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LE, HIS AGE |
de la Cour. |
FAUX? Ouseftes parma foy plaifans
EMA de ne me pas voir fi toft arri-
re, ue à l'hoftellerye que vous
NUGRE n'ayez tous la gueule bée
| pourvous paiftre denouuel.
les:Maisau diable le mot que ie vous en
diray queie n’aye beu chopine, pour me
rafraichir vn peu le gofiertant ie l’ay al-
teré &feché de poufliere, Au refte vous
-me faictes tant d’interrogatsàla fois, que
ie ne {çay auquel refpondre le premier.
Parlez doncievous prie l'vnapres l’autre
fi vous voulez que ie vous en conte. Or.
: çgade par-Dieu, ie me trouue beaucoup
mieux,ien’ay plusla pepie. C’eft bien rai-
fon queiecommencea fatisfaireau Mar-
guilier dela paroïffe ,commele plus ve-
nerable. Ilm’a demandé d’abord ce que
l’on dit à la Cour d’vn oyfeau de proye
qu'on mit en cage Ja femaine pañlée. Ie
Ve | ju
penfe qu'il entend parler d’vn Romina:
grobis quiieune garfon,s’eft accouftumé
a fauter de Cloiftre enauütre, & qui pour-
tant s’accommodera tantplusfacilemet
à dire fon Chappelet entre quatre mu-
railles,auccleiferere iufqu'à virlespour
penitence & mortificat:6 des maux qu’il
a faicts, y ayant ace qu'on dirbeaucoup
d’ordureenfaflufte. Q:oy qu'il en foie
ien’ayiamais veu oyfon uueuxfarcy,que
ce bon Seigneur eft auiourd’huy chargé
defieures quartaines, & quefifateftede
fitroülleeft capable de groffirà force d’e-
ftrearroufee des maledictions qu’on luy
donne, il peut bien commander debon-
ne heure de nouuelle forme de calctte,
Carilnyany peticny grand qui n’en die
pis que pendre,& chacun entonné le Te
Deum enrefioüyf{fance duiuftechaftimét
quieftrombé fur fa reuerence. On benit
Jamainfalutaire quiluy a fi accorrement
donné cetour depeigne,luy rendätauec -
viure ce qu'il auoit charitablement pro-
curéa d’autres. Bref ,iln’yahommedef
pée nv hômede plumeà quiil n’aitbaillé
yn plat de fon meftier, & à quiiln’ait fait
le partage de Corberv, toutd'vncofté&
{ S
riendelautre, felon fa tablature que luy
en bailloit ce vieux finge, quicroifiantde
vertuen vertu, & pour s’ennoblir touf-
jours plus, s’eft fait Efcuyerretranchant
a droitte & à gauche : Mais Dieu vusille
qu'ils en portent tous deux la pañte au
four, comme ils meritent. Helas! quel
miracle eft ce, & quellefubrilité de cer-
uelleya-ilà amaffer de largenc, en ton-:
dant fur tous & en nebaillantvn{olä per-.
fonne ? Certeslemoindreclerc de village
en feroit bien autät fansiettons,ny Arith-
metique. Enfin vous prendriez plaifir de
voir maintenant ces pauures Penfionnai-
res le vermillon aux ioûes, de triftes &
chagrins qu'ils eftoient auparauant en
l'efperancequ'ilsont, quela bourrafque
eft pafsée, & que le mauuais vent qui
leur a foufflé en queuë, eftant renfermé
commeileft, ils aurontmeilleur tempsà
Jaduenir , fur tout on leur fait croire la
refurrection deleurs Breuets. Or de {ca-
uoirencores quel fera celuy qui ho
raà ce Reformateur de bibus: c'eft chofe
queie ne vous puis pas dire au vray. l’ap-
pris neantmoins en partät de Saint Ger-
main ,qu'onauoitappelléala gardedela
A 1)
bourfe, vn Confiller d'eftat, dont ray
oubliélenom, &mefemblequ'ilyaà la
fin du Lac où duLaic.fe vis vnRecolléqui
femift fort fur fes loüanges , & qui tout
elpanoüy deioye, difoit queles Capitai-.
nes eftroppieztirerontcequ'ils pourront
de fa faueur : mais que pour luy il s’afleu-
roit bien que fon conuent en vaudroit
mieux. Fl en parloit comme d’vn homme
tout de Dieu & le defcrit eftrefls d’vn pe.
requin’aiamaiseu reputation d'eftrelar-
son, quoy qu'ilayteu moyende gafcon-
ser en fon temps.Les honneftes gensver-
ront de fon eau, & recognoiftront com-
me parmy fon bon & confciencieux mef-
rage, il feaura côferuer & mettrelecœur
de fes feruireurs, que ce Rebarbatifluy
defroboit par fa fordidechicheté &aua-
rice : Mais le voyant auiourd’huy en va
cftatquiexcite plusfesennemis à commi-
{ération qu'avengeance,lesgéns debien :
le laiflene là , & luy defirent feulement
qu'il efprouue maintenant la difference
qu'ilyaentre ceux quimoderez en leur
fortune , acquierentla bié-veilläce d’un
chacun, & ceux quienyurezdeieur bon-
heur, fecreuentlesveux, necognoiflent
ne :
perfonne, abuientdeleurauthorité, & fe
chargent d’vne hayne publicque qui les
accable en fin, & les rend la fable du
monde. en
Surcequ'lyenydevousautresquime
demädentdesnouuelles dece beau vieil.
lard,qu’onnommelebien public, & veu-
lent{çauoir fi ie ne lai point veu, com-
mentil fe porte,& sil à desenfans:ievous
diraiquelebon homme ne bat quafi que
d’vneefle, qu'il a fort peu d'amis, & pour
desenfans , commenten auroit-il, crea-
ture viuante ne l'ayant iamais voulu ef-
poufer? l'auoistant & tant oüi parler de
luyà vn chacun & mefmementauxEftats
deParis & en l’aflemblée des notables à
Roten queieluy cogneu fans l’auoir ia-
mais veu, le remarquant feulement à fon
manteau qui eft de couleur de beau fem-
blant:maisie vispaffer furlepauévn Fan-
faron à qui par honneur les plus grands
oftoient le chapeau, & foudain qu’il ap-
perceut ce bon vieillart , il luy fauta au
coller, & le cuida aflommer à coups de
nerf de bœuf, luy reprochantcommentil
ofoit paroiftre là où il eftoit. Voyant ce
fpetacle , iem’enquisde mon hofte qui
. ne.
_ eftoit ce brauache, & fe foufriantilme
demanda fi ’eftoisencoresfibadautque
ie ne cogneufle pasleSeignorintereft par-
ticulier fiaymé , & fireueré de tous, hors
misdes Financiers. Etluy demandant fi
ce Rodomonteftoit marié, 1] me dit qu’il
avoit efpouté Madame la Paulette, dont
il eftoit defia {orti tout plein d’enfans
pour l’'adminiftration delaiuftice Sur ce-
Jaarriua de bonnefortune,quele Royre-
uenant de la chaffe, & voyant le monde
aflemblé deuantl’Eglife,demandaceque
s'eftoit. Le Curé priftlorsla parole, &
ditc'eft(Sir £)ce bonhommequ’onap-
pellele Bien Public, & lequel ie recom-
mandetousles Dimanches à mon prof.
ne, qui a efté fioutrageufement battu &
excedé par Môfieurl’intereft particulier,
qu'à pemneil peuft ouurirla bouche pour
faire fa plainteà voftre Majefté , eftendu
comme ellele voitfurle carreau. & n’ales
mains iointes que pour implorer voftre
_ Mmifericorde. À quoy ce Prince debon-
naire tefmoigna deftre touché de piete,&
confolantce bon hommeluy dit gracieu-
fement , couragemon pere, releuezvous
ie vous veux affifter & auoirfoin de vous.
Mefms-
jt 00
Mefmement{etournant vers vn Seigneur
defa fuitte quitenoit vn bafton nor à ja
main,iefcay (luy dit-1l) quec’eft de vo-
ftre charge dechaffer de ma Cour, toute
forte demauuaisgarnimens. Vous voiez
Paudace deceruftrel’intereft particulier.
Tefçay qu'ilfefourre dans toutesles meil-
leures maifons,& qu'illes gafte & infede
tellement , qu'il eft feul caute que i’aye
eftétres-malferuy , &c que r'aye eu la peï_
ne & le defplaifir de changer fouuent de
Miniftres; c’eit pourquoy ie veux que
vous l'en chafiez , comme vn fourbe &
comme vn tres dangereux corrupteur.
_ Cependant menez moy ce pauurehom-
me à la Chancellerie ,oùil n’y a quetrois
pasd’icy. Il ytrouuera vn perfonnage de
fes amis qui le recueilira avant efleué
en dignité pour cér effid. Ce comman-
dementdonné, le Cure s’efcria à haute
voix? Ô Sire, vous nepouuiez pas parler
plus fainétemenr. C’eftla voix de Dieu &
: non d’vnhomme. Car fans Pimour que
vous portez naturellement au bien pu.
blic, tout voftre labeur ne feroit qu'une
toille de Penelope ; où il-v avroir touf
Joursärabiller, Aprescelaie vis deux Ar.
| | B
10
chers enleuer lépourelangoureux, &di-
rent qu'en iour de leur vie ils n’auoient
porté vn corps fi leger , & qui pefaft
moins quefait le bien public. Il eft donc
la où le Roy croit qu’il reprendra {es for.
ces , & ne craignant plus de rencontrer
fan ennemy l’intereft particulier, il s'ap-
priuoifera cheztouslesgräds dela Cour:
nonobftant lPaduis d’vn certain Empiri-
que d'eftat, qui perfuadoit qu'on l’en-
uoyaft fe promener aux eaux de Pougues
& de la à celles de Spa pour fa courte ha-
leine. ni |
D'ailleurs mon hofte me dir qu'il
yauoitencore en cepaislà, vnetres-mau-
uaife befte qu’vne grande Royne auoit
bonneenuie d’en faire auffi chaffer pour
le mal qu’elle mefimeen a autrefoisreceu.
Luy demandantquielleeftoir,& de quel
meftier elle fe le , ilme dit, qu’onla
nommoit Madame des Intriques eftans
vne femelle fi pleine d'artifice, qu’elle
broüille toute la Cour , quand bon luy
femble. Cefte fine rufée attache & em-
befongne tellemeut les efprits à forger
toutes{ortes de cabales & de cauillatiôs,
qu'ils ne s'eftudient qu'à mettre mal les
ï]
vnsauec les autres & à fonger de fe main-
tenir par la ruine de leurs propres com-
_pagnons,où de ceux à qui ils portent en-
uie au perpetuel deftriment des affaires
publiques & de lareputation del’Eftar.
Au furplusi'apprisquele mariage d’An-
gleterre s'en va eftrefairauec Madame. &
ne doutez pas qu'elle ne face fonner la
Meffeen ce païs la a doublecarril!'6. Voila
_ mesamis cequife dit au lieu d’oùie v'és.
Si vous en voulez fçauoir dauätage,1l vië-
dra icy coucher va Courrier qui vous
acheuera lalegende. Car pour moyil eft
temps que j'aduance chemin, f ie veux
arriuer deiour au gifte.
FIN.