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Full text of "Le messager de la Covr"

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MESSAGER 


DE LA COVR 


M. D. XXIV. 


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Digitized by the Internet Archive 
in 2010 With funding from. 
University of Ottawa’ : 


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https://archive.org/details/lemessagerdelaco00sn 


CCE SO RTS RS PS RS 
Nr SN A0 0 So No 
LE, HIS AGE | 

de la Cour. | 


FAUX? Ouseftes parma foy plaifans 
EMA de ne me pas voir fi toft arri- 
re, ue à l'hoftellerye que vous 

NUGRE n'ayez tous la gueule bée 

| pourvous paiftre denouuel. 
les:Maisau diable le mot que ie vous en 
diray queie n’aye beu chopine, pour me 
rafraichir vn peu le gofiertant ie l’ay al- 
teré &feché de poufliere, Au refte vous 
-me faictes tant d’interrogatsàla fois, que 
ie ne {çay auquel refpondre le premier. 

Parlez doncievous prie l'vnapres l’autre 

fi vous voulez que ie vous en conte. Or. 


:  çgade par-Dieu, ie me trouue beaucoup 


mieux,ien’ay plusla pepie. C’eft bien rai- 
fon queiecommencea fatisfaireau Mar- 
guilier dela paroïffe ,commele plus ve- 
nerable. Ilm’a demandé d’abord ce que 
l’on dit à la Cour d’vn oyfeau de proye 
qu'on mit en cage Ja femaine pañlée. Ie 


Ve | ju 
penfe qu'il entend parler d’vn Romina: 
grobis quiieune garfon,s’eft accouftumé 
a fauter de Cloiftre enauütre, & qui pour- 
tant s’accommodera tantplusfacilemet 
à dire fon Chappelet entre quatre mu- 
railles,auccleiferere iufqu'à virlespour 
penitence & mortificat:6 des maux qu’il 
a faicts, y ayant ace qu'on dirbeaucoup 
d’ordureenfaflufte. Q:oy qu'il en foie 
ien’ayiamais veu oyfon uueuxfarcy,que 
ce bon Seigneur eft auiourd’huy chargé 
defieures quartaines, & quefifateftede 
fitroülleeft capable de groffirà force d’e- 
ftrearroufee des maledictions qu’on luy 
donne, il peut bien commander debon- 
ne heure de nouuelle forme de calctte, 
Carilnyany peticny grand qui n’en die 
pis que pendre,& chacun entonné le Te 
Deum enrefioüyf{fance duiuftechaftimét 
quieftrombé fur fa reuerence. On benit 
Jamainfalutaire quiluy a fi accorrement 
donné cetour depeigne,luy rendätauec - 
viure ce qu'il auoit charitablement pro- 
curéa d’autres. Bref ,iln’yahommedef 
pée nv hômede plumeà quiil n’aitbaillé 
yn plat de fon meftier, & à quiiln’ait fait 
le partage de Corberv, toutd'vncofté& 


{ S 
 riendelautre, felon fa tablature que luy 
en bailloit ce vieux finge, quicroifiantde 
vertuen vertu, & pour s’ennoblir touf- 
jours plus, s’eft fait Efcuyerretranchant 
a droitte & à gauche : Mais Dieu vusille 
qu'ils en portent tous deux la pañte au 
four, comme ils meritent. Helas! quel 
miracle eft ce, & quellefubrilité de cer- 
uelleya-ilà amaffer de largenc, en ton-: 
dant fur tous & en nebaillantvn{olä per-. 
fonne ? Certeslemoindreclerc de village 
en feroit bien autät fansiettons,ny Arith- 
metique. Enfin vous prendriez plaifir de 
voir maintenant ces pauures Penfionnai- 
res le vermillon aux ioûes, de triftes & 
chagrins qu'ils eftoient auparauant en 
l'efperancequ'ilsont, quela bourrafque 
eft pafsée, & que le mauuais vent qui 
leur a foufflé en queuë, eftant renfermé 
commeileft, ils aurontmeilleur tempsà 
Jaduenir , fur tout on leur fait croire la 

refurrection deleurs Breuets. Or de {ca- 
uoirencores quel fera celuy qui ho 
raà ce Reformateur de bibus: c'eft chofe 
queie ne vous puis pas dire au vray. l’ap- 
pris neantmoins en partät de Saint Ger- 
main ,qu'onauoitappelléala gardedela 


A 1) 


bourfe, vn Confiller d'eftat, dont ray 
oubliélenom, &mefemblequ'ilyaà la 
fin du Lac où duLaic.fe vis vnRecolléqui 
femift fort fur fes loüanges , & qui tout 
elpanoüy deioye, difoit queles Capitai-. 
nes eftroppieztirerontcequ'ils pourront 
de fa faueur : mais que pour luy il s’afleu- 
roit bien que fon conuent en vaudroit 
mieux. Fl en parloit comme d’vn homme 
tout de Dieu & le defcrit eftrefls d’vn pe. 
requin’aiamaiseu reputation d'eftrelar- 
son, quoy qu'ilayteu moyende gafcon- 
ser en fon temps.Les honneftes gensver- 
ront de fon eau, & recognoiftront com- 
me parmy fon bon & confciencieux mef- 
rage, il feaura côferuer & mettrelecœur 
de fes feruireurs, que ce Rebarbatifluy 
defroboit par fa fordidechicheté &aua- 
rice : Mais le voyant auiourd’huy en va 
cftatquiexcite plusfesennemis à commi- 
{ération qu'avengeance,lesgéns debien : 
le laiflene là , & luy defirent feulement 
qu'il efprouue maintenant la difference 
qu'ilyaentre ceux quimoderez en leur 
fortune , acquierentla bié-veilläce d’un 
chacun, & ceux quienyurezdeieur bon- 
heur, fecreuentlesveux, necognoiflent 


ne : 
perfonne, abuientdeleurauthorité, & fe 
chargent d’vne hayne publicque qui les 
accable en fin, & les rend la fable du 
monde. en 
Surcequ'lyenydevousautresquime 
demädentdesnouuelles dece beau vieil. 
lard,qu’onnommelebien public, & veu- 
lent{çauoir fi ie ne lai point veu, com- 
mentil fe porte,& sil à desenfans:ievous 
diraiquelebon homme ne bat quafi que 
d’vneefle, qu'il a fort peu d'amis, & pour 
desenfans , commenten auroit-il, crea- 
ture viuante ne l'ayant iamais voulu ef- 
poufer? l'auoistant & tant oüi parler de 
luyà vn chacun & mefmementauxEftats 
deParis & en l’aflemblée des notables à 
Roten queieluy cogneu fans l’auoir ia- 
mais veu, le remarquant feulement à fon 
manteau qui eft de couleur de beau fem- 
blant:maisie vispaffer furlepauévn Fan- 
faron à qui par honneur les plus grands 
oftoient le chapeau, & foudain qu’il ap- 
perceut ce bon vieillart , il luy fauta au 
coller, & le cuida aflommer à coups de 
nerf de bœuf, luy reprochantcommentil 
ofoit paroiftre là où il eftoit. Voyant ce 
fpetacle , iem’enquisde mon hofte qui 


. ne. 
_ eftoit ce brauache, & fe foufriantilme 
demanda fi ’eftoisencoresfibadautque 
ie ne cogneufle pasleSeignorintereft par- 
ticulier fiaymé , & fireueré de tous, hors 
misdes Financiers. Etluy demandant fi 
ce Rodomonteftoit marié, 1] me dit qu’il 
avoit efpouté Madame la Paulette, dont 
il eftoit defia {orti tout plein d’enfans 
pour l’'adminiftration delaiuftice Sur ce- 
Jaarriua de bonnefortune,quele Royre- 
uenant de la chaffe, & voyant le monde 
aflemblé deuantl’Eglife,demandaceque 
s'eftoit. Le Curé priftlorsla parole, & 
ditc'eft(Sir £)ce bonhommequ’onap- 
pellele Bien Public, & lequel ie recom- 
mandetousles Dimanches à mon prof. 
ne, qui a efté fioutrageufement battu & 
excedé par Môfieurl’intereft particulier, 
qu'à pemneil peuft ouurirla bouche pour 
faire fa plainteà voftre Majefté , eftendu 
comme ellele voitfurle carreau. & n’ales 
mains iointes que pour implorer voftre 
_ Mmifericorde. À quoy ce Prince debon- 
naire tefmoigna deftre touché de piete,& 
confolantce bon hommeluy dit gracieu- 
fement , couragemon pere, releuezvous 


ie vous veux affifter & auoirfoin de vous. 
Mefms- 


jt 00 
Mefmement{etournant vers vn Seigneur 
defa fuitte quitenoit vn bafton nor à ja 
main,iefcay (luy dit-1l) quec’eft de vo- 
ftre charge dechaffer de ma Cour, toute 
forte demauuaisgarnimens. Vous voiez 
Paudace deceruftrel’intereft particulier. 
 Tefçay qu'ilfefourre dans toutesles meil- 
leures maifons,& qu'illes gafte & infede 
tellement , qu'il eft feul caute que i’aye 
eftétres-malferuy , &c que r'aye eu la peï_ 
ne & le defplaifir de changer fouuent de 
Miniftres; c’eit pourquoy ie veux que 
vous l'en chafiez , comme vn fourbe & 
comme vn tres dangereux corrupteur. 
_ Cependant menez moy ce pauurehom- 
me à la Chancellerie ,oùil n’y a quetrois 
pasd’icy. Il ytrouuera vn perfonnage de 
fes amis qui le recueilira avant efleué 
en dignité pour cér effid. Ce comman- 
dementdonné, le Cure s’efcria à haute 
voix? Ô Sire, vous nepouuiez pas parler 
plus fainétemenr. C’eftla voix de Dieu & 
: non d’vnhomme. Car fans Pimour que 
vous portez naturellement au bien pu. 
blic, tout voftre labeur ne feroit qu'une 
toille de Penelope ; où il-v avroir touf 
Joursärabiller, Aprescelaie vis deux Ar. 
| | B 


10 
chers enleuer lépourelangoureux, &di- 
rent qu'en iour de leur vie ils n’auoient 
porté vn corps fi leger , & qui pefaft 
moins quefait le bien public. Il eft donc 
la où le Roy croit qu’il reprendra {es for. 
ces , & ne craignant plus de rencontrer 
fan ennemy l’intereft particulier, il s'ap- 
priuoifera cheztouslesgräds dela Cour: 
nonobftant lPaduis d’vn certain Empiri- 
que d'eftat, qui perfuadoit qu'on l’en- 
uoyaft fe promener aux eaux de Pougues 
& de la à celles de Spa pour fa courte ha- 
leine. ni | 
D'ailleurs mon hofte me dir qu'il 
yauoitencore en cepaislà, vnetres-mau- 
uaife befte qu’vne grande Royne auoit 
bonneenuie d’en faire auffi chaffer pour 
le mal qu’elle mefimeen a autrefoisreceu. 
Luy demandantquielleeftoir,& de quel 
meftier elle fe le , ilme dit, qu’onla 
nommoit Madame des Intriques eftans 
vne femelle fi pleine d'artifice, qu’elle 
broüille toute la Cour , quand bon luy 
femble. Cefte fine rufée attache & em- 
befongne tellemeut les efprits à forger 
toutes{ortes de cabales & de cauillatiôs, 
qu'ils ne s'eftudient qu'à mettre mal les 


ï] 
vnsauec les autres & à fonger de fe main- 
tenir par la ruine de leurs propres com- 
_pagnons,où de ceux à qui ils portent en- 
uie au perpetuel deftriment des affaires 
publiques & de lareputation del’Eftar. 
Au furplusi'apprisquele mariage d’An- 
gleterre s'en va eftrefairauec Madame. & 
ne doutez pas qu'elle ne face fonner la 
Meffeen ce païs la a doublecarril!'6. Voila 
_ mesamis cequife dit au lieu d’oùie v'és. 
Si vous en voulez fçauoir dauätage,1l vië- 
dra icy coucher va Courrier qui vous 
acheuera lalegende. Car pour moyil eft 
temps que j'aduance chemin, f ie veux 
arriuer deiour au gifte. 


FIN.