc.i  recevoir  des  inref- 
tins  les  parties  dtt  chyle  les  plus  li- 
quides &jles   plus  épurées  ,  puis 
:    paffant  par  leméfentèie  «  elles  vont 
I  .  s'en  déiikargec   dans  le  réfervoir. 
i  e  ha  yesoes  kâées  ae  fpnt  point 


J13  LlA'C." 

'  e/rpmleilem'entilifrérenres'des  valf- 
féaux  lymphariqars ,  bc  elles  font 

•  la  fbrrclion  deces  derniers  ;  en  forte 
■  j  quqn  ne  doitpoinc  adcnectce  dans 

Iç  mofencère  de  vaiâî^ux  iytnpha- 

•  ciqitei  diftérens  des  veines*,  iattées. 
.  Quand  Lé  chyle  ne  pafle  patnc  dans 
'    cés^mnes^  elies  £e  «empliflem  de 

lymflhe. .       •  :       t 
LAÇTURC1E»u.Lactucxnej  terme 

de  Mythologie.    C'ctoit    che*  les 
(  "Romains,  anc; 'Divinité  qtii-fuccé- 

doicâ  Blore  pour  ^pirendre  foin  des 
/  blés  loifqae  la  fleur  en  étoit:pdflée 

&*qii*ils  fkimolhltoienc  en  lait*   ^ 

LACUNE  y  fuhftantif  mafculin.  La- 

'  cunu.  Le  vide  qui  fe  trouve  dans:  le 

'   texte  df^ua   attreor  )  dans  le  coips 

'  d'un  ouvrage,  &  c|ui  en  rnrerraivtpc 

-  lai  fuite.  Lts  imprimeurs  reprefen^nt 
.  ordinairtiunt  les.  lacunes  par  dés'' U' 

gnes  de  points*  f 

LacOnbs;  fe  dit  en  termes  d'anato- 

-  mie  ;.  de  deux  petits  trous  placé9un 
de  chaque  cote  .de. l'orifice  exteone 

•vdb  uaginr.  G  eft  l'orifice  dedev»x  pe- 
3  tics  tuyaux  excictoirjes  qui,  tirant 
'«leur  origine  dr'xleux  petits  coi>ps 
..fpUiculeuxihués  dans  TépailTeur-in- 

xerne  des  grandes  lèvres  de  la  vulve. 
'On  ids  regarde;  comn^  les<>petites 

'sproftarer  œ^l*iiDmme«v  Us^  4<^nnent 
i:  une  humeac.vifqueoâ^qaaiid  on>)es 
î'.'preire*"   •    i»*:  f   î-  '  '   ••    **" 

'U  Oi^^appellA  lacunes  de  Ifarètfire  , 
-'des  ouvertuces ovales  que  ion  dé- 
-Gotivreiriiuérieur  du  canal  deTu- 
'  rè;hre]>(e(l6S  fom  en  plus  qir  moins 
:  gcanidel^antitéi,  âocomtnunétnetit 
:>dyec  ùnè  ibcte  de  petits  canaux  qui 
''foât  quelque  chemin  entre  les  meçi- 

branès  de  l'urèthre.  Ces  câmdoits 

font  remplis  d'une  humeur  qui  a  la 
^coul^u^:âc  la  con(iftance  du'  bla[nc 
id'œuf.  Le$  Ànaiiomiftei  ne  font  pas 

.d'accord  fur  leur  origime/Les  uns 
i4i^fm  qu'ils   vièno^n&4U-|>eci«^sl 


LAD 

glaodes.  placé^i  dans  fe  ti(Rk  t^n-' 
gieux  de  Turèchre  &c  qu'ils  n'en  font 
que  les  conduit»  excréteuis^  lesau* 
cses. nient  Texiftence  de  ces- gUn- 
'  d^s.  Suivant  'M*  Duyernéy  ^  Phu« 
meur  qu'Us-  foornifTent  leur  eft  ap* 
portée    par    plufièurs  petits  trous 
d'où  eUe  découle.       '  • 
LADAC ,  ou  LAiyuoAi  Royaume  d'A- 
(ie:)  qui  fjiit  p^xcie  du  grand  Thi« 
b^t  )  jp  *^t  e(l'{4tu^  entre  le  Royau* 
me  dd  Cogué'  Rudoc  ou  Rédoc'& 
.  les  deff  rr^tiavetréspar  le  chemin  de 
.  'Cachemire  éuHTahgut;  { 

'LADANUMv^oy^f^  Labdakum.' 
LADEMBOURG  ^  petite  ville  d'AU 
magne  dans  le  Pala<ti^at  du  Rhm  ^ 
far  Je  Neckre ,  ent^  Heidelberg^& 
Manheim;  ÊUeappa^rtient  i  TEiê- 
-  chc  de  Worais  «  à  l'Êlt^£beaI  Pa- 
'  latin,  j         -'       .»     ;  . 
LA 01  ;  mot  emprunté'  de  Tanglois. 
Titre  qui  fe  donne  en  Angleterre 
aux  femmes  de  la  principale  No- 
.bMe^rjufqu'à  câlUs  dôs  Chevaliers 
>  inclusivement.       ^ 
LA  DOC  ;  nom  d^une  rivière  d'Afrî- 
Que  ^  en  Barbarie  i  au  Royaume 
of  Alger.  Elle  a^  fa  four  ce  auGratid 
Atlas  ^  dans  le  voiiînage  de  Collf- 
'  ' t  tiimiiie  y  Se  foh  etfibduthurà  danir  la 
1  ''  Ikééditerranée  î  à  une!  lieue  delà  vîile 

jde Bonne.  i  ..  .^  :  .  > 

LABOG  ,  fubftantif  maficulin.  Efpâce 
.de  hat^ng.quii  fe^ tiK)HVe  en  Rume  , 
dans-  le  lap  de  Ladoga^  > 
LADOGA  i  yîAW  de  «Ruffie  ,  da^e 
ïlîMû^^  (m  an  grand  lac  de  nie-- 
me  oiom ,'  fs tué' entre' la  Câtélie-ka 
Inotd  ;Sàh  provîlnce  de'  Notogrbd 
I  :'att'fpidiv  ,^   '  •  .c   ■•  •    '    > 

Ce  lac  eft  forint  d'un  grand  nom« 
'bre^e  rivières  y&  fe  décharge  dans 
;  '4e  golfe  de  Finlande  ;  par  le  canal 
fut  lequel  e(b  (kti^'Ja  ville  de  Saiiti^ 
\   iPéterfbourg;  '&i>  Idnjgoear  eft  d*eh- 
{ i  vjcoa«9âo  W^ft^^pimitlee  deMoi^ 

covie  3 


•     .  i4 


tAÏ> 

covic ,  8c  fa  largeur  de  1 05 .  II  abon-^ 
de  en  faamons  &  en  une  efpèce  de 
liarengs  que  1  on  appelle  iadog. 

LADON)  (le)  nom  d'une  ancienne 
rivière  du  Péloponéfe  ,  qui  avoit  fa 
fovLïce  dans  les  marais  de  la  Ville 
<ie  Phénée  »  Se  fpn  embovchore 
dans  l'Alphée.  Les  Poètes  ont  feinc 
qoe  le  Ladon  fat  jpère  de  la  Nym- 
phe Sf rinx.  Il  écoit  converc  de  fu- 
perbes  rofeaoz  dont  Pan  fit  olage 
pour  (à  flûte  i  fq>c  tuyaux* 

LADRE  ;  adjedicdes  deux  genres. 
Leprofus.  Lépreux ,  iofeûé  de  lè- 
pre. Le  coneahûmmediat  desper/bn" 
mes  ladres  eji  dangereux.  On  a  créé 
des  Officiers  pour  vifiur  les  co^ 
chons  &  reconnoitre  ceux  qui /ont  la* 
dres. 

En  termes  de  Vénerie  on  appelle 
ladre ,  on  lièvre  qui  habite  aux  lieux 
marécageux. 

Ladre  ,  fignifie  figurément  &  Emi- 
lie rement  infenuole  »  foit  pour  le 
corps  foit  pour  Vtfytiu  II  faut  qu'il 
Jbahien  ladre  pour  n  avoir  point Jfènti 
ce  reproche. 

Ladre  ^  fe  dit  auffi  figurément  8c  fa« 
milièrement  de  ce  qui  caraAérife 

^  une  avarice  fordide.  //  a  un  père 
bien  ladre.  C'ejl  une  conduite  la- 
dre. 

L^dre,  t^emploie  auffi  fubftantive- 
ment  »  8c  alors  il  fait  au  féminin 
ladrejje.  Dans  ce  fens  on  appelle  un 
ladre  blanc ,  un  ladre  dont  la  ma- 
ladie ne  paroît  point  encore  en-de- 
hors ;  &  lorfqu'elte  paroît  on  dit  > 
un  ladre  vert  ou  un  ladre  confirmé. 

On  dit  en  termes  de  Maréchal- 
lerie ,  qu  «/i  cheval  a  du  ladre^  lorf- 
qu*il  a  plufieurs  petites  taches  na- 
torellement  dégarnies  de  poil ,  & 
de  couleur  bruhe  autour  des  yeux 
ou  au  bout  du  nezt  Les  marques  de 
ladre  palTent  pour  des  indices  de  la 
bonté  d'un  cheval;  maison  conçoit 


LAE  3n 

aflez  que  de  tels  indices  font  fore 
équivoques. 

La  première  fyllabe  eft  brève  & 
la  féconde  très-brève. 
LADRERIE  j  fubftantif  féminin.  Ceft 
an  propre  une  maladie  qu  on  ap- 
pelle autrement  Ihprc.  Voyez  ce 
mot. 

Ladrerie  y  fe  dit  figurément  d'une 
avarice  fordide  &  exceflive.  Toutes 
fes  aSions  décèlent fk  ladrerie. 

Ladrerie  ,  fe  dit  auffi  des*Hopitaux 
o  Ton  reçoit  les  lépreux. 

La  première  fyllabe  eft  brève  »  la 
féconde  très-brève  8c  1%  troiâcme 
longue. 

LAEP  ;  fubftantif  nufîculin.  Sorte  de 
poids  ufité  à  Breflau,en  Siléfie»& 
qui  fait  14  livres  du  pays  ,.  c'eft* 
à*dire  ,  vingt  livres  du  poids  de 
Hambourg. 

LAGA  ^  fubftantif  mafcuUn.  Sorte  de 
fève  rouge  &  noire  qui  crpît  en 
diverfes  contrées  des  Indes  orienta* 
les  &  qui  fert  en  quelques  endroits, 
de  poids  pour  Targent. 

LAGAMAN  j  ou  I^auagan  ;  ville 
d'Afie,  au  Royaume  de  Cacherfiire, 
fur  les  frontières  de  celui  de  Can* 
dahar.  ^ 

LAGAN  ;  vieux  fubftantif  mafculin 
qui  s'eft  dit  autrefois  du  droit  que 

S^ufieurs  Nations  s*étoient  arrogé 
ur  les  vaifteaux  qui  avoient  fait 
naufrage  &  dont  la  mer  jetoit  les 
débris  fur  le  rivage.  Ce  droit  bar-^ 
bare  fut  aboli  en  France  en  1 1 9 1 .  ' 

LAGA  RI  A  y  nom  d'une  ancienne  ville 
de  la  grande  Grèce  »  au  territoire 
des  Tit^uriens.  On  en  voit  les  ruines 
dans  la  Calabre  citérieure  s  ^  uno 
lieue  de  Caflano  &  i  deux  du  golfe 
de  Tarente. 

L AGE  ;  petite  ville  d'Allemagne,  dans 
laBaUe  Saxe»  au  Duché  de  Mec* 
kelboorg  ^  i  trois  milles ,  lud-eft>4^ 
Roftoc. 


311  LACJ 

LAGÉNIE  ;  voyei  Leinster. 

LAGÉNOPHORIES  j  fubftantif  fé- 
minin jplurUl  &  cerme  du  Mytho- 
logie. Fctes  que  cclébroic  autrefois 
le  peuple  à  Alexandrie  »  du  temps 
des  Pcolémées  :  ce  nom  venoit 
des  bouteilles  de  vin  que  chacun  de 
ceux  qui  y  prenoieiu  part ,  appor> 
toit  pour  égayer  la  cérémonie. 

l.AGETTOj  fubftantif  mafculin.  Ar- 
bre très-curieux  ,  de  médiocre  gran- 
deur ,  qui  fe  trouve  dans  les  mon- 
cagnes  méditerrannées  de  la  Jamaï- 
;  que  t  fes  feuilles  refTembienc  i  cel- 
les du  laurier  :  Técorce  extérieure 
qui  parSît  d'abord  blanche  &  aflez 
iolicie ,  eft  compofée  de  douxe  ou 

Îruatorze  couches  qui  peuvent  être 
épatées  aflez  facilement  en  autant 

.  de  pièces  qui  font  comme  une  ef- 
pècê  d'étofiEè  ou  de  toile»  La  pre- 
mière de  ces  couches  qui  vient  après 

,,  la  grofTe  écorce  »  forme  un  drap  af- 
fez  épais  pottr  faire  des  habits  :  les 
couches  intérieures  reftemblent  à 

'  du  linee  &  font  propres  à  faire  des 
chemiies  :  toutes  Us  couches  de 
récorce  intérieure  dans  les  petites 

.  brahchesparoiiTentcommeautantde 
toiles  .de  gaze  ou  de  dentelle  très- 
fine  qui  s'étend  &  fe  reflerre  com« 

.  me  un  rézeau  de  foie.  On  fit  autre- 
fois préfent  d'une  cravatte  de  den- 
telle de  lagetto  â  Charles  II ,  Roi 
d'Angleterre.  Ces  toiles  font  a  (lez 

.  fortes  pour  être  lavées  &  blanchies 
comme  les  toiles  ordinaires. 
LAGHI  'y  ville  de  l'Arabie  Heureufe  , 

.  fituée  à  trente  lieues  d'Aden  >  vers 
Torienr*. 
IJ^GHLYN  y  ou  LouGRLEK  ;  nom 

.  d'une  ville  d'Irlande  »  dans  la  pro- 

^viiKe  de  Leinfter^  â  huit  milles  j 
fiMl-oueft  »  deÇatherlagh.  Elle  a  des 
Députés  au  Parlement. 

^    *  Il  y  s  eut  «ne  autre  vilfe  de  te 

''iuuttacioii;  inilles  iTotieistdo  la 


précédente  ,  fur  le  Bârrow  ;  mat» 
il  n'en  refte  aujourd'hui  qu'un  vil- 
lage. 
LAGIASi  fubftantif  mafculin.  On  ap 

pelle  ainfi  dans  le  commerce  j  des 
titiles  peintes  quiie  fabriquent  &  fe 
vendent  au Pégu. 

LAGIDES  i  (  les  )'on  a  ainfi  appelé 
les  Rois  Grecs  qui  poffédèrent  TÉ- 
gypte  après  la  mort  d'Alexandre. 
Les  deux  Monarchies  les  plus  puif 
fantes  api  s'élevèrent  alops  ,  furent 
celle  diigypte,  fondée  par  Prolé- 
mée  ,  fils  de  Lagus  ,  d'où  vinrent 
les  Lagides  j  Se  celle  d'Aiîe  ou  de 
Syrie  fondée  par  Séleucns ,  d'où  vin- 
rent les  Séleucides. 

LAGNIEU  ;  petite  ville  de  France  , 
dans  le  Bugey  ,  fur  te  Rhône ,  i 
huit  lieues  >  oueft-nord-oueft  >  de 
Bellay. 

LAGNY  ;  ville  de  Fraftce  ,.  dans  la 
Brie  françoife,  fur  la  Marne  ,  if\x 
lieues  y  eft-nord-eft  ,  de  Paris.  Il  y 
a  une  famenfe  Abbaye  de  Bénédic- 
tins qui  eft  en  commende  &  vautau 
titulaire  environ  douze  mille  livres 
de  rente. 

LAGONEGRO  j  petite  viUe  dltalie^ 
au  Royaume  de  Naples ,  dans  la^ 
fiafilicate  ,  au  pied  de  l'Apermin  » 
fur  les  frontières  de  la  Pimcipauiï 
citérieure. 

LÀGOPHTALMIE  j  fubftantif  fémi- 
nin &  terme  de  Médecine.  Maladie 
des  paupières  qui  font  tellement  re> 
tirées  que  l'œil  ne  peut  ètr€  entière- 
ment fermé. 

Cetreindifpofition  peut  venir  de 
nailîknce  ou  par  accident ,  i  la  fuite 
d'une  plaie  ^  d'un  ulcère  ou  d*ttne 
brûlure.  On  en  tente  la  guérifon 

f»ar  les  remèdes  topiques  »  émol^ 
iens  &  relacbaiis  oU  par  d'aotres 
analogue»  »  fmvanc  la  caufe  qui  l'a 
^doue  ^  aiai»  qoaod  ce»  temc"» 


LAG 

des  font  mfuffifiins  on  emploie  Po- 
pcration. 

On  place  le  malade  dans  une  fi- 
*uarion  commode  expofée  au  jour  : 
on  lui  couvre  l'œil  fain  avec  un 
bandeau ,  &  on  aflu|étit  lœil  ma- 
lade ou  avec  le  fpcculum  oculi  ,  ou 
avec  deux  doigts  de  la  main  libire, 
en  tenant  ia  paupière  fort  abaiffée; 
puis    avec  un  biftouri  de  1  autfe 
œain ,  on  fait  à  cette  paupière ,  une 
inciCon  encroiffant ,  fdon  la  direc- 
tion à^%  fibres  du  mufcle  conftric- 
teur  des  paupières  i  U%  pointes  du 
croiUant  regardent  en-bas  &  appro- 
chent des  coins  de  TœU.  L'incifion 
taite  ,  oQ  écarte  le  plus  que  Ion 
peut ,  les  bords  de  la  plaie  ,  &  on 
la  garnit  de  ^umaceaux  en  forme 
de  noyaux  d  olives ,  pour  procurer 
une  génération  de  nouvelle  fubf- 
tance  qui  allonge  la  paupière.  Si  le 
rétréciflement  de  la  paupière  étoit 
«  grand ,  qu'une  incifion  ne  fuffit 

£;as ,  on  en  feroit  deux  de  la  mcme 
igure  &  diftantesl'une  de  l'autre  de 

Icpai fleur  d'un  écu. . 
{- JGOPUS }  voyei  Pied  de  LiâvRE. 
LAGOS  j  ville  forte  de  Portugal ,  au 

Royaume  d'AIgarve,à  quarante- 

huit  heues ,  fud,  de  Lifbonne. 
LAGUE  j  fubftantif  féminin  &  terme 

de  Marine ,  fynonyme  de  Sillage. 

On  dit  y  venir  dans  la  lague  Jtun 

vaijjeau  ;  pour  dire ,  dans  fes  eaux, 

dans  fon  fillage. 
LAGULA  s  bourg  d'Afie^dans  la  Na- 

tobe  ,  i  fept  lieues  de  Penda- 

racbf. 

LAGUNA  ;  ville  des  Canaries ,  ca- 
pitale de  nie  de  Ténériffe ,  fimée 
en  partie  fur  une  montagne  &  en 

f>atac  1   r  un,  ter  rein  uni  près  d'un 
ac  ou  étai  g  d'eau  dmice  qu'on  ap- 
pelle en  efj;  agnol  laguna ,  d'où  cette 
ville  a  pps  fon  nom. 
LAGUN£  i  (ttbftantif  féminin.  Efpèce 


de  petit  lac  ou  de  flaque  d'^aitdans 
des  lieux  marécageux. 

Les  Lagunes  de  Venife  font  des 

I  canaux  formés  par  la  mer  qui  y  en- 
tre par  fix  bouches  dont  il  y  en  a 
deux  où  les  vaiiïèaux  peuvent  mouil- 
ler. On  compte  environ  foixante 
.  lies  dans  l'étendue  de  ces  Lagunes.} 
la  plupart  font  bâties  &  bien  peu- 
plées \  8c  après  celles  qui  compo- 
lint  le  corps  de  la  ville  de  Ve- 
nife y  Murano  eft  la  plus*  confidé- 
rable;  ',         *.      •  > 

LAGUSTA  ;  petite  île*  de  Dalmacie, 
dans  le  golfe  de  Venife ,  près  de 
l'île  de  Curfola  &  à  quatre-vingt 
mille  pas  de  Ragufe  dont  elle  dé- 
pend. 

LAG  YR A  ;  nom  d'àiie  ancienne  ville 
de  la  Cherfonnèfe  taurique  ou  de 
la  Crimée  ^  félon  Ptolemée.  Niger 
cfoic  que  c'eft  aujourd'hui  Sol* 
daia. 

LAHA }  voyci  Laa. 

LA  HELA  }  ancien  nom  d*une  contrée 
de  la  Paleftine ,  au-delà  du  Jour* 
dain ,  où  Teglatphalafar ,  Roi  d'Af« 
fytie ,  tranfoorta  les  tribus  de  Ru- 
ben ,  de  Gad  ,  &  La  demi-ttibu  de 
Manaflé. 

LAHEM  'y  ce  mot  fe  trouve  dans  l'é- 
criture pour  Bethléem. 

LAHUON  i  ylUe  ie  Perfe  que  Ta- 
vernier  place  au  74»  degré  y  15  mi- 
nutes de  longitude  ,  &  au  5  7*  »  15 
minutes  de  latitude» 

LAHM A  ;  voye^  Lama. 

LAHOLM  i  ville  forte  de  Suède  ; 
dans  la  province  de  Halland,  près 
<ie  la  mer  Baltique  «  i  vingt  lieues  , 
nord  y  de  Coppenhague. 

LÂHOR  ;  grande  ville  d'AHe^  capi-- 
taie  d'une  province  de  même  nom, 
&  fituée  i  cent  lieues  ,  nord-oueft, 
de  Delhi  ,  fous'le  foi*  degré, -jo 
minutés  de  longitude  ^  &  lé  *i  te  de* 

Sf  ij 


ii4         .    ^^V 

gré  y  40  minutes  de  latitude.  On  j 
fabrique  des  toiles  peintes  de  tou- 
te efpèce  Se  des  rapis  fuperbes.  Les 
Empereurs  du  Mogol  y  faifoient 
.  autrefois  leur  réfidence  j  ce  qui  ren- 
'  doit  cette  ville  bien  plus  confidéra*- 
ble  qu'elle  ne  Teft  aujourd'hui. 

La  province  de  Lahor  eft  une 
des  principales  de  l'Empire  duGrand 
Mogol  :  rindas  qui  l'arrofe  la  rend 
extrêmement  fertile  :  elle  abonde 
particulièrement  en  blés  ,  en  ris  , 
en  frufcs  exquis  Se  fur  tout  en  fncre 
qui  eft  le  meilleur  de  tout  l'Indouf- 
:    tan.  On  rapporté  qu  elle  rend  ^n- 
.   nuellemçnt  au  Souverain  environ 
quarante  -  cinq  milUons  de  notre 
monnoie. 
LÂHR ,  ou  Lo»a  ;  p^ûijp  ville  d'Âl- 
iemflgue  ,  chef^lieu  d'une  Seigneu- 
rie, de  même  nom.  ^  dans  le  Mar- 
Î;raViat  de  Bade  »  entre  l'Oxthnau  6c 
e  Brifgaw. 
LAI  »  AIE  y  adjeftif.  Laicus.  Laïque  » 

2ui  n'eft  point  engagé  dans  les  Or- 
res  eccléfiaftiques*  Vn  Confciller 

Chez  le&  Moines  on  appelle/r^r^ 
laî ,  un  homme  pieux  &'non  lettré 
qui  fe  donne  à  quelque  Monaftère 
pour  fervir  les  Religieux. 

Le  frère  lai  porcenn  habit  un  peu 
différent  de  celui  des  Religieux  ; 

'  il  n'a  point  de  place  au  Chœur  ,  j: 
point  de  voix  en  Chapitre  ;  il  n^eft 

^  ni  dans  leS'  Ordres ,  ni  même  fôu- 
vent  ronfuré,&  ne  fait  vœu  que  de 
ftabilité  &  d'obéiffancê. 
f RânE  LAÎ ,   fe  prend  auffi  pour  un 

•  'Religieux  non  lettré  qui  a  foin  du 

.  tempojrel  6i  de  l'extérieur  du  Cou- 
vent »  de  ia  cuifine  »  du  jardin  ,  de 
la  porte ,  &c.  Ces  frères  Uis  font  les^ 
trois  vœux  de  religion. 

Dans  lesMonaftèresde  Religieu- 

.  fes  9  outre  les  Dames  de  Chœur ,  il 
y  a  dei  filles  reçues  pouc  le  fervice 


LAI 

du  Couvent  '&  qu'on  Tiomtntfcturs 
laies  ovifiturs  converfes.' 

L'inftitution  des  frères  lais  com- 
mença dans  l'onzième^fiècle  :  ceux 
à  qui  l'on  donnoit  ce  titre  étoient 
des  Religieux  trop  peu  lettrés  pour 
pouvoir  devenir  Clercs  »  &  qui  par 
cette  caifon  fe  deftinoient  entière- 
ment au  travail  des  mains  ou  au 
foin  du  temporel  àti  Monaftères  ; 
la  plupart  des  laïques  dans  ce  temps- 
là  n'ayant  aucune  teinture  de  let- 
tres* De-là  vint  auffi  qu'on  appela 
Clercs  ceux  qui  avoient  étudié  *&  qui 
fiivoient  lire  ,  pour  les  diftingoet 
des  autres. 

On  appeloit  auprefcHS  Moine  lai^ 
un  foldat  entretenu  par  une  Abbaye 
ou  un  autre  bénéfice  à  la  nomination 
du  Roi. 

On  appelle  Cour  laie  ^  une.  Juri- 
.  diétien  féoilière.  Traduire  un  Ec- 
cléfiafiique  en  Cour  laie^ 

Lai  ,  s'emploie  auffi  fubftantivement. 
Les  Clercs  &  les  Lais. 

LAI  i  vieux  mot  qui  (îgnifioit  autre- 
fois complainte  »  doléance. 

On  appelait  auffi  lai^  une  efpèce 
de  poëfîe  plaintive  :  il  7  avoit  le 
grand  lai  compofé  de  douze  cou- 

f»lets  de  vers  de.mefure  différence 
ur  deux  rimes  ;  &  le  petit  lai  corn* 
pofé  de  feize  ou  vingt  vers  en  qua- 
tre  couplets  8c  prefque  roujours  auffi 
fur  deux  rimes. 

LAIANS  ;  vieux  mot  qui  fignlBoit  au- 
trefois là^dedans. 

LAJAZZO  V  ville  de  la  Turquie 
d'Afie  >  dans  la  Caramanie,  près 

'  du  mont  Nero ,  fur  la  cote  fepten- 
trionale  du  golfe  de  même  nom  ,  à 
fix  lieues  de  l'IlTus  des  anciens. 

LAlC  ;  voyq^  Laïqub. 

LAÎCHE  y  fubftantif  fémin.  Soxte  de 
mauvaife  herbe  qui  croît  dans  les 
prés  &  qui  blefTe  la  langue  des  che* 
vaux.  Un  foin  rempli  die  lakhc. 


LAI 

Laichb  y  eft  tuffi  ttti  vieux  mot  qui 
fignîfioic  autrefois  Iame*de  fer. 

Lapremière  fyllabe  eft  longaç  & 
la  fecpHde  très-brève. 

LÂICHEU  ;  ville  de  la  Chine  »  dans 
la  province  de  Xantung  dont  elle  eft 
la  fixième  Métropole. 

LAÏCOCÉPHALES ;  (les)  Héréti- 
ques qui  reconnoi/Tent  un  laïque 
pour  Chef  de  l'Eglife.  Plufieurs  au* 
teurs  eccléfîaftiques  ont  ainfi  appe- 
lé ceux  qui  fuivent  la  religion  an- 
Î;licane ,  parcequ'ils  refufent  au  Pape 
e  titre  de  Chef  de  TEglife  pour 
le  donner  au  Souverain ,  quel  qu'il 

^    foir. 

LAID  ,  AIDE  ;  adjeaïf .  Deformis. 
Difforme  ,  qui  a  quelque  défaut 
remarquable  dans  les  proportions 
ou  dans  les  couleurs  requifes  pour 
la  betoté.  Il  fè  dit  des  perfonnes  > 
des  animaux  te  des  difFéretotes  par- 
ties d'un  corp^  atiimé.  Vn  enfant 
laid.  Ctfi  une  femme  bien  laide.  Elle 
a  le  pied  laid.  Il  a  des  chevaux  fore 
laids. 

On  dit  familièrement  d'un  hom- 
me extrêmement  laid  y  que  c'efi  un 
laid  matin ,  un  laid  magot.  Et  d'une 
femme  eitrèmement  laide  j  que 
c*eft  une  laide  bête ,  Q\x*elle  eji  riche- 
ment laide  ,  que  c'ç/r  ^une  laide  gue^ 
non. 

Laid  y  fe  dit  généralement  de  tout 
ce  qui  e^défagréableaux  yeux  dans 
fon  geme.  Un  habit  fort  laid.  Une 
peinture  fort  laide. 

Laxb  ,  fe  dit  familièrement  en  cho- 
ies morales  &  frgnifie  deshonnête , 
contraire  à  la  bienféance.  Rien  n*ejl 
plus  laid  que  de  manquer  à  fa  pU" 
ToU.  V ivrognerie  eft  une  chofe  Bien 
laide» 

On  dît  proverbialement  9  qo'i/ 
n*Y  a  polht  de  laides  amours  ;  pour 
dite ,  que  quelque  laide  que  foit 
une  femme)  elle  ne  laifte  pas  depa- 


lAI  315 

roître  belle  aux  yeux  de  celui  qui  en 
eft  amoureux. 

Le  monofyllabe  du  mafculin  eft 
lonjg  ^  de  même  que  la  première 
fyllabe  du  féminin  dont  la  féconde 
eft  très-brève. 

Cet  adjeâif  peut  précéder  ou 
fuivre  ,  félon  les  circonftances,  le 
fubftantif  auquel  il  fe  rapporte  : 
ainfi  Ion  peut  dire  ,  un  animal  laid^ 
ou  UQ  laid  animal. 
LAIDANGE  \  vieux  mot  qui  figni- 
fioit  autrefois  injure.  Laidanger  fi- 

fnifioit  tenir  des  propos  injurieux. 
>ans  Tannin  ftyle  de  pratique» 
celui  qui  laidangeoit  ou  injurioit  un 
autre  1  tort ,  devoit  fe  dédire  en 
Juftice  en  fe  prenant  par  le  bout 
du  nez^  &  Ton  croit  que  c'eft  de  U 
que  quand  un  homme  paroîrpeu 
afTuré  de  ce  qu'il  avance ,  on  lui  dit 
proverbialement  en  riant  y  votre  ne^ 
branle. 

LAIDERON  ;  fubftantif  féminin  du 
ftyle  familier.  Jeune  fille  ou  jeune 
femme  qui  eft  laide  »  &  qui  ne 
laiiïe  pas  d'avoir  quelques  agré« 
mens.  Céjl  une  petite  laideron  àjfe:^ 
gentille. 

LAIDEUR  î  fubftantif  féminin.  De^ 
formitas.  Difformité  ,  défaut  ^e^ 
marquable  dans  les  ptoportions  ou 
dans  les  couleurs  requifes  pour  la 
beauté.  Son  extrême  laideur  la  force 
d'être  fage.  Un.  vifage  de  grande  lai" 
deur. 

Laideur  ,  fe  ditauffi  figurément  des 
vices&  des a&ions deshonnêtes.  La 
laideur  du  vice.  Une  conduite  £une 
laideur  inexprimable. 

LAIDIR  \  vieux  mot  qui  fignifioitau* 
ttefuis  rendre  laid.  • 

LÂlE  î  fubftantif  féminin.  C'eft  la 
femelle  du  fanglier.  Voye\  San- 
glier. 

Laie  ,  eft  aufti  un  terme  d^es  eaux  & 
forêts  qui  fignifie  une  route  coi»- 


316'  LAI 

pce  dans  une  forêc^'une  futaie.  Il  eft 
permis  aux  Arpenteurs  de  Fi^irc  des 
laies  de  crois  pied^  pour  porter  leur 
chaîne  quand  ils  en  ont  befoin  pour 
arpenter  ou  pour  marquer  les  cou- 
pes. L'ordonnance  de  i66^  défend 
aux  Gardes  d  enlever  le  bois  qui 
a  été  abattu  pour  faire  des  laies. 

Dans  quelques  coutumes  on  ap- 
pelle iaies  accenfcs ,  des  baux  à  ren- 
tes perpétuelles  ou  à  longues  an- 
nées. 

Laie  ,  fe  die  en  termes  de  Maçonne- 
rie ,  d'une  denture  ou  brectelure 
que  lailTe  fur^  la  piflre  le  macceau 
Qu'on  appelle  auiu  laie  y  lorfqu'on 
s  en  fert  pour  la  railler. 
Ce  monofyllabe  eft  long. 

LAIGNÈ;  bourg  de  France  ,  en  An- 
fou  j  environ  à  une  lieue  8c  demie  ^ 
nord  -  oueft  >  de  Château  -  Gon- 
tier. 

LAIGNÉ  EN  BEUN  ;  bourg  de 
France  »  dans  le  Maine ,  environ 
â  trois  lieues  ^  fud  -  fud  -  eft  ,  du 

Mans. 

LAIGNES  }  bourg  de  France  ,  en 
Champagne  »  i  trois  lieues,  eft-fud- 
eft  9  de  Cnâtillon. 

LAIN  ;  vieux  mot  qui  fignifioit  au- 
trefois lenc« 

LAINAGE  ;  fttbftantif  mafculin.  La- 
ma  merccs.  Macchandife  de  laine. 
Commercer  en  lainage.  Ce  Chapitre  a 
la  dîme  de  lainage. 

Lainage  ,  fe  dit  aufti  de  la  façon 
qu'on  donne  aux  draps  en  tes  tirant 
avec  les  chardons  pour  y  faire  venir 
le  poil. 

LAINDRY  j  bourg  de  France*,  en 
Cham{?agne ,  à  trois  lieues ,.  oueft  , 
d'Auxerre. 

LAINE  \  fubftantif  féminin.  \ana. 
Ce  qui  couvre  la  peau  des  montons 
6c  de  Quelques  autres  bètes  »  com- 


LAI 

me  le  poil  couvre  celle  des  aptrei 

animaux. 

'  La  laine  eft  une  matière  foaple , 
folide  ,  qui  nous  procure  la  plus 
sûre  défenfe  contre  les  injures  de 
lair.  Les  poils  qui  la  compofent  ^ 
offrent  des  filets  très-déliés ,  flexii- 
blés  &  moelleux.  Vus  au  microf-» 
cope>  ils  font  autant  de  tiges  Im- 
plantées dans  la  peau  par  des  radi- 
cules :  ces  petites  racines  qui  vont 
en  divergeant ,  forment  autant  de 
canaux  qui  leur  portent  un  (uc  nout' 
ricier  que  la  circulation  dépofedans 
des  follicules  ovales ,  compofées  de 
deux  membranes  j  Tune  eft  externe» 
d'un  iill\|  afTez  ferme  &  commç 
tendineux  \  l'autre  eft  interne,  en- 
veloppant la  bulbe.  Dans,  ces  cap- 
fuies  bulbcufes  on^  apperçoit  les 
racines  des  poils  baignées  d'une  li- 
queur qui  s'y  filtre  continuellemenr, 
outre  une  lubftaoce  moelleufe  qui 
fournit  apparemment  la  npurritore. 
Comme  ces  poiU  tiennent acut  hou- 
pes  nerveufes ,  ils  font  vafculeux  » 
&  prennent  dans  des  pores  tortueux 
la  configuration  frifee  que  nous  leur 
voyons  fur  l'animal. 

Tous  les  ans  on  fait  la  tonte  de 
la  laine  des  moutons ,  des  brebis  te 
des  agneaux.  La  laine  du  cou  &  du 
dos  des  moutons  eft  de  la  première 
qualité:  celle  qui  recouvre  les  au- 
tres parties  eft  moins  bonne, 
.  La  laine  blanche  eft  fNus  eftimée 
que  celle  qui  eft  colorée  ,  parcequ'l 
le  teinture  elle  peut  prenare  toutes 
ibrtes  de  couleurs.  La  laiae  Uife 
vaut  mieux  que  la  laine  créjme. 

Les  laines  d'Italie,  d'£(pagne8c 
même  d'AngU terre,  paftent  pour 
être  plus  fines  que  les  laines  de 
France ,  &  la  France  fe  voie  c^ligée 
d'acheter  fort  cher  ddil'étranger  » 
des  laines  longues  ,  blanches  ,  lines 
&  fojeufes  qu'elle  pour roic  cirer  de 


LAI 

ion  propre  fonds,  comme  le  proave 
l'auteur  du  mémoire  intitulé  con* 
fiiérations  fur  Us  moyens  ^de  rétablir 
en  Franu  les  bonnes  efpèces  de  bê\cs 
àr/aihet 

La  France  a  été  en  po(reffion  pen- 
dant prè»  de  fix  fiècles  ^  félon  l'au- 
teur cité,  de  produire  d'excellentes 
laines  de  toutes  les  qualités ,  &  (1 
belles  que  Térranger  éroit  obligé 
de  v«nir  fe  fournir  en  France  des 
laines  &  même  dès  étoffes  dont  il 
avoit  befoin.  Elle  a  perdu  cet  avan- 
tage depuisi  que  TElpagne  >  l'An- 
gleterre r  U  Hollande  &  la  Suède 
ont  eu  le  fecrer  de  perfeâionner  la 

3ualicé,  &  d  augmenter  la  quantité 
e'ieors  laines  par  l'importation 
d'une  race  étrat>gère,  meilleure  que 
celle  du  pays. 

L'atastage  qu'a  eu  la  France  au- 
trefois ,  elle  peut  le  recouvrer.  Le 
climat    &    les  pâturages   qui  in- 
fluent tant  fur   k    quantité     que 
fat  la  qualité  des  laines  y  font  les 
mêmes  qu'autrefois  ;  peut-être  mê- 
me ces  derniers  font^ils  perfeAion- 
nés.  Les  véritables  movens  i  em- 
ployer  »  font  d'importer  &  multi- 
plier en  France  les  bonnes  efpèces 
de.  moutons  »  6c  de  races  choifies  & 
appropriées  au  climat  Se  à  l'efpèce 
'  de  pâturages  des  ptovitices  où  on 
'  les  renottTellera  *;  car  on  a  dans  la 
.  France  plolieuts  fortes  de  climats , 
.  te  qui  font  pour  le  moins  auffi  avan- 
tageux pour  élever  les  motitonsque 
ceux  des  voifins  qui  nous  ont  fup- 
:  plantés*  Les  foins  que  Ton  prend  de 
,  ces.  animaux   influent  auffi  beau- 
•  coup  fur  la  beauté  de  leurs  lai- 


nes. 


.  11  etb  utile'  de  détruire  un  pré- 

lugé  enraciné  depuis  long- temps , 

;  &de/moiitrer  dans  ledernier  degré 

'  d'évidbuce'  que  la  France^  pofsède 

^ealainesdebmème  cpialité  91e 


I 


LAI  3'i7 

celles  d'Angleterre.  L*auteur  cité 
s'eft  afliïté  par  un  examen  exaâ  > 
que  la  laiiie  des  plus  beaux  mou- 
tons de  Flandre ,  eft  d'une  qualiié 
femblable  à  celle  d'Angleterre  ,  en 
longueur  j  en  blatKheur  6c  en  fine!- 
fe.  Après^  avoir  fait  pa (Ter  par  un 
ouvrier  intelligent ,  une  peau   en 
fuin  ,  d'un  mouton  de  la  meilleure 
efpèce  des  environs  de  Lille  enFlau^ 
dre  ,  il  obferva  que  lorfqu  on  en- 
levoit  la  fuperflcie  de  la  toifon  où 
kl  fiente  avoit  féjourné,  &qui  avoir 
une  couleur  jaune-fale^le  refte  étoit 
d'une  blancheur  éclarante.  Les  flo« 
cons  de  la  mère^laine  de  cette  toi- 
fon avoient  fepr  pouces  de  longueur; 
encore  faut -il  obferver  que  l'on 
avoit  tué  l'animal  cinq  mois  avant 
le  temps  de  ta  tonte  :  les  filets  de 
la  laine  préfervée  reflembloient  à 
de  la  foie  blanche  ,  tant  ils  écoient 
fins  &  luifans.  Cette  laine  compa- 
rée i  celle  d'Angleterre  filée  \  car 
on  ne  la  reçoit  jamais  autrement  ea 
droiture  »  ne  préfenta  pas  la  moin- 
dre différence  en  qualité.  Il   fuit 
donc  de  ces  pbfer varions,  quer6ii> 
pourroît  recueillir ,  fans  fortir  du 
Royaume  ,  en  tenant  les  bctes  à 
laine  proprement ^  &  en  prenant  le» 
foins  néceflaires  »  des  laines  aufli 
longues ,  anffi  blanches  &  auffi  fines 
que  celles  d'Angletèfré. 

Le  François  ayant  la  manie  de 
^référer  les  matières  étrangères  ^ 
qualité  égale  )  à  celles  de  fon  cru,. 
les  Marchands  font  convenus^  dlans 
le  commerce  y  de  vendre  fous  le 
'  nom  de  laine  itJngUeerrc ,  ia  belle 
laine  de  Flandre  chuilic,quiainfi que 
celle  d^Anglererre ,  fe  vend Jufart'sb 
cent  fous  la  livre.  Les  HoUanaois 
efi  ufent  de  même ,  &  on  a  recours 
i  la  même  ruperchetie  pour  certaine» 
étoffes  de  (oie.  *     / 

•  &llexiflterquek]cièrlég^redr£Bë6e«c9 


ii%  LAI 

entre  nos  belles  Uines  de  Flaûdre  & 
celles  d'Angleterre,  c'eftqae  lesnô- 
tresnepcenneacpasauffibienla  tein- 
ture de  couleur  de  feu ,  que  celles 
d'Angleterre ,  début  qui  difparoî- 
tra  dès  qu'on  aura  foin  de  tenir  pro- 
prement les  bêtes  à  laine. 

On  peut  faire  de  toutes  les  qua- 
lités de  laines  deux  clalfes  princi- 
pales y  6c  rapporter  toutes  les  laines 
courtes  à  la  clafTe  des  laines  <l'Ef- 
pagt)e ,  les  longues  i  la  claffe  de 
celles  d'Angleterre.  Le  Rouffillon, 
le  Languedoc,  &  le  Berrj  font  des 
qualités  d*£fpagne  ^  les  moutons  de 
ces  provinces  donnent  ordinaire- 
tnenc  quatre  livres  d'une  laine  oui 
diflere  peu  de  celle  que  donnent  les 
moutons  des  plaines  de  Ségovie  en 
Efpagae.  Les  moutons  flandrinsqui 
font  notre  efpèce  la  plus  groflfe, 
donnent  depuis  huit  jufqu'à  dix  li- 
vres de  laine  de  la  même  efpèce 
que  celle  d'Angleterre.  En  Jetant 
Hinfi  un  coup  d'œil  général  fur  les 
^verfes  provinces  du  Royaume  ^ 
vn  voit  qu'elles  font  propres  i 
nourrir  diverfes  efpèces  de  mou- 
consi 

Comme  il  y  a  une  analogie ,  an 
rapport  eflentiel  entre  les  pâtura- 
ges, ta  laine  Se  la  chair  des  mou- 
tons ,  il  faut  nécefTairement  amor- 
tir les  patiirages  i  chaque  efpèce  de 
nioatons«L'etH>ècçde  moutons  choi-* 
fie  que  l'on  tera  paître  fut  le  pen- 
chant des  collines ,  fur  les  peloufes 
d'herbes  fines  ,  donnera  une  laine 
fine  »  courte  8c  très-belle*  L'efpèce 
dont  la  cotporance  demande  une 
nourriture  pius  fubftancielle  ,  don- 
nera dans  des  pâturages  abondans 
Se  foiis  un  cliflEut  favora^ble ,  une 
laine  bngue  ,  belle  Se  foyeufe  :  la 
France  pourrait  donc  fe  p^iStr  de 
tout  fecours  étranger  en  perfe&ion- 
^^  n  ait   ijp  UfQt  Tes  bomsi  W^h 


LA  I 

fttj^primant  les  moindres ,  &appro^ 
priant  chaque  efpèce  de  mouton  au 
climat  &  à  la  nourriture  qui  lui  eft 
propre. 

Un  coup  d'œil  jeté  fur  la  ma« 
nière  dont  les  étrangers  t'y  font 
pris  pour  nous  fupplanter  dans  cette 
efpèce  de  commerce  >  fera  peut- 
être  très  *  propre  i  ranimer  notre 
émulation ,  Se  i  nous  faire  profiter 
de  leurs  leçons  pour  recouvrer  notre 
ancienne  lupériorité. 

Vers  le  milieu  du  quatorzième 
fiècle ,  Dom  Pedre  IV  »  Roi  de 
CafttUe  ,  ayant  appris  qu'il  y  avoir 
en  Barbarie  des  moutons  qui  fai- 
foient  à  leurs  propriétaires  un  grand 
profit  >  fit  venir  en  Efpagne  un  cer- 
tain nombre  de  cette  belle  efpèce 
de  béliers  &  de  brebis  ;  voila  i'o<* 
rigine  des  belles  Uinès  de  Caftille. 
Cette  race  de  nnoutoBS  tranfporcée 
'  en  Efpagne  ,  réuffit  afTez  bien  pen- 
dant deux  (iècles.  Le  Cardinal  Xi^ 
menés  la  voyant  dégénérer ,  fit  ve- 
nir de  nouveau  des  oeliers  de  Bar- 
barie de  la  plus  belle  efpèce.  Eu 
Miniftre  intelligent  il  eut  loin  d'ex- 
citer parmi  les  E(pagnols  une  noble 
émulation  pour  le  foi»  des  trou* 
peaux  j  en  tbrte  qu'encore  aujour- 
d'hui ,  des  chefs  de  fiimille  très- 
diftingués  >  fe  font  un  plaifir  de 
vifiter  eux  -mêmes  leurs  rroa« 
peaux ,  Se  le  jour  de  la  ronte  ,  jour 
d'une  nouvelle  fource  de  richeflès; 
eft  célébré  par  des  fêtes.  LesEfpa- 

fnols  fe  fouviennent  <)ue  lesRois 
toient  autrefois  propriétairesdeia 
plus  grande  partie  de  ces  troupeaux; 
de  là  ce.erand  nombre  d'ordonnao'- 
ces  %  de  loix  pénales ,  de  privilèges 
Se  d'immunités  établis  fous  diffé- 
rens  règnes  pour  la  confervatu»  Se 
le  gouvernement  des  troupeaux; 
de  là  cet  ancien  Tribunal  formé 
^us  le  ,titre  de  Con/iiJ  du  grand 

Jrûiigtm 


LAI 

Troupeau  Royal,  C'eft  par  une  telle 
attention  que  les  moutons,  rappor- 
tent annuelleoient  dans  le  tréfor 
royal  plus  de  trente  millions  de 
léaux  j  aufli  les  Rois  d'Efpagne  , 
dans  leurs  ordonnances  ,  les  appel- 
lent-ils Z^  /rrécieux  joyau  de  la  Cou- 
ronne. Tout  cela  annonce  d^  qudle 
importance  eft  pour  la  Nation  ce 
genre  de  richefles.  La  nature  s'em- 
bellit &  fe  perfeârionne  fous  la' 
main  du  riche  polTefeur  :  cette 
émulation  de  foutenir  la  bonne  race 
des  mourons  par  le  choix  des  be- 
liers  ,  eft  même  devenue  en  Efpa- 
gne  une  forte  de  jaloufie  û  grande 
qu'on  a  vu  de  riches  parriculiers 
payer  jufqu'j  deux  cens  ducats  un 
excellent  bélier.  Ce  font  ces  mêmes 
foins  qui  leur  procurent  des  chevaux 
d'une  fi  belle  forme  &  d'une  taille  li 
élégante. 

Au  quinzième  fiècle  Edouard  IV, 
Roi  d'Angleterre,  fit  venir  avec  la 
permiffion  du  Roi  d*Efpagne  ,  trois 
mille  bêtes  blanches  de  cette  belle 
nu:e  de  moutons  dont  on  vient  de 
parler.  Par  la  fagelTe  de  l'adminif- 
tratioQ  ,  l'Angleterre  au  bout  de 
quelques  années  »  fut  peuplée  de 
cett^  précieufe  efpèce.  On  forma 
des  écoles  de  bergers  ,  on  leur  don- 
na les  inftruclions  nécedaires ,  on 
parvint  par  degrés  à  habituer  les 
moutons  qui  paflbient  d'un  climat 
fous  un  autre  bien  différent ,  à  fup- 
porter  le  froid  de  Thiver  en  plein 
air ,  au  milieu  d'un  parc.  L'Angle- 
terre nous  fapplanra  alors  par  les 
foins  qu'avoir  eus  le  prédéceifeur 
d'Edouard ,  d'attirer  en  Angleterre 
les  ouvriers  françois.  La  Reine  Éli- 
fabeth  eut  l'attention  de  renouveler 
cette  race  de  moutons  pour  l'empê* 
cher  de  dégénérer. 

Toutes  les  laines  d'Angleterre  ne 
font  pas  de  la  même  beauté}  les  An- 

Tome  XV. 


LAI  319 

glols  ont  trois  fortes  de  bêtes  i 
laine  :  l'efpèce  coamiune  qui  eft 
l'ancienee  9  &c  dont  les  toifons  ne 
valent  pas  mieux  que  nos  giufTes 
laines  de  Picardie  \  l'efpèce  bâtarde 
produite  par  les  béliers  d'E  (pagne 
&  les  brebis  d'Angleterre  ,  dont  la 
laine  tient  le  milieu  pour  Ja  borné; 
&  enfin  U  troifième  efpèce  qui  eft 
celle  d'Efpn^ne.  Il  eft  digne  de  re- 
marque que  leféjourdes  bêres  ef- 
pi^noles  en  Angleterre  «  a  fait  chan- 
ger leur  lame  de  nature.  Elle  eft 
beaucoup  plus  longue  mais  moins 
fiae  que  celle  d*Efpagne  ,  apparem- 
ment par  la  nature  <les  pâturaees  & 
du  climat.  Elle  eft  aufii  plus  blan^ 
che  &  plus  nette  »  parcequ  on  a  at« 
tention  de  tenir  les  rroupeaux  plus 
proprement  qu'en  Efpagn«.  Une  des 
caufes  en  général  qui  peut  contri- 
buer le  plus  à  la  beauté  &  ï  la  blan- 
cheur des  laines ,  c'eft  la  aiéthode 
de  laver  k  toifon  fur  le  corps  des 
moutons  ,  furtout  lorfqu'on  fait 
ufage  d'eau  favonneufe ,  telle  qu'en 
donnent  quelques  fontaines  \  ce  la- 
vage purifie  parfairement  bien  les 
lainef. 

Au  fiècle  pafie  les  HoUandois , 
convaincus  par  l'exemple  àt%  pi* 
geons»  des  poules  dinde  &  d'autres 
animaux  tranfplantcs  ^  que  les  efpè« 
ces  de  la  vafte  conrrée  des  Indes 
orientales ,  accoutumées  une  fois  à 
l'air  de  l'Europe  ,  y  deviennent  plus 
fécondes  &  y  multiplient  à  founair» 
tranfportèrent  des  Indes  orientales 
une  efpèce  de  béliers  &  de  brebis 
haute ,  allongée ,  grofle  de  corfage, 
&  dont  la  lame  égaloit  pre(que  Tes 
laines  d'Angleterre  en  nneffe  &  en 
bonté.  Cette  race  tranfplantée  dans 
le  Texel  &  dans  la  Frile  orientale  » 
y  réuflk  au  point  que  les  femelles 
donnoient  quatre  agneaux  par  an- 
née. £n  général  l'expérience  a  tou' 

Tt 


330  LAI 

jours  démontré  que  les  moutons 
prorpèrent  lorfqu'ils  font  accoutu- 
més au  froid  ,  &  qu'ils  ne  foiif- 
freoc  point  d'altération  en  paflant 
d'un  pays  chaud  dans  un  pays  froid. 
Il  en  eft  tout  autrement  lorfquon 
les  transporte  d'un  climat  froid  fous 
un  ciel  chaud. 

Dans  le  Texel  on  retire  de  ces 
moutons  cranfplantés  des  Indes 
orientales  »  d^$  toifons  qui  don- 
nent depuis  dix  jufqu'à  ferze  livres 
d'une  laine  longue ,  fine  &  foyeufe 
dont  on  ftiîc  commerce  fous  le  nom 
de  laine  d'Angleterre,  Les  Hollan- 
dois  permirent  aux  Flamans  de 
tranfporter  quelques  bète^  indien- 
nes aux  environs  de  Lille  &  de  Var- 
neton  :  elles  y  rendirent  (i  bien  que 
toute  l'efpèce  tranfplantce  des  In- 
des 9  en  prit  le  nom  de  moutons 
flandrins.     " 

Les  Suédois  quoique  fous  un  cli 
mat  plus  rigoureux  »  ont  aufli  tranf- 

1>orté  chez  eux  des  bètes  â  laine  de 
a  meilleure  efpèce  d'Angleterre  & 
d'Efpagne  \  Se  par  les  foins  qu'ils 
en  ont  pris  ,  ils  recueillent  pré- 
fentement  des  laines  aufli  belles  que 
celles  d'Angleterre  &  d'Efpagne. 

De  femblables  exemples  ne  doi- 
vent-ils pas  nous  animer  ?  Que  l'on 
multiplie  cette  efpèce  de  moutons 
Handrins,  qu'on  en  conferve  la  race 
pure  &  fans  mélange ,  qu'on  la  ré- 
pande dans  toutes  les  provinces  où 
elle  peut  trouver  à  fe  nourrir  ,  & 
on  fe  procurera  par  la  fuite  des 
moutons  couverts  d'une  belle  laine 
&  en  grande  quantité  y  car  le  mou- 
ton a  ordinairement  près  d'un  tiers 
de  laine  de  plus  que  le  bélier  &  la 
brebis.  Que" l'on  multiplie  dans  le 
Cotentin  ,  prefqulle  de  la  Nor- 
mandie ,  l'efpèce  de  bctes  à  laine 
d'Angleterre  ;  la  nature  du  pâtu- 
rage »  la  difpoûcion  du  lieu^  tout 


LAI 

annonce  qu*on  y  recueillera  dne 
laine  pareille  â  celle  des  plus  belles 
toifons  d'Angleterre.  Que  l'on  ré- 
pande enfuite  ces  efpèces  dans  les 
différentes  provinces  ^  fuivant  la  nâ« 
ture  du  climat. 

Les  Manufadturiers  doivent  fe 
précautionner  contre  un  grand  nom- 
ore  de  fupeccheries  frauduleufes  , 
par  exemple  ,  quand  l'année  a  été 
sèche  »  les  Laboureurs  ou  les  Mar* 
chands  qui  tiennent  les  laines  de  la 
première  main  >  les  font  mal  laver 
afin  d'éprouver  moins  de  déchet. 
Qu'arrive-r-il  alors  ?  Pour  empêcher 
la  graide  ou  le.s  ordures  de  paroître, 
ils  fardent  les  toifons  qu'ils  blan- 
chi (Tent  avec  de  la  craie  on  d'au- 
tres ingrédiens  qu'ils  imagitient.  Les 
fuites  de  cette  manœuvre  ne  peu- 
vent être  que  très  -  dommageables» 
foitauFabricant^foitau  public.Si  l'on 
emploie  la  laine  comme  on  l'achète» 
l'étoffe  n'en  vaut  rien  ,  les  vers  Se 
les  mites  s'y  mettent  au  bout  de 
peu  de  temps  »  &  l'acheteur  perd 
fon  drap.  Si  le  Fabricant  veurren- 
dre  â  la  laine  fa  qualité  par  un  fé- 
cond lavage ,  il  loi  en  coûte/a  façon 
&  un  nouveau  déchet. 

Deux  autces  abus  intéretfènt  la 
qualité  de  nos  laines  j  l'un  regarde 
les  laboureurs»  l'autre  les  bouchers» 

C'eft  une  néceffité  indifpenfable 
aux  premiers  de  diftinguer  leurs 
moutons  par  quelque  marque-  Deux 
rroupeaux  peuvent  fe  rencontrer  Sc 
fe  mêler  ^  on  peut  enlever  un  oa 
plufieurs  mourons  :  la  marque  dé« 
cèle  le  larcin  y  enfin  les  pâturages 
de  chaque  ferme  ont  des  limites,  flt 
cette  marque  e^  une  condamnation 
manifefte  pour  le  berger  qui  coit- 
duit  fon  troupeau  dans  un  territoire 
étranger.  Ce  caraûère  eft  donc  né- 
ceffàire  ,  Tabus  ne  confifte  que  dans 
la  manière  de  1  appliquer.  Nos  la* 


LAI 

boareurs  de  llle  de  France  8c  de  U 
Picardie ,  plaquent  ordinairement 
fans  choix  des  couleurs  trempées 
dans  rtiuile  fur  la  patrie  la  pluspré- 
cieufe  de  la  coifon ,  fur  le  dos  ou 
fur  les  flancs  y  les  marques  ne  s'en 
vonc  point  au  lavage  ^  elles  reftenr 
ordinairement  collées  5c  adh;.'reiites 
i  la  roifon,  &  fouvent  les  éplu- 
cheurs  négligent  de  féparer  de  la 
laine  les  croûtes  qu'elles  forment , 
parceque  cette  opération  demande 
trop  de  temps.  Que  fuit- il  de-là  ? 
Les  croûtes  palTant  dans  le  fil  &  les 
étoffes  qu'on  fabrique  ,  les  rendent 
COttt-i-fait  défeâueufes  \  il  eft  un 
moyen  fort  (impie  dobvier  à  ces 
abus  :  on  peut  marquer  les  moutons 
a loreille  par  une  marque  latérale , 
perpendiculaire  ou  tranfverfale  j  & 
ces  marques  peuvent  varier  à  Tin- 
fini ,  en  prenant  Toreille  gauche  ou 
les  deux  oreilles ,  &c. 

Si  cependant  la  nature  du  lieu 
demandoit  un  (igné  plus  apparent , 
on  pourroit  marquer  les  montons  i 
la  tète ,  comme  on  fait  en  Berri  ; 
la  toifon  par  ce  moyen  ne  fouffre 
aucun  dommage. 

L'autre  abus  ne  concerne  que  les 
pelades  ;  mais  il  ne  mérite  pas 
moins  d'attention.  Les  bouchers , 
au  lieu  de  ménager  les  toi(bns  des 
peaux  qu'ils  abattent  ,  femblent 
mettre  tout  en  œuvre  pour  la  falir  ^ 
ils  les  couvrent  degraifTe  &  de  tout 
ce  qu'il  y  a  de  plus  infect. 

Il  feroitâ  fouhaiter  qU'on  s'occu- 
pât férieufement  de  la  fuppre(fion 
de  ces  abus.  ' 

Lainb  d'agnelin,  fe  dit  dans  le 
commerce  de  la  laine  provenant  des 
agneaux  &  jeunes  moutons  ;  ce  font 
les  bouchers  &  rocilfeuts  qui  en 
font  les  abitis.  La  laine  d  agnelin 
n'eft  permifeque  dans  la  fabrique 
4es  chapeaux. 


LAI  33t 

1  LAiNS  ft^AvTRUCHiy  ff  dit  impro* 
prement  du  duvet  ou  poil  de  cet 
oifeau.  U  y  en  a  de  deux  forteij  I9 
fin  &  le  gros;  le  fin  entre  dans  la 
fabrique  des  chapeaux  communs; 
ie  gros  que  l'on  appelle  ordinaire- 
ment gros  (T Autruche  ,  fe  file  6C 
s'emploie  dans  les  manufactures  de 
lainage  j  pour  faire  les  lifières  des 
draps  Boirs  les  plus  fins.  % 

Laine  •  auxi  ,  autrement  Laini 
TRIÉE  ,  fe  dit  de  la  plus  belle  laine 
filée,  qui  fe  tire  des  environs  d'Ab- 
beville. 

Laine  basse  ,  ou  basse  laine,  fe  dit 
de  la  plus  courte  &  de  la  plus  fine 
laine  du  mouton  ou  de  la  brebis  ; 
elle  provient  du  collet  de  l'animal 
qu'on  a  tondu.  Cette  forte  de  laine 
filée  fert  aux  ouvrages  cle  bonnete- 
rie ,  comme  aufii  à  faire  la  trame 
des  tapi(reries  de  haute  &  baffe  lifTe, 
des  draps ,  des  racines  &  femblables 
éto(fes  fines  \  c'eft  pour  cela  qu'on 
rappelle  hint-tramc.  LesEfpagnols 
&  les  Portugais  lui  donnent  le  nom 
de  prime  y  qui  fignifie  première. 

Laine  cARois  ;  le  dit  de  toute  laiiw 
qui  après  avoir  été  dégraiflee ,  la- 
vée, féchée,  battue  fur  la  claie, 
épluchée  ic  arrofée  d'huile ,  a  pa(Ic 
>ar  les  mains  des  cardeurs,  afin  de 
a  difpofer  à  être  filée ,  pour  en  îz-^ 
briquer  des  tapiiferies,  des  étoffes  \ 
des.  bas  ,  des  couvertures ,  &c.  La 
laine  cariée  qui  n'a  point  ccé  afper- 
gée  d'huile  ni  filée  ,  s'emploie  en 
courtepointes,  en  matelas,  £'ç. 

Laine  CRUE,  fe  dit  de  la  laine  qui 
n'ed  point  apptètée. 

Laine  cuisse  ,  fe  dit  de  la  laine  cou- 
pée entre  les  cuilTes  des  brebis  & 
des  moutons. 

Laine  filée,  fe  dit  de  la  laine  filée 
que  l'on  appelle  JÏ/^/tfyiy^rrtf.  Elle 
vient  de  Flandre  &  particulière- 
ment du  Bourg  de  Turcoing  j  elle 

Tt  \\ 


X, 


351  LAI 

encre  dans  plafieurs  fabriques  de 
lainage,  &  taie  l'objet  d*un  grand 
commerce  de  la  Flandre  Françoife. 

Laine  fine  ou  haute  laine,  le  die 
de  la  meilleure  de  toutes  le^  laines, 
&  du  triage  de  la  mère  laine. 

Laine  frontière  ,  fe  dit  de  la  laine 
£lée  d«s  environs  d'Abbeville  &  de 
Rofières  \  c'cft  la  moindre  laine  qui 

^    fe  rire  de  Picardie. 

Laine  grasse  ,.  ou  laine  en  suif  , 

LAINE  en   SUIN    y    OU    LAINE   SUR- 

6E  ;  tous  ces  noms  fe  donnent  à  la 
laine  qui  n*a  point  encore  été  lavée, 
ni  dégraiflfée.  Les  Epiciers  Droguif- 
tes  appellent  ajlpe ,  le  fuin  ou  la 
graiue  qui  fe  tire  des  laines. 
Laine  haute  ,  autrement  dite  laine 

CHAINE,    LAINE  ET AIM  ,    fe  dit    de 

la  laine  longue  &  grofllière  qu'on 
tire  des  cui(les  j  des  jambes  &  de  la 
.  queue  des  bètes  à  laine. 

Laine  migeau  \  on  appelle  ainfi  dans 
le  Rouflillon  la  laine  de  la  troifième 
forte  ,  ou  la  moindre  de  toutes  les 
laines  que  les  Efpagnois  nomment 
tierce. 

Laine  moyenne,  fe  dit  de  celle  qui 
refte  du  premier  triage  de  la  mère 
laint. 

Laine  de  Moscovie  ,  fe  dit  du  du- 
vet des  cadors  qu'on  tire  fans  gâter 
ni  ofTenfer  le  grand  poil  \  le  moyen 
d'y  parvenir  n'eft  pas  trop  connu. 

Laine  peignée  ,  fe  dit  de  celle  que 
l'on  a  fait  paffer  par  les  dents  d'une 
forte  de  peigne  ou  erande  carde  ^ 

four  la  difpofer  à  erre*  filée  ;  .on 
appelle  auffi  en  un  feul  mot  eftaim. 
Laine  pelade  ,  ou  Laine  av alie  ,  fe 
dit  de  la  laine  que  les  méeifliers  & 
chamoifeùrs  font  tomber  par  le 
moyen  de  la  chaux  de  demis  les 
peaux  de  brebis  &  mourons  »  pro- 
venantes des  abattis  des  bouchers  : 
elle  fertà  faire  les  trames  fortes  d*é 
toffes» 


LAI 

Laine  peignom  •  ou  en  un  feul  mot 
Peignons  ,  fe  dit  d'une  forte  de 
laine  de  rebut ,  comme  la  bourre  ; 
c'eft  le  refte  de  la  laine  qui  a  été 
peignée. 

Laine  riflard  ,  fe  dit  d'une  efpèce 
de  laine  la  plus  longue  de  celles 
qui  fe  trouvent  fur  les  peaux  de 
moutons  non  apprêtées.  Elle  ferc 
aux  imprimeurs  à  remplir  tes  inf« 

.  trumens  qu'ils  appelent  balles ,  avec 
quoi  ils  prennent  l'encre  qu'ils  em- 
ploient a  l'imprimerie. 

Laine  de  Viôogne  ,  fe  dit  de  celle 
d'un  animal  d'Amérique  oui  fe  rroi;^ 
ve  dans  les  montagnes  clu  Pérou , 
'  &  qui  ne  fe  trouve  que  là.  Cette 
laine  eft  brune  ou  cendrée ,  quel- 
quefois mêlée  d'efpace  en  efpace 
de  taches  blanches  :  on  en  diftin- 
gue  de  trois  fortes;  la  fine  ,  la 
carméiine  ou  bâtarde  &  le  pelo- 
tonage;  cette  dernière  fe  nomme 
ainfi ,  parcequ'elle^ vient  en  pelotes: 
elle  n'eft  point  eftimée.  Toutes  ces 
trois  laines  entrent  néanmoins^  mé- 
langées avec  du  poil  de  lapin  ^  ou 
partie,  poil  de  lapin .  &  partie  poil 
de  lièvre ,  dans  les  chapeaux  qu'on 
appelle  vigognes.  ^ 

Laine  de  chevron  ^  fe  dit  d'une  forte 
de  laine  noire  ,  touffe  ou  grife  que 
l'on  tite  du  levant  :  la  noire  eft  ia 
plus  recherchée  >  elle  entre  dans  la 
fabrique  lies  chapeaux.  Ondiftingue 
aifément  cette  laine  parmi  les  au- 
tres ,  par  la  petfeâion  de  fa  cou- 
leur ,  par  fa  fineiïe ,  par  fon  odeur 
qui  approche  de  celle  du  mufc  , 
odeur  qu'elle  retient  des  chèyres  fur 
lefquelies  on  la  tond.  Toutes  les 
nations  qui  trafiquent  au  Levant  en- 
liàvent  de  cette  marchandife. 

On  appel  le  pile  de  laine ,  un  mon* 
ceau  de  laine  formé  des  roifons 
abatues  de  defius  l'animal  :  ce  ter- 
me de  pile  eft  en  partie  confacré 


LAI 

aox  laînes  primes  d'Efpagne ,  parmi 
lefquelles  la  pile  des  Chartreax  de 
TËlcurial  palFe  pour  la  meilleure. 
On  die  pcoverbialemenc  &  figu- 
réaient ,  tirer  la  laine  ;  pour  dire  , 
voler  de  nuit  des  manteaux  dans  les 
rues  \  &  l'on  appelle  tireurs  de  laine  ^ 
ces  fortes  de  voleurs. 

On  dit  proverbialement  &  figu- 
rémenr  de  quelqu'un  qui  fouffre 
tout ,  qu'/V  Je  laijfe  manger  la  laine 
fur  It  dos.  Et  au  contraire  d'un  hom- 
me qui  fait  fe  défendre  ,  quV/  nefe 
laijfe  pas  manger  la  laine  fur  le  dos. 
La  première  fyllabe  eft  moyenne, 
&  la  leconde  très-brève. 
LâIN£  y  ÈE  \  participe  paffif.  Voyc^ 

Lainer. 
LAINER)  verbe  adif  de  la  pre- 
mière conjugaifon ,  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chanter.  Tirer  la 
laine  avec  les  chardons  pour  y  faire 
venir  le  poil. 
LAINEUR  ;  fnbftantif  mafculin.  Ou- 
vrier  qui  travaille  les  draps  &  au* 
très  lainages. 
LAINEUX  ,  EUSE  ;  adjeûif.  Lano- 
fus.  Qui  a  beaucoup  ae  laine ,  qui 
eft  extrêmement  fourni  de  laine. 
Les  moutons  font  plus  laineux  dans 
€ttte  province  que  dans  celle-là.  Une 
hrebis  laineufe.  Un.drap laineux.  Une 
plante  laineufe. 
LÂINIER;  fubftantif  mafculin.  Mar- 
chand qui  vend  des  laines ,  fur  tout 
de  celles  qui  font  en  écheveau ,  & 

?|oe  l'on  emploie  aux  tapiff*eries  y 
ranges  &  autres  ouvrages. 
LAINO  \  petite  ville  d  Italie ,  fur  une 
rivière  de  même  nom  au  Royaume 
de  NapIesdanslaCalabre  ultérieure, 
au  pied  de  l'Apennin ,  &  à  (ix  milles 
de  Lauria. 

La  rivière  à  fa  fource  dans  l'A- 
pennin y  fur  les  frontières  de  la  Ba- 
iilicate  ,  &  fon  embouchure  dans  la 
iBCC  9  près  du  golfe  de  la  Scalea» 


LAÏQUE;  adjeâif  des  deux  genres. 
Laicus.  Qui  n'eft  ni  ecdéfiaAique 
ni  religieux.  Un  officier  laïque,  pes 
biens  laïques. 

Il  s'emploie  audi  fubftanrive-* 
ment.Z^i  ecdéjiajliques  &  les  laïques. 

Un  laïque  eft  fournis  à  la  Juridic- 
tion eccléfiaftique  en  matière  de 
facremenc  &  autres  matières  pure- 
ment fpirituelles.  Le  Juge  d*Ëglife 
connoît  même  à  l'égard  des  laïques 
du  pétitoire  des  dixmes  Les  Ordi- 
naires ont  de  plus  une  Juridiâion 
fur  les  hôpitaux  &  les  fabriques. 

On  a  demandé  (i  un  laïque  peut 
polféder  des  biens.  d'Églife.  Parmi 
ces  biens ,  les  uns  font  immeubles 
&  les  autres  meubles.  Les  immeu- 
bles peuvent  erre  poifédés  par  des 
laïques ,  &  le  font  prefque  tous  â 
.  titre  de  ferme  &  d'emphitéofe.  Ces 
biens  peuvent  audî  être  venduis  â 
des  laïques,  pourvu  que  les  forma- 
lités requifes  foientobfervées. 
>  Un  laïque  ne  pouvant  obtenir 
des  dixmes  de  des  oblations ,  parr 
cequ'il  n'a  point  de  titre  canonique 
qui  y  donne  lieu,  il  ne  peur  non 
plus  jouir  de  bénéfices  eccléfiafti- 
ques ,  à  caufe  de  l'office  qui  y  eft 
annexé.  On  excepte  de  cette  règle 
les  chevaliers  laïques  de  certains 
ordres.  Les  fécuUers  peuvent  auffî 
obtenir  à  titre  d'aumônes  des  pen« 
fions  fur  des  bénéfices.  La  deftina* 
tion  des  biens  &  revenus  de  TÉglife, 
loin  d'être  oppofée  â  ces  maximes  y 
y  eft  au  contraire  très-conforme. 
En  effet,  fuivant  l'eiprit  de  TÉglifej 
fes  revenus  font  deftinés  â  la  fub- 
fiftance  de  fes  Miniftres  ,  â  entre- 
renir  les  Temples ,  les  fournir  d'or- 
nemens ,  à  fubvenir  aux  dépenfes 
du  Service  Divin  ,  &  â  donner  roue 
le  refte  aux  pauvres. 

Les  laïques  ne  font  point  admis 
en  France  dans  les  éle^|k)ns  ecdé* 


354  LAI 

(lalliques  >  à  moins  que  ce  ne  foie 
pour  les  protéger  \  ainfi  Ton  voie 
fouvenc  un  Commi (Taire  du  Roi 
prélider  auxéleâions  ecciéfiadiques 

Eour  obvier  aux  brigues  &  aux  crou- 
les qu'elles  produiienr. 
Un  laïque  peut  cure  clioifi  pour 
arbitre ,  feul  ou  conjointement  avec 
un  clerc  dans  les  caufes  eccléfialti- 
ques  ,  puifqu  il  peut  accepter  un 
bénéfice  ou  requérir  pour  un  ecclc- 
fiaftique  ,  tanquam  minifier.  Il  n'eft 
défendu  au  laïque  par  les  loix  que 
de  juger  &  de  dirpofer  «d  matières 
eccléhaftiques. 

A  l'égard  de  la  juridiftion  tem' 
porelle attribuées  un  bénéfice,  non- 
leulement  le  Bénéficier  ou  Prélat 
peut  en  donner  lexercice  à  un  laï- 
que ,  mais  même  il  le  doit. 

C  eft  un  principe  reçu  que  les 
laïques  ne  font  jamais  liés  en  ma- 
tières purement  profanes  par  les 
condicutions  canoniques  s'ils  ne 
font  fujets  ou  vafTaux  de  rÉglife. 
LAIS  j  fubftancif  mafculin  ,  &  terme 
des  Eaux  &  Forets  qui  fe  dit  d'un 
jeune  balivjeaude  l'âge  du  bois  qu'on 
laifTe  quand  on  coupe  le  raillis ,  afin 
qu'il  revienne  en  haute  futaie. 
Lais,  dans  quelques  coutumes  fieni- 
fie  ce  que  la  rivière  donne  par  allu- 
vion  au  Seigneur  Haut*Ju(ticier. 
Lais  ,  fe  dit  audi  quelquefois  au  lieu 
de  laie  â  cens,  ou  bail  à  rente ,  ou 
emphitéotique. 

Tous  ces  termes  viennent  de 
luiffâr. 
LAI5E  'y  petite  rivière  de  France  en 
Normandie,  qui  a  fa  fource  à  deux 
lieues ,  oueft-nord-oueft ,  de  Falaife, 
&  fon  embouchure  dans  TOrne  ,  à 
deux  lieues  ^  fud-fud^oueft ,  de  Caën^ 
après  un  coursd'environ  cinq  lieues. 
LAISON  ;  petite  rivière  de  France , 
en  Normandie  ,  qui  a  fa  fource  1 
une  iieiy,  eCiji  de  celle  de  la  Laife, 


LAI 

&  fon  embouchure  dans  la  Divei, 
à  une  lieue  >  fud-oueft ,  de  Beuvron, 
après  un  cours  d'environ  fepc  lieaes. 

LAISOT^  fubftantif  mafculin  qfité 
dans  les  Manûfaâures  ea  toile  de 
Bretagne  ,  pour  défigner  la  plus 
petite  laize  que  les  toiles  pui(fent 
avoir  fuivant  les  règlemens. 

LAISSÂDE^  fubftantif  féminin.  Ter- 
me de  Marine ,  dont  fe  fervent 
quelques  Ouvriers  pour  défigner 
l'endroit  d'une  galère  où  l'on  dimi* 
nue  la  largeur  du  fond  en  venant  fur 
l'arrière.  C'eft  ce  qu'on  appelle  aa- 
trement  quête  de  poupe, 

L  A I S  S  E  j  fubftantif  féminin.  Za- 
rum.  Corde  dont  on  fe  fert  pour 
mener  des  chiens  accouplés.  Unir 
des  chiens  en  laiffei 

On  dit  ordinairement ,  une  laiffe 
de  lévriers;  pour  dire,  deux  lévriers, 
foit  qu'on  les  mène  en  laifTe  ou  non. 
On  dit  figurément  &  familière* 
ment  d'un  homme  qui  difpofe  d'un 
autre  comme  il  lui  plaît ,  &  qui  lui 
fait  faire  tout  ce  qu'il  veut  ^  qui/ 
le  mène  en  laijfe. 

Laisse  ,  fe  dit  auffî  d'une  efpèce  de 
cordon  fait  de  crin  ,  de  foie  ou 
d'autre  matière  de  dont  on  fait  plu- 
fleurs  tours  fur  là  forme  du  chapeau 
pour  la  tenir  eu  état. 

La  première  fyllabe  eft  longue, 
&  la  féconde  très -brève. 

LAISSE  ,  ÉEj  parricipe  paflif.  f^oy€[ 
Laisser. 

LAISSÉES  ;  fubftantif  féminin  pluriel, 
&  terme  de  Vénerie ,  qui  fe  dit  de 
la  fiente  du  loup  &  des  autres  bctes 

'      noires. 

LAISSER;  verbe  aftif  de  la  pre- 
mière conjugaifon  ,  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chanter.  ReRn* 
quere.  Quitter.  //  laijfa  fa  femme 
au  baL  Nous  V avions  àtijjfe  malade. 
Les  ennemis  laifsèrent  cane  Prow^ 
dévafiée. 


LAI 

Laisser  ,  a  plufieurs  (ignificatlons  en 
parlant  des  chofcs  j  ainfi  Ton  die  de 
quelqu'un  ,  qu //  a  laijféfa  bourfc  à 
t hôtellerie  ;  pour  dire  i  qu'il  a  ou- 
blié de  la  remeccre  dans  fa  poche 
après  lavoir  tirée  en  ce  lieu-là.  Et 
qaon  a  laijfé  fes  gants  y  fcs  papiers 
.  che:(foi  ;  pojiir  dire  ,  qu'on  a  oublié 
de  les  prendre  quand  on  eft  forti. 

On  dit  d  quelqu'un  qui  craint 
d*ècre  volé  en  s'en  retournant  la 
nuit ,  laijf'i'l  ici  votre  argent ,  vos 
bgoux^  pour  dire»  ne  les  emportez 
point. 

On  dit  en  parlant  d'une  petfonne 
à  laquelle  on  avoit.  une  lettre  ou 
autre  chofe  à  remettre ,  qu'o/i  ne  Va 
point  trouvée ,  qîion  a  laiffé  la  lettre  j 
pour  dire  ,  qu  pn  l'a  mife  entre  les 
mains  de  quelqu'un  de  la  maifon 
pour  la  lui  donner. 

On  dit ,  laijfer  un  château  ,  un 
village ,  6'c.  à  droite  ^  fur  la  droite  j 
pour  dire ,  prendre  la  gauche  ,  en 
ibrte  que  le  château  »  le  village  , 
&c.  foit  fur  la  droite.  Et  l'on  dit 
•  dans  le  fens  oppofé  ,  laijjer  un  châ- 
teau à  gauche  t  &c. 

Laisser  ,  Hgnifie  auffi  mettre  en  dé- 
pot.  IllaiJ^a  l'argent  chc^  le  Notaire. 
On  dit  auffi  laifler  en  dépôt.  Cette 
fomme  lui  fut  laijfée  en  dépôt. 

Laisser  ,  (ignihe  encore  abandonner. 

Ils  le  laifserent  au  milieu  de  la  foret. 

On  dit  lai{fer  à  l'abandon  ;  pour 

dire ,  abandonner*  Illaijfafa  manu- 

faclure  à  l'abandon. 

On  dit ,  fe  laijfer  aller  à  la  dou- 
leur-, pour  dire  ,  s'y  livrer  fans  ré- 
ferve ,  s'y  abandonner  entièrement. 
On  dit  figurément  &  familière- 
ment ,  laiffer  quelqu'un  dans  la  najfe; 
Pour  dire  ,  le  laitTer  dans  un  em- 
barras ,  dans  une  affaire  fâcheufe 
où  on  la  engagé  &  dont  on  fe 
tire  foi  même.  Il  fit  fa  paix  &  laijfa 
fcs  alliés  dans  la  naffe. 


LAI  3^5 

On  dit ,  laiffer  au  foîn\  à  la  dif" 
crétion  ^  à  la  prudence  ;  pour  dire  > 
confief  ,  abandonner  au  foin  ,  à  la 
difcrétion  ,  remettre  à  la  prudence 
de  quelqu'un.  //  laijje  cette  affaire 
à  vos  foins  ,  à  votre  difcrétion  ,  à 
votre  prudence. 

On  dit  dans  le  même  fens,  il 
vous  en  laiffe  le  foin  ,  la  conduite. 

On  dit ,  laiffer  une  chofe  à  un  cer^ 
tain  prix  ,  à  bon  compte  ;  pour 
dire  ,  l'abandonner  pour  un  certain 
prix  ,  à  un  bon  marché.  Je  lui  laif- 
fa{  ce  cheval  à  bon  compte.  Et  l'on 
dit  qu'tt/itf  marchandife  ejl  à  prendre 
ou  à  laijjer  ;  pour  dire  ,  ou  qu'il  en 
faut  donner  le  pri:ipquele  marchand 
en  demande^ou  qu'on  ne  l'aura  pas. 

On  dit  auifi  en  parlant  de  quelr 
que  chofe ,  c\\iily  a  à  prendre  &  à 
laifftr;  pour  dire  qull  y  a  du  bon 
&  du  mauvais ,  &  qu  ri  faut  favoic 
choiiîr. 
Laisser,  (ignifie  auflî  céder.  On  lui  en 
laiffa  tout  le  bénéfice.  L'honneur  lui 
en  fut  laiffe. 

On -dit  figurément  &  familière* 
ment ,  laiff[er  des  plumes  ;  pour  dire, 
faire  quelque  perte  confidérable 
d'argent  ou  d'autre  chofe.  IllaiJJira 
de  fes  plumes  à  cette  partie. 

On  dit  figurément  &  populaire- 
ment de  quelqu'un ,  qu'/7  a  laiJJe 
fes  bottes  en  quelque  occafion  ;  pour 
dire ,  qu'il  y  eft  mort.  //  voulut  aller 
aux  eaux  de  Plombières  ,  mais  il  y 
laiffa  fes  bottes. 
Laisser  ,  s'emploie  quelquefois  dans 
le  (èns  de  permettre,  fouffrir»  ne 
pas  empêcher.  Ainfi  l'on  dit,  laiffe:^ 
moi  en  paix  y  en  repos  ^  en  patience; 
pour  dire- ,  permettez  ,  fouffrez  , 
n'empêchez  pas  que  je  demeure  en 
paix  ,  en  repos ,  en  patience. 

On  dit  audi ,  laiJfe:j[*moi  en  paix^ 
en  repos  ,  en  patience  ,  laiffe^^-moi 
tranquille  y   i^ff^\  '  ^oi  là  j  ooiar 


33^  LAJ 

dire  ,    M   m^importunez   point. 

On  die ,  iaîffer  cela  ;  pour  dire  j 
ne  touchez  point  a  cela. 

On  dit,  il  faut  laiJfcrU  monde 
comme  ilejl  ;  pour  dire  ,  qu'il  ne 
faut  pas  s'embarrafTer  desafFaires  du 
monde ,  &  prétendre  le  réformer. 

On  dit ,  laijfer  dire  ,  laijjir faire  ; 
pour  dire ,  ne  fe  pas  foucier  j  ne  fe 
pas  mettre  en  peine  de  ce  qu'on  dit, 
de  ce  qu'on  fait.  Et  l'on  dit  proverbia- 
lement, il  faut  tien  faire  &  laijfer  dire. 

On  dit  de  quelqu'un ,  qu*/Y  s'eji 
laijffe  tomber  ;  pour  dire,  qu'il  eft 
tombé.  Etfamilièrement,  quils*ejl 
laijfé  mourir;  pour  dire,qu'il  eftmort. 

On  dit  de  quelqu'un  j  qu'//  s'ejl 
taijfé  battre  ;  pour  dire  qu'il  a  fouf- 
•  fert  qu'on  le  battit ,  ou  (implement , 
qu'il  a  été  battu. 

On  dit  familièrement,  qu'o/i 
s*ejl  laîffé  dire  telle  &  telle  chofe  ; 
pour  dire ,  qu'on  a  ouï  dire  telle  & 
telle  chofe ,  mais  qu'on  n'y  ajoute 
pas  grande  foi. 

On  dit  ,fe  laijfer  aller  ;  pour  dire 
fe  relâcher ,  ne  pas  tenir  ferme.  Et 
l'on  ditqix  une  fille  s' ejl  laijje  aller; 
pour  dire,  qu'elle  s'eft  laiiïe  féduire, 
tt  proverbialement  dans  le  même 
fens ,  quelle  a  laijfé  aller  le  chat  au 

fromage. 

On  dit  d'un  enfant  ou  d'un  ma- 
lade, &  qui  n'a  pas  la  force  de  re- 
tenir Tes  excréroens ,  qu'//  laiJfe  tout 
aller  fous  lui* 

On  dit  en  termes  de  Vénerie , 
laiffir courre  les  chiens;  pour  dire, 
les  découpler ,  afin  qu'ils  courent 
après  la  bete.  Et  l'on  appelle  fub- 
ftantivement,  le  laijfer  courre  ^It  lieu 
ou  le  tempVdans  lequelon  lesdécou- 
^le»  Nous  allons  être  au  laijfer  courre^ 

On  dit  de  quelqu'un  qui  meurt 
^yant  une  femme  &  des  enfans, 
qu'//  laiJfe  une  femme  &  des  enfans. 
Et  l'on  dit  d'une  peribnne^  qu'e//< 


LAI 

a  laiffé  beaucoup  ie  bien ,  peu  de  bien 
après  fa  m&rt;  pour  dire,  quelle 
eft  morte  ayam  beaucoup  de  bien , 
peu  de  bien. 

On  dit  auffi  d'une  perfoone, 
*  qiïetle  a  laijfé  fis  affaires  en  bon , 
en  mauvais  état;  pour  dire,  qu« 
fes  affaires  fe  font  trouvées  après  fa 
mort  en  bon ,  en  mauvais  état.  Et 
quelle  a  laijfé  une  fuccejjion  obérée^ 
embarrajfée  ;  pour  dite  j  qu*apiè$  fa 
mort,  fa  fucceflion  s  eft  trouvée 
obérée ,  embarraftée. 

On  dit  de  quelqu'un ,  qu'il  a  laiJJe 
une  bonne  i  une  mauvaife  réputation 
après  lui;  pour  dire,  qu'il  eft  relié 
une  bonne,  une  mauvaife  opinion 
de  lui.  Et  l'on  dit  dans  le  même  feni, 
laijfer  une  réputation  de  vertu  ^  de 
probité.  Laijjer  de  grands  regrets  de 
fa  perte  ^  &c. 

On  dit  au(fi,  qv^une  viande^ 
qu'une  liqueur  laiJfe  un  bon  goût ,  un 
mauvais  goût  ;  pour  dire ,  qu'après 

au'on  en  a  mangé ,  qu'oih  en  a  bû , 
refte  dans  la  bouche  un  bon ,  un 
mauvais  goût. 

On  dit ,  je  vous  laiJfe  àpenfer  ce 
qu'ildeviendra  ;je  vous  laijfe  à  penfer 
s'il fouffrit patiemment  ces  reproches; 
6cq.  pour  dire ,  je  vous  donne  à  pen- 
fer ,  c'eft  à  vous  à  penfer,i  juger,  &c. 

On  dit  dans  le  même  fens,  qu'^/t 
auteur  ,  quun  livre  laiffi  beaucoup 
àpenfer;  pour  dire,  qu'il  donne  ma- 
tière à  bien  des  réflexions. 

On  dit,  laijfer  aller  fan  cheval; 
pour  dires  ne  lui  rien  demander.  Et 
le  laijfer  marcher  à  fa  fantaifie ,  pour 
dire  ,  ne  pas  le  retenir  de  la  bride 
lorfqu'il  marche  où  qu'il  galoppe. 
Laisser;  s'emploie  encore  en  pluueurs 
autres  fens  :  ainfi  l'on  dît  ,  qu'un 
locataire  n'a  laiffé  que  les  quatre 
murs  ;  que  les  ennemis  n'ont  rien 
laijfé  ;  pour  dire ,  qu*un  locataire 
a  déplacé  ôç  enlevé  tous  fes  meu* 

blés, 


LAr 

1>Ies  ;  que  les  ennemis  ont  toèt  etn- 
porté. 

On  <iîr  auffi ,  que  des  voleurs  ont 
laiffe  un  homme  en  chemife  ;  pour 
dire ,  qu'ils  Tonc  dépouillé  entiè- 
remenc. 
Laissb^  ,  fe  dit  aaffi  qvelqaefois  dans 
la  fignification  de  cefler ,  s'abllenîr , 
difcontinuer  »  ic  alors  il  ne  s'em- 
ploie qu'avec  la  négative,  llncla^^ 
fera  pas  de  lui  écrire  à  cefujet*  Nous 


c'eft  a(rez. 

On  die ,  qu'«;i<  chofe  ne  laiffepas 
£etre  y  raie  ;  pour   dire  ,  que  ce  i 
qu'on  objeâe  contre  ,  n'empêche  § 
pas  qu'elle  ne  foit  vraie. 

On  dit  auffi  de  quelqu'un ,  qu'/7 
eji  pauvre  ,  mais  quil  ne  laijje  pas 
d'itre  honnête  hofnme ;  pour  dire, 
que  la  mauvaife  fortune  n*empèciie 
pas  qu'il  ne  foit  honnête  homme. 
Laisser  ,  fignifie  auffi  quelquefois 
léguer  par  teftament.  Il  laijfa  une 
partie  de  fes  biens  aux  pauvres  de  fa 
paroiffe. 

On  dit  proverbialement  &  figu- 
rément  d'une  perfonne ,  qvCelle  fe 
Uàffe  mener  parle  ne\  cormrie  un  bufle^ 
ou  (implement  y  q\xellefe  laijfe  me- 
ner  par  le  ne[  ;  ix>ur  dire  ,  qu'elle 
n'a  pas  la  force  ae  s'oppofer  à  l'em- 
pire que  l'on  prend  fur  elle. 

On  dit  auflli  proverbialement  & 
figurément ,  qu*i/  vaut  mieux  laiffir 
fon  enfant  morveux  que  de  lui  arracher 
le  ne\  ;  pour  dire ,  qu'il  eft  de  la 
prudence  de  tolérer  un  petit  mal , 
de  petir  d'en  attirer  un  plus  grand  , 
en  voulant  le  corriger  mal  à  propos. 

On  dit ,  laiffèr  quelqu'un  maître 
Jtune  chofe;  pour  dire  ,  la  laidèc  en 
Ta  difpofition }  l'en  faire  abfolument 
Je  maître.  | 

On  dit  figurément  &  familière^  | 

Tome  Xy. 


LAI  537 

ment,  laiffir U  briàs  far  le  eou  à 
fuelquuni  pour  dire  l'abandonnée  à 
Inî-mcme. 
Baisser  ,  (ignifie  auffi  pafler  -foua  fi* 
lence.  //  laijpi  des  moyens  dont  il 
auroie  pufàkre  ufage. 
LAISSER  COURRE  ;  fubftandf  maf- 
culin,  9c  terme  de  Vénerie.  Lieu 
ou  temps  dans  lequel  on  découple 
\ts  chiena  »  afin  qu'ils  courent  apsès 
la  bête.  Nous  nous  joignîmes  au  laif 
fer»  courre, 
LAISSES  \  fubftantif  féminin  pluriel  » 
&  terme  de  Marine.  Terres  queJa 
mer  a  lailTées  au  rivage ,  &   qui 
s'afFermiflTent  peu  à  peu. 
LAIT  \  fabftantif  malculin.  Lac.  Li-* 
queur  blanche  qui  fe  forme  dans  les 
mamelles    de   la  femme  pour  .  la 
nourriture  de  l'enfant  y  ou  dans  les 
fen»elles  èt%  animaux  vi  vtpates  pour 
la  nourriture  de  leurs  petits. 

Le  lait  récemment  trait  d'un  ani- 
mal frugivore  en  bonne  fanté).& 
nourri  des  aliment  qui  lui  convien- 
nent y  ne  donne  dans  les  épreufes       , 
chy miquos  aucune  marque  d'acidité      * 
ni  d'alkaltniié  ;  il  a  une  faveur  d^u-     \ . 
ce,  agréable,  un  peu  fucrée.  Une 
contient  point  de  parties  yolatilet 
au  degré  de  chaleur  de  l'eau  bouiU 
lanee,  du  moins  en  quantité  fenfible 
&  que  Ton  pnifle  recueillir  \  il  n*a 
qu'une  petite  odeur  ctès^foible  qui 
lui  eft  particulière. 

Certe  Jiqueur  eft  trè»-fttfceptible 
d'alrécation  \  la  moindre  quantité 
d'acide  fuffit  pour  le  coaguler  :  lotf- 
qa  on  y  mêle  del'alkali  »  il  s'enfuit 
une  efpèce  de  coagulation  ^  mais 
elle  eft  bien  di££cente  de  celle  qu'.oc- 
cafionne  Taçide  j  fingutièrement  i 
eaufe  de  l'aâion  qu'a  l'alkali .  fur 
routes  les  parties  du  lait ,  &  notam- 
ment fur  la  partiebutireufeà  laquell  e 
il  donne  un  caraâère  fa  vonneux. 
Le  lait  éprouve  auffi  très-  facile- 

Vr 


jj8r  LAI 

ment  de  lai^mème ,  &  fans  aucune 
addition  »  di£férens  changemens  le- 
marquables.  Les  parties  huileufes 
ott  batireufes   de  cette  liqueur» 
étant  fpécifiquement  plus   légères 
que  les  autres,  &  n'y'^tant  point  » 
ou  nj  étant  que  ttès-peu  adhérentes, 
k  réparent  du  refte  en  grande  par- 
tie pat  le  fimple  repos ,  &  fe  raf- 
leniblent  à  la  furface ,  pcécifément 
comme  cela  arrive  aux  émuUions  'y 
elles  j  forment  ce  que  Ton  nomme 
la  crêmc  qa*on  recueille  pour  en  faire  | 
du  beurre  j  indépendamment  de 
cela  le  lait  eft  trèspfufcepcible  d'é- 
prouver de  lui-même  un  mouvement 
de  fermentation  qui  le  fait  tourner 
i  Tacide,  &  qui  en  occafionne  la. 
coagttlarionv 

La  coagulation  du  laiir  ne  larde 
pointa  procurer  une  réparation  affez 
diftinfte  de  la  partie  caféeufe  d  avec 
k  féceufe  ^  &  à  mefure  que  cette 
dernière  fe  iepare,  Vautre  prend 

!»lus  de  confiftance.  Ceft  donc  par 
e  moyen  de  la  coagulation  qu  on 
obtient  ces  deux  parties  du  lait  fé- 
parées  Tune  de  Tautre  y  mais  la  mar 
sière  donr  fe  fait  cette  coagulation , 
apporte  des  différences  afies'  confi- 
dérables  dans  les  qualités  de  l'une  & 
de  l'autre  ^  c'eft  pourquoi  on  coa- 

Î;u!e  le  lait  de  différentes  manières 
uivaat  les  ufages  auxquels  on  def- 
fine  le  fsomage  &  le  petit  lait». 

Comme  Pacide  qui  fè  développe 
dans  le  lait  lot fqu*il  fe  caMle  n^u* 
r^lement,  eft  plus  que  fufiifant 
pour  fa  coagulation  5  8c  qui'il  com« 
munique  fa  faveur  tant  au  fromage 
qu'au  petit  lait ,  on  ne  laiflè  point 
le  lait  k  cailtei  de  lui  même  ,  foit 
pour  en  faire  du  fromage  deftiné 
au»  atimens  ou  pour  en  faire  du 
petit  lait  à  l'ufage  de  la  méde- 
eine.  Le  point  eflfentiel  pour  éviter 
ccuc  acidité  fenfible  x  ceft  da£rcQ^ 


LAI 

dre  du  laie  qui  ne  fois  pas  trop 
ciennement  trait  »  d'y  mêler  ezac« 
tement  la  ^lus  petite  quantité  d'ai^ 
çide  nécelfaire  â  la  coagulation  ,  ic 
d'accélérer  cette  coagulation  par  mi^ 
degré  de  chaleur  convenable. 

La  méthode  ordinaire  6c  en  mê- 
me temps  la  meilleure  ,.  conûfte  àt 
délayer  dans,  trois  ou  quatre  cuil- 
lerées d'eau  environ  dix- huit  grains, 
de  préfure  pour  deux  lii^res  de  lait , 
&  a  la  mêlée  dans  le  lait  qu'on  place 
enfttite  fur  des  cendres,  chaudes  ^ 
le  laie  au  mofeptè^  ceue  préfure». 
fe  caille  plus  ou  moins  v  ite  »  fuivaot 
le  degré  de  chaletir  qu'on  lui  donne*. 
Quand  on  deftine  le  caillé  i  êve: 
mangé  avant  que  le  petit  lait  s'ea 
foit  ieparé ,  la  chaleur  doit  être  uès^ 
douce  f  &  la  coagulation  plus  lente*. 
Si  l'on  ea  veut  laiic  du  fromage  > 
on  peut  aUerun  peu  plus^vîte^  & 
auuitôt  que  le  lait  eft  caillé.  ^  on.  le 
coupe  pour  donner  lieu  i  U  fépa* 
ration  du  petit  lait  j  on  le  met  en^ 
£tite  dam  des  clairons  pour  le  faire 
égoutter  \  enfin  &  c'eft  le  petit  laie- 
qu'on  veuille  avoir  »,  on  peut  faire, 
chauffer  beaucoup  davantage  »  hb 
Réparation  en  eft  plus  pcompte. 

Les  parties  butu^nies  »  caféeufes^ 
&  férenfes  du  lait  fe  uouvent  d V 
bocd  féparées  par  ces  premières  opé- 
cations  y,  mais  cette  psemière  Répa- 
ration n'eft  qu'imparfaite.  Ces  troi»^ 
matières  participent' encore  toutes 
tes  une»  des  autres  \.  pour  avoir  le* 
petit  lait  bien  clair ,  &  débarraflSr 
d'une  affez  grande  quantité  de  par* 
tîer.  de  froa^age  qu'il  contient  en-^ 
cote  y  parcequ'elles  a'oot  point.cté* 
fuffifamment  caillées  »    il   faut  le: 
clarifier  en  lui  faifant  ji^ter  unibouiU 
Ion  j  avec  une  quinzaine  de  urain» 
de.  crème  de  tartre  ».  de  un  olanc 
d'œuf  qu'on  y  mêle  bien  »  &  le  fiW 
iret  enfuiteâ.  navets  le  £agiei^  ^ri 


LAI 

r^refare  qu'on  emploie  pour 
e  Uit,  a*eft  autre  chofequ'u« 
fie  matière  laiteafe  qui  fe  trouve 
<lans  le  ventricule  des  veaux.  On 
iale  cette  matière{K>ar  la  conferver; 
«Ile  fent  le  vieux  fromage  »  Se  coa- 
gule le  lait  »  Darcequ'elTe  contient 
4ln  acide  fuffilant  quoiqu'il  ne  foie 
pas  bien  fenfîble.  Ceft  une  efpèce 
de  levain  propre  à  la  fermentation 
•acide  du  lait.  U  en  eft  de  même  de 
plufieurs  autres  fubftances  ,  teUes 
<]ue  les  fleurs  de  prefque  tous  les 
chardons ,  du  gallium  qui  fe  nomme 

Çir  cette    fuifon   cailU-Uit  »  &c. 
otttes  ces  matières  qui  ne  paroif- 
fent  point  acides ,  &  qui  ne  com- 
muniquent auaune  acidité  fenfible 
pa laie, le £int  néanmoins  très-bien 
cailler  »   fans  doute  à  caufe  d'un 
«cide  caché  qu*çlles  contîeniient. 
^  L'opération  qu'on  fait  pour  cla- 
rifier le  petit  lait  eft  néceflaire;car 
fi  1  on  enrreprenoit  de  l'éclaircit  «ar 
la  féale  filtration  après  la  première 
coagulation  »  il  ne  palTeroit  point  ^ 
ou  paiTeroit  encore  trouble ,  parce- 
qu'il  contient  encore  une  quantité 
confidérable  de  parties  de  rromsge 
très-divi/ées  qui  lot  font  adhéren- 
tes  j«fqu*à  un  certain  point ,  &  qu'il 
iaut  en  quelque    forte  caiHer  de 
nouveau  ou  plus  fortement  pat  Té- 
Imllition  avec  la  crémerie  tartre  fc 
avec  le  blanc  d'œuf. 

11  s'en  faut  beaucoup  que  le  petit 
lait  bien  clarifié  fort  un  pur^egme  : 
«1  eft  â  la  vérité  la  partie  la  plus 
aqueuiè  du  lait  ^  mais  il  eft  chargé 
<n  même  temps  de  tous  ceux  des 
i>rincipes  du  Mait  qui  font  difTolu- 
oies  dans  l'eau  »  aulfi  a-  t-^il  «ne  fa^ 
▼eut  fenfible  ;  cette  faveur  devient 
même  très-marquée  lorfqu'il  eft  ré- 
duit i-pet^près  i  moitié  par  l'éva- 
(cotation  :  eue  eft  (ocrée  te  un  peu 
lalée«  Le  petit  lait  ûenc  en  etfec  ea 


LAI  359 

diOution  une  quantité  adez  con- 
fidérable  de  fubftance  extraâhre  de 
la  nature  des  fucs  fucrés  j  aulfi  eft-» 
il  fufceptible  de  fermentation  ;  il 
eft  certain  que  iesTartares  en  font 
tme  boiflTon  fpiritueufe  ^  une  efpèce 
de  vin. 

Le  petit  lait  contient  outre  cette 
fiibftance  fucrée  fermentefcible  » 
plusieurs  elpèces  de  fels  qu'on  en 
peut  retirer  en  les  faifanr  criftaHi- 
fer.  Si  Ton  fait  évaporer  â-peu« 
près  les  trois  quarts  du  petit  Uit 
ciariSé ,  &  qu'on  le  4aifle  après  cela 
en  repos  dans  un  lieu  frais ,  il  s'v 
forme  «ne  certaine  quamicé  de  cril* 
taux  un  peu  roux.  Ce  fel  eft  le  v^ai 
fel  eflTentiol  de  lait  ;  on  le  nomme 
auflî  fucre  de  lait  ^  i  caufe  de  la  fa* 
veut  qui  eft  fenfiblcment  fucrée  ; 
mais  cette  couleur .  Se  cette  fareuc 
font  étrangères  are  femelles  luiTÎen^ 
nent  de  la  fubftance  extraAive  que 
contient  la  liqueur  dans  laquelle  il 
s'eft  criftallifé  \  iiinfi  en  faifant  biçii 
égoutter  ces  criftaux ,  les  diflblvant 
enfuite  dans  de  l'eau  pure,  8c  let 
faifant  criftalHfer  une  fisconde  fois 

λr  l'évapocatton    Se  le  refroidif- 
ement  ^,  on  les  obtient  beaucoup 
plus  blanfcs   &  moins  fucrés.    On 
petn:  en  réirérant  cette  manœuvre 
«ne  troifième  on  même  une  qua- 
trième fois  fi  cela  eft  néceflaire» 
avoir    ces    criftaux.    parfaitement 
blancs  >  Se  prefque  fans  faveur ,  £ar 
ce  fel  en  a  rrès-peu  lorfqu'il  eft  pur. 
La  Kqueur  qui  a  fourni  ces  pre- 
miers criftaux  en  contient  encore 
qu'on   peut  obtenir  par  le  même 
moyen.    Si  après  tm  on    a   retiré 
«ne  féconde  levée  de  fel  de  lait  » 
on  continue  â   la  faire  évaporer, 
alors  il  fe  criftallifé  un  peu  de  (èl 
commun  ,  Se  enfin  Vean  amère  qui 
refte  contient  ,  â  ce  qu^aflure  M* 
-Bamné  dans  fa  pharmacie ,  d^  t'ai- 

Vv  ij 


340.  ^     LAI 

caii  fixe  bien  caraAérifé  »  qu'on 
ohcicDC  par  conféqaenc  fans  corn- 
buiUon. 

On  doit  renaarquer  que  le  laie  2c. 
par  conféqaenc  le  petit  lait  y  pe 
contenant  aucun  principe  plus  v  o- 
latil  que  Peau,on  ne  perd  rien  de  ces 
compofés ,  tant  qu'on  ne  les  eipofe 
point  à  un  degré  de  chaleur  (upé- 
lieur  à  celui  de  l'eau  bouillante; 
9iais  fi  l'on  foumet  â  la  diftillation 
à  feu  nu  le  réfidu  du  petit  lait 
évaporé  au  bain-marie  jafqu  â  fie- 
rté, comme  l'a  fait  M.  GeofFroi, 
on  en  retire  d'abord  du  flegme  » 
enfuite  un  efprit  acide  de.  couleur 
citrine  9  enfuite  une  huile.  aflTesL 
épaiCe  \  enfin  il  refte  d^s  la  cornue 
«n  réfidtt  charbonneux  qui  sf^u- 
iue£ke  à  l'air ,  i  caufe  des  fubi^n^es 
falines  avec  lefqueltes  il  eft  mêlé 

Le  laie  eft  beaucoi^  employé 
dans  les  alimens  &  dans  la  méde- 
cine ;  il  eftadoucilTant ,  incraÛant , 
xafraichiflanc ,  reftauranr ,  cicaui- 
fa^c^  il  convient  dans  L'âcreté  des  hu- 
meurs^tellesqueles  darrres>1es  éréfi 
p)les,  la  goutte ,  quand  ces  affolions 
ne  fpnt  point  accompagnées  de  fiè- 
vre 9  &  dans  les  fuppuratîons  inter- 
nes »  la  phtyfie  »  les  fièvres  lentes  & 
le  marafme  ,  fouvent  mcme  on  y 
met  les  malades  pour  toute  nour- 
ricure  >  &  il  produit  ordinairement 
de  bons  effets.  Mais  il  eft  i  remar- 
quer qu'encore  que  le  lait  foit  un  ^li- 
ment déji  préparé  par  la  nature  ,  6c 
,  pour  ainfi  dire  digéré  »  il  y  a  beau!* 
coup  de  tempéramens  qui  ne  peu- 
vent s'en  accommoder  ^  il  eft  très- 
&jet  à  occafioiuier  deux  tnconvé- 
nieiis  contraires  »  c'eft^-dire  »  des 
«ours  de  ventre  ou  dés  conftipations 
ppiRiâitres  :  on  j  remédie  foit  en  le 
coupant  avec  de  l'eau  eu  q^elq^ies 
méaicjunensappropriés,  foit  en  choi- 
lif&ihtfiîlait  de  i'anuiulqpi  convient 


LAI 

le  mieux  au  tempérament  &  i  la 
maladie  auxquels  on  a  affaire  :  car 
y  a  quelques  différences  dans  les 
vertus  médicinales  du  lairdes  dif- 
férens  animaux.  On  a  obfervé ,  par 
exemple,  que  le  lait  de  chèvre  con* 
vient  mieux  aux  perfonnes  fujettes 
à,  être  dévoyées  par  le  lait  »  que  ce- 
Itd  de  vache. 

Le  petit  lait  n  eft  point  employé 
comme  aliment ,  parcequ'étant  pri- 
vé des  parties  de  beurre  8c  de  no- 
mage  qui  font  alimenteufes  »  il  eft 
beaucoup  moins  nourriffant  que  le 
lait  entier  ^  il  l'eft  ce^ndant  un  peu 
à  raifon  de  la  matière  fucrée  qu'il 
contient  :  il  eft  adouciffant  8c  ra- 
fraîchîffànt  comme  le  lait  »  8c  on 
peut  l'employer  comme  tel  dans 
les  mêmes  maladies  \  mais  il  eft 
beaucoup  plus  délayant ,  apéri- 
tif &  laxatif  ;  on  le  fait  fouvent  fer- 
vir  d^excipient  ou  de  véhicule  à  dif- 
férentes (ortes  de  médicamens. 

On  appelle  jeune  lait ,  le  lait 
d'une  feixlme  accouchée  depuis  peu» 
Et  ri^npç  lait ,  celui  d'une  femme 
accouchée  depuis  long-temps.    *" 

On  appelle  fièvre  de  lait ,  nne 
fièvre  qui  vient  aux  femmes  dans 
les  premiers  jours  de  leurs  couches» 
2ç  qui  eft  canfée  par  le  lait  qui  com* 
mence  i  leur  venir. 

Cette  fièvre  dont  les  femmes  qui 
nourriffent  leitrs  enfans  (ont  pref- 
que  entièrement  exemptes  >  n'a  au<» 
Clin  fymptome  particulier  que  la"* 
^uleur  tenfive  des  mamelles  qui 
fe  continue  juique  fous  les  aiflelles» 
au  dos  &  aux  épaules.  Elle  fe  ter- 
mine ordinairement  en  trois  on 
quatre  jours,  fans  accident  fâcheux» 
8c  fans  exiger  aucun  fecours  Icrf- 
qu'elie  eft  contenue  dans  les  bor- 
nes ordinaires  \  il  fuffit  d^aftceindre 
la  nouvelle  accouchée  â  un  régime 
tM/Si  \  le. moindre  excès  dao»  W 


LAI 

manger  peut  avoir  de  très  Biche\i)c 
inconvéniens  :  la  diète  un  peu  fé- 
Yère  a  outre  cela  l'avantage  réel 
d*einpècher  une  abondanre  fécré- 
rion  de  lait.  Il  faut  avoir  grand 
ibin  de  tenir  toujours  les  mamelles 
enveloppées  de  linges  chauds  y  on 
peut  mime  les  humeâer  avec  les 
déçoâions  d'anis  ,  de  fenouil  »  de 
menthe  ,  de  fleurs  de  fureau ,  plan* 
tes  dont  Tufage  eft  prefque  confa- 
cré  pour  favorifer  la  dimpation  du 
lait.  Si  la  fièvre  miliaire  fe  met  de 
la  partie ,  il  faudra  recourir  aux 
légers  cordiaux  &  diaphorériques , 
quelquefois  aux  veficatoires.  Si  le 
cours  des  vidanges  eft  dérangé  ,  di- 
minué ou  fttfpendu  totalement ,  il 
faut  tourner  promptement  Ces  vues 
de  ce  côté ,  &  employer  les  fecoUrs 
propres  â  remettre  cette  fécrétion 
dans  fon  état  oaturel. 

On  appelle  laU  répandu  ou  épan- 
ché ^  une  forte  de  levain  vicieux  » 
occalionné  par  un  lait  repompé  qui 
imprime  au  fang  8c  aux  humeurs  un 
mauvais  caraâère  ,  &  qui  prépare 
ainfi  de  loin  j  tantôt  des  ophtalmies > 
tantôt  des  ulcères ,  quelquefois  des  j 
tumeurs  dans  différentes  parties  -,  ' 
chez  quelques  femmes ,  des  attaques 
de  vapeurs  ;  dans  d'autres ,  Une  fuite 
d*indifpofitions  fouvent  plus  f  âcheu- 
fes  que  des  maladies  décidées.  Tou* 
tes  cef  maladies ,  effet  du  lait  ré- 
pandu f  font  ordinairement  rebelles, 
te  cèdent  rarement  aux  remèdes  ufi- 
tés.  C*eft  aufli  une  tradition  qui  fe 

Iierpétue  chez  les  femmes ,  oue  ces 
brtes  d  accidens  font  incarables  :  on 
voit  que  cette  tradition  n  eft  pas 
tout-à-fait  fans  fondement  :  au  refte 
une  des  grandes  caufes  d'incurabi- 
lité ,  eft  que  dans  le  traitement  on 
perd  de  vue  cet  objet ,  on  oublie  , 
ou  Ton  ne  fait  pas  attention  que 
cette  maladie  eft  produite  ou  enuc- 


XAI  5-41 

tenue  par  un  lait  répandu.  Ce  qui 
donne  occafion  au  repompemtnC'& 
à  répanchement  du  laie  ,c'eft  Tînat- 
tention  &  l'imprudence  des  nourri- 
ces qui  étant  dans  le  deiïein  de  ne 
plus  nourrir  »  négligent  tous  les  fe- 
cours  propres  â  faite  perdre  leur 
lait ,  ou  Ce  contentent  ae  quelques 
applications  extérieures ,  inefficaces 
ou  trop  actives ,  fans  continuer  pen- 
dant quelque  temps  de  fe  faire  té- 
ter ,  ou  d'exprimer  elles-mêmes  leur 
lait  furabondant.  La  même  chofe 
arrive  aux  nouvelles  accouchées  qui 
ne  veulent  pas  allaiter ,  lorfque  la 
fièvre  d^  lait  eft  foible  Se  de  courte 
durée  »  de  qu'elle  n'eft  point  fup- 
pléée  par  des  vidanges  abondances^ 
ou  quelqu'autre  excrétion  augmen- 
tée \  alors  le  lait  repompé  dans  le 
fang  fe  mêle  avec  lui  &  l'altère  in- 
fennblement.  .     ^ 

Il  eft  plus  facile  de  prévenir  les 
défordres  du  lait  répandu ,  que  de 
les  réparer  ou  de  les  faire  ceffer  : 
ainfi  lorfqu'une  nourrice  veut  ceffer 
de  l'être  »  elle  doit  s'aftreindre  à  une 
diète  médiocre  ,  n'ufer  que  d'aii- 
mens  légers ,  de  peu  de  fuc  j  prendre 
quelques  purgatifs  légers*  des  lave* 
mens  réitérés  :  les  diurétiques  con- 
viennent auffi  très- bien  :  la  térében- 
thine jointe  à  la  poudre  de  clopor^ 
tes ,  eft  celui  dont  on  ufe  le  plus  fa- 
milièrement »  &  dont  on  éprouve  le 
fuccès  le  plus  prompt  Se  le  plus  con* 
ftant.  On  peut  laiffer  à  la  femme  U 
liberté  &  le  choix  d'applications  fur 
les  mamelles  ,  pourvu  cependant 
qu'elles  ne  fuient  pas  trop  aftrin- 
genres  ou  empiaftiques  :  il  ne  faut 
pas  non  plus  les  envelopper  Se  les 
aflbiiïer  fous  le  poids  des  linges  Se 
des  caraplafmes  «  dans  la  vue  de  les 
tenir  chaudes.  Avec  ces  précautions  , 
ces  topiques  peu^enr  êtfc  appliqués 
avec  quelque  fuccès  »  du  moins  (ans 


34»  lAI 

tnconvénlenc.  Lorfqu'on  a  négligé 
«es  remues  *  ou  qu'ils  ont  icé  fans 
effet  j  que  le  lait  répandu  a  excité 
quelques  maladies  j  outre  les  remè- 
des particulièrement  indiqués  dMs 
cette  maladie ,  il  faut  aroic  recours 
aux  diurétiques  ,  aux  légers  dia- 
phorétiques  »  aux  différens  Tels  neu- 
tres ,  &  furrout  aux  eaux  minérales 
dont  le  fuccès  eft  prefque  afsûré. 

On  a|>pelle  cailiement  de  lait  y  poil 
de  lait  y  un  accident  adez  ordinaire 
aux  femmes  qui  ne  veulent  pas  nour- 
rir ,  ic  aux  nourrices  qui  ne  fontpas 
fuffifamment  tétées  ,  &  qui  laident 
par  U  engorger  leurs  mamelles.  Il 
eft  aafli  quelquefois  occasionné  pac 
des  paffiont  dame  vives ^  pac  la  co- 
lère ,  par  une  grande  &  fubite  joie, 
patvune  terreur  »  par  ^%  applica- 
rions  acides  »  aftrinzenres  fur  les  ma- 
melles ,  par  un  air  noid  agidànt  trop 
immédiatement  (ur  une  gorge  de 
nourrice  imprademmem  «couver- 
te y  &  furrout  par  l'ufage  trop  çon« 
rinué  d'alimens  gélarineux  ,  auftè- 
res  »  acides^  &c. 

Si  Ton  ne  remédie  pas  tout  de 
fuite  à  cet  accident ,  il  peut  avoir 
des  fuites  facheufes  î  il  occafionne 
alTez  ordinairement  Tabcès  ou  apof- 
tème  des  mamelles  ;  quelquefois  la 
tumeur  s'endurcit ,  devient  fquir- 
reufe ,  &  dégénère  enfin  en  cancer , 
conime  Fabrice  deHilden  dit  Ta  voir 
obfervé. 

On  ne  peut  remédier  à  cet  acci- 
dent plus  sûrement  &  plus  promp- 
cement,  quen  faifant  teter  force- 
ment la  remme  ;  mais  comme  le 
lait  vient  difficilement ,  Penfant  ne 
fatiroit  ètce  propre  i  cet  emploi  j  il 
faut  alors  £e  fervir  d  une  perfonne 
robufte ,  qui  puifle  vider  &  tarir  en- 
tièrement les  mamelles,  il  eft  vrai 
<}ue  la  fuccion  entretient  la  difpod* 
CiM  i  l'engorgement ,  Se  attire  de 


LAÏ 

nouvelles  tumeurs  aux  mamelles  ; 
ce  qui  eft  un  bien  C\  la  femme  veut 
continuer  de  nourrir  »  Se  n*eft  pas 
un  grand  mal  fi  elle  eft  dans  un  def- 
fein  contraire  ;  car  il  eft  bien  plus 
facile  de  difliper  le  lait  fluide  &  na- 
turel ,  que  de  le  refondre  &  Téva- 
cuer  lorfqu  il  eft  erumelé.  On  peut 
hâter  ou  raciliter  la  réfolution  de  ce 
lait  par  les  applications  réfolutives 
ordinaires;  telles  font  celles  mai  font 
com potées  avec  les  plantes  dont  on 
a  parlé  pour  la  fihre  de  lait  ;  tels 
font  auur  les  cataplafmes  de  miel  • 

des  quatre  farines  t  &c. 

Ou  appelle  frère  de  lait  »  Jœur  it 
lait  ^  Tenfant  de  la  nourrice  par  rap* 
port  â  fon  nourrilTon.  On  le  ditauffi 
de  deux  enfans  étrangers  qui  ont 
fucé  le  même  lait. 

On  appelle  veau  dt  lait  »  cochon 
de  lait  »  un  veau  ,  un  cochon  qui 
te^te  encore. 

Figurément  &  familièrement  on 
appelle  vacke  à  lait  »  les  oerfonnes } 
&  par  exteniion,  les  choies  dontpii 
tire  un  profit  continuel.  Son  oncle 
ejl  une  vache  à  lait  pour  lui.  CeprO" 
ces  efi  une  tonne  vache  k  lait  pour  ce 
Procureur. 

On  apoelle  dents  de  lait^  les  pre- 
mières dents  qui  viennent  aux  en* 
fans ,  6c  même  aux  chevaux. 

On  dit  proverbialement  &  figu- 
rément ,  ^ une  perfonne  a  une  dent 
de  lait  contre  quclqu*un ,  quelle  lia 
garde  une  dtnt  de  lait;  pour  dire  » 
qu  elle  lui  veut  du  mal  ,  qa  elle  a 
une  ancienne  rancune  contre  lut. 

On  appel  le  lait  clair  ou  petit  lait , 
la  férofice  qui  tombe  du  laie  lorfau^ii 
fe  caille.  Et  lait  coupé ^  du  lait  oans 
lequel  on  a  mis  une  portion  d'eau. 

On  dit  proverbialement  &  '  figu* 
cément  «  que  le  vid  eft  le  laU  des 
vieillards. 

On  dit  proverbialemeoc  Se  figu- 


lAI 

liment  d^ane  perfonn^  qui  reçoit 
avidement  coaces  fortes  de  louan- 
ges ,  oaà  <|ui  on  fait  croire  aifément 
tout  ce  qui  la  flatte  »  ou  qui  par  baf- 
feffe  de  cœur  ou  par  difunaulation  » . 
ludè doucement  fur  les chofes qaon  | 
lui  dit  pour  la  piquer ,  quVZ^^  avale 
êcla  doux  comme  au  lait.  - 

On  dit  auifi  proverbialement  & 
figurément  »  botûUir  du  lait  à  quel- 
qu'un ;  pour  dire  »  faire  plaifir  à 
quelqu'un  ,  lui  dire  des  chofes 
agréables. 

On  dit  encore  figi^rcment  &^o- 
verbialeœeni ,  on  me  bous  du  lait  ^  il 
me  femile  quon  me  iout  du  lait , 
quand  on  me  dit  cela  ;  pour  dif  e  , 
on  fe  moque  de  moi ,  il  me  femble 
qu'on  fe  moque  de  moi  >  qu'on  me 
uaite  d'enfant. 
On  appelle  Joupe  dclait  y  la  coulecu 
de  cet  tains  chevaux  blancs  tirant  fur 
rifabelle«  Une  jument  foupe  de  lait. 

On  appelle  aufli  de  la  m^me  ma- 
nière certains  pigeons  d'un  blanc 
ifabeUe  y  des  pigeons  foupe  de  laie. 
Lait  ,  fe  dit  auïïi  d'une  certaine  li- 
queur  blanche  qui  eft  dans  les  oeufs 
frais  9  quand  ils  font  cuits  bien  à 
propos» 
Lait,  fe  dit  encore  du Cic  Blanc  qui . 
(on  de  <|aelques  plantes.  6c  de  quel- 
ques fruits  ,  coname.  la  laitue  „  les 
tithimales-,.  &c. 
JLait  virginal»  fe  dit  en  termes  de 
Pharmacie  de  plufieurs  liqueurs  ren- 
dues laiteufes  ^  c*eft  ^-dire  ,  opa- 
ques &  blanches,  par  un  précipité 
blanc  &  très- léger  ,.  focmà  &  fuf- 
l^ndu  dans  leur  fein« 

Celle  de.  ces  liqueurs  la  plus  con- 
nue eft  une  teinture  de  benjoin  pré- 
cipitée par  L'eao.  Une  réfine  quel- 
conque j  difloute  dans  de  Tefpru  de 
via»  6c  précipitée  par  l!eaa^  four- 
jiiioit  un  lait  virginal  pareil  àcelui- 
ci:>  qui  a'a  prévalu,  oans  Tufa^e  j^ 


LAr        .     345 

que  par  l'odeur  agréable  6c  l'acret^ 
modérée  du  benjoin.  Le  lait  virginal 
du  benjoin  eft  un  remède  externe  » 
recommandé  contre  les  taches  da 
vifage»  Ce  cofmétique  n'a  dans  la 
plupart  deccscas»  qu  un  fuccès  fore 
médiocre. 

Une  autr#  liqueur  fort  différente 
de  la  précédente  »  &  qui  porte  le 
nom  de  lait  virginal  dans  quelqjiie» 
livres  clafliques ,  dans  la  chimie  de 
Léoaer  y ,  par  exemple  »  c'eft  le  vinai^ 
gre  de*  Saturne  précipité  par  l'eau» 
.  Ce  remède  eft  vanté  contre  les  dar-» 
très  ,  les  éruptions  éréfinélateufes  ^ 
&  prefque  toutes  les  maladies  de  ht 
peau.  Son  ufage  mérite  quelque  con* 
fidération  dans  la  pratique  ».  à  caufe; 
de  fa  qualité  rêpercufllve. 
Lait  »  fe  dit  auffi  de  ^elques  autres 
liqueurs  artificielles,  par  la  reflem- 
hlance  qu  elle&ont  avec  le  lait  j  telles- 
font  les  émulfions  faiite»  avec  lea 
amandes  qu'on  appelle  lait  d'aman* 
de»;,  telle  eft  l'eau dans^ laquelle  on 
a  éteint  de  la  chaùs  y.  lorfqu  elle  eft 
blanchie  par  les  particules  les  plui> 
tenues  de  cette  matière ,  &  qu'on 
pomme  /it/r  de  chaux  ;  telle  eft  auflt 
la  diflbiution  dafoiede  foufre ,  Ibrf^ 

?iuW.  vient  d*f  mêler  un  acide  qui 
ait  paroître  blanches  les  molécules, 
defoqfre  fufpendues  dans  la  liqueur 
a  caufe  de  leur  divifion. 

On  appelle  voie  de  lait\  cette  Ibo-<^ 
gue  trace  hèanche  &  lumineufe  qui 
paroit  la:  nuit  au  ciel*  qu'elle  fem- 
ble divifer  en  deux  parties^  On< 
la  nomme  autrement  voie  laRée  6c 
galaxie  y  &  vulgairement  le  chemin 
de  S.  Jacques^  Voyez^.  Ga^laxib, 

Lait  pb  lunb  ^^  fè  dit  en  termes  de 
Chimie  &  de  Naturaliftes»  d'une 
terre  calcaire  blanche ,  légère ,  peni 

,  liée  &  (emblabie  ide  la  farine  rxetto: 
fttbftance  fe  trouve  prefqu'en  tout 

i    pay«  '^  elle  ne  focme  jamais,  de  lus 


34+     •  I-^ï 

ou  de  couches  ftiivies  dam  le  fein  de 
la  terre  %  onis  oïl  \a  rencontre  dans 
les  fentes  des  rochers ,  &  adhérence 
anx  parots  de  auelqoes  cavités  fou- 
lerraines  où  elle  a  été  dcpofée  par 
les  eaux  qni  avoient  encramé  ,  lavé 
&  détrempé  cette  efpèce  déterre. 

On  dit  que  le  nom  de  ia'ft  de  lune 
a  été  donné  â  cette  fubftance ,  parce 
qu'elle  blanchit  Teau,  &  lui  fait 
prendi^  une  couleur  de  lair  j  cela 
vient  de  la  finedè  de  fes  -parties , 
qui  les  rend  très  -  inifcibles  avec 
Teau  :  elle  fait  cffervcfcence  avec 
cous  les  acides  \  ce  qui  cavaûérife 
fa  narure  calcaire. 

On  regarde  le  lait  de  lune  comme 
un  excellent  abforbanc ,  qualité  qui 
lui  eft  commune  avec  les  yeux  d'é- 
crevifTes  ,  U  magnéfie  blanche ,  &  ' 
d'autres  préparations  de  la  pharma- 
cie y  auxqudbs  il  eft  plus  sûr  de 
recourir  qu'à  une  cette  qui  <^elque 
pure  qu'elle  paroiflejpeut avoir  pour- 
tant contraâé  àes  qualités  aiiifibles 
dans  le  fein  de  la  terre, 

LAITAGE  y  fubftantif  mafculin  & 
terme  d'économie  ruftique ,  par  le- 
quel on  défigâie  le  lait  mèn>e  &  tous 
les  alimens  qui  s'en  tirent  »  comme 
le  beurre  »  la  crème  »  le  frpmage , 

J.A1TANCE  og  LAITE  j  fubftantif 
féminin.  Cène  partie  des  entrailles 
des  poiftbns  maies ,  ^i  eft  de  fub- 
ftance blanche  8c  molle ,  &  qui  ref 
femble  à  du  lait  caillé»  La  laitance 
d'une  carpe.  La  laite  d'un  brochet. 

LAITE,  ÉE}  adjeé^f-  H  fe  dit  des 

C)i(rons  qui  ont  dé  la  laite  ,  de  la 
ttance.  Un  hareng  laite  f  Une  carpe 
laitée. 

JLAITERIE  i  fubftantif  féminin.  Lieu 
ou  l'on  ferre ,  où  Ton  met  le  lait  des 
vaches,  àt$  chèvres,  des  brebis, 
§f^,  9H  Ton  fdit  la  ^r^me  »  U  heur- 


LAI 

re  t  les  froniAget ,  &c.  La  laiterie 
doit  être  tenue  proprement. 
LAlTERONj  fubftantif  mafc.  Son- 
chus.  Mante  dont  i4  v  n  plufteurs  ef- 
pèces  parmi  U fiqiielles  on  en  diftio- 

Î;ue  trois  principales  ,  qui  font  le 
aiteron  doux  ,  le  laiteron  épineux 
&  le  petit  laiteron. 

Le  Uiteron  doux  eft  une  plante 

3 ni  crok  partout ,  dans  les  jardins  ^ 
ans  les  blés ,  dans  les  vignobles , 
fur  les  levées  &  lé  long  des  chemias» 

[principalement  dans  les  champs  dont 
e  terrain  eft  un  peu  gras.  Sa  racine 
eft  petite  ,  fibrte  St  blanche}  elle 
potme  une  tige  ï  la  hautear  d'un 
pied  &  demi ,  creufe  en  dedans  ^ 
tendre ,  cannelée  ,  nn  peu  purpu- 
tittp  :  fes  feuilles  font  afles  longues , 
li0es,  plus  larges  &  plus  tendres 
que  celles  du  piflenlit ,  découpées 
en  leurs  bords,  remplies. d'un  fac 
laiteux,  rangées  alternativement, 
les  unes   attachées   à   de  longues 
queues ,  les  autres  fans  queue ,  em- 
brasant la  tige  par  leur  bafe  qui  eft 
plus  large  que  le  refte  de  la  feuille  : 
les  fleurs  naiftent  en  Mai  &  Juin , 
aux  fommités  de  la  tige  &  des  bran*» 
ches ,  par  bouquets  à  demi  fleurons 
jaunes ,  quelquefois  blancs  ,  fem- 
blables  aux  fleurs  du  piflenlit  :  il  fuc* 
cède  â  ces  fleurs  des  fruits  de  figure 
conique  ,  qui  contiennent  de  pe^ 
tites  femences  oblongues ,  brunes  9 
rougeâtres  ,  garnies  chacune  d'une 
aigrette  ;  toutes  les  parries  de  cette 
plante  font  laiteufes  \  elle  eft  bonne 
a  manger  en  falade ,  avant  qu*eUe 
ait  pouflé  fa  tige. 

Le  laiteron  épineux  reflemble  afles 
i  la  précédente  efpèce  t  fes  feuilles 
font  un  peu  laciniées ,  garnies  d'é- 
pines longues  8c  dures  :  la  plante 
.  rend  un  me  laiteux  &  amer  r  ell^ 
croît  au  mêmes  lieux  que  la  préci- 
dentç. 

U 


LAI 

Le  petit  latteron  dit  Terfâ-Crcpe^  a 
une  racine  grêle  ,  longue  8c  fibreu- 
fe  \  fes  tiges  font  ratneufes  ;  Tes 
feuilles  font  moins  découpées  que 
celles  de  l'endive  ;  fes  fleurs  font 
jaunes^  fes  femences  font  aigrectées  : 
elle  croit  naturellement  fur  les  col- 
lines pierreufes  »  fur  les  levées , 
dans  les  décombres  des  édifices  :  elle 
fleurit  tout  Tété  :  il  y  a  des  endroits 
où  on  la  cultive  dans  les  jardins  po- 
tagers ,  pour  la  manger  en  falade. 

L'ufage  de  ces  trois  efpèces  de 
laiteron  eft  â  peu  prèsie  même  :  ces 
plantes  ont  un  goût  herbeux  ,  falé  j 
&  rougiflent  le  papier  bleu  :  elles 

/  font  rafraîchiflantes.  Bien  des  pau- 
vres en  mangent  pendant  Thiver  les 
racines  fraîches  aflaifonnées  comme 
les  autres  légumes.  La  décoâion  des 
feuilles  eft  aflez  bonne  pour  aug- 
menter le  lait  aux  nourrices  :  les 
vaches ,  les  lapins ,  les  lièvres  & 
les  autres  animaux  domeftiques  s'en 
nourriflent  avec  plaifir. 

LAITEUX.  EUSEi  adjcûif.  Ilfedit 
de  certaines  plantes  qui  ont  un  fuc 
femblable  à  du  lait.  Une  plante  lai^ 
teufe. 

En  termes  de  Lapidaires  on  dit 
de  certaines  pierreries ,  c\xil  elles  font 
laiteufes  ;  pour  dire  ,  que  le  blanc 
en  eft  trouble. 

LAITIER  ^  fuftantif  mafculin  Se  ter- 
me de  Fonderie.  Matière  femblable 
â  du  verre  qui  nage  au-deflus  du 
métal  fondu. 

LArnÈRE;  firbftantif  féminin.  Lac- 
taria.  C'eft  celle  qui  dans  les  grandes 
villes  prépare  le4>eurre^,  la  crème  » 
le  fromage .  ainfl  que  le  fait  la  fer- 
mière à  la  campagne. 

L'art  de  la  laitière  eft  auflS  (impie 
que  les  inftrumens  qu'on  y  emploie , 
mais  il  exige  une  extrême  propreté. 
Malgré  cette  fimplicité  »  les  Anciens 
Qtït  ignoré  long-temps  »  i  ce  qu'il 
Tom  Xf^. 


LAI  345 

paroît ,  la  manière  de  faire  le  beiAs- 
te.  En  barbarie  la  méthode  ufitée 

f^our  cette  opération  ,  eft  de  mettre 
e  lait  ou  la  crème  dans  une  peaade 
bouc  attachée  à  une  corde  tendue  , 
&  de  le  battre  des  deux  côtés  uni- 
formément. Ce  mouvement,  occa-i 
fionne.une  prompte  féparation  des 
parties  butireufes  d'avec  les  parties 
féreufes. 

Chez  nous  la  laitière  trait  le  lait 
des  vaches  ,  en  comprimant  leurs 

{ns  entre  fes  doigts.  Elle  reçoit  ce 
ait  dans  un  feau  bien  propre ,  Se 
le  porte  â  la  laiterie  dans  de  grandes 

I'attes  ,  ou  dans  des  terrines  de  grès, 
.a  lairerie  doit  être  ficuée  dans  un 
endroit  bien  frais  ,  &  qui  ne  (bit 
point  expofd  au  foleil  j  &  même 
dans  les  grandes  chaleurs  on  y  jette 
de  l'eau  pour  la  tenir  plus  fraîche  : 
tous  les  paflages  Se  ouvertures  en 
font  interdits  aux  chats  &  autres 
animaux.  Il  y  règne  tout  autour  une 
banquette  de  pierre  i  hauteur  d'ap- 
nï%  fur  laquelle  on  range  toutes 
es  jattes  :  le  mieux  eft  qu'il  y  ait 
dans  la  longueur  de  ces  banquettes', 
ÀQS  rainures  qui  cond.uifent  dans  les 
cuviers  la  liqueur  féreufe  qui  dé- 
coule des  fromages. 

La  laitière  met  tout  le  lait  qu'elle 
a  trait  dans  ces  vafes  de  grès  :  lorf-* 

Îju'il  eft  refroidi  &  repofé ,  la  crème 
îirnage  \  pour  lors  elle  l'enlève  fuc« 
ceflivement  de  toutes  les  jattes  avec 
une  large  coquille  bien  propre  »  Sc 
la  met  dans  un  pot ,  jufqu'à  ce  qu'elle 
en  ait  réuni  une  aflez  grande  quan* 
tité  pour  l'employer^Lorfqu^elle  veuc 
faire  le  beurre ,  elle  jette  la  crème 
dans  la  baratte  qui  eft  un  vaifleau  de 
bois  fait  de  douves ,  plus  étroit  pat 
en  haut  que  par  en  bas ,  dans  lequel 
on  bat  la  crème  pour  en  tirer  le 
beurre. 
On  retire  aflez  ordinairement  de 


i 


34^  LAI 

dix  Tivres  de  laie  ^  trois  livres  de 
beurre.  Le  trop  grand  froid  ou  la 
trop  grande  chaleur  empêchent  éga- 
lement le  beurre  de  prendre  :  dans 
le  premier  cas  il  faut  le  battre  aflfcz 
près  du  feu  'y  Se  dans  le  fécond  il 
faut  mettre  de  temps  en  temps  la 
baratte  dans  de  Teau  fraîche.  Le 
meilleur  beurre  &  le  plus  edimé  elt 
celui  qui  eft  jauQe  naturellemenr. 

Lorfque  la  laitière  veut  préparer 
des  crèmes  fouettées ,  elle  prend  de 
la  crème  bien  douce,  y  met  du  fucre 
en  poudre  ,  une  pincée  de  gomme 
adragant  pulvérifée  ,  un  peu  d*eau 
de  fleurs  d*oranges  ,  &  elle  fouette 
enfuite  la  crème  avec  U4ie  poignée 
de  petits  ofiers  blancs.  L'air  s'inter- 
pole encre  la  crème  agitée  j  &  la 
réJuit  en  une  mafTe  très-légère  que 
Ton  difpofe  en  pyramide ,  &  dont 
on  peut  relever  le  goût  &  Télégance, 
en  y  furfemant  de  petites  dragées , 
&  en  la  lardant  de  petits  morceaux 
de  citrons  verts  confits ,  &  de  con- 
ferves  de  différentes  couleurs. 

La  laitière  prépare  auflS  les  fro^ 
mages  :  elle  en  fait  de  deux  efpèces  \ 
les  uns  font  écrémés ,  &  d'autres  ne 
le  font  pas  :  elle  fait  ceux  qui  font 
écrémés  avec  la  partie  caféeufe  qui 
refte  après  que  le  lait  a  été  écrémé 
pour  taire  du  beurre  ;  mais  lorf- 
qu  elle  veut  faire  ces  fromages  â  la 
'  crème  fi  délicats  ,  qu'on  fert  fur  les 
meilleures  tables  ,  elle  prend  autant 
.  de  la^t  que  de  crème  \  elle  délaie 
dans  deux  cuillerées  de  lair ,  gros 
comme  une  fève  de  préfure^  Se  kt 
met  avec  le  lait  &  la  crème  ;  elle 
pnife  le  tout  à  travers  un  tamis  de 
crin  dans  une  terrine,  lui  laifle  pren- 
dre forme  *  &  le  mer  enfuite  avec 
une  cuiller  dans  de  petits  paniers 
d'ofiers  ,  ou  moules  de  fer  blanc, 
pont  le  laiffer  égoutter  j  elle  verfe 
enfuite  par-delfus  ce  fromage  de  b 


lAI 

crème  douce  ,  dans' laquelle  elle  à 
fait  fondre  du  fucre  en  poudre. 
^oyq[  Fromage. 

On  dit  d'une  vache  qui  donne 
beaucoup  de  lai  t ,  que  c'ejl  une  bonne 
laitière.  Et  la  même  chofe  fe  dit  fa- 
milièrement d'une  nourrice  qui  a 
beaucoup  de  lait. 

LAITON,  fubftaniif  mafculin.  Ccft 
le  cuivre  jaune.  f^oye:[  ce  mot. 

LAITUE  j  fubftantif  féminin.  Xâ^ifor. 
Plante  demi  -  fleuronnée  fort  con- 
-nue ,  Se  qui  eft  ainfi  appelée  du  fuc 
iaiteux  qu'elle  répand  quand  on  la 
rompt.  On  la  diftineueen  deux  ef- 
pèces principales  ,  (avoir,  en  laitue 
cultivée  &  enfauvage. 

La  laitue  cultivée  ou  domeftiqut 
comprend  plufieurs  efpèces  en  fous- 
ordre  ,  eu  égard  à  la  groffeur ,  à  la 
figure  &  à  la  couleur  ;  il  y  en  a  de 
blanche  ,  de  noire ,  de  rot]ge ,  de 
pommée ,  de  crépue ,  de  lioe  on  de 
découpée.  De  toutes  ces  efpèces  de 
laitue  cultivée,  il  y  en  a  trois  prin- 
cipales d'un  ufage  fréquent  ,^  foit 
dans  les  alimens  ,  foit  dans  les  re- 
mèdes \  favoir ,  la  laitue  non  pom^ 
mée ,  la  laitue  pommée  &  la  laitue 
romaine,  nommée  auflS  chicon.  Par- 
mi les  laitues  fauvages  ,  celle  à  côte 
épineufe  eft  la  plus  en  ufage  parmi 
nous. 

La  laitue  non  pommée  eft  une 
plante  potagère  »  qui  étant  bleflce 
en  quelqu'une  de  {es  parties,  donne 
un  lue  laiteux  :  fa  racine  eft  longue , 
épaiffe  &  fibrée  :  fes  feuilles,  font 
larges  ,  lifles ,  d'un  vert  pâle  ,  fuc- 
culentes  Se  agrétbles  étant  feanes  \ 
mais  elles  deviennent  amères  quand 
la  tige  paroît  ;  cette  tige  eft  ferme» 
cylindrique ,  feuillée,  haute  de  deur 
pieds  y  branchue  ,  portant   en  fes 
fommités  de  petites  fleurs  jaunes , 
qui  font  des  bouquets  â  demî-fleu- 
rons  aux<juels  fuccèdent  de  petites 


LAI 

femences  garnies  d  aigrettes  Doln- 
tues ,  aplaties  &  cendrées  :  c  eU  une 
des  quatre  petites  femences  froides. 

La  laitue  pommée  k  les  feuilles  plus 
courtes ,  plus  larges  y  plus  arrondies 
à  Textrémité  que  la  précédente, 
plâtres  &  lifles  »  mais  formant  bien- 
tôt une  tète  arrondie  de  la  même 
manière  que  le  chou  :  la  graine  en 
eft  noire. 

Depuis  un  certain  nombre  d'an- 
nées on  fert  en  falade  dans  les  glan- 
des râbles  ,  deux  autres  efpéces  de 
laitue  pommée ,  bien  plus  belles  & 
panachées  de  blanc ,  de  pourpre  ic 
de  jaune  :  on  les  appelle  laitue  pa- 
nachée de  Siléjie  j  &  laitue  de  Ba- 
tavia. 

Les  Jardiniers  qui  ont  l'art  de. 
rendre  crépues ,  tendres  &  pom- 
mées plttfieurs  efpèces  de  laitues, 
favent  auffi  les  faflfe  blanchir  en 
lianr  les  feuilles  par  touffes  avec  de 
la  paille  ,  pendant  qu'-elles  font  en- 
core jeunes  &  tendres  :  on  sème  la 
laitue  pommée  pendant  -toute  Tan- 
née dans  les  potagers  :  on  larrache 
quand  elle  eft  encore  tendre ,  &  on 
la  tranfporte  dans  des  terres  bien 
fumées  \  par  ce  moyen  les  feuilles 
deviennent  plus  nombreufes  & 
mieux  pommées. 

On  donne  le  nom  de  laitue  crî- 
pue^  i  celles'dont  les  feuilles  font 
découpées  j  pliées  &  repliées  com- 
me un  crêpe ,  &  de  couleur  obfcure. 

La  laitue  romaine  appelée  chiccn  , 
a  des  feuilles  plus  étroites  &  plus 
longues  que  les  précédentes^  elle 
n'eft  point  ridée  ni  boffelée  ,  mais 
garnie  en-deffous  le  long  de  fa  coté» 
de  petites  pointes  :  fa  (leur  &  fa  tige 
font  femblables  â  celles  de  la  laitue 
ordinaire  :  fes  graines  font  noires. 
Cette  laitue  eft  une  des  plus  exqui* 
i^%  en  potage  ou  en  faUae  ^  fortouc 


♦  A  I  347 

lorfque  fes  feuilles  font  d'un  jaune 
blanchâtre. 

De  tout  temps  les  laitues  ont  eu  le 
premier  rang  parmi  les  autres  plan- 
tes potagères  :  elles  font  excellentes 
crues  &  cuites  ,  &  rendent  le  chyle 
bien  conditionné  :  elles  (ont  rafraî-> 
chifTantes,  humcâantes,  laxatives, 
&  conviennent  aux  jeunes  gens  t 
elles  augmentent  le  lait  aux  nourri- 
ces I  &  procurent  un  fommeil  falu- 
taire.  Les  Anciens  ne  mangcoienc 
de  la  laitue  qu  à  la  (in  du  repas  »  le 
foir  ^  pour  fe.procurer  du  fommeil  y 
mais  dans  le  temps  de  Domitien  , 
on  changea  cet  ordre ,  &  elle  fer- 
voit  d'encrée  de  .  table  aux  Ro* 
mains. 

Quelques-uns  ont  dit  que  Tufage 
des  laitues  rend  les  hommes  impuif^ 
fans  Se  les  femmes  ftériles.  11.  eft 
bien  vrai ,  difent  les  Auteurs  de  la 
matière  médicale,  que  cette  forte 
de  plante  n'excite  pas  les  feux  de 
l'amour  \  qu'elle  les  tempère ,  mais 
fans  les  détruire  entièrement  :  ain(i , 
ajoutent-ils,  quoiqu'on  les  confeille 
beaucoup  pour  réprimer  le  déHr  de 
la  concupifcence  ,  à  ceux  qui  vivent 
dans  le  célibat,  néanmoins  les  gens 
mariés  qui  défirent  d'avoir  des  en- 
fans  ,  li'en  doivent  pas  craindre 
l'eifer. 

La  laitue  fauvageît  trouve  dans 
les  haies  ,  aux  bords  des  chemins  , 
dans  les  champs  &  vers  les  prés, 
même  dans  les  vignes  8c  les  pota« 
gers  :  elle  a  une  racine  courte  ,  des 
feuilles  étroires  ,  finuées  ,  très-dé- 
coupées ,  armées  d'épines  un  peu 
rudes ,  le  long  de  la  côte  oui  eft  en- 
"^  de(rous ,  &  très-rem  plies  d^fuc  Wu 
teux  \  d'ailleurs  elle  eft  feitibiable 
aux  autres  laitues  )  mais  elle  eft 
plu^mère  ,  plus  apéritive  &c  plus 
nar^ique. 

Toutes  les  efpèces  de  laitues  ne 

X  X  ij 


I 


34»  LAI 

fe  mulciplienc  que  de  eralnes.  Les 
Jardiniers  nommenc  celle  à  coquille 
ou  à  feuille  ronde  »  laitue  d' hiver. 
Pour  les  faire  lever  prompcemenc  y 
on  fait  tremper  la  graine  pendant 
vingt^quatre  heures ,  &  on  la  lailTe 
fécher  en  fuite  dans  un  lieu  chaud  j 
puis  en  Février  &  Mars  on  la  sème 
fort  dru  fur  une  couche  en-dedans 
des  rayons  qu*on  a  faits  avec  un 
bâton  :  on  la  couvre  légèrement  de 
terreau,  &  on  y  met  auffîtôt  des 
cloches.  Au  bout  de  dix  â  douze 
jours  ces  laitues  peuvent  être  man- 

fées  en  falades.*  Si  Ton  en  avoir  un 
efoin  plus  pretTant  »  on  les  pour- 
roit  faire  croître  en  deux  fois  vingt- 
qUatre  heures.  Il  faudroit  pour  cela 
tremper  la  graine  dans  de  leau  de 
vie  ,  &  mêler  dans  le  tetreau  un  peu 
de  fumier  de  pigeon ,  avec  un  peu 
de  poudre  de  chaux  bien  éteinte; 
mais  ces  fortes  de  laitues  ne  durent 
'  que  huit  jours  fur  couche.  Les  crêpes 
blondes  font  des  laitues  de  primeur  \ 
elles  fe  sèment  à  la  fin  de  Janvier  ; 
les  autres  efpèces  fe  sèment  fur  cou 
ches ,  ainfi  que  les  précédentes,  juf- 
qu'en  Avril  j  &  on  les  replante  fur 
terre  ,  quand  elles  font  aflez  fortes 
pour  les  faire  pommer  ,  dans  des 
trons  faits  avec  le  plantoir  &  à  un 
pied  Tune  de  Tautre. 
LAÏUS  \  nom  d'un  Roi  de  Thèbes , 
mari  de  Jocafte.  Ayant  appris  de 
rOracle  d'Apollon  ,  qu'il  périroit 
de  la  main  d*un  fils  qui  lui  naîtroit, 
il  réfolur  de  n'en  point  élever  ,  & 
crut  par  ce  moyen  détourner  l'effet 
de  la  prédiâion.  Cependant  fa  fem* 
me  accoucha  d'un  fils  ,  &  Laïus  au 
moment  de  fa  nailfance  chargea  un 
domeftique  dont  la  fidélité  lui  étoit 
afsûrée  ,  de  le  faire  mourir.  Ce  do- 
nieflique  ne  put  fe  réfoudf^  si  exé- 
cuter un  ordre  fi  cruel  \  mais  ne  vou- 
lant pas  non  plus  dcfobéir  à  fon 


LAI 

Maître  ,  il  porta  l'enfant  fut  te 
Mont  Cythéron  ;  &  pour  empêcher 
qu*il  ne  fût  dévoré  par  les  bètes , 
il  lui  perça  les^ pieds,  y  paflà  une 
courroie ,  &  le  fufpendit  à  un  ar* 
bre ,  après  quoi  il  fe  retira.  Phor- 
bas  ,  .intendant  des  troupeaux  de 
Polybe  Roi  de  Corinthe  ,    ayant 

f>aflré.  par  hafard  près  de  l'arbre  où 
'enfant  étoit  attaché  ,  entendit  fes 
cris  &  en  eut  compaflion  :  il  le  prit 
dans  fes  bras  ;  &  l'ayant  porté  à  la 
Reiiie  ,  femme  de  Polybe ,  qui  n'a- 
voit  point  d'enfans  ,  elle  le  reçut 
comme  un  préfent  que  les  Dieux  lui 
faifoient ,  &  l'adopu  pour  fon  fils. 
On  lui  donna  le  nom  d  Œdipe  à  caufe 
de  l'en  Sure  de  (es  pieds.   Lorfqu'il 
fur  en  âge  de  fe  connoître  ,  il  apprit 
que  Polybe  n'étoit  point  fon  père. 
L'impatience  &  la  curiofité  qui  for- 
moient  fon  «ara&ère  , .  &  qui  lai 
furent  fi  funeftes ,  le  portèrent  1 
faire  le  voyage  de  Delphes  ,  pour 
apprendre  ,  s'il  étoit  poffible ,  oà 
il  pourroit  retrt>uver  ceux  de  qui  il 
tenoit  le  jour.  Il  confulta  l'Oracle  ^ 
6c  en  reçut  pour  réponfe  ,  que  s'il 
retournoit  dans  le  heu  de  fa  naïf- 
fance ,  il  étoit  menacé  de  mer  fon 
père ,  &  d'époufer  fa  mère.  La  pen- 
iée  d'un  crime  fi  énorme  le  fit  fré- 
mir 'y  &  pour  ne  pas  s'ezpofer  à  le 
commettre  ,   il  fe  bannit  vdlontai- 
rement  de  Corinthe  où  il  croyoit 
être  né.  En  traverfant  la  Phocide» 
il  rencontra  dans  un  défilé  du  Mont 
Cythéron ,  Laïus  fon  père  qu'il  ne 
connoifibit  pas ,  &  qui  de  fon  coté 
alloit  i  Delphes  ,  pour  demander 
un  remède  aux  calamirés  qui  affli- 
geoient  la  ville  de  Thèbes.  11  ordon- 
na impérieufement  à  Œdipe  de  lui 
laiffer  la  liberté  du  pafiàge  :  celui-ci 
ayant  fièrement  refufé  de  céder  ,  on 
en  vint  aux  mains ,  &  Laïus  fut  tué 
dans  le  combat  avec  ceux  qui  l'ac* 


L  AL 

cotDpagnoient ,  i  l'excepcion  d*an 
feul  que  la  crainte  avoit  fait  fuir 
.dès  le  commencement  de  la  que- 
relle. 

LAIZE  ;  fubftantif  féminin  &  terme 
de  Manafaâure.  Largeur  d'une 
étoffe  3  toile  ,  &c.  encre  les  deux  li- 
fières.  Une  étoffe  qui  a  crois  quarts 
de  lahfe. 

LAKIUM  ;  bourg  d'Allemagne  »  au 
cercle  d'Autriche ,  dans  la  Carnio* 
le  ,  fur  la  petite  rivière  de  Zéir , 
environ  à  deux  lieues  de  Crain- 
bourg. 

LALAND;  petite  île  du  Royaume 
de  Dannemarck  »  dans  la  mer  Bal- 
tique ,  entre  celle  de  Langeland 
au  nord-oueft ,  de  Séeland  au  nord  y 
deFaifter  à  l'orient ,  &  de  Femeren 
au  fud'oueft.  Sa  longueur  eft  de 
huit  milles  &  fa  largeur  de  cinq. 
On  y  recueille  beaucoup  de  blé. 
Noxkow  en  eft  la  ville  capitale. 

LALEU  i  boiu-gde  France  dans  le  pays 
d'Aunis ,  i  une  lieue ,  oueft-nord- 
cneft  ,  de  la  Rochelle. 

LALIM  }  bourg  de  Portugal  ^  dans  la 
province  de  fieira ,  à  deux  lieues  de 
Lame^o. 

LALONDE  'y  fubftantif  féminin*.  Ef- 
pèce  de  jafmin  de  l'île  de  Mada- 
gafcar.  Il  a  les  feuilles  plus  grandes 
que  celui  d'Europe  j  il  croit  en  ar- 
brifteau  ,.  fans  ramper  ni  s'attacher 
à  d'autres  arbres.  Sa  fleur  répand  une 

*     odeur  admirable. 

LAMA  ;  fubftantif  mafculin.  Sorte 
d'animal  du  Pérou  oii  il  eft  très- 
comTniin  &  très -utile.  Il  eft  haut 
d'environ  quatre  pieds ,  &  fon  corps 
y  compris  le  cou  &  la  tète ,  en  a 
cinq  ou  (ix  de  longueur  ;  le  cou 
feul  a  près  de  trois  pieds  de  long. 
Cet  animal  a  la  tète  bien  faite ,  les 
yeux  grands  ,  le  mufeau  un  peu 
alongé  ,  les  lèvres  épailles  »  la  fu- 
périeure  fendue  &  l'inférieure  un 


LAM 


349 


peu  pendante  :  il  manque  des  dents 
incinves  &  canines  à  la  mâchoire 
fupérieure.  Les  oreilles  font  lon- 
gues de  quatre  ponces^  il  les  porte 
en  avant  ,  les  drefle  6c  les  remue 
avec  facilité.  La  queue  n'a  guère 
.^ue  huit  pouces  de  long  j  elle  eft 
droite  ,  menue  &  un  peu  relevée. 
Les  pieds  font  fourchus  comme 
ceux  du  bœuf;  mais  ils  font  fur- 
montés  d'un  éperon  en  arrière  , 
qui  aide  à  l'animal  à  fe  retenir  6c 
à  s  accrocher  dans  les  pas  difficiles  : 
il  eft  couvert  d  une  laine  courte 
fur  le  dos,  la  croupe  &  la  queue  t 
mais  fort  longue  fur  les  flancs  & 
.fous  le  ventre.  Du  refte  les  lamas 
varient  par  les  couleurs  pi  y  en  a 
de  blancs ,  de  noirs  &  de  mêlés. 
Leur  fiente  reflemble  â  celle  des 
chèvres.  Le  mâle  a  le  membre  gé- 
nital.menu  &  recourbé»  en  forte 
qu'il  pifle.  en  arrière.  C*eft  un  ani- 
mal très-lafcif ,  &  qui  cependant  a 
beaucoup  de  peine  à  s'accoupler.  La 
femelle  a  l'orifice  des  parties  de  la 
génération  très  petit  \  elle  fe  prof- 
terne  pour  attendre  le  maie  ,  &c 
l'invite  par  fes  fpupirs  \  mais  il  fe 
pafle  toujours  plufieurs  heures  & 
quelquefois  un  jour  entier  avant 
qu'ils  puiflent  jouir  l'un  de  l'autre^ 
&  tout  ce  temps  fe  palfe  â  gémir  » 
gronder  &  furtout  a  fe  confpuer  \ 
&  comme  ces  longs  préludes  les 
fatiguent  plus  que  la  choie  même, 
on  leur  prête  la  main  pour  abré* 
ger  &  on  les  aide  à  s'arranger.  Ils 
ne  produifent  ordinairement  qu'un 
petit  &  très-rarement  deux.  Lamc- 
re  n'a  aufli  que  deux  mamelFes  ,  & 
le  petit  la  fuit  au  moment  qu'il  eft 
né.  La  chair  des  jeunes  eft  très- 
bonne  à  manger  \  celle  des  vieux  eft 
sèche  &  trop  dure  :  en  général  celle 
des  lamas  domeftiques  eft  bien 
meilleure  que  celle  des  fauvages  . 


3  50  LAM 

&  leur  laîne  eft  auflî  beaucoup  plus 
douce.  Leur  peau  eft  affez  ferme , 
les  Indiens  en  faifoient  leur  chauf- 
fure  &  les  Efpagnols  l'emploient 
pour  faire  des  harnois.  Ces  animaux 
fi  utiles  &  même  fi  nccefiàires  dans 
le  pays  qu'ils  habitent ,  ne  coûtent 
ni  entretien  ni  nourriture  ;  comme 
ils  ont  le  pied  fourchu  il  n'eft  pas 
néceffaire  de  les  ferrer  :  la  laine 
cpaiffe  dont  ils  font  couverts  dif- 
penfe  de  les  bâter:  ils  n*ont  befoin 
ni  de  grain  ,  ni  d'avoine  ,  ni  de 
foin  i  llierbe  Verte  qu'ils  broutent 
eux  mêmes  leur  fumt  Se  ils  n'en 
prennent  qu  en  petite  quantité  ;  ils 
font  encore  plus  fobres  fur  la  boif- 
fon  ;  ils  s'abreuvent  de  leur  fa- 
live  qui  dans  cet  animal  eft  plus 
abondante  que  dans  aucun  autre. 

Ils  fervent  conftamment  pendant 
toute  leur  vie  à  tranfporier  toutes 
les  denrées  du  pays:  leur  charge  or- 
dinaireeft  de  cent  cinquante  livres, 
&  les  plus  forts  en  portent  jufqu'î 
deux  cent  cinquante  ;  ils  font 
des  voyages  alTez  Iqngs  dans  des 
pays  impraticables  pour  tous  les  au- 
tres animaux  \  ils  marchent  aflez 
lentement  &  ne  font  que  quatre 
on  cinq  lieues  pat  jour  j  leur  dé- 
marche eft  grave  8c  fetme  ,  leur 
pas  alTuré }  ils  ^efcendent  des  ra- 
vines précipitâmes  &  furmontent  des 
rochers  eicarpés  où  les  hommes 
mêmes  ne  peuvent  les  accompagner: 
ordinairement  ils  marchent  quatre 
ou  cinq  jours  de  fuite ,  après  quoi 
ils  veulent  du  repos  &  prennent 
d'eux-mêmes  un  féjour  de  vingt* 
quatre  ou  trente  heures  avant  de  fe 
mettre  en  marche.  On  les  occupe 
beaucoup  au  tranfport  des  riches 
matières  que  Ton  tire  des  mines 
du  Potott  :  Bolivar  dit  que  de  fon 
temps  on  employoit  i  ce  travail  trois  | 
(çq(  tpillç  de  çqs  animaux»  i 


LAM 

Leur    accroiflement   «ft    aflêz 

[)rompt  Se  leur  vie  n'eft  pas  bien 
ongue}  ils  font  en  état  de  produite 
à  trois  ans>  en  pleine  vigueur  jufqu'i 
douze  &  ils  commencent  enfuite 
â  dépérir  j  en  forte  qu'à  quinze  ils 
font  entièrement  ufés  :  leur  naturel 
paroit   être  modelé  fur  celui  des 
Américains  ;  ils  font  doux  &  fleg- 
matiques, &  font  tout  avec  poids  Sc 
mefure:  lorfqu'iU  voyagent  &  qu'ils 
veulent  s'arrêter  pour  quelques  inf- 
tans  j  ils  plient  les  genoux  avec  la 
plus  grande  précaution  ,  afin  d'em- 
pêcher leur  cnarge  de  tomber  ou  dé 
le  déranger ,  &  dès  qu'ils  entendent 
le  coup  de  fifflet  de  leur  conduc- 
teur ,  ils  fe  relèvent  avec  les  mê- 
mes précautions  Sc  Ce  remetteat  en 
marche  :  ils  broutent  chemin  fai- 
fant  êc  partout  où  ils  trouvent  de 
rherbe%  mais  jamais  ils  ne  man* 
genc  la  nuit ,  quand  même  ils  au- 
roient  jeûné  pendant  le  jour  ,  ils 
emploient  ce  temps  â  ruminer  :  ils 
dorment  appuyés  fut  fa  poitrine , 
les  pieds  repliés  fous  le  ventre ,  Sc 
ruminent  dans  cette  fituation.  Lorf- 
Qu'on  les  excède  de  travail  &  qu'ils 
luccombent  une  fois  fous  le  faix  , 
il  n'y  «a  nul  moyen  de  les  faire  re« 
lever  j  on  les  frappe  inutilement  : 
la  dernière  refiource  pour   les  ai* 
guillonner  eft  de  leur  ferrer  les  lef- 
ticules ,  Sc  fouvent  cela  eft  inutile  \ 
ils  s'obftinent  à  demeurer  au  lieu 
même  où  ils  font  tombés  »  &  (i  l'on 
continue  de  les  maltraiter  »  ils  fe 
défefpèrent  &  fe  tuent  en  battant 
la  terre  i.  droite  Sc  â  gauche  avec 
leur  tête.  Ils  ne  fe  défendent  ni  des 
pieds  ni  des  dents ,  Sc  n*ont  pour 
ainfi  dire,  d'autres  armes  qae  celles 
de  l'indignation  j  ils  crachent  â  la 
face  de  ceux  qui  les  infulcent ,  8c 
l'on  prétend  que  cette  falive  qa'ils 
l^c^nt  dans  la  çolèrç^  «ft  ^çtc  U 


i 


LAM 

fnorjicâtite ,  ao  point  de  faire  lever 
des  ampoules  fut  la  peau. 

Le  lama  dans  lecar  dénature, 
eft  plus  fort  y  plus  vif  &  plus  léger 
que  le  lama  domeftique  ;  il  court 
comme  un  cerf  ôc  grimpe  comme 
le  chamois  fur  les  rochers  les  plus 
efcarpés  ;  fa  laine  eft  moins  longue 
&  toute  de  couleur  fauve.  Quoi- 

Î[^^en  pleine  liberté,  ces  animaux 
e  raUemblent  en  troupes  8c  fpnt 
quelquefois  deux  ou  trois  cens  en- 
femble  ;  lorfqu'ils  apperçoivent 
quelqu'un,  ils  regardent  avec  éton- 
Dément  fans  matquer  d'abord  ni 
crainte  ni  plaifir  }  enfuite  ilsfouf- 
fient  des  narines  &  henniirentà  peu 
«près  comme  les  chevaux,  &  enfin 
lis  prennent  la  fuite  tous  enfemble 
vers  le  fommet  des  montagnes }  ils 
cherchent  de  préférence  le  coté  du 
nord  &  la  région  froide  ,  ils  grim- 
pent &  féjournent  fouventau-deflTus 
de  la  ligne  de  neige,  voyageant 
dans  les  glaces  &  couverts  de  fri- 
mats  ils  le  portent  mieux  que  dans 
la  région  tempérée }  autant  ils  (bnt 
nombreux  &  vigoureux  dans  les 
Sierras  qui  font  les  parties  élevées 
des  Cordillières ,  autant  ils  font  ra- 
res &  chétifs  dans  les  Lanos  qui 
font  audeilbus.  On  chafTe  ces  la- 
mas fauvages  poiK  en  avoir  la  toi- 
fon  'y  les  chiens  ont  beaucoup  de 
peiiie  à  les  fuivre  ;  &  fi  on  leur 
donne  le  temps  de  gagner  leurs  ro- 
chers, le  chafleur  &  les  chiens  font 
contraints  de  les  abandonner.   Ils 

ràroiffent  craindre  la  pefanteur  de 
air  autant  que  la  chaleur  j  on  ne 
les  rrouve  jamais  dans  les  terres 
bafTès  ;  &  comme  ta  chaîne  des 
Cordillières  qui  eft  élevée  de  plus 
de  trois  mille  toifes  au-defTus  du 
niveau  de  la  mer  au  Pérou  ,  fe  fou- 
tient  à  peu  près  à  cette  même  élé- 
vation au  Chily  ic  jufqu  aux  terres 


LAM  351 

Magellaniques  ,  on  y  trouve  des 
Huanacas  ou  lamas  fauvages  en 
grand  nombre  ^  au  lieu  que  du  côté 
ae  la  nouvelle  Efpagne  où  cette 
chaîne  de  montagnes  fe  rabaifle 
confidérablement  ^  on  n  en  trouve 
plus  &  Ion  n'y  voit  que  les  lamas 
domeftiques  qu'on  prend  la  peine 
d'y  conduire. 
LAMA  ;  fubftantif  mafculin  &  terme 
de  Relation.  On  donne  ce  nom  aux 
Prêtres  desTartares. 

Les  Lamas  font  vœu  de  chafteréj 
ils  font  vêtus  d'un  habit  patticulier, 
ne  treffcnt  point  leurs  cheveux  & 
ne  portent  point  de  pendans  d  oreil- 
les. Ils  font  des  prodiges  par  la  force 
des  enchantemens  &  de  la  magie  , 
récitent  de  certaines  prières  en  ma- 
nière de  chœurs  ,  font  chargés  de 
l'inftruâiion  des  peuples  &  ne  lavent 
pas  lire  pour  la  plupart,  vivent  en 
communauté  ,  ont  des  Supérieurs 
locaux  ,  &  au  -  deffus  de  tous ,  un 
Supérieur  général  qu'on  nomme  La^ 
dalai'lama* 

C'eft-là  leur  Grand  Pontife  qui 
leurc  onfère  les  difFércns  ordres^dé- 
cide  feul  ôc  defpotiquement  tous  les 
points  de  foi  fui  lefquels  ils  peu- 
vent être  divifésj  c'tft  en  un  mot 
le  Chef  abfolu  de  toute  leur  Hié- 
rarchie. 

Il  tient  le  premier  rang  dans  le 
Royaume  de  Tongut  par  la  vénéra- 
tion qu'on  lui  porte ,  qui  eft  telle 
que  les  Princes  Tartares  ne  lui  par- 
lent qu'à  genoux,  &  que  l'Empir- 
reur  de  la  Chine  reçoit  fes  Ambaf- 
fadeurs  &  lui  en  envoie  avec  des 
préfens  considérables.  Enfin  il  s'eft 
fait  lui  même  ,*  depuis  un  fiècle  , 
Souverain  temporel  &  fpiriruel  du 
Tibet  f  Royaume  de  TAfie^  dontil 
eft  difficile  dVcablir  les  limites. 

11  eft  regardé  comme  un  Dieu 
dans  ces  vaftcs  pays.  On  vient  de 


.  I 


3Î1      '  LAM 

toute  la  Tartarie  &  même  de  Tln- 
doftati ,  lui  offrir  des  hommages  & 
des  adorations.  Il  reçoit  tous  ces 
honneurs  de  defTus  un  Autel ,  pofé 
au  plus  haut  étage  du  pagode  oe  la 
monugne  de  Pontpla  j  il  ne  fe 
découvre  8c  ne  fe  lève  jamais  pour 
perfonne  ^  il  fe  contente  feulement 
.  de  mettre  la  main  fur  h  tète  de  fes 
adorateurs  pour  leur  accorder  U  rf  • 
midion  de  leurs  péchés. 

Il  confère  différens  pouvoirs  ou 
dignités  aux  Lamas  les  plus  diftin- 
gués  qui  l'entourent  j  mais  dans  ce 
grand  npmbre  il  n'en  admet  que 
deux  cens  au  rang  de  fes  Difciples 
ou  de  fes  Favoris  privilégiés  }  Se 
ces  deux  cens  vivent  dans  les  hqn- 
neurs  8c  l'opulence ,  par  la  foule  de 
préfères  qu*ils  reçoivent  de  toutes 
parts* 

Lorfque  le  Grand  Lama  vient  à 
mourir  ,  en  eft  perfuadé  qu'il  renait 
dans  un  autre  corps  ,  &  qu'il  ne 
s'agit  que  de  trouver  en  quel  corps 
il  a  bien  voulu  prendre  une  npu- 
veile  naiffance  ^  mais  ta  découverte 
n'eft  pas  difficile ,  ce  doit  être  & 
c'eft  toujours  dans  le  corps  d'un 
jeune  Lama  privilégié  qu'on  entre- 
tient auprès  de  lui  »  &  qu'il  a 
par  fa  pui  (Tance  défigné  fon  fuc- 
ceffeur  fecret  au  moment  de  fa 
mort. 

LAMINAGE  }  fubftantif  mafculin 
&  ternie  de  Marine.  Travail ,  pro- 
felfion  des  Mariniers  lamaneurs, 

l-AMANBUR  i  fubftantif  mafculin. 
Pilote  ou  Marinier  qui  fait  le  la- 
qianage  ,  c*eft-4-dire  ,  oui  conduit 
{es  vaiffeaux  éttangers  d$ins  les  ra» 
des  ou  dans  les  ports  ,  lorfque  les 
parages  font  dangereux  &  mcon- 

.  |ius  à  ceux  qui  les  abordent.  U  y  a 
(lufli  des  I^amaneurs  vers  l'embou- 
pbure  des  rivières  ^'^on  les  loue 
p9V(r  çyitef  les  b^^^cs,  le$  fyrte;  9c 


LAM 

autres  dangers  que  la  mer  déplace 
prefque  tous  les  ans  »  comme  à 
Rouen  ,  par  exemple ,  où  il  y  a  des 
Lamaneurs  Jurés  de  deux  lieues  en 
deux  lieues.  Le  falaire  de  çe$  gens 
eft  réglé  par  les  ordonnances  de 
i68iS(dei(^89  qui  leur  prefcrivent 
les  lois  Cuivantes. 

i^.  Perfonne  ne  peut  être  I^- 
maneur  qu'il  ne  foit  agc  de  vicjgt- 
cinq  ans ,  &  qu'il  n'ait  été  examiné 
Se  reÇu  dans  les  formes  requifes 
par  les  ordonnances.  Ce  qu'on  exige 
de  lui  dans  cet  examen  ,  c'eft  la 
connoiffance  &  expérience  des  a;ia« 
nœuvres  Se  fabriques  des  vaitTeaux» 
des  cours. des  marées  ,   des  bancs  » 
CQurans  »  écueils  &  autres  em^cbe- 
mens  qqi  peuvent  rendre  difficiles 
l'entrée  &  la  fortie  des  rivières,  ports 
&  havres. 

4^.  Si  un  Lamaneur  fait  le  h- 
manage  étant  ivre  ,  il  doit  être  con- 
damné à  cent  fous  d'amende  &  in* 
terdit  pour  un  mois  de  fes  fonc- 
tions j  il  encourt  de  plus  grandes 
peines  s'il  fait  échouer  le  vaiileau 
ar  ignorance  j  &  le  dernier  fuplice 
i  c'eft  par  méchanceté. 

3^.  Il  eft  libre  aux  Maîtres  8c 
Capitaines  de  navirçs  françois  8c 
étrangers,  de  prendre  tel  Lamaneur 
qu'il  voudront  pour  entrer  dj^ns  les 

Î^orts  Se  hawres  »  fans  que  poi^r  en 
brtir  ils  puifTent  être  contraints  de 
fe  fervir  de  ceux  qui  les  auront  fyxt 
entrer. 
LAMANDA  i   fubftantif  mafculin. 
beau  ferpent  de  l'île  de  Java  ,  qui 
eft  long  de  fept  à  hiiit  pieds  &  an- 
ne  groftèur  médiocre.  Cet  animal 
a des^écaiiles cutanées^ relevées  du* 
ne  madri^re  Ci  éclatante  &  diftribuée 
avec  tant  d'art ,  qqe  la  peinture  n'a 
jamais  pu  en  rendre  toutes  les  beau- 
tés d'après  l'original.  La  tète  du 
laqiauoa  eft  d'une   grofteqr    |>îea 

proportionnée  ^ 


î 


2 


L  A  M 

proportionnée  ;  fon  front  eft  cen« 
cré,  revêtu  d'écailies  rhomboïdes  » 
marc^uées  d'une  croii  ponceau.  De- 
depois  les  yeux  qui  font  vifs  &  bril- 
lans  9  jufquau  chignon  du  coupon 
voit  ferpenter  le  long  de  chaque 
côté  des  mâchoires  iupérieure  & 
inférieure  ,  une  bande  marbrée  de 
bai  -  brun  :  le  derrière  de  la  tète  eft 
fort  joliment  tacheté  :  la  gueule  eft 
toute  garnie  de  dents  aiguës  &  cto- 
chues  :  le  deffus  du  corps  eft  fu- 
perbe  :  on  y  admire  des  efpeces  d'ar^ 
moixies  5c  de  couronnes  différem- 
ment figurées  &  entrelacées  enfem- 
ble.  Ses  écailles  qui  forment  des  lo-  i 
Cmges,  font  tiquetées  de  différentes 
coulears  ;  fa  queue  a  une  belle  ta- 
che aurore  :  vers  le  trou  de  l'anus 
on  apperçoit  au*dedans  une  groflfeur 
jui  reflemble  â  un  tefticule.  Les 
cailles  tranfverfales  fontifabelles, 
ornées  c'a  &  là  de  belles  mouche- 
tures. On  prérend  que  ce  ferpent  ne 
vit  guère  que  d'oileauz. 
LAMANTIN  ;  fubftantif  mafculin. 
Sorte  de  gros  poiflfon  long  d'envi- 
ron feize  pieds  &  large  de  trois  & 
demi  :  fa  tête  eft  hideufe  ,  l'ouver- 
ture des  oreilles  très- petite»  peu 
apparente ,  mais  il  n'en  a  pas  l'ouie 
moins  fine.   Sa  tète  eft  couverte 
d'une  peau  dure  8c  épaiiïe  »  garnie 
de  poils  courts  y  clairs ,  d'un  cendré 
brun:  fes  yeux  font  ronds  &  très* 
petits  à  proportion  de  la  grandeur 
de  TanimaL  11    a  deux  mamelles 
placéesà  la  poitrine  ,  &  deux  pieds 
proche  des  épaules  ,  qui  ont  la  fi- 
gure de  vraies  nageoires.  Ray  dit 
que  fi  Diogène  avoit  connu  le  la- 
mantin j  il  n'auroit  pas  eu  befoin 
de  plumer  un  coq  pour  avoir  un  bi- 
pède fans  [4ttmes»  puifque  cet  ani- 
mal le  lui  aufoit  donné. 

Le  lamantin  eft  vivipare  &  s*ac- 
couple  à  la  manière  de  l'homme }  il 
Tome  XV. 


L  A  M  3  5  j 

a  le  membre  génital  fait  comme 
celui  du  cheval  &  les  entrailles 
comme  le  taureau.  Cet  animal  n'eft 
point  dangereux  \  il  vient  fe  nourrir 
d'herbes  qu'il  trouve  fur  le  rivage  » 
&  entr'autres  des  feuilles  des  pale- 
turiers. 

Dans  le  règne  animal ,  remarque 
M.  de  BufFon  ,c'eft  ici  que  finif- 
fent  les  peuples  de  la  terre  &  que 
'  commencent  les  peuplades  de  la 
mer.  Le  lamantin  qui  n'eft  plusqua- 
drupède ,  n'eft  pas  entièrement  ce- 
tacée  \  il  retient  des  premiers  deux 

[Keds  ou  plutôt  deux  mains  ;  mais 
es  jambes  de  derrière  qui  dans  les 
phocas  &  les  vaches  marines  font 

f>refqu'entiérement  engagées  dans 
e  corps  de  raccourcies  autant  qu'il 
eft  pofiibe  »  fe  trouvent  abfolu- 
ment  nuUes  &  oblitérées  dans  le 
lamantin.  Au  lieu  de  deux  pieds 
courts  &  d'une  queue  étroite  plus 
courte^que  \t%vaches  marines  portent 
â  leur  derrière  dans  une  direftion 
horizontale  ,  les  lamantins  n'ont 
pour  tout  cela  qu'une  grofle  queue 
qui  s'élargit  en  éventail  dans  £ette 
même  direâion  \  en  forte  qu'au 
premier  coup  d'ail  il   fembleroit 

3ue  les  premiers  auroient  une  queue 
ivifée  en  trois  »  &  que  dans  les 
derniers  ,  ces  ttois  patries  fe  fe- 
roient  réunies  pour  n'en  former 
qu'une  feule  ;  mais  par  une  infpec- 
tion  plus  attentive  j  8c  furtout  par 
la  diuèâion  9  on  voit  au'il  ne  s'eft 
pas  fait  de  réunion ,  ou  il  n'y  a  nul 
veftige  des  os  des  cuifl(es  &  des  jam- 
bes »  8c  que  ceux  qui  forment  la 
queue  des  lamantins  »  font  de  fim« 
pies  vertèbres  ifolées  &  femblables  i 
celles  des  cétacées  qui  n'ont  pas  de 
pieds  'y  atnfi  ces  animaux  font  céta* 
cées  par  ces  parties  de  l'arrière  de 
leurs  corps,  &  ne  tiennent  plus  aux 
quadrupèdes  que  par  les  deux  piedi 


354 


LAM 


OU  deux  mains  qui  font  en  avant  à 
coté  de  leut  poitrine. 

M.  de  la  Condamine ,  dans  fa  re- 
lation de  la  rivière  des  Amazones, 
dit  avoir  deifiné  d'après  nature  ,  à 
Saint  Paul  des  Omaguas ,  à  cinq  ou 
iix  cent  lieues  de  la  mer  j  le  plus 
grand  des  poidons  d*eau  douce  qui 
toit  connu  ;  que  les  Efpagnots  &  les 
Portugais  ont  donné  à  ce  poilTon  le 
nom  depoiffbn  -  haufy  &  qu'il  ne 
faut  pas  le  confondre  avec  lephocas 
ou  veau  marin.   Il  ajoute  que  fa 
chair   &   fa  grailTe  ont  aiïez   de 
rapport  avec  celles  du  veau ,  qu'il 
n'a  point  de  cornes ,  qu'il  ne  fort 
jamais  entièrement  de  l'eau ,  &  que 
même  il  n'en  peut  for  tir,  parcequ'il 
n'a  que  deux  nageoires  aiïez  près 
de  la  tète.  Ces  nageoires  font  en 
forme  d'ailerons  ,  elles  ont   feize 
pouces  de  long  &  lui  tiennent  lieu 
de  bras  &  de  pieds  y  il  ne  fait  qu'a- 
vancer fa  tète  hors  de  l'eau  ^  pour 
atteindre  l'herbe  fur  le  rivage:  ceci 
prouve  encore  que  le  lamacuin  n'eft 
point  un  animal  amphibie  ni  un 
quadrupède.  Le  fenriment  du  Père 
Labat  le  trouve  appuyé  ici  de  celui 
de  M.  de  la  Condamine.  Cet  Aca- 
démicien dit  que  Therbe  dont  ce 
Eoiiïbn  fe  nourrir  ,  eft  longue  de 
uit  à  dix  pouces,  étroite ,  pointue, 
tendre  »  d'un  aiïez  beau   vert ,  & 
qu'il  ôft  aifé  de  voir  quand  ces  ani- 
maux font   en  pâture  »   parceque 
l'herbe  qui  leur  échappe  en  mar- 
chant ou  en  la  coupant ,  vient  au- 
deiïus  de  l'eau. 

M.  de  la  Condamine  a  encore 
trouvé  ce  poiiïon  dans  l'Oyapoc  & 
dans  plufieurs  autres  grandes  riviè- 
res des  environs  de  Cajrenne  Ik.  de 
.  la  côte  de  la  Guyanne.  On  le  trou- 
ve toujours  éloigné  de  la  mer ,  en 
le  renconrre  fréquemment  dans  les 
grandes  rivières  qui  defcendent  dans 


I 


celle  des  Amazones  ,  comme  dans 
le  Guallaga  j  le  Pafraca  ,  &c.  Il  n'eft 
arrêté  dans  l'Amazone  que  par  le 
Pongo  de  Borja  ;  il-ne  boit  que  de 
l'eau  douce. 

Il  y  a  des  lamantins  qui  pefent 
mille  à  douze  cent  livres.  Ces  ani- 
maux font  très-timides.Ils  s'enfuient 
dans  l'eau  dès  qulls  entendent  le 
moindre  bruit  j   ce  caractère  eft 
commun  à  tous  les  poiiïbnsqui  font 
fans  défenfe.  On  les  tue  avec  le  ja- 
velot Se  autres  inft rumens  fembk- 
bles.   Les  habirans  des  bords  de 
l'Amazone  &  les  François  de  Cayen- 
ne,  en  trouvent  la  chair  d'un  afTez 
bon  goût  :  les  Flibuftiers  &  la  plu- 
part des  Indiens  de  l'ifthme  de  Da- 
rien  ,'  n'onç  fouvenc  d'autre  ref- 
fource  pour  vivre  ,  que  la  pccbe 
du  lamantin  ;  ils  difent  que  lâchait 
prife   depuis  la  moitié  des  côtes 
jufques  lous  le  ventre  ,  ainfi  que 
les    mamelles  ,  font  d'une  grande 
délicateiïe.  Il  arrive  fouventà  ce 
poiiïoQ  de  s'endormirayanr  le  mufr 
fie  (  qui  dans  quelques  efpèces  eft 
prolongé  par  deux  fortes  dents  ) 
hors  de  l'eau  ;  c'en  eft  afiez  pour 
le  faire  découvrir  par  les  pécheurs 
qui  le  harponnent  &  qui  le  tirenti 
terre  quand  il  a  perdu  la  vie  avec 
fon    fang.  Les  Nègres  font   fort 
adroits  â  cet   exercice  ;  dès  qu'il» 
ont  apperçu  un  lamamin  &  qu'ils 
font  à  portée  de  le  pouvoir  harpon- 
ner ,  celui  qui  eft  fur  Tavant  dis 
canot  lui  ;etce  fon  harpon  déroute 
fa  force  &  laiiïè  filer  la  corde  q^ 
y  eft  attachée  ;  le  poiflbn  bleiïcs^en* 
fuit  ;  les  Nègres  guidés  pat  le  bois 
flottant  qui  eft  au  bout  de  la  corde, 
le  fuivent ,  &  s'il  vient  à  p€>rtée  , 
ils  le  dardent   une   fecotide  fois  9 
afin  d'accélérer  la  perte  de  fon  iang) 
fouvent  une  heure  fuffit  poar  cela, 
ou  deux  tout  au  plus*  Locf<{ae  It 


LAM 

Î^olfToti  eft  mort  il  vient  fur  Teau  : 
es  Nègres  le  meccenc  dans  leur 
canoc  avec  une  adretTe  ûagulière  ; 
ou  fi  lanimal  eft  trop  gros  pour  la 
capacité  de  leur  canot ,  ils  lui  paf- 
fent  une  corde  au  -  defTus  de  la 
queue  ,  &  Tamarrent  à  Tarrière  du 
canot. 

Comme  on  voit  fouvent  le  la- 
mantin fuivi  de  deux  pecics,  il  y  a 
lieu  de  croire  que  fa  portée  eft  de 
deux  par  an.  Il  eft  rare  qu  on  man- 
que de  prendre  les  petits  lorfqu*on 
a  pris  la  mère,  à  moins  quils  ne 
foient  déjà  aftez  grands  pour  n'être 
plus  alairés  &  pour  s'enfuir.  Il  eft 
certain  que  cet  animal  multiplieroit 
beaucoup  plus  qu'il  ne  fait  s'il  étoit 
plus  en  repos  ;  mais  il  y  a  une  quan- 
tité d'ichtyopbages  qui  lui  font  une 
guerre  continuelle  d'autant  plus  im- 
punément qu'il  eft  peu  arme.  ' 

On  trouve  le  long  de  ce  poidbn 
une  couche  de  lard  de  quatre  ou 
cinq  doigts  d'épailfeur  ,  ferme  & 
d'un  aum  grand  ufage  que  celui 
du  cochon  :  ce  lard  &  la  panne  qui 
eft  dans  le  corps  »  étant  fondus  , 
font  un  très-bon  beurre  qui  ne  rouftit 
pas  aifément. 

La  chair  de  cet  animal  eft  un  ali- 
ment aiTez  communément  employé 
par  une  partie  des  habitans  de  la 
Guadeloupe  ,  de  Saint-Chriftophe  > 
de  la  Martinique  &  des  autres  îles 
voifines  où  l'on  en  envoyé  tous  les 
ans  plufieurs  navires  chargés. 

Il  y  a  aufti  des  lamantins  dans  le 
Nil ,  dans  le  Sénégal ,  à  la  Chine  & 
en  Canada.  La  peau  de  cet  animal 
eft  aflez  épaiflè  pour  être  tannée  j 
&  lorfqu'elle  eft  bien  préparée ,  elle 
donne  un  cuir  très-fort.  Quand  on 
ne  veut  pas  fe  donner  cette  peine , 
on  en  fait  des  courroies  &  même 
des  femelles  de  fouliers  très  -  du- 
rables* 


LAM  355 

LAMBALLE  }  ville  de  France  ,  en 
Bretagne  ,  chef-lieu  du  Duché  de 
Penthièvre,  à  cinq  lieues  ,  fud-eft, 
de  Saint-Brieux.  On  y  fabrique  des 
toiles  &  des  parchemins. 

LAMBDOÏDE  i  adjeûif  Se  terme 
d'Anatomie.  II  fe  dit  d'une  des  fu«- 
tures  des  os  du  crâne  »  qui  a  la  for-^ 
me  de  la  httie  lambda  dt  l'alphabet 
grec. 

On  appelle  angle  lambdoïdc  , 
une  apopnyfe  de  l'os  des  tempes , 
qui  forme  une  partie  de  cette  fu- 
ture. 

LAMBEAU  ,  fiibftantif  mafculin. 
Segmen.  Morceau  d'une  étoffe  dé- 
chirée. Sarobe  eft  en  lambeaux. 

Lambeau',  fe  dit  figurément en  par-- 
lant  d'ouvrages  d'efprit.  //  ne  nous 
eft  parvenu  que  quelques  lambeaux  de 
fis  écrits* 

Lambeau  ,  fe  dit  en  termes  de  Cha- 
peliers ,  d'un  morceau  de  roileneuve 
6c  forte ,  taillé  en  pointe  de  la  for- 
me des  capades ,  &  que  Ton  mec 
entre  chacune  pour  les  empêcher 
de  fe  joindre  ou  fe  feutrer  enfem- 
ble  tandis  qu'on  les  bâtit ,  pour  en 
former  un  chapeau.  C'eft  propre- 
ment le  lambeau  qui  donne  la  for** 
me  à  un  chapeau ,  &  fur  lequel  cha- 
que capadefe  moule. 

Lambeau  ,  fe  dit  en  termes  de  Vé- 
nerie ,  d'une  peau  velue  du  bois 
d'un  cerf,  que  l'animal  dépouille  en 
certain  temps. 

LAMBEL  i  fubftantif  mafculin  & 
terme  de  l'Art  Héraldique.  Certaine 
brifure ,  la  plus  noble  de  toutes ,  & 
dont  les  puînés  chargent  les-armcs 
pleines  de  leur  maifcin.  Elle  fe  for- 
me d'un  filet  garni  de  pendans ,  qui 
fe  place  ordinairement  au  milieu 
&  le  long  du  chef  de  l'écu ,  fans 
qu'il  en  touche  les  extrémités.  Les 
armes  d'Orléans  font  de  France  au 

iambel  d'argent. 

Yy  i| 


3î<î  LAM 

LAMBERT  ;  nom  d'un  Capiraine  de  I 
vaifTeau  hollandois  »  qui  fe  rendit 
fameux  dans  le  dix-feptième  fiècle 
par    une    de  ces   aâions    hardies 
que  l'hidoire  a  recueillies.  En  1 614 
les   Etacs    de    Hollande  ayant  ar« 
mé  fix  vaifleaux  contre  les  Algé- 
riens, en  donnèrent  le  commande- 
ment à  ce  brave  homme  qui  s'em- 
para d'abord  de  deux  vaiueaux  cor- 
iaircs  &  mit  125  Pirates  â  la  chaî- 1 
ne.  Après  cette  première  expédition 
il  alla  mouiller  devant  Alger  avec 
Ton   efcadre  de  fix  vaifleaux  »   & 
étant  â  portée  du  canon  de  cette 
ville  t  il  fit  arborer  l'étendart  rouge 
en  figne  de  guerre.  Cette  hardieHe 
furprit  ceux  d'Alger  ;  mais  le  Ca- 
pitaine Lambert  voyant  qu'on  dif- 
féroit  trop  long-remps  à  lui  donner 
les  efclaves  qu'il  avoir  demandés , 
fit  lier  dos  i  dos  une  partie  des 
Turcs  &  des  Maures    qu'il  avoir 
dans  fes  vaifTeaux ,  les  fit  jeter  en 
mer  de  fit  pendre  les  aurres  aux  an- 
tennes en  préfence  des  Algériens 
qui  regardoient  cette  fanglante  exé- 
cution. Il  fit  faire  enfuite  une  dé- 
charge contre^  la  ville  y  &  ayant 
levérencre»  fit  voile  pour  s*en  re- 
tourner. Sur  fa  route  il  fit  une  autre 
rencontre  de  deux  vaifleaux  d'Al- 
ger 'y  s'en  étant  encore  rendu  maî- 
tre il  revint  avec  fa  proie  devant 
cette  ville  &  contraignit  enfin  ces 
Corfaires  de  rendre  tous  les  efcla- 
ves hollandois   qu'ils   avoient  en 
'  leur  puiflTance  »  en  échange  de  ceux 
qu'il  tenoit  dans  fes  vaiâeaux.  Com- 
blé de  gloire  te  accompagné  de  ks 
compatriotes  qu'il  avoir  tirés  d'ef- 
clavage  »  il  aoorda  heureufement 
en  Hollande  où   fa    valeur  reçut 
les  applaudiflèmens  qui  hii  étoient 
cius. 
LAMBERT  ;  (  Michel  )  nom  d'un 
Muficien  fran^ois  né  eni^io  à  Vi- 


LAM 

Tonne  »  petite  ville  du  Poitou  »  le 
mort  si  Paris  en  1696.  U  exceiloit 
à  jouer  du  luth  &  marioit  avec 
beaucoup  d'art  &  de  goùr  les  ac- 
cens  de  fa  voix  aux  fons  de  l'inf- 
trument.  Il  fut  pourvu  d'une  charge 
de  Maître  de  la  mufique  delà  cham- 
bre du  Roi.  Les  perfonnes  de  la 
(première  diftinâion  apprenoient  de 
ui  le  bon  goût  du  chant  &  s'affem- 
bloient  même  dans  fa  maifon  oà 
ce  Muficien  tenoit  en  quelque  fortei 
une  Académie.  Lambert  eft  regardé 
comme  le  premier  en  France,  qui 
ait  fait  fentir  les  vraies  beautés  de 
la  Mufique  vocale ,  les  grâces  &  b 
juftefle  de  l'expreffion.  U  fut  aofli 
faire  valoir  la  légèreté  de  la  voix  Se 
les  agrémens  d'un  organe  flexible  > 
en  doublant  la  plupart  de  fes  airs 
&  les  ornant  de  pafTages  vifs  & 
brillans.  Lambert  a  fait  quelques 
petits  motets  &  a  mis  en  Mufique 
des  leçons  de  ténèbres  t  on  a  au(& 
de  lui  un  recueil  contenanr  plufieur» 
airs  i  une  >  deux  ,  rrois  &  quatre 
parties  avec  k  baffe  continue. 

LAMBESC  y  villede  France  ,  en  Pro- 
vence ,  à  qtiatre  lieues  ,  nord-oneft> 
'  d'Aix.  Elle  a  tirre  de  Principauté  & 
appartient  à  la  branche  de  Lorraine^ 
Brionne. 

LÂMBEYE  ;  petite  viHe  de  France  > 
en  Béarn,  à  quatre  lieuea > nord-eft» 
de  Morkts. 

U  y  a  en  Irlande  une  petite  île- 
de  même  nom  dans  la  psovince  de 
Leinfter ,  à  trois  milles  de  la  cote 
d'Irlande  6c  à  onze  de  Dublin. 

LAMBIN,  INE ^  fubftamif  du  ftyle 
familier.  Celui  oii  celle  qui  agit 
avec  lenteur.  C*efi  un  vr^ai  lambin  > 
une  vraie  lambine. 

LAMBINER  ;  verbe  nemre  de  îa-pre- 
mière  conjugaifon  »  lequel  fe  cocv*^ 
^ugue  comme  Ckantbr.  Terme 
du  (lyle  familier  qui  figiûfie  a^is 


LAM 

a^ec  lencear.  Ne  lambine^  pas  tant. 
LÂMBIS;  Tubdancif  mafculin.  Gros 
coquillage  du  genre  des  buccins , 
qui  fe  trouve  dans  les  îles  de  TA- 
mérique.  11  renferme  un  animal 
donc  la  chair  eft  blanche  ,  ferme  & 
bonne  i  manger  lorfqu  elle  eft  cuire 
Se  bien  alfaifonnée.  La  coquille  qui 
eft  parfemée  d'un  à  deux  rangs  de 

E ointes  émoufTées ,  fe  vend  très* 
ien  dans  le  pavs  ;  elle  fert  de  cor 
de  chalTe  à  piuueurs  Nations  fauva- 
ges  :  on  en  fait  une  chaux  excellen- 
te ,  qui  étant  mêlée  avec  du  fable  y 
prend  à  la  longue  la  dureté  du  mar- 
bre. Le  défaut  de  cette  coquille  eft 
d*ètre  beaucoup  plus  dure  à  calci- 
V  net ,  que  la  plupart  des  autres  co- 
quilles dont  on  le  fert  aux  îles  pour 
la  même  opération. 

On  trouve  des  lambis  d'une  grof- 
feur  énorme^  il  y  èn{a  qui  pèfent  plus 
de  douze  livres.  Non-feulement  les 
couleurs  extérieures  de  cette  co- 
quille font  agréables  y  mais  on  ne 
trouve  rien  de  fi  beau ,  de  plus  poli  » 
de  plus  luftré  »  que  fon  énuul  in- 
térieur. 
LAMBOURDE  i  fubftantif  féminin. 
Pièce  de  bois  de  Charpente  qui  fert 
i  foutenic  le  parquet  ou  les  ais  d'un 
plancher.   On  met  du  pouffier  de 
charbon  entre  les  lambourdes  >  afin 
d  empêcher  que  l'humidité  ne  falTe 
déjeter  le  parquet  »  furtout  dans  les 
fales  baffes. 
Laubourdes  ,  fe  dit  auflî  des  pièces 
de  bois  que  Ton  met  le  lonjg  des 
murs  8c  le  long  des  poutres  »  mr  des 
corbeaux  de  bois  »  de  fer  ou  de  pier- 
le  j  pour  foutenir  les  bouts  des  fo* 
lives ,  torfqu'elles  ne  portent  point 
dans  les  murs  ni  fur  les  poutres. 
Lambourpb  y    fe  dit  encore  d'une 
pierre  teadre  qa  on  trouve  près  d'Ar- 
coeil ,  &  oui  a  l'avantage  d'être  dé- 
litée fans  danger» 


LAM  357 

LAMBREQUINS  ^  fubftamlf  mafcu- 
lin  pluriel  &  terme  de  TArt  héraU 
dique.  Morceaux  d'écoffe  découpes , 
qui  pendent  autour  de  i'écu  pour  lui 
lervir  d'ornemens*  Le  fond  &  le 
gros  du  corps  des  lambrequins  doi- 
vent erre  de  l'émail  du  fond  ôc  du 
champ  de  l'ccu  ;  mais  c'eft  de  fcs 
autres  émaux  qu'on  doit  faire  leurs 
bords. 

LAMBRIS  i  fubftantif  mafculin.  Re- 
vêtement de  menuiferie  fur  le  plan- 
cher d'en  haut  d'une  falle  ,  d'une 
chambre  on^  de  quelqu  aurre  pièce 
d'un  bâtiment. 

Quand  on  attache  des  lambris 
contre  les  poutres  &  les  folives  ,  il 
faut  laifier  du  vide  ou  de  petits 
trous»  pour  que  l'air  y  paiïe,  ÔC 
qu'il  empêche  que  du  bois  appliqué 
coKtre  lautre  bois  ne  s'écnaufte  ^ 
il  peut  arriver  des  accidens  par  les 
lambris  attachés  aux  planchers  con-^ 
tre  les  folives  ou  les  poutres  que  la 
pefanteur  du  bois  fait  affniffer  ,  ou 

S|ui  viennent  à  dépérir  &  à  fe  gâter  , 
ans  que  Ton  s'en  apperçoive. 
Lambris  ,  fe  dit  aufli  d'un  revêtement 
de  menuiferie ,  de  marbre ,  &c.  au- 
tour des  murailles  d'une  chambre  « 
6c.  foit  à  hauteur  d'appui  ou  autre- 
ment. Un  lambris  de  bois  defapin. 
Les  lambris  dorés  s'introduifîrent  à 
Rome  après  la  dejlruclion  de  Cartha^ 
ge.  Un  lambris  à  hauteur  d'appuis 

On  appelle  lambris  de  revêtement  y 
celui  qui  eft  depuis  le  bas  jufq»'ei¥ 
haut.  Et  lambris  de  demi  revêtement  » 
celui  qui  ne  pafTe  pas  la  hauteur  de 
l'atcique  de  la  cheminée. 
Lambris  ,  fe  dit  encore  du  revête- 
ment fait  avec  de  la  latte  de  du 
plâtre  au-dedans  de  la  couverture 
d'un  galetas  ,  d'un  grenier. 

On  dit  figurément  &  poétique* 
ment  j  le  célefte  lambris ,  les  célefies 
lambris  ;  pour  dire  >  le  cieL 


355  LAM 

La  première  fjlUbe  eft  niofenne 
&  la  féconde  longue. 

LAMBRISSAGE;  (ubftantif  mafcu- 
lin.  Ouvrage  du  maçon  ou  menai- 
fier  qui  a  lambriffé.  Un  lambriffagc 
bienjaic, 

LAMBRISSÉ  ,  ÉE  ;  participe  palfif. 
f^oyc\  Lambrisser. 

LAMiiRISSER;  verbe  adif  de  la  pre- 
mière conjugaifon  ^  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chanter.  Lambruf- 
carc.  Revêtir  de  lambris.  Ilfautlam- 
brijfcrfon  appartement. 

La  première  fyllabc  eft  moyenne, 
la  féconde  brève  ,  &  la  troifième 
lonjjue  ou  brève,  f^oye^  Verbe. 

LAMBRO  ;  (le)  rivière  dlcalie  dans  la 

Lombardie.  Elle  a  fa  fource  auprès 

de  Pefcaglio  ,  &  Ton  embouchure 

dans  le  Pô  ,  environ  à  fepc  milles 

au-delFus  du  pont  de  Plaifance. 

LAMBRUCHE  ou  Lambrusque.  j 
fubftantif  féminin.  Elpèce  de  vi^e 
fauvage  qui  donne  de  gros  raifins 
&  d'affez  bon  goût .  mais  dont  la 
peau  ell  fore  coriace.  La  lambruche 
îe  trouve  dans  TAcadie  &c  dans  quel- 
ques autres  contrées  de  l'Amérique 
fepcentrionale. 

LAMBRUN;  (Maguerite)  nom  d'une 
fameufe  Écolfoife  de  la  fuite  de 
Marie  Sruart.  Après  la  mort  tragi- 
que de  cette  Reine  infortunée  ,  qui 
entraîna  celle  du  mari  de  Margue- 
rite Lambrun  ,  celle-ci  réfolut  de 
venger  Tune  &  l'autre.  Pour  exécu- 
ter plus  facilement  fon  delTein  ,  elle 
s'habilla  en  homme  ,  prit  le  nom 
à' Antoine  Sparch  ,  &  fe  rendit  à  la 
Cour  de  la  Reine  Élifabeth  ;  elle 
portoit  toujours  fur  elle  deux  pif- 
tolets,  l'un  pour  tuer  cet  te  Princelfe, 
&  l'autre  pour  fe  tuer  cUe-mcme  , 
afin  d'éviter  les  mains  de  la  Juftice. 
Un  jour  qu'elle  perçoit  la  foule  pour 
s'approcher  de  la  Reine  qui  fe  pro- 
menoir dans  fes  jardins ,  elle  laiiHt 


LAM 

tomber  un  de  ks  piftolets.  Les  <5ar« 
des  oui  s'en  appetçurent ,  fe  fai(i« 
rent  d'elle  :  on  la  vouloit  traîner  en 
prifon  ^  mais  la  Reine  qui  la  pre- 
noit  pour  un  homme  ,  voulut  l'in- 
terroger elle-même  ,  &  lui  deman- 
da fon  nom  ,  fa  patrie  &  fa  qualité  : 
Madame  ,  répondit  elle  avec  intré- 
pidité ,  je  fuis  femme  ,   ^uQique  je 
porte  cet  habit  ;  je  m'appelle  Margue- 
rite Lambrun^  fai  été plufieurs  an'' 
nées  au  fervice  de  la  Reine  ma  MoU 
treffe  que  vous  ave\fiinjufiement  fait 
mourir ,  6»  par  fa  mort  vous  ave^  été 
caufe  de  aile  de  mon  mari  qui  na  pu 
furvivre  à  cette  Princeffe.  tgaUsneat 
attachée  à  l'un  &  à  l'autre ,  j'avois 
réfolu  y  au  péril  de  ma  vie ,  de  venger 
Lur  mort  par  la  vôtre  :  il  efi  vrai  que 
j*di  été  fort  combattue  ,   6*  j'ai  fait 
tous  les  efforts  pofftbUsfur  moi-mime^ 
pour  me  détourner  d* un  fi  pcrnicuux 
dejfcin  ;  mais  je  ne  l'ai  pu  vaincre. 
Quoique  la  Reme  eût  erand  fujet 
d'être  émue  d'un  tel  diicours  »  elle 
ne  laiifa  pas  de  l'écouter  froidement^ 
&  de,  lui  répoudre  tranquillement  : 
vous  ave^  donc  cru  faire  votre  devoir^ 
&  rendre â  l'amour  que  vow  avei^pour 
votre  mari  ce  quil  demandait  ;  mais 
quel  penfe:(-vous  que  doit  être  au  jour' 
d'hui  mon  devoir  envers  vous  ^  Mar- 
guerire  répliqua  avec  fermeré  :  je 
dirai  franchement  à   ^otre  Majejlé 
monfentiment ,  pourvu  quElle  ait  la 
bonté  de  me  dire  premièrement  fi  Elle 
demande  cela  en  qualité  de  Reine  ou. 
en  qualité  de  Juge.  La  Reine  lui  ré- 
pondit que  c'étoit   en  qualité  de 
keine.  Fotre  Majefié  doit  donc  m'ac^ 
corder  ma  grâce  ^  lui  répliqua  cette 
Femme.  Quelle  afiûrance  me  donne^^- 
vous ,  lui  dit  la  Reini ,  que  vous  n'en 
abujere\  pas ,  &  que  vous  n'entre^ 
prendre^  pas  une  féconde  fois   une 
a3ionfemblable  dans  quelqu  autre  oC" 
cajion  f  A  quoi  Marguerite  Laixibr on 


LAM 

repartit  :  La  grâce  que  l*on  veut  don- 
ner avec  tant  de  précaution^  nejlplus 
une  grâce  ;  &  ainji  Votre  Ma'jefié  peut 
agir  envers  moi  comme  Juge.  La  Reine 
s  étant  retournée  vers  quelques  per- 
fonnes  de  fon  Confeil ,  qui  ctoient 
préfentes ,  leili  dit  :  il  y  a  trente  ans 
que  j^fuis  Reine  ;  mais  je  ne  me  fou- 
viens  pas  d'avoir  trouvé  une  perfonne 
qui  m'ait  donné  une  pareille  leçon. 
£iizabe(h  lui  donna  alors  la  grâce 
entière  fans  condition  ,  quoique  le 
Président  de  fot)  Conseil  dit  tout  ce 
qu'il  pût  pour  la  porter  à  faire  punir 
cette  femme  :  mais  celle-ci  pria  la 
Reine  d'avoir  la  générofité  de  la 
faire  conduire  sûrement  hors  du 
Royaume  ^  &  on  la  çranfpoxta  fur 
les  côtes  de  France. 

Lame  ;  fubftan.  fera.  Lamina.  T^ble 
de  métal.  Une  lame  d'étain.  Une  inf- 
iription  gravée  fur  une  lame  de  cuivre. 

Lame  ,  fe  dit  dans  les  monnoies ,  d'une 
bande  d'or,  d'argent  ou  de  billon  , 
formée  &  jetée  en  moule  d'une  épaif- 
feur  confcquente  i  l'efpèce  de  mon- 
noie  que  l'on  veut  fabriquer. 

Lames  ,  fe  dit  en  termes  de  Tireurs 
d'or  j  &  de  Boutonniers  ^  de  cer- 
tains clinquans  d'argent  ou  d'or , 
defqucls  on  couvre  quelquefois  des 
érofres  ,  ou  qu'on  emploie  dans  les 
dentelles ,  dans  les  galons  &  autres 
ouvrages  femblables ,  pour  les  ren- 
dre plus  riches  &  plus  brillans. 

Lame  >  fe  dit  en  termes  d'Horlogers, 
d'une  peritc  bande  de  métal  un  peu 
longue ,  de  particulièrement  de  la 
bande  d'acier  trempé  mince  &  fort 
longue  ,  dont  eft  formé  le  grand 
leSbrt  d'une  montre  ou  d'une  pen  - 
dttle. 

Lame  ,  fe  dit  en  termes  de  Fourbif- 
feurs»  de  la  partie  d'une  épée ,  d'un 
poignard ,  d^unebayonnette&  autres 
armes  offeniives ,  qui  perce  &  qui 
tranche.  On  dit  aufli  la  lame  4  un 


LAM  35^ 

couteau ,  la  lame  d'un  rafoir ,  pour 
exprimer  la  partie  de  ces  uftenfUes 
de  ménage  qui  coupe  ou  qui  rafe. 
Toutes  ces  fortes  de  lames  font 
d'acier  très-  fin ,  ou  du  moins  d'acier 
moyen.  Les  lames  des  armes  fe 
font  par  les  fourbi  (leurs ,  &  celles 
des  couteaux  par  les' couteliers. 

La  bonne  qualité  d'une  lame  d'é^ 
pée  eft  d'être  bien  pliante  &  bien 
évidée  :  on  en  fait  à  arrête  ,  à  dos 
&c  à  demi-dos. 

Les  lames  de  Damas  &  d'Angle- 
terre fonr  les  plus  cftîmées  pour  les 
étrangers ,  &  celles  de  Vienne  en 
Dauphiné  pour  celles  qu'on  fabri- 
que en  France. 

On  appelle  laftie  à  deux  tranchans^ 
le  corps  du  marteau  dont  les  cou* 
Vf  eurs  fe  fervent  pout  couper  Tar^i^ 
doife.  '     , 

Lame,  fe  dit  en  termes  de  L«ipidaîres9 
d'une  forte  de  lame  de  couteau  donc 
l'ébaucheur  fe  ferc  pour  hacher  fa 
roue. 

Lame,  fe  dît  en  termes  d'Anatoniie^ 
d'une  partie  ofTeufe  ,  mince  ^  qui 
fuivant  quelques  auteurs  ^  compufe 
les  os,  &  refaite  elle-même  de  plr- 
(leurs  couches  du  période  appli- 
quées  les  unes  fur  les  autres  èc  of- 
nfices  dans  cet  état. 

Lame  ,  fe  dit  en  termes  de  Marine  ^ 
des  vagues  d'une  mer  agitée.  On 
dit ,  la: lame  vient  de  l'avant ,  la  lame 
vient  de  V arrière  ;  pour  dire  ,  que  U 
vague  eft  poufice  contre  lavant  oa 
contre  l'arrière  du  vaiflTeau.  Et  l'on 
dit  que  la  lame  eft  courte  ,  lorfque 
les  vagues  de  la  mer  fe  fuivent  de 
près  les  unes  des  autres.  Et  que  la 
■  lame' eft  longue^  lorfque  les  vagues 
fe  fuivent  de  loin  &  lentement. 

Lame  ,  fe  dit  en  termes  de  Ruban- 
niers  ,  de  petites  barres  de  bois  que 
les  marches  font  baifler  par  le  moyen 
de  leurs  lacSr 


3^0  LAM 

I.AMB ,  fe  dit  en  termes  de  TiûTerands 
&  d'autres  ouvriers  qui  travaillent 
tvec  la  navette  ,*de  la  partie  de  leur 
métier  qui  eft  faite  de  plufieurs  pe* 
cites  ficelles  attachées  par  les  deux 
bouts  à  de  longues  tringles  de  bois 
appelées  liais. 

Lames  ,  fe  dit  en  termes  du  jeu  de 
criârac ,  de  certaines  marques  lon- 
gues terminées  en  pointes  »  tracées 
au  fond  du  triélrac ,  &  fur  lefquelles 
on  fait  les  cafés.  On  les  appelle  auifi 
flèches. 

On  appelle  proverbialement  & 
populairement  une  femme  fine  & 
ruiée  »  une  bonne  lame  ,  une  fine 
lame. 

La  première  fyllabeeft  brève  »  & 
la  féconde  très-brève. 

LAMÉ»  ÉE;  adjeâlf  &  terme  d'or- 
diflage.  11  fe  dit  de  tout  ouvrage  où 
Ion, a  employé  de  la  lame  d'or  ou 
d'argent.  Une  étoffe  lamée  d*or^  la- 
mée éC argent* 

LAMEGO  i  ville  épifcopale  de  Por- 
tugal,  dans  la  province  de  Beyra  , 
i  dnquance  lieues ,  nord  ,  de  Lif- 
bonne ,  entre  Coimbre  &  Guarda. 

LAMENTABLE  \  adjeftif  des  deux 
genres.  Lamentabilis.  Déplorable , 
qui. mérite  d'être  pleuré.  Unehif- 
taire  lamentable. 

Il  fignifie  audi  quelquefois  dqu- 
loureux,  qui  excite  à  la  cpmpaflion. 
Le  vainqueur  fut  touché  des  cris  la- 
mentables des  vieillards  »  des  femmes 
&  des  enfans. 

LAMENTABLEMENT  ;  adverbe. 
D'un  ton  lamentable.  //  parla  de 
fes  infortunes  fi  lamentablement  qu  il 
fit  verfer  des  larmes  à  toute  rajffem- 
blée. 

LAMENTANA;  bourg  &  château 
d'Italie,  dans  TÉtat  de  TEglife/à 
douze  milles  de  Rome. 

LAMENTATION  j  fubftaniif  fémi-, 


LAM 

nin.  Lamentatio,  Plainte  accompa-^ 
gnée  de  cris  &  de  gémtffemens.  De 
longues  lamentations. 

On  appelle  les  lamentations  de 
Jerlmic  ,  un  pocme  lugubre  que  Jé^ 
rémie  compofa  à  Toccafion  de  la 
mort  du  pieux  r8i  Jofias.  &  qui 
fut  long-temps  dans  la  bouche  de 
tous  \t%  chantres  dlfraët.  On  croit 
que  ce  fameux  pocme  eft  perdu  ; 
mais  ilAousen  refte  un  autre  du 
même  prophète  »  compofé  fur  la 
ruine  de  Jérufalem  par  Nabucho- 
doDofor. 

Dans  les  deux  premiers  chapitres 
de  ce  dernier  pocme ,  Jérémie  s'oc- 
cupe particulièrement  à  décrire  les 
incommodités  du  fiége  de  Jérufa- 
lem :  dans  le  troifième  il  déplore  les 
pecfécutions  que  lui  même  a  fouf- 
ferres  :  le  quatrième  a  pour  objet  la 
ruine  &  la  défolation  de  la  ville  &  du 
temple,&ladifgracedûroiSédccias: 
le  cinquième  eft  une  efpècede  for- 
mule de  prières  des  Juifs  dans  leur 
difperfion  &  dans  leur  captivité.  Il 
eft  probable  que  celui*ci  fut  écrie 
après  les  autres  ,  puifqu  il  fuppofe 
que  le  temple  étdit  tellement  ruiné, 
qu'il  fervoit  de  retraite  aux  renards, 
&  que  le  peuple  étoit  déjà  en  cap- 
tivité. 

Les  quatre  premiers  chapitres  des 
lamenrations  fonr  en  vers  acrof* 
tiches  &  abécédaires ,  chaque  verfet 
ou  chaque  couplet  commençant  par 
une  des  lettres  de  l'alphabet  hébreu  , 
rangées  félon  l'ordre  alphabétique. 
Le  premier  &  le  fécond  chapitre 
contiennent  vingt -deux  verlVts  , 
fuivant  le  nombre  des  lettres  de 
l'alphabet.  Le  troifième-  chapitre  a 
trois  verfets  de  fuite  qui  commen- 
cent par  la  mcme  lettre  pi  a  en  tout 
foixante*fix  vetfets.  Le  quatrième 
chapitre  eft  femblable  aux  deux 
preoàers  \^  8c  n*a  que  vingt-deux 

yerfeu 


LAM 

vctfets  ,  U  cinquièmQ  n'eft  point 
açroftiche. 

^  Le  ftyle  de  Jércmie  eft  tendre , 
vif ,  pathétique.  C'étoit  fon  raient 
particulier  que  d'écrire  des  chofes 
touchantes. 

Les  hébreux  avoient  coutume  de 
.faire  des  lamentations  ou  des  can- 
tiques lugubres  à,  la  mort  des  grands 
hommes,  des  Princes,  des  Héros 
qui  s'étoient  diftingués  dans  les 
armes  ,  Se  même  i  l'occafion  des 
malheurs  &  des  calamités  publi- 
ques, lis  avoi^nt  des  recueils  de 
ces  lamentations.  ,  &  nous  avons 
encore  celles  que  David  compofa  â 
la  morr  d'Abn^ir  &  de  Jonathas. 

La  oremière  fyllabe  eft  brève ,  la 
féconde  moyenne ,  la  troifième  lon- 

J^ue ,  &  les  autres  brèves  au  fingu- 
ier ,  mais  ta  dernière  eft  longue  au 
pluriel. 

LAMENJÉ  ,  ÉE  i   participe  paffif. 

Fcye:(^  LAMEifTER. 

LAMENTER  j  verbe  aftif  de  la  pre- 
mière conjugaifon  «  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chanter.  Lamenta- 
ri.  Déplorer  ,  regretter  avec  plain- 
tes &  gémilTemens.  //  lamcntoh  fon 
défafirt.  Il  vieillit  comme  verbe 
aftif. 
Lamenter  ,  s'emploie  abfolument. 
Ils  ne  font  que  pleurer  &  lamenter. 

Il  eft  aufti  pronominal  réfléchi. 
Los  femmes ,  les  enfans  &  les  vieiU 
lards  Je  lamentèrent  en  vain  ,  tout 
fut  pajfi  au  fil  de  l'ipee. 

La  première  fyllabe  eft  brève , 
la  féconde  moyenne  ,  &  la  troifiè- 
me longue  ou  brève,  yoye:^  Verbh. 

Les  remps  ou  perfonnes  qui  fe 
terminent  par  un  e  féminin,ont  leur 
pénultième  fyllabe  longue. 

Prononcez  lamanter. 

I-AMENTIN  i  voye\  Lamantin. 

I,.AMER  AC  9  bourg  de  France  »  en 
Tome  XK 


ï.  A  M  3tft 

Saintonge  ,  à  deux  lieues  »  fud- 
oueft ,  de  Barbefiv^ux. 

LAMIE;  fubftantif  féminin.  Ceft  U 
plus  grande  efpèce  de  chien  de  mec 
ou  de  requin,  f^oye^  Requin. 

La  mies  ,  fe  dit  auflS  de  certains  dé^- 
mons  imaginaires  qui  fuivant  les 
anciens  ,  prenoient  une  figure  de 
belle  femme  j  fous  laquelle  ils  at- 
tiroient  les  enfans  &  les  dévoroienc 
enfuite. 

La  première  fyllabe  eft  brève, 
&  la  féconde  longue. 

LAMIER;  fubftantif  mafculin.  Ou- 
vrier qui  prépare  la  lame  d'or  ic 
d  argent  pour  le  Qianufaâurier  en 
étoffes  riches. 

LAMINAGE  ;  fubftantif  mafculin. 
Aâionde  laminer.  Le  laminage  du 

/lomb  .   de  Cor ,  de  l* argent. 
MINE  ,  ÉE;  participe  paflîf.  f^oy. 
Laminer. 

LAMINER  ;  verbe  aftif  de  la  pre- 
m ière  conjugaifon  ,  lequel  ,fe  con- 
jugue comme  Chanter.  Donner 
à  une  lame  de  métal  une  épaifteur 
uniforme  par  une  comprefljon  tou- 
jours égale.  Dans  les  monnoies  on 
lamine  l'or  &  l* argent. 

Les  deux,  premières  fyllabesibnt 
brèves  ,  &  la  troifième  longue  ou 
brève. 

LAMINOIR  î  fubftantif  mafculin. 
Machine  compoféeparticulièrement 
de  deux  cylindres  ou  rouleaux  do^ 
fer  entre  lefquels  on  fait  pafler  le 
métal  qu*on  veut  laminer. 

LAMIS  i  fubftantif  mafculin.  On 
donne  ce  nom  dans  le  commerce  i 
une  forte  de  drap  d*or  que  les  Vé- 
nitiens envoyent  4  Smyrne. 

LA  MO;  ville  maritime  d'Afrique, 
capitale  d'un  royaume  &  d'une  île 
de  même  nom  ,  aui  font  fitués  fur 
la  côte  de  Mclinde  ,  entre  l'ile  de 
Pâté  &  le  Royaume  d'AmpaM  au 


}6i  .    LAM 

nord  ,  8c  le  royaume  de  Melinde 
au  midi. 

LAMPADAIRE  ;  fubftantif  mafcu- 
lin  &  terme  d'Hiftoire  Ancienne. 
Titre  d'un  Officier  de  TÉglife  de 
Conftantinople ,  qui  prenoit  foin  du 
luminaire ,  &  qui  portoit  des  lam- 
pes »  des  flambeaux  devant  l'Empe- 
reur &  llmpératrice  lorfqu'ils  af- 
(iftoient  au  Service  divin.  Il  en  por- 
toit auflfi  devant  le  Patriarche. 

Il  y  avoir  encore  des  Lampadaires 
pour  le  Palais  de  l'Empereur  »  & 
même  pour  les  grands  Officiers  de 
la  Couronne ,  &  pour  les  premiers 
Magiftrats ,  furtout  les  Préfets  du 
Prcroire. 

Lampadaire  ,  fe  dit  auffi  d'un  inf- 
trument  propre  i  foutenir  des  lam- 
pes. 

La  première  fyllabe  eft  moyen- 
ne ,  la  féconde  brève  ,  la  rroifîème 
longue,  &  la  quatrième  très-brève. 

LAMPADATION;  fubftantif  fémi- 
nin.  Efpèce  de  quefïion  qu'on  fai- 
foit  fouffrir  aux  premiers  martyrs 
Chrétiens  aiund  ils  ctoient  éten* 
dus  fur  le  chevalet.  On  leur  appli- 
quoit  aux  jarrets  des  lampes  ou  bou- 
gies ardentes. 

LAMPADIAS  ;  fubftantif  mafculin , 
dont  quelques  anciens  Auteurs  fe 
font  fervis  pour  défigner  une  forre 
de  comète  barbue  qui  affeâe  tantôt 
nne  forme  &  tantôt  une  autre. 

LAMPADISTES}  fubftantif  mafculin 
pluriel  &  terme  d'Antiquité.  On 
appeloit  ainfi  chez  les  Grecs ,  de 
jeunes  gens   qui  s'exerçoient  aux 

,  flimbeaux.  Celui  qui  arrivoit  le 
premier  fans  que  fa  torche  s'étei- 
gnît ,  remportoit  le  prix. 

LAMPADOMANCIE;  fubftantif  fé- 
minin. Sorte  de  divination  dans  la- 
quelle on  obfervoit  la  forme,  la 
co&lcur  &  les  divers  mouvemens  de 


LAM 

la  lumière  d'une  lampe  ^  afin  d*e^ 
tirer  des  préfages  pour  l'avenir. 

LAMPADOPHORÉ;  fubftantif  maf- 
culin &  terme  d'Antiquité.  C'eft  le 
nom  qu'on  donnoit  à  ceux  qui  por- 
toient  les  lumières  dans  les  tètes  ou 
cérémonies  religieufes. 

On  appliqua  auffi  le  même  nom  à 
ceux  qui  donnoient  le  (ignal  d'un 
'combat ,  en  élevant  en  haut  des  tor- 
ches ou  des  flambeaux. 

LAMPADOPHORIES}  fubftantif  fé- 
minin pluriel.  Fête  des  Grecs ,  dans 
laquelle  ils  allumoient  une  infinité 
de  lampes  en  l'honneur  de  Miner- 
ve ,  de  Vttlcain  &  de  Prométhée, 
toutes  en  aâions  de  grâces  de  ce 
que  la  première  de  ces  Divinités 
leur  avoir  donné  l'huile  ;  aue  Vul- 
cain  étoit  l'inventeur  des  lampes  > 
&  que  Prométhée  les  avoit  rendues 
utiles  ,    enj  dérobant    le   feu    du 

.  ciel.  Le  jour  de  cette  fête  ils  fat- 
foient  des  facrifices  &  des  jeux  où 
Tooi  voyoit  courir  des  hommes  un 
flambeau  â  la  main  pour  remporter 
des  prix. 

LAMPAREILLES  j  fubftantif  fémi- 
nin pluriel.  On  donne  ce  nom  à  de 
petits  camelots  légers  qui  fe  fabri* 
quent  en  Flandre.  Il  y  en  a  d'unis, 
â  fleurs  &  de  rayés. 

L  AMP  AS;  fubftantif  mafculin.  Ter- 
me de  Manège  &  de  Maréchalierie. 
Continuation  contre  nature  »  ou  al- 
longement de  la  membrane  qui  re- 
vêt intérieurement  la  mâchoire  fu- 
périeure  y  &  qui  tapifte  le  palais  du 
cheval.  Cette,  légère  maladie  fe 
nomme  auflj  févc.  Voyez  ee  mot. 

Lampas  ,  fe  dit  aufli  d'une  érofFe  de 
foie  de  la  Chine»  façonnée  â  peu 
près  comme  les  gros  de  Tours  bro- 
chés. 

La  première  fyllabe  eft  moyennet 
&  la  féconde  longue. 

LAMPASSÉ,  È£}  ad>eaîf  &  ccrme 


t 

I 


LAM 

it  l'Are  Héraldique.  Il  Te  dit  des 
Itoos  &  des  ancres  animaux  repré- 
fentes  avec  la  langue  qui  fore. 

Daubiûnb  ,  de  gueules  au  lion 
d*herniine  ,  armé  »  UmpaflTé  & 
couronné  d  or. 
LAMPASSES  ;  fubftanrif  féminin 
pluriel.  Toiles  peintes  qui  fe  font 
aux  Indes  Orientales ,  en  divers  en- 
droits de  la  cote  de  Coromandel. 
LAMPE}  fubftancif  féminin.  Lucema. 
Vafe  où  l'on  met  de  l'huile  avec  de 
la  mèche  pour  éclairer. 

L'ufage  des  lampes  allumées  eft 
très-ancien  dans  les  Églifes ,  où  on 
les  a  toujouts  fufpendues  aux  voûtes 
&  aux  lambris. 

Il  7  avoir  dans  le  Temple  du  Sei- 

^  gneuty  une  lampe  fur  chacune  des 

fept  branches  du  chandelier  d'or  ^ 

c'eft  pourquoi  quelques  Auceurs  ont 

appelé  ce  chandelier  lampadaire. 

On  voit  dans  la  ville  de  Fez  une 
mofquée  où  il  y  a  neuf  cens  lampes 
d*airain  qu'on  allume  toutes  les 
nuits» 

On  appelle    lampes  fépulcraks  ^ 
des  lampes  trouvées  dans  les  tom- 
*  beaux  des  anciens  Romains. 

On  appelle  lampe  de  Cardan^  du 
nom  de  fou  auteur ,  une  lampe  qui 
eft  faite  de  telle  façon  que  de  quel- 
que c&té  qu'on  la  tourne  »  l'huile  ne 
ie  répand  jamais. 

On  dit  figurément  de  quelqu'un 

2ui  meurt  par  épuifement .  par  dé- 
ûllance^de  nature ,  qu'i/  ny  a  plus 
d'huile  dans  la  lampe. 

On  appelle  cul  de  lampe  ,  certain 
ornement  de  lambris  ou  de  voùre , 
qui  eft  fait  comme  le  cul  d*une  lam- 
pe d'Églife.  Il  y  a  auffi  en  architec^ 
ture  certains  cabinets  faillans  en- 
dehors  ,  &  faits  en  cuUde  lampe. 

On  appelle  encore  cul  de  lampe , 
nn  certain  fleuron  q'â  fe  met  à  la 
fin  d'un  livre»  d'un  chapitre  »  &c. 


LAM  3(^3 

Dans  le  commerce»  on  appelle 
lampes  ,  certaines  étamines  de 
laine  d'Efpagne  (jui  fe  fabriquent  en 

auelaues  endroits  de  la  Généralité 
Orléans.  Et  l'on  appelle  laines  lam- 
pes^  les  laines  dont  on  les  fabti- 
que. 

La  première  fyllabe  eft  longue  » 
&  la  féconde  très 'biève. 

L AMPEDOUSE  ;  petite  île  dé  la  mer 
d'Afrique  ,  fur  la  cote  de  Tunis ,  à 
quarante  cinq  lieues  de  Malte,  &  i 
vingt  de  Tunis.  Son  circuit  eft  de 
cinc]  lieues.  Elle  n'eft  point  habitée, 
mais  elle  a  nn  aifez  bon  port  où  les 
vaideaux  vont  faire  de  l'eau.  Là 
pèche  Y  eft  excellente ,  &  Ton  pré- 
tend que  (î  elle  étoit  cultivée ,  la  vi- 
gne &  le  froment  y  réuftiroienr  très- 
bien.  Ce  fut  près  de  cette  île  que 
l'armée  Navale  de  l'Empereur  Char* 
les  Quint  fit  naufrage  en  1551. 

LAMPÉE^  fubftantif  féminin  &  ter- 
me populaire.  Grand  verre  de  vin* 
//  vient  d'en  avaUr  une  lampée. 

LAMPER  \  verbe  aâif  de  la  première 
conjagaifon  ,  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter.  Terme  popu- 
laire qui  Hgnifie  boire  avidement 
de- grands  verres  de  vin.  Ils  eurent 
bientôc  lampe  tout  ce  vin. 

Lamper  ,  eft  aufli  verbe  neutre.  Ceji 
une  femme  qui  aime  à  lamper. 

LAMPERON  i  fubftantif  mafculin. 
Le  petit  tuyau  ou  languette  qui  tient 
la  mèche  dans  une  lampe. 

LAMPÉTIENS  ;  (  les  )  Hérétiques 
qui  s'élevèrent  dans  le  feptième  fié* 
de  ,  &  qui  adoptèrent  en  plufieurs 
points  la  doArine  des  Aériens. 
Lampétius  leur  chef  avoit  renou- 
velé quelques  erreurs  des  Marcio- 
nires.  Ce  qu'on  en  fait  de  plus  cer*- 
tnn  ,  fur  la  foi  de  S.  Jean  Damaf- 
cène ,  c*eft  qu'ils  condamnoient  les 
vœux  monaftiques  ,  particulière- 
ment celui  d'obiéiirance ,  qui  étoit» 

Zb  ij 


3  ^4  L  A  M 

difoient-ils ,  incompatible  avec  la 
liberté  des  enfans  de  Dieu.  Us  per- 
mettoienc  aufll  aux  religieux  de 
porter  tel  habit  qu'il  leur  plaifoit  ^ 
prétendant  qu'il  étoit  ridicule  d'en 
fixer  la  forme  ou  k  couleur  pour 
une  profeflion  plutôf  que  pour  une 
autre. 

LAMPION  ;  fubftantif  mafculin. 
Sorte  de  petite  lampe  de  fer  blanc 
ou  d'autre  matière ,  propre  à  con- 
tenir des  huiles  ou  des  fuifs ,  & 
dont  on  fe  fert  dans  les  illumina- 
tions. 

Lampion  ,  fe  dit  aufli  du  vafe  de  v^rre 

2u*on  fufpend  au  milieu  des  lampes 
'Églife ,  entre  le  panache  &  le  cui. 
lot. 

LAMPON  i  ville  d'Afie  au  fond  d'un 
golfe  de  même  nom  ,  dans  là  partie 
la  plus  méridionale  de  Tile  de  Su- 
matra. 

LAMPRESSES  ;  fubftantif  féminin 
pluriel  &  terme  de  Pêche.  Qn  ap- 
pelle ainfi  les  filets  qui  fervent  à 
faire  dans  la  Loire  la  pêche  des 
lamproies  qui  y  eft  très-confidéra* 
ble. 

LAMPROIE  ;  fubftantif  féminin. 
Lampctra.  Poillbn  de  mer  &  de 
civière  ,  mis  au  rang  des  poifTons 
cartilagineux ,  qui  nage  ordinaire- 
ment en  grande  eau  ,  qui  lèche  & 
fuce  les  pierres,  les  rochers,  &  la 
furface  intérieure  des  vafes  dans 
lefquels  on  l'enferme.  La  Lamproie 
eft  très-connue  dans  les  poilTonne- 
lies. 

Ce  poiflbn  ,  long  ,  gluant  &  car* 
tilaginywtx,  refTemble  à  l'anguille, 
excepté  par  la  tête ,  qui  eft  de  fi- 
gure ovale.  Sa  bouche  n'eft  ni  fen- 
due ,  ni  longue  ,  m  fort  large  ;  mais 
cavée  comme  celle  des  fangs-fues  ; 
elle  eft  garnie  de  dents  jaunes ,  très- 
aigues ,  comme  triangulaires  &  ran- 
gées fans  ordre  4aiis  coûte  fa  capa- 


LAM 

cité.  Son  corps  eft  rand  ,  fa  queue 
eft  .menue  &  un  peu  large  \  la  cou- 
leur du  corps  eft  d'un  jaune  tirant 
fur  le  vert ,  marqueté-çi  &  là  de 
caches  &  de  points  noirs.  Son  ven* 
tre  eft  blanc  \  le  dos  eft  femé  de 
caches  bleues  &  blanches  ^  la  peau 
eft  lifle ,  ferme  &  dure.  Cette  fur-* 
face  du  corps  eft  vifqueufe  ;  c'eft^à' 
dire  ,  couverte ,  au  lieu  d'écaillés , 
d'une  bave  très-gluante  :  on  voit 
fouvent  au  travers  de  ta  peau  ,  les 
vaifTeaux  d*où  fort  Thumeur  qui  kit 
à  lubrifier  tout  le  corps  :  de  chaque 
côté  du  corps  ,  la  Lamproie  à  fept 
trous  ronds,  qui  lui  fervent  d'ouies. 
Entre  les  yeux ,  au  plus  haut ,  & 
au  milieu  de  la  tête  ,  elle  a  un  con- 
duit jufqu'au  palais,  par  lequel  elle 
tire  l'air  &  rejette  l'eau,  comme 
les  poiiïbns  qui  ont  des  poumons: 
elle  nage  au-defTus  de  l'eau  ^  &  on 
rétoufferoit  aifément  G  on  la  tenoic 
par  force  fous  l'eau.  Les  yeux  fenc 
ronds  &  profonds  ;  elle  n'a  ni  lan- 
gue ,  ni  nageoires  \  les  replis*  de 
Ion  cerps  lui  fervent  â  nager,  & 
deux  efpèces  de  petites  ailes  ,  l'une 

Placée  fur  le  bout  de  fa  queue  > 
autre  un  peu  plus  haut ,  lui  fer- 
vent â  fendre  l'eau.  Son  cœur  eft 
enveloppé  dans  un  cartilage  ,  au- 
quel le  foie  eft  attaché  :  ce  foie  eft 
bleu  ,  peu  cacheté  &  fans  fiel.  De- 
puis la  bouche  jufqu'â  l'anus ,  ce 
poiffon  n'a  qu'un  conduit  «  long> 
étroit  par  les  deux  bot!ts ,  &  large 
au  milieu.  Au  lieu  d'arrêtés,  la 
Lamproie  a  fur  l'épine  du  dos  un 
cartilage  en  forme  de  corde  ,  dans 
lequel  il  y  a  de  la  moeUe. 

La  Lamproie  entre  au  pritKemps 
dans  les  rivières  pour  y  dépofer  les 
ceufs,  &  s'en  retourne  enfuite  dans 
la  mer  j  c'eft  le  temps  qu'on  en 
pêche  beaucoup,  car  dans  la  mer 
on  en  prend  pea.  Ce  poiilon  vit 


LAM 

d*eau  &  de  boarbe.  Quan4  il  a  jeté 
Ces  œafs ,  il  devient  fec  de  dur  :  il 
ne  vit  ordinairement  que  deux  ans  : 
fa  chair  eft  alTez  molle  y  un  peu 
gluante  &  excrcmenteufe.  La  Lam- 
proie mâle  eft  préférée  à,  la  femelle 
dans  les  alicnens  :  on  doit  les  pren- 
dre dans  des  eaux  vives. 

Les  Icthyologiftes  ont  fait  men- 
tion d'autres  efpèces  de  Lamproie , 
favoirj  i^.  La  petite  Lamproie  d'eau 
douce  y  qui  a  ,  outre  les  grandes 
dents  ocdinaires ,  une  autre  petite 
rangée  en  haut ,  &  Htuée  dans  le 
fond  de  la  bouche.  Cette  Lamproie 
eft  longue  8c  étroite  ;  le  dos  eft 
bran  &  rouge,  le  venrre  blanc  :  on 
la  pêche  dans  l'Elbe  vers  le  ca- 
rême :  foit  frais  ,  foit  fumé  ,  ce 
poiflon  eft  un  bon  manger  ;  dans 
un  autre  temps  la  chair  en  eft  plus 
fèche.  2^  Une  très-petite  Lamproie 
iteau  douce  ,  qui  eft  commune  en 
Suède  ,  ic  qui  eft  â  peine  de  la 
grodeur  d'un  ver  ,  fa  longueur  eft 
d'un  pied  &  demi,  j^  La  grande 
Lamproie  y  ou  la  Lamproie  de  mer: 
celle-ci  change  de  nom  fuivant  fon 
âge  6c  fa  grandeur  :  fon  foie  eft 
vert.  On  en  trouve  dans  l'Elbe, 
qui  pefent  trois  livres  ;  elles  ren- 
trent dans  la  met  avec  les  Sau- 
mons. 

LAMPROPHORE  ;  fubftantif  des 
deux  genres.  On  appeloit  ainddans 
la  primitive  Eglife  ,  les  Néophites 

{>endant  les  fcpt  jours  qui  fuivoient 
eur    baptême  ,    parcequ'alors  ils 
étoient  revêtus  d*un  habit  blanc. 

Les  Grecs  donnoient  aufti  ce  Qpm 
aa  jour  de  la  réfurreâion,  parce.que 
ce  myftcre  répand  la  lumière  de  la 
foi  dans  les  âmes  ,  &  parceque  ce 
joar  là  les  maifons  étoient  éclairées 
de  cous  côtés  d'un  grand  nombre  de 
cierges^  fymbole  de  la  lumière^ 


LAM  3(^5 

que  la  réfurreftion  de  Jésus-Christ 
a  produite  dans  le  monde. 

LAMPROYON  i  fubftantif  mafculin. 
diminutif.  Petite  Lamproie.  Koye:^ 
Lamproie. 

LAMPSANE ,  ou  Herbe  aux  Mâ^ 
MELLES  ^  fubftantif  féminin,  j^amp- 
fana.  Plante  qui  reffemble  un  peu 
au  laiteron  ,  &  qui  croît  commu- 
nément dans  les  jardins  &  les  ver* 
gers ,  le  long  des  champs  &  fur  le 
bord  des  '  chemins  :  fa  racine  eft 
iîmple  y  blanche  &  fibrée  :  fa  tige 
eft  haute  d'environ  trois  pieds, 
^  ronde  ,  cannelée  ,  rougeâcre,  un 
peu  velue  &  creufe  :  les  feuilles 
reflemblent  affez  à  celles  du  lai- 
teron des  murailles  :  {^^  fleurs  naif- 
fent  aux  fommités  des  branches^ 
formées  en  bouquets  ronds,  a  demi 
fleurons  jaunes;  il  leur  fuccède  des 
capfules  cannelées  ,  remplies  de 
menues  graines  ,  noirâtres  j  un  peu 
courbes  6c  fans  aigretrei. 

Cette  plante  eft  toute  d'ufage  ; 
elle  eft  rafraichilTante,  laxativé  & 
émolUente  :  fon  fi^c^guérirMa  galle  ^ 
&  particulièrement  le  bout  du  fein 
quand  il  eft  fendu  pu  écorché  \  c'eft 
ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom 
d'herbe  aux  mamelles. 

LAMPSAQUE ,  ou  Lampsaco  \  An- 
cienne ville  de  i'Afle  mineure ,  dans 
la  Myfîe»  prefqu'au  bord  de  la  mer» 
â  l'entrée  de  la  Proponiide ,  vis-à- 
vis  de  Gallipoli ,  ville  d'Europe» 
dans  la  Cherfonnèfe  de  Thrace. 
C'eft  la  même  dont  Alexandre  avoic 
juré  la  ruine  »  &  qui  fut  fauvée  par 
1  adrefle  d'Anaximène.  Voye\  Ana- 

'    XtMENE. 

LAMPTA  ;  Bourg  d'Afrique  ,  aa 
Royaume  de  Fez ,  près  de  la  Ca- 
pitale. 

LAMPTÉRIES  ;  fubftantif  féminin 
pluriel  &  terme  de  Mythologie, 
iete  qui  fe  célébroit  à  Patènes  »  im- 


$66 


LAN 


niédiaremenc  après  la  vendange , 
en  llionneur  de  fiacchus  :  elle 
confidoic  dans  une  grande  illumi- 
nation nôâurne»  &  a  veiferdu  vin 

•  à  cous  les  palTans. 

LAMPYRIS  i  fubftantif  mafcutin. 
R9f  donne  ce  nom  à  un  infede 
fans  ailes»  &  qui  eft  la  femelle 
d'une efpèce  de  mouche  cantharide. 
Il  eft  cQmpofé  d'onze  anneaux  j  fa 
tète  eft  petite.  Tant  que  cette  fe 
melle  vit  »  les  trois  derniers  de  fes 
anneaux  jetenc  la  nuit  des  rayons 
de  lumière,  qui  facilitent  au  mâle 
les  moyens  de  la  venir  trouver. 
C'eft  une  efpèce  de  ver  luifant:  on 
le  trouve  fur  terre  »  l'été ,  dans  les 
genévriers. 

LAN  CASTRE  ;  ville  d'Aneleterre , 
capitale,  d'une  province  de  même 
nom  y  fur  le  Lon  ,  à  deux  lieucS 
de  la  mer  dlrlande  »  &  foixante- 
deux  lie|ie$»nord-oueft,de  Londres, 
fous  le  1 4®  degré  »  )  f  minutes  de 
longitude,  &  le  J4^  de  latitudes 
La  {>rovince  de  Lancaftre  eft  bor- 
née à  l'occident  par  la  mer  d'Ir- 
lande ,  au  nord  eft  par  les  provin- 
ces de  Cumberland  Se  de  Weftmor- 
land  y  i  l'orient ,  par  le  Duché 
d'Yorck  ;  &  au  midi ,  par  le  Comté 
de  Chefter.  Elle  a  vingt-trois  lieues 
de  circonférence  &  contient  envi- 
ron onze  cent  cinquante  mille  ar« 
pens  :  lair  y  eft  fain,  les  habitans 
robuftes  &  les  femmes  très  belles. 
Les  principales  rivières  qui  l'arro- 
fent  font  le  Msrfey ,  la  Ribble  8c 
le  Lon.  Elle  abonde  en  blés,  en 
pâturages ,  en  bétail ,  en  gibier , 
en  truttes ,  en  brochets.,  &c. 

LANCE  y  fubftantif  féminin.  Lancea. 
Arme  d^haft  ou  à  long  bois ,  qui 
ft  un  fer.  pointu,  &  qui  eft  fort 
grofte  vers  la  poignée. 

La  lance  a  été  Ipng-temps  Tarme 
pwprç  des  CHev^lier$  5c  des  Çen- 


LAN 

darmos.  On  la  faifoît  d'ordinaire 
de  bois  de  frêne.  Quand  les  Che- 
valiers. &  les  Gendarmes  combat- 
coient  à  pied  dans  les  batailles  & 
dans  les  combats  ,  comme  cela  ar- 
riva un  peu  avant  Philippe  de  Va- 
lots  »  ils  accourcitfoient  leur  lances; 
cela  s'appeloit  les  retailler.  Oa  or- 
noic  les  ianccs  d'une  banderole  au- 
près du  fer.  Cette  coutume  étoit 
très-ancienne  8c  du  cenips  desCroi- 
fades.  Pour  fairç  un  auaut  de  lan- 
ces dans  les  tournois ,  on  difoit 
rompre  la  lance.  Les  lafues  levées 
dans  les  combats  étoient  le  figne 
d'une  prochaine  déroute. 

L'ufage  de  la  lance  ceffa  en  France 
dans  les  armées,  beaucoup  avant 
le  remps  que  les  compagnies  d'or« 
donnance  hiifent  léduires  i  la  gen- 
darmerie d'auj  jurd'htti.  On  ne  s'en 
fervoit  plus  guère  fous  le  règne 
de  Henri  IV;  mais  les  Efpagnols  en 
faifoient  encore  queiqu'uuge  da 
temps  de  Louis  Xlil. 

On  appeloir  autrefois  dzns  les 
joutes ,  lance  brifee ,  une  lance  ï 
demi  fciée   près  du  bout ,  enforte 

Îiu'elle  fe  pouvpic  facilement  bri- 
er. - 

On  dit  proverbialement  »  figuré* 
ment  &  familièrement ,  rompre  des 
lances  pour  quelqu'un  i  pour  dite , 
le  défendre  contre  ceux  qui  Tatta* 
quent. 

On  appeloir  autrefois  lanu  cour^ 
toife  ou  lance  mouffi  j  ou  lance  fré* 
reV,  ou  lance  mornee  ,  une  lance 
dont  le  fer  n'étoit  pas  pointu ,  mus 

2ui  étoit  garnie  au  bouc  d'une  forte 
'anneau  qu'on  appeloic  une/rèrc 
ou  une  morne. 

On  appeloir  main  de  la  lance  ^ 
la  main  droite  du  Cheyalier, 

On  dit  figurément  ,  baiflet  k 
lance  ;  pour  mre ,  flçchir  »  moUir  f 


LAN 

fe  relâcher.  //  fut  obkgé  de  baîjfer 
la  lance. 

é 

Lance  ,  k  dit  en  termes  de  Chirur- 
gie j  de  deux  fortes  d'inftrumens  j 
dont  l'un  ferc  dans  lopéracion  de 
la  fiftule  lacrymale ,  &  r^utre,  pour 
ouvrir  la  lêce  du  fœtus  mort  & 
arrêté  au  palïàge.  Celui  -  ci  s'ap- 
pelle lance  de  Mauriccau, 

Lance  ,  fe  prenoic  autrefois  pour  un 
Gendarme  armé  de  lance.  Une 
compagnie  de  cent  lances. 

On  appelcir  au(E  autrefois  lance 
fournie  y  un  homme  d'armes  ayant 
tout  fea  accompagnement  qui  écoit 
un  certain  nombre  d'Archers,  de 
Valets  &  de  chevaux. 

On  dit  proverbialement  &  éga- 
rement de  quelqu'un  ,  qu'i/e/?  venu 
à  beau  pied  fans  lance  ^  qu'/7  eji  re- 
tourné à  beau  pied  fans  lance  i  pour 
dire ,  qu'il  eit  venu  à  pied ,  qu'il 
eft  retourné  â  pied. 

On  appelle  lance  de  drapeau , 
lance  d* étendard ,  le  baron  auquel 
eft  artaché  le  drapeau,  l'étendard. 

Lance  a  #eu  ,  fe  dit  en  termes  d'Ar- 
tificiers ,  d'une  efpèce  de  fufée  qui 
ne  s'élève  point  en  l'air  &  qui  fert 
a  mettre  le  feu  à  une  pièce  d'ar- 
tifice. 

Lance  ,  fe  dit  aufli  d'un  certain  mé- 
téore ignée ,  qui  eft  à  peu  près  de 
la  figure  d'une  lance. 

La  première  fyllabe  eft  longue  ^ 
le  la  féconde  très-brève. 

LANCÉ  ,  ÉE  j  participe  paflif.  Voye^ 
Lancer. 

LANCELLÉE  ;  voye\  Lonchitis. 

LANCER  \  verbe  aâif  de  la  pre- 
mière conjugaifon ,  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chanter.  Flbrare. 
Darder  ,  jeter  de  force  Se  de  roi- 
dear  avec  la  main*  Les  anciens  lan- 
çaient dans  les  combats  des  traits , 
g^iis  dards  j  des  javelots* 

En  parlant  de  Dieu  >  on  dit  poë- 


LAN  5^7 

•  tiquement  &  dans  le  ftyle  foutenu , 
qu'i/  lance  le  tonnerre ,'  qu'/V  lance 
la  foudre.  Et  l'on  dit  du  foleil  , 
qu'i/  lance  fes  rayons  fur  la  terre. 
Lancer  ,  fe  dit  aum  de  certaines  ma- 
chines de  guerre.  Les  balijles ,  les- 
catapultes Jervoient  autrefois  à  lancer 
de  grojfes  pierres  ,  de  gros  dards. 

On  dit ,  fe  lancer  ;  pour  dire  » 
fe  jeter  avec  impétuofîté ,  avec 
tffoxi.Ilsfe  lanfèrent  dans  la  mêlée. 

On  dit  figmétnent  j  lancer  dt:s  re- 
gards ,  lancer  des  œillades.  Lancer  de 
tendres  œillades.  Lancer  un  t  égard 
de  colère.  Lancer  des  traits  de  fatyre^ 
de  méchanceté. 

On  dit  en  termes  de  Vénerie  « 
lancer  le  cerf  ;  pour  dire^  le  faire 
fortir  du  fort  pour  lui  donner  les 
chiens.  Autrefois  on  ne  lançoit  qua* 
vec  les  limiers  ;  aujourd'hui  on  dé-^ 
couple  les  chiens  de  meute  pour  lan^ 
cer  le  cerf. 

On  dit  aufld ,  lancer  un  loup  ; 
pour  dire,  le  faire  parrir  du  lite.au. 
Et  lancer  un  lièvre  ;  pour  dire  y  le 
faire  fortir  du  gîte.  Et  lancer  une 
bête  noire;  pour-dire,  la  faire  partir 
de  la  bauge. 

On  dit  en  termes  de  marine , 
lancer  une  manœuvre  ;  pour  dire, 
amarrer  une  manœuvre  autour  dun 
bois  mis  exprès  pour  cet  ufage.  Et 
lancer  un  vaiffeau  à  la  mer  ;  pour 
dire ,  le  mettre  pour  la  première 
fois  à  la  mer  au  fortir  du  chantier. 
Voici  comme  cela  fe  pratique. 

Le  plan  ou  le  chantier  qui  fou- 
tient  le  vaiffeau  à  terre,  eft  incliné 
à  l'eau ,  &  cette  inclinaifon  eft  or-  . 
dinairement  de  fix  lignes  ,  fur  un 
pied  de  longueur.  On  prolonge  ce 
chantier  jufqu'à  l'eau,  en  y  ajou- 
tant d'autres  pièces  de  bois  ,  qui 
forment  un  plan  toujours  également 
incliné,  &  on  met  au-dcflUs  de 
forts  madriers ,  pour  fervir  de  che- 


3^3 


LAN 


min  à  la  quille  retenue  dans  une 
coulifTe ,  formée  par  de  longues 
tringles  parallèles.  On  place  enluice 
de  chaque  côté  ^  jufqu'à  Teau ,  des 
poutres  qu'on  nomme  co'ucs  ^  & 
qui  étant  éloignées  les  unes  des  au- 
tres ,  i  peu  près  à  la  diftance  de  la 
demi-largeur  du  vaifTeau  ,  répon- 
dent vers  l'extrémité  du  plat  de  la 
maîtrelTe  varangue.  Cçmme  elles 
ne  peuvent  être  aiTe?  hautes  pour 
parvenir  jufqu'à  la  carène  du  vaif- 
leau,  quoiqu'elles  foient  fort  avan- 
cées deifoas  y  on  attache  deux  au- 
très  pièces  de  bois  appelées  colam- 
bUrSy  qui  s'appuient  vit  les  coites 
8c  qui  peuvent  gliflTer  delTus.  Ces 
poutres  font  frottées  avec  du  fain- 
dou)c  ou  avec  du  fuif.  On  frotte  de 
même  la  quille ,  on  attache  enfuite 
le  vailTeau  par  l'avant ,  par  les  côtés 
&  par-derrière  à  un  des  gonds  du 
gouvernail.  Pes  hommes  tiennent 
Tes  cordes  des  cotés  &  de  l'avant , 
&  la  corde  de  derrière  »  qu'on  ap- 
pelle cordç  de  retenue  ^  eft  liée  à  un 
gros  pieu  qui  eft  en  terre. 

Les  chofes  ainft  difpofées  »   on 
ôce  »  à  poups  de  maflue  ,  les  an- 
ciens coins  y  fc  pn  en  fubftitue  fur 
le  champ  de  nouveaux  ,  pour  fou- 
tenir  la  quille  dans  le  temps  qu'elle 
coulera.  Enfin  on  côupe  les  acore;  ic 
la  corde  de  retenue,&  dans  Tinftant 
le  vaiiTeau  part  \  il  faut  alors  jeter 
de  l'eau  fur  Pendroit  où  il  gliflTe  , 
crainte  que  le  feu  n'y  prenne  par  le 
grand  frottement  j  &  mettre  tout 
en  œuvre  afin  d'accélérer  la  marche 
du  yaiflTeau.  A  cette  fin  on  engage 
de  longues  fplives  dans    la   quille 
pour  l'agiter  ou    l'ébranler  fi    le 
vaiifeau   ne  part  pas    afie?  vite, 
&  les    hommes  qui  tiennent   les 
pord^ges  ]  de    l'ayant     les     rirent 
j^Iors  ,  ou  les    roidiflent    par  le 
fnpyep  4e$  çabeftftps ,  ^  i|s  naleRp 


LAN. 

ceux  des  cotés  pour  retenir  le  vaif- 
feau  dans  fa  chute  ,'  ou  pour  dimi- 
nuer la  force  du  choc  dans  l'eau  i 
qui  lui  feroit  préjudiciable. 

Cette.manière  de  lancer  les  vaif- 
feaux  à  leau , qiii  eft  fans  contre- 
dit la  meilleure  qu'on  ait  imaginée, 
n*eft  cependant  pas  fuivie  i>ar  les 
Portugais.  Ces  peuples  eftiment 
qu'il  vaut  mieux  que  le  vaifieaa  en- 
tre dans  Teau  par  la  poupe  que  par 
la  proue,  ils  ont  fans  doute  lears 
raifons  \  mais  il  n'eft  pas  aifé  de  les 
découvrir.  Dans  la  Nord-Hollandei 

f>our  lancer  les  vai (féaux  à  l'eau,  on 
es  fait  paffer  fur  une  digue  qui  s'é^ 
lave  en  talus  des  deux  cotés ,  &  qui 
eft  frottée  de  graiffe.  Lç  vaiflcaa 
eft  conduit  fur  un  pont  à  rouleaax 
au  bas  de  la  digue.  On  amarre  deux 
cordes  i  Tétrave  en  deux  endroits , 
&  autant  à  la  quille  ,  &  on  cintre 
l'arrière  avec  d'autres  cordes.  Ces 
cordes  paflTent  par  divers  vindas  ou 
cabeftans ,  à  chacun  defquels  il  y  a 
deux  poulies  &  trois  rouets  dans 
chaque  poulie ,  Vingt  ^  trente  hona- 
mes  virent  ces  machines  ,  tandis 
que  d'autres  font  attentifs  à  roidit 
lès  cordes  de  Tarrière  ,  lorfque  le 
bâtiment  vient  à  reculer.  On  le 
monte  d'abord  au  haut  de  la  digue  ^ 
ic  quand  il  y  eft  parvenu  ,  on  le 
met  (ur  la  pente  qui  conduit  i  1  eau, 
-te  on  le  fi|it  à  peu  près  de  la  même 
façon  qu'on  l'a  fuivi  pour  le  faire 
monter. 

Les  anciens  conduifoient  leurs 
vaifTeauxà  l'eau  fur  des  rouleaux  j 
mais  ces  vaiifeaux  étoient  fi  médio- 
cres ,  que  cette  méthode  ne  peut 
fournir  rien  de  curieux  ni  d'udle. 

On  dit  aufii ,  qu'«;z  vaifjiau  lance 
bâbord  oujlribord^  lorfque  ne  fai^ 
faut  pas  fa  route  ,  il  fe  jette  l  gau- 
che QU  à  droite  >  foit  que  le  tioio* 

m 


LAN 

ni«t  gpavcrnç  mal ,  foit  par  qael- 
qu  aucre  r^ifôn. 

La  première  fyllabeeft  moyenne, 
&  la  féconde  longue  ou  brève. 
f^pya[  Verbe. 

Les  temps  ou  perfonnes  qui  fe 
terminent  par  un  e  féminin,  ont 
leur  pénultième  fyllabe  longue. 

LANCEROTE  ou  Lancelote  j  île 
d'Afrique  j  Tune  des  Canaries ,  à 
quarante  lieues  de  la  côte  du  conti- 
nent la  plus  proche  ,  &  au  nord-eft 
de  Forteventura  dont  elle  n'eft  fé* 
parée  que  par  un  détroic  de  cinq 
lieues  de  largeur.  Elle  eft  comme 
couronnée  au  nord  par  les  quatre 
petites  îles  de  Sainte-Claire  ,  Ala- 
grança ,  Rocca  Se  Graciofa.  Sa  lon- 
gueur eft  d'environ  douze  lieues  j  Ac 
la  largeur  de  fept.  On  y  voit  un 
bourg  de  même  nom.  Elle  appar- 
tient à  l'Efpagne. 

LANCETIER  ;  fubftantif  mafculin. 
Les  chirurgiens  donnent  ce  nom  à 
rétui  dans  lequel  ils  ferrent  leurs 
lancettes. 

LANCETTE  ;  fubftantif  féminin. 
Scalpcllus.  PetMnftrument  de  chi- 
rurgie ,  dun  acier  extrêmement 
fin ,  très-pointu  &  à  deux  tranchans, 
qui  fert  à  ouvrir  la  veine ,  à  percer 
un  abcès ,  &c. 

On  diftîngue  quatre  fortes  de 
lancettes  :  Iz  lancette  à  grain  d^orge, 
qui  eft  plus  large  vers  la  pointe  que 
les  autres ,  &  qui  convient  pour  les 
vailTeaux  gros  &  fuperficiels  \  la 
lancette  à  grain  d* avoine  ,  qui  a  fa 
pointe  plus  alongée  que  celle  de  la 

(précédente  ,  &  qui  eft  propre  à  to«is 
es  vaifteaux  j  la  lancette  en  pyra* 
mide  ou  à  langue  deferpent ,  qui  va 
toujours  en  diminuant  J  &  qui  étant 
terminée  par  une  pointe  très-lonçue, 
très-fine  &  très-aiguë  y  ne  convient 


LAN  5(îf 

eft  plus  forte  ,  plus  longue  &  plus 
Mlrge  que  les  autres. 

LANCLA  \  ancienne  ville  d'Efpagne  , 
dans  TAfturie.  Florus  la  qualifie  de 
ville  forte. 

Ptolémée  place  une  ville  de  mê- 
me nom  dans  la  Lufitanie  chez  les 
Vettons. 

LANCIANO  i  ville  Archiépifconale 
d'Italie ,  au  Royaume  de  Naples  « 
capitale  de  l'Abruzze  citérieure  , 
fur  1«  torrent  de  Feltrino ,  à  trente 
lieues  ,  nord-eft  ,  de  Naples  ,  fous 
le  3  2^  degré ,  40  minutes  de  lon- 

Î;icude  ,  &  le  41^ ,  1 1  minutes  de 
atitude. 

LANCIER  i  fubftantif  mafculin.  On 
appeloic  ainfi  autrefois  un  cavalier 
dont  Tarme  étoit  une  lance.  Un  de^ 
tachemènt  de  cinquante  lanciers* 

LANCIÈRE  J  fubftantif  féminin.  Ter- 
me de  Coutume  qui  fignifie  l'ou-' 
verture  ou  paflage  par  où  l'eau  s'é- 
coule quand  les  moulins  ne  travail- 
lent pas.  On  dit  auffi  abée. 

LANCIS;  fubftantif  mafculin^  te 
terme  d*Archire£ture.  On  appelle 
ainfi  dans  le  jambage  d'une  porte 
du  d'une  croifée ,  les  deux  pierres 
plus  longues  que  le  pied  qui  eft 
d'une  pièce.  Les  lancis;  fe  font  pour 
ménager  la  pierre  qui  ne  peut  pas 
toujours  faire  parpain  dans  un  mur 
épais.  On  nomme  lancis  du  tableau  , 
celui  qui  eft  au  parement  \  8c  lan^ 
cis  de  l'écoinçon ,  celui  qui  eft  au- 
dedans  d'un  mur. 

LANÇOIR  }  fubftantif  mafculin ,  & 
terme.  d'Ârchiteâure  hydraulique. 
C'eft  la  pale  qui  arrête  l'eau  du 
moulin.  On  la  lève  quand  on  veuc 
le  faire  moudre  ou  faire  écouler 
l'eau  du  canal. 


LANÇU  i  fubftantif  mafculin.  C'eft 
te  I      chez  les  Chinois  une  Seûe  de  reli- 
que pour  les  vaifteaux  les  plus  pro-  J      gion ,  qui  porte  le  nom  de  fon  Au« 
tonds  )  enfin  la  lancette  à  abcès  qui  |      teitf  >*  contemporain  de  Confueius^ 
Tomi  XV.  A  a  a 


s»' 

■  **» 


370  LA-N 

lequel  fut  tppelé  Lançu  »  c*eft-i- 
dire ,  Philojophe  ancien ,  parceqtton 
feint  qa*il  demeura  quatre- vingt 
ans  dans  le  ventre  de  la  mère  avant 
de  naîcre-  Ses  Sedlacciirs  croient 
qu^après  la  mort  leurs  âmes  &  leurs 
corps  feront  tranfportés  au  ciel  pour 
y  goûter  toutes  forces  de  délices. 
Ils  fe  vantent  aufli  d'avoir  des  char- 
mes contre  toutes  fortes  de  mal- 
heurs ,  &  de  chafTer  les  démons  des 
corps  &  des  lieux  dont  ils  fe  font 
emparés. 

Ce  Lançu  ne  feroit-il  pas  le  mè- 
ipe  que  Lao-kiun.  Voyez  ce  mot.    1 
LANDAFF  ;  petite  ville  d'Angleterre,- 
au  Comté  de  Glamorgan  ,  dans  la 
Principauté  de  Galles ,  fur  la  Tave , 
au-Kle(ibus  de  CardifF. 
LANDAN  ;  fubftantif  mafculin.  Ar- 
bre fort  gros  qui  croit  aux  iles  Mo- 
luques  où  il  s'élève  i  la  hauteur  de 
vingt  pieds:  fes  feuilles  refTemblent 
à  celles  du  coco ,  mais  elles  font 
plus  petites  :  il  fournit  en  abondan- 
ce une  moelle  qui  eft  fous  fon  écorce, 
&  dont  les  infulaires  font  une  ef- 
pèce  de  pain  :  on  tire  du  coton  de 
fes  feuilles ,  &  les  petites  nervures 
tiennent  lieu  de  chanvre. 
LANDAU  j  ville  forte  de  France ,  dans 
la  baflè  Alface,  fur  la  rivière  de 
,     Queich ,  à  cinq  lieues ,  oueft-fud- 
t>ueft ,  de  Philipfbourg ,  &  à  quinze 
lieues  ,  nord-nord- eft  ,    de  Straf- 
bourg ,  fous  le  Z5^  degré ,  47  mi- 
nutes ,   j  o  fécondes  de  longitude , 
&  le  49^  ,  Il  minutes  ,  }8  fecon- 
.      des  de  latitude^   Cette  ville  étoit 
autrefois  une  des  dix  villes  Impé- 
riales de  la  préfedture  de  Haguenauj 
mais  elle  fut  cédée  i  la  France  par 
la  paix  de  Munfter  en  i  ^48 .  Au  com- 
mencement de  ce  fiècle  elle  a  éré 
prife  &  reprife  plufieurs  fois  par  les 
Impériaux  &  par  les  François ,  Se 
cn^n  le  traité  de  Ba^a^q  a  afluré 


la  pofTefllion  i  ces  derniers.  Elle  ne 
dépend  d'aucun  fiailliage  partial' 
lier  &  fe  gouverne  par  fes  propres 
Officiers. 

LANDAW  j  nom  de  deux  petites  vil- 
les d'Allemagne  ,  dont  Tune  eft 
fituée  dans  la  batTe  Bavière  ,  fut 
Hsère  »  i  fix  milles  de  Landshut  en 
allant  vers  Paifau  ;  &  l'autre  dans 
le  Comté  de  Waldeck  ,  fur  une 
haute  montagne. 

LANDE  j  fubftantif  féminin.  Grande 
étendue  de  terre  où  il  ne  vient  que 
des  bruyères ,  des  genêts ,  des  ron- 
ces ,  &c.  Un  pays  rempli  de  landes. 

Landes  ,  fe  dit  âgurément  pour  (igni- 
fier  des  endroits  fecs  &  ennuyeux 
qui  fe  trouvent  dans  un  ouvrage. 
Ceft  un  poïmc  oà  les  landes  font 
communes* 

» 

On  appelle  les  Landes ,  ou  le  pays 
des  Landes, une  contrée  de  Gafcogne 
d'une  étendue  affez  confidérable» 
Se  qu'on  divife  eu  grandes  &  en 
petites  landes.  Les  grandes  landes 
font  entre  Bordeaux  &  fiayonne  « 
&  les  petites  tildes  entre  Bazas  Se 
le  mont  de  Marfan. 

Le  pays  des  landes  comprend 
quatre  Vicomtes  qui  font  Dax  » 
Albret ,  Tartas  &  Aort.  Dax  eft  le 
Siège  &  le  Chef-lieu  de  la  Séné' 
chauffée  &  de  l'Eleâion  des  Landes. 

En  général  le  fol  eft  ingrat  &  fa- 
blonneux  dans  cette  contrée  :  on 
n'y  recueille  prefque  que  du  petit 
feigle ,  d'ailleurs  les  eaux  y  font 
mauvaifes  &  l'air  peu  falubre. 

La  première  fyllabe  eft  longue  & 
la  féconde  très  brève. 

LANDECK  j  petite  ville  de  Siléfie, 
dans  le  Comté  de  Gratz.  Elle  eft 
remarquable  par  fes  bains  d'eaax 
minérales. . 

LANDE  D'AIROUjbôurg  de  France, 
.  çnNormtndiej  fur  la  petite  rivîèxe 


:  'd*Aîrott  »  â  fepc  lieues ,  fud*fad-eft  » 

de  Cottcancesr- 
XANDELLE  j  bourg  de  France  en 

Normandie  ,  à  deux  lieues  j  nord- 

oucft ,  de  Vjre. 
LANDELLES  j  bourg  de  France  en 

Normandie  ,  à  cinq,  lieues ,  fud- 

oueft ,  d'Avranches. 
XANDEMONT;  bourg  de  France  en 

Anjou»   environ  à  douze  lieues  »' 

oueft-fujl-oueft ,  d'Angers. 

LANDEN  ;  petire  ville  des  Pays-Bas 
.  Autrichiens ,  dans  le  firabant ,  fur 
le  Beck ,  à  fept  lieues ,  fud-eft  , 
de  Louvain. 
LANDERNAUj  petire  ville  de  France 
en  Bretagne ,  fur  la  rivière  d*El  • 
horne ,  au  diocéfe  de  Saint-vPol  de 
Léon .  C'eft  le  chef-*lieu  de  l'ancienne 
Baronie  de  Léon. 

LANDES  ;  bourg  de  France  en  Sain- 
ronge  ,  â  deux  lieues  ,  nord-oueft , 
de  Saint- Jean  d'Angely. 

L  ANDÈ VE  ;  Abbaye  régulière  d'hom- 
mes ,  de  rOrdrc  de  Sainc-Âuguftin, 
en  Champagne >  à  trois  lieues, iud- 
eft  ,  d'Atcigny.  Elle  jouit  êc  4000 
livres  de  rente. 

LANDEVENEC  i  bourg  de  France , 
en  Bretagne ,  i  quatre  lieues ,  fud- 
eft  j  de  Breft.  Il  y  a  une  Abbaye  de 
Bénédiâins ,  qui  eft  en  commende 
&  qui  vaut  au  titulaire  (>5oo  livres 
de  rente. 

LANDGRAVE  i  fubftamifmafculin. 
On  donnoit  anciennement  ce  titre 
en  Allemagne  i  des  Juges  qui  ren- 
doient  la  juftice  au  nom  des  Em- 
pereurs dans  rintérieur  du  pays  j  en 
quoi  ils  difFéroient  des  Margrdvey 

?iui   étoient  Juges  des    Provinces 
tontières.  Peu  â  peu  ces  titres  font 
devenus  héréditaires  »  &  ceux  qui 
les  po(rédoient  fe  font  rendus  fou- 
'     verains  des  pays  dont  ils  n  étoient 
originairemeo(  que  le$  Jttg9JU    ; 


n 


LAN  371 

Aujourd'hui  on  donne  le  titre  de 
Landgrave  par  excellence,à  des  Prin- 
ces Souverains  de  l'Empire  ,  qui 
pofsèdent  héréditairement  des  Etats 
qu'on  nomme  Ladgraviats ,  &  donc 
ils  reçoivent  Tinveftiture  de  l'Empe- 
reur. On  compte  quatre  Princes 
dans  l'Empire  qui  ont  le  titre  de 
Landgrave  ;  ce  font  ceux  de  Thu- 
ringe ,  de  HelTe  ,  d'Alface  &  de 
Leuchtenberg.  Il  y  a  encore  en  Alle« 
magne  d'autres  Landgraves  :  ces 
derniers  ne  font  point  au  rang  des 

^  Princes  y  ils  font  feulement  parmi 
les  Comtes  de  l'Empire  \  tels  font 
les  Landgraves  de  Baar,  de  Brif- 
au,  de  fiurgend,  de  Kletgow^  de 
fellenbourg ,  de  Sauflfemberg  ,  de 
Sifgow  ,  de  Stev^ningen  ,  de  Stu- 
lingen  ,  deSundtgau  »  de  Turgow^ 
de  walgow.  ? 

LANDGRAVIAT;  fubftantif  tnaf- 
culin.  Étatd'ùnLandgrave.  I^Ltf/i^" 
graviat  de  Hejfe. 

LANDI  j  fubftantif  mafculin.  Nom 
d'une  foire  qui  fe  tient  à  Saint-De- 
nis en  France.  C'eft  un  jour  de  var 
cance  pour  les  Juridiâions.  de  Paris 
&  pour  rUniverfité,  Anciennement 
le  landi  ne  pouvoir  être  ouvert  qu'a- 

.  près  la  bénédidion  du  Reâeur  qui 
s'y  tranfportoit  en  pompe  &  en  cé- 
rémonie. 

Lanpi  ,  s'eft  auflî  dit  de  l'honoraire 
que  les  écoliers  dot^noient  â  leurS 
Régens  vers  le  temps  de  la  Foire 
de  ce  nom.  Cétoit  fix  ou  fept  écus 
d'or  qu'on  fichoit  dans  un  citron  Sc 
qu'on  mettoit  dans  un  verre  décrit 
tal.  Cet  argent  fervoit  à  défrayer 
le  Refteur  &  fes  fuppot?  lorfqu'ils 
alloieny  ouvrit  la  foire  i  St.  Denis. 

LAN  DIE  i  ternie  d'anatomie  ,  fyno- 
nyme  de  nymphes.  Voyez  ce  mor; 

LANDIER  i  fubftantif  mafculin-  Gros 

chenet  de  fer  en  ufage  daoi^er 

cuifinejt  1 

Aaâ  i| 


37»  LAN 

On  dh  proTerbialement  dt  quel- 
qu'un dont  le  caraâère  eft  froid  ^ 
qu'i/  eji  froid  comme  un  Undtcr. 

LANDIVISIAÙ  j  bourg  de  France  en 
Bretagne ,  i  cinq  lieues ,  fud-fud- 
oueft  ,  de  Sainc-Pol  de  Léon, 

LANDIVY  j  bourg  de  France ,  dans 
le  Maine  ^  i  quatre  lieues ,  fud- 
fud-  oueft ,  de  Morrain. 

LANDRECIES  ,  ou  LANDRECY  j 
'  ville  forte  de  France ,  dans  le  Hai- 
nault  )  fur  la  Sambre .  à  fept  lieues, 
eft-fud-eft,  de  Cambrai.  Elle  fut 
cédée  à  Louis  XIV  en  165  9  ,  par  le 
traité  des  Pyrénées.  Ses  fortifica- 
tions font  du  Chevalier  de  Ville  Ce 
du  Maréchal  de  Vauban. 

LANpREUX  ;  vieux  mot  qui  figni- 
fioit  autrefois  ii^firme. 

LANDSASSE  ;  fubftantif  mafculin. 
C'eft  en  Allemagne  celui  dont  la 

J^erfonne  &  les  biens  font  fournis  à 
a  juridiâion  d*un  Prince  qui  relève 
lui  -  même  immédiatement  de  l'Em- 
pire. Tels  font  les  Bavarois  j  les 
Saxons ,  &c. 
LANDiSBERG  ;  petite  Ville  d'Aile- 
magne  ,  en  Bavière  ,  fur  le  Leck  , 
a  vingt  mille  pas  au-deffous  d'Aug- 
Ibourg. 

Il  y  a  une  autre  ville  de  mcme  nom 
au  Royaume  de  Prufle ,  dans  la  Pro- 
vince de  Natangen ,  entre  Barrenf- 
rein  &  Zinten. 
Landsberg  ,  cft  encore  le  nom  d'un 
bourg  ou  petite  ville  d'Allemagne 
dans  la  Mifnie  •  affez  près  de 
Hall. 

LANDSER  ;  bourg  de  France  dans  le 
Sundrgaw  ,  à  trois  lieues  ,  nord- 
oueft,  d'Huningue.  Ceft  le  Siège 
d'un  des  cinqs  Bailliages  du  Sundt- 
gaw. 

lANDSHUT;  ville  forte  d'Allemagne 
^âns  la  baflTe  Bavière ,  fur  Tlfer ,  â 
quatorze  lieues,   f*d,  de  Hatif-I 
Mnne»  .         ,  '  ''     1 


LAN 

11  y  a  encore  deux  autres  vîQes 
de  même  nom  dont  une  en  Siléfie, 
au  Duché  de  Schweidnitz»  remar^ 
quable  par  fon  commerce  de  fil  Sc 
de  toile  de  lin  \  &  l'autre  en  Mora-- 
vie ,  fur  la  Morave ,  au-deflus  de 
Goding.  Celleci  fut  brûlée  en  170^ 
par  les  mécontens  de -Hongrie. 

LANDSKROON}  châreau  fort  de 
France  en  Al  face,  dans  le  Sundtgaw» 
à  une  lieue  »  fud-oueft.,  de  oâle. 

Landskroon  ,  eft  auili  le  nom  d'orne 
ville  forte  de  Suède ,  dans  la  Scanie, 
fur  le  Sund  »  à  cinq  lieues ,  nord- 
eft  y  de  Copenhague.  Les  Danois  la 
cédèrent  aux  Suédois  en  1  ^  5  8  ,  par 
le  traité  de  Rofchild, 

LANDSPERG ,  ou  LANDSBERG  j 
ville  d'Allemagne  dans  la  nouvelle 
Marche  de  Brandebourgs  fur  la 
Warte ,  près  des  frontières  de  la 
Pologne- 

Il  y  a  une  autre  petite  ville  &  an 
canton  de  même  nom  en  Allemagne, 
dans  le  Duché  de  Deux  Ponts. 

LANDSTUL  }  bourg  d'Allemagne , 
cfans^  Wafgow,  entre  Deux  Ponts, 
&  Keiferflautern.  Elle  appariiemau 
Prince  de  Deux  Ponts. 

LANEBOURG;  petite  ville  de  Sa- 
voie ,  au  comté  de  Maurienne>  fur 
la  rivière  d'Arc. 

LANERET;  fubftantif  mafculîn.  Ceft 
le  mâle  du  lanier.  11  vole  pour  la 
corneille ,  pour  le  courlis  &c.  f^oy. 
Lakier. 

LANERK;  ville  d'Écofle,  capitale 
de  la  Province  de  Clydfale  ,  près  de 
la  Clyd  ^  à  trois  lieues ,  fud-oneft  , 
d*Hamilton. 

LA1«GAGEi  fubftantif  mafculîn. 
Idiome;  manière  de  parler  d'une 
nation.  Le  langage  chinois  ejl  peu 
connu  en  Europe*  Ceft  un  langage 
qtf  aucun  de  nous  ne  comprend.  Il 
connoit  le  tangage  de  la  plupart  des 
naihns  de  J^E'ilrQpié 


LAN 

On  die  dans  cette  acception  que 
tapoifie  ejl  le  langage  des  Dieux. 

Langage,  (ignifîeaufli  dircoucs,ftyIe 
&  manière  de  parier.  Vn  langage 
rempli  d* allégories.  Un  langage  fleu- 
ri •  C*eft  un  mot  du  vieux  langage. 

Langage,  fe  dît  encore  de  la  manière 
de  parler  de  quelque  chofe ,  eu 
égard  au  fens  plutôt  qu'aux  mots  & 
â  la  diâion.  On  lui  fit  changer  de 
langage.  Ce  neft  pas  là  le  langage 
et  un  honnête  homme. 

Langage  ,  fe  dit  par  extenfion ,  de 
rout  ce  qui  fert  à  faire  connoîcre  la 
penfée  fans  parler.  Les  amans  em- 
ploient le  langage  des  yeux  pour  ex» 
primer  leurs  Jeux*  Les  deux  ont  un 
langage  muet  qui  annonce  la  gloire  du 
Créateur. 

Langage  ,  fe  dit  aufli  de  la  voix  j  du 
ai,  du  chant,  &c.  dont  les  ani* 
maux  fe  fervent  pour  fe  faire  en- 
tendre. Le  rabin  Efra  dit  quEve 
comprenoitk  langage  des  animaux. 
Les  Prêtres  d^ Apollon  Je  vantoient 
^defavoir  le  langage  des  oifeaux. 

La  première  fy  llabe  eft  moyenne, 
la  féconde  longue  ,  &  la  troifième 
très-brève. 

LANGARD,  ou  Langart  ;  vieux 
mot  quiiignifioitautrefois  un  grand 
parleur. 

LANGE;  fubftantif  mafcalin.  Mor- 
ceau de  toile  ou  d'étofFe  dont  on 
enveloppe  les  enfans  au  maillot.  Les 
langes  qui  touchent  immédiatement 
â  4a  peau  font  de  toile  \   ceux  de 
deflusqui  fervent  à  la  pnrure,  font 
de  fatin  ou  d  autres  étoffes  de  foie  , 
&  les  langes  d'entre  deux  qui  fer- 
vent ï  entretenir  la  chaleur  foot  de 
laine.  Le  Pape  envoie  des  langes 
bénits  au  Roi,  â  la  naiffance  du 
Dauphin  ,  parcequ'il  reconnoît  l'hé- 
ririer  préfomptil  de  la  Couronne 
pour  fils  aîné  de  l'Églife. 
LANGEAC  ^  ville  de  France  en  Au- 


lAN  373 

vergne ,  fur  TAliier  3  â  fept  lieues  , 
eft ,  de  S.  Flour. 

LANGELANC  ;  petite  île  de  Danne- 
marck  dans  lamer  Baltique.  Le  blé, 
les  pâturages  &  le  poidon  s'y  trou- 
vent affez  abondamment  Du  refte, 
il  n*y  a  qu'une  pente  ville  ou  bourg 
appelé  Rudcoping,  une  fortereflè 
&  (ix  villages. 

LANGENBOURG}  petite  ville  & 
Château  de  Franconie ,  dans  le 
Comté  de  Hohenloe. 

LANGESTj  ville  de  France  en  Tou- 
raine,  fur  la  Loire,  â  cinq  lieues, 
oueft-fud-oueft  ,  de  Tours ,  dans 
uneconrrée  fertile^  où  l'on  recueille 
entr autres  fruits,  d'excellens  me* 
Ions.  C'eft  le  Siège  d'une  Juftice 
Royale,    d'un  grenier  i  fel,    £c« 

LANGHARE  ;  fubftantif  mafculin, 
Arbriffeau  de  Tîle  de  Madagafcar, 
dont  les  f^^euilles  font  déchiquetées 
comme  celles  du  châtaigner,  mais 
plus  dures  &  plus  piquantes.  Ses 
âeurs  naiflent  fur  l'écorce  du  tronc 
fans  avoir  de  queue  \  ce  tronc  qui 
eft  droit  en  eft  tout  couvert^  elles 
font  rouges  comme  du  fang ,  d'un 
goût  acre  qui  excite  la  falive  : 
elles  purgent  violemment  au  poinc 
que  les  habitans  les  regardent  coq>» 
me  un  poifon. 

LANGJEAN  ;  (  Rémi  )  nom  d'un 
Peintre  de  Bruxelles ,  le  plus  eftimc 
des  élèves  de  Vandyck.  Il  a  formé 
fa  manière  fur  celle  de  fon  maître  , 
&  il  a  alfez  bien  faifi  fon  coloris  ^ 
mais  il  n'a  pu  atteindre  à  la  même 
fineflfe  de  deflein.  On  voit  peu  de 
tableaux  de  chevalet  de  Langjean; 
fes  principaux  ouvrages  font  des 
fujetsde  dévotion,  peints  en  grand» 
il  y  en  a  â  Bruxelles,  à  Louvain, 
â  DulTeldorp,  &c. 

LANGIONE;  viHe  confidérabled'A- 
fie  ,  capitale  du  Royaume  de  Lao, 
furie  MécoD,  à  54  lieues^  nord- 


374  LAN- 

eft»  d'Ava»  fous  le  ii^  degré  lo 
minutes  de  longitude  j  &  le  vingt- 
deuxième ,  }  8  minutes  de  latitude. 
Les  Talapoins  feuls  y  ont  le  droit 
de  bâtir  leurs  maifons  de  pierres  & 
de  briques. 

LANGOGNE;  ville  de  France  dans 
le  Gévaudan ,  fur  TAllier  ,  à  huit 
lieues  «  nord-eft ,  de  Mende, 

LANGON }  ville  de  France  dans    la 

'  Guyenne,  fur  la  Garonne,  d  cinq 

lieues ,  nord-nord-eft  »  de  Bazas. 

LANGONEi  fubftanrif  féminin,  Ceft 
le  nom  d'une  monnoie  du  treizième 
fiècle,  frappée  à  Langres  au  coin 
de  rÉvèque  de'cette  ville ,  qui  avoit 
obtenu  de  Charles  le  Chauve  le 
droit  de  battre  monnoie,  privilège 
que  confirma  l'Empereur  Charles 
le  Gros. 

LANGOU  ;  (ubftantif  mafculin.  Fruit 
deTilede  Madagafcar qui  relfemble 
â  une  noix  anguleufe^  &  qui  croit 
fur  une  plante  rampante.  Les  habi- 
tans  le  mâchent  pour  fe  noircir  les 
dents  ,  les  gencives  &  les  lèvres  y 
ce  qui  eft  un  agrément  chez  eux. 

LANGOUREUSEMENT  i  adverbe. 
Languide.  D  une  manière  langou- 
reule.  Elle  le  regardait  langoureufe- 
ment*    ' 

LANGOUREUX  ,  EUSE  ;  adjeaif. 
Languidus.  Qui  eft  en  langueur.  Elle 
fut  long^  temps  langoureuje. 

On  dit  par  dériuon  de  quelqu*un , 
x^iïil  fait  le  langoureux  auprès  d'une 
jemmc  ;  pour  dire ,  qu  il  fait  le  paf- 
donné  auprès  d'elle. 

Langoureux  ,  fignifie  aufll^qui  mar- 
que de  la  langueur.  Un  air  langou- 
reux. Une  voix  langoureufe.  Des  re- 
gards tendres  &  langoureux» 

La  première  fylîabe  cft  moyen- 
ne,  la  féconde  brève  ,  la  troifième 
longue ,  &  la  quatrième  du  féminin 
très-brève. 

J-ANGOUSf  E  i  fubftantif  mafciUin. 


LAN 

Sorte  d*ccrevi(Iê  de  mer  dont  nous 
avons  parlé  au  mot  écreviffe. 

LANGOUTI  i  fubftantif  mafculin  U 
terme  de  relation.  C*eft  feloD  M. 
de  la  Boulaye  ,  une  petite  pièce  d'é- 
tofFe  ou  de  linge,  dont  quelques 
Indiens  fe  fervent  pour  cacher^  le^ 
parties  qui  diftinguent  le  fexe. 

LANGRESj  ville  Épifcopale de  France 
en  Champagne ,  fur  une  hauteur , 
près  de  la  Marne,  â  quatorze  lieues, 
nord-nord  eft,  de  Di|on,  &  à  foi- 
xante-trois  lieues,  eft-fud-eft,  de 
Paris  ,  fous  le  vingt-deuxième  de* 
gré,  cinquante-neuf  minutes,  vingt- 
trois  fécondes  de  longitude ,  &  le 
quarante  feprième,  cinquante-deux 
minutes ,  dix-fept  fécondes  de  lati- 
tud;î.  Ceft  le  Siège  d*un  Préfidial, 
d'un  Bailliage,  d'une  Eleâion,  d'un 
Grenier  à  fel ,  &c.  Il  y  a  des  Jaco' 
bins,  des  Capucins,  des  Carmes 
Déchauftes,  des  Annonciadest  des 
Utfulines ,  des  Vifirandines  &  des 
Dominicaines.  Il  s'y  fait  un  com- 
merce confidérable  de  coutellerie. 
Certe  ville  a  elfuyé  diverfes  ré- 
volutions :  elle  fut  prife  &  btùlée 
dans  le  pafTage  d'Âtila,  fe  rétablit 
&  éprouva  le  même  fort ,  lors  de 
l'irruption  At%  Vandales  >  qui  maf- 
facrèrent  Saint  Didier ,  (on  Évê- 
que ,  l'an  de  Jérus-Chrift407.  Après 
que  les  Barbares  eurent  envahi  l'Em- 
pire Romain ,  Langres  tomba  fous 
le  pouvoir  des  Bourguignons,  & 
continua  de  faire  partie  dece  RoyaO' 
me,  fous  les  Francs,Vatnquenrsdes 
Bourguignons.  Elle  échur  à  Charles 
le  Chauve  par  le  partage  des  en&ns 
de  Louis  le  Débonnaire.  Elle  eut  en* 
fuite  fesComtes  particuliers  JHfqu'à 
ce  que  Hugues  III ,  Duc  de  Bour- 
gogne,ayant  acquis  cecomtédeHen- 
ri ,  Duc  de  Bar  ^  le  donna  vers  l'an 
1 1 79  »  â  Gautier  fon  oncle ,  Évêquo 
4le  Langres^  en  échange  du  donxaini 


LAN 

• 

<Ie  Dijon  ;  &  dans  la  fuice  le  Roi 
Louis  Vil  érigea  ce  comté  en  duché, 
tn  annexant  la  ville  à  la  Couronne. 
C*eft  de  celte  manière  que  les 
Êvèqaes  de  Langres  réunirent  Lan- 
gres  au  domaine  de  leur  Églife ,  & 
devinrent  trcs-puifTans  en  qualité 
de  Seigneurs  féodaux  dans  toute 
laendue  de  leur  Dioccfe.  Odon, 
Comte  de  Nevcrs  &  de  Champa- 
gne y  leur  fit  hommage  pour  le 
Comté  de  Tonnere  y  Se  cet  hom- 
mage leur  fut  renouvelé  par  Mar- 
guerite Reine  de  Suède  &  femme 
du  Roi  Charles.  Les  Rois  de  Na- 
varre ,  les  Ducs  de  Bourgogne  pour 
leurs  terres  de  la  Montagne,  &  les 
Comtes  de  Champagne  pour  plu- 
iîeurs  villes  &  feigneuries,  fe  virent 
auâî  leurs  fcudataires  ,  de  forte 
qu'ils  comptoient  parmi  leurs  vaf- 
leaox,  non- feulement  des  Ducs, 
mais  encore  des  Rois. 

Il  neft  donc  pas  étonnant  que 
TÉvcque  de  Langres  ait  obtenu  de 
Charles  le  Chauve' le  droit  de  battre 
monnoie ,  &  que  ce  privilège  lui  ait 
été  confirmé  par  Charles  le  Gros. 
Enfin  quoique  la  face  des  affaires  ait 
bien  changé ,  ces  Prélats  ont  tou- 
jours eu,  depuis  Philippe  le  Belj 
rhonneur  d  erre  Ducs  &r  Pairs  de 
France  jufqu'd  nos  jours.  L'Évèque 
de  Langres  eft  refté  ,  comme  autre- 
fois fumragant  de  l'Archevêché  de 
Lyon.  Son  diocèfe  qui  comprend 
la  ville  de  Tonnerre ,  eft  en  tout 
compofédecent  quarante-cinq  cures 
fous  fix  Archidiacres. 

LANGRUNEj  bourg  de  France  en 
Normandie  »  fur  l'Océan  ,  à  quatre 
lieues,  nord-nord-oueft  j  deCaen. 

LANGUE  j  fubftantif  féminin.  Un- 
gua.  Mufcle  très-agile  qui  remplit 
la  capacité  de  la  bouche  »  &  qui  eft 
Torgane  propre  &  icnmédiat  de  la 
parole  de  des  favcors.  U  eft  d'une 


LAN  375 

longueur  &  épaifTeur  confidérables } 
mais  il  eft  beaucoup  plus  épais  à  fa 
bafe  que  vers  fa  poinre.  11  réfulte 
de  Taflemblage  de  différens  muf- 
cles  qui  le  rendenr  très-mobile  en 
tout  fens. 

Ce  mufcle  a  différentes  attaches; 
la  partie  poftérieuretient â  Toshyoï* 
de  ;  en  bas  il  eft  annexé  à  la  mâ- 
choire inférieure,  par  deux  de  fes 
mufcles,  &  far  un  ligament  qui 
lui  eft  particulier  ,  &  que  l'oti  ap* 
pelle  leyr^i/2  ou  le  ^/er.  Sa  fubftance 
eft  un  tiftu  de  fibres  charnues  entre- 
mêlées de  glandes,  de  papilles  ner«» 
veufes,  de  veines  ,  d'artères  &  de 
nerfs  \  les  fibres  mufculcufes  font 
diverfement  dirigées ,  &  fuivant 
que  chacune  fe  racourcit ,  la  langue 
peut  fe  replier  en  divers  i^m.  On  y 
obferve  rrois  fortes  de  fibres  lon- 
gitudinales, qui  vont  de  la  bafe  à 
la  pointe  \  les  unes  pour  y  arriver 

fmdent  par  le  milieu  du  corps  de  la 
angue  ;  celles-ci  en  fe  racourcifianc 
attirent  la  pointe  vers  la  bafe  \  les 
autres  font  du  côté  droit ,  &  en  fe 
racourcifiant  elles  tirent  la  pointe 
du  côté  gauche.  Pareillement  la  lan- 
gue eft  coupée  par  des  fibres  tranf- 
verfalesquL  vonr  d'un  côté  à  l'antre  \ 
celles-ci  font  perpendiculaires  aux 
longitudinales  &  s'entrelacent  avec 
elles ,  de  forte  que  cjuand  elles  fe 
racourciflènt  elles  allongent  &  arron- 
diffent  la  langue ,  en  la  rendant  plus 
épaifTe  &  moins  applatie.  On  re* 
marque  outre  ces  dernières,  d'au* 
très  fibres  obliques  ,  qui  conpenc 
les  longitudinales  te  les  tranfverfa- 
les  à  angles  aigus  ;  en  fe  contraâanc 
elles  diminuent  la  longueur  de  la 
langue.  On  en  reconnoîr  enfin  qui 
vont  perpendiculairement  de  hauc 
en  bas  félon  répaiflfeur  de  la  langue» 
Ces  dernières  en  fe  racourciftànt  p 
approchent  la  furface  fupéiieuc» 


ijë  LAN 

de  UUngtie,derinférieure,  c'cft-e 
à  dire  »  qu  elles  la  rendent  plus 
mince  &  plus  applacie. 

La  langue  a  pludeurs  membra- 
nes 2  la  première  ou  celle  de  deflbus 
eft  cendineufe  j  elle  eft  une  produc- 
tion des  tendons  des  fibres  char- 
nues ,  &  il  s'élève  fur  cette  mem- 
brane de  petites  papilles  en  for- 
me de  cornes  de  limaçon  »  ou  de 
petits  champignons.  Il  s'en  trou- 
veà  l'extrémité  beaucoup  plus  qu'ail- 
leurs ,  &  entr'elles  il  jr  en  a  une 
inanité  en  forme  d'arc  ,  &  d'au- 
tres qui  font  pointues  »  &  qui  fe 
recourbent  vers  le  derrière  ;  on  en 
remarque  encore  de  grandes  vers  la 
bafe  »  mais  en  petit  nombre  &&  qui 
font  en  forme  d'ombilic.  Ces  papil- 
les font  logées  dans  les  cavités  de 
la  féconde  membrane ,  que  Ton  ap- 
pelle véficulaire  ,  &  font  revêtues 
d'une  membrane  diflférente  ,  très- 
déliée  &  qui  fert  comme  d'épider- 
meâ  la  langue.  Ce  font  ces  ma- 
melons qui  lont  les  inftrumens  im- 
médiats du  goût.  On  trouve  aux 
environs  de  ces  papilles  de  petites 
glandes ,  qui  ne  font  pas  plus  volu- 
mineufes  que  des  grains  de  moutar- 
de vers  la  partie  antérieure  ^  mais 
qui  augmentent  en  groltèur  â  me- 
fure  qu'elles  fe  trouvent  plus  près 
de  la  poftérieure  \  la  face  inférieure 
de  la  langue  n'a  ni  papilles ,  ni  tiffu 
réciculaire ,  &  n'a  par  conféquent 
aucune  part  aux  fenfations  des  fa- 

.    veurs. 

La  langue  a  plufieurs  paires  de 
mufcles  \  Ja  première  eft  iesgemo' 
glojfcs  ^  la  féconde  les  bafio-gloffcs ^ 
la  troifième  les  ccratoglojfes  «  la  qua- 
trième les  ftyloglojjcs  ,  à  quoi 
quelques  auteurs  ajoutent  pour  cin- 
quième le  chondro-glojfc  &  le  my- 
loglojjc.    C'eft   au  moyen  de  ces 

.   diffécens  mûfcles   que  la  langue 


LAN 

exécute  fes    divers  mouvemens. 

Les  ufages  de  la  langue  font  i  ^. 
d'aider  à  la  maftication  en  tournant 
les  alimens  dans  la  bouche,  & 
en  fourni ifant  par  (es ,  glandes 
un  fuc  propre  à  les  diffoudre.  2°. 
De  fervir  i  la  déglutition  par  le 
jnoyen  de  ces  mufcles  qui  rappro- 
chent fa  bafe  &  la  collent  au  palais. 
}^.  Elle  eft  l'organe  fpécial  du  goût. 
4^.  Elle  concourt  à  larticulation  de 
la  voix.  5^.  Elle  nétoie  les  dents  & 
toute  la  bouche  des  reftes  d'alimens 
qui  y  caufent  de  Tincommodité  ^  &c. 

On  dit  proverbialement  en  par- 
lant de  quelqu'un  pour  qui  on  n  a 
point  de  compaffion  ,  je  lui  vcrrois 
tirer  la  langue  d'un  pied  de  long  y  que 
je  ne  luidonnerois pas  un  verre d'eau^ 

On  dit  familièrement  d'une  chofe 
mince  &  déliée,  <\\JLelle  efi  minu 
comme  la  langue  d'un  chat. 

On  dit  aulii  familièrement,  avoir 
la  langue  bien  pendue;  pour  dire, 
avoir  une  grande  facilité  de  bien 
parler.  Et ,  afoirla  langue  tien  affi» 
lee  ;  pour  dire,  parler  beaucoup  & 
facilement. 

On  dit  encore  familièrement, 
avoir  une  grande  volubilUé  de  langue  ; 
pour  dire ,  parler  avec  une  grande 
rapidité.  Et,  qu'u/i^  chofe  a  dénoué 
la  langue  à  quelqu'un;  pour  dire, 
qu'elle  lui  a  donné  plus  de  facilité 
déparier. 

On  dit  au(fî  familièrement  d'une 
perfonne  qui  parle  beaucoup,  que 
la  langue  lui  va  toujours. 

On  dit  encore  familièrement  de 
quelqu'un  ,  qu'i/^z  bUn  de  la  langue; 
qvCil  a  la  langue  bien  longue ,  qaV/ 
ne /auroit  tenir /a  langue;  pour  dire, 
qu'il  découvre  tout  ce  qu'il  fait ,  8c 
Qu'il  ne  peut  rien  tenir  caché.  Et  Toa 
dit  par  oppofition  d'un  homme  fe- 
cret  &  qui  parle  peu ,  qa'i/  napoint 
de  langue. 

On 


LAN  . 

On  die  auflfi  dans  le  même  Ctni  » 
qtt*fin  homme  ejl  maître  ou  n*eji  pas 
^maître  de  fa  langue. 

On  dit  figuremenc  &  familière-- 
ment  de. Quelqu'un  qui  parle  facile- 
ment &  élégamment ,  que  cefi  une 
langue  dorée. 

On  dit  de  quelqu'un  »  qu'i/  a 
la  langue  graffe  ;  pour  dire  j  qu'il  a 
la  langue  cpaiflTe,  &  qu'il  prononce 
mal  certaines  confonnes  >  fur-tout 
les  r. 

On  dit  familièrement  de  quel- 
qu'un qui  par  mégarde  ou  autre- 
ment dit  un  mot  différent  de  celui 
qu'il  auroit  fallu  dire ,  que  la  langue 
lui  a  fourché. 

On  dit  figurément  de  quelqu'un 
qui  a  poutume  de  médire  &  d'atta- 
quer la  réputation  d'autrui»  que 
cefl  une  mauvaife  langue ,  une  langue 
*  dangereufe^  une  langue  de  vipère^ 
une  langue  dejerpent.  £t  Ton  appell^ 
Beurément  coup  de  langue ,  une  mé- 
difance  ou  un  mauvais  rapport  que 
l'on  fait. 

On  dit  proverbialement  dans  ce 
iens,  qu'il//!  coup  de  langue  ejlpire 
.qu'un  coup  de  lance. 

On  dit  figurément  &  familière- 

.  ment  »  donner  du  plat  de  la  langue  / 

.  pour  dire ,  flatter  quelqu'un  dans  la 

vue  de  le  tromper,  en  lui  donnant 

de  fanfles  efpérances. 

On  dit ,  <\\xon  a  un  mot  fur  le 
bout  de  la  langue;  quand  après  l'a 
voir  cherché  cUns  fa  mémoire  j  on 
croie  être  prêt  à  le  trouver  ou  à  le 
ilire. 

On  dit  proverbialement  &  figu- 
rément »  beau  par Ur  n  écorche  point 
la  langue  ;  pour  dire  «.qu'il  eft  tou- 
jours expédient  de  parler  honnête- 
ment &  civilement. 

On  dit    aufii  proverbiafement , 
0gurément  &  familièrement,  qui 
J^ngue  aj  à  Rome  va  ;  pour  àiï^ , 
Tom^  XF. 


^  A  N  377 

que  quan4  on  fait  un  peupatler ,  on 
peut  aller  par-tout. 

On  dit,  prendre  langue ,  pour 
dire ,  s'informer  de  ce  quife  palFe , 
de  l'état  d'une  affaire ,  àà  caradère» 
des  difpofitious  de  ceux  avec  qui 
l'on  doit  traiter.  Nous  primes  langue 
avant  d'entrer  dans  la  ville. 
Langue,  fignifie  auifi  l'idiome.  Tes 
termes  &  les  façons  de  parler  donc 
fe  fert  une  nation. 

On  convient  en  général  que  tout 
les  peuples  de  l'Europe ,  à  l'excep- 
tion des  Sarmates  j  des  Grecs  &  aes 
Romains,ont  parlé  la  même  langue; 
favoir,la  langue  celtique  qui  ne  s'eft 
confervée  pure,  que  dans  les  con- 
trées qui  n'ont  pas  fubi  le  joug  dea 
Romains  ;  qu'au  refte  cette  langue 
a  formé  autant  de  dialeâes ,  qu  il 
s'eft  fait  de  migrations,  &  qu'il  eft 
encore  aifé  de  reconnoître,  en  les 
fuivant  de  branches  en  branches  » 
des  rraits  de  leur  origine  com- 
mune. 

La  langue  tudefque  ou  gothique 
des  quatrième  &  cinquième  fiècles  » 
a  de  grands  rapports,  félon  M. 
Maller ,  avec  le  Bas-breton ,  ou  le 
Gaulois,  &  quelques-uns  avec  l'If- 
landois.  On  la  parle  encore  aujour- 
d'hui ,  fans  beaucoup  de  change- 
mens ,  en  Iflande ,  &  dans  les  pro^ 
vinces  les  plus,  reculées  de  la  Suéde. 
Le  Danois  j  le  Norvégien  ,  le  Sué- 
dois, ne  font  évidemment  que  la 
même  langue,  &  ont  les  plus  grands 
rapports  avec  l'Allemand ,  fur-touc 
avec  celui  qui  fe  parle  dans  la  baflTe 
Allemagne)  mais  il  fembleque  lei 
Afiatiques  qui  s'établirent  dans  la 
Scandinavie,  &  dans  le  nord  de  l'Ai* 
lemagne  fous  la  conduire  d'Odin  » 
y  aient  introduit  un  dialeûe  plus 
doux ,  quelques  mots  nouveaux  en 
très- petit  nombre,  6c  des  termi' 
A^ifoos  on  peu  4i(férenre$. 

•     8bb 


37»  ,       LAN      • 

Lorfque  les  Francs  eurent  forcé 
le  pafTage  du  Rhin  qui  tenoic  lieu 
de  barrière  aux  Romains  contre  les 
invadons  des  Barbares  du  nord ,  Se 

'  qu'ils  fe  furent  emparés  des  Gaules, 
ils  y  trouvèrent  trois  langues  vivan- 
tes ,  la  langue  celtique ,  qu'ils  par- 
loient  eux-mêmes  j  la  langue  latine 

'  &  la  langue  fomance. 

Quelque  temps  après  rétablilTe- 
snent  des  Erancs  il  n'v  eut  plus  d'au- 
tre langue  en  ufage  aans  les  Gaules 
3ue  la  romance  8c  le  tudef'que.  Cette 
ernière  éroit  la  tangue  de  la  Cour 
de  nos  Rois  \  Se  Charlemagne  donna 
tous  fes  foins  pour  la  polir ,  l'étendre 
&  en  faciliter  Tétudejmais  il  ne  put 
jamais  parvenir  ^  la  rendre  univer- 
ielle  dans  la  monarchie  ^  ni  même 
â  la  faire  employer  dans  les  loix , 
les  tr^tités  &  autres  aftes  publics. 
Le  latin  refta  en  pofTeflion  d^ètre 
la  langue  dans  laquelle  on  inftru- 
mentoit ,  &  cette  pofTeflîon  fubHfta 
jufqu*au  règne  de  François  I ,  qui 
par  une  ordonnance  de  Tan  1 5  x^  i 

'  renouvelée  en  15351  voulut  que 
la  langue  françoife  fut  uniquement 
8c  exclujivement  i  toute  autre  ,  em- 
ployée dans  tous  les  aâiel  publics  & 
privés. 

Cette  même  langue  eft  devenue 
dans  la  fuite  celte  de  toutes  les 
Cours  de  TEurope  :  lotfqu'un  Mi- 
nîftre  allemand  va  ttaiter  d'affaires 
avec  un  Miniftreanglois  ou  hollan- 
dois  »  il  n'eft  pas  queftion  qu'elle 
langue  ils  emploieront  dans  leurs 
conférences  \  ils  partent  françois. 
f^oyei  au  mot  FiiA^içors  ce  qui 
concerne  d'ailleurs  Thiftoire  &  le 

génie  de  cette  langue. 

On  dit  provetbialemenr  ,   que 

^^fii^  ^ft  l^  tyran  des  langues  ;  pour 

dire,  qu'en  matière  de  langue  Tu- 

fage  l'emporte  fur  les  règles. 

On  appelle  Ungue^vivanie,  tibe 


LAN 

langue  que  toute  une  nation  parle; 

Et  langue  mora  ,  grammaticale  »  celle 
qu'un  peuple  a  parlé  »  mais  qui  n'tft 
plus  que  dans  les  livres.  La  langue 
italienne  eft  une  langue  vivante  ,  & 
la  langue  latine^  ^  une  langue  morte. 

<  On  appelle  la  langue  hébraïque  / 
la  langtiejàinte. 

On  appelle  maître  de  lai^gue ,  celui 
qui  enfeigne  une  langue  vivante.  Et 
enfans  de  langue  «  les  jeunes  gens  Que 
les  Princes  entretiennent  dans  les 
échelles  du  levant  pour  y  apprendre 
les  langues  orientales  »  &  devenir 
capables  de  iervic  d'interprètes  ou 
de  truchemens. 

Langue  ,  (e  pr^nd  auffi  quelquefois 
pour  nation.  Ainli  en  parlant  des 
différentes  nattons  de  l'ordre  de 
Malte ,  on  dit ,  la  langue  de  France  » 
la  langue  de  CafiilU ,  la  langue  £Al\ 

^  lemagne\  tcc. 

Langue  ,  fe  dit  en  termes  de  Marine  » 
d'un  morceau  de  toile  étroit  par  le 
haut  &  large  par  le  bas  »  qu'on  met 
aux  côtés  de  quelques  voiles.   • 

On  appelle  langue  de  carpe  ^  un 
outil  tranchant  des  deux  cotés ,  & 
^  par  t'extrémiré  faite  comme   une 
langue  de  carpe  ,  8c  dont  les  Ar^ 
juebufîers  fe  fervent  pour  créa- 
er,  fcutprer,  &c. 

On  appelle  langue  et  une  halana  » 
un  petit  fiyle  perpendiculaire  au 
fléau ,  &  qui  doit  être  caché  par  la 
cbafle  de  la  balance  »  lorfqtte  la  ba* 
lance  eft  en  équilibre. 

Figurément  »  on  appelle  langue  ie 
t€rre ,  certain  efpace  de  terre  oeaii- 
coup  plus  long  que  large  »  cjui  ne 
tient  que  par  un  bout  aas  autres 
terres  8c  qui  eft  entouré  d'eau  de 
tous  les  c6tés.  Une  langue  de  ttrre 
qui  s'avance  d'une  lieue  dans  la  mer. 
On  donne  aufli  le  mfrme  non  a 
une  pièce  de  tene  longue  &  éuoitt 


?" 

le 


LAN 

Îui  eft  enclavée  dans  <raacres terres. 
/  youdroit  acheter  cette  loitgue  de 
^  terre  qui  coupe  fon  héritage. 

La  première  fjrllabeeft  lodga.e, 

&  fa  féconde  très'-brève. 

LANGUE ,  ÉE  ;  adjeékif  &  terme  de 

Tare  héraldique,  qui  fe  dit  des  oi- 

feaar,  aigles \  &c.  donc  ta  langue 

eft  d'un  autre  émail  c)ùe  le  côr{H  de 

Tanimal. 

Do  FAf Nc ,  au  Pays-bâs,  à  Taigle 

'     an  vol  abatflé  ^  langue  &  membre  de 

gueales. 
LANGUE  DE  fiOUQ}  veyèif^  Vfpâ- 

RIKB. 

LANGUE  DE  CERF ,  ou  ScoLOi^te^- 

ORB  yuLGAlRB  j  Hngua  cervlna. 
Plante  qui  naît  dans  les  puits ,  les 
fontaines  ,  dans  les  fentes  des  pie  ti- 
res y  fur  les  rochers  6c  à  Pom{)re. 
Ses  racines  font  capillaires  ,  noirâ- 
tres,  nombreufes ,  entrelacées  avec 
\t%  queues  des  vieilles  feuilles  :  elles 
pouffent  huit  i  dix  feuilles  ,  lon- 
gues de  dix  pouces  ou  environ  , 
oretflées  à  leur  nailTance  ,  pdintùes 
â  leur  extrémité  ^  d*un  vert  gai , 
liffes ,  &  portées  fur  une  qaeue  très- 
longue  terminée  p.tr  une  toteaui 
règne  dans  lé  miheu  de  la  feuflle. 
Il  femble  que  cette  plante  n*ait 
point  de  (leurs  ;    mais  elle  porte 

f»lufieurs  capfnles  dans  des  (liions 
euillés  &  roufsârres  qui  fe  trouvent 
fur  le  dos  des  feuilles.  Quoique ;ces 
capfules  foient  très-petites ,  cepen- 
<lant  on  les  découvre  facilement 
par  le  moyen  du  microfcope  ,*elles 
font  munies  chacune  d'un  anneau 
élaftique ,  lequel  en  fe  contraébnt 
«u  en  fe  féchant ,  ouvre  la  capfule  , 
de  laquelle  il  fort  beaucoup  de  fe- 
mences  menues  comme  de  la  pouf- 
iière. 

Cette  plante  eft  d*un  goût  acerbe , 
te  répand  une  odeur  herbenfe  : 
^le  eft  tm  peu  aftringente  >  ic  COQ^ 


vietitponr  le  gonflement  de  la  rate , 
le  cours  de  v^ntte,  le  crachemenc 
de  fang)  on  a  coutume  de  la  joindre 
an  ancres  plantes  capillaires  dans 
les  bovitlons  béchiques  àc  vulné- 
raires. 

LANGUE  DE  CHIEN  ^  fabftantif 
féminiiit  CynogloOitrfu  Plante  x[\A 
vienraùx  Iteuic  arides.  Sa  racine  eft 
dtoite ,  noirâtre  en  dehors ,  blanche 
en  dedans ,  femblable  à  une  lAve , 
d'une  odeur  forte  ,  d'un  goût  fade 
6c  (mucilagioéux.  Ses  tiges  Ibnc 
rameufei  ^  îamtgineufes  «  hautes  de 
deux  pieds4  fefe  feuilles  longues  » 
étroites  >  pointues  ^  lanugineiires 
8i  d'une  odeur  forte.  Ses  fleurs 
naiffent  le  long  des  branches ,  8c 
font  à  peujirès  femUables  à  celles 
de  la  buglofle ,  d'uûe  couleur  rouge 
fale.  A  ces  tleurs  focoèdent  un  fruit 
'  Â  quaore  capfules^  bécifTéek  de  poils 
piquans  qui  s'attachent  aui  habits. 
Chaque  capfule  comient  une  fe- 
mence  aplatie.  La  racine  &  les  feuil- 
les font  d'ufdee  pour  arrètet  les  fiux 
de  toute  efpèce  :.on  les  eftime  en* 
cote  narcotiques  ftanodines.. 

LANGUE  DE  SERPENT  j  fubflan- 
tif  féminin.  Plante  qui  n'a  point 
de  fleurs ,  mais  qui  porte  un  fruit 
en  forme  de  langue  ,  divifé  longi* 
tudinalemenr  en  deux  rangs  de  cel- 
lules ;  ces  cellules  s'ouvrent  d'elles- 
ttiêmes  &  le.  fruit  devient  enfuite 
dentelé  dé  chaque  coté,  il  7  a  dans 
les  entailles  une  pouflière  très** 
menue  que  l'on  reconnoît  pour  des 
femeoces  i  l'aide  du  microfcope. 
Cetteplante  eft  vulnératte&  boline 
contre  les  hernies. 

On  appelle  aufli  mak  t mpropre* 
ment  langue  deferpent^  des  dents 
de  pôitfon  pétrifiées ,  qu'on  nom- 
me plus  comvMxiivMïii  glojfopitres. 
Voyez  ce  mot* 

LANGUEDOC  ;  province  coofidé* 

B  b  b  ij 


58o  EAN' 

able  de  France ,  donc  Touloufe  eft 
la  ville  capitale  ^  &*  qui  eft  fîniée 
encre  le  i8«  degré,  39  minutes, 
&  le  11^  degré ,  30  minutes  de  Ion* 
gitude  j  Se  entre  le  41®  degré ,  40 
minutes  ,  &  le  45^  degré,  ii  mi- 
nutes de  latitude.  Elle  eft  bornée 
au  nord  &  au  nocd-oneft  par  le  Fo- 
reft  ,  TAuvergne  &  le  Quercy  j  au 
midi  ,  par  la  Méditerranée  &  le 
Rouiliilon  'y  i  l'Orient  par  le  Rhône 
oui  la  répare  du  Dauphiné  ,  du 
Comté  Vénàiffin  &  de  la  Provence} 
&  à  rOccident  par  le  pays  de  Ri- 
vière-Verdun ,  le  Comminges ,  le 
Conferans  &  le  pays  de  Foix.  Elle 
a  foixante-huit  lieues  de  longueur 
&  trente  -  quatre  feulement  dans  fa 
plus  grande  largeur.  Les  principales 
rivières  qui  Tarrofent  (ont  le  Rhô- 
ne ,  la  Garonne  »  TEyrieu  ,  TArdc- 
che ,  le  Gardon ,  le  Viftre  ,  la  Vi- 
dourle ,  le  Lez  ,  THérault ,  TOrbe, 
l'Aude ,  TArriège  ,  le  grand  &  le 

Çetit  Lers  j  le  Tarn  ,  le  Lot ,  la 
'rueyre  ,  l'Allier ,  &c. 
Le  climat  du  Haut  Languedoc 
eft  doux  ic  tempéré  :  celui  du  Bas 
Langujedoc  eft  beaucoup  plus  chaud^ 
mais  il  eft  en  général  tain  6c  agréa- 
ble. 

Ce  pays  eft  des  plus  fertiles  en 
grains  ,  en  fruits  £c  en  excellens 
vins.  Son  biftoire  naturelle  eft  très- 
curienfe  par  fes*  eaux  minérales, 
fes  plantes ',fes  pétrifications ,  fes 
carrières  de  marbre ,  fes  mines  de 
tttrquoifes>6^c. 

Le  commerce  y  eft  confîdérable 
8c  confifte  particulièrement  en  den- 
rées &  en  Manufaâùres  de  foie , 
dedrapsâc  d'autres  petites  étoffes  de 
laine. 

Les  Romains  conquirent  cette 
province  fous  le  Confulat  de  Quin- 
tus  Fabius  Maximus  96^6  après  la 
ÊMidatioQ  de  Rqoie  :  .mais  quand 


LAN^ 

TEmpice  vint  i  s'afFaifTer  fous  ïio^ 
norius ,  les  Goths  s'emparèrent  de 
ce  pays  qui  fut  nommé  Gothic  ou 
Sepcimanie  dès  le  cinquème  ficelé  ; 
&  les  Goihs  en  jouirent  fous  3  oRois, 
pendant  plus  d«  3  oqans. 

La  Gochie  ou  feptimanie  après  * 
la  ruine  fies  Wifigoths ,  tomba  lous 
la  domination  des  Maures  9  Arabes 
ou  Sarrafins ,  Mahométans ,  comme 
on  voudra  les^appeler,  qui  venoieoc 
d'aAeryir  prefque  toute  rEn>agne. 
Fiers  de  leurs  conquêtes  ,  ils  s  a« 
vancèrenp  jhufqu'à  Tours  4  mais  ils 
furent  entièrement  défaits  par  Char- 
les Martel  en  715.  Cette  vic- 
toire fuivie  des  heureux  fuccès 
de  fon  fils  ,  foumit  la  Sepci- 
manie à  la  puiflance''  des  Rois  cl<$ 
France.  vCharlemagne  y  nomma 
dans  les  principales  villes  ,  des 
Ducs  ,  comtes  ou  Marquis  ,  titres 
qui  ne  défignoient  que  la  qualité 
de  Chef  ou  de  Gouverneur,  Louis 
le  Débonnaire  continua  l'établifle- 
ment  que  Ion  père  avoir  formé. 

Les  Ducs  de  Septimanie  régirent 
le  pays  jufqu*en  9}à,que  PonsRai- 
mond ,  Comte  de  Touloufe ,  prie 
tantôt  cette  qualité  &  tantôt  celle 
de  Duc  de  Narbonne;  enfin  Amaury 
de  Montfort  céda  cette  province  en 
1 21)  à  Louis  VllI ,  Roi  de  France. 
Cette  ceflSon  fut  confirmée  par 
le  traité  de  1 118  ;  en  forte  que  fur 
la  fin  du  même  fiècle ,  Philippe  le 
Hardi  prit  pofTefiion  du  comté  de 
Touloufe  &  reçut  le  ferment  des 
habitans ,  avec  promedè  de  con- 
ferver  les  privilèges  ,  ufafges  >  liber- 
tés &  coutume^  des  lieux. 

On  ne  trouve  point  qu'on  ait  don- 
né le  nom  de  Languedoc    i  cette^ 
province  avant  ce  temps  là.  Onap-  ' 
pela   d'abord    Languedoc   tous   \t% 
pays  où  Ton  parloit  la  langue  cpi^ 
loufaine  »  pays  bien  plus   étenda 


LAN 

^e  la  province  de  Languedoc  j  car  } 
on  comprenoic  dans  les  pays  deLan- 
gaedoc  ,  la  Gîuyenne,  le  Limoufin 
&  TAuvergne.  Ce  mot  de  Lan- 
guedoc vient  du  mot  oc  dont  on  fe 
iervoit  en  ces  pays -là  pour  dire 
oui. 

Le  nom  de  Septimanie  venoit  de 
ce  que  cette  province  comprenoit 
fept  cités  ;  favbir ,  Toulouie ,  Be- 
aiers  ,  Nifines,  Agd^»  Mague- 
lone  aujourd'hui  Montpellier ,  Lo- 
deve  &  Ufez. 

Enfin  en  i  jtfi  le  Languedoc  fut 
.  '  eipreflement  réuniàlaCouronnepar 
lettres -patentes  du  Roi  Jean.  Ainfi 
le  Languedoc  appartient  au  Roi  de 
France  par  droit  de  conquête ,  par 
la  ceflîon  d'Amaury  de  Monfort  en 
izi;  &  par  le  traité  de  iiiS. 

C*eft  un  pays  d'États ,  &  en  mè- 

~  me  temps  la  province  du  Royaume 

où  le  Clergé  eft  le  plus  nombreux 

Se  le  plus   riche.  En    effet  on  y 

compte  trois  Archevêchés  &  vingt 

*  Évêchés. 

On  appelle  canal  de  Languedoc , 
'  an  fameux  canal  qui  traverfe  la 
province  de  Languedoc  ,  joint  en- 
iemble  la  Méditerranée  &  l'Océan, 
&  tombe  dans  le  port  de  Cette  » 
conftruit  pour  recevoir  fes  eaux. 
y6ye[  Canal. 
LANGUEDOCIEN,  ENNE  ;  fubftan- 
tif.  Qui  eft  de  Languedoc. //â  époufé 
une  Languedocienne • 
LANGUES  i  (  les  )  petit  pays  dltalic, 
dans  la  partie  méridionale  du  Pie- 
mont  &  du  Montferat.  Il  s'étend 
entre  TApennin  &  les  rivières  de 
Tanare  ,  d'Orbe  &  de  Sture  juf- 
qu'aux  frontières  de  l'État  de  Gè- 

*  nés.  On  le  divife  en  deux  parties 
qu'on  appelle  les  Langues  Hautes  8c 
les  Langues  Baffes.  Albe  en  eft 
la  capitale.  11  eft  fertile  &  peu- 
ple. 


LAN  381 

LANGUETTE  i  fubftantîf  féminin* 
Il  fe  dit  en  général  de  tout  ce  qui 
eft  taillé  en  forme  de  petite  lan- 
gue. On  portoit  autrefois  des  rabats  à 
Languettes» 

Languettb  y  fe  dit  en  termes  de  Lu- 
thiers ,  d'une  petite  foupape  â  ref- 
fort  qui  fe.  hauflTe  &  fe  baiiTè  ,  Sc 
qui  bouche  un  trou  aux  inftrumens 
à  vent.  La  languette  £  une  flûte  tra^ 
verfière. 

*  On  appelle  languette  de  balon^  un 
petit 'morceau  de  bois  rond ,  percé 
des  deux  côtés  ,  auquel  on  attache 
la  veflie  &  par  lequel  on  feringue  l'aii;^ 
dans  le  balon. 

Langpettê  ,  fe  dit  en  terme;  de  Po- 
tier d'étain ,  d'une  pièce  placée  fuc 
le  couvercle  d'un  vaiflTeau ,  attachée 
i  l'anfe  &  deftinée  à  faire  lever  le. 
couvercle  par  i'aâion  du  pouce  qu'on 
pofe  deiïus  quand  on  veut  ouvrir  le 
vaifleau. 

Languettb  ,  fe  dit  aufti  de  cette  pe- 
tite pièce  de  fer  d'une  balance  ^  qui 
fert  à  marquer  l'équilibre  quand 
elle  eft  à  plomb.  On  l'appelle  autre* 
ment  aiguille. 

Languette  ,  fe  dit  en  termes  d'Orfè- 
vres ,  d'un  petit  morceau  d'or  oa 
d'argent  qu'ils  laiflent  en  iaiilie  i 
chaque  pièce  qu'ils  fondent ,  Se  qtii 
fertâ  faire  Teltai  avant  de  la  mar- 
quer du  poinçon  de  la  ville. 

Languette  ,  fe  dit  en  termes  <i'Im' 
primerie  »  d'une  petite  pièce  de  fer 
mince  »  d'un  «pouce  &  demi  de  lar- 
geur &  d'un  pouce  de  longueur  , 
arrondie  par  l'extrémité ,  laquelle 
eft  attachée  hors  d'œuvre  au  chaffis 
de  la  frifquette  9  pour  fixer  à  l'ou- 
vrier un  endroit  certain  où  il  puidè 
la  lever  &  l'abaiifer  i  mefure  qu'il 
imprime  chaque  feuille  de  pa- 
pier. 

Languette  9  fe  dit  en  termes  de  Ma- 
I     (onnerie  ,  du  mur  qui  fait  la  fc« 


382  LAN 

paratïon  de  deux  tuyaux  d€  clie- 
minée. 

Languette  ,  fe  dit  en  termes  de  Me- 
nuiferie  »  de  la  partie  d*fm  ais  qui 
eft  amincie  pour  entrer  dans  la  rai- 
nure d'un  autre  ais. 

Languette  ,  eft  aufll  le  nom  d'un 
poiiTon  des  Indes  j  qui  a  le  corps 
6c  la  tête  jaunes  :  il  eft  armé  de  m 
ou  fept  aiguillons  fur  le  dos ,  i  la 
fuite  defquels  eft  une  forte  nageoire 
qui  fe  replie  vers  la  queue  &  au- 
delTous  du  ventre.  Il  a  un  aiguillon 
entre  fes  nageoires ,  dont  les  pre- 
mières font  contre  fes  ouies.  Les 
Chinois  mettent  ce  poilTon  au  nom- 
bre dés  mets  délicieux. 

LANGUEUR  j  fubftintif  féminin. 
Langon  FoiDléfTe  ,  abattement  , 
état  d'une  perfbnne  dont  les  forces 
feconfument  peu  à  peu.  La  langueur 
e/I  un  fymptôme  propre  aux  maladies 
chroniques.  Elle  ejl  dans  une  langueur 
extrême*  Tomber  en  langueur. 

En  parlant  de  l'écat  où  la  terre  a 
accoutumé  d*ètre  en  hiver  »  on  dit 
fSgu rément  j  que  toute  la  nature  eft 
alors  en  langueur.  Et  Ton  dit  <^un 
arbre  eft  en  langueur ,  quand  il  n'eft 
pas  en  . aufll  bon  état  qu à  lordi- 
naire. 

I.ANGVEUR. ,  fe  dit  auflii  de  Tennui , 
de  la  trifteffe  &  des  paffions  vio- 
lentes qui  abattent  ou  qui  accablent 
Tefprit.  Depuis  qu*il  aperdufonfils^ 
fon  efprit  eft  dans  un^  langueur  incon- 
cevable^ 

On  dit  dans  ce  fens ,  tenir  quel- 

?]uun  en  langueur  ;  pour  dire  »  lui 
aifler  long-temps  efpèrer  une  chofe 
qu'il  defire. 

Les  amans  appellent  poétique- 
ment  leur  paflion  ,  une  amoureufe 
langueur  ;  ic  leurs  maître  (Tes  »  la 
caufe  ^  P objet  de  leur  langueur. 

On  dit  aufli  figurémenc  d'un 
Rojraume  I  d'un  Empire  don;  1m 


LAN 

affaires  vont  en  décadence  »  qu'i/  tjl 
en  langueur. 

La  première  fyllabe  eft  moyenne 
&  la  féconde  longue. 
LANGUEYÉ,  ÈE;  participe  palBf. 

/^oy<r^  Langue  YKR. 
LANGUEYER  }  verbe  aâif  de  la  pre- 
mière conjugaifon^  lequel  fe  conja^ 
Î(ue  comme  Chanter.  Vifiter  li 
angue  d'un  porc  pour  reconnokre 
s'il  eft  faiti  on  ladte.  Pour  tangueyer 
un  porc  on  lui  met  un  bâton  dans  U 

/ueule. 
,  NGUEYEUR  ;  fubftantif  mafca- 
lin.  Sorte  d'Officier  ou  dlnfpeAeor 
établi  dans  les  foires  &  marchés 
pour  langueyer  les  porcs.  Le  Lan- 
gueyeur  a  rapporté  que  ce  pore  était 
ladre. 

LANGtJIER  i  fubftantif  mafculin. 
On  appelle  ainfi  la  langue  &  U  gara- 
ge d'un  porc  quand  elles  font  fu- 
mées. Les  languiers  dû  Mans  ontbeaur 
coup  de  réputation. 

LANGUIR  \  verbe  neutra  de  la  fé- 
conde conjugaifoD  ,  lequel  k  con- 
jugue comme  Ravir.  Languete. 
être  confumé  peu  à  peu  par  quelque 
maladie  qui  détruit  les  forces.// 
y  a  des  maladies  chroniques  qui  font 
languir  longtemps.  Elle  languit  de* 
puis  deux  ans. 

Languir,  (ignifie  aoA»  foaffrir  un'ftip^ 
plice  lent.  On  le  taijja  languir  dans 
les  cachots  pendant  plufteurs  années. 
On  donne  le  coup  de  grâce  aux  cri^ 
minels  pour  les  empêcher  de  languir 
trop  long  temps  fur  la  rout.  On  les 
fit  languir  de  faim..  Il  languit  de  nù* 
sire. 

Languir  ,  fe  dit  auffi  figurément  de 
l'ennui  &  des  autres  peines  d'efprit. 
//  a  langui  plufteurs  années  dans  fat- 
tente  de  cette  Charge.  Elle  ne  fait  pas 
languir  long^temps  fes  amans. 

On  dit  ngurément  que   /a  nature 
languit  9  que  toutes  les  chofes  Idn^ 


LAN 

go^^cni  pendant  VhWtr  ;  pot»  dire  , 
que  la  nature  eft  alors  fans  vigueur 
&  cofnme  engourdie. 

On  die  auâi  figurémenc  «  que  ies 
affaires  languijfcnt;  pour  dire»  qu'el- 
les rrâtnent  en  longueur ,  qu'on  ne 
les  expédie  poinr. 

On  die  encore  figurémenc  »  qu'^^A 
Royaume ,  qvCttn  Empire  languie; 
'  quand  il  eft  mal  gouverné  ou  qu'il 
tend  à  fa  ruine. 

On  di(  auâi  figurémenc,  qa*un 
ouvrage  d'efprii  languit ,  lorfqu'il  eft 
foible  6c  qu'il  n'a  rien  de  vit  ni  de 

Îiquanc.  Le  dernier  aBe  de  la  pièce 
inguii.  Si  vous  âr«^  €es  voix  du  Con- 
€trt ,  Une  fera  plus  que  languir. 

On  die  encore  figurément~,  que 
les  nouvelles  »  que  Us  pUtfirs  tan- 
ffnffem  ;  pour  clire  ,  qu'il  y  a  peu 
de  Aouvelles  inréreiîànres  ,  qu'il  y  a 
peu  de  divertilTemens.  « 

On  dir  aufli  que  la  converfation 
tàaçuit;  pour  Are,  que  la  conver- 
iàcionn'a  rien  d'animé  &  qu'on  la 
tai/Te  romber.  « 

La  première  fyllabe^ft  moyenne, 
ér  U  féconde  longue  ou  brève,  f^oyeai 

ViRBE. 

LANGUiSSAMMENT  ;  adverbe. 
Lmnguidk  D'une  manière  languif- 
iîuic^.  Elle  lui  tendit  languijpimment 
la  main» 

LANGUISSANT.  ANTE;  adjeftif. 
Languidus.  Qui  languie.  Un  vieillard 
hnguijfant. 

On  dit  figurémeni ,  Unjfyk  km- 
guijfant  3  des  vers  taaguijfàns ,  un  ou- 
vrage hngu^ans  ;  pour  dire  ,  un 
ftyle ,  des  vers ,  on  ouvrage  fans 
^giieor  y  énervés  flc  qui  n'ont  ri;;n 
^piquant ni  d'intéteiiant. 

On  dit  auffi ,  des  regards  languîp 
fans  ;  pour  dire ,  des  regards  qui 
marquent  beaucoup  d'abaciement 
cm  beaucoup  de  ieiidse&  oi  d'à* 


LAN  383 

La  première  fyllabe  eft  moyenne , 
la  féconde  brève ,  la  troifième  lon- 
gue &  la  quatrième  du  féminin 
très-brève. 

LANICE  i  adjetaif  féminin.  Il  n'a 
d'ufage  qu'en  cette  phrafe,Ac?ttrrc. 
lanice  ;  pour  dire  ,  de  la  bourre  qui 
provient  de  la  hine.Un  matelas  de 
bourre-lanice. 

LANIER  ;  fubftantif  mafculin.  Lana- 
rius.    Oifeau  de  Leurre  ,   un  peu 
moins  grand  que  le  faucon  -gen- 
til. Il  a  le  bec  »  les  jambes  &  les 
pieds  bleus  ;  toutes  les  parties  fu- 
périeures  de  loifeau  fonr  de  cou- 
leur brune,  approchante  de  celle 
de  la  rouille  de  fer  ,  quelquefois 
avec  de  petites  taches    rondes  & 
blanches  U  a  fur  lefioni  une  bande 
blanche  qui  s'étend  de  chaque  côté 
au-delTus  de  Tœil.  Les  parties  in- 
férieures du  corps  font  blanches  avec 
des  taches  noires  qui  fuivent  les 
bords  de  chaque  plume.  Les  gran- 
des plumes  de  l'aîle  font  noires  ;  la 
face  inférieure  de  l'aîle  étendue  pa- 
roît  parfemée  de  taches  bkinches  & 
rondes.    Les  pieds  ont  moins  dé 
longueur  à  proportion  que  ceux  des 
faucons  ,  dos  épérvi«rs ,  du   Ger- 
faut ,  &c.  Le  mâle  eft  plus  petit  que 
la  femelle  ^  on  lut  donne  le  n<ym  de 
laneret.  Cet  oifeau   niche  Ifor   les 
grands  arbres  des  forcis  &  fur  les 
rocheî  s  élevés.  On  Taprivoife  &  on 
le  drefle  aifément  j  li  prend  non 
feulement  les  cailks,  les  perdrix, 
les  faifans  ,  &€.  mais  auâi  les  ca- 
nards &  même  les  grives  :  il  lefte  en 
Francependant.touie  Tannée. 

LANIÈRE  i  fubftantif  fémimn.  lo- 
rum.  Bande  de  cuir  lonzue  &  étroite 
qu'on  emploie  si  dilfêrens  ufages, 

•  Une  jupebordéedelamires.La  lanière 
ttunfguet* 

La  première  fyllabe  eft  bi^ve ,  la 


•  • 


3S4  "     LAN     • 

féconde  longue,  &  la  croifiènse  très- 
brève. 

LANIFÈRE  ;  adjeaif  des  deux  gen- 
res. Il  fe  die  des  animaux  qui  por- 
renc  de  la  laine  ,  &  des  plantes  qui 
produifent  une  fubftaace  laineufe 
&  cotonneufe. 

LANION  i  petite  ville  de  France  ,  en 
Bretagne  »  fur  le  Guer  j  à  trois 
lieues  3  oueft-fud-oueft  ,  de  Tre- 
guier 

LANlSTE;(ubftantif  mafculin  &  ter- 
me d'hiftoire  ancienne.  On  ap- 
peloit  aiofi  à  Rome  celui  qui  for- 
moit  ,'vendoit  ou  fourniuoit  des 
Gladiateurs  au  public.  Foya^^  Gla- 
diateur. 

LANKAN  \  grande  rivière  d'Afîe  , 
qui  a  fa  fourçe  dans  laTartarie ,  en- 
cre dans  TEmpire  de  la  Chine  où 
elle  arrofe  la  province  de  Junnan  3 

[lour  aller  enfuite  fe  perdre  dans 
e  golfe  de  la  Cochinchine  »  vis-à- 
vis  de  rîle  de  Hainan. 

JLANNEPAX }  petite  ville  de  France  » 
dans  TArmagnac ,  i  fix  lieues»  nord* 
oueft ,  d'Aufch. 

LANNOY  )  gros  bourg  autrefois  de 
la  Flandre  Françoife  ,  mais  aujour- 
d*Kui  de  la  Flandre  autrichienne  , 
â  crois  lieues  »  oueft-nord-oueft ,  de 
Tournay.  On  y  fabrique  quelques 
étoffes  de  laine. 

I^ANNOY  »  eft  auffi  le  nom  d'une  Ab- 
baye d'hommes  de  TOrdre  de  Ci- 
ceàux  ,  dans  le  fieauvoifis  »  fur  le 
Terrein ,  â  cina  lieues ,  tiord-oueft» 
de  Beau  vais.  Ella  eft  en  commende 
ic  vauc  au  citulaire  environ  fepc 
mille,  liv.de  rente* 

]LÀNOBRE  ^  bourg  de  France  ,  en 
Auvergne,  fur  la  rivière  de  Çhava- 
non,  à  douse  lieues,  oueft-fud-ouefl, 
deGlermohr, 

J-ANSON  î  fubftantif  mafculin.  Pe- 
fll  |»Qi({bq  4ç  mer  dQn(  l^s  morues 


LAN 

font  friandes ,  Se  qui  ferc  d*applc 
pour  les  pècher- 

LANSQUENET  j  fubftantif  mafcalm. 
On  donnoic  autrefois  ce  nom  i  des 
fantailins  allemands  que  Charles 
VI II  ajouta  i  fon  infanterie ,  &qui 
fervirent  dans  nos  armées  jufqa'àce 
que  François  I  eue  faic  paroitre  fes 
légions. 

Lansquenet  ,  fe  dit  au(fi  d'une  forte 
de  jeu  de  hafardoù  l'on  joue  avec 
descarces.Itf  lanfqucnetfcjoue  à  peu 
près  commela  dupe. 

L  ANTÈAS^  fubftantif  mafculin.Gran-. 
des  barques  chinoifes  donc  Ivs  Por« 
cugais  de  Macao  fe  fervent  pour 
faire  le  commerce  de  Cancon.  Elles 
fonc  de  7  à  8  cenr  conneaux.  Les 
CommifConnaires  porcugais  y  de- 
meurenc  cane  que  dure  la  foire  de 
Canton  ^  parcequ'il  leur  eft  défendu 
de  coucher  à  terre. 

LANTENAC  \  Abbaye  de  France , 

*  en  Brecaçne  ^  à  neuf  lieues  >  fud,de 

Sainc-Brieux.  Elle^ft  en  commende 

&  vauc  environ  4500  ]iy.  de  rence 

au  Titulaire. 

LANTERNE  ;  fubftantif  féminin. 
Lucerna.Soxitàt  machine  de  verre» 
de  corne  »  de  coile»  de-gaa^e ,  de  pa- 
pier ou  de  quelque  aucrè  macièce 
diaphane  dans  quoi  l'on  enferme 
une  chandelle  ou  une  bougie  j  de 
peur  que  le  venc  ou  la  pluie  ne  Té^ 
ceigne. 

Les  rues  de  Paris  fonc  éclairées  la 
nuicpar  un  grand  nombre  de  lanter* 
nés  depuis  \666. 

Qn  appelle  lanterne  fourdc ,  une 
force  de  lancerne  faice  de  celle  ma- 
nière que  celui  qui  la  porce  voie 
fans  ècre  vu  »  &  qu'il  çn  cache 
encièremenc  la  lumièrQ  quand  il 
veuc. 

A  la  Chine  on  appelle  Fête  des 
lanurncs  »  une  Fêce  qui  5*7  célèbre 
le  ouinzième  jour  du  premier  iqoîst 


LAN 

«n  rofpenJAnc  ce  jour-là  dans  les 
maifons  &  dans  les  rue(«  un  très- 
grand  nonibre  de  lanternes  allu- 
mées. Les  Millionnaires  qui  dérri- 1 
Yenc  cette  Fête  >  la  repréfenrenr 
comme  une  chofe  très-rurieufe  par 
ia^multiplicité  prodigieufe  des  lam- 
fes  &  des  lumières  »  par  la  magni- 
dcence ,  la  grandeur ,  tes  ornemens 
<ie  dorure  ,  de  fculpture ,  dépein- 
dre Se  de  vernis  des  lanternes. 

On  appelle  lanterne  magique^  une 
lanterne  inventée  par  le  Père  Kirc- 
ker ,  laquelle  91  la  propi4étéde  faire 
paroître  en  grand  lur  une  muraille» 
des  figures  peintes  en  petit  fur  des 
morceaux  de  verre  mince  &  avec  des 
couleurs  bien  tranfparentes. 

Pour  cet  effet  on  éclaire  forte- 
ment par  derrière  le  verre  peint  fur 
lequel  eft  placée  la  repréfentation 
-de  Tobjet  »  &  on  place  |Mtr- devant 
i  quelque  diftance  de  ce  verre  qui 
cft  plane  »  deux  autres  verres  lenti- 
culaires qui  ont  la  propriété  d*écar- 
cer  les  rayons  qui  pa^rtent  de  Tobjet^ 
Jit  les  rendre  divergens  ,  &  par 
conféquent  de  donner  fur  la  mu- 
raille oppofée  t  une  repréfentation 
deTimage  beaucoup  plus  grande  que 
l'ob/et.  On  place  ordinairement  ces 
xleux  verres  dans  un  tuyau  où  ils 
font  mobiles  »  afin  qu*on  puitTe  les 
approcher  ou  les  éloigner  l'un  de 
l'autre  fiiffifammentpour  rendre  Ti* 
mage  diftinde  fur  la  muraille. 

Ce  tuyau  eft  attaché  au-devant 
d'une  boîte  carrée  dans  laquelle  eft 
le  porte-objet  j  &  pour  que  la  lan- 
rerne  fa  (Te  encore  plus  d'effet»  on 
place  dans  cette  même  boîte  un 
miroir  fphérique  dont  la  lumière 
occupe  à  ^eu'près  le  foyer  ;  &  au- 
devant  du  porte-objet ,  entre  la  lu- 
mière &  lui  ^  on  place  un  troifième 
rerre  lenticulaire. 
JLa  rhéorie  de  la  lanterne  magi- 
Tomc  Xy. 


LAN  3*5 

que  efl  fondée  fur  une  propofîtion 
bien  fi  m  pie  ;   fi  on  place  un  objet 
un  peu  au-delà  du  foyer  d*une  Un- 
tille ,  Timage  de  cet  obj«  fe  trou- 
vera de  l'autre  côté  de  la  lentille  ^ 
&  la  grandeur  de  l'image  fera  à  celle 
de  l'objet ,  â  peu  près  comme  la 
diftance  de  Timage  à  la  lentille  eft  à 
celle  de  l'objet  à  la  lentille.  Ainfion 
pourroit  faire  des  lanternes  magi- 
ques avec  un  feul  verre  lenticulaire^ 
la  multiplication  de  ces  verres  fert 
a  augmenter  Trffet. 
Lantbrve  ,  fe  dit  en  termes  d'Archi- 
teâure,  d'une  forte  de  tourelle  ou- 
verte par  les  côtés ,  &  pofée  fuir  le 
comble  d'une  Eglife  ou  d'un  autre 
bâtiment ,  &  d'ordinaire  au-deflùs 
d^n  dôme* 
LAifTEHNEs  ,  fe  dit  auffî  de  certains 
petits  cabinets  placés  dans  les  lieux 
où  fe  font  des  aéUons  publiques  9  & 
d'où  fans  être  vu  ,  on  peut  voir  8c 
•écouter.  Ce  Prince  étok  dans  une  des 
lanternes  de  la  Grand* Chambre. 
Lant^hnî  ,  fe  dit  en  termes  de  Mé- 
canique ,  d'une  petite  roue  formée 
de  plufieurs  fufeanx  dans  laquelle 
engrènent  les  dents  d'un  hérifion  ou 
d'un  rouet.  Elles  tiennent  lieu  de  ce 
t]u*on  appelle  pignons  dans  les  ma* 
chines  déHcates  telles  que  les  mon- 
tres. 
LANTEKNS^ie  dit  en  teri»es  d'EC- 
fayeurs  ,  d'une  efpèce  de  boîte  aC- 
femblée  ,  dont  les  côtés  font  des 
verres ,  &  dans  laquelle  on  fufpend 
urf  trébuchet  pour^éviter  l'aâion  de 
l'air  en  pefant  de  l'or  ou  quelqu'au'-^ 
tre  matière  précieufe. 
Lanternb  ,  le  dit  en  termes  d*Or- 
févres  ,  de  la  partie  d'une  croiïe 
d'Évèque  ou  d*un  bâton  de  Chan- 
tre qui  eft  groflfe  &  à  jour  ,  &  re- 
préfente  en  quelque  fa^on  une  lan- 
terne. 
Lanterne  ,  fe  dit  en  termes  d'ArtiU' 

C  c  c 


38«      .  LAN 

lerie  »  d'eux  inftrument  ordinaire- 
mène  de  cuivre  rouge  ^  faic  en  for- 
me d'ane  longue  cuiller  ronde  & 
donc  OR.fe  fert  pour  porter  la  pou- 
dre dans  le  canon.  On  Tappelle  auffi 
quelquefois^CM/V/^r.. 

Lanterne  ,  fe  die  en  termes  de  Ga- 
ziers  »  d'un  ioftrument  rond  qui 

*  fert  i  ces  ouvriers  pour  ôcei  la  (oie 
de  deiïus  lourdiiToir  ,  Se  la  metrre 
fur  lesdeux  enfubles  qui  font  auhaut 

du  métier  â  gaze. 

En  termes  de  Rubanniers  on  ap- 
pelle lanterne  de  Vouriijfoir^  la  cage 
deftinée  à  loger  le  moulin  fervanc 
d  ourdir.. 
Lanternes,  au  pluriel  y  fîgnifie  fisu- 
rémenr  &  familièremalit  des  fadai- 
fes ,  des  chofes  impertinente»,,  de 
fors  difcours*.  //  ne  dit  que  des  lan* 
ternes. 

On  dit  provecbialemenc  ,  figuré-* 
mefit  &  familièrement  de  quelqu'un 
qui  veut  faire  croire  des  chofes  im^ 
pertiiienees  &  abfurdes  ,  qail  veut 
faire  croire  que  des  vejfies  font  des^ 
lanternes. 

lANTERJKER  ;  verbe  neutre  de  k 
première  conjugaifon  ,  lequel  fe 
conjugue  comme  Chanter.  Terme 
du  (lyle  familier  qui  figniâe  être 
ircéfolu  en  affaires ,  ne  rien  con- 
clurre ,  perdre  le  temps^en  des  cho- 
fes frivoles ,  inuriles.  Il  nef  allait  pas 
•  tant  lanterner.. 

Lan^terner  y  eft  auÛl  verbe  aâif  & 
(ignifie  importuner  ,  fatiguer  par 
des.  fadaifes  ,  par  de  vains  &  lot^ 
difcours.  Quefi  oe  qu'il  vous  a  Ion.- 
iemé} 

On  dit  août  proverbialement  & 
populairement  dans  le  même  iens  , 
lanterner  les  oreilles.  Il  ne  cejji  de 
lui  lanterner  ks  oreilles.. 

L^  deux  premières  fyUabes  font 
fnoyeniies^&  la  troiûcms  longue  ou 
bicve*  f^oye:^  Verjmu' 


LAN 

LANTERNERIE  ^  fubftantif  RmixÂtt 
du  ftyle  familier..  Inanla  verba.  Èa^ 
daife  ,  fot  conte  ^  difcours  frivole 
Elle  ne  dit  que  des  lanternertes. 

LANTERNIER  ^  1ÈRE  j.  fubftantif. 
Celui  y  celle  qui  fait  ou  qui  veaddei 
lanternes. 

Lanternier  »  fe  dit  auffi  d«^  celui 
qui  eft  chargé  d'allumer  les  lanternes 
publiques.. 

Lanternier  ,.  fedit  âgurément  &f^ 
milièrement  de  quelqu'un  qui  die 
des  fadaifes  y  qui  tient  de  ibts  dif-  . 
cours.  H  ne  faut  pas  V écouter  ^  ce: 
nejl  qu'un  lanternier. 

Lanternur.  ,  fe  dit  auffi  purement 
&  familièrement  d*un  homme  irré-- 
folu ,  indéterminé  en  toutes  cho-^ 
iies ,  avec  qui  on  ne  peut  rien  con- 
clure. C'ejl  un  lanternier  qui  ne  f^it 
rien. 
LANTIONE  i   fubftantif^  féminin. 
C'eft  un   bâtiment  udté  dans  les. 
mers  de  la  Chine  »  furtout  par  \e^ 
Corfaires  du  pays.  Il  a  beaucoup  da* 
rapport  avec  nos  galères. 
LANTIPONNAGE  i, fubftantif  maf-^ 
culin  &  terme  populaire^ Aâion  de: 
lantiponner  ,  propos,  ftivoles  Se  fa?^ 
eigans.  Finiffe\  ce  lantiponnage. 
LANTlPONNERi.  verbe  aOif  de  lài 
première,  conjugaifon  j.  '^^^'^  ^^ 
conjugue  comme  CHANTE^RJTerme* 
populaire  qui  fienifie  tenir  des  pro- 
pos fcivoles  ,.  ridicules  &  fatigans.. 
A  quoi  bon  tant  lantiponner  ?: 
lANTORi  fubftantif  mafculin.  Grandi 
arbre  qui  croît  dans  TSle.  de  Java  : 
ks  (èuilies  ont  cinq  ou  (ix  pieds.de: 
longueur  y  elles  font  très-^ef  mes  Se 
très-unies  >,  a«^  point  qu'on  peut  s'eui 
fervir  pour  /'  tracer  des  caraftères^ 
avec  un  crayon  ou.  uc^  poinçon  de- 
fèr  :  auffi  feiven&relles  de  papieraa& 
naturels  du  pays. 
LANTURLU  i  expreffion    f^milîèrcr 
tirée  d'un  refrain  de  chatàfoo  &  qjvi 


LAO 

n\i  Mçon  fens  propre.  On  ne  rem- 
ploie que  pour  Autrquer  un  refas 
ftccompagé  de  mépris.  Elle  lui  répon-  ' 
4it  lanturlu. 

LAN V  AUX  j  Abbaye  de  France  ,  en 
Breragne  ,  i  quatre  lieues  ^  nord- 
oueft ,  de  Vannes.  Elle  eft  «n  com^ 
mende  &  vaut  au  Titulaire  environ 
1  looliv  de  rente. 

LANVETHLIN  ,  on  Lanvillih  • 
bourg  d'Angleterre  ^  au  pays  de 
Galles ,  à  cinq  lieues  de  Montgom- 


men. 


LANUGINEUX  ,  EUSE  ;  adjeaif  & 
terme  de  Botanique.  Il  fe  dit  de 
toutes  les  pardes  des  plantes,  feuil- 
les ,  fruirs ,  tiges ,  &c.  qui  font  cou- 
vertes  de  poils  ou  d'une  efpece  de 
coton  femblable  à  de  la  laine.  Za 
gutmauv9  y  le  bouillon  blanc ^  &c«  ont 
dts  feuilles  lanugineufes. 

LANUSURE  ,  fubftantif  féminin  & 
terme  de  Plombiers.  Pièce  de  plomb 
qui  fe  place  au  droit  des  arrctières 
&  fous  les  amorridemens.  On  l'ap- 
pelle aufli  bafque* 

LAO ,  ou  Laos  ;  grand  Royaume  d'A- 
fie ,  qui  eft  borné  au  nord  par  la 
Chine  ;  à  lorient  par  le  Tunquin 
&  la  Cochinchine  \  au  midi  par  le 
Royaume  de  Camboge  \  Se  i  l'oc- 
cident par  les  Royaumes  de  Siam  & 
d'Ava.  C'eft  un  pays  rempli  de  fo- 
rets &  qui  proQuit  en  abondance 
la  meilleure  espèce  de  ris  \  de  mufc» 
'  de  Benjoin  ,  de  gomme  laque  que 
1  on  connoifTe  :  il  procure  quantité 
d'ivoire  par  le  grand  nombre  d'clé- 
phans  qui  s'y  trouvent  :  il  fournit 
aulli  beaucoup  de  iel  ,  quelques 

^  perles  &  quelques  rubis.  Les  riviè- 
resy  font  remplies  de  poiflbns. 

Le  Roi  de  ILao  eft  le  Prince  le 
plus  abfola  qu'il  y  ait  ai)  monde  , 
car  fon  pouvoir  eft  defjxïtique  dans 
les  affaires  religieufes  &  civiles  : 
non  feulement'  toutes  les  charges , 


lAO  387 

■lionneuts  &  ««mislQis  dépendent  de 
lui;  tuais  .les  xervesyles  maifons  » 
les  héritages  »  les  meubles  »  lor  ^ 
largenc  de  tcms  les  particuliers  lui 
appartiennent  fans  que  perfonne  en 
puiffe  difpofer  par  teftament.  11  ne 
le  montre  à  fon  peuple  que  deux 
fois  l'année  ;  &  quand  il  lui  fait 
cette  grâce  •  fes  iujets  par  recon- 
noidknce  tachent  de  le  divertir  de 
leur  mieux  par  des  combats  de  lut- 
teurs %c  d  cléphans. 

II  n'y  a  que  fept  grandes  dtgni* 
tés  ou  Vice-Royautés  dans  fes  États, 
parceque  fon  Royaume  n'eft  divifé 
qu'en  fept  provinces;  mais  il  y  a 
un  Vice-Roi  général  pour  premier 
Miniftre  ,  auquel  tous  les  autres 
Vicc«Rots  obéiflènt  :  ceux-ci  com- 
mandent i  leur  tour  aux  Mandarins 
ou  Seigneurs  du  pays  de  leur  dif- 
tria. 

La  religion  des  Langiens ,  cVft 
ainfî  qu  on  appelle  les  peuples  de 
Lao  ,  eft  la  même  que  celle  des 
Siamois  ,  une  parfaite  idolâtrie  ac« 
compagnée  de  fortilèges  &  de  mille 
fupetftitions.  Leurs  Prêtres  nom- 
mes  Talapoins  font  des  miférables 
tirés  d'ordinaire  de  la  lie  du  peu- 
ple \  leurs  livres  de  cérémonies  reli- 
gieufes font  écrits  comme  ceux  des 
Peguans  &  des  Malabariens^fur  des 
feuilles  de  palmier  avec  des  touches 
de  terre; 

La  polygamie  règne  dans  ce  pays- 
là  ,  &  les  jeunes  garçons  Se  filles  y 
vivent  dans  la  plus  grande  incon- 
tinence. Lorfqu'une  femme  eft  nou- 
vellement accouchée  ,  toute  la  fa- 
mille fe  rend  ches  elle  &  y  pafTe  un 
mois  en  repas  ,  eA  feftins  &  en 
|eux ,  pour  écarter  de  fà  maifon  les 
Magiciens  ^  les  empêcher  de  faire 
perdre  le  lait  â  la  mete  &  d'enfor- 
celer  l'enfant. 

Ces  peuple^  fovtt  «ncore  une  ai^ 

C  c  c  ij 


j88  LAO 

tre  fête  tn  décès  àc  leors  parens» 
D*abord  ils  meccenc  le  more  dans 
nn  cercueil  bteaendaic  de  bitume^ 
il  y  a  un  feftia  cous  les  jours  pour 
Us  Talapoins  qui  emploient  une 
partie  du  temps  à  conduire  par  des 
chanfons  particulières  »   l'ame  du 
mort  dans  le  cliemin  du  CieL  Le 
mois  expité  ils  élèvent  un  bûcher, 
7  pofent  le  cercueil ,  le  brûlent  & 
ramalTent  les  cendres  du  more  qu'ils 
tranfportent  dans  le  Temple:  des: 
Idoles.  Après  cela  on  ne  fe  louvient 
plus  da  défunt ,  parceque  fon  ame 
eft  pafTée  par  la  tranfmigration  ^  au. 
lieuquiv lui  étoit  deftiné. 
LAOCOONinom  d  an  fil»  dePrîam,, 
Grand  Prêtre  de  Neptune ,  qni  fit 
de  vains  efforts  pour  empêches  les 
Troyens  d'introduire  dans  leur  ville 
le  fameux,  cheval  de  bois  qui  de- 
voir en  occafionner  la  ruine.  Pour 
le  punir ,  les  DLvimtés>  qui  favori- 
ioient  les  Grecs ,  firent  pardr  deux, 
ferpens  de  Tile  de  Ténédos,  lef- 
quels  vinrent  s'entortiller  au  tour 
de  Laocoon  &.  de  (es  deux  en&ns^ 
les  déchirèrent  par  de  cruelles. mor- 
•  iures  y  &  les  étouffètentpar  leur  ha* 
kine  empoifonnée. 

Cet  événement  tragique  a  fourni 
fe  fujet  d'un  des  plus  beaux  mor- 
eeaux  de  fculpture  grecque  que  Ton 
connoiiTe:  on  l'appelle  \e  Laocoon; 
û  eft  de  la  main  de  Polydore^.d'A- 
chénodore  St  d'Agefandre  »  trois 
célèbres  Maîtres  de  Rhodes ,  agi  le 
allèrent  de  concert  d'un  feul4>loc 
de  marbre. Get  ouvrage  fublime  fut 
trouvé  à  Rome  dans  les  ruines  du 
palais  Titus ,  au  commencement  du 
r^«  fiècle/fous  le  Pontificat  de  Ju- 
tes II  y.  8c  paflfa  depuis  dans  le  pa 
L'as  Farnèlt.  L'expreflion  en  eft 
telle  r  dit  an  Maîrre  de  l'art ,  qu'il 
fembie  qa'on  découvre  dans  le  roi- 
diflèment  de  Tubc  des  cuiûes  de 


LAO 

Laocoon  ,  le  commettcemeat  dm 
l'effet  du  Venin  da  ferpent.  Selon 
Pline  t  la  peinture  ni  la  fonte  n'ont 
jsmais  rien  produit  de  d  par* 
fais. 

On  a  en-  France  quelques  copies 
du  Laocoon  ,  &  particuUèremenc 
celle  qui  e(l  en  bronze  i  Tria- 
non.  . 
LAODICÉE  9  il  y  a  eu  fepr  anciennes 
villes  de  ce  nom  :.  la  première  qui 
étoit  confidérable,  étoit  fituée  dans* 
la  Carie  iptès  du  fleuve  Lycus  ,  3c 
reconnoi^it  pour  Fondateur  An^^ 
(hiocus  >  fils-  de  Stratonice  qui  lui 
donna  le  nom  de  fà  femme  Laodi-» 
cée.La  fecodde  étoit  eti^Sy rie  près  du- 
Liban  y  fur  l'Oronte  ,  entre  Emèfe: 
&  Paradifus  :  la  croifième  étoit  aufll 
en  Syrie  j  près  de  la  mer  :  la  qua- 
trième étou  fur  les  frontières.de  la; 
Phrygie  ,  de  la  Pifidie  &  de  la  Ly;^ 
caonie  ,  fans  q^'on^  (àche  précifé- 
ment  auquel  de  ces  pays  elle  appar* 
tenoit  :.  la  cinquième  étoit  dans  la: 
Médie  :  la  fixième  dans  la  Méfopo^ 
tamie:&  la  feptièmedans  le.Pelo^ 

ponèfe. 
LAOKIUN}  fubffantif  mafcuUn;On> 

appelle  ainfi.  à  laGhine  une  Se£te: 
qui  port^lenom  de  fon  Fondateur». 
Laokiun  naquit  environ  ^oo  ans- 
avant  l'ère  chrétienne.  Ses  fe  dateur  ». 
racontent  fa^  naiflance  d'une  ma- 
nière tout  à  fait  extraordinaire  }^on^ 
père  s'appeloit.  Quang  ;  c'étoit  un 
pauvre  Laboureur  qui  parvint  i 
foixante-dix  ans  fans  avoir  pu  fe 
faire  aimer  d'aucune  femme.  Enfin 
>  i  cet  âge  il  toucha^  le  cœur  d'une 
villageoife  de  quarante  ans  qui  ». 
fans  a^oir  eu  commerce  avjec  foa 
mari ,  fe  trouva  enceinte  par  la  ver- 
tu vivifiante  du  Giel  &de  la. Terre. 
Sa  grodefTe  dura  quatre  vingts  ans» 
au  bout  defqoels  elle  mie  aa 
monde  un  fils  qui  avoit  les  cheveux 


LAO 

te  les  fourcils  blancs  comme  de  la 
neige  >  quand  il  fac  en  âge  »  il  s'ap- 
pliqua à  récttde  des  fciences>  de 
l'hiftoiie  &  des  ufages  de  Ton  pays. 
11  cafnpofa  un  livre  imiculé  tau-ifé^ 
qui  contient  cinquante  mille  fen- 
tences  de  morak.  Ce  Philofophe 
enfeignoit  la  morraliré  de  lame  pi 
foutenoit  que  Dieu  étoic  matériel  ;• 
il  admettoit  encore  d'autres  Dieux 
fubalternes  \  il  faifoit  confifter 
le  bonheur  dans  un  fentiinent  de 
▼olupté  douce  &c  paifîble  qui  fuf* 
pend  toutes  les  fondions  de  Tame} 
il  recommandoic  à  fes  Difciples  la 
folitude  comme  le  moyen  le  plus 
sûr  d'élevet  Tame  au-dellus  des  cho- 
fes  terreftres.  Ces  ouvrages  fubfif- 
lenc  encore  aujourd'hui ,  mais  on 
les  foupçonne  d'avoir  étéairéréspar 
k%  Dii'ciples  :  leur  maître  pré- 
tendoit  avoir  trouvé  le  fecret  de 

Îrolonger  la  vie  humaine  au  -  delà 
e  k$  bornes  ordinaires  \  mais  ils 
allèrenr  plus  loin  &  tâchèrent  de 
perfuader  qu'ils  avoient  un  breu*- 
vage  qui  lendoit  les  hommes  iiiv 
mortels  >&  parvinrent  à  accréditer 
une  opinion  fi  ridicule  ,  ce  qui  fit 
qu'on  appela  leur  feâe ,  h/iSe  des 
wmiQn^ls.  La  religion  de  Laokiun 
fut  adoptée  par  plufieurs  Empe- 
i^urs  de  la  Chine  :  peu  i  peu  elle 
dégénéra  eii  un  culte  idolâtre  %  Se 
finit  par  faire  adorer  des  Démons, 
deselprirs  &  des  génies  ^on  y  rendit 
même  un  cuire  aux  Princes  8c  aux 
Héros.  Les  Prêtres  de  cette  religion 
donnent  dans  les  fuperftitions  de  la 
ma^ie^des  enchantemenSjdesconju' 
lacions  j.  cérémonies^  qu'ils  accom<- 
pagnent  de  hurlemens  ,  de  contor-^ 
fions  j  &  d'iin  bruit  de  tambours  & 
de  baflSns  de  cuivre.  Ils  fe  mêlent 
aqffi  dèprédire  l'avenir.. 
lAOMÈDON  ;  nom  d'un  Roi  de 
Tro/e ,.  au  fer  vice  duquel  Nepcune- 


I 


tAO  389 

s'engagea  quand  Jupiter  l'eut  chafl^ 
du  Ciel  pour  avoir  trempé  dans  la 
conjuration  des  Titans.  Laomédon 
employa  le  Dieu  pèlerin  à  bâtir  les 
murs  de  Troy«  ,  6c  convint  de  lui 
donner  pour  cet  effet  une  certaine 
fomme  :  le  travail  étant  achevé  Se 
le  Prince  qui aimoit l'argent»  ayant 
voulu  en  éluder  le  payement ,  le 
Dieu  irrité  «   non  content  de  dé- 
truire fes  ouvrages  >  fit  fortir  da 
fond  de  la  mer  un  monftre  marin 
'  pour  dévorer  Hédone  , .  fille  de  ce^ 
Roi  :  Hercule  heureufement  fur* 
vint  au  moment  où  cette  Princefle* 
alloit  être  la  proie  du  monftre  &  il    • 
l'en,  délivra  :  Laomédon  avoitpro- 
mis  au  Héros  pour  ce  fer  vice  ,  des* 
chevaux  d'une  beauté  fingulière  y 
mais  il  ne  lui  tint  pas  mieux  pa- 
role qu'il  ne  l'avoit  tenue  à  Nep  • 
tune  :  Hercule  indigné  faccagea  lat 
ville  de  Troye  »  en  fit  mourir  le 
Roi  avare  >   enleva  Héfione   dont 
il  fit  préfent  i  Telamon  qui  avoic? 
monté  le  premier  â  l'adaut ,.  Se  re- 
mit le  Royaume  i  Ptiam  »  fils  de- 
Laomédon. 
LAON  y  ville  épifcopale  &  confldé-- 
rable  db  France ,  capitale  du  Lao- 
nois ,  fituée  fur  une  hauteur,  a  dou»-  • 
ze  lieues  »  nord-oueft ,  de  Rheims^. 
Se  à  trente-une  lieue ,  nord  eft  >  de 
Paris ,  fous  le  21*  degré;,  17  mi- 
nutes,  15)  fécondes  de  longitude  ,. 
Scie  4^^^  33  minutes,  5 lïecondes 
de  latitude.  C'eft  le  fiége  d'un  Prér- 
fidial-,  d'une  Éleâlion  ,  d'un  Grè-^ 
nier  â  Sel ,  d'une  Maîtrife  des  Eaux; 
&  Forêts  ,.6'c. 

il  y  a  d'ailleurs  dans  cette'  vaille- 
trois  collégiales  ducte  U^athédx^le». 
trois  Abbavfe's  tfhômmer^  deux  Ab- 
bayes dé  (UlesV'utiti  Commander ie* 
'  deTOrdredeMalthe;  laquelle  vaup: 
douze  mille  litrres  de  rente  y  des 
Coideliers^^des  Capucins  ^.desMitr 


3  90  L  A  O 

riimes  ,  (les  filles  de  l'Ordre  de 
Saine  AuguTlin  »  des  tilles  de  la  Con- 
grégation de  Notre-Dame ,  des  Hof- 
pitaliàres  «  &c. 

Les  Évcques  de  cette  ville  jouif- 
fent  d^enviroh  cinquante  mille  liv. 
de  rente  &  du  titre  de  Duc  &  Pair 
de  France.  On  prétend  qu'ils  doi- 
vent ce  titre  i  Hugues  Capet  qui 
l'accorda  à  l'Évèque  Adalberon  pour 
reconnoître  le  fervice  qu'il  lui  avoit 
rendu  en  lui  livrant  Charles  Duc 
de  Lorraine  j  fils  de  Louis  d'Ou- 
tremer à  la  place  duquel  il  fe  fît 
Jîommer  Roi  de  France. 
Prononcez  Lan. 

LAONNOIS  ;  petit  pays  de  France, 
-  ainfi  rappelé  de  la  ville  de  Laon  qui 
en  eft  la  capitale.  Il  efl  fitué  entre 
le  z  i«  degré  ,  6  minutf^ ,  &le  mê- 
me degré  ,  44  minutes  de  longi- 
tude ;  &  entre  le  49*  degré ,  1 8 
minutes  ,  &  le  même  degré,  41 
itnimtes  de  latitude.  Sa  longueur  eft 
d'environ  neuf  lieues  &  fa  largeur 
de  fcpt.  ilefl  borné  au  nord  par  la 
Thicrache  de  Picardie  ;  au  fud  &  à 
refV,par  la-Champagne^  &  àToucft, 
par  le  SoifTonnois.  Ées  rivières  qui 
1  arrofcnt  font  l'Aifne  j  la  Dolettc, 
la  Fèi^e ,  &c.  Les  terres  y  produifenr 
abondamment  du  froment ,  de  l'a- 
voine ,  de  TorgQ  ,  des  fèves ,  fi'c.On 
-y  recueille  auffi  d'excellent  vin  ,• 
mais  qui  perd  beaucoup  de  fa  valeur' 
par  letranfport. 

LAOR  j  Aibftantif  mafeuUn.  C'eft  , 
dit-on ,  une  efpèce  de  bois  des  In- 
des d'un  goût  fort  amer  &  auquel 
;;Qaanribue  pUiiçurs  propriétés  mé- 
dicinales. On  j/bit  bien  que  cet  ar- 
ticle eft  dcfeâueux.puifqu'il  ne 
préfente  qu'.un  mpt  ^ui  n'en  feigne 
tien  \  mais  il  n'en  apprend  pas  da-| 
vantage  dans  l'Encyclopédie  où  il  en 
eft  parlé. 

LÂOSYNACTEi  fubftantîf  mafculin^i 


LAP 

Titre  d*iin  Officier  deVËglife  gre^ 
que  ,  dont  la  charge  confiftoit  i 
convoquer  &  afTembicr  le  peuple , 
ainti  que  les  Diacres  dans  les  occa- 
fions  nécefTaires. 

LAPATHIOS  \  nom  d'une  ancienne 
ville  de  l'ile  de  Candie  ,  fur  la  cote 
feptentrionale  ,  près  du  cap  de 
Cormachifti.  Ce  n'eft  plus  qu  ua 
village. 

LAPATUM  i  Foyei  Patiemch. 

LAPENTIS  j  bourg  de  France  ,  en 
Normandie,  fur  la  petite  rivière  de 
Célune  ,  k  deux  lieues  »  fud  ouefti 
de  Mortain.    . 

LAPER  j  verbe  4ieutre  de  ia  pre- 
mière conjugaifon,  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chant£IL.  Boire  en 
titant  l'eau  avec  la  langue.  Il  ne  fe 
dit  que  de  quelques  ammaux  com* 
me  les  chiens ,  les  chats,  les  renards, 

La  première  fyllabe  eft  brève .  & 
la  féconde  longue  ou  brève.  Voyt^ 
Verbe. 

LAPEREAU  }   fubftantîf  mtfculin. 

*  Jeune  lapin.  Une  accolade  (U  ia^ 
pereaux  de  Champagr^^  Voyez  La- 
pin. 

LAPHISTIEN  î  adjcûif  mafculîn  & 
terme  de  Mythologie.  Surnom  de 
Jupiter  qui  fut  ainïi  appelé  du  culte 
qu'on  lui  rendoit  fur  le  mont  La- 
phiftius ,  en  Béotie  ,  où  il  avoit  un 
Temple  &  une  Statue. 

LAPHRIENNE;  adjeûif  féminin  & 
terme  de  Mythologie.  Surnom  que 
les  anciens  habitans  d'Aroc  j  ville 
du  Péloponèfe,  donnèrent  à  Diane 
après  l'expiation  du  crime  de  Mé- 
nalyppe  8c  de  Cométho  qui  avoient 
profané  le  Temple  de  cette  Déefle 
en  s'y  livrant  lâns  retenue  à  leurs 
amours. 

LAPHYRE  ;  terme  de  Mythologie 
&  furnom  de  Minerve  ain/î  appe- 
lée jd'ûD  *mot  grec  qui  Signifie  de-^ 


LAP 

fouilles^  butin  y  parceqae  comme 
DéeSk  delà  gaerre  ellefaifoic  faire 
da  butin  8c  remporter  des  dépouil- 
les far  les  ennetms  aux  guerriers 
qu'elle  Ëivorifoic. 
LAPIDAIRE  ;  fubftancif  mafcuUn. 
Ouvrier  qui  taille  &  polit  les  pier- 
res pjécieufes» 

C  eft  à  Tare  du  lapidaireeque  les 
pierres  fines  doivenr  ce  brillant  & 
cette  vivacité  qui  les  font  recher- 
cher. Cet  art  eft  très-ancien ,  fc  doit 
fans  doute  beaucoup  ao  hafatd  : 
prefque  toutes  les  pierres  fines  peu- 
vent fe  polir  parleur  propre  poiKtre;. 
quelqu'un  fe  fera  avife  de  firottpr 
deux  de  ces  pierres  Tune  contre 
Fautre  &  aura  réuffi  par  ce  vnojren 
à  leur  dotmer  uneibrte  de  poliment: 
ceft  du  moins  à  un  femblable  eflfai 
que  Ton  doit  rapporter  l'origine  de 
la   méthode  aâuelle  de  tailler  le 
diaoïant.  Louis  de  Berquen  natif 
de  Bruges  ,  la  mit  le  premier  en 
pratique  il  jr  ^  environ  trois  cens 
ans.  Jeune  alors  ^  fortant  â  peine 
des  clades  &  né  d'une  famille  no- 
ble ,  il  n  étoit  nullement  initié  dans 
le  travail  de  la  pierrerie  :  il  avoit 
éprouvé  que  deux  diamans  s'enta- 
moient  fi  on  les  frottoit  un  peu  for- 
tement l'un  contre  l'autre  y  c'en  fut 
zfTez  pour  faire  naître  dans  fon  ef- 
prit  induftrieux  des  idées  plus  éten- 
dues. Il    prit  deux  diaouns  ,   les 
monta  fur  du  cin^nt  »  les  égrifa 
Tun  contre  l'autre  ,  &  ramalfa  foi- 
gneufement  la  poudre  qui  en  pro- 
vint. Enfuite  à  laide  de  certaines 
roues  qu'il  inventa ,  il  parvint  par 
te  mo^n  de  cette  poudre  à  polir 
parfaitement  les  diamans  Se  à  les 
tailler  de  la  manière  qu'il  le  jugeoit  { 
à  propos*  Cet  exemple  paroît  s'ap« 
pliquer  naturellement  à  l'origine  de 
fart  de  polir  ks  pierres-ptéçieufes  » 
yi  eft  très-ancien» 


LAP  391 

Les»  François  s'y  A)nt  adonnés 
aflez  tard  »  6c  l'on  peut  juger  par 
quelques  pierres  qui  reftent  encore 
de  leur  première  taille  ,  qu'ils  n'y 
éroieur  pas  d'abord  fort  nabiles  ^ 
ils  y  ont  enfuite  fait  un  fi  gr^nd 
progrès ,  &  les  Lapidaires  de  Paris 
ont  pouffé  cet  art  à  un  tel  point  de 
perfeâion ,  qu'il  n'v  a  pas  d  appa- 
rence qu'on  puifie  déformais  le  por*' 
ter  plus  loin. 

Les  pierres  précieufes  fe  taillent 
en  général  fur  des  roues  de  métal 
qui  font  mues  horizontalement  par 
le  moyen  d'un   tour  compofé  de 

fJufieurs  pièces  dont  les  principa* 
es  font  un  arbre  coudé ,  une  cra- 
paadine  d'acier  où  roule  le  pivot 
de  l'arbre  ,  deux  roues  dont  une 
de  bois  6c  l'autre  de  fer  ,  une  ma» 
nivelle  donnant  le  jeu  à  la  roue  de 
bois  par  le  coude  de  l'arbre  »  une 
corde  â  boyau  pafiant  autour  de  la» 
roue  de  fer  &  autour  de  la  roue 
de  bois.  Si  la  roue  de  bois  eft  vingt 
foii  plus' grande  que  la  roue  de  feiv 
celle-ci  fera  vingt  tours  fur  le  dia- 
mant pendant  que  la  grande  n'en 
Ëiir  qu'un  fur  fon  arbre  »  &  tandis 
qu'un  garçon  donne  fans  réfifiance 
une  centaine  d'impulfions  à  la  ma-» 
nivelle  ,  le  diamant  éprouve  deux, 
mille  fois  le  frottement  de  la  meule 
entière.  Il  obéir  malgré  fa  dureré 
aux  foukaits  du  Lapidaire  qui  fuit 
le  travail  des  yeux  »  fans  y  prendre, 
d'autre  part  que  celle  de  déplacer 
le  diamant    pour  mordre   fur  une 
face  nouvelle ,  flc  d'y  jeter  à  pro- 
pos quelques  gouttes  d'huile  &  de 
la  poudre  de  diamans  égrifés  Koiv 
contre  l'autre.  11  n'y  a  que  cette  pou*^ 
dre  qui  ait  pri(é  fur  le  diamant. 

Les  ruiis  ,  faphirs  &  topajes  d*o^ 
ncnt  fe  raillent  &  fe  fgrrnent  fwr 
une  roue  de  cuivre  avec  l'huile  d'o- 
live 6c  la  poudre  de  diamant  j,  leur 


391  LAP 

poliment  fe  fait  fur  une  astre  roue 
pareillement  de  cuivre  »  mais  avec 
du  tfipoli  dcrrempé  dans  de  Teau 
au  lieu  de  poudre  de  diamant. 

Les  rubis  balais ^  émeraudes ,  hya- 
cinthes ,  améthijics  ,  gfenars  >  cLga- 
thés  &c  autres  pierres  moins  dures 
n  ont  befoin  pour  la  taille  que  d'une 
roue  de  plomb  ,  avec  de  Témeril  & 
<le  reaa  ,  &  pour  le  poliment, d*u- 
nef  roue  d'ctain  fur  laquelle  on  jeté 
du  tripoH. 

La  turquoife  de  vieille  &  nou- 
velle roche  ,  le  lapis  ,  le  girafol , 
Vopale  ne  fe  polifl'ent  que  fur  une 
roue  de  bois  ,  aufli  avec  le  tri- 
poli. 

Le  corps  des  Lapidaires  ne  le  cè- 
de en  antiquité  ,  qu^à  peu  des  au- 
tres Communautés  ,  quoiqu'avant 
1 5  84  il  fût  encore  aflez  informe , 
n'étant  compofc  que  de  Compa- 
gnons Orfèvres. 

Les  premiers  ftatuts  (ont  de  1190, 
donnés  par  Saint  Loui^  &  depuis 
confirmés  par  Philippe  de  Valois  ; 
les  Lapidaires  y  font  appelés  Eftal-. 
tiers  -  Pierriers  de  pierres  naturelles. 
Par  l'article  17  de  Totdonnance  de 
Henri  II  ,  donnée  à  Fontainebleau, 
les  Maîtres  Jurés  &  Gardes  de  l'Or- 
fèvrerie de  Paris  furent  maintenus 
dans  le  droit  xle  viûte  chez  ces  La- 
pidaires 

Ce  fut  en  1584  ,  qu'en  confé- 
quence  de  ledit  donné  par  Henri 
111  9  trois  ans  auparavant ,  pour  éri- 
ger en  Corps  de  Jurande  toutes  les 
Communautés  de  Paris  ,  les  ou- 
vriers EfialUers'P terriers  eurent  de 
nouveaux  ftatuts  &  même  un  nom 
nouveau,  mais  ce  ne  fut  proprement 
qu'en  1615  qu'ils  furent  mis  dans 
une  entière  jouifTance  des  droits  de 
Maîtrife  par  Tarrèt  du  Confeil 
intervenu  entr'eux  &  les  Maîtres, 


LAP 

Orfèvres  qui  s'ctoîcnt  oppofcs  I 

leurs  lettres» 

Ces  lettres  de  confirmation  de 
leurs  nouveaux  ftatuts  &  d'éreûion 
en  Corps  de  Jurande  ,  leur  attri- 
buèrent quatre  Jurés  pour  Je  gou- 
vernement &  le  maintien  de^  leurs 
droits  y  pour  vifiter  les  Maîtres  , 
dontfcr  chef^'œuvrc  ,  &  expédier 
les  lettres  d'apprentiffage  &  de 
Maîtrife.  deux  de  ces  Jurés  font 
élus  chaque  année  à    la   pluralité 

des  voix. 

L'apprentiflage  eft  de  fept  ans , 
le  compagnonage  de  deux  autres 
années  »  &  lexécutton  du  chef- 
d'oBuvre  eft  néceffaire  pour  parve- 
nir  à  la  Maîtrife.  Chaque  Maîtfc 
ne  peut  avoir  qu'un  feul  apprenti- 
Les  Maîtres  ne  peuvent  avoir 
plus  de  deux  roues  tournantes  m 
plus  de  trois  moulins.  On  compte 
aujourd'hui  à  Paris  foixante-douze 
Maîtres  Lapidaires. 

Lapidaire  ,  s'emploie  auffi  adjeôi- 
vement  \  mais  dans  cette  acception 
il  n'a  d'ufage  que  dans  cette  Dhrafe, 
ftyle  lapidaire  y  qui  fe  dit  du  ftyje 
des  infcriptions  me  le  marbre,  fur  le 
cuivre  ^ùc. 

Les  deux  premières  fyllabès  font 
brèves ,  la  troifième  longue  &  « 
quatrième  très  brève. 

LAPIDATION  ;  fubftantif  féminin. 
Lapidatio.  Supplice  de  ceux  qu'on 
affommoit  à  coups  de  pierre. 

La  lapidation  éioit  autrefois  fort 
ufitée  chez  les  Juifs  ;  les  Rabbins 
font  un  grand  dénombrement  des 
crimes  fournis  à  cette  peine.  Ce 
font  en  général  tous  ceux  que  la 
loi  condamne  au  dernier  fupplwe  t 
fans  exprimer  le  genre  de  la  mort  \ 
par  exemple  ,  Tincefte  du  fils  avec 
fa  mère ,  ou  de  la  mère  avec  fou 
Als ,  ou  du  fils  avec  fa  belle-mère  » 
ou  du  père  avec  fa  fille  ,  ou  de  la 

fille 


LAP 

fille  viêc  fon  père ,  oa  du  père  avec 
fa  beile-fille  »  ou  d'un  homme  qui 
viole  une  fitle  fiancée  ,  &  de  la 
fiancée  qui  cohfenc  à  ce  violement} 
ceux  qui  tombent  dans  le  crime  de 
fodomie  ou  de  beftialicé ,  les  idolâ 
très ,  Us  blafphémateuts  ^  les  magi- 
ciens ,  les  nécromanciens ,  les  viola- 
teurs du  Sabbat,  ceux  qui  ofFrcnr 
leurs  enfans  à  Moloch  ,  ceux  qui 
portent  les  autres  à  Tidolacrie  ,  un 
fils  rebelle  à  fon  père&  condamné 
par  les  Juges. 

Les  Rabbins  difenc  que  quand 
un  homme  étoit  condnpifié  i  nîorr^ 
il  croit  mené  hors  de  la  ville  ^ 
ayant  devant  lui  un  Uitiffi^  avec 
une  pique  en  maîn  ,  an  haut  de  la- 
quelle écoit  un  linge  pour  fe  faire 
remarquer  de  plus  loin  ,  &  afin 
que  ceux  qui  avoienr  quelque  chofe 
à  dite  pour  la  juftificacion  du  cou-i- 
pabte  ,  le  pufTent  propofer  avant 
qu*on  fût  allé  plus  avant.  Si  quel- 
qu'un fe  préfentoit ,  tout  le  monde 
s'arrètoit  &  on  ramenoit  le  cri- 
minel en  prifon  ,  pour  écouter 
ceux  qui  vouloient  dire  quelque 
chofeen  fa  faveur.  S'il  ne  fe  pré- 
fentoit perfonne  ,  on  le  conduifoit 
au  lieu  du  fupplice ,  on  Texhortoit 
à  reconnoitre  &  confefTer  fa  faute  y 
parceque  ceux  qui  confenfent  leur 
faute  ont  part  au  fiècle  futur.  Après 
cela  on  le  lapidoit  :  or  la  lapidation 
fe  faifoit  de  deux  fortes ,  difent  tes 
Rabbins  :  la  première  lorfqu'on  ac- 
cabloit  de  pierres  le  coupable  ,  les 
témoins  lui  jetant  les  premiers  la 
pierre  :  la  féconde  lorfqu  on  le  me- 
noit  fur  une  hauteur  elcarpée ,  éle- 
vée au  moins  de  la  hauteur  de 
deux  hommes  j  d'où  l'un  des  té- 
moins le  précipitoit  »  8c  l'autre  lui 
rouloit  une  grofle  pierre  fur  le 
corps.  S'il  ne  inouroir  pas  de  fa  chû- 
•te  9  on  l'achevoit  à  coups  de  pierres.  | 

ToMu  xy 


LAP  3$3 

On  voit  la  pratiqua  de  la  première 
façon  de  lapider  «  dans  plus  d'un  en- 
droit de  ^Écriture  \  mais  on  n'a  au- 
cun exemple  de  la  féconde ,  car  ce* 
lui.de  Jézabel  qui  fut  jetée  à  bat 
•  de  4a  fenêtre  ,  tte  prouve  rien  du 
tout.  ^ 

Ce  que  nous  avons  dit,  qu'on 
lapidoit  ordinairement  lescriminels 
hors  de  la  ville ,  ne  doit  s'entendre 
que  dans  les  jugemens  réglés  j  car 
hors  de  ce  cas  j  fouvent  les  Juifs 
lapidoient  où  ils  fe  trouvoieiit;  par 
exemple,  lorfqu'emportés  par  leur 
zèle  ,  ils  accabloient  de  pierres  un 
blafphémateur  ,  un 'adultère  ou  un 
idolâtre.  AinH  lorfqu'on  amena  à 
Jésus  une  femme  furprife  ei^adul-. 
tère ,  il  dit  à  fes  accufateufs  dans 
le  Temple  où  il  étoit  avec  eux  & 
avec  la  femme ,  que  celui  d'etitre 
vous  quieft  innocent  lui  jette  la  pre- 
mière pierre.  Et  une  autre  fois  les 
Juifs  ayant  prétendu  qu'il  blafphé- 
moit ,  ramafsèrent  des  pierres  dans 
le  Temple  même  pour  le  lapider. 
Ils  en  usèrent  de  même  un  autre 
jour  ,  lorfqu'il  dit:  moi  &  mon  père 
nt  fommts  qu^un.  Dans  ces  ren- 
contres ils  n'obfervoient  pas  les  for- 
maliits  ordinaires  y  ils  fuivoient  le 
mouvement  de  leur  vivacité  ou  de 
leur  empc^rremenr.  C'eft  ce  qu'ils 
zpift\o\tmt\e  jugement  de  t^èle. 

On  aflTure  qu'après  qu'un  homçie 
avoir  été  lapidé  ,  on  attachoit  foA 
corps  i  un  pieu  par  les  mains  join* 
tes  enfemble  ,  &  qu'on  le  laifToit 
en  cet  état  jufqu'au  coucher  du  So« 
leil  'y  alors  on  le  détachoit  &  on  l'en* 
terroir  dans  la  vallée  des  cada- 
vres ,  avec  le  pieu  auquel  il  avoir 
été  attaché. 

LAPIDÉ ,  ÉE  j  participe  pallîf.  Fayi 
Lapider. 

LAPIDER  ,  verbe  aftif  de  la  pre- 
mière conjugaifon  »  lequel  fe  con^ 

Ddd 


394  LAP 

|ttgue  comme  Chanter.  Lap'idibus 
.    obruere.  Tuer,  aflbmmec  à  coups 

de  pierre.  Les  Juifs  iapidoicnt  Us 

idolâtres^    • 
Lapider  ,  Te  dit  figurément  en  parlant 

de  pluHeurs  per Tonnes  qui  #elèvenr 

vivement  contre  quelqu'un.  Si  vous 

vous  rrouvc:^  à  LaJJcmbléc  y  Us  vous 

lapideront^ 

Les  deux  premières  fyllabes  font 

brèves ,  &   la  troilicme  longue  ou 

brève,  t^oye^  Verbe. 
LAPlDlFlCATlONi  fubftantiffémi. 

nin.    Lapidificatio.  Formation  des 

{ûerres.  11  ne  faut  pas  confondre 
a  lapidificaûon  av«c  la  pétrifica-' 
tion  :  la  première  eft  l'opéracion  par 
l^uelle  la  nature  forme  des  pier- 
res ,  &  la  féconde  eft  le  procédé 
par  lequel  la  nature  convertir  en 
pierre  ,  des  fubftances  qui  u*appar-  l 
tenoiénr  point  auparavant  au  règne 
minéral. 

lAPIDlFIHR}  verbe  aâif  de  la  pre- 
mière conjugaifon ,  lequel  fe  con- 
jugue comme.  Chaisier.  Quelques 
Chimiftes  ont  emplo}Ké  ce  terme 
pour  exprimer,  l'opération  de  ré* 
dttiredes  métaux  en  pierre  par  le 
moyen  de  la  calcination. 

LAPIDIFIQUE  ,  adjèélif  /les  deux 
genres  ,  qui  fe  die  des  fubftances 
propres  â  former  les  pierres.  Le 
fuc  lapicUfiquc*  La  matière  lapidi- 
fique. 

Lesquatrepremièresfyllabesfont 
brèves ,  la  cinquième  très-brève. 
LAPIN  y  fubftantif  féminin»  Cunicu^ 
lus.  Petit  animal  fauvage  fort  connu 
dans- toute  l'Europe..  Il  y  a  beaucoup 
de  rapport  enrre.le  lapin  &  le  lièvre 
poui  la  conformation  du  corps  :  lé 
premier  x  comme  l'autre  la  lèvre 
fupérieure  fiendue  jufqu'aux  nari- 
nes ,  les  oreilles  allongées ,  les  jam- 
bes de  derrière  plus  longues  que  | 
celles  dei  devant ,  la  queue  courte^l  ^ 


LAF 

d'c.Le  dos  ^  les  lombes  »  le  Haut  de» 
côtés  du  cotp's  ic  les  flancs  du  lapin 
fauvage  ont  une  couleur  mêlée  de- 
noir  &  de  fauve  qui  paroit  giife 
lorfqu'on  ne  la  regarde  pas  de  près; 
les  poils  les  plus  longs  de  les  plus: 
fermes  font  en  par  rie  noirs  &  en- 
partie  de  couleur  cendrée^jquelques- 
uns  ont  du  faave  à  la  pointe  \  1& 
duvet  eft  atuG  de  couleur  cendrée 
près  de  la^  racine  &  fauve  i  l'extré- 
miré.  On  voit  les  mêmes  couleuts 
fur  le  fommet  de  la  tcre.  Les  yeur 
font  environnés  d^une  bande  blan* 
châtr»  qui  s*étend  en  arrière  jaf- 
qu'à'  Toreille  ,  &  en  avant  jufqu  â. 
la  mouftache  ;  les  oreilles  ont  des 
teintes  de  jaune  »  de  brun  ,  de  gri* 
facre  ;  Textrémité  eft  noirârre  f  les 
lèvres,  le  deiCbus  de  la-mâchoite^ 
inférieure  »  les  atflellest  la  partie 
poftérieure  de  la  poitrine;  le  ven<* 
tre  &  la  £ice  intérieure  de^  bras  » 
des  cttilTes  &  des  jambes  font  blancs 
avec  quelques  teintes  de  couleur 
cendrée  ;  la  face  poftérieure  ou  in- 
férieure de  la.  queue  eft  blanche  \ 
l'autre  eft  noire  y  Tentre-deux.  des 
oreilles  &  la  face  fupérieure  ou  an- 
térieuredtt  cou  a  une  couleur  Ëiuve* 
roudatre  :  la  croupe  &  la  face  an- 
térieure des  cuiftès  ont  une  couleur 
grife  mêlée  de  jaune  :  le  refte  du 
corps  a  des  teintes  de  jaunâtre,, 
de  fauve  ,.de  rouftarre»  de  blanc  & 
dej^ris*. 

Le  lapin  dbmeftîque  eft  pourl'or- 
dinaire  plus  grand  que  le  fauvagej. 
fes  couleurs  varient  comme  celles 
à^S'  autres  animaux  domeftiques. 
Il  y  en  a  de  blancs,  de  noirs,  d*aa* 
très  qui  fonr  tachetés  de  ces  deux 
couleurs  j.mais  tous  les  Upins,.foit 
ikuvages  foit^  domeftiques  ,  ont 
un  poil  roux  (bus  la  plante  des 
pieds. 

Le  lapin  appelé  riche  >  eft  e&  par- 


I 


LAP 

tîeUanc  Scen  parrie  de  couleur  d'ar* 
doife  plus  ou  moins  foncée  ou  de 
couleur  brune  &  noirâtre. 

•  Les  lapins  d'Angola  ont  le  poil 
beaucoup  plus  long  que  les  autres 
lapins  'y  il  eft  ondoyant  &  frifé 
comme  de  la  laine  y  dans  le  temps 
tl€  la  mue  il  fe  pelotonne  &  il  rend 
^elquefois  Tanimal  rrès-difForme 
Les  couleurs  varient  comme  telles 
des  autres  lapins  domeftiques. 

Les  lapins  font  très-fcconds  /ils 
cuvent  engendrer  &  produire  dès 
î  âge  de  cinq  à  (îx  mois.  La  femelle 
«Il   prefque  toujours   en  chaleur  \ 
«lie  porte  trente  ou  trente-un  joursj 
les  portées  font  de  quatre  ,  cinq  ou 
•fix  ,  &  quelquefois  de  fept  ou  nuit 
petits.  Les  lapins  creufent  <ians  la 
terre    des  trous  que  Ton  appellt 
terriers  ;  ils  s'y  retirent  pendant  le 
jour  &  les  habitent  avec  leurs  pe- 
tits. Quelques  jours  avant  de  met 
'    tre  bas  »  la  femeHe  fait  tni  nouveau 
terrier  ,  non  pas  en  ligne  droite  ,. 
mais  en  zigzag  \  elle  pratique  dans 
le  fond  une  excavation  &  la  garnit 
-d'une  aflez  grande  quantité  de  poils 
-qu'elle  $*arrache  fous  le  ventre  :t:'eft 
le  lit  qui  doit  recevoir  les  petits, 
f^  mèce  ne  les  quitte  pas  pendant 
ies  deux  premiers  jours  ,  de  pendant 
plus  de   (ix  femaines  elle  ne  fort 
^ue  pour  prendre  de  la  nourriture^ 
alors  elle  mange  beaucoup  &  fort 
vite  :  pendant  tout  ce  temps  le  père 
n'approche  pas  de  hs  petits,  il  n'en- 
tre pat  même  dans  le  terrier  où  ils 
font  j  fouvent  la  mère  lotfqu'ellc 
«n  fort ,  bouche  l'entrée  avec  de  la 
terre  détrempée  de  fon urine;  mais 
lorfque  les  petits  commencent  ave- 
nir a  l'entrée  du  terrier  ,  le  père 
fembleles  reconnoître,  il  les  prend 
encre  fes  pattes,  tes  uns  après  les  au- 
tres, il  leur  luftre  le  poil  &  leur  lèche 
les  yeux. 


LÂP  395 

Les  lapins  fo|nt  très-timtdes ,  ils 
ont  aflez  d'inftinâ  pour  fe  mettre 
dans  leurs  terriers  â  l'abri  des  ani- 
maux carnaflîers  ;  mai:s  lo'rfquon 
met  des  lapins  clapiers ,  tr'eft-à-dire» 
domeftiques  ,  dans  des  garennes  , 
ils  ne  "fe  forment  qu'un  gîte  à  U 
furface  de  la  terre  comme  les  liè- 
vres j  ce  ri'eft  qu'après  un  certain 
nombre  de  générations  qu'ils  vien- 
nent à  creuier  un  terrier.  Ces  ani- 
maux vivent  huit  ou  neuf  ans  »  leur 
chair  eft  blanche  ;  celle  des  lape- 
raux  eft  très  -  délicate  ;  celle  des 
vieux  lapins  eft  sèche  &  (}ure.  Les 
lapins  font  originaires  des  climats 
chauds  y  il  paroît  qu'anciennement 
de  tous  les  pays  de  TËurope  il  n'y 
avoit  que  la  -Grèce  &  lEfpagne  où 
il  s^en  trouvât  :*on  les  a  tranlportés 
en  Italie  ,  en  France  ,  en  ÂÎlema* 
gne  y  ils  s^y  font  naturalifés  :  mais 
dans  les  pays  du  nord  on  ne  peut 
les  élever  quç  dans  les  maiions. 
Ils  aiment  la  chaleur  même  exoef- 
five;  car.  il  y  a  de  ces  animaux  dans 
les  contrées  les  plus  méridionales 
de  l'Afie  &  de  f  Afrique  :  ceux  qui 
ont  été  portés  en  Amérique  s'y  font 
bien  multipliés. 

Les  peaux  de  tap[ns  revêtues  de 
leur  poil ,  bien  palTées  &  bien  pré- 
parées ,  fervent  a  faire  ptufieurs  for- 
tes de  fourrures ,  comme  aumuC* 
fes,  manchons  8c  doublures  d'ha- 
bits. 

Quand  les  peaux  de  lapin  font 
d'un  beau  gris  cendré  \  on  les  ap- 
pelle quelquefois  mais  impropre- 
ment petit  gris  ,  parcequ'alots  elles 
reflemblent  par  la  couleur  â  de  cer^ 
raines  fourrures  de  ce  nom ,  beau- 
coup plus  précieufes,  faites  de  peaux 
de  rats  ou  écureuils  qu'on  trouve 
dans  les  pays;  du  nord. 

Le  poil  de  bpin  après  avoir  été 
coupé  de  deflks  la  peau  de  l'ani-* 

D  d  d  ij 


y€,6  LAP 

.  mal  9  mêlé  avec   de    la  lame  de 
.  Vigogne ,  entre  dans  la  compodcion 
des  chapeaux  appelés  vigognes  ou 
dauphins* 

Le  poil  des  lapins  de  Mofcovie 
&  d'Angleterre  ,  eft  le  plus  eftimé, 
enfuite  celui  qui  vient  de  Bologne  j 
car  pour  celui  quife  tire  du  dedans 
du  Royaume  ,  les  Chapeliers  n'en 
font  pasbeaucoupde  cas  &  ils  ne  s'en 
fervent  tout  au  plus  que  pour  faire 
des  chapeaux  communs  ,  en  le 
mêlant  avec  quelque  autre  poil  ou 
laine. 

Oo  dit  proverbialement  &  po- 
pulairement d*un  homme  habillé 
de  neuf,  qu'i/^/?  brave  comme  un 
lapin. 
LAPINE  \  fubdantif  féminin.  La  fe- 
melle.d'un  lapin.  j^(?y^j  Lapin. 

On  dit  populairemenr  d'une  fem- 
me qui  fait  beaucoup  d'enfans  , 
que  c'ejl  une  lapine ,  une  vraie  la- 
pine. 

^  Les  deux  premières  fyllabes  font 
brèves  &  la  troifième  très-brcve. 
LAPIS  j  ou  Lapis  lazuli  \  forte  de 
pierre  précieufe  qui  eft  de  couleur 
bleue  &  parfemée  quelquefois  de 
taches  ou  de  veines  brillaiites  &  mé- 
talliques. Elle  prend  un  beau  poli  & 
.   ti'eft  point  traniparenre. 

Les  petites  taches  ou  veines  mé- 

talUques  &  jaunes  qu'on  remarque 

..  ,dans  le  lapis  lazuli  ,  ont  été  prifes 

pour  de  Tor  par  beaucoup  de  per- 

ionnes  \  mais  le  plus  fouvent  ce  ne 

font  que  des  particules  de  pyrites 

jaunes  ou  cuivreufes    qui  ont  pu 

elles  -  mêmes  produire  la  couleur 

.     bleue  de  cette  pierre  \  cependant 

.     pluHeurs  auteurs  apurent  qu'on  a 

'    trouvé  de  l'or  dans  le  lapis  ,  ce  qui 

fi'eft  pas  furprenant,  vu  que  le  quartz 

qui  fait  la  bafe  du  lapis  eft  la  matrice 

ordinaire  de  l'or. 

On  M  peut  d«Qter  que  ce  ne  foir 


r, 


LAP 

i  une  dilTolucioti  du  cuivre  que  le 
lapis  eft  redevable  de  fa  couleur 
bleue  ,  &  Ton  doit  le  regarder  com- 
me une  vraie  mine  de  cuivre  qui  ea 
coQticnt  une  portion  tantôt  plus  tan- 
tôt moins  forte. 

Les  Lapidaires  diftinguent  le  Ia« 
pis  lazuli  en  oriental  &  en  occi- 
dental  \  cette  diftinâion,  fuivanc 
eux  y  eft  fondée  fur  la  dureté  &  la 
beauté  de  cette  pierre.  En  effet  ils 
prétendent  que  le  lapis  oriental  eft 
lus  dur  y  plus  compadt  j  d'une  cou- 
eur  plus  vive  &  moins  fujette  ^ 
s'altérer  que  le  lapis  d'occident  que 
Ion  croit  fujet  4  verdir  &  dont  la 
couleur  eft  moins  uniforme.  Le  la- 
pis oriental  fe  trouve  en  A(ie  &  en 
Afrique  \  celui  d'occident  fe  trouve 
en  EfpagHe ,  en  Italie  »  en  Bohème» 
en  Sibérie  j6'c.   • 

Quelques  Naturaliftes  ont  mis  le 
lapis  lazuli  au  rang  des  marbres , 
&  par  conféquent  au  rang  des  pier- 
res calcaires ,  parcequ  ils  ant  trouvé 
qu'il  faifoit  efFervefcence  avec  les 
acides  \  on  ne  peut  point  nier  qu'il 
n'y  air  du  marbre  qui  puifte  avoir 
la  couleur  du  lapis  ,  vu  que  toute 
pierre  peut  être  colorée  par  une  dif- 
ablution  de  cuivre  \  mais  ces  fones 
de  pierres  n'ont  ni  la  confiftaoce  ni 
la  dureté  du  vrai  lapis  qui  eft  nu 
iafpe  &:  qui  prend  an  très-beau  poli 
beaucoup  plus  beau  que  celui  du 
marbre. 

Quelques  auteurs  ont  prétendu 
que  le  vrai  lapis  expofé  a|^  feu  ,  y 
confervoit  fa  couleur  bleue  j  mais 
il  y  a  tout  lieu  de  croire  m'ils  a'ont 
employé  qu'un  feu  très-toîbiepour 
leur  expérience  :  en  effet  il  eft  cet* 
tain  que  cette  pierre  mife  fous  un 
mouSo  ,  perd  roralemenc  (a  cou- 
leur. Si  To^  pnlvcrîfe  du  lapis  iC 
^u'oji  verf«  deffus  de  l'acide  vitf io- 
lique ,  on  lui  enlèvera  par«iikiacQC 


LAP 

fa^ptîde  colorante '&  il  s'en  déga- 
gera une  odeur  fembiable  à  celle  du 
loufre* 

Ceft  du  lapis  palvérifé^ue  Ton 
tire  la  précieufe  couleur  du  bleu 
d*oucre-tremer,  payée  (i  chèrement 
par  les  Peintres  »  &  à  laquelle  il 
feroit  bien  i  fouhaiter  que  la  chimie 
pût  fubftituer  quelque  préparation 
qui  eût  la  même  folidité  &  la  mê- 
me beauté  ,  lans  être  d*un  prix  fi 
ezceflîf. 

On  a  voulu  attribuer  dés  vertus 
médicinalts  au  lapis  lazulij  mais  il 
eft  certain  que  le  cuivre  qui  y  abon- 
de ,  doit  en  rendre  Tufage  interne 
très  -  dangereux  :  i  Tégard  de  la 
pierre  qui  tui  fert  de  bafe ,  comme 
elle  eft  de  la  nature  du  quartzoudu 
caillon,  ellf  ne  peut  produire  au- 
cun efFet« 

Selon  M.  Margraf  »  la  plupart  de 
ceux  qui  ont  parlé  du  lapis  lazuli , 
fe  font  trompes  jufqu'ici  :  cet  habile 
Cbimifte  a  analyfé  cette  pierre  en 
1^  foumettant  aux  épreuves  les  moins 
.  équivoques  ,  telles  que  fa  digeftion 
dans  l'alkali  volatil  ,  '  fa  didolution 
dans  les  acides,  &  fa  précipitation 
par  le  même  alkali ,  fans  découvrir 
aucun   indice  que  le  cuivre  fût  le 
métal  colorant  de  cette  pierre  :  en 
la  traitant  al   feu  de  fufîon  avec 
différentes  fubftances  capables  de  fe 
vitrifier  ,  bien  loin  d'obtenir  des 
verres  qui  parutTenc  colorés  par  le 
cuivre  ,  fes  réfultats  ont  prefque 
tous  indiqué  la  pi'élence  du  fer  ^  en 
forte  que  M.  Margraf  fe  croit  fon- 
dé à  conclure  i^  que  le  lapis  lazuli 
ne  contient  aucun  cuivre  y  i^.  que 
le  fer  eft  la  bafe  de  fa  couleur.  11 
s^agit  maintenant  de  favoir  fi  les 
lapis  lazuli  de  toutes  les  contrées  fe 
reffemblenc  au  point  qu'on  pui(Ie 
xcndtç,  générale  la  conféqifence  ti- 


LAP  597  ^ 

tée  de   celui   que  M.  Margraf  a 
analyfé. 

LÂPITHES}  (les)  ancien  peuple  de 
Macédoine,  qui  habitoit  dans  le 
^oifinage  du  Mont  Olympe.  11  deC- 
cendoit  félon  la  Mythologie ,  de 
Lapitha  fils  d'Apollon  &  de  la  Nym» 
phe  Stilbé» 

Les  plus  confidérables  d'entre 
les  Lapithes  s'étant  trouvés  aux  no- 
ces de  Pyrichoiis  &  d'Hippodamie  , 
y  combattirent  contre  les  centaures 
qui  vouloient  enlever  la  mariée  6c 
les  femmes  qui  i'accompagnoient. 
^oytfif  Cbntaur  Bs. 

LAPMUDEi  fubftantif  féminin.Nom 
propre  qu'on  donne  dans  le  Nord  à 
des  robes  de  peau  de  renne.   ^ 

LAPO;N,  ONNE;  adjectif  &  fubf- 
tantif •  Qui  appartient  â  la  Laponie, 
qui  eft  de  la  Laponie.  f^<t>y^  Lapo- 

NIE. 

LAPONIE  ;  grand  pays  au  nord  de 
l'Europe  &  de  la  Scandinavie  y  en- 
tre la  mer  Glaciale,  la  Norwége,  la 
Suède  &  la  Ruffie.  On  le  divife  en 
Laponie -^Ruffieniie  »  en  Laponie- 
Danoife  &  en  Laptvnie-Suédoife, 
Celle-ci  eft  un  peu  plus  peuplée  qu# 
les  deux  autres. 

Ce  pays  voifin  du  Pôle  ,  eft  un 
des  plus  affreux  &  des  plus  rriftes 
climats  qui  foient  habités.  Le  fol  y 
eft  partout  dut  &.  ingrat.  On  n'y 
connoît  que  deux  faifons  y  un  hiver 
qui  dure  environ  neuf  mois ,  &  un 
été  qui  n'en  a  que  trois ,  pendant 
lefquels  le  foleil  eft  prefque  tou- 
jours fur  l'horizon.  Le  froid  tou- 
jours ■  extrême  pendant  l'hiver ,  y 
reçoit  par  la  violence  des  vents  des 
augmentations  fubites ,  qui  le  ren- 
dent prefque  infailliblement  fu« 
nefte  à  ceux  qui  s'y  trouvent  expo- 
fés  :  il  <ft  vrai  que  ces  tempêtes  gla- 
ciales ne  durent  pas  long -temps. 
D'autres  fois  il  s'élcve  d^s  cooi biU 


39»  LAP 

Ions  de  neige  qai  occafionnent  en- 
core de  plus  grands  périls  :  il  fem- 
ble  que  cous  les  vents  foufflenc  de 
tous  les  côcés  à  la  fois  y  ils  lancent  la 
neige  ïivec  une  impécuolicé  qui  &ic 
difparoître  en  un  naomenc  tous  les 
.  chemins.  Qu^nd  on  ell:  furpris  par 
ces  orages ,  on  veut  eu  vain  fe  i;e* 
trouver  par  la  .connoifFance  des 
liçux  »  ou  par  le  moyen  des  fignaux 
que  l'on  a  établis  pour  aflurer  fa 
roucç.»  on  eft  .aveuglé»  par  lipaif- 
feur  de  la  neige ,  &  on  ne  peut  faire 
un  pas  fans  courir  les  rifques  de  s'y 
abîmer. 

Les  peuples  de  ces  contrées  foiu 
d^vLù^  Ji  aideur  extrême  :  ils  ont  le 
vifage  large  &  plat ,  le  nez  camus  & 
^çraié ,  r^ris  de  i'œil  jaunerbrun  & 
cirant  fur  le  noir ,  les  paupières  re- 
tirées vers  Us  tempes  >  les  joues 
extrêmement  élevées  ,  la  bouche 
très-grande,  le  bas  du  vifage  étroit^ 
les  lèvres  grolTes  &  relevées ,  la 
vbix  grêle  ,  la  tète  groCfe  >  les  che- 
veux noirs  Se  lilTe^  p  la  peau  bafa- 
née;  ûs  font  très -petits  ,  trapus, 
quoique  maigres  ;  la  plupart  o*ont 
«  que  quatre  pieds  de  hauteur,  &  les 
plus  grands  n'en  ont  que  quatre  & 
4emi. 

Les  femm.es  y  font  auffi  laides 
que  le$  hommes  ^  &  leur  reflfem- 
blent  (1  fort  qu'on  ne  les  diftingue 
pas  d'abord^ 

Ces  mêmes  peuples  font   grof- 
fiers ,  ftupides.  Les  Lapons-Danois 
ont  un  gros  chat  noir  »  auquel  ils  di- 
fent  tous  leurs  feçrets,  & quilscon- 
fuirent  dans  toutes  leurs  affaires, 
qui  fe  réduifent  à  favoir  s'il  faut 
aller  ce  jour-là  1  la  chaflè  ou  à  la  pê- 
.   i:he.  Chez  les  Lapons-  Suédois  il  y 
.   a  dans  chaque  famille  un  tambour 
.    pour  confulter  le  diable  i  Se  quoir 
quils  foient  robaftes 6c  grands  cou- 
vents ,  ils  font  n  p^urieux,  ou'Qnjp'a 


i 


lAP 

jamais  pu  les  faire  aller  i  h  guerre 
Guftave  -  Adolphe  avbic  entrepris 
d'en  faire  un  régiment ,  mais  il  ne 
ut  jamais  en  venir  à  bout  \  il  [tmr 
le  qu'ils  ne  peuveiu  vivre  que  d:^s 
leur  pays  ^  â  leur  façon.  Ils  fe  fer^ 
vent  pour  courir  fur  b  neige ,  de 
patins  fort  épais  de  bois  de  iapin , 
longs  d'environ  deuit  aunes,  &  lar- 
ges d'un  d,emi  picd^  ces  patins  font 
relevés  en  points  fur  le  devant,  SC 
percés  dans  le  milieu  pour  y  pafler 
un  cuir  qui  tient  le  pied  feieie  8c 
immobile  j  ils  courent  fur  la  neige 
avec  tant  de  vîcefTe,  qu'ils  attrappent 
aifémcnt  les  animaux  les  plus  lé- 
gers à  la  courfe  ^  ils  portent  un  {kU 
ton  ferré ,  pointu  d'un  bout  &  ar- 
rondi de  Vautre  ;  ce  baron  leur  fert 
si  fc  mettre  eii  mouvement ,  â  fe  di- 
riger ,  fe  foutenir ,  s^trcter ,  &  auffi 
i  percçr  les  animaux  qu'ils  pourfui^ 
vent  â  la  courCe  ;  ils  defcendent 
;avec  ces  patins  les  fonds  les  plus 
précipirés,  fc  montent  les  motïXZr 
ignés  les  plus  efcarpées.  Les  patins 
dont  fe  fervent  les  Samoïedes ,  font 
bien  plus  courts  »  &  n'ont  que  deux 
pieds  de  longueur.  Chc^  les  uns  8c 
les  autres ,  les  femmes  s'en  fervent 
comme  les  hommes  j  ils  ont  aufli 
tous  l'ufage  de  l'arc  ,  de  Tarbalère  ; 
&  on  prétend  que  les  Lapons 
Mofcovites  lancent  un  javelot  avec 
tant  de  force*:  de  dextérité,  qu'ils 
.font  furs  de  mettre  à  trente  pas 
dans  un  blanc  de  ia  largeur  d'un 
^cu  ,  &  qu'à  cet  éloignement  ils 
perceroient  un  ho;nme  d'outre  en 
putre  ;  ils  vont  tous  à  la  çhalfe  de 
l'hermine  ,  du  ioupcervier  ^  du  re- 
nard ,  de  la  martre  ^  pour  en  avoir 
les  peaux ,  &  ils  changent  ces  pel- 
leteries contre  de  l'eau-dç-vie  K 
du  tabac  qu^ils  aiment  beaucoup» 
Leur  nourriture  eft  du  poiflon  fec» 
de  la  thatr  dexenne  ou  d'ours  ^  leur 


LAP 

fun-  n'eft  qite  de  la  farine  d^os  dé 
poiflbn  brojés  &  mêlés  avec  de  l'é- 
corce  rendre  de  pin  ou  de  bouleau  : 
la  plupart  ne  font  aucun  ufage  du 
fel,  leur  boidôn  eft  de  Thuile  de 
baleine  Se  de  Teau ,  dans  laquelle 
"ils  laiflènc  infufer  des  grains  de  ge-* 
nièvre.  Ils  n'ont,  noue  ainfi  dire 
aucune  idée  de  religion ,  ni  d*un 
Être  ruprème-,  la  plupart  font  Ido- 
lâtres ,  ^  tous   font  très*  fuperfti- 
tieux  j  ils  fent  plus  groffiersL  que 
iauvages  9     fans  refpeâ  pour  loi^ 
même  »    fans  pudeur  j   ce  peuple 
abjeA-   n'a   de     nusurs     qu'afle^ 
pour    être    mépcifé.    Ils    le    bai- 
gnent nus  &  tous  enfemble  ,  filles 
&  garçons  >  mères  &  fils^^  frères  &> 
fœurs  ,  &  ne  craigneQit  poipc  qu'on 
les  voie  dans  cet  état  ;.  en  for  tant  de| 
ces  bains  extrêmement  chauds  ,  ils 
vont  fe  jeter  dans  une  rivière  très-* 
froide.  llsoilTefl  taux  étrangers  leurs 
femmes  &  leurs  filles, .&  tiennent  à 
grand,  honneur  qu'on  veuille  bien 
coucher  avec  elles  ;%  cette  coutume 
eft  également  établie  chez  les  Sa-* 
moïèdes,  les  Borandiens',  les.  La- 
pons &  les  Groenlandois^.  Les  La- 
pones font  habillées  Thiver  de  peaux 
^  de  rennes  ,  &  l'été  de  peaux  d'oi- 
feaux  qu'elles  ont  écorçbés ,  l'ufage 
.    du  linge  leur  eft  inconnu*    .      > 
11^  vivent  fous  terre  ou  dans  desl 
cabanes  prefqo^ntièrement  eàter-r 
lées',  ôc  couvertes  d'écorcels  d'ar- 
bres ou-d'os  de  poiflfon  y  quelques- 
uns  font  des  tranchées  ibuterraines^ 
pour  communiquer  de  cabane  en 
cabane  chez  leuts^  voîfins  pendants 
Tbiver.  Uue  nuit  de  plufieors  mois 
lés  oblige  àxonferver  de  laJtunière 
dans  ce  féjour  par  des  efpèces  de- 
lampes  qu'ils  entretiennent- avec  la 
même  huile  de  baleine  qui  leur  fert 
de  boidon.  L'été  ils  ne  fçnt  guère 
gltts^ilear  aife  que  l'iûvw ju  cax  ils 


1 


lAQ  399 

font  obligés  de  vivre  continuelle* 
mekit  dans  une  épaifTe  fumée ,  c'eft 
le  feul  moyen  qu'ils  ayent  ims^iné 
pour  fe  garantit  de  là  piqûre  des 
moucherons  y.  plus  abondans  peut* 
être^dans  ce  climat  glacé  ,  qu'ils  ne 
le  font  dans  les  pays  les  plus  chauds. 
Avec  cette  manière  de  vivre  fi  dure 
&  fi  trifte ,  ils  ne  font  prefque  ja- 
mais malades  i  8c  ils  parviennent 
tous  à  une  vieillefie  extrême  y  les^ 
vieillards  font  même  fi  vigoureux 
qu'on  a  peine  à  les  diftinguer  d'avec 
les  jeunes  ,  la  feule  incommodité  à 
laquelle  ils  foient  fujets  &:  qui  eft 
fort  commutée  parmi  eux  »  eft  la 
cécité  j  comme  ils  font  continuel- 
lement éblouis  par  l'éclat  de  la  nei' 
ge  pendant  l'hiver  ,  l'automne  &  le 

Erinijemps ,  &  toujours^ aveuglés  par 
L  fumée  pendant  l'été ,  la  plupart- 
perdent  les   yeux  en  avançant  -en- 
a^e. 
LAPS  ;  fubftântif  mafculin  ,  qui  ne  £e' 
dit  guère  qu'en  termes  de  Jurifpru- 
dence  &  en  cette  phrafe ,  lapj  de 
UmpSj  qui  fîgnifie  écoulement  de 
temps,  efpace  de  temps.  Cet  ufagc 
s^efi  établi  par  laps  dt^  temps.  Ces 
édifices,  ont  été  ruinés  par  laps  de 
temps.  Uy  a  dès  cas  ok  l'on  obtient 
en  Chancellerie  des.  Lettres  de  te-^ 
lie f  de  laps  de  tetnps"  pour  parer  à 
une  fin  dernon-retevoir  qui  fans  ces^ 
Lettres  ferait  acqiiije. 
LAPS  ,  SE  ;  adjedif.  Tbmbé.  II  ne  fe 
dit  que  de  ceint  qui  a  quitté  la  Re- 
ligion Catfaoliqne ,  &  il  n'a  d'ufage 
qu'avec  le  reduplicatif  rr/j/75.  Ainfi 
l'on  ait  laps  &  relaps  ;  pour  dire  >. 
quieft  tombé  &  retombé  dans  les* 
erreurs^  * 

LAPURDUM  ;    ancienne  ville  des 
Gaules',  dans  la  Novempopulanie»- 
C'eft  aujourd'hui  Bayonne; 
LAQUAIS  ;  fubftântif  mafculin.  Va- 
let de  livrée  deftiné-  â  fuivre  fo» 


{ 


403  •   LAQ 

maicre  ou  fa  maître  (le,  "si  fècvîr  â 
table ,  &c.  Il  était  fuivi  de  deux  la-- 
quais. 

Différences  relatives  entre  La- 
quais &  Valet. 

Le  mot  de  valet  a  un  fens  géné- 
ral qu'on  applique  à  tous  ceux  qui 
fervent.  Celui  de  laquais  a  un  fens 
particulier  ,-  qui  ne  convient  -qu'à 
une  forte  de  domeftiques.  Le  pre- 
mier déHgne  proprement  un  homme 
de  fervice,  &  le  fécond  un  homme 
de  fuite.  L'un  emporte  une  idée 
.  d'utilité,  &  l'autre  une  idée  d'of- 
tenration.  VoiU  pourquoi  il  eft  plus 
honorable  d'avoir  un  laquais  que 
d'avoir  un  valet;  &  qu'on  dit  que 
le  laquais  ne  déroge  point  i  fa  no- 
blefTej  au  lieu  que  le  r^/^rde-cham- 
brey  déroge ,  quoique  la  qualité  & 
lomce  de  celui-ci  loient  au-defTus. 
•  de  f  autre. 

Les  Princes  .&  les  gens  de  baffe 
condition  n'ont  point  de  laquais  ; 
mais  les  premiers  ont  des  valets  de 
pied ,  qui  en  font  la  fonâion  ,  & 
qui  en  portoient  mcme  autrefois  le 
nom  \  6c  les  féconds  ont  des  valets 
de  labeur  • 

La  première  fyllabe  eft  brève ,  & 
la  féconde  longue* 

LAQUE  ;  fubftantif  féminin.  Sorte 
de  cire  que  certaines  fourmis  ailées 
ràmaiTent  fur  des  Heurs  aux  Indes 
Orientales,  &  qu'elles  traR(portent 
fur  de  petits  branchies  d'arbres  où 
elles  font  leur  nid.  Voyez  au  mot 
fourmi^  page  X34j  la  manière  dont 
fè  forme  cette  fubftance. 

La  laque  i)ous  vient  de  Bengale» 
du  Pégu ,  de  U  côte  de  Malabar  » 

On  appelle  laque  plate  >  celle 
qu'on  a  fondue  >  lavée  le  jetée  en- 
fuite  fur  un  marbre  où  elle  fe  re- 
fp9i4it  ^9  Urnes.  Et  laque  cn^graimy 


LAQ 

ce  qui  refte  de  plo^  grbffièr  apr^ 
qu'on  en  a  tiré  la  teintare. 
Laque  ,  fe  dit  en  termes  de  Peinture , 
de  plufieurs  fortes  de  pâtes ,  même 
de  différentes  couleurs ,  qu'on  cire 
des  fleurs ,  &c. 

La  laque  rouge  la  plus  belle  ,  la 
plus  fine  &  la  plus  haute  en  couleur, 
nousvenoit  autrefois  At  Venife  ; 
mais  on  n'en  tire  plus -de  cette  ville, 
depuis  q[u'on  en  fait  d'auffi  borme 
&  d*auffi  belle  i  Paris. 

Il  y  en  t  de  trois  fortes  ;  la  laque 

fine  de  Venife  ,  la  laque  colombine 

6c  la  laque  *  liquide.  La  première , 

Îuoique  fabriquée  à  Paris ,  a  con- 
rrvé  fon  nom  de  Laqu«  de  Ve- 
nife :  elle  fe  fait  de  différentes  ma- 
nières. Voici  lés  procédés  de  Kunc- 
kel,  dont  il  dit  le  fuccès  infailli-» 
.  ble. 

Prenez  cochenille  meftech  ou 
mefteque ,  quatre  once  ;  alun ,  une 
livre  ;  laine  blanche  ,  bien  fine  & 
bien  pure^  une  demi-livre  ;  tartre 
blanc  pulvérifé ,  une  demi  -  livre  ; 
fon  de  froment ,  huit  bonnes  poi- 
gnées. 

Faites  bouillir  le  fon  dans  envi- 
ron vingt-quatre  pintes  d'eau  y  le 
plus  ou  le  moins  ne  fait  rien  i  la 
chofe,  lailfez  repofer  cette  eau  pen« 
dant  une  nuit ,  pour  qu'elle  s'éclair- 
cifle  bien  ,  filrrez-la  ,  afin  qu'elle 
devienne  bien  pure. 

Prenez  pour  lors  un  chauderon  de 
cuivre  affez  grand  pour  que*la  laine 
y  foit  au  large ,  verfez  la  moitié  de 
votre  eau  de  fon ,  &  autant  d'eau 
commune  que  vous  jugerez  nécef- 
faire  pour  la  quantité  de  laine ,  faî-. 
te^-'la  bouillit,  niettèz-v  l'alun  & 
le  tartre,  &  enfuite  la  laine,  que 
•vous  y  ferez  bouillir  pendant  deux 
heures ,  en  la  remuant  toujours  de 
bas  en  haut ,  &  de  baut  en  bas ,  afin 
^'olle   puilTe  bien  fi^  aetcoyer; 

après 


LAQ 

*pï^H  <!|»*elle  aura  bouilli  le  temps 
néceflTairè  ^  ^éttcz  la  bine  Janç  ua 
•filet  de  pccheur.pour  la  laiffer  bien 
^goutter.  Prenez  pour  lors  la  mmiùé 
de  Teau  de  fon  que  vous  aviez  ré** 
fervée ,  joignez^y  vingt-quatre  pin- 
tes d'eau,  &  faiies-labouilUri  lorf- 
qu  elle  bouc  bien  fart ,  mettez^y  la 
cochenille  qui  doit  être  puivérifée 
au  plus  fin ,  &  mêlée  avec  deux  on- 
ces de  tattre  aufli  en  poudre:  il 
faut  remuer  continuellement  ce  mé- 
^^Pge  ,  ppur  qu'il  ne  fuie  point  ^ 
mettez-y  alors  la  laine,  &  faites-la 
bouillir  pendant  une  heure  6c  de- 
mie ,  en  obfervant  de  la  remuer 
comme  on  a  dit.  Lorfqu'elle  aura 
pris  la  couleur,  remettez  la  dans 
u«  filet  pour  égoutter,  elle  fera  pour 
lors  cramoîfie.  11  eft  vrai  que  cette 
couleur  pourra  fe  rehaufler  par  le 
moyen  de  rérain  8c  de  leau  forte , 
ou  dans  des  chaudières  d'étaih  ;  mais 
il  n'eft  pas  nécefTaire  de  poufler  le 
procédé  plus  loin  3  parceque  ce  qui 
précède  fuffit  pour  tirer  la  laoue  : 
on  recommande  feulement  de  oien 
cbferver  les  dofes  des  matières, 
qu'il  faudra  augmentée  dans  la 
mem'e .  proporrion  fi  on  a  plus  de 
laine  i  teindre. 

Pour  en  tirer  la  laque  ,  prenez 
environ  trente^  deuz  pimes  d'eau 
claire  ;  faites-y  fondre  afiez  de  po- 
taflTe  pour  avoir  une  leflive  très- 
acre,  purifiez  la  en  la  filtrant;  fai- 
tes bien  bouillir  votre  bntie  dans 
une  chaudière ,  jafqu'â  ce  qu'elle 
foit  devenue  toute  blanche ,  de  que 
la  leflive  ait  pris  tome  fa  couleur  ; 
preSèz  bien  votre  laine  ^&  pafiez 
la  lefliv^^  paria:  chattâè  ;  prenez 
deux  hvres  d'alu/i ,  fatte^Us  fondre 
dan«  l'eaii ,  &  ver  fez  ^  les  dans  la 
lefiive  colorée  \  remuez  bien  le 
topt  ,  la  leifîve  s'épaidira  ,  &  fe 

•,  <9^t^\et^i  rejnettefrla  ilacbauCci 
Toiu   Xr. 


'< 


la  la^7  i;e%^^  4f  If  Icrlfive  paf* 
fera  claire  èç  pute  :  $  toutefois  ette 
avoir  encore  de  la  couleur ,  il  fau- 
droit  la  faire  bouillir  an  peU ,  &'y 
remettre  encore  de  l'alun  diitbu^  # 
elle  achèvera  de  fe  coaguler  ^  &  la 
laque  ne  palTera  plus* 

Quand  toute  la  laque  aura  été 
retenue  dans  la  chauûe  ,  U  faudi'a 
verfer  plufieurs  fois  de  l'eau  fraîche 
par  deflus  afin  d'achevet  d*en  ôtec 
l'alun  èc  le  fel  qui  auroient  pu  y 
refter.  Prenez  alors  un  plateau  de 

Eypfe  ou  de  craie  >  mettez  votte 
ique  deflus,  ou  faites-en  de  petits 
globules ,  comme  des  pilules  «  ce 
qui  fera  facile  avec  un  entonnoir  ae 
verre,  Ôc  gardez-les  pourl'ufage. 

Il  faut  encore  obferver  que  fi 
danslacuiflon  il  fe  diffipe  beaucoup 
d'eau ,  &  qu'elle  diminue  trop  ^  il 
faudra  bien  fe  garder  d'y  mettre  de 
l'eau  froide,  c'ell  de  Teau  bouiU 
lante  qu'on  doit  y  verfer  ^  fans  <}uoi 
l'opération  pourroit  manquer. 

Si  quelqu'un  vouloit  faire  de  la 
laque  fans  avoir  la  peine  de  com- 
mencer par  teindre  la  lei&ve  donc 
on  a  parlé  s  il  a'y  auroit  qu'à  pre^ 
dre  de laconture  de  dup  d'écarla- 
te  j  la  faire  bouillir  dans  la  leffive  , 
&  procéder  au  refte  comme  on 
vient  de  le  dire.  ;  On  fe  difpenfera 
ainfi  de  teindre  die  la  laine  ^  Se  des 
autres  opératiot\Sr 

Autre  procédé  avec  le  boU  de  hréfit 
&  la  garance^  Prenez  quatre  pintes 
d'eau  froide  \  fon  de  froment  »  qaa« 
tte  livres  ^  fel  formé  naturellemenc 
de  l'écume  de  la  vatt^  &  coagulé 
par  la  chaleur  du  (bleil  far  les  co- 
chers,  deux .  dtagmes  )  feaifgrec, 
aufli  deux,  drag^aes.. 

Mettez  toutes  ces  matières;aa 
feu  dana  uti  chauderon ,  fafqa*i  ce 
que  l'eai^  chauffe  »  de  manière  à  en 
pouvoir  fooffrir  la  chaleur  avec  la 

Ee  e 


4ài  L'À'Q' 

•  »      « 

niait! ,  alàrs  retirez  Tean  ila  fed ,  fk 
couvrez  le  chaiidèron  d^un  linge, 
afin  qaeta  chaleur  s'y  confervéle 

Elus  long' temps  qu'il   fe.  pourra* 
.zitTet  repofer  le. roue  pendant  24  | 
heures,  au  bout  defquèllés  vous  dé- 
canterez cette  leflîve  pour  être  em- 
pîofée  aux  ufages'ftiivâns*    ' 

Prertez  un  vàfeiiet^  nnettez-y 
trois  pintes  d'eau',  &  une  dfe  leflîve, 
&  après  les  avoir  mifes  fur  le  feu , 
&  qu'elles  commencent  à  bouillir  , 
jettez-y  iincf  livre  de  bois  de  bréfil 
'  rapc  i  flf  une  dèmîliv^e  de  garance 

•  écrifce,  avec  un  quarteron  de  tar- 
tre pnlvérifé^  laiflez  bouillir  ie  tout 
environ  une  bonne  minute.  Ayez  en. 

,  faite  de  la  laine  de  brebis ,  bien  fine 

Se  bien  blanche ,  qui  ait  trempé  pen- 

«dant  une  journée  dans  de  l'eau  froi- 

•  de\  &  qui  fqit  nettoyée  de  graif- 
fe^&  féchée^.  Mettez-la  pendant  de- 
nîi-heure  dans  de  l'eau  froide  »  & 
après  enaVoir  bien  exprimé  l'eau, 
vous  jeterez  la  laine  dans  la  teinture 
&  la  remuerez  bien  avec  un  bâton. 

•^taiflez-la  flir  le  feu  pendant. une 
3  demi -heure  ,  en  la  faifahr  bouillir 

•  doucement  ;  *6téz  le  vafe  dii  feu, 

■  -prenez  la- lamé  avec  unfe-fpôtule  de  ' 
'  bois  fort  nette ,  &  la  fêtez  dans  un 
vafe  plein  d'eau  froide ,  que  vous 

•  décanterez  au  '  bout  d'une  demi- 
^-heirrepour  y  en  rêver  fer  de  nou- 
velle :  aprcs  avoir  décanté  cette  fe- 

^  Cdnde  eau  ,*  vous  preflerez  la  laîne 
'te  là  ferez 'ftchôr  â  l'abri  de  toute 
pouflière,  ayant  foin  de  l'étendre, 
;  dé  peur  qu'elle  ne  fermente  ou  ne 
-  ^*cdhaufb>.  OMeryéz  que  le  féufoit 
~*^ietf  n^déré',  îautYemërit  la  ceinture 

•  déyietiiroît  trop  foncée:  Vèus  fe- 
rez enfuite  une^leffi^ede^la  mSinière 
ftivante;  '      ' 

Métrez  des  cendres  de  farmenrl. 
de  faule ,  ou  de  lout  autre  bois  ten 
dre»  dans  âne  toile  de  chanvre  pUée 


tAQ 

en  tibuble  ;  verfez  par  detfîis  peu  i 
peu  de  l'eau  froide ,  qui  fe  filtrera 
dans  un  vafe  que  vous  mettrez  def- 
fous  'y  vous  reverferez  cette  pre* 
mière  leflive  fur  les  mêmes  cen- 
dres, &  quand  elle  fera  filtrée  de 
nouveau  y  vous  la  laiflerez  repofer 
pendant  vingt  quatre  heures*;  alors 
vous  la  décanterez  doucetnent  dans 
un  autre  vafe  ,  fans  troubler  les 
fèces. 

Mettez  votre  laine  dans  cette 
lefliVe  fr,àide  j  Se  faites  la  bouillir 
i  un  feu  très-doux ,  jufqu'à  ce  que 
la  làinê  ait  quitté  fa  couleur* 

Prenez  alors  une  chauffe  d*hyp« 
pocrate ,  &  filtrez  votre  teinture  i 
travers  ;  8c  quand  tout  fera  pafle , 
preflez  la  chaufle  &  la  laine ,  pour 
en  tirer  toute  la  teinture  ;  enfin  re* 
tournez  la  chaufle  ^  &  èo  otez  la 
laine  pour  la  nettoyer. 

Mettez  enfuite  huit  once^  ou  en- 
vi ton  d'alun  de  soche  en  poudre 
dai>$  un  vafe  de  fayance,  avec  une 
livre  &  demie  d'eau,  &  l'ayant  fsLit 
diilbudie  »  gaffez  la  folution  par  la 
cbaufie  i  Se  verfezJa  dans  le  vaif- 
ftm  où  eft  la  ceinture  d'écarlate  ^ 
auflitèt  il  fe  formera  un  coagulum , 
Se  la  teinture  fê  féparera  de  la  lef- 
five  f  mette^  te  coagulum  Se  la  lef- 
6yei  dans  la  chaufle ,  la  laque  de- 
meurera après  que  la  leffive  fera 
écoulée.  S'il  reftoit  d*  la  couleur 
dans- la  leffive»  il  faudroir  y  met- 
tre de  nouvelle  eau  d'alun  comme 
dans  le  premier  procédé.  Vous  for- 
tn^rex  aufli  des  ttochifques  ou  grains 
de  la  même  claoière ,  pour  les  faire 
r  jécher ,  comme  il  a  été  dir« 

On  peut  j  en  fui  vaut  ce  procédé, 
fairé^  de  Wla^ue  avec  la  graine  de 
kermès;  mais  alors  il  faut  employer 
jufqu'â  1 1  onces  d'alun.  Si  Ton  veut 
i^éfiter  la  peine  de  ceindre  la  laifie  ^ 


y 


LAQ 

Nêry ,  dont  le  procédé  ci-dcffîis  cft  J 
ciré ,  donne  encore  le  fnivanc.  < 

Prenez  de  refpcic*de-y;in  ane 
<juâncûé  fttffifance  pour  y  diûTottdre 
.  une  livre  d'alun  en  poudre  ^  ajpu-* 
tez«y,une  once  de  grains  de  ter- 
mes pulvérifés  &  raoïifés.  Gonfer- 
vez  le  roue  dans  un  verre  â  cou 
large  }  remuez  bien  coures  ces  ma- 
tièresj.&  refpcipde-vin  en  pren- 
dra une  ,bellç  cpuleut}  lailTez  re- 
pdfer  pendant  quatre  }our(  >  au  bout 
dpfquels  votts.verlêrcz  Telprit^de* 
vin  dans  un  vafe  de  rajance;  pre- 
nez enfuice  quatre  onces  d'alun  de 
roche  9  faites-Les  didbttdre  djins  de 
Veau  chaude  ^  6c  vcrfez  cette  diîTb- 
lucion  dfinsi'efprit-de-vin  colore  ^ 
paCTezle  tour  à  la  chaull^  »x}ui  re- 
tiendra la  couleur.  Ramaifez  la  la- 
que  de  la  chauffe  avec  des  cuillers 
de.  bois  ou  d'ivoire ,  &  faites-la  fé- 1 
cher  comme  on  a  dit. 

;KuiKkel,  dans  fes  notes  fur  cej 
chapitre»  dohne  le  procéda fuivant 
comme  moins  coûteux.  Je  .prends, 
dit-il ,  une  leffivJQ  bien  claire  «^  de 
potafTe  bu  de  tartre- ,  fy  ajoute  bien 
oeu  de  folution  d'alun ,  je  mets  la 
leflive  dans  un  vafe  de  verre  fi^rt , 

'largue;  je^  prends  xle  la  cochenille 
en  TOudre ,  que  J^enferinetlansiun 
petit  lac  de  lin  fort  ferre;,  je  i^eéiue 
le  fac  dans  Cette  leifive  >  jofqu'â  ce 
que  toute  la  couleur  en  foit  fortiè;  la 
première  qui  vient  eft  la  meilleure. 
On  peut  la  féparer  de  U  fuivahte. 
dansjin  autre  vaifleau.  JLôrfquîil  ne 
vieno  plus  de  couleur ','* je  prends  de' 

.  Teaud'ajun  bien  claire  -,  j*en  ^verfe 
fur  la  leflîve  jufqua  ce<que  le  tout 
foit  caillé;  je  mets  à  filtrer  ,  &  j'é- 
dulcore  la  laque  comme  dans  le 
premier  prooédé.  On  peur,  ajoute-, 
Ctil,  compter,  ^ur  mon^  procédcL/ 

«  Les  hrques  mces  des  âtuts  pbur* 


LAQ  403' 

renlumlnUte  ,  fe  font  de  la  ma- 
nière fuivante« 

Faites  une  leflîve  médiocrement 
forte  avec  de  la  foude  ou  de.  la 
chaux  ^  ou  avec  de  la  potalTe  &  de 

'  Talun  i  mettez  y  des.  ncilrf  de  je- 
nêt ,  ou  de  jonquilles^  o^  de'  fou- 
ci  ,  ou  de  keyri  ,  connu  fous  le 
nofn  de  giroflée  Oti  violicr  jaune , 

'  faites-les  cuire  à  Teu  lent,  juf- 
qu'à  ce  que  la  leifive  fe  fo|ç^  char- 
gée de  toute  la  couleui^  jaune  de  ce^ 
Héuts ,  c efti  dire  jufqu  1  ,ce  que 
les  fleurs  foienr  devenues  bj^nf  hts , 
&  la  leffive  d*un  beau  jaun^  ;  vous 
eu  te  tirerez  pour  lors  l^s  Aeurs,  ic 
mettrez  la  leflîve  reinte  dat)s  des 

t>ots  vernîflcs'  pour  la  !  faite,  .bouil- 
ir:  vous ^  joindrez  Vutapt^d'alim 
de  roche  qu'çlle  en. pourra  di(]v>u- 
dre  ;  retirez  énfuite  la  déco<$(xon  » 
verfezrlâ  dans  un  vafe  plein  d*eaa 
pure,  àc  fràîcli$? ,  Ta  couleur  fe  prc- 
cipuer^^aiv,  ^pnd  ;  voiij  lâiJîcxez 
alors ;repof(5r,  Teau ,  yo^l  la  ^çcan- 
;  terèzj  îfc  y  en  verfcijez  dej3'oj>velle; 
lotfquç  la^c^uleur.rfi  fera  prj^upipée^ 
voui  décanterez  encore  cet^c  ^fu  \ 
vous  réitérerez  cette  opcnatlon  ^ 
jufqu'àï  ce  que  tout  le  fel  d^la  let* 
fivé  &  Taïun  ayent  j  çp^  iolevps  , 

. .  parceque.pluj^  Ja  couleur  ie,iîsii dég.i- 

;  *  gée  Vdés  4el$  ,'pj^s'  elle  fera  belle. 
Vous  ttQpveçez^u  ;onp  du  VAlfî  une 
belle  laqué  javine, ,  .que  vous  jfeiez 
fçchêr  fur  des  plateaux  de  gypfe  pu 
de  craie ,  copime  les  précédentes. 

'^  ';  Il  eft  .i  'reiparquer  qu^  le.oxcme 
plâf;eàu  peut, /et vit  «sUtani;  cle.jfois 
que  rpnveur,  ^pourtoiités.ïbttes 
de  laques  ,  pourvu  qu  a  ^  chaque 
fois  on  ait  eu  la  précaution  de  le 
faire  bien  fécher  avant  d*y  mettre 

^  de  nouyelle.laque^' 

Kimcm  remarque  ïur  cei  pro- 
cédé ^  qui  pçut  fervix  pour  f^  fleurs 
de  toutes  les  couleurs ,  que  lorJC^ 

Eee  ij 


4-4  I*  A  Q 

qa  on  a. fait  bouillie  les  (leurs  dans 
une    leflive  ,   qu'on   l'a  décantée» 
qu'on  en  a  verfc  line  nouvellô  fut 
ce  qui  refte  ^  qu*après  une  deuxiè- 
me cuiiïbn  dboce   ,   on  a  réitéré 
'  cette  opération  jufquM  rrois  foîsj 
ou  tahc  qu'il  vient  de  la  couleur,  & 
qu*on  vient  â  précipiter  chac^ue  ex- 
trait avec  de  Valun ,  chaque  préci- 
fâtation  dotvie  une   laque  ou  cou- 
eut  oarticulière  »  très- utile  pour 
les  difféjentes  nuances  dont  font 
"^  obligés  de  fe  fervir  les  Peintres,  en 
fleurs* 

Oh  doit  obferver  en  fécond  lieu 
'  que  la  leflîve  de  potalîè  bien  pure 
peut  faire  feule  ces  extraits  f  que 
totues  les  fleurs  ne  réuflifTent  pas 
également  »  parcequé  les  unes  (pnt 
beaucoup  plus  tendres  que  les  au- 
tres 9  8c  qu'il. fatlt  fur  la  même 
quantité  de  ledive  beaucoup  plus 
de  celles-ci  que  de  celles  B. 

Il  iVeft  pas  non  plus  d'une  pe- 
ritd  confiéduence  de  faire  fécher  ces! 
fortes  A^  laques  i  propos.  Les  unes 
deôiandentde  la  promptitude»  les 
autres  en  féchant  trop  vîté,  perdent 
réclat  de  leur  couleur» 

Voici    une    autre    manière,  du 
même  Auteur  ,   qu'il    aîTure  iue 
<    également  bonne.      . 

Mecte'i  dans  uiie  cucurbire   tes 
'  'fieurVdont  vous  voulez  extraire  la 
'    teinture ,  fans  les  couper  ni  écrafer  \ 
rempliflez-la  en  les  foulant ,  Jufqu'à 
ce  qu'elle  foir  pleine  ans  deux  tiers  : 
verlez  par  deUus  de  Tefprit-de-vin 
bien  reéHtîé;  couvrez  la  d^un  cha- 
piteau aveugle  ,   que  vous  lucerez 
'    bien  ,  6c  laiflfèz  le  tout  en  mhcéra- 
tipn  1  froid ,  }ufqii'i  ce  que  Tefprit- 
de- vin  foit  bien  coloré.  Débouchez 
la  cucurbite ,  décantez  Terprit^de- 
vin  que  .vous  conferverez  dans  une 
bonteille  bien  nette  &  bien  bou- 
*    cher  »  Se  verikz  de  nquveao  de  l'ef- 


î 


LAQr 

prit-de-vin  fur  les  fleurs  ;   laiCez 

macérer  ^  comme  la  première  fois , 

décantez  en  fuite  y  8c  C\  et  fécond 

efprit  eft  aufll  coloré  que  le  pre- 

iTiier ,  mèlcz4es ,  '  finoh  confervez 

les  ftparément.  Mettez  ces  efprirs- 

de-vin  dans  une  cucurbite  avec  fon 

chapiteau ,  &  fon  récipient  ï  un  feu 

très-doux  j    &  diftillez  jufqu^â  ce 

que  l'efprit-de-vin  foitprefane  tout 

>afl2.  ôtez  enfuite  la  cueatbite  du 

eu,  St   menez  la  teinture  qui  j 

refte  ^  dans  un  vafe  de  verre  i  pour 

en  faire  évaporer  très-lentement  le 

refte  de  l'elprir-de-vin,  jufqu'ice 

qu'elle  foit  entièrement  sèche,  Ob- 

/ervez  que  le  feu  foit  extrcmeoienc 

doux  s  tel  que  celui  des  cendres 

chaudes  ,    parcequé   ces  couleurs 

font  très-tendres ,  8t  'qu'elles  fe  ter« 

niroient  &  fe  gâteroient  à  un  feu 

plus  fort. 

On  fait  ainfi  des  laques  de  toa* 
tes  les  couleurs  de  fleurs  :  on  peut 
même  en  extraite  de  vertes  des 
plani^  donc  la  feuille  colore  le 
papier^ou  le.  linge  en  les  écra&ot 
defliis.  Mais  it  faut  avoir  foin  de  ne 
couper  ni  écrafer  que  celles  qui  ont 
peu  de  fttc  ,  telles  que  la  pimpre- 
nelle. 

U  y  a  des  couleurs  de  fleurs  qui 
cliaiigent ,  3c  donnent  une  ceinture 
différence  de  ta  couleur  qu'elles  ont 
naturellement^  c'eft  ce  qui  arrive 
furtout  au  bleu  &  à  certaines  fleurs 
jaunes ,  relies  que  celles  de  mille- 
pertuis» Il  faut  un  foin  particulier 
pour  cirer  le  bleu  ,  &  Kunckcl 
avoue  qu'il  ne  peut  Ct  flanet  d'en 
avoir  jamais  obtemi  un  ^  dont  il  ait 
eu  lieu' d'être  conteur. 

On  tire  par  cette  méthode  un 
très-beau  vert  des  feuilies^^de  co- 
chléaria.  Mais  dans  cette  extrsâioa 
de  teinture ,  comme  dans  les  aa- 
très  9  il  faut  obietver  de  faire  Iti 


I 


LAQ 

macérations  dans  un  lieu  frMS  \  car 
la  moindre  chaleur  gâreroic  couc. 
Uefpric-de-vin  qu'on  a  retiré  par 
la  diftiliation  »  peuc  fervir  à  de 
nourellog  opérations  de  la  mcme 
e/pèce. 

Un  Commentateur  de  Nery , 
indique  les  plantes  fuivantes ,  com- 
me lés  plus  propres  pour  faire  ces 
fortes  de  laques. 

Le  bois  néphrétique  &  fes  trois 
différentes  efpèces  »  que  les  Anglois 
appellent  fufticks ,  dont  on  fait  le 
jaune  &  le  vert. 

La  compegîanc  Se  Xejylvcjler^  ef- 
pèces de  bai^  qu'on  apporte  d'A- 
mérique ,  &  qui  donnent  une  cou- 
leur un  peu  moins  belle  que  la  co- 
chenille. 

On  peut  y  joindre  la  graine  de 
fummach ,  le  coquelicot  ,  la  re- 
gliflè  ,  le  cucurma  ou  urra-merita , 
les  fleurs  àt  fafran  fauvage ,  Vanot-- 
ta  »  composition  qui  fe  fait  d'un 
mélange  d'algue  pourprée  »  d'urine 
&  de  graiifè,  &  qui  donne  une  belle 
écarlatte.  La  fleur  de  genct ,  la  jon- 
quille fervent  pour  le  jaune  ^  de 
même  que  le  fafran. 

Le  phalangium  &  le  tradefcanti  , 
qui  donne  un  bleu  foncé  fort  beau  ; 
les  barbets  ou  bleuet  s, y  l'algue  ma- 
rine des  teinturiers.  Le  tournefol 
dont  le  fuc  donne  la  couleur  qui 
en  porte  le  nom ,  la  blattaria  ou 
herbe  aux  mites  dont  la  fleur  eft 
jaune  &  bleue. 

Les  autres  plantes  qui  contiennent 
un  fuc  colorant  font  le  tithymale  ^ 
le  laiteron  épineux  ovifonchus  afper^ 
le  piflenlit ,  la  barbe  de  bouc  ^  la 
fcammonée  de  France  y  les  ré- 
ponces ,  les  laitues  dont  la  plupart 
jauniflènt  en  féchant  au  foleil.  Le 
millepertuis  &  la  toute-£iine  ont 
un  fuc  rouée  ,  caché  fous  le  jaune 
de  leurs  fleurs  >  la  grande  chéli- 


LAQ  405 

doine  &  le  felfel  àt%  Alpes  donnent 
du  jaune. 

Quelques  baies  des  plantes  four- 
nKTent  aufli  des  couleurs ,  comme 
celle  de  la  morelle  ,  de  la  vigne 
blanche  »  du  houx ,  du  fceau  de  Sa- 
lomon  »^  du  fureau  »  de  Tbyeble  « 
l'aconit ,  le  framboifier ,  le  mûrier  , 
le  bourbe-épine  qui  donne  le  vert 
de  veffie  y  les  noix  vertes  ou  brou 
de  noix  ,  le  fantal  rouge  &  jaune , 
le  bois  dinde  ,  de  fircfil  y  &c. 

On  peut  eocore  mettre  de  ce 
nombre  les  fleurs  de  grenadiers  »  les 
rofes  de  Provins ,  l'amaranthe ,  la 
graine  de  coronafolis  ou  de  tourne- 
fol.  Ctufius  dit  que  l'alaterne  dpnn^ 
du  noir. 

Les  plantes  dont  les  feuilles  font 
bonnes  pour  faire  la  laque  verte  j 
font  en  particulier  le  flramonium  ^ 
l'arbre  colorant  de  Virginie  dont 
les  feuilles  feulement  brojées  font 
un  vert  très-foncé  ;  les  feuilles  de 
l'acanthe  »  du  tabac  ,  du  fenouil 
d'Efpagnej  &  tant  d'autres  que  les 
eflais  peuvent  faire  découvrir. 

La  laque  appelée  colomhïne ,  fe 
compofe  avec  le  bois  de  Bréfilpur» 
ou  mêlé  avec  un  peu  de  cochenille. 
Au  premier  coup  d'œil  celle- ci  pa- 
roit  quelquefois  plus  belle  &  plus 
haute  en  couleur  que  la  laque  de 
Venife  \  mais  elle  change  &  n'eft 
pas  fi  bonne.  Pour  ne  pas  y  être 
trompé  3  il  faut  les  éprouver  de  la 
manière  fui  van  te. 

Mettez  quelques  gouttes  d'huile 
de  vitriol  dans  un  vafe  de  verre  ou 
de  fayance  9  &  verfez  par-de0us 
de  l'eau  pure  &  claire  peu -si - 
peu  ,  jufqu'â  ce  qu'elle  ait  un  goût 
aigrelet  »  à  peu  près  comme  celui 
d'un  citron  un  peu  doux  :  flx  ï  huit 
gouttes  d'huile  de  vitriol  fuffifent 
lur  la  quantité  à  peu  près  d'un  demi- 
feptier  d'eau  ,   mefure  de  Paris. 


4o6  LAQ 

Confervez  cette  liqueur  ain(i  pré- 
parée dans  un  Hacon  bien  bouché* 

Lorfque  vous  voudrez  éprouver 
la  laque  »  mettez-en  gros  comme  un 
petit  pois  dans  un  petit  vafe  de 
fayance  y  &  ayant  verfé  par-delTus 
environ  une  demi-cuillerée  de  vocre 
liqueur ,  laifTez  repofer  le  tout  pen- 
dant cinq  à  (ix  minutes  ou  davan- 


tage ;  n  la  laque  e(l  bonne ,  fa  cou- 
leur le  foutiendra  belle  ^  fi  c'eft  de 
la  laque  faite  avec  le  bois  de  Bréfil , 
elle  deviendra  de  cfoulcur  tannée. 

On  appelle  en  général ,  couleur 
de  laque ,  une  couleur  rougeâtre  qui 
tire  fur  lo  pourpre. 
Laque  ,  eft  auffi  fubftantif  mafcuUn, 
Se  alors  il  fignifie  ce  beau  vernis  de 
la  Chine  ou  noir  ou  rouge  que  juf- 

?iu*ici  on  n'a  encore  pu  imiter  par- 
aitement  en  Europe.  Ce  laque  eft 
très'beau, 

La  première  fyllabe  eft  brève ,  & 
la  féconde  très*brève. 

LAQUELLE jvcjyirif  Lequel. 

LAQUETTE  ;  petite  rivière  de 
France  en  Artois  ,  laquelle  eft  for- 
mée de  quatre  ruifleaux  qui  fe  réu- 
nirent à  Eftrée- Blanche i  &  va  en- 
fuite  fe  joindre  à  la  Lys ,  dans  la 
ville  d'Aire  ,  après  un  cours  d'en- 
viron deux  lieues. 

LAQUIE  i  grande  rivière  des  Indes , 
qai  a  fa  fource  dans  le  lac  de  Chia- 
mai ,  arrofe  les  royaumes  d'Achem 
&  de  Bengale ,  &  va  enfuite  fe  per- 
dre dans  le  Gange ,  près  de  la  ville 
de  Daca. 

LAR  ;  voye\  Laar. 

LARA  ;  bourg  d'Efpagne  ,  dans  la 
vieille  Caftille  ,  lur  TArlanza  ,  à 
quinze  lieues  de  Burgos  y  vers  l'o- 
rient. 

LARACHE  î  ancienne  &  forte  ville 
d'Afrique,  au  royaume  de  Fez,  à 
l'embouchure  d'une  rivière  de  mê- 
me nom  dans  l'Ocoaa  atlantique. 


LAR 

LARAIRE  ;  fubftantif  mafcuUn  dC 
terme  d'Antiquité.  On  donnoit  c% 
nom  chez  les  Romains  â  un^ petite 
chapelle  domeftiqae  deftiné«  aa 
culte  des  Dieux  Lares.  * 

LARANDA  ;  nom  d'une  ancienne 
ville  d'Afie  qui  étoit  fituée  fur  les 
frontières  de  la  Lycaonie»  de  la 
Pifidie  &  de  l'Ifaurie  ^  c'eft  pour- 
quoi les  anciens  l'ont  attribuée  à 
chacune  de  ces  diverfes  provinces. 
On  nrétend  qu'elle  fubfifte  aujour- 
d'hui en  Turquie  ,dan$  la  province 
de  Cogni  près  des  frontières  de  la 
Caramanie,  &  à  la  fource  duCydne 
ouCarafu. 

LARARIES  ;  fubftantif  féminin  plu- 
riel &  terme  de  Mythologie,  rcte 
que  célébrèrent  autrefois  les  an- 
ciens Romains ,  l'onzième  des  ca- 
lendes de  Janvier  »  eh  l'honueuc 
des  Dieux  Lares 

LARASSA  ou  Larasa  ;  c*eft  félon 
Pcolémée ,  une  ancieane  ville  de  la 
Médie  ,  dans  le  voi/înage  d'Ecba- 
rane. 

LARCIN  j  fubftantif  mafcuUn.  Fur^ 
tu  m.  Vol  qui  fe  commet  par  adrefle, 
&  non  à  force  ouverte  lû  avec  ef- 
fraâion.  yoye:^  Vol. 

Larcin  ,  fe  dit  auflS  de  la  chofe  do- 
rqbée.  //  efi  accufé  Savoir  recelé  U 
larcin* 

Larcin  ,  fe  dit  encore  d'un  vers  % 
d'un  pafTage ,  ou  d'une  penfée  qu'un 
auteur  prend  groftièremcnt  d'un  au- 
tre pour  fe  l'approprier  Un  livre 
rempli  de  larcins. 

Larcin  ,  fe  dit  auflî  en  matière  de 
galanterie ,  d'un  baifer  pris  à  i*int* 
provifte. 

LARD;  fubftantif  mafculin;  Laridum. 
C'eft  cette  partie  gralTc  qui  eft  en- 
tre la  couenne  &  la  chair  du  porc. 
Le  lard  eft  un  aliment  qui  n'eft 
propre  qu'aux  eftomacs  robulles  des 


I 


LAR 

gens  de  la  campagne ,  &  des  ma- 
nœuvres r  aufii  icsfujecs  de  cet  or- 
dre s'accommodent-ils  très- bien  de 
Tufage  habituel  du  lard,  &  fur- tout 
du  lardfalé)  état  dans  lequel  on 
l'emploie  ordinairement  :  parmi  les 
fnjers  de  Pbrdre  oppofé ,  il  s'en 
trouve  beaucoup  que  le  lard  incom- 
mode, non-feulement  comme  ali- 
ment lourd  &  de  diâtcile  digeftion , 
mais  encore  par  la  pente  qu'il  a  à 
contraâer  dans  Teftomac  Talté- 
ration  propre  à  routes  les  fubftances 
huileufes  Se  gtsiftes  ,  favoir  la  ran- 

.  cidiu\  Ces  perfonnes  doivent  s'abf- 
teni'r  de  manger  des  viandes  piquées 
de  lard;  Il  eft  clair  qu'il  leur  fera 
encore  d'autant  plus  nuifible  »  qu'il 
fera  moins  récent^  &  qu'il  aura  déjà 
plus  ou  moins  ranci  en  vieillifTant. 
Le  lard  fondu  a  toutes  les  proprié- 
tés médicamenceufes  communes  des 

■  grailles. 

On  dit  proverbialement  &  fa- 
milièrement d'un  avare  9  qu'/7  ejl 
vilain  comme  lard  jaune. 

On  dit  auflî  proverbialement  & 
familièrement  d'une  perfonne  fort 

*  grafle ,  quV/fe  ejl  erajfe  à  lard. 

On  dit  proverbialement  &  po- 
pulairement   d'une    perfonne   qui 
conferve  ou  qui  augmente  fon  em- 
bonpoint â  force  de  dormir  la  graflfe 
'  matinée  3  c^ elle  fait  du  Tard. 

On  dît  proverbialement  &  figu- 
rémenr  de  quelqu'un  fur  qui  on 
vent  rejeter  quelque  faute ,  qu'0/2 

•  veut  lui  faire  accroire  qu*il  a  mangé 
le  lard ,  que  c^ejl  lui  qui  a  mangé  le 
lard. 

Lard,  fe  dit  aufli  de  cette  partie 
jgraile  qui  eft'  entre  la  peau  &  la 
chair  de  la  baleine  ^  des  marfouins 
&  de  certains  autres  gros  poifTons 
^  même  nature. 

On  appelle  communément  ri^r^ 

iê  lard^  une  pierre  douce  &  iavoft 


: 


LAR  407 

neufe  au  toucher ,  qui  fe  taille  très- 
aifément)  &  dont  font  faites  un 
grand  nombre  de  figures ,  de  magots 
&  d'animaux  qui  nous  viennent  de 
la  Chine.  Elle  a  plus  ou  moins 
de  traniparence  ;  mais  cette  efpèce 
de  tranfparence  foîble  eft  comme 
celle  de  la  cire  ou  du  fuif  j  c'eft- 
là  ce  qui  femble  lui  avoir  faitdôn»- 
ner  le  nom  qu'elle  porte  en  fran^. 
çois.  Sa  couleur  eft  ou  blanche , 
ou  d'un  blanc  fale ,  ou  grisâtre ,  ou 
tirant  fur  le  jaunâtre  &  le  brun  ; 
quelquefois  entremêlée  de  veines 
comme  du  marbre.  ^ 

Lz  vierre  de  tard  eftjîu  nombre 
de  celles  qu'on  appelle  pierres  ollai- 
res ,  ou  pierres  à  pots ,  à  caufe  de 
la  facilité  avec  laquelle  on  peut  la 
railler  pçur  faire  des  pots. 
LARDÉ,  ÉEj  participe  paflîf.  Foye^ 
Larder. 

LARDER  }  verbe  aôif  de  la  première 
conjugaifon  ,  lequel  fe  conjugue 
comme  chanter.  Laridojtgere.  Met-ç 
tredes  lardons  à  du  gibier,  â  de 
la  viande.  Larder  une  perdrix.  Lar^ 
der  ie  gros  lard. 

'  On  dit  figurément  &  familière- 
ment ,  larder  de  coups  d^épée  ;.  pour 
dire  >  percer  de  pludeurs  coups 
d'épée. 

On  dit  â  peu  près  dans  le  même 

t  fens  ,  larder  un  cheval  de  coups  ^V- 
peron  ;  pour  dire ,  lui  donner  tant 
de  coups  d'éperon  que  les  plaies  y 
paroiflent. 

On  dit  ep  termes  de  marine ,  lar-^ 
der  les  bonnettes  ;  pour  dire,  les 
piquer  ,d*étoupe  ,*&c.  Voye^  Bon- 
nettes* LARDÉES. 

LARDIER  5  vieux  mot  qui  s'eft  dit 
autrefois  d'un  lieu  où  Von  ferroit  le 
lard. 

LA RDOl  RE  ;fubftantif  féminin. 
Sorte  de  brochçtte  creufée  &  fen- 
due par  un  des  bouts  en  pluficuis 


4o3  L  A  R 

branches  ou  Ton  mec  des  lardons,  de 
divecfes  groiTgurs  \  pour  laider  la 
viande-  Onnc  peut  pas  fcfcrvir  fans 
danger  de  lardoircs  de  cuivre. 

LARDON  j  fubftantif  mafculin.  La- 
rîdi  Ungula.  Petic  morceau  de  lard 
coupé  en  long ,  donc  on  pique  la 
pluparc  des  viandes  que  l'on  faic 
rocir ,  on  que  Ton  mec  en  pacé ,  &c. 
Des  lardons  de  gros  lard. 

Lardon  $  fe  die  ngurémenc  &  famî- 
lîiremenc  d'un  brocard  ,  d  un  moc 
piquanc  contre  une  perfonne.  // 
reçut  quelques  lardons  dont  il  ne  fut 
pas  content. 

Lardon  ^  fe  die  en  cermes  d'artifi- 
ciers,  de  certains  ferpenteauz  un 
peu  plus  gros  que  les  ferpenreaux 
ordinaires  »  Se  qu'on  jerce  ordinai- 
remenc  par  grouppes  fur  les  fpec- 
caceurs. 

Lardons  »  fe  die  en  cermes  d'Horlo- 
gers »  de  pecic-es  pièces  oui  entrent 
en  queue  d'aronde  dans  le  nez  &  le 
talon  de  la  potence  à^s  moncres* 

Lardon  ,  fe  die  en  termes  de  Serru- 
riers &  autres  ouvriers  en  fer  ^  d'un 
morceau  de  fer  ou  d'acier  que  l'on 
met  aux  crevaflès  qui  fe  rormenc 
aux  pièces  en  les  forgeant. 

Les  deux  fyllabes  font  brèves  au 
fingulier  ;  mais  la  féconde  eft  lon- 
giie  au  pluriel. 

LARE;  vojrq  Lares.  . 

LAREDO  y  ville  maritime  d'Efpagnej 
dans  la  Bifcaye  ,  avec  un  bon  porc , 
i  dix  lieues ,  oueft  j  de  fiilbao. 

LARENTINALES  i  voyq  Lauren- 

TALES. 

LARES  \  fubftanvif  mafculin  pluriel  j 
&  cef  me  de  Mythologie.  Les  payons 

.  appeloienc  ainu  des  Ûieux  domefti- 
ques  qui  étoienc  les  gardiens  des 
rues  •  des  chemins ,  &  des  maifons. 
On  les  difoit  fib  de  Mercure  & 
d'une  Naïade  nommée  Lara  ou 
Laronda ,  fille  du  Fleuve  Almoo. 


LAR 

On  célébroic  en  l'honneur  de  ceux 
qui  avoienc  foin  des  rues  &  des 
grands  chemins ,  des  fèces  appelées 
Compitalia  ^  oa  fêtes  des  Carrefours. 
A  l'égard  des  Lares  domeftiqnes  ou 
d^s  maifons  »  chaque  parciculier  en 
régloic  le  culce  à  fa  volonté.  On  les 
repcéfencoit  ou  fous  la  figure  d'un 
chien  ,  ou  revécus  d'une  peau  de 
chien  ,  parceque  cec  animal  veille  i 
la  garde  des  mailbos.  On  leur  of- 
froit  poncinuellement  du  vin ,  de 
l'encens  9  des  fleurs  &  des  fruics , 
&  dans  cercains  jours  on  leur  faifoîc 
le  facrifice  d'un  porc  ou  d*cme  truie. 
On  les  plaçoit  ordinairement  près 
du  foyer,  ou  derrière  la  porte,  &  Ion 
fe  perfuadoit  qu'ils  garanciflbient 
la  maifon  de  tout  ce  qui  pouvoit 
nuire ,  furtout  des  Lémures  ou  ef* 
prits  malfaifans. 

Quand  les  jeunes  enfans  de  qua- 
lité étoient  parvenus  à  l'âge  de  quit- 
ter leurs  bulles ,  petites  pièces  d'or 
en  forme  de  cœur  qu'ils  portoient 
fur  la  poitrine ,  ils  alloienr  les  pen« 
dre  au  cou  des  Dieux  Lares  Se  leur 
en  faire  hommage. 

Lare  ,  fe  dit  quelquefois  au  fingulier 
en  rermes  d'antiquaires.  Une  figure 
qui  repréfente  un  Dieu  Lare. 

La  première  fyllabe  eft  longue  » 
la  féconde  très-brève. 

LARGE  \  adjeâif  des  deux  genres» 
Latus.  Il  fendit  d'un  corps  confidéré 
dans  l'extenfion  qu'il  a  d'un  de  fes 
cotés  i  l'autre  ,  ic  par  oppofition  â 
la  longueur.  Cette  rue  n*eftpas  large. 
Ces  draps  font  fort  larges.  Ce  fluevc 
efi  très^  large  à  fon  embouchure.  Il 
faut  une  bande  plus  large  que  celMâ. 
On  dit  proverbialement  ,  ac" 
commode^  -  vous  le  pays  efi  large  ; 
pour  dire ,  qu'on  eft  en  lieu  où  l'on 
peut  prendre  toutes  fes  comaa- 
dités. 

I     ^   On  di(  figurçfnent  &  famîiièçe' 

ment 


LAR 

ment ,  ^unc  pcrfonnt  a  la  confcicnce 
large  ;  pour  dire ,  qu'elle  n'eft  pas 
forr  fcrupuleufe. 

On  dit  proverbialement  &  fîgu- 
rément ,  /aire  du  cuir  d^-autrui  large 
courroie;  pour  dire ,  ècte  libéral  du 

*  bien  d'aurrui. 

La  RGB  ,  s  emploie  aufli  fubftantiver 
ment.  De  la  moujjcline  qui  a  trois 
quarts  de  large. 

On  dit  en  termes  de  Marine  , 
prendre  le  large  ^  tenir  le  large;  pour 
dire  »  fe  mettre  en  haute  mer ,  tenir 
la  haute  mer.  Et  que  la  mer  vient  du 

i     large  ;  pour  dire ,  que  les  vagues 

!  font  poufTées  par  le  vent  de  la  mer 
&  non  par  celui  de  la  terre. 

£n  termes  de  Manège ,  011  dit , 
qu'x^/z  cheval  va  large  ,  trop  large  ; 
pour  dire  »  qu'il  ne  demeure  pas 
iujet ,  qu'il  s'écend  for  un  tropgrand 
terrain.  £r  qu'ion  cheval  ejl  large  du 
devant  ;  pour  dire*,  qu'il  a  beaucoup 
<lepoitraih 

En  termes  de  Fauconnerie  ,  faire 
iarge ,  fe  dit  de  Toifeau  ,  iorfqu'il 
écarte  les  ailes  \  ce  qui  défigne  en 
lui  de  la  famé. 

On  dit  figurément  &  familière- 
ment ,  gagner  le  large  y  &  prendre  le 
^^g^  i  pc>ttf  ^û:e ,  s'enfuir^ 

Lakgs  ,  en  termes  de  Peinture  a  la 
même  fignification  dans  le  méca- 
nifme  de  l'art ,  que  le  mot  grand , 
dans  les  parties  de  cet  art  qui  font 
du  reflbrt  de  refprir.  Il  fe  dit  des 
contours  ,  des  draperies  ,  des  lumiè^ 
res ,  du  pinceau ,  dç  Ja  touche  &  des 
majfes.  Les  ouvrages  dans  lefqwels 
on  ne  conferve  pas  des  lumières  & 
des  ombres  larges ,  ne  font  jamais 
un  bon  e£Fet  auic  yeux  de  ceux  qui 
les  regardent  de  loin*  L*oppofé  de 
iarge  eil  mefquin. 

Av  LARGE  ,  le   dit  adverbialement 
|K>uriignifîer ,  fpacieufement.  Nous 
étions  ajps  au  large. 
Tome  Xr. 


LAR  409 

On  dit  figurément  ^  être  au  large; 
pour  dire  ,  être  dans  l'opulence.  £c 
mettre  au  large  ;  pour  dire  j  métrée 
dans  un  état  plus  commode  &  plus 
opulent.  Us  font  au  large.  Cette  en-* 
treprife  leur  a  réujjî  &  les  a  mis  ait 
large. 

On  dit  en  termes  de  Marine  j 
qu'«/i  vaijfeau  eft  au  large  ,  qu /7  fe 
met  au  large  ,  qu'/7  court  au  large  ; 
pour  dire  »  qu'il  eft  en  haute  mer  , 
qu'il  gagne  la  haute,  mer. 

On  dit  adverbialement ,  au  long 
&  au  large  ;  pour  dire  ,  dans  toute^ 
l'étendue  de  la  fuperficie  dont  on 
parle  ;  &  dans  cette  acception  on 
dit ,  s^éeendre  au  long  &  au  large  ; 
pour  dire ,  s'approprier  ,  acquérir 
beaucoup  d'efpace  ,  beaucoup  de 
terrain  aurour  de  foi. 

On  dit  aufli  ad^rbinlement  & 
populairement ,  du  long  &  du  Idrge^ 
&  ordinairement  en  cette  phrafe  , 
il  en  a  eu  y  on  lui  en  a  donné  du  long 
&  du  large ^  pour  dire ,  il  a  été  bien 
battu  )  on  s'eft  bien  moqué  de  lui. 

Large  ,  s'eft  dit  autrefois  pour  géné- 
reux ,  libéral ,  mais  dans  cette  accep< 
tion  il  n'eft  plus  guère  ufité  qu'en 
cette  phrafe  proverbiale  ,  autant 
dépend  chiche  que  large  ;  pour  dire 
que  l'avarice  mal  entendue  ne  fait 
point  de  profit» 

LARGEMENT  \  adverbe.  Largicer. 
Abondamment,  généteufement,  au- 
tant &  plus  qu'il  ne  faut.  Ce  Sei^ 
gneur  le  recompenfa  largement.  Les 
Juges  l'indemnisèrent  largement. 

LARGE  NTIERE;  petite  ville  de 
France  ,  dans  le  Vivarais ,  â  cinq 
lieues  ^oueft-nord-oueft.de  Viviers. 

LARGESSE;  fubftantif  féminin.  Li- 
beralttas.  Don  ,  préfent ,  libéralité  » 
diftribution  d'argent  ou  d'autres 
chofes.  Che'i  les  Roniains  ceux  qui 
afpiroient  aux  charges',  faifoicnt  des 
largejfes  au  peuple. 

Fff 


4IO  LAR 

Oa  zpptlle  pièces  de  largeffi  ^  des 
pièces  d'or  6c  d'argent  que  les  hé- 
rauts jettent  paroiiie  peuple  au  facre 
des  Rois ,  &  autres  grandes  céré- 
monies. 

LARGET  ;  petite  rivière  de  France 
dans  le  comté  de  Foix.  Elle  a  Ta 
iburce  à  la  Cabriole  ,  •  montagne 
des  Pyrénées,  &  fon  embouchute 
dans  TArriége ,  près  de  la  ville  de 
Foiz.Oo  rapporte  qu  elle  roule  avec 
fon  fable  des  paillettes  d'or  &  d'ar- 
gent. 

LARGEUR  j  fubftantif  féminin.  U- 
iitudo.  Etendue  d'une  chofe  confidé- 
rée  d'un  de  (es  cotes  à  lautre.  Or- 
-dinairement  la  largeur  d'unç  fur- 
face  fe  diftingue  de  la  longueur ,  en 
ce  que  la  largeur  eft  la  plus  petite' 
des  deux  dimenfîons  de  la  furface  > 
Se  que  la  loiigueur  eft  la  plus  gran- 
de. Ceae  rue  a  cent  tçifcs  de  longueur 
&  dix  de  largeur* 

La  première  fyllabe  e.ft  brève  & 
la  féconde  longue. 

LARGlLLlEREi  (Nicolas  de)  nom 
d'un  Peintre  né  a  Paris  en  16^6  ^  & 
mort  dans  la  même  ville  en  i74(^. 
Il  fit  éclater  de  bonne  heure  des  ta- 
lens  extraordinaires  pour  la  pein- 
ture. 11  patTa  en  Angleterre  ou  fon 
mérite  lui  fervit  de  recommanda- 
tion. On  l'employa  à  rétablir  quel- 
ques tableaux  endommagés  par  le 
temps,  &  à  produire  pluueurs  mor- 
ceaux de  fa  coippoCtipn.  Le  Roi 
prenoit  plaifit  à  le  voir  travailler  , 
étonné  de  fon  habileté  qui  étoit  au- 
deflus  de  fa  je.unQ(Ie.  Enfin  l'amour 
de  la  patrie  foUicira  Ll^giliière  de 
revenir  en  France  au  f^in  de  fa  fa- 
mille. A  fon  retour  j  plofieurs  de 
fes  parens  &  defesami$  lui  deman- 
dèrent leur^  portraits;  cft  itluftre 
Aftifte  s'en  acquitta  avec  diftinc- 
tion  ;  fes  tableaQX  frappèrent  les 
connoiflTeurs.  X<^n</i  lui  accorda  fou 


LAR 

eftime  &  fon  amitié;  &  Te  fixa  en 
France  >  malgré  les  follicitations  de 
la  Cour  d'Angleterre  qui  lui  offroit 
des  places  non  moins  honorables 
qu'avantageufes.  L'Académie  le  re- 
^ut  comme  Peintre  d'Hiftoire  :  il 
réuffiifoit  en  eflfct  très-bien  en  ce 
^  genre  ;  mais  Toccafion  le  fit  travail- 
ler principalement  aux  portraits.  A 
l'avènement  de  Jacques  II  à  la  Coa- 
ffonne  d^ Angleterre ,  Largillière  fut 
mandé  nommément  pour  faire  le 
portrait  du  Roi  &  de  la  Reine  ;  il 
le  fuipaiTa  lui*  même  ;  la  foi  tune 
vint  Le  préfenter  alors  dans  coût 
fon  éclat  au  Peintre  pour  le  retenir  i 
la  Cour  angloife  ;  mais  il  ne  fc  laitfà 
point  tenter  &  vint  encore  en  France. 
Ce  maître  peignoir  pour  rordînaîre 
de  pratique  ;  cependant  fon  deâèin 
eft  corteék  ,  &  la  nature  parfaite^ 
ment  faifie  :  fa  touche  eft  libre  > 
fa  vante  &  légère  ;  fon  pinceau  moel- 
leux ;  fa  compofition  riche  &  iogé- 
nieufe»  Il  donnoit  une  reffèmblance 
parfaire  à  fes  tètes  y  fes. mains  font 
admirables  ,  &  fes  draperies  d  un 
grand  goût  :  aux  talens  de  Villuilre 
Artifte  ,  il  joignoic  les  vertus  de 
1  bonnère'  homme. 

LARGION  ;  vieux  mor  qui  fignifioit 
autrefois  largeflfe. 

LARGIS ;  bourgde  l*Écoflè  méridio- 
nale ,  dains  la  Province  de  Cuning- 
ham ,  fur  le  golfe  de  Cluyd  ^  à  fepc 
lieues  de  la  ville  de  Reinfreu  vers 
le  couchant.. 

LAR0ITI0N4LL;  fubftaniîf  mafcu- 
lin  >  &  teripe  d'antiquité.  Titre 
à\ntt  Bas-Ûffii:ier.  dans  TEmpire 
Romain  :  c'^étoit  une  efpèce  d'Uuif- 
fîer  ou  de  Sergent, 

LARGO  ;  term«  de  Mufiqiae  emprwtfé 
de  Hràlien.  Il  fe  met  â  \m  tète  des 
airs  qui  doivenc  être. joués  d'oo 
mouvement  très-  leot» 


1 


lAR 

LARGUE  ;  fubftantif  mzCaMn  ,  Se 
terme  de  Marine  qui  oe  fe  die  guère 
qu'en  ces  phrafes ,  prendre  le  largue , 
tenir  le  largue  ,  Jaire  largue  ;  pour 
dire  ,  prendre  la  haute  mer  ,  tenir 
la  haute  tner  ^  &c. 

Ljlrgub  j  s'emploie  auffi  adjeâive- 
ment.  On  appelle  vem  largue  ,  un 
air  de  vent  qui  eft  compris  entre  le 
vent  arrière  &  le  vent  de  bouline. 
C'eft  le  vent  le  plus  favorable  pour 
le  ilUage  ,  car  il  donne  dans  toutes 
les  voiles  ;  au  lieu  que  le  vent  en 
poupe  j  par  exemple  ne  perre  que 
dans  les  voiles  d'arrière  i  qui  déro- 
bent le  vent  aux  voiles  de>9  mdts3 Sa- 
vant. L'expérience  a  appris  en  géné- 
ral ,  qu'an  vaiiTeau  qui  fait  crois 
lieues  avec  un  vent  largue ,  n'en  fait 
que  deux  avec  un  vent  en  pouppe. 

A  LA  LAUGUE ,  k  dît  adverbialement 
fur  la  Méditerranée  ,  pour  dire  , 
loin  du  bord ,  loin  des  autres  vaif- 
féaux.  Nous  nous  mimes  à  la  largue. 
Et  en  commandant ,  on  dit ,  à  la 
largue  ,  â  la  largue. 

LARGUE  j  petite  rivière  de  France 

3ui  a  fa  fource  dans  le  territoire 
e  l'Hôpital  &  au  Comté  de  Sault 
en  Provence ,  arrofe  le  Comté  de 
Forcalquier ,  &  fe  jette  enfuite  dans 
la  Durance. 
LARGUÉ  ,  ÉE  j  participe  paflif.  Foy. 
'Larguer. 

LARGUER  'y  verbe  aâif  de  la  pre- 
mière conjugaifon  ,  lequel  fe  con- 
jugue comme  Cif  anter.  Lâcher  ou 
filer  les  manœuvres  quand  elles  font 
halées.  Ainfi  ,  larguer  les  écoutes , 
c'eft  détacher  les  écoutes  pour  leur 
donner  plus  de  jeu*  Larguer  une 
amarre  ,  c'eft  détache^  une  corde 
d  où  elle  eft  attachée. 

On  (e  fe'rt  encore  du  verbe  lar^ 
guerypouT  exprimer  l'état  du  vaifleau, 
torfque  fes  membres  ou  fes  borda-^ 


LAR  4tc 

ges  fe  féptrenr  »  lorfqu*!!  s^'ouvre  en 
quelque  endrok  :  on  dit  alors  que 
le  vaiHeau  eft  largué.  Ce  terme  a 
au(n  lieu  lorfqu'un  vaiffeau  s'eft  fervt 
du  vent  pofir  éviter  le  combat. 

LARIGOT;  fubftantif  mafcutin.  Ef- 
pèce  de  flûte  ou  de  petit  flageolet 
qui  n'eft:  plus  maintenant  en  ufage» 
&  qui  a  donné  lieu  à  un  des  jeux 
de  l'orgtte»  qu'on  appelle  le  jeu  dts 
larigot. 

On  die  proverbialement  »  boire  à 
iirelarigot  ;  pour  dire  boire  excefli- 
vement. 

LARIN  \  fubftantif  mafculin.  Mon** 
.  noie  d'argent  qui  «cours  au  Mogol, 
en  Arabie ,  en  Perfe  «  &c.  &  qui  a 
été  ainfl  appelée  de  la  ville  de  Laar 
ou  Lar ,  capitale  du  Lariftan  où  l'on 
en  a  d'abord  fabriqué.  C'eft  un  fil 
d'argent  replié ,  de  manière  qu'un 
bout  eft  un.  peu  phis  long  que  Vz\> 
tre.  11  eft  marqué  d'iine  petite  em« 
preinite  au  coude  du  repli.  Sa  valeur 
eft  d'environ  dix  fous  de  France.  - 

LARINA  'y  ville  Êpifcopale  d'Italie  » 
au  Royaume  de  Naples  ,  dans  la 
Capitanate>âdix'huit  lieues  de  fie* 
nevent. 

LARISSE  \  nom  d'une  ancienne  & 
fadieufe  ville  de  Grèce  dans  laThef- 
falie ,  aujourd'hui  la  Province  de 
Janna  »  far  le  Pénée»  à  vingt  lieues  ^ 
fud  ,  de  Sabnique»  Ce  fut  la  partie 
du  redoutable  Achille  &  la  ville  où 
Philippe, pèred'Alcxandre  leGrand, 
fixa  la  réudence.  Il  y  a  un  Archevê- 
que grec  »  im  palais  it  de  belles 
mofquées;  Les  Empereurs  Turcs  y 
ont  fait  quelquefois  leur  féjour. 

Le  nom  moderne  de  cette  ville 
eft  Larze.  Elle  eft  habirée  par  des 
Turcs  j  des  Chrétiens  grecs ,  &  fur^ 
tout  des  Juifs  qui  y  font  un  com« 
merce  aflex  conlidér;Me. 

Larzssb  ^  eft  aofli  le  nom  de  pluGeors 

Fffij 


4t^  LAR 

autres  villes  de  ranciquicé  t  tt  7  en 
avoir  deux  dans  l^ile  de  Grèce  >  une 
en  Syrie  ^  une  en  Lydie  ,  une  dans 
TEoIide ,  &c. 

Larissc  ,  eft  encore  te  nom  d^une 
rivière  de  Turquie  dans  la  Rbma- 
nie.  Elle  a  fa  fource'enrre  Andrino- 
ple  &  Chiourlick ,  &  fon  embou- 
chure dans  rArchipeL 

LARISTAN  î  contrée  de  Perfe  fituèe 
aux  environs  de  la  ville  de  Laar  ou 
Lar,  &  qui  sVtend  depuis  le  15* 
degré  de  latitude  iufqu'au  17*.  Elle 
avoir  autrefois  fes  Princes  particu- 
liers qui  prof^doienc  la  religion  de 
Zoroaftre  :  les  Arabes  s'emparèrent 
de  leur  pays  fans  abolir  leur  culte  : 
ceux-ci  furent  chatfés  par  les  Cur- 
des  Tan  y  00  de  l*égire  }  6c  cesder- 

.  ni^rs  s'y  maintinrent  jufqu'au  règne 
de  Schah  Asas. 

LARIX  j  voyei  Mélèze. 

LARME  ;  fubftantif féminin. £tfcrj^tf. 
Liqueur  aqueufe  y  lymphatique  , 
fubrile ,  limpide  »  douce  ou  légère- 

'  ment  falée ,  féparée  du  fang  arrériel 
dans  la  glande  lacrymale ,  &  dans 
les  petits  grains  glanduleux  dont 
l'intérieur  oes  paupières  eft  parfemé. 
Cerre  humeur  ferc  à  humeâer  & 
dérerger  les  yeux  &  les  paupières. 
Enfoire  fe  porrant  par  fa  fiuidiré 
narurelle  6c  par  le  mouvement  fré- 
quent des  yeux  &  des  paupières 
vers  l'angle  interne  ,  elle  eft  reprife 

,  par  les  points  lacrymaux  &  condoîte 

.  au  fac  lacrymal  qui  la  verfe  dans  le 
nez  par  le  canal  nazal*.  Dans  Tétat 
naturel  la  lymphe  lacrymale  s'écou- 
le entièrement  par  cette  voie  :  mais 

t  fi  les  yeux  ,  la  glande  lacrymale  8c 

•  ks  grains  glanduleux  des  paupières 

•  ibnt  irrités  par  quelques  corps  érran- 

rrs.  qui  y  oiK  pénétié  »  comme-  de 
poufllère  >  de  la  moutarde ,  du 

•  poivre  ^  U  vapeuc  de  l'oignoa ,  Ul 


. 


t 


LAR 

fumée  y  ou  autres  femblables ,  00 
par  les  larmes  mêmes  devenues 
acres  »  ou  par  de  violentes  pallions 
de  l'ame  »  comme  la  douleur  y  le 
chagrin  ,  la  triftelTe  ,  la  pitié  ^  U 
Joie  \  alors  ces  organes  fécrétoires 
comprimés  à  différences  reprifes, 
verferont  une  plus  grande  quantité 
de  larmes  que  les  points  lacrymaux 
n*en  pourront  abforber.  Une  bonne 
partie  sL  la  vérité ,  y  paffera ,  mais 
le  refte  s'échappera  par  deflTus  la  pau- 
pière inférieure  de  coulera  en  goût* 
tes  fur  les  joues  ,  comme  u  Ton 

I^leuroit-  La  même  chofe  arrivera  (t 
es  points  lacrymaux  od  le  fac  nazal 
font  obftrués  ou  comprimés. 

Les  enfans  ,  les  vieillards  »  &  les 
femmes  pleurent  plus  facilement 
que  les  hommes  d'un  âge  viril  ^ 
parcequ'ils  réfiftent  moins  que  ceux- 
ci  aux  paflSons  »  &  que  leur  tempé- 
rament humide  rend  la  fource  des 
larmes  plus  abondante. 

Quelquefois  les  cils  mal  rangés 
dans  ce  r raines  perfonnes  fe  rrouvent 
aflez  recourbés  dans  l'œil  pour  irri*- 
ter  la  cornée  tranfparente  à  tous  \et 
mouvemens  de  la  paupière  y  ce  qui 
ne  manque  pas  de  produire  un  lar- 
moyemenr  prefque  continuel.  Le 
plus  court  parti  alors  c'eft  d'arracher 
fouvenr  les  cib  avec  délicatefle.     . 

La  caroncule  lacrymale  a  Q|é 
efpèce  de  petit  poil  follet  qui  dans 
certains fujets  grandit,  ficirriranr  le 
globe  de  lœil  y  excire  les  larmes» 
Dans  ce  cas  il  ne  fàur  point  héiirer 
d'arracher  ces  petits  poils  &  la  gué- 
ri fon  fuivra  de  près* 

On  dit  par  exagération ,  un  iomnt 
de  larmes  ;  pout  dire,  des  larmes 
qui  coulent  en  abondance.  Etpku^ 
rtr  à  chaude  S' larmes  ,  à  greffes  làr^ 
mes  ;  pour  dire ,  pleurer  exceffive* 
ment. 

On  dit  d'un  grand  malheut,,  é!ùm 


LAU 

défàftre  faftefte  ,  qvif'ilJevroît  ttrc 
fleuré  avec  des  larmes  defûfig*  ' 

On  dit  proverbialement ,  figura 
mtfiK  &  familièrenoenc  ~,  ce  que 
maiirt  veut  &  valet  pleuré  foht  lar- 
mes^ perdues  ;  pour  dire ,  que  c'eft 
înucilemenc  que  tUnfëriear  veut  ré- 
fifter  aux  volontés  du  fupérietir  ,  & 
'  que  Id  plus  fotbie  s^oppofe  i^ce  que 
veut  le  plus  fort. 

On  appelle  Bgurément  &  prover- 
bialement 9  larmes  de  crocodile ,  les 
larmes  que  l'épand  une  perfoone 
dans  le  défTein  d'en  tromper  une 
autre.  Cette  expreflioo  tire  fon  ori- 
gine de  fbpinibn  dàos  laquelle  oti 
eft  que  le  crocodile ,  pour  attirer 
les  pa(rans'&  les  dévorer/ contre- 
fait le  cri  d'an  enfant  qui  pleure. 

On  dit,  un  drap  mortuaire  feme^ 
de  larmes  ;  pour  dire  ,  un  drap  mor-^ 
tuftire  fur  lequel  il  y  a  des  larmes 
repréfentées. 
Larme  ^  fe  dit  aufli  familièrement 
d'une  goutte  ou  d'une  petite  quan- 
tité de  quelque  liqueur.  Ce  vin  nefi 
pas  mauvais  goùte^-en  une  larme. 
La  RMES ,  fe  dit  encore  du  fuc  qui  coule 
depluiieurs  arbres  ou  planre«Sj  com- 
me la  vigne  j  le  fapin ,  ^c.'qttcmd 
on  les  caille. 

On  appelle  larmes  de  cerf  y  une 
Jîqueur  jaune  qui  fort  de  deux  ou- 
vertures que  cet  animal  a  au-def- 
fous  des  yeux  &  qn  on  appelle  /ar- 
mières.  Cette  liqueur  sépaiflît  en 
formd  d'onguent ,  &  elle  eft*  fouve- 
caine  contre  le  mal  de  mère  j  enia 
délayant  fcen  la  prenanr  dans  du 
.  vio  blanc  ou  dans  de  l'eau  de  char- 
don béni.    '  '   ;     '   -   ~, 

Qn^ppelle  larmes  de:  verte:,  de 
petits  morceaux  de  verre!  ordinave 

2u'on  tire  du  v.ife  où  le  verre  ëft'en 
ifion  avec^  l'extrémité  d'on  tuyau 
^e  fer.  Oti  en  laifTe  tomber  les 


dès  dans  ifn  Vïfé  où  il  y  a  dé  l'eau 
frb?dë, 'Sc^farflfe  yiâifîe  refroidir. 
Là  elles  prennent  une  forme  affez: 
feinblable  à  celle  d'une  larme  ^  & 
c'eft  pour  cette  raifon  qu'on  les  ap- 
pelle larmes  de  yetrcy  elles  font 
compofces  d'un  corps  affea:  gros  & 
rond  y  q^ii  fe^tecm^ipe  par  un  peti^ 
BU^ont^y^u  fermé»  On  fait  ^vec 
ces  larmes  une  expérience  fort  fur- 
prenante  -y  c'e(l  qu'auffitôt  qu'on,  en 
caffè  l'extrémicé  ^  toure  la  larme  fe 
brife  avec  un  grand  bruir ,  &  qi)el- 
queç  mprceaux  font  incme  réduits 
en  pouiBcre.  Le  Doâeur  Hook  dpn» 
fa  Micrographie  ,  a  donné  une  dif- 
fertarion  pariicuUèrc  fur  ce  fujer.. 
La  caufe  de  cet  effet  n'eft  pas  encore 
trop  bien  connue  ^  voici  luie  des  ex- 
plications ^u'on  en  ^a  imaginées.* 
Quand  la  larme  fe  refroidit  &  de* 
vientdureâl  rti^eau  centre  de  cette 
larm,e  un  pe.u  d  air  extrêmement  ra- 
réfié par  la  chaleur  \  Se  Ton  voit  et> 
effet  les  bulles  de  cet  air  renfermées 
au-dedans  de  Xtl  larme  ^  verre  y  à^ 
forte  que  Tintérienr  de;  ç^ite  larme  ^ 
depuis  ie  bout  jufqu'au.  £bnd,»   eft 

.  creux  &  rem  pli  d  air  beaucoup  moin» 
condenie  que  lair  extérieur^  Or  ,. 
quand  on  vient  à  rompre  le  bout  da 
tuyau  ou  filet  qui  termine  la,  larm^  y 
on  ouvre ^un  paiTagçà^'air  extérieur^ 
qui  ,ne  trouvant  pas  de  ré(iÀaqce 
oan^  te  creux  de  la  larme;,  s'y  Jeue 
avec  impétuofité ,  &  par  cet  eflort  1» 
bxife..  Cette  explication  Ibuffre  dex 
grandes  difficultés  >.  &  doit  être  au 
moins  regardée  comme  infuffifante^ 
car'fes  larmes  de  verre  fe  brifenc: 

'dàtns  lévide. 

*;  ^^Ces  larnfies-  de*  verre  s^appefleht 
avffi  '  larmes  Batavîques ,   {^arceqae 

les  preniièresont  été  faites  eh  Hol* 
lande. 
;Laiimbs^,  fedtrauflï  dans,  îesvcrre^ 


I  . 


Iportes  qmf(»it  exaêmemenccbaa-  y  'lies,  des  gotittes-^àt  idmbexrr  des 


414  LAR 

parois  8c  Jes  vouces  de$  ft^ur* 
neaux  vitrifiés  par  la  violeuç^  da 
feu. 

En  ternies  de  chafTe  »  on  appelle 
larmes  dcplomb^  une  force  de  plomb 
donc  on  fe  ferr  pouc  cirer  des  oi- 
féaux. 

Lai^mb  db  Job  ,  fe  dtc  d'une  pl<tnce 
que  Ton  cultive  dans  les  jardins  » 
particulièremenren  Candie,  en  Sy- 
rie ,  &  dans  les  autres  pays  orien* 
taux:  fouvenc  elle  y  vient  d*elle- 
tncme,  ce  qu'elle  ne  peut  faire  dans 
les  climats  froids.  Ses  racines  font 
fibreufe^s ,  noueufes  &  longues  :  fes 
feuilles  font  femblables  à  celles  du 
blé  de  Turquie,  longues  d'un  pied 
&  demi  :  il  fore  des  aifTelles  de  fes 
feuilles  de  perics  pédicules,  lefquels 
foutîennehc  chacun  un  nœud  j  qui 
contient  l'embryon  du  fruit.  Il  part 
de  ces  nœuds  des  épis  de  fleurs  â  éca* 
mines ,  renfermées  dans  un  calice 
fans  barbe.  Ces  fleurs  font  ftériles; 
car  les  embryons  naiflent  dans  les 
nœuds ,  &  deviennent  chacun  une 
graine  unie  ,  luifanre.  &  Jaunâtre 
avanc  la  maturité  »  rougeatre  quand 
elle-eft  mûre,  très^dure ,  de  de  la 
grofleur  d'un  pois  chiche.  Cette 
graine  eft  compofée  d'une  coque 
dure  ,  ligneofe  ,  &  d'une  amande 
farineufe  ,  enveloppée  d'une  mem* 
brane  fine  :  on  la  mange  à  ta.  Chrne. 
On  voit  quelquefois  der  chapelets 
faits  avec  les  coques  de  ce  fruit. 

LARMER  )  vieux  mot  qui  iigniâoit 
autrefois  pleurer. 

JLARMIER;  fubftamif  mafcalin  ,,  & 
terme  de  Menuiferie.  Pièce, de  bj^is 
qui  avance  au*  bas  d'oin  chiaÇls  dor- 
mant d'une  ccoiCéeott  du  ça4tedc 
Titres  ,  pour  empêcher  que  l'eaci  ne 
ironie  dans  l'intérieur  du  bâcimepc 
'  te  pour  l'envoyer  en  dehors  :  cette 
p^ccç  eft  4  peu  pr^  dç  la  Éigïirç>4*lW 


LAR 

de  cylindre  coupe  dânl  fa 
longueur. 

tARifiEa,  fe  dit  suffi  en  termes  d'Ar- 
chiteâuffe  »  d*une  faillie  qui  eft 
hors  de  l'aplomb  de  la  muraille  ic 

K  quiijert  à  empêcher  que  l'eau  ne 

décQule  le  long  du  mur. 

L«A;iMua  1  da^s  une  corniche  ,  fe  dit 
au0i  da  la  p^r rie  qui  eft  le  plus  en 
faillie. 

LÀRMIÈRES^  fttbftamif  féminin  plu- 
riel. Feutes'qui  font  an  -deflbui  i.t% 
yeux  du.cecf.:  U  en  fort  cerie  liqueur 
jaunâtre  qu'on  appelle  iarmcs  de 
cerf»  f^9yjt\  Larub. 

LARMIERS}  Aibftancif  mafculioplu^ 
riel ,  &  cerme  d'Hippiacrioue.  Par- 

.  ties  qui  dans  le  cheval  repondl^nc 
aux  tempes  dans  les  hommes.  Sai" 

/Hcr  un  cheval  aux  larmiers. 
RMOYANT,   ANTEv  adjeékif. 
Lacrimaiundus,  Qui  pleure  exceifi* 
vement ,  qui  répand  des  larmes  en 
abondance.  Des  femme»  larmoycn^ 
tes. 
LARMOYEMENT;  fubûantif  maf- 
culint  Maladie  caufée  ou  par  les 
larmes  trop  abondantes  oif  pac  tout 
ce  qui  en  arrêce  le  cours  vecs  les 
points  lacxymaux  iSc  le  fac  nafal  : 
cette  matière  eft  quelquefois  fi  acre 
qu'elle  excorie  la  peau  des  joues  où 
elle  fe  répand.  U  faïuc  bien  coonei- 
cre  la  ftruâure-  de  ces.  parties  pour 
juger  avec  quelque  fondement^  des 
variétés  quepréiente  cette  maladie. 
Lorfque  la  matière  des  tarmes  fe 
ramalTé  dans  le  fac  lacrvoial  où  elle 
forme  une  forte  d'hydropifie ,  2c 
qD'eUe  Qoale  p^ir :  regorgemeiy  ou 
par  la  compreflion  de  là  cunaenrj 
dçsbpoints.lacrymâus^*»  ona'apasds 
peine.i  jiige«rque  l'obftacle  eft  au- 
dlidous  dans  une  partie  do  (ac  la- 
crymal ;  mais  fi  lai  prelfion  o'ex* 
prime  rien  »  &  s'il  ne  puuroit  aucune 
y  ilii'eftipas  dpucenqtto 


i 


LkK 

le  irlce  quelquefois  ip{»arênr ,  ^ne 
foie  dans  les  points  lacrymaux^  fi 
r«n  moache  en  fan  beaucoup  ,  niiai* 
gré  le  lacmoyemnenc  ^  on  doit  tour- 
;  ner  fes  vues  du  coté  de  l'organe  de 
la  féciéttoaJL'-ophchalmie^  la  cliaffie 
êc  toutes  les  irritations  extiernes  peu- 
vent produire  lelarmoyement.  L*ha- 
biniel  ttt  difficile  â  guérir  ic  dégé- 
génère  quelquefois  en  fiftule  lacry- 
iiiale. 

Lorsqu'il  7  a  un  vice  dans  la  rbute 
qui  conduit  la  matière  des  larmes 
vers  les  fiarines  ,  on  n'y  remédie 
que  par   l'opération  de  la  itiain  , 
qu'on  fait    fiiccéder  aux  remèdes 
généraux.  Dans  thyiropijit^  du  fac 
nafiil  y  la  feule  preflion  fècivent  réi- 
térée ,  ou  une  compteffion  contirfue 
par  un  bandage  convenable  ,  pcfu- 
vem  garantir  de  la  fiftule  Se  taire 
diTpan^oîov  la  tumeur ,  tnai*s  etles 
ne  délivrent  pas  du  iarmoyement  : 
dans  les  autres  cas ,  les  pureatife  , 
.  let  dîurériqoes  8c  fes  fudorinques  , 
comme  les  falivaos  &  les  fternuta- 
loires  firat  le»  retpèdes  les  plusem* 
pioyés  ;  les  eaux  minérales  donc  les 
circonftances  indiquent  le  choix  , 
font  auOlr  très*uciles.  On  ufe  encore 
exf ériettitement  des  aftringens  Ôc  des 
déilicaiifs  »  comme  de  ta  pierre  ca- 
laminaire  ,  du  vicriol ,  &<.  thaïs  on 
doit  peu  compter  fur  cks  ibrrés  de 
remèdes:  il  y  en  a  qui  fe conténTctat 
de  baffiner  leurs  yeux  avec  de  Teau 
toute  fimple  ,  dégourdie  j  êc  pIU- 
(ieurs  s'en  trouvent  bien.   11  h'en 
eft  pas  de  même  des  véficaroires , 
du  fcton  &  du  cautère  donr  an  a 
lieu  d'attendre  de  bons  efFetSi  Les 
fondes  d'Anel  &  les  injeâions  par 
les  points*  lacrymaux  ,  font    dans 
quelques  cas  très-utiles  y  mais  on 
ttouve  peu  de  Chiturgiensqui  fâ- 
chent employer  ces  moyens. 
LARMOYER  ,  verbe  neutre  de  la 


LAR  415 

Irtremîèt'é  conjugôifôn  ,  lequel  fe 
conjugue  comme  Chaktir.  Lacry^ 
mari.  Pleurer  ,  fondre  en  larmes , 
répandre  des  larmes  de  douleur.  Ils 
ne  font  que  larmoyer. 
LAROBO;  petite  ville  marirîmed'X- 
frîque ,  fur  la  cote  de  Barbarie  «  au 
Royaume  d'Alger  9  dans  la  province 
de  Conllantine* 
LARRIS  \  vieux  mot  qui  figniiîolt 

autrefois  landes  ^  terres  incultes. 
LARRON ,  ESSE }  fubftàntif.  latro. 
Celui ,  celle  qui  dérobe  ,  qui  prend 
furrivement  quelque  chofe.O/2  court 
après  te  larron.  Le  larron  fut  arrêté  en 
fartant  de  t Opéra* 

On  dit  proverbialement  &  figu- 
rément ,  que  l* cccafion  fait  le  larron; 
pour  dire  »  que  l'on  eft  tenté  par  la 
préfence  de  l'objet. 

On  dit  aulïî  proverbialement  & 
figuréraent ,  ûtf  plus  larron  la  hourfe; 
pour  dire,  fe  confier  i  celui  dont  on 
d'evroirle  plus  fe  déBer. 

On  dit  encore  proverbialement 

&  figurémenc,  que  les  gros  larrons 

font  pendre  les' petits  ;  pour  dire  , 

ijue  quelquefois' ceux  qui  fontéra- 

'  blis  pour  décider  du  fort  desaucres^ 

-  foi^t  plus  Coupables  qu'èifx. 

OndhrauUi  proverbialement  8c 
'  •  figurtmerit  ,'que  deux  ou  pîujîeurs 
perfônrtes  s'^ entendent  comme  larrons 
en  fohe  i  pour  *  dire  ,  qu'elles  font 
d'intelligence  pour  f^ire  à%%  tours  , 
des  friponneries.  ^ 

Lprfqu'on  a  payé  d'une  iharchan- 
dife  mut  ce  qu'elle  vaut  »  on  die 
proverbialement  *,  Une  faut  pas  crier 
au  larron.  , 

Quoique  par  larron  ôh  li'enten- 
de  pas  un  voleur  de  grand  chemin, 
cepéndanr  en  parlant  des  deux  vo* 
leurs  qui  furent  mis  en  croix  avec 
Jisus  Christ  ,  en  fe  fert  ordinal' 
rement  du  niot  larron. 
L*ûnde  ces  deux  larrons  bla(phé« 


41  <î  LAR 

ma ,  ait  TEvangile  de  Saine  Luc  , 
en  difant  y  ^  tu  es  le  Christ  ^Jaw 
yÇ'toi  toi  -  même  &  nous  avec  toi  ; 
Taurre  larron  au  contraire  recon- 
noilTanc  l'innocence  &  la  divinité 
de  jÉsus-CHaisT^lui  adreflTa cette 
prière  ,  Seigneur  fouvene^  -  vous ,  de 
moi  lorfque  vous  fere\  dans  votre 
Royaume  ;  ï  quoi  le  Seigneur  ré* 
pondit^  ^il  Jeroit  ce  jour  mcme  avec 
lui  dans  le  Paradis. 

L'Évanftile  apochryphe  de  TEn- 
FANÇE  DE  JÉSUS ,  qui  eft  un  ouvrage 
très*ancien,,  raconte  que  pendant  la 
fuite  du  Sauveur  en  Egypte  »  TEn- 
PANT- Jésus  >  la  Vierge  &  Saint  Jo- 
feph  tombèrent  dans  une  bande  de 
voleurs,  qui  étoient  tous  endormis  , 
à  l'exception  de  deux  dont  l'un  vou* 
loir  tuer  cette  fainre  compagnie  j 
mais  que  l'autre  l!en  détourna  ^ qu'a- 
lors l'ENFANTrJÉsus  prédit  qu'un 
jour  ces  deux  voleurs  feroient  at- 
tachés i  côté  de  lui  à  la  croix  ;  que 
l'un  entreroit  en  Paradis  &  l'autre 
îroit  en  Enfer.  Le  premier  s'appe- 
)oit  Titus  ôc  Tautre  Damachus^  Le 
faux  Évangile  de  Nicodème  les 
nomme,  l'un  Démas  8c  l'autre  Car- 
ias* Une  hidoire  perfanne  de  la  vie 
4e  Jésus* Christ  leur.donne  les 
noms  de  Vicimus  6c  de  Jufiinus. 
L'auteur  des  fleurs  ou  recueils  at* 
f  ribués  à  Bède  ,.  les  appelle  Matha 
Se  Joça.  Les  Chrétiens  orientaux 
appellent  le  bon  larron  ,  Laas-oil^ 
jTemin  ^  le  larron  de  la  droite.  Saint 
Hikire  met  au(fi  le  bon  brron.  â 
la  droite  ^  ^.1^  mauvais  à  la  gauche 
du  Sauveur. 

Plufieurs  Pères  ont  donné  au  bon 
larron  le  nom  de  Martyr  y  à  caufe 
du  témoignage  qu'il  a  rendu  â  la 
vérité  dans  un  tetnpsoù  elleparoif- 
foit  prçfque  abandonnée  de  tout 
|e  monde.  1.1  fut  ^apcifc  dans  fpn 
Pfopzp  (anj5 ,  &  la  mort  qu'il  (buf- 


LAR 

fric  dans  un  efptic  de  fol  &'decha« 
rite ,  lui  mérita  la  grâce  de  la  bca- 
titude  i  mmédiatement  après  fa  mort, 
comme  .Jésus-Chuist  l'en  aflfure  : 
hodie  mecum  cris  in  Paradifo.  Soit 
qu'on  entende  fous  le  nom  de  Pa^ 
radis  «le  lieu  de  repos  où  les  âmes 
des  Sainu  attendoienc  la  venue  du 
MefHe  \  ou  le  Paradis  terreftre  où 
on  a  placé  Hcnoch  &  Élie  \  ou  le 
ciel  où  les  bienheureux  jouiftènt  de 
,  la  béatitude/  Plufieurs  Pères  l'en* 
rendent  en  ce  dernier  fens. 

Les  Eglifes  orientales ,  bi  grecaue 
&  la  latine  ,  ont  cqi  devoir  rendre 
un  culte  public  au  bon  larron.  Cel- 
les de'  Syrie  6c  de  Méfopotamie 
marquent  fa  fère  dans  leur  calen- 
drier y  le  neuvième  jour  après  le 
vendredi  de  douleurs  ou  le  ven- 
dredi faint  9  c*tft  à*dire,  au  iamedi 
de  la  femaine  de  Pâques.  Aaba  Ja« 
coub  »  É  vèque.de  Sarouee ,  a  fait  us 
fermon  fur  la  fère  du  bon  larron  , 
qui  fe  trouve  manufcric  dans  la  bi- 
bliothèque du.  Roi* 

l'Églife  grecque  marque  fk  fère 
au  vingt-trois  de  Mars ,  &  la  btbe 
au  vingt-cinq  du  même  mois  ,  con- 
formément à  l'ancienne  tradition 
qui  tenoitque  Jésus^Christ  étoit 
mort  le  oième  jour.  D  autres  ont 
mis  f^  fct^e  au  5.  Avril  00  au  s  de 
Mai.  On  lui  a  érigé  des  Chapelles 
«n  certains;  endroits  >  fous  le  nom 
de  Saint  Dimas  oju  DifmsisAji  croix 
du  bon  larron  &  celle  de  fon  com- 
pagnon y  furent, trouvées  avec  celle 
AU  SauveiK  par  Sainte  Hélène.  On 
ajoute  que  la  croix  du  bon  larron 
fut  envoyée  à  ConAantinople  &  en- 
terrée dans  la  place  conftantinienne,  % 
&  de  là  tranfportée  à  Nicofit  en 
Chypre. 

On  dit  proverbialement  &  po- 
pulairement y  que  la  chofe  la  plus 
harfliàcft  la  çhemifc  d'un  Meunier  ^ 

parce  qutUc 


Î.AR 

parctqu*tll€  pnnd  tous  Us  matins  un 
larron  au  collet. 
Larron  ,  fe  die  en  termes  de  Librai- 
rie y  du  pli  d'un  feaillec  qui  »  lorf- 
qu'on  a  relié  le  livre  ,  n  a  pas  été 
rogné.  Un  livre  rempli  de  larrons. 

Larrons  y  (  îles  des)  voyei^  Mari  an- 

NES. 

La  première  fyllabe  eft  longue , 
&  la  féconde  brève  aufingulierj  mais 
celle-ci  eft  longue  au  pluriel. 

f^cjycf  Voleur  ,  pour  les  diffé- 
rences relatives  qui  en  diftinguenc 
Larron  ,  &c. 

LARRONNEAU;  fubftamif  mafcu- 
lin  peu  ufité.  Diminutif.  Petit  lar- 
ron qui  ne  dérobe  que  des  chof  es  de 
peu  de  valeur. 

LARROT  ,  ou  Larroz  ;  petite  ri- 
vière de  France  y  eh  Gafcogne.  Elle 
vient  de  la  vallée  d' Aure  j  iraverft 
le  comté  de  Bigorre  ,  arrofe  une 
partie  de  l'Aftarac  &  de  l'Ar- 
magnac ,  &  va  fe  perdra  dans  TA- 
dour ,  i  Plaifance, 

LARVE;  fubftantif  raafculin  &  terme 
d'antiquité.  Les  Poctes  donnoient 
ce  nom  aux  âmes  des  niéchat||||u'on 
croyoit  errer  fous  des  figures  hi- 
deufes  pour  effrayer  &  tourmenter 
les  vivans.  On  les  appeloit  auili  Lé- 
mures. Voyez  ce  mot. 

Larves  ,  fe  ditaulG  en  termes  de  Na- 
ruralifles  ,  des  infcAcs  i  mcramor- 
phofes ,  lorfqu'ils  font  dans  leur  pre- 
mier état  au  for  tir  de  l'œuf;  par 
exemple  ,  U  chenille  tk  en  ce  (ens 
la  larve  du  papillon  ;  cependant  le 
niot  larve  qui  fignifie  majhue ,  con- 
vient mieux  à  la  faufle  cnenille  & 
au  ver  qui  fe  aiétamorphofe.  C'eft 
dans  Tetat  de  larve  que  l'infeâe 
groffit  &  mange  beaucoup.  '  Le 
ver  du  hanneton  eft  une  véritable 
larve.^ 

LARYMNA  ;  ancienne  ville  paariti- 

Toau  XV. 


me  de  Grèce  dans  la  Béotie ,  â  l'em- 
bouchure du  Céphife. 

U  y  avoir  une  autre  ville  de  mê- 
me nom  dans  les  terres* 
LARYNGÉ  ,  ÉE;adjeaif  &  terme 
d'Anatomie.  Qui  appartient  au  la- 
rynx. On  appelle  tfr/ire  laryngée^MXi^ 
artère  produite  par  la  caroride  ex- 
terne. Elle  fe  nomme  zuSi  gutturale 
fupérieure.  Cette  artère  forme  d'a- 
bord un  petit  contour  &  vient  fe 
terminer  enfuite  principalement 
dans  la  fubftance  des  glandes  thy«- 
roïdiennes  j  ainfi  qu'aux  mufcles  & 
aux  autres  parties  voidnes  du  la- 
rynx ;  mais  dans  fa  roqte  elle  pro- 
duit plufieurs  petites  ramifierions 
qui  fe  perdent  dans  les  glandes  ju- 
gulaires voifines  »'de  même  que 
dans  la  peau  &  la  grai(fe  qui  ré- 
pondent i  ces  parties.  La  elahde 
laryngée  eft  la  même  que  u  thy- 
roïde. 

LARYNGOTOMIE  ;  voyq  Bron- 

COTOMIE. 

LARYNX  ;  fubftantif  mafculin  &  ter- 
me d'Anatomie.  Nom  que  l'on  don- 
ne i  la  partie  fupérieure  de  la  f ra- 
chée-artère  ;  c'eft  cette  éminence 
que  l'on  appelle  ordinairement;  le 
nœud  de  la  gorge ,  le  morceau  ou  la 
pomme  dCAdam. 

Il  eft  compofé  de  cinq  cartilages 

3ui  fonr  le  thyroïde  ,  le  cncoïde  » 
eux  arythénoïdcs  &  Vépiglotte  .qut 
recouvre  une  fente  que  l'on  nomme 
la  glotte. 

Le  larynx  a  deux  fortes  de  muf* 
clés  ;  les  uns  lui  font  propres  &les 
autres  communs  :  les  mufcles  com* 
muns  font  ceux  qui  meuvent  tout 
le  corps  du  larynx  ^  &  font  atta- 
chés i  une  autre  partie  par  une  de 
leurs  extrémités  :  les  iDufcles  pro- 
pres font  ceux  qui  ne  s*attacbent 
jtt'au  larynx  dont  ib  font  mouvoir 
éparément  les  cartilages. 

Ggg 


l 


/ 


4^1  LAR 

On  ne  compte  que  deox  paires  | 
de  mufcles  communs  ;  ceux  de  la  1 
première  s'apoellenc  Jitmo  -  thyroh  | 
d'uns  ou  broncniqucs^  ou  bien  encore 
pemo-cUnO'bronchO'CricO'thyroïiûens; 
â  canfe  des  parties  où  ils  s'attachent 
&  des  lieux  far  lefquels  ils  paflènt: 
ceux  de  la  féconde  paire  portent 
le  nom  <Vhyo  -  thyroïdiens  oa  tkyro* 
hyoïdiens. 

Les  mufcles  propres  du  larynx 
ont  été  fort  multipliés  par  différens 
Anatomiftes.  M.  w  infJow  qui  n'en 
a  pas  diminué  le  nombre  ,  les  rap- 
porte aux  fuiyans  ;  les  crico-thyroï- 
diens^  les  cftco^arythénoïdiens  laté- 
raÊk  y  les  erico^arythénoidiens  poflé- 
rieurs^  les  thyro  -  arythinoidiens  ^  les 
arythénoïdiens  ^  les  thyro'épiglotti- 
ques  s  les  hyO'Cpiglottiqu€s. 

Les  autres  Anatomiftes  ont  parlé 
de  plusieurs  de  ces  mofcles  fous  des 
noms  différens  :  mais  on  doit  les 
rapporter  à  qtielcju'un  de  ceux  que 
nous  venons  de  citer. 

Il  y  a  de  plus  d*autres  mufcles 
que  M.  Windov  appelle  collaté- 
faux ,  dont  une  portion  eft  attachée 
an  larynx ,  &  qui  ne  paroiflent  con- 
tribuer en  rien  an  mottremenr  du 
ktrynx  ;  tels  font  les  crico  -pharyn^ 
giens  j  les  ihyro-pharyngiens* 

Le  larynx  eft  fort  utile  non  feu* 
fement  pour  former  de  modifier  1» 
voix  par  diverfes  ouvertures  de  la 
glotte ,  mais  encore  pour  compri- 
mer plus  ou  moins  lespoumons  an 
^oyen  de  Tàir.  £a  effet  fi  le  dia- 
mètre interne  du  larynx  avoir  été 
égal  i  celui  de  la  trachée  artère  ; 
les  poumons  n'auroient  fouffert  que 
peu  ou  point  de  compreflion  ,  8c 
par  coniéquent  fans  le  larynx  nous 
n'aurions  retiré  aucun  avantage  de 
finfpiration  ,  parceoue  Tatr  n'au- 
reif  pu  réfifter  â  la  force  avec  la  • 
quelle  it  eft  chalTé  dekozs  dans  Fex- 


LAS 

piration ,  &  en  conféquence  lespou- 
mons n'auroient  pu  être  comprimés^ 
ce  qui  eft  néanmoins  néceffaire  pour 
briler  les  globules  du  fang ,  8c  pour 

{produire  le  mélange  de  l'air  avec  ce 
iquide. 

U  arrive  quelquefois  dans  la  dé- 
glutition, qu'une  partie  d'aliment, 
au  lieu  d'enfiler  Tafophage  ,  pafTe 
dans  le  larynx.  Si  c'eft  par  exemole, 
une  goutte  d'eau  ou  tout  autre  flui- 
de» il  irrite  la  membrane  d'un  (en- 
riment  exquis  qui  tapifie  l'mtérieur 
du  larynx  &  de  la  trachée-actère.  U 
en  arrive  une  toux  conGdérable  juC* 
qu'à  ce  que  ce  corps  étranger  foit 
expulfc  par  les  mouvemens  qui  font 
couflfer  'y  mais  quelquefois  il  encie 
un  morceau  d'aliment  folidedans 
le  larynx,  &  infailliblement  il  aufe 
la  more ,  s'il  n'eft  pas  bientôt  ex- 
pulfé. 
LAS  \  vieille  inter jeâion  plaintive  2  la 
place  de  laquelle  on  fe  fert  attj.ei»- 
d'huid'hélas. 
LAS  ,  ASSE  ;  adjcûif  Laps.  Qui  eft 
fatigué.  Ces  ouvriers  foncji  las  qu  ils 
n'en  peuvent  plus.  On  fit  repofcr  F  ar- 
mé^ qui  iioit  lajfe  de  marcher.  U éto'u 
'tien  las  quand  il  arriva* 
Las  ,  fignine  auffi  ennuyé  de  quelque 
chofe  que  ce  foit.  Son  maricjl  bun 
las  de  Jes  iépénfes^Elle  eft  bien lajfc 
de/es  importunités.  Onnétoitpaslas 
de  vous  voir* 

On  appelle  proveibialement  ic 
populairement,  las  d'aller  ^anhom^ 
me  mou,  pareffeux ^  lâche.  ^ 

Le  monofyllabe  du  mafculin  eft 
long  de  même  que  la  prc^mière  fyl' 
hbe  du  féminin  quia  une  féconde 
fyllabe  très- brèves. 

Cet  adjeâif  ne  doir  pas  réga* 

lièrement  précéder  le  fubftantif  aa- 

quel  il  fe  rapporte  :  on  ne  dira  pas 

un  las  cheval ,  mais  un  cheval  las. 

XASAH}  fttbftanrif  mafcolia.  Ceflt 


LAS 

le  hutcième  mois  des  Arabes.  Il  ré-* 
pond  à  notre  mois  d'Avril. 

LASCIF .  1 VE  ;  ad|eftif.  Lafdvus.  Lu- 
brique ,  qui  eft  adonné  à  ia  luxure. 
Un  homme  iafcif.  Des  femmes  laf- 
cives. 

Lascif  ^  fe  dit  aufli  At%  chofes  qui  ex* 
citent  i  la  lubricité.  Des  regards 
Iafcif  s.  Une  peinture  lafcive.  Desixf- 
cours  Iafcif  s. 

Cet  adjedif  ne  doit  pas  régulié- 
tement  précéder  le  fubftanti?  au- 
quel il  (e  rapporte  :  on  ne  dira  pas 
une  lafcive  danfe ,  mais  une  danfe 
lafcive. 

LASCIVEMENT }  adveAe,  Salaci- 
ter.  D'une  manière  lafcive.  Danfer 
lafàvement. 

La  première  fyllabe  eft  brève  j 
la  féconde  longue  j  la  troifième  très- 
brève  y  &  ia  quatrième  moyenne. 

LASCIVETÈ^  fubfbntif  féminiii.£tf/^ 
dvia.  Lubricité ,  forte  inclination  à 
la  luxure. 

Voici  le  tableau  qu'un  homme 
d*elprit  a  fait  de  la  lafciveté  en  la 
ptrionnifiant. 

Couchée  mollement  fous  un  ber- 
ceau de  fleurs  ^  elle  mendie  les  re* 
Î;ards  des  enfans  des  hommes ,  elle 
eur  tend  des  pièges  &  des  amorces 
dangereufes. 

Son  air  délicat  »  fa  copplexton 
foible  ,  fa  parure  font  un  négligé 
touchant  ;  la  volupté  eft  dans 
fes  yeux  &  la  féduâion  dans  fon 
ame. 

Fuis  Ces  charmes  »  ferme  l'oreille 
i  l'enchantement  de  fes  difcours  : 
il  tes  yeux  renconrrent  la  langueur 
des  Gens  ;  fi  fa  voix  douce  paife 
îufqa'à  ton  cœur^  fi  dans  ce  mo- 
ment elle  jette  fes  bras  autour  de 
ton  cou  »  re  voilà  fon  efclave ,  elle 
t*ci|chaîne  à  jamais. 

La  honte  >  la  maladie  »  la  mi- 


LAS 


M9 


fère  9  le  repentir  marchent  à  fa 
fuite.' 

Affbihli  par  la  débauche ,  endor^ 
mi  par  la  moUelTe ,  énervé  par  Tin^ 
aAion ,  tu  tomberas  dans  la  lan« 
gueur  y  le  cercle  de  tes  jours  fera 
étroit  ,  celui  de  tes  peines  éten« 
du  'y  le  premier  fera  fans  gloire  \ 
l'autre  n'excitera  ni  larmes  ni  pi- 
tié. 

Lascivité  ,  fe  ditaufli  de  ce  quiex* 
cite  i  la  lubricité.  Il  y  a  de  la  tafd^ 
veté  dans  cette  chanfon  ^  dans  cette 
gravure* 

LASER,  ouLasbrpitium  ;  fubfliantif 
mafculin.  Plante   ombellifère  qui 
croît  aux  environs  deMarfeille.  Elle 
a  une  tige  hante  rellemblant  à  celle 
de  la  pérufe,  cannelée  »  noueufe  8c 
fongueufe  :  fes  feuilles  font  difpo- 
fées  en   ailes  fermes  »  charnues  » 
roides  f  divifées  &  fubdivifées  en . 
lobes  3  garnies  par  derrière  de  quel- 
ques poils  rudes  :  fes  foipmets  fou- 
tiennent  de   grandes  ombelles  de 
fleurs  difpofées  en  rofe  &  compo* 
fées  de  cinq  pétales  faits  en  cœur 
8c  arrangés  circulairement   autour 
du  calice.  Quand  ces   fleurs  font 
tombées  »  il  leur  fuccède  des  gtai* 
nesaflez  grandes ,  boflues  »  jaunâ- 
tres »  odorantes,  jointes  deuxà  deux 
&  garnies  chacune  de  quatre  ailes 
feuillues  :  la  racine  eft  longue  ,  d'ua 
gris  cendré  en-dehors ,  blanche  en- 
dedans  ,  molle  »  grafle  ^  fucculenta 
8c  odorante.* 

Cette  plante  eft  hyftérique ,  tuI« 
néraire ,  carminative  &  alexiphac- 

Imaque. 
LASIO  ;  ancienne  ville  du  Péloponèfe, 
dans  laTriphilie. 

Il  y  àvoit  une  montagne  de  ce 
nom  dans  llle  de  Crète  >  où  Saint 
Épiphane  dit  qu'on  montroit  letom- 
beau  de  Jupiter. 
LASPI  *y  petite  ville  d'Afie ,  dans  U 


4to  LAS 

NftoUe  »  un  pea  au  nord  de  Lamp* 
faque  ,  fur  la  mer  de  Marmara* 

LASSANT .  ANTE  j  adjcûif  verbal. 
Lajfans.  Qui  lafle ,  qui  fatigue.  Un 
ouvrage  laffant.  Une  voiture  lajfante. 
Des  difcours  lajTans. 

Les  deux  rylTabes  font  longues  au 
mafculin ,  &  la  croifième  da  fémi- 
nin très- brève. 

LASSA  Y  j  ville  de  France ,  avec  ti- 
rre  de  Marqnifac ,  dans  le  Maine  » 
i  cinq  lieues  ,  nord-eft  ,  de  Mayen 
ne.  Ç'eftle  fiége  d'un  Grenier  à  Sel^ 
&c. 

LASSÉ  ,  ÉE }  participe  paflif.  Voye^ 
Lasser 

LASSEE  \  Abbaye  d*hommes  de  l'Or- 
dre de  Saint  Benoît ,  fur  les  fron- 
tières de  l'Anjou  Ôc  du  Poitou  , 
i  deux  lieues  j  nord  *  oueft  ,  de 
Thouars.  Elle  eft  en  commende  & 
vaut  environ  looo  livres  de  rente  au 
titulaire. 

LASSER  j  verbe  aâif  de  la  première 
conjugaifon  »  lequel  fe  conjugue 
fomme  Chanter.  Lajfare.  Fati- 
guer. La  longueur  du  chemin  lajfa 
les  foldats.  Cette  courfe  a  lajfe  Jes 
chevaux.  Trop  d'application  lajfe  l'ef- 
pnté 

On  dit  auffi  lajjer  la  patience  d'ur- 
ne perjonne. 

Lasser  ,  (ignifie  encore  ennuyer. 5^ j 
difcours  laffent  tous  ceux  qui  V enten- 
dent. Elle  lajfe  tout  le  monde  par  fes 
compUmens. 

Se  lasser  ,  ed*  auffi^erbe  pronomi- 
nal réfléchi  &  s'emploie  dans  tous 
les  fens  de  l'aâif.  La  garnifon  com^ 
mençoit  àfe  lajfer.  A  la  fin  fa  patience 
fe  laffa.  Il  y  a  long  temps  quelle  fe 
lajfe  de  le  voir. 

La  première  fyllabeeft  longue, 
flc  la  féconde  longue  ou  brève.  Foy. 
Verbe. 

Différences  relatives  entre  lojfer^ 
fatiguer; 


LAS 

La  continuation  d'une  mime 
choklaffiy  la  peine  fatigue.  On  fe 
/tf//^à  (e  tenir  debout.  On  k  fatigue 
â  travailler. 

Êtfe  las ,  c'eft  ne  pouvoir  plus 
agir.  Être  fatigué  y  c'eft  avoir  trop 

La  lajptude  fe  fait  quelquefois 
fentir  fans  qu'on  ait  rien  fait;  elle 
vient  alors  d'une  difpofition  du 
corps  &  d'une  lenteur  de  circula- 
tion dans  le  fang.  Lz  fatigue  eft  tou« 
jours  la  fuite  de  l'aâion  ;  elle  fup- 
pofe  un  travail  rude  ou  par  la  diffi- 
culté ou  par  la  longueur. 

Dans  le  fens  figuré  un  fupplianc 
/j//J  parfaperfévérance,  &  il/atigue 
par  les  importunités. 

On  fe  A7//<  d'attendre.  On  fe/zrr- 
gue  à  pourfuivre. 

LASSERET  ;  fubftantif  féminin  & 
terme  de  Charpentiers ,  qui  fe  dit 
d'une  petite  tarrière  de  huit  lignes 
de  diamètre,  dont  ces  artifans  fe 
fervent  pour  faire  de  petites  mot- 
roifes  &  les  enlacer  avec  les  te- 
nons. 

On  appelle  lajferet  tournant  \  ce» 
lui  qui  traverfe  une  barre  où  il  eft 
arrêté  par  unecontre-rivure  &  laide 
tourner  toujours  \  tel  eft  le  lafferet 
ui  porte  la  verge  des  aubronnieis 
es  fléaux  de  grandes  portes. 

Lassirst  ,  fe  dit  en  termes  de  Ser- 
ruriers, d'une  efpèce  de  piton  i  visj 
i  pointe  molle  &  ordinairement  i 
double  pointe ,  parcequ'il  faut  l'oo- 
vrir  pour  y  placer  la  pièce  (qu'elle 
doit  retenir  ,  comme  on  voit  aux 
boucles  des  portes,  qui  font  artëtées 
par  un  laflèret. 

Lasser  ET  ,  fe  dit  encore  de  pièces 
qui  arrêtent  les  efpagnolettesfurle 
battant  des  croifées  ,  &  dans  lef- 
quelles  elles  fe  menvem. 

Le  lafferet  a  différentes  formes 
félon  l'ufage  auquel  il  eft  deftioé. 


3' 

Ci 


LAS 

L  ASSERIE  ;  fubftancif  féminin  &  ter^ 
me  de  Vanniers  ,  par  lequel  il  s  dé- 
(ignenc  cette  tUTure  d*ofier  mince  & 
feiré  qui  remplie  le  corps  d'une 
corbeille. 

LASSITUDE  ;  fubftanrif  féminin. 
Lajfîtudo.  L'abattement  où  l'on  fe 
trouve  lorfqu'on  a  trop  marché  ou 
trop  travaillé.  Sa  lajfuudc  l*obligca 
malgré  lui  d<  coucher  en  route. 

Xassitude  ,  fe  dit  auili  de  l'indifpo* 
fition  où  Ton  fe  trouve  quelque- 
fois fans  avoir  ni  trop  marché  ni 
trop  travaillé.  Ilfent  des  lajjitudcs 
dans  tout  le  corps. 

En  termes  de  Médecine  on  ap* 
pelle  lajjîtudesjpontanées  y  certaines 
laiStudes  dont  la  caufe  n'eft  point 
apparente. 
Hippocrate  enfeigne  i^  que  ces 
.  laffiruaes  préfacent  les  maladies  : 
2^.  Que  ceux  qui  les  éprouvent  dans 
le  cours  de  la  maladie  font  en  dan- 
ger :  5^.  Que  fi  après  des  fuenrs 
critiques ,  avec  laflitude  &  friflon , 
la  chaleur  revient ,  c'eft  un  mau- 
vais figne  ,  foit  qu'il  y  ait  en  même 
temps  hémorragie  du  nez  ou  non  : 
4^.  Que  les  laflirudes  jointes  à  des 
anxiétés ,  friflbns  ,  douleurs  dans 
les  reins  «  font  une  marque  que  le 
ventre  eft  libre  :  5^.  Que  dans  cet 
état  de  laffitude  ^  il  eft  bon  que  le 
malade  ait  des  'felles  rougeatres  » 
fnrtour  dans  le  temps  critique  :  6^ 

S>ue  les  laflitudes  quiperfiftent  pen- 
ant  &  après  la  fièvre,  donnent  lieu 
d'attendre  des  abcès  aux  joues  Se 
aux  articulations  :  7^.  Les  laflitudes 
fpontanées  dans  les  vieillards  ,  avec 
engourdiflement  &  vertige^  font 
les  avant  *  coureurs  ^de  l'apople- 
xie. 

Les  laflitudes  font  aufli  un  fymp- 
tôme  bien  familier  dans  les  n.ala- 
dies  chroniques^  elles  font  (ùrtout 
propres  au  fcoxbut  dont  elles  carac- 


L  A  S  4z| 

térifent  prefque  feules  le  premier 
degré  :  il  y  a  laflitude  dans  tou- 
tes les  maladies  où  il  y  a  langueur» 
ces  deux  états  paroiflent  cependant  , 
diflcrer  en  ce  que  la  langueur  af-^ 
faifle  &  anéantit  Tefpriyk  le  corps» 
ôc  précède  le  mouvement  \  au  lieu 
que  la  laflitude  en  eft  une  fuite  Se 
ne  femble  afleâer  que  la  machine, 
ou  pour  mieux  dire ,  les  mouve- 
mens  animaux. 

Les  laflitudes  fpontanées  n'exi- 
gent en  elles- mèmts  aucun  remède» 
loit  qu'elles  annoncent  ou  accom- 
pagnent les  maladies.  Dans  le  pre- 
mier cas  elles  avertiflent  de  pré« 
venir  s'il  eft  poflible  ,  la  maladie 
dont  elles  menacent.  11  eft  alors 
prudent  de  fe  mettre  à  un  régime 
un  peu  rigoureux»  de  faire  diète  ^ 
Témérique  pourroit  peut  être  faire 
échouer  la  maladie  :  dans  le  fécond 
cas  elles  doivent  engager  un  Méde- 
ciii  à  fe  tenir  fur  fes  gardes  »  à  ne 
pas  trop  donner  â  la  nature  »à  s'ab- 
ftenir  des  remèdes  qui  pourroienc 
Taffbiblir  ,  &  i  recourir  furtout  i 
ceux  qui  peuvent  tirer  le  corps  de 
l'engourdi flèment  où  il  commence 
i  être  plongé.  Ces  laflirudes  dans 
les  maladies  chroniques  indiquent 
auffî  des  remèdes  aâifs  ,  toniques» 
&c.  propres  â  corriger  &  changer 
l'étàr  vicieux  du  fang  &  des  fotides 
qui  ont  donné  naiflànce  aiL  (ympto- 
m%.  Se  qui  Tentretiennenr. 

LÂSTE  ;  fubftantif  mafculia&  terme 
de  Marine.  Poids  dé  deux  ton* 
neaux.  Un  navire  charge  de  ijo  laj^ 
tes  ,  ejl  un  navire  de  trois  cens  ton^ 
naaux» 

Laste  »  fe  prend  aufli  en  quelques 
pays  du  nord,  pour  la  charge^ntière 
du  voi  fléau. 

Quelquefois  ce  mot  fignifie  en- 
core une  nnefure particulière,  mats 
qui  change  félon  les  lieux  &  la  na- 


4^t  LAT 

tare  des  marchandîfes  ;  de  force 
que  pour  entendre  ce  que  c'eft  qu'un 
hfte  dans  cette  dernière  acception, 
il  faut  favoir  de  quel  endroit  &  de 
quelle  forte  de  marchandife  on 
veut  pai||r  :  à  Dantzick ,  par  exem- 
ple >  le  lafte  de  lin  eft  de  2.040  li- 
vres j  le  lafte  de  houblon  ,  de  3  8  j  o 
livres  ;  le  lafte  de  farine  ou  de  mieU 
de  douze  tonneaux ,  &c. 

LASTEGELT  j  fubftantif  mafculin. 
On  appelle  ainfi  en  Hollande  un 
droit  de  cinq«foas  qui  fe  lève  fur 
chaque  vaiflTeaox  fortant ,  &  de  dix 
fous  fur  chaque  vailTeau  entrant. 
Ce  droit  étant  une  fois  payé ,  le  na- 
vire qui  Ta  acquitté  en  eft  déchargé 
pour  une  année  entière  >  quelque 
nombre  de  fois  qu'il  vienne  à  forcir 
&  rentrer. 

Lastegblt  ,eft  auflile  nom  d'un  droit 
de  fret  qui*  fe  lève  à  Hambourg  , 
fur  les  marchandifes  &  vaideaux 
étrangers  qui  y  arrivent  &  qui  en 
partent.  Par  l'article  41  du  traité 
de  commerce  conclu  à  Paris  le  18 
Décembre  1716  ,  entre  la  France 
&  les  villes  Anféatiques ,  les  vaif 
féaux  françois  qui  vont  trafiquer  â 
Hambourg  ,  font  déchargés  de  ce 
droit  qu'on  ne  peut  exiger  d'eux 
fous  quelque  nom  ou  prétexte  que 
ce  puiffe  erre. 

LÂSTIC  'j  bourg  de  France ,  en  Au- 
vergne 9  entre  les  rivières  de  Che- 
vanon  &  de  Scionle  »  à  dix  lieues , 
oneft  »  de  Clermont. 

LAT  AN*  'y  petite  rivière  de  France ,  en 
Anjou.  Elle  fe  jette  dans  la  Loire,  au 
pont  de  Ce. 

LATANIAi  c'eft,  félon  Ptolémée  , 
une  ancienne  ville  d'Afie ,  dans  la 
Birhynie. 

LATANIER;  fubftantif  mafculîn.Ef- 
pèce  de  palmier  qui  croît  dans  le 
Bréfil  &  dans  les  lies  Antilles  où  il 
s'élève  i  plus  de  crente-cinq  pieds 


LAT 

de  haut ,  quoiqu'il  ait  peu  de  groP* 
feur.  Son  bois  eft  extrcmement  dur» 
mais  il  n'a  pas  plos  d'un  doigc  d*é- 
paifTeur  ,  &  tout  l'intérieur  n'eft 
qu'une  forte  de  filalfeou  de  moelle. 
Ses  feuilles  qui  pendent  en  petits 
faifceaux  au  fommet  des  rameaux  » 
font  plates  &  en  forme  d'évencail* 
Lorfqu  elles  naiflenc  ,  c'eft  un  évcn- 
cail  fermé  j  épanouies,  c'eft  un  évcn- 
cailoAverc^excepté  que  les  boucs  fonc 
pointus  &  féparés.  Les  habitans  s'en 
fervent  pour  couvrir  leurs  caban- 
nés  j  ils  en  font  aufti  dts  parafols  8c 
divers  autres  ouvrages.  Les  Sauva- 

f|es  lient  deux  ou  quacre  de  ces 
euilles  enfemble  :  favoir  deux  def- 
fus  &  deux  deflfous  :  dans  le  milieu 
ils  meccenc  des  poiftbns  atcachés  par 
la  queue ,  qu'ils  expofencaufeuponr 
lesconferver. 

Ils  tirent  un  fil  des  mêmes  feuil* 
les  pour  faire  leurs  Hamacs  ^  te 
avec  le  bois  de  cette  efpèce  de  pal- 
mier ils  font  des  maflues  &  d'autres 
armes  ofFenfives. 

LATAQUIÈ ,  ou  Lataki*  ,  ou  I-a- 
TiCHEz  ;  ville  maritime  8c  confîdé- 
rable  de  Syrie  >  i  trente  lieues ,  fud- 
oueft  9  d'Alep.  C'étoit  autrefois  la 
croifième  Laodicée  dont  nous  avons 
parié.  Elle  reconnoît  pour  fon  Fon- 
dateur Séleucus  Nicanor  qui  lui 
donna  le  nom  de  fa  mère  Lao- 
dicée ;  &  pour  fon  Reftauraxeur  » 
Coplan  Aga ,  homme  puilfant  qui 
s'eft  appliqué  avec  fuccès  à  en  faire 
fleurir  te  commerce. 

LATARACO  j  bourg  &  château  dl- 
talie  ,  au  Royaume  de  Naples ,  dans 
la  Calabre  citérieure ,  entre  Saint- 
Marc  &  Cofenza. 

LATÈBRES  ;  vieux  mot  qui  fîgnifioit 
aucrefois  lieux  cachés  &  fecrets. 

LATENT ,  ENTE  ;  adjeûif.  Caché. 
Il  n'a  guère  d  ufage  qu'au  Palais  IC 
en  ces  phrafes  9  vices  launs  ^firvi" 


LAT 

tudes  latentes.  On  appelle  vices  la* 
tcns ,  la  poulTe ,  la  moive  &  la  cour- 
bature ,  qui  font  les  crois  maladies 
des  chevaux  qu  il  eft  poffible  de  ca- 
cber  pendant  un  temps.  Le  vendeur 
doit  a  cet  égard  la  garantie  pendant 
neuf  jours. 

Les  Jeryitudes  latent esJ[ont  celles 
<{ui  ne  font  pas  en  évidence.  II  eft 
inutile  de  former  opposition  pour 
des  fervitudes  apparentes  >  telles 
que  celles  des  rues  ,  des  égoûis  ; 
mais  on  doit  le  faire  pour  des  fer- 
vitudes latentes. 
LATÉRAL ,  ALE  ;  adjeftîf.  Latera- 
lis.  11  n  a  d'ufage  que  dans  le  didac- 
tique ,  &  en  parlant  de  ce  qui  ap- 
partient au  côté  de  quelque  chofe. 

L  cpiglotte  a  des  ligamens  ap- 
pelés latéfaux  ;  les  phalanges  des 
doigts  du  pied ,  les  os  du  métatarfe 
en  ont  auffi ,  &  ces  ligamens  fer- 
vent d  l'union  de  ces  parties  ,  ï  les 
attacher. 

^  Le  ligament  latéral  externe  qui 
tient  le  fémur  avec  le  tibia  y  eft 
étroit  &  ép|||.  Il  eft  attaché  en  par- 
tie an  tibia  ,  immédiatement  au- 
defTus  du  péroné  >  &  en  partie  â 
Textrémité  fupérieure'  du  péroné. 
Il  eft  auffi  colle  au  bord  du  carti- 
lage femilunaire  externe. 

Le  ligament  latéral  de  la  mâ- 
choire inférieure  eft  fitué  i  la  pat- 
rie latérale  interne  de  l'articulation 
de  la  machcHte. 

L'articulation  de  la  tcte  avec  la 
première  vertèbre  du  cou  a  it%  li- 
gamens latéraux  qui  s'élèvent  des 
parties  latérales  de  cette  apophyfe , 
&  s'attachent  au  bord  du  trou  oc- 
cipitaL 

Le  ligament  latéral  externe  do 
coude  unit  l'humérus  au  radius. 

Le  ligament  latéral  interne  du 
coude  unit  Thumerus  au  cubitus. 

Otiti^i^tWe  fnui  latéraux  i  deux 


LAT  413 

cavités  qui    forment  comme    de 

SrolTes  branches  du  (inus  longitu- 
inal  fupéricur;  l'un  eft  i  droite  & 
Tautre  eU  d  gauche  :  ils  vont  le  long 
de  la  grande  circonféfence  de  la 
tente  du  cervelet  »  &  s'étendent  juf- 
qu'â  la  bafe  de  l'apophyfe  poreufe 
des  os  des  tempes  y  delà  ils  font  en 
defcendant  un  grand  contour ,  puis 
un  plus  petit  >  6c  viennent  s'attacher 
dans  les  erandes  gouttières  latérales 
de  la  baie  du  crâne  dont  ils  fuivent 
la  route  jufqu'aux  t^ous  déchirés 
&  aux  folfettes  des  veines  jugu- 
laires.  La  bifurcation  qui  leur  aonne 
naidânce  n'eft  pas  toujours  égalp. 
Dans  quelques  lujets  l'un  Ats  (inus 
latéraux  paroit  être  la  continuation 
du  Hnus  longitudinal  fupérieur  ,  & 
l'autre  en  être  une  branche.  Chez 
quelques-uns  cette  variété  fe  trou- 
ve à  droite  ;  chez  d'autres  elle  fe 
trouve  à  gauche  \  enfin  un  de  ces 
finus  eft  quelquefois  plus  grand  ou 
plus  petit  que  l'autre. 

La  capacité  des  finus  latéraux  eft 
triangulaire  comme  celle  du  finus 
longitudinal  fupérieur  »  &  garnie 
d'une  membrane  propre  >  on  y  ob- 
ferve  àufti  des  embouchures  vei- 
neufes  comme  dans  la  plupart  des 
autres  finus  de  la  dure- mère.  La 
face  poftériente  ou  externe  eft  for- 
mée par  la  lame  externe  de  ladufc*- 
mère  *  Se  les  deux  autres  faces  pat 
la  lame  interne }  les  deux  finus  en 
fortent  par  la  portion  poftérieure 
des  ouvertures  de  la  baie  du  crâne 
appelées  treus  dcchiris  »  fe  dilatent 
&  forment  une  efpèce  d'ampoule  , 
proportionnéoient  aux  foflettes  de» 
veines  juguUtres^  où  ilsaboutiHènc 
dans  ces  veines. 

Dans  les  anciens  auteurs-  d'atgè* 
bre ,  on  appelle  équation  tatérak  , 
une  équation  fimple  »  eru  qui  n'eft. 
que  d'une  dimenfion  &  a  a  qu'us» 


414  L  A  T 

racine.  On  dit  aujourd'hui  »  équa-- 
ticnjimplt ,  ou  linéaire ,  ou  du  prC" 
mier  degré. 

LATÉRE  i  (  Légat  â  )  voy^  Légat. 

LATÉRCULE  j  fubftantif  mafculin. 
Latcrculus.  Titre  d'un  officier  des 
Empereurs  grecs ,  lequel  avoir  foin 
du  cabinet  du  prince  fie  de  fes  pa« 
piers. 

LATIAL  ;  adjeâ:ifmarculin&  terme 
de  Mythologie.  LatiatisSMxnom  de 
Jupiter  9  qui  fur  ainH  appelé  du 
Larium  ,4:onrrée  d'Italie  où  il  étoit 
fineulièrement  révéré. 

L ATlAR  j  fubftantif  mafculin  &  rer- 

•  me  de    Mythologie.   Latiar.  Fête 

qu'inftirua  Tarqum  le  fuperbe  en 

l'honneur  de  Jupiter    Latial.  Ce 

f grince  ayant  fait  un  traité  d'al- 
iance  avec  les  peuples  du  Latium  , 
{^ropofa  dans  le  deuein  d*en  aflfurer 
a  perpétuité ,  d*ériger  un  temple 
commun ,  où  tous  les  alliés ,  les  Ro- 
mains, les  Latins  5  les  Herniqties  & 
les  Volfques  s*a(Iembleroient  tous 
les  ans  pour  y  faire  une  foire  »  fe 
régaler  tes  uns  les  autres  ,&  y  célé- 
brer enfenibledes  fêtes  fc  des  lacrifi- 
ces  j  ce  qui  fut  agréé.Telle  fut  l'origi- 
ûe  du  latiar.Tarquin  n'avoir  deftiné 

2u*ttn  jour  i  cette  fête  ^  les  premiers 
ïonfuls  en  établirenr  un  fécond  après 
qu'ils  eurent  confirmé  l'alliance  avec 
les  Latins  ^  on  ajouta  un  troifième 
jour  lorfque   le  peuple  de  Rome 

Îiui  s'étoit  retiré  fur  le  monr  facré 
ut  rentré  dans  la  ville  ,  &  finale- 
ment un  quattième  ^  après  qu'on 
eut  appaifé  la  fédition  qui  s'étoit 
élevée  entre  les  Plébéiens  &  les 
Patriciens  à  Toccafîon  du  confulat  ; 
ces  quatre  jours  étoient  ceux  qu'on 
nommoiz  fériés  latines  ^  &  tout  ce 
qui  fe  faifoit  pendant  ces  fériés  j 
fêtes  ,  offrandes  ,  facrifices  ,  tout 
cela  «'appeioit  Latiar  »  dit  Grônox 
VIM, 


LAT 

LATICLAVE  ;  fubftantif  mafculin. 
Laticlavium.  Tunique  que  portoient 
âRome  les  Sénateurs.  Elle  éroit 
bordée  d'une  large  bande  de  cou- 
leur de  pourpre  »  &  tiroir  fon  nom 
d'un  ornement  en  forme  de  tête  de 
clou  qui  étoit  attaché  fur  la  p^i* 
trine.    • 

Sous  la  république  ,  les  fib  des 
Sénateurs  n'obrenoient  le  laticlave 
qu'à  l'âge  de  vingt-cinq  ans.  Céfat 
rat  le  premier  qui  dérogea  i  cette 
règle  en  accordant  cette  diftindion 
â  ion  neveu  Odlave  avant  le  temps 
fixé  par  les  lois.  Celui-ci  devenu 
Empereur  imita  fon  onde»  &  fit 
i  plufieurs  enfans  de  Sénarears  la 
même  faveur  qu'il  avoir  reçue  ht 
fon  oncle.'  Dans  la  fuite  le  lariclave 
devint  l'ordre  de  l'Empereur  ,  qui 
en  revèroit  à  fon  gré  les  perfonoes 
qu'il  jugeoir  i  propos. 

LATIÇZÔW;  wtite  ville  de  Polo- 
gne ,  dans  la  Ruffie  rouge ,  fur  le 
Bug  y  i  vingt-cinq  lieues  an-def* 
fus  de  Bradai. 

LATIN,  INE  ;  adje^  qui  s'emploie 
aufli  fubftantivemenr.  Latinus.  Qui 
appartient  aux  Latins  »  au  peuple 

*  latin  y  qui  eft  du  Latîum  ou  du  pays 
latin.  Les  peuples  latins  »  les  fériés 
latines.  La  langue  latine.  Un  difcours 
latin.  Les  Latins  furent  fubjuguls 
par  tes  Romains.  Voyez  Latium. 

Figurément»  on  appelle  l*Uni- 
verfité  »  le  pays  latin.  Et  l'on  dit  de 
tout  ce  qui  retient  un  certain  air  de 
collège  »  que  cela  Jeru  U  pays 
latin. 

Onappelle  VE0e  latine ,  FÉglife 
romaine  ou  rÉghfe  d'occident ,  pac 
oppofition  à  l'Èglife  grecque  ou  1* E« 
glife  d'orienr.  Cette  détiomtnatiou 

.  vient  de  ce  que  les  catholiques  ro- 
mains ont  rerenu  dans  l'office  divin 
Tufage  de  ta  langue  latii|p. 
Oq  appelle  fubftanciirement  Lt- 


LAT 

^  tt^^  ^  ceUk  qui  fonc  de  TÉglife  la- 

,  «ne. 

On  a  appçlé  Empire  des  Latins , 
Tefpèçe  4*Eaipire  qi|e  les  croiras 
fondèrent  en  1 104 ,  en  s'emparanc 

.  <le  Conftancinoplefur  Âbxif  .Com^ 
nène  ,  &  qui  dura  environ  (pixao ce 
ans  foas  des  Empereurs  de  Wlir  çom- 
muniojQ  »  donc  le  premier  fut  Bau* 

'  douin ,  Comce  de  Flandre* 

Latim  ,  (ignifie  auffi  fubftanrivemenc  » 
la  langue  latine.  Étudier  U  latin. 
Sf^feignfir  le  taùn^     . 

On  dirfigurémeQC  d'un^  perfon- 
ne.qttî  ne  fait  plus  oi  (elle  en  jcft» 

*  i^xelle  efi  au,  bout  de  ^onjatin.  Et 
parler  latin  devant  les  Cordeliers  ; 
pour  dire ,  fe  mêler  de  parler  d'une 
chofe  devant  des  gisns  qui  ^n  font 
mieux  inftruits  que  celui  qui  en 
parle^ 

On  dit  auffi  figurément  de  quel- 
qu'un qui  a  travaillé  fans  fuccès  â 

.  quelque  chofe  ,  qu'i/  y  a  perdu  fon 
latin  ;  pour  dire  ,  qu'il  y  a  perdu 
ion  temps,  fie  fa  peine.     - 

On 4i t^ âequeiqii'uA qui  fait . fort 
t>ien  le  latin  \  ,q\iil  efl  bon  lati/û  Et 
Tùn  appelle  prQv^rtûaleniient&  po- 
pulairement» latin  de^cuijine^^dc 
fort  méchant  latin. 

On  dit  auflli  proverbialement  » 

piquer  en  latin  ;  pau|:  dire  ^  erre  à 

cheval  de  mauvaife  gracier  Se  cooame 

i|in>  écolier.  .  .-1    .  . 

En  tertres  de  Marine  ^iyi  appelle 

.  yoite  latine  y  une  Voile  faite  ea  for- 
me de  triangle  reâangle.  Elle  eft 
plus  en  ofage  fur  la  Méditerranée 
que  fur  rQcéan<. Les  galèfi^s.. n'en 
portent  pcÂnt  d'aiitrest.!         .  ^ 

LATINISÉ  ,  Éfi  ;  pançicip^  faffif. 
Phye[LA*riW6fLK* 

En  matière  de  controverfe ,  on 
appelle  Grec  latinife\  un  Grec  qui 
eft  entré  dans  les  fentîmens  de  l'E- 

.    g\i£e  I^tine^  . 


t-AT  415 

LATINISER }  vefbe  aéHf  de  Ja  pre- 

,  rnière  conj^ugairon  »  lequel  fe  con* 

jugue  comme  ChamTeil.  Linguâ  la-- 

tinâ  donare.  XJ^poper  une  terminai* 

;  fon ,  une.inâexion  Latine  à  un  mot, 

.à  un  verbe  d  unç  autre  langue.  lia 

:  latinifé  plufiet^r^  noms  propres  Fran- 
çois* 

tes  crois  jprenuères  fyllabes  font 

brèves ,  ôc  la  quatrième  longue  ou 

J^rève,  f^oyei  Verbe. 

Les  temps  ou  perfonnes  qui  fe 

'terminent  par  un  e  féminin  ^  çnt 

.  letir  pénultième  fyllabe  longue. 

LATINISME  ;  fubftantif  mafculin. 

Latinifmus.  ConAruâioUj  tour  de 

phrafe  propre  à  la  langue  Larine. 

Un  livre  François  rempli  de  Latinif- 

LATINISTE  }  Âibft^tif  des  deux 

{renrjiis.  Qui  entepd  &  parle  bien  la 
angne  Laçine.  Vnjkyant  latiniffe. 
LATINITÉ }  :fubftantif  féminin.  La- 
tinitasm^l^ngàge  latin*  La  latinitérdu 
Jiecle  dAugUJte^  Cet  auteur  ecriyoic 
,  d(i/isje  temps  4^  lamelle  Latinité. 
.      .  Qn  appelle  I4  baffi^  laûntfé ,  le 
langage   des  Auteurs    du   dernier 
i  ^tfoîp^  où  le  peMpIe  prfjlpit  encore 
"la  langue- Latine. 
LAJITÇ  >  ÉE  i  patticipe  paffif.  roye^ 

.  LAT.IT^tt.  .  , 

LATITER  ;  verbe  aûif  de  la  pre- 
^^«Aiçre^^oojug^foh,  lequel  fe  con^ 

.   jugue  .çopjmje  ÇHAHtia./  Abfcon^ 

-  jdeie^'tttïtï^  de.  Palais  qui  fignifie 

^  cftcheriPU:  rcicéler.  Qn  dit  d'un  dcr 
\fyie^\xt,y€\}^%fc,,l4iit€y  lorfqu'il  fe^ 
cache  de.  ppur.; d'être  arrêté.    Et 

.  4'uïie  yeavpou  d'unhéritieriquV/j 

j)9t€Ciché.&  Jatiti  quelques,  effei^  de 

ta  <ç>tmnun^uté  j>Uif^çcê(^on  dit{dé^ 

:  dW,  lQr£]itiUcnF  cwumis  quelque 
recelé. 

LATlTUpE  i  (ubifettïrif  féminin  & 
tetnae  de  Géograpbie^Ç^ft  Ja  dif-* 

o  latiQ»  djttô.  lieu  âJ'égatiT^e  Téquar 

Hh  h 


j^i'4  I A  t 

•       »       • 

teur ,  oa  Tare  du  mécidien ,  com« 
pris  entre  le  zénith  de  ce  lieu  & 
réquareur.  La  latitude  peut  donc 
icre  ou  feprentrionale  ou  méridio- 
nale ,  félon  que  le  lieu  ^  donc  il  eft 
3ueftion ,  efl:  fitué  en -deçà  ou  au- 
elà  de  Téquateur }  favoir  ,  en-deçà 
dans  la  partie  feptentrionale  que 
nous  habitons,  &  au-deU  dans  la 
'  partie  méridionale*  On  dit»  par 
exemple ,  que  Paris  eft  fitoé  i  48 
degrés ,  50  minutes  de  latitude  fep- 
tentrionale.  ' 

•Les  cercles  parallèles  à  l'équateur 
font  nommés  parallèles  de  latitude, 
parcequ'ils  font  connoître  les  lati- 
tudes des  lieux  au  moyen  de  leur 
inrerfeâion  avec  le  méridien. 

Si  Ion  conçoit  un  nombre  in- 
fini de  grands  cercles  qui  paflent 
tous  par  les  pôles  du  monde  ,  ces 

•  cercles  feront  autant  de  méridiens; 
•&  par  leur  moyen  on  pourra  déter- 
miner ,  foit  fur  la  terre ,  foit  dans 
le  ciel  9  la  pofîtion  de  chaque  point 
par  rapport  au  cercle  équinoxiitl , 
c'eft-â-dice,  la  latitude  de  ce 
point. 

Celui  de$  cercles  qui  pafTe  par  un 
lieu  marqué  de  la  terre  »  eft  nom- 
mé le  méridien  de  ce  lieu  »  &  c'eft 
fur  lui  qu*on  mefure  la  latitude  du 
lieu. 

Là  latitude  d'un  Heu  êc  l'élc^a- 
tion  du  pâle  iîir  l'horizon  de  ce 
lieu  font  des  termes  ^ont  on*  fe  lêrt 

•  indifféremment  l'un  pour  Tautre, 
parceque  les  deux  arcs  qu'ils  défi- 
gnent ,  font  toujours  égaux. 

Les  pays  qui  font  à  moitié  'che- 

étnin  de  l'équateur  au  pôle  5  ont  45 

degrés  de  latitude'^  telle  eft  la  ville 

'.  'de  Bordeaux  ;  telles  font   encore 

5arlat ,  Aurillac ,  le  Puy ,  Valen- 

*    ce  ,   Briançon  ,   Tutin  ,  -  Cafal  & 

Plaifânce;  du  moins  à  peu  de  chofe 

'^ès'.-Onde  faari)it.avoU'{âu$de^c^o 


i' 


lAT 

degrés  de  latitude ,  puifqu'il  n'y  a 
que  90  degrés  entre  Tequateut, 
d'où  on  les  compte ,  &  les  pôles  OQ 
finiftent  toutes  les  latitudes. 

Pour  connoître  la  latitude  d  un 
lieu  5  on  fe  ferr  de  Tétoile  polaire» 
&  on' mefure  avec  un  inftrumem  fa 
hauteur  fur  l'horizon  y  lorfqu'elle 
pa^e  par  le  méridien.  Ce  palTage 
eft  ce  qu'il  y  a  de  plus  difficile  i 
obferver.    La  meilleure  méthode 
«ju'on  ait  pour  faire  cette  obferva- 
tion,c*eft  de  prendre  là  différence 
de  Ta/cenilion  droite  du  foleil  avec 
celle  de  l'étoile.  (On  appelle  af- 
cenfioQ  droire  »  Téloignemenr  da 
premier  point  du  bélier  an  cercle 
de  déclinaifon  où  Taftre  fe  <roave). 
Cette  différence  donnera  l'éloigné- 
ment  de  l'étoile  au  foleil ,  c'eft-i- 
dire,  l'efpace   de  temps  compris 
entre  le  paftage  du  foleil  &  celui 
de  rétoile ,  par  le  méridien.  Or ,  fi 
l'afcenfion  droire  du  fbleîl  eft  plus 
grande  que  celle  del'éroile,  cette 
étoile  palfera  par  le  méridien  avant 
le  foleil  3  de  e\lt  y  paflera  après,  fi 
'elle  eft  plus  petite. 
''    Voici  une   manière  mécanique 
dont  on  3  petit  faire  ufage  pout  con- 
noîrre  ce  paflfage  par  le  méridien  : 
1^.  Sufpendez  un  fil  à  plomb ,  en- 
forter  qu'il  paroi  (fe  couper  l'éroile 
que  vous  voulez'  dbfervèr  :  1®.  Si 
récolle ,  a  laquelle  vous  vous  êtes 
fixé",  sVpproche  de  ce  fil ,  en  allant 
de  t'oueft  à  l'eft,  au-deffous  de  l'é- 
toile polaire  (  c'eft  l'étoile  de  Tex* 
trémité  de  la  queue  de  la  petite 
ourfè ,  Se  qnf  n'eft  éloignée  du  pôle 
que  de  deux  degrés  &'  quatre  mi- 
niftes^).,  ou  de  feft  â  roueft  au* 
de  (Tus,  elle  s-'approehe  du  méri- 
dien. Il  faut  obferver  alors  plofienrs 
fois  fa  hauteur  avec  un  quartier  An- 
glois  ,  ou  avec  un  Oâaoc  ,  jufqo'â 
ce  qu'elle  commence  â  monter  ^  fi 


L.AT 

elle  eft  au^dçObus  de  rétoHé  ik>- 
laîre  oa  du  pôle  >  ou  Jufqu  i^  ce 
qu'elle  commeDce  i  dépendre  »  fi 
elle  eft  au^delTus*  Quand  on  a 
trouvé  le  pailage  d'une  écoib  par 
lé  méridien  >  on  cherche-  dans  des 
tables  ià  déclinaifon  ou  Ton  éloi* 

Sèment  â  Téquateuc  »  te  on  fouf- 
lit  le  complément  de  cette  décli- 
naifon de  la  hauteur  méridienne 
fupérieure  >  pour  avoir  la  hauteur 
du  p61e  9  où  Ton  ajoute  ce  même 
complément  à,  la  hauteur  infé- 
rieure. 

On  connaît  encore  la  latitude  par 
Je  moyen  des  étoiles ,  fans  s'embar- 
raffer  »  ni  de  leur  déclinaifon  ,  ni 
de  leur  diftance  au  pôle  >  pourvu 
qu  on  fe  ferve  de  celles  qui  ne  fe 
couchent  jamais.  Il  n'y  a  qu'à  ob- 
ferver  leur  hauceur  méridienne  fu- 
perieure ,  &  environ  douze  heures 
ajprès  y  leur  baureur  méridienne  in- 
férieure :  ajoutant  enfuite  ces  deux 
hauteurs  enfemble  ,  la  moitié  de 
leur  fomme  fera  la  hauteur  du 
pôle. 

On  peut  trouver  aulli  la  laùtuic 
ajoutes  les  heures  de  la  nuit ,  par 
les  hauteurs  différentes  de  l'étoile 
polaire ,  qui  ,  comme  on  l'a  dit, 
n'eft  éloignée  du  pôle  que  de  deux 
degrés  quatre  mjnjites.  ,  ^  > 

.Enfin  un  dernier.n)ovf n  ide  con- 
noître  la  latitude  y  Se  dont  prefoue 
tous  les  marins  font  ^jifage  ,  c  eft 
d'obferver  la  hauteur  du  foleil  â 
midi  »  &  de  chercher  la  déclinai- 
ion  de  l'aftre  le  jour  de  l'obfecva- 
tion.  Par  robfetvatioa  on  a  fa  dif- 
tance au  zénith ,  &  par  fa  déclinai- 
fon I  fon  éloignement  à  l'équateut. 
Or,  fi  cette  déclinaifon  eft  nord, 
il  faut  l'ajouter  à  la  diftance  obfer- 
vée ,  &  la  fouftraire ,  fi  elle  eft  fud , 
afin  d'avoir  la  diftance  du  zénith  â 

f  éqi)atQur«  Ou  fupp9(c  ici  qu^.  c'eft 


XAT  4x7 

.'  dah^  jta  zone  tempérée  nord  qu'on 
a  fait  l'obfervation  y  car  il  faut  faire 
tout  le  contraire  dans  l'autre  zone. 
£nfin  on  fouftrait  la  déclinaifon 
quand  l'équateur  eft  entre  l'obfer- 
vateur.  &  le  foleil ,  &  on  Tajoute  » 
lorfque  le  foleil  eft  entre  l'obferva- 
'teUr  8c  l'équateur.  Mai$  fi  robfer- 
vateur  eft  entre  le  foleil  &  Téqua- 
teur  ^  c'eftà*dire  ,  fi  l'obferva- 
téur  étant,  dans  la  zone  tempérée 
nord  ,  le  foleil  eft  du  côte  du 
pôle  ^  ou  autrement ,.  fi  l'obferva- 
teur  fe  trouve  dans  la  zone-ton ide» 
du  côté  du  nord  ,  par  exemple  »  tan^ 
dis  que  le  foleil  eft  dans  le  tropique 
du, cancer  j  on  doit  dans  ce  cas  fouf- 
traire la  diftance  du  foleil  au  zénith 
de  la  déclinaifon  de  cet  aftre  :  le 
tefte  fera  la  latitude. 

DauA  les  pays  où  le  foleil  refte 
plus  de  vitigt-quatre  heures  fur  l'ho- 
rizon >  on  trouve  la  latitude  par  i% 
hauteur  méridienne  de  cet  aftre  ;  Se 
cela  en  ajoutant  à  la  hauteur  mé- 
ridienne duL  IbleU  9  lorfqu'il  eft  au- 

.  defibusdu  pôle#  fa  diftance  au  pôle» 
qui  eft' le  complément  de  la  déclinai- 
Ion.  La  fomme.^  de  ces  deux  nom- 
bres eft  la  latitude. 

Latitude  ,  fe  dit  en  termes  d'Âf- 
tronomie  j  de  la  diftance  d'tme  étoilô 
ou  d'une  plis^nète  à  l'écliptique  }  ou 
c'eft  un. are  d'un 'grand  cercle per« 
pendiculaire  â  l'écliptique, paiEant 
par  le  centre  de  l'étoile. 

Pour  mieux  entendre  cette  no- 
tion,, il  faut  imaginer  une  infinité 
de  igraild^  cercles  qui  coupent  Té* 
cliptique  à  angles  droits  ,  Se  qui 
paUent  pat  fes  pôles.  Ces  cercles 
s'appellent  cercles  de  latitude ,  eu 
cercles  fecondaarts^de  l'écliptique  ;  Sc 

[»at  \mt  moyen  on  peut  rapporter  i 
'écliptique  telle  étoile  ou  tel  point 
du  ciel  qu'on  voudra  »  c'eft-à^ire  ,' 
<}li(tfnùac^  Uli^o  de  cette  étoile  où 


4^8  lAT 

Ai  ce  point  par  rapport  i  récUpti- 

Sae  \  c'eft  en  cjaoi  la  Ucirude  dif- 
;re  de  la  déclinaifon  qui  eft  là  dif- 
tance  de  l'écoile  i  Téquateur ,  la- 
quelle fe  mcfure  fur  un  grand'  cer- 
cle qui  paflfe  par  les  pôles  du  monde 
&  par  récoile ,  c  eft*â-dire ,  qui  eft 
perpendiculaire  non  pas  i  réclipci- 
que  j  mais  â  l'équateur. 

Ainfi  la  latitude  géographique  eft 
la  même  chofe  que  la  déclinaifon 
aftronomique^  èc  elle-éft  fort  dif- 
férente de  la  latitude  aftrcHiomi- 
.    que. 

Quand  les  planètes  n^oht  point  de 

.  latitudt ,  on  dit  qu'elles  font  alors 

dans  les  noeuds  de  Técliptique,  ce 

.  qui  veut  dire  dans  Pincer feâionf  de 

'.    leur  orbite  avec^eite  du  foleil  \  Se 

c'eft  dans  cette  Situation  qu'elles 

'  :. peuvent  fbuffrir  èt%^  éclipfes  ^  ou 

.   être  cachées  par  le  foidl^  ou  bien 

pafler  fur  fon  difque.     '  » 

On  appelle  latitude  fipttntrionéiU 
afctndanu  d'un  ajlrt  ».  la  latitude  de 
cet  aftr^iorfqu'il  Va'  !de  fon  iKfcud 
,    afcendant  vers  fa  limite!  f^tencrio- 
nale  ou  fa  plus  .grande  ^dngàtion. 
Et  Utitudtftpttrttrionûlèdtfccridanit^ 
celle  qu'il  a  iorfqu'il  retourne  de  fa 
limite  Septentrionale  i  fon  nceud 
•   .«lefcendant.  Et  làmûdt  mériHôkaU 
^      dtfctndanu ,  celle  qo''il  a  lorfqu'îl  va 
.de  fon  nœud  defcendant  ifa  tinfiite 
méridionale.  Et  enfin  latitude  ynéri" 
dionaU  afcendante  ,  celle  qu'il  a  fcrf- 
qu'il  retourne  de  fa  limite  méridio* 
nale  à  fon  nœud  afcendanr»  •    «'  ' 
LATITUDINAÎRES,  où  L'AxiTirDr. 
NARUNS  j  (  les  )  quelques  Théolo- 
giens ont  atn(i  a{>pelé  ceux  donj  les 
principes  les  conduifent  à  approu* 
ver  prefque  toâles  tes  Religions, 
.    à  ouvrir  un  chemin  large  pour  le 
Ciel;  origine  du  mot  ïatitudinairc^ 
On  les  appelle  aùtremetit  tolérons. 
XAXIXJM'^  nom  d'une- anciênoe^on- 


LAT 

trée  dltalie'i  qui  ét^t  fituée  au  te^ 

'  vaut  du  Tibre  »  8c  au  midi  da  Te* 

verone.  La  Mythologie  nous  dit  que 

•  Saturne  ayant  été  chalTé  du  Ciel  par 
fon  fils  Jupiter  »  ie  tint  caché  qùel^ 
que  temps  dans  cette  contrée  y  de 

'•  que  du  mot  laiere  y  fe  cacher ,  étoit 
venu  le  nom  de  Latium ,  &  cel^  de 
Latim  que  prirent  le  pays  8c  le$  ha« 
bitans* 

Sttabon  prétend  que  Tancien  La^ 

'  tium  renfermoit  un  très-^petit  pays^ 

^  qui  s'accrut  infenfiblement  par  les 
premières  viâoires  de  Rome  coq;- 

'^  tre  fes  voifins  ;  de  forreque  de  fon 
temps  9  le  Latium  comprenoit  plu- 
fieurs  peuples  qui  n'appartenoient 
point  à  l'ancien  Latium ,  comme  les 
Kutules ,  les  Volfques ,  les  Eques  ^ 
les  Herniques ,  les  Autunces  ou  Au* 
fenesj  jufqu'à  Sinueffe  ,  c'eft-à- 
dire  >  une  partie  de  la  terre  de  La« 
bout,  jufqu'au  couchant  du  golfe 
<te  Gaëte. 

U  faut  donc  diftinguer  le  Latium 

'  ancien  du  Latium  nouveau  ou  aug- 
menté. Les  Rutules  »  les  Volfques  ». 
tes  Eques  ,  tes  Herniques  »  les  Au- 
runces  exclus  de  l'ancien  Latium  j, 
font  cotti^is  dans  le  fecond. 

Selon  Tibère  Circéîus  »  l'ancieft 
Latium  n'avoir  que  cinquante  mille 
pas  de  longueur. 

LATKIOS  -,  incieu  nom  d'une  mon- 
tagne d'Adé  »  fituée  en  partie  dans; 
rionift  y  8c  en  partie  dans  la  Carie*. 
Elle  eft  célèbre  dans  la  Mytholoeiet 
'  par  les  amours  de  Diane  &  d'Endy- 
mioh. 

LATOB1US  ;  nom  d'un  Dieu  des^  an- 
ciens Noriques  qu'oii  foupçonne 
avoir  été  le  Dieu  de  la  Santé..       ' 

LATOIDE  ;  adjeftif  féminin  8c  ter- 
me de  Mythologie.  Surnom  de 
Diane  qui  fut  ainu  appelée,  parce^ 
^n'elie  éroit  fîlle  de  Latone. 

LATQMlE-i   fubftantif' fcmiûijr  & 


LÀt 

terme  ifHiftoire  Adcieoiie.  Car^l 
rière  où  l'on  fenfermoic  des  prifon^ 
niers.  Denys  tyran  de  Syracufe» 
fie  creufer  dalis  le  roc  une  lacomie 
qui  avoir  un  ftade  de  longueur  6c 
deux  cens  pas  de  largeur  :  il  y  fie 
enfermer  le  Poète  Philoxène  »  par- 
cequ  il  n'avoir  point  approuvé  les 
vers  qu'il  avoir  compotes ,  6c  fur 
lefqneis  il  lui  avoir  demandé  fon 
opinion.  * 
LATONE  ^  nom  d'une  Divinité  des 
Anciens ,  qlii  félon  Héfiode  fut  fille 
du  Titan  Cocus  ,  &  de  Pliébé  fa 
fœur,  Jupirer  l'ayant  aimée  ^  8c  la 

{'aloufe  Jnnon  ayant  été  informée  de 
'intrigue,  fufcita  contre  cette  ri-^ 
vale  un  monftre  appelé  le  Serpent 
Python  iqui  la  pourfuivoit ,  de  ma- 
nière à  l'empîcher  de  trouver  fur 
la  terre  un  endroit  où  «lie  pût  {ac- 
coucher tranquillement.  Neptune 
touché  de  fon  état,  fit  d'un  coup 
de  fon  tridenr ,  foriir  du  fond  de  la 
mer  une  île  qu'on  nomma  Delos  : 
Latone  s'y  réfugia  ,  6c  y  mit  au 
monde  Apollon  &  Diane.  Les  habi- 
tans  de  cette  île  lui  bâtirent  un  tem- 
ple :  elle  en  eut  un  autre  dans  Ar- 
gos,  remarquable  par  fâ  magnifi- 
cence 8c  par  la  ftatue  de  cette 
péeflTe  qui  croit  de  la  main-de  Pra- 
xitèle :  Latone  (ai  encore  révérée 
en  plufieurs  autres  endroits ,  &  par- 
ticulièremenr  dans  la  ville  de  Ôuto 
en  Egypte ,  où  elle  eut  un  oracle 
trcs-reft>eûé. 

LATONE  i  c'eft  félon  Ptolémée ,  une 
ancienne  ville  d'Egypte,  fur  le  Nil. 
Elle  fut  ainfi  appelée  du  culte  qu'on 
y  rendoit  â  Latone. 

LATOUR  j  bourg  de  France  en  Gaf- 
cogne  ,  à  deux  lieues  ,  fud^fud- 
oueit ,  d*Aurignac. 

LATRAN  j  (  S.  Jean  de  )  nom  d*une 
Bafilique  de  Rome  ,  qui  eft  la  plus 

'    ancienne  Èglife  du  ficge  des  Papes» 


LAT  41^ 

Ella  a  donné  fon  nom  i  plufîeurs 
Conciles  Généraux  :  le  premier  7 
fut  célébré  en  1115  ^  fous  le  Pape 
Calixte  II.  Il  s'y  trouva  plus^de 
trois  cens  Evêques  y  &  plus  de^fix 
cens  Abbés.  Il  ne  nous  en  refte  que 
vingt-deux  canons,  qui  font  tirés, 
pour  la  plupart ,  de  plufieurs  Con-» 
ciles  précédens.  Le  dix-feptième 
défend  aux  moines  d'admmiftrer 
publiquement  la  pénitence,  &  les 
Evèquesy  firenr  beaucoup  de  plain- 
res^contre  eux ,  les  accufant  d'ufiir- 
per  leurs  droits  avec  une  ambition 
mfupportable. 

Le  (e(;pnd  Concile,  qui  eft  le 
dixième  Concile  Général ,  fur  célé- 
bré Tan  IIJ9,  le  8  Avril.  Plu^  de 
mille  Evêques,  auxquels  préfida  le 
Pape  Innocent  II,  s'y  trouvèrent. 
Le  but  de  ce  Concile  ctoit  de  réu- 
nir l'Èglife,  qui  avoit  été  troublée 
par  le  fchilme  de  Pierre  de  Léon. 
On  y  fit  trente  canons  prefque  tous 
répétés  mot  pour  mot  du  Concile 
de  Reims,  de  Tan  1151,  mais  di- 
vifés  autremenr.  On  y  condamna  les 
nouveaux  Manichéens,  6c  les  er- 
reurs d'Arnaud  de  BrefTe  ,  ancien 
difciple  d'Abailard.  Ce  même  Ar* 
naud  déclamoir  contre  le  Pape ,  les 
Evèques ,  les  Clercs  &  les  Moines, 
ne  ftattant  que  les  Laïques.  On  dé« 
ppfa  les  Eveques  ordonnés  par  les 
5ch  if  ma  tiques.  On  défendit  aux 
Laïques  de  potlcder  des  dixmes  ec- 
cléfiaftiques  fous  peine  de  damna- 
tion. 

En  1179,  un  troifièmé  Concrle  > 
qvîi  eft  le  onzième  Concile  Général , 
y  fut  célébré  par  le  Pape  Alexandre» 
affîftéde  trois  cens  deux  Evèques» 
de  tous  les  pays  Catholiques  ,  avec 
TAbbé  Neâaire  ,  qui  y  affiftoit  au 
nom  des  Grecs.  Il  y  eut  trois  ScC* 
fions  ;  la  première  fe  tint  le  y  ,  la 
féconde  le  14  »  6c  la  troillcme  le- 19 


4i^  t  A  T 

Mars*  On  y  fie  vingc^rept  cahôns. 
Le  premier  eft  poar  prévenir  les 
fchifmes  qui  poavoienc  arriver  à 
1  cledlion  du  Pape  :  on  décida  que 
Téleâion  ne  feroic  valable  que 
quand  on  auroic  les  deux  tiers  des 
voix ,  8c  que  celai  qui  n'auroir  pas 
ce  nombre  j  Se  qui ,  nonobftaa  c  ce- 
la ,  oferoic  fe  dire  Pape  j  feroit  pri- 
vé de  tout  ordre  facre ,  &  excom- 
munié. Les  Evèques  y  portèrent  des 
.  plaintes  contre  les  ordres  militaires 
des  Templiers  &  Hofpitaliers.  On 
y  défendit  aux  ordtes  religieux  de 
recevoir  des  novices  pour  de  lar- 
gent« 

Le  quatrième  Concile  Général  de 
Latran ,  qui  eft  le  plus  important  de 
tous  c^ux  qui  portent  ce  nom  rfut 
célébré  en  1^15  fous  le  Pape  Inno- 
cent m  'y  c'eft  le  douzième  Concile 
Général*  Il  s'y  trouva  quatre  cens 
douze  Evèques  >    huit  cens ,  tant 
Abbés  que  Prieurs ,  des  ÂmbafTa- 
deurs  des   Empereurs j  des  Rois, 
Se  un  grand  nombre  d  autres  Prin- 
ces Catholiques.  On  y  fit  foixante- 
.    dix  canons.  Le  premier  eft  une  ex- 
pofîtion  de  la  foi  de  TÉglife  ,  faite 
contre  les  Hérétiques  du  temps.  Se 
principalement  contre  les  Albigeois 
$c  les  Vaudois.  Il  y  eft  dit  qu*il  n*y 
a  qu'une  Églife  hors  laquelle  on  ne 
peut  être  uuvé.  On  n'y  reconnoît 
qu'un  facrifice  »  qui  eft  celui  de  la 
MefTe ,  où  le  Corps  Se  le  Sang  de 
Jésus-Christ  font  véritablement 
contenus  au  Sacrement  de  l'Autel* 
Le  terme  de  tranfubfiandation  y  eft 
^onfacré  pour  fignifier  le  change- 
ment que  Dieu  opère  au  Sacrement 
de  l'Euchariftie ,  comme  le  mot  de 
confubftantiel  fut  confacré  au  Con- 
cile de  Nicée ,   pour  exprimer  te 
myftère  de  la  Trinité.  Lanfranc  & 
Guimond  s'en  étoient  déjà  fervis 
.contre   Bérenger.    On    condamna^ 


XAT 

tuffi  le  traité  de  l'Abbé  Joachlm  fur 
la  Trinité  contre  Pierre  Loa&- 
bard. 

Le  troiûème  canon  anathémacife 
coures  les  heréfies  contraires  i  i'ez- 
poiîtion  de  foi  ptécédente»  &  ajoute 
que  fi  le  Seigneur  temporel  ad- 
monefté  néglige  de  purger  fa  terre 
des  Hérétiques  »  il  (era  excommu- 
nié par  le  Métropolitain  Se  fesSuf- 
fragans  j  &  s'il  ne  fatisfair  dans 
l'an ,  on  en  avertira  le  Pape ,  afia 

Îp'il  déclare  fes  vaflaux  aDfous  da 
erment  de  fidélité ,  &  qu'il  expofe 
fa  terre  i  la  conquête  des  Catholi- 
ques. Il  eft  vifible  que  dans  ce  dé- 
cret ,  on  entreprenoir  contré  lau- 
torité  féculière  »  néanmoins  aucan 
des  Ambaflàdeurs  qui  éioient  pré- 
fens  9  ne  réclama  contre.  On  ac- 
corda aux  Catholiques  qui  fe  croi- 
feroient  contre  les  Hérétiques ,  la 
même  indulgence  qu'à  ceux  qui 
vont  à  la  Terre- Sainte.  On  y  régla 
la  manière  dont  les  Supérieurs  ec- 
cléfiaftiques  feroienr  renus  de  pro- 
céder pour  la  punition  des  crimes. 
Il  y  eft  défenduanxClercsde  jugera 
morr ,  ni  d'aflifter  à  aucune  exéca* 
tion  fanglante. 

Le  canon  1 1  ordonne  que  chaque 
fidèle  de  l'un  Se  de.  l'autre  feze» 
étant  arrivé  à  Tâge  de  difcrétion, 
confe(fe  k  fon  propre  Prêtre ,  au 
moins  une  fois  l'an ,  tous  fes  pé« 
chés ,  Se  accomplifle  la.  pénitence 
qui  lui  fera  impofée.  Cliacun  doit 
auffi  recevoir  au  moins  à  Pâques  le 
Sacremenr  de  l'Euchairiftie  »  fi  fou 
propre  Prêtre  ne  lui  confeille  de 
s'en  abftenir  pour  un  temps  3  autre- 
ment il  fera  chafie  de  l'EgUfe  ^  & 
privé  de  la  fépulture  eccleuaftiqoe. 
Si  quelqu'un  veut  fe  confelfèr  à  un 
Prêtre  étranger ,  il  faut  q«'ilen  ob- 
tienne la  permiflion  de  fon  propre 
Prêtre  ^  parceque  l'autre  ne  f^ut 


LAT 

ftiis  cela  I  ni  le  lier ,  ni  Tabioucii^e. 
Oeft  le  premier  canon  qui  ordonne 
généralement  la  confeuion  facra- 
menrelle.  Il  fac  défendu  dans  ce 
Concile  d'établir  de  nouveaux  or- 
dres religieux. 

Le  canon  50  réduit  la  parenté  au 
quatrième  degré  ,  pour  qu'elle 
puifTe  être  un  obftacle  au  mariage. 
On  rétendoit  auparavant  jufqu'au 
feptième. 

Tous  les  canons  de  ce  Concile 
font  ftu  nom  du  'Pape ,  iî  ce  n*effi 
que  dans  quelques-uns  y  on  ajouta 
la  daufe  ,  avec  l*àpprobÀdon  du 
faint  Concile ,  qu'on  trouve  poU|:  la 
première  fois  au  troifième  Concile 
de  Latran.  £lle  fert  i  déclarer  que 
les  décrets  n'anroient  point  leur 
pleine  autorité  fans  le  confente- 
ment  6c  rapprobacion  du  Concile 
repréfentant  TÉglife  Univerfelle* 

Le  cinquième  Concile  Général 
de  Latran  fut  convoqué  en  1 5 1 2  par 
Jules  II 3  pour  mettre  fin  au  fchif- 
me  qu'occafionnoit  le  Concile  de 
Pife.  L'ouverture  s'en  fit  le  3  Mai. 
Il  s'y  trouva  quinze  Cardinaux ,  près 
de  quatre-vingts  Archevêques  ou 
Evëques  tous  Italiens  »  &  fix  Abbés 
Généraux  d'Ordre.    La  première 
Seflion  fe  tint  le  10  Mai  »  6c  Ton  y 
nomma  les  Officiers  du  Concile. 
Dans  ia  féconde  y  le  17  du  même 
mois»  on  lut  la  Bulle  d'approba- 
tion du  Conctie.  Dans  la  troifième» 
tenue  en  Décembre  »  TEvèque  de 
Gurck  déclara ,  au  nom  de  TEmpe- 
reur ,  qu'il  approuvoit  le  Concile ,  I 
6c  qu'il  renonçoir  ï  tout  ce  qui  s'é- 
toit  fait  a  Pile.    La  quamemer;  fe 
tint  le  1 0  du  même  mois  ;  on  y  cita 
.  les  fauteurs  de  la  pragmatique  fane- 
tîon  â  comparoitre  dans  fdixante 
jours.  t)ans  la  cinquième ,  on  dé- 
cerna une  nouvelle  monition  contre 
J'Églife  de  France  9  pour  répondre  I 


LAT  43  t. 

fur  cette  pragmatique.  Cette  fef« 
fion  fe  tint  le  1 6  Février  1515:  le 
Pape  ne  put  y  iffifter  ^  i  caufe  d'uiie 
maladie  dont  il  mourut  dans  la  nuit 
du  10  au  II  du  même  mois.  Le 
Pape  Léon ,  fuccefleur  de  Jules  II  » 
tint  la  iixième  le  27  Avril  j  ic  fur  la 
proportion  qui  y  fut  faite;  d'une  ci- 
tation contre  k  eontuhiacè  des  Fran- 
çois dans    Taffaire  de  la  pragma- 
tique y  ce  pontife  ne  voulut    pas 
y  confentir  par  ménagement  pour 
la  France.  Dans  la  feptième  »  le  1 7 
Juin ,  on  ^ut  la  rétraâation  de  deux 
Cardinaux  du  Concile  de  Pife^  qui 
condamnoient  tous  les  aâes  de  ce 
Concile  ,  &  approuvoient  ceux  de 
Latran.  Dans  la  huirième  ,  le  17 
Décembre ,  les    ambatfadeurs  du 
Roi  Louis  XII  renoncèrent  aufli  au 
Concile  de  Pife  ,  &   reconnurent 
celui  de  Latran.   Le  Pape  donna 
dans  la  neuvième  renue  le  $  Mai 
1 5 1 4  ,   Tabfolution  aux  François 
abfens  qui  Aiivirent  ces  exemples  % 
6c  l'on  y  fit  un  décret  pour  la  ré- 
formation  du  clergé  de  Rome.  On 
dreflà  quatre   décrets  dans  la  di- 
xième  feflion  tenue  le  4  Mai  1 5 1 5  : 
le  premier  fur  les  monrs  de  piété , 
le  lecond  pour  le  clergé  »  le  troi*- 
fième  fur  Timpreffion  des  mauvais 
livres ,  &  ie  quatrième  pour  obliger 
les  François  à  venir  dire  les  raifons 
qu'ils  avoient  de  s'oppofer  à  l'abo- 
lition de  la  pragmatique  fanckion. 
Dans  la  onzième,  le  19  Décembre, 
on  lut  la  pcofeffion  des  Maronites  » 
où  ils  recopooi(Ibient.  que  le  Saint 
Efptat  ptbcéde  du  Père  6c  du  Fils , 
î  comitte^ti'un  feul  principe  &  d  une 
unique  fpiration  ;  qu'il  y  ayoit  un 
purgatoite  ,  qu'il  nilloit  confelTer 
fes  péchés ,  &  communier  au  moins 
une  fois  Tan.  On  abolit  enfuite  la 
pragmatique   fanâion  y  6c  on  lui 
lubttitua  le  concordat    conclu    î 


4J*  LAT 

-  Boiogae*  le  i^  Août  de  la  même 
année ,  encre,  deux  Cardinaux  & 
le  Chancelier  Dctbrat  »  de  la  part 
de  leurs  maîtres  relpeâifs.  Dans  la 
douzième  qui  fut  la  dernière  f  ce- 
c  nue  le  \6  Mars  1 5 1(>  »  on  lue  une 
'  bulle,  où  lonordonnoic  une  im- 
poficion.des  décimes  »  pour  être 
empbyée  à  la  guerre  concre  les 
Turcs ,  enfuite  de  quoi  un  Cardi- 
nal dit  1  haute  voix  :  MefEenrs , 
allez  en  paix  ,  le  Concile  n'eft  pas 
un  Concile  général.  Plufieurs  Théo- 
logiens ne  le  regardent  pas  non  dIus 
comme  tel  ,  &  Bellarnoin  même 
laiflTe  la  liberté  de  douter  qu'il  le 

foie. 

On  appelle  Chanoines  de  Saint 
Jean  de  Latran ,  des  Chanoines  qui 
croient  autrefois  réguliers.  Le  Pape 
St.  Léon  le  grand  les  oblieea  en  440 
à  vivre  en  commun  fous  Ta  conduire 
de  Gelait ,  qui  depuis  fur  un  de  U% 
fucceflTeurs.  Âyanc  renoncé  enfuite 
ila  vie  commune  >  on  les  contrai- 
gnit en  106^  de  la  reprendre  »  & 
de  fe  conformer  aux  règlemens  du 
Concile  tenu  i  Rome  cette  année- 
là  :  d'autres  Êglifes  furent  mifes 
fous  la  dépendance  de  celle  de  La- 
tran ,  &  formèrent  en femble  une 
congrégation  qui    fubfifta    jufque 
vers  l'an  i  a^  5  •  Boniface  VllI  chafla 
alors  les  réguliers  pour  mettre  à^% 
féculiers  à  leur  place.   Ceux-ci  fu- 
rent paifibles  poireffeurs  de  TÈglife 
de  Latran  jufqu'en  1441.  Mais  Eu- 
gène IV  ayant  voulu  alors  qu'ils  la 
cédaflent    i  des    réguliers  de    la 
congrégation  de  Saince  'Marie  de  la 
Frifbnaire  j  ce  changetneac  oaiifa 
de  vives  conteftacions.  Les  Romains 
épousèrent  fi  vieoureufement  les 
intérêts  des  fécuuers  ,  que  le  Pape 
Sixte  II  prit  le  parti  de  donner  en 
147 1  le  titre  de  Chanoines  réguliers 
de  Saint  Sauveur  de .  Lacc^ii  â  ces 


LAT 

)  tégafieri  étrangers ,  &  de  lent  faire 
bâtir  au  milieu  de  Rome.  lîÈ^gÛfe 
de  Notre-Dame  dû  la  paix.  Il  latfla 
par  cet  arrangement  celle  de  La^» 
tran  aux  fécuuers  qui  n'y  ont  pas 
été  troublés  depuis.  Les  Rois  de 
France  préfentent  deux  de  ces  ?Cha- 
noines  au  Pape  ,  en  confidécation 
des  biens  qu'ils  ont  faits  i  T^life. 

LATRESEY  j  bourg  de  France, icn 
Bourgogne ,  à  deux  lieaes  ,  fiid- 
oueft ,  de  Chateau-Vilain. 

LATRIE }  fubftantif  féminiiu  Terme 
confacré  dans  le  langage  de  l'Églife 
&  de  la  Théologie»  &  qui  n'a  d'ufage 
qu'en  cette  phrafe  »  culu  de  latrie  ^ 
pour  fignifier  le  culte  qui  n'appar- 
tient  qu'à  Dieu  feul. 

LATRINES;  fabftanuf  féminin  plu- 
rieh  Latrina  forica.  Retrait ,  priré» 
lieu  où  l'on  fe  décharge  le  veni^. 
Il  y  avoit  autrefois  à  Rome  des  la* 
truies  publiques  garnies  d* éponges, 
f^efpafien  mit  un  impôt  fur  les  la- 
trines* 

L  ATT  A  Y  \  bourg  de  France  en  An- 
|ou  »  dans  TÈledion  d'Angers. 

LATTE  ;  fubftantif  fémin.  Pièce  de 
bois  dé  fente ,  Un^ue  »  étroite  & 

•  plate  y  qui  fair  partie  de  la  couver- 
.  ture  des  nuifons  »  &  qui  s'attache 

fur  les  chevrons  pour  porter  la  tui- 
le  I  Tardoife  »  te  les  auttes  matière» 
qu'on  emploie  au  même  uiaee. 

On  appelle  latte  volicc ,  celle  qui 
fert  i  porter  l'ardoife.  Et  latte  join^ 
t'ive  ,  celle  qu^on  taet  aux  pans  de 
charpente  pour  recevoir  &  tenir  un 
enduit  de  plâtre. 

On- appelle  contrelatu  ^  la  latte 

.    attachée  en  hauteur  fur  une  autre 

latte  q«*elle  opupe  à  angle  droit  on 

*  oblique.  Et  lattù  defciagc  y  celle  qui 
eft  taillée  i  la  fcie. 

Latti  ,  fe  dit  auffi  des  échelons  dts 
ailes  d'un  moulin  a  venc  »  fur  lef- 
quels  la  toile  eft  tendue. 

Lattis, 


LAV 

Xattis  ^  ie  (Kt  en  termes  de 'Marine  » 
de  petites  pièces  d^  bois  fore  min- 
.ces ,  qu'on  mec  encre  les  baux  j  les 
i>arrocs  &  les  barrotins  du  vaif- 
ieau. 

On  appelle  lattes  de  caiUebotis  , 
^e  petites  planches  cefciées  qui  fer- 
ment â  couvûr  les  barrocinsdes  cail- 
lebocis.  £c  lattes  de  gabarit ,  des 
lacces  qui  fervent  i  former  les  fa- 
çons d'un  vaifleau  en  lui  donnant  la 
xondeur.  Elles  font  minces  &  ova- 
les en  ciranc  de  Tavant  vers  le  mi- 

,  lieu  9  carrées  au  milieu  ,  &  rondes 
par  Tavant  ;  &  aux  flûtes  elles  ont 
xecte  dernière  forme  i  l'avant  ôc  â 
i'arrière. 

On  appelle  »  lattes  de  galère ,  des 
-craverfes  ou  longues  pièces  de  bois 
qui  foutiennent  la  couverture  d'une 
tgalère* 

La  première  &llàbe  eft  brève  ,  Se 
la  féconde  très-brève. 

LATTE  9  JEE;  participe  paflif.  Feye^ 
Latter 

L ATTER  ;  verbe  aéfcif  de  la  première 
conjugaifon  ,  lequel  fe  conjugue 
xomme  Chanter.  Garnir  de  lattes. 
Latter  un  comble. 

La  première  fyllabe  eft  brève  » 
&  la  féconde    longue  ou  brève* 

LATTIS  j  fubftantif  mafculio.  Ar- 
xangemeot  des  lattes  fur  un  comble. 
Le  lattis  riefi  pas  encore  achevé* 

La  première  fyllabe  eft  brève  »  & 
la  féconde  longue. 

LAVABO  ;ienne  larin  employé  fabf- 
cantivement  flans  nos  Églifes  pour 
fignifiec  >  1  ^y  Taâion  du  Prctre  qui 
ie  lave  les  mains  pendant  la  meflè. 
%^.  La  partie  de  la  mellè  où  fe  fait 
cette  aâion.  }^.  Le  linge  avec  le- 
quel le  Prêtre  s'efluie  les  doigts 
aptes  fe  les  être  lavés.  4^.  La  carte 
00  font  écrites  ces  paroles  lavabo  , 
&c  •  On  dir  aujourd'hui  ie  pfeaume 
Tome  XV % 


LAV  433 

tOBC  entier  :  on  n'en  récitoit  autre* 
fois  qu'un  verfet  j  du  moins  dan* 

IJufieurs  Èglifes.  Les  Chartreux  & 
es  Dominicains  ne  continuent  le 
pfeaume  que  jufqu'â  ce  verfet  ex- 
clttfivenienc»  neperdascum  impiis, 
6cc. 

LAVAGE;  fubft^tif  nuifculin.  Ac« 
cion  de  laver.  On  recommande  aux 
palefreniers  le  lavage  des  pieds  des 
chevaux. 

Lavage  ,  fendit  au(S  d'une  cropgrande 
quancité  d'eau  répandue  pour  laver. 
Quel  lavage  a-t^n  fait  dans  cette 
chambré  ^  on  y  a  jeté  trop  d*eau  f 

Lavaos  ,  fe  dit  encore  des  alimens 
&  des  breuvages  où  Ton  a  mis  plus 
d'eau  qu'il  a'auroic  fallu.  On  nous 
fervit  un  potage  qui  tCétoit  que  du  Ut'- 
vqge.  Il  y  a  trop  d'eau  dans  cet  or^ 
geat,jce  nejl  que  du  lavage. 

Lavage,  Ct  die  au(fi  quand  on  prend 
beaucoup  d'eau  »  de  tifanne  ^  &c. 
Tout  ce  lavage  lui  4i  dérangé  Vefio* 
mac. 

LAVAGB^fedit  en  termes  de  Boy  au- 
diersy  de  la  première  préparacion 

Sue  ces  ouvriers  donnenc  aux  boyaux 
onc  ils  veulent  faire  des  cordes» 
laquelle  condfte  à  en  faire  fortic 
toute  l'ordure  <}ui  y.  eft  contenue* 

Lavag£»  fe  dit  dans  le  travail  des 
mines»  d'une  opération  qui  con* 
fifte  à  laver  le  minéral  pour  dégager 
la  partie  métallique  &  propre  a  erre 
fondue ,  des  parties  terreuies ,  piet- 
reufes  &  fablonneufes  qui  y  font 
jointes. 

La  première  fyllabe  eft  brève» 
la  féconde  longue  &  la  troifième 
très-brève. 

LAVAGNA^  petite  ville  d  Italie,  fur 
la  côte  orientale  de  l'état  de  Gènes» 
près  de  Tembouchure  d*une  rivière 
de  même  nom  dans  la  mer  de  Gênes. 
Cette  rivière  a  fa  fource  dans  l'A- 
pennin, à  dix  milles  »  eft  »  de  Gènes. 

lii 


4t4  tAV 

LAVAL  ;  ? ill<i  confidérabl^  de  Fraflèe , 
dans  le  Maine,  à  fix  lieues,  fad-fiid- 
oaeft,  de  Mayenne,  6c  i  cinquante- 
haiilieuesj  oueft-fod-oueft,  de  Paris, 
foas  le  t^*  degré,  5  1  annuces,  50 
fécondes  de  longitude ,  Se  le  4&e  de- 
gré ,  4  minutes,  10  fécondes  de  la- 
titude. C'eft  le  (tige  d'uti  Préfidial  » 
d'une  £le£kteit ,  d  ub  Grenier  â  Sel , 
d'une  Maîtrife  particuliète  des  Eaux 
&  Forêts,  d'une  Juridiâion  confu- 
kite ,  &e.  Il  7  a  trois  Paroifles ,  deux 
Eglifes  collégiales^  des  Chanoines 
réguliers  de  la  CoDgrégàtioa  de 
France ,  des  Jacobins  »  des  Cof  de- 
liers ,  des  Capucins ,  des  Filles  de 
^  Sainte  Claire,  des  Filles  de  l'Ordre 
de  Sainr  Benoît  ,  des  Urfulines  , 
des  Horpiralières  ,  &c.  &  l'on  y 
compte  environ  tSooa  âmes.  11 
s* y  fabrique  une  trèsgrande  quan- 
tité de  toiles  qui  fe  coi^fommetit 

•  dans  le  Royaume ,  en  Efpagne ,  en 
l^ortttgal,  dans  les  îles  de  l'Amé- 
rique ,  &c.  C*eft-U  où  naquirent  le 
farant  Médecin  Guiltauttie  Bigot ,. 
qui  ftoriffoit  fous  Françc^s  precdier, 

:  Bc  le  fameux  Chirurgieh  Ambi^oîfe 
t  Paré,  qui  mourut  en  tj9^i* 
LAVANDE  ^fubftantîfféminim  La- 
vandala  majon  Sorte  d'arbufte  qui 
poUfTe  Ats>  tiges  dures  y  ligneufes  \ 
carrées  s  à  la  hauteur  de  deux  ou 
crois  pieds.  Ces  tiges  fom  chargées 
datis  toute  leur  longueur  de  feuilles 

*  longues  6c  étroites,  blanch&tres,  & 
terminées  par  des  épis  <)è  fleurs  la- 
biées. Toutei  les  parties  de  la  plante 
ënt  une  odeur  aromatique  &  agréa- 
Me..  Aux  Aeurs  fuccèdent  quatre  fe- 
mences  >  qui  n*onr  pour  envelop[>e 
eue  le  calice ,  au  fond  duquel  elles 
%e  rroUYoienr.On  diftingue  pln/teurs 
efpèces  de  lavandes ,  dont  les  unes  , 
comme  la  lavande  fTE/pagntyOni  les 
feiiilUs  blanches^  d'autres  comme 
Ik  iayandc  fcmcUc^ont  les  feuilka 


LAV 

étroites  j  d'antres  les  feuilles  îargèf  » 
telle  que  ceUe  que  l'on  nomme  la. 
lavande  mâle ,  \tjpic  ,  Va/pic  ou  nard 
commun  ^Xz  lavande  à  feuilles  d'olivier;, 
enfin  les  lavandes ,  dont  les  fleurs 
fonr  rarnatféeS  en  tète,  &  qu'on  ap- 
^Wtjloéchas. 

La  lavande  eft  une  plante  fore 
belle  dans  le  mois  de  Juin  ,  quand 
elle  eft  chargée  de  fes  épis  de  fleurs 
bleues  ou  blanches ,  qui  répandent 
ime  odeur  rrèsr-agréable.  Cette  plante 
fi'eft  point  délicate  >  elle  vient  par* 
tout ,  &  elle  fe  multiplie  par  dra- 
geon^ enracinés.  Elle  viem  d'elle- 
même  dans  le  Languedoc  ^  dans  ce 
pays-ci,  on  n*en  cultive  que  dans  les^ 
jasdins.  Il  eft  bon  de  tranfplanrer  \t% 
gros  pieds  tous  les  trob  ou  q^aatre 
ans. 

En  pharatacie  8c  en  médecine^ 
00  em^dié  pàrci<:ulièremeiu  les  épis 
des  fleurs  de  la  lavande  femeUe.  Oa 
retire  par  la  dtftillation  des  cahcet 
de  ces  fleurs ,  cueillies  quand  le  plas 
grand  nombre  eft  épanoui ,  une  huile 
élfentiellej  àbdndaore  &  très-aro- 
mariqué ,  qui  a  paHé  pre£qtle  entiè- 
rement des  autres  parties  de  la  plante 
dânir  celle^i  par  le  progrès  de  la  vé- 
gérafion. 

Les  pétales  de  ces  fleurs  ne  con* 
neniienr  point  de  ce  principe  :  la 
inertie  obfervàrioh  a  été  faite  fat 
toures  les  Aeurs  de  la  clafle  des  la- 
biées de  Tofltt^fort. 

Quand  on  fair  la  récolbe  des  flieurt 
ou  plutàt  des  calices  de  lavande  t  our 
doit  avoir  grand  foin  de  ne  pas  les 
eardét  en  tas  ,  tar  les  flieurs  s'écfeauf* 
rent  prompterheiir ,  ft  perdent  par 
cette  altération ,  qui  peut  arriver 
en  meins  de  quatre  heures  >  tout 
l'agrément  de  leut  patfum  ^  uiie 
partie  de  leur  huile  e(!entieHe  peut 
tmme  être  diflipée  ou  détruite  put 
ce  moiivement  imeftlow 


2 


t'AV 

On  <loic  donc  »  fi  on  le<  ileftinp  â 
U  difiiUation ,  y  procéder  imméd^a- 
tenaeac  apr&s  qu'elles  font  cueillies , 
on  les  «wre  féchef  fur  U  champ  , 
ea  les  çlairfimant  fur  des  litres  ou 
for  des  çamis,  fi  oo  fe  propose  de  les 
garder. 

On  pccpare  auSi  avec  ces  c^Iipes 
«M  eau  fpirittteufe^  connue  fous  le 
«om  à'cfprit  de  lavande  j  &  une  •cein- 
ture a?ec  lelpric-de-vin  ou  leau* 
de-vie ,  connue  fous  le  nom  d'tau^ 
dc^vie  de  lavand^Çf 

La jtqueur  appel^e^tfir  de  lavande  » 
dont  l'uîis^e  ppui;  les  £<Hler.cps  left 
%Sei  connu,  qui  biancàif  avec  ^eau  » 
&  que  les  H^Ugîeafeis  d^  U  Made- 
laine  de  Treinei  fenc  eo  pofièfiion 
de  vendre  à  Paris 9  oeft  autre  chofe 
aune diflbkicion  d'huile  eiTenjûçUe 
e  lavande  dans  de  Telpr^t-de-yin. 
Oo  prêtre  avec  ratfon  cecpp  liqueur 
d  relprk  &  i  l'eau-de-vie  de  Uofondei 
fioB  parfum  eft  plus  doux  »  plus.?gi:éa- 
ble.  Lorsqu'on  la  frorte  ^niri^  les 
inains,  elle  ne  )ai(r^  point  de  queye  ^ 
c'jçft-irdirr*,  qu'elle  n'exhale ,  pqinr 
une  odeur  forte  .&  r^Sneufe ,  A)u'on 
trouve  dans  les  deux  autres  li- 
coeurs* 

Pour  faire  de  la  bonne  eau  fJe  la- 
wande  de  Treinel  (  comme  on  rap- 
peUe  i  Paris)  »  il  n*y  a  ^«'4  verler 
goutte  i  goutte  de  l'iiuil^  •JÀ:e^te 
de  lavande  dans  du  bon  ^^ric-fle- 
vis ,  &  la  mcler  en  battant  I4  liaueur 
dans  une  bouteille  j  la  doiede  rlmiie 
fe  déterminera  par  lodeur ^gréablp 

Îuacquiert  le  mcUnge.   Un   gros 
'builefuffit  ordinal cfunent  pour  une 
pinte  d  efprit-de- vin. 

L'-e^fu  diftillée  de  iov;inde ,  celle 

aui  s*eft  élevée  avec  Tboile  dans  la 
iftiltation ,  eft  fort  chargée  du  prin- 
cipe aromatique ,  R^i^iBile  eft  d'une 
.odeur  peu  aeréable. 

JUs  Ap»bic*K^s  pr^aïent^qp 


LAV  43, 

Iss  fleurs  de  lavande  une  conferve 
qui  eft  fort  peu  ufitée.  Les  prépara* 
rions  chimiques  dont  on  vienf  de 
parler  ».  oe  font  au/fi  que  rarement 
mifes  en  ufage  dans  le  trait^mçnt 
des  inaladies  ;  on  fe  ièrt  fe^leipent 
de  r/efpxit  >  de  Teau pu  de  leau-de- 
vie  de  Javande.  contre  les  œeurtrif* 
fures ,  Içs  plaies-  légères ,  les  écor- 
cliMJ^s,  &c.  Mais  pn  ne  fe  fertde 
ces  remèdes  que  parcequ'on  les  a 
plutôt  fous  la  main  que  de  Tefprit- 
de  irin ,  ou  de  Teau-de-vie  pure^ 

C'eft  nir  la  même  raifon  quon 
flaire  w  uacoo  d'eau  de  lavande  d^ns 
les  évanpuifTçmens. 

Les  calices  de  lavande  ^  foit  frais  » 
£>it  ié^hés ,  font  prefque  abfo{umenc 
inufités  dans  les  prefcriptions  magif- 
rra|es^  ipais  il^  font  employés  d#ns 
4in  très-jsraod  nombre  .ae  prép^a* 
lions  pmcinales,  tant  intériei4res~ 
qu'extérieur^  ,  parmi  Ufqoelles 
celles  qpx  fpnc  d^inées  i  é/cbauffer» 
à  raniaif  r  ^  ^  exciter  la  tranfpira» 
ripn ,  i  donner  du  icpn  aux  parties 
£bl;des^  &Çp  eipprunteiu  réellem^ent . 
que^^es  propriétés  de  ces  calices  , 
qu^  ppfie^ent  éminemment  les  vei» 
tus  dpnt  00  vieut  de  faire  mpn- 
tioo» 

LAVÂNDIER;  fubftantif  raafculin. 
Oflicier  du  Roi  >  oui  eft  .chargé  du 
foin  de  faire  blancuir  le  linge.  |.l  y 
a  deux  Lavatufiers  du  corps  feryant 
fix  mois  chacun  \  un  Lavandier  de 
panneterie  bouche)  un  Lavandier 
xle  panneterie  cotumun  ordinaife  } 
dAUx  Lavandicrs  d^  cuifine  bouche 
Se  .coqimujn. 

LAVANDIÈRE)  fubftantif  féminin. 
Lotrix.  Femme  qui  lave  la  ieflive* 
Elle  na  pas  payé  la  lavandière,. 

LÀTiLNj>iàiu,  eft  aufll  le  nom  d'un 
pecitjoifeauqu  on  appelle  autrement 
Bergfironeae.  Vo^jez  ce  mat. 
Jpa  f  tepaiète  iy lUbe  eft  brèv€  »  U 

1  i  i  ij 


43<î  I AV 

feconcfe moyenne,  la  troifième  lon- 
gue >  &  la  quaCTtème  très-brève. 

LA V ANGE  j  fubftantif  féminin. 
Grande  quanti té^  de  neige  qui  tombe 
tout  à  coup  des  montagnes ,  &  par- 
ticulièrement des  Alpes ,  des  Pyré- 
nées ,  &c.  Ces  neiges  formeat  queU  i 
quefois,  quand  elles  font  aidées  par 
le  vent ,  des  maffes  immenfes  ca- 
pables d'enfevelir  entièrement  des 
maifons ,  des  villages ,  &  même  des 
villes  entières  qui  fe  trouvent  au 
bas  de  ct9  montagnes.  Ces  malfes 
de  neige  ,  fur- tout  quand  elles  font 
durcies  parla  gelée»,  entraînent  les 
maifons  »  les  arbres  ,  les  rochers , 
en  un  mot  tout  ce  qui  fe  rencontre 
.  fur  leur  paffage.  Ceurqui  voyagent 
en  hiver  &  dans  des  temps  de  dégel 
dans  les. gorges  des  A4pes ,  font  fou- 
vent  expofés  à  être  enfevetis  fbus 
ces  lavanges  ou  éboutemens  de  nti 
ges.  La  moindre  chofe  eft- capable 
de  les  exciter  fc  de  les  mettre  en 
mouvement.  C'eft  pour  cela  que  les 
guides  qui  condurfent  les  voyagçrurs 
leur  impofent  un  fflcnce  trcs-ngou- 

*  reux  lorfqu'ils  padent  dans  de  cer- 
tains défîiés  de  ces  pays  qui  ft)i.t 
dominés  par  des  montagnes  pref- 
que  per|)étuellement  couvertes  de 
neige. 

On  diftingue  deur  fortes  de  la- 
vanges :  celles  de  la  première elpèce 
ibnt  occa  données  par  des  vents  im- 
pétueux ou  des  ouragans  qui  enlè- 
vent fttbitemenr*les  neiges  des  mon 

'  tagnes ,  &  les  répandent  en  fi  grande 
abondance ,  que  les  voyageurs  en 
font.étouflfes  éc  les  maifons  enfeve- 
lies.  Les  lavanges  de  la  féconde 
cfpèce  ont  lieu  ,  lorfque  fes  nei- 
ges ,  amalTées  fur  le  Haut  des 
montagnes  &  durcies  par  les  gelées, 
tombent  par  leur  propre  poids  le 
long  du  penchant  des  montagnes, 

£iute  de  pouvoir  s'y  iburenir  plus 


t 


LAV 

long-temps }  alors  ces  tnaifey  iiK)c^ 
mes  écrafent  &  renvcrfent  tour  ce* 
qui  fe  rencontre  fur  leur  chemin. 

Rien  n'eft  plus  commua  que  ces 
fortes  de  lavanges,  &  l-oa  en  »  vis 
un  grand  nombre  d'effets  funeftes 
en  »  7  5  5  :  à  Bergemoletto ,  vill^e 
^  fiiué  dans  la  vallée  de  Stura  en  Pic- 
mont,  plufieurs  maifons  Rirent  en- 
fevelies  fous  les  lavanges  ;  il  y-  eut 
entr'autres  une  de  ces  maifons,  dans, 
laquelle  deux*  femmes  8c  deux  en- 
fans  fe  trouvèrent  renfermés  pa»  la- 
neige..  Cette  captivité  dura^  depuis 
le  1 9  du  mois  d^  Mars  jusqu'au  2$ 
d'Avril ,  jour  auquel  cesmalheureux. 
furent  enfia  délivrés.  Pendant  ces 
trente-fix  jouts,  ces  pauvres  gens 
n'eurent    d*autre    nourriture    que 
quinze  châtaignes,  &  le  peu  de  Jair 
lue  leur  (bttrni(K>it  une  chèvre  quL 
e  trouva  auflS  dans  Tctable  où  la 
lavangc  Kes  avoir  enfcvelis%  Un  des 
enfans  mourut,  mais  les  autres  per- 
fonnes  eurent  le  bonheur   de  ré- 
chapper ,  par  les  foins  qu'on  en  prit 
lorlqu'elies  eurent  été  tirées  de  cette 
âflFreufe  captivfté; 

On  donne  auffi  le  nom  de  lavanges 
de  terre  aux  éboulemens  des  terres  t 
qui  font  affcz  fréquens  dans  ces 
mômes  pays  de  montagnes  \  cela 
arrive  far-tout  lorfque  les  wrreS'Ont 
été  fortement  détrempées  par  le 
dégel  &  par  les  pluies  :  ces  foites 
de  lavanges  caufent  auffi  de  tics- 
grands  ravages. 
LAVANT;  petite  rivière  d'Alleroa- 

Ïjne  ,  dans  la  baffe  Carinthie.  Elle 
e  jerte  dans  la  Drave  à  Lavam- 
Mund. 
LAVANT-MUND  ,  ou  Lavant- 
Mynd;  ville  épifcopale  d'Allema- 
gne dans  la  Carinthie-,  au  confloent 
de  la  Drave  &  de  la  rivière  de  La- 
vant.à  1 5  milles,  eft,de  Clagenfuptb. 
LAVARDIN.;  bourg  U  charnu  de 


i 


•  Fraude  dkns^  le  «  Marne  ',  enriton  à 
trois  lieues ,  nord-oueft  y  du  Mans. 

I.  AV  ARËT  }  fubftancif  mafcuUn.  Poif- 
'  fbn  rfès-boD  à  manger  iqui  fe  trouve 

Errictthirement  dans  tes  lacs  du 
^u  rçet  Se  d*  Aiguebelecte  en  Savoie 

*  Se  qui  eft  long  d^un  pied;  Seséocâl- 
Its  font  brillttflices  comme  -de  l*4r- 

Senr,  toujours  nettes  &  bien  lavées, 
'où  vienr  probablement  lenom  de 
lavaret'.  Ce  poîdbn  re Semble  beau- 
coup â  l'alofe  &  au  hareng ,  furtout 

'  par  la:  tète  &  par  la  bouche. 

LAVASSE  j  fubAaiirif  féminin.  It  fe 
dit<d'une  pltiie  fubire  8c  i'mpérueufe 
qui  tombe  avec  abondance  &  qui 
coulé  â  grands,  ruiiTeaux.  A  peinte 
étoîtnt'ih fortis  de  la  ville,  quilfur- 
vint'  -Hfit-  lavajf^  qui  les .  obligea  de 
revenir.  «     ' 

tAYATlON}  fubftamifféminih,& 
terme  dtf  Mythologie.  Fête  que  les 
Romains  célébroîent  anciennement 
le  a^5  de  Mars  en  l'honneur  de  la 
mère  des  Dieux-,  dont  le  cuiteavoic 
été  apporté  ce  jcmr4à  de  Phrygie  à 
Rome.  La  cérémonie  confiftoÎD  à 
placer  &F  ui>'  char  la  ftauie  de -la 
'  Dé^i^Q  *  pour  aller  enfnice  la  laver 
dans  TAlmon  ï  Tendroit  où  il  fe 
jette  dans  le  Tibre. 

&AVATOIRE  ;  fubftantif  mafsulin. 
On  a'ainfi  appelé  une  pierre  qui  fer- 
voir  aurrefois'à  laver  les  corps  des 
ecclé(ia(liques  Se  des  religieux  après 
leur  mort.  On  voit  de  ce^  pierres 
dans  plufieurs  Églifes  Se  Monaftères. 
Le  lavatoireqai  eftà  Cluni  eftune 
pierre  longue  de  dx  ou  fept  pieds , 

2ui  a'  environ  fepi  pouces  de  pro- 
>ndeur.  Il  y  a  un  oreiller  de  pierre 
&  un  trou  du  côté  des  pieds  par  où 
a^écouloit  l'eau  après  qu'on  avoit 
lavé  le- corps.  Ces  pierres  ne  font 
plus  d'ufage.  Lorfqu*un  religieux 
•ft  mort  on  le  lave  iur  une  table 
daiw  le  lieu  même  pu  il  a.  expiré* 


t  A  V  43/^ 

Là  pratique  de  «laver  Ie$  nK>rts  eft 
très- ancienne,  puifqu'elle  fe  trouve 
dans  les  aâe$  des  Apotrès.  Cet  ufa- 
ge  qui  s'croit  répandu  dans  toute 
lÉglife  fe  conferve  encore  parmii 
les  religieux  de  divers  Ordres; 
LAVAUR  \  ville  épifcopale  de  France 
en  Languedoc,  fur  la  rivière  d*A-*' 
goût ,  à  huit  lieues ,  fud-oueft ,  d'Aï* 
by  j  (ous  le  i<)^  degré ,  j  i  minutes  ». 
ij  fécondes  de  longitude  ,  &  le 
4-^^  degré ,  41  minutes  de  latitude; 
C'eft  le  Siège  d'une  Jaftice  royale  ». 

Le  Chnpirrede  la  Cathédrale  eft 
compofé  de  douze  Chanoines  &  a 
trois  dignités  qui  font  le  Prevot , 
TArchidiacre  &  le  Sacrifiai n.  Le 
premier  efl:  élu  par  le  Chapitre  & 
confirmé  par  l'Èveque.  Les  cicux  au- 
tres font  a  là  nomination  de  TÈvê- 
que.  A  l'égard  des  Canonicats  ils 
fbnt  à  la  nomination  alternative  de^ 
TÉveque  Se  du  Chapitre.  L'Évêché 
deLavaur  a  été  érigé  par  Jean  XXlI 
en  v^i6\  Son  revenu  eft  d'envirt>n' 
35000  livres  de  rente.  - 

LAUBAÇH^  ville  Épifconale^d'Alle^ 
magne,  dans  la  Carniole ,  fur  une 
rivière  de  même  nom  »  i  to  lieues  » 
nord-eft ,  d'Aquilée ,  &  i  ^2  lieues,, 
fitd-ouêft ,  de  Vienne  »  /bus^le  fx^ 
degré  il  minutes  de  longitude  ,^  Se 
le  ^6^ y  lominures  de  IsFtitude.  • 

La  rivière  de  Làubaich  fè  forme 
de  deux  ruiflfeaux^  à  deur  ou  trois 
lieoes  au^defTus  de  la  ville  de  ce 
nom  &  elle  va  fe  rendre  dans  la 
Save  à  deux  lieues  au^deftbus  dé  la 
même  ville.  ; 

Laubach*,  eft  auflSle  nom  d*un  bourg 
de  la  Wétéravie  fitué  fur  les  fron- 
rières  du  Landgraviarde  Heffe»! 
trois  lieues  de  Gieflen, 

LAUBAN  ;  ville  d'Allemagne,  dans 
la  haute  Luface ,  fur  la  QoeilT,  près 
des  frontières  de  la  Siléfie  9  àquÀcre 


438.  ^AV 

Jieses  il^  CqcUs,  du  cote  de  TO- 
fîenc.Il  s'y  fait  un  comoiefce  «(lèz 
confidérable  ea  draps  en  coiUs  & 
en  fil. 

X<AUfiRIÈR£  f  bourg  de  France  «  len 
An/oU'  »  à  Ax  lieues  >,oueft-<ipiwi- 

;  oueft^.de'Châreaii  Gonner^ 

LAUDA]}  rtlle  d*Alleamgne  enFcan- 
conie ,  fur  le  Taiiber  ,  dans  TÈvè- 

.  cbi  de  WintzhcHUg ,  â  deux  lieues 
aa-dcflus  de  Mjiriefichall. 

L^^UDANUM^  fttbftanpfmafcuUn, 

,  &  terme  de  l^har^acie.  Extraie  d'o- 
pium. La  préparation  du  laudanum 
confifte  i  raire  fendre  lopium  dans 
de  Teau  fur  un  pecic  feu  »  â  le  paf- 
fer  au  travers  a  un  linge  pour  en 
féparer  quelques  impuretés  j  &  1  te 
xemectre  de  nouveau  fur  un  feu 
doux.  La  doCe  Se  les  propriétés  du 
Laudanuoi  font  Us  mêmes  que  cel- 
les de  l'ornum. 

LAUOE  ;  iubftantif  mafoulin  «  &  ter- 
me de  Coutume.  C*eft  un  droit  qui 
fe  paye  en  certains  lieux  pour  la 
.  vente  des  jnarchandifes  dans  Jes 
foires  &  marchés. 

LAiUDËR'i  bottCg  dÉcofle  dans  U 
JProvitxce  de  Mers  j  fur  une  rivière 
de  même  pom  qui  arrofe  la  vallée 
de  Lauderdale. 

LAUD£S/;  (ubftanriffémioin  ploûel. 

\  C^cceupairiticl  de  l!Office  Divin  qui 
fe.^ic  imixiédi^Kceiiient  après  Mati- 
nes» hta  Laudâs  ont  été  atn/i  appe- 
lées de  ce  iqu'elles  contiennent  ^ar- 
ticulièronMlnt  les  louanges  du  Sei- 

Î;neur»  C«ft  par  les  Laudes  que  finit 
^Office  de  la  nuit. 
LAUDICÈNES  i  fubftantif  mafculin 
plaràeh  haudicœni.  Terme -d'Anti- 
quité. C/itôit  chez  les  Remains  des 
%cxis  pay^s  pour  applaudir  aux  piè- 
ces de  rhéatc^  ou  aux  harangues  pu- 
bliques, ik  éroient  ioftruits  i  d(^« 
sier  leiifs  appUuditTemen^  ^eicon* 

wMct  1  *^xoc  fin  »  avjec  hiu»9nie  »  ^ 


mftfkie  il  y  «mh  des  msabrv.  Mffit 
Mior .  leur  len  enfeigner  Jes  tèglts  8c 
la  pratique.  On  pUçoif  les  4^ii* 
cènes  fur  U  çbéitre*  elppoiiies  les 
uiis.aax  autres  »  commeiiMs  ftifeos 

;  oaschoBursi  de  à  la  fin  du  ipefta- 
.jdb>  fk  fbf  motent  leur  chenu  d'»p* 
.p^udilliirmens  9  qui  ftts:cédoit  sux 
autres. acclamations  ^^h^iffX^f  Us 
venoiefit  toujours  ofFrtr  liwcs  fervi- 
ict%  aux  Orateurs»  tuiX AiSbvts {& 
aux  Poëres. 

LAUDICK  ^  petite  vilb  4«  U  faraude 

.  Poloene ,  fur  la  rivièl^  de  Waft|« 
dansTe  Pafauinat  de  Kaiisb  »  i  dusse 
lieues ,  nord  «  de  Kadisii. 

LAUENJN  \  bourg  de  Fcaoc»  en  Un* 
guedoc ,  i  une  Iteue  #  fud-fpd  tsft , 
de  Ba^ools.  On  y  r«ctt«iUe  d'excel- 
lent vm. 

LAVE;  fttbftantiflëikiînin.  Hti^r^i 
fondues  Se  iieBit>lahles  i  du  «être 
opaque  qui ,  àuk%  le  «temps  de  f  é« 
ruptioo  des  volcans ,  fort^t  de  Icar 
feiu  &  forment  comm^  des  tuif- 
féaux  en  flammes*  Bïlts  confiiuicnt 
&.encraineBt  lesarbiesj  les  roch^s^ 
le  fable  Se  tout  ce  qui  fe  crouve.iîic 
Leur  padage  ,  &  vont  quelauefois 
s^étendre  jufqu'à  ladiftauce  de  plus 
d'une  lieue  de  l'endroit  d'où  elles 
font  focttes.  Elles  icowrenft  de# 
campagnes  fertiles  d'une  croule  fou« 
vc^it  fort  épaiflè  ,  <&  produtfeuc  ies 
ravages  Jes  plus  gcands. 

Ces.  matières  fondues  ibot  tfès* 
longtemps  1  fe  refroidir  \  Zc  qusU 

2uefois  plufieurs  «mois  apvès  leur 
ruptioR  on  voit  encore  qu'Ai  tn 
Mrt  de  la.  fumée  ,  ce  qui  vieiMt  de 
la  chaleur*  exceflîve  donc  les  laves 
ont  iit  piénérrées^  &  de  la  grandeur 
énorme  de  leur-maflîe,»  ^ui  fait  que 
la  chaleur  s'y  eft  C0»fiervée.  Plus 
td-un  mois  apsès  ta  gcanile  érupiîoa 
du  VîéfiiiDe  utrjvée  en  117}  f  ,  lOO 
iv^!^  dégagée  Je  .gHMdjchMP^^e 


XÀV 

barrafTé^maisietQuvrkrsfiirencbîen- 1 
feoc  forcés  ci'abandanner  leur  entrepri- 
i(9,  parc«qu*ils  irouvàrent  la  lave  en- 
cdre  fi  ambrafée  dans  l'intcrieur , 
^'elle  rougiiibit  ic  amoli^Toic  les 
oucik  de  fer  donc  îU.fe  fervoienc 
poar  ce  travail. 

Quant  i  la  ma^  des/nv^j  ,  elle 
eft  quel()aefois  d'une  grandeur  énoc- 
aie*  Dans  réiuption  du  mont  Etna 
àe  1669  ^  qai  deiruifir  èntièreiifienc 
k|  ville  de  Câtane  en  Sicile  ,  le  îot- 
renc  liquida  alla  fi  avant  dan|'  la 
met  qu'ikl  y  forma  un  oïdle  oli  une 
\etée  affea  grande  pour  fervir  d'a- 
bri i  un  grand  nombre  de  vaifTeaux. 
Suivant  l'hiftoire  du  mont  Vcfuve» 
ouvrage  qui  eft  du  aux  Académi- 
cîfni  de  Naples,  la  longueur  du 
.torrefir  principal  de  lave  (|iii  fortit 
^u  Véfiive  en  17 $7  croit  de  }f  50 
uannes  Mapoliraines  dont  chacune 
-   porté  &  palmes  »  c'eft-â-dire  80  pou- 
cet  d#  Paris.  Ce  même  torrent  y  dans 
Tefpace occupé  par  le^7  ) o  premières 
CMries  i  i  Compter  de  fa  fource , 
:  woii  afuffi  7^0  cannes  de  largeur  & 
'   S  -pi^lm^s  ou  80  pouces  d'cpaifTeur. 
^   A  l'égard  des  1800  cannes  reftan- 
%ts ,  elles  avoienr  valeur  commune 
1  &8  (amies  de  largeur ,  èc  eniriron 
jtor  paknes  d'^aii&ur.  De  ce  tor- 
<  ceiK  éfiortne  il  en  partit  des  ra- 
meaux y  ou  comm^  des  rmiTeaux 
I  plus  petits  qui  fe  répaildirent  dans 
m  campagne.  On  calcula  aiors'tou- 
tes  les  laves  que  Le  V^fuve  vomit 
dans  cette  occafion ,  &•  Ton  trouva 
:  que  Ur  fomme  totale  de  la-  matière 
fondue  alloit  â  ^95948000  palmes 
cubiques  >  fans  compter  les  cendres 
Sl  leis  pierres  détachées  vomies  par 
ce  volcan  dans  U  même  éruption. 
Cet  esfiemple  peut  ftifirè  p^xlr  don- 
née une  idée  de  la  grandeur  &  de 
"  f^éeÉndue  diei)i!itt^j^.   ' 


LAV  45  y 

On  apperf  oir  dant  U:  lave  des  par- 
ties da  rer ,  ic  des  parties  de  pierres; 
mais  les  particules  métalliques  fonc 
fort  divifées ,  puifque  la  lave  pèfe  un 
neuvième  ou  un  dixième  de  moins 
que  la  pierre  natuidUe  du  Véfuve* 
La  lave  agit  fur  la  Douflble  »  ce  qui 

Bouve  qu'elle  contient  4^  fer.  M* 
Ibbé  NoUec  ajoute  qu'étant  aa 
bord  du  badin  9  il  refpiroît  une 
odeur  femblable  à  celle  du  fer  diC* 
ibus  dans  Tefprir  de  feL 

La  lave. entre  difficilement  en  fv^ 
fion^  elle  réfifte  au  plus  grand  feu^ 
cela  vient  de  ce  qu'elle  eft  dan»  ua 
état  fort  voifin  de  celui  de  verre  ^ 
ipais  qu^elle   renferme  trop  de  par» 
ties  rérradUires  qui  ne  fonr  pas  fuf* 
.çeptibies  sL  Ul>ri  parfaite   vitâfica- 
r  tioii^  M«  r  Abbé  ]N plier  reg^d^uH  le 
fournesiu  â^  yçfuve  pu  1745 ,  dans 
un  temps  oi\  depuis  ni\  an  Tembt  o^ 
fement  ne  cedpit  d'augmenter  ,  vie 
que  les  maffes  ardentes,  que  lan-^ 
f  oient  la  vapeur  de  la  flamme  étoienr 
une  efpèce  de  pace;.qui  fe  déchiroic 
en  lair  ,  changeoic  de  forrne ^  Se  tr% 
retombant  fur  |e  rocher  s^apptacif- 
foit  comoae  d^  la  bpue  épaifle,  ce 
qui  prouve  combien  la  vitrifications 
eft  imparfaite  j  mené  dans  le  centre 
de  l'embrafement. 

Suivant  les  expériences,  de  M«. 

Sdet  «  la  poudre  de  laye  fe  didoue 
ï\s  tous  tes  acides ,  mais  foxtpuc 
dans^  l'acide  virriolique  avec  lequel 
elle  fait  une  vive  eftervefcence.-  Sii 
l'on  mêle  cette  diftblutioa  avec  de 
refprir-de-vii>9  &  qu'on  y  me^te  le 
fiéu  ,  la  ffiimme  prend  une  belle 
cfouleur  vive  y  TalKati  volatil  donne 
une  couleur  bleue  à  cette  difTobition,,^ 
cequiprouve  qu'elle  concieiir  un  peu 
de  cuivre.  Cette  même  diâblurâoiv 
filtrée  &  évaporée  donne  descry-ftaux 
de  vitriol  de  Mars  très-réguliers^des 
cir^ftaux  "d'alun  8c  un  fel  en  perifes 


440 


L  AV 


aiguilles'  foyeufes  ^  qui  ne  peut  fe 
diâbudre  dans  l'eau  froide ,  fie  'qui 
paroic  formé  par  l'union  de  l'acide 
yirriolique  Se  d'une  terre  virrifiabie 
contenue  dans  la  lave  ;  il  eft  donc 

.    probable  quf  la  lave  eft  formée  par 
des  pyrites  vitrioUques  te  aiumi- 

. .  Jieafes  fj  chargées  de  beaucoup  de 
foufre  ;  que  la  violence  du  feu  en 
ayant  enlevé  le  foufre  ,  c'eft-â-dire 
le  phlogiftique  &  l'acide  vicrioli- 
que  y  le  fer,  le  cuivre,  ia  terre  alu- 
mineufe  &  la  terre  vîtriâable  fe  font 
fondus  ,  Se  ont  formé  une  eipèce  de 
verre  opaque ,  à  l'aide  du  quartz  qui 
Y  étoit  contenu  j  Se  dont  on  rencon- 
tre encore  quelques  veftiges  dans  la 
Jave. 

M*  Monter ,  Chimifte  de  Mont- 
pellier ,  a  trouvé  du  foufre  pur 
dans  la  fublimation  de  la  lave  du 
Véfuve,  Là  qualité  un  peu  fpon- 
gîeufe  de  cette  laye  ja  rend  très- 

ÎTopce  à  fervir  de  pavé ,;  eHe  eft  | 
brt  dure ,  elle  h'eft  point  glidante.  | 
Autn  la  ville  de  Napi^s  en  eft-elle 
pavée ,  &  les  anciennes  villes  d'Her- 
rulanum  &  d^  Pompeii  l'écoient 
déji..  On  s'en  fe.rc  aum  pour  bâtir 
certain^  édifice^  auxquels  on  yeut 
donner  plus  de  iblidité  ;  mais  ce 
gu'il  y  a  de  plus  remarquable ,  c^eft 
que  Rome  ^  toute  ia  voie  Appien- 
ne,  depuis  Rome  jufqu'i  Radico- 
fani  »  eft  pavée  de  .lavés  femblables 
tirées  (ies  anciens  volcans ,  comme 
,M.  de  la  Cqndamine  Fa  ojbferyé  en 

Sa  dureté  la  rpt^à  fufcepti1)le  de 
f>olt  ;  on  en  fait  à  Napîes  divers 
^ouvrages,  des  tables^  des  chambran- 
les de  cheminées  »  des  taffes  ^  des 
tabatières  qui  courent  quelquefois 
jufqu'â  lOQO  francs  quand  il  s'çn 
trouve  des  morceaux  (inguliers  où 
jîl  y  a  des  j^ccideos  rares  p  des  jpoii^ts 


¥errs  >  ou  d  ratres  qm  l#Qt  co^gei 
comme  de$  rubis» 

On  en  fait  auffi  des  fuites  d'é- 
chantillons 4  eo  choififianc  des  laves 
de  toute  forte  de  couleur.  M.  Gu6« 
tard  en  cite  une  de  M.  Giienée  oik 
il  y  avoit  45  petits  carrés  de  diver- 
fes  nuances  ,  pointillés  ,  brocatclés 
en  blanc  ,  jaune  ,  gris  ,  olivâtres 
plus  ou  moins  foncés.,  qui  faifoit  un 
a^ortimcint  très-curieuiL.  On  y  «oit 
(urtout  ;beaucogp  de  parties  vitri« 
iSées  noires  ou  yerdatres  >  JSe  quel- 
ques parties  métalliques. 

Ce  travail  des  lavesjeft  ircs^-Josg^ 
çsiï  cejtte  matière  xéHfte  ao  cifeaù  ; 
&  quand  on  veut  la  réduire^cQ  pou- 
dre 9  elle  mord  fur  les  pilons  lu 
plus  durs  Se  les  mieux  trempés. 

M.  de  la  Condamine  n'z  point 

trouvé  de  lave  de  jcetie  efpèce  .en 

Atnétjque  ,  quoiqu'il  ;at  fouvent 

campé  .des  femaines  &  des  mois 

^tiers  fur  les .  vplcans  de  Pitchin- 

cha  (Se  de  Chimboraço  ;  cependant 

l'efpèce  de  priftal  noirâtre  appelée 

y ulgaitfsment  au  Pérou  pûdra  degid* 

liiauifo ,  n'eft  autre  chofe  qu'un  verre 

formé  par  ]es  volcans ,  ce  qui  prouve 

feulement  quç  les  ooatiètes  de  ces 

moniagnes  font  plus  fu(ibles  que 

/celles  du  V^fuve  &  pljms  difpofées 

à  la  viaification  ;  mais  il  ajoute 

qu'il  n'^  point  vu  h  montagne  de 

Sangaï ,  de  laquelle  il  fo^ile  un  imt-    * 

;tent  de  feu»  &  celle  de  Cpto  Pa^» 

4  où  l'on  a  vu  fortir  à  flots  des  ma- 

jtièrjes  e;i(|ammées  Se  liquides,  .& 

3ue  ces  matières  font   peut-être 
'une  nature  femblable  à  la.  lave  du 
Fiéfuve^ 

La  pierre  de  gallinace  dont  on 
jvient  de  parler ,  reiTemble  parfai* 
tement  à  la  pierre  obGdienoe  de 
Pline ,  fur  laquelle  M.  le  Coipte 
/de  Çayl,us  a  donne  un  mémoire  i 
l'Académie  des  ]U^,fcriptjions  en  1760; 


t  A  V 

31  prouve  d'après  les  exfintnect 
chimiques  >  que  c'eft  une  efpècede 
verre  m^alliqae,  ou  /comme  le 
{>rérume  M.  Guécard,  un  verre  formé 
par  la  fufioa  des  glaifes  roécalliques , 
'«ne  fubftance  analogueauiatcier  que 
i'on  trouve  dans  Tes  fourneaux  à 
fer»  &  qui  eft  une  demi-vitrifica- 
^ion  ou  une  écume  mêlée  de  méral 
^  de  matières  vicrifiées.,  due  prio- 
•cipalcment  au  quarte  fufible  de  la 
«nine. 

La  lave  qui  fort  quelquefois  par 
4a  bouche  fupérieure  du  Vcfuve  , 
s*eft  jamais  d'une  vitrification  par- 
jfaite»  comme  celle  delà  lave  qui 
dort  par  les  flancs  de  la  monta^tke  , 
4>arce^tte  la  maùère  trop  fluide  -ne 
tfàucoit  ^re  lancée  en  mafle  ai^ 
doin  que  celle  qui  a  quelque  coafif- 
4since. 

La  matière  fp^ngiieufe  qœ  le 
Téfuve  lance  fouvenr»aufli  bien  que 
<elle  qui  eft  i  la  fiirface  des  laves , 
quoique  poreufe  »  eft  de  la  même  1 
4iatttre  que  la  lave  ;  elle  eft  quelque- 1 
feis  jaune  ait  dehors  ic  blincliHitre 
«n-aedanst  Ceft  iine  pierre  pref- 
queiritrifiée  4  auand  elle  eft  féduitie 
en  poudre  9c  bonlltie  4ans  Teau , 
-«lie  lui  donnei  peine  on  petit. goût 
-falé^  mais.eile  devient  glus  blaophe 
&  l'on  y  appefçoft  des  ^particules 
aillantes  qui  paroiffent  talqoeufes } 
le  père  de  la  Xe»een  a  vu  qui,  fous 
«n  volunae  jégal^  Mfoit  ua  ièp- 
tièmede  moins  que  la  pierce  natu- 
relle du  Véfuve  4  il  y  «n  a  «qui 
ibnr  extrêmement  poreufes^  &  qui 
fervent  à  fSûre  des  voûtes  fou  lé- 

La  oendf  e  du  Véfave ,  OQ  la  lave 
«nciemie  qui  a  couvert  Herculanum,  ; 
^uoiqu!ezffêmemen<     fiibdîvifée  /^ 
«pproche beaucoup  delà  «aturedela 
Javepierreufeft  fi>tidedei;rton  vient 
^ie  parler;  vue  avmkiWcope/elIe 


LAV       ^       441 

paroit  contenir  des  particules  fali^ 
uesy  tunjparentes ,  des  parties  bril- 
lantes &  de  petits  grains  noirs*  Lorf« 
3u*on  en  met  dans  le  feu»  elle  donne 
'abord  une  flamme  bleue,  mais 
fans  odeur  de  !fou&e  j  pulvérifée.& 
bouillie  dans  l'eau  »  elle  prend  i 
peine  un  petit  goût  &Ié  comme  ce- 
lui de  l'alun  \  ces  points  noirs  pa- 
Midentêtre  des  parties  bitumineufes 

3ui  9  lorfqu'elles  éroient  en  fufion , 
onnoient  â  la  matière  la  facilité 
de  couler  8c  de  pénécrer  partcoit  ; 
mais  qui  après  le  rëfroidiuemenr  , 
fe  font  trouvées  trop  divifées  &  fc- 
parées  par  rihterpoution  de  trop<ie 
matières  hétérogènes»    pour  coc<» 
fer  ver  de  k  liaifom  On  explique 
MT-U  ce  qae  difent  Caffiodore .  8c 
Procqpe  de  la  lave  de  5 11 ,  qu'elle 
couloîc  comme  un  fleuve  ardent  »  8c 
qu'après  3e  sefsoidillêment  »    elle 
ctoit  comme  jcb  la  cendre.  Le  Père 
de  la  Torre  a  même  obfervé pareille 
chofe  dans  quelques   ruîfleattx  dé 
laves  qui  coulèrent  en  1.75 1 ,  '8c  en 
•I  7{  i  ;  ils  rellêmbloient  à  un  fluide; 
tant  qu'ils  éroiem  embrâfés  ;  maïs 
enfuKe  on  11*7  appercevoit  qu'un 
fable  ftérile»  une  terre  rouge  bfûlée, 
dont  les  parties  bitumineufes  étoiénc 
^en^trop  petit  nombre  pour  former 
une  mafle  concrète.  M.  NoUee  ne 
doute  pas  ^ue  ce  tie  foit  la  lave  od- 
-dinaire^ui,  dans  une  fufioa  plus 
parfaite  9^  été  lancée  avec  une  tm- 
pétuolité  plus  erande  )  elle  s'eft  ,di- 
vifife  en  une  elpèce  de  pluie  qui. -eft 
retombée  fous  la  forme  d'une  çen- 
-dre»  &  s'eft  appliquée  ezaâemenc 
â  tous  les  murs»  8c  a  rempli  (oui 
les  vides  dans  les  villes  d'Hercti- 
lanum  8c  de  Pompéii  ;  c'étoit  une 
lave  moins  cohéretitc  ^ue  la  lavd 
ordinaire. 

Il  7  a  eu  de  nos  jpurs  plufieuri 
villages  qa'îl  a  lallo  pref  que  ab^ 

JCkfc 


441  LÀV' 

donner  ,  à  caufc  de  la  quantité  de 
cerre  cendre  qui  avoic  couvert  les 
maifons  Se  chargé  les  toits  jufqu'â 
en  caufer  Téboulemeot,  quoique  la 
lava  ne  fur  point  dans  cet  état  de 
fuHon  extraordinaire. 

Lorfque  la  lave  a  féjourné  long- 
temps dans  les  lieux  bas,  elle  fe 
couvre  infenfiblement  des  fels  de 
lair  s  des  parties  végérales  &  ani- 
males que  les  vents  promènent  dans 
If  s  campaenes ,  enfin  des  terres  que 
les  eaux  détachent  des  montagnes  j 
il  s'y  forme  un  terretn  labourable  , 
une  campagne  fertile  &  habitée. 
Mf  Serrao  dit  que  les  Domini- 
cains de  Ma  donna  delFArco^  un  peu 
au  nord  du  Véfuve ,  ayant  fait  creu- 
fer  un  puits  d'environ.  140  pieds , 
;  on  rencontra  trois  couches  de  lav'es» 
l'une  (ur  l'autre ,  Téparces  par  des 
.  couches  de  rerre  y  ce  qui  prouve 
que  ce  pays  a  été  trois  fois  habité , 
&  trois  fois^  abandonné  Se  dévafté 
par  les  éruptions  du  Véfuve. 

LAVE  j'  (la  )  rivière  d'Artois  qui  a 
fa  (burce  â  dçux  lieues  ^  nord-eft  x  <le 
S.  Pal  y  Se  fon  enabouchure  dans  le 
Lys,  un  peu  au  de  (Tus  de  la  Gorgue, 
après  un  cours  d'environ  fix  lieues. 

LAVÉjÉEj   participe  paffif^  Foye^ 

*  •  * 

L AV  i  ;  fe  dit  «djeâivemeiu  en  par- 
lant de  certaines  couleurs  pei»  vives 
&  peu  chargées  :  ainfi  l'on  dit  d'un 
cheval  ,  qu'i/  ej^  de  poil  bai  lavé  ; 
pour  dire ,  de  poil  bai  clair.  Et  l'on 
appelle  en  termes  de  peinture ,  eou^ 
leur  lavée ,  une  couleut  foiblr  &  dé- 
chargée. 

LAVEDAN;  petit  pays  de  Frince  ^ 
avec  titre  de  vicomte ,  dans  le  Bi- 
gore ,  le  long  du  Gave.  Sa  longueur 

_  eft  d'environ,  neuf  lieiies  &  (a  lar- 
geur de  fîx)  La  ville  de  Lourdes  en 

'    cftle  thetfieu.H  eft  très^fertile  j. 


I. 


LAV 

Se  Ton  y  a  furcouic  d'excellent  pâ* 
turages. 

LAVÈGE^  fubftantif  féminin.  Ef- 
pècede  pierre  d'un  genre  de  celles 
qu'on  nomme  pierres  ollaires  ou 
pierres  à  poi*  Elle  eft  grisâtre ,  ra- 
rement marbrée  ou  mêlée  de  dif« 
férentes  couleurs.  On  connoh  trois 
carrières  de  certe  pierre  :  l'une  eft 
i  Pleurs  en  Suide  ,  l'autre  dans  la 
Valteline  au  Comté  d«  Chiavenne, 
&  la  troifième  dans  le  pays  des  Gri- 
fons.  Cette  pierre  a  la  propriété  de 
fe  tailler  très-aifément&  de  fedûr- 
cir  au  feu  \  on*  en  fait  des  mar- 
mites »  des  pots  y  Se  d'autres  uf^ 
renfiles  de  ménage  ,.dont  on  fait  on 
très  grai^d  commerce  dans  la  SuiiTe 
Se  le  Milanais  \  on  prérend  que  Teaa 
chauffe  beaucoup  plus  prompcement 
dans  ces  fortes  de  vaifleaox  que 
dans  ceux  qui  font  métalliques. 
Cette  pierre  eft  douce  au  toucher  ; 
on  la  tiré  avec  beaucoup  de  peine 
du  fein  de  la  terre  »  parceque  les 
ouvriers  font  obligés  ae  travailler 
couchés ,  vu  que  Tes  pafiàges  qui 
font  pratiqués  dans  cette  carrière 
font  fort  étroits.  On  tourne  au  tour 
les  matTes  de  lavège  qtd  ont  été  ti- 
rées de  îar  terre  j  &  formées  en  cy- 
;  lindres.  C'eft  un  onoulin  à  eau  qui 
fait  mouTcir  ce  tour^  il  eft  arrangé 
de  façon  que  l'ouvrier  qm  tourne 
peur  attèter  la*  machine  &  volonté. 

LAVELLO  s  viQe  épifcopale  d'Italie, 
au  royaume  de  Naples  »  dans  la  Ba« 
filicate  ,  à  fept  lieues  »  aorÀ-oueft  % 
de  Cl  renfila 

LAVEMENT  }  fubftantif  mafcuTia. 
Lavano\  AâioM  de  laver.  En  ce 
fens  il^  ne  fe  dit  guère  qne  dans  ces 
phrafes  du  langage  de  I*Êg)ife  »  h 
IctveMtni  dt Si  autels  j  le  lavement  dts 
pieds.      •'      V 

'  Le*  'lavem€M  dès  aiéti/s  eft  une 
cérémofiié  ufitée  dans    Téglife.  le 


LAV 

jeudi  de  ia  Semaine-faince.  On  dé- 
pouille les  autels  ce  jour-là>  en  mé- 
moire de  ce  que  Jésus  ^Christ 
figuré  par  l'aucel ,  fut  dépouillé  de 
fcs  habits  au  temps  de  ia  paffion  y 
ces  autels  font  lavés  »  &  le  peuple 
s'approche  pour  les  baifer.  Ceft  la 
raifan  myftiquede  cette  cérémonie 
qui  n'avoir  d'abord  ét4  introduite 
que  pour  nettoyer  les  aucels  aux  ap- 
proches de  la  fête  de  Pâques. 

Le  lavement  des  pieds  eft  une  cé- 
rémonie ufitée  dans  l'Églife  »  &  que 
Ton  a  imitée  des  anciens  qui  la  pra- 
ciquoienr  à  l'égard  de  jeurs  botes. 

Les  orientaux  avoienc  coutume 
de  laver  les  pieds  aux  étrangers  qui 
*  venoient  de  voyage  ,  parceque  pour 
l'ordinaire  on  marchoit  les  jambes 
nues  &  les  pieds  feulement  garnis 
d'une  fandale.  Ainfi  Abraham  fit 
laver  les  pieds  aux  liois  anges  dont 
parle  la  Genèfe  :  on  lava  aufli  les 
pieds  à  Êliéfer  &  à  ceux  qui  l'ac- 
compagnoient  lorfqu'ils  arrivèrent 
à  la  maifon  de  Laban  »  &  aux  frères 
de  Jofeph  lorfquils  vinrent  en 
Egypte  ;  cet  ofiice  s'exerçoic  ordi- 
nairement par  des  fervitdurs  &  des 
efclaves.  Âbigail  témoigne  â  Da- 
vid qui  la  demandoit  en  mariage  , 
qu  elle  s'eftimeroit  heureufe^de  la- 
ver les  pieds  aux  ferviteurs  du  Roi. 
Jésus -Christ  après  la  dernière 
cène  qu'il  fit  avec  fes  apôtres  >  vou- 
lue leur  donner  une  leçon  d'humi- 
lité en  leur  lavant  les  pieds  i  &  cette 
aâion  eft  devenue  depiiis  un  aâ:e 
de  piété. 

Les  Syriens  célèbrent  la  fête 
du  lavement  des  pieds  le  jour  du 
Jeudi'faint.  Les  Grecs  font  b  mê- 
me jour  le  facré  Niptère  ou  le  facré 
lavement.  Dans  TÉelife  latine  »  les 
Évèques  ,  les  Abbés  ,  les  Curés 
dans  quelques  diocèfes  »  les  Princes 
mêmes  lavent  ce  jour^l^  Us  pieds  à 


douze  pauvres  qu'ils  fervent  à  table, 
Qtt  auxquels  ifs  font  des  aumônes. 

Lavement  »  f e  dit  auffi  dans  la  figni- 
fication  de  clyftère  »  qui  eft  un  re- 
mède dont  on  fait  ulage  pour  ra- 
fraîchir &  pour  dégager  b  bas-ven- 
•  tre.  On  vient  de  lui  donner  un  lavc" 
ment* 

LAVENBOURG}V()y.LAWENBouRG. 

LAVER  j  verbe  adif  de  la  première 
conjugaifon  ,  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter.  Lavare.  Net- 
toyer avec  de  l'eau  ou  avec  queU 
qu'autre  chofe  de  liquide.  Laver  du 
dinge.  Laver  les  vitres.  Laver  une plaiç 
avec  du  vin  chaud.  Cet  orage  a  lavé 
Us  rues.  Le  jour  du  Jeudi-faint  le  Roi 
lave  les  pieds  à  dou^e  pauvres. 

On  dit  aufii  abfolument  ,  laver; 
pour  dire  ^  fe  laver  les  mains  avanc 
de  fe  mettre  à  table. 

On  dit  proverbialement  &  figti- 
rément ,  laver  la  tête  à  quelqu'un  ; 
pour  dire  >  lui  faire  une  févère  ré- 
primande. 

On  dit  aiifti  proverbialement  Se 
figurémet\^t  >  à  laver  la  tête  d'un 
âne ,  la  tête  d'un  maure  ^  on  y  perd 
fa  Uffive  ;  pour  dire  ,  qu'on  perd 
toiftes  les  peines  qu'on  prend  pour 
inftruire  »  pour  corriger  une  per- 
fonne  ftupide  ,  indocile  »  obftmée 
dans  fes  fentimens. 

On  dit  en  parlant  d'une  rivière, 
quelle  lave  les  murailles  de  la  ville  ; 
pour  dire,  qu'elle pâfte  auprès. 

On  dit  figurément ,  laver /es  pé^ 
chés  avec  fes  larmes  ,  avec  Veau  de 
fes  larmes  ;  pour  dire ,  pleurer  (e% 
péchés.  Et  jfi  laver  d*un  crime;  pour 
dire  ,  s'en  purger  ,  s'eti  juftifier.  Et 
pour  faire  entendre  qu  on  ne  veut 
avoir  aucune  part  dans  une  affaire 
qu'on  ne  croit  pas  jufte  ,  on  dit  ^je 
m* en  lave  les  mains. 

On  dit  dans  les  monnoies  ,  laver 
au  plat  i  pour  dire  »  féparer   par 

Kkk  ^ 


444  .I-AV 

plu(îeurs  tocioRs  les  parties  tes  plas 
torces  de  métal  qai  fe  trouvent  au 
fond  des  plateaux ,  &  qui  peuvent 
k  recirer  a  la  main  uns  y  employer 
d'autre  induft rie- 
On  dit  ,  lavtr  du  pàfur  ;  pour 
dire  »  lui  donner  une  certaine  pré- 
paration qui  le  rend  plus  propre 
à  fouffrir  l'écriture  »  plus  uni  Ôc. 
plus  égal  y  ou  qui.  en  âte  fimple- 
ment  ks  taches.  Et  dans  lé  même 
fens  9  les  relieurs  difenc  ».  laver  un 
livre* 
X.AyfcK:  j  fignifie  en  ternes  de  Pein* 
'  ture  ,pafler  avec  un  pinceau'de  Ten- 
cre  de  la  Chine  uclkyéte  dans  de 
Tèau  ,  ou  une  autre  coïk^ur  délayée 
dans  de  Teau  gommée  »  fur  des  ob- 
jets deflinés  au-  crayon  ,  ou  à  la 
plume  fur  du  papier  ou  fur  du  vé- 
lin. Lorfqu*on  lave  k  Tencre  de  la* 
•Chine,  ou  avec  une  couleur  feule- 
ment ,  là  blancheur  du'  papier  ou* 
du  vélrn  fait  les  lamières-  ou  re- 
hauts »  &  les  ombres  perdent  in- 
fenfiblement  de  leur  force  en  ap- 
prochant des  lumières  fuivaiit  qu  on- 
met  plus  ou  moins  d'eau  dans  l'en- 
cre f  ou  couleur  ou  on  y  ^ploie  f 
êc  lorfqii'on  lave  lur  du*papier  co- 
kré  ^  on  rebauflè  avec  du  blano 
parenlement  délayé  dans  de  l'eau 
gommée.  On  lave  quelquefois  aufli 
les  deflèins  ou  plans  »  de  coloris  , 
c*eflr-i-dire  >  en  donnant  â  chaque 
objer  la  couleur  qui  lui  consent , 
autant  que  cette  façon  de  peindre 
peut  fe  comporter ,  Se  alors  on 
peut  fe  fervir  généralement  de  tou- 
tes les  eouletrrs  dont  ufent  les  petn-* 
rres ,  en  obfervant  néanmoins  qu'el- 
les doivent  être  dékyées  dans  de 
l'eau  gommée  prefque  auflfr  liquides 
que  l'eau  même.  Les  foflfées  rem- 
plis d'eau  fe  lavent  d'un  bleu  clair  , 
les  briques  8c  les  toiles  d'une  cou- 
leur rougeâtse  j  les  osusailles  d'un 


r' 

le 


lAV 

gris  un  peu  jaune ,  les  chemins  d*s» 
gris  reufsâtre,  les  arbres^^  les  ga<^ 
zoBs  de  ynvt^&c. 

La  première  fyllabe  eft  brève ,. 
&  la  féconde  longue  ou  brève,  yoy^ 

Les*  temps  ou  perfbimes  qui  le 
.  terminent  par  un  e  féminin  ont  leur 
pénultième  fyllabe  longue. 

LAVERNAY  i  bourg  de  France  dans, 
le  Maine  ,  i  une  lieue  8c  demie», 
oueftf  nord-oueft  ».  de  Chateaa-da- 

LAVERNE  î  nom  propre  d'une  Déefle 
des  anciens  Romams  qui  paflbit 
pour  favorifer.  les  voleurs  8c  ctait 
Œxi  défiroient  que  leurs  deffeins  ne 
^(lencpas  découverts.  On  laiadref- 
foit  des  prières .  en  fecret  &  à  voir 
baffe.  Elle  avoit  à  Rome  un. temple; 
&  un  bots  facré.  Son.  image  étoic 
une  tête  fans  corps. 

LAVERT;  fubftantif  mafculin.  Ce(t 
un  infeâe  uès-incommode  i  la^ 
Louifiane  dans  les  bâtimens  faics^ 
de  bois.  Ce  petit  animal  dont  les 
cbats  font  extrêmement  friands  ». 
*  eft  large  d'enviion  neuf  Ugnes  » 
long  d'un  pouce  ,  8c.  d'une  ligne 
d'épaiflèur  :  iLpaàe  par  la  plus  pe- 
tite fente  »  8c  te  jette  fur  les  plats 
quoique  couverts ,  furteutla  nuit» 
dans  les  garde.* mangers.  Quand  le 
texrain  où  l'on*  s'ctanit  eft  un  peu 
défriché  »  on  n'en  voit,  plus  du 
tout. 

LAVETON  ;.  fubftantif  mafculin. 
C'eft  la  grodè  laine  qui  demeure 
dans  les  moulins  où  l'on  feule  les 
draps ,  8c  avec  laquelle  on  £ùt  de 
mauvais  matelas..  Il  eft  défendu  ans 
tapidiers  de  faire  .des  matelas  oà  il 

Îr  air  de  la  laine  fur  les  bords  Scàik 
avetonau  milieu. 

LAVETTE  ;  fubftantif  féminin.  Pe- 
tit bout  de  torchon  dont  on  fe  fait 


LAV 

clans  les  cuifioes  pour  laver  la  vaif- 
ielle. 

t AVEUR  ,  EUSE  ;  fubftantif.  Celui, 
celle  qui  lave^i  Une  lavcufc-  de  vaif* 
ftllc. 

La  première  fyllabe  eft  brève  j  la 
féconde  longue.,  &  la  croifième  du 
féminin  tiiès-brève. 

lAÛFFEN  y  petire  ville  de  SuiflTe  , 
dans  la  Seigneurie  de  Zw^ingen  ,  au 
Canton  de  fiâle,  8c au  cûnfUiencde 
la  fijrs  &  de  la  Lutzcl. 

Il  y.  a  en  Allemagne  crois  autres 
fecices  villes  de  même  nom  :«  l'une 
eft  ûtuée  en  Eranconie ,.  fur  la  Preg* 
nitz  ,  â  quatre  lieues  de  Nutem- 
berg  ;  la  fecpnde  en  Souabe,  dans 
le  duché  de  Virtemberg  ,  fur  le 
Neckre  ^  deux  lieues  d'Uailbron  \ 
ic  la  troifiéme^dans  rArchevêdié  de 
Saltzbourg. 

lAUFFENBOURG  ;  ville  d»Alle- 
magnej.  dans  la  Sooabe  ,  fut  le 
Rhiu ,  â  fept  lieues,  fiid-eft,  de 
Baie*  C  eft  une  àt%  quatre  villes 
fbreftières.  Elle  appartient  i  laMai- 
ion  d'Autriche. . 

SAUGINGEN ,  ou  LIwingkn^  ville 
d'Allemagne- ,  en  Souabe ,  fur  le 
Danabe,,entreUlm  &  Donawert,à 
fept  lieues  de  la  première  &  à  huit 
de  la  féconde.  Elle  fut  autrefois 
libre  &  infpériale ,  mais  elle  fait 
•  aujourd'hui  parcie.dudviGhédeNeu- 
bourg. 

liAVIELLO  j  voy^?.LAVELL'o. 

EAVIGNON  V  fabftamif  mafculin. 
Hiatula.^  Coquillage  de  mer  corn- 
mon  for  les^  cotes  du  Poitou  Se  du 
pays  d'Aunis*  C'eft  ^  une.  efpèce  de 
«ame ,  mais  dont  les  deux  pièces* 
Befontjamai&'exaâement  fermées, 
ce  qui  loi  a  £ait  donner  par  M.  de 
Riéaumar  le  xu}m  de  coquille  béûntô, 
qni  eft-  conforme  ao  mot  Jarin  hia^ 
iula.  Cette  efpèce  de  coquillage 

¥ir  enfoncé  4^9  la  boue  jofqu'à 


dnqi  fix  pouces  de  profondeur: 
à  laide  de  tuyaux  qa il  peut  allon-' 
ger  &  raccourcir ,  il  tire  fa  nourri- 
ture dé  Peau  Le  lieu  où  ce  co- 
quillage eft  enfoncé  ,  fe  reçonnoîc 
par  de  petits  trous  ronds  dune  11- 
;ne  de  diamètre  ,  qui  reftent  au- 
ledus  de  Tcndroit  où  eft  le  lavw 
gnon.  Sa  coquille  eft  polie  ,  blai^ 
che  furroui  intérieuremeht,  &  très- 
fragile.  Le  goûc  de^  lavignons  eft 
très  inHoide. 

LAVINIUM  i  nom  d'une  ancienne 
ville  d^'ltalie,  qui  étoit  fituéeà  dix 
mille'sde  Rome  8c  dans  le  voi(inaf;e 
de  Laurente.  Cel)è-ci  étoit  la  réii- 
deèce  du  Roi-,  père  de  Lavinie 
Gu'Ènée  époufa  ,  &  en  Tbonneuc 
de  laquelle  il  fbrida  Lavinium.  Soas 
fon  fils  ,  les  habitans  de  Laviniom 
bâtirent  la  ville  d'Albe  qui  fut  la 

-  réiidence  de  (es defcendans» iuiqa'à^ 
la*  fondation  de  Rome» 

&AVINO  ;  petite  rivière  d'Italie  » 
dans  rÉtat  de   TÉglifej*  Elle  a  &< 
fonrce  près  de  Vergato  ,  dam  le 
Boulonois ,  &  fon  emboiKhore  dans  > 
le  Reno  >. après  avoir  arrofé  For« 
celli. 

LAVIS  }  itibftantif  mafculin  ôc  terme 

'  de  Deffinateur^  Manière  de  laver  tm 
delfein  en  y  appliquant  aopinceaa' 
les  couleurs  quiiapprochtnc  le  plos 
do  natorel  des  choies  repréfentées. 
Les  lavis  fe  font  par  teintes  égaks. 
Se  adoucies  fur  les  jours  avec  de 
l^èau  ckire  ,  &  fortifiées  de  coo- 
leors  plos  chargées  dans  les  om- 
bres- Celles  qui  font  le  plus' en 
ufage  font  le  noir  de  fumée  ,  Ten* 
cre  de  la  Chine  qu'on  emploie  quel* 

•  quefois  feule  ,  l'encte  commune  ^ 
la  cérufe  •  Tindigo  ^  le  mafficot  j 
l'orpimem  ,  lochre^  la  gomme* 

Êiute  ,  routre-mi^r  ,  le  çinnabre  ,  la 
tque,    le  carmin  y  la  t^rie  M'om- 
bre &  le  biftre.  On  appelle  propre* 


4^6  tAV 

ment  lavh,nn  defTein  où  il  y  a  dif-» 
fcrences  couleurs  ;  car  quand  il 
n*y  en  a  qu'une  »  c'eft  un  deflein 
lavé. 
LAVIT  ;  petite  ville  de  France ,  en 
Gafcogne  ,  i  cinq  lieues  »  eft-nocd- 
eft»  de  Laiâoure.  Il  y  a  une  juftice 
royale. 

LAUMELINE  ;  contrée  d'Italie  ,  au 
duché  de  Milan ,  entre  Pavie&Ca- 
fal  j  le  long  du  Pô  qui  la  fépare  en 
deux  parties.  Elle  appartient  au  Roi 
de  Sardaigne  depuis  1707. 

LAUN  ,  ou  Launu  ;  vifle  royale  de 
Bohème ,  dans  le  voifinage  de  l'Ê- 
gre  »  fur  la  route  de  Prague  4  Léip  • 
uck. 

LAUNAY  ;  bourg  de  France,  dans 
le  Maine  ,  à  quatre  lieues  »  nord- 
oueft  «  de  Laval. 

LAUNCESTON;  ville  d'Angleterre, 
dans  le  pays  de  Cornouailles ,  près 
du  Tamer,  â  foixante  lieues» lud- 
oueft  ^de  Londres. 

LAVOIR  ;  fubftantif  mafculin-  La- 
vacrum.  Lieu  deftîné  à  laver.  Dans 
les  villages  on  appelle  lavoir ,  le  lieu 
oà  on  lave  le  linge. 

On  appelle  lavoir  de  cuijine  »  le 
lieu  où  on  lave  la.  vaiiTjlle*  On 
donne  aufli  le  même  nom  à  l'auge 
de  pierre  fur  quoi  on  rince  la  vaif- 
felle. 

Lavoir  ,  fe  dit  encore  dans  les  Com- 
munautés SfC  dans  les  Sacrifties  >  du 
lieu  où  Ton  fe  lave  les  mains. 

Lavoir,  fe  ditauffî  de  certains  lieux 
voiCns  des,  Pagodes  &  des  Mof- 
qnées  des  Indiens  &  des  Mufulmans, 
où  fe  lavent  par  cérémonie  de  re- 
ligion, ceux  qui  veulent  entrer  d^ais  • 
ces  Temples. 

Lavoir  ,  fe  dit  en  tertnes  d'Arque- 
bufiers  ,  d'une  verge  de  fer  i  la- 
quelle on  attache  un  morceau  de 
linge  mouillé  qu'on  introduit  dans 


LAV 

le  canon  d'un  fufil  pour  le  laver  & 
le  qettoyer 

Lavoir  ,  fe  dit  âu(fî  d'une  machine 
donc  on  fe  fert  pour  laver  le  mi- 
néral. 

La  première fyllabe  eft  brève  &  la 
féconde  longue. 

LAVOT  i  fubdantif  mafculin.  Me- 
fure  des  grains  ufitée  à  Cambray. 
Quatre  lavots  font  la  razière,  &la 
razière  contient  fepc  boifleaux ,  on 
tiers  de  Paris. 

LAUNOY  ;  (  Jean  de)  nom  d'unfa- 
vant  critique  ,  Doâeur  en  théolo- 
gie ,  né  près  de  Valogne ,  en  Nor- 
mandie en  i6of  ,ic  mort  en  1678. 
Il  détrompa  de  pliifieurs  erreurs  Se 
profcrivit  beaucoup  de  fables  des 
Légendes  j  ce  qui  le  fit  furnommec 
le  Dénicheur  de  Saints  ;  aufli  le 
Curé  de  Saint  Roch  avoit-il  cou- 
tume de  dire ,  je  lui  f au  toujours  de 
profondes  révérences  de  peur  qu'il  ne 
môtemon  Saint  Roch. 

Les  ouvrages  de  ce  critique  in- 
trépide &  laborieux,  ont  été  impri- 
més en  17)1  en  dix  volumes  ia^ 
folio. 

LAURA  }  bourg  de  Portugal»  dans 
l'Alentejo  ,  i  huit  lieues  d'Êvora. 

L AURABUC  ;  bourg  de  France ,  en 
Languedoc ,  à  deux  lieues ,  fud-fud^ 
eft,  de  Caftelnaudari. 

LAURAC  ;  bourg  &  château  de  Frafi* 
ce  ,  en  Languedoc  ,  à  deux  lieues 
&  demie,  fud-oueft,  de  Saint  Pa- 
poul.  C'étoit  autrefois  la  ville  capi- 
taie  du  Lauragais. 

LAURAGUAIS  ;  pays  &  comté  de 
France ,  en  Languedoc.  On  le  di- 
vife  en  haut  &  bas  Lauraguais  :  le 
premier  comprend  le  Diocèfe  de 
Saint  Papoul  ,  tc  Pautre  celui  de 
Lavaur.  Caftelnaudari  en  eft  la  ca- 
pitale. L'ancienne  ville  de  Laurac 
qui  n'eft  plus  qu'un  bourg  »  avoit 
autrefois  ce  cicte. 


LAU 

Ce  pays  obéKToit  ancienne  ment  au 
Comcè  de  CarcafTonhe.  Il  fut  en- 
fuite  fournis  au  Cçmte  de  fiarce' 
lonne  &  au  Roi  d'Ârragon.  Ce 
•  dernier  le  donna  en  fief  aux  Vi* 
comtes  de  Beziers  qui  le  cédèrent 
«u  Roi  Saint  Louis  en  1158. Cette 
même  année  ,  Jacques ,  Roi  d'Âr* 
ragon,  céda  aufli  au  Roi  faint  Louis 
tout  le  droit  qu'il  avoit  (ur  leLau* 
râguais  qui  depuis  dépendit  du  do^ 
mainede  la  Couronne  jufqu*€n  147  7 
ou  1478» 

Au  mois  de  Janvier  de  cette  an* 
fiée  le'  Roi  Louis  XI  Térigea  en 
comté  pour  BeYnard  de  la  Tour  II 
du  nom  »  Comte  d'Auvergne ,  ei> 
échange  du  Comté  de  Boulogne] 
doBC  Ire  Roi  s'étoit  faiH  après  la 
ficiorr  du  Roi  Charles  le  Téméraire  j 
Duc  de  Bourgogne*  La  Reine  Ca- 
therine de  Medicis  hérita  du  comté 
de  Lanraguais  qui ,  après  fa  mort , 
fut  adjugé  i  la  Reine  Marguerite  fa 
filleul  laquelle  ^^  remit  par  donation 
entre-vifs  au  Dauphin^depuis  Louis 
XIII  ,  à  condition  qu'il  le  réu- 
nitoit  pour  toujours  i  la  Cou- 
ronne» 

LAURE  ;  fubftantif  féminin.  On 
donnoir  autrefois  ce  nom  dans  l'È- 
gUfe  Grèque  »  i  chaque  canton  dé- 
pendant d'une  Paroifle. 

Les  Laures  étoient  au(fî  des  ef- 
pèces  de  villages  dont  chaque  mai- 
fon  féfÀrée  étoit  habitée  par  un  ou 
deux  Moines  au  plus.  Laures  vient 
d*un  mot  grec  qui  fienifie  village  ou 
hameau.  On  ne  le  dit  que  des  an- 
ciens Monaftères  d-Orient  &  d'E- 

LAURÉAT  i  adî|ûif  mafculin  qui 
n*a  d'ufage  qu^  parlant  de  quel- 
ques Poctes  qui  ont  été  couronnés 
publiquement.  Pétrarque  eji  un  des 


Poeus  Lauréats.  Le  TaJJe  alloit  être  \     de  Figeac 


I^AU  447. 

couronné  Poète    Lauréat  lorfqu*il 
mourut* 

LAURENTALES;  fubftantif  féminin 
pluriel  &  terme  de  Mythologie. 
Fête  qui  fe  célébroit  le  13*  jour  de 
Décembre  ,  en  l'honneur  d*Acca 
Lauréntia  ,  femme  du  berger  Fauf- 
tulusqui  avoit  trouvé  Rémus  &  Ro- 
mulus  ic  les  avoit  fait  élever  par  fa 
femme.  •' 

LAU  i<ÉOLEj  fubftantif  féminin.Ziii/- 
reola.  Ëfpcce  de  Thy  mêlée  qui  naît 
à  l'ombre  dans  les  forêts  &  dans 
les  montagnes  de  la  Provence  &  du 
Languedoc.  Sa  racine  eft  pliante  , 
ligneufe  &  fibreule  :  fes  tiges  font 
nombreufes  ,  ligneufes  >  couvertes 
d'une  écorce  cendrée  ,  &  hautes 
de  deux  coudées.  Ses  feuilles  rien* 
nent  de  celles  du  Laurier  &  du 
grand  myrthe  ^  elles  font  toujours 
vertes  ,  noirâtres  ^  épaiftes  »  luifan-» 
tes  &  pointues  :  les  fleurs  font  jau* 
narres  &  naiiTent  de  Taiftelle  des 
feuilles  :  il  leur  fuccède  de  petites 
baies  de  la  figure  d'une  olive  ^  noi- 
res» &  qui  renferment  chacune  un 
noyau  dur ,  un  peu  plus  long  qu'un 
grain  de  chanvre  »  &  dont  l'amande 
eft  blanche. 

Les  feuilles  ,  les  fruits  &  l'écor* 
ce  ,  tant  de  la  racine  que  des  bran- 
ches de  cette  plante,  produifent  une 
forte  éroHon  fur  la  langue  &  dans 
le  gozier  quand  on  eti  mange  ;  cette 

I  imprefEon  y  dure  même  io  ngtemps*^ 
Cette  plante  prife  interieureinent 
bouleverfe  l'eftomac,  excite  le  vo- 
miftement  »  enflamme  les  parties 
intérieures  &  corrode  les  vifcères. 

Il  y  a  une  autre  espèce  de  lau- 
réole  qu'on  appelle  aufli  bois- gen^ 
til^  mé\éréon  ou  garou.  Voyez  Ga- 

ROU. 

LAURESSE  ;  bourg  de  France  ,  en- 
Quercy  ,  a  quatre  lieues  »  nord-efl*,, 


44«  I A  U 

LAURET  ;  fubftantif mafculin.  Moh- 
noie  d'Angleterre  9  qui  fut  frappée 
ea  1^19»  &  qui  fut  ainû  appelée 
parceque  le  Roi  y  école  repréfemé 
couronné  de  laurier.  11  y  avoic  des 
hurets  de  cinq  ,  de  dix  &c  de  vingt 
fchellings. 

LAURIER  j  fubftatiuf  mafculin.  Itfff- 
rus.  Arbre  ou  arbrîlfeau  toujours 
vert  dont  il  y  a  piûfieurs  efpèccs.  Le 
laurier  franc  qu'on  appelle  aufli  Jau-' 
ricr  commun  '&  laurier  jambon  ,  eft 
connu  de  tout  le  monde.  C'eft  iin 
arbre  do  moyenne  grandeur  qui  fe 
plaît  dan^  les.  pays  chauds  :  on  le 
trouve  communément  en  Grèce  & 
en  Italie.  Il  ne  s'élève  dans  nos  pro- 
vinces ièptentrionales  qu'à  environ 
vingt  pieds  4  mais  plus  ordinaire- 
ment on  né  Ty  voit  que  fous  la 
forme  d^un  arbrifleau.  11  prend  une 
tige  droite  &  fans  nœud  dont  Té- 
corce  eft  brune  ic  \imtx  fes  feuilles 
font  entières  ,  luifantes  &  fermes  \ 
elles  font  placées  alternativement 
fur  les  branches  ic  de  la  plus  beUe 
verdure.  Ses  fleurs  d'un  blanc  jâu* 
nacre  ont  peu  d'agrément  \  elles  pa- 
roi flent  au  commencement  de  Mai 
&  elles  durent  près  d'un  mois.  Les 
fruits,  qui  leur  fuccèdent  fout  de  la 
groffeur  d  une  petite  cerife^  ce  font 
des  baies  oblongues  ,vertes  au  com- 
mencement &  noires  en  mûrilTant  ; 
efles  font  odorantes  >  tromati^uesj 
huileufes  &  amères  au  goût.  Cet 
arbre  vient  dans  tous  les  terrains  j 
mais  il  fe  plaît  futtout  dans  une 
terre  franche  »  bien  fubftantielle  Se 
•  il  aime  Pombre.  On  peut  le  multi- 
plier de  femences ,  de  branches  cou- 
chées &  de  boutures.  Ce  derrtier 
moyen  eft  aufli  long  qu'incertain  ; 
on  avance  un  peu  plus  en  couchant 
les  branches  ;  mais  elles  ne  pro- 
duifenrque  des  plants  défeftiieax& 
laaguiflans  ^  il  vaur  mieux  femer  > 


c*eft  lâ  voie  la  plus  coarte  »  la  pli* 
sure  &  la  plus  fatisfaifante  à  tout 
égards.  Il  faut  cueillir  les  baies  du 
laurier  au  mois  de  Janvier  qui  eft 
le  temps  de  leur  maturité.  On  peut 
les  femef  tout  de  fuite  ou  les  met- 
tre dans  du  fable  pour  attendre  ie 
m(Ms  de  Mars.  On  fera  bien  de  les 
faire  tremper  dans  l'eau  pendant 
vingt-quatre  lieures  avant  ae  les  fé- 

•  mer.  Dans  ce  dernier  cas  elles  lève- 
ront au  bout  de  deux  mois  •  les  jea^ 
nés  plants  prendront  cette  premiète 
année  trois  ou  quatre  pouces  de  hau- 
teur /  Se  la  plupart  s'élèvetont  l'an- 
née fùivance  a  enviroM   ua  pied. 

*  Alors  ils  feront  plus  en  état  qui 
tout  autre  âge  »  d'être  tranfplamés 
dans  la  place  qtt*oQ  leur  deftine. 
Pendant  les  trois  eu  quatre  preBiiè- 
ces  années  l'hivei:  eft  un  temps  biea 
critique  pour  ces  arbres  ;  il  faudra 
avoir  grand  foin  ^e  les  couvrir  de 
paille  dans  cette  faifon  »  8l  futcouc 
durant  le  baie  de  Mars  qui  >eft  U 
fléau  des  arbres  toujours  verds  t 
lot fqu'ils  (ont  jeunes  ou  nouvelle-* 
ment  plantés.  Le  latirier  eft  p^at- 
être  de  tous  les  arbres  de  cette  <nia« 
lité  celui  qui  réutiit  le  moins  a  la 
cranfplantation»  Le  mois  d'Avril  eft 
le  mois   le  plus  convenable  pour 
cette  opération^  c'eft-â-dire  j  im 
peu  avant  qu'il  ne   commence  i 
pouffer.  Si  on  vouloir  faire  des 
plantations  un  peu  confîdérables  » 
en  avancer  le  progrès  >  s'aHurer  du 
fuccès  &,  fe  procurer  de  beaux  ar- 
bres ,  il  faudroit  les  femer  ùu  la 

5 lace  Se  dans  rarrangemeot  où  ib 
evroient  refter.  Le  plus  grand 
agrément  qu'on  puifle  tirer  de  cet 
arbre ,  c'eft  de  Itlîiettce  en  paliflàde 
pour  garnir  un  mur. 

Le  laj^rier  étoit  d'cm  grand  ufige 
dans  la  pratique  des  ancîetis  Me* 
decins  qai  le  regardotent  comme 

ttDQ 


LAÙ 

am  tCpèçt  de  panacée.  Us  em- 
ployoent  les  feuilles ,  les  baies  & 
l'écorcedes  racines  :  cette  dernière 
panie  n'eft  plus  d'ufage  aujour* 
d'bui.  Les  feuilles  font  aflez  cotn- 
manément  employées  pour  Tlifage 
extérieur  :  on  en  fait  une  dé^oâion 
que  l'on  donne  en  lavement  contre 
la  colique  \  on  les  fait  aufli  entrer 
dans  les  fumigations  qu'on  emploie^ 
quelquefois  dans  les  defcente;  & 
les  relachemens  de  matrice  ,  te 
dans  la  ftérilité  des  femmes. 

Les  baies  de  laurier  fcmt  plus 
employées  que  les  feuilles  \  on  s^en 
fert  intérieurement  &  extérieure- 
ment :  elles  font  regardées  comme 
ftomachiques  ,  vulnéraires ,  réfolu- 
tjves  3  excitant  les  urines  &  les  rè- 
^les  ;  elles  paflent  furtout  pour  uti- 
les dans' les  concrétions    bilieufes 
du  foie  :  on  peut  les  ordonner  dans 
ce  cas  en  inrufîon  ou  en  fubftance  , 
à  la  dofe  de  rrois  ou  quatre.  Appli* 
quées  extérieurement  elles  relol- 
vent  &  fortifient  puiflTamment  »  & 
appaifent  les  douleurs. 

Ces  baies  contiennent  une  quan- 
tité considérable  d'une  huile  grafTe 
de  la  nature  des  huiles  pat  expref- 
fiott,  &  une  autre  huile  échérée  & 
aromatique  qu  on  peut  féparer  de 
ces  baies  pax  une  feule  &  même 
opération  5  favoir  ,  la  diftillation 
ayec  Teau  ;  car  l'huile  graCTe  ou 
beurre  de  baies  de  laurier  en  eft 
réparé  par  la  décoâion ,  Se  vient 
nager  lous  la  forme  d'une  graifTe 
verdâtre  ,  &  enfuite  fe  (iger  fur  la 
furface  de  l'eau  employée  dans  la 
didillation. 

C'eft  cette  dernière  huile  ou  beur- 
re qui  conftitue  la  patrie  médica- 
menteufe  vraiment  ipéciale  de  ces 
baies;  elle  eft  réfolutive,  adoucif- 
ikore ,  difcuffive  %  Tolnérairf • 

Tome  XF. 


lAÛ  449 

On  fait  Tempbi  qu'on  fait  dans 
les  cuifines  des  feuilles  de  laurier. 
La  cotilbmmation  en  eftafTezconfi- 
dérable  à  Paris  pour  que  certains  pay« 
fans  trouvent  moyen  de  gagner  leur 
vie  en  apportant  de  plus  de  cin« 
quante  lieues  de  gro(!è$  branches  de 
laurier  avec  leurs  feuilles  qu'ils  y 
vietmenr  vendre.  On  les  fait  entrer 
funoMt  comme  afTaifonnement  dans 
les  fauces  que  l'on  fait  à  certains 
poiflbns.    Plufieurs    médecins   ont 

S  rétendu  qu'elles  étoient  nuifibles 
i'eftoniac  \  d'autres  ont  cru  -au 
contraire  qu'elles  le  fortifioiept ,  & 
qu'elles  aidoient  la  digeftion. 

Le  laurier  eft  très-célèbre   dans 
la  mythologie  ,  &  c'eft  de  tous  les 
arbres  celui  qui  fut  le  plus  révéré 
chez  les  anciens*  11  étoit  particuliè- 
rement confacré  à  Apollon  >  parce-* 
que  la  nymphe  Daphné  fuyant  les 
pourfuites  ae  ce  Dieu ,  il  ne  l'at- 
teignit qu'au  moment  où  elle  fe 
métamorphofoit  en  laurier.    Il  la 
fentit  encore  palpiter  fous  la  nou- 
velle écorce  qui  l'enveloppoit  :  il 
ferra  entre  fes  bras  les  rameaux  du 
laurier  comme  (i  c'eûr  encore  été 
la  belle    nymphe  qu'il  venoit  de 
pourfuivre»  &  il   lui  adre(Ia   ces 
mots  :puifque  tu  ne  peux  être  mon 
époufe  ,  tu  feras  du  moins  mon 
arbre  chéri  \  laurier^  tu  feras  i  ja- 
mais l'ornethent  de  ma  tête ,  de  ma 
lyre  &  de  mon  carquois.  Tu  feras 
l'ornement  6cs  Généraux  qui  mon- 
teront triomphans  au  Capitole ,  au 
milieu  d'une  pompe  magnifique  » 
&  des  chants  ae  viâoire  &  d'allé- 
greffe.  Tu  décoreras  l'entrée  de  ces 
demeures  auguftes  où  font  renfer- 
mées les  couronnes  civiques   que 
tu  prendras  fous  ta  proteAion.  En* 
fin  ,  comme  la  chevelure   de  ton 
ornant  ne  vieillir  jamais ,  ic  qu'elle 
o'eft  jamais  coupée ,  je  vem  que 


450^  LAU 

tes  rameaax  foienr  toujours  verts 
&  toujours  les  mêmes. 

Depuis  ce  temps  le  laucîer  fut 
admis  clans  cotttes  les  cérémonies 
leligieufes  d^  anciens*  On  en.  dé- 
cor oit  les  ten»ples,rles  autels  d'A- 
pollon fie  k  trépied  de  U  Pythie.  Ses 
.  âeuxs  étoient  regardées  comme  un 
inftrument  de  cuvimation  :  fi  fêtées 
au  feu  elles  pétilloienc*  ayec  beau- 
coup de  bruit  »  c'étoit  un  bon  pré- 
i^^e  y  Cl  au  contraire  elles,  ne^  fe  fai- 
foienc  poitK  entendre ,  c'éigit  un 
£gne  funefte.  On  mettoic  de  ces 
feuilles  fous  le  cbevet  de  Ton  Utj 
lorfqu  on  vouloir  avoir  des  foires 
fur  la  vérité  defqujsls  on  put  comp- 
ter. 

Les  fiifceaiix  des  premiers  Ma- 
giftrats  de  Rome  >  des  Diâ^ieurs 
&  des  Confuls  étoient  em^ui  es  de 
lauriers  lorsqu'ils  s'étqient  rendus 
dignes  de  cet  koimeur  par  leurs  ex- 
ploits^ Cheat  les  Grecs  9  ceui  qui 
venoient  de  çonfulter  TOracle  d'A- 
pollon fe  couronnoiept de  lauriers» 
s'ils  avoient  reçu  du  Dieu  une  cé- 
ponfe  favorable.  Les  mefliàgers  qui 
chez  les  Romains  étoîent  porteurs 
d'une  bonn^nouvelle  ,.  ornoÂent  de 
lauriers  la  pointe  de  leurs  javelines. 
La  mort  de  Mithridate  fut  amson- 
cée  de  cette  manière  à  Pompée.  On 
entouroit  pareillement  de  lauriers 
les  lettres  &  les  rabletresqui  renfer 
moient  le  récit  de  quelque  heureux 
fuccès.  On  en  fàifoit  autant  pour 
les  vaidèaux  viâorieux.  Enfin  on  a 
couronné  de  laurier  les  poêles  qui 
ont  remporté  le  prix  de  leur  art. 
Laurier  csRisB,feiiiid'un  petit  arbre 
fort  agréable  â  Uvue  »  ainfi  nommé 
rarcequ'il  porte  des  lieurs  fembla- 
bles  à  celles  du  laurier,  &c  des  fruits 
qui  re{{^mblen(  uti  peu  à  ceu»  da 
ceri^r.  On  en  diftiugue  plu^etirs 
^ff9c^$  ;  fey w  X  fa  lauritr  ccTf/ijûr"  J 


i 


LAU 

iinaire ,  les  lauriers  cmfts  à  fetniks 
panachées  de  blanc  ou  de  jaune  ^  U 
laurier  cerife  d^  la  Louifianc  »  dit  lauf- 
fier  amande. 

La  fleuF  des  taoriefs  cerifesr  ed 
formée  d'un  calice  q«î  eft  ^*one 
feule  pièce  9  figurée  ei^  clocke  ou- 
verte »  dont  les  borda  foin  d&vi(és 
en  cinq.  Ce  csilice  fer  ^  ciaqipétales 
arrondit  &  dîfpotee.  et;  wite  y  aux 
fleurs  fuccèdent  ^%%  baies  prefque 
rondes  >  rouge*,  qiM  coRtienBent  un 
noyau.  Les  teuiUee  de  lauriers  ce* 
f ifes  font  (imp^$ ,  entièses ,  oblon* 
gues>  plus  ép»i({esdcplt;is.hiifantes 
que  ceUes  de  1  oranger ,  &  pofées 
alternativement  fur  Les  branches  ^ 
elles  ont  à  leur  bord  ic  petites  den- 
telures qui  font  éloignées  les  unes 
des  autres.. 

Ces^diverfea  eQ>tcef  de  lauriers 
ccrifes  j^r dent  toujours  leurs  feuil- 
les ,  &  fupporreuK  allez  bien  le  froid 
de  nos  hivers,  on  peur  en  garnis  des 
lerrailes.  Dans  le  mois  de  Mai  ces 
arbres  fe  couvrenr  de  belles  Aeurs 
en  pyramide,  <]oi  quoiqu'efles  ne 
foient  pas  d*un  beau  blanc ,  peuvent 
fervir  a   décorer   les  bofquets  da 
printemps.  Dans  les  pajs  maritimes 
où  les  lauriers  cerifesneeèlent  ja- 
mais ,  on  peut  en  faire  des  taillis 
qui  fourniront  d'execllens  cerceaux 
pour  les  barrils.   Qn  peut  multi- 
plier tes  lauriers  cerifes  par  les  fe- 
menées  ,  les  marcottes  ,  &  on  penc 
greffer  les  efpèces  pnachées  fut  le 
laurier  cerife  commun.  On  a  greffé^ 
avec  fuccès  le  Uiu^ier  cerife  m  le 
cerifitr  ^  mais  ces  ar&res  ne  d^ifent 
pas  :  on  a  elTayé  aufli  ,  mais  fans 
fuccès,de  greffer  les  cerifîers  fur  les 
lauriers  ceri(es,  on  fe  propofbîc  d'a- 
voir par  ce  moyen  des  cef  iiiers  nains.- 

\e%  âenrsÇe  Tes  feuilles  du  laurier 
cerife  ont  une  edeoc  cTaaiande 
amètequ^eftailèc  ft|féable  :  oaseui 


'* 


LAU 

tèvt  (  farrouc  des  feuilles  )  dâM  let 
cuifines  pour  donner  le  go(ic  d'a- 
mande aux  foupes  au  laie  de  aux 
crèmes.  On  en  lecire  par  la  dif- 
ciilacion  avec  de  l'eau-de-vie  »  une 
liqueur  qui  eft  affez  gracieule^  & 
eue  1  on  prétend  être  bonne  pour 
1  eftooiac  j  mais  il  eft  daif||ereux  de 
charger  trop  Teau-de-vie  de  cet 
aromate  ;  car  en  diftillam  pluiieurs 
fois  de  Teau  fur  les  feuilles  de  Jau- 
rier  cerife»  on  en  retire  une  liqaeur 
qui  eft  on  Violent  potfon  pour  les 
hommes  6c  pour  les  animaux ,  il 
çaufe  d'abord  des  convuUions  ^  la 
paral^fie,  enfin  la  mort 

J'ai  fait  fur  ce  poifonj  dit  M. 
Duhamel  »  plufieurs  expériences  : 
une  cuillerée  fuffitpour  tuer  un  gros 
chien  :  la  difleâton  anatomique 
ne  nous  fit  appercevoir  aucune  in- 
flammation }  mais  lorfque  nous 
ouvrîmes  l'eftomac  »  il  en  fortir 
«ne  odeur  d'amande  amère  très- 
exaltée  qui  penfa  nous  (jifFoquer  ^ 
âinfi  il  y  a  lien  de  croire  que  cetre 
▼apeur  agit  fur  les  nerfs.  Malgré  les 
ficheux  effets  que  produit  cette  eau 

3ue  l'on  a  diftillée  fur  les  feuilles 
e  laurier  cerffe ,  elle  peut  être  un 
bon  ftomachique  étant  prife  à  pe- 
tite dofe  i  car  fi  l'on  en  fait  avaler 


kgraille.  un  a  oDierve  que 
la  comme  du  laurier  cerife  ne  pro- 
duit aucun  mauvais  effet. 
Lavaibr  r  osa,  fe  dit  d'un  arbrifleau 
fort  agréable  »  lequel ,  fi  on  le  laKTe 
croître  fans  le  conduire  ^  poufiè 
quantité  de  tiges  de  pied  qui  ne  for- 
SHent  qu'un  buifTon.  Il  fe  garnit  de 
beaucoup  de  feuilles  longues ,  étroi- 
tes 6c  poinraes  ^  elles  ibnt  fans  den- 
telures «fort  unies  en^ffns»  mais 
relevées  en-de((bus  d'une  feule  ner- 
▼wre  i  ellçs  conferveu  toujours  U 


LAU  451 

même  verdure  qui  eft  terne  6c  fon* 
cce.  L'arbrifleau  donne  aux  moi  s 
de  Juillet  6c  d'Août  une  grande 
quantité  de  fleurs  raflembl^s  par 
bouquets  à  rextrétnité  des  branches 
quiiont  d'une4)elle  apparence.  Lorf- 

2u*elles  font  pafiées  il  ieiir  fuccède 
e  longues  filiques  qui  renferment 
àts  femences  garnies  d'aigrettes  y 
mais  ce  n  eft  que  dans  les  années 
chaudes  &  bien  favorables  que  cet 
arbd£&att  donne  de  la  graine  dans 
ce  climat.  U  faut  fotgner  ce  Uurier 
dans  Ùl  jeunefiê  {>ottr  lui  faire  pren* 
dre  une  tige  droite  ;  &  il  ne  faut 
pas  moins  d'attention  par  la  fuite 
pour  lui  former  une  tète ,  par  rap- 
port  à  l'irrégularité  qu'il  coutraAe 
naturellement.  On  connoît  i  pré- 
fent  (èpt  e(pèces  différentes  de.  cet 
arbridêau  i  comme  elles  ne  font 
pas  également  robuftes  ,  il  fera  plus 
convenable  de  les  traiter  fépa ré- 
ment 8c  d'en  faire  deux  cIj  (Tes.  La 
première  comprendra  ceux  qui  exi» 
gent  le  moins  de  précaution  pour 
paifer  les  hivers  ;  rels  font  le  Jau" 
ricr  rofc  ordinaire  à  fleurs  rouges^  ce- 
lui afiturs  blanches  ,  &  celui  dont 
les  fleurs  font  mêlées  de  rouge  &  de 
blanc  ;  il  faut  â  ces  arbriffeaux  les 
mêmes  ménagemens  que  pour  let 

f;renadiers  ^  c  eft  â-dire ,  qu'il  faut 
es  ferrer  pendant  l'hiver  &  que  la 
[»lus  mauvaife  place  de  lorangerie 
eur  fu£t  :  il  eft  vrai  au*on  en  a  vu 
dans  le  climat  de  Pans  ,  qui  ont 
pafle  plufieurs  hivers  de  fuite  en 
plein  air;  mais  lesplantsqu'on  avoic 
ainfi  expofés  »  en  ont  été  quelque^ 
fois  fi  endommagés  &  fi  fatigués  , 
qu'ils  petdoient  beaucoup  de  leur 
agrément. L'ttfage  eft  de  les  tenir  ou 
dans  des  pots  ou  dans  des  caifles  flt 
c'eft  le  meilleur  parti*  Rien  déplus 
aifé  que  de  multiplie^  ce  laurier  • 
ùÀx  paf  les  rejetons  qu'il  prodiuc 

Lllîj 


4yi  L  A  U 

au  pied ,  foit  en  femanc  Tes  graines, 
foit  en  couchant  de  jeunes  bran- 
ches ,  ou  en  greffant  fes  efpèces  les 
unes  fur  lesautres.  Tous  ces  moyens 
font  bons ,  fi  ce  n'eft  que  celui  de 
femer  fera  le  plus  difficile  &  le  plus 
long.  Le  commencement  d'Avril  eft 
le  temps  propre  pour  faire  les  bran- 
ches couchées  ;  il  fera  prefque  égal 
de  ne  les  faire  qu'au  mois  de  Juil- 
let ,  elles  feront  des  racines  fuffi- 
fantes  pour  être  tranfplantées  au 
Drintemps  fuivant.  Il  faut  à  ces  ar- 
Driiïeaux  beaucoup  d'efau  pendant 
l'été,  fans  quoi  ils  feroient  peu  de 

Erogrès  ,  &  ne  produiroient  pas 
eaucoup  de  fleurs.  Si  Ion  veut 
même  en  tirer  tout  le  parti  pofiibie, 
c*eft  de  les  ôter  des  caiflfes  &  de  les 
mettre  en  pleine  terre  pendant  toute 
la  belle  faifon  jufqu^au  20  d'Oâo- 
bre  qu'il  faudra  les  remetttre  dans 
leur  premier  état  ;  on  leur  donne 

I)ar  ce  moyen  ,  de  la  vigueur ,  de 
a  durée ,  de  la  hauteur  Se  infini- 
ment plus  de  beauté.  Les  lauriers^ 
rôfc  de  la  (êconde  clafiè  font  infi- 
niment plus  délicats  que  ceux  dont 
on  vient  de  parler  ;  il  leur  faut 
une  ferre  chaude  pour  pafièr  Thi- 
▼er ,  &  des  foins  tout  différens  : 
ceux^i  font  le  lauricr-rofe  à  fleurs 
rougeâtrcs^  fimplts  &  odorantes  y 
le  même  à  fleurs  doubles  ^  celui  à 
fleurs  doubles  mêlées  de  rouge  &  de 
blanc  y  &  un  autre  à  grandes  fleurs 
rouges.  Ces  arbriffeaux  viennent  de 
la  nouvelle  Efpagnç ,  d  ou  ils  ont 
paiTé  aux  colonies  angloifes  d'Amé- 
rique &  de  i  U  en  .  Europe.  Les 
'  deux  variétés  à  fleurs  doubles  font 
de  la  plus  grande  beapté  celles  don- 
nent pendant  tout  Tété  de  gros  bou- 
quets de  fleufs  très-doubles  dont  la 
vive  coù]^ur ,  l'élégance  &  la  bonne 
odeur  rendent  ces  arbiifleaux  très- 
j>réci«ux  :  mais  il/faut  d^s  précao- 


LAU 

tions  pour  les  faire  fleurir  ;  car  fi 
on  les  lai  (Te  en  plein  air  pendant 
l'été ,  quoique  dans  la  meilleure  ex- 
pofiiion  ,  ils  ne  donnent  point  de 
fleurs^  il  faut  abfolument  les  met- 
tre fous  des  chafiîs  ,  &  les  traiter 
durant  cette  faifon  comme  les  plan-* 
tes  les  plus  délicates  des  pays  chatids. 
Ces  arbrifleanx  dans  'les  pays  d'où 
on  les  a  tirés  ,  crotflent  naturelle- 
ment fur  les  bords  des  rivières  & 
le  long  des  côtes  maritimes  :  on  ne 
fauroit  donc  trop  recommandet  de 
les  faire  arrofer  fouvent.  Du  telle 
on  peut  les  multiplier  comme 
^  les  efpècès  qui  font  plus  robof- 
tes.  ' 

*  Le  laurier-rofe  doit  être  regardé 
comme  un  poifon  ^  non  feulement 
pour  les  hommes  mats  encore  pour 
toute  forte  d'animaux 'qui  en  man- 
gent ,  félon  le  fentiment  de  Galien, 
&  contre  celai  de  Diofcoride  &  de 
Pline  qui  difent  que  les  fruits  &les 
feuilles  de  laufier-rofe  font  un  poi- 
fon pour  la  pluptrt  des  quadrupè- 
des ,  mais  que  les  hommes  peuvent 
en  ufer  intérieurement  contre  les 
morfures  des  ferpens ,  &c. 

Les  remèdes  contre  ce  poifon 
font  cenxqu^on  prefcrit  contre  tous 
les  poifons  corrofifs  en  général  ; 
fa  voir,  les  huiles  par  expreflion,le 
lait  9  le  beurre  ^  la  décoâion  des 
fruits  doux  y  des  racines  Se  desgraif- 
fes  mucilagineufes ,  &c. 

Les  feuilles  de  laurier-refe  écrar 
fées  Se  appliquées  extérieuremenr, 
font  bonnes  ,  félon  Galien ,  con« 
tre  la  morfure  des  bctes  veni- 
qieufes. 

Ces  mêmes  feuilles  font  em<» 
plovées  dans  la  poudre  ftemutatoire 
delà  pharmacopée  de  Paris. 
Laurier  -  thym  ,  fe  die  d*un  très- 
joli  arbrifleau  dont  il  y  a  plufieurs 
lefpècesqui  varient  un  peu  par  k  for* 


LAÙ 

me  de  leurs  feuilles  &  par  leur  cou- 
leur :  les  unes  font  ptnachées  en 
blanc  ,  les  autres  en  jaune.  Leurs 
fleurs  font  difpofées  en  ombelle  , 
compoféesd'un  feul  pétale  en  forme 
de  cloche  &  divifé  en  cinq  parties  : 
ces  fleurs  fubfiftenc  prefque  pen* 
danc  tonte  Tannée  :  on  doit  par 
cette  raifon  mettre  cet  arbrif- 
feau  dans  les  bofquers  d'hiver  où  il 
eft  d'aurant  plus  agréable  qu  il  eft 
encore  couvert  de  fleurs  quand  tous 
les  autres  arbres  Se  arbuftes  en  font 
dépouillés.  Ses  feuilles  qui  font  d'un 
vert  foncé  ôc  oppofées  fur  les  bran* 
ches  I  ne  tomoent  point  pendant 
l'hiver.  Si  des  gelées  trop  forces  font 

fȎrir  les  branches  de  cesarbrifleaux, 
a  fouche  repouflera  bientôt  de  nou- 
veaux jets.  Les  baies  de  laurier- 

*     thim  font  très  purgatives ,  mais  on 
n*en  fait  aucun  ufage. 

Il  n'jr  a  peut-être  aucun  arbrif- 
feau  que  Ton  puifle  multiplier  aufli 
aifément  que  le  laurier-thim  :  il 
vient  de  rejetons  ,  de  femence,  de 
branches  couchées  ,  de  boutures  , 
par  la  greffe ,  &  même  en  piquant 
dans  la  terre  fes  feuilles  qui  font 
racine  aflex  prompiement.  Cet  ar- 
briffeau  n'exige  d'ailleurs  prefque 
aucune  culture  • 

Lauriir  -NAIN  ,  fe dit  d'un  arbnfte 
/ingufffcr  qui  eft  commun  en  Sibé- 
rie &  qui  porte  des  feuilles  très- 
femblaUes  i  celles  du  laurier  or- 
dinaire j  avec  la  différence  qu'elles 
ne  font  pas  d'une  huitième  partie  fi 
grandes.  Du  refte  cette  plante  dif- 
fère beaucoup  du  laurier  vulgaire  : 
fes  fleurs  qui  font  jaunes  Se  qui  pa- 
roiflènt  en  Juin  ou  Juillet,  reffem- 
bleBt  i  de  petites  cruches  avec  des 
ventres  avancés  dont  l'extrémité  va 
en  augmentant ,  &- l'ouverture  eft 
forr  étroite  :  fes  feuilles  font  d'un 
ven  vif  &  fortement  attachées  à  la 


LAU  45^ 

tige  qui  eft  Hgneufe  :  elles  tombent 
dans  le  mois  de  Mai  :  le  fruit  mûr 
éft  d'un  pourpre  bleu ,  il  efl;  fort 
ajgréable  au  goût ,  quoique  malfain 
n  l'on  en  mange  avec  excès.  La  tige 
qui  a  environ  fix  pouces  de  haut , 
fort  d'une  racine  rampante  &  qui 
eft  couchée  tout  à  plat  fur  terre» 
A  mefure  que  les  anciens  bour- 

Seons  difparoiffent  (  dans  le  mois 
e  Mai  )  il  en  paroit  auflicôc  de 
nouveaux  ;  c'eft  alors  que  les  feuil- 
les noirciflent  ,  &  elles  ne  font 
pas  plutôt  tombées  ,  aiofi  que  les 
fruits  qui  les  fuivent  de  près  ,  que 
le  jeune  bourgeon  eft  déjà  couvert 
de  fleurs  j  de  forte  qu'on  ne  voit 
jamais  cette  plante  fans  feuilles. 
Quoique  le  laurier-nain,  croilfe  ra* 
pidement  &  vigoureufement  ,  il 
n'acquiert  pas  un  pouce  de  hauteur 
en  vingt  ans  :  les  endroits  où  croît 
ce  fous-arbriffeau ,  font  les  fondriè* 
res  &  les  marais  djeau  douce* 
Laurier  alexandr||i,  fe  dit  d'une 
forte  déplante  vivace  dont  les  tiges 
durent  deux  années  »  &  qui  fe  re-» 
nouvelle  tous  les  ans  i  peu  près 
comme  le.  framboifier.  Ce  laurier 
poufle  de  bonne  heure  auprintemps) 
de  nouvelles  tiges  qui  lortent  des 
racines  Se  qui  s'élèvent  à  environ 
deux  pieds  :  chaque  tige  fe  fubdi- 
vife  en  plufieurs  branches  qui  fpnc 
garnies  de  feuilles  reffemblantes  à 
celles  du  mirthe  i  large  feuille*. 
Dans  la  plupart  des  efpèces  de  ce 
laurier ,  la  graine  fort  du  milieu 
de  la  feuille  »  &  cette  graine  eft 
une  baie  de  la  groffeur  d'une  petire 
cerife  &  d'un  rouge  aflez  vif:  cette 
fingularité  jointe  1  ce  que  ce  lau« 
rier  conferve  fes  feuilles^  fes  fruits 
&  fes  tiges  pendant  Thiver  fuivant, 
eft  ce  qui  en  fait  tout  le  nxérite  : 
on  peut  le  multiplier  de  graine  » 
mais  il  fera  plus  court  &  plus  aifi 


454 


LAU 


d'en  tirer  da  plant  en  divifant  fes 
racines  au  printemps ,  avant  cju'il 
ne  commence  à  poulTer.  Cette  plan- 
ce  fe  plaît  i  l'ombre  Se  n'exige  au- 
cun foin  particulier.  C  eft  bien  gra 
tnitement  qu'on  lui  a  donné  le  nom 
de  laurier  ;  elle  n'a  ni  rapport  ni 
reflemblance  avec  les  arbres  de  ce 
nom,  &  elle  ne  mérite  pas  dail- 
iurs  de  leur  être  alfociée  ^  il  y  a  plu- 
sieurs efpèces  de  cette  plante. 

On  dit  figurément  ,  cutillir  des 
lauriers  y  moijjonner  des  lauriers;  pour 
dire,  remporter  la  viâoke  fur  les 
ennemis.  £r  Jlétrir  fis  lauriers  ; 
pour  dire  »  déshonorer  (a  vic- 
toire. 

LAURIÈRE  ;  (  Easèbe  Jacob  )  nom 
d'un  habile  Jorifcoofulte  né  à  Paris 
en  1(^59  »  &  more  dans  la  même 
yille  en  1718.  Ses  principaux  ou- 
Trages  font  i^.  un  traité  du  droit 
d  attK>rti(rement  :  x^.  le  texte  des 
coututnes  de  la  Prévoté  de  Paris  : 
3^.  U  biblitrhèque  des  coutumes 
avec  un  de  fes  confrères  :  4^.  le 
gloflàire  du  droit  François:  {^. 
les  inftirutes  coucumtèree  de  Lojrfel 
avec  de  favantes  notes. 

LAURO  ;  nom  d'une  ancienne  ville 
de  TEfpagne  Tarraçonoife ,  remar- 
qujd>le  par  la  viâoire  que  les  rrou- 
pes  de  Jules  Céfar  y  remportèrent 
fur  les  croupes  de  Sextus  Pompée 

3ui  y  périt.  EUe  n*étoit  pas  ébienée 
e  la  capitale  du  Royaume  de  Va- 
lence. 
tÂUSANNË  ;  grande  te  belle  ville 
de  SuifTe ,  capitale  du  pays  de  Vaod, 
dans  le  Canton  de  Berne  »«  àdoQXe 
lieues ,  nord-eft ,  de  Genève  >  fous 
le  14*  degré  »  10  minutes  de  Ion- 

{;itude  »  &  le  4(e,  50  minutes  de 
atltude.  Les  terres  y  font  très-bien 
cultivées  &  produifenc  en  abon- 
dance le  blé  ,ie  vin  &  les  fruits. 
Cette  ville  anciennement  fkn- 


LAU 

che  &  libre  ,  pa0â  depvis  foQS  la 
domination  de  fon  Evoque  qui  fut 

Îualiâé  de  Prince  de  Laufanne..Les 
>einois  ayant  conquis  fur  Charles 
II,  Duc  de  Savoie, le  pays  de  Vaad, 
fe  rendirent  maittes  de  Lau/anne 
d'où  ils  bannirent  Texerdcê  de  la 
relieioii  romaine ,  donnèrent  ï  leur 
Bailli  les  revenus  de  la  Menfe  Êpif- 
copale  ,  &  ceux  de  la  menfe  du 
Chapitre  au  Collège  qu'ils  éta- 
blirent &  que  l'on  nomme  Aca^ 
demie. 

L'Êvèque  Sebaftten  de  Montfau** 
con  qui  tenoit  alors  le  Siège  épif- 
copal  de  Laufanue  ,  fut  contraint 
de  fe  retirer  à  Fribourg  avec  le 
vain  titre  d'Évèque  de  Laufimnetc 
de  Prince  de  l'Empire ,  n'ajjrant  pour 
vivre  que  ce  qu'il  recevoir  de  Sa- 
voie. Ses  fuccefleurs  qui  prennent 
toujours  les  mêmes  titres ,  loat  nom* 
mes  par  les  Rois  de  Sardaigne  qui 
pourvoient  i  leur  fubfiftance. 

On  croit  que  le  Siège  épifcopal 
de  cette  ville  avoit  été  établi  as 
commencement  du  VII  fiècle  par 
TÈvèque  Marins  appelè^  vulgaire* 
ment  Saint  Maire  ,  après  la  deP 
truâioo  d'Avranches  où  ce  Si^e 
étoit  auparavant. 

L'Êgtife  cathédi^ale  fut  dédiée 
par  le  Pape  Grégoire  XX,  Tan  1 175, 
en  préfence  de  l'Empereur  Rodolphe 
denabfboufg. 

Les  Pères  du  Concile  de  Baie 
ayant  quitté  Baie  en  1 549 ,  allèrent 
fiéger  à  Lanfanne  oii  ils  tinrent  quel- 
ques  féances.  La  bibliothèque  de 
l'Académie  de  Lanfanne  cooferve 
un  volume  manofcrit  des  aâes  de  ce 
Concile. 

Le  Bailli  qne  les  Bernois  ont  éta- 
bli dans  leur  conquête  »  n'a  point 
de  juridiâion  fur  les  habirans  de 
LaidGinne  qui  fe  gouvernent  par 
leurs  propres  lois*  m  ont  lev 


tAU 

leU  de  deux  cens  donc  le  Chef 
a  le  titre  de  Bourgmeftre  j  un  autre 
confeil  de  foixante  tiré  du  précé- 
dent ^  ôcnn  troifième  compôfé  de 
vit^t-buit  membres»  qui s'aflèmble 
fréquenoRient  pour  expédier  les  af- 
faires ordinaires. 

L  AU T£NBÂCH  >  bourg  de  France , 
dans  la  haute  Alface  ,  avec  une 
^life  coUéeiale  dont  le  Chapitre 
eu  compofe  d'un  prévôt  »  d'un 
£)^yen  Se  de  douze  Cnanoioes.  Cha-  j 
que  Canonicac  vaut  environ  looo 
liv.  de  rente  au  Titulaire. 

LAOTER  ;  petite  rivière  de  France  , 
dans  la  /  bafle  Alface.  Elle  arrofe 
Veiflèoibourg  &  va  fe, perdre  dans 
le  Rhin  »  auprès  de  Lauterboiirg  , 
après    un    cours    d'euviron    huit 

Asues- 

•  11  y  a  en  Allemagne  »  dans  le 
Palatinac  ,  une  rivière  de  même 
nom  qui  a  fa  fource  dans  le  Bail- 
liage de  Keyferflauter»  &fon  em* 
bouchure  dans  la  rivière  de  Glaan, 

a  ï  .^tWTt^CK 

LAUTERBOURG  ;  petite  ville  & 
Bailliage  de  ta  baâe  Alface,  fur  la 
rivière  de  Lauter  ,  à  dix  lieues  > 
nord-eft ,  de  Scrafbourg. 

LAUTHENTHAL  :  petite  ville  d'Al- 
lemagne ,  dans  le  Hartz  9c  dans 
les  États  de  la  Maifon  de  firivif* 
wick. 

LAUTREC^  petite  ville  de  France, 
en  Languedoc  ,  fi  tuée  entre  les  ri^ 
vières  d*Agouc  Se  de  Oadou ,  i  qua- 
tre lieues  >  eft  >  de  Lavaur. 

LAUTRÇCK ,  ou  Lautekbck  ;.  pe- 
tite ville  d 'Allemagne  ,  dam  le  Pa- 
latinat  »  fur  Les  frontières  du  duché 
de  Deux-Ponts ,  au  confluent  de  h 
Lauter  &  d^  laGIann. 

LAW  ,  ou  Las  s  \  (  Jean  )  Écoflbîs 
qui  n'eat  d^abord  d'ausre  métier 
que  d*cr»e  grand  joueur  ëc  grand 
cal^M^teur.  Oblig:  de  fîûr  de  la 


LAU  4j,f 

grande  Bretagne  p^^tr  dii  meurtre ,. 
avoir  dès  long -temps  rédigé  le 
plan  d'une  Compagnie  qui  pajreroic 
en  billets  les  dertes  d'un  État  »  & 

2ui  fe  rembourferoit  par  les  profits* 
le  fyftème  éroit  très  -  compliqué  , 
mais  réduit  à  fes  j^es  bornes  il 
pouvoir  être  très^utife.  C'écoit  un^ 
imitation  de  la  banque  d* Angle* 
terre  &  de  fa  Compagnie  des  ln« 
des.  Il  propofa  cet  établifiemenc 
au  Duc  de  Savoie  ,  depuis  pre- 
mier Roi  de   Sardaiene  >    nSor 


Amédét ,  qui  répondit  qu'il  n'écolr 

1>as  afiez  puidànt  pour  \t  ruiner.  II 
e  vint  propofer  au  Contrôleur  Gé* 


néral  Des  Marcts  ;  mais  c'étoic 
dans  te  temps  d'une  guerre  malheu* 
reofe  où  toute  conunce  étoit  per- 
due  ^  &  la  bafe  de  ce  fyftènse  étoir 
la  confiance. 

Enfin  il  trouva  tout  favorable 
fous  la  Régence  du  Duc  d'Orléans^ 
deux  milliards  de  dettes  à  étein- 
dre ,  une  paix  qui  kiffoit  du  loifio- 
au  Gouvernemenr  »  un  Prince  tQ  un 
peuple  amoureux  de  nouveautés. 

Il  éublit  d'abord  une  banque  en 
ion  propre  nom  en  1 7 1  ^.  EHe  de* 
vint  bientôt  un  Bureau  général  des 
recettes  do  Royaume.  On  y  joignit 
une  Compagnie  de  Mifiiffipi  ;.Com* 
pagnie  dont  on  fiiifait  efpérer.  de 
grands  avantages.  Le  pubkc  fi^dtiiir 
par  l'appât  du  gain  ,  s'empreflTad  a- 
cheter'avec  fureur  tes  aâiions  de 
cette  Compagnie  &  de  cette  banque 
réunies*  Les  riche flfès  auparavant 
refiferrées  par  la  défiance  »  circulé* 
rent  a^ec  profufioo  ;  les  billets  dou- 
bloient ,  quadruploienr  ces  richef-^ 
fes.  La  France  rue  très  -  ricbe  en; 
effet  par  le  crédit.  Toutes  les  pro^ 
fefiions    connurent  le  luxe  ;  &  ils 
padà  chea^  fes  voifins  de  la  Fran- 
ce »  qui  eurent  parc  à  ce  cou»*- 
merce.. 


45^  LAV 

La  banqae  fut  déclarée  banque 
du  Roi  en  1718.  Elle  fe  chargea 
du  Commerce  du  Sénégal.  Elle  ac- 
quit le  privilège  de  l'ancienne  Com- 
f^agnie  des  Indes  fondée  par  le  ce- 
èbre  Colbcn  ,  tombée  depuis  en  dé- 
cadence I  &  qui  avoir  abandonné 
fon  commerce  aux'^Négocians  de  St. 
Malo.EnHn  elle  fe  chargea  des  fer- 
mes générales  du  Royaume.  Tout 
fut  donc  entre  les  mains  de  l'Écof- 
fois  Lafs,  &  toutes  les  finances  du 
Royaume  dépendirent  d'une  Com  • 
pagnie  de  commerce. 

Cette  Compagnie  paroiiïant  éta- 
blie fur  de  fi  vaftes  fondemens»  fes 
aâions  augmentèrent  vingt  fois  au- 
deU  de  leur  première  valeur.  Les 
variations  fréquentes  dans  le  prix 
de  ces  effets  3  produiHrent  à  des 
hommes  inconnus  des  fommes  im- 
menfes  t  plufieurs  ,  en  moins  de  fix 
mois  »  devinrent  plus  riches  que 
beaucoup  de  Souverains.  Lafs  féduit 
lui-même  par  fon  fyftème  &  ivre 
de  rivrefie  publique  &  de  la  fienne» 
avoit  fabriqué  tant  de  billets^  que 
la  valeur  chimérique  des  aâîons'^va- 
loit  en  1 7 1 9  quatre-vingt  fois  tout 
l'argent  qui  pouvoit  circuler  dans 
le  Royaume.  Le  Gouvernement 
rembourfa  en  papier  tous  les  rentiers 
de  rÊtar. 

Le  Régent  ne  pouvoit  gouver- 
ner une  machine  fi  immenfe ,  fi 
compliquée  ,  &  dont  le  mouve- 
ment rapide  l'entraînoir  malgré  lui. 

»  ^        te*  •  -    I  ° 

Les  anciens  rmanciers  &  les  gros 
Banquiers  réunis  épuisèrent  la  ban- 
que royale  y  en  tirant  fur  elle  des 
iommesconfidérables. Chacun  cher- 
cha à  convertir  fes  billets  en  ef- 
péces  ;  mais  la  difproportion  étoit 
énorme.  Le  crédit  tomba  tout  d'un 
coup  \  le  Régent  voulut  le  ranimer 
par  des  arrêts  qui  Tanéantirent ,  on 
ne  vit  plus  que  du  papier 3  une  mi- 


LAV 

sère  réelle  commencoit  à  fuccéJer 
à  tant  de  richefies  fa&ices.  Ce  fut 
alors  qu'on  donna  la  place  de  Con- 
trôleur Général  des  finances  â  Lafs, 
précifément  dans  le  temps  qit'il 
étoit  impoflîble  qu'il  la  remplie  ; 
c'éroit  en  1710,  époque  de  la  fub- 
verfion  de  toutes  les  fortune»  des 

Sarticuliers  &  à^%  finances  d« 
Loyaume.  On  le  vit  en  peu  de 
temps  j  d'Êcofibis  devenir  Fran- 
çois par  la  naturalifation  \  de  Pro- 
reftant  >  Catholique  ;  d'aveAtarier  » 
Seigneur  des  plus  belles  terres  j  & 
de  Banquier  »  Miniftre  d'Etat.  Le 
défordre  étoit  au  comble.  Le  par- 
lement de  Paris  s'oppofa  autant  qu'il 
le  put  à  ces  innovations ,  &  il  fiit 
exilé  à  Pontoife.  Enfin  dans  la  mê- 
me année  Lafs  chargé  de  l'exécradon 
publique ,  fut  obligé  de  fuir  du  pajs 
qu'il  avoit  voulu  enrichir  &  qu'il 
avoit  bouleverfé. 

Les  libelles  de  ce  temps-là  accu- 
fent  le  Régeftt  de  s'être  emparé  de 
tout  l'argent  du  Royaume  pour 
les  vues  de  fon  ambition  ;  Aril  eft 
certain  qu'il  mourut  endetté  de  fepc 
millions  exigibles.  On  accufoic  Lafs 
d'avoir  fait  pafier  pour  fon  profit 
lesefpèces  de  la  France  dans  les  pays 
étrangers  :  il  a  vécu  quelque  temps 
à  Londres  ^  des  libéralités  du  Mar- 

3uis  de  Laflay ,  &  eft  mort  à  Venifç 
ans  un  état  d  peine  au  -  de  (fus  de 
l'indigence. 
LAWENBOURG  ;  ville  d'Allema- 
gne ,  dans  le  cercle  de  la  bafie  Saxe  ^ 
fur  l'Elbe,  ï  cinq  lieues  ,  nord*eft , 
deLunebourg.  Elle  eft  capitale  du 
Duché  de  même  nom  qui  appartient 
à  l'Éleâeur  d'Hanovre* 

Il  y  a  une  aurre  petite  ville  de  et 
nom  dans  la  Peméranie  ultérieure. 
Elle  appartient  au  Roi  de  Prafle. 
LAWERS  ;  petite  rivière  des  Pro- 
vinces-unies des   Pays -bas.   Elle 

fcpare 


LAV 

fôp&re  la  province  de  Frtfe  do  celle 
de  Grooingue»  6C  ra  Te  perdre  dans 
un  petir  golfe  à  l*excrémicé  de  ces 
deux  prorincer. 

LAVURE  î  fubftantif  féminin,  Col^ 
luv'us  immunda*  L*eaa  qui  a  fecvi  â 
laver  les  écuelles  »  la  vaiûTelle.  On 
lave  les  jambts  des  çhfyaux  avec  de 
la  lavure  d' écuelles. 

Parmi  les  orfèvres  H  les  mon- 
aoyeurs  ,  on  appelle  lavures ,  l'ar- 
gent 56  Tor  qui  provient  de  la  lef- 
five  des  cendres  de  leurs  fourneaux, 
8c  des  balayures  ramaflSes  de$  liei^^x 
fiu  9s  travaillent. 

Lavvrb  p  fe  dit  auflî  en  parlant  d*un 
livre  qu'on  relie  &  qu'on  lave. 

La  première  fyllabe  eft  brève , 
la  féconde  longue  «  Se  la  troifié- 
me  très-brève. 

LAUZERTE  ^  petite  ville  de  France 
en  Quercj ,  à  huit  lieues ,  fud ,  de 
Cahots.  C'eft  le  fiége  d'une  Séné^ 
chaudée ,  &c. 

LAUZUN  ;  petite  ville  de  France  , 
dans  TAeenois»  âfix  lieues,  fud- 
fud-eft ,  de  Bergerac. 

tAXATlF.  IVEjadjeaif.  Laxadvus. 
Qui  a  la  verm  ,  la  propriété  de  lâ- 
cher le  ventre.  Un  remède  laxatif. 
Une  ilfanne  laxative. 

LAXENflOURG  ;  oetite  ville  dAl- 
lemagne  en  Autriche ,  fur  la  Schwe- 
cha  »  i  quatre  lieues  de  Vienne.  Il 
7  a  un  magnifique  château  que  la 
Cour  impériale  habite  de  temps  i 
autre. 

LAYE  j  fubftantif  féminin.  Petite 
route  qu'on  pratique  dans  un  bois 
pour  former  une  allée  ou  pour  ar- 
penter. 

LAYÉ ,  ÉE  ;  participe  paflSf.  f^ayei 
Layei.. 

LAYER  ;  verbe  aftlf  de  la  première 

conjugaifon  »    lequel  fe  conjugue 

comme  Chantbr.  Terme  des  Eaux 

Se  Forêts,  Tracer  une  laye  ,  une 

Tome  'XKm 


I>AV  457 

route  dans  une  foret.    Lay^r  un 
bois. 

LAYÉTIER  i  fubftantif  mafculin. 
Ouvrier  qui  fait  Se  qui  vend  des 
layettes ,  caifTes,  boîtes,  &c. 

Les  layetiers  emploient  le^fapin^ 
la  volige  &  le  bois  de  hêtre.  Ils  ar- 
rêtent Teuts  ouvrais  avec  des  poin- 
tes de  fer  ou  des  clous  ^  mais  ils  ne 
peuvent  fe  fervir  de  colle  ,  de  te- 
nons &  morcoifes ,  comme  les  me« 
nuifiers  qui  à  leur  tour  ne  peuvent 
employer  les  pointes  de  fer  ou  les 
clous  î  c'eft  la  différence  qui  eft  en- 
tre les  ouvrages  de  ces  deux  Com- 
munautés t  Se  qui  fert  à  les  carac« 
térifer. 

Les  Maîtres  de  la  Coomiunauté 
des  Layetiers  de  Paris  fe  qualifient 
de  Maîtres  layetiers-crainiers  de  la 
ville  &  fauxbourgs  de  Paris  :  ils  y 
(ont  aâuellemeat  au  nombre  de 
cent  huit. 

Leurs  premiers  ftatuts  font  aflez 
anciens  »  u  l'on  en  juge  par  les  quin- 
ze articles  qui  font  rappelés  dans  la 
fentence  du  Prévôt  ae  Paris  »  au- 
quel les  Maîtres  de  la  Communauté 
avoient  été  renvoyés  par  François 
premier  en  i  j  1 1  • 

Cette  Communauté  a  fes  Jurés 
pour  veiller  à  (es  privilèges ,  faire 
tes  vifites ,  Se  donner  des  lettres  d'ap- 
prentiflâge  &  de  maîtrife.  Ces 
charges  ayant  été  érigées  en  titre 
d'office  par  l'Édicde  1^91  ,  furent 
l'année  fuivante  réunies  &  iAcor- 
porées»  Se  le  droit  d'éleâion  ré« 
tabli. 

L'apprentilTage  eft  de  quatre  aa- 
nées»  &:  l'afpirant  i  la  Maîtrife  eft 
fujet  au  chef-d'œuvre  »  al  moins  qu'il 
ne  foit  fils  de  Maître. 
LAYETTE}  fubftantif  féminin.  C^;^- 
fa.  Tiroir  d'armoire  où  l'on  ferre 
des  papiers.  Vous  trouvère^  Us  plias 
du  procès  dans  cette  layette. 

M  m 


45« 


LAZ 


Layetts»  fedic  aaffi  d'an  petic  cof« 
fret  de  bois.  Une  petite  layettt  rem^ 
plie  de  bijoux. 

Fayette  >  fc  dit  encore  du  linge  , 
des  lances  &  de  tout  ce  qui  eit  def- 
tiné  pour  un  enfant  nouveau,  qé.  On 
lui  prépare  une  layette*. 

LAYRACj  ville  de  France  dans,  la 
Lomagnc  ,  fur  la'  rivière  de  Gers, 
à  deux  lieues  ,  fud-fud-eft.  d'Agen. 

J.AZARE  i  (Ordre  de   St.)  Ordre 
militaire  qui  commença  à  Jérufa* 
lem  vers  Tan  1 1 17,  par  des  chré- 
tiens d'occident  qui  écoient  maures, 
de  la  Terre-fainte.  Son  inftitut  étoit 
d'exercer  la  chanté  envers  les  pau- 
vres lépreux  dans  les  hôpitaux  ,  Se 
de  protéger  les  pèlerins^  mais  ils 
prirent  enluite  les  armes   pour  la- 
défenfe  des  Princes  chrétiens.    LeSv 
Papes  accordèrent  â:  cet  Ordre  de 
grands  privilèges.  Il  paiTa  en  France 
lous  le  règne    de  Louis  VIL  après 
la  déroute   des  croifés.    Innocent 
yill  voulut  unir  cet  Ordre  a  celui 
^e  St.  Jean  de  Jérufalem  ^. mais  les. 
Chevaliers  François  s'y.  opposèrent, 
&runion  n'eut  lieu  que  pour  l'Italie^ 
Léon  X  la  révoqua  au.  commence- 
ment du  quinzième  fîècle.  En  Sar 
Voie  cet  Ordre  a  été  réuni  â  celui 
de  St.  Maurice  >.&  en  France  â  ce- 
lui de  Notre-Dame  du  Mont-Car^ 
mel  au  mois.d'Oâobre  1  ^oS. 
Les  Chevaliers  de  Saint- Lazare 

fartent  une  croix.  d!oc  émaillée  i 
ait  pointes  ,  attachée  i  un  ruban 
de  couleur  amaranthe.  Leur  prin- 
cipal établiflement  eft  â  Boigni  y 
■  '  .prè.^  d'Orléans.  Le  Roi  pour  rele- 
ver réclat  de  cet  Ordre  ,  lui  a 
donné  pour  chef  M.  le  Duc  de 
Berri  »  aujourd'hui  Dauphin  de 
ïr,ance.  Un  nouveau  règlement  daté 
du  1 5  Juin  1757  ,  porte  que  nulle 
perfonne  pourra  être  reçue  &  ad». 
ttyUe;à  jLavenir  £ar  le  grand  Maître J 


:. 


LAzr 

deTdits  Ordres ,  qu'elle  n'ait  fact 
Tes  preuves  de  la  religion  catho- 
lique ,.  apoftolique  8c  romaine  ,  8c 
celle  de  quatre  degrés  de  nobleder 
paternelle  feulement  »,  le  novice- 
compris.  On  ne  peut  erre  reçu  qu'à; 
trente  ans  :  la  diCperiTe  d*âge  ne  peud 
s'étendre  au-deiïous  de  vingt-cinc|j 
ans.  Les  gentilshommes  élevés  dans. 
1-école  militaire  peuvent  être  reçus^ 
furnuméraires  \  mais  jafquà  trenr^: 
ans  ils  ne  portent,  que  la  petite.* 
cioix.  Ce  même  règlement  nxe  le: 
nombre  des  Chevaliers  à  cfnt«  jt 
compris  huit  Commandeurs  eccle«- 
(taftiques» 

Les  Chevaliers  entr'autres  pri- 
vilèges ,  ont  le  pouvoir  de  fe  ma- 
rier, &  de  tenir  des  penfions  fur 
desi^bénéfices  conHAoriaux.  Suivant 
la  bulle  inter  ajjiduas^  de.  Pie  IV" 
de  l'année  1 5^5  i  ils  confervenc  cea^ 
pendons  nonobftant  un  premier  iC\ 
an  fécond  mariage.;  ils  n'en  font: 
privés  qu'en  cas- qu'ils  paffentà  dt- 
troifièmeS' noces.  Cette  même  bulle* 
autorife  les  Chevaliers^  i  cédçr  SC: 
tranf porter  leurs  pendons  à^  qui  iU: 
voudront,  en  tout-  ou  en  partie  >« 
même  à  l'article  de  la  mort.  Il  eft 
aufli  dit  dans  cette  bulle, que tootea. 
lespenfions  que  ces^Chcvaliers  ob« 
tiendront,,  foiravec  caufe  oufans^ 
caufey.ne  paieront  point  de  corn- 
ponende  i  Home.  Cette  bulle  a  hk: 
confirmée  par  une  autre  de  Pie  W 
de  Tannée  v^6j-» 

Louis  XIV  par  fbn  éâit  du  moi»; 
d'Avril  1^54:,  ehregiftré  au  Grand, 
Confeil ,  autorifa  tous  les  privilè- 
ges accordés  aux  Chevaliers  da 
Mbnt-Carmel  &  de  Saint-Lazare  », 
&  fpécialemenr  la.  faculté  de  pou* 
voir  tenir  quoique  mariés  »  des  pen« 
fions  fur  toures  fortes  de  bénéfices.. 
Ceci  a  été  confirmé  par  un  Édir  de 
Louis  XV  du  mois  d'Avril  1^712.  ^ 


LAZ 

<enregîftré  au  Grand-Confeil  la  ii 
du  même  mois.  Si  ces  Chevaliers 
onc  des  penfions  fur  des  bénéfices 
de  la  nomination  du  Roi ,  ils  en 
fonc  payés  ,  i  compter  du  jour  du 
brever  ^  ain(i  qu'il  a  été  décidé  pat 
un  arrêt  du  Confeil  d*Ècac  du  19 
Juillet  1717. 

I^AZARETj  fubftancîf  .mafculin.  Lieu 
deftiné  dans  quelques  viUeSr&  prin- 
cipalement dans  certains  ports  de  la 
mer  Méditerranée ,  pour  y  faire 
faire  qu;^rantaine  à  ceux  qui  vien- 
nent de  lieux  infeftés  ou  foupçon- 
nés  de  pefte. 

L AZ ARISTESi  (  les  )  Clercs  réguliers 
infticués  vers  l'an  i^jx  par  Saint 
Vincent  de  Paul  «  pour  les  midions 
de  la  campagne  &  la  direétion  des 
féminaires.  Leur  vrai  nom  eft  Prê- 
tres de  la  mijjion;  celui  de  La\anjles 
leur  vient  de  leur  principale  mai- 
fon ,  qui  écoit  autrefois  uir  Prieuré 
de  l'Ordre  de  Saint  Lazare.  Ils  ne 
font  que  des  vœux  (impies.  Leur 
Général  eft  François  &  reûde  i  Pa- 


ns. 


t^AZES  \  (  les  )  peuple  Tartare  qui 
habite  les  montagnes  du  Dagheftan» 
du  coté  de  la  mer  Cafpicnne^  i. 
^ingt  ou  trente  lieues  de  cette  mer. 
"Ce  peuple  Tartare  &  fauvage  «  le 
•teint  bafané  ,  le  corps  robafte  9  le 
vifage  effrcryaldement  laid ,  des  cl;ie- 
"veux  noirs  &  gras  qui  tombent  fur 
les  épaules  ;  ils  reçoivent  la  circon- 
cifion ,  comme  s'ils  étoienc  maho- 
métans.    Leurs  armes  font  aujour- 
*d*hui  le  fabre  &  le  piftoler.  Ils  pil- 
lent &  volent  de  toa<s  les  cotés  tous 
les  marchands  qui  palTent  par  1«ot 
pays,  jguerroyenx  qpntre  les  Tartares 
rfogats  &  Circafles ,  font  de  fré- 
quentes incudîons  fur  lesXSéorgiens 
&  fe  gouvernent  fous  l'autorité  du 
3loi  de  Perfe  par  un  chef  particulier 
<^ttiU  nomment  S^hemkal^  lequel 


rcfide  i  Tarku.  Ce  chef  à  fous 
lai  d'autres  petits  Seigneurs  qu'on 
appelle  Beghs. 

LAZZI  j  fubftantif  mafculin.  Mot 
emprunté  de  l'Italien.  Adlion,  mou- 
vement y  jeu  muet  du  ihéâcre  dans 
la  repréfentariondes  comédies.  Une 
pièce  remplie  de  la:f^i9 

LE  ft  LA  ,  LES  ;  le  premier  de  ce^ 
trois  mots  eft  l'article  du  nom  maf- 
cnlih  au  fingulier;  lefoUil:  le  fé- 
cond eft  l'artide  du  nom  féminin 
au  iîngulier  \  Id  lune  :  le  troifième 
eft  l'article  du  pluriel  &c  commun 
aux  deux  genres  ;  les  ajlres  ,  les 
étoiles.  Voyez  au  mot  Article  , 
l'explication  raifonnée  de  tour  ce 
qui  a  rapport  à  tous  ces  petits 
mots. 

LE  »  LA  »  LES  \  prononos  adjeâiifs  9c 
relatifs  dont  le  premiec  eft  pour  le 
genre  mafculin  }  ce  cheval  ne  vaut 
tien  il  faut  le  renvoyer.  Le  fécond  eft 
pour  le  féminin  \  hrfyue  vous  aure:(^ 
lu  4etce  lettre  vous  me  la  rendre^.  Le 
troifième  eft  pour  les  deux  genres 
âu  pluriel  j  s*ils  arrivent  aujourd'hui 
vous  me  les  enverre\. 

Lb  ,  s^mploie  aufti  pour  c^/fr  ;  iSc  il  eft 
alors  relatif  â  uu  adjeAif  qui  pté* 
cède  &  n'a  ni  pluriel  ni  féminin. 
Sesfzurs  ont  été  fort  incommodées  & 
le  font  encore  un  peu.  Mai$  fi  c*eft 
un  Aibftanrif  qui  précède  >  on  ein- 

J>loie  le  y  la  ^  les  ^  fuivantle  genre  Sç 
t  nombre  du  fubftantif,  pour  figi}!* 
fier  lui  ou  elle  y  eux  ou  elles,  l^ar 
exemple  ,  un  médecin  demande:  ï 
une  femme,  êtes^  vous  malade  ? 
Elle  répond.»  je  le  fuis.  Mais  s'il  de-» 
mande  ^  êtes-vous  la  malade  pour  la- 
quelle  je  fuis  appelé  f  Elle  doit  ré* 

Îiondre  >  je  la  fuis ,  c*eft*à-dire ,  jô» 
ms  elle. 

Lorfque  le  ou  la  font  devant  un 
verbe  qui  commence  par  une  voyel- 
le I  ils  s'élident  dans  Técritare  & 

M  m  m  ij 


4^0  L  £  A 

dins  la  prononciation.  Jt  Val  ren- 
contré. Je  l'entends. 

Quand  le  eft  après  le  verbe  il  ne 
s'élide  point  dans  l'écriture ,  ni  mê- 
me dans  la  prononciation  »  fi  ce  n'eft 
en  vers  ;  &  dans  le  même  cas  >  la 
ne  fouffire  jamais  d'élifion. 

LE  ;  fubftantif  mafculin.  La  largeur 
d'une  toile  ,  d'une  étoffe  entre  Tes 
deux  lifières.  Il  faut  quatre  Us  à  cette 
jupe. 

On  appelle  demlM ^  la  moitié  de 
la  lareeur  d'un  lé« 

Lé  9  fe  dit  en  termes  de  rivière  j  d'une 
efpace  de  24  pieds  que  les  proprié- 
taires des  terres  doivent  lailTer  le 
long  des  rivières  pour  le  tirage  des 
hoipmes  &  àt%  chevaux  qui  remon- 
tent les  bateaux. 

Ce  mohofyllabe  eft  bref  au  fin- 
gulier  &  long  au  pluriel. 

LÈAM^fubftamif  mafculin.  Monnoie 
qui  a  cours  â  la  Chine  &  qui  vaut 
environ  quatre  livres  de  notre  mon- 
noie. 

LÈÂNDRE }  nom  propre  d*un  jeune 
hoomie  d'Abydos  amant  de  la  Jeune 
Héro  ,  Prctrefle  de  Venus  dans  la 
ville  de  Seftos  ^  qui  a'étoir  féparée 
d'Âbvdos  que  par  un  détroit  de 
fHellefponr.  Léandre  â  la  Êiveur  de 
la  nuit  nailbit  tous  les  jours  le  dé- 
troit à  la  nage  guidé  par  Tamour  } 
mais  la  mauvaife  faifon  étant  furve- 
nue  il  périt  dan»  les  flots.  Foyc{ 
Abydds. 

.On  Ajppelle  tour  de  Léandre  ^  une 
tour  d'Ane  dans  la  Natolie  ^  auprès 
du  cap  de  Scutari.  L'Empereur  Ma- 
nuel la  fit  bâtir  &  en  éleva  une  cu- 
ire femblable  du  côté  de  l'Europe  » 
pour  y  rendre  une  chaîne  qui  fer- 
mât le  canal  de  k  mer  Noire.  Cette 
tour  a  été  ainfi  appelée  de  ce  qu'on 
a  fuppofé  que  c'eroit  de  Û  que  la 
jeune  Héroéclairoit  Léandre  lorf- 
quli  alloit  k  voir  à  la  nage* 


leb" 

LÉANS  i  vieil  adverbe  de  lieu  qui 
fignifioit  autrefois  U  dedans.  Il  étoit 
oppofé  â  céans. 

LÊÀO  i  ville  de  la  Chine  ,  dans  la 
Province  de  Xanfi. 

LEAO  }  fubftantif  mafculin.  Efpèce 
de  pierre  bleue  qui  fe  trouve  dans  les 
Indes  orientales  »  furtout  dans  les 
endroits  où  il  y  a  des  mines  de  char- 
bon de  terre.  Les  Chinois  s'en  fer- 
vent pour  donner  la  couleur  bleue 
â  leur  porcelaine. 

LÉAOTUNG  i  grande  contrée  d'Afîe, 
entre  la  Chine  »  la  Corée  &  les  mor> 
tagnes  d'Yalo.  Quoiqu'elle  foit  an-, 
delà  ^de  la  grande  muraille  ^  elle 
appartient  â  l'Empereur  de  U  Chi- 
ne. On  y  recueille  du  Ginfeng ,  & 
l'on  y  trouve  des  fourrures  de  ca& 
tor  éc  des  martres  zibelines. 

LEAOYANG  \  ville  confidérable  de 
la  Chme  dans  le  Léaotung. 

LEAU  NOTRE  DAME  ;  Abbaye  de 
filles  de  l'Ordre  de  Cîreauz ,  près 
de  la  ville  de  Charrres.  Elle  jouit 
d'environ  cinq  mille  livres  de  rente« 

LÉAWA V A  i  ville  maritime  iT  Afîe  , 
fur  la  côte  orientale  de  l'île  de 
Ceylaa. 

LÉBADIE  \  nom  d'une  ancienne  vrtfe 
de  Grèce  >  dans  la  fiéotie  entre  THé* 
licon  &  Chéronée.  Elle  étoir  remar* 
quable  par  l'oracle  de  Jupiter  Tro- 
phonien. 

LEB  AOTH  ;  nom  d^une  aticiesoe 
de  la  Tribu  de  Juda» 

LÉBÉDA }  ville  maridme  d'Afrique 
au  Royaume  de  Tripoli  »  fur  la  Mé» 
diterranée  yï'ti  lieues  de  Tripoli» 
vers  l'orient. 

LEBER  ;  petite  rivière  de  France  en 
Alface.  Elle  a  fa  fource  un  peu  au- 
deflus  de  Marildrck  ^  Ac  fon  em* 
bouchure  dans  i'ill  >  un  peu  aa-def-* 
ibiis  de  Scheleftadt^  après  un  conr» 
de  fept  ou  huit  lieues.  La  vaU& 


j 


tic' 

qci^elle  atrofe  fe  nomttie  Lcberthal 
ou  Val  de  Lièvre. 

LEBITON  î  fubftantif  mafculin.  On 
â  ainfi  appelé  un  habic  de  moine 
afTezfemDltble  à  an  fac  &  qui  écoit 
propre  aux  folicaires  d'Égypce  &  de 
la  Thébaïde. 

LEBONA  ;  nom  d'une  ancienne  ville 
de  la  Paleftine  ,  dans  la  Tribu  d'È- 
phraïm ,  au  nord  de  la  ville  de  Silo. 

LEBRIX A  i  ville  d'Efpagne  dans  l'An- 
daloude  »  à  quatre  Ueues  »  nord-eft> 
de  Saint-Lucar.  Les  terres  du  voifi- 
nage  abondent  en  grains ,  en  vignes 
8c  furtout  en  oliviers  qui  produiTenc 
la  meilleure  huile  du  Royaume. 

LEBUS  y  ville  d'Allemagne ,  dans  la 
moyenne  Marche  de  Brandebourg , 
fur  roder ,  à  deux  lieues  j  nord ,  de 

Francfort. 
LÉCANOMANCIE  j  fubftantif  fémi- 
nin.  Sorte  de  divination  qui  fe  pra- 
tiquoit  en  jetant  dans  un  ba(Cn  plein 
d'eau  des  pierres  précieufes  mar- 
quées de  caraâères  magiques  &  des 
lames  d'or  &  d'argent  aufli  conftel* 
lées  »  de  manière  qu'on  entendoit 
fortir  du  fond  du  baffin  la  réponfe 
a  ce  qu'on  demandoit.  Glyca  rap- 

Sorte  que  ce  fut  par  ce  moyen  que 
feâanebe  Roi  d'Egypte  ,  connut 
qu'il  feroir  détrôné  par  fes  ennemis» 
Se  Delrio  ajoute  que  de  fon  temps 
cette  efpèce  de  divination  étoit  en- 
core en  vogue  parmi  les  Turcs. 

LECCE  ;  ville  épifcopale  &  confidé- 
rable  dltalie  ,  au  Royaume  de  Na- 
ples  ,  dans  la  Terre  d'Orrante  dont 
elle  eft  la  principale»  i  huit  lieues  , 
fud*êft ,  de  Brindifi»  &  â  7S  lieues , 
eft ,  de  Naples. 

LECCO  'j  petite  ville  d'Italie  en  Lom- 
bardie  dans  le  Milanez,  firuée  près 
de  l'endroit  où  TAdda  fort  du  lac  de 
Come. 

JLECH  j  rivière  d'Allemagne  qui  a  fa 
ibttrce  dans  le  Tirol  lur  tes  îfron- 


L%Ç  461 

tiètes  des  Grifon^  »  de  km  embou- 
chure dans  le  Danube  tu-delTous  de 
^Donawert. 

LÈCHE  'y  fubftantif  féminin  du  ftyle 
familier.  O^/Ar.  Tranche  fort  min- 
ce de  quelque  chofe  X  manger.  Une 
fert  fon  pâté  que  par  petits  lèches. 

LÈCHE  :  fubftantif  féminin.  Cyperoi- 
des.  Plante  qui  croît  aux  lieux  aqua- 
tiques »  0c  qui  a  été  placée  entre  les 
eipèces  de  gramen  par  les  anciens 
Botaniftes }  mais  M.  de  Tournefort 
en  «fait  un  genre  féparé.  Ses  racines 
font  aflezgrolles  «  noueufes  »  fibreu- 
fes  &  ferablables  â  celles  du  fou- 
chet  long  :  fes  feuilles  font  longues 
d'un  pied  8c  demi ,  affez  larges  » 
triangulaires.  Sa  tige  eft  haute  de 
deux  à  trois  pieds ,  fans  nœuds  , 
portant  à  fa  racine  àz%  épis  à  écailles 
encre  lefqiaels  font  attachées  des 
fleurs  à  étamines  rquflès  ^^es  fleurs 
ne  laiffent  rien  après  elles ,  mab  les 

.  épis  qui  font  au-deflbus  portent  des 
graines  &  ne  fleuriflent  point  :  ces 
graines  luifTent  fous  les  écailles  qui 
cpmpofenc  les  épis  ;  elles  font  trian* 
gulaires  Se  renferméeschacunedana 
itne  capfule  membraneufe.  La  racint 
decette  plante  curienfe  a  prefque  les 
mêmes  verrus  que  celle  au  fouchet 
long  :  fes  fleurs  font  déterfives  Se 
apéritives. 

LÉ^HÉ ,  ÉE j  participe  paflif.  Foyd^ 

LicHER. 

On  dit  familièrement  d'un  hoflw 
me  mal  fait  &  gxoflier ,  que  c*ejl  lu^ 
ours  mal  léché, 
LicHé  9  en  termes  de  Peinture  ,  (igoi- 
fie  ce  qui  eft  fini  avec  excès.  Il  fc 
prend  d'ordinaire  en  mauvaife  parf! 
&  défignê  une  manière  froide  ic  ifi* 
fipide.  Une  figure  froide  tf  léchée. 

i LÉCHÉE»  ou  plutôt  Lechiumj  an** 
cien  nom  du  porr  de  Corinthe  du 
I    côté  du  couchant.  C'eft  aujourd'hui 
'    Lefteiocori» 


4<îi  LEC 

LÈCHEFRITTE  ;  fubMtif  fcmînîn. 

Âjfaria  cucuma,  Uftenfîle  de  cuiHne 
ordinairement  de  fer ,  &  qui  ferc 
ai  recevoir  la  grai (Te  d'une  viande  que 
l'on  fait  rôtir  à  la  broche.  La  graijfc 
de  ce  gi^ot  a  rempli  la  lèchefnne. 

LÉCHER  i  verbe  aûif  de  la.  pre- 
mière conjugaifçn,  lequel  fe  con< 
jugLie  comme  Chanter.  Lambert, 
Pader  la  langue  fur  quelque  chofe  \ 
&  cela  fe  dit  d'ordinaire  de  quel- 
qu'un qui  paiTe  par  friandife  fa  lan- 
gue fur  un  mets  délicat.  Tout  ce 
qu*on  a  fervi  étoitji  bien  apprêté  » 
qiion  a  léché  les  plats.  Ce  chat  Je 
lèche  les  barbes.  On  prétend  que  les 
ours  lèchent  leurs  petits  pour  achever 
de  les  former. 

Pour  faire  entendre  qu'une. per- 
sonne n'aura  pas  une  chofe  qu'elle 
voudroit  bien  avoir,  on  dit  pro- 
verbialement &  populairement  y 
qiielle  na  qu'à  s'en  lécher  les^ 
doigts. 

On  dit  figurément  eii  termes  de 
peinr^re,    <\ix  un  tableau  eft  léché  ^ 

'  '  trop  téché  i  pour  dire ,  que  les  cou- 
leurs y  font  mtfes  avec  beaucoup  de 

'  foin  &  de  peine  ,^  rn«its  avec  peu 
d*art  ic  de  goût.  Et  l'on  dit  de 
même  d'undifcours,  d'unpocme, 
c\\xil  ejltrop  léché -,  pour  dire,  que 
TAuceur  a  péché  ,  i  force  de  foin 
&.de  vouloir  perfedionner  fon  ou- 
vrage. 

On  dit  adverbialement  &  fami- 
lièrement ,  à  lèche  doigt  ;  en  parlanr 
des  diofes  à  manger  qc*on  ne  donne 
.qu'en  petite  quancicé.  Ces  confit urej 
étoieht  excellentes  y  mais  on  'né   les 
fervàit  qu  a  lèche  doigt, 

'      La^  première  îyllabe  eftbrève..& 

'  la  féconde  longue  ou,  brève.  Foy/:\ 
Verbe. 

Le  p^nultièine  e  des  tertips  qui  fe 
terminent  par  \}n  e  fcnnîiniii ,  prend 
le  fbn  de  IV  ttioyi^n. 


LFC 

LÈCHERIE  \  vieux  mot  qni  fienv^oit 
autrefois  friandife  ,  bonne  cnère. 

LECHO  i  fubftamif  mafculin.  Qit 
appelle  aind  dans  te  monnoyage  de 
l'Amérique  efpagnole  »  particaUè- 
rement  au  Mexique ,  une  efpèce  de 
couche  de  vernis  délié  que  Ton  don- 
ne â  certaines  piaftres  qui  s'y  fabri*^ 
quent  j  aHn  de  les  rendre  d'un  plus 
bel  œil.  Cependant  ce  vernis  fait 
qu'on  préfère  dans  le  commerce  les 

Fiaftres  dites  colonnes  à  celles  que 
on  appelle  mexicaines ,  non  pas 
que  les  piaftres  colonnes  ainfî  nom* 
mées  ,  parce  qu'elles  portent  pour 
revers  les  colonnes  d'Hercule  >  avec 
lafameufe  devife  du  nec  plus  uhrà^ 
foient  d'un  titre  plus  fin  que  les  me- 
xicaines» mais  à  caufe  de  leur  léch^ 
qui  il  la  refonte  laiîfe  un  déchet  de 
près  d'un  pour  cent. 

LECHT  :  fttbftantif  mafculin.  Sorte 
<le  meiure  qui  contient  douze  bar- 
rils  qui  eft  fort  en  ufage  fur  les  mers 
du  nord. 

LECK  \  rivière  des  Pays-Bas  ;  ou  plu-* 
tôt  c'eft  un  bras  du  Rhin  qui  prend 
ce  nom  à  XTyck^te-duerftede  ,  ac- 
rofe  Cttlembourg  ,  Yiane  ,  .&c.  & 
va  enfuite  fe  perdre  dans  la  Meuft 
près  du  village  de  Krimpen, 

LEÇON  \  fubftantif  féminin.  LeSio. 
Inftruâion  qu'on  {lonne  â  ceux  qui 
veulent  apprendre  quelque  langue, 
quelque  faence.  Les  levons  de  ce  maU 
êrefatigusnth  mémoirefans  l'enrichir^ 
Ce  régent  vient  de  faire  une  leçon 
tris'Utile^  Une  le^on  de  médecine. 

Leçon  ^  fe  dit  auÏÏi  de  ce  que  le  régenc 

j  '  Fait  apprendre  par  cœur  à  (ts  cco« 

'  îiérsl*  Oit  écolier  na  pas  étudie  fa 
lec^n.  il  fait  fa  lei^oa.  Faites  lui  ré* 
citer  fcs  leçons. 

Leçon  ,  fe  dit  encore  des  préceptes 
que  l'on  donne  â  ceux  qui  veulent 
^apprendre  l^s  arcs  libéraux  ^  ou  que)*; 
qu|în  des  autres  ans  noUesL^  coip* 


LEC 

me  celui  de  monter  à  cheval  »  de 
faire  des  armes ,  celui  de  la  mufi- 
Gue  »  de  la  danfe  ,  de  la  peinture  j 
de  la  fculpture,  de  Tarchiteâure  > 
&c.  Elle  prend  fa  Ucon  demujique* 
II prit  des  levons  de  Rubens.  On  don- 
ne des  levons  publiques  de  dejjein* 
Cet  Académijle  a  pris  des  levons  d*un 
habile  écuyer. 
LiçoN  ^  fe  die  fî'gurémenr  de  toute 
force  d*in(lcu6lions  que  Ton  donne  à 
une  perfonne ,  ou  pour  fa  propre 
conduire ,  ou-  pour  traiter  de  quel- 
que affaire.  //  a  fa  lefon  par  écrit, 
C*efl  une  mère  qui  donne  de  tonnes- 
leçons  à. fis  e/^ans.  Elle  na  reçu  que 
de  mauvaifeslefonsdansceae  maifon. 

On  dit,  faire  la  lefon  à  quelqu'un; 
pour  dire,  l'inftruire  de  ce  qu*il  doit 
faire. 

On  dît  auflî  qu*o/i=  a  bien  fait  à 

Îmelquunfa  lefon  ;  pour  dire  >  qu'on 
ui  a  fait  une  réprimande* 

On  dit  proveroialement  de  qviel- 
tju'un  qui  pofsède  parfaicemenc.une 
chofe ,  quV/  enferoit  leçon. 
Heçoh  ,  (ignifie  audi  la  manière  dont 
le  texte  d'un  auteur  eft  écrit; 

Les  variions  de  l'Ecriture  portent 
fouvent  des  leçons^  différentes  du< 
texte  hébreu  *,  &  les  divers  manuf^- 
crits  de  ces  verfionspréfentent  fou* 
vent  des  leçons  différentes  entre 

ailes» 

La  grande  affaire  dès  critiques  & 
des  éditeurs  »\c'eft  de  déterminer 
laquelle  de  plufieurs^  leçons  eft  la 
meilleure  ^.  ce  qui  fe  fait  en  con- 
frontant les  différentes  '  leçons  de 
plu(ieurs  manufcrits  ou  imprim^s^, 
&  choifîffant  pour  bonne  celle  dont 
lés  exprefSonsfom  un  féns  plus  con-' 
forme  à  ce  qu'il  paroît  que  l'Auteur 
avoit  intention  de  dire  ,  ou  qui  fe 
rencontre  dans  les  ttiijnufctitsou  im- 
primés les  plus  corteâ:s. 
Îjeçon».  fe  dit.auffî  figurcment  &  fa« 


LEC  4^3* 

milièrement  de  ladiffërente  manière 
dont  une  chofe  eft  racontée.  Va^ 
venture  nejl  pas  comme  il  la  dibit€  ,  ' 
il  y  a  une  meilleure  leçon. 

LtçoN ,  fe  dit  en  termes  de  Bréviaire  , 
d*une  leâure  qui  fe  fait  à  chaque 
Nodlurne  des  Matines»  de  quelques 
extraits  de  la  Bible,  des  Pères  pu 
de  l'hiftoire  du  Saint  dont  on  célè- 
bre la  Fête.  Il  y  a  trois  leçons  à 
chaque  NoSurne.  Quelquejois  on 
ciffnte  les  leçons ,  mais  h  plus  fou^ 
ytntonfe  contente  de  les^Ure. 

La  première  fyJlabe  eft  très-brève,. 
Se  la  féconde  brève  au  fingulier , 
mais  longue  au  pluriel. 

LECTE  ^  vieux  mot  qui  fignifioit  au* 
trefois  choix. 

LECTEUR  i  fubftantif  mafculin.  Lec^ 
ton  Celuit   qui  lit.  Un    ion  livre 
.  a  fouvent  d'injufies  lecteurs. 

Aujourd'hui  ,.dit  un  Philofophe 
dans  un  fort  bon  ouvrage,  que  cha- 
cun afpire  à  Tefprit  &  s'en  croie 
avoir  beaucoup  y  aujourd'hui  qu'on 
mer  tout  es  ufage  pour  être  i  peu 
de  Frais  fpiriruel  6^  brillant,  cen'eft 
plus  pour  s'inftruire ,  ceft  pour  cri- 
tiquer &  pour  ridicutifer  qu'on  lir». 
Or  il  n'eft  point  de  livre  qui  puiffd 
tenir  contre  cette  amère  difpofition 
des  le(fteurs.  La  plupart  d'entr'eux ,, 
occupés  à  la  reçue rche  des  défauts 
dun  ouvrage  »  font  comme  ces  ani- 
maux immondes  qu'on   rencontre 
quelquefois  dans  les  villes  Se  qui  ne 
'  s  y  promènent  que  pour  en  chercher 
les  égouts#    lgnoreroit-,on  encore 
qu'il  ne  faut  pas  moins  de  lurpières* 
pour  appercevoir  les  beautés  que  les 
défauts  d'un  ouvrage?  Il  faut  aller 
»  la  chafTe  des  idées  quand  on  lit  , 
dit  un  anglois ,  &  faire  grand  cas 
d'un  livre  dont  on  en  rapporte  un 
certam  nombre:  le  favam  fair  lire 
pour  s  éclairer  «ncoie ,  &  s  enquicrt 
lans  faryre  Se  fans  malignité. 


4<»4 


LEC 


On  appelle^ /rm  au  lecUur.^  un 
ttrerriiïêment  coure  qn  on  place  au 
éommengemenc .  d*un  livre.  Ec  Ton 
die  proverbîalemenc  &  figurémeiir , 
Mvis  au  lc3eur,c*efiun  avis  au  ieêlcury 
lorfque  fous  des  cermei  génécaiïz 
auelqu'un  a  dit  des  chofes  dans  le 
(teflèin  qu^on  autre  s'en  fit  Tapplica- 
tion.  Ce  que  vous  venei^d* entendre  eft 
un  avis  au  lecteur. 

La  même  cfaofe  fe  dit  auifî  de 
quelque  accident  fâcheux  arrivé  à 
une  perfonne  &  qui  doit  la  flire 
penfer  à  en  éviter  un  pareil  doat 
elle  eft  menacée.  V agitation  defon 
pouls  annonce  une  fièvre  prochaine  , 
c'e/f  un  avis  au  lecteur. 
Lectiur^  fe  dit  dans  l'Eglife  d'un 
Clerç.revèta  d'un  des  quatre  Ordres 
qu'on  appelle  les  quatre  mineurs. 

Les  ledeurs  etoient  ancienne- 
ment les  plus  jeunes  à^s  enfans  qui 
entroient  dans  le  Clergé.  Ils  fer- 
voient  de  fécretaires  aux  Évèques  Se 
aux  Prêtres  ,  &  s'inftruifoient  en 
écrivant  ou  en  lifant  fous  eux.  On 
formoic  aînfi  ceux  qui  étoient  plus 
propres  i  Tétude  &  qui  pouvoieot 
devenir  prêtres.  Il  7  en  avoir  toute- 
fois qui  demeuroient  leâeurs  toute 
leur  vie.  La  fonâion  des  leAeurs  a 
toujours  été  nécedaire  dans  l'Eglife, 
•  puifqa'on  a  toujours  lu  les  écritures 
de  l'ancien  &  du  nouveau  teftament  » 
foit  i  la  melTe  j  foit  aux  autres  offi- 
ces y  principalemeat  de  la  nuit.  On 
lifoir  aufQ  des  lettres  des  autres 
Évèques  j  des  aâes  des  Martyrs  , 
enfuite  des  homélies  des  Pères  , 
comme  on  le  pratique  encore.  Les 
leâeurs  étoient  chargés  de  la  garde 
des  livres  iacrés,  ce  qui  les  expofoit 
fort  pendant  les  perfécutions.  La 
formule  de  leur  ordination  marque 
qu'ils  doivent  lire  pour  celui  qui 

Iirêche  &  chanter  les  leçons  y  bénir 
e  pain  &  les  fruits  nouveaux.  L'É- 


LEC 

.  vêque  les  exhorte  à  lire  fidèleme&t 
6c  k  pratiquer  ce  qu'ils  lifent  >  &  les 
mec  au  rang  de  ceux  qui  adneiinif- 
trent  la  parole  de  Dieu.  La  fonâion 
de  chanter  les  leçons  qui  étoic  autre- 
fois affèdée  aux  teneurs ,  fe  hk  au- 
jourd'hui indifféremment. par  rou- 
tes fortes  de  clercs  ^  mêoie  par  des 
Prêtres. 

Il  paroît  par  le  Concile  de  ChaU 
cédoine  »  qu'il  7  avoir  dans  quel- 
ques Eglifes  un  Archi-leHeur  ^  com^ 
me  il  7  a  eu  un  Ârchi-Acolfte  y  un 
A  rchi-Diacre  9  un  Archi-Prêtre  y  &c. 
Le  feptièm^  Concile  général  per- 
met aux  Abbés  qui  font  Prcttes  6c 
Sui'ont  été  bénis  par  l'Évêque» 
'impofer  les  mains  a  quelques-uns 
de  leurs  Religieux  pour  les  faire  lec- 
teurs. 

Lecteur  »  fe  dit  dans  les  Maifons 
Religieufes  y  de  celui  qui  eft  en  fe- 
maine  pour  lire  au  réfeâoire. 

Lecteur  >  eft  aufli  chez  le  Roi  an  titre 
de  charge  dont  la  fonâion  eft  de 
lire  devant  le  Roi.  Acheter  une  char* 
ge  de  IcSeur  du  Roi. 

Lecteurs  y  fe  <Ut  encore  chez  queU 

2ues  Religieux  ,  des  Régens  t  des 
>oâ;ears  qui  enfeî^enc  la  Pfailo^ 
fophie  y  la  Théologie.  //  étoit  Uc* 
heur  en  Théologie. 

On  appelle  UUeurs  royaux  ^  les 

Profedeurs  du  Collège  Royal. 

LECTICAIRE  ;  fubftantif  mafculin 

&  terme  de  Liturgie.   LeHàcariusm 

On  appeloit  ainiî  dans  l'Eglife  Grec* 

que  aes  Clercs  donc  les  fonéibions 

confiftoienc  à  porter  les  corps  morts 

fur  une  efpèce  de  brancard  qo*on 

nommoit  lecfica  ,  &  à  les  enterrer. 

•  Chez  les  anciens  Romains  »  il  y 

avoit  aufli  des  le3icaires  »  c*eft-a' 

dire  y  des  porteurs  de  litières  »  qui 

étoienr  i  peu  p(ès  ce  me  font  chez 

nous  les  porteurs  de  cnaifes. 

LECTIONNAIRE;  fubftantif mafca- 


LEC 

fin ,  &  t^rme  de  Liturgie.  Livre 
d*Eglife  qui  renferme  les  leçons 
qu  on  lie  i  l'Office.  Le  plus  ancien 
légionnaire  a  été  compoie  par  Saint 
Jérôme. 

J-ECTISTERNEj  fubftamiFmafculin, 
•&  terme  d'Ânriquicé.  Lcclificraium. 
Cérémonie  religieufe  qui  fe  prati- 

3uoic  chez  les  anciens  romains  dans 
es  temps  de  calamités  publiques 
pour  implorer  le  fecours  des  Dieux. 
On  puloic  alors  les  ftatues  des 
Dieux  fur  des  lits  autour  des  ta- 
bles dredees  dans  leurs  temples;  & 
on  leur  fervoit  cnfuice  pendant  huit 
|ours  aux  dépens  de  la  République  , 
des  repas  magnifiques  ,  comme 
«'ils  euffent  été  en  état  d'en  pro- 
fiter. Les  citoyens  ,  chacun  félon 
{ts  facultés  y  tenoienr  table  ouverte. 
Us  y  invkoient  indifféremment  amis 

6  ennemis  »  les  étrangers  fur^touc 

7  étoient  admis^  On  mettoit  en  li- 
berté les  prîfonmers ,  &  on  fe  fe- 
tsÀi  fait  un  fcrupule  de  les  faire . 
arrêter  de  nouveau  après  que  la  fète 
<étoit  finie. 

Le  foin  &  Tordonnance  de  cette 
fête  furent  confiés  aux  Décemvirs 
Sibylliensjufqu'à  l'an  558  de  Rome 
qu'on  créa  les  Èpulons ,  â  qui  Ion 
attribua  Tinteadance  de  tous  les  fef- 
tins  facrés. 
LECTOURE ,  ou  Laictoure  \  yillc 

Sifcopale  de  France  en  Gafcogne, 
ipiule  de  la  Lomagne ,  près  du 
Gers ,  à  huit  lieues  nord  d'Âufch , 
&  a  145  ,  fud-fud*oueft  de  Paris  y 
fous  le  I  S*  degré  1 6  min.    5  ;  fe^ 
condes  de  longitude  ,  &  le  43*  1 
minutes  >  5  6  fécondes  de  latitude- 
Ceft  leChef.lieu  d'un   Préfidial, 
<i'uneSénéchau(Iee  »  d'une  Eleâlon, 
&c.  On  y  compte  environ  quaire 
mille  âmes. 
UECTRlCEi  fubftantif  féminin.  Ceft 
<Ians  une  Communauté  Religieufe  | 
Terne  Xr. 


LEC  4^5 

de  filles,  celle  qui  lit  à  fou  tour 
dans  le  réfcvloire. 

LEGTRIN  j  vieux  mot  qui  fignifioit 
autrefois  pupitre. 

LECTROlSj  vieux  mot  qui  s'cft  dît 
autrefois  du  lieu  où  les  Religieux 
d'une  Communauté  s'aflembloienc 
pour  faire  la  lefture. 

LECTUREi  fubftantif  féminin.I^a/o. 
Aâion  de  lire.  Faites  la  USurc  du 
traité.  On  fit  la  lc3urc  dsfonpocmt 
après  le  fouper^  / 

Lecture  ,  (ignifie  au£  étude.  La  Ice^ 
ture  eftnécejjaire  pour  former  refprié 
&  le  Jugement*  C'efi  un  homme  fans 
lecture.  Cette  femme  k  beaucoup  de 
Itcluren 

Lecturb  &  publication  de  contrats 
d*acquifitions  d* immeubles  y  fe  dit 
d'une  formalité  prefcrite  par  U 
Coutume  de  Normandie  ,  pour 
affurer  la  propriété  incommutabte 
k  un  acquéreur. 

L'article  455  de  cette  coutume, 

.  porte  que  la  ledbure  doit  être  faite 
publiquement  &  à  haute  &  inteU 
ligible  voix,un  jour  de  dimanche,  à 
PilTue  de  lamelTeparoiinale  du  lieu 
de  la  fituation  des  biens,  en  pré« 
fence  de  quatre  témoins  qui  figne- 
ront  l'aâe  fur  le  dos  du  contrat; 
&  fuivant  Tarticle  45;  ,  l6  retrait 
peut  avoir  lieu  pendant  trente  ans^ 
s'il  n'y  a  pas  eu  de  teâure. 

L'édit  du  mois  d'Avril  1^94» 
attribue  aux  Notaires  gnrde-notes, 
créés  dans  la  pi'ovince  de  Norman* 
die  ,  par  les  édits  6ts  mois  de  JuiU 
let  i(f77&itfjuin  11585 ,  tedroit 
de  faire  la  leâure  des  contrats  de 
vente  &  de  tous  autres  contrats  fur 
jets  i  retrait,  â  l'exclufion  des  Cu- 
rés ,  Vicaires,  Sergens,  Tabellions 
des  Hauts  -  Jufticiers  &  de  tout 
autres. 

Par  la  déclaration  du  Roi ,  da 
14  Septembre  17x0,  fa  Majefté  a 

Nn  II 


4^rf  LED 

validé  les  leftures  faites  jafqu'ators 

5ar  d'autres  qae  par  des  Notaires , 
érogeant  i  cet  ^ard ,  &  pour  le 
pade  feulement ,  â  l'édit  du  mois 
d'Avril  1^94. 

On  ne  peut  faire  la  ledure  & 
publication  des  contrats  ,  s'ils  ne 
font  préalablemrent  infînués  :  le 
temps  du  retrait  ne  pouvant  courir 

3u'après  Tinlinuation ,  fuîvant  Té- 
it  de  1703  ,  il  eft  certain  que  cette 
iofinuation  eft  de  réflènce  du  con- 
trat :  c'en  eft  la  principale  forma- 
lité 'y  aind  la  leâure  doit  être  faite , 
tant  du  contrat  que  de  Tinfinua- 
tion. 

LECUM  j  ancienne  ville  de  la  Pa- 
leftine  ,  dans  la  tribu  de  Nephtali. 

LECYTHE;  fubftantif  mafculin  ,  & 
terme  d  antiquité*  Ce  toit  le  nom 
d'un  vafe  fait  en  forme  d'une  groQè 
bouteille. 

LÉDA  5  nom  de  la  femme  de  Tyn- 
dare^  Roi  de  Sparte,  qui  de  fes 
amours  avec  Jupiter  ^  changé  en 
c^gne ,  eût  Pollux  &  Hélène.  Elle 
eût  auffi  de  fon  mari  Caftor  &  Çly- 
temneftre.  Ses  enfans  furent  nom- 
més Tyndarides  par  les  Poëres. 

LEDE ,  ou  Ledum  j  fubftantif  maf- 
culin, Arbrifteau  qui  eft  une  efpèce 
de  cifte ,  fur  les  feuilles  duquel  on 
recueille  le  labdanum.  Foyqi^  Ciste 
&  Labdanum* 

LÉDENGERj  vieux  mot  qui  fignî- 
fioit  autrefois  injurier. 

LEDERGUES  j  petite  ville  de  Fran- 
te  dans  le  Rouergue  >  à  huit  lieues 
fud  de  Rhodes. 

LEDESMA  i  viUe  forte  d'Efpagne , 
au  Royaume  de  Léon ,  fur  la  ri- 
vière de  Tormes ,  à  huit  lieues , 
fud-oueft,  de  Salamanque. 

LÊDOIRE  'y  vieux  mot  qui  flgnifioit 
autrefois  injure. 

LÊEDS  ;  ville  d'Angleterre  dans  la 
province  d*Oxk>  fur  la  rivière  d'Are 


LE6 

i  quarante- fil  lieues  «  nord-oueft^ 
de  Londres. 

LÉERDAM  :  petite  ville  des  Pays- 
Bas  ,  dans  la  Hollande  ,  fur  la  Lin- 
ge ,  à  deux  lieues  de  Gorkum. 

LÉGAL,ALEîadjeaif.Qui  concerne 
la  loi  9  qui  eft  félon  la  loi.  En  ce 
fens  ,  il  fe  dit  particulièrement  de 
la  loi  de  Dieu  donnée  par  Moyfè«. 
Les  cérémonies  légales.  Les  viandes 
légales^  Impuretés  légales^ 

On  appelle  peine  légale  ,  une 
peine  fixée  par  la  Ici.  Il  y  a  des 
peines  légales  &  d'autres  qui  font 
arbitraires.,  ^ 

A  Lacédémone ,  on  appeloit  co^^ 
lonnes  légales ,  deS  colonnes  élevées 
dans  les  places  publiques,  &  fur 
lefquelles  étoient  gravées  les  loix 
fondamentales  de  l'Etat. 

LÉGALEMENT  ;  adverbe  d'une  ma-; 
nière  légale.  Procéder  légalement. 

Les  deux  premières  fyllabes  font 
brèves ,  la  rroifième  très-brève ,  flc 
la  quatrième  moyenne. 

LÉGALISATION  j  fubftantif  fémi- 
nin. Tejiimonium  autoritate  pubticâ 
firmatum.  Certification  de  la  vérité 
d'un  aâre  par  autorité  public^ue. 

Comme  il  n*y  a  aucune  loi  aui 
ait  établi  la  formalité  des  légali- 
fations  j  on  ne  fait  pas  précifémenc 
quand  cet  ufage  s  eft  introduit; 
mais  on  a  au  tréfor  des  Chartres , 
une  copie  des  ftanits  des  Tailleurs 
de  Montpellier,  délivrée  par  deux 
Nouires  Royaux  de  la  même  viHe  y 
au  bas  de  laquelle  font  deux  léga-^ 
lifationsy  datées  de  Tannée  152J  ; 
la  première  donnée  par  le  Juge 
Royal  de  Montpellier  ;  la  féconde 
par  rOfficial  de  Maguelonne. 

L^efFet  de  la  légalifation  eft , 
comme  Tenfeigne  m  définition  de 
cette  formalité ,  d'étendre  l'autheo- 
ticité  d*un  a6kë  ,  d'un  lieu  i  l'autre; 
eile  tient  lien  d'une  enquête  1  que 


LE  G 

r<m  feroîc  pour  conft^er  la  qualité 
&  la  (ignature  du  Notaire»  Gref- 
£er  ou  autre  Officier  public  qui  a 
feçu  Ta&e»  parceque  le  cataàère 
public  de  ces  fortes  d'Officiers, 
n*eft  cenfé  connu  que  dans  Tendroit 
où  ils  ont  leur  réfidence. 

On  pratique  dans  le  royaume 
diverfes  légalifations  »  &  il  y  a  pin- 
ceurs fortes  d'Officiers  publics^  qui 
•ont  le  pouvoir  de  légahfer.  A  Pâ- 
tis ,  c'eft  M.  le  Lieutenant  Civil 
qui  légalité  les  adbes  patTés  devant 
les  Notaires  au  Châtelet ,  les  ex- 
iiraits  de  baptême ,  mariage  ,  fé- 
#  pulture  y  Àc,  Et  c  eft  une  erreur 
de  croire  que  ces  aâres  doivent  être 
légalifés  par  le  Prévôt  des  Mar* 
ciiands  :  mais  cette  erreur  eft  ttàs- 
commune  dans  les  pays  étrangers  j 
fur-tout  en  Hollande  &  autres  pays 
cà  les  Juftices  Municipales  font, 
ce  que  nous  appelons  en  France  , 
les  Juridiâions  ordinaires  ^  &  dans 
ces  pays ,  on  n'ajoute  foi .  qu'aux 
légalifations  du  Prévôt  des  Mar- 
chands. 

Les  Officiers  qui  ont  caraâère 
pour  légalifer ,  ne  doivent  faire 
aucune  Tégalifation ,  qu'ils  ne  con- 
noiflènt  la  qualité  de  rOfficier  qui 
a  reçu  l'aâe ,  la  (ignature  &  le  fceau 
qu'il  avoir  coutume  d'appofer  aux 
aâes  qui  fe  paflbxent  pardevant  lui  : 
s'ils  n'en  ont  pas  une  connoiffance 

{lerfonnelle  j  ils  peuvent  légalifer 
'ade  fuivanc  ce  qu'ils  tiennent  par 
tradition,  ou  à  la  relation  d'au- 
irni ,  pourvu  qu'ils  s'informent  des 
fairs  qu'il  s'agit  d'attefter ,  à  des 
témoins  dignes  de  foi« 

Delà  il  fuit  naturellement  que 
l'on  peut  légalifer  j  non-feulement 
les  aàes  expédiés  par  des  Officiers 
qui  font  encore  vivans  j  mais  aufli 
ceux  qui  ont  été  expédiés  ancien- 1 
■ement  par  des  Officiers  qui  font  | 


LE  G  467 

morts  au  temps  de  la  U^aVfation , 
pourvu  que  la  qualité ,  la  fignature , 
&  le  fceau  de  ces  Officiers  foienc 
connus  par  la  tradition  ou  autre- 
ment. 

Pour  connoître  plus  particuliè- 
rement par  quels  Officiers  cha- 
(][ue  efpèce  d'aâes  doit  être  lega^ 
b/é^ ,  il  faut  d'abord  diftinguer  les 
aûes  émanés  des  Officiers  publics 
^léfiaftiques  y  d'avec  ceux  éma- 
liés  des  Officiers  publics  féculiers. 
Les ades  émanés d\)fficiers  publics 
ecciédaftioues  ,  tels  que  les  Gurés , 
Vicaires  ^  Ueiïdrvans ,  les  Vicc-Gé- 
rens.  Promoteurs /Greffiers,  Notai- 
res,&  Procureurs  apoftoliquesjAppa-» 
riteurs  &  autres  Officiers  de  cette 
qualité  »  peuvent  être  légalifés  par 
les  Supérieurs  eccléfiaftiques  de  ces 
Officiers  »  foit  l'Evèque  ou  Arche-» 
vêque  9  ou  l'un  de  les  grands  Vi- 
caires y  ou  fon  officiai;  Se  une  telle 
légalifation  eft  valable  ,  non-feule- 
ment, à  ^'%^^^  ^^^  autres  Supé- 
rieurs ou  Officiers  Eccléfiaftiques  » 
mais  auffi  i  l'égard  de  tous  Offi* 
ciers  féculiers  royaux    oU  autres  ^ 

S^arceque  TEvèque  8c  fes  prépofés 
ont  compétens  pour  attefter  à  tou- 
tes fortes  de  perfonnes  l'authenti- 
cité des  aftes  émanés  des  Officiers 
eccléfiaftiques  »  que  personne  n& 
peut  mieux  connoître  que  l'Evèque  9 
fon  Officiai  ou  fes  Grands* Vicai- 
res. 

Il  faut  feulement  obferver  que 
fi  c'eft  l'Official  qui  a  fait  la  léga^ 
lifatlon  ,  &  qu'on  veuille  la  faire 
fceller  pour  plus  grande  authenti- 
cité ,  comme  cela  fe  pratique  ordi- 
'  uairement ,  il  faut  la  faire  fceller  j 
ou  par  l'F.vèque  /  ou  par  celui  qui 
eft  prépofé  par  lui  pour  appoier 
fon  fceau  j  car  ordinairement  les 
X)fficiaux  n'ont  point  de  fceau ,  m&^. 
me  pour  fceller  leurs  jugemen$b 

N  n  n  i  j 


46  s 


LEG 


On  peut  aufli  faire  légalifer  des 
aâ<;s  émanés  des  Officiers  èccléfiaf- 
piques  ,  par  le  Juge  Royal  du  lieu 
de  leur  réfidence  y  &  fur-tout  lorf- 
qu'on  veut  produire  ces  aâes  en 
cour  laie  ,'  ou  devant  des  OfEU 
ciers  féculiers  »  royaux  ou  autres  » 
parceque  le  Juge  Royal  eft  préfumé 
connoitre  tous  les  Officiers  qui 
exercent  un  miniftère  dans  ion 
relfort  ;  6c  une  t^sUe  légalifation 
eft  valable»  même  à  Tégard  des 
Officiers  eccléfiaftiques  auprès 
defquels  on  veut  faire  valoir  l'aéle  ^ 

Earcequ'ils  ne  peuvent  méconnoître 
t  légalifation  du  Juge    royal   dont 
le  fceau  eft  connu  par-tout. 

11  faut  même  remarquer  que  les 
légaiifations  des  Evêques  ou  autres 
•ccléfiaftiques  ne  ferviroient  point 
en  cour  laie  ,  fi  elles  n'étoient 
attedées  pat  les  Juges  laïques  or- 
dinaires. 

Les  aâes  reçus  par  des  Officiers 
de  juftices  feigneuriales ,  tels  que 
les  Greffiers  ,  Notaires  ,  Procu- 
seurs  »  Huiffiers  te  autres  Officiers 

{meuvent  être  légalifés  par  le  Juge 
éigneurial  de  la  juftice ,  en  lacuelle 
ces  Offitiitrs  font  iuimatricules,  &: 
cette  Ugalifatioti  eft  fuffifante  pour 
étendre  rauthemicité  de  raâ:edans. 
le  reflTorr  de  la  juftice-  fupéiieure,, 
ibit  royale,  ou  feigneuriale  ;  du 
moins  à  Tégard  du  Juge  fupérieur, 
qui  doit  connokre  la:  fignacure  & 
le  fceau  des  Juges  de  fon  refibrt  \ 
mais  s'il  s'agit  de  faire  valoir  laâe 
auprès  d'autres  Officiers  c[iie  le  Juge 
fupérieiu  ,  en  ce  cas  il  faut  une 
£econde  l^alifarion  donnée  par  le 
Juge  fupérieur ,.  qui  attefte  aue  le 
Juge  inférieur  qui  a  légatiié  eft 
«éellemenr  Ji^e  ,  ^  que  ce.  font.  fa. 
Signature  &  fbn  fceau* ,  qui  font  ap- 
P'v  fés  à  la  première  légalifation. 
SL  cette  leconde  léi'ali£ation  xxntL 


dbnnic  que  par  un  Juee  de  Sei^. 
gneur  »  elle  ne  rend  l'acre  authen- 
tique que  dans  fon  reffort  »  parce- 
qu'on  n'eft  pas  obligé  ailleurs  de 
connoure  la  fignature  ni  le  fceaa 
de  tous  les  Juges  des  Seigneurs;, 
mais  ft  cette  féconde  légalifation  eft 
donnée  par  un  Juge  royal  ,  l'aâe 
devient  authentique  daxis  tout  le 
royaume  9  &  même  dans  les  pays 
étrangers  y.  parceque  le  fceaa  royal) 
eft  connu  par-tout. 

Quanc  aux  adtes  émanés  d'Offi- 
ciers publics  royaux ,  lorfqu'on  veut 
les  rendre  authentiques  hors  du  lieu< 
de  la  réfidence  des  Officiers  qui  lê^ 
ont  reçusj  on  les- fait  légaliferùu  le 
Juge  royal  du  lieu  ^où  ces  Officier» 
fcnt  leur  réfîdence  ,  lequel  y  ap*- 
pofe  le  fceau  de  la  )^rifdiâion* 

On  peut  aûffi  les  faire  légaiifer 
par  les  Officiers  municipaux  des 
villes  où  ces  Officiers  royaux  fonr 
leur  réfidence  ,  auquel  cas  ces  Of- 
ficiers municipaux  apcofent  le  fceaoi 
de  lat  ville  ,  &  non  le  fceau  royah 
Ces  fortes  de  légaiifations  (ont  les» 
plus  authentiques»  fur-tout  pour 
taire  valoir  un  adte  en  pays  éttaii* 
ger ,  parceque  les  fceaux  de  vîUes; 
ne  changeant  point  »  (ont  plus  con<^ 
DusqueTe  fteau  particulier  de  cha- 
que jiiriciiâîon  ,.  &  que  d  ailleurs> 
le  fceau  de  la  ville  efk  en  quelque, 
forte  plus  général    fit  plus  étendu 
que  celui  de  la  juridiâiotr^  puifque- 
la-  juridiâion  efbdans  la  ville  ,  & 
même  qu'il  y  a  foùvent  plufieurs  ju«^ 
ridiâions  royales,  dans  ime  même, 
ville. 

Les  aâes  émanés  d'Officiers  ptK 
Blicsdes finances  ,  comme  hs  cer«- 
tificats  >.  quittances  »  procès-ver- 
baux des  commis,  receveurs,  di*- 
feâeurs  &  prépofés  dans-  les'  bu- 
reaux  du  Roi,  doivent  être  légahfés 
par    les  Officiers    fupériears   dci 


LEG 

tnzncts  9  tels  que  lies  receveoh  gé« 
Bérauz^tréforiecs  généraux ,  payeurs 
des  rences,  &  autres  femblaDles  of« 
ficiers^felon  la  nature  des  ades  qu'il 
s*agic  de  rendre  authentiques  hors 
du  lieu  de  la  réildence  des  officiers 
qui  les  ont  reçus» 

Les  aâes  émanés  des  officiers 
snilicâires^  comme  les  quittances, 
congés  &c»  donnés  par  lesCapirai- 
nes^  Lieutenans ,  Majors ,  doivent 
pour  faire  foi ,  être  légalifés  par  les 
Officiers  généraux  leurs  fupéiieurs, 
&  enfuice  on  fait  légalifer  par  le 
Miniftre  de  la  guerre  la  légalifa^ 
cion  donnée  par  ces  Officiers  fupc- 
sieurs. 

11  en  eft  de  même  pour  ce  qiû 
concerne  la  marine  »  le  commerce  j 
les  Uni verfités  »  ôc  toutes  les  autres 
affaires  civiles  :  ce  font  les  Officiers 
ilipérieurs  qui  légahfent  les  afles 
émanés  des  officiers  rubalternes. 

Lorfqu'on  veut  faire  cpnnoitre 
Tauthenticitéd^un  ade  dans  les  pays 
étrangers  ,  outre  les  légalifations 
ordinaires  que  Ton  y  appofe  pour  le 
cendre  autlientique  par  tout  le 
royaume  ^  on  le  fait  encore  léealifer 
pour  plus  grande  sùreré  parT'Am- 
ftalTadeur  »  Envoyé  >  Conful  y  réfi- 
dent ,  agent ,  ou  autres  miniftres  de 
l'État  dans>  lequel  on  veut  faire  va- 
loir lade. 

L'ordonnance  de  la  marine  ,  titre 
des  Confuls  y  article  i  y  ,  porte  que 
tous  aAes  expédiés  dans  les  pays 
étrangers  où  il  y  aura,  des  Confuls , 
ae  feront  aucune  foi  en  France  Vils 
ne  font  par  eux  légalifés. 

Lorfquon  produit  en  Erance  des 
aâes  reçus  en  pays  étrangers  par 
des  officiers  publics  ,  &  légalifés 
dans  le  pays  par  TAmbafladeur  ou 
autre  Miniftre  de  France  ,  on  lé- 
galife  au  bureau  des  affaires  étran- 
gères  la.   légalifation   donnée  par 


i 


LEG  4^9^ 

rÂmbafladeur ,  Envoyé  ou  autre 
erfonne  ayant  çaraâère  pu-* 
lie.  Le  Miniftre  du  Roi  qui  a  le 
département  des  affaires  étrangères, 
attt'fle  que.  celui  qui  a  légalité Taâe  . 
en  pays  étranger  a  réellement  le  ca« 
raâcre  mentionné  en  la  légalifa» 
tion  \  que  c*efl  fa  fignature  &  le 
fceau  dont  il  a  coutume  d*ufer.    ' 

Quand  on  veur  faire  valoir  un 
aâ:e  reçu  dans  certains  pays  étran- 
gers où  le  Roi  n^a  point  de  miniflre, 
on  peut  le  faire  legalifer  par  quel- 
que François  qui  sy  rencontre  for^ 
tuitement  y  pourvu  que  ce  foit  une 
perfonne  attachée  à  la  France  par 
quelque  dignité  connue  »  auquel 
cas  cette  perfonne  à  défaut  du  Mi- 
niflre  de  France,  a  caractère  repré^ 
fentatif  pour  léealifer. 

Vouant  aux.  adces  qu  il  convie nr 
de  legalifer  ^  on  doit  obfetver  en 
général  qu'à  la  rigueur  tous  ceux 
qui  font  émanés  d'un  Officier  pu*- 
dUc,  tel  qu'un  Notaire  >  Commif- 
faire ,  Huiffier  ,  &c.  quand  on  les 
produit  hors*  du  lieu  où  l'officier 

Î|ui  les  a  reçus  fait  fes  fondions,  ne 
ont  point  authentiques  >  s'ils  ne 
ibnt  légalifés. 

On  exi^e  furrout  que  les  procu-^ 
rations  foient  légalifees  loifqu'on 
s'en  ferr  hors  du  lieu  de  l'exercice 
des  Notaires  qui  les  onr  reçues  ;; 
cette  formalité  efl  expreffément  or- 
donnée par  tous  les  édits  &  décla-^ 
rations  rendus  au  fujet  des  rentes 
viagères  ,  qui  portent  que  les  pro-^ 
curations  paffées  en  province  par 
les  Notaires ,  feront  légalifees  par 
le  Juge  royal  du  lieu  de  leur  ré- 
iidence  ,  &  ce  font  là   les  (eules^ 
lois  qui  parlent  des  légalifations. 

A  regard  des  jugemenson  ne  1er 
légalife  point  \  6c  quand  il  s'agit  de 
les  mettre  à  exécution  dans  le 
roy^aume  ^  hors  du  reiTort  de  la^ 


470  LE  G 

juridiâiion  d*où  ils  font  émanés ,  le 
Juge  qui  les  a  rendus  délivre  une 
commiffion  rogatoire  adrelTée  au 
Juge  du  lieu  ou  Fon  veut  faire  Te* 
xécucion ,  lequel  délivre  de  fa  parc 
un  pareatis  ou  commiflion  ezécu* 
coire  en  vertu  de  laquelle  on  mec  le 
jugement  à  exécution. 

LÉGALISÉ ,   ÉE  \   participe  paflîf. 
yoycç^  Légaliser. 

LÉGALISER  î  verbe  aftif  de  la  pre- 
mière  conjugaifon  ^  lequel  fe  6on<* 
jugue  comme  Chanter.  Ajouter  i 
un  afte  authentique  les  certificats 
néceffaires,  afin  qu'irpuiffe  faire 
foi  hors  du  reflbrt  de  la  juridic- 
tion oà  il  a  été  palTé.  Légaliser  une 
procuration.  Voye*  Légalisation. 

LEGAT^  fubftantif  mafculin.  Lcgatus. 
Cardinal ,  ou  autre  Prélat  qui  fait 
les  fondions  de  Vicaire  du  Pape  » 
&  qui  exerce  fa  juridiAiôn  dans 
les  keux  où  le  Pape  ne  peut  fe  trou- 
ver. 

On  appelle  Légat  à  latere^  un 
Gardinaienvoyéextraordinairement 
par  le  Pape  à  quelqu'un  des  Princes 
Chrétiens.  Ces  fortes  de  Légats 
tiennent  le  premier  rang  entre  ceux 
qui  font  honorés  de  la  Légation  du 
Saint  Siège.  Et  Ton  appelle  Légats 
nés  j  des  Prélats  aux  Sièges  defquels 
eft  attachée  la  qualité  de  Légats  du 
Saint  Siège.  Tels  font  les  Archevê- 
ques d'Arles  &  de  Reims. 

Depuis  le  Concile  de  Mayence , 
tenu  lous  Pépin  le  Bref  »  l'autorité 
des  Papes  s'accrut  de  manière  que 
fous  Grégoire  VII  &  fous  fes  Suc- 
ceiTeurs,  l'ufage  s'introduifi  t  de  faire 
prêter  ferment  de  fidélité  au  Pape 
par  les  Ev&ques. 

Les  entreprifes  des  Papes  allèrent 
jufqu'à  fufpendre,  mèm^  jufqu'â 
cafler  les  Conciles  provinciaux ,  & 
jufqu'â  foumettre  toute  TEglife  i 
Uurjuridiâion  immédiate.  Comme 


LEG 

ils  ne  pouvoient  pas  être  par-tdur  ,^ 
ils  s'artribuoient  le  pouvoir  de  délé- 
guer leur  autorité.  Ils  n'envoyèrent 
cependant  d'abord  des  Légats  »  qae 
lorfqu'ils  en  étoient  requis  \  mais  ils 
ne  tardèrent  point  à  déléguer  d'of- 
fice y  ic  bientôt  ils  remplirent  toate 
l'Europe  de  leurs  Légats ,  oui  s'at- 
tachèrent principalement  k  détniire 
la  juridiâion  ordinaire ,  en  intro- 
duifant  la  maxime ,  que  le  Pape  cjl 
Evcque  univerfeL 

Ces  Légats  précédoient  les  £vê- 
ques  Se  même  les  Métropolirains. 
Ils  dépofoient  arbitrairement  les  uns 
&  les  autres  ;  ils  aflfembloient  dec 
Conciles  :  &  fi  les  avis  étoient  op- 
pofés ,  ils  prétendoient  aue  leur  voix 
devoir  former  la  déciuon.  Mais  le 

Elus  communément  ils  renvoyoient 
t  conteftation  au  Pape  pour  la  jn« 
ger. 

Alexandre  II  ordonna  aux  Evo- 
ques de  fournir  la  fubfiftance  aux 
Légars  que  la  Cour  de  Rome  en- 
verroit;  Se  Grégoire  VII  fit  ajouter 
au  fermenr  d'obéitlànce  qu'il  exi- 
geoit  des  Prélats ,  qu'ils  s  oblîge- 
roient  de  traiter  honorablement  les 
Légats  à  leur  pafTage  &  i  leur  re- 
tour. 

Comme  ces  emplois  étoient  fort 
lucratifs  >  ils  étoient  recherchés  avec 
beaucoup  d'empreffement.  Les  Pa- 
pes les  donnoient  à  leurs  créatures  ; 
ce  ne  fut  plus  qu'allées  &  venues , 
dit  Boulainvilliers ,  ^  dès  cjue  l'un 
9>  avoir  rempli  fa  bourfe  »  il  en  ve- 
M  noir  un  autre  :  enforte  que  le 
>»  Clergé  furchargé,  obtint  enfin 
n  que  1  on  n'en  enverroit  plus  que 
»>  dans  les  occafions  néceflatres.  • 
Quelque  refpeâ  que  Saint  Bernard 
eût  pour  tout  ce  qui  avoit  quelque 
rapport  avec  le  Saine  Siège ,  il  ne 
pi|t  s'empêcher ,  non  plus  que  les 
autres  Auteurs  de  fon  temps,  de  fe 


L£G 

récrier  contre  les  exaûion»  (k  les 
ancres  excès  des  Légats* 

Nos  libertés  fe  fontauffi  élevits 
contre  ces  abus  de  l'autorité  des  Pa- 
pes:elles  portent  qu'ils  ne  peuvent 
envoyer  de  légat  en  France  que  quand 
le  Roi  en  demande  ^  ou  lorfque  Sa 
Majefté  y  donne  un  confentement 
exprès  :  ceux  qui  y  viennent  doi- 
vent promettre  par  écrit  de  ne  fe 
ferv^r  de  leurs  facultés  ^  que  fous  le 
bon  plaifir  du  Roi»  tant  qu'il  plaira 
à  Sa  Majefté ,  &  conformément  aux 
ufages  de  TEglife  Gallicane. 

Les  Bulles  des  Légats  qui  vien- 
nent en  France  avec  le  confente- 
ment du  Roi  >  doivent  être  exami- 
nées au  Parlement ,  qui  par  l'Arrêt 
d'enreeiftrement  »  y  appofe  les  mo- 
difications dont  elles  font  fufcep- 
tibles. 

Celles  appofées  par  l'Arrêt  d'en- 
regiftremenc  des  Btûles  du  Cardinal 
de  Flofence,  en  1^96  j  portent  fans 
approbation  du  Concile  de  Trente^ 
mentionne'  efdites  Bulles* 

Celles  du  Cardinal  Barberin  pe 
furent  enregiftrées  en  i(^i)i  que 
/ans  approbation  du  Concile  de  Trente^ 
&  à  la  charge  que  le  Nonce  du  Pape 
feroic  tenu  fournir  i  Sa  Majetté  dans 
iix  femaines ,  un  Bref  de  $a  Sainteté , 
portant  que  romiflion  faite  auxdites 
jBulles  de  la  qualité  de  Roi  de  Na- 
y  aire  ^  a  été  par  inadvertance  ;  &  juf" 
quà  ce  que  ledit  Bref  ait  été  apporté^ 
Ufdites  Bulles  &  Facultés  feront  re- 
tenues 9^&  ne  fera  VArrit  de  virifica" 
lion  d'icelles  délivré» 

Comme  les  Papes  ont  toujours 
fbuffert  iropariemmeiu  les  modifi- 
cations ,  on  ne  les  met  point  fur  le 
repli  des  Bulles ,  on  y  marque  feu- 
lement qu'elles  ont  été  vérinées,  8c 
l'on  fait  favoir  au  Légat  par  uri  aâe 
particulier  les  modifications  portées 
par  l'Arrêt  d'enregiftrement. 


LEG         ^      471 

La  Bulle  des  Facultés  du  Légat 
doit  être  enregiftrée  dans  tous  les 
Parlemens  fur  lefouels  doit  s'étendre 
fa  Légation.  Si  la  Bulle  ne  faifbit 
mention  que  de  la  France  ^  la  léga-' 
lifation  ne  s'étendroit  pas  fur  les 
Archevêchés  de  Lyon,  de  Vienne 
&deBefançon,  parceque  ces  Pro- 
vinces étoient  autrefois  du  Royaume 
de  Bourgogne ,  fuivant  le  ftyle  or-- 
dinaire  de  Rome,  qui  ne  change 
guère.  Le  Légat  n'exerce  fa  juridic- 
tion dans  ces  Provinces,  que  quand 
la  Bulle  porte  in  Franciam  &  ad^ 
^jacentes  Provincias* 

Le  Légat  >  en  (îgne  de  fa  juridic- 
tion ,  fait  porter  devant  lui  la  Crqix 
levée  y  en  Italie  »  il  la  fait  porter  dès 
qu'il  eft  forti  de  la  ville  ne  Rome  ; 
mais  lorfqu'il  arrive  en  France»  il 
eft  obligé  de  la  quitter ,  &  ne  la  peut 
reprendre  qu'après  la  vérification  de 
fes  Bulles ,.  &  la  promeflfe  faite  au 
Roi  de  fe  conformer  aux  ufages  de 
France.  Louis  XI  fit  ajouter  aux  nio- 
diScations  des  pouvoirs  du  Cardinal 
de  Saint- Pierre  aux-LienS)  qu'il  ne^ 
pourroit  faire  porter  fa  Croix  haute 
en  préfence  du  Koi. 

Il  eft  d'ufage  en  France,  lorfque 
le  Légat  entre  dans  ^quelque  Ville 
de  fa  Légation ,  de  lui  faire  une  en-' 
trée  folennelle.  Lorfque  le  Cardinal 
d'Amboife  entra  à  Paris  comme 
Légat  y  le  Corps  de  Ville  &  les  Dé-^ 
pûtes  des  Cours  Souveraines  allèrenc 
au-devant  de  lui;  on  lui  donna  le 
Dais^  la  porte,  comme  on  fit  depuis 
en,  1664.  au  Cardinal  Chigi ,  neveu 
d'Alexandre  VU. 

Les  prétentions  des  Légats  vofft 
jufqu'à  foutenir  que  le  Roi  doit  les 
vifiter  avant  qu'ils  faffent  leur  en- 
trée dans  Paris.  Cette  prétention  ne 
paroît  appuyée  qc^e  fur  ce  que  Henri 
IV  alla  a  Chartres  au-devant  du 
Cardinal  de  Mcdicis  ^  mais  tout  le 


47t  LEG 

monde  fait  qne  le  Roi  fît  te  voyage 

far  des  chevaux  de  pode ,  fans  erre 
accompagné  »  &  qu'il  s*y  trouva  /«- 
cognitb  ;  ce  qu'il  n*auroit  pas  fait  fi 
c*eac  été  an  devoir  de  bienféance. 
Ce  Prince  ne  rendit  point  de  pareille 
Titice  au  Cardinal  Âidobrandin  ,  ne- 
veu de  Clémgnt  Vlll,  ni  fes  Suc- 
ceiïeurs  aux  autres  Légats* 

Henri  IV  envoya  le  Prince  de 
'  Condé ,  encore  enfant ,  au-devant 
du  Cardinal  de  Médicis  ;  ce  qui 
pouvoir  pafler  pour  une  aâion  fans 
conféquence  ,  &  pour  ane  fimple 
curiofué  d'enfant ,  que  Ton  veut 
faire  paroître  dans  une  a£bion  d'é- 
clat ;  cependant  la  Cour  de  Rome , 
qui  tire  avantage  de  tout ,  a  pris  de 
là  occa(ion  d'exiger  le  même  hon- 
neur pour  les  autres  Légats. 

En  effet  y  depuis  ce  temps ,  il  n'y 
a  eu  aucune  entrée  de  Légat  qui  n'ait 
été  honorée  de  la  préfence  de  quel- 
que Prince  du  Sang.  Louis  Xlll  en- 
voya le  Duc  d'Orléans  fon  frère  au- 
devant  du  Cardinal  BaiberiA  ;  le 
Prince  de  Condé  &  le  Duc  d'An- 
guien  fon  fils  furent  envoyés  au- 
devant  du  Cardinal  de  CUigi,  qui 
eft  le  dernier  Légat  que  Ion  ait  vu 
en  France. 

Cette  Légation  fut  faite  en  exé- 
cution du  Traité  conclu  à  Pife  le  i  z 
Janvier  i66^\  la  miflion  du  Lfgae 
étoît  de  faire  au  Roi  des  excufes  de 
Tinfulto  qui  avoit  été  faite  par  les 
Corfes  à  M.  de  Créqui,  fon  Am- 
balfadeuf  à  Rome. 

Les  Archevêques ,  les  Primats , 
^  &  même  ceux  qui  ont  le  titre  de 
Légats  nés  du  Saint  Siège ^  ne  portent 
point  la  Croix  haute  en  préfence  du 
Légat  à  laterc;  ce  qu'ils  obfervent 
ainfi  par  refpeét  pour  celai  qui  re- 
préfente  la  perfonne  dû  Pape. 

Les  Légats  prétendent  que  les 
£vcques   ne  doivent  point   porter 


LÉG 

devant  eux  le  Cimail  &  le  Rbcher; 
cependant  les  Evèqjes  qni  accom* 
pl^noient  le  Cardinal  Chigi  à  fon 
entrée  portoient  tous  le  Rochet,  le 
Camail  &  le  Chapeau  verd ,  que  i'on 
regarde  en  Italie  comme  des  orne* 
mens  Epifcopaux. 

Lorfqu'une  affaire  qui  étoit  de  la 
compétence  du  Légat ,  eft  portée  au 
Pape ,  foit  que  le  Légat-  Fait  lui- 
même  envoyée,  ou  que  les  Parties 
fe  foient  adretfées  direâement  au 
Saint  Sié^e ,  le  Légat  ne  peur  plus 
en  connoicre ,  à  peine  de  nullité. 

Le  pouvoir  général  que  le  Pape 
donne  à  (ts  Légats  dans  un  pays  » 
n'empêche  pas  qu'il  ne puifTeenfuite 
adreuer  à  quelqu'autre  perfonne  une 
commiflion  particulière  pour  unc^ 
certaine  affaire. 

Le  Légat  à  laterc  peut  conférer  les 
bénéfices  vacans  par  une  démiili.m 
pure  &  fimple  faire  entre  fes  mains 
lur  une  permutation,  &%eux  qui 
vaquent  par  dévolution  ^  par  la  né-* 
gligence  d'un  Collareur  qui  relève 
immédiatement  du  Saint  Siège. 

Ceux  qui  demandent  au  Légat 
des  Provihons  de  quelque  Bénéfice , 
font  obligés  d'énoncer  dans  leur 
Supplique  cous  les  Bénéfices  <lont 
ils  font  Titulaires',  à  peine  de  nul- 
lité des  Provifions,  de  même  que 
dans  les  fignarures  obtenues  en  Cour 
de  Rome. 

Le  Légat  doit,  aufli  bien  que  le 
Pape ,  conférer  les  Bénéfices  à  ceux 
qui  les  requièrent  du  jour  quils 
ont  obtenu  une  date  :  en  cas  ce 
refus  de  la  part  du  Légat ,  le  Parle- 
ment permet  de  prendre  pofleifion 
civile  ,  même  d'obtenir  des  Provi- 
fionsde  l'Evcque  Diocéfain ,  qui  ont 
la  même  date  que  la  réquiiition  faite 
au  Légat. 

Les  Expéditionnaires  en  Cour  de 
Rome  ont  aulE  feuls  dreic  de  folli* 

citer 


LEG 

citer  les  Btpédicions  des  Légations* 
Il  faut  que  les'Daraires^.Régiftra- 
teurs  &  autres  Ezpéditiontiaires  de 
la  Légation ,  foient  nés  firançois  ou 
naruralifés. 

La  facalté  de  conférer  les  Béné- 
fices  par  prévention  dépouillant  les 
Collateurs  ordinafres  »  &  n*étant 
accordée  qu*au  Pape  par  le  Concor- 
dat, on  a  rarement  confenti  en 
France  que  les.  Légats  ttfaflent  de  ce  1 
droit }  êc  quand  les  Papes  le  leur 
ont  accorde ,  les  Par  teoiens  ont  or- 
dijulretnent  modifié  cet  article  ^ 
ou  même  l'ont  abfolument  retran* 
ché. 

Les  réfîçnations  en  faveur  n^étant 
guère  moins  contraires  au  Droit 
canonique  que  la  prévention ,  on  ne 
foufFre  pas  non  plus  ordinairement 
en  France  que  les  Légats  les  admet-r 
cent. 

Les  réferves  générales  &  parti-* 
culières  des  Bénéfices  ne  font  point 
permifes  au  Légat  à  lacère  non  plus 
qu'au  Pape  î  il  ne  peut  d'ailleury 
rien  faire  au  préjudice  du  droit  de 
Régale ,  de  patronage  Laïque  »  de 
l'induit  du  Parlement,  8c  des  autres 
Expeélatives  qui  font  reçues  dans  le 
Royaume. 

Le  légat  à  latere  ne  peut  dépurer 
Vicaires  ou  Subdélégués  pour  Texec- 
cice  de  fa  Légation ,  fans  le  cbnfen- 
tement  exprés  du  Roi.  Il  cft  tenu 
d'exercer  lui-  même  fon  pouvoir  tant 
qu'il  dure. 

11  ne  peut  cependant,  non  plus 

3ue  le  Pape ,  connoitre  par  lui-même 
es  affaires  conrentieufes;  mais  il 
peut  nommer  des  Juges  délégués  in 
parti' us  y  pour  décider  les  appella- 
tions des  Sentences  rendues  par  les 
Supérieurs  Eccléfuftiques  qui  re- 
lèvent immédiatement  du  Saint 
Siège.  Ces  Juges  délégués  ne  doi- 
vent point  roonoître  en  première 
Tome  XK  t 


fnirance  des  affaires  dont  le  jugement 
Appartient  aux  Ordinaires,  ni  de» 
appellations  ,  avant  oue  l'on  ait 
épuifé  tous  les  degrés  de  la  juridic- 
rion  Eccléfîaftique  >  qui  font  au- 
de(Tons  de  celle  du  Pape. 

Les  Légats  ne  peuvent  pas  chan- 
ger Tordre  de  la  |urididtion  ordi- 
naire »  ni  adrefler  la  commiflfion  pour 
donner  le  vifâ  i  d'autres  qu'à  TE- 
vèque  Diocéfain  ou  à  fon  Grand 
Vicaire ,  ni  commettre  la  fulmina- 
tion  des  Bulles  ,  à  d'autres  qu  a 
rOfficial  qui  en  doit  connoitre. 

Les  Règiemensfaits  par  un  Légat 
pendant  le  temps  de  la  Légation» 
doivent  continuer  d'être  exécutés. 
mèmeaprèsTa  Légation  finie ,  pour* 
vu  qu'ils  aient  été  revécus  de  Let- 
tres-Patentes véi;ifiées  par  les  Parle* 
•  mens. 

Dès  qu'un  Légat  n*eft  plus  dans 
.  le  Royaume,  il  ne  peut  plus  con« 
férer  les  Bénéfices ,  ni  faire  aucun 
autre  aâe  de  juridiébion  ,  quand 
même  le  temps  de  fa  Légation  ne 
feroit  pas  encore  expiré. 

La  Légation  finit  par  la  mort  da 
Légat»  ou  avec  le  temps  fixé  pour 
l'exercice  de  fa  Légation  par  les  Let- 
tres-Patentes &  Artèt  4  enregiftre- 
mentj  ou  quand  le  Roi  lui  a  fait 
fignifiei  fa  révocation  ,  au  cas  que 
ces  I^^reî  Patentes  Se  Arrêt  d'en- 
regiftremenc  n'eufTent  'pas  fité  le 
temps  de  la  Légation.  Les  Bulles  du 
Lçgat  portent  ordinairement  que  la 
légation  durera  tanr  qu'il  plaira  au 
Pape;  m^s  ces*  Léjgatîèùs  indé- 
finies ne  font  point  àdmifes  ka 
Fiancé. 

Lorfque  le  Lcgar  fort  du  Rojau-* 
me ,  il  aoit  y  lailfer  les  Reeiftrês  de 
fà  Légation ,  &  en  remettreles fceattx 
à^  une  perfoope  nommée  par  leUoi , 
qui  en  expédie  lés  Aâes  à  ceux  qui 
en  ont  béloin*  Les  deniers  provenans 

Ooo 


4T4  LEG 

de  ces  Expéditions  foDc  employés  i 
des  œuvres  de  pièce ,  fuivanc  qu'il 
eft  ré^lé  pat  le  Roi*  Si  le  Légat  ne 
laiiToit  pas  fon  fceau,  le  Parlement 
comniertroit  une  perfonne  pour 
fceller  les  Expéditions  d'un  iceau 
deftiné  i  cet  ufage. 

LÉGATAIRE  i  luMantif  des  deux 
genres,  legatarius.  Celui  ou  celle  à 
qui  on  fait  un  legs.  Dans  plufuurs 
Coutumes  y  comme  à  Paris  ^  on  ne 
peut  être  héritier  ou  légataire  tout  en^ 
femble.  En  Pays  coutumier^  les  léga^ 
taires  univerfels  tiennent .  lieu  d'hé^ 
ritiers.  Légataire  particulier.  Voyez 
Li;gs. 

Les  deux  premières  fyllabes  font 
brèves ,  la  troinème  longue  »  &  la 
quatrième  très*  brève. 

LÉGATION;  fubftantif  féminin.  Le^ 
.  gati  munûs.  La  charge  »  l'office  »  l'em- 
ploi du  Légat.  Le  Pape  lui  a  donné 
la  Légation  de  Ferrure. 

Légation  ,  fe  dit  anflî  de  l'étendue 
du  gouvernement  d'un  Légat  dans 
l'état  eccléfiaftique.  Cet  ufage  a  lieu 
dans  touu  la  Légation  de  Boulogne. 

LioATioN»  fe  dit  encore  du  temps 

Îue  durent  les  fondions  d'un  Légat. 
^endant  la  Légation   du  Cardinal 
Chigi. 

Ob  appelle  Légations  extraorii" 
naires ,  celles  des  Légats  que  le  Pape 
envoie  pour  traiter  queWie  affaire 
particulière,  f^oyei  Légat. 

La  première  iyllabe  eft  brève,  la 
feconae  longue  »  &  les  antres  brèves 
au  (ingulier  ;  mais  lar  dernière  eft 
longue  au  pluriel. 
lÉGATOlREj  adjcûif,  qui  n'a  d'u- 
fage  qu'en  parlant  du  gouvernement 
des  anciens  Romains  :  Augufte  di- 
vifa  les  Provinces  de  TEmpire  en 
confulaires»  légatoires  &  préfi- 
diales» 

Les  Provinces  légatoires  étoient 
celles  dont  l'Empereur  lui -même 


LEG 

étoit  Gouverneur ,  mus  fans  y  r^ 
(ider ,  y  adminiftrant  les  affaires  par 
fes  Lieucenans  ou  Legati. 

LEGÉ  y  bourg  de  France  dans  TEvèché 
de  Luçon,  chef-liêu  des  marches 
communes  dePoitou&  deBretagne, 
i  fept  lieues ,  fud  ^  de  Nantes  ,  ôc  i 
onze  lieues  ,^ord ,  de  Luçon. 

LÈGE}  adjeâif  des  deux  genres,  & 
terme  de  Marine.  Il  fe  dit  d  on 
vaiffeau  qui  revient  fans  charge,  à 
vide,  ou  qui  n'a  pas  aflez  de  lefl. 
Ce  navire  a  fait  un  retour  lége. 

LÉGENDAIRE;  fubftantif  mafculin. 
AuUor  hijlorit  fanUorum.  Auteur 
qui  a  écrit  une  légende.  Métaphrafte 
eft  le  premier  légendaire  que  l*on  con^ 
noijjfè.  On  reproche  à  la  plupart  des 
légendaires  d'avoir  été  peu  exa3s& 
trop  crédules. 

LÉGENDE  'y  fubftantif  féminin.  Le- 
genda.  On  appelle  ainfi  un  Livre  qui 
contient  les  Vies  des  Saints. 

Le  favant  Cardinal  Valerio ,  qui 
florifloit  dans   le  feizième  fiècle , 
nous  apprend  dans  fon  Ouvrage  de 
Rhetoricâ  Chriftianâ  ,    qu'une    des 
eau  fes  d'un  grand  nombre  de  faaflTea 
légendes  de  Maints  &  de  Martyrs  ré- 
pandus dans  le  monde  ,    a  été  U 
coutume  qui   s'obfetvoit  autrefois 
en  plufieurs  Monaftères ,  d'exercer 
les  Religieux  par  des  amplifications 
latines  qu'on  leur  propofoit  fur  le 
martyre  de  quelques  Saints  \  ce  qui 
leur  laiffant  la  liberré  de  faire  agir 
&  parler  les  Tyrans  &   les  Saints 
perfécutés^  dans  le  çoûc  &  de  la 
manière  qui  leur  paroiiToit  vraifem- 
blable  i  leur  donnôit  lieu  en  même 
temps  de  compofer  fur  ces  fortes 
de  lujers  des  efpèces   d'hiftoires, 
toutes  remplies  d'oroemens  &  d'in- 
ventions. 

Quoique  ces  fortes  de  pièces  ne 
méritaffent  pas  d'être  fort  confidé- 
réel  9  celles  qui  paroiflbient  les  plips 


tEG 

ingénîcufcs  &  les  mieux  faîtes ,  fit- 
renr  mifes  i  part.  Il  eft  arrivé  de-U 

5 [U après  un  long-temps,  elles  fe 
ont  trouvées  avec  les^  manufcrits 
<le$  bibliothèques  des  lilonaftères  'y 
Se  comme  il  étoit  difficile  de  diftin- 
guer  ces  fortes  de  jeux ,  des  manuf- 
crits précieux ,  &  des  véritables  hif- 
toires  confervées  dans  les  Monaf- 
cères,  on  les  a  regardés  comme  des 

{âèces  authentiques ,  dignes  de  la 
eâure  des  fidèles. 

LÉGENDE ,  fc  dit  auffi  par  dénigrement , 
d'une  lifte  s  d  une  longue  fuite  de 
chofes ,  &  Signifie  ordinairement 
une  lifte  ennuyeufe.  Il, a  cite  une 
grande  légende  de  lois  &  E'arrcts. 

licEMOB ,  fe  dit  encore  de  l'infcrip- 

•ion  gravée  autour  d'une  pièce  de 

inonnoie ,  d'une  médaillç.  La  légende 

étune  médaiUe  fert  à  expliquer  les 

figures  gravées  dans  k  champ.   Les 

-  €cus  ont  pour  légende  ,  siT  îUOMMtJ 

DCMINJ  BENMDICTUM. 

La  première  fyllabe  eft  brève , 
la  féconde  longue,  ôc  la  troifième 
très-brève. 

On  prononce  léjande. 

LÉGER ,  ÈRE  ;  adjedif.  Levis.  Qui 
ne  pcfe  guère.  Un  corps  léger.  V ar- 
gent efi  plus  léger  que  l*or.  Ces  af- 
Jiètes  font  bien  légires.  Voyez  Lâcâ- 

On  dit  qu'tt/i  cheval  efi  léger  à  la 
main;  pour  dire  »  qu'il  a  la  Douche 
1>onne ,  &  qu'il  ne  s'appuie  pas  fur 
le  mors.  Et  qu*/7  eft  de  taille  léglre  ; 
pour  dire ,  qu'il  eft  de  taille  déchar- 
,  %^^  %  quoiqu'il  foit  d'ailleurs  lourd 
ic  pefant. 

On  dit  auffi,  qu*a«  cavalier  a  U 
main  légère;  pour  dire  qu'il  fe  fert 
bien  des  aides  de  la  mam.  Une  des 
principales  qualités  d'un  bon  écuyer 
/e/l  et  avoir  la  main  légère. 

Ob  dit  d'une  pièce  de  monnoie  » 


LE  G  47f 

quV&  efi  légère ,  quand  elle  ne,{)è& 
pas  ce  qu'elle  doit  pefer. 

LicER,  fe  dit  en  termes  de  Peinture, 
de  ce  qui  a  l'empreinte  de  la  Facilité, 
dans  le^  mécanifme  de  lart.    Des 
contours  légers.  Un  dejfein  léger.  iUne 
touche  légère. 

L^GBR ,  fe  dit  auffi  en  termes  de  Sculp- 
ture ,  des^  ornemens  délicats  qui  ap- 
prochent le  plus  de  la  nature,  8c • 
qui  font  fort  recherchés ,  évidés  ic 
en  l'air  comme  les  feuilles  des  plus 
beaux  chapiteaux.  Dans  les  ftatues , 
on  le  dit  des  parties  faillanres  &  des 
draperies  volantes.  Et  dans  l'Ârchi- 
teârure,  on  appelle  ouvrage  léger  % 
un  bâtiment  extrêmement  ouvert , 
&  dont  la  beauté  confifte  dans  U 
délicatefle  des  partifes  qui  le  corn- 
pofent. 

On  dit  proverbialement  de  quel- 

3u*un ,  qu  i/  efi  léger  £  argent;  pour 
ire,  qu'il  n'en  a  guère. 
.LÉGER  ^  (ignifie  auffi  aifé  à  fupporter. 
Un  mal  léger.  La  punition  eft  lé* 
gère. 
Léger  ,  (ignifie  encore  difpo$  &  agile4 
Un  cavalier  qui  efi  léger  ne  fatigue 
point  fon  cheval.  Ils  marchent  d*un 
pied  léger.  Les  lévriers  font  légers  À 
la  courfe. 

On  dit  d'un  chirurgien  ,  qu'i/  a 
la  main  légère;  pour  dire ,  qu'il  fait 
fes  opérations  facilement ,  adroite- 
ment ;  fans  qu'on  feiïte  fa  main. 

On  appelle  auffi  dans  l'écriture , 
main  légère ,  celle  oui  dans  le  feu  de 
fon  opération ,  a  fe  mouvement  fi 
aifé,  qu'elle  ne  fait  que  lécher  le 
papier. 

On  dit  encore  d*un  joueur  de  cla- 
vecin ou  d*un  joueur  d*orgue,  &c. 
qu'i/  a  la  main  légère* 

On  dit  d'une  perfonne  qui  chante 
d'une  manier^  aifée ,  qui  fait  atfé- 
ment  les  cadences ,  ^elle  a  la  voix 
légère. 

,  Ooo  ij 


3; 


47^  LE  G 

,  On  appeloic  autrefois  Cavalerie 
légère ,  toute  la  Cavalerie  françoife 

Iai  ne  faifoit  pas  partie  de  la  Maifon 
n  Roi  8c  de  la  Gendarmerie  ^  ou 
qui  n'étoic  pas  fur  le  pied  de  com- 
pagnie d'ordonnance  ;  mais  cette 
épithète  de  légère  ^  n'efl;  plus  ufîtée 
dans  cette  circonftance  »  ôc  Ton  dit 
abfolument  cavalerie. 

XicER,  fignifie  figurément  volage. 
Un  homme  léger.  Cette  femme  a  le 
cœur  léger. 

On  dit  figurétnent  de  quelqu  im , 
qu'i/  efi  léger  de  cerveau  %  qfx^il  a  la 
tête  légère  y  le  cerveau  léger  y  tejprit 
léger;  pour  dire»  qu'il  n'eft  pas  trop 
fage  y  trop  fenfé. 

On  dis  auffi  figurément  d*une 
perfdiine  prompte  à  frapper ,  c^elle 
a  la  main  légère  ,  Cécile  efi  légère  de 
la  main. 

LicER ,  fignifie  encore  figurément  j 
friTole  y  peu  important  »  peu  confi- 
dérable.  Ces  moyens  paroiffent  bien 
légers.  Une  légère  indifpojîtion. 

LÉGER  3  fe  dit  àufii  par  oppofition  â 
groffier.  Vn  léger  brouillard. 

Lêcbr,  fignifie  encore  fuperficiel.  // 
ne  lui  en  rejle  quun  léger  fouvenir. 
Il  na  qu'une  légère  teinture  de  fin 
art. 

On  dit ,  prendre  un  Uger  repas  ; 

font  dire ,  un  repas  frugal  »  &  où 
on  nyange  peu.  Et  i*on  dit  j  qn*une 
perfin^e  a  le  fimmeil  léger  ;  pour 
dire»  que  le  mpindre  bruit  la  tir 
veille* 
Léger  »  s'emploie  quelquefois  dans  le 
fens  d'agréable  &  facile  >  en  parlant 
de  converfation  8c  de  ftyle.  Elle  a  la 
eQnverJation  légère  &  enjouée.  Cet 
Jouteur  écrit  d'un  Jiyle  léger  &  fa- 
cile. 

On  dit  advetbialemenr  à  la  lé^ 
rère  y  en  j>arlant  des  armes  &  des 
labits   qui  ne  pèfent  guère.    Des 
troupes  armées  à  la  légère.Dans  cette  1 


« 


LEG 

faïfon  tout  le  monde  s* habille  à  la  [é* 
gère. 
A  LA  LBGèRi  »  fe  dit  auflî  dans  le  fens 
figuré,  &  fignifie inconfidétémeat» 
fans  beaucoup  de  réflexion.  Cejl  un 
projet  forme  à  la  légère. 

Autrefois  on  difoit  adverbiale* 
ment»  de  léger;  pour  dire»  trop 
facilement;  mais  cette  expreflion 
n'eft  plus  ufitée. 

La  première  fyllabe  eft  brève» 
la  féconde  longue  »  8c  la  troifième 
du  féminin  très-brève. 

Cet  adjeâif  peut  »  félon  les  cir- 
conftances\  précéder  ou  fuivre  le 
Tubftantif  auquel  il  fe  rapporte  : 
ainfi  Ton  dira  une  légère  blejfure^ 
ou  '  une  blejfure  légère. 

On  fait  fentir  fe  r  final  du  maf* 
culin  9  même  devant  une  con- 
ibtuie. 

Différences  relatives  entre  léger ^ 
ittconjianty  volage  ^  changeant. 

Une  légère  ne  s'attache  pas  fort^ 
ment.  Une  inconjlante  ne  s'attache 
pas  pour  long-temps.  Une  volage  ne 
s'attache  pas  a  un  ièal«  Une  rÀ/n- 
géante  ne  s'attache  pas  au  même. 

La  légère  fe  donnç  à  im  autre» 
parceque  le  premier  ne  la  letient 
pas  ^  ï inconjlante ,  paxceque  fon 
amoor  eft  finii  la  volage  ^  parce- 
qu'elle  veut  gourer  de  plufieurs}  & 
la  changeante  j  parcequ'elle  en  veut 
^  coûter  de  différens. 

Les  hommes  fons  ordin^rement 
plus  légers  6c  plus  inconfians  que  les 
femmes  ;  mais  celles-ci  font  plus 
volages  Sç  plus  changeantes  que  les 
hommes.  Amfi  les  premiers  pèchent 
par  uri  JFond  d'indifférence  »  qui  fait 
'  ceffer  leur  attachement  ;  &  les  fé- 
condes par  un  fond  d  amour  »  qui 
leur,  fait  fo,uhaiter  de  nouveaux  at-* 
taçhemen?.  Par  conféquent  le  mé- 
rite des  hommes  paroît  être  dans  la 
perfcvérance^  6c  celui  des  femmes 


LEGr 

dans  la  réfiftance  :  ie  premier  çft 

Îltts  rare  \  le  fécond  plus  glorieux. 
.es  uns  doivent  fe  munir  contre  les 
dégoûts  j  &  les  autres  coptre  les  at- 
taques :  çhofes  très -difficiles. 

1-ÉGÉREMÈNT  ;  adverbe.  Lev'uer. 
Aveçlégérecé^d'unenianière  légère* 
Des  chtvaux  qui  vont  légèrement. 
Être  vêtu  légèrement. 

LÉGÈREMENT,  indique  eti  termes  de 
Mufique  9  un  mouvement  eiicore 
plus  vif  que  le  gai;  un  mouvetnent 
moyen  entre  .'e  gai  &  le  vit^.  11  ré- 
pond â  peu  près  à  rital^en  yivace. 

LsciREMiNT ,  fe  dit  auâi  dans  le  fens 
figuré,  &ngnifieincopfidérément, 
étourdiment ,  fans  beaucoup  de  té- 
flexion.  Ce  procès  fut  entrepris  fort 
légèrement. 

Lts  deux  premières  fyllabes  font, 
brèves  »  la  troinème  très-brève,  & 
la  quatrième  moyenne* 

LÉGÈRETÉ;  fubftantlf féminin. i^- 
vitas.  Qualité  de  ce  qui  ed  léger  & 
peu  pefan  t. 

L'expérience  démontre  que  tous 
les  corps  font  pefans  .  c'eft-a- dire» 
tendent  naturellement  au  centre  de 
la  terre  ,  ou  vers  des  points  qui  en 
fotit  très-proches.  Il  n*y  a  donc  point 
de  légèreté  pofitive  &  abfolue ,  mais 
leulement  une  légèreté  relative  qui 
ne  iignifie  qu'une  pefanteur  moin-^ 
dre. 

Archimède  a  démontré  &  on  dé- 
montre dans  rhydroftatique  y  qu*un 
corps  lolide  s  arietera  ou  on  voudra 
dans  un  fluide  de  même  pefanteur 
ipécifique  que  lui,  &  qu'un' corps 
plus  Içget  s'élèvera  dans  le  même 
fluide.  La  railbn  en .  eft  .  que  tes 

"  f^JV^^}  '^"^  ^^^  d'une  même  pe- 
fanteur fpécifique,  font  ceux  qui 
fous  les  mcopes  dimcniions  ou  le 
même  volume  ,  ne  contiennent  pas 
plus  de  pores  ou  d'iptervalles  deiti* 
tués  dé  matière. Tun que lautre \ Bc 


L  E  G  477 

par.conféquent  qui  foqylè^  mêmes 
dimendons  renferment  un  même 
nombre  de  parties  :  concevant  donc 
que  le  folide  &  le  fluide  de  même 
pe  fauteur  fpécifique  foient  divifés  en 
un.  même  nombre  de  parties  égalés^ 
querque  grand  ^ué  foit  ce  hombre» 
il  n'y  'aura  pomt  de  raifoo  pour 
qu'une  pattie  du  folide  faife  def« 
cendre  une  partie  du  fluide  »  qu'on 
ne  puifle  alléguer  aufli  pour  qu  elle 
la  fafle  monter  ;  8c  il  en  fera  de 
même  du  folide  total  par  rappott  i 
une  portion  du  fluide  de  même  vo- 
lume  ;  &  comme  ce  folide  ne  fau« 
roit  en  effet  defcendre  fans  faire 
élever  un  volume  de  fluide  égal  i 
celui  qu'il  déplaceroit  y  il  s'enfuit 
de-U  qu'il  n'y  a  pas  plus  de  taifoa 
pour  q^e  le  folide  defcende»  qu'il 
n'y  en  a  pour  qu'il  monte;  8c  cornihe 
il  n'y  a  pas  non  plus  de  raifon  pour 
qu'il  fe  meuve  latétalement  plutôt 
adroite  qu'à  gauche  •  il  s'etifuueâ'- 
fin  qu'il  refléta  toufours  dans  la 
place  où  on  l^anra  mis.  ' 

De-làl  on  voit  qu'un  corps  qui 
pèfe  moin^  qu'un  égal  volume  d'eao, 
doit  être  repoufle  en  haut  dès  qu^il 
e(h  placé  dans  Teau  ;  car  fi  ce' corps 
étoitaufli  pelailt  qu'un  égàlvolume 
d'eau  ,  il  refteroit  en  la  place  où 
on  le  met,  coquine  oh. vient  de  U 
voir.  Or  comnriè  il  eft  nioios  pefant 
par  l'hypothèfe,  qu'un  égal  volume 
d'eau  »  on  peut  fuppofer  qu'il  eft 
Ipouflé  en  en-bas  par  una  bdGmteus 
égale  à  celle  d'un  pareil  volume 
d'eau  >  &  en  en-haut  par  une  pe* 
fauteur  égale  â  i'excés  de  h  pelan- 
teur.de  ce  volume  d'e^u  fur  celle 
du  corps.  Uenc  comme  reflet  de 
la  première  de  ces  forces  eft  dé- 
truit »  il  ne  reftera  que  la  féconde 
qui  fera  par  conféquent  monter  le 
corps  en  en-haut. 

En  générahin  corps  eft  dit  d'au^ 


l 


47«  L  E  G 

tanc  plus  léger  qiie  Ton  poids  eft 
iQoindre  ^  &  ce  poids  eu  propor- 
tionnel à  la  quantité  de  matière 
au*il  contient  ,  comme  Newton 
I  a  démontré. 

Les  corps  qui  fous  les  mêmes 
dimenfions  ou  le  même  volume  , 
ne  pèfent  point  également ,  ne  doi- 
vent point  contenir  des  portions  éga- 
les de  matière.  Ainfi  >  lorfque  nous 
voyons  qu'un  cube  d'or  s'enfonce 
dans  l'eau  »  &  qu  un  cube  de  Liège 
y  fumage  ,  nous  fommes  en  droit 
^  ae  conclure  que  le  cube  d'or  con- 
tient plus  de  parties  que  le  même 
volume  de  liège  ,  ou  que  le  liégp  a 
plus  de  pores  7  c'eft-à-dire ,  de  ca- 
vités deftituées  de  'matière  que 
l'or  j  nous  pouvons  aflTurer  de  plus 
^u*il  y  t  dans  leau  plus  de  ces  vi 
[es  que  dans  un  égal  volume  d'or, 
&  moins  r^ue  dans  un  même  volu- 
me de  liège. 

Cela  nous  donne  tout  i  la  fois 
une  idée  claire  foit  de  U  pefanteùr 
des  corps  ,  qui  eft  la  fuite  de  leur 
denfité  »  foit  de  leur  légèreté»  & 
nous  fait  connoître  que  la  dernière 
ne  peut  pas  être  regardée  comme 
quelque;  chofe  de  poûtif  »  mais  que 
c'eft  une  pure  négation  ou  une  ab- 
Ibiice  des  parties  qui  fait  appeler  un 
corps  plus  léger  qu'un  autre  »  le- 
quel contient  plus  de  matière  que 
lui. 

LiGÉHETi  ,  fignifie  auffi  agilité ,  vi* 
tefTe.  Ce  lévrier  chajfe  avec  beaucoup 
de  légèretés  La  légèreté  des  oifeaux. 
La  légèreté  du  chevreu'J. 

On  dit  d'un  Chirurgien  qui  fait 
fes  opérations  aifément  &  avpc 
adrede  y  ç^  il  a  une  grande  légèreté  de 
main. 

La  même  chofe  fe  dit  d'un  maî- 
tre à  écrire  qui  écrie  fort  aifément 
^  fort  vîte  ^  iç  d'un  jouej^r  d'info 


LEG 

I     trument  dont  le  jeu  eft  exttêmemeac 
aifé  &  brillant. 

On  dit ,  c^Viune  perfowie  a  beatt" 
coup  de  légèreté  dans  la  voix  ^  pour 
dire  »  qu  elle  fait  fort  aifément  les 
cadences. 

LÉGERBTi ,  figni&e  aufli  inconftance  j 
inftabilité.  Flujîeurs  peuples  accujenc 
de  légèreté  la  nation  françoife.  La  lé" 
géreté  de  la  fortune.  Il  y  a  beaucoup 
de  légèreté  dans  fes  promejfes. 

LÉGBRBTé  ,  fignifie  auifî  imjptudence , 
étourderier ///  a  dans  fa  conduite 
plus  de  légèreté  que  ae  méchan^ 
ceti. 

LiGiRETB  ,  fe  dît  encore  par  oppoG- 
tioo  à  griéveté  »  â  énerftité.  La  ven- 
geance nejl  pas  proportionnée  à  Ul 
légèreté  de  toffenfe. 

LÊGIERS  ;  vieux  mot  qui  figoifioic 
autrefois  prompt ,  facîAe. 

LÉGIFÉRÂT  ;  fubftantif  mafcuUn. 
Terme  employé  par  quelques  au- 
teurs fuédois ,  pour  ûgnifier  un  ter« 
ritoire  ou  diftrid  fournis  à  un  Lé- 
gifère, 

LÉGIFÈRE  i  fabftantif  mafcalin.  Ti- 

tre  d'une  ancienne  digniic  ou  chac- 

.  ge  de   Suède  qui  revenoic  à  celle 

de    Gouverneur   de  province    ea 

France 

LÉGION  J  fubftantif  féminin.  Legio. 
Corps  de  gens  de  Guerre  parmi 
les  Romains  »  compofé  d'in&titerie 
^  de  cavalerie. 

L'état  des  Légions  a  fort  varié  ; 
d*abord  fpus  Romulus  ,  inftituteac 
dç  ce  corps  >  la  légion  n'éroir  que 
de  trois  milfe  hommes  d'infanterie 
&  de  trois  cens  çhevatiz.  Sous  let 
Confuls  elle  fut  long  -  temps  de 
quatre  mille  ou  de  quatre  mille  deux 
cens  fantaffins  9c  de  trois  cens  che- 
vaux. Vers  l'an  de  Rome  41a,  elle 
étoit  de  cinq*  mille  hommes  d'in- 
fanterie. Pendanr  la  guerre  que  Ju- 
les Céfar  fit  dans  les  Gaules»  f» 


LEG 

TiSgions  fe  trouvèrent  i  peu  près  coin- 
poféesdu  même  nombre  dnommes. 
Sous  Âugufte  les  légions  avoientfix 
mille  cent  fancaflins  8c  fept  cent 
vingt- lix  chevaunl  A  la  mort  de  ce 
Prince  elles  ne  furent  plus  que  de 
cinq  mille  homihes  d'infanterie  & 
de  bx  cens  chevaux.  Sous  Tibère 
elles  revinrentâHx  mille  hommes  de 
pied  &  fix  cens  cavaliers.  Comme 
oepcime  Sévère  imagina  de  former 
1  rimiration  des  Macédoniens ,  une 
phalange  ou  bataillon  carré  de  trente 
mille  hommes  ,  compofé  de  fix  lé* 
gions }  nous  apprenons  de  ce  trait 
d*hiftoire  ,  que  la  légion  étoit  alors 
de  cinq  mille  hommes.  Sous  les 
Empereurs  fuivans  elle  reprit  Tan- 
cien  état  qu'elle  avoit  lous  Âu- 
gufte. 

Les  légions  fous  la  république  » 
étoient  commandées  par  un  de| 
Confuls  &  par  leurs  Lieutenans. 
Sous  les  Empereurs  elles  étoient 
commandées  par  un  Officiçr^  Gé- 
ibéral  qu'on  nommoit  Préfet.  Chz^ 
que  légion  avoit  pour  enfeiene  gé- 
sérale,  une  aigle  aux  ailes  éployées , 
tenant  un  foudre  dans  fes  ferres. 
Elle  étoit  portée  fur  un  pied  d'eftal 
de  même  métal  au  haut  d*une  pi- 
que j  cette  figure  étoit  d'or  ou  d'ar- 
gent ,  de  la  groOfeur  d'un  pigeon^. 
Celai  qui  la  portoit  s'appeloit  le 
Porte  JigU  ,  &  fa  garde  ainii  que 
fa  défenfe  \  étoit  commife  au  pre- 
mier Centurion  de  la  légion. 

Ce  fut  Marins  »  félon  Pline ,  qui 
chdtfit  l'aigle  feule  pour  Tenfeignê 
générale  oes  légions  romaines  \  car 
outre  l*aig^^  »  chaque  cohorte  avoit 
fes  propres  enfeignes  faites  en  for- 
me de  peritès  bannières  d'une  étoffe 
de  pourpre  où  il  j  avoit  des  dra- 
gons peints.  Chaque  manipule  & 
chaque  centurie  avoit  auffî  fes  en- 
seignes particulières  de  même  cou- 


LEG  47J 

leur  ,  fur  lefquelles  étoient  des  let- 
tres pour  dcfigner  la  légion ^  la  co- 
horte &  ia  centurie. 

On  diftinguoit  les  légions  par  l'or* 
drede  leur  levée,  comme  première, 
deuxième  ,  tiuifième  y  ou  par  les 
noms  des  Empereurs  auteurs   de 
leur  iondation  y  comme  Ugio  Au^ 
gujta  ,  Claudia  ,  Flavia ,  1/ajana  , 
Ulpia  y  Gordiana  ^  &c.  Elles  furent 
encore  diftinguées  dans  la  fuite  par 
des  épithètes  qu'elles  avoient  mé- 
ritées pour  quelque  belle  aAion  » 
comme  celle  qui  m  furnommer  une 
légion  la  foudrcyanu  ;  une  autre  , 
la  viclorieufe  :  ou  même  pour  quel- 
que défaut  qui  lui  étoit  propre  , 
comme  la  paillarde.  Enfin  elles  re* 
tinrent  Quelquefois  le  nom  despro* 
vinces  ou  elles  fer  voient  j  comme 
rillyrienne,  la  Macédonienne^  la  Par- 
thique ,  la  Gauloife  ,  &c. 
LioiON  ,    eft  auffi  un    nom   que 
Ton   a   donné    en    France  d  cer- 
tains coi:ps  dlnfanterie.  Sous  Fraiw 
çois  I  il  y  eut  fept  légions  dont  cha- 
cune étoit  compofée  de  fix   mille 
hommes. 
LicioN ,  fe  dit  encore  figurément  & 
familièrement  d'tm  grand  nombre^ 
Il  s*y  trouva  une  légion  de  gens  de 
robe. 

Dans  leftyle  de  l'Écriture  on  dit, 
des  légions  d* Anges  ,  des  légions  de 
Démons. 

Les  trois  fyllabes  font  brèves  au 
fingulier,  mais  la  dernière  eft  longue 
au  pluriel. 
I  LÉGION  y  nom  propre  d'une  an- 
cienne ville  de  la  Paleftine  ,  qui 
étoit  fituée  au  pied  du  mont  Car- 
mel  ,  i  quinze  milles  de  Nazareth, 
vers  l'occident.  On  croit  que  c'eft 
le  même  lieu  qu'on  appelle  aujour^ 
d'hui  Légune. 
Lâgion  »eftauuilenomd*untancienne 
irille  de  l'infubrie.  C'eft  aujourd  hui 


4S0  L  £  G 

un  Village  du  Milanez  /fltuî  Air  le 
J|>Qrd  oriental  du  Lac  Majeur.    . 
tÉGIONNAlRE;  fubftantif  mafciilin, 
Lcgionarius.  Soldac  ou  fancaffin  dans 
une  légion  romaine. 

On  diftinguoic  dans  cha(|tte  lé* 
gion  quarre  (orres  de  faiitaffihs  \  les 
Vélices  »  autrement  nomtaÉ^  Ante-' 
Jignàni^  parcequ'ànles  plaçàicaTanc 
les  enfeigties  j  aux  premiers  raÀgs  » 
ic  qu'ils  commençoienc  le  conibac^ 
étoîent  armés  à  la  légère  d'un  ^etiit 
bôttcliéc  rond  d*un  pied' 6^  demi  dcj 
diamètte  ,  '&  d*un  petit  cafqué  dej 
cuir  fott  \  du  refte  fans  arihùte  poui)' 
être  plus  difpos.  Leurs  armes  of4 
fenfives  étoient  Tépée  9  le  javelot 
&  la  fronde.  Us  ne  fervoient  ]qu^ 
pour  efcarmoucher.  Us  fe  tangedieni 
d'aboird  i  la  queue  des  trbà|>es,&  d^ 
U  par  des  ihterfalles  ménagés  etiir^ 
les  cohortes  >  ils  s'àvânçbiènt  fut 
-  le  front  de  là  bataille  pour'faarceler 
les  ennemis  ;  mais  dès  qu'ils  étoient 
poufTés  9  ils  rènrroieht  par  les  mê- 
mes mtervàtlés;'&  de  deti^èré  le^ 
bataillons ^ni  Tes -coït vibient  «  ils 
faifpient.  voler   fur  l'ennemi  une 
grêle  de  pierres'  ou  de  traits.' lU 
ctoient  auflt  chargés  d'accompagner 
la  cavalerie   pour  les'  expéditions 
brufques  &  les  coupsjde  majnV  On 
croir  que  les  Romains  li^Àftituè* 
renr  les  Vélites  dans  leurs  tétions 
qa*après  la   féconde  guerre  puni- 
que^ à  l'exemple  des  Carthaginois 
qui    dans   leur  infanterie  avôienr 
oeaucoupde  Frondeurs  &  de  gens 
de  trait:  Selon  Ute-Live»  il  n'y 
avoir  que  10  V  élites  par  thanfriule; 
ce  qui  fâifoit  (bixante  pârcdhorte 
icnt  cens  par  légion  quand  là  lé- 
gion étoir  de  fix  mille  bonïmes. 
Avant  qu'ils  fufTent  adtiiis  »  les  fol- 
dats   qui  comppfolent  1  mfànterie 
légère  »  s'appeloient  Rorarii  6c  Aor  j 
€€n/i,On  fupprima  les  Vélites  ^uand  j 


LEG 

on  eut  accordé  le  droit  de  bout- 
geoilie  romame  i  toute   TltaUe  ^ 
mais  on  leur  fubftitua  d'autres  ar* 
Inès  i  la  légère.  Le  fécond  corps 
des  légiohnakês  étoientceuxqa'oa 
Mùimoit -Htijtaires  ,  d'dn  gros  )z^ 
Velot  qù'Hs  lahçoient,  &  que  les 
Làtitb  appellent  hajla  »  arme  diffé- 
rente de  la  pique  punique  :  celle- 
ci  étoit  trop  longue  &  trop  peiante 
pouf  être  lancée  avec  avantage.  Ils 
éibiént  pnefatnnient  armés  dû  caf- 
qtie ,  *de4a  cuirafle  ôc  du  bouclier  , 
de  répée  efpa^nole  &  du  poignard, 
lls^  falfoiént  la' première  Kgnè  de 
l'armée.   Après   eux  venoient  les 
Princes  arniés  de  même  aufli  bien 
que  les  Triaires,  à  Texceprioa  que 
céûX'Ci  portoiènt  Uhe  éfpèce  d'eC- 
ponton  courr  dont  le  fer  étoit  long 
<8c  fort.  On  les'oppofoit  ordiBaire<> 
meht  à  la  cavalerie /parceque cette 
arme  éroit  plus  de  réfiftance  qne 
les'  javelines  &  les  dardi  des  Prm- 
ces  6c  desUadaiires.  On  donna  aux 
Triaires  ce  nom  ,  parcéqû^ils  for- 
moient  la'  trbifième  ligne  &  l'élite 
^de  Tarmée*,  mais  dans  Tes  nouveaux 
ordres  de  bataille  qu'introduifit  Ma- 
rais ,  on  plaça  les  Triaires  aux  pre- 
miers rangs  :  c'étoient  toujours  les 
plus  VIEUX  &  les  plus  ricnes  fol- 
dars'  qui  fôrmoient  les  Triaires  »  6c 
c'éroirdevant  eux  qu'on  porroitTai- 
'  glc  de'  la  légion.  Ou  ne  pouvoir  en- 
trer dans  ce   corps'  avant  Tage  de 
dix-ieptaus,  &  outre  cela  il*  talloic 
être  citoyen  romain  :  cep^dantil 
y  eux  des*  dfcôhftâncîês  où  l'on  y 
^admit  des  affranchis  ^  &  aprèll'âge 
'   de''4ér  an^  on  b'étbit-plùs  obligé 
'  de  féfVir.  Lé  temps'  du  fervicè  «s 
légionnaires  n'étoit  pourtant  que  de 
1^  ans.  Avant   Séplimé  Sévère  il 
n'étoit  pas  permis  aux  légionnaires 
de  fe  marier  ou  du  moins  dé  mener 
'^Icurs  fecnmes  en  (Cam^àgne 'avec 


LEG 

eux;  La  difcipline  militaire  dq  cçs 
foldats  école  très- révère  9  ils  me- 
noiem  une  vie  dure ,  faifoienc  de 
longues  marches  charges  de  pefans 
fardeaux  y  Se  foie  en  paix  ,  ioic  en 
guerre  ,  on  les  cenoic  coacinuelle- 
menc  en  haleine  »  foie  en  forcifianc 
des  places  &  des  camps ,  foie  en 
formane  ou  réparant  les  grands  che- 
mins \  auffi  voit-on  peu  d'occalions 
où  cette  infanterie  romaine  ne  foit 
demeurée  vidorieufe. 
LÉGIS  'y  dans  le  commerce  on  appelle 
/oies  légis  ,  des  foies  qui  viennent 
de  Perle  ,  ou  par  les  retours  des 
vaiflèauz  qu'on  envoyé  d'Europe  à 
Bender -  Abaffi ,  dans  le  golfe  Per- 
£que  »  ou  par  ceux  qui  trafiquent 
4lans  les  Échelles  du  levant ,  te  par- 
ticulièrement à  Smyrne. 

Ces  foies  font  les  plus  belles  de 
Perfe  après  les  fourbajlis  ou  cher- 
iaj&.j  &  font  de  la  même  qualité  : 
la  /eule  différence  qu'il  y  a  ne  con  - 
£ftant  que  dans  le  triage  ou  on  en 
fait  ^ en  forte  que  les  iégis  (ont  pro- 
prement les  moins  fines  des  jour- 
iajiis» 

Ces  foies  viennent  en  balles  de 
lo  barmans  chacune  »  le  batman  de 
£x  occos  qui  font  1 8  livres ,  1 1  on- 
ces poids  de  IMarfeille  ^  &  poids  de 
snarc  1 5  livres. 

Il  y  en  a  de  trois  fortes  ;  les  le- 
ns'vourines  qui  font  les  plus  belles^ 
les  IcgiS'bourmcs  OM  bourmio  cpL\(}Xi^ 
▼ent  \  &  Us  Ugis-ardajfcs  qui  font 
les  plus  groffes  j  &  c'eft  cle  cette 
dernière  (ortedont  les  François  char- 
gent le  plus  à  Smyrne. 
LÈGlSLATEUR.TRICEi  fubftantif. 
Celui  jcelle  qui  éublit  des  lois  pour 
toute  une  nation.  Lycurguefut  un  Le- 
giflatcur  des  Laccdimoniens.  LaUo"^ 
blcjfe  cft  Légijlatrice  à  Vcnifc. 
LÉGISLATIF  ,  IVE  j  adjeûif  quine 
>/e  dit  qu  çn  ces  phrafes  ^  pouvoir  U* 

tom  XV. 


LEG 


481 


i 


gifiatif  ^  puîjfanct  lég^lativc  ;  pour 
dire,  le  pouvoir,  la  taculcé  de  raire 
des  lois.  En  France  ,  le  pouvoir  lé» 
gijlatif  s'exerce  par  le  Souverain»  En 
4ngleterre\  la  puijfanct  lég^lative  efi 
entre  les  mains  du  Roi  &  du  Parle» 
ment. 

LÉGISLATION  j  fubftantif  féminin 
8c  terme  de  droit  public.  Poceftas 
tegum  condendarum.  Droit  de  faire 
des  lois.  La  Ugtjlaûon  appartient  en 
Angleterre  ,  au  Roi  &  au  Parle-- 
ment» 

LÉGISTE  ;  fubftantif  mafculin.  Le- 
gis  doclor.  Jurifconfult9 ,  celui  qui 
fait  profeffion  de  la  fcience  des  lois. 
C'ejt  un /avant  Légi/le. 

LÉGITIMAIRE  ;  adjeâif  des  deux 
genres  &  terme  de  Jurifprudence , 
qui  s'emploie  aufli  fubftantivement.. 
Qui  appartient  à  la  légitime  ,  qui  a 
droit  de  légitime.  Le  légitimaire peut 
demander  la  rédu3ion  d*une  dona- 
tion pour  avoir  /a  légitime.  Voyez 

LÉGITIME. 

LÉGITIMATION  j  fubftantif  fémi- 
nin. Changement  d*état  d*un  enfant 
naturel ,  par  lequel  il  acquiert  les 
droits  de  ceia  qui  font  nés  en  légi« 
time  mariaj[;e. 

Les  enfans  nés  en  légitime  ma- 
riage ont  toujours  été  diftingués  des 
bâtards  9  8c  ceux*ci  au  contraire  ont 
toujours  été  regardés  d*un  œil  défa- 
vorable î  c'eft  pourquoi  l'on  a  ima- 
{;iné  divers  moyens  pour  annuUer 
e  vice  de  leur  naiftance. 

Chez  les  Romains  il  n'v  avoit 
dans,  lorigine  qu'une  feule  voie 
pour  légitimer  les  bâtards  &  lesren* 
dre  habiles  à  fuccéder  :  c*étoit  cello 
de  Tadoption.  Le  citoyen  qui  adop* 
toit  un  enfant  bâtard  ^  Venveloppoit 
de  ion  manteau  ^  &  Ton  croit  que 
c'eft  de  là  qu'a  été  imitée  la  cout 
tume  ufiiée  parmi  nous  »  de  mettre 

Ppp 


4S  z  L  £  G 

fous  le  potte  les  enfans  nés  aranc  le  f 
mariage.  I 

L'Empereur  Anaftafe  craignant 
que  la  facilité  de  légitimer  ainfî  les 
bâtards  ,  ne  fur  une  voie  ouverte  à 
Ja  licence  ,  ordonna  qu'à  l'avenir 
cela  n'auroit  lieu  que  quand  il  n'y 
auroit  point  d'enfans  légitimes  vi  - 
vans  9  nés  avant  l'adoption  des  bâ- 
tards. 

'  Cette  première  forme  de  légiti- 
nation  fat  depuis  abrogée  par  l'Em-^ 
pereur  Juftinien  ,  comme  on  le  voit 
dans  fa  novelieSp. 

Mais  Conftantin  le  ôrand  ôc  fes 
fuccelTeucs  introduifîrent  plufieiirs 
autres  manières  de  légitimer  les 
bâtards  »  ic  l'Empereur  Zenon  per- 
mit en  47^  à  tous  ceux  qui  avoient 
des  enfans  bâtards  nés  d'une  con- 
cubine ingénue»  de  les  rendre  lé- 
gitimes en  époufanc  leur  mère  : 
dans  la  fuite  Jullinién  confirma 
cette  jurifprudence  qui  a  lieu  au- 
jourd'hui  parmi  nous  ;  mais  pour 
opérer  cette  légitimation  il  faut 
que  le  père  naturel  ait  pu  dans 
le  temps  de  la  conception  des  en- 
faïis  *  contraAer  mariage  avec  fa 
concubine  :  c'eft  pourquoi  les  en« 
fans  adultérins  ne  peuvenr  être  lé- 
gitimés par  un  mariage  fubféqueni , 
mais  feulement  par  lettres  du  Prin- 
ce 3  8c  Ton  a  toujours  regardé  com- 
me abufives  les  claufes  de  légiti- 
mation inférées  ArÀs  bs  difpenfe^ 
que  la  Cour  de  Rome  accorde  pour 
les  mariages  entre  ceux  qui  ont  com- 
mis adultère. 

Néanmoins  fi  un  homme  marié 
époufoit  Une  fecohde  femme  »  & 
que  celle-ci  fat  daiis  ta  bonne  foi , 
les  enfans  ferotehtié^ttimes  :  c*eft 
ce  qui  a  été  jugé  par' différens  arrêts 
&  particulièrement' par  celui  du  13 
Juillet  i'f$iy  rendu  en  la  Grand- 
Ctuoibt^  du  Pàrltttiem  de- Par js  > 


LEG 

entre  les  enfans  des  deux  femmes 
de  Guillaume  Jolivet. 

Les  bâtards  légitimés  par  le  ma« 
riage  de  leurs  père  &  mère ,  ont  la 
même  faveur  que  les  enfans  qui  font 
nés  légitimes  :  ils  fonr  compris  dans 
le  nombre  des  enfans  appelés  pour 
recueiHir  des  fubftitutions  'y  ils  par- 
tagent avec  les  autres^  jouiflentda 
dtott  d*aîne(Tè  6c  de  la  légitime  , 
&  peuvent  -exercer  le  retrait  ligna- 
ger. 

Si  le  bâtard  meurt  avant  le  ma- 
riage de  fes  père  &  mère  &  laide 
des  enfans  légitimes  t  ces  enfans  par 
le  mariage  de  leurs  grand»  père  tc 

Srand-mère  «  font  tendtis  capables 
e  leur  fuccéder. 
Quelques  auteurs  prétendenr  ce- 
pendant le  contraire  j  mab  leur  avis 
n'eft  pas  fuivi. 

Lorfqu'un  bâtard  eft  légitimé  par 
le  mariage  de  fes  père  &  mère  »  fa 
légtrimation  ne  le  rend  capable  de 
fuccéder  que  pour  l'avenir  ;  elle  n'a 
pas  l'effet  de  lui  acquérir  les  fuc« 
cédions  qui  étoiest  ccbues  pendant 
que  fon  incapacité  fubfiftoit  encore. 
Par  exemple  »  un  bâtard  légitimé 
pat  mariage  ,  ne  pourroit  pas  in- 

Ïuiéter  Théritier  auquel  une  fucccf- 
on  a  été  dévolue  par  la  renoncia- 
tion de  fon  père ,  quoique  cette  fac* 
céffion  lui  eut  appartenu  s'il  eut  été 
légitimé  au  temps  de  la  renonciation 
de  fon  père. 

Le  mariage  clandeftin  ai  celui 
qui  eft  fait  in  txircmis  j  ne  légiti- 
ment pas  les  enfanfs  de  ceax  qui  fe 
font  ainfi  mariés  ,  d'une  manière  à 
les  rendre  capables  de  faccéder  tt 
de  |ôuir  des  effet  civils  :  ces  fones 
de  mariages  efbcent  fevlement  la 
honte  &  la  tache  de  la  naiffance. 

A  regard  de  la  légitimarion  naf 
letrres  du  Prioce  ,  c'eft  «ne  grâce 
que  le  Suureraia  accorde  par  Jet* 


LEG 

très  qdî  s'expédient  au  grand  fceavi 
&  s'enregiftrent  au  Parlement ,  à  la 
Chambre  clesComptes&  autres  Ju- 
ridiâions.  Elles  (ont  aufli  fiijectes  i 
être  iniinuées. 

Ces  lettres  portent  qu*ea  tous 
aâes  »  en  jugement  Se  dehors ,  l'im- 

f métrant  fera  tenu ,  cenft  &  réputé 
égitime  ;  qu'il  jouira  des  mêmes 
franchifes ,  honneurs  »  privilèges  Se 
libertés  que  les  autres  fu  jets  du  Roi; 
qu'il  pourra  tenir  &  podeder  tous 
les  biens  ,  meubles  Se  immeubles 
qui  lui  appartiendront  par  dons  ou 
acquêts  &  qu'il  pourra^iequérir  dans 
la  fuite  ;  recueillir  toutes  fucceffions 
êc  accepter  dons  entre-vifs  à  caufe 
de  mort  ou  autrement  \  pourvu  tou- 
tefois ,  (Quant  aux  fuccefiions  ,  que 
ce  foit  du  confentement  de  fes  pa* 
rens  j  de  manière  que  ces  lettres 
n'habilitent  à  fuccéder  qu'aux  pa- 
rens  qui  ont  confenti  i  leur  ente- 
giftrement ,  Se  que  la  légitimation 
par  lettres  du  Prince  »  a  bien  moins 
d*efFet  que  ci^  qui  a  lieu  par  ma- 
riage fubféqMbt. 

Les  bautds  légitimés  par  lettres 
du  Prince ,  acquièrent  le  droit  de 
porter  le  nom  &  les  armes  de  leur 
père  \  ils  font  feulement  obligés  de 
snettre  dans  leurs  armes  une  barre 
pour  les  diftinguer  des  enfans  légi- 
times. 

Il  y  a  dans  l'Empire  un  titre  de 
Cornu  Palatin  qui  n'a  rien  de  com- 
isnn  avec  celui  des  Princes  Palacins 
du  Rhin  ;  c'efl:  une  dignité  dont 
l'Empereur  décore  quelquefois  des 
gens  de  lettres.  L'Empereur  leur 
donne  ordinairement  le  pouvoir  de 
faire  des  Doâents  »  de  créer  des 
Notaires  j  de  légitimer  des  b&tards; 
&  un  auteur  qui  a  écrie  fur  les  af- 
faires d'Allemagne  »  dit  que  com- 
me on  ne  refpeâe  pas  beaucoup  ces 
«omtes  p  on  fait  encore  moins  de  cas 


LEG  48) 

de  leurs  productions  qui  font  fou- 
vent  vénales  auifi  bien  que  la  dignité 
mcme* 

On  voit  dans  les  arrêts  de  Papon^ 
qu'un  de  ces  Comtes  nommé  Jean 
Navar^  Chevalier  Se  Comte  Pala- 
tin ,  fut  condamné  par  arrêt  du  Par- 
lement de  Touloufe ,  prononcé  le 
25  Mai  i^6t  y  k  faire  amende- 
honorable  ,  à  demander  pardon  au 
Roi  pour  les  abus  par  lui  commis 
en  oâroyant  en  France  légitima- 
tioU)  nocariacsSr  autres  choies  donc 
il  avoir  puHfance  du  Pape  contre 
l'autorité  du  Roi  \  &  que  la  tout  fut 
déclaré  nul  &abu(if. 

LiGiTiMATfON  ,  figniie  auffi  recon« 
noifiànce- auchentique- Se  juridique} 
te  il  ne  fe  dit  qu'en  parlantdes  af- 
faires des  Diètes  d'Allemagne.  La 
légkimanon  des  pouvoirs-  des  Dé' 
pûtes. 

Les  trois  premières  fyllabes  font 
brèves  ,  la  quatrième  longue  ,  &  les 
autres  brèves  au*  fîngulier  \  mais  la 
dernière  eft<  longue  au  pluriel. 

LÉGITIME  ;  adjeûif  des  deux  gcn- 
res.  Legnitmis  Qt|i  a  les  conditions, 
les  qualités  requifes  par  la  loi.  Un 
mariage  légitime.  Un  enfant  légi^ 
time, 

LéciTiMS  ,  fignifie  au(&  juftes  équi- 
table »  fondé  en  raifon.  Cette  pré" 
t4ntion  êjl  légitimé.  Il  avoit  un  droit 
légitime, 

LÉGiTii^E  »  fe  dit auffi  fubftântfvement 
au  féminin  de  la  portion  que  la  toi 
attribue  aux  enfon»  fur  les  biens  de 
leurs  père$  8t,  de  leurs  mères  ,  de 
laquelle  iU  ne  peuvent  ^tre  privés 
lorsqu'ils  n'ont  pas  mérité  d'être  ex- 
bérédés. 

On  peut  diftinguer  la  légitime 
en  léginme  de  droit  &  en  légitime 
fixée.  La*  légitime  détroit  eft  ceMe 
dont  la  quotité  fe  trouve  détermi 
née  pat  4ii^4oi  \  Se'  la  légitime^Âxée 

pppij 


\ 


4S4  L  £  G 

celle  dont  la  quotité  a  été  réglée  pat 
les  afcendans. 
^  La  légitime  de  droit  eft  due  en 
nature ,  c  eft-à-dire  »  en  immeubles 
.  ou  autres  .biens  de  l'hérédité  \  & 
quoique  les  père  8c  mère  aient  fixé 
la  légitime  en  deniers  par  leur  tef- 
rament  ,  l'enfant  peut  néanmoins 
s*en  tenir  à  fa  légitime  de  droit ,  & 
en  conféquence  »  prendre  en  eflence 
la  portion  que  la  loi  lui  accorde 
dans  chaque  *  efpèce  de  biens  »  en 
renonçant  aux  difpofitions  contrai- 
res faites  à  fon  fujet.  Si  Tenfant 
légitimé  en  deniers  vient  à  décé* 
der  avant  d'avoir  fait  fon  option 
entre  la  léettime  de  droit  &  la  lé- 
gitime fixée ,  il  meurt  fous  les  dif- 
pofitions  du  droit ,  te  par  confé- 
quent  propriétaire  de  fa  légitiihe  en 
eflence. 

Dans  les  pays  de  droit  écrit  & 
dans  quelques  coutumes ,  comme 
Dax  fie  Bordeaux  »  les  Afcendans 
ont  auffi  un  droit  de  légitime  dans 
la  fucceifion  de  leurs  entans  décédés 
fans  poftérité. 

La  légitime  varie  pour  la  quo* 
cité  dans  les  diverfes  provinces  du 
Royaume  :  dans  les  pays  de  droit 
écrit ,  celle  des  enfans  fe  règle  fui- 
Yant  leur  nombre  :  s'il  y  a  quatre 
enfans  ou  an^leflous  ^  ils  doivent 
avoir  i  eux  tout  le  tiers  de  la  fuc- 
ceflion  du  père  qui  peut  difpofer 
librement  des  deux  autres  tiers  au 
profit  de  telle  perfonne  que  bon  lui 
femble ,  foit  du  nombre  de  fes  en- 
fans ou  d'un  étranger  ;  fie  s'il  y  a 
plus  de  quatre  enfans ,  leur  légitime 
en  ce  cas ,  cA  la  moitié  de  la  Uiccef- 
fiop  du  père  à  partager  entte  eux^ftir 
quoi  les  enfans  doivent  par  mignons 
imputer  tout  ce  qu'ils  ont  reçu  de 
la  libéralité  du  père  ou  ce  la 
mère* 

Quand  les  aicf  ndani  font  feuls 


2 


LEG 

héritiers  préfomptifs  de  lents  tn^ 
fans  ou  petits*enrans  qui  n'ont  lailTé 
ni  frères  ni  fceurs  ,  il  eft  fans  dif- 
ficulté que  leur  légitime  doit  être 
le  tiers  de  toute  la  lucceflîon  ;  mais 
comihe  les  lois  n'ont  point  réglé 
leur  légitime  depuis  que  Juftinieo 
a  admis  les  frères  fi^  les  fœurs  du 
défunt  d  la  fucceffion  de  leur  frète 
ou  de  leur  foeur  conjointement  avec 
les  afcendans  ;  on  a  demandé  lorf- 
u'il  y  a  des  frères  ou  des  fœars  » 
1  la  légitime  des  afcendans  en  ce 
cas  ,  doit  être  le  tiers  de  toute  la 
fucceflion  ,  ou  feulement  le  tiers 
de  la  portion  que  les  afcendans  aa- 
roient  eue  abintefiat.  Cette  queflion 
eft  jugée  diverfement  \  i  Paris  on 
décide  que  dès  le  momenr  qu'il  7  a 
des  frères  ou  des  fœurs  »  la  léf^himt 
des  afcendans  ne  doit  être  que  le 
tiers  de  la  portion  qu'ils  auroienc 
eue  abintefiat  :  dans  les  autres  Par- 
leroens  du  droit  écrit  ^a  légitime 
des  afcendans  eft  tou/ours  du  tiers» 
fans  aucune  diftiiiâion  ni  reftric- 
tion,  ^ 

Dans  quelques  coutumes ,  com- 
me celle  de  Patis  ,  la  légitime  des 
enfans  eft  la  moitié  delà  part  U 
portion  que  chaque  enfant  eût  eue 
dans  la  fucceffion  de  fon  père  fit  de 
fa  mère  ,  s*ils  n'euflent  fait  aucune 
di(pofition. 

Il  y  en  a  d^aatres  où  la  légitime 
eft  le  tiers  de  tous  les  biens  ,  fans 
aucune  diftinâion ,  i  partager  entre 
tous  les  enfans. 

Il  y  en  a  où  les  pères  qui  omdes 
enfans ,  ne  peuvent  difpofer  que  de 
k  propriété  de  leurs  meubles  fie  dt 
la  moitié  de  l'ufufmit  de  leurs  ac^ 
quècs  en  faveur  àt%  étrai^rs}  & 
comme  ils  ne  peuvent  pas  avants* 
ger  leurs  enfans  au  préjudice  les 
uns  àt%  autres  »  tout  le  furplus  kftt 
tient  lieu  de  légitime* 


,4» 

LfeG 

Q  nelques-unes ,  comme  Rhelms 
&  Melun  ,onc  réglé  la  légitime  con- 
formément au  droit  écrit. 

D'autres  enfin  ne  règlent  rien 
for  la  quotité  de  la  légitime^  &  dans 
celles-ci  on  fe  conforme  â  la  cou- 
tume de  Paris ,  H  ce  n'eft  dans  quel- 
aues  coutumes  voifines  des  pays  de 
roit  écrie ,  où  l'on  fuit  l'efprit  du 
droit  romain* 

Les  enfans  qui  font  héritiers  ont 
à  choifir  entre  la  légitime  telle  que 
la  coutume  la  leur  accorde  ^  &  les 
réferves  coutumières  ;  ils  peuvent 
exercer  lun  ou  l'autre  choix  à  leur 
gré  -y  mais  ils  ne  peuvent  ni  les  cu- 
muler ni  les  &ire  concourir. 

S'ils  optent  les  réferves  coutu- 
mières qui  confident  à  Paris  dans 
les  quatre  quints  des  propres ,  & 
qu'elles  ne  foient  pas  fuffifantes 
pour  les  remplir  de  leur  légitime , 
ils  peuvent  en  demander  le  fupplé* 
ment  ;  mais  ils  doivent  imputer  fur 
la  légitime  ,  Se  ce  qu'ils  ont  reçu 
d'ailleurs  ,  8c  les  réferves  coutu- 
mières qu'ils  retiennent  j  ils  ne  peu- 
vent réunir  les  deux  droits  a  la 
fois. 

S'ils  demandent  la  légitime  de 
droit  en  entier  ^  il  faut  qu'ils  aban- 
donnent les  réferves  coutumières 
qui  en  ce  cas  demeurent  au  léga- 
taire univerfel ,  &  lui  tiennent  heu 
de  récompenfe  des  biens  qui  loi  font 
enlevés  â  titre  de  légitime- 
Non  feulement  on  ne  peut  pas 
réunir  en  fa  perfonne  le  droit  de 
prendre  les  quatre  quints  des  pro- 

Îres  réferves  par  la  coutume  de 
aris  ,  &  le  droit  de  légitime  fur 
les  biens  difponibles  ^  mais  cela  ne 
fe  peut  pas ,  même  quand  il  y  au- 
roit  pluueurs  héritierssc'eft  ce  qui  a 
cté  jueé  par  fentence  des  requêtes 
du  Palais  du  i  tf  Janvier  1 7  JJ  i  ^^"' 
due  entre  tes  quatre  enfans  de  M. 


LE  G  48 j 

de  Pommereu ,  dont  l'un  éroit  lé- 
gataire univerfel  :  les  trois  autres 
demandoient  »  l'un   la  totalité  d^s 

3uatre  quints  des  propres  ,  &  les 
eux  autres ,  leur  légitime  entière* 
La  fentence  a  jugé  que  M.  de  Pom- 
mereu laîné  optant  lesTéferves cou- 
tumicies  ,  auroit,  eu  qualité  d'hé- 
ritier ,  le  tiers  des  quatre  quints 
des  propres  ;  que  les  deux  autres 
prétérant  la  légitime  de  droit  aux 
réferves  coutumières ,  chacun  d'eux 
aurait  fa  légitime  de  droit  en  en- 
tier 'y  &  que  le  furplus  des  biens 
appartienclroit  au  légataire  uni* 
verfel  qui  étoit  un  quatrième  en- 
fant. 

Cette  fentence  a  été  confirmée 

Ear  arrêt  rendu  en  la  Grand-Cham- 
re  le  10  Août  de  l'année  1733. 

Par  une  fuite  du  même  principe  » 
les  enfans  ne  peuvent  pas  demander 
les  réferves  coutumières  &  la  légi- 
time de  droit  ,  quand  même  les 
biens  feroient  fitués  dans  le  refforc 
de  différentes  coutunies  :  en  ce  cas 
il  faut  qu'ils  optent  fans  pouvoir^ 
demander  la  légitime  de  droit  dans 
une  coutume,  &  les  réferves  cou- 
tumières dans  une  autre.  Ces  maxi- 
mes font  encore  confacrées  par  dif- 
férens  arrêts* 

La  légitime  doit  être  lailfée  li- 
brement ^  &  ne  peut  être  grevée 
d'aucune  charge. 

Pour  fixer  fa  quotité  on  fait  une 
maffe  de  toutes  les  donations  &  de 
tous  les  biens  délaifiés  au  temps  du 
décès  de  celui  de  la  fucceffîon  du- 
quel il  s'agit. 

On  compte  enfuitele  nombre  de 
ceux  qui'  font  part  dans  la  fup- 
putation  de  la  légitime  :  dans  ce 
nombre  ne  font  point  cotnpris  cedx 
qui  ont  renoncé  â  la  fuccvflion  tout-» 
à-faitgracui(euieDt  y  mais  oncompte 


48(?  L  E  G 

ceux  qui  n'ont  renoncé  q\xaIiqHodato 
ydrcunto* 

Pour  le  payement  de  U  légitime 
on  épuife  aabotd  tous  les  biens  ex- 
lans  dans  la  fucceflîon ,  enfuite  tou- 
tes les  difpofitions  gratuites ,  en 
commençant  par  les  difpofinons  tef- 
t^mentaires  ,  &  premièrement  les 
inftirutions  d'héritier  &  les  legs 
univerfcls,  enfuite  les  legs  particu- 
liers. 

Si  ces  objets  ne  fuflSfent  pas,  le 
légitimaire  eft  en  droit  de  fe  pour- 
voir contre  les  donataires  entre- 
vifs ,  en  s'adreffant  d'abord  aux  der- 
niers,  &  remontant  de  l'un  à  l'au- 
tre fuivant  Tordre  des  donations , 
jufqu  à  ce  que  le  légitimaire  foit 
rempli  \  bien  entendu  que  chaque 
donataire  eft  lui-même  en  droit  de 
retenir  fa  légitime. 

La  dot  ,  même  celle  qui  a  été 
fournie  en  deniers  >  eft  fujette  au 
retranchement  pour  la  légitime  , 
dans  le  même  ordre  que  les  autres 
donations  ,  foit  que  la  légitime  foit 
demandée  pendant  la  vie  du  mari  y 
ou  qu'elle  ne  le  foit  qu'après  fa 
mort  \  te  quand  il  auroit  joui  de  la 
dot  pendant  plus  de  )  c  ans  ,  ou  mê- 
me quand  la  fille  dotée  auroit  re- 
nonce à  la  fucceffion  par  fon  con- 
trat de  mariage  ou  autrement  >  ou 
qu'elle  en  feroit  exdufe  de  droit, 
suivant  la  difpofition  des  lois ,  cou* 
tûmes  ou  ufages. 

La  légitime  fe  règle  eu  égard  au 
temps  (fe  La  mort ,  tant  par  rapport 
»ux  biens  que  l'on  doit  faire  ren- 
trer dans  la  maffe ,  que  par  rapport 
au  nombre  des  perfonnes  que  Von 
doitconfidérer  pour  fixer  la  quotité 
de  la  légitime. 

On  impute  fur  la  légitime  tout 

^e  que  le  légitimaire  a  reçu  à  titre 

de  libéralité  ,  de  ceux  fut  les  biens 

..  dçf^^els  Âl  dçmandç  U  légipoi«  « 


tels  que  les  donations  entre  *  vifs, 
1  es  prélegs  ,  tout  ce  qui  a  été  donné 
au  légitimaire  pour  lui  former  on 
étabhflement,  comme  un  office ,  on 
titre  clérical  ,  une  bibliothèque , 
des  frais  &  habits  de  noces ,  &  gé- 
néralement tout  ce  qui  eft  fujet  â 
I  apport. 

Les  fruits  &  intérêts  delalé^time 
courent  du  jour  de  la  mort. 

L'a&ion  ^uele  légitimaire  a  con- 
tre les  héritier3  &  cbnataires ,  dure 
pendant  3  o  ans  «  à  compter  du  décès 
de  celui  qui  donne  ouverture  â  la 
légitime  \  car  pendant  fa  vie  elle 
n'eft  pas  fujette  à  prefcxiption ,  Se 
ne  peut  être  purgée  par  décret  >  at- 
tendu que  le  droit  n'en  eft  pas  en- 
core ouvert. 

Ce  droit  n'eft  ouvert  qu'à  la  mort 
de  celui  fur  les  biens  duquel  la  légi- 
time eft  due  \  un  enfant  ne  peut , 
fous  quelque  prétexte  que  ce  foit , 
en  demander  une  à  fon  père  de  fcm 
vivant,  même  fous  prétexte  que  le 
père  auroit  marié  &  doté,  ou  établi 
autrement  quelques  autres  en^s; 

Pout  être  légitimaire  il  faut  être 
hétitier  &  n'avoir  pas  renoncé  à  la 
fucceffion  ;  &  en  efifet  les  loix  ro« 
maines  veulent  que  la  légitime  foit 
laidée ,  non  pas  quocumque  titulo , 
mais  à  titre  d'inftitution.  En  pavs 
coutumier , Je  légitimaire  eft  (aifi  de 
plein,  droit  &  peut  demander  par- 
tage >  &  l'on  traite  avec  lui  de  mê- 
me qu'avec  un  hétitier  ,  comme  il 
paroi  t  pat  l'imputation  ^ui  fe  fait 
fur  la  légitime  \  impuution  qui  eft 
un  véritable  rapport  par  l'obliçation 
de  fournir  des  corps  héréditaifes 
pout  la  légitime ,  le  jet  des  lots  qui 
fe  pratique  avec  le  légitimaire ,  & 
la  garantie  adive  &  paffive  cjui  a 
lieu  entre  lui  6c  les  autres  héritiers* 
Cependant  lorfque  tous  les  bieM 
de  la  fucceffion  s^  iuffifent  ^ as  jym 


LE  G 

payer  les  dettes ,  l'enfant  q^i  veut 
avoir  fa  légitime  »  peut  fans  fe  por- 
ter héritier ,  la  demander  au  der- 
nier donataire. 

Le  fils  aine  prend  non  feuletnent 
fa  légitime  naturelle  ,  mais  il  la 
prenaavec  le  préciput  que  la  loi  ac- 
corde aux  aînés. 

La  légitime  eft  quelquefois  qua- 
lifiée de  créance  »  ce  qui  s'entend  fe- 
'  Ion  le  droit  naturel  ;  car  félon  le  droit 
civil  y  elle  ne  palfe qu'après  toutes  les 
dettes ,  foit  chitographaires  ou  hy 
pothécaires  \  elle  a  néanmoins  cet 
avantage  qu'elle  fe  prend  fur  les  im- 
ttieubles  qui  ont  été  donnés ,  avant 

Î|ueles  dettes  fuHent  cônflatées ,  8c 
ur  les  meubles  que  le  défunt  adon- 
nés defon  vivant,  au  lieu  que  les 
créanciers  nont  aucon droit  fur  ces 
biens. 

Toute  renonciation  i  une  ftic- 
ceffion  foit  échue  ou  future,  lorf- 
qu  elle  eft  faite  aliquo  data  y  exclud 
les  enfans  du  renonçant  de  deman- 
der  aucune  part  dans  la  fucceâion  , 
même  â  titre  de  légitime. 

Une  renonciation  gratuite  exclud 
pareillement  les  enfans  du  renon- 
çant j  de  pouvoir  demander  une  lé- 
gitime ,  à  moins  que  le  renonçant 
ne  fut  fils  unique  ,  parcequ  en  ce 
cas  Ces  enfans  viennent  de  leur  chef 
Se  non  par  repréfentation. 

Une  fille  qui  aurott  renoncé  par 
contrat  de  mariage  j  pourroit  néan- 
moins revenir  pour  (a  légitime  »  fnp- 
pofé  qu'elle  fut  mineure  lors  de  fa 
renonciation ,  qu'elle  fonfirît  une 
léfion énorme,  8c  qu'elle  prît  des 
lettres  de  refcifion  dans  les  dix  ans 
de  £i  majorité. 

Un  fils  majeur  qui  anroit  accep- 
té purement  &  fimplemenc  te  legs  i 
loi  fait  pour  lui  tenir  lieu  e  légi- 
time ,  ne  feroit  pas  recex^bie  à  re- 
Tcnir  pour  £a  légitime.  On  le  juge 


L  E  G  4S7 

pourtant  autrement  dans  les  Parle- 
mens  de  droit  écrit. 

Le  droit  François  ne  donne  au- 
cune légitime  aux  bâtards,  mais 
fimplement  des  alimens. 

Néanmoins  dans  quelques  cou- 
tumes fingulières,  telles  que  Saint 
Orner  &  Valenciennes  ,  où  les  bâ» 
tards  fuccèdtnt  a  leur  mère  concur- 
remment avec  les  entans  légiti- 
mes ,  ils  ont  aufli  droit  de  Ugi-* 
time. 

Les  enfans  légitimés  par  mariage 
fubféquent  ont  pareillement  droit  de 
légitimé  .  &  quand  même  il  y  an- 
roit des  enfans  d'un  mariage  inter- 
médiaire entre  leur  nailfance  &  leuc 
légitimation. 

Lorfque  le  père  a  réduit  fon  fils 
à  un  fimple  ulufruit ,  pourcaufe  de 
prodigalité,  mauvaife  conduite» 
&c.  les  créanciers  du  fils  ne  peuvent 
demander  la  diftraélion  de  la  légi- 
time de  leur  débiteur ,  comme  l'ont 
jugé  deux  Arrêts  du  Parlement  de 
Paris  des  %i  Mars  &  4  Septembre 
1750. 

Lorfqu'en  payement  de  la  légi- 
time fixée  \  il  eft  cédé  au  légiti- 
maire  des  biens  immeubles  de  la 
fucceffion ,  il  en  doit  payer  le  droit 
de  centième  dtnier ,  parceque  ,  s'é* 
tant  tenu  à  ce  qui  lui  avoit  été  fixé , 
il  n'a  reçu  les  immeubles  qu'à  titre 
de  payement  d'une  créance^  il  ne 
peut  être  difpenfé  du  payement  de 
ce  droit ,  que  lorfqu^il  a  renoncé  i 
cette  légitime  fixée ,  pour  s'en  te- 
nir à  la  légitime  de  droit. 

Si  le  père  aftipulé ,  par  teftamenc 
ou  autre  aâe ,  que  fes  enfans ,  au- 
tres que  l'inftitué  ,  auront  leur  lé- 
gitime telle  que  de  droit,  alors  ils 
font  propriétaires  de  la  portion  que 
règle  la  loi  dans  tous  les  biens,  en- 
forte  que  l'abandon  qui  leur  eft  fait 
d'immeubks  pour  cette  légitime  » 


488  LE  G 

ne  peut  donner  oarerture  aa 
droit  de  centième  denier  »  paifque 
les  légitimaircs  n'ont  par  ce  moyen 
que  ce  qu'ils  avoient  droit  d'exiger. 

Mais  fi  dans  cette  dernière  ef- 
pèce  9  les  enfans ,  au  lieu  de  leur  légi- 
time telle  que  de  droit,  ne  reçoivent 
qu'une  iomme  en  argent  >  dont  ils 
le  contentent  \  c'eft  alors  une  cef- 
(ion  qu'ils  font  de  leurs  droits  réels 
^n  faveur  de  celui  qui  refte  proprié- 
taire de  tous  les  biens ,  lequel  doit 
par  conféquent  le  centième  denier 
de  la  portion  qui  appartenoit  aux 
Icgttimaires  de  droit»  4aQ$ les  im- 
meubles réels* 

Lorfque  celui  qai  eftçn  pofleflion 
de  biens  chargés  d'une  légitime  fixée, 
meurt  fans  enfans ,  le  droit  de  cen- 
tième denier  eft  dû  de  la  valeur  en-r 
tière  des  biens,  fansdifttaé^ion  de 
cette  légitime  ,  pacceque ,  comme 
on  l'a  obfetvé»  la  légitime  fixée 
D*eft  qu'une  créance. 

La  Normandie  a  d^s  ufages  parti- 
culiers fur  la  légitime  due  aux  filles. 
Elles  ne  font  point  héritières  dans 
cette  Province  »  tant  qv'il  7  a  des 
mâles  i  elles  lont  créancières  fur 
toute,  la  fucceffion  de  leurs  père  & 
mère ,  pour  leur  léeitiroe  oa  ma* 
riage  avenant ,  (  c*ett  â-dire  conve- 
nable ) ,  &  eUe$  Q^  peuvent  pas 
exiger  des  immeuUes^^ 

L'arpde  ^148  dç  la  coutume  ex- 
clud  les  filles  ic  leurs  defcendans  ^e 
fuccéder  »  tant  qu'il  j  a  des  mâles  » 
foit  en  ligne  direébe  oâ  collatérale  j 
&  fuivam  les  articles  149  &  {47^ 
elles  ne  peuvent  demander  partage 
ni  prétendre  aucune  part  dans  l'hé- 
ritage dts  père  Se  mère  cpntre  leurs 
frères^  mais  feuletpenf  dçm^nder 
mariage  avenant. 

AioM>la  fiUç  qui  a  des  frères  n'ayant 
point  de  propriété  dans  lesimmeu- 
plçs^  U  ta  pçaï  ç(re  dtt  aiicim  drpit 


LEG 

de  centième  denier ,  lorfqu'cUe  dé- 
cède fans  enfans ,  quoique  fes  frètes  ' 
héritent  de  fa  légitime  ou  mariage 
avenant ,  parceque  ce  n'eft  qu'une 
créance. 

Il  fuit  de  ce  principe  »  que  fi  It 
fœur  devient  héritière  de  Ion  frère, 
elle  doit  le  centième  denier  de  la  to- 
talité dts  immeubles ,  fans  pouvoir 
faire  diftindkion  de  fa  légitime  j  ic 
c'eft  ce  qui  a  été  jugé  par  Arrêt  du 
Confetldu  1 1  février  1710 ,  &  par 
les  décifionsdes  )'i  Juillet  1754»  S 
Novembre,  x(î  Septembre  i7}^f 
10  Avril  X745  ,  5  Mars  &  17  Août 
174^,  &  19  Avril  1747»  Scftz 
celle  du  14  Avril  1755»  rendue 
contre  Madame  la  Ducheflè  de 
Chaubes. 

Il  en  réljilte  également  qoe  la 
foenr  doit  payer  le  droit  de  centième 
denier  j  lorique  fon  frère  lui  cède 
des  immeubles  pour  fe  libérer  de  fà 
légitime  ;  c'eft  une  ceffion  en  paye- 
ment  de  créance* 

lyÉGlTIMÊj  ÈE;  participe  paffif. 
f^oye\  Légitimer. 

LÉGITIMEMENT  i  adverbe.  Ltgi^ 
timè.  Juftement ,  félon  les  loix  ic 
l'équité.  Un  tien  acquis  Icgitime^ 
ment. 

LÉGITIMER  i  verbe  adif  delà  pre- 
mière conjugaifon ,  lequel  fe  coa- 
jugue  comme  Chanter.  Rendre  oa 
enfant  naturel  capable  des  droits  8c 
honneurs  dont  il  étoit  exclus  par  fa 
naiflance.  Il  y  a  en  France  deux  mof 
nî^res  dfi  Ugiwner  les  b^tçtrds  »  tune 
par  mmage  fubféqtfent ,  &  Poutre  par 
lettres  de  ChoficçUeri^^  Voj^  X^âci- 

TIUATION, 

LÉGITIMER ,  fignifie  Aufli  »  faire  cou- 
noître  publiquement  pour  antben- 
tique  &  juridique.  Et  ceU  fc  dû 
principalement  ^n  parlant  des  diècei 
d'Allemagne.  Les  Réputés  nontpeini 
encore  fait  Ic^uisnçr  fenrs  foavairs^' 


\ 


1£G 

&  ce  (ens»  H  eft  auflS  pioQomi* 
nal  réciproque  en  parlant  4es  af* 
fiirrs  des  dieces.  Us  fi  légmmJtrtnt 

Les  uois  premières  ffUa!>es  fofti 
brèves»  6e  la  quatrième  Igogiie  oa 
iwrèye.  Fè>y^  Yeube. 
îléGITïMîTé  i  fubftan,  fém.  L^érat , 
la  qa^lité  d*un  cnfani  légitime.  On 
cofkefioic  la  icgieimué  de  t enfant. 
'  fi  ngnifie  aum  la  qualité  ds  ce  qui 
eft  jufte,  équitable  &  félon  les 
;  lois.  Hs'aeïybitdc  prouvtr  la  Ugl- 
tlmiti  du  dû.  On  natta^uoit  pas  la 
Ugiiimité  é^  mariage. 
ï3EGSj  fybftanrif  mafcoUn.  Legatunu 
Ce/ljape  libéralité  que  fait  un  tef- 
tatepr  paç  reftamenc  ou  ^odicile  » 
&  qiii  doit  être  délivrée  après  fa 
mort  au  légataire  par  l'héritier  ah 
inuJUtj  ou  par  Théritier  iaûitué  ^ 
s'il  7  en  a  un  ^  ou  par  le  légataire 
univerfel ,  lorfqu'il  y  en  a  un. 

^i  la  libéralité  étoit  faite  par  un 
autre  aâ:e  que  par  an  teftament  »  ou 
un  codicile,  ou  fi  le  teftateur  lui- 
même  y  mettoit  la  dernière  nia^n  , 
par  la  tradition  de  lachofe  donnée  , 
ce  ne  feroit  plus  un  legs ,  mais  une 
donation  entre-vifs  ou  à  fraufe  de 
mort ,  quoiqu'elle  fôt  écrite  d^n^  le 
teftament. 

On  peut  léguer  en  général  toutes 
Içs  chofe$  dont  pn  peirt  difpofer  par 
tpftament  fuivaat  U  loi  du  lieu  où 
elles  font  fituées»  foit  meubles  meu- 
•bians  ou  autres  effets  mobiliers,  im- 
meubles réels  ou  fiâifs ,  droits  & 
aâions ,  fervitudes ,  ^ç* 

Le  teftateur  peut  même  léguer  ce 
qui  ne  lui  appartient  pas  ^  pourvu 
que  la  chofe  foit  dans  le  commerce, 
car  s^il  avoir  légué  une  chofe  facrce 
1^  legs  ne  vaudroit  rien.  IlfaqtauflS 
pour  la  validité  du  legs  que  le  tefta- 
teur ait  (^u  que  la  cnofe  léguée  ne 
4i2Î  appartenoit  pas  î  £c  comme  on 
Tome  XV% 


i 


1  £  d  4*9 

préfunie  toujours  qoe  \%  teft«teut 
n*a  voulu  l^uer  qpe  ion  biep^  .c*$^ft  au 
l^at^re  i  jproaver  que  lis  t^ft^eur 
a  tu  que  la  çUofe  I^mêç  apM nenoic 
i  ua  ^atftre  ^  &  eu  ce  c^  4  Vj[|<6r^iier 
la  pçiir  acheter  commodcm^m  »  il 
la  doi(  livrer  au  Ugataire  »  (îaqu  il 
lui  eu  doit  r^ftimatiou. 

JLe  teftateur  peut  iégt^erU  çliofe 
(jui  appiartient  a  Ton  hériti^jr ,  /oie 
"u'il  le  faç1>i^  ,  fbir  qu'il  croy^  eu 
tre  le  propriétaire  \  \^  raifon  de  la 
di^ér/ence  eft ,  qu'on  préfume  plus 
facilempQC  que  Te  (efta,teiir  a  voulu 
charger  fon  Héritier  de  donner  au 
légataire  une  chofe  qu'il  %  en  fa  pof- 
i<â4uo(i ,  que  le  charger  d'acheter 
d^n  autre   ce  qu'il  ii'a  pas. 

Oo  t;e  peutpa$  léguer  ai^  légataire 
une  choie  qt|i  t^i  appartient  déjà  » 
te  l'efti cation  ne  lui  en  eft  pas  due. 

Lorf<jue  Iç  t^ft^teur  lég^c  une 
chofe  certaine  comip^  un  tel  fonds^ 
une  telle  {nsifon ,  à  deux  perfonnes 
différentes'pafr  deux  claufesféparées^ 
par  exemple ,  je  légi^e  i  Pierre  ma 
maifon  de  Paris  \  je  lègue  à  Antoine 
ma  maifon  de  Paris  \  en  ce^  cas  le 
dernier  legs  ne  révoque  point  le 
premier ,  piais  les  deux  légataires 
concpurent  çnfemble  àL  p^rtageQf  le 
legs  p^r  mpitip. 

Si  la  çhpfd  léguée  vient  i  pcrîr 
fans  le  fair  de  l'héritier  >  U  perte 
tombe  fur  le  légaraire. 

JLes  legf  peuvent  ctrç  fans  con- 
dition ^  ils  peuvent  être  payables  à 
certain  çerQie  ,ils  peuvent  être  faits 
pour  de  certaines  caufes ,  jk  avec 
de  certaine$  démonftracions. 

Les  legs  qui  font  faits  fous  con* 
dition  ne  font  point  dûs  que  U  con<« 
dition  ne  foit  échue»  à  moins  qu'elle 
ne  foit  impoflible  ou  contre  les  bonv 
nés  mœurs  »  auqtiel  cas  elle  eft  re« 
|ctée. 

Le  legs  payable  â  certain  termo 

Qqq 


49#  LE  G 

eft  du  dès  le  moment  de  la  mort  da 
défunt ,  8c  par  conféquènt  fi  le  lé- 

E taire  meart  avant  le  terme ,  le 
js  eft  dâ  à  fes  héritiers.  Ainfi  lorf- 
oue  le  teftateur  a  légué  à  une  per-* 
lonne  à  condition  qu'elle  fera  ma- 
riée ,  fi  elle  meurt  avant  d'être  ma- 
riée >  le  legs  demeure  caduc }  mais 
t*il  lui  a  légué  une  fomme  lorfqu'el- 
'le  fera  mariée  »  le  legs  pafTeà  fes  hé- 
ritiers ,  quand  même  elle  mourroit 
fans  îcre  mariée ,  &  ils  en  peuvent 
demander  le  payement,  dès  le  mo- 
ment que  le  temps  auquel  elle  au- 
roic  été  nubile  fera  échu. 

A  regard  de  la  caufe ,  ou  elle 
regarde  le  pafTé  ,  ou  elle  regarde 
Tavenir.  Si  elle  regarde  le  paflfé , 
quand  elle  fe  trouveroit  fauUe  >  le 
legs  ne  laifTeroit  pas  de  fubfifter  : 
par  exemple ,  je  lègue  â  Pierre  , 
parcequ*il  a  eu  foin  de  mes  affai- 
res :  quand  le  légataire  ne  s'en  fe- 
roir  pas  mêlé  ,  le  legs  ne  lai  fie  pas 
d'être  bon  ,  falja  càufa  non  vitiat 
Jegatum.    '-  ^ 

di  la  caufe  regarde  l'avenir ,  par 
exemple  »  fi  le  teftateur  lègue  i 
Pierre  pour  faire  bâtir  une  maifon 
en  tel  lieu, ,  le  legs  n'eft  point  fuf- 

Eendu  ,  il  eft  dû  dès  le  moment  de 
L  mort  du  teftateur  \  mais  l'emploi 
des  deniers  doit  être  fait  fuivant  fa 
volonté ,  &  l'héritier  peut  obliger 
le  légataire  i  donner  caution  pour 
cet  effet. 

La  caufe  qui  regarde  le  pafié  eft 
appelée  dans  les  loix  caufa ,  &  celle 
qui  regarde  l'avenir  eft  appelée 
modus. 

La  faufie  démonftration  ne  rend 

{)as  le  legs  nul ,  pourvu  que  la  chofe 
éguée  fubfifte  &  quelle  foit  fuffi- 
famment  connue  d'ailleurs  ;  je  lègue 
â  ma  femme  la  terre  de  Choify 
qu'elle  ma  donnée  ,  fi  j'ai  une  terre 
/appelle e  Choify^  le  legs  fubfifte. 


LE  G 

quoiqu'elle  ne  m'ait  pas  été  donnée 
par  ma  femme. 

Le  legs  fait  à  TEglife  fans  autre 
dènominarion ,  eft  ou  i  l'Eglife  pa- 
roifliale  ou  aux  pauvres.  Conformè- 
menr  â  la  Jurifprudence  univerfelle 
du  Royaume  ,  les  parens  pauvret 
du  teftateur  lont  préférés  aux  as- 
tres ou  du  moins  on  leur  accorde  une 
portion  privilégiée  fur  ces  legs. 

L'accroifiement  n'a  lienœ  ma- 
tière de  legs  que  quand  le  teftateoc 
a  joint  enlemole  plufieurs  légatai- 
res ,  ce  ou'il  peut  faire  de  trois 
manières  difFérentes  ;  favoir  » 

Par  les  paroles  feulement ,  quand 
le  teftateur  lègue  une  même  chofe 
a  deux  perfonnes  &  qu'il  U  leur 
diftribue  entr  epx  \  je  lègue  i  Pierre 
&  a  Jean  ma  maifon  par  égales  por- 
rions. 

Par  la  chofe' feulement  j^  lorfqu'iî 
lègue  la  m'ême  chofe  i,  deux  per- 
fonnes différentes  par  deux  claufes 
fèparées  ;  je  lègue  ma  maifon  i 
Pierre ,  je  lègue  ma  maifon  i  Jean  \ 
chacun  des  iègauires  a  U  moitié  de 
la  maifon  j  mais  ce  n'eft  pas  le  tef* 
tatenr  qui  leur  a  diftribue  les  por- 
tions,  c'eftJa  nature  de  la  chofe 
que  chacun  d'eux  ne  peut  pofleder 
folidairement  ;  ainfi  le  concours  de 
deux  perfonnes  fait  qu'ils  n'en  ont 
que  chacun  la  moitié. 

Par  la  chofe  fc  par  les  paroles  , 
quand  le  teftateur  lègue  la  même 
cnofe  â  deux  perfonnes  par  une  mê- 
me claufe  fans  ajourer  une  diftri- 
bution  de  portions  ;  je  lègue  ma 
maifon  i  Pierre  &  i  Jean ,  en  ce 
cas  les  deux  légataires  n'ont  encore 
chacun  la  moitié  de  lavnaifon  que 
par  le  concours  à  une  même  chofe 
dont  chacun  d'eux  ne  peut  avoir  le 
tout.    • 

Cela  prèfuppofé,  le  droit  d'ac* 
croifiement  n'a  point  de  lieo  entre 


kEG       , 

les'lcgataires  ^  qui  ne  font  cônjoiocs 
que  par  les  paroles  feulement ,  par- 
cequ'iU  ne  font  pas  proprement  con- 
joints »  le  ceftateur  ne  les  a  compris 
dans  une  même  claufe  que  pour 
abréger  fon  difcours. 

A  regard  des  conjoints  par  la 
chofe  feule  ,  eu  par  les  paroles  & 
par  la  chofe ,  le  droit  d'accroiile- 
ment  a  toujours  Heu  entr'eux  \  c'eft- 
à-(lire  ,  que  fi  l'un  des  deux  légatai- 
res décède  avant  le  teftateur  ou  s'il 
refttfe  »  fa  portion  appartient  à  l'au- 
tre, légataire* 

Mais  on  demande  fi  le  legs  ac- 
croît avec  fa  charge  \  par  exemple , 
je  lègue  ma  maik>n  a  Pierre  &  d 
Jean  »  &  je  charge  Pierre  de  payer 
cent  éictts  à  Jacques  }  fi  Pierre  ne 

Î eut  ou  ne  veut  pas  prendre  le  legs , 
ean  fera-t-il  ooligé  de  payer  les 
cent  écus  à  Jacques  ?  11  y  a  deux 
principes  pour  décider  cette  quef- 
tion.  Le  premier  qu'entre  conjoints 
par  la  chofe  feulement  le  legs  ac- 
croît (ans  aucune  charge ,  parceqoe 
la  folidité  avoir  d'abord  ècé  léguée 
au  légataire  qui  refte  îçxA  \  ainfi 

Cur  avoir  fon  legs  entier ,  il  lî'a 
(biâ  que  de  fon  droit ,  &  ne  fe 
lett  pas  de  celui  de  l'autre  légataire. 

)Le  fi^cond  principe  eft  ,  que  fi  le 
légataire  qui  ne  prend  rien  au  legs, 
étoit  décédé  dans  le  temps  que  le 
teftateur  a  fait  fon  teftament»  le 
legs  aecroît  à  l'autre  fans  aucune 
charge;  mais  s'il  n'eft  décédé, que 
depuis  le  teftament ,  ou  s'il  refufe 
le  legs»  il  accroît  avec  fa  charge 
entre  conjoints  par  la  chofe  &  par 
les  paroles. 

|1  faut  encore  obferver  que  le  léga- 
taire peut  reftifer  la  portion  quiac* 
croît t  &  fedt livrer  par  ce  moyen 
de  la  charge  \  mais  l'héritier  ne  le 
peut  pas. 

Lorfque  le  teftateur  a  légué  une 


chofe  fai^s  la  défigner  en  particulier» 
&  ^u'il  y  en  a  plufieurs  de  la  même 
efpcce  ;  par  exemple ,  un  de  fes 
chevaux  ,  un  de  (es  efclaves ,  le 
choix  appartient  au  légataire.  Mais 
fi  le  teftateur  a  voit  légué  en  général 
un  fonds ,  le  legs  feroit  inutile,  par- 
ceque  le  legs  ne  feroit  pas  fuffi- 
lamment  défigné ,  un  fon^  pouvant 
confifter  en  une  feule  perche  de 
terre. 

Les  legs  peuvent  être  ôtés  de 
plufieurs  manières  différentes  \  par 
la  volonté  exprefle  ou  tacite  du  tef- 
tateur, s'il  révoque  le  legs,  $*il 
aliène  fans  néceflité  la  chofe  lé- 
guée \  s'il  la  donne  de  fon  vivant  â 
une  autre  perfonne  ;  s'il  intervient 
des  inimitiés  capitales  entre  le  tefta- 
teur &  le  légauirc.  Par  le  fait  du 
légataire  qui  s'en  rend  indigne  ,  s'il 
cache  le  teftament  du  défunt  j  s'il 
refufe  la  tutelle  dont  le  teftateur  l'a 
chargé  par  fon  teftament  j  s'il  accufe 
le  teftament  d'être  faux  ou  inofiË- 
cieux»  Il  eft  vrai  que  les  tuteurs  qui 
forment  cette  accufation  fous  le 
nom  de  leur  mineur»  ne  perdent 
pas  le  legs  qui  leur  eft  fait. 

£n  pays  coutumier ,  fi  le  tefta- 
teur a  légué  une  nature  de  biens 
qu'il  ne  pouvoir  pas  léguer ,  le  lé* 
gataire  ne  peut  pas  demander  d'être 
indemnifé  fur  les  autres  biens  donc 
le  teftateur  avoit  la  libre  difpofirion: 
par  exemple,  fi  dans  la  coutume  de 
Paris ,  le  teftateur  a  légué  une  terre 
qui  excède  leauint  des  propres, l'ex- 
cédent fera  oté  au  légataire ,  fans 
(|u'il  puifiê  en  demander  Teftima- 
tion  fur  les  meubles  &  acquêts. 

Les  legs  ne  font  pas  fi  favorablen 
en  pays  coutumier ,  qu'en  pays  de 
droit  écrit;  c'eft  pourquoi  fi  un  père 
ou  une  mère  difpofent  au  profit  d'un 
de  leurs  en  fans ,  par  un  motif  de 
haine  contre  les  autres,  on  caJ^e 

QqqiJ 


f 


4^»  LE  G 

qmlqaefMs  k  kgs }  oa  en  eoU«té« 
nie  9  fi  le  teftaceur ,  en  biftat  un 
legs,  ontverfel,  z^foit  ajouté  tiAe 
caufe  infamante  contre  fenhériciet» 
le  l€2s  feroir  cade  ^  è  tkoU\s  que  ce 
ne  iiU  un  juAe  re^^he  d^mgrati- 
tnde  y  ovÊ  que  ia  câafe  ne  f&t  pt- 
btique ,  de  forte  q^e  le  ceftacear 
eue  plmot  voalu  vendtà  compte  de 
fa  ccMidnire  y  que  deshon(»rer  fon 
héritier. 

Leconfentementqae  Théritier  du 
leftareur  pourroii*  donner  lors  du 
teftamenr,  ne  peur  pas  faire  valoir 
les  legs  faits  à- des  incapables  ,  par- 
€equ*on>  fuppofe  que  ce  confente- 
ment  n'a  été  donné  que  dans  la 
crainte   dindifpoferle  teflareiir. 

Dans  k  plupart  des  couru  mes  Us 
qualités  d'héritier  66  de  légataire 
fonc  incompatibles^  ce  qui  s'entend 
ées  biens  dfune  même  coutume  ; 
mais  on  peut  être  héritier  dans  une 
coutume  Se  légataire  dans  une  autre 
où  Pon  n'eft  pas^  habile  à  fuccéder. 

Tous  les  legs  fonr  fujets  à  déli- 
vrance,, 6c  les  intéi^ts  ne  courent 
que'du  jour  de  la  demaïide ,  i  moins 

Sue  ce  ne  fût  un  legs  fait  a  un  en- 
mr  par  Tes  pète  &  mère ,  pour  lui 
tenir  lieu  de  fa  portion  héréditaire;, 
auquel  cas  les  intérêts  feroient  dits 
.  depuis  le  décè^  du  tèftateur. 

On  peut  impofer  une.  peine  à 
.  rbéritier  pour  l'obliger  d'accomplir 
'  les  legs  ;  a  ailleurs  les  légarairesont 
une  aAion-  contre  lui  en  vertu  du* 
teftament. 

Ils  ont  a'uflGl  ùne  hypothèque  fur 
tous  tes  bien^dudéfant  j  mais  cette 
kypothèquifr  n*a  lieu  qaejufqu  à  con- 
•  currence  de  la  part  &  portion  dont 
chaque  héritier  eft' chargé  des  Feas. 
Le  légataire  oui  lurvir  ati  teita- 
eeiir  tranfmet  à  ion  héritier  le  droit- 
de  demander  fon  legs  ,  encore  qu'il 
im  fût  pas  exigible  j  pourvu  qu'il 


LÉ  G 

n*/  lue  bas  lut-mèma  renonce,  8e: 
que  le  legs  ne  foh  jpas  abfolument 
perfonnet  an  téga^âitev 

Phifieuts  périonhe^  font  ineapa- 
blés  de  recevoir  des  legs ,  téttei  que 
ceux  qui  ont  péifdu  lès  éfl^ts  civils  >< 
lès  corps  8C  comnMinaruiés^  noti  ap- 
prouvés pa#  te  Princ-e  ,•  8c  n^eme 
rEgUfe&  les  commut^autés  approu- 
vées ne  peuvent  plus  ifien  recevoir 
que  conforméme^nt  ^  rEdit  dttmois* 
d'Août  174^9. 

Les  bâtards  adultérins  .&  kicef^ 
tueux  font  incapables  diè  legs- ,  esi» 
cepté  defîmple^  àlimem. 

On  ne  pouvoir  autrefois  léguer 
à  unpofthume^mais  par  lenoiiveau^ 
droit  cela  eft  permis,  de  même  qu'on  ♦ 
psut  léguer  en  général  i^des  enfansi 
à  naître. 

Tous  les  legs  ont  été  aflujîêttis  à- 
l'indhuation  par  l'Ëdir  du  mois  de- 
Décentbre  170J  >  céut- faits  par  les 
pères  &  mères  ou  ayeur  à  leurs  en- 
fàns  9  en  ont  éré  difpenfés  par  la^ 
Déclaration  du  a  Août  1707,  &. 
autres  réglemens  pbftérieurs. 

Oh  appelle  Ug^  caduc  , .  un .  legs 
qui  demeure  fans  efif^t. 

En  général  un  legs  ^ut  ^c  ca* 
duc  par  le  défaut  de  capacité  du 
teftareur ,  par- la  qualité  delà  chofe- 
qui  n'eft  pas  dtfponible,  oupar  Tin— 
capacité  du  légataire  qui  ne.  peut, 
recevoir  de  libéralité'. 

On  appeUe  lég^  unhtfféf ,  celui 
qui'eft  fait  de  la  rotaRt'c  ou  d'une 
portion  par  quotité  dès  biens  du  dé- 
funt ,  comme  de  moitié^,  du»tiers  ^ 
du  quart ,  du^  fikième ,  &c. 

Comme  enpays  coutumief  ily » 
autant,  de  fucceffions  de  la  même 
perfonne  que  d'efpèces  de  biens  > 
c'eft-à-dire  ,  de  meutles  ,  acquêts» 
propres  naiffans,  propres  anciens ,. 
&c.  on  regarde  comme  légataires. 
utiives£els  ceux  qui  le.  fooc  d'ipe^ 


N 


I£G 

'  etpèce  tie  btem  i  çir  entière  oir  ftt 

2ttotiié.i  leli  que  fmi  Ieriég«ttirr«3 
et  meuUes  S6  accfnèc^^  à\\  dir  quint 
des  propres >  ou  duoMpbrltei?  j  &^. 

Les  legs  partiçulieifi  /ont  cee^Q 
qui  ronrd*une^hôfe  paiciculière^pit 
en  eipècé  ^  comme  une  maijixm  9/:l9it 
en  quotité, conmie  une  £E>inmé  fixe. 
La  coiidnioQ  des' légataire^  pârti- 
eulters'  difi^ère  de.  celle  des  légatai- 
res univérfels  >  en  ce  qxre  ceux-ci 
font  ODfn parés  aux  hériciersbéné^' 
ctaires  ^  &  tenos  de  contribuei  aux 
dettes ,  &c.  au  lieu  qae  le  légataire 
particulier  n*eft  quun  (ingulier  fu^*- 
cefleur ,  contré  lèquer  lés  -créanciers 
de  la  fuccellion  ne  pèûvehtdirrger 
aucune  aâion  perfonnteUe ,  &(^ 

lEGUA  j  bourg  rfé  France  en  Sain- 
ronge  ^.  à  cinq  litùes  ,  oueft^  de. 
Saintes. 

HÉGUANA  i*  fubffiantif  mafculin. 
Animal  amphibie  ou  efpèce  de  Ic- 
xard  qui  fe  trouve  en  plufieurs  en- 
droits de  rAmérique  6c  des  Indes 
orientales.  Il  ne  fiffle  point  &  ne 
fàicaucun  mal.  Sa  longueur  eft  de 
cinq  ,.(ix  ou  huit  pieds  À  il  a  quinze 
à  dix-huit  pouces  de  circonférence  : 
fa  peau  eft  grife ,  brune  &c  chargée 
d'écaillés  rudes,  tuilées  :  depuis  la 
i^te  jûiqu'à  la  queue  ,.il  afur  le  dos 
une  rangée  de  pointes  comme  un 
peigne  :.  fes  yeux  font  longs ,  fes 
dents  font  petites  &  en  faucille.  Le 
maie  a  une  peau  qui  luL{>cnd  depuis 
ta  gorge  jtifqu'à  la  poirrine  :  c'eft 
ilneefpèce-de  goitre  :  il  la  roidit  Se 
leterid  à  volonté:. le  fommet  de  la 
tcte  eft  livide  :  1^  pattes  de  devant 
font  plus  menues  que  celles  de  der- 
rière :  elles  ont  toures  cinq  griffes, 
munies  dWigles  fott  pointus  &  cro- 
c-hus. 

Get  animal  eft  afTez  maigre  de 
corps  ,  mais  fes  pttes  de  derrière 
&  la  queue  font  fort  char  mies.. 


L£6 


493 


la  tàodcné  «Fa  vemri  itl  légitima 
efA  grmw  ^  &  route  la  p^irtie  jmé- 
ri^ute  éft  tapilTée  de  deux  panties 
âe  graiife Jaftiriâtre  qtfoh  dit  bonne 
pour  les  nerfsr:  le^  mates  ont  une 
poitare' hafdre^  un  fegard  affreux 
'  Se  épôul^tabte }  ib  font  d'ûh  ti)ers 
•  plutfgrûtf  que  k^' femelles  qui  font 
toutes  vertes ,  &  ont  un  regard  plus 
dooti  Ik  s'actrôupïem  an  mois  de 
Mars;  alors  ri  eft  dangcrent  d'en 
approcher.  LtfiAâley pour  défendre 
fa  femelle ,  s*élance  for  ki  perfon- 
nés  qni'  s'en  approchent  :  Comme  il 
n'a  point  dfô  venin  ,  h  morfure  ne 
met  daîvs  aucun  péril ,  mais  il  ne 

quittepoint'ce  qu'il  a  mordu  à  moins  ' 

?|uon  ne  Kégorge  ou  qu'on  ne  le 
rappe  rudîetftent  fur  le  nea?, 

teshâbitans  du  Biéfil  leur  font v 
là  chalFe  au  printemps.  Après  qu'ils- 
ont  mangé  beaucoup  de  fleurs  de 
mahot  d<^  de  feuilles  de  mapou  qui 
croillent  lev  long  des  rivières,  ils* 
vont  fe  repofer  fur  dés  branches* 
d'arbres  qui  avancenr  fur  l'eau  »  & 
leur  ftupidité  eft  telle  que  quoiqu'ils^ 
foienttrès-fubtih&  vûesàlacourfe, . 
ils  voyent  apptocher  le  danger  fansle 
fuir.Gesanimauxfonrdiftcilesâtuer 
à  coups  de  fdfil  j  on  en  a  vu  en  rece- 
voir trois  coups  fans  s'abatrie  j  mais^ 
on  peut  les  faire  mourir  prompte- 
ment  en  fottrant  un  petit  bâton  ou. 
un  poinçofi  dans  leurs  naféaux  :  on^ 
les  peut  garder  vivans  pendant  trois 
femaincs ,  fans,  leur  donner  à  man- 
ger ni  à  boire. 

G'eft  vers  le  mois  de  Mai  que  les  • 
femelles  defcendent  des  montagnes 
&  viennent  pondre  leurs  œufs  au< 
bord  de  la  mer  à  la  manière  des 
lortues  y  ces  otufs  font  toujours  en 
nombre  impair  ,  depuis  treize  juf- 
qu'à  vingt-cinq  :  elles  lés  pondent 
tous  a  la  fois  :  ils  ne  font  pas*  plus 
gros^ue  ceux  de  pigeon ,  mais  un 


ri 


454  L  E  G 

pèa  plus  longs  j  l'écstille  en  eft  fou- 

fAe  comme  du  parchemin  motaillé  : 
e  dedans  dee  œufs  eft  blanchâtre 
&  fans  glaire  ni  blanc  :  ils  ne  dur- 
ciffenc  poinc^quoiquon  les  fafTe 
bouillir  :  ils  donnent  un  très- bon 
goût  à  toutes  fortes  de  fauces  t  & 
valent  mieux ,  dit-on ,  que  ceux  de 

poules. 

Un  de  ces  lézards  fuffit  pour  raf- 
fafier  quatre  hommes  :  les  femelles 
font  toujours  plus  tendres  ,  plus 
groflès  &  de  meilleur  goût  que  les 
mâles  y  mais  la  chair  de  ces  animajox 
nuit  fingulièrement  aux  véroles  j  elle 
réveille  même  cette  maladie  quand 
elle  a  été  longtemps  alToupie. 

Seba  donne  la  ae(cription  de  fept 
efpèces  de  léguana  qui  varient  par 
la  couleur  :  favoir ,  la  première  d'A- 
mérique j  la  deuxième  de  Surinam  ) 
la  troifième  de  Ceylan  i  la  quatriè- 
me  eft  la  femelle  du  précédent  j  la 
cinquième  fe  trouve  dans  Tîle  de 
Formofe  aux  Indes  orientales  }  la 
£xièmc  eft  4a  petite  efpèce  du  pré- 
cédent ;  la  feptième  eft  de  la  nou- 
velle Eipagne  où  on  l'appelle  tama- 
colin.  j 

LÉGUÉ ,  ÊE  î  participe  pa$îf.  Foyei 

Léguer. 

LÉGUER  ;  terhe  a6kif  de  la  première 
conjugal  fon  »  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter.  Legare.  Donner 
quelque  chofe  par  teftament  ou  par 
codicile.  //  lui  Uguafa  bibliothèque. 

,  Voyez  L^GS. 

La  première  fyllabe  eft  brève  & 
la  féconde  longue  ou  brève.  Fbyci 
Verbe. 

Le  pénultième  c  des  temps  qui  fe 
terminent  par  un  c  muet ,  prend  le 
fon  de  Ve  ouvert  &  alonge  la  fyllabe. 

LÉGUME  i  fubftantif  mafculin.  ie- 
gumcn.  11  fe  dit  proprement  &  par- 
ticulièrement  ce  certains  petits 
fruits  verts  qui  viennent  dans  des 


LEI 

goafles ,  comme  les  haricots  »  tes 
pois  »  &c.  Nous  parions  de  chaque 
efpèce  de  légume  fous  le  noni  qui 
lui  eft  propre. 

LéGixMi ,  fe  dit  aufli  généralement  de 
toutes  fortes  d'herbes  potagères  » 
de  plantes  »  &  de  racines  qu'on  ap- 
prête dans  les  cuifines  pour  les  fér- 
vir  fur  les  tables  \  8c  dans  ce  fens  il 
s'emploie  d*ordinaire  au  pluriel.  Cer- 
taines feSes  d* Indiens  ne  vivent  que 
de  fruits  &  de  légumes.       -' 

Les  deux  premières  fyllabes  (ont 
brèves  »  8c  la  troifième  très-brève. 

LÉGUMINEUX,  EUSK  ;  adjeÛif  & 
terme  de  Botanique.  Il  fe  dit  des 
fleurs  de  la  plupart  des  plantes  qu'on 
nomme  légumes  ,  comme  les  lén^ 
tilles  y  les  pois  y  les  haricots ,  &f.  8c 
des  fleurs  d'un  grand  nombre  a  au- 
tres plantes  qui  n'ont  aucun  rapport 
avec  celles  qu'on  appelle  proprement 
légumes.  On  donne  encore  le  nom 
de  papillonacées  i  ces  fortes  de  fleurs 
à  caufe  dé  la  figure  de  leur  corolle 
qui  repréfente  en  quelque  forte  les 
ailes  d'un  papillon.  Le  trèfle  a  fis 
fleurs  legumineufee  ou  papillonacées. 

LÇIBNITZ i  ( Godefroi  Guillaume) 
nom  d'un  illuftre  favant  qui  naquit 
i,  Leipfick ,  en  Saxe  >  le  13  Juin 
16^6.  Frédéric  fon  père  étoitpfo- 
fefleur  en  morale ,  fie  Greffier  de 
rUniverfité  ,  &  Catherine  Seh- 
muck  ,  fa  mère ,  troifième  femme 
de  Frédéric  9  fille  d'un  Doreur  & 
ProfefTeur  eo  Droit.  Paul  Leib- 
nitz ,  fon  grand  oncle  ,  avolt  fervi 
en  Hongrie  ,  8c  mérité  en  1^00 
des  titres,  de  nobleflè  de  l'Empeteur 
Rodolphe  IL 

Il  perdit  fon  père  i  l'âge  de  fix 
ans  »  &  le  fort  de  fon  éducation  re- 
tomba fur  fa  mère  ,  femme  de  mé* 
rite.  II  fe  montra  également  propre 
à  tous  les  genres  a'éttde ,  8c  s'y 


LEI 

porta  avec  la  même  ardeur  &  le  mè< 
me  fuccès. 

Son  père  lui  avoir  laifle  une  affez 
ample  coUeâion  de  livres  ;  i  peine 
lé  jeune  Leibnitz  fut-il  un  peu  de 

Eec  Oc  de  latin  ,  qu*il  entreprit  de 
i  lire  tous ,  poètes  »  orateurs  »  hif- 
coriens  ,  Jurifconfultes  »  Phik>fo- 
pbes ,  théologiens  »  médecins.  Bien- 
tôt il  fentit  le  befoin  de  fecours  »  & 
en  alla  chercher.  11  s*ar tacha  parti- 
culièrement i  Jacques  Thomafius  y 
perfoane  n'avoit  des  connoiflan- 
ces  plus  profondes  de  la  littérature 
&  de  la  philofopfaie  ancienne  que 
Thomafius  j  cependant  le  difciple 
ne  tarda  pas  à  devenir  plus  habile 
que  fon  Maître.  Thomafius  avoua 
la  fupériorité  de  Leibnitc  \  Leib- 
nitz reconnut.  Tes  obligations  qù*il 
avoit  à  Thomafius.  Ce  fut  fquvent 
entr'euz  un  combat  déloge  d'un 
côté,&  de reconnoiflance delantre. 
Léîbnitz  apprit  fous  Thomafius 
i  attacher  un  grand  prix  aux  Phi- 
lofophes   anciens  j  â  la    tète  def- 

3uels  il  plaçd  Pythagore  &  Platon  ^ 
eut  du  goût  &  du  talent  pour  la 
poéfie  :  fes  vers  font  remplis  de 
chofes. 

Il  fut  profond  dans  Thiftoire  ;  il 
connut  ,  les  intérêts  des  Princes. 
Jean  Cafimir  ,  Roi  de  Pologne , 
ayant  abdiqué  la  Couronne  en  1 66Sy 
Philippe  Guillaume  de  Neubourg  , 
Comte  Palatin ,  fut  un  des  préten- 
dans  ,  &  Leibnitz ,  caché  fous  le 
nom  de  Gcorgt  UUcorius  »  prouva 
que  la  Répubhque  ne  pouvoit  faire 
un  meilleur  choix  }  il  avoit  alors 
vingt-deux  ans ,  &  fon  ouvrage  fut 
attribué  aux  plus  fameux  Jutifcon- 
fuites  de  fon  temps. 

Quand  on  commença  â  traiter  de 
ia  pai»  à  Nimégue  »  il  y  eut  des 
difficultés  fur  le  cérémonial  â  Té- 
gard  des  Princes  libres  de  l*Empire 


LEI  495 

qui  n^étoient  point  Eleâeurs.  On 
refufoit  à  leurs  Miniftres  des  hon- 
neurs qu'on  accordoit  â  ceux  des 
Princes  d'Italie.  Il  écrivit  en  faveur 
des  premiers louvrage  intitulé  C4« 
farini  Furficmrii ,  de  jure  fuprtnut* 
tus  ac  Ugationis  prîncipum  Gcrmom 
nu.  C'eft  un  fy ftème  ou  Ton  voit  un 
Luthérien  placer  le  Pape  à  coté  de 
1  Empereur ,  comme  çnef  temporel 
de  tous  les  écats  Chrétiens  ,  du 
moins  en  occident.  Le  fujet  eft  parti- 
culier y  mais  à  chaque  pas  Tefprit 
de  Tauteur  prend  fon  vol  &  s*élève 
aux  vues  générales. 

Au  milieu  de  ces  occupations  il  fe 
lioit  avec  tous  les  Savans  de  rAU 
leinaene  &  de  TEurope  ;  il  agi-» 
toit  loit  dans  des  thèfes  >  foit  dans 
des  lettres  »  àe$  queftions  de  logi« 
que ,  de  méthaphyfique ,  de  mo- 
rale ,  de  mathématique  Se  de 
Théologie ,  &  fon  nom  s'infcrivoic 
dans  la  plupart  des  Académies. 

Les  Princes  de  Rrunfwick  lededi^ 
nèrent  à  écrire  Thiftoire  de  leuc 
Maifon.  Pour  remplir  dignement 
ce  projet  »  il  '  parcourut  TAllema- 
gne  &  ritalie ,  vifirant  les  ancien- 
nes Abbayes  »  fouillant  dans  les  ar- 
chives des  villes  ,  examinant  les 
tombeaux  &  les  autres  antiquités  , 
&  recueillant  tout  ce  qui  pou- 
voit  répandre  de  l'agrément  &  de 
la  lumière  fur  une  matière  ingratet 
Ce  fut  en  pa  (lant  f u*-  une  petite  bar- 
que feul ,  de  Venife  i  Mefola,  dans 
le  Ferrarois,  qu'un  chapelet  dont  il 
avoit  jugé  â  propos  de  le  pourvoira 
tout  événement  dans  un  pavs  d'in- 
quikition,  lui  fauva  la  vie.  11  s'éleva 
une  tempête  furieufe.  Le  Pilore 
qui  ne  croyoit  pas  être  entendu  p&if 
un  Allemand  ,  &  qui  le  regarooit 
comme  la  caufe  du  péril ,  propofa 
de  le  jeter  en  mer ,  en  confervant 
néanmoins  fes  bardes  &  fon  argent^ 


49^ 


i    L£I 


qtti  Q^écoiem  pas  ^lérétiquè^.  Letb- 
miz  fans  fe  croubier  tira  fon  cha- 

Eelec  d'un  sir  dévot  >  ic  cet  artifice 
c  changer  iFavis  an  Pilote. 
De  recour  de  fes  voy4g«f  â  Ha-* 
novre  en  itf^o,  il  |Ni^Ua  une  ppr- 
de  la  récQite  qir'il  aveic  faites 


tion 


car  fon  avidité  s'écpic  jetée  fur  tout  > 
en  un  volume  in-folio ,  fous  le  ti- 
tre de  Code  du  Droit  des  gens  : 
c*eft-là  qu'il  démontre  que  les  ac' 
tes  publiés  de  nation  i  nation  font 
les  fources  les  plus  certaines  de 
rhiftoirej  6c  quef  quels  que  foienc 
les  petits  refTorts  honteux  qui  ont 
mis  en  mouvement  ces  grandes 
maiTes  »  c*eft  dans  les  traités  qui 
ont  précédé  leurs  émotiotis  ic  ac-- 
compagne  leur  repos  momentanée , 
qu  il  faut  découvrir  leurs  véritables 
intérêts.  La  préface  du  Codex  juris 
gentium  diplomatîcus ,  eft  Hn  mor- 
ceau de  génie.  L'ouvrage  eft  une 
mer  d'érudition  :  il  parut  en  1^93. 

Le  premier  volume ,  Scriptorum 
Brunfvicenjia  illuftrantium  ,  ou  la 
bafe  de  fon  hiftoire  tut  élevée  en 
1707  i  c'eft-U  qu'il  juge  d'un 
jugement  dont  on  n'a  point  appelé  , 
de  tous  les  matériaux  qui  dévoient 
fervir  au  refte  de  l'édifice. 

On  croyoit  que  des  Gouverneurs 
de  villes  xle  rÈmpire  de  Charle- 
magne  ctoient  devenus  ,  avec  le 
tem's  ,  Princej  héréditaires  j  Leib- 
niiz  prouve  qu'ils  l'ovoient  tou- 
jours été.  Qn  regardoit  le  X  fc  le 
kl  iîccles  comme  les  plus  barba- 
res du  Chriftianifme;  Leibnitz  re- 
jette ce  reproche  fur  le  XIll  &  le 
XIV  ,  où  des  hommes  pauvres  par 
inftitttt ,  avides  de  l'aifance  par  foi- 
bleffe  humaine ,  inventoient  des  fa- 
bles par  néceffité.  On  le  voit  fuivre 
l'enchaînement  des  évènemens ,  dif- 
cerner  les  âls  délicats  qui  les  ont 
Mcirés  les  uns  à  la  fuite  des  autres  $ 


LEl 

te  pàfec  tes  r^les  d^utie  efp^  d< 
divination  diaprés  laquelle  VitkX  \vr 
térieuc  ic  Tétat  pr^uat  d*ttn  Peo* 
plp  étant  bien  connus  «-  ott  peut 
ani)ocicer  çd  qu^il  de^iendni^ 

|>8oz  autres  votomes  «fcryMoriMi 
JBntnfik^nfiêi  iUufifj^Mium  »  paravent 
en  1^10  tt  i7f  I  y  teceften^a  point 
fiiivi.  M.  de  Eontenelte  a  expofé  le 
plan  général  de  l'ouvrage  dans  fon 
éloge  de  Leibnitt  »  ann.  de  tAc.  des 
Sciences -If  fé.     ' 

Dans  le  cours  de  fes  recherches 
âl  prétendit  avoir  découvert  la  véri- 
table origine  des  Fraixçois  &  il  en 
publia  une  diflèrjtation  en  171^. 

Leibnitz  étoU  grand  Jurifcon- 
fuite  ;  le  droit  étoit  &  fera  long- 
temps rétude  dopainaate  de  l'Aile- 
ipagne  ;  il  le.fréfema  i  r%e  de 
vingt  ans  atnt  examens  du  doâorat^- 
fa  jeunelfe  qui  auroit  du  lui  con« 
ciUer  la  bienveillance  de  la  femme 
du  Doyen  de  la  Faculté  -,  excita  , 
on  ne  fait  comment  j  fa  siauvaife 
humeur,  de  Leibnitz  fur  refufé« 
mais*  rapptaudiflfèment  général  Se 
même  la  dignité  qm  lui  futoiFecre 
Se  conférée  par  les  habttans  de  la 
ville  d'Altorf  ^le  vengèrent  de  cotte 
injuftice. 

A  I  âge  de  vYi^t-deuxaiis  il  dé- 
di^  i  TEleéleur  de  Mayenco  Jean- 
Philippe  de  Schombom ,  tt^e  noce* 
yelle  Méthode  d^enfeigncf  fy  dt^p- 
prenire  la  Jufifprudenct  »  avec  un, 
Catalogue  des  chofcs  à  defirer  d  ans 
la  fciciice  du  droit*  Il  donna  dans 
la  même  année  fon  projet  pour  U 
reforme  générale  du  corps  du  droit. 
La^  tète  de  cet  homme  étoit  enne- 
«lie  du  défordre  »  il  falloic  que  les 
matières  les  plus  embarralTées  s'y 
arrangeafTent  en  y  encrant  j  il  réu- 
fiitfoit  deux  grandes  ql3aH^&s  prcf^ 
que  incompatibles  j  l'elprît  d'inven* 
<ion  &  celui  de  méthode  ;  <Sc  Vé- 

code 


lEI 

taâe  la  plus  opiniâcce  &  laplas  va- 
riée ,  en  accumulant  en  lui  les  con- 
^noiifances  les  plus  dirparaces^  n'a- 
voit  afFotbIi  ni  i*an  ni  l'autre  :  pKi- 
•lofophe  Se  machémachicien  ^  tout  ce 
que  ces  deux  mots  renferment  »  il 
rétoir.  Il  alla  d*Altorf  à  Nurem- 
berg vidrer  des  Savans  )  il  s*in(i- 
nua  dans  une  foclécé  fecrète  d'Âl- 
chiraiftes  ,  gui  le  prirent  pour  un 
adepte  fur  une  lettre  farcie  de  ter 
^mes  obfcurs  qu*il  leur  adreffa ,  qu  iU 
entendirent  apparemment  y  mais 
^u'afTurément  Leibnitz  n'entendoit 
pas.  Us  le  créèrent  leur  Secrétaire  . 
^  ils  s'inftruifit  beaucoup  avec  eux 
pendant  qu'ils  croyoient  s'indruirc 
avec  lui. 

Leibnitz  étoir  emièremetit  neuf 
<lans  la  haute  géométrie,  lorfqu'ii; 
•connut  à  Paris  M.  Huyghens ,  qui 
^toit  après  Galilée  &  Defcartes  y 
celui  i  qui  cette  fcience  devoit  le 
plus.  Il  lut  le  Traire  de  Horolog'to 
ofcillatorio;  il  médita  les  ouvrages  de 
Pafcal  &  de  Gtégoire  de  Saint- Vin- 
cent. £nfin  il  devint  un  mathémati- 
cien du  premier  ordre ,  &  difputa  à 
Newton  l'invention  du  calcul  dif- 
férentiel. Il  fut  accufé  par  les  Ad- 
mirateurs de  ce  dernier  &  par- 
ticulièrement par  Keill ,  k  la  face 
de  tome  TEurope  j  d'avoir  dérobé 
l'invention  de  ce  calcul  au  philofo- 
phe  Anglois  :  le  philofophe  Alle- 
mand commença  par  réfuter  cette 
imputation  de  plagiat  ,  ave<!  beau- 
coup d'impétuofité  dans  les  jour-^ 
naux  de  LeipHck ,  &  finit  par  fe 
plaindre  à  la  Société  Royale  de  Lon 
dres  ,  en  la  demandant  pour  Juge. 
L'examen  des  Commi (laites  nom- 
més pour  difcuter  les  pièces  de  ce 
grand  procès  ,  ne  lui  furent  point 
favorables.  La  Société  Royale  aonna 
À  fon  concitoyen  l'honneur  de  la  dé- 

Tomc  XF. 


LEI  4<>7 

cosvdR.  Pottf  ^ftlâer  fon  }uge« 
meut ,  elle  U  lit  imprimer  avec  tou« 
tes  les  pièces  qui  pouvoient  fervir 
à  appuyer  l'Arrêt.  Les  autres  Tri* 
bunaux  de  l'Europe  fa  vante,  jugèrent 
Leibnitz  avec  moins  de  févérité» 
peut-être  avec  plus  de  juftice.  Les 
fages  pepfè  ent  affez  généralemetUT 
que  le  philofophe  Anglois  &  le  phi- 
lofophe Allemand  avoient  faifl  cha- 
cun la  même  lumière  ,  la  même 
vérité ,  par  la  feule  conformité  de 
la  pénécnrioa  de  leur  génie.  Ce  qui 
les  confirma  dans  leur  opinion  , 
c'eft  qu'ils  ne  fe  rencontroient  que 
dans  le  fonds  des  chofes^  ce  que 
Tun  appeloit  /f«Ti^/i5  »  l'autre  le 
nommoit  différences  :  l'infiniment 
petit  étoit  marqué  dans  Leibniri 
par  un  caraâère  plus  commode  ôc 
d'un  plus  grand  ufage  que  le  carac-* 
tère  employé  par  Newton.  ^ 

En  i6ii  ^  le  Baron  de  Boine* 
bourg)  Miniftre  de  TEleâeur  de 
Mayence  ,  attacha  Leibnitz  à  ce 
Prince  9  qui  le  fit  Confeiller  de  la 
Chambre  de  RéviHon  de  fa  Chan- 
cellerie. M.  de  Boinebourg  avoir 
envoyé  fon  fils  à  Paris  ;  il  engagea 
Leibnitz  à  faire  le  voyage  &  à 
veiller  â  fes  affaires  particulières  ^ 
&  i  la  conduite  de  fon  fils.  M.  de 
Boinebourg  mourut  en  i^7J  »  & 
Leibnitz  pafTa  en  Angleterre,  où 
peu  de  temps  après  il  apprit  la  more 
de  TEledleur  :  cet  événement  ren* 
verfa  lescommencemens  de  fa  for« 
tune  ;  mais  le  Duc  de  Btunfwick 
Lunebourg  s'empara  de  lui  pendant 
qu'il  étoit  vacant ,  &  le  gtatifia  de^ 
la  place  de  Confeiller  &  d'une  pen- 
(ion.  Cependant ,  il  ne  partit  pas  fur 
le  champ  pour  l'Allemagne.  Il  re-* 
vint  à  Paris  ,  d'où  il  retourna  eti 
Angleterre  ,  &  ce  ne  fut  qu'en 
1(76,  qu'il  fe  rendit  auprès  du  Duc 
Jean  Frédéric  j  qu'il  perdit  au  bouc 

Rrr 


498  l'CI 

de  crois  ans.  Le  Duc  Erffft  -  A«- 
gufte  lui  offnt  fa  proteâion ,  &  le 
chargea  de  THiftoire  de  Brunfwick  : 
nous  ayons  parlé  de  cet  ouvrage  , 
&  des  voyages  qu*îl  occa(îonna.  Le 
Duc  Erneit  le  nomma  en  1696  fon 
Confeilier- Privé  de  Juftice  ;  on  ne 
croit  pas  en  Allemagne  qu'un  Phi- 
lofopne  foit  incapable  d'affaires.  En 
1^99  l'Accadémie  des  Sciences  de 
Paris  le  mie  4  la  ccte  de  fes  AtTo- 
ciés  étrangers.  11  eût  trouvé  dans 
cette  capitale  un  fort  alTez  doux  y 
mais  il  falloir  changer  de  religion  , 
&  cette  condition  lui  déplut.  Il  in- 
spira à  l'Eleâeur  de  Brandebourg  | 
le  deflèin  d'établir  une  Académie 
à  Berlin  ,  te  ce  projer  fut  exécuté 
en  1700   d'après  Tes  idées  :  il  en 
fut    nommé  Préfidenc  perpétuel  , 
ic  ce  choix  fut  généralement  ap- 
plaudi. 

En  1710  parut  un  volume  de 
l'Académie  de  Berlin  ,  fous  le  ti- 
tre de  Mi/iellafiea  Bcrolincrjia,  Leib- 
nitz  s'y  montra  fous  toutes  fes  for-i 
mes»  d'hidorien ,  d'antiquaire,  d*éty- 
mologiite  ,  de  physicien ,  de  mathé- 
maticien ôc  même  d'Orateur. 

11  avoir  les  mêmes  vues  fur  les 
Étars  de  l'Élcâreur  de  Saxe  ^  &  il 
médiroit  Térabliflement  d'une  autre 
Académie  à  Drefde  >  mais  les  trou- 
bles de  la  Pologne  ne  loi  laifTèrent 
aucune  efpèrance  de  fuccès. 

En  revanche  le  Czar ,  qui  étoit 
allé  i  Torgau  pour  le  mariage  de 
fon  fils  aine  &  de  Charlotre-Chrif- 
tbe ,  vit  Leibnitz  »  le  con.fulta  fur 
le  defTein  oà  il  étoit  de  tirer  fes 
Peuples  de  la  barbarie ,  l'honora  de 
préfens  »  &  lui  conféra  le  titre  de 
fon  Conîeiller- Privé  de  Juftice^  avec 
une  penfion  confidérable. 

Mais  toute  profpérité  humaine 
cefTe  ;  le  Roi  de  PculTe  mourtK  en 
1713  ,  Se  le  goût  militaice  de  fon 


LEI 

fucce^ur    détermina    Leibnhz  I 
chercher  un  nouvel  afyle  aux  Scien- 
ces- 11  fe  tourna  du  coté  de  la  Cour 
Impériale  ,  Se  obtint  la  faveur  du 
Prince  Eugène^  peut-èrre  eut* il 
fondé  une   Académie  à   Vienne, 
mais  la  pefte  furvenue  en  cette  Ville 
rendit  inutiles  tous  fes  mouvemens* 
Il  étoit  i  Vienne  en  1714»  lors- 
que la  Reine  Anne  mourur^   L'É^ 
leâeur  d'Hanovre  lui  fuccéda.  Leib- 
nitz  fe  rendit  d  Hanovre  »  maisnl 
n'y  trouva  pas  le  Roi.  Il  n'étoit  plus 
d'âge  à  le  luivre.  Cependant  le  Rot 
d'Angleterre  repaflà  en  Allemagne  , 
&  Leibnitz  eut  la  joie  ^*il  défi- 
roi  t  %  depuis  ce  temps  fa  (an té  s'af-^ 
foiblit  toujours.  Il  étoit  fujet  si  la 
goutte  y  ce  mal  lui  gagna  les  épau^ 
les,  &  une  tifane  dont  un  Jéfuire  û'IiT' 
golftad  Itii  avoir  donné  la  recette  , 
Fui  çaufa  desconvulfions  &  desdou^ 
leurs  exceffives ,  dont  il  mourut  le 
14  Novembre  r7i^. 

Dans  cet  état  il  médiroit  encore^ 
Un  moment  avant  d'expirer  il  de^ 
manda  de  Têncre  &  du  papier  :  it 
écrivit  'y  mais  ayant  voulu  Ifre  ce 
qu'il  avoir  écrit  y  fa  vue  s'obfcur- 
ctr ,  &  il  ceffa  de  vivre  ,  2gé  de 
foixanre  -*  dix  ans.  Il  ne  fe  mari« 
point  i  il  étoit  d'une  complexio» 
forre  ,  il  n*avoir  point  en  de  mala- 
dies que  quelques  vertiges  8c  la 
goutte.  11  croit  fombre ,  &  pafToic 
fouvent  les  nuirs  dans  un  fauteaiL 
Il  écudioit  des  mois  entiers  de  fuH 
re  'y  il  faifoit  des  extraits  de  toutes 
fes  leâures.  Il  aimoû  i  converfer 
avec  toutes  foites  de  perfonnes  , 

Î;ens  de  Cour ,  foldars  ^  artifans  t 
aboareurs.ll  n'y  a  guère  d'ignoians 
dont  on  ne  puiffe  apprendre  quel- 

?[ue  chofe.  Il  aimoit  lafociétedes 
emmes  ,  6c  la  fienne  leur  p!ai(blr. 
Il  avoir  une  coTrefpondance  litté- 
raire  très  -  étendue*  11  fourniiToit 


LEt 

des  vues  aux  Sa  vans  ;  il  les  anî- 
cnoic^  il  leur  applaudi  doit  j  il  cher- 
choit  autant  la  gloire  des  autres 
ijue  la  fienne.  Il  étoir  colère  ,  mais 
il  revenoit  promptement  ;  il  s'iu- 
dignoit  d  abord  de  la  concradiâion  ^ 
mais  Ton  fécond  mouvement  ccoit 
,  plus  tranquille.  On laccufe  de  n'a- 
voir été  qu'un  grand  &  rigide  ob- 
fervareur  du  droit  naturel  :  fes  Paf- 
teurs  lui  en  ont  fait  des  réprimandes 
publiques  &  inutiles.  On  die  qu'il 
âiaioit  l'argent  ,  6c  il  en  avoit 
amafle  uue  fomme  confidérable  , 
qu'il  tenoit  cachée.  Ce  tréfor ,  après 
Tavoir  tourmenté  d'inquiétudes 
pendant  fa  vie  ,  fut  encore  funcfte  à 
fon  héritière  ;  cette  femme  à  l'af- 
peâ  de  cette  richeffe,  fut  fifaifie  de 
joie  ,  qu'elle  en  mourut  fubite- 
ment. 

Jamais  homme  peut-être  n*a  au- 
tant lu,. autant  étudié  ,  plus  mé- 
dité, plus  écrit  que  Leibnitz;  ce- 
pendant il  n'exige  de  luiaucun  corps 
d'ouvrages  )  &  l'on  s'étonne  que 
l'Allemagne ,  fi  honorée  par  ce  rare 
&  fublime  génie ,  n'ait  pas  encore 
recueilli  ce  qui  eft  forti  de  fa 
plume. 
LEICESl  ER  i  ville  d'Angleterre .  ca- 
pitale d'une  Province  de  même 
nom ,  fitué  fur  la  Stoure  ,  à  trente 
lieues,  nord-oued,  de  Londres. 

La  province  de  Leicefter  eft  bor- 
née au  nord  par  celle  de  Nottin- 
gham  ;  à  l'occident  ,  par  celle  de 
W  arwick  ^  â\i  midi ,  par  celle  de 
Northampton  ;  &  à  l'orient  ,  par 
celles  de  Rutland  Se  de  Lincoln.  Sa 
longueur  eft  d'environ  neuf  lieues 
&  là  largeur  de  huit.  On  y  refpire 
un  air  falubre  ,  Se  les  terres  y  abon- 
dent en  blés  ,  parurages  y  on  en  tire 
beaucoup  de  laine  très  -  blanche 
&  très  -  fine.  Les  principaiii  ri- 
vières qui  arrofenc  cette  Province 


t  E  I  499 

font  la  Stoure  »    le   Reck   &  le 

Swift. 
LEICTOURE  i  roye:[  Lectour^. 
LEINEj  rivière  d'Allemagne  qui  a  fa 

fource  àHeyligenftadt  dans  l'Eich- 

feldt ,  &  fon  embouchure  dans  TAU 

1er  entre  Zell ,  Se  Ferden. 
LEINSTER  ;  province  maritime  &  la 

plus  confidérable  d'Irlande.  Sa  lon- 

f;ueur  eft  d'environ  trente  -  fept 
ieiies  ,  fa  largeur  de  ving  trois  ôc 
fa  circonférence  de  cent  vingt.  On 
Y  refpire  un  bon  ait.  Les  grains  j 
les  pâturages  ,  le  bétail  ^  le  poillon 
&  les  oiieaux  aqu^ques  v  abon* 
dent  :  on  y  nourrit  aufli  de  k>rr  bons 
chevaux.  Les  principales  Civières 
qui  l'arrofent  font  le  Barow  ,  le 
Shannon  ,  la  Boyne ,  le  LefH  ,  la 
Nuer  ,  Laflane  &  l'Inni. 

II  y  a  dans  cette  Province  un  Ar» 
chevêche ,  qui  eft  celui  de  Dublin  » 
&  trois  Ûvêchés,  Elle  a  feize  Villes 
qui  ont  des  marchés  publies  ,  qua* 
rante  fept  Villes-  de  commerce,  à 
peu  près,  autant  de  Villes  ou  Bourgs 
qui  ont  droit  d'envoyer  leurs  Dé- 
putés au  Parlement  d'Irlande ,  une 
cinquantaine  de  Châteaux  fortifiés  » 
&  neuf  cens  vingt-neuf  ParoifTes. 
.  Dublin  ,  capitale  de  l'Irlande  ,  eft 
la  première  de  toutes  les  villes  de 
Lcinjltr. 

Anciennement  ce  pays  étoit  par- 
tagé entre  divers  Peuples  j  favoir  j 
les  Brigantes,  qui  occupoient  Kil- 
kenni ,  Catherlagh  ^  Kings-County 
&  QueeuS'Councy  ;  les  Ménapiens 
qui  tenoient  Wexford  &  les  en- 
virons \  les  Cauci  ,  qui  avoient 
^)(^icklowes ,  fes  dépendances  ;  les 
Blanii  ou  Elbanii ,  qui  poffédoiene 
Dublin  ,  Eafth  -  Meath  &  Weft^ 
Méath. 

Enfutte  par  fuccefiion  de  temps , 
le  pays  fut  partagé  en  deux  Royau- 
mes »  celui  de  Leiafter  St  celui  ${• 

Hi  I  i^ 


s^ 


500  L  £  L 

Méath  ^ce  qui  a  duré  jafqu*à  Hen- 
ri II  qui  en  fie  la  conquête.  On 
le  divife  préfencemenc  en  onze 
Comtés. 

LEIPSIC  »  ou  Liipsicb:  ,  ou  Leipxig  y 
ville  forte  &  conftdérable  d'Alle- 
magne  dans  la  Mifnie  ,   au  con- 

.  fluent  de  la  PieilF,  de  l'Elfter^fc 
de  la  fiarde  t  à  feize  lieues,  nord- 
oueft  y  de  Eif  efde  y  à  vingt  -  fix  » 
Aideft  »  de  Magdebourg  ,  &  à 
cent ,  nord  oueft ,  de  Vienne  >  fous 
le  vingt-neuvième  degrcj  cinquante- 
une  minutes  ,  trente  fécondes  de 
longitude  ,  ^  le  cinquante  -  uniè- 
me degré^oix-neuf  minutes,  qua- 
corzot  fécondes  de  latitude.  Il  s'y 
fait  un  très-grand  commerce  &  fes 
foires  font  frcquenfée^  par  toutes 
les  Nations  qui  trafiquent.  Elle  a 
une  fameufe  Univerfité  qui  fut  fon- 
dée par  rÉleiSbeur  Frédéric  en  1409. 
Pluueurs  Souverains  en  ont  été  les 
Redeurs. 

Cette  Ville  dépend  de  TÉIeûeur 
de  Saxe.  Elle  eft  la  patrie  de  plu- 
fieurs  Savans  ,  &  particulièrement 
de  1  illuftre  Lei^nitz. 

lEIPZIS  'y  fubftantif  mafculin.  On 
donne  ce  nom  dans  le  commerce 
à  une  efpèce  de  ferge  qui  fe  fabri- 
que à  Amiens. 

LEIRAC  ;  f^oye^  Leyrac. 

LEIRIÀ  'y  ville  Épifcopale  de  Portu- 
gal dans  rEftrémadure  »  à  vingt 
lieues  ,  nord,  de  Lifbonne. 

LEISZNICK  i  petite  ville  d'Allema- 
gne ,  en  Mifnie ,  dan$  TÈIeârorat 
de  Saxe,  fur  la  Mulde  j  entre  Meif- 
£en  &  Leipfick. 

LEITH  ,  ou  Lyth  }  ville  maritime 
d'Écoffe  ,  dans  la  province  de  Lo- 

*  thian ,  fur  le  golfe  de  Eorth  ,  à  un 
mille  d'Edimbourg. 

LÉLAPS  j  terme  de  Mythologie  & 
nom  propre  du  cbien  que  Piocris 


LEM 

dotma  i  Céphflle  pour  fe  reconcF' 
lier  avec  lui.  Il  étoit  »  difenc  le» 
Poëtes ,  un  ouvrage  de  Vulcain ,  6c 
ce  Dieu  l'avoit  doué  d'une  agilité' 
fi  prodigieufe  ,  qu'il  n'y  avoit  point 
de  bète  &uve  qu'il  ne  furpaHat  à  la 
courfe. 

LÉLÈGES  (les)  c'eft félon  Paufanias, 
un  ancien  nom  des  Mégariens  8c 
des  Lacédémoniens.  Ils  turent  ainC 
nommés  de  Lélex  premier  Roi  de 
la  Laconie ,  d'où  ce  pays  fut  aufli 

I*  appelé  Lélégie.. 
LÉLOW  i  Ville  &  Chât^Uenie  de  la 
haute  Pologne ,  dans  le  Palatinat  de 
Gracovie  ,  fur  la  rivière  de  Plicza ,, 
à  dix-fept  lieues ,  nord  >  de  Cra** 
covie. 
LEMAN  'y  (  le  Lac  )  Lac  confidérable 
fitué  entre  la  Savoie  &  le  pays  de 
Vaud.  On  l'appelle  autrementXac 
de  Genève.  P'cyc:^  GENèvB. 

LEMB AIRES;  (  les )  Vopifcus donne 
ce  nom  aux  foldats  qui  fous  le  rè- 
gne d'Aurelien  combattoient  dans^ 
des  bateaux  qu'on  armoir  fui  le&- 
rivières.    * 

LEMBERG  ^  ville  de  Pologne  dans^ 
la  Ruflie  rouge  »  capitale  d'un  Pa* 
latinat  de  même  nom  y  &  fituée 
fur  la  rivière  de  Pelteu ,  entre  Ka- 
minieck,  &  Varfovie  à  trenie-huir 
lieues ,  nord-oueft ,  de  la  première^ 
&  environ  foixante  ,  fud-oueft^. 
de  la  féconde. 

Le  Palatinat  de  Lemberg  eft  bor- 
né au  nord  par  le  Palatinat  de  Be« 
lez  ;  à  l'orient  par  la  Podolie ,  & 
la  Moldavie  ^  au  midi  pat  la  Tran- 
filvanie  &  la  haute  Hongrie  ;  &  ^ 
Poccident  par  la  liante  Pologne*  Il 
eft  fertile  &bien  arrofé. 

LEMBERG  ,  ou  Lewenberg  ;  petite 
ville  de  Silefie  dans  le  Duché  de 
Ja^er  y  fur  le  Bober  entre  Javer  & 
Gorlirz. 


LEM 

lEMBRO  i  île  de  l'Archipel ,  avec 
un  Boorg  de  même  nom ,  lur  la  côte 
orientale  de  la  prefqu'île  de  Rema- 
nie au  nord  de  Tile  de  Tcnédos. 
Elle  a  environ  neuf  lieues  de  cir- 


cuit. 


1.EMBROISÉ  i  vieux  mot  qui  fîgni- 
fioit  autrefois  lambriffé. 

iEMERYj  (Nicolas)  nom  d'un  ha- 
bile Chimifte,  né  à  Rouen  en  1^45 , 
&  mort  à  Paris  en  17 1  y  y  il  fut  ad- 
mis à  l'Académie  des  Sciences  en 
i^^9,  &  ne  fe  rendit  pas  moins 
recommandable  par  Tes  qualités 
perfonnelles  »  que  par  Ton  favoir.  On 
a  de  lui,  1^.  un  Cours  de  Chi- 
mie ,  donc  la  meilleure  édition  eft 
celle  de  M.  Baron ,  en  175  5 ,  ^n'J^P. 
avec  de  favantes  notes  ;,la  première 
édition  de  ce  livre  traduite  dans 
toutes  les  langues  de  l'Europe  ,  fe 
vendit  comme  un  ouvrage  de  ga- 
lanterie ou  de  fatyre  :  1^.  une  Phar- 
macopée univer folle  ^  //2-4®.  C^eft 
un  recueil  rrès-exaâ  de  toutes  les 
co^npontions  des  remèdes  décri  s 
dans  les  meilleurs  livres  de  Phar- 
macie :  3®.  un  Traité  univerfel  des 
drogues  (impies  :  ouvrage  qui  eft  la 
bafe  du  précédent ,  &  qui  eft  aullk 
eftimé  :  4^.  un  Traité  de  l'Anti- 
moine^, i/i- 8^. 

Son  fils  ,  Louis  Lcmery ,  né  en 
r6'77  &  mort  en  1743  j  mérita  auflî 
par  (es  connoiflances  en  Chimie  & 
on  Médecine  9  une  place  à  l'Aca- 
démie des  Sciences.  11  a  laiffé ,  1^. 
un  Traité  des  Alimens  y  1701  , 
in-iz ,  ouvrage  clair  ,  méthodique: 
X?.  un  grand  nombre  d'ex cellens  Mé- 
moires fur  la  Chimie ,  inférés  dans 
ceux  de  TAcadémie  des  Sciences  : 
5^.  trois  Lettres  contre  le  Traité 
de  la .  génération  des  vers  dans  le 
*  ■  corps  de  l'homme  ,  par  Andry.* 

LEMGOW;  fctite  ville  d'AUema- 

'    gnt  en  Weftphalie  >  fur  la  rivière 


LEM  501 

de  Bège,  dans  le  Comté  de  la 
Lippe,  à  quatre  milles ,  fud-oueft» 
de  Minden.  Elle  fut  autrefois  im- 
périale ,  mais  aujourd'hui  elle  ap- 
partient aux  Comtes  de  la  Lippe. 

LEMING  ;  fubftantif  mafculin.  1^/n- 
mus.  Efpèce  de  petit  quadrupède 
qu'on  trouve  par  troupes  dans  la 
Laponie  où  on  l'appelle  fouris  de 
montagne.  Olaiis  Magnus ,'  dit  M» 
de  Buftbn ,  eft  le  premier  qui  aie 
fait  mènrion  du  Leming  j  &  tout 
ce  qu'en  ont  dit  Gefner  ,  Scali- 
ger  ,  Ziegler  ^  Jonfton  ,  &c.  eft  tiré 
de  cet  Auteur  ;  mais  Wormius  » 
après  des  recherches  plus  exaâes ,  a 
fait  rhiftoire  de  cet  animal  ,  &c 
voici  la  defcriprion  qu'il  en  donne  : 
«  il  a  ,  dit-il ,  la  figure  d'une  fouris  ^. 
1»  mats  la  queue  plus  courte  ,  le 
M  corps  long  d'environ  cinq  pouces  ^. 
>9  le  poil  fin  &  taché  de  diverfes 
»  couleurs  y  la  partie  antérieure  de 
3»  la  tctc  noire  >  la  partie  fupériéure 
»  jaunâtre,  le  cou  &  les  épaules 
»  noires,  le  refte  du  corps  coufsa- 
91  tre ,  marqué  de  quelques  petiter 
»  taches  noires  de  différentes  figu- 
»  res  jufqu'à  la  queue ,  qui  n'a  qu'un 
>9  demi  pouce  cie  longueur,  &  qui 
»  eft  couverte  de  poils  jaunes  ^^ 
M  noitâtres  ;  l'ordre  des  taches ,  non 
99  plus  que  leur  figure  &  leur  gian- 
99  deur  ,  ne  font  pas  les  mêmes  dans 
99  tous  les  individus  ;  il'  y  a  autour 
99  de  la  gueule  plufieurs  poils  roi- 
99  des  en  forme  de  mouftaches , 
99  dont  il  7  en  a  fix  de  chaque  côté 
99  plus  lones&  plus  roides  que  les 
99  autres  ;  l'ouverture  de  la  gueule 
99  eft  petite  ,  la  lèvre  fupériéure  eft 
»  fendue  comme  dans  les  écureuils , 

.  99  il  fort  de  la  mâchoire  fiipcrieure 
»9  deux  dents  longues  incifives'j'ai- 
99  gucs  ,  un  peu  courbes ,  dont  les 
99  racines  pénètrent  jufqu'à  l'orbite 
n  des  yeux  ,  deux  dents   fembla« 


1 


yoi  LE  M 

•»  bles  dans  la  mâchoire  infcrîeure 
t>  qui  correfpondenc  d  celles  du 
»>  delFus,  trois  mâchelières  de  cha- 
f}  que  coté  ^  éloignées  des  denrs  in- 
n  cifivcs  j  la  première  mâchelière 
f>  fprc  largî  &  compofée  de  quatre 
9)  lobes  y  la  féconde  de  troirs,  latroi- 
)>  (lème  plus  petite  ;^  chacune  de  ces 
n  trois  dents  ayant  fon  alvéole  fé- 
f»  parée  &  toutes  Htuées  dans  Tin-* 
t>  térieur  du  palais  ,  à  un  intervalle 
»  afTez  grand  j  la  langue  aiïez  am- 
j»^  pie  Se  s*étendant  julqu'à  Textrc- 
9i  mité  des  dents  incifives  ;  des  dé* 
9>  bris  d*herbe  &  de  paille  qui  étoient 
»  dans  la  gorge  de  cet  animal,  doi- 
»  vent  faire  penfer  qu^il  rumine  y 
»  les  yeux  font  petits  &  noirs  y  les 
n  oreilles  couchées  fur  le  dos ,  les 
»  jambes  de  devant  très-courtes,  les 
f>  pieds  couverts  de  poils  ic  armés  de 
a  cinq  ongles  aigus  &  courbés ,  dont 
»  celui  du  milieu  eft  très-long  j  & 
M  dont  le  cinquième  eft  comme  un 
»>  périt  pouce  on  comme  un  ergot 
n  de  coq ,  (îtué  quelquefois  aflfèz 
M  haut  dans  la  (ambe  ^  tout  le  ven. 
f9  tre  e(l  blanchâtre  ,  tirant  un  peu 
»  fur  le  jaune,  &c«  >).  Cet  animai 
Aont  le  corps  eft  épais  &  les  jam- 
bes fort  courtes,  ne  laiffe  pas  de 
courir  allez  vite  y  il  habite  ordinai- 
rement Us  montagnes  de  Norwège 
&  de  Laponie,  miis  il  en  defcend 
quelquefois  en  R  grand  nombre  dans 
de  cerraines  faifohs,  qu'on  regarde' 
l'arrivée  des  lemings  comme  un 
fléau  terrible  ,  &  dont  il  eft  im- 
poflSble  de  fe  délivrer  j  ils  font  un 
dégât  affreux  dans  les  campagnes , 
devaient  les  jardins  ,  ruinent  les 
moiffons,  &  ne  laifTent  rien  que 
ca  qui  eft  ferré  dans  les  maifons, 
où  nepreufcment  ils  n'entrent  pas. 
Ils  aboient  à  peu-près  comme  des 
petits  chiens.  Lorfau'on  les  frappe 
avec  un  bâton  ^  ils  le  jettent  dedus 


LEM 

&  le  tiennent  fi  fort  avec  les  dcntsy 
qu'ils  fe  laiffent  enlever  &  trant 
porter   â  quelque  diftance  ,    fans 
vouloir  le  quitter  j  ils  fe  creufenc 
des  trous  fous  terre  s  &  ^o^^  com- 
me les  taupes  manger  les  racines  j^ 
ils  s'a(remblent  dans    de    certains 
temps  f  &  meurent  pour  ainfi  dire 
tous  enfembie  'y  ils   font  très-cou- 
rageux &  fe  défendent  contre  les 
autres  animaux  :  on    ne   fait   pas 
ttop  d'où  ils  viennent  j  le  peuple 
croit  qu'il  tombent  avec  la  pluie; 
le  mâle  eftordinairement  plus  grand 
que  la  femelle,  &  a  aulli  les  tachés 
noires  plus  grandes  y  ils  meurent 
infailliblement  au  renouvellement 
des  herbes  j  ils  vont  auili  en  gran- 
des troupes  fur  l'eau  dans  le  beau 
temps ,  mais  s'il  vient  un  coup  de 
vent  ,  ils   font  tous  fubmergés^  le 
nombre  de  ces  animaux  eft  fi  pro- 
digieux ,   que   quand  ils  meurent 
l'air  en  eft  infeÂé^  ôc  cela  occa- 
fionne  beaucoup  de  maladies  ;    il 
femble  même  qu'ils   infeâent  les 
plantes  qu'ils  ont  rongées,  car  ie 

[>âturage  fait  alors  mourir  le  bétail  ^ 
a  chair  des  lemings  n'eft  pas  bonne 
â  manger  ,  fc  leur  peau ,  quoique 
d'un  beau  poil  %  ne  peut  pas  fer  vit 
à  faire  des  fourrures  j  parcequ  elle 
a  trop  peu  de  confiftance. 
LEMMÂ  ;  fubftanrif  roafculin.  Plante 
aquatique  qui  trace  beaucoup,  & 
qui  après  avoir  été  fort  connue  des 
'  anciens ,  avoir  été  long-temps  com- 
me perdue  pour  nous:  on  l'a.  re- 
trouvée dans  ces  derniers  temps. 
Se  M.  de  Juilieu  en  a  donné  la  def« 
cription  dans  les  Mémoires  de  TA- 
cadémie  des   Sciences  »  de  Tannée 
1740.  Elle  croît  dans  les  lieux  ma*, 
récageux ,    dans  les  crangs   d'eau 
douce ,  &  quelquefois  hors  de  TeaD; 
mais  alors  elle  eft  amaigrie  &  com- 
me méconnoifiable.  Les    rameaux 


LEM 

fampentà  droite  &  â  gauche  »  Se 
font  chargés  de  feuilles  >  qui ,  fui-' 
▼anc  que  ces  rameaux  fe  trouvent 
plus  ou  moins  approchés  ou  écar- 
CCS  ,  forment  des  roufiFes  plus  ou 
moins  ferrées.  Les  racines  naiifent 
du  côté  inférieur  de  la  branche  ; 
elles  relfemblent  à  des  âlets  gar- 
nis  de  fibrilles  &  font  brunâtres  &c 
pliantes  :  la  branche  qui  donne  naif-* 
fance  aux  rameaux  eft  cylindrique 
&  partagée  d'efpace  en  efpace ,  en 
efpeces  de  nœuds  j  chaque  rameau 
eft  terminé  comme  la  branche,  par 
un  bouton  de  quatre  feuilles,  qui 
venant  i  fe  déployer ,  repréfente 
une  croix  de  Malthe  :  cette  plante 
porte  des  coques  d'une  fubftance  de 
cuir ,  elles  naiflènt  de  la  queue  des 
feuilles ,  8c  contiennent  les  fleurs 
&  les  fruirs.  Elle  diffère  des  autres 
plantes  aquatiques  »  en  ce  que  leurs 
feuilles  font  plus  découpées  ,  lorf-^ 
qu'elles  reftent  plongées  dans  les 
eaux ,   6c   paroifient  plus  entières 
dès  qu'on  les  en  retire  >  &  que  celles 
du  Lemma ,  au  contraire  ,  font  plus 
entières  dans  l'eau,  &  deviennent 
crénelées  dès  qu'elles  en  fortentr.On 
ne  fauroit  croire   en  combien  de 
lieux ,  8c  fous  combien  de  climats 
difFérens  elle  vient  avec  le  même 
fuccàt.  Quant  aux  propriétés  médi- 
cinales du  Lemma  »  M.  de  Juffieu 
foupçonne  que  cette  plante  convient 
pour  atténuer  &  divifer  les  fluides, 
êc  pour  lever  les  obftraél;ions  des 
vifcères.  La  faveur  de  cette  plante 
eft  mucilagineofe  comme  celle  des 
fougères. 
*-EMME  }  fubftantif  mafculitl,    & 
terme  de  Mathématique*  Propofl- 
tion  préliminaire  qu'on  démontre 
pour  préparera  une  démonftration 
futvante  Se  qu'on  place  avant  les 
fhéorènaes ,  pour  rendre  la  démouf- 
sracion  moins  embarraflce^  ou  avant 


^£M  503 

les  problèmes  »  afin  que  la  folution 
en  devienne  plus  courte  &  plus  ai- 
fée.  Ainfi  ,  lorfqu'il  s'agit  de  prou- 
ver qu'une  pyramide  eft  le  tiers  d'un 
Erifme  ou  parallélipipède  de  mèâUe 
afe  de  de  même  hauteur  ;  comme 
la  démonftration  ordinaire  en'  eft 
difiicile ,  on  peut  commencer  par 
ce  lemme ,  qui  fe  prouve  par  la  théo- 
rie des  progreflions^  favoir ,  que  U 
fomme  de  la  fuite  des  carrés  natu-* 
rels,  o,  r  ,4^  9,  ««,  iS>  J^t&c. 
eft  toujours  le  tiers  du  produit  du 
dernier  terme  par  le  nombre  des 
rermes. 
LEMNIEN,  ENNE;  adjeaifqui$;em- 
ploie  auffi  fubftantivement.  Qui  ap« 
fartient  i  l'île  de  Lemnos>  qui  eft 
de  nie  de  Lemnos. 

On  appelle  terre  Letnniennt,  oti 
terre  det^mnos  >  une  efpèce  de  terre 
bolaire  forr  vantée  des  anciens ,  Se 
qui  fe  trouve  dans  Tîle  de  Lem- 
no%.  On  en  diftingue  de  ttois  ef- 
peces ,  ta  blanche  ,  la  jaune  &  U 
rouge  :  cette  dernière  eft  la  plus 
ufitée  'y  elle  eft  d'un  ronge  pale  , 
unie,  douce  au  toucher  ^  fes  parties 
font  aflez  liées  ;  elle  ne  fe  di floue 
pa^  promptemenr  dans  la  bouche  y 
elle  ne  colore  point  les  doigrs ,  ic 
ne  s'écrafe  pomr  rrop  aifément  'y 
elle  s'^artache  foi  rement  i  la  Inneue;. 
00  U  lave  poar  la  (eparer  du  labler 
cjui  peut  y  être  joinc  \  (on  goût  eft 
ftrptique  &  aftringent.  La  terre  de 
Lemnos  blanche  eft  de  la  même  na- 
ture que  la  rouge ,  &  n'en  diffère 
que  par  la  couleur ,  &  parcequ'elle 
ne  fait  point  d'efFervelcence  avec 
tes  acides ,  au  lieu  que  fa  rouge  y 
en  fait  un  peu.  La  terre  de  Lemnos 
jaune  a  h%  mêmes  propriétés  que 
les  deux  précédenres ,  &  n'en  diffère 
que  pr  la  couleur.  Les  anciens  & 
plu  fleurs  modernes  ont  attribué  de 
très-gran&s  vertus  à  cette  terre  y  il 


504  X  E  M 

cft  aflèz  douteux  qa*elle^oîcnt  fon- 
dées. On  les  trouve  dans  1  île  de 
Lemnos  ,  Tune  des  l'es  de  l'Archi- 
pel ,  &c  la  terre  de  la  meilleure  ef- 
pèce  ne  fe  trouve  que  dans  une 
feule  ouverture  ou  puits,  que  l'on 
n'ouvre  qu'une  feule  fois  dans  l'an- 
née avec  beaucoup  de  cérémonies. 
Les  habitans  font  commerce  de  ces 
terres ,  Se  on  les  contrefait  alllz 
fou  vent. 

LEMNISCATE  ^  fubftantif  féminin 
&  terme  de  Géométrie.  On  a  ainû 
appelé  une  courbe ,  qui  a  la  formt 
d'un  huit.de  chifre. 

LEMNOS;  ancien  nom  d'une  île  de 
Grèce  ,'ficuée  dans  la  nier  Egée  ,  i 
huit  lieues  du  mont  Athos.  Elle 
eft  fameufe  dans  les  écrits  des  Poe- 
tes»  qui  nous  apprennent  qu'elle 
fut  confacrée  â  Vulcain  j  ôc  que 
ce  dieu  en  faifoit  fes  délices ,  par* 
ceque  quand  Jupiter  &  Junon  le 
précipitèrent  du  ciel ,  à  caufe  de 
la  laideur ,  il  fut  accueilli  dans  cette 
île  ,  &  même  nourri  par  Euryno^ 
me  ,  fille  de  TOcéan  &  de  Théris. 
En  reconnoiifance  de  ce  bienfait, 
il  y  fixa  ion  établiiTement  avec  fes 
Cyclones  ,  pour  y  forger  les  fou- 
dres du  maître  de  l'Olympe  &  les 
armes  des  héros.  Cette  fiâion  poé- 
tique tire  fon  origine  de  deux  cau- 
fes  ;  i^.  du  mont  Mafycle,  qui 
vomit  des  flammes  dans  cette  ile  ^ 
8c  1**.  du  préjugé  reçu  ,  que  les 
Lemniens  etoient  un  des  premiers 
peuples  de  la  Grèce  »  qui  s'appli- 
quèrent à  forger  le  fer. 

Les  Poètes  nous  apprennent  en- 
core que  les  Lémniennes  »  outrées 
defe  voir  abandonnées  par  leurs 
maris ,  qui  leur  préféroient  des  ef- 
claves  qu'ils  avoiçnt  amenées  de 
Thrace  ,  égorgèrent  tous  les  hom- 
mes de  leur  ile  en  une  feule  nuit. 
Delà   vint  que  toutes  les  aâions 


LEM 

atroces  furent  appelés  des  aQîons 
Uinnicnnts ,  &  qu'on  entendoit  par 
une  main  lemnltnne  ^  une  main 
cruelle  &  barbare* 

Les  fauterelles»  dont  cette  île 
éroit  fouvent  ravagée  >  donnèrent 
lieu  à  un  ufage  fort  fingulier  ;  non- 
feulement  chaque  habitant  .fut  taxé 
à  en  ruer  un  certain  nombre ,  maïs 
on  y  établit  un  culte  en  l'honneur 
de  certains  oifeaux  qui  fe  nour- 
ri (Ibient  de  ces  infeâes. 

Le  nom  moderne  de  cette  île  eft 
Stalimème.  Elle  appartient  au  Grand 
Seigneur. 

LEMO  j  petite  rivière  d'Italie  qui 
fort  de  l'Apennin ,  dans  l'Etat  de 
Gènes  >  arrofe  Otrante  &  Gavi , 
&  va  en  fuite  fe  perdre  dans  l'Orbe 
au  territoire  d'Alexandrie  dans  le 
Milanez. 

LEMOVICES;  (lés)  ancien  peuple 
des  Gaules  qui  habitoit  dans  TAqui^ 
raine  première,  où  font  aujourd'hui 
les  diocèfes  de  Limoges  &  de  Tul-* 
les.  Céfar  en  parle  avec  éloge. 

LEMPDE  j  bourg  de  France,  en  Au- 
vergne ,  près  de  l'Allier,  à  trois 
lieues,  eft-fud>eft ,  de  Clermont. 

LEM  PS  j  bourg  de  France,  en  Dau- 
phiné,  a  une  demi-lieue  de  Rives. 

LEMSTER  ;  petite  ville  d'Angleterre, 
dans  le  Comté  de  Herford  ^prcs  de 
la  rivière  deLug,  à  vingt*fepr  lieues» 
nord-oueft  «  de  Londres. 

LEMURES  ;  fubftantif  féminin  plu- 
riel &  terme  de  Mythologie.  Les 
anciens  défignoient  fous  ce  nom  les 
âmes  des  mécbans  -qui  félon  eux, 
erroient  fous  des  figures  hideufes 
pour  effrayer  te  tourmenter  les 
vivans  ;  on  jetoit  pendant  la  nuit  ' 
des  poignées  de  fèves  en  l'air  pour 
les  écarter  \  &  pendant  les  facri- 
fices  qu'on  leur  faifoit  d  Rome  dans 
le  mois  de  Mai,  on  fermoit  tous  les 
lemples ,  &  petfonne  n'eût  ofé  fe 

marier 


LEN 

marier  dans  les  jours  qui  leur  écoiem 
€on(acrés  ,  car  ces  jours  écoienc  ré- 
putés funeftes  &  de  mauvais  au- 
gure. 

LEMURIES;  (les)  fubftantif  fémi- 
nin  pluriel  &  terme  de  Mythologie. 
Fête  qu'on  célébroit  autrefois  â 
Rome  au  mois  de  Mai  pour  écarter 
les  Lémures  &  prévenir  leurs  ap- 
paritioDs.  Voye^  Lémures. 

LEN  A  j  grand  fleuve  de  la  Sibérie,  qui 
après  avoir  reçu  pludeurs  rivières 
confidérables  &  arrofé  de  vaftes  con- 
trées peu  connues  ,  va  fe  fêter  dans 
la  mer  .Glaciale  j  environ  i  iio 
lieues  de  la  ville  de  Jaldisk.  , 

LENCICI  ou  Lencicza  \  ville  forte 
de  Pologne  »  capitale  d*un  Palacinat 
de  même  nom ,  fur  la  rivière  de 
Bfura  ,  i  quinze  lieues  ,  fud-eft  » 
de  Gnefne ,  &  à  trente  lieues  ^  eueft^ 
de  Varfovie. 

Le  Palatinat  de  Lencîcza  eft  fîtué 
entre  ceux  de  Rava ,  de  Siradie ,  de 
Pofnanie  &  de  Cujavie. 

LENCLOS  i  (  Ninon  de  )  nom  d'une 
célèbre  voluptueufe  ,  née  à  Paris 
en  \6\^  y  d'une  famille  noble,  âc 
morte  dans  la  même  ville  en  170^, 
Elle  perdit  Tes  père  &  mère  à  l'âge 
de  quinze  ans.  Miîtreffe  de  fa  def- 
tinee  dans  un  âge  fi  proche  de  l'en- 
fahce  ,'  elle  fe  forma  toute  feule. 
Son  efprit  s'étoit  développé  par  la 
leâure  des  ouvrages  de  Montaigne 
&  de  Charron  jquVlle  avoit  médités 
dès  l'âge  de  dix  ans.  Elle  étoir  déjà 
connue  dans  Paris  par  fon  efpric , 
fes  bons  mots  Se  la  phitofophie. 
Éranc  tombée  dangereufement  ma* 
lade  y  &  voyant  beaucoup  de  gens 
autour  de  fon  lit  qui  la  plaignoient 
d^  mpurir  fi  jeune  ,  à^V^zj/  dit-elle, 
je  ne  laiffe  que  des  mourans.  Revenue 
de  cette  maladie ,  elle  s'appliqua  de 

{»lus  en  plus  â  perfeâionner  les  ta- 
ens  &  à  cipbellir  fon  efpric.  Elle 
Tome  XF. 


favoîc  parfaitement  la  mufiquc  , 
jouoit  très-bien  du  clavecin  &  de 
plufieurs  autres  in(lrumen$  ,  chan- 
toit  avec  tout  le  goût  poilible  ,  8c 
danfoir  avec  beaucoup  de  grâce  • 
Avec  de  tels  agrémens  elle  ne  put 
manquer  ni  d'amans  ni  d  epoi\x  ; 
mais  un  goût  décidé  pour  la  liberté, 
&  peut-être  le  libertinage ,  Tempe- 
cha  de  fe  porter  à  âûctin  engage- 
ment folide.  Elle  commença  donc 
â  mettre  fon  bien  à  fonds  perdu  » 
tint  elle-même  fon  ménage  ,  &  vé- 
cut à  la  fois  avec  économie  &  avec 
nobleâe.  Elle  jouidoit  de  huit  â^ 
dix  mille  livres  de  rente  viagère  , 
&  avoit  toujours  une  année  de  re- 
venu devant  elle  pour  fecourir  fes 
amis  dans  lebefoin.  Le  plan  de  vie 
qu'elle  fe  traça  n'avoir  point  eu 
aexdmple.  Elle  ne  vonloit  point 
faire  un  trafic  honteux  de  fes  char- 
mes \  mais  elle  réfolut  de  fe  livrer 
à  tous  ceux  qui  lui  plairoient,  & 
d'être  à  eux  tant  que  le  preftige  du- 
rerdir.  Volage  dans  fes  amours , 
confiante  en  amitié  ,  fcrupuleufe 
en  matière  de  probité  ,  d'une  hu- 
meur égale ,  d'un  commerce  char-^ 
mant ,  d'un  çaraâère  vrai ,  propre 
à  former  les  jeunes  gens  &  à  les  fé- 
duire  ,  fpirituelle  fans  être  pré^ 
cieufe ,  belle  jufqu'à  la  caducire  de 
l'âge  ;. il  ne  lui  manqua  que  ce  que 
l'on  appelle  la  vertu  dans  les  fem^ 
mes ,  &  ce  qui  en  mérite  fi  bien  le 
nom  ;  mais  elle  agit  avec  autant  de 
dignité  que  fi  elle  i'avoit  eue.  Ja- 
mais elle  n*accepta  de  préfent  de 
l'amour.  Ce  qu'il  7  ^  de  plus  éton<- 
nant,  c'eft  que  cette  paflion  qu'elle 
préféroit  à  tout ,  ne  lui  paroifibic 
as  gr&nd'chofe.  L'amour  étoit  fe- 
on  elle ,  une  fenfationplutôt  qu'un 
fentiment ,  un  goût  aveugle  pure- 
ment fenfuel ,  une  illufion  paffàgère 
que  le  plaifir  a  fait  naître ,  que  la 

Sff 


i 


\ 


\ 


jo6  LEN 

fadécc  défraie  »  ôc  qui  ne  fup()ofe  1 
aucun  mérite  ni  dans  celui  qui  le 

Îrend ,  ni  dans  celui  qui  le  donne. 
!lle  penfoic  en  Socratt  &  agiflbic 
en  LaU.  Les  Coiigni ,  les  yUlar^ 
ccaux  y  les  Scvigné ,  le  grand  Condc^ 
le  Duc  de  la  Roche- foucault  ^  le  Ma- 
réchal ê^Albtrt ,  GourvilU  ,   Jean 
Bannier  ^   la   Châtre ,  furent  fuc- 
cefliveoienc  Tes  amans.  Se  fes  amans 
heureux  j  mais  cous   reconnurent 
eue  Ninon  cherchoic  moins  à  fatis- 
iatre  fa  vanité  que  fon  goût.  Le  der- 
nier réprouTa  fur  tout  d  une  £içon 
fingulière  •  Obligé  de  rejoindre  l'ar- 
mée »  incrédule  aux   férmens  les 
plus  tendres»  Ninon  le  raiTura  par 
un  billet  fi^né  de  fa  main  »  par  le- 
quel elle  lai  donnoic  ùl  parole  d'hon- 
neur ,  que  malgré  fon  abfence  elle 
n'aimeroit  que  lui.  Â  peine  eut-il 
difparu ,  qu  elle  fe  trouva  dans  les 
bras  d'un  nouvel  amant.  Cetre  ré- 
putation d'inconftance  Ce  de  galan- 
terie ne  l'empêcha   point  d'avoir 
d'illuftres  anus.  Les   femmes  les 
plus  aimables  Sc  les  plus  refpeâa- 
bles  de  fon  temps  la  recherchèrent. 
On  ne  citera  que  Madame  de  Mri/i- 
unon.  Cette  Dam^  vocdut ,  dit-on» 
l'en^^er  i  fe  faire  dévote  »  6c  l 
▼enir  la  confeler  â  Verfailles  de 
l'ennui  de  la  grandeur  &  de  la  vieil- 
leife.  Ninon  préféra  fon  obfcurité 
voluprueufe  a  Tefclavage  brillant 
de  la  Cour,  En  vain  des  direâ:eurs 
(âges  velureat  la  ramener  i  la  re- 
ligion ,  elle  n'en  fit  que  plaiiknter; 
f^ousJave:[tdit'clltiM.  de  Fontenel- 
le,  le  parti  qut  j*ai  tiré  de  mon  corps; 
&  je  pourrois  encore  mieux  vendre 
mon  ame^  les  Janfinifies  &  les  Mo^ 
Unifies  fe  la  difputent,  Ninon  n'ai- 
mait point  pounant  qu'on  (S  t  parade 
d'irréligion.  Un  de  fes  amis  refn- 
fantde  voir  fon  Curédaas  une  ma- 
ladie ^  elle  lui  mena  ce  Piètre  en 


LEN 

lui  diiant  :  Monjieur  '»  faites  votre 
devoir  ^  je  vous  ajfure  que  ^uoi^uil 
raifinne  »  il  nen  fait  pas  plus  que 
vous  &  moi.  Perfonne  ne  poflcdoic 
mieux  qu'elle  la  théorie  de  cette  dé- 
cence u  néceflatre  dans  le  monde. 
Sa  maifon  fut  le  rendez-vous  de  ce 
que  la  Cour  &  la  Ville  avoient  de 
plus  poli,  de  ce  que  la  république 
des  lettres  avoit  de  plus  illuftre. 
Scarron  Ta  confulté  fur  fes  romans  » 
St.  Evremond  fur  £t%  vers ,  Molière 
fur  fes  comédies ,  M.  de  Fontenelle 
fur  fes  dialogues. 

LENDELIN;  bourg  de  France  en  Nor- 
mandie j  à  deux  lieues ,  nord-nord- 
eft ,  de  Couraoces. 

LENDEMAIN;  fubftantif mafculio. 
Le  jour  fuivant  »  le  jour  d'après. 
//  partit  le  lendemain  de  Pâques. 

LENDINARA;  petite  ville  d'Italie, 
dans  l'État  de  Venife,  fur  l'Adige, 
environ  â  rrois  lieues  au-delfus  de 
Rovigo. 

LENDORE  ;  fubftantif  des  deux 
genres  &  terme  populaire ,  par  le- 
quel on  défigne  une  perfonne  lente 
&  pareflTeufe.  Ctnefiquunlendore^ 
une  lendore. 

LENE  ;  petite  rivière  de  France  »  en 
Languedoc ,  qui  fe  jette  dans  la 
Tougue. 

LÉNÈEN  ;  adjeftif  &  terme  de  Mf- 
thologie.  Surnom  de  Bacchus  »  8c 
l'on  appeloit  quelquefois  les  Bac- 
chantes Lénéennes.  Voyez  LiniES. 

LÉNÉES;  fubftantif  féminin  pluriel 
&  terme  de  Mythologie.  Fèces 
qu'on  célébroit  annuellement  dans 
TAnique  au  mois  Lénéon  en  I  hon- 
neur de  Bacchus ,  parcequ'il  pré- 
fidoitilla  vendange.  Les  poètes  di& 
putoient  dans  ces  fêtes  des  prix  de 
pocfie. 

LÉNÉON  ;  fubftantif  mafculin.  Ce- 
toit  chez  les  Ioniens  un  mois  d'aa« 
tomae  ^  qui  félon  les  uns  répoodoit 


LEN 

i  notre  mois  de  Septembre  ,  &  fe*' 
Ion  d'autres  à  notre  mois  d*Ofto- 
bre ,  8c  pendant  lequel  on  célébrotc 
.   les  lénées  en  l'honneur  du  Dieu  de 

la  vendange. 
LÉNIFIÉ  ,   ÈE    }    participe    paffif. 

Fbyci  LENIFIER. 

LÉNIFIER  j  verbe  aâifde  la  première 
conjugaifon  ,  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter.  Lcnire.  Terme 
de  Médecine.  Adoucir.  Lénifier 
thumeur. 

LÉNITIF  ;  fubftantif  mafculin  & 
terme  de  Médecine.  Il  fe  dit  de 
tout  remède  dont  en  fait  ufage  pour 
adoucir  les  humeurs  &  les  dou- 
leurs. Vorge  ejl  un  excellent  lénkif 
dans  cette  circonjfance, 

LinrriF  ,  (ignifie  figurément  &  fa- 
milièrement ,  conlolation ,  foulage- 
ment,adouciffement.  Votre préfence 
fera  un  Unitifàfon  chagrin**   ^ 

Lenitif  ,  fe  dit  aufli  d'un  éleâuaire 
dont  voici  la  préparation  d'après  la 
Hkrmacapéede  Paris. 

Prene\  orge  entier  ,  racine  sèche 
de  polypodé  de  chêne  concalTée  ,  & 
ràiuns  lecs  mondés  de  leurs  pépins  » 
de  chacun  deux  onces  ;  jujubes  . 


JUJI 

febeftes  &  prunes  de  Marnas  noir  , 
de  chacun  vingt  ;  tamarinïi  deux 
onces  ;  feuilles  récentes  de  fcok>* 
pendre  une  once  &  demie  ;  de  mer- 
curiale quatre  onces  \  fleurs  de  vio  • 
lettes  récentes  cinq  onces  ^  ou  i 
leur  place  femence  de  violettes  une 
once  ;  réglifle  râpée  ou  concalTée 
une  once;  faites  la  décoAion  de 
ces  drogues  dans  fuffifante  quan- 
tité  d*eau  commune  ,  pour  qu'il 
vous  refte  cinq  livres  de  liqueur , 
dans  laquelle  vous  ferez  infufer 
féné  mondé  deux  onces  ,  femence 
de  fenouil  doux  deux  drachmes. 

Prene\  trois  livres  de  cette  co- 
larure  ;  jetez  dedans  deux  livres  & 
deinie  de  fucre  »  &  cuifez  i  confif- 


L  E  îf  yo7 

tatKe  de  iirop  dans  lequel  vous  dé* 
la^etez  fii  onces  de  pulpe  de  pru- 
neaux cuits  avec  une  des  aeux  livres 
reftantes  de  la  colature ,  &  paflez  \ 
autant  de  pulpe  de  tamarins  prépa^ 
rée  avec  l'autre  •  livre  de  colature , 


6l  autant  de  cade 


lélerez 


}  vous  mt 
exaâement  féné  en  poudre  cinq 
onces  y  6c  femences  d'anis  en  pou- 
dre  deux  drachmes. 

Cet  éleâuaire  eft  un  putgarif 
doux  ^  c'eft-Â-dtre ,  agiffknt  fans  vio- 
lence ,  aflez  efficace  pourtant  i  la 
dofe  d'une  once  {ufqu*â  deux.  Ce 
remède  eft  peu  uCcé. 

LENNOX  î  province  de  l'Écoffe  mé- 
ridionale qui  eft  bornée  i  Toccident 
par  leComtéd'Argyle,  au  nord  par 
ceux  de  Broadalbain  &de  Mentheit, 
i  lorient  par  celui  de  Sterling,  & 
au  midi  par  la  rivière  de  cTuyd, 
Elle  abonde  en  blés  &  en  pâturages. 
Dumbarton  en  eft  la  ville  capitale; 

LENPE  ;  fubftantif  féminin.  On 
donne  ce  nom  dans  le  commerce  i 
une  efpèçe  de  perle  qui  fe  pèche 
dans  quelques  ui^s  du  Bréiîl. 

LENQUAIS  i  bourg  de  France  en 
Périgord ,  à  trois  lieues  »  eft  ,  de 
Bergerac. 

LENS  -,  yille^  de  France  en  Artois ,  i 
trois  ^eu^s  ,  nord-nord^ft  ^  d'Ar- 
ras.  Il  7  a  un  Bailliage  ,  une  ÉgKfe 
collégiale  »  des  Récollets  »  des 
Sœurs  grifes  »  &c.  C'eft  près  dei-U 
que  le  Prince  de  Coodé  battit  les 
Efpagnols  en  i  ^48. 

LENT  ,  ENTE  j  adfeaif.  Lentus. 
Tardif^  qui  manque  d'adivité,  de 
prompritude  dans  fes  mouvemens  % 
dans  fes  aâions.  Ce  chien  ne  chajfe^ 
roit  pas  mal  s'il  étoit  moins  lent.  Il 
fut  tien  lent  à  lui  donner  fatisfallionm 
On  lui  donna  un  voijbn  lent* 

On  appel  le  /ivr?  lente ,  une  fièvre 
interne  dont  les  mouvemens  ne  foac 

S  f  f  i  j 


./ 


''*^it^m^*/^ 


Il 


50S 


LEN 


pas  excrèmemenc  marqués  au  té- 
nors, //  mourut  (tuncfihvrc  Unie. 

Le  monofyllabe  du  mafculineft 
moyen  au  (ingulier  &  long  au  plu- 
riel, La  première  fyllabe  du  féminin 
eft  longue ,  &  la  féconde  ccès-btèTe. 
Oec  adjeâif  ne  doit  pas  réguliè- 
rement précéder  le  fubftancifau  quel 
il  fe  rapporte  :  on  ne  dira  pas  un 
lent  efprit ,  mais  un  efprit  lent. 

LENTj  ville  de  France  ,  chef-lieu 
d  une  châreHenie  de  la  principauté 
deDombes  ,  fur  la  rivière  de  Veil- 
le ,  à  deux  lieues  »  fud  ^  de  Bourg- 
en-Breflfe. 

LENTE  î  fubftantif  féminin.  Efpèce 
de  petit  œuf  dont  naifTent  les  poux. 
Les  lentes  tiennent  fi  fort  aux  che- 
veux ,  qu'il  n*eft  pas  facile  de  les 
en  détacher;  ileftplusaifé  de  les 
faire  mourir  par  la  force  de  quel- 
que médicament  mercuriel ,  ou  par 
le  moyen  de  la  poudre  àq  Jlaphi^ 
fdfgre  ou  de  ia  poudre  de  capucint ,. 
qui  eft  la  çévadllle  :  Tufàge  d'un' 
peigne  dont  les^  dfents  font  fort  fer- 
rées, les  fait  ao/fi  périr  :  il  n*y  a 
guères  que  les  enfans  &  les  gens 
mal-propres  qui  foiencfujets  à  avoir 

.   des  lentes. 

LENTEMENT  ;  adverbe.  Lente.  Avec 
lenteur.  Cet^  ouvrier  travaille  bien 
lentement.   Une  tau  qui  coule 'lente* 


ment» 


La  première  fyllabe  eft  longue, 
la  féconde  très  br^ève  ,  &  la  troifiè- 
me  moyenne» 

LENTEUR;  fubftantif  féminin.  Tar^ 
ditudo.  Défaut:  d'aâivité  &  de 
promptitude  dans  laâion  ,  dans  le 
mouvement.  //  ne  fallait  pas  agir 
avec  tant  de  lenteur.  Imiter  la  lenteur 
de  la  tortue. 

Lenteur  ,  fe  dit  figurémeut  en  par- 
lant d'imagination  ,  d'efprit.  Ainfi 
Ton  dit  de  quelqu'un,  qu'i/  a  une 
grande    Unieur  d* Imagination  ,  une 


LEN 

grande  lenteur  Jt efprit i  pour  dite, 
qu'il  imagine  ic  qu'il  conçoit  dif- 
ficilement &  avec  peine.. 

La  première  fyllabe  eft  moyenne^ 
&  la  féconde  longue* 
LENTICULAIRE  ;  adjedif  des  deux 
genres,  &  terme  de  Dioptrique. 
Lenticularis.  Qui  a  la  forme  d'une 
Itmille.  Un  verre  lenticulaire.  Yoyea 
Lentille. 

On  appelle  pierres  lenticulaires  » 
certaines  fubftances  pétrifiées  qui 
ont  la  forme  d'une  lentille  II  y  en  a 
d  une  petitefle  imperceptible  ,  Se 
au-deftbus  d'un  grain  de  millet; 
d'autres  ont  jufqu'à  un  pouce  de 
diamètre  :  c'cft  à  ces  dernières  que 
l'on  a  donné  le  nom  dt  pierres  numif- 
maies.  On  trouve  ordinairement 
une  grande  quantité  de  ces  pierres 
jointes  enfemble  ;  elles  font  liées 
les  unes  aux  autres  par  la  pierre  qui 
les  environne  ;  qui  eft  quelquefois 
d'une  autre  nature  qu'elles  ;  cepen- 
dant on  en  trouve  auffi  qui  foniHé- 
tachées  Se  répandues  dans  du  flmle 
ou  dans  de  la  terre  :  celles  de  ces 
pierres  qui  font  calcaires  étant  mi- 
les au  feu ,  fe  partagent  fuivant  leuv 
largeur  en  deux  parties  égales  ;  on 
remarque  une  fpirale  fur  leur  fur- 
face  intérieure ,  ou  une  li^ne  qui 
va*  en-  s'élargiftant  vers  la  circonfé- 
rence ;  le  long  de  cette  fpirale  on 
diftingue  de  petites  ftries  qui  for- 
ment des  efpèces  de  petites  cloifons 
ou  de  chambres.  On  trouve  des 
pierres  lenticulaires  qui  ne  font  con- 
vexes que  d'un  côte  &  plates  par 
l'autre  :  elles  ne  doivent  être  regar- 
dées que  comme  des  moitiés. de  ces 
pierres  qui  ont  été  féparées  de  l'au- 
tre moitié  par  quelque  accident* 

Les'uaturaliftes  font  très-parta* 
gés  fur  la  formation  despierres  len^ 
ticulaires  ;  bien  des  gens  fe  font 
imaginé  que  c'étoient  en  effet  des 


LEN 

kntilies  pétrifiées  j  mais  pour  fentir 
le  ridicule  de  cerce  opinion ,  on  n'a 
qu'à  faire  attention  au  tilfa  inté- 
térieur  garni  d  une  fpirale ,  qui  ne 
fe  remarque  point  dans  les  lentilles 
Jefquelles  d'ailleurs  i>  ont  jamais  un 
pouce  de  diamètre. 

Woodward  penfe  que  ce  font  des 
os  détachés  qui  fe  trouvent  dans  la 
tète  de  quelques  poiffons  inconnus, 
&  qui  fervent  â  l'organe  de  Touie  ; 
d'autres  ont  cru  que  c'étoit  des  cô-* 
quilles  appelées  opercules  ou  cou^ 
vercles ,  de  la  nature  de  celles  qu'on 
nomme  umbificus  Vcntris  :  mais  ce 
fentiment  paroît  auffi  peu  fondé  que 
celui  de  Woodward. 

M.  Gefner  regarde  les  pierres 
lenticulaires  comme  formées  par  de 
petites  cornes  d' Ammon  ,  de  la  na- 
ture de  celles  qui  fe  trouvent  i  Ri- 
mini  fur  les  bords  de  la  mer  Adria- 
tique. 

Qnelqnes-uns  ont  cru  que   les 

fâerres  lenticulaires  dévoient  leur 
brmation  à  une  coquille  bivalve  , 
par  la  propriété  qu'elles  ont  de  fe 
partager  en.  deux  parties  égales  \ 
mais  M.  Gefner  remarque  que  cela 
n'arrive  qu'à  celles  qui  font  cal- 
caires» &  qu'elles  fe  partagent  ainfi 
à  caufe  du  tuyau  qui  va  le  lon^  du 
dos  par  où  l'écaillé  eft  la  plus  foible. 
Au  refte  quelle  que  foit  l'origine 
.  des  pierres  lenticulaires^on  en  trouve 
en  plufieurs  endroits  de  l'Europe. 
En  France  il  y  en  a  beaucoup  dans 
le  voifinage  de  Soldons  &  de  Vil- 
lers-Cotterëts  ;ces  dernières  ont 
cinq  ou  fix  lignes  db  diamètre  :  on 
en  rencontre  auffi  en  T  ranfilvarxie , 
en  Siléfie ,  en  Saxe  >  en  Angleterre , 
&c. 

LENTILLAC  j  bourg  de  France  en 
Quercy ,  â  cinq  lieues  >  nord ,  de 
Figeac. 

LENTILLE  \  fubftantif  féminin.  Ixns. 


L  E  N  jfop 

Sorte  de  légumes  dont  il  y  a  deux 
efpèces  principales  ;  la  petite  len* 
tille  &  la  grande  lentille* 

La  PETITS  LENTILLE ,  Utts  minor^  * 
a  la  racine  menue  &  fibrée  :  fa  tige 
eft  affez  grofTe ,  &  haute  de  neuf 
pouces  ,  velue  ,  anguleufe ,  cou- 
chée fur  terre,  ou  rampante  par  oc-' 
caiion  ,branchuedès  la  racine.  Ses 
feuilles  font  oblongues  ,  relTem* 
blàntes  à  celles  de  la  vefce ,  mais 
plus  petites  &  velues  :  il  fort  des 
aifleliesde  ces  feuilles  des  pédicules 
grêles  »  qui  foutiennent  chacun 
deux  ou  trois  petites  fleurs  légu- 
mineufes  ,  de  couleur  blanchâtre. 
A  ces  fleurs  (uccèdent  de  petites 
gonfles  fortes  ,  larges,  remplies 
de  deux  ou  trois  graines  aplaties  , 
orbiculaires,  dont  la  couleur  eft  jau« 
natte ,  &  dans  quelques  efpèces  rou* 
geâtre  ou  noirâtre  ;  cette  plante 
eft  la  lentille  vulgaire. 

La   GRANDE  LENTILLE,  UnS*  mU" 

jor ,  eft  plus  belle  en  toute  manière, 
&  plus  grande  que  la  lentille  com- 
mune :  fes  fleurs  font  plus  blanches. 

On  sème  beaucoup  de  l'une  ic 
de  l'autre  efpèce  de  lentilles  dans 
les  champs  en  terre  maigre  &  sèche  j 
cette  forte  de  plante  eft  annuelle. 

l.t%  médecins  ont  toujours  re*^' 
gardé  les  lentilles  comme  le  pire 
de  tous  les  légumes.  Rivière  qui  a 
compilé  la  doârine  des  anciens  fur 
ce  point,  dit  que  les  lentilles  font 
froides  &  sèches ,  de  diflicile  digef-* 
tion  \  qu'elles  engendrent  un  fuc 
mélancholique  ,  caufent  des  obf- 
truâfons ,  aifoibliflent  la  vue  ,  oc- 
cafionnent  des  rêves  tumultueux  , 
nuifent  â  la  tète,  aux  nerfs  ,  aux 
poumons ,  reflerrent  le  vcntte ,  em- 
pêchent l'écoulement  des  règles  Se 
des  urines  ;  toutes  ces  mauvaifes 
qualités  dépendent  ,  dit-il ,  de  leur 
mbftançe  gtoffière  &  aftringentet   . 


\ 


51»  LEN 

Les  auteurs  plus  moderaes  u*onc 
pas  dit  à  b  vérité  tant  de  mal  des* 
lentilles  ;  mais  ils  fe  fpnt  tous  ac- 
cordés à  le»  regarder  comme  un 
aÛTez  Biauyais  aliment. 
LxKTiLLB  i  fe  die  ^ufli  de  certaines 
caches  rouflea  qui  viennent  aux 
mains  Ik  an  vifage  ,  &  qui  reflem- 
blenc  aux  lentilles ,  foie  pour  la  cou- 
leur ,  foit  pour  la  figure. 

Les  perlQnnes  qui  ont  la  peau 
délieate  font  particulièrement  fu- 
jettes  aui(  lentilles ,  lorfque  dans 
un  temps  chaud  elles  s*expofent  au 
foleil  &  à  l'air.  Ces  taches  paroilTent 
Être  formées  par  des  parties  ter- 
reftres  »  huileufes  8c  ialines  de  la 

.  fueur ,  qui  font  retenues  dans  la 
fubftance  réticubire  de  la  peau  , 

•  candis  que  les  parties  aqueules  qui 

.  ne  leur  fervoient  que  de  véhi- 
cule s^évaporenc  par  la  chaleur  du 
corps  ;  ces  parties  plus  groflières 
s  amailent  pett*-2-peu  ,  jufqu'à  ce 
que  les  mailles  de  la  peau  en  foient 
remplies. 

Il  y  a  continuellement  quelques 
parties  de  fueur  qui  fuintent  de  ce 
cuticule  ;  &  comme  elles  font  d'une 
nature  vifqoenfe  ,  elles  retiennent 
la  pouffière  &  tout  ce  qui  voltin 

^dans  rai(  ;  cette  matière  vifqueufe 
s'arrête  fur  la  furface  des  lentilles , 

.  ic  plus  on  Teiluie  »  plus  on  b  con- 

'  denfe ,  ce  qui  b  force  de  s'intro- 
duire dans  les  petites  cavités  <les 

.  lentilles. 

On  trouve  plus  de  lentilles  au- 
tour du  nez  que  partout  ailleurs  » 
de  cela  parceque  la  peau  j  étant 
plus  tendue,  les  pores  font  plus  ou- 
verts &  plus  propres  à  donner  entrée 
jl  la  pouflière. 

Il  fuit  delà  qu'on  ne  peut  guère 
trouver  un  remède  sur  pour  garan- 
tir des  lentilles  ;  il  peut  y  en  avoir 
i|ui  diiTipcat  pour  un  temps  b  ou* 


LEN 

tière  déjà  amaflee  ;  mais  les  efpaces 
vides  fe  remplilfent  derechef. 

Le  meilleur  remède ,  félon  M. 
Homberç,  eft  le  fiel  de  bœuf  mêlé 
avec  de  l'alun  :  il  faut  que  cer  alun 
ait  été  précipité  Se  expofé  an  foleil 
dans  une  phiob  fermée  pendant  trois 
ou  quatre  mois  y  il  agit  comme  une 
leflive  en  pénétrant  les  pores  de  b 
peau ,  Oc  diflblvant  le  coagulam  des 
lentilles. 

1.1MTILL1     D'iAU    ou    LbMTILLB     D1 

MARAjs  9  eft  encore  le  nom  d'ime 

λbnte  qu'on  trouve  principalement 
nr  les  eaux  ftagnantes  :  elle  y  fur« 
nage  comme  une  efpèce  de  moufle 
verte  :  elle  en  couvre  toute  b  fuper- 
ficie  d'une  multirade  infinie  de 
feuilles  très-petites,  noirâtres  en- 
deflbus,  vertes  en-deflus,  luibnces» 
orbicnbires ,  &  de  b  forme  des  kn- 
tilles.  Ces  feuilles  font  unies  étroi- 
tement entre  elles  par  des  filamens 
très«menus  Se  blancs ,  &  de  chaque 
feuille  part  un  filet  ou  racine  »  par 
le  moyen  de  laquelle  b  plante  fe 
nourrit. 

L'ufage  de  cette  plante  eft  exté- 
rieur :  elle  réfout  »  rafraîchit  8C 
calme  les  douleurs  des  éréfipelles , 
des  hémorroïdes  &  des  neraies 
des  inteftins  :  les  canards  mangent 
avec  beaucoup  d'avidité  b  lentille 
d'eau. 
LiMTiLti ,  fe  dit  en  termes  cb  Dtop> 
trique,  d'un  verre  convexe  des  deux 
cotés  »  ôc  donc  on  fe  fert  particu- 
lièrement pour  former  le  microf- 
cope  a  liqueur ,  &  les  ob|e&ifs  des 
microfcopes  i  trois  verres. 

Le  plus  grand  dumètre  des  len- 
tilles eft  de  cinq  à  fix  lignes }  les 
verres  qui  padènt  ce  diamètre  s'ap- 
pellent verres  lenticulaires  A\  y  a  deax 
fortes  de  lentilles  ^  les  unes  foufflées^ 
&  les  autres  travaillées.  On  entend 
par  UtttilUsfo90éc^  p  de  petits  |;lo- 


'LEN 

bttles  de  verre  fendus  i  la  fiame  1 
d'une  lampe  ou  d'une  bouffie  ^  nuds 
ces  lentilles  n  ont  ni  la  clarté  ni  la 
diftinâion  de  celles  qui  font  tra- 
vaillées ,  à  caufe  de  leur  figure  qui 
n'eft  prefane  jamais  exaâe ,  &  de 
la  fumée  de  la  lampe  ou  bougie  qui 
s'attache  à  leur  furface  dans  le  temps 
de  la  fuûon.  Les  autres  font  tra- 
vaillées &  polies  autour  dans  de 
petits  baffins  de  cuivre.  On  a  trouvé 
depuis  peu  le  moyen  de  les  travail- 
ler d'une  telle  petiteflè,  qu*il  yen 
a  qui  n'ont  que  la  troifième  8c  mê- 
me la  fixième  partie  d'une  ligne  de 
diamètre  y  ce  font  celles  qui  grof- 
fidènt  le  plus ,  8c  cette  augmenta- 
tion va  jnlqu'iplufîeurs  millions  de 
fois  plus  que  l'objet  n*eft  en  lui-mê- 
me j  la  pouffière  qui  eft  fur  les  ailes 
des  papillons  ^  &  qui  s'attache  aux 
doigts  quand  on  y  touche  »  y  paroît 
en  forme  de  tulipes  d'une  grofleur 
furprenante.  Il  eft  difficile,  pour 
ne  pas  dire  impolfible  »  de  les  faire 
plus  petites  ;  la  difficulté  de  les 
monter  deviendroit  infurmontable. 
On  appelle  lentille  de  pendule ,  un 

Eoids  de  cuivre  de  forme  lenticu- 
ûre  j  qui  eft  attaché  à  l'extrémité 
du  pendule  ou  balancier. 

Les  //  fe  prononcent  mouillés. 

LENTILLY ,  bourg  de  France ,  dans 
le  Lyonnois,  à  c^ux  grandes  lieues 
de  Lyon. 

LENTINI  ;  ville  d^Italie ,  en  Sicile , 
dans  la  vallée  de  Noto  ,  fur  une  ri- 
vière  de  même  nom ,  k  fept  lieues, 
fud-oueft  ,  de  Catane.  Elle  fiA  fort 
endonmnagée  par  un  tremblement  de 
terre  en  1^95. 

LENTISQUE  j  fubftantif  mafculin. 
Arbre  dont  il  y  a  plufieurs  efpèces 
qui  ditifèrent  les  unes  des  antres  par 
les  pays  où  elles  croiflènt ,  &  jpar 
quelques  caraâères  de  variété.  Ces 
arbres  dans  certains  pays  ^  font  d'îin 


LEN  5tt 

très -grand  produit  par  la  réfine 
qu'on  enretire ,  laquelle  eft  connue 
fous  le  nom  de  maJtU. 

Les  lentifques  portent  fur  difte* 
rens  pieds ,  des  fleurs  maies  ic  Ats 
fleurs  femelles  :  les  fleurs  ir.âles 
font  à  ccamines ,  attachées  enfem- 
ble  en  manière  de  grappes ,  rougea- 
très,  &  elles  naiuent  des  aifTélles 
des  feuilles.  Les  fleurs  femelles  qui 
viennent  fur  d'autres  pieds ,  n  ont 
qu'un  calice  j  point  de  pétales ,  mais 
un  piftil  compofé  de  crois  ftiles  ter- 
minés par  des  ftigmates  aflez  gros  Se 
velus.  Les  fruits  font  de  petites 
baies  rondes  qui  noirciflènt  en  mû- 
riifant  ;  elles  font  d'un  goût  acide 
&  elles  renferment  chacune  un  pe* 
tit  noyau.    Les  feuilles  des  lentif- 

3ues  font  aflez  femblables  à  celles 
u  mirthe  \  elles  font  rangées  par 
paires  fur  une  côte  creufée  en  gou- 
tière.  Cette  côte  n'eft  point  termi- 
née comme  dans  la  plupart  des  feuil- 
les conjuguées,  par  une  foliole  uni- 
que :  cette  circonftance  peut  (ervir 
à  diftinguer  les  lentifques  d'avec  les 
térébintes. 

Les  lentifques  ne  quittent  poinc 
leurs  feuilles  pendant  l'hiver  ^  mais 
comme  ils  font  très  -  fenfibles  au 
ftoid ,  on  ne  peut  point  les  éle- 
ver ici  en  pteiûe  terre ,  à^  moins 
que  de  les  mettre  en  efpalier  dans 
une  bonne  expofition  &  d'en  pren- 
dre-un  grand  foinpendanr  l'hiver. 
Le  lentifque  croît  namrellement  en 
Languedoc  ,  en  Provence ,  en  Yizr 
lie  ,  en  Efpagne  ^  aux  Indes  :  on  le 
culdve  dans  l'ile  de  Sciô  ou  Chio, 

Îoii»en  recueillir  le  maftic  dont  les 
^urcs  ^nr  un  fi  grand  ufage.  Effec- 
tivement il  en  vient  une  fi  grande 
quantité  dans  cette  parrie  de  l'Âr* 
chipel ,  que  le  Grand  Seigneur  en 
retire  tous  les  ans  quatre*vingt  â 
quane-vingt  dix  mille  livres  pefanc 


512  LEN 

de  maftic.  La  culcure  de  cet  arbre 
ne  confifte  qui  le  provigner ;  on  a 
par  ce  moyen  beaucoup  de  jeunes 
pieds  vigoureux  qui  fourniiTenc  plus 
de  maftic  que  les  vieux.  Les  lenrif- 
que  s  fonda  plus  grande  richeiFe  de 
cette  île. 

C  eft  en  Janvier  que  les  Turcs 
plantent  les  jeunes  lentifques  qu'ils 
diftribuenc  par  intervalles  &  en  buif- 
fons  dans  la  campagne  :  ils  viennent 
aufli  nès-bien  de  (emence.  Ces  ar- 
bres âeuriflent  en  Mars.  On  a  grand 
foin  de  bien  nétoyer  d*herbes  &  de 
feuilles  le  bas  des  arbres  »  afin  que 
le  maftic  qui  tombe  à  terre  ,  (oit 
plus  propre.  On  fait  aux  lenrifques 
des  incin  )ns  au  mois  de  Juillet }  la 
rédne  coule  ordinairement  jufqu'à 
terre  »  mais  il  s'en  congèle  en  lar* 
mes  fur  les  branches  :  celle-ci  eft 
plus  eftimée  que  faut  te.  On  com- 
mence à  ramafTer  la  rédne  vers  la 
ini-  Août  \  cette  récolte  dure 
huit  jours.  On  fait  enfuite  d'autres 
incifions  au  même  arbre  :  la  fé- 
conde récolte  commence  vers  te  1 4 
de  Seprembre  j  &  quoiqu'on  ne 
faffe  plus  alors  de  nouvelles  inci- 
tions ,  le  maftic  continue  à  couler 
jufojLi'au  8  de  Novembre  :  on  le  ra* 
aiaue  tous  les  huit  jours  ,  &  après 
ce  temps  la  récolte  n'eft  plus  per- 
mife.Pour  que  la  récolte  fou  belle  il 
faur.que  le  temps  foit  fec  &  ferein. 
(1  ne  paroît  pas  bien  certain  que  les 
lennfques  qai  croiffent  en  Italie  & 
en  Provence  ,  donnent  du  maftic  ^ 
ou  slils  en  donnent,  c'eft  entrés- 
perire  quantité  ^  car  celui  du  com- 
merce vient  du  Levant.         ^ 

On  nous  apporte  des  pays  chauds 
le  bois  de  lentifque  y  \l  çft  gris  en- 
dehors  ,  blanc  en  -  dedans  &  d'un 
go4t  aftringenr.  Comme  on  lui  at- 
tribue la  propriété  de  fortifier  lés 

gçï>çiyçs,  pij  ei)  f^fiç  dç$fui:e4ençj, 


LEN 

8c  on  ufe  de  fa  décoAioo  pobt  le» 
gargarifmes  aftringens.  En  Italie  oa 
tire  du  fruit  de  cet  arbre  une  huile> 
par  la  même  méthode  que  l'on  cire 
celle  du  laurier  en  Languedoc.  Au 
ievanr  i'huile  qu'on  en  exprime  eft 

firéférée  par  les  Turcs  à  Inuile  d'o- 
ive  pour  brûler  &  pour  employer 
dans  les  médicamens.  L'huile  de 
lentifque  pofsèie  une  vertu  aftrin- 
gente  qui  la  rend  propre  lor  (qu'on 
veut  refterrer,  comme  dans  la  chute 
de  l'anus  Se  de  la  matrice. 
*  Le  maftic  eft  une  réfine  d'un  goût 
légèrement  aromatiaue  réfineax  Sc 
aftringent.  Le  plus  oeau  doit  être 
en  larmes  ou  petits  grains  clairs  , 
tranfparens  ,  d'un  blanc  jau«atre  6c 
d'une  odeur  agréable  j  il  fe  cafte 
net  fous  la  dent  »  s'amollit  â  la 
chaleur  comme  de  la  cire,  te  s'en- 
flamme fur  les  charbons.  Les  habi* 
rans  de  l'île  de  Chio  mettent  pref- 
que  tous  du  maftic  dans  lear  bou- 
che ,  pour  fortifier  les  dents  &  les 
gencives  ^  &  pour  corriger  rhaleine« 
Ils  ont  aufE  coutume  d'en  mcler  & 
d'en  faire  cuire  avec  le  pain  pour  le 
reodre  plus  délicat  au  goût. 

Comme  il  y  a  plufieurs  efpèces 
d'arbres  qui  donnent  du  maftic  , 
certaines  efpèces  en  donnent  de 
plus  beau  ,  mais  en  moins  grande 
abondance  :  C'eft  ce  maftic  de  meiU 
leure  qualité  que  les  marchands 
nomment  majliç  maie  ,  foit  qu'il  dé«> 
coule  d'un  arbre  mâle  ou  d'un  ar« 
bre  femelle  \  &  ils  défigoenr  fous 
le  nom  de  majiic  femelle  ^  celui  qui 
eft  de  qualité  inférieure.  Les  meil- 
leurs lentifques  fe  trouvent  dans  la 
partie  de  Tile  de  Chio  qui  eft  du 
côté  du  fud.  C'eft  fans  doute  de  ce 
maftic  mâle  que  les  dames  du  férail 
&  les  concubines  bourgeoifes  de 
Turquie  mâchent  prefque  conri- 
nuelleoient  pour  (çndte  leur  ba- 
leine 


'LEO 

léiae  d'une  odeur  de  baume  >  for- 
tifier leurs  gencives  &  blanchir  leurs 
dents. 

On  enlploie  intérieurement  le 
tnaftic  pour  fortifier  i'crftomac ,  ar- 
rêter les  diarrhées  ic  les  vomiiTe- 
mens  ^  il  entre  dans  plafieurs  bau- 
mes &  emplâtres.  On  Tétend  fur 
«m  morceau  de  taffetas  6c  on  rap- 
plique fur  la  tempe  pour  calmer  les 
douleurs  des  dents.  Enfin  le  maftic 
fe  diflbur  aifément  ,  &  il  peut  en* 
f  rer  dans  la  compofition  de  plulieurs 
vernis. 

Toutes  les  parties  du  lentifque , 
fes  bourgeons  ,  fes  feuilles  &  fcs 
fruits  ,  récorce  des  branches  &  des 
racines  font  aftringentes.  Dans  les 
^phémérides  d'Allemagne  on  vante 
k  décodion  de  bois  de  lentifque, 
feus  le  titre  d'or  potablt  végétal , 
-comme  une  panacée  fingulière  con- 
tre la  gourte  ic  les  catharres  ;  en  un 
mot,  pour  aider  toutes  les  fondions 
ÀM  corps ,  en  rétabliflant  le  ton  des 
£bres»  te  en  adouciflànt  lacrinioûie 
de^  humeurs. 

lENTZBOURG  ;  petite  ville  deSuif- 
fe  ,  chef-lieu  d'un  Bailliage  confi- 
dérable  de  même  nom  »  &  fituée 
dans  l'Ârgow ,  au  Canton  (le  Berne, 
â  deuxiieues  d'Aran. 

lENZA;  (la)  rivière  d^Itaiie  qui  a 
ia  fou rce  dans  l'Apei^nin,  fur  les 
frontières  de  la  Tofcane  »  &  fon 
embouchure  dans  le  Po ,  auprès  de 
Berfello. 

tÉOCROCOTTE  \  fubftantif  înaf- 
cttlin«  Leocrocotea.  C'eft ,  i  ce  que 
quelflues-uns  ont  prétendu  j  un  ani 
mal  d'Echiopie ,  de  la  groffeurd'ui 
âne  fauvage  :  il  a  la  crpupe  du  cerf, 
l'encolure  >  la  queue  &  le  poitrail 
du  lion  »  &.la  tête  comme  un  taif- 
fon  :  f^s  pieds  font  fourchus  ,  fa 
guei^  eft  fendue  jufqu  aux  oreilles  : 
Twnc  Xy.  • 


un 


LEO  51^ 

il  a  au  lieu  de  dents  un  os  entiW 
qui  lui  prend  tqutc  la  mâchoire. 

On  du  que  cet  animal  eft  fore 
léger  &  furpalfe  tous  les  quadrupè- 
des à  la  coucfe.  On  dit  encore  qu'il 
naît  de  Tacouplement  d'une  lionne 
&  d'une  Crocotte  pu  d'une  hyenne 
mâle  :  les  crocottes  font  des  métis 

Sue  font  les  lionnes  étant  matinées, 
refner  penfe  que  le  léocrocotte  cfl: 
un  tigre. 

LÉOGANE  :  ville  &  belle  plaine  d» 
l'Amérique  ,  dans  i'ile  de  Saint* 
Domingue.  La  plaine  a  douze  ou 
treize  lieues  de  longueur  &  trois 
ou  quatre  de  largeur.  Elle  corn* 
mence  aux  montagnes  du  grand 
Goave  &  finit  â  celles  du  cul-defac. 
Ceft  un  pays  uni ,  arrofé  de  rivié- 
tes ,  &  qui  fournit  tout  ce  qu'on 
veut  lui  faire  porter,  cannes ,  cacao^ 
indigo  y  rocou ,  tabac ,  toutes  fortes 
de  fruits,  de  pois  5r  d'herbes  po* 
tagères  \  tous  les  environs  font  fo- 
rêts de  cacaoyers  ;  cependant  lâcha* 
leur  y  eft  extraordinaire ,  quoique 
cett«  plaine  foit  au  i8^  degré  de 
latitude ,  c'eft*â-dxre  3  ou  4  degrés 
plus  iêptenctionale  que  la  Martini- 
que &  la  Guadeloupe}  mais  c'eft 
qu'elle  eft  privée  de  vents  alifés  â 
caufe  des  hautes  montagnes  qui  la 
couvrent.  Auffi  l'air  y  eft  mal  fain  j 
&  les  maladies  épidémiques  fré- 
quences. 

Tout  ce  pays  vient  d'être  défolé 
(en  1770)  par  d'affreux  tremble- 
mens  de  terre  qui  ont  abtmé  les 
villes  de  Léogane ,  Petit  -  Goa  ic 
Port-au-Prince  ,  &  caufé  desdom* 
mages  infinis  dans  l'île  de  Saint* 
Domingue. 

LÉON  \  ily  a  eu  dix  Papes  de  ce  nom^ 
defquels  le  dernier  fili  de  Laurent 
de  Médicis  joua  un  rôle  également 
fameux. dans  l'hiftoire  des  arts  ic 
dans  les  faftes  de  TÉgiife.  11  fu* 

Ttt 


514  LEO 

élevé  fur  la  Chairepoocificaleàrâg'e 
de  j(>  anscQ  15  ij^^aprèslamortde 
Jules  IL  II  avoic  reçu  l'éducation 
U  plus  brillante  \  Jnge  PoUticn  , 
&  Démétrlus  Chakondyle  a  voient 
été  (es  maures  &  il  fut  un  élève 
4igQe  d'eux*  Sa  famille  étoit  celle 
des  beaux  arts  ;  elle  recueillie  les 
débris  des  lettres  chaHees  de  Conf- 
tantioople  par  la  barbarie  curoue  \ 
elle  mérita  que  ce  fiècle  s'appelâr  le 
^ècU  de  Médias.  Léon  X  fur  tout 
joignit  le  goûc  le  plus  fin  à  la  ma- 
gnificence la  plus  recherchée.  Son 
entrée  à  Rome  flibiUla  long  -  temps 
dans  la  mémoire  des  Romains.  Elle 
toc  un  éclat  prodigieux  \  fon  cou- 
fonnement  coûta  cent  mille  écus 
d  or.  Le  nouveau  Pontife  partagea 
fon  temps  entre  les  plaisirs  >  la  iit- 
cérature  5c  les  a&ires.  Sa  table  éroit 
déEcieufe  »  non  feulement  par  le 
choix  des  mets  »  mais  par  la  déli  - 
catedè  &  l'enjoument  dont  il  \tt 
afTaifonnoic.  Le  théâtre  »  la  chailè  y 
Tarnôw:  varioient  tour  à  tour  fes 
piaifirs  ^  en  un  mot  il  vécut  ,  non 

E^as  en  Pontife,  mais  en  Prince  vo- 
uptueux.  Les  hérétiques  qui  lut  re- 
•prodftcrent  avec  taiu  d'amernime 
.  tes  délices  de  fa  Cour  y  auroient  d& 
Yoir  ^e  cette  Cour  même  poiiçoit 
fEurope  &  rexidoit  les  nommes 
plus^  Sociables.  Léon  X  excita  les 
grands  génies  dans  tous  les  arts  par 
&s  bienfaits  &  par  fon  accueil  plus 
fédtti(anr  eocof e.^  Il  fit  fouiller  dans 
les  bibliothièques^déterra  les^nciens 
mamtfcrits ,  &  procura  des  éditions 
exaâ^  des  meilleurs  auteurs  "de 
famiquité.  Les  Poètes  étoienr  fur- 
fout  l'objet  de  fa  complaifance  ;  il 
aîmoit  les  vers  &  en  faifoitde  très- 
Jolis  ;  il  pou£[a  l'enthoufiafmefiloirr, 
«qu'il  donna  une  bulle  en  faveur  àtt 
poéfies  de  l'Aciofte  ^  quoiqxie  la  pu- 
deur 7'foit  peu  rcfpeûée« 


LEO 

Dans  le  temps  qu'il  préparokde 
nouveaux  plaiûrs  au^  hommes  en  fai^ 
fant  renaître  les  beaux  arts  jilfe  for- 
ma une  confpiration  contre  fa  vie* 
Les  Cardinaux  PetruccLtcSoii  krîtés 
de  ce  que  le  Pape  avoit  oté  le  du-^ 
cbé  d'Urbin  i  ua  neveu  de  Jule» 
II ,   corrompirent   un  Chirurgiei» 
oui  devoir  panfer  un  ulcère  fecrec 
au  Pape  ,  &  la  mort  de  Léon  X 
devoit  être  le  fignal  d'une  révolu- 
tion dans  beaucoup  de  villes  do 
l'État   ecclcfiaftique.   La  confpira* 
tion  fut  découverte  j  il  en  coûta  I2 
vie  à  plus  d'un  coupable.  Les  deus 
Cardinaux  ^furent  appliqués  à   1» 
queftion  &  condamnés  i  la  mortr 
On  pendit  le  Cardinal  Pctmcd  dan» 
la  prifon  en  1517^  l'autre  riiicheta' 
fa  vie  par  fes  tréfors.  Léon  X  pour 
faire  oublier  le  fupplice  d'un  Car- 
dinal  mort  par  la  corde  »  en  créa- 
^  I  nouveaux^   Il    méditoic  depuis 
quelque  temps  deux  grands  projets^ 
celui  d'aimer  les  Princes  chcétiens* 
contre  les  Turcs  devenus  plus  for^ 
midables  que  jamais  /bus  le  $u/i3iiy 
Stlim  II  :  l'autre  étoii  d*embeUic 
Rome  &  d'achever  la  Bafilique  de 
Saine  Pierre  commencée  par  Jules 
Il  y  un  des  plus  beaux  monumeos 
qu'ayent  jamais  élevé  le^hommesi 
la  Divinité.  Il  fît  publier  en.  i  f  i^S- 
des  indulgences  plénières  dans  touce 
la  chrétienté  pour  contribuer  à  l'exé- 
cution de  ces  deux  projets.  Il  s'éleva. 
i  cette  occafion  une  vive  quereUe 
en  Allemagne  ^  entre  les  Domini* 
cains<  8c   les  Augoftins.  Ceux  «-  ci 
avoienc  toujours»  été  ert  polfeiSon 
«de  la  prédication  des^  indutgences  ; 
piqués  de  ce  qu'on  lent  avoit  pro^ 
fércles  Dominicains,  îU  excitèrent 
Martin  Luther  leur  confrère  ,  à  s'é- 
lever contre  eux.  C'écoit  un  Moine 
ardent ,  infeâé  des  erreurs  des  Hiif- 
fites.^  U  commenta  par  déckmec 


LEO 

contre  Ui  prédicateurs  Aet  indûl^ 
£eiHe»  ,  cominui  par  décrier  les 
tndûigetices  aicmes  ^  finit  par 
anéantie  lautûiité  de  celui  qui  les 
-donnoir. 

Cette  héréfie  née  dans  un  coin 
•de  h  Saxe  pour  un  pecic  inté- 
têt  de  Moine  ^  &  qui  a  poûté  cane 
de   fujets  â  rEglife  Se  de  fang  à 

I  Europe,  allarma  bc^attcoup  Léon  X. 

II  tenta  vainement  de  ramener  l'Hé- 
réfîarque  par  la  douceur  ;  il  fut  en- 
fin forcé  de  ranathématifer  par 
deux  bulles  confécutives  ,  Tune  en 
15x0»  l'aucre  en  1 5  a  i  •  Le  feu  de 
la  gueire  s'alluma  vêts  le  mînie 
temps  dans  route  TEurope,  Léon  X 
fe  crouvanr  entre  François  I  &  Cbar- 
les-Quint,  flotta  long-temps  entre  ces 
deux  Princes  \  il  tir  prefque  i  la 
fois  un  traité  avec  l'un  &  avec  l'au- 
cre ,  le  premier  en  1 5 10  avec  Fran- 
çois I  auquel  il  promV  le  Royaume 
de  Naples  en  fe  réfervant  Gayette  j' 
le  fécond  en  1511  avec  Charles- 
Quint  ,  pour  chafTer  les  François 
de  l'Italie  ,  &  pour  donner  le  Mi 
lanez  â  François  Sforce ,  fils  puîné 
de  Loidv  le  M  jure  ,  &  fur  tour  pour 
donner  au  Saint  Siège  Ferrare  qu'on 
vouloir  toujours  ocer  à  la  Maifon 
d'Eft.  On  prérend  que  les  malheurs 
de  i.i  France  dans  cette  guerre  ,  lui 
causèrent  tant  de  pThifir  ,  qu'il  fut 
faifi  d'une  petite  fièvre  de  laquelle 
il  moût  ut  le  premier  Décembre 
1 5 1 1  i  44  ans.  Ce  Pontife  n*avoit 

?as  pourtant  i  fe  plaindre  de  la 
rance  ;  il  obrint  de  François  I ,  ce 
que  fes  prédécesseurs  n'avoient  pu 
obtenir  d*aucun  Roi  de  France»  la- 
bolition  entière  de  la  Pragmatique. 
Son  talent  étoit  de  manier  les  ef- 
prits  ;  il  s'empara  fi  bien  de  celui 
de  François  I  dans  une  entrevue 
qu'ils  eurenr  à  Bologne  en  1515  , 
que  ce  Prince  lui  accorda  tout  ce 


tEO  jïf 

qtl^iï  voulut.  Léon  3t  &  le  Cbance- 
lier  Duprar  coficlar^nt  donc  un  con« 
cordac  par  lequel  il  fut  convenu  que 
le  Roi  nommeroit  aux  grands  bé'- 
ncfices  de  France  &  du  Dauphiné  ^ 
&  que  le  Pape  recevroit  les  annates 
de  ces  bénénces  fur  le  pied  du  re- 
venu courant.  On  a  dit  ^  ce  fujet 
3 ue  François  I  &  Léon  X  s*éroienc 
onné  l'un  à  l'autre  ce  qui  ne  leur 
àppartenoir  pas.  Voy.  CoNcaasAT 
&  Pragmatique* 

LEON  ,  ou  Saint  -  Pol  de  Lbok  » 

ville  épifcopale  de  France,  dans  la. 
balfe  Bretagne  j  piès  de  la  mer  ,  i 
douze  lieues  ,  nord  eft  ,  defireft. 

Léon  ,  eft  aufli  le  nom  d'une  ville 
épifcopale  d'Efpagne  »  capitale  d*une 
province  ou  Royaume  de  même 
nom,  à  vingt-cinq  Ueues,  nord-ouefV» 
de  Valladolid. 

le  Royaume  de  Léon  efl; borné 
au  nord  par  TAAurie  ,  i  l'occident 
par  la  Galice  &  le  Portugal,  aa 
midi  par  TEftrcmadure ,  &  a  lorienc 
par  la  vieille  Caftiile.  Sa  longueur 
efl  d  environ  cinquante  lieues  &  fa 
largeur  de  quaranre.  Le  Duero  le 

f»aitage  en  deux  patries  prefque  égao 
es.  Les  terres  y  produisent  enabon- 
dance  tout  ce  qui  eft  nécelTaire  à  la 
vie ,  &  l'on  y  trouve  des  mines  de 
turquoifes. 

Ce  Royaume  fut  fonde  en  72a 
par  Pelage,  Prince  du  fang  des  Rois 
Goihs  d  Efpagne  ^après  une  grande 
viûoire  remportée  lut  les  Maures:il 
eut  depuis  fes  Rois  particuliers ^iC* 
qu'en  loXi;  qu  il  fut  réuni  à  la  Cou* 
ronne  deCaÂille  par  la  mort  deVe> 
remond  III. 

On  appelle  nouveau  Royaume  de 
Léon  ,  une  province  de  P Amérique 
feptentrionale ,  dans  la  nouvelle  Ef- 
pagne  \  mais  ce  Royaume  n'a  ni 
villes  ni  colonies  :  il  y  a  feulemenc 

Ttt  i) 


fi$  LEO 

quetquei  mines  donc  on  rire  pea  it 
profit. 

LÉON  DE  NICARAGUA  ;  ville 
épifcopale  de  la  nouvelle  Efpagne , 
en  Amérique  ,  dans  la  province  de 

'  Nicaragua  ,  à  douze  lieues  de  la 
mer  du  fud»  Lts  Flibuftiers  anglois 
la  pillèrent  en  1(^85.  Le  Gouver- 
neur de  la  province  y  fait  fa  réfi- 
dence, 

LÉONBERG  j  petite  ville  d*AUema- 
gne  ,  en  Souaoe  9  dans  le  duché  de 
Wirtemberg ,  i  quatre  lieues»  nord- 

.    oueft  »  de  Sturgard. 

LÉONCELLE  ;  Abbaye  d^hbmmes 
de  rOrdre  de  Cîteaux  y  en  Dau- 
phiné,  à  quatre  lieues»  nord-eft ,  de 
Valence.  Elle  eft  en  commende  8c 
vaut  environ  50CO  liv.  de  rente  au 
Titulaire. 

LÉONESSA  ;  bourg  d'Italie  ,  au 
Royaume  de  Naples^  dans  TAbruzze 
altérieuce,  Tur  les  frontières  du  du- 
ché de  Spolette.. 

LÉONESSES  i  adfeftif  féminin  pltt- 

rîel.  On  appelle  dans  le  commerce, 

fé^ovhi  l'éonejjes  »  les  plus   belles 

lame.  d'Efpagne  »  qui  £e  cirent  du 

Royaume  de  Léon. 

lÊONIDAS  V  fameux  Roi  de  Lacé- 
démone  ,  de  la  famille  àts  Agides, 
lequel  sUmmorcalifa  pat  la  dé£enfe 
du  pafTige  des  Thermopyles  oà  il 
arrêta  L'armée  entière  de  Xerxès 
avec  trois  cens  hommes  qui ,  com- 
me leur  Chef,  périrent  glorieufe- 
ment  dans  cette  journée  pour  le  fa^ 
lut  de  là  Patrie  ,480  ans  avant 
Jésus -Christ.  On  rapporte  que 
b}rfque  ce  Héros  partit  pour  cette 
expédition  ,  fa  femoie  lui  ayant  de- 
mandé s'il  n'avoir  rien  à  lui  recom- 
mander y  il  lui  répondit  qu'il  la 
chargeoit  de  fe  marier  i  quelque 
vaillant  homme ,  afin  qu'elle  eue  des 
enfans  dignes  d'elle- 


LEO 

liONIDÉES  y  fabflantif  fémmin  ^9: 
riel  &  terme  de  Mythologie.  Fêtes 
inftituées  en  l'honneur  de  Lésni- 
das.  Roi  de  Lacédémone,  qnl  fe. 
fît  mer  pour  le  lâlut  de  fa  Patrie  ^ 
avec  toute  fa  troupe  »  en  défendant 
le  palTage  des  Thermopyles»  ^oyq[ 
Léonidas. 

LÉ9NIN  ;  INE  ^  adfeaif.  Qui  appar- 
tient au  lion  ,  qui  eft  propre  ai» 
lion.  Il  fe  dit  particulièrement  e» 
cette  phiafe ,  Jocuté  léonine  ;  pour 
dire  »  une  fociété  où  le  plus  fort 
tire  tout  l'avantage  de  fbn  c6té, 

LsoN4N  ,  fe  dit  aufli  de  certains  ver» 
latins  rimes,  qui ,  félon  Pafqmer» 
furent  ain(t  appelés  d'un  Chanoine, 
nommé  Lioninus  qui  fit  beaucop> 
de  ces  fortes  de  vers»  &  dédia  plu* 
ficurs  ouvrages  de  ce  genre  au  pape- 
Alexandre  UL  Bernard  de  Clunl 
fit  un  poème  de  trois  mille  versléo-^ 
nins  fur  le  mépris  de  monde» 

LÉONTATU,  ou  LéoNDAJiiO'^.petite? 
ville  de  la  Morée,  dans  la  Zaconie»» 
au  pied  des  monts.  Elle  appartient 
au  Grand  Seigneur. 

LÉONTESÈRE  j.  fubftantif  féminin- 
Les  anciens  ont  ainfi  appelé  uneef**- 
pèce  d'Agathe,  qu'ils  ont  célébrée 
pour,  fa  beauté  &  pour  lès  vertus* 
imaginaires  qulls  lui  atrribuoient,. 
d'isidoucir  les bères féroces  :  c'eftaiK 
relie ,  une  àt%  plus  variées  de  toutes* 
les  agaches  des  Ibdes  orientales  , 
Se  Tune  des  plus  rares.  Son  fond 
eft  jaune  ,  marqueté  ou  veiné  d  un 
rouge  de  flamme  ,  de  blanc  ,.  de 

.  noir  &  de  vert.  Ces  deux  dernières 
couleurs  s  y  trouvent  ordinairement 
di/pofées  ^n  cercles  concentriques 
qui  forment  un  £eul  ou  plufieurs 
points  j.  mais  quelquefois  auiElaf- 
lèmblage  des  diver  fes  couleurs  donr 
on  vient  de  parler  y^  y  eft  femé  fort 


irrégulièrement.. 


LEO 

LÉONTINI  i  c'eft  l'ancien  nom  de  la 
ville  de  Lencini.  Foye^^  cemoc 

LfeONTIQUES  jadjeûif  pluriel  fub- 
ftancivenient  pris  ^  &  terme  de  K^y 
chologie.  Fèces  ou  Myftères  qui  fe 
rclébroieric  eo  l'honneur  du  Dieu 
Michra  ,  te  dans  lef(}uels  les  Mi- 

'  niftres  &  initiés  étoienc  dégnifés 
fous  la  forme  de  différens  animaux 
dont  ils  portoient  les  noms  y  & 
comme  le  lion  paffe  pour  le  Roi  des 
animaux  »  ces  Myftères  en  prirenc 
le  nom  ^  Lévntiquts^ 

LÉONTOPÉT  ALON,  fubftfantif  maf- 
culin.  Plante  donc  la  fleur  qui  eft  en- 
rofe  ,  devient  une  petite  gouffe  où 
Ton  trouve  deux  ou  crois  graines 
groffes  comme  des  pois.  Elle  croie 
aux  pays  chauds  ,  en  Italie  &  en 
Candie.  Sa  racine  eft  d'un  goût 
amer.  Qn  Tèmploie  concre  la  mor- 
fure  des  Scorpions  &  des  ferpens  , 
dans  la  gourte  fciâtique  &dans  quel« 
ques  autres  maladies. 

lÈONTlUM  y  nom  d*une  fameufe 
courtifanne  athénienne  qui  philo- 
fopha  &  fê  proftirua  coure  fa  vie. 
Épicure  fut  fon  maîrre  &  les  dif- 
ciples  de  ce  Philosophe  fesgalans. 
Mecrodore  fut  celui  qui  eue  le  plus 
de  parc  i  fes  faveurs  ^  elle  en  eut 
un  fils  quÊpicure  recommanda,  en 
mouranc  d  Tes  exécuteurs  ceftamen- 
taires.  Léontium  foucinc  avec  cha- 
leur les  dogmes  de  fon  maître  qui,, 
fuivant  quelques-uns, a  étcauflfi  fon 
amant.  Elle  écrivit  contre  Théo- 
phrafte  avec  plus  d'élégance  que  de 
folidité.  Son  ftyle ,  fuivant  Cicéron, 
étoit  nur  &  atrique.  Léontium  eut 
une  fille  nommée^  77<z/2(z/,  héritière 
de  la.  lubricité  de  fa  mère  :  elle  (%it 
aimée  de  Sbphron ,  Préfet  d'Éphèfe, 
ic  ayant  favori  fé  l'évafion  de  fon 
amant  condamné  i  mort ,  elle  fut 
précipitée  d'un  rocher».  • 


LEO  517 

LÉOPARD;  fabftantifmafculîn. Sor- 
te d'animal  quadrupède  du  genre 
des  tigres  ,  qui  eft  un* peu  plus 
grand  que  Pohce,  mais  beaucoup 
moins  que  la  panthère,  n'ayant 
guère  plus  de  quatre  pieds  de  lon-> 
gueur  ;  la  queue  a  deux  pieds  ou 
âeux  pieds  &  demi  ;  le  fond  du 
poil  fut  le  dos  &  fur  les  côtés  du 
corps ,  eft  d'iuie  couleur  fauve  plus 
ou  moins  foncée  ;  le  deflbus  du 
ventre  eft  blanchâtre  ,  les  taches 
font  en  anneaux  ou  en  rofes  j  mais 
ces  anneaux  font  beaucoup  plus  i^f 
tirs  que  ceux  de  la 'panthère,  ou 
de  l'once  ,&  la  pluparr  fonrcompo* 
fés  de  quatre  ou  cinq  petites  taches 
pleines  ;  il  y  a  aufli  de  ces  ta—, 
ches  pleines  difpôfées  irrégulière- 
mène. 

Cet  animal  eft  féroce  ,  fauvage* 
&  incapable  d'être  apprivoifé.  L'ef- 
pèce  en  paroîr  fujerte  à  plus  de  va- 
riétés que  celle  de  la  panthère  &  de 
l'once.  M.  deBufFon  a  vu  un  grand  * 
nombre  de  peaux  de  léopard  qui  ne* 
laident  pas  de  différer  les  unes  des 
autres,  fbitpar  les  nuances  du  fond 
du  poil  ,  foit  par  celles  des  taches 
dont  les  anneaux  ou  rofes  font  plus 
m^i^qués  &  plus  terminés  dans  les- 
unes  que  dans  les  autres  \  mais  ces 
anneaux  font  toujours  de  beaucoup' 
plus  petits  que  ceux  de  la  panthère 
ou  de  Tonce.  Dans  toutes  les  peaux. 
de  léopard ,  l'es  taches  (ont  chacune 
à  peu  près  de  la  même  grandeur,  da- 
la  même  figure  ,  &  c'eft  plutôt  par 
la  force  de  la  teinte  qu'elles  diffè- 
rent ,  étant  nooins  fortement  expri- 
mées dans  les  unes  de'ces  peaux  ^  ic 
beaucoup  plus  fortement  dans  les 
.  autres.  La  couleur  du  fond  du  poil 
ne  diffère  qu'en  ce   qu'elles  font 
d'un,  fauve  plus  ou  moins  foncé  } 
mais  comme  toutes  ces  peaux  font 
J.     i  très-peu  près  de  la  même  gran-- 


5«« 


LEO 


cteur  tint  ^biif  le  corps  que  pour  la 
queue  j  il  cft  rrès  -  viaifcmbtable 
quelles  ap|u(cicnneiu  coûtes  i  la 
même  elpcce  d'animal  &c  non  pas 
à  des  animaux  d'efpèce  ditFjrenrc. 

Le  Léopard  n*habice  que  TÂFri- 
q>ie  Se  les  climats  les  plos  chauds 
'  de  1  A(îe  t  il  ne  s'eft  jamais  répandu 
dans  les  pays  du  nord  nî  même  dans 
les  légions  tempérées.  11  en  eft  de 
mcmc  de  Fonce  6c  de  la  panthère. 
Ces  animaux  «n  généial  fe  plaifent 
4ans  les   forets  coufFues  ,  Se  fré- 
quentent fouvent  les  bords  des  fleu- 
ves Se  les  environs  des  habitations 
ifoléesoù  ils  cherchent  a  furprendre 
les  animaux  domeftiquesdc  les  bèces 
fauvages  qui  viennent  chercher  les 
eaux,  lis  le  jettent  rarement  fur  les 
hommes   ,  quand   même    ils    fe- 
roient    provoqués  j  ils    grimpent 
tifcment  fur  les  arbres  où  ils  fui- 
vent  les  chars  fauvages  &  les  au- 
tres animaux  qui  ne  peuvent  leur 
échaper.  Quoiqu'ils  ne  vivent  que 
de  proie  &  qu'ils  foient  ordinaire- 
ment fort  maigres  ,  les  voyageurs 
prétendent  que  leur  chair  n'efl  pas 
mauvaife  â  manger  'y  les  Indiens  & 
les  Nègres  la  trouvent  bonne ,  mais 
il  eft  vrai  qu'ils  trouvent  celle  du 
chien   encore  meilleure ,  Se  qu'ils 
s'en   régalent  comme  fi  c'croit  un 
mets  délicieux  :  à  legard  ds  leurs 
peaux  ,  elles  font  toutes  précieufes 
&  font  de  très-belles  fourrures  ^  la 
plus  belle  &  la  plus  chère  eft  celle 
du  léopard  ,  une^fcule  de  ces  peaux 
coure  nuir  (f\x  dix  louis ,  lotfque  le 
fâuve  en  eft  vif  Se  brillant.  Se  que 
les  taches  en  font  bien  noiies  Se  bien 
terminées* 

En  ternies  de  TArt  héraldique-, 
on  SippAlQ  léopard  lionne  ^wn  léo-j 
pard  qui  eft  repréfenté  ayant  les! 
pattes  de  devant  élevées,  comme]. 


LEO 

6b  fepréfenie   ordinairement  lec 
lions. 

LÉOPARD  de  Breiïe»  d*or  ta  lio^ 
pard    hoiiné  de  gueules. 

LÉOPARDE  i  adjcdif  &  terme  de 
l'Art  héraldique.  On  appelle  lion 
-  Uoparié ,  un  lion  qui  ell  repiéfenté 
vu  de  face  ,  &  fans  avoir  \c%  pattes, 
de  devant  dans  une  fi^uation  diffé- 
rente de  celles  de  derrière.  On  I  ap^ 
pelle  aufti  UoapaJJant. 

Tbstu  iPatis,  dota  trois  lions 
léopardés  de  fable  l'up  fur  l'au- 
tre ,  celui  du  milieu  contrepaf- 
fant. 

LÉOPOL  ;   ville  de  Pologne  appelée 
aullî  Lemicrg.  Voyez  ce  mot. 

LÉOPOLD  ;  nom  d'un  Prince  dont 

la  mémoire  fera.à  jamais  cbcre  aux 

Lorrains.  Fds  Se  héritier  du  Duc 

Charles  V  appui   de  l'Empire    6c 

vainqueur    des   Turcs  ,  il    rentra 

dans  fes  Etats  après  la  paix  de  Rv- 

vick.  Il  trouva  la  Lorraine  défolée 

&  déferre  ;  il  la  repeupla ,  il  l'en* 

richit.  Il  l'a  confervce  toujours  en 

paix ,  pendant  que  le  refte  de  I  £u« 

rope  a  été  ravagé  par  la  guerre.  II 

a  eu  la  prudence   d'être   toujours 

bien  avec  la  France ,  Sc  d'être  aimé 

dans  l'Empire  y    tenant  beureufe* 

ment  ce  milieu ,  qu'un  Prince  fans 

pouvoir  n'a  prefque  jamais  pu  gar-- 

der  enrre.  deux  puillànces  •  il  a  pro* 

curé  à  fes  Peuples  l'abondance  qu'ils 

ne  connoidbient  plus.  Sa  Noblefle 

réduite  d  la  dernière  mifere  ,  a  éré 

mife  dans  l'opulence  par   fes  feuls 

bienfaits.  Voyoit-il  la  maifon  d'un 

Gentilhomme  en  ruine  ;  il  la  fai- 

foit  rebâtir  à  fes  dépens  :  il  payoit 

leurs  dettes;  il  mariotc  leurs  filles; 

il  prodiguoit  des  préfens  avec  cet 

art  de  donner  ,   qui  eft  encore  aù^ 

delTus  des  bienfaits;  il  mettoitdans 

fes  dons  la  magnificence  d'un  Prince 

&  la  politeSe  d'un  ami.  Les  arts«ii 


Itonneat  dans  fa  petite  Province,! 
produifoient  une  circiilarion  ^nou- 1 


LEP 


P9 


Telle ,  qui  fait  la  richeffe  des  États. 
Sa  Cour  écoic  formée  fur  le  mo- 
dèle de  celle  de  Ptance.  On  ne 
croyoii  prefque  pas  avoir  changé  de 
heu,  quand pn paffoit  de  Veriailles 
a  Luncville.  A  Tetemple  de  louis 
XIFW  faifoît  fleurir  U%  Belles- Let- 
tres. II  a  cherché  les  taUns  jufques 
dans  les  boutiques  ic  dans  les  fo- 
îèrs  y  pour  les  mettre  au  jour  &  les 
encourager.  Enfin ,  pendant  tout  fon 
lègne  y  il  ne  s*eft  occupé  que  du 
foin  de  procurer  à  fa  Nation  de  la 
traxiquiluté ,  des  richefTeSj  des  con- 
fioiiïances  ,  &  des  plaiiirs.  Je  quit- 
urou  demain  ma  Souveraineté ,  di- 
foir-il  ,  fi  je  ne  pouvois  faire  du 
'  tien,  Au(C  a  t-il  goûté  le  bonheur 
d'être  aimé  ^  &  il  eft  encore  aujour- 
d*hui  peu  de  Lorrains  inftruits  qui  ne 
▼erfent  des  larmes  en  prononçant  fon 
nom.  Ce  bon  Prince  fut  enlevé  à 
fon  Peuple  en  Ï719  ,  &  a  laifle  en 
mourant  ,  dit  ion  lUuÂre  Panégy- 
ride  ,  fon  exemple  à  fuivre  aux 
plus  grands  Rois«  m 

LÉOPOLDSTADT  j  ville  forte  de  j 
la   haute  Hongrie  ,  fur  le  W^aag  »' 
a  vingt-fept  lieues ,  nord  oaeft ,  de 
fiude  »  fous  le  trenre  (ixième  degré , 
cinq  minutes  de  longitude  1  &   le 

Îuarante-huitième  y  vingt  ttiinutes 
e  latitude.  Elle  a  été  bâtie  en  166^ 
par  TEmpereur  Léopold. 

LÉPANTE  i  ville  confidérable  de  la 
Turquie  d'Europe^  dans    la   Liva- 
di«  ,  fur  un  golfe  de  même  nom  ^ , 
a  quarante-cinq  lieues ,  nord  oueft  ,  1 
d*Athènes  ^    &  à  cenc  quarante  ,  f 
fttd- oueft  y  de  Conftantinople  y  fous  | 
le  J9®  degré  48  minutes  de  longi-  j 
f  ude  »  6cte  3  8* ,   34  minutes  de  la-  j, 
ricuder  ( 

L  attaque  de  cette  place  étbit  très-  ^ 


difficile  avant  Tufage  du  canon.  En 
1408  elle  étoit  foumife  à  l'Empe- 
reur de  Conftantinople  J  mais  l'Em- 
pereur Emmanuel  craigrtant  de  ne 
pouvoir  pas  la   conferver  ,  prit  le 
parti  de  la  céder  à  la  République 
de  Venife ,  qui  la  munit  de  ma- 
nière i  réfifter  à  une  puiffante  ar- 
mée. En  effet ,  les  Turcs  s'y  mor- 
fondirent en  1475  ,  &  furent  obli- 
gés au  bout  de  quatre  mois  d'atta- 
que d'en    lever    honteufement  le 
iiège.   Enfin  Dajazet  fut  plus  heu- 
reux ,  la  prit  fur  les  Vénitiens  en 
1^87*  &   le  château  de  Romélie 
fut  rafé  en  1699,  en  exécution  de 
1^  paix  de  Carlowitz^ 

Ce  fut  dans  le  golfe  de  Lépante^ 
que  Dom  Juan  d'Autriche  &  IcS' 
Vénitiens  lempottèrent  unefameufe 
viâoire  navale  fix  les  Turcs  j  le  5. 
Odobre  1571. 

LEPAS  'y  fubftantif  mafculin.   Sorte 
de  coquillage   unîvalve  j  qu'on  ap- 

[>elle  zuSipaulle ,  &  qui  rampe  fut 
es  rochers.  On  en  a  calculé  la  mar- 
che la  montre  à  la  main  ,  &  l'on 
a  trouvé  qu'il  avançoit  huit  pouces^ 
de  long  pendant  une  minute.  La 
bafe  qui  cft  a  l'ouverture  de  la  co- 
quille I  eft  occupée  par  un  gros 
mufcle  ,  qui  a  prefque  autant  de 
dluir  QW  tout  le  refte  du  corps  de 
l'animal  ;  ce  mufcle  n'eft  point  cou-' 
vert  par  la  coquille.  Le  lepas  s*tn 
fertpotir  marcher,  ou  pour  fe  fixer 
fortement  fur  la  face  d^une  pierre  ;. 
les  pécheurs  ont  bien  de  la  peine  i 
l'en  détacher ,  en  infinuant  la  lame 
d'un  couteau  entre  la  pierre  &  la 
coquille.  L'animal  s'en  détache  i  fa 
volonté  pour  aller  à  la  pâture;  mais 
il  meurt  s'il  ceflTe  d'ctre  entouré 
d'eau.  On  le  mange  cru  ou  cuit. 

La  coquille  de  cet.  animai    efl: 
d'une  feule  pièce ,  alfez  dure  -y  fa 


520  LEP 

couleur  ordinaire  eft  gridicre  :  on 
en  voie  cependanc  de  diverfes  au- 
tres couleurs  :  elle  eft  nacrée  en 
dedans  ,  convexe  ,  &  a  la  figure 
d'un  cône.  Cette  coquille  eft  ,  ou 
entière  &  (impie  ,  ou  percée  en- 
delFus,  ou  chambrée»  ou  écailleufe. 
On  prétend  que  le  lepas  »  dont  la 
coquille  eft  perforée  en  de(ruS|  jette 
par  cet  endroit  fes  excrémens. 
Parmi    ces   coquilles  conoïdes  , 
\  on  diihngue  encore  celle  dont  le 
fommet  eft  pointu  ,  ou  obtus ,  ou 
applati,  ou  recourbé  :  celle  enfin 
dont  la  robe  eft  cannelée  ou  ftriée  » 
épaitTe  ou  papyracée.  Celles  que  tes 
Conchyiologiftes  appellent  le  iej?as 
touclier  ,  le  concho-Upas ,  U  bonnet 
de  dragon  ou  chinois  ^  l'ail  de  bouc , 
la  nouelle ,  le  cabochon  ,  Vaftrolepas  , 
&c.  fuffifenc  pour  donner  une  idée 
des  caradtères  tes  plus  variés  de  ce 
genre  d'animaux. 

On  trouve  aufli  quelques  lepas 
lluviatilcs  ,    &    beaucoup   dé  fof- 
liles. 
LEPIDIUM  ;  Voye\  Passerage. 
LEPIDOTES  \   lubftantif   féminin. 
Quelques  Auteurs  anciens  ont  ainfi 
appelé  une  pierre  qui  relTembloit 
à  des  écailles  de  poilibn.  D'autres 
fe  font  fer  vis  de  ce  nom  pour  dé- 
figner  en  général  les  pierres  qui  font 
comme  compofées  d'écaillés  ^  tilles 
que    pluficurs   piecres    talqueufes. 
D'auttes  enfin  ont  entendu  par- là 
à^^  pierres  chargées  des  emprein- 
tes de  poiftbn,telles  que  celles  qu'on 
trouve  en  Allemagne  »  dans  le  pays 
de  H^^fTe  ^  à    Lidcben  ,  &c. 
LÈPRE  \  fubftanrif  féminin-  Lcpra. 
Sorte  de  maladie  qui  corrompe  la 
maflTe  du  fang  &  toute  l'habitude 
du  corps.  File  ne  fe  manifefte  bien 
que  lorfqu'elle  a  fait  les  plus  grands 
ravages  â  la  peau  »    &  aux  parties 
les  plus  prochaines  ^  &  on  pour- 


^  LEP 

roîc  alors  la  prendre  peur  un  can« 
cer  univerfel.  Mais  fes  progrès  font 
lents  ;&  elle  ne  fe  monrre  ,  dans  les 
premiers  temps  >  qu«  fous  la  forme 
de   dartres  »  de  la  gale  ic  autres 
maladies  cutanées  les  plus  commu-* 
nés»  Le  vifage^les  mains  &  les  pieds 
portent  communément  les  ptemiè* 
res  marques  de  cette  maladie.  La 
peau  eft  alors  écailleufe  ,  avec  des 
taches  de  différentes  couleurs  :  on 
y  voit  des  puftules  féches ,  humi- 
des &  ulcérées ,  des  croûres  fulphu- 
reufes  &  écailteufes  ;  mais  il  faut 
remarquer   que   la  peau  conferve 
dans  ce  premier  période  route  (k 
fenfibilite,  &  qu'on  y  reflcnr  même 
des  demangeaifons  très- vives.  Elle 
devient  en(uite  plus  rude  y  calleufe 
on^bueufe  ,  gonflée  &    crevadct , 
enfin  froide  &  i'nfenfibte  :  on  peut 
la  piquer  alors  ,  ou  la  brûler  im^ 
punément  \  Se    les  malaies  ne  fe 
plaignent  y  que    locfque  l'on   pro- 
longe raiguille  au  -  delà  des  téga* 
mens  ,  ce  •  qui  ne  s'accorde  point 
avec  ce  qu'en  ont  écrit  pre/que  cous 
les  Auteurs ,  qui  paroiflènt  en  cela 
s'être  copiés  ;^ar  ils  aflTurtnt  qu'on 
peut  pénétrer  fufques  dans  les  muf- 
cles  &  les  rendons,  fans  que  les 
malades  falfent  le  moindre  cri. 

Le  vifage  ,  dans  certe  maladie  » 
porte  une  couleur  livide  ou  vio* 
ierte  :  il  eft  fouvent  couperofé  , 
&  fe  couvre  de  tubercules  qui  le 
défigurent  ;  le  regard  devient  fa- 
rouche :  il  s'élève  des  rumeurs  fur 
te  front ,  tes  |oues  8c  te  menton  ; 
le  nez  groffit  :  les  lèvres  s'enflent 
&  fe  renverfent  ;  ta  langue  s'en-* 
gorge  :  il  naît  des  tumeurs  fur 
routes  les  parties  de  la  bouche  »  & 
la  voix  devient  rauque.  Il  fe  jette 
enfuire  des  fluxions  fur  tes  coudes 
&  tes  genoux  qui  perdent  quelque- 
fois leur  mouvement  :  tes  jambes 

s'enHenc 


tEP 

s^enAeftt  8c  deviennent  variqaeofes  : 
le$  mains  &  les  pieds  fe  crevaflènc. 
Il  fe  forme  des  cameurs ,  en  dif- 
férences parties ,  qui  dégénèrent  en 
ulcères  virulens  ,  putrides  &  pha- 
gédéniques  ,  qui  lont  quel<|uefois 
vermineux  ,  &  pénètrent  jufqu'aux 
os  qu  ils  carient.  L'haleine  des  lé 
preux  eft  puante  ;  6c  il  exhale  de 
tout  leur  corps  une  odeur  à  laquelle 
on  a  de  la  peine  à  réfifter.  Dans 
cet  état  déplorable  ,  prefque  tous 
font  tourmentés  par  un  priapifme 
entrenu  pat  une  imagination  échauf- 
fée \  delà  vient  que  quelques  Au- 
teurs ont  décrit  la  maladie  dont 
nous  parlons  ,  fous  le  nom  de  Ja- 
tyriafis.  La  chute  enfin  des  fourcils , 
des  poils  &  des  cheveux  j  celle  du 
nez ,  des  doigts  ic  des  orteils  ,  Se 
quelquefois  de  la  main  &  du  pied  » 
mettent  le  comble  à  leur  infortune  : 
les.  malades  ont  eux-mêmes  hor- 
reur  de  leur  état  ,  &  fuient  la  fo- 
ciété  des  autres  hommes ,  en  at- 
tendant ûue  la  fièvre  lente  &  la 
confomption  les  conduifent  à  une 
mort  deHrée.  « 

La  lèpre  a  été  regardée  dans  tous 
les  temps  comme  contagieufe.  Lotf- 
que  daft  fon  premier  période  » 
elle  n'a  encore  porté  fon  a^ion 
que  fur  la  peau  &  les  parties  les 
plus  prochaines,  on  peut  la  guérir^ 
mais  non  fans  difficulté. 

Les  fondans  &c  les  fudorifiques 
font  la  principale  bafe  du  traite- 
ment qu'on  applique  à  cette  mala* 
die  \  mais  on  ne  doit  les  employer 
qu'aptes  les  remèdes  généraux  ,  & 
un  long  ufagedes  humedlans  ,  des 
adouci  ilans^  des  rafraîchi  (Tans ,  des 
tempérans  &  des  dépurans.  Le  lait» 
le  petit-lait ,  les  farmenx ,  les  chi- 
corées ,  les  plantes  acides ,  la  pa- 
tience ,  la  fumeterre ,  &  les  heroes 
Anù-fcorbutiques  »  peuvent  remplir 
Têmc  XF 


-  tontes  ces  vues  :  on  y  joint  les  pou^ 
lets ,  le  veau  ,  la  tortue ,  les  écre- 
vifles  Se  les  grenouilles  :  les  laxa^ 
tifs  8c  les  bains  domeftiques  n  ont 
pas  été  négligés.  Après  cette  pré- 
paration ,  on  en  viencaux  fondans , 
tels  que  le  mercure  doux  ,  la  pana- 
cée , lâBthiops  minéral ^  Sêc. ou  aux 
fudorifiques  cirés  des  bois  >  de  Tan- 
cimoine  &  des  vipères.  L*ufage  in- 
térieur du  foufre  a  réufli  dans  bien 
des  cas  :  on  a  encore  beaucoup  Vanté 
la  décoébion  de  Técorce  d'orme  ^ 
mais  peut-être  ce  n'a  été  quefur  la  foi 
de  celui  qui ,  le  premier ,  l'a  pro-* 
pofée.  On  peut  adopter  avec  plus 
de  confiance  Tufage  interne,  &Ies 
bains  des  eaux  thermales;  plufieurs 
y  ont  eu  recours  »  &  il  paroît  que 
ce  n*a  pas  été  fans  fuccès.  On  pro* 
pofe  enfin  la  caftration  ,  comme  le 
moyen  le  plus  aiïtiré  d'extirper 
cette  maladie  ;  on  a  même  remar- 
qué constamment  ,  que  les  châtrés 
en  étoient  exempts.  On  a  employé 
extérieurement  des  friAions  faites 
à  la  vapeur  du  foufre  ;  &  L'on  a  fait 
ufage  de  tous  les  topiques  qui  con- 
viennent aux  dartres  &  à  la  gale. 
On  fe  conduit ,  pour  les  autres  re- 
mèdes externes  y  ielon  les  règles  or- 
dinaires. 

LÉPREUX  ,  EUSE  j  adjeftîf.  Z^- 
profus.  Qui  a  la  lèpre.  Vn  foldat 
lépreux*   Une  femme  lépreufe. 

Ils'emploieaufli  fubftantivement. 
Autrefois  on  fépatolt  les  lépreux  du 
rejie  du  peuple. 

La  première  fyllabe  eft  brève , 
la  féconde  longue  ,  8c  la  croifièm'e 
du  féminin  très-brève. 

LÉPROSERIE  î  fubftantif  féminin. 
Hôpital  pour  les  [cprçax. Louis  VIII 
légua  par  fon  tefiament  y  cent  fous 
à  chacun  des  deux  mille  léproferies 
de  fon  Royaume. 

Vvr 


s 


5it  lEQ 

L£PT£^  fiibftamtf  mafoolin.  Leptum. 
Petite  monnoie  des  anciens  Ro* 
maûns.  Elle  valoic  félon  les  uns  la 
huitième  partie  <l*ane  obole  \  &  (er 
Ion  d'autres ,  c'étoic  une  drachme 
de  cuivre  ou  d'argent. 

LEPTIS  ;  il  y  a  eu  en  Afrique  deux 
anciennes  villes  de  ce  nom  que  Ton 
diftinguoit  Tune  de  l'autre  par  les 
épithètes  de  grande  &  petite. 

La  grande  Leptis  étoit  une  colo- 
nie Romaine  fituée  dans  la  contrée 
appelée  Syrtique  :  elle  devint  dans 
la  fuite  épifcopale  >  &  fon  Êvèque 
eft  défigne  le  premier  entre  les  Êvê- 
ques  de  la  Province  TiipoUtaine. 

La  petite  Leptis  étoit  fituée  dans 
la  B]rzacèae  ^  &  pour  être  quali- 
fiée de  petite  »  elle  n'étoit  pas  moins 
une  belle  &  grande  ville  qui  devint 
'^  auffi  épifcopale. 

Lf  PTURE  ;  fobftantif  féminin.  Ltp^ 
tura^  Infeâe  coléoptère  dont  les  an- 
tennes vont  en  diminuant  de  la  bafe 
i  la  pointe  »  &  dont  l'ail  entoure 
la  bafe.  On  peut  regarder  les  lep- 
tures  conune  des  efpèces  de  ccram- 
hix  ou  capricornes  :  elles  habitent 
les  mêmes  lieux,  leurs  larves  &  leurs 
njmphes  font  les  mêmes  ^  &  elles 
n'en  diffèrent  que  par  leur  corfelet , 
qui  n'eft  point  armé  de  pointes  com- 
me celui  des  capricornes. 

LEQUEL  ,  LAQUELLE  ;  pronom 
relatif  compofe  de  t^utl^  ôc  de  l'ar- 
ticle le  j  la  y  qui  a  différentes  (igni- 
fications  félon  les  différentes  maniè- 
res dont  il  eft  employé. 

Il  fîgnifie  quelquefois  ;  quel  ejl 
eelui  5  6cc  r  &  en  ce  fens  on  ne 
s'en  fert  qu'en  interrogeant.  Le^ 
^uel  des  deux  frères  a^t^  elle  épow* 
fé  ?  Laquelle  de  ces  deux  étoffes 
Youfiê^ "tous  acheter? 

Il  fignifie  au£  cdai  qui  «  Scc^  on 
me  faiepas  aaconkfuiidesdcux^M 


LER 

et  fflfiri*  La  perfimnt  à  la^iutk  U 
parla. 

11  fîgnifie  auifi  qui  »  k  alors  il 
s'emploie  particulièrement  pour  évi- 
ter toute  équivoque  ou  deux  qui  de 
fuite.  //  perdit  U  portrait  de  fa  . 
femme  ,  lequel  lui  avoit  coûte  vingt 
picoles.  Ici  il  y  auroit  une  éqinvo- 
que»  fil'on fubftituoit  qui  i  lequtL 
Je  vis  la  perfonne  qui  avoit  hnO' 
giné^le  projet ,  laquelle  me  parut  dé* 
cidée  à  le  fuivre. 

On  dit  auifi ,  ifefi  une  piice  fans 
laquelle  il  perdroitfon  procès.  Vin-- 

firument  duquel  il  Joue •  ce 

qu'on  dit  auffi  en  employant  quoi 
éc  dont  i  la  place  de  laquelle  & 
duquel. 

LEQUIOS  ;  nom  de  plufieors  îles  de 
rOcéan  oriental.  H  y  en  a  fîx  prin- 
cipales &  plufieurs  petites  tribu- 
taires du  roi  de  Saxuma  ,  qui  en  fit 
la  conquête  vers  l'an  1610.  Elles 
coupent  obliquement  le  145*  degré 
de  longitude  vers  le  i6^  ou  17»  de 
latitude.  Elles  font  crès-fertiles ,  & 
les  babitans  font  fore  adonnés  au 
commerce. 

LERGUE;  petite  rivière  de  France 
en  Languedoc.  Elle  a  fa  four  ce  dans 
les  montagnes  qui  fépatent  le  dio- 
cèfe  de  LodèveduRouergue  «errofe 
Lodève ,  &  va  fe  perdre  dans  l'Hé- 
raut auprès  de  Canet* 

LERICE;  petite  viUe  maritime  d'Ita- 
lie I  fur  la  cote  orientale  do  golfe 
de  la  Spécia ,  dans  l'état  de  Gênes* 

L/tRlDA  ;  ville  épifcopale  6c  coofi- 
dérable  d'Efpagne ,  dans  la  Catalo- 
gne,  fur  la  rivière  de  Sègre  ^  à  dix- 
nuit  lieues  ,  nord-oueft  »  cle  Tar- 
ragone,  6c  à  quatre- vingt,  nord- 
oueft  «  de  Madrid,  il  y  a  une  Uni* 
verfité.  Elle  fut  célèbre  dans  l'an* 
îiquité  par  fon  conunerce  6c  par 
la  viâoire  qœ  Céfar  y  reiDpMta  (ar 
les  iiraMMBs.diajuand  FoAp^ 


LER 

LERIN  ;  petite  ville  d'Efptgtie  dans 
k  haute  Navarre  fur  la  rivière  d'É- 
ga  ,  entre  Eftella  6c  Calahorra. 

LEKINS  ;  (  les  itesde  )  ce  font  deux 

i mérites  îles  de  la  Méditerranée ,  fur 
a  côte  de  Provence,  à  deux  lieues 
d'AntiSes.  Celle  qui  eft  le  plus  près 
de  la  terre  s  appelé  Vile  de  Sainte 
Marguerite  :  elle  a  une  efpèce  de 
fortereflè  »  avec  ua  Gouverneur  Se 
une  garaifon  d'invalides  :  l'autre  fe 
nomme  rUe  de  Saint  Hi^norac^  par- 
ce que  ce  Saine  la  choifit  pour  fa 
retraite  en  410 ,  8c  y  fonda  le  Mo- 
naftère  de  Lerins  qui  fuit  la  règle 
de  Saint  Benoît. 

LERMÉ  }  bourg  de  France  en  Tou- 
raine  >  environ  à  une  lieue  Se  de- 
mie 9  fud-oueft^  de  Chinon. 

LERME  'y  ville  d'Efpagne  dans  la 
vieille  Caftille,  fur  la  rivière  d'Ar- 
lanza ,  ai  fix  lieues  de  Burgos  &  â 
douze  de  Valladolid. 

LERNE  'y  nom  d'un  ancien  marais  du 
Peloponèfe  ,  au  royaume  d'Argos. 
Il  eft  célèbre  dans  les  écrits  des  poètes 
par  fon  hydre  à  fept  tètes  dont  Her- 
cule triompha-   f^oyei  Hercule. 

Il  y  avoir  dans  la  même  contrée 
une  viUe  qu  on  appeloit  auffi  Lerne, 
8c  dont  il  né  refte  rien. 

LERNÉES  y  fubftantif  féminin  pluriel 
&  terme  de  Mythologie.  Fêtes 
eue  les  Argiens  célébrèrent  auti:e- 
rois  à  Leri^e  en  l'honneur  de  Bac- 
chus ,  de  Proferpine  &  de  Cérès. 

LEROS  ,  &  félon  nos  modernes  Le- 
&o^  île  d'Â(ie  dans  l'Archipel^  8c 
Tune  des  Sporades.C*eft  -là où  na- 
<mit  Patrocle  Tami  d'Achile. 

LEROT  'y  fubftantif  mafculin.  Ani- 
mal  quadrupède ,  plus  petit  que  le 
loir  y  il  en  diffère  principalement  en 
ce  qu'il  n*a  de  longs  poils  qu*au  bout 
de  la  queue.  Ses  yeux  font  entourés 
d*uae  bande  noire  qui  s'étend  en 
avant  juiqu'à  la  mouftaohe  «  &  en 


LER  5x5 

arrière  >ufqu  au-dell  de  rx>reille,  en 
paflànt  par-deffus  l'œil.  La  fur  face 
lupérieure  du  corps  eft  de  couleur 
fauve  j  mêlée  de  cendré  brun ,  &  de 
brun  noirâtre  }  la  face  inférieure 
a  une  couleur  blanche  j  avec  des 
teintes  jaunâtres  &  cendrées.  Le 
lérot  eft  plus  commun  que  le  loir. 
Il  fe  trouve  quelquefois  dans  les 
mai(blis ,  &  il  y  a  peu  de  jardins  qui 
n*en  foient  infeftés^Us  fe  nichent 
dans  les  trous  de  murailles  ,  ils 
courent  fur  les  arbres  en  efpalier , 
choi6(rent  les  meilleurs  fruits  Se 
les  entament  tous  dans  le  temps 
qu'ils  commencent  à  mikcirj  ils  fem- 
blent  aimer  les  pèches  de  préfé- 
rence ,  &  fi  Ton  veut  en  conferver  » 
il  faut  avoir  {grand  foin  de  détruire 
les  lérots  'y  ib  grimpent  auifi  fur  les 
poiriers ,  les  abricotiers  y  les  pru- 
niers i  &  fi  les  fruits  doux  leur  man«- 
quent»  ils  mangent  des  amandes jdef 
noifettes  »  des  noix  &  même  des 
graines  légumineufes  j  ils  en  tranf- 

f sortent  en  grande  quantité  dans 
eurs  retraites  qu'ils  pratiquent  en 
terre  ,  furtout  dans  les  jardins  foi- 
gnés  y  car  dans  les  anciens  vergers 
on  les  trouve  fouvent  dans  de 
vieux  arbres  creux  ;  il  fe  font  un 
lit  d'herbes  »  de  moufle  &  de  feuil- 
les. Le  froid  les  engourdit ,  &  la 
chaleur  les  ranime  ;  on  en  trouve 
quelquefois  huit  ou  dix  dans  le  mè« 
me  lieu ,  tous  engourdis  ,  tous  ref^ 
ferrés  en  boule  au  milieu  de  leurs 
providons  de  noix  &  de  noifettes. 

Ils  s'accouplent  au  printemps  » 
produifent  en  été  y  Se  font  cinq  ou 
fix  petits  qui  croiffent  prompte- 
ment ,  mais  qui  cependant  ne  pro- 
duifent eux-mcmes  que  dans  l'an- 
née fttivante.  Leur  chair  n'eft  pas 
mangeable  comme  celle  du  loir  ; 
ils  ont  même  la  màuvaife  odeur 
du  rat  domeftique  ,  au  lieu  quf  le 

V  V  V  y 


524  LES 

loir  ne  fent  sien  j  ils  ne  devien- 
nent pas  auffi  gras ,  &  manquent 
des  feuillets  graifleux  qui  le  trou- 
vent dans  le  loir&  qui  enveloppent 
la  maffe  entière  des  inteftins.  On 
trouve  des  lérots  dans  totis  les  cli- 
mats tempères  de  l'Europe  ,  &  mê- 
me en  Pologne  &  en  Prufle  ,  mais 
il  ne  paroît  pas  qu'il  y  en  air  en 
Suède  ni  dans  les  pays  feptentrio- 
naux. 

LERS  ;  il  y  a  en  Languedoc  deux  ri- 
vières de  ce  nom  j  le  grand  Lers  & 
le  petits  Lers  :1e  grand  Lers  C3tile 
dans  le  diocèfe  de  Mirepoix  6c  fe 
jette  dans  TArriége  au-deflTus  de 
Cintegabelle,  Le  petit  Lers  a  fa  four- 

•  ce  dans  le  Lauraguais  &  Ton  embou- 
chure dans  la  Garonne  i  une  lieue 
&  demie  au-defTous  de  Touloufe 
après  un  cours  d'environ  feize 
lieues. 

LiRs ,  eft  aufli  le  nom  d'un  bourg  du 
Rouereue  »  fur  le  Lot,  près  des  tron- 
•  cières  du  Gcvaudan ,  environ  â  huit 
lieues  >  e(l-nord-eft ,  de  Rhodes. 

•LERY  j  bourg  de  France  en  Norman*^ 
die»  fur  la  rivière  d'Eure ,  à  une 
lieue»  eft-fad-eft,  du  Pont-de- 
l'Arche. 

Les  y  pluriel  des  articles  &  des  pro- 
noms le  &  la.  Voyez  ces  mots. 

LESBOS  ;  ancien. nom  d'une  île  (!• 
tuée  fur  la  côte  de  l'Afie  mineure , 
&  particulièrement  de  l'Arabie.  Elle 
cenoit  dans  l'antiquité  le  feptième 
rang  entre  les  plus  grandes  îles  de 
la  Méditerranée  ,  &  elle  fut  renom- 
mée par  la  fertilité  de  fon  terroir, 
par  les  bons  vins  ,par  fés  marbres  , 
&c.  Son  nom  moderne  eft  Me- 
telin.    Foyer    ce  mot. 

LESCAR  j  ville  épi fcopale  de  France 
en  Béarn  »  â  une  lieue ,  nord-oueft , 
de  Pau  9  fous  le  17^  degré ,  1 1  mi- 
nutes ,  1 5  fécondes  dejongimde,  & 
le  4)^,  11  minutes»  ï6  fécondes 


LES 

de  latitude.  On  y  compte  dtttx 
mille  a^es.  Le  revenu  de  l'Evêque 
eft  d'environ  quinze  mille  livres. 
Ce  Prélat  eft  Préfident  né  des  Etats 
de  Béatn  »  &  premier  Confeiller 
du  Parlement  de  Pau. 

LESCHÈNORE  ;  adjeftif  mafculîn  , 
&  terme  de  Mythologie.  Ceft  un 
des  furnoms  que  Us  Grecs  donnè- 
rent i  Apollon»  comme  au  Dieu 
Proteâdur  des  fciences  Se  'des  lieux 
où  Ton  s'aiTembloit  pour  en  dif- 
courir. 

LESCHERNUVIS  i  fubftântif  maf- 
cuiin»  &  terme  de  relation.  Ceft 
en  Perfe  »  le  Tribunal  où  1  on  re- 
çoit &  où  l'on  examine  les  requc* 
tes  6c  placets  de  ceux  qui  deman- 
dent quelque  chofe  au  Roi. 

LESCURE  'y  petite  ville  de  France  en 
Languedoc,  i  une  lieue»  nord-nord- 
eft ,  d'Alby. 

LESDIGUIÈRES  j  bourg  de  France 
en  Dauphiné,  près  du  Drac.  en- 
viron à  douze  lieues»  fud-fud-eft, 
de  Grenoble* 

LESDIGUIÈRES  j  (  François  de  Bon- 
ne ,  Duc  de  )  né  à  Saint  Bonnet 
dans  le   haut  Dauphiné  en  1543» 

\  d'une  famille  ancienne»  porta  les 
armes  de  fort  bonne  heure»  &  avec 
beaucoup  de  valeur.  Ses  grandes 
qualités  pour  la  guerre  le  firent 
choifir  par  les  Calviniftes  »  après  la 
mort  de  Montbrun  »  pour  être  leur 
chef.  11  fit  triompher  leur  parti  dans 
le  Dauphiné  &  conquit  plufieurs 
places.  Il  remporta  en  158^  une 
viâ:oire  complette  fur  Devins  »  Gen- 
tilhomme  Catholique  '  de  Pro- 
.vence  »  &  écrivit  du  champ  de  ba- 
taille à  fa  femme  ce  billet  digne 
d'un  Spartiate  :  Ma  mie  »  j* arrivai 
hier  ici  ;  j'en  pars  aujourd'hui.  Les 
Provençaux  font  défaits ,  adieu.  Hen- 
ri IV  qui  faifoit  un  très-grand  cas 
de  lui ,  -lorfqu^il  n'étoic  encore  que 


LES 

Roi  de  Navarre  «  lai  donna  toute 
fa  confiance ,  lorfqu'il  fut  monté 
fur  le  trône  de  France  ;  il  le  fit 
Lieutenant- Général  de  fes  Armées 
de  Piémont  ,  de  Savoye  &  de 
Dauphiné.  11  remporta  de  grands 
avantages  fur  le  Duc  de  Savoye  » 
qu'il  défit  aux  combats  d'Efparron  ^ 
en  1591,  de  Vigorre  en  1591, 
&  de  Grefilane  en  1597.  Le  Duc 
conftruifit  un  fort  confidérable  à 
Barreaux,  fur  les  terres  de  France , 
à,  la  vue  de  l'armée  françoife.  Lef- 
diguières  fut  prefque  unanimement 
blâmé  dans  fon  camp ,  de  fouffrir 
une  telle  audace.  La  Cour,  qui 
adopta  cette  façon  de  penfer»  lui 
en  fit  un  crime.  F'otrc  Majeju, 
répondit  froidement  au  Roi  ce 
grand  Générai ,  a  befoin  ttune  bonne 
foncrejfe  ,  pour  tenir  en  bride  celle 
de  Montmilian ,  puifque  le  Duc  de 
Savoye  en  veut  faire  la  depenfe^  il 
faut  le  lai ffir  faire  ;  dès  que  la  place 
fera  Juffifamment  pourvue  de  canons 
&  de  munitions ,  je  me  charge  de  la 
prendre.  Henri  fentit  toute  la  juf- 
teflPe  de  (ts  vues*.  Lefdiguïères^  tint 
fe;s  prome (Tes ,  &  conquit  la  Savoye 
entière.  Ses  fervices  lui  méritèrent 
le  bâton  de  Maréchal  de  France  en 
i5o8.  Sa  terre  de  Lefdiguières  fut 
érigée  en  Duché- Pairie.  Quelque 
tenips  après  la  mort  de  Henri-  IV , 
il  (ervit  utilement  Louis  XIII  j  il 
aflicgea,  en  1^21,  Saint-Jean  d'An- 
ge li  &  Monta uban.  Ce  grand  Gé- 
néral s'y  expofa  en  foldat  :  ft%  amis 
le  blâmant  de  cette  témérité  j  il  y 
a  foixante  ans  y  leur  dit-il,  que  les 
Moufquetades  &  moi  nous  nous  con- 
noijfons.  L'année  d'après  ,  il  abjura 
le  Calvinifme  à  Grenoble  &  reçut 
â  la  fin  de  la  cérémonie ,  les  let- 
tres de  Connétable  >  pour  avoir  tou- 
jours  été  vainqueur  &  n* avoir  jamais 
etéyaincu,En  \6i^  il  prit  quelques 


Les  525 

places  fur  les  Génois ,  fe  fignala  i 
la  bataille  de  Bretagne,  &  fit  le- 
ver le  fiége  de  Verue.  Les  Hugue- 
nots du  Vivarais  avoient  profité  de 

.  fon  abfence  pour  prendre  les  armes , 
Lefdiguières  parut ,  &  ils  tremblè- 
rent. Ayant  mis  le  fiége  devant  Va- 
lence, il  fut  attaqué  d'une  maladie 
dont  il  mourut  en  162^,  à  quatre- 
vingt-quatre  ans.  Ce  héros  n'étoit 
Eas  moins  recommandable  par  fon 
umanitéj  que  par  fa  valeur.  Guil- 
laume Avanjon ,  Archevêque  d'Am- 
brun  ,  féroce  par  une  religion  mal 
entendue ,  corrompit  le  domeftique 
de  confiance  de  Lefdiguièfes  ^  alors 
chef  du  parti  calvinifte ,  &  le  dé- 
termina à  alfadiner  fon  maître.  Pla- 

.  tel ,  c'étoit  le  nom  de  ce  domefti- 
que  ,  en  trouva plufieurs  fois  loc- 
cafion  ,  fans  ofer  la  faifir.  Lefdiguiè^ 
rts  averti  du  complot,  vit  fon  do- 
meftique  &  lui  ordonna  de  s'armer  ; 
il  s'arma  à  fon  tour  :  puifque  tu  as 
promis  de  me  tuer ,  dit- il  à  ce  mal- 
heureux ,  tjfaie  maintenant  de  le 
faire  ,  ne  perds  pas  par  une  lâcheté 
la  réputation  de  valeur  que  tu  as  ac-^ 
quife.  Platel  confondu  dç  tant  de 
magnanimité ,  fe  jette  aux  pieds 
de  fon  maître ,  qui  lui  pardonne 
&  continue  de  s'en  feivir.  On  le 
blâma  de  cette  conduite,  te  il  fe 
contenta  de  répondre  ,  puifque  ce 
valet  a  été  retenu  par  l  horreur  du 
crime  ,  il  le  fera  encore  plus  par  la 
grandeur  du  bienfait.  Sa  réputation 
étoit  fi  grande  en  Europe  ,  que  la 
Reine  Elifabeth  difoit ,  que  s'il  y 
avoit  deux  Lefdiguières  en  France  , 
elle  en  demanderoit  un  à  Henri  IF'. 

LÈSE ;adje£bif  féminin,  qui  ne  s'em- 
ploie qu'avec  le  mot  Majefléy  com- 
me en  ces  phrafes,  crime  de  lèfe^ 
majejlé  ^  criminel  de  lèfe-majefté. 

On  appelle  crime  de  lèft-majejié 
divine  y  une  ofFenfe  commife  ditf  r-. 


jief  LES 

cemenc  contre  Dieu ,  comme  Ta- 

Eoftafie ,  i*hércfie  >  ie  facrilége ,  le 
lafphême ,  &c.  Ce  crime  eft  puni 
plus  ou  moins  grièvement,  &  même 
quelquefois  de  mort ,  ce  qui  dé- 
pend des  circonftances. 

Quelques  auteurs  prétendent  que 
tous  les  Juges,  même  ceux  des 
Seigneurs,  peuvent  connoître  du 
crime  de  lèle-majefté  divine  j  d'au- 
tres foutiennent  qu'il  doit  être  re 
gardé  comme  un  cas  royal ,  parce- 

2ue  Tordre  public  exige  que  le  culte 
ivin  ne  foit  point  troublé ,  8c  que 
les  feuls  Juges  royaux  font  compé  - 
tens  pour  en  connoirre. 

On  appelle  crime  de  Ufe-nugêfié 
humaine  ,  un  attentat  commis  con- 
tre le  Souverain  ou  contre  l'Etat. 

On  diftingue,  par  rapport  au 
crime  de  Ufi^majcfit  humaine ,  plu- 
iiears  chefs  ou  degrés  différens  qui 
rendent  le  crime  plus  oa  moins 
grave. 

Le  premier  chef  j  qui  eft  le  plus 
grave  ,  eft  la  confpiration  ou  con- 
jaration  formée  contre  l'État,  ou 
contre  la  perfonne  du  Souverain , 
pour  le  faire  mourir ,  foit  par  le 
fer ,  ou  par  le  feu ,  par  le  poifon 
ou  autrement. 

Le  deuxième  chef  eft  lorfque 
quelqu'un  a  compofé  &  femé  a^s 
libelles  ou  placards  diffamaroires 
contre  l'honneur  du  Roi ,  ou  pour 
exciter  le  peuple  i  fédition  ou  ré- 
bellion. 

La  fabrication  de  fauflemoonoîe, 
le  duel ,  l'infraâion  des  faufs  con- 
duits donnés  par  le  Prince  à  l'enne- 
mi ,  à  fes  ambafladeurs  ou  otages , 
font  aufli  réputés  des  crimes  de  lèfe- 
majejlé. 

Quelques  auteurs  diftinguenr  trois 
ou  quatre  chefs  du  crime  de  Ufe- 
majejlé  f  d'mtves  ju(qu'i  huit  chefs , 
qui  font  autant  de  cas  difEérens  où 


LES 

la  majefté  du  Prince  eft  offenSe  ; 
mais  en  fait  de  crime  de  ii/emajtfié 
proprement  dit ,  on  ne  diftingae  que 
deux  chefs ,  ainfi  qu  on  vient  de  Tex- 
pliquer. 

Toutes  fortes  de  perfonnes  font 
reçues  pour  accufateurs  en  fait  de  ce 
crime  ,  Se  il  peut  être  dénoncé  8c 
pottrfuivi  par  toutes  fartes  de  per^ 
fonnes ,  quand  même  elles  feroient 
notées  d'infamie  :  le  fils  même  peut 
accufer  fon  père ,  &  le  père  acaifer 
fon  fils. 

On  admet  aaffi  poar  lapreavede 
ce  crime  >  le  témoignage  de  toutes 
fortes  de  perfonnes ,  même  de  ceux 
qui  feroient  ennemis  déclarés  de 
l'accufé  \  mais  dans  ce  cas  on  n'a 
égard  i  leurs  dépofitions ,  qu'autant 
que  la  raifon  &:  la  juftice  le  per- 
mettent 'y  la  confeflion  ou  déclara- 
tion d'un  accufé  eft  fuffifante  dans 
cette  matière  pour  emporter  la  con- 
Samnatien. 

Tous  ceux  qui  ont  trempé  dans 
le  crime  de  lèfe-majefté  font  punis; 
&  même  ceux  qui  en  ayant  connoif- 
iànce  ne  l'ont  pas  révélé ,  font  éga- 
lement coupables  du  crime  de  /ç/e- 
majefté* 

Celui  qui  ofe  attenter  fur  la  per- 
fonne du  Roi ,  eft  rrairé  de  parri- 
cide ,  parceque  les  Rois  font  confi- 
dérés  comme  les  pères  communs  de 
leurs  peuples. 

Le  ieul  deffêin  d'attenter  quelque 
cbofe  contre  l'Erat,  ou  contte  le 
Prince ,  eft  puni  de  mort  lorfqu'il 
y  en  a  preuve. 

On  tient  communément  que  la 
connoiflànce  du  crime  de  l^e-ma^ 
jefte  au  premier  chef  appartient  au 
Parlement  \  les  autres  chefs  font 
feulement  réputés  cas  royaux. 

Le  crime  de  lèfe-mafefté  au  pre- 
mier chef,  eft  puni  de  k  mort  la 
plus  rigooreuft  ^  qui  eft  d'être  lire 


i 


LES 

te  dQOiisinbrc  i  qoacre  chevaux. 

Voyt\  les  arrêts  rendus  contre 
Jean  Chaftel ,  Ravaillac  &  Damien. 
Le  crime  de  lèfe-majefté  humaitae 
ne  s'éteint  pas  comme  les  autres  par 
la  mort  des  coupables  \  ils  peuvent 
èrreaccufés  &  condamnés  après  leur 
mort,  &  la  punition  exécutée  fur 
le  cadavre  &  contre  leur  mémoire , 
par  la  fuppreffion  &  anéantifTement 
de  leur  nom  &  de  leurs  armes,  con- 
fifcation  de  leurs  biens  j  démoli- 
tion de  leurs  maifons  &  châteaux , 
&  coupe  de  leurs  bois  de  haute- 
futaye  »  jufqu'à  une  ceruine  hau- 
teur. 

La  confifcation  pour  crime  de 
lèfe-majefté  au  premier  chef  appar- 
tient au  Roi  feul ,  privativemenc  a 
tous  Seigneurs  hauts-jufticiers  ;  le 
Roi  prend  ces  biens  comme  pre- 
mier créancier ,  i  Texclufion  de 
tous  autres  créanciers  \  il  les  prend 
même  fans  erre  tenu  d'aucune 
charge  ou  hypothèque  >  ni  même 
des  lubftitutions. 

LÉSÉ ,  ÉE  j  participe  paffif.  Foyei 
Léser. 

LÉSER  \  verbe  aâif  de  la  première 
conjugaifon  »  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter.  Létdere.  Ofren- 
fer  y  faire  tort ,  porter  préjudice.  Le 
mineur  a  été  léji  dans  cette  affaire. 
On  ne  voulait  pas  le  léfer. 

La  première  fyllabe  eft  brève , 
&  la  féconde  longue  ou  brève,  ^oyq 

VSRBB. 

Le  pénultième  e  des  temps  qui 
fis  terminen  par  un  e  muctt,  prend 
le  fon  de  Ve  ouvert  &  allonge  la 
YyUabe. 
LÉSER;  petite  rivière  d*AUemaenej 
dans  rEleâorat  d«  Trêves:  elle  a 
h  fouEce  fur  les  frontières  de  TEif- 
fel  êc  fon  embouchure  dans  la  Mo- 
felle  ^i  deux  petites  lie^esatt-delTu» 
jde  Tatbaciu 


LES 


î^7 


LÉSINA  ;  c'éioit  une  ville  épifcopale 
d'Italie ,  .au  royaume  de  Naples  , 
dans  la  Capitanate  y  mais  elle  fut 
détruite  en  1617  par  un  tremble- 
ment de  terre  »  &  ce  n'eft  plus  au- 
jourd'hui qu'un  village. 

LÉSINE }  fubftantif  féminin.  Épar- 
gne fordide  &  rafinéejufquesdans 
les  plus  petites  chofes.  //  fait  re- 
marquer fa  lefine  dans  toutes  Us  oc- 
cajlons. 

LÉSINER  \  verbe  neutre  de  la  première 
conjugaifon  ,  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter.  Ufer  de  léfine. 
Elle  léjinc  fur  les  moindres  ehofes. 
Les  deux  premières  fyllabes  font 
brèves  j  &  la  troisième  longue  ou 
brève.  Voyei^^  Verbe. 

On  prononce  &  l'on  devroit  écrire 
lésiner.  Voyez  Ortographe. 

LÉSION  \  fubftantif  féminin,  hafio. 
Dommage ,  tort ,  préjudice  qu'on 
fouffre  en  quelque  tramaâion ,  en 
quelque  marché ,  en  quelque  con- 
trat. 

Un  mineur  léfé  par  trop  de  fa« 
cilité ,  ou  par  le  dol  de  celui  avec 
lequel  il  a  contraâé ,  peut  être  relli- 
tué  i  çaufe  de  la  lefion  y  quelque 
légère  qu'elle  foir;  la  léfion  d*affec» 
rioii fuffit  mcme  feule  lorfqu'ils'a- 
git  de  la  vente  d'un  immeuble  ap- 
pattenant  à  un  mineur  ;  c*eft-à-dire 
qu'il  fuffit  que  cet  immeuble  ait  été 
.  vendu  fans  formalités  &  fans  né- 
ceflicé ,  pour  que  le  mineur  puifle 
demander  la  nullité  de  la  vente  « 
quand  même  elle  n'auroit  pas  été 
taire  â  vil  prix. 

Il  n'en  eft  pas  de  même  i  Tégard 
è^s  majeurs  ,  la  léfion  feule  ne  fuf- 
fit pas  pour  les  autorifer  â  revenir 
contre  toutes  fortes  d^engagenrens , 
ainfi  elle  ne  fait  pas  un  moyen  fuf- 
fîfant  pour  revenir  contre  les  baux 
à  loyer  ou  à  ferme  att«de(Tbi»s  de 
dix  aaSy  ai  contre  les  vei    >  de 


5i8  LES^ 

meubles ,  les  venter  d*ofEces  &  de 
droits  ruccéfliFs ,  les  échanges  d'hé- 
ritage contre  un  héritage ,  contre 
les  tranfaârions.j  ce  qui  a  lieu  quand 
même  la  léfîon  feroit  d*outre  moitié 
du  Jufte  prix  y  ce  que  Ton  appelle 
une  Uyîon  énorme. 

Cependant  lorfque  la  léfion  eft 
très-énorme  »  &  ce  qu'on  appelle 
do/o  proxima  ^  on  accorde  quelque- 
fois dans  ce  cas  la  reftitution ,  ce 
qui  dépend  des  circonftances. 

On  appelle  lefion  du  tout  au  tout^ 
celle  par  laquelle  une  des  parties 
contraâantes  perd  tout  ce  qu'elle 
devoit  retirer  de  fon  bien  ou  de 
fes  droits. 

La  lélion  d'outre  moitié  du  juile 
prix,  eft  un  moyen  de  reftitution 
contre  la  vente  d'un  immeuble, 
entre  majeurs,  mais  le  vendeur  eft 
le  feul  qui  puilTe  faire  valoir  ce 
moyen  :  l'acheteur  n'eft  jamais  écouté 
k  fe  plaindre  de  la  léfion  ,  à  moins 
que  I  on  n'ait  ufé  de  dol  pour  le  fur- 
prendre. 

Le  jufte  prix  fur  lequel  la  léfîon 
doit  être  reconnue,  eft  la  valeur  de 
l'immeuble  au  temps  de  la  vente,  & 
non  pas  au  remps  de  VzQtioti  en 
reftitution. 

Lorfque  l'acquéreur  affigné  en 
entérinement  de  lettres  de  ref- 
cifion  pour  léfion  d'outre  moitié , 
offre  de  payer  la  jufte  valeur ,  il 
peut  conierver  l'héritage  par  ce 
moyen  ,  pourvu  qu'il  n'y^  air  point 
d'autre  vice  dans  la  vente ,  que  la 
vileté  du  prix.  Si,  par  exemple,  il 
y  avoit  du  dol  dans  la  vente ,  l'ac- 
quéreur ne  feroit  pas  admis  à  offrir 
le  furplus  de  la  valeur  pour  garder 
rhéricage. 

S'il  n'y  a  point  d'autres  vice  dans 
la  vente  que  la  léfîon  de  plus  de 
moitié  du  jufte  prix  ,  l'acquéreur 
ne  doit  rendre  les  fruits  que  depuis 


LES 

la  demande  formée  par  le  vendeur 

Four  rentrer  dans  l'héritage ,  oa 
intérêt  du  fupplément  du  prix ,  de- 
puis le  même  tecnps  >  s'il  garde  l'hé- 
ritage. 

Mais  s'il  y  avoit  d'autres  vices, 
comme  de  Tufure ,  du  dol  >  &c,  il 
faudroit  que  l'acquéreur  rendît  les 
fruits  j  â  compter  du  jour  de  fa 
JQuiilance  ,  en  déduifant  néanmoins 
l'intérêt,  du  prix  précédemment 
payé.  . 

Cette  aâion  que  les  loix  donnent 
au  majeur ,  pour  fe  faire  reftituer 
contre  des  contrats  de  vente  d'im- 
meubles, dans  lefquels  il  eft  léfé 
d'outre  mo^é  ,  n'a  pas  lieu  dans 
Içs  ventes  de  meubles  &  effets  mo- 
biliers ,  &  elle  doit  d'ailleurs  être 
dirigée  dans  les  dix  années  qui  cou- 
rent ~da  jour  de  la  vente. 

.  Celte  léfion  A* outre  moitié  ne  peut 
êtr^  oppofée  contre  les  ventes  aim- 
meubles  qui  fe  font  par  décret  forcé; 
le  pûxde  l'adjudication  eft  toujours 
cenfé  être  la  véritable  valeur  de  l'hé- 
riêagdi. 

Dans  les  partages  entre  co -héri- 
tiers majeurs,  la  léfion  du  tiers  au 
qtiart  fuffit  pour  donner  lieu  â  la 
reftitution  :  on  entend  par  léfion  du 
tiers  au  quart ,  ou  il  fapt  que  celui 

aui  fe  prétend  léfé  (bit  en  perte 
'une  portion  qui  foit  entre  le  qtiart 
&  le  tiers  de  ce  qui  devoit  loi  re- 
venir, il  n'eft  pas  néceflaire  c^ull 
s'en  faille  d'un  tiers  entier ,  mais  il 
faut  que  la  léfion  foit  de  plus  d'un 
quart  :  par  exemple ,  s*il  devoir  re« 
venir  à  l'héririer  i  looa  livres  pour 
fa  parr ,  &  qu'il  n'ait  eu  que  ^5  00  li« 
vres ,  la  léuon  n*eft  pas  d\in  tiers , 
lequel  feroit  4000  livres  »  mais 
elle  eft  de  plus  d'un  quart ,  patfque 
le  quart  ne  feroit  que  }Ooo  livres 
&  qu'elle  fe  trouve  de  5  joaliviesi 

aiafi 


LES 

ain(î  dans  ce  cas  elle  eft  "du  tiers  au 
quart. 

LESMÉE  'y  bourg  de  France  dans  le 
Maine ,  environ  à  huit  lieues ,  nord- 
nord-eft ,   du  Mans. 

LESNEVEN  j  ville  de  France  en  Bre- 
tagne ,  fut  la  route  de  BreÛ:  à  Saine 
Pol  de  Léon.  C*eft  le  Hége  d*une 
Sénéchau(rée. 

LESNOUILLIERS  ;  bourg  de  France 
en  Sainronge ,  à  une  lieue  Se  demie, 
oueft  -  fud  «  oueft  »  de  Saint  Jean 
d'Angely. 

LESNOW  ;  petite  ville  de  Pologne 
dans  la  Volhinie  ,  près  de  laquelle 
le  Roi  Jean  Cafimir  défit  entière- 
ment l'armée  des  Cofaques  &  des 
Tarraresen  1^51. 

LESPAU  ;  bourg  de  France  aadiocèfe 
de  Limoges  dans  TEle&ion  de  Com- 
brailles. 

LESQUEMIN  ;  île  &  port  d'Améri- 
que dans  le  Gmada ,  fur  le  fleuve 
Saine  Laurent. 

LESS AC  ;  bourg  de  France  en  Poitou , 
fur  la  Vienne ,  à  une  lieue  »  iiord- 
nord-oueA ,  de  Confolans. 

LESS  A  Y  ;  bourg  de  France  en  Nor- 
matidie ,  4  quatre  lieues ,  nord-nord- 
oueft  ,  de  Coutances.  Il  y  a  une 
Abbaye  de  rOrdre  de  Saint  Benoît , 
laquelle  eft  en  commende ,  &  vaut 
au  titulaire  plus  de  1 5  mille  livres 
de  renre^ 

XJESSINES  ;  petite  ville  des  Pays-Bas 
dans  le  Hainauit ,  â  cinq  lieues , 
fud-oueft,  de  Bruxelles. 

LESSIVE  j  (ubftaotif  féminin.  Lexi- 
vium.  Eau  chaude  que  Ton  verfe  fur 
du  linge  à  blanchir  qui  eft  enta  (Té 
dans  un  cuvier ,  &  fur  lequel  on  a 
mis  un  lit  <le  cendres  de  bois  neuf 
ou  de  fonde.  Le  cuvier  à  lefTive  eft 
percé  d'un  trou  par  lequel  l'eau  s'é- 
coule. On  la  recueille  »  on  laremet 
au  feu  &  on  la  reverfe  fur  le  linge  j 
ce  qui  s'appelle  couUr  la  lejfiyc. 
Tome  Xr. 


LES  ^t^ 

Cette  opération  fait  diflbudre  le  fel 
du  bois  contenu  dans  les  cendres  & 
en  imprègne  le  linge  fale.  Ce  fel 
s'unit  â  la  faleté  du  linge  qui  eft  une 
grailTe ,  &  forme  avec  elle  une  ef- 

f|èce  de  favon.   Ce  premier  favon 
brmé  dans  le  cuvier  ,  s'unit  facile* 
ment  avec  celui  dont  on  frotte  le  . 
linge  au  fortir  du  cuvier  ;  ils  fe  dif* 
folvent  enfemble  9  &  en  fe  diffoU 
vant  y  Teâu  les  emporte  avec  la 
cralfe.  Toutes  les  cendres  ne /ont  pas 
honnes  pour  la  UJpye.  Laver  la  lej^ 
Jive. 
Lbssivjs  9  fe  dit  auflî  de  toute  forte 
d'eau  déterfive  »  rendue  telle  par  de 
la  cendre  ou  par  quelqu'aurre  ma- 
tière convenable.  La  leffive  qu'on 
fait  aux  olives  en  ôte  Vameftumef 
Une  Itjfivc  propre  à  dégraiffer  les  che* 
veux^ 

On  dit  proverbialement  &  figui« 
riment ,  à  laver  la  teu  d'un  more  , 
la  tête  d*un  âne ,  on  y  perd  fa  lefjive; 
pour  dire ,  qu'il  y  a  à^  perfonnet 

3u'il  eft  itiutile  de  vouloir  réformer^ 
e  vouloir  corriger. 
En  termes  de  Chimie ,  on  appelle 
lefjive  cauflique  ,  une  leffive  d  alkali 
fixe  rendu  cauftique  pnr  la  chaux 
vive.  Pour  faire  ceue  forte  de  lef- 
five on  prend  deux  parties  de  fonde  » 
de  potafTe  ou  de  cendres  gravelées , 
fuivant  Tufage  qu'on  veut  faire  de 
la  leftive  1  &  une  partie  de  chaux 
vive ,  ou  partie  égale  de  fel  alcali 
déjà  tout  préparé  &  de  chaux  vive; 
on  les  met  dans  un  grand  vafe ,  on 
verfe  deftus  douze  ou  quinze  fois 
autant  d^eau  pure ,  &  on  laiffe  étein- 
dre U  chaux  ^  après  quoi  on  fait 
bouillir  le  tout  pendant  quelques 
momens:  on  filtre  alors  la  leflive 
toute  chaude  à  travers  un  filtre  de 
papier  gris  foûtenu  fur  de  la  toile  , 
&  on  concentre  la  leflive  par  l'éva** 
poration  fur  le  feu  ï  tel  degré  qu'on 

X  z  X 


fyo  LES 

jage  i  propos  ,  faivanc  Tufage  la- 
qaelon  ladeftine. 

La  chaux  a  la  propriété  <l*aug« 
mencer  conAdérablemenr  la  caufti- 
cicé  de  roas  les  alcalis  fixes ,  Se  c'eft 
probablement  en  leur  enlevant  non ' 
feulement  leur  matière  inBamma- 
ble ,    furabondante  »    mais  même 
une  partie  de  celle  qui  entre  dans 
leur  compoHtion.  11  fuit  delà  qu'elle 
occafionne  à  ces  alcalis  une  altéra- 
tion fenfible  &  de  même  nature 
que  celle  qu'elle  produit  fur  l'alcali 
volatil ,  &  que  par  conféquent  on 
pourroit  parvenir  à  décompofer  en- 
tièrement  tous    les  alcalis  par  le 
moyen  de  la  chaux  y  mais  ces  expé- 
riences n'bnt  point  été  fuivies  juf^ 
qu'à  préfent.  Les  propriétés  de  l'al- 
cali fixe  rendu  plus  cauftique  par  la 
chaux  n*ont  pas  même  été  exami- 
nées dans  un  détail  fuffifant  :  on  fait 
feulement  que  cet  alcali  a  beaucoup 

IAns  d'aâion  dilTolvante  y  8c  fingu- 
ièrementfur  lesmatières  huileules, 
que  quand  il  n'a  point  été  traité  de 
cette  forte }  c'eft  par  cette  raifon 
qu*on  le  prépare  de  cette  manière , 
lorfqu'on  veut  le  combiner  avec  des 
huiles  8c  en  faire  des  favons. 

La  leâîve  cauftique  évaporée  f uf-^ 
qu'à  ficcité  j  fournit  un  fel  alcali 
prodigieufement  acre,  qui  fondu 
cnfuite  dans  un  creufet^  forme  ce 
qu'on  nomme  la  pierre  à  cautère^ 
parcequ'écant  appliquée  &  aflTujétie 
fur  la  peau  ,  elle  y  fait  une  efcarre^ 
l'entame  &  produit  une  forte  d'ul- 
cère dont  on  entretient  la  fuppura-- 
tion ,  &  qui  s'appelle  cautère. 

On  dit  figurément  &  familière- 
ment en  panant  d'une  grande  perte 
que  quelqu'un  a  faite  au  jeu  «  qu'i/ 
a  fait  une  étrange  lejjive ,  unefurieu- 
JileJJîve. 

Prononcez  comme  ii  l'on  écri* 
voit  lécive. 


LES 

LESSIVÉ,  ÉEj  participe pai&f.r<>/; 

Lessiver. 
LESSIVER^  verbe  aâif  de  la  première 
conjugaifon  ,  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter,  Lixîvio  lavare* 
Blanchir  le  linge ,  faire  la  lel&vec 
Ltjfiver  du  linge  ^  des  toiles  ,  dufil^ 

Les  deux  premières  fyllabes  fonc 
brèves  >  &  fa  troiiîème  longue  oa 
brève.  Foye^  Ver»e. 

Les  temps  ou  petfonnes  qui  fc 
terminent  par  un  e  fémioin»  one 
leur  pénultième  fyllabe  longue* 

On  prononce  comme  fi  1  on  écri* 
voit  léciver, 
LEST}  fubftaniif  mafcuTin.  Terme 
de  marine.  Pierres  »  fable  ,  qjii  au- 
tre matière  pefante  dont  on  chatg^^ 
le  fond  d'un  vaifleau  pour  le  tenir 
en  équilibre. 

Laquantitéde/^  qu'il  convient  de 
mettre  dans  un  vaifleau  ne  dépend 
pas  feulement  de  la  grandeur  d'un 
vailTeauy  mais  encore  de  la  forme  de 
fa  carène  y  car  jplos  cette  carène  eft 
aiguë,  moins  elle  exige  de  lejij  par- 
cequ'elle  .enfonce  d'autant  plus  ai' 
fément  dans  l'eau:  cela   fait  voir 
qu'on  ne  peut  pas  déterminer  -avec 
exaflitude  la  quantité  du  lejl  qu'il 
faut  ^  un  vaideau.  La  chofe  devienr 
encore  plus  difficile  quand   on  y 
fait  entrer  toute  la  mâture.  L'expé- 
rience fait  connoître ,  en  leftant  un 
vaiiïèau ,  de  quelle  façon  il  fe  com- 
porte le  mieux  à  la  mer  ,  &  s'il  faut 
en  auemenrer  ou  diminuer  le  Ar/7.  Il 
y  a  des  bâtimens  auxquels  il  faue 
pour  le  lejl  environ  la   moitié  de 
leur  charge ,  d'autres  le  tiers ,  & 
quelques-uns  le  quart.  Cela  dépend 
de  leur  conftruftion. 

On  appelle  bon  lefl ,  le  left  de 

petits  cailloux  qu'on  arrange  aifé- 

ment.    Et  gros  lefl  ^  celui  qui  eft 

compofé  de  très  groffès  pierres  ou 

}     de  quartiers  de  canons  brifcs.  £c 


TES 

vieux  k/l  j  celui  qui  a  défi  fait  une 
campagne.  £c  Icjl  lavc^  le  vieux  left 
<)u  on  lave  pour  s^en  fervir  de  nou- 
veau. 

L'article  VI  du  tiwe  4  de  TOr- 

.  donnance  de  la  Marine  ,  fair  défen- 

fes  à  cous  Capitaines  &  Maîtres  de 

navires  de  jeter  leur  lefte  dans  les 

porcs  ,  canaux  ,  baffins  &  rades ,  i 

{»eine  de  5  00  livres  d'amende  pour 
a  première  fois ,  &  de  faifie  & 
confifcation  de  leurs  batimens  en 
cas  de  récidive  »  &  aux  délefteurs 
de  le  porter  ailleurs  que  dans  les 
lieux  déngnés  pour  cela ,  i  peine  de 
punition  exemplaire. 
On  fait  fentii:  le  t  final. 

LESTAGE  ;  fubftantif  mafcuHn  ,  & 
terme  de  Marine*  Âdion  de  lefter 
un  vaifFeau.  Le  titre  quatre  detOr- 
donnance  de  la  Marine  traite  du  lef- 
tage  &  déteftage,  Vartide  7  défend 
de  travailler  au  lejlage  ou  déltfiage 
d* aucun  navire  pendant  la  nuit. 

LESTE  y  adjeétif  des  deux^enres.  Ex- 
peditus.  Qui  eft  proprement  vêtu , 
qui  ell  richement  accommodé.  lia 
quatre  grands  laquais  fort  lejles. 

On  dit ,  que  des  troupes  font  bien 
lefles  ,  quand  elles  font  bien  vêtues 
&c  bien  armées* 

Leste  ,  fe  dit  figurément  d^n  homme 
adroit,  habile  &  agidant.  Cejlun 
homme  lefle  quifait  faire  fa  cour. 

On  dit  auili  figurément  de  quel- 
qu'un, qu'//  a  le  ton  lefle  ,  lorfgu'il 
pofsède  fa  langue  au  point  de  raire 
entendre  aux  autres  tout  ce  qu*il 
veut  fans  les  offenfer  ou  les  faire 
rougir. 

LESTE ,  ÉE  j  participe  paflîf.  Foye\ 
Lester» 

I-ESTË  JOCORI  î  bourg  de  la  Moréè, 
dans  rifthme  de  Cotmthe  ,  à  une 
lieue  de  Corinthe  fur  le  golfe  de 
Lépante. 


l 


LES  5^51; 

LESTEMENT  j  adverbe.  Expeditè. 
Proprement  &  richement.  Des  Offi-» 
ders  UJlemcnt  vêtus. 

Lestement  ,  (igniâe  auffi  adroitement» 
habilement ,  avec  agilité.  //  futfc 
tirer  iefiement  de  cet  embarras, 

LESTER  ;  verbe  aûif  de  la  première 
conjugaifon  ,  lequel  fe  copjugue 
comme  Chantejc.  Terme  de  Ma- 
rine. Mettre  le  left  dans  an  vaifTeaUé 
On  lefle  les  vaijfcaux  pour  les  tenir 
en  équilibre. 

LESTEUR  ;  fubftantif  mafculin»  6c 
terme  de  Marine.  Bateau  qui  ferc 
à  tranfponer  le  left.  Les  lefleursfont 
de  petites  gabarres  ou  bateaux  plats. 

LESTRIGONS  i  fubftantif  mafculin 
pluriel.  Peuples  qui  hribttoient  la 
Campanie  &  que  les  Poètes  anciens 
nous  ont  reprélentés  comme  des  an- 
tropophages.  Ântiphate  en  écoic 
Roi  lorfquUUfTe  eut  le  malheur 
d'arriver  dans  fes  états.  Les  vaif- 
féaux  du  héros  grec  entrent  dans  le 
port  &  fes  compagnons  vont  à  terre. 
Antiphate  accourt  à  leur  rencontre 
&  fe  faifît  de  deux  de  ces  miféra- 
blés  pour  les  dévorer  j  les  autres  fe 
hâtent  de  regagner  les  vaiffeaux  » 
mais  Antiphate  ayant  appelé  les  Lef^ 
trîgons  fes  fujers^  ils  viennent  par 
milliers ,  &  du  haut  des  rochers  ac«^ 
cabienr  les  vailfeaux  de  pierres  énor* 
mes ,  les  brifent ,  écrafent  les  hom- 
mes »  &  le  feul  vaiffeau  d'Ulide 
peut  échapper  à  leur  barbarie.  Il  l'a- 
voir attache  hors  du  port ,  à  la  poin- 
te d*un  rocher  y  il  coupe  le  cable 
avec  fon  épée  ,  &  ayant  gagné  la 
haute  mer ,  il  s'enfuit  à  force  de 
rames. 

LESTWITHIEL  ;  petite  ville  d'An- 
gleterre ,  dans  la  Province  de  Cor- 
nouailles ,  fur  le  Fovey  ,  à  foixante- 
rrois  lieues ,  oueft  ,  de  Londres^ 
Elle  a  des  députés  au  Parlement* 

Xxxî| 


53*  LET 

LETCHI  'y  fubftantif  mafcuHn.  Fruit  | 
délicieux  qui  croît  à  b  Chine ,  & 
qui  eft  de  la  grolfeuc  d'un  petit  abri- 
cot,  oblong ,  mollet ,  couvert  d'une 
écorce  mince ,  chagrinée  ,  de  cou- 
leur ponceau  éclacam ,  contenant  un 
on  noyau  blanc ,  fucculent ,  de  très- 
bonne  odeur  de  rofe:  le  P.Boym  a 
fait  graver  ta  figure  de  ce  fruit  dans 
fa  Fiora  Sincnfis  ;  mais  elle  ne  s'ac- 
corde point  avec  d'autres  deicrip- 
tions  plus  modernes* 

Le  letchi  vient  dans  les  provinces 
de  Canton ,  de  Fokien ,  èc  autres 
/provinces  méridionales.  Les  Chi- 
nois Teftiment  fingulièrement  pour 
le  goût  6c,  pour  les  qualités  bienfai- 
fances  \  car  ils  afsurenr  qu'il  donne 
de  la  torce  &  delà  vigueur  fans 
{chauf{èr,à  moins  qu'on  n'en  mange 
avec  excès.  Le  pète  d'EntrecoUes 
ajoute  dans  les  Lettres  Édifiantes , 
qu'il  en  eft  de  ce  fruit  »  comme  de  nos 
melons  de  FEurope  ;  que  pour  l'a- 
voir exceUenc ,  il  faut  le  manger  fur 
le  lieu  même  t  &  le  cueillir  dans 
fon  point  de  maturité,  trcs^difficile 
i  attraper,  parcequil  n'y  a  qu'un 
moment  favorable.  Cependant  com- 
me dans  tout  l'Empire  on  fait  grand 
cas  de  ce  fruit  fec,'  on  le  laiue  fé- 
cher  dans  fa  pellicule,  où  il  fe  noir- 
cit &  fe  ri<^e  comme  nos  pruneaux. 
On  en  mange  toute  l'année  par  cette 
méthode  \  on  le  vend  i  la  livre , 
te  l'on  en  met  dans  l'infiîfion  de  thé 
pour  procurer  i  cette  liqueur  un  pe- 
tit goût  aigrelet. 

Les  lerchis  qu'on  apporte  k  Pé- 
king  pour  TEmpereur  j  ic  qu'on 
renferme  dans  des  vafes  pleins  d'eau 
de  vie  ,  où  l'on  mêle  du  miel  & 
d'autres  ingrédiehs,  confervent  bien 
un  air  de  fraîcheur }  mais  ils  per- 
dent beaucoup  delà  finefle  &.de 
l'excellence  de  leur  goût. 

noyau  du  Letchi  ud  peu  rôti 


LET 

ic  réduit  en  poudre  fine ,  pade  ches 
les  Chinois  pour  un  fpécinque  coa« 
tre  les  douleurs  de  gravelle  &  de 
colique  néphrétique» 

LETHj  voye^  Lasje. 

LÉTHARGIE;  fubftantif  féminin.  le- 
rAarjfitf.AflbupilTementconrre  nature 
qui  ôte  lufage  de  tous  les  fens. 

Dans  cette  maladie  le  fommeil 
n'eft  pas  C\  profond  que  dans  l'apo* 
plexie  &  le  carus.  Les  malades  un 
peu  agités ,  tiraillés ,  excités  par  des 
cris  ,  s'éveillent ,  répondent  a  ce 
qu'on  leur  demande ,  comme  on  dit, 
à  bacons  rompus  \  fi  quelque  befoia 
naturel  leur  &it  demander  les  vaif- 
feaux  néceiïaires  ,  ils  les  refufent 
lorfqu'on  les  leur  préfente ,  ou  dès 
qu'ils  les  ont  entre  les  mains ,  iis  en 
oublient  l'ufage  &  leurs  propres  né- 
ceflîtés  ,  &  s'alToupîilent  auflitôt  ^ 
leur  pouls  eft  vice  ^  fréquent ,  mais 
inégal ,  petit  &  ferré.  Cette  mala-' 
aie  eft  auez  rare  \  c'eft  dans  L'hiver 
des  faifdns  &  de  l'âge  principale- 
ment ,  Aivant  Hippocrate  ^  qu'on 
l'obferve  )  elle  attaque  les  peribnne» 
affoiblies  par  l'âge ,  par  les  mala- 
dies ,  par  les  remèdes ,  &c,  les  per- 
fonnes  cacochymes,  furtout  loilque 
dans  ces  fujets  quelque  caufe  aug- 
mente 1^ force  de  la  circulation ,  Sc 
la  détermine  â  la  tcte  j  elle  eft  quel- 

Juefois  (ymptôme  de  fièvres  putri- 
es  ,  malignes  ,  peftilentielles ,  de 
l'hémitritée  \  d'autres  fois  elle  eft 
occafionnée  par  des  dofes  trop  for- 
tes d'opium  ,  par  des  excès  de  vin  j 
elle  eft  une  fuite  de  l'ivrefle ,  &c. 
Les  anciens  atrribuoientla  léthar- 

§ie  à  une  congeftion  dc^  lymphe  ou 
e  férofités  épaiftes  &  putréfiées  dans 
le  cerveau.  Les  modernes  atfurem  que 
c'eft  un  relâchement  joint  à  une  ftag- 
nation  K'gèremenc  infiammacoire 
de  fang  dan^  le  cerveau.  Les  obferva'- 
tions  anatoœiques  faites  fur  les^o- 


tET 

davres  des  perfonnes  mortes  vidU 
mes  de  cette  maladie»  font  con- 
traires à  ces  opinions  &  font  voir 
que  ces  cauies  font  particulières , 
mais  nullement  générales. 

La  léthargie  eft  une  maladie  aiguë, 
très-dangereufe ,  qui  fe  termine  or- 
dinairement en  moins  de  fept  jours , 
par  la  more  du  malade  ^  les  urmes 
pâles  i  limpides  ^  le  tremblement 
en  augmentent  le  danger.  Si  le  ma- 
lade eft  alfez  heureux  pour  atteindre 
le  feptième  jour ,  il  eft  hors  d  af- 
faire. Lorfqu'elleeft  la  fuite  &  l'ef- 
fet d'une  chute ,  d'une  bleffure  ,  de 
rivre(fè ,  des^  narcotiques* ,  elle  eft 
moins  dangereufe  »  &  il  y  a  efpé- 
fance  fi  les  remèdes  employés  ap- 
portent quelque  relâche  dans   les 
fymptomes  :  alors ,  fuivant  l'obfer- 
ration  d'Hippocrate,  les  malades  fe 
plaignent  a  une  douleur  au  cou  & 
d'un  bruit  dans  les  oreilles. 

Les   remèdes   qui   conviennent 
dans  cette  maladie ,  font  les  mêmes 

2 ai  réuâiflent-  dans  l'apoplexie ,  & 
ts  autres  maladies  foporeufes;  fa- 
voir  les  émétiques  ,'  furtout  Ibrf- 
^'elle  a  été  occafionnée  par  un  ex- 
ces  de  vin  ,  &  par  les  narcotiques , 
les  cathartiqaes ,  les  lavemens  irri- 
tans  >  les  potions  cordiales  ,  les  hui- 
les eftentieiles  éthérées  ,  les  élixirs 
Spiritueux ,  les  fels  volatils  ;  les  vé- 
catoires  •  les  ventoufes ,  les  fternu- 


3 


tatoires  ^  les  fialagogues  ou  falivans. 
Les  faignées  font  rarement  indi- 
uées;  la  prétendue  inflammation 
u  cerveau  ne  fauroir  être  une  rai 
fon  fuffifanre  pour  les  confeiller  : 
tels  font  les  remèdes  généraux  :  cha- 
que Aureur  en  propofe  enfuite  de 
particuliers  fpécifiques  9  mais  le  re 
mède  le  plus  généralement  confeillé 
eft  le  caflor  qu'on  regarde  comme 
éminemment    antî^narcorrque  ^  on 

1  ordonne  de  toutes  les  façons  >  mêlé 


LET  535 

avec  les  purgatifs  pris  en  potion  > 
ajouté  au  vinaigre  pour  être  attiré 
par  le  nez.   fiorellus  aflure  avoir 
guéri  une  léthargie  avec  la  fcammo- 
née  &  le  caftor  :  après  le  caftor ,  on 
vante  beaucoup  la  rhue,  le  ferpoler^ 
le  pouliot  &  l'origan.  Tous  les  aci- 
des appliqués  d  l'extérieur  ou  pris 
intérieurement ,  palTent  aflfez  com- 
munément pour  très-efficaces  dans 
la  léthargie.  L*efprit  de  vitriol  cé- 
phalique  ,  c'eft-à-dire  tiré  du  vitriol 
qui  a  été  auparavant  arrofé  des  ef- 
lences  céphaiiques,  eft  très-célèbre; 
il  eft  pénétrant ,  volatil ,  de  même 
que  le  vinaigre  vitriolé  bénit.  Quel- 
ques obfervations  nous  apprennent 
les  heureux  fuccès  de  rimmerfion 
fubite  des  léthargiques  dans  de  l'eau 
bien  froide. 
Lir^ARGiE,  fignifioau/n  figurément» 
une  infenfibilité  blâmable  pour  tout 
ce  qui  arrive  ,  &  une  extrême  non- 
chalance en  toutes  chofes.  On  s^entr- 
para  d'une  partie  de  fon  patrimoine^ 
on^  l'attaqua  de  toutes  les  manières  ^ 
&  rien  ne  fut  capable  de  h  tiret  de 
fe  léthargie. 
LETHARGIQUE  ;  adjeftif  des  deux 
genres*  Lethargicus,  Qui  tient  de  la 
&thargie.  Un  fommeil  léthargique. 

U  s'emploie  auffi  quelquefois  fub- 
ftantivement.  Ce  remède  a  guéri  plw 
fîears  léthargiques-. 
Letha'rgiqite  ,   fe  dit  auffi  dans  le 
fens  figuré.  Une  négligence  léthargi-* 
'  que. 

LETHÉ  ;  terme  de  Mythologie  ,  Se 
nom  d'un  fleuve  des  enfers  dont  on 
faifoit  boire  de  l'eau  aux  âmes  qui , 
après  un  certain  nombre  d'années  » 
revenoient  fur  la  terre  pour  y  ani- 
mer de  nouveaux  corps.  Cette  eau 
avoir  la  propriété  de  faire  perdre 
fiir  le  champ  toute  .là  connoiflance 
du  paffé.  Il  y  avoir  en  Afrique  une 
rivière  de  ce  nom ,  qui  fe  perdant 


Î34 


LET 


fous  terre  ,  en  forcoit  enfulte  avec 
impétao(i:é  ^  ce  qaî  avoic  fait  croire 
qu'elle  venoit  dtrs  enfcis. 

LEFHEG ,  Letlch  ;  fublUncif  maf- 
cuhn  :  ou  Letèque  ;  fubftaniif  fé- 
minin. C  ecoic  une  meAire  des  cho- 
fes  fèches  chez  les  Hcbreux. 

LETRIM  'y  pecire  ville  d'Irlande  dans 
la  province  de  Connaughc  >  à  15 
lieues  de  Dublin.  Elle  eft  capitale 
d  un  Comté  de  même  nom ,  rertile 
en  pâturages ,  &  qui  a  1 5  lieues  de 
longueur  lut  fix  de  largeur. 

LE  ITÈRE  i  petite  ville  cpifcopale 
d'Italie  ,  au  Royaume  de  Naples  » 
dans  la  Principauté  citérieure  9^5 
lieues  ,  nord-oueft ,  de  Saleme» 

LETTRE  i  fubftantif  féminin.  Littera* 
On  appelle  ain(i  chaque  figure ,  cha- 
que caraâère  de  Talphabet.  Une 
grande  lettre .  Une  petite  lettre.  Il  y  a 
vingt  '  cinq  lettres  dans  t alphabet 
français. 

Lettre  »  fe  prend  auifî  pour  écrirure  » 
manière  a  écrire.  Lettre  gothique. 
Lettre  ronde.  Lettre  financière. 

Lettres,  fe  die  en  termes  d'Impri- 
merie ,  des  caradères  de  fonte  qui 
repréfentenc  les  lettres  de  lalpha- 
bet ,  &  dont  •n  fe  fert  pour  impri- 
mer un  ouvrage.  Et  l'on  appelle  let-^ 
très  capitales ,  les  grandes  lettres 
qu'on  met  ordinairement  à  la  tète 
des  chapitres,  de  certains  mot;  , 
&c.  Et  lettre  grife ,  une  grande  let- 
tre capitale  qui  eft  façonnée ,  figurée 
&  gravée  fur  du  bois  ou  fur  du  cui* 
vre  ,  &  dont  on  fe  fert  pour  com- 
mencer la  matière  d'un  ouvrage  aux 
pages  où  il  y  a  une  vignette  en  bois. 
On  appelle  lettres  numérales ,  les 
lettres  dont  les  Romains  fe  fervoient 
pour  les  chiffres  &  que  nous  avons 
prifes  d'eux.  Ces  lertres  font  C  qui 
lignifie  ioo;Z?,  qui  fignifie  500  j/, 
qui  repréfente  Tunité  \  L ,  qui  fig- 
pifie  5  o  î  il/  qui  fignifie  1 000  \  ^ 


LET 

qui  (ignifie  5  ;&  JT^qui  figntfie  10; 
ainfi  M.  DCC.  LXFI  ,  lepiélen. 
cent  176^. 

On  dit  9  écrire  en  toutes  écteres, 
quand  il  wgit  de  nombrer  ,  par 
oppofition  a  écrire  en  chiffres. 

On  appelle  lettresr  dominicales , 
les  lettres  dont  on  fe  fert  dans  les 
almanacbs  ,  les  éphémérides ,  &c. 
pour  marquer  les  jours  de  Diman- 
che dans  tout  le  cours  de  l'année. 
f^oye^  le  mot  Dominical. 

On  appelle  impropremenr  lettres 
hiéroglyphiques  ,  certaines  figures  j 
certains  caraâères  dont  fe  fervoient 
aurrefois  les  Égyptiens  pour  déligoec 
les  chofes.  f^oye^  Hiéroglyphe. 
Lettre,  fignifie  aufii  le  fon  même, 
pour  l'exprellion  duquel  les  carac- 
tères ont  été  inventés.  En  ce  fens  on 
divife  les  lettres  en  voyelles  &  en 
confonnes.  F'oyAemox  Orthogra- 
phe ,  où  nous  parlons  de  chaque 
lettre  en  particulier. 

Nous  appelons  lettres  oifives ,  des 
lettres  employées  dans  l'écriture 
fans  y  repréfenter  aucun  fon  :  relie 
eft  la  lettre  h  dans  le  mot  léthargie. 
Nous  parlons  aufii  de  ces  fortes  de 
lettres  au  mot  Orthographe. 

En  parlant  d'un  texte ,  lettre  fe 
dit  du  fens  littéral ,  par  oppofition 
au  fen-.  figuré.  Cela  Je  doit  prendre 
à  la  lettre.  Il  ne  faut  pas  s'en  tenir 
à  la  lettre. 

On  dit  j  aider  à  la  lettre  ;  pont 
dire  ,  fuppléer  i  ce  qui  manque  à 
quelqu'endroit ,  a  quelque  pafiagc 
obfcur  ou  défeâueux. 

On  dit  aufii  ûgiuément  ycideràla 
/rrrr^; pour  dire.entrer  Uans  l'inten^ 
tion  de  celui  qui  parle  ou  qui  écrie 
Se  expliquer  ce  qu'il  a  dit  ou  écrit 
obfcurément.  //  penje  mieux  quil 
fie  s'énonce  ;  il  faut  aider  à  la  lettre. 

On  dit  y  traduire  à  la  lettre  ^ 
rendre  un  texte  à  la  le  tire  ;  poux 


LET 

£re,  tradaire ,  rendre  lictcralement 
&  mot  poar  mot.  Cctet  phrafe  tfi 
tàniut  à  la  lettre. 

Lbttris  y  fe  die  au  pluriel ,  de  toute 
force  de  fcience  &  de  doârrine.  Lès 
lettres  florijfoient  fous  Augnjle.  Et 
Ton  appelle  belles  lettres  ,  la  gram- 
maire ,  l'éloquence  &  la  poëfîer'^ 

On  appelle  par  excellence,  l'é- 
criture laince  ,  ksfaintcs  lettres* 

Lbttk.^,  fignifie  auHi  une  épîcce,  une 
miflîve  ,  une  dépèche. 

En  général  les  lettres  milfî^es  ne 
font  pas  obligatoires  :  c'eft  pour- 
quoi  il  quelqu'un  écrit  a  ion  ami 

t»our  le  prier  de  lui  faire  un  prêt , 
a  lettre  n'oblige  point  celui  qui  Ta 
écrite ,  parcequ'ellene  prouve  point 
que  le  prêt  lui  ait  éff  fait  \  elle  proi^ 
ve  feulement  qu'il  l'a  foUicité,  & 
ce  n'eft  pas  aflèz  pour  faire  pro- 
noncer une  condamnation. 

Mais  (i  la  lettre  ajoute  qu'elle 
fervira  de.  reconnoinànce ,  alors 
elle  forme  un  titre  en  faveur  de 
celui  qui  en  eft  le  porteur  \  la 
raifon  eft ,  que  telle  a  été  la  volonté 
de  celui  qui  Ta  écrite  ,  &  qu'il  doit 
s'^imputer  la  confiance  qu'il  a  eue 
en  donnant  fà  leconnoiHance  d'un 
prêt  incertain  y  on  peut  feulement 
dans  ce.  cas  demander  l'affirmation 
du  porteur  des  letcresr 

Il  n'eft  pas  toujours  permis  de  fe 
fervtr  des  lettres  miflives  dans  les 
affaires  ^  il  eft  des  cas  où  celui  i  qui 
elles  font  écrites ,  ne  peut  les  met- 
tre au  Jour  fans  crime  ,  furtout  lorf^ 
qa!elles  ont  été  écrites  avec  myf- 
tère  &  qu'elles  renferment  des  con- 
fidences ^  le  crime  eft  encore  plus 
grand ,  lorfqu'on  dévoile  le  fecrcr 
d'une  lettre  dans  l'unique  but  de 
faire  injure  à  l'auteur^  qui  a  cru 
pouvoir  ouvrir  fonccexir  fans  crain- 
dre de  voir  révéler  ce  qu'il  n'écri- 


1 


LET  53Î 

voit  que  pour  un  ami ,  &  ce  qu'il 
vouloit  n  être  fu  de  perfonne. 

La  juftice  dans  ces  fortes  d'occa- 
(ion  a  toujours  ordonné  que  les  let- 
tres miffives  feroicnt  rendues ,  quel- 
que relation  qu'elles  pulfent  avoir 
avec  TafFairc  :  fon  motif  a  été  que 
le  dépôt  du  fecret  ayant  été  violé  , 
on  ne  ne  devoit  y  avoir  aucun  égard» 

Ces  principes  font  confacrés  dans 
on  Arrêt  du  14  Juillet  1717^  par 
lequel  la  Cour  a  renvoyé  de  l'accu- 
fation  un  Curé  d'Orléans ,  auquel 
fon  Evcque  avoir  fait  faire  le  pro^ 
ces  y  fur  le  fondement  d  une  lettre 

3u'il  lu}  avoir  écrite  ,  contenant  des 
ifficultés  fut  la  bulle  Unigenitus.  Le 
Curé   difoit  qu'une  lettre  n'étane 

3u  une  efpèce  de  converfation  écrite» 
ans  laquelle  ,  félon  les  maximes 
de  la  loi  naturelle  >  il  doit  être  per- 
mis de  s'expliquer  avec  une  certaine 
liberté,  on  n'avoir  pu  fans  injuflice 
abufer  de  la  confiance  &  de  la  fincé-^ 
rire  avec  laquelle  il  s'étoir  expliqua 
Le  Miniftère  public  ne  peut  pas 
rendre  plainte  de  faits  écrits  dans 
des  lettres  privées  adreiïees  à  uii 
ami ,  envoyées  par  la  pofte  >  &  non 
divulguées  :  on  ne  peut  faire  pader 
les  faits  confîgnés  dans  ces  lettres  , 

[>our  une  déclamation  &  pour  libeU 
es  diffamatoires.  Il  a  écc  jugé  e» 
pareil  cas ,  que  le  Procureur  du  Roi 
étoit  fans  intérêt,  &  qu'il  n'y  avoit 
que  la  diftribution  dans  le  public 
qui  pouvoir  les  faire  paflTer  pour  I;- 
belles  ,  &  nullement  les  chofes  fc-^ 
crettes  confiées  à  la  pofte  ,  que  tous 
les  peuples  font  convenus  de  ne  pa» 
violer. 

Maisquo-ique  le  Miniflcre  public 
ne  puidè  pas  diriger  fes  pourfuires 
contre  les  auteurs  de  îcicres  inju- 
rieufes ,  les  perfonnes  qui  en  re- 
çoivent de  femblables  ,  peuvent 
elles-mêmes  fe  plaindre  &:  dcman- 


i2 


Si6  LET 

der  ratisFa(5bIon  de  l'injure  :  alors  la 
partie  publique  peut  sy  joindre. 

Lettre  circulaire  ,  fe  die  de  plu- 
fieurs  lerrres  de  même  teneur ,  ecri- 
'  ces  Se  adrefTées  a  difFcreiires  perfon- 
nés  pour  le  même  fujec.  Le  Mini/Ire 
de  la  Guerre  envoya  une  lettre  circu- 
laire  à  tous  ks  Colonels  d* Infanterie. 
On  appelle  lettre  de  créance  ou 
lettre  qui  porte  créance ,  une  lettre 
qui  ne  contient  autre  chofe  ,  Hnon 
que  Ton  veuille  ajouter  foi  à  celui 
qui  la  rend.  Les  Ambaflfadeurs  &c 
autres  Minières  qui  vont  dans  une 
cour  ctrangcre  ,  ne  partent  point 
fans  avoir  des  lettres  de  créance.  Et 
Ton  appelle /^rrr^j  de  rccréance^cûlts 
qu*on  donne  à  ces  Âmbadadeurs  ou 
Miniftres  lorfqu'ils  prennent  congé 
pour  s*en  retourner  &  qui  font  en 
réponfe  des  lettres  de  créance  qu'ils 
avoient  préfencées  â  leur  première 
audience. 

On  entend  au(C  quelquefois  par 
lettre  de  créance ,  la  même  chofe 
que  par  lettre  dç  crédit.  Voyez  au 
mot  CaÉpiT  ce  que  c'eft  qu'une 
lettre  de  crédit. 

Lettre  DE  Cachet  ,  fe  dit  d'une  let- 
tre écrite  par  ordre  du  Roi ,  contre- 
^fignée  par  un  fcLcrétaire  d'État  & 
cachetée  du  cachet  du  Roi. 

Xa  lettre  cpmmence  par  le  opm 
jde  celui  ou  ceux  auxquels  elle  s'a- 
drefle  ,  par  ejcemple  :  Monjieur  *** 
(  enfui  ce  font  les  noms  &  les  quali- 
tés )  je  vous  fais  cette  lettre  pour 
vous  dire  que  rfict  volonté  efi  que  vous 
fé^Qiex^  telle  chofe  dans  un  tel  temps  , 
Jt  ri  y  fiâtes  faute.  Sur  ce  ,  Je  prie 
Dieu  qi/il  vous  ait  en  fâ  falr^te  & 
digne  garde, 

La  foufcriptîonde  la  lettre  eft  à 
jcelui  ou  à  ceux  à  qui  la  lettre  eft 
adrefTée. 

Ces  fortes  de  lettres  fopt  portées 
i  leur  deftination  par  quelque  Qffi< 


LET 

cîer  de  Police  ou  même  pat  quel- 
que perfonne  qualifiée ,  félon  les 
perfonnes  auxquelles  la  lettre  s'a- 
drede^. 

Celui  qui  eft  chargé  de  remettre 
la  lettre  fait  une  efpèce  de  procès 
verbal  de  l'exécution  de  fa  commif- 
fîon  ,  en  tète  duquel  la  lettre  eft 
tranfcrite  j  &  au  bas ,  il  fait  donner 
à  celui  qui  Ta  reçue  une  reconnoif- 
fance  comme  elle  lui  a  été  remife  ; 
ou  s'il  ne. trouve  perfonne,  il  fait 
mention  des  perquifitions  qu'il  a 
faites. 

L'objet  des  lettres  de  cactut  eft 
fouventd  envoyer  quelqu'un  en  exil» 
ou  pour  le  faire  enlever  &  conftituet 
prifonnier ,  ou  pour  enjoindre  à  cer« 
tains  corps  pcikiques  de  s'aflembler 
&  de  faire  quei(}ue  chofe,  ou  pour 
leur  enjoindre  de  délibérer  fur  cer- 
taine matière.  Ces  fortes  de  lettres 
ont  aufli  fouvent  pour  objet  Vordre 
qui  doit  être  gardé  dans  certaines 
cérémonies  ,  comme  pour  le  Te 
Deun%  y  procédions  folemnelles ,  &c. 

Lorfqu'un  homme  eft  détenu  pri^ 
fonoier  en  vertu  d  une  lectfc  de  car 
chet,  on  oe  reçoit  point  les  recom-» 
mandations  que  fes  créanciers  vou- 
droienc  faire  »  &  il  ne  peut  être  re^ 
tenu  en  prîfon  en  vertu  de  iembla- 
blés  recommandations. 
Lettre  de  change  ,  fe  dit  en  termes 
dfi  Commerce ,  d'une  traite  faite 
de  place  en  place  i  par  laquelle  un 
Banquier  ou  Négociant  tire  fur  fpn 
cofrefpondant  une  femme  d'ar-^ 
gent  au  profit  d'un  tiers  qui  en  a 
fourni  la  valeur  pax  lui  pu  par  )Ui 
;autreou  âmdre. 

Dans  une  lettre  de  change  >  il 
faut  qu'il  fe  trouve  toujours  le  tireur 
ou  celui  qui  la  fait ,  l'accepteur  ou 
celui  fur  qui  elle  eft  tirée  »  le  por« 
teur  ou  celui  qui  en  eft  propriétairfi 
une  valeur  fournie  ea  deniers  pa 

e&ts^ 


LET 

effets ,  &  qae  Topération  foi(  faite  | 
de  place  en  place. 

Voici  la  forme  la  plas  ordinaire 
d'une  lettre  de  change  : 

A  Rouen ,  ce  premier  Juin  Jjjo^ 

Monsieur» 

A  vue  il  vous  plaira  payer  par 
cette  première  de  Change  i  M.  Phi- 
lippe ou  â  fon  ordre  ,  la  fomme  de 
dix  mille  francs,  valeur  reçue  comp- 
tant dudit  lieur,  &  mettez  à  comp- 
te eomme  par  l'avis ,  â*^. 


A  Monfieur 
Julien  y 
APa&is. 


Votre  très -humble 
ferviteur  Hbnri. 


L'ufage  des  lettres  de  change  n*a 
d*abord  été  introduit  que  parmi  les 
Marchands>Banqttiers&  Négocians, 
pour  la  facilité  du  commerce  qu'ils 
font ,  foit  avec  les  provinces  ,  foit 
dans  les  pays  étrangers.  Il  a  été  en- 
fuite  étendu  aux  Receveurs  des  tail- 
les y  Receveurs  généraux  des  finan- 
ces ,  Fermiers  du  Roi ,  Traitans ,  & 
autres  gens  d'affaires  &  de  finance , 
à  caufe  du  rapport  qu'il  y  a  enrr'eux 
&  les  Marchands  &  Négocian$,poar 
retirer  des  provinces  les  deniers  de 
leur  recette,  au  lieu  de  le<  faire 
voiturer  \  &  comme  ces  fortes  de 

fierfoones  négocient  leur  areent  & 
eurs  lettres  de  change,  ils  devien- 
nent i  cet  égard  jufticiables  de  la 
Juridiâton  confulaire. 

Les  perfonnes  d'une  autre  profef» 
fion  qui  cirent ,  ou  endoffent.ou  ac- 
ceptent des  lettres  de  change ,  de- 
viennent pareillement  Jufticiables 
de  la  Juridiâion  confulaire  ,  & 
même  foumis  â  la  contrainte  par 
corps  \  c'eft  pourquoi  il  ne  convient 

r>int  à  ceux  qui  ont  des  bienféances 
garder  dans  leur  état  »  de  tirer  y  en- 
Tome  XV. 


lET  537 

doflêr  ou  accepter  des  lettres  de 
change  ;  mais  toutes  fortes  de  per- 
fonnes peuvent  fans  aucun  inconvé- 
nient être  porteurs  d'une  lettre  de 
change  tirée  i  leur  profit. 

Les  Eccléfiaftiques  ne  peuvent  fe 
mêler  du  commerce  des  lettres  de 
change  :  les  lettres  qu'ils  adreffenc 
à  leurs  fermiers  ou  receveurs  n« 
font  que  de  fimples  refcriptions  ou 
mandemens  qui  n'emportent  point 
de  contrainte  par  corps ,  quoique 
ces  mandemens  aient  été  négociés. 

Les  lettres  de  change  fe  payent 
ordinairement  en  quatre  manières. 

La  première  eft  quand  la  lettre 
efl:  payable  à  jour  nommé ,  par 
exemple  au  premier  Janvier.  Le 
temps  pour  en  exiger  le  payement 
ne  court  que  du  lendemam  de  l'é- 
chéance.        V 

La  féconde  eft  quand  la  lettre  eft 
payable  i  une  ou  plufieurs  ulances  : 
Voye^  UsANCE. 

La  troifième  manière  dont  les 
lettres  de  change  font  payables  » 
c'eft  à  vue.  Dès  k  moment  que  ces 
lettres  font  préfentées  i  celui  lur  qui 
elles  font  tirées ,  il  ddic  les  payer  » 
finon  elles  doivent  être  proteftées 
faute  de  payement,  parce  que  dans 
ces  fortes  de  lettres  il  n'y  a  point 
de  jour  de  gcâce  pour  faire  le 
protêt. 

La  quatrième  manière  eft  à  tant 
de  jours  de  vue  »  comme  cinq ,  fix  » 
huit  ÎQurs  j  &c«  Le  temps  pour  pou- 
voir exiger  le  payepacnt  de  ces  for- 
de  lettres  ne  court  que  du  lende* 
main  du  jour  Qu'elles  ont  été  préfen- 
tées Se  acceptées. 

Enfin  il  y  a  encore  une  cinqu^ènie 
manière  dont  on  fe  fert  pour  le  paye- 
ment des  lettres  de  change  ;  c'eft 
quand  elles  font  payables  a  Lyon  en 


538  LET 

temps  de  foires  ,  que  Ton  appelle  1 
payemens^  qui  fe  tiennent  quatre 
fois  Tannée  de  trois  mois  en  trois, 
mois  'y  favoir  aux  Rois,  i  Pâques  • 
au  mois  d'Août,  &  i  la  ToalTaint 
Ces  payemens  doivent  être  faits  le 
premier  jour  non  férié  de  chacun 
de  ces  quatre  payemens  ,  fuivans 
l'article  I  du  Règlement  fait  pour 
la  ville  de  Lyon ,  en  date  du  z  Juin 
1667. 

Lorfqu^il  arrive  du  changement 
dans  les  monnoies ,  les  payemens 
qui  fe  font  dans   le  royaume  en 
vertu  de  lettres  de  change  tirées  fur 
particuliers  ,   doivent  fe  faire  en 
efpèces  au  cours  du  jour  auquel  fe 
fait  le  payement,  i  moins  que  par 
la  lettre  de  change  il  n'ait  été  fti- 
pulé  quelle   feroit  payable  en  ef- 
pèce  au  cours  du  jour  où  elle  a  été 
tirée  \  ou  du  moins  il  faut ,  fi  Ton 
veut  payer  en  nouvelles  efpèces  ,  y 
ajouter  le  plus  ou  le  moins  de  va- 
lue 3  eu  égard  au   changement  ar- 
rivé par  l'augmenration  ou  dimi- 
nution de  la  monnoie.  Cela  efl:  ainfi 
^^g^^  y  P^<^  un  Arrêt  du  x  9  Février 

Mais  il  faut  obferver  qu'il  eft  dé- 
fendu aujourd'hui  dans  le  Royau- 
me ,  de  trafiquer  ,  vendre  ic  ache- 
ter des  lettres  de  change  ou  autres 
papiers ,  fi  ce  n'eft  en  efpèces  qui 
ont  cours  au  temps  de  la  négocia- 
tion. 

Toutes  lettres  de  change  doivent 
être  acceptées  par  écrit  putement 
&  fimplement  ;  les  acceptations  ver- 
bales ic  celles  qui  fe  faifoient  en 
ces  termes  ,  va  fans  accepter  ^  ou 
accepté  pour  répondre  à  temps ,  ic 
toutes  antres  acceptations  fous  con- 
ditjion ,  ont  été  abrogées  par  l'Or- 
donnance du  commerce ,  &  paiTent 
préfentemeot  pour  des  refus  en  con- 


i 


LET 

féquence  defquels  on  peut  faire  pto* 
tefter  les  lettres. 

En  cas  de  protêt  d'une  lettre  de 
change ,  elle  peut  être  acquittée  par 
tout  autre  que  celui  fur  qui  elle  a 
été  tirée ,  &  au  moyen  du  payement 
il  demeure  fubrogé  en  tous  les 
droirs  du  porteur  de  la  lettre ,  quoi** 
qu'il  n'en  air  point  de  tranfportjub» 
rogation ,  ni  ordre. 

Les  porteurs  de  lettres  de  change 
qui  ont  été  acceptées  ,  ou  dont  le 
payement  échet  a  jour  certain ,  font 
tenus ,  fttivant  l'Ordonnance ,  de  les. 
faire  payer  ou  protefter  dans  dix 
jours  après  celui  de  l'échéance;  mais 
la  Déclaration  du  10  Mai  16S6  a  ré- 
lé  que  les  dix  jours  accordés  pour 
e  protêt  des  lettres  Se  billets  de 
change  ,  ne  feront  comptés  que  du 
lendemain  de  Tcchéance  des  letttes 
&  billets  ,  fans  que  le  jour  de  Té* 
chéance  y  puitfe  être  compris ,  mais 
(eulement  celui  du  protêt,  des  Di« 
manches  &  des  Fêtes  même*  folen- 
nelles  qui  y  feront  compris. 

La  ville  de  Lyon  a  fur  cette  ma- 
tière un  règlement  particulier  du  1 
Juin  1 667 ,  auquel  l'Ordonnance  o'a 
point  dérogé.  Il  porte  que  les  lettres 
qui  n'auront  point  été  payées  en 
tout  ou  en  partie  pendant  le  temps 
du  payement ,  ôc  jufqu'ao  dernier 
jour  du  mois  inclufîvement ,  doi- 
vent être  proteftées  dans  les  trois 
jours  fuivans  non  fériés ,  i  compter 
da  dernier  jour  dts  mois  de  cha- 
que payement. 

Le  protit  d'une  lettre  ou  billet 
de  change  payable  en  foire  j  doit 
être  fait  au  lieu  de  la  foire ,  en- 
forte  qu'il  feroit  nul  s'il  étoit  fiût 
ailleurs  ,  même  an  domicile  de  ce- 
lui qui  devoir  payer  la  lettre  de 
change. 

Les  lettres  far  Lyon  ^oi  ne  ÙM 


LET 

pas  tirées  en  payement  »  les  lettres 
larrArtois,  ta  Flandre  &  la  Fran- 
che-Comté ,  font  exigibles  le  jour 
même  de  l'échéance  &  les  dix  jours 
de  grâce  ne  font  qu'en  faveur  du 
porteur. 

ALille  en  Flandre,  les  protêts  doi- 
vent être  faits  dans  les  Cix  jours  après 
celui  de  l'échéance^pour  les  lettres  de 
change  valeur  reçue  en  argent  avec 
remile  de  place  en  place  \  8c  pour 
les  lettres  valeur  en  marchandifes  » 
dans  dix  jours. 

Dans  les  autres  Royaumes^ ,  les 
délais  qui  s'obfervent  i  l'égard  des 
lettres  de  change  ^  varient  fuivanr 
les  différentes  villes  &  places  de 
commerce.  Voici  lufage  qui  s'ob- 
fer ve  U-deffus  dans  les .  principales 
villes  de  l'Europe. 

i^.  A  Londres  ,  l'ufage  eft  de 
fiiire  le  protêt  dans  les  trois  jours 
après  réchéance,  i  peine  de  répon- 
dre de  la  néglieence  j  &  il  faut  ob- 
ferver  que  u  le  dernier  des  trois 
jours  eft  férié ,  il  faut  faire  le  pro- 
têt la  veille. 

2^.  A  Hambourg ,  il  en  eft  de 
même  pour  les  lettres  de  change 
tirées  de  Paris  &  de  Rouen  j  mais 
pour  les  lettres  de  change  tirées  de 
toutes  les  autres  places ,  U  y  a  dii^ 

i'ours ,  c'eft  à-dire  ,  qu'il  faut  faire 
e  protêt   le  dixième  jour  au  plus 
tard. 

j**.  A  Venifc  ,  on  ne  peut  payer 
les  lettres  de  change  qu'en  banque  , 
ic  le  protêt  faute  de  payement  de 
ces  lettre;  doit  être  hiit  fix  jours 
après  l'échéance }  mais  il  faut  que 
la  banque  Toit  ouverte  j  parce  que 
quand  la  banque  eft  fermée  >  on  ne 
peut  contraindre  l'accepteur  à  payer 
argenr  comptant ,  ni  faire  le  protêt. 
Ainfi  lorfque  les  Cit  jours  arrivenr  » 
il  fautât  tendre  Touvecture  de  la  I 


LET  53, 

banque  pour  demander  lespayemens 
<k  faire  les  protêts  »  fans  que  le  por- 
teur puiffe  être  réputé  en  fraude. 

La  banque  fe  ferme  ordinairement 
quatre  fois  l'année  pour  quinze  ou 
vingt  jours  ,  ce  qui  arrive  vers  le 
lo  Mars  ,  le  xo  Juin  ,  le  lo  Sep- 
tembre &  le  lo  Décembre  :  outre 
cela  elle  eft  fermée  dans  le  carnaval 
pour  huir  ou  dix  jours ,  &  dans  la 
fe;iiaine  Sainte  »  quand  elle  n'eft 
point  i  la  fin  de  Mars. 

4^.  A  Milanj  il  n'y  a  pas  de  ter- 
me réglé  pour  protefter  faute  de 
payement;  mais  la  coutume  eft  de 
digérer  peu  de  jours. 

5®.  A  fiergame ,  les  protêts  faute 
de  payement  fe  font  dans  les  trois 
jours  après  l'échéance  des  lettres 
de  change. 

6^.  A  Rome  >  on  fait  les  protêts 
faute  de  payement  dans  le^  quinze 
jours  après  Téchéance. 

8^.  A  Boulogne  &  à  Livourne,  il 
n'y  a  rien  de  réglé  à  cet  égard  :  on 
fait  ordinairement  les  protêts  faute 
de  payement  peu  de  jours  après  le- 
chéance. 

9^.  A  Amfterdam,  les  protêts  faute 
de  payement  fc  font  le  cinquièihe 
jour  après  Téchéance. 

I  o^.  A  Nuremberg,  c*eft  la  même 
chofe  qu'à  Amfterdam. 

iio:  A  Vienne  en  Autriche,  la 
coutume  eft  de  faire  les  protêts  faute 
de  payement  le  troifième  jour  après 
réchéance. 

11^.  Danrles  places  qui  font  foi* 
res  d'échange, comme  Noue,  Franc- 
fort ,  Bolzan ,  &  Lintz  ,  les  protêts 
faute  de  payement  fe  font  le  dernier 
jour  de  la  foire. 

ij^.  Il  n'^  a  point  de  j^e  oà 
le  délai  de  faire  le  protêt  4B  lettres 
de  change ,  foit  (i  long  qu'a  Gènes, 
où  il  eft  de  trente  jours ,  fuivant  le 


540  L  E  T 

chapitre  1 4  da  quatrième  livre  des  ^ 
Statuts  de  cette  ville. 

Le  protêt  pour  être  valable  doit 
être  fuivant  rufage  du  lien  où  la 
lettre  de  change  eft  payable,  &  non 
fuivant  Tufage  du  lieu  d  où  la  lettre 
de  change  a  été  tirée.  Ainfi  lors- 
qu'une lettre  de  change  eft  tirée  de 
Londres,&  payable  â  Paris,  le  protêt 
.  faute. de  payement  ne  peut  être  fait 

Î|ue  fuivant  Tuiàge  de  Paris ,  &  non 
uivant  celui  de  Londres  j  ôc  ainfi 
des  autres. 

Après  le  protêt,  celui  qui  a  ac- 
cepté la  letre  peut  être  ponrfuivi  à 
la  requête  de  celui  qui  en  eft  le  por- 
teur. 

Les  porteurs  peuvent  auffi  par  la 
permillion  du  Juge ,  faifir  les  effets 
de  ceux  qui  ont  tiré  où  endoffé  les 
lettres  ,  encore  qu'elles  aient  été 
acceptées ,  mêmes  les  effets  de  ceux 
fur  lefquels  elles  ont  été  tirées ,  en 
cas  qu'ils  les  ayent  acceptées. 

Ceux  qui  ont  tiré  ou  endoffô  des 
lettres  doivent  être  pourfuivis  en 
garantie  dans  la  quinzaine ,  slls  font 
domicihés  dans  la  diftance  de  dix 
lieues  ou  au-deU,  âraifon  d'un  jour 
ffSLV  cinq  lieues ,  fans  diftinâion  du 
reflbrt  des  Parlemens  pour  les  per- 
fonnes  domiciliées  dans  le  Royau- 
me ;  &  hors  du  Royaume ,  les  dé* 
lais  font  de  deux  mois  pour  les  per- 
fonnes  domiciliées  en  Angleterre  , 
Flandre  ou  Hollande  ;  de  trois  mois 
pour  l'Italie,  l'Allemagne  6c  lesCan 
tons  Suifles  ;  quatre  mois  pour  TEf 
pagne  y  fîx pour  le  Portugal,  la  Suéde 
&  le  Dannemarck. 

Faute  par  les  porteurs  des  lettres 
de  change  d'avoir  fait  leurs  dili- 
gences dans  ces  délais,  ils  font  non- 
reâwâbles  dans  toute  aâion  en  ga* 
raq^  contre  les  tireurs  Se  endof 
fears. 

En  cas  de  dénégation^  les  tireurs, 


LEt 

&  endoffeurs  font  tenus  de  pronf  et 
que  ceux  fur  qui  elles  étoient  tirées 
leur,  étoient  redevables ,  ou  avoient 
provîdon  au  temps  qu'elles  ont  du 
être  proteftées ,  nnon  ils  feront  te- 
nus ae  les  garantir. 

Si  depuis  le  temps  réglé  pour  le 
protêt  les  tireurs  ou  endolfeurs  ont 
reçu  la  valeur  en  argent  ou  mar- 
chandifes ,  par  compte ,  compenfa- 
tion  ou  autrement ,  ils  font  aufC 
tenus  de  la  garantie. 

Si  la  lettre  de  change  payable  i 
un  tel  particulier»  fe  trouve  adi- 
rée ,  le  payement  peut  être  fait  en 
vertu  d'une  féconde  lettre  fansdon' 
ner  caution  ,  en  faifant  mention 
que  c'eft  une  féconde  lettre ,  &  que 
la  première  ou  autre  précédente  de- 
meurera nulle».  Un  Arrêt  de  règle- 
ment du  jo  Août  1714  ,  décide 
n'en  ce  cas  celui  qui  eft  porteur 
e  la  lettre  de  change  doit  s'adreflet 
au  dernier  endoUeur  de  la  lettre 
adirée  pour  en  avoir  une  autre  de 
la  même  valeur  &  qualité  que  la 

S  première  »  &  que  le  dernier  endof- 
eur  ^  fur  la  requifîtion  qui  lui  en 
fera  faire  par  écrit ,  doit  agir  envers 
le  précédent  endolTeur  j  &  ainfi  eu 
remontant  d'un  endoffeur  à  un  autre 
jufqu'au  tireur ,  &c. 

Si  la  lertre  adirée  eft  payable  au 
porteur  ou  â  ordre  »  le  payement 
n'en  fera  fait  que  par  ordonnance 
du  Juge  »  &  en  donnant  caution. 

Au  bout  de  trois  ans  les  caution 
font  déchargées  locfqu  il  n*j  a  point 
de  pourfuites. 

Les  lettres  ou  billets  de  change 
font  réputés  acquittés  après  cinq  ans 
de  ceffatîon  de  demande  &  pour- 
fuite  ,  à  compter  du  lendemain  de 
réchcance  ou  du  protêt ,  ou  der- 
nière pourfuite ,  en  affirmant  néan- 
moins ^  par  ceux  que  Too  préteai 


1 


/" 


LET 

^re  débiteurs  qu'ils  ne  font  plus  re- 
devables. 

Les  deux  fins  de  non -recevoir 
donc  on  vient  parler  ont  lieu  même 
contre  les  mineurs  &  les  abfens. 

Les  (ignatures  au  dos  des  lettres 
de  change  ne  fervent  que  d*endof- 
fement.  ôc  non  d  ordre  ^  s'il  n'eft 
daté  &  ne  contient  le  nom  de  celui 
qui  a  payé  la  valeur  en  argent)  mar- 
chandife  ou  autrement. 

Les  lettres  de  change  endotCées 
dans  la  forme  qui  vient  d'être  dite 
apparriennent  à  celui  du  nom  du- 
quel Tordre  eft  rempli ,  fans  qu'il 
ait  befoin  de  tranfport  ni  fignifi- 
cation. 

Au  cas  que  rendoflèment  ne  foit 
pas  dans  la  forme  qui  vient  d'être 
expliquée  ,  les  lettres  font  réputées 
appartenir  à  celui  qui  les  a  endof- 
'  fées  ,  &  peuvent  être  faifies  par 
fes  créanciers  »  &  compenfées  par 
fes  débiteurs. 

11  eft  défendu  d'antidater  les  or- 
dres »  à  peine  de  faux. 

Ceuy  qui  ont  mis  leur  aval  fur 
des  lettres  de  change  »  fur  des  pro^ 
meffes  d'en  fournir  j  fur  des  ordres 
oti  des  acceptations ,  fur  des  iilUis 
de  change  ou  autres  aâes  de  pa- 
reille qualiré  concernant  le  com- 
merce ,  font  tenus  folidairemenc 
avec  les  tireurs  ,  prometteurs  y 
endofleurs  &  accepteurs  ,  encore 
qu'il  n'en  foit  pas  fait  mention  dans 
lavai. 
Lettre  db  voiture  ^  fe  dit  d'une 
lenre  ouverte  qui  contient  un  état 
des  chofes  qu'un  voirurier  dénom- 
mé eft  chargé  de  conduire  à  la  per- 
fonne  à  laquelle  elles  font  envoyées. 

Les  lettres  de  voiture  doivent  erre 
fignées  par  ceux  qui  font  les  en- 
vois &  remifes  entre  les  mains  du 
voîturier.  Elles  contiennent  aufli 
#s4iiuirement  U  fooitœe  qui  doit 


LET  .541!» 

(tre  payée  au  voiturièr  »  en  livrant 
la  marchandife.' 

L'Ordonnance  des  Aides,  titre 
5  ,  art.  1  &  5  ,  &  divers  Régie- 
mens  poftérieurs  ,  défendent  à  tous 
voituriers  par  terre  &  par  eau ,  de 
cotîduire  aucune  boifibn  fans  let- 
tres de  voiture  en  bonne  forme  » 
â  peine  de  confifcation  »  &  de  cent 
livres  d'amende* 

A  l'égard  de  ceux  qui  conduifent 
en  perfonne  leurs  vins  &  autres  li- 

Sueurs  %  ils  doivent  être  porteurs 
e  déclarations  faites  au  lieu  du  cru 
ou  de  l'achat ,  pour  tenir  lieu  de 
lettre  de  voiture. 

Ces  lettres  &  déclarations  doivent 
être  palfées  devant  Notaires  j  ou  au- 
tres Officiers  publics  >  remplies 
d'une  même  main ,  &  contenir  le 
lieq  où  le  vin  a  été  chargé  ,  le  nom 
du  propriétaire ,  fa  demeure,  fa  qua« 
lité ,  la  quantité  du  vin  ,  fa  deftina- 
tion ,  l'adrefle  de  ceux  auxquels  il 
eft  deftiné ,  &c.  fous  les  peines  ci^ 
defTus. 

La  Cour  des  Aides  a  par  Arrêr 
rendu  Le  ai  Mars  175:1 ,  en  inter* 
prétation  d'un  autre  Arrêt  du  i^ 
Mai  17319  enjoint  au  ûeur  le  fieuf 
Notaire  à  îoigny  ^  &  à  tous  autre» 
Notaires  ,  Tabellions  %  Greffiers  » 
&  autres  perfonnes  publiques  qui 
paflTeront  des  déclarations  &c  letues 
de  voiture ,  de  I^s  faire  6gner  aux 
parties ,  fî  elles  favent  figner  ^  donc 
fera  par  eux  fait  mention  ^  &  au  cas 
qu'elles  ne  fâchent  fijgner  ,  de  lair» 
mention  de  la  r écuiimion  qu'ils  leur 
auront  faite  de  figner ,  &  de  leur 
réponfe  »  qu'elles  ne  favent  pas.fi- 

5ner  ;  le  tout  i  peine  de  miUité  déb- 
ites déclarations  &  leur  es  de  voi- 
tures ,  de  confifcation  ^  Scq^ 

L'article  9  du  chap.  %  de  l'Or- 
donnance pour  la  ville  de  Parie  i^ 
dit  mxÀ%  de  Décembre  1 67  z  >  poite 


54 


LET 

•t  les  lettres  de  voitures  con- 


tiendront  la  quantité  &  qualité 
des  niarchandifes.  Se  le  prix  fixe, 
de  la  voiture,  &  feront  mention  » 
tant    du  lieu  où  les   marchan- 
difes  auront  été  chargées ,  que  du 
lieu  de  la  deftination ,  &du  temps 
du  départ. 
Lettres  Royaux  ,  fe  dit  en  ftyle  de 
chancellerie  ^  pour  exprimer  toutes 
fortes  de  lettres  émanées  du  Roi ,  & 
fcellées  du  grand  ou  du  petit  fceau. 
Ces  lettres  font  toujours  intitu- 
lées du  Roi  ,  &  lorfqu'elles  font 
deftinées  pour  le  Dauphiné  ou  pour 
la  Provence  ,  on  ajoute ,  après  ces 
qualités  de  Roi  de  France  &  de 
Navarre  j   celles  de  Dauphin  de 
Viennois,  Comte  de  Valentinois  2c 
Diois ,  ou  bien  Cpmte  de  Proven- 
ce  ,  Forcalquier   8c  Terres    adia- 
^  centes. 

L'adreffe  de  ces  fortes  de  lettres  ne 
fe  fait  jamais  qu'aux  Juges  Royaux 
ou  à  des  Huiffiers  ou  Sergens  Roy  aux  ; 
de  forte  que  quand  il  eft  néceflaire 
d'avoir  des  Lettres  Royaux  tu  quel- 
que procès  pendant  devant  un  J  uge 
non-royal  )  le  Roi  adre(!è  fes  let- 
tres non  pas  au  Juge ,  mais  au  pre- 
mier Httiffier  ou  Sergent  Rovalfur 
.  ce  requis,  auquel  il  mande  ae faire 
commandement  au  Juge  de  faire 
telle  chofe  s'il  lui  appert ,  &c« 
Ces  fortes  de  lettres  ne  font  ja- 
'  mais  cenfées  être  accordées  au  pré- 
judice des  droits  du  Roi  ,  ni  de 
ceux  d'un  tiers  \  c'eft  pourquoi  la 
claufe ,  faufle  droit  du  Roi  &  celui 
d^ autrui  ,  y  eft  toujours  fous  -  en* 
tendue. 

La  minute  de  ces  lettres  eft  en 
papier ,  mais  l'expédition  fe  fait  en 
Parchemin ,  il  faut  qu'elle  foit  lifî- 
>le ,  fans  ratures  ni  interlignes ,  ren* 
vois  ni  apoftilles. 
1res  lettres  de  grande  Cbancelle- 


b1 


LET 

rie  font  fignées  en  cette  forme  :  par 
le  Roi  en  fort  Confeil:  d  c'eft  pour 
le  Dauphiné ,  on  met ,  par  le  Roi 
Dauphin;  û  c'eftpour  la  Provence, 
on  met  y  par  le  Roi  Comte  de  Pro^ 
vcnce.  Celles  du  petit  fceau  font  fi- 
gnées  ,  par  le  Confeil. 

Tontes  les  lettres  Royaux  (ont  de 
grâce  ou  de  Juftice. 

On  appelle  lettres  dejujlice  ^  celles 
qui  font  fondées  fur  le  droit  com- 
mun, ou  qui  portent  mandement 
de  rendre  la  juftice ,  &  que  le  Roi 
accorde  moins  par  faveur  que  pour 
fubvenir  aux  befoins  de  ies  fajets , 
fuivant  la  juftice  &  l'équité*  Tels 
font  les  reliefs  d'appel  fimple  ou 
comme  d'abus,  les  anticipations, 
déferrions ,  compul  foires  ,  debiùs  , 
commiflSon  pour  aiCgner,  les/a- 
reatis  fur  Sentence  ou  Arrêt ,  les 
refcifioiis ,  les  requêtes  civiles  8c 
autres  (emblables  j  &c. 

Les  lettres  de  grâce  font  des  let- 
tres de  châficellerie  que  le  Prince 
accorde  par  faveur  â  oui  bon  lui 
femble  ,  fans  y  être  obligé  par  au- 
cun motif  de  )uftice>ni  d'éqaité, 
tellement  qu'il  peut  les  refiifer  quand 
il  le  jujge  a  propos  )  telles  font  en 
général  les  lettres  de  don  8c  autres 
qui  contiennent  quelque  libéralité 
ou  quelque  difpenfe  \  relies  qae 
les  lettres  de  bénéfice  d  âge  8c  d'in- 
ventaire ,  les  lettres  de  teniers ,  de 
Commitdmus  ,  les,- fépaiations  de 
biens  dans  la  coutume  d'Auvergne , 
les^  attributions  de  Juridiâion  pour 
criées  v  les  validations  &  autoiifa- 
tions  de  criées  dans  la  coatume  de 
Vitry  ,les  abbréviations  d'affifes  dans 
la  coutume  d'Anjou  ;  les  lettres  de 
fubrogation  au  lieu  8c  place  dans 
la  coutume  de  Normandie  ,  lettns 
de  main  fouveraine  »  les  lettres 
de  permifSon  de  vendre  du  biea 
futiftitaé ,  au  pays  d*Atcott  ^  aodCf 


r< 


LET 

lettres  de  permiffion  poar  aotorifer 
une  veave  à  vendre  du  bien  propre 
à  fes  enfans  dans  la  même  province  » 
&  les  lettres  de  permiûion  de  pro- 
duire qu  on  obtient  pour  le  même 
pays  j  1  es  rémiffions  &  pardons  j  les^. 
lettres  d  aiSètes  \  les  lettres  de  na- 
curalité ,  de  légitimation  ,  de  no- 
blefTe ,  de  réhabilitation  »  &c. 

Les  lettres  de  grâce  font  oppoiées 
aux  lettres  de  juftice- 

Voyez  au  mot  grâce  ^  ce  qui  con- 
cerne les  lemes  de  grâce  en  matière 
criminelle  é 

On  appelle  lettre  pour  ejler  à 
droit ,  des  lettres  de  grande  chan- 
cellerie que  le  Roi  accorde  â  ceux 
qui  étant  in  reatu^  ont  lai  (Té  écouler 
les  ciâq  années  fans  fe  préfenter  & 
urger  leur  contumace.  Le  Roi  par 
e  bénéfice  de  ces  lettres  les  relève 
du  temps  qtii  s'eft  paflé ,  ic  les  re- 
çoit à  ejler  à  droit  &  à  fe  purger 
des  cas  i  eux  impofés ,  quoiqu'il 
y  aie  plus  de  cinq  ans  paUés  j  tout 
ainfi  qu*ils  auroient  pu  &ire  avant 
le  Jugement  de  contumace  j  â  la 
charge  de  fe  mettre  en  état  dans 
trois  mois  du  jour  de  Tobtention  » 
lors  de  la  préfenration  des  lettres  , 
de  refonder  les  frais  de  la  contu- 
mace, de  condgner  les  amendes  & 
les  fommes ,  s'il  y  en  a  eu  d'adju- 
gées aux  parties  civiles  ,  &  â  la 
charge  que  foi  fera  ajoutée  aux  té- 
moins recolés  &  décédés  ou  morts 
civilement  pendant  la  coutumace. 

Le  Roi  difpenfe  quelquefois  par 
les  lettres  de  configner  les  amen- 
des ,  foit  â  caufe  de  la  pauvreté  de 
l'impétrant  ,  ou  par  quelqu'autre 
confidération. 

On  obtient  quelquefois  des  let- 
tres de  cette  efpcce  même  dans  les 
cinq  années  de  laxrontumace ,  à  l'effet 
d'ctrereçu  â  e^er  à  droit ,  fans  con- 
ftj^tt  les  amendes  adjugées  au  Roi. 


LET  545 

LiTTRBS  d'État  ,  fe  dit  de  lettres  de 
etande  chancellerie*  contre-fignées 
d'un  Secrétaire  d'État,  que  le  Roi  ac- 
corde aux  Amba(radeurs ,  aux  Of- 
ficiers de  guerre  Se  autres  perfonnes 


2ui  font  abfentes  pour   le  fervice 
e  l'état ,  pî 
donne  de  futfeoir  toutes  les  pour- 


'état ,  par  lefquelles  le  Roi  or- 


fuites  qui  pourroient  être  faites  en 
Juftice  contr'euxy  en  matière  civi- 
le» durant  le  temps  porté  par  ces 
lettres. 

L'Ordonnance  de  1 669  veut  qu'il 
ne  foit  accordé  de  ces  fortes  de  let- 
tres qu'aux  perfonnes  employées  aux 
affaires  importantes  pour  le  fervice 
du  Roi  »  ce  qui  s'applique  â  tous 
les  Officiers  aâuellement  employés 
â  quelque  expédition  militaire.  Pour 
obtenir  des  lettres  d'État ,  il  faut 
qu'ils  rapportent  un  certificat  du 
Secrétaire  d'État ,  ayant  le  départe- 
menr  de  la  guerre  ,  de  leur  fervice 
aâuel,  â  peine  de  nullité. 

Autrefois  les  Lieutenans  de  Roi 
dans  les  armées  royales  ,  avoient  le 
pouvoir  d'accorder  de  ces  fortes  de 
lettres ,  mais  elles  furent  référées 
par  un  arrêt  du  Parlement  de  l'an 
1393  ;  &  depuis,  ce  droit  a  été 
réfervé  au  Roi  feul. 

Ces  fortes  de  leures  ne  s'accor- 
dent ordinairement  que  pour  fix 
mois ,  â  compter  du  jour  de  Tob- 
tention  ,  &  ne  peuvent  être  renou- 
velées que  quinze  jours  avant  l'ex- 
piration des  précédentes  y  &  il  faut 
que  ce  foit  pour  de  juftes  conHdé- 
rationsqui  foient  exprimées  dans  les 
lettres. 

Quand  les  lettres  font  débattues 
d'obreption  ou  de  fubreption  »  les 
parties  doivent  fe  retirer  par  devant 
le  Roi  pour  leur  être  pourvu  \  les 
,  Juges  ne  peuvent  paiTer  outre  â 
l'inftruâion  Se  jugement  des  procès» 


f44  JLET 

au  pr éjadice  de  la  fignification  des 
'  lettres. 

Elles  n'empêchent  pas  néanmoins 
les  créanciers  de  faire  faifir  réel- 
lement les  immeubles  de  leurs  dé- 
biteurs 6c  de  faire  regiftrer  la  faifie; 
mais  on  ne  peut  procéder  au  bail 
judiciaire  j  &  (î  les  lettres  ont  été 
fignifiées  depuis  le  bjiil ,  les  criées 
peuvent  être  continuées  jiifquau 
congé  d'adjuger  inclufivement.  Les 
oppofans  au  décret  ne  peuvent  fe 
fervir  de  telles  lettres  pour  ar- 
rêter iapourfuite ,  ni  le  bail  ou  adju- 
dication. 

Les  oppofans  i  une  faiHe  mobi- 
liaire  ne  peuvent  pas  non  plus  s'en 
fervir  pour  retarder  la  vente  des 
meubles  faifis. 

Les  lettres  d'État  n'ont  point  d'ef- 
fet dans  les  affaires  où  le  Roi  a  in- 
térêt ni  dans  les  affaires  criminelles^ 
ce  qui  comprend  le  faux  tant  princi- 
pal qu'incident. 

Celui  qui  a  obtenu  des  lettres 
d*État  ne  peut  s'en  fervir  que  dans 
les  affaires  où  il  a  perfonnellement 
intérêt,  fans  que  fes  père  Se  mère 
ou  antres  par  en  s  ,  ni  fes  coobli- 
gés  ,  cautions  6c  certificateurs  » 
puiffent  s'aider  de  ces  mêmes  let- 
tres. 

.  Néanmoins  les  femmes  quoique 
féparées  de  bien ,  peuvent  fe  fer- 
vir des  lettres  d'État  de  leurs  ma-  | 
ris  ,  dans  les  procès  qu'elles  ont  de  j 
leur  chef  contre  d'autres  perfonnes 
que  leurs  maris. 

Les  tuteurs  honoraires  &onérai* 
res  6c  les  curateurs  ne  peuvent  fe 
fervir  pour  eux,des  lettres  qu'ils  ont 
obtenues  pour  ceux  qui  font  fous  leu  t 
tutelle  &  curatelle. 

Les  lettres  d* État  ne  peuvent  em« 
pccher  qu'il  foit  paffe  outre  au  ju« 

{rement  d'un   procès  ou  inftance  , 
orfque  les  Juges  ont  commencé  i 


LET     . 

3t  opiner  avant  la  (Ignificanon  des 
lettres. 

On  ne  peut  à  la  faveur  des  lettres 
d'État ,  le  difpenfer  de  pajer  le 
prix  d'une  charge  ni  celui  d'un  bien 
adjugé  par  Juftice ,  ni  fe  difpenfer 
de  configner  ou  de  remboorfer  VàC" 
quéreur  en  matière  de  retrait  féodal 
•  ou  lignaeer  »  ni  de  rendre  compte , 
ni  s'en  lervir  pour  arrêter  un  par- 
tage. 

Elles  n*ont  pas  lieu  non  plus  en 
matière  de  reiVitution  de  dot ,  paye- 
ment de  douaite  6c  conventions 
matrimoniales  »  payement  de  légi- 
time,alimens,  médicamens^loyecs 
de  maifon  »  gages  de  domeftiques , 
journées  d'arrîfans  ,  reliquats  de 
compte  9  de  tutelle  »  dépôt  nécef- 
faite  6c  manimenc  de  deniers  pu* 
blics  j  lettres  &  billets  de  change  j 
exécution  de  fociétcs  de  commerce» 
caution  judiciaire  ,  frais  funérai- 
res  j  arrérages  de  rentes  feigneuda* 
les  &  foncières ,  &  redevances  de 
baux  emphitéotiques. 

C^tix  qui  interviennent  dans  un 
procès  ,  ne  peuvent  faire  fignifier 
des  lettres  dÉtat  pour  arrêter  le  ju- 
gement, que  leur  intervention  n'ait 
été  reçue  \  6c  s'ils  interviennent 
comme  donataires  ou  ceffionnaires, 
autrement  que  par  contrat  de  ma- 
riage ou  partage  de  famille  ,  ils  nt 
peuvent   faire  (îgnifier  de  lettres 
que  fîx  mois  après  ,  i  compter  du 
jour  que  la  donation  aura  été  infi- 
nuée  ou  que  le  traofport  aura  été 
fignifié ,  &  fi  le  titre  de  créance  eft 
fous  feing-privé ,  ils  ne  pourront  fe 
fervir  de  lettres  d'État  qu'un  an 
après  que  le  titre  aura  été  produite 
recoiuiu  en  Juftice. 

Les  lettres  d'Étatne  peuvent  être 
oppofées  i  l'Hôtel-Dieu  ni  â  l'Ho- 
puai  général  &  i  celui  des  Enfaos 
trouves  de  Paria* 

Lbtthis 


ce 


LET 

Lbttblis  d«  nipi ,  fe  dit  de  lettres 
de    furfcance   du    grand  Sceau  , 

ÎjUe  le  Roi  accorde  i  des  débiteurs, 
oit  négocians  ou  autres  qui  par  des 
-accidens  ou  pertes  confîdérables^  fe 
trouvent  dans  Timpui (Tance  aftuelle 
de  fatis'faire  leurs  créanciers ,  Se  ont 
pour  cet  effet  >  befoin  de  quelque 
délai.  Fbyei  Kin. 
JLettrbs  d'honoraire,  fe  dît  de  let- 
tres de  la  grande  Chancellerie  ^  par 
lefquelles  le  Roi  accorde  les  bon- 
.  neurs  Se  privilèges  de  vétéran  à 
^quelque  Alagiftrat. 

Cellesquelon  accorde  à  d'autres 
Officiers  inférieurs,  s'appellent  dm 
clément  Jeures  de  vétcrancc. 

On  ne  les  accorde  ordinairemenr 

<}u'au  bout  de  vingt  années  de  fer- 

,    vice  j  i  moins  que  le  Roi  par  des 

*    cotlfidérations  particulières,  ne  dil 

penfe  l'Officier  d'une  partie  de  c< 

.  xemps. 

Elles  font  néceflàûres  pour  jouit 
«des  honneurs  &  privilèges ,  Se  doi- 
vent être  regiftrées. 

On  n'en  donne  point  aux  Chefs 
de  compagnie  ,  parcequlls  ne  peu- 
vent après  leur  démiflion^  confervet 
la  même  place. 

Ceux  qui  ont  obtenu  .des  lettres 
d* honoraire ,  n'ont  point  de  part  aux 
émolumens. 
Lettres  sk  commandement,  fe  dit 
»    de  lettres  de  faveur  expédiées  en 
grande  Chancellerie  j  qui  font  con- 
tre*fignéés  par  un  Secrétaire  d'État; 
*elles  font  de  deux  fortes  ,  les  unes 
•que  le  Secrétaire  d'État  de  la  pro- 
vince donne  toutes  (ignées  &  que  1 
l'on   {celle  es  foire  ^   d  autres   qui 
font  du  refibrt  ou  du  Chancelier 
ou  do  Garde  des  fceanx,  &  qui  font 
fceltées  avant  d'être  fignées  pat  le 
Secreftaire  d'État. 
Lettres  de  commission,  fe  dit  d'u 
^e  commiffion  que  Ton  prend  enj 
Tome  Xr. 


LET  J4Î 

Chancellerie  pour  faire  affigner 
quelqu'un  à  ccAnparokre  dans  une 
Cour  fouveraine  en  conféquence 
de  quelque  inftance  qui  y  eft  pen« 
dance  etrrre  d'autres  Parties  ,  bia 
pour  conftiruer  nouveau  Procureur, 
on  reprendre  irne  intlance  ou  pro« 
ces ,  ou  pour  faire  déclarer  un  arrêt 
exécutoire  contre  des  héritiers. 

On  entend  aufli  pat  lettres  dé 
commiffion^  un  pareatîs ,  ou  le  man- 
dement qui  eft  donné  à  on  Juge 
royal  ^  de  faire  procéder  à  Texécu-^ 
tion  de  quelque  arrêt ,  d  la  fin  du-^ 
quel  mandement  il  enjoint  au  pre*^ 
mter  iiuiffier  ou  Sergent^  de  mettre 
à  exécution  cet  arrêt. 

Lettres  bb  committimus  ,  voye^ 
Comkittimxjs. 

Lettres  de  cession  ,  fe  dit  de  ceOet 
qu'un  débiteur  obtient  en  grande 
Chancellerie  ,  pout  être  admis  î 
faire  ceffion  Se  abandonnement  de 
fes  biens  à  fes  créanciers  ,  en  con- 
fervant  la  liberté  de  fa  perfonne* 
Voye^  Cession  Se  Abandonne- 
ment. 

Il  y  a  encore  plusieurs  antres  for- 
tes  de  lettres  royaux ,  comme  les 

,  lapres  de  rejcifion  .  de  garde  gar'^ 
dienne ,  Scc.  de  chacune  defquetles 
nous  parlons  fous  la  dénomination 
qui  lui  eft  propre* 

Lettre  ,  fè  oit  encore  de  tous  les  ac- 
tes qui  s^expédient  fous  le  fceau  de 
quelque  Pui  (Tance  ou  de  quelque 
Commnna\tté  ou  Compagnie  ecclé- 
(iaftique  ou  féculière  :  ainli , 

Lettiies  testimoniales  ,  fe  dit  en 
Cour  d'Églife  ,  de  celles  qu'un  Su- 
périeur eccléfiaftiqoe  donne  â  quel- 
3u  un  de  ceux  qui  lui  font  fubot'-^ 
onnés  \  telles  (ont  les  lettres  que 
l'Évêque  donne  ï  des  Clercs  pour 
artefter  qu'ils  ont  reçu  la  toniute  » 
,  les  quatre  mineurs  ou  les  ordres  fa* 
crés  )  telles  font  aufli  les   lettres 

Z  zz 


14*  lET 

qu'un  Sapériear  séeolier  donne  i. 
quelqu'un  de  fes  Religieux  pour  ac- 
teftec  fes  bonnes  vie  &  mceurs, 
ou  le  congé  qu  on  lui  a  donné , 

Lettres  commindatices  ,fe  dicauffi. 
en  Cour  d'Églife  »  des  lettres  de  re- 
commandation qu'un  Supécieurec- 
cléfiaftique  donne  i  quelqu'un  , 
adre(!àntes  aux  JEvêques  voilins  ou 
autres  Supérieurs,  eccléfiaftiques» 
Les  réguliers  ne  peuvent  donner 
des  Ictères  commcndatices  ni  cefti* 
moniales  â  des  féculiers  »  ni  même 
â  des  réguliers  qui  ne  û)nc  pas  de 
Iftutordre^ 

Lettre^  de  oÉFRicATioir"»  fe  dirde 
lettres  par  lelquclles  quelqu'un  y.en 
vertu  d'un  piivilége  particulier  , 
préfente  un accufé au  Prince,  â  Tef- 
fet  d'obtenir  de  lui  des  leiues  de 
grâce  s'il  y  écber.  ^ 

L'édit  du  moisde  novembre  17  j  j: 

3ui  a  réglé  l'étendue  du  privilège 
ont  les  Éveques  d'Orléans  loutf- 
fent  à  leur  avènement  ^  de  faire 
grîce  à  certainscriminels  ,  a.réglé 
que  dans  le  cas  où  ce  privilège  peut 
avoir  lieu  ^  TÉveque  donnera,  au 
criminel  des  lettres,  d'intercellion 
&  de  déprtcation,  fur  lefquelles  le 
Roi  fera  expédier,  des-  lettres  de 
grâce. 

Les  Univerfités  accordent  des 
kccrea^  Aejcholar'ué  ^  de  licence ,  &c. 
Les  Communautés  des  arts.  8c  mé- 
tiers donnent  des  lettres  de  maî-^ 
iri/e^ôcc.  Voyi\  ScHOhAKui y.Li" 

On  dit  proverbialement^^figuré* 
nient  &  ramilièremenr,  âvo/V  i>r- 
très  de  quelque  chofe  ;  pour  dire , 
en  avoir  atlurance.  Si  nous  avioas 
lettres  de  rcuffir  dans-  cette  entre^ 
ffife. 

On  dit  proverbialement  &  Nul- 
lement ^  C€  font  des  lettres  clojes  i 


LET 

pour  dire  »  c'eft  un  fecrec  qu'on 
peut  ou.  qu'on  ne  doit  pas  gêné»- 
tret* 

LETTRÉ  >  ÉE  j  adleétifT  Qui,  a  de 
rérudition ,  des  connoiflances  litté^ 
r aires*  Un  homme  lettré.. 

On  dit  familièrement  9  des  gensi 
ignares  &  riànleitrés.. 

A.  la  Chine  on  appelle  lettrés  ^ 
ceux  qui  favent  lire  &  écrire  leur 
langue.  Il  n'y  a  que  les  lettrés  quit 
puiiTent  être  élevés  a.la  qualité  da. 
Mandarins.. 

Lettrés  ,  fe  dir  auiC  à  la  Chine  ^ 
d'une  Sede  qu'on  diftingue  pat  fer 
fentimens  fur  la  religion  j  la  philo* 
fophte  &  la  politique.  Elle  elbprir»^ 
cipalement  compofée  de  gens  de- 
lettres^  dn  pays*.  Elle  s'éleva  l'aat 
1400  de  Iesqs^--  Christ  »  lorfque; 
TEmpereur,  pour  réveiller  lapaf«- 
fion  de  fon  peuple  pour  les  fcien-^- 
ces  ,  dont  le.go(k  avoir  été  entio* 
Fement  émouàe  par  les  dernières^ 
guerres  civiles ,  &  pour  exciter  Vie- 
mulatioB  parmi,  les^  Mandarins^ 

'  choifit.quarante  -  deux  des  plus  hat 
bilesdoâeurs  <^'il  chargea  de  com«- 
pofer  un  corps  de.doâxioe  confor*-- 
me  â  celle  des  anciens»,  pour- fer* 
vir  déformais  de  règle  de  favoir  &: 
dé  marque  pour  reconnoîrre  les 
gens  de  lettres*  Les  fa  vans  prépofér 
a  cet  ouvrage  j  s'y  appliquèrent  avec 
beaucoup  d'attention  ;:mais  qael- 

3ues  perfonnesont  prétendu  qu'ils 
onnèrent  la.  torture  a  la  doélrine^ 
des  anciens  pour  la  faire  accorder 
avec  la.  leur  »  plutôt  qu'ils  ne  foi-^ 
mèrentleurs^  femimens  fur  le  mo- 
dèle des  anciens.  Ils  parlenr  de  la 
Divinité  comme  fi  ce  n'étoic-  rie» 
de  plus  qu'une  pure  nature  ^oubien 
le  pouvoir  &  la  verm  naturelle  qui 

Iuoduit,  arrange  &  conferve  routes; 
es  parties  de.  l'jinivers.  C'eft  ,  di-* 
fent-ils  a  un  £ur  &  parfait  principe 


iknrs  commencement  ni  fin  ;  c'eft 
4a  fource  de  toutes  cfaofes  ,  refpé* 
ïance  de  ^out  ctre  ,  &  ce  qui  fe  de* 
termine  foi-même  â  ècre  ce  qu'il  eft. 
Ils  font  de  Dieu  l'ame  du  monde  4 
41  eft ,  félon  leurs  principes ,  répan- 
du dans  toute  la  matière  »  &  ilpro- 
niuit  tous  les  changemens  qui  lai 
-arrivent.  £n  un  mot  il  n'eft  pas  «ifé 
'de  décider  s'ils  réduifent  Tidée  de 
SDieu  à  celle  ^e  la  nature  ,  on  s'ils 
élèvent  plurèt  Tidée  de  la  nature  à 
«elle  de  Dieu  \  car  ils  attribuent  à 
h,  nature  une  infinité  des  cfaofes 
^que  nous  ^tribuons  à  Dieu. 

Cette  doârine  introduifit  à  la 
Chine  une  e&èce  d*<at1iéifme  rafiné 
À  la  place  de  i'idoktrie  qui  y  avSit 
régné  auparavant.  Comme  l'ouvra- 
:ge  avoir  été  conxpofé  .par  tant  de 
perfonnes  répétées  favantes&  ver* 
lées  en  tant  de  parties  ,  que  lEm*' 
perenr  loi- même *lui  avoir  donné 
Ion  approbation ,  le  corps  de  doc- 
trine fut  reçu  du  peuple  non  feule- 
ment fans  contraaiârion  ,  mais  mê- 
me avec  applaaditTement^  Plufieurs 
le  goûtèrent  parcequ'il  leur  paroif- 
foit  détruire  toutes  les  raligions  ; 
^'autres  en  furent  fatisfaits  parce- 

Îrue  la  graiide  liberté  qu'il  leur  laif- 
oiten  matière  de  religion  ,  ne  leur 
pouvoit  pas  donner  beaucoup  d'in- 
tjuiérude.  Ceft  ainfi  que  fe  forma 
la  fefte  des  lettrés  qui  eft  compofée 
•de  ceux  desChinois  qui  (butiennent 
les  fentimens  que  nous  venons  de 
Tapponer  &  qui  y  adhèrent.  La 
Cour ,  les  Mandarins ,  les  gens  de 
qualité  ,  les  riches  »  &c.  adoptent 
prefque  "généralement  cette  façon 
de  penfer  ^  mais  une  grande  partie 
dvL  même  peuple  eft  encore  attachée 
«ucuhe  des  Idoles. 

Les  Lettrés  tolèrent  fans  peine 
les  Mahométans  »  parceque  ceux- 
ci  adorent  comme  eux  le  Roi  des 


lEV  547 

cîeiix  6c  rauteuc  de  la  nature^  mais 
ils  ont  une  parfaite  averfion  pour 
toutes  les  fc^es  idolâci^s  qui  fe 
trouvent  dans  leur  ration.  Ils  léfo- 
-lurent  même  une  fois  de  les  extir-* 
per;  mais  le  défordre  que  cette  en- 
^reprife  auroit  produit  dans  l'Em- 
pire ,  les  empêcha  ^  ils  fe  contenu 
tent  maintenant  de  les  condamner 
en  général  comme  autant  d'héré- 
tiques ,  &  renouvellent  folennelle* 
ment  tous  les  ans  à  Pékin  cette  con- 
damnation. 

LETTRIER  j  vieux  mot  qui  fignifioit 
autrefois  inscription* 

LETTRINE  j  fubftamif  féminin  8c 
terme  d'Imprimerie.  Petite  lettre 
<iui  fe  met  an-  deflbus  ou  â  côté  d'un 
mot  pour  renvoyer  le  leâeur  à  la 
tn^tge  ou  au  commentaire.  Les  let- 
trines k  mettent  ordinairement  en 
italique  &  entre  deux  parenthèfes, 
&  fe  tépètent  aii  commencement  de 
rinterprétaiiQn  011  explication  à  la* 
quelle  on  renvoyé. 

Lettrine  ,  fe  dit  auffi  dans  un  dic« 
tionnaire  j  des  lettres  majufcules 

3ui  font  au  haut  d'une  page  pour  in- 
iquer  les  lettres  initiales  des  mots 
qu^elle  contient. 

LETZ  ;  rivière  du  DaupKiné&  du 
Comté  Vénaifllin  ,  qui  pafTe  par 
Beaume  »  Suze  ,  Boulène  ,  &  fe 
jette  dans  le  Rhône  vis  -  i  -  vis  de 
Montdragon^ après  an  cours  d*envt<» 
ron  dix  lieues. 

LEU  'j  vieux  mot  qni  fignifioir  autre- 
fois loup. 

LEVACIENS  j  {  les  )  anciens  peuples 
de  la  Gaule  &  de  la  Belgique  -  Se- 
conde dont  parle  Céfar  dans  fes 
commentaires.  Ils  habitoient  efl 
Elandre  dans  les  environs  de  Gand« 

LEVAGE  ;  fubftantif  mafculin&  ter- 
me de  Coutume.  Ceft  le  nom  d'un 
droir  que  perçoivent  quelques  Sei- 
gneurs fur  les  denrées  qui  ont  fér 

Zzz  ij 


iE\r 


Î4» 

journé  huit  jours  dans  leur  juftice, 
&  qui  font  vendues  ou  autrement 
tranfportées  hors  de  leur  fief.  Ce 
droit  eft  très  -  modique  Se  ne  doit 
point  excéder  cinq  fous. 
lEVAlN  i  fubftanxif  mafcuHn..  Fer^ 
mentum»  Corps  capable  d'exciter  un 
gonflement,  une  fermentation  in- 
cerne dans  celui  auquel  on  TincoL- 
pore.. 

Dans  ce  fens  on-  appelle  parricu- 
Kèrement  levain ,  un  petit  morceau 
à&  pâte  aigrie  qui  étant  mclce  avec 
la  pâte  donc  on  veut  faire  le  pain, 
fert  à  la  faire  Tever,  â  la  faire  fer- 
menter.  On  fait  quelquefois  aigrir 
le  levain  âv^c  du  leL&  de  la  levure 
de  bière  ,   quand  avant  de  Tem 
ployer  on  n'a  pas  isifTez   de  temps  [ 
pour  qu'il  puifle  s'aigrir  naturelle- 
mène.  La  hl  défenioit  aux  Hébreux 
de  manger  pendant  les  fipt  jours  àe  la 
pâque  y  du  pain  ou  autre  chef e' dans 
quoi  il  entrât  du  levain^ 
XtvAiH  ^ie  dit  par  extenfion  ,  d'une 
difpo(ition  des  humeurs  i  quelque 
maladie  prochaine  ,  &  du  vice  qui 
refte  dans  les  humeurs  après  la  ma- 
ladie. //  à  un.  mauyals  levain  dans  le 
fang.  La  goutte  ne  fe  dijppe  guhe 
fans  laijfer  qwttque  levain. 
]L£y AïK ,  £e  dit  auûi  du  ferment  >  du  f 
didblvant  de  l'éftomac,  par  le  moyen 
duquel  fe  l'ait  la  digeftion.  Les  le- 
vains dtV  ejtornac foruneceffaixes  pour 
àpértrla  digç/lion. 
£EVAr>rj  fe  dit  figurcment  des  mau- 
vaifes  imprei&ons  que  le  péché laifTe 
dans  l'ame.  ^  levain  du pccké.  Dans 
r.  Ecriture  Jésvs-Chuist  appelle  le- 
vain  dis  Pharijiens  &  des  Hérodiens^ 
leur  doctrine-  &  leurs  maximes,  y  & 
il  recommanda   de   s'en  donner  de 
gardc^ 
1-EVAn*,.  fe  die  auflî  fîgurément  des 
reftes  de  certaines  paffions  violen- 
tes ^  caounc  la  haine^^dc  des.  dl'T^or 


fîtions  au  foule vement  dans  l'eCptitr 
des  peuples»  Ilfubfifie  encore  entrer 
eux  un  levain  de  difcorde.  Il  y  a  tou^ 
jours  dans  cette  province  un  levain  de: 
mécontentement  qui  fe.  fait  rtmar-^ 
quer^ 

La  première  fy  llabe  eft  très-brève,. 
fc  la  féconde  moyenne  au  (ingulier^ 
mais  la.  dernière  eft  longue  au  plu- 
riel. 

LEVANE  i  terme  de  Mythologie  & 
nom  propre  d'une  Déefle  que  les  Ro- 
mains diibienc  préfider  â  l'aftion  de* 
celui  qui  levoic  un  enfant  de  cerret 
pour  bien  coniloîtce  cette.  Divinité 
il  faut  favoir  que  quand  un  enfant 

•  étoit  né  ,  la  fage- femme  le  meitoic 
par  terre  ,  &  il  falloir  que  le  jpcre^ 
eu  quelqu'un  de  fà  part ,  Je  levar  & 
fe  prix  entre  fes  bras  ^  fans  quoi  iL 
panoitpour  illégitime. 

LEVANT  i  adjèftif.  Qui  fe  lève.  Il 
ne  fe  dit  guère  qu'en  cette  phrafe  >. 
Seltd  levant.  Vous  partîmes  à  Soleil 
levant»  Sottr.  appartement.a,  le  SoleiE 
levant. 

On  dît  proverBîalèment'&  figu- 
rémeht ,  quon  adore  toujours  leSo^ 
leil  fevant  ;  pour  dire ,  que  l'on  s'at^ 
tache  toujours  à  lapuiflànce  &  il» 
faveur  naifTante.. 

En  termes  de  CèutameonappcUei 
homme  levant  &  couchant  y  un  hom- 
me domicilié.  G'eft  dans  ce  fensi 
qu'on  dit  qu'en  matière  de  Juftice 
&  de  corvées,  on  ne  considère  corn- 
me  fujets  duSeigneur,  que  ceux  qui 
font  levans  &  couchans  dan^  l'éten- 
due de  Ùl  Seigneurie.. 
LivANT ,  eft  auffi  fubftantif  mafcullot 
St  fignifie  l'Orient ,  relativement  aa 
lieu  où  l'on  eft^  la  partie  du.monde- 
ou  le  Soleil  fe  lève.  Le   levant  ejt 
un  des.  quatre  points  cardinaux  dut 
monde» 


On  appelle  te  levant  d*éte\  la  par- 

tie'dii  cusl  oà  le. Spleil  ik  l^ve  futt 


LEXJ 

vont  horifon  en-  été.  Et  le  levant 
^ hiver ,  celle  où  le  Soleil  fe  lève  en 
hiver. 

l^LVANx  ,  fe  dit  aufC  des  régions  qui 
font  à  notre  égard  da  côté  où  le  So- 
leil fe  lève  j  comme  la  Perfe,  TAfie 
mineure  ».  ia  Syrie  ,.  &c.^  &  particu* 
lièrement  des  pays  ticués  à  l'Orient 
delaMéditerranéeparrappoitànous. 
//  s'tjl  enrichi  dans  le  commerce  du^ 
Uvauu 

On  appelle  vent  du  levant  y  cç^aï 
qui  fouftle  au  fortic  du  détroit  de 
éibraltar. 

La  première  fyllabe  eft  très-brève 
&  la  féconde  longue? 

HEVANTIN  ,  INEi  adjeétif.  Qui  eft 
natif  des  pays  du  levant.  Les  na- 
tions levantines •  Les  peuples  levan- 
tins^ 

11  s'emploie  d  ordinaire  fubftau- 
tivement.  Les  Levantins  ont  coutume 
defré^uenter  ces  foires. 

iEVANTlS  y  fubftantif  mafculin. 
Nom  qu'on  donne  aux  foldats  des 
galères  turques*  Les  Lwantis  font 
dans  l^ufage  d^infulter  les-  étran-- 
gers  qu'ils  rencontrent  à  Confianti- 
nople^ 

lEVANZp  V  petite  îîe  de  la  Médi- 
terranée >  à  trois  lieues  delà  côte 
occidentale  de  la  Sicile,  vis-à-vis  de 
Trépani.  tl  n'y  a  que  quelques  ha- 
meaux. 

EEVARÈ  ;  bourg  de  France ,  dans  te 
Maine,  environ  à ïîx^  lieues»  nord- 
oueltj.de  Mayenne 

IlEUBEN;,nom  propre  d'une  petite 
ville  d'Allemagne  ,  dansla  Styrie  > 
fur  la  Muer ,  à  troislieucsau-de/Tus 
dePruckandermuer. 

liEUCACANTHA  j..  fubftanilf  fémir- 
nin.  Plante  que  quelques  -  uns,  te* 

gardent  comme  une  efpèce  de  car- 
ne. On  lui  donne  encore  le  nom  \ 
de  caméléon  noir.  Les  anciens  pré*- 
«endoic^t  que  fa  racine,  mâchée 


LEU  54, 

apaifoic  le  mal  de  dents  j  mais  on 
n'eft  pas  sur  que  la  plante  à  laquelle 
nous  donnons  le  nom  de  leucacan^ 
tha  ,  foie  la  même  que  celle  que  los 
anciens  appeloient  amfî* 

LEUCACHATE  j  fubftantif  féminin. 
Les  anciens  donnoient  ce  nom  à. 
une  efpèce  d  agarhe  qui  ,  fuivanc 
cette  dénomination  ,.  devoit  être 
blanche ,  on  du  moins  avoir  des  ta- 
ches ou  des  veines  blanches» 

LEUCADEj  c'étoit  dans!  origine  une 

f^refqu'île  de  la  mer  Ionienne  j  fur 
a  côte  de  l'Acarnanie  »  à  l'entrée 
feptentrionale  du  détroit  qui  fépare* 
.  rile  de  Céphalonie  de  la  terre  fer- 
me. Dans  la  fuite  il  s'y  établit  une 
colonie  de  Corinthiens  qui  en  fi- 
rent une  île  en  coupant  l'iflhme  par 
où  elle,  tanoit  au  continent ,  &  ils 
y  bâtirent  une  ville  quils  appelè- 
rent au(Ii  Leucade  ,  laquelle  oevincc 
'très*âori(rante  &  fut  la  capitale  de 
rAcarnanie. 

Près  de  là  étoit  ua  fameux  pro- 
montoire de  mcmenom^fur  lequel* 
on  voyoit  le  Templed' Apollon  Leu- 
cadien,&  d  où  les  amansmalheureux 
fis  précipitoient  dans  la  mer  pour 
chercher  un  remède  à  leurs  peines. 

llsl'y  rrouvoientordinaicement  avec 
la  mort  :  du  moins  il  ne  paroîtpas 
qu'il  en  foit  beaucoup  réchappé  de 
ceux  qui  ont  ofé  tenter  ce  faut  pé- 
flilteux  I  auûi  ce  remède  fîngulicr 
ne  fe  maintint- il  pas  long -temps,  en^ 
crédit. 

LEUCATE;  petite  ville  de  France,, 
en  Languedoc  >  à  fept  lieues  ,  fud, , 
de  Narbonnc.  Elle  eft  remarquable 
par  le  Gége  qu'elle  foutint  en  1(^37 
contre  les  Efpagnols  qui  y  furent 
défaits-par  le  Maréchal  de  Schom-* 
berg. 

LEUÇHTENBERG  ;  bourg  U  châ- 
teau d'Allemagne  ^  dans  je  Palati» 
mt.dfi&yière^ i  lalieucs^pord. eft^ 


550  LEU 

de  Ratifbonne.  Il  donne  fon  nom 
â  an  pecic  canton  appelé  Lanigra- 
viat. 

LEUCI  ;  (  les  )  nation  oa  peaple  des 
Gaules,  qui  habitoienc  la  Belgi- 
que première ,  dans  le  voifînage  de 
Toul. 

LEUCIPPE  i  célèbre  Philofophegrec, 
difciple  de  Zenon  ,   qui  flonûToic 
vers  Tan  418  avant  Jésus-Christ. 
Il  inventa  le  premier  le  fameux  lyC- 
cerne  des  atomes  Se   du  vide  •  & 
même  1  hypothéfe  des  tourbillons  ^ 
comme  le  favant  Hucc  le  prouve 
très  -  clairement.  Il  fait  voir  que 
Leucippe  ,  Démocrite  &  Épicure 
divisèrent  la  matière  en  dinérens 
tourbillons  ;  que  le  témoignage  de 
Diogène   Lacrce   &  d'Êfîchius  eft 
là  deffus  formel  j  que  fuivant  l'opi- 
nion des  anciens  atomiftes,  les  cor- 
pufcules  aflemblés  dans  Tinfini  ^fe 
rouloient  circulairemcnt  &  formoicnt 
un  iourbillon  lorfquun  milieu  leurré" 
(îfioit  ;  que  de  ces  tournoyemens 
naifibient  des  divifions  &  des  réu- 
nions  de  particules ,  8c  que  les  réu- 
nions foïmoient  un  amas  globuleux. 
M.  Huet  conclut  de  là  que  Técole 
cartéûenne  a  tort  de  tirer  tant  de 
gloire  de  l'invention  prétefidue  de 
les  tourbillons.  On  trouve  de  plus 
dans  le  fyftème  de  Leucippe ,  les 
femences  de  ce  grand  principe  de 
mécanique  que  M.  Defcanes  em- 
ploie fi  efficacement  »  favoir   que 
ies  corps  qui  tournent  s'éloignent  du 
centré  autant  qu  il  leur  ejl  pojfibk. 
L*ancien  Philofophe  enfeigne  que 
les  atomes  les  plus  fubtils  tendent 
vers  Tefpace  fluide  en  s'élançant. 
Quelques  -uns  ont  dit,  comme  le 
remarque  M.  Bayle ,  qu'à  l'égard 
-des  tourbillons  &  des  caufes  de  la 
pefanteur ,  Defcartes  eft  le  copifte 
de  Kepler  :    ils  dévoient  ajouter 
que  Kepler  eil  le  copifte  de  Lea-  ^ 
dppe. 


LEU 

LEUCO  ;  fuba.  maf.  ECpècede  graine 

d'Afrique,  femblable  au  millet, la- 
quelle étant  moulue  donne  une  fa- 
rine dont  les  habitans  des  Royaa* 
mes  de  Congo  &  d'Angola  font  da 
pain  qu'ils  préfèrent  i  celui  du  fro- 
ment. Cette  graine  croit  auffi  en 
Egypte ,  fur  les  bords  du  Nil. 

LEUCOCRYSOS;  fubftantifmafcu- 
lin.  Nom  fous  lequel  Pline  &  les 
anciens  pacoitTenr  avoir  voidu  dé£- 
gner  l'hyacinte  d'un  jaune  clair. 

LEtJCOIUM  i  Foyei  Giroflier. 

LEUCOMÂ  ;  fubftantif  mafculin  & 
terme  de  Médecine.  Petite  lacht 
blanche  qui  fe  forme  fur  ta  cornée. 

LEUCOPHLEGMATIE  j  fubftantif 
féminin  ,  &  terme  de  Médecine. 
Efpéce  d'hydropifie  qui  diffère  de 
l'anafarque ,  en  ce  que  l'enfonce- 
ment du  doigt  dans  l'anafarque  dif- 
paroît  alTez  promptement  îc  qu'il 
lub^ifte  long  -  temps  dans  la  leuco^ 
phlegmatie.  Elle  eft  générale  ou  par- 
ticulière \  dam  le  premier  cas  loat 
le  corps  eft  boum  ,  œdémateux  ; 
mais  le  plus  fouvent  elle  eft  parti- 
culière &  n'affeâe  que  les  jambes 
&c  les  cuifles. 

Lorfque  la  leucopMegmatie  com- 
mence ,  les  parties  les  plus  lâches 
&  celles  dans  lefquelles  la  circula- 
tion  eft  plus  lente  ,  font  les. pre- 
mières attaquées.  Aiafi  d'abord  le 
defTous  des  yeux  ic  les  environs  des 
chevilles  fe  gonflest  peu  i  peu, 
l'enflure  gagn«  les  jambes ,  les  caif- 
fes  ,  fe  répand  dans  les  bourfes  9 
dans  la  verge  qui  groflit  &  fe  cen- 
tourne  Gngulièrement  :  bientot^iprès 
tout  le  refte  du  corps  fe  trouve  in- 
filtré, ou  les  eaux  s^accumulenrdaoi 
quelque  cavité ,  comme  le  ventre  9 
la  poitrine  &c* 

Du  refte  la  leucophlegmad^c^ 


{frodaire  par  les  mêmes  ciufes  que 
'hydropiue  ,  te  l'on  emploie  les 
mêmes  remèdes  contre  Tune  &  TaU^ 
tre  de  ces  maladies  :  ainfi  »  voyc^ 
Hydropisis. 
HEUCOPHRYNE' ;  adjeûif  féminin 
&  terme  de  Mythologie.  Surnom 

Sue  les  MagnéHens  donnèrent  à 
>iane»  en  lui  élevant  un  Temple 
fur  le  modèle  de  celui  qu  elle  avoit 
à  Leucophrys  ^  ancien  nom  de  Tile 
de  Téncdos.  Us  la  repréfentoient 
avec  plufieurs  mammelles  &  cou^ 
tonnée  par  deux  viâoires* 

JLEUC0PHR  YS  ^,nom  d'une  ancienne 
ville  d'Âlie,  dans  la  Pbrygie  »  for 
les  bords  du  Méandre. 

Heucorhrys  y  eft  aufli  an  ancien 
nom  de  Tile.  de  Ténédos^  f^^'^. 
Tenédos* 

HEUCOPHYLE  i  fubftamiC mafc»- 
lin.  Plante  fabuleufe  qui  félon  les 
anci^s  croiflfoit  dans  le  Phafe ,  ri* 
v4ère  de  la  Colchide.  On  lui  attri 
buoit  la  vertu. d'empêcher  les  fem- 
mes d'être  infidelles  à»  leurs  maris* j* 
mais  on  devoir  la  cueillir  avec  de 
oertaines^  précautions  ,.&  on  oe  la 
trouvoit  qu'au  point  du  jour,  vers 
le  commencement  du  printemps» 
Loirfqu'on  célébroit*  Us  myftères 
d'Hécate. 

EEUCOSIEj  fubft.  fém.  Mom  d^une 
des  Sy^rènes,.  laquelle  donna  Ton 
nom  aune  iledela  merXyrrhcnien- 
ne  3  fur  la  cote  occidentale  d'Italie. 

LEUCOSTICTOS  y  fubftantif  maf- 
calin;  Pline  donne  ce.  nom  à  une 
efpèce  de  porphyre  parcequ'îl  eft 
rempli  de  taches  l>lanches. 

EEUCOSYRIE  j  ancien  nom  de  cette 
partie  de  la  Cappadoce  ,  qui  étoit 
fiiuée  vers  l'embouchure  du  Ther- 
modon , aujourd'hui  le  Pormon,  qui 
ffe  jette  dans  la  mer  Noire* 

EEUeOTHOÉ  ^.fubftantif  féminin 
Se  teiaie  de  Mj^chologte  «Ced  la 


LEV  551 

même  qn'Ino ,  nourrice  de  Bacchus, 
laquelle  fuyant  la  fureur  d'Âthamas 
fon  mari ,  Roi  d'Orchomène  ,  fe 
précipita  dans  la  mer  avec  fon  fils 
Mélicerte  ,  &  tous  deux  furent  ad- 
mis au  rang  des  Divinités  de  la  mer. 
y^yt^  Ino. 

LEUCTRES  ;  nom  d*une  ancienne 
ville  de  Grèce  y  dans  la  Béorie  , 
fameufe  par  la  viâoire  qu'Épami-* 
nondas  ,  Général  Thébain,  y  rem- 
porta fur  les  Lacédémoniens37ian8 
avant  Jesus-Christ. 

LEUDES  ;.ce  mot  dans  nos  anciens 
hiftoriens  (ignifie  ce  que  nousappe-^ 
Ions  aujourd'hui  Vf^£^'^x* 

LÈVE;.  (Antoine  de)  homme  fingu- 
lier,  né  dans  l'obfcurité,  &  qui  de- 
l'état  de  (impie  foldat ,  parvint  par 
une  fuite  d  aâions  éclatantes  »  au 
commandement  des  armées.  Un  ex- 
térieur ignoble  ne  lui  otoit  rien  de 
l'autorité  qu'il  devoir  avoir  ^  parce- 
qu'îl joignoit  au  talent  delà  parole 
une  audace  noble,  , à  laquelle  les 
hommes  ne  réâftent  pas.  11  fe  iîgnala 
d  abord  dans  le  Royaume  de  Naples> 
fous  Gonfahc  de  Cordoue  j  dcenfui  te  - 
dans  le  Milanès ,  d'où  il  chada  l'A* 
xniïoX  Bonnivet  en  1 5  23.  La  bataille* 
de  Rebec  s'étanc  donnée  l'année  d*a-^- 
près ,  il  y  fervit  avec  beaucoup  de 
valeur*  Il  défendir  Pàvie  Tannée  fcti* 
vanre  conrre  le  Roi  François  pre^ 
mier,  qui  y  fut  pris.  Ses  fuccès  aani^ 
le  Milanès  lui.procurèrcnt  des  dif- 
tin&ions  flacteufes.  Chartes-Qu/nt ,. 
s'érant  rendu  en  Iralie^  le  fit  afTeoir 
âcôté  de  loi,  &  le  voyant  obftir|éi 
oe  fe  pas  couvrir,  lui  mit  lui-même 
le  chapeau  fur  la  tête  en  lut  difant  ^ . 
qu^un  Capitaine  qui  avoit  fait  foixante 
campagnes  toutes  gj^orieufcs  j  mtritoit' 
biea  d'être  ajjts  &  couvert  devant  un 
Empereur  de  trente  ans^  Ce  gtand 
Général  foutint  fa-  réputation    en 
Autriche,  où  il  futeavoyéen  ij  19 


551  lEV 

contre  Soliman ^  qui  affiégeoit  Vien- 
ne,  &  en  Afrique  ,  où  il  luivic  1  Em- 
f^ereur  en  15)5*  L'année  diaprés  , 
expédition  de  Provence  fut  réiblue. 
Elle  eue  une  origine  (ingulière.  Un 
Aftrologue  avoir  afTuré  Lève ,  encore 
enfant ,  qu'il  mourroit  en  France  » 
&  qu'il  feroir  enterré  à  Saint-Denis. 
Sur  cette  idée ,  il  engagea  Charles- 
Quint  à  faire  une  irruption  en  Pro- 
vence^ elle  fut  malheureufe,  l'Em- 
pereur s'en  prit  à  fon  Général ,  qui 
en  mourut  de  douleur,  en  i5  3^« 
Antoine  de  Lève  a  voit  autant  de  gé- 
nie que  d'aâivité  dans,  un  combat; 
mais  dans  1^  fociété  il  écoit  inquiet 
&  groffier  jufqu'à  la  ruflicité.  11  he 
connoifToit  de  la  religion  &  de  la 
probité  que  les  apparences.  Sa  for- 
tune &  les  intérêts  du  Prince  étoient 
fa  feule  loi.  Entretenant  un  jour 
l'Empereur  des  affaires  d'Italie ,  il 
ofa  lui  propofer  de  fe  défaire  par 
aflaiïinat  de  tous  les  Princes  qui  y 
avoient  des  polleffion^.  Eh  !  que  de- 
viendroit  mon  ame^  lui  dit  Charles- 
Quint?  Ave\vous  uneame ,  répartit 
Livey  abandonnez  l'Empire. 

LÈVEj  fubftantif  féminin.  Efpèce  de 
maillet  de  bois  à  long  manche  >  dont 
on  fe  fert  au  [eu  de  mail  pour  lever 
la  boule  &  la  jeter  (ous  la  paffe. 

LEVÉ ,  ÉE  ;  patticipe  paâîf«  Voye\ 
LevEa. 

On  dît  5  aller  par-tout  tête  levée ^ 
la  tête  levée  ;  pour  dire,  aller  par- 
tout fans  rien  craindre ,  fans  appré- 
hender aucun  reproche. 

On  dit  familièrement,  prendre 
-quelqu'un  ^11  pied  levé;  pour  dire  , 
prendre  quelqu'un  au  mot,  fans  lui 
donner  le  temps  de  faire  réflexion  ; 
tirer  avanuge  contre  lui  de  ce  qu'il 
lui  eft  échappé  de  dire. 

Levi ,  fe  dit  en  termes  de  l'Art  héral- 
dique ,  d'un  ours  dretfé  fur  fes  pieds | 
4e  derrière.  -  | 


IOrly,  en  Savoye^  ê^ot  àTourY 
levé  en  pied  de  fable. 
LEVÉEj  ftibftantif  féminin,  CollecHo. 
Aârion  de  lever,  de  recueillir  cer- 
taines chofes.  Il  fe  dit  aufli  de  ce 
qui  fe  lève  ou  fe  recueille ,  &  prin« 
cipalement  des  grains.  Alors  il  ligni- 
fie la  récolte.  La  levée  des  fruits  ap- 
partient  au  fermier^ 

Levée 9  fe  dit  auffi  des  droits,  des 
deniers,  des  impôts,  â^c.  &  figni£e 
«coUeâe,  recetce.  La  levée  de  cet  im^ 
pêt  fera  diffiâle^ 

Levée,  fe  dit  encore  des  Ibldats,  des 
troupes  qu*on  lève ,  qu'on  enrôle.  Il 
eft  défendu  à  tous  particuliers  de 
faire,  ordonner,  ou  favorifer  aucune 
levée  de  gens  de  guerre  dans  le 
Royaume ,  fans  exprès  commande- 
ment du  Roi  ^  à  peine  d  erre  punis 
comme  rebelles  6c  criminels  de  lèk- 
majefté  au  premier  chef  ^  &  à  tous 
foldats ,  fous  pareille  peine ,  de  s'en- 
rôler  avec  eux. 

On  dit  figu rément  9  faire  une  levée 
de  boucliers  ;  pour  dUre,  faire  une 
grande  «ntteprife  mal  à  propos  Sc 
lans  e£fet.  Ils  firent  là  une  belle  levée 
de  boucliers. 

Levée  ,  fe  dit  en  termes  de  Tailleurs» 
de  Couturières  &  d'Ouvrière%  en 
linge ,  de  ce  qu'on  lève  fur  la  largeur 
<i'une  étoffe,  d'une  pièce  de  toile» 
foit  pour  en  faire  un  ouvrage  parti- 
culier ,  foit  pour  oter  ce  qu'il  y  a 
de  plus  qu'il  ne  faut. 

Levée,  en  parlant  de  courfe  de  bague, 
fe  dit  de  l'aâion  de  celui  qui  coure 
la  bague ,  lorfqu'il  vient  i  lever  la 
lance  dans  la  coiirfe.  Il  fait  fis  levées 
de  bonne  grâce. 

En  terthes  d'Horlogerie ,  on  ap- 
pelle arc  de  levée  ^  la  partie  de  l'é- 
chappement pat  laquelle  la  force 
motrice  eft  tranfmife  fur  le  tégula- 
ceur« 
Si  le  régulateur  eft  an  pendofef 


LEV 

il  fatft  qu'il  foie  mis  en  mouvétnent 
avec  la  main  ;  car  la  force  motrice 
fur  y  arc  de  levée  feroic  infufSrance 
pour  l^cirer  du  repos  ^  donc  la  force 
motrice  ne  doit  agir  fur  cet  arc  ^  que 
pour  entretenir  le  mcmvemenc  fur  le 
,  régulateur. 

Si  le  régulateur  ^ft  un  balancier 
avec  fon  fpiral ,  la  force  motrice  de 
Varc  de  levée  doit  être  fuffilante  pour 
le  tirer  du  repos ,  &  lui  faire  par- 
courir entièrement  cet  arc;  &  dans 
ce  cas  ^lle  communique  donc  le 
mouvement  fur  ce  régulateur. 

L'étendue  de  Varc  de  levée  eft 
-d'autant  plus  grande,  que  le  levier 
qui  eft  lur  Taxe  du  régulateur  ed 
plus  court  f  que  le  rayon  de  4a  roue 
eft  plus  grand ,  &  qu'elle  eft  moins 
nombrée. 

"Uarc  de  levée  lie  varie  point  par 
le  plus  ou  le  moins  de  force  motrice 

3u'il  peut  recevoir  ;  mais  feulement, 
ans  le  temps  employé  dans  fon  mou- 
ivement  :  <:ar  plus  cette  for/:e  eft 
grande,moins  il  emploie  de* temps. 

Dans  les  pendules,  il  faut  d'au* 
tant  plus  de  force  motrice ,  que  la 
lentille  eft  plus  pefante ,  la  verge 
plus  courte  ,  les  ofcillations  plus 
promptes ,  &  que  Varc  de  levée  eft 
plus  grand  ,  &  réciproquetnent« 

Par  l*ufage ,  on  donne  dans  les 
pendules  d'autant  moins  à'arc  de  le- 
véej  que  les  ofcillations  font  plus 
lentes. 

Au  contraire,  dans  les  montres 
Ton  donne  d'autant  moins  de  levée , 
que  les  vibrations  font  plus  promp- 
tes. 
Lev^e  ,  fe  dit  en  termes  de  Papeterie , 
des  morceaux  de  bois  plats  enfoncés 
de  diftance  en  diftance  dans  l'arbre 
de  la  roue  du  moulin ,  lefquels  laif- 
fent  retomber  les  maillets  après  les 
avoir  élevés,  ce  qui  réduit  les  chif- 
fons en  bouillie. 

Tome  XV. 


LEV  î53 

Lev JE ,  fe  dit  en  termes  àe  Ruban- 

niers,  de  toute  portion  de  chaîne 

-que  les  li  (Tes  font  lever,  tantôt  en 

grande  quantité,  tantôt  en  moindre» 

fuiv^nr  le  palfage  du  patron. 

Levée  ,  fe  dit  eu.termes  deXiiferands» 
de  la  quantité  d'ouvrage  qu'un  0.u- 
vrier  peut  faire  fans  être  obligé  de 
rouler  fur  l'enfuple  de  devant  Tou- 
vrage  déjà  fait. 

Levée,  (ignifie  audi  une  digift,  une 
<:hau(rée.  La  levé^  empêche  le  débor'* 
dément  de  la  rivière* 

Levée  «  fe  dit  en  termes  de  Bateliers  » 
d'une  élévation  formée  à  chaque 
extrémité  d'un  bateau,  où  elle  tient 
lieu  de  fiége. 

Levée  ,  fignifie  auili  l'heure  à  laquelle 
une  compagnie  5  une  aftemblée  fe 
lève  pour  finir  la  féance.  //  étoic  à 
la  levée  de  la  Grand* Chambre. 

On  appelle  levée  d^unfiége  ,  la  rc* 
traite  des  troupes  qui  tenoient  une 
place  ailiégée^ 

On  appelle  levée  dujcellé^  Taftion 
par  laquelle  on  lève  un  fcellé.  Et  l'on 
dit,  faire  la  levée  d'un  corps  ,  d*un 
cadavre;  pour  ilire,  enlever  un  ca- 
davre ,  nn  corps  niort  »  &  le  faire 
porter  au  lieu  où  il  doit  être  inhumé* 
Cela  (ignifie  auili  lorfqu'çn  parle 
d'Officiers  de  juftice^  faire  le  procès* 
verbal  de  1  état  auquel  on  a  trouvé 
un  cadavre ,  &  le  faire  tranfportec 
dans  quelqu'autre  endroit. 

Levée,  fe  dit  en  termes  du  Jeu  des 
Cartes,  pour  (ignificr  une  main  qu'on 
a  levée.  Ilfautjix  levées  au  Tri  pouf 
gagner  la  partie. 

La  première  &  la  troiHème  fyU 
labes  lonc  très-brèves,  &  la  féconde 
longue. 

LEVER  ;  verbe  aûif  de  la  première 

conjugaifon  ,    lequel   fe    conjugue 

comme  Chanter.  Erigere.  Haufler, 

changer  la  (ituation  d'une  chofe  en 

.  la  mettant  plus  haut  qu'elle  n'étoit. 

Aa  aa 


Î54  LEV 

//  ne  pourra  pas  lever  de  terre^  ufàr^ 
deau.  On  lève  les. pierres  d'un  bâti- 
ment avec  une  grue.  Il  eft  fi  fatigué 
quil  ne  peut  plus  lever  les  pieds. 

Quand  où  fait  ferment  devant  an 
Juge,  il  fait  lever  la  main.  Et  dans 
ceîens ,  on  dit ,  jUn  leyerois  la  main; 
pour  dite ,  j'en  ferois  ferment. 

On  dit  auflli ,  lever  la  main^  lever 
le  bâton  fur  quelqu'un  ;  pour  dire , 
fe  mettre  en  état  de  le  frapper.  Et 
1 OQ  dit  d'un  homme  impétueux , 
qu  i/  a  toujours  la  main  levée  fur  fes 
valets  i  pour  dire^  qu'il  eft  toujours 
ptct  à  les  frapper. 

Lever  ,  fîgnifie  aufli  dreiTer  une  chofe 
qui  éroit  couchée  ou  panchée.  Ce 
tonneau  eft  prefque  vide ,  il  faut  le 
lever  tout  à  fait.  Leve:^^  vos  jupes  pour 
paffer  le  ruiffiau» 

On  dit,  lever  les  yeux  au  ciel; 
pouj:  dire ,  tourner  les  yeux  vers  le 
ciel.  Et  lever  les  yeux  fur  quelqu'un; 
pour  dire ,  It  regarder. 

On  dit  au  Jeu  des  cartes ,  lever 
une  main;  pour  dire,  ramafler  les 
cartes  jouées  dont  on  a  fait  la  main , 
les  mettre  devant  foi  en  les  retour- 
nant. Leve7[  les  mains  que  vous  ave[ 
faites. 

En  termes  de  Manège ,  on  dit , 
lever  un  cheval  à  cabrioles ,  àpefades^ 
à  courbettes  ^  &c.  pour  dire,  manier 
un  cheval  â  cabrioles ,  &c. 

On  dit  abfolument  yfe  lever;  pour 
dire,  fe  mettre  debout  for  fes  pieds. 
Tout  le  monde  fe  leva  quand  il  parut. 

On  dit  au  Palais,  la  Courfe  lève , 
la  Cour  eft  levée  j  l'Audience  eft  levée; 
pour  dire ,  que  les  Juges  ont  quitté 
leurs  Sièges  &  que  l'Audience  eft 
finie. 

On  dit ,  fe  lever  de  table  ;  pour 
dire ,  fortir  de  table. 

On  dit  aiiffi/<?  lever;  pour  dire , 
fortir  du  lit.  //  s'eft  levé  à  quatre 


LEV 

heures  du  matin  pour  travailler  à  votre 
affaire. 

On  dit  d'un  valet  de  chambre , 
d'un  laquais ,  qu'i/  lève  fâh  maître  j 
qu  i/  eft  allé  lever  fon  maître  ;  pour 
dire  j  qu  il  eft  allé  rhabiller  au  fortir 
du  lit. 

Ou  dit  auffi  du  foleil ,  de  la  lune 
&  des  autres  aftres,  <\\xllsfe  lèvent; 
pour  dire,  qu'ils  commencent  à  pa- 
roître  fur  l'horifon.  Aujourd'hui  la 
lunefe  lèvera  à  huit  heures  dufoir. 

On  dit  encore ,  que  la  tempête , 
que  le  vent^  que  forage  fe  lèvent; 
pour  dire,  qu'ils  commencent.  A 
peine  furentAls  partis  quilfe  leva  un 
orage  furieux. 

On  dit  t  faire  lever  un  lièvre  ^  faire 
lever  des  perdrix  ;  pour  dire,  les  faire 
partir.  Et  Ton  dit  figurément  &  fa- 
milièrement «  lever  le  lièvre;  pour 
dire,  être  le  premier  à propofer  une 
chofe  dont  les  autres  ne  s'écoient 
point  avifés. 

-  On  dit ,  lever  lefiége  et  une  place; 
lever  le  fiége  de  devant  une  place  , 
pour  dire ,  retirer  les  troupes  qui  la 
tenoient  affiègée.  Le  mauvais  temps 
&  les  maladies  obligèrent  le  général 
à  lever  lefiége. 

On  dit  aufti ,  qu'une  armée  a  levé 
le  camp;  pour  dire,  qu'elle  a  décam- 
pé. Et  que  des  troupes  ont  levé 
le  piquet  ;  pour  dire ,  qu'elles  fc 
font  retirées  avec  quelque  précipi- 
tation. 

On  dît  lever  la  garde  ^  lever  lafen* 
tinelle;  pour  dire,  retirer  àes  foldats 
qui  font  de  garde,  retirer  on  foldac 
qui  eft  ep  faâton. 

On  dit  figurément ,  lever  Péten^ 
dard;  pour  dire,  faire  une  efpèce 
de  proreiSon,  une  déclaration  pu- 
blique de  quelque  chofe.  Elle  a  levé 
V étendard  de  la  dévotion.  Ils  levèrent 
l'étendard  de  la  révolte. 

On  dit  auflî  figurément  »  krer 


LEV 

F  étendard  contre    quelqu'un;  pour 

<iire,  fe déclarer ouvertemenc  contre 
lui. 

On  dit  encore  figorémenc  ,  & 
ordinairement  en  mauvaife  part , 
^une  perfonne  a  le\é  le  mafque; 
pour  dire,  qu'elle  agit  ouvertement 
&fans  fe  contraindre,  après  avoir 
tenu  quelque  temps  une  autre  con- 
duite. 

•  On  dit  figurcmcnt  &  familière- 
ment ,  lever  la  crête  ;  pour  dire , 
commencer  à  paroître  avec  plus  de 
hardiefle.  //  commence  à  lever  la 
crête. 

Lever,  (ignlHe  aufllî  6ter  «ne  chofe 
de  dedus  une  autre.  On  va  lever  te 
fécond  fervice.  Il  faut  lever  la  ferrure. 
On  n'a  pas  encore  levé  le  premier  ap- 
pareil. 

On  dit  en  fermes  de  Marine  , 
lever  Cancre  ;  pour  dire ,  retirer  les 
ancres  qu'on  ^voit  jetées  à  la  mer. 
Vefcadre  leva  Cancre  &  mit  â  la 
voile. 

On  dit  en  termes  de  Jardiniers, 
lever  un  arbre  en  motte  ;  pour  dire  , 
arracher  un  arbre  avec  la  portion 
de  terre  qui  tient  â  fes  racines  pour 
le  tranfplanter. 

Cette  opération  eft  admirable 
pour  faire  jouir  en  peu  de  temps 
a  un  beau  verger  :  mais  elle  veut 
être  faite  adroitement*  Âptès  avoir 
choifi  un  arbre  dans  la  pépinière  » 
on  le  fera  déchauflfer  tout  autour, 
avant  les  gelées ,  pour  former  une 
motte ,  â  moins  que  la  terre  ne  foit 
âffez  forte  pour  le  foutenir  d'elle- 
même.  Si  cette  motte  étoit  grofTe 
de  trois  ou  quatre  pieds  de  tour, 
on  la  renfermeroit  dans  des  claies 
ou  mannequins  faits  exprès  pour  la 
maintenir  dans  le  tranfport  ;  on  la- 
fraîciiit  feulement  les  longues  ra- 
cines ,c'eft-i<iire ,  qu'on  en  coupe 
l'extrémité  »  8c  on  les  étend  dans  le 


LEV 


55Î 


trou  préparé ,  en  les  garnidant  de 
terre  a  l'ordinaire. 

La  manière  de  planter  &  d'ali«- 
gner  ces  arbres  eft  toujours  la  mêmej 
il  faut  feulement  obferver  de  les 
arrofer  fouvent  &  de  les  foutenir 
avec  des  perches  contre  les  grands 
vents  qui  en  empêcheroient  la  re- 
prife. 

On  dit  en  termes  d'Imprimerie  » 
lever  la  lettre ,  pour  désigner  laâion 
du  Composteur ,  lor^u'il  prend 
dans  la  calTe  les  lettres  les  unes  après 
les  autres ,  &  qu'il  les  arrange  dans 
le  compofteur  pour  en  former  des 
lignes. 

On  dit,  lever  le  plan  d^une  place^ 
de  quelque  endroit;  pour  dire,  le 
tracer ,  en  prendre  les  mefures. 

On  dit  dans  les  M anufaâutes  en 
(oie  y  lever  le  femple  ;  pour  dire,  re« 
monter  les  lacs  Se  les  gavaffines 
d'un  femple  pour  travailler  Té- 
totfe.  * 
Lbveu  ,  fe  dit  en  termes  du  Jeu  de 
Triârac ,  qcund  le  joueur  a  pafle 
toutes  fes  tables  dans  le  jeu  de  re- 
tour ,  &  qu'il  les  place  enfuice  fut 
la  bande  ,  laquelle  eft  alors  regardée 
comme  café. 

On  dit ,  lever  une  difficulté ^  un 
empêchement^  un  objiacle^  lever  des 
douées ,  lever  unfcrupule;  pour  dire  , 
les  faire  ccfler. 

On  dit  aufli  dans  le  même  Cens , 

lever  les  défenfes  ,  Itver  l* interdit , 

'    lever  C excommunication ,  lever  top-- 

pofîtion. 
Lbvsr,  fignifieauffi  prendre  ic  cou- 
per une  partie  fur  un  tout.  Il 
vient  dt  lever  du  velours  pour  fin  ha^ 
bit.  On  peut  lever  une  bande  fur  la 
largeur  de  la  toile. 

On  dit  aufli  généralement,  lever 
des  étoffes  j  lever  des  habits;  pour 
dire  y  acheter  des  étoffes. 

On  dit  9  lever  une  cûiffe ,  une  aitc 

A  a  a  a  %\ 


55<f  LEV 

,  de  poukt  y  de  chapon ,  &c.  poar  dke , 
détacher  U  cuifle  »  Taîle  d'un  pou- 
let y  d'un  chapon  y  &c. 

On  dit  dans  le  même  fens>  iever 
un  aloyau ,  lever  une  épaule  y  un  gigot 
de  mouton ,  &c.^ 
Lever  ,  fignifîe  auffi  recueillir ,  araaf* 
fer,  &  il  fedit  principalement  des 
blés.  On  commence  à  lever  les  grains. 
Lever,  fe  dit  auflt  des  droits,  des 
deniers,  des  tailles,  &c.  &  (ignifie 
en  f«iire  te  recouvrement,  la  re- 
cette<  Ils  furent  chargés  de  lever  cet 
impôt. 

On  dit ,  lever  des  foldats  ^  lever 
une  compagnie  y  lever  un  régiment  y 
lever  des  troupes ,  lever  une  armée  ; 
pour  dire,  entôier  des  foldacs,  met- 
tre des  rroupes  fur  pied ,  mettre  une 
armée  (îir  pied..  CeJI  un  crime  de 
lè/e  majejle  de  lever  des  troupes  fans 
çommîffion  du  Prince. 

On  dit»  lever  un  arrity  une  fin- 

icnce^  un  aUe  au  greffe  y  lever  un 

$ontrat  che\  un  Notaire^  &c.  pour 

-,    ^re,  fe  faire  délivrer  L'expédition 

d'un  arrêt,  &c. 

On  dit,  lever  une  char-gjC  aux  par- 
ties cafucUesi  pour  dire  ,  acquérir 
une  charge  vacante  aux  parties  ca- 
fuel  tes. 

On  dit ,  lever  un  corps;  pour  dire , 
;  emporter  un  corps  morxhors  du  lieu 
où  il  eft.  Et  cela  ne  fe  dit  que  lorf- 
qu  on  Teniporte  par.  autorité  publi- 
que, foit  eccié(iaftique,  foit  fécu 
fière.  Le  bailliage  envoya  lever  le 
corps. 

On  dit  au(G,  lever  un  corps  fairu; 
pour  dire ,  le  ^tirer  du  combeau  avec 
c^érémonie ,  pour  l'expqfer  à. la  véné- 
ration àL\  Biicl^les.     . 

On  dit  encore,  lever  un  enfant  y 
lorfqu  on  parle  d^un  enfant  expofé 
.    que  la  juftke  fait  empotter  à  l'hô- 
pital. 

On  dit ,  lever  boutïquc  >.  lever  mé^ 


lEV 

nage;  pouï  dire ,  cohimencer  à  tctnr 
boutique ,  â  tenir  ménage. 
Lever  ,  fignifîe  en  termes  de  Vanne- 
rie ,  plier  les  lattes  du  fond  â  une 
cerraine  diftance ,  pour  faire  le  bord 
de  la  pièce  qu'on  travaille* 

On  dit  figurément  en  ftyle  de  l'é- 
criture, lever  fon  ame  fur  quelque 
chefe;  pour  dire ,  la  délirer  avec 
ardeur.  Et  lever  fes  yeux  vers  les 
idoles;  pour  dire,  les  honorer^  les 
invoquer. 
Lever  ,.  eft  auûi  verbe  neutre ,  &  fe 
dit  des  plantes,  des  graines  qui 
commencent  à  poulTer  &  a  fortir 
de  terre.  Les  afperges  commencent  à 
lever. 
Lever,  fignifie  auffi  fermenter.  jFoir^ 
lever  la  pâte. 

^oye\  Élever,  pour  les  diffé* 
rences  relatives,  gui  en  diftinguenc 
Lever,  &c. 

La  première  fyllabe  eft  crès-brèi- 
ve ,  &  la  féconde  longue  ou-  brive. 
f^oye:^  Verbe. 

Le  pénultième  e  des  temps  qui 
fe  terminent  pat  un  e  muet,  prend 
le  fon  de  IV  ouvert  &  alonge  la  fyl- 
labe. 
LEVER;  fubftantif  mafculin.  T^i?]/?!// 
è  leclo  furgendi.  L'heure ,  le  temps 
auquel  on  fort  du  lit.  Il  fe  trouve 
tous  les  jours  .au  lever  du  Roi. 

On  dit  auffi  ,  le  lever  dufoleily  U 
lever  des  étoUes-;  pour  dî  re ,  le  temps 
où  le  foleil  &  les  éroifes  commen- 
cent à  paroître  fur  Thonibn^ 

La  réfraâion  des  rayons  dans  l'at- 
mofphère  avance  le  lever  des  corps 
cékftes,  c'cft-â-dire,  fait  qu'ils  pa- 
iQÎdent'fur  1  horifon  ,  lorfqu'ils-foBt 
encore  réellement  dtflTous. 
.  Il  y  a  pour  les  Pocres  trois  fonts 
de  levers  de«  étoiles ,  le  lever  cofmi- 
que ,  lorfqu'une  étoile  fe  lève  avec 
le  foteil. 

Le  lever  acconyque  ^  lorfqaune 


LEV 

étoile  fe  lève  en  même  temps  que 
le  foleil  fe  coachev 

Le  lever  héliaque  >  folaire  eu  ap- 
parent. Ceft  celui  d'une  étoile  qui 
paroîc  fortir  des  rayons  du  foleil 
proche  Thorifon ,  &  cefle  d'cwe  ca- 
chée par  réclai  de  cet  aftre ,  ce  qui 
arrive  environ  vingt  jours  après  la 
conjonction  de  1  étoile  avec  le  foleil, 
le  nombre  de  jours  étant  plus  ou 
moins  grand  »  félon  la  grandeur  de 
l'étoile  ,  la  diftance,,é'c* 

LEVES  \  bourg  de  France,  fur  ta  ri- 
vière d'E\ire ,  à  rexcrémiié  d'un  des 
fauxhourgs  de  Chartres. 

lEVEUR;  fubftantif  mafculin ,  & 
terme  dé  Papeterie.  On  appelle  ainfi 
l'ouvrier  qui  lève  les  feuilles  de  pa- 
pier de  dcffus  les  feutres  pour  les 
placer  fiir  le  dr-ipant. 

LEUH  j  fubftantif  mafcuHit',  &  ferme 
de  Relation.  Les  Mufulmans  don- 
nent ce  nom  au  Livre  dans  lequel , 
félon  TÂlcoran ,  toutes  les  avions 
des  hommes  font  écrites  par  le  doigt 
des  anges. 

LÉVI  j  Patriarche ,  troificme  ffls  de 
Jacob  &  de  Lia.  Il  naquit  en  Méfo- 
potamie  175^  ans  avant  Jésus- 
G  u  R-is  T.  Sa  poftérité  eft  connue 
dans  THiftoire  Sainte  fous  le  nom 
de  Tribu  de  Lcvi.  Cette  Tribu  fut 
difperfée  &  n*eut  point  de  partage , 
mais  feulement  quelques  Villes  dans 
les  lots  des  autres  Tribus  \  du  refte 
elle  n'en  fut  pasplus  mal,  parce- 
qu'elle  fut  cHoiGe  pour  fervir  dans 
le  Temple  &  pour  exercer  le  Sacer- 
doce ,  ce  qui  lui  procura  les  dixmes , 

'  fes prémices,  les  ofFrandes,  &  une 
partie  des  viâimes  qu'on  immoloir 
an  Seigneur. 

LÉVIATHAN;  fubft^ntrf  mafculin. 
Animal  dont  il  ell  parlé  dans  le 
Livre  de  Job.  Tour  ce  qu'en  dit  ce 
Fat-riarche  s'applique  très-bitn  au 


LEV  Î57 

la  Baleine  ou  du  Mulart  »  qui  eft  un 
tr^s-  gros  poiiïbn ,  qu'on  trouve  dans 
la  Mediteri^anée.  D'autres  entendent 
fous  le  nom  de  Léviatban^en  général 
tous  les  gros  poiffons  &  les  monftres 
marins.  Pluueurs  Anciens  l'ont  ex- 
pliqué allégoriquement  du  Démon. 
Bochart  montre  au  long  que  c'eft  le 
Crocodile»  11  le  prouve  par  un  en- 
droit du  Thalmud  au  Traité  du 
Sabbat  y  où  il  dit  que  le  Calbit^  ou 
Chien  marin ,  eft  la  terreur  du  Lé- 
viathan  :  il  prétend  que  ce  Calbit  eft 
le  poiiïbn  nommé  tchneumon ,  qu< 
fe  jette  dans  la  gueule  du  Crocodile, 
lui  ronge  les  entrailles ,  &  ne  fort 
de  fon  ventre  que  par  le  trou  qu'il 
y  fait  en  rongeant. 

LEVIER.j  fubftantif  nrtafculin.  Porrec^ 
tum.  Barre  de  fer  oudequelqu'autre 
matière  folide ,  foutenue  fur  un  feul 
point  ou  appui ,  &  dont  on  fe  fert 
pour  foulever  ou  remuer  quelque 
fardeaur- 

Le  levier  eft  Fa  première  &  fa 
plus  Mmple  des  machines.  Sa  force 
a  pour  fondement  ce  principe  ou 
théorème ,  que  l'efpace  ou  l'arc  dé- 
crit par  chaque  point' d'un  levier^  &c 
par  conféquent  la  vîtefte  de  chaque 
point  eft  cohime  la  diftance  de  ce 

Point  à  l'appui  \  d'où  il  s'enfuir  que 
aâion  d'une  pui  (Tance  &  la  réfif- 
tance  du  poids  augmentent  à  pto- 
portion-  de  lenr  diftance  de  Tap- 
pui. 

Et  il  s'enfuir  eifcore  qu^une  puii^ 
fance  pourra  foutenir  un  poids.» 
lorfque  la  diftance  de  l'appui'  au 
point  du  UvUr  où  elfe  eft  appliquée^ 
fera  à  la  diftance  du  même  appui 
au  point  où  le  poids  eft  appliqué^ 
comme  le  poids  eft  à  la  puiftance» 
&  que  pour  peu  qu'on  augmente  cette 
puiftance ,  on  élèvera  ce  poids. 


Ciocodilè,  D'autres  l'expliquent  de  \  L*  vi£R  >  fe  dit  auffi  en  termes  d'Hor. 


55»  LEV 

iogerîe  >  d'un  oucil  qui  ferc  i  égaler 

la  fufée  au  reflbrc. 
LÉVIG ATION  i  fubftantif  féminin , 

&  rerme  de  Chimie.  Aâion  de  lé- 

viger  »  ou  effet  de  cette  aftion. 
LÉVIGÉ ,  ÉE  j  participe  paffif.  P^oyci 

LéviGER. 

LE  VIGER  ;  verbe  aftif  de  la  première 
conjugaifon  ^  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter.  Levigart.  Terme 
de  Chimie.  Réduire  un  mixte  en 
poudre  impalpable  fur  le  por- 
phire. 

LEVIN  i  rivière  d*EcoIIè  ,  dans  la 
province  de  Fife.  Elle  fort  d'un  lac 
de  même  nom ,  &  va  fe  perdre  dans 
le  golfe  de  Forch ,  près  de  Levinf- 
mouth. 

LEVINSMOUTH  j  ville  d'Ecofle  » 
dans  la  province  de  Fife  »  i  l'em^* 
bouchure  de  la  rivière  de  Levin , 
dans  le  golfe  de  For  th. 

LEVIRATî  fubftantif  mafculin.  Di- 
vers Auteurs  qui  ont  écrit  en  fran- 
Îois  fur  les  ioix  &  les  coutumes  des 
uifs»  ont  employé  ce  mot  pour 
défi^ner  cette  loi  de  Moyfe ,  par  la- 

Siuelie  celui  -dont  le  frère  eft  mort 
ans  enfans ,  eh  obligé  d*époufer  la 
veuve  de  ce  frère ,  &  de  lui  fufciter 
des  enfans.  Voici  comme  Moyfe 
s'eiprime  à  ce  fujet  : 

Ci  Lorfque  deux  frères  demeure- 
t>  ront  enfemble ,  &  que  l'un  des 
»9  deux  fera  mort  fans  enfans  »  la 
»  femme  du  mort  n'en  époufera 
»  point  d'autre  que  le  frère  de  fon 
t)  mari ,  qui  la  prendra  pour  femme , 
u  &fufcitera  des  enfans  à  fon  frère; 
>f  fc  il  donnera  le  nom  de  fon  frère 
ti  â  l'aîné  des  fils  qu'il  aura  d'elle  > 
**  afin  que  le  nom  de  fon  frère  ne 
I»  foit  pas  éteint  dans  Ifraël.  Que 
i>  s'il  ne  veut  pas  époufer  la  femme 
tf  de  fon  frère ,  cette  femme  ira  à 
Il  la  porte  de  la  Ville ,  &  s'àdreflànc 
Il  %w  Anciens  »  elle  leur  dira  ;  Iç 


LE  y 

n  frère  de  mon  mari  ne  veut  oaf 
91  fufciter  dans  Ifracl  le  nom  de  Ion 
»>  frère ,  ni  me  prendre  pour  femme. 
>i  Aufli-tôt  ils  le  feront  appeler ,  & 
n  l'interrogeront  \  Se  s'il  répond  : 
9)  je  ne  veux  point  époufer  cette 
M  femme  là  ;  la  femme  s'approchera 
»  de  lui  devant  les  Anciens  ,  lui 
*•  ôtera  fon  foulier  du  pied  »  &  lui 
Il  crachera  au  viGigeteadifant»  ainfi 
n  fera  traité  celui  qui  ne  veut  pas 
Il  établir  la  maifon  de  fon  frère, 
M  &  fa  maifon  fera  appelée  dans 
Il  Ifracl  >  la  maifon  du  déchauflc.  » 

Cette  loi  eft  une  exception  de 
celle  qui  condamne  les  mariages 
entre  rrères  5c  fœurs ,  &  le  bea»- 
frère  6c  la  belle-fœur.  11  femble  que 
àt%  avant  Moyfe,  cette  loi  étoit  en 
ufage  parmi  les  Hébreux  &  les  Ca- 
nanéens ,  puifque  Juda  donne  fuc- 
cefilvement  pour  maris  i  Tbamar , 
Her  fon  premier  né ,  Onan  fon  fé- 
cond fils ,  &  qu'il  s'oblige  de  lai 
donner  encore  Scia  fon  troifième 
fils. 

LEVIS  i  adjeébif.  Il  ne  fe  dit  qu'en 
cette  phrafe  ^  pontdevls  ,  pour  ngni- 
fier  un  pont  qui  fe  baiffe  &  fe  lève 
pour  ouvrir  ou  fermer  le  pailàged'un 
folfé. 

LÉVITE^  fubftantif  mafculin.  Levita. 
Ifraélite  de  la  Tribu  de  Lévi ,  def' 
tiné  au  fervice  du  Temple. 

Les  Lévites  étoient  chez  les  Juifs 
un  Ordre  inférieur  aux  Prêtres  ,  & 
répondoient  à  peu  pi  es  à  nos  Dia« 
cres. 

Us  n'avoient  point  de  terres  en 
propre,  mais  ils  vivoient  des  of- 
frandes que  l'on  faifoit  i  Dieu.  Ils 
étoient  répandus  dans  toutes  les 
Tribus ,  &  chacune  leur  avoir  donné 
quelques  villes ,  avec  quelques  cam-- 

Î magnes  aux  environs  pour  Cure  jultre 
euts  troupeaux* 


LEU 

Par  le  dénombrement  que  Salo- 
mon  Bt  des  Lévites ,  depais  l'âge  de 
vingt  ans ,  il  en  trouva  trente-huit 
mille  capables  de  fervir.  11  en  deftina 
vingt-quatre  mille  au  miniftère  jour- 
nalier fous  les  Prêtres  I  fix  mille 
pour  être  Juges  inférieurs  dans  les 
villes  y  &  décider  les  chofes  qui 
cotichoienc  la  religion ,  &  qui  n'é- 
toient  pas  de  grande  conféquence  ; 
quatre  mille  pour  être  portiers  & 
avoir  foin  des  richelTes  du  Temple , 
*dc  le  refte  pour  faire  loffice  de 
Chantres. 
lÉVlTiQU&  ; .  fubftamif  mafcuUn. 
Nom  du  troilième  Livre  du  Penta- 
teuque.  Il  eft  ainfi  appelé  parcequ'il 
traite  expreiTément  ôc  fort  au  long 
de  toutes  les  fondions  des  Lévites. 
On  y  trouve  les  cérémonies  de  la 
religion  /  les  différentes  fortes  de 
facriHces ,  la  diftinâion  des  animaux 

furs  &  impurs ,  Les  diverfes  fêtes  > 
aimée  du  jubilé ,  &  tout  ce  qui  eft 
arrivé  au  Peuple  de  Dieu  dans.ref- 
pace  d'un  mois  8c  demi. 
I^EUR  ;  pronom  perfonnel  des  deux 
genres.  Il  fignine  à  eux  ^  à  elles  ; 
&  il  fe  dit  principalement  des  per- 
fonnes.  Le  fage  pardonne  àfes  enne- 
mis ,  &  il  leur  fais  plaifir  fi  l*oc- 
cafion  s* in  préfente. 

Il   fe  dit  aufli  quelquefois  des 
animaux ,   des  plantes ,   &  même 
des  chofes  inanimées.  Ces  chiens  ont 
faim\  il  faut  leur  donner  à,  manger* 
Si  vous  voulei  que  ces  arbres  croif 
fent ,  il  leur  faut  une  autre  culture. 
Ces  cabinets  font  trop  longs  &  on  rie 
leur  a  pas  donné  affe:(^  de  largeur. 
LEUR  ;  pronom  adjeâif  desdeux  gen- 
res. Il  fait  au  pluriel  leurs  ^  8c  fi- 
gnifie  qui  appartient  à  eux ,  à  elles  : 
ainfi  il  eft  ordinairement  relatif  aux 
perfonnes.   //   efi  leur  oncle  à  la 
mode  de  Bretagne,  Nous  les  recontrâ- 
mes  avec  leurs  femmes.  Ltur  fortune 


LEU  559 

tft  conjidcrable.  Ils  furent  obligés  de 
vendre  tous  leurs  biens. 

Il  s'emploie  quelquefois  relative- 
ment aux  animaux ,  aux  plante^  & 
même  aux  chofes  inanimées.  Ces 
oifeaux  vont  faire  leurs  nids.  Les  ar^ 
bres  commencent  à  fe  dépouiller  de 
leurs  feuilles.  L'ouragan  fit  chaffer 
les  vaiffeaux  fur  leurs  ancres. 
Leur  ,  it  prend  auflî  fubftantivemenc 
en  le  joignant  i  l'article/^»  la  »  les. 
Je  fuivrai  votre  confeil  plutôt  que  le 
leur. 

'  Quoique  d'ordinaire  il  foit  rela« 
tif  aux  perfonnes,  on  le  peut  néan- 
moins dire  des  animaux ,  des  plan- 
tes &  des  chofes  inanimées.  Cette 
efpèce  d'oifeau  a  toujours  fait  fon 
nid  avant  que  ceux-là  aient  commencé 
le  leur.  Ces  fleurs  n^ ont  plus  d* odeur  ^ 
tandis  que  celles  qui  font  dans  ces 
pots  ont  encore  toute  la  leur.  Les 
draps  de  cette  manufaSure  valent 
mieux  que  ceux  qu'on  fabrique  dans 
la  leur. 

Leurs  ,  eft  quelquefois  fubftantif,  & 
fignifie  leurs  parens  »  leurs  amis , 
ceux  qui  leur  font  attachés.  La  réuf'- 
fite  de  cette  entreprije  fera  une  for^ 
tune  pour  eux  &  pour  les  leurs^ 
Ce  monofyllable  eft  long. 

LEVRAUT  i  fubftaniif  mafcul in.  Le^ 
pufculus.  Lièvre  qui  n*a  pas  fa  jufte 
grandeur.  Manger  un  levraut.  .Un 
levraut  de  trois  quarts.  Voyez  Lià« 

VRB- 

LEURCY  ;  bourg  de  France  en  Bour- 
bonnois  dans  lEle&ion  de  Mou- 
lins. 

LÈVRE;  fubftantif  féminin.  La- 
bium.  Cette  partie  extérieure  de  la 
bouche  qui  couvre  les  dents»  &qui 
aide  à  former  la  parole.  Les  lèvres 
font  glanduleufes  &  mufculeufes  : 
on  tes  divife  en  fupérieure  8c  en  in« 
férieure  \  leur  beauté  confifte  en 
ce  qu'elles  foient  d'une  couleur  ver- 


/ 


3; 


5«o  LEV 

]iiei41e  »   médiocremenc  éoûnentes 
&  peu  épailles.         , 

On  dit  de  quelqu'un  qui  promet 
[uelque  chofe  qu'il  n*a  pas  deflein 
le  tenir ,  qu*/7  U  dit  des  lèvres  ,  mais 
que  le  cœur  n y  tfl pas.  Et  dcsliypo- 
crices  qui  ne  prient  Dieu  que  de 
bouche  ,  qu*z/j  n  honorent  Dieu  que 
des  lèvres. 

Quand  il  s'agit  de  dire  un  nom 
propre  ou  quelqu'autris  chofe  »  & 
que  fur  le  point  de  le  dire  ,  on 
ne  s'en  fbuvient  plus ,  on  dit^qu'o/z 
l'avoit/ur  le  bord  des  livres. 

On  dit  figurément  d'un  homme 
franc  &  tincère ,  qu'i/  a  le  cœur  fur 
les  lèvres. 

On  appelle  les  bords  d'i^ne  plaie, 
ips  lèvres  d'une  plaie. 

En  termes  de  manège,  on  dit , 
€^ un  cheval  s^ arme  de  la  lèvre  ^  quil 
Je  défend  des  lèvres  ;  pour  dire , 
qu'il  a  les  lèvres  fî  épaiues ,  qu  elle$ 
'  lut  ôtent  le  femiment  des  barres , 
enforte  que  l'appui  du  mors  en  de- 
vient fourd  &  trop  ferme. 
LtvREs  ,  QU  Grandes  livres  ,  fe  dit 
auflî  en  termes  d'Ânatomie  ,  de 
deux  replis  membraneux  ,  qui  s'é- 
tendent chez  les  femmes  tout  autour 
de  la  vulve,  &  en  forment  les  bords  y 
elles  font  couvertes  de  poils  ,  don: 
la  couleur  ,  U  forme  &  la  quantité 
varient  fuivant  l'âge  &  le  tempe- 
jrament  ;  leur  épaiiïèur  eft  aug- 
mentée par  la  grailfe  qui  s'y  trouve 
en  aflez  grande  quancitc  ,  fur-tout 
^  la  partie  fupérieure;  elles  devien- 
nent plus  minces  à  mefure  qu'elles 
d^fcendent  vers  l'anus.  La  peau  s'a- 
mincit en  fe  portant  vers  Tinté- 
rieur ,  &  Us  poils  difparoiffent  : 
cet  endroit  eft  garni  d'un  grand 
nombre  de  petites  glandes  ,  qui  fil- 
trent une  humeur ,  qui  dans  Tétac 
naturel ,  fert  à  lubrifier  ces  parties. 
Pans  les  perfonnesqui  ont  beaucoup 


LEV 

d'embonpoinf  ,  cette  humeur  eft 
quelquefois  blanchâtre  &  en  grande 
quantité ,  ce  qu'il  faut  obfetver  pour 
ne  pas  la  confondre  avec  celle  qui 
coule  dans  les  gonorrhées.  Les  lèvres 
fe  rcunidènt  en  haub  &  en  bas,  8c 
on  donne  à  cette  réunion  le  nom 
de  commijfiire.  l^x  commiflure  in- 
férieure fe  fait  proche  le  périnée  j 
par  une  peau  hgamenteufe  que  Ton 
appelle  le  frein  des  lèvres ,  ou  U 
fourchette.  M.  Winflow  donne^  le 
nom  d'ailes  aux  lèvr^^s  de  la  vulve, 
d'après  les  anciens  Anatomiftes, 
&  celui  à* extrémités  ou  A  angles  du, 
finus y  à  leurs  commifllires. 

LèvREs  ,  fe  dit  encore  en  termes  de 
Botanique*,  de  certaines  découpures 
qui  caraflérifent  les  fleurs  de  quel- 
ques plantes ,  que  pour  cette  ralfon 
on  appeHe  plantes  labiées.  On  dif- 
tingue  dans  les  fleurs  la  lèvre  fupé- 
xieure  &  la  lèvre  inférieure.  La 
fsLuge  à  fes  fleurs  partagées  en  deux 
livres* 

LâvREs  ,  fe  dit  auffi  en  termes  de 
Conchyliologie  ,  des  bords  de  la 
bouche  d'une  coquille^. 

La  première  fyllabe  eft  longue  & 
la  féconde  très  brève. 

LEVRETTE  ;  fubftantîf  féminin. 
Ceft  la  femelle  du  lévrier,  i/ne 
belle  levrette.  Voyez  Li-vrier. 

LEVREUX  ;  vieux  mot  par  lequel 
on  défignoit  autrefois  quelqu'un  qui 
avoir  de  gtofl'es  lèvres. 

LEVRIER  i  fubftantif  mafcuUn.  Vcf 
tagus.  Sorte  de  chien  à  hautes  jam- 
bes, qui  â  ta  tète  longue  8c  menue, 
le  corps  fort  délié' &  qui  chadè  de 
viteûTe  à  l'œil  ^  &  non  par  l'odorat. 
U  y  a  plufieurs  efpèces  de  lévriers  : 
les  plus  nobles  font  pour  le  lièvre» 
&  les  meilleurs  viennent  de  Fran* 
ce,  d'Angleterre. &  de  Turquie; 
ils  font  très-vifs.  Il  y  a  des  lévriers 
i  lièvres  ^  des  Uyricrs  i  loups  »  &c. 

tous 


LEV 

TOUS  les  plus  grands  font  pour  coarre 
le  loup  ,  le  fanglier  ,  le  renard 
&  toutes  les  grolTes  bcces  ;  ils  vien- 
nenc  d'Irlande  &  d'ÈcofTe,  &  on 
les  appelle  Uvners  d'attaque  }  les 

Eetits  lévriers  font  pour  courre  les 
pins. 

On  appelle  auffî  Uvritrs  »  des.le* 
vrons  d'Angleterre  qui  chaflTenc  aux 
lapins  \  on  appelle  leyrUrs  harpes , 
ceux  qui  onc  tes  devants  &  les  cotés 
fort  ovales  &  peu  de  ventre» 

Les  Uvriers  gigotes  font  ceux  qui 
.  ont  les  gigors  courts  Se  gros ,  &  les 
os  éloignés. 

On  les  dit  lévriers  nobles ^  quand 
ils  ont  la  tète  petite  &  longue , 
l'encolure  longue  &  déliée ,  &  le 
rable  large  &  bienfait. 

On  parle  aux  lévriers  en  criant  » 
àh  lévrier^  quand  on  les  lâche  après 
le  lièvre»  &  hare  hare  »  quand  ils 
chaflent  le  renard. 

LEVRON }  fubftantif  mafculin.  Di- 
minutif.  Lévrier  au-deflfbus  de  fix 
mois  ou  environ.  Un  jeune  le- 
vran» 

Lbvron^  Ce  dit  auâi  d*une  forrede 
lévrier  de  fort  petite  taille.  Un 
beau  levron. 

XEURROUX  i  ville  de  France  ;en 
Berry ,  fur  la  rivière  de  Naon ,  en- 
viron  à  fîx  lieues  ,  oueft-nord- 
oueft ,  dlflbudun.  Il  y  a  une  églife 
collégiale. 

I.EURRE  ;  fubftantif  mafculin  «c 
terme  de  Fauconnerie.  lUieium  plu- 

:.,  matilem  Certain  morceau'  de  cuir 
twkffi  façonné  en  forme  d*oif«au  ^ 
dont  lc|S  Fauconniers  font  ufâge 
pour  rappeler  les  oifeaux  de  faucon- 
nerie »  lorfqu'ils  ne  reviennenr  pas 
an  réclame.  Le  Fauconnier  vitnt  de 
jeter  le  leurre  en  Vatr. 

On  dit  acharner  le  leurre;  pour 

4lire ,  mettre  un  morceau  de  chair 

Tome 


LEV  î^i 

delHks.  Et  le  déckarner  ;  pour  dire  « 
en  oter  le  morceau  de  chair. 

On  dit  t  duire  un  oifeau  au 
leutrt  ;  pour  dire  »  le  faire  revenir 
fur  le  poing  en  lui  montrabt  le 
leurre. 

On  appelle  oifeaux  de  leurre ,  lep 
faucons»  les  gerfauts  &  en  général 
tous  ceux  qui  fervent  à  la  haute 
volerie  ouila  fauconnerie  propre- 
ment dire.  Us  font  ain(i  appelés ^ 
I»arceqa'ils  font  dreflfés  â  revenir  au 
eurre.,  &  pour  les  diftinguer  de 
ceux  qu'on  npmme  oifeaux  de  poings 
tels  que  les  autours  ,  les  épecviers» 

atti  reviennent  au  réclame.  L'ufage 
es  oifeaux  de  leurre  eft  plus  no- 
ble ,  Se  coûte  beaucoup  plus  quo 
celui  des  oifeaux  de  poing  ,  qui 
demande  moins  d'appareil ,  eft  tpu-' 
jours  plus  utile  9  &  fouvent  plus 
amqfant.  i 

Leurrb  ^  fe  dit  figurémenr  d*une 
chofe  donc  on  fe  lert  artificielle- 
ment pour  attirer  quelqu'un  afin 
de  le  tromper.  Ne  fécoure\  pas  i 
les  promejfes  qu'il  vous  fait  ne  fine 
quun  leurre^ 

LEURRÉ,  ÉE;  participe paffif.  Voy\ 
Leurrer. 

LEURRER  ;  verbe  aftif  de  la  pre* 
mière  conjugaifon ,  lequel  Te  con^ 
jugue  cottime  Chanter,  Illicio 
a£ae  faccre.  Dreffer  un  oifeau  au 
leurre.  ,G,efi  une  efpèce  d^oifiau 
quon  ne  leurre  que  difficiUmcntp 

Leurrer  ,  fe  dit  auffi  figurém^nt  des 
perfonnes  »  &  fighifie  les  attirer  par 
quelque  chofe  dont  on  leur  raie 
naître  l'envie  pour  les  tromper.  On 
h  leurra  de  ce  gouvernement.  Elle  Je 
laijfaleurrer  par  Tefpérance  de  '  /'/- 
poufer. 

VoyezSuRPRENDRB^pourlesdif- 
férences  relatives  <jui  en  diQinguenf 
leurrer^  êcc. 

Bbbb 


LEUSE  ;  petite  ville  des  I^ys-Bas 
Aatrichtens  dans  le  Hainaut  y  1 
deuT  lieues  d'Ach.  Le  Maréchal  de 
Luxembourg  y  remporta  une  vie* 
loire  fur  le  Prince  de  Vtldeck  ,  en 
1^91.  '  « 

LËUTKIBCH;  ville  libre  8c  impé 
rîale  d'Allemagne ,    en    Souabe  , 
dans  l'Algow,  à  fiz  lieues ,  nord- 
oueft ,  de  Kempten. 
LEUTMERITZ  ;  ville  épîfcopale  de 
'    Bohème  ,  capitale  d'un  Cercle  de 
'    même  nom  ,  fur  TEIbe  ^  si  qua- 
torze iteues  9  nord -oueft  >  de  l'ra- 

LEWARDE-)  belle  «  riche  &  grande 
ville  des  Pays  Bas  »  dans  la  Répu- 
blique des  Provinces-Unies  ,  fur 
trois  rivières  ^  qui  favorifent  fon 

'    commerce ,  i  onze  lieues  »  oueft , 

*'  de  Qroningue.  Elle  eft  Capitale  de 
l^ftergoo»  duWeftergoo,  du  Se- 

'  venvolden  &  de  la  Frife.  C'eft  la 
où  eft  le  confeil  (boverain  &  la 
'chancellerie  de  la  Province. 

LEWEN  »  ou  LewO  ;  petite  ville 
dus  Pays-Bas»  dans  le  Brabant,  à 
quatre  lieues  de  Louvain. 

LEWENTZ  i  ville  de  la  bame  Hon* 
grie  y  dans  le  Comté  &  fur  la  ri- 
vière de  Gran ,  i  dix  lieues  »  nord- 
eft  «  de  NeuhaufeU 

LEVES  ^  ville  d'Angleterre  ,  dans  le 

Comté   de  SiiiTcx  »  à  une  lieue  de 

.  la  mer  >  fc   ^  ireisie  de  Londres. 

.Elle  a  des  déparés  au  Parlement. 

LEWIS  i  lie  dlcofle  ,  Tune  des  plu$ 

;  confidérables  des  Weftemes  »  aa 
ivôrd-dueft  de  Skie.  On  la  divife 

'  en  deux  parties  ^  Tune  feprentrio- 
nalè  »  appelée  proprement  Le^is , 
&  l'autre  méridionale  ,  qui  porte 
le  nom  de  Hàrray.  Elle  abonde 
en  grains^  en  gibier  &  ea  poif- 
fons* 

LEVURE  ;  ftibftamif  fémînîn.  Ccr- 


fà  \ 


LEV 

fait  la  bière  quand  elle  bout ,  te 
dont  les  boulangers  &  les  pârifliers 
fe  fervent  quelquefois  au  heu  d'au- 
tre  levain. 

La  levure  fair  enfler  la  pare  en 
très -peu  de  temps  y  &  rend  le  pain 

[>lus   léger  &  plus  délicat  \   mais 
orfqu'on  y  en  met  trop ,  le  pain 
eft  amer. 

La  Faculté  de  Médecine  a  dé- 
claré par  un  décret  do  14  Mars 
\G6%  y  que  Tufage  de  la  levure  étoic 
nuifible  à  la  famé  \  c*eft  pourquoi 
l'on  a  défendu  aux  boulangers  d'en 
mettre  dans  le  petit  pain. 

LivÔRB,  fe  dit  auffi  de  ce  qu'on 
lève  de  deflfus  &  de  de  (fous  le 
lard  à  larder.  Dts  levures  de  lard^ 
La  première  &  la  troificme  fyl- 
labes  (ont  très-brèves  0c  la  féconde 
longue. 

LEXl ARQUE  ;  fubftantif  mafculin 
&  terme  d'Antiquité,  On  dennoit 
ce  nom  chez  les  Athéniens,  à  des 
Magiftrats  chargés  d'examiner  la 
conduite  de  tous  ceux  qui  pou* 
.  voient  avoir  droit  dç  fuffrage  dans  le 
Piytanéc. 

Les  Lexiarques  étoient  au  nom-^ 
bre  de  fix ,  affiftés  de  trente  aur 
très  perfonnès  fous  leurs  ordres. 
Tous  les  citoyens  écrits  dans  leur 
regiftres  avoient  voix  déiibérattve 
dès  l'âge  de  virigt  ans.  Ils  n*y  inf- 
ctivoient  pas  les  mauvais  fils  »  let 
poltrons  décbrés ,  Les  brutaux  qoi 
dans  la  débauche  s'étoient  empor- 
tés jttfqu'i  oublier  leur  fexe  ,  les: 
prodigues  &  les  débiteurs  du  fiic. 

Les  femmes ,  fufqu'au  temps  de 
Cécrops ,  avoieni  eu  droit  de  iaf' 
frage  y  elles  le  perdirent ,  dit-on  ^ 
pour  avoir  favorifé  Minerve  d^s 
le  |ugement  du  procès  qu'acné  eue 
tvec  Neptune ,  à  qui  QQnim<erQtc 
k  ville 


«  é 


LEY 

Î.EXICOGRAPHE  -,  fubftanrîf  maf- 
cuiin.  Lcxicographus.  Aucçur  ^un 
lexique,  d'un  diâionnaire. 

LEXIQUE }  fubdancif  mafculin.  Mot 
emprunté  du  grec  »  pour  lignifier 
un  diâionnaire.  Il  fe  die  principa- 
lemenr  des  diâionnaires  grecs* 

LEYBNITZ  :  bourg  &  château  d'Al- 
lemagne clans  la  balIè  Carinthie  , 
fur  la  rivière  de  Sacka ,  â  une  lieue 
de  Ton  embouchure  dans  la  Mure , 
&  i  cinq  lieues  de  Grarz. 

LEYDE  y  grande  &  belle  ville  des 

.  Provinces  -  Unies  ,  Capirale  du 
Rheinland  ,  &  l'une  des  6x  pre- 
mières villes  de  la  Hollande.  Elle 
eft  fituée  fur  le  vieux  canal  du 
Rhin  y  i  une-  lieue  de  la  mer  »  & 
.  i  huit  lieues ,  fudottell^  d'Amf- 
cerdam.  Il  y  a  une  célèbre  Uni- 
verlité  ou  Académie  qu'y  fondè- 
rent,  en  15^5  j  le  Prince  d'Oran- 
;e  &  les  Écats  de  la  Province.  Les 
labitans  de  Leyde  >  alliégés  par  les 
Efpagnols  en  1571  &  en  157}  , 
firent  voir  ce  flue  peut  fur  les  hom- 
mes Tamour  de  la  liberté.  Réduits 
i  l'extrémité  par  la  famine  &  par 
la  pefte  ,  leur  courage  ne  les  aban- 
donna pas  :  ils  mandèrent  leur 
crifte  étar  au  Prince  d'Orange^  par 
le  moyen  des  pigeons,  pratique 
ordinaire  en  Afae»  &  peu  connue 
des  Européens  \  enfuite  ils  firent 
la  même  chofe  que  tes  Hollandois 
mirent  en  ufage  en  1^72,  lorfque 
Louis  XIV  étoic  aux  portes  d'Amf- 
ferdam ,  ils  percèrent  les  digues  \ 
les  eaux  de  LilTel  ^  de  la  Meufe 
&  del'Océan   inondèrent  les  cam- 

Eagnes ,  &  une  fiote  de  deux  cens 
ateaux  apporta  du  fecours  dans 
leur  ville  I  par-deiïas  les  ouvrages 
des  Efpagnols.  Vainement  ceux-ci 
entreprirent  de  faigner  cecte  vafte 
inondation j  ils  n'y  purent  réuffir, 
k  Leyde   célèbre  encore  aujour* 


LEZ 


S^J 


i 


d*hui  tous  les  ans.  le  jour  de  fa  dé- 
livrance. 

LEYNE  ;  (  la  )  rivière  d'Allemagne 

LEYSANG  ;  ville  de  la  Chine  v  la 
principale  de  la  Province  de  Leao- 
tung. 

LEYRAG  ;  ville  de  France ,  en  Gaf- 
cogne  ,  dans  la  Lomagne  »  fur  la 
rivière  de  Gers  »  à  quatre  lieues  ^ 
nordnord-eft ,  de  Leiâoure. 

LEYRfi  i  petite  rivière  de  France»^ en 
Gafcogne.  Elle  traverfe  une  par-* 
tie  du  pays  des  Landes ,  &  (è  jette 
daps  lé  baffin  d'Arcachon  ,  i 
deux  ou  trois  lieues  de  la  tête  de 

Bufck. 

LEYTE;  (la)  rivière  (f Allemagne^ 
qui  a  fa  fource  fur  les  frontières  de 
la  Styrie  &  de  la  baCfe  Autriche,  ic 
fon  embouchure  dans  le  Danube  à 
Ovar. 

LEZ  \  ancienne  fa^ on  de  parler  ad- 
vethiab»  qui  fi|tnifioit  autrefois»  4 
côté  de ,  proche  de  »  tout  contre  ».  5c 
ui  fe  dit  encore  en  quelques  phra- 
es,  comme  le  PIcHts-Ie^^T^urs^faint 
Germain- 1€\' Paris ,  &  autres  fem« 
blables. 

LEZ  I  (  le  )  petite  rivière  de  France 
dans  le  bas  Laneuedoc.  Elle  a  fa 
fource  dans  la  vallée  de  Mont-Fer- 
rand ,  à  trois  lieues  de  Montpellier  » 
&  fon  embouchure  dans  lerang  de 
Perault,  aptes  on  cours  d*envixois 
(îx  lieues* 

LÉZARD  ;  fubftânttf  mafculin.  La- 
iertus.  Sous  ce  nom  générique  on 
comprend  toutes  les  efpèces  d  ani- 
maux amphibies  »  qui  ont  une  ref- 
femblance  commune  avec  le  croco- 
dile s  tels  que  l'alligator ,  le  cor- 
dylê  I  It  caméléon  ,  la  falamandre» 
le  lézard  ou  dragon  volant ,  le  feps  % 
le.'fcioc»  é'c.  On  diftingue  Us  lé-- 

fibbb  ij 


le 


5^4  ^£Z 

tards  félon  la  figare  de  lear  tète  & 
de  leur  qaeue«Les  uns  oncle  dos  uni, 
'  d'autres  l'ont  dentelé  camme  un  pei- 
gne.Il  yen  a  de  teYreftres,&  d'autres 
qui  font  aquatiques^  c'eft-il-dire»  qui 
ne  vivent  pas  indifiereaiment  fur  la 
terre  ou  dans  l'eau.  Tous  ont  les 
pieds  digités ,  &  leurs  femefles  con* 
fervent  dans  leur  ventre  les  oeufs 
qu'elles  ont  conçus. 

Nous  ne  décrirons  ici  que  les  lé- 
zards vulgaires^  nous  parlerons  des 
autres  fous  les  noms  qui  leur  font 
propres. 

he /q[ari gris  ordinaire  ou  com- 
mun 9  a  communément  cinq  i  fix 
pouces  de  long ,  ic  un  demi-ponce 
.  de  large  :  fa  tète  eft  f rianguiaire  » 
aplatie ,  couverte  d'amples  écailles  : 
il  a  le  mufeau  moufTe  ic  ovale  :  les 
yeux  vifs  ;  recouverts  de  leurs  pau- 
pières :  les  oreilles  fituées  au  der- 
rière de  la  tète ,  rondes  &  bien  ou- 
vertes :  la  gdènle  grande  »  for- 
mée de  deux  mâchoires  armées  de 
dents  fines ,  un  peu  arquées  :  qua- 
tre pattes  qui  repréfentent  des  mains 
â  cinq  doigts  »  munis  de  petits  on- 
gles crochus.  Tout  le  deffus  du 
eorps  eft  d'un  gris  cendré  ,  agréa- 

'  btement  varié  (ur  les  cotés,  revêtu 
d'une  peau  ornée  de  belles  écailles  : 
le  defîbus  de  la  gorge  eft  fait  en 
manière  de  coqueluchon  »  d'ane 
couleur  dorée ,  luifante ,  le  ventre 
eft  d'un  vert  bleuâtre  &  garni  d*é- 
cailles  carrées  ,  plus  grandes  que 
celles  qui  couvrent  le  deflTus  du 
corps  :  l'anus  eft  affcz  grand  ,  6c 
fitué  un  pea  au-deflons  its  pieds 
de  derrière  ;  la  queue  eft  ronde , 
de  la  longueur  du  corps  ,  &  fe  ter- 

^  mine  en  pointe  :  la  langue  eft  rou- 
geâtre ,  afTez  longue  fic^latte,  fen- 
due en  deux  par  le  bout. 

Redi  rapporte.que  tout  lézard  mâle 


LÉZ 

a  te  membre  génital  double  comme 
les  ferpens ,  quelquefois  même  four** 
chu.  11  y  en  a  qui  ont  double  &  tri« 
pie  queue  ;  quelques  Indiens  re-> 
gardent  la  rencontre  de  tels  lézards 
comme  un  Hgne  certain  d'une  fot«* 
tune  prochaine. 

On  a  éprouvé  que  cet  animal  né 
mange  que  peu  ou  point  durant  l'hi^ 
ver ,  &  qu'il  peut  vivre  huit  mois 
fans  prendre  de  nourriture» ce  qui 
lui  eit  commun  avec  la  vipère  qui 
vit  ainfi  jufqu'â  dix  mois  ,  &  avet 
la  tortue  qui  vit  jufqu'i  dix-huit 
mois.  Le  caméléon  Se  le  limaçon 
vivent  aufld  long-temps  fans  prendre 
de  nourrirnre. 

Le  lézard  eft  un  animal  commue! 
&  mile  dans  les  pays  chauds ,  oâ  il 
détruit  un  très-grand  notnbre  d# 
mouches ,  &  d'autres  infeâes  in- 
commodes qui  fe  multiplieroient 
excefllivement.  Cet  animal  dépofe 
fes  œufs  dans  les  vieilles  masures»* 
où  il  fe  retire  lui-même  pendant  l'hi- 
ver ,  &  la  chaleur  de  Pair  fu£t  feule 
pour  les  faire  éclore.  La  caufe'de 
kifurcation  de  la. queue  du  lézard 
paroit  avoir  une  forte  d*analogie 
avec  la  vertu  reproduârice  du  Po- 
lype :  cependant  cette  bifurcation 
peut  être  due  à  des  pierres  qui  en 
tombant  fur  la  queue  de  ces  ani- 
maux y  la  coupent  en  deux  ou  en 
trois  :  la  queue  qui  a  Ats  vertèbres 
eft  la  véritable  &  ancienne  queue  » 
celle  qui  n'a  point  de  vertèbres  of- 
feufes  ni  cartilagineufes  »  mais  pne 
efpèce  de  tendon  ,  eft  la  nouvelle 
queue ,  qui  eft  beaucoup  plus  dio- 
laflè  6c  moins  fragile. 

La  langue  de  cet  animal  eft  fonr- 
chue  ;  il  Ta  lance  avec  viteflè  :  vue 
au  microfcope ,  elle  paroit  dentelée 
comme  une  fcie  ;  cela  lui  fert  pour 
mieux  retenir  fa  proie ,  qui  étaor 
ailée  lui  échapperont  facilement.  On 


I  . 


LEZ 

en  a  donné  me  figure  qdi  â  éti*n^ 
rée  diaprés  une  Ungue  au'on  avoit 
prefTée  &  féchée  enrre  deux  glaces 
pour  la  rendre  plus  tranfjparente,  & 
pour  obliger  les  dents  à  ie  montrer^ 
car  on  ne  les  voie  point  quand  l'ani- 
mal eft  mort;  elles  reftenc  appliquées 
contre  les  bords  de  fa  langue  ,  Se  il 
y  a  apparence  qu'il  peut  les  faire 
for  tir  ou  rentrera  volonté. 

Les  lézards  gris  changent  de  peau 
deux  fois  pendant  l'année}  favoir, 
en  printemps  &en  automne  >  â  la 
manière  des   ferpens  :  ils  aiment 
beaucoup  i  fe  chauffer  aux  rayons 
du  foleil }  c*eft  peut-être  la  raifon 
pour  quoi  ils  font  plus  communs 
dans  les  pays  chauds  que  dans  les 
pays  froios.  L'hiver  ils  ibnt  comme 
engourdis.  Au  commencement  du 
printemps  ils  fe  réveillent  »  Se  s'ac- 
couplent au  commencement  d'A- 
vril }  dans  laccouplement  ils  s'en- 
tortillent l'un  avec  l'autre  de  ma- 
nière i  ne  repréfenrec  qu*ua  fèul 
corps  àdenx  tètes,  comme  font  en 
pareille  ocçaiion  les  ferpens  j  en- 
Ittite  ils   vont  pondre  leurs  oeufs 
dans  la  terre  aux  pieds  dès  murs  ex- 
pofésau  midi  »  &  où  la  chaleur  Tuf- 
iir ,  comme  on  la  déjà  dit ,  pour 
les  faire  éclore  au  bout  d'un  cer- 
tain  temps.  Ils  fe  nourriffient  de 
mouches ,  de  fourmis ,  de  grillons, 
de  faute  relies,  &  furtout  devers 
de  terre.  Plus  il  fait  chaud ,  plus 
ils  font  alertes  ;  ils  courrent  très- 
rapidement ,  &  femblent  aimer  la 
préfence  de  l'homme  ^  delà  vient 
que  les  anciens  avoient  nommé  le 
lézard  ,  fami  de  t homme  &  fennc-' 
mi  du  ferptnt.  Les  lézards  de  cette 
efpèce  fucent  avidement  la  falive 
At%  en  fans  y  &  deviennent  quelque- 
fois familiers:  on  peut  les  manier 
impunément  Se  fans  auccn  rifque. 
Le  lc\ard  yen  eft  femblable  au , 


LEZ  5^5 

té\àrd  gris ,  mais  deux  ou  trois  fois 
plus  grand  &  même  davantage^  tout 
le  deflus  de  fon  corps  eft  d'un  vert 
luifant ,  agréable  à  la  vue  :  il  habite 
ordinairement  dans  les  brolfaiilesj 
les  buifTons  Se  les  bruyères  \  fou- 
vent  il  fait  peur  aux  palTans  par  le 

,  bruit  qu'il  excite  en  courant  rapi- 
dement à  travers  les  feuilles  sèches» 
puis  il  s*arrète  tout-à-coup  j  &  pa- 
roît  regarder  l'homme  avec  cotn^ 
plaifance.  Les  plus  gros  fe  trou- 
vent dans  les  pays  chauds.  Le  tczard 
vert  eft  extrêmement  colère  ;  6c 
quand  il  peut  faifir  un  chien  par  le 
nez  »  il  le  laiflTe  entraîner  jufqu'à 
ce  que  le  chien  Tait  tué  \  mais  on 
n^a  pas  de  preuve  certaine  que  fa 
morfuré  ait  jamais  caufé  d^accident 
fâcheux.  Les.  chaffeurs  difent  que 
dans  la  faifon  des  nids  des  oi féaux , 
il  gobe  leurs  œufs  auffi  fréquem- 
ment pour  le  moins  que  le  coucou» 
Se  c'ett  pour  cette  raifon  principa- 
lement qu'il  grimpe  aux  arbres.  Si 
on  lui  coupe  la  queue  elle  lui  re- 
pQofle. 

.  Le  lézard  appliqué  extérieure- 
ment pafTe  pour  faire  fortir  les 
corps  étrangers  hors  des  plaies  j  Se 
pour  attirer  le  venin  des  morfures 

I  ou  piqûres  des  animaux  vénéneux. 
L  onguent  fait  avec  fa  chair  eft  re- 

{;ardé  comme  un  remède  contre  l'a- 
opécie  'y    mais  ces  prétentions  ne 
^  font  pas  moins  frivoles  que  la  plu- 
part de  celles  qu'on  trouve  dans 
tant  d'auteurs  de  médecine ,  fur  les 
vertus  médicinales  des  animaux. 

On  fait  entrer  la  fiente  de  lézard 
féchée  dans  les  poudres  compofées 
pour  les  taies  des  yeux. 
LizARp  d'eau  ,  fe  dit  d'un  poiflbn 
que  l'on  trouve  dans  les  mers  des 
Indes ,  &  qui  eft  aflez  femblable 
aux  poiffons  alongés ,  tels  que  les 
merlans  Se  les  hareng^.  Sa  lêtt  re(^ 


^66  LEZ 

femble  i  celle  <I*ane  faucerelle  ^  les 
yeux  font  placés  au-deflus  ,  ce  qui 
lui  donne  une  extrême  facilité  ci*ap* 
percevoir  ce  qu*il  veut  prendre  ou 
éviter.  Il  a  précifénrient  au-deflbus 
des  ouies  une  partie  charnue  qu'il 
pofe  fur  le  fable  ,  Se  fur  laquelle  il 
fe  balance  8c  rourne  comme  fur  un 

Iûvot,  prenant  roure  l'attitude  d'un 
czard  qui  guette  (a  proie  ,  ce  qui 
lui  a  fait  donner  le  tiom  de  lézard 
d*^u.  Dès  qu'il  apperçoir  ce  qu'il 
guette  eu  qu  on  s'approche  de  lui , 
il  s'élance  8c  faute  à  plufieurs  re* 

tarifes  avec  une  très-grande  vivacité. 
1  a  fur  le  dos  une  efpèce  de  na* 
geoire  garnie  d'épines  qu'il  plie  ou 
redreife  à  volonté  »  &  qui  lui  ferr 
de  (iéFenfe. 

L'aliment  le  plus  ordinaire  du 
lézard  d'eau  eft  une  efpèce  de  crabe. 
Celui-ci  eft  armé  d'un  feul  coté  d'u- 
ne pince  prefqueauflfigroiTe  que  fon 
corps  j  oès-qu'il  voir  fon  ennemi , 
il  lui  préfente  cette  pince  j  dobc  la 
vue  feule  apparemment  le  tienr  'en 
rcfpeft;  car  le  crabe  contioue  de 
mander ,  comme  s'il  n'avoir  rien  i 
craindre  j  mais  comme  il  faur  pour 
entrer  dans  fon  trou  qu'il  replie 
cette  pince  le  long  de  (on  corps  j 
c'eft  ce  moment  que  le  lézard  d'eau 
faifit  pour  l'enlever. 

LÉZ  A  R  DE  ;fubftantif  féminin.  Fente, 
crévaffequi  fe  fait  dans  un  mur. 

LEZA  r>i  petite  ville  de  France,  dans 
le  pays  de  Foix ,  fur  la  Lèze,â  trois 
lieues,  eft  nord-eft,  de  Rieux.  U  y 
ai  une  Abbaye  d*hommes  de  l'Ordre 
de  Saint  Benoît ,  laquelle  eft  en 
commende  &  vaut  an  titulaire  en- 
viron quatorze  mille  livresde  rente. 

tEZAY  y  bourg  de  France ,  en  Poi- 
tou ,  à  quatre  lieues ,  fudfud-oueft, 


LIA 

éans  TArriège ,  entré  letparinCés 
de  Clermonc  ôc  la  Banhe  »  au  dio« 
cèfe  de  Toulonfe. 

LEZERT }  petite  rivière  de  France 
qui  a  fa  foorce  dans  le  Rôuergue , 
à  la  montagne  de  l'Ardayrolle ,  & 
fon  embouchure  dans  le  Violet ,  au 
port  de  Mirandoly  aptes  on  cours 
d'environ  huit  lieoes. 

LEZOUX  ;  ville  de  France ,  en  Au- 
vergne ,  à  ûx  lieues ,  eft ,  de  Cler- 
mont. 

LI  ;  fubftancif  mafculin ,  8c  terme 
de  Relation.  M efure  itinéraire  des 
Chinois  qui  contient  environ  deux 
cens  toifes. 

LIAGE;  fttbftantif  mafculin  &  terme 
de  G)utume.  Droit  qui  (e  lève  au 
profit  de  certains  Seigneurs  »  non 
pas  fur  le  vin  même  ,  comme  i'ôot 
cru  Quelques  auteurs ,  mais  fur  les 
lies  des  vins  vendus  en  broche  dans 
l'étendue  de  leur  feignearie. 

Le  çrand  boureilTer    de  France 
jouilfoit  de  ce  droit,  6c  en  confé- 

3uence  prenoit  la  moitié  des  lies 
e  tous  les  vins  que  l'on  vendoit  i 
broche  en  pln(îeurs  celliers  de  la 
ville  de  Paris.  Mais  plufieurs  per^ 
fonnes  fe  prérendoiem  exemptes  de 
ce  droit ,  entr'autres  le  chapitre  de 
Paris  pour  fes  fujets  ;  il  avoir  tonte 

iuridiâion  pour  cet  objet ,  faivant 
es  preuves  qui  en  font  rapportées 
par  M.  de  Laurière  tn  ton glojj aire  , 
au  mot  Uage^  Depuis  la  ûippreflion 
de  l'office  de  grand  bouteiller ,  on 
ne  connoU  plus  à  Paris  ce  droit  de 
liage^ 

Dans  les  manofaâures  en  foie,, 
on  appelley{/</(r  liage  ,  le  fil  qui  lie 
la  dorure  ou  U  foie.  Et  UJJe  de  liage ^ 
celle  qui  fait  baiflèr  les  fils  qui  lient 
la  dorure  &  la  foie. 
LIAIS:  fubftantif mafculin.  Sorte  de 


de  Lufignan  ^  , 

LEZE  \  petite  rivière  de  France  qui  l      pierre  calcaire ,  compaâe  ,  dont  le 
Viet)t  du  pays  d$  Foisç  i  Sç  k  )txx9  I     gtain  eft  pins  fyx  que  ce|i)î  dç  h 


LIA 

pierre  I  bacir  ordinaire  :  ^Ité  eft  | 
fort  dure  6c  ibnore  foua  le  marteau  • 

Îjuanii  on  la  travaille.  Elle  peut  fe 
cier  en  lames  aflez  minces  »  fans 
pour  cela  fe  cafler.  Comme  en  peut 
la  rendre  affez  unie  «  on  en  fait  ^es 
chambranles  de  cheminée  •&  d'au- 
tres ouvrages  propres.  C'eft  la  pierre 
la  plus  euimee  ;  on  l'emploie  fur- 
tout  dans  les  fonoarions  des  édifices» 
parceque  la  pierre  rendre  ne  vau- 
droit  rien  poar  cet  ofage. 

Liais  ,  fe  dit  en  termes  de  Tiflerands, 
de  longues  tringles  de  bois  qui  fou- 
'  tiennent  les  liues. 

LIAISON;  fubftantif féminin.  C/A/a. 
Union,  jonâion  de  plufieui^  ma- 
tières enfembte.  'La  Uai/bn  de  i'or 
&  dufcrfifak  par  te  moyen  du  sui- 
vre* C*efi  la  toile  qui  fait  la  lialfon 
de  cespièx:es  de  menuijerie. 

Liaison  ,  fe  dit  en  ternies  de  Cuifine  » 
des  faunes  d*œufs  délayés ,  ou  au- 
tres ingrédiens  propres  â   épaiffir 

^  une  fattce«  La  liaifon  manque  dans 
€ittefittice. 

Liaison t.  Te  dit  4ans  lart  de  hatîr  j 
du  mortier  ou  placre  qui  fert  à  join- 
toyer les  pierres.  Et  Von  appelle 
maçonnerie  en  liaijon  %  celle  qui  eft 
faire  de  manière  quelle  milieu  dV 

'    ne  pierre  eft  pofé  for  le  }oinc  des 

'    deux  autres. 

Liaison  ,  fe  diren  termes  de  Faucon- 

-  nerie ,  des  ongles  A  ferres  d»  fau- 
con ,  &  de  la  manière  dont  il  lié  le 
gibier  lorfqu'il  Teti^tève^  * 

LiAisoNi  fe  dit  en  termes  d^Écrîvains> 
des  traits  déliés  qui  lient  les  lettres 
les  unes  aux  autres.  -  • 

i*  lAisoN,  fe  dit  figuténfrent  ,'lcle  ce  qui 
lie  les  parties  d^un  difeours  les  uties 
aux  aiitres.  Il  faut  cette  phrafe  pour 

•  faire  la  liaifon  du  difiours,  La  pre- 
mièrê  partie  de  fa  bafanguén^H'pifini 

'  '  dk  liàifbn  avec  Inféconde.  *  " 

'  Ou  liir  »  qfiier  ia^Uaifon  ^  deï  fdncs 


LIA  5^7 

ejl  bien  '  obfervée  dans  uœ  pièce  de 
théâtre  ;  pour  dire  5  que  les  fcènes 
fe  fuivent  i  &  font  Uées  de  tçlle 
forte  que  le  théâtre  ne  demeure 
point  vide  avant  la  fin  de  lade. 

En  termes  de  MuHque  ,  on  dif* 
tiogne  la  liai/on  d'iiarmonie  &  \^, 
liaJjfbn  de  chant. 

La  liaifon  a  lieu  dans  lliarmonie^ 

lorfque    cette  harmonie    procède 

par  un  tel  progrès  des  fons  fi9nda- 

'  mentaux  ,    que  quelqoevpns   des 

fons    qui    accompagnoien^    celui 

.   qu'on  quitte ,  demeurent  &  accom* 

{»agnent  encore  celui  où  Ion  paifc. 
1  y  a  liaifon  dans  les  accords  de  la 
tonique  &  de  la  dominante,  puifqne 
le  même  fon  fait  la  quinte  de  U 
première  6c  Toâive  de  U  féconde  ; 
il  y  a  liaifon  dans  les  accords  de  la 
tonique  St  de  la  fous-dopiinance  ^ 
attendu  que  le  me  me  fon  fert  de 
quinte  i  Tune  &  d  pâave  i  l'autre  ; 
enfin  il  y  a  liaifon  dans  les  accords 
diffonans,  toutes  les  fois  qu4;  la  dif* 
iboance  a  été  préparée,  poi^qoe  cette 
préparation  eile-mcn^e  i^'^ft  autre 
chofeqitela.i£tf{/i>/?<'     >  ;,  \ 

La  liaijhn  dans  le  chant  a  lie» 
tontes  Tes  fois  qu'on  pz(^  deux,  ou 
plufîeurs  notes  fous  un  H^ul  coup 
aaccket  ou  de  gifi^f  »  ^  fe  marquf 
pat  un  tiait  necottrbé  dont  on  cou- 

'  vi^  les  Jiote^jqui  doivent  eue  liées 
enfemble.  -'      i       > 

Dani  le  plain-cham  on  appelle 
Ibtijbn ,  one  foite  de  plufieurs  notes 
pa(I2es  fur  la  mèaae  iyllat^  y  p^rçe- 
que  flic  le  panier  àl|^s;/<»wt  .^^rdiffai- 
reoiept  aitacMA  <Kl  lii^e|tieiiÇerx>^Ie* 
>QaelqatS'^'tiM  Jnpfpment  aftfli 
Rai/m  ;.cé  qofop  Bomt^.  fM  pço- 
pcement^iiccpr»    : 

LiAisaïc^  te  dtr  en  V^rmea  ^"^Archi*^ 
^te^ocetektiveoientà  Udécptacion 

-  tashi  extésieute.qa'iiitérîeprf  )  i^Ksr 


568  LIA 

les  parties  les  unes  avec  les  tatres , 
de  manière  qu'elles  paroilTcnc  ccre 
unies  enfemble  »  &  ne  faire  qa*un 
cour  harmonieux  ,  ce  oui  ne  peut 
arriver  qu'en  éyicanc  lunîon  des 
contraires. 

Liaison  »  fe  dit  figurément  de  la 
connexité  &  du  rapport  que  les  af- 
faires ont  les  unes  avec  les  autres, 
//  n*y  a  aucune  lia4on  entre  fon  af" 
fatrc  &  la  vôtre. 

LiAisoHyfe  dit  aufli  figurément  de 
l'arrachement  &  de  l'union  qui  eft 
entre  des  perfonnes  parriculières , 
ou  des  états  &  communautés ,  &c* 
foit  par  amitié  ,  foit  par  intérêt.  // 
y  a  toujours  eu  une  liai/on  intime 
entre  fa  famille  &  la  nôtre. 

LIAISONNË  «  ÉE  }  participe  paffif. 

f^OyeX  LiAlSONNBR. 

LIAISONNËR  i  verbe  aâlf  de  la  pre- 
mière conjugaifon ,  lequel  fe  con- 
|iigae  comme  Chanter.  Terme 
de  Maçonnerie.  Arranger  les  pier* 
res  de  ftçon  que  les  joints  des  unes 
porrent  fur  le  milieu  dc$  autres.  11 
fe  dit  auffi  des  pavés, 
Lii^isoNNiji  »  (lénifie  encore  remplir 
les  joints  des  pierres  de  pl&rre  ou  de 
mortier ,  lorlqa'elles  font  fur  leurs 
cales. 
LIANCOURT;  bourg  de  France» 
dans  le  Beauvoifis  ,  fur  la  rivière 
•   d* Are  i  à  cinq  quarts  de  Hene  >;fad- 

fud-eft  y  de  Clermonr. 
LIANE  ou  LiiNB  \  fttbftantif  mafcu* 
lin,  félon  les  ans, 6c  féminin  félon 
d'autres.  Plante  farœentéufe  dont 
il  V  a  un  grand  nombre  d^efpèces 
qui  croiflent  en  Amérique  ,.ou  Fon 
s  en  fert  au  lieu  de  cordes.  On  y 
diftrngqt furtoot j  l'^.la t^anc  à  ail^ 
ain fi  appelée  parcequ'érant  fraîche- 
ment coupée ,  elle  répand  une  odeur 
forte  &  défagréablo  comm[e  cellede 
Vaih  1^  la  liane  blanche:  )<>.  la 
//ai?ip  çrafp  :  4^;  la-  Jianç  franche  ; 


LIA 

5^.  la  ttÂne  à  panier:  6^.  la 
punaife:y^.  la  liane  carrée  .•/•^.U 
ftanc  rouge  ,  ou  liane  à  eau  :  9^.  U 
liane fegui ru  ;  i  o<^ .  la  liane  tocoyenne  : 

Il  ^.  la  li€uu  à  glacer  ou  liane  àfer^ 
penu 

Les  lianes  montent  en  ferpentant 
autour  des  arbres  qu*clles  rencon- 
trent ,  &  après  erre  parvenues  juf- 
qu'aux  branches  les  plus  haures  » 
elles  jettent  des  filets  qui  retombent 
perpendicuUirement  ,  s'enfoncent 
dans  la  terre  ,  7  reprennent  racine 
&  s'élèvent  de  nquveau ,  montant 
&  defcendant  alternativement.  D*ao- 
très  filamens  portés  obliquement  par 
le  Vbnr  ou  par  quelque  hafard ,  s  at- 
tachent fouvent  aux  arbres  voifios, 
&  forment  une  coafufion  de  corda- 

Î;es  pendants  en  tout  fens ,  qui  of- 
irent  aux  yeux  le  même  afpeâ  que 
les  manœuvres  d*un  vaifleau.  Il  n'f 
a  prefqu  aucune  de  ces  lianes  i  la- 
quelle on  n  attribue  quelque  pro- 
priété particulicte ,  dont  quelques 
unes  font  bien  confirmées  :  telles 
font  celles  de  Vipecaeuana. 

U  y  a  des  lianes  auffi  grofles  que 
le  bras  ;  quelques-  unes  étouffent  Mar- 
bre qu'elles  embraifent  i  force  de  le 
ferrer.  Il  arrive  quelquefois  que 
l'arbre  féche  fur  pied ,  fe  pourtit  tc 
fe  confume»,  8c  qu'il  ne  refte  que 
les  fpires  df  la  liane ,  qui  forment 
une  efpèce  de  colonne  ifolée  Se  k 
jour  »  que  l'art  auroit  bien  de  la 
peine  i  imiter.  Les  Sauvages  qui 
nabitent  le  long  de  ta  rivière  des 
Amasonnj  trempent  leurs  flèches 
pour  les  empoifonner  dans  des  fucs 
extraits  de  diverfes  plantes  »  8c  pa> 
tîculièrement  de  eertaines  lianes. 

Dans  la  Guyanne  on  fe  fert  de  la 
liane  blanche  pour  les  mêmes  ufages 
que  l'on  emploie  les  lianes  fiancnes 
8c  punaife^ ,  excepté  que  les  tonne* 
Uftrs  ne  $'çn  fexy^t  t{ao  fcnv  afts- 

chcc 


LIA 

dier  leurs  cercles  :  on  eh  ùât  d'alTez 
bons  paniers  ainH  qu'avec  la  liane  à 
panier ,  donc  le  nom  défigae  Tetn** 
ploi  qa'on  en  fait  parciculièreoienr  : 
celle-ci  reflèmble  i  la  liane  blanche 
par  la  couleur  y  mais  elle  en  diffère 
par  les  nœuds.  La  liane  crape  n'eft 
pas  plus  grofle  qu'une  ficelle  :  elle 
1ère  au  befoin  ,  ainfi  que  la  liane 
feguine ,  à  amarrer  des  oarrières  »  â 
coudre  les  panneaux  faits  de  feuilles 
de  baroulott  ou  baiifîer ,  &  â  faire 
des  inftrumens  de  pèche.  La  liane 
franche  eft  la  meilleure  du  pays  , 
elle  dure  plus  que  le  clou  qui  l'ar- 
cache  ,  mais  elle  n*eft  pas  commune 
dans  les  lieux  habités  :  on  la  vend 
vingt  fous  le  paquet  de  deux  cens 
brins  marchands ,  c'eft*à-dire>  fans 
nœuds ,  &  de  deux  cens  bralTes  de 
de  longueur.  On  la  trempe  pour 
l'employer  ,  elle  fe  fend  aifiémenc  : 
on  en  garnit  les  bouteilles  appelées 
dames'j cannes  ;  les  tonneliers  s*en 
fervenc  pour  acucher  leurs  cercles* 
La  liane  punaife  eft  fort  rampante  » 
fon  brin  eft  de  quarante  pieds  fans 
nœuds  j  elle  fert  aux  mêmes  ufages 
que  la  précédente.  La  liane  carrée 
a  les  mêmes  ufages  que  la  liane 
rouge  &  fe  prépare  de  même  ;  mais 
elle  n'a  pas  la  même  propriécé  de 
fournir  de  l'eau  à  ceux  qui  auroient 
foif.  La  liane  rouge  ou  liane  à  eau 
étant  tordue ,  fert  à  faire  des  bar- 
rières »  des  amarrages ,  des  palilîa- 
des  ;  elle  eft  foct  commune  &  croît 
fort  vice  :  mais  elle  ne  dure  guéris 
qu'un  an  étant  employée  &  expoiee 
â  l'air  :  il  y  a  de  ces  lianes  auffi  grof 
fes  que  le  poignet.  Étant  coupée  , 
elle  rend  une  eau  claire  &  pure  , 
dont  les  voyageurs  &  les  chafTeurs 
altérés  font  un  grand  ufage  ;  mais 
il  faut  obferver  après  lavoir  coupée 
par  le  bas  »  d'en  couper  prompte- 
ment  la  longueur  de  trois  à  quatre 
Tome  XF. 


LIA  5^9 

pieds  dans  le  haut  pour  obliger  l  eau 
a  defcendre  »  fans  quoi  l'eau  au 
lieu  de  s'écouler  remonce  dèsrinf- 
tant  vers  le  haut  de  la  tige.  La  liane 
féguine  eft  très  bonne  en  tifaae.  La 
liane  tocoyenne  ferc  i  faire  des  pa- 
niers propres  au  ménage.  La  liane 
â  glacer  ou  i  ferpent,  eft  employée 
dans  les  remèdes  concre  la  morfure 
du  ferpenc  :  on  exprime  le  fuc  de 
la  tige  &  des  feuilles  ,  &  après  l'a- 
voir mêlé  avec  les  deux  ciers  d'eau- 
.  de-vie ,  on  faic  boire  le  tout  au  ma- 
lade ,  ic  le  marc  s'applique  fur  la 
morfure ,  ce  qui  réumc  quelquefois. 
Onoiflf^Wt  pomme  de  liane ,  le  fruit 
d'une,  plante  d'Amérique  appelée 

frcnadàu  ou  fleur  delà  pafjion.  Voy. 
LIUR  DE  LA  PASSION. 

LIANT  i  adjeâi/  verbal.  Doux,  com- 
plaifant ,  affable.  Un  caraclère  liante 
Un  tfprit  liant. 

On  di^l^  un  rejfon  liant  ;  pour 
dire  ^^un  retlort  d'une  élafticité 
douce  &  uniforme  dans  toute  la 
continuité  du  corps. 

LIARD  }  fubftantit  mafculin.  Petite 
monnoie  de  billon  qui  a  cours  en 
France  où  elle  fait  la  quatrième 
partie  d'un  fou. 

LIARDER  y  vieux  mot  qui  fignifioit 
autrefois  bourfiller. 

LIASSE  \  fubftancif  féminin ,  &  terme 
de  Palais.  Il  fe  dit  de  plufieurs  piè- 
ces ôc  procédures  enfilées  6c  arra- 
chées enfemble  par  le  moyen  d'un 
lacet  ou  d'un  tirer. 

Lorfqu*il  y  a  plufieurs  liajfes  de 
papiers  dans  un  mventaire  ,  on  les 
cote  ordinairement  par  première , 
féconde»  troifième  6c.  afin  de  les 
diftinguer  ic  de  les  reconnoîrre. 

LIBAGE  ;  '{ubftancif  mafculin.  Gros 
moelon  mal  taillé  qu'on  n'emploie 
que  dans  les  fondemens  d'un  édifice. 

LIBAN  'y  montagne  fameufe  d'Afie  qui 
fépare  la  Syrie  de  la  Pateftine.  Elle 

C  c  ce 


570  L I B 

s*étend  depuis  les  environs  de  Tri- 
poli &  du  cap  Ronge  jufqu'au- 
deU  de  Damas  près  de  TArabie 
déferce  ,  (bus  le  35^  degré  de  lati- 
tude. Et  Ton  Appçile  Anti-Liban  une 
chaîne  de  montagnes  oppofées  au 
Liban  »  laquelle  commence  auprès 
des  ruines  de  Sidon  &  fe  termine  à 
d'autres  montagnes  du  pays  des  Ara- 
bes vers  la  Trachonitide ,  fous  le 
;4^  degré.  Chacune  de  ces  monta- 

f;nes  a  environ  55  4  40  lieues  de 
ongueur  &  100  lieues  de  circuit. 
Elles  font  féparées  Tune  de  l'autre 
par  une  diftance  zffez  égale  par 
tout,  laquelle  forme  un  baflîn  ou 
petit  pays  agréable  &  fertile  que  les 
anciens  appeloient  CéUfyrie  eu  Syrie 
crcufe. 

LIBANOCHROSj  fabftantif  mafcu- 
lin.  C*eft  félon  Pline ,  une  pierre 
qui  reiTembloit  par  fajfiuleur  à  des 
grains  d'encens  ou  à  (^rali|^• 

LIBANOMANCIE  i  fubftantif  fémi- 
nin. Divination  qui  fe  faifoît  par 
le  moyen  de  l'encens.  Voici  >  félon 
Dion  Caffitts  »  les  cérémonies  que 
les  anciens  pratiquoient  dans  la  liba- 
nomancie.  On  prends  dit- il»  de 
l'encens  ,  &  après  avoir  fait  des 
prières  relatives  aux  chofes  qu'on 
demande  j  on  jette  cet  encens  dans 
le  feu,  afin  que  fa  fumée  porte  ces 
prières  jufqu'aux  Dieux*  Si  ce  qu'on 
fouhaite  doit  arriver ,  l'encens  s'al- 
lume for  le  champ,  quand  même 
il  feroit  tombé  hors  du  feu  ,  le  feu 
femble  l'aller  chercher  pour  le  con* 
fumer  \  n\ais  fi  les  vœux  qu'on  a 
formés  ne  doivent  pas  ctre  remplis , 
ou  l'encens  ne  tombe  pas  dans  le 
feu  ,.  ou  le  feu  s'en  éloigne^  &  ne 
leconfume  pas.  Cet  oracle,  ajoute- 
t-il ,.  prédit  toutj  excepté  ce  qui 
regarde  la  mort  &  le  mariage.  II 
fi'j  avoir  (jue  ces  deux  articles  fur 


LIB 

lefquels  il  ne  fur  pas  permis  de  le 
confulrer. 

LIBANOTI  y  bourg  d'Italie  au  royaa* 
me  de  Naples ,  dans  la  principauté 
citérieure ,  fur  la  rivière  de  Sapri 
au  levant  de  Policaftro» 

LIBANOTIS}  fubftantif  mafculin. 
Plante  qu'on  regarde  comme  une 
efpèce  de  lafcrpitium*  Elle  pouflè 
une  tige  ligneufe ,  nouée  ,  qui  s'é- 
lève à  la  hauteur  de  trois  à  quatre 
pieds.  Ses  feuilles  font  amples ,  lar- 
ges, dentelées  &  femblabies  â  celles 
de  l'ache  :  fes  fleurs  font  petites  » 
blanches  j  difpofées  en  ombelle ,  8c 
compofées  de  cinq  feuilles  :  fon  ca- 
lice devient  dans  la  fuite  «n  fruit 
qui  renferme  deux  grandes  femen* 
ces,  oblongues  ,  blanchâtres ,  ayant 
l'odeur  &  le  goitt  de  la  femence 
d'angélique.  Le  nom  de  cette  plante 
lui  vient  d'un  mot  grec  qui  fignifie 
encens  ,  parceque  fà  racine  qui  eft 
fort  longue  &  fort  grofTe>  a  l'odeur 
de  l'encens  \  cette  racine  &  la  fe- 
mence font  apéritiveSy  bonnes  con«> 
tre  les  vapeurs  9  &  pour  guérir  le» 
toux  invétérées. 

LIBANOVA^  bourg  de  Grèce  dans 
la  Alacédoine ,  fur  la<côte  du  ^olfe 
de  ConeeflTa,  â  cinq  lieues  de  la 
ville  de  ce  nom.  C'eft  un  refte  de 
l'ancienne  Stagyre^  patrie  d'Arif- 
tote. 

LIBATION  ;  fubftantif  féminin.  U^ 
baiio.  EfTufion  ,  épanchement ,  £>ic 
de  vin  (oit  d'autre  liqueur ,  que  le» 
anciens  faifoientauttefbis  en  l'hon- 
neur de  la  divinité. 

Chez  les  Grecs  &  chez.  les  Ro- 
mains, les  libations  écoient  fort 
ufirées  non-feulement  dans  les  facri- 
£ces ,  mais  encore  dans  plufieurs 
autre^s  circonftanceSj  comme  dans 
les  négociations,  dans  les  trairés  ^ 
dans  les  mariages ,  dans  les  funé- 
railles. \.  loifqu'ils  entrepresoient 


LIB 

«n  voyage  par  terre  oa  par  mer  ; 
quelquefois  en  fe  couchanr ,  en  fe 
levant  ;  enfin  irès-fouvencau  com- 
znencemenc  &  à  la  fin  des  repas  y 
alors  les  incimes  amis  ou  les  parens 
fe  réuni  (Toi  ent  pour  faire  enfemble 
leurs  libations. 

Les  libations  des  repas  écoient  de 
deux  fortes  j  Tune  confiftoit  à  fépa- 
rer  quelque  morceau  des  viandes , 
&à  le  brûler  en  honneur  des  Dieux; 
dans  ce  cas  ,  libare  n'eft  autre  chofe 
que  exccrperc  ;  l'autre  forte  de  liba- 
tion ,  qui  étoit  la  libation  propre- 
ment dite,  confiftoir  à  répandre 
quelque  liqueur,  comme  de  l'eau 
&  du  vin ,  du  lait  j  de  l'huile ,  du 
miel ,  fur  le  foyer  ou  dans  le  feu , 
en  l'honneur  de  certains  Dieux, 
par  exemple,  en  l'honneur  des  Lares 
qui  avoient  un  foin  parriculier  de  la 
maifon  \  en  l'honneur  du  Génie  , 
Dieu  tutélaire  de  chaque  perfonne; 
&  en  Thonneur  de  Mercure  qui  pré- 
fidoic  aux  heureufes  aventures. 

Les  libations  étoienc  pratiquées 
par  les  Juifs  dans  leurs  facrifices.  La 
mefure  de  vin  qu'ils  répandoienr  fur 
les  vi&imes  immolées,  étoic  la  cin- 
quième partie  du  hin  ,  c'eft-â  dire , 
une  pince ,  un  poiflTon ,  cinq  pouces 
cubes  &  un  peu  plus. 

Les  libanons  confiAoient  aufli 
chez  les  Juifs ,  en  offrandes  de  pain, 
de  vin  Se  de  fel  :  les  offrandes  de 
pain  étoient  des  gâteaux  de  plufieurs 
forces  :  les  uns  cuits  au  four  >  les 
autres  cuits  dans  la  poêle  ou  dans 
une  tourtière  ;  les  uns  paitris  avec 
de  l'huile ,  les  autres  frottés  d'huile^ 
&  les  autres  frits  dans  l'huile;  quel- 
quefois c'étoic  de  la  fimple  farine  , 
ou  du  gareau  arrofé  d'huile.  On 
en  off'roit  fur  l'autel  une  partie  qui 
devoir  être  confumée  avec  la  viÂi- 
me  ,  le  refte  demeuroic  au  Prêtre 
qui  croit  de  fecvice  &  fe  partageoit 


LIB  571 

avec  les  autres  Prêtres  qui  étoienc 
aâueliemencdans  Iç^tempte  :  car  les 
offrandes  ne  fe  porroient  pas  &  ne 
fe  conft)moient  pas  tn  dehors. 

LIBATTO  i  fubftantif  mafculin  ,  &, 
terme  de  relation.  Les  habiians  du 
Royaume  d'Angola  donner  c  ce  nom 
â  des  efpèces.  de  hameaux  ou  de 
petits  villages  qui  ne  fort  que  des 
affemblages  de  cabanes  chétives  bâ- 
ties de  bois  &  de  terre  gralfe  &  en- 
tourées d'une  haie  fort  épaille  2^ 
aflez  haute  pour  garantir  les  habi- 
tans  des  bêtes  féroces ,  dont  le  pays 
abonde.  Il  n'y  a  qu'une  feule  porte 
à  cette  haie ,  que  l'on  a  grand  foin 
de  fermer  la  nuit ,  fans  quoi  les  ha- 
bitans  courroienc  rifqùe  d'être  dé- 
vorés. 

LIBAW  ;  petite  ville  maritime  de 
Courlande ,  fur  la  mer  Baltique  ,  â 
feize  lieues ,  fud-oueft ,  de  Goldin- 
gen. 

LIBBI  ;  fubftantif  mafculin.  C'eft  une 
efpèce  de  lin  que  l'on  cultive  i  Min- 
danao ,  l'une  des  Philippines  ,  plus 
pour  en  tirer  Thuile  que  pour  en 
employer  l'écorce. 

LiBBi ,  eft  aufli  le  nom  d'un  arbre  des 
Indes  orientales  qui  reffèmble  beau- 
coup â  un  palmier  ;  il  croît  fur  le 
bord  des  rivières  :  les  pauvres  gens 
en  tirent  de  quoi  faire  une  efpèce 
de  pain  femblable  i  celui  ^^e  four- 
nit le  faeou.  La  fubftance  qui  four- 
nit ce  pam  eft  une  moelle  blanche , 
femblable  à  celle  du  fureau  ;  elle 
eft  environnée  de  l'écorce  &  du  bois 
de  l'arbre  qui  font  durs  quoique 
très  menus.  On  fend  le  tronc  pour  en 
tirer  cette  mœlle  :  on  la  bat  avec  un  pi« 
Ion  de  bois  dans  une  cuve  ou  dans  um 
mortier  r  on  la  mer  enfuite  dans  un 
linge  que  l'on  tient  audefflisd'une  cu- 
ve: on  verfe  de  l'eau  par-delTus  ,  en 
ôbfervanc  de  la  remuer  pour  que  la 
partie  la  plus  déliée  decette  fubftance 

C  c  c  c  ij 


I 


57»  LIB 

fe  filtre  avec  Teâu  au  travers  du 
linge  y  cette  eau  après  avoir  féjour- 
né  dans  la  cuve  ,  y  dépofe  une  fé- 
cule épaiife  dont  on  Fait  un  pain 
d  atTez  bon  goût.  On  en  fait  encore , 
comme  avec  le  fagou ,  une  efpèce 
de  dragées  sèches  propres  à  être 
tranfportées  ;  on  prétend  que  man- 
gées avec  du  lait  d'amenaes  »  elles 
ionr  un  remède  fpécifique  cootre 
les  diarrhées.. 
LIBELLATIQUE;  fubftantif  des 
deux  genrea  »  &  terme  d'Hiftoire 
Eccléuaftique.  On  donnoit  autre- 
fois  ce  nom  aux  chrétiens  qui  fé 
rachetoîe^t  de  la  |>errécutioa  en 
payant  une  fomme  d'argent  â  des 
Alagiftrats  qui  leur  donnoient  un 
billet  de  fauve-garde. 
LIBELLE  'y  fubftantif  mafculin.  Litel" 
lus^  Écrkinjurieuxqui  ait ique l'hon- 
neur ou  la  réputation  de  quelqu'un.' 

Il  eft  égaletQent  défendu ,  &  fous 
les  mêmes  peines  j  de  compofer  , 
écrire  ,  imprimer  &  répandre  des 
libcUes  diffamatoirts. 

L'injure  réfultant  de  ces  fortes  de 
libelles  eft  beaucoup  plus  grave  que 
les  injures  verbales  »  loir  parcequ'el- 
le  eft  ordinairement  plus  méditée  , 
foit  parcequ'eile  fe  perpétue  bien 
davantage  :  une  injure  qui  attaque 
rhonneur  eft  plusfenfible  à  un  hom- 
me de  bien  que  quelque  excès  com* 
mis  en  fa  perfonne. 

La  peine  de  ce  crime  dépend  des 
circonftances  6c  de  la  qualité  des 
perfonnes.  Quand  la  diftamation  eft 
accompagnée  de  calomnie,  l'auteur 
eft  puni  de  peine  afïUAive-  ^  quel- 
quef^  même  de  morr. 

Philippe- Nicolas  Duval,  Prêtre 
feligieun  &  Prieur  de  Cinq-Mars 
eoTouraine,  ayant  été  déclaré  con- 
vaincu par  Arrêt  du  ii  Février 
lji6  ,  d'avoir  fait  méchamment 
imprimer  &  diftribuer  un  libelle  en 


LJB 

forme  de  requête  ,  contenant  plu- 
Heurs  faits^injurieux  &  calomnieux 
contre  une  nommée  Renouf  &  le 
fieur  Aubert  »  &*c.  fut  condamné  par 
le  même  Arrêt  à  un  banniflfement 
de  cinq  ans  ,  Ôc  à  comparoir  aupa- 
ravant en  la  Chambre  de  la  Tour- 
nelle»pour  en  ptéfence  des  injuriés 
&  de  douze  perfonnes  i  leur  choix  > 
y  déclarer  fon  crime ,  &  en  deman- 
der pardon ,  &c. 

LIBELLÉ ,  ÉE  j  participe  paffif.  Foy. 
Libeller. 

LIBELLER  j,  verbe  aftif  de  la  pre- 
mière conjugaifon  ,  lequel  fe  con- 
jugue comiiie  Chanter.  Terme  de 
Pratique  qui  ne  fe  dit  guère  qu'en 
ces  phrafes  >  Rheller  un  exploit ,  /i- 
beller  une  demande; pour  dire,  dref- 
fer  un  exploit  &  y  expliquer  fa  de- 
mande. 

On  dit  auflî  en  matière  de  finance,, 
libeller  un  mandement  ;  pour  dire  ^ 
Spécifier  la  deftination  de  la  fomme- 
qui  y  eft  portée.. 

LIBENTINE  j  nom  propre  ,  &  terme 
de  Mythologie.  Libentina.  C'étoit 
chez  les  Romains  la  Dée(fe  du^ 
plaifir. 

LIBER  *y  terme  de  Mythologie  qui 
fignifîe  libre. 

C'çft  un  des  noms  que  les  Ro» 
mains  donnoient  a*  Bacchus  â  caufe- 
de  la  liberté  que  le  vininfpire. 

Quelques  payens  s'étoient  imagi- 
né que  les  Juifs  adoroient  auffi  leur 
Dieu  Liber  ^  parceque  les  Prêtres 
hébreux  jouoient  de  la  flûte  &  du 
tambour  dans  leurs  cérémonies  , 
qu'ils  fe  couronnoient  de  Kerre  & 
qu'on  avoir  trouvé  dans  leur  temple 
une  vigne  d'or  ^  mais  Tacite  com- 
bat cette  opinion  :  les  lois  &^  les 
mœurs  des  Juifs ,  dit-il  >  (ont  trop 
éloignées  du  génie  de  Bacchus.:  ce 
Dieui  aime  la  joie  &  la  boonexbèr^ 


LIB 

&  les  Juifs  vivent  d'une  manière 
vile ,  abfurde  Se  fordide. 

LIBERA  ;  terme  de  Mythologie.  11 
j  avoir  chez  les  Romains  une  Déefle 
Libéra  que  Cicéron  ,  dans  fon  livre 
de  la  nature  des  Dieax ,  fait  fille  de 
Jupiter  &  de  Ccrès.  Ovide  dans  Tes 
Fajlcs  dit  que  le  nom  de  Libéra  fut 
donné  par  Bacchus  à  Âriadne,  quil 
confola  de  Tinfidélité  de  Théfée.  11 
y  a  des  médailles  ou  des  monamens 
confacrés  â  Liber  &  à  Libéra  tour 
enfemble  :  Libéra  y  eft  repréfentée 
couronnée  de  feuilles  de  vignes  de 
même  que  Bacchus. 

LIBÉRAL ,  ALE  ;  adjedif.  liWij. 
Qui  aime  à  donner  ,  qui  fe  plaît  à 
donner,  C'eji  un  Prince  libéral.  II y 
a  bien  des  gens  qui  donnent  beaucoup 
&  qui  ne  font  point  libéraux.  Avoir 
l'inclination  libérale*  Il  ne  faut  pas 
confondre  l'homme  prodigue  avec 
V homme  libéraL  Le  ciel  lui/ut  libé- 
ral de /es  dons. 

On  dit  aufli  main  libérale.  Ses 
mains  libérales  répandirent  fur  nous 
toutes  fortes  de  bienfaits. 

On  appelle  arts^  libéraux  ,  par  op 
podrion  aux  arts  mécaniques ,  ceux 
qui  appartiennent  uniquement  à  Tef- 
prit  hc  même  ceux  où  refprit  a  plus 
de  part  que  le  travail  de  la  main. 
V éloquence ,  la  peinture  «  la.  mù^qut 
font  des  arts  libéraux. 

LIBÉRALEMENT  ;  adverbe.  Libe- 
raliter.  D  une  manière  libérale.  Le 
Prince  le  récompenfa  libéralement. 

Les  trois  premières  fyllabes  font 
brèves,,  la  quatrième  très-brève  » 
&  la .  dernière  moyenne. 

LIBÉRALES^  fubftantif  féminin  plu- 
riel, &  tertne  de  Mythologie.  Eètes 
qu'on  célcbroit  à  Rome  en  Thon- 
aeuc  de  Bacchus  le  1 7  de  Mars  ,  & 
dont  les  femmes  faifcnent  les  céré- 
jDi^iùes  te  les    (âcri£ces.    Oa  les. 


LIB  57/ 

Toyolt  couronnées  de  lierre  à  la 
porte  du  temple^  ayant  devant  elles 
un  foyer  &  des  liqueurs  compofccs 
avec  du  miel ,  &  invitant  les  paf- 
fans  à  en  acheter  pour  en  faire  des 
libations  à  Bacchus  en  les  jetant  dans 
le  &u.  On  mangeoit  en  public  ce 
jour-là  ,  &  la  joie  régnoit  dans 
toute  la  ville. 

LIBÉRALITÉ;  fubftantif  féminin.  Li^ 
beralitas.  Verru  par  laquelle  on  eft 
porté  à  faire  part  aux  autres  de  fe% 
propres  biens.  La  libéralité  confifle 
moins  à  donner  beaucoup  qu'à  donner 
à  propos.  Il  y  a  une  grande  différence 
entre  la  libéralité  &  la  prodigalité  : 
la  premàre  efl  une  vertu  ^  6*  lafe^ 
conde  un  excès  vicieux.  Il  fait  tous 
les  jours  quelque  acle  de  libéralité* 

LiBSR  ALiTé>  fe  dit  audi  du  don  même 
.  que  fait  une  perfonne  libérale.  Les 
gens  vains  ne  font  point  de  libéralités 
ohfcuresy  ils  n  en  font  q-ue  d*écla^ 
tantes^  Il  tieru  fa  fortune  de  vos  libé" 
raiités. 

Les  Romains  avoient  fait  une 
DéelTe  de  la  libéralité.  On.  la  voit  fuc 
les  médailles  des  Empereurs,  repré- 
ièntée  d'ordinaire  etv  femme  vêtue 
d'une  robe  longue^  tantôt  répan- 
dant la  corne  d'abondance,  tantôt 
la  tenant  d'une  main ,  &  montrant 
de  l'autre  une  tablette  marquée  de 
-pluûeurs  nombres,  pour  défigner 
k  quantité  d'argent ,  de  grain  ,  ou^ 
de  vin  que  le  Prince  donnoir  au< 
peuple. 

Tout  eft*  bref  au  fingulier  j  mais* 
la  derniècefyllabe  eft  longue  auplu^^ 

LIBÉRATEUR,  TRICE j  fubftantif^: 
Celui  ou  celle  qui  a^déliv-ré  une  per- 
fonne ,  une  ville  ,  un-  peuple,  de- 
prifon  «  de  fervirude ,  de  captivité,» 
00  de  quelque  grand  danger.  /<^^* 
Chrifl  efl  appelé  le  libérateur  des>na'* 
t'ionsj,  Charles-  Murulfut  le  libérateur 


574  L  I  B 

de  la  France.  Il  la  rcconnoit  pour  fa 

Hbcratrke^     , 

LIBÉRATION;  fubftantif  fcmiBin, 

&  terme  diî  Jurilprudence.  Libéra* 

tio.  On  $*en  fert  pour  exprimer  la 

décharge  d'une  dette  ,  d'une  fervi- 

tude  ,  ou  de  quelqu'autte  droit.  Les 

lois  font  toujours  favorables  à  la  li- 

hération  du  débiteur. 

LlBèRATRlCE;  voyq  Libérateur. 

LIBÈRE  ,  ou  Libéra;  voyct  Liera. 

LIBERE ,  ÉE  ;  participe  paflif.  Voye^ 

Libérer. 
LIBÉRER;  verbe  adif  de  la  pre- 
mière conjugal fon ,  lequel  fe  con- 
jugue comme  Chanter.  Liberare. 
Terme  de  Pratique.  Délivrer  de 
quelque  chofe  d*incommode  &  d'o- 
néreux. //  efi  parvenu  à  libérer  fon 
héritage  de  cette  hypothèque.  Il  ne 
pourra  pas  fe  libérer  de  cette  date. 
LIBÉRIES  ;  fubftantif  féminin  jpluriel, 
&  terme  de  Mythologie.  Fête  que 
les  Romains  célébroient  le  i^  des 
calendes  d'Avril ,  jour  auquel  les  en- 
fans  quittoient  la  robe  du  premier 
âge  pour  prendre  celle  qu'on  appeloit 
toga  libéra  ,  toge  libre. 
LIBERTÉ  ;  fubftanrif  féminin.  Uberj- 
tau  Le  pouvoir  que  Tame  a  d*agir 
ou  de  n'agir  pas  ,  de  faire  le  bien 
ou  le  mal ,  de  fe  déterminer  au 
choix  d'une  chofe  ou  d'une  autre  » 
de  faire  ou  de  ne  faire  pas. 

Les  Sroïciens  croyotenr  que  tout 
arrive  par  une  aveugle  fatalité  ;  que 
les  événemens  fe  fuccèdent  les  uns 
AUX  autres  ,  fins  que  rien  puifTe 
changer  l'éttoite  chaîne  qu'ils  for- 
ment entr'eux  ;  en6n  que  l'homme 
^  n'eft  point  libre.  Cette  opinion  a 
été  adoptée  par  Spioofa  ,  Hobbes , 
&  plufieuvs  antres  ;  elle  eft  même 
encore  celle  des  Mahométans  d'au- 
jourd'hui :  mais  quelque  fpécieux 
qu'ayent  cté  les  divers  raifonne- 
meus  employés  pour  établir  ce  fyf- 


LIB 

tème  6c  en  général  pour  détruire  la. 
liberté ,  il  n'en  eft  pas  moins  conf- 
tant  qu'elleeft  une  prérogative  réelle 
de  rtiomme  ;  notre  propre  fentî« 
ment  nous  en  fournit  la  conviâion: 
c'ell  ce  que  U  nature  crie  ;  c'eft  ce 
que  les    bergers  chanrent  fur   les 
montagnes ,  les  pocres  fur  les  théâ- 
tres ;  c'eft  ce  que  les  plus  habiles 
Dofleurs  enfeignenr  dans  les  chai- 
res ;  c'eft  ce  qui  fe  répète  &  fe  fup- 
pofe  dans  tous  les  inibns  de  b  vie. 
Ceux  qui  par  afFcâation  de  (ingu- 
laricé,ou  par  des  réflexions  outrées, 
ont  voulu  dire  ou  imaginer  le  con* 
trairt,  ne  montrent-ils  pas  eux-mc- 
mes  par  leui  conduite  la  faudeté  de 
leurs  difcours  ?  Donnez- moi  ,  dit 
l'illuftre  Fénélon  j  un  homme  qoi 
fait  le  profond  philofophe  &  qui 
nie  le  libre  arbitre  ;  je  ne  difputerai 
point  conir  jlui  ;  mais  je  le  mecrrai 
à  l'épreuve  dans  les  plus  communes 
occaHons  de  la  vie  pour  le  confon* 
dre  lui  même.  Je  fu[pofe  que  h 
femme  de  cet  homme  lui  foit  ind- 
délie  »  que  fon  fils  lui  défobéit&  le 
m^prife  ;  que  fon  ami  le  rrahit ,  que 
fon  domeftique  le  vole  ;  je  lui  dirai, 
quand  il  fe  plaindra  d'eux ,  ne  faves* 
vous  pas  qu'aucun  d'eux  n*a  tort ,  & 
qu'ils  ne  iont  pas  libres  de  faire  au* 
tremenr  ?  Ils  font  de  votre  aveu  aufli 
invinciblement  néceilités  a  vouloir 
ce  qu'ils  veulent,  qu'une  pieire  Teft 
à  tomber  quand  on  ne  la  foutient 
pas.  N*eft-il  donc  pas  certain  que 
ce  bifarre  philofophe  qui  ofe  nier 
le  libre  arbirre  dans  l'école ,  le  fup- 
pofera  comme  indubitable  dans  fa 
propre  maifon ,  &  qu'il  ne  fera  oas 
moins  implacable  contre  ces  per(on- 
nés  j  que  s'il  avoir  foutenu  tpute  fa 
vie  le  dogme  de  la  plus  grande  li* 
berté  ? 

On  peut  joindre  aux  preuves  de 
fentimenc ,  celles  que  fourniflèoria 


LIflF 

morale  &  U  religion  }  car  fi  vous 
ocez  la  liberté  toute  la  nature  hu- 
maine eft  renverfée  &  il  n'y  a  plus 
aucune  trace  dordre  dans  la  fociécé. 
Si  les  hommes  ne  font  pas  libres 
dans  ce  qu  ils  font  de  bien  &  de 
mal ,  te  bien  n  eft  plus  bien  Se  le 
mal  n'eft  plus  mal.  Si  une  néceiSté 
inévitable   &  invincible  nous  fait 
vouloir  tout  ce  que  nous  voulons  » 
notre  volonté  n*eft  pas  plus  refpon- 
iable  de  fon  vouloir  qu  un  reflbrr 
de  machine  eft  refponfable  du  mou- 
vement qui  lui  eft  imprimé  :  en  ce 
cas  il  eft  tidicule  de  s  en  prendre  â 
la  volonté ,  qui  ne  veut  qu'autant 
qu'une  autre  caufe  diftinguée  d'elle 
la  fait  vouloir.    Il  faut  remonter 
tout  droit  'à  cette  caufe  comme  je 
remonte  X  la  main  qui  remue  le  bâ- 
ton ,  fans  m'arrècer  au  bâton  qui 
me  frappe  qu*autant  que  cette  main 
le  poufle.  Encore  une  fois ,  ôtex  la 
liberté ,  vous  ne  laiflez  fur  la  terre 
ni  vice  »  ni  vertu  ,  ni  mérite  j  les 
récompenfet   font  ridicules  &  les 
châtimens  font  injuftes  :  chacun  ne 
fait  que  ce  qu'il  doit,  puifqu'il  agit 
félon  la  néceffité  ;  il  ne  doit  ni  évi- 
ter ce  qui  eft  inévitable  ,  ni  vain- 
cre ce  qui  eft  invincible.  Tout  eft 
dans  l'ordre ,  car  l'ordre  eft  que  tout 
cède  à  la  néceffité.  La  ruine  de  la 
liberté  renverfe  avec  elle  tour  ordre 
&  toute  police  ,  confond  le  vice  & 
la  verru  »   autorife  toute  infamie 
monftrueufe  ,  éteint  toute  pudeur  Se 
tout  remords ,  dégrade  &  défigure 
fans  refTource  tout  le  senre  humain. 
Une  di)ârine  fi  révoltante  ne  doit 

Point  être  examinée  j  mais  exciter 
indignation. 
Liberté  ,  fe  prend  fouventpour  toute 
forte  d'indépendance  des  comman- 
demens  d'àutrui.  Il  jouit  d*  une  pleine 
&  entière  liberté.  Elle  ne  voulut  point 
/ê  marier  pour  conferyer  fa  libertés 


.       LIB  57, 

LiBERTi  ,  fe  dit  aufli  de  l'état  d'une 
perfonne  de  condition  libre  ^  &  en 
ce  fens  il  eft  oppofé  à  ftrvitude. 
Çhe'i  les  Romains  un  homme  perdoit 
fa  liberté  y  lorfquil  était  pris  par  l'en* 
nemi  dans  une  gutrre  ouverte.  Les 
nègres  des  colonies  font  privés  de  la 
liberté.  Mettre  un  efclave  en  liberté. 

On  dit  poétiquement  en  parlant 
des  amans ,  qu'i/j  ont  perdu  la  li- 
berté^  quon  leur  a  ravi  la  liberté  ^ 
Sec. 

On  dit  en  termes  de  dévotion , 
que  la  liberté  des  enfans  de  Dieu  con- 
fîjle  à  nêtre  point  efclaves  du  péché. 
Liberté,  fe  dit  quelquefois  par  op- 
^fition  â  captivité  &  à  prifon.  Le 
vainqueur  mit  en  liberté  les  efclaves 
quife  trouvèrent  dans  le  vaijfcau  du 
Cor  faire.  Il  était  arrêté  pour  f es  det- 
tes y  mais  il  vient   d* obtenir  fa  li- 
berté. Ouvrt:^^  la  cage  de  cet  oifeau  j 
&  laijfei'leen  liberté. 
Liberté  ,   fe  prend  en  parlant  d'un 
état ,  d'un  pays,  pour  une  forme  de 
gouvernement  dans  lequel  la  no« 
bleiïe  ou  le  peuple  a  la  fouveraine 
autorité.    Céfar  ruina  la  liberté  de 
Morne.    Voyez  Aristocratie    & 
Démocratie. 
Liberté  ,  fignifie  auffi  pouvoir  d'agir 
conformément  à  ce  que  les  loix  au* 
torifenr.  C*eji  un  attentat  contre  la 
liberté  publique.  Les  mineurs  nont 
pas  la  liberté  d* aliéner  leurs  immeu* 
blés.  Cela  eji  contraire  à  la  liberté  du 
commerce.  On  lui  a  laiffé  la  liberté 
de  tépoufer. 

On  appelle  liberté  de  confcience  , 
la  perraiuion  de  proférer  une  reli- 
gion astre  que  la  dominante.  Cette 
ville  eJi  fort  peuplée  parcequdy  a 
liberté  de^  confcience. 
Liberté  ,  fe  dit  encore  par  oppofirion 
àcontrainte.  Nousnepouvonsicinouy 
expliquer  en  liberté.. 
Liberté  ^  fignifie  auiC  facilite  heu^ 


57<î 


LIB 


reufe»  difpofition  naturelle,  ^votr 
la  liberté  de  la  parole.  Elle  danfc 
avec  beaucoup  de  grâce  &  de  libercc. 

Liberté  ,  fe  dit  en  termes  de  Pein- 
ture ,  d'une  l\abitude  de  la  main  i 
obéir  facilement  &  i  exprimer  net- 
tement les  traits  que  refprit  ima- 
gine &  que  l'art  conduit.  Ces  tou- 
cJies  ^  ces  traits  qui  n'ont  rien  de 
peiné  &  qui  ne  fentent  point  la  fer- 
vitude»  offrent  un  plaidr  bien  dé* 
licat  aux  connoiifeurs.  Cette  liberté 
eft  aufli  quelquefois  (i  délicate  &  (i 
imperceptible ,  qu'elle  n  eft  fenfî* 
ble  qu'aux  maîtres  de  l'art.  Les  arts 
d'agrément  exigent  en  effet  que  l'on 
ne  s'apperçoive  point  qu'il  eV  a 
beaucoup  coûté  â  l'auteur. 

La  liberté  du  burin  fe  connoît  à 
une  certaine  liaifon  &  à  un  enchaî- 
nement des  entailles ,  qui  fait  naî- 
tre l'une  de  l'autre  ;  mais  il  faut  ce- 
t rendant  qu'elles  foient  toujours  coût- 
ées tuturellement  >  fans  ces  tour- 
noyemens  bifarres  qui  tiennent  plus 
du  caprice  que  de  la  raifon. 

On  dit  liberté  d'efpru  ;  pour  dire , 
l'état  d'un  homme  qui  a  l'efprit  en- 
tièrement dégagé  èc  dcbarraifé  de 
•    lonz  objet  étranger. 

On  dit ,  liberté  de  ventre  ;  pour 
dire  ,  la  facilité  que  le  ventre  a  de 
bien  faire  fes  fonâious. 

On  dit ,  en  parlant  d^un  mors  ou 
de  l'embouchure  d'un  cheval  »  liberté 
de  langue  ,  pour  fignifier  Tefpace 
vide  pratique  à  l'effet  de  loger  la 
langue  de  l'animal.  Cette  liberté 
donne  félon  fa  forme  plufieurs  dé- 
nominations au  mors  j  comme ^or^^ 
de  pigeon  j  canon  montant ,  pas  d^à- 
ne  y  &c« 

Liberté  ,  fcdît  auflî  en  termes  d'Hor- 
logers ,  de  la  facilité  qu'une  pièce  a 
po.ur  fe  mouvoir.  On  dit  par  exem-* 
ple  ^  Q^iune  roup  a  beaucoup  de  liberté^ 


*LIB 

lorfqne  la  moindre  force  eft  capa- 
ble de  la  mettre  en  mouvement. 
Liberté  »  fe  prend  auffî  pour  manière 
d'agir  libre ,  familière  >  hardie  \  8c 
il  f^  dit  en  bien  &  en  mal.  Elle  lui 
accorda  la  liberté  de  lui  écrire.  Toi 
pris  la  liberté  de  lui  demander  cette 
grâce.  Il  paroît  que  ce  jeune  homme 
prend  bien  des  libertés. 
Libertés  ,  fignifie  au  pluriel ,  fran* 
chifes  &  immunités.  Dans  ce  fcns, 
on  appelle  libertés  de  VEglife  galli^ 
cane ,  i'obfei  vation  de  certains  points 
de  l'ancien  droit  commun  &  cano- 
nique >  concernant  la  difcipUne  ec- 
cléfiaflique  que  rÉglife  de  France  a 
confei  vée  dans  toute  fa  pureté ,  fans 
fouffrir  que  l'on  admît  aucune  des 
nouveautés  qui  fe  font  introduites  à 
cet  égard  dans  pluiîeurs  autres 
Eglifes. 

La  première  fois  que  Ton  ait  qua- 
lifié de  libertés ,  le  droit  &  la  poflef* 
fion  qu*a  TÊglife  de  Fraace  de  fe 
maintenir  dans  fec  anciens  ufages , 
fut  du  temps  de  Saint  Louis  y  Tous 
la  minorité  duquel,  au  mois  d'Avril 
1118  y  on  publia  en  fon  nom  une 
Ordonnance  adrelTée  à  tous  fes 
fujets  dans  les  Diocèfes  de  Narbon* 
ne,  Cahots ,  Rhodes  ,  Agen ,  Ar- 
les &  Nifmes  ,  dont  le  premier  ar- 
ticle porte ,  que  les  Eglifes  de  Lan- 
guedoc jouiront  des  libertés  &  im- 
munirés  de  l'Églife  Gallicane. 

Dans  la  fuite  nos  Rois  ont  publié 
plufieurs  lois  pour  maintenir  ces 
mêmes  libertés.  Les  plus  remarqua- 
bles font  la  pragmatique  de  Saint 
Louis  en  1 16%  \  la  pragmatique  faite 
fous  Charles  VII,  en  1437  ;  Ucon* 
cordât  fait  en  1 5 1  <>  -,  l'Êdit  de  1 5  3  5 , 
contre  les  petites  dates  ;  PÉdit  de 
Moulins  en  1 5  80  ,  &  plufieurs  ai* 
très  plus  récens. 

Le  Parlement  a  toujours  été  très- 
foigneux  de  maintenir  ct%  mêmes 

libertés  » 


LIB 

Sbêrt^s  »  tant  par  les  difierens  Ar* 
xèts  qu'il  a  rendus  ^ans  les  occa- 
fiions  qui  Te  font  préren.tées  que  par 
ies  remontrances  4]u'il  a  faites  à  ce 
fujec  à  nos  Rots  ^  entr'autres  celles 
iqu'il  âc  au  Roi  Louis  ^I ,  en  14(^1 , 
-qui  font  une  des  principales  pièces 
^recueillies  dans  le  traite  des  liber- 
tés de  VÉglifc  Gallicane  ,  par  Pierre 
Pithou. 

Quoique  le  détail  de  nos  libertés 
ibic  tr-ès  -  confidérable  pulfqu'elles 
{t*éteDdent  fur  tout  notre  droit  ca- 
conique  ;  cependant  on  peuples  rap- 
|>orterâce6  trots  maximes;  i^  Que 
ia  poiflànce  que  jÉsos-CHaiST  a 
^nnée  à  fon  Èglife ,  eft  unique- 
ment bornée  aafpicituel,  &l|uelle 
tne  peut  s'étendre  ni  direâement  ni 
îndireâemenr  for  le  temporel,  i^. 
Que  les  Papes  ne  peuvent  rien  com- 
'  mander  ni  ordonner  ^  foit  en  gé- 
néral ou  en  particulier  ,  de  ce  qui 
Tegarde  les  cnofes  temporelles  dans 
Je  pays  &  far  les  tert es  de  lobéif- 
«fance  &  fouvecainecé  du'Roi  Très- 
Chrétien*  ^^,  Que  la  plénitude  de 
f  uifTatice  qu'a  le  Pape  ,  comme 
Chef  de  TEglife,  doit  être  exercée 
'Confornoément  aux  canons  reçus  de 
<toute  TEg^ife  &  que  lui-même  eft 
foumis  aux  Jugemens  du  Concile 
oiniverfel ,  dans  les  cas  marqués  par 
ie  Concile  de  Confiance.  La  déda- 
^atiotrëu  Clergé  de  France  ,  du  4  9 
Mars*  I  ^81  >  adopte  ces  maximes 
confirmées  par  un  Êdit  du  Roi , 
'  rendu  dans  te  même  temps.  Ainfi 
Aous  fie  teconnoiflons  point  en 
France  que  le  Pape  puiUe  accor- 
41er  aucune  grâce  qoi  concerne,  les 
droits  temporels  ,  comme  de  légi- 
timer des  bâtards,  de  reftituer con- 
tre Ttnfamie  ,  a€n  de  rendre  les 
f  mpétrans  capables  de  fi|cceffions  , 
de  charges  publiques  Se  d'autres  ef- 
fets ci  vus.  Pat  la  ii^ême  xaifoo^  oà  > 


LIÉ  J77 

n*a  point  d'égard  aux  provisions  de 
Cour  dv'  Rome  au  préjudice  du  droit 
àcs  Patrons  laïques.  Car  on  ne  tient 
en  France,  pour  droit  canonique  , 
qne  les  canons  qui  oa;  été  reçus  d'un 
confentement  uriivécfel  par  toute 
rÉgiifeCatholiqtie  ,  ou  lesCanoni 
des  Conciles  de  France  »  &  les  an- 
ciennes coutunies  de  rÉglife  Gal^ 
licane. 

11  y  a  ,  dit  d'Hérîcourt ,  quatre 
moyens  principaux  donc  on  le  fert 
en  France  pour  maintenir  les  libef- 
ccs  de  rÉglife  \  le  premier  ,  les 
conférences  avec  le  Pa'pe  i  le  «-  1 
coiid  un  examen  des  bulles*,  afin  % 
qu'on  ne  laiiTe  rien  publier  contre 
les  droits  du  Roi  &  conrre  ceux  de 
TEglife  -Gallicane  :  le  troifîème  , 
l'appel  au  futur  Concile  :  le  quatiiè- 
me^  l'appel  comme  d'abus  aux  Pâr« 
lemens  »  en  cas  d'entreprife  fur  la 
Juridiâton  féculière ,  &  de  conrta«- 
Vemion aux  coutumes  eccléfiaftiques 
du  Royaume* 

En  termes  de  commerce  ^  on  ap- 
pelle libenc  de  cour,  l'affranchi^re- 
tnem  dont  jouit  un  marcbaad  de  la  . 
Juridiâion  ordinaire  àes  lieux  où 
il  fait  fon  négoce  ,  &  le  privilège 
qu'a  4in  étranger  de  porter  les  àf« 
faires  concernant  fon  trafic  par  de- 
vant un  Juge  de  la  Nation. 

Ce  terme  a  particulièmcnt  l:ei| 
par  rapport  aux  villes  Anféatiques , 
qui  dans  tous  ies  comptoirs  qu'elles 
avoiont  autrefois  dans  les  princi* 
pales  villes  de  commerce  de  l'Eu- 
rope  ,  comme  Londres  ,  Anvers  » 
&c  ,  entretenoient  une  efpèce  de 
Conful  ,  Se  fous  lui  un  Greffier  » 
pardevant  lequel  tous  les  Mar* 
chauds  de  leur  kanfe  ou  ligne  de- 
'voient  fe  pourvoir  en  prelnière  iii' 
ftance  ,  6c  dont  les  Jugemens  fe 
portoient  par  appel  Se  en  dernier 
.  xeiTerc ,  par  devaot  les  Jutes  des 

Dddd 


578  tIB 

villes  Anféatioues  dont  raflèmblée 
fc  reiioit  i  Luoeck* 

Les  villes  Ânféatiqucs  (Taujour- 
d*bui  jouttTent  encore  de  ce  privi- 
lège y  mais  feulement  parmi  leurs 
propres  Négocians. 

La  liberté  perfonniBée  étoit  chez 
les  Romains  une  divinité  fort  ré* 
vérée  :  ils  lui  bâtirent  des  temples  , 
des  autels  en  grand  nombre  »  &  lui 

.  érigèrent  quantité  de  ftatues.  Ti- 
bérius  Graçchus  lui  confacra  fur  le 
mont  Aventin  un  temple  magni- 
fique, foutenu  de  colonnes  de  bron^ 
se  >  &  décoré  de  fuperbes  ftatues. 
Il  étoit  précédé  d'une  cour  qu  on 
appeloit  atrium  lÀbtrtcuis. 

Quand  Jules  Céfar  eut  fournis 
les  Romains  i  fon  empire  ,  ils  éle- 
vèrent un  temple  nouveau  en  l'hon- 
xieur  decett^déeflfe,  comme  fi  leur 
liberté  étoit  rétablie  par  celui  qui 

.  en  fappa  les  fohdemeus  :  mais  dans 
une  médaille  de  Brutus ,  on  voit  la 
liberté  fous  la  âgure  d'une  femme  > 

.  tenant  d'une  main  le  chapeau  »  fy  m- 
bole  de  la  liberté^  8c  deux  poignards 
de  l'autre  main  avec  rinicriprion  ^ 
idibus  mart'ds  >  aux  ides  de  Mars. 

La  DéefTe  éroic  repréfemée  par 
une  femme  vêtue  de  olaifc',  tenant 
le  bonnet  de  la  main  droite  »  &  de 
la  gauche  une  javeline  oa  verge  > 

:  teille  que  celle  dont  les  maîtres  frap- 
poient  leurs  efclaves  lorfqu'ik  les 
affranchi^Toient.^  il  y  a  quelque- 
fois un  char  auprès  d'elle. 

Dans. d'autres  médailles,  elle  eft 
accompagnée  de  den^-  femmes  , 
qu'on  nommoit  Adioniài  Abéodoné 
&  qu'on  regardoit  comme  fes  fui- 
van  tes  ;  parce  que  k  liberté  ren- 
ferme le  pouvoir  d'aller  At.de  veair 
où  l'on  vent,  • 

LIBERTIN ,  INE  j  adjeftèf.  Idcenthn 
Qui  aime*  trop  fa  liberté  &  l'in- 
défendance  ^  qui  &  -diipenfe.aifé- 


! 


IIB 

ment  de  fes  devoirs ,  qui  eft  ciU 
nemi  de  toute  forte  de  iujétion  & 
de  contrainte.  Elle  a  des  enfdns  bien 
libertins* 

On  dit  quune  perfonnt  tfi  d'une 
humeur  bien  libertine ,  |)our  dire 
qu  elle  haït  toute  forte  de  gène  & 
de  contrainte.  Et  quelle  mène  une 
vie  libertine;  pour  dire^qu'elle  a  une 
conduite  déréglée. 

On  dit  auffi  fubftanttvement  & 
dans  le  même  fens,  d'un  homme» 
que  c'ejt  un  libertin.  £c  d'une  fem- 
me ,  «que  c^eji  une  libertine. 

Libertin  ,  fignifie  aufti  qui  fait  une 
efpèce  de  pro6e(fion  de  ne  point  s'af- 
fujettir  aux  lois  de  la  rehgion  ,  foit 
pouf  la  croyance  y  foit  pour  la  pca- 
tique.  En  ce  fens  il  ne  te  die  guère 
que  fub^ancivemenoi  //  pajfs  pour 
un,  libertin  qui  s^iuquiètt  peu  des 
préceptes,  de  la  rtTigian* 

Libertins»  fedit  encore fubftantive- 
ment ,  d'une  fefte  d'hérétiques  qui 
s'élevèrent  en  Hollande  vers  T^an 
1 5.1 5  •  Lèurschefs  forent  un  Tailleur 
de  Picardie  noniuié  Quentin  y  8c  un 
nommé  Chopin  ,  qui  s'alTocia  i  lui 
&  £e  fit  fon  difciple.  Us  croyoient 
qu'il  n*7  a  qu'un  feul  efprit  de  Dieu 
répandu  partout ,  qui  eft  &  qui  vit 
dans  routes  les  •créatures  ;  ^^  ttoiit 
ame  n'eft  autre  chofe  que^  cet  ef- 
prit dti  Dieu  \  qu'elle  metut  avec 
le  corp  \  que  le  péché  aeft  rien^ 
&.  qu'il  ne  confifte  que  dans  l'opi- 
nioiv,  pniApie  c'eft  Dieu  qui  fait 
tout  le  bien  8c  tout  le  mal  :  que  le 
paradis  eft:  une  illufion  ,  &  l'enfer 
un  phantôme  inventé  par  les  Théo- 

.  loffiiensi  Ils  difoienrenfin:,  que  iea 
politiques  ont  inventé  la.  religion 
pour  contenir-  les  peuples  dans  l'o» 
Déiflknoe  de  leurs  lois,  j  que  la  ré» 
génétatipn  fpiritnelle  ne  confiftiDit 
qu'à  éiouâfer  les<  remords  de  ta  cm- 
icàeaceu  ^  ta  péaitcoçc  i  feuteatr 


LIB 

qu^on  n*avoic  fait  aucun  mal  ;  qu*!l 
écoir  licite  ôc  même  expédient  de 
feindre  eo  matière  de  religion ,  8c 
de  s'accommoder  à  toutes  le$  feâes. 
Ilsajoutoient  à  tout  cela  d'horri- 
bles blafphèmes  contre  Jésus- 
C  H  R I  s  T  >  diiant  qu'il  n'étoic  cien 
qu'un  je  ne  fçais  quoi  con»pofé  de 
1  efprit  de  Dieu  &  de  Topinioti  des 
hommes. 

'    Différences  relattres  antre  liier^ 
tin  ,  vagabond ,  iaadit. 

Le  dérèglement  eft  la  partage  de 
tous  les  trois  :  mais  le  libertin  çé- 
che  proprement  contre  les  bonnes 
moni'rs  }  la  paflion  ou  Tamour  du 
plaifir  le  domine  :  le  vagabond 
manque  par  la  conduite  ;  l'indoci- 
lité ou  Tamour  exceffif  de  la  liberté 
récarte  des  bonnes  compagnies  :  le 
bandit  pèche,  par  le  cœur  8c  la  pro-^ 
4>ité  ;  il  ne  fe  conforme  pas  noèmel 
aux  lois  civiles. 

LlfiERTlNAGE  -,  fubftantif  mafcalin. 
Inttmpcrans  Uccntia.  Débauche»  diC» 
ibiution ,  dérèglement  de  mœurs. 
//  tft  adonné  au  libertinage.  Ctfi  un 
pays  oà  les  femmes  fe  livrent  fans  r/- 
ferve  au  libercinage. 

LibeUtinage,  fignifie  aufCrctat  d'une 
perfonne  oui  témoigne  peu  de  ref- 
pe<^  pour  les  chofes  de  la  religion. 
Ce  difcours  féru  le  libertinage. 

Libertinage  ,  fe  dit  encore  quelque- 
fois fans  aucun  rapport  à  la  reli- 
gion  ni  aux  mœurs  \  mais  pour  (î- 
gniâet  une  inconftance ,  um  légè- 
reté dans  le  caraâère ,  qui  bit 
qu'on  eft  ennemi*  de  toute  forte  de 
fu^étion ,  &  de  contrainte.  Il  y  a 
beaucoup  de  libertin.^ge  dans  fes 
^ras. 

La  première  fyllabe  eft  brève  , 
la  féconde  moyenne  ,  la  rroifième 
brève ,  U  quatrième  longue  ,  &  la 
dernière  très-brève. 

XIBËRTINER  \  verbe  nemc»  de  la 


IIB  579 

première  conju^aifbn  »  lequel  fe 
conjugue  comme  chanter.  Terme 
du  ftyle  familier  qui  fignifie  vivre 
dans  le  libertinage.  //  ne  fait  que 
libertiner. 

LtBËrHRA  ;•  nom  d'une  «ncienne 
viUe  ie  Grèce  fur  le  nioiK Olympe  t 
ftèi  die  laquelle  écoit  le  tombeau 
dOrphée. 

UBÊTHRIÀDC  ',  nom  d'une  fontaine 
de  Bëofie  q»i  étoit  fîtuée  près  du 
moift  l^ijibéthrien  j  à  deux  milles  de 
Coronée.  On  y  voyoit  les  ftatues 
4les  Mufc^  8c  des  nymphes  Libe« 
thrides. 

LIBËTHRIDfiS  ;  fu1>ftantif  féminité 
pluriel  »  &  terme  de  Mythologie. 
Sut  nom  des  nyovphes  qui  habitoienc 
près  du  mont  Libéthrien  en  Béotie. 
Les  mufes  furent  auffi  appelées 
lÀbéthrides^  i  caufe  de  k  fontaine 
Libétkriade  qui  leur  étoit  confa- 
crée. 

LIBIDINEUX ,  EUSE  -,  adjeûif  Diu 
folu  9  lafcif ,  livré  aux  plaiftrs  det 
fens.  Des  maurs  iibidineufes. 

L^  trois  pr entières  fyllabes  font 
brèves  ,  la  quatrième  lot>gue  8c  U 
cinquième  très^brève. 

LIBITINAIRE  ;  Xubftantlf  mafculin. 

-  libitinarius*  On  douooit  ce  nom 
chez  les  Roà)aîns  à  ce^i  qui  ven-- 
doieot  8c  fourailfoient  tout  ce  qui 
étoit  néceffaire  pour  les  convois  ni^ 
nèbre5. 

LlBlTlNE;  fùbftantif  féminin  &  ter- 
me de  Mythologie.  Divinité  qui 
pféddoir  aux  funérailles  des  Rc* 
mdins.  Elle  avoir  un  temple  où  l'on 
achetoit  tout  ce  qui  ccoit  nêcelTaire 
aux  funérailles  j  8c  l'on  donnoit  une 
certaine  pièce  d'argent  pour  chaque 
perfonne  qu'on  enter  roi  t  ou  que  l'on 
portoit  au  bûcher.  On  mettoit  cec 
argent  dans  le  tréfor  de  Libitine  ^ 
c'eft-à-dîre  de  fes  Prêtres }  ceux  ^ui 
^éfoîenr  pf époftd  pour  le  receVdir, 

^        Dàààx] 


écrivoîent  (or  an  régtftre  le  nom  de 
chaque  more  pour  içquel  on  payoic 
çccceefpàce  de  cribut,  &  ce  régîftre 
s*appe.loic  le  régiflrei  de  Libidnc  :  Li'»^ 
bitiriA  ratio^ 

Le  Roi  Serviii»  Tutlios  avoir  éta- 
bli cet  ufage    qui  feryoic  chaque 

'  année  â  faire,  connoîae  le  nombre 
des  morts  dans  la  ville  de  Rome , 
ic  par  confcquent   laccroiflement 

.  ^u  la  diminution  des  Juibitans. 
C'eft  auffi  par  ce  tribu|['.qtt^4es  re- 
venus des  Prètrçs  de  Di'uine  grof^ 

*  /ilTuient  dans  i^  temps  de  morta- 
lité :  Suétone  écrit  que  fous  le  rè- 
Î^ne  de  Néron  »  il  y:  eut  une  automne 
\  Funefte ,  qu*elie  fî<  porter  trente 
mille  pièces,  d'argent  au  tcéfoc  de 

.  Cette  divinité  donna  Ton  nom  au 
temple  oui  lui  étoif  dédié  »  aux  Prè^ 
xxefi  qui  ta  fervoient ,'  aux  gens>qui 
vendoient  fous  leurs  ordres  les  cho^ 
Tes.  néce0ai.res  aux  funérailles ,  à 
une  porte  de  Roipe  par  laquelle  on 
fortoit  les  cadavres  hors  de  la  ville  ^ 
.  enfin  ail  brancàrt  fur  lequel  on  por- 
,     roit  les  corps  à  leur  £épulture«  * 

LIBONGOS  ;  fubftantif  mafculin. 
Sorte  de  erode  étoffe  dont  les  Eu- 
Topéens  (e  fervent  pour  la  traite 
des  Nègres  fur  la.  c&te  d'Âf&iqae« 

LIBORA^  ancienne  ville  de  rÊfpa- 
gne  Tàrragonoifb ,  au  pays  des  Car» 
pétaniens.  C'eft  aujourd'hui  Tala- 
vera  de  la  Rejrnîi. 

LIBOURET  ;,fubftantif  mtfculîn  & 
terme  de  pèche,  C'eft  une  efpèce 
de  Ugne  dont  on  fe  fert  peur  pè' 
cher  des  maquereaux. 

LÎBQURNE  i  ville  de  France  dans  lar 
Guyenne  fur  la  Dprdogne  ^  à  huit, 
lieues  ».  eft  -  nord  -  oli  ,  de  Bor-, 
deaux^,  .fous  le  1 7«'  4%^^^  24.  mi- 
nutes 32  fecondes^  de  longitude  ,. 
£^  le  4;^*  j^  55  Eiinutes  x.  UçoAées. 


tIB 

de  latitude.  C'eft  le  fiége  d'un 
fidial  &  d'une  Sénéchauflee. 

LIBRAIRE  V  fubftantif  mafculin.  Li^ 
^r^ritti.  .Marchand  qui  fait  com- 
merce de  livres.    ^ 

Les  Libraires^  &  les  Imprimeurs, 
de  Pads  ne  forment  qu'une  feule  & 
même  Communauté^fbus  le  nom  de 
Corps  de  U  Lïbravric^  à  laquelle  font 
demeurés  unis  les  Maîtres  Fondeurs, 
de  Caraâères  d'Imprimerie  ,  pac 
rÉdi t  de  Louis  XIV  du  mois  d'Aoûe 
1^8^,  &  de  laquelle  ont  été  fépa- 
rés  les  Relieurs- Doreurs  de  livres», 
par  un  autre  Êdic  du  même  Roi  8c 
des  mêmes  mois  &  an  qui  les  érige, 
en  corps  de  Commimauté  particu* 
lière.. 

Chez  les  anciens  on  écrivoit  les. 

;  livres  fur  cette  écorce  qui  fe  trouve 
immédiatement  fur  le  bois  de»  ar- 
bres &  qui  porte  en  latin  le  nom  de: 
libtr ,  d*où  nous-eft  venu  le  mot  de 
bvrt ,  &  lorfqu'ils  étoient  écrits  du. 
çn.formoir  des^  rouleaux  qurpor- 

.  .  toient  le  nom  de  volumjes  >  du  mot- 
latin  yolvert  y  qui  (ignifîe  rouler. 

Avant  rinvention  de  Tlmprîme- 
rie  les  Libraires  Jurés  de  TUniver- 
(ité  de  Paris  faifoient-  tranfcrire  iVt 
manufcrits  >  &  en  apportoient  les. 
copies  aux  Députés  des  Eacultés  » 
pojur    lés    revoie  &-    les  approu- 
ver  avant  d'en  aflBoher  la  vente. 
.  Mais  on  fent  bien  que  ces  fortes, 
d'éditions  ,  qui  étoient  le  fruit  d*uiit 
travail  long  0c  pénible  ,  ne  pou- 
voient  jamais  être  nombreûfes.  Aufli: 
les  livres  éroient^ils  alors  très-rares. 
'8c  fort   chers..    Lacquifition  d'un 
livre. un. peu. confidérable  fe  rraitoit 
comme  celle  d'une  terre  ou  dlune 
maifon  :  on  en  faifôit  des  contrats, 
pardevant  Notaires*,  comme  on  le 
voit  par  celui  qui  fut  pafTé'en  1332. 
entre  GeoflfroideSt-Légçr,Librairej> 

:   Ap:  Qecajrd  de.  &fbntagu  9  Avocat.diL 


k 


IIB 

Roi  au  PUrlemenc  ,  pour  le  livre 
intitulé)  Spéculum  UiJtoriaU  in  Con^ 
fuetudincs  Pnrifitnfcs.  Ces  Ltbrai- 
les  écoient  lettres  fie  même  (avans  \ 
ils  porroient  le  rrom  de  Cltrcs  Zi- 
braires ;)\%.hi\{o\ttiX.  partie  du  corps 
de  rUniverfité,  fie  jouiflbienr  de 
fes  privilèges. 

Cette  prérogative  leur  a  été  con- 
fervée  jufqu'à  préfeqt  par  les  Let- 
tres-Patentes, Édits  fie  I)éclararions 
de  nos  Rois  y  fie  en  dernier  lieu 
par  le  Règlement  acrèté  au  Confeil 
te  28  Février  171  ^.  Ce  Règlement 
a  été  renda  commun  pour  tout  le 
Royaume  par  Arrêt  au<  Confeil  , 
du  14  Mars  1744  ;  fie  la  même 
année  il  a  été  publié  à  Paris ,  avec 
la  conférence  des.anciennes  Ordon- 
nances ,.  fous  le.  nom  de  Cod^  de  la 
Librairie  &  Imprimerie  »  par  Claude 
Saugrin  y  alors  Syndic  de  la  Com- 
munauté des  Libraires. 

Le  2.  Mai  de  la.  même  année,  le 
Roi  rendit  en.  fon  Confeil ,  un  Ar- 
rêt qui  commet  pour  Texécution 
de  ce  Règlement  M.  Kydeau  de 
Marville  j  alors  Lieutenant  Géné- 
ral de  Police  à  Paris.  Les  prédécef- 
feurs  8t  lès  fuccelTeur^  de  ce  Ma- 
giftrat  ont  eu  de  femblables  com- 
mifllbns  du  Confeil }  fi^  M.  de  Sar- 
tine  qui  remplit  aujourd'hui  cette 
imponante  place ,  eft  d'ailleurs  char- 
gé delà:  nomination  des  Cènfeurs  fie 
de  tour  ce  qui  concerne  les  permif- 
fions  d'imprimer  ,  dont  on  diftin- 
gue  trois  fortes  );  fàvoir  ^  i\  La 
fermijjiàn  tacite.^  ainfi  nommée  par- 
ce qu'elle,  n*e(t  confienée  dans  au- 
cun règiftre  publiic.  fierté  permif- 
fion  autbrifb  i  impriiner  8c  débiter 
l'ouvrage  pour  lequel  elle  eft  obte- 
nue ,  mais  elle  nedonne  aucun  diroit 
exdufiF:  x^l  Hz  permiffiàn  du  grand 
fieauy,  ainfi'  appelée  parce  qu!èlle 
«iàccofdè.  gar  lettrer  expédiées:  en< 


LIff  jSr 

Îrrandè  ChanceUerie;  Cette  permif- 
ion. doit  être  enregiftrée  à  la  Cham- 
bre Syndicale  de&  Libraires  :  elle  ne 
donne  point  de  droit  exclufif ,  mais* 
défend  Tintroduâion  des  éditions» 
étrangères  :  i^.  ht  privilège  du  grandi 
fceau  ,  nommé  auîïï  privilège  géné- 
ral ,  parce  que  le  dtoit  exclunf  ac- 
cordé par  ce  privilège  >  a  fon  effet 
daiis  toute  l'étendue  du  Royaume.. 
Cène  permiilion  portant  privilège 
général ,  doit  aufli  être  enregiftrée  as 
la  Chambre  Syndicale. 

Comme  le  Règlement  die  r7if, 
eft  une  loi~  générale  pour  ^ut  le 
Royaume ,.  00  enrapportera  ici  le&' 
principales  difpofitions- 

L'article  premier  porte  ,  que  les^ 
Libraires  fie  les  Imprimeuts  feront: 
cenfés  fie  rcpurés  ou  corps  fic^des* 
fuppôts  de  rUniverfité  de  Paris  ,. 
diftinguès  fie  féparès  des  arts  mé- 
caniques ,  maintenus  fie  confirmés; 
dans  la  jouilTance  de  tous  les  droits^ 
fie  privilège^  attribués  i  ladite  Uni- 
v^rfité.  fie  auxdits  Libraires  fie  Im- 
primeurs. 

Par  l'article  x  ,  les  livres ,.  tant? 
manufcrits  qu'imprimés  ou  gravés  », 
reliés  ou.non.reliés,  vkux  ou.neufs» 
ainfi  que  les  fontes  ^.lettres ,.  carac— . 
tèxes  j.  fie  l'encre  d'Imprimerie ,  font 
déclarés  exempts  de  tous  droits  ,, 
tant  àk  fortie  qulà  l'tntrèe  fie  Uans; 
tout  le  Royaume ,  pourvu  quei  les» 
ballots  ou.  caifTes  ,,  contenant  lef- 
dites  marchandiflss ,  foient  marqués* 
en   ces  termes  :  livres  y,  caraêleres^ 
d'Imprimerie  ,  fi^c  ,  ainfi  qu'il  eft  dit: 
dans  l'article  3« 

L'article  4:,.porte  dèfenfè  â'toutess 
perfonnes ,  autres  que  les  Libraire»^ 
fie  Imprimeurs ,  de  faire  lè  com- 
merce de  livres  j  fi^  de  les  faire  affi*- 
cher  pour  lès  vendre.en leurs  noms*,, 
A>it-qu'ils  s'en  difént  lès  auteurs^  om 
•autnement;. 


;S2  LIB 

Par  IV clcle  ^  j  &  par  l'Arrçt  da 
Confeildii  i|  Mars  17^0,  portant 
réglaient  entre  les  Libraires  Se  Im^ 
primeurs  ^  &  les  Marchands  Mer- 
€ier$  de  la  ville  de  Paris ,  il  eft  fait 
dcfenfes  aaxdits  Marchands  Mer- 
ciers de  vendre  aucun  livre  im- 
primé 4  â  lezceptijon  des  A  B C  j 
des  almanacs ,  &  4e  petits  livres 
d'heures  &  de  prières  imprimés 
hors  ia  ville  de  Paris ,  &  non  ex- 
cédans  la  valeur  de  deux  feuilles 
d'impreffion  du  caraâère  dit  Ci- 

Les  articles  6  ^  y  te  8  cancer- 
lient  la  vente  des  papiers  à  la  rame , 
&  la  défenfe  d'acheter  des  livres 
des  écoliers  »  domeftiques ,  &c. 

Il  eft  ordonné  par  l'anicte  9  que 
cous  les  Imprimeurs  8t  Libraires  fe- 
ront imprimer  les  livres  en  beaux 
caraâcres ,  fur  de  bon  papier  ^  & 
bien  correâs,  avec  le  nom  8c  la 
demeure  du  Libraire  qui  aura  fait 
faire  Timpreffion.  Mais  cet  arriclel 
eft  très-mal  exéeuté  depuis  que  les 
conrrefaâeurs  fe  font  multipliés  de  j 
toutes  parts.  Lel>as  prix  auxquel  ils 
peuvent  vendre  leurs  livres  contre- 
faits à  la  hâte  &  mal  exécutés>obli- 
S^e  les  Libraires  de  fe  relâcher  con 
idérablement  fur  la  beauté  des  édi- 
tions originales  »  pour  fe  rappro- 
cher du  prix  des  éditions  contre- 
faites. 

L'article  i  o  »  qui  fait  défenfe  à 
fous  Imprimeurs  &  Libraires  de  fup- 
pofer  aucun  autre  nom  dlm'primeur 
ou  de  Libraire  y  &  de  le  mettra  au 
lieu  du  leur  en  aucun  livre ,  comme 
aufli  d'y  appofer  la  marque  d  au- 
cun autre  imprimeur  ou  Libraire , 
i  peine  d'être  punis  comme  fauf- 
faires ,  do  trois  mille  livres  d'a- 
mende 9  &  de  corififcation  des  exem- 
jpUiref ,  t)'eft  pas  miçi^x  exécuté  ^ue 


LIB 

rjarctcle  précédent.  Son  esafte  kxé^ 
cutioo  feroic  cep%^ndant  un  des  plus 
(urs  moyens  de  mettre  un  frein  § 
Taudace  des  contre  faveurs  natio* 
naux  >  qni  pnc  caufé  la  décadence 
de  la  Librairie  françpife,  &  qui  la 
menacent  d'uae  chute  prefque  to- 
tale. 

Par  l'anide  1 1^,  il  eft  défendu 
airx  Libraires  te  Imprimeurs  ,  &  â 
leurs  veuves  j  de  prêter  leurs  noms  \ 
Bc  par  le  1 1*  ,  il  «ft  ordonné  à  tous 
«eux  qui  auront  Imprimerie  ou  ina- 
gafin  ouvert  de  librairie  ,  de  les  te« 
nir  daiic  les  quartiers  de  l'Univer- 
fité.  L'arncle  1 3  leur  permet  d'avoir 
des  magafins  non-ouverts  dans  les 
Collèges  9  Maiibns  Religteufes  & 
autres  Jienx  hors  de  leurs  demeu- 
vt,  pourvu  que  ce  foit  temours 
dans  i'enoeînte  de  llJniverfite  p  te 
i  la  charge  de  les  déclarer  1  la 
Chambre  Synd  i  caje* 

Les  articles  14,  15  8c  16  con- 
cernent l'infcription  que  les  Librai- 
res &  ^Imprimeurs  doivent  mettre 
à  leur  magaûn  ou  Imprimerie ,  la 
défenfe  d'avoir  plus  d'un  magafin 
ouverts  &  rol>(er varions  des  Di- 
manches &  Fêtes. 

Les  fottfcriptions  font  l'objet  des 
articles,  17  iH  Se  19,  qui  por- 
tent qu'aucun  ouvrage  né  pourra 
être  propofé  au  Public ,  par  fou- 
fcription  ,  que  par  un  Libraire  on 
Imprimeur  «  lequel  fera  garant  des 
foufcriptions  envers  le  Public  en 
fon  propre;  &  privé  nom,,  &  qui» 
avant  de  pcopofer  la  foufcription» 
fera  tenu  de  préfenrer  à  l'examen 
au  moins  la  moitié  de  l'ouvrage  « 
te  d'obtenir  la  permiifîon  d^impri- 
mer  par  lettres  au  grand  fceap.  Le 
Libraire  doit  aufli  oiftribuer»  avee 
le  ProfpeSus  au  moins  une  fenille 
d'in^reilioa  de  Touvragie  <|a'il^ra« 


LIB 

»  » 

^fera  t)ar  foaAiription  ;  laquelle 
ieaille  fcra  imprimée  des  mêmes 
ibrmes',  caraâères  ôc  papier  qti*il 
s'engagera  d'employer  dans  Vexé- 
cttCÎoB  de  Touvrage. 

L'article  lo  &  les  fuîvans  ,  jiif 
ques  &  c<KDpris  Tarcicle  48  ,   ré- 

Î rieur  ce-  qui  concernent  rapprentif- 
age  ,  compagnonage  &  la  récep- 
tion des  Maîtres.  Nal  ne  peat  être 
reçiyà  la  maîtrife  qu'après  un  ap- 
prenciiTage  de  quatre  années^,  &  un 
compagncMiage  de  trois  ans  ;  qu'il 
n'ait  vingt  ans  accomplis  j  Cjixil  ne 
foitinfti<uir  dans  k  langue  latine  »  & 

SlU'il  ne  fâche  hre  le  grec ,  dont  il 
iera  tenu  de  rapporter  un  certificat 
du  Reâeur  de  i'Univetfké  :  il  doit 
encore  être  muni  d'tm  témoignage 
d(d  Catholicité  &  dé  vie  &  mœurs , 
Ôc  fubir  un  examen  fur  le  fair  de  la 
librairie*,  pardevant  les  Syndics  & 
Adjoiiltti'en  charge,accompagnés  de 
quatre  anciens  Officiers  de  la  Com- 
munauté^ dont  deux  dbivenrître 
Imprimeurs,  ôc  dt  quatre  Maîtres, 
nfodtetttes  dont  deux  doivent  auffi 
être  Impfimefurs.  Ceux  quiafpirent 
i^  être  re^us  Imprimeuirs  doivent  en 
outre  Faire  une  pareille  preuve  de 
leur  capacMté  an  fait  de  l'Imprime- 
rie devant  le  tTième  nombre  d*exa» 
miiiatenrs.  Le  procès  verbal  de  cet 
cnaitien  doit  être  remis  par  les  Syn- 
dic &  Adjoints  entre  les  mains  de 
M.  le  Lieutenant  Général  de  Po- 
lice »  pour  être  par  lui   envoyé  » 
avec  fon  avis  ,  à  M;  le  Chancelier 
&  Garde  des  Sceaux  ^  &  être  en 
eonféquence  expédié  un  Arrêt  du 
Confeil  »  fur  lequel  il  fera  procédé 
»'  la  réception    de   Tafpirant.  On 
doit  payer  es  mains  du  Syndic  la 
femme  de  mille  livres  pour  la  Maî- 
trife de  Libraire,  Ôc  celle  de  quinze 
cens  livres  *  pour  celles  de  Librairie 
êC  Imprimerie^ 


LIE  583 

Les  Fils  de  Maîtres  ^  &  ceux  qui 
épouferont  la  fille  ou  la  veuve  d*un 
Maître ,  feront  reçus  à  leur  première 
réquifirion  ,  pourvu  qu'ils  aient  les 
qualité  requiles  ,  en  remettant  au 
Syndic  la  fomme  de  fix  cens  livres 
pour  être  reçus  Libraires ,  &  celle 
de  neuf  cens  livres  pour  être  reçus 
Libraires  &  Imprimeurs. 

L'article  5  de  l'Arrêt  du  Confeil 
du  10  Décembre  1725  ,  porte  que 
Tafpirant  fera  préfenté ,  avec  fes 
certificats ,   par  le  Syndic  ou  l'un 
des  deux  Adjoints  ,  au  ReAeur  de 
rUniverfité,  qui  lui  fera  expédier 
des  Lettres  d'immatriculation  pat 
le  Greffier  de  TUniverfité  ,  après 
avoir  pris  de  lui  le  ferment  ordi* 
naire  in  loco  majorum  ,  &  en  pré- 
fonce  du  rribunal,  &  qu'enfuité  le 
nouveau  Maître  prêtera  le  ferment 
ordonné  par  le  quatrième  article  du 
Règlement  de  1713  ,  entre  les  Q[iains 
de  M.  le   Lieutenant  Général  ^e 
Police.  Il  eft  die  dans  l'article  9  de 
ce  même  Arrêt  du  Confeil  ,   que 
les  Profeffeurs  de  l'Univerfité  de 
Paris  ,  qui  après  fept  années  de  ré- 
gence confécutive,  voudront  exer- 
cer la    profeffion   de  Libraire  ,.  y 
fcronr  admis  jufqu'au  nombre  fle 
trois    feulement  »  fur  l'arteftation 
de  rUniverfiré  ,    &    qu'ils  feront 
reçus  en  ladite  Communauté  fans 
examen  &  fans  frais ,  à  ta  charge 
par  eux  de  prêter   le  ferment  ac- 
coutumé entre  les  mains  de  M.  le 
Lieutenant  Général  de  Police. 

Suivant  l'atticle  4S  du  Règle- 
ment ,  ceux  ^i  auront  été  reçus 
Maîtres  à  Pans  peuvent  aller  exer- 
cer la  Librairie  en  toutes  les  villes 
du  Royaume,  en  faifant  enregiftret 
leurs  Lettres  au  Greffe  de  la  Juftice 
ordinaire  du  lieu  où  ils  iront  de- 
meurer. 

Defpuii  l'article  49  jufques  te 


s 


5  84  X  ï  B 

xrompris  l'artkle  54,  il  eft  traité 
<lans  le  Réglemeni;^  des  Imprimeurs 
&  des  Imprimeries.  Il  y  eu  dicqae 
les  Imprimeries  feroor  composées 
de  quatre  prefTes  au  moins  9  &  de 
neuf  forces  de  caïaârères  romains  » 
<îepuis  le  gros  canon  jufqu'au  petit 
texte  inclufivement  ,  en  quaniité 
{uffifante* 

Mêmes  droits  aux  Veuves  des 
Maures  que  dans  les  autres  Com- 
inonautést  fUivant  Tarticle  55. 

Les  articles  57  •  f8  &  ûiivans, 
règlent  et  qui  concernent  U  fonde- 
rie en  caraâères.  d'Imprimerie.  Ils 
portent  que  toutes  pecfonnes  pour- 
ront eKerçec  cet  art;  &  ce  faifanr , 
feront  réputées  du  corps  è,t%  Li- 
braires &  Imprimeurs.  Mais  les 
Fondeurs  feront  tenus,  avant  d'e- 
xercer la  Profeflion  ,  de  fe  faire 
«nfcrire  fur  le  regiftre  dô  la  Com- 
munauté ,  fans  que  cette  infcrip- 
cioo  puifle  leur  donner  aucun  droit 
d'exercer  la/ Librairie  ou  l'Impri- 
V  fïierie  ;  il  leur  eft  défend»  de  livrer 
leutS  caraAères  à  d'autres  qu'aux 
Imprimeurs  \  &  ils  font  tenus  <le 
^clarec  les  envois  dans  les  Pro«* 
vioces* 

La  police  concctnant  les  Colpor- 
teurs &  /Ifficheurs  eft  réglée  par  les 
articles  ^^  &  faivans ,  qui  ordon- 
cent  qu'aucun  ne  pourra  faire  le 
«nérier  de  Çc4porteur  s'il  ne  fait 
lire  &  écrire,  &  qu'après  avoir  été 
préfenté  par  les  Syndic  &  Adjoints 
a  M.  le  Lieutenant  Générai  dç  Po- 
lice  ,  &  reçu  par  ce  Ma^ftrat.  Le 
fiambre  des  Colporteurs  eft  fixf  à 
jcent  vingt ,  &  i:elai  des  AfÇcheors 
^  quarante^ 

Par  les  articles  75  >  7^  *  77  > 

il  eft  ordonné  que  les  Libraires  fp^ 

'raias  ne  pourront  fcjourner  plus  4e 

ffpi^  ij?  Wnej  à  P>ri» ,  depui?  To»- 


LIB 

yerture  8c  vifite  de  leurs  UUas  ; 

Îu'ils  auront  leurs  aiarchandifet 
ans  le  quai^cier  de  l'Univerfiié ,  &: 
qu'ils  ne  pourront  faire  échatigeou 
vente  de  leurs  livres  qu^aux  Libcai- 
res  de  Paris.  Il  leur  eft  défendu  de 
vendre  aucun  livre  dans  les  foires 
de  Saint  Germain  ^  de  Saint  Lau- 
rent '&  autres. 

Suivant  Tahide  78  j  le  Bureau 
de  la  Communauté  doit  ètie  com- 
pofé  de  cinq  Officiers  ^  dont  deux 
doivent  erre  Imprimeurs.  Ces  Of- 
ficiers font  un  Syndic  qui  refte  en 
place  deux  années  ,  &  quatre  Ad- 
pitus,  dont  deux  fortent  tous  les 
ans  ^  ils  font  élus  en  la  Chambre 
de  la  Communauté  ,  en  préfence 
de  M.  le  Lieutenant  Général  de 
Police  j  &  de  M.  le  Procureur  du 
Roi  au  Châtelôt.  Les  articles  fui- 
vans  règlent  la  reddition  des  comp- 
tes ,  les  afTemblées  de  la  Commu* 
nauté  ,  l'adminiftration  de  la  Coo- 
frairie,  la  vifite  des  Librairies ,  Fon* 
deries  &  imprimeries. 

L article  S9  &  les  faivans  pref- 
crivent  ce  qui  doit  être  obfervé 
pour  les  livres ,  eAampes  &  cacao- 
tères  d'Imprimerie  ,  qu'on  £iic  ve- 
nir à  Paris  des  Provinces  du  Rojao* 
me  &  des  pays  étrangers.  Toutes 
ces  différentes  Marchandifes  doi- 
vent çtre  porrées  i  la  Chambre  Syn- 
dicale pour  y  être  vifitées  par  les 
Syndics  Se  Adjoints ,  qui  doivent 
s'y  rendre  i  ce;  effet  tons  les  Mar- 
dis &  Vendredis  de  chaque  feauiiaet 
;iu  nombre  de  trois  an  moins. 

Les  Syndics  &  Adjoints  footaa« 
torifés  par  les  articles  9^  fie  97  1 
i&ire  la  viiite  non-  feulement  chez  les 
Libraires  &  Imprimeurs ,  mais  aufli 
chez  les  Relipurs-Doreurs  de  Livres 
Se  chez  les  Imagers-Dominotiers. 

U  eft  otdpnn^  par  Tarticle  9S  <|iis 
Xfi^m  march^AdiiÎP^  de   I^bra^îe 

j(si6cc 


~  faifies  fcJ(onc  dépoféesten.la  Chaim- 
bre  Syndicale»  &  que  les  Syndics 
&  Âdjoincs  s^euchuigt^ronc  par  les 

1>rûcèS' verbaux  de.  failles  »  fans  que 
efciites  marchandifes  paillant  être 
laiiTées  len  la  garde  d  auctto  autre 
GArdiôn  ou  Offickr. 

Liircicle  99  incerdide  commoirce 
des  Uvr^    dangereux  ,  &  le  100 
défend  aux  Apprentis  &  Compa- 
gnons de  faire  aucun  trafic  pour  leur 
compte  particulier. 
.   Par  ^article  10 1 ,  il  eft  défendu 
d'imprimer  &    réimprimer  aucun 
livre  fans   lettres  du  grand  fceau  » 
&  par  le  101  »  aucun  livret  ou  feuil- 
les fans  la  permiflion  de  M.  le  Licu- 
renant  Général  de  Police.  Le  10^ 
veut  que  les  Privilèges  ou  Permif-. 
fions,  atnii  que  l'Approbation- des 
Cenfeur^  ,  foient  iiuérés  en  entierj 
au  commencement  on  À  la 'fin  <des. 
livres.  Le  10*4  pçdonne  que  toutes; 
les  parties  de  chaque -ouvrage,  fe-l 
ront  approuvées  y  que  Timpreffion 
fera  conforme  à  la  copie  ,  fans  y 
rien  changer,  &  qu'après  rioipref-ij 
fion  le  manufcrit  ou  un  exemplaire 
paraphé  par  le  Cenfeat  fera  re'mis 
à  M.  le  Chancelier  ôc  Garde  ides 
Sceaux.  Le  106  y  que  )es  Privilèges 
ou  Permifiions  ,  ainfi  que  les  Cef 
fions  qui  en  feront  faites ,  feront 
enregiftrées  dans  les  trois  mois  â 
la  Chambitè  Syndicale,  des  Librai- 
res. Ce  même  article  porte  que  le» 
regiftre  de  la  CtiâthbVe  Syndicale 
fera  communiqué  à  toutes  perfon-' 
nés  »  pour  y  faire  telles  reekcpches 
&  tels  extraits  que  chac;aii  ^yifera  y 
au  moyen  jde.i[)jaQi  les  RrMIég^  oii| 
PérmifliQns  feront  cenfé%>ivQ^}r]éfé) 
fuififamnien t  fignifiés^    :    .    '  ) 

L'article  loyfaitdéfepfesdefaira 
imprimer  hors  du  Royaume  l^s  li-^ 
vres  pour  lefqaels  on  à\kïz  obtenu 

d^$  privilèges.  Sur^q^upi  Jlefti)onj 
Tome  XK 


0 


'  d*obfei;Mer.<|ue4ani  les.  lertrés'tnè- 

mede  privilège  ,  JI  y  {a/»takifours 

-;  une  daufe  qui  défend  d'inccodiîire 

.  en  France  des.  exemplaires    d  rai- 

f>rçflion  étrangère.  Mti$  malgré  :ces 
ois  fi  f^ges  ,  les  livres  contrefaits 

:  péopçrfnc  .etf  France,  avec  la  plus 
grande  facilité  ^  &  cette  licence  a 
tellement  encourage  .les  contrefac- 
teurs étrangers,, que  leurs  Impri- 
meries fe  font  multipliées ,  depuis 
quelques  années  ,  i  un  point  pref- 
que  incroyable ,  fur  tout  a  A  vignon^ 
à  Liège  &  à  firnxelles.  Ces  éditipns 
contrefaites  nVxigeant  point.de  ff  ais 
de  copie  &  étant  imprimées  fur  dur 
papier  qui  na  payé  aucun  dfoic 
au  Roi ,  fe  donnent  i  vil  prix  ,  fa» 
répandent  avec  prpfufion  dans  les 
Provinces  ,  9ç  portent  un  prèjadic9 
irréparable ,  npiiTreulemetit  à  la  Li- 

.  brairic  &  à  l'tnjprimerie  ,  mais  en- 
core.à  nos  Manufaâures  de.p^pierr 
n.  paroi  t  ccpepaant  qu'il  feroit  fa-^ 
eue  d  empêcher  Tmcroduâion  des 
livrés  contrefaits  chez  l'étranger  ^ 
pAr  le.s  même.s  moyens  ^  peu-près 
qu*6n  emploie  avec  fiicc^s  ooptre 
les  .n'tarchandifes  de  contrebande. 
Cet/obîe^t  întcVeffe  d  a'utailt  plus  la 

.  policé  générale ,  q*i/ou  envoie  ordi- 
nairement, a^ec  les  éditions  contre^ 

.  faites  celles  des  livres  défendus  8C 
prôfcrits  par  le  gouvefnèmeiit. 
'    Par  l'artitle  ^o^  ,  it  elï:  drd&nné 

Jue  toutes  perfoiines  qui  obcîen* 
rônt  des'prîvilèees  dû  grand  fceais 
remettront  entre  Tes  mains  des  Syn- 
dic &  Adjoints ,  avant' de  pouvoir 
afficher  ou  expofer  ert  vente  ,  i*. 
Cinq  exemplaires 9  dont  deux  pour 
la  éiblfophéc^'e  Royale,  un  pour 
celle  du  Xoûvre  ,  un  d  la  Biblio- 
thèque de  M.  le  Chancelier  &  Gar- 
de des  Sceaux  ,  &  un  au  Cenfeut 
qui  aura  été  nommé  pour  l'exaihen 
dtt4ivre  :*  ^  \  Trois  Aotresexémr 

Eeee 


%' 


^U  L3  B 

iplaîies  poar  èire^mptoyés  aoxFcaisI 
£c  bcfoins  de  Ja  ComnxuncMicé  des 

.  ilibraires.  La  mdinefdifpofiiions'é- 
tettd  aax  livres  Se  aux  écries  im- 
-|nrimés  avec  pectuiffion  des  Juges 

,    <ie  i^oiice. 

L'article"  109  ^  dans  lequel  Sa 


IMinjeftc  défend  de  contre&ire  les 
livres  îtnprimés  avec  i>riviléges ,  & 
de  vendre  ceéx  qui  leronc  contre- 
faits 'fous  les  peines  portées  par  lef- 
dics  privilèges  &  de  punition  corpo- 
relle »  avec  déchéance  de  maîtrife 
en  cas  de  récidive  »  n'a  prefque  au- 
cune exécution  dans  les  Provinces.  I 
Les  éditions  contrefaites  s'y  ven-  I 
dent  publiquement  ^  &  elles  fe  font  ) 
ffiènie  affez  ouvertement  dans  quel-  1 
ques  endroits.  Peut-être  s'eft-on 
-    ^^rfuadé  que  le  bien  particuliei!  de! 
certaines  Provinces  demande  qu'on' 
y  tolère  cet  abus  fi  contraire  au' 
Dieh  général  j  mais  on  auroit  dû> 
faire  attention  que  ce  gain  modi- 
que &  illégitime  de  quelques  con- 
trefacteurs fuffir  pour  cauler  le  dé- 
périflement  ic  la  ruine  de  toute  la 
Librairie  Françoife. 

Suivant  les  article;  x  10  &  ii  1  , 
les  faftums  »  requêtes  ou  mémoires 
doivent  s'imprimer  fur  des  copies 
l^ées  d'un  Avocat  infcrit  fur  le 
l^bleau  y  ou  d'un  Procureur  ;  les 
^  Arrêts  de;  Cours  Souveraines  avec 
permiiCon  du  Procureur  Général  : 
Se  il  eft  défendu  de  demander  au- 
cun privilège  pour  ces  objets ,  ainfî 
que  pour  les  billets  d'enterrement , 
pardons  ,  indulgences  8c  moni- 
loires.    . 

Par  l'article  i  iz ,  il  eft  défendu 
à  tou$  Graveurs  ,  Imagées  Se  Do- 
Hiinociets  d'imprimer  ou  vendre  au- 
ciuie  carfe  ou  autre  planche  fans 
privilège  du  grand  fceau  -ou  per- 
.    ffkii&on  du  LiettcenaAC  iScn^ial  de 


Police ,  enregiftrée  i  k  Ghambte 
Syndicale. 

Dans  les  articles  fuivans  y  jufques 
Se  compris  le  1 13  Se  dernier  »  il  eft  ' 
traité  des  ventes  »  inventaires  & 
prifées  «des  bibRothèqms  j  impri- 
meries »  &  des  fonds  >de  Librauie. 
9n  les  articles  1 1 3  &  1 14  »  &  par 
l'Arrêt  de  Règlement  ,    rendu  au 
Confeil  le  14  Juillet  1717  »  il  eft 
ordonné  que  toutes  les  fois  qu'il 
fera  fait  inventaire  par  autorité  de 
Juftice  y  de  bibliothèques  ou  cabi- 
nets »  la  priféen'en  pourra  être  faite 
que  par  les  Huifliers-Prifeurs  ,  en 
préfence  Se  de  l'avis  d'un  ou  de 
deux  Libraires ,  qui  y  feront  ap* 
pelés  par  les  parties  intéreflées  ^  Se 
qu'à  l'égard   aes  fonds  de  librairie 
&  d'imprimerie  j  les  Libraires  Se 
Imprimeurs  en  fieroiK*,  feuls  ,  le 
catalogue  Se  la|>rifée  dans  le  cours 
de  l'inventaire  »  lequel   cacaiogoe 
fera  annexé  à  la  minute  de  Tinven- 
taire  où  il  en  fera  fait  mention  par 
un  feul  &  même  article. 

L'article  1 1 5  porte  que  les  ventes 
volontaires  de  bibliothèques  ou  ca- 
binets de  livres  ne  pourront  être 
faites  par  aucun  paniculier  ,  publi- 
quement y  par  affiches  Se  en  dé- 
tail. 

Les  Libraires  ibnt  aujourd'lini  1 
Paris  ,  au  ^nomibrie  d'environ  cent 
foixante  y  y  -con^ris   les   Impri- 
meurs» 
LiBR  AïK  E ,  s'eft  dit  autrefois  dans  quel- 
ques Églifes  Cathédrales ,  d'an  di- 
gnitaire qui  étoit,  félon  plofieurs 
auteurs ,  ce  que  nous  appelons  au- 
jourd'hui Chantre  on  Grand-Chantre. 
LiBRAtRB ,  eft  auffi  un  terme  d'anti- 
quité.  On  «ppeloit  autrefois  iVb- 
taires ,  ceux  qui  fa  voient  l'art  d'é- 
crire en  notes  abrégées ,  dont  cha- 
cune valoir  un   mot  ;  Se  l'on  nom- 
fâoit  Librfikcs  ou  Antiquaires  »  cei9 


^LtcupfigrliTQien^  en  fatAU  caraâè- 
resou  du  moki$  lifibles-  ce  qui  avait 
écé  ip^it  eA  note« 

La  première  ^yUabe^eft  brève»  )a 
>  T^Çoiidei^iigiie  ft^jla  ac^fième  très- 
brève. 
LIÇRAÎRIE  y  fubftantif  fémtnm,  L,a 
profêûion  4^'Xibfaire^  Ce.  Avrc  ne 
Je  trouve  plus  dans. la  librairi^*  La 
lihraiiie  ejl  un  bon  commercei  Voyez 
Libraire. 

On.  die  de  quelqu'un ,  q/èU  en- 
tend biek  la  librairie  ;  pour  dire  \ 
?|u!il  entend  bien  Ls  commerce  des 

Librairie  >  (ignifioit  autrefois  biblio- 
thèque y  &,  ce  moc  s'eft  confervé 
encore  dans  les  providons.  La  li- 
brairie tu  'Roi.  Henri  IK  dit  à.  Ca^ 
Ja(iion  quil  vouloic  qu'il  eut  foin 
de  fa  librairie. 

LiBRÂTIQNi  fubftantif  féminin' & 
terme  d*aftronomie.  11  ie  dit  d'un 
petit  changement  que    Ton  apper- 

Î:oit  dans  U^cuation  des  taches  de 
a  lune  }  quoique  le  diique  appa- 
*  rent  foit  à-peu-prè$  le  même  en  tout 
'temps  J    ^^  y  pbferye  cependant 
quelques  dt  et  es  de  variations ,  les 
taches  paroiuent  d'environ  crois  mi- 
nutes pjus  ou  moins  éloignées  du 
"  bord  leptentrîonal  &  dui)ord  occi- 
';<lencal  gu  /disque  lunaire '/la  dil^é- 
.  tence  Va  hième  quelquefois  â  un 
huitième  de  la   làreeur  dû  difque 
liinaire. 

Galilée  qui  le  premier  obferva  les 
taches  de  U lune  après  la  découverte 
dèslunette^  fut  audi  le  premier  qui 


r^vrh&tVMtOut'  â^  iûnkx^'  dans  Je 
temps  précis  de*  ùl  période  au- 
tour'de  la  tefffe  y  le  plaadu.mé- 

.  ridiân  de.  lalâneipaderoit  toujouirs 
par.  la  terre- ,1  &  cet  aftre  touine-* 

.  coit  vercf  nous  condanunent  &  exaçr  [ 
tegfiet^t  la  mèpoe  face:  mats,  comn^e 
lemouvsnientjéel  de.  la  lune  fe  fjiit 
dans. une  ellipfe  dont  la  terre  oc^ 
cupe.  le  foyer,  &  que  le  mouv-e* 
ment  de.  la  lune.  Air  Ion  propre  cen- 
tre eft  uniforme*  3  .c'eft-à-dire  »  qu» 
chaque mçridien  de  la  Junp  «Uprit 
par  ce  ^niouvençent  de$;a/)gles-p;^o- 
portionnels  aux  temps  \  il  ^n(vit 
de-lâ  que*  ce  ne,  fera  pas»  oonilam- 
ment  le  même  n^écidien  de  lalupt 
qui  vien^rf  pa({aivpac  hi  ^re.  C 

LIBRE  ;  ad|eâifdedéuv^enl'esi  2i* 
ber.  Qui  peut  choifir  ce  -qu^il^  jage 
â  pcoposv  LOr  Volonté  ejbunt^fiiculté 
iibrey  '  '  :  '       '  '        .  •  '   •         ^cj 

On  dit  proverbialement  en  par- 
lant des  cnofes  qiji'on  tâifle  41arli{ 
,  berté  de  quelqufiin  de  .^aife  pu>d^ 
ne  faire  pas^^  que^  les-  volont^s^ 

On  difi  4e  [qtt^lfii'un ,  q*V/<if^« 
libre  arbitre  ;   pour  dir^    qg,A!eft 

maître  d'agir  ou  dé  n'agir  p*  »  •  ^ 
de  choiGf  emreil^ibien  8(  Ir^fiaV 

On'dic  j  ^èt^Ans^zur^^J^^^ 
les  fuffrages  i\n^  finti    *»  ^*W  ; 

pour  dire  i  9^99^  xi:9^  y  f  dite  foa 
avis-j  ioa  ^pi^âçn»  •   ^  't 

Libre,  fignifieauffi indépendante // 
ne  fi  marie  pas  pacM  quil  veut  de- 
meurer libre. 


remarqua  la 'libration  dé  îa  îuneV)^llpJ  ^^^^  >  /?.  ^^^^^^^J^^^i^^^ 
*    a-  pour  caufe  Tégaflité' du  thbtfve-] 


ment  de  rotation ^delàlune  fur  fon^ 
axe*,  &  rinégilifé  de  fon  moirve- 
ment    dans    ion  orbite  ^  car  fi  la^ 
lune*  (b  m<Mivoit.dasis  un  éerdt  donn 
-*  le  centré  fûtlertnime  qtte^ celui  deil* 

la  terr« ,  &.  ^^n  iQême  ttt(i]^^ elleît-LiM.B  y  fir  dir  au(G  pao^c^^fuidn  i 

£  e  e  e  i  j 


Répablicftins:-*  tes  Villes  qui  fe 
goukrernenf!  '  p*t  lours  -propres  lois. 
L'Angleterre  ,  ia  HoUandû  Jhnt  des 
États  libres.  Franrfôre  ejl  une  nijf 
lipr^  &  Impériale^  Lts  VilUs  libres 
d^.AiU^agne^ 


'  «fcUVe,  ^  (er?Ue.  //  éftnetihrlt^ 
de  condition  librt. 

Il  fe  dit  encore  par  oppofitioif  à 
€  taptif ,  prifonnier.  Par  ittuvicloirc 

•  /«  cj/tfz/i  yi  aouvèncnt  àbrts.  *  ' 

tiBRi  i  fignîfie  auflî  dàî  t(tfk  rionu 

*  cpntrainc ,  point^  gcné  ;  ic  il  fe  4" 
'  des  pèrfonaes  &  'des   difpofitions 

eôrporelles.  Elle   eft  àbrc  dans  fa 
'  taille.  Il  a  Vair  libre  &  dégagé.  Cet 
"  Académijle  a  le  corps  libre  &  agile. 
On  dit ,  être  hbre'avecquelàu^n  ; 

-  pour  dire  ,*  vivre  avec   qn«qii'un 
'  lans  cérémonie.  Il  efi  fort  libre  avec 

■'  ie  PrinceJ^  < 

« 

On  dît ,  avoir  ta  voix  libre  j  la 

*  parole  libYe  ;  pour  dire ,  n'avoir  au 
cxïh  émi^ikêÈxitïït  '  dans*  la  vbix  , 

•^'.HaAS'ia.  parole*  ,Ctfr  Avocat;  drapas 
'cj4  piloUlibrc.. .  :  ;  ;  ;-      \.\j    v.  . 
^..  ,  iOn  dit^  avoir  le.  y  entre  Mbrt  ; 
pour  dire> aller  règlement  à  ta.garde- 

-  robe:^  n  être  pas  conftrpé; . 

Libre  ,  fè  dit  a'udi  .en^parlant  des  mers 
5Î  d^s  tehfemins  ,■  d^eS-  partagés.   Ainfî 

fXf  àit'y^qué   lès  \hiefs  font  libres  ; 

oour  dire  ,  qu'on  peuc^  y^  naviguer 
1^  ''^9  ttftuflè'  crante  'Aes  b3rfaires. 

■  ^  que  ye^  pl^ff^ê^^  x  <1«^  '^ ^  ^^^ 
•  ^^^font  hbres  ;  pour  dite ,  qu'on 
.  y  Ç^i  àllët  encroûte ^  futpté  ,  ou 
^^^U'éftriîy-reiïccrrttt'^  aûburt  embar- 
*c  tûs  y  ^rvérrtpfctfhetniéniu  *  '^  ' 
r  *  '^Pteyé^alement\  \6t(w>tn  do- 
ineftique  ,  un   iAférle#r^tétfK)î|ne 

-  qu'il. ^erit^eri.;»11er>; oh  lui. dit \ 
.•    qa^les  çhofù^s  font  libres  ^  ^t  la 

campagne  e}  libre.  ,.   :\     A,r 

J^HÎR*  V  fe  dSceiferwes  d'Hof  logers', 
c  d'mie.fcoue.oii  imuc  pii<Se  -  qui  fe; 
.— InisuB- avec   Wucoup'dHÇ^  facilité.' 

•  Cette  fone  efiiotxl\bi^.     '     ' 

Libre  ,$Wploie  encote  avec  un  rc- 

'i    glme  y  v&  alors  il  frgnifîe  délivré.; 

litre  libre  d'inquiétudes,  ExVon  dit 

X    :&milièj?eaiei^t  ',  maintc^nt  rj^JUds, 


LIB  ^ 

{    libfc  }  pour  dire;  je  li^ai  plus  Aid 
à  faite  aâuellemetit. 

On   dit  qu'une  perfomie   a  ttm 
fon  ûmffs  libre  ;  pour  dire  qrfelle 
n'a  aucune  occupation  qui  la  ccm- 
traiene. 

Libre  y  fe  prend  quelquefois  an  mâa« 
vâife  part  \  8c  (ignifië  licencieux, 
îndifcret  &  téméraire.  //  lui  tint 
un  difiours  trop  libre:  Koilà  dis  fa* 
fons  bien  libres,.  .  ' 

On'appellê  v^rj  IHrres  y  des  vers 
;  •  d'une  meiure  inégale..* 
:  •  On- dit  à  l'hhperfannel: ,  i7  m'(/f 
!  libre ,  de  partir  ou  Àe-  demeurer  ;  // 
vous  eft  ûbrè  de  faire  ce  que  vous 
.  jtigerei  à  propos  :  il  lui  eft  libre 
'  ^d*aller  oà  il  voudra  y&c  ;  pour  dire  , 
•  il  dépend  de  moi  de  partir  ou  de 
demeurer  :  vous  pouvez  faire  ce 
I  que  .vous  jugerez  à  propos  :  tienne. 
[  ^-i>nftp^che  d'aller  où  il  voudra ,  6t» 

[Libres,   s'eftdit  de  certains  héréti- 
\     ques  qui  dans  le   feizièine  Gècle 
iuivoienc  les  erreurs  des  Anabaprif* 
tes  \  Se  prenoient  ce  nom  de  libre}, 
'  pour  fecouer  le  joug  du  ^ouTêr* 
nement    ècctéfiaftique  8t  leculier.^ 
llsavoient  les  femn>eis  en  common, 
&  appéloient  fpirituers  les  maria- 
gésçontrââés  entre  un  frère  &une 
Tœur  :  défendant  aux  femmes  dV 
DCir  1*  leurs  maris,  loriquilsqc- 
toieht  pas    de    leur ..  leâe.   Us  fe 
'  'croyoicntlmpeccablès  après  le  Bip- 
terne^  parce  que  felop  eux  ,  il  n'y 
avoit  que  la  cbair  qui  pcchâc^&: 
>    eh  ce  fens  il9  fe   nommoienc  les 
bomrpes  Qivm^les. 

UfiSJMiPÎT  î^adyeibevli^^i-  Saus 
•  g^R? .»  ia[ns!(uiic;i^',^Jfanf c^^^^^ 

tç»  fTous  sjfouve^  dire,  libfemenc  votre 
'  manière  de  perifei^*.  *    ^,r\    *. 

LiBREitfMivi^  «figmfie  audit  fans  cir- 
:> cpùÇfeâùoHii'fMSfifiznk  Une  fâi* 
MJ^ P04  M  iffiftiJiJfbrSnçUk  r:  * 


:  j  - 


:  .la|>teïfMère  fylUbe  eft brèves] 
la  fcconde  tiès-btève,  &  U  troifième 
r  moyenne. 

LIBURNE  j  fubftantif  fcminin  &  tn- 
'^  me  d'antiquité.  Sorte  de  frégate 
'^  légère  oii  de  brigantin  à  voiles  iJi  à 
famés  ,  qu'employôient  les  Libut- 
■  niens  pour  courir  les  îles  de  la  mer 
'  ïonienné* 

LIBURNIE  i  (  ta)  c'étoit  anciennement 
une  province  de  llllyrie,  qui  s'éten- 
doit  entre  Tlttrie  &  la  Dalmatie  , 
depuis   le  mont  Albius  jufqu'à  la 
mec  Adriatique. 
LIBYE  ;  lantiquité  donna  ancienne- 
ment ce  nom  à  toute  l'Afrique  j  en- 
•     fuite  elle  le  reftreignit  à  la  partie 
occidentale  de  cette  partie  du  mon- 
^  de   qui  a  à    lorient  TEihiopie  ; 
'  rOcèm  au  midi  i  la  mer  Atlanti- 
que à  rÔccidentj  &  la  mer  médi- 
terranée  au  nord.  On  ladivifoit  en 
deux  parties  générales.  La  Libye  in- 
térieure ou  ultérieure  étoit  au  fud  , 
&xompi«enoit  le  Zara  ,  la  Nigritie 
^  6c  la  Guinée.  La  Libye  citérieure  ou 
'  extérieure  étoit  vers  le  nord ,  &  ren- 
;s  fermoït  tout  le  Biledulgerid  ,    & 
toute  la  BtffAtfritf. Ce[>endant  on  pre- 
noit  quelquefois  la  Libye  extérieure 
d'uae  manière  plus  refferrée  &  plus 
propre  ,  &  alors  elle   étoit  entre 
.    rAtVique  propre  ôc  l'Egypte  ,  ^ 
répondoit  au  Royaume  &  au  dé- 
fer  t  de  Barca,&  renfermoit  la  Mar- 
manque ,  la  Cyrénaïque  ,  &  la  Libye 
extérieure  encore  plus   proprement 
,    dite  y  c^ui  joignoit  l'Egypte,  &  qui 
cft  maintenant  la  partie  orientale 
du  Royaume  &  du  défert  de  Barca, 

LIBYSSA  V  nom  d'une,  ancienne  ville 
maritime  d'Afte,  dans  la  Bithynie. 
Du  temps  de  Pline  il  n'en  reftoit 
déjà  plus  que  des  ruines  parmi  Jef- 

Îielle»  on  montioit  k   tombeau 
AnuibaL  . 


Lie  5  «9 

LICATE  ;  (  la  )  petite  ville  d'Italie  » 
en  Sicile  ,  dans  la  valiéede  Noro  » 
fur  les  frontières  de  celle  de  Ma- 
zare  »  i  ^embouchure  de  la  rivière 
de  Salfô. 

LlCDONybourg  de  France  ,  en  Sain-, 
ronge ,  dans  le  Dipccfe  &  rÉleftiotf- 
de  Saintes. 

* 

LICE  j  fubftantif  fcminin.  Stadium. 
Lieu  préparé  pour  les  côurfes 
de  bague  ,  pour  les  Tournois  ,  les 
combats  à  la  barrière  &  autres  pa- 
reils exercices.  Ifun  côté  on  ferrnè  la 
•  lice  par  un  rang  de  palijjades  ,  &dc 
Vautre  par  des  toiles.  On  vient  d*ou^ 
yrir  la  lice.  Ils  vont  entrer  en  lice. 

On  dit  auflî  figurément.^/i/r^r^/z 
lice;  pour  dire  ,  s'engager  publique- 
ment dans  quelque  différent ,  dans 
quelque  conteftaiion.  Ez  fuir  la  lice  ; 
pour  dire,  éviter  d'entrer  dan^iqueU 
que  difpute  i  dans  quelque  difié' 
rent. 

On  dit  lices  au  pluriel ,  torfque 
des  d&ux  cotés  de  la  pâli  (fade  il  y  a 
comme  deux  barrières  fermées  par 
des  toiles.  Et  l'on  appelle  lices  clo- 
fes  y  celtes  qui  font  entourées  de 
barrières  de  toutes  parts  ,  pour  em" 
pccher  que  perfonnc  n'y  entre  ex* 
cepté  ceux  qui  doivent  courir. 

Lice  ou  Lisse  ,  fe  dit  aufli  d'une  forte 
de  fabrique  de  tapitTerie  qu'on  ap« 
pelle.de  haute  lice  ou  haute  lijp^ 
quand  le  fond  fut  lequel  les  ouvriers 
rravaillent  eft  tendu  de  haut  en  bas  ^ 
&  de  bajfe  lice  ou  bajfe  lijfcy  quand 
il  eft  couché  tout  plat. 

On  dit  auflt    abfolumem  ,  une 
haute  lice  ,  une  baffe  /ice;  pour  dire, 
une  rapifterre  de  haute  lice ,  de  batfe 
.  liçe.  f^ifïy^ï  Havteiisse. 

LiCB,  fe  dit  encore  de  la  femelle  d'un 
chien  de  chafTe.  Cette  lice  a  fait  de 
beaujç  chiens^ 

O^   dit.  qutf/2<  lice  eji  nouée  , 


5^90?  ïi  LC 

quAiicI  eile  a  été  oouy«cge  Sô  qa*elte 
a  receou. 

La  première  fyllabe  eft  htè^ieSc  la 
féconde  trèa>*  brève. 

LICENCE  y  fabftancif  féminin.  Per- 
miflion.  Ea  ce  feDS  il  vieillir. 

Lic£NC£  9  ou  LicBKCBs,  iè  dit  dans 
les  facultés  de  Théologie»  de  Droit 
&  de  Médecine,  dû  degré  qui  donne 
permiffion  de  lire  &  d'enfeigner  pu- 
bliquement ,  en  vertu  des  lettres 
que^ Ion  en  obtient  &  qu  on  appelle 
lettres  de  licence. 

Le  Bachelier  ènThéologlede  la 
faculté  de  Paris  ,  qui  veut  entrer 
en  licence ,  foutient  deux  examensj 
le  premier  fur  tous  les  traités  de 
fcolaftique  \  le  fécond  fur  les  Sacre- 
mens ,  TÉcriture  fainte  &  l'hiftoire 
eccléfîaftique.  11  argumente  aux  thè- 
fes^endant  deux  ans  ;  ce  qui  s'ap- 
peffe  être  fur  les  bmcs.  Il  foutient 
enfuire  trois  thèfes  ;  favoir  ,  la  ma- 
jeure qui  a  pour  matière  la  reli- 
gion ,  l'Églife ,  rhiftoire  eccléfiaf- 
tique  &  les  conciles  \  elle  dure  dix 
heures  :  la  mineure  qui  eft  fur  les 
Sacremens  ;  elle  dure  cinq  heures  : 
la  forbonique  ,  ainfi  nommée  parce 
qu'on  la  foutient  toujours  en  Sor- 
bonne  j  on  y  traite  de  rincarnation  y 
de  la  grâce  ic  de  la  morale  ;  elle 
dure  depuis  fix  heures  du  matin 
jufqu  à  nx  heures  du  foir  :  on  la 
foutient  fansPrcfident.  C'eft  par  ces 
thèfes  que  fe  terminent  les  ades 
probatoires  ,  &  ceux  qui  fe  font 
dans  la  fuite  ne  le  font  plus.  Après 
ces  épreuves  on  va  recevoir  la  bé- 
nédiâion  apoftolique  par  les  mains 
du  Chancelier  de  rÉglife  de  Paris , 

•    &  Ton  elt  licencié. 

L'édit  du  mois  d'Avril  i  (J79  por- 
tant règlement  pour  le  renrps  des 
études  en  droit ,  ordonne  entt*au- 
tres  chofes  que  nul  ne  pourra  pren- 

s   dre  aucun  degré  ni  lettres  de  li- 


ETC 

cMcé  et»  Dcbit  caooÉMqne'pa  ob3 , 
dans^aiicane  desufaciihés^da  Roysôi- 
me  )  qu'il  n'ait  étudié  troît  anncea 
entières  ,  à  cooiprer  du  jour  qu'il' 
fe  fera  in  (cric  lur  le  regiftre  de 
Tune  defdites  facilités  \  quaprès 
avoir  été  reçu  fiachelter ,  pour  ob- 
tenir  des  lettres  de  licence ,  il  fu- 
bira  un  fécond  examen  1  la  an  de 
ces  trois  années  d'études  ,  après  le- 
quel le  récipiendaire  foutiendra  un 
aâe  public. 

Les  lettres  de  licence  font  vifces 
par  le  premier  Avocat  Général  avant 
que  le  licencié  foit  admis  i  prêter  le 
ferment  d'Avocat. 

Ceux  qui  ont  atteint  leur  vingt* 
cinquième  année  ,  peuvent  dans 
Téfpace  de  fîx  mois ,  foutenir  les 
examens  &  aâes  publics  ,  ic  obte- 
nir les  degrés  de  Bachelier  Se 
de  licencié  à  trois  mois  l'on  de 
Tautre. 

Dans  quelques  Univerfîtés  ,  le 
degré  de  licencié  fe  confond  avec 
celui  de  doAeur  ;  cela  a  Tieu  furrout 
en  Efpagne  &  dans  quelques  Uni- 
verfîtés de  France  qui  avoifînent  ce 
même  pays. 

A  l'égard  des  licences  qui  s  ob« 
tiennent  dans  la  faculté  de  Méde- 
decine  ,  voye\  Docteur  in  mé- 
decine ,  tome  VIII,  page  295. 

Licence  ,  (p  dit  auffi  de  tont  le  temps 
que  Ton  eft  fur  les  bancs  dans^  les 
facultés  de  Théologie ,  de  Droit  & 
de  Médecirte  >  avant  de  pouvoir  ob- 
tenir le  degré  de  licencié.  Ainfi  on 
dir  ,  faire  Ja  licence  ,  commencer  fa 
licence ,  Jbrtir  de  licence ,  &c. 

Licence  »  (ignifîe  encore  liberté  trop 
grande ,  contraire  au  refpeâ:  >  à  ut 
retenue  ic  X  la  o)odeftie<.  f^auspre-^ 
ne'[  trop  de  licence.  Il  fc  donne  des 
ticences  quon  défaprouve^ 

LicENca  ,  figniâe  auflt  déréglemenc 
daiis  les  mœurs  »  dan»4e«aâk>BS  ^ 


Lie 

'    ctiam  les  paroles  8c  dans  ccote  la 

'  conduite  de  U  vie.  //  étou  armé  des 
lois  pour  réprimer  la  licence.  Arrêter 
ta  licence  par  la  terreur  du  fuppUce. 
La  ville  fut  abandonnée  au  pillage 
&  à  la  licence  effrénée  dufoldat. 

'CiCENCB  ,  fe  die  en  poéfie ,  de  la  li- 
berté qu'on  Poëte  £e  donne  dans  fes 
vers ,  contre  la  règle  &  i'afage  or- 
dinaire. 

Les  principales  licetkes  de  la 
poéûe  latine  confifteot  dans  le  diaf- 
tôle  ou  rallongement  des  fyllabes 

'     brèves ,  dans  le  fyftole  ou  Tabrége- 

Fetnent  des  fyllabes  longues ,  dans 
addition  ou  pléonafme  •  dans  le 
retranchement  ou  apherèfe  ,  dans 
les  tranfpofitions  ou  métathèfes  \ 
de  forte  que  les  Poètes  latins  ma- 
nient les  mots  à  leur  gré  ic  font  en 
état  de  former  des  fons  qui  peignent 
les  chofes  qu'ils  veulent  exprimer. 
Horace  fe  piaignoit  que  les  Poètes 
de  fon  temps  abufoient  de  ces  licen- 
ces ,  &  data  romanis  venia  eji  indi- 
gna Poetis.  Auffi  a-t-on  dépouillé 
peu  â  peu  les  Poètes  de  leurs  anciens 
privilèges. 

Dans  la  vetfiiication  françoife 
on  appelle  licences^  certains  mots 
qui  ne  feroient  pas  reçus  dans  la 
profe  commune  »  &  qu'il  eft  per- 
mis aux  Poëces  d'employer.  La  plu- 
part même  de  ces  mots ,  furtout 
dans  la  haute  poéfie  y  ont  beaucoup 
plus  de  grâce  5c  de  nobletTe  que 
ceux  dont  on  fe  fert  ordinairement; 
le  nombre  n'en  eft  pas  grand ,  voici 
les  principaux  :  les  humains  ou  les 
mortels  pour  les  hommes  j  forfait 
pour  cx'xmt^  glaive  pourépée;  les 
ondes  pour  les  eaux  ;  V Éternel  au 
lieu  de  Dieu  ,  ainii  des  autres 
qu'on  rencontre  dans  nos  meilleurs 
Poètes. 
Licence  ,  fe  dit  en  termes  de  Pein- 
ture 9  des  libertés  que  les  Peintres 


Lie  594 

prennent  quelqaefi^is  de  s'affranchir 
des  règles  de  la  perfpecfcive  &  des 
autres  lois  de  leur  art.  Ces  licence^ 
font  toujours  des  fautes  ;  mais  il  y 
a  éiti  licences  permifes  ,  comme  de 
faire  des  femmes  plus  jeunes  qu'el- 
les n^étoient  lorfque  s'eft  pafTée 
la  fcène  qu'on  repréfente  \  de  met- 
tre dans  un  appartement  ou  un  vef« 
tibttle ,  les  fcènes  qui  fe  font  paf- 
fées  en  campagne  »  lors  cependant 

Sue  le  lieu  n'eft  -pas  expreffémenc 
écidé  ^  de  rendre  Dieu  »  les  Saints» 
les  Anges  ou  les  Divinités  payen* 
nés,  témoins  de  certains  faits ,  quoi- 
que les  hiftoires  facrées  ou  profa- 
nes ne  nous  difent  point  qu'ils  y 
aient  aflifté ,  &c.  Ces  licences  fonc 
toujours  louables  à  proportion  qu*et* 
les  produifent  de  beaux  effets. 
LicFNpB ,  fe  dit  en  termes  de  Mufi- 
que  ,  d'une  liberté  que  prend  le 
compoiiteur  ,  ^  qui  lemole  con- 
traire aux  r^les  >  quoiqu'elle  foie 
dans  le  principe  des  règles  ;  car 
voilà  ce  qui  diftingue  les  licences 
des  fautes.  Par  exemple ,  c'eft  une 
règle  en  compofition ,  de  ne  point 
monter  de  la  tierce  mineure  ou  de 
la  (ixte  mineure  â  l'câave.  Cette 
règle  dérive  de  la  loi  de  la  liaifon 
harmonique  ,  &  de  celte  de  la  pré- 

Î>aration.  Quand  donc  on  monte  de 
a  tierce  mineure  ou  de  laiixte  mh' 
neure  à  l'oâave  »  en  forte  qu'il  y 
ait  pourrant  liaifon  entre  les  deux 
accords  ,  ou  que  la  diflbnnance  y 
foit  préparée  ,  on  prend  tme  li- 
cence ;  maia  s'il  n'y  a  ni  liaifon  ni 
préparation ,  l'on  fait  une  faute.  De 
même  c'eft  une  règle  de  ne  pas  faire 
deux  quintes  juftes  de  fuite  entre 
les  mêmes  parties ,  furtout  par  mou* 
vement  femblable  :  te  principe  de 
cette  règle  eft  dans  la  loi  de  l'unité 
du  mode.  Toures  les  fois  donc  qu'on 
\     peut  faire  ces  deux  quintes  £iBs 


59^  Lie  Lie 

faire  Tentic  deaic  modes  à  la  fois  ,  |  LICENCIER;  verbe  aâif  de  laçre* 
il  y  a  licence  ,  mais  iltn'y  a  point  de.       mière  conjugaifon  »  lequel  fe  cou- 


I 


faute. 

Comme  la  plupart  des  règles  de 
l'harmonie    font  fondées    hir  des 
principes  arbitraires ,  ôc  changent 
par  Tufage  &  le  gûût  des  compo- 
iiteurs  ,  il  arrive  de  là  que  ces  rè- 
gles varient,  font  fujettes  à  la  mo- 
de ,  8c  que  ce  qui  eft  licence  dans 
un  remps ,  ne  Teft  pas  dans  un  au- 
tre. Il  y  a  deux  ou  trois  fîècles  qu'il 
n'ëtoit  pas  permis  de  faire  deux 
tierces  de  fuite  ,  furcout  de  la  même 
efpcce  :  maintenant  on  fait  des  mor, 
ceaux  entiers  tout  par  tierces.  Nos 
anciens  ne  permetcoient  pas  d'en- 
ronner  diatoniqiiement  trois   tons 
cpnfiécucifs  :  aujourd'hui  nous  en 
entonnons    fans  fcrupule   8c    fans 
•peine  ,  autant  que  la  modulation  le 
permet.  Il  en  eft  de  même  des  fauf- 
ies  relations  de  l'harmonie  fynco- 
pée,  &  de  mille  autres  accidens  de 
compoCition  qui  d'abord  furent  des 
fautes  j  puis  des  licences  t  &  n'ont 
plus  rien  d'irrégulier  aujourd'hui, 

La  première  fyllabe  eft  brève ,  & 


jugue  comme  CHANTen»  Congé- 
dier. En  ce  fens  il  ne  fe  dit  guère 
qu'en  parlant  des  corps  de  croupes 
que  le  Souverain  réforme  en  tour 
ou  en  partie  ,  lorfqu  il  r^'en  a  plos 
befoin  ,  en  renvoyant  chez  eux  les 
foldats  qui  les  compofenc.  On  vient 
de  licencier  plujicurs  bataUlons  d*in^ 
'  fdnterie. 

Se  LicENciEa,  emploie  comme  verbe 
pronominal  réfléchi,  fignifie  s'éman** 
ci  pet  à  quelque  chofe  ,  fortir  des.' 
bornes  du  devoir ,  de  la  retenue  & 
de  la  modeftie.  //  ne  faut  pas  fe  li- 
cencier à  crintjuer  Jes  Supérieurs.  Il 
efl  dans  Vufage  de  fe  licencier .  Il  je 
licencia  èi  une  riponfe  trop  vive. 
LICENCIEUSEMENT  i  adverbe.  /«^ 
moderaiè.    D'une    manière    licen- 
cieufe.  Se  conduire  licencieufemenc 
LICENCIEUX  ,  EUSE ,  adjeaif.  Dé- 
réglé I  défordonné.  Des  difcours  li- 
cencieux. Une  vie  licencieufe* 

La  première  fyllabe  eft  brève  ,  la 
féconde  moyenne  ,  la  troifième 
brève  y  la  quatrième  longue  »  &  la 
cinquième  du  féminin  très-brève. 


la  féconde  longue  &  la  troifième      ,5^2?" 

très-brève,  LICH  ,  ou  Licha  j  petite  ville  ou 


LICENCIÉ  ,  ÉE  ;   participe   paffif. 

yoyei    LiCENTIBR. 

XicENCiÉ  ,  eft  auûlî  fubftantlf  &  figni- 
fic  qui  a  fait  fa  licence  ,  qui  a  pris 
»  fes  degrés  de  licence  ,  foit  en  Théo- 
logie ,  foit  en  Droit ,  foie  en  Mé- 
decjne.  f^oye:^  Licence. 

LICENCIEMENT;  fubftamif  maf. 
culin.  Il  n'eft  ufité  que  dans  cette 
phrafe  ,  licenciement   des  troupes  ,. 

3ui  fe  dit  du  corlgé  qu'on  donne  à 
es  troupes  dont  on  n'a  plus  befoin. 
Les  Inspecteurs  font  chargés  en  Fran- 
ce du  licenciement  des.  troupes  réglées  y 
'&  lis  Intendans  des  provinces  ,  du  li- 
ceacictnent  des  milices.  \ 


bourg  d'Allemagne  dans  la  Wétéra- 
vie  ,  fur  la  rivière  de  Wetter ,  à 
deu^  lieues  ,  de  Gieffen.  Elle  ap- 
partient à  la  Maifon  de  Uohen- 
folms. 
LICHANOS  ;  fubftaniif  mafculin  8c 
terme  de  MuHque.  Les  Grecs  don- 
noient  ce  nom  a  la  troifième  corde 
de  chacun  de  leurs  deux  premiers 
técracordes  ,  parceque  cette  troifiè- 
me corde  fe  touchoit  de  l'index 
qu'ils  appeloient  lickanos. 

La  troifième   corde  à  Taira  du 

Klus  bas  tétracorde  qui  étoit  des 
ypates  ,  s'appeloit  autrefois  lycha^' 
nos  hypaton  ,  quelquefois  kypaton' 
dioionos  «  enharmonios  ou  chroma* 

uJte^ 


':  X  ï  C 

î  ^  tîke ,  felort  lo  g<t>rè.  GdW  dd  fe- 
-^-  cond  técracorde  ou- du  téttàiâoïde 
'    dei  moyentles ,  s'âppeloit  Uchanos" 

méfon  ou  méfon-diatonos  ^  tcc.    ' 
LICHEN;  ftfbtlannfniarcuUii.  Ona 
«  dofiAécdiitMià  unefimilledépèan- 
res  que  *  Pôti  ;dit  ètref  du  genre 'des 
"    chdmpignonsr'/^o[)^^:|[  ceniér.    • 

Les  rnoulTes  cerreftres  fonè  aufli 

•  des  ^fpèces  dt  lichens  y  liinii  ^ue  la 
'    pulmonaice  de  chcnè  Sâ'Vhépitiqut 

comnAtthe.  fçyei^  ces  mots;    '  ;  * 
r       U  fii  encore  une  efpèce  deli- 

•  chen  applelé  '/ichçn  de  Grèce ,  ^ui 

•  '  ctoîc  par  bouquets  grisatfès^ ,  longs 
•"^*enviroh  denr  ou  ttbis  pouces  , 

divifés  en  petits  brins  prefqne  auffi 

menus  que  du  crin  &  parragés  en 

(    deux oa  trois  cornichons,  déliés  à 

•  kur  naiflànce ,  arrondis  &  roidês , 
'*  tnaîs  épais  de  pr^s  d'une  ligne  dans 

la  fuite ,  courbés  en  faucille  &  tec- 
-'  ïtiiriés  qneilquefois  par  deux  pointes: 
'   ces  cornichons  font   garnis   dans 
leurs  longueurs ,  d'un  rang  de  baf- 
'iin»  ptos  blancs  que  le  refte,  rele- 
ver d^ïpétitëi  verrues  ,  femblâbles 
aux  bamns  dtf  polype  dô  mer  j  toute 
•ia    plante   eft   blanclie  ,  &    d^uo 
'goûtfalé. 

Elle  n*èft  pas  rare  dlhs  les  îles 
de  TArcbipel^  mais  fpn  ufage  pour 
la  reimute  >  nVft  côtihu  qu*a  Amor- 

'  ElIevieAtfciraéÇJVbciiéhdîe'cette 
Sle  &  fur  ekùt  de  Nicohiia/  Il  ^  a 
beaucout^  d'apparence  qu  elle  fer- 
voie  'aatrefôYS  à  mettre  en  roligé  les 
tuniques  d*Amô'rgds  qui  étoient  fi 
recherchées.  Cétreplàntb  fe  vefrdoic 
'ertttfte  dirfs  i'AtcbipelTur  la^fin  dû 
dernier  iîètle  ,  dix  éctts  leqbiittal  ; 
ce  qui  f«roir  vingt  écus  de  mé  jdhrs} 
^n  la  trahrpdrtoic  i  Alexariârie  fc 
eir  Angleterre  ,  pour  l'employer  4 
teindre  en  rouge }  mais  Vofage  îde  la 


f 


^  •  « 


teintiires  que  les  plantes  Peuvent 
urnir.  * 

LICHÉNÉE  DU  CHÊNE;  fubftantif 

'  féminin.  On  donne  ce  nom  à  une 
bellfe  chenille  qui  fe  trouve  fur  tine 
éfpèce  de'  lichen  *  gris-  bilanç  ,  idont 
eHe  a'  les  toulèurs ,  '&  le  long -'du- 
quel elle  rampe  fiit  le  rrdnç  dii  pKc- 
•  ne  àuqdëf  elle  s'attache  vfcrs  la  fht 
de  Mai  :  betre  chenille  tourbe  6c 
plie  avec  art  trpis  feuilles  du  chêne» 

'  elle  en  fair  uiie  botiie'iqu'ellè  enduit 
''Hhrérieùrcmett  d'une ,maçicre  vif- 
^  qùeufe-,  d'une  efpèce  de  foie  ,  *& 
cette  bQurre  devierit  ie  furtottt  dq 
fa  coque':  cette  thènille  chryfalide 
produit  au  commencement  de  Juil^ 
iet  un  beau  papillon  dont  les  ailes 
brodées  en  point* de  Hongrie ,'  font 
parmi  les  jeu^  de  la  hatufré,  un  vrai 
chef-d'œuvre.  '  ^ 

LICHFIELD.}  ville  d'Angleterre  , 
dans  le  comti  de  Seàfibrr,'  i  trente* 
deux  lieues  ,  nord*oueft ,  de  Lçn- 
dres.  Elle  a  des  députés  au  parle* 

^    ment.  \  •  ;'..'  •   •  '^       " 

LIGHI  i  .v(î)yqf  .ttTééï. 

LitHING  ;a^rRe^&laChkié  ;dah»  la 
'  provitice  de'^Xàhfi ,  au  dépar tenant 
de  Lugan^:  qûatnèihemétropole'de 
cette  province.  • 

LICHTEMBlERG}  château  de  Frante, 
chef-lieu  d'un  comtéde  mÊm^nom 

;-dâns  UUaâV  Alface-i  à*  cinq  «eues, 
nordrbiieft^  de'tla^éiiau.  C^eothté 

~  "  apjp^kieht  aoPrinée  ile  Heffè  d'Acm* 
ftadt,  depuis  la  moYt  du  Comte 
de  Hanau,  arrivée  fefi  lyj^.U  en 
faithoipmagcaulloi*  ' 

tïCHTÇNPî'/iibflfàntif  mafcdlîn.  O» 

tfoniie^ce  nëm  i  Amfterdamii  de 
,  petits  bât^éhs  '^al  fervent  pour  le 
-    ^ranfpbft  dés  ixiârthandifes  du  daa* 

gafin  au  port ,  ou  du  port  au  ma* 

g^fin.  •     - 

LICHTENBOURG;  petite  ville  d>Al- 


u 


Jiii 


cocl^snHe  atal^t'tolBber  (MtMleil  '     iM^gtië  ^^W^i  Wéâurat  de  îaxe» 


594  itIÇ 

fur  VElbe»iquatce  liettef»  no(d,de 

I  orgaii. 
LICHTENSTEÏN  ;  yillc  de  Sui(fe  , 

,daDS le Tofkenboarg,  furie Tfiour. 

,Ç'çft  1^  OH  s*ai9e^ble  il^  Çoofeilda 
.  pys  ».  &  ott  ritjn'i  juge;.lof  .cWc« 

criminel.! es^,  les  a{)pel|aâons  &  Jes 

autres  s^ffatres  djs  conCéqufSnc^ 
I-^CHTStALL}  ville  d^îjui(re,au  can- 

ton  &  à  deux  lieues .  de  Bâle ,  fur 

iproyipce  de^Xanciuig»  att.,<lppatce- 
.^^mem  de  Cit^ara  ,  première  métro- 
':  pol^4s,Ia,pr9vince,  ,  !  ,  _  . 
tlClTATiaN,3  fiiWla^ti(  fi^yiin. 
j^JUcitcùon  Te^çpe. de  pçarique.îl  fe 
/  du  de  la  vexite  au  plus  otFrant .  & 
\  4priiifx:,e^d|[i6;f/rçuf;,d'urifi,in 

;  4* w-  \^y^^^&  44^)  ;^parciennen(  en 
commun  à  plufieurs çpb^ricifer^  jou 
,  ^ÇfrRWJpV^ Wre^  î,  fie  .qçii  ne  .ppilt  fe 
. .  ^parcagét  c0«x>(A(>démei;it.,  ^ 

Pour  être  ep-dcoic  de.  provoquer 

ia  //V/fjr/a/4.d'Up  héritage  pu  a^rre 

îmtneuble  ,  il  n'e(i  pas  néf;eKf^ire 

qu*il  7  aie  in[i(poiÇbi^cé  phy/ique^de 

j-I  Jp  f^artftger  j  ^l  fuflRc.que;r.op  foit 

rn*»ûyentt  dg^.nefWnç,  partager,  la 

Q^.chpfe  ,  ott^,q»i>n  la  parxagennc;  il 

pnifTe  y  avoir  de  rihcomino(i^é}  ou 

,  :. .  fca.  ffpitttiop:  ,^ft,toî^urj5f9ii|ff  n- 
.  «P<^0 .4»ft*  lac;K|emaHdç,4  fins,  de 
.  PJm?gfi^  4(^'A-4\v^^  que  f};le,^r. 
ta^enepeMC  £^faire,commod,ei»enr, 
;    c<9  fesa-i|ne'fuxtfnccei&ire  d'ordon- 
ner la  /icitafiû%  • 

.,\cboift!ç«t»,v^)ift,  pppréfunae  <m'il 

1  y  auruii:  ,em  pQW  ^px  4^  riflf^vé-  3 

. ,  ^Unt4fi^'uf^^  ai^çreçneftï^  aSC^çdu  1 

.     qu e  chacui^, .  ajiBe  aillez .  ordinaire-  ! 

mène   â   prcndse   fa  parc  en  na- 


« 


1 


::  îLî  c 

' mbetftrém^Micipé i.DcrflMvcne  ^t 
depsAndec  U  ticu^ima'ism  iomea- 
ble , .  patc^u'une  pareille,  deimnde 
tend  â  une  aliémuion^.  qui-  leur  eft 
interdire  ^  mats  le  m^eur  peut  U 
diriger  cppcre  le  mMenr ,  le  forcer 
celui-ci  de  vendra  ptff.  teste  vote  , 
fans  eue  obligé  d*aiceodcela  majo* 
cité  du  mineur.  «  , 

Lorfque.  U  liciioti^n  k  fait  vo- 
lontairement entre  majeurs  non  gre- 
vés d^  ittbftitu  rions  j  il^a'iBft.pas 

.  néce^aire^  qu'elle  foi^  judiciaire  ; 
elle  pMt  en  ce  casfe  f^jiejpàsdeVyiot 
Notaires JK  ^u  plus  offrante  QP  fneoc 
même  admç tcre  des  écrangiers  i^n- 
chérir^,  mais  pour  cela  il  fautqae 
les  propsiêtaiie»  foienjc  par&iceiBeDC 

:    d'af;cord:^  ntaîtl^'es  d^.  Iejais,<iroit$; 

.un  fjeu^d'^nui^T/euz  i^fîQonfi^Qunc 

pas>  il  ifaudrgis^q^e  la  ^ente  tut- ja- 

diçiaîreM/  i..  .         .  .  /     .  . 
Si  l^  vente  pat/ca^iiri^ii^ft  pro« 

voquée  contre  un  mineur  émancipé 

ou  contre  .A>n   t^tqur  ,  ofi  ne  peut 

..  jf  roé;é<ier  rég^iètjeniepçqa'eawotn- 
mant,  préalablèa>efij;ilin  tuteur' tfi 

.  hqci  ce  n»ÂBeur^(|8ifi[^le  tuttwor* 

:4inaitre.oUf;l^,minc«aj  éipanpjpé.iné- 

gligeoient  ou  refufoient  de  faire 

nomrp*^  un  .tuteur  ^,ç^^i  ^^^  '^^ 

..  n^nnde,  la  (içiùuiàrâ  ,,  vfyuVKok  luv» 

.  J%¥P^iff  '^f^m  ^V^ri^j  i .  ceoiro- 

quer  les  parens  6c  amis  du  qmi¥^ 

-ppiit  h%#Qf!ï(î^r4ftmirtw»  ;fins'l«- 

,  ^fflift^^»e/^iWjf«r9tf>p»-^|lj- 
,  bl^tj.o'eftççq^flir^^ltfoW^wQiâ- 

n.  ;teifltv,tr^»eoçai5^fq?>Ç(<fJ4^itn^ 

/  iQoandj^n  oq/^liilgkiMrftiiHneiirs 
font  pr^pfijftaiws, efl  pDftkÀt  fim. 
;^  Pieuse  doçti^'/îffi^^^M  fil  |M>orfoi^> 
•  çfn  q^  peut  encojrç^  l'i^ffiger  valable- 
i|^i|r.  qu>pt  ès;  une.  y  ^ic.&nne^i- 
,  .ltaatioi\;  (>réifoblet4^<:e  ^mème^im' 
i J  »fWtîf<>ulÂΫe;i»ïi^«^  «»pcn%,  i 


<*b« 


\'<fi*en  conndiil^nce  de  calufe! 
le  pourfuivanc  n'aie  été  fpécialenient 
:iucorifé  â  faire  adjuger  audeflfoas 
•    .delaprifée.  • 

^  On  ne  peut  pas  faire  lîcîrej:  des 
'*  biens  dépendans  dWe'  fûcc^ffion 
avant  le  parcage  fini  y  parcdqi)è',  parj 
'révénemenc  du  partage  ,  H  peur  fet 
faire  que  Timmeable  ihdivifîble  en> 
tife  pluGeurs  héritiers,  appaf  tienne  a 
unicul;  •  .  .     . 

Lorfque  i^s  iqj^fpeuU^s'.dônt^  on 
fait  la  licuadon  y  ^Àept  à  qpel-, 
qu'un  de  ceux  qui  en  étoient  pro-{ 
priécaires  dans  l'origine  y  il  u  eft 
point  j4u  de  droits  Seigneuriaux  quoi- 
j  qu'on  ;^it  admis  des  étrangers  à. en-» 
chérir.  ,  .,;     *    .  \ 

Mais  fi  ksibietis  font  ;  adjugés  à 
.    on . étranger  ,  iceft-à-dir^  ,  à  celui. 

2ui  .n'y  avoir  aucun  tlroit ,  lorfqu'ils 
roient  poSedés  en  .commun  »  c'eft 
une  acquifition  qu'il  fait  ,  âC  il 
«Idtt.les  lodsCc  vecices  ,de  la  (ot- 
lahté. 

S'ils  font  adfugés  i  celui  qui  tty 
«voit  droit  qu'en  qualité  d'acqué-; 
reur  de  la  portion  de  l'un  des  co- 
propriétaires or  iginairei,  cet  adju- 
dicataire doit  les  droits  fei^neu- 
riaux  des  portions  dont  il  devient 
propriétaire  y  paf  le  mojFéndé  l'ad* 
jttdication  ,  indépendamment  des 
droits  qu'il  a  dû  «paytr  pour  Pac- 
quifition  de  la  première  portion  j 
enforte  qu'il  doit  les  lods  de  la  to- 
talité. -^ 

vQn  )ugemèmedan9''la  coutume 
4^  Paris  9  que  fi  la  licicàéhhe^  faite 
entre  les  co  -  héritées  %  U  tiers  ac- 
quéreur, tes  lods 'font  dûs,' (bit  que 
l'adiudio^tion  foit  fitite  â  l'un  ou  à 
I  autre. 

Dupleflî^  dît  que  <pàtiê[^vffil^es 
cxi^propriétakes  a  Vendu  tnàitàin' 
j:.-:j^  ^e  r4iéritage -à  unthrangec 


>  L  J  C  i^jf 

qut  provoque  '<qifttice1t  ttihàiion^ 

en  ce  cas  les  droits  feigneuriacK en 

font  dûs  de  4a- moitié^  foit  que  l'é* 

(ranger   s'y  ^rende  adjudicataire  » 

'  commet  il  a  été  jigéipar  arrêt  .du }  i 

'  Janvier a^57  ;  lôit  le  i(olhéûtief  li- 

'  •  cieâint^inrlk: 'kiî  ,c  cooimeiil  ^  ècé^  |ugé 

pai^  a^r^  du  PîirleitiieiK  de  Paris  du 

1 1   Janvier  \'j-f^\  «ai^  en  ce  cas  j 

s'ils  ie  trouvent  co-propriécaii?,es  , 

ce  n'eft  point  par-a«|cune  aflociation 

•en'  com^u haute  introduite  par  la 

' !dilpblition  delà  loioude  )^iiomine» 

du  moins  qui-arit  été^for^éef  dans 

l'iÂigifie. 

Il  Sfélève  queVquefois  des  diffi- 
cultés fur  la  nature  des  a^es,  pour 
eo  liquider: lerdroitrde.conccolie  «en 
prétendant  que  dés  ;té)ie$  faits  en 
focme  de  ccàSiQn  d^iKie  portion  de 
biens  iadiyis  >  doivesu  jb(f e  .  c(^fi« 
déiés  comme  Jiciïatioi^  :  fi,  les  Uent 
^partiemient*  -i  diffccens  jc^  -  héri- 
tiers ou  co  -  propriét^ireA  >:rla*jef- 
.fiûA  d'une  port(pp  par  l'un  d^eux  â 
tous  Jçs  autres  .qu  i  ^^  C9^h^;ijier 
(éttlemeuty  Kj>eut  cfre.cpnfifiçrée 
que  commie  fimplç  çefiion  >  dork  le 
droit  de  contrôle  n'^ft  dû  que  fur 
le  prix  feulement  3  c'eil  un  ?^6tt 
préparatoire  ^u  partage  qu  ^^«la  //- 
citation  .quÇtÂ^  autres  co-proptié- 
ttaires  ifp^pnt  entre  eu;x,pqA^^^  ffiire 
,  ceâer,rir|divi&qui  lubfiA^ei^ore* 
Mais  lorfque.  par  aâte  f^it  en  for- 
me de  qefiion  de  pus  drpits  fpc- 
cefliTs,  rindivi$  ceilèabiTolumepts 
ic  que  l'un   devient  feul  .prpprié- 
«taire  de' la  rotalitë  des  bieiis',1'aâe 
eA  réputé  .partage  ou  iicUatiàn  :  il 
elt  en  conicquence  exempt  de  droits 
leigneunaux  ,  "quels  que  1  oient  les 
termes  qui  s'y  trquvent  employés  j 
'é'eCb  le  prëmfetitâe  pour  faire  fof 
^Mr'l^  'bi^$!tfe  là  cohiinuÂàtfté  i  il 
•tjènt:  lieu  de  pahsjge,  &  le  drbit  tte 
^  coxitrôlren  eftdû  Gît  la*  totalité  des 


^^  Lie 

biens*,  comaie  pour  parcage  oit  //Vi- , 
iation. 

Si  la  licitationz  é(é  faite  forcé- 
,  mène  en  Juftice  ,  coitxne  lorfqa'il 
:  e'agit  de  biens  de  mineurs  , .  ou 
lorfqa*il  v  aconceftacionentre  les 
co-propriécaires  ,  elle  n'eft  pas  fu^ 
jettQ  au  contrôle  \  parceque  dans  ce 
cas  j  c*eft  lui  aâe  judiciaire,  qui  n'a 

fas  pour  bafe  la  feule  volonté  .des 
^arties ,  lefquelles  n'ont  pu  le  ffiire 
valablement  par-devant  Notaires.  Il 
^     7  a  U-deffiis  une  décifion  du  Conf eil 
du  10ÂOÛCX737. 

Le  droit  de  centième  denier  eft 
Toujours  du  des  portions  acquifes 
par  une  liMation  y  (oïi  qu'elle  foit 
faite  entre  co-héritiers  en  ligne  di- 
recte ou  en  ligne  collatérale ,  foit 
entre  co-proprietaires  ou  co-aflbciés; 
parceque  ce  droit  ne  U  règle  pas 
comme  les  droits  feigneuriaux  ,  & 
qu'il  eft  dû  à  toutes  mutatiour  de 
âens  immeubles.  ^ 

L'exemption  du  droit  de  centie- 
medenier  donc  jôuiffent  les  héritiers 
en  liçrie  dirèâe  ,'cft  feulement  pour 
les  biens  qui  leur  pallènt  en  cette 
qualité  à  titre  fucccflit  ;  en  force 
que  tous  les  arraneemens  fubféquens 
qu'ils  peuvent  faire  pour  tranimet- 
tré  la  portion  de  Tun'â  l'autre  ,  en 
^  tout  ou  partie  ,  opèrent  une  muta- 
tion de  prop^riété  qui  eft  iiicontefta- 
biement  fûjette  au  droit  de  centième 
denier ,  en  conformité  de  la  décla- 
lation  du  20  Mars  1708, 

Si  la /icira/io/2  eft  au  profit  d'un 
étranger,  le  droit  de  centième  de- 
nier eft  dû  de  la  totalité  des  biens 
dont  il  devient  propriétaire  pair  ce;tte 
licitation. 

Si  les  biens  font  adjugés  a  un  co- 
propriétaire ^'jl  ^^^^i^^^^^9\S^S9y 
.  ti9n  i  p/rçequ'il  ne.  fe.  Cait  q^  mu- 

^  Mçiufi  à  fon  égard  i^^^^  ^u,  futpli^s> 


Lie 

encore  bien  qu'il  ait  été  adu!iis  4es 
étrangers  â  enchérir  j  cela  ne  change 
rien  à  l'eftence  de  t'aâe  qui  ne  pro- 
duit de  mutation  efFeâive  que 
des  jportions  dont  l'adjudicataire 
n'étoit  pas  f>récédemment  proprié- 
taire. 

Sile  co-héritier  adjudicataire  par 
lichation  d'un  bien  qui  ne  pouvoit 
fe  partager,  n'eft  tenu  de  rien  dé- 
bourfer,  &  qu'il  foit  feulement  dit 
qu'il  prendra  d'autant  moins  jufqu'i 
'  concutrence  du  prix  de  la  licitation 
dans  les  autres  biens  de  la  fuccef- 
fion ,  il  ne  doit  aucun  droit  de  ceo*" 
tième  denier ,  parceau*il  n'acquiert 
rien ,  &  que  fes  co-hcririers  fe  rem- 
pliront jufqu'i  la  même  concurrence 
dans  les  biens  communs.    * 

LICITE  \  adjaftif  àt%  deux  genres. 
Licitus  )  a ,  um.  Terme  didafttqoe. 
Qui  eft  permis  par  la  loi.  //  m 
tin  de  fon  argent  quun  intérêt  £- 
cite. 

LICITE ,  ÉE;  participe  paffif.  Foye{ 

LiCITER. 

LICITEMENT  ;  adverbe  &  terme 
didaâique.  Sans  aller  contre  la  loi. 
//  a  pu  demander  licitement  cette 
fomme  far  forme  de  dédommage^ 
ment* 

LIClTERî  verbe  aétif  de  la  première 
con-jugaifon  »  lequel  fe  conjugue 
comme  Chanter.  Uàtari.  Tcrae 

.  de  pratique.  Il  fignifie  proprempnt 
mettre  aux  enchères  un  bien  qui 
appartient  â  plufîeurs  co-héritiecs  00 
ce-propriétaires ,  Se  qui  ne  peut  fe 
partager  commodément.  yoye\  Li* 

.      CITATION. 

Les  deux  premières  fyllabes  font 

brèves  ^&  la  troifième  longue  oa 

brève.  /^(?y?:|  Verbbï 

LICIUM  y  Uibftantif  mafculin  &  cpr« 

.   ine. d'antiquité.  Ce  mpt  puremeoc 

.,  Jatin,  <)c(ignoit  chez  les  Romains 

l'habix  &c  la  ceinture  des  Officia 


Lie 

.  publics  ccablis  pour  exécuter  -  les 
ordres  des  Magiftrars.  Ceft  de  là 
que  félon  Apulée  elt  venu  le  nom  de 
Liéiieur.  A^qye^  ce  mot. 
LICNOPHORES  ;  fubftantif  mafcu- 
lin  pluriel  &  terme  de  Mycholo- 

Î;ie.  Prêtres  ou  Miniftres  qui  dans 
a  célébration  des  Fêtes  de  Bacthus 
portoient  le  licnon  facré  ou  le  van 
myftique  de  ce  Dieu ,  chofe  eflen- 
tielle  aux  Diony  fiaques»  &  fans  quoi 
on  ne  pouvoit  pas  les  célébrer  con- 
venablement* 

LICODIA }  petite  ville  d'Italie  ,  en 
Sicile  9  dans  la  vallée  de  Noto ,  à 
douze  lieues  de  Syracufe ,  vers  le 
couchant. 

LICOL,  ou  Licou  i  fubftantif  maf- 
culin.  Lien  de  cuir ,  de  corde  ou 
de  crin  que  Ton  met  autour  de  la 
tête  Mes  chevaux^  des  mulets  & 
dts  ânes  pour  les  attacher.  Un  licou 
de  corde.  Mener  un  chcyal  par  U 
licou. 

Remarquez  que  licol  ii*tA  plus 
uGtéqû'en  poéiie  devant  une  voyel- 
le 9  8c  qu'ailleurs  on  dit  toujours 
licoa. 

LICOLA  ;  c*étoit  autrefois  un  lac 
d'Italie  »  au  Royaume  de  Naoles  , 
dans  la  terre  de  Labour  j  près  de 
l'ancienne  ville  de  Bayes  )  mais  il 
fut  bouleverfé  en  1 5  5  8  par  un  trem- 
blement de  terre  qui  éleva  du 
fond  une  monugne  de  cendres  & 
changea  le  refte  en  un  marais  fan- 
geux où  croiflent  aujourd'hui  des 

rofeaux. 
LICORNE  ;  fubftantif  fénrinin.  Sorte 

d'animal  (auvaee  que  pluiieurs  re- 
lations difent  fe  trouver  en  Afri- 
que ,  dans  lÈthiopie  ,  &  dont  le 
caraàère  diftinâit  eft  d'avoir  une 
longue  corne  au  milieu  du  front  : 
on  Te  fait  d'ailleurs  alfez  fsmblable 
à.  un  petit  cheval. 
Cet  i^nimal  p^lTe  aujourd'hui  pour 


Lie 


597 


fabuleux.  On  le  repiféfente  paflanc 
dans  les  atmoiries  »  &  quelquefois 
rampant.  Ceft  un  des  fupports  des 
armes  d'Angleterre. 

On  appelle  licorne  de  mer ,  une 
efpèce  de  baleine  qui  porte  fur  la 
mâchoire  fupérieure  une  corne  uni-» 
que.  On  voit  de  ces  cornes  qui  ont 
jufqu'â  quinze  &  feize  pieds  de  Ion* 
gueur. 

Quelques-uns  appellent  licorne  f 
la'corne  feulement  de  la  baleine  dont 
on  vient  de  parler. 

Des  Lithologiftesapjpellent  licornç 
fojlfile ,  des  portions  oueufes  foflrlel 
de  grands  animaux  ,&  qu'on  trouve 
ou  endurcies  ou  altérées  à  di£Férea- 
tes  profondeurs  de  la  terre. 

LICOSTOMO  }  ancienne  ville  de 
Qrèce ,  dans  la  Theftalie ,  auiour'- 
d'hui  la  province  de  Janna9presda 
golfe  de  oalonique. 

LlCOU  ;  voye:^  Licol. 

LICQUES  y  bourg  de  France ,  en  Pi- 
cardie ,  à  quatre  lieues^  i|ord-eft  s  de 
Boulogne.  11  y  a  une  Abbaye  d*hôm« 
mes  de  l'Ordre  de  Prémontré ,  ;la« 
quelle  eft  en  commende  &  vaut 
au  Titulaire  environ  500e  liv.  do 
rente. 

LICTEUR  \  fubftantif  mafculin.  Lic^ 
tor.  Officier  qui  ferviMt  â  Rome  au- 
près des  principaux  Maeiftfais  ,  ic 
qui  por  toit  la  hache  enveloppée  dans 
un  taifceau  de  verges.   . 

Les  Liâeurs  faifoi^nt  tout  en«^ 
femble  l'office  de  Sergent  &  de  bour* 
reau.  Romulus  les  établit  ponrreti* 
dre  la  préfence  des  Magiftrats  pluf 
refpeâable  3  &  pour  exécuter  fut 
le  champ  les  j^gemens  qp'ils  pfo* 
nonceroient.  Quand  les  uiâatemrs 
p^roiftbient  en  public. ,  ils  ésoienc 

f recédés  nar  vingt-quatre  Liâeursj 
es  Confuis  par  douze  \  les  Procon- 
fuls,.les  Prét:eurs  ,  les.Générauz, 

\  p^F.ÂX)  le  PréieotdQ  la  ville  pac 


I 


Y9«  t  ï  h 

.  deax^  &  chaque ^Vefta le  ^iparoif-' 
foit  en  pablic  ,  en  avoir  un   par 

^  honneur.  Comme  les  Ediles  &  les* 
Tribuns    ne   jouifTotenc   point    de 

'  l'exercice^ de  k  Haute- Jiiftice  »  les' 
Huiffiers  qui  les  precédofent  s'appe- 
loienc  Viatorés  §  parcequ'ils  étoienc, 

■    fôUvent  en  route  pour  donner  des* 

-•  ajournemens  aux  Parties. 

LIDA  ;   petite  ville  de    Pologne  ,. 
'    dans  la  I^ithuanie  ,'  au  Palarinac  de 
^    Troki,  fur  la  petite  rivière  de  Dzila^ 
à  dix-fept  lieues  de  Troki. 

JllDBURY  î   bourg  d'Aogleterre  , 
dans  le  comté. de  Héreford. 

LU>D£L  ;  rivière  jde  TÉcoiTe  méri- 
dionale ,  qui.  a  .Ces  foordes  dans  la 
1)  province  xleLidtdefdale  ^  ii  fonem- 

-  Jbouchure  dans  Ja  rivière  d*£sk  ^.fur 
..   bsfrûotJièx^sduCumberlàud. 

LIDDESDALE  i  province  de  rÉcolTe 

méridionale,  fur  les  frontières  de 

'    l'Angleterre  où  eUe  eft  fcparée  par 

•  une  thaîbe  de  moncagnes  du  Nbr- 

*  chumberiand  iialevant,^  duCum- 
'   berlaiid  au  midi.  Elk  prend  fon  i^bm 

-  de  la  rivière  de  Liddél  i)tii  i^artbfe. 
Il  faut  rapporter  i  <:ette  ptorihce 
rEskdale  ,  l'Eufdale  &  le  Vafhbp- 

-  dale ,  trois  territoires  qui  titént  4eur 
'    nom  des  petites  rivières,  i'Efck  , 

TEw  &  le  Wftchop.  1 

LIDKIQPING  ;  petite  ville  detSu'ède, 
dans  le  Weftro  -  Gothland  ,  fur  le 
lac  Waner,  à  cinq  lieues,  nord-oi\eft, 

-  deSkara. 

Isl£}  fubftantif  féminin.  StAnltm  Ce 
^   ^lui  eft  de  pins  groffier  dans'  iHié^  li- 

-  ijueûr  &  qui  vja  au  fond.-Pe  /rf  lie 

-  Hi  vin.  D<  la  m  de  hieH.  De  la  lie 

3  •    ^  Qu^d  OR  die  abfélument  dt  la 
[  Hel,  yck  entend  de  la  lie  de  vin. 

Lés   ViniÂgriers  font  iHi  gfand 
f   cômmercè'4^  lie 'de  vin  qu^ls^font 

f^eber  9  "te  dwt  iW  fQjttnenc  des 


*.  ► 


LIE 

*  »  •  •  •    • 

pains ,  après  en  avoir  f etift  ce  ^ 
y  refte  de  liqueur,  par  le. moyen 
ce  petits  prefloirs  de  bois. 

Les  Çabaretiers  Marchands  de  vil 
6t  autres  qui  vendent  le  vin  en  détail, 
font  tenus  de  rendre  Içur  lie  asi 
:Vinargtiers ,  &  il  ne  leur  eft*  pas 
permis  d'en  faire  des  eaux  de^vic. 
La  lie  brûlée  &  préparée  d  une 
certaine  manière ,  forme  la  grave- 
lée ,  dont  les  teinturiers  &  autres 
artifans  fe  fervent  dans  les  ouvta- 
ges  de  .leur  métier. 
'  C  eft  avec  de  la  lie  que  les  Cha- 
peliers foulent  leur  chapeaux. 

'On  ditfisurément  ^  la  Rcdu  peu* 
pie  ;  pour  dire ,  la  plus  vile  &  la 
plus  bafle  populace.  //  ne  fréquente 
que  des  -gens  de  la  lie  du  peapk. 
Ce  monofyUabe  eft  long. 

LIE;  vieiladjeâif,  qui  fîgnifioit au- 
trefois gai ,  jojreux  ,    &  qui  na 

*  plus  d'ufage  qu'en  cette  phrafe  da 

^ftyle  familier,  faire  chère  lie  ;  poor 

dire,  faire  bonne  chère  avecgaité. 

LIÉ ,  ÈE  ;  participe  pafllif.  Fûye{ 
'Lier. 

Lié,  fe.dît  en  tercf^es  de  )*Art  Hé- 
raldique, non-feulement  dés  cer- 
cles ^e$  tonneaux  ,  quand  lofier 
qui  les  tient  eft  d*un  autre  émail , 

*'  mais  janffl  de  tout  cet}ui  eft  atu- 

•  thé. .  •     V 

-  •  GoNDY  à  Florence  i  d*or  i  deux 
maflfes  d  armefs ,  en  fautoir  de  fit- 
ble  ,  liées  de  gueules. 

Les  Médecins  appellent  matières 
lises ,  les  .cxcrérpens  qui  ont  une 
certaine  coniSftance. 

On  dit  en  termes  de  Peinture, 
des  [lumières  'bien  liées  i  des  group-' 

•  pes  bien  liés  ;  pour  .flire  ,  des  lu- 
mières, des  erouppes  qoife  com- 
.n^unix^uènt  bien ,   &  qui  quoiqae 

'  '  ftparés  fomieti t'  une  i>çlle  union. 
Lorfqaentre.detnc  objets  éclïircît 

•  îl  fe  trouve  un  cfpace  ^  ne  ftft 


LIB  LIE     •  j^ 

£as  ,  8c  qtfil  feroit  avantageux  qu*îl  jJLlEBJÇNAWj  petite  vîlle  d'Allema- 
î  fût»  U  Pei»rre- plàcé^-<iSKfil4^ V'  fifl'e ^^"Haiu 'W-icax^ ciù  Erû^I3^ 
intervalle  quelqa'objec  qui  par  la        Brunfwick-Hanover,  au  Comté  d« 
faillie  leçoit  U  ltto>ièr^,r^e-£a^nr  ,  .  Hoye  ,  âir  U  rivière^'Owe.^ 

qtfèiie  fe-lie^u*  aàtitey4uiitièrcs^^U£MNWALt)  ;  petitrvillfe  4*Alle- 
&  fcmble  n'en  faire  qu'une  avec       ^lagne ,  dans  TEleftorat  de  Brarfc. 

^  f%;a       ::y    y.s^T,-^^  \ '  \       M^  r4elnxtîf»,  fur  la^iyî^r«  ^ Jlfil^ 

Efl  terrtiei  Jfe-îJfùfi^te-^ôlirait-  -^   prè's-d^fromièrW&l/m^^ 

,  pelle  w^  'li^s^à^  m^yl^ttfijs^  ^  \]^^tci«î^*'iuiGQii«4vdftiia^ifb\  ô 
notes  quon  pane  d  un  feul   coup 
d'archeC  fur.  le  viûtoti.&  le  viôldn** 


tûl9ti.&  le  vipl 
celle  ^  ou  4*un  feul  coup  de  langue 

^  fur  la^ffâtt-  8c  ïetîrLttimsr'^'^^ 
mot  ^  toutes^s,  noce^aui-ffi^niivibus 
une  mem^e  liaifon;  ^ 

On  •  ait, r  /outr'^tm^idù  liées  ; 
pour  dire ,  qu!il  faut  gagner  deux 
parties^  de  (ixitt.  Es  jokent  dbc' écus 
<n  deux  parties  liées. 

LIEB  ANÂ  \  jpcnte  cantcie  dlE%a^nd^ 


.UEGKTENAW  r>l  y;  a.  «i  AJlew^ 

gne  deux»  petites  "villes  dé  ce  noift': 

jiv.PPW;%frf^  JîW<çtMi«i  ^^i^,\  e»fr^ 

St'rasbourg^fic  Çaqe  \  &  l'autre  dans 

- ^  k ^^t^nCH^ ri  dîéiisi li^éÛéS^d'A^A. 

^.  Mçb.^  Ççlle^ci, gpgvjiint-  à  la,yille 

'    de  Nuremberg ',  Û  la  première  atlx 

LIEFKENSHOEK  j    fort  des  Pays-^ 


entrecoupée  de  montagnes  ^  ^aos.  che  de  TEfcaut,  vis-à-v^de  Li  lo. 

l'Àfturie  de  SantiUane.  L-'Ab'béye  -ÎC^  fot^  F*^tdea;.l|ué.to>Qétt^^ 

Vayrac  lui  donne  neuf  lieues  de  de  Horn  força  les  lignes  des  Fran-r 
longueur  &  quatre  d«  largeur. 


çois  en  1703. 


Fin  du  quinzième  Pokmti 


«ft 


Dfr  rimpcimeiie  «le  L.  Cb.  D'HOURY. 


»  • 


■*         T*» 


AVIS    AUX    SOUSCRIPTEURS. 

JVlESSlMOrRS  les  Soufcriptekrs  doivent  payer  les  Reliurts 
6  les  Brochures  des  Tomes  V^ ^  X  ^  XV  &  dernier  ^  qui  leur  feront 
4ilivrés  gratis.  Les  difficultés  que  quelques  Soufcripteurs  ont  faites 
à  ce  Jujeti  ne  peuvent  être  fondées ,  par  la  nature  même  de  toute 

jfbufçription  y  fia  la  Loi  doit  être  égale  pour  chaque  Soufcripteur  ; 
ceux  qui  prennent  leurs  Exemplaires  reliés  ou  brochés ,  ne  devant 

pas  être  plus  favùrifés  que  ceux  qid  les  prennent  en  feuilles* 

L'Approbation  de  ce  Volume  &  de$  fuivans  fe  trouvera  à  la 
fia  du  dernier  Volume  ,  avec  le  Privilège. 


^     -       .      '•    f       .4     .  ;    ; . 


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