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LE GRAND
VOCABULAIRE
FRANÇOIS
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R A N D
VOCABULAIRE
ÎR AN COIS,
CONTE N A N T
1". L'explication de cliaque mot confidéré dans fes diveifes acceptions gramnutia
cales j propres, figurées > fjrnonymes Se relatives.
a.*. Les lois de l'Orihographe ; celles de la Profodie , ou Prononciation , tant
familière qu'oratoire \ les Principes généraux & particuliers de la Grammaire:
ies Règles de ta Verlîncaiion . & généralement tout ce qui a rapport i l'Éloqoence
acàUPocfie. ' 1 rr- -i
}*. La Géographie ancienne fie moderne ; le Blafon , ou l'Art héraldique ; la
Mythologie i l'Hiftoire. naturelle àst Animaux, des Plantes & des Minéraux s
l'Expofé des Dogmes de la Religion , & des Faits principaux de l'Hiftoire Sacrée ,
Eccléfîaftique & Profane-
4<*. Des détails raifonnés Se pHibfophiqaes fur l'Économie , le Commerce , U
Marine , la Politique > la Juriforudence Civile t Canonique Se fiénéficisde ;
J'Anatoœie , la Médecine , la Cniturgie , la Chimie , la Phyfique , les Ma-
thématiques , la Multque y la Peinture , la Sculpture , la Gravure ^ rAichi?
teâure, &c. &c.
^jtR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES.
TOME QUINZIÈME.
A PARIS,
H&tel de Thon » rne des Poitevins , Quartier S. Ai»dté-de»-Ans.
M. DCC. LXXL
jfyec A/ifnhation & Privilège du /W.
LE GRAND
VOCABULAIRE FRANÇOIS-
JAS JAS
f-AS ; fubftamif mafculîti
& terme de M.itine.Af-
fcmblage de deux pièces
de bois qui fuutienneni
l'ancre droite dans l'eau,
afin qu'elle puifTe mojdre au fond.
JASENlTZ ; nom propre d'une pe-
tite vitle d'Allemagne, dans laHau-
te-Saxe , au Duché de Steitn , fur
la rive gauche de l'Oder, allez près
de fon embouchure. Elleappartieut
au Roi de PrulTe.
JASER ; verbe neutre de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
jugue comme Chanter. Carrire.
CauTer , babiller. Des enfant gui
ne /ont que jafer.
On dit proverbialement i quel-
qu'un, vous jafe\ bien à voire aife^
vous ave\ Us pieds chauds.
Jaser, , fignifie figutcment & familiè-
rement j dire & révéler quelque
chofe qu'on devoit tenir fecret. Si
elle n'avait pas jafé > l'affaire aurait
réuft.
Jaseu , fe dit aufll àts geais & de
Tmt XK
de quelques autres oifeauz , pattî-
cnlierement des'pies >. des perro-
quets , des merles qui parlent.
On dit proverbialement d'un
grand caufeur ou d'une grande eau-
ieufe , qu'i/ j.jfe ou qu'<//« jafc
comme une pie borgne.
JASERIE; fubflaniif féminin. Babil.»
caquet. Tout cela nejl que de laja-
Jirie.
La première fyllabe ell loneue»
la féconde ciès-brève & la troifiemc
longue.
JASEUR, EUSE i fubftantifs. Cau-
feur . babillard. Cejl un jafeur ,
une jafeufe.
JASIDES^ fubftantif mafculin pluriel.
On appelle ainlî des voleurs du Cur-
diflan , bien montés , qui tiennent
la campagne autour d'Etzerom, juf-
qu'à ce que les grandes neiges les
obligent de fe retirer ; & en atten-
dant ils font â l'affût pour piller
les Caravanes qui fe rendent i
Téfliï , Tauris , TrdbiiEonde , Alep
& Tocat. Od les nomme Jajidts
i JAS
parceque par tradition ils difene
qa ils croient en Jafide ou Jefus -y
mais ils craignent Se refpeâenc en-
core plus le Diable.
Ces fortes de voleurs errans s'é-
tendent depuis Monful ou la nou-
velle Ninive , jufqu'aux fources de
TEuphrace. Us ne reconnoiiïent au-
cun maître , & les Turcs ne les pu*
niflènt que de la bourfe lorfqu'ils
les arrêtent ^ ils fe contentent de
leur faire racheter la vie pour de
l'argent , Se tout s'accommode aux
dépens de ceux qui ont été volés.
Il arrive d'ordinaire que les Cara-
vanes traitent de même avec eux ,
' lorfqu'ils font les plus forts : on en
eft quitte alors pour une fomme d'ar-
gent » & c'eft le ipeilleur parti qu'on
puitfe prendre ; il n'en coûte quel-
quefois que deux ou trois écus par
tête.
Quand ils ont confumé les pâtu-
rages d'un quartier > ils vont cam-
Cr dans un autre t fuivant toujours
; Caravanes à la pifte , pendant que
leurs femmes s'occupent i faire du
beurre , du fromage ^ à élever leurs
enfans , & à avoir foin de leurs
troupeaux.
On dit qu'ils defcendent des an-
ciens Chaldéens.
JASLOWIECZ ; nom propre d'une
petite ville de Pologne , dans le
Falatinat de Podolie , vers les fron-
tières de la Moravie.
JASMELÉE i fubftanrif féminin. Ef-
pèce dhuile que les Anciens prépa-
roient en faifant infufer deux onces
de fleurs blanches de violettes dans
une livre d'huile de féfame. On s'en
fervoit au fortir du bain pour oindre
le corps , quand il s'agiflfoit d'é-
chauffer ou de relâcher.
JASMIN i fubftantif mafculin. Jaf-
minum^ Plante dont on diftingue
divcrfes efpèces. Nous parlerons de
JAS
celles qu'on cultive le plus ordînai<*
rement.
Le jafmîn blanc commun eft Ui>
arbrideau qui pouffe de longues
tiges farmenteufes auxquelles il faut
un foutien. Sa feuille d'un vert fon-
cé eft compofée de plufîeurs folioles^
attachées a un filet commun. Ses
fleurs paroiffent à k fin de Juin ^
& fe renouvellent Jufqu'aux gelées i
elles font blanches , viennent eo
bouquet , & rendent une odeur
agréable qui fe répand au loin. Cet
arbriffeau ne porte point de graines
dans ce climat ^ mais il fe multiplie
aifcment de boutures on débranches
couchées , qu'il faut faire au prin-
temps. I>e l'une ou de l'autre fa-
çon les plants feront des racines fuf-
fifantes pour être tranfplantées aa
bout d'un an \ mais les branches
couchéesfonttoujoursdesplantsplus
forts & mieux conditionnés : c'eft
la méthode la plus fimple & la mieux
fuivie. Ce jaimin réuflit dans toua
les terrains \ mais il lui faut Texpo-
fition la plus chaude, afinqull loie
moins endommagé par le givre 6c
les gelées qui quelquefois le font
fiérir Jufque contre terre , lorfquo
es hivers font rigoureux. Cet ar-
brifleau pouiïe ti vigqureufement
pendant tout l'été , qu'il faut le
tailler fouvent pour le retenir dans
la forme qu'on veut lui faire garder^
avec l'attention néanmoins de con-
ferver & paliffer les petites bran-*
ches : ce font celles qui produifenc
le plus de Seurs» Si la taille n'a pas
été fuivie , il faudra y fuppléer en
hiver ^ & ne la faire qu'après les
gelées au mois de Mars & d'Avrih
Si on la faifoit plutôt » les frimats
venant à defféchcr le bout des bran*
ches , en ôteroient l'agrémeht & lai
produâion. Ce jafmin fert à garnir
les murailles ^ a couvrir des ba«
JAS
ceaaz » i former des haies : c'eft
fartouc à ce dernier ufage , qu'on
J^euc remployer le plus avancaeeu-
émenc , lorfqu'il e(l entremêlé de
rofiers & de chèvre - feailles. La
verdure égale & conftance de fes
feuîUeSi la beauté, la durée ic Tex-
ceJieore odeur de fes fleurs , & la
qualité tflFez rare de n'ctre fujetaux
attaqaes ni à la fréquentation d au-
run infeé^e y doivent engager à pla-
cer ce jafmin dans les jardins d or-
nemenr. Cette efpèce de jafmin. a
deux variétés j Tune a les feuilles
uchées de jaune , Se l'autre de Hlanc :
elles font plus délicates que l'efpèce
commune , la blanche lurtout : il
faut les tenir en pot » & les ferrer
pendant Thiver.
Le jafmin jaune d'Italie eft un petit
arbriâeau qui ne s'élève qu'a 4 ou 5
pieds. Sa tige fe foutient ^ fa feuille
eft large , brillante & d'un beau
ren: la fleur eft jaune, petite 6c
fans odeur. Il eft encore plus déli-
cat que l'efpèce précédente. Il faut
le mettre dans un terrain léger ,
contre un mur de bonne expofîtion ,
& le couvrir de paillalTons dans les
Eandes gelées. On le multiplie de
sutures ic de branches couchées :
on peut auffi le erefFer en écuflbn
ou en approche lur le jafmin jaune
commun qui eft le fuivant : ce fera
mène un moyen de le rendre plus
robufte.
ht jafmin jaune commun s élève à
cinq ou fix pieds : il poufle du pied ,
une quantité de tiges minces qui fe
foutiennent fort droites , & dont
l'écorce eft verte & cannelée : fa
feuille eft petite , faite en treffle&
d'un vert brtin : fes fleurs font d'un
|aun0 aflez vif , viennent en petite
quantité le long des nouvelles bran-
ches : elles paroiiTent au mois de
Mai 9 ic elles font fans odeur. Lçs
JAS 5
baies noires qui leur fkccèdent,
peuvent fervir d le multiplier; mais
il eft plus court & plus aifé de le
faire par les rejetons que cet ar-
brilfeau produit dans la plus grande
quantité : il réuflit dans tous les ter-
rains ; il eft très-robufte ; il fait
naturellement un très-joli buiflon :
& comme il garde fes feuilles pen-*
dant tout l'hiver , il doit trouvée
place dans un bofquet d'arbres tou«
jours verts.
ht jafmin d*Efpagne eft un arbrif-
feau qui de la façon dont on le cul-
tive , ne s'élève dans ce climat qu'à
deux ou trois pieds : il pouflè des
tiges minces & foibles , dont l'é-
corce eft verte : fes feuilles reflem-
blent aflez à celles du jafmin com-
mun ; mais elles les furpaflent par
le brillant ic l'agrément de la ver-
dure : fes fleurs blanches en-defliis
& veinées de rouge endeflbus , font
plus grandes & d'une odeur plus
délicieufe. Ce jafmin eft délicat ^ il
faut le tenir en pot , ic lui faire
pafler l'hiver dans l'orangerie où il
fleurira pendant toute cette faifon j
mais pour l'avoir dans toute fa beau*
té , il faut le mettre en pleine terre,
où avec quelques précautions , il
réfiftera aux hivers ordinaires. On
pourra le planter , en tournant le pot
dans une terre limonneufe fe fraî-
che contre un mur , à l'expoiition la
plus favorable & la plus chaude; ce
qui doit avoit lieu au mois de Mai ,
afin que l'arbrifleau puifle faire de
bonnes racines avant Thiver. Il fau«
dra palifler les rejetons à la muraille»
ic retrancher à deux pieds ceux qui
feront trop vigoureux , afin de faire
de la garniture. Les fleurs com-
menceront â paroître au mois de
Juillet , & dureront jufqu'aux ge-
lées ; alors il faudra fupprimer tou-
tes les fleurs , & couper les bouts
A il
% 3 AS
des branches qui ccmc trop tendres ,
" occadonneroient de la moiûÏÏure en
fe flétriiïànc, & infeâeroient Tar-
bre; enfuite couvrir Tarbrifleaupar
un temps fcc , avec des paillaflons
qu'on lèvera dans les temps doux ,
& qH onr notera entièrement que
vers le milieu d'Avril ; alors il fau-
dra le tailler Ôc réduire à deux pieds
les rejetons les plus vigoureux \ ce
qui fera^produire quantité de Heurs
qui feront plus grandes & beaucoup
flus belles que celles des plants que
on tient en pot» La culture de ceux-
ci coniîde à couper tous les ans au
mois de Mars , toutes leurs bran-
ches à un œil au-deflus de la greffe.
Il leur faut cette opération pour les
foutenir en vigueur ^ car n on les
lailToic monter a leur gré , ils s'épui-
feroient bientôt. On multiplie cet
arbre par la greffe fur le jafmm blanc
ordinaire. 11 jr a une variété de cet
^ arbriffeau qui eft à fieur double :
cette fleui: eft compofée d un pre-
mier rang de cina ou fix feuilles ,
du milieu defquelles il s'en élève
trois ou quatre qui quand elles ne
«'épanouiflent pas , reftent ferrées
dans le milieu de la fieur où elles
forment un globule : cette fleur a
l'odeur plus torte que celle du jaf-
min d'Efpagne fimple , & elle fe
foutient plus long- temps fut Tar-
brifleau où elle fe defsèche fans tom
ber i & il arrive quelquefois que le
même bouton qui a fleuri , fe r'ou-
vre & donne une féconde fleur. On
multiplie & on cultive ce jafmin ,
comme celui qui eft à fleur fimple :
l'un & l'autre font toujours verts.
Le jafmin jaune des Indes , ou le
jûfmin jonquille , eft un bel arbrif-
fcau qui par Téducation qu'on eft
forcé de lui donner , faute d'une
température fuSifante dans ce cli-
mat, ne s'élève qu^â quatre ou cinq
JAS
pieds. Il prend une tîge forte & lî-
f;neufe qui a du fouiien : fes feuil-
es en forme de treftle font grandes
6c de la plus brillante verdure r fes
fleurs qui viennent aux extrémités
des branches, font jaunes, petites ,
raflèmblées en bouquets d'une ex-
cellente odeur de jonquille , & de
longue durée : l'arbrifleau en four*
nît pendant tout l'été & une paFtie
de l'automne : on le tient en pot , &
on le met pendant l'hiver dans l'o-
rangerie comme le jafmin d'EPpa-
gne , quoiqu'il foit moins délicat :
on peut le multiplier de graines ou
de branches couchées; mais cette
dernière méthode a prévalu par la
longueur & la diflîculté de l'autre r
fi on marcotte fe» branches au mois
de Mars , elles auront au printemps
fuivant de bonnes racines pour la
tranfplantation. 11 faut tailler ce jaf-
min au printemps , fupprimer les
branches languifianres, & n'accour-
cir que celles qui s'élancent trop ,
attendu que les fleurs ne vienrvent
qu'à leur extrémité , & que cet ar-^
brifleau étant plus ligneux que les
autres jafmins , les nouveaux reje-
tons quil poufteroit , ne feroient
pas aflez forts pour fleurir la même
année : il eft toujours vert.
Le jafmin des Aqores eft un ttès-
bel athrifleau ^ dont la délicate (Te
exige dans ce climat l'abri de l'o-
rangerie pendant l'hiver ; aufli ne
s'élève- t-il qu'à trois ou quatre
pieds , parcequ'on eft obligé de le
tenir en pot. Ce jafmin fe garnit de
beaucoup de btanches \ ce qui per-
met de lui donner une forme régu-
lière : fa feuille eft grande , d'un
vert foncé ttèsbrillant : h% fleurs
font petites , blanches , d'ui^ odeur
douce , très-agréable : elles vien-
nenr en grappes & en (i grande quan-
tité 9 que l'arbrifleau en eft couvert :
JAS
elles darent pendant coût Tautomne.
Les graines qu'elles produifenc dans
ce Climat ne lèvent point : on peut
le multiplier de marcotte ^ mais
l'afage eft de le greffer comme le
jafmin d'£/pagne fur le jafmin blanc
commun : il lui faut la même cul-
ture qu'au jafmin jonquille , fi ce
n eft pour la taille qu'il faut faire au
printemps , & qui doit être relative
a la forme que l'on veut faire pren-
dre a Tarbriffeau : nul ménagement
à garder pour conferver les bran-
ches à fleurs » attendu qu'elles ne
viennent que fur les nouveaux reje-
tons : il eft toujours vert.
l^jafmin d Arabie eft le plus pe-
tit &^ le plus délicat de tous les
jafmins : on ne peut guère te taifler
en plein air que pendant trois ou
auatre mois d été : il lui faut une
ferre chaude pour lui faire patTer
rhiver : fes feuilles font entières ,
arrondies , de médiocre grandeur ,
& placées par paire fur les branches :
fes fleurs font purpurines en-def-
fous » & d'un blanc terne en-deflîis ,
qui devient jaunâtre dans le milieu :
elles exhalent une odeur délicieufe
qui approche beaucoup de celle de
la fleur d'orange. Ce jafmin fleurit
au printemps & pendant tout l'au-
tomne. Dans fa jeunefle la taille
lui eft néce flaire pour lui faire pren-
dre de la confiftance. On doit au
printemps couper à moitié les reje-
tons , jufqu'a ce que la tète de Par-
brifleau en foit fuffifammentgarniej
après quoi on fe contente de retran-
cher les branches feibles » sèches ou
fuperflues. On le multiplie par la
greffe fur le jafmin blanc ordinaire.
Il y a uiie variété de ce jafmin qui
eft à fleur double , & c'eft ce qui
en fait toute la différence : l'un &
l'autre font toujours verts.
Le jafmin d^ Virginie pouSV des
JAS j
tiges longues & farmentenfes qui
s'attachent d'elles-mêmes aux mu-
railles , à la faveur des griffes
dont les rejetons font garnis à cha**
que nœud. Ces griffes reflemblent
i celles du lierre & font aufli tena-
ces î l'écorce des jeunes brancheseft
jaunâtre j fa feuille eft aufli d'un
vert jaunâtre ^ elle eft grande « com-
pofée de plufieurs folioles qui font
profondément dentelées 6c atta-
chées â un filet commun ; elle a
?[uelque reflemblancre avec celle da
rêne. Ses fleurs paroiffent au mois
de Juillet ft elles durent jufqu'en
Septembre î elles font raflfemblées
en grouppes aflez gros au bout des
jeunes rejetons : un groupe con-
tient quclq^uefois jufqud vingt-cinq
fleurs qui font chacune de la grof-
feur & de la longueur du petit
doigt 8c d'un rouge couleur de
tuile : elles fleurifient par partie ;
les unes fe détachent & tombent
tandis que les autres s'épanouiflent;
elles n'ont point d'odeur. Ce jafmin
ne donne point de graines dans ce
climar. On le multiplie de bran-
ches couchées que l'on fait au prin-
temps , & qui font aflez de raci-
nes pour être tranfplantées au bouc
d'un an. On peut auflS le faire ve-
nir de boutures qui , â voir les
griffes attachées à chaque nœudj
font préfumer une grande dif-
pofition à faire des racines ^ ce-
pendant ces griffes n'y contribuent
en rien , & les boutures ne réuflSf-
fent qu'en petit nombre ; on les fait
au mois de Mars : celles qui prof-
pèrent ne font en état d'être tranf-
plantées qu^après deux ans. La taille
de cet arbrilfeau demande des at-
tentions pour lui faire produire des
fleurs : il faut retrancner au prin-
temps toutes les branches foibles
ou sèches , tailler celles qi^'on veiu
€ JAS
conferver â trois ou quatre yeux ,
à peu piès comme la vigne ^ Ôc les
palifTer fort loin les unes des au-
tres. Cet arbriffeau pouffe fi vigou-
reufement pendant tour l'été , qu'il
eft force d'y revenir Souvent j mais
il faut fe garder de le - tondre au
cifeau & d'accourcir indifférem-
ment tous les rejetions. Comme les
fleurs he viennent qu'au bout des
branches , & qu'elles ne paroiffent
Qu'au commencement de Juillet ,il
^ut attendre ce temps pour arran-
ger ce jafmin ; on retranche alors
toutes les branches gourmandes qui
ne donnent aucune apparence dei
fleurs , & on attache a la paliffade
toutes celles qui en promettent : ce
jafmin eft très-robufte , il croît très-
promptement Se il s'élève â une
grande hauteur. Il réuflit â toutes
expoficions & dans tous les terrains^
fi ce n'eft pourtant que dans les ter-
res sèches & légères , fon feuillage
devient trop jaune , mais il y donne
plus de fleurs. Il y a deux variétés
de cet arbriffêau \ l'une a les feuil-
les plus vertes , 1 autre les a plus
petites^ toutes deux font d'un moin-
dre accroiffement : elles ne s'élè-
vent qu'à quatorze ou quinze pieds.
On doit les multiplier , les culti-
ver & les conduire comme la gran-
de efpèce. M. Miller , auteur aii-
glois , fait encore mention dans la
fixième édition de fon diéfcionnaire
des jardiniers , d*un jafmin de Caro-
line à fleur jaune i mais cet arbrif-
fêau eft très-rare. C'eft un grim-
pant toujours vert , fes feuilles font
fort étroites & brillantes , & il don-
ne en été des fleurs jaunes en bou-
quets qui font d'une odeur déli-
cieufe. Il peut paffer en pleine
terre dans les hivers ordinaires:
on le multiplie de branches coui»
chées. {
JAS
Les fleurs de jafmin ne fournie
fent point d'eau odorante par la
diftiilaiion; ainfi ce qu'on appelle
ejjence de jafmin , qu'on nous ap-
porte dltalie & de Provence , n'eft
3u'une huile de ben aromatifée par
es fleurs de jafmin. Pour cet ef<*
fet on imbibe du coton d'huile de
ben & on difpofe ce coton lits par
lits en les entremêlant de lits de
fleurs de jafmin ^ le coton s'imbibe
de l'odeur. On en exprime enfulte
l'huile qui alors eft fort aromati-
que & conferve affez long-temps
cette odeur pourvu que les flacons
foient bien bouchés. On peut , en
s*y prenant à peu près de même »
faire contracter au lucre une odeur
de jafmin. Pour faire acquérir ï
l'efprit-de-vin cette odeur de jaf-
min 9 qu'il n'acquerroit point mê-»
me par la diftillation y il ne s'a^c
que de verfer de l'efprit de vin lur
de l'huile de ben aromatifée » & en-
fuite agiter le mélange \ l'odeur
de jafmin abandonne enticremenc
l'huile graffe & paffe dans l'efprit
de vin ; mais celui-ci laiffe échap-
per cette odeur avec la plus grande
facilité.
. En termes de Parfumeurs on ap«
pelle gants de jafmin , des gants par-
fumés avec du jafmin. 'Ei poudre de
jafmin , pommade de 'jafmin > &c,
une poudre , une pommade ^ &c.
où il entre des fleurs de jafmin.
JASON ; nom propre d'un Héros ,
fils d'iËfon , Roi d'Iolcos , dans la
Theflalie , & iffiide Deucalion. Pé»
lias , frère d'/Efon , s'étoic em])aré
du Throne ; mais il s'étoit engagé
à le rendre i Jafon lorfqu'il feroie
parvenu a l'âge prefcrit par les lois
fiour gouverner. L'ambition de Pé-»
ias fit craindre qu'il n'entreprît fur
les jours de fon neveu^ & on remijC
JAS
celui-ci entre les mains du centaure
Chiron , pour être élevé fous fes
yeux dans les fciences & dans les
arcs propres à former lefprit & le
cœur d'un Prince deftiné au Thrô-
ne. Il revint après quelques années
redemander la Couronne qui lui
apparrenoic ^ Pélias n'ofa le refufer
ouvertement ; mais comme il lui
connoiflbit on grand amour pour
la gloire , il lui fit envifager la
conquête de la toifon dVr , comme
la plus brillante occafion de fe fi-
gnaler , 5c fut tellement échauffer
Ton courage » qu'il n'eut plus d'au-
tre penfée que de fe mettre en érac
d'exécuter cette entreprife. Pélias
en connoitfoit tout le danger Se fe
flatcoit que Jafon y périroit. Ce jeu-
ne Héros commença par faire conf-
truire un vaiflfeau & lui donna le
nom du conftruâreur qui s appeloit
jirgo : dans le même temps il in-
vita toute la jeuneffe de la Grèce â
venir partager avec lui les périls 6c
la gloire de cette expédition.
Il s'embarque avec fes braves
compagnons (tes Argonautes, vcfye\
ce mot ) au nombre de cinquan-
te-quatre, & fait voile fous la con-
duite de Tiphys , Béotien , habile
Pilote , & de Lincée , fils d'Âpha-
rée , qui avoir la vue fi perçante ,
qu'elle pénéttoit jufqu'au 'fond des
abîmes de la mer & même juf-
qu'aux enfers. 11 fut très-utile dans
le voyage pour faire éviter les
bancs de fable & les écueils cachés
qui fe trouvoient fur la route.
Le navire ^fgo arrive à Tem-
bouchore dû Phafe , dans la Col-
chide où régnoit Âétès y fils du So-
leil & de Perfajfille de rOcéan. Les
Argonautes s'étant débarqués , fe
rendent à la Cour , & Jaf >n portant
la parole comme leur chef , lede-
nunde à Aétès avec doocear > la J
JAS 7
toifon que Phrixus avoir d<fpofce
entre fes mains. Aétès fans le re*
fufer pofitivement , lui remontre
la difficulté de recouvrer ce pré«
cieux dépôt défendu & gardé par
des monitres terribles & furieux ^
& lui fait envifager ce qu'il doit
efTuyer de dangers pour le con*
quérir.
Jafon répond qu'il feroit pea
flatté d'une conquête qui ne lui
auroit coûté aucun péril » qu'il
ne connoît point la crainte y SC
qu'il eft prêt à facrifier une vie
courte Se palfagère i la noble am*"
bition de s'immortalifer par des
aâions de valeur & de générofité«
Médée qui écoit préfente à ce dif-^
cours en fut fenfiblement touchée,
& admira également la bonne mi-*
ne & le erand courage de ce jeune
Héros : elle fait qu'il périra infail-
liblement & fon cœur en eft atten*^
dri j cependant elle ne peut le
fauver qu'en expofant les jours de
fon père : la raifon & le devoir
combattent les fentimens que lui
infpire la pitié ; mais bieni&t une
paÂion viQieute & qu'elle ne peut
furmonter fait taire malheureufe*^
ment fa raifon & fon devoir. El le fe
détermine âfrcourirJafon& à le fui-
vre dans la Grèce, s'il veut lui pro-^
mettre de l'époufer. Jafon s'y en^
gage par les fermens les plus capa-
bles de la rafTurer. Auflirôt elle va;
cueillir , après avoir invoqué la
rerrible Hécate , les plantes qui
ont le plus de vertu ^ elle en expri-»
me le fuc qu'elle répand fur Ja-
fon & qui le rend invulnérable ^
car cette Princeffe excelloit dansU
magie & les charmes qu'elle cm-
ployoit ne mnnquoient jamais leur
. effet- le leni-emain dès que lau-r
rare eut fait difparoître les étoile^ *
le peuple s'affemble dans le champ
\
« J A s
de Mars , & fe place fur les col-
lines qui s'élèvenc couc autour en
forme d'amphithéâcre. Le Roi Aétès
vient s'alFeoir au milieu fur fon
Thrône & s'appuie fur un fcepcre
d'ivoire. Jafon s avance dans la
carrière èc auflicôc on voit paroître
l^s taureaux aux pieds d airain qui
lancent des tourbillons de âamnies
* dont l'ardeur defsèchc & brûle tou-
tes les hetbes d'alentour. Jafon mar-
iche d leur rencontre : à fon appro*
. che ces féroces animaux lui préfen-
cent des cornes de fer , l'environ-
nent de Bammes dévorantes , Se
fonp entendre d'horribles mugiflTe-
mens. Les Argonautes font faiHs
4'effroi : Jafon s'élance d'un air af-
furé au travers des flammes & n'en
• reçoit aucune atteinte \ telle eft la
force des enchantemens dé Médée.
Il flatte, il careiTe les deux tau-
reaux; il les met fous le joug & les
lie au timon d'une charrue. Après
avoir furmonté ce premier danger
il falloit labourer la terre & y fé-
ix)er une partie des dents du fer-
fent qu'avoit tué Cadmus > & que
allas & Marsavoient envoyées en
préfent au Roi de la Colchide. La
charrue traînée par les taureaux de«
venus dociles » ouvre de profonds
/liions & Jafon y sème les denrs du
ferpent. Ces dents abreuvées d'un
venin très-puiflTant y s'amolliiTent ,
croiflent & prennent la forme hu-
maine ; & â peine ces hommes
nouveaux font -ils hors du fein de
la terre , qu'on les voit armés de
toutes pièces > tourner contre Jafon
la pointe de leurs dards. On ne
pourtoit dire quelle fut la crainte
des Argonautes : Médée elle-même
ne put fans pâlir , voir Jafon au
milieu de tant d'ennemis; elle dou*
te que les fucs qu'elle lui a donnés
gieat a0ez de vercu } elle y s^joute
JAS
un nouveau degré de force en pro-
nonçant quelques paroles myilc-
rieufes & emploie en un mot, pour
le garantir ^ tous les fecrets de la
magie.Cependant Jafon jette au mi-
lieu de ces guerriers enfans de la
Terre , une roche fort pelante j
dans le moment ils tournent contre
eux-mêmes les armes dont ils le
menaçoient & s'entretuent les uns
les autres. 11 reftoit à Jafon une der-
nière épreuve â fubir : il falloit par
des herbes enchantées ailbupir le
dragon qui veilloit à la garde de la
toii^n , & dont les yeux n avoient
jamais donné d'entrée au fommeiU
Ce monftre portoit une crête fur fa
tète , & fa gueule d'où il foctoic
trois langues, étoit armée d'un dou-
ble rang de dents crochues dont la
morfure donnoit fur le champ la
mort. Jafon l'arrofe de loin d'ua
fuc aflbupiflant , & prononce par
trois fois des paroles dont l'e^Fec
eft de provoquer le fommeil , de
calmer les flots irrités» & d'arrêter
le cours des fleuves. Les paupières
du dragon s'appefantiifent » & le
fommeil les ferme pour la pce--
mière fois. Dans l'inftant Jafon fe
faiflc de la toifon & n'eft pas moins
flatté d'enlever Médée que d'em-
porter cette précieufe dépouille. Il
marche fans perdre de temps pour
fe rembarquer avec fes compagtions
& reprendre la route d'Iolcos. Ce--
pendant Aérés le fait pourfuivre
avec toutes fes troupes: Abfyrte fon
fils étoit i leur tête & Jafon ne
pouvoit efpérer de fe fauver, fi Mé«
dée n'eût imaginé un artifice qui
lui réuffit. Elle députa vers fon frore
& lui ayant fait dire qu'on l'emme-
npit contre fon gré , elle lui propoHi
f^our la nuit fuivante un pourpar-^
er où elle pût concerter avec lui
U% paoyens f}e s'évader. Le jeune
JAS
Prince accepte imprudemmenc le
rendez-vous Se y vient fans avoir
pris aucune précaution. Médée l'en-
lève & après Tavoir fait maflacrer,
difperfe cà & là fes membres fur
la route. Le temps qu'on emploie
à les ramaffer donne à Jafon tout
le loi&z de s*embarquer. Les Ar-
gonautes partent & ayant abordé
dans 111e d'Œea où régnoit Circé»
tante de Médée & fœur de fon pè-
re , ils s'y firent expier du meurtre
d'Ablyrte fans être connus : Circé
elle-même prcfida aux facrifices, fit
les libations en l'honneur de Jupi-
ter Expiatetir , 6c prononça les priè-
res propie^ à fléchir le couroux des
furies vcngeieffes des crimes j après
quoi les Argonautes reprirent enfin
leur route & arrivèrent heureufe-
ment â lolcos où Médée rajeunit
par fes enchantemens le vieux ^fon,
père de Jafon. Dans la fuite ceder-
. nier quirta Médée pour époufer
Creufe ou Glaucé , & Médée de
fon côté fe vengea de l'infidélité de
Jafon en époufant Egée , Roi d'A-
chènes» dont elle eut un fils appelé
Mcdus^ qui fonda lempire desMè-
des. Voyc\ Medbe.
JASPE ; fubltantif mafculin. Jafpis.
Picne dure du nombre de celles
qu'on appelle prccieufes : c'eft une
efpèce d agarhe qui prend très-bien
le poli Se donne des étincelles lorf-
qu'on la frappe avec de l'acier ; on
eo diftingue de plufieurs fortes , fa-
voir ,
Le ja/pe d'une feule couleur : il y
en a de blanc , de jaune , de rouge,
de vert, de bleu & de noir : celui
qui eft vert acquiert au feu la pro-
priété de r^iluue dans l'obfcuiité :
on croie mais à tort , que le lapis
laïuU autrement dit pierre d'a\ur ,
. eft un iafoe bleu.
Le jaj'pe fleuri eft compofé de
Tome XK
l
JAS 5
plufieurs couleurs qui quelquefois
lont mêlées enfcmble » ce qui fait
chatoyer la pierre; quand elles fonc
diftin<ttes & fcparées , cela fait pa-
roître la pierre panachée & mou-
chetée de différentes couleurs. Il y
a dujafpe fleuri de toutes les cou*
leurs , c'eft-à-dire , où Ion remar-
que une couleur dominante , ce qui
ait dire jû/pe fleuri rouge ou jaune ,
&c.
htjafpefanguin fi vanté des au-
ceuts 9 eft un jafpe dont le fondopa*
que & vert eft rempli de taches
rouges; s'il eft moucheté en jaa«
ne, on VzppeWejaJpe panthère..
Le jajpe héliotrope non moins
vanté que le précédent , eft verda-
tre & bleuâtre , parfem^ de points
rouges : quelques perfonnes faciles
à perfuader , portent ces jafpes en
amulettes pour brifer la pierre da
rein & fe préferver d'épilepfie,
d'hémorragies , &c.
Le jaJpe aguhe femble être un
filex plus épurée moitié opaque'&
moitié demi>tranfparent: félon la
pureté & l'arrangement des veines
de ce jafpe , on le nomme jafpe
Calcédoine^ ou jafpe onix^ oa agufhe
jafpce.
Les jafpes ont un poli plus ou
moins éclatant j félon la finefle ou
rhomogénéiré du grain qui tes com-.
pofe.
Quelques auteurs confondent
mal i propos U jafpe avec le mar-
bre. La différence enrrç eux eft très-
fenfible : le premier donne des étin-
celles lorfqu on le frappe avec uo
briquet & ne fe diffbut point dans
les acides , au lieu que le marbre
s'y diffbut & ne fiit point de feu
lorfqu'on le frappe avçc le bri-
quet.
Le jafpe fe trouve dans le fei^
de la terre par ma fies détachées de
10 JAS ^
différentes grandeurs «, des voya-
§eurs parlent d'un morceau de jofpc
e neuf pieds de diamètre qui fut
tiré d*une carrière de TArchevcché
de Sahzbourg,& placé parmi le pa-
vé d*une des Cours du Palais Im-
périal à Vienne , en Aurriche.
Mr^Gmelin dans Ton voyage de
Sibérie^ dit avoir vu dans le voi<
finage de la rivière d'Argun , une
montagne qui eft prefqu'entière-
menc-compofée d'un jafpc vert irès-
beau , mais entièrement mêlé de
roche brute, de forte qu il eft rare
de trouver des morceaux de trois
livres exempts de gerfures& de dé-
fauts. Le même auteur ajoute que
quelquefois on en a tiré des mânes
qui avoienr un ou deux pieds; ( le
pied fait j} livres) mais elles fe
fendoient à Tair au bouc de quel-
ques jours , de (brte qu'on ne pou-
voit s'en fervir pour faire des co-
lonnes , des tables ou autres grands
ouvrages.
Oo.trouve aùffi dtsjafpes de dif-
férentes couleurs en Bohème , en
Italie 5c dans beaucoup d'auttes
Eays de 1 Europe. ^ mais on donne
(préférence a ceux des Indes orien-
tales parcequ'on les regarde com-
me puis durs; ils prennent mieux
le poli y les couleurs en font plus
vives.
JASPÉ , ÉE } adjeâùf & participe paf-
ilf. Peint & bigarré en forme de
jafpe 9 foit par art foit par nature.
Une colonne jafpée^ Une tulipe jaf-
pée^ Un livre relié en veau jafpé.
JASPER j verbe adif de la première
conjugaifon » lequel fe conjugue
comme Chanter. Jafpidis colore
inficere. Peindre ou bigarrer de di -
verfes couleurs en forme de jafpe.
Jafper la couverture d* un livre.
JASPUREi fubftantif fértiinin. L'ac-
uon de jafpet ^ ou fe&èc qui'réfalte
JAS
de cette adtion. Ce relieur fait aux
livres de jolies jafpures»
La première iy-ilabe eft brève »
la féconde longue & la troifième.
tiès-brève-
JASQUEj nom propre d'une ville
maritime de Perfe y dans la pro-
vince de Tubéran , fur le golfe
d'Ormus , au 7^® degré , ja mi-
nutes de longitude >& au 15.^, 40-
minutes de latitude.
JASSEFUT-, fubftantif mafcuUn. Sor-
te de vaidèau perfan qui navigue
dans la ijier des Indes.
JASSUS y nom propre d*une ancienne
ville d'Afie dans la Cârie^
JASSY ; nom propre d'une ville con-
fidérable, capitale de la Moldavie,
fur le Pruth > environ à vingt lieues
de Soczowa , vers l'orient. C'eft la
réfidence de THofpodar..
JASVA MORE\Ç^AIA ; on appelle
ainU en Rullie , une maladie épi-
démique qui paroît être la pefte »
dont néanmoins elle diflFere , & qui
fe fait fentir affez fréquemment
dans la Sibérie & chez les Tarta-
res appelés Kalmoucks. Elle attaque
tout le monde fans diftindtion d'âge
ni de fexe , les chevaux eux mêmes
n*en font point exempts 'y^ elle s'an-*
nonce par une tache blanche oa
rouge qui fe place fur une des par-
ties du corps , & au milieu de cette
tache on dit qu'il y a fouvenc un
petit point noir. Cette tache ou
tumeur eft entièrement dépourvue
de fentiment^ elle eft dure & s*é^
lève un peu au-dedus du refte de
la peau ^ elle augmente en peu de
temps & en quatre ou cinq jours
elle acquiert la groffeur du poing
& a toujours la n:Tème dureté Se
la même infenfibilité. Le malade
éprouve durant ce- temps une gran-
de laffirude & une foif extraordi-
naire')^ il perd entièrement l'appé-
JAS
rit , êft toujours adoupi ; il lui
prend des étourdifTemens auditoc
qu'il fe tient debout ; il fent un
ferrement confidérable de la poi-
trine y enfin il a de la difficulté
de refpirer \ fon haleine devient
puante j il pâlit ou jaunit ; il éprou-
ve de grandes douleurs intérieure-
ment : il fe retourne & change per-
pétuellement de Htuation & la foif
va toujours en augmentant. Quand
tous ces fymptômes font fuivis d'u-
ne fueiir abondance , c'eft un fîgne
Î[ue la mort approche , 6c les per-
onnes robuftes périffent ordinaire-
ment le dixième ou onzième jout^
les délicats ne vont pas Ci loin. Ceux
qui font attaqués de cette maladie,
ne fe plaignent que de douleurs de
tcte tant (iju'elle dure j on ne re-
marque aucun changement fur la
langue » aucune conftipation ni ré-
tention d'urine , &: la tète de-
meure faine jufqu au dernier mo-
ment.
Auffitôt qu'un Tartare apperçoit
une de ces taches fur fon corps ,
il va trouver un Cofaque qui n'eft
ordinairement qu*un médecin de
beftiaujt ; il arrache la tache avec
fes dents jufqu'au fang , ou il en-
fonce dans le milieu une aiguille &
la tourne enâellbus en tout fens.
Se continue à la détacher ain(i juf-
qu'à ce que le malade fente fon ai-
guille ; après quoi il achève de Tar-
racher avec les dents : il mâche
cnfuite du tabac &c le faupoudre
d'un peu de fel ammoniac j il ap-
plique ce mélange fur la plaie j &
recouvre le tout d*une emplâtre ou
bien il fe contente de la bander;
il renouvelle le tabac & le fel am-
moniac tous les vingt-quatre heu-
res jufqu*à la guérifon parfaite c|ui
fe fait au bout de Jeux , cinq
ou fept jours /fuivant le degré de
JAT II
dureté & la grandeur de la tache
ou du bubon : il n'y a pas lieu de
craindre que les autres parties du
corps prennent la contagion. La par-
tie aftligée reprend fa couleur na-
turelle Se la plaie fe cicatrife. Le
réeime qu'on fait obferver ati ma*
lade contifie à le tenir dans un en-
droit obfcur y à l'empêcher déboire»
ou fi on le lui permet, ce n'eft que
du petit lait aigri ; les autres boif-
fons lui font interdites : on lui dé«
fend aufli les fruits à filiques , Se
toute nourriture fujette i ferme»»
ter; on lui permet le pain trempé
dans le petit lait j du bouillon de
poulet n des raves ; mais toute vian-
de eft regardée comme nuifible.On
a remarqué que la chair qui eft aa-
deffous de la tache qu'on a etdevée»
eH; bleuâtre.
jATARON'i fubftantif mafculîn. M.
Adanfen donne ce nom i une forte
de coquillage bivalve que Ronde-
let appelle coquille ridée* La figure
en eft pcefque ronde : rexténeuc
de la coquille eft d'un beau cou-
leur de rofe ou de chair j & l'in-
térieur en eft quelquefois blanc Se
quelquefois de couleur purpurine
ou violette. Ce coquillage {e trou-
ve communément autour de l'île
de Corée » dé celles du Cap.Verd^
&c.
JATTE ; fubftantif féminin. Gahata.
Efpèce de vafe de bois , de faïen-
ce } de porcelaine j &c. qui eft rond,
tout d'une pièce Se fans rebords.
Vue jdtu d ancien japon. Une jatte
* .defaïance.
JxtTB , fe dit en termes de Marine «
d'une enceinte de planches faite
vers l'avant du vaideau , pour re-
cevoir l'eau que les coups de mer
y font encrer par les écubiers.
Jatte, fe dit en cetmes dePademen-
tiers-Boutonniers > d'une efpèce de
B ij
it JAV
fébile trouée par le miliea » fur lâ-
3uelle ces arcifans fabriquent avec
es fufeaux , les gros cordons de
foie , de fleuretj de fil ,d'c. qui fer-
vent à faire des guides de chevaux
de carroffè » i fuipendre des luftres.
Jatte à'EAV , fe dit en termes d'Ar-
tificiers » d'une forte d'artifice afTez
femblable aux roues de feu appelées
girandoles,
La première fyllabe eft brève &
la féconde très brève.
»
JATTEE i fubftantif féminin. PJein
une jatte. Unejattéedefoupe.
La première fyllabe ell brève ,
la féconde longue > & la troifième
très-brève.
JAVA \ nom propre de deux îles de la
\
grande Java eitfép:
de l'île de Sumatra par le détroit de
la Sonde. On y recueille du ris , du
fucre j du Benjoin , du poivre trè$-
eftimé , du gingembre & des fruits
excellens.On y trouve auffi des mi-
nes d'or, d'argent Se de cuivre » de
rubis , dediamans & de très-belles
émeraudes.
On y a toute forte de bétail ,
à^s bœufs , des vaches , des bre-
bis » des chèvres ic même des che-
vaux 'y la volaille , les paons , les
pigeons , les perroquets y multi-
plient â fouhait.
Les lieux inhabités font peuplés
de tigres » de rhinocéros, de cerfs j
de bufies j de fangliers , de fouines,
de chats fauvages , de civettes , de
ferpensj & les rivières ont des cro-
codiles très-dangereux pour ceux
qui s y baignent ou qui fe promè-
nent fur le rivage fans précaution,
uetques montagnes de l'île font
s volcans qui jettent bien l^in
i
JAV
des cendres , des flammes & de la
fumée.
La religion des habitans naturels
eft la mahométane qui leur a été ap-
portée par un Arabe dont le tom-
beau eft en grande vénération par-
mi eux. Les HoUandois pollcdenc
une bonne partie de cette île : le
refte dépena de TEmpereur deMa-
téran , qu'on appelle aufli Empereur
de Java.
La ville capitale de Tîle eft Ba-
tavia : le luxe des femmes j furtouc
des HoUandoifes , y eft prodigieux.
Il s'y fait un grand commerce &
des marchands de toutes les Na-
tions viennent s'y réunir. Les Chi-
nois furtout y trafiquent beaucoup
& contribuent le plus i la richefle
de cette ville \ ils y font en (î grand
nombre, qu'ayant excité en 1741 ,
an foulèvement , les Hollandois eu-
rent beaucoup de peine à le cal-
mer. Batavia eft te fiége du Con-
feil fouverain des Indes pour les
Hollandois. Ce Confeil eft compofé
d'un Général qui a l'autorité de
Vice- Roi , d'un . Direâeur , de fix
Confeillers ordinaires & de quel-
ques autres extraordinaires dont le
nombre dépend de la Compagnie
des Indes orientales qui rende en
Hollande. Ce mèoie Confeil a fous
lui fix Gouverneurs Généraux, fa-
voii; ceux de Paliacate , fur la cote
de Coromandel , d'Amboine , de
Banda , de Ternate , de Ceylan &c
de Malaca.
La Compagnie Hollandoife des
Indes orientales envoie tous les ans
à Batavia plus de vingt vaiffeaux
chargés de marchandifes d'Europe ,
propres pour les Indes , & ils en
rapportent de lor , de l'argent , des
diamans, des perles , du cuivre y
du thé , des porcelaines, des épi-
ceries X ^^ loies ^ du coton ^ &
«•«
JAV
quantité d'autres roarchaDdifes de
toute TA fie.
La petite Java firuéeàrOrientde
la précédente ^ fe nomme plus com-
munément rîle de Bah. f^oyei
Dali.
JAVARIS) fubftantif mafculin. Ani*
mal quadrupède qui fe trouve au
Brcfil , dans l'île de Tabago & dans
quelques aunes de l'Amérique. Il a
quelques rapports avec lefanglier;
ies oreilles lont très-couttes Se il
n*a prefque point de queue j fon
nombril eft Air le dos } il y a de
ces animaux qui font tout noirs ;
d'autres font monchetés de blanc :
ils ont un cri plus délagréable que
celui du cochon ; leur chair eft
allez bonne â mapger y ils font dif-
ficiles i prendre parceque > dit-on,
ils ont fur le dos une ouverture par
où l'air edtre & rafraîchit leur
poumon 9 ce qui fait qu'ils peu*
vent courir long-temps fans fe fa-
tiguer 'y d'ailleurs ils font armés de
fortes dents ou défenfes. .
JAV ART j fubftantif mafculin. Tu-
meur qui s'élève ou â coté ou au-
defTus du boulet , fouvent vis-à-vis
de fon mouvement Se fur le tendon.
Otte tumeur peut être occafionnée
eu par un vice intérieur ou par des
coups fur le tendon , ou par les
meurtritTures que fe fait l'animal
qui s'entreuille , ce qui lui caufant
une douleur violente excite la fièvre
& le jette dans ramaignftement.
Outre cette efpèce de javart qu'on
2fpe\lcjavart nerveux , on en recon-
noit encore deux fortes j favoir le
javart fimple & le javart encorné.
Le javart fimple eft celui qui fe
montre particulièrement & le plus
fouvent au derrière du paturon ; il
caufe de la douleur au cheval ^ l'a-
nimal en boite ; mais fes fuixes
n'ont rien qui foit i ciaindret.
JAV ïi
Le javart encorné eft celui qui fe
trouve fitué près de la couronno
au-deftiis d'un des quartiers » plus
fouvent fur celui de dedans que fur
celui de dehors » & qui peut » tinfi
que l'atteinte encornée > donner
lieu i de vrais ravages > fi la fup*
puration qui doit en réfultet fe
creufe des finus » & fi la matière
fuppurée flue 8c defcend dans l'on--
gle même.
Conformément â ces principes ,
le javart provient des mêmes eau*
fes j mais les conféquences en font
plus ou moins dangereufes » félon
la fituation. •
Ces caufes peuvent être internes
& externes: celles-ci feront» par
exemple , des coups , des meur»
trifiures , ou bien quelque matière
irritante » une grande quantité de
boues 9 d'ordures & de craÛe » qui
bouchant les pores de la peau , for-
ceront la lymphe ou l'humeur féba-^
cée de s'arrêter dans quelque vaif«
feau fécrétoire.
Cette humeur arrêtée empêchant
celle qui vient de nouveau , Se qui
devroit s'exhaler aufli par la tranf^
piration,de pafter & de fe faire iour^
donnera necefTairement lieu a un
engorgement » d'où réfultera une
tumeur d'un volume plus ou moins
confidérable , qui fera plus ou moins
dure , plus ou moins élevée , dont
la pointe s'abcédera plus ou moins
dimcilement , Se lainera fortir une
matière purulente Se même fangui-
nolente j tandis qu'il s'élèvera du
fond de l'ulcère un bourbillon
blanc , vifqueux , tenace » élafti*
que & femolable â un morceau de
corde. Ce. bourbillon hors de l'bl--
cère , il y aura un trou étroit 8c
profond par lequel il s'écoulera cha^
que jour une cej:taint quantité de
pus.» Se la tumeur enEn le réfoudra
3"
"1
14 JAV
& fe di(fipera infenfiblement.
A i*é;^ard des caufesinternes aux-
quelles le/tnal peut devoir fa naif-
junce y on ne peut en accufer que
répainiifemenc &c l'acrimonie de
l'humeur , qualités vicieufes qui
ont leur fource dans le fang , &
Iui favoriferonc cetre accumulation
*où provient le javart.
On applique fur la tumeur des
médicamens propres â la faire ve-
nir i fuppu ration , tels que les oi-
gnons de lys cuirs dans la braife ,
& piles dans un mortiet avec de
Thuile de lin ou de navette , ou le
blanc de poireau meté avec du vieux
oings 5 &c> après la fuppuracion on
lave la plaie avec du vin chaud , &c.
JÂUDES y nom propre d'un bourg de
France , en Angoumois , environ à
crois lieues , nord-nord-eft , d'An-
goulème, .
JAVEAUi fubftantif mafculin. Ter-
me d'Eaux & Forets, par lequel on
défîgne une îb formée de (able &
de limon par un débordement d'eau.
J A VÊLÉ, ÉE; adjeftifac participe
paffif. Foyei Javblir.
On appelle avoines javclées celles
dont le grain eft devenu noir 6c pe-
fant par la pluie qui les a mouillées
tandis qu'elles étoient en Javelle.
J A VELER; verbe aftif de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
1*uzuocommeCHANT£R. Mettre les
»les par petites poignées , &c les
lai (Ter couchés fur les filions afin
que le grain fèihe de jaunifle. On
doitjaveler les blés avant de les mee*
tre en serbe.
\\ eft aufiî verbe neutre. Ses blés
javellent.
La première fyllabe eft brève ,
la féconde très-brève, & la troifîème
longue ou brève, yoyei Verbe.
L'e qui précède une fyllabe termi-
néepar un e muet pren4 k fon 4e 1'^
moyen.
JAV
JAVELEUR i fubftantif mafculin.
Celui qui javelle. Ilades javeleurs
dansfes champs.
JAVELINE i fubftantif féminin, Ef-
[>èce de dard long & menu qui fe
ançoir , & dont les anciens fe ferr
vvoient à la guerre avant Tinven-
tion de la poudre à canon.
La javeline eft encore en ufage
parmi les cavaliers arabes , ceux du
Royaume de Fez & de Maroc. Elle
a environ huit pieds de longueur \
le bois va un peu en diminuant de-
puis le milieu jufqu au taton , où il
y a une efpèce de rebord de plomb
pu de cuivre , dupoids d'une demi**
livre; la lance eft d'un grand pied de
lonç très-aigue & rrès-rrancnante ,
de deux pouces ou environ dans fa
Elus grande largeur avec une petite
anderoUe fous le fer. Les Maures
fe fervent de cette javeline avec due
adrefte furprenante ; ils la tiennent
a la main par le bout des doigts tc
en équilibre 9 & le poids qui eft: i
Textremité du talon fait que le
côté du fer eft toujours plus lonr
?|ue vers le talon ; ce qui fert a
aire porter le coup plus loin.
M. le Chevalier de Folard pré«
tend qu'on ne peut rien imaginer
de plus redoutaole que cette arme
pour la cavalerie. Le moyen , dit-
il j d'aborder un efcadron armé de
la forte , qui au premier choc jetre
un premier rang par terre & en fait
autant du fécond , fi celui-ci veutten*
ter l'aventure , chaque cavalier étant
comme adiiré de tuer fon homme ;
car il lance fon coup de toute la
longueur de fon ajme en fe levant
droit fur les écriers, Il fe baifte 6c
i! s'étend jufques fur le cou de fou
icheval 6c porte le coup avec tant
de force 6c de roideur , qu'il perce
un homme d'outre en outre , avant
qu'il ait eu le temps de l'approcher ,
JAV
& il fe relève avec la mime légè-
reté 6c la même vigueur pour redou-
bler encore. Le lancier n*avoic
qu un coup à donner , .& ce coup
n'écoit |atnais fans remède y l'en-
nemi pouvant Tévicer en s'ouvràiit ^
maïs rien ne fauroic rcfifter contre
la lance des Maures, qui charge
par coups redouble! , comme on
féroit avec une épée.
JAVELLE i fubftantif féminin. Plur-
fieurs poignées de blé fcié , qui de«
meurent couchées fur le fillon , juf-
,qu'à ce qu'on en falTe des gerbes.
Amajfer l€s javelles»
Javelle j fe dit auffi d'un petit faif-
ceau de farmenr. Brûler une ja'^
velle.
JAVELOT j fubftantif mafculin. Ef-
{>èce de dard plus court que la jave-
ine. C'étoit l'arme que les Ro-
mains donnoient aux VéliteSy ou
troupes légères. Sa longueur étoit
de deux coudées, & fa groifeur d'un
doigt \ le fer étoit long d'un pied ,
fi délicat, & il pointi^ qu'il le tor-
tuoit dès qu'on l'a voit jeté , de forte
que les ennemis ne s'en pouvoient
pas fervir*
Us avoîem encore d'autres jave-
lots y dont le bas étoit g^mi de trois
plumes^ à la redemblance des flè-
ches & dards dont (e fervent les Po-
lonois & plulTeurs autres > princi-
palement les Maures qui les nom*
ment :(^:igaies^
Les premiers François , à l'imira-
tion des Gaulois j fe font fervis du
javelot j qui , comme bien d autres
armes, adifparu, lorfq.ue les armes
• d feu ontéré inventées.'
JAVELOT j. rby^ç AcoNTiAs.
JAVER j. nom propre d'une ville forte
d'Allemagne , capitale d*une Prin- [
JAU 15
La Principauté de Javer a la Bohè-
me au midi ^ la haute Luface à l'oc-
cident } les Principautés de Sagan
& de Glogaw au nord j & j l'orient
les Principautés de Lignitz & de
Schvreidnit2.
JAUGE j fubftantif féminin. La jufte
mefure que doit avoir un vaiireau
fait pour contenir quelque liqueur
ou quelques grains» Un muid qui
nefi pas de jauge.
Jauge j fe dit aufti de cette verge de
bois ou de fer , divifée en travers
par pieds , par pouces & parlignesy
avec laquelle on prend & on mefure
la longueur & la largeur dé la fu^
taille. Mefurer avec la jauge*
Jauge, fe dit encore d'une futaille
qui fert d'échantillon,. d'étalon pour
ajufter & échantillonner les autres.
Echantillonner un muid à la jauge def
Paris.
Jauge » fe dit en termes d'Architec-
ture, d'un bâton étalonné fur la
profondeur & la largeur que doit
avoir la tranchée qu'on a faite pour-
fonder un bâtiment.-
Jauge, fe dit en termes de charpen->
tiersjd'une petite règle de bois fort
mince , divifée par pouces Se par
lignes , & fervant a tracer les mor-^
toife^, tenons, &c.'
Jauge , fe dit en termes de fontc-
niers , d'une boîte percée de pli>-
Geurs trous , qui leur fert à cor.-r
noicre la quantité des pouces Sc
lignes d'eau que produit une fource^^
On zppelit Jroits de jauge & de
courtage^ des droits d'aides qui fe
perçoivent dans tous les pays où leS'
aides ont lieu. Ces droits font partie*
de la Ferme générale des Aides.
La première fyllabe eft longue , &
la féconde très-brève.
cipaUté de même nom dans la barte JAUGEAGE j fubftantif mafculin^
SiléfTe y à huit milles^ fud oueft , de
Brefla^v^
L'aâion de jauger les tonneaux y le»
navires.'
l6
JAU
Le jaugeage le plus difficile eft
celui des vailfeaûx de mer. C'jttc
diâiculcc vienr de la grande irrégu
laricc des courbes & du grand nom-
bre de différentes cou i bes qui entren t
dans la furface d'un même vaiffeau
& produifenc fa capacité. Comme
on ne jauge les vailieaux que poui
favoir ce qu'ils peuvent contenir de
marchandiies ^ outre coûtes les cho
fes qui leur font néceflaires pour
faire voyage , parce que les Souve-
rains lèvent des droits fur ces mar-
chandifes ; on appelle proprement
jaugeage des vaiffcauXjla mefurejnon
de la capacité entière de leur creux
ou vide , mais feulement de la par-
tie de cette capacité que les mar-
chandifes peuvent remplir. Âinfi
le vaifleau étant conftruit & pourvu
feulement de tout ce qui lui eft né>
ceffaire pour le voyage 9 il enfonce
dans l'eau d'une certaine quantité
& jufqu'à une ligne qu'on appelle
ligne de l'eau; fi de plus on le cnarge
de toutes les marchandifes qu'il
peut porter commodément ou lans
péril y il enfonce beaucoup davan-
tage & jufqu'à une ligne qu'on ap
pelle ligne du fore ^ parceque la^dif-
tance de cette ligne jufqu'à celle où
le vaiffeau feroit près de fubmer-
ger , fe prend pat rapport au milieu
' du vaiflfeau qui en eft la partie la
' plus baffe & en même temps la plus
large qu'on appelle le fort, La ligne
du fort dans un vaiffeau aufli chargé
• qu'il peut Tctre , eft ordinairement
un pied au-deffus du fort. La ligne
de l'eau & celle du fort font toutes
deux horifonrales 8c par conféquent
parallèles , & il faut donc conce-
voir que par elles paffent deux fec-
tions ou coupes di) vaifleau , qui
font àu(G deux plans horifontaux.
* Il eft vifible que c'eft entre ces deux
plans qu'eft comprife toute la capa-
JAU
cité du vaiffeau que les marchai>dî-
Cgs occupent ou p«.'uvent ucciipci }
c'eft eiie qui doit les droits , 8c qu'il
fsLMi jauger. Le volume d'eau qui la
rempliroit ell d'un poids égal à celui
des marchanJifcs ; 8c fi Ton fait
Î[uel eft ce volume &c par conféquent
on poids, car un pied cube d eau
pèfe 71 livres , on lait le poids des
marchandifes du vaiffeau. La dif-
ficulté de ce j.iugeage confifte en ce
(Tà^ chacune des deux coupes hori-
lontales du vaiffeau a une circon-
férence ou un contour très-bifarre
formé de différentes portions de
courbes différentes, & de plus» en
ce que les deux coupes ont des
contours très-différeiis j ainfi la
géométrie doit déiefpérer d'en avoir
les aires. Quant à la diftance des
deux plans , qui eft la hauteur du
folide qu'ils comprennent > il eft
très^aifé de la prendre immédia-
tement. La lumière de la géométrie
manquant , les hommes ont > pour
ainfi dire «, été abandonnés chacun
à fon fens particulier \ en différens
ports d*une même nation, & en dif-
férens temps ,on a pris différentes
manières Aq jauger. Sur cela M. le
Comre de Touloufe , Amiral de
France , chef du Confeil de Marine,
demanda â l'Académie Royale des
Sciences de Paris fon fentiment ,
en lui envoyant en même temps les
méthodes pratiquées , foit chez les
étrangers , foit en France , afin que
par la préférence qu'elle donneroit
à une d'entr 'elles ou par l'invention
de auelqu'autre méthode , on put
établir quelque chofe d'affe:^ fur 8c
d'unifprme pour le Royaume. MM.
Varignon ScdcMairan furent prin-
cipalement chargés du foit) de ré-
pondre aux intentions de ce Prince.
On peut voir dans l^HiJloire de
V Académie année 1711, ce qi'ils
hrenc
JAU
firent ponr cet effet. M. Parignon
foivic une roace puilsnienc géomé-
triqae. M. de Stairan encra (kn«
rexamen de coaees les méthodes
envoyées par le Confeil de la Ma-
rine Scpré/rra ztWtài^.Hocquart'^
Intendant de la Marine dans lêiport
de Toulon. Elle confiAe à prendre
Faire de deux fnrfaces hori ion taies
de la partie du vaifTeau fuboiergée
par la charge , & â multiplier la
moitié de la fommc des deux aires
par la hauteur de la partie fubmer-
eée. Tout bien confidéré ( c'eft
la concinfion de M. de Fontenelle )
il faut que la pure géométrie fe
récufe elle-même de bonne grâce
fur le fait du jaugeage » & qu'elle
en laiflè le foin â la géométrie im-
parfaite & tâtonneufe.
A l'égard du jMgeaee àt% ton-
neaux ^ on trouve dans Tes Mémoi-
res de l'Académie des Sciences de
l'année 1 74 \ un excellent Mémoire
de M. le Camus : il les regarde
comme des fegmens d'un rhom-
boïde , formé par la révolution d'u-
ne parabole , qui auroit fon fom-
met fur le bondon ; il a de plus
imaginé une verge ou bâton de
jauge d'une conftruâion nouvelle.
La verge de jauge ordinaire , eft
on bâton quatre de quatre â cinq
lignes de largeur &'de quatre pieds
deux ou crois pouces de longueur )
une des faces eft divifée en pieds ,
pouces 9 &c. Les autres font mar-
?|aces de divifîons relatives aux dif-
érences efpèces de tonneaux qu'on
peut avoit à niefurer. Le baron de
jauge de M. Camus eft d'une conf-
truâion très-différente , ic d'un
nfage plus fur & plus univerfcl.
Jaugeage , fe dit auffi du droit que
prennent les Officiers qui jaugent.
Paytr le jaugeage.
JAU 17
JAUGÉ , ÉE i participe paffiE P"oye[
Jauger.
JAUGER ; verbe aâif de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
jugue comme Chanter. Mefurtr
la capacité d'un vailFeau quelcon*
que. Joiégôr un muid. Voyez Jau-
geage.
Jauger» fe dit en termes de bâti*
mens de fignifie appliquer une me*
fure d'épaiifeur ou de largeur ^ vers
les extrémités d'une pierre pour en
faire les arrêtes ou les furfaces op*
pofées parallèles.
La première fyllabe eft moyenne»
& la féconde longue ou brève*
P'oyeil Verbe.
Les temps ou perfonnes qui fa
terminent par un e féminin y ont
leur pénultième {yllabe longue.
JAUGEUR i fubftamif mafculîn.
Officier dont l'emploi eft de jauger.
Chaque Juré Jai^eur doit avoir
fa jauee jufte & de bon patron, fui-»
vant l'échantillon qui eft dans THô*
tel de Ville de Paris. Il doit auffi
imprimer fa marque fur l'un de»
fonds du tonneau ou futaille qu'il
a jaugé avec une rouanette » & 7
mettre la lettre S , fi la jauge eft
bonne , la lettre M^ fi elle eft trop
foible ou moindre , & la lettre P »
fi elle eft plus forte avec un chiffre
pour faire connoitre U quantité des
pintes qui s'y font trouvées de plus
ou de moins.
Chaque J.iugeur doit avoir fa
marque particulière , laquelle il
doit figurer en marge du regiftre de
fa réceprion pour y avoir recours
dans le befoin en cas de faufie jau^e;
le Jaiigear deia marque duquel la
pièce fe trouve marquée , demeu-
rant refponfable envers Tacheteur
fi la jauge eft moindre , & envers
le vendeur pour l'excédent.
1 II eft peroiis à diacun de deoian-f
IrS J A U
" der une nouvelle jauge , dont les
frais font payés pir le premier jau-
geur fi la jauge fe trouve défec-
tueufe , & par celui qui s'en plaint
fi elle fe trout^e bonne.
En Normandie , les Jaugeurs ont
' droit de vifiter , marquer ôc contre^
marquer aux Armes du Roi les
poids Se mefures des marchands , I
meuniers, cabaretiers ,& gens qui '
*par état font aucorifés de vendre
chez eux , qui payent pour cela* des
dtoirs réglés; mais ils ne peuvent
aller en vifice chez les laboureurs:
le Parlement de Rouen Taainfi jugé
par Arrêt rendu le jo Avril 1745 »
imprime à la fuite du teste de la
coutume de Normandie , en> 1 7 57*
Ces fortes d'Officiers peuvent
dreifer des procès-verbaux de rebeU
lion & des contraventions qails
trouvent; mais ces. procès- verbaux
doivent être recordés , c^eft-*à-dire >
fignés de deux témoinSic
JAULNAY 'y, nom propre d'un bourg
de France en Poitou, fur le Clain ,
àdeuxlieues , nord-nqrd-efl: ^ de
Poitiers.
JAUMlÈRE^fubftantif fcminin-, &
terme de marine. Petite ouverture
à la poupe davaiflfeau, proche de
Iccambord , par laquelle le timon
répond au gouvernail, afin de le
faire jouer. Cette ouverture a: or-
dinairement de largeur en dedans ,
les deux tiersde l'épailTeur du gour
vernail , & en dehors.un tiers moins
qu'en dedans. A l'égard de fa hau-
teur , elle e(l un peu plus grande
3uefon ouverture intérieure. U y a
es marins ;qui Ift garnirent de toiles
goudronnées, lor(qu'ils font en mer,
pour empêcher que l'eau n'entre
parla dans le vaiiïeau: mais il en*
eft d'autres qui ne croyent pas de-
XQÎJC çrendxè. centre précaution : iU
jAir
laifTent entrer Veau qui s'écoule par
es cotes.
JAUNÂTRE; adjeftif des. deux
genres. Suhflayus , a , um. Qui tire
tur le jaune.. // a le teint jaunâtre.
Un oifeau dont le bec ejl jaunâtre^
Une couleur jaunâtre.
La première fyllabe eft moyennef
la féconde longue ji & la troifîème
très-brève.
JAUNE y adjecStif des deux, genres.
Flavus , a y, um. Qui eft de couleur
d'or, de citron , de fafran. Un taj^
fitas jaune. Une robe jaune.
U y a plufieurs fubftances jaunes*
qui deviennent blanches en les met-
tant alternativement pendant quel-
que temps au foleil & à la rofée;,
telles font la. cire , la toile de chan-
vre, &c.
La catamine donne au cuivre:
rouge la coufeur jaune.
Le papier & l'ivoire préfentés an*
feu deviennent fucceffivement jau^
nés , rouges & noirs.
La foie qui eft devenue Jaune fe*
blanchit ^ar le moyen de la fumée
du foufre.
On dit de quelqu'un qui a le.
reint jaune , quV/ efi jaune comme-
un- coing , comme Jbuci , comme fa*
fran.
On dit familièrement de quel-
- ott'un à qui l'on %~ fait voir qu'il-
^ rrompoit lourdement , qu'u/z lui
a J^ait voir /on bé^jaune. .
Jaune , eft aufli fubftantif mâfculin^.
& (ignifie la couleur jaune.
Le jaune en teinture eft une des-
cinq couleurs primitives.
Pour avoir les jaunes les plu s. fins»,
on commence par faire bouillir le
drap ou Pétofte aans de l'aluni de la.
potafTe , enfuite on lui donne la.
couleur avec la gaude.
On a aufti un bois des Indes quL
donne un jafoic tirant. fur l'ox ^Sc
JAU
fan fait une efpèce de j;iane avec
de la fariette , mais c eft le moin*
dre de tous.
Le verc Te fait' ordinairement
avec du jaune Se du bleu mêlés
l'un avec l'autre.
Avec <f u faune % du rouge de ga-
rance , 6c du poil de chèvre teint
par la garance , on fait le /aune doré ,
/aurore , la penfée» le nacarat, l'i-
fabelle , & la couleur de chamois,
•qui font autanc de nuances du
jaune»
En termes de peinture » on ap-
pelle yai:^^ de Naples0Vk gialloUno »
«ne covieur. fort uGtée^ fur-tout
^ns la miniature où elle donne une
couleur de citron plus folide que les
orpins & le maflicot \ mais fa cherté
tfait qu'on l'épargne dans les grands
^ ouvrages. Les I^hyficiens ont été
jufqu'ici très-partages fur la nature
de cette couleur dont on fait â
I^aples un grand fecret. Suivant M,
Pomet, c'étoit un foufre recuit;
iuivant l'Encyclopédie, au mot
yrefque , c'étoit une crafle des mines
de foufre. M. Montamy crut que
c'étoit une ochre martiale calcinée
f)ar le Véfuve. M. Pot l'a regaidée
<omme une produâion de l'art. M.
Pougerouic , de l'Académie Royale
iles Sciences, ayant fait des re*
cherches à ce fujet, efl: parvenu â
reconnoître que le plomb en étoit le
(principal ingrédient : voici en effet
a méthode ufitée âNaples pour
cette préparation, & que M. le
Prince de S. Severo a communi-
quée à M. de la Lande.
On prend du plomb bien calciné
& pafle au tamis, avec un tiers de
fon poidsd'antimoine pilé & tamifé:
on m&le exaâement ces deux ma-
tières , & on les palfe de nouveau
par le tamis de foie : on prend en-
j(uice de grandes affiettes plattes, dé
terre cuite, non verniflfces ; on les
couvre d'un papier blanc , ou l'on
étend la poudre fur une épaiffeur
d'environ deux pouces : on place ces
affiettes dans un fourneau à fayance,
mais feulement d la partie fupé-
rieure du fourneau, pour qu'elles
ne reçoivent pas un feu trop violent,
la rcHeftionde la flamme ou le ré-
verbère leur fuffit : on retire ces ma-
tières en même temps que la fayance;
on y trouve alors une (ubftance dure
& jaune que Ton broie fur le por-
phyre avec de l'eau , & que l'on fait
enfuite fécher pour s'en fervir au
befoin j c'eft ce qu'on appelle ya///?e
de Naples*
11 faut avoir l'attention de ne pas
fe fervir de couteau de fer pour ra-
maiïer cette couleur de delfus le
f>orphyre où on l'a broyée , ni pour
a rompre fur la palette avec les
autres couleurs , parceque le fer lui
donne un œil grifâtre ou verdâtre.
On fe fcrt d'un couteau de bois de
bpis > de châtaignier , d'ivoire ou de
bois des Indes.
On appelle jaune d*œttf ^ cette
partie de l'œut qui eft jaune , &
qu'on appelle encore autrement le
moyeu de Vœuf. On dore ks pièces
depâtljferie avec des jaunes d^œuf.
On appelle rivière jaune , un
fleuve de la Chine auquel on don-
ne aufll le nom de Hoamho. Voyez
ce mot.
La première fyllabe eft longue ^
& la féconde très-brève.
JAUNET j fubftantif mafculin. On
donne ce nom à diverfes petites
fleurs jaunes qui croiffent dans les
prés.
JAUNI , lE j participe paflîf. Foye:^
Jaunir.
JAUNIR ; verbe aûif de la féconde
conjugaifon , lequel fe conjugue
comme Ravir. Havo inficere*
Cij
N
Teindra en )ftiine , «endw ^«ine. '
Jaunir un larrAris , une coilt. tefo-'
kil jaunit Us blés.
Jaunir , eft auffi verbe neutre , &
fîgnifie devenir jaune* Les épis
commencent à jaunir. Son teint jau^
nijfoit.
Jauwir , fe dit en ternies de Do-
reurs fur bois ,de l'aûion d*eaduire
un ouvrage à dorer d*une couche
de jaune a l'eau après la couche
daifiette^ pour cendre la dorure
plus belle.
Jaunir , Ce dit en termes d'Epin-
gliers , de la première de toutes les
façons qu'on donne au fil de iakon :
on le hiit pour cet effet bouillir
pendant quelque temps dans de Teau
^ de la gravelle ; on bat enfuiie le
paquet lur un billot , a force de
bras , pour en féparer la rouille &
la gravelle : on le jette après cela
dans de Peau fraîche , & on le fait
fécher , au feu ou au foleiK
Jaunir , fe dit en termes de Clou-
tiers d*épingle j de 1 aâion d eclair-
cir les clous de cuivre ou de lai-
ton en les fecouant dans un pot de
grès avec du vinaigiie ou de la gra-
velle.
JAUNISSE ; fubftantif ftminin. le-
urus. Maladie caufée par tuie bile
lépandae qui jaunit k peau. On
l'appelle auffi îâère»
Cette Malaiiefe manifefte, non*
iCeulementparla couleur jaune de la
peau & de la conjon'âive , mais
encore par b demangeaifon de tout
le corps y par Tamerrume de la
bouche & la perte de l'appétit , par
les urines chargées de bile , quel-
quefois noirâtres , par les déjec-
tions décolorées , &c. Les malades
voient quelquefois les objets jau-
nes: la falive & la fueur ont fou-
vent la même couleur » qui fe
JAU
cottoianique auffi â tontes les ptf -^
tîes intecnes. Le vocûfTecnent » la
cardialgie j les anxiétés , la douleur
Ôc .la t^niion des hypochondres »
ou de .la région du foie j la fièvre,
la difficulté de refpirer , les laffitu-
des , les défaillances » &c. font les
fyœptomes ordinaires de cette ma*
ladiei: le pouls y eft fbible & lent ,
& quelquefois fcbcile. On donne le
Jiom à'Jffère aoir^ à llâièce dont la
couleur tice fur de bleu, le verdâ*
tre, le livide , lobfcur ou Ufilom-
bé:: les fêta, {ont aUusii'ttn jaune
plus fon^ , & d'une couleur de
iîiie ; .les usines ont xeUe du café.
*Qn'iair ique iz jauniHè .ocdinaire
ppend ce caraâère , iocfqot: la bile
por racée dégénère > & jqu*elle con-
traAe une forte de .pucndiisé acide.
Mais on ne doitpas prendre pour
iâèce noir certaines raches fcorbu-
tiques » que quelques iâériques
portent fur le vifage, & encore
moins certe couleur plombée, fi
familière aux mélancoliques, dc
qu'on rapporte ordinairement au
mauvais état de la rate.
JLa jaunilTè d^end fauvent de la
colique hépatique ^ hyftérique 6c
hypochondriaque , ou de toute au-
tre i'de Tinflammation & de l'abC-
cès au foie ; de l'obftru&ion de ce
vifcère , & de celle des canaux bi-
liaires ; des émétiques j des purga-
tifs draftiques ; de la paffion ilia^
que ; dos poifons ; de la morfure
des bètes -venimeufes ; de k répuU
•fion des maladies de la peau ^ de Isk
fuppreflion des règles & des hé-
morroïdes} de la nèvre-quarte , Sc
autres intermittentes maltraitées,
&c. Ce n'eft quelquefois qu'une ca-
chexie dégénérée fans aucun vice
au foie , ou le produit d*upe mau*
vaife nourriture , foit trop délicate
& trop recherchée>foit trop groffière
jau
On t obrervé que Tufage immodéré
du chocolac difpofou aux maladies
du Foie y d*où refaite la jai^nilTer
C'-eft eiuîore la fuite de la colère
qui va à i*eroportemcnc j de la trif-
teffe & des chagrins continuels. On
fkiec enfin au nombre des caufes de
la œa/adie dont nous parlons, la
grotthttc & plufieurs autres acci-
acns indépendans de l'étac du
foie.
IJIZère ordinaire invétéré , dé^ 1
génère en iâère noir ; & celui-ci
ell ordinsôrement funefte , .((irtouc
aux vieillards. Vlclèrc qui (urvient^
AUX fièvres aiguës « avant le (ep-'
tième jour , eft d*un mauvais au^
gurt. Après ce temps , il eft ordi-
nairement critique : celui qui eft
occatiunné par la colère > par l'émc-
cique & les purgatifs^ par la coli-
que Jpafmodique » &€. dure peu de
temps. L'accouchement tjsrmiue
Tiâère qui a pour caufe la grof-
fede y mais , lorfqu il n'en recon-
noît aucune évidente , il eft plus
rebelle , furtout fi le fujet eft icor-
buiique. On doit porter le même
Jugement de celui qui eft aftbcié à
'inflammation, â l'abfcès & au
fquirre du foie » foit qu'ils le pré-
cèdent , foit qu'ils en foient la
fuite. On fait que la tenfion du ven-
tre , la tympanite > le vomifTement
purulent» & les déjeâions de la
même nature ; l'oppreffion , les
. défaillances » la conlomption , Thy-
dropifie , &c. font des fignes mor-
tels. On o'ignore pas non plus que
les urines troubles Sc^épailles, ver-
4atres , avec une nuance de noir ,
ou chargées de bile, font réputées
meilleures que les limpides : on a
enfin obfervé que les fueurs , le
rflux hémorroïdal, & la dyflTenterie
ont terminé cette maladie ^ fujette
il'aiUeui^ à de fiéquens retours*
Le traitement de la jaunifTe n#
doit pas. être moins varié que let
caufes qui la produifent 3 c eft d'à*-
piès leur recnerche j qu'on peut
faire un bon choix. VIclère invcuré
demande un traitement lent \ 6ç
beaucoup de malades ont été la vic-
time de la méthode contraire. Le
récent pt\xt fouftrir une attaque plus
vive ^ mais elle doit être toujours
ménagée. La faignée convient i
quelques plétoriqUes, & lorfqu*it
y a fuppreflion des menftrues j .des
hémorroïdes , ou quelque figne
d'inflammation } mais hors de ces
cas , Texpéxience n'a que tropifou-
vent appris q^ elle étoit meurtriè-
re , ou tout au moins inutile. L'/-
metiquej lorfque l'état de l'eftomac
ne s y oppofe pas , eft d'un gr^d
fecours : on l'a donné jlv^c luccès
dans tous les tep^ps de la maladie.
Mais on juge bien qu il fera plus
utile au commencement j & if eft
arrivé très fouvent qu'on a diflipé ,
par ce feul moyen la jauni (Te. Xes
purgatifs ne font pas moins eflen--
tiels dans ce traitement : mais on
ne doit employer que les plus doux»
tels que la rhubarbe, la cafle , la
manne & le tamarin j le fel d'ip-
fom , celui de Sedlitz , de Glauber»
&c On les réitère fouvent feuls»
ou mariés avec les autres ternè^
des.
On ufe beaucoup encore des dé-
layans , des tempérans &*|^s ra-
fraîchiffans ; tels font le pRu-lfiit,
les émulfions , la limonade t la bour-
rache, la chicorée, Taigremoine»
la futneierre, les capillaires , la
fcolopendre, le cerfeuil , le chien-
dent', la patience » l'ofeille', le
fraifier , la guimauve , les écrevif-
fes , la poudre tempérant^ , &c. On
peut tirer quelqu'utilité du fafran ,
de lapoudte deGuttete, & autres
21 JAU
caïmans anti-fpafmodiques ; mais on
cloic être réfetvé fur Tufage des
hypnotiques , dont . l'abus dirpofe
aux obftrudions du foie. Il 7 a
quelques cas qui demandent les
amers Se les ftomachîques^ , tels
que l'abfynche , la petite centau-
rée , Taunée , la gentiane , le quin-
quina , la cannelle , l'extrait de ge-
nièvre , la confe€lion d'hyacinclv: ,
la thériaque , &c. mais on doit
éviter Tabus que la plupart des Pra-
ticiens en ont fait. Les apéritifs &
les diurétiques , tels que la parié-
taire , la chélidoine , Tache , laf-
p?rge , la garance , Tiris de Floren-
ce ^ le nirre, le fel de genêt & de
tamarifc , le fafran de Mars ^ la
boule d'acier , la gomme ammo-
niaque, le borax y le favon, la terre
foliée de tartre , le tartre vitriolé ^
le tartre martial foluble , les clo-
portes , l'oxjmel fcillitique , &c.
font les remèdes les plus appro-
priés à cette maladie , & paroiUent
mériter à jufte titre le noiivd^A^/7â-
tiques ^ que les Anciens leur ont
donné ; car , ainfî qu'on tire de la
clafle des adouciflTatis des vulnérai-
res ic des incififs , £'c. des remèdes
que l'expérience & l'obfervanon
ont confacrés aux maladies du pou-
mon & à la matrice , & qu'on ap-
pelle pour cette t7L\(oti peàoraux Se
utérins ; de mêoie pn a reconnu
qu'il y avoir partpi les tempérans ,
lej^i^^ritifs , &c. des médiçamens
qui rcuflidbient mieux dans les
maladies du foie » que dans les au-
JAU
fois très-long. On le termine enfin
heureufemenc par les eaiu miné-
rales » tant acidulés & ferragineu*
fes , que thermales. Celles de Pafly,
de Forges Se de Vais > parmi les
premières » ont été les plus em-
ployées : Celles de Vichi , de
Plombières Se de fialaruc , font les
chaudes , dont on a fait le plus
d'ufage. On doit , pendant ruiage
de tous ces remèdes tenir le ventre
libre par des layemens propres â
cet effet : les fomentations émoi-
lientes font rarement néceflfaires.
Les bains ont été quelquefois mil-
les, pour appaifer les cemangeai-
fons,ou pour rétablir la peau â la
fin de la maladie. On a ennn éprou-
vé que la fumée du vinaigre difli<
poit la couleur jaune « qui reftoic
aux yeux après la guérifon , même
la plus complette.
JAUNSTEIN; nom propre d'an
bourg d'Allemagne » dans la baflè
Carinthie , vers les frontières de la
Carniole.
JAVOULX ou Javols ; nom pro-
f>re d'un bourg de France , dans
eGevaudan , environ à cinq lieues,
nord-oueft, de Mendes.Ce fut au-
trefois une ville confidérable où
l'Evcque de Gevaudan tenoic fon
ficf^e.
JAUR ; nom propre d une petite ri-
vière de Languedoc qui arrofe le
Diocèfe de Saint-Pons , pafle par
la Vilb de ce nom , & va fe per-
dre dans l'Orbe après un i:ours
. - ./r - -1 d'environ cinq lieues,
très cas , ou qui paroilioient avoir • . , -^
plus d'affinité avec ce vifcère. JAVRON ; nom propre d'un bourg
' ^ ' de France , dans le Maine > envi-
ron à cinq lieues , nord - eft , de
Mayenne.
JAUSIR j vieux mot qui fignifioic
autrefois jouir.
JAUZÉ i nom propre d'un bourg de
Les abforbans % les diaphorcti-
ques j les députans & les anti-fcor-
butiques ,. relativement aux circon-
fiances 8c aux complications , peu-
vent avoir encore place dans ce
traitement qu'on (ait être quelque-
JAZ
f rance , dans le Maine , environ à
cinq lieues , nordefl: , du Mans.
JAXARTES j ancienne rivière d*A-
fie , qui bornoir la Sogdiane au
nord 3 & la Scyrhie au mrdt. On
lappelle aujourd'hui \e Sihun.
Voyez ce mot.
JAYETj voycif^ Jafs.
JAZENEUIL j nom propre d'un
bourg de France , en Poirou » en-
viron à cinq lieues , fud-oueft, de
Poitiers.
J AZENNES \ nom propre d*un bourg
de France j en Saintonge >. d une
tieue , oueft » de Pons.
JAZYGES j ( les ) anciens peuples
de la Sarmatie Européenne.
JE ; fubftantif des deux genres. l\jo.
Pronom de la première pecfonne
au finguliec, & dont nous eft le
Eluriel. U eft toujours le fujet de
L propo(i<ion , ou comme difent
les Grammairié'ns » le nominatif du
verbe. Je ris. Jt bois* Je chante» Je
vous /liiyrai. Je le rencontrai hier.
Je , s'emploie devant les verbes en
certaines formules avant l'interpo-
ficion du nom & des qualités* de
celui qui parle. Je Char/es - G«i/-
. laume , Marchand à Paris , déclare
confentir ...... Je foujpgné cer-
tifie ........
Je , s*emplore après ks verbes y foit
dans les façoQs de parler , interro-
gatoires ou admiratives \ comme ,
que lui dirai-je ? que voi^je ! foit
quand le verbe fe trouve enfermé
datis ur>e efpcce de parenthèfe y
comme , pourrez - vous bien ( lut
dis'je ) foiitenir la gageure ? Soit
quand on l-emploie par manière de
fou hait j pitiffé-je ie voir parvenir à
jon but. Soit quand on s'en fèrr par
manière de doute ; comme , peut-
être le préviendrai- je. Soit enfin
^uand il eft précédé de la conjonc-
.JEA 13
tion aujji\ ou de quelqu'un des
adverbes femblablcs j comme ,
aujji n'ai - je point cru l'ojf enfer.
Envain entreprendrois-jede Tempcr^
ter. Inutilement voudrois ^je le dé"
tourner defon projet.
Remarquez que quand ce p^ro-
nom eft mis après les verbes , c'eft
toujours immédiatement fans qu'on
puifTe rien mettre entfe deu».
JEAN ; nom d'un Roi de France,
fi\s de Philippe de Valois. U monta
fur le irone le 23 Août 1350, à
lage de trente aj>6> & commença
fon règne par faire décapiter fans '
a^icune forme d^ procès , le Comte
d'Eu , Connétable , foupçonnc d'a-
voir intelligence avec les Anglois.
Cette violence au commencement
d'un r^ne , dit M. le Préfidenc
Hénauir, aliéna tous les efprits &
fut caufe en partie des- malheurs du
Roi Jean. Charles d'Ëfpagne de la
Cerda , qui avoir la charge du Com-
te d'Eu y fut afTafliné peu de temps
après par le Roi de Navarre Charles
U Mauvais. Ce Piinceétoit irritiide
ce qu'on lui avoit donné le Comté *
d'Angoulême qu'il demandoirpour
la dot de fa femme , fille du Roi
Jean. Ce dernier Monarque s'en
vengea en faifant trancher la. tête
â quatre Seigneurs amis du Navar-
lois. Des exécutions fi barbâtes ne
pou voient produire que des caba-
ies , & ces cabales mirent le Royau-
me, fur le bord du précipice. .Charr-
ies, Dauphin de France, ayant in^
vite le Roi de Navarre à venir à
Rouen à fa réception y au titre de
Duc de Normandie y le fit arrêter
en 135 6. Cette déteruion réunie le»
armes de Philippe ,, frère du Rot
de Navarre , & celles d'Edouard
III , Roi d'Angleterre , contre \x
France. Edouard , Prince de Galles»,
fils du Monarque Anglais y coima
24 y E A
foas le nom de Prince Noir ^ »*&- 1
vança avec une armée redoutable,
quoique petite , jufqu'à Poitiers ,
après avoir ravagé i'Âuvergtie , le
LimouHri ôc une partie du Poitou.
Le Roi Jean accourt à la tète de
{>rès de foixante mille hommes»
'atteint â Maupertuis, à deux lieues
de Poitiers , dans des vignes , d'où
il ne pou voit fe fauver , & lui livre
bataille le 19 Septembre i)5<>t
malgré les offres que faifoit
Edouard de rendre tout , & de
mettre bas les armes pour fept ans.
Cette j ournée connue fous le nom de
Bataille de Poitiers , fut funefteau
' Roi Jean ; il fut entièrement dé-
fait , quoique les Angloîs n'euf-
lenc que Sooo hommes ^ mais la
difciplme l'emporta fur la bravoure
Se fur le nombre. Les principaux
Chevaliers de France périrent » le
refte prit la fuite ; le Roi bleflcf au
vifage , fut fait pnfonnier avec un
de Tes fils par un de fes fujets qu'il
évoit batlni , 8c qui fervoit cheai les
^nemif^. Le Prince Noir mena fes
deux pcifonniers à Bordeaua & à
Londres , où il les traita avec autant
de police ffe que de refpeâ. La pri-
foii du Roi fut dans Paris , le fignal
de U gaerre civile. Le Dauphin ,
déclaré Régent du Royaume , le vit
f^Fefqu erttièrement révolté contre
ut. Il fut obligé de rappeler ce
même Roi de Navarre qu'il avoir
fait emprifonner«
Mais ce Prince n'arriva i Paris
que pour attifer le feu de la dif*
eorde ! Marcel , Prevot des Mar-
chands, à la tète àtt Parifiens
révoltés , fait maflacrer Robert de
Cleritiont , Maréchal de Norman-
die, & Jean de Conflans Maréchal
de Champagne , en préfencé &
dans la chambre du Dauphin. Les
Faâieux s'atr;oupent de tous côtés ^
JE A
ic dit» cette confufion ils fe jettent
fur tous les Gentilshommes qulls
rencontrent. Ils portent leur fureur
brurale )ufqu'â Faite rôtir un Sei*
gneur daui fon Chareau , & a con«
traindre fa fille 6c fa ftmme de
manger la chair de fon époux , 6c
de Ion père. Marcel dans la crainte
d'être puni de tous (es ctimes par le
Régent 9 qui avoit inveilii Paris ,
alloit y mettre le comble en livrant
la Ville aux Anglois, lorfqu'il fut
aflbmmé d'un coup de hache en
1558. Dans ces convuhions de l'E-
tat, Charles de Navarre aipiroic â
la Couronne. Le Dauphin 6c lui fe
font une guerre fanglante qui ne
finit que par une paix iimulée. Enfin
le Rôi Jean foftit de fa prifon de
Londres. La paix fut conclue à Bré-
tigni en 1 3(^0. Edouard exigez pour
la rançon de fon prifonnier environ
trois millions d'écus d'or , le Pbi-*
tou , la Saintonge , l'Agenois , le
Périgord , le Ltmoufîn » le Quercy,
l'Ângoumôis & le Rouergue. La
France s'épuifa : on fut obligé de
rappeler les Juifs, Se de leur ven-
dre le droit de vivre & de com-
mercer.
Jean qui érolt revenu d'Angle-
terre en 13^0 , y retourna trois ans
après pour y traiter de la rançon du
Duc d'Anjou fon fils, qui s'en éroit
fauve y étant en otage : quelques-
uns ont prétendu que c'étoit aufli
pour y revoir une femme dont il
étoit amoureux : quoiqu'il en foit,
il y mourut le aS Avril 1 364 , à
l'âge de 44 ans. C'étoit , remarque
M. de Sainte-Foix» un preux Che-^
valier; mais d'ailleurs un Prince
fans génie» fans conduite, fans
difcernement ) n'ayant que des
idées fauâfes ou chimériques j ou-
trant la probité comme la bravou-
re j d'une facilité étonnante avec
«0 ennemi qui le flacroic, Se de
rencccement le plus orgueilleux
4ivec des Miniftres affediouncs qui
ofoienc lui donner des confiftils j
împacienc , fdnrafque , & ne par-
lant que trop fouvenc avec humeur
arU Soldat : un jour qu'on chantoic
la chanfon de Roland» comme c*é-
coir i'ufage dans les marches, Uy a
Jong-umps , dit - il , qu'a/i ne voit
plus de Rolands parmi les François :
en y verroit encore des Rolands » lui
répoYidic un vieux Capitaine » s'ils
-avaient un Charlemagne à leur tête.
La variation des monnoies fous
ce règne > elt la preuve la plus forte
des malheurs qui le défolèrent. Le
Roi fut réduit i |Kiyer ce qu'il
achecoic pour fa Maifonj avec une
petite monnoîe de cuir , qui avoir
au milieu un petit clou d*argenr.
Cette variation étoic Timpôc le plus
commun de ces temps funeftes , &
fans doute le plus fafal au com-
merce : auffi le peuple obtint - il
comme une grâce qu'il fût rem-
placé pas les Tailles & par les Ai
des. Ce qui eft étrange % c'cft que
le luxe ne fut jamais porté plus loin
par les grands Seigneurs.
JEAN BAPTISTE , (S) Précurfeur
de Jésus-Christ, fils dé Zacharie
& d'Elifabech , naquit l'an du mon
de 4000 , environ fix mois avant la
nailfance du Sauveur. Un Ange
lannonça à Zacharie fon père qui
n'ayant pas aflez de foi à les paro*
Us y parcequ Élifabeth fa femme
étoit avancée en âge & ftérile ,
perdit dès le moment Tufage de la
parole. Cependant Élifabeth devint
enceinte. Lorfque la Sainte-Vierge
-alla lavifiter, Jean-Baptifte tré-
faillit dans les entrailles de fa niè-
«re. Dans le temps du^mafTacre des
Innocens , Élifabeth fe fauva fui-
^anr une tradition afTez incercaine.
Tome XV.
JE A 25
avec ion fils dans le défert , où elle
mourut au bout de quarante jours.
Saint -Jean y demeura parmi les
bHes fauvages, vctu d'une peau de
chameau, & fe'nourriifant de miel
& de faucerelles. L'an 29 de Jèsvs-
Chhisx» il commença à prêcher la
pénitence le long du Ju&rdain , ic
baptifa tous ceux qui vinrent à
lui. La fainteté de fa vie accroire
aux Juifs qu*il étoit le MefEe \ mais
il leur dit qu'il étoic la voix de ce-
lui qui crie dans le défert. Jésus-
Chr^st étant allé fe faire baptifer»
il le montra à tout le monde 5 en
difant que c'étoit l'Agneau de Dieu,
la vidtime par excelknce. Son zèle
fut la caufe de fa mort. Ayant re«
pris avec force Hirodc Andpas , qui
avoir époufé Hérodiashtnvat de (oa
frère , ce Prince le fit mettre ^en
prifon au château de MaqaeroDte.
Quelque temps après il eut la foi-
blefTe de le facrinec à la fureur de
cette femme , qui fut profiter d'u-
ne proinefTe indifcrète qu'Antipas
avoit f%ite à Salomé » fille êiHero^
dias. Saint-Jérôme die qu'Hérodiias
lui perça la langue avec une aiguille
de tète , pour fe venger après fa
mort de la liberté de fes paroleS;.
Les Difciples de J^an ayant appris
fa mort) vinrent enlever fon corps*
L'Evangile ne marque pas où ils
l'enterrèrent ; mais du temps de
V Empereur Julien , on montroit fon
tombeau â Samarie. La fête de
Saint- Jean eft de la plus haute an*
tiquité dans TÉglife. 11 a été un
temps qu'on célébroit trois Mefles
ce jour-là comme à Noël. On fai-
foit au (Il la (ète de fa conception le
^4 Septembre.
JEAN-CHRYSOSTÔME , ( S. ) Pa-
criarche de Conftantinople , Père 8c
po&eu,r de l'Églife j oaqnit i An-
^iociiie Vjprs Tan $47 « d'une famille
D
noble; Il etadia ia Rhétorique fous
Libanius , & la Philofophie fous
Andragache. Il fie des progrès rapi-
des dans ces fciences , & s'appliqua
enfaice à connoîcre rÈcricure-Sain-
te. 11 fe mie fous la conduite d'un
ancien folitaire, avec lequel il de-
meura quatre ans. Saine -Melecel
l'ordonna Diacre en 380 ou )8i.
Flavien ^ fuccelfeuT de Melece ,
réleva au Sacerdoce cinq ans après,
Se lui confia l'emploi de prédica-
teur jufqu'alors réfervé aux Eve-
J[ues. Il s'en acquitta avec tant de
ruit , qu'il fur furnonimé Chryfof-
4omc 9 c'efti-dice , Bouche d*or.
Neâaire , Patriarche de G^nftan-
tinople , étant mort en 397 , Saine-
Chryfoftômej donc le nom étoit
célèbre dans l'Empire , fut élu en
fa place , & facré malgcé fa rcfidan-
ce , le 16 Février 398, Sa vie (im-
pie & frugale Tenrichit en peu de
temps , & lui procura les moyens
<ie diftribuer une part de fes reve-
nus aux pauvres & aux hôpitaux.
Sa liberté à reprendre le^uxe , Tor-
Î|ueil & Tavarice des Grands , lui
ufcitèrenc de violeas ennemis. On
tint contre lui le Synode du Chine ^
fauxbourg de Chalcédoine, où il
fur dépole en 403 , & envoyé en
exil en Biihynie, La nuit même
qu'il panit , un violene tremble-
ment de terre eifraya tellement
l'Impératrice Eadoxie, qui regar-
doic ce phénomène comme une
punition du Ciel , qu'elle obtint de
Ion époux le rappel du faint Doc-
teur. Le brute ae Ton arrivée occa-
iionna une grande )oie parmi le peu-
ple « qcfi le reçue comme en triom-
phe. Saint-Chryfoftôme reprit fon
miniftereavec autant de vigueur &
de fuccès qu'auparavant. Mais ce
xalme fat bientôt troublé par une
(DouveUe xempete : on avoit dieilé
JEA
une. ftatue d'argent à rimpératf îce
dans une place voifine de la grande
Églife appelée Sainte-Sophie ; & les
(peétacles qui fe donnèrent à la dé-
dicace de cette ftatue, furent fi tu-
multueux Y Se troublèrent le fer*
vice divin de telle forte , que le
faint Evèque crut devoir s'élever
contre ces ^)ccès. Eudoxie outrée
de dépit , le fit exiler une féconde
fois. Il fut rélégué à Cucufe » ville
d'Arménie : les mauvais traite-
mens qu'il reçut dans cet exil j le
réduifirent a un fi grand état de
langueur Se d'épuifement , qu'il
mourut comme on le transféroit
ailleurs » le 1 4 Septembre de l'ait
407 , après neuf ans & demi d'é-
pifcopat, dont il avait pafié plus de
trois ans en exil. Pluneurs Églifes
fe glorifient d'avoir de fes reliques;
le Pape, Se les Oxrcidentaux furent û
touchés de fa mort , qu'ils ne vou-
lurent point avoir de communion
avec les Evcques d'Orient, qu'ils
n'euflent mis le nom de Saint-Chry-
foftome dans les dypriques. Saint*
Auguftin dit de ce Père de TEglife,
qu'il avoit la foi la plus pure , Tef-
prit le plus élevé , la fcicnce la plus
profonde , & la réputation la plus
étendue. Il a laifTé pluficurs ouvra-
ges , dont la, meilleure édition eft
celle de D. Bernard de Montfau-
con, Bénédiâin de Saint -Maur,
en treize volume in-foiio en grec.
Ils confident en tin grand nombre
d'homélies, & de bons commen-
taires fur l'Écriture, des panégyri-
ques , fix Kvres du Sacerooce , di«
vers trairés de controverfe, & plu-
fieurs lettres* Saint- Chryfoftom*
plaît par la beauté de fes expref-
Jîons , & perfuade par la force ée
(es raifons^ il fait rendre la vertu
aimable i tout le monde. Il étoit
^rand théologien z fes dilcoars âir
JEA
nn gtfttid nombre de livres de l'É-
criture , peuvent erre regardés com-
me des commentaires achevés.
JEAN rÉVANGELISTE, (S.) né
a Bethzaïde , éroit fils de Zébédée
& de Salomcj frère de l'Apôtre
Saint-Jacques , & le difciple bien-
aimé de Jesos-Christ. Il fonda ,
dit Saint-Jér&me , & gouverna tou-
tes les Églifes d'Afie. 11 écrivit fon
Évangile après Ton rerour de llle de
Parmos , où il avoir été exilé , &
après s*être fixé à Éphèfe l'an 96
de notre ère. Il le fit à la foUicita-
tion de prefque tous les Evèques
d*Afie , èc après avoir fait obfer-
ver un jeûne public. Son objet fut
de réfurer Théréfie de Corinrhe,
d'Ebion & d'autres qui s'élevoient
contre la Divinité deJisus-CHRisT,
& en même temps de fuppléer à ce
qai avoir été omis par les autres
Évangéliftes. Il mourut dans une ex-
trême vieilleflè. Sainr- Jérôme at-
tefte qu'il fut enterré près de la ville
d'Éphèfe.
Les Épirres de Saint- Jean l'Évan-
gélifte font au nombre de trois : il
paroît que la première eft écrite aux
Îuifs qui demeuroient parmi les
^artbes. Il leur recommande fur-
tout la charité & la vérité , & les
inftruit de l'amour de Jisus-
Christ pour nous.
La féconde adreflee i ÉleAe &
à fes fils , contient une exhortation
iperfévérer dans la foi en Jésus-
Christ , & dans la pratique de la
charité. Il y réfute l'impiété de Ba-
filide Se de fes Seâateurs qui enfei-
gnoientque Jésus-Christ n'éroit
pas vraiment homme, mais qii'il
n'avoir qu'un corps fanraftique :
dans la troifîème écrire à Caïus , il
le loue de fa foi & des oeuvres de fa
charité.
JEA ty
JEAN DTJDINE ; nom propre d*un
Peintre né à Udioe, dans le Frioul ^
en 1494. Son goût pour la peinture
fe perfeûionna fous le Giorgion à
Vtnife , & à Rome fous RofhacL
Il excelloit à peindre les animaux »
les fruits ^ les neurs & les ornemens^
c'eft aufli le genre dans lequel Ra^
phael reivployoic. Il a rrès bien
réuflS dans \^s ouvrages de ftuc;
c'eft à lui qu'on attribue la décou-»
verte de la véruable matière donc
les anciens fe feivcient pour ce tra«
vail. Jean d'Udine a éié beaucoup
occupé i Rome » où il mourut en
15^4 y en finilTant de peindre une
loge pour le Pape Ptc iV. Ses def-
fems font très- recherché par ceux
qui aiment les ornemens d Ui grand
goût. Il en a peint à gouache.
JEAN LE BLANC i fubftantif n af-
culin. Sotte d'oifeau de proie , donc
M. de Buffon donne la defcripiion
fuivante» d'après un qui avoit été
pris au mois d'Août lyCi , & qui
paroifToit au mois de Janvier 17^9»
avoir acquis toutes feS dimenfions :
fa longueur , depuis le bout du bec
jufqa a l'extrémité de la queue » étoic
de deux pieds , & jufqu'au bout des
ongles d'un pied huit pouces; le
bec , depuis le crochet jufqu'au coin
de l'on verrure, avoit dix-(ept lignes
de longueur ; la queue étoit longue
de dix pouces \ il avoir cinq pieds
un pouce de vol ou d envergure^
fes ailes, lorfqu'elles étoient pliées ,
s'étendoient un peu au-delà de l'ex*
trémitéde la queue : la tète , le def*
fus du cou, le dos & le croupion »
étoienc d'un brun cendré. Toutes
les plumes qui recouvrent ces parties
étotent néanmoins blanches à leur
origine , mais brunes dans rout le
refte de leur étendue ; enforte que
le brun recouvroit le blanc , de mi-
\ niere qu'on ne Tappercevoir qu'en
D ij
i8 JEÂ
refeVâtit Tes plumes : U gorg« i h
poitrine , le ventre & les côtes
étoient blancs , variés de taches lon-
gues »-& de couleur d'un brun roux ^
* il y avoir des bandes tranfverfales
' plus brunes fur la queue ^ la mem-
< Drane qui couvre la bafe du bec eft
^ d un bleu fale j c*eft-là que font pla-
' cécî les narines. L'iris des yeux eft
d'un beau jaune citron ou de couleur
de topaze d'orient; les pieds étoienr
de couleur de chair livide de terne
' dans fa jeuneflTe, & fonr di^enus
faunes, ain(r que la membrane du
bec , en avançant en âge. L'inter-
valle entre les écailles qui recou-
vrent la peau des jambes , paroifToit
rougeâtrej enforte-que l'apparence
du tout, vu de loin , fembloit être
, jaune , même dnns le premier âge.
' Cet oifêau pefoit trois livres fept
' onces après avoir mangé , & trois
livres quatre onces lorfqu'il étoit i
jeun.
Le Jean le Blanc fe rapproche du
Balbuzard, qui a les ailes courtes
â proportion du corps, mais il n'a
pas, comme celui-ci , les pieds bleus y
il a aufli les jambes bien plus menues
te plus longues à proportion qu'au-
cun des Aigles. Ain fi quoiqu-'il pa-
roi (Te tenir quelque chofe des Ai-
lles , du Pygargue 6c du Balbuzard,
û n'e(b pas moins d'une efpèce par-
ticulière & rrès-diflferente des uns
ëc des autres. Il tient aufli de la Bufe
par la difpoûtion des couleurs du
plumage , & par un caïaâère dont
M. de BufFon dit avoir été fouvent
frappé 3 c'eft que dans ceptaines at-
titudes , & fur^tout , vu de face , il
refTembloit à l'Aigle ; Se que vu de
côté 8c dan» d'autres attitudes , il
fieiïembloit à la Bufe..
U* eft fingulier , afoute l'illuftre
Maturalifte-, que cfttte ambiguïté
disL* âg}ire. rcgooMle; à lljunbiguicc
JEÀ
de fon naturel , qui tient en eflEec de
celui de l'aigle & de celui de la.
bufe *y enforte qu on doit à certains-
égards regarder le Jean-le-blanc^
comme formant la nuance inter*
médiaire encre ces deux genres
d'oifeaux«
li a paru que cet oiïeaavoyoit
trcs-clait pendant le jour , & ne
craignoic pas la pliis forte lumière y
car il tournoi t volontiers les yeux
du coté du plus grand jour , Se mê-
me vis-à-vis du foleil : il couroit
aflTez vite lorfqu'on l'effrayoir , Se
s'aidoit de fes aiies en courant ;
quand on le gardoit dans la cham-
bre , il cherchoit à s'approclier du
feu^ mais cependant le froid ne
lui éroit pas abfolument contraire ,
parcequ^on l'a fait coucher pendant
plufieurs nuits à L'air dans un temps
ae gelée , fans qu'il en ait paru in-
commodé». On le nourriflbit avec
de la viande crue & faignante y
mais en le faifant jeûner , il man-
§eoit aufli de la viande cuite : il
ochiroicavec fon bec la chair qu'on
lui préfentoit , Se il en a va loi t d'af-
fez gros morceaux ; il ne buvoic
jamais quand on étoit auprès de lui,
ni même quand il appercevoit quel-
qu'un^ mais en fe mettant dans un
lieu couvert, on l'a vu boire & pren-
dre pour cela plus de précaution
qu'un aâe aufli fiqsple ne paroît en
exiger. Un laiflbit àia portée un vafe
rempli d'eau : il commençoit par
regarder de tous côtés fixement 8c
long-temps, comme pour s'afliirer
s'il étoit feul ; enfuite il s'appro-
choit du vafe , Se regardoit encore
autour de lui ; enfin après bien des
héfirations , il plongeoit fon bec
jufqu'aux yeux^. Se à plufieurs re-
prites dans l'eau. Il y a apparence
que les* autres, oifeaux de proie fe^
cachent de même pourboire. Qdlu
JE A
TÎem vrairemblablement de ce que
ces oifeaux ne peuvent prendre de
liquide qu en entonçanc leur tcce
iulqu*au delà de louvercure du
bec ôc jufqu'aux yeux y ce qu'ils
ne font jamais , tant qu'ils ont
quelque ratfon de crainte ^. cepen-
dant le Jean-U-blanc ne mon-
croit de défiance que fur cela feul ;
cat pour tout le rede , il paroif-
foit îndiiFérent & même a(Tez (lu-
pide. 11 n'étoit point méchant « &
le laiflbit toucher fans s'irriter ; il
avoir même une petite exprcûion
de contentement cif.. • • coy lorf*
qu'on lui donnoit à manger^ mais
il n'a pas paru s'aicacher 4 perfonne
de préférence. 11 devient gras en
automne , & prend en tout temps
J)lus de chair & d'embonpoint que
a plupart des oifeaux de proie.
Cer oifeau eft très-commun en
France y Se comme le dit Bélon > il
n'y a çuère de villageois qui ne Je
connoiilènr Se ne le redoutent pour
leurs poules. Ce font eux qui lui
ont donné le nom de Jean-U-blanc ,
parcequ'il eft en effet remarquable
par la blancheur du ventre ,. du déf-
ias des ailes , du croupion & de la
queue. Il eft cependarM^ vrai qu'il
B'y a que le mâle qui porte évidem-
ment ces caraâères} car la femelle
eft prefque toute grife , & n'a que
du blanc fale fur les plumes du crou-
pion ; elle eft comme dans les au-
tres oifeaux de proie , plus grande ,
plus grolle & plus pefante que le
aiâle ; elle fait fon nid prefque à
terre j • dans les terrains couverts de
bruyères ^ de fougère , de ^enêt &
de joncs ^. quelquefois aufti fur des
fapins Se fur d'autres arbres élevés.
Elle pond ordinairement trois œufs
2ui lont' d'un gris tirant fur l*ar-
oife : iemâile pourvoit abondam-
inent i fa. fubfiftance pendant tout:
JE A 19
le temps de l'incubation y Se même
pendant le temps qu'elle Ibigne Se
élève fes petit». Il fréquente de près
les lieux habités ^ Se fur tout les ha-
meaux Se les fermes : il faifît & en-
lève les poules , les jeunes dindons»
les canards privés ^ & lorfq.ue la-
volaille lui manque j il prend des
lapreaux , des perdrix j des cailles*
& d'autres moindres oifeaux :: il ne
dédaigne pas même les mulots Se
les lézards. Comme ces oifeaux j>
& furtout la femelle , ont les ailes
courtes. & le corps gros » leur voL
eft pefant j &.ils ne s'élèvent ja-
mais â une grande hauteur : on- le»
voit toujours voler bas , & fàifir
leur proie plutôt à terre que dans
l'air. Leur cri eft une elpèce do'
fifflement aigu qu'ils ne font en-
tendre qpe rarement : ils ne chaf<
fent guère que le matin & le foir ,.
& ils fe repofênc dans le milieu du»
jour.
JEANNE j nom d'une Reine de Jé-
rufalem , de Naples & de Sicile ,.
qui naquit vers l'année 131(1. Elle
n'avoir que dix-neuf ans lôrfqu'elle'
prit les xène» du Gouvernement.
Elle étoit mariée alors a André de
Hongrie. La haine qu'elle avoir
pour fon époux étoit fi connue ,.
qu'ayant été cruellement aftadiné ,
elle futviolemmentfoupçonnéed'è*
tce complice dé ce crime. Dcvenua*
veuve par ce meurtre, elle époufa-
Louis de Tarenre qui en étoit Tâu-
teur en partie^-Cepet^dant Louis de^
Hongrie » frère d'André^s'avançoii^''
pour venger là mort de fon frère'
fur Jeanne qpi avoir été jugée in-
nocente dans un confiftoirc tenu i^
. Avignon auquel elle aftiftk. Ce Ëtoi^
de Hongrie appela de ce j.ugemenc^
èe ne répondit à la lettre que^
Jeanne* lui écrivit pour fe [uftifiér,.
que ces mots dignes d'un S^artiate^;^
30 JE A
>^ Jeanne , votre vie déréglée , l'au-
f> torité dans le Royaume retenue^
99 la vengeance négligée , un ma-
99 r iage précipité 8c vos excufcs prou-
» vent que vous êtes coupable ».
Ce Prince s'a^ançoit toujours , &
Jeanne fut obligée de fuir avec fon
nouvel époux en Provence donc elle
étoit ComteflTe» Ce fut alors qu'elle
vendit au Pape Clément Vî, Avi-
gnon & fon territoire pour quatre-
vingt -mille florins d'or. De retour
à, Naples elle perdit fon fécond ou-
ri & donna bientôt la main â tm
troifiéme mort peu de temps après.
' Enfin à l'âge ae quarante-fix ans
elle fe remaria pour la quatrième
fois avec un cadet de la Maifon
de Brunfwick. C*étoir choîfir plu-
tôt un mari qui pût lui plaire ,
2u'un Prince qui pût la défendre.
!omme elle n'avoit point d'enfans
elle adopta fon parent Charles de
Duras. Elle Tavoit fait élever avec
beaucoup de foin ^ lui avoir fait
époufer fa nièce & le regardoit
comme fon fils : cependant ce Prin-
ce ingrat foulevé par le Roi de
Hongrie , fe révolta contre Jeanne.
La Reine de Naples » à la follici-
tation de Clément VII qui tenoit
le Pontificat à Avignon dans le
temps qu'Urbain VI le tenoit à
Rome , transféra fon adoption a
Louis de France., Duc d'Anjou ,
fils du Roi Jean. Ce changement
alluma la guerre. Charles de Du-
ras furieuxTe rendit maître de Na-
ples & de Jeanne » après avoir rem-
porté une vidtoire fignalée en i $8 1.
Ce monftre fit étouffer fa bienfai-
trice entre deux matelas. Cette
PrincelTe fut infiniment regrettée
E^ar les favans & les gens de lettres^
a Cour étoit leur afile : elle |oi-
gnoit aux charmes de la figure ceux
de l'efprit Se prefque toutes les qua-
i
JEA
lités du cœur. La poftérîté toujours
juAe quand elle ell éclaitée , la
f)taînt , dit un hiftorien , pârceque
e meurtre de fon premier mari fut
plutôt TefTet de fa foiblefie que de
fa méchanceté » parcequ'elle n'avoir
que dix - huit ans quand elle con^
lentit â cet attentat , & que depuis
ce temps on ne lui reprocha ni
débauche y ni cruauté » ni injuf-
tice.
JEANNIN ; ( Pierre ) nom propre
d'un fimple Avocat au Parlement
de Dijon , qui par fes ralens & fx
probiré parvint ahx premiers etii>*
plois. Les Etats de Bourgogne le
chargèrent des affaires de la pro-
vince & eurent â fe féliciter de ce
choix. Quand on reçut à Dijon les
ordres du malTacre de la Saint fiar-
thclemi , il s'oppofa de toutes fes
forces i leur exécution , & quel-
3ues jours après un Courier vint
éfendre les meurtres. Les places
deConfeiller, de Préfident, & en-
fin de premier Préfidenr au Parle*
menr de Dijon furent la récom-
penfe de fon mérite. Jeannin ébloui
par le zèle qu'afFeâoient les li-
gueurs pour la religion & pour TE-
tar j entra dans cette faâion \ mais
il ne tarda pas à en découvrir la
perfidie & la méchanceté. Envoyé
par le Duc de Mayenne auprès de
Philippell, il reconnut que Inuérèc
de TEglife n'étoit qu un prétexte
dont le Monarque Efpagnol fe fer-
voit pour enlever la France à fon
Roi légitime. Le combat ,de Fon-
taine-Françoife ayant donné le der-
nier coup à la ligue , Henry IV
rappela auprès de lui & l'admit
dans fon Confeil. Comme Jeannin
faifoit quelques difficultés , ce bon
Prince lui dit: je fuis bien affiirc
que ce lui ^ui a étéfidelle à un Duc >
le fera à un Roi i 5c lui donna dans
JE A
le mîme temps la charge cle pre-
niàer Préûdent au Pailement de
Bourgogne , à condition qu'il en
tiaiteroit avec on aut(e. Dès ce
moment Jeannin fut le Confeil &
l'ami de Henri IV^car ce grand Roi
«voit des amis ; il fut chargé de la
itégociation entre les Hollandois&
le Koi d'Efpagne » 4ine des plus
difficiles quil y eût jamais. 11 en
vint d bout & fut également efti-
mé des deux partis. Scaliger témoin
de fa prudence 9 & fiarneveld , un
des meilleurs efprits de ce temps-
là , proteftoient qu'ils fortoient tou-
jours d'avec lui meilleurs & plus
înftruirs. Le Cardinal Bentivoglio
dit qu'il l'entendit parler un jour
•dans le Confeil avec^anc de vigiieur
^ tant d*autorii;é , qu'il lui fembla
•que touie la Majefté du Roi ref-*
JEB 31
rut en 1^11 à 81 ans. Nous avons
de lui des mémoires & des négo-
ciations publiées à Paris , in-JoU eo
1 r> s 1 : elles font eftimées.
jEfiNÂEL , ou j£BNi£L \ nom pro-
pce d'un ancienne ville de la Pa**
leftine, fur les frontières delà Tci«
bu de Nephtali.
11 y avoit une autre ville de même
nom dans laTribude Juda.
JEËUS \ ancien nom de la ville de
Jérufalem avanr que les Ifrâélites
rendent conquife. Elle fut aîi^fîap-
Selée du nom de fon fondateur ,
ébus ou Jébufée , fils de Cha-
naan.
JEfiUSËENSj (les) ; anciens peu^
plcs de la Paleftine , qui étoienc
defcendans de Jcbus ou Jébufée ,
filsde Clianaan.
JECMAAN ; nom propre d'une an-
piroit dans fon vifage. Henri IV fe rienne ville de la Palûdine, dans la
plaignant un jour â fes Minières Tnbii d'Éphraïm.
que l'un d'eux avoit révélé le fé-, 11 y avoit ime autre vil]e4e mime
cret^ il ajouta ces paroles en pre- | nom dans la Tribu de Juda.
nant le Préfidenr Jeannin par la
main : jt réponds pour le bon hom-
me ; c'tfi, à vous autres de ycfus exa- .
miner. Lé Roi lui dit pen de temps '
avant fa mort , qu'il fongeât i fe
pourvoir d'une bonne haquenée
pour le fûivre dans toutes fes en-
treprifes. La Reine mère après la
mort de-ilenri IV fe repofa fur lui
des plus grandes affaires du Royau-
me , & Itii confia Tadminidration
des finances. 11 les mania avec une
£dclité dont le peu de bien qu'il
laifTa à fa famille fut une bonne
preuve. Le Roi Henri IV qui fe
ireprochoit de ne lui 4ivoir pas fait
ailez de bien » dit en plufieurs ren-
contres, ipi'il dorait quelques-uns de
fis fujets pour cacher leur malice ;
mais que pour le Préfident Jeannin ,
/■/ en avoit toujours dit du bien fans
laitnfaire.Cej^xzvA Minidre mou-
E
JE^^AN s ou JficosNAM ; nom pro-
{»re d'une ancienne ville de la Pa-^
efline , dans la Tribu de Zabu«-
lon.
JÉCORAIRE i Foye^ Hépatique.
J£CTEHELl»ou JecTHEL ; nom pro-
re dnne ancienne ville de lafa-
eftine , dans la Tribu de Juda*
JECTIGATION^ fubftantif féminim
& terme de Médecine. Treffaille-
ment qu'on feht au pouls d'un ma-
lade , èc qui indique que le cerveau
efl attaqué & menacé de convuU
fions.
JECTISSES i adje^if fémtnm plu-
riel par lequel on déiigne des terrée
qui ont été remuées ou rapportées.
Cette maifon n'eJlpasfoUde ytlLe ^
conflruite fur des terres jeà^e^.
JEDALA :^ nom {propre ^ne an-
cienne ville delà S'ateftioejidaDiSls
Tribu deZabuloo.
3t JED
JÉDOGAWA-TSUTSUSIjfubftantif
inafculin. C'eft an cytife fort ce-
Jèbrc au Japon ^ fes rameaux font
hérKTcs de pointes ; fa feuille eft
couverte dé poils 8c dt la figure
d'un fer de lance. On en diftingue
un à fleurs blanches , un autre à
fleurs purpurines Se un autre à fleurs
incarnates*
JEDSO i Foyei Jsso.
JEGUN j nom propre d'tine petite
ville <le France , dans PArmagnac,
environ â crois lieues > nord-oueft ,
d'Aufch. Il y a une Collégiale & une
J-uftice Royale.
JEHOVAH ; nom de Dieu dans la
langue hébraïque.
Les Juifs dilbnt que dapui54c re-
-tour de la captivité on ne pronon-
çoic le nom de Dieu ou'une feule
fois par an dans le Temple, &cela
a4i jour de Texpiation folennelle;
encore faifoit-on exprès du bruit
lorfque le Grand Prêtre le pronon-
çoic en préfence d'un petit nombre
deDifciples choifisquile pouvoienc
entendre fans que le peuple l'en-
tendît y mais depuis la dellru£bion
du Temple on a celfé entièrement
de le prononcer j ce qui en a fait
Derdre la vraie prononciation. Les
juifs «expriment plus du roue le
nom de Jehovah \ mais en fa place
ils difciit Adonai ou Elohim , en
li'fant 6c en pilant. Saint Jérôme
les a imités en mettant : je ne leur
ai point découvert won nom Adonaiy
au lieu de mon nom Jehovah. Les
Hébreux modernes enfeignent que
c*eft par la vewu du nom Jehovàh ,
que Moyfe avoir gravé fu-r la verge
miracuteii^e, qu'il faifoit tous les
prodiges dont il eft parlé dans TÉ-
crinîre; ic que c'eft par la même
vertu qtie Jéjus-Chriji a fait eous
fes miracles , ayant dérobé dans le
Temple le nom ineffable qu'il mit
JEJ
djns fâ cuiflTe entre cuir & chair*
ils ajoutent qae nous en pourriotis
faire de même, (i nous pouvions
arriver i la parfaite prononciation
de ce nom. ils fe "flattent que le
JVIeflie leur apprendra ce grand fe*
cret lorfquil fera venu dans le
monde.
Les Juifs croyenr que Simon le
' jufte , Grand Prêtre de leur Nation^
eft le dernier qui ait fu la vraie pro-
nonciation de ce mot. Tarphon »
Rabbin fameux , raconte qu'un jour
s*étant approché du Prcrre pour en-
tendre fa bénédiâion jil s'apperçuc
quM n'articuloit plus les douze let-
tres , & qu'il fe contentoit de mar-
motter pendant que les Lévites
chantoient ; que cela venoit de la
multitude des profanes auxquels il
n'étoit pas de la prudence de dé-
couvrir ce nom facré de peur qu'ils
n'en abufaflent. Ils dénoncent dans
leur Tbalmui des malédi&ions
épouvantables contre ceux qui le
prononcent j ils fe font un fcru-
pule de tenter même de le pronon-
cer^ ils prétendent que les Anges
n'en ont pas la liberté.
JEISTAM ; fubftantif mafculin. Ceft
le tToinème mois des Indiens qui
font fous la domination du Grand ^
Mogol. Il répond à notre mois de
Juin.
JEJUNUM ; fubftantif mafculin &
terme d'anatomie. On donne ce
nom au fécond dej intervins grê-
les , parce qu'on le trouve plus fou-
vent vide que les autres ; ce qui
vient de la multitude des veines lac-
tées dont il eft fourni , lefquelles
enlèvent promptement la partie la
plus fluide du chyle qui y eft con-
tenu. Il eft beaucoup plus long que
le duodénum « 6c moins que l'ileum.
Il eft d'une couleur rougeatre y ce
qui lui vient de la multitude des
vaiiïeaux
JÉK
▼aîfleattx fangains qui s*y dîftri-
^uent.
Cec inceftin fait plufîeurs circon-
volarions cu-dellus du nombril : il
n eft pas noflible de marquer le lieu
' précis ou il donne naiflànce i Ti-
leum. M- Winrtow veut que Ton
diW/e route la longueur de ces deux
iflteftins en cinq portions égales »
deux defquelles feront le jéjunum ,
& les croîs autres ou un peu plus,
rileum •
C'eft le jejontlmqaifaicla hernie
de l'ombilic ^ dans lequel il s'en-
* gage ordinairement avec l'épiploon.
Cet inteftin contient un très-grand
nombre de valvules conniventes qui
• font fort confidérables.' On trouve
dans le velouté de cet^ inteftin ,
beaucoup de petites glandes plus
ou moins fenfibles dans les dif-
férens fujecs : elles font ramalfées
par petits pelotons en manière de
grappes oblongues & plates. (
JEK oqIFerbpbmonoa ; lubftantifmaf
culin. Serpent aquatique du firéfil ,
Jioî fe tient fouvenc dans l'eau fans
aire aucun mouvement. Il eft d'une
fobftance R vifqueufe , que tous les
animaux qui couchent fa peau j s'y
collent de manière qu'on a peine â
les en arracher ; ainn il en faicaif^
ment fa proie. Ruîfçh dit que ce
ferpenc fore quelquefois de l'eau
pour fe meccre fur le rivage où il
i'encorcille^ & que R quelqu^un alors
y porte la main pour le prendre , elle
s'y attache y & s'il en approche l'au-
tre main croyant s'en débarraiïer , '
elle y demeare pareillement atta-
chée :auflit6c ce ferpenc s'étend de
ùt longueur , Se retournant dans la
mer , emporte avec lui fa ptife &
en fait fa p&ture.-
-JEKKOi fubftantif mafculin. Efpèce
de lézard de l'île de Ceylan , qui a
les pieds plus élevés , & la queue
Tome Xy.
JEM- 33
plus courte que la fahmandre ordi^
naire. Il a cinq doigts à chaque pied *
il eft couvert de petites écailles ,
quelquefois fa queue eft ronde & par
anneaux. 11 y a encore le jekko
étoile qui eft une efpèce de falamah-
dre aquatique de l'Arabie , ou la
falamandre coidyle d*Egypte.
JEMPTERLAND ; nom propre d'une
contrée de Suède, dans la partie
feptentrionale j entre la Laponie',
rÀngermame , la Médelpadie ^
l'Helfingie & la D^lécarlie. Elle n'eft
pas peuplée , & Ton n'y trouve point
de villes : il n'y a que quelques bourgs
& des villages.
JEMSÉE î nom propre d'un bourg de
Suède » en Finlande , dans la Pro-
vince de Tavaftie , fur le lac ïende.
JENAC', fubftantif mafculin. Coquil-
lage univalve du genre des .lepas ,
qui fe trouve au Sénégal fur les ro-
chers de l'île de Gorée. La coquille
en eft chambrée & forr blanche, fur-
tout à la furface intérieure qiii eft
du plus beau poli.
JENDAYA ; fubftantif mafculin. Ef-
pèce de perroquet du Bréftl , de la
grandeur d'un merle. Cet oifeau a
les jambes & le bec noirs \ Us yeux
ont l'iris dorée. Il a la tète , le cou
& la poitrine jaunes , '& un pei»
de roux ou couleur de tnafllicot >' le
tout mêlé enfemble. Sctfi dos , ia
queue & fes ailes font d'un v^rt
céladon.
JÉNÉEN; nom d'une grande ville
d'AHe , daiîs la Paleftine , avec un
vieux Château & detix Mofquées. Il
y réGde un Emir qui lève un caphar
fur tous ceux qui font la route 4e
Nazareth à Jérufalem'.
JENGAN j nom propre d'une ville de
, la Chine , dans la Province de Xenfi
dont elle eft la huitième Métropole.
Il y adix-huic autres villes dans fon
départemenit.
34 JEN'
JENGAPOUR } nom propre d'une
ville des Indes » capiule aune con-
trée de même nom , dans les États
du Grand Mogol » fur la rivière de
Chaul » à trente-cinq Heues , nord-
oueft , de Dély.
JENISCEA , JENISESKOÏ ou Ybni-
sfiioi 'y nom propi^ d'une ville de
Ruilie j dans la farcarie » en Si-
bérie , fur une rivière de même
nom , près des frontières des Oftia-
ques & des Tongufes.
JENIZZÀR ^ nom propre d'une ville
de Grèce, dans la Macédoine » fur
le golfe de Salonique » près des rui-
nes de lancienne Pella , Patrie d'A-
lexandre-le*Grand , à cinq lieues >
fud-oueft » de Salonique; & à fept
lieues , nord-eft » de Caraveira.
Il y a aufli une petite ville de
même nom dans la Grèce » entre
Lariffe & le golfe de Volo.
JENKOPING i nom propre d'une
ville de Suède , dans la Province de
Smaland j fui^ le lac Vater , â vingt
deux lieues , nord'oueft, deCalnur.
JENO i nom propre d une ville 6c
château de la Haute Hongrie , vers
les frontières de la 7'ranfylvanie ,
fur la rivière de Keres » encre Gya-
lay & Temefwar.
^EISrPING ; nom prepre d'une ville
confidérable de la Chine , dans la
Prpvînce de Fokien dont elle e(i la
• cinquième Métropole. 11 y a fix
autres villes dans ion département.
JENUPAR i voyei Jengapour.
JEPHETl 'y nom propi^ d'ui>e ancien-
ne ville de la Paieftine , fur les fron-
. fières des Tiibus de Benjamin ôc
d'Ephratm.
jEPHTA j nom propre d'une ancienne
ville delà Paieftine, dans la Tribu
de Juda.
JEPHTAEL ; nom propre d'une an-
cienne ville de la Faleftine » dans la
Tribu de Zabolon»
JER
JEQUITINGU ACU ; fubftantîf mat
culin- Fruit qui croît au Bréfil , fie
qui reflTemble â nos grofles fraifes :
ce fruit recouvre un noyau très- dur ,
noir & luifant comme du jais , 6c
dont récorce eft très-amère. On
écrafe ce noyau qui eft de la grof-
feur d'un pois , pour en tirer une
huile dont on faif du favon.
JÉRÉMIADE y Tubftantif féminin da
ftyle familier. Plainte fréquente Se
importune. Elle ennuie tout U monde
avecjcs Jérénùades^
JÉREMIE 'y nom propre d*un des
quatre grands Prophètes de l'An*
cien Teftament. Il étoit (ils d'HeU
cias , du bourg d*Anatotk , dans
la Tribu de Benjamin , près de Je-
rufalem. Il commença fort jeune
à prophétifer^ fur la fin du règne
de Jofias , & continua (ts prophé-
ties jufqu'â la captivité des Juifs en
Babylone« La prophétie de Jcrémit
eft terminée à la fin du chapitre 5 1
ar ces mots : hàcufquc vtrba Jeremu t
e { 1^ eft de fiaruch 01» d'Efdras.
Outre la prophétie de Jé.émic ,
nous avons encore fes lamentations
où il dépeint & déplore d'une ma-»
nière pathétique la défolation & la
ruine de Jérufalem par les Chai*
déens. Cet ouvrage eft écrit en vers ^
dont les premières lettres font dif-
pofées fuivanr Tordre de Talphabeu
11 y a une Préface dans le Grec &
dans la Vulgate, qui ne fe rencontre
ni dans THébreu , ni dans la Para-^
phrafe Chaldaïque , ni dans le Sy«
riaque»& qui paroît avoir étéajoutéc
pour fervir d'argument â ce livre.
Le ftyle de Jenmic eft moins fa«»
blime & moins véhément que celui
dlfaïe y mais il eft plus tendre ic
plus affeâueux.. H y avoir ancienne^
ment une autre prophétie de Jcré^
mie dent parle Origène , où Toa
troiivok ces paroles citées dans !'£-
i:
V
JER
▼angi le : appendcrunt mercedcm mcam
trigenta argentées , &c. mais il y a
- apparence que c'ëtoit un ouvrage
apocriphe dont fe fervoient les Na-
zaréens , comme la remarqué S. Jé-
râme dans fon Commeniaire fur
*S. Marhjeo.
JEREPEMONGA j vcye^ Jek,
JfRICH AW ; nom propre d'un bourg
& baiilage d^AUemagne , dans le
Duché de Magdebourg , fur les fron-
tières du Brandebourg.
JERICHO ; nom propre d'une an-
cienne ville de la Paleftine » dans la
Tribu de Benjamin , environ à fepc
lieues de Jérufalem , & â deux lieues
du Jourdain. C'eft la première ville
du pays de Chanaan que Jofué prie
Se faccagea : on en rétablit une nou-
velle dans (on voifinage. Vefpafien
la (iérruifit : Hadrien la répara. Cette
ville fur encore relevée fotis les
Empereurs chrétiens , & décorée
d'un Siège épifcopal; mais finale-
ment les guerres des Sarrafins dans
la Terre-Sfainte ont détruit le Siège
& la ville \ on n'y voit plus que
quelques huttes oh demeurent des
Arabes fi gueux , qu'à peine ont*ils
de quoi couvrir leur nudité.
La rofe de Jéricho louée dans l'É-
criture , eft une plante qui nous eft
inconnue : elle ne préfente point
celle â laquelle les modernes don-
nent vulgairement ce nom.
JÉRÔME \ (Saint) nom propre d'un
fameux Doâeur de rÊgliie , qui
naquit i Stridon , dans l'ancienne
Pannonie» vers l'an $40, & mou-
rut à Bérhléein en 410. C'eft de tous
les Pères latins celui qui a montré
le plus d'érudition. Ses principaux
ouvrages font une verfion latine de
rÉcriture-Sainre , adoptée par l'È-
glife fous le nom de Vulgûte j^ ex-
cepté la verfîon des Pfeaumes , qui
a été retenue prefqu*en CDciec de I
JER 5,
l'ancienne verfion ; des Commen-
taires fur difFérens livres de TÈcri-
tuté-Sainte i des Traité» polémiques
contre les hérétiques Mon tan , Hel-
vidius , 6fc. pluheurt lettres , un
Trai(é de la vie & des écrits des
Auteurs eccléfialtiques. Ces difFé-
rens oiftvcag/es ont été recueillis pat
les Bénédiâins en 5 vi>lume$ infoL
Il y en a une édition publiée i Vé-
rone en 1 1 volumes in-foL Le flyle
de ce Père , quoique chargé de ci-
tations j eft vif, éloquent & quel-
quefois fublime ; mais on ne ren-
contre que trop fouvent dans fes
écrits polémiques , des traies d'un
càradère aigre & chagrin qui fai-
foit peine â les meilleurs amis.
JÉRÔME DE PRAGUE : nom pro-
pre d un fameux difciple de Jean
Hus , qui étant allé au Concile de
Confiance, pour y défendre la doc-
trine de fon maître , y fur arrêté &c
brûlé comme lui* Voyi;:^ Hus &
HUS^ITES.
JJÈRON ; nom propre d'une ancienne
ville de la Paleftine > dans la Tribu
de Nephtali.
JÉRONIMITES ; (les) Religieux
qu'on nomme zuQxHermites de S\ Je^
rome. On diftingue quatre Ordres
différens de Jéronimites » ceux d'Ëf-
pagne , ceux de Lombardie , ceux
de la Congrégation du Bienheureux
Pierre de Pife » & ceux de la Con-
grégation de Fiéfoli.
Les Jéronimites d'Efpagne doi-
vent leur naifTance au Tiers-Ordre
de S. François. Le Pape Grégoire
XI approuva leur Ordre par une
Bulle du 1 8 Oâobre 1 37} , & leur
donna encore la Règle de S. Auguf-
tin , avec les Conftiturions qu'on
obfervoit dans le Monaftère de Sain-
. te-Marie du Sépulcre , hors des
murs de Florence } & pour tkabit
une tunique de drap blanc » un fca^
E il-
}6 JER
pulaire de couleur tannée » au petit
capuce & un manteau de même
. couleur. 11 y a auili en Efpagne des
Religieufes Jéronimites Fondées à
Tolède vers la fin du quinzième
(îècle.
Les Jcronimites de Lombardie
ou de rObfervance ont pour Fon-
dateur Loilp d'Olmédo. Il changea
auelque chofe dans rbabillement
es Religieux de S. Jérôme , fondés
dans les montagnes de Cazalla , au
Diocèfe de Séville. Il ajouta à la
Règle de S. Âuguftin des Conftitu-
rions très-auftères , tirées en partie
de celles des Chartreux.
La Congrégation des Jéronimîtes
du Bienheureux Pierre de Pife fut
fondée par ce faint Homme vers
Tan 1375 on 1J77» fur une mon-
tagne nommée Montebelto. 11 pref-^
crività fes Religieux une forme de
vie tièsauftère \ mais elle fut mo-
dérée par • diverfes Conftitutions
faites en difFérens temps.
Les Jéronimites de la Congréga-
. tion de Fiéfoli ^ autrefois Tune ^es
douze premières villes de la Tof*
cane , ont pour Fondateur le Bien-
heureux Charles de Montegraneli ,
de la famille des Comtes de ce nom.
Innocent VU l'approuva en \^q6 y
Se elle fut confirmée par plufieurs
. autres Papes y mais Clément IX fup
prima cet Ordre en j 66im
JÈROSLAW j nom propre d'une ville
de R uflie , fur le w olga , dans un
Duché de même nom , environ à
40 werftes de la ville de Roftow.
Le Duché de Jéroflaw eft borné
au nord par la Province de Wolog-
da , à l'orient par la Principauté de
Galicz<S£ le Duché de Scydal » au
midi par le Diiché de Roftow , Se
à Toccident par celui de Bélofero.
JERVERTLAND j nom propre d un ,
petit pays de la Livome> dans V£f- I
JER
tonie. LeChâteaudeVittenfteinen
eft le chef-lieu.
JÉRUSALEM j nom propre d'une an-
cienne & fameufe ville d'AHe » dans
la Palelline , autrefois capitale du
Royaume des Juifs , depuis que
David l'eut conquife fur les Jébu-
féens. Ce Prince & Salomon l'em-
bellirent. Séfac Roi d' Ègypce » Ha-
zaelRoi de Syrie, Amafias Roi dlf-
raël , enlevèrent confécutivemenc
les tréfors du Temple y mais Nabu-
chodonofor ayant pris la ville mètxle
pour la quatrième fois » la réduidc
en cendres j, & emmena les Juifs
captifs à Babylone. Après cette cap-
tivité 9 Jérufalem fut reconftruite
& repeuplée de nouveau. Antiochus
le Grand ayant reconquis la Celé-
Syrie Se la Judée , afliégea 8c ruina
Jérufalem } enfuite Simon Mâcha-
bée vainquit Nicanor , rétablit la
ville & les facrifices ^ elle jouit d'une
zffez grande paix julqu'aux démêlés
d'Hircan & d'Ariftooule. Pompée
s'étant déclaré pour Hircan , s*em*
para de Jérufalem (> j ans avant Jé^
jus^CkriJlyôc en démolit les murail-
les dont Jules-Céfar permit le réta-
blifTement vingt ans après.
A peine la Judée rut réduire en*
Province fous l'obéiflance du Gou-
verneur de Syrie , que les Juifs fe
révoltèrent & pafsèrent au fil de
l'épée la garnifon Romaine j alors
l'Empereur Titus vint en perfonne
dans le pays , affiégea Jérufalem »
l'emporta , la brûla & la réduifie
en folitude Tan 70 de l'ère chré-
tienne.
L'Empereur Adrien fit bâtir une
nouvelle ville auprès des ruines de
lancienne. Les Perfes la prirent en
fi4^ & les Sa rra fins en ^2^} mais
les Latins l'ayant reprife , y fondè-
rent un nouveau Royaume en 1 05^9^
. 9uidiua$5^an$fou5de$Roisfjtan9ois«^
JER
Saladin^Soadan d*Égypce& de Syrie,
fe rendit maître de la ville en 1 1 88
foas Guy de Lufignan. Les Turcs en
chafsèrent les SarraHns en 1 5 1 7 , &
depuis ce temps elle leur eft reliée.
Elle n*eft plus rien en comparaifon
de ce qu elle étoit autrefois : elle a
néanmoins encore un Patriarche. Le
Alont Calvaire & la Montagne de
Sion font renfermés dans fon en-
ceinte. Les Cordeliers y ont TÉglife
du Saint^Sépulcre , Se un holpice
pour les Pèlerins latins.
Elle eft à quarante-cinq lieues ,
fud-oueft, de Damas, fous le 57®'.
50
degré de longitude , & le 5 1
minutes de latitude.
Cette ville eft célèbre à plufieurs
égards dans l'Hiftoire ecclénaftinue.
C e(Ulà où le Sauveur du monde a
offe^ le premier iacrifice de la nou-
velle Alliance. C'eft dans cette ville
qu'a été établie la première Églife ,
doù la loi de l'Evangile s'eft répan-
due dans le monde. S. Jacquts le
mineur en a été le premier Evêque.
Il y fiégea jufqu'en 60 qu'il reçut la
couronne du martyre.
11 s'eft tenu dans cette ville Tan
de Jefus-Chriji 5 1 , un Concile qui
ed le premier de tous les Conciles ,
& le modèle des fuivans. On décida
dans cette afTembiée , qu'il ne fal-
loit point inquiéter les Gentils nou-
vellement convertis , au fujet de la
circoncidon & des pratiques de la
loi de Moïfe } mais que l'on devoit
leur demander feuUment de s'abf-
tenir de ce qui a été offert aux ido-
les, d éviter la fornication, & de
ne point manger le fang des ani-
maux , ni les viandes étouffées pour
lefqueiles les Juifs avoient de Ta-
verfion , afin d'apprendre aux Gen-
tils à honorer la loi , & que ces ob-
fervations communes à la Synago-
gue Se à rÉglife > fervilTent comme
JES 37
de lien pour unir enfemble les deux
peuples , les. Juifs & les Gentils.
Cette dccifion fut envoyée à An-
tioche par écrit ; elle écoit conçue
en ces termes : vifum ejl cnim Spi^
ritui SanQo & nobis , &c. C'eft
cette même fotmule dont on s'eft
fervi depuis dans les décidons des
Conciles.
Il s eft tenu plufieurs autres Con*
ciles à Jérufalem.
Jérusalem , fe prend fouvent au fi-
guré pour défîgner le Ciel j le Pa-
radis y le féjour des Bienheureux ;
& c'eft dans ce fens que l'on dit , la
Jérufalem d'en ^ haut ^ la Jérufalem
célejlc , la faintc Jérufalem,
Jérusalem , en termes de Spiritua-
lité fe prend encore pour l'ailemblée
de ceux qui oht du goût pour les
chofes Saintes , & ce mot eft op-
fofé en ce fens au monde , ou à
affemblée des mondains j (Ignifiée
par rÉgypte.
JESANA j nom propre d'une ancienne
ville de la Paleftine > dans la Tribu
^ d'Ephraïm.
JESI y nom propre d'une ville épifco-
pale dltalie , dans la marche d'An-
cône , ftir une monragne , à fept
lieues , fud-oueft , d'Ancone : & X
quarante- cinq lieues, nord-e(t, de
Rome.
jÉsi , eft audi le nom d'une ville du
Japon y dans la prefqu île de Ni-
phon , au voifinage de Méaco.
JÉSIMA ; nom propre d'une petite
île d'Afle , dans l'Empire du Japon.
JÉSO i nom propre d'une île d'Afîe ,
qui n'eft féparée de la grande Tar-
tarie que par le détroit deTefToy.
Les côtes de Jéfo ont été en partie
reconnues en i(?43 , par les Hollan-
dois qui cherchoient le pafTage du
nord au*de (Tus du Japon. Les japo-
nois appellent ta partie feptentrio'
I nale de laTartarie qui joint le Kamt-
3"
38 JES
chatka, OkuJéfo le haut Yéfo, qu'ils
diftinguenc de Jéfo-Gafima , ou de
nie de Jéfo qui eft féparée d eux
par le décroît de Sungar. On con-
fondoit il n*y a pas long- temps , Tîle
aveda partie méridionale du Kamt*
chatka que l'on crovoit plus étendu
qu'il n'ell^ à caufe de la route qu'on
a tenue pour le découvrit } mais
félon les dernières navigations des
RufTes j il eft féparé de l'île de Jéfo
par plufieurs autres îles moins con-
iîdérables. Le Jéfo-Gafima eft fort
plîuplè , & il y a des plaines qui
leroient fertiles » fi les habitans fe
donnoient la peine de les cultiver ;
inais ils vivent principalement de
pèche 6c de chaffe , quoiqu'ils aient
luclque bétail. Us demeurent fous
tes cabanes conftruites de planches
clouées enfemble. On dit qu'il y a
dans ce pays des mines d'argent , de
cuivre 6c de fer. La partie méri-
dionale dépend du PrincedeMatfu-
mai qui y a bâti des forterefTes.
JÉS;<AÉLou JÉZRAEL ; nom propre
d*une ancienne ville de la Paleftine ,
dans la Tribu d'Iffachar, entre Lc-
fion i l'occident , & Scythopolis à
orient.
JESSELMÈRE ; nom propre d'une
ville des Indes , capitale d'une Pro-
vince de même nom , dans les États
du Grand Mogol^à 75 lieues, nord,
d'Amadabat.
La Province eft bornée à l'orient
L»ar celle d*Afmer , au fud-eft par
a rivière de Paddar , au fud-oueft
par la Province de Soret , i l'occi-
dent par des montagnes qui la fépa*
rent du Sinde , & au nord par le
pays de Poukor.
JÉSUAT; nom propre d'une Province
des Indes orientales , dans les États
du Grand Mogol. Elle eft bornée au
nord par le Royaume de Necbal , â
i orient par celui d'Afem^ au midi
E
JES
par celui de Bengale , 8c à Tocd-
dent par le pays de Patna : Rajapour
en eft la capitale.
JÉSU ATES 5, ( les ) Ordre religieux
inftituc par Saint- Jean Colombin ,
noble Siennois , vers Tan 1 3^5. Cet
Inftitut fut approuvé â Viterbe par
Urbain V en i j^y. Le nom de /c-
/uates fut donné i ces Religieux ,
parceque leur faint Fondateur pro-
nonçoit continuellement le nom de
Jefùs. On les appela enfuite Clercs
apqftoliqucs de S. Jérôme , â cau-
ie de leur dévotion à ce Saint ^ &
parce qu'ils lui dédièrent la plus
grande partie de leurs Eglifes 8c
de leurs Oratoires. Ils Aiivoient
la Règle de Saint Auguftin. Cet
Ordre a été fupprimé en 166S par
Clément IX , â la recomma^ation
de la République de Vénife, qui fe
propofoit d'employer leurs biens à
ibutenir la guerre contre les Turcs
qui afliégeoient Candie. Depuis ce
temps il n'y eut plus de Religieax
Jéfuates de S. Jérôme y mais les
couvens de Religieufes de cet Inf-
titut fubfiftent encore en quelques
endroits d'Italie. Leur vie eft auf-
tère : elles ont pour habillement une
tunique de drap blanc j une cein-
ture de cuir , un manreau de cou-
leur tannée , & un voile blanc. La
première Religienfe de cet Ordre
fut la Bienheureufe Catherine Co-
lombin de Sienne , confine de Saint-
^ Jean Colombin.
JÉSUÉ ; nom< propre d'une ancienne
ville de la Paleftine , dans la Tribu
de Juda.
JÉSUITES; (les) Ordre Religieux
inftitué par Ignace de Loyola , 8c
connu fous le nom de Compagnie
ou Société de Jéfus.
Ignace de Loyola qui avoir donné
fes premières années au métier de
la guerre & aux amofemens de la
JES
galanterie j ayant été blefle dange-
rettfement au fîége de Pampelune
en 1511 j prit la réfolution de re-
noncec au monde & de feconfacrer
i Dieu : mais plus zélé qu'éclairé il
fe perfaada que Dieu exi^^eoit de
lui qu'il fe dévouât au fer vice de la
Sainte Vierge en qualité de fon
chevalier. Plein de cette idée & en-
core convalefcent » il avoir félon
les lois de l'ancienne Chevalerie »
pafTé toute la nuit armé devant Tau-
tel de la Sainte Vierge i il pendit
fon épée â un pilier ^ s'habilla en
chevalier errant & en prit toutes
les allures. Un Maure qui contef-
coît la virginité perpétuelle de la
mère de Dieu j penfa périr fous le
fer de ce nouveau converti. Ignace
perfuadé de plus que Dieu 1 avoir
appelé à la converHon des infidel-
les 9 fe mit i faire fes études, quoi-
qu'il eût alors trente trois ans. 11
les continua â Paris , où il arriva
au commencement de Février en
1 si8. Un zèle ardent pour fa pré-
tendue miffion lui tint lieu des ta-
lens naturels dont il éroit privé j il
s'aifocia pour ce deflein quelques-
uns de les compagnons , entr'au-
tres le Fevre , Xavier , Lainez ,
Salmeron , Bobadilla & Rodrignez.
Ayant réfolu de fe les attacher par
un engagemenr irrévocable , il les
mena pour cet effet dans l'Eglife
de Montmartre le jour de l'AfTomp-
tion de l'an 1534^ & les deux an
nées fuivantes à pareil jour ils
renouvellèrent leurs vœux qui con-
/îftoient â aller prêcher la foi aux
infidelles du levant » on d aller de-
mander au Pape relie miffion qu*il
Toudroit leur donner.Comme ils ne
purent accomplir leur premier pro-
jet , ils allèrent à Rome offrir leur
service au Saint Père , à qui Ignace
pcéfema le plan de la nouvelle S(y
JES 39
ciété qu'il décora du nom de Jéfus.
Paur 111 nomma des commiifaires
qui s'opposèrent d'abord au nouvel
inftirut. Mais Ignace ayant ajouté
aux trois vœux ordinaires une obéif-
fance fans bornes au Saint Siège , il
fut exaucé. Ignace fut déclare Gé-
néral de fon nouvel Ordre en 1541.
Depuis la fialle qui établit ces
Religieux , ils en ont obtenu plu-
fieurs autres qui leur ont accordé
les plus grands privilèges.
On diflingue dans cette Compa-
gnie plufieurs .diffcrens degrés }
entr'autres ceux de Profès , de
Coadjuteurs formés & d'Ecoliers
approuvés. Les Profès font de deux
fortes , les uns de quatre vœux »
les autres de trois feulement. Ces
va ux font folennels;on n'y eft admis
qu'à trenre ttois ans I après deux an-
nées de noviciatjfept ans d'étude, Se
un nouveau noviciat d'une année.
Les vœux des Coadjuteuis font
publics mais fimples ; les vœux des
Écoliers font feulement limples ; le
Général de l'Ordre eft perpétuel »
& refide à Rome dans la Mailon
Profefle dite de Jéfus. Il a auprès
de lui cinq Affiftans généraux qui
n'ont point voix déliberative » mais
confultative.
Le devoir d'un Afliftant eft de
préparer les affaires & d'y mettre
un ordre qui facilite l'expédition
au Général.
Celui qui veille fur une Province
porte le titre de Provincial; le chef
d'une Mai fon celui de HeStur.
L'établi (Tement des Jéfuites en
France fouffrtt dans l'origine bien
^ des difficultés ; mais après bien des
refus , la Cour , avant faire droit
fur la demande en enregiftremenc
de lettres patentes accordées â cet
Ordre le x^ Décembre 1^60 ,
ordonna par Arrct 4^ li. Février
40 JES
fuivant , que w les Jcfuites fe pour-
» voyeroient au Concile général ou
>i aflemblée prochaine qui fe feroic
» en l'Eglife gallicane iur Tappro-
» bacion de leur Ordre. <t
En conféquence de cet Artèt ,
les Jéfuices s'adrefsèrent à TAlFem-
blce du Cierge qui fç tenoitalorsà
PoifTy & à laquelle on a donné le
nom de colloque de Poîjfy , parce
qu'on y tint une conférence avec les
Proteftans fur la controverfç j &
Ear une délibération du 1 5 Sepcem-
re i^6ï , le Clergé les approuva
pour s'établir dans le Royaume
» par forme de Société & de CoU
» lége & non de religion nouvelle
19 inilituée , à la charge j dit U dé-
» libération , qu'ils feront tenus de
»> ne prendre autre titre que celui
i> de Société dç Jéjus on Je fuit es ; &
» que fur icelle Société TÉ-
>> vcque diocéfatn aura toute, furin-
V tendance , juridiârion & correc-
» tion y de chafler & ôter de ladite
a? Compagnie Iqs forfaiteurs & ipal-
» vivans.
» N'entreprendront les Frères
>> d'icelle Compagnie , & nç feront
V en fpirituel & en temporel au-
» cune chofe au préjudice des Evê-
»9 ques , Chapitres , Curés , Paroif-
y% fes ic Uniyerfîtés » ni des autres
99 Religion^ ^ ^in$ feront tenus de
» fe conformer entièrement à la _
*' difpoiîtiop du droit commun ,
>> fans qu'ils ayenc droit ni juridicr
j> tion aucune , ^renonçant aii préa-
n lable & par exprès à tous privilé-
n ges portée par les Bulles aux cho-
3} IfîS /ufdites contraires, autrecpent
97 les préfentes demeuçeroni; nulRs
» & ae nul effet , &c. f<
> Cet aâe d'approbation condition-
nelle donnée aux Jéfuites par le coU
|oc}u9 de Poiffy » a dçpuis été enre;
JES
giftrc & homologué au Parlement
le 15 Février 15^1,
L'Ordre entier des Jéfuites fut
enfuite banni du Royaume , tant
par un Arrêt dû-Parlement de Paris,
prononcé le 10 Décembre 1594a
qu'on trouve dans les recherches
d*Etienne Pafquier & ailleurs , que
par un Edit du 7 Janvier 1595 ,
regiftré au Parlement de Rouen.
Mais il leur fut depuis permis de
rentrer en France par des Lettres
patentes en formé d'Edit du mois
de Septembre 1^95 , fous les con-
ditions portées par le colloque dQ
Poiffy dont l'Édit de 1505 ne con-
tient aucune révocation ; cet Èdit ,
qui n^a pas été exécuté bien exade*
ment ic que Pufage a modifié ,
porte en fuDftance que les Jéfuites
pourront demeurer â Touloufe , i
Aufch , à Agen , a Rhodes , à 3or«^
deauX ,.à Perigueux » à Limoges «
d Tournon , au Pui-èn-Velay , i
Aubenas &c â Béziers»oà ils étoient
reftés après le banniffement donc
on a parlé.
Qu'ils pourront s^établir d Lyon
& â Dijon d^où ils avoient été chafr
fés y & fpécialement à la Flèche , â
condition qu'ils ne pourroient éta-
« blir ailleurs aucun Collège fans
permiffjpn du Roi » â peine de àcy
chéance de la grâce portée par
rÊdit.
Quils feront tous françois» mè^
me les Refteurs 6c Procureurs de
leurs Maifons , 9t qu'ils ne pouti
rpnt admettre dans leur Société au^
çun étranger qu'avec la permilHon
du Roi \ fur quoi il faut remar-
quer que les Avignonoii font répu-
tés François par cet Édit.
Qu'ils auront toujours à la Cour
un des plus confidérablesd^entr'eux»
pour prêcher devant le Roi , 6c
pour lui rendre compte 4e 1a con-
duite
JES
daite de Ces confrères qawd il en
fera requis.
. Que cous les Jéfuites du Royau-
me & ceux qui encreront à l'ave-
nir dans la Société s'engageront
par fertnenc devant les Omciers
royaux, fans exception ni reftric-
. cion mentale, d'ne rien faire ni
entreprendre contre le Roi & la
tranquillité publique-
Que ceux qui refuferonc de prê-
ter ce ferment » feront tenus de
. fbriir du Royaume.
. Que ceux qui auront fait des vœux
fimples ou folennels , ne pourront ,
fans permiffion du Roi « acquérir
• aucun bien-fonds par vente » dona-
, don , ou de quelqu'autre manière
J[ue c%foit y ni profiter d'aucune
ttccemon direâe ou collatérale ,
non plus que les autres Religieux ,
i moins qu'ils n'obtiennent leur
jcongc de la Société } auquel cas ils
rentreront dans tous leurs droits
Que ceux qui encreronc chez eux
ne pourront leur porter de biens-
- fonds, 8c que ces biens pafTeront
aux héritiers ou à ceux en faveur
de qui ils en auront difpofé.
Que les membres de ladite So-
ciécé'feronc tenus en tout & par-
- tout de fe foumectre aux lois du
Royaume & aux Magiftrars , ainfi
que cous les aucres Ècclé/iafliques
éc Religieux.
Qu'ils ne feront rien qui putfle
préjudicier aux droics des Évèques ,
des Compagnies , des Univerlîcés,
ni des aucres Ordres Religieux ,
nais qu ilsfe eonformeronc en tout
. <au droit commun.
i Qu'ils ne pourront prêcher , ad*
miniftrer les facremens , ni même
entendre ies confeffions d'autres
• que de leurs confrères , fi ce n'eft
. .ayec la permiffion de l'Evêque dans
l'écendue ^es Parlement oà les ét^-
JES 4T
bliflemens leur font accordés; (jer-
miffion qui n'aura pas lieu dans le
refforc du Parlement de Paris , ex-
cepté i Lyon & à la Flèche , où ils
auront libre exercice de leurs fonc-
tions , comme dans les auites villes
ou on les reçoit.
Dans la fuite cet ordre de*
vint très puifiànt dans le Royau-
me , furtout fous le feu Roi j il
y étoit encore dans un état florif-
fant lorfqu on vit éclater il y a quel-
ques années, la fameuse banque-
route du père la Valetre. Les cor-
refpondans de ce Jéfuire n'ayant
pu obtenir à l'amiabie l'indvmnité
qu'ils prétendoient Uur ètie due
par la Société , comme foliciaire
•de leur commiftionnaire , reclamè-
rent pour cet effet la juftice des tri-
bunaux : les Jéfuites maladroits fe
défendirent au lieu d'atfoupir l'af-
faire. Le Parlement de Paris frappé*
du commerce & desentreprifesim-
menfes de la Société fous le nom dti
père la Valette, faifit cecce occafîon
pour prendre connoifiânce des conf-
ticucions de Tordre y il les examine»
& le réfulcat de fon examen a été
le fameux Arrêt du 6 Août \y6t »
qui déclare l'inftitut de la Société »
inadmiâible par fa nature dans tout
état policé » comme contraire aa
droit naturel ^ atcencatoire i touce
autorité fpirituelie & temporelle »
& tendant à introduire dans les Ègli-
fes & dans les États un cor^ poli-
tique j dont l'efience cenfifte dans
une aâivité continuelle pour par-
venir par toutes fortes de voies »
d'abord àl une indépendance abfolue,
& fucceffivemenc à l'ufurpation de
toute l'autorité.
Et faïfant droit fur lappel com-
me d'abus , interjeté par le Procu-
reur général » des vœux & (èrmene
' ' pat l«s Prêues^ icoliers 4c
4t J E S
autres de ladite fociété , l'Arrêt fuf-
dit déclare »> qti* il y a abas dans lef-
D dics vœux & fercnens ^ ce faifant ,
»> les déclare non valablement émis:
t> ordonne que ceux des membres
*y de la Jire Société , qui auront at-
» teint 1 âge de trente-trois ans ac-
. » complis au jour du préfent Arrêt,
. » ne pourront prétendre à aucunes
>f fuccedions échues Se à.écheoir,
9» conformément â la Déclaration
9» da i6 Juillet 17 1 5 » qui fera exé*
» cutée comme loi de précaution
9> néceflàire pour allurer le repos des
» familles , ians que de ladite Dé-
>9 claration il ait pu être induit au-
» cune approbation de ladite So-
it ciété j u ce n'eft à titre provifoire ,
s9 & fous les conditions toujours in-
» hérenresà i'admidion &rétabUf--
j» fement de ladite Société.
*> Enjoint aux membres de ladite
M Société de vider toutes les Mai-
» fons t Collèges , Séminaires » No-
9> viciats , x>u autres étabUifemens
» Qu'ils occupent , & de fe retirer
» dans tel endroit du Royaume que
* 99 bon leur femblera , autre que les
>9 Collèges j Séminaires & Maifons
9? deftinées pour l'éducation de la
» jeunefle ; fi ce n'eft qu'ils y en-
99 traflènt à titre à*écudians ou pour
» prendre les Ordres ; leur enjoint
. 9> de vivre dans 1 obéi (Tance au Roi
'> & fous l'autorité des Ordinaires »
*>. fans pouvoir fe réunir en fociété
J9 entr'eux ; leur fait défenfes d'ob-
9». fervet i lavenir lefdits Inftitucs &
. 99 Conftitutions , de vivre en com-
i> mun ou féparémenc fous leur
99. empire.
, 9> Ordonne que tous ceux de la-
tf dite Sociétéqui fe trouvoient dans
« fes Maifons & établiflèmens au 6
■ 9» Août \y6\ ^nt pourront remplir
i 99 des grades dans aucune des Uni-
«9>Ê£fités du ceâbrt » poiTéder Ca-
JES
99 nonicats, ni des bénéfices â charge
99 d'ames , Vicariats » emplois ou
>9 fondrions, ayant même chaige,
M chaires^ ou enfeignemens publics»
99 offices de Jadicacure ou munici-
99paux, ni généralement remplir
99 aucune fonchion publique, qu'ils
99 n'ayent prête feunent detrc bons
99 & Jidellcsfujcts &Jcrvueurs du Ro'h
99 de tenir ô» proférer les libertés de
99 l'Eglife Gallicane^ & les quatre
99 articles du Clergié de Frdniej con^'
99 ttnus en la Déclaration de 1682 ;
99 dobferver les canons reçus & les
99 maximes du royaume ; de n entrer
99 tenir aucune correfpondance direcle
99 ni indireàe , par lettres , par per»
99 fonnes interpofus , ou autrement ^
99 en quelque jafon & maff/tre que ce
99 puijjè être , avec le Général , le Ré"
99 gtme ^ & les Supérieurs de ladite
» Société y ou autres perfonnts par
9%. eux prépafées , ni avec aucuns
99 membres de ladite Société réjidcns
99 en pays étrangers ; de combattre en
99 toute occajion la morale pernideujfi
99 contenue dans les extraits des affer"
99 tionsdépofées au Greffe de laK^our^
99 notamment en ce qui concerne: la
99 sûreté de laperfonne des Rois y &
99 Vindépendxuice de leur Couronne %
9> 6» en toutfe conforrner aux difpc^
njitions du préfent . Arrêt. 1
Le Parlement de Rouen avolc
déjà rendu un Arrêt de ce genre
le 1 1 Février précédent , & la plu-
part des autres Parlemens profcri-
virent auffi par la fuite rinltitut de
la Société dans leur reffort ; enfin
par une loi de l'État en regiftrée dans
tous les Tribunaux , l'Ordre entier
des Jéfuites fe rrouve aujourd'hui
diflbus dans le Royaume.
Cet Ordre à ettuyé de fembla-
blés révolutions dans plufieurs au-
tres Etats de l'Europe', comme ea
Portugid , en Efpagne j &c.
JES
JÉSUITESSES ; ( les ) Religieufes qui
fuivoienc la règle des Jéfuices y elles
avoienr en Flandre ôc en Italie plu-
fieurs Maifons auxquelles elles don-
noient le nom de Collèges , & d'au-
tres qui porcoient celui de Proba-
tions. Il y avoit dans chacune de
ces Maifons une Supérieure entre
les mains de laquelle les Religieu-
les faifoient des vœux de pauvreté ,
de chafteté & d'obéilTance ; mais
elles ne gardoient point de clôture
&r s*adonnoient à la prédication. Ce
furent deux filles Angloifes qui ,
étant en Flandre , établirent cet
Ordred Tinlligation duPere Gérard,
Reâreur du Collège , & de quel-
ques autres Jéfuites. Leur, delFein
croit d'envoyer de ces filles prêcher
en Angleterre. Mais le Pape Ur-
bain VIII fupprima cet Inftitut par
fonbrefduij Janvier itfji ,adre(ré
à fon Nonce de la Baffe Allemagne.
JESUPOL j nom propre d'une petite
ville de Pologne dans la Pokucie ,
fur la rivière de Biftritz auprès de
Halicz.
JÉSUS -CHRIST; nom du Sauveur
du Monde , fils de Dieu & Dieu
lui-même , le Meflîe prédit par les
Prophètes & le Médiateur entre
Dieu & les hommes. Conçu par
lopérarion du St. Efptit dans le
feiiî de la Vierge Marie » il naquit
dans une érable à Bethléem. La
Vierge & Jofeph fon époux s'éroient
rendus dans cette ville pour fe faire
infcrire lors du dénomorement çr-
donné par Augufte , Tan du mon-
de '4004 avant notre ère vulgaire.
Auffitôt après fa naifTàncedes Anges
l'annoncèrent i dés Bergers & une
étoile apparut en Orient & amena
des Mages qui vinrent adorer ce
Dieu enfant. Il fut circoncis le
huitième jour , & le quarantième
fa mère le porta au temple. Hérode
JES 45
foupçonneux & cruel fit mourir
tou!» les enfans de Bethléem de
deux ans & au-deflbus. 11 comptoit
y envelopper celui que les Mages
lui avoiei.t annoncé comme le Soi
des Juifs i mais Jofeph averti par
un Ange , sëtoit retiré avec la
I mère de Tenh'nr en Egypte , d'où
il ne revint qu après la mort du
tyran. Il demeuioit à Nazarerh ^
d*où ils alloient tots les ans à Je-
rufalem pour célébrer la Pâque \ ils
y menèrent Jéfus i Tâge de douze
ans ; il y refta â leur ini^u , & s'en
étant apperçu dans le ch* min ils
retournèrent à Jcrufalem où ils le
rrouvèrent dans le temple au pii«
lieu des Doâeurs. C eft tout ce que
nous apprend l'Ëvangile de Jésus*
Christ jufqu'au moment de fa fna«
nifeftation. Il croilToit en fageiïe ,
en âge & en grâce , étant foumis à
fon j>ère & à la mère.
Comme ils étoient obligés de
travailler pour gagner leur vie » on
ne peur douter que Jésus-Christ
ne leur ait témoigné fon obéiffance
en travaillant avec eux. C'étoit fans
doute le métier de charpentier quil
exerçoir , puifque les Juifs lui en
donnèrenr le nom. L'an 15 de Ti-
bère , Jean-Baptîjic qui devoir lui
préparer les voies , commença â
Îrècher la pénitence. 11 baptifoit &
Ésus-CuRisT vint à lui pour être
baptifé. Au fortir de l'eau le Saint
Efprir defcendir fur lui en forme
de colombe , & on entendit une
voix qui dit : voici mon fils tien aime
en qui J'ai mis. routes mes comptai"
fiances. C'étoit Tan 30 de l'ère, &
Jésus-Christ avoit environ trente-
trois ans. 11 fut conduit par le St
Efprir dans le défert , y paflTa qua*
rante jours fans manger & voulut
bien y être tenté. Il commença
alors à prêcher l'Ëvangile. Accom-
44 J^S
pagné it douze Âpâcres qa*U avoir
appelé», il parcourue toute la Ju-
dée & la remplie de fes bienfaits ,
confirmant les vérités qu'il enfei-
gnoit par des miracles. Les démons
& les maladies lui obéiiTenr , les
aveugles voyent , les paralytiques
marchent, les inorts rc^ufcicet^
Mais il falloit qite le Chrift fouT-
frît \ il fatisfit par fes fouff rances à
la jullice de Dieu. La jalouHe des
PhariCens Se des Doâeurs de la
loi le fit condamner à un fupplice
infâme y un de fes difciples le tra-
hit , lui autre le renia. Le Pontife
& le Confeil condamnèrent jÉsus-
Cri^ist , parcequ il s*étoit dit le
^ils de Dieu. 11 fut livré à Ponce
Pilate , Préfident Romaio , con-
damné à mort & attaché i la croix ,
cil il offrit le facrifice qui devoir
ccre l'expiation du genre humain.
A fa morr le ciel l'obfcurcit , la
terre trembla , le voile du Temple
fe déchira » les tombeaux s'ouvri-
rent, les morts reirufcitèrent» l'Hom-
me Dieu mis en croix expira le foir
du vendredi } Avril , le 14 de
Nifan , l'an 5 j de l'ère chrétienne.
Son corps fut mis dans le tombeau ,
où l'on pofa des gardes. Le troir
iième jour qui étoic le Dimanche,
Jisus-CHRisT fortit vivant du fé-
pulcre. 11 apparut d'abord â plu-
iieurs faintes femmes , enfuite â
fes Difciples ^ à fes Apôtres. 11
refta avec eux pendant quarante
jours \ il leur apparoifibit iouvent ,
buvant & niangeant pour leur faire
voir qu'il étoit vivant , Bc leur par-
loir du Rayaume de Dieu. Q^a-
xante jours après fa réfurreâion il
monta au Ciel en leur préfence yen
leur ordonnant de prêcher TÉvan-
'gile â toutes les nations, ic leur
{>romettant d'être avec eux jufqa à
a fin du monde.
JES
JÉSUS-CHRIST 'y ( Ordrt de la Croix
de ) Ordre ,que des Inquifireurs
Dominicains donnoient autrefois;
Les Statuts de cet Ordre ont pour
titre: Règle & Statuts des Cheva-
liers du Saint Empire de la Croix
. de Jefus. 11 y eft marqué que les
frères fervans de cet Ordre por-
teront fur le manteau la croix noire
& blanche fleurdelifée , & au coa
une croix d'argent émaillée , moi-
tié de noir , & moitié de blaoc >
avec un f uban noir , à la différence
des Chevaliers nobles, DoAeurs
Se Commandeurs Grand-croix qui
la porteront d'or émaillée de blanc
avec cette devife , in hocjigno vinccs^
JÉSUS-CHRIST i ( Ordre de la foi
de } le Père Jean-Marie Campana
dit qu'il y a dans les Diocèfes de
Milan , d'Yvrée Se de Verceil , des
Chevaliers de la foi de Jésus-
Christ Se de la croix de St Pierre^
martyr ; mais ce n'efl qu'une cour*
pagnie de gentilshommes qui s'obli-
gent au fervice de Tlnquinrion. Ils
en fàifoient atitrefois vœu \ ils en
font aujourd'hui ferment.
JÉSUS-CHRIST i (Ordre de) Qrdrê
de Chevalerie > inffitué par Jea»
XXII en 1 3 10 â Avignon , ou réfi«
doienr les Papes. Les Chevaliers
de rOrdre de Xéfus-Chrifi ^ portoient
une croix d'or pleine émaillée de
rouge , & enfermée dans ^ne autre
croix pâtée d*or,femblabIeâcelIede
l'ordre du Chrift en Portugal ,,mais
avec des émaux bien differens. Fa-
vyn en parle dans fon théâtre d'boi>*
neur & de Chevalerie.
JÉSUS i (Congrégation âes Prcires
du bon ) Congrégation dont l'em-
ptoi eft de confeffer ^ prêcher Sc
enfèigner. Elle fur inftituée dans
l'Eglife de Saint- Jean-de La tran »
& établie â Ravçnne vers l'an 1 31^
par Séraphin de Furmo ^ Chanoiae
JET
régulier de Saine- Sauveur. Ces Pr6-'
très ont auffi une Maifon à Rome »
8c quelques-autres dans laTofcane.
Leur habit eft noir & modefte j ils
ponenr les cheveuic très-courts^ &
ont un bonnet rond fur la tète, ils
vivent en commun fans rien poSi-
der en propre , & choifiiTent parmi
eux, premièrement un Prieur qui a le
.commandement feulement pour un
temps , mais qui peut être continue
trois années.
3ÊSUS ET MARIE j (Ordre de.) Or-
dre de Chevalerie , qui obligeoit
ceux qui i'avoient reçu â porter un
habit blanc dans les lolennités, 6c
à entretenir un cheval ôc un homme
arme contre les ennemis de TEtat
£cclc(ia(lique. Les Chevaliers por-
toient une croix de bleu céiefte,
dans le milieu de laquelle écoient
écrits les noms de Jéfus & de Marie.
Cet Ordre fut connu à Rome du
temps de P%ul qui en avoit formé le
projer.
JET \ fubftantif mafcuKn. JaZus. Ce
terme a diverfes acceptions. Dans
celle qui appproche le pf us du verbe
jeter aoù il vient , il (e dit de l'ef
pace quun cerps parcourt » étant
pouflî avec violence.
On àiiunjeide pierre^ pour dire,
autant d'efpace qu'en peut parcou-
rir une pierre qu un homme jette de
de toute fa force*
En termes de Tart militaire , on
appelle armes de jet , des armes pro
près à lancer des corps avec force
pour oflfenfer l'ennemi de loin. Chez
les anciens» la fronde » l'arc, la
balifte , la catapulte^ &c. étoient
des armes de jet. Dans Tufage pré-
fent, les canons » les morriers ^ les
fufils , &c. font les armes de jet qui
ont été fubftituées snx anciennes.
j£T. y , fe dit particulièrement de la
bombe jetée ou lancée par le moyea j
i
JET 45
du mortier. On appelle le jet des
bombes , l'art ou la fcience de les
tirer avec méthode pour les faire
tomber fur des lieux déterminés.
Cetre fcience fait la principale par-
tie de la baliflique , qui traite du
mouvement des corps* pefans jetés
pu lancés en l'air fuivant une ligne
de direâion oblique ou parallèle à
i'horifon.
Les premiers qui ont fait ufage
des bombes les tiroient avec très*
tu de méthode. Us avoient pb«
ervc que le mortier plus ou moins
incliné à i'horifon , portoic la bom»
be à des diftances inégales ^ qu'en
éloignant la direâion du mortier
de la verricale , la bombe alloic
tomber d'au anr plus loin que Pan-
gle formé par la verricale & la di-
ruébion du mortier approchoient de
45 degrés 'y 8c que lorfqu'ils furpaf-
(oient certe valeur , les diftancesoù
la bombe étoit portée alloient en
diminuant ; ce qui leur avoit fait
conclure que la plus grande portée
de la bombe étoit fous l'angle de
45 degrés. Muni de cette connoif-
fance que la théorie a depuis con-
firmée , lorfqn'il s'agiffoit de jeter
des bombes , on comnençoit à s'af*
furer , par quelques épreuves , de
la portée fous l'angle de 45 degrés;
8c lorfqu'on vouloir jeter les bom--
bes i une diftance moins grande »
on faifoit faire au mortier un an-
gle avec la verticale plus grand ou
plus petit que 45 degré. Cet an-
gle le prenoit au haikrd j mais
après avoir tiré quelques bombes ,
on parvenoit à trouver â peu près
la dircârion ou l'incHRaifon qu'il
falloir donner au mortier pour faire
tomber les bombes fur les lieux
qu'on avoit en vue.
'^ Telle étoit i peu près la fcience
àts premiers bombardiers î elle
4^ j E t
leur fervoic prefque autant ^ae H
elle avoit été plus exaâe j parceque
la vjrurion del aâion delà poudre»
la difficulté de faire tenir fixement
& folidemenc L* morcier dans la
pofition qu'on veut lui donner , font
des cautés qui dérangent prefque
toujours les effets déterminés par
la théorie.
Les premiers Auteurs qui ont
écrit fur Tarrillerie , comme Tar-
taglia de Brefce , Diego Ufano ,
&c. croyoientquela bombe ainfî que
le boulet , avoit trois mouvemcns
t^aiyiculiers ; favoir , le violent ou
e droit , le mixte ou le courbe , &
le naturel ou perpendiculaire.
Le mouvement étoit droit , félon
ces Auteurs, tant que Timpulfion
de la poudre Temportoit confidé-
rablement fur 1^ pefanteut de la
bombe. Auflîrôt que cette impulfion
venoit à être balancée par la pefan-
teur , la ligoe du mouvement du
mobile devenoit courbe ; elle rede-
venoit naturelle ou perpendiculaire,
lorfque la pefanteur l'empclrtoit fur
la forcé de Timpuliion de la poudre.
C'eft i Galilée , Mathématicien
du Grand Duc de Florence , qu'on
doit les premières idées exaâes fur
ce fûjét.Il coniîdéra la bombe com-
me (e mouvant dans un milieu non
rendant , & fuppofant que la pefan-
teut fait tendre les corps au centre
de la terre , il trouva que la courbe
décrite par la bombe eft une para-
bole.
Noos avons pliifîeqrs ouvrages
fur la théorie du jet des bombe5^
mais perfonne , frelon la ^remarque
de M. d'Alembert , n a traité cette
matière d'une, manière plus élégante
ni plus courte que M. de Mauper-
tuis dans un excellent Mémoire fth-
primé parmi ceux de L'Académie |
JET
dçs Sciences de Paris de 17}! , &
intitulé halijlique arithmétique.
On dit le jet d'un filet , en par-
lant d*un filet a pcchtir qu'on jette
en mer ou dans une rivière pour
prendre du poillbn. Et Ton dit ,
acheter le jet i\n filet ; pour dire ,
acheter tout le poiiïbn qu'on pren-
dra par le coup de filet qu'on va
jeter.
Jet d'eau , fe dit de l'eau qui jaillît
hors d'un tuyau. Voici les règles'que
prefcrivent les Phyficiens pour ren-
dre un jet d'eau aufli beau qu'il
peut rètre.
I **. Lorfque l'ouverture , par la-
quelle l'eau doit s'écouler , eft auflî
large que le tuyau même dans le-
quel elle tombe, l'eau ne s^élève pas
i fa plus grande hauteur.
a^. Quand le diamètre dé Tou-
verture eft plus petit que celui | du
tu^au, le jet eft beaucoup plus élevé
que dans le cas précédent.
30. Plus le canal.par lequel Teau
coule eft laifgé, par rapport à: Tou*
verture , plus le jet d'eau s'élève.
C'eft un corollaire des deux règles
précédentes.
4''. La hauteur d*un jet d^eau
diminue de celle de fa chute ^
félon la ràifon dès hauteurs où il
s^élève.
5®. Si la ^conduite deTeaii cfans
un tuyau large fe foudivîfè en plu-
fieurs brancnes ou conduits , pour
être diftribuées en difFérepsyVw , le
carré du diamètre du tuyau priiici-
j>al doit 'être proportionné à la fom-
mè de toutes les dépénfes de ces
branches. Et fi le réfervoir eft haut
de 5 2 pieds , Se que le diamètre
de l'ajutage foit d'un pouce , celui
du tuyau doit être de 3.
Cette règle qu'on Ut dans le
Tfaiti' dit Mouvieniènt des Eaux de
M. iKirièrrrj'a été très-bien déve--
JET
•
îoppée par le Doélear DtfaguHers.
sSuppofons qu'on veuille avoir iîx
jets d*tau de \ d'un pouce de dia-
mètre qui jouent continuellement
( bien entendu qu'on a afTez d'eau
pour cela ) , il raut chercher quel
doit être le diamètre de l'ajutage
qui donne autant d'eau que tous
les (ix à la fois» Voici la règle que
prefcrit ce PhyHcien.
I '. Multipliez le carré de J, c*eft-
i*dire \ , par 6. x^. du produit 54
prenez la racine carrée , vous au-
rez 7 ^ ou prefque un pouce & \ ,
pour le diamètre d'up ^jvutag^ qui
donne autant que les fix ajutages
de \ d'un pouce chacun.
30. Prenez pour la conduite un
tuyau de fepr fois le diaqièxre de
l'ajutage, qui fera de 1 5 pouces.
Enfin 4^« pour la partager en 6x
tuyaux dans les différensy^/j i^ctu^
faites ces* tuyaux cha^run de fix
pouces , afin de mieux éviter les
froiremens.
Remarquez qu'un jiet d'eau s'élève
beaucoup plus haut, lorfqu'il pafle
par le trou d'une lame placée fur 1 a-
jutage , que quand il (ort par un pe-
tit tube. Selon les expériences de
M. Mariette y un jet qui parr d'ijin
petit tube fait en manière de coup,
ne s'élève que jùfqu à là hauteur de
douze pieds. Part-il du trou d'pne
petite lame? Il s'élève jufqu'à la
hauteur de quinze pieds. Outre
cela le dernier /^r ell plus uni^ plus
tranfparent , plus égal que le pré-
cédent. - '
r
Remarquez auflî qu'un fbt d*çau
ne peut jamais monter aufli .hajut
qu'cft l'eau dans fon réfervoir , jk
cela pour plafieurs raifons : la pre«
mière eft le frottement de Peau
contre les. parois du tuyau dans
tout le trajet du tuyau : elle ke
defcend pas pal: conféqnent avec
JET> .47^
toute la vîtette rcquîfe. Venant donc
à s'élancer hors du tuyau avec moins
de rapidité y elle ne peut s'élever à
une hauteur égale à celle de fa chû^
te. La féconde eft la chute de l'eau
d'un jet perpendiculaire fur l*tau
même qui fort. En effet , lorfque
l'eau s'eft élancée aufii haut qu'il
eft poffible : cçtte eau qui tpmbe
peipendiculairement, rencontre le
jec qui monte , le comprime 6c
l'empêche par fa preftion de mon-
ter Se de s'élever i la hauteur de la
chute. Aufli Torricclli a-t-il remar-
qué qu'un jet monte plus haut lorf-
qu'il eft dirigé obliquement à l'ho-
rizon > que quand il lui eft perpen-
diculaire. Qu'on ajoure à ces rai-
fons la réfiftance de l'air > réfiftance
fi confidérablç j que le diàtnètre du
jet à mefure qu'il monte , s'élargit
au point de devenir cinq ou fix fois
plus grand que celui de l'ouveiture.
Jets db feu , fe dit en termes d'Ar-
tificiérs^ de certaines fufées fixes»
dont les étincelles font d'un feu
clair comme les gourtes d'eau Jaîl-
liflTante , éclairées le jour par le fo-
leil , ou ïa nuh par une grande lu-
niière.
La cpmpofitîon iesjets n'eft au-
tre chofe qu'un mélange de pqudie
écrafée& de limaille dp fer.'Lorf-
qa'elle eft fine, pour les jpeihsjecs »
on en met le quart du poids de la
poudre , & Ibrfqu'elle éft groffè ,
comme pour les gros jets , dont les
étincelles doivent être plus appa-
rentes , on y en mçt le tiers 8c mf-
* me davantage. On petit dimini ec
'cette dofe de force / Inrfqu'on fe
' prôpofe d'imiter des c^fcàde^ d'eau,
f>arceqa'alors au lieu de monteV »
es étincelles doivent tomber pour
imirtr ta chute de l'eau.
On fait des jcrs de toute gran-^
" deUr ;' depuis douze jufqu'à vingt'
Il
4« JET
ponces de long , & depuis fîx lignes
jafqa'à quinze de diamètre.
Leur poficion perpendiculaire ,
inclinée ou horifoncale 9 eft ce qui
en varie les effets ; ainfi l'on peut
imiter les jets d'eau droits ou cour-
bes y en les plaçant dans les fitua-
tiens qui conviennent ^ ce que l'on
veut repréfenter.
Un affemblage de jets pofé per-
Eendiculairement , forme une ger-
e»
On fait une nappe de feu , en
joignant plufîeurs gros jets placiés
horifontafement ; on ne les écran-
;le point , foit qu'on les charge en
vrillant ou en feu commun.
On forme auflî des pyramides de
feu > foit carrées ou coniques , en
difpofant des jets le$ uns au deHTus
des aqtres fur une légère charpente
qui en 4 la forme, & qui fe termine
par un feul jet , d'où le feu fe com-
munique i tous les auprès par des
(ftoupilles ; on fait renir tes jets
deffus j fpit en y perçant des trous
dans lefquels pu Içs colle « foit en
. )es attachant contre avec de bonne
ficelle , fur laquelle on mer un peu
de colle pour empêcher la ligature
de fe relacl^er.
' OppeutauflS Ipur f^re jeper fuc-
ireflivement différentes efpèces de
£eux , en les chareçant d*autant de
fcompoficions dinçrentes pour en
former des foleils fixes ou (our-
naos.
|1 y a une infinijcé d'autres ufages
auxquels on peut employer les jets
. (elon ridée & \p goût dç l'artificii^r.
On appelle y^r Je lumière^ un
faypn de lumière qui paroit fpit^i^e-
pient.
On zppeWfi jet d'abeille^ ^ i^nnpii-
yel eflfaim .d'|toe|llçs qui fort d$ la
/ST 9 fç dit fvu$ 4^ calcul ^v^ fe f^
JET
par les jetons. Calculer au jet & àtâ
plume.
Jbt de Marchandises » fe dit Ma
mer » quand on eft forcé de jeter ^
pour alléger un vaiffeau , une partie
des marcnandifes dont il eft char*
On entend auffi quelquefois par
ce terme de jet » la contributioa
que chacun des Intéreffés au Na-
vire.doit fupporter pour les mar-*
chandifes qui ont été jetées i U
mer.
Suivant l'Ordonnance de la Ma-
rine j livre III 9 titre VIII , fi par
tempête ou par chaffe d'ennemis
ou de Pirates , le maître du Na-
vire fe croit obligé de jeter en mer
une partie de fon chargement , il
doit prendre l'avis des Marchands
& principaux de fon équipage \ ic
fi les aVis font partagés » celui du
maître de l'équipage doit être
fuivi.
|l.es uftenfiles du vaifTeau & au-
tres chofes jes moins néceffaires ,
Ipsplus pefantes & de moindre pri^^
doivent être jetées les premièresj &
enfuite les marchandifes du pre«*
mier pont ; le tout cependant au
choix du Capitaine 9 & par l'avis dt
l'équipage.
L'écrlyain doft tenir regiftre des
choks jetées i la mer. Au premier
port ou le Navire abprdera , le
o^aître doit déclarer devant le Jugt
de l'Amirauté » s'il y en a ^ finon
devant le Juge ordinaire , la caufe
pour liquelle il aura fait le jçt. Si
c'eft en pays étranger qu'il aborde 9
il doit faire fa déclaration devant
le Conful de la Nation Françoife.
Après l'eftimatiqn des marchandi-
fes fauvées , & de celles qui ont éto
jetées , la répartition de la perte fe
faft (v^i les ipes ^ fur les a^tr es ^8c
m
JET
fur la moitié du Navire Sc dm fret
au macc la livre.
Pour juger de U qualité de% ef-
fets jecis a la mer , les connoifTe-
mens doivent être repréfentés , &
même les faûures s'il y en a. Si la
<^ualité de quelques marchandifes a
cté dcguiféeparies connoîfTemcas ,
8c quelles fe trouvent de plus
grande valeur qu'elles ne paroîf*
lent par la déclaration <iu Mar-
chand chargeur , elles doivent con-
tribuer Cl eUcs font fauvées p fur le
pied de leur véritable valeur ^& fi
elles font perdues elles ne peuvent
^tre répétées que fur le pied du
connoiuement. Si au contraiie , les
marchandifes fpnt d'une qualité
inférieure à ce qi^e porte la décla-
ration , èc qu'elles loient fauvées ,
on les fait contribuer fut le pied de
la déclaration; 8c G. elles tbnt je-
tées à la mer ou endommagées » on
ne les paie que fur le pied de leur
valeur.
Les munitions de guerre » ni les
loyers 8c bardes des matelots ne
contribuent point.au jet , & néan-
moins ce qui en a été jeté eft payé
par contribution fur tous les auttes
effets.
On ne peut pas denunder de
contribution pour le payement des
effets qui étoient fur le rillac » s'ils
font jetés ou endommagés par le
jec t fauf au propriétaire fon re-
cours contre le maître , & néan-
moins ils contribi^ent s'ils font fau-
ves.
Oo ne fait pas non plus de con-
tribution , pour raifon du domma-
ge arrivé au bâtiment » s'il n'a été
' nit exprès pour faciliter le jet.
Si le jet ne fauve pas le Navire ,
il n'y a lieu â aucune contribution ,
& les marchandifes qui peuvent
être fauvées du naufrage , ne font
Tome Xf\
JET 4t
point tenues du p4)f4ri)e0t tii du
dédommagement de celles qui ont
été jetées ou endo^ms^gées.
Mais fi le Navire ayant été fauve
par le jet , 8c continuant fa route
vient à fc perdre , les effets fauves
du naufrage, contribuent au/Vr fut
le pied de leur valeur y en l'état
3u'ils fe trouvent , dédu&ion faite
es frais du fauvemcnt.
Les effets jetés ne conttibuent
en aucun cas au payement des dom^*
mages arrivés depuis le jet aux
marchandifes fauvées , ni les mar*»
chandifes au payement du vaif-
feau perdu ou btiié. Mais fi le vaif-
feau a été ouvert par délibération
des principaux de l'équipage & des
marchands s'il y en a , pour en
tirer les marchandifes^ elles doivent
dans ce cas contribuer àla réparti-
tion du dommage fait au b&timenc
pour les en oter.
Si des i;narchandifes mifes dans
des barques pour alléger le vaiffeau»
viennent! fe. perdre > la réçaratitioA
doit s'en faire fur le Navire : mais
fi le vaiffèau périt avec le refte de
fon chargement , il ne Ven fait au«
cune répartition fur les marchant
difes mifes dans les barques quoi«
qu'elles arrivent à bon port.
Si quelques-uns des contribua-
bles refufent de payer leur part, le
maître peut pour fureté de la con«
tribution retenir , m^me faire ven-
dre par autorité de Juftice » des
marchandife's jufqu'a concurrence,
de leur portion.
Si les effets. \erM font recouvrés
pat les propriétaires depuis U té«
partition , ils doivent rapporter au
maître & aux autres Intéreflcs ce
qu'ils ont pu recevoir dans la con-
tribution , dédudfcion £iite néant
moins des frais du recouvrement
G
Se du dommage qa'ils ont fouffert
par le jec.
Jir » fe die aafli des bourgeons j âes
fcioas que pouffent les arbres , les
vignes. Un pêcher qui fait de beaux
1 On dît , qu^ttur canne efi étunftul
f€t; pour dire» qu'elk n'a point
: de nœuds* £t Toa dit auffi abfolu-
ment , unjet^ pour fignifier une can-
. ne. Un jet bien droit. Combien vous
coûte ce jeu
On dit en ternies de Peinture y te
jet £une draperie ^ pour fignificr la
manière dont les plis d'une drape-
rie foiv diftribués dans un tableau.
Il faut toujours faire paroîcre cette
diftribution naturelle & en bannir
tellement raffeâation^ que Tart ne
s'y faflè pas fentir. Ce naturel con-
£fte dans une négligence apparente,
mats fi heureufe que les draperies
n'ayent rien de duc ^ de cade y Se
qu'elles laiffent fentir te nu Se tes
emmanchemens qu'elles cachent.
On dit abrs ^M^une draperie eji
lien jetée y qu un peintre, jette bien
. une draperie ; po^^r dire y qu'il en
difpûfe bysn les plia & les con-
tour s^
Jbt ,^le dît en termes de Fondeurs y
d^unc efpèce d'entonnoir qui eft. au
bout dW moule & par lequel on
~ iVerfe le métal fondu. Et 1 on dit ^
'fnejj^ure d'un /eul jet ; pour dire,
une f^ure qui a été fondue tout i la
fois. La Jtatue de la place des vie--
toifes efi d'un feul jet.
En termes de Marine , onappetle
jet de voiles , l'appareif complet de
tomes les voiles d'un vaiffeaif. Un
Navire bien équipé doir avoir au
moins d^eux jets de voiles , & de ta
toile pour en faire en cas de be-
foinv
Jbt , fe dit en» termes de Fauconnerie
d'une menue corroie qu'en mn au-
JET
tour de la jambe de ToIfeaU. (7£cr
les jets à un oifeau.
Jet d'b au Marin , fe dit d*une pso*
duftion fingulière du Cap de Bon*
ne-Efpérance, «qu'on prendront d'à-
bord pour une éponge ou pour un^
maflTe de moufle \ elle tient affes
fort aux rochers pour réfîfter aux
vents & aux vagues ; fa couleur e(k
verdâtre \ ce jet d'eau maria dif-^
tille de hii-mème une humeur
aqueufe. Dans l'intérieur il ren-^
; ferme une fubftance charnue tn^
forme y qu'on prendroit pour un
géfier : on ne lut découvre aucun
ngne de vie animale,mais pour peis
qu'on le touche , il pouCe par deux
ou trois petits trous, d a(Fez beaux
jets d'eau , Se recommence autant
de fois qu'on y pone lia main y juC»
qu'a ce que fbn réfervoir foir entier
remenr épuifé r tout ceci indique
que c eft tme efpèce d'holoturie oia
un zoophyte»
JETCHU , ou Jeetsjit ; nom pro^
pre d'tme Province feprentrionale
du Japon^, dans ta contrée de Fo-»
kurofjcudo.. On y a beaucoup de
bétail j du chanvre > des mutiers »
de lia foie ,^6^»
JETÉ } fubftantif mafcufin. Un cfes
pas de la danfe qui ne £iit que par-^
tied'un autre. Un jeré fenl ne peur
remplir ane mefure ; il en faue
deux de fuite pour faire l*équivar-
lent d'un- autre pas. Comme ce
i^'eft que par le plus ou moins de
force du coup de pied que Pon s'é*^
lève^ ce pas en dépend pour le faire
avec légèreté. H: fe lie aifémeas
avec d'autres..
JETÉ , ÉE ^ participe paffi£ f^yqf
Jeter.
JETEBA ; nom propre d*une vilFe db
k P^ileftine ,. dans k Tribu de
Juda.
JETÉE ^ fiibaamif féminin Motù.
JET
Conftraâion d'an mole i cocé du <
canal qui {forme l'entrée d'un porc
pour iervir à rompre rimpécuoiicé
des vagues.
On diftingue trois forées de je-
tées î les jetées de fafcinage , les
jetées de charpenterie , & les jetées
de maçonnerie. Voici une idée de la
conftraâion de chacune de ces es-
pèces.
Jetées de fafcinage. Après avoir
fait des efpèces de fondemens à
l'endroit ou Ton veut fonder ces
jetées , & avoir rempli ces fonde-
mens de terre glaife^ bien cor-
royée & battue lit par lit » on étend
}Jufieurs lits de fafcines plates » de
fix ou fept pieds de longueur , fur
dix-huit à vingt pouces de circon-
férence aa gros bout, jufqu'â ce que
ces lits en forment un qui ait un
Eied d*épaiflêur. Ces fafcines étant
ien afldfes^ on les arrête par des
rangées de piquets de trois pieds
de ioneueur , armés < de brochets ,
& par des brins ou verges de quia-
se à feize pieds de long » entrela-
cés autour des piqaets, de forte
que le bout compofe une aiïïette
prefque de niveau. Ceft fur cette
affiette qu'on fait un fécond , un
troifième , un quatrième lits, qu'on
arrête de même. Parvenu enfin i
la plus grande hauteur qu'on veut
donner aux jetées , on couvre la
furface de tout le maflif » d'un
grillager de bois de * fapin de quatre
pouces d'équarrifTage.dont les com-
partiment font de deux pieds en
carré , arrêtés par de petits pilots >
enfoncés de biais, de douze a treize
pieJs de longueur, fur onze à douze
pouces de circonférence^ Enfin on
remplit ces compartimens de pier-
res dures , ou de moilons plats ,
pofés de champ & à fec , qu'on
terre à coups de . mafles de rois j
JET 51
6c les vides que peuvent Iài(rer les
inégalités , fe garnilfent de piquets
ferrés de même que les moilons.
Jetées de charpenterie. C^s jetées
font coœpofées de coffres de char-
pente , qu'on remplit de pierres.
Ces coffres ont neuf pieds de plus
que la hauteur de la mer , & leur
hauteur eft , o\i doit être , à leur
talut ^ comme fept à trois. Quant
à leur conftruâion , il feroit diffi^
cile de la faire entendre fans fîgu*
res , ce font différentes pièces qui
s'entretiennent les unes les autres.
On peut voir la manière de les dif-
pofer & de les lier , dans VArchi-^
teSure hydraulique de M. Bélïdor.
Jetées de maçonnerie. On lescon(^
truit degros quartiers de pierres ou
de caiflons remplis de matériaux
qu'on jette fans aucun ordre datis
la mer; c'eft ce qu'on appelle ^/z-
der à pierres perdues , méthode donc
on fait ufage lorfqu il n'eft pas pof-
Hble de fonder à iec en failant des
batardeaux. Le refte s'ach^eve
comme un ouvrage ordinaire^ de
maçonnerie. A l'égard des di-
menfions de la jetée « elles ne
font pas abfolument déterminées. .
L'épaifTeur ordinaire eft de neuf â
douze pieds , & le talus doit avoir
dti (ixième de la hauteur.
Jetée ^ fe dit auflî des amas de
pierres, de fable & de cailloux je-
tés dans k longueur d'un mauvais
chemin pour le rendre pratica-
ble.
La première fvllabe eft trèsrbrè^
ve ,.la féconde longue, & la troi-
fième très-brève.
JETER i verbe aûif de la pretnière
conjugaifon , , lequel Te conjugue
comnie Chantek. Lancer avec la
main ou avec quelqu'autre chofe*
Jeter des pierres. Jeter des grenades.
Lors de la dédicace de la jlatue on
jfe JE t
j€ta de Cargent au peuple. La tem^
fite obligea de j.eter les marthandifes
à la mer. Chacun jteoic de l'eau^bé^
nite fur la tombe.
On dit en termes de Marine»
jeter l* ancre ; pour dire , faire tom^ |
ber lancre dans la mer, afin d'ar-
icter le Navire. El jeter la fonde ou
le plomb ; pour dire , lai({èr tomber
k fonde afm de connoîcre la hauceur
de Teau , ou s*il j a fond.
On die , jeter dehors le fond du
hunier; pour dire, pouffer dehors la
voile du mât de hune.
On dit » qu'z//z cap , une pointe
de terre fe jette bien avant en mer ;
pour dire , qu'elle j avance beau-
coup.
On die, jeter du blé ou autres
grains à la bande ; pour dire , pouf
fer vers un feul côté du vaifleau les
grains qui étoient chargés uniment
& fi plat dans le fond de cale; ce que
Ton ne fgiit que lorfqu'on y efl con*
traint par la tempête , ou quel-
qu'autre accident ,. pour alléger un
€6té & faire un contre - balance-
ment.
*On dît, jeter un vaijfeau fur un
hanCy fur un rocher ^ ou à, la côte;
pour dire , aller donner exprès con-
tre un rocher^ contre un banc ^ é'c.
& 7 échouer , parcequ'on regarde le
péril comme incertain, & qu'on
croit éviter par-lilun péril aflfuré. Si
cet échouèment venoit, non d'un
defTein concerté , mais par l'igno-
fance du pilote , celui-ci eft privé
pour toujours des fondions de fon
état \ fie m&me fuivant les circonf*-
tances,, condamné au fouet ; fie à
i'égatd dç ,celùi qui^ a^ malicieufe-
itient fêté un Navire fur un banc ou
une céte , £*<:. il eft puni de mort ,
Ar on attache fon cadavre à< un mat
planté près du lieu du naufraee.
SixifiL^^fe dit en termes de Cuiers»
JET
defaâion de vetferla féconde cou-
che de cire fur les mèches attachée»
à un cerceau.
Jbter , Ce <iic en termes de Fondeurs',.
de Taéliion de couler le métal fondu
dans un moule , afin d*en tirer quel*
que figne. Jeter une figure en ploiiib ,
en bronre.
On du eir termes de Plombiers ^
jeter le plomb fur toile ^ ce qui
(îgnifie , fe fervir d'une forme ou
mouie couvert d'un drap de laine ,
fie doublé par deffus pour couler le
plomb en lames très-ânes«
Cette manière de jeter le plomb .
eft défendue aux PlQmbiers parleurs
ftatuts ; cependant il y a de certains
ouvrages pour lefquels ces fortes de
tables de plomb jeté fur toile font
nécelTaires.
Les Fadeurs d'orgue jettent or-
dinairement fur toile i'étain dont
ils font certains tuyaux pour cet
inftrument de mufique. La pratique
en eft ièmblable i celle qu'on mec
en ufage pour former les tables de.
plomb.
Jbter en sake , fe dit en termes de
Fonderie , de l'aâion de couler le-
métal fondu dans de petits moules^
faits de fable ou de poudre d'ar-
doife , de pieds de mouron , d'os
de sèche , de cendres & autres cho*-
fes femblablies.
On dit en termes de Potiers d'é^
tain , jeter fur la pièce ; pour dire ^
couler une anfe en moule fur une
pièce , ce qui fe fait par le moyen
d'un moule en cuivre compofé de:
plnfieurs morceaux ajuftés les uns^
aux autres : les. moules font percés,
aux endroits où l'anfe doit s'attar
cher à la pièce.
On dit Égarement 6c familière-
ment, qu'tt/itf chofe ne fe jette pa$\
en. moule ; pour dire ,, qu'elle ne:
JET
fe fait pas' facilement ^ prompte-
ment.
On dit > ft jeter dans le péril ;*
pour dire , s'abandonner *au péril.
£t fe jeter fur fon emtemi ; pour
dire 9 attaquer Ion ennemi avec im-
pétuofitér Et fe jeter au milieu des
ennemis ; pour dire , s*élancer au
milieu des ennemis.
On dit jeter fon venin ; pour dire,
r^andre , exhaler fon venin.
On dit , fêter au fort ; pour di-
re» tirer au fort.
On dit , jeter un coup d*ail fur
quelque chofe ; pour dire , voir , re-
garder quelque chofe comme en
paffant.
On dit , jeter des larmes ; pour
dire , pleurer. Et Jeter un cri ^ jeter
Us hauts cris ; pour dire , crier. Et
jeter unfoufur ; pour dire , fbupi-
On dir en termes de Bouton-
aiers , jeter en foie^ ce qui fignîBe,
couvrir un, moulé de bouton d'une
ibîe tournée fur la bobine en piu-
iieurs brins.
Jetbr , s'emploie aaflî pour mettre ,
comme dans cette pfarafe , ce mot
jette de Pobfcuritédans le difeours. Et
' Votï dit dans même fens , <yx*une
€hofe jette dans de grands embar-^
ras.
On à\t^ fi jeter dans un couvent ;
foxkx dire , s'y retirer.
En termes de Fauconnerie» on
dit , jeter le Faucon ; pour dire, le
laifler partir pour le vol. A Tégard
de Tautonr , on dit , lâcher.
On dit figurément , jeter des
hommes , jeter de l'I/ifanterie , de
la Cavalerie ^ jeter des munitions ,
des vivres dans une place j pour
dire , les y faire entrer prompre-
jnent dans le befoin.
On dit , jeter un propos ; pour
• £ie ^avancer des propos qui tefl* j
nr „
délit indiredement à infinuer ou
à découvrir quelque chofe. Il- jeta
quelque propos de mariage.
On dit proverbialement & popù«^
lairement de quelqu'un qui fe croit
bien fondé à efpérer quelqu avan-
tage , qu*il n*en jeteroa pas fa part
aux chiens.
On dit-figur.émenr, yîr ye/^ry^r
quelque chofe ; pour dire s'y porter
avidement. Tous les convives fi je^
tèrent fur les entrées , fur le rôt.
On dit figurément de quelqu'un »
qu* il jette fan bien par les finetres ^
pour dire , qu'il diffipe fon bien en
folles dépenles. Er qu'il ne jette rien
par les fenêtres ; pour dire , qu*ilne
dépenfe rien inutilement.
On dit figurémenr , jeter, de la
poudre aux yeux à quelqu'un ; pour
dire, éblouir, furprendrç par de
faux brillans. Cet Avocat jeta de la
poudre aux yeux des Jugesm
On dit auffi figurément ^ yVr^r /^x
yeux fur quelqu*un ; pour dire. Je
deftiner i quelque pofte , à quelque
emploi.
On dit figtirément & familière-
ment, yVf^/* 9</^^tf« chofe à la tête
de quelqu'un ; pour dire, la lui don-
ner fans qu'il la demande. On lui
jeta une riche héritière à la tête.-
On dit auffi fijgurément , fi jeter
à la tête de quelque un ; Se abfolu-
ment y fi jeter à la tête ; pour dire »
s'offrir d lui avec emprenement^ 8C
fans erre recherché. C'ejl unfot qui
fi jette à la tête du premier venu. Onf
ne doit pas ainji fi jeter à la têtt.
On dit , jeter un dévolu fur un^
bénéfice ; pour dire >• impcrrer eiv
cour de Rome , les provifions d^un^
bénéfice qu'on prétend vaquer par
l'incapacité de la perfonfie , ou- \x
nulhté du titre du Titulaire. P^oy^
Dévolu:.
On die auflSen matière bénéfii»aw-
j4 ^ET
le , jcfcrfes grades ; pour dire , no^ !
tifier aux Collaçeurs ou Patrons fes
titres & capacités, les lettres qu'on
a obtenues en vertu des grades ac-
quis dans une ^niverfité. Voyt\
Grades.
On dit Bffxvémenx f Jeter fou foup-
confur quelqu'un ; pour dire, foup-
çonner qap\^ix*\xnJ\Ei Jeter, d^s/oup^
çons contre quelqu'un , pour dire ,
faire foupçonner quelqu'un. Et je-
ter des foupfons dans Pefprit de quel-
qu'un; pour dire» faire naître des
ibupçons dans l'efprit de quel-
qu'un.
On dit figurémenc , jeter lesfon"
démens d'un Empire , d'un Edifice ;
pour dire , être le premier à en
faire l'établiffement. Jules Ccfar
jeta les fondemens de l'Empire Ro-
main. Le Gouvernement tyrannique
de Philippe Second , jeta les fonde-
mens deja République des Provinces-
Unies. Le vainqueur de Jyr jeta les
fondemens d'Alexandrie.
On dit figurément , qu'^/z Moine
d jeté le froc au^ orties ; pour dirie >
qu'il a quitte l'habit Religieux , &
|u'il a apoftafîé. La même chofe fe
lit d'un novice qui a quitté l'habit
avant la profeffion \ 8c par exten-
fion , elle fe dit aufll aim jeune
homme qui étoit dans la profeflibn
ecclédaftique fans avoir les ordrçs ,
& qui a changé d état.
On dit proverbialement & figu-
rément de quelqu'un , qu'/V a jfté
fon plomb fur quelque chofe ; pour
dire , qu'il a des vues fur quelque
chofe j qu'il a formé le deffein de
l'obtenir.
On dir proverbialement & figû-
rément , jeter le manche après la
coignée , lorfque dans un malheur,
au lieu de fonger au remède , on
abandonne tour.
On dit proverbialement Ôc figa« J
I
JET
rément , je Jetai mon Bonnet par
dejfus les moulins ; pour dire , je
ne fai plus la fuite du conte , je ne
foi plus où j'en fuis.
Jbter , fe dit aaffi des arbres Se des
plantes qui produifent des bour-
geons ou des fcions. Des efpaliers
qui Jutent beaucoup de fiions. Et ab-
lolument , des pêchers qui comment
cent à Jeter,
Jeter , fe dit encore de. l'eau qui jail-
lit avec impétuodté. Une fource qui
Jette beaucoup d'eau.
Jeter, fe dit aufli des abcès ^ des uU
(ières y des apoftèmes , &c. Un ab-»
cis qui jette beaucoup de pus* Des
pujiules qui commencent à jeter.
Jeter , fe dit en termes d'Hippiatri*
que , d*un cheval lorfqu'il a un
écoulement ou un flux par les na-
zeaux j d'une matière ou d'une hu-
meur plus ou moins épaiffe , bl^«
châtre, verdârrej noirâne ou fan^
Î;uinolente^ comme il arrive dans
a gourme , la fauffe-gourme > la
morfondure, la morve , &c.
Les humeurs qui découlent par
les nazeaux du cheval dans les unes
ou les autres de ces maladies, font
féparées du fang dans les glandes de
la membrane mnqueufe ou pituitai«<
re. Cette membrane eft garnie d'une
multitude innombrable de petjts
vaifTeaux artériels qui tapiffent* in«
térieurement les nazeaux, les cel-
lules de l'os ethmoïde, les os fpon-
gieux ^ les finus frontaux , (phé-
noïdaux & maxillaires : or , fi par
quelques caufes externes ou inter-
nes , les vaiiTeaut de cette mem-
brane viennent à s'engorger , la fe-
crétion de Thumeiir muqueufe eft
fufpendue , il en réfulte un gon-
flement aux glandes , lequel donne
lieu à l'éclat de quelques vailfeaux
qui y aboutiffent , & â l'écoule-
luent d'une humeur qui aura diffé^
JET
' rentes couleurs, félon la quantité
de la liqueur rouge ou blanche qui
fera prcdominante , ou félon que
l'une & l'autre auront acquis un
certain degré de perverdoné Cet
écoulement deviendra uicme hitbi-
tuel, fi la difpoGtion Daturclledes
glandes & des vailTeaux a été telle-
ineot changée » que la féparaiion
de rhumeur tnuqueufe ne puiflTe
plus fe faire comme auparavant j
As que leurs ocifices oéans ne
puifliene plus empêchée les diifé-
rences liqueurs de s'échapper i aufli
eft il arrive queiquefcMs > que des
chevaux , après avoir jeté pendant
long-temps , ont toujours jeié fans
danger , & n'en ont p^s été d'un
moindre fervice.
JsTfiR y fe dit des mouches il miel qui
produifent Se meuenc dehors un
nouvel effaim. Ces mouches yien*
nazi de jeter* Ces mouches eommen-
eent à jeter.
On dit d'un cerf, o^xil jette fa
xàe j pour dire » qu'il quitte (bti
bois*
^ On dit en termes de Petmure 8c
de Sculpture, jeter les draperies i
' pour dire, en difpofer les plis d'une
manière plus ou mcHos naturelle.
JUs draperies font bkn jitées Urf-
quelles amonecnt Jans équivoque les
cljeis quelles couvrent. Voyez Jet.
JfTER, (ighiiie auffi calculer avec4es
jetons» J'ai jeté tous les articles du
mémoire y & j*ai trouvé qu ils mjon^
toient a quatre cens francs.
La. première fyllabe eft très-
brève , '& k iêconde longue ou
brève. Foye\ Virbe*
Remarquez que le pénufième e
des temps qui fe terminent par un
€ muet , prend le fon de Ve moyen:
ç'eft poarqaoî l'oa écrit je jette ,
Sec.
JëTI1£LA y jxom propre d'une an^
JET 55
cientie ville de la Paleftintf , dans la
Tribu d^ Dan.
JETHER i nom propre d'une ancien-
ne ville de la Paleiline , dans la
Tribu de Dan.
JETICUCU y voye:i Méchoacak.
JETON jfubftantif mafculin. Pièce
ronde 6c plate , ordinairement de
métal j lur laquelle on met des
portraits , des atmes , des devifes ,
&C.&C dont on fe fert pour jeter éc
. calculer^ pour marquer & payer aii
jeu- ,
Dans les tet^ips* reculés on ne fe
fervoit^ouf compter que de petites
pierres, de coquillages de noyaux ,
comme font encore aujourd'hui la
plupart desmcions fauvages. Quand
le luxe fe fut introduit à Rome ^ on
employa pour le même objet des je-
tons d'ivoire ^ mais il pavoit que
c'eft en France qu'on a fabriqué les
premiers jetons de métal > tels qu'on
en voit aujourd'hui. Les plus an-
cif ns n'offiroient dans leurs infcrip*
tiohs que le fujet pour lequel lU
^ avoient été faits , favoir pour les
. ^o^tes , pour les finances. On lie
fur quelques-uns de ceux qui onr
éié frappés fous le règne de Char-^
les Vlll , entende^ bien & loyau-^
ment aux comptes j fous Anne de
Bretagne , gardez-vous bien de mé-'
compter i fous Louis Xll , calcule
numerandum regisjujfa Lud^XII j ÔC
fous quelques Koisfuivans, qui bière
fêtera fon compte trouvera,
L'ufage d^ jetons pour cafcufer
croit fi fore établi , que nos &ot9
en faifoient fabriquer des bouriès
Sous erre diftribuces aux Officiers
e leur *Maifon qui étoient clrar*
gés des étais des comptes ,. & aus
perfonaes qui a voient le manie-
ment des deniers publics*
La nature de ces comptes sex-^
prictoic ainfi dans les Légendes^
S6 JET
pour lacune dô ta Royne , (bas Aïïne
de Bretagne j roi/r l'extraordinaire
de la guerre , ious François I ; /?ro-
pluteo Domini Delphini , fous Fran-
çois IL Quelquefois ces Légendes
porcoienc le nom des Cours à Tu-
faoe dêfquelles ces jetons écoient
deftinés r pour les gens des comptes
de Bretagne , jetoirs aux gens défi--
nancesipro caméra computorum Bref-
Ji^. Quelquefois enfin on y lit le
nom des Officiers' mènaes à qui on
les deftinoir. Ainû nous en a?ons'
fur lefquelsfe trouvent .'ceux de
Raoul de Refuge \ Klaître des
Comptes de Charles VII, de Jean
de Saint-Amadour , Maître-d'hôcel
de Louis XII j de Thomas Boyer ,
Général des finances , fous Char-
les VIII ; de Jean Teftu , Confeil-
ler & Argentier de François I ; &'
d'Antoine de Corbie , Contrôleur
fous Henri IL
Les Villes j les Compagnies &^
tes Seigneurs en firent auiu fabri-'
quer à leur nom, & à Tufage de.
leurs Officiers. Les jetons fe malti-|
plièrent par ce moyen , & leur ufa-
ge devint fî .néceÔaire pour faire
toutes fortes de comptes y qu'il n*y
a guère plus d*un ficelé qu*on em*
ployoit encore dans la dot d'une
fille d marier , la fcience qu'elle
avoir dans cette forte de calcul.
Les États voi/ins de la France goû-
tèrent bientôt la fabrique des /Vro/zj
de métal ; il en parut pieu de temps
après en Lorraine^ dans les Pays-
Bas j en Allemagne Se ailleurs, t
avec desLégendes Françoifes , p^our
les gens des Comptes de Bar , de
Bruxelles j (&c.
Dans le dernier fiècle , on s*eft
appliqué à les perfectionner , & fi-
nalement on en a tourné Tufage à
piarquer les comptes du }eu. On y
a mis au revers du portrait du Prin-
JEU
ce, deif devifes de toute efpèce.
Les Rois de France en reçoivent
d'or pour leurs étrennes *, on en
donne dans ce Royaume aux Cours
fupérieures & à différentes peribn-
nes qualitiées par leur naifTance ou
par leurs charges. Enfin le Monar-
3ue en gratifie les gens de lettres
ans les Académies , dont il eA le
proteâear* .
JfeTON , fedit en termes de Fondeurs
de caraâèces d'imprimerie , d'.une
petice placée de enivre ou de fer
très^mince , avec laquelle ils font la
juflification des lettres nonvelle-
meqt fondues. Si le jeton pofé hori-
fontalemenc fur Tccil de plulieurs
lettres ^ touche également toutes
ces lettres , c'efl une preuve qu'el-
les font égal» en hauteur , & qu'au
contraire elles font inégales,sli pofe
fur les unes 8c t^on fur les autres-
La première fyllabe eft rrès*brè-
ve , & la féconde brève au fingu*
lier ^ maisjongue au pluriel.
JETONNIERS ; fubftantif mafculin
pluriel. On a ainfi appelé ceux qui
affiftenc régulièrement aux A^em-
blées de l'Académie Françoife , &
enrre lefquels les jetons deftinés aux
abfens fe parragenr.
JETSENGEN , ou Jctsingo ; nom
propre d'une grande Province fep;-
tencrionale du Japon , dans la con-
trée de Fokii*Rokkudo. On loi
donne fix journées de circuit. Elle
eft fertile & produit b^iaucoup de
foie.
JETSISSEN j voye^ Jetchu.»
JETSON 'y nom propre d'une ancien-
ne ville de la Palefline , dans la
Tribu de Ruoen.
JEU } fubftantif mafculin. Lufus. Di*
verriffement , récréarion. Ce terme
(e dit généralement parlant ,. de
tout ce qui fe fait d'agréable ou de
badin ^ par efprit de gaité 6c par
pur
JEU
pur amafement. Ils s'amufcnt en"
Jemble à des jeux innocens. Ce font
des jeux d*enfans. Il ne éifoit cela
que par jeu.
On appelle jeux de main , les
jeux oit l'on joue i fe donner de
petits coups les unsaux autres. C'eft
dans cette acception qu'on dit pro-
verbialement ^jeux de main jeux de
vilain. Et en parlant des jeux qui
Font i Ëlcher ou i bleflfer quelqu'un,
on dit , que ce font de rudes jeux. Et
proverbialement , que ce font jeux
de Prince qui ne plaifent qu'à ceux
qui les font. Ou abfolumeot, que
C€ font jeux de Prince.
On dit aufld familièrement d*unç
affaire grave & férieufe , d'un en-
gagement duquel on ne fe peut plus
dédire » que ce nejl pas un jeu
d*cnfantj c^ece n*ejl pas jeu d' en-
fant^
On dit 9 prendre quelque chofe en
jeu; pour dire, le prendre en piai-
fanterie. Et cela pajfe le jeu , cela eft
plus fort que le jeu ; pour dire , cela
paile la raillerie.
On dit d'une chofe qu'on fait fa-
cilement , que ce nejl quun jeu»
• Cet ouvrage ne fut qu'un jeu pour
lui.
Quand une perfonne fe mêle de
auelque chofe qui peut avoir des
iuites facheufes, on dit (\\i\lUjoue
un jeu à fe perdre , c^ elle joue gros
jeu.
En termes d'Hiftoire Naturelle,
on appelle jeu de la nature , cettai-
nés prduâions de la nature y qui
paroifHrnt bizarres ^ eztraordinai*
t^^ comme font certaines pier-
res figurées , chargées d'accidans >
d'C.
Jfiy ,* fe prend particulièrement pour
un exercice de'récréation quia de
certaines règles & auxquelles on ha-
farde ordinairement de l'argent. |Et
Tome Xf.
JEU 57
dans cette acception il fe divife en
jeux de hafard , comme les jeux de
cartes , Us jeux de dés , &c. bn jeux
d'adrefle , comme le jeu de paume ,
le jeu du mail , le jeu du billard , &c.
Et en jeux d'efprit , comme le jeu
des échecs , le jeu des dames , &c.
Dans cette acception générale
on dit , un beau jeu , un vilain jeu^
un jeu amufant , un jeu fcriiux y les
rigUs du jeu ; mais c'eft principale*
ment des jeux de hafard , comme
les carres & les dés qu'on dit ^ j'a-
donner au jeu , aimer le jeu , être
heureux , malheureux au jeu , perdre^
gagner au jeu , fe ruiner au jeu , trom*
peraujeu ,&c.
On. dit , qu'o/i joue gros jeu »
quand on y joue de grandes fom*
mes. Et <\u'ily a grand jeu dans
une maifon , lorfqu il s'y raffemble
beaucoup de joueurs.
On a de très - anciennes ordon-
nances contre le jeu : Charlemagne
dans fes capitulaires défendit les
jeux de hafard à peine d'être privé
de ta communion des fidelles.
Charles IV, dit le Bel^ par une
ordonnance de x j i «^ , défendit de
jouer aux dés , aux tables ou tric-
trac , au palet , aux quilles , aux
billes, d la boule & a d'autres jeux
femblables qui détournent des exer-
cices militaires â peine de 46 fous
pariHs d'amende.
Charles V , dît le Sage renou-
vela la même peine par une ordon-
nance du i Avril 13^9 > publiée le
a; Mai de la même année.
Charles VIII par une ordonnance
du mois d'Odtobre 1485 , fait dé-
fenfe aux prifonniers de jouer aux
dés : il permet feulement aux per*
fonnes de naifTance & d'honneur
qui y font pour caufes légères & ci*
viles , de jouer au triârac de aux
échecs.
H
St JEU ^
En 1527 le jeu de paume n'é-
toic plus défendu , comme on peut
voir pac des lettres patentes de Fran-
çois I du 9 Novembre de cette année.
Un Ariêt da Confeil rendu le
1:5 Janvier 16^1 ^ défend aux Of-
. ficiers des troupes- 6c i toutes, au-*
très perfonnes de ({uelques iexe &
qualité qu'elles (bienc » de jouer
aux jeux de hocca , pharaon , bar-
bacolle & de la. baflette ^ ou pour
& contre , fous quelques noms ou
formes qu'ils puiflfent être dégui-
fés , à peine ae 1000 livxes da-
mende pour les joueurs & ^000 li-
vres pour ceux qui auront donné
a jouer ou foufFert qu'on jouât chez
eux..
Les mêmes. défenfesavoient été
faites pour la baflfette 6c. le hocca ,
par arrcc du Parlement rendu h 16
septembre 1&80, a peine de ^00
liv; d'amende».
Par un aixre arr&t de règlement^
rendu le 8. Février 1706^ la» Cour a
/ait très-exprejfes inhibitions & dé-
fcnfcs à tous Marchands y Colpor»
teurs y artifans & autres de quelque
qualité & condition quils/bienty de
donner à jouer dans^ les foires ou mar^
chés & autres Jieux des villes , bourgs
& villages du report y/ôit aux cartes
au aux dés y /oit à lit blanque , tour-
niquet y chevilles , ou à tirer dans un
livre y & à tous autres jeux de ha»
/ard y généralement quelconques , à
peine de 100 liv .d^ amende & decon*
jS/cation de l'argent du jeu len/emble
de/dits jeux ,. marchandi/es ,. che-
vaux & équipages-à eux appartenansy
le/quels /eront fai/s pourétre venduSy
& en être le prix appliqué aux Hô^
tels-Dieu ou Hôpitaux ks^plus pro^
ches du lieu où ils auront donné à
jpuer y même à peine de punition cor-
porelle en cas de récidive : eomme
éutjpfait dé/en/t à tous Jug£s.roy4iux
JEU
& autres du rtffort de ladite Cour '^
d'accorder aucune permiffion y./ous>
quelque prétexu que ce /oit ^ dt 4on^
net à jouer auxdîts jeux à peine £in^
terdiàion : & en outre , enjoint aux:
Prévôts des Maréchaux & leurs Lieu^
tenans , chacun, dans leur départe^
ment y de tenir la main à l'exécuûoni
du pré/ent arrêt y de /aifir & arrêter
ceux qu'ils trowteront en. contraven-^
tion. y.& de les conduire dans lespri^
fons du lieu oh ils auront donné àa
jouer y & de faire remettre pareille^
ment entre les mains des OfficierS'
dudit lieu , les- chevaux y. marchandi^
fis & équipages des contrevenans ;
en/emble l'argent du jeu y procès ver^
bal préalablement drejfé des chofespar'
eUx faiftes , pour y être enfui te pour—
vu*par les Officiers du^ lieuy ainfi qu'itl
appartiendra..
Le Parlement a renouvelé ces-
défenfes par deux autres arrêts de-
règlement des x Juillet 1717 & a»
MarS' 17x1. Ce dernier arrêt dé-
taille, les fortes^ de preuves fur; lef-
quelles les conuevenans pourront^'
être condamnés \.6c entr'autres dif-
portions il ordonne que les pro^
priécaires des maifons- dont les loca-
taires donneront à jpuer y pourront ,.
après en avoir été avertis par les Corn-
miffaires du Châtelet^ être condamnés
fur les procès'^verbaux defdits Comm^
miffaires y fplidairement avec les loca^-
taires-^ au payement des amendas »
jufqu'à lafomme de 1000 livres.
Un règlement des Maréchaux de
France-, iaitdéfenfè aurprifonniers^
détenus par leurs ordres de jouer
Air leur parole, â peine d'être mit'
au cachot, & de punir ledébireur
& le créancier également.
Quand ceux qui donnent à jouer
i des jeux prohibés , font pris en
flagrant délit , les Officiers qui con-
ftatent ces contraventions > peuvenc
Tïtr
faifîr l'argent qui fe trouve furies
xables de jeii 6c tout ce qui peut
avoir rapport à la coDtravention ,
comme cartes ^ dés» cornets, ôc,
& il y a une déclaration du 50
Mai 16 II, enregiftrée le 23 Juin
iuivanr , qui ordonne la confifca*
tion des deniers faifis en pareil cas^
au profit de THôtel-Dieu.
Par un arrêt du 14 Juillet 1 745 ,
«rendu au rapport de M. deSalaberj,
en la Grand'Chambre , un billet de
1100 livres fait au profit d'un par-
ciculiec dcmt la veuve e(t convenue
par un interrogatoire fur faits &
articles ^ «voir connoiflance que la
<:aufe iroic pour areent perdu au
jeu, a été déclaré nui avec dépens.
Le •Parlement de Aoaen a auffi
déckré nuls des billets faits pour jeu^
quoique déguifés pour valeur re-
^ae y par arrêt rendu le 15 Février
171^, entre les nommés Morin&
OuvaL
On voir par ces décidons que les
billets qui ont pour caufe la perte
faite au jeu , font nuls ^ telle eft
<n effet la Jurifprudence des arrêts.
Voyc:{ encore à ce fiijet Tarrct ren-
<iule jojuillet 1 (^ 9 j qu'on trouve au
journal des Audiences.
Quelques auteurs prétendent ce-
pendant que les biHets pour jeu ,
faits entre perfonaes de grandequa-
lité , font valables j mais c'eft une
erreur condamnée par TarticleijS
4le Tordonnance de 1619 , qui non
feulement déclare nuls les oillets,
obligations& promeflfes caufées pour
jeu , mais veut même que celui qui
demande le montant du contenu en
cts aâes , foit condamné en une
pareil le fomme envers les pauvres.
Remarquez cependant que les
Maréchaux de France contraignent
au payement des dettes de jeu entre
Genriishommes.
JÊU 59
L*artîcle 5 9 de Tordonnance de
- Moulins , accorde une aâion aux
pères , mères , tuteurs & Curateurs,
Jour la répétition de ce qu ont perdu
ïs mineurs â des jeux de hafard.
L'ordonnance de 161^ contient
la même difpofition j elle veut mê-
me par l'article 140 , que ^ansces
matières, la preuve par témoins foit
xeçue , nonobftant que les fommes
excèdent 100 liv.
On dit,r^nir le jeu de quclquuni
pour dire , jouer pour quelqu'un.
On appelle yVicx de renvi^ cer-»
tains jeux des cartes , comme le bre-i
lan & la grande prime.
Aux jeux de renvi , ouvrir le
jeu^ fignifie faire la première vadej;
Se fermer le jeu , c'eft tenir la der«
nière vade Oc ne point faire de
renvi.
On dit , tenir jeu ; pour dire i
continuer â jouet avec quelqu'un qui
perd, & couper jeu i pour dire, fe
retirer avec gain Se ne vouloir pa»
tenir jeu.
Jfii7 , fe prend au(fi pour les règles
du jeu «l'art de fe bien conduire au
jeu. f^ous ne joue\ pas lejew. S'il'
eut joué lejeUyVOusaurie^fiûtla bêu^
Jev , en parlant des jeux de hafard ,
fe prend fouvent pour les cartes qui
viennent , ou pour les points qu'on
amène aux àù \ mais u fe dit prin-
cipalement en parlant des cartes. //
a tout le jeu. Son jeu ne vaut rien.
Fbuspouve^l montrer votre jeu*
Jeu , fe dit aufli de ce que l'on mec
au jeu. 1 1 tire fouvent le jeu. Nous ne
jouons pas un jeu à nous ruiner.
On dit dans cette acception ,aa
jeu de brelan & aux autres jeux
de renvi ^j'y vais du jeu , j'enfuis
dujeu^
On dit figurément d'une perfon^
ne , <\ïx elle fait bien couvrir fon jeu,
cacher fon jeu ; pout dire , q[u'elle
H ij
6o JEU
fait bien cacher Tes deiïeios.
On die figurémenc & proverbia-
lemenc de quelqu'un, cp! il fait bon-
ne mine à mauvais jeu ; pour dire ,
Îiu'il fait bien diflimuler & faire
eniblanc d*ècre content quoiqu il
n'en ait pas fujet. Et dans le même
fens on dit (implement, ^o/i/ie mine
& mauvais jeu , en parlant d'une
. perfonne qui fous une apparence de
joie cnche du chagrin.
On dit figurément de quelqu'un
qui fe comporte adroitement en
quelque affaire & qui fait biendif-
umuler , qu'i/ joue bienjon jeu* Et
qniljoueâjeu sûr ; pour dire, qu'il
eft aifurc de réuflir.
On dit fii^urément & familière-
ment de quelqu'un , qu'i/ a beau
' j^^ i P^ur dire , que dans une af-
faire importante l'apparence du fuc-
ces eft pour lui.
On dit audi figurément & fami-
lièrement , donner beau jeu à quel-
qu'un ; pour dire , lui procurer une
occadon favorable, lui donner de
grandes facilités. Et proverbiale-
ment & figurément , pour donner
à entendre qu'on ne peut s attaquer
à quelqu*un , fans qu'il s'en re (fente
& qu'il s'en venge , on dit yjion le
fâche on verra beau jeu.
On dit provert;)ialement 6c figu-
rément , que le jeu ne vaut pas la
chandelle ; pour dire j qu'une chofe
. ne vaut pas la dépenfe qu on y fait ,
la peine qu'on y prend.
On dit figurément & familière-
ment y mettre quelqu'un enjeu ; pour
dire , le citer fans fa participation ,
le mêler à fon infçu dans une af-
faire. Vous ne devic^ pas le mettre
• enjeu»
On dit proverbialement & figu-
rément , à beau jeu beau retour ;
pour dire>qu'on a bien de quoi ren-
,dre la pareilte , ou qu'on l'a rendue.
JEU
On dit proverbialement & figu«
rément de quelqu'un qui ne va plus
dans une maifon j dans une com-
pagnie où il a voit accoutumé d'aller,
à quel jeu l'a^t^on perdu?
On dit aufi] proverbialement &
figurément , en parlant de certaines
vieilles habitudes , ou de plaifante-
ries rebattues, que c'ejlle vieux jeu*
On dit, cela eft plus fort que le
jeu; pour dire , cela patfe la raillerie»
cela eft trop fort.
On dit proverbialement & figu-
rément , tirer fon épingle du jeu ;
pour dire 9 fe tirer habilement d'u-
ne mauvaife affaire où l'on s'étoic
engagé.
On dit aufii proverbialement &
figurément , à tout venant beau jeu ;
pour dire, qu'on eft en état de faire
tète â tous ceux qui fe préfenteront»
On dit encore proverbialement
& figurément , bon jeu bon argent ^
pour dire , ttès-férieufement & vé-
ritablement. Ils fe querellèrent bon
jeu bon argent. On lui fait fun procès
bon jeu bon argent.
Jeu d£ paume , fe dit d'une efpèce
de falle où l'on joue â la paume.^
Cette falle beaucoup j>lus longue
que large , eft fermce de murs juf-
u'â une certaine hauteur ,^u def-
us defquels font des pilliers de
charpente qui portent un comble à
deux égoûts avec plafond. 11 7 a
d'un côté une galerie pour le fer-
vice des baies Se pour les fpeâa-
teurs ^ & quelquefois anfii une au-
rre galerie à l'une des extrémités de
la lale. Comme dans cet endroit
on joue toutes fartes de jeux , on
l'appelle aufii tripot.
On appelle ;Vtt de longue paumt^
une place ou allée large où l'on
joue ï la longue paume, comme
on fait à la place qui eft proche la
I, porte Saint- Antoine â Paris. A une
?"
lu
Jeu
des exttémités de cette place eft un
toit pour le fervice des eteufs qu'on
poulfe avec des batbirs.
Jeu , fe dit auQi au jeu de la paume,
d'une divifion d'une partie de pau-
me : les parties font ordinaire-
ment de nuit jeux j chaque jeu
contient quatre coup gagnés , le
premier fe nomme quinze ; le fé-
cond trente ; le troifième quarante-
cinq ; & le quatrième jeu. Quand
les joueurs ont chacun un quinze,
on dit qu'ils font quin-^ains ; quand
ils ont chacun trente y on dit qu'ils
font trentains ; quand ils ont cha-
cun quarante-cinq , cela s'appelle
être en deux ; Se pour lors il faut
encore deux coups gagnés de fuite
pour avoir le jeu ; le premier fe
nomme avantage , & le fécond jeu.
Lorfque les deux joueurs ont cha-
cun fept jeux , ils font ce qu'on ap-
pelle à deux de jeu j alors la partie
eft remife en deux jeux gagnés de
fuire , dont le premier le nomme
avantage de /eu.
Figurément & familièrement en
parlant de deux perfonnes qui
le (ont rendu réciproquement de
mauvais offices ^ on dit , qu'elles
font à deux de jeu. Et la même
chofe fe dit de deux hommes qui
ont été également maltraités dans
quelque affaire.
Jeu , fe dit aulli d*un lieu oà Ton joue
à certains jeux. Un jeu de boule. Vn
jeu d'arquebufe. Et l'on appelle jeux
publics « les lieux où l'on djnne à
jouer â toutes fortes de jeux. Et l'on
dit de ceux qui donnent ï jouer k
jours réglés , c^^ ils tiennent un jeu.
j£u , fe dit aufli de ce qui fert à jouer
à certains îeux. Un jeu de quilles. Un
jeu d'échecs. Un jeu de cartes.
On dit au jeu des cartes > en par-
lant de la manière dont quelqu'un
a coutume de jouer , qu'i/ a le jeu
JEU
6t
Jerré; pour dire , qu'il n'aîme pas
à hafarder , à rifquer. La même
chofe fe dit au jeu des échecs , de
quelqu'un qui n'étend pas aflez fon
jeu. Et au triârac on dit que le
jeu de quelqu'un eji ferré & prejfé ;
pour dire , que les cafés les plus
éloignées font faites, & que s'il amè-
ne des cinq ou des (îx , il ne les fau-
roit jouer utilement.
On dit auffi au tridrac , étendre
fon jeu j pour dire , abattre beau-
coup de dames afin de faire plus fa-
cilement des cafés.
Jeu , fe dit audi de la manière donc
on touche les indrumenS) comme
le luih, les orgues, la viole, &c.
Avoir le j eu brillant y le jeu délicat.
On appelle les orgues > un jeu
d'orgues.
On appelle auffiyetf, les tuyaux
d'orgue qui font rangés fur le mê-
me regiftre. Tous les tuyaux du
même jeu rendent des fons qui ne
diffèrent que par les différences de
l'aigu au grave , au lieu que les
- tuyaux, d'un autre jeu , rendent des
fons qui diffèrent encore d'une au-
tre manière, de même que plu(leur«
nuances de bleu, par ex etan pie , dif-
fèrent des nuances de rouge qui
participeroient également du clair
& de l'obfcur , lefquels dans cette
comparaifon répondent à l'aigu
& au grave.
Ob appelle dans ce fens ^ jeu de
voix humaine y un jeu de l'orgue qui
imite la voix humaine. Jeu de flûtes
douces , celui qui imite les flûtes
douces. Jeu de trompettes , celui qui
imite les trompettes, é'c.
Tous les jeux de l'orgue font ran-
gés fut les fommiers ou pièces gra-
vées , en telle forte que l'Organifte
laifTe aller le vent i tel jeu qu'il
lui plaît , en ouvrant le regitre qui
pafle fous les pieds des tuyaux ^ &
6i JEU
•
a tel tuyau de ce jeu qu'il lui plaie »
en ouvrant la foupape qui ferme la
gravure fur laquelle le ruyau répond.
On laiflfe partir ordinairement,
plufiears jeux i la fois , ce qui for-
mant des jeux compofés , s'appelle
plein jeu qui eft la montre & le
bourdon ac i6 pieds ^ le bourdon
dé 8 pieds ouvert j le preftant , la
doublette Ja fourniture ^ la cimbale
& la tierce.
Les autres jeux compoKs font à
la difcrétion des organiftes qui les
compofent chacun a fon gré , en
prenant dans le nombre prefqae in-
fini de combinaifons qu'on en peut
faire , celles qui leur plaifent le plus,
c» dont ils s apperj^oivent en tétant
le clavier.
On appelle y «ut de viole , quatre
ou cinq violes de différentes gran-
deurs , pour jouer les différentes
parties de la mufique.
Jeu 9 fe dit au0i de la manière dont
lin Comédien repréfente. Un Cgmé-
(lien qui a lejeff notlfi. Cette AlQrfcç
a l^jcu tendre , IntéreJJant»
On appelley^ft de théâtre , certai-
nes aftions d^s aâbèurs » qui con-
fident le plus fouvent en geftes 8c
en mines. Uya dans cette pièce plu*
Jîeurs jeux de théâtre qui placent.
On dit proverbialement , cejl un
jeu joué ^ pour dire, ç'eft une feinte
concertée entre d^sperfonnç^ qi^i
s'entendent.
Jbu » fe dit auffi de l^exercice & de 1^
façon de manier les hautes armes.
Le jeu de la hallebarde. Le jeu de la
pique.
Jeu, fe ditaufli en termes d'efcrime,
de la façon d efcrimer Sç dç faire
aflaut.
* L'afl^ut comprend deux jeux qui
font le fenfible& l'infenfible. Quel-
auefois on exécute ces deux jeux
ans un même aflàut ^ en paûàiK de
JEU
Tttnâ Tautre^ & quelquefois oon*eit
exécute qu'un.
Le jeu infenfible eft un alTaut qui
fe fait fans que les épées fe toa-.
chent,
Cetaflaut s'exécute toujours fous
les armes à votre égard , parceque»
de quelque façon que lennenu fe
mette en garde , d'abord qu'il ne
fouflPre pas que les épées fecouchenr^
vous tenez la garde haute.
On fuppofe d;tns ce jeu que les
efcrimeurs étant en garde y leurs
épées ne fe touchent point , mais
3uelles fe rencontrent dans les parât-
es & dans les attaques.
De ce quon doit pratiquer dans
tajjaut du jeu infenjible. Article L
Dans ce |e.u , i ^. con^me on ne fenç
pas l'épée de l'ennemi % on fe mec
toujours hors de mefure pour évi-
ter d'être furpris : i®. on tient une
garde haute , le bras plus tendu que
dans la garde bafle , la garde de
répée vîs-a-vis de Teftomacde l'çn-
netpi y afin de le tenir éloigné &
qu'il ne puifTe faire aucune attaque
Kins détourner cette pointe : 3^. on
regarde fa main droite afin des'ap^
percevoir des mouvemens qu'il fait
pour frapper votre épép avec h|
fienne.
Article IL Les attaques qui fe
font dans ce jeu , font des teinte$
& doubles feintes.Qn les peut faire
parcequ'pn eft hers de mefure ; d'où
il fuit que l'ennemi nepeut pas vous
prendre fur ce temps.
Lorfque vous t^ites le premier
temps de la feinte ou feinte droite»
fi l'ennemi va a votrç épée > vous
profitez de fon mouvement pour
entrer en mefure en dégageant , &
incontinent vpus recommencez la
feinte. Remarquez que dans certe
attaque vous dégagez quatre fois
par la feinte > & trois rois par U
JEU
hftïtt droite » que le premier d^iga-
Î;ement eft volontaire & les autres
orcés , Se qu'au dernier vous déta-
ehez Teftocade.
Ârricie IIL L'ennemi qui vous
attaque, eft obligé par votre pofition,
de détourner votre épée* Sil laveut
frapper , dégagez par le deuxième
dégagement forcé.
Article- IV.* On regarde le pied
gauche de l'ennemi » ft dès qu'on
s'apper^çoic qu'il' TaVance pour en-
trer en mefure , on l'attaque
fiir ce mouvement par une efto-
cade. Ce procédé l'oblige de pa-
rer , & on profite de ce défaut.
Article V. Quand vous attaquez
Fennemi par une feinte , s'il ne va
pas a répée > vous entrer^n mefure
£àtts dégager , en vous tenam prêt
à parer* & Tennemi ne vou» porte
pas Teftocade fiir le temps que vous
eritrez en* mefure » incontinent que
vous y êtes arrivé & de la pofition
où vous ctety vous détachez Tefto-
cade i droite ; car i l eft â: préfumer
que l'ennemi s'attend que vous al-
lez faire une- feinte. S*il n'allott à
Fcpée que lorfque vous entrez en
mefure , alors y étant arrivé » vous
kii feriez une feinte*
Article VI. Dan» ce jeu on n'en-
veprend nr botte de paffe nr db
▼olte , ni défarmemenc ,. excepté
le défarmemenr, en faifant tom-
ber l'épée de l'ennemi en la frap-
pant r quand il porte une eftocade
de féconde»-
Si en attaquant rermemi it fe dé-
fend par la parade du cercle , vous
le pourfuivrez dans le défaut de
cette parade.
Le Jeu Jcnfiblc eft un affaut qui
fe .fait par W fentimeac de- l'é-
pée.
Cet aÏÏaut s'èxécutr fut les ar-
mes, ou fous les armes;., fur le» ar-
I
JEU 6i
mes j fi les efcrimeurs tiennent une
;arde balTe ou ordinaire; & fous
es armes , s'ils en tiennent une
haute.
Si l'ennemi tient une jgarde hau<-
te , il faut abfolument u tenir de
même ; mais s'il en tient un bafle^
vous pouvez tenir la même ou bien
la garder haute.
On fuppofe dans ce Jeu que l'en-
nemi iailfe fentir fon épée.
On fait d'abord attention fi l'on
eft en mefure ou hors de mefure ;
fi* l'on eft en mefure, on regarde
le pied droit de l'ennemi , par le
mouvement duquel on conçoit s'il
faut parer , & Ion fent fon épée»
parceque ce iènriment nous en af-^
lure la pofition, ic nous avertit s'il
dégage ou s'il porte l'eftocade droi«
ce , ou s'il fait toutes autres atca-*
ques. Suppofons maintenant que
les épées foient engagées dans les^
armes.
La première attaque que Ton
fait à l'ennemi , eft d'oppofer en
quarte. Ce mouvement vous cou^^
vie tout le dedans des armes , ic
dérecmine l'ennemi ou k' dégager ,
ou â Dortet l'eftocade en dégagesnr,.
ou àdemeurer en place, t". Sil dé-
gage , détachez incontinent lefto-
cane de tierce droite, i^. S'il porte
l'eftocade en dégageant , fon pied
droit vousavestitde psfrer , & vous
tâchez'de ripofter. j^. S'il demeure
en plate , vous détachez l'eftocade-
de quarte droite ou vous faites ut>*
coulement d'épée.
Articleir. Si dans llnftant qu^'on*
pare l'eftocade on ne faifit pas le
temps de la ripoft^ , on donne le
temps à l'ennemi de fe remettre en
?;arde> pour le prendre dans le dé-
àur de ce moovemenn Remarquez
?|u*après avoir pôuflfê une botte , il-
aut abfolument qjie l'ennemi ib
64 JEU
metee oa qa^il le feigne ; ce qu*il
ne peut faire & porter l'eftocade :
donc fi on i*accaque fur ce temps ,
on le mettra dans la ncceflicéde pa-
rer , & on le prendradans le défaut
de fa parade.
Article III. Si Tennemi pare Tef-
rocade que vous lui porter , il faut
remarquer qu'il peut faire , en vous
remettant , ce que vous lui avez
fait y mais auffi qu'il peut tomber
dans le défaut que voici , qui tf^
de fe remettre avec vous » c'eft à-
dire , de quitter l'oppontion parcç-
qu'il croit que vous vous remettrez
en garde. Dans ce cas , vous profi-
terez de ce défaut en lui repoullant
la même eftocade. Si au contraire il
réfîlle toujours égalemeoit à votre
. ^pée 'y alors comme il aura le côté
oppofé à découvert , il td certain
qu'il fe portera nécedairement à pa-
rer de ce c6té-Ià \ c'eft pourquoi en
^niflfant de vous remettre , vous
feindrez uneeftocade en dégageant ,
( fie dans lin(kaut qu'il fe portera à h
parade 3 vous dégagerez. Si l'ennemi
n'alloit pas à la parade de cette feiti-
te , vous rompriez la mefure i s'il
profite du temps que vous vous re-
. mettez en garde pour vous attaquer ,
. faites retraire.
Article IV. Vous pouvez auflî at-
piquer l'ennemi par un battemei)t
d'épce ; & S' il pare votre eftocade,
pbierve?; en vous remettant , ce qui
.eft contenu en l'article ilL Si l'en-
nemi vous porte une bottejobfervez
ce qui eft contenu dans les articles I
Se 11^ & fi l'ennemi ne pare pas&
ou'il n'ait pas reçu l'eftocàde » c'eft
iignequil a rompu la mefure; c'eft
pourquoi portez lui une eftocade de
paflTe. Si l'ennemi pare l'eftocàde de
paffe I vous remettrez prompcement
votre pied gauche où il étoit , &
yg^f fçc^lejrez iin peu le droit; Vous
JEU
devez vous attendre que Tennemî
va venir fur vous y mais remarquez
qu'il n'eil pas alors en mefure :
( car vous ères auffi éloigné de lui
qu'avant de porter l'eKocade de
padej) c'eft pourquoi il ne faut
pas s'amufer à parer , mais remar-
quer fon pied gauche , & auilitot
3u'il le remue, détacher Tedocade
roite s'il ne force pas votre épée »
& fi vous fentez qu'il la force |,
vous détacherez Tellocade en déga*
géant.
Article V. Si l'on eft hors de me^
fnre , il faut obferver le pied gau-
che de l'ennemi & fentir fon épée*
Les attaques qu'on doit faire
hors de mefure, font des coulemei^s
4'^ppe 'y & toutes les fois que ren-
nemi pare votre eftocade & que
vous parez h fienne ^il faut fuivre
les maximes des artj^cles I, II &1II,
Article VI. Quelque mouvement
que l'ennemi puide faire hors de
mefure , vous n'y devez point ré-
pondre à moins que vous ne pre^
niez le temps pour l'attaquer. Ob-
fervcz cotitinuellement fon pied
gauche > parcequ'il ne peut vous
offenfer qu'en l'avançant ^ n>ais aufr
ficôt qu'il l'avance , détachez -lui
Tcftocade droite s'il ne force pas
votre épée, & s'il la force , portes
leftocade en dégageant.
Il faut auffi faire attention que
l'ennemi pourroit avoir la finefle
de forcer votre épée pour vous faire
détacher l'eftocàde , afin de vous
la faire ripofter ^ il n'y a que la pra^
tique qui puifTe vous faire connoî«
tre cette rufe. Cette remarque fe
rapporte au précepte qui dit qu'il
ne faut jamais tirer d^ns un jour que
Tennemi vous donne.
Article VII. Tout ce qui eft en*
feigne aux articles l, II » III , IV,
V ^ yi ^ peut s'çzécuter eti tierce ,
9t\
JEU
en quarte » en quarte baflè 6c en
féconde } il n'y a qa*i décerminer
une de ces poGcians & fuÎTre ce
qat y eft enieigné.
Article VIIl. Voas devez con-
que s'il vou^faic les mêmes atta-
aaes ^'il vous avertit de fondef-
iein dont voas tâcherez de pro-
fiter.
Article IX. Quelques variées que
puiflent être les attaques d'un ef-
crimeur » elles k rapponent tou-
jours à la feinte oit double feinte,
à l'appel ou coulement d'épée , ou
battement d'épée » ou i forcer Té-
pée.
Article X. Si Tennemi fe dé-
fend par la parade du cercle » vous
le pourfuivrez dans le défaut de
cette parade.
On dit figurément de la manière
d'agir de quelqu'un » qvConfaUfon
jeu , quefofijeu cjifort couvert , fort
caché y frc.
On appelle Jeu 4^ mots 9 tme cer*
taine alluiioo fondée fur la reflèm*
blance des mots. Vn j€u de mots
plaijant ^ froid , puéril» Voyez Al-
lusion.
JjEux , au pluriel j fe dit des fpeâa-
clés publics des Anciens » comme
les courfes » les luttes , ks combats
de Gladiateurs ^ &c.
La Religion confacra chez les
Anciens ces fortes de fpeâacles :
on n'en conooiflbir point qui ne fut
dédié à quelque Dieu en particu-
lier 9 ou iDème à plusieurs enfem-
ble : il y avoir un Arrêt du Sénat
ronnîn qui le portoit expreflTément.
On commençott toujours â les fo
lennifer par des iâcrifices 8c autres
cérémonies religieufes. En nn mot
leur inftitation avoit pour motif
To me Xr.
JEU ^5
appafent la Religion ou quelque
pieux devoir.
Les jeux publics àe^ Grecs (e di-^
siioxtm en deux efpèces différent
tes \ les uns étoient compris fous le
nom de gymniques , & les autres
fous le nom àefcéniqucs. Les jeux
gymniques comprenoient tous les
exercices du corps , la courfe â pied,
ai cheval , en char \ la lune , le faut ,
le javelot » le diique > le pugilat ,
en un mot le pentathle ; & le lieu
où l'on exerçoir & où l'on faifoic
ces jeux , fe nommoit Gymnafc ^
Palcfircy Stade ^ &c. Alonlaqua*
lité des jeux.
A l'égard des jeux fcéniques , on
les repréfentoit fur un théâtre , ou
fur la fcène qui eft prife pour le
théâtre entier.
Les jeux de mqfique & de poéfîe
n'avoient point de lieux particuliers
pour leurs repréfentations.
Les jeux les plus folennels qui fa
célébrèrent chez les Grecs , furent
les Olympiques , les Pythiens , les
Néméens & les Ifthmiens. I^oye:^
ces mots.
A Rome les jeux ne furent pas
moins fameux que chez les Grecs ,
par la fplendenr& la magnificence
qui les caraâérifoient. On les dif r
tingua par le lieu où ils étoient céâ
lébrés , ou par la qualité du Dieii s
qui on les avoit dédiés. Les premier
croient compris fous le nom àejeux
circenjis & aejeuxfcéniques , parce
que les uns étoient célébrés dans le
cirque , & les autres fur la fcène.
A l'égard des jeux confacrés aux
Dieux , on \es AWiioit tu j eux facr es ,
enjeumvotifs; parcequ'ilsfe faifoient
pour demander quelque grâce aux
Dieux ; en jeux funèbres & en jeux
divertiffans , comme étoient, par
exemple , les jeux compttaux.
Les Rois réglèrent les jeux Ro-*
I
6€ JEU
mauis pendant le cemps de fà RoyaU'
té ; mais après qu'ils eurent écé
. chafles de Rome , dès que la Repu
bliqueeut pris une forme régulière y.
ks Confuls & les PréceurspréCdèrenc
aux jeui^ circenfes , apoUinaires &
féculaires. Les Ediles Plébéiens eu-
rent la diredion àts ieux Plébéiens y,
les Préteurs ou les Édiles curules ,
celle des jeux dédiés â Cérès , i
Apollon , à Jupiter » à Cybèle &
aux I&tres grands Dieux , fous le
cicre de jeux Mégalcfiens.
D^ns ce nombre àçr fpeâSLcles-
{oublies , il y en avoir qu'on appeluit
jpécialementyVftx Romains > & que
> l'on divifoir en grands magni ^ &
très-grands maxuni.
Le Sénat & le Peuple ayant été
réunis Tan 387 par radrelTe & tha-
bileté de Camilie > la joie fut (î vive.
dans tous les Ordres > que pour mar-
quer aux Dieux leur recohnoi (Tance
de la^tianquilUré don^ Us efpéroient
jouir y, le Sénat ordonna que 1 on fit
degrands j£ux a Thonneur desDàeux,
& qu!oa les folennisat pendant qua-
tre jours ; au lieu qu^auparavant les.
jeux publics n avoient eu lieu que
pendant trois jours y Ôc ce fur par
ce changement qu*on appela ludi
. gidximiy les jeux qu'on nommait
auparavant ludi magnu
Oti célébroir chez les Romains
des jeux , non-feulement à l'hon-
neur des Divinités qui habitoient
le CieL, mais même à. l'honneur de
celles qui régnoient dans les Enfers ;
. & les jeuxinftitués pour honorer les
Dieux infernaux étoient de trois
fortes., cotinus fous le nom de Tau-
rilia , Compitalia & Tcrcnéni ludi.
Les jeux fcéniqaes comprenoient:
tentes les repréfenrations qui fe fisii-
foicnt fur la fcène ; elles confiftoient
en tragédies , comédies , faryres
c^u'on repicfentoit fur le théâtre eo
JEU
rhonneur de Racchus , de Véhas St
d*Apollon. Pour rendre ces diver->
ttifTemens plus agréables , on l^pré-
ludoit par des danfeurs de corde ^
des voltigeurs âc autres fpeâacle»
pareils ; enfuite on introduisit Hir la»
icène les mimes Se les pantomimes »
dont les Romains s'enchantèrenc
dans les temps ék la corruption
chaffa les mœurs & la vertu.
Les jeux fcéniques n'avoient poine
de temps^ marq^ués j non plus que.
ceux que les Confûfs Se les Empe--
reurs donnoiénc au peuple pour ga-»
{;iîer (% bienveillance » te qa'-on céi^
ébroit dans un amphithéâtre envi-
ronné de loges & ae balcons ; U fe
donnoiénc des combats d*hommes
eu d'animaux. Ces [eux étoienr. ap-»
pelés* agonalés ; Se quand on cou.-
roit dans le cirque ,: équefires ou cu-^
raies , les premiers étoient confacrés-
à Mars & à Diane , les autres i Nep--
tune Se au Soleil.
La dépenfe qu'on faifoir pour ces:
jeux étoit prodigieufe*
Des jeux plus célèbres encorequer
ceux dont on vient de parler , étoienr
les î^voi féculaires qui n'avoienr lieue
que tous les cent ans , pour deman-
der la- confervation de l'Empire*.
C croient les Quindécemvirs qui
avoient foin de faire célébrer ces.
jeux. Par leur or<lre un Héraut in-
vitoit le peuple à^ aiTifter à >des jeux
que nulle perfonne vivante n'avoir
vus ni ne verrait. On les célébroir'
principalement en l'honneur d'A*
poUon 8c de Diane » durant trois.
|purs Se trois nuits dans rou» les
théâtres \ & f>endam ce temps-là ott:
faifoit des facriâces dan» tous les
Temples. Le troifième jour vingt-
fept jeunes garçons, de condition ^
& autant de jeunes filles» ayant tous,
leurs pères & leurs mères vivans ».
chantoienc dans le Temple d'AgoL--
JEU
lAn j'uné hymne qu'on appeJoit Po'é^
^nt féculaire.
On aDpeloic jeux de prix , ceux
auxquels il y avoir des prix pour
'quelque exercice \ 8c encore aujour-
d'hui en parlanr de cerrains jeux ,
comme le jeu d'arquebufe, darba-
lêre , &c. on , les appelle jeux Je
prix^
On appelle jeux floraux ou Aca-
démie des jeux floraux , une Société
littéraire qui tient ks afTemblées à
Touloufe. ^<?yrj Floraux.
En poëfieon dit, les jeux y les ris
*• Us grâces i les jeux & les plaiflrs ;
les jeux & les amours : Se dans ces
phrafes on entend par les jeux j tout
ce qui contribue â lagrément , à la
joie , au divertiflèment d*une com-
pagnie.
On dit de même en parlant d une
belle perfonne , que les jeux , les
ris & les grâces l* accompagnera par--
tout.
^^^9 en parlant de cerraines chofes
dart , le dit de laifance, de la fa-
cilité avec laquelle elles peuvent fe
mouvoir , 6c de lefpace dans lequel
eMes fe meuvent. Ainfi les horlogers
difenr qu'ra pivot a trop de jeu dans
fort, trou , lorfqu il peut s'y mouvoir
de-çà & de.là. ^
Ea termes de Peinture on dit ,
<{\x*ily a du jeu dans une compofition ,
lorfqu'il y a du mouvement , une
variété dafpefts , .& lorfque \t% ob-
jets ne font point entafl<^s , mais
qu'ils laiflent entr'eux Tefpace né-
ceflaire à la facilité de leur mouve-
ment.
En termes de Marioe on appelle
jeu du gouvernail y le mouvement du
gouvernail.
On appelle jeux dUfprit^ certains ^
petits jeux où Ton joue quelquefois ,
& qui demandent quelque facilité',
<îuelqu'agrément d'eïjirit.
JEU Gj
On appelle auflî jeux d^efprlt , iz%
productions d'efprit qui ont plus de
gentilielTe que de folidité , comme
les anagrammes , les énigmes , les
bouts rimes.
On dit en termes de Fauconnerie»
donner le jeu à l* autour ^ pour dire^
lui lailTer plumer la proie.
En termes de Commerce marî-^
timeon ^xx^ faire jeu parti , quand
de deux ou piuneursperfonnesinté*
felTées fur un vailTeau , il y en a
une qui veut rompre la (ociété ,
& qui demande que le tout de-
meure A celui qui tera la meilleure
condition aux aurres , ou bien que
Ton faffe eftimer les parts.
Jbu de fief > fe dit en termes de Ju-
rifprudence féodale , d'une aliéna-
tion des parties du corps matériel
du fief, (ans divifîon de la foi due
pour la rotalité du fief. 11 peut avoir
lieu , foit en faifant des fous-inféo*
dations , ou en donnant quelque
portion du domaine du fief à cens
ou à rente , ou en la vendant.
Le |eu de fief eft permis pour la
totalité dans les pays de droit écri: \
mais dans les pays coutumiers il eft
regardé comme excefiif , lorfqii'il
excède la portion dont la coutume
permet de fe jouer. La plupart des
coutumes veulent (jue le va(ral r^é-
ferve du moins le tiers des domai-
nes en fonds , comme celle de Paris
qui permet au vaJTal de fe jouer de
(on fief, & faire fon profit des hé-
ritages , rentes ou cens étant du
fief, fans payer aucun profit au Sei-
gneur dominant , pourvu que l'alié-
nation n'excède pias les deux tiers ,.
& qu'il retienne la foi entière &c
quelque droit feigneurial & doma-
nial lur ce qu'il aliène.
Ce que les coutumes d'Anjou ,
du Maine & de Touraine appelleiK
dépié de fiej y n'eft pas le démem*-
Ç8 )EU
brôinenr du fief , mais plmot le jeu
exceflîf du fief.
La peine du d^pié de fief & du
jeu exceffif eft que couc ce qui ell
aliéné , relève cforénavanc , imœé-
diaceiMnc du Seigneur dominant du
vaiTal qui » faic Taliénation excef-
five \ au lieu que toute la peine du
démembrement eft que le Seigneur
dominant n'efl: pas ooiieé de recon-
noître la divifion que Ton a voulu
faire du fief.
j£UDi 'y fubftaBtif mafculin. Le cin-
quième jour de la femaine. Il étoit
confacte chez les Anciens â Jupiter ,
c eft pourquoi ils lappeloient dies
JoviSy d'où lui eft venu fon nom.
Proverbialement Se populaire-
ment , pour donner â entendre qu'u*
ne choie ne fe fera point , on dit ,
quW/(^ fe fera la fcmainc des trois
Jeudis , trois jours après jamais , ou
iimptemçnt ^ la femaine des trois
Jeudis.
On appelle Jeudi gras , le Jeudi
qui précède le Mardi-gsas. £c Jeudi-
Saint ou Jeudi ahfolu , le Jeudi de
la Semaine-Sainte.
JI«Ey ER \ nom propre d'une ancienne
ville d'Allemagne , chef-lieu dû Je-
verland » en w eftphalîe , à douïe
lieues , nord- eft , d'Embden.
jEVERLAND \ fx>m propre d'une
contrée d'Allemagne , dans la Weft-
phalie. Elle renferme trois petits
pays qui font le Wangerland , TOf-
tringen & le Ruftringen. Sa lon-
gueur eft d'environ huit lieues , &
la largeur de quatre. Elle appartient
à la Maifon d'Anhalt-Zerbft.
JEUMERANTE} fubftantif féminin
& terme de Cbarrotlis. Petite plan-
che de bois plat formant la fixième
ou la huitième partie d'un cercle ,
& qui fert de patron aux charrons
pour faire des jantes de roues.
JEUN^ tertae doDC ou ne fe fert que
JEU
dans cette exprefiion adverbiale k
jeun , pour dire , fans avoir mangé
de la journée. On doit être à jeun
£mr aller recevoir l'Eucharifiie.
NEj adjeûif des deux genres. Jtf-
venis. Il (e dit des perfonnes qui ne
font guère avancées en âge. Un
jeune enfant. Un jeune ecoli€f. Un
jeune homme. Une jeune fille. Une
jeuru femme. Ce foru des jeunes gens
qui t^amujent.
JfiUN£ ^ fe dit auffi des bètes & des
plantes. Un jeune chien* Un jeune
arbre.
^ïï termes de Vénerie on appelle
jeunes cerfs > ceux qui font à leur
deuxième , troifième & quatriècne
tête.
JfiUNi^ fe dit quelquefois par rapport
aux dignités » aux emplois qu'on ne
donne d'ordinaire qu'à des perfon-
nes déjà avancées en âge. Il étoit en*
core jeune quand on lui donna le bâton
de Maréchal de France.
On dit » dans mon jeune âge ^dan$
mon jeune temps ; & poétiquement ,
dans ma jeune faijon ; pour dire «
lorfque j*étois jeune. Et on dit auffi
pocriquement , jeunes déjirs , jeune
ardeur & jeune courage , en parlant
des défirs j de l'ardeur & du cou-
rage d'une jeune perfonne.
Jeune ^ fe dit ailfli de celui qui a en-
core quelque chofe de la vigueur Se
de Tagrcment de la jeunet. // ejl
encore jeune , quoiquon le difefort
âgé. Il aura toujours tef prit jeune. A
quatre-vingts ans il avoit encore V-bu^
meur jeune.
On dit de quelqu'un qui eft déjà
dans râge« qu'i/ a encore le goût
jeune ; pour dire » qu'il akne le€
plaifirs » les divertiflemens de la
jeunefTe.
On dit, qix^une couleur eJl jeune i
pour dire , qu'elle ne convient qu'à
déjeunes geas.
JEU
Stvut , fignifie auâi étourdi » évùpôré , ;
qui n*a point encore iefprie mur.
y^ous le yerrc\ Jcuju toute la viei
On dit d'un jeune garçon fore
étourdi , qu*/7 ejl fou comme un
jeune ckien^ £t on TappelU figuré-
ment, un feune tévron^
Par mépris on appelle un jeune
iiomme , jeune barbe. Vous n*êtes
encore quune jeune barbe. Et quand
un jeune homme veut faire des cho-
Tes qui demandent plus de maturité ,
plus de poids que n'en ont ordinai-
rement CQUK de fon âge , on lui dit,
qu'/7 a encore la barbe tropjeunu
Jxui^E , fe ditauûi pour cadet, iliam/i
U jeune » pour le difiinguer de Martin
aine^
On dit proverbialement » jeune
chair & vieux poijjim ; pour donner
à entendre que la chair des jeunes
bêtes eft plus délicieufe , & oue les
plus grands poiflbns (ont d'ot dinaire
les meilleurs au goût.
La première iyllabe eft brcve » &
U féconde très-brève.
J£UNE i fubftantif raafculin. Ceft en
général un aâe deReligion, par le*
quel on s'abftienc d alimens ôc mê-
me d autres chofes «dont Tufage eA
permis.
Le jeune a été dans tous les temps
•ic parmi toutes les Nations un exer*
cice u(ité dans le deuil , dans la dou-
ceur 5 dansia tridefle* Ceftun fen-
timent qui eft en quelque forte inf-
piré par la nature qui dans ces cir-
confiances fe refufe la nourriture »
& émoulTe le fentiment de U faim«
Kous ne voyons aucun exemple' du
jeûne proprement dit avant Motfe ;
Ibit que ce Légiflaceurn'en ait point
Tcmarqué dans les anciens Patriar-
ches ; ce qui eft affez difficile i
croire » -puirqu on y voit des deuils
très-grands & très-bien marqués^
comme celui d'Abraham pou^Sara^ i
JEU {^9
& celui de Jacob pour fon flts Jo-
feph y foit qu'il n'ait pas jugé nécef-
faire d'en parler d'une manière ex-
{ greffe .' mais il paroît par la loi , que
es jeûnes même de dévotion pour
expier fes fautes , étoiem com-
muns patmi les Ifraélites. Moïfe
ordcmie que fi une femme mariée
s*engage par vœu i un jeûne de fu-
rirogation , fi fon mari ne s'y op-
pofe pas , elle fera obligée d'y fatis-
faire. On ne parle pas du jeûne de
quarante jours, que Moïfe pafla
fans manger fur la Montagne cTHo-
teb j parceque ce jeûne n'eft point
dans les règles ordinaires de la
nature.
Depuis Moïfe les exemples du
jeûne focitcommnns parmi les Juifs;
mais pour les jeûnes qui fe lifenc
dans leur calendrier , ils font pof-
térieufs à la loi. Moi'fe n'ordonne
aucun jeune particulier dans fes li-
vres , finon le jeûne de 4'expiatioa
fobnnelle qui eft d une obligation
{lri<ae & générale. Jofiié Se les An-
ciens dlfracl demeurèrent profter-
nés devant l'Ardie d«puifi le matin
jufqu au foir , fans manger , après
la défaite des Ifraélires devant JHaï.
Les onze Tribus qui avoierK pris les
artnea contre celle de Benjamin ,
voyant qu'elles ne pouvoiem tenir
contre ceux de <?abaa , fe profter-
nèrent devant l'Arche , & y demeu-
rèrentjufqu au foir fans manger. Les
Juifs fe fentanr preflTés par le$ Phi-
4iftins , s'aflemblèrent devant le Sei-
gneur i Mafpha, & jeûnèrent en
ia préfence jufqu'au foir. David
jeûna pendant Ja maladie du premier
fils qu'il avoit eu de Berfabée fem-
me dXIde, Les Prophètes ^ Jefiis^
Chrifl , S. Jean-flaptifte 4Mu jeûné
■dans pIufieuTs occafione.
Le Roi de Ninive dFrayé ftr U
psédicatioA 4e Jonas . cocdâona ou
yo JEU
non -feulement les hommes ^ maïs
aulfi les aoimauXydemeureroient fans
boire & fans manger. Les Juifs dans
lés grandes calamités publioient
des jeûnes extraordinaires , & fai-
foienc jeûner jufqu aux enfans i la
inamelle.Dans leurs jeûnes ordinai-
res ils commencent i jeûner dès la
veille après le coucher du foleil »
& demeurent (ans manger jufqu'au
lendemain i la même heure , c*eft-
à-dire j jufqu au lever des étoiles.
Ils ne prennent aucune nourriture ,
m aucune boilfon pendant tout ce
temps. Le jour de l'expiation folen-
nelle où le jeûneeQ d*une plus grande
obligation, ils jeûnent vingt *huir
heures. Les hommes font obligés
au jeûne dès 1 âge de treize ans'ac-'
complis » Se les filles dès lage de
ente ans accomplis. On fait audi
jeûner les enfans dès lage de fept
ans » fuivant la portée de leurs for-
ces. Pendant ce jeune les Juifs s'abf-
tiennent non -feulement de toute
forte de nourriture , mais audi du
bain , des parfums » des odeurs >
des onârioas. Ils vont nus pieds ,
vivent dans la continence , èc n'a-
fent point du mariage. C'eft Tidée
que tous les Orientaux ont du jeûne.
Les Samaritains font jeûner au jour
de Texpiation folennelle , les enfans
des qu'ils font fevrés » ou même
félon quelques-uns , ceux qui font
à la mamelle, & cela pendant vingt-
quatre heures du jeûne de ce jour-
là; au lieu que les Juifs ne font,
jeûner que les enfans de fept ans.
Voici les principaux jours où les
Juifs font obligés an jeûne. Au mois
deTifri qui eft le premier de l'année
civile y & le feptième de l'année
Sainte , ils jeûnent le troifième jour
en mémoire du meurtre Commis fur
la perfonne de Godolias. C'eft ce
pièms jeûne dont parle Zacharie
JEU
fous le nom de jeune du /iptânté
mois.
Le feprième du même mois ils
célèbreiu un jeûne à caufe du veaa
d'or.
Le dixième on célèbre le jeûne
folennel de l'expiation.
Le fixième jour du fécond mois
nommé Marshtvan , on jeûne i
caufe que Sédécias Roi de Juda eue
les yeux crevés par ordre de Nabu-
chodonofor.
Le feptième jour du troinème
mois on jeûne en mémoire de ce
que Joachim Roi de Juda perça
avec un canif, & brûla lesprophé-*
ries de Jérémie.
Le huitième jour du quatrième
mois les Juifs ont jeûné en haine de
la traduâion de la Bible , faite d'hé-
breu en grec , par l'ordre de Ptolé'
mée-Philadelpne.
Le neuvième jour du même itiois
on fait un jeûne dotit les Rabbins ne
rapportent pas la raifon.
Le dixième du même mois ils
jeûnent en mémoire du (iége de Jé«
rufalem par Nabuchodonofor.
Le huitième jour du cinquième
mois ils jeûnent en mémoire des
Juflies qui ont vécu fous Jofité.
Le vingt-troifièmêdu même mois
on célèbre un jeûne â caufe dé \x
guerre que les onze Tribus firent i
celle de Benjamin , pour punir l'in-
jure faite à la femme d'un Lévite.
Le feprième jour du fixième mois
onjeûneàcaufedelathortdeMoïfe.
Le neuvième on jeûne à caufe de
la divifion des écoles de Sammaï Se
d'Hillèl.
Le premier jour du (eptième mois
de Tannée civile , qui elc le premier
de Tannée Sainte , on jeûne â caufe
de la mort des enfans d'Âaron con-
fumés par le feu facré.
Le aixième du même mois on
JEU
«e à caufe de la more de Marie
r de Moïfe.
Le vtngc-fixième on jeune pour la
morcdejofaé^.
Le dixième du huicième mois on
jeûne pour la mort du Grand Prêtre
Héli j & pour la prife de TArche.
Le vingt-huitième on jeûxie pour
la mort de Samuel.
Le vingt-^roifième du neuvième
mois on Jeune, a caufe que Jéroboam
Roi des dix Tribus défendit à Tes
fu jecs de porter les prémices â Jéru-
faleiu»
Le vingt - cinquième du même
mois on jeune à caufe de la mort des
Rabbins , Siméon fils de Gamaliel y.
Iftmcl fils d'Élifée , & Ananias
Vicaire du Grand Prêtre»
Le vingt - feptième on jeune i
caufe que le Rabbin Hariinaf ut brûlé
avec le Livre de la loi.
Le drx-fepcième du dixième mois
on jeûne > à caufe que Moïfe brifa
les Tables de la loi. Le même jour
on fàic mémoire de la ceflàcion des
iàcrifiçes , & de Tidole placée dans
le Temple fous Antiochus Épi-
phanes.
Le neuvième du onzième mois
on jeûne ,, i caufe que Dieu, dir à
Moïfe y que nul des Israélites mur-
murateurs nentreroit dans la Terre
Çromife , & que le même Jour le
*emple de Jéfufalem fut brûlé pre-
mièrement par les Chaldéens , &
long-temps après par les Romains:
ced le jeûne du cinquième mois de
Vannée Sainte j marqué dans Za-
charie.
Le dix-huitième du même mois
CMi jeûne ^ à caufe que du temps
d'Achas » la lampe qui s'allumoir
tous les foixs dans le Saint , fur
^ceinte.
Le dix -feptième du douzième
mois, de L'année civile ,, on jeûnoit
JEU 71
en mémoire de la mort de ceux qui
ayant été envoyés pour confidérec
la Terre promife , en firent un rap-
fort défavanrageux au peuple, 6c
engagèrent dans le murmure.
Outre ces jeûnes qui font corn-
miins à tous les Juifs , ils en ont
encore d aucies de dévotion , prati-
3 nés par les plus zélés Se les plus
évots.
Les Rabbins foutiennent qu*it
n'eft pas permis de jeûner au moi»
de Mars j parceque c'eft en ce mois»
que les Ifraélices fortirent de TÈ-
gypte» & qu'il doit être rout entier
confacré d la joie & à la reconnoif--
fance. Cependant quelques-uns ne
laiffent pas de jeûner le jour que
Marie fœiir de Moïfe mourut j par-
cequ'alors Teau ayant manqué aa
peuple au campement de Cadesbar*^
né , Uracl toniba dans le murnHire
contre Dieu»
Les Égyptiens , tes Phéniciens
ont aufli eu des jeûnes faccés r ea
Eeypce , par exemple ^ on jeûnoic
toknneUement en 1 honneur d'ifis ,
au rapport d'Hérodote.
Les Grecs adoptèrent les mêmesr
coutumes^ Chez les Athéniens il y
avoit plufieurs fctes , entr aurres^
celle d'£Ieufine& des Thefmopho-
ries , dont lobfervation étoit accom-
pagnée de jeûnes , particulièrement:
pour les femmes qui palFoienr un;
jour entier dans un équipage lugu-
bre , fansprendre aucune nourriture.»
Plutarque appelle cette journée la
plus trifte desThefmophories.Ceux:
qui vouloient ie faire initier dans»
lesmyftères de Cybèle , étoient obli-
gés de (e difpofer à l'initiation par
un jeûne de dix jours. S'ilen faut:
croire Apulée Jupiter, Cérèsfic les^
autres Divinités du Paganilmeexi^
^ geoient'le même de voir tantdes Pre-
nez oa Prennes qui rendoienc Icucs
7*
JEU
\
Qcades^ que de otaz qui fe pr^fen*
coieocfKMirlescoafulcer} &lorfqu'il
s*agiflatc de fe purifier de quelque
manière ^ue ce fûc , c'ctoit un
préliminaire indifpenfable.
Les Romains plus fuperfticieus
que les Grecs , poufsèrenc encore
plus loin lufage des jeûnes. Numa
Pompilitis obiervoic des jeûnes pé-
riodi<}ues » avant les facrifices qu'il
•ffroit chaque année pour les biens
de la terre. Nous lifons dans Tire-
Lîve , que les Déceravirs ayant con-
f ulté par ordre du Sénat les livres de
la Sybille , i loccafîon de plufîeurs
prodiges arrivés coup fur coup y ils
déclarèrent Que pour en arrêter les
fuites , il falloir fixer un jeûne pu-
blic en riionneur de Cérès , & Tob-
ferver de cinq ans en cinq ans« Il
, paroît aufli qu'il y avoit à Rome
des jeûnes réglés en l'honneur de
Jupiter.
Virgile fait dire i un Berger , que
les animaux mêmes jeûnèrent à la
mort de Ce far.
Parmi nous le jeûne confifte à
s'abftenir de viande , en ne faifant
qu'un repas dans la journée , foit à
dîner avec une légère collation à
fouper , (bit à fouper avec une lé-
gère collation à dîner.
Le jeûne eft ordonné par TEglife
pendant le carême & les quatre-
temps. II y a aufli dans les Diocèfes
pluUeurs icres de Tannée , qui font
précédées d'un jeûne que l'Evcque
peut établir ou abolir. Le jeûne de
carême a été établi dès les premiers
fiècles de TÉglife , afin qu'ïl y eût
un temps de Tannée confacré i la
pénitence , & pour imiter Texemple
de JefuS'CkriJl qui a jeûné pendant
quarante jours. Les Evèques modé-
rèrent quelque foisi 'auftéritédu carê-
me, en permettant l'ufage des œufs
& du laitage aux 6 délies de leur
JEU
Diocèfe. Cette permifllion ^hdonne
quand le poiflbn eft rare , buRfians
dbs temps de difette. Lorfque M.
l'Archevêque de Paris juge à propos
d'accorder Tufage des oeufs & du
laitage dans fon Diocèfe ^ le Parle-*
ment rend un Arrêt par lequel il
permet , en conféquence du man*
dément de TArchevêque » d'expo-^
fer des oeufs 8c du laitage en vente
dans les marchés.
L^Eglife n'a point ftatoé fur Tage
auquel l'obligation de jeûner com-
mence j ni fur le temps où elle finit ^
mais on doit croire que cette obli-
gation dure autant qu'on eft en état
d'accomplir le précepte.
On ne jeûne jamais le Diman«
che » & on ne fait point abftinençe
le jour de Noël. Dans les Diocèfes
où la Cathédrale eft fous l'invoca-
tion de Notre-Dame , il eft permis
d'ufer d'alimens gras y les famedis
qui fe trouvent entre la fête de
Noël 6c la Purification.
Les Curés peuvent en connoîf-
fance de caufe , difpenfer du jeûne
& de Tabftinence.
Le jeûne des Proreftans tc CzU
viniftes diffère du nôtre , en ce qu'il
leur eft permis de manger de la
viande , & qu'ils ne peuvent man«
ger qu'après foleil couché.
Les Mufulmans ont aufli leurs
jeûnes qu'ils obfervent pendant 4e
mois entier de Ramadam , qui eft
le neuvième mois de Tannée Arabi-
que. Ce mois eft lunaire & change
perpétuellement de place , roulant
fucceflîvement dans toutes les fai^
fons de Tannée \ parceque ces peu-
ples ne reçoivent pomt dlnter-
catation. On dit que ce jeûne a
été inftîtué en mémoire de Tal^
Coran que Mahomçt dit lui avoir
été envoyé en ce mois là. Il confifte
à ne boire , ni mang^er , ni fumer
fendant
JEU
f)enâant tout le jour , det>uî$ k man
tin jufqu'au lever des étoiles ; après
quoi ils boivent & ils mangent tant
qu'ils veulent toute la nuit , fi ce
n'eft que le vin leur eft encore plus
étroitement défendu en cette ren-
contre qu'aux autres temps. On en
a vu à qui Ton a fait avaler du plomb
fondu pour avoir violé cette règle.
Nul n eft exempt du jeûne , ni
femme , ni foldat , ni voyageur ,
ni ouvrier , ni artifan , ni pauvre ,
ni riche : le Sultan jeûne comme
hs autres. Les malades qui font
dans rimpuiffànce de jeûner le Ha-
madam , font obligés de jeûner un
autre mois après leur convalefcence.
La foif furtout eft très-pénible aux
voyageurs & aux ouvriers j mais il
faut la foufFrir , ou G l'on rompt fon
jeûne, (e refoudre déjeuner autant
de jours dans un autre temps. La
plupart demeurent tout le jour dans
«ne grande inaétion > évitant fur-
tout les exercices qui peuvent cau-
, ier de l'altération.
JeDne , outre fes diverfes acceptions
«n matière de Religion , fe dit de
toute abftinence dalimens.
La privation totale des alimens
aux heures où Ton a coutume d'en
prendre , eft fouvent d'un auffi grand
effet pour préferver des maladies ,
ou pour empêcher le progrès de cel-
. les qui commencent , que Tufage
modéré qu'on en fait , eft utile &
. néceffaire pour conferver la famé :
ainfi les perfonnes d'un tempéra-
ment foible , délicat , fe trouvent
très-bien , non- feulement de ditni-
nuer de temps en temps la quantité
ordinaire de leur nourriture , mais
encore de s'abftenir entièrement de
manger , en. retranchant par inter-
valles quelques repas i ce qui eft
furtout tr^s-falutaire danç le cas de
. pléthore , comme lotfqu on a palle
Tome XK»
JEU 73
«aelque temps fans faire antanc
^exercice qu à l'ordirtaire , lorf-
qu'on a été expofé pat quelque caufe
2ue cefoit, â quelque fuppreffion
e la rranfpiration infenfible , ou de
toute autre évacuation néceflaire ou
utile , lorfque les humeurs conden-
fées par le froid & la plus grande
aftion des vai fléaux qui en font une
fuite > fe difpofent à tomber en fonte
par le retour de la chaleur de l'air.
Au refte le jeûne ne convient ^jas
également à toutes fortes de perfon-
nes j il faut être d'uh âge avancé
ffour le bien fup|>orter , pàrceqil'on
ait alors moins cediATipation. Aufli
Hippocrate afsûre-t il que les vieil-
les gens fe padent plus facilement
de manger que les autres , par op-
pofition aux enfans qui ne fé paffenc
que difficilement de prendre de la
nourriture , & ainfi à proportion ,
tout étant égal , par rapport aux dif-
férons temps de la vie.
On dît proverbialement de quel-
qu'un qui a été long -temps (ans
trouver de quoi manger , i\\xil a bien
fait des ^unes qui nétoient pas de
commandement*
La première fyllabe eft longue
& la féconde très-brève.
JEUNEMENT; adverbe. Nouvelle-
ment. Il ne fe dit qu'en termes de
Vénerie & en cette phrafe y un cerf
de dix cors jeunemenc; pour dire^
un cerf qui a pris depuis peu un cors
de dix andouillcrs de chaque côté.
JEÛNER î verbe neutre de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
jiçue comme Chanter. Obferver
les jeûnes ordonnés par TEglife. //
jeune tous les vendredis. Les enfans
les malades , les voyageurs , font
difpenfés de jeûner. On le fit jeûner
au pain & à l'eau.
On dit proverbialement & figu-
rément , jcùnér à feu & à fang ;
74 ÏEU
pour dire ^ jcuncr avec une extrême
exaâlcude, & dans coaie la rigueur
du jeûne.
Jeûner , (ignîfie aufli manger peu ,
ou même moins qu'il ne faut , foit
par une abftinende volontaire » foit
par une abftinence forcée. Son Mé-
decin 'lui recommande déjeuner* Il fait
fouvent jeûner fa femme &fes enfans. '
La première fyllabe e(t longue ,
& la féconde longue ou l)rève. f^.
^r ER.be
JEUNESSE i fubftamif féminin. Ju^
ventus. Cette pattie de la vie de
rtiomme qui ett entre Tertfante &
Tage viril. Ces chofes fe pafsirent
durant fa jeuneffe^ Il eut une jeunejfe
bien turbulente. Les feux de la jeu^
nejfe. Ilj^affafijeunejfè dans Voifi"
vête. On ne lui reproche que quelques -
* traits de JeaneJfL
On dit quelquefois , de jeunejfe; '
pour dire , dès k jeunèffe. // sac-\
xoutuma dz jeunejfe à la fatigue»
On dit proverbialement & figuré-
4nent , jeunejfe ejl forte à pyfer ;
jK)ur dire , que dans il jeuneÛè on
al)iende'la peine à modérer Tes paf-»
:fions. Et Ton dit à peu près dans le^
*même fens , il faut que jeunejfe fe ,
paffe ; pour dire , que la jeuneàfe'
elTfuiette i faire des lauces, & qu'il
HFaut les excufec« !
'On dit iigurément & proverl>iale-
'ment.y Ji jeunejfe favoit & vieillejfe]
.pouvoit; pour dire ^ fî la jeunelfe;
avoir l'expérience ^ & que'k vieil-
lefle eût la*force.
.Jeunesse, lignifie aulfi ceux qui font
dans 1 âge de la jcunefTe.; ficmême
il fe dit pareillemem des perfbnnes
qui font encore dans l'enfance. Inf
truire la jeunejfe. C^jl une tonne ^
école pour 'la jeunejfe.
Jeunissb , fe dit encore de ceuxqui
font dans l'â^e de vingt ans i trente-
^inq ou environ. Il^avoit bien dt
JEU
la belle jeunèffe dani cefte affemlHe.
Jeunesse , fe dit quelquefois de l'im-
pnidence Se des folies de la jeu-
nèffe. Il fit bien desjeunejfes autre^
fois. C*efi une jeunejfe quil faut lui
pardonner.
Jeunesse , fe dît entermes de Mytho»
logie , d'une Divinité des Romains t
3m préfidoit à l'â^e de la jeunefle »
epuis que les enfans a voient prit
-la robe appelée prétexte. Elle fut no-
norée long- temps au Capitole ; en*
fuite Marcus Livius Salmstor lui
voua un Temple tandis qu'il étoit
Cenfeur , & quinze ou feize ans
après le Daumvir C. Licinius Lu-
cullus en fit la dédicace.
La première fyllabe eft brève «
la féconde moyenne j & latroifième
très-brève.
JEUNET , ETTE ^ adjeftif qui n^a
guère d'ufage que dans le ftyle fa^
milier , & qui (ignîfie extrêmement
jeune. // eft encore jeunet. Elle étoie
bien jeunette quand il Vépoufa*
JEÛNEUR , EUSE j fubftantif. Celui
ou celle qui jeûne beaucoup & fou-
vent. Cefi un grand jeûneur , une
grande jeûneuje. 11 ne s'emploie
guère qu'avec l'adjeâif grand.
JEVRASGHKA; fubftantif mafculin.
Animal de Sibérie qui eft une ef-
pèce de petite ^marmete avec une
tète -ronde & un mufeau écraie : on
ne lui voit point d'oreîUes , ficTon
ne peut même découvrir l'ouverture
du conduit auditif qu'en détournant
le poil qui le couvre \ la longueur
du corps V compris û tète , eu tout
au plus aun pied \ la queue n'a
guère que 'trois pouces y elle eft
prefque ronde auprès du corps -y àc
enfuite elle s'aplatit , 6c fon extré*
mité paroît tronquée. Le corps de
cetanimal eft a(Ièz épais, le poil eft
fauve, mêlé de gris , 6c celui de
L'extrémité de U queue eftjprefque
\
JEZ
■oîr. Ijts jambes font courtes » celles
Je derrière font feulemenc plas lon-
gues que celles de devant. Les pieds
de derrièse ont cinq: doigts & cinq
engles noirs & un peu courbés »
ceux de devant n'en ont que quatre:
lorfqn'on irrite ces animaux » ou
feulement qu'on veut les prendre ,
ils mordent violemment » de font
sn cri aigu comme Iz macmotte j
Îiuand on leur donae al manger ils
e tiennent affis > & portent a leur
|ueuU avec les pieds de devant :
ils fe f echerchent au printemps &
produifenr en été ; les portées or-
dinaires font de cinq oo fis ; ils fe
font des terriers où ils paffenc l'hi-
ver & où la femelle met bas &
alaite fes petits»
JEZER ; nom propre d'une ancienne
ville de la Paleftine » dans la tribu
de Gad.
JÈZIDE ou jBzinâEK ; fubftantif
jnafculin. Terme de Relation qui
fignifie hérétique chez les Maho-
métans. Léunclaviusdit que ce nom
vient d'an Émir nommé Jézidc » qui
tua les deux fils d'Ali , nafan &
Huflein j neveux de Mahomet par
leur mère » & qui perfécuta la pof-
tcrité de ce prophète. "Les Âgaré-
niens dont il étoit Émir ou Prince ,
le regardèrent comme un impie 6c
un hérétique , & de U vint la cou*
cunîe d'appeler Jc^idéens les héré-
liques.
Quelques-uns parlent des Jt^idts
comme d'un peuple particulier qui
parle une langue différente du Turc
^ du Perfan , quoiqu'elle approche
de la dernière. Us difent qu'il y a
deux fortes de Jérides , les blancs
& les noirs. Les blancs n'ont point
le collet de leurs chemifes fendu \
il n'a qu'une ouverture ronde pour
pafler la tète » & cela en mémoire
a un cercle d'or & de iumièie def-
JEZ 7f
cendu du ciel dans le cou de leur
grand Scheik on chef de leurs fec*
tes. Les Jé^itUs noirs fonc faqufrs.
ou religieux.
Les Turcs & les Je^ides fe haïf-
feni fort les uns les autres , & la.
plus grande injure que l'on puifle
dire à un hcmme en Turquie , c'eflî
de l^appeler Jé{ide. Au contraire
les Jéiidcs aiment fort les chrétiens^.
parce qu'ils font perfuadés que Je-*
fidê leur chef eft Jisus-CttRisT ^
eu parce qu'une de leurs traditions
poste que Jc\îde fit autrefois aU
liance avec les chrétiens contre let
Mufttlmans.
Ils boivent du vin même avec ex-
cès , 6t mangent du norc. Ils ne re-^^
^oivent la circenciuon que qu. ndi
ils Y fonc forcés par tes Turcs. Leur
ignorance eft extrême ; ils n'ont au-
cun livre ; ils croient cependant à
l'évangile & aux livres facrés des
Juifs t fans les lire ni fans les avoir;
ils font des vœux Se des pèlerinages»
mais ils n ont ni mofquées ni tenr.^i^
pies , ni oratoires , ni rères » ni cé-
rémonies , & tout leur culte fe ré-*
dttit à chanter des cantiques fpi-
rituels à l'honneur de Jés us-Christ^
da la Vierge , de Moïfe Se de Ma-
homet. Quand ils prient ils fe tour-^
nent duc6téde l'orienta l'exemple
des chrériens , au lieu que les Turcs
regardent le midi ; ils croient qu'il
fe pourra faire que le diable ren-*
trera en grâce avec Pieu , & ils le
regardent comme l'exécuteur de la
juuice de Dieu dans l'autre monde.
Delà vient Qu'ils fe font un point
de religion de ne le point maudire i^
de peur qu'il ne fe venge : aufli
quand ils en parlent ils le nomment
1 ange paon , ou celui que les igno-
rans maudilTènt.
Les Jé^ides noirs font réputés
iaints « le il n'eft pas permis dQ
K ij
7^
JIT
pleurer leur oiort^ on s'e;D réjouie;
ils ne font pout^anc la ptuparc que
bergers. Une leur eÇt pas permis
de ruer eux-mêmes les animaux
donc ils mai^efic la viaxide , 8c ils
laiffent ce foin auXf Jc[ides blancs.
Les Jé^ides v-qoc ei> rtpupc comme
l^s Arabes y çh^ngetH fouvenc de
demeutie , & babiçenr fous des pa-
villonsiooics faits de poildechèvre»
df, entourés de gros rofeaux 5< d'é-
E'n^ lies eofemble. Ils difpofenr
urs tentes en rond , & mettent
leurs troupeaux au milieu. Ils ache-
Sfïnc leurs femmes , donc le prix
ordinaire eft dé deux cens écus ^el-
IesiX}|i'elles ibi^nr. Le divorce leur
eft permis , pourvu que ce foie pour
ip faire f^qi^ir* C'eft un crime par-*
mi eux de rafer ou de couper fa
barbe quelque peu que ce foit. Us
ont certaines coutumes qui fem-
blent montrer qu'ils defcendenc de
quelque forte de chrétiens \ par
exemple > dans leurs feftins Tun
d'eux préfente une raiTe pleine de
vin à un autre , & lui dit : prenez
ce calice du fang de Jàsus-Chaist;
eelui-ci hai(e la main de celui qui
lui préfente la tafTe, &; la boic.
lEZRAËL ; nom propre d'une an-
cienne ville de la» Paleftine », dans^
la tribu de Juda.
Il y avoir une autre ville de mê-
me nom dans la tribu d'Iflachar.
Voyc\ Jbsrael.
JITO ; fubftanrif mafcnUn. Arbce
du Bréfll dont les baies ronges dans
leur maturité, &.conftammenr at-
tachées i leur pédicule pendant
toute l!année. ,. font difpofées en
' ferme de grappes de raifin, & ref-
lemblent àce frultpar leur figuce
Ac par leur couleur j.mais^elles foqr
figneufes en dedans, & ne donnent
aucun jus. La;^ vert4\ médicinale de
Cl fi arbre réf d& dans Técorce jauoe.
JOA
Si acre de fa racine, oui purge avee
violence , même à la aofe d'un fcru^
pule.
JITA j vcycç^ CARrcuEiBïJu.
JOACHIMITES; {les) hérétiques
Îui fuivirent la dodirrijie de TAbbé
oachim fur la morale. Cet; Abbé
. qui étoit de Flore en Calabre , vi-
ioit iune perfeâion extraordinaire;
il s'étoit aéchainé contre la corrup--
tion du fiècle y il étoit exceflive-
ment prévenu pour la vie crémiti-^
que & pour ce qu^on appelle la vit
intérieure & reririe ; il ne vouloir pas.
que Ton fe bornât à la pratique des-
précepres de l'évangile. Quelques»
petfonnes prirent de lioccafion de
dire que la loi de l'évatigile étoic
imparfaire ,. & qu'elle devoit être
fuivie par une loi plus parfaite ; que*
cette loi étoit la loi de l'efprir , qUl
dévoie être éternelle.
Cette loi de l'efprît n*éroîc que-
la colleélion des maximes de cette^
faufle fpiritualité dont les Joachi-^
mites faifoiebt profeflion , & qu'ils
renfermoient dans un livre auquel
ils donnèrent le nom à^évangUê-
éterneL
Les loachimices fuppofoienr dans*
la religioir rrois époques : la pre-
mière commençoit au temps de-
Tancien teftament, & la. féconder
au -nouveau teftament ; mais le:
nouveau teftament n^étoit pas une
loi parfaite j il devoit finir & faiie
place i une loi plus par&ice qui (êra^
éternelle ; cette loi eft la morale
de l'Abbé Joachim que Ton donne
dans l'évangile éternel : or on y
enfeigne que pour prêcher révangile-
érernel , il faut être déchauflé \ que
nijisus CHRisr ni lès apôtres n'oBC
atteint la perfeâion de la vie coo-*-
templative ; que depuis Jèsus*^
Christ jùfqtt'â l'Abbé Joachim , lax
ide adive^ avoit: été utile ; niais
JOA
^puls qae cet Âbbé avoic para far
k terre '» la vie adive étou dew-
Due iniuile » & que la contempla-
tive donc cec Abbé avoir donné
l'exemple , feroit bien plus luilet
Tels fontlçs principes derévstfi*
gile éternel : il eft rempli d*exrca-
yagances fondées ordinairement fur
quoique interprétation myftique de
quelque palfage de TÉcriture Sainte.
L évangile éternel a été attribué
à Jean de Rome 9 fepcième Géné-
ral des Frères Mineurs y d autres
Tattribuent à Âmauri oa à quel-
qu'un de fes difciples y quoi qu'il
en fôit , il eft certain que plu(jeùrs
xeligieuxapprouvèrent cet ouvrage,
& que quelques-uns d'entre eux
voulurent enleign^r cette doârine
dans rUniverHté de Paris en 11 5*4.
L'évangile éternel a été condam-
né par Alexandre IV , & par le
Concile d* Arles en 1 2^0.
JOACHIMSTALL j nom propre
d'aune ville & vallée de Bobeme i
dans le cercle d*Elnbogen. On y
découvrit au commencement du
feizième iîècle de riches mines d'ar-
gent.
K>A4LLERîE ; fubftantif féminin.
Art , métier de Joaillier. S'adoa^
ntr à la joaillerie*
JOAILLIER; fubftantif mafculin.
Celui qui mec en œuvre toutes for-
tes de pierreries & dç diamans &
qui en fait commerce.
Les ouvrages qui (ont partie de
l'a joaillerie font eu très-grand nom-
bre aujouvi'hui furtout que le luxe
& le gpûtde la parure font poufles*
à. l'excès.
Les principales pierres précieu-
fes que Ton emploie dans les paru-^
res , Ibnt Ife diamant , le rubis ,
rémeratuJbss le faphir , la topaze ,,
ropale-y la- turquoife, Tamétiilfte ,:
W g^eMCi raigiK>ma€tpe 9>lasérû-
JOA 77
dot , la jacinthe » la perle > l'agathe
atborifée, &c.
On empLoyoit fort rarement le
diamant avant le^ règne de Louis
XIII , parcequ on n'avoir point en-
core trouvé le fecret de le tailler »
& ce n'eft proprement que (bus
Louis XIV que Ton a commencé
d'en faire ufage. Les anciens leçon-
noiffoient , mais ils en faifoient pea *
de ca»^ ils eftimoienr beaucoup
plus les pierres de couleursL & Air-
tout les perles* Agnès Sorei y qui
aimoit la parure , efb la première
femme qui ait porté des pierre»
ries en Fcanoe* Anne de Bretagne
eft la féconde» Depuis François !>
qui a chaifé la barbarie Se rappelé
U^ arts, jiifqu'à Louis XUl , touteS'
les parures n'étaient composées que*
de pierres de couleur & de perles.
On portoit des agralfes dedifEéreU'
tes pierres de couleur , &• quelque-
fois on y mettoi« un dâamane aw
milieu. Pour les perles , fu&tout les*
perles en poires , elles éroient fif
communes^' (i à lamode en Fraoce,.
fous Heri 111 & fous Henri IV , que
les femmes & les hommes en^
avoient fouvenr leurs habits femés-
depuis le haut jufqu'en bas.. Les»
femmes ont' confervé l'ufage des^
perles jurqu'i la mort de la Reine-
Marie-Thérèfe d'Autriche. G'e(t
à peu près l'époqueoù les diamans*
brillans ont commencé à devenir
en vogue ».& i obtenir la préférence^
fur toutes les autres parures- deLpier--
vts précieufesk
La dureté , la tranfparence , \t^
jeu éclatant des reflets des diamans^
& leur pefarueur fpéciâque fonr .
les principales qualités qui les £3nir
reconnoitre parmi. lesautres pierres^
précieufes* On ne-trouvioir autre-^
fois des* diamans que* dans^ les I^v-
desvoxieBiales ^»ptmugalemeiM:^dàn$s
78 JOA
la partie inférieure de l'Indbftan*
Ha 1677 il y avoir vingt-rroir«H-
nés de diamans ouverres dans le
Royaume de Golconde ; aujour^
d'hui c eft da Brétîl , Province de
l'Amérique méridionale apparte-
nance aux Portugais > que l'on tire
la plus grande partie des diamans
âui fe répandent en Europe ; mais
apaCTent pour avoir moins de du-
reté que ceux d'orient »' auflî les
Joatilliers dafinent*ils Tépithète à^o-
' rUruales i toutes les pierres fines
qui ont la perfeéfcion que l'on exige.
Les diamans blancs , & dont l'eau
eft bien nette > lont les plus eftimés.
Dans le commerce on entend par
sau 9 la cranfparence du diamant.
Les défauts qui peuvent fe trouver
dans la netteté de cette pierre pré-
cienfe i font les couleurs fales fie
noirâtres; les glaces, les points
rouges ou noirs» les filandres & les
Veines. Ces défatws que l'on ex-
prime par diâerens noms , cemme
tables y dragons ^jardinages ^viennent
ou de ce que les matières étrangères
font incorporées dans le diamant ,
ou de ce que les ouvriers en caflant
les roches à coup de malTe, donnent
Iuelquefois ûir les diamans bruts
es coupf qui les fêlent.
La netteté & la tranfparence dans
un beau diamant dépendent de la
nature j mais l'éclat 6c la vivacité
.viennent de la iaille que leur donne
le lapidaire ou diamantaire.
On diftingue facilement les pier-
res fines naturelles des faâices , par
le poids & par la dureté; mais la
couleur des dernières imite quel-
quefois bien celle des premières. On
connoit la dureté par TelTai de la
lime qui ne mord point fur les
pierres fines naturelles ; mais ce-
pendant le faphi'tj l'améthifte orien-
tale^ la topaze» la chry folite ^ 8c
JOA
toutes celles d'entre les pierres pré-
cieufes » dures 6c tranfparentes qui»
ont la propriété de perdre leur cou«
leur au feu , ont fouvent donné àes>
diamans faâices , que les plus hft-
biles connoilTeurs avoient peine h
difcerner de ceux q^e la nature pré*
fente tour formés.
Les pierres faulfès oirde compo-^
ikion les pluS' â la mode font le»
/Iras f nottt d'un Jbaillier de notre
temps » qui le premier les a mifes-
en vogue; elles ne diffèrent des fines-
que par la dureté & le potds>
Les deux plus beaux diamans que
le Roi pofsède font le Régent & le
Sancy,
Le Régent fut acheté d'un Anglois^
par feu M. le Dur d'Orléans , Ré-
gent , qui lui a donné fou nom. Il
pèfe 547 grains» ou 137 ka^sars
moins un grain 5 & a coûté deur
millions cinq cens mille livres^ mais
il eft eftimé aujourd'hui cinq^ mil-
lions. Il eft fi parfait » qu'il pafle
pour être le plus beau du monde.
Le Sancy pèfe 1x6 grains: il eft
de figure oblongue>fbrmant une dou-*
ble rofe » d'uneeau & d'une netteté
parfaite! Ce fut M. de Harlay , Bz*
roa de Sancy, Ambailadeur de
France i Conftantinople , qui l'ap-
porta au Roi 9 6c lui donna Con
nom. Il n'a coûté que fix cens mille
livres } mais* on l'eftime biendavan^
rage.
Pour donner tme idée de la joaiU
lerie, nous parlerons de la façon
de mettre en œuvre , c'eft-â-dire de
monter une pierre » & d'en former
une bague.
Pour faire une bague â une pierre
feule ; on prend une ferrilTure d*or
qui eft un ni d'or deftiné à entourer
la pierre ^tcon adapte cette fertif«
fure à la pierre.
Après cette opération on fait le
JOA
!fond delà bague*.} oa a ane plaque
4) oc qu'on emboutit 9 c*eil-à-dire ,
qu'on creufe dans un de à emboutir
avec unie bouterolU.
Le dé à emboutir efttin morceau
de cuivre de deux poucesL & demi
en quarré , percé de plufieurs csous
*de difFcrenres grandeurs.
La bouieroUe eft un morceau de
fer long d'environ trois pouces ,
«proportionné â la grandeur d'un des
uous du dé à emboutir & qui doit
former celle du fond de la bague.
On place cette plaque d or fur
•Je trou du dé â emboutir & labou-
reroUe fur la|>iaque ; & en frappant
^vec un marteau fur la bouteroUe,
-on emboutit la bague comme elle
.doit Tctrev
Quand le fond eft embouti». on
tl ajufte fous la feriiflure , fc on le
ibude à la Jampe par le moyen d'un
«chalumeau » avec de la foudure d'or
•& du borax« On prend enfuite un
•fil d'or Jimé en quatre » on le tourne
4ivec des tenailles de la grandeur
dont on veut iaire le teur de lai
i>ague«» ayant foin de laiflèr les deux
•extrémités plus épaiffes que le mi-
^lieu ; on ajufte le tout à la bague
ibus fon fond , & quand il eft àjufté ,
^n attache les deux parties avec du
£1 de £br pour Us fouder «nfemblej-
^comme on l'a déjà die*
Quand la bague eft foudce » on la
^taille , c'eft-i-dire qu'on y fait des
filets tout autour avec C onglet ^ .q^\
'eft un morceau d'acier trempé, long
de deux pouces &demi » emmanché
dans un morceau de bois » & qui a
au bout une de desifaces uauchante
•le l'autfe rende. ;
Quand la bague eft taillée » o/t la.
met en ciment^ ce qui confifte à l'en-;
loncer dans .une poignée de bois,
•garnie de ciment^ pour avoir la faci-
ale .dfi la £brtir fans qu'elle ^vacille..
JOA 7^
Pour la fectir , on commence-pac
mettre du noir d'ivoire délayé avec
de l'eau dans l'endroit qui doit l^r-
vir d'encemte à la pierre , & par le
moyen d'un bâton de cire qui fertâ^
' la preûdre^ oni'ajufte dansi'œuvre
avec une échoppe à arrêter , qui eft
[»latte9 carrée & prefque pointue par
e bout avec lequel on (erre le nié-
•cal contre la pierre, pour évitée
qu'il y ait du jour entre Tun & Tau-
tœ. On prend enfuitta une échoppe
E latte pour former les griffes de {a
^gu^ > ^\ f<>nc ordinairement au
nombre de huit., & qui fervent à
alTermir la pierre., & d la contenir.
Apiès ces différentes opérations ^
on ote la.bague du ciment^ &i on la
polit.
Pour la polir , on y paflerd'aberd
«ne forte de pierre qui mange tous
les traits que la lime peut avoir
faits , & qu'on nomme pierre à pajl
ferj^ on .y pafle enfuite de la pierre
ponce délayée dan$.de l'huile, &ou
froite la bague avec un*échev«attde
fil imbibé de cette coàipolition^^on
la frotte de la même manière avec
du tripoli en poudre délajré dans de
l'eau-, te ennn pour- l'aviver , ic
lui donner l'éclat qu'elle doit avoir«
on la nettoie avec une brolTe :ce
<mi Jui donne fa dernière pecfec-
uon.
Il n^y a de différence «ntre U
«monture d'un diamant, & celle
d'une pierre de couleur, qu'eu ce
X}ue la fertiflur^e d'un diamant doit
^tre 'd'argent j 8c que xseUe d'une
.pieKe de couleur doit^tre d'oc«
Les Joailliers dcrParis ne •olidênc
point leurs ottvr;^;es ^ ce ibnt udes
.ouvrièses ^ptliespolijpu/is .qui f
.mettent la deriHèce main.
Les MercieMi&les.Oe£ifffesde
Paris font appelés fu leurs ftaruts
Marchands Joailliers ^ ^parceque Ifi^
Ji
u
JOB
uns & les antres » à Texcludon de
tons marchands , ont la Faculté
de faire trafic de marchandifes de
joaillerie ; mais les Merciers ne
* peuvent tailler , monter , ni mettre
4sn œuvre aucune pierre précieufe
ni joyau , xela écant rélervé aux
Orfèvres , qui font les arttfans de
ces fortes de chofes.
JOANNITES ; (les) on a ainfi appelé
dans le cinquième fiècle ceux qui
ameutèrent attaches à- Saint Jean-
. Chryfoftotne, & qui continuèrent
de commonier avec Ui> quoiqu'il
eût été exilé par les artifices de
l'Impératrice Eudoxie, & dépofé
. dans un conciliabule par Théophile
d'Alexandrie , cnfuite dans un fé-
cond» tenu à Conftantinople. Ce
titre de Joannkcs fut invente pour
défignerceuxà qui on le donnoit,
& qu'on fe propofoît de delTervir à
à la Cour.
JOB; nom propre d'un ancien Pa-
triarche non moins célèbre par fes
Tertus que par fa patience* On eft
partagé fur ion origine & fur le
temps auquel il a vécu. On lit à la
fin des exemplaires grecs &c arabes
de Job j -àc dans l'ancienne vulgate
latine ces mots , & l'on y dit qu'ils
font tirés du fyriaque : » Job a de-
« meure dans l Aunte , fur les con-
» fins de ridumée & de l'Arabie j
n fon 'premier nom étoit Jobab. Il
}> époufa une femme arabe dont il
>9 eut urt fils nomn>é Ennon, Pour
») lui il étoit fils de Zara , des def-
9> cendans d'Efaii & de Bozra ; en«^
>9 forte qu'il étoit le cinquième de-
* 99 puis Abraham. U régna dans TI-
99 dumée , & voici l'ordre des Rois
99 qui .y ont régné avant & après lui.
99 Balac fils de fiéot régna dans la
99 ville de Denaba , après lui régna
99 Job , autrement appelé Jobab. A
» Job fuccéda A(om Prince de
JOB
99 Thcman. Après lui régna Adad
» fils de Barad ^ qui défit les Ma-
» dianites dans les campagnes de
99 Moab. Le nom de fa ville étoit
»> Jéthem. Les amis de Job qui le
•9 vinrent trouver font Éliphaz de la
^ poltérité d'Efau & Roi de Thé-
»9 man , & Baldad Roi des Sau-
n chiens , & Sophas Roi des Mi-
•» néens.
Voili ce qu'on a de plus ancien
touchant la généalogie de Job. Arif-
tée , Phibn , Polyhiftor reConnoif-
fent cette généalogie ; les anciens
Pères grecs & latins ont reconnu
ôc cité cette addition , & Théodo-
tion l'a confervée dans fa traduc-
tion du livre de Job. En fuivanc
cette tradition , on trouve que Job
étoit contemporain de Moyfe.
On appelle livre de Job , un livre
canonique de l'ancien te(Vament ,
ainfi appelé de Job dont il contient
l'hiftoire , Se qui pafTe commune*
ment pour e«i être l'auteur.
On a formé une infinité de con-
Jeâiures diverfes fur le livr< de
Job ; les uns ont cru que Job l'avoir
écrit lui-même en fyriaque ou en
arabe , & qu'enfuite Moïfe ou quel*
qu'autre Ilraélite l'avoir mis en hé-
breu i d'autres l'ont attribué à Eliu,
l'un des amis de Job » ou à fes au-
tres amis , ou a Moïfe » ou à Salo«
mon , ou à Ifaïe, ou A quelqu'Ecri«
vain encore plus récent. U eft cer^
tain que le livre en lui-même ne
fournit aucune preuve décifive pour
en reconnoître l'Auteur. Ce qui
1>aroît inconteftable , c'eft que ce-
ui qui Ta compofé étoit Juif de
religion & poftérieur au temps de
Job , qu'on croit avoir été contem-
porain de Moïfe. Il y fait de trop
fréquentes allufîons aux exprefiions
de l'Ecriture pour penfer qu'elle ne
lui ait pas été familière. La langue
originale
JOB
originale da livre de Job ^ft llié-
braïqae , mais mêlée de pjufieur»
exprelfions arabes & chaldéennes ,
& de plufieurs cours qui ne font
pas connus dans l'hébreu , ce qui
rend cet ouvrage obfcur & difficile
â entendre. Il ell écrit en vers libres
quant â la mefure & à la cadence ;
vers dont la principale beauté con-
fiée dans la grandeur de Texpref-
ûon , dans la hardie (Te & la fubli-
mité des penfées » dans la vivacité
des mouvemens y dans l'énergie des
peintures ^ & dans la variété des ca-
ra^ères, parties qui s'y|trouvent tou-
tes réunies dans le plus haut degré.
Quant à la canonicité du livre de
Job , elle eft reconnue généralement
danales Èglifes grecque & latine,
elle Y a toujours pallé comme un
article de foi , & ce fentiment eft
venu de la Synagogue à rÊglife
chrétienne* Les Apôtres l'ont cité.
Théodore de Mopfuefte le criti*
quoic , mais fur une verHon grec-
que y qui faifant quelques allutions
à la fable ou à Thiftoire poétique j
n'étoit pas exaâement conforme au
cexce hébreu. Quelques-uns accu*
fenc Luthet & les Ânabaptiftes de
rejeter le livre de Job , mais Seul-
tec & Spanheim tâchent d'en jufti-
(îer Luther. On peut confulter fur
ce livre le commentaire de Pineda ,
celui de Dom Calmer & Thiftoire
de Job par M. Spanheim.
JOBATE ; voye^ Beilbrophon.
JOBETî fubftanrifmafculin, & ter-
oie de Fondeurs de caractères d'im-
primerie. Ceft un petit morceau
de fil de fer plié en équerre , qui
fe met au moule si fondre les carac-
tères d'imptimerie , entre le bois
de la pièce de deiTus & la platine.
Il fert à empêcher que la matrice
ne s'éloigne trop de fa place Iprfque
Touvrier ouvre fon moule*
Tome XV.,
JOC Se
JOC ASTE î voyc{ Œdifi .
JOCELIN ; voyq Josseun.
JOGONDirÉ ; vieux mot qui fignî-
fioit autrefois joie , allégrefle.
JOCRISSE; fubftantif mafculin.
Terme populaire & injurieux par
lequel on déHgne un benêt qui fe
laiire gouverner, ou qui s'occupe
des plus bas foins du ménage. Son
mari eji un jocrijfe.
JOD j (ubftantif mafculin. Ceft en
Angleterre le quart du quintal, au
trement vingt- fept livres d'averd
du poids.
JoD , eft aufll le nom d'une mefure de
diftance Se de longueur, dont on
fait ufa^e au royaume de Siam.
Vingt-cmq jods font environ deux
mille toifes de France.
JODO \ nom propre d'une ville du
Japon, dans l'ile de Niphon, fur
la roure d'Ofacca à Méaco.
JODOGAWAjnom propre d'une ri-
vière du Japon , dans I ile de Ni-
phon. Ellearrofe la ville de Jodo»
& va enfuite fe perdre dans le golfe
d'Ofacca.
JODUTTE j nom propre d'une idole
des Saxons , qui ne fut dans lori-
gine qu'une ftatue que Lothaire,
Duc de Saxe , avoit fait placer aux
environs de la foret de Welps , après
la viâoire qu'il remporta en 1 1 1 5
fur Henri V.
JOËL; nom propre d'un des douze
petits Prophètes. Il étoit, dit-on»
de la tribu de Ruben & de la
ville de Béthoron , ou plutôt Bc-
tharan ; car Béthoron étoit en de~
de<;à du Jourdain , dans la tribu
dcphraïm, & Bicharan étoit de
l'autre côté du âeuve , dans la tribu
de Ruben. Joël ^prophérifa dans le
royaume de Juda ; & Ton croir qu'il
n'jr parut qu'après le tranfport des
dix tribus^ & la ruine du royaume
d'iftaèl. On ne fait pas diftinâe-
L
»i JOE
ment Tannée où il conunença l pro-
phécifer^ni celle de fa mort. Il
parle d'une grande famine & d'une
inondation de faucerelles » qui ra-
vagèrent la Judée ; mais comme ces
maux ne font point rares- dans ce
pays , & que 1 niftoire n'a. pas tenu
regiftre de routes ces fortes d'évé-
nemens» on n'en peut rien inférer
pour fixer l'époque de la prophétie
de JocL
JOESW^OÉ y nom propre d'une ville
de la. Chine., au département de
Pékin , fur le bord du canal nommé
Chaoléang*.
JOGANA ; c'eft félon Ptoléméè une
ancienne ville de l'iIedeTaprobane.
lOGHI » ou JoGUB } fubftantif maf-
çulin. On appelle ainficert^ns Re-
ligieux idolâtres des> Indes Orien?
cales, quine fe marient Jamais, ne
pofsèdent rien« en. propre, mais
vivent d'aumônes Se pratiquent de
grandes auftérités. .
Ils font foumis à un Générât qui
les envoie prèchec d.'un lieu » l'aur
tre. C'eft proprement, une efpèce
de Pèlerins que l'on croit être une
branche des. anciens Gymnofo*
phyftes»
Us fréqtientent tous les lieux con^^
facrés pat la dévotion du peuple^
&. prétendent pouvoir paflèr plu-^
fieurs jours fans manger & fans
boires Aprèis av^ir gardé- la conti^
fience. pendant un certain temps ,
ils s'eftimen t impeccables &: croyent
^ae tout leur eft permis > ce qui
tait qu'ils fe plongent dans- les< dé-
. baucnes'les plus infâmes. •
JPOHANSBERG , ou Johansbur« ;
nom propre d'une ville de Pologne ,
dans la Sudavie , fut la* rivière de
Pyfch , présida lac de Spirdingi
JOIADA*; nom du. Grand^Prètre des
Juifs qui fit mourir la Reine Atha-
JOI
S78 ans avant JJBSuS'CimisT..
• fut inhumé en confidécation de Ces*
iervices > dans le fépulcre des Rois:;
de Jérufalem-
JOÏANX ; vieuxs mot qjii figaifîoit
autrefois joyeux^
JOIE 'y fubftantif fémitiin*. Gauditun^.
Pafiion y mouvement vif & agréa-
ble que l'ame reffent dans la poi^
feffion d'un bien. efTeâif ou imagir^
naire. Une joie pure. Une joie qui^
ravit Vame^ Cette nouvelle la fit tr<f-
faillir de joie. Mourir de joie.
On dit familièrement de qtiel--
qu'un qui eft tranfporté de joie »,
qu'/V eft à. la. jçic „ dans la joie de
fqn. azur*
On appelle feux dèjçie y lès (bux:
qu'on fait dans lesréjouiflfances pu-
bliques y pour la. naifiànce d'un.
Prince , pour une vidoire rempor—
tée^ &c..
On zf^eMc fille de joie ^ onefiUer
proftituce*
"^Ce monofyllabe eft longi
Diâférences relatives enuejoieSc:
gaieté.. v
Layaitf eft- dans le cœur. Lzgaiete
eft^ dans les manières. L'une confifte*
dans un doux.fentiment: de l'àme ;^
l'autre dans, une fituation agréable^
d'efprit«
U arrive quelquefois que la pof-
feffion d'un bien dont l'efoérance.
nous avoir cauie beaucoup ae joie »,
nous procure beaucoup de cha-
grin. U ne faut fouvent qu'un tour:
d'imagination » pour faite fuccéder
une grande gaieté aux larmes quu
paroilfent les^plus amères.
F'oye:^ d'ailleurs SatisfactjqN|.
pour les différences qui en diftin-r
gaenxjoie , contentement , &c.
JOIGNANT, ANTEî^dtéûif. Qur
approche de fi près qu'il rouche. II -
ne fe. dit que des maifons & aorress.
lie^âc recannoîtte loas « Roi de luda^uL biens^en ionds.de terre. HvientxCa^
JOI
€hceer un pre joignant lejicn. On va
rétablir /a maifonjoigi^ntc à la nôtre.
JaiGiïAMT , s'emf4oie aa(fi dans le
•même fens comme prépoCtion. //
a acheté une mai/on joignant la co-
médie.
JOIGNY^ nom propre d'une vHIe
de France en Champagne, fur l'Yon-
ne , iÇvL lieues ^ lud eft y de Sens.
JOINDRE j verbe aAif de la qua-
crième conjugaifon , lequel fe con-
jugue comme Cra^indrb* Jungere,
Approcher deux chofes Tune de
Taucre ^ enforce qu'elles fe touchenr^
qu'elles fe riennenc. Il faut joindre ce
contrat au doffîer. Vouvrier s*eji
Jervi de colle pour joindre ces' deux
morceaux.
II s'emploie auffi comme verbe
nearre dans l'acception précédente.
'Ces fenêtres ne joignent pas ajfe'^. Il
faudroit que <ette porte joignît un peu
plus.
On dit j joindre les mains ; pour
dire » renir les deux mains éHendcieSj
de manière qu'elles touchent l'une
à l'autre par dedans. On joint les
mains en priant Dieu*
loiMDRB , (ignifie auffi ajouter ^ mettre
une chofe avec une autre ^ enforte
qu'elles fafTent un tout. // a acheté
ce pré pour le joindre À fa terre. Il
faut joindre enjemble ces deuxfommts.
On dît auffi 3 joigne\ vos vaux
aux miens : il joignit fis prières aux
nôtres : joigne^ à cela l'autorité du
concile de Baie ^ et.
On dit en termes de Palais yjoin*
dre deux infiances , ou procès ; pour
dire , les mettre l'un avec l'autre ,
afin de les juger conjointement.
Cette jonâion ne fe fait quelque-
fois que fauf à disjoindre , c*eft-â-
dire ^ que (i l'on reconnoît dans la
fuite qu'il y ait lieu de juger une
affaire avant l'autre > on les disjoint
pour les juger féparémentt
JOI aj
Dâ:ns les inftances & procès ap«
pointés , on appointe en droit 8c
joint les nouvelles demandes qui
font incidentes au fond.
On joint même quelquefois au
fond , des Requêtes contenant de-
mande provifoire y lorfqu'on ne
trouve pai qu'il j ait lieu de fta^.
tuer fur le provifoire.
Quand on Joint amplement la
Requête , il n'y a point d*inftruc-
tion i faire , on ftatue fur la Re-
quête en jugeant le fond : mais
(juand on appointe en droit & joint »
ii faut écrire ic produire en exécu-
tion de ce règlement.
JoiKDRE , figniâe auffi unir 1 allier.
Elle joint fefprit avec les grâces*
Joindre la générêfité à la bravoure.
Il^étoient joints tnfemble pour cette
entreprife. Ils étoient joints d'ami'-*
né Cf d'intérêt.
Il eft auffi pronominal réfléchi &
réciproque dians l'acception précé-
dente. V Angleterre fe joignit à la
Hollande* Ces deux Puijffances fc
joignirent enfemble.
Il (ignifie auffi fe rencontrer , fe
trouver enfemble. Ils fe joignirent à
l'opéra. Ce vaiffeaujoignit la flotte à
la hauteur du cap de Bonne E/pérance.
Joindre , fignifie encore atteindre y
attraper. La garde joignit le valeur
à la porte de la ville.
Qn dit auffi , joindre un homme ;
pour dire , l'approcher de (i près
3tt'on lui puifle parler » & cela le
it de quelqu'un qui évite la ren-
contre d'un autre. Il y a huit jours
que je le cherche fans avoir pu le
joindre. Je le joignis enfin à la Foire ^
après l'avoir cherché long-temps.
La première fyllabeeft longue j
k la féconde très-brève*
f^oye\ au mot Verbe les règles
pour la conjugaifon & quantité pro*
fodique des autres temps.
L ij
«4 J.O!
JOINT , OINTE i participe paffif.
f^oyc:[ Joindre.
JOINT ^ fubftancif ma fcuKn. Articu-
lation , l'endroit où deux os fe
joignent. Le joint de l^ épaule. Pour
tien couper une yolaille il faut en
trouver les joints.
Joint y fe dit en termes d*Architec-
tuce y des efpaces vides qui font
entre les pierres qu'on remplit de
mortier > de plâtre ou de ciment ,
ou qu^on iailTe â fec. On diftin^ue
pluueuis fortes de joints : ainU on
appelle »
Joints de tus , ceux qui font de
niveau y ou fuivant une pente
donnée.
Joints montans ^ ceux qui font it
plomb.
Joints quarrés , ceux qui font d*e-
guerre en leurs retours.
Joints en coupe , ceux qui font in-
clinés & tracés d'après un centre.
Joints de tête ou de face , ceux
qui font en coupe ou en rayons au
parement , & féparent les voulToirs
le claveaux.
Joints de doutUc y ceiuc qui Tont
fur la longueur du dedans d'aune
voûte ou fur l'épaifleur d'un arc.
Joint de recouvrement , celui qui
fe fait par le recouvrement d'une
marche fur une autre.
Joint recouvert , le recouvre-
ment qui fe fait de deux dales de
pierre > par le moyen d'une efpèce
d'ourlet qui en cache \q joint.
Joint feuille y le vecouvre-
taent qui fe fait de deux pierres
Tune fur Taurre , par une entaille
de leur demi-épaiOeur.
Joints gras , celui qui eft plus ou-
vert que Vangle droit , Se joint mai-
gre , fe contraire.
Joints ferrés , ceux qui font fî
étroits qu'on eft obligé de les ou-
tsk avec le couteau à fcie p pour
JOI
le^ pouvoir couler oi} ficher avec
plâtre ou otortier.
Joints ouverte , ceux qui y a caufe
de leurs cales épaiffes > font hauts
& faciles à ficher»
On appelle au/fi joints ouverts
ceux qui font écartés par mal façon »
ou parceque le bâtiment s'eft affaifTé
plus d'un coté que de l'autre.
Joints refaits , ceux qu'on eft con*
traint de retailler de Ut ou At joint
fur le tas y parcequ'ils ne (ont ni â
. plomb ni de niveau.
Ce font auffi \t%jomts qu'on fait
en ragréant & en ravalant avec le
mortier de même couleur que la
pierre.
Joint à anglety celui qui fe fait
de la diagonale d'un retour d e-
querre , comme il s'en voit dans
les ouvrages de marbre & les in-
cruftations.
Joint y fe dit audi en termes de Me-
nuiferie j de la manière d'alFembler
une ou plufieurs pièces. Il y a le
joint carré » le joint i queue d'aronde»
On joint â plat jo/'/zr, quand on
rient deux pièces approcaées fans
rainure ni languerte.
j4 pointe de diamant y lorfque
quatre pièces d'iiïemblage , toutes-
les quatre coupées en angle » la
pointe des quatre angles fe réunie
au même fommet , comme on voit
aux frifes y au parquet dans les ap^
partemens » M aux petits bois des
croifées. Il n'y a point â t^endroit où
ils fe croifent le petit carré qui s'ap»
pelle plinthe en- termes de menulfe-^
rie ^ mats les petits bots y forment
quatre angles qui fe réuniâfent aui
même point.
JOINT QUE ^ vieille conjor«aion
qui fignifioit autrefois ajoutez que,,
outre que.
JOINTE;^ fubilantifféminin&ternae
JOI
t
de Maréchallerie » fynonytne de
paturon. Un cheval .qui a lajoinu
Jointe , fe die dans les manufaâures
de /oie , d'une partie d organHn dé-
vidée fur des rochers pour nouer
les fils qui calTenc. La jointe eft de
la couleur de la chaîne ou du poil.
JOINTE , ÉE ; adjeûif. 11 ne fe dit
guère qu'en parlant d'un cheval ^ &
leulement dans ces phrafes» un
cheval court-jointe ^ un cheval long"
jointe i pour dire , un cheval qui a
je paturon trop court & difpropor-
tionné» ou qui a cette partie trop
longue.
Les chevaux court - jointes de-
viennent aifément droits fur leurs
meinbres » & f e boulettent plus fa-
cileoient que les autres, fur- tout ^
fi on leur laifTe le balon trop haut,
& fi l'on n'a pas foin de le leur
abanre. D ailleurs, dès que cette
partie eft trop courte , elle ne fau-
roit être . auez pliante &c a(Iez
flexible : au0i le cheval court-jointé
n'eft-il pas regardé comme parfai-
tement propre au manège ^ parce.-
qu'il eft dénué du reflort & de la
liaifôn néce (Taire à celui que Ion
choific pour l'école.
Les chevaux long-jointés , c'eft i-
dire , dont la partie poftérieure du
bouler porte prcfqu'à terre > lorf-
qu'ils marchent, ont rarement de
la force , & ne réûftent poinr ordi-
nairement au travail. Les barbes &
les chevaux de légère taille font fu-
jets à ce défaut.
JOINTâE; fubftamif féminin. Au-
tant que les deux mains enfemble
peuvent contenir. U ne jointée de fè-
ves. Une" joint ce de/on. Une jointe e
d'avoine^
La première fy Uabe eft moyenne ^
k féconde longue > & la ttoifième
ifiè&r brève»
JOI 8j
jOINTIF , IVE ; adjeAif. Qui eft
joint. Ces aisfontjointifs. CesploM'^
chesfont jointives.
JOINTE, ÉE; participe paffif. Foye\
JoiNTER.
JOINTER; verbe aûif delà première
conjugaifon , lequel fe conjugue
comme Chanter. Terme de Ma-
çonnerie. Lier ^ joindre des pierres
avec du mortier ou du Plâtre.
JOINTURE; fubftantif féminin.
JunSura. Articulation , l'endroit oik
deux osfe joignent.
Les tranfaâions philofophiques
parlenr d'un Anglois nommé Clarck
qui avoir trouvé fur la fin du der«
nier fiècle , le fecret de déboîter ,
de tordre , de luxer , de difloquer
la plupart des jointuresgie fon corps
à un degré de fingularité qu'on
croyoit impraticable. Il eut une fois
le talent de poulfer fi loin fes dif--
torHons » qu'un fameux Chirurgien
appelé pour le traiter j après l'avoir
attentivement examiné , refufa de
l'efirreprendre & déclara que le cas
étoit incurable ^ mais à peine eut-il
prononcé cet arrèr , qu'à fon grand
étonnement il vit le prétendu ma-
lade effacer de lai-meme toutes fes
diftor fions, & lui prouver combien
le pouvoir de la nature l'emporte*
fur celui de l'artr
Jothturi , fe dit anfil dans les arts
mécaniques , de l'endroit où deux
corps fe rouchent & fe lient. Quand
un ouvrage ejl bien travaille on rÇen
• apperfoitpas la jointure.
Jointure , fe dit en termes de Pein-»
ture j du lieu où fe joignent deux
parties différentes de la même figu-
re, comme la [ambe avec la cuiuey
le bras avec l'avant bras , &c^
La première fy Uabe eft moyenne,
la féconde longue & la troifième^
très-bfève.
JOIN VILLE ;, nom propre d'une vilW
u
JOL
Je France, en Champagne , far la
Marnç , à Hx lieues , fud-fud-eft,
de Sainc-Dizier , fous le ix"" degré
5 } minutes de longitude , & le 48S
21 minutes, 5 fécondes de latitude.
O'eft là où naquit en 1519 » le
fameux Cardinal Charles de Lor-
raine.
JOIN VILLE î ( Jean fire 'de ) nom de
ce fameux Sénéchal de Champagne,
Tun des principaux feigneurs de la
Cour de Saint Louis , & qui avoir
toujours fuivi ce Prince dans fes ex-
péditions militaires. Comme il fa-
voit également bien fe fervir de la
plume & de l'épée , il écrivit la vie
de ce Monarque. Ou a un grand
nombre d'éditions de cet ouvrage ,
entr'autrfs une excellente par les
foins de Charles du Cange qui la
publia avec de favantes obier va-
fions en i66i. Joinville mourut
vers l'an 1318, âgé de près de 90
ans.
JOKAITZ j nom propre d'une ville
du Japon , dans Tîle de Niphon , â
deux lieues de Tfitfuki j & à trois
de Quano.
JOLI , lE 'j adjeâif. Gentil , agréable.
il fe dit particulièrement de ce qui
eft petit en Ton efpèce ,. & qui plaît
plutôt par la gencillefTe que par la
beauté. Elie a de jolis enfansSllleur
aditmillc jolies chofes» C*eft une jo-
lie perfonne. Elle a r humeur fort jolie.
Il lui envoya de fort jolis vers. Une
étOjfe ajfe:^ jolie. Un joli petit Jinge.
On dit d'un jeune homme qui
commence i entrer dans le monde,
6 qui s'y diftingue & s'y fait efti-
mer , que c'ejl un joli homme.
On dit aulïî d*un jeune homme
qui s'eft fait remarquer à la guerre
dans quelque occafîon » qu'i/ a fait
Je jolies aSions à la guerre. Cet Of
ficierfit une jolie aSion au jîégc de
cette f lace.
JOt
On dît ironiquement âqaelqd*iim
qui fait ou dit quelque chofe qui
déplaît 9 qu'i/ ^ joli. Vous êtes
fort joli de nous tenir un pareil dif^
cours.
On dit figurèment d*un jeune
homme , c^lU ejl joli gardon , qu'il
*s*eflfait , quil tjl devenu joli gar^-
fon ; pour dire , qu'il a beaucoup
profite en quelque exercice.
La même cliofe fe dit auffi pr<v
verbialement & ironiquement de
quelqu'un qui s'eft enivré , qui a
été battu , qvn eft en mauvais état.
Il s'efl fait joli garçon dans ce ca-'
baret.
La même chofe fe dit encore de
ceux qui ont mis leurs affaires en
défordre pat la débauche, par leur
mauvaife conduite*
Joli , s'emploie quelquefois fubftan-
tivement. On préfère ^quelquefois le
joli an beau.
On dit , qu'une chofe paffe le joli;
pour dire , qu'elle eft belle.
Les deux fyllabes font brèves au
(ingulier mafculin \ mais la der^
nière eft longue au pluriel & au fé«
minin.
^, Différences relatives entre beau
6c joli.
Le beau^ dit M* l'Abbé Girard ^
eft grand , noble & régulier ^ on ne
peut s'empêcher de l'admirer , 6c
quand on l'aime , ce n'eft jamais
médiocrement , il attache. Le joli
eft fin , délicat & mignon j on eft
toujours porté à le louer , & dès
qu'on 1 apperçoit ott le goûte , il
plaît. Le premier tend avec plus de
force à la perfeâion 6c doit être la
règle du goût. Le fécond cherche
les grâces avec plus de foin & dé-
pend du goût.
Nous jetons fur ce qui eft beau^
des regards plus fixes 6c plus cu«
rieux» Nous regardons d'un œil plus
éveillé & plus riaoc ce qui eft
pli.
Les dames font belles dans les
romans. Les Bergères (ont jolies dans^
liesPocres.
Le teau fait plus d^ef&t fur ref-
prit \ nous ne lui refufons pas nos
applaudiiTemens. Le joli fait quel-
^uefois^ plus d*impre(fion fur le
cœur j. nous Jui donnons nosfenri-
juens.
Il arrive alTer (bu vent qu'une telle
peifonne brille & charme les yeux»
lans aller plus loin ; candis que la.
jolie forme les liens & fait de véri-
fiables pafliions. Alors la première
a. pour parcage les éloges qu'ondoie
à la beau ce j. & la féconde a pour
elle rinclinacion qu'on fent pour ce
q;ii faic plaifir*.
Le ceint, lar caille, la proponion^
& la. régulartcé des craies formenc
fies belles perfonnes. Lesyo/i^i le. fonc:
par les agrémens j la vivacicé des-
yeux y lair te la cournure gra-
cieufe davifage quoiqpe moins- ré-
gulière^
En faic d*buvra;ges d*èfpric ilTauc
pour qu'ils foienc beaux , quil y aie
du vrai dans le fujec , de Télévacion
dans les penfées , de la jufteiTe daas
les termes , de la nobledè dansl'ex-
preflion , de la* nouveaucé dans le:
cour Si de larégular icé dans la con*
duite: maisle vraifemblablej la vi-
vacicé , la flneularicé & le brillant
fiiffifenr pour Tes rendreyW/j.
Quelqu'un a die que lès anciens
é'coienc beaux &t que les modernes
ecoiencyo/ix. Je ne fais s'il a bien
lenconcré ; mais cela même eft du
Bombre,des7*o//>j chofes & nondesi
Belles^. \ *
Le beau eft' plus férieux & il oc-
cupe. Leyo/i e& plus gai & il diver-
lix j^c'eft pourquoi l'on ne. die pas
JOL
«7
une jolie tragédie , mais on peut dire
une jolie comédie.
Je mecs au rang des belles répon*
fes , celle d'Alexandre a Parménion<
fur les oflFres de Darius; celle de-
Louis XII au fujet de ceux qui
avoienc mal agi â fon égard avants
qu'il montâc iin le crône, & celle
de Madame de Baineveld au Prince
d'Orange Maurice de Naflau , fur
lies démarches qu'elle faifoit au-
près de ce Prince pour fauver la vie
a fon fils aîné qui avoir eu connoif—
fance de la conlpiracion de fon frère
fans la découvrir. Le premier ré-
pond à Parménion qui lui difoitr
que s'il étoie Alexandre , il accep-
teroicles offres de Darius y Se moi
l'e les refufe parceque je ne fuis»
point Parménion. Le fécond répli-
que à fes courcifans qui cherchoienc
à le flarer du côté de la vengeance,,
qu'il ne convenoit pas au Koi de
France^ de venger les injures faites^
au Duc d'Orléans. Enfin Madame
de Barneveldincerrogéc avec uneeA
^e de reproche par le Prince d'O--
nmge > pourvoi elle demandoie lai
grâce de fon fils & n'avoie pas de-
mandé celle de fon mari , lui répond^
que Vr'eft parceque fon fils eft cou-
pable Se que fon mari éroie innocent.-
Je place dans l'ordre de ce qui eft:
joli , les reparcies & les faillies gaf«-
connes quand elles onc du fel. Tel!
eft , par exemple , la réponfe d'uni
mauvais Pèinere devenu Médecin ^
qui die à ceux qui lui demandoience
la raifon de fon cHangçmenc d*état,>
qu'il avoie voulu choifir un are dontr
la cerre couvrir les fauees qu'il y/
feroici
Qui die de belles choCes n'èft pas>
toujours écoueé avec aerencion quoi-
qu'il méxire de l'ctre j la converfa---
tion en eft quelquefois crop grave*
6c crop favance* Qui die dejoiiezi
88 JOM
chofeseft ordinairement écoute avec
plaifir i la converfation en eft tou-
jours enjouée.
Le mot beau fç place fort bien
à regard de toutes fortes de chofes,
quand elles en méritent Tépithète.
' celui de jo/ine convient guère à Tc-
gard des chofes qui ne foufFrent
point de médiocrité ; telles font la
peinture & la poéfie : on ne dit pas
un joti pocme , ni un joli tableau :
ces fortes d'ouvrages font beaux y
ou s'ils ne le font pas ils font mau-
vais.
Lorfque les épithètes de beau Se
de joli font données à l'homme ,
elles ceflTent d'être fynonymes , leur
fignification n'ayant alors rien de
commun. Un bel homme eft toute
autre chofe qu'un jo/i homme. Le
fens du premier tombe Tur la figure
du corps & du vifage y & le fens du
fécond tombe fur l'humeur Se fur
les manières d'agir.
JOLIET , ETTE j adjeftif. Fenuftu-
lus. Diminutif de joli. Il nel^dit
guère qu'au fémiwi & dans IMif-
cours familier. Pïlc ejl aJ[fe:[jo'
lieue.
JOLIMENT; adverbe. Non învenuftè.
D'une manière ]o\\tMlU chante joli-
ment. Il étoit joliment habillé.
Les deux premières fyllabes font
brèves , & la troifieme moyenne.
JOLIVETÊ ; fubftantif féminin. Il
ne fe dit guère qu'au pluriel pour
défigner des babioles > des bijoux &
de certains petits ouvrages qui ne
font pas de grand fervice. // a un
cabinet rempli d*une infinité de petites
jolivetés.
JoLiVETÉ , s'eft auflî dit autrefois des
gentilleflTesque font les enfans; mais
il eft vieux dans cette acception.
JOM AD A \ fubftantif mafculin. C'cft
le nom du cinquième mois des
JON
Turcs. Il repond à peu près â notre
mois de Janvier.
JOMBARBE ; fubftantif féminin.
C'eft le nom qu'on donne vulgai-
rement â la âûte de tambourin ou à
trois trous.
JONAS ; nom propre du cinquième
des douze petits Prophètes. Il étoit
Galiléen & fils d'Amathi. II pro*
phétifa fous Jéroboajn^ Roi d'Ifracl»
& du temps d'Ofias ou Azarîas ,
Roi de Juda. Dieu l'envoya â Ni-
nive pour exhorter les habitans de
cette ville à la pénitence. Uhiftoire
de cette Mîffion , de la défobéif-
fance du Prophète , de fa punition»
Se enfui te de fa prédication à Ni-
nive , fuivie de la converfion de
cette ville & de quelques autres cir-
conftances perfonnelles à Jonas »
font le fujet de cette prophétie
qui ne contient que quatre chapi*
très.
Jonas avoît auflî compofé une au-
tre prophétie dont il eft parlé au
quatrième livre des Rois > dans la*
3uelle il avoit prédit fous le règne
e Joas 9 les conquêtes que feroic
fon fils Jéroboam. Le livre que nous
avons femble être cité dans Tobie
& eft approuvé par Jéfus-Chrifi mê-
me. Ceft pourquoi l'Eglife l'a tou-
jours reconnu pour canonique & U
Synagogue l'avoir mis dans le canon
des Juifs.
JONCj fubftantif mafculin. Juncus.
Plante dont on diftingue plufieurs
efpèces : les joncs proprement dits
font de la famille des liliacées > &
paroiflent tenir le milieu entre les
gramens & les lis. Ils ont tous une
maîtrefle racine rampante & fibreu-
• fe. Leur calice eft compofé de fix
feuilles diftinâes rangées autour
du piftil.
Le jonc aigu & piquant eft «ine
plante qui croît dans les maraispro-
che
JON
che la tner & en plufieors autres
iieux aquatiques *, fa racine eft com
Îofée de grolTes fibres y elle pouffe
eaucoup de tiges â tuyaux de la
hauteur de deux pieds > greffes ,
r aides, pointues, compoices d*un^
écorce epaifle & d'une moelle un
peu dure , blanchârre , enveloppée
depuis la racine par des efpèces d^
graines feuilletées qui ont jufqu'a
près d*un pied de longueur. Ses
ileurs font en étoile & placées vers
Je fommet des tiges. Il leur fuccède
une capfule relevée de trois coins ,
& qui renferme des femences: cerre
plante eft aftringente & narco-
âqne.
* Le jonc i^cau eft le plus grand
des joncs liflès ; il convient i un
grand nombre d'ouvrages : on s'en
ferr pour lier différentes fortes de
choies. C*eft une plante aquatique
dont les racines font longues » grof-
fes» nouées , rampant dans la terre ,
rouges j brunâtres en dehors > blan-
ches en dedans ; elles pouflent plu-^
fieurs tiges hautes de fîx à fept pieds^
poîntu.es, grofles comme le petit
doigt , droites , rondes , verdâtres,
unies , pyramidales » remplies de
moelle blanche , portant en leurs
fommités èA% fleurs difpofées en
manière d^épis: il leur fuccède des
femences^ greffes comme celles 'du
millet ^ triangulaires , rainâfrées
Tune contre l'autre & formant en-
femble une tète. Ce jonc eft aftrin*
gcnt.
Le jonc fleuri a fa racine grofle,
nouée 3 blanche & fibreufe ; elle
poufle des tiges hautes de quatre
pieds ^ fes feuilles font longues ,
étroites & fortent de la racine : fes
fleurs naiffent au fommet des tiges
en manière d'ombelles, de couleur
{>urpurine & difpofées en rofes : il
eur fuccède un rruit membraneux,
Tome XF. •
JON 89
compofé le plus fouvent de fix grai-
nes remplies de femences pblongues
& menues. Cer jonc convient pour
la morfure des bètes venimeufes : le
bœuf en eft fort friand.
Lt jonc marin eft une efpcce de
jonc aigu. La partie de ce jonc qui
a pouflé la dernière , eft la plus ten*
dre y c'eft une bonne tiourriture
pour toutes fortes de beftiaux après
qu'elle a été pilée dans une auge oa
autre machine femblablè*
Le Jonc ordinaire ou des jardins a
les tiges & les feuilles plus menues,
plus cadantes Se la planre moins ai-
guë & moins piquante que celle du
joncaigu': fes fleurs naiuent en bou-
quets épars : cette plante eft aflfeZ
commune dans les marais^ elle fert
ainfî que le jonc aigu ^ i faire des
cables » des cordages Se à lier des
paquets d'herbes,
Obfervations fur Icsjoncs» En gé-
néral les tiges des joncs font vertes
& rondes ; elles né font que peu ou
point feuillues ni branchues,^&
nniffent dans les eatix où proche de
' celles qurcrouj^tlîent.
Les joncs marins qu'on appelle
falnfcin d* Efpagne o\i'iartdes\ c coif-
fent dans les landes & les terres les
plus ftérilesjmcme fans qu'on lésait
femés j mais celui qui 'irient de fe-
mence eft meilleur : on donne Tun
& l'aurréaux beftiîiux /haché &
pilé : on doit couper lés joncs aind
que les rofeaux par un beau temps Se
on les laîflTefur place pendant trois
• on tiuatre jours afin qu'ils sèchent.
On emploie enfuite ces joncs i la
" campagne pour couvrir les tous de
^ peu d'importance , & pour faire des
p.iillàlfons, des corbeilles , des ba-
lais , &c. La plupart des joncs de-
viennent gros comme le pouce lorf-
qu'on les laiffe trois ans fans les
couper. On doit en fci^ier la graine
M
au mois de Mars » parmi quelques
menus grains & on les récolte au
mois d'Âoùc fuivanr*
On die familièrement d*un1iom-
me » d*ttne femme qui ont la taille
droite , qiiil eft droit , qu'elle cfl droi-
te comme un jonc.
Quelques Minéralogiftes appel-
lent jonc de pierre , une pierre for-
mée par Tâiremblage de tubulites
'pétrifiées ou de coralloïdes cylin-
driques parallèles les unes aux au-
tres & placées perpendiculairement
eu égard à la malle de la pierre : il
fe trouve une pierre de cette efpèce
en Angleterre» dans la province ou
comté de Shropshire , fuivanr le
rapport d'Emmanuel Mendez d'A-
coda qui place cette pierre parmi
celles qu'il nomme marmoroïdes ou
rejfemblantts au marbre. C'eft auffi
de cette efpèce qu'eft , félon lui , le
marmorjuncum ou lesjunci lapides
décrits dans le catalogue de Wood-
ward^ oà il eft dit oue les cylindres
qu'on remarquoit dans le morceau
qu'il p^lTédoit» avaient près de deux
pieds de longueur 8c s'étendoient
autant que la pierre ^ quoiqu'elle
ne fût elle-même qu'un fragment.
Ce morceau curieux étoit tire d une
carrière ïituée encre Carliile & Co-
kefmouth , dans le duché deCum
berland. Il s'en trouve auffi en An-
gleterre dans.rÊvcché de Durham
Se dans la province d' Yorck.
Jonc , fe dit aufli d^une efpèce de ba-
gue dont le cercle eft égal panout.
Unjoncd*or. Vn jonc entouré d'éme^
itaudes*
Ce monofyllabe eft bref au fin-
gulier & long au pluriel.
On devroit éctirejon d'après la
prononciation.
JONCAIRE , ou JuNCARiÀ ; fubftan-
tif féminin. Petite plante ralneufe
4ont les tiges refletnbleat à celles-^
ION
du )onc d'où elle a tiré le nom de
joncaire. C'eft une efpèce de Ga-
rance. Elle croît dans les lieux fa-
blonneux & dans les vignobles. On
la dit vulnéraire , déteruve & apé-
ritive.
JONCHÉ , ÊE i participe paOIf-^oy.
Joncher.
JONCHÉE ; fubftantif féminin. Tou-
tes fortes d'herbes , de fleurs & de
branchages dont on parfeme les
rues , les Eglifes un jour de céré-
monie. Une jonchée de rofes & d'ail*
lets.
Jonchée , fe dit auffi d^un petit fro-
mage de crcme ou de lait caillé »
fait dans une efpèce de panier ou
de clifle d^ jonc. Une jonchée de crè-
me , Manger de la jonchée.
La première fy lUbe edmoyenne,
la féconde longue , & la troiûème
rrès-brcve.
JONCHÉES i ( i ) vieille expreflîon
adverbiale qui (ignifioit autrefois
abondamment Ȉ pleines mains.
JONCHER i verbe aûifde la pre-
mière çonjugaifon , lequel fe con«^
jugue comme Chanter. Parfemec
de joncs y d'herbes , de fleurs » de
branchages pour une cérémonie.
On joncha de fieur^ les ruçs par où il
devoir pajfer^
On dit figurément y joncher la
campagne de morts ; pour dire y cou-
vrir la campagne de morts.
La première fy llabe eft moyenne»
& la féconde longue ou brève. Foy^
Verbe.
Les temps ou perfoones qui fe
terminent par un e féminin , ont
leur pénultième fyllabe longue.
JONCHERIE î vieux mot qui figni-
iioit autrefois tromperie.
JONCHETS i fubftantifmafcttlinpltt-
riel. Certains petits bâtons fort me-
nus en forme de joncs avec leC-
^els onjoue^ Jouer aux jonchetfm.
' JON
JONCTION ;. fubllanrif féminin.
Junaio. Union, aflemblage."// /roir
intérejfant d* empêcher lajonQïon des
deux armées. On a pratiqué le canal
de Languedoc pour lajonUiùn de 1*0-
ciàn & de la Méditerannée.
Jonction^ fe dit en termes dé Palais,
de l'union d'une caafe , inftance ou
procès â un autre , Dour juger con-
jointement par un feui & même ju-
gement.
On appelle appointement de jonc-
tion , ^ le règlement qui unit ainfi
deux inftances ou procès qui étoienc
lépa tés auparavant.
On dit , c^M'une affaire fe pourfuit
à la jonction du Procureur Général,
ou du Procureur du Roi , ou du Mi-
f^ftm public , lorfque dans une af-
faire criminelle où il y a une Partie
civile , le Miniftère pubUc inter-
vient pour conclure à Ja vengeance
& punition du délit. Cette inter-
vention s appelleyoiiS/o/2 , parceque
le Miniftère public fe joint i Tac-
cafateur lequel requiert la jonûion
du Miniftère public , parcequ'en
France les particulier» ne peuvent
conclure qu'aux intérêts civils j le
droit de pourfuivre la punition du
et ime & la vindidle publique réfi-
dent en la perfonne du Miniftère
public.
f^oyei Union pour les dtfférten-
ces relatives qui en diftiigçent Jonc-
tlON.
JONE j nom propre d'une petite île
d'Écoire, au fud-oueft de Tîle de
Mull.EUea deux «ailles de longueur
& un de largeur. EUeeftremarqua-
ble par fa fertilité j & pour aVoir*
été autrefois îe tombeau des Rois
d'Ecofte. On y en compte quarante
d'inhumés , &en outre quatre Rois
' dlllande & quatre de Norwège.
JONGLER; vieux mot qui fignifioîtj
autrefois &ire ^des tours & pafTe
JON- . 91
, { aflfè poiit annifet le peuple. Et 1 00
SL cit jonglerie jfQkit exprimer ladion
de jongler.
jONCaUR i fubftaïuif mafcMlîn.
On a ainfi appelé des efpèces de
Méuétrit^rs qui piirureni du teoips
des Troubadours ou Trottvers » Poin-
tes Provençaux , fameux ilès le on-
zième Cède.
Le terme de Jongleur , i ce qu'on
croit , eft une corruption du mot la*
tin Joculator » en françois Joueur* U
en eft fait mention dès le temps
de l'Empereur H^/zri //mort en 1 o 5 ^,
Comme les Jongleurs jcueient de
diftérens inftrumens , ils s'aflbçiè-
resr aux Troubadours & aux Chan*
teurs pour exécuter les ouvrages des
premiers» & ils s'introduifîrent a.nfî
avec eux dans les Palais des Princes
& des Grands.
Après la mort de Jeanne » Reine
de ^laples 6c de Sicile > Comtefte de
Provence » arrivée en 1381 » rous
ceux de la profefliou des Trouba-
dours & des Jongleurs fe féparèrect
en, deux différentes efpèces d'Ac-
teurs : les uns fous l'ancien nom
de Jongleurs , joignirent aux inftru-
mens > le chant & le récit des vers ;
les autres prirent feulement le nom
de Joueurs^ziTiÇi qu'ils fon( némmés
par les ordonnances.
Tous les jemç de ceux -"ci confift^
toienr en gefilculations , tours de
paffe-pajfe , ou par eux-mêmes ou
par des finges qu'ils portoient^ oa
en quelques mauvais récits du plus
bas Durlefque. Leurs excès ridicules
te eitravagans les firent tellement
méprifer , que pour fignifier alors
une chofe mauvaife , folle , vaine
ou faufle , on l'appeloitjfo/zg/m^.
Philippe Augufie dès la première
année de fon règne , chaûà d,e fa
Couc rous les Jongleurs iz les ban-
nit 4e les ÈtaQ. Quelques-uns ce^
M ij
5>i • JON
fendant s'étant réfocmés , fe récà-
tirent en Franco & y furent foufFerts
dans la fuite fous le rèzne de ce
Prince & des Rois fes (acceflTeurs.
Dans un tarif fait par Saint Louis
pour t^gter le droit de ^^age qui fe
payoit a l'entrée de Paris fous le
Îetit Châtelet « il eft dit que les
ongleurs feroient quittes cfe tout
péage , en faifant le récit d'un cou-
plet de chanfon devant les Péagers}
Oc i une autre porte , (]ue le Mar-
chand qui apporroit .un Hnee ^ pay e-
roit quatre deniers j que u le (inge
appartenoit à un homme qui Teut
acheté pour fon plaifir , il ne don-
neroit rien ; que s'il étoit i un
Joueur , il joueroit devant les Péa-
gers , & que par ce jeu il feroit
q^iitte du péage > tant du finge que
de tour ce qu'il aurait acheté pour
fon ufage : c'eft dc-lâ que vient cet
ancien proverbe , payer en monnoU
definge & en gambades.
Les Jongleurs n'habitoient à Pa-
ris qu'une leule rue qui avoir pris le
nom de rue des Jongleurs , & qui eft
aujourd'hui celle de Saint -julien
des Ménétriers. On y alloic louer
ceux qu'on j&geoit i propos pour
s'en fervir dans les fêtes ou afiem-
blées de plaifîr.
Par une ordonnance de Guillaume
de Germant Prévôt de Paris , du 1 4
Septembre 1^95 ,11 fut défendu
aux Jongleurs de rien dire , repré-
fenter ou chanter dans les places
publiques ou ailleurs y qui pfit cau-
1er quelque fcandale , à peine d'a-
mende & de deux mois de prifon au
pain & â l'eau.
Jongleurs , fe dit auffi de prétendus
Magiciens ou Enchanteurs fort en
réputation chez les Sauvages de l'A-
mérique où d'ailleurs ils exercent la;
Médecine. *
Le Père de Charkvoix npporte )
JON
•
que ces Jongleurs font profeffiondc
n'avoir commerce qu'avec ce qu'ils
appellent des génies bienfaifans^ 8c
qu'ils fe vantent de connoître par
leur moven » ce qui fe pde dans
les pays les plus éloignés >ou ce qut
doit arriver dans leê temps les plus
reculés ; de découvrir ta fource 6c
la nature des maladies les plus ca-*
chées y & d'avoir le fectet de les
{;uérir^dedifcerner dans les affaires
es plus embrouillées > le parti qu'il
faut prendre ^ de faire réuflif les né-*
gociations les plus difEciles y, de
rendre les Dieux propices aux guer*
riers 8c aux chaflfeurs j d'eutenor^ le
langage des oifeaux , &c.
Une de leurs plus ordinaires
préparations pour faire leurs pref*
ciges^ c'eft de s'enfermer dans des
écuves pour fe faire fuer. Ils 'ne
différent alors en rien des Pyrhies »
telles que les Poètes nous les enc
représentées fur le trépied. On les
y voit entrer dans de^ convulfions
Se des enthoufiafmes» prendre des
tons de voix & faire des aâions qui
paroiirent au-delTus des forces ha-
maines. Le langage qu'ils parlent
dans leurs invocations > n'a rien de
commun avec un autre langage fao-
vage;& ileft vraifemblable qu'ilne
confiftequ'en des foiis inform^,pra»
duits fur le champ pa^r une imagina-
tion échauffée, & que ces charlatans
onr trouvé le moyen de le faire paiS^
fer pour un langage divin j ils pren-
nent différens tons y quelqui^ai$ ils
groflident leurs voix « pois ^Is con-
trefont une petite voix grcle , afies
femblable à celle de nos marioo-
nettes & on croit que c'eft leur ef*
prit qui parle.
Quelquefois ils déclarent qu'ils
vonc commimiqner aux racines 6c
aux piaûtes U tercu de* giicrir^ lotc^
JON
tes fortes de plaies & même de reo*
dre la vie aux morts.
Leur métier toutefois efl: an
peu périlleux chez les Sauvages ap-
pelés Naichq^, Quand ils foignent
un malade ils font bien payés s'il
vient a guérir : mais s*il meurt il
leur en coûte fouvent la vie à ejix-
mêmes.
Quelques-uns de ces Jongleurs
entreprennent de procurer la pluie
& le beau temps. V ers le printemps
on fe cottife pour acheter de ces
prétendus Magiciens , un temps fa-
vorable aux biens de la terre. Si
c'eft de 11 pluie qu'on demande,ils fe |
remplifTent la bouche d'eau , &avec
uncnalumeau dontunbouteft percé
de plu(7eurs trous comme un enton-
noir » ils foufflent en l'àir du coté
où ils apperçoivent quelque nuage.
S'il eft queftion d'avoir du beau
temps , ils montent fur le toit de
leurs cabannes Se font figne aux
nuages de pader outre. Si cela arri-
ve > ils danfent 6c chantent autour
de leurs Idoles , avalent de la fumée
de tabac & préfentent au Ciel leurs
calumets. Si l'on obtient ce qu'ils
ont promis , ils font bien recom*
penfés y s'ils ne téufliiTent pas » on
dit qu'on les fait mourir fans mifé-
ricorde.
JONQUE ;fubftantif féminin. Sorte
de vailfeau fort large , â peu près
de la grandeur d'un flibott dont on
fe fert dans les Indes Orientales , &
le lone des côtes de la Chine. Voici
la.defcription qu'en donne M. W^it-
fen , d'après un petit modèle qu'il
a eu entre les mains : la quille eu de
trois pièces ; celle du milieu eft en
ligne droite : mais les deux qui font
Its plus courtes , ont à l'arrière & à
l'avant un relèvement de cinq pieds.
L'avant eft plat^ formé prefqu'en
JON 93
triangle , dont la pointe la plus ai-
guë eft en bas , & a un peu de quê-
te. L'arrière eft aufli plat & reh*
tré un peu en dedans , depuis le
bord jufqu'au milieu. De cette
manière > ce bâtiment n'a niétrave»
niétambord.'ll n'y a qu'une pré-
ceinte pofée à la hauteut du premier
pour > & qui eft ronde par dehors >
avec un relèvement proportionné i
tout le gabarit. Sous cette préceinte
le vaifl'eau eft arrondi par le bas ,
mais au-deiTus , jufqu'au haut pont,
il a les côtés plats. Il a deux ponts ,
qui font également*ouverts dans le
milieu , félon la longueur du bâti-
ment , Se ces ouvertures font en-
tourées de bordages. A l'arrière >
proche Le gouvernail, font quelques
marches fur le bas pont ^ pour def^
cendre au fond de cale. À ce même
endroit le vailTeau eft ouvert au-
deflus de l'acafle , laquelle eft audi
haute que le pont ; de forte que le
vent peut entrer par l'arrière. Le
gouvernail eft fufpendu à cette par-
tie du bâtiment , & attaché de cna-
ue côté avec des cordes qui paf-
ent au travers par le bas , & qui
ibnt amarrées au bord par le haut ,
t^our aider d gouverner , parceque
e gouvernail étant fort grand, la
barre ne fuffit pas pour le faire jouer
dans les gros temps. On ajoute
même alors de groflfes rames à cha-
que côté de l'arrière pour gouver-
ner avec plus de facilité.
Le grand mât eft plus proche de
l'avant que de l'arrière. Il penche un
peu vers l'arrière. Il y a fur le bas
pont un ban ou rraverfin tout ronc^,
qui par chaque bouc eft joint avec la
préceinte , Se dans lequel le mât eft
enchâlfé & tenu par un cercle de
fer : mais par le bas il n'jip aocune
pièce qui l'arrête fur le plafond; Sa
forme -carrée en xec endroit fpSit
i
5>4 JON
apparemmenc pour qu*il foie appuyé
allez ferme.
A lavanc eft un autre mât un peu
plus petit » qui penche en avant. On
peut ôter.ces mâts, & les coucher
vers l'arrière. Us ont des tons fen-
dus en échancrure , dont les deux
côcés font entrecenus avec des che-
villes y Se les bouts liés enfemble ,
en haut. C*eft là que s'ente le bâ-
. ton de pavillon ^ de forte que quand
. on couche le mât , on en peut ôter
le ton. On monte le long du mât
. par des taquets > qui y font cloués ,
6c on hilTe lés yoiles avec des vin-
das. L'ancce eft de bois. Sa figure
refTemble â deux coudes courbés &
attachés l'un à l'autre. Sous fes bras
qui n'ont point de patte , il y a une
pièce de Sois en txavers , entée de
chaque coté dans la vergue.
Dans le milieu du bâtiment » fous
le premier pont, il y a de chaque
coté une porte carrée , pour entrer
dans le vaiffeau. On met fur le bas
pont quatre pièces de canon à ftri-
l>ord 6c à bas bord , donc deux font
pofées fur le tillac même, 6c deux
font un peu élevées. On y voit auflî
de faux fabords , les ans ronds , les
autres carrés > peints en-dehors avec
de la couleur noire. Ce font lés feuls
endroits du vaideau qui foîent
f ceints. Il y a en haut du bordage , à
'un & l'autre bout , des baluftres
qui peuvent s'ôter & fe remettre y
& au haut , contre le bord , eft une
efpèce d echafFaud , où les Matelots
montent pour putfer de Veau dans
la mer. A l'arriére , contre le bord»
en- dedans « il y a à bas bord<» un
long épars, où Ton hiiTe un pavil-
lon , 6c même une petite voile au
befoin. Enfin pour donnpr en peu
de mgps une idée de la forme en-
tière d'une jonque , fon pont eft
plus étroit à Tavant qu'à l'arrière y
JON
6c le bâtiment plus étroit par le
haur que par le bas*
Pour la conduite de ce bâtiment >
le pilote eft aflîs à Tarrière » & là »
avec un petit tambour , il indiquer
au rimonnier de quel côté il doit
gouverner.
Les peuples de Java font aufli
' ùfage de jonques : mais elles fonc
dinerentes de celles dont on vient
de parler: de l'avant à l'arrière, elles
ont un pont faic comme un toit de
maifon , couvert de joncs > fous le-
quel on eft i l'abti du foleil , de la
rofée & de la pluie. Il y a encore
une chambre pour le Capitaine ott
pour le Maître ; 8c le creux eft di--
vifé en plufieurs petits efpaces , où
la cargaifon refte bien arrimée. On
y entre par les deux cotés , & pro-
che des entrées , eft la cuifine. Il y a
un beaupré â l'avant y un grand mâr
& un mat d'artimon. Les voiles fonc
de joncs ou de bois entrelacés. Les
ancres font de bois.
On appelle encorejonque , les plus
grands vailTeaux des Chinois , Qu'ils
équipent en guerre & en marcnaU'-
difes. Leur nom ^ dans la langue da
pays , eft TJoen y Soen ou Soun.
JONQUE RE j nom propre d'une
ville d'Efpagne en Catalogne, au
pied des Pyrénées , â huit lieues »
fud , de Perpignan.
JONQUIÈRES i nom propre d'une
pente ville de France , en Proven*
ce , â quatre lieues , nord-oueft 3 de
Nlarleille.
JONQUILLE ; fubftantîf féminin.
NarciJJus juncifoilus. Plante qui
fleurit en Mars , & qui eft une ef-
pèce de narcide dont on diftingae
f>lufieurs variétés. La première eft
a jonquille â grandes fleurs ; (a
racine eft bulbeufe , blanche , cou-
verte d'une membrane noire i^llc
poulTe des feuilles longues ^ étroi*
JON
tes » quelquefois arrondies , fore
tlouces au coucher, flexibles, re(-
ftmblanc à celles du jonc. 11 s'élève
d^encie elles une tige , qui au prin-
temps porte en fon fommec des
fleurs (eoiblables à celles du nar«
cilTe ocdinaire , mais plus petites ,
jaunes par tout , très* odorantes.
La jonquille à petites feurs , ne
diffère de la première , qu'en ce
qu'elle eft moins grande en toutes
fes parties , & qu'elle rapporte
moins de fleurs.
La jonquille à fleur double , dif-
fère des autres , en ce qu'elle |«tte
beaucoup de fleurs doubles, qui ont
de la reilèmblaace avec celles de
Xanémone.
\^% jonquilles en général fe per-
pétuent de femence , mais plus
promptement par les oignons, qu'on
couvre d'une terre légère à la hau-
teur d'un pied : on \t% arrofe mo-
dérément : on les lève au mois de
Septembre, & on en coupe les fi-
lets & les cheveux. Les blanches
& les jaunes doubles viennent
mieux dans des pots qu'en plan-
che.
Cette plante eft Tn^^fMt jonquille^
à caufe de la reflemblance de fes
feuilles av^ec celles du jonc
On fait avec les fleurs de. |on-
3uille , des bouquets ^ des parfums,
es poudres » <ic5 pommades & des
elTences. Diofcoride dit que la ra-
cine de cette forte de plante eft vo-
mitive.
JONTE, ou Junte ^ fubftantif fémi-
nin. On appelle ainfi en Efpagne 3
rAflèmblés d'un certain nombre de
perfonnes que le Roi choiiit pout les
confnlter (ur des affaires d'impor-
tance, il convoque & diflout leur
AlTemblée â fa volonté \ elle n'a que
la voix de confeil & le Roi d'Efpa-
gne eft le maître d'adopter x>u de re-
JON 95
jeter fes décifions. Après la mort du
Roi, on é^tablit communément une
jonte ou confeil de cette efpèce pour
veiller aux affaires du Gouverne-
ment \ elle ne fubflfte que jufqu'à
ce que le nouveau Roi ait prit les
rênes du Gouvernement.
A la mort de Charles II Roi
d'Efpagne , le Royaume fut gouver-
né par une jonte en rabfence de
Philippe V.
Ce terme eft aufli uflté en Por«
tugal , où il défigne une Compa-
gnie chargée de quelque adminif-
tration. 11 y a dans ce Royaume
trois jontes confidérables \ la jonte
du commerce , la jonte des trois
Érats & la jonte du tabac. Les deux
gremières ont été établies par le
.oi Jean IV j & la jonte du tabac
par Pierre 11. Celle-ci eft compofée
d'un Préfident & de fix Confeil-
lers.
JONTLASPl ; fubftantif mafculin.
Plante crucifère ainfi nommée,
{>arcequ'elle reflemble beaucoup à
a violette par fes fleurs, & au tlafpi
par fes fruits. Elle eft vulnéraire ,
déterfive & apéritive. '
JONV1LL1ER5 ; nom propre d'une
Abbaye d'hommes de l'Ordre de
Prcmontré , â trois lieues , fud-fnd-
eft , de Bar-le-Duc. Elle jouit d'en-«
. viron 8oeo liv. de rente*
JONZAC \ nom propre d*une ville
de France, en Saimonge , a trois
lieues , fud-fud-eft , de Pons.
JOOSIÉ^ fubftantif mafculin. Planta
qui f^ trouveau Japon , quelle vient
€n très- grande abondance: ceft
I une efpèce de gramen médicaîum ;
«lie croît à la hauteur <i'un pied ,
elle a'' des feuilles comme celles <lu
•
rofeau , & elles font trèsrtranchan*
tes par les cotés. 11 y en a deux ef-
pèces y la première s'appelle iîin-
plen^ent Joo/îé: la féconde €*ap^
1
S)6 JOP
pelle Joqfie Muf^uha , parcequ*elle
n iîx feuilles qui partent d'un même
centre. Les Japonois ccrafcnt ces
feuilles avec du rinaigrej & les
mettent fur les plaies ^ ils font bouil-
lir Us racines dans de l'eau avec du
fucrej cette décoûion filtrée eft,
dit-of), un remède excellent con-
tre les douleurs des reins & la
pierre.
JOPPÉ i nom propre d'une ancienne
ville maritime de la Paledine fur la
Méditerranée. Son nom moderne
eft Jafa. Cétoit le feul port que les
Hébreux poûTcdaffcnt fur la Médi-
terranée. Quelques Auteurs croient
que cette ville tire fon nom de Jop-
pé, fille d'iEolus, & femme de Cé-
phée , qui en fut la fondatrice. Pli-
ne raconte que Scaurus , apporta de
Joppi à Rome , pendant Ion édili-
té, les os du monftre qui devoit
dévorer AndromcJe^, & S. Jérô-
me dit que de fon temps , on voyoit
encore à Joppé des marques de la
chaîne, par laquelle cette Princeffè
avoir été attachée lorfqu*on Tezpofa
au monftre marin.
JOQUES; fubftantif mafculin plu-
riel. On appelle ainfi certains Bra-
niines du Royaume de Narfîngue.
Ils font auftcres , îk errent dans les
Indes ; ils fe traitent avec la der-
nière dureté , jufqa*i ce que de-
venus abduls ou exempts de toutes
lois» & incapables de tout péché»
ils s'abandonnent fans remords à
toutes fortes de faletés , ne fe refu-
fant aucune fatisfaâion ; ils croient
avoir acquis ce droit par leur péni-
tence antérieure. Us ont un chef qui \ \
leur diftribue fon revenu lequel eft
confidérable , & qui les envoie prê
cher fa doftrine.
JOR j vieux mot r^ui fignifioit autre-
fois jour.
JORDAANSj (Jacques) nom d'un
JOR
Peintre né à Anvers en 1594, &
mort dans la même ville en 1^78.
Il eut pour maître , Adam Van-
Oort : un génie heureux & beau-
coup de facilité pour l'exécution ,
lui firent faire des progrès rapides.
Son mariage avec la fille de foa
maître , le fixa dans fon pays ,
mais il faififtbit toutes les occa-
fions que le hafard lui fourniiroit
de copier les ouvrages des meilleurs
Peintres Italiens. Il s'attacha panif
culièremenr aux tableaux du Cara-
vane , du Titien , de Paul Vero-
ne(e & du Baftàn. A ce travail il
joignit Ictude de la nature» & ac-
quit par fon application une grande
manière qui l'a élevé au rang dt%
plus Savans Artiftes. Rubens ne put
voir les rares talens de Jordaans
fans jaloufie. En effet', il av. ii un
piiîceau fier & vigoureux qui pou-
voir être comparé au fien ; ce fut
pour PafFoiblir que Rubens fe ren-
dir officieux auprès de lui , & qu il
fir charger fon rival de peindre à
Gouache des cartons pour les rapide-
ries du Roi d'Efpagne. Cette peintu-
re à détrempe devoit, fui van tics vues
du premier détourner Kautre de la
peinture à l'huile : mais/orû?i7fl/7j s'ac-
quitta avec diftindkîon decetemploiy
& rraica la peinture à l'huile avec le
même goût qu'auparavant. Ce Pein-
tre excelloit furroutdans les grands
fujets; il peignit pour Ch.irles Gaf-
tave s Roi de Suède , douze tableaux
de la PaflSon de Notre- Seigneur ,
qui font autant de chefs-d'œuvre :
on admire encore le magnifique ta-
bleau de quarante pieds de haut ,
érigé à la gloire du Printe Frederic-
Henri de Nalfau. Ce maître a auffi
excellé dans des fujets plaifans ; on
connoît fon morceau du Roi-boit.
Jordnans avoir un grand fonds de
gaieté qui l'aida à fupporter le poids
JOR
du travail ^ 8c lui fit trouver le plai-
fir jufques dans le fein de la vieil-
lefle.On remarque dans fes tableaux
une parfaite intelligence du clair-
obfcur; il embrafloit tous les gen«
res de'Peinture. Il a fait des payfa-
ges d'une touche admirable ; fa ma-
nière étoît facile & expcdiiive , fon
(rinceau fier & vigoureux , fon co-
oris brillant s il mettoit dans fes
ouvrages beaucoup d'expreflîon &
de vérité ; £qs figures parôilfent en
mouvement , & femblent être de
relief. Il a quelquefois péché con-
tre la correction. Se fes penfées ne
font point fouvent alfez élevées, ni
fes caraéfcères affez nobles. On voit
un tableau de cet Artifte dans la
colleâion du Palais Royal.
JORDANS j ( Lucas ) furnommé
Fa-Preflo ; Peintre né â Naples en
i^}^ y & mort dans la même ville
en 1705 • Il eft audi appelé par quel*
ques Auteurs , Luc Jordana. On ne
le croit point parent de Jacques Jor-
daans. Lucas entra dans l'école de
Jofeph Ribera , d'où il fortit un
jour fecretement. Il fit connoiffan-
ce avec Pierre de Cortone, & l'aida
dans fes grands ouvrages , mais il
s'attacha furrout à la manière de
Paul Veronefe. Son père , Peintre
médiocre » le vint trouver pour
[profiter de fes talens & de fa faci-
ité i il vendoit cher fes deffeins &
fes efquiffes j ôc voulant que fon
fils , encore très-jeune , ne perdît
point on feul inftant , il lui préjpa-
roit i manger & lui répéroit fans
cette ; lucas , Fa-Prejlo , d'où lui
cft venu fon furnom. Perfonne n'a
tant copié que Jordans ; fes études,
jointes à une mémoire des plus heu-
reufes , lui avoient donné uAe ma-
nière compofée de celles de tous
les grands maîtres. Le Roi d*Éfpa-
gne Charles îl le fit venir à fa
E
Tome XV^
JOR ^7
Cour \ & l'occupa i embellir l'Ëf-
curial \ le Roi & la Reine pre-
noient plaifir à le voir peindre , &
le firent toujours couvrir en leur
préfence. Jordans avoir une humeur
gaie & des faillies qui amufoient la
Cour ; l'aifance & la gtâce avec
laquelle il manioit le pinceau fe fai-*
foient remarquer de tout le monde.
La Reine lui parla un jour de fa fem-
me, & témoigna avoir envie de la
connoître. Le Peintre auffitôt la ré-
préfenta dans le tableau qui écoic
devant lui , & fit voir fon portrait â
cettePrincelTe, qui fut d'autant plus
étonnée qu'elle ne fe doutoit point
de fon intention. Elle détacha cians
l'inftant fon collier de perles , & le
donna à Jordans pour fon époufe.
Le Roi lui montra un jour un ta-«
bleau du Bafian , dont il étoit fâ-
ché de n'avoir pas le pendant j X«-
cas peu de jours .après en fit pré-
fentd'un à ce Prince, qu on crue
être de la main même du fiaHTan ,
& l'on ne fut défabufé que quand
. il fit voir que le tableau étoit de
Ipi. Le Roi d'Efpagne créa ce f avant
Artifte Chevalier , 8c lui donna
f>lufieurs places importantes \ il
ui envoyoit tous les foirs un de
fes carrofles pour fe promener j il
plaça avantageufement fes fils , Se
maria fes filles à ceux de fes Offi-
ciers qu'il honoroie de fa protec-
tion.
JORGIANE; nom propre d'une ville
d'Afie, dans le Koraffan , fur une
rivière de même nom , qui a fon
embouchure dans la mer Cafpienne
vers le 89^ degré de longitude , &
le 38^ de latitude , fqlon les Géo-
graphes Arabes.
JORNÉE 5 vieux mot qtd fignifioit
. autrefois journée*
JOS j nom ancien d'une île de lu
N
^8
JOS
oier Égee y, ^a on appelle aujouc-
d hui Nio.
JOSAPHATj nom propre d*ane val-
lée de la Paleftine » enrre les urs
de Jérufalem Se le Mont des Oli-
viers. Le Prophète Joël dit qae le
Seigneur alTeoiblera toutes les Na-
tions dans la vallée de Jofaphat»
& qu'il y encrera en jugement avec
•elles. Les Juifs Se pluneurs Chré-
tiens fondés fur ce pafTage ,, ont cra
Gue le jugement dernier fe feroic
dans la vallée de Jofaphat j mais
plufieurs Doéleurs penfent que la
vallée de Jofaphat , mot qui , en
Hébreu , (igoine le Jugement du Sei-
gneur y eft fy mbolique dans le Pro-
phète Joël.
JOSAPHAT y nom propre d'une Ab-
baye d'hommes de l'Ordre de Saint-
Benoît , à uue lieue , nord » de
Chartres. Elle eft en commende &
Yaur environ j 5.00* livres de rente
au Titulaire.
JOSEPH; nom d'un fUs de Jacob 8c
de Rachel. Ses frères jaloux de la
Iirédileâion que fon père avoit pour
ui , & de ce que Dieu lé favorifoit
en lui donnant par des fonges , la
connoiflance de l'avenir y médité-
cent fa perte. Un jour qu'il étoit
allé de la parr de fon père vidcer fes
Arères occupés an loin dans la cam-
pagne â faire paître leurs troupeaux,
ils réfolurent de le- tuer. Mais fur
ks remontrances de Ruben , ils le
jjfstèrenrdans une vieille citerne fans-
eau » à deffein de l'y laiiïer mourir
de faim. A peine fut-il dans la ci-
terne, Q^ejudhsy voyantpafTcr des*
Marchands Madinaites & Ifmac*
Htes ) perfùada à fes frères de le.
vendre à ces étrangers. Us le leur
Hvrèrent pour vingt pièces d'ar-
gent, & ayant trempe fes habirs.
dans le (ang d'un chevreau , ils les
n^eoj^èient tout déchiréa^ & tout
JOS
enfanglantés â leur père , en Tut
faifant dire qu'une'bcte féroce l'a-
voir dévoré. Les Marchands qui
avoient acheté Jofeph ,. le menè-
rent en Egypte & le vendirent au
Général des Armées de Pharaon y.
nommé Putiphar. Bientôt il gagna
la confiance de fon maître , qui le
fit Intendant de fes autres Domef-
tiques. La femme de Puciphar con*
fut pour lui une paffion violente.
Cette femme voluptueufe l'ayant
un jour voulu retenir auprès d'elle
dans fon appartement , le jeune If-
raëlire prit le parti de fe lauver err
lui abandonnant fon manteau par
lequel elle l'arrètoit. Outrée da
mépris de Jofeph , elle rapporta que
l'Hébreu: avoit voulu lui faire vio-
lence j & que dans la réfiftance
qu'elle avoit faite, foa manteaa
lui étoit refté entre les mains. Pu-
tiphar indigné , fît mertre Jofeph:
en prifon. Le jeune Ifraëlite y ex-
pliqua les fonges^ de deux prifon-
niers illuftres , qui éroienr avec
lui. Pharaon inftruit de ce fait,
dans le temps qu'il avoit eu an-
fonge etfrayant , <^e les Devins
& Sages d'Egypte ne pouvoient
expliquer , fit fortir Jofeph de pri^
fon. Cet illuttre opprime lui prédir
une famine de fepc ans*, précédée
d'une abondance ae fept autres an-
nées. Le Roi plein aadmiratioci
pour Jofeph, lui donna l'âdmiDif-
tration de fon Royaume,^ le fit
traverfer la ville fur uo chariot^,^
précédé d'un Hérault criant que-
tour le monde eût a fléchir le genoux
devant ce Miniftre. La lamine
ayant amené fes frères en Egypc#
pour demander du blé j Jbieph fei-
gnirde les prendre/pour des efpions^
Il les renvoya enfuire avec ordre de
lui amener Benjamin , & retint Si«>
meon pour otage. Jacc^ refuCt d*
JOS
l>ord de laifler aller Beûjamîn ;
tnaisia famine croilTanc» il fur con-
traint d'y confentir. Jofcph ayant
reconnu fon jeune frère fils de Ra-
chel comme lui j ne put retenir {t%
larmes^ il fit préparer un grand
feftin peur tous fes frères qu'il fît
placer félon leur âge , fteut des
attentions particulières pour Benja-
nkvxu Jofepa fe fit enfin connoître à
fes frères 9 leur pardonna & les ren-
voya avec ordre d'amener promp-
tement leur pèce en Egypte. Jacob
eut la confblation de finir fes jours
auprès de fon fils » dans la terre de^
GeiTen que le Roi lui donna. Jofeph^
aprèsavoir vécucentdixans,&avoir
vu ks petit-fils l'ufqu'à la troifième
génération » tomba malade. Il fit ve-
nir fes frères, leur prédit que Dieu
les feroit entrer dans la terre pro-
naife , & leur fit jurer qu'ils y tranf-
porteroient fes os. C'eft ce qu'exé-
cuta Moïfe lorfqu'il tira les Ifracli-
res de l'Egypte. Ce corps fut donné
en garde â la Tribu d'Éphraïm qui
l'enterra près de Sichem , dans le
chap:ip que Jacob avoir donné en
propre à Jofeph peu avant fa mort.
Ce Patriarche mourut 1(^)5 ans
avant Jésus-Christ, à iio ans,
après avoir gouverné l'Egypte pen-
dant 80 ans. U lailTa deux fils > Ma-
naffcs & Éphraïm. \
JOSEPH i nom d'un fils de Jacob J
petit- fils de Mathan , époux de la
Vierge - Marie , mère de Jisus-
Christ. Il étoit de la Tribu de Ju*
-da , & de la famille de David. Ma-
than defcendu de David , par Salo-
mon & Melchi qui en defcendoic
aufli par Nathan , époufèrent l'un
après l'autre une femme nommée
Efta. Mathan en eut Jacob, & Mel-
chi en eut Héli ^ qui étoient ainfi
frères de mère. Héli étant mort
fans enfans > Jacob époufa fa veuve
JOS ^f
félon l'ordre de la loi , & de ce ma-
riage eft venu Jofeph , fils d'Hcli ,
félon la loi , & de Jacob , félon la
iiature. On ne fait quel eft le lieu
de la nailfance d^ Jofeph } mais on
ne peut douter qu'il ne fût établi à
Nazareth, petite ville de Galilée
dans le Tribu de Zabulon. Il eft
confiant par l'Évangile même qu'il
étoit artifan , puifque les Juifs par-
lant de Jésus-Christ , difent qu'il
étoit Fabri-FiUus* Il étoit fiancé à
la Vierge -Marie. Le myftère de
ilncarnation du Fils de Dieu n'a-
voit pas d'abord été révélé i Jo-
feph ; ce Saint homme ayant remar-
qué la grolTelFe de fon époufe , vou-
lut la renvoyer fecrettement , au
lieu de la deshonorer publique-*
ment ; mais l'Ange du Seigneur lut
apparut & lui révéla le myftère. Jo-
feph n'eut jamais de commerce con-
jugal avec la Sainte- Vierge. 11 rac-
compagna â Bethléem lorfqu'elle
mit au monde le Fils de Dieu. U
s'enfuit enfuite en Egypte avec Jâ-
sus & Marie , & ne retourna a Na-
zareth qu après la mort d'Hérode.
L'écriture dit que Jofeph alloic
tous les ans à Jérufalem avec la
Sainte - Vierge pour y célébrer la
fcre de Pâque , & qu'il y mena Jâ-
s us-Christ â l'â^e de douze ans.
Elle ne rapporte rien de plus de fa
vie ni de la mort.
JOSHPH VHiJlorUn, Juif, furnom-
mé Flavius , fils de Matthias , de la
race des Prêtres , naquit i Jérufa-
lem la première année du règne de
Caïus, & la trente -feptième de
Jisus-CHRisT. Il fut fi bien inf-
truit, qu'à l'âge de quatorze.ans ,
les Pontifes mêmes le confultoienc
fur ce qui concerne la loi. Depuis
l'âge de feize ans , jufqu'à dix>neuf,
il s'occupa â des exercices très-la-
borieux dans le défert , fous la con-
Nij
lOD
JOS
daite d*an nommé Banc ; & après
avoir examiné les trois principales
fedtes qui écoient alors en repu ra-
tion chez les Juifs , il s*atcacha à
celle des Pharifiens. A dix - neuf
ans , c'eft-à-dire » Tan 5 ^ ou 57 de
Jésus-Christ, il revint â Jérufa-
lem , où il commença â entrer dans
les affaires publiques. Vers l'an ^4
de Jésus-Christ, étant âgé de plus
de vingc-(ix ans 5 il fit un voyage à
Rome 9 pour fervir quelqu'un de
{t% amis. En y allant il fie un nau-
frage j & de plus de fîx cens per-
fonnes qui étoient dans le vaifleau,
lui & quatre-vingts autres feulement
fe fauvèrent en nageant toute la
nuit. 11 obtint la liberté de fes amis
par le moyen de Poppée , que Né-
ron avoir époufée en Tannée 62. II
faroît que Jofeph eut trois femmes.
1 dit aux Juifs qu'il avoitfa femme
i Jérafalem. Ailleurs il dit que Vef-
pafien lui en fit époufer une de Ce-
iarée , qu'il quitta bientôt pour en
époufer une d'Alexandrie.
Au commencement de la guerre
des Juifs contre les Romains , &
l'an 66 de Jésus-Christ il fut en*
voyé dans la Galilée, en qualité de
Gouverneur. Il fit un àrand nom-
bre d'aâions mémorables, qu'il a
décrites lui-même avec foin dans
it% livres de la guerre des Juifs.
Vefpafien l'affiégea «dans Jotapate ,
ville de Galilée , & il s'y détendit
d'une manière qui fut admirée
même des Romains. Lorfqu'ils eu-
rent pris la place , Jofeph fe fauva
dans une caverne fort fecrette, où
il trouva quarante Juifs qui s'y
Croient déjà retirés.
Vefpafien qui en fut informé
trois jours après , fit offrir la vie â
Jofeph s'il vouloir fe rendre \ mais
il en fut empêché par fes Compa-
gnons qui le menacèrent de le tuer
JOS
s'il y confentoit. Ces furieux peut
ne point tomber entre les mains de
leurs ennemis , préférèrent de fe
donner la mort , & Jofeph ne réuf-
fit qu'avec peine à leur perfuader
de ne pas tremper leurs mains dans
leur propre fang , mais de recevoir
la mort par la main d'un autre. Ils
tirèrent donc au fort pour favoir
qui feroit tué le premier par celui
qui le fuivoit. Jofeph eut le bon-
heur de redteravec un autre â qui il
perfuada de fe rendre aux Romains.
Vefpafien lui accorda la vie , à la
prière de Titus, qui avoit conçu
beaucoup d'eftime & d'affeélion
. pour lui. Ce Prince l'amena avec
lui au fiége de Jérufalem. Jofeph 7
exhorta vainement fes compatriotes
â fe foumettre aux Romains. Après
laprife de cette ville il fuivir Titus
à Rome , où Vefpafien lui donna le
titre de Bourgeoifie Romaine , & le
gratifia d'une penfion. Titus & Do*^
mitien lalui continuèrent, & ajouté-*
rentaux bienfaits les carrefies les
plus fiatteufes. C'eft à Rome que Jo-
feph coivipofa la plupart des ouvra-*
ges qui nous refient de lui j i^. XHif»
toirt de la Guerre des Juifs , en Vil
Livres : l'Auteur l'écrivit d'abord
en Syriaque, &c la traduifit en Grec^
cette Hifloire plut tant à Titus >
u'il la figna de fa main , & la
t dépofer dans une Bibliothèque
publique : on ne peut nier que Jo«
feph n'ait Timagmation belle y le
flyle animé, l'expreflion noble j il
fait peindre à l'eiprit & remuer le
cœur. C'eft celui ae tous les Hifto*
riens Grecs qui approche le plus de
Tite-Live : auflî S. Jérôme Vappe-
loit-il le Tite^Live de la Grèce; mais
s'il a les beautés de THiftorien La-
tin , il en a auffi les défauts. Il eft
long dans fes harangues , exagéré
dans fes récits 12^. Les Anth^
i
JOS
qultes Judaïques en XX Livres, on-
vrage écrit avec autant de nobleflfe
que le précédent : 3®. Deux Livres
contre Appi on. Grammairien , l'un
des plus grands Adverfaires des
Juifs. Cet ouvrage eft précieux par
divers fragmens d'anciens Hillo-
riens que l'Auteur nous a confer-
vés : 4°. Un difcours fur le mar-
tyre des Macbabées , qui eft un
chef-d*cÉuvre d'éloquence. Jofeph
auroit pu être un des plus grands
Orateurs > comme il eft un des plus
grands Hiftorien$. La meilleure
édition de fes ouvrages eft celle
d'Amfterdam en 1717, en deux
volumes in -fol. en Grec & en La-
tin , par les foins du Savant Haver-
cà'mp. Nous en avons deux traduc*
rions en notre langue ; la première
par Arnauli d'Andilli , & la fé-
conde par le Père GïlUt : celle-ci
eft faite avec plus d'exaâitude » &
l'autre avec plus de force*
70S1DA \ nom propre d'une ville du
Japon , à crois lieues d'Akafaka.
ÏOSSELINj nom propre d'une ville
de France , en Bretagne » fur la ri-
vière d'Ouft y à huit lieues > nord*
eft , de Vannes.
JOSUÉ j nom d'un des livres cano-
niques de l'ancien teftament. C'eft
celui qui dans les bibles fuit ordi-
nairement le Pentateuque où les
cinq livres de Moïfe. Les Hébreux
le nomment Jehofua. H comprend
Thiftoire de l'entrée du peuple de
Dieu 3 de fes premières conquêtes ,
&de fon établidement dans la terre
promife fous la conduite de /q/i/^
qui après Moïfe fut le premier chef
eu général des Hébreux.
La fynagogue & l'églife font d'ac-
cord à attribuer ce livre à Jofué y
fils de Nun , ou comme s'expriment
U% Grecs , fils de Navé , qui fuc-
céda à Moïfe dans le gouvernement
JOS ICI
théocratique des Hébreux , & à le
reconnoître pour canonique. On
avoue cependant qu'il s'y rencontre
certains termes , certains noms de
lieux 3 Se certaines circonftances
d'hiftoires qui ne conviennent pas
^u temps de Jofué ^ & qui font ju-*
ger que le livre a été retouché ae«
puis lui , & que les copiftes 7 ont
fait quelques additions & quelques
correâions y mais il y a peu de li«
vres de l'écrirure où l'on ne remar-
que de pareilles chofes.
Les samaritains ontaudi un livre
de Jofué qu'ils confervent avec un
grand refpeft, & fur lequel ils fon-
dent leurs prétentions contre les
Juifs. Mais cet ouvrage eft fort dif-
férent de celui que les Juifs & le^
Chrétiens tiennent pour canonique*
Il comprend quarante-fept chapitres
remplis de fables , d'abfurdités , de
traits & de noms hiftoriques , qui
prouvent qu'il eft poftérieur à la
ruine de Jérufalem par Adrien. Ce«
livre n'eft point imprimé. Jofeph
Scaliger à qui il appartenait y le lé-
^ua à la bibliothèque de Leyde y où
il eft encore à préfent en caractères
famaritains , mais en langue arabe^
& traduit fur l'hébreu*
Les Juifs modernes artribuenc-
encore i Jofué une prière qu'ils ré-
citent ou toute entière ou en par-
tie , lorfqu'ils fortent de leurs fyna-^
gogues. Elle commence ainfi : « c'eft'
» à nous qu'il appartient de louer
55 Te Seigneur de TUnivers , ôè do
» célébrer le créateur du monde y
n puifqu'il ne nous a pas fait fem-
9) blables aux autres nations de la
»9 terre , & qu'il nous a préparé un
>» héritage infiniment plus riche St
» plus grand , ^c. »
Les Mahométans croient que Jo-
fué fut envoyé de Dieu pour com-
battre les Céans qui poiTédoienc li
101 TOT
ViWe JAriba ou Jéricho , Se qu'il
leur livr^ baciiile un vendredi :
cette circonftance eft un des motifs
qui leur ont fait préférer ce jour
au famedi pour en faire leur fère
hebdomadaire.
JOTA i nom propre d'une ancienne
ville de la Paleftine , dans la tribu
de Juda > (elon le livre de Jofué.
JOTAPATE} nom propre d'une an-
cienne ville de la Terre-Sainte, dans
la Galilée. Elle eft remarquable par
le fiége qu y foutiot l'hiftorien jfo-
ïeph contre Vefpafien alors général
de Tarmée romaine » & depuis Em-
pereur. Elle fut prife & ruinée Tan
67 de rère vulgaire.
JOTAVILLA i fubftantif féminin-
Les Italiens ont donné ce nom i une
efpèce d'alouette très-rare , & donc
le chanc efl: des plus agréables )
la niaife eft meilleure que la boca-
gère pour le chanc : cet oifeau k
tait entendre la nuit. Le mâle porte
* une hupe ; il a l'ongle de derrière
fi long qu'il pade le genou. Cet
oifeau faïc d*ordinaite fon nid dans
les vallées où les arbres font crès-*
feuilles. Sa ponte eft de cinq œufs :
fa vie eft de dix ans.
JOTTES i fubftantif féminin pluriel^
& terme de Marine. Il fe dit des
4euz cotés de Tavanc du vaifTeau ,
depuis les épaules jufqu*à l'étrave»
JOUA \ fubftantif maUulin. Oifeau
d'Afrique » de couleur brune » de
la groUeur d'une alouette , & qui
fait ordinairement fes œufs fur les
grands chemins & dans les routes
Frayées. Les nègres de Sierra-Leona
Îiui mangent de toutes fortes d oi«
eaux 9 eftiment celui-ci Ci facré,
qu'ils n*olent y toucher non plus
3u'à fes œufs , perfuadés qu'ils per-
roienti leur tour leurs enfans*
JpUAïLLER i verbe neutre de la
première conjugaifon ^ lequel fe
JOU
conjugue comme Chanter. Terme
du ftyle familier qui figniâe jouer
à petit jeu , & feulement pour s'a-
mufer. Ils ontpajfé lafoirée àjouail^
1er.
JOUARRE j nom propre d'une ma*
enifiqiie abbaye de fiénédiâines,
dans lafirie Champenoife^ â quatre
lieues, eft-fud-eft, de Meaux. Elle
jouit de plus de 40 mille livres de
rente,
JOUBARBE , ou JONBARDE j fub-
ftantif féminin. Scdum. Plante donc
on diftingue plufieurs efpèces : les
Principales font, la grande jou-
arbe , la petite joubarbe ou trique*.
Enadame , & la vermiculaire bru»
lante.
hz grande joabarbe eft une plante
baflfè qui croît fur les vieux murs »
& fur les toîts des chaumières. Sa
racine eft petite & Sbreufe; elle
pou (Te plufieurs feuilles oblongues,
groiïes , grades, pointues j charnues »
pleines de fuc, attachées contre
terre à leur racine, toujours vertes,
prefque difpofées en rofes&un peu
velues. 11 s'élève de leur milieu une
tige â la hauteur d environ un pied ,
droire, affez grofle, rongeât re ,
moelleufe, revêtue defeuilks fem--
blables â celles d'en bas , mais plus
pointues. Cette tige fe divife vers
la fommité en quelques rameaux ré»
fléchis , qui portent après le folftice
d'été des fleurs à cinq pétales j dif«
pofées en rofe , & de couleur pur-
purine. Elles font fuivies par des
fruits compofésde plufieurs gaines ^
ramaffées en manière de tète , 6c
remplies de femenoesfort menues »
qui fe fèchent en automne.
La petite joubarbe ou trique - ma«
iamc croît au/fi fur les toîts & \t%
murailles expofées au foleiljfa racine
eft menue 6c fibrée; elle poufle
plufieurs petites tiges ^ dures » li«
inettfes^roageatres. Ses feuilles font
Tbngaecces, fucculences, vermicu-
laires. Ses fleurs paroKTent en été :
elles font petites, i plufieurs feuil-
les 9 difpofées en rofe au fommet
des branches \ elles ont une cou*
leur jaune blanchâtre. Il leur fuc*
cède de petits fruits â gaines ramaf-
fées en tête 8c retnplies de petites
femences.
Ces blantes font mifes au rang
des médicamens » à titre de rafraî-
chi (Tantes y tempérantes , incraf-
fantes,& légèrement répercuflîves*^
C'eft le fuc & Tinfufion des feuil-
les de ces plantes qui font principa-
lement recommandées pour Tufage
intérieur , & furtout dans les fièvres
continues, ardentes > & dans les
fièvres intermittentes qui particr-
pent du même caraâère , c'eft-i-
dire , dont les accès font marqué»
par une chaleur exceffive qui n'eft
précédée d'aucun froid. Ces remè-
des font yantés audi pour lesfaifec-
tions inflammatoires de Teflomac
& des inteftins y on les croit utiles
dans les dyflenteries , d'après les
iuccès oblervés chez certains peu-
Îles d'Afrique où ces remèdes font
brt ufltés dans ce dernier cas. On
attribue les mêmes vertus à l'eau
diftillée de cette plante. Au refte
ces remèdes font prefqu'abfolument
inusités parmi nous.
Leur ufage extérieur eft un peu
plus fréouent ^ on en fait avec du
Deurre frais des onguens pour les
kémorroïdes^ & pour les brûlures.
L'eau diflillée de ces plantes 0e
kur fuc mêlé av^c une certaine
quantité d'efprit - de - vin , font
comptés parmi les cofméciques. ^
Les feuilles de grande joubarbe
tntrent dans la compofition de l'on-
guent mondificatif d'ache Se dans
ÏQttj^ent populcum ^\cs racines ^es
•JOU 103
feuilles & le fuc de nique madame
entrent dans l'emplâtre diabotanutn
Se fes feuilles dans Tonguent popu-
Uum.
La vcrmiculairc brûlante croît prêt
que partout fufpenduc par fes raci-
nes , ou couchée fur les vieilles
murailles » fur les toits des maifons
bafles ou àt% chaumières , on aux
lieui pierreux , arides ou moufleux.
Sa racine cft également petite Se
fibreufe ; fes feuilles font peu épaif*
h% > mais fucculentes , pointues Se-
triangulaires : fes tiges font bafles-
te menues ; elles portent en leurs
fommets dans l'été, de petites fleurs
jaunes en étoiles à cinq feuiiles,aux'
quelles fuccèdent de petites graines,
comme dans les précédentes. La
plante fe fèche & périt l'hiver.
Cette plante a un goût piquant „.
ehaud & orûlant , ce qui lui- a. faic^
donner auffi* le nom de poivre des^
murailles. Elle eft excellente pouc
déterger les gencives ulcérées des-
fcorbutiaues : elle fait un peu vo-
mir : appliquée extérieurement , elle
réfout les^ tumeurs fcrophuleufesô^
les loupes naiflàntes.
J0U£^ fubftantif féminin. Ge/ia. L»
partie de la face de l'homme quï
eft au-deflbus destempesfic desyeux.
Les joues font formées par les
os de la pomette & par lesmufcles'
moteurs des lèvres* Elles s'étendent^
depuis l'orbite jufqu'à la marge du
menton en hauteur, & en largeur
depuis le lobe de l'oreille jufqu'aux»
ailes du nés ^ la peau des joues- eft'
très-fine , c'eft pour cela que fou-
vent elles font rouges, les vailfeau^
fanguins paroiflànt d'autane plur
aifemenr.
On dît d'une perfonne cxrteme--
menr maigre Se atténuée » qu'e//^ a'
les Joues coufuesi
On dit ,. donner fur la jpue ^ cou^
104 JOU
vrir la joue ; pour dire > donner un
fouflflet. Et tendre la joue ; pour
dire , préfenter la joue.
On dit , coucher en joue ; pour
dire j ajufter fon fufil pour rirec fur
quelqu'un , fur quelque chofe: //
H eut que le temps de coucher le che-
vreuil en joue.
On die aullî figurcment & fami-
lièrement , coucher en joue ; pour |
dire , vifer à quelque chofe pour
lobcenir. // couche en joue la fille
de ce financier. '
On dit aufli ^ les joues d'un
cheval.
On appelle jouts d'un pefi)n , de
petites plaques placées de part &
d'autre fur les broches d'un pefon.
Joues , fe dit en termes d'Artillerie ,
des deux côtés de l'épaulement d'une
batterie coupée félon fon épaiffeur
pour pratiquer Tembrafure.
Ce monofyllable eft long.
JOUÉ ; nom propre de deuxjbourgs
de France , dont un en Touraine ,
à une lieue , fud-fud-oueft , de
Tours , & l'autre dans le Maine ,
à iîx lieues , oueft > du Mans.
JOUÉ , ÉE j participe paflîf. Foye^
Jouer.
On dit au jeu des dames, du
triftrac , dame touchée j dame jouée ;
pour dire > que lorfqu on a touche
une dame on eft obligé de la jouer.
JOUÉ DU PLAID ; nom propre
d'un bourg de France en Norman-
die > à deux lieue$ > fud-oi^ôft , d'Ar-
gentan.
JOUÉE ; fubftantif féminin & terme
d'Architecture. C'eft dans l'ouver-
ture ou la baie d'une porte ou d une
croifée , l'épaifleur . du mur qui
comprend le tableau , la feuillure
& Tembrafiire. On appelle auffi
jouée ou jeu , la facilité de toute
JOU
fermeture mobile dans fa baîe.'^
Jouées d*abajour , fe dit des côtés*
rampans d'un abajour fuivant leur
talus ou glacis : on dit aufli jouées
defoupirail , pour fignifier la même
chofe dans un foupirail. Et l'on aj)-
pelle jouées de lucarne y les cotes
d'une lucarne dont les panneaux
font remplis de plâtre.
JOUÉ L'ABBÉ; nom propre d'un
boutg de France dans le Maine ,
environ à trois lieues , nord-notd-
eft , du Mans.
JOVENTE j vieux mot qui fignifioît
autrefois jeuneiTe.
JOUER ; verbe neutre de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-«
jugue * comme Chanter. Ludere.
Folâtrer, s'ébattre , fe ^iverrir. Des
jeunes gens qui aiment à jouer ^/z-
femble. Elit s'amufie à jouer avec fon
chat.
Il s'emploie fouvent dans l'ac-
ception précédente comme prono-
minal réfléchi. Les enfans fe jouent
avec leurs poupées. Cefingefe joue
avec tout ce qu il peut attraper.
On dit ^ Je jouer de quelque chofe ,
& faire quelque chofe en fe jouant ;
pour dire , faire quelque chofe en
s'amufant , en badinant , fans ap-
plication & fans peine. // a fait ce
difcours en fe jouant. Le travail de
fes ouvrages ne lui coûte rien j il ne
fait que s'en jouer.
On dît auflî figurcment, /ryWr
de quelque chofe; pour dire , en faire
quelque mauvais ufage , la profa-
ner. Les grands ne fe jouent que trop
fouvent des loix.
On dit auflî figurément , yèyW<?r
de quelqu'un ; pour dire » fe moc-
.quer de lui , le railler adroitement ,
lui donner de belles paroles. // ne
veut plus fouffrir qu'on fe joue' de lui.
On dit auflî , fe jouer de quel^
quun i' pour dit^e > être maître du
fort
JOU
JOU
lOJ
l
fort èe qudqa'un & en dirpofer | Jôv^R • fîgnifie auffi rif^aer de per-
(oavcraiiïçiyitnt. Ce géfura/fejouoic ^ -^ '' ^' -
défis troupes»
On dit , que la fortune fi joue
des hommes ; pour dire , que la for-
tune trompe les projets des hom-
mes. £c 1 on dit dans le même feos .
que le. chat fi joue delafiuris.
Sb joubr , figniiie auffi s'exercer avec
efprit fuj: quelque matière agréa*,
ble^ & fufceptibie d'ornemens. Ce
poète fi joua agréablement fir leurs
. amours.
On dit en termes de Jurifpru-
dence féodale > qa*ir/z Seigneur peut
fi jouer de fin fief i pour dire , qu'il
lui eft permis de le démembrer &
même d'en vendre une partie fans
payer de lods & ventes a fon fuze-
rain » pourvu qu'il retienne la foi
entière ic quelque droit feigneu-
rial & domanial fur la partie aliénée.
On dit auffi fi jouer défis quali-
tés i pour dire , en changer félon
l'occurrence. Un mineur peuc fe
jouer de fes qualités , c eft-à-dire ,
que quoiqu'il fe foit d'abord porté
héritier , il peut enfuite fe porter
douairier ou aonatatre*
On dit figurément & familière-
qnent , fi jouer- à {{uelquun ; pour
dire , attaquer inconfidérément plus
fort que foi. Si vous vous joue\ à
lui vous n*y fere\ pas votre compte.
On dit auffi j ne vous joue7[ pas
à cela, ne vous y joue:^ pas ^ pour
dire » fi vous ères aflez imprudent
pour faire cela , vous aurez lieu de
vous en repentir.
On dit encore » jouer i pour
dire y fe mettre en danger. . • • //
jouoit à fe faire mettre à ta Baftille.
On dit d'une perfonne , (\\i'elle
joue furie mot , qu'elle aime à jouer
furie mot ; pour dire, qu'elle fait
(des allufionsj des équivoques fur
. \^ mots.
dre ou de gagner une fomme d'ar-
gent ou quelqu'autre chofe à un
jeu qui a des règles , comme le \t\k
de triârac , des échecs , des cartes ,
de la paume » du billard , â'c.
On joue en général à deux fortes
de jeux \ aux jeux d'adrelTe & aux
jeux de hafard. On appelle jeux
d'adreffe ceux où l'événement heu-
reux eft amené par l'intelligence »
l'expérience , l'exercice » la péné-
tration » en un mot par quelques
qualités acquifes ou naturelles de
corps ou d'el'prit , de celui qui joue.
On appelle ye«;t de hafardy ceux où
l'événement paroît ne dépendre^en
aucune manière des qualités du
joueur. Quelquefois d'un jeu d'a-
drefle l'ignorance de deux jouears
en fait un jeu de ha(ard ^ & quel-
uefois auffi d'un jeu de ha fard la
ubtilité d'un des joueurs en fait
on jeu d'adreffe.
Il y a des contrées où les jeux
publics de quelque nature qu'ils
foient , font défendus , & où l'on
peut fe faire refticuer par l'auto-
rité des loix l'argent qu'on a perdu.
A la Chine Te jeu eft défendu
également aux grands 6c aux petits^
ce qui n'empêche point les habitans
de cette contréç de jouer , ic même
de perdre leurs terres , leurs mai*-
fons, leurs biens, & de mettre leurs
femmes , leurs enfans fur une carte.
Il n'y a point de jeu d'adrcffe où
il n'y entre un peu de hafard. Un
des joueurs a la tète plus faine 6c
plus libre ce jour* là que fon ad-
ver faire ; il fe pofsède davantage ,
6c gagne par cette feule fupcrioritc
accidentelle ; celui contre lequel il
auroit perdu en tout autre temps.
A la fin d'une partie d^cchecs ou de
dames polonoifes , qui a duré un
grand nombre de coups enpre des
kctf JOU
k>uettrs qat font a-peu-près d*égaU
ibrcie, le gain ou la perre dépend
quelquefdis d'une difpoficion qu'au-
cun d'eux n'a prétue & ne s'efr pro-
pofée.
Entre deux foueurs donc fun ne
rifque qu'un argent qu'ilpeut perdre
fans s'incommoder, & l'autre un
argent dont il ne fauroit manqtier ,
fans être privédes befoins efTentiels
de la vie , i proprement parler ^ le
jeuneftpas égal»
Une conféq^ence naturelle de ce
principe » c'eft qu'il n'eft pas per-
mis à un Souverain de jouer un |eu
luineux contre un de fes fojets.
Quel que foit l'événement ^ il n'eft
rien pont l'un ; il précipite l'autre
dans la misère.
Au refte , comnie on foue beau-
coup aujourd'hui dans le monde*, il
n'eu pas inutile de favoir jouer , ne |.
fût-ce que pouc amulèr les autres ;
& il eft bon de £ivoic bien jouer ,
6 fonneveut pas être dupe: mais,
malheur à' celui pour qui le jea- de-
viendra une paillon ^ c'eft une des '
plus funeftes dont on puifle être
tourmenté y eHe agite tellement Kef-
prit du joueur > qa'itne peut plus,
fupporter auctme autre occupation;.
& il arriva fouvent qu'après* â^oir
perdu fa formne j il eft condamné A
«'ennu]Fer le refte de fa vie.
On dit^ J0ticr ie jeu y pour dire ,
Jouer felon les règles du jeu. // n*a
pas joué li jeu.
Oo dît auftî figtrrément & fami-
lïirement^joiêer/bnjeu, pour dire>,
agir conformément ifes intérêts.
// a/u jouer fin jeu^
On dir au piquer, jouer bien les
canes; pour dire ,. tirer tout le parti'
poflible de (ts carres. Et l'on dit
dans un fens contraire , jouer mal
Us carres.
On die figurément , jouer au £lus*
JOtl
ji^;pour dire, choifir de deux
pédiens celui qui préfente le moins
de rifque, le moins d'inconvéniens^
Ar une plus grande apparence de
fticcès. Et jouer à jeu ji2r , pour dire^.
ctre afliiré de réullii dans un profet^
dans une enrrejprife. Et jouer au fin ^
jouer au plus fin ; pour dire, em?»
ployer Tadreflè Se la finel& pouc
parvenir à fon bu^
On dit encore figurément, qu*tt/76:
perfonntjoue de malheur; pour dire ^
que ce qu'elle entreprend lui réuilic
mal. Et proverbialémentjondit d'uiv
fripon qui trompe au Jeu , quilfai^
foucr les autres de malheur.
On dit proverbialement & figu--^
rément de quelqu'un qu'on a tota-
lement ruiné, jufqu'â lui enlevée
{^% meubles , fes habits » qu'i/ a:
joué aw roi dépouillé.
Oir dit auffi proverbialement ^
jouer À quitte ou double ; pont dire ^
menre rout au hafard , lifquex la-
tout pouc le toup..
On dît figurément 8L familière^
ment , jçuer de fin rejie ; pour dire ^
Iirendre un moyen extrême aprè»
equel il n'y> .en a plus d'atttre ii
prendre*.
La même chofe Hgnifieauffi athe--
ver de fé ruiner II va jouer dcfim
refte à Paris%.
On iivtncore y jouer dé fin rtftcy,
en plûfieurs autres cas , & en par--
lantdu dernier parti , des dernières^
te^urces- qu'on tire de fa place > de
iafitnatien. Cette fimme jouera Uzn^
tôt de fin refte..
On dit, qu'irn eKeval joue avec:
fin mors ; pour dire- , qu'il mâche/
& fecQue fon mors avec aftion.. Ec:
^ïi il. joue de la queue; pout dire^.
qu'il remue fou veut la queue corn*
me un chien , furrout lorfqu'6nMai«
approche les jambes. Les cbevauxc
qui aiment à ruer & à fe défendii^
JOU
font fujecs i ce mouvemeat de
queue » qui déiigne fouvenc leur
mauvaife volonté.
Jouer , fe die eu parlant d'inftrumefts
de mufique , & figoifie exécuter fur
ces inftruQptefis des airs de mufîque ^
furtoQC ceux qui leur font propres ,
o(^ les chancs notés pour eux. Jouer
. 4bi violon , jouer de laflute^
Remarquez que quoiqu'on dife
jouer de la trompette y jouer. du cor ^
il eft mieux de dire , former de la
trompette , former du cor ^ ou fimple-
latTuJbnner^
Jouer , s'emploie aâivement en ces
phra(ès ^fouer un air j jouer une con-
ircdanfe ^ jouer un menuet ^ jouer une
éillemande » &c«
. U fe die aufli d'autres nftramens ,
& lorfqu^il eft fuivi du nmn de l'inf-
cxumeat avec lequel on joue , il
demande une prépofition. Jouer au
billard avec la majfe y jouer au battoir.
On dit , jouer des gobelets ; pour
dire ^ faire des tours de pafTe pafle
avec des gobelets. Et figurément &
familièrement 9 on dit d'un fourbe 9
de quelqu'un qui cherche â tromper
ceux avec qui il traite , qa* il joue
dis gobelets.
On dit , joufir de fefpadon , jouer
du bâton à deux bouts ; pour dire ,
manier ces armes avec aarefle.
On dit» jouer du drapeau; pour dire,
faire voltiger un drapeauavec adrefle.
On dit » jouer des mains ; pour
dire , badiner avec les mains , fe
donner des coups les uns aul autres
avec les mains. // furvieru ordinai-
rement quelque querelle entre ceux
qui s'amuftru à jouer des mains.
Et l'on dit figurément 8c populaire-
ment y jouer de la griffe ; pour dire,
dérober.
On dit au (Il figurément & popu-
hitement Jouer du pouce; pour dire ,
.. compiei: de l'argent pour payer« Et
JOU 107
jouer de la poche ; pour dire , tirer
de l'argent de fa poche pour payer*
On dit figurément & familière-
ment , jouer de la prunelle ; pour
dire , conduire fes yeux avec affec«
cation i defleia de plaire , de don-
ner de l'amour. Sa fille commencé
à jouer de la prunelle.
On dit populairement , /Wer i/e^f
couteaux ; pour dire , fe battre l'é-
pée i la main.
Jouer , lorfqu'on y ajoute la fomm»
que l'on eft convenu de jouer , s'em««
ploie avec la prépofition â. Jouer
aux liards , jouer aux louis*
Jouer » s'emploie auffi à de certains
jeux de cartes , avec le nom de Iv
couleur dans laquelle on joue. Jouer
en trèfle , jouer en cœur. Et l'on dit ,
faire jouer; pour dire , nommer la
couleur dans laquelle le coup doit
être joué.
Jouer 8c faire jouer , fignifie aufli
â de certains jeux- de cartes , jouer
fans prendre y faire jouer fans prendre ;
c'eft-à-dire , fans écarter & fans
[»rendre de nouvelles cartes au ta*
on. Ainfi au feu de Thombre on
dit , joue\ vous? faites-vous jouer ?•
pour dire, jouez vous fans prendre?
Faites-vous jouer fans prendre ? Ec
au quadrille & au rri , jouer fans
prendre , c'eft jouer fans demander
un roi»
Jouer , eft auffi verbe aébif dans ces
phrafes \ jouer une partie. Jouer un
jeu. Jouer un coup. Jouer le quadrille»
Jouer le piquet , &c.
On dit auffi aâivement , jouer
une balle ; pour dire ^ pouffer une
balle. Jouer une carte ; pour dire ,
jeter une carte. Jouer trèfle , jouer
cœur; pour dire j jouer une carte
de ces couleurs. Jouer gros jeu; pour
dire , jouer une fomme confidéra-
ble. Jpuer, petit jeu ; pour dire ,
jouer peu d'argent. Joutr dix écus ^
O ij
loî JO U
yingt écus ^fur une cane y à la partie ;
pour dire , mettre dix écus , viagt
* écus » fur une carte , fur le jeu.
On dit au(fi , jouer un jeu; pour
jdire , le favoir bien jouer , le jouer
par préférence , être dans Tufage »
. dans l'habitude. de le jouer. //: ne
joue pas le quadrille , mais il joue le
piquet.
On dîr proverbialement de quel-
qu'un , (\\xil joueroit jufquàfa che^
, mife j pour dire » qu il joueroic rout
ce qu'il a.
On dit figurément & familière*
ment, qixuneperfonne joue gros jeu;
. pour dire, qu'elle s*eft engagéedans
une affaire où elle hafarde beau-
coup pour (a réputation , pour fa
foirpne.
On dit , jouer quelqu'un ; pour
dire , jouer avec quelqu'un dans ces
phrafes de la paume 6ç du volant.
// fa joué du batoir. Il le joue par-
deffbus la jamht , par dejjbus jambe.
On die aufli figurément & fami-
' lièrement , jouer quelqu'un par def-
fous iambe , par dejfous la jambe ;
pour dire , déranger avec facilité
les vues , les defTeins de quelqu'un ,
& par fupériorité d'efprit ou de
conduite lui faire adopter nos ijdées.
Jl joue tousfes collègues par dejfous
.^ jambe , par dejfous la jambe.
On dit aulli , jouer quelqu'un ;
.^ poijir dire , le tromper » l'amufer.
On l'a joué longtemps en lui pro^
menant cette place.
On dit dans le œcme Cens ^ jouer
les deux; pour dire » tromper deux
. perfonnes ou deux parties qui. ont
des intérêts oppofés , en faifant Cem-
jblant de U$ f^rvir Tune contre Vau-
tre.
On dit proverbialement « jouer
une pièce , Jouer un tour à quelqu'un ;
pour dire j lui faire quelque malice
ou méchanceté.
j 0 u
Or die auifi provetbiatement l
jouer d'un tour à quelqu'un , lui en
jouer d'une ^ lui en jouer d'une bonne.
•Et alors jouer cft employé comme
verbe neutre.
JoTJEK , (ignifieauffi repréfenter , 8c
il fe dit , foit de la pièce de théâ-
tre qu'on joue , foit du perfonnage
qu'on y joue. On va jouer la corné-'
die. Il joue bien fes rôles dans le
tragique. La nouvelle aclrice jouera
le rôle de Phèdre. On joue aujour--
d'hui Mérope.
On dit figurément de quelqu'un
qui fait une grande figure , qui
occupe une grande place dans l'E'
rat , qu'i/ joue un grand rôle. Et de
quelqu'un qui eft dans Un pbfte peu
honoiÉlfe y <fx*il joue un petit per-^
Jbnnagef
On dit figurément , jouer la corné-'
die i pour dire > feindre ce qu'on
ne fent pas. Quand elle lui dit qu'elle
taime , elle joue la comédie.
On dit au(fi figurément , jouer
V affligé^ jouer t homme d'importance;
pour dire , feindre d'être affligé y
d'être un hc^mme d'importance ,
chercher à en impolèr là-de(Tns.
Jouer » fignifie encore railler quel-
qu'un y te tourner en ridicule. Mo*
Hère a joui les faux dévots.
Jouta » fignifie aufii avoir l'aifance &
la faculté du mouvement ^ & il fe
dit d'un reil4drt , d'une machine.
Cette clef ne joue pas bien dans la
ferrure. Ce njjbrt joue mieux que
T autre.
On dit que deux chofes jouentr
bien enfemble ; pour dire , qu'elles
^ font im bon effet quand elles font
vues enferhbie. Ces deux tableaux
jouent bien enf<fmble.
On dit figurément d'une perfonne
qui emploie toutes fortes de moyens
pour réuffir a quelque chofe, qu^ellc
a fait joucr^ toutes fênes de rejforts.
îoir
On dit figurémenc , jouer aux
barres y en parlant de ceux qui fe
cherchent l'un Vautre fans fe trou-
ver , ou qui remportent tour à tour
quelque avantage l'un fur l*aucre.
On dit , faire jouer une mine »
faire jouer une pièce d'artillerie ; pour
dire , y mettre le feu.
On dir , que les eaux , les jets
i^tau , ks cafcades jouent ; pour
dire » qu elles ne font plus retenues ,
' qu'on les fait couler ou jaillir. Le
jour de la cérémonie on fera jouer les
eaux.
On dit en termes de Marine 9
<\\xun vaijfeau joue fur fon ancre ,
lorfqu'il eft agité par les vents &
en même reçips arrêté par fon ancre*
La première fjrllabe eft brève , &
la féconde longue ou brève. yoye\
VfiRBE.
Ue féminin qui termine te fin-
gulier du préfenc de Tindicatif ,
&Cm s'unit i la fyllabé précédente &
la rend longue.
JOUEREAU j fubftantif mafculin.
Terme du ftyle familier. Qui ne
joue pas bien à quelque jeu , ou
qui joue petit jeu. &efl un joue^
reau.
G n prononce & Ton devroit écri-
re joûrau,
JOUET ; fubftantif mafculin. Cre-
pundia. Petite bagatelle comme un
hochet , ^c. que Ton donne aux en-
fans pour les amufer , dont ils fe
jouent. Rendt\ lui fon jouet. Ces en-
- fans s*amufent avec leurs jouets.
Jouet , fe die suffi par excenfion ^ des
chofes dont les aniinaux fe jouent.
• Le jouet d'un chien ^ d*un chat^ <tun
. finge.
JoufcT, fe dit fii^urémcnr d'une per-
fonne dont on fe joue , dont on fe
mocqne. Ilvouhit me prendre pour
fon joufit. Elle n *efl point faite pc ur
w vous fervir de jouet w
JO U tô^
On die aufll figurément qo*«;z^
perfonne tft le jouet de la fortune :
pour dire qu'elle a éprouvé plufieurk
revers de la fortune. Et , c^elle efl
le jouet de fespaffons ; pour jdire ,
quelle fe lai fie emporter par fes
paflions , fans leur oppofer la moin^
dre réfîftance.
On dit encore figurément qu'x//x
vaiffeau efl le jouet des vents » des
flots y des tempêtes^
Jouet, fedit en termes de marine^
de certaines plaques de fer de di-^
verfes longueurs , pour empêcher
' que la cheville de fer qui les tra^
verfe, n'entre dans le bols où elles
font pçfées. Et l'on appelle jouets de
pompe , les plaques de fer clouées
aux côtés des fourches de la potence
d'une pompe au travers de laquelle
on fairpaflet des chevilles qui Ibr-
ventâ tenir la brimbale. Et ^jouets
defep de driffe , les plaques de fer
?iu'on cloue aux côtés du fep de df iP
e , pour empêcher que l'eflieu des
poulies n'entaille le îep.
Jouet j fe dit en termes de manège,
d'une petite chaînette fufpendue i
la brifure du canon qui forme lem-
bouchure.
JOUEUR , EUSE; fubftantif. Lufor.
Celui ou celle qui joue, qui s'ébar,
& qui folâtre avec quelqu'un. En ce
**fens j il n'eft ufiré qu'en cette phcafe,
un rude joueur , une rude joueufe ^
pour dire , une perfonne qui , eft
badinant y a coutume de faire mal
à ceux avec qui elle joue.
On dit figurément & familière*
ment de quelqu'un , qu'i/ efi rude
joueur ; pour dire, qu'il eft dange^
reux d'avoir quelque choie à démè«
1er avec lui.
Joueur, fignifie plus ordinaîremtnc
celui qui rifque de perdre ou de
gagner de l'argent à quelque feu qui
a des règles* Un habile joueur ■ de
ifo roir
paumt* Un grand joueur depîqutt. Un
mauvais joueur. Un joueur déterminé.
JovBua , fe die ablbiumenc de celai
^ qui a U paffion du jeu , qui fait mé-
tier de jouer. Il pajfe pour un joueur.
On appelle btau joueur^ quelqu'un
qui a dçs procédés honncres au jeu ,
foie qu*ii gagne « foie qu'il perde.
Ec l'on die par oppoficion j un vilain
joueur y un mauvais joueur.
On die figur^menc & familière-
menc , la balU va au joueur y la balle
va aux ions joueurs ^ la balle cherche
le joueur ; pour dire, que loccafion
femble chercher ceux qui iavenc le
. mieux es profieer.
On appelle joueur d* injlrument y
celui qui exécuee des airs.de oiu-
fique mr un violon , fur une harpe y
. ou fur quelqu'aucre inftrumenc de
mufique* Un joueur de haut bois.
Vnejoutufe de guitearre»
On appelle jo ueur dcfarccy joueur
de gobelets , joueur dé marionnettes ,
ceux qui divereitTenc le public par
des farces > des eoursdepatTe-paue»
àc.
J0U£UR DB LTRE y e(^le HORl ^U*00 a
donné à un ferpenç d'Amérique à
bandes circulaires > qui par fes
fiSemens mélodieux , aetire i lui de
peeies oifeaux dont il faie fa proie.
La première fyllabe eft brève ,
la féconde longue , & la eroifièpe
du féminin très-brève.
JOUFFLU , UE} adjectif du ftylefa-
miliet. Qui a de grolles joues. Elle
feroit plus jolie , Joëlle n*étoit pas Ji
joufflue.
ils'emploieaufli fubftaneivemene.
C*eft un gros joufflu.
Joufflu » fe die encore d'un poifTon
des Indes peu longj & qui a en-
viron cinq pouces de largeur. Sa
couleur eft )aune mêlée de taches
blançhe^argéneées. Il a la chair d'af-
ièz bon goût.
JOU
JOUG i fttbftancif mafculia. Su^umi
Pièce de boiseraverfane par-defliis U
tèee des bœufs , & avec laquelle ils
fone aetelcs pour eirer ou pour la-
bourer. Mettre des taureaux au joug,
Oter le joug aux bœufs.
Joug, fe die dans le fens .figuré j te
fignifie feevieude , fujéeion. Ces
belles contrées gémijfentfous le joug
delà tyrannie. Il jallut fubir le joug
defon autorité. Ils parvinrent à s'af*
gauchir du joug de la domination des
barbares* Ils Jècouèrent le joug de
cette république. Oh les tient Jbus le
joug.
On die , le joug du mariage ; pour
dire y le lien du mariage.
JoUG » fe die dans THiftoire Romaine »
de erois piques ou javelines j dont
deux éea'nr planeées en eerre éeoient
furmoneées d'une eroifième arrachée
en eravers aa boue des deux autres \
elles formoiene uneefpèce debaie
de. porte , plus baflè que la haueenr
d'un homme ordinaire y afin d'o-
bliger les vaiacus quon y faifbic
pauer prefque nus l'un après l'auere,
de fe bailfer j ce qui marquoit l'en-
tière foumiflîon y Ôc cela s'appeloit
mitterefub jugum. ^
Tous les aueres peuples voifins
de Rome avoiene le même ufage.
C'écoie le comble du déshonneur
done fe fervoie le vainqueur , pour
faire fentit le poids de fa vidoire à
ceux qui avoiene fuccombé : les Ro-
mains ont raremene éprouvé céeee
honte y & l'one aûTez fouvenc fait
éprouver à leurs ennemis.
Cependane ils l'éprouvèrent dans
la guerre contre les Samnites, lorf-
que le Conful Spurius Pofthumius
pous fâuver les erôupes de la Ré-
publique enfermées par fa fauee aux
défilés des fourches Caudines»qu'oo
nomme aujourd'hui Streta d^Arpaia^
oonfeneiede fubir lui-même ceeco
JOU
infamie avec toute fon armée. H eft
yrai que de recoiu â Rome » il opina
dans le Sénat , qu'on le renvoyât
pieds 8c poings lié$ pour mettre i
couvert la foi publique du traité
honteux qu'il avoit conclu ^ fon
avis fut fuivi ; mais les Samnites
ne voulurent point recevoir le mal*
heureux ConiuU
Denys d'Halicarnaffê rapporte
que les Pontifes à qui Tullus Hofti-
lius avoit renvoyé le jugement
d'Horace » accufé du meurtre de
fa fosur y commencèrent à purifier
. la .ville par des facrifices ; & après
plufieurs expiations , ils firent paf«
ier Horace fous le joug; c'eft une
coutume » dit- il , parmi les Romains
d'en ufec ainii envers les ennemis
vaincus^ aptes quoi on les renvoie
chez eux»
Ce monofyllabe eft bref au fin-
golier & long au pluriel.
On fait fentir ^ mais peu > le ^
final > même devant une confonne.
JOUÏ^ fuèftantSfmafculin. Lioueur
alimenteufe & reftaurante , fluide
comme du bouillon , noire , d'une
faveur a^éabie & falée. Lémery
dit çgàe c'eft une compofition dont
la bafe eft du jus de bœuf exprimé
3uand il a été. toti ,, on n'et^ fai^ pas
avantage ^ le refte de la prépara-
tion n'eft connu que des leuls Ja-
ponoîs qui le tiennent fecret ,. 6c
vendent cette Uqueur fort cher à
mus les Indiens èc autres peuples
qjui veulent enavoir. LesOtientaux
siches en adàifonnent prefquetout
ce qu'ils mangent » pour rendre
leurs mets plus agréables y Se pour
s'exciter k la luxure. Cette liqueur
eft très-rare en Europe^, cependant
•n pourroit en. apporter aifémenr,
puilqu'elle fis conierve pendant
dcuze ans.
JOVIAL j, ALE i, adieâdf. Gai ,.
10l> III
joyeux. Jvoir te/prit jovial, rhu--
mcur joviale. Cêjl un homme joviah
JOUILLIÈRES i lubftantif féminin
SlurieL C'eft dans une éclufe les
eux murs aplomb avancés dans
Teau , qui retiennent les berges > èc
où font attachées les portes ou cou^
lifTes des vannes-
JOVINIANISTES i (les) hérétîqecs
qjuiparurencdans le quatrième & le
cinquième Gècle , & qui furent
ainu appelés de Jovinien leur chef.
Celui-ci avoit pafle fes première»
années dans lel auftérités de la vie
monaftique > vivant de pain & d'eau ,
marchant nus pieds , portant un ha*
bit noir , Se travaillant de fes mains
pour vivre*
Il forrie de ibnmonaftère qui
étoiti Milan ^ & fe rendit i Romey
fasigué des combats qu'il avait lin
vrés i £ss paiEons^ où fédust par
les délices de Rome » il ne urdapas
i £e livxer aux plaifîrs»
Pour juftifi^r aux yeux du pubGcy
& peuc-etre. \ fes propres yeux foni
changement » Jbyinien foutenoic
que la bonne clière & l'abftinence
n*étoient en. elles mêmes ni bonnes
ni mauvaifes.. Se qu'on pouvoir
>ufer indiffçrerninent de toutes le»
viandes.^ pourvu qu'où en usât
avec aâionsi de grâces.
Comme Jovinien ne (e bornoti:
point au plaiiir de la-bonne chère ,
il prétendit que ta virginité n'écoie
pas un eut plus parfait que le ma*
riage^ qu'il étôit faux que la Mère
de Notre. Seigneur fût demeurée
Vierge après l'enfantement y ous
3u'il falloir comme resManichcens>
onner sli Jésus-Chkist un^ corps-
Ëtntaftique ^^ qu'au refte ceux quL
avoienrété rcgénéréspatlebaptème^
ne pouvoient plus être vaincus par
le démon^ que la grâce db baptême
égaloit tous tes uommesj^ Se. q(U9
J
m JOif
comme ils ne méritoienc qae par
elle , ceux quï la cdnfervoient joui-
roienc dans le ciel d'une récompenfe
égale. Saint Auguftin dit que Jo-
vmien ajouta à toutes ces erreurs
celle de l'égalité des péchés»
Jovinien eut beaucoup de fec-
rateurs i Rome : on vie une multi-
tude de perfonnes qui avoient vé-
cu dans la continence & dans la.
mortification , renoncer à une àuf*
cérité qu'ils ne croyoient bonne à
rien, (e marier » mener une vie
molle & voluptueufe qui ne faifbit
perdre félon eux aucun des avan-
tages que la religion nous promet.
Jovinien fut condamné par le
Pape Syrice » & par une atfemblée
d'Evèques à Milan.
JOUJOU } fubftantif mafculin du
ftyle familier. Crepundia. Jouet
qu'on donne aux enfans pour les
amufer. Put/qu'il a été bien fage ,
il faut lui donner un joujou. Il du
qu'on luia pris fis joujoux*^
JOUIR I verbe neutre de la féconde
conjugaifon , lequel fé conjugue
comme Ravia. Frul. Avoir l'a-
fage , la difpodtion aâuelle de
Î|uclque chofe tSc en percevoir les
ruits , le produit , &c. // a joui
de ce bénéjiu pendant dix ans. Elle
jouit d'un revenu honnête. Il lui ven-
dit un fief dont il neputpa^ h faire
- jouir.
Qn dit auflî , jouir d'une bonne
fanté. Jouir d'un grand crédit. Jouir
d'un bonheur fans égal. Blte jbuit
de la meilleure réputation. Jouir de
la vie. Jouir de la paix. 'Jouir d'une I
tranquillité parfaite. Jouir des pri^
•viléges de fa jeunejfe* fouir du frtdt
flefes travaux.
On dit , jouir d^ une femme ; pour
(lire » eri avçii: les dçrni^res fa-
JOÛ
On dît auffi , jouir de quefquién ;
pour dire , avoir la liberté , le tert^ps
de conférer avec Idi , de l'entrete-
nir, d'en difpofer, d'en tirer quel-
que fervice , quelque plaifir. // ne
peut pas jouir de fon Avocat. S'il
vient ici nous pourrons en jouir.
Jouir , s'emploie aufli abfolument.
lia de grands biens , mais il ne fait
pas jouir.
La première fyllabe eft brève »
& la féconde longue ou brève. Voy.
Verbb.
JOUISSANCE ; fubftanrif féminin.
Poffeffio. Ufage&poflreflîonde quel-
que chofe. On lui abandonna lajouif
jance de cetteterre.il fut troublé dans
la poffeffion de ut héritage après une
longue & paifiblejouiffance.
Jouissance , fe prend quelquefois
pour la perception des fruits : c'eft
dans ce fens qu'on dit en termes do
Palais , rapporter les jouijfànces ;
pou{ dire , rapporter les fruits.
Ceux qui rapportent àt$ biens i
une fucceflion » font obligés de rap-
porter aufli les jouiflances du jour
de l'ouverture de la fucceffion. Le
poflefleur de mauvaife foi eft tenu
de rapporter toutes les joaiiTances
qu'il a eues.
On dit , avoir la jouijfance étun^
femme ; pont dire, en avoir les der-
nières faveurs. Et dans le même fens
en dit familièrement , une bonne t
une mauvaife jouijfpincef Ces expre(«
fions font un peu libres.
Les deux premières fyllabes font
brèves» la troisième longue & la qua-
trième très-brève.
JOUISSANT , ANTE ; adjeftif. Qui
jouit; Ils font ufans & jouijfans de
leurs droits. Une fille majeure ufante
& jouîffante de fes droits.
JOUR ; fubftanrif taafculîii. Dîes.
Clarté, lumière que le Soleil ré-
pi^nd Iprfqu'il ^eft far l'horifon ou
ijuil
JOU
on qa*il en eft proche. lifait d/ji
grand Jour. Nous eûfms de fort btaux
jours dans notre voyage. Il partit à
i'aube du jour. Regardei^ €es mar-
ehandifes au jour > edes ont toute
autre apparence que dans lemagafin.
Le jour pajft au travers.
On appelle petit jour » la pointe
4u jour.
On appelley^ttjc/oârt une clarté
qui entre dans un lieu , de telle for-
te qu'elle ne fait pas voir les ob
jets tels qu'ils font. On ne lui a mon.
iré ces pierreries que par un faux jour ^
te qui l'a empêché d'en reconnoitre
ies défeSuoJués.
On dit figurémenr de quelqu'un,
qu'// a mis une ajfaire dans un faux
jour; pour dire y qu*il l'a fait paroi-
tre autre qu'elle n'étoit.
On dit , qixune choft eft en fon
jour y dans tout fon jour i^o^t dire ,
qu'elle eft dans une fituation qui en
fait paroitre toute la beauté. Place^
^e tableau dans /on jour. Il faut voir
cette étoffe dans fon jour.
Onditfigurément» mettre une pen-
fée dans fon jour y dans un beau jour;
pour dire , la faire paroître , lui don-
ner tout l'éclat y tout le brillant
qu'elle peut avoir.
On dit figurément & familière-
ment , qu'a/t brûle le jour y quand on
allume des flambeaux pendant qu'il
fait encore jour.
On dit poétiquement , que le
Soleil eft le pire du Jour , l*ajlrè du
jour y Vaftre qui donne y qui fait le
jour.
On dit proverbialement , elle eft
belle à la chandelle , mais lejour gâte
tout.
On dit auflî proverbialement d'u-
ne belle petfonne , qvCelle eft belle
comme le jour , comme le beau jour^
Et d'une propofitlon, qiCelU eft claire
comme le jour.
Tome X V^
JOU 1T5
On appelle le jour on, les jours ,
les fenêtres ou ouvertures des bati«*
tnens y par où vient te jour.
Les Architeâes appellent jour
droit y celui d'une fenêtre i hau-
teur d'appui. Jour d^en-haut j celui
qui eft communiqué par un aba^jourj
un foupirail , une lucarne faitière
de grenier , &c. Et jour d'aplomb j
celui qui vient perpendiculaire-
ment. •
On dit en termes de Jurifpru-*
dence « un jour de coutume ; pour
dire , un jour , une fenêtre que le^
propriétaire d'une œaifon fait ou-^
vrir dans un mur coïKre lequel fon
voilîn n'a pas de bâtiment adofle»
Et Ion appelle jour de fervitude , une
ouverture ou fenêtre faite dans un
mur , en veirtud'un litre » d'une cpa-
venrion particulière.
Jour , fe dit auffi de certaines ouver-
tures par où le jour y l'air peuvent
padèr. Le Menuifier a mal fait ces
volets y lejourpafte au travers.
En termes de Peinture , on ap-
pelle jour ^ ce qui eft repréfentc
frappé de la lumière^par ôppofition
' â ombre. On le prend aiiffi pour te
point d'où la lumiècie fe répand fuc
les objets qu'on a repréfentés. £c
lorfquon dit, que Us jours d^un
tableau font bien placés , bien répan^
dus y bien ménagés ; cela veut dire^
que les objets qu'on y voit frappés
de lumière ^ font bien difpofés.
La principale force du jour doit
tomber fur ta principale figure 8c
fur le grouppe le plus intéreflfant*
On le difpofe ordinairement de ma-
nière qu'il frappe plus vivement le
centre du grouppe & qu^il fe perde
infenfîblementfur les bords.
On divife le jour d'un tableau
en jour naturel ou principal , en jour
1 accidentel ou fubordonné ^ tel que
celui de la lumière d'iine bougie
P
114 JOO
••a . cTane petite fenêtre t on d*un
layon <lu foleii échappé entre des
nuages } en jour de reflet , ou celui
qui éclaire la partie communément
mabxée, <l*un ob|et» par une lu-
mière réfléchie & qui participe de
la couleur des objets qui la réflé-
«hi/Tent.
Lorfqu*on dit j qu'i/ efl avétn--
4ageux que les tableaux foient placés
dans un apparemment ou dans une
Eglife à leur jour ; cela veut dire , i
2[ue fi les objets imités paroiflent
claires par un jous qui vienne du
côcé droit > il faut que le jour de
Tapparrement vienne du même co-
té & no» du côcé gauche» Et Ton
dit » qu'ir/i tableau efl dans un faux
jp>ury quand la lunoière oui entre
par les fendues , ne l'éclairé pas
de manière ài !e faire bien apper-
cevoir dans toutes fes parties» Les
luifàns de la peinture à 1 huile » ibnt
k caufe de ce prétendu faux jour»
Ils. réfléchifleBC la lumière comme
«ne glace ou comme s'il jr avoit du
TermSy 8c empêchent de diftingfier
les objets qui fonr deflfbus.
Un tameaiL efl: encose dans» un
£aux jour ou à concre^jour , quand
il eft placé de façon que ht lumière
> propre Ac.princtpale en eft £ippofée
v^enir du côté oppofé aux fenêtres
par lefauelles la lumièreinatticelle
éclaire l'appartement.
On appelle aufli y^icrj ,. les toui-
ches les plus claires d'un tableau.
Un Peintre qui obfervc bien,le$sjours^
& les ombres^
On dit 9 perccàjoupî pour dire»,
percé de part ea^ part » de ma-
nière qu'on voie le jour au. tra-
▼ers-
On die d'im bâtiment (pii n'a.
Jii portes n^fenêrres j.qvLiZç/?â/otfr^.
toutàjoup*.
Ca api^elle^oiir d^efialier^ livide.
JOU
ou Tefpace quarré ou rond qui reftff
entre les limons droits ou rampans
de bois ou de pierres fur lefquels ê A
portée la rampe de fer.
Jour, fe dit en cesmes^d^Horlogerie,
d'uu efpace ou'on Uiflê encre deux
roues qui pauenc Tune fur l'autre ».
ou entre les platines & ces roues
pour empêcher qu'elles ne fe tou-^
chent. Les jours de la grande roue
moyenne avec la platine des piliers^
6c la grande roue , & du barillet
avec la platine de deiTus & la grande
roue» ne doivent pas être trop con-
fidérables ou» pour parler com-^
me les Horlogers , doivent erre
bien ménagés , afin de confisrvera»
barillet & par con(équent au grand
rcllbrt » le plus de hauteur qu'il eft
poffible.^
On dit 9 fi faire jour; pour dire,
(e faire palfage Se ouverture. Ce Ré-
gimeiu je fit jour au travers de Var^*
mée ennemie*
JovtL y fignifie figuiément jfacilî^ ,
moyen pour réuilir i quelque pro-
jet, a quelqu'entreprife , à quelque
a&ire. Su vcyoit jour à lia faire
obtenir cette place. On ne voit point
dtjour à faire réuffir fentreprife.
On dit , mettre un livre y mettre
un ouvrage au jour ; pour dire » le
Élire imprimer , le rendre pn-
bkc
On dit au(fî , mettre au jottr; pour
fignifier, divulguer. // mie au jour
toutes les fourberies de ut homme.
On dit j t\xiune perfonne craint
le grand. jour; pour dire , qu'elle
craint de fe montrée ^ d'être con-
nue*
JouK » fe prend auffi figurément pour
la vie. Ceux à qui nous devons U^
jour^
loua , fe dir encore d'un certain ef«-
pace de temps par lequel on divife
Us^maisr& lea années. 11 y a. deim
I
JOU
fortes de jours , rarcificiel & le na-
turel.
Le jour artificiel qui eft le pre-
mier qa'il femble qu'on ait appelé
fimplement jour , eft le temps de
la lumière qui eft déterminé par le
lever & le coucher du Soleil.
On le définir proprement le Té-
jour du Soleil fur Thorizon , pour
e dîftinguer du temps de robfcu*
rite ou du féjour du Soleil fous l'ho-
rizon 9 qui eft appelé nuiu
Le jour naturel appelé anffi yV^/ir
dvil y eft Tefpace de temps que le
Soleil met d faire une révolution
autour de la rerte , ou pour parler
plus jafle, c'eft le remps que la terre
emploie i faire une révolution au-
tour de fon axe ; les Grecs l'appel-
lent pltis proprement NiHhcmtron y
comme quidiroit nuit & jour.
Il faut cependatu obferver que
par ces mots de révolution de la
■terre autour de fon axe » on ne
doir pas enrendre ici le temps qu'un
point ou un métidien de la terre
emploie â parcourir ^Co degrés ;
mais le temps qui s'écoule depuis
le pafTage du Soleil au méridien ,
te le paflage fuivant du Soleil par
^e même méridien \ car comme la
terre avance fur fon orbite d'occi-
dent en orient , en même temps
qu'elle tourne £ar fon axe » le So-
leil repalle par le méridien un peu
avant que la terre air fait une ré-
volution entière autour de fon
axe. Pour en fentir la ratfon il n'v
a qu'sl imaginer que le Soleil le
meuve d'orient en occident , il eft
facile de voir qu'un point de la
terre qui fe fera trouvé fous le So-
leil 9 s y retrouvera de nouveau un
peu avant d'avoir fait un tour en-
^er.
L'époque ou le commencement
da jour civil eft le terme oùle jour
JOU iij
cemmelice te où finit le jout pré-
cédent. Il eft de quelque confé*
quence de fixer ce terme j & il eft
certain que pour diftinguer les jours
plus commodément « il but fe fixer
a un moment où le Soleil occupe
quelque partie facile â diftinguer
dans le ciel ; par conféouent le mo-
ment le plus propre i nxer le coln«
mencement du jour , eft celui dans
lequel le Soleil palTe par l'horizon
ou par le méridien. Or comme de
ces deux inftans, le plus facile i
déterminer par obfervations » eft
celui du padage par le méridien \ il
femble qu'on doit préférer de faire
commencer le jour naturel à midi
ou â minuir \ en effet l'horizon eft
fouvent chargé de vapeurs; d'ail-
leurs le lever & le jucher du So-
leil font fujets aux réfraâibns : ainfi
il eft difficile de les obferver exac*
tement \ car les réfraâions élevant
le Soleil » font qu'il paroît fur l'o^
rifon dans le temps qu'il eft encore
au-de(Ious } & par conféquent elles
augmentent la durée du jour arti-'
ficiel : on ne peut donc lavoir exac-
tement la durée du jour par cette
méthode , fans connoître bien les
réfradtions » & fans pouvoir obfer-
ver facilement le foleil â l'horizon ;
deux chofes qui font fouvent fuf-
ceptibles d'erreurs. Cependantcom-
me le lever & le coucher du So*-
leil font d'un autre côté le com-
mencement & la fin du jour arti-
ficiel y ils paroiftent aufli être pro-
pres par cette raifon , â marquer le
commencement 6c la fin du jour na-
turel ou civil.
Ceux qui commencent le jout au
lever du Soleil, ont l'avantage de
favoir combien il y a de remps que
le Soleil eft levé \ ceux oui ccpi-
mencenr le jour au coucher, fa-
vent combien il leur sefte de temps
pij
riif JOU
jufqo'à la fin du jour } ce qui peut
être ucile dans les voyages & les
difFérens travaux y mais les uns &
les autres font obligés de calculer
^our avoir l'heure du midi & celle
de minuit*
11 n'eft donc pas étonnant que les
difficrens peuples commencent dif-
féremment leur jour , puifque les
raifonsfont i peuprès égalesde parc
ôc d*autre.
Ainft I ^ • les anciens Babyloniens,
les Perfes , les Syriens & pluileurs I
autres peuples de TOriem , ceux
qui habitent les îles Baléares» & les
Grecs moderses » &c. commencent
leur jour au lever duSoIeil.
x^. Les anciens Athéniens & les
. Juifs , le^ Autrichiens » les Bohé-
- miens , les Marcommans , les. .Si! é-
. liens » les' Nations modernes ;& les
Chinois» &c le commencent au cou-
cher du Soleil.
3^. Les anciens Umbriens & les
anciens Arabes » auAî bien que les
. ^Aftronomeamodfroes» le commen-
cent à midi. ^
.4®. Les Égyptiens Ôc h» Ro-
' sviias , les. François modernes , les
Aoglois, Jies Holiaodois j ics Alle-
mands , les £fpagnols 6c les Portu-
gais, £'c.â minuit»
C'éteit aufli à minuit que tes an-
•Mfci^ns Égyptiens commençorent le
. jour, & même le fameux Hyppar-
> . que avoir introduit dans TAftrono-
mie cette manière de compter , en
quoi il a été fuivi par Copetnic Se
par plufieurs autres Aftronômes ;
mais la plus grande partie des Af-
tronômes modernes a trouvé plus
}j conrîmode de commences â midi.
Le jour fe divife en henres ,
comme le mois & la femaine en
jours.
L^ Aftronômes ont été divrfés
cnu*èttz fur la queftion cilles jours |
JOU
naturels font égaui tout te long de
l'année ou non. Un ProfetTeur de
Mathématiques à Séville > ptétend
dans un Mémoire imprime parmi
ceux des tranfaûions philolophi-
QueS) qu'après des obfervations con-
lécuiives pendant trois années , il
a trouvé tous les jours égaux. Mr
Fiamfteed dans les mêmes tranfac-
lions réfute cette opinion & fait
voir que quand le Soleil eftâ Téqua-
teur 9 le )our eft plus court de qua«
rante fécondes que quand il eft aux
tropiques ^ & que quatorze jours
tropiques font plus longs que qua-
torze jourséquinoxiaux de ^d'heure
ou de 10 minutes. Cette inégalité:
des jours vient de deux différentes
caufes 'y l'une eft l'excentricité de
lorbite de la terre ; l'autre eft l'o-
bliquité de récliptique. La combi-
«aifon de ces deux caufes fait va-
rier la longueur du jour \ 6c c'e(t
fur certe inégalité qu'eft fondée ce
qu'on appelle équation du temps.
On a appelé chez difterens peu--
pies célèbre», jours hiurcux ou mal"
heureux , certains jours réputés tels
rir une opinion fuperftirieufe , oa
caofe de quelques événemens mé*-
mof ables qui avoieur eu lieu i pa^
reils jours dans les années antérieu--
res : ainfi les Rois d'Egypte feloo
Pltttarque j n'exprdioient aucune
affaire le troifîèrae jour de la fe--
maine j 0c s'abftenoient ce jour -14
de maiiger jufqu'à la nuit, parceque
cVtoit le jour funefte de la naiâànce
dé Typhon. Ils renoient auilî le dix*
feptième jour pour infortuné parce-
qu'Oilris étoit mort ce jour- la. Les
Juifs pottfsèrent fi loin teur extra-
vagance à cet égard » que Moyfe
mit leurs recherches au ranjg des dt-
vinar ions dont Dieu leur défendoit 1&
pratique.
Chez les Athéniens le jeudi pdD-
JOU
foit cellemenc pour malheureux »
que cette fuperftition feule fit long-
temps différer les alTemblées du
f)euple qui tomboient ce jour-lâ :
e pocme d'Héfiode fur les travaux
ruftiques» écrit dans le onzième fiè-
c\c zvsLnt Je/us 'Chrifi f fait une ef-
pèce de calendrier des jours heureux
où il importe de former certaines
entreprileS)& deceuxxo^ il convient
de s'enabftenir ; il met furtout dans
le nombre des derniers^le cinquième
jour de chaque mois, parcequ'ajou-
terril , ce jour-lâ les furies inferna-
les fe promènent fur la terre.
Virgile a fai(i cette fiâion d'Hé-
Code pour en parer fes géorgiques.
»> N'entreprenez rien , dit - il , le
9» cinquième jour du mois » c'efV ce-
n lai de la nai(Tànce de Platon &
n des Euménides. En ce jour la terre
. n enfanta Japet , le géant Cée , le
*' cruel Tiphée , en un mot toute
99 la race impie de ces mortels qui
» confpirèrcnt contre les Dieux »>•
mais Héfiode pour confoler fon
λayS| mitau rang des jours heureux
efeptième, le huitième, le neu-
vième , le onzième te le douzième
de chaque mois.
Les Romains nous font adez voir
par leurcalendrierjla ferme croyan*
ce qu'ils avoient de la diftinâion
des jours. Ils marquèrent de blanc
les jours heureux, & de noir ceux
qu'ils réputoient malheureux ; tous
les lendemains des kalendes » des
nones & des ides étoient de cette
dernière claflfe. L'hiftoire nous en
a confervé lepoque & la raifon.
L'an de Rome ^6j ,\es Tribuns
miliraires voyant que la République
reccvoit toujours quelque échec ,
requirent quon en recherchât la
caufe. L3 Sénat ayant mandé le De-
vin L. Aquinius , il répondir que
lorfque les Romains avoi^t corn-
JOU 117
battu contre les Gaulois près du
fleuve Allia j avec un fuccèf (i fu-
nefte , pn avoir fait aux Dieux des
facrifices le lendemain des ides de
Juillet , & qu'à Crémère les Fa-
biens furent tous tués pour avoir
combattu le même jour ^ fur cette
réponfe le Sénat , de l'avis du Col-
lège des Pontifes , défendit de rien
entreprendre à l'avenir contre les
ennemis le lendemain des kalen*
des , des nones & des ides : chacun
de ces jours fut nommé jour fu-^
ntjit.
Vitellius ayant pris pofTeffion du
fouverain Pontificat le quinzième
des kalendes d'Août » & ayant ce
même jour fait publier de nouvel-
les ordonnances , elles furent mal
reçues du peuple , difent SuétoncSc
Tacite • parceque tel jour étoient
arrivés les défaftres de Crémcre ic
d'Allia.
Il y avoir quelques antres jours
eftimés malheureux par les Ro-
mains \ tels étoient le jour du Sa-
crifice aux Mânes , celui des Lému-
ries , des Fériés latines & des Sa-
rurnales , le lendemain des Volea-
nales , le quatrième avant les nones
d'Oftobre, le .fixième des ides.de
Novembre , les nones de Juillet ap*
pelées Caprotines \ le quatrième
avant les nones d'Août y à caufe de
la défaite de Cannes , & les ides
de Mars, par les créatures de Jules
Céfar.
On juge bien qu*outre ces jours-
H il y. en avoir d'autres que chacun
eftimoit malheureux par rapport 4
foi-mème: Augufte n'entreprenoit
rien d'important le jour des nones^
& quantité de particuliers avoient
une folie pareille fur le quatrième
des kalendes , des nones & des
ides.
Plufieurs obfçT varions hi(lori(]ue$
ii8
JOU
ruperAineufemenc recueillies , ont
contribué à favorifec avec tant d'au-
tres erreurs » celle des jours heureux
& malheureux. Jofephe remarque
que le Temple de Salomon avoir été
brûlé par les Babyloniens le 8 Sep-
tembre , & qu'il le fut une £econde
fois au même jour & an même
mois par Titus. iEmilius Probus
débite que Timoléon le Corinthien
gagna toutes fes viâoires le jour de
la naiflance*
Aux exemples tirés de 1 antiquité
on en joint d'autres puifés dans
rhiftoire moderne. Ou prétend que
Charles-Quint fut comblé de tontes
iês profpérités le jour de Saint Ma-
thias. Henti III » nous dit-on , fut
élu Roi de Pologne , enfuite Roi
de France le jour de la Pentecôte
qui éroit auffi celui de fa naiflance.
Le Pape Sixte Vaimoit le mercredi
fur tous les jours de la femaine »
parcequ'il prérendoit que c'étoit le
jour de fa naiflance ^ de fa promo-
tion au Cardinalat , de fon éleâion
i la Papauté & de fon couronne-
ment. Louis Xlll atTaroit que tout
lui réttflliflbit le vendredi. Henri VII^
Roi d'Angleterre , étoit attaché au
famedi comme au jour de tous les
bonheurs qu'il avoit éprouvés.
Joua DB tzKiE , s'eft dit che? les an-
ciens » des jours confacrés i quel-
que fête & pendant lefquels on ne
ttavailloit point. Aujourahui cette
expreflion a une autre fignification :
elle défigne les jours de travail par
oppoittion aux Dimanches 6c aux
Fêtes chômées.
On appelle jours gras, les fours où
l'on mange de la viande , à la diflfé-
xence des autres jours oi l'Eghfe dé-
fend d'en manger^ & qu'on appelle
jours maigres*
'On dit auflS abfolument les jours
gras ; pour défigner les derniers
JOU
jours du carnaval , qui font le Jeu-
di , le Dimanche » le Lundi & le
mardi.
On zppelle jour Je fan y le pre-
mier jour de l'année. Il a fort varié
chez les diflférens peuples par rap-
port au temps de fa célébration ;
mais il a toujours été en grande vé-
nération.
Chez les Romains le premier 8c
le dernier jour de Tan étoient con-
facrés i Janus ; ce qui a été caufe
qu'on le repréfente avec deux vifa-
Ceft des Romains que nous te-
nons cette coutume fi ancienne de%
complimens du nouvel an. Avant
Que ce jour Hit écoulé ils fe fài-
(oient vifite les uns aux autres 8c
fe donnoient des préfens accompa-
gnés de VŒUX réciproques. Lucien
parle de cette coutume comme très«
ancienne & la rapporte au temps de
Numa.
En termes de Commerce on zp^
polit jours de faveur^ ou jours de grâ-
ce, un nombre de jours accordés par
la coutume pour le payement d'une
lettre de change lorfau'elle eft due»
c'eft-â-dire y lorfque le temps pour
lequel elle a été acceptée » eft ex-
piré.
En Angletetre ou accorde trois
jours de grâce » en forte qu'une lettre
de change acceptée pour erre payée,
par exemple dans dix jours â vue »
peut n'être payée que dans treize
jours. Par toute la France on accorde
dix jours de grâce,autantà Danrzick»
huit i Naples,fix i Venife,à Amfter-
dam, i Rotterdam ,â Anvers j qua-
tre à Francfort \ cinq â Leipfic^dou*
ze a Hambourg ; fix en Portugal ,
quatorze en Efpagne ; trente à Gè-
nes j &c. Remarouez que les Di-
manches & les fètes font corn-
JOU
pris dans le nombre des jours dé
grâce.
On dit qvLune lettre de change ejl
foyable à jour préfix > à jour nom*
me y lorfque le jour qu*eUe doit ctre
{)ayée , eft exprimé & fixé dans la
ettre de change. Les lettres à jour
préfix ne jouident point du béné-
fice des dix jours de faveur ou de
grâce. ^
Une lettre de change à deux , i
quatre , i fix jours de vue préfix >
eft celle qui doit être payée deux ,
quatre ou fix purs après celui de Ion
acceptation»
A Amfterdam & dans les autres
villes maritimes des Provinces-
Unies > on z^^eWe jour de planche^
le féjour que le Maître ou Bace-^
lier d'un bltiment frété par des
Marchands j eft obliger de fiiire dans,
le lieu de fon arrivée » fans qu'il
lui foit rien, du ao-deU du fret. On
convient ordinairement de ces fours
de planche par la charte partie , i
moins qu'ils ne foient fixés ou par
Fafage ou par des règlemens. A
Rotterdam par exemple & aux en-
Tirons , les Barelrers fonv obligés
de donner trois Jours de planche \
ceux du Brabantj Flandte, Zélan-
de & des aunres villes également
diftantes d'Amfterdam, en donnent
cinq ou fix fuivanr l'a* grandeur du
barimenty mais fr après ces jomrs de
E tanche ou réglés ou convenus ^ le
âtiment refte encore chargé^ le
Marchand paye rant par jour , par
proportion à fa grandeur ou- au prix
accordé pour le fret.
On dit figurément qu'// ^ft jour
ghe\ le Roi ; pour dire , que le Aoi
eft éveillé , Se qu'il eft. pièt à fe
lever.
On dit y il fait grand jour ; pour
4ue>.q!ie le SoleU eft levé, £t il
JOU II?
Jaii petit jour i pour dire, lecrépuf--
cule du matin.
On dit figurément , il ejl petit
jour che\ le Roi , che:[ quelque Da-
me ; pour marquer le temps où l'oci
tire les rideaux du lit.
On appelle un jour de grande
fète ) un bonjour.
On dit proverbialement bon jour
bonne âs«vr«, quand quelqu'un fait
une méchande adîon le jour d'une
bonne fète.
On dit ^ faire fin bonjour ;.pout
dire , fiiire fes dévotions » recevoir
l'Euchariftie.
On dit ,. prendre le jour de queU
^'tt/i; pour dire y le temps , le mo«
ment qiii lui convient. On irapren^
dre votre jjour.
JouRrS , fe prend au pluriel pour 1»
vie , l'âge , le temps auquel on vit.
Couler agréablement fis jours.- Il na
joui de cette fortune que fur la fin de
fisjcurs^ Quand on cfifurfes vieux ^
jours.
Dans Tecrimre (ainte Dieu s'ap<^
pelle l'ancien des jours.
On appelle les premiers jours dit
printemps , les^ beaux jours ^Zi figu**
iémenc on die , les beaux jours i
pour dire y le temps de la première
jeunefie ou les temps- les plus heu^
reux de la. vie. Elle eji dans fit
beaux jours. Ses beaux pours fimf
paffés.
On dit adverbialement y. ^tf^'/itfr
fa vie au jour la journée i pour mre,.
ne travailler chaque jour que pouF
eagner ce qu'il faut pour vivre pen--
danrcejour-U.
On dit auffi des perfonne» né^
gligentes qui ne prévoyent pas Ta-^^
venir , t^elles vivent aa jour la?
journée.
On dit figucémenr te familière^
ment , quun homme fi met à tous^
I les jours i pour dire ^(|fi'il ^ct^oGfi
110
JOU
trop » qa*il fe familiarife trop fins
oblerver la bienféance , en taifant
trop louvenc une chofe qa*il ne de-
vroit point faire di^ tout ou qu'il
ne devroit faire que trèi-rarement.
// ne dcvoitpas meurt à tous les jours
la faveur du Prince* Ce Héros s^cx-
pofe continuellement au danger ^ il Je
met à tous les jours.
On z%^>^\t grands jours y ^Ênt af-
feinblée ou compagnie de Juges
qu on envoyoit autrefois dans les
provinces les plus éloignées pour y
tenir les plaids généraux du Roi.
Les grands jours royaux furent
établis pour juger en dernier reflbrt
les affaires des provinces les plus
éloignées & principalement pour
informer des délits de ceux que Té-
loignement rendoit plus hardis &
plus entreprenans : on les tenoit
ordinairement de d^ux en deux
ans.
Ils croient compofés de perfon-
nes choifies & députées par le Roi
i cet effet » tels que les Commif-
faires appelés Mijfi Dominici , que
nos Rois de la première & de la fe -
conde race en voy oient dans les pro-
vinces pour informer de la con-
duite des De es & des Comres , &
des abus qui pouvoient fe gli0er
dans Tadminiftration de la JafUce
ic des Finances contre Tordre pu-
blic & général.
Les grands purs les pltis anciens
qui ayent porté ce nom , font ceux
que les Comtes de Champagne te-
noient à Troyes j & ce fut a Pinf-
tar de ceux-ci que les affemblées
pareilles qui fe tenoient au nom
du Roi , furent aufli nommées
grands jours.
La féance même du Parlement
lorfqu'il étoit encore ambularoire ,
étoit nommée grand jour. Les Par-
le mtns de Touloofe , Bordeaux ,
JOU
Bretagne & quelques autres tenoient
aufli leQïs grands jours.
Depuis que les Parlemens ont
été rendus fé4entaires , les grands
fours n*ont plus été qu'une commif-
fion d'un certain nombre de Juges
tirés du Parlement pour juger ea
dernier refforr toutes affaires civi-
les & criminelles » par appel des
Juges ordinaires des lieux , même
les affaires criminelles en première
inftance.
Les derniers grands jours royaux
font ceux qui furent tenus en 1666
â Clermonten Auvergne , & auPui
en Vêlai pour le Languedoc.
Nos Rois accordèrent aux Princes
de leur fang > le droit de faire tenir
des grands jours dans leurs appana^
ges & pairies i mais l'appel cle ces.
grands jours reflbrtiflbit au Parle- '
ment, à moins que le Roi ne leur
eût oÂroyé fpécialement le droit de
juger en dernier reffort.
Plufieurs Seigneurs avoient aufli
droitde grands jours où Ton jugeoit
les appellations interjetées des Ju-
ges ordinaires , des crimes qui fe
commettoient par les Baillifs & Sé-
néchaux & autres Juges dépen dans
du Seigneur. Les igrands jours fei«*
gneuriaux ont été abolis par 1 or*
donnance de RoufGllon , qui défend
i tout Seigneur d'avoir deux degrés
-de Jurididion en un même lieu :
quelques Pairs en font cependant
affcmbler j mais ils ne jugent pas en
dernier reflort.
Jours alcyoniens , voy^:{ Alcyon
& Alcyohien.
Jour , fe dit d'une mefute des héri-
tages , particulièrement ufitée en
Lorraine pour les terres labourables.
Le jour contient dix omées & Ta-
qiée vingr-cinq verges ou toifes.
Ce monofyllabe eft long.
JOURA j petite île déferre de PAr-
chipel
JOU
clilpcl î c*eft le Gyaros des ati-
ciens.
JOURDAIN; nom propre d'an fleu-
ve célèbre dans les livres facrés. Il
a fa foarce à Céfarée de PhilippeSj
Se fon embouchure dans la mer
Morte, autrement le lac Âfphaiti-
ce , après un cours d'environ cin-
quante lieues* H forme le lac de Se-
mechon à cinq ou (ix lieues de fa
fource. De là il entre dans le lac
de Tibériade 8c pafTe tout au tra-
vers. Il fe déborde vers te temps de
la moi(fbn des orges ou de la fere
de Pâque. Les bords du Jourdain
font couverts de joncs , de rofeaux ,
de Cannes , de fautes & d'antres
arbres qui font que pendant l'été on
a atttz de peine de voir l'eau de ce
Heuve : on dît qu'il y a pour ainfi
dire deux lits & deux bords du Jour-
dain diftingttés l'un de Tautre. Le
1>remier eft celui où ce ^euve coule
otfqa'il eft dans fon état naturel :
le fécond eft celui qu'il remplit lorf-
qu'il fe déborde.
L'écriture nous apprend les mi-
racles auxquels ce fleuve a fervi : il
ie partagea pour lai (Ter un paffage
* libre aux Hébreux conduits par Jo-
iué : Élie & Élifée le pafsèrent en
marchand fur fes eaux : Élifée 6t
nager le fer de la coignée qui y étoit
«ombé: enfin lorfque Jésus Christ
y fat baptifé , le Ciel s'ouvrit & le
Saint Efpritdefcendît fur lui.
Cette dernière circonftance du
Baptême de Jésus-Christ dans le
Jourdain , a donné au^ Chrétiens
«ne grande vénération pour ce fleu-
ve : l'Empereux Conflantin ne dif-
féra de fe faire baptifer qu'àcîiufe
?u'il avoir projeté de Vctre dans le
ourdain. L'Abbé Fleuri nous ap-
prend que les Pèlerins qui font le
froy^gp de la Paleftine ^ ne oian-
JOU ïxi
quent guère de fe baigner pat dévo-
tion dans le même fleuve.
JOURNAL i adje£kif mafculin qui
n'eft guère uCtc qu'en ces phrafes »
livrô journal , papiers journaux ;
pour dire , un livre » des papiers
qui contiennent ce qui fe perçoit ,
ce qui fe dépenfe , ce qui fe vend
chaque jour.
Journal , s'emploie auflî fubftanti-
vement , & fignifie relation jour
par jour , de ce qui fe pafle ou s'eft
paffé en quelque pays , en quelque
endroit , en quelque négociation ,
en quelque affaire. Il nous a envoyé
le journal de fon voyage^ Ave\ vous
refu le journal de V armée d^AIk"
magne^
Journal , fe dit en termes de Ma-
rine , d'un regiftre que le Pilote
rient de tout ce qui eft arrivé au
vailTeau jour par jour & d'heure en
heure. Il eft ordinairement divifé
par colonnes , & le Pilote y écrit
les routes , les diftances , l'eftime ,
les routes corrigées , les vents , leur
direftion & leur force , k Variarioa
du compas, & les différentes ob-
fervations & calculs qu'on a faits ,
les dangers, les profondeurs de l'eau
& d'autres remarques utiles.
Journal , fe dit aufli d'un ouvrage
périodique qui contient les extraits
* des livres nouvellement imprimés ,
avec un détail des découvertes que
l'on fait tous Tes jours dans les arts
& dans les fciences. Le journal dt$
favans. Le journal encyclopédique. Le
journal éconpmique»
Journal , fe dit encore d'autres ou-
vrages du genre de ceux dont on
vient déparier, quoiqu'ils portent
d'autres titres que celui de journal.
Le mercure de France tfi ua jour-
naL
Journal, flgnifie auffi une mefure de
A
Il* lov
terre uficée en quelques provinces au
lieu d*arpent.
JOURNALIER , 1ÈRE ; adjeaif.
Quotidianus. Qui fe fait chaque
jour. Travail journalur. Exercice
journalier. Dépenfe journalière.
Journalier, j (ignifie auifi inégal ,
qui eft fujec à changer. Cejl une
beauté journalière. Il a l'efpritjour-
nalier. Son humeur ejl journalière. Les
armes font journalières.
Journalier , fe dit encore des ani-
maux. Ces chiens font journaliers , ils
ne chajfent pas toujours de même.
Journalier , fe die ^uffi fubilanci-
vemenc » & alors il (ignifie un hom*
me travaillant â la journée. C*efl un
journalier. Il ne/f ploie à ce travail
que des journal/ers.
JOURNALISTE ; fuhftamif mafcu-
lin. Celui qui fait un journal. Les
Journalifles de Trévoux.
JOURNÉE; fubftantif féminin. Dies.
• L'efpace de temp^ qui s'écoule de-
puis rheure où l'on fe lève jufqu'â
celle où l'on fe couche. Une journée
agré.ble. Nous pajfcrons la journée
che^i^ elle.
JouRNÀE , fe dit auflî du travail d'un
ouvrier pendant un jour. Il faut lui
payer fa journée.
On. appelle gens de journée y les
ouvriers qui fe louent pour travail-
ler le long du jour , c'eft-à-dire , de-
puis cinq heures du matin jufqu'à
fept heures du foir.
On dit parmi les ouvriers & ar-
tifans , travailler à la journée j par
opposition à travailler a la tâche &
â la pièce. Le premier (ignifie tra-
Tailler pour un certain prix& â cer-
taines conditions de nourriture ou
autrement, depuis le matin jufqu'au
toit y fans obligation de rendre
l'ouvrage parfait : le fécond s'en*
tend du marché que l'on fait de fi-
nir un ouvrage pour ua certain prix.
TOU
quelque temps qu'il faille employer
pour lachever.
Les ftatuts de la plupart descom«
munautés des arts 6c métiers met-
tent auflî de la différence entre tra-
vailler à la journée 6c travailler i
l'année. Les compagnons qui tra-
vaillent à r;innée , ne peuvent quit*
ter leurs maîtres fans permif-
(ion, que leur temps ne foit achevé;
& les compagnons qui font ample-
ment à la journée , peuvent fe reti-
Irer à la fin de chaque jour.
Quant à ceux qui font i la tâche>
il leur eft défendu de quitter fans
congé , que l'ouvrage enrrepris ne
foit livré.
JouRNÉB , fignifie auiE falaire qu'on
donne à un ouvrier pour le payer
du travail qu'il a fait pendant un
jour. Illui eji dû fix journées*
Journée , fe prend quelquefois pour
le chemin qu'on fait d'un lieu d an
autre dans l'efpace d'une journée. //
y a une journée de chemin de Paris m
Meaux.
On dit proverbialement , figurc-
ment & familièrement » faire tant
parfes journées que . . . pour di^e»
faire en forte par fon travail , par
fes foins» par Ion induftrie , que • . »
Il fit tant par fes journées j qu*ilob'^
tint une penfion.
Le même proverbe s*emploie fou-
vent en mauvaife part & par rail-
lerie, lia tant fait par fes journées ,
quon ta cajféaux gages.
Journée ; fignifie encore jour de ba»
taille , ou la bataille même. La ce--
lèbre journée de Fontenoi. V exécra-
ble journée de la Saint Barthélémy,
En termes de Palais on appelle
journées de caufe y les journées d'au-
dience , les expéditions , appointe-'
mens > les aâes préparatoires & inA-
truâifs qui fe prononcent par fen-
tence » & non ce qui fe fait ex*
JOU
trajudiciairement & par une fîgni« |
ficacion.
La première fyllabe eft brève »
la féconde longue Se la croifième
rrè^ brève.
JOURNELLEMENT ; adverbe. Q«o-
tidiè. Tous les jours. Il s* occupe jour^
ncllcment de vos affaires*
JOURSAC y nom propre d'un bourg
de France , en Auvergne , fur la ri-
vière d*Alaignon , à crois lieues ,
nord-nord-ouefl: , de Saine Flour.
JOUTE j fubftanrif féminin. Ccrea"
mcn. Combat à cheval, d*homme à
homme avec des lances , foie à ou-
trance foie par divercifTement*
Les fêtes des tournois écoieAt fui-
vies de joutes qui fe faifoient avec
àti armes innocences , c'eft^à-dire,
qui ne bleiFoicnt point. Deux bra-
ves par galanterie rompoient une
lance ou deux en Thonneur des da*
mes. Ces intrépides preux courant
i toute bride , fe aonnoienr des
coups fi terribles quand ils ve-
no^nc à fe rencontrer , qu'il falloir
fe tenir bien ferme pour n'être pas
défarçonAe. La différence qu'il y
avoix entre Içs tournois & les joutes,
c eft que les premiers ëtoient des
batailles , & les fécondes de vrais
duels.
Ces jeux occafionnoient une in-
finité d'accidens , maigre les pré-
, cautions que l'on prenoit pour les
prévenir. Plus de vingt Princes y
ont péri ou reçu des bleifures mor-
telles \ entr'autres Henri II dont la
more arrivée en 1559 , fie mettre
fin i ces dangereux amufemens.
Joute, fe dit au(C de certains ani-
maux qu'on fait combattre par ama-
fement \^s uns contre les autres. La
joute des coqs.
La première fyllabe eft longue ,
& la féconde très -brève.
JOUTER j verbe neutre de U pre-
JOU T13
mière oonjugaifon , lequel fe con-
jugue comme Chanter. Certare.
Combattre avec des lances l'un con-
tre l'autre » ou à outrance ou pardi-
vertiftemenc. Vufagc dejoutzr a cejfé'
depuis la mort de Henri //•
Jouter , fe die aufli de certains ani*
maux qu'on fait combattre les uns
contre les autres pour fe divertir.
Faire jouter des coqs.
Jouter , fe dit figurément & fami*
lièrement, & fienifie difvuter. //
jaut être inJtruLt pour jouter contre lui.
La première fyllabe eft brève »
Sf la féconde longue ou brève, /^oy.
Verbe.
Les temps on perfonncs qui fe .
terminent par'un e féminin, ont leur
pénultième fyllabe longue.
JOUTEREAUX ; fubftantif mafcu-
lin pluriel & terme de Marine. On
appelle ainfi deux pièces de bois
I courbes , pofées parallèlement k l'a-
vant du vaiffeau pour foutenir l'é*
rercn & qui répondent d'une herpe
l'aiiere dont elles font l'alTem-
blage.
On appelle joutereaux de mat ,
deux pièces de Bois courbes que l'on
coud au haut du mâr , de chaque
côté , pour foutenir les barres de
hune.
JOUTEUR ; fubftan. mafc. Celui qui
joute. Ce fut un grand Jouteur.
Figurément & tamiliècement oa
appelle un rude Jout<ur , celui qui
eft redoutable en quelque forte de
combat , de jeu ou de difputeque
ce foit.
La première fyllabe eft brève &
la féconde longue.
JOUVENCE î vieux mot qui fignî-
fioit autrefois jeunefle, & qui n'eft
plus ufirc qu'en cette phrafe , fon^
taine de jouvence ; pour dire, la
fontaine fabuleufe à laquelle on a
attribué la vertu de rajeunir. Il/em^
y^
114 JOU
bte qtttllc aie été à la fontaine ic |
Jouvence,
JOUVENCEAU v fttbftantif mafcu-
lin. Il ne fe dit qu'en plaifaoterie
pour défigner un jeune nomme qui
eft encore dans ladolefcence. Elle
aime ce Jouvenceau.
JOUVENETj (Jean) nom d'un Pein-
tre né à Rouen en 1 554 , & more à
Paris en 1717. Le tableau du Mai
qu'il fit à l'âge de 19 ans > & donc
le fujet eft la guérifon du paralyti-
que» annonça l'excellence de fes
talens. Le Brun préfenta ce M^iître
i TAcadémie où il fut reçu en 1 ^7 5 .
On le nomma depuis Direâeur &
Reâeur perpétuel. On connoit les
quatre morceaux qu'il compofa pour
l'Eglife de S. Martin des Cbamp<;.
Le Roi voulut les voir , & en fut C\
iatisfair » qu'il ordonna à Jouvenet
de les recommencer^ pour erre exé-
cutés en tapifTcrie. Jouvenet peignit
donc les mêmes fujets» mais en
homme de génie , fans s'attacher fer-
vileroenc à fes premières idées. Il
fe furpaflfa lui même dans fes der-
niers tableaux qui font aux Gobe-
lins. Le Czar Pierre I ayant vu les
capifTeries qui étoient exécutées d'a-
près lui, en fut frappé , &c les choi-
fit pour la tenture que le Roi lui
avoir offerre. Louis XIV connoif-
fant le rare mérire de Jouvenet j le
chargea de peindre i frefque les
douze Apôtres » au-deflbus de la
coupole de l'Eglife des Invalides :
rilluftre Artifte l'exécuta de la plus
grande manière. Son pinceau fut
au(G employé dans la chapelle de
Verfailles. Un travail exceffif alréra
fa fanté : il eut une attaque d'apo-
plexie 9 & demeura paralytique du
côté droit. Cependant il defUnoit
encore de la maindroite, mais avec
beaucoup de difficulté , enfin il s'ha-
JOU
On voit plufieurs magnifiques otv»
vraies qu'il a exécutés de cette
mam , entr'autres le tableau appelé
le Magnificat , dans le chœur de
Notre-Dcune de Paris. Ce Peintre
avoit une imagination vive , beau*
coup, d'enpument dans l'efprir , de
franchife , de droiture dans le ca-
raûère. Sa mémoire étoit très-heO'
reufe : il peignit un jour fur te par-*
?|uet avec de la craie blanche un de
es amis abfent depuis quelque
temps. La retfemblance étoit frap^
pante» On fit enlever la feuille da
parquet qui devint un tableau d'au^
tant plus précieux , que l'amitié-
l'avoir tracé. Jean Jouvenet ne vit
point l'Italie, ayant été artctépar
une maladie , loriqu'il étoit fuc le
point de partir. Cependant il fe for-
ma par la feule étude de la nature »
un goût de delTein fier, correârâc
favant. Il donnoit du relief & ci»
mouvemement à it% figures : fes ex-^
preflions font vives , fes attitudes
vraies , ît^ draperies bien jetées ,
fes figures heureufement contiaf*
tées^ Il réufliflôit fut tout dans les>
grandes machines ; il traitcit avec
beaucoup de, fuccès l'hiftoire , la fa»,
ble, l'allégorie , l'épifode \ il a fait
encore des portraits fort eftimés.
Son pinceau ferme & vigoureux ^
la richcife de fa compoiition , fa
grande manière charment & éton-
nent le fpeûateur., fans le féduire
par le coloris qu'il a trop négligé»
Lorfqu'il fe trouvoit de rârcnitcc*
ture dans fe» tableaux » il la faifoit
peindre par d'autres mains.
JOUX ; c'eft le nom d'une chaîne de
montagnes , d'une vallée & d'un lac
du pays de Vaud^ dans le Canton
de Berne en Suiffe.
Joux , eft auifi le nom d'un Château
très-fort de Franche-Comté, à une
bitvia ife fervir de la main gauche: ] lieue, j^ fud ^ de Pontaclier.. Qa j^
JOY
voit le fameux paffage taillé par]
Jiiles-Ccfar pour pénétrer en Alle-^
magne. C'eft auffi là où Ton pafle
de Suifle en Franche-Comté , & ou
fe perçoivent les droits de fortie &
d^entree , impofés fur les marchan-
diiês.
JOUXTE i vieux mot qui fignifioit
autrefois proche ou conformémentt
Jouxte la maifon. Jouxte le terrier.
JOUY i nom propre d'une Abbaye
d'hommes , de TOrdre de Cîteaux ,
dans la Brie Champenoife , à deux
lieues , nord-nord-oueft , de Pro-
vins. Elle eft en commende , &
vaut au Titulaire environ quinze
mille hvres de rente.
JOYAU i fubftantifmafculin. Orne-
ment précieux dor, d'argent, de
pierreries , dont fe parent ordinai-
rement les femmes. Il ne fe dit plus
guère qu'en termes de Jurifpru-
dence , & en cette phrafe , bagues
& joyaux. Voyez Bague.
On appelleyf^y^ttx de la Couronne^
les ornemens de ce genre qui appar-
tiennent à la Couronne. <
On dit ironiquement de quelque
chofe que les autres veulent faioe
palTer pour beau & pour bon , voilà
un beau joyau.
JOYE^ (la) nom propre de deux
Abbayes de Filles , de TOrdre de
Cîteaux , dont Tune eft fituée en
Bretagne > fur la rivière de Blavet,
près de Hennebont , au Diocèfe de
Vannes j & l'autre dans le Gâtinois
François ^ fur la rivière de Loing ,
près de Nemours,. au Diocèfe de
Sens. Elles jouiffent chacune d'en-
viron dix mille livres' de rente. \
JOYENVAL i nom propre d'une
Abbaye de TOrdre de Prémomré ,
au Diocèfe de Charues , dans le
Mnntois , à une lieue , oueft-fud-
oueft , de S. Germain en Laie. La
xaenfe sdïbaciale qui eft d'envirça
lOY Î15
dix mille livres de rente , eft réu-
nie à TEvêché de Chartres depuis
1(^90..
JOYEUSE i nom propre d'une ville
de France , en* Languedoc , fur la
Detite rivière de Beaune , environ
â cinq lieues , fud-oueft , d'Aubenas.
JOYEUSEMENT j adverbe. Hilare.
Avec joie. Ils partirent joyeufement.
La première fyllabe eft brève, la
féconde longue , la troifième très-
brève & la quatrième moyenne.
JOYEUSETÊ y vieux mot qui figni-
fioit autrefois plaifanterie , moc
pour rire. Il fe dit encore quelque-
fois par raillerie dans le ftyle fami-
lier. // aime à dire des joyeufetés.
JOYEUX, EUS;Ej ;ià]tai(. HUaris.
Qui a de la joie , qui eft rempli de
- joie. Ils étoienc tous fort joyeux.
Être d'humeur joyeufe. On y mène
joyeufe vie.
On appelle bande joyeufe ^ une
' compagnie de gens qui aiment la
j6ié, & qui ne cherchent qu'à fe
< divertir. Nous allons joindre la bande
joyeufe..
Joyeux , fignifie auffi qui caulé de la
joie. Un conte joyeux. Une jùyeufc
nouvelle.
On appelle joyeux avènement^
ravénemcnt du Roi à la Couronne*
Et droits de joyeux avènement , cet*
tains droits dont le Roi jouit lors de
fon avènement à la Couronne.
Ces droits font de deux fortes j
lés uns utiles , les autres honori*
fiques.
Les droits utiles font des fommes
que le Roi lève fur certains Corps
& autres perfonnes.
Cecufage eft fort ancien , puif-
3uon voit<ju'en 1385 lesHabitans
e Cambrai offrirent à Charles VI
^000 livres lors de fon joyeux av/-
nemtnt dans cette ville. En X4S4 tes
twi Géoéraax a^Temblé^ à Tour^
litf JOY
accordèrent à Charles VIII deux
millions cinq cenc mille livres , &
3 oo mille livres pour ion joyeux avè-
nement ; ce qui fur réparci fur la
Noblede , le Clergé Se le Peuple.
Le droicde connrmacion des Of-
fices Se des Privilèges accordés foie
à des Particuliers , foit aux Corn*
munaucés des villes & bourgs du
Royaume , aux Corps des Mar-
chands, Arts & Métiers où il y a
Jurande , Maîcrife & Privilège , eft
un des plus, anciens droirs de la Cou-
ronne , & a été payé dans tou^ les
temps ^ â Tavénement des nouveaux
Rois. François I par différentes Dé-
clarations & Lettres Patentes de
Tannée 1514» Henri II par des Let-
* très de 1 54^ & 1 547 , François II
far celles de 1 5 5 9 & 1 5 ^o , Charles
X par rÉdit du mois de Décem-
bre 15^0 , ont confirmé tous les
Ofiiciers du Royaume daos V^xèr-
cice de leurs fondions. Heari III
ordonna par des Lettres Patentes
du dernier Juillet 1574^ à toutes
perfonnes de demander iaconfir^ia-
tion de leurs charges » offices , états,
& privilèges. Par uoe^ Déclaration
du £5 Décembre i $ S9 » Henri IV
enjoignit à tous les Officiers du
Royaume > de prendre des Lettres
pour être confirmés dai^s leurs ojS-
ces. Louis XIII par Lettres. Paten-
tes des années 1610 6c \6iï ^ con-
firma les Officiers dans leurs fonc<
tiens & droits , & accoi;d% U con-
fîrniation des privilèges des Villes
& Communautés , & à^% différens
Arts & Métiers du RoyautpQ* Louis
XIV par deux Èdits du mois de Juil-
let i(>4$ , & par iine Déclaration du
;tS OÂobre de la même année « con-
firma dansjeur^ fon£^ions& privilè-
ges tous les Officiers de Judicatuce ,
Police Stc Finance \ les Communaux
If $ 4?$ villes ^ bourgs j^.bpurg^dps ) \
JOY
les Arts , Métiers & Privilèges ,'
enfemble les Hôteliers , Cabareciers
& autres » à condition de lui payer
le droit qui lui étoit du à caufe de
fon heureux avènement.
La perception du droit At joyeux
avènement , fut différée par le Roi i
préfent régnant , jui qu'en 17x5
qu'elle fut ordonnée par une Décla-
ration du z 5 Septembre , publiée aa
fceau le jo.
Suivant rinftruûion en forme de
tarif y qui fut faite pour la percep-
tion de ce droit , les offices de n-
nance ic ceux qui donnent la No^
bleffe , dévoient payer fur le pied
du denier 30 de leur valeur , les of-
fices de JuiUce & de Police fur le
pied du denier 60 \ les vétérans des
officesqut donnent la Noblefle » font
taxés à la moitié des titulaires des
moindres offices jouiffans des me*
mes privilèges » les veuves au quart ,
les vétérans des autres offices au
quart , les veuves au huitième.
On excepta les Préfidens , .Con«
jfeillers , Procureurs & Avocats du
Roi , leurs Subftitsts & les Gref-
fiers en chef , fie premiers Huifiiiers
des Cours fupérieures.
La Noblefie acquife par Lettres
depuis 1645 , pat Prévôré des Mar*.
cbands , Mairie & Échevinage , Ju-
rats , Confulats , Capitouls & autres
Offices que ceux de Secrétaire da
Roi , fut taxée fur le pied de xooo
livres par tête , des jouiifaoces tanc
pour les perfonnes vivantes que pour
leurs ancêtres.
lats oArois Se deniers patrimof
niaux ou fubventions des villes fu-
r
rent taxés fur le pied d^un quart- du
revenu , les foires & marchés fuc
le pied d'une demi-année de revenu ,
les ufages & communes fur le pied
d'une année.
Les Privil^es ^ Statuts & ^^tan^
•
it$ cics différentes Communautés
des Marchands & Artifans , aind
?ue des Cabaretiers & Hôteliers ,
urent taxés félon leurs facultés.
Le franc- falé fut payé par toutes
perfones,y compris les Communau-
tés eccléfiaftiques , excepté les Hô-
pitaux y fur le pied dfe la valeur
d'une année dudit franc-falé j félon
que le fel fe vend dans les lieux où
le privilège fe lève.
Pour confirmation des Lettres de
légitimation 8c de naturalité , cha-
cun des Impétrans paya looo livres.
Les domaines engagés & aliénés
avant 1^43 , payèrent le quatt du
revenu , & ceux engagés depuis , la
moitié } les dons , concédions j pri-
vilèges 9 aubaines & confifcations »
une année de revenu ^ les droits de .
moulins , forges , vanneries , péa-
ges , bacs y paifagers , pèches & éclu-
fes , une demi-année.
Les droits honorifiques dont jouif-
fent nos Rois a leur avènement^ con-
fiftent dans les nouvelles fois &
hommages qu'on leur doit , dans
l'ufage où ils font d'accorder des
Lettres de grâce i des criminels ,
& dans le droit de difpofer d'une |
prébende dans chaque cathédrale.
On met auffi au nombre des droits
honorifiques donc le Roi jouit à
caufe de fon joyeux avétiement , le
droit qu'il a de nommerun Clerc
Eour être pourvu de la première pré-
ende qui vaque dans chaque Eglife
cathédrale ou collégiale du Roy au»
me } mais pour qu'une Eglife col-
légiale foie afTujettie à Texpeâative
du /oyeux avènement , deux chofes
font requifes; la première que le
nombre des prébendes de cette Egli-
fe foit fupérieur au nombre de dix ^
c*eft- â-dire, qu'il en faut au moins
onze 9 non compris les dignités; fie
la féconde que ces prébendes ne ]
JOY
'^^1
foieiit point de la collation de l'or^
dinaire.
Le droit de joyeux avénemenc
appartient au Koi jure regni » parce
Que toutes les Eglifes de trance font
K)us fa proteâion , & non pas en
vertu de concédions particulières
des fouverains Pontifes. Si ce droit
ne s'exerce plus comme ancienne-
ment par rapport aux Abbayes
d'hommes , c'eft que les places de
Religieux étant peu recherchées , le
Roi n'a pas occasion de l'exercer ;
ce qui n'empêche pas qu'il ne fub-
fîfte toujours , & que Sa Maie(lé ne
puiffe en faire ufage quand elle le
jugera i propos.
Le Roi en conféquence de fort
joyeux avènement , fait expédier uti
brevet â qui H lui plaît : le Brève-
taire fait enfuite notifier fon droit ,
& lors de la vacance il requiert la
première prébende qui ne peut lut
erré refufèe.
Le Grand -Confeil eft le fevl Juge
des queflions concernant les brevets^
de joyeux avènement ^ & ce droit
n'eft pas reftreint i la petfonne feule
des Brevetaires; mais il s'étend à
tous ceux qui reprcfentent un Bre-
vetaire décédé , & qui exercent fes
droits.
L'avènement des Archevêques ou
Evèques i l'èpifcopat donne auffi ao
Roi te droit de nommer à la pre-
mière prébende qui vaque dans TE-
glife cathédrale, autrement que par
téfignation ou dèmiflion , après que
rEvcqué a prêté le ferment de fi^
délité.
On appelle droit At joyeufe en^
trée , un droit en vertu duquel le
Roi nomme à un canonicat , lorf-
qu'il fait fa permière entrée dans les
villes de fon Royaume , ou dans
les Eglifes doDC il efk reconnu Qha^
noine»
ii8
JUA
On fait que les Rois de France
ODC des canonicacs 6c des dignicés
dans plusieurs Eglifes du Royaume ,
qu'ils confervenr quoique laïques &
mariés. On met du nombre de ces
Eglifes les Eglifes cathédrales de
Lyon , du Mans » d*Ângers , de
Chalons fur Saône , & les E-giifes
collégiales de Notre-Dame de Clé-
ry , Notre-Dame de Melun , de
Saint Marrin de Tours , & de Saint
Hilaire-le-Grand de Poiriers. Lorf-
que le Roi fait fa première entrée
dans ces Eglifes , les Chanoines lui
préfentent l'aumufTe, & prétendant
aue le Roi voulant bien l'accepter ,
IQ déclare par cette marque de fa-
veur Chanoine de leur Ealife.
Le Roi a encore un autre drott
femblable , & qui n eft: peut-être
qu'une extenfion du premier j c'eft
celui de difpofer du premier béné-
fice qui vient i vaquer dans une
ville où le Roi fait fon entrée (m-
lennelle. Ce droit a été regardé com-
me un témoignage que le Clergé
donne au Souverain , de la part qu'il
prend i la joie publique. Il y a plu-
sieurs faits qui conftatent que Louis
!X1V a fait quelque ufagede ces deux
droits.
JU ; nom propre de deux villes de la
Chine , dans la Province de Honan.
La première plus occidentale que
Pékm de trois degrés cinquante-
cinq minutes • eft muée dans le dé-
parrement de Caifung^ l'autre plus
pccidenjtale que Pékin de quatre
degrés cînquante-fept minutes , eft
Ittuée au confluent d'une rivière de
même noon & de celle de Sienul.
Cette dernière ville en a quatre au-
très dans fon département , quoi^
qu'ellp n'ait pas le titre de Métro-
JiIaN D'AUTRICHE; (Dom) nom
4'vt) i^U PAtprel dç Charles-^uint
M
JUA
oé i Ratisbpnne en 1 547. Il fut él&<
vé à la Cour. d*Efpagne , & s'y dif-
tingua de bonne heure par fa poli-
teue & fa grandeur d'ame. Philippe
II l'envoya en i j 70 cpntre les Mau-
res de Grenade qu'il réduidt. La
réputation qu'il (e fit dans cette
guerre , le fit choifir pour Généra^
iiffimc d'une flotre de près de troi?
cens voiles que TEfpagne & l'Italiç
avoient préparée contre les Turcs ,
vers le golfe de Lépante , proche de
tes mêmes lieux ou Antoine 8c Aui-
gufte combattirent autrefois pour
TEmpire du monde. Les Chrétiens
& les Mufulmans en vinrent au^
mains le 7 Oârobre 1571 , & fe
battirent avec un acharnement fans
exemple. Dom Juan par fa valeur
força la vidoire i fe déclarer pour
lui : il s'empara de la Capitane enr
nemie , & obligea les Turcs à pren-
dre la fuire. Les vainqueurs ptirenc
130 galères , en brûlèrent ou cou-
lèrent à fond 5^ , tuèrent 3000Q
Turcs parmi lefquels étoit Ali-Pacha
leur Général , tirent loooç prifon-
niers , & délivrèrent 1 5 000 efçlaves
chrétiens. Cette viâoire coûta dix
mille hommes aux Efpagnols. Dom
Juan donna le combat malgré Dom
Louis de Requefens , qu'on avoir
chargé de modérer l'ardeur de ce
Prince intrépide. Il vouloir aller
droit i Conftantinople \ c'étoit le
feul parti qu'il y eût a prendre : fon
confeil s'y pppofa. Dans la confter-
nation où étoient les Mufulmans^
on pouvoit ndn-feulement fe rendre
maure de la capitale de leur Emr
Cire > tnais encore chatTer de la
'hrace & de la Grèce ces fiers enncr
mis des Chrétiens. Ûomjuan d'Au-
triche acquit rapidement la plu^
grande réputation dont jamais Ca-
pitaine ait joui. Chaque Nation mo^
derne; dit un Hiftorien ^ oecomptQ
JUB
que Tes Héros > & néglige ceux des i
aucres peuples. Dont Juan , comme |
vengeur de la Chréciencé , écoic le
Héros de toutes les Nations. On le
comparoit i Charles- Quint fon
£dre dont il avoic la figure , U va-
^ur y rhumanicé , la générofité &
le génie. Il mérita furtout d'être
l'idole des peuples , lorfque deux
ans après il prit Tunis comme Char-
les-Quint , & fit comme lui un Roi
africain tributaire d'Efpagne. Dont
Juan acquit une nouvelle gloire en
1576, lorfqu'il eu té té nommé Gou-
verneur des pays révoltés. Il fe ren-
dit maître de Namur , de diverfes
places , & défit entièrement les re-
belles dans les plaines de Gemblours
en 1578. Les ennemis perdirent dix
mille hommes dans cette journée.
r Leur Général Goignés fut pris avec
Tartillerie , les bagages & les dra-
peaux. Le Vainqueur profita de la
viâoire , en foumettant rapidement
Louvain, Dieft, Nivelle, Philippe-
Ville , Limbourg , Harlem. Une
mort prématurée l'enleva au milieu
de fes conquêtes. Il expira le pre-
mier Odlobre de la même année à
$ a ans , dans les convulfions que
lui caufa fuivant les uns , la douleur
d'avoir perdufonMiniftre Efiovcdo
lâchement aflafiîné , & fuivant les
autres,un poifon lent que lui fit don-
ner Philippe jaloux de fa gloire.
JUBARTJE i fubftantif féminin. Efpè-
ce de baleines qui n'ont point de
dents , & qui font plus longues ,
mais moins groffes que celles du
Groenland. On en trouve près des
Bermudes.
JUBE; fubftantifmafculln. Efpècede
tribune , lieu élevé dans une ÉgUfe ,
qui cftordinairèmententre le chœur
& la nef, & où l'on va réciter l'E-
vangile des MefTes folennelles \ c'eft
la même chofe que Tambon où fe
Tome XV%
JUB rij
faifbient anciennement toutes le^
leâures publiques pendant l'Office
divin. On Ta appelé Jubé , à caufe
du premier mot de la formule par
laquelle le Le£beur demandoit la
bénédiAion au Célébrant avant de
convmencer fa leâure. U jr eut dès
jubés dès Tan 410 , & il y en eût
dedififérens. Celui où on lifoit l'Ê--
vangile étoit â la droite du Pontife
au tond de labAde. 11 y a peu d'Ê-
glifes qui aient confervé l'ufage des
jubés.
On dit proverbialement , venir
à jubé ; pour dire» venir i la rai •
fon par contrainte , malgré qu'on
en ait. Il faudra bien qu'il vienne à
jubé.
Les deux fyllabes font brèves au
fingulier ^ mais la féconde eft lon-
gue au pluriel. '
JU BETA \ fubftantif mafculin. Ârbra
du Japon » de la grpffeur du pru-
nier , dont les fleurs & les baies
reflfemblent à celles du troefne. Son
écorce eft verdâtre \ fes fleurs font
en grand nombre , difpofées l'une
vis-à-vis de l'autre , de figure ova-
le , tendue & fujettes à fe flétrir
bientôt : le noyau eft' blanc , d'un
goût aftringent & cauftique : ces
baies paflent pour venimeufes.
JUBILAIRE ; voye^ Jubile.
JUBILATION i fubftantif féminin.
Ldtiiia. Terme de plaifanterie qui
fignifie réjouiflkncè » bonne chère.
lu font en grande jubilation. D*oà
vous vient cet air de jubilation f Un
vifage de jubilation.
JuBiLATioH,fe dit en termes de Myf-
tiques » d'urle forte de joie que fain-
te Thércfe dans fon château de l'a-
me explique ainfi : c'eft , dit cette
Sainte , une grande union de toutes
les Puiflances , qui ne leur ote pas
non plus qu'aux fens , la liberté
de connoître qu'ils jouiflent d'un
R
13^1 JUB
très-grand bonheur , fans compr^n^
dre néanmoins ni quel il eft y ni la
manière donc ils en jouiffenc. Une
fi grande joie , H incime & accom*
pa^nce d'une fi grande paix ne (au-
roic provenir du Démon.. C eft une
chofe. toute furnaturelle» qui dure
quelquefois un jour tout entier. L'a-
. she eft alors, comme une perfonoe
qui a beaucoup bu ^ & qui néan-
moins n'eft pas ivre».
JUBILÉ ; fubftantif mafcttlim Cctoîr
parmi les Ifraclites dans la« loi de
.Moïfe , la cini^uième année qui fui-
voit la révoluuon de fepc femaines
d'années-
L'année du Jubilé commençoic
au premier jour de tizri qui. répon*
doit à peapcè^ à notre mois de Sep-
tembre« En cette année >. on ne ie*
moit , ni on ne moiflonnoit; maîs^
. on fe contentoit de recueillir ce que
la terre & les atbres. produifoient
d'eux-mêmes. Chacun cencroit dans»
fes héritages » foit qulls fuflent vea*-
dus ^ engagés oa aliénés. Les ef-
claves- hébreux ^ de Quelque ma^
nière qu*il& fu(fent tombés dans l'ef-
clavage^ étoient af&anchis y avec
leurs femmes de leurs enfans ^ mê-
me ceux qui avoient renoncé au prt*-
vilége que leur donnoit Tannée lab*
batique de recouvre» leur libertés
, Cet afFranchiflèment cependant
,ne^ fe confommoic qu'au dixième
foux du mois. On paflbit les neuf
premiers dans la joie Se dans les
plaidrs ,, i peu près comme les Ro-
mains dans leurs fêtes faturnales.
Durant ces neuf jours lès efclaves
ne faifoient aucun ouvrage à, leurs
maîtres » ni^ais ils mangeoient » bu-
voient ôc fe réjouiflbient » 6c pre-
fioient chacun une couronne fur la
tête. Le jour de Texpiation. folen»
nelle qui eft le dixième de tizri»
fi'écoit pas plutôt arrivé > que les
JUB
Cbnfeillets du Sanhédrin faîIoîeM
ibnner des trompettes ». & i ^*,r
tant les efclaves étoient déclarés U*
bres , & les terres revenoiem à leur»
anciens maîtres.'
Le motif de cette loi , étoit d'emi-
ècher que les riches n op|>rimaf-
mt lespauvresN» en les réduifantài
un efclavage perpétuel ; qu'ils ne
s'attiraffent tous» les fonds par les-
voies» d« L'achat ,. ou. de l'engage-
ment » ou enfin de l'ufurpation ;«
que Les dettes ne vinlTent à fe trop
multiplier , flc pa« conféqueiit i
rainer entièrement les pauvres; quê-
tes efdaves- ne demeuraflent pas^
toujours, eur, leurs femmes Se:
leurs enfans dans la fervitudc^ De?
plus , Moïfe voulcrit confervcr au-
tant qu'il étoit poffible>. la libertér
dt$ perfonnes> Tésalité des biens ,*
Tordre des familles dans le pays..
Enfin il voubit que le peuple s'at-
tachât à fon pajrs^-a fes^ terres j ^i^
fi>n héritage > qu'il s'y affeétioimât:
comme 4^^ un bien, qui venoit de^
fes pères , & qu'il devoit laitfêr i;
fès enfiins , fans crainte qu'il lbrtî&
pour toujours de fa^famille.
Les elclaves étrangers ne jouiC-
foient pas des privilèges du Jubilés-
L'année du Jubilé avoit plufieur»
Erérogarives par defliis l'année fab*
atique , & la fabbatique a auffi
quelques petits avantages par deflus^
l'année du Jubilé r l'année fabbati-
que annulloit les dettes , ce oue ne.
raifoit pas le Jubilé j mais le Jubilé^
remet les efclaves en liberté , 8c
rend les terres à leurs anciens mai*
très : de plus, il reftitue les terres
d'abord au commencement du Ju*
bile , au lieu que dans l'année fab-
batique» les dettes ne font annuUées
qu'à la fin de Tannée.^ Les biens qui
avoient été achetés ou donnés , re—
tournoient: £uis difficulté i leurs
anciens maîtres, ceax qui écoiehc
venus par droit de fucceffion , de-
mearoient à ceux qui en |oaiflbient :
les contrats de vente » où ion avoit
exprimé un certain nombre d'an-
nées » fubfiftoienc pendant toutes
ces années , nonobftant la rencon-
tre du Jubilé. Mais les contrits ab-
folus 8c illimités , éioient cadçspar
le Jubilé. Les maifons & les autres
4édifices bans dans les villes muirées
jie revenoient point au propciéuire
4ans l'aimée au Jubilé.
Depuis la captivité de fiabjrlone »
on continua d obferver les années
fabbatiques , mais non pas les an-
nées du Jubilé. Alexandre le Grand
4iccordi aux Juifs l'exemption du
tribut pour la feptième année, à
laifoB du repos qu'ib obfervoienc
cette année U , mais i l'égard du
Jubilé , pttifqu il n*étoit inftitué que
pour empêcher Tanéantiflenlent du
parcage tait par Jofué , & la con-
fanon des tribus, & des familles,
il ne fut plus praticable comme
avant la difperfion des tribus y
celles qui revinrent de la captivité ,
«'étant établies comme elles purent,
& où elles purent , & un très-grand
nombre de familles » & peut-être
des Tribus entières étant demeu
rées dans le lieu de leur captivité.
A rimitation des Juifs » les
Chrétiens ont aulC établi un Ju-
bilé i mais qui ne regarde que la
xémillîon des péchés j & l'induK
gence que l'Églife accorde aux
pécheurs » en vertu du pouvoir
qu'elle a reçu de Jbsus-Christ de
lier & de délier. Ces fortes de Ju-
bilés n'ont eu lieu que depuis le
Pape Boniface VIII en l'an i^oo de
JesusChj^ist , & encore n'on&-ils
commencé i pofter le nom de Ju-
biU y que depuis Sixte IV » qui fur
./ait Pape en 1471 > & qui dans fa
JU3 13 î
Bulle de Tan 147$ donna l fin-
dulgence plénière 8c générale qu'il
accordoit a tous les fideUes , le nom
de JubiU^ Dans les commencemeng
ces Jubilés ne s'accordaient que de
cent en cent ans: mais le Pape Clé-
ment yil eh I f 41 , les réduifit i
cinquante» Grégoire XI -les avoit
fixés à on efpace de trente-trois ans ;
& Paul II trouvant que cette durée
étoit encore trop longue , ordonna
^que <le vingt» cinq en vingt -cinq
ans » on dooneroit un Jubilé ; ce
qui s'e A toujours pratiqué depuis ce
temps*U.
On appelle ordinairement ce Ju-
bilé , le Jubilé de l* Année Sainte.
La cérémonie qui s'obferve âRome
pour l'ouverture de ce Jubilé, con-*
fifte en ce que le Pape » ou pendant
la vacance du Siège , le Doyen det
Cardinaux , va à Saint-Pierre pour
faire Touverture de la porte fainte
qui eft murée , & ne s'ouvre qu'en
cecre rencontre. Il prend un mar-
teau d'or, & en frappe trois coups
on difant > aptrite mÙii portai juf'
titiû , &c. puis on achève dé rom«
pre la maçonnerie qui bouche la
porte. Enfuite le Pape fe met a ge*
noux devant cefte porte pendant que
les Pénitenciers de Saint -Pierre la
lavent d'eau-bénite, puis prenant la
Croix j il entonne le Te Deum , 8c
encre dans l'Églife avec le Clergé,
Trois Cardinaux Légats que le
Pape a envoyés aux trois autres
portes faintes , les ouvrent avec la
même cérémonie. Ces trois portes
font aux Églifes de Saint-Jean-de-
Latran , de Saint-Paul & de Sainte-
Marie - Majeure. Cette ouverture
fe fait toujours de vingt - cinq en
vingt-cinq ans aux premières vê-
pres de la Fête de Nocl. Le lende-
main marin , le Pape donne la bé-
nédiAîonaa peuple en forme de Ju*
Rij
I
tile. L'année fi|îvance'érant «xpkée»
on referme la porte fainte la veille
de Noël en cette manière : le Pape
bénie les pierres & lé mortier, pofe
la première pierre , & j mer douze
caUertea pleines de médailles d*or
& d'argent, ce- qui fe fait avec la
même cérémonie aux trois autres
portes faÎRtes* Le Jubilé atticoit au-*
crefois à Rome une quantité pro- 1
digieufe de peuple de tous les pays
de rEurçpe. Il n'y en va plus guère
) aujourd'hui que des provinces d'I-
. talie j furtout depuis que les Papes
accordent ce privilège aux antres
pays, qui peuvent nire le Jubilé
chez eux , & participer à l'indul-
gence^ i .^
Ce qu^on peut remarquer de par-
ticulier fur l'indulgence du Jubilés
c'eft qu'ordinairement la fiuHe per-
. mer, i ^. à tout fidelie de choiiir tel
Confe^ur approuvé par l'ordinaire
qu'il lui plaît ^ 2®. i tout Confef-
Jeur approuvé d'abfoudre de toutes
les ceniures , & de tous les> cas ré-
fervés, & quelquefois de commuer
la plupart des vœux. Du refte cette
indulgence redemble aux autres.
Outre ces Jubilés de vingt -cinq
ans en vingt*cinq ans , tous tes nou-
vezixXt Papes en accordent un à leur
exaltation ; ils ea accordent audit
Eour les befoins extraordinaires de
i Chrétienté.
. Suivant l'ufage de l'Églife de
France j les Bulles de Jubilé doi-
vent être adrcflTées aux Archevê-
ques, qui les envoyant aux Eve-;
ques leurs fuflfragans. Cet ufageeft'
attefté par rAflimblée générale du
Clergé, tenue en itfyoJ
Les chapitres 6c autres corps,;
même .exempts de la Juridtânon
. ipifcopale , n'ont pas Je droit; dp.
donnée. d^s Mti'ndemebsLpour laipu> :
Micdtioa d«$ Jubilés* .QtxÉt pùbli- '
JUB
r
cation ;doit être faite de TOtcfon-
nafice dei'Êvëque,tant dans TEglife
cathédrale , que dans celles de la
dépendance des chapitres & des au-
tres exempts, qui tous font obligés
d'y obéir : cetfe maxime eft confor-
me aux décidons du Concile de
• Trente.
JuBiLB , ou JxTBiLAiRE, eft un titre
qu'on donne à un Eccléfiaftique qui
a deffervi une Églife pendanr cin-
quante ans , à uti religieux qui a
cinquante ans de profeflion dans
un Monaftère , à un chanoine qui
a affifté aux offices le temps porté
par les Statuts capitdaires. On fait
que chez les Juifs le mot de Jubilé
te difoit de la cinquantième année
?\\H fuivoit ht révolution de fept
emaines d'années j origine du mot
Jubilaire.
Les Jubilaires ou Jubilés ont
quelque rapport à ce que les Ro-
mains appeloient Vetcranl dans la
milice.
il y^ a d'ans les Pays-Bas Se ait^
leurs plufieurs chapitres- où il y a
des ftatuts , qui portent que ceux
qui ont été trente ans chanoines-fe-
ront Jubilaipes , 8c en cette qualité
exempts d'afliftef à Matines , ex-»
cepté les Dimanchies & les Fêtes 9
& le temps qu'ils {^x uni Semainiers^
fa^s qu'ifs perdent aucune diftribu-
tion manuelle affeâée aux préfens*
Mais ces ftatuts font regardés com-
me abufîfs , parcequ'ils font con-
traires à la nature même des cano-
nicats, qui obligent tous les cha-
noines , non légitimement empê-
chés , d'aftifter à tous les offices di-
vins.
Jubilé, fe dît auflî dans la Facultc*
de Théologie de Paris ^ d'un n«.c-
teur qui a cinquante ans de De dto-
rat : il fouir alors de tous les droits,,
/ émulumens f, ^ç*^ fàns^ étire tenu^
J'UC
" 3*afiftetâaxA(reinblée$,Thères&
autres' aâkes de lia Faculté.
Les trois fyllabei font brèves au
(mgutier , mais la dernière eft Ion-
eue au pluriel.
JUBLAINS } nom propre d'un bourg
de France, "dans le Maine, â deux
lieues & detnie , Tud-eft , de
Mayenne.
JUCADAM j nom propre d'une
ancienne ville de la Pale^ftine , dans
la Tribu de Juda.
JUCATAN , ou YucATAN' ;' nom
fropre d'une grande Péninfdle de
Amérique , dans la Nouvelle Éf-
pagne, découverte par Ferdinand
de Cordoue en 1517, & fituée
vis-à-vis de Tîle de Cuba. Elle s'é-
tend dans le golfe du Mexique ,
depuis le feizième degré de latitude
fcptentrionafe , jufqu'au vingc-deu*
xième.
Cette Péninfule eft riche en ini-
nés d'or, & le fol en eft Ci fertile,
qu'on y fait la moifibn deux fois
l'année. Elle abonde àu/Ii en bois
propres à conftruire des vaifleaux ,
eh miel , en cite , en volaille , en
Tucre». en coton, &x. C'eft*lâ où
* eft le port de Campëche , connu
par le bots de ce nom , dont on fait
un fi grand ufage dans les befles
teintures. On donne à c6 pays deux
cens lieues de longueur , & quatre-
vingt dans fa moindre hiî^^tur.,
LesEfpagnoIs en font les maîtres.
Us y ont un Gouv-rmcur qui rcfide
'd Merida , qui eft la capitale du
pavs.
JU^ HART i fubfVandf maPculin.
Mefuic ufitée dans la Sùiire, jpour
mcfurer les ttrres. *EUe contient
140 verbes de Eâle.
JUCHÉ , ÉjEj pmticipe paffif. Foyc^
JoCHfR.
On appelle ifijyai juthe\ r-nUt
j/idié\Q^.va dont ier boûlfetfi^gorie
I tellement en ayant , qu'il marche Se
. repol^Iur la pince.
Ce défaut auquelles mulets font
extrêmement fujets , provient , ou
d'un long travail ,. où de l'habitude
que cpntrafte l'animal placé dans
une écurie pal pavée ^ de s*appuyec
fur la pince plutôt que fur tout le
pied ; mfehublement il lui devient
impollible de porter le boulet
en arrière , conformément i fa;
ftrudlure naturelle.
JUCHER • v,erbe neutre de la pre-
mière. cônjDgaifoh^ lequel fe côn»
{*ugu^ comme Chantir. Affidfrcw
1 ne fe dit proprement que des pou-
les ou volailles, & de quelques oi«
feàux qui fe mettent fur une bran-^
che , fur une perche pour d6rnjiir.r
Les pouUt'i'd^indc jùchept furies àr'^
ires qui/ont da^s là taffî-coun Les
poules vont jucher dahs le poulàil^
1er.
Il eft aufli pronominal réfléchi.-
Il y a unfaifan qui fe juche tous le»
jours fur cet arbre.
Il fe dit figurément Se populai-^
remcnr d'une perfonne logée à utv
troifième^ quatrième ou cinquième
étage , ou dans quelqu'autre èn-^
droit élevé & peu convenable. Poar--
qîuol s*ejl^etle juchée là haut.
La première fyllabe eft ' brè^fe ^
& la ft condé longue cfu brève,-
T^oyei Vêrbï*. . "
JUCHOIR ; fubftantif mafculin.rén-
droit où juchenr les poules^ Pren^
dre une poule au juchoir.
; JUD , ou Jupi ; lîom propre d'aune
anirienne ville de la Pal'eftine, dans
: la Tribu de Dan.
JUDAl, ou Judas , nom du^ quarriè»^
me fils de Jacob & de tia. H na-
quit en Méfopotamie , ï7*î5 ^"*'
avant l'ère vulgaire. Ce fut lui qui
corifeillâ â'fcS fjères^'de vendre jo^
i^pli iiu3t Marchands'* l/machte^-»»
h
plutôt que de tremper leurs mains
dans fon fang^ Il époùfa Sué , fille
d'un Chananéen nommé Hiram^ &
il en eut crois fils^ Her, Onan &
Séla. Il maria Her à une fille nom-
mée Thamar. Her étoir un fcélérac
que Dieu frappa de mort pour fes
crimes. Judas dit à Onan fon fé-
cond fils » dé prendre la veuve de
fon frère , qui étoit mort fans en-
fans ^ & de lui fufciter de la li-
gnée : mais Onan pax une aébion
abominable , empèchoic Thapaar
de devenir mère. C*^ pourquoi le
Seieneur le frappa auUi de mort.
Judas craignant de donner Séla fon
troifième fils a (a br^^ Tamufoix
par des promçflfes fans venir a Te-
yécution. Thamar voyant bien que
Judas ne irherchoit qu:a cirer la
chofe en longueur » & a éluder Tes
promettes , le déguifa, prie ThaKt
d'une courtifanne , 8c fe mit fur un
chemin ou Judas dévoie pa0er. Ju-
das s'étant donc approché de Tha-
mar , elle conçut » Cf, enfanta deux
fils ^ dont Tun fut nommé Phares ,
& l'autre Zara.
Le teftament des douze Patriar--
ches fait prononcer à Juda une pro-
phétie concernant le Medlîe , mais
On voi^ bien qu'elle a lété faij:e après
coup.
Juda fut toujours régardé com-
me le preinier & le plus confidéré
des enfans de Jacob, da T^ ibu fut la
plus puî(rante & la plus nombreufe.
On l'appela Juda du nooi de ç^ Pa-
triarche. Elle occuppit couce la par-
cie méridionale de la P^leftine. Elle
fe trouva fi confîdérable au ibitir
de l'Egypte , qu'on y comptoir foi-
xance & quatorze niille fix cpns
hommes capables de porter les ar-
mes. La Royauté paiia de la Tribu
de Benjamin , d'où étaient Saiil &
lfl>o£bth dans celle d^ Juda» qui fut
JU0
la Tribu de David ic dç £od Siic^
cefTeurs Rois, jufqui la captivité
deBabylonc} ^ depuis le retour
de la captivité y quoique cette Tri«
• bu ne régnât pas , elle ocdupa tou«
jours néanmoins la pren^ière place#
Elle donnoit le iceptre à ceux quî
régnoient. Elle réuniffoir en queU
que forte toute la nation des Hé-
breux dans^ elle - même ,. & on ne
les connoiiïdi^ que fous le nom dç
Jui4l , les Juifs s defc^odans de
Juda.
Quand Juda eft oppofé â Ifrael^'
il défigne le Royaume de Juda »
c^eft-â-dire , ta partie qui demeura
fidelle a David & i (es 5uccefleurs ;
au lieu qu'lfracl fignifie les dix Tri-
bus rebelles qui commencèrent par
leur divifion le Royaume dp Sania*
rie. Une des princmales prérogati-r
ves de la Tribu de Juda eft d'avoir
confervé le dépôt de la vcaie Reli^
gion, 6c l'exercice public duSacerw
doce » & des cérémonies de la loi
dans le Temple de Jérafa.lem^ peo-
dant que les dix Tribus s*abandon-
noient au culte des veaux d'or & i
ridolatrie.
Juda , eft auffi le nom d'un Royaume
de Guinée en Afrique , fur la cote
des Efclaves. Il y a trois forts fitué$
environ â june lieue de la mer. La
dçfcence- à cerre efl: défendue par
une barre que forme un banc de
fable, & qui eft très-dangereufe »
non-feulement parcequ'elle occa**
fionne de fréquens naufrages, mais
encore par la multicude oe requins
' qu^on y trouve. Les chaloupes ni les
canots des Navires ne peuvent pra^'
tiquer f^ç cette barre j on y va avec
de pecits canots faits exprès , qae
conduifent à la nige une vingtaine
de Nègres fort adroits i ce métier ,
& armés de petits poignards avec
lefqmels ils fe bactenc contre les
\
/0D
Miois j (Jtiand le canot rient 1 virer.
ie foie François eft* le prenaier des
trois y étant aa vent des autres. Le
fort Ângiois eft le fécond , Se le
Ibrt Portugais* le troiûème j ces
crois Notions y font un commerce
confidérable d'efciaves ^ c*eft Ten-
droit de la cote qui* en fbornit le
plus. Les* noirs de Juda font les
meilleurs j & les plus chers de tous
les Nègres d'Afrique. On les eftime
en Amérique ^ furtout à caofe de
leuc dextérité ». Se de leurs dipofi-
fions â tout apprendre en peu de
temps. Ee Royaume de Juda a fouf-
lërc de grandes révolutions. Daho-
sliec fortv des bois i la tète de cent
mille bomme»^ en 1717 j s'en em-
para:, après av^ir battu , chafTé , ou
nif prifonniers les poiTelTeur^ qui
^totenr plus négocians que jguér-
riers« Ce Prince Nègre a dépeuplé
toxU' ce pays^. Au mois de Décem-
bre de chaque année, il faifoit in-
viter les Européens de fe trouver à
fa Cour» pour affifter à ce qu'il ap-
Î^ek)ii àj coutumes y c'eft-à-dire ^ à
'annivetfaire de (bn père. Là il im-^
moloic^ aux mânes de fon père un
grand nombre d'hommes & de fem-
mes y de chevaux » bœufs , mou-
tons f chevreaux, poules 8c autres
animaux auxquels il faifoit couper
la tète > & qu'il faifoit jeter dans un
«rou creufe en terre ,• pour aller ,>
difoit*il , fervir fon père dans l'au-
tre monde. On jetoit dans le mê-
me trou de l'eau-de-vie, du maïsj
des mouchoirs , des pièces de
foie , 8c routes fortes de vivres &
d'étoffes. Les Européens étoient
Ïréfens â cet affreux fpeftkcle , Se
>ahomer étoit alors environné de
trois Direâeurs François , Angiois
& Portugais. Enfuite on refermoit
le troa 9 8c il faifoit diftribuer au
leuple de^ Teaunde-vie 8c autres
JUD 135
marchandifes. Il immoloit autre-
fois à l'anniverfaire dé fon père juf»
qu'à huit ou neuf cens , tant hom^
mes que femmes ; mais en 1758 ,
qu'il ne lui reftoit plus environ que
onzd mille hbmtnes , Se qu'il éroit
mal ^vec tous fes voifins , il n'im-
moloit plus que peu de inonde. On
appelle Judaïques les Habicans de
ce Royaume de Juda.
JUDAÏQUE i ad jeftif des deux gen-
res. Judaicus. Qui ^partieht, quia
rapport aux Juifs. Pratiquer la loi
Judaïque. Lus cérémonies Sudaï^
quesm
On appelle pierres judaïques , des^
Eierres d une forme ovale Se fem*-
labiés à des olive j , ayant ordinai--
rem^nt une queue par un^ de leurs
côté$. Quelques Naturaliftes les ont
anffi dciignées fous le nom de pîer^
res d^oHves ; elles font plus ou moins*
pointues^& alongées ;. il y en à qui
font unies \ d'autres font éllonnées ^;
d'autres font remplies de petits tu-
bercules. Quelques gens les ont re-'
gardées' comme des .glands pétri-
fiés ^ mais il y a route apparence
que ce font des tubercules ou poin-
tes d'outfins pétrifiés. Quelque»
Naturalises ont aufli donné le nom^
à^ pierres judaïques à des pierres cy-
lindriques,, longues Se pçintuesparv
t^n bout. Se arrondies par l'autre j.
elles fonraufli, ou liffes, ou fiUon-
nées , ou garnies de tubercules. Ce
font pareillement des pointes d'our--
fins pétrifiées ou dcchinites. Ces^
pierres ont été ainfi nommées ^ par-
' cequ'elles fe trouvoient en Judée
& dsins la Paleftine. Il s'en trouve
auflî en Siléfie Se dans d'autres^
pays.
On leur attribuoit autrefois de
grandes vertus médicinales , & Ton
prétendoit que la p'um judaïque
pulvérifée Se prife dans de i*eaip
i3<f JUD
chaude ^ éroic un grand diurccique
& un remède fouvçrain contre la
pierre des reins Se de la veflîe*
JUDAÏSER y verbe neutre de la pre-
mière conjugaifon» lequel fe con-
jugue comme Chantbr. Suivre &
pratiquer en quelques points les cé-
xémonies de la loi des Juifs. Saint-
Paul nous dit qu ayant rencontré
Saint-Pierre ^ il lui demanda pour-
quoi il côritraignoit les Gentils àju*
daïfer. On judaïfe en gardant le
jour du Sabat.
Les trois premières fyllabes font
' brèves, & la quatrième longue ou
brève, f^oye:^ Verbe.
Les temps ou perfonnes qui fe
terminent par un e féminin ont leur
pénultième fyllabe longue.
JUDAÏSME i fubftantifmafculin./r«-
daifmus. La religion des Juifs. Le
Judaï fme étoit fondé fur rautorité
divine , & les Hébreux lavoient
reçu immédiatement du Ciel \ mais
il n'étoit que pour un temps , & il
devoit faire place, du moinsquaiit
. i la partie qui regarde les cérémo-
nies^ à la Loi que Jésus-Christ
nous a apportée.
Le Judaïfme fur autrefois partagé
en pludeurs feAes, dont les princi-
pales étoient celles des Pharifiens,
des Saducéens & des EiTéniens.
On trouve dans lès Livres de
Mojffe un fyftème complet du Ju-
daïfme : il n'y a plus aujourd'hui
que deux kOits chez les Juifs \ fa-
yoir., celle des Caraïtes, qui n ad- 1
mettent d autre loi que celle de
Moife , & celle des Rabbins qui
y joignent les traditions du TaU
tnud.
JUDE ; ( Épître de Saint ) titre d*un
des Livres canoniques du Nouveau
Teftameft t , écrit par T Apôtre Saint
Jude. Cette Épître n*e(t adreflée à
aucune Ëglife particulière » mais à 1
JUD
tous les fideUes qui (ont aimés dii
Père , & appelés du Fils Notre-Sei-
gneur. Il paroît cependant par le
verfet 17 de cette Épître, où Saint-
Jude cite la féconde de Saint-Pier-
re y & par tout le corps de la lettre
où il imite les expreflious de ce
Prince des Apôtres , comme déji
connues ï ceux à qui il écrie » que
fon deflfcin a été d'écrire aux Juifs
convertis qui étoient répandus dans
toutes les Provinces d*Orienc , dans
TAfie Mineure , & au-delà de l'Eu'
phrate* Il y combat les faux doc-
teurs qu'on croit être les Gnofti-
ques , les Nicolaïtes , & les Simo-
niens qui «troubloient déjà TÈ-^
glife.
On ignore en quel temps elle a
été écrite , mais elle eft certaine-
ment depuis tes hérétiques dont on
vient de parler ; d'ailleurs, Saint-
Jude y parle des Apôtres comme
morts depuis quelques temps \ ce
qui fait conjeâurer qu elle eft d a*
près. Tan de Jésus-Christ 66 ^ 6c
même félon quelques-uns v écrite
après la ruine de Jerufalem.
Quelques Anciens ont douté de
la canoniçité 6c de l'authenôcité
de cette Épître. Eusèbe témoigne
qu'elle a été peu citée par les Ecci^
vains eccléfîaftiques » mais il remar*
que en même temps qu'on la lifoic
publiquement dans plufieurs Éeli-
les. Ce qui a le plus contribué a la
faire rejeter par plufîeurs , c'eftqne
l'Apôtre y cite le livre d'Enoch, ou
du moins fa prophétie. Il cite aufli
un fait de la vie de Moïfe qui ne
fe trouve point dans les Livres ca^-
noniqu^s de l'Ancien Teftamenc ,
& qu'on croit avoi'i: été pris d'un
ouvrage apocryphe , intitulé VAP-
fom tion de Moïfe. Mais enfin elle
eft reçue comme canonique depuis
plufj<?ur;s Hècles^ parceque Saint-
Judc
. Suit poavoît faroir ce qaUI cite j
d'ailleurs que des livres apocry-
phes » ou qu'étant infpiré il pouvoit
.. y difcerner les vérités des erreurs
avec lefquelles elles étoienc mê-
lées.
On a aulE attribué. a Saint- Jude
un faux Evangile qui a été condam-
né par le Pape Gelafe.
JUDÉE > ( la ) nom d'une Province
d' Afie > appelée anciennement Terre
de Chanaan ou Paleftine, 6c enfuite
Terre Promife , Terre (tifràel » &
enfin Judée. Ce ne fut que depuis
le retour de la captivité de Baby-
lone, qu'elle porta ce nom \ parce-
' qu'alors la Tribu de Juda étoit la
principale ^ & prefque la feule , qui
éit quelque figure dans le pays \ 8c
^ue les terres des Ifraélites des au-
tres Tribus avoient prefque toutes
. été occupées . par les Samaritains ,
les Iduméens , les Arabes & les Phi-
lîftins. Les Juifs de retour de la cap-
tivité , commencèrent à fe rétablir
autour de Jérufalem & dans le par-
rage de Juda , d'où ils fe répandi-
rent enfuite dans le refte du pays
• qu'ils occupèrent ayant le Liban &
la Syrie, au nord , l'Arabie Pétrée
& ridumée méridionale au midi ,
les montagnes de Galaad , l'Idu-
mée orientale, l'Arabie Déferte^
les Ammonites & les Moabites a
l'orient^ les Philtftins, les Phéni-
ciens & la Méditerranée au cou-
. ckant. Le Jourdain coupoit tout
ce pays en deux parties prerqu'égales,
& prenant fa fource au pied du Li-
ban , couloir du nord au midi , juf-
^ue dans la mer Morte où il fe
perdoit.
La Judée , avant l'arrivée des
Hébreux, étoit gouvernée par des
Rois Chananéens qui ^xerçoient
. une puiffance abfolue chacun dans
^ ville. Lorfque Joftté en eue fait
ÎUD 137
la conquère, il h gouverna com«
me Lieutenant du Seigneur , ôc
exécuteur de fes ordres. A Jofué
fuccédèrent les anciens pendant en-
viron quinze ans. Après cela les If-
raélites tombèrent aans une efpèce
d'anarchie , qui dura fept ou nuic
ans. Enfuite ils furent gouvernés
par des Juges pendanr trois cens
dix-fept ans \ enfin par des Rois»
depuis Saiil , jufqu'à la captivité de
Babylone^ pendant cinq cens fepc
ans. Depuis le retour de la capti*
vite, la Judée demeura foumife
aux Rois de Perfe , puis à Alexan-
dre le Grand , Se eniuite à fes Suc*
ceffeurs ; tantôt aux Rois de Syrie ^
& tantôt aux Rois d'Egypte ^ qui
eurent cependant beaucoup de aé^
férence dans le Gouvernement par-
ticulier , pour le Grand- Prêtre, Se
les Chefs de la famille de David.
Depuis que les Macabées eurent
mamtenu la religion , & rétabli les
affaires des Juifs , ils demeurèrent
en poileflion de la fouveraine auto^
rite jufqu'au règne du grand Héto^
de , pendant environ trente - cinq
ans..
L'écriture décrit ce pays comme
le plus beau & le plus fertile de U
Terre. Mais aujourd'hui qu'il eft
fous la domination du Grand-Sei-
gneur , il refte peu de veftiges dd
Ion ancien état , & il eft en général
aride , pierreux & ftérile : on f
trouve cependant encore quelques
endroits où l'on recueille aflTe:?
abondamment le grain , les olives,
les dattes , le vin , le miel , &c.
La Judée eft aujourd'hui di vif ée eu
plufieurs gouvernemens qui com-
prennent le pays de Gaze , le pays
d*Eikhalil ou d'Hebron , le pays
d'Elkôds ou de Jérufalem , le pays
de Naploufe , le pays de Harié , le
pays de Nazaietki^ le pays de Sar;
plièt, ft#nfin le pays aQ^deflusdii
Jourdain , oà il eft dangereux de
voyager â caufe des Axabes qui Toc-
cupcnc. Jérafalem eft k capitale de
la Judée.
On a^ppelle bitume de Judée , un
bicuaie qui fe ^ouve â la furface de
la mer Morte en Judée. Oo le nom-
me autrement ÂJf halte. Voyez u
mot.
JUDENBOURG; nom propre d'une
ville confidçrable d'Allemagne , ca-
pitale de la haute Styrie 9. fur la.
Muer, i ving-deux lieues, nord-
oueft , de Gratz , & quarante « fud-
. oueft , de Vienne.
jpoiCATUM SOLVI ; expreflSon
empruntée du Latin, 6c qui eft*
u(îtée au. Palais en cetce phrafe ,
caution judicatum folvif pour expri<-
mer ta caution qu^un étranges qui
etl' demandeur ou appelant , t(k
obligé de donner pour (uretd des^
condamnations de dépens & autre»
qui pourront intervenir contre lui»
yoyej Caution*
JUDICATURE; fubftantif féminin.
État , profeflion de ceux qui fonr
employés dans TadminiAration de
la Juftice. Les offices de Pnjîdent^
de Confeillers ^ de Greffiers^ de No-
taires j de Procureurs i font des offi-
ces de Judicature. Il préféra Ictjudi-
cature à fépée.-
JuDicATURi , fe prend quelquefois
pour TafTemblée , le corps des Ju-
ges. La Judicature s^affembla- pour
délibérer fur cette matière.
JUDICELLO y nom propre d'une
petite rivière d'Italie en Sicile ^
dans la vallée de Noto. Elle a fa
fource auprès de laMotta-di Santa-
Anaftafîa , & fon embouchure dans
la mer, après avoir arrofé la ville
de Carane.
JUDICIAIRE ; adjeaif des deux
genres» Judiciarius. Qui fe fait en
Sun
Jttffice y ou par autorité^ de Tu^cr^
Un bail Judiciaire^ La pratique judi^
claire^ Les formes judiciaires^
En rermes de Riiétorique ,. ot»
appelle genre judiciaire , celui des^
trois genres qui font l'objet de.Té-
loquence , pac- lequel on accufe ott^
Ton défend..
Le premier pas- que doit faire-
^Orateur dans le genre judiciaire^
dit un Académicien'» ed de fixe&
l'état de la queftion.
La queftion a potu objet le fait ,
ou le droit 9. ou le non^»
Oii demande qui a tué^^L'accu^^
fateur dit » c*eft vous. L'accufé ré*-
pond, ce n'eft pas moi« Il s^agir
donc de prouver qui l'a fait : eft-ce^
vou^, n'eft ' ce pas vous ? 11- fauc
réunir les circonftances qui établi*-
ront la vérité ou la (aufleté du fair.*
C'étoit votre ennemi , vous l'aviez
menace , vous étier dans le même*
lieu j ^^us l'avez pu fans peine»,
vous y étier intcrelfé , vous aveas^
difparu, &.^ toutes circonAances^
qui prouvent que c'eft vous ^oa les^
réfute par d'autres oirconftancesqui»
ne peuvent s allier avec le fait : j'é-
tois àcent lieues de \L le jour dm
meurrre,.â'c;
Mais j'avoue que je Tai tué , paF^
ceque j'en avois le aroit. C'eltunè-'
autre queftion* On peut tuer uni
homme qui attaqtie notre vie ».
quand il n*y a pas d'autre moyens
de la conferven Clodius m'attaque^»
il veut m'aflaflliner:' jç me défends j»
il y petite Les lois m*accotdent mai
grâce , ou plutôt elles déclarent que:
je ne fuis pas coupable^
La queftion de nom a pour objet:
de décider la qualité de la choie ;;
laquelle étant décidée , toute con-
teftation finit. Telle démarche d*\xw
foldat eft-elle déferrion ? Ne Teft-
elle pas?. Il ne. s'agit que du xiaaai
1
<2aand il fera décide » toat fera
<dir.
Dans Je genre judiciaire , il s*a-
jgit coutours d'un corc» ou réel, ou
précendtt réel. On peut définir le
tore ^ une aâlon libre qui oce fon
•bien au polTefTeur légitime.
S'tl n'y avoir point de liberté , il
tCj auroir point de torts faits* L'in-
Juftice fuppofe donc un droit contre
lequel on a agi libremenr.
Or, il y a en général deux ef-
pèces.de (iroits : tun naturel, gra-
vé dans le coeur de tous les hom-
mes : l'autre civil, qui aftreint tous
les citoyens d'une même ville, d'u-
ne même république , tous les fu
jets d'un même royaume , à faire ou
à ne pas faire certaines chofe s , pour
le repos & l'intérêt commun. On
ne peut violer cette loi fans être
mauvais citoyen. On ne peut violer
la loi naturelle fans offenfer l'hu-
manité.
Ceft à l'Orateur à faire valoir
l'autorité de ces lois , il fe fera
^courer avec attention, s'il montre
que l'intérêt commun , que l'hu-
manité eft bleffée , outragée dans
Vaûion dont il demande juftice. Ce
n'eft que par- là que l'intérêt par-
ticulier eft touchant pour les autres
hommes.
On appelle AJtrologie judiciaire ^
l'art de juger de l'avenir par les af.
très. V'oyi\ Astrologie.
Judiciaire, fe dît auffi fubftantîve-
ment & familièrement de la faculté
de juger. Ce Maglftrat a la judiciaire
excellente. Un Poëce qui manque de
Judiciaire.
Les trois premières fyllabes fpnt
brèves, la quatrième longue , & la
cinquième très-brève.
JUDICIAIREMENT; adverbe. /«-
ridicè. En forme judiciaire. Um de-
mande formée judiciairement. Inter^
venir judiciairement^
JU DICIEUSEMEN T; adverbe. Malth
cum judicio. Avec jugement. Ils*ejl
comporté judicieufemeàt. Écrire judi-'
cieafement.
JUDICIEUX , EUSE j adjcâif. Ju^
dicio prétditus. Quia lejugen^nt fatin
& folide. Vn homme judicieux.
Judicieux , fignifie auffi fait avec ju-
gement. Une réponfe judicieufe. un
difcoar s judicieux k Une réflexion Ju*
dicieufe.
Les trois premières fyllabes font
brèves , i^ quatrième longue , & la
cinquième du féminin très-brève.
JUDITH. Foyei HoLoriRNE.
On appelle Livre de Judith , un
Livre canonique de l'ancïen Tefta-
ment, dans lequel eft renfermée
ï'hiftoire de Judith , qui délivra la
ville de Béthulie fa patrie , affiégé^
\
ar Holoferne, en coupant la tête
ce Générai,
L'authenticité & la canonîcité du
Livre de Judith font des points fort
conteftés. On fornie , dit Dom Cal-
mer , cent difficultés fur le temps ,
fur les perfonnes, & fur les autres
circonftances qui fe rencontrent dans
Ï'hiftoire t]u*il contient. Les Juife
lifoient ce Livre, & le confervoient
du temps de Saint Jérôme j Saine
Clément , Pape , Ta cité dans fon
Epître aux Corinthiens, auflî-bien
querAitteurdesConftitutionsApof-
toliques, écrites fous le nom du
même Saint Clément. Saint Clément
d'Alexandrie, Origène , Tertulien\
Saint Ambroife, en parlent auflî.
Saint Jérôme le cite dans fon Epître
i Furia , & dans fa Préface fur le
Livre 'de Judith ; il dit que le Con-
cilie de Nicée avpit reçu ce Livre
parmi les Canoniques, non qu'il
eut fait un Canon exprès pour l'ap-
prouver , car on n'en connoît aucun
S i j
•N
^4* î U D
où il en foît ftit mention , & Saint
Jérôme lui-même n'en cite aucun j
mais il favoit peut-être que les Pères
du Concile lavoient allégué , où il
préfumpit que le Concile Tavoit
approuvé, puifque depuis ce Con-
cile les Pères l'avoient reconnu &
cité. Saint Athanafe , ou l'Auteur
de la*Synepfe ^ui lui eft attribuée,
en donne le précis comme des autres
Livres facrés. Saint Auguftin, &
toute TEglife d'Afrique, le recc-
voient dans leur Canon j le Pape
Innocent I , dans fon Epitre à Exu-
père , & le Pape Gélafe , dans le
Concile de Rome, l'ont reconnu
pour Canonique. Il eft cité dans
Saint Fulgence & dans deux Auteurs
anciens , dont les Sermons font im-
primés dans TAppcndix du cin-
quième tome de Saint Auguftin j
enfin le Concile de Trente l'a dé-
claré Canonique.
L'Auteur de ce Livre eft inconnu.
Saint Jérôme femble croire que Ju-
dith l'écrivit elle-même j mais il
ne donne aucune bonne preuve de
fon fentiment. D'autres veulent que
le Grand-Prctre Joachim ou Eliacim ,
dont il eft parlé dans ce Livre , en
foit l'Auteur ; ce ne font après tout
que de iîmples con jeâures. D'autres
Tattribuent à Jofué, fils de Jofe-
dech j l'Auteur , quel qu'il foit , ne
paroît pas contemporain. Il dit que
de fon temps la famille d'Achior
fubfiftoit encore dans Ifracl , &
<lu'on y célcbroit encore la fête de
la vidoire de Judith , expreffions
oufi infinueni que la chofe étoit paf-
ice depuis affez long-temps.
Les Juifs du temps d'Origène
avoient Thiftoire de Judith en hé-
breu , c'eft-à-dire félon toute ap-
parence en chaldéen, que l'on a
fouvent confondu avec l'hébreu.
Saint Jérôme dit que de fon temps
lis la lîfoient encore en chaldéeB i
Se la mettoient au nombre des liiies
hagiographes* Scbaftien Mùnfter
croit que les Juifs de Conftantino-
1>le l'ont encore â préfent en cette
angue^ mais jufqu'ici on n'a rien
vu d'imprimé de Judith en chaU
déen. La verfion fyriaque que nous
ea avons eft prife lut le grec , mais
fur un grec plus correA que celui
Îue nous liions^ aujourd'hui. Saine
erôme a fait fa verfion latine fut
le chaldéen , & elle eft fi différente
qu'on ne fauroir dire que l'une 6c
l'autre viennent de la même fource
6c du même original. Ce Père fe
plaint fort de là variété qui £e vojroit
entre les exemplaires latins de fon
temps , & l'on peut facilement fe
convaincre de la juftice.de fes plain-
tes , en confrontant entre eux les
morceaux de . ces traduâions qui
font venus jufqu'à nous, Ôc ce qui
^ en eft cité dans les Pères.
JUDOIGNE ; nom propre d'une pe-
tite ville des Pays-bas , dans le Bra-
bant , fur la rivière de Gete », i
cinq lieues de Louvaîn.
JUpSUNAMASI; fubftantif mafcu-
lin. Terme de relation. Prières de
la féconde heure de la nuit chez les
Mufulmans.
JUEKIANG ou JuENKiANG 'y nom
d'une ville de la Chine , dans la
f)rovince de Junnan , dont elle eft
a feptième dans l'ordre des villes
militaires. Elle eft^^oifine du Ton-
quin & du royaiifhe de Laos. Son
territoire abonde en foie, en pal*
miers & en bois d'ébène.
JUENCHEU j nom propre d'une
ville de la Chine , dans la province
de Kiangfi , dont elle eft la onziè-
me métropole. On y trouve des
mines d'alun & de vitriol. Il y a
trois autres villes dans foii dépar--
temeot.
JUG
JUG AL i AIE ; adjeaif & terme I
d'Afiacomie. On appelle os ju^al^
Tos de la pommette. Et future ju-
Sfûle , la fagitcale & celle qui unit
e zjgotnz i la mâchoire fupé-
tieure.
JUG A , oa JuGATiNB ; terme de My-
thologie & nom que les anciens
avoienr donné i Junon en qualité
de DéeUè qui préfidoit au mariage.
Elle fnt ainfi appelée du joug , Ju-
gum y que 1 on plaçoit fur les époux
dans la cérémonie du mariage.
JUGATIN i terme de Mythologie.
LesRomains hoooroient deux Dieux
Jtfils appeloieEt/Kfttri/7j ; l'un pré-
doit aux mariages & l'autre aux
fommers des montagnes.
JUGATINE i vipyq Juga.
JUGE 'y fubftantif mafculin. Judex.
Qui a le droit ôc l'autorité de juger.
Dieu tfi It fouverain juge de l'Uni-
vers. VÈglife ^Jijuge de ce qui con-
cerne la doàrine chrétienne.
JuGB , fe dit plus particulièrement
d'un homme prépofé par le Souve*
rain pour rendre juftice aux particu-
liers.
Dans le premier âge du monde
les pères faifoient chacun la fonc-
tion de juges dans leur famille j
lorfqu'on eut établi une puiflance
foaveraine lur chaque nation , les
Rois & autres Princes fouverains
furent chargés de rendre la juftice ;
ils la rendent encore en perfonne
dans leurs Confeils & dans leurs
Parlemens ; mais ne pouvatit expé-
dier par eiuc-mèmes toutes les affai-
res , ils ont établi des ji^ges , fur
lefoniU ils fe font déchargés d'une
partie de ce foin.
Chez les Romains, & autrefois
en France , ceux qui avoient le Gou-
vernement militaire d'une Province
ou d*une ville , y remplifToient en
même temps la fonâion de juges
JUG 141
avec quelques alTeflèar) dont ilt
prenoient confeil.
La fonâion déjuge dans le pre-^
mier Tribunal de la Nation , a tou^^
jours été attachée aux premiers 6c
aux Grands de l'État.
En France elle n'étoit autrefois
remplie au Parlement que par les
Barons ou Grands du Royaume »
auxQuels ont fuccédé les Pairs , ic
par les Prélats y pour y être admis
en qualité de Sénateur ^ il falloit
être Chevalier.
Du temps de Saint Louis > il fal**
loir en général être noble ou du
moins rranc, c'eft-à-dire libre j
pour faire la fonction de juges r
aucun homme coutumier ou villain
ne pouvoir rendre la juftice j cac.
dans les lieux où elle fe rendoit
par Pair , il falloit néceflàiremenc
être Pair^ pour être du nombre des
juges 'y & dans les lieux où elle fe
rendoit pat des Baillis ^ ceux-ci ne
dévoient appeler pour juger avec
eux que des gentilshommes ou de$
hommes francs , c'eft-â-dire des
Seigneurs de fief ^ & quelquefois
des bourgeois.
Il y a différens ordres de juges'
qui font plus ou moins en dignité ,
lelon le Tribunal où ils exercent
leur fonction ; mais le moindre juge
eft refpeâable dans fes fondions ^
étant i cet égard dépoHtaire d'une
partie de l'autorité du Souverain.
L'infulte qui eft faite au Juge
dans fes fonâions Se dans l'auditoire
même , eft beaucoup pi us grave que
celle qui lui eft faite ailleurs.
Le Juge doir auflS peur fe faire
connoître Se fe faire refpedber , por-
ter les marques de fon érat , telle-
ment que fi le Juge n'étoit pas revêta
de rbabillement qu'il doit avoir »
ce qu'il auroit fait feroit nul , com-
me étant réputé fait par quelqu'im
41 JVG
fans caraftèrç i hors leurs fonAîons
& les cérémonies publiques , ils ne
font pas obligés de porter la robe
& autres marques de leur état y mais
ils ne doivent néanmoins paroîcre
en public quen habit décent , & tel
qu'il convieht à la gravité de leur
caraâère.
Les 'Magldrats roqiains étoient
t>récédés dun ceruin nombre de
lifteurs ; en France pluGeurs Juges
ont obtenu la prérogative d'avoir
des gardes. Le Prevot de Paris a
douze Huiûiers a^més de percuifa-
*nes \ Louis XI ayoit aufll donné
vingc*cinq gardes au Prevot de
Bourges , à caufe que ce Prince écoit
tïé dans cette ville.
Tous les Juges ont des Huiiliers
Se Sergens qui les précèdent lorf-
qu'ils entrent au Tribunal ou qu'ils
en fortent pour l^ur faire faire^ place,
& leur faire porter honneur & ref-
peâ *, ces Huiflîers battent ordinai-
rement de la baguette devant le
Î'ribunal en corps , ou devant une
épuration ^ ou devant les premiers
Magiftrars du Tribunal » pour an-
noncer la préfence de ces Juges &
en Hgne de leur autorité.
Les Juges confidérés par rapport
à leur qualité , peuvent ctre diftin-
gués en juges royaux &c en juges de
Seigneurs.
' On appelle juges royaux ceux qui
font prépofés par le Roi dans les
Cours Souveraines j Bailliages , Sé-
néchauflces , Prévôtés , & autres
Juftices royales. Les Juges de Sei-
^gneurs font ceux qui font établis par
les Seigneurs particuliers dans l'é-
tendue de leurs Juftices.
Par rapport aux affaires dont tes
Juges peuvent connoître , on peut
les divifer en j^^ges ordinaires , &
en juges extraordinaires*
Les Juges ordinaires font ceux
Sut de droit commun connoiflènt
e toutes fortes de matières » excepté
de celles qui font attribuées fpécia'
lement à d'autres Juges. Tels font
les Juges des Seigneurs Hauts- Juf-
ticiers , les Prévôts royaux qu'on
nomipe çn quelques endrolrs CAa*
telains , Vicomtes ou Viguiers y les
Baillis & Sénéchaux royaux » & les
Cours de Parlement.
Les Juges extraordinaires font
ceux qui ne peuvent connoître que
de certaines affaires donc la connoif-
fance leur oft atuibuée ps^r les Or^
donnances du Royaume. Tels font
les Juges des Eleâions ^ ceux des
Traites Foraines , les Juges des Ga-
belles , ceux des Amirautés , les
Tréforiers , les Juges des Eaux &
Forets ^ ceux des Chaifes , les Lieu-
tenans généraux de Police , les Ju*
ges des Monnoies^les Connétablies,
Tables de Marbre , Cours des Ai-
des , Cours des Mqpnores > Cham-
bres des Comptes^ les Intendans des
Provinces, dr.
Quelques Juges connoiifenc in-
diftinâement de toutes fortes de
matières de Juftice ordinaire ; mais
feulement jufqu'a une certaine fom-
me en dernier reflbrtj tels font les
Sièges Préfidiaux , les Juges Audi-
teurs duChâteletde Paris, le Siège
des caufes de quarante livres du
Châtelet d'Orléans , 6-c. & tels
étoient autrefois à Rome les Juges
appelés defenfores civitatum , qui ne
pouvoient connoître que jufqu'à la
concurrence de trois cens écus d'or.
Enfin il y a des Juges qui peu-
vent connoître de toutes. (ortes de
matières à quelque fomme qu'elles
montent ,. mais feulement entre
certaines perfonnes« Tels font les
Juges de Privilèges , par exemple,
les Confervateurs des Univerficés ,
ceux des Folies de Champagae &
JVG
ée firi6 ^ les Juges des Requérez de
FHocel ou du Palais y le Grand
Confeil > &c.
Les Juges confidérés par rapport
à la natare de leurs jugeraens , fe
divisent en juges de première inflance
Se en Juges d'appel.
hes Juges de première rnjjtanve font
ceux devant lefqiielson porred^abord
fes coQteftatioAS pour les décider.
Tels font les Juges deSeigueurs , les
Prévôts Royaux, les Juges des Éfec^
non» , ceux^ des Monnoies y des
Gabelles , â^c
Les Juges d^appelSônt cfeux qui
fur ^appellation interjetée par celui
qui prétend avoir été mal jugé par
le Juge de première in ftance , con-
noident une féconde fois^de l'affaire,
& décident fv le Juge de première
inftance a bien ou mal jugé. Tels
font les^ Baillis^ Se Sénéchaux , les i
Tables de Marbre , Se les Cours '
fouveraines.
Quelques-uns de ces Juges font
Juges de première inftance en cer-
mins cas y Se Ju?es d*appel en d'au-
rreSk Tels font Tes Baillis & Séné--
chaux , les Juges Préfidiaux ,8! les
Cours Souveraines en quelques oc-
cafions.-
Oh peut diftinguer lès Juges en
Juges^ à la charge de t appel ,/& en-
Juges en dernier rejfort^
Les Juges à la charge de V appela
fent ceux dont les Sentences peu-
vent être ponées par appel devant
un Juge fupérieur où reUortit Tap-
el de leurs Sentences, comme font
es Juges de: Seigneurs , & les Pré-
vôts royaux , dont les appellations
redbrtifTent devant les Baillis Se
Sénéchaux , les Juges des Élevions
Se ceux des Greniers à Sel & des
Traires- Foraines dont les appels fe
portent aux Cours des Aides \ les
Juges^ Gardes des MonnoieSj.dont
le
lesappeUaûonîs fe portent aux Cours
des Monnoies , & atnfi des auttes.-
Les Juges en dernier rtjfort , font
ceux dont on ne peut appeler, ll^els
fohc les Pré&diaiix lorfqu'ils jugent
au prél9h^ier cfhef de lÉdit ; le Siége^
des caufes de quàratlte livres Si au-
dedous , étabVi- pou¥ ;le Châtdlet
d'Orléans y les Juges- Conluh lorf-
qu'il ne s'agir que de la fôn^me de
cinq cens'^res y ceux Ae$ Éle&ronsJ
lorÊju'il ne s'agit que d'une fomma
de trente livres , t^e.
W Y a- â^s Juges qui en certains^
cas font Jûge^ à la diarge de Tâp-
pel'rt & en d'autres Juges* en der-
nier re(ïort , comme font les Pré-
(idiaux , les Élus » les Officiers des>
Greniers à Sel , les JugesXonfuls ^
&c.
Les Cours fouveraines , cotnihe
font les Parlemens , les Cours des^
Aides , les Cours des Monnoies ,
les Chambres des Comptes Se le
Grand-Confeil , font aufli Juges
en dernier reflbrt Se dans toutes^
fortes de cas indiftinâ:ement ;.mais>
on les qualifie plus ordinairement
de Juges fouverains ^ ce qu'on ne-
E>eut pas dire des Préfidiaux , dans^
e cas même où ils jugent en der->
nier reflorn
lîy a des Juges délégués qui con--
noiflfent de certaines aflFaires j en^
vertu de Commiflions qui leur en^
attribuent la cônnoifTance , comme-*
font les Inteiidans ou CommifTaires*
dépanis dans les Provinces , & au--
très Commiffàires nommés par le-
Roi , qui connoiffènt de certaines^
affaires*, foit de finances ou autres*
Ces Commiffaires jugent ordinai--
rement en dernier relTort , ^ Ton»
ne peur fe pourvoir contre leurs?
jîigemens & ordonnances- qu'aux
Confeil du Roi.-
£nfin on' peut par une^ vue^"
144 fVG
générale dîftinguer en chaqae Ja- 1
ridiâion deux fortes de fondions i
qui font exercées par les mêmes |
Juges : l'une pour les matières ci- 1
viles , & laucre pour les matières
criminelles. Ces deux fondions fe
trouvent non-feulement dans tou-
tes les Juridiâions ordinaites ,
mais auilî dans toutes les autres >
comme les Êleâions , les Mon-
noies , les Cours des Aides , &c.
On ne peut être Jn^e qu'à Page
de vingt-cinq ans > & il y a même
des omces qu'on ne peut pofleder
que dans un âge plus avancé ; mais,
le Roi accorde fouvent des dif-
Îenfes par le moyen defquelles les
uges peuvent être reçus avant l'âge
requis , 8c alors ils peuvent bien
nfllfter au rapport & au jugement
des ^ffaîres » mais ils n'ont pas
voix dclibérative, 11 n'y a d'excep-
tion qu'en faveur des Rapporteurs ,
lefquels quoique n'ayant point en-
core l'âge requis , peuvent néan-
moins rapporter & opiner dans les
affaires dont ils font Rapporteurs.
Tel eft lufage obfervé au parle-
ment de Paris.
II rij a que les Cours fouverai-
nés qui puidènt ou commettre ou
déléguer un Juge, pour faire l'inf-
truâion d'une affaire , entendre des
témoins , recevoir des affirmations^
nommer des experts ; &c. ni les
Préfîdiaux , ni toute autre efpèce
de Magiftrat ne le peuvent ; ils
^dreflfent feulement des commif-
(ions rogatoires» Se jamais des Ju-
ges royaux n'en adreffent à ceux
des feigneurs, mais feultfUent au
plus prochain Juge royal de l'en-
droit où il s'agit d'inftruire.
Les Cours fupérieures ne font
pas non plus dans l'ufage de com-
mettre des Juges de feigneurs , pas
mêoïc des Dwhh * pairie » c'eft ^
JUG
toujours un Juge royal qu'elles
commettent.
Le Juge doit rendre la juftice
dans l'auditoire ou autre lieu def-
tiné a cet ufkge ; il peut feulement
faire en fon hôtel certains aâ:es tels
Îiue les tutelles ^ curatelles & ré-
érés.
Les anciennes ordonnances dé-
fendent aux Juges de recevoir au-
cune follicitation ; mais ces difpo-
(itions ne font plus fuivies , '& ce-
(>endant il feroit très à défirer qa'el*
es le fuffent ; car quel eft le Ma-
giftrat quelque intégre qu'il foit »
qui pui^e raifonnablement croire
qu'il ne fe laidera point prévenir fi
l'on a la pcrmiffion de lui déguifer
la vérité par des foUicitations infi-
dieufes.
On obfervoit auffi autrefois en
France , comme chez les Romains,
que nul ne fur Juge dans fon pays »
afin que le Juge ne fût point détour*
né de fon devoir par des motifs de
confidération pour fes partns , al-
liés 9 amis y voifins ou autres per«
fonnes à lui connues.
anciennement les Juges dévoient
être i jeun pour juger ^ c'eft la dif^
pofition d'un çapituTaire de Charle-
magne de l'an 8x t , & d'un concile
de Rheims de l'an 8 1 } , ce qui ne
s'exige plus y on obferve feule*
ment que les procès criminels
fe voient le matin Ôc non de
relevée , & les Juges ne font pas
obligés d'être à jeun même pour
juger ces fortes d'affaires } mais la
prudence veut que s'ils déjeunent »
ils le faKTent fobremenr.
Quant au nombre des Juges qu'il
faut pour rendre un jugement^ cela
dépend des tribunaux & de la na-
ture des aflfaires.
Dans les juftices feigneuriales Sc
datis Us petites juftices royales » il
JUG
n'y a ordinalretnenr qu'un feul Juge '
pour rendre une fencence ; mais
dans les affaires criminelles il en
faut au moins crois , de force que
s'il n'7 en a pas , le Juge appelle
a^ec lui deux gradués.
Au Châcelec de Paris , il fauc
du moins cinq Juges pour rendre
une fencence en la Chambre du
ConfeiL
II y a quelques tribunaux qui ne
peuvent juger qu'au nombre de
cinq , tel que le Confeil fouverain
de Rouflillon.
Les Préfidiaux ne peuvent Juger
qu'au nombre de fept ^ autrerois il
talloic y être au nombre de douze
Se même treize pour juger une pro-
pofîrion d'erreur , ce . qui a été
abrogé.
Les Parlemens de Grenoble, d'Aix
& de Dijon jugent au nombre de
fept , comme font aufli les Maîtres
des Requêtes au Souverain ; le Par-
lement de Paris ne juge qu'au nom-
bre de dix. ^
Au Confdl du Roi , il n'y a
point de nombre fixe de Juges pour
rendre un arrêt.
Les Juges doivent écouter avec
attention les Avocats & Procureurs
àes parties j ou celui d'entre eux
qui fait le rapport de l'affaire ^ ceux
qui ont manqué d affifter à quelque
plaidoirie ou i une partie du rap-
port » ne peuvent plus être Juges
pour cette affaire.
Il n'eft pas permis au Juge de ré-
former lui-même la fencence ^ elle
ne peut êcre réformée que pao un
Juge fupérieur \ cefk pourquoi Phi-
lippe de Macédoine aima mieux
payer l'amende en laquelle étant
endormi il avoic condamné un hom-
me , que de révoquer fa fencence.
Les Juges qui manquenc à leur
devoir ou qui prévariquen; dans
JUG 145
leurs fonâkièns font fujecs à di-
verfes peines.
Nous voyons dans l'anciquicé que
Cambyfe Roi de Perfe , fie écor-
cher un Juge pour avoir jugé fauf-
fement ; Arcaxerxès craica de même
de mauvais Juges , & fit affeoir fur
leurs peaux leurs fucceffeurs.
Les anciennes ordonnances du
Royaume jveulent que les Juges
qui ne feronc pas le procès aux dé-
linqaans , foienc cenus de payer le
dommage.
Dans les pays coutumies» lorf-
qu'on feplaignoic d'un jugement ,
on incimoic le Juge pour voir infir-
mer ou confirmer le jugement » Ce
l'on ajournoit la partie y & iorique
le Juge avoir mal jugé on le cQti-
damnoic en l'amende^ préfencement
on n'incime plus que la partie qui a
obtenu la fentence , à moins qu'il
n'y ait des caufes pour prendre le
Juge à partie ; il eft feulemenc redé
de l'ancien uiage que les Juges du
Châtelet afiiftent a l'ouverture du
rôle de Paris*
II n'eft pas permis aux Jugi^s de
fe rendre adjudicataires des biens
qui fe vendent en leur fiége, qu qui
s'y donnent à bail judiciaire ^ ils
doivent auflî obferver toutes les
bienféances qui conviennent â leur
état.
Les anciennes ordonnances dé-
fendoient aux Sénéchaux, Baillis
& autres Jugesde recevoir pour eux
ni pour Içurs femmes & enfans au-
cun préfenr de leurs jufticiables, i
moins que ce ne fuflenc àts chofes
â boire ou à manger que Ton pût
confommer en un feul jour^ ils ne
pouvoient pas vendre le furplus
fans profufion , encore ne dévoient*
ils en recevoir que des perfonçes
riches , & une fois ou deux Tannée
feulement ; s'ils recevoient du vin
T
À
i4<$ J U G
en préfenc , il fallotc que ce fut en f
barils ou bouteilles ; telles étoient |
' les difpofitions de l'ordonnance de
Celle d'Orléans » article 4; ,^
{^ermetcoit aux Juges de recevoir de 1
a venaifon ou gibier pris dans les
forêts & terres des Pnnces & Sei-
gneurs qui le donneroient.
Mais l'ordonnance de Blois dé-
fend à tous Juges de recevoir aucun
don ni préfenc de ceux qui auront
affaire i eux.
Le miniftère its Juges devoir
donc être purement gratuit , com-
me il l'eft encore en effet pour les
affaires d'iaudience ^ mais pour les
«iffaires appointéesjl'ufage ayant in^
croduit que la partie qui avoit ga-
gné fon procès faifoit préfent à fes
Juges de quelques boîtes de dra-
gées & confitures sèches que l'on
appeloit alors épiccs ; ces épices
furent dans la fuite converties en
argent.
Les Juges font auflî autorifés si
fe faire payer des vacations pour
leurs procès-verbaux , 8c pour les
affaires qui s'examinent par des
Commiuaires.
Tous les Juges , même ceux des
feigneors » doivent être catholiques
romains.
Dans les affaires mixtes où TÈ-
glife & rÉtat prennent intérêt^ &
dans lefquelles il ne s'agit point de
, la foi , le Magiftrat politique eft
le fouverain arbitre.
Tous les Juges des juridiftions
dépendantes des domaines engagés
font réputés Juges royaux. Ils |ottit
fent des mêmes privilèges, & con-
noiflènt comme eux des cas royaux ,
à caufe de l'efpérance du retour ;
mais c'eft l'engagifte qui doit payer
leurs: gages & fupporter les autres
JUG
frais que l'adminiffration de Fa )U&
tice occafionne.
L'engagifte prcfente au Roi Ub-
Officie rs qu'il juge à propos de nom-
mer , & Sa Majeftc leur accorde
des provifibns fur cette nomination»
Ces officiers ne peuvent être def-
titués ni révoqués , parce qu'il netk
pas au pouvoir de l'engagifte d'efe-
{►êcher^ encore moins d'anéantir
'effet des provifions que le Roi ac--
corde.^
C'eft la réception » le ferment 8c
l'inftallacion qui donnent au Juge
te cara&ère de l'autorité publique t
les provifions ne font que le prépa^
rer à recevoir ce caraâère ^ elles ne*
l'aiitoriferoientpoint à faire aucune
fonâion fans la réception.
Le droit de nommer des Officiers^
pour exercer la jùftice dans les }uf-
tices feigneuriales ,.eft regardé com-
me faifant partie des revenus da
fi^ef y c'eft pour cela que la nomina*
rion de ces Officiers ( dans lefquels
on ne comprend pas ordinairemenc .
les Procureurs y parcequ'on ne le»
regarde pas comme Officiers dans^
les juftice» feigneuriales ) appartient
i rufufruitier , exclufîvemenc aa
{propriétaire , au nom duquel ôr par
equelles provifions doivent néan-*^
moins être données fur la préfen-
tation que lui fait l'ufufruitier fans^
pouvoir les refufer*
Le mari commun en biens avec
fa femme , peur nommer les Juges-
& Officiers des terres de fa femme.-
il peut de même nommer ceux des-
terres qui appartiennent à fa fem-
me , & qui compofent le fonds de
£1 dot dans les pays où la commu-
nauté de biens n'a pas lieu ; mais il
ne peut pas nommer ceux des terres
de fa femme féparée ou noîi com-
mune en biens > iii ceux des cènes
40Q fiefs donc fa femme jouir i com«
'Ine de biens parapheraaux.
La nomination aux offices dépen-
dans des terres d'un pupille appar*
tient â fon tuteur.
Le curateur d'un interdit pour
démence peut auffi nommer aux
offices attachés aux terres de fon
pupille.
La nomination aux offices dépen-
dans d'une terre qui appartient â
une fucceffion acceptée par béné-
fice d'inventaire » appartient à l'hé-
tirier bénéficiaire.
L'acquéreur d'une terre fous fa-
culté de rachat ^ouit du droit d*en
nommer les Officiers , tant que la
faculté n*e(l pas exercée j mais ce
droit n'appartient point au fermier
judiciaire.
11 n'appartient pas non plus au
fermier conventionnel , i moins
qu'il ne lui foit exprellémenc ac-
cordé par fon bail } & fi la faculté
lisi en eft accordée, il ne peut l'e-
xercer que comme mandataire ,
parcequ^on regarde le droit d'inf-
cL tuer des Officiers comme perfon-
nel & non ceffible.
Les Juges des feigneurs peuvent
êf re deftitués ad nutum , a moins
qu'ils n'aient payé une finance pour
leur office , auquel cas ils ne peu-
vent être deftitués qu'en les rem-
bourfanr.
A l'égard des Juges royaux , ils
ne peuvent plus être deftitués de-
puis la vénalité des charges , que
pour malverfation.
Tous les Juges des Sièges redbr-
tiflans au Parlement , doivent être
licenciés ic reçus au ferment d'A-
vocat.
Quand le Juge d'une jùridiâion
eft abfent , ni Tes officiets , ni les
gradués ou praticiens des Juftices
voifines ne peuvent le lui eu fubf-
ticuer un autres k% fondions fon^
dévolues aux /euls gradués ou pra-
ticiens «cmes du Siège vacant ;
mais feulement dans les affairc^s où
la religion , le Roi , la Police , les
Communautés , les mineurs font
incéreifés , & où il eft néceiïàire que
le Miniftère Public donne des con-
clufions ; car dans les autres ma-
tières les fondions des Juges font
dévolues au Procureur du Roi , (1
c'eft un Siège royal \ ou au Procu-
reur fifcal , fi c'eft une Juftice de
feigneur.
11 eft défendu à ceux qui ont le
t mouvoir d'inftituer & de deftituer
es Juges » d'ufer de ce pouvoir
pour donner un certain Juge i une
certaine caufe ; cette règle a lieu
même contre les Evcques à qui il
n'eft pas plus permis de donner un
officiai particulier pour une caufe»
qu'à un feigneur de donner un Juge
particulier pour une affaire-
Le pouvoir des Juges des fei<-
Î;neurs eccléfiaftiques ne finit ni par
a mort ni par fa réfignation des
bcnèficiers qui les ont nommés j ils
conferyent leur caraâère & leur
autorité jnCqu'à ce qu'ils foient def^
titués par le nouveau bénéficier, &
ils peuvent appofer (celle & faire
inventaire des effets du feigneur
ecclèfiaftique , s'ils en font reguis.
Juge d'armbs , fe dit d'un Officier
royal établi pour conpoître de toutes
les conteftations & difFérens qui
arrivent à Toccafion des armoiries »
circonftances & dépendances , &
. pour drelTer des regiftres dans lef-
quels il emploie le nom & lés ar«
mes des perfonnes nobles & autres
qui ont droit d'avoir des armoiries.
Cet Officier a fuccédé au Maré-
chal d'armes y qui fut établi par
Charles Vlll en 1487 , pour écrire ,
peindre & blafonner dans les regif*-
T ij
14S
JUG
très publics > le nom & les armes
de routes les perfonnes qui avoienr
droit d*en porter* /
La NoblefTe de France animée du
même efpric , fupplia le Roi Louis
XIII de créer un Juge d'armes ; ce
quil fit par Edit de Janvier i6i$ y
lequel lui donna plein pouvoir de
juger des blafons, fautes St méféan-
ces des armoiries , Se de ceux qui
en peuvenc & doivent porter , &
des difFérens â ce fujet , à l'exclu-
ûotï de tous autres Juges , voulant
Sa Majefté que les Sentences & Ju-
gemens de ce Juge reffbrtiflènt nue-
ment devant tes Maréchaux de
France.
L'office de Juge £ armes fut fup-
primé en i^^G , & en fa place on
créa un Grand- Maître de larmoirie
eénéral ^ pour juger en dernier ref-
, tort l'appel des Maîtres particuliers
qui furent auffî créés dans chaque
Province ; mais ces Officiers furent
eux-mêmes fupprimés en 1700 ; &
par Edit du mois d'Août x 707 celui
de Juge alarmes fut rétabli.
On appelle Juge délégué ^ celui
qui eft commis pour connoître d'une
affaire particulière.
En rermes de Mythologie or\ ap-
pelle Juge des Enfers , trois enfans
de Jupiter , établis aux Enfers pour
j juger les hommes après leur
morr.
Platon dit que quand Jupiter »
Neptune ic Pluton eurent pattâgé
le Royaume de legr père j ils or-
donnèrent que les hommes prêts à
quitter la vie , fufTent jugés pour
recevoir la récompenfe ou te châti-
ment de leurs bonnes ou mauvaifes
aâions y mais comme ce jugement
fe rcndoit à l'itiftant qui précédoit la
mort 2 il étott fujet k de grande»
JUG
injuftices. Les Princes fadueux,
Îuerriers , defpotiques , paroifToieni
evant leurs Juges avec toute la
pompe & tout l'appareil de leur puif-
lance , les éblouifToient & fe fai-
foient encore redouter,enforte qu'ils
pafToient fouvent dans l'heureux fé^*
jour des Juftes. Les gens de bien au
contraire , pauvres & fans appui »
étoient encore expofés à la calom-
nie y & quelquefois condamnés
comme coupables. ~
Sur les plaintes réitérées qu'en
reçut Jupiter , il changea la forme
de ces jugemens \ le temps en fut
fixé au moment mène qui fuit la
mort. Rhadamante & Eaque fes
fils furent établis Juges \ le preniier
[>our les Afiatiques & les Africains »
e fécond pour les Européens , &
Minos fon treifîème fils étoit au^-
defTus d'eux » pour décider fouve*
rainement en cas d'incertitude.
Leur Tribunal fut placé dans un
endroit appelé le champ de la vérité^
parceque le menfonge & la calom-
nie n'en peuvent approcher : ilaboui-
tit d'un coté auTartare, & de l'au-
tre aux Champs Élifées. Là compa^
roit un Prince dès qu*il a rendu le
dernier foupir } là, ditSocrate^ il
comparoît dépouille de toute fa
Srandeur , réduit à lui feul »* fans
éfenfe » fans proteâion ^ muec &
tremblant pour lui-même ^ après
avoir fait trembler la terre. S'il efk
trouvé coupable de fautes qui foient
d'un genre d pouvoir être expiées »
il efl relégué dans leTartare pour un
temps feulement» &avecafsûrance
èitTi for tir quand il aura été fuffi-
famment purifié. Tels étoient aufli
tes difcours des autres fages de la
Grèce.
Juge , fe dit auffi de quelqu'un qui
fans autorité publique eltchoifi pomt
JUG
trbitre par des parties , afin de ter-
miner leur différent. Nous pouvons
le prendre pour Juge. Il n'y a qu'à
prier Madame d'être notre Juge,
On dit auflî , les fens font juges
de cela ; l'œil y t oreille en eftjugc.
On dit encore ,» qcLune perfonne
cft juge d'unt chofe ; poiir dire ,
qu elle eft capable d'en porter juge-
ment. // e/i bon juge d'une pièce de
théâtre. Ce /ont des matières dont il
n*ejl pas trop ton juge.
On appcloit autrefois Juge botté ^
un Juge qui n'étoit pas gradué. Et
il fe dit aujourd'hui par dénigre-
• ment , de ceux qui jugent fans lu-
mières & fans étude.
On dit proverbialement , de fou
Juge briève Sentence ; pour dire , que
les ignoransfoni ordinairement ceux
qui décident le plus vite , fans exa-
miner mûrement les chofes.
Juges , fe dit dans l'ancien Teftament,
de ceux qui eouvernèrent les Ifraé*
lites depuis Jofué jufqu'à Saiil. Les
Carthaginois , colonie des Ty riens ,
avoientaufll des Magiftrats ou Gou-
verneurs qu'ils appeloient Suffétes
ou Sophétim , ayant comme ceux
des Hébreux une autorité prefqn'é-
gale à celle des Rois. Quelques-uns
croient que les Archontes ches les
Athéniens % & les DiSateurs chez
les Romains , étoient â peu près la
tncme chofe que les Juges cnez les
Hébreux. Grotius compare le gou-
vernement des Hébreux fous les Ju-
ges » i celui qu'on voyoit dans les
Gaules , dans l'Allemagne & dans
la Bretagne > avant que les Romains
l'euffcnt changé.
Leur charge n'ctoît point hérédi-
taire ,' elle étoit à vie , & leur fuc-
cefCon ne fut ni toujours fuivie , ni
fans interruption ; il y eut des Anar-
, chies & de longs intervalles de fer-
vitude^, durant lefquels }e$ Hébreux
JVC f4j
n'avoient ni Juges , ni Gouverneurs
fuprcmes : quelquefois cependant
ils nommèrent un Chef pour les
tirer de l'oppreffion j c'eft ainfi qu'ils
choiCrent Jephthé avec un pouvoir
limité, pour les conduire dans la
guerre contre les Ammonites ; car
nous ne voyons pas que Jephthé ni
Barac ayent exercé leur autorité au-
delà du Jourdain.
La pui (Tance de leurs Juges en
général ne s'étendoit que fur les af-
Faites de la guerre , les traités do
f)aix , & les procès civils j toutes
es autres grandes affaires étoient du
diftriâ du Sanhédrin : les Juges né^
toient donc , à proprement parler ,
que les Chefs de la République.
Ils n'avoient pas le pouvoir de
faire de nouvelles lois , d'impofac
de nouveaux tributs. Ils étoient pro-
teéteurs des lois établies , défen*
feurs de la Religion , & vengeurs
de ridolârrie ^ d'ailleurs fans éclata
fans pompe, fans gardes, fans fuite»
fans équipages , a moins que leurs
richeiles perfonnelles ne les mifîenc
en état de fe donner un train con*
forme à leur rane.
Le revenu de leur charge ne con-
fiftoit qu'en préfens qu'on leur fai-
foit ; car ils n'avoient aucun émo'
lument réglé > & ne levoient rien
fur le peuple.
La auree du temps des Juges , de«
puis la mort de Joiué jufqu'au corn*
mencement du règne de Saiil , eft
de trois cent trente-neuf ans.
On appelle Livre des Juges , le
feptième Livre de l'ancien Tefta-
ment , qui contient l'hiftoire des
Juifs , depuis la mort de Jofué juf-
qu'à la naifTance de Samuel.
Ce Livre que l'Eglife reconnoîc
pour canonique , eft attribué par
quelques-uns i Phinéès ; pat d'au*
tres^à Efdras ou à Ézéchias ^ & |^
ija JUG
d'autres à Samuel ou i tous les Jau-
ges qui auroient écrit chacun l'hif-
coire de leur temps Se de leur judi-
cature i mais il paroîc que c'eft lou-
vrage d'un feul Auteur , & qui vi-
voit après le temps des Juges. Une
preuve fenfible de ce fentiment ,
c*eft quau chapitre i, au verfet lo
& dans les fuivans , il fait un précis
de tout le Livre , & en donne une
idée générale. L'opinion qui l'attri-
bue â Samuel, fe foutient atTez bien,
i^. L'Auteur vivoic dans un temps
où les Jébufcens étaient encore mai-
très de Jérufàlem, & par confé-
quent avant David, a^. H garoit
qu'alors la République des Hébreux
ctoit gouvernée par des Rois, puif-
que l'Auteur remarque en plus d'un
endroit fous les Juges , qu'alors il
n'y a voit point de Roi dans Ifraël.
On ne laitfe pas de former contre
ce fentiment quelques difficultés
conHdérables. Par exemple il eft dit
dans les Juges chap. 18 , jo, 51 ,
^ue les en/ans de Dan établirent Jo-
nathan & fes fils , Prêtres dans la
Tribu de Dan , jufquau jour de leur
captivité ; & quel'idoU de Micha de*
meura che:^ tux , tandis que la Mai-
fon du Seigneur fut à Silo. Le Ta-
bernacle ou la Maifon de Dieu ne
fut à Silo que jufqu'au commence-
ment de Samuel \ car alors on. la
tira de Silo , pour la porter au camp
où elle fut prife par lesPhiliftins \ Se
depuis ce temps elle fut renvoyée à
Cariath-Iarim. Quant à la captivité
de la Tribu de Dan , il femble qu'on
ne peut guère l'entendre que de celle
qui arriva fousTéglatbphalaflar Roi
d'AflTyrie , plufieurs centaines d'an-
nées après Samuel , & par confé*
quent il n'a pu écrire ce Livre > à
moins qu'on ne reconnoifTe que ce
pafTage y a été ajouté depuis lui ;
ce qui n'eft nullement incroyable ,
JUG
paifqu^Dn a d'autres preuves 8c d*aa^
très exemples de pareilles addi-
tions faites au texte des Livres
facrés.
JUGÉ , ÉE j participe paffif. f^aye^
Juger.
Le Juge d'appel dit , ikn juge
mal appelé , mal jugé bien appelé 9
lorfqu*il confirme ou catTe la Stxk^
tence d'un Juge fubalterne.
JUGEMENT ; fubftantif mafculin.
Décifion prononcée en Juftice.
Tout Jugement doit être précédé
d'une demande \ 6c lorfqu'il inter*
vient fur les demandes & défenfes
des parties , il eft contradi&oire ;
s'il eft rendu feulement fur la de-
mande , fans que l'autre parrie aie
défendu ou fe préfente , alors il eft
par défaut ^ ôcf\ c'eft une affaire ap-
pointée , ce défaut s'appelle un Jju^
gement par forclufion : en matière
criminelle » c'eft un Jugement de
contumau.
Les Jugemens font ou interlocu-
toires ou diffinitifs.
Les Jugemens interlocutoires font
ceux qui ne décident pas le fond des
conteftations , mais qui ordonnent
une inftrudtion ou une provifîon.
Les Jugemens diffinitifs font ceux
Î[ui jugent le fond de la queftion
ur laquelle les parties font divifées.
Les Jugemens rendus fur produc-
tion des parties » qui condamnent
à des intérêts ou i des arrérages ,
doivent en contenir la liquidatioa
ou le calcul.
Les fommes pour condamnations,
taxes , falaires , redevances & au--
tres droits , doivent être exprimées
dans les jugemens ainH que dans les
conventions 8c autres aébes , pat
livres , fous & deniers > & non par
parifis ou tournois.
Celui quia préfidé au Jugement »
doit â l'iflue de l'audience > ou dans
le même toar , voie ce qne le Gtef- 1
fier a réaigé , fîgner le plumitif >
& parapher chaque ^ntence> Ju-
gement ou Arrêt.
Les Jugemens doivent «être dates
du jour qu'iU ont été arrêtés , fans
qu'ils ptuiTenr avoir d autre date ^ &
lorfque le Jugement eft rendu en
procès par écrit , le jour de TAtrêt
doit être écrit de la main du Rap-
porteur, enfuite du i/i£fi//iz ou difpo-
fitif , avant de le mettre au greffe.
Les Arrêts , Sentences & Juge^
mens , pour avoir kuc effet , doi*
vent être ûeniiîés aux parties contre
lefquelies ils ont été obtenus , ou ài
kurs Procureurs j au cas qu'il y ait
Procureur conftirué lorfque ces Jo-
gemensont été rendus en procès par
cccîf , foir par fbrclufion , foie fur
produâions rèfpeâives des parties ^
suais les Jugemens rendus contra-
diâoirement à Taudience en matiè-
re d'hypothèques., faifies& exécu-
tions , Se autres ^hofes , ont tout
leur effet , quoiqu'ils n'ayent point
été fignifiés.
Les JugenMDS ne peuvent être,
fignifiés à la partie , s'ils n'ont été
préalablement figntités à fon Procu-
reur , au cas qu'il y en ait un de
conflitué.
Il y a plufieurs cas ou les Juges
peuvent prononcer fur des provi-
sions demandées 'dans le cours d*4ine
snftance. Par exemple fî quelqu'un
étanr pourfuîvi par voie de faifie
pour l'exécution d'un contrat liti-
gieux » demande que par provifion
il lui (bit adjugé une fomme pour
fa nourriture , ou autre cas fembla-
ble } alors le Juge peut prononcer
féparément & par un Jugemenr par-
ticulier fur la provifion demandée ,
quand l'inftance fur le fond n;'eft
point en érar d^être jugée ; mais fi
les iaftancef for k proviiipn Se iur
JUG 151
la di£Snitiv« iCbnt en même temps en
état , les Juges font tenus d'y pro-
noncer par un feul & même Juge-
ment , & dans ce cas ils peuvent or**
donner l'exécution provifoire de
leur Sentence en cas d'appel, en
donnant caution lorfqu'il échoit de
juger par provifion.
Les Jugemens rendus par les Ju-
ges font ou paffis en force de chofe
Jngee , ou ils font attaqués par la
voie de TappeL
Les Sentences Se Jugemens pafîés
en foras de /chofc jugée , font ceux.qui
ont été rendus eu dernier refibrt^
& dont il n'y a point d'appel , ou
dont rappel n'efl: pas rccevable »
foit que les parties y ayent formeU
lement acquiefcé , ou qu'elles n'en
ayent point interjeté appel dans le
temps marqué par l'ordonnance , ou
que l'appel ait été déclaré péri.
Lorîqu'il s'agit de mettre à exé-
cution un Arrêt hors de l'étendue
du leiTort du Parlement qui l'a ren-
du ^ . on peut obtenir un pareatis du
5;rand iceau en vertu duquel on peut »
aps demander permiflion à aucun
Juge , mettre cet Arrêt â exécution
en quelque lieu que ce foit , ou
obtenir un vareads de la Chancelle-
rie du Parlement dans l'étendue du-
guel il doit être exécuté , que le»
rardes des feeaux font tenus de
fcelles â peine d'interdiâiion , fans
entrer en connoifTance de caufe ; ou
bien on peut au lieu de pareatis ,.
f>rendre une permiflion du Juge^des
ieux où l'Arrêt doit être mis à exé-
. cution.^
Si une partie a été condamnée par
Arrêt ou Jugement paffe en force
de chofe jugée , à délaifTer la pof-
ftflSon d'un héritage , elle efl: tenue
.de le faire dans la quinzaine après
la figniftcarion de l'Arrêt ou Juge -
.naen&y faire à per£;)nne ou à domi»
15^ JUG
cile , i peine de deux cens Uvres
d amende , &c. & faute par elle de
le faire , elle peur y être condamnée
par corps.
Ec fi cerce condamnation n'a été
f prononcée contre la partie, qu'en
ui rembourfant quelques fommes ,
efpèces, impenfes ou améliorations,
elle ne peut erre contrainte à quitter i
rhéritage qu'après avoir été rem-
bourféç , & â cet effet elle eft renue
de faire liquider les efpèces, im-
penfes ou améliorations , dans un
délai qui doit lui être donné par
l'Arrct ou Jugement » finon l'autre
partie doit être mife en pofTeffion
des lieux , en donnant caution de
payer ces fommes , impenfes , &c.
nprès qu'elles auront été liquidées.
L'article 7 du titre 27 de l'ordon-
nance de 1 66y porte : << Que le pro-
M ces fera fair extraordinairement â
» ceux qui par violence ou voie de
P> fait empêcheront l'exécution des
M Arrêts ou Jugemens , & qu'ils doi-
» vent en outre être condamnés en
9» 200 livres d'amende, êç aux dé-
»9 pens Se intérêts des patties. *»
Quand il y a plufieurs Juges qui
afliftent au Jugement , il doit être
formé â la pluralité des voix : en cas
d'égalité il y a partage ] 6c fi ç'eft en
matière criminelle , il faut deux
voix de plus pour départager : quand
il n'y en a qu'une , le Jugenaent
pafie à l'avis le plus doux.
On diftingue deux parties dans un
Jugement d'audience , les qualités
tfcTe difpofitif.
Les Jugemens fur procès par écrit,
outre ces qualités , ont çnpôre le vu
;ivant le difpoficif.
Le Juge doit rendre fon Juge-
pienr fur ce qui a fait l'objet de la
jponteftation entre les parties*
Il 4piF pïoRoqcçi: (iir çpu^çç.lçs
>,
JUG
demandes des parties ; mais quand
il y a plufieurs chefs de demande ,
il peut juger diflSinitivement quel-
Îues-uns de ces chefs , & rendre un
ugement interlocutoire à Tégard
des autres.
Il ne doit point adjuger aux par*
ties plus qu'elles n'ont demandé.
Les Jugemens doivent être clairs»
cisrtains & précis , de manière qu'il
ne puifie y avoir aucune ambiguïté
ni incertitude. '
Quand un Jugement eft une fois
rendu , il n'eft plus permis de le
changer , fi ce n'eft fur le champ «
& avant que ce Jugement ait été ar^
rêté & figné.
On appelle Jugement arbitral ^ ce*
lui qui eft rendu par des arbitres }
Se prernicr Jugeme(it , celui qui eft
rendu par le premier Juge , c'eft-à-
dire , devant lequel l'affaire a été
portée en première inftance • Et Ju^r
gementde mort^ celui qui condamne
• â mort un criminel.
En Théologie on appelle Jugement
doSrinaiy une décifion qijfi a été ren-^
due par des perfonnes qui n'ont
point une autorité fufEfante pour
prononcer un jugement juridique ,
définitif ou déciiu. Les Doâeurs Se
les Théologiens ne peuvent porter
que des Jugemens doârinaux furies
queftions qui leur font propofées.
Le Pape feul & les Évcques ont
reçu de Dieu , le droit de rendre de%
Jugemens décififs en matière ecclé-
fiaftique & rhéologique.
On a appelé Jugement de la croix ^
une de ces épreuves que l'on faifoit
anciennement, dans l'efpérance de
découvrir la vérité» Ce Jugement
confiftoit ï donner gain de caufe à
celle des deux parties qui tenoit le
plus long-temps fes bras élevés en
croix. Et l'on appeloit Jugement de
J3içt(, I les épreuves oui fe faifoieni^
l
JUG
n r^aa bouillante & autres fem- 1
iabtes ^ dont Tafage a duré jufqu'à
Charlemagne.
On donnoic aufli le même nom i
Tcpreuve qui fe faifoit par le duel j
donc i'ufage ne fut aboli que par
Henri IL
Le nom de Jugement de Z)iett,que
1 on donnoit â ces différentes épreu-
ves, vient de ce que Ton étoit alors
perÂiadé que le oon ou le mauvais
luccès que l'on avoir dans ces fortes
d'épreuves , éroit un Jugement de
Dieuyqm fe déclaroit toujours pour
l'innocent.
On dit encore , les jugemens de
Dieu i pour dire , les décrets de fa
jullice. Ce ferait une grande témérité
de vouloir approfondir les jugemens
de Dieu, Un jujle jugement de Dieu.
On dit aufli , le jugement ; pour
dire , le Jugement dernier auquel
Dieu jugera les vivans Se les morts.
JL'Écrirure nous indique les (ignés
précédens , les circonftances , les
luires ôc les effets de ce Jugement.
i^. Lésines précédens {ont h pté'
dication de l'évangile annoncé par
toute la terre , Tapoftafie d'utie infi-
nité de Chrétiens féduits par TÂnte-
Chrift , la venue du Prophète Elie »
la converfion des Juifs.
2**. Les circonftances prochaines ,
le foleil obfcurci ^ la lune teinte de
couleur de fang^ l^s étoiles déta-
chées de la voûte des Cieux , les
Vertus céleftes ébranlées y le Fils de
rHomme revêtu de puilTance & de
jDajefté porté fur les nues , & def-
cendanc fur la rerre pour juger les
vivans & les morts. Par les vivans
on doit entendre ceux qui étant en*|
core en vie lors du Jugement, mc^ur-
ront pour reflufciter auflîtôc , & être
jugés. Alors le Fils de l'Homme
paroîtra aflis fur le Trône de fa Ma-
jeilé. Toutes les Nations comparoî-
Tome Xr.
JUG 153
tronr i ion TribunaL Les Apôtres
félon la promeflê de Jéfus-Ckrift ,
jugeront avec lui les Tribus dlfraël.
Les aâions de rous les hommes fe-
ront examinées au poids du Sanc«
tuaire. Chacun recevra la récom*
penfe de fes bonnes ou mauvaifes
aâions.
5^« Les faites & les effets^ Les
bons feronr iéparés des méchiins.
Les premiers enrreront dans le
Royaume de gloire & de félicité »
3ui leur a été préparé dès la création
u monde. Les autres feront ptéci-
pi tés dans un feu éternel. L'embra-
ieœent du monde fuivr a ; & dans
le bruit d une effroyable rempète ,
dit l'Apotre Sainr Pierre , les cieux
paiFeront , les élémens fe diflbu*
dtont , la terre avec tout ce qu'elle
contient fera confumée parle feu »
& le monde reprendra une face
toute nouvelle.
Ce fujet terrible a été traité par
pliifieurs Peintres , dont les ouvra-
ges ont pour cette raifon été appelés
le jugement ou le jugement dernier, ou
le jugement univerfeL Le premier qui
ait couru cette carrière , eft André
Orgagna né à Florence enij 19 .Doué
d'une imagination vive 5:d *unegran«
de fécondité pour Texprefllon, il ofa
peindre dans la Cathédrale de Pife
le jugement univerfel » aulH forte-
ment que (Ingulièrement. D'un côté
fon tableau repréfentoit les Grands
de la terre plongés dans le' trouble
des plaiûrs du (îècle } d'un autre
côté régnoit une folitude où S. Ma-
gloire fait voir à trois Rois qui fonr
a la chafTe avec leurs maîtreues > les
cadavres de trois autres Princes^ ce
que l'Ârtiflie exprima fi bien , que
l'étonnement des Rois qui alloient
chaûTant , étoit marqué fur leur vifa-
ge. U y en avoit un qui en s'écar-
tant fe bouchoit le nez , pour ne pas
V
iij-4 TV G'
fentit la puantear de ces corps i de-
«li-poarris. Au milieu da tableau
Orgagna peignit la more avec fa
fauTx » qui ^onchoit lacerre de gens
de roue agez&.deeoatrang^, de 1-un
& de Tautre fcM , qu elle ctcndoit
ifnpitoyablement. à fes pieds. Au
haut du tableau paroiffbit J^fi^f"
Chrifi auimitieu de fes^douise Apô-
tres affis fur des nuages tout en feu ;
mais TAftifte a voit principalennent
affeâé de repréfenter d'une manière
reflemblante , fes intimes amis dans
JîUG
porté pat fon asèle mît i mort- o»
Ifraélite. c^\ vouloit. factifict aux
faux. Dieux. .
Les. inconvAiiens. de cette, forte;
de jugement de zèle, (but fenfibles..
Une. multitude inconfidéiie, unlf-
raclîte outré , un fanatique fe croira,
permis de faire périr un homme,
qu'il imaginera contraire aux inté-
rêts de Dieu& de la Religion. Les.
exemples nTcn font qiie.tropfréqjiens^
dans rhiftoîre*.
XuGBMENT, fe prend auffi pour avis ,
«(Temblyte. fes intimes «msdan^^ - fc^^^ent.. opinion. llfondoU fon.
Ugloiceda Paradis, &par«Uement -^ j-^^„ ^ y,^ lui ««^ç,
f«s Muiemis dans les nammes de L j,o. j »
l'jEnfer. . Ott- a prétendu qu'en ceci '*"'*
il avoir imitét bien des- gens q^î ne
font pas Peintres*
Jugement parricufier Ce dit de ce-
lui par lequel Dieu Juge les^ames
aufllitôt après la mort.
Chez les Juifs on appeire Jiége-
mencdeièle, le. droit patlequel leurs
Doâeurs prétendent que dans cer-
taines circonftances où Ton voit un
Juif c^u! bleflfe' l'honneur de Dieu,
qui viole ipopunément h loi >.Qui
biafphèfne contre Dieu , contre ton
Têmpfe , ou contrc.fon Légiflâteur ;
ou. même lor (qu'on voit un Païen
3 ai veut^engager le peuple dans le
éfdrdre y dans, ridôlâtrie , dans le
YÎolemenr dès lois du Seigneur , on
peut impunément lé mettre à moi^t,
te fans autre forme dé jûftice , s'a-
bandonner i fon zèle, & otec-ce
JUGEMENT , fignific encore Papproba^
; tionou condamnation de quelque,
aâton moraleiK,5i vott* condamneifa :
conduite^ défi en faire. un mauvais
jfigement , cefi en faire m jugement
téméraire , m jugement favorable.
Jugement , fignifie au0i la faculté de
l'ame qw juge des chofes. . ^oir U-
jugement fain.Cefikua homme qui
il a point de jugement *^Eiùs. ne manr
qu£ pas. de jugement. Il faut x quH
foUMenMpourvuÂi jugement.
Otïdit , qix il ny, a, ppi^t de juge--
menxMns un ouvrage i, pour diire^
qu'il n'eft pas fait avec jugements
Foye[ Espwx. & Dmoernb*^
MENT , pour les différences relati-
ves qui en diftinguent J.uo&k^NT >,
JUGER î. verbe aûlf de là première.
coB^ugaifon , lequel fe conjugue
fcamlale du. milieu du peuple. Ils j* cQmme.CHANTEiu /u^<z'v* Rendre:
fpndejit cette Jûrifprudçnce» fur ', iajviftice. VÉcriture nous enfeignc
Vexemplô de Phinéès fils d'Êléazar , - - . —
qut^yant vu entrer un Ifr'aélite dans
U tente d'une fil^e prx^ftituée de Mé-
dian , prir un javelot-* lé fu^vit &
tua ces deux coupables , dans le mo«
liietKqa'ih commettoient le crime.
Ils citent auffi l'exemple de^ M àtha-
sÎM. [>èrcLdes.Macabées >^^ul em- '
quÀJafin du monde. Dieu jugera Us ,
vivansSf les mofts..
jjUGEA » fignifie plus- communément!
décider une affaire, un différent en <
Jttftice. On jugera demain fon procès.
Cefi une affaires difUU^à juger. Us^
Préfidiaux jugent certaines afaires^
ea detnUr re£ort. On, ne doit jugtn
^tn tonnoiffiuice M xauft.
On die , qvL^une affizire ejl prête à
ijifgtr^ c^n état de juger; pour dire ,
«qu'elle eft en étatc d'être oécidée*
On die proverbialement & figuré-
«ment » qu'i/ ntjautpa$ juger Jur té-
■tiqueite du fac , ou umplement , fur
i'étiquetùe j pofx dite j que fur quel-
*que chofe que ce foit, il ne îaut
pas |ager légèrement & fur la pre-
<inièfe apparence.
On dit » jvger une pcrfonne ; pour
dire 9 juger ion procès. On juge de-
main ces prifonniers. Dieu juge les
Rois comme les autres hommes.
Juger >, .fignilie aufllî dccidet comme
arbitre 9 >& comme étant cboifi pat
ceux qui (ont en diiFérent. Nous
n'avons qu'à le prendre pour nous
juger* Ils l*ycnt ^hoifi jfour juger la
difficulté.
JuoER , figniiie encore décider du dé-
faut ou de la perfeâion de quelque
chofe 9 êc alors il fe ^onftriût cou-
leurs »vec la -particule ^^^ou un équi-
valent. Il juge bien d'une pièce 'de
théâtre. U a fort mal jugé de ce,
tableau.
Jvgfr 9 s'emploie auffi avec la même
particule pour fignifier , décider en
oien ou en mal du mérite de quel-
qu'un » de iès idées « de fes aâions.
Chacun juge bien de ce Miniflre. On
ne doit pas légèrement juger mal d'une
perfonne. Les fujets font difpofés à
juger favorablement de leur Souve-
rain» On juge mal de/a conduite.
On dit , juger d'autrui par foi-
'mime ; pour dire , comprendre par
les propres feiitimens, QV^ls <ioi-
vent être ceux d^autrui fur la ma-
tière dont il eft queftion. On ne doit
pas toujours juger d^autrui par jfoi-
même.
Juger, fignifieaufli, faire cifage de
fon jugement > pour dire ou pour!
afsûrer quelque chofe. hiffévention \
empêche la plupart des homûies Hejuj
:ger faùiement.
Juger , fe dit aufli 'des fens. L'ouie
juge des fins » & la vue des couleurs.
Juger j Signifie aufli conjeâurer. <//
■cioit aije de juger quil perdroit la
> partie. Ses amis jugèrent qut cette en-^
treprife le ruineroit. On nefaU qu'en
juger.
'On dit au jeu depaume^, juger la
balle ; pour -dire , prévoir où la
balle>tombera. // a in^/yi/^^Viz balle.
On dit aufli figurément & fami^
hérement i juger la balles pour di«
re., prévoir quel tour «une affaire'
prendra.
Juger 9 fignifie aiiffi>, croire » être
d*a¥is9 d'opinion. Je juge qu'il n'en
peut rien arriver de mal. Quejuge-t^l
queyous devie^ faire ? Nousn'avionè
pas jugé cette démarche nécejfaire.
JuGBR , 'fignifie encore, comprendre
dans fon efprit , fe 'figurer , s'ima-*
giner. Nous jugeons bien que vous ne
Jutes pas fâchée de le rencontrer.
La première fyllabe eft brève , 8c
\z féconde longue ou -brève. Foyei^ •
Verbe.
Les temps on perfonnes qui ft
terminent par «n e fénrinin» ont
leur pénultième fyUabe 4ongue.
JUGÈRE ; fubftantif mafculin. Juge^
tum. Mefuretles terres chez les Ro^
mains. Elle défignoit originaire-»
ment autant de terrain qu'une paire
de bœufs attelés pouvoir en labou-
rer d'un jour^ Dans la foite elle dé-
£gna deux acres carrés dont chacttn
^ contenoit *cenr-vrngt pieds.
JUG£RI£^ vieux mot qui "fignifioit
autrefois Jnrididbion d'un Juge.
jUGfiUR } fubftantif mafculin. An-
cien terme de Palais » par lequel on
déiignoit autrefois des Conieillers
au Parlement , *quiétoieiit diftribués
dans les Chambres des Enquêtes »
pour 7 juger les enqucre^ , c'^ft-à--
V ii
1^6 JUG
dire , les procès pur ^ciic dont la
dccifion dcpendoic d'enquêtes ou
autres preuves liitécales. Les Con*
ieillers des Enquccesctoient de deux
fortes , les uos Jugturs , les autres
Rapporteurs. Cette diftinâton fub-
fifta jufqu'à TOrdonnaoce du lo
. Avril I }44, qui incorpora Us Rap-
porteurs avec les Jugeurs.
JUGNAC ; nom propre d*un bourg
. de France > daos TAngoumois , à
. fept lieues , fud-fud-eft , d'Angou-
Icme.
JIJCOLIM; vûyeç Sbsame.
jyGON ; noin: propre d'une petite
ville de France y en Bretagne , fqr
' la rivière d'Arqoenon , environ â
fept lieues » fiul - eft , de Saint-
Brieux.
JUGORA ou JuGoaia ; nom d*une
Province de Ruflie , qui dépend du
. Gouvernement d' Arcnangel. Elle eft
diviféç en deux parties par le cercle
polaire. Les habitans en font fau-
vages , Se reflemblent beaucoup ai|x
Samoyèdes.
jyGULAlRE^ adjeâifdes cieuxgeD*
res. Jugularis. Qui appartient à la
On appelle glandes jugulaires ,
un corps glanduleux de différent
volume » mais communément de la
groHeur d'im haricot , qui entoure
la gorge & le cou« Les glandes ju-
gulaires fupérieures font les plus
molles y les inférieures ont plus de
fermeté. On en compte quelque-
. fois jufqu'à quatorxeScpltts.Comme
les conduits excréteurs de ces glan-
des ne fonr point encore découverts,
on n'en fauroit affigner Tufage.
Néanmoins on regarde ces glandes
comme lymphatiques 8c Ton croit
^qu'elles mêlent leur humeur. dans
le fang qui coule par les veines du
cou.
On appelle veines juguliûres » des
JUI
veines dont le tronc fe rencontre
dansle coo.
On diftingue les veines jugulai-
res en internes & en externes. Cel-
les-ci font fimées le long des parties
latérales du cou, n'étant couvertes
que de la peau, de la grai({e fie des
mufcles peauciers. Elles reçoivent
les veines qui rapportent le fang
de la face , de l'extérieur du crâne
& d'une partie du cou. La plupart
de ces veines ont des noms parti-
culiers j ou pour mieux (tire ,, por-
tent les mêmes noms que les artè^
res qu elles accompagnent , fi l'on
en excepte la préparate qui répond.
à l'artère du rronr. Les autres vei-
nes font de chaque c&té , la tem-
porale , l'occipitale , l'angulaire,
la maxillaire externe , la maxil-
laire interne j la ranine ou ranule »
La veine jugulaire inreme eft la
féconde branche principale qui de
chaque fouclavière monte à la tète.
Cette veine monte près de l'artère
carotide interne & à côté de la tra-
chée artère i laquelle elle donne en
pa({ànt quelques rameaux , & en^
luire anffi aux mufcles dtv larinx &
à ceux de l'os hyoïde , i la langue y
aux dents & â quelques autres par-
ties voifines , tantôt plus , tantôt
moins , de manière cependant que
la jugulaire externe remplace ledé-
faur de l'inrerne & réciproquement.
Après quoi le tronc de la jugulaire
interne fe divife en deux branches,
dont la plus gro(!è va fe rendre aa
finus latéral de la dure-mère , oa
Plutôt forme ce finus même ; &
autre branche qui eft la plus petite>
donne quelques rameaux i la glande
pituitaire & va fe diftribuôr à la
dure-mère.
JUIF , IVË ; adje&if. Q^i appartient
aux Juifs « à la nation Juive. La ïï€^
i:
JUIFS y (lesj ÇA « ainG appelé i^e-
pnis 1^ capfivué ck Babyloniq , les
IU)^Uc«is qui ÇD rcviprçnc , parçe-
qu'alo^s Uk Tnbi^ 4<^ Juda fe troi^va
nanreuktn^int UpliispuilT^ij^xe^rodis
rtlq^e la feule <)uv n^ âgure d^ns
e piys , ^ qui y parue avec quel-
que éclac depuis la captivité qui eft
lie temps où ils onc commencé i ççre
proprement appelé3 J^i/s- y ils fe
muUiplicrenc àc fç forti,(iàrenc de
telle lorre , quau temps de nptre
Seigneur Se quarante ans ?pcé$ lorf-
qu'ils déclarèrent la. guerre aqx Ro-
. mains » ils écoîent une des pliis puif-
. fanres nations de 1 Orient.
Ils s'appliquèrent d rétablir le
Temple du Seigneur & la Ville
. Sainte fous Efdras & fous Néhé-
. mie t eomosie nous le voyons dans
les livres qui portent les nom$ de
< ces deux pieux perfonnages. Depuis
. ce temps ils eurent plus de zèle
• pour robfervance de leurs lois ,
{»lus de fidélité à la pratique .de
eurs devoirs > plus d eloignement
de ridolatrie quiU n'en avoient té-
moigné auparavant.
Les Ifraélites des dix Tribus qui
. revinrent de la captivité en difFé<
rens temps, furent confondus avec
. ceux de Juda & portèrent le nom
de Juifs ,peut-ctre par des vues de
. politique , parceque la permidîon
accordée par Cyrus aia captifs Hé
breox, de retourner dans leur pays,
ii*avoit été accordée expreflcment
qu'à ceux du Royaume de Juda ,ou
parceque tous les Hébreux fe trou-
vant après la captivité réunis fous
une nrième Monarchie » & n*y ayant
plus en ce fens de diftinâicn entre
Juda & Ifracltils prirent tous. le
norri dejuda^ cornme delà plus con-
sidérable prtie , & de celle où ré-
ùdoït U Chef 4? \^ religion , c eft-
JUI
*)7
'. àr*due yh Grajad Rtctiequi den^eu-.
roit à Jérufalem « & le Pcisce.du
: pay^.qui étoi^ a)^^o^^s de h Tribu
de Juda , fubordonné au GQMv^r--
oeiax enyoyé par les Rois 4e Petfe,
Sous le règne de ces Rois » tls|oiii-
cenc d'une grande paix &. eurent le
loîfic de fe rétablir tranquUkt&enc
daoa leur pays , d'y rebâtir leurs
villes , & d'y cultiver leurs champs
3ui avoieot ^c fi longtemps aban^
onnés.Peijuiaficc^et intervalle cçux
oui étoienr de^neur^s au - delà de
1 £upluate.| coujcureot un grand daa«
g«i: a caufe de Tan^bition d'Aman
6c de la fermeré de Mardocbée qui
ne put fe réfoudre à rendre à ce fa-
vori des honneurs qui ne lui étoienc
pas dûs} mais Efther eut le crédit
de faire révoquer Tédit que I^ Roi
de Pcrfè * avoir rendu contre les
Juifs , & Mardochée fut élevé au
rang qu'Aman occupoit dans 1 état
& à la Cour : les Juifs fe vangèrent
alors de leurs ennemis & devinrent
terribles à ceux qui les avoient mé-
prifés.
Lorfqu'Alexandre le Grand en-
treprit la guerre contre Darius Co-
domanus , dernier Roi des Perfes»
les Juifs demeurèrent fidelleoiienc
attachés à Darius qui étoit leur lé*
gipime Souveraiti , fc refusèrent à
Alexandre les fecours qu'il leur de-
mandoit pour le fiége deTyr au*^
quel il étoit occupé. Ce Prince ré-
folut de fe venger de leur refus
& après qu'il eut pris la ville il
marcha contre Jérulalem ^ mais le
Grand Pierre étant allé au-devant
de lui à la tC te de tout (on Clergé
& de tout le peuple , Alexandre le
reçut avec refpc^, combla degiâces
les Juifs , & leur accorda l'exemp-
tion de tributs pour toutes les fep
tînmes annçes ; faveur qu'il ne
158 JUÏ
.voulut pas accorder aax Samari-
uitis.
Depuis la more d'Alexandre le
«Granq « 'les Juifs furent fujets -tan-
• tôt auic Rois d'Ègypce & tant^ â
ceux de Syrie ^ félon que ces Prin-
ces croient plus ou moins puilTans,
' j& qu'ils pouflfoient plus ou moins
ieurs conquêtes .les uns conae -les
/ftutrjss.
Sous Ptelémîe Philopator » Roi
d*Ëeypte , ils fouffrirent une rude
perKcution dans fes États : ce Pan-
ce voulut le^ faire ^crafet fous les
I^ieds de fes éléphans 1 mais Dieu
es «rancit de ce péril par un effet
^e la prote^on mirflcul)su&<
La divi^op <*écant mife pai:mi
leurs Prêtres , & Jafon ayapt acheté
h foiivçraine facriiicat;ure auprès du
Roi ^nciochus Êpiphfines , ce Prin-
ce en prit occafîpn de p^rfécuter.les
Juifs , ^ ei^trepcit de leur faire
.^bandonn^r leur religion pour em-
braffer celle de? Gr/ecs : îl rfjr put
point de tourmens qd*il ne leur fît
«fouffrirpocir vaincreleur conftance:
^1 trouva une réfiftance inflexible
dans les MAC.abé.e$ & dans un grand
' «lombre de bonslfraélites qi|i le joi-
;gmrenc â puic , 8c qui par des prodi*
^es de valeur foutinrent la vraie
religion & rendirent enfin la liberté
à leur pays. Les Afmonéens ou
Macabées , après avoir eixexcé pen-
dant quelque temps la fouveraine
facrtfic;iture fous 1 empire des ^ois
de Syrie , fe tirèrent enfin de leur
dépendance j & joignirent la Prin-
.cipauté ou la $Quverainejcé tempo-
relle d la dignité du Sacerdoce. Ce
fut Hircan qui fecoua emièremenc
le joug des Syriens^ mais ce fut
Ariftobttle fon fils & fon fc^cceflèur
qui le premi^ prit le titre de Roi.
%t Royaume demeura dans fa fa-
îtJÏ
mille jufqu au temps d*Hérodè» fib
d'Antipacer , Iduméen.
Il y eut toutefois quelque incec*
cupcion; car Gabinius^ Gouverneur
de Syrie , étant entré en Judée âla
-tète d'une paillante armée , peu do
temps après que Ponipée en tutfor-
ti« réduifit à robéiUance Alexan-
tire , fils aîné d'Aciftobule qui s-é-
toit fauve d'enrre les mains de Pom-
pée ,'rérablit Hircan dans la erando
^acrificacure & changea prelqa'en*
tièrement Tétat civiUla pays } -de
Monarchique qu'il -étoit il le xendk
ariftocratique^ y fupprima le titre
de Roi . 6c au lieu du grand San-
hédrin & des tribunaux ordioaif es
qui rendaient la ^uftice dansjéru-
ialem de dans lies autres villes , U
établie cinq différentes Cou» dans
4a Judée , dont chacune étoît in*-
dépendante des autres , & exei^oit
tarte fouveraine autorité dans fon
reffort. La première fut mife i |é-
f ufalem , k féconde i Jérico » ht
troifième à<Sadara , rla quatrième i
Amathur^ & la cinquième â Sépho-
ris. Tout 4e pays fat partage ^ea
cinqprovinces ou départemens ^ Se
chaque province fut obligée de re-
courir i la juftice de l'une des Court
qui lui étoit affignée » & où les
affaires fe terminoijsnc fans ap-
pel.
Quelques années apcès Jules Cé-
far étant venu de l'Egypte dans la
Paleftine pour fe rendre en Syrie »
Andgone ^ fils d'Ariftobule , der-
nier Roi des Juifs , vint fe jeter i
fes pieds & lévrier de le récaldir
dans la Principauté de fon père , fe
plaignant en même temps a Hircan
Qc d'Anripater j mais ce dernier i
quiCéfar avoir de tcès-jgrandcs oblU
gâtions i caufe de$ Services qu*il
fui avoir rendus pendant la «erre
4'Égypte , fut fi bien juftî&er (a
rur
«>ii(lmce ic celle d'Hircan » <}U*il
renvoya Ancigone comme un tur^-
balenc 6c' un fédîtieux , ordonna
m'Hircan g^rderoit la fouveraine
Sacrificature & la Principauté de
. Judée y Se donna en même temps
i. Ancipater la. charge de Procura-
teur de la ludée fous Hircan. L'a-
riftocratie établie par GabiniuSjFut
abolie & le Gouvernement rétabli
fur le même pied qa'îLétoil aupa-
savant.
A ntigone ^fils d*Ar iftobule, ayant
donné de grolTes fommes auxPar-
thes afin qu'ils- lui aidalTent à aK>n-
ter fur le rrone de &5 pères , trou*
Ta moyen de diffiper les forces
d'Hircan qaHérodes &« fes frères
foutenoient y, puis Hérodes s'étant
retiré en Italie ^ Antigone prit Hir-
can y lui fit couper les oreilles ^ pour
le rendre déformais4ncapable de la
grande Sacrificature yle livra aux
Bar thés qui l'emmenèrent dans leur
pays , & s'empara ainfi^ du Sa-
cerdoce &. de l^ Principauté, des
Jxiifs.
Mais Heroder étant arriva â-Ro-
me &• ayant expofé d Antoine l'état
des affaires de la Judée , Antoine
conjointement avec Oâavien fur-
nommé defuis^Augu/Icy lui firent
donner la Couronne, de Judée qu'il
pofréda-jufqa'à famort& qu'il iranf-
jnic à fes en fans*.
Après lav mort de ce Prince ^.fon
Royaume fut patugé entrefcs-fils.
Atchélaiis eut la. Judée ».. Tldumée
& la Samarie^ .Hérodes Anripas^eut
la Galilée &'la Perée ^.Philippe. eut
i*Auranite & la Trachoniie 9.Paneas
& la Batanée ^ .Archélaiis ne régna
3ae dix^ans en Jjadée».ll fut accufé
evant Augufte par les -Juifs & les
Satmaritains, & n'ayant pu fejiifti-
6er , il fut relégué à Vienne dans
lés .Gaules ^& ^la Judée, fut réduite
JUI ij^
en province. Elle étoit en cet état a
la mort du Sauveur.
Les Juifs eurent des Gouver*
Aeurs romains depuis ce temps j,uf"^
qu'à la ruine de Jérufalem. Après-
la ruine de Jérufalem 9 la Judée fut
compriie fous le goavernemenrdet^
Préudens de Syrie , & les Juifs fi-
rent encore un peuple â part &. de*'
meurèrent-dans leur pays afTujettis^
aux Romains fufqu'au^ règi>e d'A-
drien : alors ils fe révoltèrent & fi-*^
sent la. guerre aux Romains ; la plu-
part Y périrent miférablement » 8C
leur Nation fut- entièrement dif-
perfée. .
Depuis ce temps les Juifs ontété^r
Fédui(% i courir de terres en ter--^
res ,.de tners en mers pour gagper*"
leur vie. Partout déclarés incapables-
de polféderdes biens- fonds, oiv.ne^
leu^alaitTéde redburces^ pour fiib--
fifter , que le commerce , ; profef-
fîon long-temps mépriiiée par la plu*
part des peuples de l'Europe ^ .c'eft '
pourquoi on la leur abàtKiomia dans-
les fiècles barbares:; .& comme ils«
s^-y enrichirent. néce(raipemeM,.on'
les traita d'infan>es ufuriers. LeS'
Rois ne pouvant- fouiller dan& Ia^«
bourfe de leurs fujets » mirera i la^
torsuce les Juifs qu'ils- ne regar--
doient pas <;omme des citoyens^Ce^
qui fe paflfa en Angleterre à leuc^
cgaid y peut donner une idée de ce *
qu'on exécuta contre eux « dans les '
autres pays. Le Roi Jear» ayant be-»*
ùÀn d'argent'» fit empriftoner- les>
riches Juiisde fan Royaume pourr
en extorquer de- te» Fs maios^ il y/
en eut peu qui échapèreru aux pour-*
fuites de fa Chambre de Juftice..Un*
d'eux à qui on arracha (èpt dents l'u^
ne après l'autre, donna mille marcs ^^^
d'argent à la huitième» Henri ' IIIl
tira d'Aaron, Juif d'Yorck , quatre?;
mille marcs d arg^ju & deux miil*;
ji
VC6 3Vl
pour la Reine. Il vendit les autres
Juifs de fon pays à Richard fon
frère,pour an cet tain nombre d'an-
nées, ut quos Rex txcoriavtrats cornes
evifctraret . dit Mathieu Paris.
On n oublia pas xl'empbyet en
France tes mêmes craitemens con-
tre les Jaifs j ^^ l^* mettoic en pri-
fon , on les jpilloit , on les vendoit,
on les accploïr de magie , de Sa-
crifier des enfans , d'empoifonner
les fontaines \ on les chaffoit du
Royaume , on les y laUFoi^t rentrer
pour de l'argent \ & dans le temps
même qu'on les toléroit , on les
diftinguoit des autres habitans par
des marques infamantes.
Il y a plus , la coutunte s'intro-
dnifit dans ce Royaume , de con-
fifquer tous les biens des Juifs qui
cmbraflToient le Chriftianifme. Cet-
te coutume fi bizarre , nous la fa-
vons par la loi qui l'abroge ; c'eft
l'édic dn Roi donné à Bafville le 4
Avril 1 J91* La vraie raifon de cette
confifcation que l'auteur de Vejprit
des lois à Cl bien développée, étoit
une efpcce de droit d'amortiflement
pour le Prince ou pour ks Seigneurs
des taxes qu'ils levoient fui les Juifs
comme ferfs'main-mortables aux-
quels ils fuccédoient. Or ils étoient
privés de ce bénéfice lorfque ceux-
ci embralToient le Chriftianifme.
En un mot on ne peut dire com-
bien en tout lieu on s*eft joué de
cette nation d'un fiècieà l'autre. On
a confîfqué leurs biens lorfqu'ils re-
cevoient le Chriftianifme ; Se bien-
tôt èiprès on les a fait brûler lorf-
qu ib ne vouloient pas le rece-
voir.
Enfin profcrits fans ccfle de cha-
que pays , ils trouvèrent ingénieu-
lement le moyen de fauver leurs
fortunes & de rendre pour jamais
leurs retraites afliirées. Bannis de
ftancd ions i^hilippe le Long «
IJ18, ils £( réfugièrent en Lom-
bard le^ y donner tnt aux négocians
des lettres fur ceux à qeri ils avoienc
confié le«r$ effets en partant » &
ces lettres Rirent atqoitées. L'in-
vention admirable des lettres de
chaifyg^ ibrtit du fein dudéfefpoirj
& pour lors feulement le commerce
put éluder la violence & fe mainte-
nir par tour le monde.
Depuis ce temps-là les Princes
ont ouvert les yeux fur leurs pro-
pres intérêts & ont rraité les Juifs
avec plus de modération
Us font« apjonrd'hui tolérés en
France, dans la ville de Metz & dans
la province d'Alface.
Religion des Juifs , lois , mœurs ,
&c. Sous les Patriarches ils fuivi-
rent la religion naturelle y éloignés
de l'idolâtrie & des crimes qui font
des fuites de l'athéifme ou du culte
fuperftitieux des faux Dieux : ob-
fervant la circoncifion qui étoit le
fceau de l'alliance que Dieu avoic
faite avec Abraham , & les lois que
la raifon aidée des lumières* de la
grâce & de la foi , découvre à ceux
qui ont le cœur droit & qui cher-
chent férieufement Dieu, fa juftice
& fa vérité , vivant dans l'attente
du Medie , du défiré des Nations
qui devoir accomplir leurs efpéran-
ces & leurs defirs j & les combler
de fes lumières & de fes bénédic-
tions : telle étoit la religion d'A*
braham , dlfaac , de Jacoo , de Ju->
da , de Jofeph & des autres Patriar-
ches qui confervent dans leurs fa«
milles le culte du Seigneur & la tra-
dition delà vraie religion.
Depuis Moyfe la religion des
Juifs rut plus fixe & plus détaillée.
Le droit & la religion naturelle fu*
rent mieux éclaircis. Auparavant
chacun honoroit Dieu fuivant le
penchanr
JUI
peRohâiic defôn coMir & la manière
<}u'il jugeait à propos. Depuis Moyfe
les cérémonies , les jours, les fèces ,
les Prêtres, les vidimes , furent
déterminés avec beaucoup de pré-
ciiion. Ce légiflateur marqua juf-
qu'à rage» le fe^e & la couleur du
poil de certaines hofties : il en fixa
le .nombre , les qualités , la nature,
à quelle heure , par qui , pourquoi
ic dans quelles occaHons on les de-
voir offrir. 11 régla la Tribu , la fa*
mille , les qualités corporelles , l'ha-
bit , Tordre « le rang , les fondions
des Prêtres ic des Lévites, Il fpéci-
fia les mefures , les métaux , les
laines qui dévoient compofer le Ta-
bernacle ou le Temple portatif du
Seigneur -y les dimentions , le mé-
tal ôc la figure de l'Autel Se de fes
uftenfiles y en un mot il n*omit rien
de ce qui conceriK>it le culte du
Seigneur , qui eft le premier & le
principal , 6c pour mieux dire ,
l'unique objet de la religion des
Juifs.
On 7 peut rapporter au0i les di-
verfes purifications qu'on employoit
pour le difpofer à approcher des
chofes Saintes. Les impuretés qui
en éloignoient , les manières d'ex-
pier les fouillurès , de les prévenir^
de les éviter, l'attention continuelle
où dévoient être les Juifs pour ne
pas tomber dans quelques-unes de
ces fc^uillures qui excluoient tantôt
de la fociéré civile , tantôt de Tufage
des chofes faintes , tantôt du camp
& de fa propre maifon. Il n'y avoir
pasjufqu'à certaines incommodités,
certaines maladies , certains acci-
dens involontaires , qui n'exigealTent
des purifications. Ûattoucnemenc
d'un animal mort de lui • même »
i'affiftance à des funérailles , l'attou-
chement d'une perfonne fouillée ,
croient capables de fouiller un hom-
Tome Xy.
JUI \C\
me& len^eçtoientdansrobligaclon
de fe purifier.
Les Jufs avoienc des lois très-ri-
goureufes y par exemple elles con--
damnoient à mort ceux qui vio-
loient le Sabat , qui contraâoienc
des mariages dans les degrés défen-
dus ^ qui tomboient dans Tadultèrej
qui s'approchoient d'une femme du-
rant fes incommodités ordinaires ,
qui commfittoient des crimea contre
la nature , qui follicitoient leurs
frères à Tidolatrie^qui confulf oient
les Devins 6c les Magiciens , qui
blafphémoient contre le Seigne-ur »
qui s'approchoient des chofes fain-
tes fans être purifiés.Un laïc oumè*
me un Lévite qui feroit entré dans
le Temple , c'eft à-dire , dans le
Saint ou dans le Sanâuaire , qui au*-
roit touché ou vu a nu larched'al-
liance \ toutes ces chofes & plu-
fieurs autres fautes étoient punies de
mort.
Lerlong fejour que les Hébreux
firent en Egypte, leur lai (Ta un vio-
lent penchant pour Tidolatrie \ ni
les miracles que Moyfe fit à leurs
yeux , ni les précautions qu'il prie
pour les retirer du culte des idoles,
ni la rigueur des lois qu'il publia
fur ce fujet , ni les manques éclatan-
tes de la préfence du Seigneur c^^ns
le camp a Ifracl , ne durent capables
de vaincre ce penchant.
On fait avec quelle facilité
ils tombèrent dans l'adoration du
veau d or , prefqu'i peine fortis ,
pour ainfi dire , du lit de la mec
Rouge où ils avoient été témoins des
effets de cette merveille qui avoir
jeté TefFroi dans le cœur des nations
voifines.
Depuis le retour de la captivité de
Babylone , il s'crt formé différentes
feâes dans la religion des Juifs \
comme les Pharifiens , les Sadu-
X
6i JUÏ
ccens , les ESéniens* Voye[ ces
mocs.
Le Parlement de Paris a Jagé par
arrêt rendu le a Janvier 1758 for
les conclafions de M. l'Avocat Gé-
néral Ségnier ^ qa*an Juif nommé
Borach'Lévi lequel depuis fon ma-
riage avec MasdeUCerf, Juive,
s'ctoit fait ch rérien , ne pouvoir pas
époufer une autre femme j quoique
Mandel Cerf eût perïéveramment
refufé de venir habiter avec lui de-
puis Ton Baptême j &« qu'elle eue
non feulement confenti à la diflb-
lution de fon mariaee^ mais qu'elle
eût même fait une fommarionâfon
mari de lui accorder des lettres de
divorce conformément à Tufage pra-
tiqué parmi les Juifs.
Lévi n'avoit pour adverfaire que
M. l'Èvèque de Soiflbns , intimé
fur Tappel comme d*abus des fen-
tences rendues par fon Officiai , par
lefquelles Lévi écoit déclaré non re-
cevable dans fa demande i ce que
le Curé de Ville-Neuve fur Bellor»
fût tenu de publier fes bans de ma-
riage avec Anne Theyart.
L'Official de Strafbourg avoir au-
contraire permis à Lévi de fe pour-
voir par mariage en face d'Eglife ,
avec une autre Femme que Mandel-
Cerf , en laiflfant à celle-ci la liberté
de faire ce qu'elle jugeroit d pro-
pos , & d'époufer fi elle le vouloir y
on Juif ; mais MeHieurs les Gens
du Roi s'étant rendus appelans com-
me d'abus de cette icntence , la
Cour a jugé qu'il y avoit abus, &
a décidé qu'il n'y avoit abus dans
celle de l'Official de Sollfonç.
Le motif de l'arrêt a été Tiridif-
folubilité du mariage contradc mê-
me par les infidclies.
Figarément on appelle Juif^ un
homme qui prête à ufure ou qui
vend exorbitamment cher, Ccc
JUl
homme tfi un vrai Jtuf^ il ne prcit
fon argent quà dix pour cent.
Juif , fe dit aufli figurément & fami-
lièremenr de quelqu'un qui monrre
une grande avidité d'argent & d'ac-
deor pour en gagner.
On dir proverbialement de quel-
qu'un , qu'/7 ejl riche comme un Juif;
pour dire » qu'il eft fort riche.
On dit auOi proverbialement de
quelqu'un qui va & vient fans
ceffe cà & là 9 que c'eft le Juif cr^
rant.
JUiGNE ; nom propre d*an bourg de
France, dans le Maine, â une lieue,
nord^eft , de Sablé.
Il y a un autre bourg de même
nom en Anjou, fur la Loire, à deux
lieues , fud-eft > d'Angers.
JUILHAC ; nom propre d'un bourg
de France , en Limoufin , i lix
lieues , oueft-nord -oueft , de Bri-*
ves.
JUILHAC LE COQ j nom propre
d'un bourg de France , dans l'An*
goumois j â deux lieues , fud-fad-
eft , de Cognac.
JUILLÉ; nom propre d'un bourg de
France , dans le Maine , fur la Sar-
the, à fix lieues , nord-nord-oueit,
du Mans,
JUILLET j fubftantif mafculin. /a-
lîus. Le feptième mois de Tannée*
Ce mois dans l'origine s'appeloic
Quintilïs chez les Romains, parce
qu'il éroit le cinquième mois de
l'année qui comVnençoit alors au
mois de Mars \ mais Marc Antoine
ordonna dans fon Confulat » que
ce mois porteroit par la fuite, le
nom àtjulius en l'honneur de Jules
Céfar.
Ce mois éroit cenfé fous la pro-
teârion de Jupiter j on l'a perlbn-
nifié fous la figure d'un nomme
nu qui montre fes membres hâlcs
par le foleil. Il a les cheveux
JUI
roQX y liés de tiges & d'épis : il tient
dans un panier des mures , fruit
3 ai paroit fous le figne du Lion
iins lequel le îbleil entre pendant
ce mois.
Les deux //fe prononcent mouil-
lés.
jfUILLIÉ ; nom propre d'un bourg de
France , dans le fieaujolois, en-
viron i trois lieues ^ nord-eft ^ de
Beaujeu.
JUILLY 'y nom propre d*un bourg de
France » dans la Brie Champe-
noife , à trois lieues y nord-oueft, de
Meaux.
JUIN *y fubftantif mafculin./tf/ziiij. Le
fixième mois de l'année. C'eft dans
ce mois que le foleil entre au fi^ne
du Cancer & qu'arrive le folftice
d'été.
Le mois de Juin étoit fous la
S^roteftion de Mercure. On Ta per-
onnifié & repréienté tout nu , mon-
trant du doigt une horloge folaire,
pour fignifier que le foleil com-
mence a defcendre. On lui a donné
une torche ardente & flamboyante
pour marquer les chaleurs de la fai-
ibii qui font mûrir les fruits de la
terre. Derrière lui eft une fiiucille
pour faire entendre que l'on com-
mence dans ce mots à fe difpofer a
la moiiTon : enfin on voit à fes
Eieds une corbeille remplie des plus
eaux fruits qui viennent au prin-
temps dans les pays chauds.
JUINE 'y rivière qui pafle i Eflbnne
où elle prend le nom de ce bourg.
^oy«:( Essonne.
JUIVERIE î fubftantif féminin. Quar-
cier d'une ville habité par dts Juifs.
La Juiverie de Met\.
JUJUBE ; fubftantif féminin. Z/:^/-
phunin Fruit du jujubier. Foyc^ ce
mot.
JUJUBIER ; fubftantif mafculin. Zi-
:iiphus. Petit arbre que Ion cultive
dans les contrées méridionales de
l'Europe par rapport à fon fruit qui
eft d'ulage en Médecine. Cet atbre
ne s'élève qu*â x a ou 1 5 pieds. Sa
tige eft courte , tortue & couverte
d une écorce brune , raboteufe Se
crevadéej il fe garnit de beaucoup
de rameaux qui font épineux : fes
feuilles font ovales , unies , légè-
rement dentelées fur les bords , lui-
fautes en-deffus Se relevées en-def-
fous de trois nervures principales i
la verdure en eft agréable quoiqu'un
peu jaunâtre t elles font placées al-
ternativement fur des branches fort
minces d'environ un pied de leng »
3ui fe defsèchent après la chute
es feuilles & tombent â leur tour.
La fleur & le fruit viennent aufli
fur ces petites branches à la naif-
fance des feuilles: cette fleur qui
eft petite , herbacée , n'a nul agré«
ment ) elle commence à paroitre
dans les premiers jours de Juillet
& elle dure pendant deux mois. Le
fruit qui la remplace fe nommey^-
jube ; il eft oblong , charnu , rouge
en-dehors , jaunâtre en - dedans ,
d'un goûr doux & relevé \ il renfer-
me un noyau qui fert à multiplier
l'arbre.
Le jujubier eft commun dans nos
provinces méridionales j en Italie ^
en Efpagne, &c. Il lui faut un ter-
rein médiocre & léger j il fe plaît
dans les lieux les plus chauds ex-
pofés au foleil & à l'abri du vent :
dans cette expofîtion il réfiftera à de
grands hivers , même dans la par-
tie feptentrionale de ce Royaume >
cet arbre n'exigeprefqu aucune cul^
ture.
Les jujubes avant leur parfaite
maturité ont un goût aigrelet, vi«
neux, très-agréable: c'en dans cet
état qu'on les mange en Langue-
doc ^ en Provence où elles font
Xii
/
i64 JUK
aûes communes: elles rafraichiffent
& calment un peu la foif } mais
comme leur chair eft ferme Se peu
fuccttlence , elles ne font pas très-
faciles à digérer : on n a cependant
jamais obfervé qu'elles aient produit
de mauvais effets. ,
Ce fruit mur Se feché eft compte
parmi les bcchiques adoucifTans y
c'eft un des fruits doux & pe&of aux
des boutiques.
On trouve dans la pharmacopée
de Paris un firop de jujubes corn*
pofé , dans lequel ce fruit fe trou-
ve âfTocié à d autres fubftances qui
lui font parfaitement analogues : ce
firop a par conféquent les mêmes
vertus que les jujubes mêmes*
Les jujubes entrent encore dans
le firop de tortue & dana Télec-
tuaire lénitif-
Auguftin Lippi a obfervé crois
cfpècesde jujubiers qui diffèrent de
celui donc on vient de parler : i^.
te jujubier d'Âlexandfie à feuilles
larges » dont le fruit e(t fort gros :
1^. celui dojnt le fruit eft. petit : }^.
le jujubier de Meraphis qui eft ex-
trêmement, grand ^ 6c donc le fruit
eft plusgros qjie celui des autfesef-
pèces.
JUKI AUX ;( les ) on appelle amfi à
la Chioe , des Seâaues dont les
Chefs furent deux hommes* célè^
bres ^vpelés Chu-T/c Se Ching-T/é y
lefquels parurent dans le quinzième
fijècle y èc s'afTocièrene av«c qoa-
tante-deux favans qui leur aidèrent
â faire un commentaire fur les an-
ciens livres de la religion de la Chi-
ne, auxquels ils joignirent nncorps
particulier de doârine , diftribué
en vingt volumes » fous le titre de
Sing'lL'ta'tfum , c'eft-a-dire , Phi-
lofophte naturelle. (Is admettent
une première caufe qu'ils nomment
TairKL U n'eft pas aifd 4'expliquer
JUK
ce qu'ils entendent par ce mot ;{&
avouent eux-mêmes que le Tai^Ki
eft une chofe dont les propriétés ne
peuvent être exprimées : quoi qu'il
en foit , voici Tidée qu'ils^ tâchent
de s'en former. Comme ces mots^
Tai'Ki dans leur fens propre , fi*
^i&tntfaîtc de maifon^Qt% DbâeursL
en feignent que le Tai^Ki eft à l!é-
gard à^s autres êtres , ce que le*
faîte d'une maifon eft i l'égard de-
toutes les parties qui La compof ent;:
que comme le faîte unit & confetve;
toutes les piècesd'un bâtiment ,.de.
même le Tai-Ki fert à allier encre-
clles& à cônferver toutes les pai>-
ties de TUnivers. C'eft le Tai-Ki ^
difenc-il» , qui imprime â chaque
chofe un caraâère fpécialqut ht
diftingue des autres chofes : on faic
d'une pièce de bois ua banc ou une
table \ mais le Tai^ Ki donne, au;
bois la: forme d'une table ou d'un
banc : lorfque ces inftrumens fonr
brifés , leur T^i- JQ ne fubfifte
plus.
Les /tt^itfi/:r donnent d cette pce-'
mière caufe des qualités in&mes ^
mais contradiâoiresw Ils lui attri-
buent des perfeâiions fans bornes ;;
c'eft le plus pur Se le plus puifTanr
de tous les principes| il n'a point de-
commencement , il ne peut avoir
de fin. Ceft l'idée y le modèle 6c
l'effence de tous 1er êtres y c'eft l'a-
me fouveraioe de l'univers ;. c'eft
l'inrelligence fuprême qui gouverne:
tout. Ils foutiennent même que c^eft
une fubftance immatérielle 6c un>
pur efprit ; mais- bientôt s'écartanc
de ces belles idées > ils confondent,
leur Tai'Ki avec tous Ic^s autres^
êries. Ceft la même chofe , difent-
ils ,,que le ciel , la terre 8e les cinq
élémens \ en forte que dans un fens
chaque être particulier peut être
appelé. TVzirlTi, Us ajoutent que c&
3;
JUL
premier ècre eft la caufe féconde
de roucei les produâions de la na-
ture , mais une caufe aveugle 8c
inanimée qui ignore la nature de
fes propres opérations. Enfin , dit
le Père du Halde , après avoir flotte
entre mille incertitudes y ils tom-
bent dans les ténèbres de rAchéif-
me» remettant toute caufe furnatu-
relie, n'admettant d*autre principe
qu'une vertu infenfible , unie &
identifiée à la matière»
JULE ^ fubftantif mafcuUn. Infeâe
oui a beaucoup de rapport avec la
icolopendre y mais il en diffère pat
k forme de fon corps qui eft rond >
cylindrioue , & par fes antennes
1UÎ ne font jamais compofées que
e cinq anneaux. Sqs pattes font
couttes y menues & nombreufes.
Avec cet appareil de pattes qui ref-
iêmble à line frange de poils , l'in*
feâe marche cependant moins vite
que la fcolopenare : on diroit qu'il
lampe plutôt qu'il ne marche. Sa
peau eft dure , cruftacée & réniten-
te. Il s^tn dépouille comme la fco-
lopendre avec laquelle on le trouve
fouvent fous les pierres Se dans la
cerrev On connoîtdeux efpèces plus
1>etites de j.ules autour de Paris ;
^une noirâtre , lide , à deux cens
pactes , l'autre Jaunâtre en a deux
cens quarante. Chaque anneau quel-*
ÎueFois ftrié , donne naiffance â
eux paires de pattes. Le jule étant
en repos fe replie fur lui-même
comme un ferpent. Si on touche
cet infeâe , il fe roule en fpirale »
de façon q.ue fes pattes font en de-
dans*
Jule ». eft audi le nom d'une pièce de
vers ancienne que les Grecs & cnfui-
te les Romains à leur imitation chan-
coient pendant la moiflon à Thon-
Deur de Cérès & de Proferpine pour
ie le4 rendre propices-
JUL 1^5
JULEP j fubftantif mafculin» Julepus,
Potion médicinale faite avec une
eau diftillée ou commune & d'autres
ingrédiensr
On peut préparer des juleps pour
remplir la plupart des indication»
médicinales , ou ce qui eft la même
chofe, on peut donner fous cette
forme cm grand nombre de médi-
camens doués de diverfes vertus»
JLes juleps les plus udtés font cepen-^
dantceux qu'on prépare avec desre-^
mèdes humeâans , adouciffans >,ra-
fraîchiflàns y ou quelquefois y mai»
plus rarement ^ avec des fortifiant
8c cordiauxr
La matière des Juleps doit Stre
diftinguée en excipient 8c en bafi y
€*eft-à-dire , en liqueur qui reçoit ^
3ui étend , qui dé/aye , & en mé^
icament principal, foit liqpide,
ibitfolide^qui eft refu^étendu^cUiayé^
L'excipient des Juleps eft premiè-
rement l'eau commune, ou de»
eaux diftitlées des plantes inodores^
telles que l'eau de chicorée, de lai-
rue , de coquelicot , de bourrache y
d'ofeille , &c.
La bafe du julep eft un firop'
agréable & parfairement foluble,»
comme celui d œillet, de capillaire
de limon , de coin ,. de mûre, d*^é-
pine-vinette y de framboife, &c.
ou dts fucs des fruits doux & aigre^
lets, tels que ceux dont nous venons^
de parler ^. celui ii$ cerifes^ de pom-
mes,, de grofeilles, &c.
JULES j fubftantif mafculin. Petite*
monnoiequia cours en Italie, 8c
furtout à Rome, où elle vaut en-
viron fix fous.! Son nomluivieot.du^
Pape Jules It
JULES j, nom die ttois Papes :1e pre-
mier fut élu en J37, & mourut eni
J5Z. Ilaétécanonif<:^ & Ton a de
lui deux lettres recqeilliejs dani les
oeuvres dç Saint ,Athanafc»,& qiii
1^^
JUL
paflent pour deux des beaux monu-
mens de Tantiquicé eccléfiaftique.
JuLis II , (Julien de la Rovere )
né au bourg d'Albizole , près
de Savone, fut élevé fucceffive-
ment fur le Siège de Carpentras ,
d^Albano , d'Oftie , de Bolcigne &
d'Avignon. Le Pape Sixte IV fon
oncle , l'honora de la pourpre en
1471 , & lui confia la conduite des
troupes ecclédaftiques contre les
peuples révoltés en Ombrie. Le
Cardinal de la Rovere , né avec un
génie guerrier , dompta les rebelles.
Set exploits & fes entreprifes lui
acquirent beaucoup de pouvoir dans
Rome. Après la mort d'Alexandre
VI , il empêcha que le Cardinal
d'Amboife ne fût placé fur le trône
pontifical , & il y fit monter Pie III
qui mourut au bout de 17 jours y
auquel il fuccéda en 1503. L'ar-
gent répandu 1 propos lui avoit
alfuré la thiarre même avant qu'on
fût entré dans le conclave. Le nou-
veau Pape fe fit appeler Jules. Com-
me il avoit les inclinations guer-
rières 9 fes ennemis répandirent
Iu'il avoit pris ce nom en mémoire
e Jules Céfar. Son premier foin
fut de faire conftruire Téglife de S.
Pierre , & il en pofa la première
pierre en 150^. Cet édifice, un
des plus beaux que les Hommes
ayent élevé à la Divinité , fut bâti
fur le Vatican k la place de l'églife
conftruire par Conjtantin. Des idées
Îlus vaftes l'occupèrent bientôt,
ules II , qui , comme tous fes pré-
déceflfeurs > auroit voulu cha(Ier
tous les étrangers de l'Italie » cher-
choit à renvoyer les François au-
delà dès Alpes , mais il vouloir au-
paravant que les Vénitiens lui re-
mifTent les villes qu'Alexandre VI
avoit prifes fur eux , & dont il s'é-
coienc refaifis après ta mort de ce
i
JUL
Pontife, Ces républicains voulutenr
garder leurs conquêtes. Jules II
s'en vengea en liguant toute l'Eu-
rope contre Venife. Cette ligue
connue fous le nom de ligue, de
Cambrai , fut (ignée en 1508 entre
le Pape » l'Empereur Maximilien ^
le Rpi de France ^ Louis XII . le
Roi d'Arragon y Ferdinand le Ca«
tholique. Les Vénitiens réduits k
l'extrémité , excommunies par le
Pontife romain , & battus par les
autres PuifTances , demandèrent
grâce & l'obtinrent i des condition»
aiïez dures. Jules II leur donna Tab-
(blution le 21 Février 1 5 10 : abfb*
lution qui leur coûta une partie de
la Romagne» Ce Pontife n'ayant
plus befoin des François qu'il n'ai-
moit pas d'ailleurs > parce qu'ils
avoient traverfé fon éleâion ponti-
ficale » fe ligua contre eux la même
année avec les Suifles » avec U Roi
d'Arraeon & avec Henri VIII » Rot
d'Angkterre. Il n'étoit pas de l'in-
térêt des Anglois de faire la guerre
â la France ) ils 7 furent entraincs
par une galeafle chargée de vins
grecs , de fromages 6c de jambons
que le Pape envoya à Londres pré-
cifément à Touvermre du Parle-
ment. Le Roi & les membres des
Communes & de la Chambre Haute
à qui on diftribua ces préfens » fii-
renc fi charmés de l'attention géné-
reufe de Jules II , qu'ils s'empref-
sèrent tous de fervir fon reUenti-
ment. Ce trait eft une nouvelle preu-
ve que le motif le plus petit pro«
duit fou vent les plus grands évcne-
mens. Le Pape ne trouvant aucun
prétexte de rupture ouverte avec
Louis XII , fit demander à ce Prince
quelques villes fur lefquelles le S.
Siège prétendoit avoir des droits.
Louis les refufa & fut excommunié*
La guerre commença vers Boiogae
t
l
JUL
8c vers le Ferrarois. Le Pape affié-
gea la Mirandole en petfonne pour
donner de l'émâlacion i fes croupes.
On vir ce Pontife fepcuagénaire » le
cafque en tète & la cuiralTe fur le
dos y vifiter les ouvrages » prefler
les travaux , & encrer en vainqueur
ar la brèche le lo Janvier 1 5 1 1 .
a fbrrune changea tout- à- coup.
Trivulce , Général des croupes fran
çoifes , s'empara de Bologne. L'ar-
mée papale & celle des Vénitiens
fut mife en déroute. Jules II, obligé
de iè retirer â Rome , eut le cha-
J/in de voir en paflTant à Rimini
es placards affichés pour incimer
findiâion du Concile général de
Pife. Louis XII excommunié en
^avoic appelé i cette afTemblée , qui
inquiéta beaucoup le Pape. Après
diverfes citations il fut déclaré fuf-
pens par contumace dans la huitième
ièffion, tenue le xi Avril 15 11.
Ce fat alors que JuUs , ne gardant
plus aucune mefure , mit le Royau-
me de France en ioterdit & délia
les fujets du ferment de fidélité.
Louis XII irticé fie excommunier â
fon tour Jules II , & fit battre des
pièces de monnoie qui portoient au
levexs^perdam Babylonis norruri;]^
idétruirai jufqu'au nom de Babylone.
Jules oppofa nu Concile de Pife
celui de Latran donc l'ouverture fe
£c le 3 Mai 1 5 1 1 , mais il n'en vit
fis la fin. Une fièvre lente x:aufée ,
dit-on , par le chagrin de n'aVoir pas
pu porter lesVéniriens 4 s'accommo-
der avec l'Empereur^ l'emporta le
i I F^vrierde Tan 1 5 M . U pardonna
en mourant aux Cardinaux du Con-
cile de Pife , avec cette rcftriAion,
qu'ils ne pffnrtoient aflSfter à Télec-
tîon de fon fuccefleur. Comme par--
ticu/ier jd\t4l Je pardonné aux Car-
finaux fchîfmatiques ; mais comme
Pape ^ je ja^e qu il faut ûific lajujlicc
JUL
1^7
fe faffe. Jules II avoir dans le carac-
tère, dit M. l'Abbé Aâvna/, un fonds
d'inquiétude qui ne lui permertoit
pas d'être fans projet » & une cer^
caine audace qui lui failbit préférer
les plus hardis. S*il eut l'entnoufiaf-
me propre i communiquer fes paf-
fions à d'autres puifiances > il man«
<^uâ de la probité qui rend les al-
liances fincères » & de Tefpric de
conciliation qui les rend durables.
Il étoit très-peu efclave de fa parole ^
encore mmns des traités. II dit un
jour aux Ambafladeurs de Madrid
& de Venife que leurs maîtres ne
dévoient point être allarmés de la
paix qu'il avoir faite avec la France.
Mon but y ajouta-t-il , eji d'endormir
cette Couronne afin de la prendre au
dépourvu. Sans la majefté de foa
Siège ic les dilTenfions qui de fon
temps partageoieat l'Europe , fon
ambition emportée & fa mauvaife
foi l'auroient précipité dans les plus
grands malheurs. Le fubliine de fa
place lui échappa^ il ne vit pas ce
oue voyent fi bien aujourd'hui fes
iages fuccefieurs , que le Pontife
Romain eft le père commun & qu'il
doit être l'arbitre de la paix & non
le flambeau de la guerre : rout en-
tier aux armes & à la politique «
il ne chercha dans la puiffance fpi-
rituelle que le moyen d'acxroître
la temporelle ; il n'eft pas vrai pour-
tant qu'il ait jeté un jour dans le
Tibre les clefs de S.Pierre pour ne
fe fervir que de Tcpée de S. Paul »
comme tant d'Hiftoriens proteftans
{r catholiques Taffurent d'après le
témoignage d'un mauvais Pocte
faty tique. Les Papes n'ont pas cen-
fervé tout ce que Jules U leur avoir
donné. Parme & Plaifance détachés
du Milanois furent joints par <e
Pape au domaine de Rome du ^on-
lentement de l'Empereur Se esx&sr
i68 JUL
été réparés depais* Si fon pontificat
eut été moins agité , Ci les plaifirs
de la table Se de la chaiTe Teudènt
moins occupé » il auroit été favo-
rable aux Savans. Les lettres , difoit-
il y font de l'argent pour les rotu-
riers » de lor pour les nobles , &
des diamans pour les Princes, il
encouragea la peinture, la fculp-
rure » & Tarchiteâure » & de fon
temps les beaux arcs commencèrent
. à forcir des décombres de la barba-
rie gothique. Le Pape Jules II fut
le premier qui laiffa croître fabarbe,
pour infpirer par cecte fingularicé
un nouveau refpt* â: au peuple. Fran-
çois I , Charles-Quint & tous les
autres Rois fuivirent cet exemple
qui futadopté i Tinftant par les cour-
tifans & tnfuice par le peuple.
Jules III , ( Jean- Marie du Mont )
né dans le Diocèfe d'Âtezto , fe fit
eftimer de bonne heure par fercon-
noiifances en littérature 6c en Jurif-
f prudence : il eue fucceiliveminr
'adminiflracion de plufieurs Èvè-
chés , l'Archevêché de Siponte &
enfin le chapeau de Cardinal en
I5)(>. Jules né avec de la fermeté
dans le caradère , avoir paru avant
fon pontificat d'une févérité excef-
five y mais lorfqu'il eut été placé
fur le trône de S. Pierre en 1550,
il fejli vra aux plaifirs j & en corrom-
pant fon anie ils adoucirent fon hu-
meur. Il avoir prcfidé au Concile de
Trente fous Paul III. Il le fir réta-
blir & continuer dès qu il fut Sou-
verain Pontife. Il prit les armes
enfuiteavec l'Empereur contreOâra
veFarnèfe, Duc de Parme, & mou-
rut en 1 5 ^ 5 . Ce Pontife voluptueux
avoir établi en 155} une nom-
breufe Congrégation de Cardinaux
6c de Prélats, pour travailler à la
reforme de l'Eelife, mais cette
Congrégation n'eut aucun fuccès.
r;
JUL
JULIADE; nom propre de deux
villes de la Paleftine. La première
eft la même que Bethzaïde donc
Earle l'évangile, & l'autre a été
âtie fur les ruines de Betharan.
JULIE j nom de la fille unique d'Au-
gufte. Elle reçut une éducation
dign^ de fa naiÂknce. Son père ne
détournoit les yeux des affaires du
Gouvernement , que pour les fixer
fur fa fille. Elle le mériroit par fa
beauté , par fes grâces , par ia lé-
gèreté & par la délicat elfe de fonef-
prit. Elle époufa Marcellus. Son
rang lui fit des courtifans , & fa £•
gure des adorateurs. Loin de les
dédaigner, elle fe livra avec eux aux
plailirs de la débauche la plus ef-
frénée. Devenue veuve y elle époufa
jigrippa , & ne fut pas plus fage.
Son mari étoit vieux \ elle y rémé^
dia en prenant pour galans tout
ce que Rome avoit de jeunes gens.
C'éroit affez , fuivant elle , qu'elle
fût fidèle à fon époux tant qu elle
n*écoit pas enceinte , & qu'elle n^
lui donnât point d'enfans étrangers.
Après la mort <t Agrippa^ Augujlc
la fit époufer à Tibère , qui ne vou-
lant ècre, ni cémoin, ni dénoncia-
reur des débauches de fa femme»
quitta la Cour. Sa lubricité aue-
mencoit tous les jours j elle pouua
l'impudence, jufqu'i faire mertre
fur la ftatue de Mars, autant de
couronnes qu'elle s'écoit proftituée
de fois dans une nuic. Âugufte »
. inftruit de fes excès , l'exila dans
l'ile Pandaraire fur la côte de la
Campanie, après avoir fait défenfe
â tour homme libre &c efclave d'al-
ler la voir fans une permiflion ex-
f trèfle. Tibère devenu Empereur l'y
aiffa mourir de faim , l'an 1 4 de
Jéfus-Chrift.
Une autre Julie , fille d'un Prêtre
du. Soleil y d'Emcfe en Phénicie »
époufa
JUL
époufa rEmperenr Septirae Sévère J
Belle coltitne la fille d'Augufte , elle
' limita dans fes débauches , & finit
comme elle par mourir de faim à
Anrioche en ii8.
JULIEN, furnommé l'Apostat j
nom d'un Empereur Romain , fils
de Jules Confiance , néÀ Conftanti-
nople en 5 ) i.G>nftance le créaCéfar
en )5{. Ileut le commandement
général des troupes dans les Gaules,
& fe fignaia dans cet emploi par fa
prudence & fon courage. Il rem-
porta une viâroire fur fept Rois
Allemands auprès de Scran>ourg,
vainquit plufieurs fois les Barbares ,
& les cnafla des Gaules en très-
S eu de temps. G>nftance, auquel
croit devenu fufpeâ par tant de
fuccès , lui envoya demander pour
laffbiblir , une partie de fes trou- i
pes, fousprérexte de la guerre' contre
Us Perfes i mais les (bldats de Ju-
lien fe mutinèrent , & le déclarè-
rent Empereur, malgré fa réfiftan-
ce.^ U'étoit alors à Paris où il avoir
fait battr un Palais do^nt on voit en^
core les reftes. L'Empereur Conf-
tancd, indigné de ce qui s'ètoit
paflé , fpngea^ aux moyens de; le
foumettre, lorfqu'il mourut le )
Novembre }6i. Julien alla auflltot
en Orient, où il fur reconnu Em-
pereur, comme il l'avoir été en
Occident. Le luxe , la molefle % une
foule de maux défoloient l'empire.
Julien y remédia avec zèle. Sa mai-
ion fut réformée , & les Cour-
tifans l'imitèrent. Un* jour que
l'Empereur avoit demandé un bar-
bier , il s'en préfenta Un fuperbe-
ment vêtu. Le Prmce le renvoya
en lui difadc : C'eji un bartitr que
je demande & non un Sénateur^ \aZ%
Curiofi^ Officiers qui, fous pré-
texte d'informer l'Empereur des
chofes utiles , écoient des efpions
Tome XV*
JUL 1^9
dangereux & le fléau de la fociété ,
furent fupprimés. Ce retranchement
de tant de charges inutiles tourna
au profit du peuple. Il lui remit la
cinquième patrie des impôts.
Ouperfuada alors à Julien de re^
noncer au Chriftianifme & de faire
revivre l'idolâtrie jen conféquence ce
Prince ordonna par un Êdit général
d'ouvrir les Temples du Paganifme.
11 fit lui-même les fonâiôns de Sou-
verain Ponrife » avec roures les cé-
rémonies payennes, s'efforçant d'ef-
facer le caraâère de fon baptême
avec le fang des facrifices. Il afligna
des revenus aux prêtres des idoles »
dépouilla les Églifes de tous leurs
biens pour en faire des largefles aux
foldars, ou les réunir â fon domaine»
révoqua tous les privilèges que les
Empereurs Cbi(tiens avoient accor«
dés à l'Èglife, & âcales penfions
que Conftantin avoit données pour
nourrir les clercs , les veuves & les
vierges. Du refte il ne voulut point
qu'en perfécutat les Chrétiens 6c
rappela tous ceux qui avoient été
exilés foils Conftance pour caufe de
religion.
Ce Prince blelfé à mort dans un
combat contre les Perfes le i<^ Juin
3^3 , expira la nuit fuivante à l'âge
dé ) 1 ans :' Je me foumets , dit-ii
en mourant , avec joie aux décrets
étemels , convaincu que celui qui ejt
épris de la vie quand il faut mourir, ejl
plus lâche que celui qui voudroitmou*
rir quand il faut vivre. Ma vie a été
courte^ mais mes jours ont été pleins.
La mort qui efl un mal pour les m^-
chans » eft un bien pour r homme ver^
tueux» C*e/i une dette qH*un/àge dois
payer fans murmure, y ai écéparticu^
lier & empereur ; & dans la vie privée
& fur te trône , je n*ai rien fait ^ je
ptnfe , dontj^aye lieu de me repentir»
Il employa fes derniers momens à
Y
J
' s^entretenir île la nobieflTè desaûies
avec le Philofophe Maxime»
Il eft peu de Princes donc les au-
teurs ayent parlé plus diverremenc :
les uns l'ont loué & les autres l'ont
blâmé exceffivement. Ceux-là lui
accordent toutes les vertus des
grands Princes ; ceux-ci le tejpré
tentent léger, inconftant, fanatique
& fuperftitieux : nous renvoyons fur
tout ceta aux Ecrivains qui ont
. parlé de lui.
Une chofe établie fans contradic-
tion eft que cet Empereur aima les
Lettres & les cultiva : il nous rofte
. de lui plttfieurs difcours ou haran-
gues t une faryre des Céfars , un
iraité intitulé Mifopogon , qui eft
. une fatyre des habitans d'Ântioche
& quelques autres pièces qui ont
éii publiées en g!%c & en latin par
le Père Petaa en 1603. Ces ouvra-
ges prouvent que Julien avoit un
Î;énie vif, aifé , fécond ; mai» on
ui reproche de s'être trop livré au
goût de fon fiècle , où la déclama--
tion tenoit lieu d'éloquence, les
. antithèfes de penfées , & Jes jeux
de mots de plaifanteries.
JULIENNE j fubftantif féminin, Hef
péris. Plante qui croît dans les jar-
dins Se dans les hâtes. Elle fe mul-
tiplie de graine , de bouture & de
planr enraciné : (e% fleurs four de
couleur tantôt blanche j tantôt pur-
purine; & tantôt de couleurs diver-
sifiées : l'odeur qui en eft fuave &
très-agréable , fe fait fentir^davan-
* tage après le foleil couché que pen-
dant le jour. Les Cliques n'en font
point applaties comme celles, du
giroflier jaune. On jouit rarement
de la beauté des fleurs de cette
plante i Paris , parce que les jardi-
niers la brûlent avec le fumier de
^ cheval. On donne auffi i la julienne
JUL
le nom de violette , giroflée des ia^
mes ou giroflée mufquée.
ULIENNE} adjeâif & terme de'
chronologie ufité en ces phrafes:
calendrier julien , année julienne , &
fériode julienne.
On appelle calendrier jutien^ celui
que réforma Jules Céfar. Et année
julienne , une ancienne manière de
fuppucer les années inventée anfli
par Jules Céfar > pour la diftinguer
de Tannée grégorienne qui eu en
ttfage dans u plus grande partie de
l'Europe.
L'année julienne eft une année
folaite contenant communément
3^5 jours , mais qui de quatre ans
en quatre ans , c'eft-à dire«dans les
années biflèxtiles j eft de j 66 jours.
Ainfi la gsandeur aftrooomique de
l'année julienne eft de 165 jours 6
heures , & furpafle par conféquenc
la vraie année folaire d*environ 1 1
minutes , ce qui en 1 ) 1 ans prodni-
foit autrefois un jour d erreur.
L'année romaine étoit encore
dans cet état d'imperfe&ion lorfque
le Pape Grégoire XIII établit Tan-
née grégorienne qui n'eftautre chofe
que l'année julienne corrigée par
cette règle , qu'au lieu que la cler-
nière de chaque fiècle étoit tonjoars
biflèxrile , les dernières années de
trois fiècles confécutifs doivent erre
comniunes , Se la dernière du q«a«
trième fiècle feulement eft compiée
pour biflextile.
La raifon de cette correâdoo »
fut que VMnée julienne avoir été
fuppofée de $65 jours , 6 heures »
au lieu que la véritable année folaire
eft de 365 jours , 5 heures , 49 mi-
nutes , ce qui fait 1 1 jsinutes de
différence comme on Ta remarqué.
Or quoique cette erreur de 1 1
minutes qui fe trouve dans Vunné€
julienn e^ foit for; pejtite » cependant
JUL
etle éroir devenue fi conirtlécabie en
3'accQmulanc depais le temps de
Jules Cé&r » qu'elle avoit monté a
70 )oats j ce qui avoir coniidéra •
blement dérangé l'équînoze. Gar du
temps du conctte de Ntcée^ lorfqu'ii
fut queftion de fixet les cermés^du
temps auquel on doit célébrer la
Pâqne ,• Téquinoxe du ptintemps fe
trottvoit au 1 i Mars. Mais cet équi-
noxe ayant continuellement anti-
cipé , on s'appercttt en 1 571 » lorf-
3u*on propoia de réformer le calen-^
rier de Jules Céfar , qu^e le foieil
eintroie déjjl dans Téquateur dès le
I i Mars y c*eft«à*dire 10 |ours plu-
tôt que du temps du concile de Ni*
céfi. Pour remédier â cet inconvé-
nient qui pôuvoit aller encore plus
loin y le Pape Grégoire Xill fie venir
les plus habiles Ailronomes de fon
temns » te concerta avec eux ta cor-
reAion qu'il falloit faire afin que*
l'équinoxe tombât an mime jout
Îue dans le temps du concite de
[icée ; Se comme il s'étoit giifTé
une erreur de dix jours depuis ce
temps-lâ j on retrancha ces dix
jours de Vannée 1581, dans la^
quelle on fit cette correâion ; - Se
au liea du 5 Oâobre de cette
année » on compta tout de fuite
le 15.
La France , TEfpagne , les pays
catholiques d'Allemagne Se d'Italie,
en un mot tous les pays qui font
feus l'obéiflànce du Pape , reçurent
cette téforme dès fon origine ; mais
les Proteftans la rejererenr d'a-
bord.
En Tan 1 700 l'erreur des dix jouris
avoit augmenté encore Se étoir
devenue de onze ; c'eft ce qui dé-
termina les proteftans d'Allemagne
a accepter 4a réformation grégo-
rienne , anfli bien que les Danois
te les HoUaadois* Mais les peuples
JUL 171
de la Grande Bretaene ^ la plu-
part de ceux du nord de l'Europe »
ont confervé jufqu'ici l'ancienne
forme du calendrier julien.
Au refte il ne faut pas croire que
l'année Grégorienne foît parfaite^
car dans quatre fiècles Tannée Ju-
lienne avance de trois jours » une
heure Se vingt-deux minutes. Or
comme dans le Calendrier Gréèo-
rien on ne compte que les trois
jours , Se qu'on n^lige la ftaUtiok
d'une heure Se vingtdeux minutes,
cette erreur au bout de 7100 ans
produira un jour de mécompùs. '
On appelle période jûùenne » une
période a laquelle on a donné ce
nom y parceqiie c'éft Jules Sdàliger
qui en a parlé le premier. Cette pé-
riode eft formée du produit du cfclc
folarre 18 , par le cycle lunaire 1*9 ^
& par le cycle des indiéfcions 1^5 ^
ce qui fait 7980 ans.
On la fait commencer environ
764 ans avant la créarion du monde
plus ou moins félon Tbypothèfe
qu'on veut fuivre; Son prtncipiil
avantage confifte en ce aue les mî-
mes années du cycle (otaire , lu*
naire ^ ou de l'indiâion qui ^par-
tient à une année de cette période ,
ne peuvent fe rencohrret enfentbie
qn^au bout de 79^80 ans. Coâtiméon
luppofe dans cette période que* le
cydt folaire eft a)(,>&?qà'il revient
toujours le même au uùûz de 18
ans , on véit principalement que
c'eft â Vannée julienne qu'elle con-
vient ; car dans Vannée jùlliknt lé
cycle folaire eft conftamment iH ,
patceque chaque quatrièttie année
eft toujours biflextile $ au lieu qu'il
n*en eft pas de nricme dans l'aniiée
Î|régorienhe » où fur quatre années
écttlaires confécutives , il n'y en a
qil'une qui foit biilèxtile. La pré*
mi^tt amx^ de l'ère chrétienne daai
Yi|
17* JUL
COUS les fjrftëmes de chronologie >
eft toujours la 4714^ de la période
. julienne. Aind pour trouver i quelle
année de la période juUcnf^e appar-
tient une année donnée depuis Jt-
sus-Christ, on ajoutera à cette
année 47 1 3 pour les nombres d'an-
nées qui fe font écoulées avant la
naiflfance de Notre^Seigneur , & la
fomoie donnera Tannée de la pério-
de yW/V/z/i^ que l'on cherche.
JULIERS^ nom propre d'une ville
d'Allemagne , capitale d'un Duché
de mime nom ^ près de la Roer ,
à fix lieues , nord*eft, d'Aix la Cha-
pelle , & à fepc lieues , ôueft % de
Cologne.
Le Duchéde Juliers eft un petit
• Pays d'Allemagne dans le cercle de
WeftphaHew 11 eft borné au nord
Far la Gueldre; k 1 orient, par
Archevêché de Cologne^ au midi,
par le pays d'EifFel \ Àc â l'occident
i par le pays d'Outremenfe ic le Du-
ché de Limbourg. Il appartient à
l'Éleâeur Palatin.
JULIOBONA } c'eft félon Ptolémée ,
. une ancienne ville de la haute Pan-
: xionie fur le Dannbe. On croit que
. c'eft préfentement laville de Vienne.
JXJLIOBRICA y nom propre d'une
. ancienne ville d'Efpagne qui étoit
; iituée près de la foarce de l'Ébre.
C'eft aujourd'hui Fueore d'ivero.
JULiOLA } c;eft félon Prolétnée ,
une ancienne ville deSardaigne^
• qu'^n croit être aujourd'hui Vi-
gnola.
JUUOPOLIS \ . nom propre de trois
, anciennes villes : l'une étoit iituée
près du mont Olympe dans TAfie
. mineure ^ la féconde dans la petite
Arménie près de l'Euphrate, & la
troifième, far le Nil , à deux mille
pas d'Alexandrie.
JULIS \ fubftanrif mafcnlin» Petit
.. poifloD de jner. bon i manger » &
JUM
fort commtm fur les cotes de Gènes
& d' Antibes. Il n'eft guère plus long
que le doigt. 11 eft couvert de pe-
tites écailles variées, brillantes s tc
fortement adhérentes à la chair. Le
long des cotes règne une ligne blan-
che p & au-deflbus une autre faf-
firannée \ fon ventre eft d'un blanc
de perle ) fes yeux font ronds &
petits 9 fon iris eft rouge } le rrou
des excrémens eft placé au milieu
du corps \ fa bouche eft petite , ar-
mée de dents fortes & aiguës ; fes
lèvres font épaiftes & charnues ; fa
nageoire du dos s'étend jufqu'â la
queue.
Les mâles font peints des plus
brillantes couleurs , vertes fur le
' dos » jaunes & rouges fur la
, tète , bordées de raies dorées
fur les côtés, & mouchetées de
rouge ic de bleu fur la nageoire du
dos , ainfi que fur la queue.
Elien affure que ce poifibn a les
dents venimeufes. Il eût rencontré
plus jul}e s'il eût dit avec Athénée
qu^il eft friand de chair humaine ,
car il perfécute les nageurs & les
plongeurs , court fur eux à grande
troupe , & vient mordre les jambes
nues de ceux qui font dans l'eau.
JUMALA ; fubftanrif mafculin. Les
Lapons & d'autres Peuples du nord»
donnoient anciennemenr ce nom au
plus pnidànt de leurs Dieux. Us le
repréfentoient fous la figure d'un
homme aflis fur une efpèce d'autel »
au milieu d'un bois où étoit fon feul
- & unique temfJe.
JUM ART; fubftantif mafculin. Ani-
mal engeitdré d*un utireau & d'ane
: aneftè , d'un âne & d'une vache »
d'un taureau & d'une jument.
M. de Buffisn croit que'^ le tnot
fuman eft un être chimérique , flc
qui D*a point d*ob jet réel ; parceqae
les animaux dont on vient de pu-
JUM
1er 9 diffèrent trop l'un de Tdatrel
par leur nature pour qu'ils puifTeut
produire enfemble.
Ceux qui foutiennenc l'exiftence
du Jumart , lui donnent le muffle
8c la queue de la vache » les pieds
^ du cheva^ & des efpèces de cornes
naiflfanres. Us le difent d'ailleurs
. extrêmement f<9rt & capable de
porter fept ou huit cens livres.
JUMEAU , ELLE ; adjeftif. Gemcl^
lus. 11 fe dit de deux ou trois en-
Fans nés d'un même accouchement.
Deux frères jumeaux. Deux faurs
jumelles. C*efifon frère jumeau. C^eji'
fa fceur jumelle.
Il s'emploie fouvent fubftantlye-
nietit. Safehime vient d* accoucher de
deux jumeauk^
Entre deux jumeaux , le droit
d'aînede eft déféré à celui qui voit
le jour le premier. Des préfomp-
lions hafàrdées ont fait croire à
Quelques Naturaliftes'que cehii qui
naît le dernier a été le premier con-
Î;ii } mais on a reconnu le dangeç ôc
'incertitude de cette opinion , 8c
on a décidé que le droit d'aînefîe
appartient â celui des jumeaux qui
a la priorité de la naifTance : c!eft
ainh qu'ont penfé les Juifs: Éfaii
êc Jacob 9 Pnarez iSc Zara en font
des exemples.
Lorfqu'on ne fait point lequel
des deux jumeaux eft né le pre-
mier , le droit d aînefle appartient
i celui qui eft en poflfeffion de la
qualité d'aîné, & qui a été reconnu
pour tel dans la famille î l'autre ne
teut revenir contre le jugement de
. . la famille qu'en faifant ime preuve
contraire.
Jumeaux, fe dit anffi des fruits quand
. il s'en trouye deux joints enfemble^
& alors il n'a d ufage qu'adjedive-
• snem. Dcj ^bricQts jumeaux. Des
J U M 173
poires jumelles. Une noix jumelé
le.
Jumeaux , fe dit en termes d'Ana-
tomie , de deux petits mufdes plats
& étroits, ^tucs prefque tranfver-
falement fous le pyrifotme, l'un au*
deflTus de l'autre , entre la tubéro-
fité de Tifchion , & le grand tro-
chanter. Ils font unis l'un a l'autre
par une membrane particulière qui
forme une gaine ou fe trouve logé
le tendon du mufcle obturateur in-
terne. C'eft par cette raifon que
M. Lieutaud a conHdéré ces deux
mufcles , comme n*en faifant qu'un,
auouel il a donné le nom de cane*'
lé. M. Petit l'Ânatomifte , qui les
considère foas le même rapport ,
appelle le mufcle réfultant de leur
. union , accejfoire de t obturateur in-
terne. Le jumeau fupérieur , ou la
partie fupérieuré du canelé , s'at«
tache par une de fcs extrémités à
Tépine de l'os ifcbium , & fiar Tau-*
tre a la partie fupérieuré &. interne
du grand trochanter } le jumeau in-
. férieut fe termine de même après
avoir pris nailFance au bord pofté-
xieur de la tubérofité de l'ifcnium*
Ces mufcles font partie des qaa-
drijumeaux. Us fervent à écarter U
cni0e» lorfqu'on eft debout» Se ils
aident â fa rotation quand on eft
ailis.
On donne encore le nom de Ju^
meauxj i deux autres mufcles de la
partie poftérienre de la jambe y ap-
pelés plus cominanémeot gajlro^^
. . ncmiens. Voyez ce mot.
JuMXAux j fe dit en rermes de Chi-
mie y de deux alembics d'une piè-
ce y dont l'un fert de récipient k
lautre.
La première fjllabe eft brève y 8c
la féconde moyenne au fingulier ;
mais celle - ci eft longue au pla«
riel.
V
y
174 JUM
JUMELÉ » ÊE i adjeftif & terme de
I*Arc Héraldique. Il fe die d'un fau-
toir , d'an chevron & de coiice piè-
ce formée de deux jumelles.
JUMELER y verbe a^^if de la prer
mière conjugaifon » lequel fe oon-
iiigue coaune Chanter. Terme de
Xkrine , qui figniSe fortifier te
foucenir on mac avec des jumel-
les
JUMELLES} fobftandf féminin plu-
riel 6c terme de Cbarpénterie. On
appelle ainfi deux pièces de bois
qui entrent dans la compofition des
preflbir^.
JoU£LLEs 9 fe dit en termes de Ma*
rine » de longues pièces de bois^ de
iapin arrondies & creufées » que l'on
attache autour d'un mat avec des
cordes quand il eft néceflkire de le
lenforcer.
fin termes dlmprimerie , on ap*
pdle Jumelles de prejfes » deux piè*
ces de bois à peu près carrées, en-
viron de fix pieds de haut fur deux
pieds de diamètre » égales & fem-
Diables , pofées d'aplomb , vis-à-vis
Tane de l'autre , maintenues en-
iemble par deux traverfes ou piè-
CjeS'daflemblage; leurs extrémités
fupérieures font appuyées par les
étaoçons , & les intérieures fe ter-
minent en tenons qui ibnt reçus
dans les patins i aux faces du de^
dans de ces jumellent font difFéren»
tes mortoifes faites pour recevoir
les tenons des fommiers*
Jyuu^Bs j fe dit en termes de Tour-
neurs , de deux longues pièces de
bois placées borifontalement^ntre
lefquelles on mec les poupées i poin<»
les ou â lunettes qui louriennent
l'ouvrage & les mandrins dçs Tour-
neurs quand ils travaillent.
JyMxiiBs , fe dit en terqies d'Artifi*
ciers \ de deux (ufées adofleçs fur
iin« t>»g4ÇU« commune»
JUN
Jumelles , fe dit en termes de TArt
Héraldique , de deux petites fafces,
bandes , barres , &c. parallèles, qui
n ont en largeur que le tiers de la
largeur ordinaire.
JUMENT} ûibftantif féminin. Eftttf.
Cavale, la femelle du cheval.^i>yq[
Chcval.
On appelle Jument pouàmère^
Jument de haras , celle qui eft def-
tinée à. porter des poulains, ou qui
en a déjà eu. Et Jument pleine ^ celle
qui porte un poulain. Et Jument
vide 9. celle qui n'a pas été emplie
par l'étalon.
On dit proverbialement Se figu*
rément, que jamais coup de pied de
Jument ne fit mal à cheval j pour
dire , qu'un galant homme ne s!of«
fenfe point de recevoir un coup ou
une injure d'une femme.
La première fyllabe eft brève» ft
la féconde moyenne au finguUer,
mais longue au pluriel.
JUMIÈG£> } nom propre d'un bourg
de France 9 et^ Normandie» fur la
Seine , à cinq lieues » fud - oueft »
de Rouen. Il y à une fameufe Ab*
l>aye de l'ordre de S. Benoit « qui eft
en commende , & donr le Titulaire
jouit d'environ vingt-cinq mille li«
vres de rente,
JUNCAGO î fubftanrif mafcu/in.
Plante qui croît dans les marais »
& qui tient du gramen & du jonct
elle a fa fleur compofée de quatre
pétales difpofés en rofe : le piftil
lorr du milieu de la fleur , & il
devient dans la fuite un fruit qai
s'ouvre par U bafe , & qui eft com-
pofé de trois petites gaines , dont
chacune renferme une femence
oblongue.
JUNCARIA i c'eft fden Ptolomëe ,
une ancienne ville de TEfpagneTar*
ragonoife.
JUNCELS } nom propre d^one Ab^
JU.N V
baye d*hommes de Tordre de Saint-
fienoîc j en Languedoc » à deux
lieues » iiord oueft , de Lodève. Elle
eft en commcnde, & vaut 25000
Ht. de rente au Titulaire.
JUNGCH ANG ; nom propre d'une
ville confidérable de la Cnine, dans
la Province de Jufinan , dont elle
eft la huitième Métropole , fous
le i 19C degré , 5 5 minutes de Ion-
{{itude» & le 14^ , jS minutes de
acitude. Elle a trois autres villes
dans fon département.
JUNGCHEU^ nom propre d'une ville
de la Chine , dans la Province de
Huquang , dont elle eft la rreizième
Métropole. Elle a Rx autres villes
dans fon département.
JUNGNING î nom propre d'une ville
de la Chine , dans la Province de
Jnnnan > donr elle eft la onzième
Métropole* Elle a quatre autces
villes dans fon département.
Il y a dans la Province de Qtiei-
cheù , une autre ville de même nomj
2ui tient le fécond rang entre les
)irés.
JUNGPING 'j nom propre d'une ville
de la Chine , dans le Pekeli , dont
elle eft la huitième Métropole. Elle
a cinq autres villes dans fon dépar-
tement*
JUNING ; nom propre d*une ville
de la Chine » dans la Province de
Honan » dont elle eft la huitième
Métropole. Elle a treize autres villes
dans fon dépaitement.
JUNNÂN j nom ptopre de la Pro-
vince la plus occidentale de la Chi-
ne : elle eft bornée au nord par la
Province deSakuen on Soutchouen;
â Tgrient » par la Province de (j^ei-
cheu ; au midi ^ par le Tonqoin &
le Royaume de Laos ^ & â l'occi-
dent , par les États du Roi d*Ava.
Cette Province eft une des plus
xiches de la Chine ^ 8c où les vivres
JUN 175
foient i meilleur marché. On y
rrouve d'exctilens chevaux » des
éléphans , des rubis , des faphirs
& autres pierres précieufes^^Sc des
mines très -riches. On y compté
douze Métropoles » huit Villes mi-
litaires , plus de quatre- vingt Cités
& environ quatotze millions d*ha-
bitans».fi Ion en croit le Père Mar-
tini.
La première Métropole de cette
Province fe nomme auffi Jnnnan ^
& comprend douze autres villes dans
fon département.
JUNON j nom propre d'une Divî-.
nit^ célèbre , la principale du Pa-
Jianifme , en même temps femme &
œur de Jupiter. Plufîeurs pays fe
difputoient Vhonneur de lui avoir
donné fe |our ^ furtout la ville
d'Argos Se l'île de Samos , où elle
étoit en effet honorée d'un culte
[particulier. Elle fut nourrie pat
'Océan ôc par Tethys fa feipme.
"Les Heures prirent foin de fon
éducation » cav les Heures étaient
regardées comme des DéeflTes,
dont les fonâions étoient d'ouvrir
le Ciel Se de le fermer au moyen
d'une trape qu'elles levoient & laiTi
foient.
Lorfque Jupiter époufa Junon »
il donna ordre à Mercure d'inviter
à fes noces tous les Dieux^ tous les
hommes & tous les animaux. Une
feule Nymphe nommée Chéloné qui
n'approuvoit pas ce mariage , cher-
cha dés; prétextes pour n'y pas affi£-
ter. Mercure pour la punir , la pré-
cipita dans un fleuve, la changea en
l'animal appelé Tortue , l'obligea de
I)ortet fa maifon fur fon dos, 8c
à condamna de plus à un filence
éternel. C'eft de-la qu'on a regardé
la tortue comme le fymbole du fi-
lence.
Comme Jupiter étoit un Dieu li*
i7<î JUN
bertln, &* fort déréglé dans fes
mœurs , Junon fe brouilla plufieurs
fois avec lui att fujet de fes mai-
trefl^s. Les Pocces font fouvent men-
tion de fa jaloufie , de fes emporte-
meos & de Taigreurde fon efpric.
Elle prit à tâche de perfécuter tous
les enfans de Jupiter , Hercule , $ac-
chus & les autres.
On donne à Junon quatre enfans,
Hébé , Déeffe de la jeuncfle , Lu-,
cine qui préfidoit aux accouche-
mens, Vulcain le Forgeron des
Dieux i & Mars le Dieu de la guer-
Xfi } mais ces quatre enfans n'avoient
pas Jupiter pour père, ^qy^i Mars,
Iris ctoit la meflagère de cette
Déefle i & comme la conduite de
fon mari Tinquictoit fans ceflTc , elle
le fit épier par un homme nommé
Argus c^ï avoit cent yeux, dont
cinquante veilloient pendant que
les cinquante autres dormoient.
Jupiter , cjtt'un efpion fi vigilant
încommodoit » chargea Mercure de
l'en délivrer , ce qu'il fit en Ten-
dormanr par les charmes d'une flûte
douce qui lui fit fermer tous fes
yeux. 11 le tua -, & Junon, pourim-
mortalifer fa mémoire , attacha k%
yeux â la queue du paôti , & vou-
lut que cet oifeau lui fût confa*
crc.
Comme femme de Jupiter elle
avoir en partage les Royaumes , les
Empires & les richeflcs \ & c'ell ce
qu elle offrit au Berger Paris, pour
rengager à déclarer fa beauté lupé-
tieure i celle de Minerve & de Vé-
nus. Voye\ Paris,,
Peu de Divinités eurent un culte
auffi folennel & auffi général que
celui de Junon, La peinture de fes
vengeances dont les Théâtres reten-
tiflbient fans ceffe > infpira unt de
JUN
craintes , d'alarmes & de refpeâ ,
qu*on n-'oublia rien pour obtenir fa
Eroteâion , ou pour appaifer une
>ée(Fe fi formidable , quand on
crut Tavoir offenfée.
Les honneurs religieux de tous^
genres qu'on lui rendit en Europe»
pafi^ent en Afrique, en Afie, en
, Syrie & en Egypte. On ne trouvoit
Ear tout que Temples , Autels &
Chapelles dédiées à Junon.
On repréfentoit ordinairement
cette ;Dée(fe fous la figure d>ne.
femme aûifle fur un trône , tenant
d'une main un fcepcre , de l'autre
un fufeau ^ avec une couronne de
rayons fur la tète , & un paop à fes
pieds.
JUNONALES. ou jpNONIES;
fubCbntif féminin pluriel & terme
de Mythologie. J^ètes que les Ro«
mains inftituèrent en rhonneur de
Junon , à i'occafion de certains pro-
diges qui parurent en Italie \ ce
qui fie que les Pontifes ordonnè-
rent que vingt- fept jeunes filles, di-
vifées en trois bandes, Koient par.
la ville en chantant un cantique
compofé par le poëte Livius \ mais
il atriva que comme elles Tappre-
noient par cœur , dans le temple de
Jupitet Stator , la foudre » tomba
fur celui de Junon Reine , au Monc«-
Aventin.
A la nouvelle de cet événement,
les Devins ayant été confultés , ré*
pondirent que ce dernier prodige
regardoir les'Dames Romaines, qui
devoienr appaifer la foeur de Jupiter
par des offrandes & par des facri^
fices. Elles achetèrent donc un baflhr
d or , qu'elles allèrent offrir i
Junon fur le Mont- Aventin j en-
• fuite les Décemvirs aflignèrent un
jour pour un fervice folennel , qui
fut ainfi ordonné : <» On conduific
» deux
JUP
«» Aenx vaches blanches dvL temple
» d* Apollon dans la ville , par la
M porte Carmentale : on porta deux
»> images de Junon Reine , faites de
' •» bois de cyprès : enfuite mar-
M choient vingt jeunes filles , vè«
*» tues de robes traînantes , ôc
» chantant une hymne en Thon-
>» neur de la DéeÔe. Les Dccem-
» virs fuivoient couronnés de laa-
» riers , Se ayant la robe bordée de
» pourpre. Cette pompe après avoir
M fait une paufe dans la grande pla-
» ce de Rome ^ où ks vingt fiU
M les exécutèrent la danfe de leur
>' hymne , continua fa route ^ &
M fe rendit fans s'arrêter au temple
M de Junon Reine j les vifkimes
' » furent immolées par les Décem-
»>virs, & les iaiages de. Cyprès
» furent placées dans le temple
w de la Divinité.
JUNSALAM i nom propre d*un port
d'AHe» au Royaume de Siam, au
nord 8c à deux lieues d'une ile de
même nom , & a loccident de la
Péninfule dé Malaca. C*eft un afile
{>our tous les vaifTeaux qui allant à,
a cote de Coromandel > font fur-
pris d*un ouragan.
JUNTE j vqy«:( JoNTE.
JUPAN , ou JupAiN j fubftantif maf-
culin. Titre de dignité que portoit
autrefois le fécond fils des Rois de
Servie.
JUPE ^ fubftantif féminin. La pattie
de rhabillement des femmes qui
defcend de la ceinture jufqu'auz
pieds. Une jupe de dejfus* Une jupe
de dejfous. Une jupe de Joie, Une
jupe légère.
4 La première fyllabe eft brève > Se
la féconde très-brève.
JUPIN ; fubftantif mafculin , qui fe
dit quelquefois dans le ftyle rami-
lier , furtout en Pocfie , pour défi*
Tome XF.
JUP
177
gner le dieu Japiter. La Fontaine
attit:
Les grenouilles fe lailanc
De récat démocratique »
Par leui^ clameurs^fireat tanc
Que Jupinlet foumit au pouvoir monarckique.
JupiN , eft aufli un vieux mot qui fc-
gnifioit autrefois débauché.
JUPITER j nom propre du fils de
Saturne & de Cybèle où de Rhée ,
celui des Dieux de l'antiquité qui a
été reconnu pour le plus puiflànt.
Saturne ayant voulu obliger fon
frère Titan à lui céder fon droit
d'aînefle, celui-ci ne confentit à fes
vues qu'à condition que Saturne
n'éleveroit aucun enfant mâle, ce
qui fut agréé. En exécution de ce
traité , Saturne dévoroit tous fes
enfans , fans exception , au mo-
ment de leur naiffknce. Déjà Vefta
fa fille aînée, Cérès , Junon Se Nep-
tune avoient été dévotés , lorfque
Cybèle ou Rhéa étant grofle. Se
voulant fauvet fon enfant, s'en alla
dans l'île de Crète , où elle accou-
cha de Jupiter, qu'elle fit nourrir
fecrettement par deux Nymphes du
pays : elle recommanda Ion en-
fance aux Curetés ou Corybantes,
car on leur donne ces deux noms.
C'étoientdes Prêtres fort fa vans dans
la religion & dans le métier des
armes. Ces Curetés danfoient au-
tour de 1- antre , où Jupiter étoit ca-
ché , Se en frappant leurs boucliers
avec leurs lances , faifoient afiez de
bruit pour empêcher que Saturne
ne pût entendre fes cris. Cependant
Cybèle, pour mieux tromper Sa-
turne , qui favoit qu'elle étoit ac-
couchée, lui fit avaler, ai^ lieu de
l'enfant , une pierre qu'elle avoic
emmaillottée.
Jupiter devenu grand , fit pren^
178 JUP
dre i Saturne un breuvage oui lui
fîr vomir cous les enfans qu il avoir
dévorés.
Titan ayant découvert qu'on n'a^
voir pas exécuté le traire , déclara
la guerre à Saturne , le vainquit &
renferma avec Cybèle dans une
étroite prifon ^ mais après quelques
années , Jupiter les remit en liber-
té. Cependant Saturne avoit des in-
quiétudes fur fon fils; car le deftin
lui avoit appris que ce même Jupi-
ter qui Tavoit- délivré de prifon , lui
enleveroit fon Royaume ; il cher-
cha d'abord i le faire périr fecretre-
snenr , & lui fit enfuite une guerre
ouverte \ Jupiter eut la viâoire 8c
chafla fon père du Ciel. Foyei Sa-
turne.
Jupiter difpofa enfuite de TEm-
{»ire de TUnivers , prix pour fa part
a Royaiime du Ciel & de la Terre,
donna TÈmpire de la mer i Neptu-
ne fon frère , & celui des enfers â
Pluton fon autre frère : il ne fut pas
tranquille dans les commencemens
de fon règne \ les Titans , fils de la
Terre & d'Uranus, fe révoltèrent
& tentèrent de le déuôner. Jupiter
les voyant s'approcher , appela tous
les Dieux à fon fecours ; la plupart
furent faifis d'épouvante, & aban-
donnèrent le Ciel pour fe réfiigier
en Egypte , où ne fe croyant pas
alTez en fureté ils fe cachèrent fous
différentes formes de plantes & d'a-
nimaux.
Bacchus fut, dit- on, le feul
qui n'abandonna pas Jupiter \ quoi
qu'il en foit , après un combat
long -temps douteux , ce Dieu
triompha de fes AggrefTeurs, pré-
cipita les uns dans le Ta r tare , &
enferma les autres fous le Mont-
Etna.
Bientôt après Jupiter eut on au<^
JUP
tre fujet de chagrin. Prométhée^
fils de Japet , prit du limon & en
forma des hommes ^ pour \ts ani*
mer , il s'éleva jufqu aux cieux , 6c
s'étant approché du char du foleil ,
il déroba quelques - uns de fes
rayons. Jupiter poui punir fa témi-
rite , donna ordre à Vulcain , for-
Î;eron des Dieux , de l'attacher fur
e Mont-Caucafe avec de ^roffes,
chaînes de fer. De plus, Jupuec en-
voya une aigle ou un vautour , qui
dévoroir chaque jour une partie du
foie de ce malheureux, & chaque
nuit le foie renaiflbit, de manière
que le vautour y trouvoit conti-
nuellement une nouvelle pâture.
Se perpétuoit ainfi la durée du fup-
plice. Les Dieux furent touchés de
cette punition > & pour en adoucir
lanigueur , ils lui formèrent une
femme qu'ils appelèrent Pandore ,
c'eft-â-dire , ajjemblagc de tous les
dons. Mais Jupiter , pour tromper
leur efpérance , ordonna i certe
femme d'aller trouver Épiméthée ,
frère de Prométhée ,* & de lui re-
mettre une boite qui renfermoit
tous les maux. Épiméthée eut la
curiofité de voir ce qu'elle conte*
noit y il l'ouvrit , te lut le champ,
les maladies, les peines , les foucis
& tous les autres maux qui tout-
mentent les hommes , forrirent en
foule de la boîte fatale , & fe ré-
pandirent fur la terre \ il ne refla
au fond que l'efpérânce , unique
relTource des malheurenx.
Jupiter délivré de tous fes enne*
mis, s'abandonna fans retenue, 1
toutes fes pallions , & prit difFéren*
tes formes pour fédmre les fem-
mes. C'eft ainfi que les Payens cra-
rent pouvoir autorifer leurs défor-
dres > par l'exemple de leurs Dieux.
Il fe transforma en aigle ^o\xx en-
lever Ganym^e ^ fils de Iros Roi
JUP
desTroyens, à qui il donna la fonc-
tion de verfer aux Dieux le nec*
tar. Uébé » DéeCTe de la jeunefTe »
éroic auparavant chargée de cet
emploi, il prit la forme d'un tau-
reau pour enlever Europe , fille
d'Agenor Roi de Phœnicie. 11 fe
transforma en pluie d'or*, pour
corrompre Danaé , fille d*Acrifius
Roi d'Argos : en cygne pour cor-
rompre Leda , femme de Tyndare
Roi de Sparte » &c. Nous parlons
de fes aventures diverfes fous les
nonis de fes maîtreûTes » &c.
Ce dieu eat auffi un grand nom-
bre de femmes, donf la plus con
, iidérable fut Junon'fa fœttr.f^(?yq
JUNON.
On repréfencoit Jupiter de plu-
fieurs manières l mais la plus ordi-
naire étoir fous la figure a un hom-
me majeftueux , avec une barbe
longue ^ cpaiiTe, affis fur un trô-
ne , tenant la foudre de la main
droite » & de l'autre la figure de la
viâoire \ il avoir à fes pieds une
aigle dont les ailes étoient cployées \
Îiuelquefois cette aigle portoit la
oudre dans fes .ferres \ d'autres
fois elle étoit pofée fur le haut du
fceptre*
Les Habitans de l'île de Crète
reprcfentoient Jupiter fans oreilles»
6c vouloient marquer par- là que
Jupiter n'écoutoit perfonne par pré-
férence , & répandoit fes bientaics
également fur tous les hommes. Les
Mcédémoniens au contraire lui
donnoient quatre oreilles , afin
qu'il fût plus en état d'entendre les
prières qui lui venoient de tous co-
tés.
Jupiter , fe dit auffi en teri^es d'Af-
tronomie » d'une des fept planètes ,
remarquable par fon éclat , fituée
entre Saturne & Mars > & qui fe
JUP i7î^
meut autour de la terre dans
l'efpace d'environ douze ans
par un mouvement qui lui eft
propre.
Cette planète tourne autour de
fon axe en neuf heures cinquante-*
fix minutes, & achève fa révolu-
tion périodique autour du foleil en
4)31 jours, iz heures j lo minu-
tes , 9 fécondes. Elle eft la plus
grande de toutes les planètes; il
paroît par les obfervations aftrono-
miques que fon diamètre eft à ce-
lui du foleil comme 1 077 à ^ 0000 ;
i celui de Saturne » comme 1077 à
8 89 , & â celui de la terre » comme
1077 à 104.
La diftance de Jupiter an foleil
étant au moins cinq fois plusgrande
que celle de la terre au loleil , Gré-
gory en conclut que le diamètre
du foleil vu de Jupiter, ne paroîtroic
pas la cinquième partie de ce qu'il
nous paroît , & par conféquent
jue Ion difque feroit vingt- cinq
ois moindre , & fa lumière &
fa chaleur moindres en mcme
proportion*
L'incliiaifon de Torbite de Jupi-
ter , c'eft-à-dire , l'angle que forme
le plan de fon orbite avec le plan de
l'écliptique, eft de 10 minutes. Son
excentricité eft de 150 fur 1000 j
f î Huyghens a calculé que fa fur-
face eft quatre cent fois auflî gran-
de que celle de la terre. Au refte,
on obferve dans les mouvemens de
cette planète plufieurs irrégularités
dont on peut voir le détail dans les
inftitutions aftronomiques de M. le
Monnier : ces irrégularités font
vraifemblablement occafionnées en
grande partie par l'aâion de Satur-
ne fur cette plinète. On peut voir
aufli fur ce fujtt la pièce de M. Eu-
ier qui a remporté le prix de
Z i]
l
('
xSo
JUP
l'Académie des Sciences en 1748.
Quoique Jupiter foie la plus gran-
de de toutes les planètes , c*eft néan-
moins celle dont la révolution au-
tour de fon axe, eft la plus promp-
te. On a remarqué que fon axe eft
plus court que le diamètre de fon
équateur -y Se le rapport de l'un à
l'autre » fuivant M. Newton , eft
celui de huit à neuf ; de forte que
la fîjjure de Jupiter eft celle d'un
fpheroïde applati ^ la vîte^Te de fa
rotation rendant la force centrifuge
de fes parties fortconfidérablei fait
que l'applatidement de cet^e pla-
nète eft beaucoup plus fenHble que
celui d'aucune autre. M. de Mau-
pertuis l'a démontré dans ies Mé-
moires de l* Académie^ de 1737, &
dans fon Difcoufs fur la figure des
AJlres.
Jupiter paroîr prefque aufli grand
que Vénus , mais il eft moins briU
lant ; il eft quelquefois éclipfé par
la lune » par le foleil , & même par
Mars.
Jupiter a des bandes ou zones que
M. Newton croit fe former dans
fon atmofpbère.
Ces bandes furent remarquées
d'abord à Naples par deux Jéluites
nommés Zuppus & Bartolus y 8c en
1^)) par Fontana qui en figure
trois y dans un livre d'obfervations
qu'il fit imprimer i Naples en
\64t6 : Hévélius , le P. Rheita ,
le P. de Riccioli ^ le P. Grimaldi,
les obfervèrent aufli j Jof. Cam-
pani qui conftruifîc à Rome d'ex-
cellenres lunettes » obferva dans Ju-
piter le' premier Juillet 166^ ^ qua-
tre bandes obfcures & deux bkn-
ches : au rapport de M. Caffini , il
y a des temps où ces bandes paroif-
îenr très-peu , elles ne font pas éga-
lement bien marquées da^is touce
JUP
la circonférence du globe t il 7
en a d'interrompues } en 1^91 , on
vit jufqu'â fept ou huit bandes obf-
cures fort près les unes des autres ;
fouvent on n*en diftingue qu'une ou
deux , peut-être- en 1773 en verra-
t-on beaucoup 3 Jupiter étant Péri-
hélie & Périgée » le plus près de
nous qu'il foit poflîble.
Hévélius dans fa Sélénographie,
remarqua que ces bandes étoient
fenfiblement parallèles à Téclipti-
2uey M. Caftini reconnut qu'elles
toient plutôt parallèles à Téqua-
teur de Jupiter , mais cer équateur
diffère rrè^peu du plan de l'éclip-
tique , il n^eft incliné que de trois
degrés fur lorbite de Jupiter y ce
qui produit dans cette planète une
efpèce d'équinoxe perpétuel.
Galilée a le premier découvert
quatre étoiles ou petites lunes qui
tournent autour de Jupiter , & qu'il
a appelées les Afires de Médicis ; on
ne les nomme plus qn^ les Satellites
de Jupiter •
M. Caflini a obfervé que le pre-
mier de ces Satellites eft éloigné de
Jupiter de cinq demi-diamètres de
cette planète, 6c achève fa révolu-
tion en un jour » dix- huit heures > &
trente-deux minutes*
Le fécond qui eft un peu plus
grand , eft éloigné de Jupiter de
huit diamètres , & achève fon tour
en trois jours treize heures douze
minutes. Le troifième qui eft le plus
grand de loxxi , eft éloigné de Jupi-
ter *de treize demi -diamètres , &
achève fon tour en fept jours trois
heurej « cinquante minutes. Le der-
nier qui eft le plus petit , eft éloi-
gné de Jupiter de vingt-trois demi-
diamètres > & achève fa révolution
en feize jours dix-huit heures 6c
neuf minutes.
JUP
Ces quatre lunes « félon robfer-
varion de M. de Fontenelle > dans
fa pluralité des mondes j doivent
faire un fpeâacle allez agréable
pour les habitans de Jupiter , s*il
eft vrai qu il y en ait. Car , tancôc
elles fe lèvent toutes quatre en-
femble , tantôt elles font toutes au
me ridien, rangées Tune au-deiïus de
l'autre » tantôt on les voit fur Tbo-
tifon à des diftances égales \ elles
foufFrent fouvent des éclipfes dont
les obfervations font fort utiles pour
connoitre les longitudes. M. Cailini
a fait des tables pour calculer les
immérfions & les écnerfions du pre-
mier fatellite de Jupiter dans lom-
bre de cette planète.
Le jour & la nuit font à peu près
de même longueur fur toute la fur-
facé de Jupiter \ favoir, de cinq
heures chacun. L'axe de fon mou-
vement journalier étant à peu près
à angles droits fur le plan de fon
orbite annuel.
Quoiqu'il y ait quatre planètes
principales aU'deflbus de jupiter ,
néanmoins un œil placé fur fa fur-
face ne les verroit jamais, fi ce
n'eft peut-être Mars qui eft aflez
près de Jupiter pour en pouvoir être
apperçu. Les autres ne paroîtroient
tout au plus que comme des taches
qui padênt fur le difque du fo-
leil , quand elles fe rencontrent
entre l'œil & ce dernier aftre.
Le diamètre apparent du foleil vu
de Jupiter , ne aoit être que de fix
minutes. Le plus éloigné des fatel-
lites de Jupiter doit paroiire pref*
que aufli grand que nous parok la
lune. Grégory ajoute qu'un Âftro-
nome placé dans Jupiter , apper-
cevroit diftinâement deux efpèces
de planètes , quatre près de lui \ fa-
voir 9 les fatellites » & deux plus
JUP
iSt
éloignées ; favoir , le foleil & Satur^
ne : la première cependant feroic
beaucoup moins brillante que le fo^
leil , malgré la grande difproportion
qu'il y a entre leur diftance & leur
f grandeur apparente : les quatre faiel-
ices doivent donner quatre diâfé-
rentes fortes de mois aux Habitans
de Jupiter. Ces lunes foufFrent une
éclipfe toutes les fois qu'étant ex-
pofées au foleil , elles entrent dans
l'ombre de Jupiter j elles caufent
une éclipfe de foleil pour un œil
I^Iacé dans l'endroit de Jupiter, fur
equel cette ombre tombe. Mais
comme les orbites de ces fatellites
font dans un plan incliné fur celui
de Torbite de Jupiter , avec lequel
elles forment un angle, leurs éclip-
fes deviennent' centrales > lorfque
le foleil eft dans un des nœuds de
ces fatellites ^ & quand il eft hors
de cette pofition , les éclipfes peu-
vent devenir totales , fans être cen«
rrales. La petite inclinaifon du plan
des otbites des fatellites fur le plan
de l'orbite de Jupiter , fait qu'à
chaque révolution il fe fait une
éclipfe des fatellites & du foleil ,
quoique ce dernier foit à une dif-'
tance confidérable des nœuds. Biea
1)lus , le plus bas de ces fatellites ,
ors même que le foleil eft le plus
éloigné des nœuds, doir éclipfer
le foleil , ou être éclipfe par rap*
port aux Habitans de Jupiter ; ce-
pendant le plus éloigné peut être
deux ans confécutifs fans tomber
dans l'ombre de cette planète , 8c
celîe-ci dans la fienne. On peut
ajouter i cela que ces fatellites s'é-
clipfent quelquefois l'un l'autre^ ce
qui fait que la phafe doit être dif-'
fcrente, & même fouvent oppofée,
à celle du facellite qui entre dans
l'ombre de Jupiter, & dont on vient
de parler } car dans celui-ci le bord
iSi
JUR
oriental doit encrer le premier dans
lombre, &roccidemal en forcir lé
dernier , au lieu que c'eft couc le
contraire dans les autres.
Quoique lombre de Jupiter s'é-
tende bien au delà de (es fateliires ,
elle eft cependant bien moindre que
la diftance de Jupiter à aucune pla-
nète , & il n'y en a aucune » pas
mcme Saturne qui puifTe sj plon-
ger.
En termes de Chimie , Jupiter
fignifie letain.
Les deux premières (vllabes font
brèves , & la troitième longue.
On prononce Jupitair. *
JUPON; fubftantifmafculin. Courte
jupe que les femmes mettent fous
les autres jupes. Un jupon piqué. Un
jupon de flanelle.
Les deux fyilabes font brèves au
fingulier , mais la féconde eft longue
au pluriel.
JUPPILLES ; nom propre d'un bourg
de France dans le Maine , à deux
lieues & demie, nord-nord eft, de
Château-du-Loir.
JURA ; ( mont ) nom d'une chaîne de
montagnes qui féparent la SuilTe de
la Franche-Comté. Elle s'étend de-
puis le Rhin près de Baie , jufqu'au
khône, à quatre lieues au-deflTous
de Genève.
JuRA,eftau(Ii le nom d'une petite île
d'Écofle , l'une des Wefternes , au
midi de Tile de MuII , & an nord
de celle d'Ua. Elle a huit lieues de
longueur , & deux de largeur. On
y pèche d'excellens faumons.
JURADE ; fubftantif féminin. On
donne ce nom d Bordeaux à lafTem-
blée des Jurats. La Jurade va s'af-
Jemhler,
JURANDE; fubftamif féminin. Ce
lUR
mot (ignifie quelquefois la charge
de Juré d'une Communauté de
marchands ou artifans : quelquefois
il (ignifie le temps pendant lequel
le Juré exerce cette charge , & quel-
?uefois enfin il fignifie le corps des
urés.
Les jurandes furent établies en
même temps que les arts & métiers
furent mis en Communauté par S»
Louis : on établit dans chaque Corn*
munauté des prépofés , pour avoir
infpedion fur les autres Maures du
mcme état. Une Ordonnance du
Roi Jean porte qu'en tous les mé-
tiers Se toutes les marchandifes qui
font & fe vendent â Paris , il j
aura Vifiteursj Regardeurs & Maî-
tres qui regarderont lefdîts mé-
tiers & marchandifes , les vifiteront
& rapporteront les défauts qu'ils
trouveront; aux CommifTaires , au
Prevot de Paris , & Auditeurs du
Châtelet. Dans la fuite ces prépo-
fés ont été nommés jurés ^ parce-
Îu'ils prêtent ferment en juftice.
)ans les fix Corps des Marchands ,
Se dans quelques autres Commua
nautés , on les appelle Gardes ; dans
d'autres , Jurés-Gardes.
JURAT ; fubftantif mafculin. On ap-
pelle ainfi â. Bordeaux & dans d'au*
très villes de Guienne , des Officiers
municipaux qui rempli fTent les
mêmes fondions que les Confuls ou
Échevins des autres villes. Voyei^
ÉCHEVIN.
Les Jurats de Bordeaux ont la.
Juftice criminelle concurremment
& par prévention avec le Lieutenant
Criminel de cette ville.
* Dans TAgénoîs & le Condomois
il y a auffi des Jurats qui. connoiC-
fent d'une partie des crimes que
l'on y commet..
On appelle encore Jurats ^ les
JUR
Juges des Seigneurs du Béarn. Ces
Juracs connoifTenc des décrets »
mais ils ne peuvent juger quand il
s'agit de peine^ affliâive *, ils ont
feulement en ce cas la liberté de
donner leur avis qui eft porté au
Parlement.
Uappel des ingemens des Jurats
de Béarn peut être porté aux Sièges
des SénéchaulTées ou au Parlement,
au choix des Parties.
JURÂTOIRE) adjeâif des deux
genres & terme de Pratique. Il
n'eft ufité qu en cette phrafe • eau*
lion j aratoire ^ pourdéiigner le fer-
ment que fait quelqu'un en juftice
de repréfenter la perfonne , ou de
rapporter quelque chofe dont il
elt chargé. On lui donna main^
levée de J a perfonne fur fa caution ju
ratoire.
JURÉ , ÉE \ adjcftif. Celui qai a fait
\çs fermens requis pour la maitrife.
Un Ecrivain juré* Un Chirurgien
juré.
JuRB 9 fe dit auflU dans les Corps &
Communautés de Marchands ou
Artifansjdeceux qui font prépofés
pour avoir foin du Corps ou de la
Communauté.
Le nombre des Maîtres Jurés
n*eft pour l'ordinaire que de quatre
dans chaque Corps ^ il y a pourtant
certaines Communautés d'Arts &
Mériiets i Paris qui en ont jufqu a
fix^ quelques-unes cinq , & d'autres
un Syndic avec les quatre Jurés ,
& quelques-unes deux.
L eleâion des Jurés fefait tous
Jes zn% , non de tous les quatre ,
mais de deux feulement ; en forte
qo*îls font en charge chacun deux
années: ce font toujours les deux
plus anciens qui doivent fortir , &
quinze jours après TéleAiondes nou-
JUR 183
veaux Jurés 9 ils doivent rendre
compte de leur jurande.
Il y a aufli des MaîtrefTes Jurées ,
dans les Communaurés qui ne font
compofces que de femmes & de ^
filles 9 telles que les lingères y cou-
turières ^ &c.
Les principaux É.iitsdonnés pous
rétabliflfement des Jures, leurs clec
rions , leurs droits , vifitcs , &c»
font des années 1581, 1588 &
1597, fous Henri lll &c Henri IV.
En 1691 , Louis XI V fupprima
f»ar un Édit du mois de Mars , tous
es Maîtres-Gardes » Syndics & Ju-
rés d'éleâion , & créa en leur place
autant de Maîtres & Gardes , Syn-
dics & Jurés en titre d'office « dans
tous les Corps des Marchands,
Communauté des Arrs & Métiers
de la ville & fauxbourgs de Paris »
& de toutes les autres vi lies & bourgs
clos du royaume* Mais peu de ces
offices ayant été levés , & lesCorps
& Communautés les ayant acquis
moyennant le payement des taxes
réglées par le rôle du Confeil du 10
Avril 1^91 , il y a peu de Commu**
naucés cant â Paris que dans le refte
du royaume , qui ne foient rentrées
en pofTelIion d'élire leurs Jurés ic
autres Officiers. *
Les ftatuts de chaque Corps rè«
glent ordinairement les fondions
de fes Jurés , & il n*y a fur cela
d'uniformité qu'en ce que les Jurés
reprcfentent toujours leur. Commu-
nauté, & en adminiftrent les biens
de la même manière que les tuteurs
gèrent ceux de leurs pupilles.
Les Jurés de Communautés peu*
vent I comme les tuteurs, être con-
traints par corps à rendre compte de
leur gedion , & à en payer le reli'
quat. On penfe même univerfeU
lement qu'ils peuvent y être con-
traints folidairement^ lorfque leurs
3'
1S4 JUR
ftatuts ne contiennent point de dif-
portions contraires.
Les membres d'une Communauté
Iuifont élus Jurés, Syndics ou Gar-
es de leur Corps , ne peuvent fe dif-
penferd'en faire les fondions , parce
quec*eftune charge publique. 11 y a
même des Corps où Taccepcation de
cette charge doit fe faire , fous pei-
ne de déchéance de maîtrife &c ré-
ception. La Communauté des Or-
fèvres de Paris a obtenu des Arrêts
qui Tonc ainii jugé contre quelques-
uns de fes membres qui refufoient
d'être gardes ; & l'article X des
ftatuts des Fabriquans & Marchands
d'érofFes à Lyon , revêtus de Lettres-
patentes du premier Oâobre 1757,
régiftrées au Parlement le }i Mars
1738, prononce, outre la déchéance
de la maxtrife une amende de 5 00 1.
contre ceux qui refuferont d'être
Gardes après avoir été élus.
En Hollande on appelle Jurés^
Maîtres-Marqueurs de mefures , des
Officiers établis par les Collèges des
Amirautés pour faire le jaugeage &
mefurage des vaifTeaux.
On appelle écolier juré ^ celui qui
â fait fes études de Philofophie dans
rUniverirré & qui en a le certificat
du Redléur , pour être enfuite reçu
Maître es- Arts.
On appelle un grand & irrécon-
ciliable ennemi , un ennemijuré.
JURÉ , ÉE j participe paflîh Voye'[
Jurer.
JURÉE j fubftantif féminin &- terme
de coutume. Il fe dit d'un certain
droit qui fe paye pour la juridic-
tion & connoidànce des caufes. On
appelle bourgeois dé jurée y hommes
& femmes de jurée 3 ceux qui doi-
vent au Roi ou à quelqu'autre Sei-
gneur Haut-jufticier un droit de
jurée qui eft communément de fix
dfcniers pour livre des meubles & |
JUR
deux deniers pour livre des immeu-
bles , i moins qu'il n'y ait quelque
abonnement.
JUREMENT i fubftantif ^mafculin.
Juramentum. Atle par lequel cri
prend Dieu à témoin de ce que Ton
avande. Le fécond précepte du Dé-
calogue nous défend de jure r en vâin^
ce qui fuppofe qu'il eft quelquefois
permis & même néceflàire de le
faire ; aufC les Théologiens recon-
noiflent-ils qu'un jurement fait avec
les conditions requifes , eft un a€be
dé religion.
On peut prendre à témoin Dieu
confideré en foi ou dans quelqu'un
de fes attributs , & alors le jure*
ment eft ce qu'on appelé un jure*
ment par Dieu ; ou on le prend i
témoin confîdéré dans fa créature ,
& alors c'eft jurer par la créature.
Dans le premier cas , le jurement
légitime eft un aâe de latrie ; dans
le fécond , c'eft un aâe de dulie ^
n cette créature eft fainte , ou d'hy-
perdulie , fi c'eft la fainte Vierge.
On divife le jurement en impli-
cite ou explicite , eh abfolu & con-
ditionnel , en affirmatif & en pro-
milToire , en fimple & folennel ^
en judiciaire & extra -judiciaire >
&c. félon la manière dont le jure-
ment eft fait y ou félon les cas qui
l'exigent. Foye^ Affirmation ^
Serment.
Au pluriel , ce mot (ignifie ordi-
nairement blafphêmes , impréca*
rions & exécrations.
Saint Loui; fit des Réglemens
révères contre les jureméns & les
blafphêmes ^ les Ordonnaocesi pof-.
térieurespnt aufli établi des peines
contre ceux qui profèrent dcsjure^
mens envain. Vanille Sa de l'Or^
donnance de Moulins défend tous
blafphêmes & jureméns du nom de
Dieu , fous peine d'amende & x&e-
lUR
me de panition corporelle 8*il y
écher*
Fqyci Serment , pour les diflfc-
rences relacives qui en diftinguenc
JVAEMEMT 9 &C.
JURER; verbe adif de la pre-
mière conjogaifon , lequel fe con-
jiigiie comme Chanter, Jurarc,
Affirmer par ferment en prenant
quelqu'un ou quelque choie à té-
moin* Dieu en vain eu ne jureras,
jurer /a foi.
Il s'emploie aufli comme verbe
neutre dans cette acception. Jurer
par/on Dieu , par/h foi ^ fur /on hon-
neur.
Les Grecs & les Romains juroient
tantôt par un Dieu» tantôt pardeux>
& quelquefois par tous enfemble.
Us ne réfervoient pas aux Dieiu
feuls le privilège d'être les témoins
de la vérité j ilsaffbcioientaumème
honneur les demi*Dieux, 6c ju-
roient par Caftor » PoUux , Hercule j
&c. avec cette différence chez les
Romains» que les hommes feuls
juroient par Hercule j les hommes
& les femnotes par Pollux , & les
femmes feules par Oftor.
Les femmes juroient aufli géné-
ralement par leurs Junons & les
hommes par leurs Génies ^ mais il
y avoir certaines Divinités , au nom
defqueiles on juroit plus fpéciale-
ment en certains lieux qu'en d'au-
tres. Ain(î à Athènes on juroit le
I^lus fouvent par Minerve , qui étoit
a Déeflfe tucélaire de cette ville ; à
Lacédém^ne par Caftor & Pollux ;
en Sicile par Proferpine ^ parceque
ce fat en ce lieu que Pluion l'tfnleva -y
6c dans cette même île , le long du
fleuve Simette » on juroit par les
Dieux Palices.
Les particuliers avoient eux-
mêmes certains fermens dont ils
ttfoient davanuge félon la diffé^
Tome XF.
JUR 1J5
rencede leur état , de leurs engagea
mens & de leuts goûts. Xos vefta-
les juroient volontiers par la DéefTe
Vefta , les femmes mariées par Ju-
non , les laboureurs par Céiès , les
vendangeiuB par Bacchus , les chaf-
feurs par Diane ^,^e.
* Non* feulement on juroit par les
, Dieux & les demi-Dieux , mais
encore par tout ce qui relevoit d»
leur epapire , par leurs temples , par
les marques ae leur dignité » par les
armes qui leur étoient particulières.
Jurer » fipifie auffi blafphèmer. //
ofa jurer le nom de Dieu. Et Ton dit
abfolument en ce fens jon a horreur
de feneendre jurer. Il vint à nous en
jurant.
Jurer , (ignifie aufli confirmer , rati-
fier une chofe par ferment. Les deux
Puijfances viennent de jurer la paix.
Ils lui jurèrent ebéijfance.
Jurer , (ignifie encore promettre for*-
temçnt » quand même ce feroit fans
jurer. Il lui jura un fecret inviolable.
Les amans fe jurent toujours fidélité.
On dit , jurer la mort d'une per^
fonne , jurer fa ruine , jurer fa perte ;
pour dire > prendre la réfolution de
procurer fa more ^ fa ruine > fa
perte.
Jurer , verbe neocrt j fignifie aufli
faire des fermens fans ùâeffité » par
emportement ou par une mauvaife
habitude. C*ejl un homme qui ne fait
qu^ jurer. Il juroit comme un char--
reeier.
Jurer > fe dit figurémenr au neutre
de deux chofes dont l'union eft cho-
. quante. Ctete couleur jure avec celle*
là. Son âçe & fes manâres jurent
enfemble^.
On dit aufli , cj^un violon ou un
autre inflrument jure , lôrfqu'il rend
un fon aigre.
La première fyllabe eft brève
Aa
/^
lU JUR
^ & la féconde longue oa brève.
yoye:^ Verbe.
Les temps oa perfonnes qui fe
terminent par un c féminin , ont
leur pénultième fyllabe longue. |
JUREUR i fubftaniif i^afculin. Qui
jure beaucoup par mauvaife habitu-
de ou par paflion. C'cfl un ju^ur
& un blafphémauur^
JuREua , s*eft die autrefois parmi les
Francs y de celui qui fe purgeoit
par ferment d'une accufation ou
d'une demande faite contre lui.
Selon la loi des Francs Ripuaires »
on fe contentoit pour la décifion
des affaires des feules preuves P^a-
tives. Ain(î celui contre qui on tor-
moit une demande ou une accufa-
tion , pouvoit dans la plupart des
casfe juflifier en jurant avec ua cer-
tain nombre de témoins qu'il n'a-
voit point fait ce qu'on lui imputoit,
& par ce moyen il croit ablous de
f accufation.
Le nombre des témoins qui dé-
voient jurer atigmentoit félon Tim-
portance de la choie \ ilalloit quel-
quefois à foixante & douze, '& on
lies appeloit/wrett^j ^juratores*
La loi des Allemands porte que
jtifqu'à la demande de fix fous on
s'en purgera par fon fermenf , &
celui de deux jureurs réunis.'La loi
des Frifohs exigeoit fept jureurs
pour établir fon innocence dans le
ca» d'accufation d'homicide. On
voit pat notre ancienne hifloire que
Ifon requéroit dans quelques occa-
fions , outre le ferment de la per-
ibnnq , celui de dix otf douze junurs
pour pouvoir obtenir fa décharge.
JSURl DICTION ; fubflantif féminin,
pouvoir de celui qui a droit de
y ^ger.
Quelquefois ce mot (ignifiele ref
&tt ». rétendue du lieu.où un J^ge
ili Ife gouvoit de. jugçj:*
Quelquefois auili on entend par
Juridiclion , lé Tribunal où l'on rend
la juflice.
. On diftingue deux forres de Jiiri*
dictions principales^ iâ JuridiSlon
ecclejiajiique , & la Juriduiion fccu^
liire.
La JuridiSion eccléfiafiiqut eô: le
pouvoir qui appartient 4 TEglife d'or-
donner ce qu'elle rrouve de plus con'-
venable fur les chofes qui fonr de fa
compétence , & de faire exécuter
fes loix 6c fes jugemens.
Jésus Christ en quittant la terre
a laiile à fon Êglife le droit de fi^e.
exécuter les lois qu'il lui avoit pper^
crites , d'en établir de nouvelles '
quand elle le jugeroit néceiTaire &
de punir ceux qui n'obéirôient point
à fes ordonnances. C'cft là l'origine
& le principe de la Juridiâion
eccléfiaftique , dont le fils de Dieu
fait homme a confié le dépôt à fes.
Apôtres pour le tranfmettre à ceur
qui dévoient gouverner l'Eglife
après eux jufqu*â la confotnmatioik
desfiècles. Comme Jis us-Christ
ne s'efl fait homme que pour
fauver les hommes & pour rendre^
témoignage i la vérité , il s'efl pro*
pofé de les inflruire , fans exercée:
aucune puiflànce fur le temporel*.
Il a déclaré que fon royaume n'éroic
pas de ce monde: il n'a* pas même
voulu fe mêler d\in partage entre
deux frères^ Sa puiATance ne s'exer-
çoit donc que fur le fpirituçl. Celte-
au'il a confiée à l'Églife n'elt point
d'une nature difiiérente , ainfi qu'il
le dit à fes Apôtres y en leur donnant:
leur miflion. De-là^il fuit que la ju-
ridiâion qui appartient a l'Églife
de droit divin, ne confifte que dkns.
le pouvoir d'ènfeigaer les nations ».
de remettre les péchés, d'adminif--
trer aux fidèles les facremens ,. &"
dfi punir par. des peines purement:
i;
JUR
ipîrîtcielles ceux qui violent les lois
ecclédaftiques. ^
Mais quoique dans Torlgine la
jurididlion de l'Églife fût bornée à
ces feuls objets » les Princes fécu-
liers par refpeft pour TEglife, &
pour honorer lesPafteurs, lui ont
attribué une autre efpèce de juri-
diâion qui eft de droit humain &
)ofitif : ils ordonnèrent d'abord que
esÉvèques pourroienc juger les af-
faires civiles , comme arbitres , du
confentement des parties. Condan-
tin ordonna qu*il n'y auroit aucun
appel de leurs jueemens, & que
les Juges féculiers les feroient exé-
cuter par leurs Officiers.
Les Empereurs Ârcadius & Ho-
noriusayant remarqué que quelques
£vcques cherchoientà étendre trop
loin lapuiiïance qui leur avoir été
accordée , les réduidrent à jugçr
feulement des affaires de religion.
Valentinien II renouvela ce règle-
ment j mais Juftinien renditaux Evî*.
ques toute Tautorité que quelques-
uns leur avaient ôtée; il leur éta-
blir même une audience publique,
'& donna audi aux Clercs & aux
Moines le privilège de ne pouvoir
être obligés de plaider hors de leur
Province , & de n'avoir que leur
Évcque pour Juge en matière ci-
' vile , & pour les crimes eccléfiaf-
dques.
Ce même Empereur connoiffaot
la probité & la charité desÉvcques j
& fiiivanc en cela lexemple de plu-
sieurs de fes prédéceflTeurs, leur
donna beaucoup d'aucorirc dans
certaines affaires temporelles, com-
me dans la nomination des tuteurs
fie curateurs j danslçs comptes dts
,deiiiers communs des villes , Ip s
Xî^archés Se réceptions des ouvrages
publics J la vifite des prifons , 6c
pour la proteé^ioa 4es efcUves » if$
JUR liy
eiifansexpofés, des perfonnes mi-
férables; enfin pour la police^ contre
les jeux de hafard , 6c contre la
proÂitution ^ mais leur autorité ,
par rapport d ces différentes cho fes,
neconfilloitqu à veillera rexécuriott
de$ règlemens concernant la piété
& les bonnes mœurs , fans qu'ils
euffcntà cet égard aucune juridiSion
coaâive.
Les lois civiles qui autorifoient
les Evêques a connoître des diffé-
rends des Clercs, entroient dans
lés vues de rÉglife^ qui étoienc
d empêcher fes minières de plaider-»
ou du moins qu'ils ne parufient de^
vant les Juges Laïques» dans la
crainte que cela ne tournât au mépris
du minUlère £cc*é(ia(lique ; ceA
pourquoi le troifième Concile de
Carthage avoir ordonné que fi un
Evcque ; ou un Prêtre , ou autre
Clerc pourfuivoic une caufe dans un
Tribunal public , & que ce fût en
matière criminelle j il feroit dépofé,
quoiqu'il eût gagné fa caufe j q
H c ctoit en matière civile ^ il per
droit le profit du jugement s'il
vouloit pas s'expo.fer a être dépoft. x
Le Concile de Calcédoine ordon-
ne qu un clerc qui a une affaire
contre uu autre clerc , commence
par. le déclarera fbn Evêque pouc
Ten faire juge 9 ou prendre des ar-
bitres du conienrement de TEvêque*
Quelques autres Conciles poftér
rieurs ne défendent pas abfolument
aux clercs d'agir devant les Juges
féculiers , mais de s*y adreffer ou
d'y repondre fans la peruiifllon de
l'Évèque.
La JuridiAion ecclifiaflique s*ac«
crut encore dans les fiècles fuivansj
rslleinent qu'en S 66 9 le Pape Nico-
las l dans fes réponfes aux Bulgares >
dit qu^ils ne doivent point juger les
clercs ^ maxime fondée principale-
A a ij
- -w-*--^
JÊ
188 JÙR
ment far les faulTcs décrétâtes com-
me on voie (kns le (raicé de Gra-
nen«
Il n*y eut point de pays fartoat
où les Évèqaes acquircnr plus d'au-
torité qu'en France : on perfuada
à Charlemagne dans fa vieillefle
qu'il y aroit dans le code Tlicodo-
fien une loi de Conftantin portant
que Ci de deux fcculiers en procès,
l'un prenoît un Évcque pour Juge ,
l'autre étoit obligé de fe foumettre
au jugement fans en pouvoir apoe-
1er. Cette loi qui pafle chez les cri-
tiques pour fuppofce , ou du moins
qui n'avoit jamais été exécutée juf-
qu'au temps de Charlemagne , fut
adoptée par ce Prince dans fes capi-
tulairès, & Louis le Débonnaire Ion
'fils en fat une des premières vie-
> Dmes*
Le tfoifîème Concile de Latran
pouiTa les cbqCes jufqu'd défendre
aux laïques > fbos peme d'excom^
munication » d'obliger les clercs i
comparoitre devant eux , & Inno-
cent III décida que llss clercs ne
E ou voient pas renônter i ce privi-
\ge , comme étatlt de droit public.
La Jurididion de^ Év^ues fe
trouva pourtant fort reftreinte dès
le dixième fiècle pour les matières
loirituelles , par f'extenfion qui fut
'donnée i Tautoriré du Pape au pré-
judice des Ëvèques 8c par la Juri-
diction des Légats qui furent en-
voyés fréquemment dans le on-
zième fiàcle. Les ÉVcques cher-
chèrent à s'en dédommager en étcn-
danr fotis difFérens prétextes leur
juridiâion fur les piatières tem-
porelles.
Non-feulement lesCîercs éroient
alors totalement exempts de la ju-
ridiûîon féculière , mais lès Évc-
ques exôrçoient même leut jurî-
diâidh fur les Séculiets. Oaos la
JUR
plupart des af^ires , ils prenoîenr
connoiiTance des canfes réelles &
mixtes où les Clercs avoient intérètj
& trou voient toujours moyen de
les attirer , foit fous prétexte de
connexité) ou par reconvention ^
ils revendiquoient les criminels qui
fe difoient Clercs, quoiqu'ils ne
pôrtaflent ni Thabit ni la tonfure ;
lis donnoient la tonfure 1 tous ceax
qui fe préfentoient pour augmenter
le nombre de leurs Jufticiables , Se
mettoient au. nombre des Clercs
tous ceux qui avoient la tonfure »
quoiqu'ils fufTent mariés. Les meu-
bles des Clotcs n'éioient fujets qu i
là juridiûion ecdcfiaftique, ions
prétexte que les meubles fuivent
la perfonne.
ils connoifibieht de Texécation
des contrats auxquels on avoir ap-
pofé la claufe du fermenr ^ claufe
qui étoit devenue de ftyle y & en
général toutes les fois quil pouvoir
y avoir du péché ou de la mauvaife
foi dans l'inexécution de quelque
aâe , c'en étoit afTez pour attirer
la caufe devant les Juges d'Ëglife ,
au moyen de quoi ils connoiflbient
de tous les contrats.
L'exécution des teftamens étoic
aufll de leur compérence » i caufe
des le^^s pieux, ce qui entraînoic
les fcellcs & les inventaires.
Us connoiffoient aufli des con-
ventions matrimoniales, parceque
le dctuive fe cohftituoit en face
d'Églife, â la pcnedu rhoupicr.
Les veuves, les orphelins > les
mineurs , les pauvres étoient fous
leur proteâion, & partant leurs
jiifticiables.
Ils excomnidnioiént ceux eut
étoient en demeuré de payer les
fommes par eux dues, & obligeoienc
les Juges laïques de contraindre les
excommuniés i fe faire abfôudre^
feus ^iM d'ècre êtt3r-mt'mes Ac-
xrommuniés, défendant de rien
vendre aux excommuniés, ni de
tr^ivatlltr poar eux , mecrant les lieux
en inrerdk, (joand les Juges lie leur
obéiflbienc pas^ ils joignoient même
aux cenfures des amendes pécu-
niaires j ce que dans Torigine les
Juges d'Èglife n avoient point le
f^ouvoir de faire, ne pouvant félon
eur état impofér que des peines
/piritueltes.
I4s prétendoient aufli que c*étoit
à euxâ fuppléer lajudice léculièré,
lorfqu'elle ^t jit fulpciâre aux parties
ou qu'elie tardoit un peu a faire
droit.
Enfin ils qualifioient de crimes
cccléfiafiiquef , même à Tégard des
Laïques , la plupart des crimes » tels
queleconcuDÎnage, rufure, le par-
jure, en forte qu'ils' 5*arrogeoient
Ul connoilTance de toutes les afiai tes
criminelles j auffi bien que des af-
faires civiles ; il ne reftoit prefque
plus rien aux juridiâions féculières.
Ces entreprifes de la juridié^ion
cccléfiaftique (ur la juridiâiohfécu-
lière firent le fujet de la fameufe
Jifpute entre Pierre de Cugneres ,
Avocat du Roi , & Pierre Bertran-
di , Évcque d*Autun , devant Phi-
Hppe de Valois à Vii^cennes > €n
1319.
Pierre de Cugneres fouiînr <jue
rÉglife n*avoit que la juridiftion
purement fpirituelle,& qu'elle n'a-
voit pas droit de juger des caufes
temporelles: H coita 66 chefs fur
lefqnels il foùtint que les ÉccWfiaf-
tiqtres fexcédoient leut pouvoir , no-
tamtnent dans les matières tempo-
relles dont on a vu ci-devant que les
Juges d*Égtife s'étoient àtttibtté la
connoilTance.
Bfettrandi prétendît au coi^traire
4pLt les Ecciefiaftiques étoient ca-
SUR 189
pabies dt la |utidiftîon temporelle»
auQî bien que dfe la fpUituéllei il
répondit à chacun des 66 articles ,
& en abandonna quelques-uns com-
me des abus que rEglife défavouoit ;
thai^il en défendit la plus grande
partie, alléguant la coutume, la
pofleflîon fldesconceffions èxprefles
•ou tacites des Princei qui avoient
cru ne pouvoir mieux faire , que de
confier l'exercice de cette pbrtion de
la îuftice aux Juges de 1 Églift i il
exnorta le Roi à rte rien innover »
& h chofe en demeura là pour lors.
Mais ce qu'il eft important cPob-
fervêr,c'eft que Pierre de Cugneres
qualifia d*abus les entreprifes des
eccléfiaftiques fur la Juridiélion
temporelle , & c'eft à cette époque
que Ion rapporte Torigixie des ap-
pels comme d*abus , dont l'objet eft
de contenir les Juges d'Eglife dans
les bornes de leur pouvoir » & de
les obliger de fe conformer aux an-
ciens canons , aux lois & aux Or«
donnances du Royaume dans Ttxer*
cice de la Juridiâion qui leur eft
confiée.
On a encore apporté deux tempes
ramens pour litniter la JuridiSion
cccUJraJli^ue»
L'un eft la diftInâioA du délie
commun d'avtc le délit privilégié \
rÉglife connoît du délit commun
des clercs; le Juge royal counoîr
du cas privilégié.
L'autre eft la dittîn€kîoh que Ton
fait dans les tfiatières eccléfiaftiques
du pétîtoire d'avec le poireffbire }
le Juge d'Églife connoît du pétiroire»
mais le Juge royal Connoît feul dtt
poITeflôire.
Cefut-principalemenr TOrdon-
nanct de François 1 de 1539, qui
Cotntnetita i renfermer k ^juridio
tion eccléfiaftique dans de juft^
bornes.
ii>ô J U R
Ce Prince défendit à coas fes fu*
jets défaire cicer les laïques devant
les Juges dÉglife, dans les aâions
pures perfonnellei , ibus peine de
perdre leur caufe & d'amende arbi-
traire y il défendit aufli par provi-
fîon à tous Juges d'Eglife de déli-
vrer aucune citation verbale ni par
écrit pour citer les laïques dans les
matières pures petfonnelles , fous
peine aulli d'amende atbitraire.
Cette même ordonnance porte que
c'eft fans préjudice de la Juridiction
ecclé(îa(lique dans les matières de
ia<;rement ou autres purement fpi-
rituelles & eccléfiaftiques dont ils
peuvent connoître contre les laïques
lelon la forme de droit , & auffî
fans préjudice de la Juridiâion tem-
porelle & féculièrç contre les clercs
piariés & non mariés ^ failant &
exerçant états ou négociations pour
iraifon defquels ils font tenus &
accoutumés de répondre en Cour
féculière.j où ils continueront de
procéder, tant en ipatipre civile
i^ue criminelle.
Il eft aufli ordonné que Içs appejs
commç d'abus interjetés par les
Prêtres Se autres perfonnes ecclc-
fia(liques dans les matières de dif-
ciplii^e Sç dç correé^ion , ou ai^ires
pures pçrfonnelles > p'auroiic aucun
effet lufpenfih
L'Ordonnance d'Orléans r^gla
que les Prélats 4c leurs O/ficiers
n'ufi^roient de cenfures cccléfîafti-
ques que pour des crimes fcanda-
)eux & publics \ mais comme cette
difpofîtion donnoit lieu à beaucoup
de difficultés , Cl>arles IX y p^ fi^s
Je ttres- parentes de l'an 1571, régja
que les P;éiars pourroi^it ufer des
cenfures dans les cas qui leur font
permis par les f;^ints Décrets $c
(Conciles.
jL'Édif de 1 tfj? 5 , concernant }a
JUR
Juridiâion ecdéfiaftique , ordonne
que les Ordonnances j Edits & Dé-
clarations rendus en faveur des ec-
cléfiaftiques concernant leur juri-*
didbion volontaire Se contentieufe
feront exécutés.
La Jurid'iclion gracieufc , appelée
tufll Juridiciion volontaire , eft celle
qui s'étend fur 1 adminiftration des
ordres & des facremens , la colla-
tion des bénéfices, Tinftitution ca-
nonique & autres matières fpirî-
ruelles que TEvèque tient de foa
propre caradfcère.
La jurididion contentieufe , qui
eft celle accordée aux Pafteurs par
les Princes féculiers , connoît des
affaires perfonnelles intentées con-
tre les clercs , ranr pour le civil
que pour le criminel. Les Évcques
font parr de leur Jurididkion volon-
taire aux grands Vicaires , & de
leur Juridiâion conrentieufe aux
Officiaux.
Les principales difpoficions de
cet Édic portent que les eccléfiafti-
ques pourvus en (Jour de Rome de
fiénéncçs en la forme appelée dig-'
nuni , font tenus de fe préfenter en
perfonne aux Archevêques âf Ev^
ques dans les Diocèfes defquels
lefdirs Bénéfices font (itués , & ça
leur abfence à leurs Vicaires géné-
raux pour fubir l'examen Se obtenir
des lettres de yifa /dans lefquelles
il doit être fait mçntiot^ dudic
examen.
Ceux qui. ont obtenu en Cour de
Rome des provifious en forme gra-*
cieufe d'une cure , vicariat perpé-
tuel , ou autres bénéBces a charge
d*ames , ne peuvent entrer en pof-
feflîon & jouiffonce defdits bénéfi-
ces, qu*après qu'il aéré informe de
leur vie , mœurs & religion , qa'i|s
ont fubi Texamen devant TArche^
vê(jue 01^ jËyècjue'diocéfafn.^ QU I9A
JUR
Vicaire ginéizl en Ton abfence , ou
après en avoir obtenu le vifa.
Le»Ârchevèques& Èvèquesécanc
hors de leurs oiocèfes > peuvent y
renvoyer s'ils reftimenc néceflai-
Te-, ceux qui leur demandent des
lettres de vi/dt^ afin d'y être exa*
minés en la manière accoutumée.
Les Archevêques & Évèques >
ou leurs Vicaires généraux qui re*
fufent de donner leur vifa ou leur
înftitution canonique, font tenus
d'en exprimer les caufes dans les
aâes qu'ils font délivrer i ceux aux-
quels ils les ont refufés.
Les Cours & autres Juges ne
peuvent contraindre les Archevê-
ques^ Êvèques & autres collateurs
ordinaires, de donner des provi-
lions de bénéfices dependans de leur
collation,, ni prendre connoiflance
du refus, à moins qu'il n*y en ait
appel comme d'abus.
Lorfque les Cours on autres Juges
ordonnent le féqueftre des fruits
d'un bénéfice ayant charge d'anaes,
jaridi&ion ou fonâion eccléfiafti-
qœ ôc fpirimelle donc le poflèUbîre
eft contentieux j ib doivent ren-
voyer par le même jugement ^ par-
devant l'Archevêque ou . Èvêque
diocéfain ,. afin qu il çommetre pour
le deffervir une ou plufieurs per-
fonnes , aurres cpio celles qui y pré-
tendent droit.
. Les réguliers ne peuvent prêcher
dans leurs Éelifes ou Chapelles ,
fans s'être préfentésen pecfoanes aux
Archevêques ou Èvêques diocé-
fains 9 pour leur demander leur bé-
jiédiÂion , ni y prêcher contre leur
volonté. A régacd.des autres Êgli-
feSy les féculiers &c réguliers ne
peavent y prêcher fans en avoir ob-
tenu la permiffion des Archevêques
^M|^vêques qui peuvent la limiter
ûBTrévoquec aina qu'ils le j.ugentà
JUR icfi
propos. Dans les Églîfes qui ontr
titre ou po({è(lion valable pouc la
nomination des prédicateurs^ ceux^
ci ne peuvent pareillement prêcher
fans l'approbation & miffiondesAr^^ '
chevêques & Èvêques.
Il n'eft point permis aux Prêtres
féculiers & réguliers d'adminiftrer
le facrement de pénitence , fans en
avoir obtenu la permiffion des Ar-
chevêques ou Evêques , lefquels la
peuvent limiter pour les lieux, les
perfonnes , les temps &les cas , ainâ
qu'ils le >ugent à propos , & la révo-
quer même avant le terme expiré
pour caufes furvetuies depuis à leur
connoifTance.
Cesdifpofitions ne s'étendent pas
fur .les Curés, foit féculiers, u)ic
réguliers j ris peuvent prêcher &ad-
miniftrer le facrement de pénitence
dans leurs Pïiroi(fes : lesTnéologaUs
peuvent auffi prêcher dans les Ègli-
fesoù ils font établis , fans aucune:
permiffîon pfus fpéciafe.
Les Archevêques de Èvêques dbi*
vent vificer tous les ans au moins une*
partie de leurs dîocèfes,flt faire vifi*
ter par les Archidiacres ou autres
eccléfiaftiques , ayant droit de le
faire fous leur autorité , les endroits
où ils ne peuvent aller en perfonne, à
la charge par tefdits Archidiacres ou
autres eccléïîaftiques , de remenre
aux Archevêqties& Èvêques dans'un»
mois leurs procès - verbaux de vi-
fite,afin> d'ordonner en conféquence
ce qu'ils eftimeront néccfifaire.
Les Archevêque! & Èvêques peu-
visnt vifiter en: perfonne les Égtifes*'
paroifTiales fituées dans les Monaftè-
re$,Commanderies & Églifes des re^
ligieux qui fe prétendent exempts*
deleur j4iridiâ;ion^& pareillement^
foit par eux , foir par leurs AichL^
diacres* ou autres ecdéfiaftiques „
celles: dont les^Cucés; font Rei igjéua^
■ r
19^ JUR
& celles où les Chapitres préceodunt
avoic droic de vifitew
Il eft enjoinc aux MarguiUiers »
Fabriciens de reprcfepter les comp-
tes des revenus & de la dépenfe des
Fabriques aux Archevêques , Evc-
ques Se â leurs Archidiacres > aux
jours qui leur ont été marqués,
les Archevêques & Évèques font
charges par le même Édit de veil-
ler , dans rétendue de leurs Dio-
cèfes , à la confervation de la dif-
cipline régulière dans tous les Mo-
naftères exempts ou non exempts ,
tant d*honi™cs que de femmes 9 où
elle eft obfervée ^ & â fou rétablif-
femenc dans tous ceux où elle n'eft
point en vigueur»
Les Religieufes ne peuvent fortir
des Monauères exempts ou non
exempts , fous quelque prétexte
que ce foit^ pu pour quelque temps
que ce puiàe être , fans caufe l^i«
time & qui ait écé jugée telle
par TArchevcquc ou Êvèque Dio-
céfain qui^ en donne la peripi^on
Î>ar écritt Aucune perfonne fécu-
ière ne peut pareillement entrer
dans ces Monaftères ians la permif-
fon defdits Archevêques ou Ëvè-
ques , ou des fupérieurs réguliers i
l'égard de ceux qui font exempts ,
le tout fous les peines portées par
les Confticutto|is canoniques Se par
les Ordonnances.
Les Archevêques & Évêques
peuvent , avec les folemnirés Se pro-
cédures accodbimées » ériger des
Cures dans les lieux où ils leftiment
néceflàire.
Il rfeft permis aux Archevêques
& Èvêques non plus qu'à leurs Of«
ficiaux , de décerner des monitoi-
res que pour des crimes graves &
fçandales publics. Les Juges ne dol*
vent en ordonner la pubKcatioii^ue
dans les mêmes cas , Se lorfqu*ili tie
peuvent avoir autrement la preuve.
Le règlement de l-honoraire des
eccléiîaftimiesappartient aux Arche-
vêques & Evêques.
Ils peuvent ordonner les fctes
qu'ils trouveront à propos d'établir
PU de fupprimer dans leurs Diocè-
fes y mais les Ordonnances qu'ils
rendent, fur ce fujet , doivent être
revêtues de lettres patentes du Rot
enregiftrées. Il eft enjoint aux Cours
& Juges de tenir la main i Tezéca^
tion de ces Ordonnances , fans qu'ils
puiffent en prendre connoilTance »
fi ce n'eft en cas d'appel comme
d abus j ou en ce qui regarde la
police.
Les Archevêques » Évêqnes »
leurs grands Vicaires Se autres ec-
cléfiaftiques qui font en po(Iè(BoQ
de prénder & d'avoir foin de l'ad-
miniftraciôn dés hofntaux & des
lieux pieux établis pour le foula-
gemeot > retraite & mftruâûon des
pauvres font maintenus par cet Édit
dans tous les droits , féances &
honneurs dont ils ont légitimemenr
joui jufûu'â piéfent.
Le même Édit confirme aux Ar«
çhevêques & Évêques la connoif*
fance Se le jugement de la doârine
concernant la Religion : connoif*
fauce qui leur appartient de dioit
divm.
Il eft de plus enjoint aux 06S'
cièrs roj^aux & aux Cours de Par««
kmem j de laifTec & même de ren-
voyer aux Juges d'Églifie , la con«
ttoiflànce des cauies concernant les
Sacremens , les vœux de religion ^
FOffice divin > la difcipline eccié*
fiaftique , Se autres purement fpi«
rituevles j fi ce n'eft qu'il 7 eut ap»
p^l comme d'abus , interjeté efdites
Coucs j de qoi^lques 7ugeni^^ ,
Ordo;uiaBces ou procédures notes
fur
JUR
Aif ce ru)e( ^c les Juees (^'ÉgUfe ,
ou qu*îl s'agic d'une iucceffion où
autres effets civils , à l'occaHon def-
quels on traiteroic de l'ctac des per-
fonoes décédées ou de celui de leurs
enfans.
Les Cours ne peuvent connoitre
ni Recevoir d'autres appellations
des Ordonnances & Jueemens des
Juges d'ÈgUfe , que celles qui font
qualifiées comme d'abus. Il eft en-
joint aoxdites Cour d'en exami-
ner , le plus exaAement qu'il
leur eft poflible , les moyens avant
de les recevoir » & de procéder à
leurs Jugemens avec telle diligence
& circonfpeâion que Tordre & la
difciplineecctéfiaftiquen'en puifTent
erre altérés ni retardes , Se qu'au
contraire ils i^e ferventqu'â les
maintenir dans leur pureté fuivant
les (aints décrets , & à conferver
Tautorité légitime & nécefTaire des
Prélats & autres fupérieurs ecclé-
fiafliqtaes. '
Les procès criminels qu'il fera .
aéceflàire de faire aux prêtres » dia- |
cres fous'diacres ou clercs vivant
derîcalemenc y réfîdant & fervant
aux Offices ou au miniftère & bé-
néfices qu'ils tiennent dans l'Èglife >
& qui feronc accufés des cas que
ion appelle privilégiés , doivent
erre iniiruics conjointement avec
les Juges d'Églife ôc par les Juges
royaux y en la forme prefcrite par
les Ordonnances , & particulière-
ment par l'article ii de i'Èdit de
Melun , par l'Édit du mois de Fé-
vrier i6jt , & par la Déclaration
du Roi du mois de Juillet l (S84*
Comme la juridiâîon eccléfiafti-
que n'a point de territoire , . la re-
coonoiflance d'une promeffe ou bil-
let faite devant le Juge d'Eglife ,
n'emporte point d'bypothèque.
Avant l'édit de 1^95 » le Juge
Tome XK.
JUA 195
d'Eglife ne pouvoir mettre à exécu^
tion les jugemens , que par exécu-
tion de meubles & non par faifie
réelle*
Le Juge d'Eglife pouvoit décré-
ter même de prife-de corps j mais
il ne pouvoit faire arrêter ni em^
Erifonner fans implorer l'aide du
ras féculier j ii pouvoit feulement
faire emprifonner ceux qui fe rrou-
• voient dans fon auditoire , lorfqu'il
y avoir lieu de le faire \ mais par
l'article 24 de Tédit de 166%^ il eft
dit que les fentences & jugemens
fujets a exécution , & les décrets
décernés par les Juges d'Eglife , fe-
ront exécutés en vertu d*e cette nou-
velle ordonnance , fans qu'il foitbe^
foin de prendre aucun pareatis des
Juges royaux ni de ceux des Sei-
gneurs , & il eft enjoint à tous Ju-
ges de donner main-fone & toute
aide & fecours dont ils feront re-
quis , fans prendre aucune con-
noiftance des jugemens eccléfiafti^
ques«
Il a toujours été d'ufage de con-
damner aux dépens dans les Tribu*
»nauxecclé(iaftiques, lors même que
Ton n'en adjugeoit pas encore en
Cour Laye \ mais le Juge d'Eglife
ne pouvoit autrefois condamner à
l'amende à caufe qu'il n'a point de
territoire : préfentemem ilpeutpro*
noncer une amende, laquelle ne peut
être appliquée au profit de l'É vécue
parceque l'Eglife n'a point de fiic ;
il faut qu elle foit appliquée à de
pieux ufaees & que Tapplication
en foit déterminée pat la fen-
tence.
Les autres peines auxquelles le
Juges d'Eglife peut condamner »
font la fufpenfîon , l'interdit » l'ex- .
communication , les jeûnes , les
prières , la privation pour un temps»
du rangulans L'Eglife , de soi%r 4é-
" Bb
1^4
JUR
libcracîve- dans le Chapitre , des dif-
rributions oa d*une partie des gros
fruits, la privation des Bénéfices^
la prifon pour un temps , & la pri
Ion perpétuelle » t amende - hono- 1
rabie dans l'auditoire , nue tète Se à
genoux.
L*£gUfe ne peut pas prononcer
Je peme plus grave \ ainfî elle ne
peut condamner i mort ni si aucune
peine qui emporte effufion de fang,
ni â être fouetté publiquement , ni
à la queftion ni aux galères y elle i
ne peut même pas condamner au
banniiïèment , mais feulement or-
donnera an Prêtre étranger de fe re*
tirer dans fon diocèfe.
On appelle jundiUion quoji tpif-
€opal€ ou comm€ épifcopale , celle
clont jouiflent pluneurs Chapitres
& Abbayes , & qui leur confère le
droit d*avdr des Officiaux^ de don-
ner rinftiturion canonique des Bc-
néficieris , d ordonner des prières >
de faire la vifîte dans leur retTort ,
de tenir Synodes , de donner des
dimifToires , &c. Notre }urifpru-
dence a été fore févère , & par rap-
port aux titres & par rapport à Té-
xercîce même de cette juridiâion,
pour éviter tous les abus. Quand on
a porté devant les Tribunaux fécu-
Uers des affaires de cette nature »
•n a prefone toujours ordonné de-
puis un iiecle , que les Chapirres
Sui préteixloient ne relever que du
aint Siège ou du métropolitain ^
êc qui croient en pofleffion immé-
snoriale d'avoir an Officiai , con-
ierveroient un premier degré de
jortdidion , i la charge que les ap-
pellations des jugemens rendus par
iOfficial du Chapitre, fefoient pot-
tées devant celui de rÉvèqueauquel
en a donné en outre le droit de
prévention » faufe par TOfficial du
JUR
Chapitre d'informer dans les trois
jours.
Il a été jugé qu'un Chapitre qui
eft en po.lTeUion de la juridiâioo
comme épifcopale» n'eftpas endroit
d'empêcher des Prctres approuves
de l'Ëvèque , de prêcher dans i'écen-
due de fa juridi&ion.
Ju&iDicrioM SEcuLiÈRB , fe dit de
toutes les juridiâions royales » fei*
gneuriales & municipales. On les
appelle féculiirts^ pour les diftin*
guer des juridictions fpirituelles ou
eccléfiaftiques.
1 1 n*appartienc qu'à la jut idiâion
£écultère » d*afer de contrainte ex-
térieure , & de procéder par exécu-
tion des perfonnes èc des biens.
Les juridiâions royales font des
Tribunaux où la piltice eft rendue
par des Officiers commis à cet ef-
tet par le Roi , à la différence des
jutidiâions feigneuriales qui font
exercées par les Officiers des Sei-
f;neurs , des juridiékions municipa-
es qui font exercées pat àts per-*
fonnes choifies par les citoyens en-^
tre 6ax » & à^% juridi&ions ecclé-
(iaftiques qui font exercées par les
Officiers des EccUfiaftiques ayant
droit de juftice.
Il y a differens ordres de jaridic-
tions royales dont le premier eft
compofé des Parlemens , da Grand
Confeil & autres ConfeiU fouve-
raias , des Chambres des Comptes»
Cours des Aides , Cours des Mon-*
noies & autres Cours Souverai-
nes.
Le fécond ordre eft compofé des
Bailliages , Sénéchaaffées & Sièges
préfidiaux.
Le troifième 8c dernier ordre eft
compofé des Prévôtés , Mairies »
Vigueries .Vicomtes & autres Ju-
ridiAions femblables.
Les Bureaux des finances ^ Amn
JUR
rattiés , Élevions , Greniers à fel ,
& autres Juges d'auubucion & de
privilège, font auffi des Jurididions
royales qui relTorrifrcnc Duenienr
aux Cours Souveraines; les Gruries
royales rellbrriflenc aux Maicrifes ;
celles-ci i la Table de Maibre , &
cecce dernière au Parlemeiir.
Les juridiAions royales ordinai-
res connoiffent de plufieurs matiè-
res , d Texclufion des juridictions
feigneariales , comme des dixmes ,
des cas royaux , des fubfticutions »
On dir 9 faire àclc de jwrididion ;
pour dire , u(er du pouvoir juridic
tionnel.
On appelle degrés de juridiclion ,
les difFcrens Tribanaux dans lef-
quels on peut plaider fucceflivemenc
pour la même affaire » 6c l'ordre
qui eft établi pour procéder dans
une jurididbion inférieure » avant
de pouvoir porter lafiFaireâ une ju-
fidiâion fup^rieure*
Les Komains a voient trois (brres
de furidiâions donr le pouvoir ctoit
différent ; favoir , celle des Magif-
trars du premier ordre qui avoient
merum & mixtum imperium , c'e(l*à«
dire , Tentière juridiAion , ou com-
me on diroic parmi nous haute ,
moyenne & ba(fe jujlice. D'autres
d*un ordre inféiieur » qui n'avoient
que le mixtum imperium dont le pou-
voir étoit moins étendu & refiem-
bloit i peu près à la moyenne juf^
tice. Enfin il y avoir des juridtAions
(impies qui reffembloient aflez à
nos bajjes jufiices ; mais ces diver-
ks juridiâions , quoique de pou-
' voir différent , ne formoienc pas
trois degrés de juridiâioo pour
l'appel.
Anciennement en France »^oi-
qu'il y eût différens Magiftratsqui
avoient plus ou moins de pouvoir ^
JUR ^jîj
on ne diftinguoic pointles degrés de
jurididbion y cependant du teni(>s
de Charlemagne le Comte de cha-
que province connoiflfoit d'affaires
graves privativement aux premiers
Juges appelés Centenarii , &c.
Dès le temps de Pépin il n'étott
pas permis d'aller au Roi avant d'a-
voir plaidé devant le Comte 6c de-
vant les Juges qui étoient fous lui;
autrement ii c'étoit un homme da
commun , on le battoit de verges ;
G c'étoit un homme qualifié il étoit
punii l'arbitrage du Roi.
Dans les juridictions féculrère^
il fe trouve en quelques endroits
jufqu'à cinq degrés de ruridiâion.
Le premier aegré, c'eft«d^dire, l'or-
dre le plus inférieur , ell celui de ta
iajfe ou de la moyenne juftice : on
peut appeler de ces juftices â la
haute qui fait le fécond degré \ de
Iz haute jufîice ^ on peut appeler à la
jnjlice royale , oui fait le troifième
degré ^ d^ (\ c'eft une Prév&té oaau«
tre jultice du même ordre , €>n*peut
en appeler au Bailliage ou Sénc-
chauiiée : enfin on appelk> de
ceux-ci au Pailement , ^qui fait le
cinquième degré.
Pour diminuer te nombre des de-
grés de juridiâions , i'Gnrdokinance
d Orléans , article 54,8: celle de
Rouflillon, article a4, avoient or-
donné que toutes Prévôtés , Vigue-
ries ou autres )urididlions royales &
fubalrernes qui étoient établies dans
les villes où il y a Bailliage on Se-
néchaoflée auxquelles elles reffat-*
tiflbient, feroienr filpprimées.
Mais comme cela nedevoit avoir
lien qu'à mefnre que les offices va^
qneroiont, l'cxéciuion en fiut par-
là fi long-temps différée 1 eue Henri
Ul par fon ordonnance ae filois ,
atxicle i8 8 , fe contenta d'ordonner
que lei offices de ces Sièges fabaU
Bb i;
19^
JUR
N
ternes , feroienc réduits na même
nombre où ils étoienc fuivaiU la pre-
mière création.
Cette loi n'ayant pas été mieux
exécutée , te Roi à ptéfent régnant^
après avoir fupprimé par difFétens
édits particuliers , pluneuFS Prévô-
tés , ^donna par un autre édit du
mois d'avril 1749 , que toutes les
• Prévôtés , Châtellenies , Prévôtés
foraines , Vicomtes , Vigueries &
toutes autres juridiAions royales
établies fous quelque dénomination
que ce fût , dans les villes où il y
a Bailliage ou ScnéchaufTée aux-
quelles elles étoient rcirortiffantes»
enfemble tous les Offices créés &
• établis pour fervir d l'adminidra"
lion de la fuftice dans ces furi-
diâions » demeureroient fuppri-*
mes.
Cet édit a laifie fubHfler les ju-
tidiâions Royales refTorti (Tantes aux
Bailliages & ScnéchaulFées y lorf-
^'elles ne font pas dans la même
ville.
En quelques endroits l'appel de
la haute juftice eft porté dire&e-
ment au Bailliage ou Sénéchaudee^
auquel cas il n'y a que trois degrés
dejaridiâion.
Dans les aflFàires qui font portées
rtUà au Bailliage royal , il ne peut
7 avoir que deux degrés de furi*
diftion's.
Il en eft de mime des affaires
Îui font du reiïbrt des Cours des
âdes ; il n'y a jamais que deux
. degrés de juridiction. En effet, des
Éleâions , Greniers à fel & Juges
des traites » on va direârem^nt par
appel à k Cour des Aides.
En matière d'Eaux & Forets il y
a ordinairement trois degrés , fa-
voir » les Gnieries & Maîrrifes y
ta Table de Maibf e & ie Pkrle-
JUR
L'ordre des juridictions eft de
droit public , tellement qu'il n eft
permis à perfonne de l'interverctr.
Il eft défendu en conféquenceaux
Juges d'entrej^rendre for la juridic-
tion les unsdes antres.
Il n'y a que le Prince ou les Cours
Souveraines , dépofitaires de fon
autorité , qui puiilenc diftraire quel-
qu'un de la juridiction à laquelle il
eft naturellement fournis.
Une partie qui n'eft pas affignée
devant fon Juge natutel ou autre
Ju^e compétent , peut décliner la
juridiâion.
Les particuliers ne peuvent pas
non plus déroger à Tordre naturel
des juridiâions ni Tincervertir »
quelque foumiffion qui ait été faite
i une juridiâiondl'exclufion d'une
autre , quand même cette tbumif-
fion feroit une des daufes du con-
trat^ il n'eft pas permis aux Parties^
même d'un commun accord , de
porter une affaire a un autre Juge
que celui auquel la connoiffance en
appartient naturellement ; autre-
ment le Miniftère public peutreven-
diquer l'affaire pour le Juge qui en
doir être fai6.
Il n'eft pas non plus permis en
matière civile» d'interverrir l'ordre
des juridiâions pour porter l'appel
d'une fentence â un autre Juge que
celui qui eft le fupérieur immédiat
du Juee dont eft appel y fi ce n'eft
dans les appels cotnme de déni de
renvoi , ou comme de J4]ge iiicom-
pètent, dans lefquels l'appel eft porté
reSâ au Parlement.
En matière crimineHe^ Fappelya
aufli toujours au Parlement omijfo^
mcdio».
Dans U juridiâioneccléfiaftiqur
il n'y aqUe quatre degrés.
L'omcial de l'Éveque eft le pre*
. mec degré ^ 00 appelle de-4à à
V
JUR
l'Official da Métropolitain qui eft i
ie fécond degré \ de celui-ci au pri-
mat qui fait le troifième degré , &
du Primat au Pape qui eft Te qua-
crième.
Quand TEvêqueou rArctievcque
eft fournis ioimcdiarement au Saint
Siège , il n'y a que deux ou trois
degrés de juridiftton.
Il peut arriver dans la juri Jiâlon
eccléliaftique que l'on ibit obligé
d'elTuyer cinq ou fix degrés de juri-
diâion y parceque le Pape étant re*
nu de déléguer des Commillaires
fur les lieux, y on peut encore appe-
ler de ces CommilTaires au Pape »
. lequel commet de nouveaux Com-
millaires jufqa'd ce qu'il y ait trois
fencences conformes > ainfi que
cela a été limité par le Concor-
dat. #
■ On ne doit pas confondre le dé-
troit «diftriâ ou territoire d'une ju-
xidiâion inférieure avec fonreifortj
le détroit ou le territoire d'une ju«
rididion inférieure » eft ie terri-
. coire qui eft fournis immédiatement
à cette jûridiâion ^ au lieu que le
reflbrt de cette même juridiàion ,
eft le territoire de celles- qui y vien-
nent par appel* *
Ainfi la juridiàion dts premiers
Juges qui n'ont point d'autres Ju-
ges au-deffous d'eux , n a point de
redore , mais feulement fon détroit
oa territoire j cependant on con-
fond qnelquetois ces termes dans
Tafâge , lurcout en parlant des
Cours Souveraines dont le ter-
ritoire & le reffort font la même
étendue.
JURIDICTIONNEL, ELLE ; adjec-
tif & terme de Jurifprudence.
Qui a Juridiârion. La déclaration du
X 1 Avril 1 5 J 7, porte qae le Rot na
foint entendu far ré£t de Créndtu ,
JUR
Ï97
faire aucun préjudice aux droits des
Seigneurs juridiclionnels»
JURIoiQUE j adjeaif des deuxgen-
res. Juridicus. Qui eft de droit» fé-
lon le droit & les termes de la juf-
tice. Une procédure juridique^ Cet acle
n eft point juridique.
Les trois premières fyllabes fon
brèves & la quatrième très-brève.
JURIDIQUEMENT; adverbe. /«ri-
dicè. D'une manière juridique. Pro-
céder juridiquement.
JURIEU i ( Pierre ) fameux Minif-
tre Proteftant, né en 15; 7 dans le
Diocèfe de filois. Il profeflTa da-
bord la rhéologie & l'hébreu à Se-
dan \ mais l'Académie de cette ville
ayant été atée aux Catviniftes en
1681 , il fe retira à Rotterdam la
même année. & y obrint une chaire
de théologie. Hdmme d*un zélé
emporté & fanatique,il s'y fignala
par fes extravagances & par fes
Îiuerelles avec les Philofophes de
.on parti : îl fe mêla de préfages »
de miracles > de prophéties: il ofa
Fré^re dans un commentaire fur
Apocalipfe , qn'en 16^9 le calvi-
nirmre feroit rétabli en France^Ilfe
déchaîna contre toutes les Puiifan-
ces de l'Europe oppofées au Protef-
tantifme» & fit frapper des médail-
les qni éternifenr la démence & fa
haine contre Rome Se fa Patrie*
C'eft avec ce fougueux rnfenfé que
Bayle , Philofophe fceptique , mais
doux y fimple &%moaéré eut à fe
banre. Cette guerre eut diverfes
caufes mais on ne fait pas encore
la véritable. Lés uns i'attribuem il
la Jaloufie qu'infpira à Jurieti le
fuccès de la critique de Khiftoiredu
Calvinifme de Maimbourg qu'il
s'étoit avifé de cenfurer en même
temps que Bayle. Les autres i ta
publication du Hvre de tavir de^
I réfugiés dont te PKilofophe ^£1
19? JUR
Iiour Tauteur , & qui déplut i tous
es enthouluftes. Le plus erand
nombre enfin , aux liaifuns de myle
avec Madame Jurieu. Cecce fem-
me de beaucoup d'efpric & de
mérite » connut Dayie â Sedan Se
l'aima. Son amant vouloir fe fixer
en France i mais lorfque Jurieu
pafTa en HoHande , l'amour rem-
porta fur la Patrie & il alla joindre
fa Maltreffe. Us y continuèrent
leurs Uaifons fans même en faire
trop de my itère. Tout Rotterdam
s'en enrretenoit ; Jurieu feul n'en
fa voie rieïT. On étoit étonné qu'un
homme qui voyoit tant de chofes
dans Tapocalypfe » ne vît pas ce qui
fe padbit chez lui. Il ouvrit enfin
les yeux. Un cavalier en pareil cas,
dit l'Abbé d'Olivet , tire l'épée , un
homme de robe intente un procès ^
un Poète fait une fatyre, Jurieu fît
des livres. Ce procès occupa long-
temps la Hollande. La conteftation
& la chaleur avec laquelle Jurieu
écBÎvit jufqu'I la fin de fes jours ,
épuisèrent Ion efprit. U^tomba dans
Tenfance , & il eft fort douteux fi
ce qu'il faifoit dans cet état de lan-
gueur , ne valoit pas autant que ce
qu'il avoit fait dans la force de
l'âge. Il mourut à Rotterdam en
1713 à 75 ans. Les Catholiques &
les Proteftans , du moins ceux qui
font capables d'équité , fe réunif-
fent aujourd'hui dans le jugement
qu'on doit pori^r de fes écrits & de
ia perfonne. Ils conviennent qu'il
avoit beaucoup de feu & de véhé-
mence, qu'il éroit capable d'enim-
pofer aux foibles par fon imagina-
tîoa } mais ils avouent en même
temps que fon zèle alloit jufqu'i la
fureur & au délire y Se qu'il étoit
plus digne de prêcher i des fréné-
tiques qu'à des hommes raifonna-
bles.
JUR
! JURIPÉBA i fubftantif œafculîti. Ar-
I brifièau épineux qui croît au Bréffl^
dans les terres fablonneufes j fa
feuille eft longue, déchiquetée ea
plufieurs endroits , lanugineufe en •
deflbus Se amère au goût : fa fleur
- difpofée en étoile , eit de couleur
blanche Se bleue : fon fruit reflèm-
ble au raifin. Les feuilles de cet
arbrifieau font eftimées vulnérai*
res.
JURISCONSULTEi fubftantif mif-
culin. Jurisconfultus. Celui qui fait
profeffion du droit & de donner
confeil.
Les anciens donnoient â leurs
Jurifconfultes le nom de Sages Se
de Philofophcs , parceque la Philo-
fophie renferme les premiers prin-
cipes des lois » Se q^ue fon objet eft
de nous empêcher de faire ce qui
eft contre les lois de la t^rure , &
que la Philofophie & la Jurifptu*
dence 'ont également pour objér ^
l'amour & la pratique de la juf-
tice.
Les Jurifconfultes de Rome
étoient ce que font parmi nous les
Avocats confultans , c'eft-à-dire ,
ceux qui par le progrès de l'âge &
le mérite de l'expérience » parvien-
nent à l'eTnploi ae la confultarion ,
& que les anciennes ordonrances
appellent Advocati CoRfiuurii; thais
à Kome les Avocats plaidans ne
devenoient point Jurifconfultes ;
c'étoient des emplois tout diffé-*
rens. «
Du temps de la République , Tem*
ploi des Avocats étoit plus hono-
rable que celui de Jurifccnfalte »
parceque c'étoit la voie pour, par--
venir aux premières dignités. On
appeloit même les JunfconJUltcs par
mépris ^formnlarii ou LcguUi ^ par*
cequ'ils avoient invente cerciines
formules Se ceruins monofyllabes
JUR
pour répondre plus gravement &
plus myftérieufemenc \ cependant
ils fe rendirent fi recommandables
qtt*on les nomma Prydcnus o u Sa^
picnus,.
Leurs rèponfes acquirent une
grande aurorirc depuis qu*Âugulle
eèr accordé là un certain nombre
de perfonnes illuftres , le droit ex-
clufif d mrerpréter les lois , & de
donner des décifions auxquelles les
Juges feroient obligés de fe con^
i§f>rmer ) il donna même i ces Ju-
rifconfulres des lettres \ en forte
qu*Hs étoient regardés comme Offi-
ciers de l'Empereur.
Caligula au contraire menaça de
détruire TOrdre entier des Jurif-
confultes^ mais cela ne fut pas exé-
cuté , & Tibère & Adrien confir-
mèrent les }urifconfultes dans les
privilèges qui leur a voient été accor-
dés par Augufte.
Théodofe le jeune & Valenti-
nien III , pour 6ter l'incertitude
qui naît du grand nombre d'opi-
nions diflPérentes i ordonnèrent que
les ouvrages de Papinien,de Catus,
de Paul , d'Ulpien & de Modi^ftin,
auroient fculs force de loi , & que
quand ces Jurifcon fuites feroient
partagés , le fentiment de Papinien
prévaodroit.
Ceux qui travaillèrent fous les
ordres de Juftinien à la compofi-
tion du digefte « firenr cependant
«i ufaf^e des ouvrages des autres
ifcon fuites , lefquels s'étoient
multipliés jufqu'â plus de looo vo-
lumes & plus de }ooooo vers. On
a marqué au haut de chaque loi le
nom au Jurifconfulte & le titre de
Touvrage donr elle a été tirée \ on
prétend qu'après la confeftion du
digefte , juftinien fie fupprimcr tous
les livres des Jurifconfultes \ quoi
JUR 199
qu'il en foit il ne nous en refte que
quelques fiagmcns.
Quelques auceurs ont entrepris
de railembler ces fragmensde cna-
que ouvrage, qui (ont à paît dans
le digtfte & ailleurs \ mais il en
manque encore une grande partie
qui (croit néctffaire pour bien con-
noicre les principes de chaque Ju*
r ifcon fuite.
JURISPRU DENCE ; fubftaritif fémi-
nin.'/urj/^M/^^/i/ia. La Icience^ du
droit.
On entend auffi par le terme de
Jurifprudcnce , les principes que
l'on fuit en matière de droit , dans
chaque pays ou dans chaque Tribu-
nal ; l'habitude où l'on eft de juger
de telle ou telle manière une quef-
tion & une fuite de jugemcns uni-
formes qui forment un ufage fur
une mcme queftion.
La jurifprudcnce a donc propre-
ment deux objets » lun qui eft
la connoiffaiace du droit » l'autre
qui confifte ï en faire Tapplica-
rton.
Juftinien U définit , divinarum af^
que humanarum rerum noiitia yjujli
atquc injujli Jcicntia ; il nous en-
feigne par* là que la fcience par-
faite du droit ne confifte pas fim-
f élément dans la connoiftancc des
ois , coutumes & ufages ^ qu elle
demande aufli une connolifance gé-
nérale de toutes les choies tant fa-
crées que profanes auxquelles les rè'
gles de la Jaftice & de l'équité peu-
vent s'appliouer.
Ainfi la jurisprudence embrafTe
néctflairemenr la connoifiance de
tout ce qui appartient à la religion^
parcequ'un des premiers devoirs de
la Juftice , eft de lui fervir d'apui ,
d'en favori (er Texerctce Se d'écar-
ter les erreurs qui pourroienr la
troubler 9 de s oppofer à tout ce qui
N
too J U R
poarroit tourner au nicprîs dt la
religion de de fes Minidres.
Elle exige pareillement la con-
noidancede la Géographie, de la
Chronologie & de 1 Hiftoire 'y car
on ne peut bien entendre le droit
des gens & la politique , fans dif-
tinguer les pays 8c les temp; » fans
connoître les mœurs de chac^ue na-
tion & les rcvolucions qui iont ar-
rives dans leur Gouvernement \ Se
Ton ne peut bien connoître Tefprit
d'une loi, fans favoir ce qui y a
donné lieu , & les changemens qui
y ont été faits.
La connoiflance de toutes les
autres fciences 6c de tous les arts
& métiers , du commerce & de la
navigation j entrent pareillement
dans la jurifprudence , n'y ayant
aucune profeflion qui ne foit aflii-
jettie à une certaine police qui dé-
Fend des règles de la juftice & de
équité.
Tout ce qui regarde l'état des
f>etfonnes , les biens , les contrats,
es obligations , les aAions & les ju-
gemens , eft auffî du reflbrt de la
. jurifprudence.
Les règles qui formenr le fond
de la jurisprudence , fe puifent dans
trois fources différentes , le droit
naturel , le droit des gens & le droir
civil.
La jurifprudence tirée du droit
naturel , qui eft la plus ancienne ,
eft fixe & invariable } elle eft uni-
forme chez toutes les nations.
Le droit des gens forme auffi une
jurifprudence commune â roas les
peuples \ mais elle n'a pas toujours
été la même , 8c eft fu jette à quel-
ques changemens.
La partie la plus étendue de la
jurifprudence eft fans contredit le
droit civil ; en effet elle embrafle
le droit particulier de chaque peu
JUR
pie 3 tant public que privé, les lois
générales de chaque nation , telles
que les ordonnances , édits 8c dé-
clarations ôc les lois particulières ,
comme font quelques édits & dé-
clarations -y les coutumes des pro-
vinces & autres cou'tumes locales^
les privilèges & ftatuts particuliers,
les règlemens faits dans chaque Tri-
bunal & les uGges non écrits^ en-
fin tout ce que les Commentateurs
ont écrit pour interpréter les loï^Sc
les coutumes.
L'étude de ta jurifprudence a tou-
jours été en honneur chez les na-
rions policées , comme étant vne
fcienceétreitement liée avec le gou->
vernement politique.
Chez les Romains , ceux qui fe
confjicroient à la jurirbrudencè »
étoient gratifiés de penuons confî'-
dérables. Ils furent même honorés
par les Empereurs ^ du titre de
Cornées de l* Empire. Les Souverains
Pontifes , les Confuls , les Dida-
reurs , les Généraux d'armées , les
Empereurs même fe firent hon-
neur de cultiver cette fcience, com-
me on le peut voir dans l'hiftoire
de la jurifprudence , romaine que
nous a donnée M. Terraffon j ou-
vrage rempli d*érudition & égale-
ment curieux 8c utile.
La jurifprudence n'eft pas moins
en recommandation parmi nous »
puifque nos Rois ont honoré de U
pourpre tous ceux qui fe font z^xy^
facrés â la jurifpruclence 'y tel^gjie
les Magiftrars , les Avocats &«Rx
qui profèrent publiquement cette
fcience dans les Univerfirés & avant
la vénalité des charges , les pre-
mières places de la Magiftratare
étoient la récompenfe des plus fa-
vans Jurifconfultes.
On appelle jurifprudence des ûr-
rêcs ^ un ufage formé par cme faite
arrêts
JUR
i^^rûtî uniformes intenrenas fur
une même queftion*
JURISTE i fubftantif mafculin. /«-
m pcritus. Auteur qui a écrit fur les
matières de droit , qui eft verfé
dans la fcience du droit. En ce fens
il eft peu u&té 8c il ne fe dit plus
guère que des étudians en droit.
JURON ; fubftantif mafculin duftjle
familier. Certaine façon afFeâéede
jurer. Dieu mc-'damne ffi le juron des
gafcons. Ventre Saint^Gris \écoit le
juron de Henri IV. Il ajuréfon grand
juron.
Voyei Serment , pour les diffé-
rences relatives qui en diftinguent
Juron, &c.
JURTE 'y fubftantif féminin 8c terme
de relation. Les Rudes donnent ce
nom aux habitations des Tartaces
qui font en Sibérie. C*eft une ca-
banne formée par des échalas fi-
chés en terre & recouverts d'écor-
ces de bouleaux ou de Pf^ux d'ani-
maux. On laitTe au milieu du toit
qui eft en forme de cône , une ou-
verrure pour la fortie de la fu-
mée.
lURUCUA ; forte de torme du Bré-
fil, appelée autrement tortue fran-
che. Elle n'a pas l'écaillé bien belle ;
mais fa chair & fes œufs font excel-
le ns & très-recherchés par les gens
de mer. Une feule tortue peut don-
ner jufqii'à deux cens livres de chair
qu'où laie. La femelle pond decu
cent foixante œufs fon gros & qui
font de garde. Sa longueur eft ordi-
nairement de quaitre pieds & demi ,
& fa largeur de quatre. Voye^ "^kJr-
TUE.
JCJRUR A ; autre efpèce de tortue du
Bréfil » la plus petite de toutes. La
partie fupérieure de fon écaille eft
de forme elliptique , & l'animal peut
entièrement s'v cacher. Son cou paftè
irois doigts de longueur } fa tète
remç XV,
JUS COI
en a trois d'épaiûTeiiF , Se elle eft
un peu oblongue : fon nez eft élevé
& pointu } fa bouche eft grande }
fes yeux 8c fes paupières font noirs :
elle a aux pieds quatre ongles longs
& noirs; fa queue eft courte 8c
pointue } fa peau eft ridée 8c cou-
verte d'écaiiles ; le delfus de fa
grande écaille eft brun » le de (fous
eft jacuie : elle pond des œufs ronds ,
qui font moins gros de moitié que
ceux des poules } la coque en eft
blanche : ces œufs font de bon goût ;
Ray marque que Marc-Grave s'en
eft nourri pendant vingt-un mois ^
n'ayant pas d'autre nourritiire.
JUS- j fubftantif mafculin. Succus. Suc,
liqueur que l'on tire de quelque
chofe , foit par preftion , loit par
coâion , fôit par préparation. jDu
jus de bœuf. Du jus de citron. Du
jus de régUJfe. Du jus de perdrix. Le
jus ejl fort en ufage dans les cuijines%
On appelle proverbialement le
vin \ du jus de raifin , du jus de /^
treille.
Ce monofyllabe éft long.
; Le s final ne fe fait pas fentir.
iJUSANT; fubftantif malcuhSi & ter-
me de Marine. Reflux de la marées
On àîwyflot & jufant; pour dire,
flux 8c reflux^ & deuxjufants contre
un flot ^ pottrdire, deux reflux con«»
tre un flux dans une navigation.
JUSQUE \ prépûfîtion qui marque
certains termes de lieu ou de temps
au-deli defquels on ne [Kifle point»
Depuis Londres jufqu*à Paris. De*
puis le premier Janvier jufqu*au pre-*
mier Juillet. Il va jufqu en Hollande.
Elle lui fut fidelle jufqu à la mon.
]Lifc[ cette pièce jufqu au Tfout* Il fut
pourjfuivi jufque dans fa mûifon.
Quelquefois on écrit jufques ^
lôrfqu'il fuit une voyelle. Cela n^
^vint pas jufaues à nàûs*
Jusqu'à ^ jusqu'aux, marque auâi
Ce
quelque excès « quelque chofe qai
vâ 2^«*(kU de l'ordinaire , foit en
bien , foit en mal. Ilfit'disprifins
à touiis Us perfontus de la mai/on ,
jufqudux fcrvAHtes. On doit ions
to€caJîon ok/iger tout le monde » ju/-
. quà ftê ennemis,
JUSQUIAME ; fubftantif féminin.
Hyofcyamus. Plante dont l'odeur eft
défagréable , le fuc narcotique &
Souvent mortel aux animaux qui en
mangent. On en diftingue deux cf-
pèces principales , la jufquiame
noire , & la jufqaiame blanche.
La jufquiame noire croît partout
dans les champs, le long des che-
mins , aux environs des villages, &c.
elle a une racine épailTe , ridée ,
longue , branchue , brune en de-
hors , blanche en dedans : elle pqufTe
des tiges haures d'un pied ou euYi-
ron , rameufes & velues : fes feuil^
les font nombreufes , amples » mol-
les au toucher , cotonneufes , d'un
vert gai , découpées profondément
en leuis bords > d'une odeur forte
& puante , principalement étant
frotrées dans les mainsifes fleurs fçnt
rangées fur les tiges en longs épis ,
de couleurs mêlées , jaune & pur-
purine : chacune d'elle eft , félon
Kl . de Tournefqrt , une campane
découpée irrégulièrement en cinq
parties » foutenue par un calice velu,
formé en gobelet : i cette fleur fuc -
ce le un fruit caché dans le calice ,
* de la figure d*une marmite , 4 deux
loges , fur lequel eft placé un cou-
vercle qui fe rerme es^aûement : ce
* fruit eft rempli en dedans de plu-
lieues petites graines cendrées , ar-
rondies , ridées ^ aplaties » d'une
faveur gluante , Se a tme odeur nar-
cotique.
La jufquiame Hanche diffère de la
.pl4ccdeote » en ce qii*elle . eft plus
JUS
petite 8c moins rameufe y cpCtWt a
fes feuilles plus molles & plus co*^
tonnées , Se que fes fleurs & fes
graines font blanches 6c plus peti--*
tes. Celle-ci croît particulièremenc
dans les pays chauds.
Cette plante renferme un polibn
dangereux & aâif qui porte princi^
fialement à la tête , &c altère les
bnftions de l'ame d'une façon trcs-
fingulière. Wepfer rapporte une ob-
fervation fort remarquable fut les
eflt^ts des racines de jufquiame ,
qu'on fervit par mégarde en falade
à une Communauté de fiénédiâins.
Ces Religieux turent pour la plupart
attaqués pendant la nuit qui fuivic
ce repas , de divers genres de déli-
re, de vertige &c de manie. Ceux
qui furent les moins malheureux ,
en furent quittes pour des fan tai fies
& des avions ridicules. On trouve
dans divers Obfervateurs , un grand
nombre de faits qui concourent à
établir la qualité vétiéneufe abfolue
de laiufquiame , & fon aélion par-
ticulière fur les fonctions de l'ame.
Simon Sculrzius raconte que quatre
jeunes écoliers & leur cuifinier
ayant mangé par mégarde des raci-
nes de jufquiame & de panais bouil-
lies avec du bœuf, a voient eu VeC-
prit fort troublé } qu'ils étoient de-
venus comme furieux ^ que d'abord
ils s'étoient quereII45 & enfuite bat-
tus avec tant d'acharnement , que
fi on ne les eût féparés , ils fe fe-
roient tués ; qu'ils faifoient des gef-
tes ridicules , & étoient remplis d'i-
maginations fingulières.
On prévient l'aâion véné-
neufe de la jufquiame , comme
celle des autres poifons irritans » en
procurant fon évacuation par le vo«
miflement^ fi Ion eft appelé à temps;
on fait enfuite avaler â grandes do-
JUS
ft$ ^9 bouillons gras , du Iaît,^u
beurre fondu, &e. On infifte furlei
purgatifs doux & lubrffians , & I on
provoque enfin les Tueurs par des
oiapheréciques légers.
La jufquiame entre malgré fes
mauvaiies qualités dans plufieurs
compolicions pharmaceutiques , la
plupart deftinces à Tufage extérieur ,
mais beureufement en trop petite
Suantitépour qu'elle puifle les ren-
te daneereufes.
L*huile exprimée des femences de
)ufquiame ne participe .point des
qaaiirés vénéneufes de cette plante.
JUSSEY ; nom propre d'une ville de
France , en Franche-Comté , fur la
rivière d'Amance , â fept lieues ,
nord-oueftj de Vefoul.
JÙSSION î fubftantif féminin. Man-^
datum. Commandement du Roi par
lettres fcellées , adreffées à des Ju-
ges fupérieurs ou autres , de procé-
cJet à l'enregiftrement de quelque
Edit , Ordonnance ou Déclaration ,
ou de faire quefqu'autre chofe qu'ils
ont refufé. Quand les premiè-
fes lettres de juflton n'ont pas eu
leur effet , le Roi en fait expédier
d'autres qu'on appelle itérative juf-
Jhn , ou Jeconde jujjîon , fécondes
lettres de jujfion.
Voy€[ Orbrb , pour les difR-
feoccs relatives qui en diftinguent
JussioH , &c.
JUSSYî nom propre d'un bourg de
France , en Champagne ^ â deux
lieues, fud, d'Auxerre.
11 y a un autre bourg de même
nom en Berry , à deux neùes & de-
mie , fud-oueft , de la Charité.
JUSTAUCORPS i fubftantif mafcu-
Un. Efpèce de vêtement ï manches ^
qui defcend jufqu'aux genoux & qui
lerre le corps^ Un juftaucorps di
drep. ^Jn juftaucorps galonné.
On appelle jufiauçorp à breyçt ^ \
5U^ ao3
I une forte de juCtaucorps bleu , à pa-
remens rouges, brodé d'or, que
quelques courtifans ont droit de
porter par brevet du Roi.
JUSTE-, fubftanrifmafcnlin. Habil-
lement de païfanne , qui a des mah-
chei , & qui s'applique exademcht
fur le^corps. Une païfanne en jufté.
JUSTE; adjedtifdes deux genres. Juf
tus. Equitable , qui efl félon les prin-
cipes du droit, de la raifon & de
la jttièice. Sa prétention eftjafie. Cefl
la jujie ricompenfe d'une bonne coh^
duite. Cette décîfion tfi juJle. Rien de
plusjujit 43ue f Arrêt qui le condamne.
Juste , fe dit aulfi des perfonnes qui
jugent ou agiOeot félon l'équité. Le
premier devoir d*un Magiflrat ejt d^e^
trejufte.
On dit pat exclamation , rafle
Dieu! hfte Ciel î
Juste , (ignîfie encore , qui obferte
exaâiement tes devoirs de la Reli*
gion. Un homme jafîe & craignant
Dieu. En ce fens il s'emploie fou-
vent fubftantivemenr. le Jyjle ne
crdini point les remordi de fa cdnf
cicnce. Jouir dans k Ciel du bonheur
des Jufies.
JusTB, (îghifieauflS qui a lajuftefle
convenaote. , Une balance juJle. Une
réflexion fujfe, Vnjufte poids.
Juste , fe dit eh termes de Mufîque »
des intervalles dbnt les fons font
exactement dans \t rapport qu'ils
doivent avoir , ^ ètt voix qui en-
tonnent toujours ces intervalles dans
leur juftelTe.
On dir en* termes de Peinture, i/rt'
dejfein fttfie ; pour dire , un deffeia
correi & conforme à l'origina. Et
des contQurs juftes ; pour dire, dei
contours marqués avec précifion &r
nette ré.
On dît d'une montre , (\\xelle efl
jufle; pour dire, qu'elle marque
i estaâemenc les heures.
Ce ij
204 JUS
On dit quelquefois ^ qvL*une chofe
tfi juflc , bien jujlc ; pour dire j
qu'elle eft plus courte , plus étroite ,
moins pefance quil ne faut. Cet habit
ejl un peu tropjujle. En ce fens on dit
adverbialement , c^Lune perfonne ejl
chaujfée tropjujle ; pour dire , que |
fes fouliers font trop étroits.
On dit proverbialement d*une
chofe , quelle ejljujle comme de l'or;
pour dire , qu'elle a précifément le
poids , la qualité » &c. qu elle doit
avoir.
On dit 9 q\x*une arme à traita ou
une arme à Jeu tjljujle y lorfqu*eile
porte droit au but. Sonfufiliji ajfe\
Il fe dit au(£ de celui qui tire ,
quand il donne au point ou il vife.
Ce chajTiur eft un tireur fort jujlc.
lu STB , Te dit aullî adverbialement &
£gnifie dans la jufte proportion i
comme il faut. Chanter jufie. P enfer
juflc. Defjinerjufle, Raijonnerjufte.
On dit dans le commerce , pefer
jujie; pour dire , ne point donner de
trait. On pèfe jufte lor » l'argent ,
les diamans & autres marchandifes
précieufes donc le bon poids appor-
teroit trop de préjudice au venoeur.
La plupart des autres marchandifes
fe pefent en donnant du trait , c'eft-
i-dire , en chargeant allez le baflSn
où on les met , pour emporter celui
où eft le poids. V
Ohditaufli, aunerjufle; pour
dire , auner fans donner au-deU de
la mefure.
J[vsT£ » a auffi quelquefois la (ignifi*
cation àt précifément ^ comme dans
. cette phrafe » t'efi toutjufie ce que
nous cherchons.
Au jusTS » lignifie adverbialement ,
' juftement & précifément. Il fe dit
du prix j du nombre , du poids &
. àtlzmttiâie^ youle'^^vousfavoirau
juJle combien cclayautf On peut vous
JUS
dire au juJle combien II y en a. Je ni
fais pas au jufte quel âge elle a,
JUSTEMENTi adverbe. Juftk. Avec
juftice. On l'a condamné juftement.
Justement , fignifie auffi précifémenc,
dans la jufte proportion ^ comme il
faut. // arriva juftement à t heure du
dîner. Foilà juftement ce quil dc^^
mande.
La première fyllabe eft brève ^
la féconde très-brève & la troifième
moyenne*
JUSTESSE; fubftantif féminin. Jo-,
lertia. PréciHon exa&e » grande cé-
gulairité à faire une choie comme
elié doit être faite. Elle chanu avec
juftcïïè. La jufteffe de t oreille. Un
chajeur qui tire avec jufteftè.
il fe dit auili figurément en ma«-
* tière de langage , de penfées , d'e^^
prit 9 de goût ôc de ientiment.
La jufte (Te du langage ccmlîfte i
s'exprimer en termes propres j choi«
fis Bc liés enfemble » qui ne difent
ni trop , ni trop peu.
La juftelTe ae la penfée confîfte
dans la vérité & parfaite convenance
au fujet , & c*eft ce qui fait la fpli--
de beauté du difcours. Les penfées
font plus ou moins belles, feloa
qu'elles font plus ou moins confor-
mes i leur objet. La conformité eti-
tière fait la juftelTe de la penfée; de
force qu'une penfée jufte eft , i pro-
prement parler » une penfée vraie
de tous les côtés » & dans tous les
jours qu'on la peut regarder.
La jufteiïè d'efprit lait démêler le
jufte rapport que les chofes ont en-
femble : la jufteffe de goût 6c de
fentiment fait fentir tout ce qu'il y
a de fin & d'éxaft dans le cour ^
dans le thoix d'une penfée > & dan$
celui de l'expreftion.
yoyei PaiçisiON , pour les différ
rences relatives qui en diftinguea^
JUST£SS£.
"• •» t
JUS
JtJSnCË ; fubftantif féminin. Jufiî^
iia. Les Jurifconfaltes Romains dé-
finiflenc la juftice » une volonté fer-
Bie 8c confiante de rendre à chacun
ce qoi lui eft dû.
Le terme de ufiice fe prend auffi
pour U pratique de cette vertu.
Quelquefois il fignifie bon droit &
raifoD. En d'autres occafions il fi-
gnifie le pouvoir de faire droit i
chacun , ou Tadminiflraiion de ce
pouvoir.
Quelquefois encore y/i/?/V^ figni-
fie le Tribunal où Ion juge les par-
ties , 8c fouvenr la juftice eft prife
pour les Officiers qui la rendent.
Sous la première race de nos Rois
la juftice s'adminiftroit au nom du
Roi dans tout je Royaume. Les
Ducs 8c les Comtes auxquels le
gouvernement des Provinces éroit
confié , étoient auffi loges dans leurs
Gouvernement. Ils a(tembloientles
. plaids généraux de leurs Provinces
trois ou qoatre fois par an ; ils en-
trerenoient dans les villes leur Cour
ordinaire de juftice > 8c pronon*
çoient au nom du Roi.
Outre les Ducs & les Comtes »
il 7 eue d'autres Officiers royaux
dont le reilbrt fe terminoic-^ux
bourgs & i leur territoire. Quoique
leurs perfonnes fufient fubordon-
nées aux Ducs & aux Comtes » leur
Juridiâion en étoir indépendante :
ils jugeoient en dernier report les
affaires communes : on pottoit les
cauies majeures au Duc ou au Com-
re , aux Commifiaires-Vifiteurs des
Provinces , ou au Pfals- Grave,
c*eft-i-direj au Comte du Palais. Ce
Juge après le Maire avoir la plus
grande autorité ) il rendoit la junice
dans la Cour du Roi , fouvent â la
porte du Palais : on nommoit fes
aodiences les plaids ou Us ajjtfes de
la porte.
JUS ao5
La fupprefiion des Maires ne fit
aucun tort d la Juridiâion des
Comtes du Palais \ leur Tribunal
femble avoir fubfifté jufqu au dixiè«
me fiècle.
Parurent enfuite les Maîtres des
Requêtes de THôrel » dont l'origine
n'eft pas encore bien éclaircie : leurs
fonâions font mieux connues } ils
recevoient les plaintes des parties »
terminoient les différens ordinai-
res 9 & rapportoient au Roi & à
fon Confisil les procès de conf(>
quence.
Les Magiftrarures des Ducs &
Comtes y amovibles fous les Rois
Mérovingiens <]ui onr gouverné par
eux-mêmes , viagères tous les Mai-
res 9 devinrent infenfiblement héré-
ditaires , les unes par la conceffion
des Souverains » les autres par Tu-
furpation des pofiefieurs. Les grands
Officiers , propriétaires de leurs
Gouvernemens & de leur Juridic •
tion 9 profitèrent de la foiblelTe des
Princes Carlovingiehs , pour s'attri-
buer les droits de la Souveraineté.
Ils rendireiWlÀ juftice en leurs noms,
& firent de leur propre autorité »^
d'autres fondions dont ils ne s ac-
quittoient auparavant qu'au nom du
Roi.
Dans lesdifFérens états de Tanclen*
nejudicature ) le Magiftrat avoir
pour alTefleurSydes Juges dont lacon^
dition étoit égale â celle des parties
qui plaidoient : on les nommoic
Pairs : on admcttoit trois fortes de
Pairies , celle, du Clergé j celle de
la Noblefie , 8c celle de la Bout-
geoifie. La Pairie avant le treiziè-
me fiècle étoit un fimple office de
Judicature éleâif , dont l'exercice
ne duroit qu'un certain temps. Le9
Ducs, les Comtes ne mettoientpas
autrefois la Pairie au ranedes titres
qui les décoroient.
♦»
!•€
JUS
Les aftes pablics pa(I2s en lent
nom détaillent toutes leurs qaalttcs ;
celle de Pair ne s'y trouve point j
elle n'a commencé d briller comme
un titre d'honneur que dans le trei-
zième fiècle » lorfque la Pairie altta-
chée aux fiefs diftmgués devint une
dignité féodale ^ il femble néan-
moins que les Etats Généraux du
quatorzième fiècle ne l'ont pas re-
connue comme un titre de préémi-
nence ; les Pairs , les Chevaliers
concouroient également aux délibé-
rations f 8c tous y étoieut compris
encore fous la dénocniiiation de
Barons de France.
Le douzième fiècle paroît avoir
été l'époque de notre plaidoirie : les
affaires prirent alors le cours de la
procédure eccléfiaftique ; les Prati<-
ciens s'accrurent : Paris en un demi-
fiècle vit augmenter d'un vingtième
le nombre de fes habitans.
Les Seigneurs ennemis des forma-
lîtésyfe déchargèrent d'une partie de
lajuftice fur les Prévôts & les Châ-
telains 'y ils donnèrent leurs juftices ,
les unçs en fiefs , les autres à vie , fe
réfervant le dernier relfort des juge*-
mens féodaux , Se de quelques cas
privilégiés. Ils composèrent leur
Cour mr celle du Roi \ un Seigneur
puifiant eut fon Chancelier , fon Sé-
néchal y fes Prévôts 6c fes Vaflaux
pairs.
La France méridiotitle ne con-
noifibit point la Pairie ; la juftice
l'y rendoit par les Sénéchaux ou les
Viguiers , filon leurji lumières &
fèur confcUnce. Le$ Pairs l'adminif-
proient dans la Champagne , le Ver-
Diandois & le Ponthteu. Cet ufage
$'obferve encore dans la Flandre ,
)e Kainaut & l'Artois. Le Bailli n^y
$ pas voix dçlibérative \ il recueille
celle des Pajrs , ^ pcQpoQçe Iç jij-
JUS
Le Duc de Normandie n'avoi'
point de Vafiaux nommés Pairs ; fk
juftice étoit originairement entre
fes mains % 6c ne s'exerçoit qu ea
vertu de fa commiflion.
Les Sénédiaux font plus anciens
que les Baillis. Ceux-ci ne parurent
que vers le douzième fiècle- Les uns
& les autres ne pouvoient être du
Confeil du Roi , ou de celui de leur
Seigneur ^ cependant ils rcformoient
les Sentences des Juges fubalternes,
& jugeoient en dernier refibrt les
afiaires ordinaires. Les parties qui
vouloient fe pourvoir au Confeil du
Roi , à celui du Duc ou du Comte ,
formoient une plainte contre le
Juge » & celui-ci répondoit de fa
Sentence. ^
Quoi qu'il en foit de ces anciens
ufagesj l'adininiftration de la Juf-
tice confidérée en général , renfer«
me la connoilfance , Tinftruâion Se
la décifion de tous les procès Se dif-
férens qui peuvent être l'objet de la
juftice.
La Juftice confidérée en elfe-më-*
me, fe divife en Ju/iic< €ccléfiaftiqu€
Se en juftice fi'culièrcJ
La Juftice eccléfi^ftique eft de
deux fortes » inférieure ou extc*
rieure.
La Juftice eçcléfiaftique propre^
ment dite i ou intérieure , eft celle
S|ui, s'étend fur les chofes purement
pirituelles & entre toutes fortes de
perfonnes foit laïques » foit eccléfiaC*
tiques. La Juftice eçcléfiaftique im-
propremetK dite , ou extérieure , eft
celle qui s'étend fur les perfonnes
ecccléfiaftiques en matière pure per«
fonnelle ; cette féconde efpàce de
Juftice eft plutôt temporelle qu ec-*
cléfiaftiqae t l'une Se l'autre de ces
Juftices s'exercent par lesOfficiauc^
S( elles appartiennent aux Êvè<|aes
^ ;iU]c Ai^chevè^ues qui ti«n«eQC U
JUS
rremière de Jéfus^Chrift'y mais i
égard de la fécondé , ils ne la tien-
tietic que des Souverains qui onr
bien voulu la leur accoider.
La Juftice férulière eft celle qui
s*écend fur-roures les chofes rempo-
relles : elle fe di vife en Juftice civile j
en Juftice crimintlU 8i en Juftice de
Police. Toutes les Juftices féculières
appartiennent au Roi , 8c aux Sei-
gneurs Hauts-Jufticiers qui les tien-
nent du Prince en fief ou en arrière-
fief , de elles font exercées par les
Officiers du Roi , ou par ceux des
Seigneurs Hams-Jufticiers.
La JuAice civile eft celle qui a
pour objet toutes les matières civi-
les , & qui s'exerce par les Juges
ordinaires , foir Royaux ou de Sei-
gneurs.
La Juftice criminelle eft celle qui
eft établie pour la punition des cri-
mes : elle s'exerce par les Lieure-
nans-Criminels , & autres Juges
p répofés à cet effer.
Enfin la Juftice qui concerne la
Police , a pour ob}èr Vordre qui doit
s'obferver dans les vflles & autres
lieux , pour y maintenir une exacte
difcîpline , ainiî que la sûreté des
habitans , foit pour leurs perfonnes ,
foit pour leurs biens \ elle s'exerce
en première inftafice par les Lieure
Dans- Généraux & aurres Juges de
t^olice.
Toutes ces Juftices s'exercent
non-feulemenr par des Juges parti-
culiers ; mais elles s'adminiftrent
aufiî fuivant de certaines règles &
des formalités dont il n eft pas per-
mis aux Juges de s'écarter.
Les affaires civiles s'intentent par
une demande, & fut \t% exceptions,
défenfes & autres procédures , on
en vient à Taudtence où la caufe fe
juge fur la plaidoirie des Avocats
ou des Procureurs des parties j lorf-
5US 167
3u*it s*agit d un appel ou de qdeftions
e droit , la caule doit être plaidée
par des Avocats. •
Quand l'affaire ne peut être vidée
à l'audience , on appointe leS par-
ties , c'eft'à-dire > que les parties
doivent produire leurs pièces, &
fournir des écritures pour inftruire
l'affaire plus amplement.
En matière criminelle , l'affaire
commence par Une plainre ou par
une dénonciation; on informe con«
tre t'accufé,.^ fur 1 information on
décrète Taccufé s'il y a lieu , & en
ce cas il doit fe préfenter & répon->
dre en perfonne \ quand l'affaire eft
légère , on la renvoie à l'audience.
Outre le Droit Romain & les
Coutumes, on fe rèele par les or-
donnances j édirs & déclarations de
nos Rois A & par la jurifprudence
des Arrêts.
Les premiers Juges doivent tou-
jours juger à la rigueur & fuivant
la lettre de la loi \ il n*appartienc
qu au Roi & aux Cours souverai-
nes dépoâraire^ de ion autorité »
d'interpréter les lois.
Les formalités de la Juftice ont
été établies pour inftruire la religion
des Juges , mak comme on abufe
des meilleures chofes , il arrive fou-
venr que les plaideurs multiplieâc
les procédiues, fans néceftité.
Dans les pays où la Juftice fe
rend fans formalités,comnie chez les
Tares ^ les Juges doivent fouvent
être furpris t a parrie qui parle avec
le plus d'afmrance , eft ordinaire-
ment ^tlle qdi a raifon ; ileftauffi
crès-dangereux qtfan Juge foir le
uiattre dâ fore des hommes , faus
craindre que petionne puifle le ré-
former.
Justice Royale , fe dîr de celle qui
appartient au Roi ^'K qui eft exci*
to8 JUS
céa en Ton pom. Foyei^ JuaiDiC* l
TION,
Justice Seigneuriale ,fe dit de celle
qui ccanc unie à un nef , appartient
â celui qui en eft le Seigneur , 8c
eft exercée en Ton nom par ceux
qu*i] a commis à cet effet.
Les Juftices Seigneuriales font
aufli appelées Juftices fubalterncs ,
parcequ'elles font inférieures aux
Juftices Royales*
On leur donne le furnooi de Sei-
gneuriales ou fubaltcrncs , pour les
diftinguer des Juftices royales , mu-
nicipales & eccléfiaftiques.
L origine de la plupart des Jufti-
ces feigneuriales eft fi ancienne , qae
la plupart des Seigneurs n'ont point
te titre primitif de conceflSon, foit
que leur Juftice foit dérivée du
commandement militaire qu*a-
voient leurs prédéceflfèurs , foit
que ceux-ci Tayept ufurpée dans des
temps de troubles & de révolution*
Au refte les Juftices qui font étfi-
blies , quelle qu'en foit Torigine ,
* font toutes cenfçes émanées du Roi»
< êc lui feul peut en concéder de nou*
velles , ouïes réunir ou démembrer;
• lui feul pareillement peut y créer
de nouveaux oESces.
Les Juftices Seigneuriales font
devenues patrimoniales j en même
temps que les bénéfices pnt été
transformés en fiefs » & rendus hé-
^édiraires.
On diftingue trois fortes de Juf-
tices feigneuriales, \^ haute Juftice ^
Ja moyenne Juftice & la bajje Juftice.
La haute Juftice eft la Juridiâion
/d'un Seigneur dont le Juge connoît
ide toutes affaires civiles & crimi-
nelles , excepté des ca» Royaux.
Foye\ HautJusticiiii.
^ La moyenne Juftice eft la Juridic-
tion d'un Seigrieur dont le Juge
ÇQunoît de toutes le« c^ufes réelles 1 1
JUS
perfonnelles & mixtes » & des droîtâ
ic devoirs dus au Seigneur , avec
pouvoir de condamner tes fujets en
l'amende portée par la coutume \
mais on ne peut pas y faire d'adjii^
dication par décret.
Elle a la police des chemins &
voiries publiques » 9c l'infpeétion
àeiwÀas & mefures; ellepeut faire
meiurage & bornaee , taire élire
àts Meifiers » condamner en l'a-
mende due pour le cens non payé.
A l'égard des matières criminel»
les^ les coutumes ne font pas uni*
formes par rapport au pouvoir qu'eU
les donnent au Moyen-Jufticier.
Plufiears coutumes lui donnent
feulement le pouvoir de connoître
des délits légers « dont l'amende
n'excède pas foixante fous parifis ;
il peut néanmoins faire prendre tous
les délinquans qui fe trouvent dans
fon territoire j les emprisonner j
informer j tenir le prifonnier l'ef-
pace de 14 heures \ après quoi fi le
crime mérite plus griève punition
3ue foixante fous parifis d'amende »
doit faire conduire le prifonnier
dans les prifons du Hant-Jufticiett
& y porter le procès poiir y être
pourvu.
D'autres coutumes , telles que
celles de Picardie & de Flandre >
attribuent au Moyen- Jufticier ^ la
connoi fiance des batteries qui vont
jufqu'à effufion de fang » pomrva
que ce ne foit pas de guet-àpens »
& la punition du larcin non ca-
pital.
D'autres encore attribuent aa
Moyen- Jufticier , la connoifiance
de tous U% délits qui n'emportent
pas peine de mort , ni mutila^on df
membres.
Enfin celles d'Anjou » Tourain*
& Maine lui attribuent la connoif-
iMçe du larcin | m^me capital j 8C
4f
JUS
de rhomicide , pourvu que ce ne
foie pas de guet âpens.
Ces diiFcrences proviennent ou
des conceflfions plus ou moins éten-
dues, faites par le Roi ou par les
Seigneurs dont les petites Judices
relevoient immédiatement , ou de
ce que les Seigneurs inférieurs ont
été plus ou moins entreprenans , &
de la podeflion qu'ils ont acquife.
La bajfe-jujiice , qu'on appelle
aaflî en quelques endroits Jujiice
foncière ou ccnfucllc , connoît des.
droits dus aux Seigneurs , tels que
cens & rentes , de de l'amende du
cens non payé » exhibition de con-
trats , lods & ventes.
Elle connoît auffi de toutes ma-
rières perfonnelles entre les fujets
du Seigneur jufqu'à cinquante fous
parifis.
Elle exerce la Police dans fon tér-
titoire , & connoît des dégâts com-
mis par des animaux , des injures
légères » & autres délits dont la-
mende ne pourroit être que dix feus
parifis & au-delFous.
Lorfque le délit requiert une
amende plus forte , le Bas-Jufticier
doit en avertir le Hautjufticier j au*
quel cas le premier prend fur. l'a-
mende qui eft adjugée par le Haut-
jufticier la fomme de fix fous pa-
rifis.
Le Juge Bas-Jufticier peut. faire
arrêter tous les délinquans ; & pour
cet effet il doit avoir Sergent & Pri-
ibn , à la charge auffitot après la
caprare , de faire mener le Prifon-
nier au Haut-Jufticier avec l'Infor-
marion , fans pouvoir décréter.
Le Bas-Jufticier peut faire mefu-
rage & bornage entre fes fujets , de
leur confehtement.
Eh quelques pays il 7 a deux for-
te/ de oafie- Juftice \ l'une foncière
ou cènfuelle qui eft attachée 4^ droit
Tonit XKn
J US Z09
i tout fief , & qui ne connoît que
des droits du Seigneur j lautre per-
fonnelle qui connoît* de toutes les
matières dont la connoilTance ap«
Îartient communément aux Bas*
«rticiers.
Une même Juftice peut s'éten-
dre fur plufieurs fiefs qui n'appar-
tiennent pas i cel^i oui a la JuJlice ;
mais il n'y a point de Juftice fei-
gneuriale qui ne foit attachée à un
nef, & elle ne peut être vendue ni
aliénée fans ce nef.
Anciennement les Seigneurs ren-
doient eux-mêmes la Juftice : cela
étoit encore commun vers le milieu
du douzième fiècle. Les Abbés la reu-
doient aufli en perfonne avec leurs
Religieux i c'eft pourquoi ilsnecon-
noifloient pas des grands crimes»
tels que le duel , Padulière , lln-
cendie , trahifon & homicide ; mais
depuis on a obligé tous les Seigneurs
de commettre des Juges pour rendre
ta Juftice en leur nom.
Il n'eft pas néceflaire que les Ju-
ges de Seigneurs foient gradué^ , il
luffit qu'ils ayent d'ailleurs les an-
très qualités nécefiaires.
Ces Jfiges font commis par le Sei-
gneur , & prêtent ferment entre fes
mains ; ils lont xévocMesadnuium ;
mais ils ne peuvent être deftitués
cum clogio , lans caufe légitime ; &
s'ils ont été pourvus à titre onéreux ,
ou pour récompenfe de fervices
réels , ils doivent être indemnifés.
Dans les fimples Juftices non qua«
lifiées » il n'y a ordinairement qu'un
feul Juge ; il ne peut pas avoir de
Lieutenant , que le Seigneur ne foie
autorifé par Lettres Patentes à ftn
commettre un.
«
En rabfeiîce du Juge, c'eft le plut
ancien Praticien qui tient le Slége.
Dans les affaires criminelles , les
Juges de Seigneurs font obligés.d'ap-
110
JUS
peler ieax gradués pour juger con- 1
joincemenc avec euic : s*il y a deus
Juges Officiers du Siège , il fuffic
ti'appeler un gradué.
Le Seigneur plaide dans fa*}u(li«
JUS
on fief dans fa mouvance, EOe a
été ainfi appellée parçeijue les Vi-
comtes dans; leur première infttco-
tion n'ayoienc que la ipQyeniiç Juf«
nce.
ce par le miniftçre de fon Procureur? Justice M unicipali i^ fe die de celle
Fiical au Procureur d'office , lequel qui appar^cienc à une Ville » & qui
fait auflS toutes les fondions du mi
niftère public dans les autres affaires
civiles & criminelles ^ mais fur l'apr
pel des Sentences où le Seignetir e(l
IntérefTé , c*efk le Seigneur lui-mê«
tne qui plaida en fon nom.
Les Juges de Seigneurs ont un
fceau pour fceller leurs Sentences j
ib ont aufli des Sergens pour les
Bettre i exécution , & pour faire
les autres exploits de Ju(lice.
Les Seigneurs même Hauts-Juf-
tîciers n'ont pas droit de Notariat &
Tabellionage ; c^la dépend des ti-
tres , ou de la pofTeffion , ou de la
coutume.
Les Juftices des Duchés & Corn-
' tés-Pairies , & autres très erandet
terres titrées , ne font que oes Juf-
tices feigneuriales , de même que les
(impies Juftices. Les Pairies ont
feiuement la prérogative de refifor-
tir nuement au Parlement} les Ju-
ces de ces Juftices-Pairies prennent
le titre de Lieutenant- Général » de
en quelques endroits ils ont un Lieu-
tenant Particulier.
Pans les Chatellenies , les Jueel
font nommés Châtelains ; dans les
fimples Juftices , Prévôisox\ Baillis ;
dans les BaiTçs- Juftices y ils i^e doi-
vent avoir que le titre de JMairc ;
mais tout cet? dépend beaucoi^p dç
Tufage.
Jvsticè>Vicomti£re , fe dit dan^
quelques Coutumes , comme en
Artois & en Picardie , de la
moyenpe Juftice qui appartient de
droit 4 tout Seigneur dès qu'il a un
hoiao^e d.e fief, c*eft-â-dire> qoll a
eft exercée par les Maire Se Eche-
vins , ou autres Officiers qui font
les. mêmes fonâions.
Justice Militaire, fe dit d'oqe Ju*
ridiâion exercée au nom du Roi
dans le Confeil de guerrç pat les
Officiers qui le compofenr.
Cette juridiâion connoit de tous
les délits militaires qui font com-
mis par les cavaliers » dragoDs » ic
foldacs.
Pour entendre de queHe manière
s*excrce la Juftice militaire ^ tant
dans les pUcesqu'à l'armée i il faut
obferver ce qui fuit.
Tout Gouverneur ou Comman-
dant dune place , peut faire arrê-
ter & conftituer prifonnier tout
foldat prévenu de crime , de quel-
que corps & compagnie quil ibit,
en faifant avertir dans les vingt-
quatre heures de Temprifonne-
ment > le Capitaine ou Officier
Commandant la Compagnie dont
eft le foldat.
Il peut auffî faire arrêter les Of-
ficiers qui feroient tombés en gricve
faute , a la charge d'en donner aut
ftt&t avis ai\ Roi pour recevoir fcs
ordresr
Les Chefs Se Officiers des trou*
pes peuvent au^ faire arrêter Sc
emprifonriçr le^ foldats de leurs
corps 8^ compagnies qui auront
commis quelques excès o» défot-
dres , mais lU ne peuvent les élargir
fans la peripiftion du Gouverneur >
ou qu'ils n'ayetu été jugés au Con-
feil de guerre , fi le cas Te requiert-
Le argent - M^r dç. 1^ pl^ce ,
JUS
^ ën-4i place eeltti qui éh fait bs
fonâions, doit faire faire le pro-
cès^aux foldftts ainfi artères.
Les Jages ordinaires des lieux où
les troapes tiennent garnifon , con-
noiflenc de tous crimes & délits qui
peuvent être commis dans ces lieux
parles gens de guerre » de quelque
qualité Se nation qu'ils foient , lorf-
aue les Habitans des lieux ou autres
iiijets du Roi j ont intérêt , non-
obftant tous privilèges i ce caiii-
traités ^*fans que les Officiera des
troupes en puifTent connoltre en
aucune manière. Les Juges ordi-
Dattes font feulement tenus d'ap-
Ktiet le Prérôt des Bandes ou du
égtmelit, en cas qu'il 7 en ait»
pour afliftet i l'inftruâion 6c au
|ugen»em des crimes de foldat
â habitant } & s'il n'y a point de
Prévôt, ils doivent appeler le Ser-
vent-Ma^or» ou rAide'Ma|cr ^ ou
'Officier Commandant le corps
àé la troupe.
Les Omciers èes troupes du Roi ,
comioi(reht feulement des crimes
ecr délits qui fonit commis de foldat
à foldat : ils ne peuvent cependant,
fous ^écexte qo^Hs antofeiit droit
lie eonhoître de ces crinries » retirer
Oit £iife rètitet leurs fotdàss des
rrifoos 00 ils autoient été mis de
aatorî té des Juges ordifiaives , mais
feulement requérir ces Juges de les
leur remettre j 6c en cas de refus ,
fe pourvoir par devers le Roi*
Les Cbefs on Officiers ne peu*
vent s'afTembler pour tenir confeil
eie guerre ou aunreknent , fans la
pefff»iilbn exîpteilè du Gouvertieur
Ml ComiiMiidttfit*
La Jttftke mî4it«re peut condaAi-
net à mort ou â d'autres peines plus
légère!»^ feion 1» nature du délit. Ses
l^igetnens n'emportent point m<^rt
civile^ ai oonfifcatÎM^^oud ils^ font
JUS
lit
F
i^m.'Hlés du conféil dt gilerre : il
n'en eft pas de même quand ils font
émanés du Prévôt de Tarméé « ou
autres Juges ayant caraâère public
pour juget dans les formes judiciai-
res.
Lorfque le condaniné , après avoir
fubi quelque peine I^^ère , a pafTé
fous le drapeau, & eft adthis i ref<*
ter dans le corps » le jugement ren-
du contre lui n'emporte point d'in-
famie.
La Jufticé qui eft exercée par le
Prévôt de l'armée fur les marau-
deurs , 6c pour la police du camp*>
eft auffi une juftice militaire qui fe
rend fommairemént.
On appelle aufïK Jujlice MiCedifc^
dans un ietis figuré , une Juridic-
tion où la Juftice fe rend fomniàt-
refilent, 6c prefque fans figure de
procès , ou bien une exécotioti faite
tiiiRtaitehietit 6c fans obfervet au-
cune forntaliré.
Oh appelle JitJIice commâtaûve^
la Ji^ftite qui concerne le cotfinftét-
ce i Id9 écitoiges & les ventes. Et
JuJl΀€ iifiribHtîve , celle par la-
quelle les Margiftrats adjugent i
chacun ce qui lui appartient , dis-
tribuent les récompenfes Se les pei-
nes : & cette dernière êfpèce de
Jiift^e qui regarde les peines »
s'apfiHelie ^inékatètc.
Ondit y fi /air ejqfiicc; pour di-
re , fe condamfhet quand on* a tort.
Et qrfi/ ne faut pas fi fiire jupceà
fii-mime ; pour dire y qu il ne ftmc
pas fe venger foi-même , fe payer
piar fes rt^ai-ns , &c. mais avoir re-
cours aux voies ordinaires de la Juf-
tice.
On dit abfolument , rendre ia
Jujlice ; pour dire , juger , faire
fonAion de Juge. Er rendre jufiict ,
rendre à" quelqu mt la fiftice qai tul
eft dud i pour dire., parler de lui Se
D d ij
m JUS
. agir à (on égard comme il le mé«
nce.
On die , qu*o/i ne peut avoir juf-
ticc d'un Juge , quand on ne peut
l'obliger à rapporter l'affaire , à la
juger-
On dit des Juges qui paflfent pour
. injudes , qu'i/ n'y a point de jujlice
en leur Siège j en leur Tribunal.
On appelle déni de Ju/Iice » le re'
fus qu'un Juge fait de juger.
On dit , faire jujiice ; pour dire 9
punir corporellement. On vient de
faire jujlice ^ on a rompu vifs ces
On appelle auffi Jujiice^ les four-
ches patibulaires.
En termes de Mythologie « la
Jujlice eft une DéelTe fille de Jupi-
ter 9 qui eft attachée au trône de ce
dieu dans le ciel , & lui demande
vengeance toutes les fois qu'on
bleflb les lois & l'équité.
Les Anciens la peignoîent ain(i
cu*Âftrée ^ en Vierge , d'un regard
ievère , joint â un certain air de
fierté & de diginité » qui infpirpit
le refpeâ & la crainte.
Les Grecs du moyen âge la re-
préfencèrenc en jeune fille , aflife
' lur une' pierre carrée , tenant une
balance â la main , Se de l'autre une
épée nue, ou un faifceau de ha-
ches entourées de verges » pour
marquer que la Juftice pefe les ac-
tions des nommes & qu'elle punit
également comm^ elle récom-
penfe.
•^ Elle étoit auffi quelquefois re-
préfentée le bandeau fur les yeuif ,
pour montrer qu'elle ne voit &
n'envifage ni le rang , ni la qualité
des perionnes. Les Egyptiens fai*
foienr fes ftatues fans tête , voulant
iignifier par ce fymbole que les Ja«
jges doivent fe dépouiller de leur
JUS
propre fentiment pour fuivte la Aè*
ci (ion des lois.
JusTicB, fignifie auffi la reâitude in-
térieure que Dieu met dans Tame
par (a grâce^ Perfévérer dans la Juf"
tice.
Justice , fe prend encore dans le ftyle
de récriture , pour Tobfervation
exaâe des devoirs de la Religion*
jéccompUr toute Jujlice*
Différences relatives encre Droit
& Justice.
Le droit eft l'objet de la Jujlice;
^ c eft ce qui eft du â chacun. La /o/l
tiçe eft la. conformité des a&ions
avec le droit} c'eft rendre & con-
ferver i un chacun ce qui lai eft du.
Le premier eft diâé par la nature,
ou établi par l'auroriré , foit divi<*
ne » foit humaine j 'il peut quelque*
fois changer y félon les circonftan*
ces. La teconde eft la règle qu'il
faut toujours fuivre , elle ne varie
jamais.
Ce n'eft pas aller contre les lots
de la Juftice^ que de foutenir & dé*
fendre fes droits par les mêmes
moyens dont on fe fert pour les ac*
caquer.
Les deux premières fyllabesibnt
brèves, & la troifième très-brève.
JUSTICEMENT i (ubftantif mafca-
lin. Ce mot dans la coutume de
* Normandie 3 fignifie exécution de
Juftice.
JUSTICIABLE ^ adjeaif des deux
genres» Jurifdiàioni obnoxius. Qui
doit lépoiyire devant certains Ju^
En général toat particulier eft
jttfticiaDle duluge fous la juridic-
tion duquel il a fon domicile cca-
bli: cependant en matière de po-
lice, chacun eft jufticiable du Juge
du lieu où il a commisquelque coti^
travencion aux Règlemens de po-
lice » quand même il n'y auroit pas
JUS
fon domicile. En matière crtmÎDel-
le , oo eft jufticiable du Juge du
lieu où le délie a été commis. On
peut auflS en matière civile devenir
I'ufticiable d'an Juge autre que ce-
ui du domicile , comme quand il
s'agit d une matière attribuée à un
certain Juge ; ainfi pour raifon d'u-
ne lettre de change, on devient juf-
ticiable des Çonfuls j en matière
des Eaux & Forêts , on eft jufticia-
ble des Juges des Eaux & Forêts ,
&ç. On devient auffi jufticiable d'un
Ju^e de privilège , lorfqu'on eft
aftigné devant lui par un privilégié, |
c'eft-i-dire , qui a fes caufes com-
mifes devant lui \ enfin , on peut
devenir jufticiable d'un Juge autre
que Ton Juge naturel , lorfqu'une
affaire eft évoquée pour caufe de
connexité ou litifpendance.
JUSTICIÉ , ÉE i participe paffif.
yoyC[ J USTICIER.
JUSTICIER i verbe neutre de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
jugue comme Chanter. Afficere
fupplicio. Punir quelqu'un d'une
peine corporelle en exécution d'un
Arrêt ou d*un Jugement en dernier
reflbrt. On vient de jujiicier ces cri'-
mine/s.
Les trois premières fyllabes font
brèves , & la quatrième longue ou
brève, f^oye:^ Verbe.
Uc féminin qui termine le
fingulter du préfent de l'indicatif,
&c. s'unit à la. pénultième fyllabe
& la rend longue.
JUSTICIER , ÈRE ; fubftantif. Qui
aime i rendre , à jFaire rendre juf-
tice. Ce Prince fut un \élé Jujiicier.
Il ne fe dit guère au féminin.
Justicier , fe dit aufli de celui qui a
droit de Juftice en quelque lieu. Il
y a trois forte de JuAiciers , le haut
Jufticier , le moyen Jufticier & le
bas Jufticier : le haut Jufticier eft
JUS «3
celui qui a droit de Haute- Juftice :
le moyen J ufticier , celui qui a
droit de moyenne Juftice*} & le bas
Jufticier , celui qui a droit de bafte
Juftice feulemenr.
JUSTIFIANT , ANTE j adjedif.
Jujlificans. Qui rend jufte intérieu-
rement. Il ne fe dit guère qu'en ter-
mes de Théologie dans, ces deux
phrafes , la grâce jufiifiantt , la foi
jufifîante.
JUSTIFICATIF , IVE i adjeûif 6c
terme de Palais. Qui fert d jufti-
fier y c'eft-â-dire , à prouver qu'une
chofe eft ainfi qu'on l'a expofée. //
faut repréfenmr les pièces jujlrfica^
iives.
On appelle fait jujlificatif^ une
chofe qui tend â la juftification d'un
accufé. V^oye^ Faits Justifica-
tifs,
JUSTIFICATION ; fubftantif fémi-
nin. Jujlificctio, Aâion, procédé par
lequel on fe juftifie. L'accufé tra^
vaille à fa jujiification.
Justification, fign i fie aufti en ter-
mes de Théologie & de i'Écriturc- .
Sainte , l'aâion & PefFet de la grâce
pour rendre les hommes juftes.
Le Concile de Trente ex igie dans
les Adultes fix dtfpofitions princi-
pales pour obtenir le bienfait de la
juftification.
La première eft la foi , vertu théo*
logale.
La féconde eft la crainte de la
Juftice divine , vengerelfe des pé-
chés,
La troifième eft Tefpérance d'ob-
tenir le pardon de fes péchés, par
les mérites de Jésus- Christ.
La quatrième eft l'amour de Dieu
comme fource de route Juftice.
La cinquièrne eft U hame & la
déteftaiionde (es péchés, & la dou-
leur de les avoit conunis.
La ûxièmc eft le ferme propos
214 JUS
dé mener une vie nourelte , d'ob-
fervec toas les Commaftdemens de
Dieu , 6c de recevoir lé Sacrement
de Baptême ou celui de la Péni*
tence.
Ce^ dLfpo(Tcions dépendent celle-
ment de la Grâce , que perfonne ne
peut les avoir par les feules forces
de la nAcnre.
Le mcnie Concile déclare que la
juftiBcacion a pour caufe firiiiie la
Gloire de Dieu & de Jésos-
Christ j & la glorification de
l'homme ; pour caufe efficiente
principale tofolue , Dieu \ prin-
cipale méritoire, JP^sus-Chkist j
inftrumentelle , les Sacremens de
Baptême 8c de Pénitence ; difpod ci-
ve , les aAes formés par ta erâce ,
8c produits par celui qui doit être
juftifié } pour caufe formelle Tin-
fsfion àeià, grâce ou de la juftice ,
ftofi cette ;uftice par laquelle Dieu
eft }ufte , mais celle par où il nous
rend juftes, non-feulement de nom,
tAais réetlemenc Se en effet*
JUSTIFICATION , fe dit en termes
d'Imprimerie , de la longueur des
lignes lïérerminée par Telpace que
l'ouvrier a laiiTé dans le coinpof-
teur.
JosTiFieATfON , fe dit auflS en ter-
mes de Fondeurs de caractères
d'itoprimerie , d*^un petit inflfru-
ment de cuivre ou de fet dont ces
ouvriers fe fer ver>t pour s'aflTurer fi •
les tertres (qui bien en ligne & de
hauteur entr'elles.
Les trois prenricres fyllabes font
Inrèves , Kb quatrième longue , Se fes
autres brèves au fingulier ; mais la
dernière eft longue au pluriel.
JUSTIFIÉ , ÉE : participe paffif.
f^oye^l Justifier.
JUSTIFIER ; verbe adif de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe ccm-
jugue^ comme Cwawter. Abfolvc-
JUS
ri. Prouver , fairô voir , déclarer
que celui qui étoit aecufé eft inno*
cent. Lts témoins It judificront. Cela
pourra ftrvit à k jufiificr.
JusTiPifiR y fe dit auflî des chofes Se
fignifie en prouver la bonté , la fo-
lidité , la vérité. Le fuccls ajujiifié
fort entreprUe.
JustiFzER , fignifie auflS faire voir,
démontrer qu*an fait eft tel qu*oa
Ta avancé. // jufiific fa propojition
par l*aurorité des Pèresi II s*èft
ftrvi de et titre pour jujlifier fa
naijfance. On peut /uftijîcr que cet
ouvrage a été imprimé à Londres. '
JuSTiFifia 9 fignifie encore donner la
juftice intérieure. La Pajfion de Ji«
sus -Christ a juflifié les hoth^
mes.
JirsTiFiER , fe dit en termes d'Im-
primerie ^ Se fignifie renir les pages
également bâtîtes , & les lignes éga-
lement longues entr'^elles.
Lq$ trois premières (yllabes font
brève) , Se la ouatrième longue ou
brève, f^cye^ VbAbe.
LV féminin qui terntine le fin-
gutier de l'indicatif, &c. s*unit à la
pénultième fytlabe Se la rend Ion*
gue.
JUSTIFIEURi fubftantif mafcuKn
& terme de Fondeurs de caraâères
dlmprimerie. Il fe dit de la princi-
pale partie du coupoir avec lequel
on coupe les caraâères d'Im^nrime-
rie.
JUSTIN Ij nom d'un Empereur
d'Orient , né en 4.5.0, à Bederiane
dans les Campagnes de la Tlirate.-
Son père étoit un pauvre Lab^ou-
reur. Le fils manquant de pain ,
s'enrôla dans la Milice, & quoi-
qu'il ne (àt ni lire , ni écrire, if par-^
vinr de grade en grade par fa valeur
Se par (a prudence* julqu'au: rtone
Impérial. Il f montaen' 5 1 8* ^ de en
parut dïgne; Soû' pttttiier foin fut
JUS
dl^ezaminer les lois. Il confirma cel-
les qui lui parurent juftes , annulla
les ancres » accorda au peuple plu-
fieurs immunités , retrancha beau-
coup d*itnp6ts » fie des heureux
& mt l'ètrè. li fe déclara pour le
Concile de Calcédoine , rappela
tous ceux qui avoient été exilés
pour la foi , demanda un Formulaire
au Pape Hormifdas , & le fit figner
dans un Concile tenu à Conftanti-
nople : mais il devint fuoefte à TÉ*
gUfe àsLïis le temps même qu'il vou-
loir la faire triompher. Il perfécuta
les Ariens pour réprimer leur au-
dace , & aigrit par cette conduite
Théodoric contre les Orthodoxes
d'Occident. Il mourut en s 17 > ^
77 -ans après avoir nommé Jufti-
nieh ^ fils de fa fœur, pour lui fuc-
céder.
Il y a eu un autre Empereur de
' ce nom qui fuccéda en «j 6 5 à Jufti-
nien fon oncle , ic mourut en 578. II
fut du nombre des niauvais Princes.
Justin, eft auffi le nom d'un Hiflo-
rien latin, qui a laKTé un abrégé de
la grande Hiftoire deTioguePoni-
JiStÎNE i fubftaniif féminin. Mon-
noie d'argent fabriquée à Vénife,
& qu'on appelle autrement Duca-
ton. Le nom de Juftine lui vient de
ce qu'elle a été frappée fous un
Doge de la famille des Juttiniani.
Elle vaut un demi-fequin.
JUSTINGEN j nom propre d*un
bourg d'Allemagne , en Suabe.
C'eft le chef lieu d'une Seigneurie
de même nom , près d'Ulm &c du
Dnnube.
JUSTINIEN 1 ', nom d'un Empereur
d'Orient , neveu de Juftin 1 ^ &
né dans un périt village de la Par-
danie en 48 j, d'une famille obf
cure. L'élévation de fon oncle pro-
- duifit la tienne. H lui fuccéda ei>
JUS ti5
527. L^Empire Grec n*étoîr plus
alors qu'un foible refte de la pnif«
Tance Ronmine \ mais ce Prince en
recula les frontières , & lui rendit
quelque chofe de fon ancien luflr».
11 mit â la tète de fes armées le fage
& vaillant Bélifaire , qui reprit aux
Barbares ce qu'ils avoient enlevé
aux Romains. Les Perfes furent
vaincus en 518, 541 & €43; let
Vandales exterminés » & leur Roi
Gelimer pris prifoimier en 5 j j ,l'A-
frique reconquifei les Goths fubju-
gués j les Maures réduits , les di(^
ienfions inteftines étouffées. Les
Bleus & les Vcrds , deux faâions
qui déchiroient l'Empire , furent
réprimés. Après avoir rétabli la
tranquillité au -dedans & au-de^
hors, l'Empereur mît de l'ordre
dans les lois qui étoîdnr depuis
long-temps dans une confufion ex-
trême. Il chargea dix JurifconfuU
tes s choids parmi les plus habiles
de TEmpire , de faire un nouveau
Code tiré de fes Conftitutions & de
celles de fes prédéceiTeurs.
Ce Code fut fuivi du Digefte , des
Inftitutes 8c des Novelles:^oye^ ces
mots; Attenrif à tout , JutUnien
fortifia les places , embellit les vil-
les & en bâtit de nouvelles. Mais
fon règne fut trop long : fur la* fin
de hs jours il devint avare , mé*
fianr , cruel , & accabla le peuple
d'impôts : il fe laifTa gouverner par
fa femme Théodora , qu'il avoir
rife fur le théâtre , ou elle s'éroic
ong- temps prortiruée, & qui con-
ferva fous la pourpre tous les vices
d'une courtifanne. Enfin, il mourut
en 5<?^ à l'âge de 84 ans , haï de fes
fujers, & peu regretté de fe& cour-
tifans.
,11 )r a eu un autre Empereur de
même nom, qui fuccéda à l'âge (le
16 ans. à fon père Conftanuii Pogo*
i
ii6 JUT
nac en 6S$ , & fat tué en 71 1. Ses
crQaucés , fes débauches , Tes exac-
tions oat rendu fa mémoire exécra-
ble.
JUTES \ ( les ) anciens peuples de
Germanie qui s*emparèreni de la
Cherfonnèfe-Cimbrique , & lui
donnèrent le nom de Jucland. f^oye:[
ce mot.
JUTHIA, ou JuDiA ; nom Chinois,
d'une grande & célèbre ville d*Afie,
capitale du Royaume de Siam. Les
étrangers nomment cette ville 5i^^
ain(i que le Royaume, f^oy^i
Siam.
JUTLAND; ( le ) nom propre d'une
grande prefqu'île qui fait parcie du
Royaume de Dannemarck » & des
Écats du Duc de Halftein. Elle eft
bornée au midi par le Duché de
Holftein, & ailleurs entourée par
la m«r d'Allemagne & par la mer
* Baltique. Sa longueur eft d'environ
foixante-dix lieues, & fa largeur
de vingt. L'air y eft froid , mais
fain : les terres y abondent en grains
& en pâturages qui nourrKTeat des
chevaux & des bœufs quon en-
vole en Allemagne , en Hollande Se
ailleurs.
Ce pays qui e(l l'ancienne Cher-
fonnèle - Cimbrique j fe- divife
aujourd'hui eu deux parties j dont
Tune fe nomme Jutland feptentriO"
naly & l'autre Jutland méridional.
Le Jutland feptentrional beau-
coup plus grand qne le Jutland mé
ridional , en eft féparé par une ligne
qui va en ferpentant . depuis Ripen
jufqu'd Colding. Il appartient en
entier au Roi de Dannemarck.
Le Jutland méridional ou le Du-
ché de Slefwig, appartient en partie
au Roi de Dannemarck» & en partie
au'Duc de Holftein.
JUTURNE", nom d'une Nymphe,
fœur de Turnus ^ que Jupiter çhan-
JUV
gea en Naïade pour prix des faveurs
qu'il en a voit obtenues , & lui don-
na. l'Empire des lacs , des étangs ^
des fontaines & des rivières dlca-
lie.
Il y avoir dans le Latium une
fontaine de même nom , dont les
eaux fer voient dans les facriâces
des Romains , &c furtout dans ceux
de Vefta , où il étoit défendu d'en
employer*d'autre. Cette eau s'ap-
peloit Veau virginale.
JUVARDEIL ; nom propre d'un
bourg de France , en Anjou , fur la
Sarthe , à quatre lieues , nord j
d'Angers.
JUVEIGNERIË î fubftantif fémi-
nin 6c terme de Coutume. Ordre
de DaifTance entre deux frères ,
dont l'un eft plus jeune que l'autte.
yoyei[ JOVEIGNEUR.
JUVEIGNEUR ; fubftantif mafculin
& terme ulité dans la coutume
de Bretagne en matière féodale ,
pour défigner les puînés relative-
ment à leur ^Iné.
Les Juveigncurs ou puînés fuccc-
doiet;t anciennement aux fiefs de
Bretagne avec l'aîné } mais corrime
le partage des fiefs préjudicioic au
Seigneur dominant , le Comte
Geoffroi , du confentemenr de fes
garons, fit en 1185 une AflTife ou
Ordonnance , porranr qu'à l'avenic
il ne feroit fait aucun partage des
Baronnies & des Chevaleries \ que
l'aîné auroit feul ces Seigneuries »
& feroit feulement une provifîoti
fortable aux puînés , ^ junioribus
majores providerent. 11 perntiit ce-
pendant aux aînés , quand il y au-
roit d'autres terres , d'en donner
Suetques-unes aux puînés , au lieu
'une provifion ; mais avec cecre
différence que (i l'aîné donnoit une
terre à fon puîné « â la charge de la
tenir de lui à la. foi fie hommage »
OH
x\7
juv rtrz
oa comme Juveipeur d'aîné , fi le 1 fit exiler le Pocte en Egypte , à l'âge
pmné décédoit Uns enfans & fans. de 80 ans.
avoir difpofc de \z terre , elle te-
toarneroit non pas â Taîné qui Ta-
voit donnée, mais au Cliet- Soi-
gneur qui avoit la ligcnce ; au liea
que la terre retournoit à l'aîné,
Î|uand il l'avoir donnée fimplement
ans la charge d'hommage ou de J
la tenir en Juveignerie. Ce qui fut
corrigé par Jean I , en ordonnant
Sue dans le premier cas Taîné fuccé-
eroit de même que dans le fécond.
Le Duc Jean II ordonna que le
père pourroit divifer les Barpnnic$^
entre (qs enfans , mais qu'il ne
pourroit donner à fes enfans puînés
plus du tiers de fa terre. Suivant
cette Ordonnance , les puînés pa-
roiflent avoir la propriété de
leur tiers ; cependant les aru 547
8c $6^ de lancicnne coutume ,
JUVÈNAUX ; { les jeux ) on a aihfi
appelé des jeux mêlés d'exercices
8c de danfes qulnftitua Néron lorf-
qu^il fc fît faire la barbe pour la
première fois. On les célébra d'a-
bord dans des maifons particuliè-
res j ôc il paroît que les femmes 7
avaient part : car XiphUin rappor-
ter qu'une Dame de la ^première
qualité , nommée JËalia - C&tula y
dan fa âi'age de So ans ^taaiis Né-
ron rendit 'bientôt apr^ -hs je^x
juvehaux publics jSc fobnqels^ ^ on
les nomma Néronitns.
JU7IGNE ; nom propre d'un bourg
de France , dans le Maine , à (ix
]ieue6 J nord-oueft , de Laval.
JUVIGNY ; aom propre 4ie deux
bouegs de France , ;en Normandie :
l'un eil litué à deux lieues > fud-e(( »
<lécidèrent que ce tiers n'étoit qu'à [ ^e Oomfront , & l'autre À une lieue
& demie, oueft-nord-oueft , de
Mortain.
JUXTAPOSITION ; fubftantif fé-
minin & terme de Phyfîque. Il fe
dit de la matûère dont Iqs cocps
augmentent de volume ic 4e quan-
tité» par l addition de la matière
qui s'y ajoute extérieurement. La
Juxtaposition eft oppofée à Tlntus-
ufception > ou à Faccroiflfemenc
d'un corps , en tant qu'il fe fait
par la réception d'un fuc qui fe
répand dans tout l'intérieur de h
mafle. L'opinion commune efl: que
les pierres ne croitfent que par
Juxcapojîûon.
JUZIERS ; nom propre d'un bourg
de France , dans le Vexin IFrançois ,
fur la Seine , à une lieue » oueft-fud*
oueft , de Meulan.
viage
La JuveigneriCy ou part des puî-
nés , éft en parage , ou fans pa-
rage.
JU VENAL ; nom propre d'un Poète
Latin , natif d'Aquin au Royaume
de Naples , & qui vivoit à Rome
fur la fin du règne de Domîtien ,
& même fous Nerva & fous Tra-
jan. Il eft connu par feize Satyres ,
dans lefquelles on remarque beau-
coup dé force & de véhémence ; I
mais ceux qui aiment la raillerie
fine & délicate, lui préfèrent le fa-
tyrique enjoué de la Cour d'Au-
gufte. On reproche à Juvenal d'être
tombé dans un ftyle de déclama-^
teur J & d'avoir combattu les vices
d'une mamère à faire rougir la
vertu.
Le trait lance , dans une de fes
fatyres , contre le comédien Paris ,
homme d'un grand crédit à laCour^
Tome XV •
JYNGUER , vieux mot qui fignifioic
autrefois folâtrer.
JYNX J jfûy€\ TuRcoT.
£ e
iiS
KAB
K
KÂB
^ jl \ fubdantif mafculin. Let-
Il ice confonne j U onzième
Il de l'alphabet , Se la bui-
y rième «onfonne. On di-
Toit aotrefois an ka; maïs
félon U nouvelle méthode d'é[>eler,
. on dit un kt , comme le monofyl-
labe que.
Cette lente eft peu ufitée en
notte langue , 8c devtoii l'être da-
vantage, f^oye^ ce que nousdifons
i ce fujei au mot Orthographe.
K,cbez quelques auteurs eft une lettre
numérale qui (îgniâe deux cent cin-
quante.
La n^ème lettre avec une barre
horizontale au-delTus vaut deux
cent cinquante mille.
K, eft la marque de la monnoie qui
(e fabrigue i Bordeaux.
KABAK -y voyfç CabÂck.
KABÂNl -y rubftantif mafculin &
terme de Relation. On donne ce
nom dans le Levant à un homme
public dont le^ fondions répondent
â celles d'un Notaire parmi nous.
KABARDINSKIS ; (les) peuple qui
habite une contrée de fa Tartaric
appelé Kaharda , & dont les hom-
mes & les femmes font d'une beau-
• té fingulière. M. Sanchez dit en
avoir rencontré trois cens à cheval
qui venoient au fervîce de b Ruf-
He, & ilaOure qu'il n'a jamais vu
de plus beaux hommes t 6c d'une
iigureplus noble ie plus mâle : ils
«nt le vifage beau« frais 9c V8imeil>
tes yeux grands > vifs fie boÏts j la
taille haute & bien piife ^ il dit
que le Lieutenant Général deSéra-
pikin qui avoit demeuré long-remps
en Kabarda , lui avoir almré que
les femmes étoient aulTi belles que
les hommes; mais cette nation G
différente des Tattares qui l'envi- .
tonnent > vient originairement de
rUkrainejàcequediiM.Sanchex»
Se a été tranfportée en Kabarda il
y a environ Moans. '
KABBADEi fubftantifmafculin. Ha-
bit militaire des Grecs modernes >
il fe poitoit fous un autre : il ctoic
court, ferré,, fans plis & fe bouton-
noît jul'qu'au bas ne la poitrineavec
de gros boutons. Le P. Gour croit
que c'étoir lejhgum des Romain*.
L'Empereur Se le Defpote le pot-
loient pourpre ou violet.
KABESQUi ou Kabesque; fubftan-
tif mal'culin. Petite monnoie de
cuivre qui fe fabrique en Perfe ojb
elle vaut un peu moins de fîx de-
niers de France.
KABIN^ fubftantif mafculinAc terme
de Relation. Mariage contraélé chez
les Mahométans pouc un certain
temps feulemenr. I^ kabin fe fait
devanr le Cadi en picfence duquel
l'homme é'poufe une femme pour
un certain temps « i conditioa de
lui donner une ceitaine fomme i \»
an du terme lorfqu'il U quittera.
Quelques uns piétendent que le
KAD
kibin fi'eft autorifé aw chez le»
Perfes & dans ta feâ^ d'Ali.
KACHEMIREZ ; v<iyq[ Cachemire.
KACKERLACKES } (les) les Hol-
laodois donnent ce nMn aux habi-
rans des îles (ituées au fud*eft de
Tarnate.
KADALI; fubftantif mafculin. Ar-
brifleau des Indes orientales dont
Îarle Ray. Il j en a quatre efpèces.
.es fruits , les feuilles , Técorce &
les fleurs fervent i faire une huile
bonne contre les aphtee» en l'appli-
quant defTus , 6c contre l'épilepue ,
en s'en frottant la tète.
KADARES ou KadarItes} (les)
voyci Cadariens.
KADÉZ A DÉLITES i (les) ^oye^
Cadizad^litss.
K A DOLE 'j fubftantif mafculin.
c'étoit chez les anciens un miniftre
iles prêtres dans les facrifices & les
myftères ries grands Dieux. C'eft
ce qu'on appeloit Camille chez les
Romains.
KADRIS; (les) vqyej. Cadrxtss.
KAEY 'y fubftantif mafculin. Arbre
qui croît en Nigritie & dont le bois
eft fort dur. Les Nègres en font
des canots.
KAFFUNGEN ou Cappung ; nom
propre d'une petite ville d'Alle-
magne » dans la HefTe , près de
CaÎTel.
KÂFRECHIRIN \ nom propre d*0ne
villa de Perfe, que Taverniçr place
' au 71^ degré, 50 minutes de longi-
tude y 5c au 34* degré, 40 minutes
de latitude.
KAHOUAUNE ou CAOUAUNE -,
iiÀftan^if féminin* Efpèca d^ tor-
tue dont récaille s'emploie dans les
ouvrages de marquetterie. Sa chair
. eft îi^rérieiire i celle de U tortue
franche. f^oycT; Tortue.
MHCJER BACHI i fubftantif maf-
fia &rerms de ReUïioo. Qn
ï
KAI %i9
[donne ce titre en Perfe k TOfticiet
ui a foin.du caffe & des liqueurs
[u SophK
KAI i nom propre d*une ville de U
Chine j dansle Pckelijaudépaite'
ment de Tamtng » fepcième . Q:é^
tropote de cette Fiovince.
Kac , eftaufli le nom d'une Province
du Japon, dans la prefque*îled(. Ni-
pSon. C eft de U que les Japonois
tirent leurs meilleurs chevaux.
KAÏA i fubftantif mafculin. C'^ft
une (orte d'if du Japon qui porte
un fruit femblable i des noix j il ,eft
commun dans les Provinces fepteo-
trionales j & devient fort grand.
Ses branches naiftentvis-à vis Tun^
de l'autre, *& s'étendent prefque
fur un même plan. Son écorcé. ett
noirâtre » grolTe , odorante & fore
amère \ fon bois eft fec , léger & a
peu de moelle. Ses feuilles qui font
lans pédicules , reftemblent beau*;
coup à celles du rdmarin , mais font
roiaes, beaucoup plus dures , ter*
minées par une pointe fort courte »
d'un vert obfcur par deiTus & clair
Ear deffous. Son fruit afTez fem-*
iable aux noix d'Areka , croit en*
tre les aillelles des feuilles où il eft
fortement attaché fans aucun pé-
dicule. Il naît i l'entrée du prin-
temps j pour mûrir i la fin de Tau-
tomne ; fa chair qui eft molle 9 fi«^
breufe , verte » d'un goût balfami-
que & un peu aftrîngent, renferme
une noiic ovale » garnie d'une pointe
$nx deuK extrémités » avec une co*
quiUe ligneofe » min^e & fragile.
Son noyau eft d une fubftance dou-
ce êc huiieufe , mais fi ftiptique »v
qu'il eft impoCble d'en manger
lorfqu*il eft un peu vieux. On ea
tire une huile qui diffère peu pouc
le goût de l'huile d'amaiide» & fert
également aux ufages de la cuifisiQ
. ic d^ U mid^çWf ^
Eeij
TCATC
»
KÂÏEf^; nom propre d'une vifie de
Perfe que Tavernier place au 8 3 ^
degré , 10 minutes de longitude ,
' A: au 5(>e , 12 minutes oe, lati-
tude.
KAIRIOVACOU ; nom d'une pe-
tite île d*Amériq«e, la plus belle
^es Grenadines fie Tune des An*
filles. Elle abonde en gibier ôc en
faifans. Son circuit eft d'envicon
huit lieues ', 5c 1 on y trouve une
très'belle baîe du coté du nord.
XAIROVAN ou Kairvah , ville
d'Afrique , capitale d'un Gouverne-
ment de même nom au royaume de
Tunis. Elle appartient au Grand
Seigneur.
I^AJUTSIN j nom propre d'une ville
de la Chine j dans la province de
Kiangnani au département de Yang-
cheu , feptième métropole de cette
Province.
IkAXAMA ; nom d'une montagne
de la Laponie Suédoife , dont il eft
parlé daos les Mémoires de l'A-
cadémie des Sciences. Elle eft fi-
tuée environ à vingt minutes au
nord de Torneo. Le fommet de
cette montagne eft d'une pierre blan-
che , feuilletée & féparée par des
plans verticaux qui coupent perpen-
diculairement le mériaien.
KAKAMOULON ou Kakamulluj
ArbseGuî félon Ray croît aux Indes
orientales , Se produit des Cliques.
On dit que fon écorce étant bouil
lie dans du lait eft un excellent re-
inède contre les diabètes & la go-
' norrhée.
KAKATODALIj fubft*iwif mafiuHn.
t Arbrîiïeau des Indes orientales,
* dont la racine fie le fruitvert bouil-
lis daifs de l'huile , forment un on-
' guent qu'on dit bon pour csAfAex les
- <lo»teirs de la ^aattt. On wépare
avec fes feuilles booillii^s dans de
KAK
Teaii» des bains falutaires contre^fes
tumeurs œdémateufes. . *^
KAKATOON i fubftantif mafculinl
Oifeau des iles Moluques qui ap-
prend à parler comme le perro-
quet. Il eft bupé j fie on le nomme
auelquefois oifeau blanc , à caufe
e Textrcme blancheur des plumes
de fes ailes , de foy dos , de fa poi-
trine fie de fa queue. Sous cette
blancheur règne un jaune de cou-
leur de fouf re ; fâ hupe eft com-
pofée de Ibrigues plumas qui font
de la même couleur j laquelle de-
vient plus lavée fous les yeux fie
fous le cou ; le front eft prefque
tout blanchâtre i le bec eft large,
long, crochu, fie il eft extrême-
ment noir fie comme azuré. Il a les
yeux grands , brillans , châtains ,
bordés de jaune tout autour. Sa
langue eft épaifle , dure fie d'an
rouge brun ^ les jambes font gref-
fes & courres ; les pieds fie les on-
gles font plus grands que ceux des
perroquets : chaque pied eft fendu
en quatre doigts , dont deux s'avan-
cent en avant fie deux en atrière.
KAIKONGO ; fubftantif mafculin.
PoifTon de la forme du faumon,
lequel fe trouve dans les rivières
de Congo fie d'Angola en Afrique :
fa chair eft grisâtre fie rrès-gra(Ie.
Les pécheurs font obligés de por-.
ter ce poifibn au Roi du pays.
KAKEGAVA ou Kakinga j* nom
f^ropre d'une ville du Japon » à deux
ieues de Fukuroi j fur la route de
Famamaz à Yedo*
KAKERLAQUE ; fubftantif mafca*
lin. Infeâe volant fort connu en
Amérique , aux Indes orientales fie
des Marins , parceque les vaiffeaux
n'en font que trop fréquemment in-
feftés. Ces petits. animaux font du
genre des mittes« II y en a une e£-
' K A K
pèce.qtn fe.mulciplie beaucoup en
Europe daiu les cuîGnes.
Les. Kakedaqiies en Âioénque
font d'afTez grands infe^sdcuir le
corps ed.apiari':' le corps des maies
eft caché ùo\xs des ailes , 6c. cnliii
des femelles e(l à décoUv^t,,pance-
qa'elU^u'oncjpoînt d aiie$» Ces tôt*
tesdemictes/oncbien moins, gcan-
des dans notr^ pays que dans les
aurres parties, du. monde : elles. ne
font pasvnon plus, il malfaifantes;
oo ne les redoute mcme dana nos
cuiilnes que comme une malpro-
prexé. }^siis dans nos ries elles s'in-
troduîfenc de tous cotés, elles: ta-
cKenr tout &. n'épargnciic nr habtrs
ni linges^ elles dévorent aaifi les
fouliers^, les viandes & le pain, dr^nc
elles ne mangenc que la mie. Les
kakerlaque& aimenc futtouc les
chofes douces, & particulièremcnc
l'ananas; ils jettent leur femence
par tas , & l'enveloppent comme
font en Europe cerca jnes araignées.
C'eft uopUiur que dç. voir les* jeu-
nes animaux près d'éclorre , ronger
leur coque Se en for tir avec préci-
pitation : alors ils ne font pas plus
BUS qu'une fourmi ; ces jeunes ka-
Efflaquesfe fourrent facilement par
les feotes'ou pa; la ferrure. dans les
coffres Se dans les aomoires pu ils
rongient & détruifent. tout ; mais
heurevfement > .dit^ M. Çoiligni ,
que les guêpes icjbnenmones at-
taquent & tuent ces infedles def-
traAeurs.
Qoan4 1^ ga^pe ichneumone ,
apccs avoir r^idé de difEcrens côtéft ,
foie en volant , A)it eo> itiâiEr^hant ,
cooune pour découvrir; du gibier».
apperçoit un kakerlaque > elle s ar-
rête un inftant pendant lequel les
deux infctftes femblent fe regardeff.;
mais bien toc l!iciiueumc»^e s'élance
fut ÏMXittf dontelle faiiljitiliemd-
AK an
feau'oale bourde* la tcceavcc fe^
ferres ou dents ^ elle fe replie en«
fuite fous le ventre, de faproie pour
la percer, de fon aiguillon : dès
^uelle fent y avoir répandu le ppi-
^n, fatal , elle quitte cet enoe-
. mi, & s'en éloigne ; mais après avoir
fait divers tours ellerevient^le cher^
cher , bien certaine de le trouver
où. elle L'a lailTé. Le lukerlaque
naturellement peu courageux^ a
alors perdu fes forces j il eft hors
d-état de rcfifter à la guêpe ichneu-
mone qui le failit par la tète , & mar-
cbasr i reculons , 1^ traîne jufqii'sb
ce qu'elle, Taix conduit à foa trou^
A Surinam & à la Martinique ,
on donne le nom de kakcrlakki ova
raveri cette' mê;me mîue qui court
! la nuit pour, butiner» Dans les Indes
; oriei^tales les fourmis noires molef*
' tent cruellement les kakerlaques.
Lorfque le hafard leur en offre quel-
qu'un d'edropié ou de morr^ elles:
; le faififfent douze anfe)Q;ible j le
traînenr au trou de la.fourmillière »
Se l'y font entrer fouvçnt dépecé »
iDrfqu'elles ne peuvent Ty introduire ^
en entier.
KAKUSJU , ou Kawarafisagi }
arbufte du Japon,, i feuilles 4e
bardane j ;4om. la .fleajc..e(t. mono- ,
pétale, les piques loi^t^sâc me-
nues j la femence pexite eiy fpra^
de, rein » Se gariu^|d# poils a9X
deux extrémités, il a peu de bran-
ches , mais elles fontrort longues*
Le pidil de, fes. fleurs qui font de
couleur pâle & d'une odeur p^^e^
1 douce^ foichan;^ eo éiH^e (Uiqiue pen-
' dante ,.ronde.^ groile comme. un
i tuyaa d'av^oine « dont on fa}^ boire
la décoâion auxafthmatiques. Les
feuilles.qui ont de chaque cÀcé deux
efpèces aoreilletcgs,) s'appUqvenc
fur les parties douloureufes,.& paf-*
fent pottr être amies 4$s nerfs* > . . ^
é
iix
KAL
KALA ; nom ci*ane petite ville (!*A1-
lemagne, dans U Principauté d'Al-
tenbourg , far la Saale. Elle appar-
cienc à la Maifon de Saxe-Gocha.
KALAAR ; nom d'une ville confidé^
rable de Perfc dans le Ghilan. Ta-
verniec U mst au j^^ degré, 15
minutes de longitude^ & au 37^ »
15 minutes de latitude.
KALANFAR , ou Kalentar \ fub-
ftanpif mafculin & terme de Rila-
' cion. On donne ce titre en Perfe au
premier 0$cier municipal d'une
ville.
KALI ; fttbftantif mafculin. Plante
qu'on appelle autrement foudc.
Voyez ce mot.
KALIMBOURG; nom d'une ville de
Dannemarck , chefT-lieu dun Bail-
liage coniîdérablç dans l'île de Sce-
lande , ^u fond d'un golfe , dont
Touvertare eft i Tentrée feptenttio-
nale du Grand Belt.
KALINj nom propre d'une ville de
Perfp, <|ue T^vernier place aij 87*
degré, 5 minutes de longitude , &
au ) {* , 15 minutes de latiruie^
K ALIR 'j nom d'une petite ville d'Al-
lemagne, au Cercle de Souabe, dans
le piicHé de Wirteniberg, fur la
rivière ^e Nagoldt^
KALIS 'j nom propre d'une petite
▼iHe d'Allemagne , dans la Noti*
vèlle Marche de Orandebourg , Air
un lac y à trçis milles d'Arqf-
walde.
I^ALISCH \ ville de Pologne dans une
rrovince de même nom, i cinq
sniiUt de Siradie.
La Province de Kalifch a le Pa-
«latinat de Pofnanie i Toccident,
celui de Siradie au midi t cdui de
Sendomir au fud-eft • te ceux de
l^encicza 6ç de Cujayie à Torient
fk au nor(|-9ft, Gnçfne çn eft U ville
principale.
JULL^ifOM } fu^aqtif iqafc«Uif
AAM
& terme de Relation. Titré d*cm
des premiers Officiers ok Miniftces
du xtoyaume de Siam. Il a le dé-
partement de la guerre , des forci*
ficationsj des Arfenaoz & Maga-
fins , avec le droit de dOmmander
les armées.
KALMOUCHS} voyc^ Cal-
MOUCKS
KALNICK; ville forte de Pologne»
dans le Palatinat de Bracklaw , i
fix milles de la ville de ce nom.
KALO , njm d*une ville forte de la
haute Hongrie , dans le Comté de
Zarmar , i douze lieues j fud^ft»
de Tokai.
KAMA } ( la ) nom propre d'ane
Î;ranJe rivière de Ruflîe , qui a fa
burce au pays desCzeremifles dans
les marais qui fonr au midi des
vaftes forets de la Province de Zi<-
ranie » & fon embouchure dans le
Wolga au Royaume de Cafan.
KAMAKURA \ nom propre d'une
île du Japon > fur la c6re méridio-
nale de la prefqu'île de Niphon en-
tre les embouchures des rivières d^
Bansjtt & de Fudfifava. Elle ii'^
qu'une lieue de circaii , & l'on J
envoie* en exil les grands quî^onc
fait quelque faute con(idérable«
Coqime les c&tes en font fort efcar*
pées, on eft obligé d'élever avec
des grues pu d'autres machines , let
bateaux qifi y coadnifent d^ pn«»
fonniers ou aès provifions.
KAMAN ; nom propre d'une ville
des Indes Orientales j dans laprefr
qu'île en- deçà du (?ange , au Royan*
me de Garnate» for la rooce de
Tripiti â Gandicote.
KAMENOIEMASLÔ ; on liomie
ce nom en Ru(fîe i poe ibbftance
minérale onâueofe ic grade aa cou-
cher , comme da beurre qui fe rro«<*
vé en placeurs endroits de la Sibé«
rif ^ fltf aciiée cçmmf de{ ft^la^tic^
KAM
*
MX cavités de quelques roches^
d*Qne ardoife noitâtre > chargée
d'alun 'y fa couleur eft , ou jaune >
ou-d'un jaune blanchâtre j fes pro-
priétés font qu'en Allemand on a
donné le nom de teurr^ fofik , ou
. de iiurn de pitrre à cette (ubftaace.
M, Gmelîa pacoît être le premier
qui Tait décrite dans foti voyage de
Sibérie où il rapporte un grand
nombre d'expériences qu'il fit pour
s'aflTurer de ce qu'elle contenoit. On
ignore fi on doit la regarder comme
une effervefc^nce vitriolique; mais
il naroic que c*eft un compote d'a-
cide vitriolique , de fel alkali mi-
néral , de fer qui lui donne fa cou-
leur jaune ^ & d'une matière grafTe
inconnue. Cette fubftance devient
. plus blanche lorfqu'elle a été expo-
fée i l'air.
KAMIENIECK \ nom propre de deux
bourgs de Pologne > dont un dans
la Mazovie , fur le Boug , & l'autre
en Lichuanie> au nord- eft de Brzef-
cie*
KAMIN; petite ville de Pologne, au
Palatinac de KaKfch , fur la warte,
' entre Gnefne & Lencicza.
KAMINIECKi nom propre d'une ville
forte & épifcopale de Pologne, ca-
pitale de la Podolie » fur une roche
efcarpée que baigne le Smotrzicz ,
â trente- fix lieues , fud-eft, de Lem-
berg. .
KAMISINKA ; nom propre d'une ville
de Ruffîe , fur une Rivière de même
nom, entre le Don & le Volga,
dans TendroijC où Pierre le Grand
avoir voulu pratiquer un canal pour
la communication de ces deux âeu
ves.
KAMMAJAMMA -, nom d'une
grande ville du Japon , entre Nia &
* Mioacutz.
KAMPSj nom d'une petite rivière
KAM xii
d'Allemagne , qui a ia focnrce fur
les frontières de la- Bohême > &
fon embouchure dans le Danube >
près de Crembs*
KAMTSCHATK A;nom propred'une
grande prefqu'île fituée à l'extré-
mité orientale de l'Empire de Ruf-
fie de de notre continent. Elle eft
contiguc au nord , à la Sibérie & la
mer l'entoure au midi , à 1 orienr Se
â l'occident. Elle eft habitée par di-
verfes nations , dont celles qui oc-
cupent environ le milieu^ payent
tribut aux Rufles; au lieu que celles
qui demeurent plus au nord , & en
•particulier \ç% Olutorski ( nom
au on leur donne dans la carte de
.uflxe ) r tn font les ennemis dé-
clarés. Les Kurilski ou Ku ilis (juî
demeurent plus au fud i étant moinf
batbaresque les aunes, font regar-
dés pat les RufTes comme une cola»
nie des Japojiois.
Lé commerce entre la Sibérie iC
le Kamtfihaïka fe fait par deux rou-
tes difFérenrq5* ;Quclqud$-uns tra-
verfent le golie de Kamrfchacka^
Îui fépare ce pays de la graqde
arraiie & de* la Sibérie, à près
de )8 degrés de latirude , & ils
s'embaïquerit d'ordinaire à Lnma
où les RufTiens ont commencé a
bârir de grands vailTeaux pour paf-
fer à Priftan , ville qu'ils ont éta-
blie dans le KamtCchatka, & qui
eft habitée par une colonie Ruf-
fienne ; mais les habirans de la S:--
bérie qui demeurent aux environs
du fleuve Lena , & le long de la
mer Glaciale , font d'ordinaire par
mer le tour du cap Sucotoinos , pour
ne point tomber entre les tnains
des Tskalatzki & Tfchatzki,deux
nations cruelles & barbâtes qui
habitent la pointe de la Sibérie ail
nord- eft, & qui fon^, ennemies
mortelles des RuITes.
/
\
/
^^4 K A N
M. Kracheinnnîkow rappërte
qut kl plupart des femmes «du
Kalnftchafkafont périr leur fruit
par des drogues , ou ont recouBs à
d ancres ixiOTens plus laflreux «r-
core ,' ét^ttflhant leurs enfiins dans
leiir fein » du les faifant brifer par
^s vieilles femmes -expérimentées
dans depat^ils fof &tts,quoique^(bu^
vent il leur en coure la vie. 'Quel-
quefois ces horriWos tentatives ne
réuflUiTent pas , & alors la mère
wangte renfamauffitôt qu'il eft^né,
ou le rair manger aux chiens ; quand
■'une -femme accouche de deux^n-
ians, il &urnécie(raîremént que t'un
d'eux péri (Te.
KAMUSCHINKA. Foyei Kamiyin-
KA.
KAN ; fubftarttlf mafcuUn. -Tin^' de
dignité qui fignifie Prince , Com-
* mandant» & qu'on donne aux dif-
férens Chefs clés peuples Tattares ,
quoiqulh n'aient pas cous le même
pouvoir.
Les Tartares de la Crimée , pays
connu dans l'antiquité ^ous le nom
At Cherfonèfe Taurique , où les
Grecs portèrent leurs armes & leur
commerce» profefTent le mahomé-
rifme) & obéifTent d un Kan^ dont
le pays eft fous la ptoteâion des
Turcs. Si les Tartares de la Crimée
fe plaignent de leur Kan » la Porte
le dépofî fous ce prétexte. S*il eft
aimé du peuple , c'eft encore un
plus grand crime , dont il eft plutôt
puni y ainfi la plupart des Kans de
cette contrée paiTent de la fouverai-
neté à Texil , & finiftent leurs /ours
' i Rhodes , qui «ft d'ordinaire leur
firifon & leur tombeau.'Cependant
e fang Ottoman dont les Kans de
Crimée font defcendus« & le droit
3u'ils ont à TEmpire des Turcs» au
éfauc de la race du Grand Seigneur,
rendent leac fimille refpeflable au
m. w \ *
le AN
I Sttkan<fi*me ,. qttin'ofô h détruire,
A qui de pkn'ert c$Bligé de nommer
à la j^lace Axi-Kna qu'il dépoflcde ,
un autre Prince qui ioii du mime
'fang.
ht Kan des l*èrtares f^oubâns ne
reeonncMt peit^tles^'<>i^es>dH "Grand
Seigneur , .& s*eft mâiimi^a libre
jufqu'^ «e joitt.
X^^idiqiîe .le "iCii/z des Ttimres
Mongut^és de i'fiueft foit foui la
'pi'oîei&fon de la Chine , cette fou-
- 'million n'êft| au 'fend* quSine fou-
rniffion précàtre ;' piiifquè loin de
payer le moindre tribut à l'Empire
•Chinois v • il ^reçoit lui-tnème 'des
préfel)s magnifiqtes de ia^Couf de
Péking, & en eft fore redoùré.
Les Tartares du Dagheftan ne
(ont pas (èulement îndépendans de
leurs voifins, à caufe de leurs mon«
ragnes inacceifibUs ^ mais ils. ii'o«*
béiftènt à leur propre Kan » qui eft
élu par le Chef de leur Religion»
qu aurant qu'il leur plaît.
Les Tartares Noghais n*ont point
de Kan général ponr leur Maître »
mais feulement plufîeurs Chefs
qu'ils nomment Murfes ou Mir\asm
Si les Tartares de la Cafaftchia
Orda ont un feul Kan pour Souve-
rain » les Murfes brident encore fou
pouvoir à leur volonté.
Enfin les Tartares Circajflfès obéif-
fent i divers Kans particuliers de
leur nation » qui font tous fous la
protedtion de la RuflTie.
KANAKOJURI ; efpèce de lys du
Japon , dont la fleur a quelque ref-
femblance avec un turban des
Turcs j elle penche comme la fri-
tillaite ; elle eft couleur de chair ^
de fon calice fortent fept étamines
comme celles des lys blancs \ elle
croît i la hauteur d'environ deux
pieds \ fes feuilles font fermes ,
épaiftes > ^ remplies de beaucoup
de
•KAN
. de fibres. La râx:tne ou la bulbe eft
comme compofée d'écaillés. Les Ja-
ponois mangent cette racine , Se
cultivent cette fleur dans leurs jar«
dlns , (ans qu'on en hSé ufage dans
la médecine.
KÂNASTER i fubftantif mafculin.
On donne ce nom en Amérique i
des paniers de jonc ou de canne ,
dans lefquels on met le tabac que
Ton envoie en Europe ; c'eft-là ce
3 ni a fait donner le nom de tabac
c Kanajlcr y au tabac à fumer en
touleaux , qui vient d'Amérique :
le plus eftinié e(t celui qui vient de
Makatibou.
KANDEL ; nom d'une rivière de
Sai/Te, au ,Ginton de Berne. Elle
fort duMont<-Geishorn. & va fe
perdre dans le lac de Thun.
KANGIS 9 ou Kengis \ nom d'un
bourg de Bothnie , au nord de Bor-
néo. 11 y a ào^ mines de fer & de
cuivre.
KANGUE ; fubftantif féminin. Ceft
Je nom d*un fupplice fort uGté i la
Chine, & qui confifte à mettre au
cou du coupable deux pièces de bois
qui fe joignent Tune a l'autre , au
milieu deiquelles eft un efpace vide
pour recevoir le cou. Les pièces de
bois font fi larges , que le criminel
ne peut voir à fes pieds , ni porter
les mains â fa bouche , enforte qu'il
ne peut manger , à moins que quel-
Îpe per&nne charitable ne lui pté-
ente fes alimens. Ces pièces de
bois varient pour la pefanteur ; il y
en a depuis foixante jufqu'â deux
cens livres. Ceft la volonté du
Juge ou l'énormité du crime qui
décide de la pefanteur de la Kan^
guc , & du temps que le criminel
eft obligé de la porter v il fuccombe
Quelquefois fous le poids , & meurt
faute de nourriture & de fommeil.
On écrit la nature du crime ^ &
Tonu XV
KAN ai5
le temps que le coupable doit por-
ter la kanguc , fur aeux morceaux
de papiers qui font attachés à cet
inftrument. Lorfque le temps eft ex-
piré t on va trouver le Mandarin
ou le Juge , qui fait une* répriman-
de. Se fait donner la baftonnad^
au coupable , après quoi il eft remis
en liberté.
KANJA i fubftantif mafculin. Ceft
le nom d'une fête folennelle qui
fe célèbre tous les ans au Tonquia
en l'honneur de Tagriculture » 8c
pour en infpirer le goût. Le Hoî
accompagné des grands de l'État ,
fe rend â un endroit marqué pour
la cérémonie : U il forme avec
une charrue plufieurs filions , Scil
finit par donner an grand repas à
fes «courtifans.
KANIOW } nom propre d'une ville
forte de Pologne, dans l'Ukraine»
au Palatinat de Kiovie , près du
Nieper , à Quarante lieues , nord-
eft , de BracKlaw.
KANISA ; voyq Canischa.
KANNAi fubftantif féminin. Ceft
une r4icine qui croît au Cap de
Bonne - Efpérance. Les Hottentots
la recherchent avec palSon. Le Père
Tachard fuppofe que c'eft le gin«
feng des Chmois ; en effet , efîe a
à peu près les mêmes propriétés.
Les Hottentots qui la mâchent , en *
reffentent les mêmes effets , que les
Turcs de l'opium.
KANTERKAAS } fubftantif mafcu-
lin. Efpèce de fromage de Hollan-
de j dont la forme Se la couleur va*
rient. 11 y en a de blancs , de verts»
de fonds , &c,
KANUN } fubftantif mafculin. On
donne ce nom chez les Rudes-, au
repas qu'ils ont coutume dç faire
tous les ans fur les tombeaux de
leurs parens.
ANUNl ; fubftantif mafculin. Nom
Ff
tt6
KAO
u
de deux mois de Tannée des Turcs»
donc l'un prend répichcce de pre-
mier , & revient a notre mois de
Décembre , & l'autre l'épithèce de
podérieur , & revient i notre mois
de Janvier.
KÂOCHEU ; nom propre d'une ville
de la Chine , dans la Province de
Quanton ^ dont elle eft la fepcième
Mécropole. Elle a cinq autres villes
dans fon département.
KAOLIN ^ fubftantif mafculin. Nom
Chinois d'une fubftance terreufe,
blanche ou ^unâtre» entremêlée
de particules brillantes de talc ou
de mica 9 & dans laquelle on trouve
de petits fragmens de quartz ou de
caillou : cette terre jointe avec le
petumfe» forme la pâte ou com-
pofition dont fe fait ta porcelaine
de la Chine y mais on commence
>ar laver le kaolin pour en féparer
les matières étrangères , talqueufes
& quartzeufes qui font mêlées
avec lui , & qui le rendroiene peu
propre i faire la porcelaine.-
Il fe trouve une terre tout i fait
femblable au kaolin des Chinois ,
Se qui a les mêmes propriété» , aux
enviroiïs d'Alençon » & dans plu-
fieurs autres endroits de la France -y
les Anglois en employeur auffi dans
leur porcelaine de Chelfea; mais
on ne fait d'où ils la tirent : ce qu'il
y a de certain > c'eft qu'on a trouvé
une charge très - confidéf able de
kaolin > lur un vaifTeau qui fut
pris fur eux pendant la dernière-
guerre«
KAPFENBERG î nom d'un bourg
d'Allemagne , dans la Styrîe j avec
un Château fur une montagne, â un
demi mille de Bruggandermuer.
KAPISLBRKAHIASI j fubftantif
mafculin & terme de Relation.
Titre du Colonel ou Général des
C^des du Grand * Seigneur» U
KAP
fait à la Porte Ottomane ToiEce
de maître des cérémonies 8c
d'introduâeur de tous ceux qui
vont i l'audience du Sultan. Sod
emploi eft fort lucratif par les corn-
mimons dont le charge le Prince »
& par les préfens qu'il reçoit d'ail-
leurs. Il porte dans fa fonâion ane
vefte de brocard â Seurs d'or »
fourrée de zibehnes , le gros tur^
ban comme les Vifirs j & une can-
ne â pomme d'argent. C'eft lui qui
remet au Grand- vifir les ordres de
Sa Haute ffe. Il commande aux Ca-
pigis & Capigis Baohis , cVft-à-dire
aux portiers 6c aux chefs des poi»
tiers.
KAPOS ; nom d'une rivière de ^
baffe Hongrie, qui a fa fotu'ce dans
le Comté de Tolna , au midi du
village de Giuta , Ôc fon embou*-
chure dans le Danube au Comté
de Baran , fous le nom de^Sarvitfa^
qu'elle prend après avoir mêlé fes
eaux è celles du Kopaa j au-deflbiis
de Dobrakos«
KAPOSWAR J nom propre d^une
fortereâe de la balte Hongrie , ainfi
appelée de la rivière de Kapos qui
Tarrofe i douze lieues » oueft » de
Tbhia»
KAPTUR 'y terme de Relariom. Ot>
donne ce nom en Pologne dans le
tem)M d'^ua interrègne pendanc la
Djète convoquée pour l'éleûioa
d'un Roi» à une commi({îon éta^
bile contre ceux qui s'aviferoîens
de troubler la tranquillité publia
2ue. Elle eft compoiée de 1 9. pec^
>ones les plus copftituées e&d^
gniré du Royaume» & fuge en der-
nier reflort des afiGiiies crimihel-^
les.^
KARA ANGOLAM ; fubftamîf ina(l
culin. Grand arbre du Malabar^
qui a U feuille^ la fleur 9c Le fiiÛK
KAR
Al pêcher i mais ce fruit eft extrê-
mement chaud y & rarement bon i
manger.
KARABÉ ; fubftantif mafculin. Ka-
rabe y fuccinum. Subftance qu'on
appelle auflî ambre jaune Scfuccin >
& qui eft une madère dure » sè-
che , tranfparente , caflante , de
couleur jaune > cirrine ou rou-
feâtre > quelquefois blanchâtre ou
rune , &c. d'un goût un peu
acrcj éc approchant de celui des
binimes* Le karabé eft inflamma-
ble » & a sine odeur forte & bitu-
mineufe lorfqu'il eft échauffé. Il
attire après avoir été frotté » les
petites pailles ^ les fétu^ , & autres
corps minces & légers. Le karabé
fe aifibut dans relpritrde-vin, dans
l'huile de lavande , & même dans
Thuile de lin » mais plus difficile-
ment. Il fe fond fur le feu , il
s'enflamme ; alors il répand une
odeur auflS forte & aufli défagréa-
ble que celle des bitumes.
Le karabé fe trouve par couches
* fuivies en plusieurs endroits de la
terre , & furrout dans le Royaume
de PruIIé> fur les bords de la mer
Baltique. Aux endroits où il fe ren-
contre on voit d'abord à la furface
de la rerre une couche de fable , il
vient enfuite une couche de glaife
qui couvre une couche de bois réfl-
neux , (>refque entièrement pourri
& réduit en, terre, mais oui a en-
core la propriété de s'ennammer,
Au-deffbus de ce bois fe trouve une
couche de terre alumineufe & vi-
triolique *, enfln on rencontre une
nouvelle couche de fable , dans la-
quelle le karabé eft répandu par
mafTes détachées , & en morceaux
plus ou moins gros. M. Hellwing,
qui a eu occauon d'obferver par
lui-même la (ituatîon de cette fub«
ftance dans le fein de la terre , re*- 1
KAR
tx7
marque dans fon ouvrage qui a
pour titre Uchograp^/^ Angerbur^'
gica y que Ton crouve toujours du
bois bicumineux , de la terre bitu-
mineufe noire , & du gravier , dans
le voiflnage du karabé , & que Ton
7 rencontre aufli du vitriol & du
foufie 'y d'où il conclut, avec beau-
coup de raifon , que c'eft un bois
foflile & bitumineux qui doit être
regardé comme la fource d'où eft
venu le karabé , qui fe tire du fein
de la terre , & que Ton nomme
fuccin fojple , pour le diftinguer de
celui qui fe tire de la mer \ cepen-
dant cette diftinftion eft mal fon«
dée , vu que le fuccin qui fe pêche
avec des nlets. dans la mer , & que
pour cette raifon l'on nommt fuccl^
num haujiile , eft précifément de la
même nature que celui qui fe tire
de la terre. En effet , il ne fe trou^
ve dans la mer que parceque fes
eaux pouflees par les vents ont été
frapper avec violence les côtes »
ont miné le terrein , Çc en ont arra-
ché des maffes de fuccin ou karabé
Ju'elles ont entraînées plus loin
ans la mer. Ce qui prouve cette
vérité, c'eft qu'on ne trouve le ka-
rabé en grande abondance dans la
mer, qu'a la fuite des fortes tem--
pête^, ic furtout de celleS qui ont
orté les flots avec violence contre
es cotes qui contiennent des cou*
ches de cette fubftance ; ainfl c'eft
une erreur de croire que le karabé
ait été produit dans le lit de lamer^
fes eaux ne font que le détacher,
& fouvent on en trouve des mor-
ceaux qu'elles ont rejetés fur les
bords.
En i7;i ) on découvrit une mine
de karabé en Saxe , dans le voifl*
nage de Pretfch. Le terrein où l'on
^fît cette découverte eft aflez uni ,
quoicjue Ton y rencontre quelques
Ff ij
i:
xiî KAR
buttes OîUnégalités ; il eft com- 1
pofé d*umftble rougeâtre y mêlé de
cailloux Se de gallets. Le fable rou*
geâtre peut avoir environ deux toi-
les d*épaiflêttr y Se couvre une cou-
che de terre noire » qui eft elle mê-
me compofée de deux bancs ; le
premier eft un limon mclc de fable
& de parties talqueufes ^ en le por-
tant fur la langue» on lui trouve un
Îjoût de vitriol , & en en jetant
ur le feu il en ^art une fumée
épaitTe , & une odeur de bitume.
Le fécond banc eft une glaife gri-
fe , dans laquelle on trouve des
morceaux de bois Se des racines y
elle eft auflî vitriolique » mais
moins aue le banc précédent. Le
karabé le trouvoit à la partie fupé-
rieure du banc noir y qui renrer-
moit auffi une . fubftance femblable
à du jais y 6c à laquelle , pour cette
raifon , on donnoit mal â propos le
nom de fuccin noir y dont elle dif-
fère conGdérablement ^ ce banc
contenoit aufli différentes efpèces
de bois bimmineux. Au-deflbus de
ces deux bancs étoit une glaife ver-
dâtre'qui ne contenoit rien de par-
ticulier.
Suivant le rapport de plufîeurs
auteurs , le terrain qui renferme ce
fuccin de Saxe a fouvênt brûlé y &
s'eft embrafé , foit de lui-même ,
foit par différens accidens ; on af-
fure que pendant les grandes cha- 1
leurs de Tété on s appèrçoit en ce
lieu d*une odeur très-agréable.
Tout ce qui vient <i*être rapporté
prouve que le karabé eft une vraie
féfine ,qui tire fon origine du règne
.végétal , & qui vient des atbres ré-
fineux ,qut par ouelque inondation
ou quelque révolution du globe ,
ont été enfevelis dans le fein de la
terre : origine qui lui eft commflne
nvec le charbon de terre , le jais & |
KAR
tous les bitumes. La différence que
lanalyfe chimique fait trouver en-
tre le karabé Se les réfines ordinai-
res^, ne parok venir que du féjour
qu'il a (ait dans le fein de la eerre »
où les exhalaifons minérales y fui-
fureufes & vitrioliques peuvent lui
avoir donné des qualités qua n'a
point une réline purement végétale.
Se qui n*a poinr été enfouie en terre
pendant plufieurs fiècles. Ç'eft à
ces mêmes vapeurs que le karabé
paroîc être redevable de fa dureté;
car on ne peut douter que cette
fubftance refineufe n'ait été molle
& fluide dans fon origine y comme
toutes les réfines que nous connoif-
fonsî ce qui prouve cette vérité,
c'eft que les morceaux de karabé
qu'on trouve dans le fable font rem-
plis de petits trous qui y ont été
formés par les grains de gravier,
lorfque cette matière étoit encore
molle \ ces petits trous ou ces iné-
galités ne fe trouvent point fur les
morceaux de karabé qu on tire de
la mer , parcequ'ils ont été roulés >
Se pour ainfi dire polis par le moa«
vement des eaux. Ce qui démontre
encore plus la fluidité primitive da
karabé , ce font les infeâes , les
mouches ) les araignées, &€• qui
s'y trouvent renfermés & comme
embaumés ) nous voyons tous les
jours que la même chofe arrive aux
inCeâes qui s'arrachent aux arbres
d'où il découle de la gomme ou de
la réfine.
Dans le royaume de Prude la
pêche du karabé appartient au Roi
feul s qui l'afferme à des partica*
liers. On trouve encore du karabé
dans plufieurs autres parries de TEu-
rope : en 1 7 j 8 on en a découvert
une couche abondante en Ukraine»
â peu de diftance de Kiow j il écoit^
ainfi que celui de Prufle , dans da
KAR
fable« On en a trouvé en France ,
près de Soifibns , dans les fouilles
qui ont été faites pour le canal de
Picardie* On en a auflî trouvé en
Sicile » & dans quelques endroits
de TAfie mineure. '
Le karabé comme on^ Ta déjà re-
marqué , varie pour la couleur : il y
en a d*un jaune de citron , d'un
jaune d'or , d'orangé , de rouge »
de blanc , de bleuâtre , &c.
Cette fubftance faifoit autrefois
une branche de commerce aflez
confidérable » ôc elle étoit fort re-
cherchée avant l'ufage des pierres
fines qu'on a tirées d'Amérique : on
en faifoit par le moyen du tour des
pommes oe cannes^ des bradèlçts ,
des colliers , des tabatières , & di-
vers autres bijoux qui ne foitt au-
jourd'hui regardés comme de gfan»
des raretés qu'en Perfe , en Chine ,
en Turquie Se chez les Sauvages.
On prétend que quand ces bijoux
fecaflentyon lesloude facilement
en enduifant d'huile de tartre l'en-
droit de la fradure qu'on a un peu
duwfFé auparavant devant le reu.
On dit que le Roi de Prufle pofsède
un miroir ardent fait de karabé; il
eft large d'un pied Se Cans défauts.On
voit aufli dans le cabinet des grands
Ducs de Florence uue belle colonne
de karabé de la hauteur de dix
pieds » & un luftre de tguté beauté.
On voie même encore des vafës faits
de cette matière avec un travail in
fini. On aflfure que M. Kerkring »
vers le. milieu du QècU dernier ,
avoir trouvé' le fecret de ramollir
le karabé auttemencque par le feu ,
& d'en faire comme une pâte à la-
quelle il donnoit telle' figure 4^*1!
lui plaifoit. On dit que depuis quel-
ques années il jr a en ï^ruffe un ou-
vrier nommé Sàmucl-Sojk. qui a
lart nod^feulemeht d^éclarrar le*
karabé , mais encore de le teindre
de toutes les couleurs , & même
de le ramollir , Se d'7 enfermer des
infeâes pour en tirer bon patti en
le vendant aux perfonnes curieufes
' de ces raretés.
On fait entrer le karabé préparé ,
c'«ft-i-dire , réduit en poudre très-
fubtile dans les différentes compo-
fitions antifpafmodiques & nervi-
nes ; on Femploie même feul pour
arrêter lés gonorrhées & les hémor-
rhagies. Sa teinture,, par fa vertu
antifpafmodiqUe & netvine, con-
vient dans les maladies hipocon-
driaques & hyftériques-, & quel-
quefois dans les maladies convulfi-
ves , f urtotit dans les perfonnes d'un
. tempérament lâche Se humide.
Le fel de karabé bien purifié efl: ran-
gé parmi les remèdes céphaliqqes,
décef (if$,balfamiques & antifpafmo-
diques. Il agit par la voie des uri-
nes, & joint à petites dofes aux
diaphorétiques Se aux purgatifs , il
en augmente la vertu j combiné
avec refprif volatil de corne de
cerf, il forme un fel que l'on con-
ferve en liqueur fous le nom de
liqueur de corne de <erf fuccinie ^
?|u'on emploie avec le plus grand
uccès â la fixité des remède apéri-
tifs pour redonner aux parties le
ton qfu'elles ont perdu.
L'hbile de karabé eft acre » bal-
famique , vulnéraire , diaphoréti-
aue , emménagogue & antifpafnio-
ique \ on l'emploie avec fuccès
'" dans les' vieux ulcères Se dans les
ihalâdiës de convulHons.
• L'huile de karabé blanche , &
celle qu^on retire de l'huile noire
par la reârification , font regardées
comme fpécifîques conrre les afFec*
,tions fpafmodiques , Se principale-
ment contre là paflion hyftérique^
Elles font nès-recomoiandée» en^
130 KAR KAR
côte contre les maladies iu fyftême | poix minérale j qui sage si là (arfica
nerveux Se du cerveau » celles que
la paralyne^rapoplexie^â*^* OnTor-
donne coaimui)émen cpar gouctes,&
la dofe la plus haute n'excède guère
fept à huit gouttes. Il n'y a point
d'inconvénient à augmenter jconfi-
dérablement cette dofe » à donner
cette huile à un demi-gros , & mê-
me à un gros & davantage » fi on
l'unit à un jaune d'œut ou â du
iucre en poudre. Outre Tufage inté-
rieur dont nous venons de parler ,
on l'emploie encore extérieurement
contre les mêmes maladies , on en
frotte les tempes » le deffous du
nez , la nuque , l'épine du dos j dans
les maladies nerveufes & convulfi-
ves 9 dans l'apoplexie ^ la paraly-
iie, &c.
* Dans les paroxifmes des vapeurs
hyftériques , on l'applique fous les
narines , on en fait flairer un fia*
con , & on en fait encore un ufage
fort fingulier & vraifemblableirient
fort inutile , qui eft d'en frotter le
pubis & la vulve,, & même d'in-
troduire dans le vagin des peflaires
qui en foient imbibés.
L'efprit^ & le fel de fuccin font
comptés parmi les apéritifs diuréti
ques les plus efficaces : on croit que
la matière huileufe dont ce fel tù
empreint « le. rend très- propre à
dérerger & â confolider les ulcères
de la vedie 8c de Turetre. Cet efprit
Se ce fel font encore recommandés
contre les maladies des obftruâions
& en partie contre la jauniffe : on
les vante aufli pour le traitement du
fcorbut^ la dofe commune de l'efprit
eft d'environ demi gros jufqu'â un
gros dans une liqueur appropriée.
Quelques Naturaliftes nomment
karahc de Sodome , la fpbftance in-
flammable & birumineufe que Ton
appelle communient afphalte ou
des eaux du lac de Sodome en Judée.
yoye:i^ Asphalte.
KARÂSERÂ y nom propre d'une ville
d'Afie dans la Méfopotamie • fur la
route d'Ourfa à Moflul. U n'eu
refte que des ruines*
KAR AT; voyer Carat.
KARATA; fubftaniifmafculîn. Plante
qui croît en Amérique & qui eft
une efpèce d'alocs dont les feuilles
font fort amples & terminées en
pointes triangulaires \ ces feuilles
bouillies donnent une efpèce de fil
qui fert à faire des filets pour les
pécheurs. Il y a deux autres efpèces
de karatas \ une dont les feuilles
font creufes & conriennent fi bien
l'eau de la pluie , qu'elles font d'uno
grande reflource dans les lieux fecs \
une autre qui porte un fruit en for-
me de gros clou , dont le goût liiâ
• fur celui de !a pomme de reinette ,
& dont on fait d'excellentes confi-
tures.
Dans le pays de Cayenne on àoVL^
ne le nom de bois de mèche , i ont
efpèce de karata dont la moelle fett
d'amadou aux nègres. M. de Pré-
fontaine dit que la feuille du bois
de mèche » chauffée fur la cendre
& appliquée fur la partie affligée
de rhumatifmes » foulage beaucoup.
C'eft encore un fpécifique pour le«
bleflures. Le fruit de cette plante
s'appelle citron de terre , citron par-
cequ'il a le goût acide ; de terre ,
parcequ'il faut la fouiller poar le
trouver.
KARBUSj fubftantif mafculîn. On
appelle ain.fi certains melons d'eaa
qui fe trouvent à Afiracan & dont les
voyageurs vantent beaucoup U
bonté. Ils font verts & lilfes à Tex-
térieur , mais à l'intérieur ils font
d*un rouge plus vif que les melons
ordinaiccs : cependant il y en a qui
KAR
font blancs intérieurement i liiais
ces derniers ne font pas les meil-
leurs. La graine de ces melons eft
toute noire & ronde , la peau en
cft dure , le goûc délicieux & Ton
peut en manger une grande quan-
tité fans aucun danger. Ce fiuit fe
conferve pendant très-longtemps ^
pour cet efFet on le cueille avant
d'être mur. On en tranfporte une
grande quamité d'Âftracan â Pé-
tersbourg où Ton en mange juf-
qu'au cœur de l'hiver.
KARESMÂ 'y fubftantif mafcul. On
donne ce nom à une efpèce d'hôtel-
lerie fort commune en Pologne & ^
qui eft un vafte bâtiment de terre
grailè & de bois conftruit fur les
grands chemins de Pologne pour
loger les padàns.
KÂRGÂPOL; nom propre d'une ville
de Rutlie , capitale d une province
de même nom , fur la rivière d'O-
nega , à cinquante lieues > fud ,
d'Ârchangel.
La province de Kargapol eft bor-
née au nord par la Carélie de Kar-
gapol » & par la province d'Onega j
a Torienr par les provinces de Vaga
& d'Oftioug y au midi par celle de
Voloeda, Ik i l'occident ,, par le
grand lac d'Onega. Ceftunpayscou-
verr de forets & coupé de rivières.
KAR HAIS } voyci Carhaix.
KARKOUH ; voye^ Carcub.
KARMESSE', fubftantif féminin. Nom
qu'on donne en Hollande ôc dans
les Pays fias à, des foires annuelles
2ui fe célèbrent avec des procef-
ons , des danfes » des mafcarades
& d'autres extravagances.
KAROUATA ; ïubftantif mafculin.
Plante d'Amérique qui croit dans
l'île de Maragnan : fes feuilles font
longues d'une aune & larges de deux
pouces ; il en fort une tige qui
|K>rte un grand nombre de fruits
KAS 231
de la longuecu: du doigt, rouge»
par dedans & par dehors & d'un
goût excellent; ils font fpongieuz
6c remplis de petites graines ; quel*
que agréable que foit ce fruit , (î
Ton en mange avec excès , il fait
faignec les gencives. On le regarde
comme un puiflant remède contre
le fcorbut.
KARSj voytfijr Cars.
KARVARY; fubftantif mafculin. On
donne ce nom dans le commerce i
une efpèce de foie qu'on tire de la
Perfe & particulièrement de la pro-
vince de Ghilan.
KASî fubftantif mafculin. Petite mon*
noie de cuivre qui a cours aux Indes
orientales , fur la côre de Tran*
quebar.
KASEMIECH , ou Kasemith j nom
d'une rivière de Syrie qui a fa îburce
dans les montagnes de l'Anti-Liban
& fon emboucnure dans la mer de
Phénicie entre Tyr 6c Sidon. On
y pèche beaucoup de morues.
KASI 'y fubftantif mafculin , 6c terme
de relation. C'eft le quatrième Pon-
tife de Perfe & en même temps le
fécond Lieutenant Civil qui juge
des affaires temporelles.
KASICMATZ y fubftantif mafculin.
C'eft le nom qu'on donne au Japon
à un quartier des villes qui n'eft
confacré qu'aux conrtifannes ou fil-
les de |ot^ ? les pauvres gens y pla*
cent leurs filles dès l'âge de dix ans»
pour qu elles y apprennent leur mé-
tier lubrique. Elles font fous la con*
duite d'an direâeur qui leur faic
apprendre à danfer y à chanter j 8c
. à jouer de différens inftromens. Le
profit qu'elles tirenc de leurs appas
eft poar leurs directeurs ou maîtres
de penfion- Ces filles après avoir
fervi leur temps peuvent k marier,
& les Japoflois font fi peu délicats ,
qu'elles trouvent (aus peine des
»5z KAT
partis -, tout le blâme retombe fur I
leurs parens qui les ont proftituées.
KASSRE ^ EL - LÊHOUS i viUe de
Perfe qa on nomme auffi Kengavar ,
Se que Tavernier place au Ibixante-
feizièrae degré 20 minutes de lon-
gitude , & au trenter troifièpie, tren-
te-cinq minutes de latitude.
^KASTHAMÔUNIindm propre d'une
ville de Turquie , dans la Natolie ,
à vingt-cinq lieues , fud-ôueft, de
Sinope.
K AT-CHERIF j fubftannt malcuhn ,
& terme de relation. Les Turcs don-
nent ce nom aux ordonnances éma-
nées diredement du Grand Sei -
gneur.
KATIF i ( el ) voyq Elcatif.
KATONG CING ; fubftantit malcu-
lin. Plante paralîtedu Japon, dont
la fleur reflemble à un fcorpion. Elle
aTodeut du mufc ; fes pétales au
nombre de cinq font coufeur de ci-
tron , variés de belles taches pur-
purines \ ils ont deux pouces de
long, & la largeur d*une plume
d<)ie. Us font roides, gros , plus
larges à l'extrémité , & un peu
plus recourbés. Celui du milieu
s'étend en droite ligne comme la
queue du fcorpion j les cjuatre au-
tres , deux de chaque côte , fe cour-
. bent en forme de croiflknt , & re-
pcéfentent les pieds. A loppofite
delà qoeiae , une efpèce de troiape
courte & recourbée , ne repréfente
pas mal la icte de cet animal. Ce
qu'il y a de plus fingulier , c'eft que
l'odeur de mufc ne réfide qu'à l'ex-
trémité du pétale qui reflemble i la
queue du fcorpion ; & que , s'il ett
coupé , la. fleur demeure fans odeur.
KATOU-CON A \ fubftantif mafcu-
lin. Grand arbre de la côte de Ma-
labar qui eft toujours vert^fc oui
porte en tout temps des fruits & des
fleurs. On prétend que ladccoftion
KAU
de fefi fleurs eft un puiflant retnède
contre U lèpre , & empêche les che-
veux de blanchir. On mêle aufli
fon écorce avec du lucre , pour en
former une pâte que l'on dit excel-
lente contre la lèpre.
KATTEQUli fubftantif mafculin.
On donne ce nom dans le commerce
à une toile, de coton blanc qu'on tire
des Indes Orientales, futtout de
Surate. La pièce n'a que deux aunes
cinq huitièmes de longueur, fur
cinq flxièmes de largeur.
KATATI - JETTI - POU , fubftantif
mafculin. Plante du Malabar dont
on vante les propriétés pour refon-
dre les empyèmes Se les autres abf-
ces internes , ainfl que contre les
convulfions Se leshydropifies.Quel-
3ues Médecins Allemands font pren-
re cette plante en infufion comme
duthé.
KATUWALA; fubftantif mafculifl.
Plante des^ Indes qui produit deflbus
& defliis la terre des fruits pu des
efpèces de glands très-bomTà man-
der , & d un goût fort agréable*
K ATZBACH ; nom propre à^uoe pe-
tite rivière de Silcfie , qui pafle à
Lignitz , & fe perd dans l'Oder ,
un peu au-deflbus de cette ville.
K AUFFBEUREN ; nom propre d'une
ville libre & impériale d'Allema*
ene , en Suabe , fur la Werdach ^
i douze lieues , fud-oueft , d'Àugf-
bourg.
KAVIAC, Kaviarî VoyqCAViAR-
KAURYSAOUL } fubftantif mafcu-
lin , & terme de relation. Corps de
foldats qui forme le dernier 8c le
cinquième de ceux dont la garde du
Sophi de Perfe eft coropofée* Ce
font des Huifliers â cheval au nom-
bre de 1000 , qui ont pour chef le
Connétable & en fon abfence le
Lieutenant du<Guet,
KAZ
Ils font le guet la nuit autour du
Palais > écartent la foale quand le
Roi monte i cheval , font faire
filence aux audiences des Ambaflà*
deirs, fervent i arrêter les Kans
Ôc les autres Officiers difgraciés »
te à leur couper la toce quand le
Roi Tordonae.
KAYSERSBlËRG ; nom d'un bourg
d'Allemagne dans la Styric » fur la
rivière de Saltel » à fis lieues de
Cilley.
KA YS£RSHEIM j nom d'une Abbaye
de Bernardins , en Bavière , près
de Doaaverth. L'Abbé .eft Pcmce
d'Empire.
KAySERSLAUTERN j nom propre
^'une ville d'Allemagne , dans le
bas Palatinat > à neuf lieues , fud-
oueft , de Worms. Elle fut autre-
. fois libre & impériale, mais depuis
1401 , elle appartient i l'Éleâeur
Palatin.
KAYSERSTUHLjnom propre d'une
ville de Suifle j dans le Comté de
Bade , fur le Rhin j à trois lieues ,
fiïd-eft j de Zurzach. Elle appartient
à l'Évêque de &>nftance pour le
domaine utilbt mais les Cantons
Seigneurs du Comté de Bade , en
ont la Souveraineté.
kAY§ERSVP^ERD i nom propre d'une
Erire ville d'AUeiftagne , dans le
uché de Berg » fur le Rhin ^ i
trois lieues » nord-oueft » de Duf--
feldorp. Elle appartient à i'Éleâeur
Palatin.
KAZIMIERS ; voye^ Cazimir.
KAZINE^ fubftantif féminin , &
terme de relation. Le tréfor du
Grand Seigneur. 11 renferme les
xegiftres des recettes » des comptes
des provinces , dans des cai0es co-
tées par années , avec les noms des
provinces & des lieux. Ceft là auflS
lue l'on ferre une partie dés habits
lu Grand Seigneur»
?"
i
KE A 233
Tous les Jours de Divan on ouvre
ce tréfor , ou pour y mettre ou pour
en retirer quelque chofe*: il faut
que les principaux Officiers qui en
ont la charge affiftent i cette ou*
verture. Le TchaoucgBachi lève en
leur préfence la cire dont le trou de
la ferrure eft fcellé \ & l'ayant portée
au Grand Vifir , ce Miniftre la baife
d'abord & puis la regarde. Il tire
enfuite de fon fein le fceau du Grand
Seigneur , qu'il y porte toujours j
& U le donne au Tchaoucg*Bachi ,
fui ayant enfermé & fcellé le tré^
or 9 rapporte au Viiir avec la même
cérémonie » le fceati qu'il en avoit
reçu.
\\ y a d'autres appartemens où
l'on enferme l'argent, ic dans lef-
quets les Officiers n'entrent jamais
avec des habits qui ayent des po«
ches.
KÈAJA ^ ou KiAHiA ^ fubftantif maf-
culin ic terme de relation. Lieùte^
nantdes grands officiers de la Porte»
ou Sur-Intendant de leut Cour par-
ticulière.
Les Janilfaires & les Spahis ont
un Kéaja qui reçoit leur paye &.la
leur diftribue ; c'eft comme leur
Syndic : les Bâchas ont aufli leurs
Kéajas paniculiers chargés du foin
de leurs maifons» flc de leurs provi-
iioBs 6c équipages jpour faire cam«
pagne : le Mnphu a de même fon
Keaja.
Mais le plus conifidérable .eft ce*
lui du Grand Vifir : outre les affai*
res particulières de fon Maître » il
a très-grande part aux affaires pu-
bliques : traites y négociations , aU'
diences à ménager , grâces à obte«»
nir y tout paflTe par fon caïul : les
Drogmàns ou Interprètes des Am^
ba(Iàdeurs ^ n'oferoient rien propo*
fer au Grand Vifir , fans en avoir
auparjivant communiqué avec fon
Gg
4j4 KEl
Khfu ; 6c les Minjyftrei étrangers
•axsnemes lui rendeiit TÎfite a>m-
tteauxprîncîpauic Officiers de rEm-
pire. C'eft le Grand Seigneur qui
nomme i ce pofte très- propre à en-
richir celai qui Toccupe , Se dont
on acbecce la faveur par des préfens
confidérables. Le Kdéaja a ime ma\-
ibn en ville 6c un rrain aufli nom-
breux qu'on Sacha. Quand il eft re-
mercié de Css fervices , il eft honoré
de trois qaeties ^ fi on ne lai en ac-
cordoit que deux , ce feroit une
marque de diigrace Se de bannîf-
fement.
KEBËR ; fubftantîf mafcolin. Nom
d une fefte chez les Perfans. Il pa-
roic par ce q^i on en rapporte, qu'elle
n'eft point diffi&rente de ceUîs des
Gaures. f^oye[ Gaures.
KËBLAH, oa Kesleh , ou Kiblak \
fubftantîf mafculin Se terme de re-
lation. C'eft chez \t% Muiuknans ,
• le point de pofition du Temple de
la Mecque , vers lequel ils fe tour-
nentpour faire leur prière*
D'autres peuples orientaux onr
au(fî leur kcblah : les Juifs , par
exemple, fe tournent vers le Tem-
»le de jécuialem « les Sabéens vers
le Biidi , & les Gaures vers l'o-
rient.
Les Mttfalmans appellent auflî
Keilih , un Autel ou une Niche
qu'ils «Ht dans la Mofquée > 8c oui
eft fort exadbement tourné du coté
- du Xdmple de la Mecque^
KECOUy nom propre d'une ville du
Tonouin j environ à vingt lieues
de Checo , capiule de ce Rofau^
me.
KÉER -^ w>^ CiBU.
KEIRI ; Vûye7[ Violier.
KEIROTONIE j fubftantit féminin.
Manière de donner fon fuffrage à
Athènes y par rélévanon des mainst
Lorfqttç les Athéniens vouloient
KEt
élire leurs Magiftf ats » île uflêm'^
bloieot le peuple pour les fuffirmges;
mais comme il étoit difficile de te-
cueîlUc les voix iépacémem , on in*
trodaintrélévation^e la maih y pat
laqudlle chaque pamcolier nmr-
quoiit fou fuftraee : cette manière
d'éleâion dont I^craite Se Démof-^
tbène nous parlent (ouvenc » fiil
nonunée ktiroienie.
KEITH ; nom propce d'one île de 4'É-
cofte méridionale , dans la rivièrç
de FoTck > vis * i- vis du port du
Lith.
KEKKO , ou KiKroo ^ ou KrnA-
Koo ; plante qui croit au Japon &
qui après le gin-feng eft la plus-efti^
mée de toutes pour fes vertus. Elle
s'élève à la hauteur d'une coudée ;
fes feuilles fi>nt obtongues , dente^
lées^ fa racine groffe , laiteufe Se
longue de quatre pouces : fes Bearsf
qui croiftent au fommet de la tige,
font en cloches, d'un pouce Se demi
de diamètre , bleues Se découpées
aflèz profondément en cinq parties.
On diftingue trois efpèces ae cette
plante , Tune qui a la fbut Uandie
& double \ l'autre dont la fteor eft
fimple y d'un pourpre bleu avec des
cannelures couleur de pourpre , ear-,
nies de poils dans les intervalles ç^
les pointes jaunâtres & un piftil
bleu 9 revêtu de poils : la troiuème
a la fleur double Se d'un pourpre
bleu..
KELEK 'y fubftantîf mafcuEn Seterme
de relation. Efpèce de bateau qui
fert en A fie à conduire les carava*
nés qui voyagent par eau. On y em-
barque 2 8 ou fo perfonnes avec
xo ou 121 quinuux de marchao?»
difes.
KELL^(le fort de ) fort d'Allemagne^
fur la rive droite du Rhin , à la te-
te du pont de Strafbourg. 11 a éré
bâti par les Fcançpis fur les deflèin»
K£M
in VtmiîhfA dm V^i^bon , poitf la
défenfo dh» toftlboiug* U fut çidci
rfimçire en 1^97 par la paix d»
Kyùfuok : les François U reprirent
en 1703 & en 17)3 9 & ^°^ ^ ^•
^léreacki i l'Empire qui le pofsède
aajourd'faui.
KELLES 9 QU Kels j ?ille cotifidéra-
• Ue dlrfatnde » dans la province de
Leinfter, au Comté d'Eftmeack ,
fin: ta petite rivière de Black*
water,
KELLUf GTON ; vilW d'Angleterre »
- M comté de Cornouailles 9 i foi-
aaote lieues > fod-oueft , de Lan-
dses. EUe envoie deux députés au
. Parlemieafi.
KELMART , ou Keimuntz; nom
é*w^ bourg d- Allemagne enSoaabe»
£ar riUe» > entre Menuaingi^n. Oc
V\m.
XEJLSO ; nom d'une ville d'Êcoflè ,
au Comté de Roxboure » fur la ri-
jfrîècc de Twed» i dix uêues , £ud-
eft y d'Edimbourg.
KEMA 'y fubftaatif mafeulin. Fruit
301 croie (q«5 terre , en divers en-
roits d'Afrique & qu'on dit très-
boni manget. C'eft fans dbvte quel*
qne efpèce de truffe.
KEMAC ; nom d'une forteceilè d'A»
fie,. au pays de Roum • i fept Ueues
de la ville d'Arzend^ian » fur les
fnmiières de la Narolie.
KEMARAT ; nom d'une ville d'Afie,
ibr les frontières des Rofaumet de
Laos & de Siam.
KEMBOKU i fttbftantif mafcttUn.
Arbre du Japon ^ de grandeur mé-
diocre j dont les feuilks & les fleurs
fseâieiiiblent a celles du Myrtbe ro-»
maîo de Mathiole. Ses baies vien-
. sent feules fur un pédicule ; elles
ioDC pointues & de la eroifeur d'un
grain de poivre : les lemences ref-
- iemblent i celles de l'ancoUe ; leur
0ottt eft m peu amer & foct aftria*
KEM «35.
Snt* Cet ai?bre efr «ioftfacré aux
oJes.
KJtMÉAS i fobft^njtif m&ftuliii* On
doi^OiS ce nom. dai)s le comaierce i
des raffetas â fleurs qui viennent det
Inde^ariemales.
KEMMËROUE ^ nom Ptopre d'une^
ville de l'Inde » iau-deU ou Gange,
dans les Écars du Roi d'Ava » tur
les frontières du Rojaume de Bou-
tan.
KEMNITZ, ou Chbmkitz; nom pro-
pre d'une ville de Bohème dâù le
cercle de Leutmaritz.
U 7 a une autre ville de m£me
nom dans la Mrfbie.
REMOIS j (les| peuples fauvage d^A-
fie y cffii occupant Ia> partie occi-
dentale de ta CochineTiine où ils
ont le Royaume^e Ciampa au mi-
di , 0c oeliii de Camboge au cou-
chanr«
KEMPEN ; voye^ C amt»en.
KEMPENLArt[>;:vc!y(r{ Camptnx.
KEJSfflMERLAY ; nom propre d'une
Abbaye de Bénédiâîn) , au Diocèfe
de Quimper y en Bretagne. Elle eft
en commande fit vaut au* titulaire
6*500 livres de rente.
KEMPTEN j nom propre d*une ville
d'Allemagne » en Souabe » dans
i;Alg^ 3 firr l'Kler , i dix- huit
lieues » fud-oueft 3 d^Augftx>atg.
EUe dépendait autrefoiir de PAbbé
de Kempten j mais ell'e eft libre 6c
impériale depuis > 5 z 5 •
Kbmptkd » eft aufli le nom d'un petit
État fc d'iule célèbre Abbaye d'AU
lemagne , en Souabe , dont l'Abbé
qui ne relève que du Saiut Siège ,
eft Prince de l'Empire 6c a voix aux
diètes : il eft aofli grand Maréchal
de rimpératfijze , ce qui lui donne
le dfioit de s'habiller en féculier l'a-
près midi. Cet Abbé eft élu par les
moines qui font au nombre de douae^
tous de qualité*
^
13^ KEN
UÉtai deKempten renfermefoî-
xante & douzç Paroifles , des fiefs
& des châteaux ficués entre rÉvc-
ché d'Augfbourg , la Baronie de
Mindelheim . le Comté de Wald-
bourg & celui de Kœnigfeck.
KEN \ fubftantif mafculin. Nom de
plufieurs mois lunaires qui compo-
fent le cycle de cinq ans des Chi-
nois. Kcn-fu eft le leptième , Ken-
fchin le dix - feptième > Ken-gin le
yiDgt-repcième , Ken- eu le trente-
(eptièine , Ken - shin le cinquante
fepcième.
KEN i fubftantif mafcuUm Mefure
des longueurs <lonc on k ferc à Siamj
c'eft une efpcce d'àune qui n'a pas
tout i fait trois pieds , deux kens
faifant un voua qui revient à la tpi-
fe de France moins un pouce. Jr^e
ken contient deux foks , le fokdeux
keubs > & le keub douze nious : ces
nious ibnc comme les ^ pouces du
pied de roi ; il faut huit grains de
ris dont la première enveloppe n'a
pas été brifce au moulin j pour faire
un niou j en forte que huit de cet
f;rains valent encore neuf de nos
ignés. On a dit qu*au*deflus du ken
eft le| voua ou toni ^ âu-deflus^ du
voua eft le fen qui en Soutient
vingt j cent fens font le roc-ncug ou
la lieue : ce qu*on nomme jod con-
tient quatre lens.
Ken , eft auffi le nom d'une rivière
d'Angleterre , dans le Weftmor-
land. Elle fe forme de cina ou fix
ruifleaux au-delTus de Kendale, &
va fe perdre dans un golfe ' de la
province de Lancaftre.
KENDAL i nom propre d'une ville
riche & bien peuplée d'Angleterre,
dans le Weftmorland , fur la rivière
de Ken , à foixante lieues , nord-
, oueft , de Londres. On y fabrique
des draps ^ des ferges^ des droguets.
KEN
des bas , des chapeaux dont il fefaii
un commerce confidérable.
KENKOO i fubftantif mafcuUn. Plan-
te du Japon , qui fert à faire du
'k^nSaOUG ; c'eft , félon d'Hetfce-
lot, une ville de l'indouftan, dans
le pays de Rend , au iii^ degré
de longitude , & au 16^ de lati-
tude. ^ . -
KENNASSERIM i ville de Syrie,dans
le voifinage d'Alep.
KENNE ; fubftantif féminin. On a
donné ce nom à une pierre fabu-
leufe qu'on a prétendu fe former
dans l'œil du cetf , & a laquelle on
a. attribué des propriétés contre les
venins.
KENNEMERLAND j nom propre
. d'une contrée des Pays-bas ,.qui
fait une partie confidérable de la
Hollande feptentrionale. Alciaaer
en eft la ville principale.
KENNETH ; (le) rivière d'Angle-
terre , qui a fa fource dans le com-
té de Wilts & fon embouchure
dans la Tamife , au-deffbus de R»-
ding.
KENOQUE ; ( le fort de la ) fort des
Pays-Bas , dans la Flandre Autri-
chienne , entre Ypres & Furnes, i
deux lieues & demie de Dixmude.
iLesFrançois s'en emparèrenten 1744
& le rendirent à la paix d'Aix-la-
Chapelle.
KENT 5 nom d'une riche & belle pro-
vince d'Angleterre , fuuée entre la
mer & la Tamife. Elle a cent foi-
xante milles de circuit & contieijt
environ douze cent quarante-huit
mine arpens. Elle abonde en bois^,
en blés Se en pâturages. On y pè-
che d'excellens faumons & des trui-
tes d'une grandeur extraordinaire.
Cantorbéri en eft la capitale.
Cette province compofoit antre-
fois un Royaume durant TEptax-
KEP
fcUe i. c^cft'àdire » <lans! le lemps
. auquel l'Âi^lecerre ct^it dtviféèen
fepc Royaumes donc chacun avoic
fon Souverain particulier.
Quand Guillaume I conquit l'An*
gleterre » il confirma les anciens
privilèges des habitans de cette pro
vince » do^t. les trois principaux
confifienc i^. en ce que le^ enâins
mâles parugent les immeubles par
égale portion } 1^. que tout héritier
peut vendre Se aliéner à 1 âge dS
quinze ans; 3^. que la condamna-
tion du père convaincu d'un crime
capital y n'empêche point le fils
d'hériter de fes biens.
,. Le fécond de ces privilèges mé-
rireroit bien mieux le nom d'à--
bus*
KENTZlNGUEî petite ville d'Alle-
magne , dans le^rifgaw , fur i'Elz,
au 25^ degré» xG minutes de longi-
tude % & au .48*. ,15 minutes de la-
tirudfl^ ,
KEPATH i fubftantif mafciilin. Petit
poids dont fe fervent les Arabes.
C*eft la moitié du grain. ,
KEPHA \ nom propre d'une ^îUe.de
la Terre Sainre , ficuée au pied du
mont Carmel» vis-à-vis de Ptolé-
tnaïde.
KÈPX.ER , nom propre d'un Aflrono-
me célèbre qui naquit te 17 Dé-
. cembre 1571 à Wila, dans le du-
ché de Wircemberg.: il fut reçu en
158^ parmi les élèves du Couvent
de Mulefoncaioe. Deftiné d*àbord
à récat eccléfiaftique , il fe diftin-
guoit dans la prédication à Pige de
XI ans \ cependant il avoir fait des
progrès aifes^ n>arqués> dans lésina-
thématiques fous MciJiUnus.^ pour
mériter d'être demandé en 15 9) à
Gratz en Styriç où Ton v/enoit'dc
perdns George Stadius , Proftf-
feur de mathématiques & de n^o-
^ale.
KEP 137
• Dès ce moment il fé tourna par
goût vers Taftronomie & compofa
en 1595 le livre intitulé Afyftcrium
cofmopraphicum ^ qui fit admirer
fon génie par les connoifTeurs de ce
temps-là , & fît défirer à Tycho-
firahé de l'attirer près de lui. Ke-
pler vint à Prague en i^oo:ilpa(Tk
a peine deux mois avec Tycho : ce*
lui-ci mourut, & Kepler reçut en
dépôt toutes fes oblervations fur
le/quelles il compofa fon fameux
ouvrage dcfiellâ Manis.
L'Empereur Mathias l'attira en-
fuite à Lintz où il vécut dans une
étroite médiocrité. En 161 $ il fe
rendit à la Diiete de Rati(bonne>où
Ton patloit de la réformationdu ca^
lendrier.En 1616 il alla âUlm pour
f)ite imptimer fes tables rudolphi-
ne$. En 16129 il alla: à Sagan chez
le Duc de Fridland , 6c quaC^o il
fut fait. Pro&fTeur de mathémati-
ques à Roftoch. Enfin étant allé à
Ratifbonne pour y folliciter les ar-
rérages des penfions qui lui étoienc
dus , il y mourut le x j Novembre à
lage.de 59 ans.
Les principaux ouvrages de Ke-
pler font , Myjieritijn cofmograpbi"
cum^ i^^6i Paralyponttna adVitd^
lionem , i(>04 : de Stella noviinpe"
de ferpentarïi , i 6q6 : AfironomicL
nova de Stella Manis , 1 ^09 : Diop^
trlca^ 1^1 1 : Ep'uome ^JironomU
<^opernican€^\ 6 tZ ^16 IX : Harmonie
ces iibri quinque , 16 \$ vâe Corne*
tis j 1 5 1 9 : Tabulé Rudolphi/zd ^
4^17. Il y a encore de lui plu*
fleurs autres ouvrages de moindre
conséquence.'.
En termes d'Aftronomie 00 ap-
pelle loi de XépUr , cette fameufe
loi du miouvement des planètes »
découverte par Kepler , & qui* eft
celle du, rapport qu'il y a entre le«
grandeurs de leurs orbites 6c le
13$ KEP
temps qn'elles emploient' à les par^
courir : Jupiter eft cinq fois plus
éloigné du Soleil que k terre ;
le contour de fon orbire eft cinq
fois plus grand j mais il met douze
fois plus de temps que la terre à
parcourir cette oroite qui eft feule-
. ment cinq fois plus grande. Krépler
chercha long -temps la caufe de
cette différence & la fource de ces
rapports : il avoit d*abord voulu
rapporter les diftances des fix pla-
tièces aux corps réguliers , le cuke »
le tétraèdre, roétacdre , le dodécaè-
dre , l'icofaëdre^ enfuite k l'harmo-
nie des corps fonores : mais il ne
trouvoit aucun rapport, farisfai-
fant entre les temps & les dif-
tances.
Ce fut le 8 Mars 1^18 qu'il lui
vintâ l'efprit pour la première fois»
. de comparer les puiflances des dif-
•- férens nombres , au lieu de com-
parer les nombres mêmes qui ex-
primoient les temps périodiques des
planètes 6c leurs diftances ; il com-
para donc au hafard des carrés ,
des cubes , &c. Il elTaya même les
carrés des tem^s avec les cubes
des diftances; mais il fe trompa
cette première fois dans fon calcul^
& rejeta cette proportion comme
fauflè ic inutile. Ce ne fut que lei 5
de Mai fuivant qu'il revint à la
charge ^n recommençaht les mê-
mes eifais & les mêtnes calculs ;
alors enfin il reconnut qu'il y avoit
réellement toujours un rapport égal
& conftant entre les carrés des
temps périodiques de deux planè-
tes quelconques 5c les cubes de
leurs diftances tnoyennes au Soleil :
il fut fi enchanté de cette décou-
verte qu'à peine il fefioit à fefs cal-
culs ; il n'ofoit qu'à peine fe per-
fuader qu'il eût enfin trouvé une
. vérité cherchée pendant 77 ans.
f.
La diftance de la terré au Soteif
eft à celle ^Jupiter i^u Soleil, com-
me 1900 eft À j^ioj leurs cubes (ont
par conféqaenc comme i o ^.1407 :
or les durées de leurs révolutions
font de j6j ^ & de4) 51 fours donc
les cacrés, en négligeant les der*
niers chiffres, iont comme 1S7 à
i 1 } } 4 > ^^^^ i^s carrés des temps
périodiiqties font entre eux comme
1877 à i;)4i » ou comcne roi
1407 j donc le rapport eft le mê-
me de part Se d'autre ; le carré du
temps périodique de Jupirer eft
140 fois plus grand que le carrré
du temps périodique de la terre ^ &
le cube de la diflance moyenne de
Jupiter au Soleil eft 140 fois plus
rand que le cube de la diftancede
a terre -y c'eft en quo» coofifte Péga-
licé des rapports.
Cette loi ie vérifie égatemenc
quand on compare le^dlAaoces des
Satellites de Jupiter 3c deiSatume
avec les durées dé leuss rév^u^
tions.
On appelle auffi ItHiU Kep/er^
cette loi générale du mouvement
des planètes , devenue fi importante
dans Taftronomie , favoir que les
aires font proportionnelles au temps?
Cependant Kepler ne démontroic
cette vérité que d'ttne manière in-
complétée : Newton a été le pre«
mier qui ait fait voir qu'elle étoic
une fuite néceffaire tr «xaéfce de
la loi générale du mouvement pla-»
nétaire.
Kepler étoifperfuadé que le mos^
vement circulaire des planètes étoic
produit par une certaine force éma*
née du Soleil » qui les ÊKçoit à tour-
ner autour de l'axe du soleil com-
me il y rMrnoit lui-oiême. Il con«
fidéroit oue puifque les planètes
les plus éloignées- tournoient plus
lentement que les planètes le» ploa
Ê
KEP
proches da Soleil , il falloit que la
force motrice fôi plus petite d une
plus grande diftance , & cela le con-
daifit à établir non feulement la
force A^inertie dont il a parlé le pre-
mier ) mais encore la règle des aires
proportionnelles au temps.
Kepler démontre d'abord à la.pâ-
t;e 1^5 de fa nouvelle Phyfiqae cé«
efte s que le mouvement des pla-
nètes dans les abfides > eft propor-
rionnel à leur diftance au folei^mè*
me 9 dans Thypothèfe de Ptolémée,
c'eft-â'dire , qu'en prenant un arc
de Texcentriqi^e vers l'aphélie » &
un autre arc de même longueur vers
le périhélie ,^a planète eft plus
long • temps dans Tare aphélie » à
proportion' que la diftance aphélie
eft plus grande , ou, ce qui revient
au même » que les aires décri-
tes dans le même temps » font
égales. .
De ce que la planète emploie
pltis de temps dans ion aphélie à
parcourir un m^me arc \ Kepler
conclue -en général j que pins la pla-
nèce eft é^ignée du cintre du So-
leil , plus elle eft foiblettent ani-
mée par la force motrice ^ui la fait
tourner autour du Soleil. Kepler
applique cette propontion au cal-
cul de réquation au ceotie : puif-
que la demeure d'une planète dans
chacun des arcs égaux de Texcen-
trique » eft toujours proportionnelle
à la diftance de la planète ; fi Ion
peac avoir la (boime de teutes les
diftances , on aura la fon^ne de
toutes les demeures , ou le temps
employé à parcourir un arc quel*
conque , de quelque grandeur qu*il
ibit : or la fomme de toutes les dif-
tances eft visiblement la furface en-
tière du feûeur décrir par la pla-
nète y ainfi Taire du feâieur repré-
KER 239
lîefltert îasM^matie mojreniie qui eft:
proportionnelle a« tenips*
Lorfque Kepler pafle si la confît*
dération des orbes elliptiques > il
tranfporte â Tellipfe cette proprié*
ré qu*il n avoit démontrée que pour
le cercle excentrique , fans y em*
ployer de nouvelle démonftration ;
ainfi la loi des aires proportion-
nelles au temps » n^étoît démontrée
qu'imparfaitement , elle ne pouvoit
paflèr fufqu alors que comme une
approximation commode , facile
dans la pratique > 6^ jaftifiée pat
l'accord du calcul avec l'obferva-
tion.
Mais que Ton confidère les orbi-
tes plaiiétaires comme formées par
le concours de deux forces & da
deux direâions différentes donc
l'une eft de fa nature uniforme &
conftantej dès-lors les aires devien-
nent néceflairement & rigoureufe-
ment proportionnelles aux temps.
KERÂH ; nom propre d'une ville de
Perfe que Tavernier place au 86*
degié , 40 minutes de longimde »
& au 54* 9 15 minutes de lati-
tude.
KÉRAMÉE; voy^tf Céramique.
KER AMIENS ^ (les) f^âe de Mu-
fulmaos ainH appelés de Moham-
med Ben Keram , fon auteur.
Les Kéramiens foutiennenc qu'il
faut entendre â la lettre tout ce que
Talcotan dit des bras, des yeux &
des oreilles de Dieu. Ainfi ils ad<-
mettent le Taghjfum , c'eft-à-dire,
une efpèce de corporéité en Dieu ,
?|u*iis expliquent cependant foridif-
éremmenr entre eux-
KERATOGLOSSEi voyi^CiKATO-
GLOSSE.
KERATOPHYLLON , ou KARii.
70PHYTE \ plante qui croît dans la
mer. Elle eft gluante & vifqneufe >
traofparente comme la corne , <Sc
\
Z4^ K-EiR'
quelquefois variée de > fort belles
couleur;. C'eiit une efpèce de cora*
line. Foyei[ ce mot.
KERÈS<î (le) nom propre d'une j:i-
vière de Hongrie j qui a fa fource
en Tranfjrlyanie, au comté de Za-
rand , &, (on embouchure dans*
la Teiflè , au Comté de Czon-
Gracz»
KERLBOURG j nom d'un bourg de
Hongrie » fur le Danube » à quel-
ques lieues au-deifousde Prefbourg,
vers le midi.
KERLOT i nom d une Abbaye de
filles de rOrdre de Cîteaux , au
Diocèfe de Quimper , en Bretagne,
fon revenu eft de fept à huit mille
livres.
KERMÀN ; ville de Perfe , capitale
d'une province de même nom , qui
s'étend vers le golfe d'Ormus» &c
qui eft bornée a TOrient parle Se-
geftan j à l'Occident , par la pro-
vince de Fars ou la Perfe propre-
ment dite ; au nord , pas le Khoraf-
fan , & au midi pnr la mer.
KERMASIN i ville d'Afie en Perfe ,
dans riraque Persienne, au midi de
Hamadan.
KERMEN ; ville de Turquie» dans la
Remanie^ prèsd'Andrinople.
KERMENT ; nom propre aune ville
de Hongrie , (ituée au confluenf du
Raab & de U Bincka > à deux mil-
les des frontières de Styrie.LesTurcs
y furent battus en 1 66 j{.
KERMÈS 'y fubftantif mafculin. Sotte
d'infe&e du genre des gallinfedbes:
La figure du kermès approche de
celle d'une boule dont on auroit
retranché un allez petit ferment.
Cet infeâe vient Air les feuilles
épineufes & les tendres rejetons
dune très-petite efpèce de chcne
vert qui s'élève environ à deux ou
. trois pieds , & qui croît fur les col-
lines pierreu(es de Provence j du
KEH
Languedoc , même en Efpagne
dans l'île de Candie.
Les femelles du kermès font plus
aifées àrrouver que lesmales: elles
reffensblent dans leur jeuneiTe à de
jeunes cloportes : elles pompent
leur nourriture en enfonçant pro*
fondénaient leurtrompe dans l'ecor*
ce de l'arbre ; alors elles courent
avec agilité ^ mais quand Tinfeâe
a acquis toute fa croiffance , il pa-
roît comme une petite xroque fphc-
rique , membraneufe , atrachée con-
tre l'arbrifTeau ; c'eft li qu'il cfoit
fe nourrir » muer y pondre & termi'»
ner enfuite fa vie. «Les habitansdu
pays qui ne font U récolte duket'^
mes que dans la faifon convenable»
confidèrent cet animal dans trois
états diflPérens d'accroiÀement : iS«
vers le commencement du mois de
Mars. En langage provençal onap-*
pelle le kermès , verméou ^ & 6n
dit que dans ce temps lou verméou
grouc , c'eft - 'à - dire , que le ver
couve : alors il eft moins grosqu^un
erain de millet : i^. dans le mois
d'Avril , les gens dupaysdifentqoe
tou vtrméou efpelis , c*eft-à-dire »
qu'il commence â éclorè : ( M. Ème-
ry remarque ici que par vers éclos j
il faut entendre le ver qui a pris
fon accroifTement: ) 5**. vers la fin
de Mai on trouve fous le ventre de
l'infeâe , mil huit cens ou deux
mille petits grains ronds qu'on ap-
pelle dans le p^y s freijfet : ce font
des œufs qui venant enfuite à éclo*
re , donnent autant d'animaux fem-
blables si celui dont ils font fortis.
Ces œufs font plus petits que la
graine de pavot ; ils font rempHs
d une liqueur d'^n rouge pâle y vas
au microfcope, ilsfemblent parfe-*
mes d*une infinité de points brîAlans
de couleur d'or j il y en a de blan-
châtres 6c de rouges : les petits qui
fortent
KER
ibrtent des œufs blancs , font d'an
blanc fale ^ leur do$ eft plus écrafé
que celui des autres : les points qui
brillent fur leur corps , font de
couleur d'argent. M. deRéaumur
dit qu'il y a moins de Kermès blancs
que de rouges » 6c que c'eft à tort
que les gens du pays les appellent
la mère du kermès. Lés petits oeufs
étant fecoués, il en fort autant de
Eetits animaux entièrement fem«
tables i l'infefte* d'où ils provien-
nent } ils fe difperfent fur ^a^-
brifleau jufqu'à ce qu'au printemps
fuivant ils le fixent dans les divi-
fions du tronc Se des rameaux pour
y faire leurs petits. On doit oofer-
▼er que quand le kermès acquiert
une grofTeur convenable , alors la
partie inférieure du ventre s'élève
& fe rerire vers le dos en formant
«ne cavité , & de cette manière il
devient femblâble à un cloporte à
demi-roulé : c'eft dans cet efpace
vide gu'il dépofe fes œufs , après
quoi il meurt & fe defsèche. A
peine les œufs font- ils éclos que les
petits animaux veulent fortir de
deflToBS le cadavre de leur mère
fiour chercher leur nourriture fur
es feuilles , non en les, rongeant
comme les chenilles > mais en les
fuçant avec leurs trompes.
La récolte du kermès eft plus ou
moins abondante félon que l'hivec^
a été plus ou moins doux : on a re-
marqué que la nature du fol con-
tribue beaucoup au(G à la grofleur
êc k h vivacité du kermès : celui
oui vient fur des arbrifTenux voi-
nns de la mer , eft plus gros & d'u-
ne couleur plus vive que celui qui
le trouve fur des arbrifleaux qui en
ibnt éloignés. Des femmes arra-
chent avec leurs ongles le kermès
avant le lever du foleil. Il faut veil-
ler dans ce temps de récolte à deux
Tome X V^
KER i4i
chofes : i ^. aux pigeons , parce-
qu'ils aiment beaucoup le kermès »
quoique ce foit pour eux une aflea
mauvaife nourriture : i^. on doic
arrofer de vinaigre le kermès que
l'on deftine pour la teinture , & le
faire fécher. Cette manœuvre lui
donne une couleur rongeât re. Sans
cette précaution i'infeae une fois
métamorphofé en mouche » s'en*
vole & emporte la teinture. Lorf*
qu'on a ôté la pulpe ou poudre
rouge , on lave les grains dans du
vin , on les fait fécher au foleil »
on les frotte dans un fac pour les
rendre luftrés \ enfuite on les en-
ferme dans des fachets où l'on a
mis , fuivant la quantité qu'en a
produit le grain, dix à douze livres
de cette poudre par quintal. Les
Teinturiers achètent plus ou moins
le kermès , félon que le grain pro-
duit plus ou moins de cette pou-
dre. La première, poudre qui paroîc
fort d'un trou qui fe trouve du c&té
pa^ où le grain tenoit â l'arbre \ ce
ui paroît s'attacher au grain» vient
'un animalcule qui vivoit fous
cette enveloppe & qui l'a percée »
quoique le trou ne foit pas vifible:
les coques du kermès tout la ma**
trice de ces infeâes : c*eft ce qu'on
appelle graine iVécarlate dont on
tiré une belle couleur rouge , la plus
eftimée autrefois avant qu'on fe fer-»
vît de la cochenille.
Le kermès eft non feulement
utile pour la teinture } mais on
s'en fert auffi beaucoup en Méde*
cine. On prépare en Languedoc un
fuc ou fyrop de kermès de la ma-
nière fuiyante : on mêle trois pat'*
ties de fucre avec une partie de
coques de kernîès écrafées \ on gai«
de ce mélange pendant un jour dans
un lieu frais \ le fucre s'unit pen-
dant ce temps au fuc de kermès «
3
2^1 KER
& forme avec ce fuc une liqueur
qui étant paffce & cx|)rimée , a la
confiftance de firop. Cette compo-
fitioneft envoyé en grande quantité
à Paris & dans les pays étran-
gers.
On nous apporte aufli du même
pays les coques de kermès nouvel-
les & bien mûres dont on prépare
quelquefois une conferve, fuç ou
ihrop de kermès de la manière fui-
vante : pilez des graines de kermès
dans un mortier de marbre , gar*
dez-les dans un lieu frais pendant
fepc à huit heures , pour que le fuc
fe dépure par une légère fermenta-
tion j exprimez Se' gardez encore
le fuc pendant quelques heures pour
qu'il achève de s'éclaircir par le re-
pos } verfez la liqueur par inclina-
tion y mêlez -la avec deux parties
de fucre, & faites évaporer à un feu
doux jufqu'à la confiuance d'un fi-
rop épais.
Les Apothicaires de Paris prépa-
rent rarement ce firop ; ils préfè-
rent avecraifon celui qu'on apporte
de Languedoc } c'eft avec l'un ou
l'autre de ces fîrops , ^u'on pré-
pare la célèbre confeâion aikex-
mes.
Les femences de kermès don-
nées en fubftance depuis un demi-
fcrupule jufqu'à un gros , ont acquis
beaucoup de célébrité dans ces der-
niers temps contre Tavortement.
GeofFroi afliire dans fa matière mé-
dicale , d'après fa propre expérien-
ce y que plufieurs femmes qui n'a-
voient jamais pu porter leurs en-
fans à terme , étoient heureufement
accouchées au bout de neuf mois ,
fans accident , après avoir pris pen-
dant tour le temps de leur groflefle ,
lespillules fui vantes.
Prene^ graine de kermès récente,
en poudre > & confeâion d'hyacin-
KER
te 9 de chaque un gros ; germes
d'œufs defséchés & réduits en potk-
dre , un fcrupule \ firop de kermès,
fuffifante quantité y faites une mafle
de pillules pour trois dofes qu'on
donnera à fix heures de diflbance
l'une de l'autre , c'eft-i-dire , en
douze heures , avalant par-deflos
chaque dofe un verre de bon vin
avec de l'eau, ou d'une eau cordiale
convenable.
La graine Se kermès en fabC-
rance eft fort célèbre encore pour
rétablir & foutenir les forces abba-
tues , furtout dans l'accouchement
difficile , à la dofe d'un gros ou
deux. Le firop eft employé au mê-
me ufage , à la dofe d'une ou de deux
onces.
L'un & l'autre de ces remèdes
pafTent pour ftomachiques , toni-
ques & aftringens ; les anciens n'en
ont connu que cette dernière pro-
priété.
Quelques auteurs ont attribué i
la graine de kermès , une qualité
corrofive , capable d'entamer la
membrane intérieure des inteftirts :
Geoffroi prétend que cette imputa-
tion n'eft point fondée.
La poudre de graine féchée de
kermès entre dans la confeâion al-
kermès , dans la confeâion d'hya-
cinthe ) dans la poudre contre Ta-
vortement ; le firop entre dans les
pillules de Bêcher.
Kermès » fe dit aufiî d'une des pitis
importantes préparations d'antimoi-
ne , tant par les phénomènes qu'elle
préfente en chimie , que par le
grand ufage dont elleeft dans la Mé-
decine.
Ce n'eft que depuis le commen-
cément de ce fiècle que l'ufage du
kermès s'eft établi dans la Méde-
cine: â la vérité quelques Chimîf-
tes, entr'autres Glauber & Léme-
KER
rf avodenc avant ce lemps-U fait
mention dans leurs ouvrages , de
plufieurs préparations d'antimoine
. i{ui approchent plus on moins du
kermès^ mais ces préparations fort
peu connues , écoient confondues
; avec mille autres qui font abfolu-
. mçpjc négligées , quoiqu*extrème-
. ^enc vantées par leurs auteurs.
Le commencement de la fortune
& de la réputation du kermès , eft
dû au J'rèrc Simon , Apothicaire
d^s Chartreux. Ce frère tenoit cette
préparation d*un Chirurgien nom-
mé U Ugcrie » lequel la tenoit lui-
même d'un Apothicaire allemand
qui avoit été Difciple du fameux
Glauber. Ce Frère Simon , fur les
éloges que la Ligerie lui ayoit faits
de ce nouveau remède , en fit pren-
dre à un Chartreux attaqué d'une
. fluxion de poitrine des plus vio-
lentes , Se qui étoit â toute extré-
mité : le remède eut un plein fuc-
. ^cès » le Religieux fut guéri promp-
.t^ment & comme par miracle. Des
ce moment le Frère Apothicaire
publia partout la vertu de ce médi-
. cament : le kermès opéra pludeurs
autres guétifons éclatantes. Le pu-
blic y prit confiance & le nommoit
la foudre des Chartreux , parceque
ce n'étoit que dans TApothicairerie
. de ces Religieux qu'on le prépa-
roi t. La imputation de ce nouveau
remède s'étendantde plus en plus,
M. le Duc d'Orléans , alors Régent
du Royaume , en fit l'acquifition
au nom du Roi pour le public «
6c ce fut la Literie qui publia le
^ procède. Voici en quoi il con-
fifte:
On fait bouillir pendant deux
heures de l'antimoine crud, con
calTé» avec le quart de fon poids
de liqueur de nîcre fixé par les char-
bons j jk le double de fon po^ds
KER 14}
d'eau très -pure. Au bout de ce
temps on décante la liqueur & on
la fiiltre toute bouillante â trarets
le papier cris : elle refte très-claire
tant Qu'elle eft chaude au degré de
l'ébullition i mais â mefure qu'elle
fe refroidit , elle fe trouble , elle
prend une couleur rouge , brique*
tée , ôc s'éclaircit de nouveau par
le dépôt qui s'y forme d'une pou-
dre rouge y c'eft cette poudre qui eft
le kermès. On réitère 1 cbullition
jufqu'à trois fois , en ajoutant cha-
que fois fur l'antimoine la même
quantité d'eau , & chaque fois au(E
un quarr de moins de la liqueur de
nître fixé. On réunit le kermès qui
s'eft précipité de ces trois décoc-
tions y on le lave exaAement avec
de l'eau pure jufqu'à ce que cette
eau en forte limpide , on fait en-
fuite fécher le kermès : voici pré-
fentement ce qui arrive dans l'opé-
ration du kermès , Se quelle eft pré«
cifément fa nature.
L'antimoine crud eft compofé de
régule d'antimoine Se de foufre
commun unis naturtU^ment l'un
avec l'autre , comme cela arrive
dans prefque tous les minéraux mé-
talliques. L'alkali fixe avec lequel
on le fait bouillir , quoiqu'étendu
dans une très-grande quantité d'eau,
agit fur le foufre de l'antimoine Se
forme avec lui du foie de foufre ;
& ce compofé étant un diflblvant de
toutes les matières métalliques ,
diflout i fon tour une certaine quan-
tité de la partie téguline de l'anti-
moine : il fe fait donc dans cette
opération une combinaifon d'alkali
fixe p de foufre Se de régule d'an-
timoine. De ces trois fubftances, il
n'y a que l'alkali qui foit diffolu*
ble dans l'eau , & c'eft pat fon in-
termède que les deux autres s*y
trouvent lufpendues j mais il eft i
Hh ij
y
>
V
X44 KER
remarquer que Talkali fe charge
dans cette opération , & i la faveur
de rébullition , d'une plus grande
quantité de régule j 6c furtout de
foufre qu'il ne peut en tenir fuf-
pendus dans Teau froide : c'eft par
cette raifon que la décoâion du
kermès qui ett claire , limpide &
fans couleur ^ tant qu'elle eft bouil-
lante y fe trouble & laifTe pré-
cipiter le kermès à mefure qu'elle
fe refroidir. Il en eft donc de ce
compofé relativement â l'eau bouil-
lante & froide ^ précifément com-
me de certains lels que l'eau peut
tenir en diflfblution en beaucoup
plus grande quantité à chaud qu'a
froid , te dont une bonne partie
fe précipite d'elle-même par le ré-
froidiirement.
Il eft â remarquer de plus , que
dans le temps de la précipitation
du kermès , la totalité du foie de
• foufre antimonii qui fe trouve en
difiblution dans la liqueur bouil-
lante , k partage en deux parties :
l'une t & c'eft le kermès , furcfaar-
gée de régule & furtout de foufre »
ne contient que peu d'alkali qu'elle
entraîne avec elle en fe précipitant^
l'autre contenant beaucoup plus
d'alkali , refte en diïïblution dans
la liqueur même â froid , par l'in-
termède de cette plus grande quan-
tité d'alkali. Toutes ces propomions
vont être éclaircies 6c démontrées
par les obfervations fuivantes.
^ Premièrement lorfque la décoc-
tion de kermès eft refroidie 8c
ctt'elle a formé tout fon dépôt y û
lans y rien* ajouter , on la tait ré-
chauffer jufqu'i la faire bouillir ,
elle redifTout le kermès en entier,
tout le dép&t difparoît , la liqueur
redevient auifi claire qu'elle étoit
d'abord j elle fe trouble de nou-
veau par le refroidi^emeot 8c laif* \
KER
fe dépofer une féconde fois la mft*
me quantité de kermès. On peut
faire auffi rediffoudre 6c précipirec
le même kermès un auffi grand nom*
bre de fois qu'on le veur.
Secondement en faifant digérer
du kermès dans de l'eau régale qui
diiTout l'alkali & la portion de ré-
gule qu'il contient > on en fépare
du foufre pur : les acides de leaa
régale forment du nitre & du fel
fébrifuge de Sylvius avec l'alkali dm
kermès y 8c Ci l'on fait fondre avec
du flux noir une certaine quantité
de kermès » après l'avoir défourfé
par la torréfaâion , on en retire cm
vrai régule d'antimoine.
Ces expériences qui font de M.
Geoffroi y & dont on trouve le dé-
tail dans deux mémoires qu'il a
donnés à T Académie en i7}4 8c
17} 5 fur l'analyfe du kermès, dé-
montrent bien évidemment la pré*
fence du foufre, de l'alkali fixe 8c
du régule d'antimoine dans ce coii^-
pofé. Â l'égard des proportions de
ces trois fuoftances , il réfulte dcB
mêmes expériences de M. Geoffroi^
qu'un gros de kermès contient en-
viron 16 à i-/ grains de régule , i y
i 1 4 grains de fel alkali , & 40 à
4 1 grains de foufre commun , ce
|ui montre que la quantité du fou*'
re furpafTe beaucoup celle du ré^
gule & de l'alkali , & <fkt cette der-
nière fubftance eft en moindre quan-:
tiré que les deux autres.
TroiHèmement , (i lorfque la dé-
coâion a laifTé dépofer fon kermès
par le refroidi (fement , on la fait
rebouillir de nouveau fur l'anti-
moine , elle reforme une nouvelle
quantité de kermès qui fe dépofe
comme le premier par le rerroi-
diflement : cette expérience peut
fe réitérer un très-grand nombre
de fois. Mr Geoffroi qui en donn^
I,
KER
le détail dans les mémoires qu^on
vient de citer » dit avoir fait avec
la même liqueur jufqu'à foizante-
dix- huit ébuliitions^fans y rien ajou-
ter que de Teau pure , pour rem-
placer celle qui s'évaporoit , &
avoir retiré à chaque fois une quan-
tité de kermès aflfez considérable.
Cette expérience prouve que c'eft
en fe furchargeant de régule & de
foufre , que l'alkali transforme
l'antimoine en kermès , &qu*â cha-
que précipitation , le kermès ne re-
tient 8c n'entraîne avec lui que fore
peu d'alkali.
Quatrièmement f! Ton verfe un
acide quelconque dans la liqueur
où s*eft formé le kermès , & donc
il s eft entièrement féparé par le
refroidiflèment , M. fiaumé a ob-
fervé que cette liqueur fe trouble
de nouveau , & qu'il s'y forme un
fécond dépôt de couleur jaune -
rougeatre qui n'eft autre chofe que
ce qu'on appelle Axxfbufrc doré à' an*
timo'mt , c eft - i - dire , du régule
d antimoine & du foufre mêlés en-
femble , mais dans des proportions
& avec un degé d'union qui le font
différer beaucoup de 1 antimoine
crud.
Après cette précipitation il reAe
dans la liqueur un fel neutre formé
de l'alkali qu'elle contenoit & de
l'acide employé pour k précipita-
tion. Cette expérience démontre
^u*il refte encore dans la liqueur
où le kermès s'eft dépofé , une
3aaDtité affez confidérable de foie
e /bufre antimonié , mais diffé*
cent du kermès en ce qu'il con-
tient une quantité d'alkali beau-
coup plus confidérable & fuffifante
poQC tenir en diflblution dans l'eau»
tncme â froid , le foufre & le ré-
gule avec lefquels il eft uni ^ ainfi
4]a 4>ii Ta avancé plus haut*
\
KER 145
Après ce qui vient d'être dit fur
la manière dont fe forme le ker-
mès & fur les phénomènes que pré-
fente cette opération , on doit avoir
une idée nette de ce que c'eft que
ce compofé \ il eft bien évident
'u'il n'eft autre chofe qu'un foie
e foufre antimonié , d:)ns lequel
le foufre domine > & qui contient
trop peu d'alkali pour être diflolu-
ble dans l'eau. Il faut obferver fur
ce dernier article que le kermès j
après fa précipitation fpontanée , ic
avant d'avoir été lave , contient
beaucoup plus d'alkali qu'après fes
lotions ; d'où il arrive que (i l'on
fait les premières lotions à l'eau
très-chaude » il y a une partie du
kermès qui fe rediffout dans cette
eau ; mais l'eau emportant toujours
la partie la plus alkaline» à la fin
le kermès arrive â uh point où il
hii refte trop peu d'alkali pour être
diiïbluble mëme£l'eau bouillante;
& c'eft alors qu'il a toutes les quali-
tés qui lui conviennent*
Il y a plusieurs préparations d'an-
timoine dans lefquelles il fe forme
du kermès ou des compofés qui y
_ reifemblentplusoumoins^ cela arri-
ve toutes les fois que l'anrimoine
crud eft traité par la fonre aVec
une quantité de fel alkali telle qu'il
en refulte un foie de foufre anti*^
monié, furchaffçé de régule & de
foufre,c'eft-â-dire,qui contient une
plus grande quantité de ces deux
fubftances qu'iln'en peut tenir en dif-
folution dans l'eau froide. Si l'on fait
bouillir dans l'eau toutes ces fubf-
tances combinées , il fe précipite
toujours par le refroidiffement une
matière analogue au kermès : cela
arrive par exemple , aux fcories du
régule d'antimoine fimple , & dans
• une opération décrite par M. Geof-
fioi pour abréger b procédé du ker<^
14^ KER
mes » en le faifant par la fonte.
Pour faire ce kermès par la fon-
te , M. GeofFroi fait fondre deux
parties d*antimoine avec une partie
de fel alkali j il pulvérife cette ma-
tière encore chaude & la tienr pen-
dant deux heures dans Teau bouil-
lante 'y il la âltre & reçoit la li-
queur dans de nouvelle eau bouil-
lante» laquelle par fon refroidiiTe-
ment , laifle dépofer environ fix
gros^de kermès par once d anti-
moine. Cette méthode de faire le
kermès eft beaucoup plus expédici-
ve j mais elle eft moins parfaite ;
car de l'aveu de l'auteur même, le
kermès qui en provient » n'a pas la
fineife & le velouté de celui qui eft
fait par la méthode ordinaire.
' M. Lémery le père parle aufti
dans fon traité de lamimoine, d'u-
ne opération de laquelle fon fils a
prétendu qu'on retire un vrai ker-
mès : cette ofUration confifte à faire
digérer & enfuite bouillir de l'an-
timoine crud réduit en poudre fine
dans la liqueur de nitre fixé, toute
pure. Cette liqueur , fi elle eft en
3uantité fufEfante, eft capable de
îfToudre très-promptement &c en
entier, l'antimoine réduit en pou-
dre très-fine ; & il n'eft pas dou-
teux qu'elle ne fournide par le re-,
froidilfement , une quantité très-
confidérable d'une fubftance fort
analogue au kermès ; néanmoins
aucune de ces méthodes abrégées
de faire le kermès n*eftadoptéedans
les difpenfaires & dans les bons li-
vres ou Ion donne la defcription
des remèdes chimiques , & l'on ne
peut difcûnvenir que cela ne foit
très-fage ôc très-prudent^car outre
qu'on peut foupçonner tous ces ker-
mès d'être moins fins ou plus char*
gés de parties régulines que celui
qui eft préparé par le procédé ufité.
KER
quand l'obfervaûon confiante de la
Médecine pratique a déterminé su-
rement les effets d'un remède com-
pofé 9 ce médicament fe trouve
confacré par une efpèce d'empirif-
me refpedtable visa- vis duquel la
plus belle rhéorie & les ratfonne-
mens les plus fpécicux doivent fe
taire. C'eft alors une témérité con-
damnable que de vouloir faire la
moindre réforme ou innovation ,
furrout quand il s'agit d'un mé-
dicament de l'importance de ce-
lui-ci.
Le kermès n'a d'autres uGiges
que dans la Médecine y mais il y a
peu de médicamens dont un habile
Médecin puifTe tirer d aufti grands
avantages j il réunit la vertu exci-
tante & évacuante des préparations
émériques d'anrimoine,avec les pro<
prières toniques, divifantes , apéri-
tives & fondantes du foie de fou-
fre « c'eft-à-dire , qu'il eft capable
de iktisfnire aux deux plus grandes
indications qu'on ait prefque tou-
jours à remplir à la fois dans le
traitement d'un très -grand nombre
de maladies aiguës ou chroniques :
il devient dans d habiles mainsémé-
tique , purgatif , diurétique , fodo-
rifique j expeâorant , fuivant les
cas, & toujours divifant& fondant.
Lorfqu'on en fait prendre fepr à huit
grains en une feule prife , fon ac-
tion s'exerce principalement dans
les premières voies ; il fait ordi-
nairement vomir & évacuer aufli pat
bas : i la dofe de trois ou qua-
tre grains il fait rarement vo-
mir & produit plutôt un efifet pur-
gatif.
Quand on le fait prendre à ces
dofes comme évacuant , il en paftt
auflî un peu dans les fécondes Se
troifièmes voies : lorfqu'on Tadmi-
niftre à de plus petites dofes , cook-
KER
me depuis an demi-grain }ufqu*à
deux en les réitéranc par interval-
les » alors ii pafle prefque en entier
dans les veines laâées , fanguines
& même lymphatiques j il y occa-
fîonne les mêmes fpalmes 6c of-
cillacions que dans les premières
voies y en force qu'il augmente
les fécrétion^ Se excrétions quelcon^
qaes , mais particulièrement celles
des urines , de la Tueur ou des cra-
chais , fttivant la dofe & fuivant
la nature de la maladie , & la dif-
pofition aâiuelle du malade. II pro-
duit (inguhèrement des effets ad-
mirables dans toutes les maladies de
poitrine qui viennent d'embarras &
d'engorgemens.
On peut adminiftrer le kermès
dans des looks , dans des potions
huileufes ou cordiales , dans toutes
fottes de véhicules ; ou incorporé j
fous la forme de bolj avec des mé-
dicamens appropriés tmais une pré-
caution qu'il faut néceffairement
prendre dans TadminiAration. du
kermès, & à laquelle il paroît qu'on
a fort peu penfé jufqu'à prélent »
c'eft qu'on doit éviter ablolument
de Tallbcier avec des matières aci-
des , fi Von veut qu'il agilTe comme
kermès ; il faut même lui joindre
des fubftances anti-acides & abfor-
bantes , fi le malade a des aigres |
dans les premières voies , pu qu'il
foit dans une difpofitionacefcente;
car il eft évident que ces acides fa-
rurant la porttt>n d'alkali qui conl-
tirae le kermès foie de foufre an-
timonié , ^'P^^ laquelle feule il
diffère du fourre doré d'antimoine,
il deviendroit en tout femblable à
cette préparation dont les effets
font bien différens : il n'eft pas dou-
teux même que dans certains cas
on ne dût préférer le kermès non
lave au kermès ordinaire, & qu'il
KER 247
feroit à propos par cette raifon ^
que les Apothicaires en euflènc
cnez eux de cette efpèce , comme
le prop#fe fort bien M. Baron dans
fon édition de la chipiie de Lé-
mery, •
KERMESSE j voye^KAKunssE.
KERNES; ( les ) ancienne milice d'Ir-
lande.qui étoit armée d'épées & de
dards garnis d'une courroie pour
les» retirer quand on les avoir lan-
cées.
KERPEN j nom propre d'une petite
ville & feigneurie d'Allemagne ,
enclavée dans le Duché de Ju-
liers.
KERRI ; Comté d'Irlande , dans la
province de Munfter , fur le Shan-
non. Sa longueur eft de foixante
milles & fa largeur de quarante fept*
Il eft divifé en huit fiaronies. On y
a du blé & des montagnes couvertes
;de bois.
KERSCH ,ou Kertz j ville maritime
de la Crimée , fiir le dérroit de Da-
man qui fépare le Palus Méotide de
la mer Noire.
KERWACH} ville de Perfe que Ta-
vernier dit être fituée au 87* degré,
3 1 minutes de longitude , & au j ^*^
1 5 minutes de latitude.
KÉSITHA ; ce terme fe trouve dans
la Genèfe & dans Job , & il eft
traduit par des brebis ou des agneaux^
dé forte que Jacob acheta Te camp
où il avoir dreffé fes tentes , pour
le prix de cent agneaux y & que
chacun des parens 6c des amis de
Job, après fon rétablifrement,lui
firenr préfent d'un agneau ou d'une
jeune brebis. Mais la plupart des
Rabbins & des nouveaux interprè^
res croyent que kéjitha fignifie plu-*'
tôt une pièce de monnoie ; car don-
ner â un homme comme Job , une
jeune brebis, cela paroît un préfent
trop peu digne de la généroficc de
!^
X4J ' KES
fes amis 8c de fes parens > & trop
»eu projpornonné à fes bcfoins , a
Ta qualité & à la leur : mais ne
peuc-on pas faire la même objec-
tion fl l'on admet que kcjitha (igni-
fic une pièce de monnoie ^ à moins
que Ton ne fuppofe qu'elle étoit
d*or & d'un prix confidérable \ car
il y en a qui la font très-petite.
Don Calmet penfe qu'on doii en-
tendre par ce terme de ktjitha^ une
bourfe d'or ou d'argent.
KESKER; province ou contrée de Per-
fe a fur le bord méridional de la
mer Cafpienne » entre le Ghilan &
le Mazanderan. Kurab en eft la
capitale.
KESMARCK ^ nom propre d'une
ville forte de Hongrie , dans le
Comté de Czépus , fur la rivière de
Paprad» à neux milles de LeutfchoWj
en allant vers la Pologne & le mont
Krapack.
KESROAN ; nom d'une chaîne de
montagnes d'Afie , fur la côte de
Syrie. Elles font partie du mont Li-
ban. L*air qu'on y refpire eft très-
pur & l'on y recueille en abondance
du vin , du blé , des fruits d'un goût
exquis , & en général tout ce qui
eft néceftaire à la vie. Cette con-
trée eft une des plus agréables de
l'Orient : elle eft habitée par des
Maronites & par des Grecs MeU
chites.
KESSEL; (la terre de) petit pays
de la Haute Gueldre , entre le Pée-
land à l'occident » la Meufe à l'O-
rient , le pays de Cuyk au nord ,
& le Comté de Horn au midi. Il
fut.cédéau Roi de PrufTe par la paix
d'Urrecht.
KETIEN \ nom propre d'une ville de
la Chine , dans la Province de Jun-
nan j au département de Jungning ,
onzième Métropole de cette Pro-
; vîncç.
le
KET
KËTIR ; nom propre d'une ville de
Turquie , dans la Natolie » près de
la Mer-Noire j entre Prufe & Si«>
nope.
KETMIE ; fubftantif féminin. Xct^
mia. Plante qui croit dans preiqae
tous les pays chauds , & qui eft ao-
fage en Amérique & en Afcioite,
Oo ne la cultive dans nos jardins
jue parcuriofité: fa racine eft fibrée;
es racines font hautes d'up pied 5c
velues^ fes feuilles aflfezfembkibles
i celles de l'aLcéc » font découpées »
velues en deflbas » & d'un goût vif-
3ueux ; fes fleurs relfemblent à celles
e la mauve y Se font de couleur
jaunâtre > mêlée un peu de purpu-
rin j il leur fuccède des fruits oui
contiennent en plufieurs loges des
femences menues & noirâtres: cette
plante eft émolliente.
KETOY } nom propre d'une ville
d'Afie j dans le Tonquin , environ
â 15 lieues de Ciampa ^ Se à 30 de
Checou.
KETULE; fubftantif nafculin. Ef-
pèce d'arbre qui croît dans l'île de
Ceylan : il a des feuilles qui leflem-
blent à celles du cocotier : fon bois
eft très-dur » d'une couleur noire »
avec quelques veines ; mais il eft
fujet â fe fendre : fon écorce fe par-
rage en filets dont on fait des cor*
des. En faifant des incifions â cet
arbre , on tire une liqueur très-
agréable Se rafraîchiflànce. Si on la
fait bouillir , elle s'épaiflit & forme
une efpèce de fucre noir que les ha*
bitans nomment jaggori ; il devient
blanc Iqrfqu'on le rafine » 8c ne le
cède en rien au fucre tiré àt%
cannes.
KEU \ nom propre d'une ville de la
Chine j dans la Province de Xan-
tung y au département de Tune-
chang , troifième Métropole de
cettç Province*
. KEUB}
KEUB ; fabftantif mafcalin. Mefare
des longueurs donc on fe ferc à
Siaoï. C'eft la paume des Siamois ,
c'eft-â-dice, louvercure du pouce
& du doigc moyen.
fCEUMEESTERSi fubftanrif mafcu-
lin pluciel. On appelle ainfi i Âmf-
cerdam y des Commis ou Infpeâeurs
établis par les Bourmemeftres pour
vifiter certaines elpèces de mar-
chandifes , & veiller i ce qu'elles
foient de bonne qualité » 6c que le
commerce s'en fade fidellement.
U y a des Kemneefters pour les
laines ^ les chanvres » les cordages }
ils en font la vifite , Se règlent ce
qu'il faut rabattre du prix pour ce
qui s*y trouve de taré & d'endom-
magé*
0*autres font chargés de la mar-
que des quartaux , pipes , barrils &
autres futailles , &: d'y appliquer
la marque de la ville quand ils les
trouvent de jauge.
Quelques-uns font pour les fuifs >
quelques autres pour les beurres &
viandes falces. U n'y a point de
marcbandife un peu confidérable ,
qui ne foit fujette à l'examen de ces
Infpeâeurs.
Leus rapport fait foi en Juftice ;
Se c*eft fur leur témoignage, que
les Bourguemeftres & autres Juges
devant qui les conteftations en fait
de commerce font portées , ont cou-
tume de juger.
KEW j nom propre d'un bourg de
Hongrie , lur le Danube , à une
lieue ou deux au-deflfus de Futak.
KEXHOLM y nom propre d*une ville
forte de Rûifie j dans la Careiie , fur
le bord occidental du lac de Lado-
ga, à treize lieues y nord-eft , de
Wibourg.
KEYHOOKA j grande & riche ville
d'Amérique , dans la nouvelle £f-
pagne , au midi de la baie de Cam*
Tome Xy%
K H A 249
pèche. Il s'y fait un commerce con-
(idérable de cacao.
KEYSERSBERG ; nom propre d'une
petite ville de France , dans la haute
Alface , à deux lieues , oued-nord-
ouefl: y de Colmar. Elle fut autres-
fois Impériale.
KEYSERSLAUTERN j vcyrf Kay-
SEaSLAUTE&N.
KEYSERSTUL \ voyc[ Kaysers-
TUHL*
KEYSERSWERD \ voye^ Kaysers-
KHAGÛETS i fubftantif mafculin.
Nom du cinquième mois des Armé-
niens. U répond i notre mois de
Février»
KH AIBAR \ nom propre d'une petite
ville de l'Arabie heureufe , i fix
dations , nord-eft t ^^ Médine.
KHAOUS^ nom propre d'une petite
ville d' Afie , dans la Tartarie , au-
deflbus de Samarcande » â fept pa^*
rafanges de Zamin , & à neuf de
Khokhket.
KHATOU AT , fubftantif mafculin.
Mefure des longueurs dont fe fer-
vent les Arabes : c'eft le pas géomé-
trique des Européens.
KHAZINE; voye\ Kazine.
KHESËLL ou KuisiLL ^ (la) grande
rivière d*Afie > dans la Tartarie , au
pays des Usbeks. Elle a fa fource '
dans les montagnes qui féparent les
Calmouks de la grande Bucharie ,
& fon embouchure dans le lac d'A«
rall depuis 1719 feulement. Aupa-^
ravant elle porroit fes eaux dans la
mer Cafpienne.
KHI; nom propre d'une ville de la
Chine , dans la Province de Pékin ,'
au département de Paoring j deu-
xième Métropole de cette Province^
KHOCHING \ nom propre d'une ville
de la Chine , dans la Province de
Pékin , au dépariement de Chin*
li
MO KHO
' tîng , quatrième Métropole de cette
Province.
KHOGEND î voyei Cogekdb*
KHORASSAN ou Korasan , ou Co-
RASAN , ( le) ou la CORASSANE ',
nom propre d'un pays d'Âde , à l'ex-
trémité de la Perfe > vers le nord-
eft. 11 eft borné à Toccident par un
déferr qui le fépare du Giorgian &
de riraque PerHque , au midi par
un autre défert qui le fépare de la
Perfe proprement dite Se du pays
de Comas , à l'orient par le Segef-
tan ôc les Indes , 8c au nord par le
Mayharalnahar & une partie du
Turqueftan. Ce pays eft habité par
les Usbecks , dont le Prince rende
à Hérat quien eft la principale ville.
On y a du grain ^ de la (oie , des
Turquoifes , &c.
, KHORREM j nom propre d'une ville
\ * de l'île de Ceylan , au pied de la
haute montagne où les Mufulmans
prétendent qu'Adam eft enterré, &
où d'autres croient qu'étoit le Para-
dis terreftre.
KHOSCHKET j nom propre d'une
ville d'Afie , dans le Mavharal-
nahar , fur la rivière de Schafch , à
neuf parafanges de Khaous.
KHOTAN ou Khoten j ville d'Afîe ,
. capitale d'un pays très-fertile de
même nom , dans la Tartarie , à
Textrémité duTurqueftan.
KHOTLAN ou Khotoil , ou Kho*
TOLAN ; voye:(^ Khotan.
KHOVAGEH-ILGAR j petite ville
de la Tranfoxane eu de la grande
fiucharie 9 en AHe» dans la contrée
de Schafch. Elle eft remarquable
pour avoir vu naître Tamerlan.
KHOUAKEND ; nom propre d'une
* ville d'Afie , dans le Mavharal-
. nahar. Abulfeda lui donne 90 de-
. S^és, 50 minutes de longitude, &
41 degrés de latitude*
J^HOUAREZEM ou Kouarezm i
^ K I
pays d'AHe fi tué en partie en deci
du Gihon ou de l'Oxus , du côté au
Koraflan , & en partie au-delà « du
coté du Mavharalnahar ou de la
Tranfoxane. Il eft borné au nord
par leTurqueftan & par les États
du Kan des Kalmoucks , à l'orient
par la grande Boukarie t au midi
par le Khoraflan & la Province d'AC*
tarabat > & à l'occident par la mec
Cafpienne.
Ce pays eft très-fertile : il eft ha"
bité par trois fortes de peuples qui
font les Sartes , les Turcomans Se
les Usbecks.
Kl , il y a â la Chine fix villes de ce
nom : la première eft dans la Pro«
vince de Pékéli , au département de
Xuntien qui en eft la première Mé-
tropole : la féconde eft dans la mê-
me Province , au département de
Chiuting qui en eft la quatrième
Métropole : la troifième eft dans la
Province de Chanfi , au départe-
ment de Taiyven qui en eft la pre-
mière Métropole : la quatrième eft
dans la Province de Huquang , au
département de Hoangcheu qui en
eft la cinquième Métropole : la cin-
quième eft dans la Province de
Honan , au département de Cai-»
fung qui en eft la cinquième Métro-
pole : Se la fîxième eft dans la mê-
me Province , au département de
Gueihoei qui. en eft la quatrième
Métropole.
Kl ; fubftantif mafculîn. Terme de
Relation. Nom de la fixième partie
du fécond cycle des Kathaïens Sc
des Iguriens: Ce cycle joint au pre-
mier cycle qui eft auodénaire « fert
à compter leurs jours qui font ao
nombre de foixante , & qui for-*
ment leur femaine, comme les fepc
jours forment la nôtre.
Le mot ki fignifîe poule i il ma»r
f I
KIÀ
que aofli le dixième mois de Tannée
dans les menées Contrées.
Chez les Chinois le Ki eft le nom
de plufieurs mois lunaires des foi
lanre de leur cycle de cinq ans. Le
Ki fu eft le fixième ; le Ki-nuco »
le feizième } le Xi-cheu , le vipgc-
(ixième ; le Ki-ka, le trente- fixiè-
me j le Ki^yeu ^ le quarante- fixiè-
me 'y le Ki oi ) le cinquante^fixième.
Au refte Ki eft toujours le fixième
de chaque dixaine.
KIA 'y nom propre de deux villes de la
Chine , dont une dans la Province
de Henan , au département de Ju ,
grande cité de cette Province y &
f autre dans la Province de Chanfi ,
au département de lengad , huitiè-
me Métropole de cette Province.
KIA ; fubftantif mafculin/ Nom de
plufieurs mois du cycle de cinq ans
des Chinois. Le Kia-çn eft le pre-
mier^ le Kia-fio, lonzième) le Kia-
sheu , le vingt-unième y le Kia-u*,
Je trente-unième j le Kia-shin y le
quarante - unième j le Kia-yin , le
cinquante- unième.
D'tfù l'on voit que le Kia eft le
premier de tous , & le premier de
chaque dixaine.
KIACIANG) nom d'une ville de la
Chine^dans la Province de Xautung^
au département d'Yeticheu, féconde
Métropole de cette Province*
KIAHING ; nom propre d'une ville de
C la Chine , dans la Province de Che-*
kiang dont elle eft la féconde Mé-
tropole' Elle a cinq autres villes dans
fon département.
KIÂI ; nom propre d*une ville de la
Chine , dans la Province de Chanfi»
au département de Pingyang , deu-
xième Métropole de cette Province.
I^IAIHIEU i nom propre d'une ville
'* de U Chine , dans la Province de
Cb^nfi , au département de Fuen«
KIA .Z5I
cheu , cinquième Métropole de
cette Province.
KIÂKKIÂK ; Terme de Mythologie
& nom propre d'une Divinité ado-
rée aux Incles orientales , dans le
Royaume de Pégu. Ce mot fignifie
le ÎDieu des Dieux. Le Dieu Kiak-
Kiak eft tépréfenté fouS^une figvire
humaine qui a vingt aunes de lon^
gueur , couché dans l'attitude d'ua
homme qui dort. Suivant la tradi-
tion du pays ce Dieu dort depuis fix
mille ans ^ 6c fon réveil fera fuivi
de la fin du monde. Cette Idole eft
placée dans un Temple fomptu&ux ,
.dont les portes & les fenêtres font
toujours ouvertes , & dont l'encrée
eft permife i tout le monde.
KlAM ou Jam-ce } ( le ) grand fleuve
de la Chine , qui a fes îoutces dans
la Province de Junnan , & fon em-
bouchure dans la mer orientale i au-
deftous de Nankin , après un cours
d'environ quatre cens lieues.
KIÂNG y nom propre de trois villes
de la Chine , dont deux dans la Pro-
vince de Chanfi , au département
de Pingyang, féconde Métropole de
cette Province , & la troifième dans
la Province de Quangfi , au dépari-
tement de Taiping ,' huitième Mé-
tropole de cette Province.
KIANGCHUEN j nom propre d'une
ville de la Chine , dans la Province
de Junnan , au département ,âc
Cinkiang , cinquième Métropole
de-cette Province^
KIANGCIN j nom propre d'une ville
de la Chine » dans la Province dé
Suchusn,au département de Chang-
kinq ; cinquième Métropole' de
cette Provinte.
Kl ANGHO A ^ nom propre d'une tille
de la Chine , dans la Province de
Huquang, au département de Jung-
cheu , treizième Métropole de cette
Province.
i^% KIA
Kl ANGN AN î nom piopre d*une Pro-
vince maritime de la Ohine y qui te*
noie autrefois le premier rang lorf-
que l'Empereur y faifoit fa rcuden-
ce 9 mais qui n'eft plus que la neu*
Yième depuis que rÈmpereur réfide
à Pékin. Elle eft bornée à i'eft 8c au
fud-eft par la mer , au fud par le
Chékian , au fud-oueft par le Kian-
fi , à l'oueft par le Huquang , as
nord-oueft par le Honan , ic au nord
par le Chanton. On la divife en
quatorze Métropoles qui ont cha-
cune leur département , & fous lef-
qaelles on range cent-dix cités &
on grand nombre d'autres lieux
moins confidérâbles. Les terres y
(ont très-fertiles , & te commerce
prodigieux. Le fleuve Kiam la di-
vife en deiu parties ^ & tout le pays
eft d'ailleurs entrecoupé de rivières
& de canaux propres i la navi-
gation.
Si Ton en croit le Père Martini ,
cette Province eft peuplée de près
de dix millions d*amês , & tes di-
vers tributs qu'en tire l'Empereur »
vont environ à trente-deux millions
de ducats.
tIANGNING ; ville de la Chine »
dans la Province de Kiangnang dont
elle eft la première Mérropole : on
la nomme autrement Nankin, Voy.
ۏ mot.
KUNGPU ; ville de la Chine , dans
la Province de Kiangnan , au dé-
partement de Kiangning , première
Métropohî de cette Province»
KiANGSI on Kiansi } nom propre
d'une Province de la Chine oè elle
tient le premier rang. Elle eft bor-
née an nord ôc à loueft par h Pro-
vii>ce de Huquang , au nord-eft par
celle de Kiar^nan , à Teft par celle
de Chekiang , au fud eft par celle
de Fokien ^ &: au fud par celle de
Quantung ou Canttxi. Elle produit
abondamment tout ce qui eft n^ef'
faire à, la vie , & en la dit peuplée
de plus de fix millions d*ames. On
la ëivife en treize Métropoles qui
ont dans leurs départemens foixan-
te-fept cités Se plulieurs autres vil<
les. On rapporte que TEmpereur en
rireuntribut]annuelde i6i66oo(2c$
de ris , 8130 livres de foie crue»
iiji6 paquets de foie filée » outre
les droits qui fe lèvent dans les
Douanes & autres Bureaux.
KIANGXAM î ville de la Chine,
dans la Province de Chekiang , aa
département de Kiucheu , fixième
Métropole de cette Province.
KIANGYEU i ville de la Chine , danf
la Province de Sdchuen , an dépar*
teoient de Lunggan , feptième Mé*
tropble de cette Province.
Kl ANG YN i ville de la Ctnne , dait$
la Province de Kiangnan , au dé-
partement de Changcheu 9 cinquiè-
me Métropole de cette Province.
KIANSI *y voye^ Kiangsi.
KIAO y ville de la Chine , dans la,
Province de Channton , au dépar-
tement de Laicheu, fixième Mé-
tropole de cette Province.
KIAOÇHING j ville de la Chine*
«^dans la Province de Chanfi , au dé-
partement de Taiyven , première
Métropole de cette Province.
Kl AOHO y ville de la Chine , dans l»
Pékéli y au département de Hoki-
ken y troifième Métropole de cette
Province.
KIASTRE; fubftantif mafculki & ter-
me de Chirurgie. Efpèce de bandage
pour la rotule f raâurée en travers.
KIATlNGj ville de la Chine , danf
k Province de Kiangnan , aa dé-
Srtemenc de Sucheu , rroificme
étropole de cette Province.
Il y a une autre ville de même
nom dans la Province de^uchnea
doBi elle eft la uoificme cité..
KIC
KIAXEN } ville de la Chine , dans la
Province de Chekiang , au Dépac*
tement de Kiahing > deuxième Mé-
tropole de cette Province.
KIAYU i ville de la Chine » dans la
Province de Haquang, au Dépar-
tement de Vuchang, première Mé-
tropole de cette Province.
KIBLAH ; vcye:^ Kéblah.
KlfiOURG ^ nom propre d*une ville
de SuifTe , au Canton de Zurich ,
fur la rivière de ThoefT, à cinq
lieues » nord-eft , de Zurich \ & â
fix lieues ^ fud-eft > de Schafibuze.
KlCË 'y ville de la Chine , dans la Pro-
vince de Pékin y au Département de
Quampeing , fixième Métropole de
cette Province.
KICHICOUANNE}nom propred'une
rivière de l'Amérique feptentriona-
le t qui a fa fource dans le lac des
Chriftinaux j & fon embouchure au
fond de la baie d'Hudfon. ,
KIDDERMINSTER ; nom propre
d'un bourg d'Angleterre , dans le
Comté de w orcefter« fur la Stoure.
KIDG; ville d'Afie, capitale de la
Province ou Royaume de Mécran ,
fous le 99C degré de longitude , &
le 17e ^ 50 minutes de latitude.
KIDWELLY ; ville d'Angleterre , au
pays de Galles , dans la Province de
Caermarthen , à l'embouchure du
JFowi.
KIE y ville de la Chine , dans la Pro-
vince de Chanfi , au Département
JeFuencheu, deuxième Métropole
de cette Province.
KIECHI ; ville de la Chine j dans la
Province de ChanH , au départe-
ment de Taiyven, première Métro-
pole de cette Province*
XIEGAN 'j nom propre d'une ville de
la Chine, dansla Province de Kiangii
dont elle eft la neuvième Métropo-
le. Elle a huit autres villes dans fon
^épartemenCt
KIB i^j3
Il y a auflî une villa de ce nom
dans la Province de Quanfî , au
département deTaiping, huitième
Métropole de cette Province.
KIELL ; nom propre d'une ville forte 9
riche & confidérable d'Allemagne ,,
capitale du Duché de Holftein » dans
la baffe- Saxe , près de l'embouchure
du Schwenrin , dans la mer Balti-
que I ft 1 5 lieues , nord-oueft , de
Lubeck. Il y a une Univerfité » & il
s'y rient tous les ans une foire célè«
bre après la fête des Rois.
KIELUNG } ville de la Chine, dans
la Province de Quangfi , au dépar-
tement de Taiping , huitième Mé»
tropole de cette Province.
KIEN 'y nom de trois villes de la Chi-
ne : Tune eft dans la Province de
Xenfi y au département de Sigan ;
& les deux autres dans la Province
de Suchuen , aux départemens de
Chingtu & Paoning , première Se
féconde Métropoles de cette Pro-
vince.
KIENCHANG j ville de la Chine ,
dans la Province de Kiangfi donc
elle eft la fixième Métropole. Elle a
quatre autres villes dans fon dépar*
tement.
Il y a encore une antre ville de c«
nom dans la même Province , au
département de Nankang qui en eft
la quatrième Métropole.
Il y a au(Ii une ville & fortere(fe
de même nom dans la Province de
Suchuen.
KIENCHUEN j ville & fortereffe de
I la Chine , dans la Province de Jun-
nan, au département de Cioking,
troifièmeCité militaire de cette Prot
vince.
KIENGU El i ville de la Chine, dans
la Province de Suchuen » au dépar-
tement de Kiating, troifième grande
Cité de cette Piovince.
l KIENLI i ville de la Chine , dans b
I
Z54 KIE
Province de Huquang , au Départe-
ment de KincheoUj Uxième Métro-
pole de cette Province,
KIENNING j ville de la Chine , dans
la Province de Fokien dont elle eft
la quatrième Métropole. Elle a fix
< autres villes dans fon département.
11 y a dans la même Province une
autre ville de même nom , au dé-
partement de Xaou , huitième Mé-
tropole de la Province.
KIENPING ; ville de la Chine , dans
la Province de Kiangnang , au dé-
partement de Quangrcj première
gtande Cité de cette Province.
klÈN-TCHEOU i fubftantif mafcu-
lin. On donne ce nom à une étoffe
de foie de vers fauvages , qui Te fa-
brique â la Chine« Cette foie eft
grife , fans luftre y ce qui fait ref-
. ïembler l'étoffe à une toile roulfe ,
'^ bu aux droguets un peu groffiers :
- elle eft cependant précieule , & fe
' vend plus cher que les plus beaux
fatins.
KlENTEj ville de la Chine, dans la
Province de Kiangnan , au dépar-
tement de Chicheu , treizième Mé-
tropole de cette Province.
KIENXI ^ ville de la Chine, dans la
Provihce de Suchuen , au départe-
ment de Queicheu, fixième Métro*
pôle de cette Province.
KIENXUI ; ville de la Chine , dans
. Province de Juannan , au dépar-
tement de Lingan j troidème Mé-
tropole de cette Province.
KIENYANG; ville de la Chine, dan-
la Province de Fokien , au dépar
tement de Kienning , quatrième
Métropole de cette Province.
KIERNOW y nom propre d une ville
de Lithuanie , fur la Vilie , fous le
41» degré , $6 minutes de longitu-
de ; & le 54^, 50 minutes de lati-
. tude. Les Ducs de Lithuanie y fai-
foient autrefois leur rcfidence.
KIEUj ville delà Chine, dans la Pro-
vince de Xantung , au départe-
ment de Tungcbang j troidème Mé-
tropole de cette Province.
KIEUKIANGi ville de la Chine,
dans la Province de Kiangfi dont
elle éd la cinquième Métropole.
Elle eflfituée fur le fleuve Kiam, au
nord de Nanchang, première Mé-
tropole de la Province. Il s'y fait
un commerce conlidérable : elle a
quatre autres villes dans Ton dépar-
tement.
KIEXUI j ville de la Chine, dans la
Province de Kiangfi , au départe-
ment de Kiégan , neuvième Métro-
pole de cette Province.
KIEYANGj ville de la Chine , dans
la Province de Quangtung , au dé-
partement de Chaocheu , cinquiè-
me Métropole de cette Province.
KIFT j ville d'Egypte , dans le . Saïd-
Aala, qui eft la haute Thébaïde. Elle
eft à fept parafanges du Nil. C'eft;
l'ancienne Coptos,
KlHAIAjfubftantif mafc. & terme de
relation. Titre que Ton dônne"eh
Turquie à l'Officier qui èft le Lieu-
aenant Général du Grand ViGr.
KIJOUN; fubftantifmafculin. Nom
d'une ancienne idole que les Ifraé-
lites avoient honorée dans le défert ,
comme le leur reproche le Prophète
Amos. C'étoit Saturne ou le Soleil.
KIKEKUNEMALO ; fubftantif maf-
culin. Efpèce de gomme ou de ré-
fine d'Amérique, qui reffemble i
la gomme copale blanche , op aa
karabé. Se qui eft très-propre à faire
un beau vernis tranfparent : elle fe
diffout très-prompr^menr dans T^f-
prit de vin.
RlKIANG ; ville de la Chine , daii&
h Province de Suchuen , au dépar-
tement de Chungking , cinquième
Métropole de cette Province.
KILBEGAN} petite ville dlrUnde »
KIL
dans la Province de Leinfter , au
Comté de VTeftméath » & à dix mil-
les j fud-eft de fiallimore. Elle a
deux Députés au Parlement.
KlLDARE i ville d'Irlande , capitale
d'un Comté de même nom , dans la
Province de Leinfter j à neuf lieues ,
fud-oueft, de Dublin. Elle a deux
Députés au Parlement.
Le Comté de Kildare a trente-
huit milles de longueur & ving-trois
de largeur. 11 eft riche & fertile.
KILDERKIN ; fubftantif mafculin.
Mefure des liquides , uHtée en An-
gleterre , ic qui contient le quart
d'un muid.
KlLDU YN ; petite île de la mer fep-
tentrionale , peu diftante de celle
de Wardhus , environ à 6^ deerés,
40 minutes de latitude. Elle eft fté-
rilc , & n'eft habitée que pendant
Tété par quelques Lapons qui vont
pafTer l'hiver ailleurs.
KILER^ fubftantif mafculin & terme
de Relation. Troifième chambre du
Sérail du Grand Seieneur où eft la
fommellerie & la rruiterie. Il y a
deux cens pages de fetvice aux or-
dres du Kilerdei-Bachi.
KILERDGI-BACHI ; fubftantif maf-
culin & terme de Relation. Officier
de la Porte Ottomane qui eft le
Chef de l'échanfonnerie y de la fom-
mellerie & de la fruiterie.
KILIANO VA î forterefle de la Tur-
quie d'Europe , dans la Bedarabie ,
à l'embouchure du Danube. On lui
donne Tépithèce de nova y pour la
diftinguer de Kilia-Fechia qui eft
une bourgade & une ile formée par
le Danube » à trente- fix lieues , fud-
oueft, deBialogrod.
KILISTINOUS ou Christinaux j
(les) peuples fauvages de T Améri-
que, feptentrionale , au fond de la
baie d'Hodfon. Ce font avec les Af-
ilniboils ^ les plus tuHnbreux' & les
KIL 25^
rlus confidérés d'entre les Sauvages*
Is font grands » robuftes , alertes ,
braves , endurcis au froid & à la
fatigue. Ils n'ont ni villages , ni de-
meure fixe , ic vivent de leur chafte*
KILKENNI } grande , riche & forte
ville d'Irlande , capitale d'un Comté
de même nom , dans la Province de
Leinfter , fur la Nure , i huit lieues»
fud'oueft , de Dublin*
Le Comté de Kilkeoni a qua-
rante milles de longueur & vingt-
deux de largeur. 11 eft fercile & bien
cultivé. - .
KILLALAou Killalooj ville d'Ir^*
lande , chef- lieu du Comté de
Mayo , dans la Province de Con-
naughr près de ia mèr.
KILLALOW s ville dlrlande , capî-
taie du Comté de Clàre ou de Tlic-
mond , dans la Province de Con-
naught , fur le Shannon , d troia
lieues , nord , de Limerick.
KILLIN ; ville de la Turquie d'Euro-
f^e , dans la BeHàrabie» a vingt-huit
ieues de Bender.
KILLMALOCK j ville riche & con-
fidérable d'Irlande ^ au Comté de
Limerick , dans la Province de
Munfter , à cinq lieues , fud ,, de
Limerick. Elle a des Députés au
Parlement.
KlLMACALO ou Kilmacough; pe-^
rite ville d'Irlande , au Comté de
Galwai y dans la Province de Corv-
naught , entre Clare Se Galwâi.
KILMARE ; bourg d'Irlande , dans
la Province de Munfter , au Comté
' de Kerri , fur la rivière de Kilmare
qui tombé dans une baie de mcmt
' nom.
KILM9RE ; ville d'Écofle , d.ins la
Province de Knapdail , fur la c6te
feptentrionale de la baie de Loch-
finn.
' Wjz une sttttré. ville de ce nom
ij^ Kl M
en Irlande % dans la Province d'Ulf-
cer , au Comté de Cavan,
KILRÉNIE} ville d'EcolTe , dans la
Province de Fife j près de la mer ,
i une lieue j fud-oueCb , de Crail.
)UMI *j ville de Suède , capitale d'une
Province de même nom , dans la
Laponie , fur la rivière de Kimi j
près de foa embouchure dans le
Îjolfe de Bothnie » à quatre lieues ,
udreft y de Torneo.
KIMPER j voy€r Quimperi »
KIMSKI 'y ville de la Tartarie ruflieh-
ne , dans le Tunzuska. On trouve
dans le voifinage beaucoup de mar-
tres-zibelines plus noires qu'ail-
leurs,
KIM-TE-TCHIM } bourg confidcra-
ble de la Chine , dans la Pxovince
de Kiangfi y au département de
Jaocheu » féconde Métropole de
cette Province. On y fabrique de la
fuperbe porcelaine a un blanc vif ,
éclatant » & d'un beau bleu célede.
Il ne manque à ce bourg pour être
mne grande & magnifique ville, que
d'être entouré de murailles j car fes
rues font tirées au cordeau , &c Ton
prétend au'il contient plus d'un
million d'nabitans.
j^IMUEN ; ville de la Chine ^ dans la
Province de Kiangnang , au dépar-
tement de Hoeicheu , quatrième
Métropole de cette Province.
]^IN ; ville de la Chine , dans la Pro-
vince de Xenfi , au département de
Liniao , fîxième Métropole de cette
Province.
KlNANClEi fubftantif féminin. Ef-
quinancie inflammatoire qui empê-
che la refpiration , & oblige le ma-
lade de haleter en tirant la langue
comme les chiens. Fvyc:[ Esqux-
NANCIE.
KING ; il y a à la Chine quatre villes
de ce nom : la première eft dans la
Province dç. Qoantung ^ -au dépar- |
KIN
riment de Lieucheu qui en eft h
huitième Méttopole : la féconde eft
dans le Pékéli » au Département de
Hokieu qui en eft la troifieme Mé«
tropole : la troifième eft dans la Pro^
vince de Xenfî , au département de
Pingleang qui en eft la quatrième
Métropole : & la quatrième eft dans
la Province de Kiangnan j au dé«
partement de Ningque qui en eft la
douzième Métrppofe.
KiNG , eft auffi le nom d'un Royaume,
particulier j enclavé dans l'Empire
de la Chine , entre des montagnes
fituées au nord-eft de la Province de
Suchuen , & fur les frontières de
celles de Honan & de Chenfi. Les
Chinois ont en vain tenté de s'en
emparer.
KING; fubftantif mafculin. LesChi*
nois donnent ce nom i des livres
qu'ils regardent comme fàcrés » &
pour lesquels ils ont la plus profonde
vénération. C'eft un mélange con--
fus de myftères incompréhenfibles »
de préceptes religieux , d'ordonnan-
ces légales 9 de poë(ies allégorie
qiies , & de traits curieux tires de
l'hiftoire Chinoife. Ces livres qui
font au nombre de cinq ^ fontrob*
jet des études des Lettrés. Le pre-
mier s'appelle Y^king : les Chinois
l'attribuent â Fohi leur Fondateur ;
ce n'eft qu'un amas de figures hic«-
roglyphiques , qui depuis long*
temps ont exercé la fagacité de ce
peuple. Cet ouvrage acte commen-
té par le célèbre Confucius qui pour
s'accommoder i la aédulité des
Chinois , fit un commentaire très-
philofophique fur un ouvrage rem-
pli de chimères , mais adopté par
la Nation ; il tâcha de perfuadet
aux Chinois , & il parut lui-même
convaincu que les figures fymboli-
ques contenues dans cet ouvrage
rcofermoienc de grands myftères
pOttC
V
KIN
pour la conduite des Ècats. H réalifa
en quelque for^e ces vaines chimè-
res , & il en cira méthodiquement
d'excellentes indaâions. Dès que
It ciel & la terre furent produits , dit
r Confbcios , tous les autres êtres ma-
tériels exîfihrent : il y eut eles ani -
maux des deuxfexes* Quand le mâle
& la femelle exijièrent , // y eut mari
^ femme , ily eut père & fils : quand
il y eut père & fils , // y eut Prince
& Sujet* De*U Confucius conclut
l'origine des lois 4c des devoirs de
la vie civile. Il feroit difficile d*inu-
giner de plus beaux principes de
morale & de politique : c'eft dom-
mage qu'une philofophie H fublime
ait elle-même pour bafe un ouvrage
auflr extravagant que le Y^-king.
Le fécond de ces livres a été ap-
pelé Cku'king. Il contient Thiftoire
des trois premières Djrnafties. Ou^
cre les faits hiftoriques qu'il ren&r-
nie , Se de rauthenticité defqQcls
rous nos favatls Européens ne con*
viennent pas , on y trouve de beaux
préceptes & d'excellentes maximes
de conduite.
Le troifième qu'on nomme Chi-
^^^g » cft un recueil de poches an-
ciennes» partie dévotes & partie im-
pies , partie morales & partie liber-
tines , la plupart très-ffoides. Le
peuple accoutumé à refpeâer ce qui
porre un cara&ère facre, ne s'apper-
çoir point de l'irréligion ni du liofer-
cinage de ces pocHes. Les Doâeurs
qui voient plus clair que le peuple,
difent pour la défenfe de ce livre »
qu'il a été altéré par des mains pro-
fanes.
Le quatrième Se le cinquième
King'OTït été compilés par Confu-
cius. Le premier eft purement hif-
toriqtie , & fert de continuation au
Chi-king ; l'autre traire des rires , j
des ufages , des cérémonies léga- j
les» & des devoirs de 1^ focieté
civile.
Ce fonr-lâ les ouvrages que les .
Chinois regardent comme làcrés p
& pour lefquels ils ont le refpeâ le
F lus profond ; ils font l'objet de .
étude de leurs Lettrés qui paflenc
toute leur vie i débrouiller les myf-
tères qu'ils renfermenr.
KINGAM y fubftantif mafculin. On
donne ce nom dans le conimocce à
une forte d'éroife à fond bleu qui fe
fabrique au Japon.
KINGCHEU } ville de la Chine » dans
la Province de Huquang dont eUe.
ell la fixième Mérropole. Elle a dou-
ze aurres villes dans fon déparce-
menr.
KINGFU i ville de la Chine , dans la
Province de Suchuen ^ au départe-,
ment de Sieuchea , quatrième Mé-
tropole de cette Province.
KINGHORN ; ville d*Êcofle , dans
la Province de Fife , fur le Forth »
à crois lieues , nord , d'Edimbourg.
KINGLING } ville de la Cbhie, dans
la Province de Huquang » au dé-
partement de Cfaingtien « quator-
zième Métropole de cette Provincet
KINGMUEN i ville de la Chine , dans
la même Province & au même dé-
partement que la précédente.
KINGNING i Ville de la Chine , dans
la Pxovînce de Chekiang , au dc-
parremerit de CKucheii , feptième
Métropole de cette Province.
KINGSALE ; ville dirlande , dans
' la Province de Manfter j au Comté
& à quatre lieues de Corck. Elle eft
bien peuplée , très-marchande , a
lin bon porc, & envoie desDéputés
«au Parlemenr.
KINGS-COUNTI ou le ComtÎ pu
Roi; ConrréeT d'Irlande y dans la
Province de Leinfter. Elle a feize
lieues de longueur & cinq de lar*
Kk
1
y
Ȕ> KIN"
gêur. Oii y compte onze Baronnies.
Philipflow en eft la capitale,
KINGSTON} t>Ue dT Angleterre , aa
. Comté de Sorrey , for U Tamife , â
dix milles de Londtes*
KINGSTOWNE oa Philipstown,
ville dlrktnde , dans la Province de
Leînfter , capitale du Comté du
Roi 9 à Hx lieues nord-oueft , de
Kildtare.
KINGTU } ville de la Chine , au Pé-
kéli y dans le département de Pao-
ting ^ deuxième Métropole de cette
Province.
KINGTUNG; ville de la Chine, dans
la Province de Jannan dont elle eft
la fepcidme Métropole. Elle eft uni-
que dans fon département ; ce qui
eft fort rare à la Chine.
KINGX AN \ ville de la Chine » dans
la Province de Hucjuang , au dépar-
tement de Chingrien, quatoraùème
Métropole (fe cette Province.
KINGYANG ^ il y a à U Chine deux
villes de ce nom dans la Province
de Xenfî : l'une en eft la feptième
Métropole , & a quatre autrei villes
dans Ion département : Tautre eft
dans le départemenr de Signan > pre-
mière Métropole de cette Province.
KINGYUEN I nom de deux villes de
la Chine : l'une eft dans la Province
de Quangfî dont elle eft la troisième
Métropole » & a fept autres villes
dans Ion département : l'autre eft
dans la Province de Chekiane > au
département de Chacheuj ieptîè-
me Métropole de cette Province.
KINGY UN î ville de la Chine , dans
le Pékéli , au département de Ho*
kien , troifième Métropole de cette
Pîovince. •
KINHOA \ ville de la. Chine , dms
^a Province de Chckiang dont elie
eft la troifième Métropole. Elle a
fept autres villes dans ion départe-
ment
..
KIN-
KINKI \ ville de la Chine , dans la
Province de Kiangfi j au départe-
ment de Vucheu » feptième Mécxo»
pôle de cette Province*
KiNKi; fubftantif mafculin. Bel oi-
fean qui ne fe trouve qu'à 1» Chine,
& fur -tout dans la Province de
. Qaangfi. Cet oifeau a un plumage
fi éclatant , que lorfqu*il eft expofé
au foleil » il patoît tout d'or , mêlé
des nuances les plus vives & les plus
belles : on afsûre de plus qu'il eft
d'un goût délicieux. On en a quel-
quefois apporté en Europe , pour
orner les volières des Curieux.
KINROSSE } ville d'ÈcolFe» chef-lien
d'un Comté de même nom » à fix
lieues , nord oueft » d'Édijmbourg.
KINSALE ; voye\ Kingsalb.
KINSIN \ fubftantif mafculin. Arbre
du Japon qui s'élève en cône comme
le cjprès 9 â la hauteur d'environ
trois DraiTes , & dont les feuilles
reflTemblent à celles du laurier- rofe.
Son fruit eft oblong , partagé ta
deux y retfemblant par fa parue (ii-
périeure à un grain de poivre » &
renfermant un noyau.
KINSU \ fubftantif mafculm. Efpèce
de lin qui croit à la Chine : on en
tire une filaflè blonde j très- fine \
on en fabrique des toiles très-cfti-
mées dans le pays^, & très- commo-
des en été. On n'en trouve que dans
le Xanfi \ la rareté en augmente en-
core fe prix.
KINTAN; ville de la Chine» dans
la Province de Kiangnan ^ au dé^
parrement de Chinktane , fixicme
Métropole de cette Provmce.
KINT-ZIG \ rivière d'Allemagne qui
a pinfieurs fources, dont la plupart
fe réuniffenr à Schimk , dans la Prin-
cipauté de Furftemberg » que cette
rivière traverfe ponr aller enfuttefe
{>erdre dans le Rhin , à qoelijues
icues de Strasbourg.
KIO
KINYiJ { CubRamf mafciiUD. Les
Chinois donnent ce nom à on petit
poidg» très -beau » qui fe trouve
dans quelques- unes des rivières de
leur pgijs. Le mâle a la tête rooge »
iinfi que la moitié du corpf qui eft
' ordinairement de la longueur. du
doigt i le refte eft parfem^ de taches
brillantes comme de lor : la fe-
melle eft blanche comme de Tar-
gent. Ces poiflons fe tiennent oom-
munément d la fur&ce des eaux » où
ils fe remuent avec une agilité Air-
prenante j ce qui produit un effet
admirable , furtoutlorfque le foleil
.les éclaire : les gens riches en gar
nidènt les badins de leurs jardins j
mais par malheur ces animaux font
très-délicats & fen^bles aux vicif-
Ctades de Tair , au tonnerre , au I
chaud & au froid , ^ même aux
t>deurs fur tes & au btuit*
KIOCH ', fubftancif mafculin* Ar-
briifeau fauvage du Japon , hériiTé
d*cpines,doni les feuilles font gran-
des, terminées en pointe & âne-
snenr dentelées. Ses fleurs font blan-
châtres «â cinq pétales 9 & difpofées
en oaU>elles ; la femence reUemble
à celle du lin.
KIOCHEN i ville de la Chine dans la
province de Pékin , au départe-
ment de Quampemg , (ixième mé-
tropole de cette prpvince.
KIOCING ; ville forte de la Chine ,
dans la province de Junnan dont elle
eft la première ville militaire^ & en
a cinq autres dans fon département*.
KIO HEU ; ville de la Chine dans la
province de Xantung , au départe-
ment dTençbeu deuxième métro-:
pote de cette province.
KIOO; fubftantifmafcnUn. Efpèce
d'abricotier du Japon dont le nuit
eft fort urps.
KlOSQUEifubftantifmafculin, Mot
cmptimié .du Turc « qui fe die d*uo
petit ptifyiHoa ifblé Sc owttt de tf ui
c&tés , où Ton va prendra le frais ôc
jouir de quelque vue agréable. Les
ktoiques des riches de Conftanti-
nople font peiots , dorés » pavés de<.
carreaux de porcelaines , & ont vue
pour la plupart fur le canal de la
. mer Moire À fur la Propontide.
KIO VIE; ville confidérable capitale
de l'Ukraine qui appartenoit autre* '
fois à la Pologne , 5c qui eft au)our«>
d*hut fous la domination des Ruifes.
Elle eft fituée fur le Nieper , à foi--
zante-fix lieues , nord-eft j de Kami*
nieck , ëc i cent quarante , fud-eft,
^ de Varfovie , fous le quarante-neu-
vième degré, vingt-fix minutes de
longitude, & le cinquantiènie »
douze minutes de latitude. Il y a
uneUniverHté; il s'y fait un anez
bon commerce en grains » en four-
rures, en cire, en miel, en fuif»
en poiffon falé , &c.
KIOXAN ; ville de la Chine dans U
Province de Honan au département
de Juningj huitième métropole de
cette Province.
KIOYAO i ville de la Chine , dans
la Province de Xanfi , au départe-
ment de Pingyang j deuxième mé-
tropole de cette Province.
KIPSCHACH , ou Kapschac; grand
pays d'Europe & d'AHe entre la
rivière de Jaik & le Boryfthène.
Les Cofaques d'aujourd'hui en fons
originaires , & c*eft de- là que for-
cirent autrefois les Huns, les Getes ,
les Gepides , les Vandales , les
' Alains , les Suédois , &c. Ce pays
appartient atijourd'hoi i la Ruflie
& à plufieurs Princes Tattares*
Serai en eft la ville capitale.
KIRCHBERG -, ville 8c Comté d'Al-
lemagne , dans le Cercle de Suabe ,
au-deifus de la ville d'Ulm. Ce ^
Comté qui appartient a la Maifpn
1 d'Autriche ,; eft divifé en deux
Kk ij
parues pAC U Baconiede Juftingen.
11 y a un Bailliage de ce. npm
dans le bas Palacinar » & en Suiffe
une conrtée de même nom qui eft
. unades Comn^unauiés du Tocken-
bourg inférieuc. • |
KIRCHEDËR ; viUe d'Afie dans la
Narolie, entie Céfatée & Angoura,
KIRCUHEIM i ville d'Allemagne en
. Souabe» dans te Duché de Wir-
. temberg , â neuf lieues de Scurgard.
XlRl ^ fubUantif mafculin. Arbre du
. Japon dont la fleur redèmble à celle
. ^e la digitale. Son bois léger & fer-
me 9 eft employé a faire àt% coffres
& des ublettes : fes feuilles fonr
'. fore grandes , coconneufes j avec
une oreillette de chaque côté. Ses
fleurs « qui refTemblenc à celles du
mufle de veau , font d'un bleu pur-
. purin » blanchâtres en dedans» d'une
odeur douce , longues de deux pou-
ces, d cinq lèvres crénelées & d'une
figure très agréable. On tire de fes
deux (emeiKes » qui font à peu près
de la forme ic de la gsolTeur d'une
amende , une huile qui fert à divers
ufages y c'eft la feuille de cet arbre
que les Dairos du Japon ont choifî
. pour leurs armoiries. Elle eft fur-
montée en chef dans leur écuflbn ,
de trois épis de fleurs*
KIRISMA - TSUTSUSI ; fubftantif
mafculin. Arbufte du Japon fort
touffu & ibrt eftimé : fa fleur eft
de couleur écarlate & il en eft
tellement couvert au mois de Mai
qu'il paroîc tout en feu.
KIRKALDIE; j>etite ville à'tcàSk ,
dans la Province de Fife , à trois
lieues > nord , d'Edimbourg. Elle a
des députés an Parlement.
. KIRKBI , ou KmzBiMOREsiDV \ bourg
d'Angleterre dans la province
d'Yorck. U envoyé des députés au
Pariemenc.
KIRKBYSTEVEN * ou KiivBy-sTa-
KIR
VEM' \ bourg d'Angleterre ^ns le
Weftinorland , fur les frontières de
la Province d'Yorck. U a des dé-
putés au Parlement.
KIRKISIA ; petite ville d'Afiedansb
Diarbeck , fur l'Euphrate > près des
frontières de l'Arabie déierte , i
vingt - dnq lieues au - deflous de
Rica.
RIRKUBRIGHT -, ville d'Ècofle dans
la province de Gallotfat , à it)
lieues /nord-oueft , de Londres j
près de l'embouchure de la Dée*
Elle a des députés au Parlement.
KIRKWAL ; ville d'Écofle, capitale
de l'île de Pomona » la principale
des Orcades» i 87 lieues , nord»
d'Edimbourg,
ïGRMEUî fubftantif mafcuUn, Oi-
feau qui fe trouve fur les cotes de
Spitzberg ^ il a le corps auflt petit
qu'un moineatf » cependant comme
il eft fort garni de plumes » on le
cruiroit fort gros au premier coup
d'œil ; fa queue eft d'une longueur
extraordinaire \ fon bec eft mince
& pointu & d'un rouge très-vif,
ainii que fes partes ; fes ongles font
noirs ; fes jambes qui font tort cour*
tes font rouges \ le deflus de fa tèce
eft noir ^ le refte du corps eft d'un
5 ris argenté; le ventre & le deflous
es ailes font rtès-blancs ^ le delV
fus a des plumes noires. Toutes ces
plumes font fines comme àts che»
veux \ les œufs font gris , tachetci
de noir & de ta grofleur de ceux
des pigeons; le faune en eft rouge ^
ils lonr très-bons â manger.
KIRMONCHA ; ville d'Afie dans la
Perfe ^ fittiée félon Tavernier » an
(»}^ degré 45 minutes de longitude 9
& au j4^ , 57 minutes de latitude.
KIRN ; château & Comté d'Allema-
gne dans le Cercle du Rhin , à Gn
lieues au-defltis de Creutznach.
KIRN-BOURG ; petite ville 4*A\lft*
KIR
ttiagne dans le Comcé de Kirtij
près du chkeau de ce nom»
KIRO 'y Aibllancif mafculin. Ârbrif-
feau du Japon , donc la feuille eft
grande Se rellemble i celle du lys j
il a fa racine longue , groffe » cbar*
nue , fibreufe Se un peu amère : les
fruits font rouges de la grofleur Se
de la figure d'une petite olive Se
d'un, très-mauvais goût. Il fert à
garnir les murs des jardins.
KIRTONj bourg d'Angleterre dans
la Province de Lincoln. Il a des dé-
putés au Parlement.
Il y a en Devonshire un autre bourg
de- même nom fur la rivière de
Crcdi , lequel fut autrefois une
ville épifcopale de la province de
Weft-Fex.
KISCH , ou' KISMICH ; île du golfe
Perfique d'environ vingt Heues de
longueur Se deux de largeur. Elle
eft fertile Se bien peuplée. On pêche
des perles dans le voifinage.
KTSLAR AGA j fubftantif mafcu-
lin , & terme de relation. Titre
qu'on donne i la Porte Ottoma-
ne *au chef des Eunuques noirs.
11 eft Surintendant de l'appartement
des Sultanes ,^uxquelles il annonce
les volontés du Grand Seigneur. U
a fous Tes ordres un grand nombte
d'Eunuques noirs deftinés à ia garde
des Odaliques. Cet Eunuque a un
fecréraire qui tient regiftre de tous
les revenus des fimis bâtis par les
Sultans, qui paye lesappointemen^
des Baitagis , des femmes employées
au fervice du ferrail & de tous les
Officiers qui dépendent de lui. Le
Kiflar-Aga va de pair eu autorité
Se en crédit avec le Capigi fiachi
ou Grand maître du Serrail. Les
Bâchas qui ont befoin de fa faveur
ne font aucun préfent au Sultan ,
ians l'accotinpagner d'un autre pour
le chef des Èunuc^ues noirs \ l'accès
KIT i6x
facile qu'il a auprès du Grand Sei-
gneur l'en rend quelquefois le fa*
vori , & prefque toujours l'ennemi
du Grand Viiir \ d ailleurs les SuU
tanes qui ont befoin de lui le fervenc
par leurs intrigues.
KISTE j fubftantif mafculin. Mefure
des liquides dont fe fervent les
Arabes Elle contient une pinte fé-
lon les uns & fclon d'autres ce n'eft
?ue la moitié d'un demi-feptier de
rance.
KITAI; fubftantif mafculin. On don-
ne ce nom i une forte de* damas Se
i certaines toiles de coton qui fe
fabriquenr à la Chine.
KITTIS ; montagne de la LaponîeSué-
doife voiftne de Pello , lous le 66^
degré , 48 minutes , 10 fécondes
de latitude. En y montant on trouve
une fuurce d'eau claire Se limpide
ttès-abondante qui fort d'un labie
très fin 3 Se qui dans les grands
froids de l'hiver conferve fa liqui-
dite , tandis que la mer du fond du
golfe de Bothnie Se tous les fleuves
d*alentour tont aufli durs que le
marbre. •
KITZINGEN } ville d'Allemagne ,
en Franconie » dans le Diocèie de
Wurtzbonrg , fur le Meyn.
KIU \ nom de deux villes de la Chine
dont une dans ia Province ^e Xan^-
tung , au département de Cincheu ,
troifième métropole de cette Pro-
vince , Se l'autre dans la Province
de Suchuen , au département de
Xunkin qui en eft la troinème mé*
tropole.
KlUCHEU ; ville de la Chiite , dan»
la Province de Chékiang , dont
elle eft la (ixiètne métropole. Elle
a quatre autres villes dans fon ai»
parlement. *
KIUCIN ; ville de la Chine, dans la
province de Junnan au département
de Likiang *, fixième métcopole des
*6i KIU
villei militaires de cetee Province.
KIUCKIANG i ville de U Chine ,
dans la Province de Suchuen » au
dcparcemenc de Changking, cin-
quième mécropoledececce province.
KIU-GIN i fubftamif mafculin. Nom
que donnent Us Chinois au fécond
gcade.des lettrés \ ils y parriennent
après on examen très-rigoureux qui
ie fait tous les trois ans en préfence
des principaux Mandarins & de
deux CommilTaires de la Cour , qui
fe rendent pour cet effet dans la
capitale de chaque province. Les
Kiu-gin portent une robe brune avec
une bordure bleue ôc un oifeau d'ar-
gent doré fur leur bonnet. Us peu-
vent être élevés au rang des Man-
darins ; c*eft parmi eux que l'on
choifit les lettrés du troifième ordre»
appelés Tfirirfé ou Doâeurs.
KIUHIANG \ ville de la Chine dans
la province de Xantung , au dépar-
tement dTencheUy deuxième mé*
tropole de cette province.
KIUIUNG \ ville de U Chine , dans
la province de Kiangnan » au dépar-
tement de ICiangning > première
métropole de cette l'rovince.
KIULO \ ville de la Chine , dans la
Province de Pékin , au département
de Xunte » cinquième métropole
de cèpe province. .
KlUN \ ville de la Chine » dans la
province de Huquang , au départe-
ment de Siangyang , troiiième mé-
tropole de cette province.
KIUNCHEU i ville de la Chine , dans
la province de Quantung , dont elle
eft la dixième métropole. Elle a
douze autres villes dans fon dépar-
tement.
I^IUNCMINC; ville de la Chine ,
dans la province de Xantung au dé-
partement d'Yencheu , deuxième
métropole de cette province.
KIUNG 9 quatrième cité de la pro**
KIX
vince de Suchuen â la Chine* Elle
a deux autres vilbs dans fan dépar-
tement.
KIU Y ANG i ville de la Chine , dans
la Province de Huquang , au dépar-
tement de Xiucheu \ douzième mé*
tropole de cette province*
KIUYË} ville de la Chine , dans la
province.de Xantung ^ au départe-
ment d'Yencheu » deuxième métro^
pôle de cette province.
KIXAN i ville de U Chine , dans U
province de Chenfi , au déparrement
de Fungciang » féconde métropole
de cette Provincp.
KIXUI i ville de U Chine . dans U
province de Huquang , au départe^
ment de Hoangcheu , cinquième
métropole de cette province.
KIYANG \ ville de la Chine , dans la
province de Huquang , au départe-
ment de Juncheu » treizième mé-
tropole de cette Province.
KlZlLBACHEi fubftanrif mafculin,
& terme de relation. Mot Turc qui
Hgniâe tcte rouge j & par lequel les
Turcs défignent les Perfans depuis
Julfmaél Sophi , fondateur de la
ynaftie des Princes qui rcgnentau-
jourd'hui en Perfc, commandai fes
foldats de porter un bonnet rouge «
autour duquel il y eût une écharpe
ou turban a douze plis, en mémoire
& à rhonneur des douze Imans, fuc-
cefleurs d*Alï, defquels il préten-
doit defcendret^
KLETTENBERGj bourg d'Alle-
magne dans Li Thuringe , an comté
de Hohendein, à deux lieues de
Northaufcn.
KLINGENAWjvilledeSuJfreaacom-
té de Bade fur l'Aari une lieue do
Waldshutt. Le domaine utile en ap-
paitient à l'Évèque de Confiance ;
mais les Cantons Seigneurs du comté
de Bade y ont la fouverainetc.
KLINGSTET^noui d\m peincjre né
KLO
1 i Riga en Livonie & mort i Paris
en 17)4 , âgé de 77 ans. 11 s'écoic
deftiné i la profeflion • ëes armes
fans négliger les calons qu'il avoir
pour la peinture ; ion goûr & fa
bravoure (ont également connus.
Ce peintre a donné dans des fujets
extrêmement libres } on ne peur
pomt dire qu'il aie eu dans un haut
degré la corredion du deflein , Sc
le génie de l'invention , cependant
on voit plufieurs morceaux de fa
compofition allez eftifcnables \ fes*
ouvrages font pour l'ordinaire à
^*encre de la Chine ; il a excellé dans
la miniature j il donnoir beaucoup
de relief & de caraâère d fes figures.
KLODA i fubftantif mafculin. Me-
fure qui concienr quatre boilTeaux ,
Sc dont on fe ferc en Pologne 6c
dans la RuflSe rouge.
KLOPPENBOURG j petite ville d'Al-
lemagne dans TËvèché de Munfter,
i huit lieues » nord , d'Oldembourg.
KN APDAIL ; contrée d'ÈcolIe la plus
. fertile de la province d'Argyle.
Kilmore en eft l'unique ville.
KNARESBOROUG; ville d'Angle-
rerre dans la province d'Yorck , à
cinquante lieues , .nord - eft , de
Londres. Elle a des députés au Par-
lement.
KNÉES ; fubftantlf moulin. Titre
de dignité qui répond en Ruflie à
celui de Prince parmi les autres
narions de l'Europe. On compte
en Ruffie trois efpèces de knéesotide
Princes ; 1 ^. ceux qui defcendentde
Wolodimir , Grand Duc de Ruflie,
ou qui ont été élevés prtr lui â cette
dignité j i**. ceux qni defcendenr
de Princes Souverains étrangers éta-
blis en Ruflie J )^« ceux qui ont
été créés Princes par quelqu'un des
Grands Ducs.
KNELLER ; nom d'un Peintre né à
Labeck tn 1 648 & mort à Londres
KNE
1^5
vers Tan x? 17. H s'nppHqua d'abord
à l'hiftoire , & fe détermina cnfoite
à peindre le portrait , genre de rra*
vail qui lui parut plus lucratif. £n
effet il fut tort employé i la Coiit
. d'Angleterre , & Charles U le nom-
ma fon premier peintre. Les hon-
neurs vmrent en foule le trouver j
il fut créé Chevalier par le Roi
Guillaume III. L'Empereur le créa
aufli Chevalier héréditaire de 1 Em«
pire 9 titre que ce Prince accompa*
gna d'une chaîne d'or , avec une
médaille & fon portrait. Enfin on
le nomma en Angleterre Baronnet »
qualité qui eft dans ce Royaume ie
premier degré de nobleUe titrée.
On a gravé d'après ce maître. Sa
touche eft ferme , fans ître dure ,
te fon coloris onâueux# Les fonds
de fes tableaux font pour l'ordi-
naire ornés de payfages ou d*archi^
reâure.
KNEUFF , ou Knaiff î fubftantif
mafculin. Les minéralogiftes alle-
mands donnent ce nom à une efpèce
de roche qui accompagne très-fré«
Suemment les mines &, les mécaux
ans le fein de la terre. Cette pierre
eft fi dure , que les outils des ou«
vriers ont beaucoup de peine â la
brifer. Elle rtiTembleordinaiTemenc
à Tardoife; elle eft ou grifeou ver-
dâtre , mêlée de points luifans ] fon
tiflu eft très-fin & très-ferré : on n'ai-
me point à trouver cette pierre
jointe aux mines » parcequ'elle nuit
i leur exploitation & à leur trai-
tement , attendu qu'elle eft très-
réfraAaire. Le kncufftfk , fuivanc
quelques auteurs , une pierre mélan-
gée dans la compofirion de laquelle
il entre des particules de talc, ou de
mica , ou de qnaitz , ou de grès , 8c
d*ardoi(e.
On dit que le IcneufF eft une
pierre formée par le limon j qu elle
i54 '^KNO
a pour bafe une cerre gca(Te ou vif-
queufe.. Se qu elle nelt ni pierre à
chaux , ni Spath , ni caillou. Les
iîlons des min.'S de Freyberg en
Mifnie & de plufieurs endroits de
Hongrie , font preTque toujoussi ac-
coiupagncs dececce espèce de roche.
On croie que quand on la rencontre
on a lieu d elpérer qu'on trouvera
bientôt une mine bonne & abon-
dante.
KNI i petite ville de Dalmatie au con-
fluent de la Chcrca & de la Boti-
ntza , fur les frontières de la Bof-
nie , à trente milles de Sebcnico.
* Elle appartient aux Vénitiens.
KNITTÉLFELD ; ville de la haute
Styrié , fur la Muer , à quatre lieues
de Judenbourç.
KNOCK FERGUS -, voyci Carik
FERGUS.
KNOPFFSTEIN ifubftântifmafculin.
On donne ce nom en Allemagne
à une efpèce de pierre ou de fub-
ftance minérale noire fcrrugineufe
qui fe rencontre dans plufieurs mi-
nes de fer : elle fe fond trcs-aifé-
ment , & fe convertit en un verre
noir qui imite le jais & dont on
fait des boutons.
KNORCOCK i fubftantif mafculin.
Oifeau du cap de Bonne Efpcrance
qu'on nomme audi Coc^ knori Kol-
be nomme le maie knorhaan , & la
femelle hnorhen ou pouk-knor* Ces
oifeaux fervent de f^ntinelles aux
autres oifeaux » en les avertilTanc de
l'approche des hommes par un cri
qui exprime le mot croc , & qu'ils
répètent fort haut : auffi les chaf-
feurs tirent-ils cet oifeau , à caufe
de fon cri qui fait fuir le gibier ,
quoiqu'ils (alfent peu de cas de fa
chair. Le knorcocK eft de la gran-
deur d'une poule ; fon bec eft court
& noir,ainfi que fon plumage creréi
celui des ailes & du corps eft liicié
i
KNY
de rouge de bleu & de cendré ; (eâ
jambes font jaunes : les ailes font
Cl petites que ces oifeaux ne peuvent
ms voler bien loin ; ils fréquentent
es lieux folitaites , & font leurs
nids dans les buifTons : leur ponte
eft de deux oeufs.
KNOUTE i fubftantif mafculin. Snp-
plice uiicé parmi * les Ruftes \ il
conftfte à recevoir fut le dos ui
certain nombre de coups de fouet
- * fait avec un morceau de cuir fort
épais y qui â i ou ) pieds de lon-
gueur, ir. taillé de façon qu'il eft
carré & que fes côtés font tran-
chrints : il eft attaché à un manche
de bois. Les bourreaux appliquent
les coups fur le dos avec tant d'à-» -
drefte qu'il n'y en a pas deux qui
tombent fur le même endroit \ ils
font placés les uns à côté des autres
de manière qu'il eft ailé de les cil^
tinguer , parceque chaque coup em-
porte la peau. Le fupplice du Knoute
n'eft- point tenu pour un deshon*
neur , & on le regarde plutôt com-
me une punition de faveur , â
moins qu'il ne foit fuivi de YttiX en
Sibérie. Le knoute dans de certains
cas eft une efpèce de queflion ou
de torture qu'on met en ufage pour
faire avouer quelque chofe à ceux
qui font aWuiés de quelque crime ;
alors i l'aide d'une corde & d'une
poulie, on les fu'pend par les' bras
à une potence \ on leur attache des
poids aux pieds , & dans cette pos-
ture on bur applique des coups de
knoute fur le dos nu jufqu'à ce
?|u'ils ayent avoué le ctime dont ils
ont accufés.
KNYSSIN ; ville de Pologne dans U
Mazovie , entre Bielska & Au-*
guftow.
KOBBER A-GUION ; fubftantif niaf-
cuHn. Animal amphibie de l'île de
Ceylan , & qui reueoible beaucoup
.
kot)
i ralligatoc. l\ s^ fix pieds de Ion- •
gueur, Sa chair ell d'an afTez mau^.
vais goûr. Quoique ccc animal pion* >
ge fouvenc dans l'eau , fa demeure
ordinaire eft fur la terre y où il|
mange les corps de^ifeaaz & des
autres bêtes. Sa langue qui eft b^eue .
te fourchue , s'.^lIonge en fo(me>
d'aiguillon Se eft effrayante lorfqu'il
la tire pour fiffler oa pour bail-
ler : cependant , loin de piquer
& de mordre les hommes , il fe
contente de Gffler lorfqu'il les ap-
ferçoit : il n'en fait pas de même â
égard des chiens qui s'approchent*
de lui j foît pour abboyer , foit
pour mordre; car il les frappe C\
vivement de fa queue , qui reuem-
ble i un long fouet , qu'il les fait^
fuir en criant. ,
KOBOLT 9 ou KoBAL» j voyei Co-*
BALT.
KOCKZUBI î petite ville de BefTa-.
rabie au pays des Tactares d'Ocza-^
koyr , i deux lieues de l'embou-
chure du Niefter.
KODDAGA PALLA ; vqyq Coi)a.
GAPAL.
KODEN ; petite ville de Lithuanie ,
dans la Polefie , fur le Bug , â cinq
lieues au-dellbus de Breflici.
KCEMPFER } nom d'un Médecin &
Voyageur célèbre né i Lemgow en
Weftphalie, en 1551. 11 paffa en
Suède » après s'ctre adonné quel-
fue temps à l'étude de la Médecine,
e la Phyiique & de l'Hiftoire Na-
cnrelle. On le folUcita vivemei^t dô
s arrêter dans ce Royaume ; m^isfâ
paflion extrême jpont les voyages
lui fie préférera tous les emploi)
qu'on lui offrit , la place de Secré^
(aire d'ambaffade à la fuite de Fa-
brice , que la Cour de Suède en*
voyoit au Roi de Perfe. Il partit de
Stockolm en 1.^83 , s'arrêta deux
mois i Mofcott & paffa deux ans i |
Tom€ XV^
KOfi
i^j
i
Ifpahat) » capitale de la Perfe. Fa*
hrice voulut l'engager a revenir
avec lui en Europe \ mjiîs fon goût
{>our voyager .aiig,mentant avec
es connoilTances qu'il acqucroic, il
fe mit fur la flotte de la Compagnie
HoUandoife des Infles Orientales
en qualité. de Chirurgien en chef.
Koempfer fur à portée de lâtisfaire
fa curiofité j il pouifa fes courfes
jufqu'au Royaume de Siam & au
Japon. Ce pays fermé aux étrangers
n'écoit connu, qu imparfaitement:
l'habile voyageur remarqua tout y
& grâce a les foins , on vit difpa*
roitre dans ja Géographie un vide
qu'on dcfefpéroit de pouvoir jamais
remplir. La compoficion de divers
ouvragesj Ja Pratique de laMéde-
cin^T, & .remploi particulier du
Médecin du Comte de la Lippe, fon
Souverain , l'occupèrent jufqu'à fa
..mort arrivée, en 171(9. Parmi les
ouvrages dont ce fa vat^tObfervateur
enrichit la littérature' ^.oadif^ingue»
i^. ^mœnicaces E:çotif£ in-.4Ô4
17 1 1 , ;ivéc un grand nombre de
figures. C^ otivrage emre dans un
détail cutteux & fatisfaifant fur
Thiftoire naturelle & civile de la
Perfe & des autres pays orientaux
que l'auteur avpit parcourus Se exa*
minés avec tpuce l!attention d'un
voyageur philofophe. x^ . Hcrbarium
ultra, Gangxticum* j^^^HiftoireNatu*
relie 3 Ëcdéûaftique & civile de
l'Empire du Japon en allemand »
traduite en anglois par Scheuthzer,
Se en françois fur cette verfion en
171P en a vol.in-fol. avec quantité
de figures. I^oempfér voit en favanc
il écrit de mèn^e ^ileft un p^u feç ,.
& quelcjuefois minutieux , mais il
eft u eftimable à t^nt d'autres égardS)
il entre dans des dér:^ils (î curieux »
il les r^nd ayec tapit d'exaâitude
& de yérité qiji'il iiK^J^ite bien qu'où
^6g KOG
lui pardonne quelque chofe. 4^ Le
recueil de fes ancres voyages ;à Lon-
dres en 1755 ^^ ^ ^^^* in-foL avec
figures. On y trouve des defcrip-
lions plus exaâes que routes celles
qui avoient para avant lui de la
Cour & de l'Empire de Perfe & des
autres contrées orientales.
^KCERTEN i ( Jeanne ) née à Amfter:
dam en 1(^50 6c morte en 171 5 j
donna dès fes premières années des
marques fenfibles de fon bon goùc
pour les beaux arts. Elle réuffifloit
à jeter en cire desftatues, des fruits,
à écrire ^ à chanter , à graver fur le
verre , à peindre en dérrempe. Mais
elle eKcelloit principalement dans
h découpure. Tout ce que le gra-
veur exprime avec le burin , elle le
' rendoit avec fes cifeaux^ Elle exé-
eu toit des payfages, des marines ^
des animaux , des fleurs , des por-
traits d'une reflemblance parfaite»
Ses' ouvrages font d'un goût de
* deflfein très-corredb ; on ne peut
'' mieux les comparer qu'à' là manière
de graver de Mellan. En les collant;
fur du papier noir j le vide de la
. coupe repréfentoit des 'traits com-
*^ me du burin ou de la plume. C'eft
peut-être U Porigne de cts portraits
groffièremént dédôupés dont la folie
' ' a faccédé partni nous à celle des
panrins. Les talens de Madame de
Koerten lui acquirent un nom dans
l'Europe ; pluiîcurs Princes em-
ployèrent fon art & lui firent ou
de^ préfensou des vîfites. Pierre le
Gr'iind fc f\iufiv\^i(it de l'aller voit
& de pâyet à (es ouvrages le tribut
de louanges qu'ils mériroîem.
■KOGE ',pctite?viHe maritime de Dan-
nemarck , dans* l'ile de Sceland , i
quatre lieues de Copenhague. Elle
donne fon hom â un enfoncement
'^ que 'feit la mpr en cet endroit si
^ <qu*on:âppeîle fa martçf^dçKogi. ^
KOK
KOHÔBRAN i fubftantiFmafcuiîn ;
& terme de Chimie. Quelques Au-
teurs ont ainfi appelé la préparation
de zinc, qu'on nommme commu-
nément tutie.
KOKENHAliSEN, ou Kohenhoys ,
ville forte de Livonie , dans la pro-
vince de Letten ^ fur la Dwine , i
dix-fept lieues , fud-eft , de Riga.
Elle a appartenu fucceflivemenc aux
Polonois y aux Suédois ^ & enfin a la
Ruflie qui la pofsède aujourd'hui.
KOKOBI i fubftantif mafculin. Ser-
pent fort dangereux qui reflèmble
beaucoup à l'aimorrhoiis. On !•
trouve dans une péninfulefituée en-
tre le golfe du Mexique & celui de
* Honduras : ce ferpent eft d'une cou-
leur noirâtre ; fa longueur eft de
trois pieds ou environ : quand on
en eft mordu , on perd tout fon fang
dansl'efpace d'une heure > & l'on
meurt , ù l'on ne boit auflitot ime
potion compofée de rabac fie de fuc
de primevère.
KOKSCHAGAj petite ville de Ruffiç,
au Royaume de Cafan , fur le W<à-
, ga , à trente werftes » & âu-deffoii»
de Sabakzar.
KGKURA ; ville du Japon ,dans \k
partie feptentrionale de l'île de Kia*
iiu 9 fur le détroit qui la fépare âe
l'île de Niphon , fie aflèz près de
l'île de Sirofima.
KOKUTAN; ville que les Chinois
ont 1)âtie dans la Tartarie » à quinze
journées de Pékin, pour arrêter les
courfes des Calmouks , Se les
empêcher de pénétrer jufqu*a la
Chmé.
JKOLA,; iBom propre d'une petite
ville maritime de la Laponie Mof^
covite , à l'embouchure d^une ri*
vière de même nom dans la mer
glaciale.
KOLAH ; fubftantif mafculin. Pruît
de Guinée que les voyageurs difçps
tê(!embler beaucoup k la châtaigne,
excepté pour le goûc qui en ell forr
tmer. On rapporte que les Nègres
en font tant de cas y que. cinquante
de ces fruits fuffifent pour acheter
une NégrefTe;
KOLAO y iubftantif mafculin. On
donne ce titre à la Chine j aux grands
Mandarins ou Minières qui , après
avoir pa(ré par les places les plus
ioiinemes Je i*£mptre, font appe-
(espar rEnipeteur auprès de fa pet*
fonne , afin de l'aider de teors con-
^ feils dans les cribooamx fupérieurs
établis i Pékin » oki pour prafider en
(on nom i ces uibunaux , Se poer
veiller fur les Mandarins qui les
compo&nt , de la cotnliiite defqueis
ils rendent compte à TEmperçiir di-
ceâement. L'autorité des Kolaos
eft refpeâée même pat les Princes
de la Maifon Impériale. .
KOLDING ; voyc^ Colding.
KOLMOGORODi voyei Colmo-
GOaOD*
KOLLOMENSKE j ville de Ruffie ,
dans le voifinage de Mofcqu , fur
une éminence.
KOLOMNÂ i ville de Ruflie 3 â cent
quatre-vingt werftes , i lorient de
Mofcou.
KOLOSWAR i voyei Coloswar.
KOLYMA; Beuve de U Sibérie fep-
tentrionale , qui a fon embouchure
dan& la mer glaciale.
ILOM^ grande ville de Perfe dans
rirac-Agemy» i 6^ lieues j nord-
oueft , d'ifpahan. Il 7 a une fuperbe
mofquée où font les tombeaux de
olufieurs Rois de d'une fille de
Mahomet»
KOMARE , ou KoMORE \ voyc[ Co-
MPRl.
KOMOS i fubftantif mafcuUn , &
terme de relation. Titre qu'on don-
ne dans l'Abvffinie aux Prêtres qui
t^pliflenç dans le Clergé l«s fçnc-
tloni de nos Archiprêtres & Curés »
&quifontjà la tête des autres Prêtres
& Diacres fur lefquels ils ont une
efpèce de juridifbion qu'ils éten-
dent même aux féculiers de leurs
paroiHes. Us peuvent fe marier Se
font fournis à l'Abounaqui eft l'uni-
que chef du Clergé. Voyc^ A bouna.
KONGAL ou KoNGïL j petite ville
de Norwege au gouvernement de
Bahus , fur la rivière de Gothelba,
i une lieue de Maelftrand. Les Da«
nois 4z cédèrent aux Suédois en
1^)8 par le traité de Rofchild.
KONGPU ; fcbftantif ipafculin , &
terme de relation. On donne ce
nom chez les Chinois à un Tribu-
nal ou Confeil , qui eft chargé des
travaux publics de l'Empire y reli
que les palais de l'Empereur y les
erands chemins» les fortifications g^
les temples. , les ponts , les digues ^*
les éclufes, &c. ce Tribunal en a
quatre autres au-delTous de lui , qui
font comme autant de bureaux où*-
Ton prépare labefogne» Cette Cour
ou Juridiâicn eft préfidée par un^
des premiers Mandarins dû Koyau*
me y qui rend compte à l'Empeteucf
eh perfonne.
leONIECPÔL; ville de Pologne ,
dans la bafle Podolie » fur le Bug »
â vingt-quatre lieues au-pdeffôus dé
B racle la w*
KONIGSBERG ; ville capitale d«
royaume de PrufTe y fur la rivière
de Prégel près de la mer , i vingt-
cinq lieues » nord-eft , d'Elbiag , &
k trente lieues , eft-nord-eft » i%
Dantzick, fous le )8^ àtgxiy }è
minute^ , 1 5 fécondes de longitiii'
de, &le 54^ degré, 4} minutes de
latitude. Cette ville. a été fondée
au 13C fiècle par les Chevaliers de
rOrdre Teutonique. Albert de
Brandebourg , premier Duc de
Prufle • y établit une Univerfitéva»
t6i KÔN
1 544. Elle eft aujourd'hui fort peu-
plée , & le commerce y eft âorif-
fant.
KoNiGSEERG , eft eucote le nom de
fix autres villes : Tune eft (ftuée en
Bohème ,.far TÉger >à deux milles
de Falkenau : la féconde eft en Al-
lemagne , dans le ccccle de Franco-
nie 5 d deux milles de Schweinfurth;
celle-ci appartient à la raaifon de
Sixe Veymar : latroiftcme eft dans
la haute Luface , fur les frontières
de !a Mifnie : la quatrième eft en
Silcfie , dans la principauté de Trop-
pau, auprès de Benifchaw : la cin-
Juièine eft dans la HcfTe , à un mille
eGieflTen , & la fixième eft dans
rEle&orat de Brandebourg , fur la
routé de Stetin a Cuftrin ^ entre
GriefenHnÊ;e*n & Burenwald.
KONIGSIiRUCK ; Abbaye de fi\les
de rOrdre de Cîceaux , en Alface ,
audiocèfe de Sxraftsourg^ dans la
foret de Haguenau. Elle Jouit de
feize à dix-huit mille livres de
rente.
KONIGSDALLER ; fubftantif maf-
culin. Monnoie qui a cours en Al-
lemagne , & qui vaut trots livres iix
fous nuit deniers de France.
IfcONIGS-ECK i château , bourg &
comté d'Allemagne , en Souabe ,
entre Ubèrlingen & Buchau.
KONIGSÉEi. petite ville d'AlIema-
\ gne > dans la Saxe s au. comté de
Schurrzburg ^ fur le ruifTeau de
Rînne.
KONIGSFEtD ou Kuniospeld ;
Bailliage de SuiHe , dans le canton
, 3e Berne., à une demi-lieue de
Broiilc,, C^éroit autrefois un riche
monartèrç jôflTédé par des Religieux
de St. François & des Religieufes
de Stc Claire qui habitoient lou5 le
même toit, mais dans des apparte- :
nrens difFçrens. [
XONIGSGRAtZ i ville forte & épif- \
KON
eopale de Bohème » fur l'Elbe , 1
vingt-cinq lieues » eft , de Prague.
KONIGSHOFENj petite mais torte
ville d'Allemagne , dans TÉvèché
de Wurtzbourg , à fix lieues , fiid-
oueft , de Wurrzbourg.
Il y a une autre ville de même
nom en Franconie , for le Tauber ^
à deux lieues au deffous de Marien-
thaï. Celle-ci appartient à TÈlec-
teur de Mayence^
KONIGSLUTER ; petite ville d'Al-
lemagne avec une célèbre 'Abbay«
de Proteftans , dans le pays de
Brunfwicfc WolfembuteL
KONIGSTEIN j petite , ville forte
d*Allemagne^ dans l'Éleâorat is
Saxe , fur TEibe , à quatre lieues *
fud-èft , de Pirn.
KONITZ \ ville de Pologne , dans la
Prune royale , à quatre Keaes ,.
nord-oueft , de Culm.
KONQUER i fubftantit mafcnlîn &
tetmede Relation. C*eft le titre que
Sorte le chef de chaque nation de»
fettentots. Cette dignité eft hé-
réditaire; celui qui en jouit porte-
une couronne de cuivre \ il com*
mande dans les guerres % négocie
la paix , & prédde aux a(&mblée^
delà nation au milieu des capi«
laines qui font fous lui. Il n'y à ati^
cun revenu attaché à fa place , ni
aucune diftindkion perfonneUe. Ea-
prenant poflèftion de fon emploi y,
il s*engage de ne rien entreprendre
contre les privilèges des capitaines»
& du peuple.
KOOKI; fubftantif mafculin. Arbre
épineux du Japon , dont les feuilles
. font en très-grand nombre ,. ovales
& longues d'un pouce , fans âa-
cune découpure \ {e% fleufs -qui:
naifTent une ou deux fur chaqtse pé^
dicttle , font de couleur purpurine »
à cinq pétales , & reftemblent à U
fleur ahyacinthe. Oa fe fe t^^en toé«>
.
KOP
decitré de fes baies & de fes fe* |
mences , aulli bien que de fes feuil-
les donc 1 infu(ian fc boir en ma-
, iiière de tj|c.
KOPj fubftantif mafculîn. C'eft la
plus pecice mefure qui foie uficée à
Âniderdam pour la vente des grains
en dctaîK Huit kops font un vier*
devat, Ôc le vierdevac huic lierons
de Paris.
KÔPEIK i fubaantif inafculin. Pe-
tire monnoie de Ruflîe qui revient
a un fou de France.
KOPERSBERG j montagne de Suède,
dans la Dalécarlie , iiir les fron-*
lièresde laGeftricie. Elle renferme
les mines de cuivre les plus riches
du royaume.
Il y a près de cerre montagne une
petite ville de même nom qu'on ap-
pelle auflî Fahlumm
KOPFSTYCK ; fubftantif mafculin.
Monnoie d'argent qui a cours dans
quelques endroits d'Allemagne ,
pjtti'cuHcrement en Souabe. Il en
Faut quatre & demi pour faire Técu
d*£mpire qui vauc trois livres quin-
ze fous de France.
XOPING; ville de Suède , dans le
Weftmanland , près du lac Malet ^
à locctdent de w efteran».
KOPPANj petite ville de la balTe
Hongrie , dans le comté de Zigeth,
i neuf lieues , fud , d^^AJbe Royale.
KOPPUS V fubftantif mafculiii & ter-
me àt Relation. Les habitans de
rile de Ceylan donnent ce nom à
des Prêtres confacrés au fervice des
Dieux du fécond ordre. Ces Prç-
fres né font point fr refpeftés que t
les Gonnis qui forment une clafTe 1
fupérieure de Pootifes po3r qui le
peuple a autant de vénération que
pourle DienBuddoulovt Pout^a dout
ils font les miniftresy & qui eft la
grande 'Divinité des Chingulais
K O R X69.
mi les nobles ; ils ont Ai fe /bu«
mettre le Roi lui-mcoie qui n'ofe--
Toic les réprimer ou les punir lors
mcme qu'ils ont attenté à fa propre
perfonne 5 ces Prctres.fi puiflans &C
(i redoutables fui vent la nwme rc-*,
gle , & ont les mêmes prérogative»
que ceux que Ton namrne Talapoins
chez les Siamois. Quant aux Kop^
pus dont il s'agit ici, ils font fourni»
aux taxes & aux charges publiques-
dont les Gonnis font exempts » Se
fouvent ils font obligés de labourer
& de travailler comme les autre»
fujets pour gagner de quoi fubfif-
ter » tandi» que les Gonnis menenir
une vie fainéante , ic s'engraiiTéni;
de la fubftance da peuple.
KOPYS y petite ville forte de Lîthua-
nie y au Palatinat de Mfciflavr ,
fur le Nieper. Elle appartien-t à U
maifon de Radzivil.
KOQUET i fubftantif mafculin. C'eft
en Angleterre ce qiron appelle en
France dro'u cU fortie. Les AngK)^#
le payent fimple & les François dou-
ble en conféquence du tarif qu'on
appelle en Anglererre coutume de
l* étranger.
KORASAN 'y voye:^ K^aoKASsÀv,
KORATE i fubrflantif féminin. On
donne ce tiom dans le commerce' à
de groiTes toiles de coron qui vien^
Aem des Indes orientales , parti-'
colièrement de Sutater
KORBAN } fubftantif mafculin 8C
terme dé Relation. C'étok autrefoit^
chez les cbrétieui orientaux , une
forte de facrifice jqui cojiiîftoit à
conduire en <;éi;émotûe un moutotr
fur le parvis de rEjglife. Le Prçtre:
facrificateur béoiïïoit. du fei , & le
' tnettpii d^ns la gorge i(te j^ viâii^ie ^
il faiioir enfoite 5}u<tl^es pçicre»
fur le couteair dont il alloit fe fer^
vit y3i ^prèfii ^votrr>a3|>ofc les maitt^
les (?OAr/iij font tou|oars choifis par- 1. . im U*^iià\M iqouçOJi ii Tégprgeoit
^fth
KOR
La vî(^îme étant égorgée , le Prêtre
. âvoit grand foin de s'en approprier
une bonne partie, & abandonnoit
le relie aux aflifbns qui en faifoient
un grand feftin.
ÏCORIAM;fubftantifm.ifculin. C'cft
le neuvième des dix mois qui corn-
pofent Tannée des habitans de l'île
de Formofe.
KORKOFEDO; fubftantif mafculin.
Poiflbn de la côte d*Or , en Afrique,
donc les dimenfions font égales en
longueur & en largeur : fa queue
eft Faite en croilTant , il y a peu d'ar-
rôtcs: fa chair qui efl: très-bl.inche ,
devient rouge & excellente par la
cuiflbn. C'eft pendr.nc le mois de
Décembre que les Nègres en fo»t
une pèche abondante. Us prennent
ce poifTon avec un hameçon fort
crochu , auquel on .attache une piâce
d«canneàfucre à Textrémité d'une
ligne de huit brafTes de longueur :
Jcs Nègres fe paflent l'autre bout
de la ligne autour du cou , & dès
qu'ils Tentent une petite fecouffe ,
ils ramènent auflicôt le poilTon Se
Tamorce dant leur clnot.
KORNBOURG ; nom d'un bourg
d'Allemagne , en Styrie, fur le
Raab » à iix milles de Gratz.
KORNEWBOURG ; petite ville
d'Allemagne , dans la balTe Au-
triche y fur le Danube , â deux milles
au-deflius de Vienne.
4COROM; bourg de la balTe Hon-
grie far le Danube, vis-JUvis de
l'embouchure de la Teilfe,.
KORSOÉ ou KoRsOR \ petite ville
forte de Oannemarck , dans Tile
de Séelande, f^r le grand Beit,
yis-1-vis de Ule de Funen , à qua-
d neuf milles de Czircafli ,& à c:a^
du Nieper.
KORZEC; fubftantif mafculin. Me-
fure des liquides ufuée#n Polognei
& dont la cpnfiftance varie \ à Cra-
covie elle eft de feize pintes , â War-
fovie de vingt-quatre , & à Lublin
de vingt-huit.
KOSEL ou KossEL ; petite ville forte
deSilcfie, dans le Duché d'Oppe-
len , près de l'Oder , entre le petit
Glogau 6c fieuten.
KOSKOLTCHIKS \ ( les ) on don-
ne ce nom en Rullie , auz fcbif-
mariques féparés de TEglife grec-
que établie dans cet Empire. Ces
fchifmatiques ne veulent rien avoir
de commun avec les Ruffes ; ils ne
fréquentent point les mêmes Egli*
fes } ils ne veulent point fe fer vit
des mêmes vafes ni des mêmes
f>lats ; ils s'abftiennenr de boif e de
'eau - de - vie \ ils ne fe fervent
que de deux doigts pour faire le
Signe de la Croix. Da refte on a
beaucoup de peine à tiret d'eux
quelle eft leur croyapce , dont il
paroir qu'ils font eux-mêmes très^-
peu inftruits. En quelques endroits
ces fchifmatiques font notâmes Stcr
ro Vierjî.
KOSMOS ; fubftantif mafculin. Sorte
de liqueur que préparent les Tarta-
tes avec du lait de jument qu'ils
font fermenter & aigrir jufqu'a ce
que la partie butireufe en foit fé*
parée. Elle ennivre & eft fort diu»
rétique.
KOSS \ fubftantif mafculin. Mefure
dont on* fe fert en Sibérie Pour
com{)ier les diftances. Le kon falc
quatre lieues deFr^nce^
tone lieaes, oaeft , de Copea- KOSSEN BLÂDEN } fnbftamif tnaC
hagae. câlin. On donne ce nom dans 1«
KORSUM ; petite ville de l'Ukraine, commerce , â certaines étoffes grof-
PoloDoife . fut U ùviàcc de RoC* fibres donc p« fait olàee daas U
ItOT
Traite des Nègres , â Cacongo & d
Loango.
KOTBAH î fubftantif mafculin &
terme de Relation* C'eft chez les
Mululmans une Prière qae Tlman
ou Prêtre fait tons les vendredis
après midi dans la Mofquce pour
la fanté & la profpérité du Hoix-
verain dans les Ëtats de qui il ie
trouve. Cette Prière eft regardée
par les Princes Mahométans , com-
me une prérogative de la Souverai-
neté dont ils iont très-jaloux.
KOTEN : }>ourg d'Allemagne au cer-
cle de la Haute Saxe , dans la Prin-
cipauté d'Ânhalt , a quatre lieues de
Bernbourg.
KOTVAL i fubftantif mafculin &
terme de Relation. Titre que porte
i ta Cour du Grand Mogol , un
Magiftrat dlltingué dont la fonc-
tion eft de juger les fujets de ce
' Monarque en matière civile & cri-
minelle. Il eft chargé de veiller à
la Police & de punir l'ivrognerie
& les débauches. Il doit rendre
compte au Souverain , de tout ce
Îioi le pa^e i Delhi ; pour cet ef-
et , il entretient un grand nombre
d'efpions qui fous prétexte de net-
toyer les meubles & les apparte-
mens , entrent dans les maifons'des
particuliers , obfervent tout ce qui
s*y paffe , Se tirent des domeftiques
les lumières dont le -Kotval a be-
foin. Ce Magiftrat rend compte au
grand Mogol , des découvertes qu'il
a faites, ôTce Prince décide fur fon
rapport ^ du fort de ceux qui lui
Ont été déférés jcar le Kotval ne
peut ptononcer une fentence de
mort contre perfonne (ans laveir
du Souverain qui doit avoir confir-
mé la fentence en trois jours difFé-
rens avant qu'elle ait fon exécu-
tion. La même règle s'obferve dans
les provinces de Tlndoftan » ou les
KOU • 171
Gouverneurs & Vice- Rois ont feuls
le droit de condamner â mort.
KOUAN ; royei Chouan,
KOUAN.INj terme de Mythologie
chitioife , & nom de la Divinité lu-
télaire des femmes. Les Chinois
foiK quantité de figures de cette
Divinité fur leur porcelaine bl.-in-
che : la figure .repréfente une fem-
me tenant un entant dans fes bras*
Les femmes ftériles vénèrent extrê-
mement cette Image , perfuadées
que la Divinité quelle repréfente,
a le pouvoir de les rendre fécon-
des«
KOUBAN j grande rivière de la Tar-
tarie 3 qui a fa fource dans le mont
Caucafc & fon embouchure dans
le Palus Méoiide , au nord-eft , de
la ville de Daman. Ses bords font
en partie habités par une branche
de Tartares de Crimée, que du nom
de cette rivière on appelle Tarta*
rts Koubans, Ils vivent indépen-
dans de leurs voifins & ne fub(îf*
tent que de vols & de pillages, lis
enlèvent furtout beaucoup de Géor-
giennes & de Circaflicnnes dont
ils peuplent les ferrails de Tur-
quie.
KOUCHT ; ville de Perfe que Ta-
vernicr met au 38* degré, 40 mi*
nures de longitude ,&au 3}^, zo
minutes de latitude.
KOUH DE M A VEND i ville de
Perfe que Tavernier met au 74
degré , 1 5 minutes de longitude »
& au ^3^* 9 15 minutes de lati^
tude.
KOULIKAN i ( Tbamas ) nom d'un
fameux Roi de Perfe appelé aufli
Sçhah Nadir i fils d'un Gouverneur
de Calot » fortereife du Khorallan.
Depuis long- temps ce gouverne^
ment étoit héréditaire dans fa fa-
mille ; mais comme Nadir éroir
mineur i la mort de fon père » fon
^
»7x • KOU
oncle s'empara de ce mcme gou-
varnemenc fous le prcrexce fpécieux
d'en pf eodre £oîn jufqa a la maj^-
rite de fon neveu : NaJir né avec
une arae élevée & un efpcit indé-
pendant y ne voulue pas vivre fous
un oncle fi injofte \ il s'exjpacria :
étant allé en pèlerinage àMuicbade,
dans le Khorafan , le Gouverneur le
prit â fon fervice pour fon Maître
de cérémonie. Ce Gouverneur fut
n farisfait de fa conduite, qu'il lui
donna une compagnie de Cavale-
rie. Sa bravoure & fon habileté ré-
levèrent en peu d'années â un grade
fupérieur ; il fut fait Min-Bajchl ou
Commandant de mille chevaux» 11 de-
meura dans ce pofte jufqu a Tâge
de } a ans , fe faifant aimer de tous
ceux avec qui il fe familiarifoit » de
cachant avec foin l'ambition dont
il brûloit. Il ne pue néanmoins
8*cmpêcher de la laiflfer tranfpirer
en 17Z0. Les Tartares Ufbecks fi-
rent une irruption dans le Khorafan
avec un corps de dix mille hommes:
le BégUerbey n'avoit fur pied qu'en-
viron 4000 chevaux 6c 1000 fan-
caflîns. Dans un Confeil de guerre
où tous les Officiers faifoient fentir
au Gouverneur qu'il y auroit de
l'imprudence de fe rifqueravecdes
forces inégalée , Nadir s'offrit pour
cette expédition en répondant du
fuccès« Le Gouverneur charmé de
cette propoHtion ,1e fit Général des
troupes. Nadir parr , rencontre l'en-
nemi , le bat & tue de fa main le
Général des Tarrares. Cette vic-
toire donna un grand loftre à la
Î;Ioire de Nadir : le Gouverneur
e reçut comme an homme diftin-
gué ttC l'alfura qu'il avoit écrit en
Cour pour > lui obtenir la Lieute-
nance général du Khorafan *, mais
k fbible HuJ^in fe lai (Ta prévenir^
contre Nadir par dt% Officiers ja-j {
KOU
loux de Ces fuccès , & l'emploi fut
donné i un autre , parent du Gou-
verneur. Nadir piqué fit des repro-
ches au Béglurbcy , & il poulTa l 'in-
folence fi loin , que ce Seigneur ,
quoique naturellement doux j fe vie
obligé de. le caflfer après lui avoir
fait donner la baftonnade fur la
plante des pieds jufqu'à ce que les
ongles des orteils fufient tombés.
Cet aiFront obligea hadir i prendre
la fuite } il fe joignit à dipux vo-
leurs de gratis chemins , enrôla des
bandits &. ie vit dans peu i la tète
de cinq cen$ hommes bien moirés*
Avec ce corps il ravagea tout les
pays & brûla les maifoBS de tous
ceux qui refufoient de contribuer*
Les Âghwans s'étoient rendus maî-
tres alfpahan, (bus la conduite de
Maghmud qui venoit d'envahir la
Perfe. Les Turcs , les Mofcovites
s'étoient d'un autre côté jetés fur
divers États de la Perfe ; de forte
que Sehah'Thamas i légitime fuc-
ce (Te ur de Huffein , n'avoit plus que
deux ou trois provinces. Un aes
Généraux de fon armée dont il étoic
mécontent , fe retira * fecrètemenc
auprès de Nadir avec quinze cens
hommes. L'oncle de Nadir appré*
bendant alocs qu'il ne vînt le dé-
pouiller du gouvernement i aiain
armée, lui écrivit qa'il obtiendroitj
s'il vouloir , le pardon de tour ce
qu'il avoit fait, & qu'il pourroic
entrer au fervice du Roi. Il accepta
cette offre , & partit fans différer ,
avec le Général fugitif d^ cent hom-
mes d'élite. Arrivé chez fon oncle
à Calot , il y fut bien reçu \ mais
la nuit fuivante il fit inveuir la pla-
ce par cinq cefls bomines , 8c écanc
monté dans la chambre de fon on-
cle , il le tua en 1727. SckafuTha^
mas ajant befoin de monde fit dire
i N,adir q;a'il lui pafdonnerpit etw
cote
K
<ote cetee faute s*il irenoit le |oin^
lire f & qult le fecoic Min-Ba/cki.
Nadir ravi de cette pcopoficion , fe
rendit auprès du Monarqne ^ s*ex-*
cura& jurade lui erre fidelle. Après
s être fignalé en diverfes rencontres
contre les Turcs , il fur fait Lieu-»
tenant Général. Il fur même fi bien
s'infinuer dans l'efprlt du Roi &
rendre fufped le Général de fes
troupes , que ce dernier ayant eu
la tète tranc^^ , Nadir fe vit Gé-
néral au commencement de l'an
1719. Ce fut dans ce pofte qu'il
déploya toute Tétendue de ks ta«
lens i le Roi fe repofa fur lui pour
tputes les affaires militaires. Dans
le mois d'Août de cette année TAa*
mOs apprit qM^^/chruff' ^ fucceflèur
de Maghmudy inarchoit avec trente
mille hommes vers le Khorafan \
Nadir mzïchz, contre lui , la bataille
fe donna & Afchruff^ ayant perdu
douze mille hommes , fe retira i
Ifpahan avec environ le tiers de
fon armée ; ce fut alors que Tha--
mas fit à fon Général le plus grand
honneur qu'un Roi de Perfe puifie
faire. Il lui ordonna de porter, fon
nom \ de forre qu'il fut nommé
Thamas^Kulic ou Kouli , tEfcIavc
de Thamas j en y ajoutant le mot
IKan qui fignifie Sejgneur* L*Efclave
voulut bientôt erre le maure. Kou^
UKan excita une révolte contre
Thamas » le fit enfermer dans une
prîTon obfcure èc fc plaça fur le
Trône d'où il Tavoitfait defcendre.
Il fur couronné en 173^ d Kafbin.
Le Grand Seigneur & le Mogol le
reconnurent pour Roi de Perfe. 11
partit au mois de Décembre avec
une armée de plus de Quatre -vingt
mille hommes , ayant laifTé fon fils
Be^a-fCù^i'Mirla pour commander
Àatïs Ifpahan pendant fon abfence,
&prir Kandahar après un fiége de
Tome Xr. • *
KOU
*7>
dixphmr mois. Qiielqi)ei Miniftres
de Mahommed" Schah , Empereur
du Mogol ou de l'Indoftan , comme
Nk^am^ Gouverneur de Décan »
& Saadic^ Gouverneur ^e la pro-
vince d'Audib , écrivirenr à Kouli"
Kan pour l'invirec i 6*emparer
d'un Empire dont le Monarque in-
dolent & voluptueux fi'étoir pas
diçne. Dès que le Roi de Perfe eut
pris fes sûretés il ne fe refufapas
à cette conquête fi conforme à fon
inclination. A près avoir pris les vil-
les de Ghorbundec & de Ghoznaw,
il rira droit â Kabul , capitale de la
province de même nom & froniièro
de rindodan : Kouli-Kan la prit
& il y trouva d'immenfes richef-
fes. Il écrivit au Grand Mogol que
rout ce qu'il vendit de faire étoit
four le foutien de la religion de
Empertur.Mahommednerépondir
à cette lettre qu'en levant des trou-
pes, Kouli-Kan envoya un fécond
AmbalTadeur pour demander envi-
ron cent millions de notre mon-
noie & quatre provinces. L'Empe-
reur trahi par fes Miniftresi» ne fit
aucune diligence. Pendant ces ter-
giverfations , Iç Petfai» fe rendit
devant Peishor dont il s'empara
après avoir défait lept mille hommes
campés devant cette place au mois
de Novembre ly^i^.iLe 19 Janvier
fuivant il fe vitm^iître de Labor^ En-
fin l'arméeduGrandMogols'ébranla
& le Monarque partir de Delhi te
1 8 Janvier à la tcte de douze cent
mille hommes. 'Kouli Kan alla
au-devant de lui. Son armée n'ctoir
as de foixante mille hommesâl alla
e camper à une petite diftancede
l'armée ennemie» l'afiiégea» lui coa«
pa les vivres & la détruifit et^ de-
rail. La confternacion &c la terreur
s'éraur répandues dans le camp de
l'Empereur , on tînt un Gonfqir&
M m
i
74 K O U ^
on ftt fuite iès prbpofirions. d*ac«T
cofnnK)dement à Kouli^Kan qui*
exigea qu'avant coûtes chofes » le
Grand Mogol vint s'entretenir avec
lui'daiy (on camp. L'Empereut fie
cequ*on demandoicde lui ,& après l
que lé Roi de Pcrfe l'eut fait af •
fcoir i côté de lui dans le m^nKi
fiége j il lui parla en maître 0C la
traita en fujet: il ordonna enfuite à
un détachement de cavalerie de s'em*
parer de toute rartillerie du Grand
Mogel ic d'enlever tous les tréfors»
les joyaux , toutes les armes Se les
munitions de l'Empereur ic des
Ëmiis. Les deux Monarques fe ren^j
dirent enfuite à Delhi , capitale de
lEmpire , & ils y arrivèrent avec
leurs troupes le 7 Mars 1759* ^^
Vainqueur ^ferma Le Vaincu dans
une prifoh honorable & fe fît pro-
clamer Empereur des Indes. Tout
fe paflà d'abord avec beaucoup de
tranquillité » mais uj^e taxe quelon
mit fur le blé» caufa un grand ta-
ttiulte & quelques-uns des gens da
Roi de Perfe furent tués. Le len-
' demain Le tumulte fut plus grand
^encore. K<mlh-Ka/k.monx7i ii che»-
v:il & envoya un gros détacbenient
de fes troupes pour appaifer la mul-
titude » avec pernûifixMi de faire
maÎDrbaffe fur les féditieûx après
avoir employé la douceur & le$
menaces. Le Rot de Perfe s'étanc
rendu uans une Mofquée , y fut at*
taqué à coups de pierres y on tira
même fur lui. Ce Prince fe livrant
alors à toute (à fureur , ordonna un
maflàcre général : il le fit celTer en-
fin y mais ayant duré depuis huit
heures du ntatin jufqa'à trois heu-
res après midi y il y eut un 11 grand
tarnage , que Ton compte qu'il y
péritau moins cent vingt mille ha-
bitans« Pour fe déNvrer d'un hôte
fi formidable y il-s'agiffait de lui.
Kot;
paver les fommes qui lui avoîent
été promifes» Kouli-Kan eut pour
fa part des richelTes immenfes en
bijoux y en diamans. (1 emporta^
beaucoui> plus de tréfors^de Delhi^
que les Ëipagnols n'en prirent a lai -
conquête du Mexique. Ces tréfors
amatles par un brigandage de pla-
fieurs fiècles > furent enlevés par tta
autre brigandage :. on fait monter
le doQHnage qu^iufa cette irrup-
tion des Perfes ftem vingt - cinq
millions de livres fterlings. UnDer-»-
vis touché des malheurs de fa Pa-
trie , ofa préfemer ^' KouH-KaftW
requête fuivante i Ji tu es Dieu ^
cgis en Dieu ; Ji tur es *Prophiu ^
I conduis-nous dans la voie dt^falut;^
fi tu es Roi „ rendi les peuples heu*
reux & ne Us détruis pas. Kouli-
Kan répondit, je ne fuis pasDicui
pour agir en Dieu j ni Prophète pour
montrer le chemin du Jalut j ni Roi
pour rendre les peuples* heureux. Je:
fuis celui éfue Dieu» envoyé contre lest
Nations Jiir le/quelles il veut faire:
tomber fa vengeance* Le Monarque-
Cerfanquiétoit en droit de tout exi*-
ger de Mahomnied » fifait par lui
demander en mariage une Prin*^
cefle de Um fang pour fba fils , avec
la cefllôn de toutes les provinces^
fituées au'-delide la rivière d'Atek,
Se de celle de rindiis du cocé de la:
Pèdfe. Mahommed canfentit i. ce
démembrenaeat pat un adte figné:
de fa mainw Kouli-Kan fe contentai
de la ceflion de ces belles provin»
ces qui étoient continues àp fon?
Royaimie de Perfe 3 & les préféra:
fagement â des conquêteS'pIusyaf-'
tes qu'il eût confervées difficile--
menr. Il kiflà le nom d'Empereur
à Mahommed: , mais il donna le:
gouvernemen^iun Vice-Roi..Coin«^
blé de gloire & de richefTes , ^1 ne-
{bngea. plus .qu'd retourner en Perfc«
KOU
• Il y arriva, après une marche p^nl-^
ble qui fat rraverfée par pluiieurs
obftacles que fa valeur & fa fortune
rurmonrerent.Sesaucresexplpics (bot
peu connus. It fuc malTaccé en 1 747
Car Mahommed , Gouverneur* de
"awus , de concerravec AU-Kouli-
Kan , neveu de KôuU ^ qui fe fir
proclamer Rot de Perfe. Amfi mou-
tur ce Prince aufli brave qu'Alexan-
dre » aulfî ambitieux , mais bien
moins généreux & bien moins hu-
main. Sts conquêtes ne furent mar-
quées que» par des ravages. P^int
de villes réparées ou bâties \ point
de grands établiflemens* Il ne fur
. enhn qu'un illuftre fcélérat. 11 ài-
moit exceflivemenc les femmes ,
fans négliger les affaires. Pendant
la guerre il vivoit comme un (împle
foldat ; à la paix il n'érott pas moins
frugal. Sa taille étoit de ux pieds ,
fa conditution fort robufte& fa voix
extrêmement forte*
KOUROUK ; fubftantif m«i'culia&
terme de Relation. Sorte d'otdon--
tiance par laquelle il eft defendu.cn
Perfe > fous, peine de mort « â qui
que ce foir , de fe trouver fur les
chemins où le Sophi doit paflfer
avec fes femmes ioriqu'il juge à
propos dequitter 1 fpahao pour quel-
que voyage ou quelque promenade.
Cette ordonnance ry ra unique &ab«
furde le publie tEois jour^ avant le
voyage.
KOWNO i ville de Pologne , en Li-
thuanits , au Patatinat de Troki j
au confluent de liEi Vilk^ & du
Niémen , & â treize millei ^de
Vilna. • • ''
KOUXEURY i fubftantif mafculm. '
PoilTon du lac deXîayenne , très-
connu dans ce pays. Les Indiens du
* fond de la Guyarine , fe fervent de
KRA ^7f
fon au lieu de lime » pour polii^ Ie«
arcs , les boutons & autres ou-
vrages.
KRAAL 'y fubftantif mafculin & ter^
me de Relation. On donne ce nom
à une efpèce de village ambulant ,
habité par des Hottentots , & qui
. eft d'ordinaire compofé d*Une ving-
taine de cabannes bâties fort près
les unes des autres 6c rangées en
cercle. L'entrée de^es habitations
eft fort étroite. On les place fur le
bord de quelques rivières : les ca-
bannes font de bois \ elles ont la
forme d'un four & font recouvei«
tes de nattes de jonc (î ferrées , que
la pluie ne peur point les pénétrer.
Ces cabannes ont environ 14 ou i ^
pieds de. diamètre \ les portes en
font n baffes que Ton ne peut y en*
trer qu*en rampant , & Ton eft obli-
gé de s y tenir accroppi faute d'clc-
Vation : au centre de la cabanne eft
un trou fait en terre , qui fert de
cheminée ou de foyeUpîl eft entouré
de trous p!u$ petits qui fervent de
fiéges & de lits. Les Hottentots vont
fe tcanfporter ailleurs lorfque les
pâturages leur manquent ,ou lorf-
que quelqu'un d'entr'eux eft venu
â mourir d'une mort violente ou
narurelfe. Chaque Kraal eft fous
l'autorité d'un Capitaine dont le
potivôir eft limité. Cette digriité eft
nérédiraire ; lorfque le Capitaine en
prend poITellion , il promet de ne
rien changer aux lois & coutumes
du Kraal. Il reçoit les plaintes du
f>euple , te juge avec les anciens ^
ei pf^ocès & Tes difputes qui fur-
, viennent. Les Capitaines qui font
les Kobles du pays, fpntfubordon-
nés au Konqucr. Us font auflî fou-
mis au Tribunal du Kraal qui les
• juge & les punit lotfqu'ils ont com-
miiquèlqdefàtité^
l'os qui forme le palaia.de ce poif- KRAI^OURG ; nom .d'^in bour^
17^ KRA
. d'Allemagne » en Bavière^ fur Tlnn»
à (ix lieues deBurckbaufen.
KR AKEN 'y fubftancif mafculin. On
donne ce nom i an 'aninial donc
Texiftence eft difficile à croire : il
habite les mers du nord , & fon
corps 9 difenc les pécheurs de Nor-
wège^a jufqu^â une demi-lieue de
longueur ^ on le prendroic pour un
. amas dt rochers nocrans ou de pier-
res couvertes de moufle : ces mê-
mes pécheurs difent » à ce que
l'on rapporte , que pendant les ctia-
leurs & les beaux jours de Tété ,
quand ils avancent quelques milles
en mer » au lieu de la profondeur
ordinaire qui eft de quatre - vingt
& cent brafles » il^ n'en trouvent
que vingt ou quarante» ils concluent
de-IA qu'ils font au-deflus des kra-
kens dont la prcfence occafionne
cette diminution de profondeur. La
pèche eft alors très-abondante pour
eux \ i chyiiie inftant ils prennent
des poiflbns d l'hameçon \ mais ils
obfervenc toujours H la profondeur
refte la même ; car (î elle diminue
ils fe retirent au plutôt , de peur
que l'animal par fon mouvement
ne les fafle périr. On penfe que
c'eft une efpèce de polype dont les
bras pour répondre à la mafle du
corps ^font de la grandeur des plus
hauts mâts de vaiSeaux. On ajoute
Iue les poiflbns font attirés au-
eflus de cet animal par les hu-
meurs fangeufes qu'il rejette &
qui colorent la mer ; & cotnme
rout doit être (Tngulier dans un
femblable animal, on dit que fon
dos s'ouvre & qu'il engloutir ainfi
les poidbns qui font au-defllis. de
lui ^ & en fait fa nourrimre.
KRANlGHFELDi petite ville de la
Principauté -de ^axe • Gotha l (yxt
rino.
KRANOSLOW.^ petite ville de Po-
i
• KRE
legne , dans ta Ruflie Rou^e, fur la
rivière de \l7ieprz » i huit lieues de
Cdelm.
KRANOWITZ y ville de la Haute Si-
léHe » dans la Principauté de Tiopv
pau y entre Ratibor &c Troppau»
KRAPACKS ; ( les monts ) longue
chaîne de montagnes qui s'éten-
dent depuis l'embouchure de. la
Morave » dans le Danube » en Hon-
grie , en Tranfylvanie » en Mora-
vie & en Siléfîe , jufqu'â la petite
Pologne où on les appelle SchnC'
icrg.
KRAPPITZ i petite ville de Siléfie,
fur rOder , dans la Principauté
d'Oppelen « vers Falkenberg.
KRASNOBROD -y village de Pologne
dans le Palatinat de Lublin , au mi*
lieu d'une foret. Il eft célèbre par
trois vidoires mémorables que Jean
Sobieski \ depuis Roi de Pologne, f
remporta fur les Tartares deux ou
trois années avant fon avènement à
la Couronne»
KRASNOJE DE REWO } fobfttn-
tif mafculin. Arbre propre au pays
des Tartares qui habitent en Sibctie
fur les frontières de la Chine. Il
reflemble au cerifier faovage ^i
produit des guignes, excepté que les
feuilles font plus longues Ce d'un
vert plus foncé , & ont des fibres
auffi fortes que celles de la feuille
du citronnier ; il produit des baifes.
Son bois eft rouge comme du fantal
ic fort dur.
KREMLIN } fubftamif mafculin.
Nom «du Palais des Czars â MoC-
icou.
KREMPE , ott KasMPEN } ^^^
CR€MP£N. . •
KREMS, ou Krembs ; petite ville
d'Allemagne , dans la Baffe Aatri-
c)>e, fuF le Danubei i quinze lieues,
,eft,dëA^iènne.
KRtUlrZER , ou CRÈVT2ER } fabC
KTRI
Ufitif mafculio. Petite monnoie
d'Allemagne , qai a particulièrer
ment cours en Bavière , en Soaabe
& fax les bords du Rhin où elle vaut
un peu moins d'ufi fou de France.
Il en faut 90 pour un écu d'Empire
on trois livres quinze fous de Fran-
ce. Le kreutzer de Franconie a on
peu plus de valeur* U revient à dou-
ze deniers & demi de France.
KRICZOW î ville forte de Lithua-
nie , au Palatinat de Mfciflaw.
KRILOW y nom de deux petites viU
les de Pologne » dont une eft firuée
fur le fioug , au-deflfous de Belz ,
dans le Palatinat de ce nom ; &
l'autre au Palatinat de Kiovie , dans
une île que forme la rivière deTaf-
min â fon embouchure dans le Bo«
lyftène.
KRINOCK j bourç marttimed'Écofle».
fur un petit golfe de même nom.
G'eft de là que partent les paque-
bots pour l'Irlande.
KRUMAU; voy^:(CRUMAu.
KRUSWICK : ville & châtellenie de
Pologne » dans la Cujavie ,^u Pa-
latinat de Brzefcie \ fur le lac de
Guplo.
KRUZMANN ; terme de Mytholo-
gie & nom propre d*un Dieu que
révérèrent autrefois les peuples»qui
habtroient fur les bords du Rhin y
près de Stra(bourg : on croit que
c'étoit Hercule que les Romains
leur avoient fait connoître , & cette
opinion fe fonde fur ce que ce Dieu
étoit repréfentè avec une mafiue 8c
un bouclier.
KRZEMINIEC; ville & châtelleniede
Pologne s dans le Palatinat de Vol*
hinie.
KUBAN ; voye{ Koûbam.
KUB3È ; fubftantif inafculin 8c ter-
me de Relation. Les Turcs dé(i-
• gnent ainli un monumejnt funèbre
qui confifte en une tour ou autre
/
uc
277
ouvrage de ce genre , délicatement
&artiilemenc travaillé, qu'on élève
fur les tombeaux des Vilîrs & des
Bâchas.
KUCHEL j bourg d'Allemagne » an
Bavière , fur la rivière de Saltz , k
cinq lieues de Saltzbourg.
KUCHING-, ville de la Chine, datft le
Pékéli , au département de Hokien».
troifième Métropole de cette pro-
vince.
KUDACHj forterefle de Pologne,
dans l'Ukraine , au Palarinat deKio-
vie> fur le Bory fthène. Les Cofaques
l'ont enlevée aux Polonois.
KUFA ; voyq[ Cufa.
KUFSTEINj ville for te d'Allemagne,
. dans leTirol.fur Tlnn^à vingt lieues,
fnd-eft y de Munich.
KUGAN ; ville de la Chine, dans le
Pékéli j au département de Pékin ,
Capitale de VÊmpire.
KUGE 'y fubftantif mafculin 8c terme
de Relation qui figpifie Seigneur.
Les Prêtres Japonois , tant ceux qui
font a la Cour du Dairo , que ceux
ui fe trouvent dans les provinces
e l'Empire , fe parent de ce titie.
Us ont un habillement particulier
qui les diftingue des Laïques , 8c
cet habillement varie félon le pofte
ue chacun d'eux occupe à la Cour
u Pontife. Les dames de cette
Cour ont anfll un habillement dif-
tingue de celui des femmes laï-
ques.
KUHRIEM i fubftantif mafculin. On
donne ce nom dans les fonderies du
Hartz , â une efpèce de mine de
fer alFez peu chargée de métal , qui
eft jaune ou br\^ne , & dans l'état
d'une ochre } ou la joint à dau-
très mines de fer plus riches , &
dpntona trouvé- quelle facilitoit U
fufion.
KUL , ou KovL 'y fubftantif ma fculiii
t 8c terme de Relation. C'eft propre-*
i
3;
i7« KUL .
nient un efclave du GranoSeigneur.
Ceux qui ont quelque place auprès
de la perfonne de te Prince , qui
tiennent à la Cour par quelque em-
||Ioi , qui font gagés par le Sultan ,
en un mot» qui le fervent de quel-*
que façon que ce fait y prennent le
' rftre de Kul ou Kou/ , ou d'Efcla-
. ve y lequel les élève fort au-delTus
de h qasiiué dtfujets* Un Kul ou
Efclave du Grand Seigneur a droit
de maltraiter ceux qui ne font que
fes Domeftiques \ mais un fu|et
qui maltraiteroit un Kul , feroit
Icvérement puni. Les Grands Vifirs
& les Bâchas ne dédaignent point de
porter le nom de Kul. Les KuU font
entièrement dévoués aux caprices
du Sultan }«ils fe tiennent pour
fort, heureux s'il leur arrive d être
étranglés ou de mourir par k$ or-
dres y c'eft pour eqx une efpèce
' de martyre qui tes mène droit au
Ciel.
KULKICHAIA; fubftantif mafculin
8c terme de Relation. Les Ottomans
donnent ce titre à un Officier Gé-
néral qai eft le Lieutenant de leur
milice » & qui occupe le premier
rang après l'Aga des Janiflàires par-
mi les troupes , mais qui prend le
rang au-deflus de lui dans le Con-
feil ou dans le Divan. C*eft lui qui
tient le rôle des Janiflàires aufli
bien que du refte de l'infanterie :
Les affaires qui regardent ces trou-
pes , fe terminent enire lui &
rAga.
KULP , ou KoutÇB ; ( la ) rivière qui
a fa fource dans la Carniole , vers
Bucariza , Se foi) embouchure dans
la Save , à Craftowitz , près des
frontières de TEfclavonie.
KUNCKEL , ( Jean ) né dans le Pu-
chéde Slefwick en j(>50 , futChi-
miftede lEIefteurde Saxe > de ce-
lui de Brandebourg & de Charles
KUN
XI y Roi de Suéde. Ce Monarque
récompenfa fon mérite par des let-
tres db ooblefle & par le titre de
Confeillcr Métallique.Kunck^l mou-
rut en 1 70 z apfès avoir fait plufieurs
découvertes , entt'autres celle du
pkojphorc d'urine. Parmi le grand
nombre d'ouvrages qull a publiés
en allemand & en latin y on diftin-
gue particulièrement fon arc de l^
verrerie imprimé i Paris ftn 1751'.
KUNÇCHANG j ville de la Chine ,
. dans la proyince de Socbuen, au
département de Siucheu , quatriè-
me Métropole de cette province.
KUNOW ;- bourg de la Haute Polo-
gne , dans le Palatina: de Sendo-
mir y â quinze lieues » nord, delà
ville de oendomir, 11 eft remarqua-
ble par fes carrières de marbre.
KUON-IN PU-SA i terme de My-
thologie ic nom propre d'une Di-
vinité chinoife qu'on repréfente
fousJa^gure d'une femme ayant
UîT grand nombre de mains pour
marquer qu'elle lépand fans cef-
fe fes bienfaits fur ceux qui l'in-
voquent.
KUPFERBERG j on compte quatre
>Ûlles de ce nom : l'une eft en fio*
hème > dans le cercle de Satz : la
féconde eft en Siléfîe , fur le fio-
.ber, dans le Duché de Javer : la
troifième eft en Franconie dans TÉ-
vèché de fiamberg , à neuf lieues ^
oueft , de Cronach : 6c la quart ic^e
eft aufli en Franconie » i cinq Ueues,
oueft, d*Aichftat.
KUPFERNIKKEL -, fubftantif maf-
culin. Les mineurs de Saxe donnent
ce nom à une efpèce de mine d'Ar-
fénic d'un rouge femblable à celui
du cuivre , mais qui très*fonventne
contient que peu ou point de ce
métal. Quelquefois il eft; mêlé avec
les mines de cobalt ; ce qui fai(
qae quelqaes auteurs l'oni regardé
KUR
comme étant lui-même une mîne {
de cobalt y mais il ne fait que nuire I
ftu faffre ou à la couleur bleue que
Voti en retire. M. Henckd croit que
cerre mauvaife quahté vient d'une
terre étcangcie qui s'y trouve &
qu'on ne peut point eihdcgdgeré Le
Koipfernikkel ne comienu commu-
nément que de la terre, de l'ar-
fenic & une quantité de foufre
qui eft tantôt plus , tantôt moins
grande : quelquefois il y a ou^
cre cela an peu de cuivre qui s'y.
trouve acciden tellement ^ voili
pourquoi ce minéral colore en vert
iacide nirreux dans lequel on le fait
difloudre. On prétend auiO qja on y
trouve quelquefois de l'argent ^mais
c'eft encore par accident > & cela
vient ^fuivam M. Henckel » d'un
cobalt tenant argent qui s'eft mèlc
avec ce minéral.
CUR^rivIère d'Aiie^qui fort duCau^
Café & va fe jeter dans la mer Caf-
pienne. Et'e abonde en e(hirgeons»
KÙRAB \ ville de Pei/e, capitale de la
crovince deKesker^à une dmi^ieue
de la met Cafpienne.
KURBATOS i, fubÛantif mafculin.
Oifeau- dont les bords du Sénégal
font peuplés ^ il fe iioiurLc de'poif-
ibns y il n'e(t pas plus gros- qu'un
moineau , (on plumage eft fort va-
rié :il a le bec plus long que tour
te corps :.ce bec eft fort Se pointu 9
crénelé en-dedans comme une fcie :
• il fe balance dans l'air &. à la fur-
&ce de l'eau avec un mouvement (i
vif que les veux en font éblouis. Il
s*en trouve des milliers furies bords
de la GUmbra , furtout vers l'île du
Aiorfil: leurs nids font en H grand
nombre fur les arbres qui bordent
k rivière , que les Nègres leur don-
nent le nom de villages. L'art qui
flègne dans la condrujftion de ces
nid^ eft admirable : la ffgure en eft
KUR 17^
oblongue & grisâtre : ils font corn**
pofés d'une terre dure , nièlée de
plumes 5 de moulTe , de paille H bien
entrelacées que In pluie n'y peut pé»
nétrer. Ces nids Vont fi folides qu'c-^
tant agités par b vent , ils s'entre-
heurtent fans fe brifer : à quelque
dift;uice il n'y a perfonnequi, pour
la première fois ne les prit pour les
•fruits de l'arbre. Ces oifeaux ne
donnent à leurs nids qu'une petite
ouverture qui eft tournée i l'eftafin
d'éviter la pluie : par ce moyen les
Kurbatos font en sûreté dans leur»
nids contre les fuaprifes des finges
leurs ennemis 9 qui n'ofent Te rif^
quer fur des branches H foibles & (r
mobiles : d'ailleurs les feuilles de
ces arbres font cpincufes & rcndenc
l'accès de ces nids encore plus difîi*
cile. On a cependant des exemples
que des finge^ veillent fouvent â>
l'autre bout des branches y 8c lorf-^
3 ne la nichée commence à croîrre».
s ont la malice de fecouer la bran«*
che j de manière qu'elle fair b;aian«
cer les nids, & y donne ufl contre^i-'
coup i\\xï les détache & les jette fuc
la terre. On a encore remarqué que
quand ces nids n'étoient pas luf-
t^eiyius à d'alfez longs 61s ou liens,
es ferpens qui montent audi d ces
arbres, gagnenr le bour de la bran-
che , s'y fufpendent perpendiculai--
remenr par leur queue ôc entrent
dans le nid pour y butiner.
KDRGAN j, ( le ) rivière d' Afie , fore
oilFonneufe , qui a fa' fource dans*
e Khorafan* & fon embouchure-
dans la mer Cafpienne , à l'occident
de la ville d'Aftrabar, après un-cours^
d*enyiron foirante lieues»
KURIÉ ; bourg de Turquie ,. dans la:
Natolie auprès de Prufe.
KURILIS; ( les J peuples dé Sibérir
ui babit-enr la partie méridior^le-
e la Piefqu lie de Kamtfchatka. Ils^
r.
3;
1
ttOr
KUR
font Fort pauvres , ne vivent qae de
poidj^ns 6c ne payent tribut i pet-
fonne.
KUROGANNI ; fubftantif mafcalin.
Arbre da japon dont le bois appro-
che de la dureté du fer. Ses feuilles
font fans poils & fans découpures ,
& refTemolent â celles du ulephium
commun. Ses baies font de la grof-
feur des petites prunes fauvaees. Çn
en diflingue une efpèce qui le nom-
me ^«ro kaki.
KUROGGI i fubftantif mafculin. Ar-
bre fauvage du Japon , qui a fes
feuilles ovales , terminées en poin-
te p longues de deux pouces & lé-
gèrement dentelées. Ses fleurs font
doubles y d'un jaune pale » petites ,
garnies d'un grand nombre d'éta-
mines qui environnent le piftiL II
a plulleurs fleurs fur un feut pédi-
cule. Les pétales extérieurs font
•cailleux & recourbés. Ses baies font
plus grofTes qu*unpois, oblongues,
charnues & purpurines.
KURPIECKS ; ( les ) on appelle ainfi
en Pq^ogne des payfans cha(reurs&
?afteurs qui habitent un canton du
'alatinat de M azovie où ils vivent
indépendans.
KURTCHIS i fubftantif mafculin plu-
riel & terme de Relation. On ap-
pelle ain(î en Perfe un corps de ca-
valerie compofé de l'ancienne No-
blelle & des defcendans de ceux qui
placèrent Ifrt>acl Sophi fur le trône.
Les Kurtchis font au nombre d'en-
viron dix- huir mille.
KUSiMA DEMIANSKI ; ville de
l'Empire de Ruflîe, dans la Tarta-
rie . à treize lieues y nord eft » de
Vafiligorod.
KUSNOtCI ; fubftmtif mafculin. On
donne ce nom dans le Japon à l'ar-
bre qui produit le camphre, f^oye^
Camphrier & Camphre.
KUTTENBERG j ville de Bohème ,
KYi
I i quinze lieues « eft s de Pfagae#
Il y a des mines d'argent dans le
voifinage.
KUT2ENH AUSEN j bourg de Frao-
ce « chef-iiçu d'un Bailliage de mê-
me nom > dans la Bafle Al/àce , à
trois lieues, nord-nord-eft^de Stras-
bourg.
KUWANA; grande ville maritime
du Japon , avec un beau port ,dans
la province d'Owari. Elle eft divifée
en crois parties qui font comme sa-
tant de villes diftinguées Tune de
' l'autre.
KUYNDER , forterefle des Pays-
Bas y dans la Frife y fur les fron-
tières de rOvéryflel, à quatre lieues
de Stéenvyk.
KUYVEN; ville de la Chine, dans
la province de Xenfi , au départe-
ment de Pingléang , quatrième Mé-
tropole de cette province.
KYKAYA i ville de la Chine , dans
la province de Kiangtî , au dépac*
temcntde Linkiang, huitième Mé-
tropole de cette province.
KYLBOURGîpetite ville dA'IIema-
gne , chef- lieu d'un bailliage de
même nom dans l'Eleâorat de Trê-
ves , far la Ky 11^ â huit lieues, nord-
ope ft, de Trêves.
KYLE \ province de l'Écofle méridio-
nale qui eft bornée au nord par l'ir-
win qui la fépare de la province de
Cuningham ^ & au midi par le Dun
qui la lépare de la province de Car-
rîck.
KYLL ; rivière d'Allemagne , dans
le Cercle électoral du Rhin : elle a
fa fource fur les frontières des Du*
chésde Limbourg & de JaUers j Se
fon embouchure dans H Mofelle ,
à deux lieues au - delfus de Trê-
ves.
KYPHONISME i royc[ Cy^ho-
NISME.
KYRIELI^ \ fubftantif féminin. Au
propre
ICYS
propre îl lignifie litanie ; lîiai&ilne
fe dit guère en ce fens : on l'em-
ploie plus communément au figuré
& dans le ftyle familier pour ex*
primer une longue fuite de chofes
ennuyeufesou facheufes.I//:^ Ar/r^^//^
de plaintes. Une longue kirielle de
compUmenSé
KYSTE j fubftantif mafculin ic teirme
de Médecine. Membrane en forme
de veflUe , qui renferme des humeurs
liquides , epaitTes ^ adipeufes, char- 1
KYT i»l
nîies , 6tc: contre nature. Telle éft
l'enveloppe membraneufe de i*athé«
rome , du melicécis &c de toutes les
tumeurs qui s'engendrent daas les
glandes. Foyeii kmiKouî^ , Lou-
KYTÈOTOMIE , ou KYSTioToiiiE;
fubftantif féminin & terme de Chi-
rurgie î opération par laquelle on
ouvre la veffie pour en tirer l'u^
rine. On rappelle zvS^pon^ion au
périnée^
'^^B
XijM,
^m*
■«•i^W
L
Lj fubftantif mafculin fui*
vaut Tappeliation nouvelle
qui prononce /tf ; &c fémi-
nin iuivant Tàppellation an-
cienne qui prononçoit elle. La dou-
zième lettre , & la neuvième con-
fonne de Talphabèr.
Quand cette lettre eft double , &
qu'elle eft précédée de a/, ei , oui^
elle fe prononce mouillée comme
en ces mots » vaillant » vermeille >
quenouille. ' *
Elle fe prononce aufli mouillée
en Quelques mots où elle n'eft pré-
cédée que d*un i , comme dans cariU
Ion ^ gentillejfe^ briller.
On la prononce encore 4e même
dans les mots qui finiifent en aiU ^H
6c ouil, comm^ bail y vermeiljenouilj
Se dans d'autres qui ne finiflènt que
par i/^ comme 2#vri/, babil ^ péril.
Il y a quelques mots , comme
taril , chenil , fujil , outil j finil ,
grjl^ fournil , coutil ^ fourcil a où / |
ne fe fait pas fentir. On les prononce
comme s'il y avoit bari , cheni , yi-
Ji^ &c.
Cette Jettre ne fe mouille point
dans tranquille , pupille , vUle , &
leurs dérivés fil j à la fiU , mil ,
mille i noms de nombre \ ni dans
/n/V/g , fubftantif} ni dans lesadjeAifs*
en //ou en ile , comme fubtil , fa^
cile ; ni quand// eft la première fyl-
labe du mot , comme dana Uluftre »
illicite.
Quand il y a deux // de fuite, on
n'en prononce ordinairemenr qu* un»
comme dans collège « allumer.
* Il faut excepter Tes mots qui com«
mencent par i/, comme illégitime ,
illimité , fie quelques autres » comme
allûfion , allégorie , vaciller^ &c. où
1 on prononce les deux II.
Cette lettre fe mettoit autrefois
avec une apoftrophe devant le pro^
nom. on j quand on le plaçoit après
le verbe , comme dans cette phrafe
de J biiiviUe : celui jo^r portoit / jpn
N n
i8i -LA
les croix en proceffions en plufieurs
lieux de France , 6^ les appelto'u ton
les croix noires*
L » chez les anciens , eft une lettre nu-
mérale qui (Ignifie cinquante.
Quand on y ajoure au-delTus une'
ligne borizbncale > fa valeur eft mille
fois plus grande^ ainfi I fignifie cin-,
quante mille.
L , eft le caraârère dont on marque la
monnoie fabriquée a Bayonne.
L , dans le commerce ferr à pludeurs.
fortes d'abréviations pour la com-
modité des Banquiers , Négocians,
^' Teneurs de livres , &c. aina I. ST.
iîgnifie livres Jèerling. L de G ^ ou
i. G. fignifie livre de gros» L majuf-
cule bâtarde fe met pour livre tour'
vois qui fe marque auftî par cette
figure tt.
LA ; article des noms féminins, f^oy.
Le.
LA \ pronom relatif, f^oyer Le.
LÀ; adverbe démonftratih II fe dit
d*un lieu confidéré comme différent
de celui où Ton eft, & comme moins
proche. Refiei^là un infianu Vous le
trouvere'['là. lin eft pas là. Comment
feront-ils pourfe tirer de ià ?
LÀ , fe mec fouvenc au commence-
ment du membre d'une période » &
ne fe dit que pour marquer la diffé-
rence des lieux , (ans aucun rap-
port au plus ou au moins de diftan-
ce. Là fut un Temple d' jépollon ^ ici
un amphithéâtre. La /ont des Nym-
phes féduifantes y ici un concefp en*
chanteur.
LA ) fe mec quelquefois après J*ad-
verbe fà , comme dans cetre phra-
fe , cà & là ; & alors ces deux ad-
verbes de lieu joints enfemble figni-
fient difperfion & confufion. Tous
fes papiers éioient répandus cà & là.
. Les ennemis fuyoitnt fà & là ^ fans
favoir où ils alloient.
Là j fe joinc^auffi avec quelques au-
LA
très adverbes de lieu qu*il procède
toujours. Là-haut. Là 'bas. Là-dtf
fus Là'Ouprès. Là^ontre.
LÀ » fe mec encore à la fuite des pro-
noms démonftratifs & ties noms
pour une plus grande défignation.
Ces gens-là font fort finguliers. Ce-
lui-là n^y éioitpas.
LÀ , ne s'emploie quelquefois que par
une efpèce de redondance » & doot
donner plus de force & plus d'éner-
gie au difcours , comme dans les
exemples fuivans. Quelle propofition
nous faites-vous là ? Efl-ce là l'effet
que VOUS en attendiez ?
On dit figurémenc & pour mar-
?|uer la néoefllité indifpenfable de
aire une cUofe , qu'// enfautpajfer
par là ; pour' dire , qu'on ne peut
faire autrement. // exigea de nous
dix mille francs , & nous fumes obli*
gés d'en paffer par là .
On dir auffi proverbialement ,' fi-
gurémentâc familièrement, il faut
paffer par là ou par la fenêtre ; pour
dire j c'eft une nécefficé , c'eft Tunie.
que parti qui refte a prendre.
On dit figurémenc, s*en tenir-là;
pour dire , Varreter à ce qui a été
propofé , parcequ'on ne peut trouver
mieux. On lui a confiilli de s%n
tenir là.
On dit auflî figurémenc , en de--
meurer là ; pour dire , ne parler
plus d une chofe qu'on croit avoir
été afTez agitée. Nous nousfommts
affei occupés de ce mariage , nous
pouvons en dtmeurer là.
La même chofe fe dit> lorfqu'on
veut faire finir un difcours dont la
fuite pourroit être fâcheufe. Crpyej*
moi , demeureT^-en là..
On dit, de-^à & de-là; pour dire»
de côté & d'autre. // court de-fà 6r
de-là^ pour emprunter l^argcm quom
lui demande.
Ondic^nflî^ de-là; pour dire.
LA
de cette caufeU-, âc ce fujfef H.
C*ejl de-là que vient leur hrouillerie.
// /i j' a rien à inférer de-là.
De-lA , eft quelquefois une prépon-
cion qui (ignifie plus outre, de l'au-
tre côté, lleji de-là la rivière. H va
fardrpour aller ie^lk les monts.
En ce fens il fe joint avec les par-
ticules au, de Se par. U armée ètoit
au-delà du Rhin. Il vient de-delà
£eau. Qn le trouva par-delà la forêt.
On dit figurément , au - delà de
r imagination , au-delà de mes efpé-
ronce , au-delà de ce que je croyois ;
pour dire , beaucoup plus qu bn ne
le peut imaginer, beaucoup plus
que je n'efpcrois , que je ne croyois.
On lui en donna au-delà defes efpé-
tances»
Onditau/nabfolument, au-^delà;
pour dire , encore plus , encore da-
vantage. // a tout ce qui lui revient
& au-delà.
On difoit autrefois , de4à , par-
de^à & par delà; pour marquer le
lieu , la place de la perfonne ou de
la chofe dont on parloir , comme
dans ces phrafes , dès qu il fera re-
venu de delà , il faut nous en infor-
mer , nous ferons par deçà ce qui dé-
pendra de nous. Tandis qu* il étoit par-
delà , les chofesfe pajjbient ainji par
deçà : mais ces façous de parler
vieillilTent.
On dit, en-delà; pouï dire, plus
loin. Il faut vous placer plus en- delà.
I^À , fe met quelquefois â la fuite de
la prêpo/ition dcs^ & il devient alors
un adverbe de temps qui fignifie
dès-lors , de ce temps-lâ. Us fe liè-
rent d* amitié à t armée ^ & dès-là ils
ne fe font plus quittés.
On dit auffi, dès-là ; pour dire ,
cela étant. // refufa de montrer fon
regiflre , & dès- là je ne doutai plus
qu il neût formé le deffein de me
tromper.
LA A' tti
Oij* dît % jilfqut'ià; pour dire >
jufqu'â^ te temps, ju(^u*à ce lieu»
julqu'à ce point , jufqu au point de*
S'il nous laijfe tranquilles jufqueJà ,
nous ferons en état de le payer. Il vous
conduira jufque-là.
Dans les places de guerre & à lar^
méé les fentinelles demandent à
ceux qui les approchent , qui va là.^
& difent » demeure là.
LA où } façon de parler adverfative »
qui étoit autrefois ufitée pour dire ^
au lieu que , comme dans cette pbra-
fe : celui qui fait modérer f es défirs^
vit dans lefein de la tranquillité y là
oà l'ambitieux pafjèfes jours dans un
trouble & une agitation continuelle :
mais cette exprelHon eft vieillie.
LA L A , fe dit ramilièrement par for-
me de menace & de réprimande. Là
là il na qu*à revenir.
Il fe aitaufli par forme de confo-
' lation & d adoucidement. Là là il
n'y a pas grand mal à cela.
LA lA , fe dit encore adverbialement
> par forme de réponijb à certaines
quefttons , & pouc dire médiôc^er
ment. Efi^ce là un Juge éclairé f
Là là. . • :':
La , en termes de MuHque eft le nom
de la fixième des notes de la gamme
inventée par Guy-Aretin.
Ce roonofylbbe eft brève. .
LA A ou Laab \ petite ville d'Alle-
magne , danshbilTe Autriche» fur
laTeya , 4 onw lieues , nord -pU eft ,
de Vienne. Ellecft remarquable par
la viâoire que Rodolphe de Habf-
bourg y remporta en 1 178 , fur Ot«
tocare Rôi de Bohème qui y fut' tué.
Ceft ce qui a îlciquis T Autriche &
1^1 Styrie a la Maifon qui les pofi^èdc
aujourd hui.
LAABIM^ nom propre d'un fils de
Mezraïm^ dont parle laGenèfe , &
duquel on croit que les Lybien«
font defcendus.
Nn ij
284 LAA
LAALEM - GÈSULE ; nom d'une I
montagne d'Afrique » au Royauo^e 1
de Maroc , dans 11 Province de Sus.
Elle eft habitée par des Bércbères de
. la Tribu de Muçamoda , qui peu-
vent mettre for pied fix mille copi-
batans. On y trouve des mines de
' cuivre & d'argent , & elle aboqde
en blé , en miel > en cire &c en
bétail.
LAAR ou Lar 'y nom propre d^une
ville de Pçrfe , capitale d'une Pro-
vince qn on appelle Ghcrmès ou La^
Tifidriy & où le Roi faifoit autre-
fois (a réfidence , lorfque les Seâ:a*
teurs de Zoroaftre polFédoienr ce
pays. Le grand Schan- Abas leur ota
cette ville : elle eft aujourd'hui, la
léndence d*un Kan qui commande
à toute la Province. Cette ville eft
lituce a quatre journées de Gomron »
-fous Jje 7*ç degré , xo minutes de
longitude j & le ty^ , j.o minutes
de latitude. Il s*y fait un commerce
considérable de foie » & les environs
fonç couverts de citrotuiiers > d'o-
rangers , de palmiers , &c.
JLAASj petite ville d'Allemagne, au
"cercle d*Autrïche, dans la Carnio-
le ,* fur le Boick » au pied des
monragnes.
tABADIA ; ville forre d'Italie, dans
le Ppléfiu de Rovigo , fur TAdige,
à huit lieues» nord-oueft > de Ferrare»
Elle appartient aux Vénitiens..
LABADlSTESj (les) Hérétiques dif-
ciples de Jean Labadie , fanatique
fameux du dix-feotième fîècle , qui
après avoir été Jéluite , puis Carme ,
enfin Miniftre protcftant à Montau-
ban & en Hollande y fut chef de
fedte j & mourut dans le Hoifteia en
L'Auteur du fupplément de Mo-
réry fait Ténumération fui vante des
principales erreurs que fourenoient
ittLabadiJtcs. i**.Ils croyoient que
LAA
Diea pouvoit & voulint tromper lei
hommes» & qu'il les trompoit ef*
feâivement quelquefois. Ils allé'
guoienr en faveur de cette opinion
monftrueufe » divers exemples cirés
de l'Écriture * Sainte » qu'ils en*
ceixdoienc mal ^ comme celui d'A-
chab de qui il eft dit que Dieu lui
envova un e(pric de menfonge pour
le féduire. i^* Ils ne regardoient tus
rÉcri cure - Sainte commp abfoui*
ment néceflfaire pour conduire les
âmes dans les voies, du faluc. Selon
eux leSaitu-'Efprit agiiïbic immé*
dia^èmenc fur elles , & leur donnoic
des degrés de révélation ^ tels qu'el-
les étoienc en état de fe décider &
de fe conduire par elles n:^.mes% Us
permettoient cependant la leâuire
derÈcritureSaiDce ; mais ils vou-
loi6i;u que quand on la lifoic, on fôc
moins actentif à la lettre , qu'à une
prétendue infpiration intérieure di>
Saint- Efprit dont ils fe prétendoient
favoiifés» )^. Ils convenoienc que-
le Baptcm^ eA un fceaude lalliance
de Dieu ^vec Les hommes ». & ils ne*
s'oppofoienc pas qu'on Le conférât
aux en£ans naUfani dans L'Eglife y
. mais ils confeilloienc de le différer
)u(^u'à un Nage avancé > puifqu'il
étoit une oiarque qu'on ecoit
mort au monde » & reilufcicé en>
Dieu. 4^« Ils prérendoienc que Ist
nouvelhe alliance n'admectoic que
des. hommes fpirituels, & qa'elle-
mectoir l'homme dans ane liberté &
parfaite , qu'il n'avoir plus befoin
ni de la loi , ni des cérémonies , ic
que c'étoit un joug donc ceux de jeuc
fuite éroient délivrés. ^^. Us avan*
çoient que Diea n'avoïc pas préfétir
. un jour â l'autre > & qu'il étoic in-
différent d'obferver ou non le jour
du repos , &c que Jéjus-Chriji avoit
lai (Té une entière liberté de travail-
ler ce jour-lâ comme le refte de la
lAB
fematne , pourvu que Ton cravnillat
dévotement. 6*. Us diftinguoient
deux Êglifes , Tune où le chriftia-
Difme avoit dégénéré ^ & Tautre
compofée des R^énérés qui avoient
renoncé au monde. lUadmettoient
aufli le règne de mille ans , pendant
lequeUéfus-Chri/i viendroit domi-
ner fur la terre , & convertir véri-
tablement les Juifs 9 les Gentils &
les mauvais Chrétiens. 7^. Us n*ad-
mertoient point de préfence réelle
de Jefus - Chrijl dans TEucbariftie.
Selon eux ce Sacrement n'étoit que
la commémoration de la mort de
Jéfus^ChrîJi ; on l'y recevoit feule-
ment fpirituellement ^ lorfqu on l'y
recevoir comme on le devoit. 8^. La
vie contemplative étoit félon eux
un état de grâce & une union divine
{rendant cette vie , ôc le comble de
a perfeârion. Us avoient fur ce
point un jargon de fpiritualité que
la tradition n'a point enfeigné , &
que les meilleurs Auteurs de la vie
Ipitituelle ont ignoré. Us ajomoient
qu'on parvenoit à cer état par l'en-
tière wnégation de foi-meme > la
mortification àts fens & de leurs
objets, & par l'exercice de l'oraifon
mentale , pratiques excellentes , &
qui conduifent véritablement à la
perfection , mais non pas des La-^
iadijles. On afsûre qu'il y a encore
des Labadijtes dans le pays de Glè-
bes , mais qu'ils y diminuent tous
les jours.
LABANA ; nom d'une ancienne ville
de la Terre- Sainte , dans la partie
méridionale de la Tribu de Juda.
LABARUM y fabftantif mafcul. Mor
emprunté du latin > & terme d'Hif-
tolre qui fîgnifie l'étendart Impérial
. qu'on portoit à la guerre devant les
Empereurs Romains. G'^toit une
longue lance traverfce par le haut
d'un bâton , duquel peuuoit un riche ,
LAB 185
Yoilede couleur de pourpre, orné
de pierreries 5c d'une frange à l'en*
tour.
Les Romains avoient pris cet
étendart des Daces , des Sarmates,
des Pannoniens & autres peuples
Barbares qu'ils avoient vaincus. \\
y eut une aigle peinte , ou tilfue d'ot
fur le voile, juiqu'au règne de Conf-
taurin qui y fit mettre une croiié
avec un chiffre ou monogramme
marquant le nom de JéfusChrifi. U
donna la charge à cinquante hom^
mes de fa garde , de porter rour-â--
tour le labarum qu'il venoit de ré^
former.
LABATUT y nom propre d'un bourg
de France , au pays des Landes , en
Gafcogne , fur la rive droite du
Gave, à cinq lieues, fud-eft , de
Dax.
LABDANUM ou Ladanum; fubf-^
tantif mafculin. Subftance rédneufe
que produit une efpèce de cifte qui
croît dans. nie de Chypre, d^ns
celle de Gandie, en Grèce & en
Italie*
Le fameux Botanifte Tourneforc
nous apprend dans fon voyage dix
Levant , la manière dont on y re-
cueille cette fubftance qui étoit ft
Erécieufe du temps de Pline ,. de
>iofcoride , de Théophrafte & de
Belon. Les Moines grecs âc même
certains Payfans fe tranfportent pen^
dant la plus grande ardeur de la ca^
nicule , fur les montagues qui (ont
auprès de la Ganée ,. autrefois le fa«^
meux Gydon , capitale de llle de
Crète , fur les montagnes de l'ile de
Candie , entr'aurres au pied du monr
Ida & autres îles de l'Archipel- Pour
faire cette récolte , ils font armés
de fouets formés d'un grand nom-
bre de lanières de cuir en forme de
frange^fc attachés au bout d*une ptr^
che* Us les palfent & repafl'ent^ fu^
x^6
LAB
les ciftes : la matière rcHneufe qu!
rranfpire alors de cous les pores de
la plante, s'attache à ces cuirs dont
ils la détachent en les grattant. On
elHme qu'un homme en peut re-
cueillir deux livres par jour : cette
fubftance réfineufe eft le labdanum
pur^ alors elle eft en malfe, molle,
gluante , d'un gris noirâtre , in-
flammable , d'une odeur agréable , |
d'un eoût acre & balfamique. On:
nous l'envoie dans des peaux ou vef-
fies : c'eft la meilleure. Dans le com-
merce il s'en trouve d'une autre
forte en pains tortillés ) durs , fra-
giles , s amollifTant cependant à la
chaleur , d'une odeur tbible , mé*
langé avec du fable & avec des réH-
nes odorantes qu'on a fait tondre en-
femble : c'elt celui-là que l'on nom-
me labdanum in tords , & qu'on fub-
ftitue fî communément au vrai Az^-
danum. -
Autrefois on recueilloit le labda-
num , en peignant la barbe & les
poils des jambes des chèvres qui
avoient brouté le cide , & auxquels
cette matière gralTe étcitadhérent*e;
& comme il y reftoit toujours quel-
ques brins de poil , les Marchands
nommoient alors cette ré(ine , lab-
ianum en barbe.
Le labdanum appliqué extérieu-
rement eft réfolutif, intérieurement
il eft aftringent Les femmes Grec-
ques Se Circafliiennes portent fou-
vent à la main des boules de labda-
num mêlé avec de l'ambre & du
maftic en larmes , & s*en fervent
Sour les flairer. Ces boules de lab-
anum font utiles contre l'air pefti*
lentieL En Turquie on en fait entrer
dans la compolition des talifmans
foporifiques , uiités dans les férails
Mufulmans & Tartares , moins pour
(e rendre propice le Dieu Morpnce ,
que pouc cauler une forte de léthar-
i
LAB
gte en d'engourdifTement aax Vef*
taies à qui Ion ne veut pas décerner
les honneurs du mouchoir .Les Parfu-
meurs préparent une huile odorante
de labdanum \ on tç fait entrer dans
la compoGtion des paftilles. En Ef-
pagne où cet arbriUeau croît aofli >
les payfans en retirent par ébuUî<
rion cette fubftance réfineufe , maie
qui eft la moins eftimée de toutes.
LABÉATES ; (les) ancien peuple
dllljrie qui habitoit vers Scoira ^
aujourd'hui Scutari.
LABËCIA ; c'étoit une ancienne ville
de l'Arabie heureufe, l'une de celles
ue détcuifit Gallas dans fon expé-
ition.
LABEDE ou Làbade \ petite place
maritime de Guinée , fur la côte
d'Or , dans la partie orientale du
Royaume d'Acara y entre Acara &
le petit Ningo.
LABER i ( le ) il y a en Bavière deux
rivières de ce nom voifines l'une de
l'autre , qu'on diftingue par les épi-
thètes de grand & petit j & qui
vont fe perdre enfemble dans le Da-
nube , entre Augsbourg & Sttau-
bing.
LABERRIS ; c'eft félon Ptoléméeune
ancienne ville de l'Efpagne Tarra-
gonoife.
LABETZAN i contrée de Perfe, dans
le Ghilan , le long de la mer CaC-
fnenne. Elle eft fameufe par les bêl-
es foies qu'on en tire.
LABEURi fubftantifmafcuUn. labor.
Travail corporel , long & pénible.
C*efi une entreprife de grand labeur.
Il na pas joui du fruit de fon labeur»
Il eft moins ufité dans le difcoors
ordinaire que dans le ftyle foutena
& dans la pocfie.
On dit , que des terres font en
labeur ; pour dire , qu'elles font
façonnées > cultivées , quelles nt
font pas en friche.
lAB
Xabittr 5 en termes d'Imprimerie, fe
dit des ouvrages confîdérabies » 8c
cirés â grand nombre. 11 eft oppofé
â ouvrage Je ville ^ qui fe dit des fac-
iiHns & autres ouvrages de peu d'é-
tendue qu'on tire ordinairement â
petit nombre.
La première fyllabe eft brève 8c
la féconde longue.
LABEUR ER \ verbe neutre de la
première conjugaifon , lequel fe
conjugue comme Chanter. Opéra-
re. Opérer. Il n'eft plus ufité que
dans cette phrafe proverbiale , en
peu d'heures Dipu labeure, quand on
parle d*un pécheut qui a changé de
vie fubitement , ou d'un grand chan-
gement de fortune auquel on ne s'at-
tendoit point.
LABEZ 'y ville d'Afrique, autrefois
capirale d'un Royaume de même
nom qui neft plus aujourd'hui qu'u-
ne contrée de celui d'Alger. C'eft
un pays de montagnes à l'orient de
Couco. Il eft afTez ftétile. On croit
que la ville de Labez eft l'ancienne
Ahaoou Atao, ville de la Mauri-
tanie Céfarienne.
LABIAL , ALE j adjeftif *& terme
d'Anatomie. Qui appartient aux lè-
vres. Les glan tes labiales.
En termes de Grammaire, on ap"
^tWt lettre labiale y conforme labiale y
. une lettre , une confonne qui fe pro-
nonce avec les lettres. Nous avons
cinq lettres ou confonnes labiales ,
qui font A , /; , v , /j m.
En termes de Palais on appelle
offres labiales , des ofFres de paver
/aires de bouche ou par écrit , fans
qu*il y ait des deniers réellemenc
offerts. Les offres labiales font op-
pofées aux offres réelles.
LABIAW ; nom d'une petite ville
forte du Royaume de Prufle , près
àt% frontières de la Nadravie » fur
LAB 287
la Dremme » à onze lieues de Ko-
nigsberg.
LABlÈ , É£ ; adjeâif & terme de Bo^
tanique. Il fe dit de certaines plan-
tes dont la fleur eft d'unefeule pièce j
mais partagée comme en deux lè-
vres » lefquelles ont fouvent plu-
fieurs découpures.
La clafle des labiées renferme des
plantes herbacées » annuelles ou
vivaces , 8c des arbriflfeaux donc
quelques-uns font toujours verts.
Les racines des labiées font rameu-
fes &fibreufes} leurs tieesfont ron-
des quand elles font vieilles , carrées
étant jeunes, &les nouvelles bran-
ches oppofées en croix. Les feuilles
font de même oppofées deux à deux >
pointi liées & ornées de petites ta-
ches brillantes \ le feuillage eftaudi
difpofé en croix. La plupart des
fleurs font hermaphrodites , & for-
cent routes des aiuelles oppofées des
feuilles. La pouffière prolifique eft
compofée de cor pufcules très-petits»
blancs & tranfparens. Ces plantes
font 1^. ou aromatiques chaudes »
& ont une vertu fudorifique , fébri-
fuge & corroborante : i*. ou pi-
quantes, pénétrantes, &fontefti-!^
mées erthines & céphaliques: 5^ ou
acres & légèrement corrofives : 4^
ou le plus fouvent amères , vulné^
raires , aftringentes & vermifuges.
En général ces plantes font d'un
ufage merveilleux dans les maladies
caufées par l'atonie-ou le relâche*
ment des fibres.
LABILE ^ adjeaif qui n'a d'ufage
qu'en cette phrafe , mémoire lahile ,
pour fignifier une mémoire peu heu-
reufe , peu fidelle , & qui manque
au befoin. j4voir la mémoire labile.
LABIZA; fubftantifmafculin.Efpèce
d'ambre ou de fuccin jaune qui fe
durcit à l'air , & qu'on tire par in-
cifion d'an atbre 4e la Caroline.. On
288 LAB
en fait des bracelets & des colliers.
LABORATOIRE i fubftantifmafcu-
lin. Lieu où les Chimiftes ont leurs
fourneaux & leurs vaiflcaux pour
travailler.
Comme la chimie , remarque un
maître de Tare , eft une fcience
entièrement fondée fur rexpcnen-
ce , on ne peut efpcrer de la bien
^ entendre & de la polTcder jufqu'à
un certain point , fi l'on ne tra- j
vaille foi-mcme à vérifier la plupart »
des opérations fondamentales -déjà
connues , & à en faire de nouvelles ,
que le raifonnement , Tapalogie ,
l'efprit de recherches ne manquent
jamais de fuggérer , quand on a le
goût & les difpofitions convenables
pour cette partie effentielle de la
phyfique. Dailleurs lorfqu'on eft
obfervateur , & qu'on opère par foi-
mcme j il eft impoffible qu'on p'ap-
perçoive pas dans les opérations
même les plus connues , une infinité
de petits faits de détail qu'il eft très-
efleutiel de connoître , & dontce-
Î>endant il n eft fait mention ni dans
eslivres,nlmcme dans les mémoires
de recherches , parcequ ils font trop
, multipliés » & qu'ils y paroîtroient
minutieux. Enfin combien y a-t-il
de qualités dans les différens agens
de la chimie , dont il eft impoflible
de donner une idée jufte par écrit ,
& que l'on connoît parfaitement j
dès qu'elles ont frappé les {ens?
C'eft donc une chofe indifpenfa-
ble à quiconque veut devenir chi-
iriifte , d'avoir un laboratoire pour-
vu des inftrumens les plus néceffai-
res pour la pratique de cette fciencej
c'eft pourquoi l'on donneraicila nori- \
ce^de celui^qui convient à un chimifte
phyficien , pour faire en petit les
opérations quelconques de la chi-
mie fuivântroccafion. Un pareil
LAB
laboratoire occafionne ncceflaire-
ment de certains frais j mais il n eft
pas d'une aoffi grande dépenf e qu'on
le croit communément , (juand ce-
lui qui y travaille fait tirer parti
des uftenfiles quM a , & qu il n'em-
ploie que la quantité convenable des
différentes fubftances fur lesquelles
il opère ) quand enfin il fait choifir
les moyens les moins difpendieux
de parvenir à foa but & s'y borner.
Bien des gens font dans la perfua-
fion , qu'un laboraroire au rez de
chauffée & par bas eft plus commo-
de , furtout à caufe de l'eau , du
pilage , du lavage» &c.Sci\ eft vrai
qu'il eft avantageux pour ces objets
là 'j mais d'un autre côté il a des in-
convéniens bien grands , furtout i
caufe de l'humidité. L'humidité ha-
bituelle , quoiqu elle foit mcme trèî-
peu confidérable & peu fenfible pour
une infinité d'objets, devient un
, très-grand inconvénient pour un la-
boratoire de chimie. Dans un pareil
endroit la plupart dçs matières fa-
lines s'hume<Sfcent à la longue.^ les
infcriptions fe décollent , fe moi-
firtent & s'effacent j les foufflets y
>ériirent , les métaux fe rouillent ,
es foiuneaux fe dégradent , en un
mot prefque tout s'y gâte. Il y a
donc un avantage infini a avoir un
laboratoire plutôt en haut qu'en bas,
& qui foit le plus fec qu'il eft poffi-
ble. 11 eft effentiel que l'air y ait un
libre accès , & même qu'il foit percé
de manière que par le moyen de
deux ou d'un plus grand nombre
d'ouvertures oppofées , on puiffe j
admettre un courant d'air qui de-
vient très-néceflTaire pour emporter
les vapeurs ou les pouffières des dro*
gués dangereufes.
On doit faire conftruire dans ee
lieu une cheminée en hotte , affcz
* çlevée pouf ^u'on puilTe encrer de&
fous
i
lAB
Ibut Ubremenc , ic la plus étendue
-^u'il eft poffible » c*eft-a*dire y d*un
mar i Tautre. Le tuyau de cecce
cheminée doit être le plus haut qu'il
eft poflîble ^ & fuffifamment rétréci
pom pouvoir bien tirer. Comme on
ae brûle que du charbon fous cette
cheminée » il ne s'y amafFe point de
fuie y c'eft pourquoi il n'eft pas né-
ceffaire qu'un ramoneur puiflè y
pafler.
Oa peut faire conftmire fous cette
cheminée quelques fourneaux en
brique , particuhèrement » un four-
neau de fufion , un pour diftiller â
Talembic ^ & un ou deux réchauds
comme dans les cuifines \ le refte
4e l'efpace doit être occupé par
de /impies fopports 'de différen-
tes hauteurs , depuis un pied^
un pied & demi » ^fqu'â hauteur
d'aj^ni , pour placer deflus des four-
neaux portatifs de routes les efpèces.
Ces fourneaux font les plus commo-
des y par la facilité que l'on a de les
difpoler i fon gré , ic les fe«ls né-
ceuàires dans un laboratoire en pe-
tit. Il doit y avoir un foufflet i
double vent, d*une grandeur moyen-
ne , placé le plus commodément &
le plus près qu'il eft poffible de la
cheminée » lui van t la difpofition
des lieux. On monte aufli quelque-
fois ces fortes de foufflets dans un
châfljs portatif \ ce qui même eft
aflfez commode » quand le foufilet
n'a pas plus de 1 8 a lo pouces. Ce
foufflet doit avoir un porte vent &
une tuyère qu'on puifte dirieer fur
le fuppoR où l'on vent établir la
forge.
Les fourneaux dont on a befoin »
font le fourneau (impie pour diftiller
ii Talembic de cuivre , un fourneau
de lampe , deux fourneaux de ré-
verbère de grandeur différente pour
diftiller i la cornue ^ au fgurneau i
Xomc XF.
vent ou de fufion , un fourneau
d'edai ic un fouroeau de forge.
Il doit y avoir fous la che^
minée X une hauteur convenable ^
une rangée de clous â crochet
fichés dans les murs du fond tc
des côtés } on arrache i ces clou0
les petites pcles , poêles de t&IeV
pinces » pmcetres droites » cour**
Des 3 'circulaires » tenailles » pe«
tits fourgons , verges de fer & au*
très outils dont on a befoin pour
arranger le charbon & manier ledl
creuiets.
Tous les pans de mur du labora^
toire doivent être garnis de tablet-*
tes de différente hauteur & lar-
geur > ou plutôt à crémaillère , pour
y placer fur des ronds de natte 'oti
autrement y les vaifTeaux de verre
fervant à la chimie y & les produits
des opérations : ces tablettes doi-
vent être multipliées le plus qu'il
eft poffible : on n'en a pour ainfi
dire , jamais affez dans un labora«»
toire ou Ion travaille fréquemment*
La place la plus convenable pour
la fontaine en grès ou en plomb qui
contient la provifion d'eau, eft dant
un coin du laboratoire y aunleffui
d'une cuvette ou auge qui doit avoir
un tuyau de décharge s'il eft poffiw
ble. Comme c'eft tous cette fon-
taine qu'on lave & qu'on nettoie tou9
les vaifTeaux t il eft à propos qu'elle
foit environnée de clous nchés dan»
le mur y auxquels font attachés des
torchons & at% goupillons de tou-«
tes grandeurs*
On place au milieu du labora-
toire , une grande table fur laquelle
on fait les mélanges y les prépara* ,
tions d'opérations , les diflblutions y
les précipitations , petites filtradons^
& en un mot tout ce qui ne deman-
de point le fecours du feu y fi co
n*eft fcolemtnt celui de la lampe.
Oo
25>^ L A B
Il faac établir dans des endroits
commodes du laboratoire piuHeurs
billots de bois fur des ronds de natte
pleins, Tun pour foutenir un moyen
mortier de fer , l'autre pour un
moyen de marbre j ou encore mieux
de grès dur , Ci Ton peut en avoir ,
. & un troidème pour un tas d'acier ,
& une petite bigorne. On accroche
dans les environs des mortiers y les
tamis de difFérente grandeur & h-
nedè , & dans les environs du tas
d*acier ^ le marteau â planer , des
limes , râpes , de petites pinces ,
tenailles j ctfeaux , cifailles & au-
tres petits outils dont on a befoin
pour donner aux métaux la forme
convenable atix opérations auxquel-
les on veut les Tourne ttre.
Il eft bon d'avoir aufli dans un
laboratoire deuxtretaux portatifs:
ils fervent à foutenir un grand
âltre monté fur un châflîs quand
on en a befoin : on établit cet
appareil dans l'endroit le pluscom-
. mode , fuivant les occafions.
Le charbon eft un article impor-
tant pour le laboratoire ; il faut né-
. ceflàiremenr en avoir toujours une
: provision à fa portée. Mais il eft
c'un autre coté une fource conti-
nuelle de malpropreté : là pouflière
noire qui s'en élève » quand on l'ap-
porte ou qu'on le remue , vole par-
tout 8c falit tous les uftenfiles j il eft
très- avantageux pour éviter cet in*
. convénient le plus qu'il eft poffible,
d'avoir quelqa'endroit voi(in du la-
boratoire y pour y mettre la provi-
sion de charbon Se de braife de bou-
langer, qui eft infiniment commo-
de pour allumer le feu prompce-
. ment. Cet endroit fert en mcme
. temps de décharge pour y retirer les
chofes embarrallantes dont on ne
ie fert point aâiiellement^ tels que
des fourneaux ^ des briques , des
LAB
tttileaax » de l'argile , de la terre i
four y de la chaux » du fablon , Se
autres chofes de cette nature y pé-
ceflaires pour un grand nombre d'o-
pérations de chimie.
Enfin on doit mettre au nombre
des gros meubles du laboratoire ,
une moyenne table à pieds folides >
deftinée à foutenir une pierre à
broyer de porphyre , ou encore
mieux d'une elpèce de grès très-
denfe 8c rrès-dur y qu'on nomme
ec(HlIe de mer > avec fa mollette dç
même matière.
Les autres menus meubles ou uf*
renfiles du laboratoire foBt»
De petits mortiers à la main y de
marbre- » de verre Se de fer , 6c
leurs pilons '^ toffs lesvaifTeaux de
mécal , de terre, de grcs ^ de verre.
Une provision de papier blanc à
écrire ^ & de papier non collé pour
filtrer \ une bonne quantité de pail-
les nettes , coupées à la longueur
de huit i dix pouces 'y elles fervent
à ro^iuer les mélanges dans les ver-
res , &: à foutenir les filtres du pa-
pier dans les enronnoirs de verre.
Des rubes de verre pour remuer,
mêler Se agiter les liqueurs coj>
rofives.
Des fpatnles de bois , d'ivoire ^
de métal , de verre.
Des cartes & des cornes minces ,
très-commodes pour ranaflèr les-
matières broyées â l'eau fur le por-
phyre ou dans les mortiers ; des
Douchons de liège de routes grof-
feurs , des vefiies & des bandes de
linge fervant à lutter les vaifTeaux.
Un bon fouflfler porutif , un bon
briquet , un pot à. la colle avec fa
petite brofie , enfin une bonne quan-
tité de boites de différentes gran-
deurs , qui fervent â contenir la
plupart des chofes dont on vient de
parler , Se qu'on place dans un cat^
LAB '
tofi de tablerres qui leur eft deftinc.
Outre routes ces chofes , il y a
une cerraine quantité de drogues
d'un fi grand uO^e dans prelque
toutes les opérations de chimie ,.
qu'on doir les metrre au nombre
des inftrumens néceflaires à la pra-
tique de cette fcience : ces drogues
fonr tous les métaux Ôc demi-mé*
taut kien purs.
De l'acide virriolique ordinaire »
tel qu'on le trouve chez les droguif-
tes : ce même acide bien concentré
& reâifié.
De Teau-forte commune & à bon
marché » relie qu'on la trouve chez
les diftillateurs d'eau-forte y fle l'eC-
prit de nître médiocrement forr »
mais très-pur , & du même acide
très-pur , très -concentré ôc bien
fumanr.
De l'efprir de fel commun des
didillateurs d'eau-forré , & du mê-
me acide très- pur & rrès- fumant.
Tous les acides doivent erre dans
des flacons de criftal , bouchés aufli
de criftal.
Du vinaigre diftillé » dans une
bouteille ordinaire fi l'on veut y du
vinaigre radical dans un flacon bou-
ché de criftal ^ de la crème de tar-
tre dans un bocal ou dans une boîte.
De l'alcali fixe végétal commun
& bien fec , tel que du fel de po«
tafle & de cendres gravelées que
Ion conferve dans une bouteille
bien bouchée y le même alcali efi
liqueur.
De l'alcali de tartre , très- pur ,
fec Se en liqueur.
De Talcali minéral en liqueur ,
c'eil i-dire y une bonne leflive de
fonde y le même alcali fec & pur ,
ou des criftaux de fonde bien faits.
Les deux alcalis végétal & mi- 1
lierai purs en liqueur , & rendus i
cauiHques par la chausç. U efl: à pro- |
1 A B 191
pos que ces alcalis , furtout les cauf^
tiques , foient dans des flacons bou-
chés de criftal y de l'alcali fixe ph,lo«
giftiqué , ou même faruré pour le
tUu de Prujfc ; du foie de foufre fec
dans un flacon bien bouché , & lé
même en liqueur ; du foufre corn-*
mun.
De l'alcali volatil de fel ammo-*
niac bien pur , dégagé par l'alcali
fixe ^ fous forme concrète > dans un
flacon bouché de criftal j le mêm&
en liqueur.
De l'efprit volaril de fel ammo-
niac fluor , dégagé par la chaux , b
plus fort poluble. On peut en
avoir auflî de moins fort , parce*
qu'il eft fuffifant pouf une infinité
d'expériences.
^ De l'eau de chaui^ ^ de la chaux
vive dans une bouteille bien bou--'
chée.
De l'efprir de vin commun ; le
même , le plus pur & lemieux rec*
tifié.
De bon éther vitriolique , de
l'huile eflentielle de térébenthine
rectifiée , de l'huile d'olives , du
favon.
De la noix de galle j du firop vio^
lat y de la teinture de tournefol >
ou du tournefol en drapeau pour en
faire du papier bleu fin ^ une pro-
vifion d'eau de tivièce ou de pluie
diftillée.'
Indépendamment de ces^fubftan-
ces dont la pluparr font des diflol-
vans , il y a un certain nombre de
fels neutres s qui font d'un ufage
fréquent dans les opérations chimi-
ques y & d'autres moins ufités , mais
longs ou embarraflàns â préparer :
il eft4Don d'avoir une petite pro vi-
fion des uns & des autres ; les voici.
Du tartre vitriolé, dé l'alun or-
dinaire & calciné , du vitriol verr ,
du vitriol bleu , du nître . du fel
Oo \^
t^i L A B
comman décrépite , du mhtne crès^
par fc difTouc dans i'eaa diftillée ,
du fel ammoniac pfiriBé , du borax
calciné , du fel fedacif.
De la diflblution d'argent dans de
refprir de nître très-pur , de la dif-
folurion de mercure dans le même
acide > du beurre d antimoine , le
tout dans des flacons bouchés de
criftal 'j du fublimé corrofif.
De la cérufe > de la litharge , du
minium , du fable lavé Sc broyé ,
du marbre blanc & de la craie lavée»
du verre de plomb > du verre de
borax.
Quand on eft une fois pourvu des
înftrumens Sc des drogues dont Té-
iiumération vient d'être faite » il n'y
a point d'expériences & de recher-
ches de chimie , qu'on ne foit en
ctat d'entreprendre fans embarras
& (ans délai. Il peut arriver à la vé-
rité » qu'on ait oefoin dans certai-
nes occafions de beaucoup de fels
neutres qui n'ont point été nommes j
mais tous ces fels à bafes terreufes »
métalliques » d'alcali fixe bu vola-
til , peuvent Ce préparer facilement
& fur le champ , attendu qu'on en
A les matériaux , 8c qu'ils n'exigent
la plupart ni diftillation , ni fu-
biimatioo. Rien n'empêche néan^
. moins , (î on le |uge à propos ,
Su'on ne les prépare tous d'avance ,
ce n'eft leur nombre qui eft afTez
confidérable.
Voici d^aillenrs quelques obfer-
▼ations importantes pour ceux qui
veulent fe hvrer aux travaux de la
chimie. Il faut être bien perfuadé
d abord que l'arrangement y l'ordre
ic la propreté font abfolimient ef-
fentiels dans un laboratoire de chi-
mie : on doit nettoyer exaârement
tous les vaiffeaux & uftenfîles , cha-
que fois qu'ils ont fervî , & les re-
mettre i leur place y avoir un foia
LAB
extrême de coller des infcripcloni
généralement fur toutes les drogues^
mélanges & produits d'opérations
que Ton conferve dans les nacons ois
autrement ; de les nettoyer » de les^
vifîter de temps en temps, & de
renouveler les infcriptions y quand
elles en ont befoin. Ces fcnnsquine
paroiflènt rien , font cependant ce
qu'il y a de plus fatigant , de plus
rebutane ,' de plus important ^ &
fottvent de moins oblervé. Lorf-
qu'on a une certaine ardeur » les ex^
périences fe fuccèdent rapidement :
il s'en trouve de très-piquantes qui
paroidènt amener la décifion , ou
qui font naître de nouvelles idées i
on ne peut s'empêcher de les faire
fur le champ : on eft entraîné fans
y pehfer de Tune à l'autre : on croit
2u'on reconnoîtra aifément les pro*
uits des premières opérations : oa
ne fe donne point le temps de les
mettre en ordre : on fait les dernier
res avec aâivité : cependant les vaif-
feaux employés , les verres, les
flacons j les bouteilles remplies , fe
multiplient & s'accumulent y le la-
boratoire en eft plein j on ne peut
plus $*Y teconnoître ; ou tout au
moins il refte des doutes de de Tin-^
certimde fur un grand nombre de
ces anciens produits. C'eft bien pire
encore , ii un nouveau travail s'em-^
pare tout de fuite du laboratoire ,
ou que d'autres occupations obli-
gent à l'abandonner pour up certaiir
temps ; tout fe confond & fe dé--
grade de plus en plus. Il atrive fou-
vent de-lâ qu'on perd le fruit d'un
très-grand travail , qu'il faut jeter
tous les produits de ces expériences^
& quelquefois renouveler prefqo^
entièrement le laboratoire.
Le feul moyen d'éviter ces încon-
véniens , c'eft d'avoir les foins &
le s attentions dont on a parlé plu^
LAB
Kattt ; il eft vrai qu'il eft bien défa-i
gréable & bien difficile de s'arrêter
continàellement au milieu des re-
cherches les plus intérelTantes , &
d'employer un temps précieux &
très-confidérable y a nettojer des
vaifleaux , à les arranger , â coller
des étiquettes , ^c. Ces chofes font
bien capables de refroidir , de re-
farder la marche du génie ; elles por-
tent avec elles l'ennui Ôc le dégoiit;
mais elles font nécefTaires. Ceux a
qui leur fortune permet d'avoir un
artifte ou un aide , fur Texaâitude
& l'intelligence duquel ils peuvent
compter, évitent une grande partie
de ces défagrémens y mais ils ne doi-
vent pas fe dif|)enfer pour cela d'y
travailler par eux-mêmes. Sur ces
objets quoique minutieux » on ne
peut pour aind dire, s'en rapporter
qu'à foi-même , i caufe des fuites
qu'ils peuvent avoir ; cela devient
même indifpenfable , quand on veut
tenir fon travail fecret , du moins
pour un temps ; ce qui eft fort or-
dinaire 6c fou vent néceflàire en
chimie»
Il n'eft pas moins important , lorf-
qu'on fait des recherches & des ex-
périences nouvelles, de conferver
pendant long-temps les mélanges ,
léfultats & produits de toutes les
opérations , oien étiquetés 8c portés
fur un regiftre. 11 eft très-ordmaire
qu'au bout d'un certain temps ces
chofes préfenient des phénomènes
très-finguliers , & quon n'auroit
jamais foupçonnés. Il y a beaucoup
de belles découvertes de chimie,
qui n'ont été faites que de cette ma-
nière, & certainement un plus grand
3x>mbre qui ont été perdues, parce
qu'on a jeté trop promptement les
produits , ou parcequ'on n'a pu les
xeconnoître après les changemens
qui leur font arrivés*
LAB 193
Enfin on ne peut ttop recomman-
der à ceux qui fe livrent avec ar4^ur
aux travaux chimiqfies , d'être ex«
trêmement en garde contre l^s
expériences impofantes & trom-
peufes qui fe préfentent très-fré-
quemment dans la pratique. Une
circonftance qui femble très -peu
importante , ou qu'il eft même
quelquefois très-difficile d'apperce-
voir , fuffic fouvent pour donner
toute l'apparence d'une grande dé-
couverte à certains effets qui ne font
cependant rien moins que cela. Les
expériences dechimie tiennent pref-
que toutes à un (1 grand nombre de
chofes acceiïbires , qu'il eft très-
rare qu'on faffe attention à tout ,
fingulièrement lorfqu'on travaille
fur des matières neuves : auffi arri*
ve-t-il très -communément que la
même expérience répétée plulieurs
fois 9 préfente des rélultats fort dif«
férens. Il eft donc très-efTentiei de
ne point fe prefTer de décider d'a«
près une première r^uflite. Lorf-*
qu'on a fait une expérience qui pa«
roît porter coup , il faut abfolumenc
la répéter plufîeurs fois , &c même
la varier , jufqu'à ce que la réuf&te
conftante ne laiffe plus aucun lieu de
douter.
De plus comme la chimie offre
des vue) fans nombre, la perfeâion
d'une infinité d'arts imporrans ,
qu'elle préfente en perfpeâive beau-
coup de découvertes ufuelles , &
même capables d'enrichir leurs au-
teurs, ceux qui dirigent leurs tra-
vaux de ce côté-là , ou auxquels le
hafard en procure qui paroiiFent de
cette nature , ont befoin de la plus
grande circonfpeAion , pour ne fe
point laifler entraîner dans des dé-
penfes de temps & d'argent , fou^
ventauffi infruâueufcs qu'elles font
confidérables» Ces fortes de travaux
i94 * L^B
qui ont qaeIqu*analogie avec ceux
de la pierre philofophale , par les
fdées de foc^ne qu'ils Font naître ,
en ont audi tous les dangers. Il eft
' rare que dans une certaine Alice d e-
preuves il ne s'en trouve pas quel-
qu'une de crès-féduifanre , quoi-
qu'elle ne foie réellement rien en
elle-même. La chimie eft toute rem-
plie de ces demi-fuccès qui ne font
propres qu'à tromper , lorfqu'on
n'efl pas affez fur ic\ gardes : c'eft
un vrai malheur que d'en rencontrer
de pareils ; l'ardeur redouble , on
ne penfe plus qu'à cet objet, les ten-
tatives fe mulciplienc , l'argent ne
coûte rien , la dépenfe eft déjà mê-
me devenue crès-confi iérable avant
qu'on s'en foit apperçu ^ & enfin on
reconnoît , mais trop tard , qu on
s'eft engagé dans une route qui ne
conduit à rien.
Au refte les fuccès dans le genre
dont il s'agit , ont fouvent couron-
né les recherches. des auteur» > &
plufieurs ont acquis de cette maniè-
re, une fottune d'autant plus hono-
rable j qu'ils ne la dévoient qu'à
leurs travaux & à leurs talens.
Les trois premières fyllabes font
brèves ^ la quatrième longue ic la
cinquième très-brève.
LABORIEUSEMENT; adverbe. I^-
èoriosè. Avec beaucoup de peine &
de travail» // a toujours vécu labo-
rieufcmcnc.
Les trois premières fyllabes font
brèves > la quatrième longue , la
cinquième très-brève , & la fixième
moyenne.
LABORIEUX , EUSE ; adjcAif.
Padens laboris. Qui aime le travail
& qui le foutient. Les Hollandois
font laborieux'. Le dejîr du bien • être
phyjîque rend les hommes laborieux.
Une nation laborieufe.
Laborieux , fe dit audx des chofei
LAB
qui demandent un grind travail ^ &
qui font accompagnées d'un grandi
travail. C'ejl un ouvrage laborieux.
Il a toujours mené une vie labo*
rieufe. »
Les trois premières fyllabes (bnc
brèves , la quatrième longue , Se
la cinquième du féminin très*
brève.
LABOUR; fubftantif mafcuUn. Ca/-
tura terrd, La façon qu'on donne
aux terres en les labourant.
L'objet du labour eft de divifer
la terre , d'expofer fucceffivemenc
fes molécules aux influences de l'air.
Se de déraciner les herbes inutiles,
les chardons » &c. Ainfi le labour
doit être fait autant qu'il eft poifî'
ble dans une terre afTez tremjpée
pour être meuble , mais qui ne loic
pas trop humide. Si elle eft trop sè-
che , elle fe divife mal ; (i elle eft
trop humide , on la corroyé y le
haie la durcit enfuite » & d'ailleurs
les mauvaifes herbes font mal dé-
. racinées. La profondeur du labour
doit être proportionnée i celle de
la terre végétale , aux befoins de U
' graine qu'on veut femer ^ & aux cir*
conftances qui déterminent i la-
bourer.
A l'égard de la profondeur de U
terre végérale , il y a un alFez grand
nombrede terres propres i rapporter
du blé, quoiqu'elles n'aient que(îx
à fept pouces île profondeur. Si l'on
pique plus avant , oo amène à la fu-
perficie une forte d'argiile peu pro-
pre à donner du blé , fans erre
néanmoins inféconde ; car l'orge ,
l'avoine & les autres menues grains,
n'en croitroient que plus abon*
damment dans cette terre. Elle ne
fe refufe i la production du blé que
par une vigueur exceffive de végé-
tation. La plante y poutTe beaucoup
en herbe , graine peu , & fur tout
LAB
'ftiûric tard » ce qui rezpofe préf-
que in&illiblemenc à la touille. La
peice des années de blé eft aflTez
confidérable pour que les Cultiva-
teurs aient à cet égard la plus gran-
de attention* Us ne fauroient trop
fe précautionner ^ quant d cet ob-
jet , contre leur propre négligence,
ou l'ignorance de ceux qui mènent
la charrue.
Les terres fiijetces i cet inconvé-
nient t font ordinairement rQueeâ-
très Se argilleufes. Lorfqu'on ylève
la jachère pendant Tétéj après une
longue fécherede y la première
couche foulevée en grofles mot«-
tes, entraîne avec elle une partie
de la féconde ; & on dit alors que
la terre eft dejfoudéc^ Les Fermiers
fripons qu'on force i quitter leur
ferme , defToudent celles de Idurs
tetres qui peuvent l'être pendant les
deux dernières années de leur bail.
Par ce moyen ils recueillent plus de
menus etains , ^^puifent en même
temps a celui qui doit les rempla-
cer.
Il faut en fécond lieu que le la-
bour foit proportionné aux befoins
de la graine qu'on veut femer. Si
vous préparez votre terre pour de
menus grains , tels que l'orge &
l'avoine, un labour Superficiel eft
iufEfanr. Le blé prend un peu plus
de terre ; ainfi le labour doit être
plus profond. Mais (I on veut femer
durain-foin ou de la luzerne , dont
les racines pénètrent â une grande
profondeur , on ne peut pas piquer
rrop avant j cela eft néceliaîfe, afin
que les racines de ces plantes pren-
nent un prompt accroiffement , &
acquièrent le degré de force qui les
fait enfuite s'enfoncer d'elles-mê-
mes dans la^terre qu'on n'a pas re-
£nfin le lahour doit être propor-
LAB Z95
tionné aux circonftances dans lef-
quelles il fe fait. Si vous défrichez
une terre , la profondeur du labour
dépendra de la nature de la friche
que vous voulez détruire. Un la-
bour de quatre pouces fuffit pour
retourner du gazon y expofer à l'air
la racine de l'herbe > de manière
qu'elle fe defscche , & que la
plante périile \ mais fi la friche eft
couverte de bruyères & d*épines ».
on ne fauroit en effarter trop exac-
tement toutes les racines , & le
plus profond labour n'y fuffit pas
toujours. La levée des jachères eft
dans le cas du défrichement léger»
Ce premier labour doit être peu
profond , mais il faut enfoncer par
degrés proportionnels ceux qui le
fuivent : par ce moyen les dinéicn-
tes parties de la terre fe mêlent &c
font fucceffivement expoféesaux in-
âuences de Tait : les herfages ,
ajoutent à Teffet du labour » & en
font comme le complément.
Les campagnes offrent dans les dif-
férens pays un afpeâ différent » par
les variétés introduites dans ta ma-
nière de mener les labours. Ici une
plaine d'une vafte étendue vous
préfencera une furface unie , dont
toutes les parties feront également
(^pnvertes de grains. Là vous ren-
contrerez des filions relevés , dont
les parties balles ne produifent que
de la paille courte & des épis mai-
gres. Ces variétés naifient de la na-
ture & de la pofition du fol j & il
feroit dangereux de fuivre à cet
égard une autre méthode que celle
qui eft pratiquée dans le pays où
on laboure. Si les filions plats don-
nent une grande fuperficie , les fil-
ions relevés font néceffaires par tout
où i eau eft fujette à féjourner : il
faut alors perdre ui>e partie du ter-
rain pour conferveff l'autre. Au ref-
^9^ LAB
ce f dans qtlolqtie terre que ce folr »
n Ton veut qa elle foie bien remuée,
les difFcrens labours doivent être
croifés & pris par diflPérens côtés.
On dit , <\a une pièce de terre ejl
en labour i pour dire , qu'elle eft
préparée pour recevoir la femence.
La première fyllable eft brève »
& la féconde longue.
LABOUR j ( la terre de ) nom d'une
Province confidérable d'Italie, la
principale du Royaume de Naples.
Elle eft bornée au nord » par TA-
bruzze citérieure & ultérieure ; â
l'orient , par le Comté de Molifte
&c par la Principauté ultérieure ; au
midi , par le golfe de Naples , &
â l'occident , par la mer de Tof-
cane Se la campagne de Rome. Sa
longueur eft d'environ cent quaran-
te milles , & fa largeur de rrente.
Elle eft fertile & bien peuplée. Na-
ples en eft la capitale , & donne en
même remps Ion nom . à tout le
Royaume.
LABOURABLE j adjeftif des deux
genres. Culture idoneus. Propre à
être labouré pour produire du grain.
Il ne fe dit guère qu'en cette phra-
fe , terres labourables.
LABOURAGE; fubftantif mafculin.
Agricultura. L'art de cultiver «les
. terres. S^injlruire dans le labourage.
Voyez Agriculturb & Labou-
reur.
Labouragi , fe dit aufll de lou-
vrage , du travail du Laboureur.
Le labourage de ces terres eft diffi^
cile.
En termes de Tonneliers j on
•appelle labourage ô déchargeage des
vins , cidres & autres liqueurs , la
forrie de ces liqueurs hor;5 des ba-
teaux qui les ont amenées aux ports
de Paris.
Les deux pfemières fyUUbci fonc
LAtf
brèves , la troidème longue j & Itf
quatrième très-brève.
LABOURD V nom d*un pays de
Gafcogne , fîtué entre le 1 5^ de--
gré ,5a minutes , & le 16^ degré,
10 minutes de longitude } & entre
le 4}' degré, 15 minutes, Se le
même degré, 51 minures de lati^
cude. Il a les grandes Landes de
Bordeaux au nord, la haute Na*
varre au fud , la Bifcave Efpagnole
au fud-oueft , la batte Navarre i
Teft , & rOcéan à l'oueft. Sa lon-
gueur eft de fept lieues & demie ^
Se fa largeur de ilx & demie. L'A-
doutj la Nive, la Bida({ba, &c.
(ont les principales rivières qui
Tarrofent. Les chaleurs de l'été y
font très-fortes. On y recueille pea
de blé Se de vin ; mais on y a dei
ftuits exquis Se cfexcellens pato»
rages. Bayonne en eft la capitale.
Du temps de Céfar , le pays de
Labourd étoit habité par les Tarbelli^
Se en particuli* pat les f^ajp^i. Sous
Honorius , ce pays fe trouvoit cooh
pris dans la Novempopulanie.
De la domination des Romains 1
le Laoourd paffa fous celle des Wi^
figoths , Se enfuite fous celle des
François. Ce fut ime. des premières
contrées où les Gafcons s'établirent.
Les Sarrafins y firent au£ quelque
féjour. Après que ceux-<:i eurent
été chafTés du Royaume , le La*
bourd obéit aux Ducs de Gafco--
fne : il/uivit depuis le fort de ce
>uché. Mais la ville de Bayonne
eut des Vicomtes particuliers de-
Îuis#an 1060 y jufqu'en 1105 que
ean Sans-Terre , Roi d'Angleterre
& Duc de Guienne , réunit cette
Vicomte an Duché de Guienne. En
1451 , au mois N de Septembre»
Charles VII chafTa les Ânglois de
Bayonne, & réunit cette ville Ifon
domaine* Depuis ce temps tout le
payi
LAB
f\f% de Lftboard app&rdent â U
rance.
LABOURÉ, ÉE ; participe paflîf
yoye:( Labourer.
LABOURER j verbe aâif de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
jugue comme Chanter. Taram
arart. Remuer la' terre avec la char-
rue j ou la bêche j ou la houe , &c,La*
bourcr Us champs^ On laboure les vi^
gnes. llfaut labourer ces arbres au fied.
Labourer , fe die aufli de (quelques
• animaux & des chofes qui font ï
peu près fur la fuperficie de la terre
le même effet que la charrue , la
houe j &c. Les cochons ont labouré
ce vsrger* Les taupes ont labouré cette
ailée. Le canon a labouré le rempart.
On dit figur^ment en termes de
Marine j qvCune àticre laboure ;
pour dire ^ que le fond où elle a
Clé jetée y n'eft ps bon , & qu'elle
0*7 rient pas. Et qu*ii/f vaiffeau la-
boure ; pour dire , qu'il pafle par
«n endroit où il y a peu aeau ^ &
qu'il touche le fond.
Labourer , fe dit encore figurément
&famiiièrementj pour dire , avoir
beaucoup de peine, avoir beaucoup â
feu£Frir. // laboura long-temps avant
de réuffir.
Labourer , (ignifie en termes de
■ Plombiers , mouiller , remuer , &
difpofer avec un baron le fable con-
tenu dans le châffii autour du moule.
On dit en termes de Commerce,
labourer des vins i pour dire> les
décharger des bateaux fur lefquels ils
ootécé chargés, & les mettreiterre.
Les deux premières fyilabes font
ltèvies,& la troilième longue ou
brève. Foye\ Verbe.
Les temps ou perfpnnes qui fe
terminent par un e féminin , ont
leur pénultième fyUabe longue.
LA|OUREUR \ fub. mzic: Agricola.
Uelni qoî laboure ou qui ^t prqfeC-
LAB 2^7
fion delabburer j de cultiver la terre.
La coutume de Nevers permet à
qui le veut , de labourer & de cuU
river les terres & vignes en friche»
fans autre réquijïtion^ en payant les
droits de champart ou partie , félon
la coutume & ufance du Heu oà ejè
l* héritage affîs , jufquà ce que par
propriétaire lui foit défendu.,
Coquille dit que cette difpofition
de la coutume de Nevers a été in-
troduite pour procurer l'abon lance
des blés & des vins , & pour fujp«
pléer â l'impuifiTance & à la négli*
gence des propriétaires.
Ce n'eft pas au Seigneur de fief
que le champart dont il eft queftion
en cet article » eft du , mais au pro-
Eriétaire de l'héritage qui Tavoit
liffé efi friche. Ainfi dans la cou-
tume de Nevers » le champart eft
différent de celui qui fe perçoit
ailleurs. Ceft , dit âoquiUe , une
liquidation coutumière du partage
des fruits enrre celui qui laboure le
champ d'un autre , & le propriétaire
du champ cultivé par autrui.
Cette liquidation n'eft pas uni*
forme dans le Nivernois. En quel-
3ues endroits » le propriétaire peut
emander la troifième gerbe ; dans
d'autres » il ne peut exiger que la
quatrième » dnquîvme « fixième »
& quelquefois la feptième. .
Cependant comme le propriétaire
d'un champ peut avoir de bonnet
raifons pour le laifler en friche , la
coutume lui permet de défendre de
le labourer ; mais lufage veut que
cette défenGs foit faite avant le^
. temps de la culture } elle viendfoit *
trop tard » fi la première facou étoit
. faite. Il 7 a même cda de ungulier»
die Coquille » que » •« fi Tnlance eft
tt au lieu que>celiii qui a fait les
m gros bléft&ioo)^ la terre» doive
iimïnuh iwmtt faire les periti
z^S LA B
9i hlis , ce Labourear ne pourra être
M empêché de faire Tannée fuivance
n les pertes blés j car c'eft comme
t$ une feule culcure die detii an-
m nées »•
Le champarr que le Laboureur ,
qui cultive le champ d autrui dans
la coutume de Nevers y eft chargé
de payer au propriéuire » doit être
porté en la grange , fi elle n'eft pas
éloignée de plus d'une demi - lieue
de ia fituaùon du labourage*
Celui qui cultire ainu le champ
- d autrui ne peut en acquérir la pro-
priété par la voie de la prefcrip-
tion , quelque longue que foit la
pofleflion.
Les Èdits des mois de Janvier
te d'Oâobre 9 1 7 1 ) , enregiftrés les
15 Février ic premier Décembre
de la même année » permettent aux
Syndics & Habitans des Paroifles
d'affermer les terres te héritages
laiifés en (riche par les propriétaires,
k la charge par les fermiers de les
cultiver \ mais ils ne leur don-
nent cette faculté , qu'en dénon-
çant par eux aux propriétaires les
publications ordonnées par les arti-
cles 14 & 15 du fécond de ces
Edits.
^ Cet Édic n'accorde ms au pre-
mier occupanr comme u courume
de Nevers » la liberté de labourer
les terres incultes : il veut feule-
ment que les Habitans des Paroif-
• fes aient -^la liberté d'affermer les
* héritages après avoir rempli les fbr-
^ ' malitâ^u'il pcefcri&
' Par rapport aux fârvicodes que le
^labour & la (ttlrasedes champs ren-
: «deot indî(peti£il)les i, la règle eft
' qu'un Labouretu: puiflè f a(&r fur
^w héritages veifns pour arriver au
*' fijêfi, quuifd «MOd. opentifi n'y con-
*. 'doit ; 50lio{i-(!MiâriieMklors il doit
palfer ^at febdrok 4e omntiÀovm-
LAB
mode ( en dédommageant Id vot-
fin) , mais il doit encore paflèr de
la manière qui peut le moins in^
coipmoder autrui. Âinfi, par exern^
pie , 5'il y a un champ enfemencéj
& un autre qui ne le foie pas > le
Laboureur ne pourra pas pafTer par
le champ emblavé , fous prétexte
qu'il en a le droit en indemnifant le
propriétaire ; il fera repréheofible
dans ce cas U , & condamnable en
une amende » pour avoir gâté ït%
fruits d'un hérirage par lequel il
pottvoit fe difpenfer de pafler^outre
le dommage qu'il devra encore
payer , au Ueu qu'il n'y aura point
d'amende fi tous les hérirages fonr
emblavés « mais, feulement une in-
demnicé â dire d'experts*
Par la même raifon ».le laboureur
qui palTe à travers un champ pour
arriver au fien , doit prendre (bin
de retourner fa herfe » ranger fa
charrue & autres hacnois, » ce rna*
nière qu'il ne fai& ni kbour ni Ibf-
fés dans l'héritase fur lequel il paf«
fera. S'il ne le »it pas , non-feoie^
ment il devra indemnifer le pro«
priécaire , mais il devra fupporter
une amende proportionnée aux cir-
conftances » furtout fi le terrein fur
lequel il pafle eft enfemencé » paÉ-
cequ^ayanr pu paflèr d'une manière
moins incommode il a dû le faire »
te prendre toutes les pcccaïuions
que la prudence humaine pouvoic
lui indiquer , pour éviter de caùfer
du dommage a celui que la nature
du terrein ibice de lui d^iAPer
paflage.
L'arride i^ do ticre )3 de l'Or*
donnance de 1 66y , veut que les
cl^vsiix , bœufs te suitres pites de
laboacage') charrues, charrênw te
uftef{files.fer.v^nt d laboucer te cul-
tii^è les Mrccs » yjgnbs tC pëés jdè
puisent èi(eif(ûfisLÀpeii)e;|le«ttQité>
LAB
^ . de coas dipeti^ « dommages 8c imé*
rècs & de 5 o li^es d'amende con-
ue le créancier 5c le fergenc folidai-
. remenr.
Cet article excepte néanmoins
les cas où la faifie auroit liea pour
les fommes dues au vendeur on à
celai qui a prècé l'argènc pour la-
chat des mêmes beftiaûx fc uftend-
les, ou pour les fermages & moif-
fons des terres où font les beftiaûx
& uftenfiles.
Laboureoh , fe dit en rermes de
Plombiers , du baron donr ils fe
fervent pour labourer leur fable.
Les deux premières fyllabes font
brèves , & la troisième longue.
LABRADOR } grand pays de l'Amé-
rique feprentnonale qui eft borné
au nord-eft par le décroit d'Hudfon
& par la mer du nord \ au fud eft ,
Î^ar le décroit de Belle- Ifle qui le
cpare de Terre-Neuve j au midi ,
Sar le fleuve de Siint-Laurent , le
aguenai & les Chriftinaux j & à
loccidenr par la baie d'Hudfon. IL
s'étend depuis le joi« degré de Ion-
gitude julqu'au 3 2 }« , & depuis le
50* degré de lacicude jufqu'au 6^^.
11 eft babicé par des fauvages qu'on
appelle Eskimaux.
On appelle /n«r de Labrador ^ un
intervalle de mer qui coupe par la
moitié rîle du Cap-Breton, à la
réferve de 800 pas de terre ou en-
viron, qu'il y a depuis le fort Saint-
Pierre jufqu'i cette exttémité de la
mer de Labrador ^ qui fait une ef-
pèce de golfe.
LABR AND A j nom d'un ancien bourg
de Carie où Jupiter eut un temple
qoi le fit furnommet Labrandicn.
LABURNE ; voyez Aubours.
LABYRINTHE; fubftantif mafculin.
Labyrinthus. Lieu coupé deplufieurs
chemins ,d*aUces, & oùU y a beau-
coilt» de dcroacs , eiifôrte qu'il eft
trèsrdiâiîciie dVn trouver Tiflue.
Les anciens font mention de qua*
tre Ubjrrifitlies fasnens : le plus cé-
lèbre » été celui de Grèce , bâti par
Dédale pôiir enfermer le Mino*
taure » & d'dà Théféeneferoir point
forti fan» le fil qn'Ariadne lui avoic
donné ; le iecood a été celui d'É*
gypte 9 dans leauel fe troii voient
des temples ou des autels en l'hon-
neur de toutes les Divinitésdu pays.
On y comptoit trois- mille apparte-
. mens & douze pafais. 11 fut , dit
Hérodote » l'ouvrage de plufieurf
Rois , dont le dernier fut Pfanîmé-
tichus. Pline raoporre qu'il fubfif*-
toit encete de (on temps & qu'il v
avoit ) 600 ans qu'on l'avoit cons-
truit. Le troifième a été celui de
Lemnos qui fut remarquable par un
grand nombre de colonnes artifte-
ment travaillées \ & le quatrièiine a^
été celui d'Italie que Porfenna Roi
d'Ètrurie fit faire pour lui fervic
de tombeau.
Labyrinthe, fe dit figorément d'un
grand embarras, d'une compltca-
rion d'affaires embrouillées. Ilnefor-
tira ja mais de ce labyrinthe d'af^
faires. '
Labyrinthe, fe dit en termes d'A*
natomie , d'une des cavités qui font
dans l'oreille de Tbomme. 11 eft di^
vifé en rrois parties \ une antérieure»
une moyenne & unç poftérieure.
La portion Nantérieure eft nommée
vcjiibule , la moyenne, limaçon , ic
la poftérieure labyrinthe en partica*
lier , parcequ'il 7 a trois canaur
demi-circulaires.
On a aufli donné le nom de laby^
rinthe^i la partie fupérieure de l'os
erhmoïde , parcequ'elle eft telle*
ment embrouillée qu'on n'y recon*
noit aucune forme.
I £nfin 9 on nomme labyrinthe
Bpij
3CÔ LAC
toute cavité des os où ie trourent f
plufieurs concours cacfa^ qui coin-
moniquenc enrre eux.
Labyrinthe , eft auffi le nom d*une
force de limaçon aquatique qui a (a
coquille d'un gris obfcur > place j
en forme de nombril à la parcie fu-
périeure & i qnarre échancrores
rondes. Les ftries longicudinales &
tranfverfales font menues & élevées.
Vcye^l Limaçon.
Les deux premières fyllabes font
brèves , la troifième longue , & la
quatrième très-brève.
LAC \ fubftantif mafculin. Grand
amas , grande étendue d'eaux raf-
femblées au milieu d'un continent*
Il V a des lacs , dit M. de fiaffon^
qui font comme des mares qui ne
reçoivent aucune rivière » Se def-
3uels il n'en fort aucune ; il 7 en a
autres qui reçoivent des fleuves ,
& defquels il fort d'autres fleuves ,
6 enfin d autres qui feulement re-
çoivent des fleuves ; la mer Caf- 1
pienne & le lac Aral font de cette
dernière efpèce ; ils reçoivent les
eaux de plufleurs fleuves 6c les con-
tiennent } la mer Morre reçoit de
même le Jourdain , & il n'en fort
aucun fleuve. Dans TAfle mineure ,
il f a un petit lac de la même efpèce
qui reçoit les eaux d'une rivière dont
la fource eft auprès de Cogni , & qui
n'a comme les précédens d'autres
voies que l'évaporation, pour rendre
les eaux qu'il reçoit : il y en a un
beaucoup plus grand en Perfe, fur
lequel eft utuèe la ville de Marago \
il eft de figure ovale & a environ 10
ou 1 1 lieues de longueur , fur 6 ou
7 de largeur. 11 reçoit la rivière de
Tauris qui n'eft pas confidérable. Il'
y a aufli un périt lac en Grèce in
ou 1 5 lieues de Lépante ; ce font Id
les feuls lacs de cette efpèce que l'on
connoifle en Afie \ en Europe il n'y
LAC
' eo a pas un qui foit an peu confidé-
rable. En Aftique il y en a' plufieurs,
mais qui font tous auez oetits » conn
me le lac qui reçoit le fleuve Gbir »
celui dans lequel tombe le fleuveZez,
celui qui reçoit la rivière de Tou*
guedour » & celui auquel aboutit le
neuve Tafilet. Ces quatre lacs font
aflezprèsles uns des autres, & ils
font utués vers les fcon tières de Bar-
barie , près desdéferts de Zaaia ; il
y en a un autre fitué dans la contrée
de Kovar qui reçoit la rivière du^
}>ays deBerdoai Dans l'Amérique
êptentrionale , où il y a plus de
lacs qu'en aucun pays du monde »
on n'en connoit pas un de cette ef-
pèce » i moins qu'on ne veuille re-
Sarder comme tels deux petitsamas
'eau formés par des ruifleaux , Tun
auprès de Guatimapo & l'autre à
auelques lieues de Réalimevo , tous
eux dans le Mexique \ mais dans
l'Amérique méridionale au Pérou ,
il y a deux lacs confécurifs , donc
l'un aui eft le lac Titicaca , eft fort
grand » qui reçoivent une rivière
dont la fource n'eft pas éloignée de
Cufco , & defquels il ne fort an-
cune autre rivière } il y en a un plus
petit dans le Tucuman qui reçoit la
rivière de Salta ^ & un amre un peu
plus grand dans le même pays » qui
reçoit la rivière de Santiago » 6c
encore trois on quatre autres entre
le Tucuman & le Chili.
Les lacs donr il ne fort aucan
fleuve & qui n'en reçoivent aucun ,
font en plus grand nombre que
ceux dont on vient de parler \ ces
lacs ne font que des efpèces de'
mares où fe raflemblent les eaaz
pluviales , ou bien ce font des eaux
fouterraines qui forrent en forme'
de fontaines dans les lieux bas » où
elles ne peuvent enfuite ttouver
d'écoulement ) les fleuves- qui dé«
LAC
bordent peavenc aufli laîtTer dans-
les tecres des eaux ftagnaoces qui
fe confervent enfuice pendant long-
cenaps , 6c qui ne fe renouvellent
que dans le temps des inondations;
la mer par de violentes agitations
a pu inonder quelquefois de cer-
taines tecres & y toïtnev des lacs
fidés , comme celui de Harlem &
plufieurs autres de la Hollande ,
auxquels il ne paroîc pas qu'on
puiflfe attribuer une autre origine »
ou bien la mer en abandonnant par
fon mouvement naturel de certai-
nes terres » y aura laiflfé des eaux
dans les iieux les plus bas , qui y
ont formé des lacs que Teau des
pluies entretient II y a en Europe
plufieurs petits lacs de cette efpèce,
comme en Irlande » en Judand » en
Italie , dans le pays des Grifons ^.en
Pologne > en Mofcovie , en Finlande,
en Grèce ^ mais tous ces lacs font
très-peu cpnfidérables. En Âfie il y
en a un près de TEuphrate , dans le
défert d'I rac , qui a plus de 1 5 lieues
de longueur , un antre auffi en Per-
fe» qui eft â-peu-près de la rnèn^
étendue que le premier, & fur le-
3|uel font fitnées les villes de Kélat»
e Tctuan , de Vaftan & de Van ^
an autre petit dans le Choraflàn ,
auprès de Ferrior ;' un autre petit
dans la Tartarie indépendante , ap-
pelé le lac de Levi ; deux autres
dans laTarta rie Mofcovite } un au-
tre à la Cochinchine , & enfin un
â la. Chine, ic qui eft a(Ièz grand,
qui n*eft point fort éloigné de Nan«
k in : ce lac cependant communique
i la mer voifine par un canal de quel-
ques lieues. En Afrique il v a un
petit lac de cette espèce dans le
Royaume de Maroc \ un autre près
d'Alexandrie qui paroît avoir écé
laifTé pailla mer ; un autre aHezcon-
iidérablet formé pat les eaux pluvia- ]
£
XAC 301
les dans le défert d*Azarad , environ
fous le trentième degré de la-
titude. Ce lac a' huit ou dix lieues
de longeur ; un autre encoie plus
grand , fur lequel eft fituée la ville
de Gaoga , fous le 17* degré ; mu
autre , mais beaucoup plus petit »
i)rès de la ville de Kanum , fous
e 30* dejgré, auprès de l'embou-
chure de la rivière de Gambia ; plu-
fieurs autres dans le Congo , à deux
ou trois degrés de latitude , fud y
deux autres dans le pays des Cafres»
Tun appelé le lac Rufumto^ qui efl:
médiocre , & l'autre dans la pro-
vince d'Arbuta , qui eft peut-être le
plus grand lac de cette efpèce, ayant
15 lieues environ de longueur , fur
7 ou 8 de largeur. Il y a aufli un de
ces lacs à Madagafcar, près de là
côte orientale, environ fous le
ty degré de latitude, fud.
En Amériaue, dans le milieu de
la péninfule de la Floride » il y a un
de ces lacs, au milieu duquel eft
une île appelée Serropc; le lac de la
ville de Mexico eft aufli de cette
efpèce , & ce lac , qui eft â-peu-
prèsrond, a environ lo lieues de
diamètre j il y en a un autre encore
plus grand dans la nouvelle Efpa-
gne , à 15 lieues de diftance ou en-
viron de la c6te de la baie de Cam-
pèche, & tm autre plus petit dans la
même contrée , près des'câtes de la
mer du fud. Quelques voyageurs
ont prétendu qu il y avoir dans l'in-
térieur des terres de la Guiane un
très-grand lac de cette efpèce : ils
l'ont appelé le tac (tor ^ ou le lac
Parime . & ils ont raconté des mer-
veilles de la richefle des pays voi-
fins , & de l'abondance des paillet-
tes d'or qu'on trouvoit dans l'eau de
ce lac : ils donnent à ce lac une éten-
due de plus de 400 lieues de lon-
gueur^ac de plus de 1 15 de largeur }
301 LAC
il n'en fort, difent-ils, aucun Ôeu-
ve , & il n'y en entre aucun. Quoi-
que plufieurs Géographes aient mar-
qué ce grand lac Jfur leur$ cartes , il
n eft pas certain ^u'il exîft^ , oc il
Tell encore bien moins qu*il exifte;
teJ qu ils nous le rcprcfentent.
Mais les iacs'les plus ordinairesj
& les plus commùnémeoc grands,:
font ceux qui après avoir reçu un^
' ' autre flisuvd , ou plufieurs rivières ,
donnent naiâance â d'autres grands!
fl;îuves : codbme le nombre de ces
lacs eft fort grand , on ne parlera
due des plus co «ndérables , ou de
ceux qui auront quelque fingularité.
£n commençant par rEurope, nous
avons en Suiflfe le lac de ôenève ,
celui de Confiance » &c. en Hon*
grie cellii' de Balaton , en Livonie
un lac qui eft aflea grand , & qui
fépare les terres de cette Province
de celles de la Mofcovie \ en Fin-
lande le lac de Lapwert qui eft fort
long & qui fe divife en plu(îeurs
bras , le lac Oula qui eft de fig^ure
ronde j en Mofcovie lie lac Ladoga
qui a plus de' 15. lieues de longueur
lut plus, de la de Urgpur , le lac
Onégaquieft auflî long, .mais moins
large ^ le lac Umen , celui de Bélo-
9&éro , d où fort Tune des Iburces du
Volga i riwan-Ofcro duquel fort
. lune des fources du Don i deux au-
très lacs dont le.Vîtzogda tire fon
origine ; en Laponie le lac dont foit
le fleuve de Kimi , un autre beau-
coup plus grand qui n'cft pas éloi-
gné de la côte de Watdhus , plu-
Heurs autres defqpels. fortent les
fleuves de Lula , de Pitha , d'Uma ,
qui tous ne (ont pas fort confîdera-
blés î en Norvège deux autres à peu
£ rcs.de même grandeur que ceux de
apônie i en Suède le lac Véner qui
lîft grand aufli-bien que le lac Mêler
(ttr lequeleft (îtué Scockolûi , deux
LAC
autres lacs moins confidérables ,'
dont Tan eft prés d'Elvédal , 8c l>.u-
tre de rineopiri.
Dans la Sibérie 6t dànl IaTart;(^
rie Mofcovite & indépendante , il
y a un grand nombre dé ce$ lies dont
tes principaux font lé grand lac Ba-
raba qui a plus de 1 00 lieues dé lon-
gueur . & dont les eaux tombent
dans rîrtis j lé grand lac Eftraguel
i fa (ohrce du même' fleuVe Irtis ;
fMtifieurs autres moins grands i la
burce du Jénifcà , le grand lac Kita
I là fource de TÔl^y , uti autte grand
lac â la fource dé rA'ngàra *, le lac
Bàiciil qui sr plus de loixantendix
lieues de longueuf , 8C qui eft for^
mé par le niemelieuVe Angâra;lë lac
Péhud'oùfort le fleuve Vràck,£nr.i
làCbine 6c dins fa Tàf tarie Cliinoi-
fe le lac Datai d'où fort la grôfle
rivière d* Argus qui toitibe dans le
rîeave d* Amour , le lac des trois
montagnes d'où fort It rivière Hé-
fum ^ui tombe dans le même fleuve
Amour , les lacs dé Cinhal j de
Cokaior 8c de Sotama, defquels
fortent les fources du fleuve Hoam-
ho 'j 4eu^ autres grands lacs voifins
du fleuve de Nankin , &c. dans le
Tonquia le lac de Goadae diii eft
confldérable ; dans rindé le lac
CKiâmat d'où foft le fleuve Laquia ,
ëc qui eft voifln dés fources du Aeavt
Avà , du Lôngenu , &c. Ce lac a
plus db 40 lieuss de largeur fur 50
de longueur j un autre l'aé S Vôrigine
diuGançe , un autre [|^ès deCaîche-
mire à, l'une des fources du fleuve
Indus, &c.
En Afrique on a le lac Cayar , 8c
dent ou trois autres aUi fofft Voitins
dé Tembouchure du Sénéeal ; le lac
de Guarde 8^ celui de Sigiimes , qui
tous deux né font qu'un m^meuic
dé ferme prefque triangulaire • dai
â plus de lop iieuéif de umgaêat rat
le grand W Gambe;i 4%^ plus «de
50 lie.aes de longueur : il y a au
<:'
LAC
7 { de largeur ^ & qui contient urne
île confidérable. C'eft dans ce lac >
que le Niger perd Ton nom » £c au
fortir de ce lac qu'il rraver/e , on
l^appelle Sénégal : dans le Gourbi du
jneme fleuvç , en remontant ver$ la
fburçe , op trouve un autre lac con-
fidérable qu'on appellç le lac Bour^
nou où le Nigf^r quit^, encore (pn
nom ; car la rivière qui y arrive »
l'appelle Gamiam qvl Gombarow.
EnEthioMe^ wx four ces 4u .Nil eft
im^plus,de
: il jr a aum
plufieurs lacs fur^la côte ae Guinée ,
qui parQÎilèiit avoir été formés par
la mer » & il p'v a que peu d'autres
lacs d'i^ne gr^ndepr un peu cpnG^é-
rable dans le refte dé ^Afrique. ^
Iv^/Voaérioue feprentriqiiaUi eO; le
ys.des lacs: les plus gran<}3 fpnt
e laç (upérieur qui. a pl^$ 4e 1,15
lieues de longueur fur 50 dç lar«
geur; le^laç Hufon qui, a pi.è^ de
100 Ueûe^ de longueur (ur environ
40 de largeur \ le. l^c des ^Uino^s »
qui eii cçmprenafït la b^ie ces
PuaijtSji e^ tout auffi étçndu que
le U^ ^ucôa ; le lac Érié iç le lac
Ontario 9 qui ont. tous 4cux pj^t de
89 tieuçs ce Ipnj^feur fgr 10 ojti .15
de lariieur ; le lac NÎiftafin au nord
de Québec , qt^ a environ 5 o li^es
de |pnf uçur 3 1^ lac C^amplain. au
midQL d^ Québec » qui eil â peu près
dè'U mcqîe étendue que le lac Mif-
taun: lé lac Alçmipigon & le fac
des Chriftioaqx,, tous deux au^nord
é^ h^c fiijpétieun: /, tofir au^ fore
' considérables; le tac des Àfliniboils,
qui confient pluiieurs ilçs . & dçnt
rérendue eii lônsueur eft déplus de
7 5 heiies ^ ily en a auUi de\ix de mé-
diocre grandeijir dans le Mc^rq^e ,
indépend^menf;.dê celui de Mé-
xxço j up'autrç Wufoup plûs;^^^^
^PP^^Ç I9 'f ^ ^' Wtfflttfi., dans I9 Pro-
2» A G
ÎP>
vihfedu mèmt nom : ce lac a plus
de 60 ou 70 lieues d'étendue ea
longueur.
Enfin dans l'Amérique méridio-
nale il ]Ben a un peciç a la fource da
Maragnon , un autre plus grand à
la fource de la rivière qu Paraguai »
le lac Titicares donc les eaux tom-
bent dans le fleuve de U Platii ^ deux
autres plu^ petits dqnt lef eaux cou-*
lentaufll vers ce ipcme fleuve ^.&
ûueJquA^ autres ^ui xiefopt pas cpn-
ud<^ra^le$ dans Tmcériqur des tQf res
du Çhilû .) - ,.
Tous les lacs dont les fleuves ci-
rent leur origine ^ ^ousceux qui fe
crouypnt d^ps le cqyfs 4e^⻫uye$pu
2ui en fqptVoifia,?., & qui y, v^r-
snt le^rsi eapx ^ ne fpnt point fal^s ;
prefqup tous ceux a^* contraire ^oi
re^piyent de^ fleuves , fans qiji'il en
forte 4'^utres fleuve^ , fon^ lalés.
I.Ç4 Ucs, qui Qnt aifçlque chçfe
de particulier , (pm I4 nier iporte
dont Jçs eaujjc pQut^euççjOjH be^ucgup
plus de oiruipè auç. 4€^.feA.. Ce bi^tu-
, me qu'on wpelle bitu/rui de Jud^c ,
n'eft aucre cAo/e que 4^ i'afpbal^e ;
& aulfi q^elqqes Aute^rs ont appelé
1^ mer mprte Azf aJpfiaUitCf ^es t^r-
^ rçs aux^ ^pv irons du lac cpntiennçnc
:une graij^^e qi)f n^ité^4^ c^ bituçpe :
bfead^ Ççns f& fqpt Bet(pa4^^^
fujçt dp cej^c.» 4^% q^oiçs^jÇ^bla-*
* bies i ceïles <^e liss Po,çtes opt écri-
tes du lac Ayecpe^que le poiflbn ne
pouypi;, y vivre , aue les çiCe^ujç qui
.mu na^is ni^ i^n ml/iMt^e 4e^es
lacs ne produit ces r^eltes, effets.
1^ naurrjflîyn tous, depx du pajflon ;
les oifeaux v.olei^t par 4eflus > fiç 'les
; hojpnmes 4*7^ baigpent fans ^i^çun
; On a rem%cqvé quç, le^/.e^MMa
, ' '*,S^«>DomIef,^^c^rjJ.^ ,&
504 LAC
une mer agitée, fans que le temps
' paroi (Te orageux.
. Qn a au£ obfervé que û ce phé-
hornèné arrive à l'approche de la
plaie , les eanx perdei#Ieur lim-
' pidité» & paroi (Tenc fous des afpeâs
' extraordinaires. Des perfonnes au-
deflfus des préjugés croient y apper-<
cevoir desphantomes , lefqueis en
s*évanout(unc infenfiblement , font
vtnr qu'ils n*écoienc formés que par
des vapeurs & dc$ exhalaifons con-
denses. Le lac de Zirchiiics en
Hongrie eft un des |»lus fingulibrs
que Ton connoKTe : il reçoit beau-
coup d'eau « & ne déborde jamais :
il fe perd fous des montagnes qui
* l'avbitinent , où les cavernes font
quelquefois sèches 8c d'autres fois
humides , chargées d'oifeaux de paf-
fàge Se de poiuons. Il v a un temps
pu le tac fe tarit , & 1 on jr ramaue
des rofeaux dont on fait de la litière
nux beftiaux t on y récoite auffi du
fojn : fottvent on y laboutç le ter-
rain t on y sème du miller qui croît
' Bc mûrit rapidement : enfan on y
fait la chafTe au gibier & aux bètes
fauves qui defcendent alors des
montagnes. Les Hydrologiftes font
encore mention .d*ttn autre phéno-
mène que donnèrent enr i^o| les
^ taux du lac de Zurich » & en 1 70}
'' (Celles de Délits: elles devinrent
' tout*i-conp rougelrres comme du
fang. L'examen fit recovmoître que
ce riic des conrans d'eaux bitumi-
tïenCts , chai^ée$ d'ochre rouge de
' fer » qi)|i vinrent alors fe mtlet aux
* eaux dç ces lacs.
Il y a j clit-on , en Bohème , dans
la campagne de Boleflaw un lac où
il y a des tVous d'une profondeur fi
, pande qn*on n'a pu le fonder , 6c
U s*élève d^ ce^ trous des vents im-
Sérueux qui parcourent toute la
içl^nx^i êc tjfxï pendant Phivçf
3;
LAC
élèvent fouvent en l'air des mor-
ceaux de glace de' plus décent livres
de pefanteur. On parle d un lac ea
lllanJe qui pétrifie j le lac Néagh
en Jrlande a au(Ii la mcme proprié-
té, mais ces pétrifications produites
par l'eau dé ces lacs , ne font fans
doute autre chofe que des incruf-
tations comme celles que fait l'eau
' d'Arcueih
Lac » en termes de Mythologie. Le
refpeâ pour les lacs faifoit partie
de la religion des anciens Gaulois »
[ui les regardoient comme autant
e Divinités , ou au moins de lieux
qu'elles choififlbient pour leur de-^
meure ; ils donnoient même à ces
lacs le nom de quelques Dieux par-
ticuliers. Le plus célèbre étoit celui
de Touloufe , dansjequel ils je-
toient , foit en efpèces , foit en
barres ou en lingots , Tor & l'argeitt
Îiu'ilsavoienr pris fur les ennemis.
I y avoir auffi dam le Gévaudan ^
au pied d^une montagne » un grand
lac confacré à la lune » où Ton s*af«*
fembloir tous les ans des pays cir-
convoifins , pour y jeter les of-
frandes qu'on faifoit à la Déefle»
Strabon parle d'un autre lac très*
^célèbre dans les Gaules , qu'on
'nàrtimoir/< lac des deux corbeaux^
' parce que deux de cts oi/èaux j
faifoient leur féjour;& là princi-
pale céréi^onie religieufe qui s'y
prariquoit , avoir pour but de faire
décider par ces divins corbeaux les
différens , foit publics , foit par-
' ticuliers; Au jour marqué , les deux
f>artis fe rendoienrfur le bord dir
ac » ft jetbient aux corbeaux cha-
cun un gâteau j heureux celui dont
ces oifeaux mangeoient le gâteau
de bon appétit , il ' avoit gain de
caufe. Celui au fronrraire dont les
corbeaux ne tiifoient que bequeter
ic éparpiller Uôfthnde» étott cenfé
condamné
LAC
condamné par ia bouche mèmd des
Dicuiî fuperftirition aiïèz fernbla-
ble à celle des Roaiains pour leurs
poulets facrés.
LACE, ÉEi participe paflif. /^. Lacer.
LACÉDÉMONE ; ancienne & fa-
-meafe ville de Grèce dans le Pelo-
ponife , fur TEurocas y on Tappe-
loir auffi Sparte. Elle étoir capitale
de la Laconie Se d*unc République
qui a confervé un nom i jamais
célèbre par la valeur de Tes habi-
tans & par les'l^elles loizque Lycur-
gueluiaonna.Quoiqu*ellefûtquacre
Fois moins grande qu'Athènes »elle
Icgaloiten^puiflànce j ia furpafToit
en vertUj & ic maintint dans tout Ton
luftre pendant fept ou huit cens ans.
Les Lacédémomens vivoient en-
core comme des peuples barbares
lorfque Lycnrgue , du fang des Hé-
racli^^s j entrepi2t deles poHcer ,
<le les éclairer & d'en former un
Etat folide & refpeârable.
Après la mort de fon frère Poly-
deâe ^ Roi de î:acédémone , il re-
fufa la couronne que lui ofFroit la
veuve » & qui s'engageoit â fe faire
avorter de i*enfant dont elle croit
grolFe , pourvu qu'il voulût Tépou-
fer. Penfaut bien difFéremment de
fa belle fœur , il la conjura decon-
ferver fon enfant qui fur Léobocés
ou Labotés » & félon Plutarque j
CliariUiis; il le prit fous fa tuteHe ,
& lui remit la couronne quand il
eut atteint Tâge de majorité.
Mais dès le commencement de
fa régence il exécuta le projet
qu'il avoit formé de changer toute
la face d\i gouvernement de Lacé-
démene , dans la police , la guerre ,
les finances , ta religion & l'édu-
cation ; Aïs la poileilion des biens ,
dans les magiftrats, dans les parti-
culiers , en un mot , dans les per-
fonnes des deux fexes de loucage !
Tome Xr.
LAC 305
& de toute condition. Nous par-
courrons le plus brièvement qu'il
fera poilible ivs inftitutions de c»
grand homme.
Son premier foin fut d'établir un
Sénat de vingt-huit membres^ppe^
lés Gérantes j qui joints aux deux
Rois , cpmpofoieot un confeil de
trente perfonnes auquel fut attribué
le droit de vie & de mort. Il ordon-
na que les places qui viendroient â
vaquer fulfent remplies d'abord
après la mort » & que pour cet effet
le peuple éliroit i la pluralité des
voix , les plus gens de bien de ceux
qui auroient atteint 1 âge de foi«
xante ans.
Le peuple tenoit fes affemblées
f;énérales & particulières dans un
leu nu où il n'y avoit ni ftatues »
ni tableaux , ni lambris y pour que
rien ne détournât fon attention des
fujets qu'il devoit trairer. Tous les
habirans de la Laconie afliftoient
aux alfemblées générales , & les
feuls citoyens de Spaite compo«*
foient les afTemblées particulières.
Le droit de publier les aflTemblées
& d'y propofer les matières n'appar-
tenoit qu'aux Rois & aux Gérontes >
les Ephores l'ufurpèrenr dans la fuite»
On y délibSroit de la paix , de la
guerre , des alliances , Qt% grandes
affaires de l'État & de l'éledion des
Magiflrats. Après les propofitions
faites , ceux de Tairembléc qui te-
noient une opinion fe rangeoient
d'un côîé,& ceux de l'opinion con-
rraire fe rangeoient de l'autre \ ainii
le grand nombre étant connu déci-
doit de la contcdation.
Le peuple fe divifoit en tribus
ou lignées \ les principales écoient
celles des Hcraclides & des Pica-r
nates dont forrit Ménélas , & celle
des Egides , différente de la tribu
d^ ce nom â Athèixcs. >
3ctf 1-AC
Lt$ Roîs itoïtni les Généraux
des armées pendant la guerre j pré-
fidoienc aux aflemblées» aox facri-
£ces publics pendant la paix ^ pou-
voient propofer coac ce qu'ils
croyoient avantageux à l'État , 8c
avoienc la liberté ce diflfoudre les
aflemblées quMs avoient convo-
Œiées » mais non pas de rien con*
. dure fans le confentement de la
Nation y enfin il ne leur éroit pas per-
mis d epoufer une femme étrangè-
re. Us écoient proprement les pre-
miers Magiftrats de U République ,
feoiblables aux deux Confuls de
Rome , dont ils différoient cepen-
dant en ce queleurdignitéétoità vie*
Lycurgue s'étoit propofé de dif-
tribuer le pouvoir monarchique »
le pouvoir ariftocratiqiie & le pou-
voir démocratique , de manière
au'ils fe ferviffent lun à l'autre ,
e balance ôc de contrepoids ^ &
l'événement juftifia l'excellence de
cette idée. Il brifa enfuite tous les
liens de la parenté en déclarant tous
les citoyens de Lacédémone enfans
nés de l'état \ il mit en commun
toutes les terres du pays & les divifa
en trcnte-neof mille portions égales»
qu'ildiftribuacommeà des frères ré-
publicains qui feraient leur partage.
Il voulut que les deux fexes euf-
fent leurs facrifices réunis , 8c joi-
gnifTent enfemble leurs vaux &
kurs offrandes i chaque folemniré
leligieufe. Il fe perluada par cet
inftitut , que les premiers noeuds
de l'amitié & de l'union des eCprits
feroient les heureux augures de l^
fidélité des mariages..
Il bannit des funérailles toute fu-
perdition j ordonnant qu'on ne mît
tien dans la bierre avec le cadavre ,
& qu'on n'ornât les cercueils que
de (impies feuilles d'olivier. Mais
comme les prétentions de la vanité
LAC
font fans bornes , il défendit d*ié-
crire le nom du défunt fur fon tom«
beau » hormis qu'il n'eut été tué les
armes à la main , ou que ce ne fut
ttne Prètrefle de la religion.
Il permit d'enterrer les morts ao^
tour des temples » & dans les tem-
ples mêmes , pour accoutumer les
jeunes gens à voir fouveot ce fpec-
tacle 9 8c leur apprendre qu on n*é-
toit point impur ni fouillé » en paC*
fant par-deflTus des ollemens 8c des
fépulcres.
11 abrégea la durée des deuils, & la
régla à onze jours» ne voulant laiffer
dans la vie rien d'inutile 8c d'oifeux»
Se propofant encore d'abolir les
fuperfluités religieufes, il fixa tous
les rits de la religion » les'loix d'r<*
pargne & d'économie. Nous pré-
fentons aux Dieux des chofes com-
munes, difoic un Lacédimonien ^
afin que nous ayons tous les jours
les moyens de les honorer.
11 renferma dans un code poli-
tique les loix, les moeurs & les ma-
nières j parceque les loix 8c les ma*
nières repréfentent les mœurs ^ mais
en formant les manières il n'eut en
vue que la fubordinatioQ i la Ma-
giftrature, & l'efprit belliqueux
qu'il vouloit donnes ifon peuple.
Des gens toujours ciM'rigeans^ 8c
toujours corrigés , qui inftruifoient
toujours , Se croient inftruits , éga>-
lement fimples & rigides y exer-
çoient plutôt des vertus qâ*ils n'a^»
voient des manières :ainfi les mœurs
donnèrent le ton de cette républi*
^e. L'ignominie devint le plus
grand des maux, & la lâcheté » le
plus grand des'cripies.
Comme Tufage de l'or & de far-
gent n'eft qu'un u(k^É|^nefte , Ly-
curgue le profcrivit ious^ peine de la
vie. Il ordonna que toute la mon-
noie ne feroir que de fex & de cui-
LAC
Tre \ encore Séneqne eft le feul mi
parle de celle de cuivre ; tous les
autres auteurs ne nomment que cel-
le de fer , 8c m&me de fer aigre ,
félon Piurarque. Les deniers publics
de Lacédémone furent mis en fé-
oneftre chez des voiitns , Se on les
bifoit garder en Arcadîe. Bientôt
on ne vit plus â Sparte , ni Sophîftes,
ni Charlatans, ni Devins» ni difeurs
de bonne aventure ; tous ces gens
qui vendent leur fcience & leur fe-
cret pour de l'argent , délogèrent du
pajrs , & furent fuivis de cdix qui
ne travaillent que pour le luxe.
Les procès s'éteignirent avec Tar-
ifent : cotmnent auroient-ils pu fub-
iifter dans une républiaue ou il n*y
avoir ni pauvreté ni richeilè , Téga-
lîtéchaUant la difetre^ & Tabon
daace érant toujours également en-
tretenue par la trugaKtié?Plurus fut
enfermédans Sparte comme une fta-
tue fans ame & fans vie j& c'eft la feu-
le ville du monde oà ce qa on dit
communément de ce Dieu , qd'il
eft aveugle , fe trouva vérifié : ainfi
le Légiilateur de Lacédémone s'af-
fura qu'après avoir éteint Tamour
des richeffes , il rourneroit infailli-
blement toutes les penfées des Spar-
tiates vers la gloire Se la probité.
Il ne crut pas même devoir a (Tujettir
a aucunes formules les petits con-
trats entre particuliers. Il laidà la
libertéd'y ajourer ou retrancher tout
ce qui paroîcroit convenable à un
peuple u vertueux Se C\ fage.
Mais pour préferver ce peu pie de
la corruption du dehors , il Bt deux
chofes importantes.
Premièrement, il ne permit pas
i tous les citoyens d'aller voyager
de côté Se d'autre félon leur fantai-
fie , de peur qu'ils n'introduifTlfent
â leur retour dans la patrie, des
idées, des goûts» desufages, qui
LAC 5®7
minaiTein n»rmonie du gouver no*
tnent^cafbli , comme letdiflbMiatKei
Se les faux tons déccuileat Ihatmo*
nie dans la mufique.
Secondement , pour empêcher
encore avec plua d efficace que le
mélange des coutumes oppofées
à fes loix , n'altérât la difci-
pKne & les moeurs des Lacédémo-
niens , il ordonna que les étrangers
ne fuflènt reçus à Sparte , que peu*
dant la folennité des fètes ^ des
jeux publics & autres fpeâacles» On
les accueilloitalort honorablcmenr,
& on les plaçoit fur det fiéges i cou-
vert, tandis que les habitans fe
mettment oà ils pouvoient. Les
Proxènes n'étoient établis à Laoé^
démone que pour Tobfervation de
cet ufâge , on ne fit que rarcmeint
des exceptions à la loi , 9c feuletoient
en faveur de certaines perfonnes
dont le fèjour ne pouvottoa'honorer
l'Etat. Ceft à ce (ujet que kénopfaon
& Pltttarque vantent Tholpiialité
du Spartbte Lychas.
Il ne 'S'agifloit plus que de pré-
venir dans Tintérieur des maifons »
les débauches particulières , nui-
sibles à la fanté , & qui demandent
enfttite pour cure paHiative le long
fommeil , du repos , de la diète ,
des bains te des remèdes de la mé-
decine , qui né font eux-mêmes que
de nouveaux maux. Lycurgue coupt
toutes les fources à l'intempérance
domeftique , en établiflant des phi-
dities, c*eft-â-dire nnecommonauté
de repas publics , dans des faites où
tous les citoyens lèroient obl^és de
maneer enfemble des mêmes mets
règles par la loi.
Les tables étoient de quinze per^*
fonnes , plus ou moins. Chacun ap-
pottoit par mois un boiffeauce
tarine , huit mcfures de vin , cinq
Uvres de fromage • deux livres Se
568^ EAC
demie de figues , fli^uelque peu
de monnoie de fer pour acheter
de ia viande. Celui qui faifoit chez
lui un fâcrifice , ou qui avoic tué
' du gibier à ia chaflfe, envoyoit d'or-
dinaire une pièce de fa viâime ou
de fa venaiion i la table dont il
étoit membre.
Il n'y avoir que deux occadons ,
fans maladie , où il fût permis de
manger diez foi , favoir^quand on
étoic revenu forr tard de la chalTe ,
ou qu on avoit achevé fort tard fon
facritice 'y autrement il falloit fe
trouver aux repas publfcs » & cet
ufage s'obferva ttèslong-tems avec
la derniète exa&itude y jufques-lâ
que le Roi Agis qui revenoit de
Tarmée , après avoir wvaincu les
Athéniens » & qui fe faifoit une
fête de fouper chez lui avec fa fem-
me y envoya demander fes deux
flottions dans la falle ; mais les Po-
emarques les lui refusèrent.
Les Rois feuls , pour le remar-
quer en patTant» avoient deux por-
tions j non pas , dit Xénophon ,
afin qu'ils mangeaflfent le double
des autres , mais afin qu'ils pufTent
donner une de ces portions â celui
qu'ils jugetoient digne de cet hon-
neur. Les enfans aun certain âge
adiftoient à ces repas j & on les y
menoit comme à une école de tem-
pérance & d'inftruâion.
Lycurgue fit orner toutes les fal -
les à manger des images & des (la
eues du ris , pour montrer que la
joie devoir erre un des affaironne-
' mens des tables » & qu^elle fe ma-
rioir avec l'ordre & la frugalité.
Le plus exquis de tous les mets
q.ie Ton fervoit dans les repas de
Lacédemone 9 étoit le brouet noir ,
du moins les vieillards le ptércroient
à toute outre chofe. Il y eut un Roi
de Pont qu ^ncrdant faire Icloge
LAC
de ce brouet , acheta exprès on cnu
finier de Lacédemone pour lui en
préparer i fa table. Cependant il
n'en eut pas plutôt goûté » qu'il le
trouva deteftable^ maisleCuifinier
lui dit : >i Seigneur j je n'en fuis pas
» furpris ; le meilleur manque i
i> mon brouet , & je ne peux vous
» le procurer } c'eft qu'avant d'en
f> manger , il faut fe Daigner datu
f> l'Eurotas >>.
Les Lacédémoniens , après le re«
pas du foir , s'en rerournoient cha-
cuutf hez eux fans flambeaux & fans
lumière. Lycurgue le prefcrivic
ainfi y afin d'accoutumer les citoyens
â marcher hardiment de nuit au fore
des ténèbres.
Ce grand homme eut aufii des
vues toute^ nouvelles fur le beau
fexe: il s'étoit convaincu fuivant la
remarque d'un homme d'efprit , que
les femrtiès qui par-tout ailleurs
fembloient , comme les fleurs d'un
beau jardin^ n être faites que pour
lornemenc de la terre & le plaifir
des yeux» pouvoient être employées
' il un plus noble ufage^ & que ce
fexe avili & dégradé chez prefqae
tous les peuples du monde j pouvoit
entrer en communauté de gloire
avec les hommes j partager avec
eux les lauriers quil leur fziCoit
cueillir, & devenir enfin un des
puiiïàns reflbrts de la légiflation.
Lapluparr des Auteursgrecs nous
apprennent que les Laéédémonîen»^
nés éroient les plus belles femmes
de 1 UniverSiT On fait quels furens
les charmes d'Hélène & de Pcnelo*
pe, quiécoient de Sparte. Lycurgue
fe propcfant donc d'élever les mU%
de fa république au-deflfus des cou-
tumes de leur fexe , leur fit faire les
mêmes exercices que faifoient les
hommes , afin qu'elles ne leur
fuiltnt infécieures , ni ptmr U
LAC
force t ni pour la famé dû corps i
ni poar. la grandeur du courage.
Ainfi deftinées â s'exercer k la couric»
à lalutce »à jerer le palet & à lancer le
1*avelor,etles porcoienc des habits qui
eur donnoient toute raifanceriiécef-
fai re pou r s'acquitter de ces exercices.
Le Légi dateur Lacédcmonien ne
voulut pas feulement que les jeunes
garçons danfaifent nus^ mais il éta-
« blit. que les jeunes filles dans cer-
raines fêtes folennelles danferoient
en public, parées de leur propre
beauté , & fans autre voile que leur
vertu. Les Âpologiftes d'un ufaee
qui nous paroît fi étrange & fi blâ-
mable, difent qu'outre qu'il eft
impoilib'.e de fuppofer que Lycur-
gue qui teg.irdoit l'éducation des
. enfans comme lafFaire la plus im-
porranre , ait jamais pu fonder une
coutume qui tendît au dérèglement,
la nudité étant commune d Lacédé-
mone n'y faifoit point d*impreflion
criminelle ou dangereufe» 11 fe for-
me paptout naturellement , ajoute-
r-on , une habitude de l'œil à l'objet
quidifpofe^-^'infenfibilitc, & qui
bannit les défirs déréglés de l'ima-
gination 'y l'émorion ne venant guère
que de la nouveauté du fpeâacle.
Enfin , & c'ed la meilleure raifon ,
des qu on s'ed une fois mis dans
Tefprît l'intcgtité des mceurs de
Sparte , on demeure perfuadc de ce
bon mot: Lcsjîllts de Lacédémonc
nétoUnt point nues ; r honnêteté pu^
blitjue Us couvrait. Telle étoit , dit
PIur.irque , la pudiciré de ce peuple,
que l'adultère y palloit pour une
chofeimpolliblc & incroyable.
Les femmes de Lacédéroone por-
toienr un voile fur le vif âge , &, nqn
pas les filles ^ & lorfqu'un étranger
en demanda autrefois la raifon à
CharilaiJs , il répondit que les filles
cherchoient un mari. Se que les
LAC .309
"femmes fe confervoient pour le leur.
Dès que ce mari étoit trouvé 6c
agréé par le Magiftrat, il fallcHC
' qu'il enlevait la nlle qu'il vouVôit
epoufei 'y peut* être afin que la pudeur
prête à iuccomber eût un prétexre
dans la violence du ravilTeur. Plu*
tarqye ajoute qu'au temps delacon-
fommation du mariage , la femme
étoit vêtue de Ihabit d'homme.
Comme on n'en apporte point de
raifon, on n'en peut imaginer de
plus modefle & de plus apparente »
finon, que c'éroit le fymbole d'un
pouvoir égal entre la femme & le
mari ^ car il eft certain quUl n y a
jamais eu de nation , où les fem«
mes aient été plus abiblues qu'à La-
cédémonc. On fait à ce fujet.ce que
répondit Gorgo^ femme de Lconi-
das, Roi de Sparte, à une dame
étrangère qui lui difoit : » il n'y a que
M vous autre s qui commandiez à vos
i> maris : cela eft v rai, répliqua la rei-
9> ne\ maisaufiiiln'yaquenous qui
i>mettions des hommes aumonde.» '
Quand les Lacédcmoniennes ap*
prenoient que leurs enfans avotenc
été tués , 8c qu'elles étoient à portée
de vifiter leur corps , elles y cou-
roient pour examiner fi leurs blef-
fures avoient été reçues le vifage oa
le dos tourné cotitie l'ennemi*, fi
c'éroit en faifant face, elles ef-
fuyoient leurs larmes , & d'un vi-
fage tranquille j elles alloient inhu-
mer leur HIs dans les tombeaux des
ancêtres y mais s'ils avoient été bief-
fcs autrement, elles fe retiroient fai-
fies de douleur, & abandonnoient les
cadavres à leur fépulture ordinaire*
• Les loix de Lycurgue puniflôienc
les célibataires, ceux qui fe ma-
rioient fur Tâgc- avancé, & mc.ne
ceux qui faifoient des alliances mal
afIbrtieSj&enmcnietemps eibs dé*
fendoient le mariage aux lâches qui '
3IO LAC
«voientprls la fuice dans an combat. I
Quelquefois un mari cédoic fon
lit oupciai à un homme de bonne
mine pour avoir des enfans robuftes
Se bienfaits; les Spartiates n'appe^
loient point cette ceflîon un adulte^
re. Us croyoient que dans le partage
d*un bien (i précieux » le cot^feme-
ment ou la répugnance d'un mari
fait & détruit le crime» & qu'il en
étoit de cette aâion comme d'un
tréfor qa*un homme donne quand
il lui plaît » m ûs qu'il ne veut pas
qu on lui ravi (Te.
Lors de la nailfance des enfans de
Lacédémone , on les lavoit dans du
vin. Cette liqueur félon leur opi-
nion » avoit la vertu d'augmenter la
force«de la bonne conftitution , ou
d'accabler la langueur de la mau-
▼aife. Les enfans qui fortotent heu-
, reufement de cet te épreuve j avoient
une portion ^e% terres de la républi-
que! allignée pour leur fabH^ance,
& jouifloieit du droit de bourgeoi-
fie. Les infirmes étoient expoiés à
l'abandon^ parceque , fclon l'ef-
prit des lois de Lycurgue , un La-
céJémonien ne naiflbit ni pour foi-
mème , ni pour fes parens , mais
pour la république » dont il falloir
que l'intérêt fut toujours préféré
aux devoirs du fang. Athénée nous
afsûre que de dix* en dix jours , les
enfans padoienr en revue tout nus
devant les Ephores pour examiner
fi leur fauté pouvoit rendre à la ré-
publique le fervice qu'elle en at-
tendoit.
Chaque vieillard , chaque père
de famille avoit droit de chàrier les
enfans d'autrui comme les fiens
propres, & s*il le négligeoit , on lui
imputoit la fauté con) mi fe par l'en-
fant. Cette loi de Lycurgue tenoit
les pères dans une vigilance conri
nuelle , Se rappeloir fans celTe
LAC
MX enfans qu'ils apparcenoitnt 1 la
république. Au£li fe ibumettoient*
ils de leur f topre mouvement à la
cenfure detous les vieillards. Jamais
ils ne rencontroient un homme d*i-
ge , qu'ils ne s'arrètaifent par cef-
peâ 9 jufqu'â ce qu'il fût paflfé \ 8c
5|uand ils étoient ailis» ils fe levoienc
ur le champ à (on abord. C'eft ce
2ui faifoii dire aux autres peuples
e la Grèce , que fi la dernière fai-»
fonde la vie avoit quelque chofe de
flatteur , cen'écoit qu'à Lactdtmont.
Dans cette république l'oifiveté
des jeunes gens écoic mife au rang
des fautes capitales, undis qu'on
la regardoit comme une marque
d'honneur dans les hommes faits.
Car elle fervoit à difcerner les
Maîtres des efclaves : mais avant de
goûter les douceurs du repos , il fal-
loir s'ctre continuellement exercé
dans la jeunelfe â la lutte , i la cour*
fe » au faut , au combat » aux évo-
lutions militaires , i la chaflTe , à la
danfe , & même aux petits brigan-
dages.
Le larcin leur étoit permis pour
leurdonnerde l'adreiTe , de la rufe,
de l'a&ivité \ mais ceux qui étoient
ris fur le fair étoient châtiés pour
eur maladreffe.AuflScraigaoientils
tellement la honte d'être décoti-
verrs , qu'un d'eux ayanr volé un
petit renard ^ le cacha fous fa robe»
& fouffrit y fans jerer un feul cri , qu'il
lui déchirât le ventreavecles dents
jufqu'â ce qu'il expira fur la place.
Les pères en certains jours de
fêtes , raifoient enivrer leurs efcla-
ves & les produifoient en cet état
méprifable devant la jeuneffe de
• Lacédémone, afin de la préferver
de la débauche du vin , & lui enfirt-
f|ner la vertu par les défauts qui lui
ont oppofés \ comme qui voudroit
faire admirer les beautés de la na-
r.
LAC
taie en montrant les horreurs de la {
mût.
Au motnent que les Spartiates
entroient en campagne leur vie écoic
moins pénible , leur nourriture plus
délicate , & ce cjui les touchoit da-
vantage f c'écoit le moment de
faire briller leur gloire 8c leur va-
leur. On leur permetroit â l'armée
d'embellir leurs habits & leurs
armes , de parfumer & de trefler
leurs longs cheveux. Le jour d'une
bataille » ils couronnoient leurs cha-
peaux de fleurs. Dès qu'ils étoient
en préfence de Tennemi , lenr Roi
fe mettoit â leur tète » commandoit
aux joueurs de flûte de jouer l'air
de Caftor & entonnoir lui-même
l'hymne pour fignal de la charge.
C'étoir un fpeébicle admirable &
terrible de les voir s'avancer i l'en-
nemi au fon des flûtes Se affronter
avec intrépidité , fans jamais rom-
pre leurs rangs , toutes les horreurs
du trépas. Liés par l'amour de la
patrie , ils périfloient tous enfemble
ou revenoient viâorieux.
Quelques Chalcidiens arrivant
â Lacédémonc , allèrent voir Argi-
léonide , mère de Braiîdas oui ve-
noit d'être rué en les défendant
contre les Athéniens. Argiléonide
leur demanda d abord \e% larmes
aux yeux , (i fon fils étoit mort en
homme de cœur , & s'il étoit digne
de fon pays ? Ces étrangers pleins
d'admiratien pour Brafidas , exal-
tèrent fa bravoure & fes exploits
jufqu'à dire que dans Sparre il n'y
avoir pas fon égal. Non , non , répar-
tir Argiléonide en les interrompant
te en eiTuvant fes larmes , mon fils
étoit y j'elpère, digne de fon pays»
mais fâchez que sparte cfl pleine
de fujets qui ne le lui cèdent ni
en vertu ni en courage.
£o effet les aâions de bravoiire
LAC 311
des Spartiates pafferoiént peut-ctr®
pour folles , fi elles n'étoient confa*
crées par l'admiration de tous les
fiècles. Toujours impatiens de com-
battre , ils fe précipitoient avec
fureur dans les bataillons ennemis ^
ic de toutes parts environnés de la
mort , ils n'envifageoient autre chofe
que la gloire.
Les étrangers alliés de Lacédé-
mone , ne lui demandoient pour
foutenir leurs guerres , ni argent »
ni vaiffeaux , ni troupes > ils ne lui
demandoient qu'un Spartiate â la
tere de leurs armées \ & quand ils
l'avoient obtenu , ils lui rendoient
avec une entière foumifllon toutes
fortes d'honneurs & de refpcéts.
Ccftainfi que les Siciliens obéirent
â Gy lippe \ les Chalcidiens i Brafi«>
das i & tous les Grecs d'Afie à Ly-
fandre, à Callicratidas & â Agéfilas.
Tels furent les fruits de la légif-
lation de Lycurgue. Quand ce grand
homme vit fa forme de gouverne-
ment folidement établie , il dit i
fes compatriotes qu'il alloit conful-
ter l'oracle pour lavoir s'il y avoir
quelques changemens à faire' aux
lois Qu'il leur avoir données , & il
leur m jurer d obferver inviolable-
menr fes ordonnances jufqu'â fon
retour : mais il réfolut dans fon
cœur de ne point revenir â LacéJé-
mone & de finir fes jours à Del-
phes où il les termina en effet fe*
crètement en s'abftenant de manger.
LACÉDÉMONIEN, ENNEj adjec-
tif fie fubilantif. Qui appartient â
Laccdémone y qui eft de Lacédé-
mone. yoye:(^ LAcâuÉMoNB.
LACER \ verbe aékif de la première
conjugaifon , lequel fe conjugue
comme Chanter. Loro ilUgarc.
Serrer ou fermer avec un lacet. On
lace un corps de jupe en pa(fant un
lacet dans Us x'Ulets perces fur fes
3rz LAC
bords à droite & à gauche. Sa femme
de chambre la lace.
On die lacer du ruban ^ quand on
le paflfe pludeurs fois par ornement
au bcrd d'un habit j d'une robe,
&c.
On die en termes de Marine,
lacer la voile ; pour diiej faifir la
voile à la vergue^ ce qu'on eft obligé
de faire quand on eft furpris par un
vent violent.
Lacer , fe die d'un chien qui couvre
fa femelle. C^ejl un excellent chien
qui a lacé cette chienne.
La première fyllabe cft brève, &
la féconde longue ou brève. P^oye\
Verbe.
Les temps ou perfonnes qui fe
terrninent par un e féminin , ont
leur pénultième fyliabe lonp;ue.
LACÉRATION j fubftantif féminin ,
6c terme de Palais. Adion de lacérer
un écrit » un livre. On ordonne la
lacération des pièces reconnues fauf-
fes, quon déclare nulles; & celle
des écrits ou libelles, qu'on fuppri-
me, comme fcandaleux ou injurieux
 quelque perfcnne ou compagnie
cûndituée en dignité. La lacération
des pièces fauffes fe fût par le Gref-
fier, & celle des libelles par l'Exé-
cuteur de la baute-juftice.
LACÉRÉ, ÉEj participe paflîf. f^oyei
Lacérer.
LACÉRER \ verbe aâif de la première
conjugaifon , lequel fe conjupiie
comme Cham^t^k Lacer are. Déchi-
rer, Il ne fe dit guère que du papier
& en termes de Palais. Il faut lacérer
la première quittance. Il fut ordonné
que le libelle feroit lacéré par l*Exé^
cuteur de la hautejujiice y & enfuite
brûlé.
LACERNE; fiibftantif féminin, &
terme d'antiquité Cctoie chez les
Romains, une jcfpèce de manteau
qu'on meftoi^par-de0us la^oge, &
LAC
I quand on quittoit cette robe , par*
dc'flus la tunique. On l'artacnoic
avec une agraffe fur l'épaule ou^par.»
devant. Il ne fut d'abord en utage
que pour la campagne. On s*ea fer-
vie dans la fuira a la ville pour fc
garantir de la pluie.
LACERON. Foy€[ Laiteron. •
LACERT; fubftantif mafculin. On
donne ce nom i un poidbn de mer
qui a beaucoup de reîremblance avec
un Iczard. Sa longueur eft d'un pied^
il a le mufeau pointu j la tète gran-
de ^ large, applatte, fk la bouche
petke. Au lieu d'une fente a l'en-
droit des ouïes , il y a au-defllous de
la tcte deux trous qui y fuppléent »
un de chaque côté. Les yeux font
aufli placés fur la futface fupérieure
de la tcte^ les nageoires font en
partie de couleur d'or , & en parrie
de couleur d'argent^ celles qui fe
trouvent audellous des nageoires
voifines des ouies , ont plus de lon-
gueur , & font placées fort près de
la bouche. Le dos a deux nageoires :
la première eft fore petite & de
couleur d'or , avec des traits de cou«*
leur d'argent : la féconde eft très-
longue SfC terminée par cinq pointes j
il fe trouve au delà de lanus une
nageoire dorée dans toute fon éten-
due , excepté le bord qui eft noir ^
le corps a peu de diamèrre; la queue
a une nageoire très-longue, &c noire
fur le bord \ la couleur du dos eft
d'un jaune verdâtre^ les côtés cnc
de petites taches argentées 8c bletiâ'-
xres; le ventre eft blanc, large, plat,
& revêtu fculemenr d'une peau dé-
liée; la chair du Lacert a beaucoup
de rapport â celle du Goujon^ On
voit des Lacerts i Gènes Se à Ro«
me.
LACET \ fubftantif mafculin. La--
queus. Cordon de filou de foie fer«
li par les deux bouts » doue les fem-
met
LAC
mes fe fervent pour ferrer leur
corps de jupe. Un lacet plat. Un là-
> cet rond. Un lacet de foie.
Lacet , fe dît aufli d'un lacs avec
. quoi oh prend tes perdrix , les liè-
vres » &c. // va tendre des lacets
' dans ces haies. Prendre une perdrix
au lacet.
Lacet, fedîrcn cermesde Boyaudiers,
d*ane petite corde qui rient à une
cheville > à laquelle on attache un
bout de boyau qu'on veut retordre.
Lacst , fe dit en termes de Serruriers,
ë*une petire broche de fer qu'ils
. appellenr aufli rivure.
LACET ANIENs ; ( les ) ancien peu-
pie d*Efpagne qui babitoit une par-
' rie du* Diocèfé de Lerida & de la
nouvelle Catalogne.
LÂCHE; ail)èâirdes deux genres.
t Laxus. Qui n'eft pas tendu, qui n'eft
pas ferré comme il pburroit lecir.
Tene^^ la ficelle un peu lâche. La
- eeiniure tfi trop lâche. Un n<zud qui
tfi bien lâihe:
• On die âaffi > que de h toile , du
drap ou quelque autre étoffe eft lâche ,
qaand la trame n'eft pas bien bat-
tue & ferrée. Une toile lâche. Une
étoffe lâche.
On dit , avoir le ventfe lâche ;
pour dire j avoir le ventre 'trop
libre. ' ^
LAcRB , fignifie figurément, qiil'h'a
point jle vigueur ni d*aâ.ivité. Un
homme lâche au travail»
Il fe dit fouvent des chevaux qui
le itieoveAtnonchâlammenc& fui-
blemenr. La 'méthode pour révèH-
Itrun cheval natutellemenr lâche,
Ibard & pare(reux,eft de renfermer
dans une écurie très-obfcure • de l'y
lailTer durant un mois ou (ix femai-
nes (ans l'en faire fortir ,' & de lui
«donner à manger tant qu'il veut.On
prérend que cette manière dé gbù.-
vernerun cheval /^irAe ^ Tévétlfe éc
Terne XV.
LA C 3n
le rend propre à Tcxercice. Si on
n'en vient pas à bout par-ll » il faut
'' avoir recours à la chambrière , à la
houfl[]nè& à la voix; & H ces aides ne
raniment & ne le réveillent point ,
ilfaut le bannir entièrement au ma»
nége ; car c'eft un temps perdu que
de l'y garder plus long- temps.
On dit , que U temps ejt lâche;
pour dite, qu'il eft vain & jmou.
On appelle figurément un jlyle
lâche , un flyle qui n'eft point ferfé,
qui n'a rien de nervei^x , qui ^eft
chargé de mots irïuriles , & qui ne
peint point l'idée fortement.
LAcHE , figniâe aufli qui eft fans cœur»
far« courage \ il eft oppofcà brave.
Un lâche Co'f mandant. Des irpupes
Idche 5' &^ efféminées. ....
LXcHE \; (îgnifie encore , qui n'a nu!
fentiment d'honhear. Cejl une ame
lâche & baffe.
LÂCHÉ , fe dit au(G à peu près dans le
même fens , des a£bions ii>digi)es
d'un honnête homme. C'eft un pro"
' cédé bien lâche.
LAcHE , Te dit qUelc^uefols fubft^n*
tivement pout ngnider un homme
fans cœur y fans courage , ou qui
n*a nul fentiment d'honneur, fljc
trouva à cette affairé , mais il s'y
comporta en lâche, t'èfltaclion i^un
lâche. '" '• '^ * ' /^
f^oye:[ Poxtr qN « pour les dilFc-
'rerices relatives qdi en diftinguçnc
lâche. ' '
. La première fyllabe eft longue ,
*& U féconde très-brève.' ' |
^ Cet adjédif petit en certains cas
précéder ou luiyre lé fubftantif
auquel il fe rapporte : ainfi l'on
dira , de lâches Joldats , ou des Jol-'
dats lâches.
LÂCHÉ , ÉE ; participe pàflîf. Foyer
CHER.
LÂSHEMENT ; adverbe. Molliter.^
• 'Mfellethertt ', foibleitient , noncHa;-
Rr
314 lAC
iammenc. Ca ouvrier travaiUt bien
lâchement^
Lâchement, (ignifie auffi fans cœur
& fans courage , & il eft oppo(é â
▼aillammenc. //r prirent lâchement
• la fuite fans combattre.
LAcHEMENr, (ignifie encore fanshon*
neiir. Ils le trahirent lâchement.
La première fyllabe eft longue ,
la féconde très-brève , &Ja croifiè-
me moyenne.
LAlHER^ verbe aâif de la première
conjugaifon , lequel fe conjugue
comme CHANtkR. Laxare, Faire
quune chofe foie moins tendue,
moins ferrée qu*elle n'écoic. Il faut
tâcher la corde de cette grue. Lâche\
' un peu ta ctinrure. tucher un reffort.
On die , tâcher la Bride à un che-
val ; pour dire, lui tenir la biide
moins courte , ou pour le pouffer
ou pour le laifTer aller à fa volonté.
Et lâclier la main àfon cheval ; pour
dire , le faire courir de toute fa
VîtelTe. Et lâcher la gourmette ; pour
dire , l'accrocher â un maillon dif-
férent de celui où elle ferre trop le
menton du cheval.
On dit figurémenc & familière-
ment , tâcher la main » lâcher ta
bride , lâctier ta gourmette à quel-
qu'un ; pour dire , lui donner plus
de liberté qu'on n*a coutume de
faire.
On dit auffi figurémenc » lâclier
la bride a f es pâmons ; pour dire ,
fe livrer fans réierve à les parlions.
On dit encore figurément en par-
tant d'affaires, d'inicrct , lâcher la
main ; pour dire j abandonner quel-
que chofe de fon intérêt , dimi-
nuer de la fomme qu'on deman-
doit. Et lâcher le pied ; pour dire ,
prendre la fuite*
En termes dVfcrîftie, on dit , tâ-
cher la mefure ; pour dire, recuJelr.
LAoHER 3 égnifie aufli laifles aliêr
LAC
tout-à-fait. Si vous tâche\ce vafe il
febrifera. On ne peut pas lui jaire
tâcher prife. On a lâché les prifoa;
niers.
On dit en termes de Vénerie ,
tâcher les chiens; pour dire , les laif-
fer courre après la. bête. Et en ter-
mes de Fauconnerie, lâcher t autour;
pour dire , le laifler partit. A lé-
gard du faucon , on dit , jcter.^
On dit figurément & familière-
ment , . lâcher des Sergens après
quetquun ; ppur dire » donner com«
miffion à des Sergens de pourfuivre
quelqu'un. Et généralement on dit,
lâcher un homme après un autre ;
pour diçe , charger un homme d'en
perfécutec , d'en inquiéter un au-
tre.
On dit , lâcher la bonde d'um
' étang , tacher une éclufe ; pour dire,
lever la bonde d'un étang , lever
une éclufe. Et lâcher te robinet ;
pour dire , tout ner la clef du robi-
net afin de faire couler l'eau.
On dit ; qiiune chofe lâch€ le
ventre , ou amplement , <\\ï*elle là*
ehe ; pour dire, qu'elle rend le ven-
tre lâche & libre , qu'elle a une
vertu laxative. Les mauves tâchent
le ventre. Les pruneaux tâchent.
On dit familièrement , tâcher de
teau ; pour dire , uriner. Et l'on
difoit autrefois , tâcher raiguUtcttc;
pour dire, fe décharger le ventre.
On dit encore , lâcher un vent ;
pour dire , laifler échappeif un vent
par derrière. Et Ton dit d'un mala-
de , qu'i/ lâche tout fous lui ; pour
dire , qu'il ne peut retenir fes ex-
crémens.
On dit figurément & populaire-
ment , lâcher un coup j tâcher un
f^ufflet; pour dire , donner un coup,
donneç un (butflet. // /«« lâ^ha un
coup de pied^ un coup de canne.
LÂcuBA , fe dit auffi d'une arme à feu*
LAC
Il lui lâcha un coup defafildans les
Jambes. L'amiral lâcha fa bordée à
' cinquante pas de difiance.
On dû » lâcher une parole ^ lâcher
anmot; poar dirç JaifTer échapper
inconfidérémenc quelque chofe qui
pcoc nuire. // fe repencjt bien Sa-
voir lâché ce mot*
On le die aufli d'une perfonne
qui die une chofe avec quelque def-
' lein. Dis qu'il eut lâché cette parole ,
on Je réunit à fon avis.
On die encore , lâcher la parole ,
lâcher le mot , lorfque dans un mar
ché on viene k dire le dernier moe
du prix qu'on veur avoir ou don-
ner, ou lorfque dans une négocia-
tion on acquiefce à une chofe après
quelques difficuleés. // avoit réfoh^
de s* en tenir là ; mais cette damé Va
tngagi à lâcher le mot.
Au jeu de, la paunne , on dit , lâ-
cher la balle ; pour dire, n^ la poinr
Coucher , parccqu'on gagne la
chaflè.
LlcHER , ft dit andi ï de certains
jeux des cartes .coitime à l'hombre.
LAC 3it
te nom propre de celle des trois
Parques qui veilloit fur eous les
événemens de la vie, & eournoie te
fiifeau jufqu'au moment où il étoic
décidé qu'il falloir mourir. Voye^
Parques.
Prononcez laké^is.
LÂCHETÉ ; fiibaairtîf féminin. Igna-
via, Poltronerie , manque de cou^
rage. Il eft oppofé à bravoure. Les
ennemis durent la conquête de cette
place à la lâcheté de la garn\fon. Il
s'enfuit par lâchaé.
Lâcheté , fe prend auflli pour aâion
bafle & indigne , àc en ce fens oti
le dit au pluriel comme au Hugu*
lier. On lui impute toutes fortes de
lâchetés.
La première fyllabe eft» longue »
la féconde ttès-brcvej & la eroi-
fième brève au fin^ulier ; mais celle*
Cl eft longue au pluriel.
LACHI \ bourg maritime de l'Alba-
nie , à deux lieues de Durazzo »
vers le midi. Ceft l'ancienne ville
de Petra.
&' a^^'.c^^ u;/r 11 I ; //i GACHIS: nom d'une ancienne ville
Itenine , laifler aller la main. Il\ j • ni n.- -j- j i l
A//^;» u^L^J u ^ '. r ^. t Lâ^ I de Ja Paleftine , au midi de la tribu
jallott lâcher ^ dauroit fait la bite. j t j « a
i^„.« ^n. ...a: ul •- de Juda , & i
LÂCHER , eft auffi verbe neutre , &
lignifie ceflcr d'èrre tendu. Si cette
corde lâchoit^ la machine fe brîferoit.
On dit , QtCun piftolet , un fufil
tjl venu à Je lâcher ; pour dire ,
qu'un piftolet » un fu(il s'eft débandé
"^de lui-même.
Il eft aufti pronominal réfléchi.
Son moufquet s*efl lâché. Le r^JJbrt
fe lâchera.
Ondiv fîgurémenr & familière-
ment, fe lâcher ; pour dire , tenir
des propos indifcrets , une conver-
iation indécente.
La première fyllabe eft longue, ôc
la féconde longue ou brève, ^oyq
'V*RBH.
LACUÊSIS ; resme Àt Mircholoftie :
fept milles d'Él
theropolis.
LACIER 'y vieux mot qui fignifioic
autrefois arracher.
LACINIÈ , ÈE ; adjeâif & terme de
Botanique* 11 fe oit des planées qui
comme l'areichaue, le fenouil ,otK
leurs feuilles découpées eu forme
de lanières.
LACINIENNEi adjedif féminin 8c
terme de Mythologie. Surnom de
Junon ainfi appelée du promontoire
Lacinium dans la grande Grèce où
elle, avoit un temple.fameux par les
riches offrandes dont il éeoitorué.
LACIS ; fubftanrif mafculin. Tex^
tunt. £fpècé de réaeali de filou
4e' foie^oil'd'^Mtres matières qu*oa
Rrij
p6 :LAC '
peut entrelacer. Elle fait, 4^ lacis, j
Ce lacis ncft pas ajp^fin* , .
Lacis > fe dk en termes d'Ânatoniie >
d'une forte d*eatceiacement de dif-
fcrens vaidêaux di> corps humain :
il prend auHI le nom de plexus tlprf*
qu'il eft corapoi^ de filets nerveux j
..& celui de rcc admirabU^ quand H fe
fait de vaiireaux fanguins.
. La première fyllabe eft brève , &
la féconde iongbe. ,
LâCK \ fubibncif mafculin. Mpn-
noie de compte qui dans l'Empire
du Mogol vaut cent mille. roupies.
t-ACKMUS ; fubftantif mafculin. Les.
Allemands donnent ce nom à .une
couleur bleue j femblable à celle
qu'on tire du tournefol. Elle vient
d'Hollande & de Flandre. Ceft un
mélange compofé de chaux vive ,
de verd«de-gris » d'un peu de fel
ammoniac, & du fuc du fruit de
myrtille épaiffi par la coûion.
Quand ce mélange a été féché , on
le met en paftilles ou en tablettes
carrées. Les peintres ea font ufage,
. & l'on en mêle dans la chaux dont
on fe fert poor blanchir les plafonds
& rintériéur des* maifons \ cela
donne un coupd'œil bleuâtre au
blanc , ce qui le rend plus beau.
LACOBRIGA ; nom de trois an-
ciennes villes d'Efpagne , dont deux
étoientdans la Lufitanie,^ la troi-
' (lèmedansrEfpagneTarragonoife,
au pays èt% Vaccéens.
XACOME ; petite rivière de France
qui a fa fource dans la fbrèt d'Of-
léans , & arrofe une partie de l'Or-
léanois & du Donofs où elle le Jette
dans le Loir.
LACONIE; nomd\ine fameofe con-
trée ' de l'ancienne Grèce , À^tm lei
• Péloponèfe » fvr tes bords de l^Eu-
fotas qui la divite tn deux parties
^ales. ]^l^avokat|^ffNKd,lQ:fo)rau-i
r'
le
LAC
' %ii, ^xni^i le golfe^ de* Laôotiié ^ 2
^ i'ocç^dept la Meiïétiie , & l'Arcâ-
die au nord-outlV. Lacédéoione ea
étoiç la- ville capitale, /^oy^ La-
CEDÉMONE.
Le golfe de Laconie fe nomme
aujourd'hui folj^ de Colnkyria^ près
du cap 'Matapan.'
Le; anciens 'appeloieoc marbre de
Laconie , un marbre vert d^une
grande beauté , mais dont la coiî*
leur n'étoit point entièrement uni*
' fofine^ ilét;oit reinpU de taches 8c
de veines d'un vert ou plVis< claie ou
lusobfcurque le fond de la cou-
eur. Sa re(Icmblance avec la peaa
de quelques (erpens l'a fait appelée
ophites par quelques auteurs : il ne
faut pomt confondre ce matière
avec la ferpentine» que l'on a auffi
appelée ophites* .
Le nom de ce niarbre fembleroit
devoir faire conjeâurer qu^on en
tiroir de la partie de la Grèce qui
eft aux environs de Lacédémone ^
cependant on dit que les Romaiiis
je faifoient. venir d'Egypte. Au-
jourd'hui on en trouve en Europe >
prèsde Véronne en Italie ,en Suède»
& en Angleterre près de Briftot*.
Il paroît que ce n^rbre eft le mê-
me que celui que les marbciers
nomment ven d! Egypte ou venant
tique* .
LACONIQUE j adjeâif des deux
genres. Laconicus > tf > um. Qui
appartient à la Laconie. Le golfe
laconique.
Laconique , fignifie aulli concis à la
mantète des Lacédémoéienai Vnc
. : ,^ep0nfi lac$niqHe. Unfiyle {aconique^
Un auteur UtçQtûquei
Les trois premières fyllades font
brèves & U quatrième très-brève
LACONIQUEMENT } adverbe. Lr*
eonici. Brièvement » d*iinenianièce
•i
fiement. Ccfi répendre laconique-'
mcntn
LACONISME ; fubftantif mafcuUn.
Laconifmus. Façon de parler con-
cife , ferrée j animée à la manière
4es Lacéd^nohieàs. L'hlftoire nous
a confervé deaï exemples mémo-
rables de laconifmedans les répàn-
fes que les l!àcédémoni^ns fireric â
deax lettres de Philippe Roi de Ma-
cédoine : par la première de ces
lettre^ cjcu étoir fore longûelj ce
Prince ' menaçoic les Xa<:éJéiiio-
tilens , & ils ne lui repoli dirent àae
eii; lapaniculeyF. Dat\s la féconde»
hilippe qai les avoir vaincue & ré-
duirs i Textrémicé , leur demanda
en termes impérieux j s'its ne vpu-
loienr pas le recevoir dans leur vi)le?
Leur réponfe fut le .mopofyllabe
non.
Lacqub j viTyq^ Laque. .
JLACRYMAL , ALE ; idjeûif &
terme d'Ânaromie. 11 fe dit de ce
, qpi a. rappel aux- tarmeS; : ainH >
rJLa <arot2€lile^lc;CryjnaIc i^ ^ft .une
• pe^re g^nde.n^ruéeau graifd at^jgte
; dé rœiî. Elle .e(l petÎRç ^ans.J'hoîn-
0)0»^ M.'Ruilch y a remarqué
beaucoup de petites ouvertures j
mais daos les bœufs & les moutons
^oi ont. une troifîème . paapièi;e ,
elle, eft plus gïo(k , Se il en (f>n
deux ou trois conduits excré;teurs
ai s'ouvrent à ta (titfaçe intérieure
e cette paupière > Se qui a*0|ic pas
cûcQt^ été découverts dzps Tboinf
Cette glande , oiftrt ion ttfage
IiriACÎ^l,' qui eft de filtret ^elque
iqaidéVfttt eticoH ^rete^îir to li-
^a«« kn^âle , 8c '^ empdtber
Îla'etle ne coolie continuellement
ur le* foues j de forte q f » Me fait
à 4;»né^dr<tt office ^'qnb^dteBc^V Se
dkrge'l^coiii^'4e^<iW.KqiWur de
i
■ tA'C jïî
celle manière qii*elle entrie toute
dans leç points lafcry maux.
' Le* conJu'u lacrymal^ eft à la fuite
du fac' lacrymal i,& conduit les
larmes dans le nez.
' hz glande /çcrjy/Wt^/if deftinée à la
iféparacion des larmes , eft un corps
gtanduletfx conglomérc^iicuédatlsla
folTerre de 1 os eorortàl , ve^s le pe-
tit an^lede rœil, duquel partent
■placeurs petits vailTeaux excréroi-
res, qui ayant percé là membrane
'c^fe'nâtive j vieWhents-onvrir ^ar
plufieiifs orific€l$'âiipi!ès*des racines
del'ortl.- ' "• /»■
La goiutiire lacrynlak de Kos^ tin-
guis eft cteufée â la face externe de
ces os j elle commence à TeTtrc-
mité fâpérfeûre , ôrf^'dcfcemd plus
bas qaerexit^^mtté'iriférreure de la
ftfée, éfl fè. refmînant pat une ex-
' tréniité particulière , (^ui dans un
crâne entier^ eft cachée par l*os ma-
xillaixve \ elle eft diftinguée du refte
de la face externe pstr un rebord
très^igu ou tranchant. '
XJhJàhtur lacrymnle \ eft celle des
larmes, /^(^yej' LàKmes. .'
. f^o ht' neff iaciymctt y eft le'rartîfeaa
externe de la branche fnpcrieurè o|i
ophralmique«de la cmquicme paire*
11 fe diftfibue à la glandé lacry*
' 'inare/'i ^^ - - ' • '• - j
! Lts'o^' litcrymaùic f6nt les os un-
- ' \jli p'oiàff Xntrymatdc font deux
pctitVtr oui formés a rcxtrémité da
» bord de chaque paupière, tout àii«
^rès du gr*ni angle^ dfe i'œrh' Ces
-^ 'deui »*c6hdàits 'Vôrtt' ôfblîqueTnenc
^ vers le fie WéVymalvV^couvèrti de
la peau qui couvre le^borq des {Jai^«-
"*• ^^ères y & fe;rtfuniff€nt vers le iic^
' en un feul con4tiit 'fort cpurt der-
rière la fonâtdn des paupières. Ce
'•conduit qtii's^élarçh tbnftdérable-
• -^ Mehf , iFotthe tmê pbcbè linguetie ,
3t8 LAC
membraneufe appelée yâc l^ctymal »
que quelques-uns nomment aufll
l'entonnoir , parcequil va en s'être-
cidant infenublemenc. Ce fac eft
firué immédiatement derrière le
. tendon, &oà commence la partie
charnue du mufcle qui ferme les
paupières ,.& qui a foa. attache au
grand angle de l'œil Lt^evient peu-
- à-peu plus étroit dans fon extrémité
inférieure , où il fe réduit en un
petit tuyau qui s'ouvre dans, la. ca-
vité du nez , ;^^«de(^us de la voûte
du palais, par une ouverture qu*on
nomme le point cxcnteur du conduit
lacrymal i QQll'i dite ^ de tout le
conduit qui s'étend depuis les points
lacrymaux jufqu'i Textrémité in-
férieure du point eiEcréfeur% Au
refte , ces petits conduits qui par-
.cent des points lacrymaux, le Tac
laprymal & le^canal qui fe tern>ine
dans le nez , qqe Ion appelle con-
du'u nafdl , font formés par une
continuation de la membrane qui
capitTe intérieurement le nez. t
On appelle jSyZtf/e lacrymale , un
ulcère au coin de l'cpil , d où dif--
^ tille une humeur acre 8C' maligne.
F'oye^ EisTULE. .
LAÇRYMATOIRE; fuhftamif maf-
, cu|in,^£4/rry/iii2roritfj^. Terme d'An-
tiquité. Petit vafe que les. aucuns
Bjdmarn^ mettpient^an^r le^ fépuU
cres , & qui étoit deftiné à y con-
j ftçryer;les uro^es qu^j'on avoir ver-
fées aux funérailles du. moi;!,
LACS ; fubftantif mafcplin. Lgiquti
Cordon déUé* Un, lacs délié. Ots
lacs de /çiev^rte. Les muetstdufer^
, > r^il étranglent les grands de la Porte
avec des lacs de/oie^
X^àCs y fi^ d^t auffi d'un nqsud coulant
proj)re poiir prendre des oifeaùx ,
des lièvres ôç autre gibier.
L'Qrdont^ance des ;paux & Fo^fets
. rm fm^ coqis tçAdç^ts 4e^ \k»^ à-
LAC
. râilèi , &c. foient condamnés a«
fouet pour la première fois » & pour
la féconde , fuftigés , flétris ëc ban-
nis pour cinq ans du reiïbrt de la
Miîrrife , foit qu'ils aient commis
délit dans les forets , garennes Ôc
tejres du domaine du Roi , ou dans
. celles des EccléHaftiques » commu'-
nàuésou particuliers iudiilinâte*
inent.
Lacs , fe dit encore d'un cordage
d'une certaine étendue que Ion em«
ploie pour abattre uti cheval auquel
on veut faire quelque opération.
Lacs , fe die dans les manufaâures
d'ét4»fFes de foie , d'un gros fil qui
forme d*un feul bout plufieurs bou-
cles entrelacées dans les cordes du
femple » & qui tiennent à la gayaf*
fine.
Lacs , fe dit en termes de Ruban*
niers , des ficelles attachées aux
marches , & qui de même font at«
tachées aux lames pour les faire
baiïïèr.
Lacs , fe dit figurément d'une paffion
dans Jàquel!e* on fe LiifTe engager
' par des manières artificieufes , un
;' embarras dont on a de la peine à fe
tirer. Elle le fit tomber dans le lacs*
Ce Juif le. tient dans /es lacs.
On appelle lacs d'amour , des
' cordons pAfTés l'un-dans latirre d'une
certaine manière. Un chiffre en lacs
d'amoûf.
Ge thônofylUbe eft long.
'On' fié fait pas fentir le c.
LACTÉE ; adjeâif féminin qiri n*a
d'ufage qu*en ces phrafes , voie tac^
i :té^9ç veumJa^éeà. r •
V ,ni L/i vo/e:^^Vieft çettie k^gaç ira-
C0 bljM^che^ M {«minéufe oui oc«
. cilM. une gr^ndo^fjpiftie ,au àel
qu elle femble diviier en deux par«
ties. Qp rappelle aatreipent vois
, de Jaii]^gfi(aaçi^\yoywùjkhAKn^
pèriâ v^fleauz blancf i inirKpa*
reiiS , formés par une membrane
fine & délicate , & qui font def-
vxiés i recevoir le chyle, des inceC-
fins pour^e^ chartier enfuire au ce-
fervoic de.Pecquec. Afellius les dé-
couvrit en y6ii y quoiqail y air
des auteurs qui prétendent qu'un
des plus anciens anatomilles^Êrafif
trate , les avoir apperçus dans les
chèvres, & qu*il les avoir pris pour
des arteresFempli.es de.uiu'.
Pii^fieufs pecirçs branches ^ui
{partent delà futface intérieure de
a tunique nerveufe^ou mime de la
membrane intérieure* des Jnteftins »
forment le commencement des vei-
nes l^iâces.. Ces.yaïdèaus fe réu-
niiFeQt ^enfuire f produi/ienQide|dus
gros rameau]( qui s'appetçoLveiaken
aflez grande quantité à la furface
externe des inteftins^ tandis qu'ils
font imperceptibles à leur furface
interne*
Dans le .chiçn j les veines Taâées
qui ont le plus de volume» nâidént
aibfî d^s premières petites branches^
& s'uninenr en pluueurs endroits du
méfenière; elles fe rendent i une
grolTe . glandé nommée pancréas
d^A'çUius jff elles i'cmbraflTcnt par
plufie^Uil. .tuyautée \\ puis daucées
conduits partent de ce gros corps
glanduleux , & charrient le chyle^
au réf^rvoir*^ Or on appelle vtïncs
iaSécs p/tmièftSy celles qui vonr des
iiitcftins i la glande j &c veines lac-
i4es ficpndairts , celles q^ii vont de
la groiFe glande au r.érietyoic Ilii*en
^A , pas. tout.i'fait .^ioifi dans Je
c r. s de Phomme. i^. Cette glande
dont on viet^t de parlé^» ne s y ren-
contre pas t 1^. toutes les veinSes
ladtét^ vont fe tendre aux glamles
€\\xk tont d^fperfées dani Ir n^éfen-
rère^fic ^ U ai|| réfervoir. Ct'peh-
daûi pd Ub iaiCeupa$ d'
l:a€: 5tj
*'■ chee l'homme des vânes'laQécs prc*
mièrcs & des fécondains % en s'ex-
phquantd'une autre manière Celles
qui vont des intçftins aux glandes
' du méfentère font nommées .pre*
mièrcs , & ceJles qui vont des glan*
M. des du méCemère au réfervoir font
* iSi ppel)ées ftcondairjs. Ces dernières
font moins nombreufes que les
premières ^ mais elles font plut
greffes. - • -/ - »; î • »
' ;M, ijleifter^' télèbce anaromifte »
. & chirur'^en;, reconnoît que les
. gros inteftinsp/oduifent au(E des
veines bâées ,. mais qire cela eft
tate^fiertholinapréteûdu qu*ily eri
avoit.j majs il^autres^onc cru qu'il
iâ^oitpris poi|r ;veines hûiies f des
/, vaillèaux lyjnphnwqjuep.MiWrnfloW
^ a démpntré l'exiftence' des veines
• . laâées fur le ccecum & le^ colum ^
& M Petit 1 anatomifte en a trouvé
plufieurs l'ois qui partaient de Tef*'
tomac , 6c fe . rendoienc aux glssi-
des du méferiièf e. > . <
• Quant à Tufagedés veines bc-
céès j quelques uns croient qu-elles
ne font autre 'chufe que des vaif-
ft^ux lymphatiques qui paffènt par
. le méfentère , avec cette différence
qtteceuxquû font.deftinés à charrier
I le chjfle, commencent par depe-
' L lires . branc&es qui partent' de . la
furface incerne des inteftins, dans
. laquelle ils fonr .ouverts pour rece*
voir ce chyle» & que d'autres vier>
nent des membranes des mêmes in-
teftins.'poux' • enlever . la lymphe } de
foire :que quand j1 ne pafffe'pasde
chyle par ces ycùffèaus ^ la lymphe
y paffe toujours.' Les !Keines laâées
fervent ddnc.i recevoir des inref-
tins les parties dtt chyle les plus li-
quides &jles plus épurées , puis
: paffant par leméfentèie « elles vont
I . s'en déiikargec dans le réfervoir.
i e ha yesoes kâées ae fpnt point
J13 LlA'C."
' e/rpmleilem'entilifrérenres'des valf-
féaux lymphariqars , bc elles font
• la fbrrclion deces derniers ; en forte
■ j quqn ne doitpoinc adcnectce dans
Iç mofencère de vaiâî^ux iytnpha-
• ciqitei diftérens des veines*, iattées.
. Quand Lé chyle ne pafle patnc dans
' cés^mnes^ elies £e «empliflem de
lymflhe. . • : t
LAÇTURC1E»u.Lactucxnej terme
de Mythologie. C'ctoit che* les
( "Romains, anc; 'Divinité qtii-fuccé-
doicâ Blore pour ^pirendre foin des
/ blés loifqae la fleur en étoit:pdflée
&*qii*ils fkimolhltoienc en lait* ^
LACUNE y fuhftantif mafculin. La-
' cunu. Le vide qui fe trouve dans: le
' texte df^ua attreor ) dans le coips
' d'un ouvrage, & c|ui en rnrerraivtpc
- lai fuite. Lts imprimeurs reprefen^nt
. ordinairtiunt les. lacunes par dés'' U'
gnes de points* f
LacOnbs; fe dit en termes d'anato-
- mie ;. de deux petits trous placé9un
de chaque cote .de. l'orifice exteone
•vdb uaginr. G eft l'orifice dedev»x pe-
3 tics tuyaux excictoirjes qui, tirant
'«leur origine dr'xleux petits coi>ps
..fpUiculeuxihués dans TépailTeur-in-
xerne des grandes lèvres de la vulve.
'On ids regarde; comn^ les<>petites
'sproftarer œ^l*iiDmme«v Us^ 4<^nnent
i: une humeac.vifqueoâ^qaaiid on>)es
î'.'preire*" • i»*: f î- ' ' •• **"
'U Oi^^appellA lacunes de Ifarètfire ,
-'des ouvertuces ovales que ion dé-
-Gotivreiriiuérieur du canal deTu-
' rè;hre]>(e(l6S fom en plus qir moins
: gcanidel^antitéi, âocomtnunétnetit
:>dyec ùnè ibcte de petits canaux qui
''foât quelque chemin entre les meçi-
branès de l'urèthre. Ces câmdoits
font remplis d'une humeur qui a la
^coul^u^:âc la con(iftance du' bla[nc
id'œuf. Le$ Ànaiiomiftei ne font pas
.d'accord fur leur origime/Les uns
i4i^fm qu'ils vièno^n&4U-|>eci«^sl
LAD
glaodes. placé^i dans fe ti(Rk t^n-'
gieux de Turèchre &c qu'ils n'en font
que les conduit» excréteuis^ lesau*
cses. nient Texiftence de ces- gUn-
' d^s. Suivant 'M* Duyernéy ^ Phu«
meur qu'Us- foornifTent leur eft ap*
portée par plufièurs petits trous
d'où eUe découle. ' •
LADAC , ou LAiyuoAi Royaume d'A-
(ie:) qui fjiit p^xcie du grand Thi«
b^t ) jp *^t e(l'{4tu^ entre le Royau*
me dd Cogué' Rudoc ou Rédoc'&
. les deff rr^tiavetréspar le chemin de
. 'Cachemire éuHTahgut; {
'LADANUMv^oy^f^ Labdakum.'
LADEMBOURG ^ petite ville d'AU
magne dans le Pala<ti^at du Rhm ^
far Je Neckre , ent^ Heidelberg^&
Manheim; ÊUeappa^rtient i TEiê-
- chc de Worais « à l'Êlt^£beaI Pa-
' latin, j -' .» ; .
LA 01 ; mot emprunté' de Tanglois.
Titre qui fe donne en Angleterre
aux femmes de la principale No-
.bMe^rjufqu'à câlUs dôs Chevaliers
> inclusivement. ^
LA DOC ; nom d^une rivière d'Afrî-
Que ^ en Barbarie i au Royaume
of Alger. Elle a^ fa four ce auGratid
Atlas ^ dans le voiiînage de Collf-
' ' t tiimiiie y Se foh etfibduthurà danir la
1 '' Ikééditerranée î à une! lieue delà vîile
jde Bonne. i .. .^ : . >
LABOG , fubftantif maficulin. Efpâce
.de hat^ng.quii fe^ tiK)HVe en Rume ,
dans- le lap de Ladoga^ >
LADOGA i yîAW de «Ruffie , da^e
ïlîMû^^ (m an grand lac de nie--
me oiom ,' fs tué' entre' la Câtélie-ka
Inotd ;Sàh provîlnce de' Notogrbd
I :'att'fpidiv ,^ ' • .c ■• • ' >
Ce lac eft forint d'un grand nom«
'bre^e rivières y& fe décharge dans
; '4e golfe de Finlande ; par le canal
fut lequel e(b (kti^'Ja ville de Saiiti^
\ iPéterfbourg; '&i> Idnjgoear eft d*eh-
{ i vjcoa«9âo W^ft^^pimitlee deMoi^
covie 3
• . i4
tAÏ>
covic , 8c fa largeur de 1 05 . II abon-^
de en faamons & en une efpèce de
liarengs que 1 on appelle iadog.
LADON) (le) nom d'une ancienne
rivière du Péloponéfe , qui avoit fa
fovLïce dans les marais de la Ville
<ie Phénée » Se fpn embovchore
dans l'Alphée. Les Poètes ont feinc
qoe le Ladon fat jpère de la Nym-
phe Sf rinx. Il écoit converc de fu-
perbes rofeaoz dont Pan fit olage
pour (à flûte i fq>c tuyaux*
LADRE ; adjedicdes deux genres.
Leprofus. Lépreux , iofeûé de lè-
pre. Le coneahûmmediat desper/bn"
mes ladres eji dangereux. On a créé
des Officiers pour vifiur les co^
chons & reconnoitre ceux qui /ont la*
dres.
En termes de Vénerie on appelle
ladre , on lièvre qui habite aux lieux
marécageux.
Ladre , fignifie figurément & Emi-
lie rement infenuole » foit pour le
corps foit pour Vtfytiu II faut qu'il
Jbahien ladre pour n avoir point Jfènti
ce reproche.
Ladre ^ fe dit auffi figurément 8c fa«
milièrement de ce qui caraAérife
^ une avarice fordide. // a un père
bien ladre. C'ejl une conduite la-
dre.
L^dre, t^emploie auffi fubftantive-
ment » 8c alors il fait au féminin
ladrejje. Dans ce fens on appelle un
ladre blanc , un ladre dont la ma-
ladie ne paroît point encore en-de-
hors ; & lorfqu'elte paroît on dit >
un ladre vert ou un ladre confirmé.
On dit en termes de Maréchal-
lerie , qu «/i cheval a du ladre^ lorf-
qu*il a plufieurs petites taches na-
torellement dégarnies de poil , &
de couleur bruhe autour des yeux
ou au bout du nezt Les marques de
ladre palTent pour des indices de la
bonté d'un cheval; maison conçoit
LAE 3n
aflez que de tels indices font fore
équivoques.
La première fyllabe eft brève &
la féconde très-brève.
LADRERIE j fubftantif féminin. Ceft
an propre une maladie qu on ap-
pelle autrement Ihprc. Voyez ce
mot.
Ladrerie y fe dit figurément d'une
avarice fordide & exceflive. Toutes
fes aSions décèlent fk ladrerie.
Ladrerie , fe dit auffi des*Hopitaux
o Ton reçoit les lépreux.
La première fyllabe eft brève » la
féconde très-brève 8c 1% troiâcme
longue.
LAEP ; fubftantif nufîculin. Sorte de
poids ufité à Breflau,en Siléfie»&
qui fait 14 livres du pays ,. c'eft*
à*dire , vingt livres du poids de
Hambourg.
LAGA ^ fubftantif mafcuUn. Sorte de
fève rouge & noire qui crpît en
diverfes contrées des Indes orienta*
les & qui fert en quelques endroits,
de poids pour Targent.
LAGAMAN j ou I^auagan ; ville
d'Afie, au Royaume de Cacherfiire,
fur les frontières de celui de Can*
dahar. ^
LAGAN ; vieux fubftantif mafculin
qui s'eft dit autrefois du droit que
S^ufieurs Nations s*étoient arrogé
ur les vaifteaux qui avoient fait
naufrage & dont la mer jetoit les
débris fur le rivage. Ce droit bar-^
bare fut aboli en France en 1 1 9 1 . '
LAGA RI A y nom d'une ancienne ville
de la grande Grèce » au territoire
des Tit^uriens. On en voit les ruines
dans la Calabre citérieure s ^ uno
lieue de Caflano & i deux du golfe
de Tarente.
L AGE ; petite ville d'Allemagne, dans
laBaUe Saxe» au Duché de Mec*
kelboorg ^ i trois milles , lud-eft>4^
Roftoc.
311 LACJ
LAGÉNIE ; voyei Leinster.
LAGÉNOPHORIES j fubftantif fé-
minin jplurUl & cerme du Mytho-
logie. Fctes que cclébroic autrefois
le peuple à Alexandrie » du temps
des Pcolémées : ce nom venoit
des bouteilles de vin que chacun de
ceux qui y prenoieiu part , appor>
toit pour égayer la cérémonie.
l.AGETTOj fubftantif mafculin. Ar-
bre très-curieux , de médiocre gran-
deur , qui fe trouve dans les mon-
cagnes méditerrannées de la Jamaï-
; que t fes feuilles refTembienc i cel-
les du laurier : Técorce extérieure
qui parSît d'abord blanche & aflez
iolicie , eft compofée de douxe ou
Îruatorze couches qui peuvent être
épatées aflez facilement en autant
. de pièces qui font comme une ef-
pècê d'étofiEè ou de toile» La pre-
mière de ces couches qui vient après
,, la grofTe écorce » forme un drap af-
fez épais pottr faire des habits : les
couches intérieures reftemblent à
' du linee & font propres à faire des
chemiies : toutes Us couches de
récorce intérieure dans les petites
. brahchesparoiiTentcommeautantde
toiles .de gaze ou de dentelle très-
fine qui s'étend & fe reflerre com«
. me un rézeau de foie. On fit autre-
fois préfent d'une cravatte de den-
telle de lagetto â Charles II , Roi
d'Angleterre. Ces toiles font a (lez
. fortes pour être lavées & blanchies
comme les toiles ordinaires.
LAGHI 'y ville de l'Arabie Heureufe ,
. fituée à trente lieues d'Aden > vers
Torienr*.
IJ^GHLYN y ou LouGRLEK ; nom
. d'une ville d'Irlande » dans la pro-
^viiKe de Leinfter^ â huit milles j
fiMl-oueft » deÇatherlagh. Elle a des
Députés au Parlement.
^ * Il y s eut «ne autre vilfe de te
''iuuttacioii; inilles iTotieistdo la
précédente , fur le Bârrow ; mat»
il n'en refte aujourd'hui qu'un vil-
lage.
LAGIASi fubftantif mafculin. On ap
pelle ainfi dans le commerce j des
titiles peintes quiie fabriquent & fe
vendent au Pégu.
LAGIDES i ( les )'on a ainfi appelé
les Rois Grecs qui poffédèrent TÉ-
gypte après la mort d'Alexandre.
Les deux Monarchies les plus puif
fantes api s'élevèrent alops , furent
celle diigypte, fondée par Prolé-
mée , fils de Lagus , d'où vinrent
les Lagides j Se celle d'Aiîe ou de
Syrie fondée par Séleucns , d'où vin-
rent les Séleucides.
LAGNIEU ; petite ville de France ,
dans le Bugey , fur te Rhône , i
huit lieues > oueft-nord-oueft > de
Bellay.
LAGNY ; ville de Fraftce ,. dans la
Brie françoife, fur la Marne , if\x
lieues y eft-nord-eft , de Paris. Il y
a une famenfe Abbaye de Bénédic-
tins qui eft en commende & vautau
titulaire environ douze mille livres
de rente.
LAGONEGRO j petite viUe dltalie^
au Royaume de Naples , dans la^
fiafilicate , au pied de l'Apermin »
fur les frontières de la Pimcipauiï
citérieure.
LÀGOPHTALMIE j fubftantif fémi-
nin & terme de Médecine. Maladie
des paupières qui font tellement re>
tirées que l'œil ne peut ètr€ entière-
ment fermé.
Cetreindifpofition peut venir de
nailîknce ou par accident , i la fuite
d'une plaie ^ d'un ulcère ou d*ttne
brûlure. On en tente la guérifon
f»ar les remèdes topiques » émol^
iens & relacbaiis oU par d'aotres
analogue» » fmvanc la caufe qui l'a
^doue ^ aiai» qoaod ce» temc"»
LAG
des font mfuffifiins on emploie Po-
pcration.
On place le malade dans une fi-
*uarion commode expofée au jour :
on lui couvre l'œil fain avec un
bandeau , & on aflu|étit lœil ma-
lade ou avec le fpcculum oculi , ou
avec deux doigts de la main libire,
en tenant ia paupière fort abaiffée;
puis avec un biftouri de 1 autfe
œain , on fait à cette paupière , une
inciCon encroiffant , fdon la direc-
tion à^% fibres du mufcle conftric-
teur des paupières i U% pointes du
croiUant regardent en-bas & appro-
chent des coins de TœU. L'incifion
taite , oQ écarte le plus que Ion
peut , les bords de la plaie , & on
la garnit de ^umaceaux en forme
de noyaux d olives , pour procurer
une génération de nouvelle fubf-
tance qui allonge la paupière. Si le
rétréciflement de la paupière étoit
« grand , qu'une incifion ne fuffit
£;as , on en feroit deux de la mcme
igure & diftantesl'une de l'autre de
Icpai fleur d'un écu. .
{- JGOPUS } voyei Pied de LiâvRE.
LAGOS j ville forte de Portugal , au
Royaume d'AIgarve,à quarante-
huit heues , fud, de Lifbonne.
LAGUE j fubftantif féminin & terme
de Marine , fynonyme de Sillage.
On dit y venir dans la lague Jtun
vaijjeau ; pour dire , dans fes eaux,
dans fon fillage.
LAGULA s bourg d'Afie^dans la Na-
tobe , i fept lieues de Penda-
racbf.
LAGUNA ; ville des Canaries , ca-
pitale de nie de Ténériffe , fimée
en partie fur une montagne & en
f>atac 1 r un, ter rein uni près d'un
ac ou étai g d'eau dmice qu'on ap-
pelle en efj; agnol laguna , d'où cette
ville a pps fon nom.
LAGUN£ i (ttbftantif féminin. Efpèce
de petit lac ou de flaque d'^aitdans
des lieux marécageux.
Les Lagunes de Venife font des
I canaux formés par la mer qui y en-
tre par fix bouches dont il y en a
deux où les vaiiïèaux peuvent mouil-
ler. On compte environ foixante
. lies dans l'étendue de ces Lagunes.}
la plupart font bâties & bien peu-
plées \ 8c après celles qui compo-
lint le corps de la ville de Ve-
nife y Murano eft la plus* confidé-
rable; ', *. • >
LAGUSTA ; petite île* de Dalmacie,
dans le golfe de Venife , près de
l'île de Curfola & à quatre-vingt
mille pas de Ragufe dont elle dé-
pend.
LAG YR A ; nom d'àiie ancienne ville
de la Cherfonnèfe taurique ou de
la Crimée ^ félon Ptolemée. Niger
cfoic que c'eft aujourd'hui Sol*
daia.
LAHA } voyci Laa.
LA HELA } ancien nom d*une contrée
de la Paleftine , au-delà du Jour*
dain , où Teglatphalafar , Roi d'Af«
fytie , tranfoorta les tribus de Ru-
ben , de Gad , & La demi-ttibu de
Manaflé.
LAHEM 'y ce mot fe trouve dans l'é-
criture pour Bethléem.
LAHUON i ylUe ie Perfe que Ta-
vernier place au 74» degré y 15 mi-
nutes de longitude , & au 5 7* » 15
minutes de latitude»
LAHM A ; voye^ Lama.
LAHOLM i ville forte de Suède ;
dans la province de Halland, près
<ie la mer Baltique « i vingt lieues ,
nord y de Coppenhague.
LÂHOR ; grande ville d'AHe^ capi--
taie d'une province de même nom,
& fituée i cent lieues , nord-oueft,
de Delhi , fous'le foi* degré, -jo
minutés de longitude ^ & lé *i te de*
Sf ij
ii4 . ^^V
gré y 40 minutes de latitude. On j
fabrique des toiles peintes de tou-
te efpèce Se des rapis fuperbes. Les
Empereurs du Mogol y faifoient
. autrefois leur réfidence j ce qui ren-
' doit cette ville bien plus confidéra*-
ble qu'elle ne Teft aujourd'hui.
La province de Lahor eft une
des principales de l'Empire duGrand
Mogol : rindas qui l'arrofe la rend
extrêmement fertile : elle abonde
particulièrement en blés , en ris ,
en frufcs exquis Se fur tout en fncre
qui eft le meilleur de tout l'Indouf-
: tan. On rapporté qu elle rend ^n-
. nuellemçnt au Souverain environ
quarante - cinq milUons de notre
monnoie.
LÂHR , ou Lo»a ; p^ûijp ville d'Âl-
iemflgue , chef^lieu d'une Seigneu-
rie, de même nom. ^ dans le Mar-
Î;raViat de Bade » entre l'Oxthnau 6c
e Brifgaw.
LAI » AIE y adjeftif. Laicus. Laïque »
2ui n'eft point engagé dans les Or-
res eccléfiaftiques* Vn Confciller
Chez le& Moines on appelle/r^r^
laî , un homme pieux &'non lettré
qui fe donne à quelque Monaftère
pour fervir les Religieux.
Le frère lai porcenn habit un peu
différent de celui des Religieux ;
' il n'a point de place au Chœur , j:
point de voix en Chapitre ; il n^eft
^ ni dans leS' Ordres , ni même fôu-
vent ronfuré,& ne fait vœu que de
ftabilité & d'obéiffancê.
f RânE LAÎ , fe prend auffi pour un
• 'Religieux non lettré qui a foin du
. tempojrel 6i de l'extérieur du Cou-
vent » de ia cuifine » du jardin , de
la porte , &c. Ces frères Uis font les^
trois vœux de religion.
Dans lesMonaftèresde Religieu-
. fes 9 outre les Dames de Chœur , il
y a dei filles reçues pouc le fervice
LAI
du Couvent '& qu'on Tiomtntfcturs
laies ovifiturs converfes.'
L'inftitution des frères lais com-
mença dans l'onzième^fiècle : ceux
à qui l'on donnoit ce titre étoient
des Religieux trop peu lettrés pour
pouvoir devenir Clercs » & qui par
cette caifon fe deftinoient entière-
ment au travail des mains ou au
foin du temporel àti Monaftères ;
la plupart des laïques dans ce temps-
là n'ayant aucune teinture de let-
tres* De-là vint auffi qu'on appela
Clercs ceux qui avoient étudié *& qui
fiivoient lire , pour les diftingoet
des autres.
On appeloit auprefcHS Moine lai^
un foldat entretenu par une Abbaye
ou un autre bénéfice à la nomination
du Roi.
On appelle Cour laie ^ une. Juri-
. diétien féoilière. Traduire un Ec-
cléfiafiique en Cour laie^
Lai , s'emploie auffi fubftantivement.
Les Clercs & les Lais.
LAI i vieux mot qui (îgnifioit autre-
fois complainte » doléance.
On appelait auffi lai^ une efpèce
de poëfîe plaintive : il 7 avoit le
grand lai compofé de douze cou-
f»lets de vers de.mefure différence
ur deux rimes ; & le petit lai corn*
pofé de feize ou vingt vers en qua-
tre couplets 8c prefque roujours auffi
fur deux rimes.
LAIANS ; vieux mot qui fignlBoit au-
trefois là^dedans.
LAJAZZO V ville de la Turquie
d'Afie > dans la Caramanie, près
' du mont Nero , fur la cote fepten-
trionale du golfe de même nom , à
fix lieues de l'IlTus des anciens.
LAlC ; voyq^ Laïqub.
LAÎCHE y fubftantif fémin. Soxte de
mauvaife herbe qui croît dans les
prés & qui blefTe la langue des che*
vaux. Un foin rempli die lakhc.
LAI
Laichb y eft tuffi ttti vieux mot qui
fignîfioic autrefois Iame*de fer.
Lapremière fyllabe eft longaç &
la fecpHde très-brève.
LÂICHEU ; ville de la Chine » dans
la province de Xantung dont elle eft
la fixième Métropole.
LAÏCOCÉPHALES ; (les) Héréti-
ques qui reconnoi/Tent un laïque
pour Chef de l'Eglife. Plufieurs au*
teurs eccléfîaftiques ont ainfi appe-
lé ceux qui fuivent la religion an-
Î;licane , parcequ'ils refufent au Pape
e titre de Chef de TEglife pour
le donner au Souverain , quel qu'il
^ foir.
LAID , AIDE ; adjeaïf . Deformis.
Difforme , qui a quelque défaut
remarquable dans les proportions
ou dans les couleurs requifes pour
la betoté. Il fè dit des perfonnes >
des animaux te des difFéretotes par-
ties d'un corp^ atiimé. Vn enfant
laid. Ctfi une femme bien laide. Elle
a le pied laid. Il a des chevaux fore
laids.
On dit familièrement d'un hom-
me extrêmement laid y que c'efi un
laid matin , un laid magot. Et d'une
femme eitrèmement laide j que
c*eft une laide bête , Q\x*elle eji riche-
ment laide , que c'ç/r ^une laide gue^
non.
Laid y fe dit généralement de tout
ce qui e^défagréableaux yeux dans
fon geme. Un habit fort laid. Une
peinture fort laide.
Laxb , fe dit familièrement en cho-
ies morales & frgnifie deshonnête ,
contraire à la bienféance. Rien n*ejl
plus laid que de manquer à fa pU"
ToU. V ivrognerie eft une chofe Bien
laide»
On dît proverbialement 9 qo'i/
n*Y a polht de laides amours ; pour
dite , que quelque laide que foit
une femme) elle ne laifte pas depa-
lAI 315
roître belle aux yeux de celui qui en
eft amoureux.
Le monofyllabe du mafculin eft
lonjg ^ de même que la première
fyllabe du féminin dont la féconde
eft très-brève.
Cet adjeâif peut précéder ou
fuivre , félon les circonftances, le
fubftantif auquel il fe rapporte :
ainfi Ion peut dire , un animal laid^
ou UQ laid animal.
LAIDANGE \ vieux mot qui figni-
fioit autrefois injure. Laidanger fi-
fnifioit tenir des propos injurieux.
>ans Tannin ftyle de pratique»
celui qui laidangeoit ou injurioit un
autre 1 tort , devoit fe dédire en
Juftice en fe prenant par le bout
du nez^ & Ton croit que c'eft de U
que quand un homme paroîrpeu
afTuré de ce qu'il avance , on lui dit
proverbialement en riant y votre ne^
branle.
LAIDERON ; fubftantif féminin du
ftyle familier. Jeune fille ou jeune
femme qui eft laide » & qui ne
laiiïe pas d'avoir quelques agré«
mens. Céjl une petite laideron àjfe:^
gentille.
LAIDEUR î fubftantif féminin. De^
formitas. Difformité , défaut ^e^
marquable dans les ptoportions ou
dans les couleurs requifes pour la
beauté. Son extrême laideur la force
d'être fage. Un. vifage de grande lai"
deur.
Laideur , fe ditauffi figurément des
vices& des a&ions deshonnêtes. La
laideur du vice. Une conduite £une
laideur inexprimable.
LAIDIR \ vieux mot qui fignifioitau*
ttefuis rendre laid. •
LÂlE î fubftantif féminin. C'eft la
femelle du fanglier. Voye\ San-
glier.
Laie , eft aufti un terme d^es eaux &
forêts qui fignifie une route coi»-
316' LAI
pce dans une forêc^'une futaie. Il eft
permis aux Arpenteurs de Fi^irc des
laies de crois pied^ pour porter leur
chaîne quand ils en ont befoin pour
arpenter ou pour marquer les cou-
pes. L'ordonnance de i66^ défend
aux Gardes d enlever le bois qui
a été abattu pour faire des laies.
Dans quelques coutumes on ap-
pelle iaies accenfcs , des baux à ren-
tes perpétuelles ou à longues an-
nées.
Laie , fe die en termes de Maçonne-
rie , d'une denture ou brectelure
que lailTe fur^ la piflre le macceau
Qu'on appelle auiu laie y lorfqu'on
s en fert pour la railler.
Ce monofyllabe eft long.
LAIGNÈ; bourg de France , en An-
fou j environ à une lieue 8c demie ^
nord - oueft > de Château - Gon-
tier.
LAIGNÉ EN BEUN ; bourg de
France » dans le Maine , environ
â trois lieues ^ fud - fud - eft , du
Mans.
LAIGNES } bourg de France , en
Champagne » i trois lieues, eft-fud-
eft 9 de Cnâtillon.
LAIN ; vieux mot qui fignifioit au-
trefois lenc«
LAINAGE ; fttbftantif mafculin. La-
ma merccs. Macchandife de laine.
Commercer en lainage. Ce Chapitre a
la dîme de lainage.
Lainage , fe dit aufti de la façon
qu'on donne aux draps en tes tirant
avec les chardons pour y faire venir
le poil.
LAINDRY j bourg de France*, en
Cham{?agne , à trois lieues ,. oueft ,
d'Auxerre.
LAINE \ fubftantif féminin. \ana.
Ce qui couvre la peau des montons
6c de Quelques autres bètes » com-
LAI
me le poil couvre celle des aptrei
animaux.
' La laine eft une matière foaple ,
folide , qui nous procure la plus
sûre défenfe contre les injures de
lair. Les poils qui la compofent ^
offrent des filets très-déliés , flexii-
blés & moelleux. Vus au microf-»
cope> ils font autant de tiges Im-
plantées dans la peau par des radi-
cules : ces petites racines qui vont
en divergeant , forment autant de
canaux qui leur portent un (uc nout'
ricier que la circulation dépofedans
des follicules ovales , compofées de
deux membranes j Tune eft externe»
d'un iill\| afTez ferme & commç
tendineux \ l'autre eft interne, en-
veloppant la bulbe. Dans, ces cap-
fuies bulbcufes on^ apperçoit les
racines des poils baignées d'une li-
queur qui s'y filtre continuellemenr,
outre une lubftaoce moelleufe qui
fournit apparemment la npurritore.
Comme ces poiU tiennent acut hou-
pes nerveufes , ils font vafculeux »
& prennent dans des pores tortueux
la configuration frifee que nous leur
voyons fur l'animal.
Tous les ans on fait la tonte de
la laine des moutons , des brebis te
des agneaux. La laine du cou & du
dos des moutons eft de la première
qualité: celle qui recouvre les au-
tres parties eft moins bonne,
. La laine blanche eft fNus eftimée
que celle qui eft colorée , parcequ'l
le teinture elle peut prenare toutes
ibrtes de couleurs. La laiae Uife
vaut mieux que la laine créjme.
Les laines d'Italie, d'£(pagne8c
même d'AngU terre, paftent pour
être plus fines que les laines de
France , & la France fe voie c^ligée
d'acheter fort cher ddil'étranger »
des laines longues , blanches , lines
& fojeufes qu'elle pour roic cirer de
LAI
ion propre fonds, comme le proave
l'auteur du mémoire intitulé con*
fiiérations fur Us moyens ^de rétablir
en Franu les bonnes efpèces de bê\cs
àr/aihet
La France a été en po(reffion pen-
dant prè» de fix fiècles ^ félon l'au-
teur cité, de produire d'excellentes
laines de toutes les qualités , & (1
belles que Térranger éroit obligé
de v«nir fe fournir en France des
laines & même dès étoffes dont il
avoit befoin. Elle a perdu cet avan-
tage depuisi que TElpagne > l'An-
gleterre r U Hollande & la Suède
ont eu le fecrer de perfeâionner la
3ualicé, & d augmenter la quantité
e'ieors laines par l'importation
d'une race étrat>gère, meilleure que
celle du pays.
L'atastage qu'a eu la France au-
trefois , elle peut le recouvrer. Le
climat & les pâturages qui in-
fluent tant fur k quantité que
fat la qualité des laines y font les
mêmes qu'autrefois ; peut-être mê-
me ces derniers font^ils perfeAion-
nés. Les véritables movens i em-
ployer » font d'importer & multi-
plier en France les bonnes efpèces
de. moutons » 6c de races choifies &
appropriées au climat Se à l'efpèce
' de pâturages des ptovitices où on
' les renottTellera *; car on a dans la
. France plolieuts fortes de climats ,
. te qui font pour le moins auffi avan-
tageux pour élever les motitonsque
ceux des voifins qui nous ont fup-
: plantés* Les foins que Ton prend de
, ces. animaux influent auffi beau-
• coup fur la beauté de leurs lai-
nes.
. 11 etb utile' de détruire un pré-
lugé enraciné depuis long- temps ,
; &de/moiitrer dans ledernier degré
' d'évidbuce' que la France^ pofsède
^ealainesdebmème cpialité 91e
I
LAI 3'i7
celles d'Angleterre. L*auteur cité
s'eft afliïté par un examen exaâ >
que la laiiie des plus beaux mou-
tons de Flandre , eft d'une qualiié
femblable à celle d'Angleterre , en
longueur j en blatKheur 6c en fine!-
fe. Après^ avoir fait pa (Ter par un
ouvrier intelligent , une peau en
fuin , d'un mouton de la meilleure
efpèce des environs de Lille enFlau^
dre , il obferva que lorfqu on en-
levoit la fuperflcie de la toifon où
kl fiente avoit féjourné, &qui avoir
une couleur jaune-fale^le refte étoit
d'une blancheur éclarante. Les flo«
cons de la mère^laine de cette toi-
fon avoient fepr pouces de longueur;
encore faut -il obferver que l'on
avoit tué l'animal cinq mois avant
le temps de ta tonte : les filets de
la laine préfervée reflembloient à
de la foie blanche , tant ils écoient
fins & luifans. Cette laine compa-
rée i celle d'Angleterre filée \ car
on ne la reçoit jamais autrement ea
droiture » ne préfenta pas la moin-
dre différence en qualité. Il fuit
donc de ces pbfer varions, quer6ii>
pourroît recueillir , fans fortir du
Royaume , en tenant les bctes à
laine proprement ^ & en prenant le»
foins néceflaires » des laines aufli
longues , anffi blanches & auffi fines
que celles d'Angletèfré.
Le François ayant la manie de
^référer les matières étrangères ^
qualité égale ) à celles de fon cru,.
les Marchands font convenus^ dlans
le commerce y de vendre fous le
' nom de laine itJngUeerrc , ia belle
laine de Flandre chuilic,quiainfi que
celle d^Anglererre , fe vend Jufart'sb
cent fous la livre. Les HoUanaois
efi ufent de même , & on a recours
i la même ruperchetie pour certaine»
étoffes de (oie. * /
• &llexiflterquek]cièrlég^redr£Bë6e«c9
ii% LAI
entre nos belles Uines de Flaûdre &
celles d'Angleterre, c'eftqae lesnô-
tresnepcenneacpasauffibienla tein-
ture de couleur de feu , que celles
d'Angleterre , début qui difparoî-
tra dès qu'on aura foin de tenir pro-
prement les bêtes à laine.
On peut faire de toutes les qua-
lités de laines deux clalfes princi-
pales y 6c rapporter toutes les laines
courtes à la clafTe des laines <l'Ef-
pagt)e , les longues i la claffe de
celles d'Angleterre. Le Rouffillon,
le Languedoc, & le Berrj font des
qualités d*£fpagne ^ les moutons de
ces provinces donnent ordinaire-
tnenc quatre livres d'une laine oui
diflere peu de celle que donnent les
moutons des plaines de Ségovie en
Efpagae. Les moutons flandrinsqui
font notre efpèce la plus groflfe,
donnent depuis huit jufqu'à dix li-
vres de laine de la même efpèce
que celle d'Angleterre. En Jetant
Hinfi un coup d'œil général fur les
^verfes provinces du Royaume ^
vn voit qu'elles font propres i
nourrir diverfes efpèces de mou-
consi
Comme il y a une analogie , an
rapport eflentiel entre les pâtura-
ges, ta laine Se la chair des mou-
tons , il faut nécefTairement amor-
tir les patiirages i chaque efpèce de
nioatons«L'etH>ècçde moutons choi-*
fie que l'on tera paître fut le pen-
chant des collines , fur les peloufes
d'herbes fines , donnera une laine
fine » courte 8c très-belle* L'efpèce
dont la cotporance demande une
nourriture pius fubftancielle , don-
nera dans des pâturages abondans
Se foiis un cliflEut favora^ble , une
laine bngue , belle Se foyeufe : la
France pourrait donc fe p^iStr de
tout fecours étranger en perfe&ion-
^^ n ait ijp UfQt Tes bomsi W^h
LA I
fttj^primant les moindres , &appro^
priant chaque efpèce de mouton au
climat & à la nourriture qui lui eft
propre.
Un coup d'œil jeté fur la ma«
nière dont les étrangers t'y font
pris pour nous fupplanter dans cette
efpèce de commerce > fera peut-
être très * propre i ranimer notre
émulation , Se i nous faire profiter
de leurs leçons pour recouvrer notre
ancienne lupériorité.
Vers le milieu du quatorzième
fiècle , Dom Pedre IV » Roi de
CafttUe , ayant appris qu'il y avoir
en Barbarie des moutons qui fai-
foient à leurs propriétaires un grand
profit > fit venir en Efpagne un cer-
tain nombre de cette belle efpèce
de béliers & de brebis ; voila i'o<*
rigine des belles Uinès de Caftille.
Cette race de nnoutoBS tranfporcée
' en Efpagne , réuffit afTez bien pen-
dant deux (iècles. Le Cardinal Xi^
menés la voyant dégénérer , fit ve-
nir de nouveau des oeliers de Bar-
barie de la plus belle efpèce. Eu
Miniftre intelligent il eut loin d'ex-
citer parmi les E(pagnols une noble
émulation pour le foi» des trou*
peaux j en tbrte qu'encore aujour-
d'hui , des chefs de fiimille très-
diftingués > fe font un plaifir de
vifiter eux -mêmes leurs rroa«
peaux , Se le jour de la ronte , jour
d'une nouvelle fource de richeflès;
eft célébré par des fêtes. LesEfpa-
fnols fe fouviennent <)ue lesRois
toient autrefois propriétairesdeia
plus grande partie de ces troupeaux;
de là ce.erand nombre d'ordonnao'-
ces % de loix pénales , de privilèges
Se d'immunités établis fous diffé-
rens règnes pour la confervatu» Se
le gouvernement des troupeaux;
de là cet ancien Tribunal formé
^us le ,titre de Con/iiJ du grand
Jrûiigtm
LAI
Troupeau Royal, C'eft par une telle
attention que les moutons, rappor-
tent annuelleoient dans le tréfor
royal plus de trente millions de
léaux j aufli les Rois d'Efpagne ,
dans leurs ordonnances , les appel-
lent-ils Z^ /rrécieux joyau de la Cou-
ronne. Tout cela annonce d^ qudle
importance eft pour la Nation ce
genre de richefles. La nature s'em-
bellit & fe perfeârionne fous la'
main du riche polTefeur : cette
émulation de foutenir la bonne race
des mourons par le choix des be-
liers , eft même devenue en Efpa-
gne une forte de jaloufie û grande
qu'on a vu de riches parriculiers
payer jufqu'j deux cens ducats un
excellent bélier. Ce font ces mêmes
foins qui leur procurent des chevaux
d'une fi belle forme & d'une taille li
élégante.
Au quinzième fiècle Edouard IV,
Roi d'Angleterre, fit venir avec la
permiffion du Roi d*Efpagne , trois
mille bêtes blanches de cette belle
nu:e de moutons dont on vient de
parler. Par la fagelTe de l'adminif-
tratioQ , l'Angleterre au bout de
quelques années » fut peuplée de
cett^ précieufe efpèce. On forma
des écoles de bergers , on leur don-
na les inftruclions nécedaires , on
parvint par degrés à habituer les
moutons qui paflbient d'un climat
fous un autre bien différent , à fup-
porter le froid de Thiver en plein
air , au milieu d'un parc. L'Angle-
terre nous fapplanra alors par les
foins qu'avoir eus le prédéceifeur
d'Edouard , d'attirer en Angleterre
les ouvriers françois. La Reine Éli-
fabeth eut l'attention de renouveler
cette race de moutons pour l'empê*
cher de dégénérer.
Toutes les laines d'Angleterre ne
font pas de la même beauté} les An-
Tome XV.
LAI 319
glols ont trois fortes de bêtes i
laine : l'efpèce coamiune qui eft
l'ancienee 9 &c dont les toifons ne
valent pas mieux que nos giufTes
laines de Picardie \ l'efpèce bâtarde
produite par les béliers d'E (pagne
& les brebis d'Angleterre , dont la
laine tient le milieu pour Ja borné;
& enfin U troifième efpèce qui eft
celle d'Efpn^ne. Il eft digne de re-
marque que leféjourdes bêres ef-
pi^noles en Angleterre « a fait chan-
ger leur lame de nature. Elle eft
beaucoup plus longue mais moins
fiae que celle d*Efpagne , apparem-
ment par la nature <les pâturaees &
du climat. Elle eft aufii plus blan^
che & plus nette » parcequ on a at«
tention de tenir les rroupeaux plus
proprement qu'en Efpagn«. Une des
caufes en général qui peut contri-
buer le plus à la beauté & ï la blan-
cheur des laines , c'eft la aiéthode
de laver k toifon fur le corps des
moutons , furtout lorfqu'on fait
ufage d'eau favonneufe , telle qu'en
donnent quelques fontaines \ ce la-
vage purifie parfairement bien les
lainef.
Au fiècle pafie les HoUandois ,
convaincus par l'exemple àt% pi*
geons» des poules dinde & d'autres
animaux tranfplantcs ^ que les efpè«
ces de la vafte conrrée des Indes
orientales , accoutumées une fois à
l'air de l'Europe , y deviennent plus
fécondes & y multiplient à founair»
tranfportèrent des Indes orientales
une efpèce de béliers & de brebis
haute , allongée , grofle de corfage,
& dont la lame égaloit pre(que Tes
laines d'Angleterre en nneffe & en
bonté. Cette race tranfplantée dans
le Texel & dans la Frile orientale »
y réuflk au point que les femelles
donnoient quatre agneaux par an-
née. £n général l'expérience a tou'
Tt
330 LAI
jours démontré que les moutons
prorpèrent lorfqu'ils font accoutu-
més au froid , & qu'ils ne foiif-
freoc point d'altération en paflant
d'un pays chaud dans un pays froid.
Il en eft tout autrement lorfquon
les transporte d'un climat froid fous
un ciel chaud.
Dans le Texel on retire de ces
moutons cranfplantés des Indes
orientales » d^$ toifons qui don-
nent depuis dix jufqu'à ferze livres
d'une laine longue , fine & foyeufe
dont on ftiîc commerce fous le nom
de laine d'Angleterre, Les Hollan-
dois permirent aux Flamans de
tranfporter quelques bète^ indien-
nes aux environs de Lille & de Var-
neton : elles y rendirent (i bien que
toute l'efpèce tranfplantce des In-
des 9 en prit le nom de moutons
flandrins. "
Les Suédois quoique fous un cli
mat plus rigoureux » ont aufli tranf-
1>orté chez eux des bètes â laine de
a meilleure efpèce d'Angleterre &
d'Efpagne \ Se par les foins qu'ils
en ont pris , ils recueillent pré-
fentement des laines aufli belles que
celles d'Angleterre & d'Efpagne.
De femblables exemples ne doi-
vent-ils pas nous animer ? Que l'on
multiplie cette efpèce de moutons
Handrins, qu'on en conferve la race
pure & fans mélange , qu'on la ré-
pande dans toutes les provinces où
elle peut trouver à fe nourrir , &
on fe procurera par la fuite des
moutons couverts d'une belle laine
& en grande quantité y car le mou-
ton a ordinairement près d'un tiers
de laine de plus que le bélier & la
brebis. Que" l'on multiplie dans le
Cotentin , prefqulle de la Nor-
mandie , l'efpèce de bctes à laine
d'Angleterre ; la nature du pâtu-
rage » la difpoûcion du lieu^ tout
LAI
annonce qu*on y recueillera dne
laine pareille â celle des plus belles
toifons d'Angleterre. Que l'on ré-
pande enfuite ces efpèces dans les
différentes provinces ^ fuivant la nâ«
ture du climat.
Les Manufadturiers doivent fe
précautionner contre un grand nom-
ore de fupeccheries frauduleufes ,
par exemple , quand l'année a été
sèche » les Laboureurs ou les Mar*
chands qui tiennent les laines de la
première main > les font mal laver
afin d'éprouver moins de déchet.
Qu'arrive-r-il alors ? Pour empêcher
la graide ou le.s ordures de paroître,
ils fardent les toifons qu'ils blan-
chi (Tent avec de la craie on d'au-
tres ingrédiens qu'ils imagitient. Les
fuites de cette manœuvre ne peu-
vent être que très - dommageables»
foitauFabricant^foitau public.Si l'on
emploie la laine comme on l'achète»
l'étoffe n'en vaut rien , les vers Se
les mites s'y mettent au bout de
peu de temps » & l'acheteur perd
fon drap. Si le Fabricant veurren-
dre â la laine fa qualité par un fé-
cond lavage , il loi en coûte/a façon
& un nouveau déchet.
Deux autces abus intéretfènt la
qualité de nos laines j l'un regarde
les laboureurs» l'autre les bouchers»
C'eft une néceffité indifpenfable
aux premiers de diftinguer leurs
moutons par quelque marque- Deux
rroupeaux peuvent fe rencontrer Sc
fe mêler ^ on peut enlever un oa
plufieurs mourons : la marque dé«
cèle le larcin y enfin les pâturages
de chaque ferme ont des limites, flt
cette marque e^ une condamnation
manifefte pour le berger qui coit-
duit fon troupeau dans un territoire
étranger. Ce caraûère eft donc né-
ceffàire , Tabus ne confifte que dans
la manière de 1 appliquer. Nos la*
LAI
boareurs de llle de France 8c de U
Picardie , plaquent ordinairement
fans choix des couleurs trempées
dans rtiuile fur la patrie la pluspré-
cieufe de la coifon , fur le dos ou
fur les flancs y les marques ne s'en
vonc point au lavage ^ elles reftenr
ordinairement collées 5c adh;.'reiites
i la roifon, & fouvent les éplu-
cheurs négligent de féparer de la
laine les croûtes qu'elles forment ,
parceque cette opération demande
trop de temps. Que fuit- il de-là ?
Les croûtes palTant dans le fil & les
étoffes qu'on fabrique , les rendent
COttt-i-fait défeâueufes \ il eft un
moyen fort (impie dobvier à ces
abus : on peut marquer les moutons
a loreille par une marque latérale ,
perpendiculaire ou tranfverfale j &
ces marques peuvent varier à Tin-
fini , en prenant Toreille gauche ou
les deux oreilles , &c.
Si cependant la nature du lieu
demandoit un (igné plus apparent ,
on pourroit marquer les montons i
la tète , comme on fait en Berri ;
la toifon par ce moyen ne fouffre
aucun dommage.
L'autre abus ne concerne que les
pelades ; mais il ne mérite pas
moins d'attention. Les bouchers ,
au lieu de ménager les toi(bns des
peaux qu'ils abattent , femblent
mettre tout en œuvre pour la falir ^
ils les couvrent degraifTe & de tout
ce qu'il y a de plus infect.
Il feroitâ fouhaiter qU'on s'occu-
pât férieufement de la fuppre(fion
de ces abus. '
Lainb d'agnelin, fe dit dans le
commerce de la laine provenant des
agneaux & jeunes moutons ; ce font
les bouchers & rocilfeuts qui en
font les abitis. La laine d agnelin
n'eft permifeque dans la fabrique
4es chapeaux.
LAI 33t
1 LAiNS ft^AvTRUCHiy ff dit impro*
prement du duvet ou poil de cet
oifeau. U y en a de deux forteij I9
fin & le gros; le fin entre dans la
fabrique des chapeaux communs;
ie gros que l'on appelle ordinaire-
ment gros (T Autruche , fe file 6C
s'emploie dans les manufactures de
lainage j pour faire les lifières des
draps Boirs les plus fins. %
Laine • auxi , autrement Laini
TRIÉE , fe dit de la plus belle laine
filée, qui fe tire des environs d'Ab-
beville.
Laine basse , ou basse laine, fe dit
de la plus courte & de la plus fine
laine du mouton ou de la brebis ;
elle provient du collet de l'animal
qu'on a tondu. Cette forte de laine
filée fert aux ouvrages cle bonnete-
rie , comme aufii à faire la trame
des tapi(reries de haute & baffe lifTe,
des draps , des racines & femblables
éto(fes fines \ c'eft pour cela qu'on
rappelle hint-tramc. LesEfpagnols
& les Portugais lui donnent le nom
de prime y qui fignifie première.
Laine cARois ; le dit de toute laiiw
qui après avoir été dégraiflee , la-
vée, féchée, battue fur la claie,
épluchée ic arrofée d'huile , a pa(Ic
>ar les mains des cardeurs, afin de
a difpofer à être filée , pour en îz-^
briquer des tapiiferies, des étoffes \
des. bas , des couvertures , &c. La
laine cariée qui n'a point ccé afper-
gée d'huile ni filée , s'emploie en
courtepointes, en matelas, £'ç.
Laine CRUE, fe dit de la laine qui
n'ed point apptètée.
Laine cuisse , fe dit de la laine cou-
pée entre les cuilTes des brebis &
des moutons.
Laine filée, fe dit de la laine filée
que l'on appelle JÏ/^/tfyiy^rrtf. Elle
vient de Flandre & particulière-
ment du Bourg de Turcoing j elle
Tt \\
X,
351 LAI
encre dans plafieurs fabriques de
lainage, & taie l'objet d*un grand
commerce de la Flandre Françoife.
Laine fine ou haute laine, le die
de la meilleure de toutes le^ laines,
& du triage de la mère laine.
Laine frontière , fe dit de la laine
£lée d«s environs d'Abbeville & de
Rofières \ c'cft la moindre laine qui
^ fe rire de Picardie.
Laine grasse ,. ou laine en suif ,
LAINE en SUIN y OU LAINE SUR-
6E ; tous ces noms fe donnent à la
laine qui n*a point encore été lavée,
ni dégraiflfée. Les Epiciers Droguif-
tes appellent ajlpe , le fuin ou la
graiue qui fe tire des laines.
Laine haute , autrement dite laine
CHAINE, LAINE ET AIM , fe dit de
la laine longue & grofllière qu'on
tire des cui(les j des jambes & de la
. queue des bètes à laine.
Laine migeau \ on appelle ainfi dans
le Rouflillon la laine de la troifième
forte , ou la moindre de toutes les
laines que les Efpagnois nomment
tierce.
Laine moyenne, fe dit de celle qui
refte du premier triage de la mère
laint.
Laine de Moscovie , fe dit du du-
vet des cadors qu'on tire fans gâter
ni ofTenfer le grand poil \ le moyen
d'y parvenir n'eft pas trop connu.
Laine peignée , fe dit de celle que
l'on a fait paffer par les dents d'une
forte de peigne ou erande carde ^
four la difpofer à erre* filée ; .on
appelle auffi en un feul mot eftaim.
Laine pelade , ou Laine av alie , fe
dit de la laine que les méeifliers &
chamoifeùrs font tomber par le
moyen de la chaux de demis les
peaux de brebis & mourons » pro-
venantes des abattis des bouchers :
elle fertà faire les trames fortes d*é
toffes»
LAI
Laine peignom • ou en un feul mot
Peignons , fe dit d'une forte de
laine de rebut , comme la bourre ;
c'eft le refte de la laine qui a été
peignée.
Laine riflard , fe dit d'une efpèce
de laine la plus longue de celles
qui fe trouvent fur les peaux de
moutons non apprêtées. Elle ferc
aux imprimeurs à remplir tes inf«
. trumens qu'ils appelent balles , avec
quoi ils prennent l'encre qu'ils em-
ploient a l'imprimerie.
Laine de Viôogne , fe dit de celle
d'un animal d'Amérique oui fe rroi;^
ve dans les montagnes clu Pérou ,
' & qui ne fe trouve que là. Cette
laine eft brune ou cendrée , quel-
quefois mêlée d'efpace en efpace
de taches blanches : on en diftin-
gue de trois fortes; la fine , la
carméiine ou bâtarde & le pelo-
tonage; cette dernière fe nomme
ainfi , parcequ'elle^ vient en pelotes:
elle n'eft point eftimée. Toutes ces
trois laines entrent néanmoins^ mé-
langées avec du poil de lapin ^ ou
partie, poil de lapin . & partie poil
de lièvre , dans les chapeaux qu'on
appelle vigognes. ^
Laine de chevron ^ fe dit d'une forte
de laine noire , touffe ou grife que
l'on tite du levant : la noire eft ia
plus recherchée > elle entre dans la
fabrique lies chapeaux. Ondiftingue
aifément cette laine parmi les au-
tres , par la petfeâion de fa cou-
leur , par fa fineiïe , par fon odeur
qui approche de celle du mufc ,
odeur qu'elle retient des chèyres fur
lefquelies on la tond. Toutes les
nations qui trafiquent au Levant en-
liàvent de cette marchandife.
On appel le pile de laine , un mon*
ceau de laine formé des roifons
abatues de defius l'animal : ce ter-
me de pile eft en partie confacré
LAI
aox laînes primes d'Efpagne , parmi
lefquelles la pile des Chartreax de
TËlcurial palFe pour la meilleure.
On die pcoverbialemenc & figu-
réaient , tirer la laine ; pour dire ,
voler de nuit des manteaux dans les
rues \ & l'on appelle tireurs de laine ^
ces fortes de voleurs.
On dit proverbialement & figu-
rémenr de quelqu'un qui fouffre
tout , qu'/V Je laijfe manger la laine
fur It dos. Et au contraire d'un hom-
me qui fait fe défendre , quV/ nefe
laijfe pas manger la laine fur le dos.
La première fyllabe eft moyenne,
& la leconde très-brève.
LâIN£ y ÈE \ participe paffif. Voyc^
Lainer.
LAINER) verbe adif de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
jugue comme Chanter. Tirer la
laine avec les chardons pour y faire
venir le poil.
LAINEUR ; fnbftantif mafculin. Ou-
vrier qui travaille les draps & au*
très lainages.
LAINEUX , EUSE ; adjeûif. Lano-
fus. Qui a beaucoup ae laine , qui
eft extrêmement fourni de laine.
Les moutons font plus laineux dans
€ttte province que dans celle-là. Une
hrebis laineufe. Un.drap laineux. Une
plante laineufe.
LÂINIER; fubftantif mafculin. Mar-
chand qui vend des laines , fur tout
de celles qui font en écheveau , &
?|oe l'on emploie aux tapiff*eries y
ranges & autres ouvrages.
LAINO \ petite ville d Italie , fur une
rivière de même nom au Royaume
de NapIesdanslaCalabre ultérieure,
au pied de l'Apennin , & à (ix milles
de Lauria.
La rivière à fa fource dans l'A-
pennin y fur les frontières de la Ba-
iilicate , & fon embouchure dans la
iBCC 9 près du golfe de la Scalea»
LAÏQUE; adjeâif des deux genres.
Laicus. Qui n'eft ni ecdéfiaAique
ni religieux. Un officier laïque, pes
biens laïques.
Il s'emploie audi fubftanrive-*
ment.Z^i ecdéjiajliques & les laïques.
Un laïque eft fournis à la Juridic-
tion eccléfiaftique en matière de
facremenc & autres matières pure-
ment fpirituelles. Le Juge d*Ëglife
connoît même à l'égard des laïques
du pétitoire des dixmes Les Ordi-
naires ont de plus une Juridiâion
fur les hôpitaux & les fabriques.
On a demandé (i un laïque peut
polféder des biens. d'Églife. Parmi
ces biens , les uns font immeubles
& les autres meubles. Les immeu-
bles peuvent erre poifédés par des
laïques , & le font prefque tous â
. titre de ferme & d'emphitéofe. Ces
biens peuvent audî être venduis â
des laïques, pourvu que les forma-
lités requifes foientobfervées.
> Un laïque ne pouvant obtenir
des dixmes de des oblations , parr
cequ'il n'a point de titre canonique
qui y donne lieu, il ne peur non
plus jouir de bénéfices eccléfiafti-
ques , à caufe de l'office qui y eft
annexé. On excepte de cette règle
les chevaliers laïques de certains
ordres. Les fécuUers peuvent auffî
obtenir à titre d'aumônes des pen«
fions fur des bénéfices. La deftina*
tion des biens & revenus de TÉglife,
loin d'être oppofée â ces maximes y
y eft au contraire très-conforme.
En effet, fuivant l'eiprit de TÉglifej
fes revenus font deftinés â la fub-
fiftance de fes Miniftres , â entre-
renir les Temples , les fournir d'or-
nemens , à fubvenir aux dépenfes
du Service Divin , & â donner roue
le refte aux pauvres.
Les laïques ne font point admis
en France dans les éle^|k)ns ecdé*
354 LAI
(lalliques > à moins que ce ne foie
pour les protéger \ ainfi Ton voie
fouvenc un Commi (Taire du Roi
prélider auxéleâions ecciéfiadiques
Eour obvier aux brigues & aux crou-
les qu'elles produiienr.
Un laïque peut cure clioifi pour
arbitre , feul ou conjointement avec
un clerc dans les caufes eccléfialti-
ques , puifqu il peut accepter un
bénéfice ou requérir pour un ecclc-
fiaftique , tanquam minifier. Il n'eft
défendu au laïque par les loix que
de juger & de dirpofer «d matières
eccléhaftiques.
A l'égard de la juridiftion tem'
porelle attribuées un bénéfice, non-
leulement le Bénéficier ou Prélat
peut en donner lexercice à un laï-
que , mais même il le doit.
C eft un principe reçu que les
laïques ne font jamais liés en ma-
tières purement profanes par les
condicutions canoniques s'ils ne
font fujets ou vafTaux de rÉglife.
LAIS j fubftancif mafculin , & terme
des Eaux & Forets qui fe dit d'un
jeune balivjeaude l'âge du bois qu'on
laifTe quand on coupe le raillis , afin
qu'il revienne en haute futaie.
Lais, dans quelques coutumes fieni-
fie ce que la rivière donne par allu-
vion au Seigneur Haut*Ju(ticier.
Lais , fe dit audi quelquefois au lieu
de laie â cens, ou bail à rente , ou
emphitéotique.
Tous ces termes viennent de
luiffâr.
LAI5E 'y petite rivière de France en
Normandie, qui a fa fource à deux
lieues , oueft-nord-oueft , de Falaife,
& fon embouchure dans TOrne , à
deux lieues ^ fud-fud^oueft , de Caën^
après un coursd'environ cinq lieues.
LAISON ; petite rivière de France ,
en Normandie , qui a fa fource 1
une iieiy, eCiji de celle de la Laife,
LAI
& fon embouchure dans la Divei,
à une lieue > fud-oueft , de Beuvron,
après un cours d'environ fepc lieaes.
LAISOT^ fubftantif mafculin qfité
dans les Manûfaâures ea toile de
Bretagne , pour défigner la plus
petite laize que les toiles pui(fent
avoir fuivant les règlemens.
LAISSÂDE^ fubftantif féminin. Ter-
me de Marine , dont fe fervent
quelques Ouvriers pour défigner
l'endroit d'une galère où l'on dimi*
nue la largeur du fond en venant fur
l'arrière. C'eft ce qu'on appelle aa-
trement quête de poupe,
L A I S S E j fubftantif féminin. Za-
rum. Corde dont on fe fert pour
mener des chiens accouplés. Unir
des chiens en laiffei
On dit ordinairement , une laiffe
de lévriers; pour dire, deux lévriers,
foit qu'on les mène en laifTe ou non.
On dit figurément & familière*
ment d'un homme qui difpofe d'un
autre comme il lui plaît , & qui lui
fait faire tout ce qu'il veut ^ qui/
le mène en laijfe.
Laisse , fe dit auffî d'une efpèce de
cordon fait de crin , de foie ou
d'autre matière de dont on fait plu-
fleurs tours fur là forme du chapeau
pour la tenir eu état.
La première fyllabe eft longue,
& la féconde très -brève.
LAISSE , ÉEj parricipe paflif. f^oy€[
Laisser.
LAISSÉES ; fubftantif féminin pluriel,
& terme de Vénerie , qui fe dit de
la fiente du loup & des autres bctes
' noires.
LAISSER; verbe aftif de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
jugue comme Chanter. ReRn*
quere. Quitter. // laijfa fa femme
au baL Nous V avions àtijjfe malade.
Les ennemis laifsèrent cane Prow^
dévafiée.
LAI
Laisser , a plufieurs (ignificatlons en
parlant des chofcs j ainfi Ton die de
quelqu'un , qu // a laijféfa bourfc à
t hôtellerie ; pour dire i qu'il a ou-
blié de la remeccre dans fa poche
après lavoir tirée en ce lieu-là. Et
qaon a laijfé fes gants y fcs papiers
. che:(foi ; pojiir dire , qu'on a oublié
de les prendre quand on eft forti.
On dit d quelqu'un qui craint
d*ècre volé en s'en retournant la
nuit , laijf'i'l ici votre argent , vos
bgoux^ pour dire» ne les emportez
point.
On dit en parlant d'une petfonne
à laquelle on avoit. une lettre ou
autre chofe à remettre , qu'o/i ne Va
point trouvée , qîion a laiffé la lettre j
pour dire , qu pn l'a mife entre les
mains de quelqu'un de la maifon
pour la lui donner.
On dit , laijfer un château , un
village , 6'c. à droite ^ fur la droite j
pour dire , prendre la gauche , en
ibrte que le château » le village ,
&c. foit fur la droite. Et l'on dit
• dans le fens oppofé , laijjer un châ-
teau à gauche t &c.
Laisser , Hgnifie auffi mettre en dé-
pot. IllaiJ^a l'argent chc^ le Notaire.
On dit auffi laifler en dépôt. Cette
fomme lui fut laijfée en dépôt.
Laisser , (ignihe encore abandonner.
Ils le laifserent au milieu de la foret.
On dit lai{fer à l'abandon ; pour
dire , abandonner* Illaijfafa manu-
faclure à l'abandon.
On dit , fe laijfer aller à la dou-
leur-, pour dire , s'y livrer fans ré-
ferve , s'y abandonner entièrement.
On dit figurément & familière-
ment , laiffer quelqu'un dans la najfe;
Pour dire , le laitTer dans un em-
barras , dans une affaire fâcheufe
où on la engagé & dont on fe
tire foi même. Il fit fa paix & laijfa
fcs alliés dans la naffe.
LAI 3^5
On dit , laiffer au foîn\ à la dif"
crétion ^ à la prudence ; pour dire >
confief , abandonner au foin , à la
difcrétion , remettre à la prudence
de quelqu'un. // laijje cette affaire
à vos foins , à votre difcrétion , à
votre prudence.
On dit dans le même fens, il
vous en laiffe le foin , la conduite.
On dit , laiffer une chofe à un cer^
tain prix , à bon compte ; pour
dire , l'abandonner pour un certain
prix , à un bon marché. Je lui laif-
fa{ ce cheval à bon compte. Et l'on
dit qu'tt/itf marchandife ejl à prendre
ou à laijjer ; pour dire , ou qu'il en
faut donner le pri:ipquele marchand
en demande^ou qu'on ne l'aura pas.
On dit auifi en parlant de quelr
que chofe , c\\iily a à prendre & à
laifftr; pour dire qull y a du bon
& du mauvais , & qu ri faut favoic
choiiîr.
Laisser, (ignifie auflî céder. On lui en
laiffa tout le bénéfice. L'honneur lui
en fut laiffe.
On -dit figurément & familière*
ment , laiff[er des plumes ; pour dire,
faire quelque perte confidérable
d'argent ou d'autre chofe. IllaiJJira
de fes plumes à cette partie.
On dit figurément & populaire-
ment de quelqu'un , qu'/7 a laiJJe
fes bottes en quelque occafion ; pour
dire , qu'il y eft mort. // voulut aller
aux eaux de Plombières , mais il y
laiffa fes bottes.
Laisser , s'emploie quelquefois dans
le (èns de permettre, fouffrir» ne
pas empêcher. Ainfi l'on dit, laiffe:^
moi en paix y en repos ^ en patience;
pour dire- , permettez , fouffrez ,
n'empêchez pas que je demeure en
paix , en repos , en patience.
On dit audi , laiJfe:j[*moi en paix^
en repos , en patience , laiffe^^-moi
tranquille y i^ff^\ ' ^oi là j ooiar
33^ LAJ
dire , M m^importunez point.
On die , iaîffer cela ; pour dire j
ne touchez point a cela.
On dit, il faut laiJfcrU monde
comme ilejl ; pour dire , qu'il ne
faut pas s'embarrafTer desafFaires du
monde , & prétendre le réformer.
On dit , laijfer dire , laijjir faire ;
pour dire , ne fe pas foucier j ne fe
pas mettre en peine de ce qu'on dit,
de ce qu'on fait. Et l'on dit proverbia-
lement, il faut tien faire & laijfer dire.
On dit de quelqu'un , qu*/Y s'eji
laijffe tomber ; pour dire, qu'il eft
tombé. Etfamilièrement, quils*ejl
laijfé mourir; pour dire,qu'il eftmort.
On dit de quelqu'un j qu'// s'ejl
taijfé battre ; pour dire qu'il a fouf-
• fert qu'on le battit , ou (implement ,
qu'il a été battu.
On dit familièrement, qu'o/i
s*ejl laîffé dire telle & telle chofe ;
pour dire , qu'on a ouï dire telle &
telle chofe , mais qu'on n'y ajoute
pas grande foi.
On dit ,fe laijfer aller ; pour dire
fe relâcher , ne pas tenir ferme. Et
l'on ditqix une fille s' ejl laijje aller;
pour dire, qu'elle s'eft laiiïe féduire,
tt proverbialement dans le même
fens , quelle a laijfé aller le chat au
fromage.
On dit d'un enfant ou d'un ma-
lade, & qui n'a pas la force de re-
tenir Tes excréroens , qu'// laiJfe tout
aller fous lui*
On dit en termes de Vénerie ,
laiffir courre les chiens; pour dire,
les découpler , afin qu'ils courent
après la bete. Et l'on appelle fub-
ftantivement, le laijfer courre ^It lieu
ou le tempVdans lequelon lesdécou-
^le» Nous allons être au laijfer courre^
On dit de quelqu'un qui meurt
^yant une femme & des enfans,
qu'// laiJfe une femme & des enfans.
Et l'on dit d'une peribnne^ qu'e//<
LAI
a laiffé beaucoup ie bien , peu de bien
après fa m&rt; pour dire, quelle
eft morte ayam beaucoup de bien ,
peu de bien.
On dit auffi d'une perfoone,
* qiïetle a laijfé fis affaires en bon ,
en mauvais état; pour dire, qu«
fes affaires fe font trouvées après fa
mort en bon , en mauvais état. Et
quelle a laijfé une fuccejjion obérée^
embarrajfée ; pour dite j qu*apiè$ fa
mort, fa fucceflion s eft trouvée
obérée , embarraftée.
On dit de quelqu'un , qu'il a laiJJe
une bonne i une mauvaife réputation
après lui; pour dire, qu'il eft relié
une bonne, une mauvaife opinion
de lui. Et l'on dit dans le même feni,
laijfer une réputation de vertu ^ de
probité. Laijjer de grands regrets de
fa perte ^ &c.
On dit au(fi, qv^une viande^
qu'une liqueur laiJfe un bon goût , un
mauvais goût ; pour dire , qu'après
au'on en a mangé , qu'oih en a bû ,
refte dans la bouche un bon , un
mauvais goût.
On dit , je vous laiJfe àpenfer ce
qu'ildeviendra ;je vous laijfe à penfer
s'il fouffrit patiemment ces reproches;
6cq. pour dire , je vous donne à pen-
fer , c'eft à vous à penfer,i juger, &c.
On dit dans le même fens, qu'^/t
auteur , quun livre laiffi beaucoup
àpenfer; pour dire, qu'il donne ma-
tière à bien des réflexions.
On dit, laijfer aller fan cheval;
pour dires ne lui rien demander. Et
le laijfer marcher à fa fantaifie , pour
dire , ne pas le retenir de la bride
lorfqu'il marche où qu'il galoppe.
Laisser; s'emploie encore en pluueurs
autres fens : ainfi l'on dît , qu'un
locataire n'a laiffé que les quatre
murs ; que les ennemis n'ont rien
laijfé ; pour dire , qu*un locataire
a déplacé ôç enlevé tous fes meu*
blés,
LAr
1>Ies ; que les ennemis ont toèt etn-
porté.
On <iîr auffi , que des voleurs ont
laiffe un homme en chemife ; pour
dire , qu'ils Tonc dépouillé entiè-
remenc.
Laissb^ , fe dit aaffi qvelqaefois dans
la fignification de cefler , s'abllenîr ,
difcontinuer » ic alors il ne s'em-
ploie qu'avec la négative, llncla^^
fera pas de lui écrire à cefujet* Nous
c'eft a(rez.
On die , qu'«;i< chofe ne laiffepas
£etre y raie ; pour dire , que ce i
qu'on objeâe contre , n'empêche §
pas qu'elle ne foit vraie.
On dit auffi de quelqu'un , qu'/7
eji pauvre , mais quil ne laijje pas
d'itre honnête hofnme ; pour dire,
que la mauvaife fortune n*empèciie
pas qu'il ne foit honnête homme.
Laisser , fignifie auffi quelquefois
léguer par teftament. Il laijfa une
partie de fes biens aux pauvres de fa
paroiffe.
On dit proverbialement & figu-
rément d'une perfonne , qvCelle fe
Uàffe mener parle ne\ cormrie un bufle^
ou (implement y q\xellefe laijfe me-
ner par le ne[ ; ix>ur dire , qu'elle
n'a pas la force ae s'oppofer à l'em-
pire que l'on prend fur elle.
On dit auflli proverbialement &
figurément , qu*i/ vaut mieux laiffir
fon enfant morveux que de lui arracher
le ne\ ; pour dire , qu'il eft de la
prudence de tolérer un petit mal ,
de petir d'en attirer un plus grand ,
en voulant le corriger mal à propos.
On dit , laiffèr quelqu'un maître
Jtune chofe; pour dire , la laidèc en
Ta difpofition } l'en faire abfolument
Je maître. |
On dit figurément & familière^ |
Tome Xy.
LAI 537
ment, laiffir U briàs far le eou à
fuelquuni pour dire l'abandonnée à
Inî-mcme.
Baisser , (ignifie auffi pafler -foua fi*
lence. // laijpi des moyens dont il
auroie pufàkre ufage.
LAISSER COURRE ; fubftandf maf-
culin, 9c terme de Vénerie. Lieu
ou temps dans lequel on découple
\ts chiena » afin qu'ils courent apsès
la bête. Nous nous joignîmes au laif
fer» courre,
LAISSES \ fubftantif féminin pluriel »
& terme de Marine. Terres queJa
mer a lailTées au rivage , & qui
s'afFermiflTent peu à peu.
LAIT \ fabftantif malculin. Lac. Li-*
queur blanche qui fe forme dans les
mamelles de la femme pour . la
nourriture de l'enfant y ou dans les
fen»elles èt% animaux vi vtpates pour
la nourriture de leurs petits.
Le lait récemment trait d'un ani-
mal frugivore en bonne fanté).&
nourri des aliment qui lui convien-
nent y ne donne dans les épreufes ,
chy miquos aucune marque d'acidité *
ni d'alkaltniié ; il a une faveur d^u- \ .
ce, agréable, un peu fucrée. Une
contient point de parties yolatilet
au degré de chaleur de l'eau bouiU
lanee, du moins en quantité fenfible
& que Ton pnifle recueillir \ il n*a
qu'une petite odeur ctès^foible qui
lui eft particulière.
Certe Jiqueur eft trè»-fttfceptible
d'alrécation \ la moindre quantité
d'acide fuffit pour le coaguler : lotf-
qa on y mêle del'alkali » il s'enfuit
une efpèce de coagulation ^ mais
elle eft bien di££cente de celle qu'.oc-
cafionne Taçide j fingutièrement i
eaufe de l'aâion qu'a l'alkali . fur
routes les parties du lait , & notam-
ment fur la partiebutireufeà laquell e
il donne un caraâère fa vonneux.
Le lait éprouve auffi très- facile-
Vr
jj8r LAI
ment de lai^mème , & fans aucune
addition » di£férens changemens le-
marquables. Les parties huileufes
ott batireufes de cette liqueur»
étant fpécifiquement plus légères
que les autres, & n'y'^tant point »
ou nj étant que ttès-peu adhérentes,
k réparent du refte en grande par-
tie pat le fimple repos , & fe raf-
leniblent à la furface , pcécifément
comme cela arrive aux émuUions 'y
elles j forment ce que Ton nomme
la crêmc qa*on recueille pour en faire |
du beurre j indépendamment de
cela le lait eft trèspfufcepcible d'é-
prouver de lui-même un mouvement
de fermentation qui le fait tourner
i Tacide, & qui en occafionne la.
coagttlarionv
La coagulation du laiir ne larde
pointa procurer une réparation affez
diftinfte de la partie caféeufe d avec
k féceufe ^ & à mefure que cette
dernière fe iepare, Vautre prend
!»lus de confiftance. Ceft donc par
e moyen de la coagulation qu on
obtient ces deux parties du lait fé-
parées Tune de Tautre y mais la mar
sière donr fe fait cette coagulation ,
apporte des différences afies' confi-
dérables dans les qualités de l'une &
de l'autre ^ c'eft pourquoi on coa-
Î;u!e le lait de différentes manières
uivaat les ufages auxquels on def-
fine le fsomage & le petit lait».
Comme Pacide qui fè développe
dans le lait lot fqu*il fe caMle n^u*
r^lement, eft plus que fufiifant
pour fa coagulation 5 8c qui'il com«
munique fa faveur tant au fromage
qu'au petit lait , on ne laiflè point
le lait k cailtei de lui même , foit
pour en faire du fromage deftiné
au» atimens ou pour en faire du
petit lait à l'ufage de la méde-
eine. Le point eflfentiel pour éviter
ccuc acidité fenfible x ceft da£rcQ^
LAI
dre du laie qui ne fois pas trop
ciennement trait » d'y mêler ezac«
tement la ^lus petite quantité d'ai^
çide nécelfaire â la coagulation , ic
d'accélérer cette coagulation par mi^
degré de chaleur convenable.
La méthode ordinaire 6c en mê-
me temps la meilleure ,. conûfte àt
délayer dans, trois ou quatre cuil-
lerées d'eau environ dix- huit grains,
de préfure pour deux lii^res de lait ,
& a la mêlée dans le lait qu'on place
enfttite fur des cendres, chaudes ^
le laie au mofeptè^ ceue préfure».
fe caille plus ou moins v ite » fuivaot
le degré de chaletir qu'on lui donne*.
Quand on deftine le caillé i êve:
mangé avant que le petit lait s'ea
foit ieparé , la chaleur doit être uès^
douce f & la coagulation plus lente*.
Si l'on ea veut laiic du fromage >
on peut aUerun peu plus^vîte^ &
auuitôt que le lait eft caillé. ^ on. le
coupe pour donner lieu i U fépa*
ration du petit lait j on le met en^
£tite dam des clairons pour le faire
égoutter \ enfin & c'eft le petit laie-
qu'on veuille avoir », on peut faire,
chauffer beaucoup davantage » hb
Réparation en eft plus pcompte.
Les parties butu^nies » caféeufes^
& férenfes du lait fe uouvent d V
bocd féparées par ces premières opé-
cations y, mais cette psemière Répa-
ration n'eft qu'imparfaite. Ces troi»^
matières participent' encore toutes
tes une» des autres \. pour avoir le*
petit lait bien clair , & débarraflSr
d'une affez grande quantité de par*
tîer. de froa^age qu'il contient en-^
cote y parcequ'elles a'oot point.cté*
fuffifamment caillées » il faut le:
clarifier en lui faifant ji^ter unibouiU
Ion j avec une quinzaine de urain»
de. crème de tartre ». de un olanc
d'œuf qu'on y mêle bien » & le fiW
iret enfuiteâ. navets le £agiei^ ^ri
LAI
r^refare qu'on emploie pour
e Uit, a*eft autre chofequ'u«
fie matière laiteafe qui fe trouve
<lans le ventricule des veaux. On
iale cette matière{K>ar la conferver;
«Ile fent le vieux fromage » Se coa-
gule le lait » Darcequ'elTe contient
4ln acide fuffilant quoiqu'il ne foie
pas bien fenfîble. Ceft une efpèce
de levain propre à la fermentation
•acide du lait. U en eft de même de
plufieurs autres fubftances , teUes
<]ue les fleurs de prefque tous les
chardons , du gallium qui fe nomme
Çir cette fuifon cailU-Uit » &c.
otttes ces matières qui ne paroif-
fent point acides , & qui ne com-
muniquent auaune acidité fenfible
pa laie, le £int néanmoins très-bien
cailler » fans doute à caufe d'un
«cide caché qu*çlles contîeniient.
^ L'opération qu'on fait pour cla-
rifier le petit lait eft néceflaire;car
fi 1 on enrreprenoit de l'éclaircit «ar
la féale filtration après la première
coagulation » il ne palTeroit point ^
ou paiTeroit encore trouble , parce-
qu'il contient encore une quantité
confidérable de parties de rromsge
très-divi/ées qui lot font adhéren-
tes j«fqu*à un certain point , & qu'il
iaut en quelque forte caiHer de
nouveau ou plus fortement pat Té-
Imllition avec la crémerie tartre fc
avec le blanc d'œuf.
11 s'en faut beaucoup que le petit
lait bien clarifié fort un pur^egme :
«1 eft â la vérité la partie la plus
aqueuiè du lait ^ mais il eft chargé
<n même temps de tous ceux des
i>rincipes du Mait qui font difTolu-
oies dans l'eau » aulfi a- t-^il «ne fa^
▼eut fenfible ; cette faveur devient
même très-marquée lorfqu'il eft ré-
duit i-pet^près i moitié par l'éva-
(cotation : eue eft (ocrée te un peu
lalée« Le petit lait ûenc en etfec ea
LAI 359
diOution une quantité adez con-
fidérable de fubftance extraâhre de
la nature des fucs fucrés j aulfi eft-»
il fufceptible de fermentation ; il
eft certain que iesTartares en font
tme boiflTon fpiritueufe ^ une efpèce
de vin.
Le petit lait contient outre cette
fiibftance fucrée fermentefcible »
plusieurs elpèces de fels qu'on en
peut retirer en les faifanr criftaHi-
fer. Si Ton fait évaporer â-peu«
près les trois quarts du petit Uit
ciariSé , & qu'on le 4aifle après cela
en repos dans un lieu frais , il s'v
forme «ne certaine quamicé de cril*
taux un peu roux. Ce fel eft le v^ai
fel eflTentiol de lait ; on le nomme
auflî fucre de lait ^ i caufe de la fa*
veut qui eft fenfiblcment fucrée ;
mais cette couleur . Se cette fareuc
font étrangères are femelles luiTÎen^
nent de la fubftance extraAive que
contient la liqueur dans laquelle il
s'eft criftallifé \ iiinfi en faifant biçii
égoutter ces criftaux , les diflblvant
enfuite dans de l'eau pure, 8c let
faifant criftalHfer une fisconde fois
λr l'évapocatton Se le refroidif-
ement ^, on les obtient beaucoup
plus blanfcs & moins fucrés. On
petn: en réirérant cette manœuvre
«ne troifième on même une qua-
trième fois fi cela eft néceflaire»
avoir ces criftaux. parfaitement
blancs > Se prefque fans faveur , £ar
ce fel en a rrès-peu lorfqu'il eft pur.
La Kqueur qui a fourni ces pre-
miers criftaux en contient encore
qu'on peut obtenir par le même
moyen. Si après tm on a retiré
«ne féconde levée de fel de lait »
on continue â la faire évaporer,
alors il fe criftallifé un peu de (èl
commun , Se enfin Vean amère qui
refte contient , â ce qu^aflure M*
-Bamné dans fa pharmacie , d^ t'ai-
Vv ij
340. ^ LAI
caii fixe bien caraAérifé » qu'on
ohcicDC par conféqaenc fans corn-
buiUon.
On doit renaarquer que le laie 2c.
par conféqaenc le petit lait y pe
contenant aucun principe plus v o-
latil que Peau,on ne perd rien de ces
compofés , tant qu'on ne les eipofe
point à un degré de chaleur (upé-
lieur à celui de l'eau bouillante;
9iais fi l'on foumet â la diftillation
à feu nu le réfidu du petit lait
évaporé au bain-marie jafqu â fie-
rté, comme l'a fait M. GeofFroi,
on en retire d'abord du flegme »
enfuite un efprit acide de. couleur
citrine 9 enfuite une huile. aflTesL
épaiCe \ enfin il refte d^s la cornue
«n réfidtt charbonneux qui sf^u-
iue£ke à l'air , i caufe des fubi^n^es
falines avec lefqueltes il eft mêlé
Le laie eft beaucoi^ employé
dans les alimens & dans la méde-
cine ; il eftadoucilTant , incraÛant ,
xafraichiflanc , reftauranr , cicaui-
fa^c^ il convient dans L'âcreté des hu-
meurs^tellesqueles darrres>1es éréfi
p)les, la goutte , quand ces affolions
ne fpnt point accompagnées de fiè-
vre 9 & dans les fuppuratîons inter-
nes » la phtyfie » les fièvres lentes &
le marafme , fouvent mcme on y
met les malades pour toute nour-
ricure > & il produit ordinairement
de bons effets. Mais il eft i remar-
quer qu'encore que le lait foit un ^li-
ment déji préparé par la nature , 6c
, pour ainfi dire digéré » il y a beau!*
coup de tempéramens qui ne peu-
vent s'en accommoder ^ il eft très-
&jet à occafioiuier deux tnconvé-
nieiis contraires » c'eft^-dire » des
«ours de ventre ou dés conftipations
ppiRiâitres : on j remédie foit en le
coupant avec de l'eau eu q^elq^ies
méaicjunensappropriés, foit en choi-
lif&ihtfiîlait de i'anuiulqpi convient
LAI
le mieux au tempérament & i la
maladie auxquels on a affaire : car
y a quelques différences dans les
vertus médicinales du lairdes dif-
férens animaux. On a obfervé , par
exemple, que le lait de chèvre con*
vient mieux aux perfonnes fujettes
à, être dévoyées par le lait » que ce-
Itd de vache.
Le petit lait n eft point employé
comme aliment , parcequ'étant pri-
vé des parties de beurre 8c de no-
mage qui font alimenteufes » il eft
beaucoup moins nourriffant que le
lait entier ^ il l'eft ce^ndant un peu
à raifon de la matière fucrée qu'il
contient : il eft adouciffant 8c ra-
fraîchîffànt comme le lait » 8c on
peut l'employer comme tel dans
les mêmes maladies \ mais il eft
beaucoup plus délayant , apéri-
tif & laxatif ; on le fait fouvent fer-
vir d^excipient ou de véhicule à dif-
férentes (ortes de médicamens.
On appelle jeune lait , le lait
d'une feixlme accouchée depuis peu»
Et ri^npç lait , celui d'une femme
accouchée depuis long-temps. *"
On appelle fièvre de lait , nne
fièvre qui vient aux femmes dans
les premiers jours de leurs couches»
2ç qui eft canfée par le lait qui com*
mence i leur venir.
Cette fièvre dont les femmes qui
nourriffent leitrs enfans (ont pref-
que entièrement exemptes > n'a au<»
Clin fymptome particulier que la"*
^uleur tenfive des mamelles qui
fe continue juique fous les aiflelles»
au dos & aux épaules. Elle fe ter-
mine ordinairement en trois on
quatre jours, fans accident fâcheux»
8c fans exiger aucun fecours Icrf-
qu'elie eft contenue dans les bor-
nes ordinaires \ il fuffit d^aftceindre
la nouvelle accouchée â un régime
tM/Si \ le. moindre excès dao» W
LAI
manger peut avoir de très Biche\i)c
inconvéniens : la diète un peu fé-
Yère a outre cela l'avantage réel
d*einpècher une abondanre fécré-
rion de lait. Il faut avoir grand
ibin de tenir toujours les mamelles
enveloppées de linges chauds y on
peut mime les humeâer avec les
déçoâions d'anis , de fenouil » de
menthe , de fleurs de fureau , plan*
tes dont Tufage eft prefque confa-
cré pour favorifer la dimpation du
lait. Si la fièvre miliaire fe met de
la partie , il faudra recourir aux
légers cordiaux & diaphorériques ,
quelquefois aux veficatoires. Si le
cours des vidanges eft dérangé , di-
minué ou fttfpendu totalement , il
faut tourner promptement Ces vues
de ce côté , & employer les fecoUrs
propres â remettre cette fécrétion
dans fon état oaturel.
On appelle laU répandu ou épan-
ché ^ une forte de levain vicieux »
occalionné par un lait repompé qui
imprime au fang 8c aux humeurs un
mauvais caraâère , & qui prépare
ainfi de loin j tantôt des ophtalmies >
tantôt des ulcères , quelquefois des j
tumeurs dans différentes parties -, '
chez quelques femmes , des attaques
de vapeurs ; dans d'autres , Une fuite
d*indifpofitions fouvent plus f âcheu-
fes que des maladies décidées. Tou*
tes cef maladies , effet du lait ré-
pandu f font ordinairement rebelles,
te cèdent rarement aux remèdes ufi-
tés. C*eft aufli une tradition qui fe
Iierpétue chez les femmes , oue ces
brtes d accidens font incarables : on
voit que cette tradition n eft pas
tout-à-fait fans fondement : au refte
une des grandes caufes d'incurabi-
lité , eft que dans le traitement on
perd de vue cet objet , on oublie ,
ou Ton ne fait pas attention que
cette maladie eft produite ou enuc-
XAI 5-41
tenue par un lait répandu. Ce qui
donne occafion au repompemtnC'&
à répanchement du laie ,c'eft Tînat-
tention & l'imprudence des nourri-
ces qui étant dans le deiïein de ne
plus nourrir » négligent tous les fe-
cours propres â faite perdre leur
lait , ou Ce contentent ae quelques
applications extérieures , inefficaces
ou trop actives , fans continuer pen-
dant quelque temps de fe faire té-
ter , ou d'exprimer elles-mêmes leur
lait furabondant. La même chofe
arrive aux nouvelles accouchées qui
ne veulent pas allaiter , lorfque la
fièvre d^ lait eft foible Se de courte
durée » de qu'elle n'eft point fup-
pléée par des vidanges abondances^
ou quelqu'autre excrétion augmen-
tée \ alors le lait repompé dans le
fang fe mêle avec lui & l'altère in-
fennblement. . ^
Il eft plus facile de prévenir les
défordres du lait répandu , que de
les réparer ou de les faire ceffer :
ainfi lorfqu'une nourrice veut ceffer
de l'être » elle doit s'aftreindre à une
diète médiocre , n'ufer que d'aii-
mens légers , de peu de fuc j prendre
quelques purgatifs légers* des lave*
mens réitérés : les diurétiques con-
viennent auffi très- bien : la térében-
thine jointe à la poudre de clopor^
tes , eft celui dont on ufe le plus fa-
milièrement » & dont on éprouve le
fuccès le plus prompt Se le plus con*
ftant. On peut laiffer à la femme U
liberté & le choix d'applications fur
les mamelles , pourvu cependant
qu'elles ne fuient pas trop aftrin-
genres ou empiaftiques : il ne faut
pas non plus les envelopper Se les
aflbiiïer fous le poids des linges Se
des caraplafmes « dans la vue de les
tenir chaudes. Avec ces précautions ,
ces topiques peu^enr êtfc appliqués
avec quelque fuccès » du moins (ans
34» lAI
tnconvénlenc. Lorfqu'on a négligé
«es remues * ou qu'ils ont icé fans
effet j que le lait répandu a excité
quelques maladies j outre les remè-
des particulièrement indiqués dMs
cette maladie , il faut aroic recours
aux diurétiques , aux légers dia-
phorétiques » aux différens Tels neu-
tres , & furrout aux eaux minérales
dont le fuccès eft prefque afsûré.
On a|>pelle cailiement de lait y poil
de lait y un accident adez ordinaire
aux femmes qui ne veulent pas nour-
rir , ic aux nourrices qui ne fontpas
fuffifamment tétées , & qui laident
par U engorger leurs mamelles. Il
eft aafli quelquefois occasionné pac
des paffiont dame vives ^ pac la co-
lère , par une grande & fubite joie,
patvune terreur » par ^% applica-
rions acides » aftrinzenres fur les ma-
melles , par un air noid agidànt trop
immédiatement (ur une gorge de
nourrice imprademmem «couver-
te y & furrout par l'ufage trop çon«
rinué d'alimens gélarineux , auftè-
res » acides^ &c.
Si Ton ne remédie pas tout de
fuite à cet accident , il peut avoir
des fuites facheufes î il occafionne
alTez ordinairement Tabcès ou apof-
tème des mamelles ; quelquefois la
tumeur s'endurcit , devient fquir-
reufe , & dégénère enfin en cancer ,
conime Fabrice deHilden dit Ta voir
obfervé.
On ne peut remédier à cet acci-
dent plus sûrement & plus promp-
cement, quen faifant teter force-
ment la remme ; mais comme le
lait vient difficilement , Penfant ne
fatiroit ètce propre i cet emploi j il
faut alors £e fervir d une perfonne
robufte , qui puifle vider & tarir en-
tièrement les mamelles, il eft vrai
<}ue la fuccion entretient la difpod*
CiM i l'engorgement , Se attire de
LAÏ
nouvelles tumeurs aux mamelles ;
ce qui eft un bien C\ la femme veut
continuer de nourrir » Se n*eft pas
un grand mal fi elle eft dans un def-
fein contraire ; car il eft bien plus
facile de difliper le lait fluide & na-
turel , que de le refondre & Téva-
cuer lorfqu il eft erumelé. On peut
hâter ou raciliter la réfolution de ce
lait par les applications réfolutives
ordinaires; telles font celles mai font
com potées avec les plantes dont on
a parlé pour la fihre de lait ; tels
font auur les cataplafmes de miel •
des quatre farines t &c.
Ou appelle frère de lait » Jœur it
lait ^ Tenfant de la nourrice par rap*
port â fon nourrilTon. On le ditauffi
de deux enfans étrangers qui ont
fucé le même lait.
On appelle veau dt lait » cochon
de lait » un veau , un cochon qui
te^te encore.
Figurément & familièrement on
appelle vacke à lait » les oerfonnes }
& par exteniion, les choies dontpii
tire un profit continuel. Son oncle
ejl une vache à lait pour lui. CeprO"
ces efi une tonne vache k lait pour ce
Procureur.
On apoelle dents de lait^ les pre-
mières dents qui viennent aux en*
fans , 6c même aux chevaux.
On dit proverbialement & figu-
rément , ^ une perfonne a une dent
de lait contre quclqu*un , quelle lia
garde une dtnt de lait; pour dire »
qu elle lui veut du mal , qa elle a
une ancienne rancune contre lut.
On appel le lait clair ou petit lait ,
la férofice qui tombe du laie lorfau^ii
fe caille. Et lait coupé ^ du lait oans
lequel on a mis une portion d'eau.
On dit proverbialement & ' figu*
cément « que le vid eft le laU des
vieillards.
On dit proverbialemeoc Se figu-
lAI
liment d^ane perfonn^ qui reçoit
avidement coaces fortes de louan-
ges , oaà <|ui on fait croire aifément
tout ce qui la flatte » ou qui par baf-
feffe de cœur ou par difunaulation » .
ludè doucement fur les chofes qaon |
lui dit pour la piquer , quVZ^^ avale
êcla doux comme au lait. -
On dit auifi proverbialement &
figurément » botûUir du lait à quel-
qu'un ; pour dire » faire plaifir à
quelqu'un , lui dire des chofes
agréables.
On dit encore figi^rcment &^o-
verbialeœeni , on me bous du lait ^ il
me femile quon me iout du lait ,
quand on me dit cela ; pour dif e ,
on fe moque de moi , il me femble
qu'on fe moque de moi > qu'on me
uaite d'enfant.
On appelle Joupe dclait y la coulecu
de cet tains chevaux blancs tirant fur
rifabelle« Une jument foupe de lait.
On appelle aufli de la m^me ma-
nière certains pigeons d'un blanc
ifabeUe y des pigeons foupe de laie.
Lait , fe dit auïïi d'une certaine li-
queur blanche qui eft dans les oeufs
frais 9 quand ils font cuits bien à
propos»
Lait, fe dit encore du Cic Blanc qui .
(on de <|aelques plantes. 6c de quel-
ques fruits , coname. la laitue „ les
tithimales-,. &c.
JLait virginal» fe dit en termes de
Pharmacie de plufieurs liqueurs ren-
dues laiteufes ^ c*eft ^-dire , opa-
ques & blanches, par un précipité
blanc & très- léger ,. focmà & fuf-
l^ndu dans leur fein«
Celle de. ces liqueurs la plus con-
nue eft une teinture de benjoin pré-
cipitée par L'eao. Une réfine quel-
conque j difloute dans de Tefpru de
via» 6c précipitée par l!eaa^ four-
jiiioit un lait virginal pareil àcelui-
ci:> qui a'a prévalu, oans Tufa^e j^
LAr . 345
que par l'odeur agréable 6c l'acret^
modérée du benjoin. Le lait virginal
du benjoin eft un remède externe »
recommandé contre les taches da
vifage» Ce cofmétique n'a dans la
plupart deccscas» qu un fuccès fore
médiocre.
Une autr# liqueur fort différente
de la précédente » & qui porte le
nom de lait virginal dans quelqjiie»
livres clafliques , dans la chimie de
Léoaer y , par exemple » c'eft le vinai^
gre de* Saturne précipité par l'eau»
. Ce remède eft vanté contre les dar-»
très , les éruptions éréfinélateufes ^
& prefque toutes les maladies de ht
peau. Son ufage mérite quelque con*
fidération dans la pratique ». à caufe;
de fa qualité rêpercufllve.
Lait » fe dit auffi de ^elques autres
liqueurs artificielles, par la reflem-
hlance qu elle&ont avec le lait j telles-
font les émulfions faiite» avec lea
amandes qu'on appelle lait d'aman*
de»;, telle eft l'eau dans^ laquelle on
a éteint de la chaùs y. lorfqu elle eft
blanchie par les particules les plui>
tenues de cette matière , & qu'on
pomme /it/r de chaux ; telle eft auflt
la diflbiution dafoiede foufre , Ibrf^
?iuW. vient d*f mêler un acide qui
ait paroître blanches les molécules,
defoqfre fufpendues dans la liqueur
a caufe de leur divifion.
On appelle voie de lait\ cette Ibo-<^
gue trace hèanche & lumineufe qui
paroit la: nuit au ciel* qu'elle fem-
ble divifer en deux parties^ On<
la nomme autrement voie laRée 6c
galaxie y & vulgairement le chemin
de S. Jacques^ Voyez^. Ga^laxib,
Lait pb lunb ^^ fè dit en termes de
Chimie & de Naturaliftes» d'une
terre calcaire blanche , légère , peni
, liée & (emblabie ide la farine rxetto:
fttbftance fe trouve prefqu'en tout
i pay« '^ elle ne focme jamais, de lus
34+ • I-^ï
ou de couches ftiivies dam le fein de
la terre % onis oïl \a rencontre dans
les fentes des rochers , & adhérence
anx parots de auelqoes cavités fou-
lerraines où elle a été dcpofée par
les eaux qni avoient encramé , lavé
& détrempé cette efpèce déterre.
On dit que le nom de ia'ft de lune
a été donné â cette fubftance , parce
qu'elle blanchit Teau, & lui fait
prendi^ une couleur de lair j cela
vient de la finedè de fes -parties ,
qui les rend très - inifcibles avec
Teau : elle fait cffervcfcence avec
cous les acides \ ce qui cavaûérife
fa narure calcaire.
On regarde le lait de lune comme
un excellent abforbanc , qualité qui
lui eft commune avec les yeux d'é-
crevifTes , U magnéfie blanche , & '
d'autres préparations de la pharma-
cie y auxqudbs il eft plus sûr de
recourir qu'à une cette qui <^elque
pure qu'elle paroiflejpeut avoir pour-
tant contraâé àes qualités aiiifibles
dans le fein de la terre,
LAITAGE y fubftantif mafculin &
terme d'économie ruftique , par le-
quel on défigâie le lait mèn>e & tous
les alimens qui s'en tirent » comme
le beurre » la crème » le frpmage ,
J.A1TANCE og LAITE j fubftantif
féminin. Cène partie des entrailles
des poiftbns maies , ^i eft de fub-
ftance blanche 8c molle , & qui ref
femble à du lait caillé» La laitance
d'une carpe. La laite d'un brochet.
LAITE, ÉE} adjeé^f- H fe dit des
C)i(rons qui ont dé la laite , de la
ttance. Un hareng laite f Une carpe
laitée.
JLAITERIE i fubftantif féminin. Lieu
ou l'on ferre , où Ton met le lait des
vaches, àt$ chèvres, des brebis,
§f^, 9H Ton fdit la ^r^me » U heur-
LAI
re t les froniAget , &c. La laiterie
doit être tenue proprement.
LAlTERONj fubftantif mafc. Son-
chus. Mante dont i4 v n plufteurs ef-
pèces parmi U fiqiielles on en diftio-
Î;ue trois principales , qui font le
aiteron doux , le laiteron épineux
& le petit laiteron.
Le Uiteron doux eft une plante
3 ni crok partout , dans les jardins ^
ans les blés , dans les vignobles ,
fur les levées & lé long des chemias»
[principalement dans les champs dont
e terrain eft un peu gras. Sa racine
eft petite , fibrte St blanche} elle
potme une tige ï la hautear d'un
pied & demi , creufe en dedans ^
tendre , cannelée , nn peu purpu-
tittp : fes feuilles font afles longues ,
li0es, plus larges & plus tendres
que celles du piflenlit , découpées
en leurs bords, remplies. d'un fac
laiteux, rangées alternativement,
les unes attachées à de longues
queues , les autres fans queue , em-
brasant la tige par leur bafe qui eft
plus large que le refte de la feuille :
les fleurs naiftent en Mai & Juin ,
aux fommités de la tige & des bran*»
ches , par bouquets à demi fleurons
jaunes , quelquefois blancs , fem-
blables aux fleurs du piflenlit : il fuc*
cède â ces fleurs des fruits de figure
conique , qui contiennent de pe^
tites femences oblongues , brunes 9
rougeâtres , garnies chacune d'une
aigrette ; toutes les parries de cette
plante font laiteufes \ elle eft bonne
a manger en falade , avant qu*eUe
ait pouflé fa tige.
Le laiteron épineux reflemble afles
i la précédente efpèce t fes feuilles
font un peu laciniées , garnies d'é-
pines longues 8c dures : la plante
. rend un me laiteux & amer r ell^
croît au mêmes lieux que la préci-
dentç.
U
LAI
Le petit latteron dit Terfâ-Crcpe^ a
une racine grêle , longue 8c fibreu-
fe \ fes tiges font ratneufes ; Tes
feuilles font moins découpées que
celles de l'endive ; fes fleurs font
jaunes^ fes femences font aigrectées :
elle croit naturellement fur les col-
lines pierreufes » fur les levées ,
dans les décombres des édifices : elle
fleurit tout Tété : il y a des endroits
où on la cultive dans les jardins po-
tagers , pour la manger en falade.
L'ufage de ces trois efpèces de
laiteron eft â peu prèsie même : ces
plantes ont un goût herbeux , falé j
& rougiflent le papier bleu : elles
/ font rafraîchiflantes. Bien des pau-
vres en mangent pendant Thiver les
racines fraîches aflaifonnées comme
les autres légumes. La décoâion des
feuilles eft aflez bonne pour aug-
menter le lait aux nourrices : les
vaches , les lapins , les lièvres &
les autres animaux domeftiques s'en
nourriflent avec plaifir.
LAITEUX. EUSEi adjcûif. Ilfedit
de certaines plantes qui ont un fuc
femblable à du lait. Une plante lai^
teufe.
En termes de Lapidaires on dit
de certaines pierreries , c\xil elles font
laiteufes ; pour dire , que le blanc
en eft trouble.
LAITIER ^ fuftantif mafculin Se ter-
me de Fonderie. Matière femblable
â du verre qui nage au-deflus du
métal fondu.
LArnÈRE; firbftantif féminin. Lac-
taria. C'eft celle qui dans les grandes
villes prépare le4>eurre^, la crème »
le fromage . ainfl que le fait la fer-
mière à la campagne.
L'art de la laitière eft auflS (impie
que les inftrumens qu'on y emploie ,
mais il exige une extrême propreté.
Malgré cette fimplicité » les Anciens
Qtït ignoré long-temps » i ce qu'il
Tom Xf^.
LAI 345
paroît , la manière de faire le beiAs-
te. En barbarie la méthode ufitée
f^our cette opération , eft de mettre
e lait ou la crème dans une peaade
bouc attachée à une corde tendue ,
& de le battre des deux côtés uni-
formément. Ce mouvement, occa-i
fionne.une prompte féparation des
parties butireufes d'avec les parties
féreufes.
Chez nous la laitière trait le lait
des vaches , en comprimant leurs
{ns entre fes doigts. Elle reçoit ce
ait dans un feau bien propre , Se
le porte â la laiterie dans de grandes
I'attes , ou dans des terrines de grès,
.a lairerie doit être ficuée dans un
endroit bien frais , & qui ne (bit
point expofd au foleil j & même
dans les grandes chaleurs on y jette
de l'eau pour la tenir plus fraîche :
tous les paflages Se ouvertures en
font interdits aux chats & autres
animaux. Il y règne tout autour une
banquette de pierre i hauteur d'ap-
nï% fur laquelle on range toutes
es jattes : le mieux eft qu'il y ait
dans la longueur de ces banquettes',
ÀQS rainures qui cond.uifent dans les
cuviers la liqueur féreufe qui dé-
coule des fromages.
La laitière met tout le lait qu'elle
a trait dans ces vafes de grès : lorf-*
Îju'il eft refroidi & repofé , la crème
îirnage \ pour lors elle l'enlève fuc«
ceflivement de toutes les jattes avec
une large coquille bien propre » Sc
la met dans un pot , jufqu'à ce qu'elle
en ait réuni une aflez grande quan*
tité pour l'employer^Lorfqu^elle veuc
faire le beurre , elle jette la crème
dans la baratte qui eft un vaifleau de
bois fait de douves , plus étroit pat
en haut que par en bas , dans lequel
on bat la crème pour en tirer le
beurre.
On retire aflez ordinairement de
i
34^ LAI
dix Tivres de laie ^ trois livres de
beurre. Le trop grand froid ou la
trop grande chaleur empêchent éga-
lement le beurre de prendre : dans
le premier cas il faut le battre aflfcz
près du feu 'y Se dans le fécond il
faut mettre de temps en temps la
baratte dans de Teau fraîche. Le
meilleur beurre & le plus edimé elt
celui qui eft jauQe naturellemenr.
Lorfque la laitière veut préparer
des crèmes fouettées , elle prend de
la crème bien douce, y met du fucre
en poudre , une pincée de gomme
adragant pulvérifée , un peu d*eau
de fleurs d*oranges , & elle fouette
enfuite la crème avec U4ie poignée
de petits ofiers blancs. L'air s'inter-
pole encre la crème agitée j & la
réJuit en une mafTe très-légère que
Ton difpofe en pyramide , & dont
on peut relever le goût & Télégance,
en y furfemant de petites dragées ,
& en la lardant de petits morceaux
de citrons verts confits , & de con-
ferves de différentes couleurs.
La laitière prépare auflS les fro^
mages : elle en fait de deux efpèces \
les uns font écrémés , & d'autres ne
le font pas : elle fait ceux qui font
écrémés avec la partie caféeufe qui
refte après que le lait a été écrémé
pour taire du beurre ; mais lorf-
qu elle veut faire ces fromages â la
' crème fi délicats , qu'on fert fur les
meilleures tables , elle prend autant
. de la^t que de crème \ elle délaie
dans deux cuillerées de lair , gros
comme une fève de préfure^ Se kt
met avec le lait & la crème ; elle
pnife le tout à travers un tamis de
crin dans une terrine, lui laifle pren-
dre forme * & le mer enfuite avec
une cuiller dans de petits paniers
d'ofiers , ou moules de fer blanc,
pont le laiffer égoutter j elle verfe
enfuite par-delfus ce fromage de b
lAI
crème douce , dans' laquelle elle à
fait fondre du fucre en poudre.
^oyq[ Fromage.
On dit d'une vache qui donne
beaucoup de lai t , que c'ejl une bonne
laitière. Et la même chofe fe dit fa-
milièrement d'une nourrice qui a
beaucoup de lait.
LAITON, fubftaniif mafculin. Ccft
le cuivre jaune. f^oye:[ ce mot.
LAITUE j fubftantif féminin. Xâ^ifor.
Plante demi - fleuronnée fort con-
-nue , Se qui eft ainfi appelée du fuc
iaiteux qu'elle répand quand on la
rompt. On la diftineueen deux ef-
pèces principales , (avoir, en laitue
cultivée & enfauvage.
La laitue cultivée ou domeftiqut
comprend plufieurs efpèces en fous-
ordre , eu égard à la groffeur , à la
figure & à la couleur ; il y en a de
blanche , de noire , de rot]ge , de
pommée , de crépue , de lioe on de
découpée. De toutes ces efpèces de
laitue cultivée, il y en a trois prin-
cipales d'un ufage fréquent ,^ foit
dans les alimens , foit dans les re-
mèdes \ favoir , la laitue non pom^
mée , la laitue pommée & la laitue
romaine, nommée auflS chicon. Par-
mi les laitues fauvages , celle à côte
épineufe eft la plus en ufage parmi
nous.
La laitue non pommée eft une
plante potagère » qui étant bleflce
en quelqu'une de {es parties, donne
un lue laiteux : fa racine eft longue ,
épaiffe & fibrée : fes feuilles, font
larges , lifles , d'un vert pâle , fuc-
culentes Se agrétbles étant feanes \
mais elles deviennent amères quand
la tige paroît ; cette tige eft ferme»
cylindrique , feuillée, haute de deur
pieds y branchue , portant en fes
fommités de petites fleurs jaunes ,
qui font des bouquets â demî-fleu-
rons aux<juels fuccèdent de petites
LAI
femences garnies d aigrettes Doln-
tues , aplaties & cendrées : c eU une
des quatre petites femences froides.
La laitue pommée k les feuilles plus
courtes , plus larges y plus arrondies
à Textrémité que la précédente,
plâtres & lifles » mais formant bien-
tôt une tète arrondie de la même
manière que le chou : la graine en
eft noire.
Depuis un certain nombre d'an-
nées on fert en falade dans les glan-
des râbles , deux autres efpéces de
laitue pommée , bien plus belles &
panachées de blanc , de pourpre ic
de jaune : on les appelle laitue pa-
nachée de Siléjie j & laitue de Ba-
tavia.
Les Jardiniers qui ont l'art de.
rendre crépues , tendres & pom-
mées plttfieurs efpèces de laitues,
favent auffi les faflfe blanchir en
lianr les feuilles par touffes avec de
la paille , pendant qu'-elles font en-
core jeunes & tendres : on sème la
laitue pommée pendant -toute Tan-
née dans les potagers : on larrache
quand elle eft encore tendre , & on
la tranfporte dans des terres bien
fumées \ par ce moyen les feuilles
deviennent plus nombreufes &
mieux pommées.
On donne le nom de laitue crî-
pue^ i celles'dont les feuilles font
découpées j pliées & repliées com-
me un crêpe , & de couleur obfcure.
La laitue romaine appelée chiccn ,
a des feuilles plus étroites & plus
longues que les précédentes^ elle
n'eft point ridée ni boffelée , mais
garnie en-deffous le long de fa coté»
de petites pointes : fa (leur & fa tige
font femblables â celles de la laitue
ordinaire : fes graines font noires.
Cette laitue eft une des plus exqui*
i^% en potage ou en faUae ^ fortouc
♦ A I 347
lorfque fes feuilles font d'un jaune
blanchâtre.
De tout temps les laitues ont eu le
premier rang parmi les autres plan-
tes potagères : elles font excellentes
crues & cuites , & rendent le chyle
bien conditionné : elles (ont rafraî->
chifTantes, humcâantes, laxatives,
& conviennent aux jeunes gens t
elles augmentent le lait aux nourri-
ces I & procurent un fommeil falu-
taire. Les Anciens ne mangcoienc
de la laitue qu à la (in du repas » le
foir ^ pour fe.procurer du fommeil y
mais dans le temps de Domitien ,
on changea cet ordre , & elle fer-
voit d'encrée de . table aux Ro*
mains.
Quelques-uns ont dit que Tufage
des laitues rend les hommes impuif^
fans Se les femmes ftériles. 11. eft
bien vrai , difent les Auteurs de la
matière médicale, que cette forte
de plante n'excite pas les feux de
l'amour \ qu'elle les tempère , mais
fans les détruire entièrement : ain(i ,
ajoutent-ils, quoiqu'on les confeille
beaucoup pour réprimer le déHr de
la concupifcence , à ceux qui vivent
dans le célibat, néanmoins les gens
mariés qui défirent d'avoir des en-
fans , li'en doivent pas craindre
l'eifer.
La laitue fauvageît trouve dans
les haies , aux bords des chemins ,
dans les champs & vers les prés,
même dans les vignes 8c les pota«
gers : elle a une racine courte , des
feuilles étroires , finuées , très-dé-
coupées , armées d'épines un peu
rudes , le long de la côte oui eft en-
"^ de(rous , & très-rem plies d^fuc Wu
teux \ d'ailleurs elle eft feitibiable
aux autres laitues ) mais elle eft
plu^mère , plus apéritive &c plus
nar^ique.
Toutes les efpèces de laitues ne
X X ij
I
34» LAI
fe mulciplienc que de eralnes. Les
Jardiniers nommenc celle à coquille
ou à feuille ronde » laitue d' hiver.
Pour les faire lever prompcemenc y
on fait tremper la graine pendant
vingt^quatre heures , & on la lailTe
fécher en fuite dans un lieu chaud j
puis en Février & Mars on la sème
fort dru fur une couche en-dedans
des rayons qu*on a faits avec un
bâton : on la couvre légèrement de
terreau, & on y met auffîtôt des
cloches. Au bout de dix â douze
jours ces laitues peuvent être man-
fées en falades.* Si Ton en avoir un
efoin plus pretTant » on les pour-
roit faire croître en deux fois vingt-
qUatre heures. Il faudroit pour cela
tremper la graine dans de leau de
vie , & mêler dans le tetreau un peu
de fumier de pigeon , avec un peu
de poudre de chaux bien éteinte;
mais ces fortes de laitues ne durent
' que huit jours fur couche. Les crêpes
blondes font des laitues de primeur \
elles fe sèment à la fin de Janvier ;
les autres efpèces fe sèment fur cou
ches , ainfi que les précédentes, juf-
qu'en Avril j & on les replante fur
terre , quand elles font aflez fortes
pour les faire pommer , dans des
trons faits avec le plantoir & à un
pied Tune de Tautre.
LAÏUS \ nom d'un Roi de Thèbes ,
mari de Jocafte. Ayant appris de
rOracle d'Apollon , qu'il périroit
de la main d*un fils qui lui naîtroit,
il réfolur de n'en point élever , &
crut par ce moyen détourner l'effet
de la prédiâion. Cependant fa fem*
me accoucha d'un fils , & Laïus au
moment de fa nailfance chargea un
domeftique dont la fidélité lui étoit
afsûrée , de le faire mourir. Ce do-
nieflique ne put fe réfoudf^ si exé-
cuter un ordre fi cruel \ mais ne vou-
lant pas non plus dcfobéir à fon
LAI
Maître , il porta l'enfant fut te
Mont Cythéron ; & pour empêcher
qu*il ne fût dévoré par les bètes ,
il lui perça les^ pieds, y paflà une
courroie , & le fufpendit à un ar*
bre , après quoi il fe retira. Phor-
bas , .intendant des troupeaux de
Polybe Roi de Corinthe , ayant
f>aflré. par hafard près de l'arbre où
'enfant étoit attaché , entendit fes
cris & en eut compaflion : il le prit
dans fes bras ; & l'ayant porté à la
Reiiie , femme de Polybe , qui n'a-
voit point d'enfans , elle le reçut
comme un préfent que les Dieux lui
faifoient , & l'adopu pour fon fils.
On lui donna le nom d Œdipe à caufe
de l'en Sure de (es pieds. Lorfqu'il
fur en âge de fe connoître , il apprit
que Polybe n'étoit point fon père.
L'impatience & la curiofité qui for-
moient fon «ara&ère , . & qui lai
furent fi funeftes , le portèrent 1
faire le voyage de Delphes , pour
apprendre , s'il étoit poffible , oà
il pourroit retrt>uver ceux de qui il
tenoit le jour. Il confulta l'Oracle ^
6c en reçut pour réponfe , que s'il
retournoit dans le heu de fa naïf-
fance , il étoit menacé de mer fon
père , & d'époufer fa mère. La pen-
iée d'un crime fi énorme le fit fré-
mir 'y & pour ne pas s'ezpofer à le
commettre , il fe bannit vdlontai-
rement de Corinthe où il croyoit
être né. En traverfant la Phocide»
il rencontra dans un défilé du Mont
Cythéron , Laïus fon père qu'il ne
connoifibit pas , & qui de fon coté
alloit i Delphes , pour demander
un remède aux calamirés qui affli-
geoient la ville de Thèbes. 11 ordon-
na impérieufement à Œdipe de lui
laiffer la liberté du pafiàge : celui-ci
ayant fièrement refufé de céder , on
en vint aux mains , & Laïus fut tué
dans le combat avec ceux qui l'ac*
L AL
cotDpagnoient , i l'excepcion d*an
feul que la crainte avoit fait fuir
.dès le commencement de la que-
relle.
LAIZE ; fubftantif féminin & terme
de Manafaâure. Largeur d'une
étoffe 3 toile , &c. encre les deux li-
fières. Une étoffe qui a crois quarts
de lahfe.
LAKIUM ; bourg d'Allemagne » au
cercle d'Autriche , dans la Carnio*
le , fur la petite rivière de Zéir ,
environ à deux lieues de Crain-
bourg.
LALAND; petite île du Royaume
de Dannemarck » dans la mer Bal-
tique , entre celle de Langeland
au nord-oueft , de Séeland au nord y
deFaifter à l'orient , & de Femeren
au fud'oueft. Sa longueur eft de
huit milles & fa largeur de cinq.
On y recueille beaucoup de blé.
Noxkow en eft la ville capitale.
LALEU i boiu-gde France dans le pays
d'Aunis , i une lieue , oueft-nord-
cneft , de la Rochelle.
LALIM } bourg de Portugal ^ dans la
province de fieira , à deux lieues de
Lame^o.
LALONDE 'y fubftantif féminin*. Ef-
pèce de jafmin de l'île de Mada-
gafcar. Il a les feuilles plus grandes
que celui d'Europe j il croit en ar-
brifteau ,. fans ramper ni s'attacher
à d'autres arbres. Sa fleur répand une
* odeur admirable.
LAMA ; fubftantif mafculin. Sorte
d'animal du Pérou oii il eft très-
comTniin & très -utile. Il eft haut
d'environ quatre pieds , & fon corps
y compris le cou & la tète , en a
cinq ou (ix de longueur ; le cou
feul a près de trois pieds de long.
Cet animal a la tète bien faite , les
yeux grands , le mufeau un peu
alongé , les lèvres épailles » la fu-
périeure fendue & l'inférieure un
LAM
349
peu pendante : il manque des dents
incinves & canines à la mâchoire
fupérieure. Les oreilles font lon-
gues de quatre ponces^ il les porte
en avant , les drefle 6c les remue
avec facilité. La queue n'a guère
.^ue huit pouces de long j elle eft
droite , menue & un peu relevée.
Les pieds font fourchus comme
ceux du bœuf; mais ils font fur-
montés d'un éperon en arrière ,
qui aide à l'animal à fe retenir 6c
à s accrocher dans les pas difficiles :
il eft couvert d une laine courte
fur le dos, la croupe & la queue t
mais fort longue fur les flancs &
.fous le ventre. Du refte les lamas
varient par les couleurs pi y en a
de blancs , de noirs & de mêlés.
Leur fiente reflemble â celle des
chèvres. Le mâle a le membre gé-
nital.menu & recourbé» en forte
qu'il pifle. en arrière. C*eft un ani-
mal très-lafcif , & qui cependant a
beaucoup de peine à s'accoupler. La
femelle a l'orifice des parties de la
génération très petit \ elle fe prof-
terne pour attendre le maie , &c
l'invite par fes fpupirs \ mais il fe
pafle toujours plufieurs heures &
quelquefois un jour entier avant
qu'ils puiflent jouir l'un de l'autre^
& tout ce temps fe palfe â gémir »
gronder & furtout a fe confpuer \
& comme ces longs préludes les
fatiguent plus que la choie même,
on leur prête la main pour abré*
ger & on les aide à s'arranger. Ils
ne produifent ordinairement qu'un
petit & très-rarement deux. Lamc-
re n'a aufli que deux mamelFes , &
le petit la fuit au moment qu'il eft
né. La chair des jeunes eft très-
bonne à manger \ celle des vieux eft
sèche & trop dure : en général celle
des lamas domeftiques eft bien
meilleure que celle des fauvages .
3 50 LAM
& leur laîne eft auflî beaucoup plus
douce. Leur peau eft affez ferme ,
les Indiens en faifoient leur chauf-
fure & les Efpagnols l'emploient
pour faire des harnois. Ces animaux
fi utiles & même fi nccefiàires dans
le pays qu'ils habitent , ne coûtent
ni entretien ni nourriture ; comme
ils ont le pied fourchu il n'eft pas
néceffaire de les ferrer : la laine
cpaiffe dont ils font couverts dif-
penfe de les bâter: ils n*ont befoin
ni de grain , ni d'avoine , ni de
foin i llierbe Verte qu'ils broutent
eux mêmes leur fumt Se ils n'en
prennent qu en petite quantité ; ils
font encore plus fobres fur la boif-
fon ; ils s'abreuvent de leur fa-
live qui dans cet animal eft plus
abondante que dans aucun autre.
Ils fervent conftamment pendant
toute leur vie à tranfporier toutes
les denrées du pays: leur charge or-
dinaireeft de cent cinquante livres,
& les plus forts en portent jufqu'î
deux cent cinquante ; ils font
des voyages alTez Iqngs dans des
pays impraticables pour tous les au-
tres animaux \ ils marchent aflez
lentement & ne font que quatre
on cinq lieues pat jour j leur dé-
marche eft grave 8c fetme , leur
pas alTuré } ils ^efcendent des ra-
vines précipitâmes & furmontent des
rochers eicarpés où les hommes
mêmes ne peuvent les accompagner:
ordinairement ils marchent quatre
ou cinq jours de fuite , après quoi
ils veulent du repos & prennent
d'eux-mêmes un féjour de vingt*
quatre ou trente heures avant de fe
mettre en marche. On les occupe
beaucoup au tranfport des riches
matières que Ton tire des mines
du Potott : Bolivar dit que de fon
temps on employoit i ce travail trois |
(çq( tpillç de çqs animaux» i
LAM
Leur accroiflement «ft aflêz
[)rompt Se leur vie n'eft pas bien
ongue} ils font en état de produite
à trois ans> en pleine vigueur jufqu'i
douze & ils commencent enfuite
â dépérir j en forte qu'à quinze ils
font entièrement ufés : leur naturel
paroit être modelé fur celui des
Américains ; ils font doux & fleg-
matiques, & font tout avec poids Sc
mefure: lorfqu'iU voyagent & qu'ils
veulent s'arrêter pour quelques inf-
tans j ils plient les genoux avec la
plus grande précaution , afin d'em-
pêcher leur cnarge de tomber ou dé
le déranger , & dès qu'ils entendent
le coup de fifflet de leur conduc-
teur , ils fe relèvent avec les mê-
mes précautions Sc Ce remetteat en
marche : ils broutent chemin fai-
fant êc partout où ils trouvent de
rherbe% mais jamais ils ne man*
genc la nuit , quand même ils au-
roient jeûné pendant le jour , ils
emploient ce temps â ruminer : ils
dorment appuyés fut fa poitrine ,
les pieds repliés fous le ventre , Sc
ruminent dans cette fituation. Lorf-
Qu'on les excède de travail & qu'ils
luccombent une fois fous le faix ,
il n'y «a nul moyen de les faire re«
lever j on les frappe inutilement :
la dernière refiource pour les ai*
guillonner eft de leur ferrer les lef-
ticules , Sc fouvent cela eft inutile \
ils s'obftinent à demeurer au lieu
même où ils font tombés » & (i l'on
continue de les maltraiter » ils fe
défefpèrent & fe tuent en battant
la terre i. droite Sc â gauche avec
leur tête. Ils ne fe défendent ni des
pieds ni des dents , Sc n*ont pour
ainfi dire, d'autres armes qae celles
de l'indignation j ils crachent â la
face de ceux qui les infulcent , 8c
l'on prétend que cette falive qa'ils
l^c^nt dans la çolèrç^ «ft ^çtc U
i
LAM
fnorjicâtite , ao point de faire lever
des ampoules fut la peau.
Le lama dans lecar dénature,
eft plus fort y plus vif & plus léger
que le lama domeftique ; il court
comme un cerf ôc grimpe comme
le chamois fur les rochers les plus
efcarpés ; fa laine eft moins longue
& toute de couleur fauve. Quoi-
Î[^^en pleine liberté, ces animaux
e raUemblent en troupes 8c fpnt
quelquefois deux ou trois cens en-
femble ; lorfqu'ils apperçoivent
quelqu'un, ils regardent avec éton-
Dément fans matquer d'abord ni
crainte ni plaifir } enfuite ilsfouf-
fient des narines & henniirentà peu
«près comme les chevaux, & enfin
lis prennent la fuite tous enfemble
vers le fommet des montagnes } ils
cherchent de préférence le coté du
nord & la région froide , ils grim-
pent & féjournent fouventau-deflTus
de la ligne de neige, voyageant
dans les glaces & couverts de fri-
mats ils le portent mieux que dans
la région tempérée } autant ils (bnt
nombreux & vigoureux dans les
Sierras qui font les parties élevées
des Cordillières , autant ils font ra-
res & chétifs dans les Lanos qui
font audeilbus. On chafTe ces la-
mas fauvages poiK en avoir la toi-
fon 'y les chiens ont beaucoup de
peiiie à les fuivre ; & fi on leur
donne le temps de gagner leurs ro-
chers, le chafleur & les chiens font
contraints de les abandonner. Ils
ràroiffent craindre la pefanteur de
air autant que la chaleur j on ne
les rrouve jamais dans les terres
bafTès ; & comme ta chaîne des
Cordillières qui eft élevée de plus
de trois mille toifes au-defTus du
niveau de la mer au Pérou , fe fou-
tient à peu près à cette même élé-
vation au Chily ic jufqu aux terres
LAM 351
Magellaniques , on y trouve des
Huanacas ou lamas fauvages en
grand nombre ^ au lieu que du côté
ae la nouvelle Efpagne où cette
chaîne de montagnes fe rabaifle
confidérablement ^ on n en trouve
plus & Ion n'y voit que les lamas
domeftiques qu'on prend la peine
d'y conduire.
LAMA ; fubftantif mafculin & terme
de Relation. On donne ce nom aux
Prêtres desTartares.
Les Lamas font vœu de chafteréj
ils font vêtus d'un habit patticulier,
ne treffcnt point leurs cheveux &
ne portent point de pendans d oreil-
les. Ils font des prodiges par la force
des enchantemens & de la magie ,
récitent de certaines prières en ma-
nière de chœurs , font chargés de
l'inftruâiion des peuples & ne lavent
pas lire pour la plupart, vivent en
communauté , ont des Supérieurs
locaux , & au - deffus de tous , un
Supérieur général qu'on nomme La^
dalai'lama*
C'eft-là leur Grand Pontife qui
leurc onfère les difFércns ordres^dé-
cide feul ôc defpotiquement tous les
points de foi fui lefquels ils peu-
vent être divifésj c'tft en un mot
le Chef abfolu de toute leur Hié-
rarchie.
Il tient le premier rang dans le
Royaume de Tongut par la vénéra-
tion qu'on lui porte , qui eft telle
que les Princes Tartares ne lui par-
lent qu'à genoux, & que l'Empir-
reur de la Chine reçoit fes Ambaf-
fadeurs & lui en envoie avec des
préfens considérables. Enfin il s'eft
fait lui même ,* depuis un fiècle ,
Souverain temporel & fpiriruel du
Tibet f Royaume de TAfie^ dontil
eft difficile dVcablir les limites.
11 eft regardé comme un Dieu
dans ces vaftcs pays. On vient de
. I
3Î1 ' LAM
toute la Tartarie & même de Tln-
doftati , lui offrir des hommages &
des adorations. Il reçoit tous ces
honneurs de defTus un Autel , pofé
au plus haut étage du pagode oe la
monugne de Pontpla j il ne fe
découvre 8c ne fe lève jamais pour
perfonne ^ il fe contente feulement
. de mettre la main fur h tète de fes
adorateurs pour leur accorder U rf •
midion de leurs péchés.
Il confère différens pouvoirs ou
dignités aux Lamas les plus diftin-
gués qui l'entourent j mais dans ce
grand npmbre il n'en admet que
deux cens au rang de fes Difciples
ou de fes Favoris privilégiés } Se
ces deux cens vivent dans les hqn-
neurs 8c l'opulence , par la foule de
préfères qu*ils reçoivent de toutes
parts*
Lorfque le Grand Lama vient à
mourir , en eft perfuadé qu'il renait
dans un autre corps , & qu'il ne
s'agit que de trouver en quel corps
il a bien voulu prendre une npu-
veile naiffance ^ mais ta découverte
n'eft pas difficile , ce doit être &
c'eft toujours dans le corps d'un
jeune Lama privilégié qu'on entre-
tient auprès de lui » & qu'il a
par fa pui (Tance défigné fon fuc-
ceffeur fecret au moment de fa
mort.
LAMINAGE } fubftantif mafculin
& ternie de Marine. Travail , pro-
felfion des Mariniers lamaneurs,
l-AMANBUR i fubftantif mafculin.
Pilote ou Marinier qui fait le la-
qianage , c*eft-4-dire , oui conduit
{es vaiffeaux éttangers d$ins les ra»
des ou dans les ports , lorfque les
parages font dangereux & mcon-
. |ius à ceux qui les abordent. U y a
(lufli des I^amaneurs vers l'embou-
pbure des rivières ^'^on les loue
p9V(r çyitef les b^^^cs, le$ fyrte; 9c
LAM
autres dangers que la mer déplace
prefque tous les ans » comme à
Rouen , par exemple , où il y a des
Lamaneurs Jurés de deux lieues en
deux lieues. Le falaire de çe$ gens
eft réglé par les ordonnances de
i68iS(dei(^89 qui leur prefcrivent
les lois Cuivantes.
i^. Perfonne ne peut être I^-
maneur qu'il ne foit agc de vicjgt-
cinq ans , & qu'il n'ait été examiné
Se reÇu dans les formes requifes
par les ordonnances. Ce qu'on exige
de lui dans cet examen , c'eft la
connoiffance & expérience des a;ia«
nœuvres Se fabriques des vaitTeaux»
des cours. des marées , des bancs »
CQurans » écueils & autres em^cbe-
mens qqi peuvent rendre difficiles
l'entrée & la fortie des rivières, ports
& havres.
4^. Si un Lamaneur fait le h-
manage étant ivre , il doit être con-
damné à cent fous d'amende & in*
terdit pour un mois de fes fonc-
tions j il encourt de plus grandes
peines s'il fait échouer le vaiileau
ar ignorance j & le dernier fuplice
i c'eft par méchanceté.
3^. Il eft libre aux Maîtres 8c
Capitaines de navirçs françois 8c
étrangers, de prendre tel Lamaneur
qu'il voudront pour entrer dj^ns les
Î^orts Se hawres » fans que poi^r en
brtir ils puifTent être contraints de
fe fervir de ceux qui les auront fyxt
entrer.
LAMANDA i fubftantif mafculin.
beau ferpent de l'île de Java , qui
eft long de fept à hiiit pieds & an-
ne groftèur médiocre. Cet animal
a des^écaiiles cutanées^ relevées du*
ne madri^re Ci éclatante & diftribuée
avec tant d'art , qqe la peinture n'a
jamais pu en rendre toutes les beau-
tés d'après l'original. La tète du
laqiauoa eft d'une grofteqr |>îea
proportionnée ^
î
2
L A M
proportionnée ; fon front eft cen«
cré, revêtu d'écailies rhomboïdes »
marc^uées d'une croii ponceau. De-
depois les yeux qui font vifs & bril-
lans 9 jufquau chignon du coupon
voit ferpenter le long de chaque
côté des mâchoires iupérieure &
inférieure , une bande marbrée de
bai - brun : le derrière de la tète eft
fort joliment tacheté : la gueule eft
toute garnie de dents aiguës & cto-
chues : le deffus du corps eft fu-
perbe : on y admire des efpeces d'ar^
moixies 5c de couronnes différem-
ment figurées & entrelacées enfem-
ble. Ses écailles qui forment des lo- i
Cmges, font tiquetées de différentes
coulears ; fa queue a une belle ta-
che aurore : vers le trou de l'anus
on apperçoit au*dedans une groflfeur
jui reflemble â un tefticule. Les
cailles tranfverfales fontifabelles,
ornées c'a & là de belles mouche-
tures. On prérend que ce ferpent ne
vit guère que d'oileauz.
LAMANTIN ; fubftantif mafculin.
Sorte de gros poiflfon long d'envi-
ron feize pieds & large de trois &
demi : fa tête eft hideufe , l'ouver-
ture des oreilles très- petite» peu
apparente , mais il n'en a pas l'ouie
moins fine. Sa tète eft couverte
d'une peau dure 8c épaiiïe » garnie
de poils courts y clairs , d'un cendré
brun: fes yeux font ronds & très*
petits à proportion de la grandeur
de TanimaL 11 a deux mamelles
placéesà la poitrine , & deux pieds
proche des épaules , qui ont la fi-
gure de vraies nageoires. Ray dit
que fi Diogène avoit connu le la-
mantin j il n'auroit pas eu befoin
de plumer un coq pour avoir un bi-
pède fans [4ttmes» puifque cet ani-
mal le lui aufoit donné.
Le lamantin eft vivipare & s*ac-
couple à la manière de l'homme } il
Tome XV.
L A M 3 5 j
a le membre génital fait comme
celui du cheval & les entrailles
comme le taureau. Cet animal n'eft
point dangereux \ il vient fe nourrir
d'herbes qu'il trouve fur le rivage »
& entr'autres des feuilles des pale-
turiers.
Dans le règne animal , remarque
M. de BufFon ,c'eft ici que finif-
fent les peuples de la terre & que
' commencent les peuplades de la
mer. Le lamantin qui n'eft plusqua-
drupède , n'eft pas entièrement ce-
tacée \ il retient des premiers deux
[Keds ou plutôt deux mains ; mais
es jambes de derrière qui dans les
phocas & les vaches marines font
f>refqu'entiérement engagées dans
e corps de raccourcies autant qu'il
eft pofiibe » fe trouvent abfolu-
ment nuUes & oblitérées dans le
lamantin. Au lieu de deux pieds
courts & d'une queue étroite plus
courte^que \t%vaches marines portent
â leur derrière dans une direftion
horizontale , les lamantins n'ont
pour tout cela qu'une grofle queue
qui s'élargit en éventail dans £ette
même direâion \ en forte qu'au
premier coup d'ail il fembleroit
3ue les premiers auroient une queue
ivifée en trois » & que dans les
derniers , ces ttois patries fe fe-
roient réunies pour n'en former
qu'une feule ; mais par une infpec-
tion plus attentive j 8c furtout par
la diuèâion 9 on voit au'il ne s'eft
pas fait de réunion , ou il n'y a nul
veftige des os des cuifl(es & des jam-
bes » 8c que ceux qui forment la
queue des lamantins » font de fim«
pies vertèbres ifolées & femblables i
celles des cétacées qui n'ont pas de
pieds 'y atnfi ces animaux font céta*
cées par ces parties de l'arrière de
leurs corps, & ne tiennent plus aux
quadrupèdes que par les deux piedi
354
LAM
OU deux mains qui font en avant à
coté de leut poitrine.
M. de la Condamine , dans fa re-
lation de la rivière des Amazones,
dit avoir deifiné d'après nature , à
Saint Paul des Omaguas , à cinq ou
iix cent lieues de la mer j le plus
grand des poidons d*eau douce qui
toit connu ; que les Efpagnots & les
Portugais ont donné à ce poilTon le
nom depoiffbn - haufy & qu'il ne
faut pas le confondre avec lephocas
ou veau marin. Il ajoute que fa
chair & fa grailTe ont aiïez de
rapport avec celles du veau , qu'il
n'a point de cornes , qu'il ne fort
jamais entièrement de l'eau , & que
même il n'en peut for tir, parcequ'il
n'a que deux nageoires aiïez près
de la tète. Ces nageoires font en
forme d'ailerons , elles ont feize
pouces de long & lui tiennent lieu
de bras & de pieds y il ne fait qu'a-
vancer fa tète hors de l'eau ^ pour
atteindre l'herbe fur le rivage: ceci
prouve encore que le lamacuin n'eft
point un animal amphibie ni un
quadrupède. Le fenriment du Père
Labat le trouve appuyé ici de celui
de M. de la Condamine. Cet Aca-
démicien dit que Therbe dont ce
Eoiiïbn fe nourrir , eft longue de
uit à dix pouces, étroite , pointue,
tendre » d'un aiïez beau vert , &
qu'il ôft aifé de voir quand ces ani-
maux font en pâture » parceque
l'herbe qui leur échappe en mar-
chant ou en la coupant , vient au-
deiïus de l'eau.
M. de la Condamine a encore
trouvé ce poiiïon dans l'Oyapoc &
dans plufieurs autres grandes riviè-
res des environs de Cajrenne Ik. de
. la côte de la Guyanne. On le trou-
ve toujours éloigné de la mer , en
le renconrre fréquemment dans les
grandes rivières qui defcendent dans
I
celle des Amazones , comme dans
le Guallaga j le Pafraca , &c. Il n'eft
arrêté dans l'Amazone que par le
Pongo de Borja ; il-ne boit que de
l'eau douce.
Il y a des lamantins qui pefent
mille à douze cent livres. Ces ani-
maux font très-timides.Ils s'enfuient
dans l'eau dès qulls entendent le
moindre bruit j ce caractère eft
commun à tous les poiiïbnsqui font
fans défenfe. On les tue avec le ja-
velot Se autres inft rumens fembk-
bles. Les habirans des bords de
l'Amazone & les François de Cayen-
ne, en trouvent la chair d'un afTez
bon goût : les Flibuftiers & la plu-
part des Indiens de l'ifthme de Da-
rien ,' n'onç fouvenc d'autre ref-
fource pour vivre , que la pccbe
du lamantin ; ils difent que lâchait
prife depuis la moitié des côtes
jufques lous le ventre , ainfi que
les mamelles , font d'une grande
délicateiïe. Il arrive fouventà ce
poiiïoQ de s'endormirayanr le mufr
fie ( qui dans quelques efpèces eft
prolongé par deux fortes dents )
hors de l'eau ; c'en eft afiez pour
le faire découvrir par les pécheurs
qui le harponnent & qui le tirenti
terre quand il a perdu la vie avec
fon fang. Les Nègres font fort
adroits â cet exercice ; dès qu'il»
ont apperçu un lamamin & qu'ils
font à portée de le pouvoir harpon-
ner , celui qui eft fur Tavant dis
canot lui ;etce fon harpon déroute
fa force & laiiïè filer la corde q^
y eft attachée ; le poiflbn bleiïcs^en*
fuit ; les Nègres guidés pat le bois
flottant qui eft au bout de la corde,
le fuivent , & s'il vient à p€>rtée ,
ils le dardent une fecotide fois 9
afin d'accélérer la perte de fon iang)
fouvent une heure fuffit poar cela,
ou deux tout au plus* Locf<{ae It
LAM
Î^olfToti eft mort il vient fur Teau :
es Nègres le meccenc dans leur
canoc avec une adretTe ûagulière ;
ou fi lanimal eft trop gros pour la
capacité de leur canot , ils lui paf-
fent une corde au - defTus de la
queue , & Tamarrent à Tarrière du
canot.
Comme on voit fouvent le la-
mantin fuivi de deux pecics, il y a
lieu de croire que fa portée eft de
deux par an. Il eft rare qu on man-
que de prendre les petits lorfqu*on
a pris la mère, à moins quils ne
foient déjà aftez grands pour n'être
plus alairés & pour s'enfuir. Il eft
certain que cet animal multiplieroit
beaucoup plus qu'il ne fait s'il étoit
plus en repos ; mais il y a une quan-
tité d'ichtyopbages qui lui font une
guerre continuelle d'autant plus im-
punément qu'il eft peu arme. '
On trouve le long de ce poidbn
une couche de lard de quatre ou
cinq doigts d'épailfeur , ferme &
d'un aum grand ufage que celui
du cochon : ce lard & la panne qui
eft dans le corps » étant fondus ,
font un très-bon beurre qui ne rouftit
pas aifément.
La chair de cet animal eft un ali-
ment aiTez communément employé
par une partie des habitans de la
Guadeloupe , de Saint-Chriftophe >
de la Martinique & des autres îles
voifines où l'on en envoyé tous les
ans plufieurs navires chargés.
Il y a aufti des lamantins dans le
Nil , dans le Sénégal , à la Chine &
en Canada. La peau de cet animal
eft aflez épaiflè pour être tannée j
& lorfqu'elle eft bien préparée , elle
donne un cuir très-fort. Quand on
ne veut pas fe donner cette peine ,
on en fait des courroies & même
des femelles de fouliers très - du-
rables*
LAM 355
LAMBALLE } ville de France , en
Bretagne , chef-lieu du Duché de
Penthièvre, à cinq lieues , fud-eft,
de Saint-Brieux. On y fabrique des
toiles & des parchemins.
LAMBDOÏDE i adjeûif Se terme
d'Anatomie. II fe dit d'une des fu«-
tures des os du crâne » qui a la for-^
me de la httie lambda dt l'alphabet
grec.
On appelle angle lambdoïdc ,
une apopnyfe de l'os des tempes ,
qui forme une partie de cette fu-
ture.
LAMBEAU , fiibftantif mafculin.
Segmen. Morceau d'une étoffe dé-
chirée. Sarobe eft en lambeaux.
Lambeau', fe dit figurément en par--
lant d'ouvrages d'efprit. // ne nous
eft parvenu que quelques lambeaux de
fis écrits*
Lambeau , fe dit en termes de Cha-
peliers , d'un morceau de roileneuve
6c forte , taillé en pointe de la for-
me des capades , & que Ton mec
entre chacune pour les empêcher
de fe joindre ou fe feutrer enfem-
ble tandis qu'on les bâtit , pour en
former un chapeau. C'eft propre-
ment le lambeau qui donne la for**
me à un chapeau , & fur lequel cha-
que capadefe moule.
Lambeau , fe dit en termes de Vé-
nerie , d'une peau velue du bois
d'un cerf, que l'animal dépouille en
certain temps.
LAMBEL i fubftantif mafculin &
terme de l'Art Héraldique. Certaine
brifure , la plus noble de toutes , &
dont les puînés chargent les-armcs
pleines de leur maifcin. Elle fe for-
me d'un filet garni de pendans , qui
fe place ordinairement au milieu
& le long du chef de l'écu , fans
qu'il en touche les extrémités. Les
armes d'Orléans font de France au
iambel d'argent.
Yy i|
3î<î LAM
LAMBERT ; nom d'un Capiraine de I
vaifTeau hollandois » qui fe rendit
fameux dans le dix-feptième fiècle
par une de ces aâions hardies
que l'hidoire a recueillies. En 1 614
les Etacs de Hollande ayant ar«
mé fix vaifleaux contre les Algé-
riens, en donnèrent le commande-
ment à ce brave homme qui s'em-
para d'abord de deux vaiueaux cor-
iaircs & mit 125 Pirates â la chaî- 1
ne. Après cette première expédition
il alla mouiller devant Alger avec
Ton efcadre de fix vaifleaux » &
étant â portée du canon de cette
ville t il fit arborer l'étendart rouge
en figne de guerre. Cette hardieHe
furprit ceux d'Alger ; mais le Ca-
pitaine Lambert voyant qu'on dif-
féroit trop long-remps à lui donner
les efclaves qu'il avoir demandés ,
fit lier dos i dos une partie des
Turcs & des Maures qu'il avoir
dans fes vaifTeaux , les fit jeter en
mer de fit pendre les aurres aux an-
tennes en préfence des Algériens
qui regardoient cette fanglante exé-
cution. Il fit faire enfuite une dé-
charge contre^ la ville y & ayant
levérencre» fit voile pour s*en re-
tourner. Sur fa route il fit une autre
rencontre de deux vaifleaux d'Al-
ger 'y s'en étant encore rendu maî-
tre il revint avec fa proie devant
cette ville & contraignit enfin ces
Corfaires de rendre tous les efcla-
ves hollandois qu'ils avoient en
' leur puiflTance » en échange de ceux
qu'il tenoit dans fes vaiâeaux. Com-
blé de gloire te accompagné de ks
compatriotes qu'il avoir tirés d'ef-
clavage » il aoorda heureufement
en Hollande où fa valeur reçut
les applaudiflèmens qui hii étoient
cius.
LAMBERT ; ( Michel ) nom d'un
Muficien fran^ois né eni^io à Vi-
LAM
Tonne » petite ville du Poitou » le
mort si Paris en 1696. U exceiloit
à jouer du luth & marioit avec
beaucoup d'art & de goùr les ac-
cens de fa voix aux fons de l'inf-
trument. Il fut pourvu d'une charge
de Maître de la mufique delà cham-
bre du Roi. Les perfonnes de la
(première diftinâion apprenoient de
ui le bon goût du chant & s'affem-
bloient même dans fa maifon oà
ce Muficien tenoit en quelque fortei
une Académie. Lambert eft regardé
comme le premier en France, qui
ait fait fentir les vraies beautés de
la Mufique vocale , les grâces & b
juftefle de l'expreffion. U fut aofli
faire valoir la légèreté de la voix Se
les agrémens d'un organe flexible >
en doublant la plupart de fes airs
& les ornant de pafTages vifs &
brillans. Lambert a fait quelques
petits motets & a mis en Mufique
des leçons de ténèbres t on a au(&
de lui un recueil contenanr plufieur»
airs i une > deux , rrois & quatre
parties avec k baffe continue.
LAMBESC y villede France , en Pro-
vence , à qtiatre lieues , nord-oneft>
' d'Aix. Elle a tirre de Principauté &
appartient à la branche de Lorraine^
Brionne.
LÂMBEYE ; petite viHe de France >
en Béarn, à quatre lieuea > nord-eft»
de Morkts.
U y a en Irlande une petite île-
de même nom dans la psovince de
Leinfter , à trois milles de la cote
d'Irlande 6c à onze de Dublin.
LAMBIN, INE ^ fubftamif du ftyle
familier. Celui oii celle qui agit
avec lenteur. C*efi un vr^ai lambin >
une vraie lambine.
LAMBINER ; verbe nemre de îa-pre-
mière conjugaifon » lequel fe cocv*^
^ugue comme Ckantbr. Terme
du (lyle familier qui figiûfie a^is
LAM
a^ec lencear. Ne lambine^ pas tant.
LÂMBIS; Tubdancif mafculin. Gros
coquillage du genre des buccins ,
qui fe trouve dans les îles de TA-
mérique. 11 renferme un animal
donc la chair eft blanche , ferme &
bonne i manger lorfqu elle eft cuire
Se bien alfaifonnée. La coquille qui
eft parfemée d'un à deux rangs de
E ointes émoufTées , fe vend très*
ien dans le pavs ; elle fert de cor
de chalTe à piuueurs Nations fauva-
ges : on en fait une chaux excellen-
te , qui étant mêlée avec du fable y
prend à la longue la dureté du mar-
bre. Le défaut de cette coquille eft
d*ètre beaucoup plus dure à calci-
V net , que la plupart des autres co-
quilles dont on le fert aux îles pour
la même opération.
On trouve des lambis d'une grof-
feur énorme^ il y èn{a qui pèfent plus
de douze livres. Non-feulement les
couleurs extérieures de cette co-
quille font agréables y mais on ne
trouve rien de fi beau , de plus poli »
de plus luftré » que fon énuul in-
térieur.
LAMBOURDE i fubftantif féminin.
Pièce de bois de Charpente qui fert
i foutenic le parquet ou les ais d'un
plancher. On met du pouffier de
charbon entre les lambourdes > afin
d empêcher que l'humidité ne falTe
déjeter le parquet » furtout dans les
fales baffes.
Laubourdes , fe dit auflî des pièces
de bois que Ton met le lonjg des
murs 8c le long des poutres » mr des
corbeaux de bois » de fer ou de pier-
le j pour foutenir les bouts des fo*
lives , torfqu'elles ne portent point
dans les murs ni fur les poutres.
Lambourpb y fe dit encore d'une
pierre teadre qa on trouve près d'Ar-
coeil , & oui a l'avantage d'être dé-
litée fans danger»
LAM 357
LAMBREQUINS ^ fubftamlf mafcu-
lin pluriel & terme de TArt héraU
dique. Morceaux d'écoffe découpes ,
qui pendent autour de i'écu pour lui
lervir d'ornemens* Le fond & le
gros du corps des lambrequins doi-
vent erre de l'émail du fond ôc du
champ de l'ccu ; mais c'eft de fcs
autres émaux qu'on doit faire leurs
bords.
LAMBRIS i fubftantif mafculin. Re-
vêtement de menuiferie fur le plan-
cher d'en haut d'une falle , d'une
chambre on^ de quelqu aurre pièce
d'un bâtiment.
Quand on attache des lambris
contre les poutres & les folives , il
faut laifier du vide ou de petits
trous» pour que l'air y paiïe, ÔC
qu'il empêche que du bois appliqué
coKtre lautre bois ne s'écnaufte ^
il peut arriver des accidens par les
lambris attachés aux planchers con-^
tre les folives ou les poutres que la
pefanteur du bois fait affniffer , ou
S|ui viennent à dépérir & à fe gâter ,
ans que Ton s'en apperçoive.
Lambris , fe dit aufli d'un revêtement
de menuiferie , de marbre , &c. au-
tour des murailles d'une chambre «
6c. foit à hauteur d'appui ou autre-
ment. Un lambris de bois defapin.
Les lambris dorés s'introduifîrent à
Rome après la dejlruclion de Cartha^
ge. Un lambris à hauteur d'appuis
On appelle lambris de revêtement y
celui qui eft depuis le bas jufq»'ei¥
haut. Et lambris de demi revêtement »
celui qui ne pafTe pas la hauteur de
l'atcique de la cheminée.
Lambris , fe dit encore du revête-
ment fait avec de la latte de du
plâtre au-dedans de la couverture
d'un galetas , d'un grenier.
On dit figurément & poétique*
ment j le célefte lambris , les célefies
lambris ; pour dire > le cieL
355 LAM
La première fjlUbe eft niofenne
& la féconde longue.
LAMBRISSAGE; (ubftantif mafcu-
lin. Ouvrage du maçon ou menai-
fier qui a lambriffé. Un lambriffagc
bienjaic,
LAMBRISSÉ , ÉE ; participe palfif.
f^oyc\ Lambrisser.
LAMiiRISSER; verbe adif de la pre-
mière conjugaifon ^ lequel fe con-
jugue comme Chanter. Lambruf-
carc. Revêtir de lambris. Ilfautlam-
brijfcrfon appartement.
La première fyllabc eft moyenne,
la féconde brève , & la troifième
lonjjue ou brève, f^oye^ Verbe.
LAMBRO ; (le) rivière dlcalie dans la
Lombardie. Elle a fa fource auprès
de Pefcaglio , & Ton embouchure
dans le Pô , environ à fepc milles
au-delFus du pont de Plaifance.
LAMBRUCHE ou Lambrusque. j
fubftantif féminin. Elpèce de vi^e
fauvage qui donne de gros raifins
& d'affez bon goût . mais dont la
peau ell fore coriace. La lambruche
îe trouve dans TAcadie &c dans quel-
ques autres contrées de l'Amérique
fepcentrionale.
LAMBRUN; (Maguerite) nom d'une
fameufe Écolfoife de la fuite de
Marie Sruart. Après la mort tragi-
que de cette Reine infortunée , qui
entraîna celle du mari de Margue-
rite Lambrun , celle-ci réfolut de
venger Tune & l'autre. Pour exécu-
ter plus facilement fon delTein , elle
s'habilla en homme , prit le nom
à' Antoine Sparch , & fe rendit à la
Cour de la Reine Élifabeth ; elle
portoit toujours fur elle deux pif-
tolets, l'un pour tuer cet te Princelfe,
& l'autre pour fe tuer cUe-mcme ,
afin d'éviter les mains de la Juftice.
Un jour qu'elle perçoit la foule pour
s'approcher de la Reine qui fe pro-
menoir dans fes jardins , elle laiiHt
LAM
tomber un de ks piftolets. Les <5ar«
des oui s'en appetçurent , fe fai(i«
rent d'elle : on la vouloit traîner en
prifon ^ mais la Reine qui la pre-
noit pour un homme , voulut l'in-
terroger elle-même , & lui deman-
da fon nom , fa patrie & fa qualité :
Madame , répondit elle avec intré-
pidité , je fuis femme , ^uQique je
porte cet habit ; je m'appelle Margue-
rite Lambrun^ fai été plufieurs an''
nées au fervice de la Reine ma MoU
treffe que vous ave\fiinjufiement fait
mourir , 6» par fa mort vous ave^ été
caufe de aile de mon mari qui na pu
furvivre à cette Princeffe. tgaUsneat
attachée à l'un & à l'autre , j'avois
réfolu y au péril de ma vie , de venger
Lur mort par la vôtre : il efi vrai que
j*di été fort combattue , 6* j'ai fait
tous les efforts pofftbUsfur moi-mime^
pour me détourner d* un fi pcrnicuux
dejfcin ; mais je ne l'ai pu vaincre.
Quoique la Reme eût erand fujet
d'être émue d'un tel diicours » elle
ne laiifa pas de l'écouter froidement^
& de, lui répoudre tranquillement :
vous ave^ donc cru faire votre devoir^
& rendre â l'amour que vow avei^pour
votre mari ce quil demandait ; mais
quel penfe:(-vous que doit être au jour'
d'hui mon devoir envers vous ^ Mar-
guerire répliqua avec fermeré : je
dirai franchement à ^otre Majejlé
monfentiment , pourvu quElle ait la
bonté de me dire premièrement fi Elle
demande cela en qualité de Reine ou.
en qualité de Juge. La Reine lui ré-
pondit que c'étoit en qualité de
keine. Fotre Majefié doit donc m'ac^
corder ma grâce ^ lui répliqua cette
Femme. Quelle afiûrance me donne^^-
vous , lui dit la Reini , que vous n'en
abujere\ pas , & que vous n'entre^
prendre^ pas une féconde fois une
a3ionfemblable dans quelqu autre oC"
cajion f A quoi Marguerite Laixibr on
LAM
repartit : La grâce que l*on veut don-
ner avec tant de précaution^ nejlplus
une grâce ; & ainji Votre Ma'jefié peut
agir envers moi comme Juge. La Reine
s étant retournée vers quelques per-
fonnes de fon Confeil , qui ctoient
préfentes , leili dit : il y a trente ans
que j^fuis Reine ; mais je ne me fou-
viens pas d'avoir trouvé une perfonne
qui m'ait donné une pareille leçon.
£iizabe(h lui donna alors la grâce
entière fans condition , quoique le
Président de fot) Conseil dit tout ce
qu'il pût pour la porter à faire punir
cette femme : mais celle-ci pria la
Reine d'avoir la générofité de la
faire conduire sûrement hors du
Royaume ^ & on la çranfpoxta fur
les côtes de France.
Lame ; fubftan. fera. Lamina. T^ble
de métal. Une lame d'étain. Une inf-
iription gravée fur une lame de cuivre.
Lame , fe dit dans les monnoies , d'une
bande d'or, d'argent ou de billon ,
formée & jetée en moule d'une épaif-
feur confcquente i l'efpèce de mon-
noie que l'on veut fabriquer.
Lames , fe dit en termes de Tireurs
d'or j & de Boutonniers ^ de cer-
tains clinquans d'argent ou d'or ,
defqucls on couvre quelquefois des
érofres , ou qu'on emploie dans les
dentelles , dans les galons & autres
ouvrages femblables , pour les ren-
dre plus riches & plus brillans.
Lame > fe dit en termes d'Horlogers,
d'une peritc bande de métal un peu
longue , de particulièrement de la
bande d'acier trempé mince & fort
longue , dont eft formé le grand
leSbrt d'une montre ou d'une pen -
dttle.
Lame , fe dit en termes de Fourbif-
feurs» de la partie d'une épée , d'un
poignard , d^unebayonnette& autres
armes offeniives , qui perce & qui
tranche. On dit aufli la lame 4 un
LAM 35^
couteau , la lame d'un rafoir , pour
exprimer la partie de ces uftenfUes
de ménage qui coupe ou qui rafe.
Toutes ces fortes de lames font
d'acier très- fin , ou du moins d'acier
moyen. Les lames des armes fe
font par les fourbi (leurs , & celles
des couteaux par les' couteliers.
La bonne qualité d'une lame d'é^
pée eft d'être bien pliante & bien
évidée : on en fait à arrête , à dos
&c à demi-dos.
Les lames de Damas & d'Angle-
terre fonr les plus cftîmées pour les
étrangers , & celles de Vienne en
Dauphiné pour celles qu'on fabri-
que en France.
On appelle laftie à deux tranchans^
le corps du marteau dont les cou*
Vf eurs fe fervent pout couper Tar^i^
doife. ' ,
Lame, fe dit en termes de L«ipidaîres9
d'une forte de lame de couteau donc
l'ébaucheur fe ferc pour hacher fa
roue.
Lame, fe dît en termes d'Anatoniie^
d'une partie ofTeufe , mince ^ qui
fuivant quelques auteurs ^ compufe
les os, & refaite elle-même de plr-
(leurs couches du période appli-
quées les unes fur les autres èc of-
nfices dans cet état.
Lame , fe dit en termes de Marine ^
des vagues d'une mer agitée. On
dit , la: lame vient de l'avant , la lame
vient de V arrière ; pour dire , que U
vague eft poufice contre lavant oa
contre l'arrière du vaiflTeau. Et l'on
dit que la lame eft courte , lorfque
les vagues de la mer fe fuivent de
près les unes des autres. Et que la
■ lame' eft longue^ lorfque les vagues
fe fuivent de loin & lentement.
Lame , fe dit en termes de Ruban-
niers , de petites barres de bois que
les marches font baifler par le moyen
de leurs lacSr
3^0 LAM
I.AMB , fe dit en termes de TiûTerands
& d'autres ouvriers qui travaillent
tvec la navette ,*de la partie de leur
métier qui eft faite de plufieurs pe*
cites ficelles attachées par les deux
bouts à de longues tringles de bois
appelées liais.
Lames , fe dit en termes du jeu de
criârac , de certaines marques lon-
gues terminées en pointes » tracées
au fond du triélrac , & fur lefquelles
on fait les cafés. On les appelle auifi
flèches.
On appelle proverbialement &
populairement une femme fine &
ruiée » une bonne lame , une fine
lame.
La première fyllabeeft brève » &
la féconde très-brève.
LAMÉ» ÉE; adjeâlf & terme d'or-
diflage. 11 fe dit de tout ouvrage où
Ion, a employé de la lame d'or ou
d'argent. Une étoffe lamée d*or^ la-
mée éC argent*
LAMEGO i ville épifcopale de Por-
tugal, dans la province de Beyra ,
i dnquance lieues , nord , de Lif-
bonne , entre Coimbre & Guarda.
LAMENTABLE \ adjeftif des deux
genres. Lamentabilis. Déplorable ,
qui. mérite d'être pleuré. Unehif-
taire lamentable.
Il fignifie audi quelquefois dqu-
loureux, qui excite à la cpmpaflion.
Le vainqueur fut touché des cris la-
mentables des vieillards » des femmes
& des enfans.
LAMENTABLEMENT ; adverbe.
D'un ton lamentable. // parla de
fes infortunes fi lamentablement qu il
fit verfer des larmes à toute rajffem-
blée.
LAMENTANA; bourg & château
d'Italie, dans TÉtat de TEglife/à
douze milles de Rome.
LAMENTATION j fubftaniif fémi-,
LAM
nin. Lamentatio, Plainte accompa-^
gnée de cris & de gémtffemens. De
longues lamentations.
On appelle les lamentations de
Jerlmic , un pocme lugubre que Jé^
rémie compofa à Toccafion de la
mort du pieux r8i Jofias. & qui
fut long-temps dans la bouche de
tous \t% chantres dlfraët. On croit
que ce fameux pocme eft perdu ;
mais ilAousen refte un autre du
même prophète » compofé fur la
ruine de Jérufalem par Nabucho-
doDofor.
Dans les deux premiers chapitres
de ce dernier pocme , Jérémie s'oc-
cupe particulièrement à décrire les
incommodités du fiége de Jérufa-
lem : dans le troifième il déplore les
pecfécutions que lui même a fouf-
ferres : le quatrième a pour objet la
ruine & la défolation de la ville & du
temple,&ladifgracedûroiSédccias:
le cinquième eft une efpècede for-
mule de prières des Juifs dans leur
difperfion & dans leur captivité. Il
eft probable que celui*ci fut écrie
après les autres , puifqu il fuppofe
que le temple étdit tellement ruiné,
qu'il fervoit de retraite aux renards,
& que le peuple étoit déjà en cap-
tivité.
Les quatre premiers chapitres des
lamenrations fonr en vers acrof*
tiches & abécédaires , chaque verfet
ou chaque couplet commençant par
une des lettres de l'alphabet hébreu ,
rangées félon l'ordre alphabétique.
Le premier & le fécond chapitre
contiennent vingt -deux verlVts ,
fuivant le nombre des lettres de
l'alphabet. Le troifième- chapitre a
trois verfets de fuite qui commen-
cent par la mcme lettre pi a en tout
foixante*fix vetfets. Le quatrième
chapitre eft femblable aux deux
preoàers \^ 8c n*a que vingt-deux
yerfeu
LAM
vctfets , U cinquièmQ n'eft point
açroftiche.
^ Le ftyle de Jércmie eft tendre ,
vif , pathétique. C'étoit fon raient
particulier que d'écrire des chofes
touchantes.
Les hébreux avoient coutume de
.faire des lamentations ou des can-
tiques lugubres à, la mort des grands
hommes, des Princes, des Héros
qui s'étoient diftingués dans les
armes , Se même i l'occafion des
malheurs & des calamités publi-
ques, lis avoi^nt des recueils de
ces lamentations. , & nous avons
encore celles que David compofa â
la morr d'Abn^ir & de Jonathas.
La oremière fyllabe eft brève , la
féconde moyenne , la troifième lon-
J^ue , & les autres brèves au fingu-
ier , mais ta dernière eft longue au
pluriel.
LAMENJÉ , ÉE i participe paffif.
Fcye:(^ LAMEifTER.
LAMENTER j verbe aftif de la pre-
mière conjugaifon « lequel fe con-
jugue comme Chanter. Lamenta-
ri. Déplorer , regretter avec plain-
tes & gémilTemens. // lamcntoh fon
défafirt. Il vieillit comme verbe
aftif.
Lamenter , s'emploie abfolument.
Ils ne font que pleurer & lamenter.
Il eft aufti pronominal réfléchi.
Los femmes , les enfans & les vieiU
lards Je lamentèrent en vain , tout
fut pajfi au fil de l'ipee.
La première fyllabe eft brève ,
la féconde moyenne , & la troifiè-
me longue ou brève, yoye:^ Verbh.
Les remps ou perfonnes qui fe
terminent par un e féminin,ont leur
pénultième fyllabe longue.
Prononcez lamanter.
I-AMENTIN i voye\ Lamantin.
I,.AMER AC 9 bourg de France » en
Tome XK
ï. A M 3tft
Saintonge , à deux lieues » fud-
oueft , de Barbefiv^ux.
LAMIE; fubftantif féminin. Ceft U
plus grande efpèce de chien de mec
ou de requin, f^oye^ Requin.
La mies , fe dit auflS de certains dé^-
mons imaginaires qui fuivant les
anciens , prenoient une figure de
belle femme j fous laquelle ils at-
tiroient les enfans & les dévoroienc
enfuite.
La première fyllabe eft brève,
& la féconde longue.
LAMIER; fubftantif mafculin. Ou-
vrier qui prépare la lame d'or ic
d argent pour le Qianufaâurier en
étoffes riches.
LAMINAGE ; fubftantif mafculin.
Aâionde laminer. Le laminage du
/lomb . de Cor , de l* argent.
MINE , ÉE; participe paflîf. f^oy.
Laminer.
LAMINER ; verbe aftif de la pre-
m ière conjugaifon , lequel ,fe con-
jugue comme Chanter. Donner
à une lame de métal une épaifteur
uniforme par une comprefljon tou-
jours égale. Dans les monnoies on
lamine l'or & l* argent.
Les deux, premières fyllabesibnt
brèves , & la troifième longue ou
brève.
LAMINOIR î fubftantif mafculin.
Machine compoféeparticulièrement
de deux cylindres ou rouleaux do^
fer entre lefquels on fait pafler le
métal qu*on veut laminer.
LAMIS i fubftantif mafculin. On
donne ce nom dans le commerce i
une forte de drap d*or que les Vé-
nitiens envoyent 4 Smyrne.
LA MO; ville maritime d'Afrique,
capitale d'un royaume & d'une île
de même nom , aui font fitués fur
la côte de Mclinde , entre l'ile de
Pâté & le Royaume d'AmpaM au
}6i . LAM
nord , 8c le royaume de Melinde
au midi.
LAMPADAIRE ; fubftantif mafcu-
lin & terme d'Hiftoire Ancienne.
Titre d'un Officier de TÉglife de
Conftantinople , qui prenoit foin du
luminaire , & qui portoit des lam-
pes » des flambeaux devant l'Empe-
reur & llmpératrice lorfqu'ils af-
(iftoient au Service divin. Il en por-
toit auflfi devant le Patriarche.
Il y avoir encore des Lampadaires
pour le Palais de l'Empereur » &
même pour les grands Officiers de
la Couronne , & pour les premiers
Magiftrats , furtout les Préfets du
Prcroire.
Lampadaire , fe dit auffi d'un inf-
trument propre i foutenir des lam-
pes.
La première fyllabe eft moyen-
ne , la féconde brève , la rroifîème
longue, & la quatrième très-brève.
LAMPADATION; fubftantif fémi-
nin. Efpèce de quefïion qu'on fai-
foit fouffrir aux premiers martyrs
Chrétiens aiund ils ctoient éten*
dus fur le chevalet. On leur appli-
quoit aux jarrets des lampes ou bou-
gies ardentes.
LAMPADIAS ; fubftantif mafculin ,
dont quelques anciens Auteurs fe
font fervis pour défigner une forre
de comète barbue qui affeâe tantôt
nne forme & tantôt une autre.
LAMPADISTES} fubftantif mafculin
pluriel & terme d'Antiquité. On
appeloit ainfi chez les Grecs , de
jeunes gens qui s'exerçoient aux
, flimbeaux. Celui qui arrivoit le
premier fans que fa torche s'étei-
gnît , remportoit le prix.
LAMPADOMANCIE; fubftantif fé-
minin. Sorte de divination dans la-
quelle on obfervoit la forme, la
co&lcur & les divers mouvemens de
LAM
la lumière d'une lampe ^ afin d*e^
tirer des préfages pour l'avenir.
LAMPADOPHORÉ; fubftantif maf-
culin & terme d'Antiquité. C'eft le
nom qu'on donnoit à ceux qui por-
toient les lumières dans les tètes ou
cérémonies religieufes.
On appliqua auffi le même nom à
ceux qui donnoient le (ignal d'un
'combat , en élevant en haut des tor-
ches ou des flambeaux.
LAMPADOPHORIES} fubftantif fé-
minin pluriel. Fête des Grecs , dans
laquelle ils allumoient une infinité
de lampes en l'honneur de Miner-
ve , de Vttlcain & de Prométhée,
toutes en aâions de grâces de ce
que la première de ces Divinités
leur avoir donné l'huile ; aue Vul-
cain étoit l'inventeur des lampes >
& que Prométhée les avoit rendues
utiles , enj dérobant le feu du
. ciel. Le jour de cette fête ils fat-
foient des facrifices & des jeux où
Tooi voyoit courir des hommes un
flambeau â la main pour remporter
des prix.
LAMPAREILLES j fubftantif fémi-
nin pluriel. On donne ce nom à de
petits camelots légers qui fe fabri*
quent en Flandre. Il y en a d'unis,
â fleurs & de rayés.
L AMP AS; fubftantif mafculin. Ter-
me de Manège & de Maréchalierie.
Continuation contre nature » ou al-
longement de la membrane qui re-
vêt intérieurement la mâchoire fu-
périeure y & qui tapifte le palais du
cheval. Cette, légère maladie fe
nomme auflj févc. Voyez ee mot.
Lampas , fe dit aufli d'une érofFe de
foie de la Chine» façonnée â peu
près comme les gros de Tours bro-
chés.
La première fyllabe eft moyennet
& la féconde longue.
LAMPASSÉ, È£} ad>eaîf & ccrme
t
I
LAM
it l'Are Héraldique. Il Te dit des
Itoos & des ancres animaux repré-
fentes avec la langue qui fore.
Daubiûnb , de gueules au lion
d*herniine , armé » UmpaflTé &
couronné d or.
LAMPASSES ; fubftanrif féminin
pluriel. Toiles peintes qui fe font
aux Indes Orientales , en divers en-
droits de la cote de Coromandel.
LAMPE} fubftancif féminin. Lucema.
Vafe où l'on met de l'huile avec de
la mèche pour éclairer.
L'ufage des lampes allumées eft
très-ancien dans les Églifes , où on
les a toujouts fufpendues aux voûtes
& aux lambris.
Il 7 avoir dans le Temple du Sei-
^ gneuty une lampe fur chacune des
fept branches du chandelier d'or ^
c'eft pourquoi quelques Auceurs ont
appelé ce chandelier lampadaire.
On voit dans la ville de Fez une
mofquée où il y a neuf cens lampes
d*airain qu'on allume toutes les
nuits»
On appelle lampes fépulcraks ^
des lampes trouvées dans les tom-
* beaux des anciens Romains.
On appelle lampe de Cardan^ du
nom de fou auteur , une lampe qui
eft faite de telle façon que de quel-
que c&té qu'on la tourne » l'huile ne
ie répand jamais.
On dit figurément de quelqu'un
2ui meurt par épuifement . par dé-
ûllance^de nature , qu'i/ ny a plus
d'huile dans la lampe.
On appelle cul de lampe , certain
ornement de lambris ou de voùre ,
qui eft fait comme le cul d*une lam-
pe d'Églife. Il y a auffi en architec^
ture certains cabinets faillans en-
dehors , & faits en cuUde lampe.
On appelle encore cul de lampe ,
nn certain fleuron q'â fe met à la
fin d'un livre» d'un chapitre » &c.
LAM 3(^3
Dans le commerce» on appelle
lampes , certaines étamines de
laine d'Efpagne (jui fe fabriquent en
auelaues endroits de la Généralité
Orléans. Et l'on appelle laines lam-
pes^ les laines dont on les fabti-
que.
La première fyllabe eft longue »
& la féconde très 'biève.
L AMPEDOUSE ; petite île dé la mer
d'Afrique , fur la cote de Tunis , à
quarante cinq lieues de Malte, & i
vingt de Tunis. Son circuit eft de
cinc] lieues. Elle n'eft point habitée,
mais elle a nn aifez bon port où les
vaideaux vont faire de l'eau. Là
pèche Y eft excellente , & Ton pré-
tend que (î elle étoit cultivée , la vi-
gne & le froment y réuftiroienr très-
bien. Ce fut près de cette île que
l'armée Navale de l'Empereur Char*
les Quint fit naufrage en 1551.
LAMPÉE^ fubftantif féminin & ter-
me populaire. Grand verre de vin*
// vient d'en avaUr une lampée.
LAMPER \ verbe aâif de la première
conjagaifon , lequel fe conjugue
comme Chanter. Terme popu-
laire qui Hgnifie boire avidement
de- grands verres de vin. Ils eurent
bientôc lampe tout ce vin.
Lamper , eft aufli verbe neutre. Ceji
une femme qui aime à lamper.
LAMPERON i fubftantif mafculin.
Le petit tuyau ou languette qui tient
la mèche dans une lampe.
LAMPÉTIENS ; ( les ) Hérétiques
qui s'élevèrent dans le feptième fié*
de , & qui adoptèrent en plufieurs
points la doArine des Aériens.
Lampétius leur chef avoit renou-
velé quelques erreurs des Marcio-
nires. Ce qu'on en fait de plus cer*-
tnn , fur la foi de S. Jean Damaf-
cène , c*eft qu'ils condamnoient les
vœux monaftiques , particulière-
ment celui d'obiéiirance , qui étoit»
Zb ij
3 ^4 L A M
difoient-ils , incompatible avec la
liberté des enfans de Dieu. Us per-
mettoienc aufll aux religieux de
porter tel habit qu'il leur plaifoit ^
prétendant qu'il étoit ridicule d'en
fixer la forme ou k couleur pour
une profeflion plutôf que pour une
autre.
LAMPION ; fubftantif mafculin.
Sorte de petite lampe de fer blanc
ou d'autre matière , propre à con-
tenir des huiles ou des fuifs , &
dont on fe fert dans les illumina-
tions.
Lampion , fe dit aufli du vafe de v^rre
2u*on fufpend au milieu des lampes
'Églife , entre le panache & le cui.
lot.
LAMPON i ville d'Afie au fond d'un
golfe de même nom , dans là partie
la plus méridionale de Tile de Su-
matra.
LAMPRESSES ; fubftantif féminin
pluriel & terme de Pêche. Qn ap-
pelle ainfi les filets qui fervent à
faire dans la Loire la pêche des
lamproies qui y eft très-confidéra*
ble.
LAMPROIE ; fubftantif féminin.
Lampctra. Poillbn de mer & de
civière , mis au rang des poifTons
cartilagineux , qui nage ordinaire-
ment en grande eau , qui lèche &
fuce les pierres, les rochers, & la
furface intérieure des vafes dans
lefquels on l'enferme. La Lamproie
eft très-connue dans les poilTonne-
lies.
Ce poiflbn , long , gluant & car*
tilaginywtx, refTemble à l'anguille,
excepté par la tête , qui eft de fi-
gure ovale. Sa bouche n'eft ni fen-
due , ni longue , m fort large ; mais
cavée comme celle des fangs-fues ;
elle eft garnie de dents jaunes , très-
aigues , comme triangulaires & ran-
gées fans ordre 4aiis coûte fa capa-
LAM
cité. Son corps eft rand , fa queue
eft .menue & un peu large \ la cou-
leur du corps eft d'un jaune tirant
fur le vert , marqueté-çi & là de
caches & de points noirs. Son ven*
tre eft blanc \ le dos eft femé de
caches bleues & blanches ^ la peau
eft lifle , ferme & dure. Cette fur-*
face du corps eft vifqueufe ; c'eft^à'
dire , couverte , au lieu d'écaillés ,
d'une bave très-gluante : on voit
fouvent au travers de ta peau , les
vaifTeaux d*où fort Thumeur qui kit
à lubrifier tout le corps : de chaque
côté du corps , la Lamproie à fept
trous ronds, qui lui fervent d'ouies.
Entre les yeux , au plus haut , &
au milieu de la tête , elle a un con-
duit jufqu'au palais, par lequel elle
tire l'air & rejette l'eau, comme
les poiiïbns qui ont des poumons:
elle nage au-defTus de l'eau ^ & on
rétoufferoit aifément G on la tenoic
par force fous l'eau. Les yeux fenc
ronds & profonds ; elle n'a ni lan-
gue , ni nageoires \ les replis* de
Ion cerps lui fervent â nager, &
deux efpèces de petites ailes , l'une
Placée fur le bout de fa queue >
autre un peu plus haut , lui fer-
vent â fendre l'eau. Son cœur eft
enveloppé dans un cartilage , au-
quel le foie eft attaché : ce foie eft
bleu , peu cacheté & fans fiel. De-
puis la bouche jufqu'â l'anus , ce
poiffon n'a qu'un conduit « long>
étroit par les deux bot!ts , & large
au milieu. Au lieu d'arrêtés, la
Lamproie a fur l'épine du dos un
cartilage en forme de corde , dans
lequel il y a de la moeUe.
La Lamproie entre au pritKemps
dans les rivières pour y dépofer les
ceufs, & s'en retourne enfuite dans
la mer j c'eft le temps qu'on en
pêche beaucoup, car dans la mer
on en prend pea. Ce poiilon vit
LAM
d*eau & de boarbe. Quan4 il a jeté
Ces œafs , il devient fec de dur : il
ne vit ordinairement que deux ans :
fa chair eft alTez molle y un peu
gluante & excrcmenteufe. La Lam-
proie mâle eft préférée à, la femelle
dans les alicnens : on doit les pren-
dre dans des eaux vives.
Les Icthyologiftes ont fait men-
tion d'autres efpèces de Lamproie ,
favoirj i^. La petite Lamproie d'eau
douce y qui a , outre les grandes
dents ocdinaires , une autre petite
rangée en haut , & Htuée dans le
fond de la bouche. Cette Lamproie
eft longue 8c étroite ; le dos eft
bran & rouge, le venrre blanc : on
la pêche dans l'Elbe vers le ca-
rême : foit frais , foit fumé , ce
poiflon eft un bon manger ; dans
un autre temps la chair en eft plus
fèche. 2^ Une très-petite Lamproie
iteau douce , qui eft commune en
Suède , ic qui eft â peine de la
grodeur d'un ver , fa longueur eft
d'un pied & demi, j^ La grande
Lamproie y ou la Lamproie de mer:
celle-ci change de nom fuivant fon
âge 6c fa grandeur : fon foie eft
vert. On en trouve dans l'Elbe,
qui pefent trois livres ; elles ren-
trent dans la met avec les Sau-
mons.
LAMPROPHORE ; fubftantif des
deux genres. On appeloit ainddans
la primitive Eglife , les Néophites
{>endant les fcpt jours qui fuivoient
eur baptême , parcequ'alors ils
étoient revêtus d*un habit blanc.
Les Grecs donnoient aufti ce Qpm
aa jour de la réfurreâion, parce.que
ce myftcre répand la lumière de la
foi dans les âmes , & parceque ce
joar là les maifons étoient éclairées
de cous côtés d'un grand nombre de
cierges^ fymbole de la lumière^
LAM 3(^5
que la réfurreftion de Jésus-Christ
a produite dans le monde.
LAMPROYON i fubftantif mafculin.
diminutif. Petite Lamproie. Koye:^
Lamproie.
LAMPSANE , ou Herbe aux Mâ^
MELLES ^ fubftantif féminin, j^amp-
fana. Plante qui reffemble un peu
au laiteron , & qui croît commu-
nément dans les jardins & les ver*
gers , le long des champs & fur le
bord des ' chemins : fa racine eft
iîmple y blanche & fibrée : fa tige
eft haute d'environ trois pieds,
^ ronde , cannelée , rougeâcre, un
peu velue & creufe : les feuilles
reflemblent affez à celles du lai-
teron des murailles : {^^ fleurs naif-
fent aux fommités des branches^
formées en bouquets ronds, a demi
fleurons jaunes; il leur fuccède des
capfules cannelées , remplies de
menues graines , noirâtres j un peu
courbes 6c fans aigretrei.
Cette plante eft toute d'ufage ;
elle eft rafraichilTante, laxativé &
émolUente : fon fi^c^guérirMa galle ^
& particulièrement le bout du fein
quand il eft fendu pu écorché \ c'eft
ce qui lui a fait donner le nom
d'herbe aux mamelles.
LAMPSAQUE , ou Lampsaco \ An-
cienne ville de i'Afle mineure , dans
la Myfîe» prefqu'au bord de la mer»
â l'entrée de la Proponiide , vis-à-
vis de Gallipoli , ville d'Europe»
dans la Cherfonnèfe de Thrace.
C'eft la même dont Alexandre avoic
juré la ruine » & qui fut fauvée par
1 adrefle d'Anaximène. Voye\ Ana-
' XtMENE.
LAMPTA ; Bourg d'Afrique , aa
Royaume de Fez , près de la Ca-
pitale.
LAMPTÉRIES ; fubftantif féminin
pluriel & terme de Mythologie,
iete qui fe célébroit à Patènes » im-
$66
LAN
niédiaremenc après la vendange ,
en llionneur de fiacchus : elle
confidoic dans une grande illumi-
nation nôâurne» & a veiferdu vin
• à cous les palTans.
LAMPYRIS i fubftantif mafcutin.
R9f donne ce nom à un infede
fans ailes» & qui eft la femelle
d'une efpèce de mouche cantharide.
Il eft cQmpofé d'onze anneaux j fa
tète eft petite. Tant que cette fe
melle vit » les trois derniers de fes
anneaux jetenc la nuit des rayons
de lumière, qui facilitent au mâle
les moyens de la venir trouver.
C'eft une efpèce de ver luifant: on
le trouve fur terre » l'été , dans les
genévriers.
LAN CASTRE ; ville d'Aneleterre ,
capitale, d'une province de même
nom y fur le Lon , à deux lieucS
de la mer dlrlande » & foixante-
deux lie|ie$»nord-oueft,de Londres,
fous le 1 4® degré » ) f minutes de
longitude, & le J4^ de latitudes
La {>rovince de Lancaftre eft bor-
née à l'occident par la mer d'Ir-
lande , au nord eft par les provin-
ces de Cumberland Se de Weftmor-
land y i l'orient , par le Duché
d'Yorck ; & au midi , par le Comté
de Chefter. Elle a vingt-trois lieues
de circonférence & contient envi-
ron onze cent cinquante mille ar«
pens : lair y eft fain, les habitans
robuftes & les femmes très belles.
Les principales rivières qui l'arro-
fent font le Msrfey , la Ribble 8c
le Lon. Elle abonde en blés, en
pâturages , en bétail , en gibier ,
en truttes , en brochets., &c.
LANCE y fubftantif féminin. Lancea.
Arme d^haft ou à long bois , qui
ft un fer. pointu, & qui eft fort
grofte vers la poignée.
La lance a été Ipng-temps Tarme
pwprç des CHev^lier$ 5c des Çen-
LAN
darmos. On la faifoît d'ordinaire
de bois de frêne. Quand les Che-
valiers. & les Gendarmes combat-
coient à pied dans les batailles &
dans les combats , comme cela ar-
riva un peu avant Philippe de Va-
lots » ils accourcitfoient leur lances;
cela s'appeloit les retailler. Oa or-
noic les ianccs d'une banderole au-
près du fer. Cette coutume étoit
très-ancienne 8c du cenips desCroi-
fades. Pour fairç un auaut de lan-
ces dans les tournois , on difoit
rompre la lance. Les lafues levées
dans les combats étoient le figne
d'une prochaine déroute.
L'ufage de la lance ceffa en France
dans les armées, beaucoup avant
le remps que les compagnies d'or«
donnance hiifent léduires i la gen-
darmerie d'auj jurd'htti. On ne s'en
fervoit plus guère fous le règne
de Henri IV; mais les Efpagnols en
faifoient encore queiqu'uuge da
temps de Louis Xlil.
On appeloir autrefois dzns les
joutes , lance brifee , une lance ï
demi fciée près du bout , enforte
Îiu'elle fe pouvpic facilement bri-
er. -
On dit proverbialement » figuré*
ment & familièrement , rompre des
lances pour quelqu'un i pour dite ,
le défendre contre ceux qui Tatta*
quent.
On appeloir autrefois lanu cour^
toife ou lance mouffi j ou lance fré*
reV, ou lance mornee , une lance
dont le fer n'étoit pas pointu , mus
2ui étoit garnie au bouc d'une forte
'anneau qu'on appeloic une/rèrc
ou une morne.
On appeloir main de la lance ^
la main droite du Cheyalier,
On dit figurément , baiflet k
lance ; pour mre , flçchir » moUir f
LAN
fe relâcher. // fut obkgé de baîjfer
la lance.
é
Lance , k dit en termes de Chirur-
gie j de deux fortes d'inftrumens j
dont l'un ferc dans lopéracion de
la fiftule lacrymale , & r^utre, pour
ouvrir la lêce du fœtus mort &
arrêté au palïàge. Celui - ci s'ap-
pelle lance de Mauriccau,
Lance , fe prenoic autrefois pour un
Gendarme armé de lance. Une
compagnie de cent lances.
On appelcir au(E autrefois lance
fournie y un homme d'armes ayant
tout fea accompagnement qui écoit
un certain nombre d'Archers, de
Valets & de chevaux.
On dit proverbialement & éga-
rement de quelqu'un , qu'i/e/? venu
à beau pied fans lance ^ qu'/7 eji re-
tourné à beau pied fans lance i pour
dire , qu'il eit venu à pied , qu'il
eft retourné â pied.
On appelle lance de drapeau ,
lance d* étendard , le baron auquel
eft artaché le drapeau, l'étendard.
Lance a #eu , fe dit en termes d'Ar-
tificiers , d'une efpèce de fufée qui
ne s'élève point en l'air & qui fert
a mettre le feu à une pièce d'ar-
tifice.
Lance , fe dit aufli d'un certain mé-
téore ignée , qui eft à peu près de
la figure d'une lance.
La première fyllabe eft longue ^
le la féconde très-brève.
LANCÉ , ÉE j participe paflif. Voye^
Lancer.
LANCELLÉE ; voye\ Lonchitis.
LANCER \ verbe aâif de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
jugue comme Chanter. Flbrare.
Darder , jeter de force Se de roi-
dear avec la main* Les anciens lan-
çaient dans les combats des traits ,
g^iis dards j des javelots*
En parlant de Dieu > on dit poë-
LAN 5^7
• tiquement & dans le ftyle foutenu ,
qu'i/ lance le tonnerre ,' qu'/V lance
la foudre. Et l'on dit du foleil ,
qu'i/ lance fes rayons fur la terre.
Lancer , fe dit aum de certaines ma-
chines de guerre. Les balijles , les-
catapultes Jervoient autrefois à lancer
de grojfes pierres , de gros dards.
On dit , fe lancer ; pour dire »
fe jeter avec impétuofîté , avec
tffoxi.Ilsfe lanfèrent dans la mêlée.
On dit figmétnent j lancer dt:s re-
gards , lancer des œillades. Lancer de
tendres œillades. Lancer un t égard
de colère. Lancer des traits de fatyre^
de méchanceté.
On dit en termes de Vénerie «
lancer le cerf ; pour dire^ le faire
fortir du fort pour lui donner les
chiens. Autrefois on ne lançoit qua*
vec les limiers ; aujourd'hui on dé-^
couple les chiens de meute pour lan^
cer le cerf.
On dit aufld , lancer un loup ;
pour dire, le faire parrir du lite.au.
Et lancer un lièvre ; pour dire y le
faire fortir du gîte. Et lancer une
bête noire; pour-dire, la faire partir
de la bauge.
On dit en termes de marine ,
lancer une manœuvre ; pour dire,
amarrer une manœuvre autour dun
bois mis exprès pour cet ufage. Et
lancer un vaiffeau à la mer ; pour
dire , le mettre pour la première
fois à la mer au fortir du chantier.
Voici comme cela fe pratique.
Le plan ou le chantier qui fou-
tient le vaiffeau à terre, eft incliné
à l'eau , & cette inclinaifon eft or- .
dinairement de fix lignes , fur un
pied de longueur. On prolonge ce
chantier jufqu'à l'eau, en y ajou-
tant d'autres pièces de bois , qui
forment un plan toujours également
incliné, & on met au-dcflUs de
forts madriers , pour fervir de che-
3^3
LAN
min à la quille retenue dans une
coulifTe , formée par de longues
tringles parallèles. On place enluice
de chaque côté ^ jufqu'à Teau , des
poutres qu'on nomme co'ucs ^ &
qui étant éloignées les unes des au-
tres , i peu près à la diftance de la
demi-largeur du vaifTeau , répon-
dent vers l'extrémité du plat de la
maîtrelTe varangue. Cçmme elles
ne peuvent être aiTe? hautes pour
parvenir jufqu'à la carène du vaif-
leau, quoiqu'elles foient fort avan-
cées deifoas y on attache deux au-
très pièces de bois appelées colam-
bUrSy qui s'appuient vit les coites
8c qui peuvent gliflTer delTus. Ces
poutres font frottées avec du fain-
dou)c ou avec du fuif. On frotte de
même la quille , on attache enfuite
le vailTeau par l'avant , par les côtés
& par-derrière à un des gonds du
gouvernail. Pes hommes tiennent
Tes cordes des cotés & de l'avant ,
& la corde de derrière » qu'on ap-
pelle cordç de retenue ^ eft liée à un
gros pieu qui eft en terre.
Les chofes ainft difpofées » on
ôce » à poups de maflue , les an-
ciens coins y fc pn en fubftitue fur
le champ de nouveaux , pour fou-
tenir la quille dans le temps qu'elle
coulera. Enfin on côupe les acore; ic
la corde de retenue,& dans Tinftant
le vaiiTeau part \ il faut alors jeter
de l'eau fur Pendroit où il gliflTe ,
crainte que le feu n'y prenne par le
grand frottement j & mettre tout
en œuvre afin d'accélérer la marche
du yaiflTeau. A cette fin on engage
de longues fplives dans la quille
pour l'agiter ou l'ébranler fi le
vaiifeau ne part pas afie? vite,
& les hommes qui tiennent les
pord^ges ] de l'ayant les rirent
j^Iors , ou les roidiflent par le
fnpyep 4e$ çabeftftps , ^ i|s naleRp
LAN.
ceux des cotés pour retenir le vaif-
feau dans fa chute ,' ou pour dimi-
nuer la force du choc dans l'eau i
qui lui feroit préjudiciable.
Cette.manière de lancer les vaif-
feaux à leau , qiii eft fans contre-
dit la meilleure qu'on ait imaginée,
n*eft cependant pas fuivie i>ar les
Portugais. Ces peuples eftiment
qu'il vaut mieux que le vaifieaa en-
tre dans Teau par la poupe que par
la proue, ils ont fans doute lears
raifons \ mais il n'eft pas aifé de les
découvrir. Dans la Nord-Hollandei
f>our lancer les vai (féaux à l'eau, on
es fait paffer fur une digue qui s'é^
lave en talus des deux cotés , & qui
eft frottée de graiffe. Lç vaiflcaa
eft conduit fur un pont à rouleaax
au bas de la digue. On amarre deux
cordes i Tétrave en deux endroits ,
& autant à la quille , & on cintre
l'arrière avec d'autres cordes. Ces
cordes paflTent par divers vindas ou
cabeftans , à chacun defquels il y a
deux poulies & trois rouets dans
chaque poulie , Vingt ^ trente hona-
mes virent ces machines , tandis
que d'autres font attentifs à roidit
lès cordes de Tarrière , lorfque le
bâtiment vient à reculer. On le
monte d'abord au haut de la digue ^
ic quand il y eft parvenu , on le
met (ur la pente qui conduit i 1 eau,
-te on le fi|it à peu près de la même
façon qu'on l'a fuivi pour le faire
monter.
Les anciens conduifoient leurs
vaifTeauxà l'eau fur des rouleaux j
mais ces vaiifeaux étoient fi médio-
cres , que cette méthode ne peut
fournir rien de curieux ni d'udle.
On dit aufii , qu'«;z vaifjiau lance
bâbord oujlribord^ lorfque ne fai^
faut pas fa route , il fe jette l gau-
che QU à droite > foit que le tioio*
m
LAN
ni«t gpavcrnç mal , foit par qael-
qu aucre r^ifôn.
La première fyllabeeft moyenne,
& la féconde longue ou brève.
f^pya[ Verbe.
Les temps ou perfonnes qui fe
terminent par un e féminin, ont
leur pénultième fyllabe longue.
LANCEROTE ou Lancelote j île
d'Afrique j Tune des Canaries , à
quarante lieues de la côte du conti-
nent la plus proche , & au nord-eft
de Forteventura dont elle n'eft fé*
parée que par un détroic de cinq
lieues de largeur. Elle eft comme
couronnée au nord par les quatre
petites îles de Sainte-Claire , Ala-
grança , Rocca Se Graciofa. Sa lon-
gueur eft d'environ douze lieues j Ac
la largeur de fept. On y voit un
bourg de même nom. Elle appar-
tient à l'Efpagne.
LANCETIER ; fubftantif mafculin.
Les chirurgiens donnent ce nom à
rétui dans lequel ils ferrent leurs
lancettes.
LANCETTE ; fubftantif féminin.
Scalpcllus. PetMnftrument de chi-
rurgie , dun acier extrêmement
fin , très-pointu & à deux tranchans,
qui fert à ouvrir la veine , à percer
un abcès , &c.
On diftîngue quatre fortes de
lancettes : Iz lancette à grain d^orge,
qui eft plus large vers la pointe que
les autres , & qui convient pour les
vailTeaux gros & fuperficiels \ la
lancette à grain d* avoine , qui a fa
pointe plus alongée que celle de la
(précédente , & qui eft propre à to«is
es vaifteaux j la lancette en pyra*
mide ou à langue deferpent , qui va
toujours en diminuant J & qui étant
terminée par une pointe très-lonçue,
très-fine & très-aiguë y ne convient
LAN 5(îf
eft plus forte , plus longue & plus
Mlrge que les autres.
LANCLA \ ancienne ville d'Efpagne ,
dans TAfturie. Florus la qualifie de
ville forte.
Ptolémée place une ville de mê-
me nom dans la Lufitanie chez les
Vettons.
LANCIANO i ville Archiépifconale
d'Italie , au Royaume de Naples «
capitale de l'Abruzze citérieure ,
fur 1« torrent de Feltrino , à trente
lieues , nord-eft , de Naples , fous
le 3 2^ degré , 40 minutes de lon-
Î;icude , & le 41^ , 1 1 minutes de
atitude.
LANCIER i fubftantif mafculin. On
appeloic ainfi autrefois un cavalier
dont Tarme étoit une lance. Un de^
tachemènt de cinquante lanciers*
LANCIÈRE J fubftantif féminin. Ter-
me de Coutume qui fignifie l'ou-'
verture ou paflage par où l'eau s'é-
coule quand les moulins ne travail-
lent pas. On dit auffi abée.
LANCIS; fubftantif mafculin^ te
terme d*Archire£ture. On appelle
ainfi dans le jambage d'une porte
du d'une croifée , les deux pierres
plus longues que le pied qui eft
d'une pièce. Les lancis; fe font pour
ménager la pierre qui ne peut pas
toujours faire parpain dans un mur
épais. On nomme lancis du tableau ,
celui qui eft au parement \ 8c lan^
cis de l'écoinçon , celui qui eft au-
dedans d'un mur.
LANÇOIR } fubftantif mafculin , &
terme. d'Ârchiteâure hydraulique.
C'eft la pale qui arrête l'eau du
moulin. On la lève quand on veuc
le faire moudre ou faire écouler
l'eau du canal.
LANÇU i fubftantif mafculin. C'eft
te I chez les Chinois une Seûe de reli-
que pour les vaifteaux les plus pro- J gion , qui porte le nom de fon Au«
tonds ) enfin la lancette à abcès qui | teitf >* contemporain de Confueius^
Tomi XV. A a a
s»'
■ **»
370 LA-N
lequel fut tppelé Lançu » c*eft-i-
dire , Philojophe ancien , parceqtton
feint qa*il demeura quatre- vingt
ans dans le ventre de la mère avant
de naîcre- Ses Sedlacciirs croient
qu^après la mort leurs âmes & leurs
corps feront tranfportés au ciel pour
y goûter toutes forces de délices.
Ils fe vantent aufli d'avoir des char-
mes contre toutes fortes de mal-
heurs , & de chafTer les démons des
corps & des lieux dont ils fe font
emparés.
Ce Lançu ne feroit-il pas le mè-
ipe que Lao-kiun. Voyez ce mot. 1
LANDAFF ; petite ville d'Angleterre,-
au Comté de Glamorgan , dans la
Principauté de Galles , fur la Tave ,
au-Kle(ibus de CardifF.
LANDAN ; fubftantif mafculin. Ar-
bre fort gros qui croit aux iles Mo-
luques où il s'élève i la hauteur de
vingt pieds: fes feuilles refTemblent
à celles du coco , mais elles font
plus petites : il fournit en abondan-
ce une moelle qui eft fous fon écorce,
& dont les infulaires font une ef-
pèce de pain : on tire du coton de
fes feuilles , & les petites nervures
tiennent lieu de chanvre.
LANDAU j ville forte de France , dans
la baflè Alface, fur la rivière de
, Queich , à cinq lieues , oueft-fud-
t>ueft , de Philipfbourg , & à quinze
lieues , nord-nord- eft , de Straf-
bourg , fous le Z5^ degré , 47 mi-
nutes , j o fécondes de longitude ,
& le 49^ , Il minutes , }8 fecon-
. des de latitude^ Cette ville étoit
autrefois une des dix villes Impé-
riales de la préfedture de Haguenauj
mais elle fut cédée i la France par
la paix de Munfter en i ^48 . Au com-
mencement de ce fiècle elle a éré
prife & reprife plufieurs fois par les
Impériaux & par les François , Se
cn^n le traité de Ba^a^q a afluré
la pofTefllion i ces derniers. Elle ne
dépend d'aucun fiailliage partial'
lier & fe gouverne par fes propres
Officiers.
LANDAW j nom de deux petites vil-
les d'Allemagne , dont Tune eft
fituée dans la batTe Bavière , fut
Hsère » i fix milles de Landshut en
allant vers Paifau ; & l'autre dans
le Comté de Waldeck , fur une
haute montagne.
LANDE j fubftantif féminin. Grande
étendue de terre où il ne vient que
des bruyères , des genêts , des ron-
ces , &c. Un pays rempli de landes.
Landes , fe dit âgurément pour (igni-
fier des endroits fecs & ennuyeux
qui fe trouvent dans un ouvrage.
Ceft un poïmc oà les landes font
communes*
»
On appelle les Landes , ou le pays
des Landes, une contrée de Gafcogne
d'une étendue affez confidérable»
Se qu'on divife eu grandes & en
petites landes. Les grandes landes
font entre Bordeaux & fiayonne «
& les petites tildes entre Bazas Se
le mont de Marfan.
Le pays des landes comprend
quatre Vicomtes qui font Dax »
Albret , Tartas & Aort. Dax eft le
Siège & le Chef-lieu de la Séné'
chauffée & de l'Eleâion des Landes.
En général le fol eft ingrat & fa-
blonneux dans cette contrée : on
n'y recueille prefque que du petit
feigle , d'ailleurs les eaux y font
mauvaifes & l'air peu falubre.
La première fyllabe eft longue &
la féconde très brève.
LANDECK j petite ville de Siléfie,
dans le Comté de Gratz. Elle eft
remarquable par fes bains d'eaax
minérales. .
LANDE D'AIROUjbôurg de France,
. çnNormtndiej fur la petite rivîèxe
: 'd*Aîrott » â fepc lieues , fud*fad-eft »
de Cottcancesr-
XANDELLE j bourg de France en
Normandie , à deux lieues j nord-
oucft , de Vjre.
LANDELLES j bourg de France en
Normandie , à cinq, lieues , fud-
oueft , d'Avranches.
XANDEMONT; bourg de France en
Anjou» environ à douze lieues »'
oueft-fujl-oueft , d'Angers.
LANDEN ; petire ville des Pays-Bas
. Autrichiens , dans le firabant , fur
le Beck , à fept lieues , fud-eft ,
de Louvain.
LANDERNAUj petire ville de France
en Bretagne , fur la rivière d*El •
horne , au diocéfe de Saint-vPol de
Léon . C'eft le chef-*lieu de l'ancienne
Baronie de Léon.
LANDES ; bourg de France en Sain-
ronge , â deux lieues , nord-oueft ,
de Saint- Jean d'Angely.
L ANDÈ VE ; Abbaye régulière d'hom-
mes , de rOrdrc de Sainc-Âuguftin,
en Champagne > à trois lieues, iud-
eft , d'Atcigny. Elle jouit êc 4000
livres de rente.
LANDEVENEC i bourg de France ,
en Bretagne , i quatre lieues , fud-
eft j de Breft. Il y a une Abbaye de
Bénédiâins , qui eft en commende
& qui vaut au titulaire (>5oo livres
de rente.
LANDGRAVE i fubftamifmafculin.
On donnoit anciennement ce titre
en Allemagne i des Juges qui ren-
doient la juftice au nom des Em-
pereurs dans rintérieur du pays j en
quoi ils difFéroient des Margrdvey
?iui étoient Juges des Provinces
tontières. Peu â peu ces titres font
devenus héréditaires » & ceux qui
les po(rédoient fe font rendus fou-
' verains des pays dont ils n étoient
originairemeo( que le$ Jttg9JU ;
n
LAN 371
Aujourd'hui on donne le titre de
Landgrave par excellence,à des Prin-
ces Souverains de l'Empire , qui
pofsèdent héréditairement des Etats
qu'on nomme Ladgraviats , & donc
ils reçoivent Tinveftiture de l'Empe-
reur. On compte quatre Princes
dans l'Empire qui ont le titre de
Landgrave ; ce font ceux de Thu-
ringe , de HelTe , d'Alface & de
Leuchtenberg. Il y a encore en Alle«
magne d'autres Landgraves : ces
derniers ne font point au rang des
^ Princes y ils font feulement parmi
les Comtes de l'Empire \ tels font
les Landgraves de Baar, de Brif-
au, de fiurgend, de Kletgow^ de
fellenbourg , de Sauflfemberg , de
Sifgow , de Stev^ningen , de Stu-
lingen , deSundtgau » de Turgow^
de walgow. ?
LANDGRAVIAT; fubftantif tnaf-
culin. Étatd'ùnLandgrave. I^Ltf/i^"
graviat de Hejfe.
LANDI j fubftantif mafculin. Nom
d'une foire qui fe tient à Saint-De-
nis en France. C'eft un jour de var
cance pour les Juridiâions. de Paris
& pour rUniverfité, Anciennement
le landi ne pouvoir être ouvert qu'a-
. près la bénédidion du Reâeur qui
s'y tranfportoit en pompe & en cé-
rémonie.
Lanpi , s'eft auflî dit de l'honoraire
que les écoliers dot^noient â leurS
Régens vers le temps de la Foire
de ce nom. Cétoit fix ou fept écus
d'or qu'on fichoit dans un citron Sc
qu'on mettoit dans un verre décrit
tal. Cet argent fervoit à défrayer
le Refteur & fes fuppot? lorfqu'ils
alloieny ouvrit la foire i St. Denis.
LAN DIE i ternie d'anatomie , fyno-
nyme de nymphes. Voyez ce mor;
LANDIER i fubftantif mafculin- Gros
chenet de fer en ufage daoi^er
cuifinejt 1
Aaâ i|
37» LAN
On dh proTerbialement dt quel-
qu'un dont le caraâère eft froid ^
qu'i/ eji froid comme un Undtcr.
LANDIVISIAÙ j bourg de France en
Bretagne , i cinq lieues , fud-fud-
oueft , de Sainc-Pol de Léon,
LANDIVY j bourg de France , dans
le Maine ^ i quatre lieues , fud-
fud- oueft , de Morrain.
LANDRECIES , ou LANDRECY j
' ville forte de France , dans le Hai-
nault ) fur la Sambre . à fept lieues,
eft-fud-eft, de Cambrai. Elle fut
cédée à Louis XIV en 165 9 , par le
traité des Pyrénées. Ses fortifica-
tions font du Chevalier de Ville Ce
du Maréchal de Vauban.
LANpREUX ; vieux mot qui figni-
fioit autrefois ii^firme.
LANDSASSE ; fubftantif mafculin.
C'eft en Allemagne celui dont la
J^erfonne & les biens font fournis à
a juridiâion d*un Prince qui relève
lui - même immédiatement de l'Em-
pire. Tels font les Bavarois j les
Saxons , &c.
LANDiSBERG ; petite Ville d'Aile-
magne , en Bavière , fur le Leck ,
a vingt mille pas au-deffous d'Aug-
Ibourg.
Il y a une autre ville de mcme nom
au Royaume de Prufle , dans la Pro-
vince de Natangen , entre Barrenf-
rein & Zinten.
Landsberg , cft encore le nom d'un
bourg ou petite ville d'Allemagne
dans la Mifnie • affez près de
Hall.
LANDSER ; bourg de France dans le
Sundrgaw , à trois lieues , nord-
oueft, d'Huningue. Ceft le Siège
d'un des cinqs Bailliages du Sundt-
gaw.
lANDSHUT; ville forte d'Allemagne
^âns la baflTe Bavière , fur Tlfer , â
quatorze lieues, f*d, de Hatif-I
Mnne» . , ' '' 1
LAN
11 y a encore deux autres vîQes
de même nom dont une en Siléfie,
au Duché de Schweidnitz» remar^
quable par fon commerce de fil Sc
de toile de lin \ & l'autre en Mora--
vie , fur la Morave , au-deflus de
Goding. Celleci fut brûlée en 170^
par les mécontens de -Hongrie.
LANDSKROON} châreau fort de
France en Al face, dans le Sundtgaw»
à une lieue » fud-oueft., de oâle.
Landskroon , eft auili le nom d'orne
ville forte de Suède , dans la Scanie,
fur le Sund » à cinq lieues , nord-
eft y de Copenhague. Les Danois la
cédèrent aux Suédois en 1 ^ 5 8 , par
le traité de Rofchild,
LANDSPERG , ou LANDSBERG j
ville d'Allemagne dans la nouvelle
Marche de Brandebourgs fur la
Warte , près des frontières de la
Pologne-
Il y a une autre petite ville & an
canton de même nom en Allemagne,
dans le Duché de Deux Ponts.
LANDSTUL } bourg d'Allemagne ,
cfans^ Wafgow, entre Deux Ponts,
& Keiferflautern. Elle appariiemau
Prince de Deux Ponts.
LANEBOURG; petite ville de Sa-
voie , au comté de Maurienne> fur
la rivière d'Arc.
LANERET; fubftantif mafculîn. Ceft
le mâle du lanier. 11 vole pour la
corneille , pour le courlis &c. f^oy.
Lakier.
LANERK; ville d'Écofle, capitale
de la Province de Clydfale , près de
la Clyd ^ à trois lieues , fud-oneft ,
d*Hamilton.
LA1«GAGEi fubftantif mafculîn.
Idiome; manière de parler d'une
nation. Le langage chinois ejl peu
connu en Europe* Ceft un langage
qtf aucun de nous ne comprend. Il
connoit le tangage de la plupart des
naihns de J^E'ilrQpié
LAN
On die dans cette acception que
tapoifie ejl le langage des Dieux.
Langage, (ignifîeaufli dircoucs,ftyIe
& manière de parier. Vn langage
rempli d* allégories. Un langage fleu-
ri • C*eft un mot du vieux langage.
Langage, fe dît encore de la manière
de parler de quelque chofe , eu
égard au fens plutôt qu'aux mots &
â la diâion. On lui fit changer de
langage. Ce neft pas là le langage
et un honnête homme.
Langage , fe dit par extenfion , de
rout ce qui fert à faire connoîcre la
penfée fans parler. Les amans em-
ploient le langage des yeux pour ex»
primer leurs Jeux* Les deux ont un
langage muet qui annonce la gloire du
Créateur.
Langage , fe dit aufli de la voix j du
ai, du chant, &c. dont les ani*
maux fe fervent pour fe faire en-
tendre. Le rabin Efra dit quEve
comprenoitk langage des animaux.
Les Prêtres d^ Apollon Je vantoient
^defavoir le langage des oifeaux.
La première fy llabe eft moyenne,
la féconde longue , & la troifième
très-brève.
LANGARD, ou Langart ; vieux
mot quiiignifioitautrefois un grand
parleur.
LANGE; fubftantif mafcalin. Mor-
ceau de toile ou d'étofFe dont on
enveloppe les enfans au maillot. Les
langes qui touchent immédiatement
â 4a peau font de toile \ ceux de
deflusqui fervent à la pnrure, font
de fatin ou d autres étoffes de foie ,
& les langes d'entre deux qui fer-
vent ï entretenir la chaleur foot de
laine. Le Pape envoie des langes
bénits au Roi, â la naiffance du
Dauphin , parcequ'il reconnoît l'hé-
ririer préfomptil de la Couronne
pour fils aîné de l'Églife.
LANGEAC ^ ville de France en Au-
lAN 373
vergne , fur TAliier 3 â fept lieues ,
eft , de S. Flour.
LANGELANC ; petite île de Danne-
marck dans lamer Baltique. Le blé,
les pâturages & le poidon s'y trou-
vent affez abondamment Du refte,
il n*y a qu'une pente ville ou bourg
appelé Rudcoping, une fortereflè
& (ix villages.
LANGENBOURG} petite ville &
Château de Franconie , dans le
Comté de Hohenloe.
LANGESTj ville de France en Tou-
raine, fur la Loire, â cinq lieues,
oueft-fud-oueft , de Tours , dans
uneconrrée fertile^ où l'on recueille
entr autres fruits, d'excellens me*
Ions. C'eft le Siège d'une Juftice
Royale, d'un grenier i fel, £c«
LANGHARE ; fubftantif mafculin,
Arbriffeau de Tîle de Madagafcar,
dont les f^^euilles font déchiquetées
comme celles du châtaigner, mais
plus dures & plus piquantes. Ses
âeurs naiflent fur l'écorce du tronc
fans avoir de queue \ ce tronc qui
eft droit en eft tout couvert^ elles
font rouges comme du fang , d'un
goût acre qui excite la falive :
elles purgent violemment au poinc
que les habitans les regardent coq>»
me un poifon.
LANGJEAN ; ( Rémi ) nom d'un
Peintre de Bruxelles , le plus eftimc
des élèves de Vandyck. Il a formé
fa manière fur celle de fon maître ,
& il a alfez bien faifi fon coloris ^
mais il n'a pu atteindre à la même
fineflfe de deflein. On voit peu de
tableaux de chevalet de Langjean;
fes principaux ouvrages font des
fujetsde dévotion, peints en grand»
il y en a â Bruxelles, à Louvain,
â DulTeldorp, &c.
LANGIONE; viHe confidérabled'A-
fie , capitale du Royaume de Lao,
furie MécoD, à 54 lieues^ nord-
374 LAN-
eft» d'Ava» fous le ii^ degré lo
minutes de longitude j & le vingt-
deuxième , } 8 minutes de latitude.
Les Talapoins feuls y ont le droit
de bâtir leurs maifons de pierres &
de briques.
LANGOGNE; ville de France dans
le Gévaudan , fur TAllier , à huit
lieues « nord-eft , de Mende,
LANGON } ville de France dans la
' Guyenne, fur la Garonne, d cinq
lieues , nord-nord-eft » de Bazas.
LANGONEi fubftanrif féminin, Ceft
le nom d'une monnoie du treizième
fiècle, frappée à Langres au coin
de rÉvèque de'cette ville , qui avoit
obtenu de Charles le Chauve le
droit de battre monnoie, privilège
que confirma l'Empereur Charles
le Gros.
LANGOU ; (ubftantif mafculin. Fruit
deTilede Madagafcar qui relfemble
â une noix anguleufe^ & qui croit
fur une plante rampante. Les habi-
tans le mâchent pour fe noircir les
dents , les gencives & les lèvres y
ce qui eft un agrément chez eux.
LANGOUREUSEMENT i adverbe.
Languide. D une manière langou-
reule. Elle le regardait langoureufe-
ment* '
LANGOUREUX , EUSE ; adjeaif.
Languidus. Qui eft en langueur. Elle
fut long^ temps langoureuje.
On dit par dériuon de quelqu*un ,
x^iïil fait le langoureux auprès d'une
jemmc ; pour dire , qu il fait le paf-
donné auprès d'elle.
Langoureux , fignifie aufll^qui mar-
que de la langueur. Un air langou-
reux. Une voix langoureufe. Des re-
gards tendres & langoureux»
La première fylîabe cft moyen-
ne, la féconde brève , la troifième
longue , & la quatrième du féminin
très-brève.
J-ANGOUSf E i fubftantif mafciUin.
LAN
Sorte d*ccrevi(Iê de mer dont nous
avons parlé au mot écreviffe.
LANGOUTI i fubftantif mafculin U
terme de relation. C*eft feloD M.
de la Boulaye , une petite pièce d'é-
tofFe ou de linge, dont quelques
Indiens fe fervent pour cacher^ le^
parties qui diftinguent le fexe.
LANGRESj ville Épifcopale de France
en Champagne , fur une hauteur ,
près de la Marne, â quatorze lieues,
nord-nord eft, de Di|on, & à foi-
xante-trois lieues, eft-fud-eft, de
Paris , fous le vingt-deuxième de*
gré, cinquante-neuf minutes, vingt-
trois fécondes de longitude , & le
quarante feprième, cinquante-deux
minutes , dix-fept fécondes de lati-
tud;î. Ceft le Siège d*un Préfidial,
d'un Bailliage, d'une Eleâion, d'un
Grenier à fel , &c. Il y a des Jaco'
bins, des Capucins, des Carmes
Déchauftes, des Annonciadest des
Utfulines , des Vifirandines & des
Dominicaines. Il s'y fait un com-
merce confidérable de coutellerie.
Certe ville a elfuyé diverfes ré-
volutions : elle fut prife & btùlée
dans le pafTage d'Âtila, fe rétablit
& éprouva le même fort , lors de
l'irruption At% Vandales > qui maf-
facrèrent Saint Didier , (on Évê-
que , l'an de Jérus-Chrift407. Après
que les Barbares eurent envahi l'Em-
pire Romain , Langres tomba fous
le pouvoir des Bourguignons, &
continua de faire partie dece RoyaO'
me, fous les Francs,Vatnquenrsdes
Bourguignons. Elle échur à Charles
le Chauve par le partage des en&ns
de Louis le Débonnaire. Elle eut en*
fuite fesComtes particuliers JHfqu'à
ce que Hugues III , Duc de Bour-
gogne,ayant acquis cecomtédeHen-
ri , Duc de Bar ^ le donna vers l'an
1 1 79 » â Gautier fon oncle , Évêquo
4le Langres^ en échange du donxaini
LAN
•
<Ie Dijon ; & dans la fuice le Roi
Louis Vil érigea ce comté en duché,
tn annexant la ville à la Couronne.
C*eft de celte manière que les
Êvèqaes de Langres réunirent Lan-
gres au domaine de leur Églife , &
devinrent trcs-puifTans en qualité
de Seigneurs féodaux dans toute
laendue de leur Dioccfe. Odon,
Comte de Nevcrs & de Champa-
gne y leur fit hommage pour le
Comté de Tonnere y Se cet hom-
mage leur fut renouvelé par Mar-
guerite Reine de Suède & femme
du Roi Charles. Les Rois de Na-
varre , les Ducs de Bourgogne pour
leurs terres de la Montagne, & les
Comtes de Champagne pour plu-
iîeurs villes & feigneuries, fe virent
auâî leurs fcudataires , de forte
qu'ils comptoient parmi leurs vaf-
leaox, non- feulement des Ducs,
mais encore des Rois.
Il neft donc pas étonnant que
TÉvcque de Langres ait obtenu de
Charles le Chauve' le droit de battre
monnoie , & que ce privilège lui ait
été confirmé par Charles le Gros.
Enfin quoique la face des affaires ait
bien changé , ces Prélats ont tou-
jours eu, depuis Philippe le Belj
rhonneur d erre Ducs &r Pairs de
France jufqu'd nos jours. L'Évèque
de Langres eft refté , comme autre-
fois fumragant de l'Archevêché de
Lyon. Son diocèfe qui comprend
la ville de Tonnerre , eft en tout
compofédecent quarante-cinq cures
fous fix Archidiacres.
LANGRUNEj bourg de France en
Normandie » fur l'Océan , à quatre
lieues, nord-nord-oueft j deCaen.
LANGUE j fubftantif féminin. Un-
gua. Mufcle très-agile qui remplit
la capacité de la bouche » & qui eft
Torgane propre & icnmédiat de la
parole de des favcors. U eft d'une
LAN 375
longueur & épaifTeur confidérables }
mais il eft beaucoup plus épais à fa
bafe que vers fa poinre. 11 réfulte
de Taflemblage de différens muf-
cles qui le rendenr très-mobile en
tout fens.
Ce mufcle a différentes attaches;
la partie poftérieuretient â Toshyoï*
de ; en bas il eft annexé à la mâ-
choire inférieure, par deux de fes
mufcles, & far un ligament qui
lui eft particulier , & que l'oti ap*
pelle leyr^i/2 ou le ^/er. Sa fubftance
eft un tiftu de fibres charnues entre-
mêlées de glandes, de papilles ner«»
veufes, de veines , d'artères & de
nerfs \ les fibres mufculcufes font
diverfement dirigées , & fuivant
que chacune fe racourcit , la langue
peut fe replier en divers i^m. On y
obferve rrois fortes de fibres lon-
gitudinales, qui vont de la bafe à
la pointe \ les unes pour y arriver
fmdent par le milieu du corps de la
angue ; celles-ci en fe racourcifianc
attirent la pointe vers la bafe \ les
autres font du côté droit , & en fe
racourcifiant elles tirent la pointe
du côté gauche. Pareillement la lan-
gue eft coupée par des fibres tranf-
verfalesquL vonr d'un côté à l'antre \
celles-ci font perpendiculaires aux
longitudinales & s'entrelacent avec
elles , de forte que cjuand elles fe
racourciflènt elles allongent & arron-
diffent la langue , en la rendant plus
épaifTe & moins applatie. On re*
marque outre ces dernières, d'au*
très fibres obliques , qui conpenc
les longitudinales te les tranfverfa-
les à angles aigus ; en fe contraâanc
elles diminuent la longueur de la
langue. On en reconnoîr enfin qui
vont perpendiculairement de hauc
en bas félon répaiflfeur de la langue»
Ces dernières en fe racourciftànt p
approchent la furface fupéiieuc»
ijë LAN
de UUngtie,derinférieure, c'cft-e
à dire » qu elles la rendent plus
mince & plus applacie.
La langue a pludeurs membra-
nes 2 la première ou celle de deflbus
eft cendineufe j elle eft une produc-
tion des tendons des fibres char-
nues , & il s'élève fur cette mem-
brane de petites papilles en for-
me de cornes de limaçon » ou de
petits champignons. Il s'en trou-
veà l'extrémité beaucoup plus qu'ail-
leurs , & entr'elles il jr en a une
inanité en forme d'arc , & d'au-
tres qui font pointues » & qui fe
recourbent vers le derrière ; on en
remarque encore de grandes vers la
bafe » mais en petit nombre && qui
font en forme d'ombilic. Ces papil-
les font logées dans les cavités de
la féconde membrane , que Ton ap-
pelle véficulaire , & font revêtues
d'une membrane diflférente , très-
déliée & qui fert comme d'épider-
meâ la langue. Ce font ces ma-
melons qui lont les inftrumens im-
médiats du goût. On trouve aux
environs de ces papilles de petites
glandes , qui ne font pas plus volu-
mineufes que des grains de moutar-
de vers la partie antérieure ^ mais
qui augmentent en groltèur â me-
fure qu'elles fe trouvent plus près
de la poftérieure \ la face inférieure
de la langue n'a ni papilles , ni tiffu
réciculaire , & n'a par conféquent
aucune part aux fenfations des fa-
. veurs.
La langue a plufieurs paires de
mufcles \ Ja première eft iesgemo'
glojfcs ^ la féconde les bafio-gloffcs ^
la troifième les ccratoglojfes « la qua-
trième les ftyloglojjcs , à quoi
quelques auteurs ajoutent pour cin-
quième le chondro-glojfc & le my-
loglojjc. C'eft au moyen de ces
. diffécens mûfcles que la langue
LAN
exécute fes divers mouvemens.
Les ufages de la langue font i ^.
d'aider à la maftication en tournant
les alimens dans la bouche, &
en fourni ifant par (es , glandes
un fuc propre à les diffoudre. 2°.
De fervir i la déglutition par le
jnoyen de ces mufcles qui rappro-
chent fa bafe & la collent au palais.
}^. Elle eft l'organe fpécial du goût.
4^. Elle concourt à larticulation de
la voix. 5^. Elle nétoie les dents &
toute la bouche des reftes d'alimens
qui y caufent de Tincommodité ^ &c.
On dit proverbialement en par-
lant de quelqu'un pour qui on n a
point de compaffion , je lui vcrrois
tirer la langue d'un pied de long y que
je ne luidonnerois pas un verre d'eau^
On dit familièrement d'une chofe
mince & déliée, <\\JLelle efi minu
comme la langue d'un chat.
On dit aulii familièrement, avoir
la langue bien pendue; pour dire,
avoir une grande facilité de bien
parler. Et , afoirla langue tien affi»
lee ; pour dire, parler beaucoup &
facilement.
On dit encore familièrement,
avoir une grande volubilUé de langue ;
pour dire , parler avec une grande
rapidité. Et, qu'u/i^ chofe a dénoué
la langue à quelqu'un; pour dire,
qu'elle lui a donné plus de facilité
déparier.
On dit au(fî familièrement d'une
perfonne qui parle beaucoup, que
la langue lui va toujours.
On dit encore familièrement de
quelqu'un , qu'i/^z bUn de la langue;
qvCil a la langue bien longue , qaV/
ne /auroit tenir /a langue; pour dire,
qu'il découvre tout ce qu'il fait , 8c
Qu'il ne peut rien tenir caché. Et Toa
dit par oppofition d'un homme fe-
cret & qui parle peu , qa'i/ napoint
de langue.
On
LAN .
On die auflfi dans le même Ctni »
qtt*fin homme ejl maître ou n*eji pas
^maître de fa langue.
On dit figuremenc & familière--
ment de. Quelqu'un qui parle facile-
ment & élégamment , que cefi une
langue dorée.
On dit de quelqu'un » qu'i/ a
la langue graffe ; pour dire j qu'il a
la langue cpaiflTe, & qu'il prononce
mal certaines confonnes > fur-tout
les r.
On dit familièrement de quel-
qu'un qui par mégarde ou autre-
ment dit un mot différent de celui
qu'il auroit fallu dire , que la langue
lui a fourché.
On dit figurément de quelqu'un
qui a poutume de médire & d'atta-
quer la réputation d'autrui» que
cefl une mauvaife langue , une langue
* dangereufe^ une langue de vipère^
une langue dejerpent. £t Ton appell^
Beurément coup de langue , une mé-
difance ou un mauvais rapport que
l'on fait.
On dit proverbialement dans ce
iens, qu'il//! coup de langue ejlpire
.qu'un coup de lance.
On dit figurément & familière-
. ment » donner du plat de la langue /
. pour dire , flatter quelqu'un dans la
vue de le tromper, en lui donnant
de fanfles efpérances.
On dit , <\\xon a un mot fur le
bout de la langue; quand après l'a
voir cherché cUns fa mémoire j on
croie être prêt à le trouver ou à le
ilire.
On dit proverbialement & figu-
rément » beau par Ur n écorche point
la langue ; pour dire «.qu'il eft tou-
jours expédient de parler honnête-
ment & civilement.
On dit aufii proverbiafement ,
0gurément & familièrement, qui
J^ngue aj à Rome va ; pour àiï^ ,
Tom^ XF.
^ A N 377
que quan4 on fait un peupatler , on
peut aller par-tout.
On dit, prendre langue , pour
dire , s'informer de ce quife palFe ,
de l'état d'une affaire , àà caradère»
des difpofitious de ceux avec qui
l'on doit traiter. Nous primes langue
avant d'entrer dans la ville.
Langue, fignifie auifi l'idiome. Tes
termes & les façons de parler donc
fe fert une nation.
On convient en général que tout
les peuples de l'Europe , à l'excep-
tion des Sarmates j des Grecs & aes
Romains,ont parlé la même langue;
favoir,la langue celtique qui ne s'eft
confervée pure, que dans les con-
trées qui n'ont pas fubi le joug dea
Romains ; qu'au refte cette langue
a formé autant de dialeâes , qu il
s'eft fait de migrations, & qu'il eft
encore aifé de reconnoître, en les
fuivant de branches en branches »
des rraits de leur origine com-
mune.
La langue tudefque ou gothique
des quatrième & cinquième fiècles »
a de grands rapports, félon M.
Maller , avec le Bas-breton , ou le
Gaulois, & quelques-uns avec l'If-
landois. On la parle encore aujour-
d'hui , fans beaucoup de change-
mens , en Iflande , & dans les pro^
vinces les plus, reculées de la Suéde.
Le Danois j le Norvégien , le Sué-
dois, ne font évidemment que la
même langue, & ont les plus grands
rapports avec l'Allemand , fur-touc
avec celui qui fe parle dans la baflTe
Allemagne) mais il fembleque lei
Afiatiques qui s'établirent dans la
Scandinavie, & dans le nord de l'Ai*
lemagne fous la conduire d'Odin »
y aient introduit un dialeûe plus
doux , quelques mots nouveaux en
très- petit nombre, 6c des termi'
A^ifoos on peu 4i(férenre$.
• 8bb
37» , LAN •
Lorfque les Francs eurent forcé
le pafTage du Rhin qui tenoic lieu
de barrière aux Romains contre les
invadons des Barbares du nord , Se
' qu'ils fe furent emparés des Gaules,
ils y trouvèrent trois langues vivan-
tes , la langue celtique , qu'ils par-
loient eux-mêmes j la langue latine
' & la langue fomance.
Quelque temps après rétablilTe-
snent des Erancs il n'v eut plus d'au-
tre langue en ufage aans les Gaules
3ue la romance 8c le tudef'que. Cette
ernière éroit la tangue de la Cour
de nos Rois \ Se Charlemagne donna
tous fes foins pour la polir , l'étendre
& en faciliter Tétudejmais il ne put
jamais parvenir ^ la rendre univer-
ielle dans la monarchie ^ ni même
â la faire employer dans les loix ,
les tr^tités & autres aftes publics.
Le latin refta en pofTeflion d^ètre
la langue dans laquelle on inftru-
mentoit , & cette pofTeflîon fubHfta
jufqu*au règne de François I , qui
par une ordonnance de Tan 1 5 x^ i
' renouvelée en 15351 voulut que
la langue françoife fut uniquement
8c exclujivement i toute autre , em-
ployée dans tous les aâiel publics &
privés.
Cette même langue eft devenue
dans la fuite celte de toutes les
Cours de TEurope : lotfqu'un Mi-
nîftre allemand va ttaiter d'affaires
avec un Miniftreanglois ou hollan-
dois » il n'eft pas queftion qu'elle
langue ils emploieront dans leurs
conférences \ ils partent françois.
f^oyei au mot FiiA^içors ce qui
concerne d'ailleurs Thiftoire & le
génie de cette langue.
On dit provetbialemenr , que
^^fii^ ^ft l^ tyran des langues ; pour
dire, qu'en matière de langue Tu-
fage l'emporte fur les règles.
On appelle Ungue^vivanie, tibe
LAN
langue que toute une nation parle;
Et langue mora , grammaticale » celle
qu'un peuple a parlé » mais qui n'tft
plus que dans les livres. La langue
italienne eft une langue vivante , &
la langue latine^ ^ une langue morte.
< On appelle la langue hébraïque /
la langtiejàinte.
On appelle maître de lai^gue , celui
qui enfeigne une langue vivante. Et
enfans de langue « les jeunes gens Que
les Princes entretiennent dans les
échelles du levant pour y apprendre
les langues orientales » & devenir
capables de iervic d'interprètes ou
de truchemens.
Langue , (e pr^nd auffi quelquefois
pour nation. Ainli en parlant des
différentes nattons de l'ordre de
Malte , on dit , la langue de France »
la langue de CafiilU , la langue £Al\
^ lemagne\ tcc.
Langue , fe dit en termes de Marine »
d'un morceau de toile étroit par le
haut & large par le bas » qu'on met
aux côtés de quelques voiles. •
On appelle langue de carpe ^ un
outil tranchant des deux cotés , &
^ par t'extrémiré faite comme une
langue de carpe , 8c dont les Ar^
juebufîers fe fervent pour créa-
er, fcutprer, &c.
On appelle langue et une halana »
un petit fiyle perpendiculaire au
fléau , & qui doit être caché par la
cbafle de la balance » lorfqtte la ba*
lance eft en équilibre.
Figurément » on appelle langue ie
t€rre , certain efpace de terre oeaii-
coup plus long que large » cjui ne
tient que par un bout aas autres
terres 8c qui eft entouré d'eau de
tous les c6tés. Une langue de ttrre
qui s'avance d'une lieue dans la mer.
On donne aufli le mfrme non a
une pièce de tene longue & éuoitt
?"
le
LAN
Îui eft enclavée dans <raacres terres.
/ youdroit acheter cette loitgue de
^ terre qui coupe fon héritage.
La première fjrllabeeft lodga.e,
& fa féconde très'-brève.
LANGUE , ÉE ; adjeékif & terme de
Tare héraldique, qui fe dit des oi-
feaar, aigles \ &c. donc ta langue
eft d'un autre émail c)ùe le côr{H de
Tanimal.
Do FAf Nc , au Pays-bâs, à Taigle
' an vol abatflé ^ langue & membre de
gueales.
LANGUE DE fiOUQ} veyèif^ Vfpâ-
RIKB.
LANGUE DE CERF , ou ScoLOi^te^-
ORB yuLGAlRB j Hngua cervlna.
Plante qui naît dans les puits , les
fontaines , dans les fentes des pie ti-
res y fur les rochers 6c à Pom{)re.
Ses racines font capillaires , noirâ-
tres, nombreufes , entrelacées avec
\t% queues des vieilles feuilles : elles
pouffent huit i dix feuilles , lon-
gues de dix pouces ou environ ,
oretflées à leur nailTance , pdintùes
â leur extrémité ^ d*un vert gai ,
liffes , & portées fur une qaeue très-
longue terminée p.tr une toteaui
règne dans lé miheu de la feuflle.
Il femble que cette plante n*ait
point de (leurs ; mais elle porte
f»lufieurs capfnles dans des (liions
euillés & roufsârres qui fe trouvent
fur le dos des feuilles. Quoique ;ces
capfules foient très-petites , cepen-
<lant on les découvre facilement
par le moyen du microfcope ,*elles
font munies chacune d'un anneau
élaftique , lequel en fe contraébnt
«u en fe féchant , ouvre la capfule ,
de laquelle il fort beaucoup de fe-
mences menues comme de la pouf-
iière.
Cette plante eft d*un goût acerbe ,
te répand une odeur herbenfe :
^le eft tm peu aftringente > ic COQ^
vietitponr le gonflement de la rate ,
le cours de v^ntte, le crachemenc
de fang) on a coutume de la joindre
an ancres plantes capillaires dans
les bovitlons béchiques àc vulné-
raires.
LANGUE DE CHIEN ^ fabftantif
féminiiit CynogloOitrfu Plante x[\A
vienraùx Iteuic arides. Sa racine eft
dtoite , noirâtre en dehors , blanche
en dedans , femblable à une lAve ,
d'une odeur forte , d'un goût fade
6c (mucilagioéux. Ses tiges Ibnc
rameufei ^ îamtgineufes « hautes de
deux pieds4 fefe feuilles longues »
étroites > pointues ^ lanugineiires
8i d'une odeur forte. Ses fleurs
naiffent le long des branches , 8c
font à peujirès femUables à celles
de la buglofle , d'uûe couleur rouge
fale. A ces tleurs focoèdent un fruit
' Â quaore capfules^ bécifTéek de poils
piquans qui s'attachent aui habits.
Chaque capfule comient une fe-
mence aplatie. La racine & les feuil-
les font d'ufdee pour arrètet les fiux
de toute efpèce :.on les eftime en*
cote narcotiques ftanodines..
LANGUE DE SERPENT j fubflan-
tif féminin. Plante qui n'a point
de fleurs , mais qui porte un fruit
en forme de langue , divifé longi*
tudinalemenr en deux rangs de cel-
lules ; ces cellules s'ouvrent d'elles-
ttiêmes & le. fruit devient enfuite
dentelé dé chaque coté, il 7 a dans
les entailles une pouflière très**
menue que l'on reconnoît pour des
femeoces i l'aide du microfcope.
Cetteplante eft vulnératte& boline
contre les hernies.
On appelle aufli mak t mpropre*
ment langue deferpent^ des dents
de pôitfon pétrifiées , qu'on nom-
me plus comvMxiivMïii glojfopitres.
Voyez ce mot*
LANGUEDOC ; province coofidé*
B b b ij
58o EAN'
able de France , donc Touloufe eft
la ville capitale ^ &* qui eft fîniée
encre le i8« degré, 39 minutes,
& le 11^ degré , 30 minutes de Ion*
gitude j Se entre le 41® degré , 40
minutes , & le 45^ degré, ii mi-
nutes de latitude. Elle eft bornée
au nord & au nocd-oneft par le Fo-
reft , TAuvergne & le Quercy j au
midi , par la Méditerranée & le
Rouiliilon 'y i l'Orient par le Rhône
oui la répare du Dauphiné , du
Comté Vénàiffin & de la Provence}
& à rOccident par le pays de Ri-
vière-Verdun , le Comminges , le
Conferans & le pays de Foix. Elle
a foixante-huit lieues de longueur
& trente - quatre feulement dans fa
plus grande largeur. Les principales
rivières qui Tarrofent (ont le Rhô-
ne , la Garonne » TEyrieu , TArdc-
che , le Gardon , le Viftre , la Vi-
dourle , le Lez , THérault , TOrbe,
l'Aude , TArriège , le grand & le
Çetit Lers j le Tarn , le Lot , la
'rueyre , l'Allier , &c.
Le climat du Haut Languedoc
eft doux ic tempéré : celui du Bas
Langujedoc eft beaucoup plus chaud^
mais il eft en général tain 6c agréa-
ble.
Ce pays eft des plus fertiles en
grains , en fruits £c en excellens
vins. Son biftoire naturelle eft très-
curienfe par fes* eaux minérales,
fes plantes ',fes pétrifications , fes
carrières de marbre , fes mines de
tttrquoifes>6^c.
Le commerce y eft confîdérable
8c confifte particulièrement en den-
rées & en Manufaâùres de foie ,
dedrapsâc d'autres petites étoffes de
laine.
Les Romains conquirent cette
province fous le Confulat de Quin-
tus Fabius Maximus 96^6 après la
ÊMidatioQ de Rqoie : .mais quand
LAN^
TEmpice vint i s'afFaifTer fous ïio^
norius , les Goths s'emparèrent de
ce pays qui fut nommé Gothic ou
Sepcimanie dès le cinquème ficelé ;
& les Goihs en jouirent fous 3 oRois,
pendant plus d« 3 oqans.
La Gochie ou feptimanie après *
la ruine fies Wifigoths , tomba lous
la domination des Maures 9 Arabes
ou Sarrafins , Mahométans , comme
on voudra les^appeler, qui venoieoc
d'aAeryir prefque toute rEn>agne.
Fiers de leurs conquêtes , ils s a«
vancèrenp jhufqu'à Tours 4 mais ils
furent entièrement défaits par Char-
les Martel en 715. Cette vic-
toire fuivie des heureux fuccès
de fon fils , foumit la Sepci-
manie à la puiflance'' des Rois cl<$
France. vCharlemagne y nomma
dans les principales villes , des
Ducs , comtes ou Marquis , titres
qui ne défignoient que la qualité
de Chef ou de Gouverneur, Louis
le Débonnaire continua l'établifle-
ment que Ion père avoir formé.
Les Ducs de Septimanie régirent
le pays jufqu*en 9}à,que PonsRai-
mond , Comte de Touloufe , prie
tantôt cette qualité & tantôt celle
de Duc de Narbonne; enfin Amaury
de Montfort céda cette province en
1 21) à Louis VllI , Roi de France.
Cette ceflSon fut confirmée par
le traité de 1 118 ; en forte que fur
la fin du même fiècle , Philippe le
Hardi prit pofTefiion du comté de
Touloufe & reçut le ferment des
habitans , avec promedè de con-
ferver les privilèges , ufafges > liber-
tés & coutume^ des lieux.
On ne trouve point qu'on ait don-
né le nom de Languedoc i cette^
province avant ce temps là. Onap- '
pela d'abord Languedoc tous \t%
pays où Ton parloit la langue cpi^
loufaine » pays bien plus étenda
LAN
^e la province de Languedoc j car }
on comprenoic dans les pays deLan-
gaedoc , la Gîuyenne, le Limoufin
& TAuvergne. Ce mot de Lan-
guedoc vient du mot oc dont on fe
iervoit en ces pays -là pour dire
oui.
Le nom de Septimanie venoit de
ce que cette province comprenoit
fept cités ; favbir , Toulouie , Be-
aiers , Nifines, Agd^» Mague-
lone aujourd'hui Montpellier , Lo-
deve & Ufez.
Enfin en i jtfi le Languedoc fut
. ' eipreflement réuniàlaCouronnepar
lettres -patentes du Roi Jean. Ainfi
le Languedoc appartient au Roi de
France par droit de conquête , par
la ceflîon d'Amaury de Monfort en
izi; & par le traité de iiiS.
C*eft un pays d'États , & en mè-
~ me temps la province du Royaume
où le Clergé eft le plus nombreux
Se le plus riche. En effet on y
compte trois Archevêchés & vingt
* Évêchés.
On appelle canal de Languedoc ,
' an fameux canal qui traverfe la
province de Languedoc , joint en-
iemble la Méditerranée & l'Océan,
& tombe dans le port de Cette »
conftruit pour recevoir fes eaux.
y6ye[ Canal.
LANGUEDOCIEN, ENNE ; fubftan-
tif. Qui eft de Languedoc. //â époufé
une Languedocienne •
LANGUES i ( les ) petit pays dltalic,
dans la partie méridionale du Pie-
mont & du Montferat. Il s'étend
entre TApennin & les rivières de
Tanare , d'Orbe & de Sture juf-
qu'aux frontières de l'État de Gè-
* nés. On le divife en deux parties
qu'on appelle les Langues Hautes 8c
les Langues Baffes. Albe en eft
la capitale. 11 eft fertile & peu-
ple.
LAN 381
LANGUETTE i fubftantîf féminin*
Il fe dit en général de tout ce qui
eft taillé en forme de petite lan-
gue. On portoit autrefois des rabats à
Languettes»
Languettb y fe dit en termes de Lu-
thiers , d'une petite foupape â ref-
fort qui fe. hauflTe & fe baiiTè , Sc
qui bouche un trou aux inftrumens
à vent. La languette £ une flûte tra^
verfière.
* On appelle languette de balon^ un
petit 'morceau de bois rond , percé
des deux côtés , auquel on attache
la veflie & par lequel on feringue l'aii;^
dans le balon.
Langpettê , fe dit en terme; de Po-
tier d'étain , d'une pièce placée fuc
le couvercle d'un vaiflTeau , attachée
i l'anfe & deftinée à faire lever le.
couvercle par i'aâion du pouce qu'on
pofe deiïus quand on veut ouvrir le
vaifleau.
Languettb , fe dit aufti de cette pe-
tite pièce de fer d'une balance ^ qui
fert à marquer l'équilibre quand
elle eft à plomb. On l'appelle autre*
ment aiguille.
Languette , fe dit en termes d'Orfè-
vres , d'un petit morceau d'or oa
d'argent qu'ils laiflent en iaiilie i
chaque pièce qu'ils fondent , Se qtii
fertâ faire Teltai avant de la mar-
quer du poinçon de la ville.
Languette , fe dit en termes <i'Im'
primerie » d'une petite pièce de fer
mince » d'un «pouce & demi de lar-
geur & d'un pouce de longueur ,
arrondie par l'extrémité , laquelle
eft attachée hors d'œuvre au chaffis
de la frifquette 9 pour fixer à l'ou-
vrier un endroit certain où il puidè
la lever & l'abaiifer i mefure qu'il
imprime chaque feuille de pa-
pier.
Languette 9 fe dit en termes de Ma-
I (onnerie , du mur qui fait la fc«
382 LAN
paratïon de deux tuyaux d€ clie-
minée.
Languette , fe dit en termes de Me-
nuiferie » de la partie d*fm ais qui
eft amincie pour entrer dans la rai-
nure d'un autre ais.
Languette , eft aufll le nom d'un
poiiTon des Indes j qui a le corps
6c la tête jaunes : il eft armé de m
ou fept aiguillons fur le dos , i la
fuite defquels eft une forte nageoire
qui fe replie vers la queue & au-
delTous du ventre. Il a un aiguillon
entre fes nageoires , dont les pre-
mières font contre fes ouies. Les
Chinois mettent ce poilTon au nom-
bre dés mets délicieux.
LANGUEUR j fubftintif féminin.
Langon FoiDléfTe , abattement ,
état d'une perfbnne dont les forces
feconfument peu à peu. La langueur
e/I un fymptôme propre aux maladies
chroniques. Elle ejl dans une langueur
extrême* Tomber en langueur.
En parlant de l'écat où la terre a
accoutumé d*ètre en hiver » on dit
fSgu rément j que toute la nature eft
alors en langueur. Et Ton dit <^un
arbre eft en langueur , quand il n'eft
pas en . aufll bon état qu à lordi-
naire.
I.ANGVEUR. , fe dit auflii de Tennui ,
de la trifteffe & des paffions vio-
lentes qui abattent ou qui accablent
Tefprit. Depuis qu*il aperdufonfils^
fon efprit eft dans un^ langueur incon-
cevable^
On dit dans ce fens , tenir quel-
?]uun en langueur ; pour dire » lui
aifler long-temps efpèrer une chofe
qu'il defire.
Les amans appellent poétique-
ment leur paflion , une amoureufe
langueur ; ic leurs maître (Tes » la
caufe ^ P objet de leur langueur.
On dit aufli figurémenc d'un
Rojraume I d'un Empire don; 1m
LAN
affaires vont en décadence » qu'i/ tjl
en langueur.
La première fyllabe eft moyenne
& la féconde longue.
LANGUEYÉ, ÈE; participe palBf.
/^oy<r^ Langue YKR.
LANGUEYER } verbe aâif de la pre-
mière conjugaifon^ lequel fe conja^
Î(ue comme Chanter. Vifiter li
angue d'un porc pour reconnokre
s'il eft faiti on ladte. Pour tangueyer
un porc on lui met un bâton dans U
/ueule.
, NGUEYEUR ; fubftantif mafca-
lin. Sorte d'Officier ou dlnfpeAeor
établi dans les foires & marchés
pour langueyer les porcs. Le Lan-
gueyeur a rapporté que ce pore était
ladre.
LANGtJIER i fubftantif mafculin.
On appelle ainfi la langue & U gara-
ge d'un porc quand elles font fu-
mées. Les languiers dû Mans ontbeaur
coup de réputation.
LANGUIR \ verbe neutra de la fé-
conde conjugaifoD , lequel k con-
jugue comme Ravir. Languete.
être confumé peu à peu par quelque
maladie qui détruit les forces.//
y a des maladies chroniques qui font
languir longtemps. Elle languit de*
puis deux ans.
Languir, (ignifie aoA» foaffrir un'ftip^
plice lent. On le taijja languir dans
les cachots pendant plufteurs années.
On donne le coup de grâce aux cri^
minels pour les empêcher de languir
trop long temps fur la rout. On les
fit languir de faim.. Il languit de nù*
sire.
Languir , fe dit auffi figurément de
l'ennui & des autres peines d'efprit.
// a langui plufteurs années dans fat-
tente de cette Charge. Elle ne fait pas
languir long^temps fes amans.
On dit ngurément que /a nature
languit 9 que toutes les chofes Idn^
LAN
go^^cni pendant VhWtr ; pot» dire ,
que la nature eft alors fans vigueur
& cofnme engourdie.
On die auâi figurémenc « que ies
affaires languijfcnt; pour dire» qu'el-
les rrâtnent en longueur , qu'on ne
les expédie poinr.
On die encore figurémenc » qu'^^A
Royaume , qvCttn Empire languie;
' quand il eft mal gouverné ou qu'il
tend à fa ruine.
On di( auâi figurémenc, qa*un
ouvrage d'efprii languit , lorfqu'il eft
foible 6c qu'il n'a rien de vit ni de
Îiquanc. Le dernier aBe de la pièce
inguii. Si vous âr«^ €es voix du Con-
€trt , Une fera plus que languir.
On die encore figurément~, que
les nouvelles » que Us pUtfirs tan-
ffnffem ; pour clire , qu'il y a peu
de Aouvelles inréreiîànres , qu'il y a
peu de divertilTemens. «
On dir aufli que la converfation
tàaçuit; pour Are, que la conver-
iàcionn'a rien d'animé & qu'on la
tai/Te romber. «
La première fyllabe^ft moyenne,
ér U féconde longue ou brève, f^oyeai
ViRBE.
LANGUiSSAMMENT ; adverbe.
Lmnguidk D'une manière languif-
iîuic^. Elle lui tendit languijpimment
la main»
LANGUISSANT. ANTE; adjeftif.
Languidus. Qui languie. Un vieillard
hnguijfant.
On dit figurémeni , Unjfyk km-
guijfant 3 des vers taaguijfàns , un ou-
vrage hngu^ans ; pour dire , un
ftyle , des vers , on ouvrage fans
^giieor y énervés flc qui n'ont ri;;n
^piquant ni d'intéteiiant.
On dit auffi , des regards languîp
fans ; pour dire , des regards qui
marquent beaucoup d'abaciement
cm beaucoup de ieiidse& oi d'à*
LAN 383
La première fyllabe eft moyenne ,
la féconde brève , la troifième lon-
gue & la quatrième du féminin
très-brève.
LANICE i adjetaif féminin. Il n'a
d'ufage qu'en cette phrafe,Ac?ttrrc.
lanice ; pour dire , de la bourre qui
provient de la hine.Un matelas de
bourre-lanice.
LANIER ; fubftantif mafculin. Lana-
rius. Oifeau de Leurre , un peu
moins grand que le faucon -gen-
til. Il a le bec » les jambes & les
pieds bleus ; toutes les parties fu-
périeures de loifeau fonr de cou-
leur brune, approchante de celle
de la rouille de fer , quelquefois
avec de petites taches rondes &
blanches U a fur lefioni une bande
blanche qui s'étend de chaque côté
au-delTus de Tœil. Les parties in-
férieures du corps font blanches avec
des taches noires qui fuivent les
bords de chaque plume. Les gran-
des plumes de l'aîle font noires ; la
face inférieure de l'aîle étendue pa-
roît parfemée de taches bkinches &
rondes. Les pieds ont moins dé
longueur à proportion que ceux des
faucons , dos épérvi«rs , du Ger-
faut , &c. Le mâle eft plus petit que
la femelle ^ on lut donne le n<ym de
laneret. Cet oifeau niche Ifor les
grands arbres des forcis & fur les
rocheî s élevés. On Taprivoife & on
le drefle aifément j li prend non
feulement les cailks, les perdrix,
les faifans , &€. mais auâi les ca-
nards & même les grives : il lefte en
Francependant.touie Tannée.
LANIÈRE i fubftantif fémimn. lo-
rum. Bande de cuir lonzue & étroite
qu'on emploie si dilfêrens ufages,
• Une jupebordéedelamires.La lanière
ttunfguet*
La première fyllabe eft bi^ve , la
• •
3S4 " LAN •
féconde longue, & la croifiènse très-
brève.
LANIFÈRE ; adjeaif des deux gen-
res. Il fe die des animaux qui por-
renc de la laine , & des plantes qui
produifent une fubftaace laineufe
& cotonneufe.
LANION i petite ville de France , en
Bretagne » fur le Guer j à trois
lieues 3 oueft-fud-oueft , de Tre-
guier
LANlSTE;(ubftantif mafculin & ter-
me d'hiftoire ancienne. On ap-
peloit aiofi à Rome celui qui for-
moit ,'vendoit ou fourniuoit des
Gladiateurs au public. Foya^^ Gla-
diateur.
LANKAN \ grande rivière d'Afîe ,
qui a fa fourçe dans laTartarie , en-
cre dans TEmpire de la Chine où
elle arrofe la province de Junnan 3
[lour aller enfuite fe perdre dans
e golfe de la Cochinchine » vis-à-
vis de rîle de Hainan.
JLANNEPAX } petite ville de France »
dans TArmagnac , i fix lieues» nord*
oueft , d'Aufch.
LANNOY ) gros bourg autrefois de
la Flandre Françoife , mais aujour-
d*Kui de la Flandre autrichienne ,
â crois lieues » oueft-nord-oueft , de
Tournay. On y fabrique quelques
étoffes de laine.
I^ANNOY » eft auffi le nom d'une Ab-
baye d'hommes de TOrdre de Ci-
ceàux , dans le fieauvoifis » fur le
Terrein , â cina lieues , tiord-oueft»
de Beau vais. Ella eft en commende
ic vauc au citulaire environ fepc
mille, liv.de rente*
]LÀNOBRE ^ bourg de France , en
Auvergne, fur la rivière de Çhava-
non, à douse lieues, oueft-fud-ouefl,
deGlermohr,
J-ANSON î fubftantif mafculin. Pe-
fll |»Qi({bq 4ç mer dQn( l^s morues
LAN
font friandes , Se qui ferc d*applc
pour les pècher-
LANSQUENET j fubftantif mafcalm.
On donnoic autrefois ce nom i des
fantailins allemands que Charles
VI II ajouta i fon infanterie , &qui
fervirent dans nos armées jufqa'àce
que François I eue faic paroitre fes
légions.
Lansquenet , fe dit au(fi d'une forte
de jeu de hafardoù l'on joue avec
descarces.Itf lanfqucnetfcjoue à peu
près commela dupe.
L ANTÈAS^ fubftantif mafculin.Gran-.
des barques chinoifes donc Ivs Por«
cugais de Macao fe fervent pour
faire le commerce de Cancon. Elles
fonc de 7 à 8 cenr conneaux. Les
CommifConnaires porcugais y de-
meurenc cane que dure la foire de
Canton ^ parcequ'il leur eft défendu
de coucher à terre.
LANTENAC \ Abbaye de France ,
* en Brecaçne ^ à neuf lieues > fud,de
Sainc-Brieux. Elle^ft en commende
& vauc environ 4500 ]iy. de rence
au Titulaire.
LANTERNE ; fubftantif féminin.
Lucerna.Soxitàt machine de verre»
de corne » de coile» de-gaa^e , de pa-
pier ou de quelque aucrè macièce
diaphane dans quoi l'on enferme
une chandelle ou une bougie j de
peur que le venc ou la pluie ne Té^
ceigne.
Les rues de Paris fonc éclairées la
nuicpar un grand nombre de lanter*
nés depuis \666.
Qn appelle lanterne fourdc , une
force de lancerne faice de celle ma-
nière que celui qui la porce voie
fans ècre vu » & qu'il çn cache
encièremenc la lumièrQ quand il
veuc.
A la Chine on appelle Fête des
lanurncs » une Fêce qui 5*7 célèbre
le ouinzième jour du premier iqoîst
LAN
«n rofpenJAnc ce jour-là dans les
maifons & dans les rue(« un très-
grand nonibre de lanternes allu-
mées. Les Millionnaires qui dérri- 1
Yenc cette Fête > la repréfenrenr
comme une chofe très-rurieufe par
ia^multiplicité prodigieufe des lam-
fes & des lumières » par la magni-
dcence , la grandeur , tes ornemens
<ie dorure , de fculpture , dépein-
dre Se de vernis des lanternes.
On appelle lanterne magique^ une
lanterne inventée par le Père Kirc-
ker , laquelle 91 la propi4étéde faire
paroître en grand lur une muraille»
des figures peintes en petit fur des
morceaux de verre mince & avec des
couleurs bien tranfparentes.
Pour cet effet on éclaire forte-
ment par derrière le verre peint fur
lequel eft placée la repréfentation
-de Tobjet » & on place |Mtr- devant
i quelque diftance de ce verre qui
cft plane » deux autres verres lenti-
culaires qui ont la propriété d*écar-
cer les rayons qui pa^rtent de Tobjet^
Jit les rendre divergens , & par
conféquent de donner fur la mu-
raille oppofée t une repréfentation
deTimage beaucoup plus grande que
l'ob/et. On place ordinairement ces
xleux verres dans un tuyau où ils
font mobiles » afin qu*on puitTe les
approcher ou les éloigner l'un de
l'autre fiiffifammentpour rendre Ti*
mage diftinde fur la muraille.
Ce tuyau eft attaché au-devant
d'une boîte carrée dans laquelle eft
le porte-objet j & pour que la lan-
rerne fa (Te encore plus d'effet» on
place dans cette même boîte un
miroir fphérique dont la lumière
occupe à ^eu'près le foyer ; & au-
devant du porte-objet , entre la lu-
mière & lui ^ on place un troifième
rerre lenticulaire.
JLa rhéorie de la lanterne magi-
Tomc Xy.
LAN 3*5
que efl fondée fur une propofîtion
bien fi m pie ; fi on place un objet
un peu au-delà du foyer d*une Un-
tille , Timage de cet obj« fe trou-
vera de l'autre côté de la lentille ^
& la grandeur de l'image fera à celle
de l'objet , â peu près comme la
diftance de Timage à la lentille eft à
celle de l'objet à la lentille. Ainfion
pourroit faire des lanternes magi-
ques avec un feul verre lenticulaire^
la multiplication de ces verres fert
a augmenter Trffet.
Lantbrve , fe dit en termes d'Archi-
teâure, d'une forte de tourelle ou-
verte par les côtés , & pofée fuir le
comble d'une Eglife ou d'un autre
bâtiment , & d'ordinaire au-deflùs
d^n dôme*
LAifTEHNEs , fe dit auffî de certains
petits cabinets placés dans les lieux
où fe font des aéUons publiques 9 &
d'où fans être vu , on peut voir 8c
•écouter. Ce Prince étok dans une des
lanternes de la Grand* Chambre.
Lant^hnî , fe dit en termes de Mé-
canique , d'une petite roue formée
de plufieurs fufeanx dans laquelle
engrènent les dents d'un hérifion ou
d'un rouet. Elles tiennent lieu de ce
t]u*on appelle pignons dans les ma*
chines déHcates telles que les mon-
tres.
LANTEKNS^ie dit en teri»es d'EC-
fayeurs , d'une efpèce de boîte aC-
femblée , dont les côtés font des
verres , & dans laquelle on fufpend
urf trébuchet pour^éviter l'aâion de
l'air en pefant de l'or ou quelqu'au'-^
tre matière précieufe.
Lanternb , le dit en termes d*Or-
févres , de la partie d'une croiïe
d'Évèque ou d*un bâton de Chan-
tre qui eft groflfe & à jour , & re-
préfente en quelque fa^on une lan-
terne.
Lanterne , fe dit en termes d'ArtiU'
C c c
38« . LAN
lerie » d'eux inftrument ordinaire-
mène de cuivre rouge ^ faic en for-
me d'ane longue cuiller ronde &
donc OR.fe fert pour porter la pou-
dre dans le canon. On Tappelle auffi
quelquefois^CM/V/^r..
Lanterne , fe die en termes de Ga-
ziers » d'un ioftrument rond qui
* fert i ces ouvriers pour ôcei la (oie
de deiïus lourdiiToir , Se la metrre
fur lesdeux enfubles qui font auhaut
du métier â gaze.
En termes de Rubanniers on ap-
pelle lanterne de Vouriijfoir^ la cage
deftinée à loger le moulin fervanc
d ourdir..
Lanternes, au pluriel y fîgnifie fisu-
rémenr & familièremalit des fadai-
fes , des chofes impertinente»,, de
fors difcours*. // ne dit que des lan*
ternes.
On dit provecbialemenc , figuré-*
mefit & familièrement de quelqu'un
qui veut faire croire des chofes im^
pertiiienees & abfurdes , qail veut
faire croire que des vejfies font des^
lanternes.
lANTERJKER ; verbe neutre de k
première conjugaifon , lequel fe
conjugue comme Chanter. Terme
du (lyle familier qui figniâe être
ircéfolu en affaires , ne rien con-
clurre , perdre le temps^en des cho-
fes frivoles , inuriles. Il nef allait pas
• tant lanterner..
Lan^terner y eft auÛl verbe aâif &
(ignifie importuner , fatiguer par
des. fadaifes , par de vains & lot^
difcours. Quefi oe qu'il vous a Ion.-
iemé}
On dit août proverbialement &
populairement dans le même iens ,
lanterner les oreilles. Il ne cejji de
lui lanterner ks oreilles..
L^ deux premières fyUabes font
fnoyeniies^& la troiûcms longue ou
bicve* f^oye:^ Verjmu'
LAN
LANTERNERIE ^ fubftantif RmixÂtt
du ftyle familier.. Inanla verba. Èa^
daife , fot conte ^ difcours frivole
Elle ne dit que des lanternertes.
LANTERNIER ^ 1ÈRE j. fubftantif.
Celui y celle qui fait ou qui veaddei
lanternes.
Lanternier » fe dit auffi d«^ celui
qui eft chargé d'allumer les lanternes
publiques..
Lanternier ,. fedit âgurément &f^
milièrement de quelqu'un qui die
des fadaifes y qui tient de ibts dif- .
cours. H ne faut pas V écouter ^ ce:
nejl qu'un lanternier.
Lanternur. , fe dit auffi purement
& familièrement d*un homme irré--
folu , indéterminé en toutes cho-^
iies , avec qui on ne peut rien con-
clure. C'ejl un lanternier qui ne f^it
rien.
LANTIONE i fubftantif^ féminin.
C'eft un bâtiment udté dans les.
mers de la Chine » furtout par \e^
Corfaires du pays. Il a beaucoup da*
rapport avec nos galères.
LANTIPONNAGE i, fubftantif maf-^
culin & terme populaire^ Aâion de:
lantiponner , propos, ftivoles Se fa?^
eigans. Finiffe\ ce lantiponnage.
LANTlPONNERi. verbe aOif de lài
première, conjugaifon j. '^^^'^ ^^
conjugue comme CHANTE^RJTerme*
populaire qui fienifie tenir des pro-
pos fcivoles ,. ridicules & fatigans..
A quoi bon tant lantiponner ?:
lANTORi fubftantif mafculin. Grandi
arbre qui croît dans TSle. de Java :
ks (èuilies ont cinq ou (ix pieds.de:
longueur y elles font très-^ef mes Se
très-unies >, a«^ point qu'on peut s'eui
fervir pour /' tracer des caraftères^
avec un crayon ou. uc^ poinçon de-
fèr : auffi feiven&relles de papieraa&
naturels du pays.
LANTURLU i expreffion f^milîèrcr
tirée d'un refrain de chatàfoo & qjvi
LAO
n\i Mçon fens propre. On ne rem-
ploie que pour Autrquer un refas
ftccompagé de mépris. Elle lui répon- '
4it lanturlu.
LAN V AUX j Abbaye de France , en
Breragne , i quatre lieues ^ nord-
oueft , de Vannes. Elle eft «n com^
mende & vaut au Titulaire environ
1 looliv de rente.
LANVETHLIN , on Lanvillih •
bourg d'Angleterre ^ au pays de
Galles , à cinq lieues de Montgom-
men.
LANUGINEUX , EUSE ; adjeaif &
terme de Botanique. Il fe dit de
toutes les pardes des plantes, feuil-
les , fruirs , tiges , &c. qui font cou-
vertes de poils ou d'une efpece de
coton femblable à de la laine. Za
gutmauv9 y le bouillon blanc ^ &c« ont
dts feuilles lanugineufes.
LANUSURE , fubftantif féminin &
terme de Plombiers. Pièce de plomb
qui fe place au droit des arrctières
& fous les amorridemens. On l'ap-
pelle aufli bafque*
LAO , ou Laos ; grand Royaume d'A-
fie , qui eft borné au nord par la
Chine ; à lorient par le Tunquin
& la Cochinchine \ au midi par le
Royaume de Camboge \ Se i l'oc-
cident par les Royaumes de Siam &
d'Ava. C'eft un pays rempli de fo-
rets & qui proQuit en abondance
la meilleure espèce de ris \ de mufc»
' de Benjoin , de gomme laque que
1 on connoifTe : il procure quantité
d'ivoire par le grand nombre d'clé-
phans qui s'y trouvent : il fournit
aulli beaucoup de iel , quelques
^ perles & quelques rubis. Les riviè-
resy font remplies de poiflbns.
Le Roi de ILao eft le Prince le
plus abfola qu'il y ait ai) monde ,
car fon pouvoir eft defjxïtique dans
les affaires religieufes & civiles :
non feulement' toutes les charges ,
lAO 387
■lionneuts & ««mislQis dépendent de
lui; tuais .les xervesyles maifons »
les héritages » les meubles » lor ^
largenc de tcms les particuliers lui
appartiennent fans que perfonne en
puiffe difpofer par teftament. 11 ne
le montre à fon peuple que deux
fois l'année ; & quand il lui fait
cette grâce • fes iujets par recon-
noidknce tachent de le divertir de
leur mieux par des combats de lut-
teurs %c d cléphans.
II n'y a que fept grandes dtgni*
tés ou Vice-Royautés dans fes États,
parceque fon Royaume n'eft divifé
qu'en fept provinces; mais il y a
un Vice-Roi général pour premier
Miniftre , auquel tous les autres
Vicc«Rots obéiflènt : ceux-ci com-
mandent i leur tour aux Mandarins
ou Seigneurs du pays de leur dif-
tria.
La religion des Langiens , cVft
ainfî qu on appelle les peuples de
Lao , eft la même que celle des
Siamois , une parfaite idolâtrie ac«
compagnée de fortilèges & de mille
fupetftitions. Leurs Prêtres nom-
mes Talapoins font des miférables
tirés d'ordinaire de la lie du peu-
ple \ leurs livres de cérémonies reli-
gieufes font écrits comme ceux des
Peguans & des Malabariens^fur des
feuilles de palmier avec des touches
de terre;
La polygamie règne dans ce pays-
là , & les jeunes garçons Se filles y
vivent dans la plus grande incon-
tinence. Lorfqu'une femme eft nou-
vellement accouchée , toute la fa-
mille fe rend ches elle & y pafTe un
mois en repas , eA feftins & en
|eux , pour écarter de fà maifon les
Magiciens ^ les empêcher de faire
perdre le lait â la mete & d'enfor-
celer l'enfant.
Ces peuple^ fovtt «ncore une ai^
C c c ij
j88 LAO
tre fête tn décès àc leors parens»
D*abord ils meccenc le more dans
nn cercueil bteaendaic de bitume^
il y a un feftia cous les jours pour
Us Talapoins qui emploient une
partie du temps à conduire par des
chanfons particulières » l'ame du
mort dans le cliemin du CieL Le
mois expité ils élèvent un bûcher,
7 pofent le cercueil , le brûlent &
ramalTent les cendres du more qu'ils
tranfportent dans le Temple: des:
Idoles. Après cela on ne fe louvient
plus da défunt , parceque fon ame
eft pafTée par la tranfmigration ^ au.
lieuquiv lui étoit deftiné.
LAOCOONinom d an fil» dePrîam,,
Grand Prêtre de Neptune , qni fit
de vains efforts pour empêches les
Troyens d'introduire dans leur ville
le fameux, cheval de bois qui de-
voir en occafionner la ruine. Pour
le punir , les DLvimtés> qui favori-
ioient les Grecs , firent pardr deux,
ferpens de Tile de Ténédos, lef-
quels vinrent s'entortiller au tour
de Laocoon &. de (es deux en&ns^
les déchirèrent par de cruelles. mor-
• iures y & les étouffètentpar leur ha*
kine empoifonnée.
Cet événement tragique a fourni
fe fujet d'un des plus beaux mor-
eeaux de fculpture grecque que Ton
connoiiTe: on l'appelle \e Laocoon;
û eft de la main de Polydore^.d'A-
chénodore St d'Agefandre » trois
célèbres Maîtres de Rhodes , agi le
allèrent de concert d'un feul4>loc
de marbre. Get ouvrage fublime fut
trouvé à Rome dans les ruines du
palais Titus , au commencement du
r^« fiècle/fous le Pontificat de Ju-
tes II y. 8c paflfa depuis dans le pa
L'as Farnèlt. L'expreflion en eft
telle r dit an Maîrre de l'art , qu'il
fembie qa'on découvre dans le roi-
diflèment de Tubc des cuiûes de
LAO
Laocoon , le commettcemeat dm
l'effet du Venin da ferpent. Selon
Pline t la peinture ni la fonte n'ont
jsmais rien produit de d par*
fais.
On a en- France quelques copies
du Laocoon , & particuUèremenc
celle qui e(l en bronze i Tria-
non. .
LAODICÉE 9 il y a eu fepr anciennes
villes de ce nom :. la première qui
étoit confidérable, étoit fituée dans*
la Carie iptès du fleuve Lycus , 3c
reconnoi^it pour Fondateur An^^
(hiocus > fils- de Stratonice qui lui
donna le nom de fà femme Laodi-»
cée.La fecodde étoit eti^Sy rie près du-
Liban y fur l'Oronte , entre Emèfe:
& Paradifus : la croifième étoit aufll
en Syrie j près de la mer : la qua-
trième étou fur les frontières.de la;
Phrygie , de la Pifidie & de la Ly;^
caonie , fans q^'on^ (àche précifé-
ment auquel de ces pays elle appar*
tenoit :. la cinquième étoit dans la:
Médie : la fixième dans la Méfopo^
tamie:& la feptièmedans le.Pelo^
ponèfe.
LAOKIUN} fubffantif mafcuUn;On>
appelle ainfi. à laGhine une Se£te:
qui port^lenom de fon Fondateur».
Laokiun naquit environ ^oo ans-
avant l'ère chrétienne. Ses fe dateur ».
racontent fa^ naiflance d'une ma-
nière tout à fait extraordinaire }^on^
père s'appeloit. Quang ; c'étoit un
pauvre Laboureur qui parvint i
foixante-dix ans fans avoir pu fe
faire aimer d'aucune femme. Enfin
> i cet âge il toucha^ le cœur d'une
villageoife de quarante ans qui ».
fans a^oir eu commerce avjec foa
mari , fe trouva enceinte par la ver-
tu vivifiante du Giel &de la. Terre.
Sa grodefTe dura quatre vingts ans»
au bout defqoels elle mie aa
monde un fils qui avoit les cheveux
LAO
te les fourcils blancs comme de la
neige > quand il fac en âge » il s'ap-
pliqua à récttde des fciences> de
l'hiftoiie & des ufages de Ton pays.
11 cafnpofa un livre imiculé tau-ifé^
qui contient cinquante mille fen-
tences de morak. Ce Philofophe
enfeignoit la morraliré de lame pi
foutenoit que Dieu étoic matériel ;•
il admettoit encore d'autres Dieux
fubalternes \ il faifoit confifter
le bonheur dans un fentiinent de
▼olupté douce &c paifîble qui fuf*
pend toutes les fondions de Tame}
il recommandoic à fes Difciples la
folitude comme le moyen le plus
sûr d'élevet Tame au-dellus des cho-
fes terreftres. Ces ouvrages fubfif-
lenc encore aujourd'hui , mais on
les foupçonne d'avoir étéairéréspar
k% Dii'ciples : leur maître pré-
tendoit avoir trouvé le fecret de
Îrolonger la vie humaine au - delà
e k$ bornes ordinaires \ mais ils
allèrenr plus loin & tâchèrent de
perfuader qu'ils avoient un breu*-
vage qui lendoit les hommes iiiv
mortels >& parvinrent à accréditer
une opinion fi ridicule , ce qui fit
qu'on appela leur feâe , h/iSe des
wmiQn^ls. La religion de Laokiun
fut adoptée par plufieurs Empe-
i^urs de la Chine : peu i peu elle
dégénéra eii un culte idolâtre % Se
finit par faire adorer des Démons,
deselprirs & des génies ^on y rendit
même un cuire aux Princes 8c aux
Héros. Les Prêtres de cette religion
donnent dans les fuperftitions de la
ma^ie^des enchantemenSjdesconju'
lacions j. cérémonies^ qu'ils accom<-
pagnent de hurlemens , de contor-^
fions j & d'iin bruit de tambours &
de baflSns de cuivre. Ils fe mêlent
aqffi dèprédire l'avenir..
lAOMÈDON ; nom d'un Roi de
Tro/e ,. au fer vice duquel Nepcune-
I
tAO 389
s'engagea quand Jupiter l'eut chafl^
du Ciel pour avoir trempé dans la
conjuration des Titans. Laomédon
employa le Dieu pèlerin à bâtir les
murs de Troy« , 6c convint de lui
donner pour cet effet une certaine
fomme : le travail étant achevé Se
le Prince qui aimoit l'argent» ayant
voulu en éluder le payement , le
Dieu irrité « non content de dé-
truire fes ouvrages > fit fortir da
fond de la mer un monftre marin
' pour dévorer Hédone , . fille de ce^
Roi : Hercule heureufement fur*
vint au moment où cette Princefle*
alloit être la proie du monftre & il •
l'en, délivra : Laomédon avoitpro-
mis au Héros pour ce fer vice , des*
chevaux d'une beauté fingulière y
mais il ne lui tint pas mieux pa-
role qu'il ne l'avoit tenue à Nep •
tune : Hercule indigné faccagea lat
ville de Troye » en fit mourir le
Roi avare > enleva Héfione dont
il fit préfent i Telamon qui avoic?
monté le premier â l'adaut ,. Se re-
mit le Royaume i Ptiam » fils de-
Laomédon.
LAON y ville épifcopale & confldé--
rable db France , capitale du Lao-
nois , fituée fur une hauteur, a dou»- •
ze lieues » nord-oueft , de Rheims^.
Se à trente-une lieue , nord eft > de
Paris , fous le 21* degré;, 17 mi-
nutes, 15) fécondes de longitude ,.
Scie 4^^^ 33 minutes, 5 lïecondes
de latitude. C'eft le fiége d'un Prér-
fidial-, d'une Éleâlion , d'un Grè-^
nier â Sel , d'une Maîtrife des Eaux;
& Forêts ,.6'c.
il y a d'ailleurs dans cette' vaille-
trois collégiales ducte U^athédx^le».
trois Abbavfe's tfhômmer^ deux Ab-
bayes dé (UlesV'utiti Commander ie*
' deTOrdredeMalthe; laquelle vaup:
douze mille litrres de rente y des
Coideliers^^des Capucins ^.desMitr
3 90 L A O
riimes , (les filles de l'Ordre de
Saine AuguTlin » des tilles de la Con-
grégation de Notre-Dame , des Hof-
pitaliàres « &c.
Les Évcques de cette ville jouif-
fent d^enviroh cinquante mille liv.
de rente & du titre de Duc & Pair
de France. On prétend qu'ils doi-
vent ce titre i Hugues Capet qui
l'accorda à l'Évèque Adalberon pour
reconnoître le fervice qu'il lui avoit
rendu en lui livrant Charles Duc
de Lorraine j fils de Louis d'Ou-
tremer à la place duquel il fe fît
Jîommer Roi de France.
Prononcez Lan.
LAONNOIS ; petit pays de France,
- ainfi rappelé de la ville de Laon qui
en eft la capitale. Il efl fitué entre
le z i« degré , 6 minutf^ , &le mê-
me degré , 44 minutes de longi-
tude ; & entre le 49* degré , 1 8
minutes , & le même degré, 41
itnimtes de latitude. Sa longueur eft
d'environ neuf lieues & fa largeur
de fcpt. ilefl borné au nord par la
Thicrache de Picardie ; au fud & à
refV,par la-Champagne^ & àToucft,
par le SoifTonnois. Ées rivières qui
1 arrofcnt font l'Aifne j la Dolettc,
la Fèi^e , &c. Les terres y produifenr
abondamment du froment , de l'a-
voine , de TorgQ , des fèves , fi'c.On
-y recueille auffi d'excellent vin ,•
mais qui perd beaucoup de fa valeur'
par letranfport.
LAOR j Aibftantif mafeuUn. C'eft ,
dit-on , une efpèce de bois des In-
des d'un goût fort amer & auquel
;;Qaanribue pUiiçurs propriétés mé-
dicinales. On j/bit bien que cet ar-
ticle eft dcfeâueux.puifqu'il ne
préfente qu'.un mpt ^ui n'en feigne
tien \ mais il n'en apprend pas da-|
vantage dans l'Encyclopédie où il en
eft parlé.
LÂOSYNACTEi fubftantîf mafculin^i
LAP
Titre d*iin Officier deVËglife gre^
que , dont la charge confiftoit i
convoquer & afTembicr le peuple ,
ainti que les Diacres dans les occa-
fions nécefTaires.
LAPATHIOS \ nom d'une ancienne
ville de l'ile de Candie , fur la cote
feptentrionale , près du cap de
Cormachifti. Ce n'eft plus qu ua
village.
LAPATUM i Foyei Patiemch.
LAPENTIS j bourg de France , en
Normandie, fur la petite rivière de
Célune , k deux lieues » fud ouefti
de Mortain. .
LAPER j verbe 4ieutre de ia pre-
mière conjugaifon, lequel fe con-
jugue comme Chant£IL. Boire en
titant l'eau avec la langue. Il ne fe
dit que de quelques ammaux com*
me les chiens , les chats, les renards,
La première fyllabe eft brève . &
la féconde longue ou brève. Voyt^
Verbe.
LAPEREAU } fubftantîf mtfculin.
* Jeune lapin. Une accolade (U ia^
pereaux de Champagr^^ Voyez La-
pin.
LAPHISTIEN î adjcûif mafculîn &
terme de Mythologie. Surnom de
Jupiter qui fut ainïi appelé du culte
qu'on lui rendoit fur le mont La-
phiftius , en Béotie , où il avoit un
Temple & une Statue.
LAPHRIENNE; adjeûif féminin &
terme de Mythologie. Surnom que
les anciens habitans d'Aroc j ville
du Péloponèfe, donnèrent à Diane
après l'expiation du crime de Mé-
nalyppe 8c de Cométho qui avoient
profané le Temple de cette Déefle
en s'y livrant lâns retenue à leurs
amours.
LAPHYRE ; terme de Mythologie
& furnom de Minerve ain/î appe-
lée jd'ûD *mot grec qui Signifie de-^
LAP
fouilles^ butin y parceqae comme
DéeSk delà gaerre ellefaifoic faire
da butin 8c remporter des dépouil-
les far les ennetms aux guerriers
qu'elle Ëivorifoic.
LAPIDAIRE ; fubftancif mafcuUn.
Ouvrier qui taille & polit les pier-
res pjécieufes»
C eft à Tare du lapidaireeque les
pierres fines doivenr ce brillant &
cette vivacité qui les font recher-
cher. Cet art eft très-ancien , fc doit
fans doute beaucoup ao hafatd :
prefque toutes les pierres fines peu-
vent fe polir parleur propre poiKtre;.
quelqu'un fe fera avife de firottpr
deux de ces pierres Tune contre
Fautre & aura réuffi par ce vnojren
à leur dotmer uneibrte de poliment:
ceft du moins à un femblable eflfai
que Ton doit rapporter l'origine de
la méthode aâuelle de tailler le
diaoïant. Louis de Berquen natif
de Bruges , la mit le premier en
pratique il jr ^ environ trois cens
ans. Jeune alors ^ fortant â peine
des clades & né d'une famille no-
ble , il n étoit nullement initié dans
le travail de la pierrerie : il avoit
éprouvé que deux diamans s'enta-
moient fi on les frottoit un peu for-
tement l'un contre l'autre y c'en fut
zfTez pour faire naître dans fon ef-
prit induftrieux des idées plus éten-
dues. Il prit deux diaouns , les
monta fur du cin^nt » les égrifa
Tun contre l'autre , & ramalfa foi-
gneufement la poudre qui en pro-
vint. Enfuite à laide de certaines
roues qu'il inventa , il parvint par
te mo^n de cette poudre à polir
parfaitement les diamans Se à les
tailler de la manière qu'il le jugeoit {
à propos* Cet exemple paroît s'ap«
pliquer naturellement à l'origine de
fart de polir ks pierres-ptéçieufes »
yi eft très-ancien»
LAP 391
Les» François s'y A)nt adonnés
aflez tard » 6c l'on peut juger par
quelques pierres qui reftent encore
de leur première taille , qu'ils n'y
éroieur pas d'abord fort nabiles ^
ils y ont enfuite fait un fi gr^nd
progrès , & les Lapidaires de Paris
ont pouffé cet art à un tel point de
perfeâion , qu'il n'v a pas d appa-
rence qu'on puifie déformais le por*'
ter plus loin.
Les pierres précieufes fe taillent
en général fur des roues de métal
qui font mues horizontalement par
le moyen d'un tour compofé de
fJufieurs pièces dont les principa*
es font un arbre coudé , une cra-
paadine d'acier où roule le pivot
de l'arbre , deux roues dont une
de bois 6c l'autre de fer , une ma»
nivelle donnant le jeu à la roue de
bois par le coude de l'arbre » une
corde â boyau pafiant autour de la»
roue de fer & autour de la roue
de bois. Si la roue de bois eft vingt
foii plus' grande que la roue de feiv
celle-ci fera vingt tours fur le dia-
mant pendant que la grande n'en
Ëiir qu'un fur fon arbre » & tandis
qu'un garçon donne fans réfifiance
une centaine d'impulfions à la ma-»
nivelle , le diamant éprouve deux,
mille fois le frottement de la meule
entière. Il obéir malgré fa dureré
aux foukaits du Lapidaire qui fuit
le travail des yeux » fans y prendre,
d'autre part que celle de déplacer
le diamant pour mordre fur une
face nouvelle , flc d'y jeter à pro-
pos quelques gouttes d'huile & de
la poudre de diamans égrifés Koiv
contre l'autre. 11 n'y a que cette pou*^
dre qui ait pri(é fur le diamant.
Les ruiis , faphirs & topajes d*o^
ncnt fe raillent & fe fgrrnent fwr
une roue de cuivre avec l'huile d'o-
live 6c la poudre de diamant j, leur
391 LAP
poliment fe fait fur une astre roue
pareillement de cuivre » mais avec
du tfipoli dcrrempé dans de Teau
au lieu de poudre de diamant.
Les rubis balais ^ émeraudes , hya-
cinthes , améthijics , gfenars > cLga-
thés &c autres pierres moins dures
n ont befoin pour la taille que d'une
roue de plomb , avec de Témeril &
<le reaa , & pour le poliment, d*u-
nef roue d'ctain fur laquelle on jeté
du tripoH.
La turquoife de vieille & nou-
velle roche , le lapis , le girafol ,
Vopale ne fe polifl'ent que fur une
roue de bois , aufli avec le tri-
poli.
Le corps des Lapidaires ne le cè-
de en antiquité , qu^à peu des au-
tres Communautés , quoiqu'avant
1 5 84 il fût encore aflez informe ,
n'étant compofc que de Compa-
gnons Orfèvres.
Les premiers ftatuts (ont de 1190,
donnés par Saint Loui^ & depuis
confirmés par Philippe de Valois ;
les Lapidaires y font appelés Eftal-.
tiers - Pierriers de pierres naturelles.
Par l'article 17 de Totdonnance de
Henri II , donnée à Fontainebleau,
les Maîtres Jurés & Gardes de l'Or-
fèvrerie de Paris furent maintenus
dans le droit xle viûte chez ces La-
pidaires
Ce fut en 1584 , qu'en confé-
quence de ledit donné par Henri
111 9 trois ans auparavant , pour éri-
ger en Corps de Jurande toutes les
Communautés de Paris , les ou-
vriers EfialUers'P terriers eurent de
nouveaux ftatuts & même un nom
nouveau, mais ce ne fut proprement
qu'en 1615 qu'ils furent mis dans
une entière jouifTance des droits de
Maîtrife par Tarrèt du Confeil
intervenu entr'eux & les Maîtres,
LAP
Orfèvres qui s'ctoîcnt oppofcs I
leurs lettres»
Ces lettres de confirmation de
leurs nouveaux ftatuts & d'éreûion
en Corps de Jurande , leur attri-
buèrent quatre Jurés pour Je gou-
vernement & le maintien de^ leurs
droits y pour vifiter les Maîtres ,
dontfcr chef^'œuvrc , & expédier
les lettres d'apprentiffage & de
Maîtrife. deux de ces Jurés font
élus chaque année à la pluralité
des voix.
L'apprentiflage eft de fept ans ,
le compagnonage de deux autres
années » & lexécutton du chef-
d'oBuvre eft néceffaire pour parve-
nir à la Maîtrife. Chaque Maîtfc
ne peut avoir qu'un feul apprenti-
Les Maîtres ne peuvent avoir
plus de deux roues tournantes m
plus de trois moulins. On compte
aujourd'hui à Paris foixante-douze
Maîtres Lapidaires.
Lapidaire , s'emploie auffi adjeôi-
vement \ mais dans cette acception
il n'a d'ufage que dans cette Dhrafe,
ftyle lapidaire y qui fe dit du ftyje
des infcriptions me le marbre, fur le
cuivre ^ùc.
Les deux premières fyllabès font
brèves , la troifième longue & «
quatrième très brève.
LAPIDATION ; fubftantif féminin.
Lapidatio. Supplice de ceux qu'on
affommoit à coups de pierre.
La lapidation éioit autrefois fort
ufitée chez les Juifs ; les Rabbins
font un grand dénombrement des
crimes fournis à cette peine. Ce
font en général tous ceux que la
loi condamne au dernier fupplwe t
fans exprimer le genre de la mort \
par exemple , Tincefte du fils avec
fa mère , ou de la mère avec fou
Als , ou du fils avec fa belle-mère »
ou du père avec fa fille , ou de la
fille
LAP
fille viêc fon père , oa du père avec
fa beile-fille » ou d'un homme qui
viole une fitle fiancée , & de la
fiancée qui cohfenc à ce violement}
ceux qui tombent dans le crime de
fodomie ou de beftialicé , les idolâ
très , Us blafphémateuts ^ les magi-
ciens , les nécromanciens , les viola-
teurs du Sabbat, ceux qui ofFrcnr
leurs enfans à Moloch , ceux qui
portent les autres à Tidolacrie , un
fils rebelle à fon père& condamné
par les Juges.
Les Rabbins difenc que quand
un homme étoit condnpifié i nîorr^
il croit mené hors de la ville ^
ayant devant lui un Uitiffi^ avec
une pique en maîn , an haut de la-
quelle écoit un linge pour fe faire
remarquer de plus loin , & afin
que ceux qui avoienr quelque chofe
à dite pour la juftificacion du cou-i-
pabte , le pufTent propofer avant
qu*on fût allé plus avant. Si quel-
qu'un fe préfentoit , tout le monde
s'arrètoit & on ramenoit le cri-
minel en prifon , pour écouter
ceux qui vouloient dire quelque
chofeen fa faveur. S'il ne fe pré-
fentoit perfonne , on le conduifoit
au lieu du fupplice , on Texhortoit
à reconnoitre & confefTer fa faute y
parceque ceux qui confenfent leur
faute ont part au fiècle futur. Après
cela on le lapidoit : or la lapidation
fe faifoit de deux fortes , difent tes
Rabbins : la première lorfqu'on ac-
cabloit de pierres le coupable , les
témoins lui jetant les premiers la
pierre : la féconde lorfqu on le me-
noit fur une hauteur elcarpée , éle-
vée au moins de la hauteur de
deux hommes j d'où l'un des té-
moins le précipitoit » 8c l'autre lui
rouloit une grofle pierre fur le
corps. S'il ne inouroir pas de fa chû-
•te 9 on l'achevoit à coups de pierres. |
ToMu xy
LAP 3$3
On voit la pratiqua de la première
façon de lapider « dans plus d'un en-
droit de ^Écriture \ mais on n'a au-
cun exemple de la féconde , car ce*
lui.de Jézabel qui fut jetée à bat
• de 4a fenêtre , tte prouve rien du
tout. ^
Ce que nous avons dit, qu'on
lapidoit ordinairement lescriminels
hors de la ville , ne doit s'entendre
que dans les jugemens réglés j car
hors de ce cas j fouvent les Juifs
lapidoient où ils fe trouvoieiit; par
exemple, lorfqu'emportés par leur
zèle , ils accabloient de pierres un
blafphémateur , un 'adultère ou un
idolâtre. AinH lorfqu'on amena à
Jésus une femme furprife ei^adul-.
tère , il dit à fes accufateufs dans
le Temple où il étoit avec eux &
avec la femme , que celui d'etitre
vous quieft innocent lui jette la pre-
mière pierre. Et une autre fois les
Juifs ayant prétendu qu'il blafphé-
moit , ramafsèrent des pierres dans
le Temple même pour le lapider.
Ils en usèrent de même un autre
jour , lorfqu'il dit: moi & mon père
nt fommts qu^un. Dans ces ren-
contres ils n'obfervoient pas les for-
maliits ordinaires y ils fuivoient le
mouvement de leur vivacité ou de
leur empc^rremenr. C'eft ce qu'ils
zpift\o\tmt\e jugement de t^èle.
On aflTure qu'après qu'un homçie
avoir été lapidé , on attachoit foA
corps i un pieu par les mains join*
tes enfemble , & qu'on le laifToit
en cet état jufqu'au coucher du So«
leil 'y alors on le détachoit & on l'en*
terroir dans la vallée des cada-
vres , avec le pieu auquel il avoir
été attaché.
LAPIDÉ , ÉE j participe pallîf. Fayi
Lapider.
LAPIDER , verbe aftif de la pre-
mière conjugaifon » lequel fe con^
Ddd
394 LAP
|ttgue comme Chanter. Lap'idibus
. obruere. Tuer, aflbmmec à coups
de pierre. Les Juifs iapidoicnt Us
idolâtres^ •
Lapider , Te dit figurément en parlant
de pluHeurs per Tonnes qui #elèvenr
vivement contre quelqu'un. Si vous
vous rrouvc:^ à LaJJcmbléc y Us vous
lapideront^
Les deux premières fyllabes font
brèves , & la troilicme longue ou
brève, t^oye^ Verbe.
LAPlDlFlCATlONi fubftantiffémi.
nin. Lapidificatio. Formation des
{ûerres. 11 ne faut pas confondre
a lapidificaûon av«c la pétrifica-'
tion : la première eft l'opéracion par
l^uelle la nature forme des pier-
res , & la féconde eft le procédé
par lequel la nature convertir en
pierre , des fubftances qui u*appar- l
tenoiénr point auparavant au règne
minéral.
lAPIDlFIHR} verbe aâif de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
jugue comme. Chaisier. Quelques
Chimiftes ont emplo}Ké ce terme
pour exprimer, l'opération de ré*
dttiredes métaux en pierre par le
moyen de la calcination.
LAPIDIFIQUE , adjèélif /les deux
genres , qui fe die des fubftances
propres â former les pierres. Le
fuc lapicUfiquc* La matière lapidi-
fique.
Lesquatrepremièresfyllabesfont
brèves , la cinquième très-brève.
LAPIN y fubftantif féminin» Cunicu^
lus. Petit animal fauvage fort connu
dans- toute l'Europe.. Il y a beaucoup
de rapport enrre.le lapin & le lièvre
poui la conformation du corps : lé
premier x comme l'autre la lèvre
fupérieure fiendue jufqu'aux nari-
nes , les oreilles allongées , les jam-
bes de derrière plus longues que |
celles dei devant , la queue courte^l ^
LAF
d'c.Le dos ^ les lombes » le Haut de»
côtés du cotp's ic les flancs du lapin
fauvage ont une couleur mêlée de-
noir & de fauve qui paroit giife
lorfqu'on ne la regarde pas de près;
les poils les plus longs de les plus:
fermes font en par rie noirs & en-
partie de couleur cendrée^jquelques-
uns ont du faave à la pointe \ 1&
duvet eft atuG de couleur cendrée
près de la^ racine & fauve i l'extré-
miré. On voit les mêmes couleuts
fur le fommet de la tcre. Les yeur
font environnés d^une bande blan*
châtr» qui s*étend en arrière jaf-
qu'à' Toreille , & en avant jufqu â.
la mouftache ; les oreilles ont des
teintes de jaune » de brun , de gri*
facre ; Textrémité eft noirârre f les
lèvres, le deiCbus de la-mâchoite^
inférieure » les atflellest la partie
poftérieure de la poitrine; le ven<*
tre & la £ice intérieure de^ bras »
des cttilTes & des jambes font blancs
avec quelques teintes de couleur
cendrée ; la face poftérieure ou in-
férieure de la. queue eft blanche \
l'autre eft noire y Tentre-deux. des
oreilles & la face fupérieure ou an-
térieuredtt cou a une couleur Ëiuve*
roudatre : la croupe & la face an-
térieure des cuiftès ont une couleur
grife mêlée de jaune : le refte du
corps a des teintes de jaunâtre,,
de fauve ,.de rouftarre» de blanc &
dej^ris*.
Le lapin dbmeftîque eft pourl'or-
dinaire plus grand que le fauvagej.
fes couleurs varient comme celles
à^S' autres animaux domeftiques.
Il y en a de blancs, de noirs, d*aa*
très qui fonr tachetés de ces deux
couleurs j.mais tous les Upins,.foit
ikuvages foit^ domeftiques , ont
un poil roux (bus la plante des
pieds.
Le lapin appelé riche > eft e& par-
I
LAP
tîeUanc Scen parrie de couleur d'ar*
doife plus ou moins foncée ou de
couleur brune & noirâtre.
• Les lapins d'Angola ont le poil
beaucoup plus long que les autres
lapins 'y il eft ondoyant & frifé
comme de la laine y dans le temps
tl€ la mue il fe pelotonne & il rend
^elquefois Tanimal rrès-difForme
Les couleurs varient comme telles
des autres lapins domeftiques.
Les lapins font très-fcconds /ils
cuvent engendrer & produire dès
î âge de cinq à (îx mois. La femelle
«Il prefque toujours en chaleur \
«lie porte trente ou trente-un joursj
les portées font de quatre , cinq ou
•fix , & quelquefois de fept ou nuit
petits. Les lapins creufent <ians la
terre des trous que Ton appellt
terriers ; ils s'y retirent pendant le
jour & les habitent avec leurs pe-
tits. Quelques jours avant de met
' tre bas » la femeHe fait tni nouveau
terrier , non pas en ligne droite ,.
mais en zigzag \ elle pratique dans
le fond une excavation & la garnit
-d'une aflez grande quantité de poils
-qu'elle $*arrache fous le ventre :t:'eft
le lit qui doit recevoir les petits,
f^ mèce ne les quitte pas pendant
ies deux premiers jours , de pendant
plus de (ix femaines elle ne fort
^ue pour prendre de la nourriture^
alors elle mange beaucoup & fort
vite : pendant tout ce temps le père
n'approche pas de hs petits, il n'en-
tre pat même dans le terrier où ils
font j fouvent la mère lotfqu'ellc
«n fort , bouche l'entrée avec de la
terre détrempée de fon urine; mais
lorfque les petits commencent ave-
nir a l'entrée du terrier , le père
fembleles reconnoître, il les prend
encre fes pattes, tes uns après les au-
tres, il leur luftre le poil & leur lèche
les yeux.
LÂP 395
Les lapins fo|nt très-timtdes , ils
ont aflez d'inftinâ pour fe mettre
dans leurs terriers â l'abri des ani-
maux carnaflîers ; mai:s lo'rfquon
met des lapins clapiers , tr'eft-à-dire»
domeftiques , dans des garennes ,
ils ne "fe forment qu'un gîte à U
furface de la terre comme les liè-
vres j ce ri'eft qu'après un certain
nombre de générations qu'ils vien-
nent à creuier un terrier. Ces ani-
maux vivent huit ou neuf ans » leur
chair eft blanche ; celle des lape-
raux eft très - délicate ; celle des
vieux lapins eft sèche & (}ure. Les
lapins font originaires des climats
chauds y il paroît qu'anciennement
de tous les pays de TËurope il n'y
avoit que la -Grèce & lEfpagne où
il s^en trouvât :*on les a tranlportés
en Italie , en France , en ÂÎlema*
gne y ils s^y font naturalifés : mais
dans les pays du nord on ne peut
les élever quç dans les maiions.
Ils aiment la chaleur même exoef-
five; car. il y a de ces animaux dans
les contrées les plus méridionales
de l'Afie & de f Afrique : ceux qui
ont été portés en Amérique s'y font
bien multipliés.
Les peaux de tap[ns revêtues de
leur poil , bien palTées & bien pré-
parées , fervent a faire ptufieurs for-
tes de fourrures , comme aumuC*
fes, manchons 8c doublures d'ha-
bits.
Quand les peaux de lapin font
d'un beau gris cendré \ on les ap-
pelle quelquefois mais impropre-
ment petit gris , parcequ'alots elles
reflemblent par la couleur â de cer^
raines fourrures de ce nom , beau-
coup plus précieufes, faites de peaux
de rats ou écureuils qu'on trouve
dans les pays; du nord.
Le poil de bpin après avoir été
coupé de deflks la peau de l'ani-*
D d d ij
y€,6 LAP
. mal 9 mêlé avec de la lame de
. Vigogne , entre dans la compodcion
des chapeaux appelés vigognes ou
dauphins*
Le poil des lapins de Mofcovie
& d'Angleterre , eft le plus eftimé,
enfuite celui qui vient de Bologne j
car pour celui quife tire du dedans
du Royaume , les Chapeliers n'en
font pasbeaucoupde cas & ils ne s'en
fervent tout au plus que pour faire
des chapeaux communs , en le
mêlant avec quelque autre poil ou
laine.
Oo dit proverbialement & po-
pulairement d*un homme habillé
de neuf, qu'i/^/? brave comme un
lapin.
LAPINE \ fubdantif féminin. La fe-
melle.d'un lapin. j^(?y^j Lapin.
On dit populairemenr d'une fem-
me qui fait beaucoup d'enfans ,
que c'ejl une lapine , une vraie la-
pine.
^ Les deux premières fyllabes font
brèves & la troifième très-brcve.
LAPIS j ou Lapis lazuli \ forte de
pierre précieufe qui eft de couleur
bleue & parfemée quelquefois de
taches ou de veines brillaiites & mé-
talliques. Elle prend un beau poli &
. ti'eft point traniparenre.
Les petites taches ou veines mé-
talUques & jaunes qu'on remarque
.. ,dans le lapis lazuli , ont été prifes
pour de Tor par beaucoup de per-
ionnes \ mais le plus fouvent ce ne
font que des particules de pyrites
jaunes ou cuivreufes qui ont pu
elles - mêmes produire la couleur
. bleue de cette pierre \ cependant
. pluHeurs auteurs apurent qu'on a
' trouvé de l'or dans le lapis , ce qui
fi'eft pas furprenant, vu que le quartz
qui fait la bafe du lapis eft la matrice
ordinaire de l'or.
On M peut d«Qter que ce ne foir
r,
LAP
i une dilTolucioti du cuivre que le
lapis eft redevable de fa couleur
bleue , & Ton doit le regarder com-
me une vraie mine de cuivre qui ea
coQticnt une portion tantôt plus tan-
tôt moins forte.
Les Lapidaires diftinguent le Ia«
pis lazuli en oriental & en occi-
dental \ cette diftinâion, fuivanc
eux y eft fondée fur la dureté & la
beauté de cette pierre. En effet ils
prétendent que le lapis oriental eft
lus dur y plus compadt j d'une cou-
eur plus vive & moins fujette ^
s'altérer que le lapis d'occident que
Ion croit fujet 4 verdir & dont la
couleur eft moins uniforme. Le la-
pis oriental fe trouve en A(ie & en
Afrique \ celui d'occident fe trouve
en EfpagHe , en Italie » en Bohème»
en Sibérie j6'c. •
Quelques Naturaliftes ont mis le
lapis lazuli au rang des marbres ,
& par conféquent au rang des pier-
res calcaires , parcequ ils ant trouvé
qu'il faifoit efFervefcence avec les
acides \ on ne peut point nier qu'il
n'y air du marbre qui puifte avoir
la couleur du lapis , vu que toute
pierre peut être colorée par une dif-
ablution de cuivre \ mais ces fones
de pierres n'ont ni la confiftaoce ni
la dureté du vrai lapis qui eft nu
iafpe &: qui prend an très-beau poli
beaucoup plus beau que celui du
marbre.
Quelques auteurs ont prétendu
que le vrai lapis expofé a|^ feu , y
confervoit fa couleur bleue j mais
il y a tout lieu de croire m'ils a'ont
employé qu'un feu très-toîbiepour
leur expérience : en effet il eft cet*
tain que cette pierre mife fous un
mouSo , perd roralemenc (a cou-
leur. Si To^ pnlvcrîfe du lapis iC
^u'oji verf« deffus de l'acide vitf io-
lique , on lui enlèvera par«iikiacQC
LAP
fa^ptîde colorante '& il s'en déga-
gera une odeur fembiable à celle du
loufre*
Ceft du lapis palvérifé^ue Ton
tire la précieufe couleur du bleu
d*oucre-tremer, payée (i chèrement
par les Peintres » & à laquelle il
feroit bien i fouhaiter que la chimie
pût fubftituer quelque préparation
qui eût la même folidité & la mê-
me beauté , lans être d*un prix fi
ezceflîf.
On a voulu attribuer dés vertus
médicinalts au lapis lazulij mais il
eft certain que le cuivre qui y abon-
de , doit en rendre Tufage interne
très - dangereux : i Tégard de la
pierre qui tui fert de bafe , comme
elle eft de la nature du quartzoudu
caillon, ellf ne peut produire au-
cun efFet«
Selon M. Margraf » la plupart de
ceux qui ont parlé du lapis lazuli ,
fe font trompes jufqu'ici : cet habile
Cbimifte a analyfé cette pierre en
1^ foumettant aux épreuves les moins
. équivoques , telles que fa digeftion
dans l'alkali volatil , ' fa didolution
dans les acides, & fa précipitation
par le même alkali , fans découvrir
aucun indice que le cuivre fût le
métal colorant de cette pierre : en
la traitant al feu de fufîon avec
différentes fubftances capables de fe
vitrifier , bien loin d'obtenir des
verres qui parutTenc colorés par le
cuivre , fes réfultats ont prefque
tous indiqué la pi'élence du fer ^ en
forte que M. Margraf fe croit fon-
dé à conclure i^ que le lapis lazuli
ne contient aucun cuivre y i^. que
le fer eft la bafe de fa couleur. 11
s^agit maintenant de favoir fi les
lapis lazuli de toutes les contrées fe
reffemblenc au point qu'on pui(Ie
xcndtç, générale la conféqifence ti-
LAP 597 ^
tée de celui que M. Margraf a
analyfé.
LÂPITHES} (les) ancien peuple de
Macédoine, qui habitoit dans le
^oifinage du Mont Olympe. 11 deC-
cendoit félon la Mythologie , de
Lapitha fils d'Apollon & de la Nym»
phe Stilbé»
Les plus confidérables d'entre
les Lapithes s'étant trouvés aux no-
ces de Pyrichoiis & d'Hippodamie ,
y combattirent contre les centaures
qui vouloient enlever la mariée 6c
les femmes qui i'accompagnoient.
^oytfif Cbntaur Bs.
LAPMUDEi fubftantif féminin.Nom
propre qu'on donne dans le Nord à
des robes de peau de renne. ^
LAPO;N, ONNE; adjectif & fubf-
tantif • Qui appartient â la Laponie,
qui eft de la Laponie. f^<t>y^ Lapo-
NIE.
LAPONIE ; grand pays au nord de
l'Europe & de la Scandinavie y en-
tre la mer Glaciale, la Norwége, la
Suède & la Ruffie. On le divife en
Laponie -^Ruffieniie » en Laponie-
Danoife & en Laptvnie-Suédoife,
Celle-ci eft un peu plus peuplée qu#
les deux autres.
Ce pays voifin du Pôle , eft un
des plus affreux & des plus rriftes
climats qui foient habités. Le fol y
eft partout dut &. ingrat. On n'y
connoît que deux faifons y un hiver
qui dure environ neuf mois , & un
été qui n'en a que trois , pendant
lefquels le foleil eft prefque tou-
jours fur l'horizon. Le froid tou-
jours ■ extrême pendant l'hiver , y
reçoit par la violence des vents des
augmentations fubites , qui le ren-
dent prefque infailliblement fu«
nefte à ceux qui s'y trouvent expo-
fés : il <ft vrai que ces tempêtes gla-
ciales ne durent pas long -temps.
D'autres fois il s'élcve d^s cooi biU
39» LAP
Ions de neige qai occafionnent en-
core de plus grands périls : il fem-
ble que cous les vents foufflenc de
tous les côcés à la fois y ils lancent la
neige ïivec une impécuolicé qui &ic
difparoître en un naomenc tous les
. chemins. Qu^nd on ell: furpris par
ces orages , on veut eu vain fe i;e*
trouver par la .connoifFance des
liçux » ou par le moyen des fignaux
que l'on a établis pour aflurer fa
roucç.» on eft .aveuglé» par lipaif-
feur de la neige , & on ne peut faire
un pas fans courir les rifques de s'y
abîmer.
Les peuples de ces contrées foiu
d^vLù^ Ji aideur extrême : ils ont le
vifage large & plat , le nez camus &
^çraié , r^ris de i'œil jaunerbrun &
cirant fur le noir , les paupières re-
tirées vers Us tempes > les joues
extrêmement élevées , la bouche
très-grande, le bas du vifage étroit^
les lèvres grolTes & relevées , la
vbix grêle , la tète groCfe > les che-
veux noirs Se lilTe^ p la peau bafa-
née; ûs font très -petits , trapus,
quoique maigres ; la plupart o*ont
« que quatre pieds de hauteur, & les
plus grands n'en ont que quatre &
4emi.
Les femm.es y font auffi laides
que le$ hommes ^ & leur reflfem-
blent (1 fort qu'on ne les diftingue
pas d'abord^
Ces mêmes peuples font grof-
fiers , ftupides. Les Lapons-Danois
ont un gros chat noir » auquel ils di-
fent tous leurs feçrets, & quilscon-
fuirent dans toutes leurs affaires,
qui fe réduifent à favoir s'il faut
aller ce jour-là 1 la chaflè ou à la pê-
. i:he. Chez les Lapons- Suédois il y
. a dans chaque famille un tambour
. pour confulter le diable i Se quoir
quils foient robaftes 6c grands cou-
vents , ils font n p^urieux, ou'Qnjp'a
i
lAP
jamais pu les faire aller i h guerre
Guftave - Adolphe avbic entrepris
d'en faire un régiment , mais il ne
ut jamais en venir à bout \ il [tmr
le qu'ils ne peuveiu vivre que d:^s
leur pays ^ â leur façon. Ils fe fer^
vent pour courir fur b neige , de
patins fort épais de bois de iapin ,
longs d'environ deuit aunes, & lar-
ges d'un d,emi picd^ ces patins font
relevés en points fur le devant, SC
percés dans le milieu pour y pafler
un cuir qui tient le pied feieie 8c
immobile j ils courent fur la neige
avec tant de vîcefTe, qu'ils attrappent
aifémcnt les animaux les plus lé-
gers à la courfe ^ ils portent un {kU
ton ferré , pointu d'un bout & ar-
rondi de Vautre ; ce baron leur fert
si fc mettre eii mouvement , â fe di-
riger , fe foutenir , s^trcter , & auffi
i percçr les animaux qu'ils pourfui^
vent â la courCe ; ils defcendent
;avec ces patins les fonds les plus
précipirés, fc montent les motïXZr
ignés les plus efcarpées. Les patins
dont fe fervent les Samoïedes , font
bien plus courts » & n'ont que deux
pieds de longueur. Chc^ les uns 8c
les autres , les femmes s'en fervent
comme les hommes j ils ont aufli
tous l'ufage de l'arc , de Tarbalère ;
& on prétend que les Lapons
Mofcovites lancent un javelot avec
tant de force*: de dextérité, qu'ils
.font furs de mettre à trente pas
dans un blanc de ia largeur d'un
^cu , & qu'à cet éloignement ils
perceroient un ho;nme d'outre en
putre ; ils vont tous à la çhalfe de
l'hermine , du ioupcervier ^ du re-
nard , de la martre ^ pour en avoir
les peaux , & ils changent ces pel-
leteries contre de l'eau-dç-vie K
du tabac qu^ils aiment beaucoup»
Leur nourriture eft du poiflon fec»
de la thatr dexenne ou d'ours ^ leur
LAP
fun- n'eft qite de la farine d^os dé
poiflbn brojés & mêlés avec de l'é-
corce rendre de pin ou de bouleau :
la plupart ne font aucun ufage du
fel, leur boidôn eft de Thuile de
baleine Se de Teau , dans laquelle
"ils laiflènc infufer des grains de ge-*
nièvre. Ils n'ont, noue ainfi dire
aucune idée de religion , ni d*un
Être ruprème-, la plupart font Ido-
lâtres , ^ tous font très* fuperfti-
tieux j ils fent plus groffiersL que
iauvages 9 fans refpeâ pour loi^
même » fans pudeur j ce peuple
abjeA- n'a de nusurs qu'afle^
pour être mépcifé. Ils le bai-
gnent nus & tous enfemble , filles
& garçons > mères & fils^^ frères &>
fœurs , & ne craigneQit poipc qu'on
les voie dans cet état ;. en for tant de|
ces bains extrêmement chauds , ils
vont fe jeter dans une rivière très-*
froide. llsoilTefl taux étrangers leurs
femmes & leurs filles, .& tiennent à
grand, honneur qu'on veuille bien
coucher avec elles ;% cette coutume
eft également établie chez les Sa-*
moïèdes, les Borandiens', les. La-
pons & les Groenlandois^. Les La-
pones font habillées Thiver de peaux
^ de rennes , & l'été de peaux d'oi-
feaux qu'elles ont écorçbés , l'ufage
. du linge leur eft inconnu* . >
11^ vivent fous terre ou dans desl
cabanes prefqo^ntièrement eàter-r
lées', ôc couvertes d'écorcels d'ar-
bres ou-d'os de poiflfon y quelques-
uns font des tranchées ibuterraines^
pour communiquer de cabane en
cabane chez leuts^ voîfins pendants
Tbiver. Uue nuit de plufieors mois
lés oblige àxonferver de laJtunière
dans ce féjour par des efpèces de-
lampes qu'ils entretiennent- avec la
même huile de baleine qui leur fert
de boidon. L'été ils ne fçnt guère
gltts^ilear aife que l'iûvw ju cax ils
1
lAQ 399
font obligés de vivre continuelle*
mekit dans une épaifTe fumée , c'eft
le feul moyen qu'ils ayent ims^iné
pour fe garantit de là piqûre des
moucherons y. plus abondans peut*
être^dans ce climat glacé , qu'ils ne
le font dans les pays les plus chauds.
Avec cette manière de vivre fi dure
& fi trifte , ils ne font prefque ja-
mais malades i 8c ils parviennent
tous à une vieillefie extrême y les^
vieillards font même fi vigoureux
qu'on a peine à les diftinguer d'avec
les jeunes , la feule incommodité à
laquelle ils foient fujets &: qui eft
fort commutée parmi eux » eft la
cécité j comme ils font continuel-
lement éblouis par l'éclat de la nei'
ge pendant l'hiver , l'automne & le
Erinijemps , & toujours^ aveuglés par
L fumée pendant l'été , la plupart-
perdent les yeux en avançant -en-
a^e.
LAPS ; fubftântif mafculin , qui ne £e'
dit guère qu'en termes de Jurifpru-
dence & en cette phrafe , lapj de
UmpSj qui fîgnifie écoulement de
temps, efpace de temps. Cet ufagc
s^efi établi par laps dt^ temps. Ces
édifices, ont été ruinés par laps de
temps. Uy a dès cas ok l'on obtient
en Chancellerie des. Lettres de te-^
lie f de laps de tetnps" pour parer à
une fin dernon-retevoir qui fans ces^
Lettres ferait acqiiije.
LAPS , SE ; adjedif. Tbmbé. II ne fe
dit que de ceint qui a quitté la Re-
ligion Catfaoliqne , & il n'a d'ufage
qu'avec le reduplicatif rr/j/75. Ainfi
l'on ait laps & relaps ; pour dire >.
quieft tombé & retombé dans les*
erreurs^ *
LAPURDUM ; ancienne ville des
Gaules', dans la Novempopulanie»-
C'eft aujourd'hui Bayonne;
LAQUAIS ; fubftântif mafculin. Va-
let de livrée deftiné- â fuivre fo»
{
403 • LAQ
maicre ou fa maître (le, "si fècvîr â
table , &c. Il était fuivi de deux la--
quais.
Différences relatives entre La-
quais & Valet.
Le mot de valet a un fens géné-
ral qu'on applique à tous ceux qui
fervent. Celui de laquais a un fens
particulier ,- qui ne convient -qu'à
une forte de domeftiques. Le pre-
mier déHgne proprement un homme
de fervice, & le fécond un homme
de fuite. L'un emporte une idée
. d'utilité, & l'autre une idée d'of-
tenration. VoiU pourquoi il eft plus
honorable d'avoir un laquais que
d'avoir un valet; & qu'on dit que
le laquais ne déroge point i fa no-
blefTej au lieu que le r^/^rde-cham-
brey déroge , quoique la qualité &
lomce de celui-ci loient au-defTus.
• de f autre.
Les Princes .& les gens de baffe
condition n'ont point de laquais ;
mais les premiers ont des valets de
pied , qui en font la fonâion , &
qui en portoient mcme autrefois le
nom \ 6c les féconds ont des valets
de labeur •
La première fyllabe eft brève , &
la féconde longue*
LAQUE ; fubftantif féminin. Sorte
de cire que certaines fourmis ailées
ràmaiTent fur des Heurs aux Indes
Orientales, & qu'elles traR(portent
fur de petits branchies d'arbres où
elles font leur nid. Voyez au mot
fourmi^ page X34j la manière dont
fè forme cette fubftance.
La laque i)ous vient de Bengale»
du Pégu , de U côte de Malabar »
On appelle laque plate > celle
qu'on a fondue > lavée le jetée en-
fuite fur un marbre où elle fe re-
fp9i4it ^9 Urnes. Et laque cn^graimy
LAQ
ce qui refte de plo^ grbffièr apr^
qu'on en a tiré la teintare.
Laque , fe dit en termes de Peinture ,
de plufieurs fortes de pâtes , même
de différentes couleurs , qu'on cire
des fleurs , &c.
La laque rouge la plus belle , la
plus fine & la plus haute en couleur,
nousvenoit autrefois At Venife ;
mais on n'en tire plus -de cette ville,
depuis q[u'on en fait d'auffi borme
& d*auffi belle i Paris.
Il y en t de trois fortes ; la laque
fine de Venife , la laque colombine
6c la laque * liquide. La première ,
Îuoique fabriquée à Paris , a con-
rrvé fon nom de Laqu« de Ve-
nife : elle fe fait de différentes ma-
nières. Voici lés procédés de Kunc-
kel, dont il dit le fuccès infailli-»
. ble.
Prenez cochenille meftech ou
mefteque , quatre once ; alun , une
livre ; laine blanche , bien fine &
bien pure^ une demi-livre ; tartre
blanc pulvérifé , une demi - livre ;
fon de froment , huit bonnes poi-
gnées.
Faites bouillir le fon dans envi-
ron vingt-quatre pintes d'eau y le
plus ou le moins ne fait rien i la
chofe, lailfez repofer cette eau pen«
dant une nuit , pour qu'elle s'éclair-
cifle bien , filrrez-la , afin qu'elle
devienne bien pure.
Prenez pour lors un chauderon de
cuivre affez grand pour que*la laine
y foit au large , verfez la moitié de
votre eau de fon , & autant d'eau
commune que vous jugerez nécef-
faire pour la quantité de laine , faî-.
te^-'la bouillit, niettèz-v l'alun &
le tartre, & enfuite la laine, que
•vous y ferez bouillir pendant deux
heures , en la remuant toujours de
bas en haut , & de baut en bas , afin
^'olle puilTe bien fi^ aetcoyer;
après
LAQ
*pï^H <!|»*elle aura bouilli le temps
néceflTairè ^ ^éttcz la bine Janç ua
•filet de pccheur.pour la laiffer bien
^goutter. Prenez pour lors la mmiùé
de Teau de fon que vous aviez ré**
fervée , joignez^y vingt-quatre pin-
tes d'eau, & faiies-labouilUri lorf-
qu elle bouc bien fart , mettez^y la
cochenille qui doit être puivérifée
au plus fin , & mêlée avec deux on-
ces de tattre aufli en poudre: il
faut remuer continuellement ce mé-
^^Pge , ppur qu'il ne fuie point ^
mettez-y alors la laine, & faites-la
bouillir pendant une heure 6c de-
mie , en obfervant de la remuer
comme on a dit. Lorfqu'elle aura
pris la couleur, remettez la dans
u« filet pour égoutter, elle fera pour
lors cramoîfie. 11 eft vrai que cette
couleur pourra fe rehaufler par le
moyen de rérain 8c de leau forte ,
ou dans des chaudières d'étaih ; mais
il n'eft pas nécefTaire de poufler le
procédé plus loin 3 parceque ce qui
précède fuffit pour tirer la laoue :
on recommande feulement de oien
cbferver les dofes des matières,
qu'il faudra augmentée dans la
mem'e . proporrion fi on a plus de
laine i teindre.
Pour en tirer la laque , prenez
environ trente^ deuz pimes d'eau
claire ; faites-y fondre afiez de po-
taflTe pour avoir une leflive très-
acre, purifiez la en la filtrant; fai-
tes bien bouillir votre bntie dans
une chaudière , jafqu'â ce qu'elle
foit devenue toute blanche , de que
la leflive ait pris tome fa couleur ;
preSèz bien votre laine ^& pafiez
la lefliv^^ paria: chattâè ; prenez
deux hvres d'alu/i , fatte^Us fondre
dan« l'eaii , & ver fez ^ les dans la
lefiive colorée \ remuez bien le
topt , la leifîve s'épaidira , & fe
•, <9^t^\et^i rejnettefrla ilacbauCci
Toiu Xr.
'<
la la^7 i;e%^^ 4f If Icrlfive paf*
fera claire èç pute : $ toutefois ette
avoir encore de la couleur , il fau-
droit la faire bouillir an peU , &'y
remettre encore de l'alun diitbu^ #
elle achèvera de fe coaguler ^ & la
laque ne palTera plus*
Quand toute la laque aura été
retenue dans la chauûe , U faudi'a
verfer plufieurs fois de l'eau fraîche
par deflus afin d'achevet d*en ôtec
l'alun èc le fel qui auroient pu y
refter. Prenez alors un plateau de
Eypfe ou de craie > mettez votte
ique deflus, ou faites-en de petits
globules , comme des pilules « ce
qui fera facile avec un entonnoir ae
verre, Ôc gardez-les pourl'ufage.
Il faut encore obferver que fi
danslacuiflon il fe diffipe beaucoup
d'eau , & qu'elle diminue trop ^ il
faudra bien fe garder d'y mettre de
l'eau froide, c'ell de Teau bouiU
lante qu'on doit y verfer ^ fans <}uoi
l'opération pourroit manquer.
Si quelqu'un vouloit faire de la
laque fans avoir la peine de com-
mencer par teindre la lei&ve donc
on a parlé s il a'y auroit qu'à pre^
dre de laconture de dup d'écarla-
te j la faire bouillir dans la leffive ,
& procéder au refte comme on
vient de le dire. ; On fe difpenfera
ainfi de teindre die la laine ^ Se des
autres opératiot\Sr
Autre procédé avec le boU de hréfit
& la garance^ Prenez quatre pintes
d'eau froide \ fon de froment » qaa«
tte livres ^ fel formé naturellemenc
de l'écume de la vatt^ & coagulé
par la chaleur du (bleil far les co-
chers, deux . dtagmes ) feaifgrec,
aufli deux, drag^aes..
Mettez toutes ces matières;aa
feu dana uti chauderon , fafqa*i ce
que l'eai^ chauffe » de manière à en
pouvoir fooffrir la chaleur avec la
Ee e
4ài L'À'Q'
• » «
niait! , alàrs retirez Tean ila fed , fk
couvrez le chaiidèron d^un linge,
afin qaeta chaleur s'y confervéle
Elus long' temps qu'il fe. pourra*
.zitTet repofer le. roue pendant 24 |
heures, au bout defquèllés vous dé-
canterez cette leflîve pour être em-
pîofée aux ufages'ftiivâns* '
Prertez un vàfeiiet^ nnettez-y
trois pintes d'eau', & une dfe leflîve,
& après les avoir mifes fur le feu ,
& qu'elles commencent à bouillir ,
jettez-y iincf livre de bois de bréfil
' rapc i flf une dèmîliv^e de garance
• écrifce, avec un quarteron de tar-
tre pnlvérifé^ laiflez bouillir ie tout
environ une bonne minute. Ayez en.
, faite de la laine de brebis , bien fine
Se bien blanche , qui ait trempé pen-
«dant une journée dans de l'eau froi-
• de\ & qui fqit nettoyée de graif-
fe^& féchée^. Mettez-la pendant de-
nîi-heure dans de l'eau froide » &
après enaVoir bien exprimé l'eau,
vous jeterez la laine dans la teinture
& la remuerez bien avec un bâton.
•^taiflez-la flir le feu pendant. une
3 demi -heure , en la faifahr bouillir
• doucement ; *6téz le vafe dii feu,
■ -prenez la- lamé avec unfe-fpôtule de '
' bois fort nette , & la fêtez dans un
vafe plein d'eau froide , que vous
• décanterez au ' bout d'une demi-
^-heirrepour y en rêver fer de nou-
velle : aprcs avoir décanté cette fe-
^ Cdnde eau ,* vous preflerez la laîne
'te là ferez 'ftchôr â l'abri de toute
pouflière, ayant foin de l'étendre,
; dé peur qu'elle ne fermente ou ne
- ^*cdhaufb>. OMeryéz que le féufoit
~*^ietf n^déré', îautYemërit la ceinture
• déyietiiroît trop foncée: Vèus fe-
rez enfuite une^leffi^ede^la mSinière
ftivante; ' '
Métrez des cendres de farmenrl.
de faule , ou de lout autre bois ten
dre» dans âne toile de chanvre pUée
tAQ
en tibuble ; verfez par detfîis peu i
peu de l'eau froide , qui fe filtrera
dans un vafe que vous mettrez def-
fous 'y vous reverferez cette pre*
mière leflive fur les mêmes cen-
dres, & quand elle fera filtrée de
nouveau y vous la laiflerez repofer
pendant vingt quatre heures*; alors
vous la décanterez doucetnent dans
un autre vafe , fans troubler les
fèces.
Mettez votre laine dans cette
lefliVe fr,àide j Se faites la bouillir
i un feu très-doux , jufqu'à ce que
la làinê ait quitté fa couleur*
Prenez alors une chauffe d*hyp«
pocrate , & filtrez votre teinture i
travers ; 8c quand tout fera pafle ,
preflez la chaufle & la laine , pour
en tirer toute la teinture ; enfin re*
tournez la chaufle ^ & èo otez la
laine pour la nettoyer.
Mettez enfuite huit once^ ou en-
vi ton d'alun de soche en poudre
dai>$ un vafe de fayance, avec une
livre & demie d'eau, & l'ayant fsLit
diilbudie » gaffez la folution par la
cbaufie i Se verfezJa dans le vaif-
ftm où eft la ceinture d'écarlate ^
auflitèt il fe formera un coagulum ,
Se la teinture fê féparera de la lef-
five f mette^ te coagulum Se la lef-
6yei dans la chaufle , la laque de-
meurera après que la leffive fera
écoulée. S'il reftoit d* la couleur
dans- la leffive» il faudroir y met-
tre de nouvelle eau d'alun comme
dans le premier procédé. Vous for-
tn^rex aufli des ttochifques ou grains
de la même claoière , pour les faire
r jécher , comme il a été dir«
On peut j en fui vaut ce procédé,
fairé^ de Wla^ue avec la graine de
kermès; mais alors il faut employer
jufqu'â 1 1 onces d'alun. Si Ton veut
i^éfiter la peine de ceindre la laifie ^
y
LAQ
Nêry , dont le procédé ci-dcffîis cft J
ciré , donne encore le fnivanc. <
Prenez de refpcic*de-y;in ane
<juâncûé fttffifance pour y diûTottdre
. une livre d'alun en poudre ^ ajpu-*
tez«y,une once de grains de ter-
mes pulvérifés & raoïifés. Gonfer-
vez le roue dans un verre â cou
large } remuez bien coures ces ma-
tièresj.& refpcipde-vin en pren-
dra une ,bellç cpuleut} lailTez re-
pdfer pendant quatre }our( > au bout
dpfquels votts.verlêrcz Telprit^de*
vin dans un vafe de rajance; pre-
nez enfuice quatre onces d'alun de
roche 9 faites-Les didbttdre djins de
Veau chaude ^ 6c vcrfez cette diîTb-
lucion dfinsi'efprit-de-vin colore ^
paCTezle tour à la chaull^ »x}ui re-
tiendra la couleur. Ramaifez la la-
que de la chauffe avec des cuillers
de. bois ou d'ivoire , & faites-la fé- 1
cher comme on a dit.
;KuiKkel, dans fes notes fur cej
chapitre» dohne le procéda fuivant
comme moins coûteux. Je .prends,
dit-il , une leffivJQ bien claire «^ de
potafTe bu de tartre- , fy ajoute bien
oeu de folution d'alun , je mets la
leflive dans un vafe de verre fi^rt ,
'largue; je^ prends xle la cochenille
en TOudre , que J^enferinetlansiun
petit lac de lin fort ferre;, je i^eéiue
le fac dans Cette leifive > jofqu'â ce
que toute la couleur en foit fortiè; la
première qui vient eft la meilleure.
On peut la féparer de U fuivahte.
dansjin autre vaifleau. JLôrfquîil ne
vieno plus de couleur ','* je prends de'
. Teaud'ajun bien claire -, j*en ^verfe
fur la leflîve jufqua ce<que le tout
foit caillé; je mets à filtrer , & j'é-
dulcore la laque comme dans le
premier prooédé. On peur, ajoute-,
Ctil, compter, ^ur mon^ procédcL/
« Les hrques mces des âtuts pbur*
LAQ 403'
renlumlnUte , fe font de la ma-
nière fuivante«
Faites une leflîve médiocrement
forte avec de la foude ou de. la
chaux ^ ou avec de la potalTe & de
' Talun i mettez y des. ncilrf de je-
nêt , ou de jonquilles^ o^ de' fou-
ci , ou de keyri , connu fous le
nofn de giroflée Oti violicr jaune ,
' faites-les cuire à Teu lent, juf-
qu'à ce que la leifive fe fo|ç^ char-
gée de toute la couleui^ jaune de ce^
Héuts , c efti dire jufqu 1 ,ce que
les fleurs foienr devenues bj^nf hts ,
& la leffive d*un beau jaun^ ; vous
eu te tirerez pour lors l^s Aeurs, ic
mettrez la leflîve reinte dat)s des
t>ots vernîflcs' pour la ! faite, .bouil-
ir: vous ^ joindrez Vutapt^d'alim
de roche qu'çlle en. pourra di(]v>u-
dre ; retirez énfuite la déco<$(xon »
verfezrlâ dans un vafe plein d*eaa
pure, àc fràîcli$? , Ta couleur fe prc-
cipuer^^aiv, ^pnd ; voiij lâiJîcxez
alors ;repof(5r, Teau , yo^l la ^çcan-
; terèzj îfc y en verfcijez dej3'oj>velle;
lotfquç la^c^uleur.rfi fera prj^upipée^
voui décanterez encore cet^c ^fu \
vous réitérerez cette opcnatlon ^
jufqu'àï ce que tout le fel d^la let*
fivé & Taïun ayent j çp^ iolevps ,
. . parceque.pluj^ Ja couleur ie,iîsii dég.i-
; * gée Vdés 4el$ ,'pj^s' elle fera belle.
Vous ttQpveçez^u ;onp du VAlfî une
belle laqué javine, , .que vous jfeiez
fçchêr fur des plateaux de gypfe pu
de craie , copime les précédentes.
'^ '; Il eft .i 'reiparquer qu^ le.oxcme
plâf;eàu peut, /et vit «sUtani; cle.jfois
que rpnveur, ^pourtoiités.ïbttes
de laques , pourvu qu a ^ chaque
fois on ait eu la précaution de le
faire bien fécher avant d*y mettre
^ de nouyelle.laque^'
Kimcm remarque ïur cei pro-
cédé ^ qui pçut fervix pour f^ fleurs
de toutes les couleurs , que lorJC^
Eee ij
4-4 I* A Q
qa on a. fait bouillie les (leurs dans
une leflive , qu'on l'a décantée»
qu'on en a verfc line nouvellô fut
ce qui refte ^ qu*après une deuxiè-
me cuiiïbn dboce , on a réitéré
' cette opération jufquM rrois foîsj
ou tahc qu'il vient de la couleur, &
qu*on vient â précipiter chac^ue ex-
trait avec de Valun , chaque préci-
fâtation dotvie une laque ou cou-
eut oarticulière » très- utile pour
les difféjentes nuances dont font
"^ obligés de fe fervir les Peintres, en
fleurs*
Oh doit obferver en fécond lieu
' que la leflîve de potalîè bien pure
peut faire feule ces extraits f que
totues les fleurs ne réuflifTent pas
également » parcequé les unes (pnt
beaucoup plus tendres que les au-
tres 9 8c qu'il. fatlt fur la même
quantité de ledive beaucoup plus
de celles-ci que de celles B.
Il iVeft pas non plus d'une pe-
ritd confiéduence de faire fécher ces!
fortes A^ laques i propos. Les unes
deôiandentde la promptitude» les
autres en féchant trop vîté, perdent
réclat de leur couleur»
Voici une autre manière, du
même Auteur , qu'il aîTure iue
< également bonne. .
Mecte'i dans uiie cucurbire tes
' 'fieurVdont vous voulez extraire la
' teinture , fans les couper ni écrafer \
rempliflez-la en les foulant , Jufqu'à
ce qu'elle foir pleine ans deux tiers :
verlez par deUus de Tefprit-de-vin
bien reéHtîé; couvrez la d^un cha-
piteau aveugle , que vous lucerez
' bien , 6c laiflfèz le tout en mhcéra-
tipn 1 froid , }ufqii'i ce que Tefprit-
de- vin foit bien coloré. Débouchez
la cucurbite , décantez Terprit^de-
vin que .vous conferverez dans une
bonteille bien nette & bien bou-
* cher » Se verikz de nquveao de l'ef-
î
LAQr
prit-de-vin fur les fleurs ; laiCez
macérer ^ comme la première fois ,
décantez en fuite y 8c C\ et fécond
efprit eft aufll coloré que le pre-
iTiier , mèlcz4es , ' finoh confervez
les ftparément. Mettez ces efprirs-
de-vin dans une cucurbite avec fon
chapiteau , & fon récipient ï un feu
très-doux j & diftillez jufqu^â ce
que l'efprit-de-vin foitprefane tout
>afl2. ôtez enfuite la cueatbite du
eu, St menez la teinture qui j
refte ^ dans un vafe de verre i pour
en faire évaporer très-lentement le
refte de l'elprir-de-vin, jufqu'ice
qu'elle foit entièrement sèche, Ob-
/ervez que le feu foit extrcmeoienc
doux s tel que celui des cendres
chaudes , parcequé ces couleurs
font très-tendres , 8t 'qu'elles fe ter«
niroient & fe gâteroient à un feu
plus fort.
On fait ainfi des laques de toa*
tes les couleurs de fleurs : on peut
même en extraite de vertes des
plani^ donc la feuille colore le
papier^ou le. linge en les écra&ot
defliis. Mais it faut avoir foin de ne
couper ni écrafer que celles qui ont
peu de fttc , telles que la pimpre-
nelle.
U y a des couleurs de fleurs qui
cliaiigent , 3c donnent une ceinture
différence de ta couleur qu'elles ont
naturellement^ c'eft ce qui arrive
furtout au bleu & à certaines fleurs
jaunes , relies que celles de mille-
pertuis» Il faut un foin particulier
pour cirer le bleu , & Kunckcl
avoue qu'il ne peut Ct flanet d'en
avoir jamais obtemi un ^ dont il ait
eu lieu' d'être conteur.
On tire par cette méthode un
très-beau vert des feuilies^^de co-
chléaria. Mais dans cette extrsâioa
de teinture , comme dans les aa-
très 9 il faut obietver de faire Iti
I
LAQ
macérations dans un lieu frMS \ car
la moindre chaleur gâreroic couc.
Uefpric-de-vin qu'on a retiré par
la diftiliation » peuc fervir à de
nourellog opérations de la mcme
e/pèce.
Un Commentateur de Nery ,
indique les plantes fuivantes , com-
me lés plus propres pour faire ces
fortes de laques.
Le bois néphrétique & fes trois
différentes efpèces » que les Anglois
appellent fufticks , dont on fait le
jaune & le vert.
La compegîanc Se Xejylvcjler^ ef-
pèces de bai^ qu'on apporte d'A-
mérique , & qui donnent une cou-
leur un peu moins belle que la co-
chenille.
On peut y joindre la graine de
fummach , le coquelicot , la re-
gliflè , le cucurma ou urra-merita ,
les fleurs àt fafran fauvage , Vanot--
ta » composition qui fe fait d'un
mélange d'algue pourprée » d'urine
& de graiifè, & qui donne une belle
écarlatte. La fleur de genct , la jon-
quille fervent pour le jaune ^ de
même que le fafran.
Le phalangium & le tradefcanti ,
qui donne un bleu foncé fort beau ;
les barbets ou bleuet s, y l'algue ma-
rine des teinturiers. Le tournefol
dont le fuc donne la couleur qui
en porte le nom , la blattaria ou
herbe aux mites dont la fleur eft
jaune & bleue.
Les autres plantes qui contiennent
un fuc colorant font le tithymale ^
le laiteron épineux ovifonchus afper^
le piflenlit , la barbe de bouc ^ la
fcammonée de France y les ré-
ponces , les laitues dont la plupart
jauniflènt en féchant au foleil. Le
millepertuis & la toute-£iine ont
un fuc rouée , caché fous le jaune
de leurs fleurs > la grande chéli-
LAQ 405
doine & le felfel àt% Alpes donnent
du jaune.
Quelques baies des plantes four-
nKTent aufli des couleurs , comme
celle de la morelle , de la vigne
blanche » du houx , du fceau de Sa-
lomon »^ du fureau » de Tbyeble «
l'aconit , le framboifier , le mûrier ,
le bourbe-épine qui donne le vert
de veffie y les noix vertes ou brou
de noix , le fantal rouge & jaune ,
le bois dinde , de fircfil y &c.
On peut eocore mettre de ce
nombre les fleurs de grenadiers » les
rofes de Provins , l'amaranthe , la
graine de coronafolis ou de tourne-
fol. Ctufius dit que l'alaterne dpnn^
du noir.
Les plantes dont les feuilles font
bonnes pour faire la laque verte j
font en particulier le flramonium ^
l'arbre colorant de Virginie dont
les feuilles feulement brojées font
un vert très-foncé ; les feuilles de
l'acanthe » du tabac , du fenouil
d'Efpagnej & tant d'autres que les
eflais peuvent faire découvrir.
La laque appelée colomhïne , fe
compofe avec le bois de Bréfilpur»
ou mêlé avec un peu de cochenille.
Au premier coup d'œil celle- ci pa-
roit quelquefois plus belle & plus
haute en couleur que la laque de
Venife \ mais elle change & n'eft
pas fi bonne. Pour ne pas y être
trompé 3 il faut les éprouver de la
manière fui van te.
Mettez quelques gouttes d'huile
de vitriol dans un vafe de verre ou
de fayance 9 & verfez par-de0us
de l'eau pure & claire peu -si -
peu , jufqu'â ce qu'elle ait un goût
aigrelet » à peu près comme celui
d'un citron un peu doux : flx ï huit
gouttes d'huile de vitriol fuffifent
lur la quantité à peu près d'un demi-
feptier d'eau , mefure de Paris.
4o6 LAQ
Confervez cette liqueur ain(i pré-
parée dans un Hacon bien bouché*
Lorfque vous voudrez éprouver
la laque » mettez-en gros comme un
petit pois dans un petit vafe de
fayance y & ayant verfé par-delTus
environ une demi-cuillerée de vocre
liqueur , laifTez repofer le tout pen-
dant cinq à (ix minutes ou davan-
tage ; n la laque e(l bonne , fa cou-
leur le foutiendra belle ^ fi c'eft de
la laque faite avec le bois de Bréfil ,
elle deviendra de cfoulcur tannée.
On appelle en général , couleur
de laque , une couleur rougeâtre qui
tire fur lo pourpre.
Laque , eft auffi fubftantif mafcuUn,
Se alors il fignifie ce beau vernis de
la Chine ou noir ou rouge que juf-
?iu*ici on n'a encore pu imiter par-
aitement en Europe. Ce laque eft
très'beau,
La première fyllabe eft brève , &
la féconde très*brève.
LAQUELLE jvcjyirif Lequel.
LAQUETTE ; petite rivière de
France en Artois , laquelle eft for-
mée de quatre ruifleaux qui fe réu-
nirent à Eftrée- Blanche i & va en-
fuite fe joindre à la Lys , dans la
ville d'Aire , après un cours d'en-
viron deux lieues.
LAQUIE i grande rivière des Indes ,
qai a fa fource dans le lac de Chia-
mai , arrofe les royaumes d'Achem
& de Bengale , & va enfuite fe per-
dre dans le Gange , près de la ville
de Daca.
LAR ; voye\ Laar.
LARA ; bourg d'Efpagne , dans la
vieille Caftille , lur TArlanza , à
quinze lieues de Burgos y vers l'o-
rient.
LARACHE î ancienne & forte ville
d'Afrique, au royaume de Fez, à
l'embouchure d'une rivière de mê-
me nom dans l'Ocoaa atlantique.
LAR
LARAIRE ; fubftantif mafcuUn dC
terme d'Antiquité. On donnoit c%
nom chez les Romains â un^ petite
chapelle domeftiqae deftiné« aa
culte des Dieux Lares. *
LARANDA ; nom d'une ancienne
ville d'Afie qui étoit fituée fur les
frontières de la Lycaonie» de la
Pifidie & de l'Ifaurie ^ c'eft pour-
quoi les anciens l'ont attribuée à
chacune de ces diverfes provinces.
On nrétend qu'elle fubfifte aujour-
d'hui en Turquie ,dan$ la province
de Cogni près des frontières de la
Caramanie, & à la fource duCydne
ouCarafu.
LARARIES ; fubftantif féminin plu-
riel & terme de Mythologie, rcte
que célébrèrent autrefois les an-
ciens Romains , l'onzième des ca-
lendes de Janvier » eh l'honueuc
des Dieux Lares
LARASSA ou Larasa ; c*eft félon
Pcolémée , une ancieane ville de la
Médie , dans le voi/înage d'Ecba-
rane.
LARCIN j fubftantif mafcuUn. Fur^
tu m. Vol qui fe commet par adrefle,
& non à force ouverte lû avec ef-
fraâion. yoye:^ Vol.
Larcin , fe dit auflS de la chofe do-
rqbée. // efi accufé Savoir recelé U
larcin*
Larcin , fe dit encore d'un vers %
d'un pafTage , ou d'une penfée qu'un
auteur prend groftièremcnt d'un au-
tre pour fe l'approprier Un livre
rempli de larcins.
Larcin , fe dit auflî en matière de
galanterie , d'un baifer pris à i*int*
provifte.
LARD; fubftantif mafculin; Laridum.
C'eft cette partie gralTc qui eft en-
tre la couenne & la chair du porc.
Le lard eft un aliment qui n'eft
propre qu'aux eftomacs robulles des
I
LAR
gens de la campagne , & des ma-
nœuvres r aufii icsfujecs de cet or-
dre s'accommodent-ils très- bien de
Tufage habituel du lard, & fur- tout
du lardfalé) état dans lequel on
l'emploie ordinairement : parmi les
fnjers de Pbrdre oppofé , il s'en
trouve beaucoup que le lard incom-
mode, non-feulement comme ali-
ment lourd & de diâtcile digeftion ,
mais encore par la pente qu'il a à
contraâer dans Teftomac Talté-
ration propre à routes les fubftances
huileufes Se gtsiftes , favoir la ran-
. cidiu\ Ces perfonnes doivent s'abf-
teni'r de manger des viandes piquées
de lard; Il eft clair qu'il leur fera
encore d'autant plus nuifible » qu'il
fera moins récent^ & qu'il aura déjà
plus ou moins ranci en vieillifTant.
Le lard fondu a toutes les proprié-
tés médicamenceufes communes des
■ grailles.
On dit proverbialement & fa-
milièrement d'un avare 9 qu'/7 ejl
vilain comme lard jaune.
On dit auflî proverbialement &
familièrement d'une perfonne fort
* grafle , quV/fe ejl erajfe à lard.
On dit proverbialement & po-
pulairement d'une perfonne qui
conferve ou qui augmente fon em-
bonpoint â force de dormir la graflfe
' matinée 3 c^ elle fait du Tard.
On dît proverbialement & figu-
rémenr de quelqu'un fur qui on
vent rejeter quelque faute , qu'0/2
• veut lui faire accroire qu*il a mangé
le lard , que c^ejl lui qui a mangé le
lard.
Lard, fe dit aufli de cette partie
jgraile qui eft' entre la peau & la
chair de la baleine ^ des marfouins
& de certains autres gros poifTons
^ même nature.
On appelle communément ri^r^
iê lard^ une pierre douce & iavoft
:
LAR 407
neufe au toucher , qui fe taille très-
aifément) & dont font faites un
grand nombre de figures , de magots
& d'animaux qui nous viennent de
la Chine. Elle a plus ou moins
de traniparence ; mais cette efpèce
de tranfparence foîble eft comme
celle de la cire ou du fuif j c'eft-
là ce qui femble lui avoir faitdôn»-
ner le nom qu'elle porte en fran^.
çois. Sa couleur eft ou blanche ,
ou d'un blanc fale , ou grisâtre , ou
tirant fur le jaunâtre & le brun ;
quelquefois entremêlée de veines
comme du marbre. ^
Lz vierre de tard eftjîu nombre
de celles qu'on appelle pierres ollai-
res , ou pierres à pots , à caufe de
la facilité avec laquelle on peut la
railler pçur faire des pots.
LARDÉ, ÉEj participe paflîf. Foye^
Larder.
LARDER } verbe aôif de la première
conjugaifon , lequel fe conjugue
comme chanter. Laridojtgere. Met-ç
tredes lardons à du gibier, â de
la viande. Larder une perdrix. Lar^
der ie gros lard.
' On dit figurément & familière-
ment , larder de coups d^épée ;. pour
dire > percer de pludeurs coups
d'épée.
On dit â peu près dans le même
t fens , larder un cheval de coups ^V-
peron ; pour dire , lui donner tant
de coups d'éperon que les plaies y
paroiflent.
On dit ep termes de marine , lar-^
der les bonnettes ; pour dire, les
piquer ,d*étoupe ,*&c. Voye^ Bon-
nettes* LARDÉES.
LARDIER 5 vieux mot qui s'eft dit
autrefois d'un lieu où Von ferroit le
lard.
LA RDOl RE ;fubftantif féminin.
Sorte de brochçtte creufée & fen-
due par un des bouts en pluficuis
4o3 L A R
branches ou Ton mec des lardons, de
divecfes groiTgurs \ pour laider la
viande- Onnc peut pas fcfcrvir fans
danger de lardoircs de cuivre.
LARDON j fubftantif mafculin. La-
rîdi Ungula. Petic morceau de lard
coupé en long , donc on pique la
pluparc des viandes que l'on faic
rocir , on que Ton mec en pacé , &c.
Des lardons de gros lard.
Lardon $ fe die ngurémenc & famî-
lîiremenc d'un brocard , d un moc
piquanc contre une perfonne. //
reçut quelques lardons dont il ne fut
pas content.
Lardon ^ fe die en cermes d'artifi-
ciers, de certains ferpenteauz un
peu plus gros que les ferpenreaux
ordinaires » Se qu'on jerce ordinai-
remenc par grouppes fur les fpec-
caceurs.
Lardons » fe die en cermes d'Horlo-
gers » de pecic-es pièces oui entrent
en queue d'aronde dans le nez & le
talon de la potence à^s moncres*
Lardon , fe die en termes de Serru-
riers & autres ouvriers en fer ^ d'un
morceau de fer ou d'acier que l'on
met aux crevaflès qui fe rormenc
aux pièces en les forgeant.
Les deux fyllabes font brèves au
fingulier ; mais la féconde eft lon-
giie au pluriel.
LARE; vojrq Lares. .
LAREDO y ville maritime d'Efpagnej
dans la Bifcaye , avec un bon porc ,
i dix lieues , oueft j de fiilbao.
LARENTINALES i voyq Lauren-
TALES.
LARES \ fubftanvif mafculin pluriel j
& cef me de Mythologie. Les payons
. appeloienc ainu des Ûieux domefti-
ques qui étoienc les gardiens des
rues • des chemins , & des maifons.
On les difoit fib de Mercure &
d'une Naïade nommée Lara ou
Laronda , fille du Fleuve Almoo.
LAR
On célébroic en l'honneur de ceux
qui avoienc foin des rues & des
grands chemins , des fèces appelées
Compitalia ^ oa fêtes des Carrefours.
A l'égard des Lares domeftiqnes ou
d^s maifons » chaque parciculier en
régloic le culce à fa volonté. On les
repcéfencoit ou fous la figure d'un
chien , ou revécus d'une peau de
chien , parceque cec animal veille i
la garde des mailbos. On leur of-
froit poncinuellement du vin , de
l'encens 9 des fleurs & des fruics ,
& dans cercains jours on leur faifoîc
le facrifice d'un porc ou d*cme truie.
On les plaçoit ordinairement près
du foyer, ou derrière la porte, & Ion
fe perfuadoit qu'ils garanciflbient
la maifon de tout ce qui pouvoit
nuire , furtout des Lémures ou ef*
prits malfaifans.
Quand les jeunes enfans de qua-
lité étoient parvenus à l'âge de quit-
ter leurs bulles , petites pièces d'or
en forme de cœur qu'ils portoient
fur la poitrine , ils alloienr les pen«
dre au cou des Dieux Lares Se leur
en faire hommage.
Lare , fe dit quelquefois au fingulier
en rermes d'antiquaires. Une figure
qui repréfente un Dieu Lare.
La première fyllabe eft longue »
la féconde très-brève.
LARGE \ adjeâif des deux genres»
Latus. Il fendit d'un corps confidéré
dans l'extenfion qu'il a d'un de fes
cotés i l'autre , ic par oppofition â
la longueur. Cette rue n*eftpas large.
Ces draps font fort larges. Ce fluevc
efi très^ large à fon embouchure. Il
faut une bande plus large que celMâ.
On dit proverbialement , ac"
commode^ - vous le pays efi large ;
pour dire , qu'on eft en lieu où l'on
peut prendre toutes fes comaa-
dités.
I ^ On di( figurçfnent & famîiièçe'
ment
LAR
ment , ^unc pcrfonnt a la confcicnce
large ; pour dire , qu'elle n'eft pas
forr fcrupuleufe.
On dit proverbialement & fîgu-
rément , /aire du cuir d^-autrui large
courroie; pour dire , ècte libéral du
* bien d'aurrui.
La RGB , s emploie aufli fubftantiver
ment. De la moujjcline qui a trois
quarts de large.
On dit en termes de Marine ,
prendre le large ^ tenir le large; pour
dire » fe mettre en haute mer , tenir
la haute mer. Et que la mer vient du
i large ; pour dire , que les vagues
! font poufTées par le vent de la mer
& non par celui de la terre.
£n termes de Manège , 011 dit ,
qu'x^/z cheval va large , trop large ;
pour dire » qu'il ne demeure pas
iujet , qu'il s'écend for un tropgrand
terrain. £r qu'ion cheval ejl large du
devant ; pour dire*, qu'il a beaucoup
<lepoitraih
En termes de Fauconnerie , faire
iarge , fe dit de Toifeau , iorfqu'il
écarte les ailes \ ce qui défigne en
lui de la famé.
On dit figurément & familière-
ment , gagner le large y & prendre le
^^g^ i pc>ttf ^û:e , s'enfuir^
Lakgs , en termes de Peinture a la
même fignification dans le méca-
nifme de l'art , que le mot grand ,
dans les parties de cet art qui font
du reflbrt de refprir. Il fe dit des
contours , des draperies , des lumiè^
res , du pinceau , dç Ja touche & des
majfes. Les ouvrages dans lefqwels
on ne conferve pas des lumières &
des ombres larges , ne font jamais
un bon e£Fet auic yeux de ceux qui
les regardent de loin* L*oppofé de
iarge eil mefquin.
Av LARGE , le dit adverbialement
|K>uriignifîer , fpacieufement. Nous
étions ajps au large.
Tome Xr.
LAR 409
On dit figurément ^ être au large;
pour dire , être dans l'opulence. £c
mettre au large ; pour dire j métrée
dans un état plus commode & plus
opulent. Us font au large. Cette en-*
treprife leur a réujjî & les a mis ait
large.
On dit en termes de Marine j
qu'«/i vaijfeau eft au large , qu /7 fe
met au large , qu'/7 court au large ;
pour dire » qu'il eft en haute mer ,
qu'il gagne la haute, mer.
On dit adverbialement , au long
& au large ; pour dire , dans toute^
l'étendue de la fuperficie dont on
parle ; & dans cette acception on
dit , s^éeendre au long & au large ;
pour dire , s'approprier , acquérir
beaucoup d'efpace , beaucoup de
terrain aurour de foi.
On dit aufli ad^rbinlement &
populairement , du long & du Idrge^
& ordinairement en cette phrafe ,
il en a eu y on lui en a donné du long
& du large ^ pour dire , il a été bien
battu ) on s'eft bien moqué de lui.
Large , s'eft dit autrefois pour géné-
reux , libéral , mais dans cette accep<
tion il n'eft plus guère ufité qu'en
cette phrafe proverbiale , autant
dépend chiche que large ; pour dire
que l'avarice mal entendue ne fait
point de profit»
LARGEMENT \ adverbe. Largicer.
Abondamment, généteufement, au-
tant & plus qu'il ne faut. Ce Sei^
gneur le recompenfa largement. Les
Juges l'indemnisèrent largement.
LARGE NTIERE; petite ville de
France , dans le Vivarais , â cinq
lieues ^oueft-nord-oueft.de Viviers.
LARGESSE; fubftantif féminin. Li-
beralttas. Don , préfent , libéralité »
diftribution d'argent ou d'autres
chofes. Che'i les Roniains ceux qui
afpiroient aux charges', faifoicnt des
largejfes au peuple.
Fff
4IO LAR
Oa zpptlle pièces de largeffi ^ des
pièces d'or 6c d'argent que les hé-
rauts jettent paroiiie peuple au facre
des Rois , & autres grandes céré-
monies.
LARGET ; petite rivière de France
dans le comté de Foix. Elle a Ta
iburce à la Cabriole , • montagne
des Pyrénées, & fon embouchute
dans TArriége , près de la ville de
Foiz.Oo rapporte qu elle roule avec
fon fable des paillettes d'or & d'ar-
gent.
LARGEUR j fubftantif féminin. U-
iitudo. Etendue d'une chofe confidé-
rée d'un de (es cotes à lautre. Or-
-dinairement la largeur d'unç fur-
face fe diftingue de la longueur , en
ce que la largeur eft la plus petite'
des deux dimenfîons de la furface >
Se que la loiigueur eft la plus gran-
de. Ceae rue a cent tçifcs de longueur
& dix de largeur*
La première fyllabe e.ft brève &
la féconde longue.
LARGlLLlEREi (Nicolas de) nom
d'un Peintre né a Paris en 16^6 ^ &
mort dans la même ville en i74(^.
Il fit éclater de bonne heure des ta-
lens extraordinaires pour la pein-
ture. 11 patTa en Angleterre ou fon
mérite lui fervit de recommanda-
tion. On l'employa à rétablir quel-
ques tableaux endommagés par le
temps, & à produire pluueurs mor-
ceaux de fa coippoCtipn. Le Roi
prenoit plaifit à le voir travailler ,
étonné de fon habileté qui étoit au-
deflus de fa je.unQ(Ie. Enfin l'amour
de la patrie foUicira Ll^giliière de
revenir en France au f^in de fa fa-
mille. A fon retour j plofieurs de
fes parens & defesami$ lui deman-
dèrent leur^ portraits; cft itluftre
Aftifte s'en acquitta avec diftinc-
tion ; fes tableaQX frappèrent les
connoiflTeurs. X<^n</i lui accorda fou
LAR
eftime & fon amitié; & Te fixa en
France > malgré les follicitations de
la Cour d'Angleterre qui lui offroit
des places non moins honorables
qu'avantageufes. L'Académie le re-
^ut comme Peintre d'Hiftoire : il
réuffiifoit en eflfct très-bien en ce
^ genre ; mais Toccafion le fit travail-
ler principalement aux portraits. A
l'avènement de Jacques II à la Coa-
ffonne d^ Angleterre , Largillière fut
mandé nommément pour faire le
portrait du Roi & de la Reine ; il
le fuipaiTa lui* même ; la foi tune
vint Le préfenter alors dans coût
fon éclat au Peintre pour le retenir i
la Cour angloife ; mais il ne fc laitfà
point tenter & vint encore en France.
Ce maître peignoir pour rordînaîre
de pratique ; cependant fon deâèin
eft corteék , & la nature parfaite^
ment faifie : fa touche eft libre >
fa vante & légère ; fon pinceau moel-
leux ; fa compofition riche & iogé-
nieufe» Il donnoit une reffèmblance
parfaire à fes tètes y fes. mains font
admirables , & fes draperies d un
grand goût : aux talens de Villuilre
Artifte , il joignoic les vertus de
1 bonnère' homme.
LARGION ; vieux mor qui fignifioit
autrefois largeflfe.
LARGIS ; bourgde l*Écoflè méridio-
nale , dains la Province de Cuning-
ham , fur le golfe de Cluyd ^ à fepc
lieues de la ville de Reinfreu vers
le couchant..
LAR0ITI0N4LL; fubftaniîf mafcu-
lin > & teripe d'antiquité. Titre
à\ntt Bas-Ûffii:ier. dans TEmpire
Romain : c'^étoit une efpèce d'Uuif-
fîer ou de Sergent,
LARGO ; term« de Mufiqiae emprwtfé
de Hràlien. Il fe met â \m tète des
airs qui doivenc être. joués d'oo
mouvement très- leot»
1
lAR
LARGUE ; fubftantif mzCaMn , Se
terme de Marine qui oe fe die guère
qu'en ces phrafes , prendre le largue ,
tenir le largue , Jaire largue ; pour
dire , prendre la haute mer , tenir
la haute tner ^ &c.
Ljlrgub j s'emploie auffi adjeâive-
ment. On appelle vem largue , un
air de vent qui eft compris entre le
vent arrière & le vent de bouline.
C'eft le vent le plus favorable pour
le ilUage , car il donne dans toutes
les voiles ; au lieu que le vent en
poupe j par exemple ne perre que
dans les voiles d'arrière i qui déro-
bent le vent aux voiles de>9 mdts3 Sa-
vant. L'expérience a appris en géné-
ral , qu'an vaiiTeau qui fait crois
lieues avec un vent largue , n'en fait
que deux avec un vent en pouppe.
A LA LAUGUE , k dît adverbialement
fur la Méditerranée , pour dire ,
loin du bord , loin des autres vaif-
féaux. Nous nous mimes à la largue.
Et en commandant , on dit , à la
largue , â la largue.
LARGUE j petite rivière de France
3ui a fa fource dans le territoire
e l'Hôpital & au Comté de Sault
en Provence , arrofe le Comté de
Forcalquier , & fe jette enfuite dans
la Durance.
LARGUÉ , ÉE j participe paflif. Foy.
'Larguer.
LARGUER 'y verbe aâif de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
jugue comme Cif anter. Lâcher ou
filer les manœuvres quand elles font
halées. Ainfi , larguer les écoutes ,
c'eft détacher les écoutes pour leur
donner plus de jeu* Larguer une
amarre , c'eft détache^ une corde
d où elle eft attachée.
On (e fe'rt encore du verbe lar^
guerypouT exprimer l'état du vaifleau,
torfque fes membres ou fes borda-^
LAR 4tc
ges fe féptrenr » lorfqu*!! s^'ouvre en
quelque endrok : on dit alors que
le vaiHeau eft largué. Ce terme a
au(n lieu lorfqu'un vaiffeau s'eft fervt
du vent pofir éviter le combat.
LARIGOT; fubftantif mafcutin. Ef-
pèce de flûte ou de petit flageolet
qui n'eft: plus maintenant en ufage»
& qui a donné lieu à un des jeux
de l'orgtte» qu'on appelle le jeu dts
larigot.
On die proverbialement » boire à
iirelarigot ; pour dire boire excefli-
vement.
LARIN \ fubftantif mafculin. Mon**
. noie d'argent qui «cours au Mogol,
en Arabie , en Perfe « &c. & qui a
été ainfl appelée de la ville de Laar
ou Lar , capitale du Lariftan où l'on
en a d'abord fabriqué. C'eft un fil
d'argent replié , de manière qu'un
bout eft un. peu phis long que Vz\>
tre. 11 eft marqué d'iine petite em«
preinite au coude du repli. Sa valeur
eft d'environ dix fous de France. -
LARINA 'y ville Êpifcopale d'Italie »
au Royaume de Naples , dans la
Capitanate>âdix'huit lieues de fie*
nevent.
LARISSE \ nom d'une ancienne &
fadieufe ville de Grèce dans laThef-
falie , aujourd'hui la Province de
Janna » far le Pénée» à vingt lieues ^
fud , de Sabnique» Ce fut la partie
du redoutable Achille & la ville où
Philippe, pèred'Alcxandre leGrand,
fixa la réudence. Il y a un Archevê-
que grec » im palais it de belles
mofquées; Les Empereurs Turcs y
ont fait quelquefois leur féjour.
Le nom moderne de cette ville
eft Larze. Elle eft habirée par des
Turcs j des Chrétiens grecs , & fur^
tout des Juifs qui y font un com«
merce aflex conlidér;Me.
Larzssb ^ eft aofli le nom de pluGeors
Fffij
4t^ LAR
autres villes de ranciquicé t tt 7 en
avoir deux dans l^ile de Grèce > une
en Syrie ^ une en Lydie , une dans
TEoIide , &c.
Larissc , eft encore te nom d^une
rivière de Turquie dans la Rbma-
nie. Elle a fa fource'enrre Andrino-
ple & Chiourlick , & fon embou-
chure dans rArchipeL
LARISTAN î contrée de Perfe fituèe
aux environs de la ville de Laar ou
Lar, & qui sVtend depuis le 15*
degré de latitude iufqu'au 17*. Elle
avoir autrefois fes Princes particu-
liers qui prof^doienc la religion de
Zoroaftre : les Arabes s'emparèrent
de leur pays fans abolir leur culte :
ceux-ci furent chatfés par les Cur-
des Tan y 00 de l*égire } 6c cesder-
. ni^rs s'y maintinrent jufqu'au règne
de Schah Asas.
LARIX j voyei Mélèze.
LARME ; fubftantif féminin. £tfcrj^tf.
Liqueur aqueufe y lymphatique ,
fubrile , limpide » douce ou légère-
' ment falée , féparée du fang arrériel
dans la glande lacrymale , & dans
les petits grains glanduleux dont
l'intérieur oes paupières eft parfemé.
Cerre humeur ferc à humeâer &
dérerger les yeux & les paupières.
Enfoire fe porrant par fa fiuidiré
narurelle 6c par le mouvement fré-
quent des yeux & des paupières
vers l'angle interne , elle eft reprife
, par les points lacrymaux & condoîte
. au fac lacrymal qui la verfe dans le
nez par le canal nazal*. Dans Tétat
naturel la lymphe lacrymale s'écou-
le entièrement par cette voie : mais
t fi les yeux , la glande lacrymale 8c
• ks grains glanduleux des paupières
• ibnt irrités par quelques corps érran-
rrs. qui y oiK pénétié » comme- de
poufllère > de la moutarde , du
• poivre ^ U vapeuc de l'oignoa , Ul
.
t
LAR
fumée y ou autres femblables , 00
par les larmes mêmes devenues
acres » ou par de violentes pallions
de l'ame » comme la douleur y le
chagrin , la triftelTe , la pitié ^ U
Joie \ alors ces organes fécrétoires
comprimés à différences reprifes,
verferont une plus grande quantité
de larmes que les points lacrymaux
n*en pourront abforber. Une bonne
partie sL la vérité , y paffera , mais
le refte s'échappera par deflTus la pau-
pière inférieure de coulera en goût*
tes fur les joues , comme u Ton
I^leuroit- La même chofe arrivera (t
es points lacrymaux od le fac nazal
font obftrués ou comprimés.
Les enfans , les vieillards » & les
femmes pleurent plus facilement
que les hommes d'un âge viril ^
parcequ'ils réfiftent moins que ceux-
ci aux paflSons » & que leur tempé-
rament humide rend la fource des
larmes plus abondante.
Quelquefois les cils mal rangés
dans ce r raines perfonnes fe rrouvent
aflez recourbés dans l'œil pour irri*-
ter la cornée tranfparente à tous \et
mouvemens de la paupière y ce qui
ne manque pas de produire un lar-
moyemenr prefque continuel. Le
plus court parti alors c'eft d'arracher
fouvenr les cib avec délicatefle. .
La caroncule lacrymale a Q|é
efpèce de petit poil follet qui dans
certains fujets grandit, ficirriranr le
globe de lœil y excire les larmes»
Dans ce cas il ne fàur point héiirer
d'arracher ces petits poils & la gué-
ri fon fuivra de près*
On dit par exagération , un iomnt
de larmes ; pout dire, des larmes
qui coulent en abondance. Etpku^
rtr à chaude S' larmes , à greffes làr^
mes ; pour dire , pleurer exceffive*
ment.
On dit d'un grand malheut,, é!ùm
LAU
défàftre faftefte , qvif'ilJevroît ttrc
fleuré avec des larmes defûfig* '
On dit proverbialement , figura
mtfiK & familièrenoenc ~, ce que
maiirt veut & valet pleuré foht lar-
mes^ perdues ; pour dire , que c'eft
înucilemenc que tUnfëriear veut ré-
fifter aux volontés du fupérietir , &
' que Id plus fotbie s^oppofe i^ce que
veut le plus fort.
On appelle Bgurément & prover-
bialement 9 larmes de crocodile , les
larmes que l'épand une perfoone
dans le défTein d'en tromper une
autre. Cette expreflioo tire fon ori-
gine de fbpinibn dàos laquelle oti
eft que le crocodile , pour attirer
les pa(rans'& les dévorer/ contre-
fait le cri d'an enfant qui pleure.
On dit, un drap mortuaire feme^
de larmes ; pour dire , un drap mor-^
tuftire fur lequel il y a des larmes
repréfentées.
Larme ^ fe dit aufli familièrement
d'une goutte ou d'une petite quan-
tité de quelque liqueur. Ce vin nefi
pas mauvais goùte^-en une larme.
La RMES , fe dit encore du fuc qui coule
depluiieurs arbres ou planre«Sj com-
me la vigne j le fapin , ^c.'qttcmd
on les caille.
On appelle larmes de cerf y une
Jîqueur jaune qui fort de deux ou-
vertures que cet animal a au-def-
fous des yeux & qn on appelle /ar-
mières. Cette liqueur sépaiflît en
formd d'onguent , & elle eft* fouve-
caine contre le mal de mère j enia
délayant fcen la prenanr dans du
. vio blanc ou dans de l'eau de char-
don béni. ' ' ; ' - ~,
Qn^ppelle larmes de: verte:, de
petits morceaux de verre! ordinave
2u'on tire du v.ife où le verre ëft'en
ifion avec^ l'extrémité d'on tuyau
^e fer. Oti en laifTe tomber les
dès dans ifn Vïfé où il y a dé l'eau
frb?dë, 'Sc^farflfe yiâifîe refroidir.
Là elles prennent une forme affez:
feinblable à celle d'une larme ^ &
c'eft pour cette raifon qu'on les ap-
pelle larmes de yetrcy elles font
compofces d'un corps affea: gros &
rond y q^ii fe^tecm^ipe par un peti^
BU^ont^y^u fermé» On fait ^vec
ces larmes une expérience fort fur-
prenante -y c'e(l qu'auffitôt qu'on, en
caffè l'extrémicé ^ toure la larme fe
brife avec un grand bruir , & qi)el-
queç mprceaux font incme réduits
en pouiBcre. Le Doâeur Hook dpn»
fa Micrographie , a donné une dif-
fertarion pariicuUèrc fur ce fujer..
La caufe de cet effet n'eft pas encore
trop bien connue ^ voici luie des ex-
plications ^u'on en ^a imaginées.*
Quand la larme fe refroidit & de*
vientdureâl rti^eau centre de cette
larm,e un pe.u d air extrêmement ra-
réfié par la chaleur \ Se Ton voit et>
effet les bulles de cet air renfermées
au-dedans de Xtl larme ^ verre y à^
forte que Tintérienr de; ç^ite larme ^
depuis ie bout jufqu'au. £bnd,» eft
. creux & rem pli d air beaucoup moin»
condenie que lair extérieur^ Or ,.
quand on vient à rompre le bout da
tuyau ou filet qui termine la, larm^ y
on ouvre ^un paiTagçà^'air extérieur^
qui ,ne trouvant pas de ré(iÀaqce
oan^ te creux de la larme;, s'y Jeue
avec impétuofité , & par cet eflort 1»
bxife.. Cette explication Ibuffre dex
grandes difficultés >. & doit être au
moins regardée comme infuffifante^
car'fes larmes de verre fe brifenc:
'dàtns lévide.
*; ^^Ces larnfies- de* verre s^appefleht
avffi ' larmes Batavîques , {^arceqae
les preniièresont été faites eh Hol*
lande.
;Laiimbs^, fedtrauflï dans, îesvcrre^
I .
Iportes qmf(»it exaêmemenccbaa- y 'lies, des gotittes-^àt idmbexrr des
414 LAR
parois 8c Jes vouces de$ ft^ur*
neaux vitrifiés par la violeuç^ da
feu.
En ternies de chafTe » on appelle
larmes dcplomb^ une force de plomb
donc on fe ferr pouc cirer des oi-
féaux.
Lai^mb db Job , fe dtc d'une pl<tnce
que Ton cultive dans les jardins »
particulièremenren Candie, en Sy-
rie , & dans les autres pays orien*
taux: fouvenc elle y vient d*elle-
tncme, ce qu'elle ne peut faire dans
les climats froids. Ses racines font
fibreufe^s , noueufes & longues : fes
feuilles font femblables à celles du
blé de Turquie, longues d'un pied
& demi : il fore des aifTelles de fes
feuilles de perics pédicules, lefquels
foutîennehc chacun un nœud j qui
contient l'embryon du fruit. Il part
de ces nœuds des épis de fleurs â éca*
mines , renfermées dans un calice
fans barbe. Ces fleurs font ftériles;
car les embryons naiflent dans les
nœuds , & deviennent chacun une
graine unie , luifanre. & Jaunâtre
avanc la maturité » rougeatre quand
elle-eft mûre, très^dure , de de la
grofleur d'un pois chiche. Cette
graine eft compofée d'une coque
dure , ligneofe , & d'une amande
farineufe , enveloppée d'une mem*
brane fine : on la mange à ta. Chrne.
On voit quelquefois der chapelets
faits avec les coques de ce fruit.
LARMER ) vieux mot qui iigniâoit
autrefois pleurer.
JLARMIER; fubftamif mafcalin ,, &
terme de Menuiferie. Pièce, de bj^is
qui avance au* bas d'oin chiaÇls dor-
mant d'une ccoiCéeott du ça4tedc
Titres , pour empêcher que l'eaci ne
ironie dans l'intérieur du bâcimepc
' te pour l'envoyer en dehors : cette
p^ccç eft 4 peu pr^ dç la Éigïirç>4*lW
LAR
de cylindre coupe dânl fa
longueur.
tARifiEa, fe dit suffi en termes d'Ar-
chiteâuffe » d*une faillie qui eft
hors de l'aplomb de la muraille ic
K quiijert à empêcher que l'eau ne
décQule le long du mur.
L«A;iMua 1 da^s une corniche , fe dit
au0i da la p^r rie qui eft le plus en
faillie.
LÀRMIÈRES^ fttbftamif féminin plu-
riel. Feutes'qui font an -deflbui i.t%
yeux du.cecf.: U en fort cerie liqueur
jaunâtre qu'on appelle iarmcs de
cerf» f^9yjt\ Larub.
LARMIERS} Aibftancif mafculioplu^
riel , & cerme d'Hippiacrioue. Par-
. ties qui dans le cheval repondl^nc
aux tempes dans les hommes. Sai"
/Hcr un cheval aux larmiers.
RMOYANT, ANTEv adjeékif.
Lacrimaiundus, Qui pleure exceifi*
vement , qui répand des larmes en
abondance. Des femme» larmoycn^
tes.
LARMOYEMENT; fubûantif maf-
culint Maladie caufée ou par les
larmes trop abondantes oif pac tout
ce qui en arrêce le cours vecs les
points lacxymaux iSc le fac nafal :
cette matière eft quelquefois fi acre
qu'elle excorie la peau des joues où
elle fe répand. U faïuc bien coonei-
cre la ftruâure- de ces. parties pour
juger avec quelque fondement^ des
variétés quepréiente cette maladie.
Lorfque la matière des tarmes fe
ramalTé dans le fac lacrvoial où elle
forme une forte d'hydropifie , 2c
qD'eUe Qoale p^ir : regorgemeiy ou
par la compreflion de là cunaenrj
dçsbpoints.lacrymâus^*» ona'apasds
peine.i jiige«rque l'obftacle eft au-
dlidous dans une partie do (ac la-
crymal ; mais fi lai prelfion o'ex*
prime rien » & s'il ne puuroit aucune
y ilii'eftipas dpucenqtto
i
LkK
le irlce quelquefois ip{»arênr , ^ne
foie dans les points lacrymaux^ fi
r«n moache en fan beaucoup , niiai*
gré le lacmoyemnenc ^ on doit tour-
; ner fes vues du coté de l'organe de
la féciéttoaJL'-ophchalmie^ la cliaffie
êc toutes les irritations extiernes peu-
vent produire lelarmoyement. L*ha-
biniel ttt difficile â guérir ic dégé-
génère quelquefois en fiftule lacry-
iiiale.
Lorsqu'il 7 a un vice dans la rbute
qui conduit la matière des larmes
vers les fiarines , on n'y remédie
que par l'opération de la itiain ,
qu'on fait fiiccéder aux remèdes
généraux. Dans thyiropijit^ du fac
nafiil y la feule preflion fècivent réi-
térée , ou une compteffion contirfue
par un bandage convenable , pcfu-
vem garantir de la fiftule Se taire
diTpan^oîov la tumeur , tnai*s etles
ne délivrent pas du iarmoyement :
dans les autres cas , les pureatife ,
. let dîurériqoes 8c fes fudorinques ,
comme les falivaos & les fternuta-
loires firat le» retpèdes les plusem*
pioyés ; les eaux minérales donc les
circonftances indiquent le choix ,
font auOlr très*uciles. On ufe encore
exf ériettitement des aftringens Ôc des
déilicaiifs » comme de ta pierre ca-
laminaire , du vicriol , &<. thaïs on
doit peu compter fur cks ibrrés de
remèdes: il y en a qui fe conténTctat
de baffiner leurs yeux avec de Teau
toute fimple , dégourdie j êc pIU-
(ieurs s'en trouvent bien. 11 h'en
eft pas de même des véficaroires ,
du fcton & du cautère donr an a
lieu d'attendre de bons efFetSi Les
fondes d'Anel & les injeâions par
les points* lacrymaux , font dans
quelques cas très-utiles y mais on
ttouve peu de Chiturgiensqui fâ-
chent employer ces moyens.
LARMOYER , verbe neutre de la
LAR 415
Irtremîèt'é conjugôifôn , lequel fe
conjugue comme Chaktir. Lacry^
mari. Pleurer , fondre en larmes ,
répandre des larmes de douleur. Ils
ne font que larmoyer.
LAROBO; petite ville marirîmed'X-
frîque , fur la cote de Barbarie « au
Royaume d'Alger 9 dans la province
de Conllantine*
LARRIS \ vieux mot qui figniiîolt
autrefois landes ^ terres incultes.
LARRON , ESSE } fubftàntif. latro.
Celui , celle qui dérobe , qui prend
furrivement quelque chofe.O/2 court
après te larron. Le larron fut arrêté en
fartant de t Opéra*
On dit proverbialement & figu-
rément , que l* cccafion fait le larron;
pour dire » que l'on eft tenté par la
préfence de l'objet.
On dit aulïî proverbialement &
figuréraent , ûtf plus larron la hourfe;
pour dire, fe confier i celui dont on
d'evroirle plus fe déBer.
On dit encore proverbialement
& figurémenc, que les gros larrons
font pendre les' petits ; pour dire ,
ijue quelquefois' ceux qui fontéra-
' blis pour décider du fort desaucres^
- foi^t plus Coupables qu'èifx.
OndhrauUi proverbialement 8c
' • figurtmerit ,'que deux ou pîujîeurs
perfônrtes s'^ entendent comme larrons
en fohe i pour * dire , qu'elles font
d'intelligence pour f^ire à%% tours ,
des friponneries. ^
Lprfqu'on a payé d'une iharchan-
dife mut ce qu'elle vaut » on die
proverbialement *, Une faut pas crier
au larron. ,
Quoique par larron ôh li'enten-
de pas un voleur de grand chemin,
cepéndanr en parlant des deux vo*
leurs qui furent mis en croix avec
Jisus Christ , en fe fert ordinal'
rement du niot larron.
L*ûnde ces deux larrons bla(phé«
41 <î LAR
ma , ait TEvangile de Saine Luc ,
en difant y ^ tu es le Christ ^Jaw
yÇ'toi toi - même & nous avec toi ;
Taurre larron au contraire recon-
noilTanc l'innocence & la divinité
de jÉsus-CHaisT^lui adreflTa cette
prière , Seigneur fouvene^ - vous , de
moi lorfque vous fere\ dans votre
Royaume ; ï quoi le Seigneur ré*
pondit^ ^il Jeroit ce jour mcme avec
lui dans le Paradis.
L'Évanftile apochryphe de TEn-
FANÇE DE JÉSUS , qui eft un ouvrage
très*ancien,, raconte que pendant la
fuite du Sauveur en Egypte » TEn-
PANT- Jésus > la Vierge & Saint Jo-
feph tombèrent dans une bande de
voleurs, qui étoient tous endormis ,
à l'exception de deux dont l'un vou*
loir tuer cette fainre compagnie j
mais que l'autre l!en détourna ^ qu'a-
lors l'ENFANTrJÉsus prédit qu'un
jour ces deux voleurs feroient at-
tachés i côté de lui à la croix ; que
l'un entreroit en Paradis & l'autre
îroit en Enfer. Le premier s'appe-
)oit Titus ôc Tautre Damachus^ Le
faux Évangile de Nicodème les
nomme, l'un Démas 8c l'autre Car-
ias* Une hidoire perfanne de la vie
4e Jésus* Christ leur.donne les
noms de Vicimus 6c de Jufiinus.
L'auteur des fleurs ou recueils at*
f ribués à Bède ,. les appelle Matha
Se Joça. Les Chrétiens orientaux
appellent le bon larron , Laas-oil^
jTemin ^ le larron de la droite. Saint
Hikire met au(fi le bon brron. â
la droite ^ ^.1^ mauvais à la gauche
du Sauveur.
Plufieurs Pères ont donné au bon
larron le nom de Martyr y à caufe
du témoignage qu'il a rendu â la
vérité dans un tetnpsoù elleparoif-
foit prçfque abandonnée de tout
|e monde. 1.1 fut ^apcifc dans fpn
Pfopzp (anj5 , & la mort qu'il (buf-
LAR
fric dans un efptic de fol &'decha«
rite , lui mérita la grâce de la bca-
titude i mmédiatement après fa mort,
comme .Jésus-Chuist l'en aflfure :
hodie mecum cris in Paradifo. Soit
qu'on entende fous le nom de Pa^
radis «le lieu de repos où les âmes
des Sainu attendoienc la venue du
MefHe \ ou le Paradis terreftre où
on a placé Hcnoch & Élie \ ou le
ciel où les bienheureux jouiftènt de
, la béatitude/ Plufieurs Pères l'en*
rendent en ce dernier fens.
Les Eglifes orientales , bi grecaue
& la latine , ont cqi devoir rendre
un culte public au bon larron. Cel-
les de' Syrie 6c de Méfopotamie
marquent fa fère dans leur calen-
drier y le neuvième jour après le
vendredi de douleurs ou le ven-
dredi faint 9 c*tft à*dire, au iamedi
de la femaine de Pâques. Aaba Ja«
coub » É vèque.de Sarouee , a fait us
fermon fur la fère du bon larron ,
qui fe trouve manufcric dans la bi-
bliothèque du. Roi*
l'Églife grecque marque fk fère
au vingt-trois de Mars , & la btbe
au vingt-cinq du même mois , con-
formément à l'ancienne tradition
qui tenoitque Jésus^Christ étoit
mort le oième jour. D autres ont
mis f^ fct^e au 5. Avril 00 au s de
Mai. On lui a érigé des Chapelles
«n certains; endroits > fous le nom
de Saint Dimas oju DifmsisAji croix
du bon larron & celle de fon com-
pagnon y furent, trouvées avec celle
AU SauveiK par Sainte Hélène. On
ajoute que la croix du bon larron
fut envoyée à ConAantinople & en-
terrée dans la place conftantinienne, %
& de là tranfportée à Nicofit en
Chypre.
On dit proverbialement & po-
pulairement y que la chofe la plus
harfliàcft la çhemifc d'un Meunier ^
parce qutUc
Î.AR
parctqu*tll€ pnnd tous Us matins un
larron au collet.
Larron , fe die en termes de Librai-
rie y du pli d'un feaillec qui » lorf-
qu'on a relié le livre , n a pas été
rogné. Un livre rempli de larrons.
Larrons y ( îles des) voyei^ Mari an-
NES.
La première fyllabe eft longue ,
& la féconde brève aufingulierj mais
celle-ci eft longue au pluriel.
f^cjycf Voleur , pour les diffé-
rences relatives qui en diftinguenc
Larron , &c.
LARRONNEAU; fubftamif mafcu-
lin peu ufité. Diminutif. Petit lar-
ron qui ne dérobe que des chof es de
peu de valeur.
LARROT , ou Larroz ; petite ri-
vière de France y eh Gafcogne. Elle
vient de la vallée d' Aure j iraverft
le comté de Bigorre , arrofe une
partie de l'Aftarac & de l'Ar-
magnac , & va fe perdra dans TA-
dour , i Plaifance,
LARVE; fubftantif raafculin & terme
d'antiquité. Les Poctes donnoient
ce nom aux âmes des niéchat||||u'on
croyoit errer fous des figures hi-
deufes pour effrayer & tourmenter
les vivans. On les appeloit auili Lé-
mures. Voyez ce mot.
Larves , fe ditaulG en termes de Na-
ruralifles , des infcAcs i mcramor-
phofes , lorfqu'ils font dans leur pre-
mier état au for tir de l'œuf; par
exemple , U chenille tk en ce (ens
la larve du papillon ; cependant le
niot larve qui fignifie majhue , con-
vient mieux à la faufle cnenille &
au ver qui fe aiétamorphofe. C'eft
dans Tetat de larve que l'infeâe
groffit & mange beaucoup. ' Le
ver du hanneton eft une véritable
larve.^
LARYMNA ; ancienne ville paariti-
Toau XV.
me de Grèce dans la Béotie , â l'em-
bouchure du Céphife.
U y avoir une autre ville de mê-
me nom dans les terres*
LARYNGÉ , ÉE;adjeaif & terme
d'Anatomie. Qui appartient au la-
rynx. On appelle tfr/ire laryngée^MXi^
artère produite par la caroride ex-
terne. Elle fe nomme zuSi gutturale
fupérieure. Cette artère forme d'a-
bord un petit contour & vient fe
terminer enfuite principalement
dans la fubftance des glandes thy«-
roïdiennes j ainfi qu'aux mufcles &
aux autres parties voidnes du la-
rynx ; mais dans fa roqte elle pro-
duit plufieurs petites ramifierions
qui fe perdent dans les glandes ju-
gulaires voifines »'de même que
dans la peau & la grai(fe qui ré-
pondent i ces parties. La elahde
laryngée eft la même que u thy-
roïde.
LARYNGOTOMIE ; voyq Bron-
COTOMIE.
LARYNX ; fubftantif mafculin & ter-
me d'Anatomie. Nom que l'on don-
ne i la partie fupérieure de la f ra-
chée-artère ; c'eft cette éminence
que l'on appelle ordinairement; le
nœud de la gorge , le morceau ou la
pomme dCAdam.
Il eft compofé de cinq cartilages
3ui fonr le thyroïde , le cncoïde »
eux arythénoïdcs & Vépiglotte .qut
recouvre une fente que l'on nomme
la glotte.
Le larynx a deux fortes de muf*
clés ; les uns lui font propres &les
autres communs : les mufcles com*
muns font ceux qui meuvent tout
le corps du larynx ^ & font atta-
chés i une autre partie par une de
leurs extrémités : les iDufcles pro-
pres font ceux qui ne s*attacbent
jtt'au larynx dont ib font mouvoir
éparément les cartilages.
Ggg
l
/
4^1 LAR
On ne compte que deox paires |
de mufcles communs ; ceux de la 1
première s'apoellenc Jitmo - thyroh |
d'uns ou broncniqucs^ ou bien encore
pemo-cUnO'bronchO'CricO'thyroïiûens;
â canfe des parties où ils s'attachent
& des lieux far lefquels ils paflènt:
ceux de la féconde paire portent
le nom <Vhyo - thyroïdiens oa tkyro*
hyoïdiens.
Les mufcles propres du larynx
ont été fort multipliés par différens
Anatomiftes. M. w infJow qui n'en
a pas diminué le nombre , les rap-
porte aux fuiyans ; les crico-thyroï-
diens^ les cftco^arythénoïdiens laté-
raÊk y les erico^arythénoidiens poflé-
rieurs^ les thyro - arythinoidiens ^ les
arythénoïdiens ^ les thyro'épiglotti-
ques s les hyO'Cpiglottiqu€s.
Les autres Anatomiftes ont parlé
de plusieurs de ces mofcles fous des
noms différens : mais on doit les
rapporter à qtielcju'un de ceux que
nous venons de citer.
Il y a de plus d*autres mufcles
que M. Windov appelle collaté-
faux , dont une portion eft attachée
an larynx , & qui ne paroiflent con-
tribuer en rien an mottremenr du
ktrynx ; tels font les crico -pharyn^
giens j les ihyro-pharyngiens*
Le larynx eft fort utile non feu*
fement pour former de modifier 1»
voix par diverfes ouvertures de la
glotte , mais encore pour compri-
mer plus ou moins lespoumons an
^oyen de Tàir. £a effet fi le dia-
mètre interne du larynx avoir été
égal i celui de la trachée artère ;
les poumons n'auroient fouffert que
peu ou point de compreflion , 8c
par coniéquent fans le larynx nous
n'aurions retiré aucun avantage de
finfpiration , parceoue Tatr n'au-
reif pu réfifter â la force avec la •
quelle it eft chalTé dekozs dans Fex-
LAS
piration , & en conféquence lespou-
mons n'auroient pu être comprimés^
ce qui eft néanmoins néceffaire pour
briler les globules du fang , 8c pour
{produire le mélange de l'air avec ce
iquide.
U arrive quelquefois dans la dé-
glutition, qu'une partie d'aliment,
au lieu d'enfiler Tafophage , pafTe
dans le larynx. Si c'eft par exemole,
une goutte d'eau ou tout autre flui-
de» il irrite la membrane d'un (en-
riment exquis qui tapifie l'mtérieur
du larynx & de la trachée-actère. U
en arrive une toux conGdérable juC*
qu'à ce que ce corps étranger foit
expulfc par les mouvemens qui font
couflfer 'y mais quelquefois il encie
un morceau d'aliment folidedans
le larynx, & infailliblement il aufe
la more , s'il n'eft pas bientôt ex-
pulfé.
LAS \ vieille inter jeâion plaintive 2 la
place de laquelle on fe fert attj.ei»-
d'huid'hélas.
LAS , ASSE ; adjcûif Laps. Qui eft
fatigué. Ces ouvriers foncji las qu ils
n'en peuvent plus. On fit repofcr F ar-
mé^ qui iioit lajfe de marcher. U éto'u
'tien las quand il arriva*
Las , fignine auffi ennuyé de quelque
chofe que ce foit. Son maricjl bun
las de Jes iépénfes^Elle eft bien lajfc
de/es importunités. Onnétoitpaslas
de vous voir*
On appelle proveibialement ic
populairement, las d'aller ^anhom^
me mou, pareffeux ^ lâche. ^
Le monofyllabe du mafculin eft
long de même que la prc^mière fyl'
hbe du féminin quia une féconde
fyllabe très- brèves.
Cet adjeâif ne doir pas réga*
lièrement précéder le fubftantif aa-
quel il fe rapporte : on ne dira pas
un las cheval , mais un cheval las.
XASAH} fttbftanrif mafcolia. Ceflt
LAS
le hutcième mois des Arabes. Il ré-*
pond à notre mois d'Avril.
LASCIF . 1 VE ; ad|eftif. Lafdvus. Lu-
brique , qui eft adonné à ia luxure.
Un homme iafcif. Des femmes laf-
cives.
Lascif ^ fe dit aufli At% chofes qui ex*
citent i la lubricité. Des regards
Iafcif s. Une peinture lafcive. Desixf-
cours Iafcif s.
Cet adjedif ne doit pas régulié-
tement précéder le fubftanti? au-
quel il (e rapporte : on ne dira pas
une lafcive danfe , mais une danfe
lafcive.
LASCIVEMENT } adveAe, Salaci-
ter. D'une manière lafcive. Danfer
lafàvement.
La première fyllabe eft brève j
la féconde longue j la troifième très-
brève y & ia quatrième moyenne.
LASCIVETÈ^ fubfbntif féminiii.£tf/^
dvia. Lubricité , forte inclination à
la luxure.
Voici le tableau qu'un homme
d*elprit a fait de la lafciveté en la
ptrionnifiant.
Couchée mollement fous un ber-
ceau de fleurs ^ elle mendie les re*
Î;ards des enfans des hommes , elle
eur tend des pièges & des amorces
dangereufes.
Son air délicat » fa copplexton
foible , fa parure font un négligé
touchant ; la volupté eft dans
fes yeux & la féduâion dans fon
ame.
Fuis Ces charmes » ferme l'oreille
i l'enchantement de fes difcours :
il tes yeux renconrrent la langueur
des Gens ; fi fa voix douce paife
îufqa'à ton cœur^ fi dans ce mo-
ment elle jette fes bras autour de
ton cou » re voilà fon efclave , elle
t*ci|chaîne à jamais.
La honte > la maladie » la mi-
LAS
M9
fère 9 le repentir marchent à fa
fuite.'
Affbihli par la débauche , endor^
mi par la moUelTe , énervé par Tin^
aAion , tu tomberas dans la lan«
gueur y le cercle de tes jours fera
étroit , celui de tes peines éten«
du 'y le premier fera fans gloire \
l'autre n'excitera ni larmes ni pi-
tié.
Lascivité , fe ditaufli de ce quiex*
cite i la lubricité. Il y a de la tafd^
veté dans cette chanfon ^ dans cette
gravure*
LASER, ouLasbrpitium ; fubfliantif
mafculin. Plante ombellifère qui
croît aux environs deMarfeille. Elle
a une tige hante rellemblant à celle
de la pérufe, cannelée » noueufe 8c
fongueufe : fes feuilles font difpo-
fées en ailes fermes » charnues »
roides f divifées & fubdivifées en .
lobes 3 garnies par derrière de quel-
ques poils rudes : fes foipmets fou-
tiennent de grandes ombelles de
fleurs difpofées en rofe & compo*
fées de cinq pétales faits en cœur
8c arrangés circulairement autour
du calice. Quand ces fleurs font
tombées » il leur fuccède des gtai*
nesaflez grandes , boflues » jaunâ-
tres » odorantes, jointes deuxà deux
& garnies chacune de quatre ailes
feuillues : la racine eft longue , d'ua
gris cendré en-dehors , blanche en-
dedans , molle » grafle ^ fucculenta
8c odorante.*
Cette plante eft hyftérique , tuI«
néraire , carminative & alexiphac-
Imaque.
LASIO ; ancienne ville du Péloponèfe,
dans laTriphilie.
Il y àvoit une montagne de ce
nom dans llle de Crète > où Saint
Épiphane dit qu'on montroit letom-
beau de Jupiter.
LASPI *y petite ville d'Afie , dans U
4to LAS
NftoUe » un pea au nord de Lamp*
faque , fur la mer de Marmara*
LASSANT . ANTE j adjcûif verbal.
Lajfans. Qui lafle , qui fatigue. Un
ouvrage laffant. Une voiture lajfante.
Des difcours lajTans.
Les deux rylTabes font longues au
mafculin , & la croifième da fémi-
nin très- brève.
LASSA Y j ville de France , avec ti-
rre de Marqnifac , dans le Maine »
i cinq lieues , nord-eft , de Mayen
ne. Ç'eftle fiége d'un Grenier à Sel^
&c.
LASSÉ , ÉE } participe paflif. Voye^
Lasser
LASSEE \ Abbaye d*hommes de l'Or-
dre de Saint Benoît , fur les fron-
tières de l'Anjou Ôc du Poitou ,
i deux lieues j nord * oueft , de
Thouars. Elle eft en commende &
vaut environ looo livres de rente au
titulaire.
LASSER j verbe aâif de la première
conjugaifon » lequel fe conjugue
fomme Chanter. Lajfare. Fati-
guer. La longueur du chemin lajfa
les foldats. Cette courfe a lajfe Jes
chevaux. Trop d'application lajfe l'ef-
pnté
On dit auffi lajjer la patience d'ur-
ne perjonne.
Lasser , (ignifie encore ennuyer. 5^ j
difcours laffent tous ceux qui V enten-
dent. Elle lajfe tout le monde par fes
compUmens.
Se lasser , ed* auffi^erbe pronomi-
nal réfléchi & s'emploie dans tous
les fens de l'aâif. La garnifon com^
mençoit àfe lajfer. A la fin fa patience
fe laffa. Il y a long temps quelle fe
lajfe de le voir.
La première fyllabeeft longue,
flc la féconde longue ou brève. Foy.
Verbe.
Différences relatives entre lojfer^
fatiguer;
LAS
La continuation d'une mime
choklaffiy la peine fatigue. On fe
/tf//^à (e tenir debout. On k fatigue
â travailler.
Êtfe las , c'eft ne pouvoir plus
agir. Être fatigué y c'eft avoir trop
La lajptude fe fait quelquefois
fentir fans qu'on ait rien fait; elle
vient alors d'une difpofition du
corps & d'une lenteur de circula-
tion dans le fang. Lz fatigue eft tou«
jours la fuite de l'aâion ; elle fup-
pofe un travail rude ou par la diffi-
culté ou par la longueur.
Dans le fens figuré un fupplianc
/j//J parfaperfévérance, & il/atigue
par les importunités.
On fe A7//< d'attendre. On fe/zrr-
gue à pourfuivre.
LASSERET ; fubftantif féminin &
terme de Charpentiers , qui fe dit
d'une petite tarrière de huit lignes
de diamètre, dont ces artifans fe
fervent pour faire de petites mot-
roifes & les enlacer avec les te-
nons.
On appelle lajferet tournant \ ce»
lui qui traverfe une barre où il eft
arrêté par unecontre-rivure & laide
tourner toujours \ tel eft le lafferet
ui porte la verge des aubronnieis
es fléaux de grandes portes.
Lassirst , fe dit en termes de Ser-
ruriers, d'une efpèce de piton i visj
i pointe molle & ordinairement i
double pointe , parcequ'il faut l'oo-
vrir pour y placer la pièce (qu'elle
doit retenir , comme on voit aux
boucles des portes, qui font artëtées
par un laflèret.
Lasser ET , fe dit encore de pièces
qui arrêtent les efpagnolettesfurle
battant des croifées , & dans lef-
quelles elles fe menvem.
Le lafferet a différentes formes
félon l'ufage auquel il eft deftioé.
3'
Ci
LAS
L ASSERIE ; fubftancif féminin & ter^
me de Vanniers , par lequel il s dé-
(ignenc cette tUTure d*ofier mince &
feiré qui remplie le corps d'une
corbeille.
LASSITUDE ; fubftanrif féminin.
Lajfîtudo. L'abattement où l'on fe
trouve lorfqu'on a trop marché ou
trop travaillé. Sa lajfuudc l*obligca
malgré lui d< coucher en route.
Xassitude , fe dit auili de l'indifpo*
fition où Ton fe trouve quelque-
fois fans avoir ni trop marché ni
trop travaillé. Ilfent des lajjitudcs
dans tout le corps.
En termes de Médecine on ap*
pelle lajjîtudesjpontanées y certaines
laiStudes dont la caufe n'eft point
apparente.
Hippocrate enfeigne i^ que ces
. laffiruaes préfacent les maladies :
2^. Que ceux qui les éprouvent dans
le cours de la maladie font en dan-
ger : 5^. Que fi après des fuenrs
critiques , avec laflitude & friflon ,
la chaleur revient , c'eft un mau-
vais figne , foit qu'il y ait en même
temps hémorragie du nez ou non :
4^. Que les laflirudes jointes à des
anxiétés , friflbns , douleurs dans
les reins « font une marque que le
ventre eft libre : 5^. Que dans cet
état de laffitude ^ il eft bon que le
malade ait des 'felles rougeatres »
fnrtour dans le temps critique : 6^
S>ue les laflitudes quiperfiftent pen-
ant & après la fièvre, donnent lieu
d'attendre des abcès aux joues Se
aux articulations : 7^. Les laflitudes
fpontanées dans les vieillards , avec
engourdiflement & vertige^ font
les avant * coureurs ^de l'apople-
xie.
Les laflitudes font aufli un fymp-
tôme bien familier dans les n.ala-
dies chroniques^ elles font (ùrtout
propres au fcoxbut dont elles carac-
L A S 4z|
térifent prefque feules le premier
degré : il y a laflitude dans tou-
tes les maladies où il y a langueur»
ces deux états paroiflent cependant ,
diflcrer en ce que la langueur af-^
faifle & anéantit Tefpriyk le corps»
ôc précède le mouvement \ au lieu
que la laflitude en eft une fuite Se
ne femble afleâer que la machine,
ou pour mieux dire , les mouve-
mens animaux.
Les laflitudes fpontanées n'exi-
gent en elles- mèmts aucun remède»
loit qu'elles annoncent ou accom-
pagnent les maladies. Dans le pre-
mier cas elles avertiflent de pré«
venir s'il eft poflible , la maladie
dont elles menacent. 11 eft alors
prudent de fe mettre à un régime
un peu rigoureux» de faire diète ^
Témérique pourroit peut être faire
échouer la maladie : dans le fécond
cas elles doivent engager un Méde-
ciii à fe tenir fur fes gardes » à ne
pas trop donner â la nature »à s'ab-
ftenir des remèdes qui pourroienc
Taffbiblir , & i recourir furtout i
ceux qui peuvent tirer le corps de
l'engourdi flèment où il commence
i être plongé. Ces laflirudes dans
les maladies chroniques indiquent
auffî des remèdes aâifs , toniques»
&c. propres â corriger & changer
l'étàr vicieux du fang & des fotides
qui ont donné naiflànce aiL (ympto-
m%. Se qui Tentretiennenr.
LÂSTE ; fubftantif mafculia& terme
de Marine. Poids dé deux ton*
neaux. Un navire charge de ijo laj^
tes , ejl un navire de trois cens ton^
naaux»
Laste » fe prend aufli en quelques
pays du nord, pour la charge^ntière
du voi fléau.
Quelquefois ce mot fignifie en-
core une nnefure particulière, mats
qui change félon les lieux & la na-
4^t LAT
tare des marchandîfes ; de force
que pour entendre ce que c'eft qu'un
hfte dans cette dernière acception,
il faut favoir de quel endroit & de
quelle forte de marchandife on
veut pai||r : à Dantzick , par exem-
ple > le lafte de lin eft de 2.040 li-
vres j le lafte de houblon , de 3 8 j o
livres ; le lafte de farine ou de mieU
de douze tonneaux , &c.
LASTEGELT j fubftantif mafculin.
On appelle ainfi en Hollande un
droit de cinq«foas qui fe lève fur
chaque vaiflTeaox fortant , & de dix
fous fur chaque vailTeau entrant.
Ce droit étant une fois payé , le na-
vire qui Ta acquitté en eft déchargé
pour une année entière > quelque
nombre de fois qu'il vienne à forcir
& rentrer.
Lastegblt ,eft auflile nom d'un droit
de fret qui* fe lève à Hambourg ,
fur les marchandifes & vaideaux
étrangers qui y arrivent & qui en
partent. Par l'article 41 du traité
de commerce conclu à Paris le 18
Décembre 1716 , entre la France
& les villes Anféatiques , les vaif
féaux françois qui vont trafiquer â
Hambourg , font déchargés de ce
droit qu'on ne peut exiger d'eux
fous quelque nom ou prétexte que
ce puiffe erre.
LÂSTIC 'j bourg de France , en Au-
vergne 9 entre les rivières de Che-
vanon & de Scionle » à dix lieues ,
oneft » de Clermont.
LAT AN* 'y petite rivière de France , en
Anjou. Elle fe jette dans la Loire, au
pont de Ce.
LATANIAi c'eft, félon Ptolémée ,
une ancienne ville d'Afie , dans la
Birhynie.
LATANIER; fubftantif mafculîn.Ef-
pèce de palmier qui croît dans le
Bréfil & dans les lies Antilles où il
s'élève i plus de crente-cinq pieds
LAT
de haut , quoiqu'il ait peu de groP*
feur. Son bois eft extrcmement dur»
mais il n'a pas plos d'un doigc d*é-
paifTeur , & tout l'intérieur n'eft
qu'une forte de filalfeou de moelle.
Ses feuilles qui pendent en petits
faifceaux au fommet des rameaux »
font plates & en forme d'évencail*
Lorfqu elles naiflenc , c'eft un évcn-
cail fermé j épanouies, c'eft un évcn-
cailoAverc^excepté que les boucs fonc
pointus & féparés. Les habitans s'en
fervent pour couvrir leurs caban-
nés j ils en font aufti dts parafols 8c
divers autres ouvrages. Les Sauva-
f|es lient deux ou quacre de ces
euilles enfemble : favoir deux def-
fus & deux deflfous : dans le milieu
ils meccenc des poiftbns atcachés par
la queue , qu'ils expofencaufeuponr
lesconferver.
Ils tirent un fil des mêmes feuil*
les pour faire leurs Hamacs ^ te
avec le bois de cette efpèce de pal-
mier ils font des maflues & d'autres
armes ofFenfives.
LATAQUIÈ , ou Lataki* , ou I-a-
TiCHEz ; ville maritime 8c confîdé-
rable de Syrie > i trente lieues , fud-
oueft 9 d'Alep. C'étoit autrefois la
croifième Laodicée dont nous avons
parié. Elle reconnoît pour fon Fon-
dateur Séleucus Nicanor qui lui
donna le nom de fa mère Lao-
dicée ; & pour fon Reftauraxeur »
Coplan Aga , homme puilfant qui
s'eft appliqué avec fuccès à en faire
fleurir te commerce.
LATARACO j bourg & château dl-
talie , au Royaume de Naples , dans
la Calabre citérieure , entre Saint-
Marc & Cofenza.
LATÈBRES ; vieux mot qui fîgnifioit
aucrefois lieux cachés & fecrets.
LATENT , ENTE ; adjeûif. Caché.
Il n'a guère d ufage qu'au Palais IC
en ces phrafes 9 vices launs ^firvi"
LAT
tudes latentes. On appelle vices la*
tcns , la poulTe , la moive & la cour-
bature , qui font les crois maladies
des chevaux qu il eft poffible de ca-
cber pendant un temps. Le vendeur
doit a cet égard la garantie pendant
neuf jours.
Les Jeryitudes latent esJ[ont celles
<{ui ne font pas en évidence. II eft
inutile de former opposition pour
des fervitudes apparentes > telles
que celles des rues , des égoûis ;
mais on doit le faire pour des fer-
vitudes latentes.
LATÉRAL , ALE ; adjeftîf. Latera-
lis. 11 n a d'ufage que dans le didac-
tique , & en parlant de ce qui ap-
partient au côté de quelque chofe.
L cpiglotte a des ligamens ap-
pelés latéfaux ; les phalanges des
doigts du pied , les os du métatarfe
en ont auffi , & ces ligamens fer-
vent d l'union de ces parties , ï les
attacher.
^ Le ligament latéral externe qui
tient le fémur avec le tibia y eft
étroit & ép|||. Il eft attaché en par-
tie an tibia , immédiatement au-
defTus du péroné > & en partie â
Textrémité fupérieure' du péroné.
Il eft auffi colle au bord du carti-
lage femilunaire externe.
Le ligament latéral de la mâ-
choire inférieure eft fitué i la pat-
rie latérale interne de l'articulation
de la machcHte.
L'articulation de la tcte avec la
première vertèbre du cou a it% li-
gamens latéraux qui s'élèvent des
parties latérales de cette apophyfe ,
& s'attachent au bord du trou oc-
cipitaL
Le ligament latéral externe do
coude unit l'humérus au radius.
Le ligament latéral interne du
coude unit Thumerus au cubitus.
Otiti^i^tWe fnui latéraux i deux
LAT 413
cavités qui forment comme de
SrolTes branches du (inus longitu-
inal fupéricur; l'un eft i droite &
Tautre eU d gauche : ils vont le long
de la grande circonféfence de la
tente du cervelet » & s'étendent juf-
qu'â la bafe de l'apophyfe poreufe
des os des tempes y delà ils font en
defcendant un grand contour , puis
un plus petit > 6c viennent s'attacher
dans les erandes gouttières latérales
de la baie du crâne dont ils fuivent
la route jufqu'aux t^ous déchirés
& aux folfettes des veines jugu-
laires. La bifurcation qui leur aonne
naidânce n'eft pas toujours égalp.
Dans quelques lujets l'un Ats (inus
latéraux paroit être la continuation
du Hnus longitudinal fupérieur , &
l'autre en être une branche. Chez
quelques-uns cette variété fe trou-
ve à droite ; chez d'autres elle fe
trouve à gauche \ enfin un de ces
finus eft quelquefois plus grand ou
plus petit que l'autre.
La capacité des finus latéraux eft
triangulaire comme celle du finus
longitudinal fupérieur » & garnie
d'une membrane propre > on y ob-
ferve àufti des embouchures vei-
neufes comme dans la plupart des
autres finus de la dure- mère. La
face poftériente ou externe eft for-
mée par la lame externe de ladufc*-
mère * Se les deux autres faces pat
la lame interne } les deux finus en
fortent par la portion poftérieure
des ouvertures de la baie du crâne
appelées treus dcchiris » fe dilatent
& forment une efpèce d'ampoule ,
proportionnéoient aux foflettes de»
veines juguUtres^ où ilsaboutiHènc
dans ces veines.
Dans les anciens auteurs- d'atgè*
bre , on appelle équation tatérak ,
une équation fimple » eru qui n'eft.
que d'une dimenfion & a a qu'us»
414 L A T
racine. On dit aujourd'hui » équa--
ticnjimplt , ou linéaire , ou du prC"
mier degré.
LATÉRE i ( Légat â ) voy^ Légat.
LATÉRCULE j fubftantif mafculin.
Latcrculus. Titre d'un officier des
Empereurs grecs , lequel avoir foin
du cabinet du prince fie de fes pa«
piers.
LATIAL ; adjeâ:ifmarculin& terme
de Mythologie. LatiatisSMxnom de
Jupiter 9 qui fur ainH appelé du
Larium ,4:onrrée d'Italie où il étoit
fineulièrement révéré.
L ATlAR j fubftantif mafculin & rer-
• me de Mythologie. Latiar. Fête
qu'inftirua Tarqum le fuperbe en
l'honneur de Jupiter Latial. Ce
f grince ayant fait un traité d'al-
iance avec les peuples du Latium ,
{^ropofa dans le deuein d*en aflfurer
a perpétuité , d*ériger un temple
commun , où tous les alliés , les Ro-
mains, les Latins 5 les Herniqties &
les Volfques s*a(Iembleroient tous
les ans pour y faire une foire » fe
régaler tes uns les autres ,& y célé-
brer enfenibledes fêtes fc des lacrifi-
ces j ce qui fut agréé.Telle fut l'origi-
ûe du latiar.Tarquin n'avoir deftiné
2u*ttn jour i cette fête ^ les premiers
ïonfuls en établirenr un fécond après
qu'ils eurent confirmé l'alliance avec
les Latins ^ on ajouta un troifième
jour lorfque le peuple de Rome
Îiui s'étoit retiré fur le monr facré
ut rentré dans la ville , & finale-
ment un quattième ^ après qu'on
eut appaifé la fédition qui s'étoit
élevée entre les Plébéiens & les
Patriciens à Toccafîon du confulat ;
ces quatre jours étoient ceux qu'on
nommoiz fériés latines ^ & tout ce
qui fe faifoit pendant ces fériés j
fêtes , offrandes , facrifices , tout
cela «'appeioit Latiar » dit Grônox
VIM,
LAT
LATICLAVE ; fubftantif mafculin.
Laticlavium. Tunique que portoient
âRome les Sénateurs. Elle éroit
bordée d'une large bande de cou-
leur de pourpre » & tiroir fon nom
d'un ornement en forme de tête de
clou qui étoit attaché fur la p^i*
trine. •
Sous la république , les fib des
Sénateurs n'obrenoient le laticlave
qu'à l'âge de vingt-cinq ans. Céfat
rat le premier qui dérogea i cette
règle en accordant cette diftindion
â ion neveu Odlave avant le temps
fixé par les lois. Celui-ci devenu
Empereur imita fon onde» & fit
i plufieurs enfans de Sénarears la
même faveur qu'il avoir reçue ht
fon oncle.' Dans la fuite le lariclave
devint l'ordre de l'Empereur , qui
en revèroit à fon gré les perfonoes
qu'il jugeoir i propos.
LATIÇZÔW; wtite ville de Polo-
gne , dans la Ruffie rouge , fur le
Bug y i vingt-cinq lieues an-def*
fus de Bradai.
LATIN, INE ; adje^ qui s'emploie
aufli fubftantivemenr. Latinus. Qui
appartient aux Latins » au peuple
* latin y qui eft du Latîum ou du pays
latin. Les peuples latins » les fériés
latines. La langue latine. Un difcours
latin. Les Latins furent fubjuguls
par tes Romains. Voyez Latium.
Figurément» on appelle l*Uni-
verfité » le pays latin. Et l'on dit de
tout ce qui retient un certain air de
collège » que cela Jeru U pays
latin.
Onappelle VE0e latine , FÉglife
romaine ou rÉghfe d'occident , pac
oppofition à l'Èglife grecque ou 1* E«
glife d'orienr. Cette détiomtnatiou
. vient de ce que les catholiques ro-
mains ont rerenu dans l'office divin
Tufage de ta langue latii|p.
Oq appelle fubftanciirement Lt-
LAT
^ tt^^ ^ ceUk qui fonc de TÉglife la-
, «ne.
On a appçlé Empire des Latins ,
Tefpèçe 4*Eaipire qi|e les croiras
fondèrent en 1 104 , en s'emparanc
. <le Conftancinoplefur Âbxif .Com^
nène , & qui dura environ (pixao ce
ans foas des Empereurs de Wlir çom-
muniojQ » donc le premier fut Bau*
' douin , Comce de Flandre*
Latim , (ignifie auffi fubftanrivemenc »
la langue latine. Étudier U latin.
Sf^feignfir le taùn^ .
On dirfigurémeQC d'un^ perfon-
ne.qttî ne fait plus oi (elle en jcft»
* i^xelle efi au, bout de ^onjatin. Et
parler latin devant les Cordeliers ;
pour dire , fe mêler de parler d'une
chofe devant des gisns qui ^n font
mieux inftruits que celui qui en
parle^
On dit auffi figurément de quel-
qu'un qui a travaillé fans fuccès â
. quelque chofe , qu'i/ y a perdu fon
latin ; pour dire , qu'il y a perdu
ion temps, fie fa peine. -
On 4i t^ âequeiqii'uA qui fait . fort
t>ien le latin \ ,q\iil efl bon lati/û Et
Tùn appelle prQv^rtûaleniient& po-
pulairement» latin de^cuijine^^dc
fort méchant latin.
On dit auflli proverbialement »
piquer en latin ; pau|: dire ^ erre à
cheval de mauvaife gracier Se cooame
i|in> écolier. . .-1 . .
En tertres de Marine ^iyi appelle
. yoite latine y une Voile faite ea for-
me de triangle reâangle. Elle eft
plus en ofage fur la Méditerranée
que fur rQcéan<. Les galèfi^s.. n'en
portent pcÂnt d'aiitrest.! . ^
LATINISÉ , Éfi ; pançicip^ faffif.
Phye[LA*riW6fLK*
En matière de controverfe , on
appelle Grec latinife\ un Grec qui
eft entré dans les fentîmens de l'E-
. g\i£e I^tine^ .
t-AT 415
LATINISER } vefbe aéHf de Ja pre-
, rnière conj^ugairon » lequel fe con*
jugue comme ChamTeil. Linguâ la--
tinâ donare. XJ^poper une terminai*
; fon , une.inâexion Latine à un mot,
.à un verbe d unç autre langue. lia
: latinifé plufiet^r^ noms propres Fran-
çois*
tes crois jprenuères fyllabes font
brèves , ôc la quatrième longue ou
J^rève, f^oyei Verbe.
Les temps ou perfonnes qui fe
'terminent par un e féminin ^ çnt
. letir pénultième fyllabe longue.
LATINISME ; fubftantif mafculin.
Latinifmus. ConAruâioUj tour de
phrafe propre à la langue Larine.
Un livre François rempli de Latinif-
LATINISTE } Âibft^tif des deux
{renrjiis. Qui entepd & parle bien la
angne Laçine. Vnjkyant latiniffe.
LATINITÉ } :fubftantif féminin. La-
tinitasm^l^ngàge latin* La latinitérdu
Jiecle dAugUJte^ Cet auteur ecriyoic
, d(i/isje temps 4^ lamelle Latinité.
. . Qn appelle I4 baffi^ laûntfé , le
langage des Auteurs du dernier
i ^tfoîp^ où le peMpIe prfjlpit encore
"la langue- Latine.
LAJITÇ > ÉE i patticipe paffif. roye^
. LAT.IT^tt. . ,
LATITER ; verbe aûif de la pre-
^^«Aiçre^^oojug^foh, lequel fe con^
. jugue .çopjmje ÇHAHtia./ Abfcon^
- jdeie^'tttïtï^ de. Palais qui fignifie
^ cftcheriPU: rcicéler. Qn dit d'un dcr
\fyie^\xt,y€\}^%fc,,l4iit€y lorfqu'il fe^
cache de. ppur.; d'être arrêté. Et
. 4'uïie yeavpou d'unhéritieriquV/j
j)9t€Ciché.& Jatiti quelques, effei^ de
ta <ç>tmnun^uté j>Uif^çcê(^on dit{dé^
: dW, lQr£]itiUcnF cwumis quelque
recelé.
LATlTUpE i (ubifettïrif féminin &
tetnae de Géograpbie^Ç^ft Ja dif-*
o latiQ» djttô. lieu âJ'égatiT^e Téquar
Hh h
j^i'4 I A t
• » •
teur , oa Tare du mécidien , com«
pris entre le zénith de ce lieu &
réquareur. La latitude peut donc
icre ou feprentrionale ou méridio-
nale , félon que le lieu ^ donc il eft
3ueftion , efl: fitué en -deçà ou au-
elà de Téquateur } favoir , en-deçà
dans la partie feptentrionale que
nous habitons, & au-deU dans la
' partie méridionale* On dit» par
exemple , que Paris eft fitoé i 48
degrés , 50 minutes de latitude fep-
tentrionale. '
•Les cercles parallèles à l'équateur
font nommés parallèles de latitude,
parcequ'ils font connoître les lati-
tudes des lieux au moyen de leur
inrerfeâion avec le méridien.
Si Ion conçoit un nombre in-
fini de grands cercles qui paflent
tous par les pôles du monde , ces
• cercles feront autant de méridiens;
•& par leur moyen on pourra déter-
miner , foit fur la terre , foit dans
le ciel 9 la pofîtion de chaque point
par rapport au cercle équinoxiitl ,
c'eft-â-dice, la latitude de ce
point.
Celui de$ cercles qui pafTe par un
lieu marqué de la terre » eft nom-
mé le méridien de ce lieu » & c'eft
fur lui qu*on mefure la latitude du
lieu.
Là latitude d'un Heu êc l'élc^a-
tion du pâle iîir l'horizon de ce
lieu font des termes ^ont on* fe lêrt
• indifféremment l'un pour Tautre,
parceque les deux arcs qu'ils défi-
gnent , font toujours égaux.
Les pays qui font à moitié 'che-
étnin de l'équateur au pôle 5 ont 45
degrés de latitude'^ telle eft la ville
'. 'de Bordeaux ; telles font encore
5arlat , Aurillac , le Puy , Valen-
* ce , Briançon , Tutin , - Cafal &
Plaifânce; du moins à peu de chofe
'^ès'.-Onde faari)it.avoU'{âu$de^c^o
i'
lAT
degrés de latitude , puifqu'il n'y a
que 90 degrés entre Tequateut,
d'où on les compte , & les pôles OQ
finiftent toutes les latitudes.
Pour connoître la latitude d un
lieu 5 on fe ferr de Tétoile polaire»
& on' mefure avec un inftrumem fa
hauteur fur l'horizon y lorfqu'elle
pa^e par le méridien. Ce palTage
eft ce qu'il y a de plus difficile i
obferver. La meilleure méthode
«ju'on ait pour faire cette obferva-
tion,c*eft de prendre là différence
de Ta/cenilion droite du foleil avec
celle de l'étoile. (On appelle af-
cenfioQ droire » Téloignemenr da
premier point du bélier an cercle
de déclinaifon où Taftre fe <roave).
Cette différence donnera l'éloigné-
ment de l'étoile au foleil , c'eft-i-
dire, l'efpace de temps compris
entre le paftage du foleil & celui
de rétoile , par le méridien. Or , fi
l'afcenfion droire du fbleîl eft plus
grande que celle del'éroile, cette
étoile palfera par le méridien avant
le foleil 3 de e\lt y paflera après, fi
'elle eft plus petite.
'' Voici une manière mécanique
dont on 3 petit faire ufage pout con-
noîrre ce paflfage par le méridien :
1^. Sufpendez un fil à plomb , en-
forter qu'il paroi (fe couper l'éroile
que vous voulez' dbfervèr : 1®. Si
récolle , a laquelle vous vous êtes
fixé", sVpproche de ce fil , en allant
de t'oueft à l'eft, au-deffous de l'é-
toile polaire ( c'eft l'étoile de Tex*
trémité de la queue de la petite
ourfè , Se qnf n'eft éloignée du pôle
que de deux degrés &' quatre mi-
niftes^)., ou de feft â roueft au*
de (Tus, elle s-'approehe du méri-
dien. Il faut obferver alors plofienrs
fois fa hauteur avec un quartier An-
glois , ou avec un Oâaoc , jufqo'â
ce qu'elle commence â monter ^ fi
L.AT
elle eft au^dçObus de rétoHé ik>-
laîre oa du pôle > ou Jufqu i^ ce
qu'elle commeDce i dépendre » fi
elle eft au^delTus* Quand on a
trouvé le pailage d'une écoib par
lé méridien > on cherche- dans des
tables ià déclinaifon ou Ton éloi*
Sèment â Téquateuc » te on fouf-
lit le complément de cette décli-
naifon de la hauteur méridienne
fupérieure > pour avoir la hauteur
du p61e 9 où Ton ajoute ce même
complément à, la hauteur infé-
rieure.
On connaît encore la latitude par
Je moyen des étoiles , fans s'embar-
raffer » ni de leur déclinaifon , ni
de leur diftance au pôle > pourvu
qu on fe ferve de celles qui ne fe
couchent jamais. Il n'y a qu'à ob-
ferver leur hauceur méridienne fu-
perieure , & environ douze heures
ajprès y leur baureur méridienne in-
férieure : ajoutant enfuite ces deux
hauteurs enfemble , la moitié de
leur fomme fera la hauteur du
pôle.
On peut trouver aulli la laùtuic
ajoutes les heures de la nuit , par
les hauteurs différentes de l'étoile
polaire , qui , comme on l'a dit,
n'eft éloignée du pôle que de deux
degrés quatre mjnjites. , ^ >
.Enfin un dernier.n)ovf n ide con-
noître la latitude y Se dont prefoue
tous les marins font ^jifage , c eft
d'obferver la hauteur du foleil â
midi » & de chercher la déclinai-
ion de l'aftre le jour de l'obfecva-
tion. Par robfetvatioa on a fa dif-
tance au zénith , & par fa déclinai-
fon I fon éloignement à l'équateut.
Or, fi cette déclinaifon eft nord,
il faut l'ajouter à la diftance obfer-
vée , & la fouftraire , fi elle eft fud ,
afin d'avoir la diftance du zénith â
f éqi)atQur« Ou fupp9(c ici qu^. c'eft
XAT 4x7
.' dah^ jta zone tempérée nord qu'on
a fait l'obfervation y car il faut faire
tout le contraire dans l'autre zone.
£nfin on fouftrait la déclinaifon
quand l'équateur eft entre l'obfer-
vateur. & le foleil , & on Tajoute »
lorfque le foleil eft entre l'obferva-
'teUr 8c l'équateur. Mai$ fi robfer-
vateur eft entre le foleil & Téqua-
teur ^ c'eftà*dire , fi l'obferva-
téur étant, dans la zone tempérée
nord , le foleil eft du côte du
pôle ^ ou autrement ,. fi l'obferva-
teur fe trouve dans la zone-ton ide»
du côté du nord , par exemple » tan^
dis que le foleil eft dans le tropique
du, cancer j on doit dans ce cas fouf-
traire la diftance du foleil au zénith
de la déclinaifon de cet aftre : le
tefte fera la latitude.
DauA les pays où le foleil refte
plus de vitigt-quatre heures fur l'ho-
rizon > on trouve la latitude par i%
hauteur méridienne de cet aftre ; Se
cela en ajoutant à la hauteur mé-
ridienne duL IbleU 9 lorfqu'il eft au-
. defibusdu pôle# fa diftance au pôle»
qui eft' le complément de la déclinai-
Ion. La fomme.^ de ces deux nom-
bres eft la latitude.
Latitude , fe dit en termes d'Âf-
tronomie j de la diftance d'tme étoilô
ou d'une plis^nète à l'écliptique } ou
c'eft un. are d'un 'grand cercle per«
pendiculaire â l'écliptique, paiEant
par le centre de l'étoile.
Pour mieux entendre cette no-
tion,, il faut imaginer une infinité
de igraild^ cercles qui coupent Té*
cliptique à angles droits , Se qui
paUent pat fes pôles. Ces cercles
s'appellent cercles de latitude , eu
cercles fecondaarts^de l'écliptique ; Sc
[»at \mt moyen on peut rapporter i
'écliptique telle étoile ou tel point
du ciel qu'on voudra » c'eft-à^ire ,'
<}li(tfnùac^ Uli^o de cette étoile où
4^8 lAT
Ai ce point par rapport i récUpti-
Sae \ c'eft en cjaoi la Ucirude dif-
;re de la déclinaifon qui eft là dif-
tance de l'écoile i Téquateur , la-
quelle fe mcfure fur un grand' cer-
cle qui paflfe par les pôles du monde
& par récoile , c eft*â-dire , qui eft
perpendiculaire non pas i réclipci-
que j mais â l'équateur.
Ainfi la latitude géographique eft
la même chofe que la déclinaifon
aftronomique^ èc elle-éft fort dif-
férente de la latitude aftrcHiomi-
. que.
Quand les planètes n^oht point de
. latitudt , on dit qu'elles font alors
dans les noeuds de Técliptique, ce
. qui veut dire dans Pincer feâionf de
'. leur orbite avec^eite du foleil \ Se
c'eft dans cette Situation qu'elles
' :. peuvent fbuffrir èt%^ éclipfes ^ ou
. être cachées par le foidl^ ou bien
pafler fur fon difque. ' »
On appelle latitude fipttntrionéiU
afctndanu d'un ajlrt ». la latitude de
cet aftr^iorfqu'il Va' !de fon iKfcud
, afcendant vers fa limite! f^tencrio-
nale ou fa plus .grande ^dngàtion.
Et Utitudtftpttrttrionûlèdtfccridanit^
celle qu'il a iorfqu'il retourne de fa
limite Septentrionale i fon nceud
• .«lefcendant. Et làmûdt mériHôkaU
^ dtfctndanu , celle qo''il a lorfqu'îl va
.de fon nœud defcendant ifa tinfiite
méridionale. Et enfin latitude ynéri"
dionaU afcendante , celle qu'il a fcrf-
qu'il retourne de fa limite méridio*
nale à fon nœud afcendanr» • «' '
LATITUDINAÎRES, où L'AxiTirDr.
NARUNS j ( les ) quelques Théolo-
giens ont atn(i a{>pelé ceux donj les
principes les conduifent à approu*
ver prefque toâles tes Religions,
. à ouvrir un chemin large pour le
Ciel; origine du mot ïatitudinairc^
On les appelle aùtremetit tolérons.
XAXIXJM'^ nom d'une- anciênoe^on-
LAT
trée dltalie'i qui ét^t fituée au te^
' vaut du Tibre » 8c au midi da Te*
verone. La Mythologie nous dit que
• Saturne ayant été chalTé du Ciel par
fon fils Jupiter » ie tint caché qùel^
que temps dans cette contrée y de
'• que du mot laiere y fe cacher , étoit
venu le nom de Latium , & cel^ de
Latim que prirent le pays 8c le$ ha«
bitans*
Sttabon prétend que Tancien La^
' tium renfermoit un très-^petit pays^
^ qui s'accrut infenfiblement par les
premières viâoires de Rome coq;-
'^ tre fes voifins ; de forreque de fon
temps 9 le Latium comprenoit plu-
fieurs peuples qui n'appartenoient
point à l'ancien Latium , comme les
Kutules , les Volfques , les Eques ^
les Herniques , les Autunces ou Au*
fenesj jufqu'à Sinueffe , c'eft-à-
dire > une partie de la terre de La«
bout, jufqu'au couchant du golfe
<te Gaëte.
U faut donc diftinguer le Latium
' ancien du Latium nouveau ou aug-
menté. Les Rutules » les Volfques ».
tes Eques , tes Herniques » les Au-
runces exclus de l'ancien Latium j,
font cotti^is dans le fecond.
Selon Tibère Circéîus » l'ancieft
Latium n'avoir que cinquante mille
pas de longueur.
LATKIOS -, incieu nom d'une mon-
tagne d'Adé » fituée en partie dans;
rionift y 8c en partie dans la Carie*.
Elle eft célèbre dans la Mytholoeiet
' par les amours de Diane & d'Endy-
mioh.
LATOB1US ; nom d'un Dieu des^ an-
ciens Noriques qu'oii foupçonne
avoir été le Dieu de la Santé.. '
LATOIDE ; adjeftif féminin 8c ter-
me de Mythologie. Surnom de
Diane qui fut ainu appelée, parce^
^n'elie éroit fîlle de Latone.
LATQMlE-i fubftantif' fcmiûijr &
LÀt
terme ifHiftoire Adcieoiie. Car^l
rière où l'on fenfermoic des prifon^
niers. Denys tyran de Syracufe»
fie creufer dalis le roc une lacomie
qui avoir un ftade de longueur 6c
deux cens pas de largeur : il y fie
enfermer le Poète Philoxène » par-
cequ il n'avoir point approuvé les
vers qu'il avoir compotes , 6c fur
lefqneis il lui avoir demandé fon
opinion. *
LATONE ^ nom d'une Divinité des
Anciens , qlii félon Héfiode fut fille
du Titan Cocus , & de Pliébé fa
fœur, Jupirer l'ayant aimée ^ 8c la
{'aloufe Jnnon ayant été informée de
'intrigue, fufcita contre cette ri-^
vale un monftre appelé le Serpent
Python iqui la pourfuivoit , de ma-
nière à l'empîcher de trouver fur
la terre un endroit où «lie pût {ac-
coucher tranquillement. Neptune
touché de fon état, fit d'un coup
de fon tridenr , foriir du fond de la
mer une île qu'on nomma Delos :
Latone s'y réfugia , 6c y mit au
monde Apollon & Diane. Les habi-
tans de cette île lui bâtirent un tem-
ple : elle en eut un autre dans Ar-
gos, remarquable par fâ magnifi-
cence 8c par la ftatue de cette
péeflTe qui croit de la main-de Pra-
xitèle : Latone (ai encore révérée
en plufieurs autres endroits , & par-
ticulièremenr dans la ville de Ôuto
en Egypte , où elle eut un oracle
trcs-reft>eûé.
LATONE i c'eft félon Ptolémée , une
ancienne ville d'Egypte, fur le Nil.
Elle fut ainfi appelée du culte qu'on
y rendoit â Latone.
LATOUR j bourg de France en Gaf-
cogne , à deux lieues , fud^fud-
oueit , d*Aurignac.
LATRAN j ( S. Jean de ) nom d*une
Bafilique de Rome , qui eft la plus
' ancienne Èglife du ficge des Papes»
LAT 41^
Ella a donné fon nom i plufîeurs
Conciles Généraux : le premier 7
fut célébré en 1115 ^ fous le Pape
Calixte II. Il s'y trouva plus^de
trois cens Evêques y & plus de^fix
cens Abbés. Il ne nous en refte que
vingt-deux canons, qui font tirés,
pour la plupart , de plufieurs Con-»
ciles précédens. Le dix-feptième
défend aux moines d'admmiftrer
publiquement la pénitence, & les
Evèquesy firenr beaucoup de plain-
res^contre eux , les accufant d'ufiir-
per leurs droits avec une ambition
mfupportable.
Le (e(;pnd Concile, qui eft le
dixième Concile Général , fur célé-
bré Tan IIJ9, le 8 Avril. Plu^ de
mille Evêques, auxquels préfida le
Pape Innocent II, s'y trouvèrent.
Le but de ce Concile ctoit de réu-
nir l'Èglife, qui avoit été troublée
par le fchilme de Pierre de Léon.
On y fit trente canons prefque tous
répétés mot pour mot du Concile
de Reims, de Tan 1151, mais di-
vifés autremenr. On y condamna les
nouveaux Manichéens, 6c les er-
reurs d'Arnaud de BrefTe , ancien
difciple d'Abailard. Ce même Ar*
naud déclamoir contre le Pape , les
Evèques , les Clercs & les Moines,
ne ftattant que les Laïques. On dé«
ppfa les Eveques ordonnés par les
5ch if ma tiques. On défendit aux
Laïques de potlcder des dixmes ec-
cléfiaftiques fous peine de damna-
tion.
En 1179, un troifièmé Concrle >
qvîi eft le onzième Concile Général ,
y fut célébré par le Pape Alexandre»
affîftéde trois cens deux Evèques»
de tous les pays Catholiques , avec
TAbbé Neâaire , qui y affiftoit au
nom des Grecs. Il y eut trois ScC*
fions ; la première fe tint le y , la
féconde le 14 » 6c la troillcme le- 19
4i^ t A T
Mars* On y fie vingc^rept cahôns.
Le premier eft poar prévenir les
fchifmes qui poavoienc arriver à
1 cledlion du Pape : on décida que
Téleâion ne feroic valable que
quand on auroic les deux tiers des
voix , 8c que celai qui n'auroir pas
ce nombre j Se qui , nonobftaa c ce-
la , oferoic fe dire Pape j feroit pri-
vé de tout ordre facre , & excom-
munié. Les Evèques y portèrent des
. plaintes contre les ordres militaires
des Templiers & Hofpitaliers. On
y défendit aux ordtes religieux de
recevoir des novices pour de lar-
gent«
Le quatrième Concile Général de
Latran , qui eft le plus important de
tous c^ux qui portent ce nom rfut
célébré en 1^15 fous le Pape Inno-
cent m 'y c'eft le douzième Concile
Général* Il s'y trouva quatre cens
douze Evèques > huit cens , tant
Abbés que Prieurs , des ÂmbafTa-
deurs des Empereurs j des Rois,
Se un grand nombre d autres Prin-
ces Catholiques. On y fit foixante-
. dix canons. Le premier eft une ex-
pofîtion de la foi de TÉglife , faite
contre les Hérétiques du temps. Se
principalement contre les Albigeois
$c les Vaudois. Il y eft dit qu*il n*y
a qu'une Églife hors laquelle on ne
peut être uuvé. On n'y reconnoît
qu'un facrifice » qui eft celui de la
MefTe , où le Corps Se le Sang de
Jésus-Christ font véritablement
contenus au Sacrement de l'Autel*
Le terme de tranfubfiandation y eft
^onfacré pour fignifier le change-
ment que Dieu opère au Sacrement
de l'Euchariftie , comme le mot de
confubftantiel fut confacré au Con-
cile de Nicée , pour exprimer te
myftère de la Trinité. Lanfranc &
Guimond s'en étoient déjà fervis
.contre Bérenger. On condamna^
XAT
tuffi le traité de l'Abbé Joachlm fur
la Trinité contre Pierre Loa&-
bard.
Le troiûème canon anathémacife
coures les heréfies contraires i i'ez-
poiîtion de foi ptécédente» & ajoute
que fi le Seigneur temporel ad-
monefté néglige de purger fa terre
des Hérétiques » il (era excommu-
nié par le Métropolitain Se fesSuf-
fragans j & s'il ne fatisfair dans
l'an , on en avertira le Pape , afia
Îp'il déclare fes vaflaux aDfous da
erment de fidélité , & qu'il expofe
fa terre i la conquête des Catholi-
ques. Il eft vifible que dans ce dé-
cret , on entreprenoir contré lau-
torité féculière » néanmoins aucan
des Ambaflàdeurs qui éioient pré-
fens 9 ne réclama contre. On ac-
corda aux Catholiques qui fe croi-
feroient contre les Hérétiques , la
même indulgence qu'à ceux qui
vont à la Terre- Sainte. On y régla
la manière dont les Supérieurs ec-
cléfiaftiques feroienr renus de pro-
céder pour la punition des crimes.
Il y eft défenduanxClercsde jugera
morr , ni d'aflifter à aucune exéca*
tion fanglante.
Le canon 1 1 ordonne que chaque
fidèle de l'un Se de. l'autre feze»
étant arrivé à Tâge de difcrétion,
confe(fe k fon propre Prêtre , au
moins une fois l'an , tous fes pé«
chés , Se accomplifle la. pénitence
qui lui fera impofée. Cliacun doit
auffi recevoir au moins à Pâques le
Sacremenr de l'Euchairiftie » fi fou
propre Prêtre ne lui confeille de
s'en abftenir pour un temps 3 autre-
ment il fera chafie de l'EgUfe ^ &
privé de la fépulture eccleuaftiqoe.
Si quelqu'un veut fe confelfèr à un
Prêtre étranger , il faut q«'ilen ob-
tienne la permiflion de fon propre
Prêtre ^ parceque l'autre ne f^ut
LAT
ftiis cela I ni le lier , ni Tabioucii^e.
Oeft le premier canon qui ordonne
généralement la confeuion facra-
menrelle. Il fac défendu dans ce
Concile d'établir de nouveaux or-
dres religieux.
Le canon 50 réduit la parenté au
quatrième degré , pour qu'elle
puifTe être un obftacle au mariage.
On rétendoit auparavant jufqu'au
feptième.
Tous les canons de ce Concile
font ftu nom du 'Pape , iî ce n*effi
que dans quelques-uns y on ajouta
la daufe , avec l*àpprobÀdon du
faint Concile , qu'on trouve poU|: la
première fois au troifième Concile
de Latran. £lle fert i déclarer que
les décrets n'anroient point leur
pleine autorité fans le confente-
ment 6c rapprobacion du Concile
repréfentant TÉglife Univerfelle*
Le cinquième Concile Général
de Latran fut convoqué en 1 5 1 2 par
Jules II 3 pour mettre fin au fchif-
me qu'occafionnoit le Concile de
Pife. L'ouverture s'en fit le 3 Mai.
Il s'y trouva quinze Cardinaux , près
de quatre-vingts Archevêques ou
Evëques tous Italiens » & fix Abbés
Généraux d'Ordre. La première
Seflion fe tint le 10 Mai » 6c Ton y
nomma les Officiers du Concile.
Dans ia féconde y le 17 du même
mois» on lut la Bulle d'approba-
tion du Conctie. Dans la troifième»
tenue en Décembre » TEvèque de
Gurck déclara , au nom de TEmpe-
reur , qu'il approuvoit le Concile , I
6c qu'il renonçoir ï tout ce qui s'é-
toit fait a Pile. La quamemer; fe
tint le 1 0 du même mois ; on y cita
. les fauteurs de la pragmatique fane-
tîon â comparoitre dans fdixante
jours. t)ans la cinquième , on dé-
cerna une nouvelle monition contre
J'Églife de France 9 pour répondre I
LAT 43 t.
fur cette pragmatique. Cette fef«
fion fe tint le 1 6 Février 1515: le
Pape ne put y iffifter ^ i caufe d'uiie
maladie dont il mourut dans la nuit
du 10 au II du même mois. Le
Pape Léon , fuccefleur de Jules II »
tint la iixième le 27 Avril j ic fur la
proportion qui y fut faite; d'une ci-
tation contre k eontuhiacè des Fran-
çois dans Taffaire de la pragma-
tique y ce pontife ne voulut pas
y confentir par ménagement pour
la France. Dans la feptième » le 1 7
Juin , on ^ut la rétraâation de deux
Cardinaux du Concile de Pife^ qui
condamnoient tous les aâes de ce
Concile , & approuvoient ceux de
Latran. Dans la huirième , le 17
Décembre , les ambatfadeurs du
Roi Louis XII renoncèrent aufli au
Concile de Pife , & reconnurent
celui de Latran. Le Pape donna
dans la neuvième renue le $ Mai
1 5 1 4 , Tabfolution aux François
abfens qui Aiivirent ces exemples %
6c l'on y fit un décret pour la ré-
formation du clergé de Rome. On
dreflà quatre décrets dans la di-
xième feflion tenue le 4 Mai 1 5 1 5 :
le premier fur les monrs de piété ,
le lecond pour le clergé » le troi*-
fième fur Timpreffion des mauvais
livres , & ie quatrième pour obliger
les François à venir dire les raifons
qu'ils avoient de s'oppofer à l'abo-
lition de la pragmatique fanckion.
Dans la onzième, le 19 Décembre,
on lut la pcofeffion des Maronites »
où ils recopooi(Ibient. que le Saint
Efptat ptbcéde du Père 6c du Fils ,
î comitte^ti'un feul principe & d une
unique fpiration ; qu'il y ayoit un
purgatoite , qu'il nilloit confelTer
fes péchés , & communier au moins
une fois Tan. On abolit enfuite la
pragmatique fanâion y 6c on lui
lubttitua le concordat conclu î
4J* LAT
- Boiogae* le i^ Août de la même
année , encre, deux Cardinaux &
le Chancelier Dctbrat » de la part
de leurs maîtres relpeâifs. Dans la
douzième qui fut la dernière f ce-
c nue le \6 Mars 1 5 1(> » on lue une
' bulle, où lonordonnoic une im-
poficion.des décimes » pour être
empbyée à la guerre concre les
Turcs , enfuite de quoi un Cardi-
nal dit 1 haute voix : MefEenrs ,
allez en paix , le Concile n'eft pas
un Concile général. Plufieurs Théo-
logiens ne le regardent pas non dIus
comme tel , & Bellarnoin même
laiflTe la liberté de douter qu'il le
foie.
On appelle Chanoines de Saint
Jean de Latran , des Chanoines qui
croient autrefois réguliers. Le Pape
St. Léon le grand les oblieea en 440
à vivre en commun fous Ta conduire
de Gelait , qui depuis fur un de U%
fucceflTeurs. Âyanc renoncé enfuite
ila vie commune > on les contrai-
gnit en 106^ de la reprendre » &
de fe conformer aux règlemens du
Concile tenu i Rome cette année-
là : d'autres Êglifes furent mifes
fous la dépendance de celle de La-
tran , & formèrent en femble une
congrégation qui fubfifta jufque
vers l'an i a^ 5 • Boniface VllI chafla
alors les réguliers pour mettre à^%
féculiers à leur place. Ceux-ci fu-
rent paifibles poireffeurs de TÈglife
de Latran jufqu'en 1441. Mais Eu-
gène IV ayant voulu alors qu'ils la
cédaflent i des réguliers de la
congrégation de Saince 'Marie de la
Frifbnaire j ce changetneac oaiifa
de vives conteftacions. Les Romains
épousèrent fi vieoureufement les
intérêts des fécuuers , que le Pape
Sixte II prit le parti de donner en
147 1 le titre de Chanoines réguliers
de Saint Sauveur de . Lacc^ii â ces
LAT
) tégafieri étrangers , & de lent faire
bâtir au milieu de Rome. lîÈ^gÛfe
de Notre-Dame dû la paix. Il latfla
par cet arrangement celle de La^»
tran aux fécuuers qui n'y ont pas
été troublés depuis. Les Rois de
France préfentent deux de ces ?Cha-
noines au Pape , en confidécation
des biens qu'ils ont faits i T^life.
LATRESEY j bourg de France, icn
Bourgogne , à deux lieaes , fiid-
oueft , de Chateau-Vilain.
LATRIE } fubftantif féminiiu Terme
confacré dans le langage de l'Églife
& de la Théologie» & qui n'a d'ufage
qu'en cette phrafe » culu de latrie ^
pour fignifier le culte qui n'appar-
tient qu'à Dieu feul.
LATRINES; fabftanuf féminin plu-
rieh Latrina forica. Retrait , priré»
lieu où l'on fe décharge le veni^.
Il y avoit autrefois à Rome des la*
truies publiques garnies d* éponges,
f^efpafien mit un impôt fur les la-
trines*
L ATT A Y \ bourg de France en An-
|ou » dans TÈledion d'Angers.
LATTE ; fubftantif fémin. Pièce de
bois dé fente , Un^ue » étroite &
• plate y qui fair partie de la couver-
. ture des nuifons » & qui s'attache
fur les chevrons pour porter la tui-
le I Tardoife » te les auttes matière»
qu'on emploie au même uiaee.
On appelle latte volicc , celle qui
fert i porter l'ardoife. Et latte join^
t'ive , celle qu^on taet aux pans de
charpente pour recevoir & tenir un
enduit de plâtre.
On- appelle contrelatu ^ la latte
. attachée en hauteur fur une autre
latte q«*elle opupe à angle droit on
* oblique. Et lattù defciagc y celle qui
eft taillée i la fcie.
Latti , fe dit auffi des échelons dts
ailes d'un moulin a venc » fur lef-
quels la toile eft tendue.
Lattis,
LAV
Xattis ^ ie (Kt en termes de 'Marine »
de petites pièces d^ bois fore min-
.ces , qu'on mec encre les baux j les
i>arrocs & les barrotins du vaif-
ieau.
On appelle lattes de caiUebotis ,
^e petites planches cefciées qui fer-
ment â couvûr les barrocinsdes cail-
lebocis. £c lattes de gabarit , des
lacces qui fervent i former les fa-
çons d'un vaifleau en lui donnant la
xondeur. Elles font minces & ova-
les en ciranc de Tavant vers le mi-
, lieu 9 carrées au milieu , & rondes
par Tavant ; & aux flûtes elles ont
xecte dernière forme i l'avant ôc â
i'arrière.
On appelle » lattes de galère , des
-craverfes ou longues pièces de bois
qui foutiennent la couverture d'une
tgalère*
La première &llàbe eft brève , Se
la féconde très-brève.
LATTE 9 JEE; participe paflif. Feye^
Latter
L ATTER ; verbe aéfcif de la première
conjugaifon , lequel fe conjugue
xomme Chanter. Garnir de lattes.
Latter un comble.
La première fyllabe eft brève »
& la féconde longue ou brève*
LATTIS j fubftantif mafculio. Ar-
xangemeot des lattes fur un comble.
Le lattis riefi pas encore achevé*
La première fyllabe eft brève » &
la féconde longue.
LAVABO ;ienne larin employé fabf-
cantivement flans nos Églifes pour
fignifiec > 1 ^y Taâion du Prctre qui
ie lave les mains pendant la meflè.
%^. La partie de la mellè où fe fait
cette aâion. }^. Le linge avec le-
quel le Prêtre s'efluie les doigts
aptes fe les être lavés. 4^. La carte
00 font écrites ces paroles lavabo ,
&c • On dir aujourd'hui ie pfeaume
Tome XV %
LAV 433
tOBC entier : on n'en récitoit autre*
fois qu'un verfet j du moins dan*
IJufieurs Èglifes. Les Chartreux &
es Dominicains ne continuent le
pfeaume que jufqu'â ce verfet ex-
clttfivenienc» neperdascum impiis,
6cc.
LAVAGE; fubft^tif nuifculin. Ac«
cion de laver. On recommande aux
palefreniers le lavage des pieds des
chevaux.
Lavage , fendit au(S d'une cropgrande
quancité d'eau répandue pour laver.
Quel lavage a-t^n fait dans cette
chambré ^ on y a jeté trop d*eau f
Lavaos , fe dit encore des alimens
& des breuvages où Ton a mis plus
d'eau qu'il a'auroic fallu. On nous
fervit un potage qui tCétoit que du Ut'-
vqge. Il y a trop d'eau dans cet or^
geat,jce nejl que du lavage.
Lavage, Ct die au(fi quand on prend
beaucoup d'eau » de tifanne ^ &c.
Tout ce lavage lui 4i dérangé Vefio*
mac.
LAVAGB^fedit en termes de Boy au-
diersy de la première préparacion
Sue ces ouvriers donnenc aux boyaux
onc ils veulent faire des cordes»
laquelle condfte à en faire fortic
toute l'ordure <}ui y. eft contenue*
Lavag£» fe dit dans le travail des
mines» d'une opération qui con*
fifte à laver le minéral pour dégager
la partie métallique & propre a erre
fondue , des parties terreuies , piet-
reufes & fablonneufes qui y font
jointes.
La première fyllabe eft brève»
la féconde longue & la troifième
très-brève.
LAVAGNA^ petite ville d Italie, fur
la côte orientale de l'état de Gènes»
près de Tembouchure d*une rivière
de même nom dans la mer de Gênes.
Cette rivière a fa fource dans l'A-
pennin, à dix milles » eft » de Gènes.
lii
4t4 tAV
LAVAL ; ? ill<i confidérabl^ de Fraflèe ,
dans le Maine, à fix lieues, fad-fiid-
oaeft, de Mayenne, 6c i cinquante-
haiilieuesj oueft-fod-oueft, de Paris,
foas le t^* degré, 5 1 annuces, 50
fécondes de longitude , Se le 4&e de-
gré , 4 minutes, 10 fécondes de la-
titude. C'eft le (tige d'uti Préfidial »
d'une £le£kteit , d ub Grenier â Sel ,
d'une Maîtrife particuliète des Eaux
& Forêts, d'une Juridiâion confu-
kite , &e. Il 7 a trois Paroifles , deux
Eglifes collégiales^ des Chanoines
réguliers de la CoDgrégàtioa de
France , des Jacobins » des Cof de-
liers , des Capucins , des Filles de
^ Sainte Claire, des Filles de l'Ordre
de Sainr Benoît , des Urfulines ,
des Horpiralières , &c. & l'on y
compte environ tSooa âmes. 11
s* y fabrique une trèsgrande quan-
tité de toiles qui fe coi^fommetit
• dans le Royaume , en Efpagne , en
l^ortttgal, dans les îles de l'Amé-
rique , &c. C*eft-U où naquirent le
farant Médecin Guiltauttie Bigot ,.
qui ftoriffoit fous Françc^s precdier,
: Bc le fameux Chirurgieh Ambi^oîfe
t Paré, qui mourut en tj9^i*
LAVANDE ^fubftantîfféminim La-
vandala majon Sorte d'arbufte qui
poUfTe Ats> tiges dures y ligneufes \
carrées s à la hauteur de deux ou
crois pieds. Ces tiges fom chargées
datis toute leur longueur de feuilles
* longues 6c étroites, blanch&tres, &
terminées par des épis <)è fleurs la-
biées. Toutei les parties de la plante
ënt une odeur aromatique & agréa-
Me.. Aux Aeurs fuccèdent quatre fe-
mences > qui n*onr pour envelop[>e
eue le calice , au fond duquel elles
%e rroUYoienr.On diftingue pln/teurs
efpèces de lavandes , dont les unes ,
comme la lavande fTE/pagntyOni les
feiiilUs blanches^ d'autres comme
Ik iayandc fcmcUc^ont les feuilka
LAV
étroites j d'antres les feuilles îargèf »
telle que ceUe que l'on nomme la.
lavande mâle , \tjpic , Va/pic ou nard
commun ^Xz lavande à feuilles d'olivier;,
enfin les lavandes , dont les fleurs
fonr rarnatféeS en tète, & qu'on ap-
^Wtjloéchas.
La lavande eft une plante fore
belle dans le mois de Juin , quand
elle eft chargée de fes épis de fleurs
bleues ou blanches , qui répandent
ime odeur rrèsr-agréable. Cette plante
fi'eft point délicate > elle vient par*
tout , & elle fe multiplie par dra-
geon^ enracinés. Elle viem d'elle-
même dans le Languedoc ^ dans ce
pays-ci, on n*en cultive que dans les^
jasdins. Il eft bon de tranfplanrer \t%
gros pieds tous les trob ou q^aatre
ans.
En pharatacie 8c en médecine^
00 em^dié pàrci<:ulièremeiu les épis
des fleurs de la lavande femeUe. Oa
retire par la dtftillation des cahcet
de ces fleurs , cueillies quand le plas
grand nombre eft épanoui , une huile
élfentiellej àbdndaore & très-aro-
mariqué , qui a paHé pre£qtle entiè-
rement des autres parties de la plante
dânir celle^i par le progrès de la vé-
gérafion.
Les pétales de ces fleurs ne con*
neniienr point de ce principe : la
inertie obfervàrioh a été faite fat
toures les Aeurs de la clafle des la-
biées de Tofltt^fort.
Quand on fair la récolbe des flieurt
ou plutàt des calices de lavande t our
doit avoir grand foin de ne pas les
eardét en tas , tar les flieurs s'écfeauf*
rent prompterheiir , ft perdent par
cette altération , qui peut arriver
en meins de quatre heures > tout
l'agrément de leut patfum ^ uiie
partie de leur huile e(!entieHe peut
tmme être diflipée ou détruite put
ce moiivement imeftlow
2
t'AV
On <loic donc » fi on le< ileftinp â
U difiiUation , y procéder imméd^a-
tenaeac apr&s qu'elles font cueillies ,
on les «wre féchef fur U champ ,
ea les çlairfimant fur des litres ou
for des çamis, fi oo fe propose de les
garder.
On pccpare auSi avec ces c^Iipes
«M eau fpirittteufe^ connue fous le
«om à'cfprit de lavande j & une •cein-
ture a?ec lelpric-de-vin ou leau*
de-vie , connue fous le nom d'tau^
dc^vie de lavand^Çf
La jtqueur appel^e^tfir de lavande »
dont l'uîis^e ppui; les £<Hler.cps left
%Sei connu, qui biancàif avec ^eau »
& que les H^Ugîeafeis d^ U Made-
laine de Treinei fenc eo pofièfiion
de vendre à Paris 9 oeft autre chofe
aune diflbkicion d'huile eiTenjûçUe
e lavande dans de Telpr^t-de-yin.
Oo prêtre avec ratfon cecpp liqueur
d relprk & i l'eau-de-vie de Uofondei
fioB parfum eft plus doux » plus.?gi:éa-
ble. Lorsqu'on la frorte ^niri^ les
inains, elle ne )ai(r^ point de queye ^
c'jçft-irdirr*, qu'elle n'exhale , pqinr
une odeur forte .& r^Sneufe , A)u'on
trouve dans les deux autres li-
coeurs*
Pour faire de la bonne eau fJe la-
wande de Treinel ( comme on rap-
peUe i Paris) » il n*y a ^«'4 verler
goutte i goutte de l'iiuil^ •JÀ:e^te
de lavande dans du bon ^^ric-fle-
vis , & la mcler en battant I4 liaueur
dans une bouteille j la doiede rlmiie
fe déterminera par lodeur ^gréablp
Îuacquiert le mcUnge. Un gros
'builefuffit ordinal cfunent pour une
pinte d efprit-de- vin.
L'-e^fu diftillée de iov;inde , celle
aui s*eft élevée avec Tboile dans la
iftiltation , eft fort chargée du prin-
cipe aromatique , R^i^iBile eft d'une
.odeur peu aeréable.
JUs Ap»bic*K^s pr^aïent^qp
LAV 43,
Iss fleurs de lavande une conferve
qui eft fort peu ufitée. Les prépara*
rions chimiques dont on vienf de
parler ». oe font au/fi que rarement
mifes en ufage dans le trait^mçnt
des inaladies ; on fe ièrt fe^leipent
de r/efpxit > de Teau pu de leau-de-
vie de Javande. contre les œeurtrif*
fures , Içs plaies- légères , les écor-
cliMJ^s, &c. Mais pn ne fe fertde
ces remèdes que parcequ'on les a
plutôt fous la main que de Tefprit-
de irin , ou de Teau-de-vie pure^
C'eft nir la même raifon quon
flaire w uacoo d'eau de lavande d^ns
les évanpuifTçmens.
Les calices de lavande ^ foit frais »
£>it ié^hés , font prefque abfo{umenc
inufités dans les prefcriptions magif-
rra|es^ ipais il^ font employés d#ns
4in très-jsraod nombre .ae prép^a*
lions pmcinales, tant intériei4res~
qu'extérieur^ , parmi Ufqoelles
celles qpx fpnc d^inées i é/cbauffer»
à raniaif r ^ ^ exciter la tranfpira»
ripn , i donner du icpn aux parties
£bl;des^ &Çp eipprunteiu réellem^ent .
que^^es propriétés de ces calices ,
qu^ ppfie^ent éminemment les vei»
tus dpnt 00 vieut de faire mpn-
tioo»
LAVÂNDIER; fubftantif raafculin.
Oflicier du Roi > oui eft .chargé du
foin de faire blancuir le linge. |.l y
a deux Lavatufiers du corps feryant
fix mois chacun \ un Lavandier de
panneterie bouche) un Lavandier
xle panneterie cotumun ordinaife }
dAUx Lavandicrs d^ cuifine bouche
Se .coqimujn.
LAVANDIÈRE) fubftantif féminin.
Lotrix. Femme qui lave la ieflive*
Elle na pas payé la lavandière,.
LÀTiLNj>iàiu, eft aufll le nom d'un
pecitjoifeauqu on appelle autrement
Bergfironeae. Vo^jez ce mat.
Jpa f tepaiète iy lUbe eft brèv€ » U
1 i i ij
43<î I AV
feconcfe moyenne, la troifième lon-
gue > & la quaCTtème très-brève.
LA V ANGE j fubftantif féminin.
Grande quanti té^ de neige qui tombe
tout à coup des montagnes , & par-
ticulièrement des Alpes , des Pyré-
nées , &c. Ces neiges formeat queU i
quefois, quand elles font aidées par
le vent , des maffes immenfes ca-
pables d'enfevelir entièrement des
maifons , des villages , & même des
villes entières qui fe trouvent au
bas de ct9 montagnes. Ces malfes
de neige , fur- tout quand elles font
durcies parla gelée», entraînent les
maifons » les arbres , les rochers ,
en un mot tout ce qui fe rencontre
. fur leur paffage. Ceurqui voyagent
en hiver & dans des temps de dégel
dans les. gorges des A4pes , font fou-
vent expofés à être enfevetis fbus
ces lavanges ou éboutemens de nti
ges. La moindre chofe eft- capable
de les exciter fc de les mettre en
mouvement. C'eft pour cela que les
guides qui condurfent les voyagçrurs
leur impofent un fflcnce trcs-ngou-
* reux lorfqu'ils padent dans de cer-
tains défîiés de ces pays qui ft)i.t
dominés par des montagnes pref-
que per|)étuellement couvertes de
neige.
On diftingue deur fortes de la-
vanges : celles de la première elpèce
ibnt occa données par des vents im-
pétueux ou des ouragans qui enlè-
vent fttbitemenr*les neiges des mon
' tagnes , & les répandent en fi grande
abondance , que les voyageurs en
font.étouflfes éc les maifons enfeve-
lies. Les lavanges de la féconde
cfpèce ont lieu , lorfque fes nei-
ges , amalTées fur le Haut des
montagnes & durcies par les gelées,
tombent par leur propre poids le
long du penchant des montagnes,
£iute de pouvoir s'y iburenir plus
t
LAV
long-temps } alors ces tnaifey iiK)c^
mes écrafent & renvcrfent tour ce*
qui fe rencontre fur leur chemin.
Rien n'eft plus commua que ces
fortes de lavanges, & l-oa en » vis
un grand nombre d'effets funeftes
en » 7 5 5 : à Bergemoletto , vill^e
^ fiiué dans la vallée de Stura en Pic-
mont, plufieurs maifons Rirent en-
fevelies fous les lavanges ; il y- eut
entr'autres une de ces maifons, dans,
laquelle deux* femmes 8c deux en-
fans fe trouvèrent renfermés pa» la-
neige.. Cette captivité dura^ depuis
le 1 9 du mois d^ Mars jusqu'au 2$
d'Avril , jour auquel cesmalheureux.
furent enfia délivrés. Pendant ces
trente-fix jouts, ces pauvres gens
n'eurent d*autre nourriture que
quinze châtaignes, & le peu de Jair
lue leur (bttrni(K>it une chèvre quL
e trouva auflS dans Tctable où la
lavangc Kes avoir enfcvelis% Un des
enfans mourut, mais les autres per-
fonnes eurent le bonheur de ré-
chapper , par les foins qu'on en prit
lorlqu'elies eurent été tirées de cette
âflFreufe captivfté;
On donne auffi le nom de lavanges
de terre aux éboulemens des terres t
qui font affcz fréquens dans ces
mômes pays de montagnes \ cela
arrive far-tout lorfque les wrreS'Ont
été fortement détrempées par le
dégel & par les pluies : ces foites
de lavanges caufent auffi de tics-
grands ravages.
LAVANT; petite rivière d'Alleroa-
Ïjne , dans la baffe Carinthie. Elle
e jerte dans la Drave à Lavam-
Mund.
LAVANT-MUND , ou Lavant-
Mynd; ville épifcopale d'Allema-
gne dans la Carinthie-, au confloent
de la Drave & de la rivière de La-
vant.à 1 5 milles, eft,de Clagenfuptb.
LAVARDIN.; bourg U charnu de
i
• Fraude dkns^ le « Marne ', enriton à
trois lieues , nord-oueft y du Mans.
I. AV ARËT } fubftancif mafcuUn. Poif-
' fbn rfès-boD à manger iqui fe trouve
Errictthirement dans tes lacs du
^u rçet Se d* Aiguebelecte en Savoie
* Se qui eft long d^un pied; Seséocâl-
Its font brillttflices comme -de l*4r-
Senr, toujours nettes & bien lavées,
'où vienr probablement lenom de
lavaret'. Ce poîdbn re Semble beau-
coup â l'alofe & au hareng , furtout
' par la: tète & par la bouche.
LAVASSE j fubAaiirif féminin. It fe
dit<d'une pltiie fubire 8c i'mpérueufe
qui tombe avec abondance & qui
coulé â grands, ruiiTeaux. A peinte
étoîtnt'ih fortis de la ville, quilfur-
vint' -Hfit- lavajf^ qui les . obligea de
revenir. « '
tAYATlON} fubftamifféminih,&
terme dtf Mythologie. Fête que les
Romains célébroîent anciennement
le a^5 de Mars en l'honneur de la
mère des Dieux-, dont le cuiteavoic
été apporté ce jcmr4à de Phrygie à
Rome. La cérémonie confiftoÎD à
placer &F ui>' char la ftauie de -la
' Dé^i^Q * pour aller enfnice la laver
dans TAlmon ï Tendroit où il fe
jette dans le Tibre.
&AVATOIRE ; fubftantif mafsulin.
On a'ainfi appelé une pierre qui fer-
voir aurrefois'à laver les corps des
ecclé(ia(liques Se des religieux après
leur mort. On voit de ce^ pierres
dans plufieurs Églifes Se Monaftères.
Le lavatoireqai eftà Cluni eftune
pierre longue de dx ou fept pieds ,
2ui a' environ fepi pouces de pro-
>ndeur. Il y a un oreiller de pierre
& un trou du côté des pieds par où
a^écouloit l'eau après qu'on avoit
lavé le- corps. Ces pierres ne font
plus d'ufage. Lorfqu*un religieux
•ft mort on le lave iur une table
daiw le lieu même pu il a. expiré*
t A V 43/^
Là pratique de «laver Ie$ nK>rts eft
très- ancienne, puifqu'elle fe trouve
dans les aâe$ des Apotrès. Cet ufa-
ge qui s'croit répandu dans toute
lÉglife fe conferve encore parmii
les religieux de divers Ordres;
LAVAUR \ ville épifcopale de France
en Languedoc, fur la rivière d*A-*'
goût , à huit lieues , fud-oueft , d'Aï*
by j (ous le i<)^ degré , j i minutes ».
ij fécondes de longitude , & le
4-^^ degré , 41 minutes de latitude;
C'eft le Siège d'une Jaftice royale ».
Le Chnpirrede la Cathédrale eft
compofé de douze Chanoines & a
trois dignités qui font le Prevot ,
TArchidiacre & le Sacrifiai n. Le
premier efl: élu par le Chapitre &
confirmé par l'Èveque. Les cicux au-
tres font a là nomination de TÈvê-
que. A l'égard des Canonicats ils
fbnt à la nomination alternative de^
TÉveque Se du Chapitre. L'Évêché
deLavaur a été érigé par Jean XXlI
en v^i6\ Son revenu eft d'envirt>n'
35000 livres de rente. -
LAUBAÇH^ ville Épifconale^d'Alle^
magne, dans la Carniole , fur une
rivière de même nom » i to lieues »
nord-eft , d'Aquilée , & i ^2 lieues,,
fitd-ouêft , de Vienne » /bus^le fx^
degré il minutes de longitude ,^ Se
le ^6^ y lominures de IsFtitude. •
La rivière de Làubaich fè forme
de deux ruiflfeaux^ à deur ou trois
lieoes au^defTus de la ville de ce
nom & elle va fe rendre dans la
Save à deux lieues au^deftbus dé la
même ville. ;
Laubach*, eft auflSle nom d*un bourg
de la Wétéravie fitué fur les fron-
rières du Landgraviarde Heffe»!
trois lieues de Gieflen,
LAUBAN ; ville d'Allemagne, dans
la haute Luface , fur la QoeilT, près
des frontières de la Siléfie 9 àquÀcre
438. ^AV
Jieses il^ CqcUs, du cote de TO-
fîenc.Il s'y fait un comoiefce «(lèz
confidérable ea draps en coiUs &
en fil.
X<AUfiRIÈR£ f bourg de France « len
An/oU' » à Ax lieues >,oueft-<ipiwi-
; oueft^.de'Châreaii Gonner^
LAUDA]} rtlle d*Alleamgne enFcan-
conie , fur le Taiiber , dans TÈvè-
. cbi de WintzhcHUg , â deux lieues
aa-dcflus de Mjiriefichall.
L^^UDANUM^ fttbftanpfmafcuUn,
, & terme de l^har^acie. Extraie d'o-
pium. La préparation du laudanum
confifte i raire fendre lopium dans
de Teau fur un pecic feu » â le paf-
fer au travers a un linge pour en
féparer quelques impuretés j & 1 te
xemectre de nouveau fur un feu
doux. La doCe Se les propriétés du
Laudanuoi font Us mêmes que cel-
les de l'ornum.
LAUOE ; iubftantif mafoulin « & ter-
me de Coutume. C*eft un droit qui
fe paye en certains lieux pour la
. vente des jnarchandifes dans Jes
foires & marchés.
LAiUDËR'i bottCg dÉcofle dans U
JProvitxce de Mers j fur une rivière
de même pom qui arrofe la vallée
de Lauderdale.
LAUD£S/; (ubftanriffémioin ploûel.
\ C^cceupairiticl de l!Office Divin qui
fe.^ic imixiédi^Kceiiient après Mati-
nes» hta Laudâs ont été atn/i appe-
lées de ce iqu'elles contiennent ^ar-
ticulièronMlnt les louanges du Sei-
Î;neur» C«ft par les Laudes que finit
^Office de la nuit.
LAUDICÈNES i fubftantif mafculin
plaràeh haudicœni. Terme -d'Anti-
quité. C/itôit chez les Remains des
%cxis pay^s pour applaudir aux piè-
ces de rhéatc^ ou aux harangues pu-
bliques, ik éroient ioftruits i d(^«
sier leiifs appUuditTemen^ ^eicon*
wMct 1 *^xoc fin » avjec hiu»9nie » ^
mftfkie il y «mh des msabrv. Mffit
Mior . leur len enfeigner Jes tèglts 8c
la pratique. On pUçoif les 4^ii*
cènes fur U çbéitre* elppoiiies les
uiis.aax autres » commeiiMs ftifeos
; oaschoBursi de à la fin du ipefta-
.jdb> fk fbf motent leur chenu d'»p*
.p^udilliirmens 9 qui ftts:cédoit sux
autres. acclamations ^^h^iffX^f Us
venoiefit toujours ofFrtr liwcs fervi-
ict% aux Orateurs» tuiX AiSbvts {&
aux Poëres.
LAUDICK ^ petite vilb 4« U faraude
. Poloene , fur la rivièl^ de Waft|«
dansTe Pafauinat de Kaiisb » i dusse
lieues , nord « de Kadisii.
LAUENJN \ bourg de Fcaoc» en Un*
guedoc , i une Iteue # fud-fpd tsft ,
de Ba^ools. On y r«ctt«iUe d'excel-
lent vm.
LAVE; fttbftantiflëikiînin. Hti^r^i
fondues Se iieBit>lahles i du «être
opaque qui , àuk% le «temps de f é«
ruptioo des volcans , fort^t de Icar
feiu & forment comm^ des tuif-
féaux en flammes* Bïlts confiiuicnt
&.encraineBt lesarbiesj les roch^s^
le fable Se tout ce qui fe crouve.iîic
Leur padage , & vont quelauefois
s^étendre jufqu'à ladiftauce de plus
d'une lieue de l'endroit d'où elles
font focttes. Elles icowrenft de#
campagnes fertiles d'une croule fou«
vc^it fort épaiflè , <& produtfeuc ies
ravages Jes plus gcands.
Ces. matières fondues ibot tfès*
longtemps 1 fe refroidir \ Zc qusU
2uefois plufieurs «mois apvès leur
ruptioR on voit encore qu'Ai tn
Mrt de la. fumée , ce qui vieiMt de
la chaleur* exceflîve donc les laves
ont iit piénérrées^ & de la grandeur
énorme de leur-maflîe,» ^ui fait que
la chaleur s'y eft C0»fiervée. Plus
td-un mois apsès ta gcanile érupiîoa
du VîéfiiiDe utrjvée en 117} f , lOO
iv^!^ dégagée Je .gHMdjchMP^^e
XÀV
barrafTé^maisietQuvrkrsfiirencbîen- 1
feoc forcés ci'abandanner leur entrepri-
i(9, parc«qu*ils irouvàrent la lave en-
cdre fi ambrafée dans l'intcrieur ,
^'elle rougiiibit ic amoli^Toic les
oucik de fer donc îU.fe fervoienc
poar ce travail.
Quant i la ma^ des/nv^j , elle
eft quel()aefois d'une grandeur énoc-
aie* Dans réiuption du mont Etna
àe 1669 ^ qai deiruifir èntièreiifienc
k| ville de Câtane en Sicile , le îot-
renc liquida alla fi avant dan|' la
met qu'ikl y forma un oïdle oli une
\etée affea grande pour fervir d'a-
bri i un grand nombre de vaifTeaux.
Suivant l'hiftoire du mont Vcfuve»
ouvrage qui eft du aux Académi-
cîfni de Naples, la longueur du
.torrefir principal de lave (|iii fortit
^u Véfiive en 17 $7 croit de }f 50
uannes Mapoliraines dont chacune
- porté & palmes » c'eft-â-dire 80 pou-
cet d# Paris. Ce même torrent y dans
Tefpace occupé par le^7 ) o premières
CMries i i Compter de fa fource ,
: woii afuffi 7^0 cannes de largeur &
' S -pi^lm^s ou 80 pouces d'cpaifTeur.
^ A l'égard des 1800 cannes reftan-
%ts , elles avoienr valeur commune
1 &8 (amies de largeur , èc eniriron
jtor paknes d'^aii&ur. De ce tor-
< ceiK éfiortne il en partit des ra-
meaux y ou comm^ des rmiTeaux
I plus petits qui fe répaildirent dans
m campagne. On calcula aiors'tou-
tes les laves que Le V^fuve vomit
dans cette occafion , &• Ton trouva
: que Ur fomme totale de la- matière
fondue alloit â ^95948000 palmes
cubiques > fans compter les cendres
Sl leis pierres détachées vomies par
ce volcan dans U même éruption.
Cet esfiemple peut ftifirè p^xlr don-
née une idée de la grandeur & de
" f^éeÉndue diei)i!itt^j^. '
LAV 45 y
On apperf oir dant U: lave des par-
ties da rer , ic des parties de pierres;
mais les particules métalliques fonc
fort divifées , puifque la lave pèfe un
neuvième ou un dixième de moins
que la pierre natuidUe du Véfuve*
La lave agit fur la Douflble » ce qui
Bouve qu'elle contient 4^ fer. M*
Ibbé NoUec ajoute qu'étant aa
bord du badin 9 il refpiroît une
odeur femblable à celle du fer diC*
ibus dans Tefprir de feL
La lave. entre difficilement en fv^
fion^ elle réfifte au plus grand feu^
cela vient de ce qu'elle eft dan» ua
état fort voifin de celui de verre ^
ipais qu^elle renferme trop de par»
ties rérradUires qui ne fonr pas fuf*
.çeptibies sL Ul>ri parfaite vitâfica-
r tioii^ M« r Abbé ]N plier reg^d^uH le
fournesiu â^ yçfuve pu 1745 , dans
un temps oi\ depuis ni\ an Tembt o^
fement ne cedpit d'augmenter , vie
que les maffes ardentes, que lan-^
f oient la vapeur de la flamme étoienr
une efpèce de pace;.qui fe déchiroic
en lair , changeoic de forrne ^ Se tr%
retombant fur |e rocher s^apptacif-
foit comoae d^ la bpue épaifle, ce
qui prouve combien la vitrifications
eft imparfaite j mené dans le centre
de l'embrafement.
Suivant les expériences, de M«.
Sdet « la poudre de laye fe didoue
ï\s tous tes acides , mais foxtpuc
dans^ l'acide virriolique avec lequel
elle fait une vive eftervefcence.- Sii
l'on mêle cette diftblutioa avec de
refprir-de-vii>9 & qu'on y me^te le
fiéu , la ffiimme prend une belle
cfouleur vive y TalKati volatil donne
une couleur bleue à cette difTobition,,^
cequiprouve qu'elle concieiir un peu
de cuivre. Cette même diâblurâoiv
filtrée & évaporée donne descry-ftaux
de vitriol de Mars très-réguliers^des
cir^ftaux "d'alun 8c un fel en perifes
440
L AV
aiguilles' foyeufes ^ qui ne peut fe
diâbudre dans l'eau froide , fie 'qui
paroic formé par l'union de l'acide
yirriolique Se d'une terre virrifiabie
contenue dans la lave ; il eft donc
. probable quf la lave eft formée par
des pyrites vitrioUques te aiumi-
. . Jieafes fj chargées de beaucoup de
foufre ; que la violence du feu en
ayant enlevé le foufre , c'eft-â-dire
le phlogiftique & l'acide vicrioli-
que y le fer, le cuivre, ia terre alu-
mineufe & la terre vîtriâable fe font
fondus , Se ont formé une eipèce de
verre opaque , à l'aide du quartz qui
Y étoit contenu j Se dont on rencon-
tre encore quelques veftiges dans la
Jave.
M* Monter , Chimifte de Mont-
pellier , a trouvé du foufre pur
dans la fublimation de la lave du
Véfuve, Là qualité un peu fpon-
gîeufe de cette laye ja rend très-
ÎTopce à fervir de pavé ,; eHe eft |
brt dure , elle h'eft point glidante. |
Autn la ville de Napi^s en eft-elle
pavée , & les anciennes villes d'Her-
rulanum & d^ Pompeii l'écoient
déji.. On s'en fe.rc aum pour bâtir
certain^ édifice^ auxquels on yeut
donner plus de iblidité ; mais ce
gu'il y a de plus remarquable , c^eft
que Rome ^ toute ia voie Appien-
ne, depuis Rome jufqu'i Radico-
fani » eft pavée de .lavés femblables
tirées (ies anciens volcans , comme
,M. de la Cqndamine Fa ojbferyé en
Sa dureté la rpt^à fufcepti1)le de
f>olt ; on en fait à Napîes divers
^ouvrages, des tables^ des chambran-
les de cheminées » des taffes ^ des
tabatières qui courent quelquefois
jufqu'â lOQO francs quand il s'çn
trouve des morceaux (inguliers où
jîl y a des j^ccideos rares p des jpoii^ts
¥errs > ou d ratres qm l#Qt co^gei
comme de$ rubis»
On en fait auffi des fuites d'é-
chantillons 4 eo choififianc des laves
de toute forte de couleur. M. Gu6«
tard en cite une de M. Giienée oik
il y avoit 45 petits carrés de diver-
fes nuances , pointillés , brocatclés
en blanc , jaune , gris , olivâtres
plus ou moins foncés., qui faifoit un
a^ortimcint très-curieuiL. On y «oit
(urtout ;beaucogp de parties vitri«
iSées noires ou yerdatres > JSe quel-
ques parties métalliques.
Ce travail des lavesjeft ircs^-Josg^
çsiï cejtte matière xéHfte ao cifeaù ;
& quand on veut la réduire^cQ pou-
dre 9 elle mord fur les pilons lu
plus durs Se les mieux trempés.
M. de la Condamine n'z point
trouvé de lave de jcetie efpèce .en
Atnétjque , quoiqu'il ;at fouvent
campé .des femaines & des mois
^tiers fur les . vplcans de Pitchin-
cha (Se de Chimboraço ; cependant
l'efpèce de priftal noirâtre appelée
y ulgaitfsment au Pérou pûdra degid*
liiauifo , n'eft autre chofe qu'un verre
formé par ]es volcans , ce qui prouve
feulement quç les ooatiètes de ces
moniagnes font plus fu(ibles que
/celles du V^fuve & pljms difpofées
à la viaification ; mais il ajoute
qu'il n'^ point vu h montagne de
Sangaï , de laquelle il fo^ile un imt- *
;tent de feu» & celle de Cpto Pa^»
4 où l'on a vu fortir à flots des ma-
jtièrjes e;i(|ammées Se liquides, .&
3ue ces matières font peut-être
'une nature femblable à la. lave du
Fiéfuve^
La pierre de gallinace dont on
jvient de parler , reiTemble parfai*
tement à la pierre obGdienoe de
Pline , fur laquelle M. le Coipte
/de Çayl,us a donne un mémoire i
l'Académie des ]U^,fcriptjions en 1760;
t A V
31 prouve d'après les exfintnect
chimiques > que c'eft une efpècede
verre m^alliqae, ou /comme le
{>rérume M. Guécard, un verre formé
par la fufioa des glaifes roécalliques ,
'«ne fubftance analogueauiatcier que
i'on trouve dans Tes fourneaux à
fer» & qui eft une demi-vitrifica-
^ion ou une écume mêlée de méral
^ de matières vicrifiées., due prio-
•cipalcment au quarte fufible de la
«nine.
La lave qui fort quelquefois par
4a bouche fupérieure du Vcfuve ,
s*eft jamais d'une vitrification par-
jfaite» comme celle delà lave qui
dort par les flancs de la monta^tke ,
4>arce^tte la maùère trop fluide -ne
tfàucoit ^re lancée en mafle ai^
doin que celle qui a quelque coafif-
4since.
La matière fp^ngiieufe qœ le
Téfuve lance fouvenr»aufli bien que
<elle qui eft i la fiirface des laves ,
quoique poreufe » eft de la même 1
4iatttre que la lave ; elle eft quelque- 1
feis jaune ait dehors ic blincliHitre
«n-aedanst Ceft iine pierre pref-
queiritrifiée 4 auand elle eft féduitie
en poudre 9c bonlltie 4ans Teau ,
-«lie lui donnei peine on petit. goût
-falé^ mais.eile devient glus blaophe
& l'on y appefçoft des ^particules
aillantes qui paroiffent talqoeufes }
le père de la Xe»een a vu qui, fous
«n volunae jégal^ Mfoit ua ièp-
tièmede moins que la pierce natu-
relle du Véfuve 4 il y «n a «qui
ibnr extrêmement poreufes^ & qui
fervent à fSûre des voûtes fou lé-
La oendf e du Véfave , OQ la lave
«nciemie qui a couvert Herculanum, ;
^uoiqu!ezffêmemen< fiibdîvifée /^
«pproche beaucoup delà «aturedela
Javepierreufeft fi>tidedei;rton vient
^ie parler; vue avmkiWcope/elIe
LAV ^ 441
paroit contenir des particules fali^
uesy tunjparentes , des parties bril-
lantes & de petits grains noirs* Lorf«
3u*on en met dans le feu» elle donne
'abord une flamme bleue, mais
fans odeur de !fou&e j pulvérifée.&
bouillie dans l'eau » elle prend i
peine un petit goût &Ié comme ce-
lui de l'alun \ ces points noirs pa-
Midentêtre des parties bitumineufes
3ui 9 lorfqu'elles éroient en fufion ,
onnoient â la matière la facilité
de couler 8c de pénécrer partcoit ;
mais qui après le rëfroidiuemenr ,
fe font trouvées trop divifées & fc-
parées par rihterpoution de trop<ie
matières hétérogènes» pour coc<»
fer ver de k liaifom On explique
MT-U ce qae difent Caffiodore . 8c
Procqpe de la lave de 5 11 , qu'elle
couloîc comme un fleuve ardent » 8c
qu'après 3e sefsoidillêment » elle
ctoit comme jcb la cendre. Le Père
de la Torre a même obfervé pareille
chofe dans quelques ruîfleattx dé
laves qui coulèrent en 1.75 1 , '8c en
•I 7{ i ; ils rellêmbloient à un fluide;
tant qu'ils éroiem embrâfés ; maïs
enfuKe on 11*7 appercevoit qu'un
fable ftérile» une terre rouge bfûlée,
dont les parties bitumineufes étoiénc
^en^trop petit nombre pour former
une mafle concrète. M. NoUee ne
doute pas ^ue ce tie foit la lave od-
-dinaire^ui, dans une fufioa plus
parfaite 9^ été lancée avec une tm-
pétuolité plus erande ) elle s'eft ,di-
vifife en une elpèce de pluie qui. -eft
retombée fous la forme d'une çen-
-dre» & s'eft appliquée ezaâemenc
â tous les murs» 8c a rempli (oui
les vides dans les villes d'Hercti-
lanum 8c de Pompéii ; c'étoit une
lave moins cohéretitc ^ue la lavd
ordinaire.
Il 7 a eu de nos jpurs plufieuri
villages qa'îl a lallo pref que ab^
JCkfc
441 LÀV'
donner , à caufc de la quantité de
cerre cendre qui avoic couvert les
maifons Se chargé les toits jufqu'â
en caufer Téboulemeot, quoique la
lava ne fur point dans cet état de
fuHon extraordinaire.
Lorfque la lave a féjourné long-
temps dans les lieux bas, elle fe
couvre infenfiblement des fels de
lair s des parties végérales & ani-
males que les vents promènent dans
If s campaenes , enfin des terres que
les eaux détachent des montagnes j
il s'y forme un terretn labourable ,
une campagne fertile & habitée.
Mf Serrao dit que les Domini-
cains de Ma donna delFArco^ un peu
au nord du Véfuve , ayant fait creu-
fer un puits d'environ. 140 pieds ,
; on rencontra trois couches de lav'es»
l'une (ur l'autre , Téparces par des
. couches de rerre y ce qui prouve
que ce pays a été trois fois habité ,
& trois fois^ abandonné Se dévafté
par les éruptions du Véfuve.
LAVE j' (la ) rivière d'Artois qui a
fa (burce â dçux lieues ^ nord-eft x <le
S. Pal y Se fon enabouchure dans le
Lys, un peu au de (Tus de la Gorgue,
après un cours d'environ fix lieues.
LAVÉjÉEj participe paffif^ Foye^
* • *
L AV i ; fe dit «djeâivemeiu en par-
lant de certaines couleurs pei» vives
& peu chargées : ainfi l'on dit d'un
cheval , qu'i/ ej^ de poil bai lavé ;
pour dire , de poil bai clair. Et l'on
appelle en termes de peinture , eou^
leur lavée , une couleut foiblr & dé-
chargée.
LAVEDAN; petit pays de Frince ^
avec titre de vicomte , dans le Bi-
gore , le long du Gave. Sa longueur
_ eft d'environ, neuf lieiies & (a lar-
geur de fîx) La ville de Lourdes en
' cftle thetfieu.H eft très^fertile j.
I.
LAV
Se Ton y a furcouic d'excellent pâ*
turages.
LAVÈGE^ fubftantif féminin. Ef-
pècede pierre d'un genre de celles
qu'on nomme pierres ollaires ou
pierres à poi* Elle eft grisâtre , ra-
rement marbrée ou mêlée de dif«
férentes couleurs. On connoh trois
carrières de certe pierre : l'une eft
i Pleurs en Suide , l'autre dans la
Valteline au Comté d« Chiavenne,
& la troifième dans le pays des Gri-
fons. Cette pierre a la propriété de
fe tailler très-aifément& de fedûr-
cir au feu \ on* en fait des mar-
mites » des pots y Se d'autres uf^
renfiles de ménage ,.dont on fait on
très grai^d commerce dans la SuiiTe
Se le Milanais \ on prérend que Teaa
chauffe beaucoup plus prompcement
dans ces fortes de vaifleaox que
dans ceux qui font métalliques.
Cette pierre eft douce au toucher ;
on la tiré avec beaucoup de peine
du fein de la terre » parceque les
ouvriers font obligés ae travailler
couchés , vu que Tes pafiàges qui
font pratiqués dans cette carrière
font fort étroits. On tourne au tour
les matTes de lavège qtd ont été ti-
rées de îar terre j & formées en cy-
; lindres. C'eft un onoulin à eau qui
fait mouTcir ce tour^ il eft arrangé
de façon que l'ouvrier qm tourne
peur attèter la* machine & volonté.
LAVELLO s viQe épifcopale d'Italie,
au royaume de Naples » dans la Ba«
filicate , à fept lieues » aorÀ-oueft %
de Cl renfila
LAVEMENT } fubftantif mafcuTia.
Lavano\ AâioM de laver. En ce
fens il^ ne fe dit guère qne dans ces
phrafes du langage de I*Êg)ife » h
IctveMtni dt Si autels j le lavement dts
pieds. •' V
' Le* 'lavem€M dès aiéti/s eft une
cérémofiié ufitée dans Téglife. le
LAV
jeudi de ia Semaine-faince. On dé-
pouille les autels ce jour-là> en mé-
moire de ce que Jésus ^Christ
figuré par l'aucel , fut dépouillé de
fcs habits au temps de ia paffion y
ces autels font lavés » & le peuple
s'approche pour les baifer. Ceft la
raifan myftiquede cette cérémonie
qui n'avoir d'abord ét4 introduite
que pour nettoyer les aucels aux ap-
proches de la fête de Pâques.
Le lavement des pieds eft une cé-
rémonie ufitée dans l'Églife » & que
Ton a imitée des anciens qui la pra-
ciquoienr à l'égard de jeurs botes.
Les orientaux avoienc coutume
de laver les pieds aux étrangers qui
* venoient de voyage , parceque pour
l'ordinaire on marchoit les jambes
nues & les pieds feulement garnis
d'une fandale. Ainfi Abraham fit
laver les pieds aux liois anges dont
parle la Genèfe : on lava aufli les
pieds à Êliéfer & à ceux qui l'ac-
compagnoient lorfqu'ils arrivèrent
à la maifon de Laban » & aux frères
de Jofeph lorfquils vinrent en
Egypte ; cet ofiice s'exerçoic ordi-
nairement par des fervitdurs & des
efclaves. Âbigail témoigne â Da-
vid qui la demandoit en mariage ,
qu elle s'eftimeroit heureufe^de la-
ver les pieds aux ferviteurs du Roi.
Jésus -Christ après la dernière
cène qu'il fit avec fes apôtres > vou-
lue leur donner une leçon d'humi-
lité en leur lavant les pieds i & cette
aâion eft devenue depiiis un aâ:e
de piété.
Les Syriens célèbrent la fête
du lavement des pieds le jour du
Jeudi'faint. Les Grecs font b mê-
me jour le facré Niptère ou le facré
lavement. Dans TÉelife latine » les
Évèques , les Abbés , les Curés
dans quelques diocèfes » les Princes
mêmes lavent ce jour^l^ Us pieds à
douze pauvres qu'ils fervent à table,
Qtt auxquels ifs font des aumônes.
Lavement » f e dit auffi dans la figni-
fication de clyftère » qui eft un re-
mède dont on fait ulage pour ra-
fraîchir & pour dégager b bas-ven-
• tre. On vient de lui donner un lavc"
ment*
LAVENBOURG}V()y.LAWENBouRG.
LAVER j verbe adif de la première
conjugaifon , lequel fe conjugue
comme Chanter. Lavare. Net-
toyer avec de l'eau ou avec queU
qu'autre chofe de liquide. Laver du
dinge. Laver les vitres. Laver une plaiç
avec du vin chaud. Cet orage a lavé
Us rues. Le jour du Jeudi-faint le Roi
lave les pieds à dou^e pauvres.
On dit aufii abfolument , laver;
pour dire ^ fe laver les mains avanc
de fe mettre à table.
On dit proverbialement & figti-
rément , laver la tête à quelqu'un ;
pour dire > lui faire une févère ré-
primande.
On dit aiifti proverbialement Se
figurémet\^t > à laver la tête d'un
âne , la tête d'un maure ^ on y perd
fa Uffive ; pour dire , qu'on perd
toiftes les peines qu'on prend pour
inftruire » pour corriger une per-
fonne ftupide , indocile » obftmée
dans fes fentimens.
On dit en parlant d'une rivière,
quelle lave les murailles de la ville ;
pour dire, qu'elle pâfte auprès.
On dit figurément , laver /es pé^
chés avec fes larmes , avec Veau de
fes larmes ; pour dire , pleurer (e%
péchés. Et jfi laver d*un crime; pour
dire , s'en purger , s'eti juftifier. Et
pour faire entendre qu on ne veut
avoir aucune part dans une affaire
qu'on ne croit pas jufte , on dit ^je
m* en lave les mains.
On dit dans les monnoies , laver
au plat i pour dire » féparer par
Kkk ^
444 .I-AV
plu(îeurs tocioRs les parties tes plas
torces de métal qai fe trouvent au
fond des plateaux , & qui peuvent
k recirer a la main uns y employer
d'autre induft rie-
On dit , lavtr du pàfur ; pour
dire » lui donner une certaine pré-
paration qui le rend plus propre
à fouffrir l'écriture » plus uni Ôc.
plus égal y ou qui. en âte fimple-
ment ks taches. Et dans lé même
fens 9 les relieurs difenc ». laver un
livre*
X.AyfcK: j fignifie en ternes de Pein*
' ture ,pafler avec un pinceau'de Ten-
cre de la Chine uclkyéte dans de
Tèau , ou une autre coïk^ur délayée
dans de Teau gommée » fur des ob-
jets deflinés au- crayon , ou à la
plume fur du papier ou fur du vé-
lin. Lorfqu*on lave k Tencre de la*
•Chine, ou avec une couleur feule-
ment , là blancheur du' papier ou*
du vélrn fait les lamières- ou re-
hauts » & les ombres perdent in-
fenfiblement de leur force en ap-
prochant des lumières fuivaiit qu on-
met plus ou moins d'eau dans l'en-
cre f ou couleur ou on y ^ploie f
êc lorfqii'on lave lur du*papier co-
kré ^ on rebauflè avec du blano
parenlement délayé dans de l'eau
gommée. On lave quelquefois aufli
les deflèins ou plans » de coloris ,
c*eflr-i-dire > en donnant â chaque
objer la couleur qui lui consent ,
autant que cette façon de peindre
peut fe comporter , Se alors on
peut fe fervir généralement de tou-
tes les eouletrrs dont ufent les petn-*
rres , en obfervant néanmoins qu'el-
les doivent être dékyées dans de
l'eau gommée prefque auflfr liquides
que l'eau même. Les foflfées rem-
plis d'eau fe lavent d'un bleu clair ,
les briques 8c les toiles d'une cou-
leur rougeâtse j les osusailles d'un
r'
le
lAV
gris un peu jaune , les chemins d*s»
gris reufsâtre, les arbres^^ les ga<^
zoBs de ynvt^&c.
La première fyllabe eft brève ,.
& la féconde longue ou brève, yoy^
Les* temps ou perfbimes qui le
. terminent par un e féminin ont leur
pénultième fyllabe longue.
LAVERNAY i bourg de France dans,
le Maine , i une lieue 8c demie»,
oueftf nord-oueft ». de Chateaa-da-
LAVERNE î nom propre d'une Déefle
des anciens Romams qui paflbit
pour favorifer. les voleurs 8c ctait
Œxi défiroient que leurs deffeins ne
^(lencpas découverts. On laiadref-
foit des prières . en fecret & à voir
baffe. Elle avoit à Rome un. temple;
& un bots facré. Son. image étoic
une tête fans corps.
LAVERT; fubftantif mafculin. Ce(t
un infeâe uès-incommode i la^
Louifiane dans les bâtimens faics^
de bois. Ce petit animal dont les
cbats font extrêmement friands ».
* eft large d'enviion neuf Ugnes »
long d'un pouce , 8c. d'une ligne
d'épaiflèur : iLpaàe par la plus pe-
tite fente » 8c te jette fur les plats
quoique couverts , furteutla nuit»
dans les garde.* mangers. Quand le
texrain où l'on* s'ctanit eft un peu
défriché » on n'en voit, plus du
tout.
LAVETON ;. fubftantif mafculin.
C'eft la grodè laine qui demeure
dans les moulins où l'on feule les
draps , 8c avec laquelle on £ùt de
mauvais matelas.. Il eft défendu ans
tapidiers de faire .des matelas oà il
Îr air de la laine fur les bords Scàik
avetonau milieu.
LAVETTE ; fubftantif féminin. Pe-
tit bout de torchon dont on fe fait
LAV
clans les cuifioes pour laver la vaif-
ielle.
t AVEUR , EUSE ; fubftantif. Celui,
celle qui lave^i Une lavcufc- de vaif*
ftllc.
La première fyllabe eft brève j la
féconde longue., & la croifième du
féminin tiiès-brève.
lAÛFFEN y petire ville de SuiflTe ,
dans la Seigneurie de Zw^ingen , au
Canton de fiâle, 8c au cûnfUiencde
la fijrs & de la Lutzcl.
Il y. a en Allemagne crois autres
fecices villes de même nom :« l'une
eft ûtuée en Eranconie ,. fur la Preg*
nitz , â quatre lieues de Nutem-
berg ; la fecpnde en Souabe, dans
le duché de Virtemberg , fur le
Neckre ^ deux lieues d'Uailbron \
ic la troifiéme^dans rArchevêdié de
Saltzbourg.
lAUFFENBOURG ; ville d»Alle-
magnej. dans la Sooabe , fut le
Rhiu , â fept lieues, fiid-eft, de
Baie* C eft une àt% quatre villes
fbreftières. Elle appartient i laMai-
ion d'Autriche. .
SAUGINGEN , ou LIwingkn^ ville
d'Allemagne- , en Souabe , fur le
Danabe,,entreUlm & Donawert,à
fept lieues de la première & à huit
de la féconde. Elle fut autrefois
libre & infpériale , mais elle fait
• aujourd'hui parcie.dudviGhédeNeu-
bourg.
liAVIELLO j voy^?.LAVELL'o.
EAVIGNON V fabftamif mafculin.
Hiatula.^ Coquillage de mer corn-
mon for les^ cotes du Poitou Se du
pays d'Aunis* C'eft ^ une. efpèce de
«ame , mais dont les deux pièces*
Befontjamai&'exaâement fermées,
ce qui loi a £ait donner par M. de
Riéaumar le xu}m de coquille béûntô,
qni eft- conforme ao mot Jarin hia^
iula. Cette efpèce de coquillage
¥ir enfoncé 4^9 la boue jofqu'à
dnqi fix pouces de profondeur:
à laide de tuyaux qa il peut allon-'
ger & raccourcir , il tire fa nourri-
ture dé Peau Le lieu où ce co-
quillage eft enfoncé , fe reçonnoîc
par de petits trous ronds dune 11-
;ne de diamètre , qui reftent au-
ledus de Tcndroit où eft le lavw
gnon. Sa coquille eft polie , blai^
che furroui intérieuremeht, & très-
fragile. Le goûc de^ lavignons eft
très inHoide.
LAVINIUM i nom d'une ancienne
ville d^'ltalie, qui étoit fituéeà dix
mille'sde Rome 8c dans le voi(inaf;e
de Laurente. Cel)è-ci étoit la réii-
deèce du Roi-, père de Lavinie
Gu'Ènée époufa , & en Tbonneuc
de laquelle il fbrida Lavinium. Soas
fon fils , les habitans de Laviniom
bâtirent la ville d'Albe qui fut la
- réiidence de (es defcendans» iuiqa'à^
la* fondation de Rome»
&AVINO ; petite rivière d'Italie »
dans rÉtat de TÉglifej* Elle a &<
fonrce près de Vergato , dam le
Boulonois , & fon emboiKhore dans >
le Reno >. après avoir arrofé For«
celli.
LAVIS } itibftantif mafculin ôc terme
' de Deffinateur^ Manière de laver tm
delfein en y appliquant aopinceaa'
les couleurs quiiapprochtnc le plos
do natorel des choies repréfentées.
Les lavis fe font par teintes égaks.
Se adoucies fur les jours avec de
l^èau ckire , & fortifiées de coo-
leors plos chargées dans les om-
bres- Celles qui font le plus' en
ufage font le noir de fumée , Ten*
cre de la Chine qu'on emploie quel*
• quefois feule , l'encte commune ^
la cérufe • Tindigo ^ le mafficot j
l'orpimem , lochre^ la gomme*
Êiute , routre-mi^r , le çinnabre , la
tque, le carmin y la t^rie M'om-
bre & le biftre. On appelle propre*
4^6 tAV
ment lavh,nn defTein où il y a dif-»
fcrences couleurs ; car quand il
n*y en a qu'une » c'eft un deflein
lavé.
LAVIT ; petite ville de France , en
Gafcogne , i cinq lieues » eft-nocd-
eft» de Laiâoure. Il y a une juftice
royale.
LAUMELINE ; contrée d'Italie , au
duché de Milan , entre Pavie&Ca-
fal j le long du Pô qui la fépare en
deux parties. Elle appartient au Roi
de Sardaigne depuis 1707.
LAUN , ou Launu ; vifle royale de
Bohème , dans le voifinage de l'Ê-
gre » fur la route de Prague 4 Léip •
uck.
LAUNAY ; bourg de France, dans
le Maine , à quatre lieues » nord-
oueft « de Laval.
LAUNCESTON; ville d'Angleterre,
dans le pays de Cornouailles , près
du Tamer, â foixante lieues» lud-
oueft ^de Londres.
LAVOIR ; fubftantif mafculin- La-
vacrum. Lieu deftîné à laver. Dans
les villages on appelle lavoir , le lieu
oà on lave le linge.
On appelle lavoir de cuijine » le
lieu où on lave la. vaiiTjlle* On
donne aufli le même nom à l'auge
de pierre fur quoi on rince la vaif-
felle.
Lavoir , fe dit encore dans les Com-
munautés SfC dans les Sacrifties > du
lieu où Ton fe lave les mains.
Lavoir, fe ditauffî de certains lieux
voiCns des, Pagodes & des Mof-
qnées des Indiens & des Mufulmans,
où fe lavent par cérémonie de re-
ligion, ceux qui veulent entrer d^ais •
ces Temples.
Lavoir , fe dit en tertnes d'Arque-
bufiers , d'une verge de fer i la-
quelle on attache un morceau de
linge mouillé qu'on introduit dans
LAV
le canon d'un fufil pour le laver &
le qettoyer
Lavoir , fe dit âu(fî d'une machine
donc on fe fert pour laver le mi-
néral.
La première fyllabe eft brève & la
féconde longue.
LAVOT i fubdantif mafculin. Me-
fure des grains ufitée à Cambray.
Quatre lavots font la razière, &la
razière contient fepc boifleaux , on
tiers de Paris.
LAUNOY ; ( Jean de) nom d'unfa-
vant critique , Doâeur en théolo-
gie , né près de Valogne , en Nor-
mandie en i6of ,ic mort en 1678.
Il détrompa de pliifieurs erreurs Se
profcrivit beaucoup de fables des
Légendes j ce qui le fit furnommec
le Dénicheur de Saints ; aufli le
Curé de Saint Roch avoit-il cou-
tume de dire , je lui f au toujours de
profondes révérences de peur qu'il ne
môtemon Saint Roch.
Les ouvrages de ce critique in-
trépide & laborieux, ont été impri-
més en 17)1 en dix volumes ia^
folio.
LAURA } bourg de Portugal» dans
l'Alentejo , i huit lieues d'Êvora.
L AURABUC ; bourg de France , en
Languedoc , à deux lieues , fud-fud^
eft, de Caftelnaudari.
LAURAC ; bourg & château de Frafi*
ce , en Languedoc , à deux lieues
& demie, fud-oueft, de Saint Pa-
poul. C'étoit autrefois la ville capi-
taie du Lauragais.
LAURAGUAIS ; pays & comté de
France , en Languedoc. On le di-
vife en haut & bas Lauraguais : le
premier comprend le Diocèfe de
Saint Papoul , tc Pautre celui de
Lavaur. Caftelnaudari en eft la ca-
pitale. L'ancienne ville de Laurac
qui n'eft plus qu'un bourg » avoit
autrefois ce cicte.
LAU
Ce pays obéKToit ancienne ment au
Comcè de CarcafTonhe. Il fut en-
fuite fournis au Cçmte de fiarce'
lonne & au Roi d'Ârragon. Ce
• dernier le donna en fief aux Vi*
comtes de Beziers qui le cédèrent
«u Roi Saint Louis en 1158. Cette
même année , Jacques , Roi d'Âr*
ragon, céda aufli au Roi faint Louis
tout le droit qu'il avoit (ur leLau*
râguais qui depuis dépendit du do^
mainede la Couronne jufqu*€n 147 7
ou 1478»
Au mois de Janvier de cette an*
fiée le' Roi Louis XI Térigea en
comté pour BeYnard de la Tour II
du nom » Comte d'Auvergne , ei>
échange du Comté de Boulogne]
doBC Ire Roi s'étoit faiH après la
ficiorr du Roi Charles le Téméraire j
Duc de Bourgogne* La Reine Ca-
therine de Medicis hérita du comté
de Lanraguais qui , après fa mort ,
fut adjugé i la Reine Marguerite fa
filleul laquelle ^^ remit par donation
entre-vifs au Dauphin^depuis Louis
XIII , à condition qu'il le réu-
nitoit pour toujours i la Cou-
ronne»
LAURE ; fubftantif féminin. On
donnoir autrefois ce nom dans l'È-
gUfe Grèque » i chaque canton dé-
pendant d'une Paroifle.
Les Laures étoient au(fî des ef-
pèces de villages dont chaque mai-
fon féfÀrée étoit habitée par un ou
deux Moines au plus. Laures vient
d*un mot grec qui fienifie village ou
hameau. On ne le dit que des an-
ciens Monaftères d-Orient & d'E-
LAURÉAT i adî|ûif mafculin qui
n*a d'ufage qu^ parlant de quel-
ques Poctes qui ont été couronnés
publiquement. Pétrarque eji un des
Poeus Lauréats. Le TaJJe alloit être \ de Figeac
I^AU 447.
couronné Poète Lauréat lorfqu*il
mourut*
LAURENTALES; fubftantif féminin
pluriel & terme de Mythologie.
Fête qui fe célébroit le 13* jour de
Décembre , en l'honneur d*Acca
Lauréntia , femme du berger Fauf-
tulusqui avoit trouvé Rémus & Ro-
mulus ic les avoit fait élever par fa
femme. •'
LAU i<ÉOLEj fubftantif féminin.Ziii/-
reola. Ëfpcce de Thy mêlée qui naît
à l'ombre dans les forêts & dans
les montagnes de la Provence & du
Languedoc. Sa racine eft pliante ,
ligneufe & fibreule : fes tiges font
nombreufes , ligneufes > couvertes
d'une écorce cendrée , & hautes
de deux coudées. Ses feuilles rien*
nent de celles du Laurier & du
grand myrthe ^ elles font toujours
vertes , noirâtres ^ épaiftes » luifan-»
tes & pointues : les fleurs font jau*
narres & naiiTent de Taiftelle des
feuilles : il leur fuccède de petites
baies de la figure d'une olive ^ noi-
res» & qui renferment chacune un
noyau dur , un peu plus long qu'un
grain de chanvre » & dont l'amande
eft blanche.
Les feuilles , les fruits & l'écor*
ce , tant de la racine que des bran-
ches de cette plante, produifent une
forte éroHon fur la langue & dans
le gozier quand on eti mange ; cette
I imprefEon y dure même io ngtemps*^
Cette plante prife interieureinent
bouleverfe l'eftomac, excite le vo-
miftement » enflamme les parties
intérieures & corrode les vifcères.
Il y a une autre espèce de lau-
réole qu'on appelle aufli bois- gen^
til^ mé\éréon ou garou. Voyez Ga-
ROU.
LAURESSE ; bourg de France , en-
Quercy , a quatre lieues » nord-efl*,,
44« I A U
LAURET ; fubftantif mafculin. Moh-
noie d'Angleterre 9 qui fut frappée
ea 1^19» & qui fut ainû appelée
parceque le Roi y école repréfemé
couronné de laurier. 11 y avoic des
hurets de cinq , de dix &c de vingt
fchellings.
LAURIER j fubftatiuf mafculin. Itfff-
rus. Arbre ou arbrîlfeau toujours
vert dont il y a piûfieurs efpèccs. Le
laurier franc qu'on appelle aufli Jau-'
ricr commun '& laurier jambon , eft
connu de tout le monde. C'eft iin
arbre do moyenne grandeur qui fe
plaît dan^ les. pays chauds : on le
trouve communément en Grèce &
en Italie. Il ne s'élève dans nos pro-
vinces ièptentrionales qu'à environ
vingt pieds 4 mais plus ordinaire-
ment on né Ty voit que fous la
forme d^un arbrifleau. 11 prend une
tige droite & fans nœud dont Té-
corce eft brune ic \imtx fes feuilles
font entières , luifantes & fermes \
elles font placées alternativement
fur les branches ic de la plus beUe
verdure. Ses fleurs d'un blanc jâu*
nacre ont peu d'agrément \ elles pa-
roi flent au commencement de Mai
& elles durent près d'un mois. Les
fruits, qui leur fuccèdent fout de la
groffeur d une petite cerife^ ce font
des baies oblongues ,vertes au com-
mencement & noires en mûrilTant ;
efles font odorantes > tromati^uesj
huileufes & amères au goût. Cet
arbre vient dans tous les terrains j
mais il fe plaît futtout dans une
terre franche » bien fubftantielle Se
• il aime Pombre. On peut le multi-
plier de femences , de branches cou-
chées & de boutures. Ce derrtier
moyen eft aufli long qu'incertain ;
on avance un peu plus en couchant
les branches ; mais elles ne pro-
duifenrque des plants défeftiieax&
laaguiflans ^ il vaur mieux femer >
c*eft lâ voie la plus coarte » la pli*
sure & la plus fatisfaifante à tout
égards. Il faut cueillir les baies du
laurier au mois de Janvier qui eft
le temps de leur maturité. On peut
les femef tout de fuite ou les met-
tre dans du fable pour attendre ie
m(Ms de Mars. On fera bien de les
faire tremper dans l'eau pendant
vingt-quatre lieures avant ae les fé-
• mer. Dans ce dernier cas elles lève-
ront au bout de deux mois • les jea^
nés plants prendront cette premiète
année trois ou quatre pouces de hau-
teur / Se la plupart s'élèvetont l'an-
née fùivance a enviroM ua pied.
* Alors ils feront plus en état qui
tout autre âge » d'être tranfplamés
dans la place qtt*oQ leur deftine.
Pendant les trois eu quatre preBiiè-
ces années l'hivei: eft un temps biea
critique pour ces arbres ; il faudra
avoir grand foin ^e les couvrir de
paille dans cette faifon » 8l futcouc
durant le baie de Mars qui >eft U
fléau des arbres toujours verds t
lot fqu'ils (ont jeunes ou nouvelle-*
ment plantés. Le latirier eft p^at-
être de tous les arbres de cette <nia«
lité celui qui réutiit le moins a la
cranfplantation» Le mois d'Avril eft
le mois le plus convenable pour
cette opération^ c'eft-â-dire j im
peu avant qu'il ne commence i
pouffer. Si on vouloir faire des
plantations un peu confîdérables »
en avancer le progrès > s'aHurer du
fuccès &, fe procurer de beaux ar-
bres , il faudroit les femer ùu la
5 lace Se dans rarrangemeot où ib
evroient refter. Le plus grand
agrément qu'on puifle tirer de cet
arbre , c'eft de Itlîiettce en paliflàde
pour garnir un mur.
Le laj^rier étoit d'cm grand ufige
dans la pratique des ancîetis Me*
decins qai le regardotent comme
ttDQ
LAÙ
am tCpèçt de panacée. Us em-
ployoent les feuilles , les baies &
l'écorcedes racines : cette dernière
panie n'eft plus d'ufage aujour*
d'bui. Les feuilles font aflez cotn-
manément employées pour Tlifage
extérieur : on en fait une dé^oâion
que l'on donne en lavement contre
la colique \ on les fait aufli entrer
dans les fumigations qu'on emploie^
quelquefois dans les defcente; &
les relachemens de matrice , te
dans la ftérilité des femmes.
Les baies de laurier fcmt plus
employées que les feuilles \ on s^en
fert intérieurement & extérieure-
ment : elles font regardées comme
ftomachiques , vulnéraires , réfolu-
tjves 3 excitant les urines & les rè-
^les ; elles paflent furtout pour uti-
les dans' les concrétions bilieufes
du foie : on peut les ordonner dans
ce cas en inrufîon ou en fubftance ,
à la dofe de rrois ou quatre. Appli*
quées extérieurement elles relol-
vent & fortifient puiflTamment » &
appaifent les douleurs.
Ces baies contiennent une quan-
tité considérable d'une huile grafTe
de la nature des huiles pat expref-
fiott, & une autre huile échérée &
aromatique qu on peut féparer de
ces baies pax une feule & même
opération 5 favoir , la diftillation
ayec Teau ; car l'huile graCTe ou
beurre de baies de laurier en eft
réparé par la décoâion , Se vient
nager lous la forme d'une graifTe
verdâtre , & enfuite fe (iger fur la
furface de l'eau employée dans la
didillation.
C'eft cette dernière huile ou beur-
re qui conftitue la patrie médica-
menteufe vraiment ipéciale de ces
baies; elle eft réfolutive, adoucif-
ikore , difcuffive % Tolnérairf •
Tome XF.
lAÛ 449
On fait Tempbi qu'on fait dans
les cuifines des feuilles de laurier.
La cotilbmmation en eftafTezconfi-
dérable à Paris pour que certains pay«
fans trouvent moyen de gagner leur
vie en apportant de plus de cin«
quante lieues de gro(!è$ branches de
laurier avec leurs feuilles qu'ils y
vietmenr vendre. On les fait entrer
funoMt comme afTaifonnement dans
les fauces que l'on fait à certains
poiflbns. Plufieurs médecins ont
S rétendu qu'elles étoient nuifibles
i'eftoniac \ d'autres ont cru -au
contraire qu'elles le fortifioiept , &
qu'elles aidoient la digeftion.
Le laurier eft très-célèbre dans
la mythologie , & c'eft de tous les
arbres celui qui fut le plus révéré
chez les anciens* 11 étoit particuliè-
rement confacré à Apollon > parce-*
que la nymphe Daphné fuyant les
pourfuites ae ce Dieu , il ne l'at-
teignit qu'au moment où elle fe
métamorphofoit en laurier. Il la
fentit encore palpiter fous la nou-
velle écorce qui l'enveloppoit : il
ferra entre fes bras les rameaux du
laurier comme (i c'eûr encore été
la belle nymphe qu'il venoit de
pourfuivre» & il lui adre(Ia ces
mots :puifque tu ne peux être mon
époufe , tu feras du moins mon
arbre chéri \ laurier^ tu feras i ja-
mais l'ornethent de ma tête , de ma
lyre & de mon carquois. Tu feras
l'ornement 6cs Généraux qui mon-
teront triomphans au Capitole , au
milieu d'une pompe magnifique »
& des chants ae viâoire & d'allé-
greffe. Tu décoreras l'entrée de ces
demeures auguftes où font renfer-
mées les couronnes civiques que
tu prendras fous ta proteAion. En*
fin , comme la chevelure de ton
ornant ne vieillir jamais , ic qu'elle
o'eft jamais coupée , je vem que
450^ LAU
tes rameaax foienr toujours verts
& toujours les mêmes.
Depuis ce temps le laucîer fut
admis clans cotttes les cérémonies
leligieufes d^ anciens* On en. dé-
cor oit les ten»ples,rles autels d'A-
pollon fie k trépied de U Pythie. Ses
. âeuxs étoient regardées comme un
inftrument de cuvimation : fi fêtées
au feu elles pétilloienc* ayec beau-
coup de bruit » c'étoit un bon pré-
i^^e y Cl au contraire elles, ne^ fe fai-
foienc poitK entendre , c'éigit un
£gne funefte. On mettoic de ces
feuilles fous le cbevet de Ton Utj
lorfqu on vouloir avoir des foires
fur la vérité defqujsls on put comp-
ter.
Les fiifceaiix des premiers Ma-
giftrats de Rome > des Diâ^ieurs
& des Confuls étoient em^ui es de
lauriers lorsqu'ils s'étqient rendus
dignes de cet koimeur par leurs ex-
ploits^ Cheat les Grecs 9 ceui qui
venoient de çonfulter TOracle d'A-
pollon fe couronnoiept de lauriers»
s'ils avoient reçu du Dieu une cé-
ponfe favorable. Les mefliàgers qui
chez les Romains étoîent porteurs
d'une bonn^nouvelle ,. ornoÂent de
lauriers la pointe de leurs javelines.
La mort de Mithridate fut amson-
cée de cette manière à Pompée. On
entouroit pareillement de lauriers
les lettres & les rabletresqui renfer
moient le récit de quelque heureux
fuccès. On en fàifoit autant pour
les vaidèaux viâorieux. Enfin on a
couronné de laurier les poêles qui
ont remporté le prix de leur art.
Laurier csRisB,feiiiid'un petit arbre
fort agréable â Uvue » ainfi nommé
rarcequ'il porte des lieurs fembla-
bles à celles du laurier, &c des fruits
qui re{{^mblen( uti peu à ceu» da
ceri^r. On en diftiugue plu^etirs
^ff9c^$ ; fey w X fa lauritr ccTf/ijûr" J
i
LAU
iinaire , les lauriers cmfts à fetniks
panachées de blanc ou de jaune ^ U
laurier cerife d^ la Louifianc » dit lauf-
fier amande.
La fleuF des taoriefs cerifesr ed
formée d'un calice q«î eft ^*one
feule pièce 9 figurée ei^ clocke ou-
verte » dont les borda foin d&vi(és
en cinq. Ce csilice fer ^ ciaqipétales
arrondit & dîfpotee. et; wite y aux
fleurs fuccèdent ^%% baies prefque
rondes > rouge*, qiM coRtienBent un
noyau. Les teuiUee de lauriers ce*
f ifes font (imp^$ , entièses , oblon*
gues> plus ép»i({esdcplt;is.hiifantes
que ceUes de 1 oranger , & pofées
alternativement fur Les branches ^
elles ont à leur bord ic petites den-
telures qui font éloignées les unes
des autres..
Ces^diverfea eQ>tcef de lauriers
ccrifes j^r dent toujours leurs feuil-
les , & fupporreuK allez bien le froid
de nos hivers, on peur en garnis des
lerrailes. Dans le mois de Mai ces
arbres fe couvrenr de belles Aeurs
en pyramide, <]oi quoiqu'efles ne
foient pas d*un beau blanc , peuvent
fervir a décorer les bofquets da
printemps. Dans les pajs maritimes
où les lauriers cerifesneeèlent ja-
mais , on peut en faire des taillis
qui fourniront d'execllens cerceaux
pour les barrils. Qn peut multi-
plier tes lauriers cerifes par les fe-
menées , les marcottes , & on penc
greffer les efpèces pnachées fut le
laurier cerife commun. On a greffé^
avec fuccès le Uiu^ier cerife m le
cerifitr ^ mais ces ar&res ne d^ifent
pas : on a elTayé aufli , mais fans
fuccès,de greffer les cerifîers fur les
lauriers ceri(es, on fe propofbîc d'a-
voir par ce moyen des cef iiiers nains.-
\e% âenrsÇe Tes feuilles du laurier
cerife ont une edeoc cTaaiande
amètequ^eftailèc ft|féable : oaseui
'*
LAU
tèvt ( farrouc des feuilles ) dâM let
cuifines pour donner le go(ic d'a-
mande aux foupes au laie de aux
crèmes. On en lecire par la dif-
ciilacion avec de l'eau-de-vie » une
liqueur qui eft affez gracieule^ &
eue 1 on prétend être bonne pour
1 eftooiac j mais il eft daif||ereux de
charger trop Teau-de-vie de cet
aromate ; car en diftillam pluiieurs
fois de Teau fur les feuilles de Jau-
rier cerife» on en retire une liqaeur
qui eft on Violent potfon pour les
hommes 6c pour les animaux , il
çaufe d'abord des convuUions ^ la
paral^fie, enfin la mort
J'ai fait fur ce poifonj dit M.
Duhamel » plufieurs expériences :
une cuillerée fuffitpour tuer un gros
chien : la difleâton anatomique
ne nous fit appercevoir aucune in-
flammation } mais lorfque nous
ouvrîmes l'eftomac » il en fortir
«ne odeur d'amande amère très-
exaltée qui penfa nous (jifFoquer ^
âinfi il y a lien de croire que cetre
▼apeur agit fur les nerfs. Malgré les
ficheux effets que produit cette eau
3ue l'on a diftillée fur les feuilles
e laurier cerffe , elle peut être un
bon ftomachique étant prife à pe-
tite dofe i car fi l'on en fait avaler
kgraille. un a oDierve que
la comme du laurier cerife ne pro-
duit aucun mauvais effet.
Lavaibr r osa, fe dit d'un arbrifleau
fort agréable » lequel , fi on le laKTe
croître fans le conduire ^ poufiè
quantité de tiges de pied qui ne for-
SHent qu'un buifTon. Il fe garnit de
beaucoup de feuilles longues , étroi-
tes 6c poinraes ^ elles ibnt fans den-
telures «fort unies en^ffns» mais
relevées en-de((bus d'une feule ner-
▼wre i ellçs conferveu toujours U
LAU 451
même verdure qui eft terne 6c fon*
cce. L'arbrifleau donne aux moi s
de Juillet 6c d'Août une grande
quantité de fleurs raflembl^s par
bouquets à rextrétnité des branches
quiiont d'une4)elle apparence. Lorf-
2u*elles font pafiées il ieiir fuccède
e longues filiques qui renferment
àts femences garnies d'aigrettes y
mais ce n eft que dans les années
chaudes & bien favorables que cet
arbd£&att donne de la graine dans
ce climat. U faut fotgner ce Uurier
dans Ùl jeunefiê {>ottr lui faire pren*
dre une tige droite ; & il ne faut
pas moins d'attention par la fuite
pour lui former une tète , par rap-
port à l'irrégularité qu'il coutraAe
naturellement. On connoît i pré-
fent (èpt e(pèces différentes de. cet
arbridêau i comme elles ne font
pas également robuftes , il fera plus
convenable de les traiter fépa ré-
ment 8c d'en faire deux cIj (Tes. La
première comprendra ceux qui exi»
gent le moins de précaution pour
paifer les hivers ; rels font le Jau"
ricr rofc ordinaire à fleurs rouges^ ce-
lui afiturs blanches , & celui dont
les fleurs font mêlées de rouge & de
blanc ; il faut â ces arbriffeaux les
mêmes ménagemens que pour let
f;renadiers ^ c eft â-dire , qu'il faut
es ferrer pendant l'hiver & que la
[»lus mauvaife place de lorangerie
eur fu£t : il eft vrai au*on en a vu
dans le climat de Pans , qui ont
pafle plufieurs hivers de fuite en
plein air; mais lesplantsqu'on avoic
ainfi expofés » en ont été quelque^
fois fi endommagés & fi fatigués ,
qu'ils petdoient beaucoup de leur
agrément. L'ttfage eft de les tenir ou
dans des pots ou dans des caifles flt
c'eft le meilleur parti* Rien déplus
aifé que de multiplie^ ce laurier •
ùÀx paf les rejetons qu'il prodiuc
Lllîj
4yi L A U
au pied , foit en femanc Tes graines,
foit en couchant de jeunes bran-
ches , ou en greffant fes efpèces les
unes fur lesautres. Tous ces moyens
font bons , fi ce n'eft que celui de
femer fera le plus difficile & le plus
long. Le commencement d'Avril eft
le temps propre pour faire les bran-
ches couchées ; il fera prefque égal
de ne les faire qu'au mois de Juil-
let , elles feront des racines fuffi-
fantes pour être tranfplantées au
Drintemps fuivant. Il faut à ces ar-
Driiïeaux beaucoup d'efau pendant
l'été, fans quoi ils feroient peu de
Erogrès , & ne produiroient pas
eaucoup de fleurs. Si Ion veut
même en tirer tout le parti pofiibie,
c*eft de les ôter des caiflfes & de les
mettre en pleine terre pendant toute
la belle faifon jufqu^au 20 d'Oâo-
bre qu'il faudra les remetttre dans
leur premier état ; on leur donne
I)ar ce moyen , de la vigueur , de
a durée , de la hauteur Se infini-
ment plus de beauté. Les lauriers^
rôfc de la (êconde clafiè font infi-
niment plus délicats que ceux dont
on vient de parler ; il leur faut
une ferre chaude pour pafièr Thi-
▼er , & des foins tout différens :
ceux^i font le lauricr-rofe à fleurs
rougeâtrcs^ fimplts & odorantes y
le même à fleurs doubles ^ celui à
fleurs doubles mêlées de rouge & de
blanc y & un autre à grandes fleurs
rouges. Ces arbriffeaux viennent de
la nouvelle Efpagnç , d ou ils ont
paiTé aux colonies angloifes d'Amé-
rique & de i U en . Europe. Les
' deux variétés à fleurs doubles font
de la plus grande beapté celles don-
nent pendant tout Tété de gros bou-
quets de fleufs très-doubles dont la
vive coù]^ur , l'élégance & la bonne
odeur rendent ces arbiifleaux très-
j>réci«ux : mais il/faut d^s précao-
LAU
tions pour les faire fleurir ; car fi
on les lai (Te en plein air pendant
l'été , quoique dans la meilleure ex-
pofiiion , ils ne donnent point de
fleurs^ il faut abfolument les met-
tre fous des chafiîs , & les traiter
durant cette faifon comme les plan-*
tes les plus délicates des pays chatids.
Ces arbrifleanx dans 'les pays d'où
on les a tirés , crotflent naturelle-
ment fur les bords des rivières &
le long des côtes maritimes : on ne
fauroit donc trop recommandet de
les faire arrofer fouvent. Du telle
on peut les multiplier comme
^ les efpècès qui font plus robof-
tes. '
* Le laurier-rofe doit être regardé
comme un poifon ^ non feulement
pour les hommes mats encore pour
toute forte d'animaux 'qui en man-
gent , félon le fentiment de Galien,
& contre celai de Diofcoride & de
Pline qui difent que les fruits &les
feuilles de laufier-rofe font un poi-
fon pour la pluptrt des quadrupè-
des , mais que les hommes peuvent
en ufer intérieurement contre les
morfures des ferpens , &c.
Les remèdes contre ce poifon
font cenxqu^on prefcrit contre tous
les poifons corrofifs en général ;
fa voir, les huiles par expreflion,le
lait 9 le beurre ^ la décoâion des
fruits doux y des racines Se desgraif-
fes mucilagineufes , &c.
Les feuilles de laurier-refe écrar
fées Se appliquées extérieuremenr,
font bonnes , félon Galien , con«
tre la morfure des bctes veni-
qieufes.
Ces mêmes feuilles font em<»
plovées dans la poudre ftemutatoire
delà pharmacopée de Paris.
Laurier - thym , fe die d*un très-
joli arbrifleau dont il y a plufieurs
lefpècesqui varient un peu par k for*
LAÙ
me de leurs feuilles & par leur cou-
leur : les unes font ptnachées en
blanc , les autres en jaune. Leurs
fleurs font difpofées en ombelle ,
compoféesd'un feul pétale en forme
de cloche & divifé en cinq parties :
ces fleurs fubfiftenc prefque pen*
danc tonte Tannée : on doit par
cette raifon mettre cet arbrif-
feau dans les bofquers d'hiver où il
eft d'aurant plus agréable qu il eft
encore couvert de fleurs quand tous
les autres arbres Se arbuftes en font
dépouillés. Ses feuilles qui font d'un
vert foncé ôc oppofées fur les bran*
ches I ne tomoent point pendant
l'hiver. Si des gelées trop forces font
fȎrir les branches de cesarbrifleaux,
a fouche repouflera bientôt de nou-
veaux jets. Les baies de laurier-
* thim font très purgatives , mais on
n*en fait aucun ufage.
Il n'jr a peut-être aucun arbrif-
feau que Ton puifle multiplier aufli
aifément que le laurier-thim : il
vient de rejetons , de femence, de
branches couchées , de boutures ,
par la greffe , & même en piquant
dans la terre fes feuilles qui font
racine aflex prompiement. Cet ar-
briffeau n'exige d'ailleurs prefque
aucune culture •
Lauriir -NAIN , fe dit d'un arbnfte
/ingufffcr qui eft commun en Sibé-
rie & qui porte des feuilles très-
femblaUes i celles du laurier or-
dinaire j avec la différence qu'elles
ne font pas d'une huitième partie fi
grandes. Du refte cette plante dif-
fère beaucoup du laurier vulgaire :
fes fleurs qui font jaunes Se qui pa-
roiflènt en Juin ou Juillet, reffem-
bleBt i de petites cruches avec des
ventres avancés dont l'extrémité va
en augmentant , &- l'ouverture eft
forr étroite : fes feuilles font d'un
ven vif & fortement attachées à la
LAU 45^
tige qui eft Hgneufe : elles tombent
dans le mois de Mai : le fruit mûr
éft d'un pourpre bleu , il efl; fort
ajgréable au goût , quoique malfain
n l'on en mange avec excès. La tige
qui a environ fix pouces de haut ,
fort d'une racine rampante & qui
eft couchée tout à plat fur terre»
A mefure que les anciens bour-
Seons difparoiffent ( dans le mois
e Mai ) il en paroit auflicôc de
nouveaux ; c'eft alors que les feuil-
les noirciflent , & elles ne font
pas plutôt tombées , aiofi que les
fruits qui les fuivent de près , que
le jeune bourgeon eft déjà couvert
de fleurs j de forte qu'on ne voit
jamais cette plante fans feuilles.
Quoique le laurier-nain, croilfe ra*
pidement & vigoureufement , il
n'acquiert pas un pouce de hauteur
en vingt ans : les endroits où croît
ce fous-arbriffeau , font les fondriè*
res & les marais djeau douce*
Laurier alexandr||i, fe dit d'une
forte déplante vivace dont les tiges
durent deux années » & qui fe re-»
nouvelle tous les ans i peu près
comme le. framboifier. Ce laurier
poufle de bonne heure auprintemps)
de nouvelles tiges qui lortent des
racines Se qui s'élèvent à environ
deux pieds : chaque tige fe fubdi-
vife en plufieurs branches qui fpnc
garnies de feuilles reffemblantes à
celles du mirthe i large feuille*.
Dans la plupart des efpèces de ce
laurier , la graine fort du milieu
de la feuille » & cette graine eft
une baie de la groffeur d'une petire
cerife & d'un rouge aflez vif: cette
fingularité jointe 1 ce que ce lau«
rier conferve fes feuilles^ fes fruits
& fes tiges pendant Thiver fuivant,
eft ce qui en fait tout le nxérite :
on peut le multiplier de graine »
mais il fera plus court & plus aifi
454
LAU
d'en tirer da plant en divifant fes
racines au printemps , avant cju'il
ne commence à poulTer. Cette plan-
ce fe plaît i l'ombre Se n'exige au-
cun foin particulier. C eft bien gra
tnitement qu'on lui a donné le nom
de laurier ; elle n'a ni rapport ni
reflemblance avec les arbres de ce
nom, & elle ne mérite pas dail-
iurs de leur être alfociée ^ il y a plu-
sieurs efpèces de cette plante.
On dit figurément , cutillir des
lauriers y moijjonner des lauriers; pour
dire, remporter la viâoke fur les
ennemis. £r Jlétrir fis lauriers ;
pour dire » déshonorer (a vic-
toire.
LAURIÈRE ; ( Easèbe Jacob ) nom
d'un habile Jorifcoofulte né à Paris
en 1(^59 » & more dans la même
yille en 1718. Ses principaux ou-
Trages font i^. un traité du droit
d attK>rti(rement : x^. le texte des
coututnes de la Prévoté de Paris :
3^. U biblitrhèque des coutumes
avec un de fes confrères : 4^. le
gloflàire du droit François: {^.
les inftirutes coucumtèree de Lojrfel
avec de favantes notes.
LAURO ; nom d'une ancienne ville
de TEfpagne Tarraçonoife , remar-
qujd>le par la viâoire que les rrou-
pes de Jules Céfar y remportèrent
fur les croupes de Sextus Pompée
3ui y périt. EUe n*étoit pas ébienée
e la capitale du Royaume de Va-
lence.
tÂUSANNË ; grande te belle ville
de SuifTe , capitale du pays de Vaod,
dans le Canton de Berne »« àdoQXe
lieues , nord-eft , de Genève > fous
le 14* degré » 10 minutes de Ion-
{;itude » & le 4(e, 50 minutes de
atltude. Les terres y font très-bien
cultivées & produifenc en abon-
dance le blé ,ie vin & les fruits.
Cette ville anciennement fkn-
LAU
che & libre , pa0â depvis foQS la
domination de fon Evoque qui fut
Îualiâé de Prince de Laufanne..Les
>einois ayant conquis fur Charles
II, Duc de Savoie, le pays de Vaad,
fe rendirent maittes de Lau/anne
d'où ils bannirent Texerdcê de la
relieioii romaine , donnèrent ï leur
Bailli les revenus de la Menfe Êpif-
copale , & ceux de la menfe du
Chapitre au Collège qu'ils éta-
blirent & que l'on nomme Aca^
demie.
L'Êvèque Sebaftten de Montfau**
con qui tenoit alors le Siège épif-
copal de Laufanue , fut contraint
de fe retirer à Fribourg avec le
vain titre d'Évèque de Laufimnetc
de Prince de l'Empire , n'ajjrant pour
vivre que ce qu'il recevoir de Sa-
voie. Ses fuccefleurs qui prennent
toujours les mêmes titres , loat nom*
mes par les Rois de Sardaigne qui
pourvoient i leur fubfiftance.
On croit que le Siège épifcopal
de cette ville avoit été établi as
commencement du VII fiècle par
TÈvèque Marins appelè^ vulgaire*
ment Saint Maire , après la deP
truâioo d'Avranches où ce Si^e
étoit auparavant.
L'Êgtife cathédi^ale fut dédiée
par le Pape Grégoire XX, Tan 1 175,
en préfence de l'Empereur Rodolphe
denabfboufg.
Les Pères du Concile de Baie
ayant quitté Baie en 1 549 , allèrent
fiéger à Lanfanne oii ils tinrent quel-
ques féances. La bibliothèque de
l'Académie de Lanfanne cooferve
un volume manofcrit des aâes de ce
Concile.
Le Bailli qne les Bernois ont éta-
bli dans leur conquête » n'a point
de juridiâion fur les habirans de
LaidGinne qui fe gouvernent par
leurs propres lois* m ont lev
tAU
leU de deux cens donc le Chef
a le titre de Bourgmeftre j un autre
confeil de foixante tiré du précé-
dent ^ ôcnn troifième compôfé de
vit^t-buit membres» qui s'aflèmble
fréquenoRient pour expédier les af-
faires ordinaires.
L AU T£NBÂCH > bourg de France ,
dans la haute Alface , avec une
^life coUéeiale dont le Chapitre
eu compofe d'un prévôt » d'un
£)^yen Se de douze Cnanoioes. Cha- j
que Canonicac vaut environ looo
liv. de rente au Titulaire.
LAOTER ; petite rivière de France ,
dans la / bafle Alface. Elle arrofe
Veiflèoibourg & va fe, perdre dans
le Rhin » auprès de Lauterboiirg ,
après un cours d'euviron huit
Asues-
• 11 y a en Allemagne » dans le
Palatinac , une rivière de même
nom qui a fa fource dans le Bail-
liage de Keyferflauter» &fon em*
bouchure dans la rivière de Glaan,
a ï .^tWTt^CK
LAUTERBOURG ; petite ville &
Bailliage de ta baâe Alface, fur la
rivière de Lauter , à dix lieues >
nord-eft , de Scrafbourg.
LAUTHENTHAL : petite ville d'Al-
lemagne , dans le Hartz 9c dans
les États de la Maifon de firivif*
wick.
LAUTREC^ petite ville de France,
en Languedoc , fi tuée entre les ri^
vières d*Agouc Se de Oadou , i qua-
tre lieues > eft > de Lavaur.
LAUTRÇCK , ou Lautekbck ;. pe-
tite ville d 'Allemagne , dam le Pa-
latinat » fur Les frontières du duché
de Deux-Ponts , au confluent de h
Lauter & d^ laGIann.
LAW , ou Las s \ ( Jean ) Écoflbîs
qui n'eat d^abord d'ausre métier
que d*cr»e grand joueur ëc grand
cal^M^teur. Oblig: de fîûr de la
LAU 4j,f
grande Bretagne p^^tr dii meurtre ,.
avoir dès long -temps rédigé le
plan d'une Compagnie qui pajreroic
en billets les dertes d'un État » &
2ui fe rembourferoit par les profits*
le fyftème éroit très - compliqué ,
mais réduit à fes j^es bornes il
pouvoir être très^utife. C'écoit un^
imitation de la banque d* Angle*
terre & de fa Compagnie des ln«
des. Il propofa cet établifiemenc
au Duc de Savoie , depuis pre-
mier Roi de Sardaiene > nSor
Amédét , qui répondit qu'il n'écolr
1>as afiez puidànt pour \t ruiner. II
e vint propofer au Contrôleur Gé*
néral Des Marcts ; mais c'étoic
dans te temps d'une guerre malheu*
reofe où toute conunce étoit per-
due ^ & la bafe de ce fyftènse étoir
la confiance.
Enfin il trouva tout favorable
fous la Régence du Duc d'Orléans^
deux milliards de dettes à étein-
dre , une paix qui kiffoit du loifio-
au Gouvernemenr » un Prince tQ un
peuple amoureux de nouveautés.
Il éublit d'abord une banque en
ion propre nom en 1 7 1 ^. EHe de*
vint bientôt un Bureau général des
recettes do Royaume. On y joignit
une Compagnie de Mifiiffipi ;.Com*
pagnie dont on fiiifait efpérer. de
grands avantages. Le pubkc fi^dtiiir
par l'appât du gain , s'empreflTad a-
cheter'avec fureur tes aâiions de
cette Compagnie & de cette banque
réunies* Les riche flfès auparavant
refiferrées par la défiance » circulé*
rent a^ec profufioo ; les billets dou-
bloient , quadruploienr ces richef-^
fes. La France rue très - ricbe en;
effet par le crédit. Toutes les pro^
fefiions connurent le luxe ; & ils
padà chea^ fes voifins de la Fran-
ce » qui eurent parc à ce cou»*-
merce..
45^ LAV
La banqae fut déclarée banque
du Roi en 1718. Elle fe chargea
du Commerce du Sénégal. Elle ac-
quit le privilège de l'ancienne Com-
f^agnie des Indes fondée par le ce-
èbre Colbcn , tombée depuis en dé-
cadence I & qui avoir abandonné
fon commerce aux'^Négocians de St.
Malo.EnHn elle fe chargea des fer-
mes générales du Royaume. Tout
fut donc entre les mains de l'Écof-
fois Lafs, & toutes les finances du
Royaume dépendirent d'une Com •
pagnie de commerce.
Cette Compagnie paroiiïant éta-
blie fur de fi vaftes fondemens» fes
aâions augmentèrent vingt fois au-
deU de leur première valeur. Les
variations fréquentes dans le prix
de ces effets 3 produiHrent à des
hommes inconnus des fommes im-
menfes t plufieurs , en moins de fix
mois » devinrent plus riches que
beaucoup de Souverains. Lafs féduit
lui-même par fon fyftème & ivre
de rivrefie publique & de la fienne»
avoit fabriqué tant de billets^ que
la valeur chimérique des aâîons'^va-
loit en 1 7 1 9 quatre-vingt fois tout
l'argent qui pouvoit circuler dans
le Royaume. Le Gouvernement
rembourfa en papier tous les rentiers
de rÊtar.
Le Régent ne pouvoit gouver-
ner une machine fi immenfe , fi
compliquée , & dont le mouve-
ment rapide l'entraînoir malgré lui.
» ^ te* • - I °
Les anciens rmanciers & les gros
Banquiers réunis épuisèrent la ban-
que royale y en tirant fur elle des
iommesconfidérables. Chacun cher-
cha à convertir fes billets en ef-
péces ; mais la difproportion étoit
énorme. Le crédit tomba tout d'un
coup \ le Régent voulut le ranimer
par des arrêts qui Tanéantirent , on
ne vit plus que du papier 3 une mi-
LAV
sère réelle commencoit à fuccéJer
à tant de richefies fa&ices. Ce fut
alors qu'on donna la place de Con-
trôleur Général des finances â Lafs,
précifément dans le temps qit'il
étoit impoflîble qu'il la remplie ;
c'éroit en 1710, époque de la fub-
verfion de toutes les fortune» des
Sarticuliers & à^% finances d«
Loyaume. On le vit en peu de
temps j d'Êcofibis devenir Fran-
çois par la naturalifation \ de Pro-
reftant > Catholique ; d'aveAtarier »
Seigneur des plus belles terres j &
de Banquier » Miniftre d'Etat. Le
défordre étoit au comble. Le par-
lement de Paris s'oppofa autant qu'il
le put à ces innovations , & il fiit
exilé à Pontoife. Enfin dans la mê-
me année Lafs chargé de l'exécradon
publique , fut obligé de fuir du pajs
qu'il avoit voulu enrichir & qu'il
avoit bouleverfé.
Les libelles de ce temps-là accu-
fent le Régeftt de s'être emparé de
tout l'argent du Royaume pour
les vues de fon ambition ; Aril eft
certain qu'il mourut endetté de fepc
millions exigibles. On accufoic Lafs
d'avoir fait pafier pour fon profit
lesefpèces de la France dans les pays
étrangers : il a vécu quelque temps
à Londres ^ des libéralités du Mar-
3uis de Laflay , & eft mort à Venifç
ans un état d peine au - de (fus de
l'indigence.
LAWENBOURG ; ville d'Allema-
gne , dans le cercle de la bafie Saxe ^
fur l'Elbe, ï cinq lieues , nord*eft ,
deLunebourg. Elle eft capitale du
Duché de même nom qui appartient
à l'Éleâeur d'Hanovre*
Il y a une aurre petite ville de et
nom dans la Peméranie ultérieure.
Elle appartient au Roi de Prafle.
LAWERS ; petite rivière des Pro-
vinces-unies des Pays -bas. Elle
fcpare
LAV
fôp&re la province de Frtfe do celle
de Grooingue» 6C ra Te perdre dans
un petir golfe à l*excrémicé de ces
deux prorincer.
LAVURE î fubftantif féminin, Col^
luv'us immunda* L*eaa qui a fecvi â
laver les écuelles » la vaiûTelle. On
lave les jambts des çhfyaux avec de
la lavure d' écuelles.
Parmi les orfèvres H les mon-
aoyeurs , on appelle lavures , l'ar-
gent 56 Tor qui provient de la lef-
five des cendres de leurs fourneaux,
8c des balayures ramaflSes de$ liei^^x
fiu 9s travaillent.
Lavvrb p fe dit auflî en parlant d*un
livre qu'on relie & qu'on lave.
La première fyllabe eft brève ,
la féconde longue « Se la troifié-
me très-brève.
LAUZERTE ^ petite ville de France
en Quercj , à huit lieues , fud , de
Cahots. C'eft le fiége d'une Séné^
chaudée , &c.
LAUZUN ; petite ville de France ,
dans TAeenois» âfix lieues, fud-
fud-eft , de Bergerac.
tAXATlF. IVEjadjeaif. Laxadvus.
Qui a la verm , la propriété de lâ-
cher le ventre. Un remède laxatif.
Une ilfanne laxative.
LAXENflOURG ; oetite ville dAl-
lemagne en Autriche , fur la Schwe-
cha » i quatre lieues de Vienne. Il
7 a un magnifique château que la
Cour impériale habite de temps i
autre.
LAYE j fubftantif féminin. Petite
route qu'on pratique dans un bois
pour former une allée ou pour ar-
penter.
LAYÉ , ÉE ; participe paflSf. f^ayei
Layei..
LAYER ; verbe aftlf de la première
conjugaifon » lequel fe conjugue
comme Chantbr. Terme des Eaux
Se Forêts, Tracer une laye , une
Tome 'XKm
I>AV 457
route dans une foret. Lay^r un
bois.
LAYÉTIER i fubftantif mafculin.
Ouvrier qui fait Se qui vend des
layettes , caifTes, boîtes, &c.
Les layetiers emploient le^fapin^
la volige & le bois de hêtre. Ils ar-
rêtent Teuts ouvrais avec des poin-
tes de fer ou des clous ^ mais ils ne
peuvent fe fervir de colle , de te-
nons & morcoifes , comme les me«
nuifiers qui à leur tour ne peuvent
employer les pointes de fer ou les
clous î c'eft la différence qui eft en-
tre les ouvrages de ces deux Com-
munautés t Se qui fert à les carac«
térifer.
Les Maîtres de la Coomiunauté
des Layetiers de Paris fe qualifient
de Maîtres layetiers-crainiers de la
ville & fauxbourgs de Paris : ils y
(ont aâuellemeat au nombre de
cent huit.
Leurs premiers ftatuts font aflez
anciens » u l'on en juge par les quin-
ze articles qui font rappelés dans la
fentence du Prévôt ae Paris » au-
quel les Maîtres de la Communauté
avoient été renvoyés par François
premier en i j 1 1 •
Cette Communauté a fes Jurés
pour veiller à (es privilèges , faire
tes vifites , Se donner des lettres d'ap-
prentiflâge & de maîtrife. Ces
charges ayant été érigées en titre
d'office par l'Édicde 1^91 , furent
l'année fuivante réunies & iAcor-
porées» Se le droit d'éleâion ré«
tabli.
L'apprentilTage eft de quatre aa-
nées» &: l'afpirant i la Maîtrife eft
fujet au chef-d'œuvre » al moins qu'il
ne foit fils de Maître.
LAYETTE} fubftantif féminin. C^;^-
fa. Tiroir d'armoire où l'on ferre
des papiers. Vous trouvère^ Us plias
du procès dans cette layette.
M m
45«
LAZ
Layetts» fedic aaffi d'an petic cof«
fret de bois. Une petite layettt rem^
plie de bijoux.
Fayette > fc dit encore du linge ,
des lances & de tout ce qui eit def-
tiné pour un enfant nouveau, qé. On
lui prépare une layette*.
LAYRACj ville de France dans, la
Lomagnc , fur la' rivière de Gers,
à deux lieues , fud-fud-eft. d'Agen.
J.AZARE i (Ordre de St.) Ordre
militaire qui commença à Jérufa*
lem vers Tan 1 1 17, par des chré-
tiens d'occident qui écoient maures,
de la Terre-fainte. Son inftitut étoit
d'exercer la chanté envers les pau-
vres lépreux dans les hôpitaux , Se
de protéger les pèlerins^ mais ils
prirent enluite les armes pour la-
défenfe des Princes chrétiens. LeSv
Papes accordèrent â: cet Ordre de
grands privilèges. Il paiTa en France
lous le règne de Louis VIL après
la déroute des croifés. Innocent
yill voulut unir cet Ordre a celui
^e St. Jean de Jérufalem ^. mais les.
Chevaliers François s'y. opposèrent,
&runion n'eut lieu que pour l'Italie^
Léon X la révoqua au. commence-
ment du quinzième fîècle. En Sar
Voie cet Ordre a été réuni â celui
de St. Maurice >.& en France â ce-
lui de Notre-Dame du Mont-Car^
mel au mois.d'Oâobre 1 ^oS.
Les Chevaliers de Saint- Lazare
fartent une croix. d!oc émaillée i
ait pointes , attachée i un ruban
de couleur amaranthe. Leur prin-
cipal établiflement eft â Boigni y
■ ' .prè.^ d'Orléans. Le Roi pour rele-
ver réclat de cet Ordre , lui a
donné pour chef M. le Duc de
Berri » aujourd'hui Dauphin de
ïr,ance. Un nouveau règlement daté
du 1 5 Juin 1757 , porte que nulle
perfonne pourra être reçue & ad».
ttyUe;à jLavenir £ar le grand Maître J
:.
LAzr
deTdits Ordres , qu'elle n'ait fact
Tes preuves de la religion catho-
lique ,. apoftolique 8c romaine , 8c
celle de quatre degrés de nobleder
paternelle feulement », le novice-
compris. On ne peut erre reçu qu'à;
trente ans : la diCperiTe d*âge ne peud
s'étendre au-deiïous de vingt-cinc|j
ans. Les gentilshommes élevés dans.
1-école militaire peuvent être reçus^
furnuméraires \ mais jafquà trenr^:
ans ils ne portent, que la petite.*
cioix. Ce même règlement nxe le:
nombre des Chevaliers à cfnt« jt
compris huit Commandeurs eccle«-
(taftiques»
Les Chevaliers entr'autres pri-
vilèges , ont le pouvoir de fe ma-
rier, & de tenir des penfions fur
desi^bénéfices conHAoriaux. Suivant
la bulle inter ajjiduas^ de. Pie IV"
de l'année 1 5^5 i ils confervenc cea^
pendons nonobftant un premier iC\
an fécond mariage.; ils n'en font:
privés qu'en cas- qu'ils paffentà dt-
troifièmeS' noces. Cette même bulle*
autorife les Chevaliers^ i cédçr SC:
tranf porter leurs pendons à^ qui iU:
voudront, en tout- ou en partie >«
même à l'article de la mort. Il eft
aufli dit dans cette bulle, que tootea.
lespenfions que ces^Chcvaliers ob«
tiendront,, foiravec caufe oufans^
caufey.ne paieront point de corn-
ponende i Home. Cette bulle a hk:
confirmée par une autre de Pie W
de Tannée v^6j-»
Louis XIV par fbn éâit du moi»;
d'Avril 1^54:, ehregiftré au Grand,
Confeil , autorifa tous les privilè-
ges accordés aux Chevaliers da
Mbnt-Carmel & de Saint-Lazare »,
& fpécialemenr la. faculté de pou*
voir tenir quoique mariés » des pen«
fions fur toures fortes de bénéfices..
Ceci a été confirmé par un Édir de
Louis XV du mois d'Avril 1^712. ^
LAZ
<enregîftré au Grand-Confeil la ii
du même mois. Si ces Chevaliers
onc des penfions fur des bénéfices
de la nomination du Roi , ils en
fonc payés , i compter du jour du
brever ^ ain(i qu'il a été décidé pat
un arrêt du Confeil d*Ècac du 19
Juillet 1717.
I^AZARETj fubftancîf .mafculin. Lieu
deftiné dans quelques viUeSr& prin-
cipalement dans certains ports de la
mer Méditerranée , pour y faire
faire qu;^rantaine à ceux qui vien-
nent de lieux infeftés ou foupçon-
nés de pefte.
L AZ ARISTESi ( les ) Clercs réguliers
infticués vers l'an i^jx par Saint
Vincent de Paul « pour les midions
de la campagne & la direétion des
féminaires. Leur vrai nom eft Prê-
tres de la mijjion; celui de La\anjles
leur vient de leur principale mai-
fon , qui écoit autrefois uir Prieuré
de l'Ordre de Saint Lazare. Ils ne
font que des vœux (impies. Leur
Général eft François & reûde i Pa-
ns.
t^AZES \ ( les ) peuple Tartare qui
habite les montagnes du Dagheftan»
du coté de la mer Cafpicnne^ i.
^ingt ou trente lieues de cette mer.
"Ce peuple Tartare & fauvage « le
•teint bafané , le corps robafte 9 le
vifage effrcryaldement laid , des cl;ie-
"veux noirs & gras qui tombent fur
les épaules ; ils reçoivent la circon-
cifion , comme s'ils étoienc maho-
métans. Leurs armes font aujour-
*d*hui le fabre & le piftoler. Ils pil-
lent & volent de toa<s les cotés tous
les marchands qui palTent par 1«ot
pays, jguerroyenx qpntre les Tartares
rfogats & Circafles , font de fré-
quentes incudîons fur lesXSéorgiens
& fe gouvernent fous l'autorité du
3loi de Perfe par un chef particulier
<^ttiU nomment S^hemkal^ lequel
rcfide i Tarku. Ce chef à fous
lai d'autres petits Seigneurs qu'on
appelle Beghs.
LAZZI j fubftantif mafculin. Mot
emprunté de l'Italien. Adlion, mou-
vement y jeu muet du ihéâcre dans
la repréfentariondes comédies. Une
pièce remplie de la:f^i9
LE ft LA , LES ; le premier de ce^
trois mots eft l'article du nom maf-
cnlih au fingulier; lefoUil: le fé-
cond eft l'artide du nom féminin
au iîngulier \ Id lune : le troifième
eft l'article du pluriel &c commun
aux deux genres ; les ajlres , les
étoiles. Voyez au mot Article ,
l'explication raifonnée de tour ce
qui a rapport à tous ces petits
mots.
LE » LA » LES \ prononos adjeâiifs 9c
relatifs dont le premiec eft pour le
genre mafculin } ce cheval ne vaut
tien il faut le renvoyer. Le fécond eft
pour le féminin \ hrfyue vous aure:(^
lu 4etce lettre vous me la rendre^. Le
troifième eft pour les deux genres
âu pluriel j s*ils arrivent aujourd'hui
vous me les enverre\.
Lb , s^mploie aufti pour c^/fr ; iSc il eft
alors relatif â uu adjeAif qui pté*
cède & n'a ni pluriel ni féminin.
Sesfzurs ont été fort incommodées &
le font encore un peu. Mai$ fi c*eft
un Aibftanrif qui précède > on ein-
J>loie le y la ^ les ^ fuivantle genre Sç
t nombre du fubftantif, pour figi}!*
fier lui ou elle y eux ou elles, l^ar
exemple , un médecin demande: ï
une femme, êtes^ vous malade ?
Elle répond.» je le fuis. Mais s'il de-»
mande ^ êtes-vous la malade pour la-
quelle je fuis appelé f Elle doit ré*
Îiondre > je la fuis , c*eft*à-dire , jô»
ms elle.
Lorfque le ou la font devant un
verbe qui commence par une voyel-
le I ils s'élident dans Técritare &
M m m ij
4^0 L £ A
dins la prononciation. Jt Val ren-
contré. Je l'entends.
Quand le eft après le verbe il ne
s'élide point dans l'écriture , ni mê-
me dans la prononciation » fi ce n'eft
en vers ; & dans le même cas > la
ne fouffire jamais d'élifion.
LE ; fubftantif mafculin. La largeur
d'une toile , d'une étoffe entre Tes
deux lifières. Il faut quatre Us à cette
jupe.
On appelle demlM ^ la moitié de
la lareeur d'un lé«
Lé 9 fe dit en termes de rivière j d'une
efpace de 24 pieds que les proprié-
taires des terres doivent lailTer le
long des rivières pour le tirage des
hoipmes & àt% chevaux qui remon-
tent les bateaux.
Ce mohofyllabe eft bref au fin-
gulier & long au pluriel.
LÈAM^fubftamif mafculin. Monnoie
qui a cours â la Chine & qui vaut
environ quatre livres de notre mon-
noie.
LÈÂNDRE } nom propre d*un jeune
hoomie d'Abydos amant de la Jeune
Héro , Prctrefle de Venus dans la
ville de Seftos ^ qui a'étoir féparée
d'Âbvdos que par un détroit de
fHellefponr. Léandre â la Êiveur de
la nuit nailbit tous les jours le dé-
troit à la nage guidé par Tamour }
mais la mauvaife faifon étant furve-
nue il périt dan» les flots. Foyc{
Abydds.
.On Ajppelle tour de Léandre ^ une
tour d'Ane dans la Natolie ^ auprès
du cap de Scutari. L'Empereur Ma-
nuel la fit bâtir & en éleva une cu-
ire femblable du côté de l'Europe »
pour y rendre une chaîne qui fer-
mât le canal de k mer Noire. Cette
tour a été ainfi appelée de ce qu'on
a fuppofé que c'eroit de Û que la
jeune Héroéclairoit Léandre lorf-
quli alloit k voir à la nage*
leb"
LÉANS i vieil adverbe de lieu qui
fignifioit autrefois U dedans. Il étoit
oppofé â céans.
LÊÀO i ville de la Chine , dans la
Province de Xanfi.
LEAO } fubftantif mafculin. Efpèce
de pierre bleue qui fe trouve dans les
Indes orientales » furtout dans les
endroits où il y a des mines de char-
bon de terre. Les Chinois s'en fer-
vent pour donner la couleur bleue
â leur porcelaine.
LÉAOTUNG i grande contrée d'Afîe,
entre la Chine » la Corée & les mor>
tagnes d'Yalo. Quoiqu'elle foit an-,
delà ^de la grande muraille ^ elle
appartient â l'Empereur de U Chi-
ne. On y recueille du Ginfeng , &
l'on y trouve des fourrures de ca&
tor éc des martres zibelines.
LEAOYANG \ ville confidérable de
la Chme dans le Léaotung.
LEAU NOTRE DAME ; Abbaye de
filles de l'Ordre de Cîreauz , près
de la ville de Charrres. Elle jouit
d'environ cinq mille livres de rente«
LÉAWA V A i ville maritime iT Afîe ,
fur la côte orientale de l'île de
Ceylaa.
LÉBADIE \ nom d'une ancienne vrtfe
de Grèce > dans la fiéotie entre THé*
licon & Chéronée. Elle étoir remar*
quable par l'oracle de Jupiter Tro-
phonien.
LEB AOTH ; nom d^une aticiesoe
de la Tribu de Juda»
LÉBÉDA } ville maridme d'Afrique
au Royaume de Tripoli » fur la Mé»
diterranée yï'ti lieues de Tripoli»
vers l'orient.
LEBER ; petite rivière de France en
Alface. Elle a fa fource un peu au-
deflus de Marildrck ^ Ac fon em*
bouchure dans i'ill > un peu aa-def-*
ibiis de Scheleftadt^ après un conr»
de fept ou huit lieues. La vaU&
j
tic'
qci^elle atrofe fe nomttie Lcberthal
ou Val de Lièvre.
LEBITON î fubftantif mafculin. On
â ainfi appelé un habic de moine
afTezfemDltble à an fac & qui écoit
propre aux folicaires d'Égypce & de
la Thébaïde.
LEBONA ; nom d'une ancienne ville
de la Paleftine , dans la Tribu d'È-
phraïm , au nord de la ville de Silo.
LEBRIX A i ville d'Efpagne dans l'An-
daloude » à quatre Ueues » nord-eft>
de Saint-Lucar. Les terres du voifi-
nage abondent en grains , en vignes
8c furtout en oliviers qui produiTenc
la meilleure huile du Royaume.
LEBUS y ville d'Allemagne , dans la
moyenne Marche de Brandebourg ,
fur roder , à deux lieues j nord , de
Francfort.
LÉCANOMANCIE j fubftantif fémi-
nin. Sorte de divination qui fe pra-
tiquoit en jetant dans un ba(Cn plein
d'eau des pierres précieufes mar-
quées de caraâères magiques & des
lames d'or & d'argent aufli conftel*
lées » de manière qu'on entendoit
fortir du fond du baffin la réponfe
a ce qu'on demandoit. Glyca rap-
Sorte que ce fut par ce moyen que
feâanebe Roi d'Egypte , connut
qu'il feroir détrôné par fes ennemis»
Se Delrio ajoute que de fon temps
cette efpèce de divination étoit en-
core en vogue parmi les Turcs.
LECCE ; ville épifcopale & confidé-
rable dltalie , au Royaume de Na-
ples , dans la Terre d'Orrante dont
elle eft la principale» i huit lieues ,
fud*êft , de Brindifi» & â 7S lieues ,
eft , de Naples.
LECCO 'j petite ville d'Italie en Lom-
bardie dans le Milanez, firuée près
de l'endroit où TAdda fort du lac de
Come.
JLECH j rivière d'Allemagne qui a fa
ibttrce dans le Tirol lur tes îfron-
L%Ç 461
tiètes des Grifon^ » de km embou-
chure dans le Danube tu-delTous de
^Donawert.
LÈCHE 'y fubftantif féminin du ftyle
familier. O^/Ar. Tranche fort min-
ce de quelque chofe X manger. Une
fert fon pâté que par petits lèches.
LÈCHE : fubftantif féminin. Cyperoi-
des. Plante qui croît aux lieux aqua-
tiques » 0c qui a été placée entre les
eipèces de gramen par les anciens
Botaniftes } mais M. de Tournefort
en «fait un genre féparé. Ses racines
font aflezgrolles « noueufes » fibreu-
fes & ferablables â celles du fou-
chet long : fes feuilles font longues
d'un pied 8c demi , affez larges »
triangulaires. Sa tige eft haute de
deux à trois pieds , fans nœuds ,
portant à fa racine àz% épis à écailles
encre lefqiaels font attachées des
fleurs à étamines rquflès ^^es fleurs
ne laiffent rien après elles , mab les
. épis qui font au-deflbus portent des
graines & ne fleuriflent point : ces
graines luifTent fous les écailles qui
cpmpofenc les épis ; elles font trian*
gulaires Se renferméeschacunedana
itne capfule membraneufe. La racint
decette plante curienfe a prefque les
mêmes verrus que celle au fouchet
long : fes fleurs font déterfives Se
apéritives.
LÉ^HÉ , ÉE j participe paflif. Foyd^
LicHER.
On dit familièrement d'un hoflw
me mal fait & gxoflier , que c*ejl lu^
ours mal léché,
LicHé 9 en termes de Peinture , (igoi-
fie ce qui eft fini avec excès. Il fc
prend d'ordinaire en mauvaife parf!
& défignê une manière froide ic ifi*
fipide. Une figure froide tf léchée.
i LÉCHÉE» ou plutôt Lechiumj an**
cien nom du porr de Corinthe du
I côté du couchant. C'eft aujourd'hui
' Lefteiocori»
4<îi LEC
LÈCHEFRITTE ; fubMtif fcmînîn.
Âjfaria cucuma, Uftenfîle de cuiHne
ordinairement de fer , & qui ferc
ai recevoir la grai (Te d'une viande que
l'on fait rôtir à la broche. La graijfc
de ce gi^ot a rempli la lèchefnne.
LÉCHER i verbe aûif de la. pre-
mière conjugaifçn, lequel fe con<
jugLie comme Chanter. Lambert,
Pader la langue fur quelque chofe \
& cela fe dit d'ordinaire de quel-
qu'un qui paiTe par friandife fa lan-
gue fur un mets délicat. Tout ce
qu*on a fervi étoitji bien apprêté »
qiion a léché les plats. Ce chat Je
lèche les barbes. On prétend que les
ours lèchent leurs petits pour achever
de les former.
Pour faire entendre qu'une. per-
sonne n'aura pas une chofe qu'elle
voudroit bien avoir, on dit pro-
verbialement & populairement y
qiielle na qu'à s'en lécher les^
doigts.
On dit figurément eii termes de
peinr^re, <\ix un tableau eft léché ^
' ' trop téché i pour dire , que les cou-
leurs y font mtfes avec beaucoup de
' foin & de peine ,^ rn«its avec peu
d*art ic de goût. Et l'on dit de
même d'undifcours, d'unpocme,
c\\xil ejltrop léché -, pour dire, que
TAuceur a péché , i force de foin
&.de vouloir perfedionner fon ou-
vrage.
On dit adverbialement & fami-
lièrement , à lèche doigt ; en parlanr
des diofes à manger qc*on ne donne
.qu'en petite quancicé. Ces confit urej
étoieht excellentes y mais on 'né les
fervàit qu a lèche doigt,
' La^ première îyllabe eftbrève..&
' la féconde longue ou, brève. Foy/:\
Verbe.
Le p^nultièine e des tertips qui fe
terminent par \}n e fcnnîiniii , prend
le fbn de IV ttioyi^n.
LFC
LÈCHERIE \ vieux mot qni fienv^oit
autrefois friandife , bonne cnère.
LECHO i fubftamif mafculin. Qit
appelle aind dans te monnoyage de
l'Amérique efpagnole » particaUè-
rement au Mexique , une efpèce de
couche de vernis délié que Ton don-
ne â certaines piaftres qui s'y fabri*^
quent j aHn de les rendre d'un plus
bel œil. Cependant ce vernis fait
qu'on préfère dans le commerce les
Fiaftres dites colonnes à celles que
on appelle mexicaines , non pas
que les piaftres colonnes ainfî nom*
mées , parce qu'elles portent pour
revers les colonnes d'Hercule > avec
lafameufe devife du nec plus uhrà^
foient d'un titre plus fin que les me-
xicaines» mais à caufe de leur léch^
qui il la refonte laiîfe un déchet de
près d'un pour cent.
LECHT : fttbftantif mafculin. Sorte
<le meiure qui contient douze bar-
rils qui eft fort en ufage fur les mers
du nord.
LECK \ rivière des Pays-Bas ; ou plu-*
tôt c'eft un bras du Rhin qui prend
ce nom à XTyck^te-duerftede , ac-
rofe Cttlembourg , Yiane , .&c. &
va enfuite fe perdre dans la Meuft
près du village de Krimpen,
LEÇON \ fubftantif féminin. LeSio.
Inftruâion qu'on {lonne â ceux qui
veulent apprendre quelque langue,
quelque faence. Les levons de ce maU
êrefatigusnth mémoirefans l'enrichir^
Ce régent vient de faire une leçon
tris'Utile^ Une le^on de médecine.
Leçon ^ fe dit auÏÏi de ce que le régenc
j ' Fait apprendre par cœur à (ts cco«
' îiérsl* Oit écolier na pas étudie fa
lec^n. il fait fa lei^oa. Faites lui ré*
citer fcs leçons.
Leçon , fe dit encore des préceptes
que l'on donne â ceux qui veulent
^apprendre l^s arcs libéraux ^ ou que)*;
qu|în des autres ans noUesL^ coip*
LEC
me celui de monter à cheval » de
faire des armes , celui de la mufi-
Gue » de la danfe , de la peinture j
de la fculpture, de Tarchiteâure >
&c. Elle prend fa Ucon demujique*
II prit des levons de Rubens. On don-
ne des levons publiques de dejjein*
Cet Académijle a pris des levons d*un
habile écuyer.
LiçoN ^ fe die fî'gurémenr de toute
force d*in(lcu6lions que Ton donne à
une perfonne , ou pour fa propre
conduire , ou- pour traiter de quel-
que affaire. // a fa lefon par écrit,
C*efl une mère qui donne de tonnes-
leçons à. fis e/^ans. Elle na reçu que
de mauvaifeslefonsdansceae maifon.
On dit, faire la lefon à quelqu'un;
pour dire, l'inftruire de ce qu*il doit
faire.
On dît auflî qu*o/i= a bien fait à
Îmelquunfa lefon ; pour dire > qu'on
ui a fait une réprimande*
On dit proveroialement de qviel-
tju'un qui pofsède parfaicemenc.une
chofe , quV/ enferoit leçon.
Heçoh , (ignifie audi la manière dont
le texte d'un auteur eft écrit;
Les variions de l'Ecriture portent
fouvent des leçons^ différentes du<
texte hébreu *, & les divers manuf^-
crits de ces verfionspréfentent fou*
vent des leçons différentes entre
ailes»
La grande affaire dès critiques &
des éditeurs »\c'eft de déterminer
laquelle de plufieurs^ leçons eft la
meilleure ^. ce qui fe fait en con-
frontant les différentes ' leçons de
plu(ieurs manufcrits ou imprim^s^,
& choifîffant pour bonne celle dont
lés exprefSonsfom un féns plus con-'
forme à ce qu'il paroît que l'Auteur
avoit intention de dire , ou qui fe
rencontre dans les ttiijnufctitsou im-
primés les plus corteâ:s.
Îjeçon». fe dit.auffî figurcment & fa«
LEC 4^3*
milièrement de ladiffërente manière
dont une chofe eft racontée. Va^
venture nejl pas comme il la dibit€ , '
il y a une meilleure leçon.
LtçoN , fe dit en termes de Bréviaire ,
d*une leâure qui fe fait à chaque
Nodlurne des Matines» de quelques
extraits de la Bible, des Pères pu
de l'hiftoire du Saint dont on célè-
bre la Fête. Il y a trois leçons à
chaque NoSurne. Quelquejois on
ciffnte les leçons , mais h plus fou^
ytntonfe contente de les^Ure.
La première fyJlabe eft très-brève,.
Se la féconde brève au fingulier ,
mais longue au pluriel.
LECTE ^ vieux mot qui fignifioit au*
trefois choix.
LECTEUR i fubftantif mafculin. Lec^
ton Celuit qui lit. Un ion livre
. a fouvent d'injufies lecteurs.
Aujourd'hui ,.dit un Philofophe
dans un fort bon ouvrage, que cha-
cun afpire à Tefprit & s'en croie
avoir beaucoup y aujourd'hui qu'on
mer tout es ufage pour être i peu
de Frais fpiriruel 6^ brillant, cen'eft
plus pour s'inftruire , ceft pour cri-
tiquer & pour ridicutifer qu'on lir».
Or il n'eft point de livre qui puiffd
tenir contre cette amère difpofition
des le(fteurs. La plupart d'entr'eux ,,
occupés à la reçue rche des défauts
dun ouvrage » font comme ces ani-
maux immondes qu'on rencontre
quelquefois dans les villes Se qui ne
' s y promènent que pour en chercher
les égouts# lgnoreroit-,on encore
qu'il ne faut pas moins de lurpières*
pour appercevoir les beautés que les
défauts d'un ouvrage? Il faut aller
» la chafTe des idées quand on lit ,
dit un anglois , & faire grand cas
d'un livre dont on en rapporte un
certam nombre: le favam fair lire
pour s éclairer «ncoie , & s enquicrt
lans faryre Se fans malignité.
4<»4
LEC
On appelle^ /rm au lecUur.^ un
ttrerriiïêment coure qn on place au
éommengemenc . d*un livre. Ec Ton
die proverbîalemenc & figurémeiir ,
Mvis au lc3eur,c*efiun avis au ieêlcury
lorfque fous des cermei génécaiïz
auelqu'un a dit des chofes dans le
(teflèin qu^on autre s'en fit Tapplica-
tion. Ce que vous venei^d* entendre eft
un avis au lecteur.
La même cfaofe fe dit auifî de
quelque accident fâcheux arrivé à
une perfonne & qui doit la flire
penfer à en éviter un pareil doat
elle eft menacée. V agitation defon
pouls annonce une fièvre prochaine ,
c'e/f un avis au lecteur.
Lectiur^ fe dit dans l'Eglife d'un
Clerç.revèta d'un des quatre Ordres
qu'on appelle les quatre mineurs.
Les ledeurs etoient ancienne-
ment les plus jeunes à^s enfans qui
entroient dans le Clergé. Ils fer-
voient de fécretaires aux Évèques Se
aux Prêtres , & s'inftruifoient en
écrivant ou en lifant fous eux. On
formoic aînfi ceux qui étoient plus
propres i Tétude & qui pouvoieot
devenir prêtres. Il 7 en avoir toute-
fois qui demeuroient leâeurs toute
leur vie. La fonâion des leAeurs a
toujours été nécedaire dans l'Eglife,
• puifqa'on a toujours lu les écritures
de l'ancien & du nouveau teftament »
foit i la melTe j foit aux autres offi-
ces y principalemeat de la nuit. On
lifoir aufQ des lettres des autres
Évèques j des aâes des Martyrs ,
enfuite des homélies des Pères ,
comme on le pratique encore. Les
leâeurs étoient chargés de la garde
des livres iacrés, ce qui les expofoit
fort pendant les perfécutions. La
formule de leur ordination marque
qu'ils doivent lire pour celui qui
Iirêche & chanter les leçons y bénir
e pain & les fruits nouveaux. L'É-
LEC
. vêque les exhorte à lire fidèleme&t
6c k pratiquer ce qu'ils lifent > & les
mec au rang de ceux qui adneiinif-
trent la parole de Dieu. La fonâion
de chanter les leçons qui étoic autre-
fois affèdée aux teneurs , fe hk au-
jourd'hui indifféremment. par rou-
tes fortes de clercs ^ mêoie par des
Prêtres.
Il paroît par le Concile de ChaU
cédoine » qu'il 7 avoir dans quel-
ques Eglifes un Archi-leHeur ^ com^
me il 7 a eu un Ârchi-Acolfte y un
A rchi-Diacre 9 un Archi-Prêtre y &c.
Le feptièm^ Concile général per-
met aux Abbés qui font Prcttes 6c
Sui'ont été bénis par l'Évêque»
'impofer les mains a quelques-uns
de leurs Religieux pour les faire lec-
teurs.
Lecteur » fe dit dans les Maifons
Religieufes y de celui qui eft en fe-
maine pour lire au réfeâoire.
Lecteur > eft aufli chez le Roi an titre
de charge dont la fonâion eft de
lire devant le Roi. Acheter une char*
ge de IcSeur du Roi.
Lecteurs y fe <Ut encore chez queU
2ues Religieux , des Régens t des
>oâ;ears qui enfeî^enc la Pfailo^
fophie y la Théologie. // étoit Uc*
heur en Théologie.
On appelle UUeurs royaux ^ les
Profedeurs du Collège Royal.
LECTICAIRE ; fubftantif mafculin
& terme de Liturgie. LeHàcariusm
On appeloit ainiî dans l'Eglife Grec*
que aes Clercs donc les fonéibions
confiftoienc à porter les corps morts
fur une efpèce de brancard qo*on
nommoit lecfica , & à les enterrer.
• Chez les anciens Romains » il y
avoit aufli des le3icaires » c*eft-a'
dire y des porteurs de litières » qui
étoienr i peu p(ès ce me font chez
nous les porteurs de cnaifes.
LECTIONNAIRE; fubftantif mafca-
LEC
fin , & t^rme de Liturgie. Livre
d*Eglife qui renferme les leçons
qu on lie i l'Office. Le plus ancien
légionnaire a été compoie par Saint
Jérôme.
J-ECTISTERNEj fubftamiFmafculin,
•& terme d'Ânriquicé. Lcclificraium.
Cérémonie religieufe qui fe prati-
3uoic chez les anciens romains dans
es temps de calamités publiques
pour implorer le fecours des Dieux.
On puloic alors les ftatues des
Dieux fur des lits autour des ta-
bles dredees dans leurs temples; &
on leur fervoit cnfuice pendant huit
|ours aux dépens de la République ,
des repas magnifiques , comme
«'ils euffent été en état d'en pro-
fiter. Les citoyens , chacun félon
{ts facultés y tenoienr table ouverte.
Us y invkoient indifféremment amis
6 ennemis » les étrangers fur^touc
7 étoient admis^ On mettoit en li-
berté les prîfonmers , & on fe fe-
tsÀi fait un fcrupule de les faire .
arrêter de nouveau après que la fète
<étoit finie.
Le foin & Tordonnance de cette
fête furent confiés aux Décemvirs
Sibylliensjufqu'à l'an 558 de Rome
qu'on créa les Èpulons , â qui Ion
attribua Tinteadance de tous les fef-
tins facrés.
LECTOURE , ou Laictoure \ yillc
Sifcopale de France en Gafcogne,
ipiule de la Lomagne , près du
Gers , à huit lieues nord d'Âufch ,
& a 145 , fud-fud*oueft de Paris y
fous le I S* degré 1 6 min. 5 ; fe^
condes de longitude , & le 43* 1
minutes > 5 6 fécondes de latitude-
Ceft leChef.lieu d'un Préfidial,
<i'uneSénéchau(Iee » d'une Eleâlon,
&c. On y compte environ quaire
mille âmes.
UECTRlCEi fubftantif féminin. Ceft
<Ians une Communauté Religieufe |
Terne Xr.
LEC 4^5
de filles, celle qui lit à fou tour
dans le réfcvloire.
LEGTRIN j vieux mot qui fignifioit
autrefois pupitre.
LECTROlSj vieux mot qui s'cft dît
autrefois du lieu où les Religieux
d'une Communauté s'aflembloienc
pour faire la lefture.
LECTUREi fubftantif féminin.I^a/o.
Aâion de lire. Faites la USurc du
traité. On fit la lc3urc dsfonpocmt
après le fouper^ /
Lecture , (ignifie au£ étude. La Ice^
ture eftnécejjaire pour former refprié
& le Jugement* C'efi un homme fans
lecture. Cette femme k beaucoup de
Itcluren
Lecturb & publication de contrats
d*acquifitions d* immeubles y fe dit
d'une formalité prefcrite par U
Coutume de Normandie , pour
affurer la propriété incommutabte
k un acquéreur.
L'article 455 de cette coutume,
. porte que la ledbure doit être faite
publiquement & à haute & inteU
ligible voix,un jour de dimanche, à
PilTue de lamelTeparoiinale du lieu
de la fituation des biens, en pré«
fence de quatre témoins qui figne-
ront l'aâe fur le dos du contrat;
& fuivant Tarticle 45; , l6 retrait
peut avoir lieu pendant trente ans^
s'il n'y a pas eu de teâure.
L'édit du mois d'Avril 1^94»
attribue aux Notaires gnrde-notes,
créés dans la pi'ovince de Norman*
die , par les édits 6ts mois de JuiU
let i(f77&itfjuin 11585 , tedroit
de faire la leâure des contrats de
vente & de tous autres contrats fur
jets i retrait, â l'exclufion des Cu-
rés , Vicaires, Sergens, Tabellions
des Hauts - Jufticiers & de tout
autres.
Par la déclaration du Roi , da
14 Septembre 17x0, fa Majefté a
Nn II
4^rf LED
validé les leftures faites jafqu'ators
5ar d'autres qae par des Notaires ,
érogeant i cet ^ard , & pour le
pade feulement , â l'édit du mois
d'Avril 1^94.
On ne peut faire la ledure &
publication des contrats , s'ils ne
font préalablemrent infînués : le
temps du retrait ne pouvant courir
3u'après Tinlinuation , fuîvant Té-
it de 1703 , il eft certain que cette
iofinuation eft de réflènce du con-
trat : c'en eft la principale forma-
lité 'y aind la leâure doit être faite ,
tant du contrat que de Tinfinua-
tion.
LECUM j ancienne ville de la Pa-
leftine , dans la tribu de Nephtali.
LECYTHE; fubftantif mafculin , &
terme d antiquité* Ce toit le nom
d'un vafe fait en forme d'une groQè
bouteille.
LÉDA 5 nom de la femme de Tyn-
dare^ Roi de Sparte, qui de fes
amours avec Jupiter ^ changé en
c^gne , eût Pollux & Hélène. Elle
eût auffi de fon mari Caftor & Çly-
temneftre. Ses enfans furent nom-
més Tyndarides par les Poëres.
LEDE , ou Ledum j fubftantif maf-
culin, Arbrifteau qui eft une efpèce
de cifte , fur les feuilles duquel on
recueille le labdanum. Foyqi^ Ciste
& Labdanum*
LÉDENGERj vieux mot qui fignî-
fioit autrefois injurier.
LEDERGUES j petite ville de Fran-
te dans le Rouergue > à huit lieues
fud de Rhodes.
LEDESMA i viUe forte d'Efpagne ,
au Royaume de Léon , fur la ri-
vière de Tormes , à huit lieues ,
fud-oueft, de Salamanque.
LÊDOIRE 'y vieux mot qui flgnifioit
autrefois injure.
LÊEDS ; ville d'Angleterre dans la
province d*Oxk> fur la rivière d'Are
LE6
i quarante- fil lieues « nord-oueft^
de Londres.
LÉERDAM : petite ville des Pays-
Bas , dans la Hollande , fur la Lin-
ge , à deux lieues de Gorkum.
LÉGAL,ALEîadjeaif.Qui concerne
la loi 9 qui eft félon la loi. En ce
fens , il fe dit particulièrement de
la loi de Dieu donnée par Moyfè«.
Les cérémonies légales. Les viandes
légales^ Impuretés légales^
On appelle peine légale , une
peine fixée par la Ici. Il y a des
peines légales & d'autres qui font
arbitraires., ^
A Lacédémone , on appeloit co^^
lonnes légales , deS colonnes élevées
dans les places publiques, & fur
lefquelles étoient gravées les loix
fondamentales de l'Etat.
LÉGALEMENT ; adverbe d'une ma-;
nière légale. Procéder légalement.
Les deux premières fyllabes font
brèves , la rroifième très-brève , flc
la quatrième moyenne.
LÉGALISATION j fubftantif fémi-
nin. Tejiimonium autoritate pubticâ
firmatum. Certification de la vérité
d'un aâre par autorité public^ue.
Comme il n*y a aucune loi aui
ait établi la formalité des légali-
fations j on ne fait pas précifémenc
quand cet ufage s eft introduit;
mais on a au tréfor des Chartres ,
une copie des ftanits des Tailleurs
de Montpellier, délivrée par deux
Nouires Royaux de la même viHe y
au bas de laquelle font deux léga-^
lifationsy datées de Tannée 152J ;
la première donnée par le Juge
Royal de Montpellier ; la féconde
par rOfficial de Maguelonne.
L^efFet de la légalifation eft ,
comme Tenfeigne m définition de
cette formalité , d'étendre l'autheo-
ticité d*un a6kë , d'un lieu i l'autre;
eile tient lien d'une enquête 1 que
LE G
r<m feroîc pour conft^er la qualité
& la (ignature du Notaire» Gref-
£er ou autre Officier public qui a
feçu Ta&e» parceque le cataàère
public de ces fortes d'Officiers,
n*eft cenfé connu que dans Tendroit
où ils ont leur réfidence.
On pratique dans le royaume
diverfes légalifations » & il y a pin-
ceurs fortes d'Officiers publics^ qui
•ont le pouvoir de légahfer. A Pâ-
tis , c'eft M. le Lieutenant Civil
qui légalité les adbes patTés devant
les Notaires au Châtelet , les ex-
iiraits de baptême , mariage , fé-
# pulture y Àc, Et c eft une erreur
de croire que ces aâres doivent être
légalifés par le Prévôt des Mar*
ciiands : mais cette erreur eft ttàs-
commune dans les pays étrangers j
fur-tout en Hollande & autres pays
cà les Juftices Municipales font,
ce que nous appelons en France ,
les Juridiâions ordinaires ^ & dans
ces pays , on n'ajoute foi . qu'aux
légalifations du Prévôt des Mar-
chands.
Les Officiers qui ont caraâère
pour légalifer , ne doivent faire
aucune Tégalifation , qu'ils ne con-
noiflènt la qualité de rOfficier qui
a reçu l'aâe , la (ignature & le fceau
qu'il avoir coutume d'appofer aux
aâes qui fe paflbxent pardevant lui :
s'ils n'en ont pas une connoiffance
{lerfonnelle j ils peuvent légalifer
'ade fuivanc ce qu'ils tiennent par
tradition, ou à la relation d'au-
irni , pourvu qu'ils s'informent des
fairs qu'il s'agit d'attefter , à des
témoins dignes de foi«
Delà il fuit naturellement que
l'on peut légalifer j non-feulement
les aàes expédiés par des Officiers
qui font encore vivans j mais aufli
ceux qui ont été expédiés ancien- 1
■ement par des Officiers qui font |
LE G 467
morts au temps de la U^aVfation ,
pourvu que la qualité , la fignature ,
& le fceau de ces Officiers foienc
connus par la tradition ou autre-
ment.
Pour connoître plus particuliè-
rement par quels Officiers cha-
(][ue efpèce d'aâes doit être lega^
b/é^ , il faut d'abord diftinguer les
aûes émanés des Officiers publics
^léfiaftiques y d'avec ceux éma-
liés des Officiers publics féculiers.
Les ades émanés d\)fficiers publics
ecciédaftioues , tels que les Gurés ,
Vicaires ^ Ueiïdrvans , les Vicc-Gé-
rens. Promoteurs /Greffiers, Notai-
res,& Procureurs apoftoliquesjAppa-»
riteurs & autres Officiers de cette
qualité » peuvent être légalifés par
les Supérieurs eccléfiaftiques de ces
Officiers » foit l'Evèque ou Arche-»
vêque 9 ou l'un de les grands Vi-
caires y ou fon officiai; Se une telle
légalifation eft valable , non-feule-
ment, à ^'%^^^ ^^^ autres Supé-
rieurs ou Officiers Eccléfiaftiques »
mais auffi i l'égard de tous Offi*
ciers féculiers royaux oU autres ^
S^arceque TEvèque 8c fes prépofés
ont compétens pour attefter à tou-
tes fortes de perfonnes l'authenti-
cité des aftes émanés des Officiers
eccléfiaftiques » que personne n&
peut mieux connoître que l'Evèque 9
fon Officiai ou fes Grands* Vicai-
res.
Il faut feulement obferver que
fi c'eft l'Official qui a fait la léga^
lifatlon , & qu'on veuille la faire
fceller pour plus grande authenti-
cité , comme cela fe pratique ordi-
' uairement , il faut la faire fceller j
ou par l'F.vèque / ou par celui qui
eft prépofé par lui pour appoier
fon fceau j car ordinairement les
X)fficiaux n'ont point de fceau , m&^.
me pour fceller leurs jugemen$b
N n n i j
46 s
LEG
On peut aufli faire légalifer des
aâ<;s émanés des Officiers èccléfiaf-
piques , par le Juge Royal du lieu
de leur réfidence y & fur-tout lorf-
qu'on veut produire ces aâes en
cour laie ,' ou devant des OfEU
ciers féculiers » royaux ou autres »
parceque le Juge Royal eft préfumé
connoitre tous les Officiers qui
exercent un miniftère dans ion
relfort ; 6c une t^sUe légalifation
eft valable» même à Tégard des
Officiers eccléfiaftiques auprès
defquels on veut faire valoir l'aéle ^
Earcequ'ils ne peuvent méconnoître
t légalifation du Juge royal dont
le fceau eft connu par-tout.
11 faut même remarquer que les
légaiifations des Evêques ou autres
•ccléfiaftiques ne ferviroient point
en cour laie , fi elles n'étoient
attedées pat les Juges laïques or-
dinaires.
Les aâes reçus par des Officiers
de juftices feigneuriales , tels que
les Greffiers , Notaires , Procu-
seurs » Huiffiers te autres Officiers
{meuvent être légalifés par le Juge
éigneurial de la juftice , en lacuelle
ces Offitiitrs font iuimatricules, &:
cette Ugalifatioti eft fuffifante pour
étendre rauthemicité de raâ:edans.
le reflTorr de la juftice- fupéiieure,,
ibit royale, ou feigneuriale ; du
moins à Tégard du Juge fupérieur,
qui doit connokre la: fignacure &
le fceau des Juges de fon refibrt \
mais s'il s'agit de faire valoir laâe
auprès d'autres Officiers c[iie le Juge
fupérieiu , en ce cas il faut une
£econde l^alifarion donnée par le
Juge fupérieur ,. qui attefte aue le
Juge inférieur qui a légatiié eft
«éellemenr Ji^e , ^ que ce. font. fa.
Signature & fbn fceau* , qui font ap-
P'v fés à la première légalifation.
SL cette leconde léi'ali£ation xxntL
dbnnic que par un Juee de Sei^.
gneur » elle ne rend l'acre authen-
tique que dans fon reffort » parce-
qu'on n'eft pas obligé ailleurs de
connoure la fignature ni le fceaa
de tous les Juges des Seigneurs;,
mais ft cette féconde légalifation eft
donnée par un Juge royal , l'aâe
devient authentique daxis tout le
royaume 9 & même dans les pays
étrangers y. parceque le fceaa royal)
eft connu par-tout.
Quanc aux adtes émanés d'Offi-
ciers publics royaux , lorfqu'on veut
les rendre authentiques hors du lieu<
de la réfidence des Officiers qui lê^
ont reçusj on les- fait légaliferùu le
Juge royal du lieu ^où ces Officier»
fcnt leur réfîdence , lequel y ap*-
pofe le fceau de la )^rifdiâion*
On peut aûffi les faire légaiifer
par les Officiers municipaux des
villes où ces Officiers royaux fonr
leur réfidence , auquel cas ces Of-
ficiers municipaux apcofent le fceaoi
de lat ville , & non le fceau royah
Ces fortes de légaiifations (ont les»
plus authentiques» fur-tout pour
taire valoir un adte en pays éttaii*
ger , parceque les fceaux de vîUes;
ne changeant point » (ont plus con<^
DusqueTe fteau particulier de cha-
que jiiriciiâîon ,. & que d ailleurs>
le fceau de la ville efk en quelque,
forte plus général fit plus étendu
que celui de la juridiâiotr^ puifque-
la- juridiâion efbdans la ville , &
même qu'il y a foùvent plufieurs ju«^
ridiâions royales, dans ime même,
ville.
Les aâes émanés d'Officiers ptK
Blicsdes finances , comme hs cer«-
tificats >. quittances » procès-ver-
baux des commis, receveurs, di*-
feâeurs & prépofés dans- les' bu-
reaux du Roi, doivent être légahfés
par les Officiers fupériears dci
LEG
tnzncts 9 tels que lies receveoh gé«
Bérauz^tréforiecs généraux , payeurs
des rences, & autres femblaDles of«
ficiers^felon la nature des ades qu'il
s*agic de rendre authentiques hors
du lieu de la réildence des officiers
qui les ont reçus»
Les aâes émanés des officiers
snilicâires^ comme les quittances,
congés &c» donnés par lesCapirai-
nes^ Lieutenans , Majors , doivent
pour faire foi , être légalifés par les
Officiers généraux leurs fupéiieurs,
& enfuice on fait légalifer par le
Miniftre de la guerre la légalifa^
cion donnée par ces Officiers fupc-
sieurs.
11 en eft de même pour ce qiû
concerne la marine » le commerce j
les Uni verfités » ôc toutes les autres
affaires civiles : ce font les Officiers
ilipérieurs qui légahfent les afles
émanés des officiers rubalternes.
Lorfqu'on veut faire cpnnoitre
Tauthenticitéd^un ade dans les pays
étrangers , outre les légalifations
ordinaires que Ton y appofe pour le
cendre autlientique par tout le
royaume ^ on le fait encore léealifer
pour plus grande sùreré parT'Am-
ftalTadeur » Envoyé > Conful y réfi-
dent , agent , ou autres miniftres de
l'État dans> lequel on veut faire va-
loir lade.
L'ordonnance de la marine , titre
des Confuls y article i y , porte que
tous aAes expédiés dans les pays
étrangers où il y aura, des Confuls ,
ae feront aucune foi en France Vils
ne font par eux légalifés.
Lorfquon produit en Erance des
aâes reçus en pays étrangers par
des officiers publics , & légalifés
dans le pays par TAmbafladeur ou
autre Miniftre de France , on lé-
galife au bureau des affaires étran-
gères la. légalifation donnée par
i
LEG 4^9^
rÂmbafladeur , Envoyé ou autre
erfonne ayant çaraâère pu-*
lie. Le Miniftre du Roi qui a le
département des affaires étrangères,
attt'fle que. celui qui a légalité Taâe .
en pays étranger a réellement le ca«
raâcre mentionné en la légalifa»
tion \ que c*efl fa fignature & le
fceau dont il a coutume d*ufer. '
Quand on veur faire valoir un
aâ:e reçu dans certains pays étran-
gers où le Roi n^a point de miniflre,
on peut le faire legalifer par quel-
que François qui sy rencontre for^
tuitement y pourvu que ce foit une
perfonne attachée à la France par
quelque dignité connue » auquel
cas cette perfonne à défaut du Mi-
niflre de France, a caractère repré^
fentatif pour léealifer.
Vouant aux. adces qu il convie nr
de legalifer ^ on doit obfetver en
général qu'à la rigueur tous ceux
qui font émanés d'un Officier pu*-
dUc, tel qu'un Notaire > Commif-
faire , Huiffier , &c. quand on les
produit hors* du lieu où l'officier
Î|ui les a reçus fait fes fondions, ne
ont point authentiques > s'ils ne
ibnt légalifés.
On exi^e furrout que les procu-^
rations foient légalifees loifqu'on
s'en ferr hors du lieu de l'exercice
des Notaires qui les onr reçues ;;
cette formalité efl expreffément or-
donnée par tous les édits & décla-^
rations rendus au fujet des rentes
viagères , qui portent que les pro-^
curations paffées en province par
les Notaires , feront légalifees par
le Juge royal du lieu de leur ré-
iidence , & ce font là les (eules^
lois qui parlent des légalifations.
A regard des jugemenson ne 1er
légalife point \ 6c quand il s'agit de
les mettre à exécution dans le
roy^aume ^ hors du reiTort de la^
470 LE G
juridiâiion d*où ils font émanés , le
Juge qui les a rendus délivre une
commiffion rogatoire adrelTée au
Juge du lieu ou Fon veut faire Te*
xécucion , lequel délivre de fa parc
un pareatis ou commiflion ezécu*
coire en vertu de laquelle on mec le
jugement à exécution.
LÉGALISÉ , ÉE \ participe paflîf.
yoycç^ Légaliser.
LÉGALISER î verbe aftif de la pre-
mière conjugaifon ^ lequel fe 6on<*
jugue comme Chanter. Ajouter i
un afte authentique les certificats
néceffaires, afin qu'irpuiffe faire
foi hors du reflbrt de la juridic-
tion oà il a été palTé. Légaliser une
procuration. Voye* Légalisation.
LEGAT^ fubftantif mafculin. Lcgatus.
Cardinal , ou autre Prélat qui fait
les fondions de Vicaire du Pape »
& qui exerce fa juridiAiôn dans
les keux où le Pape ne peut fe trou-
ver.
On appelle Légat à latere^ un
Gardinaienvoyéextraordinairement
par le Pape à quelqu'un des Princes
Chrétiens. Ces fortes de Légats
tiennent le premier rang entre ceux
qui font honorés de la Légation du
Saint Siège. Et Ton appelle Légats
nés j des Prélats aux Sièges defquels
eft attachée la qualité de Légats du
Saint Siège. Tels font les Archevê-
ques d'Arles & de Reims.
Depuis le Concile de Mayence ,
tenu lous Pépin le Bref » l'autorité
des Papes s'accrut de manière que
fous Grégoire VII & fous fes Suc-
ceiTeurs, l'ufage s'introduifi t de faire
prêter ferment de fidélité au Pape
par les Ev&ques.
Les entreprifes des Papes allèrent
jufqu'à fufpendre, mèm^ jufqu'â
cafler les Conciles provinciaux , &
jufqu'â foumettre toute TEglife i
Uurjuridiâion immédiate. Comme
LEG
ils ne pouvoient pas être par-tdur ,^
ils s'artribuoient le pouvoir de délé-
guer leur autorité. Ils n'envoyèrent
cependant d'abord des Légats » qae
lorfqu'ils en étoient requis \ mais ils
ne tardèrent point à déléguer d'of-
fice y ic bientôt ils remplirent toate
l'Europe de leurs Légats , oui s'at-
tachèrent principalement k détniire
la juridiâion ordinaire , en intro-
duifant la maxime , que le Pape cjl
Evcque univerfeL
Ces Légats précédoient les £vê-
ques Se même les Métropolirains.
Ils dépofoient arbitrairement les uns
& les autres ; ils aflfembloient dec
Conciles : & fi les avis étoient op-
pofés , ils prétendoient aue leur voix
devoir former la déciuon. Mais le
Elus communément ils renvoyoient
t conteftation au Pape pour la jn«
ger.
Alexandre II ordonna aux Evo-
ques de fournir la fubfiftance aux
Légars que la Cour de Rome en-
verroit; Se Grégoire VII fit ajouter
au fermenr d'obéitlànce qu'il exi-
geoit des Prélats , qu'ils s oblîge-
roient de traiter honorablement les
Légats à leur pafTage & i leur re-
tour.
Comme ces emplois étoient fort
lucratifs > ils étoient recherchés avec
beaucoup d'empreffement. Les Pa-
pes les donnoient à leurs créatures ;
ce ne fut plus qu'allées & venues ,
dit Boulainvilliers , ^ dès cjue l'un
9> avoir rempli fa bourfe » il en ve-
M noir un autre : enforte que le
>» Clergé furchargé, obtint enfin
n que 1 on n'en enverroit plus que
»> dans les occafions néceflatres. •
Quelque refpeâ que Saint Bernard
eût pour tout ce qui avoit quelque
rapport avec le Saine Siège , il ne
pi|t s'empêcher , non plus que les
autres Auteurs de fon temps, de fe
L£G
récrier contre les exaûion» (k les
ancres excès des Légats*
Nos libertés fe fontauffi élevits
contre ces abus de l'autorité des Pa-
pes:elles portent qu'ils ne peuvent
envoyer de légat en France que quand
le Roi en demande ^ ou lorfque Sa
Majefté y donne un confentement
exprès : ceux qui y viennent doi-
vent promettre par écrit de ne fe
ferv^r de leurs facultés ^ que fous le
bon plaifir du Roi» tant qu'il plaira
à Sa Majefté , & conformément aux
ufages de TEglife Gallicane.
Les Bulles des Légats qui vien-
nent en France avec le confente-
ment du Roi > doivent être exami-
nées au Parlement , qui par l'Arrêt
d'enreeiftrement » y appofe les mo-
difications dont elles font fufcep-
tibles.
Celles appofées par l'Arrêt d'en-
regiftremenc des Btûles du Cardinal
de Flofence, en 1^96 j portent fans
approbation du Concile de Trente^
mentionne' efdites Bulles*
Celles du Cardinal Barberin pe
furent enregiftrées en i(^i)i que
/ans approbation du Concile de Trente^
& à la charge que le Nonce du Pape
feroic tenu fournir i Sa Majetté dans
iix femaines , un Bref de $a Sainteté ,
portant que romiflion faite auxdites
jBulles de la qualité de Roi de Na-
y aire ^ a été par inadvertance ; & juf"
quà ce que ledit Bref ait été apporté^
Ufdites Bulles & Facultés feront re-
tenues 9^& ne fera VArrit de virifica"
lion d'icelles délivré»
Comme les Papes ont toujours
fbuffert iropariemmeiu les modifi-
cations , on ne les met point fur le
repli des Bulles , on y marque feu-
lement qu'elles ont été vérinées, 8c
l'on fait favoir au Légat par uri aâe
particulier les modifications portées
par l'Arrêt d'enregiftrement.
LEG ^ 471
La Bulle des Facultés du Légat
doit être enregiftrée dans tous les
Parlemens fur lefouels doit s'étendre
fa Légation. Si la Bulle ne faifbit
mention que de la France ^ la léga-'
lifation ne s'étendroit pas fur les
Archevêchés de Lyon, de Vienne
&deBefançon, parceque ces Pro-
vinces étoient autrefois du Royaume
de Bourgogne , fuivant le ftyle or--
dinaire de Rome, qui ne change
guère. Le Légat n'exerce fa juridic-
tion dans ces Provinces, que quand
la Bulle porte in Franciam & ad^
^jacentes Provincias*
Le Légat > en (îgne de fa juridic-
tion , fait porter devant lui la Crqix
levée y en Italie » il la fait porter dès
qu'il eft forti de la ville ne Rome ;
mais lorfqu'il arrive en France» il
eft obligé de la quitter , & ne la peut
reprendre qu'après la vérification de
fes Bulles ,. & la promeflfe faite au
Roi de fe conformer aux ufages de
France. Louis XI fit ajouter aux nio-
diScations des pouvoirs du Cardinal
de Saint- Pierre aux-LienS) qu'il ne^
pourroit faire porter fa Croix haute
en préfence du Koi.
Il eft d'ufage en France, lorfque
le Légat entre dans ^quelque Ville
de fa Légation , de lui faire une en-'
trée folennelle. Lorfque le Cardinal
d'Amboife entra à Paris comme
Légat y le Corps de Ville & les Dé-^
pûtes des Cours Souveraines allèrenc
au-devant de lui; on lui donna le
Dais^ la porte, comme on fit depuis
en, 1664. au Cardinal Chigi , neveu
d'Alexandre VU.
Les prétentions des Légats vofft
jufqu'à foutenir que le Roi doit les
vifiter avant qu'ils faffent leur en-
trée dans Paris. Cette prétention ne
paroît appuyée qc^e fur ce que Henri
IV alla a Chartres au-devant du
Cardinal de Mcdicis ^ mais tout le
47t LEG
monde fait qne le Roi fît te voyage
far des chevaux de pode , fans erre
accompagné » & qu'il s*y trouva /«-
cognitb ; ce qu'il n*auroit pas fait fi
c*eac été an devoir de bienféance.
Ce Prince ne rendit point de pareille
Titice au Cardinal Âidobrandin , ne-
veu de Clémgnt Vlll, ni fes Suc-
ceiïeurs aux autres Légats*
Henri IV envoya le Prince de
' Condé , encore enfant , au-devant
du Cardinal de Médicis ; ce qui
pouvoir pafler pour une aâion fans
conféquence , & pour ane fimple
curiofué d'enfant , que Ton veut
faire paroître dans une a£bion d'é-
clat ; cependant la Cour de Rome ,
qui tire avantage de tout , a pris de
là occa(ion d'exiger le même hon-
neur pour les autres Légats.
En effet y depuis ce temps , il n'y
a eu aucune entrée de Légat qui n'ait
été honorée de la préfence de quel-
que Prince du Sang. Louis Xlll en-
voya le Duc d'Orléans fon frère au-
devant du Cardinal BaiberiA ; le
Prince de Condé & le Duc d'An-
guien fon fils furent envoyés au-
devant du Cardinal de CUigi, qui
eft le dernier Légat que Ion ait vu
en France.
Cette Légation fut faite en exé-
cution du Traité conclu à Pife le i z
Janvier i66^\ la miflion du Lfgae
étoît de faire au Roi des excufes de
Tinfulto qui avoit été faite par les
Corfes à M. de Créqui, fon Am-
balfadeuf à Rome.
Les Archevêques , les Primats ,
^ & même ceux qui ont le titre de
Légats nés du Saint Siège ^ ne portent
point la Croix haute en préfence du
Légat à laterc; ce qu'ils obfervent
ainfi par refpeét pour celai qui re-
préfente la perfonne dû Pape.
Les Légats prétendent que les
£vcques ne doivent point porter
LÉG
devant eux le Cimail & le Rbcher;
cependant les Evèqjes qni accom*
pl^noient le Cardinal Chigi à fon
entrée portoient tous le Rochet, le
Camail & le Chapeau verd , que i'on
regarde en Italie comme des orne*
mens Epifcopaux.
Lorfqu'une affaire qui étoit de la
compétence du Légat , eft portée au
Pape , foit que le Légat- Fait lui-
même envoyée, ou que les Parties
fe foient adretfées direâement au
Saint Sié^e , le Légat ne peur plus
en connoicre , à peine de nullité.
Le pouvoir général que le Pape
donne à (ts Légats dans un pays »
n'empêche pas qu'il ne puifTeenfuite
adreuer à quelqu'autre perfonne une
commiflion particulière pour unc^
certaine affaire.
Le Légat à laterc peut conférer les
bénéfices vacans par une démiili.m
pure & fimple faire entre fes mains
lur une permutation, &%eux qui
vaquent par dévolution ^ par la né-*
gligence d'un Collareur qui relève
immédiatement du Saint Siège.
Ceux qui demandent au Légat
des Provihons de quelque Bénéfice ,
font obligés d'énoncer dans leur
Supplique cous les Bénéfices <lont
ils font Titulaires', à peine de nul-
lité des Provifions, de même que
dans les fignarures obtenues en Cour
de Rome.
Le Légat doit, aufli bien que le
Pape , conférer les Bénéfices à ceux
qui les requièrent du jour quils
ont obtenu une date : en cas ce
refus de la part du Légat , le Parle-
ment permet de prendre pofleifion
civile , même d'obtenir des Provi-
fionsde l'Evcque Diocéfain , qui ont
la même date que la réquiiition faite
au Légat.
Les Expéditionnaires en Cour de
Rome ont aulE feuls dreic de folli*
citer
LEG
citer les Btpédicions des Légations*
Il faut que les'Daraires^.Régiftra-
teurs & autres Ezpéditiontiaires de
la Légation , foient nés firançois ou
naruralifés.
La facalté de conférer les Béné-
fices par prévention dépouillant les
Collateurs ordinafres » & n*étant
accordée qu*au Pape par le Concor-
dat, on a rarement confenti en
France que les. Légats ttfaflent de ce 1
droit } êc quand les Papes le leur
ont accorde , les Par teoiens ont or-
dijulretnent modifié cet article ^
ou même l'ont abfolument retran*
ché.
Les réfîçnations en faveur n^étant
guère moins contraires au Droit
canonique que la prévention , on ne
foufFre pas non plus ordinairement
en France que les Légats les admet-r
cent.
Les réferves générales & parti-*
culières des Bénéfices ne font point
permifes au Légat à lacère non plus
qu'au Pape î il ne peut d'ailleury
rien faire au préjudice du droit de
Régale , de patronage Laïque » de
l'induit du Parlement, 8c des autres
Expeélatives qui font reçues dans le
Royaume.
Le légat à latere ne peut dépurer
Vicaires ou Subdélégués pour Texec-
cice de fa Légation , fans le cbnfen-
tement exprés du Roi. Il cft tenu
d'exercer lui- même fon pouvoir tant
qu'il dure.
11 ne peut cependant, non plus
3ue le Pape , connoitre par lui-même
es affaires conrentieufes; mais il
peut nommer des Juges délégués in
parti' us y pour décider les appella-
tions des Sentences rendues par les
Supérieurs Eccléfuftiques qui re-
lèvent immédiatement du Saint
Siège. Ces Juges délégués ne doi-
vent point roonoître en première
Tome XK t
fnirance des affaires dont le jugement
Appartient aux Ordinaires, ni de»
appellations , avant oue l'on ait
épuifé tous les degrés de la juridic-
rion Eccléfîaftique > qui font au-
de(Tons de celle du Pape.
Les Légats ne peuvent pas chan-
ger Tordre de la |urididtion ordi-
naire » ni adrefler la commiflfion pour
donner le vifâ i d'autres qu'à TE-
vèque Diocéfain ou à fon Grand
Vicaire , ni commettre la fulmina-
tion des Bulles , à d'autres qu a
rOfficial qui en doit connoitre.
Les Règiemensfaits par un Légat
pendant le temps de la Légation»
doivent continuer d'être exécutés.
mèmeaprèsTa Légation finie , pour*
vu qu'ils aient été revécus de Let-
tres-Patentes véi;ifiées par les Parle*
• mens.
Dès qu'un Légat n*eft plus dans
. le Royaume, il ne peut plus con«
férer les Bénéfices , ni faire aucun
autre aâe de juridiébion , quand
même le temps de fa Légation ne
feroit pas encore expiré.
La Légation finit par la mort da
Légat» ou avec le temps fixé pour
l'exercice de fa Légation par les Let-
tres-Patentes & Artèt 4 enregiftre-
mentj ou quand le Roi lui a fait
fignifiei fa révocation , au cas que
ces I^^reî Patentes Se Arrêt d'en-
regiftremenc n'eufTent 'pas fité le
temps de la Légation. Les Bulles du
Lçgat portent ordinairement que la
légation durera tanr qu'il plaira au
Pape; m^s ces* Léjgatîèùs indé-
finies ne font point àdmifes ka
Fiancé.
Lorfque le Lcgar fort du Rojau-*
me , il aoit y lailfer les Reeiftrês de
fà Légation , & en remettreles fceattx
à^ une perfoope nommée par leUoi ,
qui en expédie lés Aâes à ceux qui
en ont béloin* Les deniers provenans
Ooo
4T4 LEG
de ces Expéditions foDc employés i
des œuvres de pièce , fuivanc qu'il
eft ré^lé pat le Roi* Si le Légat ne
laiiToit pas fon fceau, le Parlement
comniertroit une perfonne pour
fceller les Expéditions d'un iceau
deftiné i cet ufage.
LÉGATAIRE i luMantif des deux
genres, legatarius. Celui ou celle à
qui on fait un legs. Dans plufuurs
Coutumes y comme à Paris ^ on ne
peut être héritier ou légataire tout en^
femble. En Pays coutumier^ les léga^
taires univerfels tiennent . lieu d'hé^
ritiers. Légataire particulier. Voyez
Li;gs.
Les deux premières fyllabes font
brèves , la troinème longue » & la
quatrième très* brève.
LÉGATION; fubftantif féminin. Le^
. gati munûs. La charge » l'office » l'em-
ploi du Légat. Le Pape lui a donné
la Légation de Ferrure.
Légation , fe dit anflî de l'étendue
du gouvernement d'un Légat dans
l'état eccléfiaftique. Cet ufage a lieu
dans touu la Légation de Boulogne.
LioATioN» fe dit encore du temps
Îue durent les fondions d'un Légat.
^endant la Légation du Cardinal
Chigi.
Ob appelle Légations extraorii"
naires , celles des Légats que le Pape
envoie pour traiter queWie affaire
particulière, f^oyei Légat.
La première iyllabe eft brève, la
feconae longue » & les antres brèves
au (ingulier ; mais lar dernière eft
longue au pluriel.
lÉGATOlREj adjcûif, qui n'a d'u-
fage qu'en parlant du gouvernement
des anciens Romains : Augufte di-
vifa les Provinces de TEmpire en
confulaires» légatoires & préfi-
diales»
Les Provinces légatoires étoient
celles dont l'Empereur lui -même
LEG
étoit Gouverneur , mus fans y r^
(ider , y adminiftrant les affaires par
fes Lieucenans ou Legati.
LEGÉ y bourg de France dans TEvèché
de Luçon, chef-liêu des marches
communes dePoitou& deBretagne,
i fept lieues , fud ^ de Nantes , ôc i
onze lieues ,^ord , de Luçon.
LÈGE} adjeâif des deux genres, &
terme de Marine. Il fe dit d on
vaiffeau qui revient fans charge, à
vide, ou qui n'a pas aflez de lefl.
Ce navire a fait un retour lége.
LÉGENDAIRE; fubftantif mafculin.
AuUor hijlorit fanUorum. Auteur
qui a écrit une légende. Métaphrafte
eft le premier légendaire que l*on con^
noijjfè. On reproche à la plupart des
légendaires d'avoir été peu exa3s&
trop crédules.
LÉGENDE 'y fubftantif féminin. Le-
genda. On appelle ainfi un Livre qui
contient les Vies des Saints.
Le favant Cardinal Valerio , qui
florifloit dans le feizième fiècle ,
nous apprend dans fon Ouvrage de
Rhetoricâ Chriftianâ , qu'une des
eau fes d'un grand nombre de faaflTea
légendes de Maints & de Martyrs ré-
pandus dans le monde , a été U
coutume qui s'obfetvoit autrefois
en plufieurs Monaftères , d'exercer
les Religieux par des amplifications
latines qu'on leur propofoit fur le
martyre de quelques Saints \ ce qui
leur laiffant la liberré de faire agir
& parler les Tyrans & les Saints
perfécutés^ dans le çoûc & de la
manière qui leur paroiiToit vraifem-
blable i leur donnôit lieu en même
temps de compofer fur ces fortes
de lujers des efpèces d'hiftoires,
toutes remplies d'oroemens & d'in-
ventions.
Quoique ces fortes de pièces ne
méritaffent pas d'être fort confidé-
réel 9 celles qui paroiflbient les plips
tEG
ingénîcufcs & les mieux faîtes , fit-
renr mifes i part. Il eft arrivé de-U
5 [U après un long-temps, elles fe
ont trouvées avec les^ manufcrits
<le$ bibliothèques des lilonaftères 'y
Se comme il étoit difficile de diftin-
guer ces fortes de jeux , des manuf-
crits précieux , & des véritables hif-
toires confervées dans les Monaf-
cères, on les a regardés comme des
{âèces authentiques , dignes de la
eâure des fidèles.
LÉGENDE , fc dit auffi par dénigrement ,
d'une lifte s d une longue fuite de
chofes , & Signifie ordinairement
une lifte ennuyeufe. Il, a cite une
grande légende de lois & E'arrcts.
licEMOB , fe dit encore de l'infcrip-
•ion gravée autour d'une pièce de
inonnoie , d'une médaillç. La légende
étune médaiUe fert à expliquer les
figures gravées dans k champ. Les
- €cus ont pour légende , siT îUOMMtJ
DCMINJ BENMDICTUM.
La première fyllabe eft brève ,
la féconde longue, ôc la troifième
très-brève.
On prononce léjande.
LÉGER , ÈRE ; adjedif. Levis. Qui
ne pcfe guère. Un corps léger. V ar-
gent efi plus léger que l*or. Ces af-
Jiètes font bien légires. Voyez Lâcâ-
On dit qu'tt/i cheval efi léger à la
main; pour dire » qu'il a la Douche
1>onne , & qu'il ne s'appuie pas fur
le mors. Et qu*/7 eft de taille léglre ;
pour dire , qu'il eft de taille déchar-
, %^^ % quoiqu'il foit d'ailleurs lourd
ic pefant.
On dit auffi, qu*a« cavalier a U
main légère; pour dire qu'il fe fert
bien des aides de la mam. Une des
principales qualités d'un bon écuyer
/e/l et avoir la main légère.
Ob dit d'une pièce de monnoie »
LE G 47f
quV& efi légère , quand elle ne,{)è&
pas ce qu'elle doit pefer.
LicER, fe dit en termes de Peinture,
de ce qui a l'empreinte de la Facilité,
dans le^ mécanifme de lart. Des
contours légers. Un dejfein léger. iUne
touche légère.
L^GBR , fe dit auffi en termes de Sculp-
ture , des^ ornemens délicats qui ap-
prochent le plus de la nature, 8c •
qui font fort recherchés , évidés ic
en l'air comme les feuilles des plus
beaux chapiteaux. Dans les ftatues ,
on le dit des parties faillanres & des
draperies volantes. Et dans l'Ârchi-
teârure, on appelle ouvrage léger %
un bâtiment extrêmement ouvert ,
& dont la beauté confifte dans U
délicatefle des partifes qui le corn-
pofent.
On dit proverbialement de quel-
3u*un , qu i/ efi léger £ argent; pour
ire, qu'il n'en a guère.
.LÉGER ^ (ignifie auffi aifé à fupporter.
Un mal léger. La punition eft lé*
gère.
Léger , (ignifie encore difpo$ & agile4
Un cavalier qui efi léger ne fatigue
point fon cheval. Ils marchent d*un
pied léger. Les lévriers font légers À
la courfe.
On dit d'un chirurgien , qu'i/ a
la main légère; pour dire , qu'il fait
fes opérations facilement , adroite-
ment ; fans qu'on feiïte fa main.
On appelle auffi dans l'écriture ,
main légère , celle oui dans le feu de
fon opération , a fe mouvement fi
aifé, qu'elle ne fait que lécher le
papier.
On dit encore d*un joueur de cla-
vecin ou d*un joueur d*orgue, &c.
qu'i/ a la main légère*
On dit d'une perfonne qui chante
d'une manier^ aifée , qui fait atfé-
ment les cadences , ^elle a la voix
légère.
, Ooo ij
3;
47^ LE G
, On appeloic autrefois Cavalerie
légère , toute la Cavalerie françoife
Iai ne faifoit pas partie de la Maifon
n Roi 8c de la Gendarmerie ^ ou
qui n'étoic pas fur le pied de com-
pagnie d'ordonnance ; mais cette
épithète de légère ^ n'efl; plus ufîtée
dans cette circonftance » ôc Ton dit
abfolument cavalerie.
XicER, fignifie figurément volage.
Un homme léger. Cette femme a le
cœur léger.
On dit figurétnent de quelqu im ,
qu'i/ efi léger de cerveau % qfx^il a la
tête légère y le cerveau léger y tejprit
léger; pour dire» qu'il n'eft pas trop
fage y trop fenfé.
On dis auffi figurément d*une
perfdiine prompte à frapper , c^elle
a la main légère , Cécile efi légère de
la main.
LicER , fignifie encore figurément j
friTole y peu important » peu confi-
dérable. Ces moyens paroiffent bien
légers. Une légère indifpojîtion.
LÉGER 3 fe dit àufii par oppofition â
groffier. Vn léger brouillard.
Lêcbr, fignifie encore fuperficiel. //
ne lui en rejle quun léger fouvenir.
Il na qu'une légère teinture de fin
art.
On dit , prendre un Uger repas ;
font dire , un repas frugal » & où
on nyange peu. Et i*on dit j qn*une
perfin^e a le fimmeil léger ; pour
dire» que le mpindre bruit la tir
veille*
Léger » s'emploie quelquefois dans le
fens d'agréable & facile > en parlant
de converfation 8c de ftyle. Elle a la
eQnverJation légère & enjouée. Cet
Jouteur écrit d'un Jiyle léger & fa-
cile.
On dit advetbialemenr à la lé^
rère y en j>arlant des armes & des
labits qui ne pèfent guère. Des
troupes armées à la légère.Dans cette 1
«
LEG
faïfon tout le monde s* habille à la [é*
gère.
A LA LBGèRi » fe dit auflî dans le fens
figuré, & fignifie inconfidétémeat»
fans beaucoup de réflexion. Cejl un
projet forme à la légère.
Autrefois on difoit adverbiale*
ment» de léger; pour dire» trop
facilement; mais cette expreflion
n'eft plus ufitée.
La première fyllabe eft brève»
la féconde longue » 8c la troifième
du féminin très-brève.
Cet adjeâif peut » félon les cir-
conftances\ précéder ou fuivre le
Tubftantif auquel il fe rapporte :
ainfi Ton dira une légère blejfure^
ou ' une blejfure légère.
On fait fentir fe r final du maf*
culin 9 même devant une con-
ibtuie.
Différences relatives entre léger ^
ittconjianty volage ^ changeant.
Une légère ne s'attache pas fort^
ment. Une inconjlante ne s'attache
pas pour long-temps. Une volage ne
s'attache pas a un ièal« Une rÀ/n-
géante ne s'attache pas au même.
La légère fe donnç à im autre»
parceque le premier ne la letient
pas ^ ï inconjlante , paxceque fon
amoor eft finii la volage ^ parce-
qu'elle veut gourer de plufieurs} &
la changeante j parcequ'elle en veut
^ coûter de différens.
Les hommes fons ordin^rement
plus légers 6c plus inconfians que les
femmes ; mais celles-ci font plus
volages Sç plus changeantes que les
hommes. Amfi les premiers pèchent
par uri JFond d'indifférence » qui fait
' ceffer leur attachement ; & les fé-
condes par un fond d amour » qui
leur, fait fo,uhaiter de nouveaux at-*
taçhemen?. Par conféquent le mé-
rite des hommes paroît être dans la
perfcvérance^ 6c celui des femmes
LEGr
dans la réfiftance : ie premier çft
Îltts rare \ le fécond plus glorieux.
.es uns doivent fe munir contre les
dégoûts j & les autres coptre les at-
taques : çhofes très -difficiles.
1-ÉGÉREMÈNT ; adverbe. Lev'uer.
Aveçlégérecé^d'unenianière légère*
Des chtvaux qui vont légèrement.
Être vêtu légèrement.
LÉGÈREMENT, indique eti termes de
Mufique 9 un mouvement eiicore
plus vif que le gai; un mouvetnent
moyen entre .'e gai & le vit^. 11 ré-
pond â peu près à rital^en yivace.
LsciREMiNT , fe dit auâi dans le fens
figuré, &ngnifieincopfidérément,
étourdiment , fans beaucoup de té-
flexion. Ce procès fut entrepris fort
légèrement.
Lts deux premières fyllabes font,
brèves » la troinème très-brève, &
la quatrième moyenne*
LÉGÈRETÉ; fubftantlf féminin. i^-
vitas. Qualité de ce qui ed léger &
peu pefan t.
L'expérience démontre que tous
les corps font pefans . c'eft-a- dire»
tendent naturellement au centre de
la terre , ou vers des points qui en
fotit très-proches. Il n*y a donc point
de légèreté pofitive & abfolue , mais
leulement une légèreté relative qui
ne iignifie qu'une pefanteur moin-^
dre.
Archimède a démontré & on dé-
montre dans rhydroftatique y qu*un
corps lolide s arietera ou on voudra
dans un fluide de même pefanteur
ipécifique que lui, & qu'un' corps
plus Içget s'élèvera dans le même
fluide. La railbn en . eft . que tes
" f^JV^^} '^"^ ^^^ d'une même pe-
fanteur fpécifique, font ceux qui
fous les mcopes dimcniions ou le
même volume , ne contiennent pas
plus de pores ou d'iptervalles deiti*
tués dé matière. Tun que lautre \ Bc
L E G 477
par.conféquent qui foqylè^ mêmes
dimendons renferment un même
nombre de parties : concevant donc
que le folide & le fluide de même
pe fauteur fpécifique foient divifés en
un. même nombre de parties égalés^
querque grand ^ué foit ce hombre»
il n'y 'aura pomt de raifoo pour
qu'une pattie du folide faife def«
cendre une partie du fluide » qu'on
ne puifle alléguer aufli pour qu elle
la fafle monter ; 8c il en fera de
même du folide total par rappott i
une portion du fluide de même vo-
lume ; & comme ce folide ne fau«
roit en effet defcendre fans faire
élever un volume de fluide égal i
celui qu'il déplaceroit y il s'enfuit
de-U qu'il n'y a pas plus de taifoa
pour q^e le folide defcende» qu'il
n'y en a pour qu'il monte; 8c cornihe
il n'y a pas non plus de raifon pour
qu'il fe meuve latétalement plutôt
adroite qu'à gauche • il s'etifuueâ'-
fin qu'il refléta toufours dans la
place où on l^anra mis. '
De-làl on voit qu'un corps qui
pèfe moin^ qu'un égal volume d'eao,
doit être repoufle en haut dès qu^il
e(h placé dans Teau ; car fi ce' corps
étoitaufli pelailt qu'un égàlvolume
d'eau , il refteroit en la place où
on le met, coquine oh. vient de U
voir. Or comnriè il eft nioios pefant
par l'hypothèfe, qu'un égal volume
d'eau » on peut fuppofer qu'il eft
Ipouflé en en-bas par una bdGmteus
égale à celle d'un pareil volume
d'eau > & en en-haut par une pe*
fauteur égale â i'excés de h pelan-
teur.de ce volume d'e^u fur celle
du corps. Uenc comme reflet de
la première de ces forces eft dé-
truit » il ne reftera que la féconde
qui fera par conféquent monter le
corps en en-haut.
En générahin corps eft dit d'au^
l
47« L E G
tanc plus léger qiie Ton poids eft
iQoindre ^ & ce poids eu propor-
tionnel à la quantité de matière
au*il contient , comme Newton
I a démontré.
Les corps qui fous les mêmes
dimenfions ou le même volume ,
ne pèfent point également , ne doi-
vent point contenir des portions éga-
les de matière. Ainfi > lorfque nous
voyons qu'un cube d'or s'enfonce
dans l'eau » & qu un cube de Liège
y fumage , nous fommes en droit
^ ae conclure que le cube d'or con-
tient plus de parties que le même
volume de liège , ou que le liégp a
plus de pores 7 c'eft-à-dire , de ca-
vités deftituées de 'matière que
l'or j nous pouvons aflTurer de plus
^u*il y t dans leau plus de ces vi
[es que dans un égal volume d'or,
& moins r^ue dans un même volu-
me de liège.
Cela nous donne tout i la fois
une idée claire foit de U pefanteùr
des corps , qui eft la fuite de leur
denfité » foit de leur légèreté» &
nous fait connoître que la dernière
ne peut pas être regardée comme
quelque; chofe de poûtif » mais que
c'eft une pure négation ou une ab-
Ibiice des parties qui fait appeler un
corps plus léger qu'un autre » le-
quel contient plus de matière que
lui.
LiGÉHETi , fignifie auffi agilité , vi*
tefTe. Ce lévrier chajfe avec beaucoup
de légèretés La légèreté des oifeaux.
La légèreté du chevreu'J.
On dit d'un Chirurgien qui fait
fes opérations aifément & avpc
adrede y ç^ il a une grande légèreté de
main.
La même chofe fe dit d'un maî-
tre à écrire qui écrie fort aifément
^ fort vîte ^ iç d'un jouej^r d'info
LEG
I trument dont le jeu eft exttêmemeac
aifé & brillant.
On dit , c^Viune perfowie a beatt"
coup de légèreté dans la voix ^ pour
dire » qu elle fait fort aifément les
cadences.
LÉGERBTi , figni&e aufli inconftance j
inftabilité. Flujîeurs peuples accujenc
de légèreté la nation françoife. La lé"
géreté de la fortune. Il y a beaucoup
de légèreté dans fes promejfes.
LÉGBRBTé , fignifie auifî imjptudence ,
étourderier /// a dans fa conduite
plus de légèreté que ae méchan^
ceti.
LiGiRETB , fe dît encore par oppoG-
tioo à griéveté » â énerftité. La ven-
geance nejl pas proportionnée à Ul
légèreté de toffenfe.
LÊGIERS ; vieux mot qui figoifioic
autrefois prompt , facîAe.
LÉGIFÉRÂT ; fubftantif mafcuUn.
Terme employé par quelques au-
teurs fuédois , pour ûgnifier un ter«
ritoire ou diftrid fournis à un Lé-
gifère,
LÉGIFÈRE i fabftantif mafcalin. Ti-
tre d'une ancienne digniic ou chac-
. ge de Suède qui revenoic à celle
de Gouverneur de province ea
France
LÉGION J fubftantif féminin. Legio.
Corps de gens de Guerre parmi
les Romains » compofé d'in&titerie
^ de cavalerie.
L'état des Légions a fort varié ;
d*abord fpus Romulus , inftituteac
dç ce corps > la légion n'éroir que
de trois milfe hommes d'infanterie
& de trois cens çhevatiz. Sous let
Confuls elle fut long - temps de
quatre mille ou de quatre mille deux
cens fantaffins 9c de trois cens che-
vaux. Vers l'an de Rome 41a, elle
étoit de cinq* mille hommes d'in-
fanterie. Pendanr la guerre que Ju-
les Céfar fit dans les Gaules» f»
LEG
TiSgions fe trouvèrent i peu près coin-
poféesdu même nombre dnommes.
Sous Âugufte les légions avoientfix
mille cent fancaflins 8c fept cent
vingt- lix chevaunl A la mort de ce
Prince elles ne furent plus que de
cinq mille homihes d'infanterie &
de bx cens chevaux. Sous Tibère
elles revinrentâHx mille hommes de
pied & fix cens cavaliers. Comme
oepcime Sévère imagina de former
1 rimiration des Macédoniens , une
phalange ou bataillon carré de trente
mille hommes , compofé de fix lé*
gions } nous apprenons de ce trait
d*hiftoire , que la légion étoit alors
de cinq mille hommes. Sous les
Empereurs fuivans elle reprit Tan-
cien état qu'elle avoit lous Âu-
gufte.
Les légions fous la république »
étoient commandées par un de|
Confuls & par leurs Lieutenans.
Sous les Empereurs elles étoient
commandées par un Officiçr^ Gé-
ibéral qu'on nommoit Préfet. Chz^
que légion avoit pour enfeiene gé-
sérale, une aigle aux ailes éployées ,
tenant un foudre dans fes ferres.
Elle étoit portée fur un pied d'eftal
de même métal au haut d*une pi-
que j cette figure étoit d'or ou d'ar-
gent , de la groOfeur d'un pigeon^.
Celai qui la portoit s'appeloit le
Porte JigU , & fa garde ainii que
fa défenfe \ étoit commife au pre-
mier Centurion de la légion.
Ce fut Marins » félon Pline , qui
chdtfit l'aigle feule pour Tenfeignê
générale oes légions romaines \ car
outre l*aig^^ » chaque cohorte avoit
fes propres enfeignes faites en for-
me de peritès bannières d'une étoffe
de pourpre où il j avoit des dra-
gons peints. Chaque manipule &
chaque centurie avoit auffî fes en-
seignes particulières de même cou-
LEG 47J
leur , fur lefquelles étoient des let-
tres pour dcfigner la légion ^ la co-
horte & ia centurie.
On diftinguoit les légions par l'or*
drede leur levée, comme première,
deuxième , tiuifième y ou par les
noms des Empereurs auteurs de
leur iondation y comme Ugio Au^
gujta , Claudia , Flavia , 1/ajana ,
Ulpia y Gordiana ^ &c. Elles furent
encore diftinguées dans la fuite par
des épithètes qu'elles avoient mé-
ritées pour quelque belle aAion »
comme celle qui m furnommer une
légion la foudrcyanu ; une autre ,
la viclorieufe : ou même pour quel-
que défaut qui lui étoit propre ,
comme la paillarde. Enfin elles re*
tinrent Quelquefois le nom despro*
vinces ou elles fer voient j comme
rillyrienne, la Macédonienne^ la Par-
thique , la Gauloife , &c.
LioiON , eft auffi un nom que
Ton a donné en France d cer-
tains coi:ps dlnfanterie. Sous Fraiw
çois I il y eut fept légions dont cha-
cune étoit compofée de fix mille
hommes.
LicioN , fe dit encore figurément &
familièrement d'tm grand nombre^
Il s*y trouva une légion de gens de
robe.
Dans leftyle de l'Écriture on dit,
des légions d* Anges , des légions de
Démons.
Les trois fyllabes font brèves au
fingulier, mais la dernière eft longue
au pluriel.
I LÉGION y nom propre d'une an-
cienne ville de la Paleftine , qui
étoit fituée au pied du mont Car-
mel , i quinze milles de Nazareth,
vers l'occident. On croit que c'eft
le même lieu qu'on appelle aujour^
d'hui Légune.
Lâgion »eftauuilenomd*untancienne
irille de l'infubrie. C'eft aujourd hui
4S0 L £ G
un Village du Milanez /fltuî Air le
J|>Qrd oriental du Lac Majeur. .
tÉGIONNAlRE; fubftantif mafciilin,
Lcgionarius. Soldac ou fancaffin dans
une légion romaine.
On diftinguoic dans cha(|tte lé*
gion quarre (orres de faiitaffihs \ les
Vélices » autrement nomtaÉ^ Ante-'
Jignàni^ parcequ'ànles plaçàicaTanc
les enfeigties j aux premiers raÀgs »
ic qu'ils commençoienc le conibac^
étoîent armés à la légère d'un ^etiit
bôttcliéc rond d*un pied' 6^ demi dcj
diamètte , '& d*un petit cafqué dej
cuir fott \ du refte fans arihùte poui)'
être plus difpos. Leurs armes of4
fenfives étoient Tépée 9 le javelot
& la fronde. Us ne fervoient ]qu^
pour efcarmoucher. Us fe tangedieni
d'aboird i la queue des trbà|>es,& d^
U par des ihterfalles ménagés etiir^
les cohortes > ils s'àvânçbiènt fut
- le front de là bataille pour'faarceler
les ennemis ; mais dès qu'ils étoient
poufTés 9 ils rènrroieht par les mê-
mes mtervàtlés;'& de deti^èré le^
bataillons ^ni Tes -coït vibient « ils
faifpient. voler fur l'ennemi une
grêle de pierres' ou de traits.' lU
ctoient auflt chargés d'accompagner
la cavalerie pour les' expéditions
brufques & les coupsjde majnV On
croir que les Romains li^Àftituè*
renr les Vélites dans leurs tétions
qa*après la féconde guerre puni-
que^ à l'exemple des Carthaginois
qui dans leur infanterie avôienr
oeaucoupde Frondeurs & de gens
de trait: Selon Ute-Live» il n'y
avoir que 10 V élites par thanfriule;
ce qui fâifoit (bixante pârcdhorte
icnt cens par légion quand là lé-
gion étoir de fix mille bonïmes.
Avant qu'ils fufTent adtiiis » les fol-
dats qui comppfolent 1 mfànterie
légère » s'appeloient Rorarii 6c Aor j
€€n/i,On fupprima les Vélites ^uand j
LEG
on eut accordé le droit de bout-
geoilie romame i toute TltaUe ^
mais on leur fubftitua d'autres ar*
Inès i la légère. Le fécond corps
des légiohnakês étoientceuxqa'oa
Mùimoit -Htijtaires , d'dn gros )z^
Velot qù'Hs lahçoient, & que les
Làtitb appellent hajla » arme diffé-
rente de la pique punique : celle-
ci étoit trop longue & trop peiante
pouf être lancée avec avantage. Ils
éibiént pnefatnnient armés dû caf-
qtie , *de4a cuirafle ôc du bouclier ,
de répée efpa^nole & du poignard,
lls^ falfoiént la' première Kgnè de
l'armée. Après eux venoient les
Princes arniés de même aufli bien
que les Triaires, à Texceprioa que
céûX'Ci portoiènt Uhe éfpèce d'eC-
ponton courr dont le fer étoit long
<8c fort. On les'oppofoit ordiBaire<>
meht à la cavalerie /parceque cette
arme éroit plus de réfiftance qne
les' javelines & les dardi des Prm-
ces 6c desUadaiires. On donna aux
Triaires ce nom , parcéqû^ils for-
moient la' trbifième ligne & l'élite
^de Tarmée*, mais dans Tes nouveaux
ordres de bataille qu'introduifit Ma-
rais , on plaça les Triaires aux pre-
miers rangs : c'étoient toujours les
plus VIEUX & les plus ricnes fol-
dars' qui fôrmoient les Triaires » 6c
c'éroirdevant eux qu'on porroitTai-
' glc de' la légion. Ou ne pouvoir en-
trer dans ce corps' avant Tage de
dix-ieptaus, & outre cela il* talloic
être citoyen romain : cep^dantil
y eux des* dfcôhftâncîês où l'on y
^admit des affranchis ^ & aprèll'âge
' de''4ér an^ on b'étbit-plùs obligé
' de féfVir. Lé temps' du fervicè «s
légionnaires n'étoit pourtant que de
1^ ans. Avant Séplimé Sévère il
n'étoit pas permis aux légionnaires
de fe marier ou du moins dé mener
'^Icurs fecnmes en (Cam^àgne 'avec
LEG
eux; La difcipline militaire dq cçs
foldats école très- révère 9 ils me-
noiem une vie dure , faifoienc de
longues marches charges de pefans
fardeaux y Se foie en paix , ioic en
guerre , on les cenoic coacinuelle-
menc en haleine » foie en forcifianc
des places & des camps , foie en
formane ou réparant les grands che-
mins \ auffi voit-on peu d'occalions
où cette infanterie romaine ne foit
demeurée vidorieufe.
LÉGIS 'y dans le commerce on appelle
/oies légis , des foies qui viennent
de Perle , ou par les retours des
vaiflèauz qu'on envoyé d'Europe à
Bender - Abaffi , dans le golfe Per-
£que » ou par ceux qui trafiquent
4lans les Échelles du levant , te par-
ticulièrement à Smyrne.
Ces foies font les plus belles de
Perfe après les fourbajlis ou cher-
iaj&.j & font de la même qualité :
la /eule différence qu'il y a ne con -
£ftant que dans le triage ou on en
fait ^ en forte que les iégis (ont pro-
prement les moins fines des jour-
iajiis»
Ces foies viennent en balles de
lo barmans chacune » le batman de
£x occos qui font 1 8 livres , 1 1 on-
ces poids de IMarfeille ^ & poids de
snarc 1 5 livres.
Il y en a de trois fortes ; les le-
ns'vourines qui font les plus belles^
les IcgiS'bourmcs OM bourmio cpL\(}Xi^
▼ent \ & Us Ugis-ardajfcs qui font
les plus groffes j & c'eft cle cette
dernière (ortedont les François char-
gent le plus à Smyrne.
LÈGlSLATEUR.TRICEi fubftantif.
Celui jcelle qui éublit des lois pour
toute une nation. Lycurguefut un Le-
giflatcur des Laccdimoniens. LaUo"^
blcjfe cft Légijlatrice à Vcnifc.
LÉGISLATIF , IVE j adjeûif quine
>/e dit qu çn ces phrafes ^ pouvoir U*
tom XV.
LEG
481
i
gifiatif ^ puîjfanct lég^lativc ; pour
dire, le pouvoir, la taculcé de raire
des lois. En France , le pouvoir lé»
gijlatif s'exerce par le Souverain» En
4ngleterre\ la puijfanct lég^lative efi
entre les mains du Roi & du Parle»
ment.
LÉGISLATION j fubftantif féminin
8c terme de droit public. Poceftas
tegum condendarum. Droit de faire
des lois. La Ugtjlaûon appartient en
Angleterre , au Roi & au Parle--
ment»
LÉGISTE ; fubftantif mafculin. Le-
gis doclor. Jurifconfult9 , celui qui
fait profeffion de la fcience des lois.
C'ejt un /avant Légi/le.
LÉGITIMAIRE ; adjeâif des deux
genres & terme de Jurifprudence ,
qui s'emploie aufli fubftantivement..
Qui appartient à la légitime , qui a
droit de légitime. Le légitimaire peut
demander la rédu3ion d*une dona-
tion pour avoir /a légitime. Voyez
LÉGITIME.
LÉGITIMATION j fubftantif fémi-
nin. Changement d*état d*un enfant
naturel , par lequel il acquiert les
droits de ceia qui font nés en légi«
time mariaj[;e.
Les enfans nés en légitime ma-
riage ont toujours été diftingués des
bâtards 9 8c ceux*ci au contraire ont
toujours été regardés d*un œil défa-
vorable î c'eft pourquoi l'on a ima-
{;iné divers moyens pour annuUer
e vice de leur naiftance.
Chez les Romains il n'v avoit
dans, lorigine qu'une feule voie
pour légitimer les bâtards & lesren*
dre habiles à fuccéder : c*étoit cello
de Tadoption. Le citoyen qui adop*
toit un enfant bâtard ^ Venveloppoit
de ion manteau ^ & Ton croit que
c'eft de là qu'a été imitée la cout
tume ufiiée parmi nous » de mettre
Ppp
4S z L £ G
fous le potte les enfans nés aranc le f
mariage. I
L'Empereur Anaftafe craignant
que la facilité de légitimer ainfî les
bâtards , ne fur une voie ouverte à
Ja licence , ordonna qu'à l'avenir
cela n'auroit lieu que quand il n'y
auroit point d'enfans légitimes vi -
vans 9 nés avant l'adoption des bâ-
tards.
' Cette première forme de légiti-
nation fat depuis abrogée par l'Em-^
pereur Juftinien , comme on le voit
dans fa novelieSp.
Mais Conftantin le ôrand ôc fes
fuccelTeucs introduifîrent plufieiirs
autres manières de légitimer les
bâtards » ic l'Empereur Zenon per-
mit en 47^ à tous ceux qui avoient
des enfans bâtards nés d'une con-
cubine ingénue» de les rendre lé-
gitimes en époufanc leur mère :
dans la fuite Jullinién confirma
cette jurifprudence qui a lieu au-
jourd'hui parmi nous ; mais pour
opérer cette légitimation il faut
que le père naturel ait pu dans
le temps de la conception des en-
faïis * contraAer mariage avec fa
concubine : c'eft pourquoi les en«
fans adultérins ne peuvenr être lé-
gitimés par un mariage fubféqueni ,
mais feulement par lettres du Prin-
ce 3 8c Ton a toujours regardé com-
me abufives les claufes de légiti-
mation inférées ArÀs bs difpenfe^
que la Cour de Rome accorde pour
les mariages entre ceux qui ont com-
mis adultère.
Néanmoins fi un homme marié
époufoit Une fecohde femme » &
que celle-ci fat daiis ta bonne foi ,
les enfans ferotehtié^ttimes : c*eft
ce qui a été jugé par' différens arrêts
& particulièrement' par celui du 13
Juillet i'f$iy rendu en la Grand-
Ctuoibt^ du Pàrltttiem de- Par js >
LEG
entre les enfans des deux femmes
de Guillaume Jolivet.
Les bâtards légitimés par le ma«
riage de leurs père & mère , ont la
même faveur que les enfans qui font
nés légitimes : ils fonr compris dans
le nombre des enfans appelés pour
recueiHir des fubftitutions 'y ils par-
tagent avec les autres^ jouiflentda
dtott d*aîne(Tè 6c de la légitime ,
& peuvent -exercer le retrait ligna-
ger.
Si le bâtard meurt avant le ma-
riage de fes père & mère & laide
des enfans légitimes t ces enfans par
le mariage de leurs grand» père tc
Srand-mère « font tendtis capables
e leur fuccéder.
Quelques auteurs prétendenr ce-
pendant le contraire j mab leur avis
n'eft pas fuivi.
Lorfqu'un bâtard eft légitimé par
le mariage de fes père & mère » fa
légtrimation ne le rend capable de
fuccéder que pour l'avenir ; elle n'a
pas l'effet de lui acquérir les fuc«
cédions qui étoiest ccbues pendant
que fon incapacité fubfiftoit encore.
Par exemple » un bâtard légitimé
pat mariage , ne pourroit pas in-
Ïuiéter Théritier auquel une fucccf-
on a été dévolue par la renoncia-
tion de fon père , quoique cette fac*
céffion lui eut appartenu s'il eut été
légitimé au temps de la renonciation
de fon père.
Le mariage clandeftin ai celui
qui eft fait in txircmis j ne légiti-
ment pas les enfanfs de ceax qui fe
font ainfi mariés , d'une manière à
les rendre capables de faccéder tt
de |ôuir des effet civils : ces fones
de mariages efbcent fevlement la
honte & la tache de la naiffance.
A regard de la légitimarion naf
letrres du Prioce , c'eft «ne grâce
que le Suureraia accorde par Jet*
LEG
très qdî s'expédient au grand fceavi
& s'enregiftrent au Parlement , à la
Chambre clesComptes& autres Ju-
ridiâions. Elles (ont aufli fiijectes i
être iniinuées.
Ces lettres portent qu*ea tous
aâes » en jugement Se dehors , l'im-
f métrant fera tenu , cenft & réputé
égitime ; qu'il jouira des mêmes
franchifes , honneurs » privilèges Se
libertés que les autres fu jets du Roi;
qu'il pourra tenir & podeder tous
les biens , meubles Se immeubles
qui lui appartiendront par dons ou
acquêts & qu'il pourra^iequérir dans
la fuite ; recueillir toutes fucceffions
êc accepter dons entre-vifs à caufe
de mort ou autrement \ pourvu tou-
tefois , (Quant aux fuccefiions , que
ce foit du confentement de fes pa*
rens j de manière que ces lettres
n'habilitent à fuccéder qu'aux pa-
rens qui ont confenti i leur ente-
giftrement , Se que la légitimation
par lettres du Prince » a bien moins
d*efFet que ci^ qui a lieu par ma-
riage fubféqMbt.
Les bautds légitimés par lettres
du Prince , acquièrent le droit de
porter le nom & les armes de leur
père \ ils font feulement obligés de
snettre dans leurs armes une barre
pour les diftinguer des enfans légi-
times.
Il y a dans l'Empire un titre de
Cornu Palatin qui n'a rien de com-
isnn avec celui des Princes Palacins
du Rhin ; c'efl: une dignité dont
l'Empereur décore quelquefois des
gens de lettres. L'Empereur leur
donne ordinairement le pouvoir de
faire des Doâents » de créer des
Notaires j de légitimer des b&tards;
& un auteur qui a écrie fur les af-
faires d'Allemagne » dit que com-
me on ne refpeâe pas beaucoup ces
«omtes p on fait encore moins de cas
LEG 48)
de leurs productions qui font fou-
vent vénales auifi bien que la dignité
mcme*
On voit dans les arrêts de Papon^
qu'un de ces Comtes nommé Jean
Navar^ Chevalier Se Comte Pala-
tin , fut condamné par arrêt du Par-
lement de Touloufe , prononcé le
25 Mai i^6t y k faire amende-
honorable , à demander pardon au
Roi pour les abus par lui commis
en oâroyant en France légitima-
tioU) nocariacsSr autres choies donc
il avoir puHfance du Pape contre
l'autorité du Roi \ & que la tout fut
déclaré nul &abu(if.
LiGiTiMATfON , figniie auffi recon«
noifiànce- auchentique- Se juridique}
te il ne fe dit qu'en parlantdes af-
faires des Diètes d'Allemagne. La
légkimanon des pouvoirs- des Dé'
pûtes.
Les trois premières fyllabes font
brèves , la quatrième longue , & les
autres brèves au* fîngulier \ mais la
dernière eft< longue au pluriel.
LÉGITIME ; adjeûif des deux gcn-
res. Legnitmis Qt|i a les conditions,
les qualités requifes par la loi. Un
mariage légitime. Un enfant légi^
time,
LéciTiMS , fignifie au(& juftes équi-
table » fondé en raifon. Cette pré"
t4ntion êjl légitimé. Il avoit un droit
légitime,
LÉGiTii^E » fe dit auffi fubftântfvement
au féminin de la portion que la toi
attribue aux enfon» fur les biens de
leurs père$ 8t, de leurs mères , de
laquelle iU ne peuvent ^tre privés
lorsqu'ils n'ont pas mérité d'être ex-
bérédés.
On peut diftinguer la légitime
en léginme de droit & en légitime
fixée. La* légitime détroit eft ceMe
dont la quotité fe trouve détermi
née pat 4ii^4oi \ Se' la légitime^Âxée
pppij
\
4S4 L £ G
celle dont la quotité a été réglée pat
les afcendans.
^ La légitime de droit eft due en
nature , c eft-à-dire » en immeubles
. ou autres .biens de l'hérédité \ &
quoique les père 8c mère aient fixé
la légitime en deniers par leur tef-
rament , l'enfant peut néanmoins
s*en tenir à fa légitime de droit , &
en conféquence » prendre en eflence
la portion que la loi lui accorde
dans chaque * efpèce de biens » en
renonçant aux difpofitions contrai-
res faites à fon fujet. Si Tenfant
légitimé en deniers vient à décé*
der avant d'avoir fait fon option
entre la léettime de droit & la lé-
gitime fixée , il meurt fous les dif-
pofitions du droit , te par confé-
quent propriétaire de fa légitiihe en
eflence.
Dans les pays de droit écrit &
dans quelques coutumes , comme
Dax fie Bordeaux » les Afcendans
ont auffi un droit de légitime dans
la fucceifion de leurs entans décédés
fans poftérité.
La légitime varie pour la quo*
cité dans les diverfes provinces du
Royaume : dans les pays de droit
écrit , celle des enfans fe règle fui-
Yant leur nombre : s'il y a quatre
enfans ou an^leflous ^ ils doivent
avoir i eux tout le tiers de la fuc-
ceflion du père qui peut difpofer
librement des deux autres tiers au
profit de telle perfonne que bon lui
femble , foit du nombre de fes en-
fans ou d'un étranger ; fie s'il y a
plus de quatre enfans , leur légitime
en ce cas , cA la moitié de la Uiccef-
fiop du père à partager entte eux^ftir
quoi les enfans doivent par mignons
imputer tout ce qu'ils ont reçu de
la libéralité du père ou ce la
mère*
Quand les aicf ndani font feuls
2
LEG
héritiers préfomptifs de lents tn^
fans ou petits*enrans qui n'ont lailTé
ni frères ni fceurs , il eft fans dif-
ficulté que leur légitime doit être
le tiers de toute la lucceflîon ; mais
comihe les lois n'ont point réglé
leur légitime depuis que Juftinieo
a admis les frères fi^ les fœurs du
défunt d la fucceffion de leur frète
ou de leur foeur conjointement avec
les afcendans ; on a demandé lorf-
u'il y a des frères ou des fœars »
1 la légitime des afcendans en ce
cas , doit être le tiers de toute la
fucceflion , ou feulement le tiers
de la portion que les afcendans aa-
roient eue abintefiat. Cette queflion
eft jugée diverfement \ i Paris on
décide que dès le momenr qu'il 7 a
des frères ou des fœurs » la léf^himt
des afcendans ne doit être que le
tiers de la portion qu'ils auroienc
eue abintefiat : dans les autres Par-
leroens du droit écrit ^a légitime
des afcendans eft tou/ours du tiers»
fans aucune diftiiiâion ni reftric-
tion, ^
Dans quelques coutumes , com-
me celle de Patis , la légitime des
enfans eft la moitié delà part U
portion que chaque enfant eût eue
dans la fucceffion de fon père fit de
fa mère , s*ils n'euflent fait aucune
di(pofition.
Il y en a d^aatres où la légitime
eft le tiers de tous les biens , fans
aucune diftinâion , i partager entre
tous les enfans.
Il y en a où les pères qui omdes
enfans , ne peuvent difpofer que de
k propriété de leurs meubles fie dt
la moitié de l'ufufmit de leurs ac^
quècs en faveur àt% étrai^rs} &
comme ils ne peuvent pas avants*
ger leurs enfans au préjudice les
uns àt% autres » tout le furplus kftt
tient lieu de légitime*
,4»
LfeG
Q nelques-unes , comme Rhelms
& Melun ,onc réglé la légitime con-
formément au droit écrit.
D'autres enfin ne règlent rien
for la quotité de la légitime^ & dans
celles-ci on fe conforme â la cou-
tume de Paris , H ce n'eft dans quel-
aues coutumes voifines des pays de
roit écrie , où l'on fuit l'efprit du
droit romain*
Les enfans qui font héritiers ont
à choifir entre la légitime telle que
la coutume la leur accorde ^ & les
réferves coutumières ; ils peuvent
exercer lun ou l'autre choix à leur
gré -y mais ils ne peuvent ni les cu-
muler ni les &ire concourir.
S'ils optent les réferves coutu-
mières qui confident à Paris dans
les quatre quints des propres , &
qu'elles ne foient pas fuffifantes
pour les remplir de leur légitime ,
ils peuvent en demander le fupplé*
ment ; mais ils doivent imputer fur
la légitime , Se ce qu'ils ont reçu
d'ailleurs , 8c les réferves coutu-
mières qu'ils retiennent j ils ne peu-
vent réunir les deux droits a la
fois.
S'ils demandent la légitime de
droit en entier ^ il faut qu'ils aban-
donnent les réferves coutumières
qui en ce cas demeurent au léga-
taire univerfel , & lui tiennent heu
de récompenfe des biens qui loi font
enlevés â titre de légitime-
Non feulement on ne peut pas
réunir en fa perfonne le droit de
prendre les quatre quints des pro-
Îres réferves par la coutume de
aris , & le droit de légitime fur
les biens difponibles ^ mais cela ne
fe peut pas , même quand il y au-
roit pluueurs héritierssc'eft ce qui a
cté jueé par fentence des requêtes
du Palais du i tf Janvier 1 7 JJ i ^^"'
due entre tes quatre enfans de M.
LE G 48 j
de Pommereu , dont l'un éroit lé-
gataire univerfel : les trois autres
demandoient » l'un la totalité d^s
3uatre quints des propres , & les
eux autres , leur légitime entière*
La fentence a jugé que M. de Pom-
mereu laîné optant lesTéferves cou-
tumicies , auroit, eu qualité d'hé-
ritier , le tiers des quatre quints
des propres ; que les deux autres
prétérant la légitime de droit aux
réferves coutumières , chacun d'eux
aurait fa légitime de droit en en-
tier 'y & que le furplus des biens
appartienclroit au légataire uni*
verfel qui étoit un quatrième en-
fant.
Cette fentence a été confirmée
Ear arrêt rendu en la Grand-Cham-
re le 10 Août de l'année 1733.
Par une fuite du même principe »
les enfans ne peuvent pas demander
les réferves coutumières & la légi-
time de droit , quand même les
biens feroient fitués dans le refforc
de différentes coutunies : en ce cas
il faut qu'ils optent fans pouvoir^
demander la légitime de droit dans
une coutume, & les réferves cou-
tumières dans une autre. Ces maxi-
mes font encore confacrées par dif-
férens arrêts*
La légitime doit être lailfée li-
brement ^ & ne peut être grevée
d'aucune charge.
Pour fixer fa quotité on fait une
maffe de toutes les donations & de
tous les biens délaifiés au temps du
décès de celui de la fucceffîon du-
quel il s'agit.
On compte enfuitele nombre de
ceux qui' font part dans la fup-
putation de la légitime : dans ce
nombre ne font point cotnpris cedx
qui ont renoncé â la fuccvflion tout-»
à-faitgracui(euieDt y mais oncompte
48(? L E G
ceux qui n'ont renoncé q\xaIiqHodato
ydrcunto*
Pour le payement de U légitime
on épuife aabotd tous les biens ex-
lans dans la fucceflîon , enfuite tou-
tes les difpofitions gratuites , en
commençant par les difpofinons tef-
t^mentaires , & premièrement les
inftirutions d'héritier & les legs
univerfcls, enfuite les legs particu-
liers.
Si ces objets ne fuflSfent pas, le
légitimaire eft en droit de fe pour-
voir contre les donataires entre-
vifs , en s'adreffant d'abord aux der-
niers, & remontant de l'un à l'au-
tre fuivant Tordre des donations ,
jufqu à ce que le légitimaire foit
rempli \ bien entendu que chaque
donataire eft lui-même en droit de
retenir fa légitime.
La dot , même celle qui a été
fournie en deniers > eft fujette au
retranchement pour la légitime ,
dans le même ordre que les autres
donations , foit que la légitime foit
demandée pendant la vie du mari y
ou qu'elle ne le foit qu'après fa
mort \ te quand il auroit joui de la
dot pendant plus de ) c ans , ou mê-
me quand la fille dotée auroit re-
nonce à la fucceffion par fon con-
trat de mariage ou autrement > ou
qu'elle en feroit exdufe de droit,
suivant la difpofition des lois , cou*
tûmes ou ufages.
La légitime fe règle eu égard au
temps (fe La mort , tant par rapport
»ux biens que l'on doit faire ren-
trer dans la maffe , que par rapport
au nombre des perfonnes que Von
doitconfidérer pour fixer la quotité
de la légitime.
On impute fur la légitime tout
^e que le légitimaire a reçu à titre
de libéralité , de ceux fut les biens
.. dçf^^els Âl dçmandç U légipoi« «
tels que les donations entre * vifs,
1 es prélegs , tout ce qui a été donné
au légitimaire pour lui former on
étabhflement, comme un office , on
titre clérical , une bibliothèque ,
des frais & habits de noces , & gé-
néralement tout ce qui eft fujet â
I apport.
Les fruits & intérêts delalé^time
courent du jour de la mort.
L'a&ion ^uele légitimaire a con-
tre les héritier3 & cbnataires , dure
pendant 3 o ans « à compter du décès
de celui qui donne ouverture â la
légitime \ car pendant fa vie elle
n'eft pas fujette à prefcxiption , Se
ne peut être purgée par décret > at-
tendu que le droit n'en eft pas en-
core ouvert.
Ce droit n'eft ouvert qu'à la mort
de celui fur les biens duquel la légi-
time eft due \ un enfant ne peut ,
fous quelque prétexte que ce foit ,
en demander une à fon père de fcm
vivant, même fous prétexte que le
père auroit marié & doté, ou établi
autrement quelques autres en^s;
Pout être légitimaire il faut être
hétitier & n'avoir pas renoncé à la
fucceffion ; & en efifet les loix ro«
maines veulent que la légitime foit
laidée , non pas quocumque titulo ,
mais à titre d'inftitution. En pavs
coutumier , Je légitimaire eft (aifi de
plein, droit & peut demander par-
tage > & l'on traite avec lui de mê-
me qu'avec un hétitier , comme il
paroi t pat l'imputation ^ui fe fait
fur la légitime \ impuution qui eft
un véritable rapport par l'obliçation
de fournir des corps héréditaifes
pout la légitime , le jet des lots qui
fe pratique avec le légitimaire , &
la garantie adive & paffive cjui a
lieu entre lui 6c les autres héritiers*
Cependant lorfque tous les bieM
de la fucceffion s^ iuffifent ^ as jym
LE G
payer les dettes , l'enfant q^i veut
avoir fa légitime » peut fans fe por-
ter héritier , la demander au der-
nier donataire.
Le fils aine prend non feuletnent
fa légitime naturelle , mais il la
prenaavec le préciput que la loi ac-
corde aux aînés.
La légitime eft quelquefois qua-
lifiée de créance » ce qui s'entend fe-
' Ion le droit naturel ; car félon le droit
civil y elle ne palfe qu'après toutes les
dettes , foit chitographaires ou hy
pothécaires \ elle a néanmoins cet
avantage qu'elle fe prend fur les im-
ttieubles qui ont été donnés , avant
Î|ueles dettes fuHent cônflatées , 8c
ur les meubles que le défunt adon-
nés defon vivant, au lieu que les
créanciers nont aucon droit fur ces
biens.
Toute renonciation i une ftic-
ceffion foit échue ou future, lorf-
qu elle eft faite aliquo data y exclud
les enfans du renonçant de deman-
der aucune part dans la fucceâion ,
même â titre de légitime.
Une renonciation gratuite exclud
pareillement les enfans du renon-
çant j de pouvoir demander une lé-
gitime , à moins que le renonçant
ne fut fils unique , parcequ en ce
cas Ces enfans viennent de leur chef
Se non par repréfentation.
Une fille qui aurott renoncé par
contrat de mariage j pourroit néan-
moins revenir pour (a légitime » fnp-
pofé qu'elle fut mineure lors de fa
renonciation , qu'elle fonfirît une
léfion énorme, 8c qu'elle prît des
lettres de refcifion dans les dix ans
de £i majorité.
Un fils majeur qui anroit accep-
té purement & fimplemenc te legs i
loi fait pour lui tenir lieu e légi-
time , ne feroit pas recex^bie à re-
Tcnir pour £a légitime. On le juge
L E G 4S7
pourtant autrement dans les Parle-
mens de droit écrit.
Le droit François ne donne au-
cune légitime aux bâtards, mais
fimplement des alimens.
Néanmoins dans quelques cou-
tumes fingulières, telles que Saint
Orner & Valenciennes , où les bâ»
tards fuccèdtnt a leur mère concur-
remment avec les entans légiti-
mes , ils ont aufli droit de Ugi-*
time.
Les enfans légitimés par mariage
fubféquent ont pareillement droit de
légitimé . & quand même il y an-
roit des enfans d'un mariage inter-
médiaire entre leur nailfance & leuc
légitimation.
Lorfque le père a réduit fon fils
à un fimple ulufruit , pourcaufe de
prodigalité, mauvaife conduite»
&c. les créanciers du fils ne peuvent
demander la diftraélion de la légi-
time de leur débiteur , comme l'ont
jugé deux Arrêts du Parlement de
Paris des %i Mars & 4 Septembre
1750.
Lorfqu'en payement de la légi-
time fixée \ il eft cédé au légiti-
maire des biens immeubles de la
fucceffion , il en doit payer le droit
de centième dtnier , parceque , s'é*
tant tenu à ce qui lui avoit été fixé ,
il n'a reçu les immeubles qu'à titre
de payement d'une créance^ il ne
peut être difpenfé du payement de
ce droit , que lorfqu^il a renoncé i
cette légitime fixée , pour s'en te-
nir à la légitime de droit.
Si le père aftipulé , par teftamenc
ou autre aâe , que fes enfans , au-
tres que l'inftitué , auront leur lé-
gitime telle que de droit, alors ils
font propriétaires de la portion que
règle la loi dans tous les biens, en-
forte que l'abandon qui leur eft fait
d'immeubks pour cette légitime »
488 LE G
ne peut donner oarerture aa
droit de centième denier » paifque
les légitimaircs n'ont par ce moyen
que ce qu'ils avoient droit d'exiger.
Mais fi dans cette dernière ef-
pèce 9 les enfans , au lieu de leur légi-
time telle que de droit, ne reçoivent
qu'une iomme en argent > dont ils
le contentent \ c'eft alors une cef-
(ion qu'ils font de leurs droits réels
^n faveur de celui qui refte proprié-
taire de tous les biens , lequel doit
par conféquent le centième denier
de la portion qui appartenoit aux
Icgttimaires de droit» 4aQ$ les im-
meubles réels*
Lorfque celui qai eftçn pofleflion
de biens chargés d'une légitime fixée,
meurt fans enfans , le droit de cen-
tième denier eft dû de la valeur en-r
tière des biens, fansdifttaé^ion de
cette légitime , pacceque , comme
on l'a obfetvé» la légitime fixée
D*eft qu'une créance.
La Normandie a d^s ufages parti-
culiers fur la légitime due aux filles.
Elles ne font point héritières dans
cette Province » tant qv'il 7 a des
mâles i elles lont créancières fur
toute, la fucceffion de leurs père &
mère , pour leur léeitiroe oa ma*
riage avenant , ( c*ett â-dire conve-
nable ) , & eUe$ Q^ peuvent pas
exiger des immeuUes^^
L'arpde ^148 dç la coutume ex-
clud les filles ic leurs defcendans ^e
fuccéder » tant qu'il j a des mâles »
foit en ligne direébe oâ collatérale j
& fuivam les articles 149 & {47^
elles ne peuvent demander partage
ni prétendre aucune part dans l'hé-
ritage dts père Se mère cpntre leurs
frères^ mais feuletpenf dçm^nder
mariage avenant.
AioM>la fiUç qui a des frères n'ayant
point de propriété dans lesimmeu-
plçs^ U ta pçaï ç(re dtt aiicim drpit
LEG
de centième denier , lorfqu'cUe dé-
cède fans enfans , quoique fes frètes '
héritent de fa légitime ou mariage
avenant , parceque ce n'eft qu'une
créance.
Il fuit de ce principe » que fi It
fœur devient héritière de Ion frère,
elle doit le centième denier de la to-
talité dts immeubles , fans pouvoir
faire diftindkion de fa légitime j ic
c'eft ce qui a été jugé par Arrêt du
Confetldu 1 1 février 1710 , & par
les décifionsdes )'i Juillet 1754» S
Novembre, x(î Septembre i7}^f
10 Avril X745 , 5 Mars & 17 Août
174^, & 19 Avril 1747» Scftz
celle du 14 Avril 1755» rendue
contre Madame la Ducheflè de
Chaubes.
Il en réljilte également qoe la
foenr doit payer le droit de centième
denier j lorique fon frère lui cède
des immeubles pour fe libérer de fà
légitime ; c'eft une ceffion en paye-
ment de créance*
lyÉGlTIMÊj ÈE; participe paffif.
f^oye\ Légitimer.
LÉGITIMEMENT i adverbe. Ltgi^
timè. Juftement , félon les loix ic
l'équité. Un tien acquis Icgitime^
ment.
LÉGITIMER i verbe adif delà pre-
mière conjugaifon , lequel fe coa-
jugue comme Chanter. Rendre oa
enfant naturel capable des droits 8c
honneurs dont il étoit exclus par fa
naiflance. Il y a en France deux mof
nî^res dfi Ugiwner les b^tçtrds » tune
par mmage fubféqtfent , & Poutre par
lettres de ChoficçUeri^^ Voj^ X^âci-
TIUATION,
LÉGITIMER , fignifie Aufli » faire cou-
noître publiquement pour antben-
tique & juridique. Et ceU fc dû
principalement ^n parlant des diècei
d'Allemagne. Les Réputés nontpeini
encore fait Ic^uisnçr fenrs foavairs^'
\
1£G
& ce (ens» H eft auflS pioQomi*
nal réciproque en parlant 4es af*
fiirrs des dieces. Us fi légmmJtrtnt
Les uois premières ffUa!>es fofti
brèves» 6e la quatrième Igogiie oa
iwrèye. Fè>y^ Yeube.
îléGITïMîTé i fubftan, fém. L^érat ,
la qa^lité d*un cnfani légitime. On
cofkefioic la icgieimué de t enfant.
' fi ngnifie aum la qualité ds ce qui
eft jufte, équitable & félon les
; lois. Hs'aeïybitdc prouvtr la Ugl-
tlmiti du dû. On natta^uoit pas la
Ugiiimité é^ mariage.
ï3EGSj fybftanrif mafcoUn. Legatunu
Ce/ljape libéralité que fait un tef-
tatepr paç reftamenc ou ^odicile »
& qiii doit être délivrée après fa
mort au légataire par l'héritier ah
inuJUtj ou par Théritier iaûitué ^
s'il 7 en a un ^ ou par le légataire
univerfel , lorfqu'il y en a un.
^i la libéralité étoit faite par un
autre aâ:e que par an teftament » ou
un codicile, ou fi le teftateur lui-
même y mettoit la dernière nia^n ,
par la tradition de lachofe donnée ,
ce ne feroit plus un legs , mais une
donation entre-vifs ou à fraufe de
mort , quoiqu'elle fôt écrite d^n^ le
teftament.
On peut léguer en général toutes
Içs chofe$ dont pn peirt difpofer par
tpftament fuivaat U loi du lieu où
elles font fituées» foit meubles meu-
•bians ou autres effets mobiliers, im-
meubles réels ou fiâifs , droits &
aâions , fervitudes , ^ç*
Le teftateur peut même léguer ce
qui ne lui appartient pas ^ pourvu
que la chofe foit dans le commerce,
car s^il avoir légué une chofe facrce
1^ legs ne vaudroit rien. IlfaqtauflS
pour la validité du legs que le tefta-
teur ait (^u que la cnofe léguée ne
4i2Î appartenoit pas î £c comme on
Tome XV%
i
1 £ d 4*9
préfunie toujours qoe \% teft«teut
n*a voulu l^uer qpe ion biep^ .c*$^ft au
l^at^re i jproaver que lis t^ft^eur
a tu que la çUofe I^mêç apM nenoic
i ua ^atftre ^ & eu ce c^ 4 Vj[|<6r^iier
la pçiir acheter commodcm^m » il
la doi( livrer au Ugataire » (îaqu il
lui eu doit r^ftimatiou.
JLe teftateur peut iégt^erU çliofe
(jui appiartient a Ton hériti^jr , /oie
"u'il le faç1>i^ , fbir qu'il croy^ eu
tre le propriétaire \ \^ raifon de la
di^ér/ence eft , qu'on préfume plus
facilempQC que Te (efta,teiir a voulu
charger fon Héritier de donner au
légataire une chofe qu'il % en fa pof-
i<â4uo(i , que le charger d'acheter
d^n autre ce qu'il ii'a pas.
Oo t;e peutpa$ léguer ai^ légataire
une choie qt|i t^i appartient déjà »
te l'efti cation ne lui en eft pas due.
Lorf<jue Iç t^ft^teur lég^c une
chofe certaine comip^ un tel fonds^
une telle {nsifon , à deux perfonnes
différentes'pafr deux claufesféparées^
par exemple , je légi^e i Pierre ma
maifon de Paris \ je lègue à Antoine
ma maifon de Paris \ en ce^ cas le
dernier legs ne révoque point le
premier , piais les deux légataires
concpurent çnfemble àL p^rtageQf le
legs p^r mpitip.
Si la çhpfd léguée vient i pcrîr
fans le fair de l'héritier > U perte
tombe fur le légaraire.
JLes legf peuvent ctrç fans con-
dition ^ ils peuvent être payables à
certain çerQie ,ils peuvent être faits
pour de certaines caufes , jk avec
de certaine$ démonftracions.
Les legs qui font faits fous con*
dition ne font point dûs que U con<«
dition ne foit échue» à moins qu'elle
ne foit impoflible ou contre les bonv
nés mœurs » auqtiel cas elle eft re«
|ctée.
Le legs payable â certain termo
Qqq
49# LE G
eft du dès le moment de la mort da
défunt , 8c par conféquènt fi le lé-
E taire meart avant le terme , le
js eft dâ à fes héritiers. Ainfi lorf-
oue le teftateur a légué à une per-*
lonne à condition qu'elle fera ma-
riée , fi elle meurt avant d'être ma-
riée > le legs demeure caduc } mais
t*il lui a légué une fomme lorfqu'el-
'le fera mariée » le legs pafTeà fes hé-
ritiers , quand même elle mourroit
fans îcre mariée , & ils en peuvent
demander le payement, dès le mo-
ment que le temps auquel elle au-
roic été nubile fera échu.
A regard de la caufe , ou elle
regarde le pafTé , ou elle regarde
Tavenir. Si elle regarde le paflfé ,
quand elle fe trouveroit fauUe > le
legs ne laifTeroit pas de fubfifter :
par exemple , je lègue â Pierre ,
parcequ*il a eu foin de mes affai-
res : quand le légataire ne s'en fe-
roir pas mêlé , le legs ne lai fie pas
d'être bon , falja càufa non vitiat
Jegatum. '- ^
di la caufe regarde l'avenir , par
exemple » fi le teftateur lègue i
Pierre pour faire bâtir une maifon
en tel lieu, , le legs n'eft point fuf-
Eendu , il eft dû dès le moment de
L mort du teftateur \ mais l'emploi
des deniers doit être fait fuivant fa
volonté , & l'héritier peut obliger
le légataire i donner caution pour
cet effet.
La caufe qui regarde le pafié eft
appelée dans les loix caufa , & celle
qui regarde l'avenir eft appelée
modus.
La faufie démonftration ne rend
{)as le legs nul , pourvu que la chofe
éguée fubfifte & quelle foit fuffi-
famment connue d'ailleurs ; je lègue
â ma femme la terre de Choify
qu'elle ma donnée , fi j'ai une terre
/appelle e Choify^ le legs fubfifte.
LE G
quoiqu'elle ne m'ait pas été donnée
par ma femme.
Le legs fait à TEglife fans autre
dènominarion , eft ou i l'Eglife pa-
roifliale ou aux pauvres. Conformè-
menr â la Jurifprudence univerfelle
du Royaume , les parens pauvret
du teftateur lont préférés aux as-
tres ou du moins on leur accorde une
portion privilégiée fur ces legs.
L'accroifiement n'a lienœ ma-
tière de legs que quand le teftateoc
a joint enlemole plufieurs légatai-
res , ce ou'il peut faire de trois
manières difFérentes ; favoir »
Par les paroles feulement , quand
le teftateur lègue une même chofe
a deux perfonnes & qu'il U leur
diftribue entr epx \ je lègue i Pierre
& a Jean ma maifon par égales por-
rions.
Par la chofe' feulement j^ lorfqu'iî
lègue la m'ême chofe i, deux per-
fonnes différentes par deux claufes
fèparées ; je lègue ma maifon i
Pierre , je lègue ma maifon i Jean \
chacun des iègauires a U moitié de
la maifon j mais ce n'eft pas le tef*
tatenr qui leur a diftribue les por-
tions, c'eftJa nature de la chofe
que chacun d'eux ne peut pofleder
folidairement ; ainfi le concours de
deux perfonnes fait qu'ils n'en ont
que chacun la moitié.
Par la chofe fc par les paroles ,
quand le teftateur lègue la même
cnofe â deux perfonnes par une mê-
me claufe fans ajourer une diftri-
bution de portions ; je lègue ma
maifon i Pierre & i Jean , en ce
cas les deux légataires n'ont encore
chacun la moitié de lavnaifon que
par le concours à une même chofe
dont chacun d'eux ne peut avoir le
tout. •
Cela prèfuppofé, le droit d'ac*
croifiement n'a point de lieo entre
kEG ,
les'lcgataires ^ qui ne font cônjoiocs
que par les paroles feulement , par-
cequ'iU ne font pas proprement con-
joints » le ceftateur ne les a compris
dans une même claufe que pour
abréger fon difcours.
A regard des conjoints par la
chofe feule , eu par les paroles &
par la chofe , le droit d'accroiile-
ment a toujours Heu entr'eux \ c'eft-
à-(lire , que fi l'un des deux légatai-
res décède avant le teftateur ou s'il
refttfe » fa portion appartient à l'au-
tre, légataire*
Mais on demande fi le legs ac-
croît avec fa charge \ par exemple ,
je lègue ma maik>n a Pierre & d
Jean » & je charge Pierre de payer
cent éictts à Jacques } fi Pierre ne
Î eut ou ne veut pas prendre le legs ,
ean fera-t-il ooligé de payer les
cent écus à Jacques ? 11 y a deux
principes pour décider cette quef-
tion. Le premier qu'entre conjoints
par la chofe feulement le legs ac-
croît (ans aucune charge , parceqoe
la folidité avoir d'abord ècé léguée
au légataire qui refte îçxA \ ainfi
Cur avoir fon legs entier , il lî'a
(biâ que de fon droit , & ne fe
lett pas de celui de l'autre légataire.
)Le fi^cond principe eft , que fi le
légataire qui ne prend rien au legs,
étoit décédé dans le temps que le
teftateur a fait fon teftament» le
legs aecroît à l'autre fans aucune
charge; mais s'il n'eft décédé, que
depuis le teftament , ou s'il refufe
le legs» il accroît avec fa charge
entre conjoints par la chofe & par
les paroles.
|1 faut encore obferver que le léga-
taire peut reftifer la portion quiac*
croît t & fedt livrer par ce moyen
de la charge \ mais l'héritier ne le
peut pas.
Lorfque le teftateur a légué une
chofe fai^s la défigner en particulier»
& ^u'il y en a plufieurs de la même
efpcce ; par exemple , un de fes
chevaux , un de (es efclaves , le
choix appartient au légataire. Mais
fi le teftateur a voit légué en général
un fonds , le legs feroit inutile, par-
ceque le legs ne feroit pas fuffi-
lamment défigné , un fon^ pouvant
confifter en une feule perche de
terre.
Les legs peuvent être ôtés de
plufieurs manières différentes \ par
la volonté exprefle ou tacite du tef-
tateur, s'il révoque le legs, $*il
aliène fans néceflité la chofe lé-
guée \ s'il la donne de fon vivant â
une autre perfonne ; s'il intervient
des inimitiés capitales entre le tefta-
teur & le légauirc. Par le fait du
légataire qui s'en rend indigne , s'il
cache le teftament du défunt j s'il
refufe la tutelle dont le teftateur l'a
chargé par fon teftament j s'il accufe
le teftament d'être faux ou inofiË-
cieux» Il eft vrai que les tuteurs qui
forment cette accufation fous le
nom de leur mineur» ne perdent
pas le legs qui leur eft fait.
£n pays coutumier , fi le tefta-
teur a légué une nature de biens
qu'il ne pouvoir pas léguer , le lé*
gataire ne peut pas demander d'être
indemnifé fur les autres biens donc
le teftateur avoit la libre difpofirion:
par exemple, fi dans la coutume de
Paris , le teftateur a légué une terre
qui excède leauint des propres, l'ex-
cédent fera oté au légataire , fans
(|u'il puifiê en demander Teftima-
tion fur les meubles & acquêts.
Les legs ne font pas fi favorablen
en pays coutumier , qu'en pays de
droit écrit; c'eft pourquoi fi un père
ou une mère difpofent au profit d'un
de leurs en fans , par un motif de
haine contre les autres, on caJ^e
QqqiJ
f
4^» LE G
qmlqaefMs k kgs } oa en eoU«té«
nie 9 fi le teftaceur , en biftat un
legs, ontverfel, z^foit ajouté tiAe
caufe infamante contre fenhériciet»
le l€2s feroir cade ^ è tkoU\s que ce
ne iiU un juAe re^^he d^mgrati-
tnde y ovÊ que ia câafe ne f&t pt-
btique , de forte q^e le ceftacear
eue plmot voalu vendtà compte de
fa ccMidnire y que deshon(»rer fon
héritier.
Leconfentementqae Théritier du
leftareur pourroii* donner lors du
teftamenr, ne peur pas faire valoir
les legs faits à- des incapables , par-
€equ*on> fuppofe que ce confente-
ment n'a été donné que dans la
crainte dindifpoferle teflareiir.
Dans k plupart des couru mes Us
qualités d'héritier 66 de légataire
fonc incompatibles^ ce qui s'entend
ées biens dfune même coutume ;
mais on peut être héritier dans une
coutume Se légataire dans une autre
où Pon n'eft pas^ habile à fuccéder.
Tous les legs fonr fujets à déli-
vrance,, 6c les intéi^ts ne courent
que'du jour de la demaïide , i moins
Sue ce ne fût un legs fait a un en-
mr par Tes pète & mère , pour lui
tenir lieu de fa portion héréditaire;,
auquel cas les intérêts feroient dits
. depuis le décè^ du tèftateur.
On peut impofer une. peine à
. rbéritier pour l'obliger d'accomplir
' les legs ; a ailleurs les légarairesont
une aAion- contre lui en vertu du*
teftament.
Ils ont a'uflGl ùne hypothèque fur
tous tes bien^dudéfant j mais cette
kypothèquifr n*a lieu qaejufqu à con-
• currence de la part & portion dont
chaque héritier eft' chargé des Feas.
Le légataire oui lurvir ati teita-
eeiir tranfmet à ion héritier le droit-
de demander fon legs , encore qu'il
im fût pas exigible j pourvu qu'il
LÉ G
n*/ lue bas lut-mèma renonce, 8e:
que le legs ne foh jpas abfolument
perfonnet an téga^âitev
Phifieuts périonhe^ font ineapa-
blés de recevoir des legs , téttei que
ceux qui ont péifdu lès éfl^ts civils ><
lès corps 8C comnMinaruiés^ noti ap-
prouvés pa# te Princ-e ,• 8c n^eme
rEgUfe& les commut^autés approu-
vées ne peuvent plus ifien recevoir
que conforméme^nt ^ rEdit dttmois*
d'Août 174^9.
Les bâtards adultérins .& kicef^
tueux font incapables diè legs- , esi»
cepté defîmple^ àlimem.
On ne pouvoir autrefois léguer
à unpofthume^mais par lenoiiveau^
droit cela eft permis, de même qu'on ♦
psut léguer en général i^des enfansi
à naître.
Tous les legs ont été aflujîêttis à-
l'indhuation par l'Ëdir du mois de-
Décentbre 170J > céut- faits par les
pères & mères ou ayeur à leurs en-
fàns 9 en ont éré difpenfés par la^
Déclaration du a Août 1707, &.
autres réglemens pbftérieurs.
Oh appelle Ug^ caduc , . un . legs
qui demeure fans efif^t.
En général un legs ^ut ^c ca*
duc par le défaut de capacité du
teftareur , par- la qualité delà chofe-
qui n'eft pas dtfponible, oupar Tin—
capacité du légataire qui ne. peut,
recevoir de libéralité'.
On appeUe lég^ unhtfféf , celui
qui'eft fait de la rotaRt'c ou d'une
portion par quotité dès biens du dé-
funt , comme de moitié^, du»tiers ^
du quart , du^ fikième , &c.
Comme enpays coutumief ily »
autant, de fucceffions de la même
perfonne que d'efpèces de biens >
c'eft-à-dire , de meutles , acquêts»
propres naiffans, propres anciens ,.
&c. on regarde comme légataires.
utiives£els ceux qui le. fooc d'ipe^
N
I£G
' etpèce tie btem i çir entière oir ftt
2ttotiié.i leli que fmi Ieriég«ttirr«3
et meuUes S6 accfnèc^^ à\\ dir quint
des propres > ou duoMpbrltei? j &^.
Les legs partiçulieifi /ont cee^Q
qui ronrd*une^hôfe paiciculière^pit
en eipècé ^ comme une maijixm 9/:l9it
en quotité, conmie une £E>inmé fixe.
La coiidnioQ des' légataire^ pârti-
eulters' difi^ère de. celle des légatai-
res univérfels > en ce qxre ceux-ci
font ODfn parés aux hériciersbéné^'
ctaires ^ & tenos de contribuei aux
dettes , &c. au lieu qae le légataire
particulier n*eft quun (ingulier fu^*-
cefleur , contré lèquer lés -créanciers
de la fuccellion ne pèûvehtdirrger
aucune aâion perfonnteUe , &(^
lEGUA j bourg rfé France en Sain-
ronge ^. à cinq litùes , oueft^ de.
Saintes.
HÉGUANA i* fubffiantif mafculin.
Animal amphibie ou efpèce de Ic-
xard qui fe trouve en plufieurs en-
droits de rAmérique 6c des Indes
orientales. Il ne fiffle point & ne
fàicaucun mal. Sa longueur eft de
cinq ,.(ix ou huit pieds À il a quinze
à dix-huit pouces de circonférence :
fa peau eft grife , brune &c chargée
d'écaillés rudes, tuilées : depuis la
i^te jûiqu'à la queue ,.il afur le dos
une rangée de pointes comme un
peigne :. fes yeux font longs , fes
dents font petites & en faucille. Le
maie a une peau qui luL{>cnd depuis
ta gorge jtifqu'à la poirrine : c'eft
ilneefpèce-de goitre : il la roidit Se
leterid à volonté:. le fommet de la
tcte eft livide : 1^ pattes de devant
font plus menues que celles de der-
rière : elles ont toures cinq griffes,
munies dWigles fott pointus & cro-
c-hus.
Get animal eft afTez maigre de
corps , mais fes pttes de derrière
& la queue font fort char mies..
L£6
493
la tàodcné «Fa vemri itl légitima
efA grmw ^ & route la p^irtie jmé-
ri^ute éft tapilTée de deux panties
âe graiife Jaftiriâtre qtfoh dit bonne
pour les nerfsr: le^ mates ont une
poitare' hafdre^ un fegard affreux
' Se épôul^tabte } ib font d'ûh ti)ers
• plutfgrûtf que k^' femelles qui font
toutes vertes , & ont un regard plus
dooti Ik s'actrôupïem an mois de
Mars; alors ri eft dangcrent d'en
approcher. LtfiAâley pour défendre
fa femelle , s*élance for ki perfon-
nés qni' s'en approchent : Comme il
n'a point dfô venin , h morfure ne
met daîvs aucun péril , mais il ne
quittepoint'ce qu'il a mordu à moins '
?|uon ne Kégorge ou qu'on ne le
rappe rudîetftent fur le nea?,
teshâbitans du Biéfil leur font v
là chalFe au printemps. Après qu'ils-
ont mangé beaucoup de fleurs de
mahot d<^ de feuilles de mapou qui
croillent lev long des rivières, ils*
vont fe repofer fur dés branches*
d'arbres qui avancenr fur l'eau » &
leur ftupidité eft telle que quoiqu'ils^
foienttrès-fubtih& vûesàlacourfe, .
ils voyent apptocher le danger fansle
fuir.Gesanimauxfonrdiftcilesâtuer
à coups de fdfil j on en a vu en rece-
voir trois coups fans s'abatrie j mais^
on peut les faire mourir prompte-
ment en fottrant un petit bâton ou.
un poinçofi dans leurs naféaux : on^
les peut garder vivans pendant trois
femaincs , fans, leur donner à man-
ger ni à boire.
G'eft vers le mois de Mai que les •
femelles defcendent des montagnes
& viennent pondre leurs œufs au<
bord de la mer à la manière des
lortues y ces otufs font toujours en
nombre impair , depuis treize juf-
qu'à vingt-cinq : elles lés pondent
tous a la fois : ils ne font pas* plus
gros^ue ceux de pigeon , mais un
ri
454 L E G
pèa plus longs j l'écstille en eft fou-
fAe comme du parchemin motaillé :
e dedans dee œufs eft blanchâtre
& fans glaire ni blanc : ils ne dur-
ciffenc poinc^quoiquon les fafTe
bouillir : ils donnent un très- bon
goût à toutes fortes de fauces t &
valent mieux , dit-on , que ceux de
poules.
Un de ces lézards fuffit pour raf-
fafier quatre hommes : les femelles
font toujours plus tendres , plus
groflès & de meilleur goût que les
mâles y mais la chair de ces animajox
nuit fingulièrement aux véroles j elle
réveille même cette maladie quand
elle a été longtemps alToupie.
Seba donne la ae(cription de fept
efpèces de léguana qui varient par
la couleur : favoir , la première d'A-
mérique j la deuxième de Surinam )
la troifième de Ceylan i la quatriè-
me eft la femelle du précédent j la
cinquième fe trouve dans Tîle de
Formofe aux Indes orientales } la
£xièmc eft 4a petite efpèce du pré-
cédent ; la feptième eft de la nou-
velle Eipagne où on l'appelle tama-
colin. j
LÉGUÉ , ÊE î participe pa$îf. Foyei
Léguer.
LÉGUER ; terhe a6kif de la première
conjugal fon » lequel fe conjugue
comme Chanter. Legare. Donner
quelque chofe par teftament ou par
codicile. // lui Uguafa bibliothèque.
, Voyez L^GS.
La première fyllabe eft brève &
la féconde longue ou brève. Fbyci
Verbe.
Le pénultième c des temps qui fe
terminent par un c muet , prend le
fon de Ve ouvert & alonge la fyllabe.
LÉGUME i fubftantif mafculin. ie-
gumcn. 11 fe dit proprement & par-
ticulièrement ce certains petits
fruits verts qui viennent dans des
LEI
goafles , comme les haricots » tes
pois » &c. Nous parions de chaque
efpèce de légume fous le noni qui
lui eft propre.
LéGixMi , fe dit aufli généralement de
toutes fortes d'herbes potagères »
de plantes » & de racines qu'on ap-
prête dans les cuifines pour les fér-
vir fur les tables \ 8c dans ce fens il
s'emploie d*ordinaire au pluriel. Cer-
taines feSes d* Indiens ne vivent que
de fruits & de légumes. -'
Les deux premières fyllabes (ont
brèves » 8c la troifième très-brève.
LÉGUMINEUX, EUSK ; adjeÛif &
terme de Botanique. Il fe dit des
fleurs de la plupart des plantes qu'on
nomme légumes , comme les lén^
tilles y les pois y les haricots , &f. 8c
des fleurs d'un grand nombre a au-
tres plantes qui n'ont aucun rapport
avec celles qu'on appelle proprement
légumes. On donne encore le nom
de papillonacées i ces fortes de fleurs
à caufe dé la figure de leur corolle
qui repréfente en quelque forte les
ailes d'un papillon. Le trèfle a fis
fleurs legumineufee ou papillonacées.
LÇIBNITZ i ( Godefroi Guillaume)
nom d'un illuftre favant qui naquit
i, Leipfick , en Saxe > le 13 Juin
16^6. Frédéric fon père étoitpfo-
fefleur en morale , fie Greffier de
rUniverfité , & Catherine Seh-
muck , fa mère , troifième femme
de Frédéric 9 fille d'un Doreur &
ProfefTeur eo Droit. Paul Leib-
nitz , fon grand oncle , avolt fervi
en Hongrie , 8c mérité en 1^00
des titres, de nobleflè de l'Empeteur
Rodolphe IL
Il perdit fon père i l'âge de fix
ans » & le fort de fon éducation re-
tomba fur fa mère , femme de mé*
rite. II fe montra également propre
à tous les genres a'éttde , 8c s'y
LEI
porta avec la même ardeur & le mè<
me fuccès.
Son père lui avoir laifle une affez
ample coUeâion de livres ; i peine
lé jeune Leibnitz fut-il un peu de
Eec Oc de latin , qu*il entreprit de
i lire tous , poètes » orateurs » hif-
coriens , Jurifconfultes » Phik>fo-
pbes , théologiens » médecins. Bien-
tôt il fentit le befoin de fecours » &
en alla chercher. 11 s*ar tacha parti-
culièrement i Jacques Thomafius y
perfoane n'avoit des connoiflan-
ces plus profondes de la littérature
& de la philofopfaie ancienne que
Thomafius j cependant le difciple
ne tarda pas à devenir plus habile
que fon Maître. Thomafius avoua
la fupériorité de Leibnitc \ Leib-
nitz reconnut. Tes obligations qù*il
avoit à Thomafius. Ce fut fquvent
entr'euz un combat déloge d'un
côté,& de reconnoiflance delantre.
Léîbnitz apprit fous Thomafius
i attacher un grand prix aux Phi-
lofophes anciens j â la tète def-
3uels il plaçd Pythagore & Platon ^
eut du goût & du talent pour la
poéfie : fes vers font remplis de
chofes.
Il fut profond dans Thiftoire ; il
connut , les intérêts des Princes.
Jean Cafimir , Roi de Pologne ,
ayant abdiqué la Couronne en 1 66Sy
Philippe Guillaume de Neubourg ,
Comte Palatin , fut un des préten-
dans , & Leibnitz , caché fous le
nom de Gcorgt UUcorius » prouva
que la Répubhque ne pouvoit faire
un meilleur choix } il avoit alors
vingt-deux ans , & fon ouvrage fut
attribué aux plus fameux Jutifcon-
fuites de fon temps.
Quand on commença â traiter de
ia pai» à Nimégue » il y eut des
difficultés fur le cérémonial â Té-
gard des Princes libres de l*Empire
LEI 495
qui n^étoient point Eleâeurs. On
refufoit à leurs Miniftres des hon-
neurs qu'on accordoit â ceux des
Princes d'Italie. Il écrivit en faveur
des premiers louvrage intitulé C4«
farini Furficmrii , de jure fuprtnut*
tus ac Ugationis prîncipum Gcrmom
nu. C'eft un fy ftème ou Ton voit un
Luthérien placer le Pape à coté de
1 Empereur , comme çnef temporel
de tous les écats Chrétiens , du
moins en occident. Le fujet eft parti-
culier y mais à chaque pas Tefprit
de Tauteur prend fon vol & s*élève
aux vues générales.
Au milieu de ces occupations il fe
lioit avec tous les Savans de rAU
leinaene & de TEurope ; il agi-»
toit loit dans des thèfes > foit dans
des lettres » àe$ queftions de logi«
que , de méthaphyfique , de mo-
rale , de mathématique Se de
Théologie , & fon nom s'infcrivoic
dans la plupart des Académies.
Les Princes de Rrunfwick lededi^
nèrent à écrire Thiftoire de leuc
Maifon. Pour remplir dignement
ce projet » il ' parcourut TAllema-
gne & ritalie , vifirant les ancien-
nes Abbayes » fouillant dans les ar-
chives des villes , examinant les
tombeaux & les autres antiquités ,
& recueillant tout ce qui pou-
voit répandre de l'agrément & de
la lumière fur une matière ingratet
Ce fut en pa (lant f u*- une petite bar-
que feul , de Venife i Mefola, dans
le Ferrarois, qu'un chapelet dont il
avoit jugé â propos de le pourvoira
tout événement dans un pavs d'in-
quikition, lui fauva la vie. 11 s'éleva
une tempête furieufe. Le Pilore
qui ne croyoit pas être entendu p&if
un Allemand , & qui le regarooit
comme la caufe du péril , propofa
de le jeter en mer , en confervant
néanmoins fes bardes & fon argent^
49^
i L£I
qtti Q^écoiem pas ^lérétiquè^. Letb-
miz fans fe croubier tira fon cha-
Eelec d'un sir dévot > ic cet artifice
c changer iFavis an Pilote.
De recour de fes voy4g«f â Ha-*
novre en itf^o, il |Ni^Ua une ppr-
de la récQite qir'il aveic faites
tion
car fon avidité s'écpic jetée fur tout >
en un volume in-folio , fous le ti-
tre de Code du Droit des gens :
c*eft-là qu'il démontre que les ac'
tes publiés de nation i nation font
les fources les plus certaines de
rhiftoirej 6c quef quels que foienc
les petits refTorts honteux qui ont
mis en mouvement ces grandes
maiTes » c*eft dans les traités qui
ont précédé leurs émotiotis ic ac--
compagne leur repos momentanée ,
qu il faut découvrir leurs véritables
intérêts. La préface du Codex juris
gentium diplomatîcus , eft Hn mor-
ceau de génie. L'ouvrage eft une
mer d'érudition : il parut en 1^93.
Le premier volume , Scriptorum
Brunfvicenjia illuftrantium , ou la
bafe de fon hiftoire tut élevée en
1707 i c'eft-U qu'il juge d'un
jugement dont on n'a point appelé ,
de tous les matériaux qui dévoient
fervir au refte de l'édifice.
On croyoit que des Gouverneurs
de villes xle rÈmpire de Charle-
magne ctoient devenus , avec le
tem's , Princej héréditaires j Leib-
niiz prouve qu'ils l'ovoient tou-
jours été. Qn regardoit le X fc le
kl iîccles comme les plus barba-
res du Chriftianifme; Leibnitz re-
jette ce reproche fur le XIll & le
XIV , où des hommes pauvres par
inftitttt , avides de l'aifance par foi-
bleffe humaine , inventoient des fa-
bles par néceffité. On le voit fuivre
l'enchaînement des évènemens , dif-
cerner les âls délicats qui les ont
Mcirés les uns à la fuite des autres $
LEl
te pàfec tes r^les d^utie efp^ d<
divination diaprés laquelle VitkX \vr
térieuc ic Tétat pr^uat d*ttn Peo*
plp étant bien connus «- ott peut
ani)ocicer çd qu^il de^iendni^
|>8oz autres votomes «fcryMoriMi
JBntnfik^nfiêi iUufifj^Mium » paravent
en 1^10 tt i7f I y teceften^a point
fiiivi. M. de Eontenelte a expofé le
plan général de l'ouvrage dans fon
éloge de Leibnitt » ann. de tAc. des
Sciences -If fé. '
Dans le cours de fes recherches
âl prétendit avoir découvert la véri-
table origine des Fraixçois & il en
publia une diflèrjtation en 171^.
Leibnitz étoU grand Jurifcon-
fuite ; le droit étoit & fera long-
temps rétude dopainaate de l'Aile-
ipagne ; il le.fréfema i r%e de
vingt ans atnt examens du doâorat^-
fa jeunelfe qui auroit du lui con«
ciUer la bienveillance de la femme
du Doyen de la Faculté -, excita ,
on ne fait comment j fa siauvaife
humeur, de Leibnitz fur refufé«
mais* rapptaudiflfèment général Se
même la dignité qm lui futoiFecre
Se conférée par les habttans de la
ville d'Altorf ^le vengèrent de cotte
injuftice.
A I âge de vYi^t-deuxaiis il dé-
di^ i TEleéleur de Mayenco Jean-
Philippe de Schombom , tt^e noce*
yelle Méthode d^enfeigncf fy dt^p-
prenire la Jufifprudenct » avec un,
Catalogue des chofcs à defirer d ans
la fciciice du droit* Il donna dans
la même année fon projet pour U
reforme générale du corps du droit.
La^ tète de cet homme étoit enne-
«lie du défordre » il falloic que les
matières les plus embarralTées s'y
arrangeafTent en y encrant j il réu-
fiitfoit deux grandes ql3aH^&s prcf^
que incompatibles j l'elprît d'inven*
<ion & celui de méthode ; <Sc Vé-
code
lEI
taâe la plus opiniâcce & laplas va-
riée , en accumulant en lui les con-
^noiifances les plus dirparaces^ n'a-
voit afFotbIi ni i*an ni l'autre : pKi-
•lofophe Se machémachicien ^ tout ce
que ces deux mots renferment » il
rétoir. Il alla d*Altorf à Nurem-
berg vidrer des Savans ) il s*in(i-
nua dans une foclécé fecrète d'Âl-
chiraiftes , gui le prirent pour un
adepte fur une lettre farcie de ter
^mes obfcurs qu*il leur adreffa , qu iU
entendirent apparemment y mais
^u'afTurément Leibnitz n'entendoit
pas. Us le créèrent leur Secrétaire .
^ ils s'inftruifit beaucoup avec eux
pendant qu'ils croyoient s'indruirc
avec lui.
Leibnitz étoir emièremetit neuf
<lans la haute géométrie, lorfqu'ii;
•connut à Paris M. Huyghens , qui
^toit après Galilée & Defcartes y
celui i qui cette fcience devoit le
plus. Il lut le Traire de Horolog'to
ofcillatorio; il médita les ouvrages de
Pafcal & de Gtégoire de Saint- Vin-
cent. £nfin il devint un mathémati-
cien du premier ordre , & difputa à
Newton l'invention du calcul dif-
férentiel. Il fut accufé par les Ad-
mirateurs de ce dernier & par-
ticulièrement par Keill , k la face
de tome TEurope j d'avoir dérobé
l'invention de ce calcul au philofo-
phe Anglois : le philofophe Alle-
mand commença par réfuter cette
imputation de plagiat , ave<! beau-
coup d'impétuofité dans les jour-^
naux de LeipHck , & finit par fe
plaindre à la Société Royale de Lon
dres , en la demandant pour Juge.
L'examen des Commi (laites nom-
més pour difcuter les pièces de ce
grand procès , ne lui furent point
favorables. La Société Royale aonna
À fon concitoyen l'honneur de la dé-
Tomc XF.
LEI 4<>7
cosvdR. Pottf ^ftlâer fon }uge«
meut , elle U lit imprimer avec tou«
tes les pièces qui pouvoient fervir
à appuyer l'Arrêt. Les autres Tri*
bunaux de l'Europe fa vante, jugèrent
Leibnitz avec moins de févérité»
peut-être avec plus de juftice. Les
fages pepfè ent affez généralemetUT
que le philofophe Anglois & le phi-
lofophe Allemand avoient faifl cha-
cun la même lumière , la même
vérité , par la feule conformité de
la pénécnrioa de leur génie. Ce qui
les confirma dans leur opinion ,
c'eft qu'ils ne fe rencontroient que
dans le fonds des chofes^ ce que
Tun appeloit /f«Ti^/i5 » l'autre le
nommoit différences : l'infiniment
petit étoit marqué dans Leibniri
par un caraâère plus commode ôc
d'un plus grand ufage que le carac-*
tère employé par Newton. ^
En i6ii ^ le Baron de Boine*
bourg) Miniftre de TEleâeur de
Mayence , attacha Leibnitz à ce
Prince 9 qui le fit Confeiller de la
Chambre de RéviHon de fa Chan-
cellerie. M. de Boinebourg avoir
envoyé fon fils à Paris ; il engagea
Leibnitz à faire le voyage & à
veiller â fes affaires particulières ^
& i la conduite de fon fils. M. de
Boinebourg mourut en i^7J » &
Leibnitz pafTa en Angleterre, où
peu de temps après il apprit la more
de TEledleur : cet événement ren*
verfa lescommencemens de fa for«
tune ; mais le Duc de Btunfwick
Lunebourg s'empara de lui pendant
qu'il étoit vacant , & le gtatifia de^
la place de Confeiller & d'une pen-
(ion. Cependant , il ne partit pas fur
le champ pour l'Allemagne. Il re-*
vint à Paris , d'où il retourna eti
Angleterre , & ce ne fut qu'en
1(76, qu'il fe rendit auprès du Duc
Jean Frédéric j qu'il perdit au bouc
Rrr
498 l'CI
de crois ans. Le Duc Erffft - A«-
gufte lui offnt fa proteâion , & le
chargea de THiftoire de Brunfwick :
nous ayons parlé de cet ouvrage ,
& des voyages qu*îl occa(îonna. Le
Duc Erneit le nomma en 1696 fon
Confeilier- Privé de Juftice ; on ne
croit pas en Allemagne qu'un Phi-
lofopne foit incapable d'affaires. En
1^99 l'Accadémie des Sciences de
Paris le mie 4 la ccte de fes AtTo-
ciés étrangers. 11 eût trouvé dans
cette capitale un fort alTez doux y
mais il falloir changer de religion ,
& cette condition lui déplut. Il in-
spira à l'Eleâeur de Brandebourg |
le deflèin d'établir une Académie
à Berlin , te ce projer fut exécuté
en 1700 d'après Tes idées : il en
fut nommé Préfidenc perpétuel ,
ic ce choix fut généralement ap-
plaudi.
En 1710 parut un volume de
l'Académie de Berlin , fous le ti-
tre de Mi/iellafiea Bcrolincrjia, Leib-
nitz s'y montra fous toutes fes for-i
mes» d'hidorien , d'antiquaire, d*éty-
mologiite , de physicien , de mathé-
maticien ôc même d'Orateur.
11 avoir les mêmes vues fur les
Étars de l'Élcâreur de Saxe ^ & il
médiroit Térabliflement d'une autre
Académie à Drefde > mais les trou-
bles de la Pologne ne loi laifTèrent
aucune efpèrance de fuccès.
En revanche le Czar , qui étoit
allé i Torgau pour le mariage de
fon fils aine & de Charlotre-Chrif-
tbe , vit Leibnitz » le con.fulta fur
le defTein oà il étoit de tirer fes
Peuples de la barbarie , l'honora de
préfens » & lui conféra le titre de
fon Conîeiller- Privé de Juftice^ avec
une penfion confidérable.
Mais toute profpérité humaine
cefTe ; le Roi de PculTe mourtK en
1713 , Se le goût militaice de fon
LEI
fucce^ur détermina Leibnhz I
chercher un nouvel afyle aux Scien-
ces- 11 fe tourna du coté de la Cour
Impériale , Se obtint la faveur du
Prince Eugène^ peut-èrre eut* il
fondé une Académie à Vienne,
mais la pefte furvenue en cette Ville
rendit inutiles tous fes mouvemens*
Il étoit i Vienne en 1714» lors-
que la Reine Anne mourur^ L'É^
leâeur d'Hanovre lui fuccéda. Leib-
nitz fe rendit d Hanovre » maisnl
n'y trouva pas le Roi. Il n'étoit plus
d'âge à le luivre. Cependant le Rot
d'Angleterre repaflà en Allemagne ,
& Leibnitz eut la joie ^*il défi-
roi t % depuis ce temps fa (an té s'af-^
foiblit toujours. Il étoit fujet si la
goutte y ce mal lui gagna les épau^
les, & une tifane dont un Jéfuire û'IiT'
golftad Itii avoir donné la recette ,
Fui çaufa desconvulfions & desdou^
leurs exceffives , dont il mourut le
14 Novembre r7i^.
Dans cet état il médiroit encore^
Un moment avant d'expirer il de^
manda de Têncre & du papier : it
écrivit 'y mais ayant voulu Ifre ce
qu'il avoir écrit y fa vue s'obfcur-
ctr , & il ceffa de vivre , 2gé de
foixanre -* dix ans. Il ne fe mari«
point i il étoit d'une complexio»
forre , il n*avoir point en de mala-
dies que quelques vertiges 8c la
goutte. 11 croit fombre , & pafToic
fouvent les nuirs dans un fauteaiL
Il écudioit des mois entiers de fuH
re 'y il faifoit des extraits de toutes
fes leâures. Il aimoû i converfer
avec toutes foites de perfonnes ,
Î;ens de Cour , foldars ^ artifans t
aboareurs.ll n'y a guère d'ignoians
dont on ne puiffe apprendre quel-
?[ue chofe. Il aimoit lafociétedes
emmes , 6c la fienne leur p!ai(blr.
Il avoir une coTrefpondance litté-
raire très - étendue* 11 fourniiToit
LEt
des vues aux Sa vans ; il les anî-
cnoic^ il leur applaudi doit j il cher-
choit autant la gloire des autres
ijue la fienne. Il étoir colère , mais
il revenoit promptement ; il s'iu-
dignoit d abord de la concradiâion ^
mais Ton fécond mouvement ccoit
, plus tranquille. On laccufe de n'a-
voir été qu'un grand & rigide ob-
fervareur du droit naturel : fes Paf-
teurs lui en ont fait des réprimandes
publiques & inutiles. On die qu'il
âiaioit l'argent , 6c il en avoit
amafle uue fomme confidérable ,
qu'il tenoit cachée. Ce tréfor , après
Tavoir tourmenté d'inquiétudes
pendant fa vie , fut encore funcfte à
fon héritière ; cette femme à l'af-
peâ de cette richeffe, fut fifaifie de
joie , qu'elle en mourut fubite-
ment.
Jamais homme peut-être n*a au-
tant lu,. autant étudié , plus mé-
dité, plus écrit que Leibnitz; ce-
pendant il n'exige de luiaucun corps
d'ouvrages ) & l'on s'étonne que
l'Allemagne , fi honorée par ce rare
& fublime génie , n'ait pas encore
recueilli ce qui eft forti de fa
plume.
LEICESl ER i ville d'Angleterre . ca-
pitale d'une Province de même
nom , fitué fur la Stoure , à trente
lieues, nord-oued, de Londres.
La province de Leicefter eft bor-
née au nord par celle de Nottin-
gham ; à l'occident , par celle de
W arwick ^ â\i midi , par celle de
Northampton ; & à l'orient , par
celles de Rutland Se de Lincoln. Sa
longueur eft d'environ neuf lieues
& là largeur de huit. On y refpire
un air falubre , Se les terres y abon-
dent en blés , parurages y on en tire
beaucoup de laine très - blanche
& très - fine. Les principaiii ri-
vières qui arrofenc cette Province
t E I 499
font la Stoure » le Reck & le
Swift.
LEICTOURE i roye:[ Lectour^.
LEINEj rivière d'Allemagne qui a fa
fource àHeyligenftadt dans l'Eich-
feldt , & fon embouchure dans TAU
1er entre Zell , Se Ferden.
LEINSTER ; province maritime & la
plus confidérable d'Irlande. Sa lon-
f;ueur eft d'environ trente - fept
ieiies , fa largeur de ving trois ôc
fa circonférence de cent vingt. On
Y refpire un bon ait. Les grains j
les pâturages , le bétail ^ le poillon
& les oiieaux aqu^ques v abon*
dent : on y nourrit aufli de k>rr bons
chevaux. Les principales Civières
qui l'arrofent font le Barow , le
Shannon , la Boyne , le LefH , la
Nuer , Laflane & l'Inni.
II y a dans cette Province un Ar»
chevêche , qui eft celui de Dublin »
& trois Ûvêchés, Elle a feize Villes
qui ont des marchés publies , qua*
rante fept Villes- de commerce, à
peu près, autant de Villes ou Bourgs
qui ont droit d'envoyer leurs Dé-
putés au Parlement d'Irlande , une
cinquantaine de Châteaux fortifiés »
& neuf cens vingt-neuf ParoifTes.
. Dublin , capitale de l'Irlande , eft
la première de toutes les villes de
Lcinjltr.
Anciennement ce pays étoit par-
tagé entre divers Peuples j favoir j
les Brigantes, qui occupoient Kil-
kenni , Catherlagh ^ Kings-County
& QueeuS'Councy ; les Ménapiens
qui tenoient Wexford & les en-
virons \ les Cauci , qui avoient
^)(^icklowes , fes dépendances ; les
Blanii ou Elbanii , qui poffédoiene
Dublin , Eafth - Meath & Weft^
Méath.
Enfutte par fuccefiion de temps ,
le pays fut partagé en deux Royau-
mes » celui de Leiafter St celui ${•
Hi I i^
s^
500 L £ L
Méath ^ce qui a duré jafqu*à Hen-
ri II qui en fie la conquête. On
le divife préfencemenc en onze
Comtés.
LEIPSIC » ou Liipsicb: , ou Leipxig y
ville forte & conftdérable d'Alle-
magne dans la Mifnie , au con-
. fluent de la PieilF, de l'Elfter^fc
de la fiarde t à feize lieues, nord-
oueft y de Eif efde y à vingt - fix »
Aideft » de Magdebourg , & à
cent , nord oueft , de Vienne > fous
le vingt-neuvième degrcj cinquante-
une minutes , trente fécondes de
longitude , ^ le cinquante - uniè-
me degré^oix-neuf minutes, qua-
corzot fécondes de latitude. Il s'y
fait un très-grand commerce & fes
foires font frcquenfée^ par toutes
les Nations qui trafiquent. Elle a
une fameufe Univerfité qui fut fon-
dée par rÉleiSbeur Frédéric en 1409.
Pluueurs Souverains en ont été les
Redeurs.
Cette Ville dépend de TÉIeûeur
de Saxe. Elle eft la patrie de plu-
fieurs Savans , & particulièrement
de 1 illuftre Lei^nitz.
lEIPZIS 'y fubftantif mafculin. On
donne ce nom dans le commerce
à une efpèce de ferge qui fe fabri-
que à Amiens.
LEIRAC ; f^oye^ Leyrac.
LEIRIÀ 'y ville Épifcopale de Portu-
gal dans rEftrémadure » à vingt
lieues , nord, de Lifbonne.
LEISZNICK i petite ville d'Allema-
gne , en Mifnie , dan$ TÈIeârorat
de Saxe, fur la Mulde j entre Meif-
£en & Leipfick.
LEITH , ou Lyth } ville maritime
d'Écoffe , dans la province de Lo-
* thian , fur le golfe de Eorth , à un
mille d'Edimbourg.
LÉLAPS j terme de Mythologie &
nom propre du cbien que Piocris
LEM
dotma i Céphflle pour fe reconcF'
lier avec lui. Il étoit » difenc le»
Poëtes , un ouvrage de Vulcain , 6c
ce Dieu l'avoit doué d'une agilité'
fi prodigieufe , qu'il n'y avoit point
de bète &uve qu'il ne furpaHat à la
courfe.
LÉLÈGES (les) c'eft félon Paufanias,
un ancien nom des Mégariens 8c
des Lacédémoniens. Ils turent ainC
nommés de Lélex premier Roi de
la Laconie , d'où ce pays fut aufli
I* appelé Lélégie..
LÉLOW i Ville & Chât^Uenie de la
haute Pologne , dans le Palatinat de
Gracovie , fur la rivière de Plicza ,,
à dix-fept lieues , nord > de Cra**
covie.
LEMAN 'y ( le Lac ) Lac confidérable
fitué entre la Savoie & le pays de
Vaud. On l'appelle autrementXac
de Genève. P'cyc:^ GENèvB.
LEMB AIRES; ( les ) Vopifcus donne
ce nom aux foldats qui fous le rè-
gne d'Aurelien combattoient dans^
des bateaux qu'on armoir fui le&-
rivières. *
LEMBERG ^ ville de Pologne dans^
la Ruflie rouge » capitale d'un Pa*
latinat de même nom y & fituée
fur la rivière de Pelteu , entre Ka-
minieck, & Varfovie à trenie-huir
lieues , nord-oueft , de la première^
& environ foixante , fud-oueft^.
de la féconde.
Le Palatinat de Lemberg eft bor-
né au nord par le Palatinat de Be«
lez ; à l'orient par la Podolie , &
la Moldavie ^ au midi pat la Tran-
filvanie & la haute Hongrie ; & ^
Poccident par la liante Pologne* Il
eft fertile &bien arrofé.
LEMBERG , ou Lewenberg ; petite
ville de Silefie dans le Duché de
Ja^er y fur le Bober entre Javer &
Gorlirz.
LEM
lEMBRO i île de l'Archipel , avec
un Boorg de même nom , lur la côte
orientale de la prefqu'île de Rema-
nie au nord de Tile de Tcnédos.
Elle a environ neuf lieues de cir-
cuit.
1.EMBROISÉ i vieux mot qui fîgni-
fioit autrefois lambriffé.
iEMERYj (Nicolas) nom d'un ha-
bile Chimifte, né à Rouen en 1^45 ,
& mort à Paris en 17 1 y y il fut ad-
mis à l'Académie des Sciences en
i^^9, & ne fe rendit pas moins
recommandable par Tes qualités
perfonnelles » que par Ton favoir. On
a de lui, 1^. un Cours de Chi-
mie , donc la meilleure édition eft
celle de M. Baron , en 175 5 , ^n'J^P.
avec de favantes notes ;,la première
édition de ce livre traduite dans
toutes les langues de l'Europe , fe
vendit comme un ouvrage de ga-
lanterie ou de fatyre : 1^. une Phar-
macopée univer folle ^ //2-4®. C^eft
un recueil rrès-exaâ de toutes les
co^npontions des remèdes décri s
dans les meilleurs livres de Phar-
macie : 3®. un Traité univerfel des
drogues (impies : ouvrage qui eft la
bafe du précédent , & qui eft aullk
eftimé : 4^. un Traité de l'Anti-
moine^, i/i- 8^.
Son fils , Louis Lcmery , né en
r6'77 & mort en 1743 j mérita auflî
par (es connoiflances en Chimie &
on Médecine 9 une place à l'Aca-
démie des Sciences. 11 a laiffé , 1^.
un Traité des Alimens y 1701 ,
in-iz , ouvrage clair , méthodique:
X?. un grand nombre d'ex cellens Mé-
moires fur la Chimie , inférés dans
ceux de TAcadémie des Sciences :
5^. trois Lettres contre le Traité
de la . génération des vers dans le
* ■ corps de l'homme , par Andry.*
LEMGOW; fctite ville d'AUema-
' gnt en Weftphalie > fur la rivière
LEM 501
de Bège, dans le Comté de la
Lippe, à quatre milles , fud-oueft»
de Minden. Elle fut autrefois im-
périale , mais aujourd'hui elle ap-
partient aux Comtes de la Lippe.
LEMING ; fubftantif mafculin. 1^/n-
mus. Efpèce de petit quadrupède
qu'on trouve par troupes dans la
Laponie où on l'appelle fouris de
montagne. Olaiis Magnus ,' dit M»
de Buftbn , eft le premier qui aie
fait mènrion du Leming j & tout
ce qu'en ont dit Gefner , Scali-
ger , Ziegler ^ Jonfton , &c. eft tiré
de cet Auteur ; mais Wormius »
après des recherches plus exaâes , a
fait rhiftoire de cet animal , &c
voici la defcriprion qu'il en donne :
« il a , dit-il , la figure d'une fouris ^.
1» mats la queue plus courte , le
M corps long d'environ cinq pouces ^.
>9 le poil fin & taché de diverfes
» couleurs y la partie antérieure de
3» la tctc noire > la partie fupériéure
» jaunâtre, le cou & les épaules
» noires, le refte du corps coufsa-
91 tre , marqué de quelques petiter
» taches noires de différentes figu-
» res jufqu'à la queue , qui n'a qu'un
>9 demi pouce cie longueur, & qui
» eft couverte de poils jaunes ^^
M noitâtres ; l'ordre des taches , non
99 plus que leur figure & leur gian-
99 deur , ne font pas les mêmes dans
99 tous les individus ; il' y a autour
99 de la gueule plufieurs poils roi-
99 des en forme de mouftaches ,
99 dont il 7 en a fix de chaque côté
99 plus lones& plus roides que les
99 autres ; l'ouverture de la gueule
99 eft petite , la lèvre fupériéure eft
» fendue comme dans les écureuils ,
. 99 il fort de la mâchoire fiipcrieure
»9 deux dents longues incifives'j'ai-
99 gucs , un peu courbes , dont les
99 racines pénètrent jufqu'à l'orbite
n des yeux , deux dents fembla«
1
yoi LE M
•» bles dans la mâchoire infcrîeure
t> qui correfpondenc d celles du
»> delFus, trois mâchelières de cha-
f} que coté ^ éloignées des denrs in-
n cifivcs j la première mâchelière
f> fprc largî & compofée de quatre
9) lobes y la féconde de troirs, latroi-
)> (lème plus petite ;^ chacune de ces
n trois dents ayant fon alvéole fé-
f» parée & toutes Htuées dans Tin-*
t> térieur du palais , à un intervalle
» afTez grand j la langue aiïez am-
j»^ pie Se s*étendant julqu'à Textrc-
9i mité des dents incifives ; des dé*
9> bris d*herbe & de paille qui étoient
» dans la gorge de cet animal, doi-
» vent faire penfer qu^il rumine y
» les yeux font petits & noirs y les
n oreilles couchées fur le dos , les
» jambes de devant très-courtes, les
f> pieds couverts de poils ic armés de
a cinq ongles aigus & courbés , dont
» celui du milieu eft très-long j &
M dont le cinquième eft comme un
»> périt pouce on comme un ergot
n de coq , (îtué quelquefois aflfèz
M haut dans la (ambe ^ tout le ven.
f9 tre e(l blanchâtre , tirant un peu
» fur le jaune, &c« >). Cet animai
Aont le corps eft épais & les jam-
bes fort courtes, ne laiffe pas de
courir allez vite y il habite ordinai-
rement Us montagnes de Norwège
& de Laponie, miis il en defcend
quelquefois en R grand nombre dans
de cerraines faifohs, qu'on regarde'
l'arrivée des lemings comme un
fléau terrible , & dont il eft im-
poflSble de fe délivrer j ils font un
dégât affreux dans les campagnes ,
devaient les jardins , ruinent les
moiffons, & ne laifTent rien que
ca qui eft ferré dans les maifons,
où nepreufcment ils n'entrent pas.
Ils aboient à peu-près comme des
petits chiens. Lorfau'on les frappe
avec un bâton ^ ils le jettent dedus
LEM
& le tiennent fi fort avec les dcntsy
qu'ils fe laiffent enlever & trant
porter â quelque diftance , fans
vouloir le quitter j ils fe creufenc
des trous fous terre s & ^o^^ com-
me les taupes manger les racines j^
ils s'a(remblent dans de certains
temps f & meurent pour ainfi dire
tous enfembie 'y ils font très-cou-
rageux & fe défendent contre les
autres animaux : on ne fait pas
ttop d'où ils viennent j le peuple
croit qu'il tombent avec la pluie;
le mâle eftordinairement plus grand
que la femelle, & a aulli les tachés
noires plus grandes y ils meurent
infailliblement au renouvellement
des herbes j ils vont auili en gran-
des troupes fur l'eau dans le beau
temps , mais s'il vient un coup de
vent , ils font tous fubmergés^ le
nombre de ces animaux eft fi pro-
digieux , que quand ils meurent
l'air en eft infeÂé^ ôc cela occa-
fionne beaucoup de maladies ; il
femble même qu'ils infeâent les
plantes qu'ils ont rongées, car ie
[>âturage fait alors mourir le bétail ^
a chair des lemings n'eft pas bonne
â manger , fc leur peau , quoique
d'un beau poil % ne peut pas fer vit
à faire des fourrures j parcequ elle
a trop peu de confiftance.
LEMMÂ ; fubftanrif roafculin. Plante
aquatique qui trace beaucoup, &
qui après avoir été fort connue des
' anciens , avoir été long-temps com-
me perdue pour nous: on l'a. re-
trouvée dans ces derniers temps.
Se M. de Juilieu en a donné la def«
cription dans les Mémoires de TA-
cadémie des Sciences » de Tannée
1740. Elle croît dans les lieux ma*,
récageux , dans les crangs d'eau
douce , & quelquefois hors de TeaD;
mais alors elle eft amaigrie & com-
me méconnoifiable. Les rameaux
LEM
fampentà droite & â gauche » Se
font chargés de feuilles > qui , fui-'
▼anc que ces rameaux fe trouvent
plus ou moins approchés ou écar-
CCS , forment des roufiFes plus ou
moins ferrées. Les racines naiifent
du côté inférieur de la branche ;
elles relfemblent à des âlets gar-
nis de fibrilles & font brunâtres &c
pliantes : la branche qui donne naif-*
fance aux rameaux eft cylindrique
& partagée d'efpace en efpace , en
efpeces de nœuds j chaque rameau
eft terminé comme la branche, par
un bouton de quatre feuilles, qui
venant i fe déployer , repréfente
une croix de Malthe : cette plante
porte des coques d'une fubftance de
cuir , elles naiflènt de la queue des
feuilles , 8c contiennent les fleurs
& les fruirs. Elle diffère des autres
plantes aquatiques » en ce que leurs
feuilles font plus découpées , lorf-^
qu'elles reftent plongées dans les
eaux , 6c paroifient plus entières
dès qu'on les en retire > & que celles
du Lemma , au contraire , font plus
entières dans l'eau, & deviennent
crénelées dès qu'elles en fortentr.On
ne fauroit croire en combien de
lieux , 8c fous combien de climats
difFérens elle vient avec le même
fuccàt. Quant aux propriétés médi-
cinales du Lemma » M. de Juffieu
foupçonne que cette plante convient
pour atténuer & divifer les fluides,
êc pour lever les obftraél;ions des
vifcères. La faveur de cette plante
eft mucilagineofe comme celle des
fougères.
*-EMME } fubftantif mafculitl, &
terme de Mathématique* Propofl-
tion préliminaire qu'on démontre
pour préparera une démonftration
futvante Se qu'on place avant les
fhéorènaes , pour rendre la démouf-
sracion moins embarraflce^ ou avant
^£M 503
les problèmes » afin que la folution
en devienne plus courte & plus ai-
fée. Ainfi , lorfqu'il s'agit de prou-
ver qu'une pyramide eft le tiers d'un
Erifme ou parallélipipède de mèâUe
afe de de même hauteur ; comme
la démonftration ordinaire en' eft
difiicile , on peut commencer par
ce lemme , qui fe prouve par la théo-
rie des progreflions^ favoir , que U
fomme de la fuite des carrés natu-*
rels, o, r ,4^ 9, ««, iS> J^t&c.
eft toujours le tiers du produit du
dernier terme par le nombre des
rermes.
LEMNIEN, ENNE; adjeaifqui$;em-
ploie auffi fubftantivement. Qui ap«
fartient i l'île de Lemnos> qui eft
de nie de Lemnos.
On appelle terre Letnniennt, oti
terre det^mnos > une efpèce de terre
bolaire forr vantée des anciens , Se
qui fe trouve dans Tîle de Lem-
no%. On en diftingue de ttois ef-
peces , ta blanche , la jaune & U
rouge : cette dernière eft la plus
ufitée 'y elle eft d'un ronge pale ,
unie, douce au toucher ^ fes parties
font aflez liées ; elle ne fe di floue
pa^ promptemenr dans la bouche y
elle ne colore point les doigrs , ic
ne s'écrafe pomr rrop aifément 'y
elle s'^artache foi rement i la Inneue;.
00 U lave poar la (eparer du labler
cjui peut y être joinc \ (on goût eft
ftrptique & aftringent. La terre de
Lemnos blanche eft de la même na-
ture que la rouge , & n'en diffère
que par la couleur , & parcequ'elle
ne fait point d'efFervelcence avec
tes acides , au lieu que fa rouge y
en fait un peu. La terre de Lemnos
jaune a h% mêmes propriétés que
les deux précédenres , & n'en diffère
que pr la couleur. Les anciens &
plu fleurs modernes ont attribué de
très-gran&s vertus à cette terre y il
504 X E M
cft aflèz douteux qa*elle^oîcnt fon-
dées. On les trouve dans 1 île de
Lemnos , Tune des l'es de l'Archi-
pel , &c la terre de la meilleure ef-
pèce ne fe trouve que dans une
feule ouverture ou puits, que l'on
n'ouvre qu'une feule fois dans l'an-
née avec beaucoup de cérémonies.
Les habitans font commerce de ces
terres , Se on les contrefait alllz
fou vent.
LEMNISCATE ^ fubftantif féminin
& terme de Géométrie. On a ainû
appelé une courbe , qui a la formt
d'un huit.de chifre.
LEMNOS; ancien nom d'une île de
Grèce ,'ficuée dans la nier Egée , i
huit lieues du mont Athos. Elle
eft fameufe dans les écrits des Poe-
tes» qui nous apprennent qu'elle
fut confacrée â Vulcain j ôc que
ce dieu en faifoit fes délices , par*
ceque quand Jupiter & Junon le
précipitèrent du ciel , à caufe de
la laideur , il fut accueilli dans cette
île , & même nourri par Euryno^
me , fille de TOcéan & de Théris.
En reconnoiifance de ce bienfait,
il y fixa ion établiiTement avec fes
Cyclones , pour y forger les fou-
dres du maître de l'Olympe & les
armes des héros. Cette fiâion poé-
tique tire fon origine de deux cau-
fes ; i^. du mont Mafycle, qui
vomit des flammes dans cette ile ^
8c 1**. du préjugé reçu , que les
Lemniens etoient un des premiers
peuples de la Grèce » qui s'appli-
quèrent à forger le fer.
Les Poètes nous apprennent en-
core que les Lémniennes » outrées
defe voir abandonnées par leurs
maris , qui leur préféroient des ef-
claves qu'ils avoiçnt amenées de
Thrace , égorgèrent tous les hom-
mes de leur ile en une feule nuit.
Delà vint que toutes les aâions
LEM
atroces furent appelés des aQîons
Uinnicnnts , & qu'on entendoit par
une main lemnltnne ^ une main
cruelle & barbare*
Les fauterelles» dont cette île
éroit fouvent ravagée > donnèrent
lieu à un ufage fort fingulier ; non-
feulement chaque habitant .fut taxé
à en ruer un certain nombre , maïs
on y établit un culte en l'honneur
de certains oifeaux qui fe nour-
ri (Ibient de ces infeâes.
Le nom moderne de cette île eft
Stalimème. Elle appartient au Grand
Seigneur.
LEMO j petite rivière d'Italie qui
fort de l'Apennin , dans l'Etat de
Gènes > arrofe Otrante & Gavi ,
& va en fuite fe perdre dans l'Orbe
au territoire d'Alexandrie dans le
Milanez.
LEMOVICES; (lés) ancien peuple
des Gaules qui habitoit dans TAqui^
raine première, où font aujourd'hui
les diocèfes de Limoges & de Tul-*
les. Céfar en parle avec éloge.
LEMPDE j bourg de France, en Au-
vergne , près de l'Allier, à trois
lieues, eft-fud>eft , de Clermont.
LEM PS j bourg de France, en Dau-
phiné, a une demi-lieue de Rives.
LEMSTER ; petite ville d'Angleterre,
dans le Comté de Herford ^prcs de
la rivière deLug, à vingt*fepr lieues»
nord-oueft « de Londres.
LEMURES ; fubftantif féminin plu-
riel & terme de Mythologie. Les
anciens défignoient fous ce nom les
âmes des mécbans -qui félon eux,
erroient fous des figures hideufes
pour effrayer te tourmenter les
vivans ; on jetoit pendant la nuit '
des poignées de fèves en l'air pour
les écarter \ & pendant les facri-
fices qu'on leur faifoit d Rome dans
le mois de Mai, on fermoit tous les
lemples , & petfonne n'eût ofé fe
marier
LEN
marier dans les jours qui leur écoiem
€on(acrés , car ces jours écoienc ré-
putés funeftes & de mauvais au-
gure.
LEMURIES; (les) fubftantif fémi-
nin pluriel & terme de Mythologie.
Fête qu'on célébroit autrefois â
Rome au mois de Mai pour écarter
les Lémures & prévenir leurs ap-
paritioDs. Voye^ Lémures.
LEN A j grand fleuve de la Sibérie, qui
après avoir reçu pludeurs rivières
confidérables & arrofé de vaftes con-
trées peu connues , va fe fêter dans
la mer .Glaciale j environ i iio
lieues de la ville de Jaldisk. ,
LENCICI ou Lencicza \ ville forte
de Pologne » capitale d*un Palacinat
de même nom , fur la rivière de
Bfura , i quinze lieues , fud-eft »
de Gnefne , & à trente lieues ^ eueft^
de Varfovie.
Le Palatinat de Lencîcza eft fîtué
entre ceux de Rava , de Siradie , de
Pofnanie & de Cujavie.
LENCLOS i ( Ninon de ) nom d'une
célèbre voluptueufe , née à Paris
en \6\^ y d'une famille noble, âc
morte dans la même ville en 170^,
Elle perdit Tes père & mère à l'âge
de quinze ans. Miîtreffe de fa def-
tinee dans un âge fi proche de l'en-
fahce ,' elle fe forma toute feule.
Son efprit s'étoit développé par la
leâure des ouvrages de Montaigne
& de Charron jquVlle avoit médités
dès l'âge de dix ans. Elle étoir déjà
connue dans Paris par fon efpric ,
fes bons mots Se la phitofophie.
Éranc tombée dangereufement ma*
lade y & voyant beaucoup de gens
autour de fon lit qui la plaignoient
d^ mpurir fi jeune , à^V^zj/ dit-elle,
je ne laiffe que des mourans. Revenue
de cette maladie , elle s'appliqua de
{»lus en plus â perfeâionner les ta-
ens & à cipbellir fon efpric. Elle
Tome XF.
favoîc parfaitement la mufiquc ,
jouoit très-bien du clavecin & de
plufieurs autres in(lrumen$ , chan-
toit avec tout le goût poilible , 8c
danfoir avec beaucoup de grâce •
Avec de tels agrémens elle ne put
manquer ni d'amans ni d epoi\x ;
mais un goût décidé pour la liberté,
& peut-être le libertinage , Tempe-
cha de fe porter à âûctin engage-
ment folide. Elle commença donc
â mettre fon bien à fonds perdu »
tint elle-même fon ménage , & vé-
cut à la fois avec économie & avec
nobleâe. Elle jouidoit de huit â^
dix mille livres de rente viagère ,
& avoit toujours une année de re-
venu devant elle pour fecourir fes
amis dans lebefoin. Le plan de vie
qu'elle fe traça n'avoir point eu
aexdmple. Elle ne vonloit point
faire un trafic honteux de fes char-
mes \ mais elle réfolut de fe livrer
à tous ceux qui lui plairoient, &
d'être à eux tant que le preftige du-
rerdir. Volage dans fes amours ,
confiante en amitié , fcrupuleufe
en matière de probité , d'une hu-
meur égale , d'un commerce char-^
mant , d'un çaraâère vrai , propre
à former les jeunes gens & à les fé-
duire , fpirituelle fans être pré^
cieufe , belle jufqu'à la caducire de
l'âge ;. il ne lui manqua que ce que
l'on appelle la vertu dans les fem^
mes , & ce qui en mérite fi bien le
nom ; mais elle agit avec autant de
dignité que fi elle i'avoit eue. Ja-
mais elle n*accepta de préfent de
l'amour. Ce qu'il 7 ^ de plus éton<-
nant, c'eft que cette paflion qu'elle
préféroit à tout , ne lui paroifibic
as gr&nd'chofe. L'amour étoit fe-
on elle , une fenfationplutôt qu'un
fentiment , un goût aveugle pure-
ment fenfuel , une illufion paffàgère
que le plaifir a fait naître , que la
Sff
i
\
\
jo6 LEN
fadécc défraie » ôc qui ne fup()ofe 1
aucun mérite ni dans celui qui le
Îrend , ni dans celui qui le donne.
!lle penfoic en Socratt & agiflbic
en LaU. Les Coiigni , les yUlar^
ccaux y les Scvigné , le grand Condc^
le Duc de la Roche- foucault ^ le Ma-
réchal ê^Albtrt , GourvilU , Jean
Bannier ^ la Châtre , furent fuc-
cefliveoienc Tes amans. Se fes amans
heureux j mais cous reconnurent
eue Ninon cherchoic moins à fatis-
iatre fa vanité que fon goût. Le der-
nier réprouTa fur tout d une £içon
fingulière • Obligé de rejoindre l'ar-
mée » incrédule aux férmens les
plus tendres» Ninon le raiTura par
un billet fi^né de fa main » par le-
quel elle lai donnoic ùl parole d'hon-
neur , que malgré fon abfence elle
n'aimeroit que lui. Â peine eut-il
difparu , qu elle fe trouva dans les
bras d'un nouvel amant. Cetre ré-
putation d'inconftance Ce de galan-
terie ne l'empêcha point d'avoir
d'illuftres anus. Les femmes les
plus aimables Sc les plus refpeâa-
bles de fon temps la recherchèrent.
On ne citera que Madame de Mri/i-
unon. Cette Dam^ vocdut , dit-on»
l'en^^er i fe faire dévote » 6c l
▼enir la confeler â Verfailles de
l'ennui de la grandeur & de la vieil-
leife. Ninon préféra fon obfcurité
voluprueufe a Tefclavage brillant
de la Cour, En vain des direâ:eurs
(âges velureat la ramener i la re-
ligion , elle n'en fit que plaiiknter;
f^ousJave:[tdit'clltiM. de Fontenel-
le, le parti qut j*ai tiré de mon corps;
& je pourrois encore mieux vendre
mon ame^ les Janfinifies & les Mo^
Unifies fe la difputent, Ninon n'ai-
mait point pounant qu'on (S t parade
d'irréligion. Un de fes amis refn-
fantde voir fon Curédaas une ma-
ladie ^ elle lui mena ce Piètre en
LEN
lui diiant : Monjieur '» faites votre
devoir ^ je vous ajfure que ^uoi^uil
raifinne » il nen fait pas plus que
vous & moi. Perfonne ne poflcdoic
mieux qu'elle la théorie de cette dé-
cence u néceflatre dans le monde.
Sa maifon fut le rendez-vous de ce
que la Cour & la Ville avoient de
plus poli, de ce que la république
des lettres avoit de plus illuftre.
Scarron Ta confulté fur fes romans »
St. Evremond fur £t% vers , Molière
fur fes comédies , M. de Fontenelle
fur fes dialogues.
LENDELIN; bourg de France en Nor-
mandie j à deux lieues , nord-nord-
eft , de Couraoces.
LENDEMAIN; fubftantif mafculio.
Le jour fuivant » le jour d'après.
// partit le lendemain de Pâques.
LENDINARA; petite ville d'Italie,
dans l'État de Venife, fur l'Adige,
environ â rrois lieues au-delfus de
Rovigo.
LENDORE ; fubftantif des deux
genres & terme populaire , par le-
quel on défigne une perfonne lente
& pareflTeufe. Ctnefiquunlendore^
une lendore.
LENE ; petite rivière de France » en
Languedoc , qui fe jette dans la
Tougue.
LÉNÈEN ; adjeftif & terme de Mf-
thologie. Surnom de Bacchus » 8c
l'on appeloit quelquefois les Bac-
chantes Lénéennes. Voyez LiniES.
LÉNÉES; fubftantif féminin pluriel
& terme de Mythologie. Fèces
qu'on célébroit annuellement dans
TAnique au mois Lénéon en I hon-
neur de Bacchus , parcequ'il pré-
fidoitilla vendange. Les poètes di&
putoient dans ces fêtes des prix de
pocfie.
LÉNÉON ; fubftantif mafculin. Ce-
toit chez les Ioniens un mois d'aa«
tomae ^ qui félon les uns répoodoit
LEN
i notre mois de Septembre , & fe*'
Ion d'autres à notre mois d*Ofto-
bre , 8c pendant lequel on célébrotc
. les lénées en l'honneur du Dieu de
la vendange.
LÉNIFIÉ , ÈE } participe paffif.
Fbyci LENIFIER.
LÉNIFIER j verbe aâifde la première
conjugaifon , lequel fe conjugue
comme Chanter. Lcnire. Terme
de Médecine. Adoucir. Lénifier
thumeur.
LÉNITIF ; fubftantif mafculin &
terme de Médecine. Il fe dit de
tout remède dont en fait ufage pour
adoucir les humeurs & les dou-
leurs. Vorge ejl un excellent lénkif
dans cette circonjfance,
LinrriF , (ignifie figurément & fa-
milièrement , conlolation , foulage-
ment,adouciffement. Votre préfence
fera un Unitifàfon chagrin** ^
Lenitif , fe dit aufli d'un éleâuaire
dont voici la préparation d'après la
Hkrmacapéede Paris.
Prene\ orge entier , racine sèche
de polypodé de chêne concalTée , &
ràiuns lecs mondés de leurs pépins »
de chacun deux onces ; jujubes .
JUJI
febeftes & prunes de Marnas noir ,
de chacun vingt ; tamarinïi deux
onces ; feuilles récentes de fcok>*
pendre une once & demie ; de mer-
curiale quatre onces \ fleurs de vio •
lettes récentes cinq onces ^ ou i
leur place femence de violettes une
once ; réglifle râpée ou concalTée
une once; faites la décoAion de
ces drogues dans fuffifante quan-
tité d*eau commune , pour qu'il
vous refte cinq livres de liqueur ,
dans laquelle vous ferez infufer
féné mondé deux onces , femence
de fenouil doux deux drachmes.
Prene\ trois livres de cette co-
larure ; jetez dedans deux livres &
deinie de fucre » & cuifez i confif-
L E îf yo7
tatKe de iirop dans lequel vous dé*
la^etez fii onces de pulpe de pru-
neaux cuits avec une des aeux livres
reftantes de la colature , & paflez \
autant de pulpe de tamarins prépa^
rée avec l'autre • livre de colature ,
6l autant de cade
lélerez
} vous mt
exaâement féné en poudre cinq
onces y 6c femences d'anis en pou-
dre deux drachmes.
Cet éleâuaire eft un putgarif
doux ^ c'eft-Â-dtre , agiffknt fans vio-
lence , aflez efficace pourtant i la
dofe d'une once {ufqu*â deux. Ce
remède eft peu uCcé.
LENNOX î province de l'Écoffe mé-
ridionale qui eft bornée i Toccident
par leComtéd'Argyle, au nord par
ceux de Broadalbain &de Mentheit,
i lorient par celui de Sterling, &
au midi par la rivière de cTuyd,
Elle abonde en blés & en pâturages.
Dumbarton en eft la ville capitale;
LENPE ; fubftantif féminin. On
donne ce nom dans le commerce i
une efpèçe de perle qui fe pèche
dans quelques ui^s du Bréiîl.
LENQUAIS i bourg de France en
Périgord , à trois lieues » eft , de
Bergerac.
LENS -, yille^ de France en Artois , i
trois ^eu^s , nord-nord^ft ^ d'Ar-
ras. Il 7 a un Bailliage , une ÉgKfe
collégiale » des Récollets » des
Sœurs grifes » &c. C'eft près dei-U
que le Prince de Coodé battit les
Efpagnols en i ^48.
LENT , ENTE j adfeaif. Lentus.
Tardif^ qui manque d'adivité, de
prompritude dans fes mouvemens %
dans fes aâions. Ce chien ne chajfe^
roit pas mal s'il étoit moins lent. Il
fut tien lent à lui donner fatisfallionm
On lui donna un voijbn lent*
On appel le /ivr? lente , une fièvre
interne dont les mouvemens ne foac
S f f i j
./
''*^it^m^*/^
Il
50S
LEN
pas excrèmemenc marqués au té-
nors, // mourut (tuncfihvrc Unie.
Le monofyllabe du mafculineft
moyen au (ingulier & long au plu-
riel, La première fyllabe du féminin
eft longue , & la féconde ccès-btèTe.
Oec adjeâif ne doit pas réguliè-
rement précéder le fubftancifau quel
il fe rapporte : on ne dira pas un
lent efprit , mais un efprit lent.
LENTj ville de France , chef-lieu
d une châreHenie de la principauté
deDombes , fur la rivière de Veil-
le , à deux lieues » fud ^ de Bourg-
en-Breflfe.
LENTE î fubftantif féminin. Efpèce
de petit œuf dont naifTent les poux.
Les lentes tiennent fi fort aux che-
veux , qu'il n*eft pas facile de les
en détacher; ileftplusaifé de les
faire mourir par la force de quel-
que médicament mercuriel , ou par
le moyen de la poudre àq Jlaphi^
fdfgre ou de ia poudre de capucint ,.
qui eft la çévadllle : Tufàge d'un'
peigne dont les^ dfents font fort fer-
rées, les fait ao/fi périr : il n*y a
guères que les enfans & les gens
mal-propres qui foiencfujets à avoir
. des lentes.
LENTEMENT ; adverbe. Lente. Avec
lenteur. Cet^ ouvrier travaille bien
lentement. Une tau qui coule 'lente*
ment»
La première fyllabe eft longue,
la féconde très br^ève , & la troifiè-
me moyenne»
LENTEUR; fubftantif féminin. Tar^
ditudo. Défaut: d'aâivité & de
promptitude dans laâion , dans le
mouvement. // ne fallait pas agir
avec tant de lenteur. Imiter la lenteur
de la tortue.
Lenteur , fe dit figurémeut en par-
lant d'imagination , d'efprit. Ainfi
Ton dit de quelqu'un, qu'i/ a une
grande Unieur d* Imagination , une
LEN
grande lenteur Jt efprit i pour dite,
qu'il imagine ic qu'il conçoit dif-
ficilement & avec peine..
La première fyllabe eft moyenne^
& la féconde longue*
LENTICULAIRE ; adjedif des deux
genres, & terme de Dioptrique.
Lenticularis. Qui a la forme d'une
Itmille. Un verre lenticulaire. Yoyea
Lentille.
On appelle pierres lenticulaires »
certaines fubftances pétrifiées qui
ont la forme d'une lentille II y en a
d une petitefle imperceptible , Se
au-deftbus d'un grain de millet;
d'autres ont jufqu'à un pouce de
diamètre : c'cft à ces dernières que
l'on a donné le nom dt pierres numif-
maies. On trouve ordinairement
une grande quantité de ces pierres
jointes enfemble ; elles font liées
les unes aux autres par la pierre qui
les environne ; qui eft quelquefois
d'une autre nature qu'elles ; cepen-
dant on en trouve auffi qui foniHé-
tachées Se répandues dans du flmle
ou dans de la terre : celles de ces
pierres qui font calcaires étant mi-
les au feu , fe partagent fuivant leuv
largeur en deux parties égales ; on
remarque une fpirale fur leur fur-
face intérieure , ou une li^ne qui
va* en- s'élargiftant vers la circonfé-
rence ; le long de cette fpirale on
diftingue de petites ftries qui for-
ment des efpèces de petites cloifons
ou de chambres. On trouve des
pierres lenticulaires qui ne font con-
vexes que d'un côte & plates par
l'autre : elles ne doivent être regar-
dées que comme des moitiés. de ces
pierres qui ont été féparées de l'au-
tre moitié par quelque accident*
Les'uaturaliftes font très-parta*
gés fur la formation despierres len^
ticulaires ; bien des gens fe font
imaginé que c'étoient en effet des
LEN
kntilies pétrifiées j mais pour fentir
le ridicule de cerce opinion , on n'a
qu'à faire attention au tilfa inté-
térieur garni d une fpirale , qui ne
fe remarque point dans les lentilles
Jefquelles d'ailleurs i> ont jamais un
pouce de diamètre.
Woodward penfe que ce font des
os détachés qui fe trouvent dans la
tète de quelques poiffons inconnus,
& qui fervent â l'organe de Touie ;
d'autres ont cru que c'étoit des cô-*
quilles appelées opercules ou cou^
vercles , de la nature de celles qu'on
nomme umbificus Vcntris : mais ce
fentiment paroît auffi peu fondé que
celui de Woodward.
M. Gefner regarde les pierres
lenticulaires comme formées par de
petites cornes d' Ammon , de la na-
ture de celles qui fe trouvent i Ri-
mini fur les bords de la mer Adria-
tique.
Qnelqnes-uns ont cru que les
fâerres lenticulaires dévoient leur
brmation à une coquille bivalve ,
par la propriété qu'elles ont de fe
partager en. deux parties égales \
mais M. Gefner remarque que cela
n'arrive qu'à celles qui font cal-
caires» & qu'elles fe partagent ainfi
à caufe du tuyau qui va le lon^ du
dos par où l'écaillé eft la plus foible.
Au refte quelle que foit l'origine
. des pierres lenticulaires^on en trouve
en plufieurs endroits de l'Europe.
En France il y en a beaucoup dans
le voifinage de Soldons & de Vil-
lers-Cotterëts ;ces dernières ont
cinq ou fix lignes db diamètre : on
en rencontre auffi en T ranfilvarxie ,
en Siléfie , en Saxe > en Angleterre ,
&c.
LENTILLAC j bourg de France en
Quercy , â cinq lieues > nord , de
Figeac.
LENTILLE \ fubftantif féminin. Ixns.
L E N jfop
Sorte de légumes dont il y a deux
efpèces principales ; la petite len*
tille & la grande lentille*
La PETITS LENTILLE , Utts minor^ *
a la racine menue & fibrée : fa tige
eft affez grofTe , & haute de neuf
pouces , velue , anguleufe , cou-
chée fur terre, ou rampante par oc-'
caiion ,branchuedès la racine. Ses
feuilles font oblongues , relTem*
blàntes à celles de la vefce , mais
plus petites & velues : il fort des
aifleliesde ces feuilles des pédicules
grêles » qui foutiennent chacun
deux ou trois petites fleurs légu-
mineufes , de couleur blanchâtre.
A ces fleurs (uccèdent de petites
gonfles fortes , larges, remplies
de deux ou trois graines aplaties ,
orbiculaires, dont la couleur eft jau«
natte , & dans quelques efpèces rou*
geâtre ou noirâtre ; cette plante
eft la lentille vulgaire.
La GRANDE LENTILLE, UnS* mU"
jor , eft plus belle en toute manière,
& plus grande que la lentille com-
mune : fes fleurs font plus blanches.
On sème beaucoup de l'une ic
de l'autre efpèce de lentilles dans
les champs en terre maigre & sèche j
cette forte de plante eft annuelle.
l.t% médecins ont toujours re*^'
gardé les lentilles comme le pire
de tous les légumes. Rivière qui a
compilé la doârine des anciens fur
ce point, dit que les lentilles font
froides & sèches , de diflicile digef-*
tion \ qu'elles engendrent un fuc
mélancholique , caufent des obf-
truâfons , aifoibliflent la vue , oc-
cafionnent des rêves tumultueux ,
nuifent â la tète, aux nerfs , aux
poumons , reflerrent le vcntte , em-
pêchent l'écoulement des règles Se
des urines ; toutes ces mauvaifes
qualités dépendent , dit-il , de leur
mbftançe gtoffière & aftringentet .
\
51» LEN
Les auteurs plus moderaes u*onc
pas dit à b vérité tant de mal des*
lentilles ; mais ils fe fpnt tous ac-
cordés à le» regarder comme un
aÛTez Biauyais aliment.
LxKTiLLB i fe die ^ufli de certaines
caches rouflea qui viennent aux
mains Ik an vifage , & qui reflem-
blenc aux lentilles , foie pour la cou-
leur , foit pour la figure.
Les perlQnnes qui ont la peau
délieate font particulièrement fu-
jettes aui( lentilles , lorfque dans
un temps chaud elles s*expofent au
foleil & à l'air. Ces taches paroilTent
Être formées par des parties ter-
reftres » huileufes 8c ialines de la
. fueur , qui font retenues dans la
fubftance réticubire de la peau ,
• candis que les parties aqueules qui
. ne leur fervoient que de véhi-
cule s^évaporenc par la chaleur du
corps ; ces parties plus groflières
s amailent pett*-2-peu , jufqu'à ce
que les mailles de la peau en foient
remplies.
Il y a continuellement quelques
parties de fueur qui fuintent de ce
cuticule ; & comme elles font d'une
nature vifqoenfe , elles retiennent
la pouffière & tout ce qui voltin
^dans rai( ; cette matière vifqueufe
s'arrête fur la furface des lentilles ,
. ic plus on Teiluie » plus on b con-
' denfe , ce qui b force de s'intro-
duire dans les petites cavités <les
. lentilles.
On trouve plus de lentilles au-
tour du nez que partout ailleurs »
de cela parceque la peau j étant
plus tendue, les pores font plus ou-
verts & plus propres à donner entrée
jl la pouflière.
Il fuit delà qu'on ne peut guère
trouver un remède sur pour garan-
tir des lentilles ; il peut y en avoir
i|ui diiTipcat pour un temps b ou*
LEN
tière déjà amaflee ; mais les efpaces
vides fe remplilfent derechef.
Le meilleur remède , félon M.
Homberç, eft le fiel de bœuf mêlé
avec de l'alun : il faut que cer alun
ait été précipité Se expofé an foleil
dans une phiob fermée pendant trois
ou quatre mois y il agit comme une
leflive en pénétrant les pores de b
peau , Oc diflblvant le coagulam des
lentilles.
1.1MTILL1 D'iAU ou LbMTILLB D1
MARAjs 9 eft encore le nom d'ime
λbnte qu'on trouve principalement
nr les eaux ftagnantes : elle y fur«
nage comme une efpèce de moufle
verte : elle en couvre toute b fuper-
ficie d'une multirade infinie de
feuilles très-petites, noirâtres en-
deflbus, vertes en-deflus, luibnces»
orbicnbires , & de b forme des kn-
tilles. Ces feuilles font unies étroi-
tement entre elles par des filamens
très«menus Se blancs , & de chaque
feuille part un filet ou racine » par
le moyen de laquelle b plante fe
nourrit.
L'ufage de cette plante eft exté-
rieur : elle réfout » rafraîchit 8C
calme les douleurs des éréfipelles ,
des hémorroïdes & des neraies
des inteftins : les canards mangent
avec beaucoup d'avidité b lentille
d'eau.
LiMTiLti , fe dit en termes cb Dtop>
trique, d'un verre convexe des deux
cotés » ôc donc on fe fert particu-
lièrement pour former le microf-
cope a liqueur , & les ob|e&ifs des
microfcopes i trois verres.
Le plus grand dumètre des len-
tilles eft de cinq à fix lignes } les
verres qui padènt ce diamètre s'ap-
pellent verres lenticulaires A\ y a deax
fortes de lentilles ^ les unes foufflées^
& les autres travaillées. On entend
par UtttilUsfo90éc^ p de petits |;lo-
'LEN
bttles de verre fendus i la fiame 1
d'une lampe ou d'une bouffie ^ nuds
ces lentilles n ont ni la clarté ni la
diftinâion de celles qui font tra-
vaillées , à caufe de leur figure qui
n'eft prefane jamais exaâe , & de
la fumée de la lampe ou bougie qui
s'attache à leur furface dans le temps
de la fuûon. Les autres font tra-
vaillées & polies autour dans de
petits baffins de cuivre. On a trouvé
depuis peu le moyen de les travail-
ler d'une telle petiteflè, qu*il yen
a qui n'ont que la troifième 8c mê-
me la fixième partie d'une ligne de
diamètre y ce font celles qui grof-
fidènt le plus , 8c cette augmenta-
tion va jnlqu'iplufîeurs millions de
fois plus que l'objet n*eft en lui-mê-
me j la pouffière qui eft fur les ailes
des papillons ^ & qui s'attache aux
doigts quand on y touche » y paroît
en forme de tulipes d'une grofleur
furprenante. Il eft difficile, pour
ne pas dire impolfible » de les faire
plus petites ; la difficulté de les
monter deviendroit infurmontable.
On appelle lentille de pendule , un
Eoids de cuivre de forme lenticu-
ûre j qui eft attaché à l'extrémité
du pendule ou balancier.
Les // fe prononcent mouillés.
LENTILLY , bourg de France , dans
le Lyonnois, à c^ux grandes lieues
de Lyon.
LENTINI ; ville d^Italie , en Sicile ,
dans la vallée de Noto , fur une ri-
vière de même nom , k fept lieues,
fud-oueft , de Catane. Elle fiA fort
endonmnagée par un tremblement de
terre en 1^95.
LENTISQUE j fubftantif mafculin.
Arbre dont il y a plufieurs efpèces
qui ditifèrent les unes des antres par
les pays où elles croiflènt , & jpar
quelques caraâères de variété. Ces
arbres dans certains pays ^ font d'îin
LEN 5tt
très -grand produit par la réfine
qu'on enretire , laquelle eft connue
fous le nom de maJtU.
Les lentifques portent fur difte*
rens pieds , des fleurs maies ic Ats
fleurs femelles : les fleurs ir.âles
font à ccamines , attachées enfem-
ble en manière de grappes , rougea-
très, & elles naiuent des aifTélles
des feuilles. Les fleurs femelles qui
viennent fur d'autres pieds , n ont
qu'un calice j point de pétales , mais
un piftil compofé de crois ftiles ter-
minés par des ftigmates aflez gros Se
velus. Les fruits font de petites
baies rondes qui noirciflènt en mû-
riifant ; elles font d'un goût acide
& elles renferment chacune un pe*
tit noyau. Les feuilles des lentif-
3ues font aflez femblables à celles
u mirthe \ elles font rangées par
paires fur une côte creufée en gou-
tière. Cette côte n'eft point termi-
née comme dans la plupart des feuil-
les conjuguées, par une foliole uni-
que : cette circonftance peut (ervir
à diftinguer les lentifques d'avec les
térébintes.
Les lentifques ne quittent poinc
leurs feuilles pendant l'hiver ^ mais
comme ils font très - fenfibles au
ftoid , on ne peut point les éle-
ver ici en pteiûe terre , à^ moins
que de les mettre en efpalier dans
une bonne expofition & d'en pren-
dre-un grand foinpendanr l'hiver.
Le lentifque croît namrellement en
Languedoc , en Provence , en Yizr
lie , en Efpagne ^ aux Indes : on le
culdve dans l'ile de Sciô ou Chio,
Îoii»en recueillir le maftic dont les
^urcs ^nr un fi grand ufage. Effec-
tivement il en vient une fi grande
quantité dans cette parrie de l'Âr*
chipel , que le Grand Seigneur en
retire tous les ans quatre*vingt â
quane-vingt dix mille livres pefanc
512 LEN
de maftic. La culcure de cet arbre
ne confifte qui le provigner ; on a
par ce moyen beaucoup de jeunes
pieds vigoureux qui fourniiTenc plus
de maftic que les vieux. Les lenrif-
que s fonda plus grande richeiFe de
cette île.
C eft en Janvier que les Turcs
plantent les jeunes lentifques qu'ils
diftribuenc par intervalles & en buif-
fons dans la campagne : ils viennent
aufli nès-bien de (emence. Ces ar-
bres âeuriflent en Mars. On a grand
foin de bien nétoyer d*herbes & de
feuilles le bas des arbres » afin que
le maftic qui tombe à terre , (oit
plus propre. On fait aux lenrifques
des incin )ns au mois de Juillet } la
rédne coule ordinairement jufqu'à
terre » mais il s'en congèle en lar*
mes fur les branches : celle-ci eft
plus eftimée que faut te. On com-
mence à ramafTer la rédne vers la
ini- Août \ cette récolte dure
huit jours. On fait enfuite d'autres
incifions au même arbre : la fé-
conde récolte commence vers te 1 4
de Seprembre j & quoiqu'on ne
faffe plus alors de nouvelles inci-
tions , le maftic continue à couler
jufojLi'au 8 de Novembre : on le ra*
aiaue tous les huit jours , & après
ce temps la récolte n'eft plus per-
mife.Pour que la récolte fou belle il
faur.que le temps foit fec & ferein.
(1 ne paroît pas bien certain que les
lennfques qai croiffent en Italie &
en Provence , donnent du maftic ^
ou slils en donnent, c'eft entrés-
perire quantité ^ car celui du com-
merce vient du Levant. ^
On nous apporte des pays chauds
le bois de lentifque y \l çft gris en-
dehors , blanc en - dedans & d'un
go4t aftringenr. Comme on lui at-
tribue la propriété de fortifier lés
gçï>çiyçs, pij ei) f^fiç dç$fui:e4ençj,
LEN
8c on ufe de fa décoAioo pobt le»
gargarifmes aftringens. En Italie oa
tire du fruit de cet arbre une huile>
par la même méthode que l'on cire
celle du laurier en Languedoc. Au
ievanr i'huile qu'on en exprime eft
firéférée par les Turcs à Inuile d'o-
ive pour brûler & pour employer
dans les médicamens. L'huile de
lentifque pofsèie une vertu aftrin-
gente qui la rend propre lor (qu'on
veut refterrer, comme dans la chute
de l'anus Se de la matrice.
* Le maftic eft une réfine d'un goût
légèrement aromatiaue réfineax Sc
aftringent. Le plus oeau doit être
en larmes ou petits grains clairs ,
tranfparens , d'un blanc jau«atre 6c
d'une odeur agréable j il fe cafte
net fous la dent » s'amollit â la
chaleur comme de la cire, te s'en-
flamme fur les charbons. Les habi*
rans de l'île de Chio mettent pref-
que tous du maftic dans lear bou-
che , pour fortifier les dents & les
gencives ^ & pour corriger rhaleine«
Ils ont aufE coutume d'en mcler &
d'en faire cuire avec le pain pour le
reodre plus délicat au goût.
Comme il y a plufieurs efpèces
d'arbres qui donnent du maftic ,
certaines efpèces en donnent de
plus beau , mais en moins grande
abondance : C'eft ce maftic de meiU
leure qualité que les marchands
nomment majliç maie , foit qu'il dé«>
coule d'un arbre mâle ou d'un ar«
bre femelle \ & ils défigoenr fous
le nom de majiic femelle ^ celui qui
eft de qualité inférieure. Les meil-
leurs lentifques fe trouvent dans la
partie de Tile de Chio qui eft du
côté du fud. C'eft fans doute de ce
maftic mâle que les dames du férail
& les concubines bourgeoifes de
Turquie mâchent prefque conri-
nuelleoient pour (çndte leur ba-
leine
'LEO
léiae d'une odeur de baume > for-
tifier leurs gencives & blanchir leurs
dents.
On enlploie intérieurement le
tnaftic pour fortifier i'crftomac , ar-
rêter les diarrhées ic les vomiiTe-
mens ^ il entre dans plafieurs bau-
mes & emplâtres. On Tétend fur
«m morceau de taffetas 6c on rap-
plique fur la tempe pour calmer les
douleurs des dents. Enfin le maftic
fe diflbur aifément , & il peut en*
f rer dans la compofition de plulieurs
vernis.
Toutes les parties du lentifque ,
fes bourgeons , fes feuilles & fcs
fruits , récorce des branches & des
racines font aftringentes. Dans les
^phémérides d'Allemagne on vante
k décodion de bois de lentifque,
feus le titre d'or potablt végétal ,
-comme une panacée fingulière con-
tre la gourte ic les catharres ; en un
mot, pour aider toutes les fondions
ÀM corps , en rétabliflant le ton des
£bres» te en adouciflànt lacrinioûie
de^ humeurs.
lENTZBOURG ; petite ville deSuif-
fe , chef-lieu d'un Bailliage confi-
dérable de même nom » & fituée
dans l'Ârgow , au Canton (le Berne,
â deuxiieues d'Aran.
lENZA; (la) rivière d^Itaiie qui a
ia fou rce dans l'Apei^nin, fur les
frontières de la Tofcane » & fon
embouchure dans le Po , auprès de
Berfello.
tÉOCROCOTTE \ fubftantif înaf-
cttlin« Leocrocotea. C'eft , i ce que
quelflues-uns ont prétendu j un ani
mal d'Echiopie , de la groffeurd'ui
âne fauvage : il a la crpupe du cerf,
l'encolure > la queue & le poitrail
du lion » &.la tête comme un taif-
fon : f^s pieds font fourchus , fa
guei^ eft fendue jufqu aux oreilles :
Twnc Xy. •
un
LEO 51^
il a au lieu de dents un os entiW
qui lui prend tqutc la mâchoire.
On du que cet animal eft fore
léger & furpalfe tous les quadrupè-
des à la coucfe. On dit encore qu'il
naît de Tacouplement d'une lionne
& d'une Crocotte pu d'une hyenne
mâle : les crocottes font des métis
Sue font les lionnes étant matinées,
refner penfe que le léocrocotte cfl:
un tigre.
LÉOGANE : ville & belle plaine d»
l'Amérique , dans i'ile de Saint*
Domingue. La plaine a douze ou
treize lieues de longueur & trois
ou quatre de largeur. Elle corn*
mence aux montagnes du grand
Goave & finit â celles du cul-defac.
Ceft un pays uni , arrofé de rivié-
tes , & qui fournit tout ce qu'on
veut lui faire porter, cannes , cacao^
indigo y rocou , tabac , toutes fortes
de fruits, de pois 5r d'herbes po*
tagères \ tous les environs font fo-
rêts de cacaoyers ; cependant lâcha*
leur y eft extraordinaire , quoique
cett« plaine foit au i8^ degré de
latitude , c'eft*â-dxre 3 ou 4 degrés
plus iêptenctionale que la Martini-
que & la Guadeloupe} mais c'eft
qu'elle eft privée de vents alifés â
caufe des hautes montagnes qui la
couvrent. Auffi l'air y eft mal fain j
& les maladies épidémiques fré-
quences.
Tout ce pays vient d'être défolé
(en 1770) par d'affreux tremble-
mens de terre qui ont abtmé les
villes de Léogane , Petit - Goa ic
Port-au-Prince , & caufé desdom*
mages infinis dans l'île de Saint*
Domingue.
LÉON \ ily a eu dix Papes de ce nom^
defquels le dernier fili de Laurent
de Médicis joua un rôle également
fameux. dans l'hiftoire des arts ic
dans les faftes de TÉgiife. 11 fu*
Ttt
514 LEO
élevé fur la Chairepoocificaleàrâg'e
de j(> anscQ 15 ij^^aprèslamortde
Jules IL II avoic reçu l'éducation
U plus brillante \ Jnge PoUticn ,
& Démétrlus Chakondyle a voient
été (es maures & il fut un élève
4igQe d'eux* Sa famille étoit celle
des beaux arts ; elle recueillie les
débris des lettres chaHees de Conf-
tantioople par la barbarie curoue \
elle mérita que ce fiècle s'appelâr le
^ècU de Médias. Léon X fur tout
joignit le goûc le plus fin à la ma-
gnificence la plus recherchée. Son
entrée à Rome flibiUla long - temps
dans la mémoire des Romains. Elle
toc un éclat prodigieux \ fon cou-
fonnement coûta cent mille écus
d or. Le nouveau Pontife partagea
fon temps entre les plaisirs > la iit-
cérature 5c les a&ires. Sa table éroit
déEcieufe » non feulement par le
choix des mets » mais par la déli -
catedè & l'enjoument dont il \tt
afTaifonnoic. Le théâtre » la chailè y
Tarnôw: varioient tour à tour fes
piaifirs ^ en un mot il vécut , non
E^as en Pontife, mais en Prince vo-
uptueux. Les hérétiques qui lut re-
•prodftcrent avec taiu d'amernime
. tes délices de fa Cour y auroient d&
Yoir ^e cette Cour même poiiçoit
fEurope & rexidoit les nommes
plus^ Sociables. Léon X excita les
grands génies dans tous les arts par
&s bienfaits & par fon accueil plus
fédtti(anr eocof e.^ Il fit fouiller dans
les bibliothièques^déterra les^nciens
mamtfcrits , & procura des éditions
exaâ^ des meilleurs auteurs "de
famiquité. Les Poètes étoienr fur-
fout l'objet de fa complaifance ; il
aîmoit les vers & en faifoitde très-
Jolis ; il pou£[a l'enthoufiafmefiloirr,
«qu'il donna une bulle en faveur àtt
poéfies de l'Aciofte ^ quoiqxie la pu-
deur 7'foit peu rcfpeûée«
LEO
Dans le temps qu'il préparokde
nouveaux plaiûrs au^ hommes en fai^
fant renaître les beaux arts jilfe for-
ma une confpiration contre fa vie*
Les Cardinaux PetruccLtcSoii krîtés
de ce que le Pape avoit oté le du-^
cbé d'Urbin i ua neveu de Jule»
II , corrompirent un Chirurgiei»
oui devoir panfer un ulcère fecrec
au Pape , & la mort de Léon X
devoit être le fignal d'une révolu-
tion dans beaucoup de villes do
l'État ecclcfiaftique. La confpira*
tion fut découverte j il en coûta I2
vie à plus d'un coupable. Les deus
Cardinaux ^furent appliqués à 1»
queftion & condamnés i la mortr
On pendit le Cardinal Pctmcd dan»
la prifon en 1517^ l'autre riiicheta'
fa vie par fes tréfors. Léon X pour
faire oublier le fupplice d'un Car-
dinal mort par la corde » en créa-
^ I nouveaux^ Il méditoic depuis
quelque temps deux grands projets^
celui d'aimer les Princes chcétiens*
contre les Turcs devenus plus for^
midables que jamais /bus le $u/i3iiy
Stlim II : l'autre étoii d*embeUic
Rome & d'achever la Bafilique de
Saine Pierre commencée par Jules
Il y un des plus beaux monumeos
qu'ayent jamais élevé le^hommesi
la Divinité. Il fît publier en. i f i^S-
des indulgences plénières dans touce
la chrétienté pour contribuer à l'exé-
cution de ces deux projets. Il s'éleva.
i cette occafion une vive quereUe
en Allemagne ^ entre les Domini*
cains< 8c les Augoftins. Ceux «- ci
avoienc toujours» été ert polfeiSon
«de la prédication des^ indutgences ;
piqués de ce qu'on lent avoit pro^
fércles Dominicains, îU excitèrent
Martin Luther leur confrère , à s'é-
lever contre eux. C'écoit un Moine
ardent , infeâé des erreurs des Hiif-
fites.^ U commenta par déckmec
LEO
contre Ui prédicateurs Aet indûl^
£eiHe» , cominui par décrier les
tndûigetices aicmes ^ finit par
anéantie lautûiité de celui qui les
-donnoir.
Cette héréfie née dans un coin
•de h Saxe pour un pecic inté-
têt de Moine ^ & qui a poûté cane
de fujets â rEglife Se de fang à
I Europe, allarma bc^attcoup Léon X.
II tenta vainement de ramener l'Hé-
réfîarque par la douceur ; il fut en-
fin forcé de ranathématifer par
deux bulles confécutives , Tune en
15x0» l'aucre en 1 5 a i • Le feu de
la gueire s'alluma vêts le mînie
temps dans route TEurope, Léon X
fe crouvanr entre François I & Cbar-
les-Quint, flotta long-temps entre ces
deux Princes \ il tir prefque i la
fois un traité avec l'un & avec l'au-
cre , le premier en 1 5 10 avec Fran-
çois I auquel il promV le Royaume
de Naples en fe réfervant Gayette j'
le fécond en 1511 avec Charles-
Quint , pour chafTer les François
de l'Italie , & pour donner le Mi
lanez â François Sforce , fils puîné
de Loidv le M jure , & fur tour pour
donner au Saint Siège Ferrare qu'on
vouloir toujours ocer à la Maifon
d'Eft. On prérend que les malheurs
de i.i France dans cette guerre , lui
causèrent tant de pThifir , qu'il fut
faifi d'une petite fièvre de laquelle
il moût ut le premier Décembre
1 5 1 1 i 44 ans. Ce Pontife n*avoit
?as pourtant i fe plaindre de la
rance ; il obrint de François I , ce
que fes prédécesseurs n'avoient pu
obtenir d*aucun Roi de France» la-
bolition entière de la Pragmatique.
Son talent étoit de manier les ef-
prits ; il s'empara fi bien de celui
de François I dans une entrevue
qu'ils eurenr à Bologne en 1515 ,
que ce Prince lui accorda tout ce
tEO jïf
qtl^iï voulut. Léon 3t & le Cbance-
lier Duprar coficlar^nt donc un con«
cordac par lequel il fut convenu que
le Roi nommeroit aux grands bé'-
ncfices de France & du Dauphiné ^
& que le Pape recevroit les annates
de ces bénénces fur le pied du re-
venu courant. On a dit ^ ce fujet
3 ue François I & Léon X s*éroienc
onné l'un à l'autre ce qui ne leur
àppartenoir pas. Voy. CoNcaasAT
& Pragmatique*
LEON , ou Saint - Pol de Lbok »
ville épifcopale de France, dans la.
balfe Bretagne j piès de la mer , i
douze lieues , nord eft , defireft.
Léon , eft aufli le nom d'une ville
épifcopale d'Efpagne » capitale d*une
province ou Royaume de même
nom, à vingt-cinq Ueues, nord-ouefV»
de Valladolid.
le Royaume de Léon efl; borné
au nord par TAAurie , i l'occident
par la Galice & le Portugal, aa
midi par TEftrcmadure , & a lorienc
par la vieille Caftiile. Sa longueur
efl d environ cinquante lieues & fa
largeur de quaranre. Le Duero le
f»aitage en deux patries prefque égao
es. Les terres y produisent enabon-
dance tout ce qui eft nécelTaire à la
vie , & l'on y trouve des mines de
turquoifes.
Ce Royaume fut fonde en 72a
par Pelage, Prince du fang des Rois
Goihs d Efpagne ^après une grande
viûoire remportée lut les Maures:il
eut depuis fes Rois particuliers ^iC*
qu'en loXi; qu il fut réuni à la Cou*
ronne deCaÂille par la mort deVe>
remond III.
On appelle nouveau Royaume de
Léon , une province de P Amérique
feptentrionale , dans la nouvelle Ef-
pagne \ mais ce Royaume n'a ni
villes ni colonies : il y a feulemenc
Ttt i)
fi$ LEO
quetquei mines donc on rire pea it
profit.
LÉON DE NICARAGUA ; ville
épifcopale de la nouvelle Efpagne ,
en Amérique , dans la province de
' Nicaragua , à douze lieues de la
mer du fud» Lts Flibuftiers anglois
la pillèrent en 1(^85. Le Gouver-
neur de la province y fait fa réfi-
dence,
LÉONBERG j petite ville d*AUema-
gne , en Souaoe 9 dans le duché de
Wirtemberg , i quatre lieues» nord-
. oueft » de Sturgard.
LÉONCELLE ; Abbaye d^hbmmes
de rOrdre de Cîteaux y en Dau-
phiné, à quatre lieues» nord-eft , de
Valence. Elle eft en commende 8c
vaut environ 50CO liv. de rente au
Titulaire.
LÉONESSA ; bourg d'Italie , au
Royaume de Naples^ dans TAbruzze
altérieuce, Tur les frontières du du-
ché de Spolette..
LÉONESSES i adfeftif féminin pltt-
rîel. On appelle dans le commerce,
fé^ovhi l'éonejjes » les plus belles
lame. d'Efpagne » qui £e cirent du
Royaume de Léon.
lÊONIDAS V fameux Roi de Lacé-
démone , de la famille àts Agides,
lequel sUmmorcalifa pat la dé£enfe
du pafTige des Thermopyles oà il
arrêta L'armée entière de Xerxès
avec trois cens hommes qui , com-
me leur Chef, périrent glorieufe-
ment dans cette journée pour le fa^
lut de là Patrie ,480 ans avant
Jésus -Christ. On rapporte que
b}rfque ce Héros partit pour cette
expédition , fa femoie lui ayant de-
mandé s'il n'avoir rien à lui recom-
mander y il lui répondit qu'il la
chargeoit de fe marier i quelque
vaillant homme , afin qu'elle eue des
enfans dignes d'elle-
LEO
liONIDÉES y fabflantif fémmin ^9:
riel & terme de Mythologie. Fêtes
inftituées en l'honneur de Lésni-
das. Roi de Lacédémone, qnl fe.
fît mer pour le lâlut de fa Patrie ^
avec toute fa troupe » en défendant
le palTage des Thermopyles» ^oyq[
Léonidas.
LÉ9NIN ; INE ^ adfeaif. Qui appar-
tient au lion , qui eft propre ai»
lion. Il fe dit particulièrement e»
cette phiafe , Jocuté léonine ; pour
dire » une fociété où le plus fort
tire tout l'avantage de fbn c6té,
LsoN4N , fe dit aufli de certains ver»
latins rimes, qui , félon Pafqmer»
furent ain(t appelés d'un Chanoine,
nommé Lioninus qui fit beaucop>
de ces fortes de vers» & dédia plu*
ficurs ouvrages de ce genre au pape-
Alexandre UL Bernard de Clunl
fit un poème de trois mille versléo-^
nins fur le mépris de monde»
LÉONTATU, ou LéoNDAJiiO'^.petite?
ville de la Morée, dans la Zaconie»»
au pied des monts. Elle appartient
au Grand Seigneur.
LÉONTESÈRE j. fubftantif féminin-
Les anciens ont ainfi appelé uneef**-
pèce d'Agathe, qu'ils ont célébrée
pour, fa beauté & pour lès vertus*
imaginaires qulls lui atrribuoient,.
d'isidoucir les bères féroces : c'eftaiK
relie , une àt% plus variées de toutes*
les agaches des Ibdes orientales ,
Se Tune des plus rares. Son fond
eft jaune , marqueté ou veiné d un
rouge de flamme , de blanc ,. de
. noir & de vert. Ces deux dernières
couleurs s y trouvent ordinairement
di/pofées ^n cercles concentriques
qui forment un £eul ou plufieurs
points j. mais quelquefois auiElaf-
lèmblage des diver fes couleurs donr
on vient de parler y^ y eft femé fort
irrégulièrement..
LEO
LÉONTINI i c'eft l'ancien nom de la
ville de Lencini. Foye^^ cemoc
LfeONTIQUES jadjeûif pluriel fub-
ftancivenient pris ^ & terme de K^y
chologie. Fèces ou Myftères qui fe
rclébroieric eo l'honneur du Dieu
Michra , te dans lef(}uels les Mi-
' niftres & initiés étoienc dégnifés
fous la forme de différens animaux
dont ils portoient les noms y &
comme le lion paffe pour le Roi des
animaux » ces Myftères en prirenc
le nom ^ Lévntiquts^
LÉONTOPÉT ALON, fubftfantif maf-
culin. Plante donc la fleur qui eft en-
rofe , devient une petite gouffe où
Ton trouve deux ou crois graines
groffes comme des pois. Elle croie
aux pays chauds , en Italie & en
Candie. Sa racine eft d'un goût
amer. Qn Tèmploie concre la mor-
fure des Scorpions & des ferpens ,
dans la gourte fciâtique &dans quel«
ques autres maladies.
lÈONTlUM y nom d*une fameufe
courtifanne athénienne qui philo-
fopha & fê proftirua coure fa vie.
Épicure fut fon maîrre & les dif-
ciples de ce Philosophe fesgalans.
Mecrodore fut celui qui eue le plus
de parc i fes faveurs ^ elle en eut
un fils quÊpicure recommanda, en
mouranc d Tes exécuteurs ceftamen-
taires. Léontium foucinc avec cha-
leur les dogmes de fon maître qui,,
fuivant quelques-uns, a étcauflfi fon
amant. Elle écrivit contre Théo-
phrafte avec plus d'élégance que de
folidité. Son ftyle , fuivant Cicéron,
étoit nur & atrique. Léontium eut
une fille nommée^ 77<z/2(z/, héritière
de la. lubricité de fa mère : elle (%it
aimée de Sbphron , Préfet d'Éphèfe,
ic ayant favori fé l'évafion de fon
amant condamné i mort , elle fut
précipitée d'un rocher». •
LEO 517
LÉOPARD; fabftantifmafculîn. Sor-
te d'animal quadrupède du genre
des tigres , qui eft un* peu plus
grand que Pohce, mais beaucoup
moins que la panthère, n'ayant
guère plus de quatre pieds de lon->
gueur ; la queue a deux pieds ou
âeux pieds & demi ; le fond du
poil fut le dos & fur les côtés du
corps , eft d'iuie couleur fauve plus
ou moins foncée ; le deflbus du
ventre eft blanchâtre , les taches
font en anneaux ou en rofes j mais
ces anneaux font beaucoup plus i^f
tirs que ceux de la 'panthère, ou
de l'once ,& la pluparr fonrcompo*
fés de quatre ou cinq petites taches
pleines ; il y a aufli de ces ta—,
ches pleines difpôfées irrégulière-
mène.
Cet animal eft féroce , fauvage*
& incapable d'être apprivoifé. L'ef-
pèce en paroîr fujerte à plus de va-
riétés que celle de la panthère & de
l'once. M. deBufFon a vu un grand *
nombre de peaux de léopard qui ne*
laident pas de différer les unes des
autres, fbitpar les nuances du fond
du poil , foit par celles des taches
dont les anneaux ou rofes font plus
m^i^qués & plus terminés dans les-
unes que dans les autres \ mais ces
anneaux font toujours de beaucoup'
plus petits que ceux de la panthère
ou de Tonce. Dans toutes les peaux.
de léopard , l'es taches (ont chacune
à peu près de la même grandeur, da-
la même figure , & c'eft plutôt par
la force de la teinte qu'elles diffè-
rent , étant nooins fortement expri-
mées dans les unes de'ces peaux ^ ic
beaucoup plus fortement dans les
. autres. La couleur du fond du poil
ne diffère qu'en ce qu'elles font
d'un, fauve plus ou moins foncé }
mais comme toutes ces peaux font
J. i très-peu près de la même gran--
5««
LEO
cteur tint ^biif le corps que pour la
queue j il cft rrès - viaifcmbtable
quelles ap|u(cicnneiu coûtes i la
même elpcce d'animal &c non pas
à des animaux d'efpèce ditFjrenrc.
Le Léopard n*habice que TÂFri-
q>ie Se les climats les plos chauds
' de 1 A(îe t il ne s'eft jamais répandu
dans les pays du nord nî même dans
les légions tempérées. 11 en eft de
mcmc de Fonce 6c de la panthère.
Ces animaux «n généial fe plaifent
4ans les forets coufFues , Se fré-
quentent fouvent les bords des fleu-
ves Se les environs des habitations
ifoléesoù ils cherchent a furprendre
les animaux domeftiquesdc les bèces
fauvages qui viennent chercher les
eaux, lis le jettent rarement fur les
hommes , quand même ils fe-
roient provoqués j ils grimpent
tifcment fur les arbres où ils fui-
vent les chars fauvages & les au-
tres animaux qui ne peuvent leur
échaper. Quoiqu'ils ne vivent que
de proie & qu'ils foient ordinaire-
ment fort maigres , les voyageurs
prétendent que leur chair n'efl pas
mauvaife â manger 'y les Indiens &
les Nègres la trouvent bonne , mais
il eft vrai qu'ils trouvent celle du
chien encore meilleure , Se qu'ils
s'en régalent comme fi c'croit un
mets délicieux : à legard ds leurs
peaux , elles font toutes précieufes
& font de très-belles fourrures ^ la
plus belle & la plus chère eft celle
du léopard , une^fcule de ces peaux
coure nuir (f\x dix louis , lotfque le
fâuve en eft vif Se brillant. Se que
les taches en font bien noiies Se bien
terminées*
En ternies de TArt héraldique-,
on SippAlQ léopard lionne ^wn léo-j
pard qui eft repréfenté ayant les!
pattes de devant élevées, comme].
LEO
6b fepréfenie ordinairement lec
lions.
LÉOPARD de Breiïe» d*or ta lio^
pard hoiiné de gueules.
LÉOPARDE i adjcdif & terme de
l'Art héraldique. On appelle lion
- Uoparié , un lion qui ell repiéfenté
vu de face , & fans avoir \c% pattes,
de devant dans une fi^uation diffé-
rente de celles de derrière. On I ap^
pelle aufti UoapaJJant.
Tbstu iPatis, dota trois lions
léopardés de fable l'up fur l'au-
tre , celui du milieu contrepaf-
fant.
LÉOPOL ; ville de Pologne appelée
aullî Lemicrg. Voyez ce mot.
LÉOPOLD ; nom d'un Prince dont
la mémoire fera.à jamais cbcre aux
Lorrains. Fds Se héritier du Duc
Charles V appui de l'Empire 6c
vainqueur des Turcs , il rentra
dans fes Etats après la paix de Rv-
vick. Il trouva la Lorraine défolée
& déferre ; il la repeupla , il l'en*
richit. Il l'a confervce toujours en
paix , pendant que le refte de I £u«
rope a été ravagé par la guerre. II
a eu la prudence d'être toujours
bien avec la France , Sc d'être aimé
dans l'Empire y tenant beureufe*
ment ce milieu , qu'un Prince fans
pouvoir n'a prefque jamais pu gar--
der enrre. deux puillànces • il a pro*
curé à fes Peuples l'abondance qu'ils
ne connoidbient plus. Sa Noblefle
réduite d la dernière mifere , a éré
mife dans l'opulence par fes feuls
bienfaits. Voyoit-il la maifon d'un
Gentilhomme en ruine ; il la fai-
foit rebâtir à fes dépens : il payoit
leurs dettes; il mariotc leurs filles;
il prodiguoit des préfens avec cet
art de donner , qui eft encore aù^
delTus des bienfaits; il mettoitdans
fes dons la magnificence d'un Prince
& la politeSe d'un ami. Les arts«ii
Itonneat dans fa petite Province,!
produifoient une circiilarion ^nou- 1
LEP
P9
Telle , qui fait la richeffe des États.
Sa Cour écoic formée fur le mo-
dèle de celle de Ptance. On ne
croyoii prefque pas avoir changé de
heu, quand pn paffoit de Veriailles
a Luncville. A Tetemple de louis
XIFW faifoît fleurir U% Belles- Let-
tres. II a cherché les taUns jufques
dans les boutiques ic dans les fo-
îèrs y pour les mettre au jour & les
encourager. Enfin , pendant tout fon
lègne y il ne s*eft occupé que du
foin de procurer à fa Nation de la
traxiquiluté , des richefTeSj des con-
fioiiïances , & des plaiiirs. Je quit-
urou demain ma Souveraineté , di-
foir-il , fi je ne pouvois faire du
' tien, Au(C a t-il goûté le bonheur
d'être aimé ^ & il eft encore aujour-
d*hui peu de Lorrains inftruits qui ne
▼erfent des larmes en prononçant fon
nom. Ce bon Prince fut enlevé à
fon Peuple en Ï719 , & a laifle en
mourant , dit ion lUuÂre Panégy-
ride , fon exemple à fuivre aux
plus grands Rois« m
LÉOPOLDSTADT j ville forte de j
la haute Hongrie , fur le W^aag »'
a vingt-fept lieues , nord oaeft , de
fiude » fous le trenre (ixième degré ,
cinq minutes de longitude 1 & le
Îuarante-huitième y vingt ttiinutes
e latitude. Elle a été bâtie en 166^
par TEmpereur Léopold.
LÉPANTE i ville confidérable de la
Turquie d'Europe^ dans la Liva-
di« , fur un golfe de même nom ^ ,
a quarante-cinq lieues , nord oueft , 1
d*Athènes ^ & à cenc quarante , f
fttd- oueft y de Conftantinople y fous |
le J9® degré 48 minutes de longi- j
f ude » 6cte 3 8* , 34 minutes de la- j,
ricuder (
L attaque de cette place étbit très- ^
difficile avant Tufage du canon. En
1408 elle étoit foumife à l'Empe-
reur de Conftantinople J mais l'Em-
pereur Emmanuel craigrtant de ne
pouvoir pas la conferver , prit le
parti de la céder à la République
de Venife , qui la munit de ma-
nière i réfifter à une puiffante ar-
mée. En effet , les Turcs s'y mor-
fondirent en 1475 , & furent obli-
gés au bout de quatre mois d'atta-
que d'en lever honteufement le
iiège. Enfin Dajazet fut plus heu-
reux , la prit fur les Vénitiens en
1^87* & le château de Romélie
fut rafé en 1699, en exécution de
1^ paix de Carlowitz^
Ce fut dans le golfe de Lépante^
que Dom Juan d'Autriche & IcS'
Vénitiens lempottèrent unefameufe
viâoire navale fix les Turcs j le 5.
Odobre 1571.
LEPAS 'y fubftantif mafculin. Sorte
de coquillage unîvalve j qu'on ap-
[>elle zuSipaulle , & qui rampe fut
es rochers. On en a calculé la mar-
che la montre à la main , & l'on
a trouvé qu'il avançoit huit pouces^
de long pendant une minute. La
bafe qui cft a l'ouverture de la co-
quille I eft occupée par un gros
mufcle , qui a prefque autant de
dluir QW tout le refte du corps de
l'animal ; ce mufcle n'eft point cou-'
vert par la coquille. Le lepas s*tn
fertpotir marcher, ou pour fe fixer
fortement fur la face d^une pierre ;.
les pécheurs ont bien de la peine i
l'en détacher , en infinuant la lame
d'un couteau entre la pierre & la
coquille. L'animal s'en détache i fa
volonté pour aller à la pâture; mais
il meurt s'il ceflTe d'ctre entouré
d'eau. On le mange cru ou cuit.
La coquille de cet. animai efl:
d'une feule pièce , alfez dure -y fa
520 LEP
couleur ordinaire eft gridicre : on
en voie cependanc de diverfes au-
tres couleurs : elle eft nacrée en
dedans , convexe , & a la figure
d'un cône. Cette coquille eft , ou
entière & (impie , ou percée en-
delFus, ou chambrée» ou écailleufe.
On prétend que le lepas » dont la
coquille eft perforée en de(ruS| jette
par cet endroit fes excrémens.
Parmi ces coquilles conoïdes ,
\ on diihngue encore celle dont le
fommet eft pointu , ou obtus , ou
applati, ou recourbé : celle enfin
dont la robe eft cannelée ou ftriée »
épaitTe ou papyracée. Celles que tes
Conchyiologiftes appellent le iej?as
touclier , le concho-Upas , U bonnet
de dragon ou chinois ^ l'ail de bouc ,
la nouelle , le cabochon , Vaftrolepas ,
&c. fuffifenc pour donner une idée
des caradtères tes plus variés de ce
genre d'animaux.
On trouve aufli quelques lepas
lluviatilcs , & beaucoup dé fof-
liles.
LEPIDIUM ; Voye\ Passerage.
LEPIDOTES \ lubftantif féminin.
Quelques Auteurs anciens ont ainfi
appelé une pierre qui relTembloit
à des écailles de poilibn. D'autres
fe font fer vis de ce nom pour dé-
figner en général les pierres qui font
comme compofées d'écaillés ^ tilles
que pluficurs piecres talqueufes.
D'auttes enfin ont entendu par- là
à^^ pierres chargées des emprein-
tes de poiftbn,telles que celles qu'on
trouve en Allemagne » dans le pays
de H^^fTe ^ à Lidcben , &c.
LÈPRE \ fubftanrif féminin- Lcpra.
Sorte de maladie qui corrompe la
maflTe du fang & toute l'habitude
du corps. File ne fe manifefte bien
que lorfqu'elle a fait les plus grands
ravages â la peau » & aux parties
les plus prochaines ^ & on pour-
^ LEP
roîc alors la prendre peur un can«
cer univerfel. Mais fes progrès font
lents ;& elle ne fe monrre , dans les
premiers temps > qu« fous la forme
de dartres » de la gale ic autres
maladies cutanées les plus commu-*
nés» Le vifage^les mains & les pieds
portent communément les ptemiè*
res marques de cette maladie. La
peau eft alors écailleufe , avec des
taches de différentes couleurs : on
y voit des puftules féches , humi-
des & ulcérées , des croûres fulphu-
reufes & écailteufes ; mais il faut
remarquer que la peau conferve
dans ce premier période route (k
fenfibilite, & qu'on y reflcnr même
des demangeaifons très- vives. Elle
devient en(uite plus rude y calleufe
on^bueufe , gonflée & crevadct ,
enfin froide & i'nfenfibte : on peut
la piquer alors , ou la brûler im^
punément \ Se les malaies ne fe
plaignent y que locfque l'on pro-
longe raiguille au - delà des téga*
mens , ce • qui ne s'accorde point
avec ce qu'en ont écrit pre/que cous
les Auteurs , qui paroiflènt en cela
s'être copiés ;^ar ils aflTurtnt qu'on
peut pénétrer fufques dans les muf-
cles & les rendons, fans que les
malades falfent le moindre cri.
Le vifage , dans certe maladie »
porte une couleur livide ou vio*
ierte : il eft fouvent couperofé ,
& fe couvre de tubercules qui le
défigurent ; le regard devient fa-
rouche : il s'élève des rumeurs fur
te front , tes |oues 8c te menton ;
le nez groffit : les lèvres s'enflent
& fe renverfent ; ta langue s'en-*
gorge : il naît des tumeurs fur
routes les parties de la bouche » &
la voix devient rauque. Il fe jette
enfuire des fluxions fur tes coudes
& tes genoux qui perdent quelque-
fois leur mouvement : tes jambes
s'enHenc
tEP
s^enAeftt 8c deviennent variqaeofes :
le$ mains & les pieds fe crevaflènc.
Il fe forme des cameurs , en dif-
férences parties , qui dégénèrent en
ulcères virulens , putrides & pha-
gédéniques , qui lont quel<|uefois
vermineux , & pénètrent jufqu'aux
os qu ils carient. L'haleine des lé
preux eft puante ; 6c il exhale de
tout leur corps une odeur à laquelle
on a de la peine à réfifter. Dans
cet état déplorable , prefque tous
font tourmentés par un priapifme
entrenu pat une imagination échauf-
fée \ delà vient que quelques Au-
teurs ont décrit la maladie dont
nous parlons , fous le nom de Ja-
tyriafis. La chute enfin des fourcils ,
des poils & des cheveux j celle du
nez , des doigts ic des orteils , Se
quelquefois de la main & du pied »
mettent le comble à leur infortune :
les. malades ont eux-mêmes hor-
reur de leur état , & fuient la fo-
ciété des autres hommes , en at-
tendant ûue la fièvre lente & la
confomption les conduifent à une
mort deHrée. «
La lèpre a été regardée dans tous
les temps comme contagieufe. Lotf-
que daft fon premier période »
elle n'a encore porté fon a^ion
que fur la peau & les parties les
plus prochaines, on peut la guérir^
mais non fans difficulté.
Les fondans &c les fudorifiques
font la principale bafe du traite-
ment qu'on applique à cette mala*
die \ mais on ne doit les employer
qu'aptes les remèdes généraux , &
un long ufagedes humedlans , des
adouci ilans^ des rafraîchi (Tans , des
tempérans & des dépurans. Le lait»
le petit-lait , les farmenx , les chi-
corées , les plantes acides , la pa-
tience , la fumeterre , & les heroes
Anù-fcorbutiques » peuvent remplir
Têmc XF
- tontes ces vues : on y joint les pou^
lets , le veau , la tortue , les écre-
vifles Se les grenouilles : les laxa^
tifs 8c les bains domeftiques n ont
pas été négligés. Après cette pré-
paration , on en viencaux fondans ,
tels que le mercure doux , la pana-
cée , lâBthiops minéral ^ Sêc. ou aux
fudorifiques cirés des bois > de Tan-
cimoine & des vipères. L*ufage in-
térieur du foufre a réufli dans bien
des cas : on a encore beaucoup Vanté
la décoébion de Técorce d'orme ^
mais peut-être ce n'a été quefur la foi
de celui qui , le premier , l'a pro-*
pofée. On peut adopter avec plus
de confiance Tufage interne, &Ies
bains des eaux thermales; plufieurs
y ont eu recours » & il paroît que
ce n*a pas été fans fuccès. On pro*
pofe enfin la caftration , comme le
moyen le plus aiïtiré d'extirper
cette maladie ; on a même remar-
qué constamment , que les châtrés
en étoient exempts. On a employé
extérieurement des friAions faites
à la vapeur du foufre ; & L'on a fait
ufage de tous les topiques qui con-
viennent aux dartres & à la gale.
On fe conduit , pour les autres re-
mèdes externes y ielon les règles or-
dinaires.
LÉPREUX , EUSE j adjeftîf. Z^-
profus. Qui a la lèpre. Vn foldat
lépreux* Une femme lépreufe.
Ils'emploieaufli fubftantivement.
Autrefois on fépatolt les lépreux du
rejie du peuple.
La première fyllabe eft brève ,
la féconde longue , 8c la croifièm'e
du féminin très-brève.
LÉPROSERIE î fubftantif féminin.
Hôpital pour les [cprçax. Louis VIII
légua par fon tefiament y cent fous
à chacun des deux mille léproferies
de fon Royaume.
Vvr
s
5it lEQ
L£PT£^ fiibftamtf mafoolin. Leptum.
Petite monnoie des anciens Ro*
maûns. Elle valoic félon les uns la
huitième partie <l*ane obole \ & (er
Ion d'autres , c'étoic une drachme
de cuivre ou d'argent.
LEPTIS ; il y a eu en Afrique deux
anciennes villes de ce nom que Ton
diftinguoit Tune de l'autre par les
épithètes de grande & petite.
La grande Leptis étoit une colo-
nie Romaine fituée dans la contrée
appelée Syrtique : elle devint dans
la fuite épifcopale > & fon Êvèque
eft défigne le premier entre les Êvê-
ques de la Province TiipoUtaine.
La petite Leptis étoit fituée dans
la B]rzacèae ^ & pour être quali-
fiée de petite » elle n'étoit pas moins
une belle & grande ville qui devint
'^ auffi épifcopale.
Lf PTURE ; fobftantif féminin. Ltp^
tura^ Infeâe coléoptère dont les an-
tennes vont en diminuant de la bafe
i la pointe » & dont l'ail entoure
la bafe. On peut regarder les lep-
tures conune des efpèces de ccram-
hix ou capricornes : elles habitent
les mêmes lieux, leurs larves & leurs
njmphes font les mêmes ^ & elles
n'en diffèrent que par leur corfelet ,
qui n'eft point armé de pointes com-
me celui des capricornes.
LEQUEL , LAQUELLE ; pronom
relatif compofe de t^utl^ ôc de l'ar-
ticle le j la y qui a différentes (igni-
fications félon les différentes maniè-
res dont il eft employé.
Il fîgnifie quelquefois ; quel ejl
eelui 5 6cc r & en ce fens on ne
s'en fert qu'en interrogeant. Le^
^uel des deux frères a^t^ elle épow*
fé ? Laquelle de ces deux étoffes
Youfiê^ "tous acheter?
Il fignifie au£ cdai qui « Scc^ on
me faiepas aaconkfuiidesdcux^M
LER
et fflfiri* La perfimnt à la^iutk U
parla.
11 fîgnifie auifi qui » k alors il
s'emploie particulièrement pour évi-
ter toute équivoque ou deux qui de
fuite. // perdit U portrait de fa .
femme , lequel lui avoit coûte vingt
picoles. Ici il y auroit une éqinvo-
que» fil'on fubftituoit qui i lequtL
Je vis la perfonne qui avoit hnO'
giné^le projet , laquelle me parut dé*
cidée à le fuivre.
On dit auifi , ifefi une piice fans
laquelle il perdroitfon procès. Vin--
firument duquel il Joue • ce
qu'on dit auffi en employant quoi
éc dont i la place de laquelle &
duquel.
LEQUIOS ; nom de plufieors îles de
rOcéan oriental. H y en a fîx prin-
cipales & plufieurs petites tribu-
taires du roi de Saxuma , qui en fit
la conquête vers l'an 1610. Elles
coupent obliquement le 145* degré
de longitude vers le i6^ ou 17» de
latitude. Elles font crès-fertiles , &
les babitans font fore adonnés au
commerce.
LERGUE; petite rivière de France
en Languedoc. Elle a fa four ce dans
les montagnes qui fépatent le dio-
cèfe de LodèveduRouergue «errofe
Lodève , & va fe perdre dans l'Hé-
raut auprès de Canet*
LERICE; petite viUe maritime d'Ita-
lie I fur la cote orientale do golfe
de la Spécia , dans l'état de Gênes*
L/tRlDA ; ville épifcopale 6c coofi-
dérable d'Efpagne , dans la Catalo-
gne, fur la rivière de Sègre ^ à dix-
nuit lieues , nord-oueft » cle Tar-
ragone, 6c à quatre- vingt, nord-
oueft « de Madrid, il y a une Uni*
verfité. Elle fut célèbre dans l'an*
îiquité par fon conunerce 6c par
la viâoire qœ Céfar y reiDpMta (ar
les iiraMMBs.diajuand FoAp^
LER
LERIN ; petite ville d'Efptgtie dans
k haute Navarre fur la rivière d'É-
ga , entre Eftella 6c Calahorra.
LEKINS ; ( les itesde ) ce font deux
i mérites îles de la Méditerranée , fur
a côte de Provence, à deux lieues
d'AntiSes. Celle qui eft le plus près
de la terre s appelé Vile de Sainte
Marguerite : elle a une efpèce de
fortereflè » avec ua Gouverneur Se
une garaifon d'invalides : l'autre fe
nomme rUe de Saint Hi^norac^ par-
ce que ce Saine la choifit pour fa
retraite en 410 , 8c y fonda le Mo-
naftère de Lerins qui fuit la règle
de Saint Benoît.
LERMÉ } bourg de France en Tou-
raine > environ à une lieue Se de-
mie 9 fud-oueft^ de Chinon.
LERME 'y ville d'Efpagne dans la
vieille Caftille, fur la rivière d'Ar-
lanza , ai fix lieues de Burgos & â
douze de Valladolid.
LERNE 'y nom d'un ancien marais du
Peloponèfe , au royaume d'Argos.
Il eft célèbre dans les écrits des poètes
par fon hydre à fept tètes dont Her-
cule triompha- f^oyei Hercule.
Il y avoir dans la même contrée
une viUe qu on appeloit auffi Lerne,
8c dont il né refte rien.
LERNÉES y fubftantif féminin pluriel
& terme de Mythologie. Fêtes
eue les Argiens célébrèrent auti:e-
rois à Leri^e en l'honneur de Bac-
chus , de Proferpine & de Cérès.
LEROS , & félon nos modernes Le-
&o^ île d'Â(ie dans l'Archipel^ 8c
Tune des Sporades.C*eft -là où na-
<mit Patrocle Tami d'Achile.
LEROT 'y fubftantif mafculin. Ani-
mal quadrupède , plus petit que le
loir y il en diffère principalement en
ce qu'il n*a de longs poils qu*au bout
de la queue. Ses yeux font entourés
d*uae bande noire qui s'étend en
avant juiqu'à la mouftaohe « & en
LER 5x5
arrière >ufqu au-dell de rx>reille, en
paflànt par-deffus l'œil. La fur face
lupérieure du corps eft de couleur
fauve j mêlée de cendré brun , & de
brun noirâtre } la face inférieure
a une couleur blanche j avec des
teintes jaunâtres & cendrées. Le
lérot eft plus commun que le loir.
Il fe trouve quelquefois dans les
mai(blis , & il y a peu de jardins qui
n*en foient infeftés^Us fe nichent
dans les trous de murailles , ils
courent fur les arbres en efpalier ,
choi6(rent les meilleurs fruits Se
les entament tous dans le temps
qu'ils commencent à mikcirj ils fem-
blent aimer les pèches de préfé-
rence , & fi Ton veut en conferver »
il faut avoir {grand foin de détruire
les lérots 'y ib grimpent auifi fur les
poiriers , les abricotiers y les pru-
niers i & fi les fruits doux leur man«-
quent» ils mangent des amandes jdef
noifettes » des noix & même des
graines légumineufes j ils en tranf-
f sortent en grande quantité dans
eurs retraites qu'ils pratiquent en
terre , furtout dans les jardins foi-
gnés y car dans les anciens vergers
on les trouve fouvent dans de
vieux arbres creux ; il fe font un
lit d'herbes » de moufle & de feuil-
les. Le froid les engourdit , & la
chaleur les ranime ; on en trouve
quelquefois huit ou dix dans le mè«
me lieu , tous engourdis , tous ref^
ferrés en boule au milieu de leurs
providons de noix & de noifettes.
Ils s'accouplent au printemps »
produifent en été y Se font cinq ou
fix petits qui croiffent prompte-
ment , mais qui cependant ne pro-
duifent eux-mcmes que dans l'an-
née fttivante. Leur chair n'eft pas
mangeable comme celle du loir ;
ils ont même la màuvaife odeur
du rat domeftique , au lieu quf le
V V V y
524 LES
loir ne fent sien j ils ne devien-
nent pas auffi gras , & manquent
des feuillets graifleux qui le trou-
vent dans le loir& qui enveloppent
la maffe entière des inteftins. On
trouve des lérots dans totis les cli-
mats tempères de l'Europe , & mê-
me en Pologne & en Prufle , mais
il ne paroît pas qu'il y en air en
Suède ni dans les pays feptentrio-
naux.
LERS ; il y a en Languedoc deux ri-
vières de ce nom j le grand Lers &
le petits Lers :1e grand Lers C3tile
dans le diocèfe de Mirepoix 6c fe
jette dans TArriége au-deflTus de
Cintegabelle, Le petit Lers a fa four-
• ce dans le Lauraguais & Ton embou-
chure dans la Garonne i une lieue
& demie au-defTous de Touloufe
après un cours d'environ feize
lieues.
LiRs , eft aufli le nom d'un bourg du
Rouereue » fur le Lot, près des tron-
• cières du Gcvaudan , environ â huit
lieues > e(l-nord-eft , de Rhodes.
•LERY j bourg de France en Norman*^
die» fur la rivière d'Eure , à une
lieue» eft-fad-eft, du Pont-de-
l'Arche.
Les y pluriel des articles & des pro-
noms le & la. Voyez ces mots.
LESBOS ; ancien. nom d'une île (!•
tuée fur la côte de l'Afie mineure ,
& particulièrement de l'Arabie. Elle
cenoit dans l'antiquité le feptième
rang entre les plus grandes îles de
la Méditerranée , & elle fut renom-
mée par la fertilité de fon terroir,
par les bons vins ,par fés marbres ,
&c. Son nom moderne eft Me-
telin. Foyer ce mot.
LESCAR j ville épi fcopale de France
en Béarn » â une lieue , nord-oueft ,
de Pau 9 fous le 17^ degré , 1 1 mi-
nutes , 1 5 fécondes dejongimde, &
le 4)^, 11 minutes» ï6 fécondes
LES
de latitude. On y compte dtttx
mille a^es. Le revenu de l'Evêque
eft d'environ quinze mille livres.
Ce Prélat eft Préfident né des Etats
de Béatn » & premier Confeiller
du Parlement de Pau.
LESCHÈNORE ; adjeftif mafculîn ,
& terme de Mythologie. Ceft un
des furnoms que Us Grecs donnè-
rent i Apollon» comme au Dieu
Proteâdur des fciences Se 'des lieux
où Ton s'aiTembloit pour en dif-
courir.
LESCHERNUVIS i fubftântif maf-
cuiin» & terme de relation. Ceft
en Perfe » le Tribunal où 1 on re-
çoit & où l'on examine les requc*
tes 6c placets de ceux qui deman-
dent quelque chofe au Roi.
LESCURE 'y petite ville de France en
Languedoc, i une lieue» nord-nord-
eft , d'Alby.
LESDIGUIÈRES j bourg de France
en Dauphiné, près du Drac. en-
viron à douze lieues» fud-fud-eft,
de Grenoble*
LESDIGUIÈRES j ( François de Bon-
ne , Duc de ) né à Saint Bonnet
dans le haut Dauphiné en 1543»
\ d'une famille ancienne» porta les
armes de fort bonne heure» & avec
beaucoup de valeur. Ses grandes
qualités pour la guerre le firent
choifir par les Calviniftes » après la
mort de Montbrun » pour être leur
chef. 11 fit triompher leur parti dans
le Dauphiné & conquit plufieurs
places. Il remporta en 158^ une
viâ:oire complette fur Devins » Gen-
tilhomme Catholique ' de Pro-
.vence » & écrivit du champ de ba-
taille à fa femme ce billet digne
d'un Spartiate : Ma mie » j* arrivai
hier ici ; j'en pars aujourd'hui. Les
Provençaux font défaits , adieu. Hen-
ri IV qui faifoit un très-grand cas
de lui , -lorfqu^il n'étoic encore que
LES
Roi de Navarre « lai donna toute
fa confiance , lorfqu'il fut monté
fur le trône de France ; il le fit
Lieutenant- Général de fes Armées
de Piémont , de Savoye & de
Dauphiné. 11 remporta de grands
avantages fur le Duc de Savoye »
qu'il défit aux combats d'Efparron ^
en 1591, de Vigorre en 1591,
& de Grefilane en 1597. Le Duc
conftruifit un fort confidérable à
Barreaux, fur les terres de France ,
à, la vue de l'armée françoife. Lef-
diguières fut prefque unanimement
blâmé dans fon camp , de fouffrir
une telle audace. La Cour, qui
adopta cette façon de penfer» lui
en fit un crime. F'otrc Majeju,
répondit froidement au Roi ce
grand Générai , a befoin ttune bonne
foncrejfe , pour tenir en bride celle
de Montmilian , puifque le Duc de
Savoye en veut faire la depenfe^ il
faut le lai ffir faire ; dès que la place
fera Juffifamment pourvue de canons
& de munitions , je me charge de la
prendre. Henri fentit toute la juf-
teflPe de (ts vues*. Lefdiguïères^ tint
fe;s prome (Tes , & conquit la Savoye
entière. Ses fervices lui méritèrent
le bâton de Maréchal de France en
i5o8. Sa terre de Lefdiguières fut
érigée en Duché- Pairie. Quelque
tenips après la mort de Henri- IV ,
il (ervit utilement Louis XIII j il
aflicgea, en 1^21, Saint-Jean d'An-
ge li & Monta uban. Ce grand Gé-
néral s'y expofa en foldat : ft% amis
le blâmant de cette témérité j il y
a foixante ans y leur dit-il, que les
Moufquetades & moi nous nous con-
noijfons. L'année d'après , il abjura
le Calvinifme à Grenoble & reçut
â la fin de la cérémonie , les let-
tres de Connétable > pour avoir tou-
jours été vainqueur & n* avoir jamais
etéyaincu,En \6i^ il prit quelques
Les 525
places fur les Génois , fe fignala i
la bataille de Bretagne, & fit le-
ver le fiége de Verue. Les Hugue-
nots du Vivarais avoient profité de
. fon abfence pour prendre les armes ,
Lefdiguières parut , & ils tremblè-
rent. Ayant mis le fiége devant Va-
lence, il fut attaqué d'une maladie
dont il mourut en 162^, à quatre-
vingt-quatre ans. Ce héros n'étoit
Eas moins recommandable par fon
umanitéj que par fa valeur. Guil-
laume Avanjon , Archevêque d'Am-
brun , féroce par une religion mal
entendue , corrompit le domeftique
de confiance de Lefdiguièfes ^ alors
chef du parti calvinifte , & le dé-
termina à alfadiner fon maître. Pla-
. tel , c'étoit le nom de ce domefti-
que , en trouva plufieurs fois loc-
cafion , fans ofer la faifir. Lefdiguiè^
rts averti du complot, vit fon do-
meftique & lui ordonna de s'armer ;
il s'arma à fon tour : puifque tu as
promis de me tuer , dit- il à ce mal-
heureux , tjfaie maintenant de le
faire , ne perds pas par une lâcheté
la réputation de valeur que tu as ac-^
quife. Platel confondu dç tant de
magnanimité , fe jette aux pieds
de fon maître , qui lui pardonne
& continue de s'en feivir. On le
blâma de cette conduite, te il fe
contenta de répondre , puifque ce
valet a été retenu par l horreur du
crime , il le fera encore plus par la
grandeur du bienfait. Sa réputation
étoit fi grande en Europe , que la
Reine Elifabeth difoit , que s'il y
avoit deux Lefdiguières en France ,
elle en demanderoit un à Henri IF'.
LÈSE ;adje£bif féminin, qui ne s'em-
ploie qu'avec le mot Majefléy com-
me en ces phrafes, crime de lèfe^
majejlé ^ criminel de lèfe-majefté.
On appelle crime de lèft-majejié
divine y une ofFenfe commife ditf r-.
jief LES
cemenc contre Dieu , comme Ta-
Eoftafie , i*hércfie > ie facrilége , le
lafphême , &c. Ce crime eft puni
plus ou moins grièvement, & même
quelquefois de mort , ce qui dé-
pend des circonftances.
Quelques auteurs prétendent que
tous les Juges, même ceux des
Seigneurs, peuvent connoître du
crime de lèle-majefté divine j d'au-
tres foutiennent qu'il doit être re
gardé comme un cas royal , parce-
2ue Tordre public exige que le culte
ivin ne foit point troublé , 8c que
les feuls Juges royaux font compé -
tens pour en connoirre.
On appelle crime de Ufe-nugêfié
humaine , un attentat commis con-
tre le Souverain ou contre l'Etat.
On diftingue, par rapport au
crime de Ufi^majcfit humaine , plu-
iiears chefs ou degrés différens qui
rendent le crime plus oa moins
grave.
Le premier chef j qui eft le plus
grave , eft la confpiration ou con-
jaration formée contre l'État, ou
contre la perfonne du Souverain ,
pour le faire mourir , foit par le
fer , ou par le feu , par le poifon
ou autrement.
Le deuxième chef eft lorfque
quelqu'un a compofé & femé a^s
libelles ou placards diffamaroires
contre l'honneur du Roi , ou pour
exciter le peuple i fédition ou ré-
bellion.
La fabrication de fauflemoonoîe,
le duel , l'infraâion des faufs con-
duits donnés par le Prince à l'enne-
mi , à fes ambafladeurs ou otages ,
font aufli réputés des crimes de lèfe-
majejlé.
Quelques auteurs diftinguenr trois
ou quatre chefs du crime de Ufe-
majejlé f d'mtves ju(qu'i huit chefs ,
qui font autant de cas difEérens où
LES
la majefté du Prince eft offenSe ;
mais en fait de crime de ii/emajtfié
proprement dit , on ne diftingae que
deux chefs , ainfi qu on vient de Tex-
pliquer.
Toutes fortes de perfonnes font
reçues pour accufateurs en fait de ce
crime , Se il peut être dénoncé 8c
pottrfuivi par toutes fartes de per^
fonnes , quand même elles feroient
notées d'infamie : le fils même peut
accufer fon père , & le père acaifer
fon fils.
On admet aaffi poar lapreavede
ce crime > le témoignage de toutes
fortes de perfonnes , même de ceux
qui feroient ennemis déclarés de
l'accufé \ mais dans ce cas on n'a
égard i leurs dépofitions , qu'autant
que la raifon &: la juftice le per-
mettent 'y la confeflion ou déclara-
tion d'un accufé eft fuffifante dans
cette matière pour emporter la con-
Samnatien.
Tous ceux qui ont trempé dans
le crime de lèfe-majefté font punis;
& même ceux qui en ayant connoif-
iànce ne l'ont pas révélé , font éga-
lement coupables du crime de /ç/e-
majefté*
Celui qui ofe attenter fur la per-
fonne du Roi , eft rrairé de parri-
cide , parceque les Rois font confi-
dérés comme les pères communs de
leurs peuples.
Le ieul deffêin d'attenter quelque
cbofe contre l'Erat, ou contte le
Prince , eft puni de mort lorfqu'il
y en a preuve.
On tient communément que la
connoiflànce du crime de l^e-ma^
jefte au premier chef appartient au
Parlement \ les autres chefs font
feulement réputés cas royaux.
Le crime de lèfe-mafefté au pre-
mier chef, eft puni de k mort la
plus rigooreuft ^ qui eft d'être lire
i
LES
te dQOiisinbrc i qoacre chevaux.
Voyt\ les arrêts rendus contre
Jean Chaftel , Ravaillac & Damien.
Le crime de lèfe-majefté humaitae
ne s'éteint pas comme les autres par
la mort des coupables \ ils peuvent
èrreaccufés & condamnés après leur
mort, & la punition exécutée fur
le cadavre & contre leur mémoire ,
par la fuppreffion & anéantifTement
de leur nom & de leurs armes, con-
fifcation de leurs biens j démoli-
tion de leurs maifons & châteaux ,
& coupe de leurs bois de haute-
futaye » jufqu'à une ceruine hau-
teur.
La confifcation pour crime de
lèfe-majefté au premier chef appar-
tient au Roi feul , privativemenc a
tous Seigneurs hauts-jufticiers ; le
Roi prend ces biens comme pre-
mier créancier , i Texclufion de
tous autres créanciers \ il les prend
même fans erre tenu d'aucune
charge ou hypothèque > ni même
des lubftitutions.
LÉSÉ , ÉE j participe paffif. Foyei
Léser.
LÉSER \ verbe aâif de la première
conjugaifon » lequel fe conjugue
comme Chanter. Létdere. Ofren-
fer y faire tort , porter préjudice. Le
mineur a été léji dans cette affaire.
On ne voulait pas le léfer.
La première fyllabe eft brève ,
& la féconde longue ou brève, ^oyq
VSRBB.
Le pénultième e des temps qui
fis terminen par un e muctt, prend
le fon de Ve ouvert & allonge la
YyUabe.
LÉSER; petite rivière d*AUemaenej
dans rEleâorat d« Trêves: elle a
h fouEce fur les frontières de TEif-
fel êc fon embouchure dans la Mo-
felle ^i deux petites lie^esatt-delTu»
jde Tatbaciu
LES
î^7
LÉSINA ; c'éioit une ville épifcopale
d'Italie , .au royaume de Naples ,
dans la Capitanate y mais elle fut
détruite en 1617 par un tremble-
ment de terre » & ce n'eft plus au-
jourd'hui qu'un village.
LÉSINE } fubftantif féminin. Épar-
gne fordide & rafinéejufquesdans
les plus petites chofes. // fait re-
marquer fa lefine dans toutes Us oc-
cajlons.
LÉSINER \ verbe neutre de la première
conjugaifon , lequel fe conjugue
comme Chanter. Ufer de léfine.
Elle léjinc fur les moindres ehofes.
Les deux premières fyllabes font
brèves j & la troisième longue ou
brève. Voyei^^ Verbe.
On prononce & l'on devroit écrire
lésiner. Voyez Ortographe.
LÉSION \ fubftantif féminin, hafio.
Dommage , tort , préjudice qu'on
fouffre en quelque tramaâion , en
quelque marché , en quelque con-
trat.
Un mineur léfé par trop de fa«
cilité , ou par le dol de celui avec
lequel il a contraâé , peut être relli-
tué i çaufe de la lefion y quelque
légère qu'elle foir; la léfion d*affec»
rioii fuffit mcme feule lorfqu'ils'a-
git de la vente d'un immeuble ap-
pattenant à un mineur ; c*eft-à-dire
qu'il fuffit que cet immeuble ait été
. vendu fans formalités & fans né-
ceflicé , pour que le mineur puifle
demander la nullité de la vente «
quand même elle n'auroit pas été
taire â vil prix.
Il n'en eft pas de même i Tégard
è^s majeurs , la léfion feule ne fuf-
fit pas pour les autorifer â revenir
contre toutes fortes d^engagenrens ,
ainfi elle ne fait pas un moyen fuf-
fîfant pour revenir contre les baux
à loyer ou à ferme att«de(Tbi»s de
dix aaSy ai contre les vei > de
5i8 LES^
meubles , les venter d*ofEces & de
droits ruccéfliFs , les échanges d'hé-
ritage contre un héritage , contre
les tranfaârions.j ce qui a lieu quand
même la léfîon feroit d*outre moitié
du Jufte prix y ce que Ton appelle
une Uyîon énorme.
Cependant lorfque la léfion eft
très-énorme » & ce qu'on appelle
do/o proxima ^ on accorde quelque-
fois dans ce cas la reftitution , ce
qui dépend des circonftances.
On appelle lefion du tout au tout^
celle par laquelle une des parties
contraâantes perd tout ce qu'elle
devoit retirer de fon bien ou de
fes droits.
La lélion d'outre moitié du juile
prix, eft un moyen de reftitution
contre la vente d'un immeuble,
entre majeurs, mais le vendeur eft
le feul qui puilTe faire valoir ce
moyen : l'acheteur n'eft jamais écouté
k fe plaindre de la léfion , à moins
que I on n'ait ufé de dol pour le fur-
prendre.
Le jufte prix fur lequel la léfîon
doit être reconnue, eft la valeur de
l'immeuble au temps de la vente, &
non pas au remps de VzQtioti en
reftitution.
Lorfque l'acquéreur affigné en
entérinement de lettres de ref-
cifion pour léfion d'outre moitié ,
offre de payer la jufte valeur , il
peut conierver l'héritage par ce
moyen , pourvu qu'il n'y^ air point
d'autre vice dans la vente , que la
vileté du prix. Si, par exemple, il
y avoit du dol dans la vente , l'ac-
quéreur ne feroit pas admis à offrir
le furplus de la valeur pour garder
rhéricage.
S'il n'y a point d'autres vice dans
la vente que la léfîon de plus de
moitié du jufte prix , l'acquéreur
ne doit rendre les fruits que depuis
LES
la demande formée par le vendeur
Four rentrer dans l'héritage , oa
intérêt du fupplément du prix , de-
puis le même tecnps > s'il garde l'hé-
ritage.
Mais s'il y avoit d'autres vices,
comme de Tufure , du dol > &c, il
faudroit que l'acquéreur rendît les
fruits j â compter du jour de fa
JQuiilance , en déduifant néanmoins
l'intérêt, du prix précédemment
payé. .
Cette aâion que les loix donnent
au majeur , pour fe faire reftituer
contre des contrats de vente d'im-
meubles, dans lefquels il eft léfé
d'outre mo^é , n'a pas lieu dans
Içs ventes de meubles & effets mo-
biliers , & elle doit d'ailleurs être
dirigée dans les dix années qui cou-
rent ~da jour de la vente.
. Celte léfion A* outre moitié ne peut
êtr^ oppofée contre les ventes aim-
meubles qui fe font par décret forcé;
le pûxde l'adjudication eft toujours
cenfé être la véritable valeur de l'hé-
riêagdi.
Dans les partages entre co -héri-
tiers majeurs, la léfion du tiers au
qtiart fuffit pour donner lieu â la
reftitution : on entend par léfion du
tiers au quart , ou il fapt que celui
aui fe prétend léfé (bit en perte
'une portion qui foit entre le qtiart
& le tiers de ce qui devoit loi re-
venir, il n'eft pas néceflaire c^ull
s'en faille d'un tiers entier , mais il
faut que la léfion foit de plus d'un
quart : par exemple , s*il devoir re«
venir à l'héririer i looa livres pour
fa parr , & qu'il n'ait eu que ^5 00 li«
vres , la léuon n*eft pas d\in tiers ,
lequel feroit 4000 livres » mais
elle eft de plus d'un quart , patfque
le quart ne feroit que }Ooo livres
& qu'elle fe trouve de 5 joaliviesi
aiafi
LES
ain(î dans ce cas elle eft "du tiers au
quart.
LESMÉE 'y bourg de France dans le
Maine , environ à huit lieues , nord-
nord-eft , du Mans.
LESNEVEN j ville de France en Bre-
tagne , fut la route de BreÛ: à Saine
Pol de Léon. C*eft le Hége d*une
Sénéchau(rée.
LESNOUILLIERS ; bourg de France
en Sainronge , à une lieue Se demie,
oueft - fud « oueft » de Saint Jean
d'Angely.
LESNOW ; petite ville de Pologne
dans la Volhinie , près de laquelle
le Roi Jean Cafimir défit entière-
ment l'armée des Cofaques & des
Tarraresen 1^51.
LESPAU ; bourg de France aadiocèfe
de Limoges dans TEle&ion de Com-
brailles.
LESQUEMIN ; île & port d'Améri-
que dans le Gmada , fur le fleuve
Saine Laurent.
LESS AC ; bourg de France en Poitou ,
fur la Vienne , à une lieue » iiord-
nord-oueA , de Confolans.
LESS A Y ; bourg de France en Nor-
matidie , 4 quatre lieues , nord-nord-
oueft , de Coutances. Il y a une
Abbaye de rOrdre de Saint Benoît ,
laquelle eft en commende , & vaut
au titulaire plus de 1 5 mille livres
de renre^
XJESSINES ; petite ville des Pays-Bas
dans le Hainauit , â cinq lieues ,
fud-oueft, de Bruxelles.
LESSIVE j (ubftaotif féminin. Lexi-
vium. Eau chaude que Ton verfe fur
du linge à blanchir qui eft enta (Té
dans un cuvier , & fur lequel on a
mis un lit <le cendres de bois neuf
ou de fonde. Le cuvier à lefTive eft
percé d'un trou par lequel l'eau s'é-
coule. On la recueille » on laremet
au feu & on la reverfe fur le linge j
ce qui s'appelle couUr la lejfiyc.
Tome Xr.
LES ^t^
Cette opération fait diflbudre le fel
du bois contenu dans les cendres &
en imprègne le linge fale. Ce fel
s'unit â la faleté du linge qui eft une
grailTe , & forme avec elle une ef-
f|èce de favon. Ce premier favon
brmé dans le cuvier , s'unit facile*
ment avec celui dont on frotte le .
linge au fortir du cuvier ; ils fe dif*
folvent enfemble 9 & en fe diffoU
vant y Teâu les emporte avec la
cralfe. Toutes les cendres ne /ont pas
honnes pour la UJpye. Laver la lej^
Jive.
Lbssivjs 9 fe dit auflî de toute forte
d'eau déterfive » rendue telle par de
la cendre ou par quelqu'aurre ma-
tière convenable. La leffive qu'on
fait aux olives en ôte Vameftumef
Une Itjfivc propre à dégraiffer les che*
veux^
On dit proverbialement & figui«
riment , à laver la teu d'un more ,
la tête d*un âne , on y perd fa lefjive;
pour dire , qu'il y a à^ perfonnet
3u'il eft itiutile de vouloir réformer^
e vouloir corriger.
En termes de Chimie , on appelle
lefjive cauflique , une leffive d alkali
fixe rendu cauftique pnr la chaux
vive. Pour faire ceue forte de lef-
five on prend deux parties de fonde »
de potafTe ou de cendres gravelées ,
fuivant Tufage qu'on veut faire de
la leftive 1 & une partie de chaux
vive , ou partie égale de fel alcali
déjà tout préparé & de chaux vive;
on les met dans un grand vafe , on
verfe deftus douze ou quinze fois
autant d^eau pure , & on laiffe étein-
dre U chaux ^ après quoi on fait
bouillir le tout pendant quelques
momens: on filtre alors la leflive
toute chaude à travers un filtre de
papier gris foûtenu fur de la toile ,
& on concentre la leflive par l'éva**
poration fur le feu ï tel degré qu'on
X z X
fyo LES
jage i propos , faivanc Tufage la-
qaelon ladeftine.
La chaux a la propriété <l*aug«
mencer conAdérablemenr la caufti-
cicé de roas les alcalis fixes , Se c'eft
probablement en leur enlevant non '
feulement leur matière inBamma-
ble , furabondante » mais même
une partie de celle qui entre dans
leur compoHtion. 11 fuit delà qu'elle
occafionne à ces alcalis une altéra-
tion fenfible & de même nature
que celle qu'elle produit fur l'alcali
volatil , & que par conféquent on
pourroit parvenir à décompofer en-
tièrement tous les alcalis par le
moyen de la chaux y mais ces expé-
riences n'bnt point été fuivies juf^
qu'à préfent. Les propriétés de l'al-
cali fixe rendu plus cauftique par la
chaux n*ont pas même été exami-
nées dans un détail fuffifant : on fait
feulement que cet alcali a beaucoup
IAns d'aâion dilTolvante y 8c fingu-
ièrementfur lesmatières huileules,
que quand il n'a point été traité de
cette forte } c'eft par cette raifon
qu*on le prépare de cette manière ,
lorfqu'on veut le combiner avec des
huiles 8c en faire des favons.
La leâîve cauftique évaporée f uf-^
qu'à ficcité j fournit un fel alcali
prodigieufement acre, qui fondu
cnfuite dans un creufet^ forme ce
qu'on nomme la pierre à cautère^
parcequ'écant appliquée & aflTujétie
fur la peau , elle y fait une efcarre^
l'entame & produit une forte d'ul-
cère dont on entretient la fuppura--
tion , & qui s'appelle cautère.
On dit figurément & familière-
ment en panant d'une grande perte
que quelqu'un a faite au jeu « qu'i/
a fait une étrange lejjive , unefurieu-
JileJJîve.
Prononcez comme ii l'on écri*
voit lécive.
LES
LESSIVÉ, ÉEj participe pai&f.r<>/;
Lessiver.
LESSIVER^ verbe aâif de la première
conjugaifon , lequel fe conjugue
comme Chanter, Lixîvio lavare*
Blanchir le linge , faire la lel&vec
Ltjfiver du linge ^ des toiles , dufil^
Les deux premières fyllabes fonc
brèves > & fa troiiîème longue oa
brève. Foye^ Ver»e.
Les temps ou petfonnes qui fc
terminent par un e fémioin» one
leur pénultième fyllabe longue*
On prononce comme fi 1 on écri*
voit léciver,
LEST} fubftaniif mafcuTin. Terme
de marine. Pierres » fable , qjii au-
tre matière pefante dont on chatg^^
le fond d'un vaifleau pour le tenir
en équilibre.
Laquantitéde/^ qu'il convient de
mettre dans un vaifleau ne dépend
pas feulement de la grandeur d'un
vailTeauy mais encore de la forme de
fa carène y car jplos cette carène eft
aiguë, moins elle exige de lejij par-
cequ'elle .enfonce d'autant plus ai'
fément dans l'eau: cela fait voir
qu'on ne peut pas déterminer -avec
exaflitude la quantité du lejl qu'il
faut ^ un vaideau. La chofe devienr
encore plus difficile quand on y
fait entrer toute la mâture. L'expé-
rience fait connoître , en leftant un
vaiiïèau , de quelle façon il fe com-
porte le mieux à la mer , & s'il faut
en auemenrer ou diminuer le Ar/7. Il
y a des bâtimens auxquels il faue
pour le lejl environ la moitié de
leur charge , d'autres le tiers , &
quelques-uns le quart. Cela dépend
de leur conftruftion.
On appelle bon lefl , le left de
petits cailloux qu'on arrange aifé-
ment. Et gros lefl ^ celui qui eft
compofé de très groffès pierres ou
} de quartiers de canons brifcs. £c
TES
vieux k/l j celui qui a défi fait une
campagne. £c Icjl lavc^ le vieux left
<)u on lave pour s^en fervir de nou-
veau.
L'article VI du tiwe 4 de TOr-
. donnance de la Marine , fair défen-
fes à cous Capitaines & Maîtres de
navires de jeter leur lefte dans les
porcs , canaux , baffins & rades , i
{»eine de 5 00 livres d'amende pour
a première fois , & de faifie &
confifcation de leurs batimens en
cas de récidive » & aux délefteurs
de le porter ailleurs que dans les
lieux déngnés pour cela , i peine de
punition exemplaire.
On fait fentii: le t final.
LESTAGE ; fubftantif mafcuHn , &
terme de Marine* Âdion de lefter
un vaifFeau. Le titre quatre detOr-
donnance de la Marine traite du lef-
tage & déteftage, Vartide 7 défend
de travailler au lejlage ou déltfiage
d* aucun navire pendant la nuit.
LESTE y adjeétif des deux^enres. Ex-
peditus. Qui eft proprement vêtu ,
qui ell richement accommodé. lia
quatre grands laquais fort lejles.
On dit , que des troupes font bien
lefles , quand elles font bien vêtues
&c bien armées*
Leste , fe dit figurément d^n homme
adroit, habile & agidant. Cejlun
homme lefle quifait faire fa cour.
On dit auili figurément de quel-
qu'un, qu'// a le ton lefle , lorfgu'il
pofsède fa langue au point de raire
entendre aux autres tout ce qu*il
veut fans les offenfer ou les faire
rougir.
LESTE , ÉE j participe paflîf. Foye\
Lester»
I-ESTË JOCORI î bourg de la Moréè,
dans rifthme de Cotmthe , à une
lieue de Corinthe fur le golfe de
Lépante.
l
LES 5^51;
LESTEMENT j adverbe. Expeditè.
Proprement & richement. Des Offi-»
ders UJlemcnt vêtus.
Lestement , (igniâe auffi adroitement»
habilement , avec agilité. // futfc
tirer iefiement de cet embarras,
LESTER ; verbe aûif de la première
conjugaifon , lequel fe copjugue
comme Chantejc. Terme de Ma-
rine. Mettre le left dans an vaifTeaUé
On lefle les vaijfcaux pour les tenir
en équilibre.
LESTEUR ; fubftantif mafculin» 6c
terme de Marine. Bateau qui ferc
à tranfponer le left. Les lefleursfont
de petites gabarres ou bateaux plats.
LESTRIGONS i fubftantif mafculin
pluriel. Peuples qui hribttoient la
Campanie & que les Poètes anciens
nous ont reprélentés comme des an-
tropophages. Ântiphate en écoic
Roi lorfquUUfTe eut le malheur
d'arriver dans fes états. Les vaif-
féaux du héros grec entrent dans le
port & fes compagnons vont à terre.
Antiphate accourt à leur rencontre
& fe faifît de deux de ces miféra-
blés pour les dévorer j les autres fe
hâtent de regagner les vaiffeaux »
mais Antiphate ayant appelé les Lef^
trîgons fes fujers^ ils viennent par
milliers , & du haut des rochers ac«^
cabienr les vailfeaux de pierres énor*
mes , les brifent , écrafent les hom-
mes » & le feul vaiffeau d'Ulide
peut échapper à leur barbarie. Il l'a-
voir attache hors du port , à la poin-
te d*un rocher y il coupe le cable
avec fon épée , & ayant gagné la
haute mer , il s'enfuit à force de
rames.
LESTWITHIEL ; petite ville d'An-
gleterre , dans la Province de Cor-
nouailles , fur le Fovey , à foixante-
rrois lieues , oueft , de Londres^
Elle a des députés au Parlement*
Xxxî|
53* LET
LETCHI 'y fubftantif mafcuHn. Fruit |
délicieux qui croît à b Chine , &
qui eft de la grolfeuc d'un petit abri-
cot, oblong , mollet , couvert d'une
écorce mince , chagrinée , de cou-
leur ponceau éclacam , contenant un
on noyau blanc , fucculent , de très-
bonne odeur de rofe: le P.Boym a
fait graver ta figure de ce fruit dans
fa Fiora Sincnfis ; mais elle ne s'ac-
corde point avec d'autres deicrip-
tions plus modernes*
Le letchi vient dans les provinces
de Canton , de Fokien , èc autres
/provinces méridionales. Les Chi-
nois Teftiment fingulièrement pour
le goût 6c, pour les qualités bienfai-
fances \ car ils afsurenr qu'il donne
de la torce & delà vigueur fans
{chauf{èr,à moins qu'on n'en mange
avec excès. Le pète d'EntrecoUes
ajoute dans les Lettres Édifiantes ,
qu'il en eft de ce fruit » comme de nos
melons de FEurope ; que pour l'a-
voir exceUenc , il faut le manger fur
le lieu même t & le cueillir dans
fon point de maturité, trcs^difficile
i attraper, parcequil n'y a qu'un
moment favorable. Cependant com-
me dans tout l'Empire on fait grand
cas de ce fruit fec,' on le laiue fé-
cher dans fa pellicule, où il fe noir-
cit & fe ri<^e comme nos pruneaux.
On en mange toute l'année par cette
méthode \ on le vend i la livre ,
te l'on en met dans l'infiîfion de thé
pour procurer i cette liqueur un pe-
tit goût aigrelet.
Les lerchis qu'on apporte k Pé-
king pour TEmpereur j ic qu'on
renferme dans des vafes pleins d'eau
de vie , où l'on mêle du miel &
d'autres ingrédiehs, confervent bien
un air de fraîcheur } mais ils per-
dent beaucoup delà finefle &.de
l'excellence de leur goût.
noyau du Letchi ud peu rôti
LET
ic réduit en poudre fine , pade ches
les Chinois pour un fpécinque coa«
tre les douleurs de gravelle & de
colique néphrétique»
LETHj voye^ Lasje.
LÉTHARGIE; fubftantif féminin. le-
rAarjfitf.AflbupilTementconrre nature
qui ôte lufage de tous les fens.
Dans cette maladie le fommeil
n'eft pas C\ profond que dans l'apo*
plexie & le carus. Les malades un
peu agités , tiraillés , excités par des
cris , s'éveillent , répondent a ce
qu'on leur demande , comme on dit,
à bacons rompus \ fi quelque befoia
naturel leur &it demander les vaif-
feaux néceiïaires , ils les refufent
lorfqu'on les leur préfente , ou dès
qu'ils les ont entre les mains , iis en
oublient l'ufage & leurs propres né-
ceflîtés , & s'alToupîilent auflitôt ^
leur pouls eft vice ^ fréquent , mais
inégal , petit & ferré. Cette mala-'
aie eft auez rare \ c'eft dans L'hiver
des faifdns & de l'âge principale-
ment , Aivant Hippocrate ^ qu'on
l'obferve ) elle attaque les peribnne»
affoiblies par l'âge , par les mala-
dies , par les remèdes , &c, les per-
fonnes cacochymes, furtout loilque
dans ces fujets quelque caufe aug-
mente 1^ force de la circulation , Sc
la détermine â la tcte j elle eft quel-
Juefois (ymptôme de fièvres putri-
es , malignes , peftilentielles , de
l'hémitritée \ d'autres fois elle eft
occafionnée par des dofes trop for-
tes d'opium , par des excès de vin j
elle eft une fuite de l'ivrefle , &c.
Les anciens atrribuoientla léthar-
§ie à une congeftion dc^ lymphe ou
e férofités épaiftes & putréfiées dans
le cerveau. Les modernes atfurem que
c'eft un relâchement joint à une ftag-
nation K'gèremenc infiammacoire
de fang dan^ le cerveau. Les obferva'-
tions anatoœiques faites fur les^o-
tET
davres des perfonnes mortes vidU
mes de cette maladie» font con-
traires à ces opinions & font voir
que ces cauies font particulières ,
mais nullement générales.
La léthargie eft une maladie aiguë,
très-dangereufe , qui fe termine or-
dinairement en moins de fept jours ,
par la more du malade ^ les urmes
pâles i limpides ^ le tremblement
en augmentent le danger. Si le ma-
lade eft alfez heureux pour atteindre
le feptième jour , il eft hors d af-
faire. Lorfqu'elleeft la fuite & l'ef-
fet d'une chute , d'une bleffure , de
rivre(fè , des^ narcotiques* , elle eft
moins dangereufe » & il y a efpé-
fance fi les remèdes employés ap-
portent quelque relâche dans les
fymptomes : alors , fuivant l'obfer-
ration d'Hippocrate, les malades fe
plaignent a une douleur au cou &
d'un bruit dans les oreilles.
Les remèdes qui conviennent
dans cette maladie , font les mêmes
2 ai réuâiflent- dans l'apoplexie , &
ts autres maladies foporeufes; fa-
voir les émétiques ,' furtout Ibrf-
^'elle a été occafionnée par un ex-
ces de vin , & par les narcotiques ,
les cathartiqaes , les lavemens irri-
tans > les potions cordiales , les hui-
les eftentieiles éthérées , les élixirs
Spiritueux , les fels volatils ; les vé-
catoires • les ventoufes , les fternu-
3
tatoires ^ les fialagogues ou falivans.
Les faignées font rarement indi-
uées; la prétendue inflammation
u cerveau ne fauroir être une rai
fon fuffifanre pour les confeiller :
tels font les remèdes généraux : cha-
que Aureur en propofe enfuite de
particuliers fpécifiques 9 mais le re
mède le plus généralement confeillé
eft le caflor qu'on regarde comme
éminemment antî^narcorrque ^ on
1 ordonne de toutes les façons > mêlé
LET 535
avec les purgatifs pris en potion >
ajouté au vinaigre pour être attiré
par le nez. fiorellus aflure avoir
guéri une léthargie avec la fcammo-
née & le caftor : après le caftor , on
vante beaucoup la rhue, le ferpoler^
le pouliot & l'origan. Tous les aci-
des appliqués d l'extérieur ou pris
intérieurement , palTent aflfez com-
munément pour très-efficaces dans
la léthargie. L*efprit de vitriol cé-
phalique , c'eft-à-dire tiré du vitriol
qui a été auparavant arrofé des ef-
lences céphaiiques, eft très-célèbre;
il eft pénétrant , volatil , de même
que le vinaigre vitriolé bénit. Quel-
ques obfervations nous apprennent
les heureux fuccès de rimmerfion
fubite des léthargiques dans de l'eau
bien froide.
Lir^ARGiE, fignifioau/n figurément»
une infenfibilité blâmable pour tout
ce qui arrive , & une extrême non-
chalance en toutes chofes. On s^entr-
para d'une partie de fon patrimoine^
on^ l'attaqua de toutes les manières ^
& rien ne fut capable de h tiret de
fe léthargie.
LETHARGIQUE ; adjeftif des deux
genres* Lethargicus, Qui tient de la
&thargie. Un fommeil léthargique.
U s'emploie auffi quelquefois fub-
ftantivement. Ce remède a guéri plw
fîears léthargiques-.
Letha'rgiqite , fe dit auffi dans le
fens figuré. Une négligence léthargi-*
' que.
LETHÉ ; terme de Mythologie , Se
nom d'un fleuve des enfers dont on
faifoit boire de l'eau aux âmes qui ,
après un certain nombre d'années »
revenoient fur la terre pour y ani-
mer de nouveaux corps. Cette eau
avoir la propriété de faire perdre
fiir le champ toute .là connoiflance
du paffé. Il y avoir en Afrique une
rivière de ce nom , qui fe perdant
Î34
LET
fous terre , en forcoit enfulte avec
impétao(i:é ^ ce qaî avoic fait croire
qu'elle venoit dtrs enfcis.
LEFHEG , Letlch ; fublUncif maf-
cuhn : ou Letèque ; fubftaniif fé-
minin. C ecoic une meAire des cho-
fes fèches chez les Hcbreux.
LETRIM 'y pecire ville d'Irlande dans
la province de Connaughc > à 15
lieues de Dublin. Elle eft capitale
d un Comté de même nom , rertile
en pâturages , & qui a 1 5 lieues de
longueur lut fix de largeur.
LE ITÈRE i petite ville cpifcopale
d'Italie , au Royaume de Naples »
dans la Principauté citérieure 9^5
lieues , nord-oueft , de Saleme»
LETTRE i fubftantif féminin. Littera*
On appelle ain(i chaque figure , cha-
que caraâère de Talphabet. Une
grande lettre . Une petite lettre. Il y a
vingt ' cinq lettres dans t alphabet
français.
Lettre » fe prend auifî pour écrirure »
manière a écrire. Lettre gothique.
Lettre ronde. Lettre financière.
Lettres, fe die en termes d'Impri-
merie , des caradères de fonte qui
repréfentenc les lettres de lalpha-
bet , & dont •n fe fert pour impri-
mer un ouvrage. Et l'on appelle let-^
très capitales , les grandes lettres
qu'on met ordinairement à la tète
des chapitres, de certains mot; ,
&c. Et lettre grife , une grande let-
tre capitale qui eft façonnée , figurée
& gravée fur du bois ou fur du cui*
vre , & dont on fe fert pour com-
mencer la matière d'un ouvrage aux
pages où il y a une vignette en bois.
On appelle lettres numérales , les
lettres dont les Romains fe fervoient
pour les chiffres & que nous avons
prifes d'eux. Ces lertres font C qui
lignifie ioo;Z?, qui fignifie 500 j/,
qui repréfente Tunité \ L , qui fig-
pifie 5 o î il/ qui fignifie 1 000 \ ^
LET
qui (ignifie 5 ;& JT^qui figntfie 10;
ainfi M. DCC. LXFI , lepiélen.
cent 176^.
On dit 9 écrire en toutes écteres,
quand il wgit de nombrer , par
oppofition a écrire en chiffres.
On appelle lettresr dominicales ,
les lettres dont on fe fert dans les
almanacbs , les éphémérides , &c.
pour marquer les jours de Diman-
che dans tout le cours de l'année.
f^oye^ le mot Dominical.
On appelle impropremenr lettres
hiéroglyphiques , certaines figures j
certains caraâères dont fe fervoient
aurrefois les Égyptiens pour déligoec
les chofes. f^oye^ Hiéroglyphe.
Lettre, fignifie aufii le fon même,
pour l'exprellion duquel les carac-
tères ont été inventés. En ce fens on
divife les lettres en voyelles & en
confonnes. F'oyAemox Orthogra-
phe , où nous parlons de chaque
lettre en particulier.
Nous appelons lettres oifives , des
lettres employées dans l'écriture
fans y repréfenter aucun fon : relie
eft la lettre h dans le mot léthargie.
Nous parlons aufii de ces fortes de
lettres au mot Orthographe.
En parlant d'un texte , lettre fe
dit du fens littéral , par oppofition
au fen-. figuré. Cela Je doit prendre
à la lettre. Il ne faut pas s'en tenir
à la lettre.
On dit j aider à la lettre ; pont
dire , fuppléer i ce qui manque à
quelqu'endroit , a quelque pafiagc
obfcur ou défeâueux.
On dit aufii ûgiuément ycideràla
/rrrr^; pour dire.entrer Uans l'inten^
tion de celui qui parle ou qui écrie
Se expliquer ce qu'il a dit ou écrit
obfcurément. // penje mieux quil
fie s'énonce ; il faut aider à la lettre.
On dit y traduire à la lettre ^
rendre un texte à la le tire ; poux
LET
£re, tradaire , rendre lictcralement
& mot poar mot. Cctet phrafe tfi
tàniut à la lettre.
Lbttris y fe die au pluriel , de toute
force de fcience & de doârrine. Lès
lettres florijfoient fous Augnjle. Et
Ton appelle belles lettres , la gram-
maire , l'éloquence & la poëfîer'^
On appelle par excellence, l'é-
criture laince , ksfaintcs lettres*
Lbttk.^, fignifie auHi une épîcce, une
miflîve , une dépèche.
En général les lettres milfî^es ne
font pas obligatoires : c'eft pour-
quoi il quelqu'un écrit a ion ami
t»our le prier de lui faire un prêt ,
a lettre n'oblige point celui qui Ta
écrite , parcequ'ellene prouve point
que le prêt lui ait éff fait \ elle proi^
ve feulement qu'il l'a foUicité, &
ce n'eft pas aflèz pour faire pro-
noncer une condamnation.
Mais (i la lettre ajoute qu'elle
fervira de. reconnoinànce , alors
elle forme un titre en faveur de
celui qui en eft le porteur \ la
raifon eft , que telle a été la volonté
de celui qui Ta écrite , & qu'il doit
s'^imputer la confiance qu'il a eue
en donnant fà leconnoiHance d'un
prêt incertain y on peut feulement
dans ce. cas demander l'affirmation
du porteur des letcresr
Il n'eft pas toujours permis de fe
fervtr des lettres miflives dans les
affaires ^ il eft des cas où celui i qui
elles font écrites , ne peut les met-
tre au Jour fans crime , furtout lorf^
qa!elles ont été écrites avec myf-
tère & qu'elles renferment des con-
fidences ^ le crime eft encore plus
grand , lorfqu'on dévoile le fecrcr
d'une lettre dans l'unique but de
faire injure à l'auteur^ qui a cru
pouvoir ouvrir fonccexir fans crain-
dre de voir révéler ce qu'il n'écri-
1
LET 53Î
voit que pour un ami , & ce qu'il
vouloit n être fu de perfonne.
La juftice dans ces fortes d'occa-
(ion a toujours ordonné que les let-
tres miffives feroicnt rendues , quel-
que relation qu'elles pulfent avoir
avec TafFairc : fon motif a été que
le dépôt du fecret ayant été violé ,
on ne ne devoit y avoir aucun égard»
Ces principes font confacrés dans
on Arrêt du 14 Juillet 1717^ par
lequel la Cour a renvoyé de l'accu-
fation un Curé d'Orléans , auquel
fon Evcque avoir fait faire le pro^
ces y fur le fondement d une lettre
3u'il lu} avoir écrite , contenant des
ifficultés fut la bulle Unigenitus. Le
Curé difoit qu'une lettre n'étane
3u une efpèce de converfation écrite»
ans laquelle , félon les maximes
de la loi naturelle > il doit être per-
mis de s'expliquer avec une certaine
liberté, on n'avoir pu fans injuflice
abufer de la confiance & de la fincé-^
rire avec laquelle il s'étoir expliqua
Le Miniftère public ne peut pas
rendre plainte de faits écrits dans
des lettres privées adreiïees à uii
ami , envoyées par la pofte > & non
divulguées : on ne peut faire pader
les faits confîgnés dans ces lettres ,
[>our une déclamation & pour libeU
es diffamatoires. Il a écc jugé e»
pareil cas , que le Procureur du Roi
étoit fans intérêt, & qu'il n'y avoit
que la diftribution dans le public
qui pouvoir les faire paflTer pour I;-
belles , & nullement les chofes fc-^
crettes confiées à la pofte , que tous
les peuples font convenus de ne pa»
violer.
Maisquo-ique le Miniflcre public
ne puidè pas diriger fes pourfuires
contre les auteurs de îcicres inju-
rieufes , les perfonnes qui en re-
çoivent de femblables , peuvent
elles-mêmes fe plaindre &: dcman-
i2
Si6 LET
der ratisFa(5bIon de l'injure : alors la
partie publique peut sy joindre.
Lettre circulaire , fe die de plu-
fieurs lerrres de même teneur , ecri-
' ces Se adrefTées a difFcreiires perfon-
nés pour le même fujec. Le Mini/Ire
de la Guerre envoya une lettre circu-
laire à tous ks Colonels d* Infanterie.
On appelle lettre de créance ou
lettre qui porte créance , une lettre
qui ne contient autre chofe , Hnon
que Ton veuille ajouter foi à celui
qui la rend. Les Ambaflfadeurs &c
autres Minières qui vont dans une
cour ctrangcre , ne partent point
fans avoir des lettres de créance. Et
Ton appelle /^rrr^j de rccréance^cûlts
qu*on donne à ces Âmbadadeurs ou
Miniftres lorfqu'ils prennent congé
pour s*en retourner & qui font en
réponfe des lettres de créance qu'ils
avoient préfencées â leur première
audience.
On entend au(C quelquefois par
lettre de créance , la même chofe
que par lettre dç crédit. Voyez au
mot CaÉpiT ce que c'eft qu'une
lettre de crédit.
Lettre DE Cachet , fe dit d'une let-
tre écrite par ordre du Roi , contre-
^fignée par un fcLcrétaire d'État &
cachetée du cachet du Roi.
Xa lettre cpmmence par le opm
jde celui ou ceux auxquels elle s'a-
drefle , par ejcemple : Monjieur ***
( enfui ce font les noms & les quali-
tés ) je vous fais cette lettre pour
vous dire que rfict volonté efi que vous
fé^Qiex^ telle chofe dans un tel temps ,
Jt ri y fiâtes faute. Sur ce , Je prie
Dieu qi/il vous ait en fâ falr^te &
digne garde,
La foufcriptîonde la lettre eft à
jcelui ou à ceux à qui la lettre eft
adrefTée.
Ces fortes de lettres fopt portées
i leur deftination par quelque Qffi<
LET
cîer de Police ou même pat quel-
que perfonne qualifiée , félon les
perfonnes auxquelles la lettre s'a-
drede^.
Celui qui eft chargé de remettre
la lettre fait une efpèce de procès
verbal de l'exécution de fa commif-
fîon , en tète duquel la lettre eft
tranfcrite j & au bas , il fait donner
à celui qui Ta reçue une reconnoif-
fance comme elle lui a été remife ;
ou s'il ne. trouve perfonne, il fait
mention des perquifitions qu'il a
faites.
L'objet des lettres de cactut eft
fouventd envoyer quelqu'un en exil»
ou pour le faire enlever & conftituet
prifonnier , ou pour enjoindre à cer«
tains corps pcikiques de s'aflembler
& de faire quei(}ue chofe, ou pour
leur enjoindre de délibérer fur cer-
taine matière. Ces fortes de lettres
ont aufli fouvent pour objet Vordre
qui doit être gardé dans certaines
cérémonies , comme pour le Te
Deun% y procédions folemnelles , &c.
Lorfqu'un homme eft détenu pri^
fonoier en vertu d une lectfc de car
chet, on oe reçoit point les recom-»
mandations que fes créanciers vou-
droienc faire » & il ne peut être re^
tenu en prîfon en vertu de iembla-
blés recommandations.
Lettre de change , fe dit en termes
dfi Commerce , d'une traite faite
de place en place i par laquelle un
Banquier ou Négociant tire fur fpn
cofrefpondant une femme d'ar-^
gent au profit d'un tiers qui en a
fourni la valeur pax lui pu par )Ui
;autreou âmdre.
Dans une lettre de change > il
faut qu'il fe trouve toujours le tireur
ou celui qui la fait , l'accepteur ou
celui fur qui elle eft tirée » le por«
teur ou celui qui en eft propriétairfi
une valeur fournie ea deniers pa
e&ts^
LET
effets , & qae Topération foi( faite |
de place en place.
Voici la forme la plas ordinaire
d'une lettre de change :
A Rouen , ce premier Juin Jjjo^
Monsieur»
A vue il vous plaira payer par
cette première de Change i M. Phi-
lippe ou â fon ordre , la fomme de
dix mille francs, valeur reçue comp-
tant dudit lieur, & mettez à comp-
te eomme par l'avis , â*^.
A Monfieur
Julien y
APa&is.
Votre très -humble
ferviteur Hbnri.
L'ufage des lettres de change n*a
d*abord été introduit que parmi les
Marchands>Banqttiers& Négocians,
pour la facilité du commerce qu'ils
font , foit avec les provinces , foit
dans les pays étrangers. Il a été en-
fuite étendu aux Receveurs des tail-
les y Receveurs généraux des finan-
ces , Fermiers du Roi , Traitans , &
autres gens d'affaires & de finance ,
à caufe du rapport qu'il y a enrr'eux
& les Marchands & Négocian$,poar
retirer des provinces les deniers de
leur recette, au lieu de le< faire
voiturer \ & comme ces fortes de
fierfoones négocient leur areent &
eurs lettres de change, ils devien-
nent i cet égard jufticiables de la
Juridiâton confulaire.
Les perfonnes d'une autre profef»
fion qui cirent , ou endoffent.ou ac-
ceptent des lettres de change , de-
viennent pareillement Jufticiables
de la Juridiâion confulaire , &
même foumis â la contrainte par
corps \ c'eft pourquoi il ne convient
r>int à ceux qui ont des bienféances
garder dans leur état » de tirer y en-
Tome XV.
lET 537
doflêr ou accepter des lettres de
change ; mais toutes fortes de per-
fonnes peuvent fans aucun inconvé-
nient être porteurs d'une lettre de
change tirée i leur profit.
Les Eccléfiaftiques ne peuvent fe
mêler du commerce des lettres de
change : les lettres qu'ils adreffenc
à leurs fermiers ou receveurs n«
font que de fimples refcriptions ou
mandemens qui n'emportent point
de contrainte par corps , quoique
ces mandemens aient été négociés.
Les lettres de change fe payent
ordinairement en quatre manières.
La première eft quand la lettre
efl: payable à jour nommé , par
exemple au premier Janvier. Le
temps pour en exiger le payement
ne court que du lendemam de l'é-
chéance. V
La féconde eft quand la lettre eft
payable i une ou plufieurs ulances :
Voye^ UsANCE.
La troifième manière dont les
lettres de change font payables »
c'eft à vue. Dès k moment que ces
lettres font préfentées i celui lur qui
elles font tirées , il ddic les payer »
finon elles doivent être proteftées
faute de payement, parce que dans
ces fortes de lettres il n'y a point
de jour de gcâce pour faire le
protêt.
La quatrième manière eft à tant
de jours de vue » comme cinq , fix »
huit ÎQurs j &c« Le temps pour pou-
voir exiger le payepacnt de ces for-
de lettres ne court que du lende*
main du jour Qu'elles ont été préfen-
tées Se acceptées.
Enfin il y a encore une cinqu^ènie
manière dont on fe fert pour le paye-
ment des lettres de change ; c'eft
quand elles font payables a Lyon en
538 LET
temps de foires , que Ton appelle 1
payemens^ qui fe tiennent quatre
fois Tannée de trois mois en trois,
mois 'y favoir aux Rois, i Pâques •
au mois d'Août, & i la ToalTaint
Ces payemens doivent être faits le
premier jour non férié de chacun
de ces quatre payemens , fuivans
l'article I du Règlement fait pour
la ville de Lyon , en date du z Juin
1667.
Lorfqu^il arrive du changement
dans les monnoies , les payemens
qui fe font dans le royaume en
vertu de lettres de change tirées fur
particuliers , doivent fe faire en
efpèces au cours du jour auquel fe
fait le payement, i moins que par
la lettre de change il n'ait été fti-
pulé quelle feroit payable en ef-
pèce au cours du jour où elle a été
tirée \ ou du moins il faut , fi Ton
veut payer en nouvelles efpèces , y
ajouter le plus ou le moins de va-
lue 3 eu égard au changement ar-
rivé par l'augmenration ou dimi-
nution de la monnoie. Cela efl: ainfi
^^g^^ y P^<^ un Arrêt du x 9 Février
Mais il faut obferver qu'il eft dé-
fendu aujourd'hui dans le Royau-
me , de trafiquer , vendre ic ache-
ter des lettres de change ou autres
papiers , fi ce n'eft en efpèces qui
ont cours au temps de la négocia-
tion.
Toutes lettres de change doivent
être acceptées par écrit putement
& fimplement ; les acceptations ver-
bales ic celles qui fe faifoient en
ces termes , va fans accepter ^ ou
accepté pour répondre à temps , ic
toutes antres acceptations fous con-
ditjion , ont été abrogées par l'Or-
donnance du commerce , & paiTent
préfentemeot pour des refus en con-
i
LET
féquence defquels on peut faire pto*
tefter les lettres.
En cas de protêt d'une lettre de
change , elle peut être acquittée par
tout autre que celui fur qui elle a
été tirée , & au moyen du payement
il demeure fubrogé en tous les
droirs du porteur de la lettre , quoi**
qu'il n'en air point de tranfportjub»
rogation , ni ordre.
Les porteurs de lettres de change
qui ont été acceptées , ou dont le
payement échet a jour certain , font
tenus , fttivant l'Ordonnance , de les.
faire payer ou protefter dans dix
jours après celui de l'échéance; mais
la Déclaration du 10 Mai 16S6 a ré-
lé que les dix jours accordés pour
e protêt des lettres Se billets de
change , ne feront comptés que du
lendemain de Tcchéance des letttes
& billets , fans que le jour de Té*
chéance y puitfe être compris , mais
(eulement celui du protêt, des Di«
manches & des Fêtes même* folen-
nelles qui y feront compris.
La ville de Lyon a fur cette ma-
tière un règlement particulier du 1
Juin 1 667 , auquel l'Ordonnance o'a
point dérogé. Il porte que les lettres
qui n'auront point été payées en
tout ou en partie pendant le temps
du payement , ôc jufqu'ao dernier
jour du mois inclufîvement , doi-
vent être proteftées dans les trois
jours fuivans non fériés , i compter
da dernier jour dts mois de cha-
que payement.
Le protit d'une lettre ou billet
de change payable en foire j doit
être fait au lieu de la foire , en-
forte qu'il feroit nul s'il étoit fiût
ailleurs , même an domicile de ce-
lui qui devoir payer la lettre de
change.
Les lettres far Lyon ^oi ne ÙM
LET
pas tirées en payement » les lettres
larrArtois, ta Flandre & la Fran-
che-Comté , font exigibles le jour
même de l'échéance & les dix jours
de grâce ne font qu'en faveur du
porteur.
ALille en Flandre, les protêts doi-
vent être faits dans les Cix jours après
celui de l'échéance^pour les lettres de
change valeur reçue en argent avec
remile de place en place \ 8c pour
les lettres valeur en marchandifes »
dans dix jours.
Dans les autres Royaumes^ , les
délais qui s'obfervent i l'égard des
lettres de change ^ varient fuivanr
les différentes villes & places de
commerce. Voici lufage qui s'ob-
fer ve U-deffus dans les . principales
villes de l'Europe.
i^. A Londres , l'ufage eft de
fiiire le protêt dans les trois jours
après réchéance, i peine de répon-
dre de la néglieence j & il faut ob-
ferver que u le dernier des trois
jours eft férié , il faut faire le pro-
têt la veille.
2^. A Hambourg , il en eft de
même pour les lettres de change
tirées de Paris & de Rouen j mais
pour les lettres de change tirées de
toutes les autres places , U y a dii^
i'ours , c'eft à-dire , qu'il faut faire
e protêt le dixième jour au plus
tard.
j**. A Venifc , on ne peut payer
les lettres de change qu'en banque ,
ic le protêt faute de payement de
ces lettre; doit être hiit fix jours
après l'échéance } mais il faut que
la banque Toit ouverte j parce que
quand la banque eft fermée > on ne
peut contraindre l'accepteur à payer
argenr comptant , ni faire le protêt.
Ainfi lorfque les Cit jours arrivenr »
il fautât tendre Touvecture de la I
LET 53,
banque pour demander lespayemens
<k faire les protêts » fans que le por-
teur puiffe être réputé en fraude.
La banque fe ferme ordinairement
quatre fois l'année pour quinze ou
vingt jours , ce qui arrive vers le
lo Mars , le xo Juin , le lo Sep-
tembre & le lo Décembre : outre
cela elle eft fermée dans le carnaval
pour huir ou dix jours , & dans la
fe;iiaine Sainte » quand elle n'eft
point i la fin de Mars.
4^. A Milanj il n'y a pas de ter-
me réglé pour protefter faute de
payement; mais la coutume eft de
digérer peu de jours.
5®. A fiergame , les protêts faute
de payement fe font dans les trois
jours après l'échéance des lettres
de change.
6^. A Rome > on fait les protêts
faute de payement dans le^ quinze
jours après Téchéance.
8^. A Boulogne & à Livourne, il
n'y a rien de réglé à cet égard : on
fait ordinairement les protêts faute
de payement peu de jours après le-
chéance.
9^. A Amfterdam, les protêts faute
de payement fc font le cinquièihe
jour après Téchéance.
I o^. A Nuremberg, c*eft la même
chofe qu'à Amfterdam.
iio: A Vienne en Autriche, la
coutume eft de faire les protêts faute
de payement le troifième jour après
réchéance.
11^. Danrles places qui font foi*
res d'échange, comme Noue, Franc-
fort , Bolzan , & Lintz , les protêts
faute de payement fe font le dernier
jour de la foire.
ij^. Il n'^ a point de j^e oà
le délai de faire le protêt 4B lettres
de change , foit (i long qu'a Gènes,
où il eft de trente jours , fuivant le
540 L E T
chapitre 1 4 da quatrième livre des ^
Statuts de cette ville.
Le protêt pour être valable doit
être fuivant rufage du lien où la
lettre de change eft payable, & non
fuivant Tufage du lieu d où la lettre
de change a été tirée. Ainfi lors-
qu'une lettre de change eft tirée de
Londres,& payable â Paris, le protêt
. faute. de payement ne peut être fait
Î|ue fuivant Tuiàge de Paris , & non
uivant celui de Londres j ôc ainfi
des autres.
Après le protêt, celui qui a ac-
cepté la letre peut être ponrfuivi à
la requête de celui qui en eft le por-
teur.
Les porteurs peuvent auffi par la
permillion du Juge , faifir les effets
de ceux qui ont tiré où endoffé les
lettres , encore qu'elles aient été
acceptées , mêmes les effets de ceux
fur lefquels elles ont été tirées , en
cas qu'ils les ayent acceptées.
Ceux qui ont tiré ou endoffô des
lettres doivent être pourfuivis en
garantie dans la quinzaine , slls font
domicihés dans la diftance de dix
lieues ou au-deU, âraifon d'un jour
ffSLV cinq lieues , fans diftinâion du
reflbrt des Parlemens pour les per-
fonnes domiciliées dans le Royau-
me ; & hors du Royaume , les dé*
lais font de deux mois pour les per-
fonnes domiciliées en Angleterre ,
Flandre ou Hollande ; de trois mois
pour l'Italie, l'Allemagne 6c lesCan
tons Suifles ; quatre mois pour TEf
pagne y fîx pour le Portugal, la Suéde
& le Dannemarck.
Faute par les porteurs des lettres
de change d'avoir fait leurs dili-
gences dans ces délais, ils font non-
reâwâbles dans toute aâion en ga*
raq^ contre les tireurs Se endof
fears.
En cas de dénégation^ les tireurs,
LEt
& endoffeurs font tenus de pronf et
que ceux fur qui elles étoient tirées
leur, étoient redevables , ou avoient
provîdon au temps qu'elles ont du
être proteftées , nnon ils feront te-
nus ae les garantir.
Si depuis le temps réglé pour le
protêt les tireurs ou endolfeurs ont
reçu la valeur en argent ou mar-
chandifes , par compte , compenfa-
tion ou autrement , ils font aufC
tenus de la garantie.
Si la lettre de change payable i
un tel particulier» fe trouve adi-
rée , le payement peut être fait en
vertu d'une féconde lettre fansdon'
ner caution , en faifant mention
que c'eft une féconde lettre , & que
la première ou autre précédente de-
meurera nulle». Un Arrêt de règle-
ment du jo Août 1714 , décide
n'en ce cas celui qui eft porteur
e la lettre de change doit s'adreflet
au dernier endoUeur de la lettre
adirée pour en avoir une autre de
la même valeur & qualité que la
S première » & que le dernier endof-
eur ^ fur la requifîtion qui lui en
fera faire par écrit , doit agir envers
le précédent endolTeur j & ainfi eu
remontant d'un endoffeur à un autre
jufqu'au tireur , &c.
Si la lertre adirée eft payable au
porteur ou â ordre » le payement
n'en fera fait que par ordonnance
du Juge » & en donnant caution.
Au bout de trois ans les caution
font déchargées locfqu il n*j a point
de pourfuites.
Les lettres ou billets de change
font réputés acquittés après cinq ans
de ceffatîon de demande & pour-
fuite , à compter du lendemain de
réchcance ou du protêt , ou der-
nière pourfuite , en affirmant néan-
moins ^ par ceux que Too préteai
1
/"
LET
^re débiteurs qu'ils ne font plus re-
devables.
Les deux fins de non -recevoir
donc on vient parler ont lieu même
contre les mineurs & les abfens.
Les (ignatures au dos des lettres
de change ne fervent que d*endof-
fement. ôc non d ordre ^ s'il n'eft
daté & ne contient le nom de celui
qui a payé la valeur en argent) mar-
chandife ou autrement.
Les lettres de change endotCées
dans la forme qui vient d'être dite
apparriennent à celui du nom du-
quel Tordre eft rempli , fans qu'il
ait befoin de tranfport ni fignifi-
cation.
Au cas que rendoflèment ne foit
pas dans la forme qui vient d'être
expliquée , les lettres font réputées
appartenir à celui qui les a endof-
' fées , & peuvent être faifies par
fes créanciers » & compenfées par
fes débiteurs.
11 eft défendu d'antidater les or-
dres » à peine de faux.
Ceuy qui ont mis leur aval fur
des lettres de change » fur des pro^
meffes d'en fournir j fur des ordres
oti des acceptations , fur des iilUis
de change ou autres aâes de pa-
reille qualiré concernant le com-
merce , font tenus folidairemenc
avec les tireurs , prometteurs y
endofleurs & accepteurs , encore
qu'il n'en foit pas fait mention dans
lavai.
Lettre db voiture ^ fe dit d'une
lenre ouverte qui contient un état
des chofes qu'un voirurier dénom-
mé eft chargé de conduire à la per-
fonne à laquelle elles font envoyées.
Les lettres de voiture doivent erre
fignées par ceux qui font les en-
vois & remifes entre les mains du
voîturier. Elles contiennent aufli
#s4iiuirement U fooitœe qui doit
LET .541!»
(tre payée au voiturièr » en livrant
la marchandife.'
L'Ordonnance des Aides, titre
5 , art. 1 & 5 , & divers Régie-
mens poftérieurs , défendent à tous
voituriers par terre & par eau , de
cotîduire aucune boifibn fans let-
tres de voiture en bonne forme »
â peine de confifcation » & de cent
livres d'amende*
A l'égard de ceux qui conduifent
en perfonne leurs vins & autres li-
Sueurs % ils doivent être porteurs
e déclarations faites au lieu du cru
ou de l'achat , pour tenir lieu de
lettre de voiture.
Ces lettres & déclarations doivent
être palfées devant Notaires j ou au-
tres Officiers publics > remplies
d'une même main , & contenir le
lieq où le vin a été chargé , le nom
du propriétaire , fa demeure, fa qua«
lité , la quantité du vin , fa deftina-
tion , l'adrefle de ceux auxquels il
eft deftiné , &c. fous les peines ci^
defTus.
La Cour des Aides a par Arrêr
rendu Le ai Mars 175:1 , en inter*
prétation d'un autre Arrêt du i^
Mai 17319 enjoint au ûeur le fieuf
Notaire à îoigny ^ & à tous autre»
Notaires , Tabellions % Greffiers »
& autres perfonnes publiques qui
paflTeront des déclarations &c letues
de voiture , de I^s faire 6gner aux
parties , fî elles favent figner ^ donc
fera par eux fait mention ^ & au cas
qu'elles ne fâchent fijgner , de lair»
mention de la r écuiimion qu'ils leur
auront faite de figner , & de leur
réponfe » qu'elles ne favent pas.fi-
5ner ; le tout i peine de miUité déb-
ites déclarations & leur es de voi-
tures , de confifcation ^ Scq^
L'article 9 du chap. % de l'Or-
donnance pour la ville de Parie i^
dit mxÀ% de Décembre 1 67 z > poite
54
LET
•t les lettres de voitures con-
tiendront la quantité & qualité
des niarchandifes. Se le prix fixe,
de la voiture, & feront mention »
tant du lieu où les marchan-
difes auront été chargées , que du
lieu de la deftination , &du temps
du départ.
Lettres Royaux , fe dit en ftyle de
chancellerie ^ pour exprimer toutes
fortes de lettres émanées du Roi , &
fcellées du grand ou du petit fceau.
Ces lettres font toujours intitu-
lées du Roi , & lorfqu'elles font
deftinées pour le Dauphiné ou pour
la Provence , on ajoute , après ces
qualités de Roi de France & de
Navarre j celles de Dauphin de
Viennois, Comte de Valentinois 2c
Diois , ou bien Cpmte de Proven-
ce , Forcalquier 8c Terres adia-
^ centes.
L'adreffe de ces fortes de lettres ne
fe fait jamais qu'aux Juges Royaux
ou à des Huiffiers ou Sergens Roy aux ;
de forte que quand il eft néceflaire
d'avoir des Lettres Royaux tu quel-
que procès pendant devant un J uge
non-royal ) le Roi adre(!è fes let-
tres non pas au Juge , mais au pre-
mier Httiffier ou Sergent Rovalfur
. ce requis, auquel il mande ae faire
commandement au Juge de faire
telle chofe s'il lui appert , &c«
Ces fortes de lettres ne font ja-
' mais cenfées être accordées au pré-
judice des droits du Roi , ni de
ceux d'un tiers \ c'eft pourquoi la
claufe , faufle droit du Roi & celui
d^ autrui , y eft toujours fous - en*
tendue.
La minute de ces lettres eft en
papier , mais l'expédition fe fait en
Parchemin , il faut qu'elle foit lifî-
>le , fans ratures ni interlignes , ren*
vois ni apoftilles.
1res lettres de grande Cbancelle-
b1
LET
rie font fignées en cette forme : par
le Roi en fort Confeil: d c'eft pour
le Dauphiné , on met , par le Roi
Dauphin; û c'eftpour la Provence,
on met y par le Roi Comte de Pro^
vcnce. Celles du petit fceau font fi-
gnées , par le Confeil.
Tontes les lettres Royaux (ont de
grâce ou de Juftice.
On appelle lettres dejujlice ^ celles
qui font fondées fur le droit com-
mun, ou qui portent mandement
de rendre la juftice , & que le Roi
accorde moins par faveur que pour
fubvenir aux befoins de ies fajets ,
fuivant la juftice & l'équité* Tels
font les reliefs d'appel fimple ou
comme d'abus, les anticipations,
déferrions , compul foires , debiùs ,
commiflSon pour aiCgner, les/a-
reatis fur Sentence ou Arrêt , les
refcifioiis , les requêtes civiles 8c
autres (emblables j &c.
Les lettres de grâce font des let-
tres de châficellerie que le Prince
accorde par faveur â oui bon lui
femble , fans y être obligé par au-
cun motif de )uftice>ni d'éqaité,
tellement qu'il peut les refiifer quand
il le jujge a propos ) telles font en
général les lettres de don 8c autres
qui contiennent quelque libéralité
ou quelque difpenfe \ relies qae
les lettres de bénéfice d âge 8c d'in-
ventaire , les lettres de teniers , de
Commitdmus , les,- fépaiations de
biens dans la coutume d'Auvergne ,
les^ attributions de Juridiâion pour
criées v les validations & autoiifa-
tions de criées dans la coatume de
Vitry ,les abbréviations d'affifes dans
la coutume d'Anjou ; les lettres de
fubrogation au lieu 8c place dans
la coutume de Normandie , lettns
de main fouveraine » les lettres
de permifSon de vendre du biea
futiftitaé , au pays d*Atcott ^ aodCf
r<
LET
lettres de permiffion poar aotorifer
une veave à vendre du bien propre
à fes enfans dans la même province »
& les lettres de permiûion de pro-
duire qu on obtient pour le même
pays j 1 es rémiffions & pardons j les^.
lettres d aiSètes \ les lettres de na-
curalité , de légitimation , de no-
blefTe , de réhabilitation » &c.
Les lettres de grâce font oppoiées
aux lettres de juftice-
Voyez au mot grâce ^ ce qui con-
cerne les lemes de grâce en matière
criminelle é
On appelle lettre pour ejler à
droit , des lettres de grande chan-
cellerie que le Roi accorde â ceux
qui étant in reatu^ ont lai (Té écouler
les ciâq années fans fe préfenter &
urger leur contumace. Le Roi par
e bénéfice de ces lettres les relève
du temps qtii s'eft paflé , ic les re-
çoit à ejler à droit & à fe purger
des cas i eux impofés , quoiqu'il
y aie plus de cinq ans paUés j tout
ainfi qu*ils auroient pu &ire avant
le Jugement de contumace j â la
charge de fe mettre en état dans
trois mois du jour de Tobtention »
lors de la préfenration des lettres ,
de refonder les frais de la contu-
mace, de condgner les amendes &
les fommes , s'il y en a eu d'adju-
gées aux parties civiles , & â la
charge que foi fera ajoutée aux té-
moins recolés & décédés ou morts
civilement pendant la coutumace.
Le Roi difpenfe quelquefois par
les lettres de configner les amen-
des , foit â caufe de la pauvreté de
l'impétrant , ou par quelqu'autre
confidération.
On obtient quelquefois des let-
tres de cette efpcce même dans les
cinq années de laxrontumace , à l'effet
d'ctrereçu â e^er à droit , fans con-
ftj^tt les amendes adjugées au Roi.
LET 545
LiTTRBS d'État , fe dit de lettres de
etande chancellerie* contre-fignées
d'un Secrétaire d'État, que le Roi ac-
corde aux Amba(radeurs , aux Of-
ficiers de guerre Se autres perfonnes
2ui font abfentes pour le fervice
e l'état , pî
donne de futfeoir toutes les pour-
'état , par lefquelles le Roi or-
fuites qui pourroient être faites en
Juftice contr'euxy en matière civi-
le» durant le temps porté par ces
lettres.
L'Ordonnance de 1 669 veut qu'il
ne foit accordé de ces fortes de let-
tres qu'aux perfonnes employées aux
affaires importantes pour le fervice
du Roi » ce qui s'applique â tous
les Officiers aâuellement employés
â quelque expédition militaire. Pour
obtenir des lettres d'État , il faut
qu'ils rapportent un certificat du
Secrétaire d'État , ayant le départe-
menr de la guerre , de leur fervice
aâuel, â peine de nullité.
Autrefois les Lieutenans de Roi
dans les armées royales , avoient le
pouvoir d'accorder de ces fortes de
lettres , mais elles furent référées
par un arrêt du Parlement de l'an
1393 ; & depuis, ce droit a été
réfervé au Roi feul.
Ces fortes de leures ne s'accor-
dent ordinairement que pour fix
mois , â compter du jour de Tob-
tention , & ne peuvent être renou-
velées que quinze jours avant l'ex-
piration des précédentes y & il faut
que ce foit pour de juftes conHdé-
rationsqui foient exprimées dans les
lettres.
Quand les lettres font débattues
d'obreption ou de fubreption » les
parties doivent fe retirer par devant
le Roi pour leur être pourvu \ les
, Juges ne peuvent paiTer outre â
l'inftruâion Se jugement des procès»
f44 JLET
au pr éjadice de la fignification des
' lettres.
Elles n'empêchent pas néanmoins
les créanciers de faire faifir réel-
lement les immeubles de leurs dé-
biteurs 6c de faire regiftrer la faifie;
mais on ne peut procéder au bail
judiciaire j & (î les lettres ont été
fignifiées depuis le bjiil , les criées
peuvent être continuées jiifquau
congé d'adjuger inclufivement. Les
oppofans au décret ne peuvent fe
fervir de telles lettres pour ar-
rêter iapourfuite , ni le bail ou adju-
dication.
Les oppofans i une faiHe mobi-
liaire ne peuvent pas non plus s'en
fervir pour retarder la vente des
meubles faifis.
Les lettres d'État n'ont point d'ef-
fet dans les affaires où le Roi a in-
térêt ni dans les affaires criminelles^
ce qui comprend le faux tant princi-
pal qu'incident.
Celui qui a obtenu des lettres
d*État ne peut s'en fervir que dans
les affaires où il a perfonnellement
intérêt, fans que fes père Se mère
ou antres par en s , ni fes coobli-
gés , cautions 6c certificateurs »
puiffent s'aider de ces mêmes let-
tres.
. Néanmoins les femmes quoique
féparées de bien , peuvent fe fer-
vir des lettres d'État de leurs ma- |
ris , dans les procès qu'elles ont de j
leur chef contre d'autres perfonnes
que leurs maris.
Les tuteurs honoraires &onérai*
res 6c les curateurs ne peuvent fe
fervir pour eux,des lettres qu'ils ont
obtenues pour ceux qui font fous leu t
tutelle & curatelle.
Les lettres d* État ne peuvent em«
pccher qu'il foit paffe outre au ju«
{rement d'un procès ou inftance ,
orfque les Juges ont commencé i
LET .
3t opiner avant la (Ignificanon des
lettres.
On ne peut à la faveur des lettres
d'État , le difpenfer de pajer le
prix d'une charge ni celui d'un bien
adjugé par Juftice , ni fe difpenfer
de configner ou de remboorfer VàC"
quéreur en matière de retrait féodal
• ou lignaeer » ni de rendre compte ,
ni s'en lervir pour arrêter un par-
tage.
Elles n*ont pas lieu non plus en
matière de reiVitution de dot , paye-
ment de douaite 6c conventions
matrimoniales » payement de légi-
time,alimens, médicamens^loyecs
de maifon » gages de domeftiques ,
journées d'arrîfans , reliquats de
compte 9 de tutelle » dépôt nécef-
faite 6c manimenc de deniers pu*
blics j lettres & billets de change j
exécution de fociétcs de commerce»
caution judiciaire , frais funérai-
res j arrérages de rentes feigneuda*
les & foncières , & redevances de
baux emphitéotiques.
C^tix qui interviennent dans un
procès , ne peuvent faire fignifier
des lettres dÉtat pour arrêter le ju-
gement, que leur intervention n'ait
été reçue \ 6c s'ils interviennent
comme donataires ou ceffionnaires,
autrement que par contrat de ma-
riage ou partage de famille , ils nt
peuvent faire (îgnifier de lettres
que fîx mois après , i compter du
jour que la donation aura été infi-
nuée ou que le traofport aura été
fignifié , & fi le titre de créance eft
fous feing-privé , ils ne pourront fe
fervir de lettres d'État qu'un an
après que le titre aura été produite
recoiuiu en Juftice.
Les lettres d'Étatne peuvent être
oppofées i l'Hôtel-Dieu ni â l'Ho-
puai général & i celui des Enfaos
trouves de Paria*
Lbtthis
ce
LET
Lbttblis d« nipi , fe dit de lettres
de furfcance du grand Sceau ,
ÎjUe le Roi accorde i des débiteurs,
oit négocians ou autres qui par des
-accidens ou pertes confîdérables^ fe
trouvent dans Timpui (Tance aftuelle
de fatis'faire leurs créanciers , Se ont
pour cet effet > befoin de quelque
délai. Fbyei Kin.
JLettrbs d'honoraire, fe dît de let-
tres de la grande Chancellerie ^ par
lefquelles le Roi accorde les bon-
. neurs Se privilèges de vétéran à
^quelque Alagiftrat.
Cellesquelon accorde à d'autres
Officiers inférieurs, s'appellent dm
clément Jeures de vétcrancc.
On ne les accorde ordinairemenr
<}u'au bout de vingt années de fer-
, vice j i moins que le Roi par des
* cotlfidérations particulières, ne dil
penfe l'Officier d'une partie de c<
. xemps.
Elles font néceflàûres pour jouit
«des honneurs & privilèges , Se doi-
vent être regiftrées.
On n'en donne point aux Chefs
de compagnie , parcequlls ne peu-
vent après leur démiflion^ confervet
la même place.
Ceux qui ont obtenu .des lettres
d* honoraire , n'ont point de part aux
émolumens.
Lettres sk commandement, fe dit
» de lettres de faveur expédiées en
grande Chancellerie j qui font con-
tre*fignéés par un Secrétaire d'État;
*elles font de deux fortes , les unes
•que le Secrétaire d'État de la pro-
vince donne toutes (ignées & que 1
l'on {celle es foire ^ d autres qui
font du refibrt ou du Chancelier
ou do Garde des fceanx, & qui font
fceltées avant d'être fignées pat le
Secreftaire d'État.
Lettres de commission, fe dit d'u
^e commiffion que Ton prend enj
Tome Xr.
LET J4Î
Chancellerie pour faire affigner
quelqu'un à ccAnparokre dans une
Cour fouveraine en conféquence
de quelque inftance qui y eft pen«
dance etrrre d'autres Parties , bia
pour conftiruer nouveau Procureur,
on reprendre irne intlance ou pro«
ces , ou pour faire déclarer un arrêt
exécutoire contre des héritiers.
On entend aufli pat lettres dé
commiffion^ un pareatîs , ou le man-
dement qui eft donné à on Juge
royal ^ de faire procéder à Texécu-^
tion de quelque arrêt , d la fin du-^
quel mandement il enjoint au pre*^
mter iiuiffier ou Sergent^ de mettre
à exécution cet arrêt.
Lettres bb committimus , voye^
Comkittimxjs.
Lettres de cession , fe dit de ceOet
qu'un débiteur obtient en grande
Chancellerie , pout être admis î
faire ceffion Se abandonnement de
fes biens à fes créanciers , en con-
fervant la liberté de fa perfonne*
Voye^ Cession Se Abandonne-
ment.
Il y a encore plusieurs antres for-
tes de lettres royaux , comme les
, lapres de rejcifion . de garde gar'^
dienne , Scc. de chacune defquetles
nous parlons fous la dénomination
qui lui eft propre*
Lettre , fè oit encore de tous les ac-
tes qui s^expédient fous le fceau de
quelque Pui (Tance ou de quelque
Commnna\tté ou Compagnie ecclé-
(iaftique ou féculière : ainli ,
Lettiies testimoniales , fe dit en
Cour d'Églife , de celles qu'un Su-
périeur eccléfiaftiqoe donne â quel-
3u un de ceux qui lui font fubot'-^
onnés \ telles (ont les lettres que
l'Évêque donne ï des Clercs pour
artefter qu'ils ont reçu la toniute »
, les quatre mineurs ou les ordres fa*
crés ) telles font aufli les lettres
Z zz
14* lET
qu'un Sapériear séeolier donne i.
quelqu'un de fes Religieux pour ac-
teftec fes bonnes vie & mceurs,
ou le congé qu on lui a donné ,
Lettres commindatices ,fe dicauffi.
en Cour d'Églife » des lettres de re-
commandation qu'un Supécieurec-
cléfiaftique donne i quelqu'un ,
adre(!àntes aux JEvêques voilins ou
autres Supérieurs, eccléfiaftiques»
Les réguliers ne peuvent donner
des Ictères commcndatices ni cefti*
moniales â des féculiers » ni même
â des réguliers qui ne û)nc pas de
Iftutordre^
Lettre^ de oÉFRicATioir"» fe dirde
lettres par lelquclles quelqu'un y.en
vertu d'un piivilége particulier ,
préfente un accufé au Prince, â Tef-
fet d'obtenir de lui des leiues de
grâce s'il y écber. ^
L'édit du moisde novembre 17 j j:
3ui a réglé l'étendue du privilège
ont les Éveques d'Orléans loutf-
fent à leur avènement ^ de faire
grîce à certainscriminels , a.réglé
que dans le cas où ce privilège peut
avoir lieu ^ TÉveque donnera, au
criminel des lettres, d'intercellion
& de déprtcation, fur lefquelles le
Roi fera expédier, des- lettres de
grâce.
Les Univerfités accordent des
kccrea^ Aejcholar'ué ^ de licence , &c.
Les Communautés des arts. 8c mé-
tiers donnent des lettres de maî-^
iri/e^ôcc. Voyi\ ScHOhAKui y.Li"
On dit proverbialement^^figuré*
nient & ramilièremenr, âvo/V i>r-
très de quelque chofe ; pour dire ,
en avoir atlurance. Si nous avioas
lettres de rcuffir dans- cette entre^
ffife.
On dit proverbialement & Nul-
lement ^ C€ font des lettres clojes i
LET
pour dire » c'eft un fecrec qu'on
peut ou. qu'on ne doit pas gêné»-
tret*
LETTRÉ > ÉE j adleétifT Qui, a de
rérudition , des connoiflances litté^
r aires* Un homme lettré..
On dit familièrement 9 des gensi
ignares & riànleitrés..
A. la Chine on appelle lettrés ^
ceux qui favent lire & écrire leur
langue. Il n'y a que les lettrés quit
puiiTent être élevés a.la qualité da.
Mandarins..
Lettrés , fe dir auiC à la Chine ^
d'une Sede qu'on diftingue pat fer
fentimens fur la religion j la philo*
fophte & la politique. Elle elbprir»^
cipalement compofée de gens de-
lettres^ dn pays*. Elle s'éleva l'aat
1400 de Iesqs^-- Christ » lorfque;
TEmpereur, pour réveiller lapaf«-
fion de fon peuple pour les fcien-^-
ces , dont le.go(k avoir été entio*
Fement émouàe par les dernières^
guerres civiles , & pour exciter Vie-
mulatioB parmi, les^ Mandarins^
' choifit.quarante - deux des plus hat
bilesdoâeurs <^'il chargea de com«-
pofer un corps de.doâxioe confor*--
me â celle des anciens», pour- fer*
vir déformais de règle de favoir &:
dé marque pour reconnoîrre les
gens de lettres* Les fa vans prépofér
a cet ouvrage j s'y appliquèrent avec
beaucoup d'attention ;:mais qael-
3ues perfonnesont prétendu qu'ils
onnèrent la. torture a la doélrine^
des anciens pour la faire accorder
avec la. leur » plutôt qu'ils ne foi-^
mèrentleurs^ femimens fur le mo-
dèle des anciens. Ils parlenr de la
Divinité comme fi ce n'étoic- rie»
de plus qu'une pure nature ^oubien
le pouvoir & la verm naturelle qui
Iuoduit, arrange & conferve routes;
es parties de. l'jinivers. C'eft , di-*
fent-ils a un £ur & parfait principe
iknrs commencement ni fin ; c'eft
4a fource de toutes cfaofes , refpé*
ïance de ^out ctre , & ce qui fe de*
termine foi-même â ècre ce qu'il eft.
Ils font de Dieu l'ame du monde 4
41 eft , félon leurs principes , répan-
du dans toute la matière » & ilpro-
niuit tous les changemens qui lai
-arrivent. £n un mot il n'eft pas «ifé
'de décider s'ils réduifent Tidée de
SDieu à celle ^e la nature , on s'ils
élèvent plurèt Tidée de la nature à
«elle de Dieu \ car ils attribuent à
h, nature une infinité des cfaofes
^que nous ^tribuons à Dieu.
Cette doârine introduifit à la
Chine une e&èce d*<at1iéifme rafiné
À la place de i'idoktrie qui y avSit
régné auparavant. Comme l'ouvra-
:ge avoir été conxpofé .par tant de
perfonnes répétées favantes& ver*
lées en tant de parties , que lEm*'
perenr loi- même *lui avoir donné
Ion approbation , le corps de doc-
trine fut reçu du peuple non feule-
ment fans contraaiârion , mais mê-
me avec applaaditTement^ Plufieurs
le goûtèrent parcequ'il leur paroif-
foit détruire toutes les raligions ;
^'autres en furent fatisfaits parce-
Îrue la graiide liberté qu'il leur laif-
oiten matière de religion , ne leur
pouvoit pas donner beaucoup d'in-
tjuiérude. Ceft ainfi que fe forma
la fefte des lettrés qui eft compofée
•de ceux desChinois qui (butiennent
les fentimens que nous venons de
Tapponer & qui y adhèrent. La
Cour , les Mandarins , les gens de
qualité , les riches » &c. adoptent
prefque "généralement cette façon
de penfer ^ mais une grande partie
dvL même peuple eft encore attachée
«ucuhe des Idoles.
Les Lettrés tolèrent fans peine
les Mahométans » parceque ceux-
ci adorent comme eux le Roi des
lEV 547
cîeiix 6c rauteuc de la nature^ mais
ils ont une parfaite averfion pour
toutes les fc^es idolâci^s qui fe
trouvent dans leur ration. Ils léfo-
-lurent même une fois de les extir-*
per; mais le défordre que cette en-
^reprife auroit produit dans l'Em-
pire , les empêcha ^ ils fe contenu
tent maintenant de les condamner
en général comme autant d'héré-
tiques , & renouvellent folennelle*
ment tous les ans à Pékin cette con-
damnation.
LETTRIER j vieux mot qui fignifioit
autrefois inscription*
LETTRINE j fubftamif féminin 8c
terme d'Imprimerie. Petite lettre
<iui fe met an- deflbus ou â côté d'un
mot pour renvoyer le leâeur à la
tn^tge ou au commentaire. Les let-
trines k mettent ordinairement en
italique & entre deux parenthèfes,
& fe tépètent aii commencement de
rinterprétaiiQn 011 explication à la*
quelle on renvoyé.
Lettrine , fe dit auffi dans un dic«
tionnaire j des lettres majufcules
3ui font au haut d'une page pour in-
iquer les lettres initiales des mots
qu^elle contient.
LETZ ; rivière du DaupKiné& du
Comté Vénaifllin , qui pafTe par
Beaume » Suze , Boulène , & fe
jette dans le Rhône vis - i - vis de
Montdragon^ après an cours d*envt<»
ron dix lieues.
LEU 'j vieux mot qni fignifioir autre-
fois loup.
LEVACIENS j { les ) anciens peuples
de la Gaule & de la Belgique - Se-
conde dont parle Céfar dans fes
commentaires. Ils habitoient efl
Elandre dans les environs de Gand«
LEVAGE ; fubftantif mafculin& ter-
me de Coutume. Ceft le nom d'un
droir que perçoivent quelques Sei-
gneurs fur les denrées qui ont fér
Zzz ij
iE\r
Î4»
journé huit jours dans leur juftice,
& qui font vendues ou autrement
tranfportées hors de leur fief. Ce
droit eft très - modique Se ne doit
point excéder cinq fous.
lEVAlN i fubftanxif mafcuHn.. Fer^
mentum» Corps capable d'exciter un
gonflement, une fermentation in-
cerne dans celui auquel on TincoL-
pore..
Dans ce fens on- appelle parricu-
Kèrement levain , un petit morceau
à& pâte aigrie qui étant mclce avec
la pâte donc on veut faire le pain,
fert à la faire Tever, â la faire fer-
menter. On fait quelquefois aigrir
le levain âv^c du leL& de la levure
de bière , quand avant de Tem
ployer on n'a pas isifTez de temps [
pour qu'il puifle s'aigrir naturelle-
mène. La hl défenioit aux Hébreux
de manger pendant les fipt jours àe la
pâque y du pain ou autre chef e' dans
quoi il entrât du levain^
XtvAiH ^ie dit par extenfion , d'une
difpo(ition des humeurs i quelque
maladie prochaine , & du vice qui
refte dans les humeurs après la ma-
ladie. // à un. mauyals levain dans le
fang. La goutte ne fe dijppe guhe
fans laijfer qwttque levain.
]L£y AïK , £e dit auûi du ferment > du f
didblvant de l'éftomac, par le moyen
duquel fe l'ait la digeftion. Les le-
vains dtV ejtornac foruneceffaixes pour
àpértrla digç/lion.
£EVAr>rj fe dit figurcment des mau-
vaifes imprei&ons que le péché laifTe
dans l'ame. ^ levain du pccké. Dans
r. Ecriture Jésvs-Chuist appelle le-
vain dis Pharijiens & des Hérodiens^
leur doctrine- & leurs maximes, y &
il recommanda de s'en donner de
gardc^
1-EVAn*,. fe die auflî fîgurément des
reftes de certaines paffions violen-
tes ^ caounc la haine^^dc des. dl'T^or
fîtions au foule vement dans l'eCptitr
des peuples» Ilfubfifie encore entrer
eux un levain de difcorde. Il y a tou^
jours dans cette province un levain de:
mécontentement qui fe. fait rtmar-^
quer^
La première fy llabe eft très-brève,.
fc la féconde moyenne au (ingulier^
mais la. dernière eft longue au plu-
riel.
LEVANE i terme de Mythologie &
nom propre d'une Déefle que les Ro-
mains diibienc préfider â l'aftion de*
celui qui levoic un enfant de cerret
pour bien coniloîtce cette. Divinité
il faut favoir que quand un enfant
• étoit né , la fage- femme le meitoic
par terre , & il falloir que le jpcre^
eu quelqu'un de fà part , Je levar &
fe prix entre fes bras ^ fans quoi iL
panoitpour illégitime.
LEVANT i adjèftif. Qui fe lève. Il
ne fe dit guère qu'en cette phrafe >.
Seltd levant. Vous partîmes à Soleil
levant» Sottr. appartement.a, le SoleiE
levant.
On dît proverBîalèment'& figu-
rémeht , quon adore toujours leSo^
leil fevant ; pour dire , que l'on s'at^
tache toujours à lapuiflànce & il»
faveur naifTante..
En termes de CèutameonappcUei
homme levant & couchant y un hom-
me domicilié. G'eft dans ce fensi
qu'on dit qu'en matière de Juftice
& de corvées, on ne considère corn-
me fujets duSeigneur, que ceux qui
font levans & couchans dan^ l'éten-
due de Ùl Seigneurie..
LivANT , eft auffi fubftantif mafcullot
St fignifie l'Orient , relativement aa
lieu où l'on eft^ la partie du.monde-
ou le Soleil fe lève. Le levant ejt
un des. quatre points cardinaux dut
monde»
On appelle te levant d*éte\ la par-
tie'dii cusl oà le. Spleil ik l^ve futt
LEXJ
vont horifon en- été. Et le levant
^ hiver , celle où le Soleil fe lève en
hiver.
l^LVANx , fe dit aufC des régions qui
font à notre égard da côté où le So-
leil fe lève j comme la Perfe, TAfie
mineure ». ia Syrie ,. &c.^ & particu*
lièrement des pays ticués à l'Orient
delaMéditerranéeparrappoitànous.
// s'tjl enrichi dans le commerce du^
Uvauu
On appelle vent du levant y cç^aï
qui fouftle au fortic du détroit de
éibraltar.
La première fyllabe eft très-brève
& la féconde longue?
HEVANTIN , INEi adjeétif. Qui eft
natif des pays du levant. Les na-
tions levantines • Les peuples levan-
tins^
11 s'emploie d ordinaire fubftau-
tivement. Les Levantins ont coutume
defré^uenter ces foires.
iEVANTlS y fubftantif mafculin.
Nom qu'on donne aux foldats des
galères turques* Les Lwantis font
dans l^ufage d^infulter les- étran--
gers qu'ils rencontrent à Confianti-
nople^
lEVANZp V petite îîe de la Médi-
terranée > à trois lieues delà côte
occidentale de la Sicile, vis-à-vis de
Trépani. tl n'y a que quelques ha-
meaux.
EEVARÈ ; bourg de France , dans te
Maine, environ à ïîx^ lieues» nord-
oueltj.de Mayenne
IlEUBEN;,nom propre d'une petite
ville d'Allemagne , dansla Styrie >
fur la Muer , à troislieucsau-de/Tus
dePruckandermuer.
liEUCACANTHA j.. fubftanilf fémir-
nin. Plante que quelques - uns, te*
gardent comme une efpèce de car-
ne. On lui donne encore le nom \
de caméléon noir. Les anciens pré*-
«endoic^t que fa racine, mâchée
LEU 54,
apaifoic le mal de dents j mais on
n'eft pas sur que la plante à laquelle
nous donnons le nom de leucacan^
tha , foie la même que celle que los
anciens appeloient amfî*
LEUCACHATE j fubftantif féminin.
Les anciens donnoient ce nom à.
une efpèce d agarhe qui , fuivanc
cette dénomination ,. devoit être
blanche , on du moins avoir des ta-
ches ou des veines blanches»
LEUCADEj c'étoit dans! origine une
f^refqu'île de la mer Ionienne j fur
a côte de l'Acarnanie » à l'entrée
feptentrionale du détroit qui fépare*
. rile de Céphalonie de la terre fer-
me. Dans la fuite il s'y établit une
colonie de Corinthiens qui en fi-
rent une île en coupant l'iflhme par
où elle, tanoit au continent , & ils
y bâtirent une ville quils appelè-
rent au(Ii Leucade , laquelle oevincc
'très*âori(rante & fut la capitale de
rAcarnanie.
Près de là étoit ua fameux pro-
montoire de mcmenom^fur lequel*
on voyoit le Templed' Apollon Leu-
cadien,& d où les amansmalheureux
fis précipitoient dans la mer pour
chercher un remède à leurs peines.
llsl'y rrouvoientordinaicement avec
la mort : du moins il ne paroîtpas
qu'il en foit beaucoup réchappé de
ceux qui ont ofé tenter ce faut pé-
flilteux I auûi ce remède fîngulicr
ne fe maintint- il pas long -temps, en^
crédit.
LEUCATE; petite ville de France,,
en Languedoc > à fept lieues , fud, ,
de Narbonnc. Elle eft remarquable
par le Gége qu'elle foutint en 1(^37
contre les Efpagnols qui y furent
défaits-par le Maréchal de Schom-*
berg.
LEUÇHTENBERG ; bourg U châ-
teau d'Allemagne ^ dans je Palati»
mt.dfi&yière^ i lalieucs^pord. eft^
550 LEU
de Ratifbonne. Il donne fon nom
â an pecic canton appelé Lanigra-
viat.
LEUCI ; ( les ) nation oa peaple des
Gaules, qui habitoienc la Belgi-
que première , dans le voifînage de
Toul.
LEUCIPPE i célèbre Philofophegrec,
difciple de Zenon , qui flonûToic
vers Tan 418 avant Jésus-Christ.
Il inventa le premier le fameux lyC-
cerne des atomes Se du vide • &
même 1 hypothéfe des tourbillons ^
comme le favant Hucc le prouve
très - clairement. Il fait voir que
Leucippe , Démocrite & Épicure
divisèrent la matière en dinérens
tourbillons ; que le témoignage de
Diogène Lacrce & d'Êfîchius eft
là deffus formel j que fuivant l'opi-
nion des anciens atomiftes, les cor-
pufcules aflemblés dans Tinfini ^fe
rouloient circulairemcnt & formoicnt
un iourbillon lorfquun milieu leurré"
(îfioit ; que de ces tournoyemens
naifibient des divifions & des réu-
nions de particules , 8c que les réu-
nions foïmoient un amas globuleux.
M. Huet conclut de là que Técole
cartéûenne a tort de tirer tant de
gloire de l'invention prétefidue de
les tourbillons. On trouve de plus
dans le fyftème de Leucippe , les
femences de ce grand principe de
mécanique que M. Defcanes em-
ploie fi efficacement » favoir que
ies corps qui tournent s'éloignent du
centré autant qu il leur ejl pojfibk.
L*ancien Philofophe enfeigne que
les atomes les plus fubtils tendent
vers Tefpace fluide en s'élançant.
Quelques -uns ont dit, comme le
remarque M. Bayle , qu'à l'égard
-des tourbillons & des caufes de la
pefanteur , Defcartes eft le copifte
de Kepler : ils dévoient ajouter
que Kepler eil le copifte de Lea- ^
dppe.
LEU
LEUCO ; fuba. maf. ECpècede graine
d'Afrique, femblable au millet, la-
quelle étant moulue donne une fa-
rine dont les habitans des Royaa*
mes de Congo & d'Angola font da
pain qu'ils préfèrent i celui du fro-
ment. Cette graine croit auffi en
Egypte , fur les bords du Nil.
LEUCOCRYSOS; fubftantifmafcu-
lin. Nom fous lequel Pline & les
anciens pacoitTenr avoir voidu dé£-
gner l'hyacinte d'un jaune clair.
LEtJCOIUM i Foyei Giroflier.
LEUCOMÂ ; fubftantif mafculin &
terme de Médecine. Petite lacht
blanche qui fe forme fur ta cornée.
LEUCOPHLEGMATIE j fubftantif
féminin , & terme de Médecine.
Efpéce d'hydropifie qui diffère de
l'anafarque , en ce que l'enfonce-
ment du doigt dans l'anafarque dif-
paroît alTez promptement îc qu'il
lub^ifte long - temps dans la leuco^
phlegmatie. Elle eft générale ou par-
ticulière \ dam le premier cas loat
le corps eft boum , œdémateux ;
mais le plus fouvent elle eft parti-
culière & n'affeâe que les jambes
&c les cuifles.
Lorfque la leucopMegmatie com-
mence , les parties les plus lâches
& celles dans lefquelles la circula-
tion eft plus lente , font les. pre-
mières attaquées. Aiafi d'abord le
defTous des yeux ic les environs des
chevilles fe gonflest peu i peu,
l'enflure gagn« les jambes , les caif-
fes , fe répand dans les bourfes 9
dans la verge qui groflit & fe cen-
tourne Gngulièrement : bientot^iprès
tout le refte du corps fe trouve in-
filtré, ou les eaux s^accumulenrdaoi
quelque cavité , comme le ventre 9
la poitrine &c*
Du refte la leucophlegmad^c^
{frodaire par les mêmes ciufes que
'hydropiue , te l'on emploie les
mêmes remèdes contre Tune & TaU^
tre de ces maladies : ainfi » voyc^
Hydropisis.
HEUCOPHRYNE' ; adjeûif féminin
& terme de Mythologie. Surnom
Sue les MagnéHens donnèrent à
>iane» en lui élevant un Temple
fur le modèle de celui qu elle avoit
à Leucophrys ^ ancien nom de Tile
de Téncdos. Us la repréfentoient
avec plufieurs mammelles & cou^
tonnée par deux viâoires*
JLEUC0PHR YS ^,nom d'une ancienne
ville d'Âlie, dans la Pbrygie » for
les bords du Méandre.
Heucorhrys y eft aufli an ancien
nom de Tile. de Ténédos^ f^^'^.
Tenédos*
HEUCOPHYLE i fubftamiC mafc»-
lin. Plante fabuleufe qui félon les
anci^s croiflfoit dans le Phafe , ri*
v4ère de la Colchide. On lui attri
buoit la vertu. d'empêcher les fem-
mes d'être infidelles à» leurs maris* j*
mais on devoir la cueillir avec de
oertaines^ précautions ,.& on oe la
trouvoit qu'au point du jour, vers
le commencement du printemps»
Loirfqu'on célébroit* Us myftères
d'Hécate.
EEUCOSIEj fubft. fém. Mom d^une
des Sy^rènes,. laquelle donna Ton
nom aune iledela merXyrrhcnien-
ne 3 fur la cote occidentale d'Italie.
LEUCOSTICTOS y fubftantif maf-
calin; Pline donne ce. nom à une
efpèce de porphyre parcequ'îl eft
rempli de taches l>lanches.
EEUCOSYRIE j ancien nom de cette
partie de la Cappadoce , qui étoit
fiiuée vers l'embouchure du Ther-
modon , aujourd'hui le Pormon, qui
ffe jette dans la mer Noire*
EEUeOTHOÉ ^.fubftantif féminin
Se teiaie de Mj^chologte «Ced la
LEV 551
même qn'Ino , nourrice de Bacchus,
laquelle fuyant la fureur d'Âthamas
fon mari , Roi d'Orchomène , fe
précipita dans la mer avec fon fils
Mélicerte , & tous deux furent ad-
mis au rang des Divinités de la mer.
y^yt^ Ino.
LEUCTRES ; nom d*une ancienne
ville de Grèce y dans la Béorie ,
fameufe par la viâoire qu'Épami-*
nondas , Général Thébain, y rem-
porta fur les Lacédémoniens37ian8
avant Jesus-Christ.
LEUDES ;.ce mot dans nos anciens
hiftoriens (ignifie ce que nousappe-^
Ions aujourd'hui Vf^£^'^x*
LÈVE;. (Antoine de) homme fingu-
lier, né dans l'obfcurité, & qui de-
l'état de (impie foldat , parvint par
une fuite d aâions éclatantes » au
commandement des armées. Un ex-
térieur ignoble ne lui otoit rien de
l'autorité qu'il devoir avoir ^ parce-
qu'îl joignoit au talent delà parole
une audace noble, , à laquelle les
hommes ne réâftent pas. 11 fe iîgnala
d abord dans le Royaume de Naples>
fous Gonfahc de Cordoue j dcenfui te -
dans le Milanès , d'où il chada l'A*
xniïoX Bonnivet en 1 5 23. La bataille*
de Rebec s'étanc donnée l'année d*a-^-
près , il y fervit avec beaucoup de
valeur* Il défendir Pàvie Tannée fcti*
vanre conrre le Roi François pre^
mier, qui y fut pris. Ses fuccès aani^
le Milanès lui.procurèrcnt des dif-
tin&ions flacteufes. Chartes-Qu/nt ,.
s'érant rendu en Iralie^ le fit afTeoir
âcôté de loi, & le voyant obftir|éi
oe fe pas couvrir, lui mit lui-même
le chapeau fur la tête en lut difant ^ .
qu^un Capitaine qui avoit fait foixante
campagnes toutes gj^orieufcs j mtritoit'
biea d'être ajjts & couvert devant un
Empereur de trente ans^ Ce gtand
Général foutint fa- réputation en
Autriche, où il futeavoyéen ij 19
551 lEV
contre Soliman ^ qui affiégeoit Vien-
ne, & en Afrique , où il luivic 1 Em-
f^ereur en 15)5* L'année diaprés ,
expédition de Provence fut réiblue.
Elle eue une origine (ingulière. Un
Aftrologue avoir afTuré Lève , encore
enfant , qu'il mourroit en France »
& qu'il feroir enterré à Saint-Denis.
Sur cette idée , il engagea Charles-
Quint à faire une irruption en Pro-
vence^ elle fut malheureufe, l'Em-
pereur s'en prit à fon Général , qui
en mourut de douleur, en i5 3^«
Antoine de Lève a voit autant de gé-
nie que d'aâivité dans, un combat;
mais dans 1^ fociété il écoit inquiet
& groffier jufqu'à la ruflicité. 11 he
connoifToit de la religion & de la
probité que les apparences. Sa for-
tune & les intérêts du Prince étoient
fa feule loi. Entretenant un jour
l'Empereur des affaires d'Italie , il
ofa lui propofer de fe défaire par
aflaiïinat de tous les Princes qui y
avoient des polleffion^. Eh ! que de-
viendroit mon ame^ lui dit Charles-
Quint? Ave\vous uneame , répartit
Livey abandonnez l'Empire.
LÈVEj fubftantif féminin. Efpèce de
maillet de bois à long manche > dont
on fe fert au [eu de mail pour lever
la boule & la jeter (ous la paffe.
LEVÉ , ÉE ; patticipe paâîf« Voye\
LevEa.
On dît 5 aller par-tout tête levée ^
la tête levée ; pour dire, aller par-
tout fans rien craindre , fans appré-
hender aucun reproche.
On dit familièrement, prendre
-quelqu'un ^11 pied levé; pour dire ,
prendre quelqu'un au mot, fans lui
donner le temps de faire réflexion ;
tirer avanuge contre lui de ce qu'il
lui eft échappé de dire.
Levi , fe dit en termes de l'Art héral-
dique , d'un ours dretfé fur fes pieds |
4e derrière. - |
IOrly, en Savoye^ ê^ot àTourY
levé en pied de fable.
LEVÉEj ftibftantif féminin, CollecHo.
Aârion de lever, de recueillir cer-
taines chofes. Il fe dit aufli de ce
qui fe lève ou fe recueille , & prin«
cipalement des grains. Alors il ligni-
fie la récolte. La levée des fruits ap-
partient au fermier^
Levée 9 fe dit auffi des droits, des
deniers, des impôts, â^c. & figni£e
«coUeâe, recetce. La levée de cet im^
pêt fera diffiâle^
Levée, fe dit encore des Ibldats, des
troupes qu*on lève , qu'on enrôle. Il
eft défendu à tous particuliers de
faire, ordonner, ou favorifer aucune
levée de gens de guerre dans le
Royaume , fans exprès commande-
ment du Roi ^ à peine d erre punis
comme rebelles 6c criminels de lèk-
majefté au premier chef ^ & à tous
foldats , fous pareille peine , de s'en-
rôler avec eux.
On dit figu rément 9 faire une levée
de boucliers ; pour dUre, faire une
grande «ntteprife mal à propos Sc
lans e£fet. Ils firent là une belle levée
de boucliers.
Levée , fe dit en termes de Tailleurs»
de Couturières & d'Ouvrière% en
linge , de ce qu'on lève fur la largeur
<i'une étoffe, d'une pièce de toile»
foit pour en faire un ouvrage parti-
culier , foit pour oter ce qu'il y a
de plus qu'il ne faut.
Levée, en parlant de courfe de bague,
fe dit de l'aâion de celui qui coure
la bague , lorfqu'il vient i lever la
lance dans la coiirfe. Il fait fis levées
de bonne grâce.
En terthes d'Horlogerie , on ap-
pelle arc de levée ^ la partie de l'é-
chappement pat laquelle la force
motrice eft tranfmife fur le tégula-
ceur«
Si le régulateur eft an pendofef
LEV
il fatft qu'il foie mis en mouvétnent
avec la main ; car la force motrice
fur y arc de levée feroic infufSrance
pour l^cirer du repos ^ donc la force
motrice ne doit agir fur cet arc ^ que
pour entretenir le mcmvemenc fur le
, régulateur.
Si le régulateur ^ft un balancier
avec fon fpiral , la force motrice de
Varc de levée doit être fuffilante pour
le tirer du repos , & lui faire par-
courir entièrement cet arc; & dans
ce cas ^lle communique donc le
mouvement fur ce régulateur.
L'étendue de Varc de levée eft
-d'autant plus grande, que le levier
qui eft lur Taxe du régulateur ed
plus court f que le rayon de 4a roue
eft plus grand , & qu'elle eft moins
nombrée.
"Uarc de levée lie varie point par
le plus ou le moins de force motrice
3u'il peut recevoir ; mais feulement,
ans le temps employé dans fon mou-
ivement : <:ar plus cette for/:e eft
grande,moins il emploie de* temps.
Dans les pendules, il faut d'au*
tant plus de force motrice , que la
lentille eft plus pefante , la verge
plus courte , les ofcillations plus
promptes , & que Varc de levée eft
plus grand , & réciproquetnent«
Par l*ufage , on donne dans les
pendules d'autant moins à'arc de le-
véej que les ofcillations font plus
lentes.
Au contraire, dans les montres
Ton donne d'autant moins de levée ,
que les vibrations font plus promp-
tes.
Lev^e , fe dit en termes de Papeterie ,
des morceaux de bois plats enfoncés
de diftance en diftance dans l'arbre
de la roue du moulin , lefquels laif-
fent retomber les maillets après les
avoir élevés, ce qui réduit les chif-
fons en bouillie.
Tome XV.
LEV î53
Lev JE , fe dit en termes àe Ruban-
niers, de toute portion de chaîne
-que les li (Tes font lever, tantôt en
grande quantité, tantôt en moindre»
fuiv^nr le palfage du patron.
Levée , fe dit eu.termes deXiiferands»
de la quantité d'ouvrage qu'un 0.u-
vrier peut faire fans être obligé de
rouler fur l'enfuple de devant Tou-
vrage déjà fait.
Levée, (ignifie audi une digift, une
<:hau(rée. La levé^ empêche le débor'*
dément de la rivière*
Levée « fe dit en termes de Bateliers »
d'une élévation formée à chaque
extrémité d'un bateau, où elle tient
lieu de fiége.
Levée , fignifie auili l'heure à laquelle
une compagnie 5 une aftemblée fe
lève pour finir la féance. // étoic à
la levée de la Grand* Chambre.
On appelle levée d^unfiége , la rc*
traite des troupes qui tenoient une
place ailiégée^
On appelle levée dujcellé^ Taftion
par laquelle on lève un fcellé. Et l'on
dit, faire la levée d'un corps , d*un
cadavre; pour ilire, enlever un ca-
davre , nn corps niort » & le faire
porter au lieu où il doit être inhumé*
Cela (ignifie auili lorfqu'çn parle
d'Officiers de juftice^ faire le procès*
verbal de 1 état auquel on a trouvé
un cadavre , & le faire tranfportec
dans quelqu'autre endroit.
Levée, fe dit en termes du Jeu des
Cartes, pour (ignificr une main qu'on
a levée. Ilfautjix levées au Tri pouf
gagner la partie.
La première & la troiHème fyU
labes lonc très-brèves, & la féconde
longue.
LEVER ; verbe aûif de la première
conjugaifon , lequel fe conjugue
comme Chanter. Erigere. Haufler,
changer la (ituation d'une chofe en
. la mettant plus haut qu'elle n'étoit.
Aa aa
Î54 LEV
// ne pourra pas lever de terre^ ufàr^
deau. On lève les. pierres d'un bâti-
ment avec une grue. Il eft fi fatigué
quil ne peut plus lever les pieds.
Quand où fait ferment devant an
Juge, il fait lever la main. Et dans
ceîens , on dit , jUn leyerois la main;
pour dite , j'en ferois ferment.
On dit auflli , lever la main^ lever
le bâton fur quelqu'un ; pour dire ,
fe mettre en état de le frapper. Et
1 OQ dit d'un homme impétueux ,
qu i/ a toujours la main levée fur fes
valets i pour dire^ qu'il eft toujours
ptct à les frapper.
Lever , fîgnifie aufli dreiTer une chofe
qui éroit couchée ou panchée. Ce
tonneau eft prefque vide , il faut le
lever tout à fait. Leve:^^ vos jupes pour
paffer le ruiffiau»
On dit, lever les yeux au ciel;
pouj: dire , tourner les yeux vers le
ciel. Et lever les yeux fur quelqu'un;
pour dire , It regarder.
On dit au Jeu des cartes , lever
une main; pour dire, ramafler les
cartes jouées dont on a fait la main ,
les mettre devant foi en les retour-
nant. Leve7[ les mains que vous ave[
faites.
En termes de Manège , on dit ,
lever un cheval à cabrioles , àpefades^
à courbettes ^ &c. pour dire, manier
un cheval â cabrioles , &c.
On dit abfolument yfe lever; pour
dire, fe mettre debout for fes pieds.
Tout le monde fe leva quand il parut.
On dit au Palais, la Courfe lève ,
la Cour eft levée j l'Audience eft levée;
pour dire , que les Juges ont quitté
leurs Sièges & que l'Audience eft
finie.
On dit , fe lever de table ; pour
dire , fortir de table.
On dit aiiffi/<? lever; pour dire ,
fortir du lit. // s'eft levé à quatre
LEV
heures du matin pour travailler à votre
affaire.
On dit d'un valet de chambre ,
d'un laquais , qu'i/ lève fâh maître j
qu i/ eft allé lever fon maître ; pour
dire j qu il eft allé rhabiller au fortir
du lit.
Ou dit auffi du foleil , de la lune
& des autres aftres, <\\xllsfe lèvent;
pour dire, qu'ils commencent à pa-
roître fur l'horifon. Aujourd'hui la
lunefe lèvera à huit heures dufoir.
On dit encore , que la tempête ,
que le vent^ que forage fe lèvent;
pour dire, qu'ils commencent. A
peine furentAls partis quilfe leva un
orage furieux.
On dit t faire lever un lièvre ^ faire
lever des perdrix ; pour dire, les faire
partir. Et Ton dit figurément & fa-
milièrement « lever le lièvre; pour
dire, être le premier à propofer une
chofe dont les autres ne s'écoient
point avifés.
- On dit , lever lefiége et une place;
lever le fiége de devant une place ,
pour dire , retirer les troupes qui la
tenoient affiègée. Le mauvais temps
& les maladies obligèrent le général
à lever lefiége.
On dit aufti , qu'une armée a levé
le camp; pour dire, qu'elle a décam-
pé. Et que des troupes ont levé
le piquet ; pour dire , qu'elles fc
font retirées avec quelque précipi-
tation.
On dît lever la garde ^ lever lafen*
tinelle; pour dire, retirer àes foldats
qui font de garde, retirer on foldac
qui eft ep faâton.
On dit figurément , lever Péten^
dard; pour dire, faire une efpèce
de proreiSon, une déclaration pu-
blique de quelque chofe. Elle a levé
V étendard de la dévotion. Ils levèrent
l'étendard de la révolte.
On dit auflî figurément » krer
LEV
F étendard contre quelqu'un; pour
<iire, fe déclarer ouvertemenc contre
lui.
On dit encore figorémenc , &
ordinairement en mauvaife part ,
^une perfonne a le\é le mafque;
pour dire, qu'elle agit ouvertement
&fans fe contraindre, après avoir
tenu quelque temps une autre con-
duite.
• On dit figurcmcnt & familière-
ment , lever la crête ; pour dire ,
commencer à paroître avec plus de
hardiefle. // commence à lever la
crête.
Lever, (ignlHe aufllî 6ter «ne chofe
de dedus une autre. On va lever te
fécond fervice. Il faut lever la ferrure.
On n'a pas encore levé le premier ap-
pareil.
On dit en fermes de Marine ,
lever Cancre ; pour dire , retirer les
ancres qu'on ^voit jetées à la mer.
Vefcadre leva Cancre & mit â la
voile.
On dit en termes de Jardiniers,
lever un arbre en motte ; pour dire ,
arracher un arbre avec la portion
de terre qui tient â fes racines pour
le tranfplanter.
Cette opération eft admirable
pour faire jouir en peu de temps
a un beau verger : mais elle veut
être faite adroitement* Âptès avoir
choifi un arbre dans la pépinière »
on le fera déchauflfer tout autour,
avant les gelées , pour former une
motte , â moins que la terre ne foit
âffez forte pour le foutenir d'elle-
même. Si cette motte étoit grofTe
de trois ou quatre pieds de tour,
on la renfermeroit dans des claies
ou mannequins faits exprès pour la
maintenir dans le tranfport ; on la-
fraîciiit feulement les longues ra-
cines ,c'eft-i<iire , qu'on en coupe
l'extrémité » 8c on les étend dans le
LEV
55Î
trou préparé , en les garnidant de
terre a l'ordinaire.
La manière de planter & d'ali«-
gner ces arbres eft toujours la mêmej
il faut feulement obferver de les
arrofer fouvent & de les foutenir
avec des perches contre les grands
vents qui en empêcheroient la re-
prife.
On dit en termes d'Imprimerie »
lever la lettre , pour désigner laâion
du Composteur , lor^u'il prend
dans la calTe les lettres les unes après
les autres , & qu'il les arrange dans
le compofteur pour en former des
lignes.
On dit, lever le plan d^une place^
de quelque endroit; pour dire, le
tracer , en prendre les mefures.
On dit dans les M anufaâutes en
(oie y lever le femple ; pour dire, re«
monter les lacs Se les gavaffines
d'un femple pour travailler Té-
totfe. *
Lbveu , fe dit en termes du Jeu de
Triârac , qcund le joueur a pafle
toutes fes tables dans le jeu de re-
tour , & qu'il les place enfuice fut
la bande , laquelle eft alors regardée
comme café.
On dit , lever une difficulté ^ un
empêchement^ un objiacle^ lever des
douées , lever unfcrupule; pour dire ,
les faire ccfler.
On dit aufli dans le même Cens ,
lever les défenfes , Itver l* interdit ,
' lever C excommunication , lever top--
pofîtion.
Lbvsr, fignifieauffi prendre ic cou-
per une partie fur un tout. Il
vient dt lever du velours pour fin ha^
bit. On peut lever une bande fur la
largeur de la toile.
On dit aufli généralement, lever
des étoffes j lever des habits; pour
dire y acheter des étoffes.
On dit 9 lever une cûiffe , une aitc
A a a a %\
55<f LEV
, de poukt y de chapon , &c. poar dke ,
détacher U cuifle » Taîle d'un pou-
let y d'un chapon y &c.
On dit dans le même fens> iever
un aloyau , lever une épaule y un gigot
de mouton , &c.^
Lever , fignifîe auffi recueillir , araaf*
fer, & il fedit principalement des
blés. On commence à lever les grains.
Lever, fe dit auflt des droits, des
deniers, des tailles, &c. & (ignifie
en f«iire te recouvrement, la re-
cette< Ils furent chargés de lever cet
impôt.
On dit , lever des foldats ^ lever
une compagnie y lever un régiment y
lever des troupes , lever une armée ;
pour dire, entôier des foldacs, met-
tre des rroupes fur pied , mettre une
armée (îir pied.. CeJI un crime de
lè/e majejle de lever des troupes fans
çommîffion du Prince.
On dit» lever un arrity une fin-
icnce^ un aUe au greffe y lever un
$ontrat che\ un Notaire^ &c. pour
-, ^re, fe faire délivrer L'expédition
d'un arrêt, &c.
On dit, lever une char-gjC aux par-
ties cafucUesi pour dire , acquérir
une charge vacante aux parties ca-
fuel tes.
On dit , lever un corps; pour dire ,
; emporter un corps morxhors du lieu
où il eft. Et cela ne fe dit que lorf-
qu on Teniporte par. autorité publi-
que, foit eccié(iaftique, foit fécu
fière. Le bailliage envoya lever le
corps.
On dit au(G, lever un corps fairu;
pour dire , le ^tirer du combeau avec
c^érémonie , pour l'expqfer à. la véné-
ration àL\ Biicl^les. .
On dit encore, lever un enfant y
lorfqu on parle d^un enfant expofé
. que la juftke fait empotter à l'hô-
pital.
On dit , lever boutïquc >. lever mé^
lEV
nage; pouï dire , cohimencer à tctnr
boutique , â tenir ménage.
Lever , fignifîe en termes de Vanne-
rie , plier les lattes du fond â une
cerraine diftance , pour faire le bord
de la pièce qu'on travaille*
On dit figurément en ftyle de l'é-
criture, lever fon ame fur quelque
chefe; pour dire , la délirer avec
ardeur. Et lever fes yeux vers les
idoles; pour dire, les honorer^ les
invoquer.
Lever ,. eft auûi verbe neutre , & fe
dit des plantes, des graines qui
commencent à poulTer & a fortir
de terre. Les afperges commencent à
lever.
Lever, fignifie auffi fermenter. jFoir^
lever la pâte.
^oye\ Élever, pour les diffé*
rences relatives, gui en diftinguenc
Lever, &c.
La première fyllabe eft crès-brèi-
ve , & la féconde longue ou- brive.
f^oye:^ Verbe.
Le pénultième e des temps qui
fe terminent pat un e muet, prend
le fon de IV ouvert & alonge la fyl-
labe.
LEVER; fubftantif mafculin. T^i?]/?!//
è leclo furgendi. L'heure , le temps
auquel on fort du lit. Il fe trouve
tous les jours .au lever du Roi.
On dit auffi , le lever dufoleily U
lever des étoUes-; pour dî re , le temps
où le foleil & les éroifes commen-
cent à paroître fur Thonibn^
La réfraâion des rayons dans l'at-
mofphère avance le lever des corps
cékftes, c'cft-â-dire, fait qu'ils pa-
iQÎdent'fur 1 horifon , lorfqu'ils-foBt
encore réellement dtflTous.
. Il y a pour les Pocres trois fonts
de levers de« étoiles , le lever cofmi-
que , lorfqu'une étoile fe lève avec
le foteil.
Le lever acconyque ^ lorfqaune
LEV
étoile fe lève en même temps que
le foleil fe coachev
Le lever héliaque > folaire eu ap-
parent. Ceft celui d'une étoile qui
paroîc fortir des rayons du foleil
proche Thorifon , & cefle d'cwe ca-
chée par réclai de cet aftre , ce qui
arrive environ vingt jours après la
conjonction de 1 étoile avec le foleil,
le nombre de jours étant plus ou
moins grand » félon la grandeur de
l'étoile , la diftance,,é'c*
LEVES \ bourg de France, fur ta ri-
vière d'E\ire , à rexcrémiié d'un des
fauxhourgs de Chartres.
lEVEUR; fubftantif mafculin , &
terme dé Papeterie. On appelle ainfi
l'ouvrier qui lève les feuilles de pa-
pier de dcffus les feutres pour les
placer fiir le dr-ipant.
LEUH j fubftantif mafcuHit', & ferme
de Relation. Les Mufulmans don-
nent ce nom au Livre dans lequel ,
félon TÂlcoran , toutes les avions
des hommes font écrites par le doigt
des anges.
LÉVI j Patriarche , troificme ffls de
Jacob & de Lia. Il naquit en Méfo-
potamie 175^ ans avant Jésus-
G u R-is T. Sa poftérité eft connue
dans THiftoire Sainte fous le nom
de Tribu de Lcvi. Cette Tribu fut
difperfée & n*eut point de partage ,
mais feulement quelques Villes dans
les lots des autres Tribus \ du refte
elle n'en fut pasplus mal, parce-
qu'elle fut cHoiGe pour fervir dans
le Temple & pour exercer le Sacer-
doce , ce qui lui procura les dixmes ,
' fes prémices, les ofFrandes, & une
partie des viâimes qu'on immoloir
an Seigneur.
LÉVIATHAN; fubft^ntrf mafculin.
Animal dont il ell parlé dans le
Livre de Job. Tour ce qu'en dit ce
Fat-riarche s'applique très-bitn au
LEV Î57
la Baleine ou du Mulart » qui eft un
tr^s- gros poiiïbn , qu'on trouve dans
la Mediteri^anée. D'autres entendent
fous le nom de Léviatban^en général
tous les gros poiffons & les monftres
marins. Pluueurs Anciens l'ont ex-
pliqué allégoriquement du Démon.
Bochart montre au long que c'eft le
Crocodile» 11 le prouve par un en-
droit du Thalmud au Traité du
Sabbat y où il dit que le Calbit^ ou
Chien marin , eft la terreur du Lé-
viathan : il prétend que ce Calbit eft
le poiiïbn nommé tchneumon , qu<
fe jette dans la gueule du Crocodile,
lui ronge les entrailles , & ne fort
de fon ventre que par le trou qu'il
y fait en rongeant.
LEVIER.j fubftantif nrtafculin. Porrec^
tum. Barre de fer oudequelqu'autre
matière folide , foutenue fur un feul
point ou appui , & dont on fe fert
pour foulever ou remuer quelque
fardeaur-
Le levier eft Fa première & fa
plus Mmple des machines. Sa force
a pour fondement ce principe ou
théorème , que l'efpace ou l'arc dé-
crit par chaque point' d'un levier^ &c
par conféquent la vîtefte de chaque
point eft cohime la diftance de ce
Point à l'appui \ d'où il s'enfuir que
aâion d'une pui (Tance & la réfif-
tance du poids augmentent à pto-
portion- de lenr diftance de Tap-
pui.
Et il s'enfuir eifcore qu^une puii^
fance pourra foutenir un poids.»
lorfque la diftance de l'appui' au
point du UvUr où elfe eft appliquée^
fera à la diftance du même appui
au point où le poids eft appliqué^
comme le poids eft à la puiftance»
& que pour peu qu'on augmente cette
puiftance , on élèvera ce poids.
Ciocodilè, D'autres l'expliquent de \ L* vi£R > fe dit auffi en termes d'Hor.
55» LEV
iogerîe > d'un oucil qui ferc i égaler
la fufée au reflbrc.
LÉVIG ATION i fubftantif féminin ,
& rerme de Chimie. Aâion de lé-
viger » ou effet de cette aftion.
LÉVIGÉ , ÉE j participe paffif. P^oyci
LéviGER.
LE VIGER ; verbe aftif de la première
conjugaifon ^ lequel fe conjugue
comme Chanter. Levigart. Terme
de Chimie. Réduire un mixte en
poudre impalpable fur le por-
phire.
LEVIN i rivière d*EcoIIè , dans la
province de Fife. Elle fort d'un lac
de même nom , & va fe perdre dans
le golfe de Forch , près de Levinf-
mouth.
LEVINSMOUTH j ville d'Ecofle »
dans la province de Fife » i l'em^*
bouchure de la rivière de Levin ,
dans le golfe de For th.
LEVIRATî fubftantif mafculin. Di-
vers Auteurs qui ont écrit en fran-
Îois fur les ioix & les coutumes des
uifs» ont employé ce mot pour
défi^ner cette loi de Moyfe , par la-
Siuelie celui -dont le frère eft mort
ans enfans , eh obligé d*époufer la
veuve de ce frère , & de lui fufciter
des enfans. Voici comme Moyfe
s'eiprime à ce fujet :
Ci Lorfque deux frères demeure-
t> ront enfemble , & que l'un des
»9 deux fera mort fans enfans » la
» femme du mort n'en époufera
» point d'autre que le frère de fon
t) mari , qui la prendra pour femme ,
u &fufcitera des enfans à fon frère;
>f fc il donnera le nom de fon frère
ti â l'aîné des fils qu'il aura d'elle >
** afin que le nom de fon frère ne
I» foit pas éteint dans Ifraël. Que
i> s'il ne veut pas époufer la femme
tf de fon frère , cette femme ira à
Il la porte de la Ville , & s'àdreflànc
Il %w Anciens » elle leur dira ; Iç
LE y
n frère de mon mari ne veut oaf
91 fufciter dans Ifracl le nom de Ion
»> frère , ni me prendre pour femme.
>i Aufli-tôt ils le feront appeler , &
n l'interrogeront \ Se s'il répond :
9) je ne veux point époufer cette
M femme là ; la femme s'approchera
» de lui devant les Anciens , lui
*• ôtera fon foulier du pied » & lui
Il crachera au viGigeteadifant» ainfi
n fera traité celui qui ne veut pas
Il établir la maifon de fon frère,
M & fa maifon fera appelée dans
Il Ifracl > la maifon du déchauflc. »
Cette loi eft une exception de
celle qui condamne les mariages
entre rrères 5c fœurs , & le bea»-
frère 6c la belle-fœur. 11 femble que
àt% avant Moyfe, cette loi étoit en
ufage parmi les Hébreux & les Ca-
nanéens , puifque Juda donne fuc-
cefilvement pour maris i Tbamar ,
Her fon premier né , Onan fon fé-
cond fils , & qu'il s'oblige de lai
donner encore Scia fon troifième
fils.
LEVIS i adjeébif. Il ne fe dit qu'en
cette phrafe ^ pontdevls , pour ngni-
fier un pont qui fe baiffe & fe lève
pour ouvrir ou fermer le pailàged'un
folfé.
LÉVITE^ fubftantif mafculin. Levita.
Ifraélite de la Tribu de Lévi , def'
tiné au fervice du Temple.
Les Lévites étoient chez les Juifs
un Ordre inférieur aux Prêtres , &
répondoient à peu pi es à nos Dia«
cres.
Us n'avoient point de terres en
propre, mais ils vivoient des of-
frandes que l'on faifoit i Dieu. Ils
étoient répandus dans toutes les
Tribus , & chacune leur avoir donné
quelques villes , avec quelques cam--
Î magnes aux environs pour Cure jultre
euts troupeaux*
LEU
Par le dénombrement que Salo-
mon Bt des Lévites , depais l'âge de
vingt ans , il en trouva trente-huit
mille capables de fervir. 11 en deftina
vingt-quatre mille au miniftère jour-
nalier fous les Prêtres I fix mille
pour être Juges inférieurs dans les
villes y & décider les chofes qui
cotichoienc la religion , & qui n'é-
toient pas de grande conféquence ;
quatre mille pour être portiers &
avoir foin des richelTes du Temple ,
*dc le refte pour faire loffice de
Chantres.
lÉVlTiQU& ; . fubftamif mafcuUn.
Nom du troilième Livre du Penta-
teuque. Il eft ainfi appelé parcequ'il
traite expreiTément ôc fort au long
de toutes les fondions des Lévites.
On y trouve les cérémonies de la
religion / les différentes fortes de
facriHces , la diftinâion des animaux
furs & impurs , Les diverfes fêtes >
aimée du jubilé , & tout ce qui eft
arrivé au Peuple de Dieu dans.ref-
pace d'un mois 8c demi.
I^EUR ; pronom perfonnel des deux
genres. Il fignine à eux ^ à elles ;
& il fe dit principalement des per-
fonnes. Le fage pardonne àfes enne-
mis , & il leur fais plaifir fi l*oc-
cafion s* in préfente.
Il fe dit aufli quelquefois des
animaux , des plantes , & même
des chofes inanimées. Ces chiens ont
faim\ il faut leur donner à, manger*
Si vous voulei que ces arbres croif
fent , il leur faut une autre culture.
Ces cabinets font trop longs & on rie
leur a pas donné affe:(^ de largeur.
LEUR ; pronom adjeâif desdeux gen-
res. Il fait au pluriel leurs ^ 8c fi-
gnifie qui appartient à eux , à elles :
ainfi il eft ordinairement relatif aux
perfonnes. // efi leur oncle à la
mode de Bretagne, Nous les recontrâ-
mes avec leurs femmes. Ltur fortune
LEU 559
tft conjidcrable. Ils furent obligés de
vendre tous leurs biens.
Il s'emploie quelquefois relative-
ment aux animaux , aux plante^ &
même aux chofes inanimées. Ces
oifeaux vont faire leurs nids. Les ar^
bres commencent à fe dépouiller de
leurs feuilles. L'ouragan fit chaffer
les vaiffeaux fur leurs ancres.
Leur , it prend auflî fubftantivemenc
en le joignant i l'article/^» la » les.
Je fuivrai votre confeil plutôt que le
leur.
' Quoique d'ordinaire il foit rela«
tif aux perfonnes, on le peut néan-
moins dire des animaux , des plan-
tes & des chofes inanimées. Cette
efpèce d'oifeau a toujours fait fon
nid avant que ceux-là aient commencé
le leur. Ces fleurs n^ ont plus d* odeur ^
tandis que celles qui font dans ces
pots ont encore toute la leur. Les
draps de cette manufaSure valent
mieux que ceux qu'on fabrique dans
la leur.
Leurs , eft quelquefois fubftantif, &
fignifie leurs parens » leurs amis ,
ceux qui leur font attachés. La réuf'-
fite de cette entreprije fera une for^
tune pour eux & pour les leurs^
Ce monofyllable eft long.
LEVRAUT i fubftaniif mafcul in. Le^
pufculus. Lièvre qui n*a pas fa jufte
grandeur. Manger un levraut. .Un
levraut de trois quarts. Voyez Lià«
VRB-
LEURCY ; bourg de France en Bour-
bonnois dans lEle&ion de Mou-
lins.
LÈVRE; fubftantif féminin. La-
bium. Cette partie extérieure de la
bouche qui couvre les dents» &qui
aide à former la parole. Les lèvres
font glanduleufes & mufculeufes :
on tes divife en fupérieure 8c en in«
férieure \ leur beauté confifte en
ce qu'elles foient d'une couleur ver-
/
3;
5«o LEV
]iiei41e » médiocremenc éoûnentes
& peu épailles. ,
On dit de quelqu'un qui promet
[uelque chofe qu'il n*a pas deflein
le tenir , qu*/7 U dit des lèvres , mais
que le cœur n y tfl pas. Et dcsliypo-
crices qui ne prient Dieu que de
bouche , qu*z/j n honorent Dieu que
des lèvres.
Quand il s'agit de dire un nom
propre ou quelqu'autris chofe » &
que fur le point de le dire , on
ne s'en fbuvient plus , on dit^qu'o/z
l'avoit/ur le bord des livres.
On dit figurément d'un homme
franc & tincère , qu'i/ a le cœur fur
les lèvres.
On appelle les bords d'i^ne plaie,
ips lèvres d'une plaie.
En termes de manège, on dit ,
€^ un cheval s^ arme de la lèvre ^ quil
Je défend des lèvres ; pour dire ,
qu'il a les lèvres fî épaiues , qu elle$
' lut ôtent le femiment des barres ,
enforte que l'appui du mors en de-
vient fourd & trop ferme.
LtvREs , QU Grandes livres , fe dit
auflî en termes d'Ânatomie , de
deux replis membraneux , qui s'é-
tendent chez les femmes tout autour
de la vulve, & en forment les bords y
elles font couvertes de poils , don:
la couleur , U forme & la quantité
varient fuivant l'âge & le tempe-
jrament ; leur épaiiïèur eft aug-
mentée par la grailfe qui s'y trouve
en aflez grande quancitc , fur-tout
^ la partie fupérieure; elles devien-
nent plus minces à mefure qu'elles
d^fcendent vers l'anus. La peau s'a-
mincit en fe portant vers Tinté-
rieur , & Us poils difparoiffent :
cet endroit eft garni d'un grand
nombre de petites glandes , qui fil-
trent une humeur , qui dans Tétac
naturel , fert à lubrifier ces parties.
Pans les perfonnesqui ont beaucoup
LEV
d'embonpoinf , cette humeur eft
quelquefois blanchâtre & en grande
quantité , ce qu'il faut obfetver pour
ne pas la confondre avec celle qui
coule dans les gonorrhées. Les lèvres
fe rcunidènt en haub & en bas, 8c
on donne à cette réunion le nom
de commijfiire. l^x commiflure in-
férieure fe fait proche le périnée j
par une peau hgamenteufe que Ton
appelle le frein des lèvres , ou U
fourchette. M. Winflow donne^ le
nom d'ailes aux lèvr^^s de la vulve,
d'après les anciens Anatomiftes,
& celui à* extrémités ou A angles du,
finus y à leurs commifllires.
LèvREs , fe dit encore en termes de
Botanique*, de certaines découpures
qui caraflérifent les fleurs de quel-
ques plantes , que pour cette ralfon
on appeHe plantes labiées. On dif-
tingue dans les fleurs la lèvre fupé-
xieure & la lèvre inférieure. La
fsLuge à fes fleurs partagées en deux
livres*
LâvREs , fe dit auffi en termes de
Conchyliologie , des bords de la
bouche d'une coquille^.
La première fyllabe eft longue &
la féconde très brève.
LEVRETTE ; fubftantîf féminin.
Ceft la femelle du lévrier, i/ne
belle levrette. Voyez Li-vrier.
LEVREUX ; vieux mot par lequel
on défignoit autrefois quelqu'un qui
avoir de gtofl'es lèvres.
LEVRIER i fubftantif mafcuUn. Vcf
tagus. Sorte de chien à hautes jam-
bes, qui â ta tète longue 8c menue,
le corps fort délié' & qui chadè de
viteûTe à l'œil ^ & non par l'odorat.
U y a plufieurs efpèces de lévriers :
les plus nobles font pour le lièvre»
& les meilleurs viennent de Fran*
ce, d'Angleterre. & de Turquie;
ils font très-vifs. Il y a des lévriers
i lièvres ^ des Uyricrs i loups » &c.
tous
LEV
TOUS les plus grands font pour coarre
le loup , le fanglier , le renard
& toutes les grolTes bcces ; ils vien-
nenc d'Irlande & d'ÈcofTe, & on
les appelle Uvners d'attaque } les
Eetits lévriers font pour courre les
pins.
On appelle auffî Uvritrs » des.le*
vrons d'Angleterre qui chaflTenc aux
lapins \ on appelle leyrUrs harpes ,
ceux qui onc tes devants & les cotés
fort ovales & peu de ventre»
Les Uvriers gigotes font ceux qui
. ont les gigors courts Se gros , & les
os éloignés.
On les dit lévriers nobles ^ quand
ils ont la tète petite & longue ,
l'encolure longue & déliée , & le
rable large & bienfait.
On parle aux lévriers en criant »
àh lévrier^ quand on les lâche après
le lièvre» & hare hare » quand ils
chaflent le renard.
LEVRON } fubftantif mafculin. Di-
minutif. Lévrier au-deflfbus de fix
mois ou environ. Un jeune le-
vran»
Lbvron^ Ce dit auâi d*une forrede
lévrier de fort petite taille. Un
beau levron.
XEURROUX i ville de France ;en
Berry , fur la rivière de Naon , en-
viron à fîx lieues , oueft-nord-
oueft , dlflbudun. Il y a une églife
collégiale.
I.EURRE ; fubftantif mafculin «c
terme de Fauconnerie. lUieium plu-
:., matilem Certain morceau' de cuir
twkffi façonné en forme d*oif«au ^
dont lc|S Fauconniers font ufâge
pour rappeler les oifeaux de faucon-
nerie » lorfqu'ils ne reviennenr pas
an réclame. Le Fauconnier vitnt de
jeter le leurre en Vatr.
On dit acharner le leurre; pour
4lire , mettre un morceau de chair
Tome
LEV î^i
delHks. Et le déckarner ; pour dire «
en oter le morceau de chair.
On dit t duire un oifeau au
leutrt ; pour dire » le faire revenir
fur le poing en lui montrabt le
leurre.
On appelle oifeaux de leurre , lep
faucons» les gerfauts & en général
tous ceux qui fervent à la haute
volerie ouila fauconnerie propre-
ment dire. Us font ain(i appelés ^
I»arceqa'ils font dreflfés â revenir au
eurre., & pour les diftinguer de
ceux qu'on npmme oifeaux de poings
tels que les autours , les épecviers»
atti reviennent au réclame. L'ufage
es oifeaux de leurre eft plus no-
ble , Se coûte beaucoup plus quo
celui des oifeaux de poing , qui
demande moins d'appareil , eft tpu-'
jours plus utile 9 & fouvent plus
amqfant. i
Leurrb ^ fe dit figurémenr d*une
chofe donc on fe lert artificielle-
ment pour attirer quelqu'un afin
de le tromper. Ne fécoure\ pas i
les promejfes qu'il vous fait ne fine
quun leurre^
LEURRÉ, ÉE; participe paffif. Voy\
Leurrer.
LEURRER ; verbe aftif de la pre*
mière conjugaifon , lequel Te con^
jugue cottime Chanter, Illicio
a£ae faccre. Dreffer un oifeau au
leurre. ,G,efi une efpèce d^oifiau
quon ne leurre que difficiUmcntp
Leurrer , fe dit auffi figurém^nt des
perfonnes » & fighifie les attirer par
quelque chofe dont on leur raie
naître l'envie pour les tromper. On
h leurra de ce gouvernement. Elle Je
laijfaleurrer par Tefpérance de ' /'/-
poufer.
VoyezSuRPRENDRB^pourlesdif-
férences relatives <jui en diQinguenf
leurrer^ êcc.
Bbbb
LEUSE ; petite ville des I^ys-Bas
Aatrichtens dans le Hainaut y 1
deuT lieues d'Ach. Le Maréchal de
Luxembourg y remporta une vie*
loire fur le Prince de Vtldeck , en
1^91. ' «
LËUTKIBCH; ville libre 8c impé
rîale d'Allemagne , en Souabe ,
dans l'Algow, à fiz lieues , nord-
oueft , de Kempten.
LEUTMERITZ ; ville épîfcopale de
' Bohème , capitale d'un Cercle de
' même nom , fur TEIbe ^ si qua-
torze iteues 9 nord -oueft > de l'ra-
LEWARDE-) belle « riche & grande
ville des Pays Bas » dans la Répu-
blique des Provinces-Unies , fur
trois rivières ^ qui favorifent fon
' commerce , i onze lieues » oueft ,
*' de Qroningue. Elle eft Capitale de
l^ftergoo» duWeftergoo, du Se-
' venvolden & de la Frife. C'eft la
où eft le confeil (boverain & la
'chancellerie de la Province.
LEWEN » ou LewO ; petite ville
dus Pays-Bas» dans le Brabant, à
quatre lieues de Louvain.
LEWENTZ i ville de la bame Hon*
grie y dans le Comté & fur la ri-
vière de Gran , i dix lieues » nord-
eft « de NeuhaufeU
LEVES ^ ville d'Angleterre , dans le
Comté de SiiiTcx » à une lieue de
. la mer > fc ^ ireisie de Londres.
.Elle a des déparés au Parlement.
LEWIS i lie dlcofle , Tune des plu$
; confidérables des Weftemes » aa
ivôrd-dueft de Skie. On la divife
' en deux parties ^ Tune feprentrio-
nalè » appelée proprement Le^is ,
& l'autre méridionale , qui porte
le nom de Hàrray. Elle abonde
en grains^ en gibier & ea poif-
fons*
LEVURE ; ftibftamif fémînîn. Ccr-
fà \
LEV
fait la bière quand elle bout , te
dont les boulangers & les pârifliers
fe fervent quelquefois au heu d'au-
tre levain.
La levure fair enfler la pare en
très -peu de temps y & rend le pain
[>lus léger & plus délicat \ mais
orfqu'on y en met trop , le pain
eft amer.
La Faculté de Médecine a dé-
claré par un décret do 14 Mars
\G6% y que Tufage de la levure étoic
nuifible à la famé \ c*eft pourquoi
l'on a défendu aux boulangers d'en
mettre dans le petit pain.
LivÔRB, fe dit auffi de ce qu'on
lève de deflfus & de de (fous le
lard à larder. Dts levures de lard^
La première & la troificme fyl-
labes (ont très-brèves 0c la féconde
longue.
LEXl ARQUE ; fubftantif mafculin
& terme d'Antiquité, On dennoit
ce nom chez les Athéniens, à des
Magiftrats chargés d'examiner la
conduite de tous ceux qui pou*
. voient avoir droit dç fuffrage dans le
Piytanéc.
Les Lexiarques étoient au nom-^
bre de fix , affiftés de trente aur
très perfonnès fous leurs ordres.
Tous les citoyens écrits dans leur
regiftres avoient voix déiibérattve
dès l'âge de virigt ans. Ils n*y inf-
ctivoient pas les mauvais fils » let
poltrons décbrés , Les brutaux qoi
dans la débauche s'étoient empor-
tés jttfqu'i oublier leur fexe , les:
prodigues & les débiteurs du fiic.
Les femmes , fufqu'au temps de
Cécrops , avoieni eu droit de iaf'
frage y elles le perdirent , dit-on ^
pour avoir favorifé Minerve d^s
le |ugement du procès qu'acné eue
tvec Neptune , à qui QQnim<erQtc
k ville
« é
LEY
Î.EXICOGRAPHE -, fubftanrîf maf-
cuiin. Lcxicographus. Aucçur ^un
lexique, d'un diâionnaire.
LEXIQUE } fubdancif mafculin. Mot
emprunté du grec » pour lignifier
un diâionnaire. Il fe die principa-
lemenr des diâionnaires grecs*
LEYBNITZ : bourg & château d'Al-
lemagne clans la balIè Carinthie ,
fur la rivière de Sacka , â une lieue
de Ton embouchure dans la Mure ,
& i cinq lieues de Grarz.
LEYDE y grande & belle ville des
. Provinces - Unies , Capirale du
Rheinland , & l'une des 6x pre-
mières villes de la Hollande. Elle
eft fituée fur le vieux canal du
Rhin y i une- lieue de la mer » &
. i huit lieues , fudottell^ d'Amf-
cerdam. Il y a une célèbre Uni-
verlité ou Académie qu'y fondè-
rent, en 15^5 j le Prince d'Oran-
;e & les Écats de la Province. Les
labitans de Leyde > alliégés par les
Efpagnols en 1571 & en 157} ,
firent voir ce flue peut fur les hom-
mes Tamour de la liberté. Réduits
i l'extrémité par la famine & par
la pefte , leur courage ne les aban-
donna pas : ils mandèrent leur
crifte étar au Prince d'Orange^ par
le moyen des pigeons, pratique
ordinaire en Afae» & peu connue
des Européens \ enfuite ils firent
la même chofe que tes Hollandois
mirent en ufage en 1^72, lorfque
Louis XIV étoic aux portes d'Amf-
ferdam , ils percèrent les digues \
les eaux de LilTel ^ de la Meufe
& del'Océan inondèrent les cam-
Eagnes , & une fiote de deux cens
ateaux apporta du fecours dans
leur ville I par-deiïas les ouvrages
des Efpagnols. Vainement ceux-ci
entreprirent de faigner cecte vafte
inondation j ils n'y purent réuffir,
k Leyde célèbre encore aujour*
LEZ
S^J
i
d*hui tous les ans. le jour de fa dé-
livrance.
LEYNE ; ( la ) rivière d'Allemagne
LEYSANG ; ville de la Chine v la
principale de la Province de Leao-
tung.
LEYRAG ; ville de France , en Gaf-
cogne , dans la Lomagne » fur la
rivière de Gers » à quatre lieues ^
nordnord-eft , de Leiâoure.
LEYRfi i petite rivière de France»^ en
Gafcogne. Elle traverfe une par-*
tie du pays des Landes , & (è jette
daps lé baffin d'Arcachon , i
deux ou trois lieues de la tête de
Bufck.
LEYTE; (la) rivière (f Allemagne^
qui a fa fource fur les frontières de
la Styrie & de la baCfe Autriche, ic
fon embouchure dans le Danube à
Ovar.
LEZ \ ancienne fa^ on de parler ad-
vethiab» qui fi|tnifioit autrefois» 4
côté de , proche de » tout contre ». 5c
ui fe dit encore en quelques phra-
es, comme le PIcHts-Ie^^T^urs^faint
Germain- 1€\' Paris , & autres fem«
blables.
LEZ I ( le ) petite rivière de France
dans le bas Laneuedoc. Elle a fa
fource dans la vallée de Mont-Fer-
rand , à trois lieues de Montpellier »
& fon embouchure dans lerang de
Perault, aptes on cours d*envixois
(îx lieues*
LÉZARD ; fubftânttf mafculin. La-
iertus. Sous ce nom générique on
comprend toutes les efpèces d ani-
maux amphibies » qui ont une ref-
femblance commune avec le croco-
dile s tels que l'alligator , le cor-
dylê I It caméléon , la falamandre»
le lézard ou dragon volant , le feps %
le.'fcioc» é'c. On diftingue Us lé--
fibbb ij
le
5^4 ^£Z
tards félon la figare de lear tète &
de leur qaeue«Les uns oncle dos uni,
' d'autres l'ont dentelé camme un pei-
gne.Il yen a de teYreftres,& d'autres
qui font aquatiques^ c'eft-il-dire» qui
ne vivent pas indifiereaiment fur la
terre ou dans l'eau. Tous ont les
pieds digités , & leurs femefles con*
fervent dans leur ventre les oeufs
qu'elles ont conçus.
Nous ne décrirons ici que les lé-
zards vulgaires^ nous parlerons des
autres fous les noms qui leur font
propres.
he /q[ari gris ordinaire ou com-
mun 9 a communément cinq i fix
pouces de long , ic un demi-ponce
. de large : fa tète eft f rianguiaire »
aplatie , couverte d'amples écailles :
il a le mufeau moufTe ic ovale : les
yeux vifs ; recouverts de leurs pau-
pières : les oreilles fituées au der-
rière de la tète , rondes & bien ou-
vertes : la gdènle grande » for-
mée de deux mâchoires armées de
dents fines , un peu arquées : qua-
tre pattes qui repréfentent des mains
â cinq doigts » munis de petits on-
gles crochus. Tout le deffus du
eorps eft d'un gris cendré , agréa-
' btement varié (ur les cotés, revêtu
d'une peau ornée de belles écailles :
le defîbus de la gorge eft fait en
manière de coqueluchon » d'ane
couleur dorée , luifante , le ventre
eft d'un vert bleuâtre & garni d*é-
cailles carrées , plus grandes que
celles qui couvrent le deflTus du
corps : l'anus eft affcz grand , 6c
fitué un pea au-deflons its pieds
de derrière ; la queue eft ronde ,
de la longueur du corps , & fe ter-
^ mine en pointe : la langue eft rou-
geâtre , afTez longue fic^latte, fen-
due en deux par le bout.
Redi rapporte.que tout lézard mâle
LÉZ
a te membre génital double comme
les ferpens , quelquefois même four**
chu. 11 y en a qui ont double & tri«
pie queue ; quelques Indiens re->
gardent la rencontre de tels lézards
comme un Hgne certain d'une fot«*
tune prochaine.
On a éprouvé que cet animal né
mange que peu ou point durant l'hi^
ver , & qu'il peut vivre huit mois
fans prendre de nourriture» ce qui
lui eit commun avec la vipère qui
vit ainfi jufqu'â dix mois , & avet
la tortue qui vit jufqu'i dix-huit
mois. Le caméléon Se le limaçon
vivent aufld long-temps fans prendre
de nourrirnre.
Le lézard eft un animal commue!
& mile dans les pays chauds , oâ il
détruit un très-grand notnbre d#
mouches , & d'autres infeâes in-
commodes qui fe multiplieroient
excefllivement. Cet animal dépofe
fes œufs dans les vieilles masures»*
où il fe retire lui-même pendant l'hi-
ver , & la chaleur de Pair fu£t feule
pour les faire éclore. La caufe'de
kifurcation de la. queue du lézard
paroit avoir une forte d*analogie
avec la vertu reproduârice du Po-
lype : cependant cette bifurcation
peut être due à des pierres qui en
tombant fur la queue de ces ani-
maux y la coupent en deux ou en
trois : la queue qui a Ats vertèbres
eft la véritable & ancienne queue »
celle qui n'a point de vertèbres of-
feufes ni cartilagineufes » mais pne
efpèce de tendon , eft la nouvelle
queue , qui eft beaucoup plus dio-
laflè 6c moins fragile.
La langue de cet animal eft fonr-
chue ; il Ta lance avec viteflè : vue
au microfcope , elle paroit dentelée
comme une fcie ; cela lui fert pour
mieux retenir fa proie , qui étaor
ailée lui échapperont facilement. On
I .
LEZ
en a donné me figure qdi â éti*n^
rée diaprés une Ungue au'on avoit
prefTée & féchée enrre deux glaces
pour la rendre plus tranfjparente, &
pour obliger les dents à ie montrer^
car on ne les voie point quand l'ani-
mal eft mort; elles reftenc appliquées
contre les bords de fa langue , Se il
y a apparence qu'il peut les faire
for tir ou rentrera volonté.
Les lézards gris changent de peau
deux fois pendant l'année} favoir,
en printemps &en automne > â la
manière des ferpens : ils aiment
beaucoup i fe chauffer aux rayons
du foleil } c*eft peut-être la raifon
pour quoi ils font plus communs
dans les pays chauds que dans les
pays froios. L'hiver ils ibnt comme
engourdis. Au commencement du
printemps ils fe réveillent » Se s'ac-
couplent au commencement d'A-
vril } dans laccouplement ils s'en-
tortillent l'un avec l'autre de ma-
nière i ne repréfenrec qu*ua fèul
corps àdenx tètes, comme font en
pareille ocçaiion les ferpens j en-
Ittite ils vont pondre leurs oeufs
dans la terre aux pieds dès murs ex-
pofésau midi » & où la chaleur Tuf-
iir , comme on la déjà dit , pour
les faire éclore au bout d'un cer-
tain temps. Ils fe nourriffient de
mouches , de fourmis , de grillons,
de faute relies, & furtout devers
de terre. Plus il fait chaud , plus
ils font alertes ; ils courrent très-
rapidement , & femblent aimer la
préfence de l'homme ^ delà vient
que les anciens avoient nommé le
lézard , fami de t homme & fennc-'
mi du ferptnt. Les lézards de cette
efpèce fucent avidement la falive
At% en fans y & deviennent quelque-
fois familiers: on peut les manier
impunément Se fans auccn rifque.
Le lc\ard yen eft femblable au ,
LEZ 5^5
té\àrd gris , mais deux ou trois fois
plus grand & même davantage^ tout
le deflus de fon corps eft d'un vert
luifant , agréable à la vue : il habite
ordinairement dans les brolfaiilesj
les buifTons Se les bruyères \ fou-
vent il fait peur aux palTans par le
, bruit qu'il excite en courant rapi-
dement à travers les feuilles sèches»
puis il s*arrète tout-à-coup j & pa-
roît regarder l'homme avec cotn^
plaifance. Les plus gros fe trou-
vent dans les pays chauds. Le tczard
vert eft extrêmement colère ; 6c
quand il peut faifir un chien par le
nez » il le laiflTe entraîner jufqu'à
ce que le chien Tait tué \ mais on
n^a pas de preuve certaine que fa
morfuré ait jamais caufé d^accident
fâcheux. Les. chaffeurs difent que
dans la faifon des nids des oi féaux ,
il gobe leurs œufs auffi fréquem-
ment pour le moins que le coucou»
Se c'ett pour cette raifon principa-
lement qu'il grimpe aux arbres. Si
on lui coupe la queue elle lui re-
pQofle.
. Le lézard appliqué extérieure-
ment pafTe pour faire fortir les
corps étrangers hors des plaies j Se
pour attirer le venin des morfures
I ou piqûres des animaux vénéneux.
L onguent fait avec fa chair eft re-
{;ardé comme un remède contre l'a-
opécie 'y mais ces prétentions ne
^ font pas moins frivoles que la plu-
part de celles qu'on trouve dans
tant d'auteurs de médecine , fur les
vertus médicinales des animaux.
On fait entrer la fiente de lézard
féchée dans les poudres compofées
pour les taies des yeux.
LizARp d'eau , fe dit d'un poiflbn
que l'on trouve dans les mers des
Indes , & qui eft aflez femblable
aux poiffons alongés , tels que les
merlans Se les hareng^. Sa lêtt re(^
^66 LEZ
femble i celle <I*ane faucerelle ^ les
yeux font placés au-deflus , ce qui
lui donne une extrême facilité ci*ap*
percevoir ce qu*il veut prendre ou
éviter. Il a précifénrient au-deflbus
des ouies une partie charnue qu'il
pofe fur le fable , Se fur laquelle il
fe balance 8c rourne comme fur un
Iûvot, prenant roure l'attitude d'un
czard qui guette (a proie , ce qui
lui a fait donner le tiom de lézard
d*^u. Dès qu'il apperçoir ce qu'il
guette eu qu on s'approche de lui ,
il s'élance 8c faute à plufieurs re*
tarifes avec une très-grande vivacité.
1 a fur le dos une efpèce de na*
geoire garnie d'épines qu'il plie ou
redreife à volonté » & qui lui ferr
de (iéFenfe.
L'aliment le plus ordinaire du
lézard d'eau eft une efpèce de crabe.
Celui-ci eft armé d'un feul coté d'u-
ne pince prefqueauflfigroiTe que fon
corps j oès-qu'il voir fon ennemi ,
il lui préfente cette pince j dobc la
vue feule apparemment le tienr 'en
rcfpeft; car le crabe contioue de
mander , comme s'il n'avoir rien i
craindre j mais comme il faur pour
entrer dans fon trou qu'il replie
cette pince le long de (on corps j
c'eft ce moment que le lézard d'eau
faifit pour l'enlever.
LÉZ A R DE ;fubftantif féminin. Fente,
crévaffequi fe fait dans un mur.
LEZA r>i petite ville de France, dans
le pays de Foix , fur la Lèze,â trois
lieues, eft nord-eft, de Rieux. U y
ai une Abbaye d*hommes de l'Ordre
de Saint Benoît , laquelle eft en
commende & vaut an titulaire en-
viron quatorze mille livresde rente.
tEZAY y bourg de France , en Poi-
tou , à quatre lieues , fudfud-oueft,
LIA
éans TArriège , entré letparinCés
de Clermonc ôc la Banhe » au dio«
cèfe de Toulonfe.
LEZERT } petite rivière de France
qui a fa foorce dans le Rôuergue ,
à la montagne de l'Ardayrolle , &
fon embouchure dans le Violet , au
port de Mirandoly aptes on cours
d'environ huit lieoes.
LEZOUX ; ville de France , en Au-
vergne , à ûx lieues , eft , de Cler-
mont.
LI ; fubftancif mafculin , 8c terme
de Relation. M efure itinéraire des
Chinois qui contient environ deux
cens toifes.
LIAGE; fttbftantif mafculin & terme
de G)utume. Droit qui (e lève au
profit de certains Seigneurs » non
pas fur le vin même , comme i'ôot
cru Quelques auteurs , mais fur les
lies des vins vendus en broche dans
l'étendue de leur feignearie.
Le çrand boureilTer de France
jouilfoit de ce droit, 6c en confé-
3uence prenoit la moitié des lies
e tous les vins que l'on vendoit i
broche en pln(îeurs celliers de la
ville de Paris. Mais plufieurs per^
fonnes fe prérendoiem exemptes de
ce droit , entr'autres le chapitre de
Paris pour fes fujets ; il avoir tonte
iuridiâion pour cet objet , faivant
es preuves qui en font rapportées
par M. de Laurière tn ton glojj aire ,
au mot Uage^ Depuis la ûippreflion
de l'office de grand bouteiller , on
ne connoU plus à Paris ce droit de
liage^
Dans les manofaâures en foie,,
on appelley{/</(r liage , le fil qui lie
la dorure ou U foie. Et UJJe de liage ^
celle qui fait baiflèr les fils qui lient
la dorure & la foie.
LIAIS: fubftantif mafculin. Sorte de
de Lufignan ^ ,
LEZE \ petite rivière de France qui l pierre calcaire , compaâe , dont le
Viet)t du pays d$ Foisç i Sç k )txx9 I gtain eft pins fyx que ce|i)î dç h
LIA
pierre I bacir ordinaire : ^Ité eft |
fort dure 6c ibnore foua le marteau •
Îjuanii on la travaille. Elle peut fe
cier en lames aflez minces » fans
pour cela fe cafler. Comme en peut
la rendre affez unie « on en fait ^es
chambranles de cheminée •& d'au-
tres ouvrages propres. C'eft la pierre
la plus euimee ; on l'emploie fur-
tout dans les fonoarions des édifices»
parceque la pierre rendre ne vau-
droit rien poar cet ofage.
Liais , fe dit en termes de Tiflerands,
de longues tringles de bois qui fou-
' tiennent les liues.
LIAISON; fubftantif féminin. C/A/a.
Union, jonâion de plufieui^ ma-
tières enfembte. 'La Uai/bn de i'or
& dufcrfifak par te moyen du sui-
vre* C*efi la toile qui fait la lialfon
de cespièx:es de menuijerie.
Liaison , fe dit en ternies de Cuifine »
des faunes d*œufs délayés , ou au-
tres ingrédiens propres â épaiffir
^ une fattce« La liaifon manque dans
€ittefittice.
Liaison t. Te dit 4ans lart de hatîr j
du mortier ou placre qui fert à join-
toyer les pierres. Et Von appelle
maçonnerie en liaijon % celle qui eft
faire de manière quelle milieu dV
' ne pierre eft pofé for le }oinc des
' deux autres.
Liaison , fe diren termes de Faucon-
- nerie , des ongles A ferres d» fau-
con , & de la manière dont il lié le
gibier lorfqu'il Teti^tève^ *
LiAisoNi fe dit en termes d^Écrîvains>
des traits déliés qui lient les lettres
les unes aux autres. - •
i* lAisoN, fe dit figuténfrent ,'lcle ce qui
lie les parties d^un difeours les uties
aux aiitres. Il faut cette phrafe pour
• faire la liaifon du difiours, La pre-
mièrê partie de fa bafanguén^H'pifini
' ' dk liàifbn avec Inféconde. * "
' Ou liir » qfiier ia^Uaifon ^ deï fdncs
LIA 5^7
ejl bien ' obfervée dans uœ pièce de
théâtre ; pour dire 5 que les fcènes
fe fuivent i & font Uées de tçlle
forte que le théâtre ne demeure
point vide avant la fin de lade.
En termes de MuHque , on dif*
tiogne la liai/on d'iiarmonie & \^,
liaJjfbn de chant.
La liaifon a lieu dans lliarmonie^
lorfque cette harmonie procède
par un tel progrès des fons fi9nda-
' mentaux , que quelqoevpns des
fons qui accompagnoien^ celui
. qu'on quitte , demeurent & accom*
{»agnent encore celui où Ion paifc.
1 y a liaifon dans les accords de la
tonique & de la dominante, puifqne
le même fon fait la quinte de U
première 6c Toâive de U féconde ;
il y a liaifon dans les accords de la
tonique St de la fous-dopiinance ^
attendu que le me me fon fert de
quinte i Tune & d pâave i l'autre ;
enfin il y a liaifon dans les accords
diffonans, toutes les fois qu4; la dif*
iboance a été préparée, poi^qoe cette
préparation eile-mcn^e i^'^ft autre
chofeqitela.i£tf{/i>/?<' > ;, \
La liaijhn dans le chant a lie»
tontes Tes fois qu'on pz(^ deux, ou
plufîeurs notes fous un H^ul coup
aaccket ou de gifi^f » ^ fe marquf
pat un tiait necottrbé dont on cou-
' vi^ les Jiote^jqui doivent eue liées
enfemble. -' i >
Dani le plain-cham on appelle
Ibtijbn , one foite de plufieurs notes
pa(I2es fur la mèaae iyllat^ y p^rçe-
que flic le panier àl|^s;/<»wt .^^rdiffai-
reoiept aitacMA <Kl lii^e|tieiiÇerx>^Ie*
>QaelqatS'^'tiM Jnpfpment aftfli
Rai/m ;.cé qofop Bomt^. fM pço-
pcement^iiccpr» :
LiAisaïc^ te dtr en V^rmea ^"^Archi*^
^te^ocetektiveoientà Udécptacion
- tashi extésieute.qa'iiitérîeprf ) i^Ksr
568 LIA
les parties les unes avec les tatres ,
de manière qu'elles paroilTcnc ccre
unies enfemble » & ne faire qa*un
cour harmonieux , ce oui ne peut
arriver qu'en éyicanc lunîon des
contraires.
Liaison » fe dit figurément de la
connexité & du rapport que les af-
faires ont les unes avec les autres,
// n*y a aucune lia4on entre fon af"
fatrc & la vôtre.
LiAisoHyfe dit aufli figurément de
l'arrachement & de l'union qui eft
entre des perfonnes parriculières ,
ou des états & communautés , &c*
foit par amitié , foit par intérêt. //
y a toujours eu une liai/on intime
entre fa famille & la nôtre.
LIAISONNË « ÉE } participe paffif.
f^OyeX LiAlSONNBR.
LIAISONNËR i verbe aâlf de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
|iigae comme Chanter. Terme
de Maçonnerie. Arranger les pier*
res de ftçon que les joints des unes
porrent fur le milieu dc$ autres. 11
fe dit auffi des pavés,
Lii^isoNNiji » (lénifie encore remplir
les joints des pierres de pl&rre ou de
mortier , lorlqa'elles font fur leurs
cales.
LIANCOURT; bourg de France»
dans le Beauvoifis , fur la rivière
• d* Are i à cinq quarts de Hene >;fad-
fud-eft y de Clermonr.
LIANE ou LiiNB \ fttbftantif mafcu*
lin, félon les ans, 6c féminin félon
d'autres. Plante farœentéufe dont
il V a un grand nombre d^efpèces
qui croiflent en Amérique ,.ou Fon
s en fert au lieu de cordes. On y
diftrngqt furtoot j l'^.la t^anc à ail^
ain fi appelée parcequ'érant fraîche-
ment coupée , elle répand une odeur
forte & défagréablo comm[e cellede
Vaih 1^ la liane blanche: )<>. la
//ai?ip çrafp : 4^; la- Jianç franche ;
LIA
5^. la ttÂne à panier: 6^. la
punaife:y^. la liane carrée .•/•^.U
ftanc rouge , ou liane à eau : 9^. U
liane fegui ru ; i o<^ . la liane tocoyenne :
Il ^. la li€uu à glacer ou liane àfer^
penu
Les lianes montent en ferpentant
autour des arbres qu*clles rencon-
trent , & après erre parvenues juf-
qu'aux branches les plus haures »
elles jettent des filets qui retombent
perpendicuUirement , s'enfoncent
dans la terre , 7 reprennent racine
& s'élèvent de nquveau , montant
& defcendant alternativement. D*ao-
très filamens portés obliquement par
le Vbnr ou par quelque hafard , s at-
tachent fouvent aux arbres voifios,
& forment une coafufion de corda-
Î;es pendants en tout fens , qui of-
irent aux yeux le même afpeâ que
les manœuvres d*un vaifleau. Il n'f
a prefqu aucune de ces lianes i la-
quelle on n attribue quelque pro-
priété particulicte , dont quelques
unes font bien confirmées : telles
font celles de Vipecaeuana.
U y a des lianes auffi grofles que
le bras ; quelques- unes étouffent Mar-
bre qu'elles embraifent i force de le
ferrer. Il arrive quelquefois que
l'arbre féche fur pied , fe pourtit tc
fe confume», 8c qu'il ne refte que
les fpires df la liane , qui forment
une efpèce de colonne ifolée Se k
jour » que l'art auroit bien de la
peine i imiter. Les Sauvages qui
nabitent le long de ta rivière des
Amasonnj trempent leurs flèches
pour les empoifonner dans des fucs
extraits de diverfes plantes » 8c pa>
tîculièrement de eertaines lianes.
Dans la Guyanne on fe fert de la
liane blanche pour les mêmes ufages
que l'on emploie les lianes fiancnes
8c punaife^ , excepté que les tonne*
Uftrs ne $'çn fexy^t t{ao fcnv afts-
chcc
LIA
dier leurs cercles : on eh ùât d'alTez
bons paniers ainH qu'avec la liane à
panier , donc le nom défigae Tetn**
ploi qa'on en fait parciculièreoienr :
celle-ci reflèmble i la liane blanche
par la couleur y mais elle en diffère
par les nœuds. La liane crape n'eft
pas plus grofle qu'une ficelle : elle
1ère au befoin , ainfi que la liane
feguine , à amarrer des oarrières » â
coudre les panneaux faits de feuilles
de baroulott ou baiifîer , & â faire
des inftrumens de pèche. La liane
franche eft la meilleure du pays ,
elle dure plus que le clou qui l'ar-
cache , mais elle n*eft pas commune
dans les lieux habités : on la vend
vingt fous le paquet de deux cens
brins marchands , c'eft*à-dire> fans
nœuds , & de deux cens bralTes de
de longueur. On la trempe pour
l'employer , elle fe fend aifiémenc :
on en garnit les bouteilles appelées
dames'j cannes ; les tonneliers s*en
fervenc pour acucher leurs cercles*
La liane punaife eft fort rampante »
fon brin eft de quarante pieds fans
nœuds j elle fert aux mêmes ufages
que la précédente. La liane carrée
a les mêmes ufages que la liane
rouge & fe prépare de même ; mais
elle n'a pas la même propriécé de
fournir de l'eau à ceux qui auroient
foif. La liane rouge ou liane à eau
étant tordue , fert à faire des bar-
rières » des amarrages , des palilîa-
des ; elle eft foct commune & croît
fort vice : mais elle ne dure guéris
qu'un an étant employée & expoiee
â l'air : il y a de ces lianes auffi grof
fes que le poignet. Étant coupée ,
elle rend une eau claire & pure ,
dont les voyageurs & les chafTeurs
altérés font un grand ufage ; mais
il faut obferver après lavoir coupée
par le bas » d'en couper prompte-
ment la longueur de trois à quatre
Tome XF.
LIA 5^9
pieds dans le haut pour obliger l eau
a defcendre » fans quoi l'eau au
lieu de s'écouler remonce dèsrinf-
tant vers le haut de la tige. La liane
féguine eft très bonne en tifaae. La
liane tocoyenne ferc i faire des pa-
niers propres au ménage. La liane
â glacer ou i ferpent, eft employée
dans les remèdes concre la morfure
du ferpenc : on exprime le fuc de
la tige & des feuilles , & après l'a-
voir mêlé avec les deux ciers d'eau-
. de-vie , on faic boire le tout au ma-
lade , ic le marc s'applique fur la
morfure , ce qui réumc quelquefois.
Onoiflf^Wt pomme de liane , le fruit
d'une, plante d'Amérique appelée
frcnadàu ou fleur delà pafjion. Voy.
LIUR DE LA PASSION.
LIANT i adjeâi/ verbal. Doux, com-
plaifant , affable. Un caraclère liante
Un tfprit liant.
On di^l^ un rejfon liant ; pour
dire ^^un retlort d'une élafticité
douce & uniforme dans toute la
continuité du corps.
LIARD } fubftantit mafculin. Petite
monnoie de billon qui a cours en
France où elle fait la quatrième
partie d'un fou.
LIARDER y vieux mot qui fignifioit
autrefois bourfiller.
LIASSE \ fubftancif féminin , & terme
de Palais. Il fe dit de plufieurs piè-
ces ôc procédures enfilées 6c arra-
chées enfemble par le moyen d'un
lacet ou d'un tirer.
Lorfqu*il y a plufieurs liajfes de
papiers dans un mventaire , on les
cote ordinairement par première ,
féconde» troifième 6c. afin de les
diftinguer ic de les reconnoîrre.
LIBAGE ; '{ubftancif mafculin. Gros
moelon mal taillé qu'on n'emploie
que dans les fondemens d'un édifice.
LIBAN 'y montagne fameufe d'Afie qui
fépare la Syrie de la Pateftine. Elle
C c ce
570 L I B
s*étend depuis les environs de Tri-
poli & du cap Ronge jufqu'au-
deU de Damas près de TArabie
déferce , (bus le 35^ degré de lati-
tude. Et Ton Appçile Anti-Liban une
chaîne de montagnes oppofées au
Liban » laquelle commence auprès
des ruines de Sidon & fe termine à
d'autres montagnes du pays des Ara-
bes vers la Trachonitide , fous le
;4^ degré. Chacune de ces monta-
f;nes a environ 55 4 40 lieues de
ongueur & 100 lieues de circuit.
Elles font féparées Tune de l'autre
par une diftance zffez égale par
tout, laquelle forme un baflîn ou
petit pays agréable & fertile que les
anciens appeloient CéUfyrie eu Syrie
crcufe.
LIBANOCHROSj fabftantif mafcu-
lin. C*eft félon Pline , une pierre
qui reiTembloit par fajfiuleur à des
grains d'encens ou à (^rali|^•
LIBANOMANCIE i fubftantif fémi-
nin. Divination qui fe faifoît par
le moyen de l'encens. Voici > félon
Dion Caffitts » les cérémonies que
les anciens pratiquoient dans la liba-
nomancie. On prends dit- il» de
l'encens , & après avoir fait des
prières relatives aux chofes qu'on
demande j on jette cet encens dans
le feu, afin que fa fumée porte ces
prières jufqu'aux Dieux* Si ce qu'on
fouhaite doit arriver , l'encens s'al-
lume for le champ, quand même
il feroit tombé hors du feu , le feu
femble l'aller chercher pour le con*
fumer \ n\ais fi les vœux qu'on a
formés ne doivent pas ctre remplis ,
ou l'encens ne tombe pas dans le
feu ,. ou le feu s'en éloigne^ & ne
leconfume pas. Cet oracle, ajoute-
t-il ,. prédit toutj excepté ce qui
regarde la mort & le mariage. II
fi'j avoir (jue ces deux articles fur
LIB
lefquels il ne fur pas permis de le
confulrer.
LIBANOTI y bourg d'Italie au royaa*
me de Naples , dans la principauté
citérieure , fur la rivière de Sapri
au levant de Policaftro»
LIBANOTIS} fubftantif mafculin.
Plante qu'on regarde comme une
efpèce de lafcrpitium* Elle pouflè
une tige ligneufe , nouée , qui s'é-
lève à la hauteur de trois à quatre
pieds. Ses feuilles font amples , lar-
ges, dentelées & femblabies â celles
de l'ache : fes fleurs font petites »
blanches j difpofées en ombelle , 8c
compofées de cinq feuilles : fon ca-
lice devient dans la fuite «n fruit
qui renferme deux grandes femen*
ces, oblongues , blanchâtres , ayant
l'odeur & le goitt de la femence
d'angélique. Le nom de cette plante
lui vient d'un mot grec qui fignifie
encens , parceque fà racine qui eft
fort longue & fort grofTe> a l'odeur
de l'encens \ cette racine & la fe-
mence font apéritiveSy bonnes con«>
tre les vapeurs 9 & pour guérir le»
toux invétérées.
LIBANOVA^ bourg de Grèce dans
la Alacédoine , fur la<côte du ^olfe
de ConeeflTa, â cinq lieues de la
ville de ce nom. C'eft un refte de
l'ancienne Stagyre^ patrie d'Arif-
tote.
LIBATION ; fubftantif féminin. U^
baiio. EfTufion , épanchement , £>ic
de vin (oit d'autre liqueur , que le»
anciens faifoientauttefbis en l'hon-
neur de la divinité.
Chez les Grecs & chez. les Ro-
mains, les libations écoient fort
ufirées non-feulement dans les facri-
£ces , mais encore dans plufieurs
autre^s circonftanceSj comme dans
les négociations, dans les trairés ^
dans les mariages , dans les funé-
railles. \. loifqu'ils entrepresoient
LIB
«n voyage par terre oa par mer ;
quelquefois en fe couchanr , en fe
levant ; enfin irès-fouvencau com-
znencemenc & à la fin des repas y
alors les incimes amis ou les parens
fe réuni (Toi ent pour faire enfemble
leurs libations.
Les libations des repas écoient de
deux fortes j Tune confiftoit à fépa-
rer quelque morceau des viandes ,
&à le brûler en honneur des Dieux;
dans ce cas , libare n'eft autre chofe
que exccrperc ; l'autre forte de liba-
tion , qui étoit la libation propre-
ment dite, confiftoir à répandre
quelque liqueur, comme de l'eau
& du vin , du lait j de l'huile , du
miel , fur le foyer ou dans le feu ,
en l'honneur de certains Dieux,
par exemple, en l'honneur des Lares
qui avoient un foin parriculier de la
maifon \ en l'honneur du Génie ,
Dieu tutélaire de chaque perfonne;
& en Thonneur de Mercure qui pré-
fidoic aux heureufes aventures.
Les libations étoienc pratiquées
par les Juifs dans leurs facrifices. La
mefure de vin qu'ils répandoienr fur
les vi&imes immolées, étoic la cin-
quième partie du hin , c'eft-â dire ,
une pince , un poiflTon , cinq pouces
cubes & un peu plus.
Les libanons confiAoient aufli
chez les Juifs , en offrandes de pain,
de vin Se de fel : les offrandes de
pain étoient des gâteaux de plufieurs
forces : les uns cuits au four > les
autres cuits dans la poêle ou dans
une tourtière ; les uns paitris avec
de l'huile , les autres frottés d'huile^
& les autres frits dans l'huile; quel-
quefois c'étoic de la fimple farine ,
ou du gareau arrofé d'huile. On
en off'roit fur l'autel une partie qui
devoir être confumée avec la viÂi-
me , le refte demeuroic au Prêtre
qui croit de fecvice & fe partageoit
LIB 571
avec les autres Prêtres qui étoienc
aâueliemencdans Iç^tempte : car les
offrandes ne fe porroient pas & ne
fe conft)moient pas tn dehors.
LIBATTO i fubftantif mafculin , &,
terme de relation. Les habiians du
Royaume d'Angola donner c ce nom
â des efpèces. de hameaux ou de
petits villages qui ne fort que des
affemblages de cabanes chétives bâ-
ties de bois & de terre gralfe & en-
tourées d'une haie fort épaille 2^
aflez haute pour garantir les habi-
tans des bêtes féroces , dont le pays
abonde. Il n'y a qu'une feule porte
à cette haie , que l'on a grand foin
de fermer la nuit , fans quoi les ha-
bitans courroienc rifqùe d'être dé-
vorés.
LIBAW ; petite ville maritime de
Courlande , fur la mer Baltique , â
feize lieues , fud-oueft , de Goldin-
gen.
LIBBI ; fubftantif mafculin. C'eft une
efpèce de lin que l'on cultive i Min-
danao , l'une des Philippines , plus
pour en tirer Thuile que pour en
employer l'écorce.
LiBBi , eft aufli le nom d'un arbre des
Indes orientales qui reffèmble beau-
coup â un palmier ; il croît fur le
bord des rivières : les pauvres gens
en tirent de quoi faire une efpèce
de pain femblable i celui ^^e four-
nit le faeou. La fubftance qui four-
nit ce pam eft une moelle blanche ,
femblable à celle du fureau ; elle
eft environnée de l'écorce & du bois
de l'arbre qui font durs quoique
très menus. On fend le tronc pour en
tirer cette mœlle : on la bat avec un pi«
Ion de bois dans une cuve ou dans um
mortier r on la mer enfuite dans un
linge que l'on tient audefflisd'une cu-
ve: on verfe de l'eau par-delTus , en
ôbfervanc de la remuer pour que la
partie la plus déliée decette fubftance
C c c c ij
I
57» LIB
fe filtre avec Teâu au travers du
linge y cette eau après avoir féjour-
né dans la cuve , y dépofe une fé-
cule épaiife dont on Fait un pain
d atTez bon goût. On en fait encore ,
comme avec le fagou , une efpèce
de dragées sèches propres à être
tranfportées ; on prétend que man-
gées avec du lait d'amenaes » elles
ionr un remède fpécifique cootre
les diarrhées..
LIBELLATIQUE; fubftantif des
deux genrea » & terme d'Hiftoire
Eccléuaftique. On donnoit autre-
fois ce nom aux chrétiens qui fé
rachetoîe^t de la |>errécutioa en
payant une fomme d'argent â des
Alagiftrats qui leur donnoient un
billet de fauve-garde.
LIBELLE 'y fubftantif mafculin. Litel"
lus^ Écrkinjurieuxqui ait ique l'hon-
neur ou la réputation de quelqu'un.'
Il eft égaletQent défendu , & fous
les mêmes peines j de compofer ,
écrire , imprimer & répandre des
libcUes diffamatoirts.
L'injure réfultant de ces fortes de
libelles eft beaucoup plus grave que
les injures verbales » loir parcequ'el-
le eft ordinairement plus méditée ,
foit parcequ'eile fe perpétue bien
davantage : une injure qui attaque
rhonneur eft plusfenfible à un hom-
me de bien que quelque excès com*
mis en fa perfonne.
La peine de ce crime dépend des
circonftances 6c de la qualité des
perfonnes. Quand la diftamation eft
accompagnée de calomnie, l'auteur
eft puni de peine afïUAive- ^ quel-
quef^ même de morr.
Philippe- Nicolas Duval, Prêtre
feligieun & Prieur de Cinq-Mars
eoTouraine, ayant été déclaré con-
vaincu par Arrêt du ii Février
lji6 , d'avoir fait méchamment
imprimer & diftribuer un libelle en
LJB
forme de requête , contenant plu-
Heurs faits^injurieux & calomnieux
contre une nommée Renouf & le
fieur Aubert » &*c. fut condamné par
le même Arrêt à un banniflfement
de cinq ans , Ôc à comparoir aupa-
ravant en la Chambre de la Tour-
nelle»pour en ptéfence des injuriés
& de douze perfonnes i leur choix >
y déclarer fon crime , & en deman-
der pardon , &c.
LIBELLÉ , ÉE j participe paffif. Foy.
Libeller.
LIBELLER j, verbe aftif de la pre-
mière conjugaifon , lequel fe con-
jugue comiiie Chanter. Terme de
Pratique qui ne fe dit guère qu'en
ces phrafes > Rheller un exploit , /i-
beller une demande; pour dire, dref-
fer un exploit & y expliquer fa de-
mande.
On dit auflî en matière de finance,,
libeller un mandement ; pour dire ^
Spécifier la deftination de la fomme-
qui y eft portée..
LIBENTINE j nom propre , & terme
de Mythologie. Libentina. C'étoit
chez les Romains la Dée(fe du^
plaifir.
LIBER *y terme de Mythologie qui
fignifîe libre.
C'çft un des noms que les Ro»
mains donnoient a* Bacchus â caufe-
de la liberté que le vininfpire.
Quelques payens s'étoient imagi-
né que les Juifs adoroient auffi leur
Dieu Liber ^ parceque les Prêtres
hébreux jouoient de la flûte & du
tambour dans leurs cérémonies ,
qu'ils fe couronnoient de Kerre &
qu'on avoir trouvé dans leur temple
une vigne d'or ^ mais Tacite com-
bat cette opinion : les lois &^ les
mœurs des Juifs , dit-il > (ont trop
éloignées du génie de Bacchus.: ce
Dieui aime la joie & la boonexbèr^
LIB
& les Juifs vivent d'une manière
vile , abfurde Se fordide.
LIBERA ; terme de Mythologie. 11
j avoir chez les Romains une Déefle
Libéra que Cicéron , dans fon livre
de la nature des Dieax , fait fille de
Jupiter & de Ccrès. Ovide dans Tes
Fajlcs dit que le nom de Libéra fut
donné par Bacchus à Âriadne, quil
confola de Tinfidélité de Théfée. 11
y a des médailles ou des monamens
confacrés â Liber & à Libéra tour
enfemble : Libéra y eft repréfentée
couronnée de feuilles de vignes de
même que Bacchus.
LIBÉRAL , ALE ; adjedif. liWij.
Qui aime à donner , qui fe plaît à
donner, C'eji un Prince libéral. II y
a bien des gens qui donnent beaucoup
& qui ne font point libéraux. Avoir
l'inclination libérale* Il ne faut pas
confondre l'homme prodigue avec
V homme libéraL Le ciel lui/ut libé-
ral de /es dons.
On dit aufli main libérale. Ses
mains libérales répandirent fur nous
toutes fortes de bienfaits.
On appelle arts^ libéraux , par op
podrion aux arts mécaniques , ceux
qui appartiennent uniquement à Tef-
prit hc même ceux où refprit a plus
de part que le travail de la main.
V éloquence , la peinture « la. mù^qut
font des arts libéraux.
LIBÉRALEMENT ; adverbe. Libe-
raliter. D une manière libérale. Le
Prince le récompenfa libéralement.
Les trois premières fyllabes font
brèves,, la quatrième très-brève »
& la . dernière moyenne.
LIBÉRALES^ fubftantif féminin plu-
riel, & tertne de Mythologie. Eètes
qu'on célcbroit à Rome en Thon-
aeuc de Bacchus le 1 7 de Mars , &
dont les femmes faifcnent les céré-
jDi^iùes te les (âcri£ces. Oa les.
LIB 57/
Toyolt couronnées de lierre à la
porte du temple^ ayant devant elles
un foyer & des liqueurs compofccs
avec du miel , & invitant les paf-
fans à en acheter pour en faire des
libations à Bacchus en les jetant dans
le &u. On mangeoit en public ce
jour-là , & la joie régnoit dans
toute la ville.
LIBÉRALITÉ; fubftantif féminin. Li^
beralitas. Verru par laquelle on eft
porté à faire part aux autres de fe%
propres biens. La libéralité confifle
moins à donner beaucoup qu'à donner
à propos. Il y a une grande différence
entre la libéralité & la prodigalité :
la premàre efl une vertu ^ 6* lafe^
conde un excès vicieux. Il fait tous
les jours quelque acle de libéralité*
LiBSR ALiTé> fe dit audi du don même
. que fait une perfonne libérale. Les
gens vains ne font point de libéralités
ohfcuresy ils n en font q-ue d*écla^
tantes^ Il tieru fa fortune de vos libé"
raiités.
Les Romains avoient fait une
DéelTe de la libéralité. On. la voit fuc
les médailles des Empereurs, repré-
ièntée d'ordinaire etv femme vêtue
d'une robe longue^ tantôt répan-
dant la corne d'abondance, tantôt
la tenant d'une main , & montrant
de l'autre une tablette marquée de
-pluûeurs nombres, pour défigner
k quantité d'argent , de grain , ou^
de vin que le Prince donnoir au<
peuple.
Tout eft* bref au fingulier j mais*
la derniècefyllabe eft longue auplu^^
LIBÉRATEUR, TRICE j fubftantif^:
Celui ou celle qui a^déliv-ré une per-
fonne , une ville , un- peuple, de-
prifon « de fervirude , de captivité,»
00 de quelque grand danger. /<^^*
Chrifl efl appelé le libérateur des>na'*
t'ionsj, Charles- Murulfut le libérateur
574 L I B
de la France. Il la rcconnoit pour fa
Hbcratrke^ ,
LIBÉRATION; fubftantif fcmiBin,
& terme diî Jurilprudence. Libéra*
tio. On $*en fert pour exprimer la
décharge d'une dette , d'une fervi-
tude , ou de quelqu'autte droit. Les
lois font toujours favorables à la li-
hération du débiteur.
LlBèRATRlCE; voyq Libérateur.
LIBÈRE , ou Libéra; voyct Liera.
LIBERE , ÉE ; participe paflif. Voye^
Libérer.
LIBÉRER; verbe adif de la pre-
mière conjugal fon , lequel fe con-
jugue comme Chanter. Liberare.
Terme de Pratique. Délivrer de
quelque chofe d*incommode & d'o-
néreux. // efi parvenu à libérer fon
héritage de cette hypothèque. Il ne
pourra pas fe libérer de cette date.
LIBÉRIES ; fubftantif féminin jpluriel,
& terme de Mythologie. Fête que
les Romains célébroient le i^ des
calendes d'Avril , jour auquel les en-
fans quittoient la robe du premier
âge pour prendre celle qu'on appeloit
toga libéra , toge libre.
LIBERTÉ ; fubftanrif féminin. Uberj-
tau Le pouvoir que Tame a d*agir
ou de n'agir pas , de faire le bien
ou le mal , de fe déterminer au
choix d'une chofe ou d'une autre »
de faire ou de ne faire pas.
Les Sroïciens croyotenr que tout
arrive par une aveugle fatalité ; que
les événemens fe fuccèdent les uns
AUX autres , fins que rien puifTe
changer l'éttoite chaîne qu'ils for-
ment entr'eux ; en6n que l'homme
^ n'eft point libre. Cette opinion a
été adoptée par Spioofa , Hobbes ,
& plufieuvs antres ; elle eft même
encore celle des Mahométans d'au-
jourd'hui : mais quelque fpécieux
qu'ayent cté les divers raifonne-
meus employés pour établir ce fyf-
LIB
tème 6c en général pour détruire la.
liberté , il n'en eft pas moins conf-
tant qu'elleeft une prérogative réelle
de rtiomme ; notre propre fentî«
ment nous en fournit la conviâion:
c'ell ce que U nature crie ; c'eft ce
que les bergers chanrent fur les
montagnes , les pocres fur les théâ-
tres ; c'eft ce que les plus habiles
Dofleurs enfeignenr dans les chai-
res ; c'eft ce qui fe répète & fe fup-
pofe dans tous les inibns de b vie.
Ceux qui par afFcâation de (ingu-
laricé,ou par des réflexions outrées,
ont voulu dire ou imaginer le con*
trairt, ne montrent-ils pas eux-mc-
mes par leui conduite la faudeté de
leurs difcours ? Donnez- moi , dit
l'illuftre Fénélon j un homme qoi
fait le profond philofophe & qui
nie le libre arbitre ; je ne difputerai
point conir jlui ; mais je le mecrrai
à l'épreuve dans les plus communes
occaHons de la vie pour le confon*
dre lui même. Je fu[pofe que h
femme de cet homme lui foit ind-
délie » que fon fils lui défobéit& le
m^prife ; que fon ami le rrahit , que
fon domeftique le vole ; je lui dirai,
quand il fe plaindra d'eux , ne faves*
vous pas qu'aucun d'eux n*a tort , &
qu'ils ne iont pas libres de faire au*
tremenr ? Ils font de votre aveu aufli
invinciblement néceilités a vouloir
ce qu'ils veulent, qu'une pieire Teft
à tomber quand on ne la foutient
pas. N*eft-il donc pas certain que
ce bifarre philofophe qui ofe nier
le libre arbirre dans l'école , le fup-
pofera comme indubitable dans fa
propre maifon , & qu'il ne fera oas
moins implacable contre ces per(on-
nés j que s'il avoir foutenu tpute fa
vie le dogme de la plus grande li*
berté ?
On peut joindre aux preuves de
fentimenc , celles que fourniflèoria
LIflF
morale & U religion } car fi vous
ocez la liberté toute la nature hu-
maine eft renverfée & il n'y a plus
aucune trace dordre dans la fociécé.
Si les hommes ne font pas libres
dans ce qu ils font de bien & de
mal , te bien n eft plus bien Se le
mal n'eft plus mal. Si une néceiSté
inévitable & invincible nous fait
vouloir tout ce que nous voulons »
notre volonté n*eft pas plus refpon-
iable de fon vouloir qu un reflbrr
de machine eft refponfable du mou-
vement qui lui eft imprimé : en ce
cas il eft tidicule de s en prendre â
la volonté , qui ne veut qu'autant
qu'une autre caufe diftinguée d'elle
la fait vouloir. Il faut remonter
tout droit 'à cette caufe comme je
remonte X la main qui remue le bâ-
ton , fans m'arrècer au bâton qui
me frappe qu*autant que cette main
le poufle. Encore une fois , ôtex la
liberté , vous ne laiflez fur la terre
ni vice » ni vertu , ni mérite j les
récompenfet font ridicules & les
châtimens font injuftes : chacun ne
fait que ce qu'il doit, puifqu'il agit
félon la néceffité ; il ne doit ni évi-
ter ce qui eft inévitable , ni vain-
cre ce qui eft invincible. Tout eft
dans l'ordre , car l'ordre eft que tout
cède à la néceffité. La ruine de la
liberté renverfe avec elle tour ordre
& toute police , confond le vice &
la verru » autorife toute infamie
monftrueufe , éteint toute pudeur Se
tout remords , dégrade & défigure
fans refTource tout le senre humain.
Une di)ârine fi révoltante ne doit
Point être examinée j mais exciter
indignation.
Liberté , fe prend fouventpour toute
forte d'indépendance des comman-
demens d'àutrui. Il jouit d* une pleine
& entière liberté. Elle ne voulut point
/ê marier pour conferyer fa libertés
. LIB 57,
LiBERTi , fe dit aufli de l'état d'une
perfonne de condition libre ^ & en
ce fens il eft oppofé à ftrvitude.
Çhe'i les Romains un homme perdoit
fa liberté y lorfquil était pris par l'en*
nemi dans une gutrre ouverte. Les
nègres des colonies font privés de la
liberté. Mettre un efclave en liberté.
On dit poétiquement en parlant
des amans , qu'i/j ont perdu la li-
berté^ quon leur a ravi la liberté ^
Sec.
On dit en termes de dévotion ,
que la liberté des enfans de Dieu con-
fîjle à nêtre point efclaves du péché.
Liberté, fe dit quelquefois par op-
^fition â captivité & à prifon. Le
vainqueur mit en liberté les efclaves
quife trouvèrent dans le vaijfcau du
Cor faire. Il était arrêté pour f es det-
tes y mais il vient d* obtenir fa li-
berté. Ouvrt:^^ la cage de cet oifeau j
& laijfei'leen liberté.
Liberté , fe prend en parlant d'un
état , d'un pays, pour une forme de
gouvernement dans lequel la no«
bleiïe ou le peuple a la fouveraine
autorité. Céfar ruina la liberté de
Morne. Voyez Aristocratie &
Démocratie.
Liberté , fignifie auffi pouvoir d'agir
conformément à ce que les loix au*
torifenr. C*eji un attentat contre la
liberté publique. Les mineurs nont
pas la liberté d* aliéner leurs immeu*
blés. Cela eji contraire à la liberté du
commerce. On lui a laiffé la liberté
de tépoufer.
On appelle liberté de confcience ,
la perraiuion de proférer une reli-
gion astre que la dominante. Cette
ville eJi fort peuplée parcequdy a
liberté de^ confcience.
Liberté , fe dit encore par oppofirion
àcontrainte. Nousnepouvonsicinouy
expliquer en liberté..
Liberté ^ fignifie auiC facilite heu^
57<î
LIB
reufe» difpofition naturelle, ^votr
la liberté de la parole. Elle danfc
avec beaucoup de grâce & de libercc.
Liberté , fe dit en termes de Pein-
ture , d'une l\abitude de la main i
obéir facilement & i exprimer net-
tement les traits que refprit ima-
gine & que l'art conduit. Ces tou-
cJies ^ ces traits qui n'ont rien de
peiné & qui ne fentent point la fer-
vitude» offrent un plaidr bien dé*
licat aux connoiifeurs. Cette liberté
eft aufli quelquefois (i délicate & (i
imperceptible , qu'elle n eft fenfî*
ble qu'aux maîtres de l'art. Les arts
d'agrément exigent en effet que l'on
ne s'apperçoive point qu'il eV a
beaucoup coûté â l'auteur.
La liberté du burin fe connoît à
une certaine liaifon & à un enchaî-
nement des entailles , qui fait naî-
tre l'une de l'autre ; mais il faut ce-
t rendant qu'elles foient toujours coût-
ées tuturellement > fans ces tour-
noyemens bifarres qui tiennent plus
du caprice que de la raifon.
On dit liberté d'efpru ; pour dire ,
l'état d'un homme qui a l'efprit en-
tièrement dégagé èc dcbarraifé de
• lonz objet étranger.
On dit , liberté de ventre ; pour
dire , la facilité que le ventre a de
bien faire fes fonâious.
On dit , en parlant d^un mors ou
de l'embouchure d'un cheval » liberté
de langue , pour fignifier Tefpace
vide pratique à l'effet de loger la
langue de l'animal. Cette liberté
donne félon fa forme plufieurs dé-
nominations au mors j comme ^or^^
de pigeon j canon montant , pas d^à-
ne y &c«
Liberté , fcdît auflî en termes d'Hor-
logers , de la facilité qu'une pièce a
po.ur fe mouvoir. On dit par exem-*
ple ^ Q^iune roup a beaucoup de liberté^
*LIB
lorfqne la moindre force eft capa-
ble de la mettre en mouvement.
Liberté » fe prend auffî pour manière
d'agir libre , familière > hardie \ 8c
il f^ dit en bien & en mal. Elle lui
accorda la liberté de lui écrire. Toi
pris la liberté de lui demander cette
grâce. Il paroît que ce jeune homme
prend bien des libertés.
Libertés , fignifie au pluriel , fran*
chifes & immunités. Dans ce fcns,
on appelle libertés de VEglife galli^
cane , i'obfei vation de certains points
de l'ancien droit commun & cano-
nique > concernant la difcipUne ec-
cléfiaflique que rÉglife de France a
confei vée dans toute fa pureté , fans
fouffrir que l'on admît aucune des
nouveautés qui fe font introduites à
cet égard dans pluiîeurs autres
Eglifes.
La première fois que Ton ait qua-
lifié de libertés , le droit & la poflef*
fion qu*a TÊglife de Fraace de fe
maintenir dans fec anciens ufages ,
fut du temps de Saint Louis y Tous
la minorité duquel, au mois d'Avril
1118 y on publia en fon nom une
Ordonnance adrelTée à tous fes
fujets dans les Diocèfes de Narbon*
ne, Cahots , Rhodes , Agen , Ar-
les & Nifmes , dont le premier ar-
ticle porte , que les Eglifes de Lan-
guedoc jouiront des libertés & im-
munirés de l'Églife Gallicane.
Dans la fuite nos Rois ont publié
plufieurs lois pour maintenir ces
mêmes libertés. Les plus remarqua-
bles font la pragmatique de Saint
Louis en 1 16% \ la pragmatique faite
fous Charles VII, en 1437 ; Ucon*
cordât fait en 1 5 1 <> -, l'Êdit de 1 5 3 5 ,
contre les petites dates ; PÉdit de
Moulins en 1 5 80 , & plufieurs ai*
très plus récens.
Le Parlement a toujours été très-
foigneux de maintenir ct% mêmes
libertés »
LIB
Sbêrt^s » tant par les difierens Ar*
xèts qu'il a rendus ^ans les occa-
fiions qui Te font préren.tées que par
ies remontrances 4]u'il a faites à ce
fujec à nos Rots ^ entr'autres celles
iqu'il âc au Roi Louis ^I , en 14(^1 ,
-qui font une des principales pièces
^recueillies dans le traite des liber-
tés de VÉglifc Gallicane , par Pierre
Pithou.
Quoique le détail de nos libertés
ibic tr-ès - confidérable pulfqu'elles
{t*éteDdent fur tout notre droit ca-
conique ; cependant on peuples rap-
|>orterâce6 trots maximes; i^ Que
ia poiflànce que jÉsos-CHaiST a
^nnée à fon Èglife , eft unique-
ment bornée aafpicituel, &l|uelle
tne peut s'étendre ni direâement ni
îndireâemenr for le temporel, i^.
Que les Papes ne peuvent rien com-
' mander ni ordonner ^ foit en gé-
néral ou en particulier , de ce qui
Tegarde les cnofes temporelles dans
Je pays & far les tert es de lobéif-
«fance & fouvecainecé du'Roi Très-
Chrétien* ^^, Que la plénitude de
f uifTatice qu'a le Pape , comme
Chef de TEglife, doit être exercée
'Confornoément aux canons reçus de
<toute TEg^ife & que lui-même eft
foumis aux Jugemens du Concile
oiniverfel , dans les cas marqués par
ie Concile de Confiance. La déda-
^atiotrëu Clergé de France , du 4 9
Mars* I ^81 > adopte ces maximes
confirmées par un Êdit du Roi ,
' rendu dans te même temps. Ainfi
Aous fie teconnoiflons point en
France que le Pape puiUe accor-
41er aucune grâce qoi concerne, les
droits temporels , comme de légi-
timer des bâtards, de reftituer con-
tre Ttnfamie , a€n de rendre les
f mpétrans capables de fi|cceffions ,
de charges publiques Se d'autres ef-
fets ci vus. Pat la ii^ême xaifoo^ oà >
LIÉ J77
n*a point d'égard aux provisions de
Cour dv' Rome au préjudice du droit
àcs Patrons laïques. Car on ne tient
en France, pour droit canonique ,
qne les canons qui oa; été reçus d'un
confentement uriivécfel par toute
rÉgiifeCatholiqtie , ou lesCanoni
des Conciles de France » & les an-
ciennes coutunies de rÉglife Gal^
licane.
11 y a , dit d'Hérîcourt , quatre
moyens principaux donc on le fert
en France pour maintenir les libef-
ccs de rÉglife \ le premier , les
conférences avec le Pa'pe i le «- 1
coiid un examen des bulles*, afin %
qu'on ne laiiTe rien publier contre
les droits du Roi & conrre ceux de
TEglife -Gallicane : le troifîème ,
l'appel au futur Concile : le quatiiè-
me^ l'appel comme d'abus aux Pâr«
lemens » en cas d'entreprife fur la
Juridiâton féculière , & de conrta«-
Vemion aux coutumes eccléfiaftiques
du Royaume*
En termes de commerce ^ on ap-
pelle libenc de cour, l'affranchi^re-
tnem dont jouit un marcbaad de la .
Juridiâion ordinaire àes lieux où
il fait fon négoce , & le privilège
qu'a 4in étranger de porter les àf«
faires concernant fon trafic par de-
vant un Juge de la Nation.
Ce terme a particulièmcnt l:ei|
par rapport aux villes Anféatiques ,
qui dans tous ies comptoirs qu'elles
avoiont autrefois dans les princi*
pales villes de commerce de l'Eu-
rope , comme Londres , Anvers »
&c , entretenoient une efpèce de
Conful , Se fous lui un Greffier »
pardevant lequel tous les Mar*
chauds de leur kanfe ou ligne de-
'voient fe pourvoir en prelnière iii'
ftance , 6c dont les Jugemens fe
portoient par appel Se en dernier
. xeiTerc , par devaot les Jutes des
Dddd
578 tIB
villes Anféatioues dont raflèmblée
fc reiioit i Luoeck*
Les villes Ânféatiqucs (Taujour-
d*bui jouttTent encore de ce privi-
lège y mais feulement parmi leurs
propres Négocians.
La liberté perfonniBée étoit chez
les Romains une divinité fort ré*
vérée : ils lui bâtirent des temples ,
des autels en grand nombre » & lui
. érigèrent quantité de ftatues. Ti-
bérius Graçchus lui confacra fur le
mont Aventin un temple magni-
fique, foutenu de colonnes de bron^
se > & décoré de fuperbes ftatues.
Il étoit précédé d'une cour qu on
appeloit atrium lÀbtrtcuis.
Quand Jules Céfar eut fournis
les Romains i fon empire , ils éle-
vèrent un temple nouveau en l'hon-
xieur decett^déeflfe, comme fi leur
liberté étoit rétablie par celui qui
. en fappa les fohdemeus : mais dans
une médaille de Brutus , on voit la
liberté fous la âgure d'une femme >
. tenant d'une main le chapeau » fy m-
bole de la liberté^ 8c deux poignards
de l'autre main avec rinicriprion ^
idibus mart'ds > aux ides de Mars.
La DéefTe éroic repréfemée par
une femme vêtue de olaifc', tenant
le bonnet de la main droite » & de
la gauche une javeline oa verge >
: teille que celle dont les maîtres frap-
poient leurs efclaves lorfqu'ik les
affranchi^Toient.^ il y a quelque-
fois un char auprès d'elle.
Dans. d'autres médailles, elle eft
accompagnée de den^- femmes ,
qu'on nommoit Adioniài Abéodoné
& qu'on regardoit comme fes fui-
van tes ; parce que k liberté ren-
ferme le pouvoir d'aller At.de veair
où l'on vent, •
LIBERTIN , INE j adjeftèf. Idcenthn
Qui aime* trop fa liberté & l'in-
défendance ^ qui & -diipenfe.aifé-
!
IIB
ment de fes devoirs , qui eft ciU
nemi de toute forte de iujétion &
de contrainte. Elle a des enfdns bien
libertins*
On dit quune perfonnt tfi d'une
humeur bien libertine , |)our dire
qu elle haït toute forte de gène &
de contrainte. Et quelle mène une
vie libertine; pour dire^qu'elle a une
conduite déréglée.
On dit auffi fubftanttvement &
dans le même fens, d'un homme»
que c'ejt un libertin. £c d'une fem-
me , «que c^eji une libertine.
Libertin , fignifie aufti qui fait une
efpèce de pro6e(fion de ne point s'af-
fujettir aux lois de la rehgion , foit
pouf la croyance y foit pour la pca-
tique. En ce fens il ne te die guère
que fub^ancivemenoi // pajfs pour
un, libertin qui s^iuquiètt peu des
préceptes, de la rtTigian*
Libertins» fedit encore fubftantive-
ment , d'une fefte d'hérétiques qui
s'élevèrent en Hollande vers T^an
1 5.1 5 • Lèurschefs forent un Tailleur
de Picardie noniuié Quentin y 8c un
nommé Chopin , qui s'alTocia i lui
& £e fit fon difciple. Us croyoient
qu'il n*7 a qu'un feul efprit de Dieu
répandu partout , qui eft & qui vit
dans routes les •créatures ; ^^ ttoiit
ame n'eft autre chofe que^ cet ef-
prit dti Dieu \ qu'elle metut avec
le corp \ que le péché aeft rien^
&. qu'il ne confifte que dans l'opi-
nioiv, pniApie c'eft Dieu qui fait
tout le bien 8c tout le mal : que le
paradis eft: une illufion , & l'enfer
un phantôme inventé par les Théo-
. loffiiensi Ils difoienrenfin:, que iea
politiques ont inventé la. religion
pour contenir- les peuples dans l'o»
Déiflknoe de leurs lois, j que la ré»
génétatipn fpiritnelle ne confiftiDit
qu'à éiouâfer les< remords de ta cm-
icàeaceu ^ ta péaitcoçc i feuteatr
LIB
qu^on n*avoic fait aucun mal ; qu*!l
écoir licite ôc même expédient de
feindre eo matière de religion , 8c
de s'accommoder à toutes le$ feâes.
Ilsajoutoient à tout cela d'horri-
bles blafphèmes contre Jésus-
C H R I s T > diiant qu'il n'étoic cien
qu'un je ne fçais quoi con»pofé de
1 efprit de Dieu & de Topinioti des
hommes.
' Différences relattres antre liier^
tin , vagabond , iaadit.
Le dérèglement eft la partage de
tous les trois : mais le libertin çé-
che proprement contre les bonnes
moni'rs } la paflion ou Tamour du
plaifir le domine : le vagabond
manque par la conduite ; l'indoci-
lité ou Tamour exceffif de la liberté
récarte des bonnes compagnies : le
bandit pèche, par le cœur 8c la pro-^
4>ité ; il ne fe conforme pas noèmel
aux lois civiles.
LlfiERTlNAGE -, fubftantif mafcalin.
Inttmpcrans Uccntia. Débauche» diC»
ibiution , dérèglement de mœurs.
// tft adonné au libertinage. Ctfi un
pays oà les femmes fe livrent fans r/-
ferve au libercinage.
LibeUtinage, fignifie aufCrctat d'une
perfonne oui témoigne peu de ref-
pe<^ pour les chofes de la religion.
Ce difcours féru le libertinage.
Libertinage , fe dit encore quelque-
fois fans aucun rapport à la reli-
gion ni aux mœurs \ mais pour (î-
gniâet une inconftance , um légè-
reté dans le caraâère , qui bit
qu'on eft ennemi* de toute forte de
fu^étion , & de contrainte. Il y a
beaucoup de libertin.^ge dans fes
^ras.
La première fyllabe eft brève ,
la féconde moyenne , la rroifième
brève , U quatrième longue , & la
dernière très-brève.
XIBËRTINER \ verbe nemc» de la
IIB 579
première conju^aifbn » lequel fe
conjugue comme chanter. Terme
du ftyle familier qui fignifie vivre
dans le libertinage. // ne fait que
libertiner.
LtBËrHRA ;• nom d'une «ncienne
viUe ie Grèce fur le nioiK Olympe t
ftèi die laquelle écoit le tombeau
dOrphée.
UBÊTHRIÀDC ', nom d'une fontaine
de Bëofie q»i étoit fîtuée près du
moift l^ijibéthrien j à deux milles de
Coronée. On y voyoit les ftatues
4les Mufc^ 8c des nymphes Libe«
thrides.
LIBËTHRIDfiS ; fu1>ftantif féminité
pluriel » & terme de Mythologie.
Sut nom des nyovphes qui habitoienc
près du mont Libéthrien en Béotie.
Les mufes furent auffi appelées
lÀbéthrides^ i caufe de k fontaine
Libétkriade qui leur étoit confa-
crée.
LIBIDINEUX , EUSE -, adjeûif Diu
folu 9 lafcif , livré aux plaiftrs det
fens. Des maurs iibidineufes.
L^ trois pr entières fyllabes font
brèves , la quatrième lot>gue 8c U
cinquième très^brève.
LIBITINAIRE ; Xubftantlf mafculin.
- libitinarius* On douooit ce nom
chez les Roà)aîns à ce^i qui ven--
doieot 8c fourailfoient tout ce qui
étoit néceffaire pour les convois ni^
nèbre5.
LlBlTlNE; fùbftantif féminin & ter-
me de Mythologie. Divinité qui
pféddoir aux funérailles des Rc*
mdins. Elle avoir un temple où l'on
achetoit tout ce qui ccoit nêcelTaire
aux funérailles j 8c l'on donnoit une
certaine pièce d'argent pour chaque
perfonne qu'on enter roi t ou que l'on
portoit au bûcher. On mettoit cec
argent dans le tréfor de Libitine ^
c'eft-à-dîre de fes Prêtres } ceux ^ui
^éfoîenr pf époftd pour le receVdir,
^ Dàààx]
écrivoîent (or an régtftre le nom de
chaque more pour içquel on payoic
çccceefpàce de cribut, & ce régîftre
s*appe.loic le régiflrei de Libidnc : Li'»^
bitiriA ratio^
Le Roi Serviii» Tutlios avoir éta-
bli cet ufage qui feryoic chaque
' année â faire, connoîae le nombre
des morts dans la ville de Rome ,
ic par confcquent laccroiflement
. ^u la diminution des Juibitans.
C'eft auffi par ce tribu|['.qtt^4es re-
venus des Prètrçs de Di'uine grof^
* /ilTuient dans i^ temps de morta-
lité : Suétone écrit que fous le rè-
Î^ne de Néron » il y: eut une automne
\ Funefte , qu*elie fî< porter trente
mille pièces, d'argent au tcéfoc de
. Cette divinité donna Ton nom au
temple oui lui étoif dédié » aux Prè^
xxefi qui ta fervoient ,' aux gens>qui
vendoient fous leurs ordres les cho^
Tes. néce0ai.res aux funérailles , à
une porte de Roipe par laquelle on
fortoit les cadavres hors de la ville ^
. enfin ail brancàrt fur lequel on por-
, roit les corps à leur £épulture« *
LIBONGOS ; fubftantif mafculin.
Sorte de erode étoffe dont les Eu-
Topéens (e fervent pour la traite
des Nègres fur la. c&te d'Âf&iqae«
LIBORA^ ancienne ville de rÊfpa-
gne Tàrragonoifb , au pays des Car»
pétaniens. C'eft aujourd'hui Tala-
vera de la Rejrnîi.
LIBOURET ;,fubftantif mtfculîn &
terme de pèche, C'eft une efpèce
de Ugne dont on fe fert peur pè'
cher des maquereaux.
LÎBQURNE i ville de France dans lar
Guyenne fur la Dprdogne ^ à huit,
lieues ». eft - nord - oli , de Bor-,
deaux^, .fous le 1 7«' 4%^^^ 24. mi-
nutes 32 fecondes^ de longitude ,.
£^ le 4;^* j^ 55 Eiinutes x. UçoAées.
tIB
de latitude. C'eft le fiége d'un
fidial & d'une Sénéchauflee.
LIBRAIRE V fubftantif mafculin. Li^
^r^ritti. .Marchand qui fait com-
merce de livres. ^
Les Libraires^ & les Imprimeurs,
de Pads ne forment qu'une feule &
même Communauté^fbus le nom de
Corps de U Lïbravric^ à laquelle font
demeurés unis les Maîtres Fondeurs,
de Caraâères d'Imprimerie , pac
rÉdi t de Louis XIV du mois d'Aoûe
1^8^, & de laquelle ont été fépa-
rés les Relieurs- Doreurs de livres»,
par un autre Êdic du même Roi 8c
des mêmes mois & an qui les érige,
en corps de Commimauté particu*
lière..
Chez les anciens on écrivoit les.
; livres fur cette écorce qui fe trouve
immédiatement fur le bois de» ar-
bres & qui porte en latin le nom de:
libtr , d*où nous-eft venu le mot de
bvrt , & lorfqu'ils étoient écrits du.
çn.formoir des^ rouleaux qurpor-
. . toient le nom de volumjes > du mot-
latin yolvert y qui (ignifîe rouler.
Avant rinvention de Tlmprîme-
rie les Libraires Jurés de TUniver-
(ité de Paris faifoient- tranfcrire iVt
manufcrits > & en apportoient les.
copies aux Députés des Eacultés »
pojur lés revoie &- les approu-
ver avant d'en aflBoher la vente.
. Mais on fent bien que ces fortes,
d'éditions , qui étoient le fruit d*uiit
travail long 0c pénible , ne pou-
voient jamais être nombreûfes. Aufli:
les livres éroient^ils alors très-rares.
'8c fort chers.. Lacquifition d'un
livre. un. peu. confidérable fe rraitoit
comme celle d'une terre ou dlune
maifon : on en faifôit des contrats,
pardevant Notaires*, comme on le
voit par celui qui fut pafTé'en 1332.
entre GeoflfroideSt-Légçr,Librairej>
: Ap: Qecajrd de. &fbntagu 9 Avocat.diL
k
IIB
Roi au PUrlemenc , pour le livre
intitulé) Spéculum UiJtoriaU in Con^
fuetudincs Pnrifitnfcs. Ces Ltbrai-
les écoient lettres fie même (avans \
ils porroient le rrom de Cltrcs Zi-
braires ;)\%.hi\{o\ttiX. partie du corps
de rUniverfité, fie jouiflbienr de
fes privilèges.
Cette prérogative leur a été con-
fervée jufqu'à préfeqt par les Let-
tres-Patentes, Édits fie I)éclararions
de nos Rois y fie en dernier lieu
par le Règlement acrèté au Confeil
te 28 Février 171 ^. Ce Règlement
a été renda commun pour tout le
Royaume par Arrêt au< Confeil ,
du 14 Mars 1744 ; fie la même
année il a été publié à Paris , avec
la conférence des.anciennes Ordon-
nances ,. fous le. nom de Cod^ de la
Librairie & Imprimerie » par Claude
Saugrin y alors Syndic de la Com-
munauté des Libraires.
Le 2. Mai de la. même année, le
Roi rendit en. fon Confeil , un Ar-
rêt qui commet pour Texécution
de ce Règlement M. Kydeau de
Marville j alors Lieutenant Géné-
ral de Police à Paris. Les prédécef-
feurs 8t lès fuccelTeur^ de ce Ma-
giftrat ont eu de femblables com-
mifllbns du Confeil } fi^ M. de Sar-
tine qui remplit aujourd'hui cette
imponante place , eft d'ailleurs char-
gé delà: nomination des Cènfeurs fie
de tour ce qui concerne les permif-
fions d'imprimer , dont on diftin-
gue trois fortes ); fàvoir ^ i\ La
fermijjiàn tacite.^ ainfi nommée par-
ce qu'elle, n*e(t confienée dans au-
cun règiftre publiic. fierté permif-
fion autbrifb i impriiner 8c débiter
l'ouvrage pour lequel elle eft obte-
nue , mais elle nedonne aucun diroit
exdufiF: x^l Hz permiffiàn du grand
fieauy, ainfi' appelée parce qu!èlle
«iàccofdè. gar lettrer expédiées: en<
LIff jSr
Îrrandè ChanceUerie; Cette permif-
ion. doit être enregiftrée à la Cham-
bre Syndicale de& Libraires : elle ne
donne point de droit exclufif , mais*
défend Tintroduâion des éditions»
étrangères : i^. ht privilège du grandi
fceau , nommé auîïï privilège géné-
ral , parce que le dtoit exclunf ac-
cordé par ce privilège > a fon effet
daiis toute l'étendue du Royaume..
Cène permiilion portant privilège
général , doit aufli être enregiftrée as
la Chambre Syndicale.
Comme le Règlement die r7if,
eft une loi~ générale pour ^ut le
Royaume ,. 00 enrapportera ici le&'
principales difpofitions-
L'article premier porte , que les^
Libraires fie les Imprimeuts feront:
cenfés fie rcpurés ou corps fic^des*
fuppôts de rUniverfité de Paris ,.
diftinguès fie féparès des arts mé-
caniques , maintenus fie confirmés;
dans la jouilTance de tous les droits^
fie privilège^ attribués i ladite Uni-
v^rfité. fie auxdits Libraires fie Im-
primeurs.
Par l'article x , les livres ,. tant?
manufcrits qu'imprimés ou gravés »,
reliés ou.non.reliés, vkux ou.neufs»
ainfi que les fontes ^.lettres ,. carac— .
tèxes j. fie l'encre d'Imprimerie , font
déclarés exempts de tous droits ,,
tant àk fortie qulà l'tntrèe fie Uans;
tout le Royaume , pourvu quei les»
ballots ou. caifTes ,, contenant lef-
dites marchandiflss , foient marqués*
en ces termes : livres y, caraêleres^
d'Imprimerie , fi^c , ainfi qu'il eft dit:
dans l'article 3«
L'article 4:,.porte dèfenfè â'toutess
perfonnes , autres que les Libraire»^
fie Imprimeurs , de faire lè com-
merce de livres j fi^ de les faire affi*-
cher pour lès vendre.en leurs noms*,,
A>it-qu'ils s'en difént lès auteurs^ om
•autnement;.
;S2 LIB
Par IV clcle ^ j & par l'Arrçt da
Confeildii i| Mars 17^0, portant
réglaient entre les Libraires Se Im^
primeurs ^ & les Marchands Mer-
€ier$ de la ville de Paris , il eft fait
dcfenfes aaxdits Marchands Mer-
ciers de vendre aucun livre im-
primé 4 â lezceptijon des A B C j
des almanacs , & 4e petits livres
d'heures & de prières imprimés
hors ia ville de Paris , & non ex-
cédans la valeur de deux feuilles
d'impreffion du caraâère dit Ci-
Les articles 6 ^ y te 8 cancer-
lient la vente des papiers à la rame ,
& la défenfe d'acheter des livres
des écoliers » domeftiques , &c.
Il eft ordonné par l'anicte 9 que
cous les Imprimeurs 8t Libraires fe-
ront imprimer les livres en beaux
caraâcres , fur de bon papier ^ &
bien correâs, avec le nom 8c la
demeure du Libraire qui aura fait
faire Timpreffion. Mais cet arriclel
eft très-mal exéeuté depuis que les
conrrefaâeurs fe font multipliés de j
toutes parts. Lel>as prix auxquel ils
peuvent vendre leurs livres contre-
faits à la hâte & mal exécutés>obli-
S^e les Libraires de fe relâcher con
idérablement fur la beauté des édi-
tions originales » pour fe rappro-
cher du prix des éditions contre-
faites.
L'article i o » qui fait défenfe à
fous Imprimeurs & Libraires de fup-
pofer aucun autre nom dlm'primeur
ou de Libraire y & de le mettra au
lieu du leur en aucun livre , comme
aufli d'y appofer la marque d au-
cun autre imprimeur ou Libraire ,
i peine d'être punis comme fauf-
faires , do trois mille livres d'a-
mende 9 & de corififcation des exem-
jpUiref , t)'eft pas miçi^x exécuté ^ue
LIB
rjarctcle précédent. Son esafte kxé^
cutioo feroic cep%^ndant un des plus
(urs moyens de mettre un frein §
Taudace des contre faveurs natio*
naux > qni pnc caufé la décadence
de la Librairie françpife, & qui la
menacent d'uae chute prefque to-
tale.
Par l'anide 1 1^, il eft défendu
airx Libraires te Imprimeurs , & â
leurs veuves j de prêter leurs noms \
Bc par le 1 1* , il «ft ordonné à tous
«eux qui auront Imprimerie ou ina-
gafin ouvert de librairie , de les te«
nir daiic les quartiers de l'Univer-
fité. L'arncle 1 3 leur permet d'avoir
des magafins non-ouverts dans les
Collèges 9 Maiibns Religteufes &
autres Jienx hors de leurs demeu-
vt, pourvu que ce foit temours
dans i'enoeînte de llJniverfite p te
i la charge de les déclarer 1 la
Chambre Synd i caje*
Les articles 14, 15 8c 16 con-
cernent l'infcription que les Librai-
res & ^Imprimeurs doivent mettre
à leur magaûn ou Imprimerie , la
défenfe d'avoir plus d'un magafin
ouverts & rol>(er varions des Di-
manches & Fêtes.
Les fottfcriptions font l'objet des
articles, 17 iH Se 19, qui por-
tent qu'aucun ouvrage né pourra
être propofé au Public , par fou-
fcription , que par un Libraire on
Imprimeur « lequel fera garant des
foufcriptions envers le Public en
fon propre; & privé nom,, & qui»
avant de pcopofer la foufcription»
fera tenu de préfenrer à l'examen
au moins la moitié de l'ouvrage «
te d'obtenir la permiifîon d^impri-
mer par lettres au grand fceap. Le
Libraire doit aufli oiftribuer» avee
le ProfpeSus au moins une fenille
d'in^reilioa de Touvragie <|a'il^ra«
LIB
» »
^fera t)ar foaAiription ; laquelle
ieaille fcra imprimée des mêmes
ibrmes', caraâères ôc papier qti*il
s'engagera d'employer dans Vexé-
cttCÎoB de Touvrage.
L'article lo & les fuîvans , jiif
ques & c<KDpris Tarcicle 48 , ré-
Î rieur ce- qui concernent rapprentif-
age , compagnonage & la récep-
tion des Maîtres. Nal ne peat être
reçiyà la maîtrife qu'après un ap-
prenciiTage de quatre années^, & un
compagncMiage de trois ans ; qu'il
n'ait vingt ans accomplis j Cjixil ne
foitinfti<uir dans k langue latine » &
SlU'il ne fâche hre le grec , dont il
iera tenu de rapporter un certificat
du Reâeur de i'Univetfké : il doit
encore être muni d'tm témoignage
d(d Catholicité & dé vie & mœurs ,
Ôc fubir un examen fur le fair de la
librairie*, pardevant les Syndics &
Adjoiiltti'en charge,accompagnés de
quatre anciens Officiers de la Com-
munauté^ dont deux dbivenrître
Imprimeurs, ôc dt quatre Maîtres,
nfodtetttes dont deux doivent auffi
être Impfimefurs. Ceux quiafpirent
i^ être re^us Imprimeuirs doivent en
outre Faire une pareille preuve de
leur capacMté an fait de l'Imprime-
rie devant le tTième nombre d*exa»
miiiatenrs. Le procès verbal de cet
cnaitien doit être remis par les Syn-
dic & Adjoints entre les mains de
M. le Lieutenant Général de Po-
lice » pour être par lui envoyé »
avec fon avis , à M; le Chancelier
& Garde des Sceaux ^ & être en
eonféquence expédié un Arrêt du
Confeil » fur lequel il fera procédé
»' la réception de Tafpirant. On
doit payer es mains du Syndic la
femme de mille livres pour la Maî-
trife de Libraire, Ôc celle de quinze
cens livres * pour celles de Librairie
êC Imprimerie^
LIE 583
Les Fils de Maîtres ^ & ceux qui
épouferont la fille ou la veuve d*un
Maître , feront reçus à leur première
réquifirion , pourvu qu'ils aient les
qualité requiles , en remettant au
Syndic la fomme de fix cens livres
pour être reçus Libraires , & celle
de neuf cens livres pour être reçus
Libraires & Imprimeurs.
L'article 5 de l'Arrêt du Confeil
du 10 Décembre 1725 , porte que
Tafpirant fera préfenté , avec fes
certificats , par le Syndic ou l'un
des deux Adjoints , au ReAeur de
rUniverfité, qui lui fera expédier
des Lettres d'immatriculation pat
le Greffier de TUniverfité , après
avoir pris de lui le ferment ordi*
naire in loco majorum , & en pré-
fonce du rribunal, & qu'enfuité le
nouveau Maître prêtera le ferment
ordonné par le quatrième article du
Règlement de 1713 , entre les Q[iains
de M. le Lieutenant Général ^e
Police. Il eft die dans l'article 9 de
ce même Arrêt du Confeil , que
les Profeffeurs de l'Univerfité de
Paris , qui après fept années de ré-
gence confécutive, voudront exer-
cer la profeffion de Libraire ,. y
fcronr admis jufqu'au nombre fle
trois feulement » fur l'arteftation
de rUniverfiré , & qu'ils feront
reçus en ladite Communauté fans
examen & fans frais , à ta charge
par eux de prêter le ferment ac-
coutumé entre les mains de M. le
Lieutenant Général de Police.
Suivant l'atticle 4S du Règle-
ment , ceux ^i auront été reçus
Maîtres à Pans peuvent aller exer-
cer la Librairie en toutes les villes
du Royaume, en faifant enregiftret
leurs Lettres au Greffe de la Juftice
ordinaire du lieu où ils iront de-
meurer.
Defpuii l'article 49 jufques te
s
5 84 X ï B
xrompris l'artkle 54, il eft traité
<lans le Réglemeni;^ des Imprimeurs
& des Imprimeries. Il y eu dicqae
les Imprimeries feroor composées
de quatre prefTes au moins 9 & de
neuf forces de caïaârères romains »
<îepuis le gros canon jufqu'au petit
texte inclufivement , en quaniité
{uffifante*
Mêmes droits aux Veuves des
Maures que dans les autres Com-
inonautést fUivant Tarticle 55.
Les articles 57 • f8 & ûiivans,
règlent et qui concernent U fonde-
rie en caraâères. d'Imprimerie. Ils
portent que toutes pecfonnes pour-
ront eKerçec cet art; & ce faifanr ,
feront réputées du corps è,t% Li-
braires & Imprimeurs. Mais les
Fondeurs feront tenus, avant d'e-
xercer la Profeflion , de fe faire
«nfcrire fur le regiftre dô la Com-
munauté , fans que cette infcrip-
cioo puifle leur donner aucun droit
d'exercer la/ Librairie ou l'Impri-
V fïierie ; il leur eft défend» de livrer
leutS caraAères à d'autres qu'aux
Imprimeurs \ & ils font tenus <le
^clarec les envois dans les Pro«*
vioces*
La police concctnant les Colpor-
teurs & /Ifficheurs eft réglée par les
articles ^^ & faivans , qui ordon-
cent qu'aucun ne pourra faire le
«nérier de Çc4porteur s'il ne fait
lire & écrire, & qu'après avoir été
préfenté par les Syndic & Adjoints
a M. le Lieutenant Générai dç Po-
lice , & reçu par ce Ma^ftrat. Le
fiambre des Colporteurs eft fixf à
jcent vingt , & i:elai des AfÇcheors
^ quarante^
Par les articles 75 > 7^ * 77 >
il eft ordonné que les Libraires fp^
'raias ne pourront fcjourner plus 4e
ffpi^ ij? Wnej à P>ri» , depui? To»-
LIB
yerture 8c vifite de leurs UUas ;
Îu'ils auront leurs aiarchandifet
ans le quai^cier de l'Univerfiié , &:
qu'ils ne pourront faire échatigeou
vente de leurs livres qu^aux Libcai-
res de Paris. Il leur eft défendu de
vendre aucun livre dans les foires
de Saint Germain ^ de Saint Lau-
rent '& autres.
Suivant Tahide 78 j le Bureau
de la Communauté doit ètie com-
pofé de cinq Officiers ^ dont deux
doivent erre Imprimeurs. Ces Of-
ficiers font un Syndic qui refte en
place deux années , & quatre Ad-
pitus, dont deux fortent tous les
ans ^ ils font élus en la Chambre
de la Communauté , en préfence
de M. le Lieutenant Général de
Police j & de M. le Procureur du
Roi au Châtelôt. Les articles fui-
vans règlent la reddition des comp-
tes , les afTemblées de la Commu*
nauté , l'adminiftration de la Coo-
frairie, la vifite des Librairies , Fon*
deries & imprimeries.
L article S9 & les faivans pref-
crivent ce qui doit être obfervé
pour les livres , eAampes & cacao-
tères d'Imprimerie , qu'on £iic ve-
nir à Paris des Provinces du Rojao*
me & des pays étrangers. Toutes
ces différentes Marchandifes doi-
vent çtre porrées i la Chambre Syn-
dicale pour y être vifitées par les
Syndics Se Adjoints , qui doivent
s'y rendre i ce; effet tons les Mar-
dis & Vendredis de chaque feauiiaet
;iu nombre de trois an moins.
Les Syndics & Adjoints footaa«
torifés par les articles 9^ fie 97 1
i&ire la viiite non- feulement chez les
Libraires & Imprimeurs , mais aufli
chez les Relipurs-Doreurs de Livres
Se chez les Imagers-Dominotiers.
U eft otdpnn^ par Tarticle 9S <|iis
Xfi^m march^AdiiÎP^ de I^bra^îe
j(si6cc
~ faifies fcJ(onc dépoféesten.la Chaim-
bre Syndicale» & que les Syndics
& Âdjoincs s^euchuigt^ronc par les
1>rûcèS' verbaux de. failles » fans que
efciites marchandifes paillant être
laiiTées len la garde d auctto autre
GArdiôn ou Offickr.
Liircicle 99 incerdide commoirce
des Uvr^ dangereux , & le 100
défend aux Apprentis & Compa-
gnons de faire aucun trafic pour leur
compte particulier.
. Par ^article 10 1 , il eft défendu
d'imprimer & réimprimer aucun
livre fans lettres du grand fceau »
& par le 101 » aucun livret ou feuil-
les fans la permiflion de M. le Licu-
renant Général de Police. Le 10^
veut que les Privilèges ou Permif-.
fions, atnii que l'Approbation- des
Cenfeur^ , foient iiuérés en entierj
au commencement on À la 'fin <des.
livres. Le 10*4 pçdonne que toutes;
les parties de chaque -ouvrage, fe-l
ront approuvées y que Timpreffion
fera conforme à la copie , fans y
rien changer, & qu'après rioipref-ij
fion le manufcrit ou un exemplaire
paraphé par le Cenfeat fera re'mis
à M. le Chancelier ôc Garde ides
Sceaux. Le 106 y que )es Privilèges
ou Permifiions , ainfi que les Cef
fions qui en feront faites , feront
enregiftrées dans les trois mois â
la Chambitè Syndicale, des Librai-
res. Ce même article porte que le»
regiftre de la CtiâthbVe Syndicale
fera communiqué à toutes perfon-'
nés » pour y faire telles reekcpches
& tels extraits que chac;aii ^yifera y
au moyen jde.i[)jaQi les RrMIég^ oii|
PérmifliQns feront cenfé%>ivQ^}r]éfé)
fuififamnien t fignifiés^ : . ' )
L'article loyfaitdéfepfesdefaira
imprimer hors du Royaume l^s li-^
vres pour lefqaels on à\kïz obtenu
d^$ privilèges. Sur^q^upi Jlefti)onj
Tome XK
0
' d*obfei;Mer.<|ue4ani les. lertrés'tnè-
mede privilège , JI y {a/»takifours
-; une daufe qui défend d'inccodiîire
. en France des. exemplaires d rai-
f>rçflion étrangère. Mti$ malgré :ces
ois fi f^ges , les livres contrefaits
: péopçrfnc .etf France, avec la plus
grande facilité ^ & cette licence a
tellement encourage .les contrefac-
teurs étrangers,, que leurs Impri-
meries fe font multipliées , depuis
quelques années , i un point pref-
que incroyable , fur tout a A vignon^
à Liège & à firnxelles. Ces éditipns
contrefaites nVxigeant point.de ff ais
de copie & étant imprimées fur dur
papier qui na payé aucun dfoic
au Roi , fe donnent i vil prix , fa»
répandent avec prpfufion dans les
Provinces , 9ç portent un prèjadic9
irréparable , npiiTreulemetit à la Li-
. brairic & à l'tnjprimerie , mais en-
core.à nos Manufaâures de.p^pierr
n. paroi t ccpepaant qu'il feroit fa-^
eue d empêcher Tmcroduâion des
livrés contrefaits chez l'étranger ^
pAr le.s même.s moyens ^ peu-près
qu*6n emploie avec fiicc^s ooptre
les .n'tarchandifes de contrebande.
Cet/obîe^t întcVeffe d a'utailt plus la
. policé générale , q*i/ou envoie ordi-
nairement, a^ec les éditions contre^
. faites celles des livres défendus 8C
prôfcrits par le gouvefnèmeiit.
' Par l'artitle ^o^ , it elï: drd&nné
Jue toutes perfoiines qui obcîen*
rônt des'prîvilèees dû grand fceais
remettront entre Tes mains des Syn-
dic & Adjoints , avant' de pouvoir
afficher ou expofer ert vente , i*.
Cinq exemplaires 9 dont deux pour
la éiblfophéc^'e Royale, un pour
celle du Xoûvre , un d la Biblio-
thèque de M. le Chancelier & Gar-
de des Sceaux , & un au Cenfeut
qui aura été nommé pour l'exaihen
dtt4ivre :* ^ \ Trois Aotresexémr
Eeee
%'
^U L3 B
iplaîies poar èire^mptoyés aoxFcaisI
£c bcfoins de Ja ComnxuncMicé des
. ilibraires. La mdinefdifpofiiions'é-
tettd aax livres Se aux écries im-
-|nrimés avec pectuiffion des Juges
, <ie i^oiice.
L'article" 109 ^ dans lequel Sa
IMinjeftc défend de contre&ire les
livres îtnprimés avec i>riviléges , &
de vendre ceéx qui leronc contre-
faits 'fous les peines portées par lef-
dics privilèges & de punition corpo-
relle » avec déchéance de maîtrife
en cas de récidive » n'a prefque au-
cune exécution dans les Provinces. I
Les éditions contrefaites s'y ven- I
dent publiquement ^ & elles fe font )
ffiènie affez ouvertement dans quel- 1
ques endroits. Peut-être s'eft-on
- ^^rfuadé que le bien particuliei! de!
certaines Provinces demande qu'on'
y tolère cet abus fi contraire au'
Dieh général j mais on auroit dû>
faire attention que ce gain modi-
que & illégitime de quelques con-
trefacteurs fuffir pour cauler le dé-
périflement ic la ruine de toute la
Librairie Françoife.
Suivant les article; x 10 & ii 1 ,
les faftums » requêtes ou mémoires
doivent s'imprimer fur des copies
l^ées d'un Avocat infcrit fur le
l^bleau y ou d'un Procureur ; les
^ Arrêts de; Cours Souveraines avec
permiiCon du Procureur Général :
Se il eft défendu de demander au-
cun privilège pour ces objets , ainfî
que pour les billets d'enterrement ,
pardons , indulgences 8c moni-
loires. .
Par l'article i iz , il eft défendu
à tou$ Graveurs , Imagées Se Do-
Hiinociets d'imprimer ou vendre au-
ciuie carfe ou autre planche fans
privilège du grand fceau -ou per-
. ffkii&on du LiettcenaAC iScn^ial de
Police , enregiftrée i k Ghambte
Syndicale.
Dans les articles fuivans y jufques
Se compris le 1 13 Se dernier » il eft '
traité des ventes » inventaires &
prifées «des bibRothèqms j impri-
meries » & des fonds >de Librauie.
9n les articles 1 1 3 & 1 14 » & par
l'Arrêt de Règlement , rendu au
Confeil le 14 Juillet 1717 » il eft
ordonné que toutes les fois qu'il
fera fait inventaire par autorité de
Juftice y de bibliothèques ou cabi-
nets » la priféen'en pourra être faite
que par les Huifliers-Prifeurs , en
préfence Se de l'avis d'un ou de
deux Libraires , qui y feront ap*
pelés par les parties intéreflées ^ Se
qu'à l'égard aes fonds de librairie
& d'imprimerie j les Libraires Se
Imprimeurs en fieroiK*, feuls , le
catalogue Se la|>rifée dans le cours
de l'inventaire » lequel cacaiogoe
fera annexé à la minute de Tinven-
taire où il en fera fait mention par
un feul & même article.
L'article 1 1 5 porte que les ventes
volontaires de bibliothèques ou ca-
binets de livres ne pourront être
faites par aucun paniculier , publi-
quement y par affiches Se en dé-
tail.
Les Libraires ibnt aujourd'lini 1
Paris , au ^nomibrie d'environ cent
foixante y y -con^ris les Impri-
meurs»
LiBR AïK E , s'eft dit autrefois dans quel-
ques Églifes Cathédrales , d'an di-
gnitaire qui étoit, félon plofieurs
auteurs , ce que nous appelons au-
jourd'hui Chantre on Grand-Chantre.
LiBRAtRB , eft auffi un terme d'anti-
quité. On «ppeloit autrefois iVb-
taires , ceux qui fa voient l'art d'é-
crire en notes abrégées , dont cha-
cune valoir un mot ; Se l'on nom-
fâoit Librfikcs ou Antiquaires » cei9
^LtcupfigrliTQien^ en fatAU caraâè-
resou du moki$ lifibles- ce qui avait
écé ip^it eA note«
La première ^yUabe^eft brève» )a
> T^Çoiidei^iigiie ft^jla ac^fième très-
brève.
LIÇRAÎRIE y fubftantif fémtnm, L,a
profêûion 4^'Xibfaire^ Ce. Avrc ne
Je trouve plus dans. la librairi^* La
lihraiiie ejl un bon commercei Voyez
Libraire.
On. die de quelqu'un , q/èU en-
tend biek la librairie ; pour dire \
?|u!il entend bien Ls commerce des
Librairie > (ignifioit autrefois biblio-
thèque y &, ce moc s'eft confervé
encore dans les providons. La li-
brairie tu 'Roi. Henri IK dit à. Ca^
Ja(iion quil vouloic qu'il eut foin
de fa librairie.
LiBRÂTIQNi fubftantif féminin' &
terme d*aftronomie. 11 ie dit d'un
petit changement que Ton apper-
Î:oit dans U^cuation des taches de
a lune } quoique le diique appa-
* rent foit à-peu-prè$ le même en tout
'temps J ^^ y pbferye cependant
quelques dt et es de variations , les
taches paroiuent d'environ crois mi-
nutes pjus ou moins éloignées du
" bord leptentrîonal & dui)ord occi-
';<lencal gu /disque lunaire '/la dil^é-
. tence Va hième quelquefois â un
huitième de la làreeur dû difque
liinaire.
Galilée qui le premier obferva les
taches de U lune après la découverte
dèslunette^ fut audi le premier qui
r^vrh&tVMtOut' â^ iûnkx^' dans Je
temps précis de* ùl période au-
tour'de la tefffe y le plaadu.mé-
. ridiân de. lalâneipaderoit toujouirs
par. la terre- ,1 & cet aftre touine-*
. coit vercf nous condanunent & exaçr [
tegfiet^t la mèpoe face: mats, comn^e
lemouvsnientjéel de. la lune fe fjiit
dans. une ellipfe dont la terre oc^
cupe. le foyer, & que le mouv-e*
ment de. la lune. Air Ion propre cen-
tre eft uniforme* 3 .c'eft-à-dire » qu»
chaque mçridien de la Junp «Uprit
par ce ^niouvençent de$;a/)gles-p;^o-
portionnels aux temps \ il ^n(vit
de-lâ que* ce ne, fera pas» oonilam-
ment le même n^écidien de lalupt
qui vien^rf pa({aivpac hi ^re. C
LIBRE ; ad|eâifdedéuv^enl'esi 2i*
ber. Qui peut choifir ce -qu^il^ jage
â pcoposv LOr Volonté ejbunt^fiiculté
iibrey ' ' : ' ' ' . • ' • ^cj
On dit proverbialement en par-
lant des cnofes qiji'on tâifle 41arli{
, berté de quelqufiin de .^aife pu>d^
ne faire pas^^ que^ les- volont^s^
On difi 4e [qtt^lfii'un , q*V/<if^«
libre arbitre ; pour dir^ qg,A!eft
maître d'agir ou dé n'agir p* » • ^
de choiGf emreil^ibien 8( Ir^fiaV
On'dic j ^èt^Ans^zur^^J^^^
les fuffrages i\n^ finti *» ^*W ;
pour dire i 9^99^ xi:9^ y f dite foa
avis-j ioa ^pi^âçn» • ^ 't
Libre, fignifieauffi indépendante //
ne fi marie pas pacM quil veut de-
meurer libre.
remarqua la 'libration dé îa îuneV)^llpJ ^^^^ > /?. ^^^^^^^J^^^i^^^
* a- pour caufe Tégaflité' du thbtfve-]
ment de rotation ^delàlune fur fon^
axe*, & rinégilifé de fon moirve-
ment dans ion orbite ^ car fi la^
lune* (b m<Mivoit.dasis un éerdt donn
-* le centré fûtlertnime qtte^ celui deil*
la terr« , &. ^^n iQême ttt(i]^^ elleît-LiM.B y fir dir au(G pao^c^^fuidn i
£ e e e i j
Répablicftins:-* tes Villes qui fe
goukrernenf! ' p*t lours -propres lois.
L'Angleterre , ia HoUandû Jhnt des
États libres. Franrfôre ejl une nijf
lipr^ & Impériale^ Lts VilUs libres
d^.AiU^agne^
' «fcUVe, ^ (er?Ue. // éftnetihrlt^
de condition librt.
Il fe dit encore par oppofitioif à
€ taptif , prifonnier. Par ittuvicloirc
• /« cj/tfz/i yi aouvèncnt àbrts. * '
tiBRi i fignîfie auflî dàî t(tfk rionu
* cpntrainc , point^ gcné ; ic il fe 4"
' des pèrfonaes & 'des difpofitions
eôrporelles. Elle eft àbrc dans fa
' taille. Il a Vair libre & dégagé. Cet
" Académijle a le corps libre & agile.
On dit , être hbre'avecquelàu^n ;
- pour dire ,* vivre avec qn«qii'un
' lans cérémonie. Il efi fort libre avec
■' ie PrinceJ^ <
«
On dît , avoir ta voix libre j la
* parole libYe ; pour dire , n'avoir au
cxïh émi^ikêÈxitïït ' dans* la vbix ,
•^'.HaAS'ia. parole* ,Ctfr Avocat; drapas
'cj4 piloUlibrc.. . : ; ; ;- \.\j v. .
^.. , iOn dit^ avoir le. y entre Mbrt ;
pour dire> aller règlement à ta.garde-
- robe:^ n être pas conftrpé; .
Libre , fè dit a'udi .en^parlant des mers
5Î d^s tehfemins ,■ d^eS- partagés. Ainfî
fXf àit'y^qué lès \hiefs font libres ;
oour dire , qu'on peuc^ y^ naviguer
1^ ''^9 ttftuflè' crante 'Aes b3rfaires.
■ ^ que ye^ pl^ff^ê^^ x <1«^ '^ ^ ^^^
• ^^^font hbres ; pour dite , qu'on
. y Ç^i àllët encroûte ^ futpté , ou
^^^U'éftriîy-reiïccrrttt'^ aûburt embar-
*c tûs y ^rvérrtpfctfhetniéniu * '^ '
r * '^Pteyé^alement\ \6t(w>tn do-
ineftique , un iAférle#r^tétfK)î|ne
- qu'il. ^erit^eri.;»11er>; oh lui. dit \
.• qa^les çhofù^s font libres ^ ^t la
campagne e} libre. ,. :\ A,r
J^HÎR* V fe dSceiferwes d'Hof logers',
c d'mie.fcoue.oii imuc pii<Se - qui fe;
.— InisuB- avec Wucoup'dHÇ^ facilité.'
• Cette fone efiiotxl\bi^. ' '
Libre ,$Wploie encote avec un rc-
'i glme y v& alors il frgnifîe délivré.;
litre libre d'inquiétudes, ExVon dit
X :&milièj?eaiei^t ', maintc^nt rj^JUds,
LIB ^
{ libfc } pour dire; je li^ai plus Aid
à faite aâuellemetit.
On dit qu'une perfomie a ttm
fon ûmffs libre ; pour dire qrfelle
n'a aucune occupation qui la ccm-
traiene.
Libre y fe prend quelquefois an mâa«
vâife part \ 8c (ignifië licencieux,
îndifcret & téméraire. // lui tint
un difiours trop libre: Koilà dis fa*
fons bien libres,. . '
On'appellê v^rj IHrres y des vers
; • d'une meiure inégale..*
: • On- dit à l'hhperfannel: , i7 m'(/f
! libre , de partir ou Àe- demeurer ; //
vous eft ûbrè de faire ce que vous
. jtigerei à propos : il lui eft libre
' ^d*aller oà il voudra y&c ; pour dire ,
• il dépend de moi de partir ou de
demeurer : vous pouvez faire ce
I que .vous jugerez à propos : tienne.
[ ^-i>nftp^che d'aller où il voudra , 6t»
[Libres, s'eftdit de certains héréti-
\ ques qui dans le feizièine Gècle
iuivoienc les erreurs des Anabaprif*
tes \ Se prenoient ce nom de libre},
' pour fecouer le joug du ^ouTêr*
nement ècctéfiaftique 8t leculier.^
llsavoient les femn>eis en common,
& appéloient fpirituers les maria-
gésçontrââés entre un frère &une
Tœur : défendant aux femmes dV
DCir 1* leurs maris, loriquilsqc-
toieht pas de leur .. leâe. Us fe
' 'croyoicntlmpeccablès après le Bip-
terne^ parce que felop eux , il n'y
avoit que la cbair qui pcchâc^&:
> eh ce fens il9 fe nommoienc les
bomrpes Qivm^les.
UfiSJMiPÎT î^adyeibevli^^i- Saus
• g^R? .» ia[ns!(uiic;i^',^Jfanf c^^^^^
tç» fTous sjfouve^ dire, libfemenc votre
' manière de perifei^*. * ^,r\ *.
LiBREitfMivi^ «figmfie audit fans cir-
:> cpùÇfeâùoHii'fMSfifiznk Une fâi*
MJ^ P04 M iffiftiJiJfbrSnçUk r: *
: j -
: .la|>teïfMère fylUbe eft brèves]
la fcconde tiès-btève, & U troifième
r moyenne.
LIBURNE j fubftantif fcminin & tn-
'^ me d'antiquité. Sorte de frégate
'^ légère oii de brigantin à voiles iJi à
famés , qu'employôient les Libut-
■ niens pour courir les îles de la mer
' ïonienné*
LIBURNIE i ( ta) c'étoit anciennement
une province de llllyrie, qui s'éten-
doit entre Tlttrie & la Dalmatie ,
depuis le mont Albius jufqu'à la
mec Adriatique.
LIBYE ; lantiquité donna ancienne-
ment ce nom à toute l'Afrique j en-
• fuite elle le reftreignit à la partie
occidentale de cette partie du mon-
^ de qui a à lorient TEihiopie ;
' rOcèm au midi i la mer Atlanti-
que à rÔccidentj & la mer médi-
terranée au nord. On ladivifoit en
deux parties générales. La Libye in-
térieure ou ultérieure étoit au fud ,
&xompi«enoit le Zara , la Nigritie
^ 6c la Guinée. La Libye citérieure ou
' extérieure étoit vers le nord , & ren-
;s fermoït tout le Biledulgerid , &
toute la BtffAtfritf. Ce[>endant on pre-
noit quelquefois la Libye extérieure
d'uae manière plus refferrée & plus
propre , & alors elle étoit entre
. rAtVique propre ôc l'Egypte , ^
répondoit au Royaume & au dé-
fer t de Barca,& renfermoit la Mar-
manque , la Cyrénaïque , & la Libye
extérieure encore plus proprement
, dite y c^ui joignoit l'Egypte, & qui
cft maintenant la partie orientale
du Royaume & du défert de Barca,
LIBYSSA V nom d'une, ancienne ville
maritime d'Afte, dans la Bithynie.
Du temps de Pline il n'en reftoit
déjà plus que des ruines parmi Jef-
Îielle» on montioit k tombeau
AnuibaL .
Lie 5 «9
LICATE ; ( la ) petite ville d'Italie »
en Sicile , dans la valiéede Noro »
fur les frontières de celle de Ma-
zare » i ^embouchure de la rivière
de Salfô.
LlCDONybourg de France , en Sain-,
ronge , dans le Dipccfe & rÉleftiotf-
de Saintes.
*
LICE j fubftantif fcminin. Stadium.
Lieu préparé pour les côurfes
de bague , pour les Tournois , les
combats à la barrière & autres pa-
reils exercices. Ifun côté on ferrnè la
• lice par un rang de palijjades , &dc
Vautre par des toiles. On vient d*ou^
yrir la lice. Ils vont entrer en lice.
On dit auflî figurément.^/i/r^r^/z
lice; pour dire , s'engager publique-
ment dans quelque différent , dans
quelque conteftaiion. Ez fuir la lice ;
pour dire, éviter d'entrer dan^iqueU
que difpute i dans quelque difié'
rent.
On dit lices au pluriel , torfque
des d&ux cotés de la pâli (fade il y a
comme deux barrières fermées par
des toiles. Et l'on appelle lices clo-
fes y celtes qui font entourées de
barrières de toutes parts , pour em"
pccher que perfonnc n'y entre ex*
cepté ceux qui doivent courir.
Lice ou Lisse , fe dit aufli d'une forte
de fabrique de tapitTerie qu'on ap«
pelle.de haute lice ou haute lijp^
quand le fond fut lequel les ouvriers
rravaillent eft tendu de haut en bas ^
& de bajfe lice ou bajfe lijfcy quand
il eft couché tout plat.
On dit auflt abfolumem , une
haute lice , une baffe /ice; pour dire,
une rapifterre de haute lice , de batfe
. liçe. f^ifïy^ï Havteiisse.
LiCB, fe dit encore de la femelle d'un
chien de chafTe. Cette lice a fait de
beaujç chiens^
O^ dit. qutf/2< lice eji nouée ,
5^90? ïi LC
quAiicI eile a été oouy«cge Sô qa*elte
a receou.
La première fyllabe eft htè^ieSc la
féconde trèa>* brève.
LICENCE y fabftancif féminin. Per-
miflion. Ea ce feDS il vieillir.
Lic£NC£ 9 ou LicBKCBs, iè dit dans
les facultés de Théologie» de Droit
& de Médecine, dû degré qui donne
permiffion de lire & d'enfeigner pu-
bliquement , en vertu des lettres
que^ Ion en obtient & qu on appelle
lettres de licence.
Le Bachelier ènThéologlede la
faculté de Paris , qui veut entrer
en licence , foutient deux examensj
le premier fur tous les traités de
fcolaftique \ le fécond fur les Sacre-
mens , TÉcriture fainte & l'hiftoire
eccléfîaftique. 11 argumente aux thè-
fes^endant deux ans ; ce qui s'ap-
peffe être fur les bmcs. Il foutient
enfuire trois thèfes ; favoir , la ma-
jeure qui a pour matière la reli-
gion , l'Églife , rhiftoire eccléfiaf-
tique & les conciles \ elle dure dix
heures : la mineure qui eft fur les
Sacremens ; elle dure cinq heures :
la forbonique , ainfi nommée parce
qu'on la foutient toujours en Sor-
bonne j on y traite de rincarnation y
de la grâce ic de la morale ; elle
dure depuis fix heures du matin
jufqu à nx heures du foir : on la
foutient fansPrcfident. C'eft par ces
thèfes que fe terminent les ades
probatoires , & ceux qui fe font
dans la fuite ne le font plus. Après
ces épreuves on va recevoir la bé-
nédiâion apoftolique par les mains
du Chancelier de rÉglife de Paris ,
• & Ton elt licencié.
L'édit du mois d'Avril i (J79 por-
tant règlement pour le renrps des
études en droit , ordonne entt*au-
tres chofes que nul ne pourra pren-
s dre aucun degré ni lettres de li-
ETC
cMcé et» Dcbit caooÉMqne'pa ob3 ,
dans^aiicane desufaciihés^da Roysôi-
me ) qu'il n'ait étudié troît anncea
entières , à cooiprer du jour qu'il'
fe fera in (cric lur le regiftre de
Tune defdites facilités \ quaprès
avoir été reçu fiachelter , pour ob-
tenir des lettres de licence , il fu-
bira un fécond examen 1 la an de
ces trois années d'études , après le-
quel le récipiendaire foutiendra un
aâe public.
Les lettres de licence font vifces
par le premier Avocat Général avant
que le licencié foit admis i prêter le
ferment d'Avocat.
Ceux qui ont atteint leur vingt*
cinquième année , peuvent dans
Téfpace de fîx mois , foutenir les
examens & aâes publics , ic obte-
nir les degrés de Bachelier Se
de licencié à trois mois l'on de
Tautre.
Dans quelques Univerfîtés , le
degré de licencié fe confond avec
celui de doAeur ; cela a Tieu furrout
en Efpagne & dans quelques Uni-
verfîtés de France qui avoifînent ce
même pays.
A l'égard des licences qui s ob«
tiennent dans la faculté de Méde-
decine , voye\ Docteur in mé-
decine , tome VIII, page 295.
Licence , (p dit auffi de tont le temps
que Ton eft fur les bancs dans^ les
facultés de Théologie , de Droit &
de Médecirte > avant de pouvoir ob-
tenir le degré de licencié. Ainfi on
dir , faire Ja licence , commencer fa
licence , Jbrtir de licence , &c.
Licence » (ignifîe encore liberté trop
grande , contraire au refpeâ: > à ut
retenue ic X la o)odeftie<. f^auspre-^
ne'[ trop de licence. Il fc donne des
ticences quon défaprouve^
LicENca , figniâe auflt déréglemenc
daiis les mœurs » dan»4e«aâk>BS ^
Lie
' ctiam les paroles 8c dans ccote la
' conduite de U vie. // étou armé des
lois pour réprimer la licence. Arrêter
ta licence par la terreur du fuppUce.
La ville fut abandonnée au pillage
& à la licence effrénée dufoldat.
'CiCENCB , fe die en poéfie , de la li-
berté qu'on Poëte £e donne dans fes
vers , contre la règle & i'afage or-
dinaire.
Les principales licetkes de la
poéûe latine confifteot dans le diaf-
tôle ou rallongement des fyllabes
' brèves , dans le fyftole ou Tabrége-
Fetnent des fyllabes longues , dans
addition ou pléonafme • dans le
retranchement ou apherèfe , dans
les tranfpofitions ou métathèfes \
de forte que les Poètes latins ma-
nient les mots à leur gré ic font en
état de former des fons qui peignent
les chofes qu'ils veulent exprimer.
Horace fe piaignoit que les Poètes
de fon temps abufoient de ces licen-
ces , & data romanis venia eji indi-
gna Poetis. Auffi a-t-on dépouillé
peu â peu les Poètes de leurs anciens
privilèges.
Dans la vetfiiication françoife
on appelle licences^ certains mots
qui ne feroient pas reçus dans la
profe commune » & qu'il eft per-
mis aux Poëces d'employer. La plu-
part même de ces mots , furtout
dans la haute poéfie y ont beaucoup
plus de grâce 5c de nobletTe que
ceux dont on fe fert ordinairement;
le nombre n'en eft pas grand , voici
les principaux : les humains ou les
mortels pour les hommes j forfait
pour cx'xmt^ glaive pourépée; les
ondes pour les eaux ; V Éternel au
lieu de Dieu , ainii des autres
qu'on rencontre dans nos meilleurs
Poètes.
Licence , fe dit en termes de Pein-
ture 9 des libertés que les Peintres
Lie 594
prennent quelqaefi^is de s'affranchir
des règles de la perfpecfcive & des
autres lois de leur art. Ces licence^
font toujours des fautes ; mais il y
a éiti licences permifes , comme de
faire des femmes plus jeunes qu'el-
les n^étoient lorfque s'eft pafTée
la fcène qu'on repréfente \ de met-
tre dans un appartement ou un vef«
tibttle , les fcènes qui fe font paf-
fées en campagne » lors cependant
Sue le lieu n'eft -pas expreffémenc
écidé ^ de rendre Dieu » les Saints»
les Anges ou les Divinités payen*
nés, témoins de certains faits , quoi-
que les hiftoires facrées ou profa-
nes ne nous difent point qu'ils y
aient aflifté , &c. Ces licences fonc
toujours louables à proportion qu*et*
les produifent de beaux effets.
LicFNpB , fe dit en termes de Mufi-
que , d'une liberté que prend le
compoiiteur , ^ qui lemole con-
traire aux r^les > quoiqu'elle foie
dans le principe des règles ; car
voilà ce qui diftingue les licences
des fautes. Par exemple , c'eft une
règle en compofition , de ne point
monter de la tierce mineure ou de
la (ixte mineure â l'câave. Cette
règle dérive de la loi de la liaifon
harmonique , & de celte de la pré-
Î>aration. Quand donc on monte de
a tierce mineure ou de laiixte mh'
neure à l'oâave » en forte qu'il y
ait pourrant liaifon entre les deux
accords , ou que la diflbnnance y
foit préparée , on prend tme li-
cence ; maia s'il n'y a ni liaifon ni
préparation , l'on fait une faute. De
même c'eft une règle de ne pas faire
deux quintes juftes de fuite entre
les mêmes parties , furtout par mou*
vement femblable : te principe de
cette règle eft dans la loi de l'unité
du mode. Toures les fois donc qu'on
\ peut faire ces deux quintes £iBs
59^ Lie Lie
faire Tentic deaic modes à la fois , | LICENCIER; verbe aâif de laçre*
il y a licence , mais iltn'y a point de. mière conjugaifon » lequel fe cou-
I
faute.
Comme la plupart des règles de
l'harmonie font fondées hir des
principes arbitraires , ôc changent
par Tufage & le gûût des compo-
iiteurs , il arrive de là que ces rè-
gles varient, font fujettes à la mo-
de , 8c que ce qui eft licence dans
un remps , ne Teft pas dans un au-
tre. Il y a deux ou trois fîècles qu'il
n'ëtoit pas permis de faire deux
tierces de fuite , furcout de la même
efpcce : maintenant on fait des mor,
ceaux entiers tout par tierces. Nos
anciens ne permetcoient pas d'en-
ronner diatoniqiiement trois tons
cpnfiécucifs : aujourd'hui nous en
entonnons fans fcrupule 8c fans
•peine , autant que la modulation le
permet. Il en eft de même des fauf-
ies relations de l'harmonie fynco-
pée, & de mille autres accidens de
compoCition qui d'abord furent des
fautes j puis des licences t & n'ont
plus rien d'irrégulier aujourd'hui,
La première fyllabe eft brève , &
jugue comme CHANTen» Congé-
dier. En ce fens il ne fe dit guère
qu'en parlant des corps de croupes
que le Souverain réforme en tour
ou en partie , lorfqu il r^'en a plos
befoin , en renvoyant chez eux les
foldats qui les compofenc. On vient
de licencier plujicurs bataUlons d*in^
' fdnterie.
Se LicENciEa, emploie comme verbe
pronominal réfléchi, fignifie s'éman**
ci pet à quelque chofe , fortir des.'
bornes du devoir , de la retenue &
de la modeftie. // ne faut pas fe li-
cencier à crintjuer Jes Supérieurs. Il
efl dans Vufage de fe licencier . Il je
licencia èi une riponfe trop vive.
LICENCIEUSEMENT i adverbe. /«^
moderaiè. D'une manière licen-
cieufe. Se conduire licencieufemenc
LICENCIEUX , EUSE , adjeaif. Dé-
réglé I défordonné. Des difcours li-
cencieux. Une vie licencieufe*
La première fyllabe eft brève , la
féconde moyenne , la troifième
brève y la quatrième longue » & la
cinquième du féminin très-brève.
la féconde longue & la troifième ,5^2?"
très-brève, LICH , ou Licha j petite ville ou
LICENCIÉ , ÉE ; participe paffif.
yoyei LiCENTIBR.
XicENCiÉ , eft auûlî fubftantlf & figni-
fic qui a fait fa licence , qui a pris
» fes degrés de licence , foit en Théo-
logie , foit en Droit , foie en Mé-
decjne. f^oye:^ Licence.
LICENCIEMENT; fubftamif maf.
culin. Il n'eft ufité que dans cette
phrafe , licenciement des troupes ,.
3ui fe dit du corlgé qu'on donne à
es troupes dont on n'a plus befoin.
Les Inspecteurs font chargés en Fran-
ce du licenciement des. troupes réglées y
'& lis Intendans des provinces , du li-
ceacictnent des milices. \
bourg d'Allemagne dans la Wétéra-
vie , fur la rivière de Wetter , à
deu^ lieues , de Gieffen. Elle ap-
partient à la Maifon de Uohen-
folms.
LICHANOS ; fubftaniif mafculin 8c
terme de MuHque. Les Grecs don-
noient ce nom a la troifième corde
de chacun de leurs deux premiers
técracordes , parceque cette troifiè-
me corde fe touchoit de l'index
qu'ils appeloient lickanos.
La troifième corde à Taira du
Klus bas tétracorde qui étoit des
ypates , s'appeloit autrefois lycha^'
nos hypaton , quelquefois kypaton'
dioionos « enharmonios ou chroma*
uJte^
': X ï C
î ^ tîke , felort lo g<t>rè. GdW dd fe-
-^- cond técracorde ou- du téttàiâoïde
' dei moyentles , s'âppeloit Uchanos"
méfon ou méfon-diatonos ^ tcc. '
LICHEN; ftfbtlannfniarcuUii. Ona
« dofiAécdiitMià unefimilledépèan-
res que * Pôti ;dit ètref du genre 'des
" chdmpignonsr'/^o[)^^:|[ ceniér. •
Les rnoulTes cerreftres fonè aufli
• des ^fpèces dt lichens y liinii ^ue la
' pulmonaice de chcnè Sâ'Vhépitiqut
comnAtthe. fçyei^ ces mots; ' ; *
r U fii encore une efpèce deli-
• chen applelé '/ichçn de Grèce , ^ui
• ' ctoîc par bouquets grisatfès^ , longs
•"^*enviroh denr ou ttbis pouces ,
divifés en petits brins prefqne auffi
menus que du crin & parragés en
( deux oa trois cornichons, déliés à
• kur naiflànce , arrondis & roidês ,
'* tnaîs épais de pr^s d'une ligne dans
la fuite , courbés en faucille & tec-
-' ïtiiriés qneilquefois par deux pointes:
' ces cornichons font garnis dans
leurs longueurs , d'un rang de baf-
'iin» ptos blancs que le refte, rele-
ver d^ïpétitëi verrues , femblâbles
aux bamns dtf polype dô mer j toute
•ia plante eft blanclie , & d^uo
'goûtfalé.
Elle n*èft pas rare dlhs les îles
de TArcbipel^ mais fpn ufage pour
la reimute > nVft côtihu qu*a Amor-
' ElIevieAtfciraéÇJVbciiéhdîe'cette
Sle & fur ekùt de Nicohiia/ Il ^ a
beaucout^ d'apparence qu elle fer-
voie 'aatrefôYS à mettre en roligé les
tuniques d*Amô'rgds qui étoient fi
recherchées. Cétreplàntb fe vefrdoic
'ertttfte dirfs i'AtcbipelTur la^fin dû
dernier iîètle , dix éctts leqbiittal ;
ce qui f«roir vingt écus de mé jdhrs}
^n la trahrpdrtoic i Alexariârie fc
eir Angleterre , pour l'employer 4
teindre en rouge } mais Vofage îde la
f
^ • «
teintiires que les plantes Peuvent
urnir. *
LICHÉNÉE DU CHÊNE; fubftantif
' féminin. On donne ce nom à une
bellfe chenille qui fe trouve fur tine
éfpèce de' lichen * gris- bilanç , idont
eHe a' les toulèurs , '& le long -'du-
quel elle rampe fiit le rrdnç dii pKc-
• ne àuqdëf elle s'attache vfcrs la fht
de Mai : betre chenille tourbe 6c
plie avec art trpis feuilles du chêne»
' elle en fair uiie botiie'iqu'ellè enduit
''Hhrérieùrcmett d'une ,maçicre vif-
^ qùeufe-, d'une efpèce de foie , *&
cette bQurre devierit ie furtottt dq
fa coque': cette thènille chryfalide
produit au commencement de Juil^
iet un beau papillon dont les ailes
brodées en point* de Hongrie ,' font
parmi les jeu^ de la hatufré, un vrai
chef-d'œuvre. ' ^
LICHFIELD.} ville d'Angleterre ,
dans le comti de Seàfibrr,' i trente*
deux lieues , nord*oueft , de Lçn-
dres. Elle a des députés au parle*
^ ment. \ • ;'..' • • '^ "
LIGHI i .v(î)yqf .ttTééï.
LitHING ;a^rRe^&laChkié ;dah» la
' provitice de'^Xàhfi , au dépar tenant
de Lugan^: qûatnèihemétropole'de
cette province. •
LICHTEMBlERG} château de Frante,
chef-lieu d'un comtéde mÊm^nom
;-dâns UUaâV Alface-i à* cinq «eues,
nordrbiieft^ de'tla^éiiau. C^eothté
~ " apjp^kieht aoPrinée ile Heffè d'Acm*
ftadt, depuis la moYt du Comte
de Hanau, arrivée fefi lyj^.U en
faithoipmagcaulloi* '
tïCHTÇNPî'/iibflfàntif mafcdlîn. O»
tfoniie^ce nëm i Amfterdamii de
, petits bât^éhs '^al fervent pour le
- ^ranfpbft dés ixiârthandifes du daa*
gafin au port , ou du port au ma*
g^fin. • -
LICHTENBOURG; petite ville d>Al-
u
Jiii
cocl^snHe atal^t'tolBber (MtMleil ' iM^gtië ^^W^i Wéâurat de îaxe»
594 itIÇ
fur VElbe»iquatce liettef» no(d,de
I orgaii.
LICHTENSTEÏN ; yillc de Sui(fe ,
,daDS le Tofkenboarg, furie Tfiour.
,Ç'çft 1^ OH s*ai9e^ble il^ Çoofeilda
. pys ». & ott ritjn'i juge;.lof .cWc«
criminel.! es^, les a{)pel|aâons & Jes
autres s^ffatres djs conCéqufSnc^
I-^CHTStALL} ville d^îjui(re,au can-
ton & à deux lieues . de Bâle , fur
iproyipce de^Xanciuig» att.,<lppatce-
.^^mem de Cit^ara , première métro-
': pol^4s,Ia,pr9vince, , ! , _ .
tlClTATiaN,3 fiiWla^ti( fi^yiin.
j^JUcitcùon Te^çpe. de pçarique.îl fe
/ du de la vexite au plus otFrant . &
\ 4priiifx:,e^d|[i6;f/rçuf;,d'urifi,in
; 4* w- \^y^^^& 44^) ;^parciennen( en
commun à plufieurs çpb^ricifer^ jou
, ^ÇfrRWJpV^ Wre^ î, fie .qçii ne .ppilt fe
. . ^parcagét c0«x>(A(>démei;it., ^
Pour être ep-dcoic de. provoquer
ia //V/fjr/a/4.d'Up héritage pu a^rre
îmtneuble , il n'e(i pas néf;eKf^ire
qu*il 7 aie in[i(poiÇbi^cé phy/ique^de
j-I Jp f^artftger j ^l fuflRc.que;r.op foit
rn*»ûyentt dg^.nefWnç, partager, la
Q^.chpfe , ott^,q»i>n la parxagennc; il
pnifTe y avoir de rihcomino(i^é} ou
, :. . fca. ffpitttiop: ,^ft,toî^urj5f9ii|ff n-
. «P<^0 .4»ft* lac;K|emaHdç,4 fins, de
. PJm?gfi^ 4(^'A-4\v^^ que f};le,^r.
ta^enepeMC £^faire,commod,ei»enr,
; c<9 fesa-i|ne'fuxtfnccei&ire d'ordon-
ner la /icitafiû% •
.,\cboift!ç«t»,v^)ift, pppréfunae <m'il
1 y auruii: ,em pQW ^px 4^ riflf^vé- 3
. , ^Unt4fi^'uf^^ ai^çreçneftï^ aSC^çdu 1
. qu e chacui^, . ajiBe aillez . ordinaire- !
mène â prcndse fa parc en na-
«
1
:: îLî c
' mbetftrém^Micipé i.DcrflMvcne ^t
depsAndec U ticu^ima'ism iomea-
ble , . patc^u'une pareille, deimnde
tend â une aliémuion^. qui- leur eft
interdire ^ mats le m^eur peut U
diriger cppcre le mMenr , le forcer
celui-ci de vendra ptff. teste vote ,
fans eue obligé d*aiceodcela majo*
cité du mineur. « ,
Lorfque. U liciioti^n k fait vo-
lontairement entre majeurs non gre-
vés d^ ittbftitu rions j il^a'iBft.pas
. néce^aire^ qu'elle foi^ judiciaire ;
elle pMt en ce casfe f^jiejpàsdeVyiot
Notaires JK ^u plus offrante QP fneoc
même admç tcre des écrangiers i^n-
chérir^, mais pour cela il fautqae
les propsiêtaiie» foienjc par&iceiBeDC
: d'af;cord:^ ntaîtl^'es d^. Iejais,<iroit$;
.un fjeu^d'^nui^T/euz i^fîQonfi^Qunc
pas> il ifaudrgis^q^e la ^ente tut- ja-
diçiaîreM/ i.. . . . / . .
Si l^ vente pat/ca^iiri^ii^ft pro«
voquée contre un mineur émancipé
ou contre .A>n t^tqur , ofi ne peut
.. jf roé;é<ier rég^iètjeniepçqa'eawotn-
mant, préalablèa>efij;ilin tuteur' tfi
. hqci ce n»ÂBeur^(|8ifi[^le tuttwor*
:4inaitre.oUf;l^,minc«aj éipanpjpé.iné-
gligeoient ou refufoient de faire
nomrp*^ un .tuteur ^,ç^^i ^^^ '^^
.. n^nnde, la (içiùuiàrâ ,, vfyuVKok luv»
. J%¥P^iff '^f^m ^V^ri^j i . ceoiro-
quer les parens 6c amis du qmi¥^
-ppiit h%#Qf!ï(î^r4ftmirtw» ;fins'l«-
, ^fflift^^»e/^iWjf«r9tf>p»-^|lj-
, bl^tj.o'eftççq^flir^^ltfoW^wQiâ-
n. ;teifltv,tr^»eoçai5^fq?>Ç(<fJ4^itn^
/ iQoandj^n oq/^liilgkiMrftiiHneiirs
font pr^pfijftaiws, efl pDftkÀt fim.
;^ Pieuse doçti^'/îffi^^^M fil |M>orfoi^>
• çfn q^ peut encojrç^ l'i^ffiger valable-
i|^i|r. qu>pt ès; une. y ^ic.&nne^i-
, .ltaatioi\; (>réifoblet4^<:e ^mème^im'
i J »fWtîf<>ulÂΫe;i»ïi^«^ «»pcn%, i
<*b«
\'<fi*en conndiil^nce de calufe!
le pourfuivanc n'aie été fpécialenient
:iucorifé â faire adjuger audeflfoas
• .delaprifée. •
^ On ne peut pas faire lîcîrej: des
'* biens dépendans dWe' fûcc^ffion
avant le parcage fini y parcdqi)è', parj
'révénemenc du partage , H peur fet
faire que Timmeable ihdivifîble en>
tife pluGeurs héritiers, appaf tienne a
unicul; • . . .
Lorfque i^s iqj^fpeuU^s'.dônt^ on
fait la licuadon y ^Àept à qpel-,
qu'un de ceux qui en étoient pro-{
priécaires dans l'origine y il u eft
point j4u de droits Seigneuriaux quoi-
j qu'on ;^it admis des étrangers à. en-»
chérir. , .,; * . \
Mais fi ksibietis font ; adjugés à
. on . étranger , iceft-à-dir^ , à celui.
2ui .n'y avoir aucun tlroit , lorfqu'ils
roient poSedés en .commun » c'eft
une acquifition qu'il fait , âC il
«Idtt.les lodsCc vecices ,de la (ot-
lahté.
S'ils font adfugés i celui qui tty
«voit droit qu'en qualité d'acqué-;
reur de la portion de l'un des co-
propriétaires or iginairei, cet adju-
dicataire doit les droits fei^neu-
riaux des portions dont il devient
propriétaire y paf le mojFéndé l'ad*
jttdication , indépendamment des
droits qu'il a dû «paytr pour Pac-
quifition de la première portion j
enforte qu'il doit les lods de la to-
talité. -^
vQn )ugemèmedan9''la coutume
4^ Paris 9 que fi la licicàéhhe^ faite
entre les co - héritées % U tiers ac-
quéreur, tes lods 'font dûs,' (bit que
l'adiudio^tion foit fitite â l'un ou à
I autre.
Dupleflî^ dît que <pàtiê[^vffil^es
cxi^propriétakes a Vendu tnàitàin'
j:.-:j^ ^e r4iéritage -à unthrangec
> L J C i^jf
qut provoque '<qifttice1t ttihàiion^
en ce cas les droits feigneuriacK en
font dûs de 4a- moitié^ foit que l'é*
(ranger s'y ^rende adjudicataire »
' commet il a été jigéipar arrêt .du } i
' Janvier a^57 ; lôit le i(olhéûtief li-
' • cieâint^inrlk: 'kiî ,c cooimeiil ^ ècé^ |ugé
pai^ a^r^ du PîirleitiieiK de Paris du
1 1 Janvier \'j-f^\ «ai^ en ce cas j
s'ils ie trouvent co-propriécaii?,es ,
ce n'eft point par-a«|cune aflociation
•en' com^u haute introduite par la
' !dilpblition delà loioude )^iiomine»
du moins qui-arit été^for^éef dans
l'iÂigifie.
Il Sfélève queVquefois des diffi-
cultés fur la nature des a^es, pour
eo liquider: lerdroitrde.conccolie «en
prétendant que dés ;té)ie$ faits en
focme de ccàSiQn d^iKie portion de
biens iadiyis > doivesu jb(f e . c(^fi«
déiés comme Jiciïatioi^ : fi, les Uent
^partiemient* -i diffccens jc^ - héri-
tiers ou co - propriét^ireA >:rla*jef-
.fiûA d'une port(pp par l'un d^eux â
tous Jçs autres .qu i ^^ C9^h^;ijier
(éttlemeuty Kj>eut cfre.cpnfifiçrée
que commie fimplç çefiion > dork le
droit de contrôle n'^ft dû que fur
le prix feulement 3 c'eil un ?^6tt
préparatoire ^u partage qu ^^«la //-
citation .quÇtÂ^ autres co-proptié-
ttaires ifp^pnt entre eu;x,pqA^^^ ffiire
, ceâer,rir|divi&qui lubfiA^ei^ore*
Mais lorfque. par aâte f^it en for-
me de qefiion de pus drpits fpc-
cefliTs, rindivi$ ceilèabiTolumepts
ic que l'un devient feul .prpprié-
«taire de' la rotalitë des bieiis',1'aâe
eA réputé .partage ou iicUatiàn : il
elt en conicquence exempt de droits
leigneunaux , "quels que 1 oient les
termes qui s'y trquvent employés j
'é'eCb le prëmfetitâe pour faire fof
^Mr'l^ 'bi^$!tfe là cohiinuÂàtfté i il
•tjènt: lieu de pahsjge, & le drbit tte
^ coxitrôlren eftdû Gît la* totalité des
^^ Lie
biens*, comaie pour parcage oit //Vi- ,
iation.
Si la licitationz é(é faite forcé-
, mène en Juftice , coitxne lorfqa'il
: e'agit de biens de mineurs , . ou
lorfqa*il v aconceftacionentre les
co-propriécaires , elle n'eft pas fu^
jettQ au contrôle \ parceque dans ce
cas j c*eft lui aâe judiciaire, qui n'a
fas pour bafe la feule volonté .des
^arties , lefquelles n'ont pu le ffiire
valablement par-devant Notaires. Il
^ 7 a U-deffiis une décifion du Conf eil
du 10ÂOÛCX737.
Le droit de centième denier eft
Toujours du des portions acquifes
par une liMation y (oïi qu'elle foit
faite entre co-héritiers en ligne di-
recte ou en ligne collatérale , foit
entre co-proprietaires ou co-aflbciés;
parceque ce droit ne U règle pas
comme les droits feigneuriaux , &
qu'il eft dû à toutes mutatiour de
âens immeubles. ^
L'exemption du droit de centie-
medenier donc jôuiffent les héritiers
en liçrie dirèâe ,'cft feulement pour
les biens qui leur pallènt en cette
qualité à titre fucccflit ; en force
que tous les arraneemens fubféquens
qu'ils peuvent faire pour tranimet-
tré la portion de Tun'â l'autre , en
^ tout ou partie , opèrent une muta-
tion de prop^riété qui eft iiicontefta-
biement fûjette au droit de centième
denier , en conformité de la décla-
lation du 20 Mars 1708,
Si la /icira/io/2 eft au profit d'un
étranger, le droit de centième de-
nier eft dû de la totalité des biens
dont il devient propriétaire pair ce;tte
licitation.
Si les biens font adjugés a un co-
propriétaire ^'jl ^^^^i^^^^^9\S^S9y
. ti9n i p/rçequ'il ne. fe. Cait q^ mu-
^ Mçiufi à fon égard i^^^^ ^u, futpli^s>
Lie
encore bien qu'il ait été adu!iis 4es
étrangers â enchérir j cela ne change
rien à l'eftence de t'aâe qui ne pro-
duit de mutation efFeâive que
des jportions dont l'adjudicataire
n'étoit pas f>récédemment proprié-
taire.
Sile co-héritier adjudicataire par
lichation d'un bien qui ne pouvoit
fe partager, n'eft tenu de rien dé-
bourfer, & qu'il foit feulement dit
qu'il prendra d'autant moins jufqu'i
' concutrence du prix de la licitation
dans les autres biens de la fuccef-
fion , il ne doit aucun droit de ceo*"
tième denier , parceau*il n'acquiert
rien , & que fes co-hcririers fe rem-
pliront jufqu'i la même concurrence
dans les biens communs. *
LICITE \ adjaftif àt% deux genres.
Licitus ) a , um. Terme didafttqoe.
Qui eft permis par la loi. // m
tin de fon argent quun intérêt £-
cite.
LICITE , ÉE; participe paffif. Foye{
LiCITER.
LICITEMENT ; adverbe & terme
didaâique. Sans aller contre la loi.
// a pu demander licitement cette
fomme far forme de dédommage^
ment*
LIClTERî verbe aétif de la première
con-jugaifon » lequel fe conjugue
comme Chanter. Uàtari. Tcrae
. de pratique. Il fignifie proprempnt
mettre aux enchères un bien qui
appartient â plufîeurs co-héritiecs 00
ce-propriétaires , Se qui ne peut fe
partager commodément. yoye\ Li*
. CITATION.
Les deux premières fyllabes font
brèves ^& la troifième longue oa
brève. /^(?y?:| Verbbï
LICIUM y Uibftantif mafculin & cpr«
. ine. d'antiquité. Ce mpt puremeoc
., Jatin, <)c(ignoit chez les Romains
l'habix &c la ceinture des Officia
Lie
. publics ccablis pour exécuter - les
ordres des Magiftrars. Ceft de là
que félon Apulée elt venu le nom de
Liéiieur. A^qye^ ce mot.
LICNOPHORES ; fubftantif mafcu-
lin pluriel & terme de Mycholo-
Î;ie. Prêtres ou Miniftres qui dans
a célébration des Fêtes de Bacthus
portoient le licnon facré ou le van
myftique de ce Dieu , chofe eflen-
tielle aux Diony fiaques» & fans quoi
on ne pouvoit pas les célébrer con-
venablement*
LICODIA } petite ville d'Italie , en
Sicile 9 dans la vallée de Noto , à
douze lieues de Syracufe , vers le
couchant.
LICOL, ou Licou i fubftantif maf-
culin. Lien de cuir , de corde ou
de crin que Ton met autour de la
tête Mes chevaux^ des mulets &
dts ânes pour les attacher. Un licou
de corde. Mener un chcyal par U
licou.
Remarquez que licol ii*tA plus
uGtéqû'en poéiie devant une voyel-
le 9 8c qu'ailleurs on dit toujours
licoa.
LICOLA ; c*étoit autrefois un lac
d'Italie » au Royaume de Naoles ,
dans la terre de Labour j près de
l'ancienne ville de Bayes ) mais il
fut bouleverfé en 1 5 5 8 par un trem-
blement de terre qui éleva du
fond une monugne de cendres &
changea le refte en un marais fan-
geux où croiflent aujourd'hui des
rofeaux.
LICORNE ; fubftantif fénrinin. Sorte
d'animal (auvaee que pluiieurs re-
lations difent fe trouver en Afri-
que , dans lÈthiopie , & dont le
caraàère diftinâit eft d'avoir une
longue corne au milieu du front :
on Te fait d'ailleurs alfez fsmblable
à. un petit cheval.
Cet i^nimal p^lTe aujourd'hui pour
Lie
597
fabuleux. On le repiféfente paflanc
dans les atmoiries » & quelquefois
rampant. Ceft un des fupports des
armes d'Angleterre.
On appelle licorne de mer , une
efpèce de baleine qui porte fur la
mâchoire fupérieure une corne uni-»
que. On voit de ces cornes qui ont
jufqu'â quinze & feize pieds de Ion*
gueur.
Quelques-uns appellent licorne f
la'corne feulement de la baleine dont
on vient de parler.
Des Lithologiftesapjpellent licornç
fojlfile , des portions oueufes foflrlel
de grands animaux ,& qu'on trouve
ou endurcies ou altérées à di£Férea-
tes profondeurs de la terre.
LICOSTOMO } ancienne ville de
Qrèce , dans la Theftalie , auiour'-
d'hui la province de Janna9presda
golfe de oalonique.
LlCOU ; voye:^ Licol.
LICQUES y bourg de France , en Pi-
cardie , à quatre lieues^ i|ord-eft s de
Boulogne. 11 y a une Abbaye d*hôm«
mes de l'Ordre de Prémontré , ;la«
quelle eft en commende & vaut
au Titulaire environ 500e liv. do
rente.
LICTEUR \ fubftantif mafculin. Lic^
tor. Officier qui ferviMt â Rome au-
près des principaux Maeiftfais , ic
qui por toit la hache enveloppée dans
un taifceau de verges. .
Les Liâeurs faifoi^nt tout en«^
femble l'office de Sergent & de bour*
reau. Romulus les établit ponrreti*
dre la préfence des Magiftrats pluf
refpeâable 3 & pour exécuter fut
le champ les j^gemens qp'ils pfo*
nonceroient. Quand les uiâatemrs
p^roiftbient en public. , ils ésoienc
f recédés nar vingt-quatre Liâeursj
es Confuis par douze \ les Procon-
fuls,.les Prét:eurs , les.Générauz,
\ p^F.ÂX) le PréieotdQ la ville pac
I
Y9« t ï h
. deax^ & chaque ^Vefta le ^iparoif-'
foit en pablic , en avoir un par
^ honneur. Comme les Ediles & les*
Tribuns ne jouifTotenc point de
' l'exercice^ de k Haute- Jiiftice » les'
Huiffiers qui les precédofent s'appe-
loienc Viatorés § parcequ'ils étoienc,
■ fôUvent en route pour donner des*
-• ajournemens aux Parties.
LIDA ; petite ville de Pologne ,.
' dans la I^ithuanie ,' au Palarinac de
^ Troki, fur la petite rivière de Dzila^
à dix-fept lieues de Troki.
JllDBURY î bourg d'Aogleterre ,
dans le comté. de Héreford.
LU>D£L ; rivière jde TÉcoiTe méri-
dionale , qui. a .Ces foordes dans la
1) province xleLidtdefdale ^ ii fonem-
- Jbouchure dans Ja rivière d*£sk ^.fur
.. bsfrûotJièx^sduCumberlàud.
LIDDESDALE i province de rÉcolTe
méridionale, fur les frontières de
' l'Angleterre où eUe eft fcparée par
• une thaîbe de moncagnes du Nbr-
* chumberiand iialevant,^ duCum-
' berlaiid au midi. Elk prend fon i^bm
- de la rivière de Liddél i)tii i^artbfe.
Il faut rapporter i <:ette ptorihce
rEskdale , l'Eufdale & le Vafhbp-
- dale , trois territoires qui titént 4eur
' nom des petites rivières, i'Efck ,
TEw & le Wftchop. 1
LIDKIQPING ; petite ville detSu'ède,
dans le Weftro - Gothland , fur le
lac Waner, à cinq lieues, nord-oi\eft,
- deSkara.
Isl£} fubftantif féminin. StAnltm Ce
^ ^lui eft de pins groffier dans' iHié^ li-
- ijueûr & qui vja au fond.-Pe /rf lie
- Hi vin. D< la m de hieH. De la lie
3 • ^ Qu^d OR die abfélument dt la
[ Hel, yck entend de la lie de vin.
Lés ViniÂgriers font iHi gfand
f cômmercè'4^ lie 'de vin qu^ls^font
f^eber 9 "te dwt iW fQjttnenc des
*. ►
LIE
* » • • • •
pains , après en avoir f etift ce ^
y refte de liqueur, par le. moyen
ce petits prefloirs de bois.
Les Çabaretiers Marchands de vil
6t autres qui vendent le vin en détail,
font tenus de rendre Içur lie asi
:Vinargtiers , & il ne leur eft* pas
permis d'en faire des eaux de^vic.
La lie brûlée & préparée d une
certaine manière , forme la grave-
lée , dont les teinturiers & autres
artifans fe fervent dans les ouvta-
ges de .leur métier.
' C eft avec de la lie que les Cha-
peliers foulent leur chapeaux.
'On ditfisurément ^ la Rcdu peu*
pie ; pour dire , la plus vile & la
plus bafle populace. // ne fréquente
que des -gens de la lie du peapk.
Ce monofyUabe eft long.
LIE; vieiladjeâif, qui fîgnifioit au-
trefois gai , jojreux , & qui na
* plus d'ufage qu'en cette phrafe da
^ftyle familier, faire chère lie ; poor
dire, faire bonne chère avecgaité.
LIÉ , ÈE ; participe pafllif. Fûye{
'Lier.
Lié, fe.dît en tercf^es de )*Art Hé-
raldique, non-feulement dés cer-
cles ^e$ tonneaux , quand lofier
qui les tient eft d*un autre émail ,
*' mais janffl de tout cet}ui eft atu-
• thé. . • V
- • GoNDY à Florence i d*or i deux
maflfes d armefs , en fautoir de fit-
ble , liées de gueules.
Les Médecins appellent matières
lises , les .cxcrérpens qui ont une
certaine coniSftance.
On dit en termes de Peinture,
des [lumières 'bien liées i des group-'
• pes bien liés ; pour .flire , des lu-
mières, des erouppes qoife com-
.n^unix^uènt bien , & qui quoiqae
' ' ftparés fomieti t' une i>çlle union.
Lorfqaentre.detnc objets éclïircît
• îl fe trouve un cfpace ^ ne ftft
LIB LIE • j^
£as , 8c qtfil feroit avantageux qu*îl jJLlEBJÇNAWj petite vîlle d'Allema-
î fût» U Pei»rre- plàcé^-<iSKfil4^ V' fifl'e ^^"Haiu 'W-icax^ ciù Erû^I3^
intervalle quelqa'objec qui par la Brunfwick-Hanover, au Comté d«
faillie leçoit U ltto>ièr^,r^e-£a^nr , . Hoye , âir U rivière^'Owe.^
qtfèiie fe-lie^u* aàtitey4uiitièrcs^^U£MNWALt) ; petitrvillfe 4*Alle-
& fcmble n'en faire qu'une avec ^lagne , dans TEleftorat de Brarfc.
^ f%;a ::y y.s^T,-^^ \ ' \ M^ r4elnxtîf», fur la^iyî^r« ^ Jlfil^
Efl terrtiei Jfe-îJfùfi^te-^ôlirait- -^ prè's-d^fromièrW&l/m^^
, pelle w^ 'li^s^à^ m^yl^ttfijs^ ^ \]^^tci«î^*'iuiGQii«4vdftiia^ifb\ ô
notes quon pane d un feul coup
d'archeC fur. le viûtoti.& le viôldn**
tûl9ti.& le vipl
celle ^ ou 4*un feul coup de langue
^ fur la^ffâtt- 8c ïetîrLttimsr'^'^^
mot ^ toutes^s, noce^aui-ffi^niivibus
une mem^e liaifon; ^
On • ait, r /outr'^tm^idù liées ;
pour dire , qu!il faut gagner deux
parties^ de (ixitt. Es jokent dbc' écus
<n deux parties liées.
LIEB ANÂ \ jpcnte cantcie dlE%a^nd^
.UEGKTENAW r>l y; a. «i AJlew^
gne deux» petites "villes dé ce noift':
jiv.PPW;%frf^ JîW<çtMi«i ^^i^,\ e»fr^
St'rasbourg^fic Çaqe \ & l'autre dans
- ^ k ^^t^nCH^ ri dîéiisi li^éÛéS^d'A^A.
^. Mçb.^ Ççlle^ci, gpgvjiint- à la,yille
' de Nuremberg ', Û la première atlx
LIEFKENSHOEK j fort des Pays-^
entrecoupée de montagnes ^ ^aos. che de TEfcaut, vis-à-v^de Li lo.
l'Àfturie de SantiUane. L-'Ab'béye -ÎC^ fot^ F*^tdea;.l|ué.to>Qétt^^
Vayrac lui donne neuf lieues de de Horn força les lignes des Fran-r
longueur & quatre d« largeur.
çois en 1703.
Fin du quinzième Pokmti
«ft
Dfr rimpcimeiie «le L. Cb. D'HOURY.
» •
■* T*»
AVIS AUX SOUSCRIPTEURS.
JVlESSlMOrRS les Soufcriptekrs doivent payer les Reliurts
6 les Brochures des Tomes V^ ^ X ^ XV & dernier ^ qui leur feront
4ilivrés gratis. Les difficultés que quelques Soufcripteurs ont faites
à ce Jujeti ne peuvent être fondées , par la nature même de toute
jfbufçription y fia la Loi doit être égale pour chaque Soufcripteur ;
ceux qui prennent leurs Exemplaires reliés ou brochés , ne devant
pas être plus favùrifés que ceux qid les prennent en feuilles*
L'Approbation de ce Volume & de$ fuivans fe trouvera à la
fia du dernier Volume , avec le Privilège.
^ - . '• f .4 . ; ; .
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