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BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES SK
RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
é TOME VINGT-UNIEME
(PREMIER DE LA DEUXIÈME SÉRIE)
L’ABBE V.-A. HUARD, REDACTEUR-PROPRIETAIRE
+
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“
CHICOUTIMI
Imprimerie du “ Progrès du Saguenay ”
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à 1594
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Naturaliste Canad
Vol, XXI Chicoutimi, Janvier 1894 Not
soe aa iétaire : l'Abhe VA. HOARD.
LE REVEIL DU NATURALISTE
Il ne faudra plus tant se presser de dire, à l'occasion, que
Je NATURALISTE CANADIEN est mort. On en revient, du genre
de trépas qu'il à subi! Voila bien trois fois, en effet, qu'il a
paru cesser de vivre; ces époques de léthargie, comme on se le
rappelle peut-être, durèrent de 1879 à 1880, de 1883 à 1889
et de 1891 à cette année. Cette dernière période de sommeil
s'est prolongée dans une telle mesure qu'il est à espérer que
désormais le NATURALISTE restera bien longtemps éveillé.
Le NATURALISTE CANADIEN vient done aujourd'hui repren-
dre sa place, Mais que de changements se sont opérés pen-
dant son sommeil ! D'abord son Fondateur, celui qui l’a main-
tenu durant vingt années à force d'énergie et de sacrifices,
Pabbé Provancher n'est plus la! Le grand travailleur, après
avoir poursuivi son rude labeur jusqu’à travers les souffrances
de la maladie i la débilité du vieil âge, s’est vu enfin appelé à
l'éternel repos ! Il a consacré sa longue vie à la contemplation
enthousiaste des œuvres du Créateur et n’a rien épargné pour
les faire connaître et admirer de tous ; il jouit maintenant de
la vue de l’'Auteur même de ces merveilles ; son intelligence,
avide de savoir, s'abreuve à présent à la source de toute seien-
1—Janvier, 1894
LE NATURALISTE CANADIEN
ce !-—A nous d'imiter ses vertus et d'apporter à l'étxde de la
nature le même RU de foi, si nous voulons un jour obtenir
la même récompense!
L'abbé Provancher et le No. ALISTE CANADIEN, l’auteur
et l'œuvre, s'étaient si bien identifiés Pun avec lPautre, qu'il
n'était pas possible de prononcer le nom de l'un sans rappe-
ler le souvenir de l'autre, Il m'a fallu pourtant enlever le
nom de l'abbé Provancher de l'en-tête de cette Revue, et le
remplacer par le mien, Avec quels regrets, après quelles hési-
tations l’ai-je fait!
Chaque fois que le NATURALISTE renaissait pour ainsi dire
de ses cendres, M. Provancher ne manquait pas de raconter au
public par quelles phases avait passé le malade, comment il
avait paru trépasser, et par quels procédés on l'avait ramené à
la vie. L'exemple est bon à suivre; et quelques renseigne-
ments, sur les circonstances qui ont permis au NATURALISTE de
se ranimer encore une fois, répondront, je crois, à une légitime
curiosité,
Depuis plusieurs années, l'abbé Provancher sentant ses
forces diminuer et voyant bien qu'il ne pourrait plus longtemps
poursuivre son œuvre, m'avait laissé voir qu'il comptait sur
moi pour la continuer. Sans repousser ses avances, je ne m'y
prétais cependant qu'à moitié, et j'évitais tout ce qui pouvait
ressembler à un engagement formel,
En mars 1890, on vota la subvention ordinaire au Natu-
RALISTE pour l’année fiscale suivante, mais en y ajoutant les
mots: “sous condition.” L'abbé Provancher ne voulut pas.
commencer le volume XXe,avant de savoir ce qu'il fallait en-
tendre par cette formule qui n’était pas très rassurante ; et du-
rant trois mois la Revue garda la chambre: cîle était bien ma-
lade ! Le mal inconnu dont elle souffrait, c'était cette condition,
que l’on’cherchait partout, et que l’on ne pouvait réussir à trou-
ver. Tout le monde y perdait son latin. L’honorable M. Mer-
cier lui-même, Premier Ministre, ne réussit pas mieux dans
ses recherches, Il va done falloir que l'histoire se résigne à
7
ETON DOM ON UT" ats PE
LE REVEIL DU NATURALISTE 3
confesser son ignorance là-dessus et s’arrange comme elle pour-
ra avec la postérité, qui en sera pour sa curiosité. Bref,en déses-
poir de cause, le diagnostic ne donnant aucun résultat ct la
maladie restant toujours mystérieuse, on décida en haut lieu
de tuer le malade. C’est un moyen comme un autre d'arriver
à une solution, Tant pis pour la victime, dont c'est évidem-
ment la faute !
Done, le 23 septembre, le Premier Ministre faisait savoir
qu'après l’année courante, la subvention au NATURALISTE serait
retranchée. Je présume que M. Mercier ne compte pas beau-
coup sur cette mesure pour voir son nom passer à travers les
Aces futurs dans un rayonnement de gloire !--La Revue reprit
sa publication, et se prépara à mourir en juin 1891; mais elle
ne se priva point de jeter auparavant les hauts cris, et il y a
telle de ses pages ou, avec la meilleure volonté du monde, on
ne trouverait pas la moindre trace d’eau de rose !
Aucun espoir ne restait à M. Provancher de rien obtenir
du gouvernement Mercier; et celui-ci paraissait alors si solide-
ment établi au pouvoir, qu'il n’y avait pas lieu de s’attendre à
la résurrection du NATURALISTE par suite d’un changement de
ministère. Je cédai alors aux instances de mon vieil ami, et
résolus de me dévouer à la continuation de son œuvre, rassuré
d'ailleurs par la pensée que, malgré sa santé de plus en plus
défaillante, il m’aiderait puissamment de ses conseils et de sa
précieuse collaboration, Vers le mois d'août (1891), je m’a-
dressai donc à l'honorable M. Chs Langelier, Secrétaire Pro-
vincial, et le priai de faire rétablir en ma faveur la subvention
du NATURALISTE. Je fus accueilli avec une bienveillance par-
ticulière, et je suis heureux d’avoir ici l'occasion d’en remer-
cier l'honorable M. Langelier. Cela prouve, semble-t-il, que si
Von était mal disposé à l’égard de l'abbé Provancher, on létait
moins envers l’œuvre elle-même. Ces préventions personnel-
les, contre le savant pubiiciste, étaient-elles justifies, ou non ?
C’est une question que je ine réserve de discuter plus tard.
J’avais pleine confiance dans le succès de ma cause, en
El AP
LE NATURALISTE CANADIEN
voyant les bonnes dispositions du Secrétaire Provincial: je re-
ens aussi de bonnes nouvelles par voie détournée. Enfin, je ne
doutais pas qu’à la session d'automne, il serait question du
NATURALISTE dans le budget de l'année suivante.-—Muis, il n’y
en eut pas, de session d'automne! un owragan terrible avait
éelaté soudain dans notre ciel politique, et le sol fut bientôt
jonché de débris. Au milieu de cette tourmente, qui dura
bien des mois, ce n’était guère le temps de parler d'histoire na-
turelle aux autorités provinciales......Et la pierre qui fermait
son tombeau, pesa encore plus lourdement sur le pauvre NATU-
RALISTE.--- Depuis cette époque, nos orateurs et nos journalistes
ont énuméré souventes fois les effets de cette crise politique,
effets consolants ou déplorables suivant la couleur des lunettes
_ que l'on portait. Qui a songé à mentionner Pageravation du
sort du NATURALISTE, parmi les conséquences regrettables de
Ja situation ? Voici donce---déjà---de l'inédit dans cette, Revue !
Vers la fin de l'hiver suivant (1892),M. l'abbé Provancher,
_ dont la santé était mauvaise depuis assez longtemps,tomba grave-
. ment, malade,et vit bientôt que c’en était fait de lui, De son lit de
mort, il me confia encore le soin de continuer sa chère œuvre ;
le ministère conservateur, mn'écrivait-il, sortira vainqueur des
élections générales, et vous obtiendrez facilement de l’aide de
M. de Boucherville, qui porte tant d'intérêt À la cause de la
science. Effectivement, lorsque j’eus rendu les derniers de-
voirs à mon vieil ami et Maitre, je m/’adressai sans retard au
nouveau gouvernement, et lui demandai du secours pour re-
prendre la publication du NATURALISTE CANADIEN.
L'homme le plus surpris qui se soit vnen Amérique de-
puis 1492, ce fut moi, lorsque je lus, “ un beau matin ” du mois
d'avril, la réponse du Premier Ministre, L’honorable M. de
Boucherville, l'ami de feu M. Provancher, l’homme si dévoué
aux études scientifiques, ne s'empressait pas d'accéder à ma
demande! A la vérité, il ne m'enlevait pas tout espoir et té-
moignait de ses bonnes dispositions pour l'œuvre du NATURA-
LISTE; mais les finances de la Province étaient en si triste état
+
yee! ?
SOG NOEL À NRA ULE ER SH
ELU RE ANT MALE NU ELITE
#
~
LE REVEIL DU NATURALISTE 2)
quil fallait attendre À plus tard. L’honorabie M. L.-P. Pelletier,
Secrétaire Provincial, à qui je m’adressai aussi, ne me fit pas
plus de promesse dun prochain seconrs. Des personnages de
haut rang et nos principaux hommes de science voulurent bien,
durant la session d'été, écrire en faveur de la résurrection du
NATURALISTE de fortes recommandations, qui ne réussirent pas
davantage à engager le gouvernement à risquer même un doigt
en dehors du rigide programme d'économie qu'il jugeait néces-
saire d'appliquer.
Durant la dernière session,je revins encore a la charge,avec
le concours de MM. H. Petit et Joseph Girard, députés de Chi-
coutimi et du Lae Saint-Jean, qui avaient aussi appuyé forte-
ment ma demande de l’année précédente, et que je remercie
bien cordialement de leur intervention si dévouée. Toutes ces
tentatives ont été vaines au point de vue pratique ; J'ai acquis
du moins la conviction qu'il y a chez les membres du ministère
provincial un désir sincère de favoriser l’œuvre du NATURALIS-
TE (j'ai même une connaissance personnelle de l'existence de
ces sympathies chez plusieurs de ces Messieurs), et qu'ils Fai-
deront dès que l’état financier de la Province le permettra. Ce
qui les arrête, ce n’est pas l'importance de la somme demandée,
qui est bien minime ; mais il s’agit pour eux d’un principe
d'administration qu’ils veulent maintenir avec rigueur.
Or les gens qui entendent quelque chose à la tenue des livres
(nous n’en sommes pas évidemment, nons tous qui avons passé
par ces affreux collèges classiques !) et dont le cœur est suscepti-
ble d'être remué par l’éloquence des chiffres, nous assurent, après
avoir écouté l'honorable M. Hall, Trésorier Provincial, que l’auro-
re aux doigts de rose illumine déjà le budget gouvernemental et
que le coftre de la Province verra bientôt de beaux jours. Les
libéraux, ilest vrai, disent que la nuit règne encore, et pour
longtemps ; mais les conservateurs, avec non moins d’énergie,
justifient les consolantes espérances qu'ils entretiennent, Qu'il
y ait donc, ou non, de la naïveté dans sa facon d'entendre les cho-
ses, le NATURALISTE escompte l'avenir, s’attend qu’il lui viendra
LE NATURALISTE CANADIEN
4 prochainement du secours, et dès aujourd’hui s’élance de son
tombeau.
de
7 1 Sans doute, son apparence dénotera assez le malheur des
… : temps.Son volume est diminué de moitié; il ne reverra ses 32 pu-
_gesque lorsque l’ancien état de choses sera rétabli. Et je tiens à di-
. J re icique le NATURALISTE CANADIEN ne reviendrait pas aujour-
d'hui à la vie, même dans ces conditions précaires, si mon évé-
_ que et le séminaire auquel j’appartiens ne me mettaient un peu
en mesure, en m’accordant certains avantages, de tenter cette
entreprise. Done, sila réapparition de cette Revue est un heu-
p fenux événement, on en doit de la reconnaissance à Sa Grandeur
Mer Labrecque ct au Séminaire de Chicoutimi. Après cela,
4 comme après bien d’autres choses, que l'on continue à dire, en
a certains quartiers, que le clergé est amides ténèbres intellec-
4 tuelles......
Une autre observation aussi est opportune. L'abbé Provan-
cher ne croyait pas possible le maintien du NATURALISTE
sans l'aide du gouvernement, et chaque fois qu'on a refusé
_ de lui accorder ts subvention requise, il ne manqua pas d'in-
| terrompre sa publication. Et j'ose aujourd’hui tenter de soute-
a mir cette Revue avec ses seules ressources ! Je ne me fais done
| pr illusion sur le succès de I expericnce, si le gouvernement
_ de la Province ne s'intéresse pas à l'œuvre, à Noa délai. Mais,
ceci soit dit pour rassurer pleinement les personnes disposées
a seconder mes efforts,—je m'engage, pourvu que Dieu me
‘4 prête vie et santé, à publier les douze livraisons du volume
qui commence avec ce numéro, quelque soit l’issue de ma ten-
A1 i tative. Si l'année se clot par un déficit, les abonnés, eux,
om _ n'auront rien perdu. Et mon imprimeur ne perdra rien non
plus : car alors je pousserais l’économie jusqu'au seuil de
fl l’héroïsme, et mes appoiutements de prêtre de séminaire me
mettraient sans doute en mesure de solder ma dette en quel-
ques années,
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—Muis, me dit-on, il y a aussi le public! Il faut en tenir
compte.
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NOTRE PROGRAMME if
—Oui, répondrai-je, il y a le public. Mais le publie, qui
s'occupe beaucoup de la politique et assez peu de la littératu-
re, naccorde pas grande attention à la science, dans notre
pays entre autres. Le NATURALISTE CANADIEN a déjà vécu
vingt années, et ne le doit pas heaucoup au public. Le nou-
veau NATURARISTE: obtiendra-t-il plus de faveur ? Nul ne
pourrait le dire d'avance. En tout cas, nous saurons tres
proghainemant si la Province veut maintenir la seule revue
scientifique en langue française, qui soit publiée en Amé-
rique.
L'Abbé Vicror-A Huarp
NOTRE PROGRAMME
Nous avons tenu a conserver au NATURALISTE sa méme
apparence extérieure, autant qu'il a été possible. Nous vou-
drions aussi qu'il continuât à être le même quant au fond. Il
s'occupera donc encore des différentes branches de l’histoire
naturelle, dans son sens le plus étendu. Mais pourtant nous
eroyons devoir, au moins comme expérience de quelques
années, en changer un peu le caractère: la Re-
vue sera moins technique, et plus a la portée de la masse
des lecteurs. “ A quoi bon, nous disait l’une de nos sommités
scientifiques, à quoi bon publier une revue pour dix ou douze
personnes seulement ?” Nous ne nous proposons pas en effet
d'écrire pour les savants, mais pour le grand nombre, qui ont
besoin de savoir quelque chose des merveilles dela nature,
LE NATURALISTE CANADIEN
au milieu desquelles ils vivent, mais sans y donner assez d’at-
a tention. Le NATURALISTE se fera done plutôt vulgarisateur
de la science que recueil de science pure, sims omettre pour-
tant d'être aussi, à l'occasion, l'écho de cette dernière.
é à Notre ambition, c’est qu’on lise le NATURALISTE, et c'est
. de cette manière que nous comprenons son rôle utile. Dans FN
ce but, son langage sera, autant que nous le pourrons, intelli- _ |
4 gible pour ses lecteurs même non adonnés à l'étude des scien-
ces. Dans ce but, aussi, nous nous efforcerons de présenter
les faits scientifiques sous un aspect agréable, et ne croirons
pas commettre une irrévérence si nous déridons un peu, de
temps en temps, la face austère, grave, sévère de la bonne
di vieille Screnec. Ks
a | Avec le temps, et si on nous laisse vivre, nous termine-
y _rons la Petite Fuune Entomologique que l'abbé Provancher a
publiée en partie. Il reste encore à traiter, dans cette œu-
Nyre, les LÉPIDOPTÈRES et les DiprzREs. Nous nous proposons
© aussi, ‘et assez prochainement, de rédiger et de publier la
| seconde porte des Mollusques de la Province de Québec, dont
i l'auteur n'a pu traiter que la première partie.—Et après tout
mice la, il y restera à exploiter bien des champs encore in-
4 cultes parmi nous : ies ARACHNIDES, les Mousses, les LICHENS,
ete. Si nous ne nous trompons, “voilà de l'ouvrage de taillé”
pour une vie assez longue !
3 ~ Nous commençons, dès ce numéro, la série de ces travaux
par un TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE Z00LOGIE. Cette partie de
. la science doit être considérée comme la base des différentes
4 branches de la faune générale. Dans chaque livraison du
ia NATURALISTE, il y aura au moins quatre pages de ce traité, —
| avec pagination distincte, en sorte que l’on puisse réunir tous k
_ces feuillets en appendice à la fin du volume de la Revue, où
+ bien les faire relier à part, lorsque le traité sera terminé, daa
on une année ou deux.
\R .
mt Quant aux gravures, indispensabies dans une publication
_ de ce geure, nous voulons bien ne pas lésiner sur ce chapitre.
5 gf Mais le coût en étant considérable, leur plus ou moins grande
a. -
Ke
NOTRE PROGRAMME 9
fréquence dépendra des ressources que nous vaudra l’encou-
ragement reçu.
APPEL A LA COLLABORATION
On a accusé l’abbé Provancher d’avoir écarté la collabo-
ration de l’ancien NATURALISTE. Nous avons déjà protesté,
et nous le ferons encore, contre cette accusation, au moins en
tant qu’elle signifie une attitude délibérée de la part de notre
prédécesseur. Et nous voulons fuire en sorte que jamais on
ne nous fasse un reproche de cette nature.
Loin de repousser la collaboration, nous la sollicitons de
toutes nos forces. Non seulement nous sommes disposé à
l'accepter ; mais nous déclarons que nous en avons absolu-
ment besoin, si l’on veut que cette Revue, la seule de ce genre
chez les Canadiens-Frangais, soit vraiment utile au pays et
fasse, à l'étranger, honneur à notre nationalité. Croit-on vrai-
ment qu'un homme, surtout lorsque, comme nous, il a d’au-
tres devoirs d’état à remplir, puisse mener de front l'étude
de toutes les sciences naturelles, et cela d’une façon suffisam-
ment sérieuse ?
Personnellement, nous nous occuperons spécialement de
l'entomologie, sans nous interdire pour cela de jeter un coup
d'œil, de fois à autre, dans les autres départements. Et, même
dans cette étude des insectes, nous serons heureux de toute
collaboration qui viendra à nous. Cette partie de la science
est si étendue, qu’il y a place pour de nombreux travailleurs.
Mais nous demandons le concours de tous nos hommes de
science surtout pour les autres branches de l’histoire natu-
relle : astronomie, botanique, géologie, minéralogie, conchylio-
logie, etc. Que chacun de nos savants contribue seulement
d'un article par année à l’œuvre commune, et nous aurons
une belle revue scientifique canadienne-francaise. Nous ac-
cueillerons avec joie non seulement le concours de nos sommi-
tés scientifiques, mais aussi celui des amateurs. De cette sor-
te, les travaux, les découvertes et les observations de chacun
seront utiles à tous ; le NATURALISTE (CANADIEN sera vrai-
ment ce qu'indique son sous-titre de “ Bulletin de recherches,
2—Janvier, 1894
10 LE NATURALISTE CANADIEN
“observations et découvertes se rapportant à l'histoire natu-
relle du Canada :” il sera digne aussi d'être considéré comme
un monument chargé de conserver la mémoire de son Fonda-
teur, de celui que lon a nommé à juste titre le PÈRE DE
L'HISTOIRE NATURELLE EN CANADA.—Fasse le Ciel que ces
vœux, que ces beaux rêves se réalisent !
Dès aujourd'hui, nous pouvons annoncer à nos lecteurs
que nous avons reçu de plusieurs de nos scientistes, et non des
moins notables, non seulement des encouragements à faire
revivre le NATURALISTE, mais aussi des promesses de colla-
boration.
Membre de la ‘‘ Presse Associée de la Province de Québec ” depuis déjà bon
nombre d'années, grâce à notre titre de correspondant de l’ancien NATURALISTE,
nous entrons aujourd’hui dans la presse plus active sans aucune appréhension ; car
nous savons, par expérience jersonnelle, quelle courtoisie et quelle fraternité prési-
dent, en cette Province, aux relations mutuelles des journalistes. Croirait-on que,
depuis assez longtemps et sur un simple espoir de la reprise possible de cette Revue,
plusieurs journaux échangeaient d'avance avec nous? C’est ainsi que l’Enseigne-
ment Primaire nous venait depuis deux ans; le Progrès du Saguenay, depuis une
année; la Semaine Religreuse de Québec et le Nidiologist (un étranger, celui-là,
A publié dans la Californie, et dont nous parlerons sur notre prochain numéro), de-
puis l’été dernier. Nous prions les éditeurs de ces publications d’agréer nos sincè-
res remerciements. <
La presse a toujours été sympathique à l’œuvre du NATURALISTE, et, à l’unani-
mité peut-être, elle a regretté sa disparition. Qu'elle veuille bien aujourd’hui
- patronner notre entreprise qui intéresse uniquement Ja cause de la science en ce
pays, et ne touche en rien à la spéculation commerciale, il s’en faut bien.
+ ‘ Je x :
Nous prions les confrères, à qui nous faisons l’envoi de notre journal, de vou-
Joir bien nous faire Ja faveur d'échanger avec nous. Il leur arrive assez souvent de
A NOS CONFRÈRES DE LA PRESSE i
reproduire d’ailleurs quelque article scientifique, ou d’insérer parmi leurs nouvelles
quelque observation, quelque fait qui touche à l’histoire naturelle : tous ces écrits
prendront place dans nos ‘‘ scrap-books ’’ et nous seront utiles un jour ou l’autre.
Quant aux revues scientifiques du Canada ou de l'étranger, nous comptons
aussi sur leur esprit de fraternité, et espérons qu’elles coutinueront avec le nou-
veau NATURALISTE les bons rapports qu’elles entretenaient avec l’ancion. La science
n’a pas à s'occuper des accidents de nationalité, de langue, de continent : tous ceux
qui la cultivent se regardent comme coopérateurs dela même œuvre granle et no-
ble : l'acquisition de la vérité en toutes choses.
NOUS ADRESSONS LE “ NATURATISTE”
d'abord aux abonnés de l’ancienne liste, comptant bien awils
nous resteront fidèles, En outre, nous l’expédions à un bon
nombre d'institutions d'enseignement, où l'étude de l’histoire
naturelle est en honneur ; nous osons penser qu’elles trouve-
ront quelque profit à prendre connaissance des sujets qui seront
traités dans cette Revue.
Nous adressons aussi ce numéro à un grand nombre d’au-
tres personnes, appartenant surtout au clergé et à la médecine.
Les membres du clergé, dont le concours est indispensable en
notre pays pour toute entreprise sérieuse dans les lettres ou
les sciences, portent généralement de l'intérêt aux sciences na-'
turelles.. La plupart vivent isolés dans les campagnes : queiles
jouissances ils s’assureraient, s'ils se livraient, avec quelque
attention, à l'étude de l’une quelconque des parties de l’histoi-
re natureile, quand ce ne serait qu'à titre de repos et de diver-
sion à leurs études propres. Quant à MM, les médecins, que
nous honorons grandement, suivant le précepte de la sainte
Ecriture, ils sont tous plus ou moins naturalistes, tant il y a
de rapports entre la médecine et l’histoire naturelle.
Nous prions instamment les personnes qui recevront ce
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12 LE NATURALISTE CANADIEN
numéro et qui ne jugeront pas à propos de s’abonner au NATU-
RALISTE, de nous le renvoyer sans délai avec le mot REFUSÉ :
et cela dans le but de nous éviter les frais inutiles, qu’il nous
serait difficile de supporter, d’un tirage trop considérable des
livraisons suivantes.—Sans doute cette facon de chercher des
souscripteurs paraît importune à beaucoup de gens. Mais nous
ne pouvons toujours pas mettre en campagne une armée d’a-
vents qui parcourraient toutes les paroisses de la Province pour
solliciter des abonnements : car nous constatons, par notre li-
viet de banque, que sur les $5,000 au moins que cela coûte-
rait, il nous manque le montant de $4,997.77. En attendant
que cette somme rentre dans notre porte-monnaie, d’où elle
n’est d’ailleurs jamais sortie, il nous faut bien employer le mo-
yen habituel de lancer un journal.
Ainsi donc,si l’on ne croit pas devoirs’abonner, qu’on veuil-
le bien en informer son maître de poste ou nous renvoyer le nu-
méro reçu, avec son adresse et le mot “refusé.” Pour nous,
nous devrons considérer comme abonnés ceux qui auront gardé
ce numéro,
Il est bien entendu que nous ne voulons nous imposer
à personne ; ilest par trop évident que chacun est libre
de concourir ou non au maintien du Naluraliste, Nous enga-
geons toutefois ceux qui peuvent le faire aisément,à souscrire
à cette Revue: par la dépense légère d’UNE PIASTRE, ils aide-
ront eflicacement une œuvre utile, et nous croyons que sou-
vent ces pages leur offriront profit et plaisir,
MONSEIGNEUR LAFLAMME
a — —
Il nous est particulièrement agréable d’avoir à enrégistrer,
dans ce premier numéro, la distinction honorifique que le Saint-
ENTOMOLOGIE MÉDICALE re
Siége vient de conférer à notre ancien professeur d’histoire na-
turelle, M. labbé Laflamme, Recteur de l’Université Laval.
Sans doute, par ce titre de Protonotaire Apostolique, on a
voulu honorer les vertus, les qualités et la haute position du
nouveau dignitaire ; mais M. Laflamme est aussi l’une des
personnalités scientifiques les plus en vue du Canada, et les
adeptes de la science, surtout en notre Province, ne pourront
s'empêcher de croire qu'en même temps on avait en vue de
récompenser les mérites d’un savant qui fait grand honneur
à notre corps ecclésiastique.
Jeune encore, le Recteur de l'Université a déjà presque
épuisé la série des distinctions qu’un ecclésiastique peut ici
obtenir.
Le NATURALISTE CANADIEN, qui sera honoré de la collabo-
ration de Monseigneur Laflamme, est heureux de se joindre à
toute la presse du pays, et de lui offrir ses sincères félicitations.
ENTOMOLOGIE MEDICALE
L'homme, roi de la création, règne sur des sujets qui
n’acceptent pas tous également sa domination. Les nihi-
listes, anarchistes et autres révolutionnaires qui, de nos jours
surtout, s’attaquent partout au pouvoir royal, ne sont pas les
premiers à s’insurger contre les monarques. Il y a longtemps,
en effet, que l’homme-roi éprouve des contradictions de Ja part
des éléments et des êtres des trois règnes de la nature, C’est
sa faute, aussi; il avait beau à ne pas céder aux promesses du
fameux serpent !
jh ho Ad
14 LE NATURALISTE CANADIEN
C'est le règne animal qui fournit le plus grand nombre de
nos ennemis, Nous ne parlerons pas pour le moment de la
guerre que nous font trop souvent les loups, les tigres, et tant
d'antres carnassiers dont l'humeur laisse parfois à désirer à
notre endroit; remettons aussi à plus tard d'étudier les mau-
vais procédés dont Messieurs les microbes récompensent fré-
quemment l'hospitalité qu'ils reçoivent, ou plutôt qu'ils pren-
nent chez nous. Quelque jour, nous traiterons au long cette
question de l'hostilité du règne animal contre l’homme. Au-
jourd’ hui, nous ne voulons parler que d'un cas particulier rele-
vant de l'entomologie médicale,
Nous devons au Dr R. Matas, de la Nouvelle-Orléans, un
rapport complet sur ce cas intéressant qu'il a rencontré dans sa
pratique. Il s’agit d'un Anglais, âgé de trente-huit ans, qui, au
retour d’un voyage dans le Honduras espagnol,réclama ses bons
offices pour traiter trois piqûres d’insecte dont il avait été vie-
time seize jours auparavant pendant qu'il se baignait. Ce n’é-
tuit pas au front que notre homme avait été ainsi piqué; il
s’en fallait bien! Disons fort discrètement qu’il avait sujet
d'éviter le plus possible la société des gens trop polis, qui très
aimablement vous prient de vous donner la peine de vous as-
seoir,
Procédant à l'examen de la scène du désastre, le médecin
trouva trois tumeurs rouges et dures, du genre des furoneles
(clous, dans la langue vulgaire), dont la plus considérable avait
bien un quart de pouce d’élévation au-dessus du niveau des
surfaces avoisinantes et formait le centre d’une aire d’inflam—
mation d'environ un pouce et quart de diamètre, En y regar-
dant très soigneusemeut, on constatait que cette même tu-
meur était percée, dans sa partie la plus élevée et la plus cen-
trale, d’un orifice étroit. Les deux autres tumeurs laissaient
voir aussi un point central, revêtu d’une petite croûte de ma-
titre purulente, indiquant bien le st: de la piqûre et l'entrée
du séjour du “ver” ou plutôt de la larve, éclose du tout petit
œuf qu'un traître insecte, contre tout droit, y avait déposé.
J
à
»
ENTOMOLOGIE MEDICALE 15
Mais voici venu le moment paychologique ; il faut déloger
ces hôtes importuns. Avec la pointe de son bistouri, le meé-
decin fait une incision en plein centre de la tumeur.....Ale !.....
quelle douleur aigué!,...Muais, enfin, si notre Anglais était
resté dans sa brumeuse patrie, jamais les mouches du Hondu-
ras espagnol n'auraient songé à lui confier un seul de leurs
œufs. Quallait-ii faire dans cette galère ? C’est évidemment
sa faute ; que cette pensée nous encourage done à supporter
courageusement....ses souffrances.—Pour comble de mal-
heur, cette premiere incision ne servit qu'à faire constater
qu’il fallait aussitôt en faire une seconde, oblique celle-ci, car
telle était la position de l'enfoncement habité par la larve,
disposition qui était la même dans les trois tumeurs. Les
larves étaient établies sous le derme propre, et il fallait inci-
ser complètement la peau pour arriver jusqu'à elles. Mais
comme il arrive quelquefois qu’il ne suffit pas d'ouvrir la por-
te pour faire sortir les gens, de même les larves, mises à dé-
couvert, s'armant de nous ne savons quel principe de pres-
cription, n’agréèrent pas l'invitation qu'on leur faisait de
s'aller promener et décidèrent de ne céder qu'à la force dans
cette violation de domicile. Le Dr Matas, qui n’entendait
rien à cette jurisprudence d’insecte, ne se fit pas faute d’avoir
recours à la violence, et il fallut une énergique pression de
ses doigts pour déloger les parasites. —Au rapport du patient,
les gens du Honduras en telle occurrence appliquent des cen-
dres chaudes de tabac sur le siège du mai et ont aussi recours
ensuite à la pression des doigts pour expulser les larves.
À la suite de l'opération, le médecin cautérisa avec de
l'acide carbolique pure les cavités précédemment occupées par
ces larves, afin d éviter tout danger d’inflammation, qui au-
rait pu résulter du séjour de ces insectes.
—— Pa
Los “AE
AUTRE A
-
f
#
16 LE NATURALISTE CANADIEN
FIG. 1
Nous donnons ci-dessus (d’après l’Znsect Life) la représen-
tation de cette larve de Dermatobie. Cette forme de poire
renversée est assez étrange.
La partie sphérique et plus large correspond à la tête et
au tronc de l’insecte, et se trouvait au fond de la cavité qu'il
habitait, La portion plus rétrécie correspoud à la partie anale
et porte aussi, à son extrémité, les stigmates ou orifices desti-
nés à la respiration. Dans les tumeurs où résidaient ces lar-
ves, cette extrémité caudale se trouvait le plus près de la sur-
face extérieure et de l'orifice du sommet de ces élévations cuta-
nées. On voit assez la raison de cette position la plus rappro-
chée de l'atmosphère.
(A suivre)
a —
Fig. 1—Larve (très grossie) de Dermatobia. a, surface ventrale ; b, surface
dorsale. La petite ligne placée entro les deux gravures indique la longueur réelle
de ls larve,
(er À a à ft NB ns SRE EN AT
ab
LE DERNIER ÉCRIT DE L’ABBE PROVANCHER 17
LE DERNIER ECRIT DEC ABBE PROVANGHER
Nous devons à l’obligeance de notre ami, M. E. Kouillard,
Greffier de la Couronne en chancellerie ef ancien rélacteur
du Matin, de pouvoir publier ici le dernier écrit destiné à la
publicité par feu Vabbé Provancher. Cet article, envoyé au
Matin, a da être rédigé vers la fin de février ou le commen-
cement de mars 1892, lorsque son auteur était à la veille
d'être frappé de la grave maladie qui l'a emporté. C'était
l'époque des élections provinciales dont on se rappelle encore
lss émotions ; les péripéties de la lutte et les joies de la vie-
toire firent retarder de quelques jours la publication de l'écrit,
et l'on apprit bientôt la nouvelle de la mcrt de l'abbé Provan-
cher. Comme ce n'était que l'entrée en matière d’un travail
d'une certaine étendue, la rédaction du Matin ne crut pas
devoir la publier. M. Rouillard en à conservé le manuscrit,
et nous le remercions d’avoir bien voulu nous le communi-
quer. 3
M. Provancher s'était autrefois occupé beaucoup de la
culture des plantes d'ornement, et, dans ses derniers temps,
ce goût lui était revenu avec une égale intensité. fon der-
nier écrit témoigne assez de ces dispositions.
Nous publions cet article à titre de souvenir, platôt qu’à
raison de son intérêt scientifique qui est fort léger. Nous en
supprimons certaines appréciations politiques que se permet-
tait en passant l'abbé Provancher, écrivant sous la signature
d'UN AMATEUR : appréciations concordant avec ce qui s’écri-
vait en ce temps-là dans les journaux ministériels, mais qui,
pubiiées aujourd’hui, nous vaudraient peut-être maintes pour-
3—Janvier, 1894
LE NATURALISTE CANADIEN
» suites pour libelle. Et le rédacteur-propriétaire du NATURA-
a LISTE ne pourrait pas, sans s’exposer quelque peu à la gêne,
5 ne payer les vingt-cinq ou trente mille piastres que réclame- 134
“ raient celui-ci et cehu-là.
7%
CULTURE DES PLANTES D'ORNEMENT
, Il ne faut pas que la politique et les élections nous absor-
bent au point de nous faire oublier des intéréts beaucoup plus
“ … paisibles et source de grande satisfaction et de jouissances. Je
veus parer des plantes d'ornement, et particulièrement de
à: nt rales qu'on peut cultiver dans les appartements.
ji J'avoue cependant que dans les circonstances actuelles .
les élections offrent un caractère tout particulier. ...... se) PES
Mais je reviens à mes plantes. Fe
Ji estassez ordinaire aux cultivateurs des fleurs et au-
4 | tres jantes d'ornement, d'envoyer, chaque année, des catalo-
ey gues peypetx pour allécher les amateurs. Entre tous ces
. catalogues, il n’en est point de préférable à celui de M. John
M Childs, de Floral Park, N. Y. C'est un vrai bijou, ne
- contenant pas moins de sept planches coloriées, outre les cou-
LAS | vertures, du plus grand éclat, et une foule d'illustrations
4 dans le texte d’une exécution parfaite, le tout formant une
grande brochure de 154 pages sur beau papier et d’une im- .
pression sans reproche. Ce catalogue l'empor te de beaucoup
14 sur les autres de même genre qu'on peut voir, notamment sur
celui de Vick de Rochester, N. Y., qui est pourtant si riche.
L'établissement de M. Childs est aussi un des plus considéra-
bles du monde entier. Dar
Floral Park est situé dans l'île de Long Island, à douze À
… milles de Brooklyn et New-York. Le Long Island Railroad .
_ passe à travers les jardins de M. Childs, et pas moins de
_ trente trains arrivent ou partent chaque jour pour New-York
et Brooklyn. |
L'établissement se compose de deux grands magasins,
er ct sans compter trente autres bitisses pour TA et empaque-
.
‘
5
2
À
mA
“i
| CULTURE DES PLANTES D'ORNEMENT Tt
| ter les graines, bulbes, ete. (Il y a aussi) deux sets de serres
pour les plantes tropicales qui exigent protection durant
l'hiver. Une grande scierie est constamment en opération —
ide la confection des boîtes, et une imprimerie considérable
Dour l'impression des catalogues, étiquettes, et de la publica-
tion mensuelle du Mayflower que publie M. Childs.
L'établissement emploie d'ordinaire deux cents person-
nes, et dans la saison des affaires, en mars, avril, mai, on tra-
vaille nuit et jour pour répondre à toutes les commandes. On
_ reçoit dans ces mois de trois mille à cinq mille lettres par
_ jour et on envoie plusieurs tonnes de matière par la malle. —
_ On ne compte pas moins de trois cent mille pratiques
_ réparties dans toutes les parties du monde, en Chine, au Ja-
pon, aux îles Sandwich, en Australie et dans presque toutes
les parties de l'Afrique et ; de l'Europe. Fa Une
Cette grande popularité de l'établissement de M. Childs —
Jui vient de ce que ses prix poaynb défier toute competition,
ses graines sont de qualité supérieure et ses bulbes tou jours
| parfaits pour leur maturité et leur volume. \
Un AMATEUR
CE
‘
{
"20 LE NATURALISTE CANADIEN
Eh bien, nous sommes tenté de recourir au même procé-
es pour rendre compte d’une curieuse Ne de culture,
«Un propriétaire avait planté quatre pommes de terre ;
dans deux, on avait introduit, avant de les mettre en terre,
une fève pour chacune ; dans les deux autres, un pois.” (Pèle-
vin). Et que pensez-vous qu'il est venu ?
—Des citrouilles, pour le moins !
—Non, il a poussé des pommes de terre, des pois et des
‘. fèves ; eb voyez avec quel succès :
ig * rt Des un temps très court, les pois et les fèves pousse-
# rent des tiges très vigoureuses qui foirnirent à la table qua-
| tre plats fe copieux. Mais aussi, chose curieuse! les pom-
. mes de terre poussèrent simultanément, ne furent point atta-
| quées par la maladie, et fournirent une récolte très abondan-
te puisque le premier tubercule donna cinquante-huit pom-
GE de terre; le deuxième trente ; le troisième vingt-neuf : le
: quatrième vingt-cinq.
A at ovallewient ajoute le confrere parisien, le fait de-
_ mande plusieurs autres expériences afin d'établir sil ny a
Bot 1A un simple caprice de la nature ou bien une surprise
dont l'étude pourra tirer un bon parti.”
Sur un des prochains numéros, nous commeneerons une
notice biographique de feu Vabbé Provancher,
La livraison de février contiendra le commencement d’un
travail de longue haleine, un traité élüüentaire d entomologie,
dont l’auteur, M. G. Beaulieu, de Montréal, est l'un de nos
jeunes littérateurs-naturalistes d'avenir.
‘ae
Nous publions ce numéro à vingt-quatre pages au lieu de
seize, à raison du développement que nousavons dû donner
à nos articles de rédaction.
*
De Be Crap a ENTRE RESTE |
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Nat tu uraliste Can ANG
ien
AT :
S|
Rédacteur-Fropriétaire : l'Abbé V.-A. HUARD
BON ACCUEIL FAIT AU “ NATORALISTE ”
En prenant la direction du NATURALISTE, nous avons
laissé entendre que nous ne comptions pas beaucoup sur la
coopération du publie, pour assurer le maintien de cette Re-
vue. Or, il semble que nous avons eu tort de nous Jaisser
aller à cette défiance ; jusqu’à présent, du moins, les apparen-
ces indiquent que la résurrection du NATURALISTE a fait
plaisir. Des félicitations et des souhaits très sympathiques
nous sont venus de tous les points de la Provines, et même
d'ailleurs. Ici, c'est un curé dévoué à toutes les bonnes cau-
ses, qui nous paye d'avance cing années d'abonnement ! La,
c'est le directeur d'une importante revue scientifique publiée
dans l'Ouest américain, qui nous offre bienveillamment l’usa-
ge de tous les clichés de gravures qu'il possède ! Des suffra-
ges autorisés, et qui nous font beaucoup d'honneur, ont ac-
cueilli notre début.
C’est qu'on y tenait, au NATURALISTE. Qu'on y fût abon-
né ou non, quon en fit leeture ou que Lon s’en abstint, on
était content de savoir qu'il existait ;on le regardait presque,
à certain point de vue, comme faisant partie du patrimoine
national. Aussi, comme nous l'avons déjà dit, les regrets fu-
4—Février, 1894
VOL. XXI Chicoutimi, Fevrier 1894 No2
4 LE NATURALISTE CANADIEN
rent universels lors de sa disparition.—Et dpuis, combien de
fois nous a-t-on demandé, et de bien des endroits : “ Et le
NATURALISTE ? Allez-vous le faire revivre ?” Nous ne som-
mes done pas surpris outre mesure de Paccueil qu'on lui a
fait.
A tous ceux qui ont bien voulu encourager nos efforts,
nous disons : Merci! du fond du cœur.
Nous offrons nos remerciements, d’une manière spéciale,
à l'Evénement, au Progrès du Saguenay, au Trifluvien, aux
Semaine Religieuse de Québee et de Montréal, au Moniteur,
au Courrier de Saint-Hyacinthe, a la Vérité, à la Croix de
_ Montréal, à la Gazette des Cumpagnes, au Monde Illustré,
à l'Enseignement Primavre, et à notre petit confrère, ou plu-
t6t a notre petit “frère” l'Oiseau-Mouche, qui ont annoncé
la réapparition du NATURALISTE (*). Tous ces journaux l'ont
fait en termes extrêmement sympathiques pour notre œu-
vre, et nous regrettons de n'avoir pas à notre disposition l’es-
pace nécessaire pour enregistrer ces appréciations bienveil
_lantes. k
Notre reconnaissance aussi est acquise à tous les confrè-
res, encore plus nombreux, qui veulent bien nous favoriser
de l'échange de leur journaux avec notre Revue. C'est nous
qui sommes l’obligé, avec la plupart d'entre eux, qui ont la-
Vantage sur nous par leur format, leur publication plus fré-
quente et le prix plus élevé de leur abonnement.
Tous ces témoignages de sympathie, et d'autres encore,
nous consolent un peu des“rorices et des épines” que nous pré-
disait la Semaine Religieuse de Québec, et qu'en effet nous
avons déjà rencontrées sur notre route.
Dans son accusé de réception, rédigé avec grande bien-
veillance, l'£vénement dit que le NATURALISTE “est mainte-
“nant publié par le Séminaire de Chicoutimi.” Nous croyons :
(*) I est possible que d’autres journaux aussi aient parlé de ce fait 3 mais nous
n'avons pas été à même de le constater.
A QUOI SERT L’ETUDE DE L'HISTOIRE NATURELL& 23
devoir déclarer ic! que ie NATURALISTE CANADIEN est une en-
treprise qui nous est tout à fait personnelle, comme il est
d'ailleurs suffisamment indiqué à l'en-tête de notre publica-
tion, par notre titre de “rédacteur-propriétaire.”
I Parmi les personnes à qui nous avions adressé le
premier numéro du NATURALISTE et qui n’ont pas jugé à pro-
pos de s’y abonner, quelques-unes nous ont simplement renvoyé
6e numéro, sans aucune indication de leurs nom et adresse.
On a évidemment beaucoup trop présumé de notre capacité
scientifique, si l’on nous à cru en mesure de deviner ces ren-
seignements indispensables. Il en résalte que notre journal
continuera à être envoyé à ces personnes, tant que nous ne
serons pas mieux informé, qu'elles vont se plaindre amère-
ment de cet ennui et nous écrire peut-être des choses désa-
eréables. Mais il n'est pas en notre pouvoir de prévenir ces
regrettabies cons quences.
A QUOI SERT L’LTUDE DE L'HISTOIRE NATURELLE ?
Nous lisons dans la Gazette des Campagnes, au milieu
Vappréciations beaucoup trop flatteuses pour nous: “Inutile
“de dire que cette publication doit trouver place dans toutes
“les bibliothèques et tout particulièrement celles des cer-
“cles agricoles, pour être consultée au besoin. Cette pu-
“blication doit nécessairement former partie d’une bibliothèque
“agricole indispensable à chaque cercie agricole......L’étude
“des insectes, des oiscaux, etc., est nécessaire à ceux qui s’oc-
“cupent d'agriculture et d'horticulture, car il importe de con-
ACER
2
24 LE NATURALISTE CANADIEN
“naître les insectes et les oiseaux qui font tant de mal aux ré-
“coltes, et de savoir distinguer les auxiliaires les plus utiles à
“l'aoriculture.”
Ces réflexions méritent la plus sérieuse attention. L’his-
toire naturelle, et l'entomologie en particulier, n’ont pas pour
but unique de nous renseigner sur la description des êtres de
la nature ; elles ont aussi un but d'utilité pratique : telle plan-
te, tel oiseau, tel insecte, etc., sont-ils utiles ou nuisibles ? Voi-
là ce qu’il faut reconnaître, pour en tirer parti dans le premier
cas, nous défendre dons le second. On aurait done grand tort
de croire que lentomologiste, par exemple, se propose seule-
ment de savoir si telle espèce de papillon se trouve en un en-
droit déterminé, à quelle famille il appartient, quelles taches
on remarque sur ses ailes, ete. Ce serait oublier absolument
ce qu'on nomme l’entomologie économique, à laquelle les na-
turalistes d’Ontario et des Etats-Unis donnent aujourd’hui tant
d'attention.
Avec le temps, le NATURALISTE fera aussi sa part dans cet-
te étude pratique de l'histoire naturelle,
ENTOMOLOGIE MEDICALE
(Suite et fin)
Le corps de cette larve (Fig. 1, page 16) est concave sur
la surface ventrale et convexe sur la surface dorsale. Mais
que sont done ces sortes de franges dentelees, disposées com-
me en cercles autour du corps de la larve, cercles simples sur
l'abdomen, "et’doubles sur le dos? Devons-uous y voir des
CN
ENTOMOLOGIE MEDICALE 25
espèces de“falbalas’ destinés à la parure ? Vraiment,il ne man-
querait plus cela: voir les exigences de la mode suivies jus-
que chez les Dermatobies, qui, en matière de coquetterie, fe-
raient concurrence à Mmes et Miles de l'espèce humaine !
Allons, ne calomnions pas ces pauvres larves ! Passant la pé-
riole première de leur vie dans les profondeurs du derme,
elles n'ont pas besoin de vains ornements, qui ne charme-
rent toujours pas beaucoup les yeux humains, puisqu'il fau-
drait au moins le secours de la loupe pour les bien distin-
guer.—Ces dents ou crochets terminés en pointes sont, pour
la plupart, dirigées vers l'extrémité cau lale, et ce simple fait
nous fait voir quelle est leur raison d'être. Lour rôle est de
maintenir la larve dans la cavité qu'elle habit: et de s’oppo-
ser à sa sortie involontaire ; s’enfongant dans les tissus envi-
ronnants, ils offrent une résistance d'autant plus grande que
la traction de l'extérieur pourrait être plus forte. N'est-ce pas
admirable ? et la sagesse du Créateur ne se montre-t-elle pas
jusque dans les plus petits détails ?
Outre ces trois rangs de dentelures ou d’aiguillons, on
remarque encore sur les deux segments supérieurs de la larve,
un grand nombre de petits tubercules ponctiformes et noira-
tres, dont le rôle est sans doute encore peu connu.
Les larves de Dermatobies, quand on les laisse suivre en
paix lefcours de leur paisible existence—ce qui ne doit pas arri-
ver souvent, car il y a maintenant bien des médecins dans le
monde,— subissent une transformation aprés un séjour plus
ou moins prolongé dans la cavité qu'elles habitent, et, arri-
vées à l’état parfait, sortent de leur ténébreuse demeure pour
vivre ensuite en pleine lumière.
Nous étudierons avant longtemps d’autres cas intéres-
sants d'insectes parasites.
Plusieurs de nos médecins ont dû rencontrer, dans leur pra-
tique, de ces exemples de parasitisme sur l’homme. Pourquoi
ne les comniuniqueraient-i's pas au publie par la voie du
NATURALISTE, qui est entièrement à leur disposition ? On ne
saurait croire l'importance que peuvent avoir, pour les
progrès de la science, les moindres faits remar qués ici et là ; Ÿ
ces observations réunies et comparées permettent d'arriver à
des données précises. qui sont souvent de la plus grande uti-
lité. Chaque observateur devrait donc se faire un devoir, pour
l'utilité commune, de faire connaître ce qu'il a remarqué
d'intéressant. Qu'il s'agisse de communications de quelques
lignes ou de quelques pages, nous les accueillerions toutes
avee empressement.
INTRODUCTION
La
Deux grandes croyances, concernant l'origine de l'hom-
me, divisent, de nos jours, le monde des savants : la première,
celle qui est la plus ancienne, celle qui nous a été révélée par
Dieu lui-même parlant par la bouche de Moïse, enseigne que
l’homme est sorti directement des mains du Créateur, à l’ima-
ge de qui son âme a été créée; la seconde, née d'hier du cer-
veau des matérialistes, s’évertue à prouver que l’homme est
un animal perfectionné et que le sing: est son ancêtre,
Comme ce petit traité s'adresse à mes compatriotes et
que, Dieu merci, la foi qui vient d'en haut et qui vivifie n’a
pas encore déserté du cœur des Canaliens-Frauçais, je n'ai
_ pas à discuter sur ces deux croyances qui se combattent,
An dre M MP au Ke DE AU EE ES
COURS D' ENTOMOLOAIE POPULAIRE 27
Nous croyons tous à la Révélation divine ; et, pour nous, la
parole d'un Moïse inspiré par Dieu a plus de force et de
poids que la parole dun Darwin inspiré par la matière muette
et brutale.
Comment se fait-il qu: ces savants de nouvel aloi rejet-
tent la, croyance générale de tous les peuples et de tous les
äges, pour embrasser une théorie basée sur des hypothèses
plus ou moins fondées ? et qu'ils nous viennent dire impu-
demment : “Newton, Thomas d'Aquin, Bossuet et tous ces gé-
nies que vous proclamez si haut étaient cependant dans ler-
reur : c’est nous que vous devez croire quand nous vous di-
sions que L homme est un animal perfectionné !"....
Certes, je ne m'étonne pas, d'ailleurs, que l’on veuille se
donner pour père, le singe, cet animal moins bien doué que
beaucoup d’autres animaux, lorsqu'on n'arrête orgueilleuse-
ment son esprit qu’à la forme extérieure de la matière et que
l'on ne veut pas croire qu'entre ces deux êtres, le singe et
4 l’homme, il y a un abime infranchissable l'âme humaine l'âme
avec ses nobles facultés, l'âme avec ses sublimes aspirations ;
non.je ne m en étonne pas ; que peut l'intelligence humaine par
elle-même et livrée à sesseules ressources? L’orgueil la mène à
travers les écueils de l'erreur, et é’est un bien triste pilote que
\ Porgueil ! Lorsque tant d’intellisences d'élite ont cru à la pa-
role de Moïse, iorsqu’elles ont été puiser ia vérité sainte à la
source de la Révélation, pourquoi rougirions-nous de croire ?
pourquoi douterions-nous ? Oui, encore une fois, il est à plain-
dre celui qui croit arriver à la vérité sans recourir à la voie
que lui a toute tracée la Révélation divine. ..
Done, notre croyance à cet égard, c'est que Dieu, l’E-
tre infini en ses perfections et en sa puissance, fit notre corps
d’un peu de boue et l’anima de son souffle créateur ; puis il
dit à l homme: “Crescite et multiplicamini ! eroissez et multi-
pliez-vous. Croissez non seulement en nombre, mais en sa-
gesse, mais en science, mais en force, mais en intelligence.
Afin de vous aider en cette tâche, noble but de votre existen-
ce, cette belle nature que j'ai créé», ces plant2s, ces arbres, ces
28 LE NATURALISTE-CANADIEN
rochers, ces mers, ces animaux de toutes sortes, tout est à vous,
je mets tout à votre usage pour votre bonheur et votre sanc-
tification. L
Kt l’homme a pris possession de son domaine : la terre,il l'a
parcourue en tous sens: sur un fréle navire il a sillonné les mers
cia isons jgeme ‘a dompté eur fureur, il’ a foreé les
vents impétueux a le servir; il a utilisé Jes forces
les plus cachées de la nature; sa voix a commandé aux
animaux et en a fait ses esclaves ; son regard a fait s’enfuir les
fauves au profond des solitudes ; enfin, après avoir vravi les
plus hautes montagnes, il a dit : “Je suis le roi de la création ;
mon trône, c'est le divin Créateur qui me l’a élevé: Gloire à
Dieu au plus haut des cieux !”......
Voilà ce qu’a fait l’homme.
Mais il ne s’est pas arrêté là : il a voulu que rien dans
son domaine ne lui fût inconnu : il a tout étudié : les arbres
Jui ont dévoilé leur utilité ; les métaux sont venus le servir ;
l’homme a tout passé en revue ; ces infiniment petits eux-mé-
mes qui peuplent chaque brin d'herbe, il les a étudiés dans
leurs mœurs, leur utilité, leur mode d'existence, et à chacun
deux il a donné un nom.
C’est cette science des insectes, c’est cette étude du monde
des infiniments petits, que l’on désigne sous le nom d’entomo-
logie (du grec entomos, insecte, et logos, discours).
Cette science n’est pas nne des moins attrayantes : elle
parle 4 l'âme comme à l'esprit, et les élève tous deux vers
le Créateur de toutes choses, qui a manifesté sa puissance plus,
peut-être, dans ce brin d’herbe qui vacille au moindre soufile,
dans ces insectes aussi variés qu'éelatants, qui brillent aux
rayons du soleil bienfuisant, que dans ces mondes gigantesques
et innombrables qui peuplent les espaces infinis,
Cette science a aussi son utilité. La terre est le théâtre
d'une Intte continue : c’est la lutte pour Ja conservation de
l'existence, Les ressources immenses que le sol fournit à ses
habitants sont cependant insuflisantes à satisfaire les appétits
et les besoins detoug, Aussi du plus faible insecte jusqu'à
THE NIDIOLOGIST 29
l'homine, c’est une lutte acharnée qui ne finira que dans le si-
lence absolu de la mort éternelle,
Or, au moyen de cette étude de l’entomologie, l’homme,
après avoir observé longuement linnombrable variété des insec-
tes répandus sur son domaine, apprendra à distinguer les nuisi-
bles de ceux qui ne le sont pas, de ceux qui aident dans cette
lutte de l'existence.
C'est done une grave erreur de croire que tous les insectes
sont nuisibles et que tous, ils doivent être exterminés impitoya-
blement.
Et puis, tandis que ces savants de nouvel aloi, dont jai
parlé plus haut, s’obstineront à ne voir en l’homme qu’un pau-
vre singe épilé et un peu perfectionné, tandis qu'ils n’étudieront
la vie naturelle et.animale que pour chercher à y découvrir
de nonveaux rapports entre eux-mêmes et le singe, nous, ca-
tholiques fervents et sincères, nous y verrons une manifesta-
tion de plus de la puissance et de ja bonté du Créateur à qui seul
scut dues toute louange et toute gloire. Et devant tant de myste-
res impénétrables qui arréteront nos esprits atterrés,nous ne sau-
rous alors que lever les yeux vers le ciel, ce séjour ineffable
de la Toute-Puissance, et nous écrier avec le Psalmiste :
“ Mirabilia sunt opera tua |”
GERMAIN BEAULIEU.
(A suivre)
THE NIDIOLOGIST
C’est la seule revue mensuelle iliustrée d'ornithologie,
publiée en Amérique. Fondée, en septembre dernier, et rédi-
gée par M. Henry Reed Taylor, cette publication, qui est vrai-
5—Février, 1894
30 LE NATURALISTE CANADIEN
ment de première classe par les écrits originaux et les belles
gravures qu'elle contient, devrait être encouragée par tous
eux qui s'intéressent à l'ornithologie. Comme son nom lindi-
que, elle donne une attention spéciale à la “ nidification ” des
oiseaux de l'Amérique, tout en s’occupant aussi de I étude
générale de cette branche de l’histoire naturelle.
16 pages gd in-80.—$1 par année.—The Nidiologist,
am>2da, California, U.S.
CHASSE AUX INSECTES
Dans les premiers jours de février, on a capturé, à Chi-
coutimi. un papillon de la famille des Noctuidae, et un diptè-
re du genre Tipula. Mais il n’en faut rien conclure tonchant
la douceur du climat du Saguenay, attendu qu’on les a pris
dans le Séminaire, où la chaleur—tout à fait artificielle —les
a fait éclore avant le temps ordinaire. Le premier vient évi-
demment d’une chenille, qui, en quête d’aventures, s’est intro-
duite dans la maison l’automne dernier. Quant à l’insecte
diptère, imitant d’instinct le stratagème des grecs du fameux
cheval de Troie, il s'est vu transporté à l'intérieur sur une
plante d'appartement qui avait passé la belle saison au jardin,
et sur laquelle sans doute s’étaient écoulés les premiers temps
de son existence.
Il y a peu d’entomologistes qui ne se sont pas occupés
plus ou moins de l'élevage des chenilles. C’est le moyen de
se renseigner sur les caractères distinctifs d’une espèce, à ses
divers états (œuf, larve, chrysalide, insecte parfait), et en
même temps de se procurer de très beaux spécimens pour sa
collection. Quand nous avons fait de ces expériences, c’est
ordinairement en janvier ou février que sont éclos les papil-
lons dont nous avions levé les chenilles.
LES GRAINETIERS DES ETATS-UNIS 31
TES GRAINETIERS DES ETATS-UNIS
Nous avons reçu les Catalogues de graines et de plantes
de plusieurs maisons des Etats-Unis, pour la saison de culture
de 1894 De format in-40 ou in-80, ce sont de véritables bi-
joux de l’art typographique américain : papier et encre de
nuances diverses, gravures tres bien faites et en très grand
nombre, dont plusieurs coloriées, conseiis appropriés pour la
culture des différentes espèces, rien n’y manque de ce qui
peut charmer ou être utile. Les grainetiers ne manquent pas
d'adresser ces superbes brochures à leurs pratiques de l’année
précédente ; ils l2nvoient aussi a tous ceux qui en font la de-
mande, moyennant un prix léger, dont on est, croyons-nous,
remboursé à la première commande.
Nous allons donner les titres complets et les adresses des
publications de ce genre que nous avons reçues, afin d'être
utiles à nos lecteurs qui auraient besoin de s’approvisionner
de graines de fleurs et de légumes, etc. Et nous ne croyons
pas, en ceci, sortir de notre terrain : le NATURALISTE se pro-
pose de faire aimer l'étude des sciences naturelles, et veut aus-
si travailler à répandre le goût de l'horticulture et de la “flo-
riculture” en particulier : il y a latrop de nobles et pures
Jouissances, à la portée de tous, pour que nous ne désirions
pas y voir participer tous nos amis. C’est dire.que de temps
en temps—il y a déjà tant de sujets à traiter nous nous
oecuperons un peu de ces objets intéressants.
Manual of every thing for the garden 1894, in-4o 160 p.
Peter Henderson & Co., 35 & 37 Cortlandt st., New-York. 20
cents.
Maule’s Catalogue, 1894, in-40, 120 p. Wm Henry Mau-
le, 1711 Filbert st., Philadelphia, Pa.
Vicks Floral Guide, 1894, in-40, 112 p. Jas Vick’s Sons,
Rochester, N.Y. 10 cts.
LE” NATURALISTE CANADIEN
Childs’ Rare flowers, vegetables and fruits, 1894, in-8o,
188 p. John Lewis Childs, Floral Park, N.Y. 25 cts.
Burpec’s Farm Annual, 1894, in-So, 172 p. W. Atlee
Burpee & Co, Philadelphia, Pa. 10 cents.
Le Catalogue suivant, qui n’a pas la richesse typographi-
que des précédents, est néanmoins bien intéressant pour les
amateurs de plantes de serre ou d’appartement :
Catalogue of new, rare and beautiful plants and seeds,
R. D. Hoyt, American Exotic Nurseries, Seven Oaks, Florida.
Enfin, les maisons Evans et Ewing & Co, de Montréal,
publient aussi, nous dit-on, de jolis Catalogues de graines de
jardin, ete.
UN JARDIN DANS UNE CITROUILLE!
M. l'abbé J.-E. R., curé de St-E. (Beauce), nous communi-
que un phénomene bien intéressant,que nous ne connaissions
auparavant que par les auteurs. Sa cuisinière, préparant
une citrouille pour le chaudron, fut bien surprise de trouver,
à l’intérieur du potiron, une végétation véritable !
Plusieurs graines de la citrouille, se trouvant là à l'obs-
eurité, à la chaleur et à l'humidits, toutes conditions favora-
bles, en avaient profité pour germer bel et bien. Les petites
plantes ont atteint une longueur de cinq à six pouces, portant
à une extrémité les deux cotylédons classiques, et, à l'autre,
une touffe de petites racines. L’enveloppe de la graine est
encore fixée à la tige. Mais la couleur verte n’a pu se pro-
duire, parce que la chlorophylle (matière qui donne cette cou-
leur aux végétaux) ne peut se développer que sous l'influence
de la lumière.
Nous remercions M. l'abbé R. de nous avoir transmis ces
spécimens de végétation hative.
do. nt mie
a TS eee
JF
D POS
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LA CONSERVATION DES ŒUFS De
LA CONSERVATION DES ŒUFS
Il ne s’agit pas ici des œufs de papillon ou d’araignée
que nous nous occupons assez rarement de conserver. Il ne
s'agit pas des œufs de moineau, qu'il faudrait bien plutôt dé-
truire le plus possible. Il s’agit, pour le moment, du vulgaire
œuf de poule, œuf auqnel poules et gens s'intéressent beau-
coup: ceux-e1 veulent mettre les œufs à l'écart pour un tamps
aussi long que possible, celles-l4 entendent, sans aucun délai,
en faire des poussins. Il y a là un duel, dû à des intérêts
différents, que nous ne verrons pas cesser de sitôt.
Laissons les poules se tirer d'affaire comme elles pour-
ront, et iudiquons à la fermière un excellent moyen de con-
server les œufs a l'état frais.
Nous n’étonnerons personne en disant que dans l'œuf, à
part la coquille, il y a deux parties principales : lo le jaune ;
20 le blanc. C'est facile à retenir.
Le blanc, dont nous avons seulement à nous occup>F ici,
c’est de l’albumine jointe à quelques sels. Quand l'œuf est
trais, il est absolument rempli ; à mesure qu’il vieillit, l’albu-
mine s'évapore de plus en plus, remplacée par de l'air atnios-
phérique. Cette évaporation ou cet échange se fait à travers
la coquille, qui, sans que nos yeux nous le disent, est percée
d‘une multitude de petites ouvertures. Le microscope s'en
aperçoit bien, lui. |
Eh bien, -c'est d’une Jlimpidité cristalline —obstruez
toutes ces petites ouvertures,en enduisant l'œuf de gomme la-
que dissoute dans une quantité suffisante d'alcoot : Yalbumi-
ne restera dedans ; et l'air, dehors. En un mot l'œuf sera tou-
jours frais. Quand vous aurez besoin d'œufs pour faire cou-
ver les poules ou pour fabriquer une omelette, il suftira de
laver ce vernis dans l'alcool, et vous aurez l'article à point !
L'84 LE NATURALISTE CANADIEN
pe
L'INFLUENCE DE LA LUNE
TE L'étude de l'influence de la Lune sur le temps revient à
la mode. Rappelons que J. Herschell croyait que les nuages —
ont une tendance à s’évanouir devant la pleine Lune: d'après
- Humboldt, le fait était universellement reconnu dans l’Amé- oe:
+ rique du Sud ; Arago appuyait cette these, en admettant des
: chutes de pluies plus eonsidérables à la nouvelle Lune qu’au
moment où ele est pleine. Le Rev. S.J. Johnson a cherché
4 Li à élucider la question, par des observations poursuivies pen- ts
dant quinze ans elles ’aménent à conclure, dans unecommu- oh
AU k 3 3 2 Pa.
nication à la Royal Society, que la pleine Lunen’a pas l'influ-
enr: x VAR At
| ence supposée. ae)
Th | (Cosmos du 27 janvier 1894)
~
BIBLIOGRAPHIE oa
Disputationes theologice seu Commentaria in Summam
Theologicam D Thomæ— DE CREATIONE. Quebeci, 1893.
Nos remerciements à l’arteur, M. l'abbé L.-A. Paquet, D.D.,
Professeur à l'Université Laval, pour l'envoi d'un exemplaire
_ de cet important ouvrage.
, Après examen de ce livre, nous nous associons volontiers
aux appréciations élogieuses qu’eu ont faites les principaux
journaux et des personnes entendues. Jusqu'à ce jour lalit-
. | |
BIBLIOGRAPHIE 35
térature canadienne compte bien peu d’ouvrages théologiques
et nous devoas savoir gré à M. l'abbé Paquet de l'avoir enri-
chie d'un travail de si grande valeur.
Le naturaliste trouvera profit dans bien des endroits de
ce traité DE CREATIONE, par exemple dans la 1ère partie : de
creatione rerum in genere ; dans la 5e partie: de creatura
corporuli, où ilrencontrera d'intéressantes études sur les
“Six jours de la création”, et sur le “Transformisme.”
Li vraie science doit se laisser guider par la théologie.
L'enseignement de l'Eglise n’étant que “la parole de Dieu.”
toute assertion de la science qui lui est opposée doit être re-
gardée a priori comme fansse.—De nombreux exemples ont
prouvé la vérité des principes que nous énonçons en ce mo-
ment.
# #
#
24th Annual Report of the Entom. Soc. of Ontario, 1893,
Toronto.—Nos remerciements à la Société Entomologique
d’Ontario pour l'envoi d'un exemplaire de son intéressant
Rapport. Cette brochure de 112 pages renferme un grand
nombre d'importants travaux, signés par les entomologistes
les plus en vue du Canada et des Etats-Unis. Nous y voyons
beaucoup de belles gravures, entre autres le portrait du Rev
C. J. S. Bethune, le distingué directeur du Canadian Ento-
mologist.
La Société Entomologique d'Ontario reçoit une subven-
tion annuelle de $1,000 du gouvernement de notre Province-
sœur. Quand les entomologistes de notre Province se ver-
ront-ils à pareille fête ?
* %
*
Etat des comptes publics dela Province de Québec, 1891.
Règlements du Conseil d'hygiène de la Province de Qué-
bec, 1891 ; Statistiques vitales et mortuaires de la Province
de Québec, 1889-90.
‘de ces envois, qu tai ont été faits en 1892! Mais, à cette épo-
que, il était en plein sommeil ; et l’on ne peut être responsa-
ble, généralement parlant,de ce que l’on ne fait pas lorsqu'on
dort. ;
Mais ii n’est jamais trop tard pour remercier ; ct, dès
| qu'il le peut, le NATURALISTE remercie qui de droit pour l’en-
¢ voi de ces publications,
+ *
*
Monatsschrift fur Kakteenkunde, Janvier 1894,—C’est
le nom d'une revue de botanique, publiée à Berlin en langue
Belle impression, belles gravures. I] nous est même
impossible de déchiffrer ladresse de la publication, ce qui
empêchera le NATURALISTE de lui rendre sa visite.
Vu l'abondance des matières, nous publions ce numéro
4 vingt pages, aw lieu de seize,
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Naturaliste Canadien
VOL. XXI (VOL.I DE LA DEUXIEME SERIE) No 3
Chicoutimi: Mars 1894
: Rédacteur-Fropriétaire : Abbé V.-A. HUARD
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«% | L'Abbé LÉON PROVANCHER
: Né le 10 mars 1820 ; décédé le 25 mars 1892
1
f—Mars 1594,
NOTICE BIOGRAPHIQUE
«
En ce mois de mars, deuxième anniversaire de la mort
de l'abbé Provancher, il est convenable que le NATURALISTE
CANADIEN rappelle plus spécialement la mémoire de son Fon-
Re -dateur. Aussi est-ce à juste titre que l'administration de la
| Revue ma pas épargné les frais pour offrir à ses lecteurs
le portrait du savaut défunt, que l'on voit à la première page
de ce numéro et qui est le plus parfait qu’elle a pu obtenir,
en égard à ses ressources peu considérables. C’est l'hommu-
on ge bien mérité du NATURALISTE à celui qui, en dépit de tous
les obstacles, lui à donné et lui a conservé longtemps l’exis-
_ tence.
Le même sentiment de haute convenance, auçuel s ajou-
te wy tent la gratitude du disciple et le souvenir fidèle de l'amitié,
_ mrinspire la pensée de commencer, en même temps, un travail
oe Docs que a veux faire le Ne do qu "il me sere
yavais LAS Les rar de voir as ee
ment le NATURALISTE CANADIEN, et que, me sembluit-il, nul
autre endroit n'était mieux désigné pour présenter à mes
t compatriotes la deseription d'une figure,d’une vie,d une œuvre
ie qui leur ont fait grand honneur.
| Au lendemain de la mort de l'abbé Provancher, les jour-
- naux de la Province n'ont pas manqué de donner à leurs lec-
teurs quelques détails sur la vie de notre savant canadien-
… français. Plusieurs publications scientifiques de l'étranger en
ont fait autant. Mais rien de tout cela n'a été suffisant pour
rendre pleine justice à l'homme qui venait de disparaître. Les
dates importantes de sa vie, l'énumération de quelques-uns de
.
ses ouvrages, une appréciation très générale de son œuvre :
»
*
+A / AY bid f ;
we Vici POMTT EVER) be TOATICES RARE
L ABBE PROVANCHER 39
‘est là tout ce que le public a pu lire concernant cette exis-
tence si bien remplie. C'est là aussi tout ce que ces publicis-
tes pouvaient savoir. Lequel d’entre eux, en effet, ent avec
l'abbé Provancher des rapports assez suivis pour en connaitre
davantage ? Lequel, se servant journellement, dans des étu-
des personnelles, de ses ouvrages scientifiques et n'avançant
qu'à mesure que ceux-ci étaient livrés à la publicité, a pu sui-
vre ainsi les développements de l'œuvre de notre savant ?
Grâce aux circonstances, je me suis trouvé davantage
dans ces conditions favorables. J'ai entretenu des relations d'a-
mitié et même d'intimité avce l'abbé Provancher, depuis 1872
jusqu’à sa mort, en 1892 ; outre de constants rapports épisto-
laires, chaque année j'ai eu l'avantage de passer un certain
temps en sa compagnie, dans son ermitage du Cap-Rouge,
près Québec, pour ne pas parler des voyages fréquents que
nous avons faits ensemble ; la fondation du NATURALISTE a
quasi-déterminé ma vocation de naburaliste, et je n’ai avancé
dans l'étude de l’histoire naturelle qu'en proportion des pro-
grès de l'œuvre scientifique de Pabbé Provancher, attendant
pour ainsi dire la publication de ses divers ouvrages pour al-
ler plus loin, sans compter la direction personnelle que J'ai.
constamment reçue de lui.
Mais, voici encore mieux. Quelques années avant sa
mort, jeus la pensée qu’un Jour peut-être je me trouverais
dans loccasion d'écrire quelque chose sur la vie de mon vieil
ami ; dès lors, pour m'y préparer, je dirigeais quelquefois la
conversation sur les événements de sa vie, et ensuite je met-
tais par écrit ce que j'avais appris de nouveau. Je fis ainsi
en 1890, sinon avant, et surtout en 1891, dans le dernier sé-
jour que je fis chez lui. Cette année-là, il était facile de pré-
voir que le terme de sa vie n’était pas éloigné. Aussi, je mul-
tipliai à dessein les questions sur le passé, et je pris des notes
encore plus précises, dont j'estime la valeur pour le travai:
que j'entreprends.
Dans ces mêmes derniers temps, je fis plusieurs tentatives
pour engager le vieillard à écrire des Mémoires sur sa vie. IH
40 LE NATURALISTE CANADIEN
avait rencontré tant d'hommes et tant de choses, durant le cours
(le sa longue existence, il avait des vues si originales sur les
événements sa manière d'écrire avait parfois tant de piquant
>? ? ;
que l'ouvrage aurait été d’un intérêt plus qu'ordinaire. Mais
j'insistai vainement : il était davis qu'une telle autobiogra-
phie saccorderait mal avec l'humilité chrétienne, Cette ma-
nière de penser lui fait certainement honneur.
J'ai dit que les jouraaux et les revues n'ont pas été à
méme de présenter sous un jour complet la vie et l'œuvre de
notre savant canadien. Une voix cependant s’est fait enten-
dre sur un autre théâtre, voix la plus autorisée de toutes cel-
les qui pouvaient traiter ce sujet avec compétence. Le 31 mai
1892, Mgr Laflamme, alors président de la Société Royale du
Canada, eut à faire devant la docte réunion l'éloge de l'abbé
Provancher, décédé depuis deux mois; et passant en revue la
vie du collègue défunt, appréciant chacune de ses publications
scientifiques, il sut présenter, quoiqu’en abrégé, un tableau
fidèle de cette existence et de cette œuvre. Ces jugements
me paraissent si Justes, que Je serai heureux de les prendre
pour guides dans mes propres appréciations : de cette façon,
je ne craindrai pas de me laisser égarer par des sentiments
… d'amitié que l'on n'a pas coutume de regarder comme une ga-
rantie d'impartialité.
Cependant, quelque intérêt qu'il v ait à prendre connais-
sance de l'appréciation faite de l'abbé Provancher par un de
ses plus savants collègues, ce n'est pas une biographie qu'a
voulu faire Mgr Laflamme ; ayant en même temps a pronon-
cer l'éloge d’un autre collégue défunt, le Dr T. Sterry Hunt,
il a dû se borner à montrer en résumé les résultats des travaux
des deux défunts ; et d’ailleurs un discours, même acadérmi-
que et présidentiel, ne doit pis dépasser certaines limites
… fixées par la convenance. J’estime done que la mémoire du
Fondateur du NATURALISTE exigé davantage, et j'entreprends
aujourd'hui un modeste essai biographique, pour m'acquitter
_de ce que je considère comme un devoir.
L'imperfection de ce travail ne ’empêchera pas de conser-
«+
NRA TRE oh WIDE UP rie
i Qu i
L ABBE PROVANCHER 4]
ver à l’histoire de la science canadienne des détails que peut-
être il lui importera un jour de posséder. En tout cas, les
amateurs de lhistoire naturelle, du présent et de l'avenir,
aimeront sans doute à savoir quelque chose de la carrière du
pionnier qui, à force d'énergie et de persévérance, nous a tra-
cé la voie que nous nous efforçons de suivre.
DANS LA FAMILLE —AU SEMINAI2E
Léon Provancher, fils de Sieur Joseph-Etienne Provan-
cher et de Dame Geneviève Hébert, naquit le 10 mars 1820,
au village nommé Courtnoyer, dans la paroisse de Bécancour,
comté de Nicolet. Cinq garçons et cinq filles, dix enfants
dont sept étaient plus âgés que Léon, furent la couronne de
cette respectable famille canadienne.
Du côté paternel, cette faille descendait de Sébastien
Provancher venu de France vers 1668, et qui habita d’abord
à Québec, plus tard à la Pointe-aux-Trembles, et ensuite au
Cap de la Magdeleine,
L'abbé Jamtel (1), l'un des prêtres qui laissèrent la Fran-
ce à l'époque de la Révolutiou et vinrent au Canada, donna
le saint baptême à notre futur savant.
On peut croire que les années de l'enfance et de la pre-
mière jeunesse de Léon Provancherne différèrent pas beaucoup
de ce qu’elles sont pour tout le monde à peu près.Pourtant un
œil exercé peut prévoir Jusqu'à uncertain point, d’après les
goûts et les tendances qui se manifestent dans un âge si ten-
dre, quelles seront les aptitudes du citoyen de l’avenir, et
dans quelle voie il cherchera de préférence à marcher. Com-
bien de fois n'est-il pas arrivé que le grand péintre et le mu-
sicien distingué se sont révélés bien GE bonne heure, par de
grossières ae wuches tracées au charbon ou a la craie, ou, pour
le second, par de timides essais sur quelque pr:mitit instru-
ment de musique ? Beaucoup de vocations sacerdotales ont
eu pour première annonce cette disposition d’imiter à la mai-
son, et avec les sentiments du plus grand respect, les cérémo-
nies salutes du sanctuaire de nos temples.
(A suivre) V.-A. H.
(1)On ne trouve pas ce nom dans la table du Répertoire général du clergé canadien,
Tanguay. Il m’a été donné par l’abbé Provancher lui-méme.
LE NATURALISTE CANADIEN
COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE
(Continué de la page 29)
CHAPITRE PREMIER
DIVISIONS DE L'HISTOIRE NATURELLE
Sinous jetons un regard attentif autour de nous, nous
voyous que la vie se manifeste dans la nature sous mille as-
pects divers. C'est la plante qui croît en silence dans le cal-
me des champs, qui, sous le regard bienfaisaut du soleil, épa-
nouit, le matin, ses fleurs radieuses, et qui confie son parfum
suave à la brise du soir; c'est l’arbre géant qui élève orgueil-
ieusement vers la nue ses rameaux déliés et dont la force dé-
fie les coups violents de la tempête ; c’est le fauve qui peuple:
_ les cavernes sombres des grands bois et dont les rugissements
étranges portent, D la nuit, l'épouvante jusque dans le
cœur as plus forts ; c'est l'oiseau qui, a tout instant du jour,
élève ses concerts harmonieux vers l'Eternel, comme un hym- $ 4
ne à sa louange et à sa gloire; c’est le poisson qui nage ; c'est |
le reptiie qui siffle ; c’est l’insecte qui bourdonne ; c’est le ver
qui rampe; c'est Me qui travaille, prie, aime et Sie
voila la vie sous ses manifestations diverses.
Aussi l'on comprend aisément que, de tout temps ’hom-
* me, en présence d’une telle variété d’êtres, les a groupés selon
leur conformation extérieure, leur mode d'existence et selon Fo)
leurs rapports entre eux.
Tout d’abord, on a divisé en trois REGNEs cette; immense Pate,
variété des étres et des choses qui nous entourent : ie
I. Le règne minéral ; ce sont les choses qui, n'ayant pas
la vie en elles, ne peuvent par conséquent se mouvoir ni se
reproduire dans leurs espèces, telles que l’eau, l'air, les pier-
res, les métaux, etc., ete. ;
IT. Le règne végétal, comprenant, comme le mot lindi-
LA
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Sa QE SLA te DA al ry
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COURS D'ENTOMOLO
TAROT
GIE POPU LAIRE
que tout ce qui croit par végétation et est incapable de mou-
vements soumis à une volonté libre et intérieure, mais qui ce-
pendant se reproduit dans son espèce : c’est la grande variété
des plantes ;
IT. Enfin, le règne animul, c’est-à-dire tout ce qui a un
mouvement soumis aux instincts et à la volonté, qui se nour-
rit, se déplace, sent et soufre et se reproduit dans son espèce:
les anin'aux, par conséquent. > ï
Tl est une autre division, moins usitée, mais plus logique
peut-être et plus simple surtout : celle basée sur la présence
ou l'absence, dans les corps, d'une organisation réelle ; elle
n’admet que deux règnes : le règne inorganique, comprenant
Jes minéraux, et le règne organique, les végétaux et les ani-
maux. Cette division, plus récente, tranche la difficulté qui
existe dans la classification de certains animaux-pluntes,ran-
@é3 par quelques naturalistes dans le règne animal et par
d'autres dans le règne végétal. 4
Enfin, d'autres auteurs plus conciliants ont adopté ces
deux méthodes de classification et enseiwnent que tous les
corps composant l'univers se divisent en deux grandes SEC-
TIONS :
I. La section inorgunique, qui se compose de tous les
êtres inauimés formant partie du règne minéral ;
IL La section organique. qui se divise en deux parties :
lo le regne végétal et 20 le règne animal.
Cette Jerniére classification semble prévaloir de nos jours
et est employée par la plupart des auteurs; et je vois que
c'est celle que suit l'abbé Huard dans son Traité élémentaire
de Zoologve. | :
hacun de ces trois règnes est susceptible de très nom-
breuses subdivisions parmi les êtres qui les composent. En
etfet, pour ne parler que du règne animal, il est aisé de voir
quelle variété dans les formes, dans les rapports, dans les mo-
des d'existence. ‘Tel animal a une charpente osseuse, tel au-
tre en est dépourvu ; tel animal ne vit que dans l’air,tel autre
ne vit que dans l'eau, tel autre, participant de la nature des
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44 LE NATURALISTE CANADIEN
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deux premiers, vit aussi bien dans l'air que dans Peau ; celui-
ci ne se nourrit que de végétaux, à celui-là ne convient que
la chair, tandis que ce troisième s’accommode et de chair et de
végétaux ; l'un marche, l'autre rampe; l’un s'enfonce dans le
sol, l’autre s'élève dans les airs.
-
Comment donc arrivera-t-on à se reconnaître dans un
tel labyrinthe ? uniquement par la classification.
De tout temps, ai-je dit, l’homme a ainsi classé les ani-
maux ; mais on conçoit que cette classification ait souvent
varié seion les époques, les peuples et l’avancement des scien-
ces.
Aristote, le père des sciences, divisa d'abord les animaux
eu deux groupes suivant qu'ils sont ou non pourvus de sang,
faisant entrer dans le premier groupe lo les quadrupedes, 20
les oiseaux, 30 les poissons ; et dans le second groupe, lo les
mollusques, 20 les crustacés, 30 les insectes.
Pline l'Ancien, qui a fait une espèce d'histoire générale
de’toute la nature, imagina de diviser les animaux selon le
milieu où ils passent leur vie, c'est-à-dire :
lo en animaux TERRESTRES (terrestria) ;
20 en animaux AQUATIQUES (aquatilia) ;
30 en animaux AÉRIENS (volatilica).
Plus tard, beaucoup plus tard—au XVIIIème siècle—
Finné, un savant suédois, donna les bases d’une nouvelle
classification, après avoir indiqué, l’un des premiers, la notion
d'espèce ; et il établit ces six classes :
lo les MAMMIFERES (mammalia).
20 les OISEAUX (aves).
30 les POISSONS (pisces).
40 les AMPHIBIES (amphibia).
50 les INSECTES (insecta).
Go les VERS (vermes).
A quelque trente ans de là, immortel George Cuvier,né à
Montbéliard (France)en 1769,prouva que le système de Linné
ne repose pas sur des bases solides, et, unissant la zoologie à
COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE 45
. l'anatomie comparée, il créa une classification qui, quoique un
j peu modifiée, subsiste encore de nos jours.
Ecoutons-le discuter sa nouvelle classification :
“Il existe, dit-il, quatre formes, quatre plans généraux,
si l'on peut s’exprimer ainsi, d'après lesquels tous les animaux
semblent avoir été modelés....Dans la première de ces
formes, qui est celle de Vhomine et des animaux qui lui res-
semblent le plus, le cerveau et le tronc princrpal du système
nerveux sont renfermés dans une enveloppe osseuse quise
compose du crâne et des vertèbres ; aus côtes de cette co-
lonne mitoyenne s'attachent les côtes et les os des membres
qui forment la charpente du corps; les muscles recouvrent en
général les os qu'ils font agir, et les viscères sont renfermés
dans la tête et le tronc. |
“ Nous appellerons les animaux de cette forme les ANI-
MAUX VERTÉBRÉS (animalia vertebrata).—Ils ont tous le sang
rouge, un cœur musculaire; une bouche a deux mâchoires
placées l’une au-dessus de l'autre, des organes distincts pour
la vue, louie, l'odorat et le goût, placés dans les cavités de la
face ; jamais plus de quatre membres; des sexes toujours sé-
parés, et une distribution tres semblable des masses médullai-
res (1) et des principales branches du système nerveux.
“En examinant de plus près chacune des parties de cette
grande série d animaux,on y trouve toujours quelque analogie,
même dans les espèces les plus éloignées l'une de l’autre,
et l'on peut suivre les dégradations d'un même plan depuis
l'homme jusqu’au dernier des poissons.
GERMAIN BEAULIEU,
(A suivre)
(1) Médullaire : qui a rapport à la moélle.
D
7—Mars 1894.
POLE
ats, >
4 t
eS
é
; Fig. 3.—Le saumon commun.
UNE NOUVELLE ESPECZ DE TRUITE
’ ne
us On sait. que la famille des Salmonides est richement re-
' présentée, dans la faune de notre Province, par le saumon, la
| truite, l’'éperlan, le poisson -blanc, le capelan.
À Le premier genre, SALMO, comprend le saumon et les di-
s verses espèce de truite, au nombre desquelles est la fameuse
5 Ouananiche, nommée en quelques endroits “Truite à queue
1 fourchue.” Scientifiquement parlant, voici la liste des espèces
À de ce genre (Nat. Can. VIII, pg. 66- 70) :
; Salmo salar, Lin., saumon commun, (Fiy, 2.)
A Salmo canadensis, Smith, saumon du Canada (truite du
à Canada).
d Salmo fontinalis, Mitchill, saumon de fontaine (truite
commune),
Salmo confinis, Dekay, saumon voisin (truite saumonée),
Salmo amethistus, Mitchill, saumon améthiste (ouanani-
L che (*),
(*) M. Provancher écrivait Wananish, (Nat? Can., VIII, p. 69) comme aussi |
. feu Mgr D. Racine, qui avait pris ce mot pour nom de guerre dans le fameux “Con- :
grès de la Baie Saint -Paul.’’ Dans ces dernières années, les journaux ont fait pré-
valoir ouananiche.
Fig. 5.—Salmo salar, Lin., Saumon commun, que l’on peut considérer comme è
le type du genre Salmo, auquel appartient la truite.
UNE NOUVELLE ESPÈCE DE TRUITE 47
Les Etats-Unis possèdent encore d’autres espèces que celles-
la, senles mentionnées comme appartenant à notre faune. Mais,
l'été dernier, nous apprenions la déeouverte d’une autre espèce
de truite, nouvelle non senlement pour la faune canadienne,
mais même pour la science.
C’est dans le Lac-de-Marbre, comté d'Ottawa, que l’on a
capturé plusieurs spécimens de cette truite, décrite sous le nom
de Salmo marstoni, saumon de Marston (dédiée à M. R.-B.
Marston, rédacteur de la Fishing Gazette de Londres, un An-
olais excellcmment disposé, paraît-il, pour tout ce qui a rap-
port “au poisson, à la pêche et à l'Amérique”) Elle a été ainsi
nommée et décrite par le Prof. $. Garman, de Cambridge,
Mass., dans Je Forest and Stream. Nous avons sous les yeux
cette description, et nous croyons devoir en donner ici quel-
ques traits qui pourront servir à l’occasion et permettre de re-
connaître sile S. marstoni, Garm., se rencontre en d’autres en-
droits de la Proviuce de Quéhec,
Formule pterygiale 8. a 12.5 D.; 15; AMIS EVE
SN A ER
— Oh ! que voila de belles choses! Mais, comment com-
prendre cette algèbre ?......
—Il n'y a pas ici d'aleèbre; et rien n’est plus simple que
cette formule,......quand on la comprend, ce qui est aussi le cas
pour bien d’autres choses. Voici en deux mots ce dont il s’agit,
Tout le monde connaît ce que sont les nageoires, organes loco-
moteurs des poissons: des replis de la peau, que soutiennent des
os mobiles appelés rayons. Ces nagcoires variaut beaucoup,
suivant les espèces de poissons, quant à leur structure, leur po-
sition et leur forme, fournissent des indications précieuses pour
Ja distinction et la détermination précise des différentes espèces.
La “formule ptérygiale” (de ptérua, aile) n’est que la description
très abréuée des nageoires, par l'indication du ncmbre des rayons
qui les traversent, Il faut done lire comme suit la formule
précédente :
B(ranchiostèges) ou rayons des ouïes (braichies), au
nombre de 11 à 12;
LE NATURALISTE CANADIEN
D(orsale) ou nageoire dorsale, à 13 rayons ;
A(nale), nageoire anale, à 13 rayons ;
V(entrale), nageoire ventrale, à 9 rayons;
P(ectorales), nagcoires pectorales, à 14 rayons.
Pour en finir avec les nageoires, disons que dans cette
nouyelle espèce de truite, les pectorales et la ventrale sont pe-
tites et que celle-ci est placée non pas vis-à-vis la dorsale mais
un peu en arrière. Quant à la (nageoire) caudale (manière
très scientifique de désigner la queue dés poissons), elle est
très profondément échancrée, et même il n'y aurait en Amé-
rique que l'espèce Salmo numayeush qui l'emporterait en ce
point sur le S. marstont.
Les écailles qui recouvrent la peau sont tres petites.—Le
spécimen-type, cest-à dire au moyen duquel on a fait la des-
cription de l'espèce, n'a guère plus que 12 pes de longueur :
mais on a capturé des individus d'environ 18 pes, si maigres et
grêles toutefois qu'ils ne pesaient qu’une livre et quart.
Le dos est brun-foncé, avec teinte bleuâtre iridescente»
sans taches. La couleur sombre du dos devient blanchatre
sur les flanes avec une teinte de rose sous la ligne latérale
_ (ligne formée d’écailles différentes des autres, qui court le
long des côtés). Le ventre est blane. A certains indices, on
croit qne cette truite doit avoir quelques taches rougcâtres ou
jaunâtres le long de la ligne latérale.-—La chair est rose.
Cette truite se tient dans les eaux profondes. Par la beanté
de son coloris et la grace de ses formes, on dit qu’elle tient le
premier rang chez le peuple des truites.
D'après sa description, cette espèce se rapproche évidem-
ment des S. cwnudensis et fontinalis. On les distinguerait
_ par les clefs analytiques qui suivent :
Côtés avec taches blanches oculées d'un point rouge au
MP es cove eee re Sonics vue nos dotane S. CONROENRIS
Côtés tachetés de rouge et de jaune......... .fontinulis.
Côtés non ou très peu tachetés; caudale très profondé-
_- ment échancrée..... owe. tieto0ce ira ee Cha veld ative s NCGTACOTGS
Maintenant, tout n'est pas dit: il faut savoir si le S.
1
x
LE CATACLYSME DU SAGUENAY 49
_marstoni ne se rencontre pas en d’autres endroits de la Pro-
vince que le comté d'Ottawa. C'est aux amateurs de pêche
à nous renseigner sur ce sujet. (1 est évident que chaque fois
qu'ils tireront une truite de l’eau, iis devront se rendre comp-
te de sa “formule ptérygiale” pour voir si ce n'est pas le S.
marstont qui s’est bénévolement accroché à leur ligne. Un
\ .
grand nombre de ces sportmen ont certainement le temps,
dune capture À l'autre, de se livrer à des études très profon-
des....#Æt qu'ils ne se plaignent pas de l'obligation qui leur
incombe d'aider la science. Comment ! Nous leur donnons
une nouvelle espèce de truite, et ils ne se croiront tenus a
aucune gratitude ! |
LE CATACLYSME DU SAGUENAY
L'aspect de la rivière Saguenay a quelque chose d’étran-
ge: “Gouffre subitement taillé en plein granit, blessure effroya-
“ble portée d'un seul coup au sein d'énormes entassements de
“montagnes, et qui a conservé toute son horreur primitive, qui
“est restée béante depuis des milliers d’années.” (Buies.) Le
touriste vognant entre ces murailles perpendiculaires qui en-
caissent le “mystérieux” Saguenay, et sur ces eaux sombres
qu'on lui donne comme prodigieusement profondes, ne manque
pas de se demander comment une rivière a pu s'ouvrir un pas-
sage à travers ces montagnes granitiques......
En 1880, M. Buies a répondu à ces préoccupations du
voyageur par le chapitre XII de son ouvrage Le Saguenay et
la vallée du Lac Saint-Jean, chapitre intitulé : HYPOTHÈSE Du
CATACLYSME. Cette description, très “hypothctique” en effet,
Re MT
ee EN
&
1 : ;
me} 50 LE NATURALISTE CANADIEN ‘a aaa
ms où l’écrivain a mis à contribution toutes les ressources de son ME:
oa merveilleux talent, a été fort remarquée dans le temps.
i En janvier 1886, Mer Laflamme donna, à une séance de ?
4 ie la Société de Géographie de Québee, une conférence dont le
i 4 sujet était une étude de la géographie physique du Saguenay.
> L'une des parties de cette conférence, qui a été publiée en bro-
By chure, est consacrée à la réfutarion de l'hypothèse du “cata-
A clysme.” Au mois de mars, de la même année, Monsieur P.-
a Horace Dumais, Arpenteur, qui réside maintenant à Cham-
4 bord, Lac Saint-Jean, rédigea une défense du. “cataclysme”, en
…_ réponse au travail de Mgr Laflamme: mais cet ouvrage est
y resté inédit.
# " Ayant appris l'existence de ce travail de M. Dumais, nous
à Be avons fini par le décider à consentir à sa publication dans Je
Bis. r NATURALISTE. Nous commencerons, dans notre numéro suivant, de
om 4 à publier cet crit, que nous abi¢gerons probablement, quand à"
À il sera possible : car il est d’une longueur assez considérable. (
Nous l’accompagnerons de quelques gravures destinées à facili- i.
me, ter sur certains points l'intellisence du texte. Il serait utile,
0 pour ceux qui veulent bien se rendre compte des faits et des
: théories qui feront l’objet de la discussion, d’en suivre les déve-
a loppements en consultant au besoin la carte régionnale de la
a la Province de Québec, publiée par le Département des Terres
‘1 de la Couronne, dont une partie représente le territoire du Sa-
0 guenay.
16 M. Dumais désire que nous retranchions de son travail
oe tout ce qui concerne Mgr Laflamme. Mais, tout en donnant yen
EN crédit à notre correspondant de son profond respect pour le Te
4 distingué prélat, nous connaissons assez Mgr Laflamme pour :
4 savoir qu'il n'est aucunement de ceux qui ne souffrest pas la
bi contradiction de leurs idées. En véritable savant quil est,
il entend ay contraire que toute liberté soit laissée à la dis-
cussion scientifique.
eo La discussion d’un événement géologique comme celui-ci,
est intéressante, Si,d’un côté, nous voyons le géologue le plus
autorisé de la Province, il y a, de l’autre, un homme qui
NOUVELLE SÉRIE GA
“possède bien son Sagnenay,”et qui, pendant un grand nombre
d'années, en a scruté tous les coins et recoins. Les deux dis-
cutants sont,on le voit,des autorités,chacun à son point de vue.
Voici donc que le genre humain va se partager encore en
deux groupes. On va être pour le cataclysme ou contre le
cataclysme, comme on est, par exemple, pour ou contre la
protection ou le libre-échange. Il y avait pourtant déjà assez
de divisions politiques ou autres.
Quant au NATURALISTE, il va se contenter de communi-
quer à ses lecteurs les pièces du procès géologique, et il lais-
sera à chacun le soin de juger comme il l'entendra. |
MERCI!
Le Courrier du Canadu et Y Ottawa Naturalist ont salué
la réapparition du NATURALISTE CANADIEN d’une facon extré-
mement sympathique. Nous prions nos confrères d'agréer nos
sincères remerciements.
Nous remercions encore le Progrès, de Windsor, Ont.,qui
lui aussi,a bien voulu signaler la résurrection de notre Revue.
A « CODES + ee ——— comen
ROUVELELE SERIE
Un honorable correspondant nous éerit :
Il y a une chose que j'aurais désirée, —et que tous ceux qui n’ont pas les volu-
mes précédents auraient aussi désirée, —c'est que vous auriez commencé une série
LE NATURALIST
(ES
_ nouv ele: : Le NATURALISME CANADIEN, SÉRIE NOUVELLE, you. I, ce qui faisait un
ouvrage qui aurait été pour ainsi dire complet. Mais, allez done, dans votre bi-
… bliothèque, i installer un ouvrage en commençant par le you. XXI. Où sont les au-
di tres? Ça n’a pas de mine ! Qu'en pensez-vous ?
Nous nous rendons avec plaisir à ces observations, qui
sont de la plus grande justesse. Nous avouons que, dans no-
oe tre désir de conserver au NATURALISTE son caractère d’autre-
fois, nous n'avions pas assez réfléchi aux intérêts des nou-
* veaux abonnés, que nous ne prévoyions pas devoir être si
nombreux. Ajoutons qu'il n'y à peut-être pas cent collec-
_ tions complètes de l’ancien NATURALISTE, dans la Province.
En tout cas, comme on le voit à l'en-tête de ce numéro,
L ‘ nous concilions les intérêts des ancieus abonnés et des nou-
EE en nous servant d’une double numération. Rien n’em-
i _ péchera les nouveaux abonnés, quand ils feront relier la Re-
vue, d'employer la désignation : NOUVELLE SÉRIE, VoL. I, etc.
et de mettre ainsi de leur bibliothèque un ouvrage com-
_ plet à certain point de vue.
Nous ne pensions pas qu'il fût aussi difficile de publier
une revue à 16 pages! Nous n’y réussissons pas davantage,
en ce troisième numéro, qui en compte encore VINGT. Da res-
Me te, notre porte-monnaie est le seul qui protest. Si nos iec-
Be) teurs veulent dire comme nous, nous l’empêcherons de se mé-
ler de cette affaire.....
=
Ia
Nat uralis
s a ae t U Gas. is
Ss ie Canadien
VOL, XXI. (VOL.I DE LA DEUXIEME SERIE) Not
cos Avril 1894
- Rédastzur- TE ropriétai re: PAbbé V.-A. HUARD
ee L ABBE PROVANCHER
| “3 _ Continué de la ane A)
pat +
‘568 J'ignore si le jeune Provancher donna lieu, de cette fa-
es gon, de prévoir qu'il se consacrerait un jour au service des
{ autels. Mais, du moins, sa vocation d2 naturaliste se mani- i
ay festa dès son jeune age. “ Dès mon enfance, écrivait-il en
5 1890, je me suis senti un goût tout particulier pour les cho-
ses de la nature. Né et élevé au milieu des champs, le spec-
_tacle de tout ce qui m’environnait avait pour moi des char-
mes. Je n’envisageais jamais les prés verdoyants, les mois-
sons dorées, les forêts silencieuses, sans éprouver un senti-
(1) A la page 41, j’ai dit qu’on ne trouve pas, dans le Répertoire genéral du
_ clergé canadien, Tanguay, le nom de Vabbé Jamtel, qui donna le saint baptême à
. Léon Provancher. M. l'abbé Geo -P. Côté, curé de Sainte-Croix (Lotbinière), et
M. le notaire A. Désilets, de Bécancour, ont la bonté de m’informer que le nom de
ce prêtre est Francois Le Jamtel, qui fut curé de Bécancour jusqu’en 1835.--On trou-
ve facilement ce nom, orthographié de cette manière, dans le ÆRépertoire Tanguay.
M. Désilets ajoute les renseignements suivants: ‘Notre paroisse porte le nom
de l’un de ses anciens seigneurs, le baron de Bécancourts, qui a joué un rôle de :
i | quelque importance dans les premiers temps de la colonie, accompagnant Lefebvre
de LaBarre, gouverneur du Canada, dans une expédition contre les sauvages de la
_ Nouvelle-York, aujourd’hui Etat de New-York.
“Lorsque M. Provancher demeurait à Bécancourt, on écrivait ‘‘Bécancour’’ ;
i ee mais aujourd’hui on écrit ici ‘‘Bécancourt.”’
, 8—Avril 1894
LE NATURALISTE CANADIEN
a .
ment de satisfaction qui me rendait heureux. Et que de ré-
ves pour l’avenir ne formais-je pas dès lors...... Si le spec-
tacle de la nature avait des charmes particuliers pour attirer
mon attention dès mon jeune âge, de mon côté j’entretenais
toujours un grand désir de pénétrer dans la connaissance de
ses mystères,
“ Tout enfant je connaissais les noms vulgaires de tous
res arbres et arbrisseaux de nos forêts et savais les distinguer :
les foins de nos prairies et les mauvaises her bes des nae
ne m étaient pas non plus inconnus.
“Je me rappelle encore l'impression qu'avait produite
sur moi la vue de fossiles bien distincts qu’on venait de ti-
rer d'un terrain d’alluvion en creusant un puits à l’écoie que
je fréquentais ; comme je me creusai le cerveau pour avoir
Ja solution de ce problème, et comme j’interrogeai en vain les
ouvriers et tous ceux à qui je pus exhiber (ces fossiles)” (1)
On voit assez, par ces détails intéressants, que l'esprit d’ob-
servation et le zèle dans la poursuite de l'inconnu se mani-
festerent de bonne heure chez notre futur naturaliste.
Cette école que fréquentait l'enfant étaiv tenue par le
notaire Paul Pépin, un ancien séminariste. Il y eut pour
condisciples Nérée Desilets et un jeune Dubois, qui plus tard
devinrent médecins, et commença avec eux l'étude du latin.
Léon avait quatorze ans. Le temps était venu pour lui
d'entrer au college. Malheureusement, sa famille était trop
peu fortunée pour l'y envoyer et pour s'engager dans cette
voie des dépenses nécessitées par un cours d Bien qu’en
notre pays ces frais de l'éducation supérieure soient bien
moindres que dans plusieurs autres, ils ne laissent pas d'être
bien lourds pour la plupart de nos familles de cultivateurs,
et il faut admirer le zèle de ces braves gens à pousser aux
études, à force de sacrifices, ceux de leurs fils chez qui le curé
ou l’instituteur ont remarqué d’heureuses dispositions. C’est
au point que, de certains quartiers, s’est élevé un reproche :
(1) Une excursion aux climats tropieaux.
*
ae ay am M mn: À, Ù
A a v a de. ANS ae 4 “>
ie!’ © ened MAC, à Û A yi agis * FEAR at ee d'A: Ode
‘ beaucoup trop d'enfants, a-t-on dit, étudient dans les collè-
L'ABBÉ PROVANCHER RE)
4 . . \ t . 22 ,
ges classiques ; il y a là presque un danger national.” Repon-
dons à ces critiques qu'en moyenne il n’y a peut-étre pas deux
enfants par -paroisse qui font des cours complets d'études ;
est-ce vraiment trop? Et aux gens qui représentent les Cana-
diens-Frangais comme arriérés, aussi bien qu'à ceux qui accu-
sent l'Eglise de tenir les peuples dans l'ignorance, montrons
nos dix-sept collèges classiques, fondés et dotés, en presque:
totale partie, et dirigés par notre clergé.
Cependant, je l’ai dit, le jeune Provancher n'avait pas
d'espoir, du côté de sa famille, de pouvoir participer aux bien-
faits de cette culture intellectuelle qu’assure l'éducation clas-
sique. Cest donc en vain que Dieu l’a doué de remarqua-
ble talents ; tout le pousse à la poursuite de l'inconnu ; mais
aussi tout l’éloigne de cette voie de la’ science où il se sent
appelé.—Non, la Providence ne lui fait pas éprouver en vain
ces aspirations vers le savoir ; zu moment opportun, elle saura
rendre possible ce qui semble irréalisable. Que de fois on voit
ainsi saplanir, devant un enfant qui promet, les difficultés
qui semblaient rendre impossible la poursuite de ses études !
Quand on connaît un peu la clientele de nos collèges, on s’é-
tonne du nombre relativement considérable d'élèves dont les
familles sont peu à l'aise, et qui réussissent pourtant à par-
courir le cycle entier des classes de grammaire, de littérature
et de sciences. Le bon Dieu, qui voit bien que son Eglise a
besoin d’apôtres, et qu'il faut des chefs capables à la petite
nation canadienne-française, sait tout arranger à temps : par
son inspiration, un bon curé prélèvera quelque chose sur ses
“ richesses colossales ” (1); un brave rentier l’aidera ; le collè-
ge fera une réduction sur le prix de la pension. Et le tour
est joué! L'enfant fait ses études. Cela arrive tous les jours.
Pour le jeune Provancher, voici comment les choses se
passèrent. D'abord, le curé de Bécancour, M. Chs Dion (qui
ft plus tard procureur et supérieur du Séminaire de Nicolet)
le prit à son presbytère : l'enfant devait travailler aux réper-
(1) Dans le diocèse de Chicoutimi, le revenu moyen des membres du clergé est
| à peine de sam par année : les appointements d’un tout petit employé civil.
we
seri.’
LE NATURALISTE CANADIEN
| toires des régistres paroissiaux, et faire la lecture... . durant
Jes repas. Car à cette époque reculée, —c'était en 18 341 hy- .
| giène ne régnait pas encore beam: et l’on pouvait impuné- AG
ment, tout en vivant jusqu'à un Âge avancé, se permettre bien |
_ des choses que nous ne pourrions. a ire aujourd'hui sans cou-
vir le risque de faire répandre irréparablement ja coupe de
nos jours ! Ceci soit dit, à ia vérité, sans vouloir blesser cette
respectable science, dont je suis, au moins Pole un
‘4 partisan fanatique, et qui peut léjà inscrire à son actif tant
de hauts faits accomplis pour le bien de l'humanité. Toujours
est-il qu'aujourd'hui, quand durant ses dix ans de collège on
a écouté, en luttant avec courage contre le bruit de la faïen-
ce et de la coutellerie, Ja lecture de maints beaux livres, on ju-
ge qu'on a payé sa dette à l'amour du savoir. Et, faisant en
| ce point bon accueil aux préceptes d'une facile hygiène, on
s'amuse le plus possible durant ses repas ; et, trop souvent, le
… seul commerce que désormais l’on se permette avec les livres
a de sa bibiiotheque, c’est d’en lire quelquefois les titres qui s’é-
‘talent, en caractères dorés, sur leurs dos revétus d'un veau ou
id un mouton artistement disposé I
«
Or, pour laisser lA cette critique bien i pbeInpesulye des RO à
mœurs coutemporaines, très peu de temps après l'entrée de CSSS
À _ Léon dans la résidence euriale, il iui fut annoncé qu'il pou- ne
Bs vait aller au collège. Comment cela se faisait-il!M. F: “angols- AN
Joseph Deguise, vicaire général, décédé à Varennes en 1835, a 4
… avait vendu au Collège de Nicolet une terre payable en pen-
sions d'élèves. Il y avait quelque parenté entre les familles i
… Deguise et Provancher,et c'est en raison de cette parenté qu'on
appelait l'enfant à bénéficier de cette bourse. Il en fut le der-
uier bénéficiaire : ses études finies, il ne restait plus de la
_ pension que pour un espace de trois mois.
Ce fut done au Séminaire de Nicolet que Léon Pro:an-
cher fit son cours d'études. A cette époque, et depuis lo ig-
… ten ps, on avait déjà vu commencer cette floraison d établisse-
_ ments d'éducation supérieure, qui ont surgi de tous côtés dans
le Bas-Canada, et qui donnent à notre petit pays un rang dis-
Li
|
L ABBE PROVANCHER
__ tingué parmi les nations les plus zélées pour la haute culture
intellectuelle. Il y avait alors de ces maisons à Québec,
Montréal, Nicolet, Saint-Hyacinthe, Sainte-Thérèse, Sainte-
Anne, l’Assomption. Fondé en 1803, le College de Nicolet
avait déjà pris des développements considérables en 1834 ; on
habitait depuis quelques années de nouveaux édifices, qui
abritent aujourd’hui encore les représentants actuels de la
nombreuse famille nicolétaine. Comme tout le monde le sait,
les ans n’ont fait qu'ajouter à la gloire de Nicolet; et, si je
veux pas faire ici le panégyrique de cette puissante insti-
tution, je puis dire, au moins, et cet éloge suifit, qu'il n'est
personne de ses fils qui ne se glorifie Justement d’avoir comp-
té au nombre de ses élèves. On pourrait aussi se contenter,
pour témoigner en sa faveur, d'énumérer les hommes distin-
gués qu’elle a donnés à l'Eglise et à l'Etat.
Grâce à la préparation qu'il avait faite à Bécancour, le
nouvel élève (1) fut placé dans lu classe de Quatrième, dési-
gnée à Nicolet sous le nom de Méthode, dont le professeur
était l'abbé G. Nadeau, alors simple séminariste, et qui mou-
rut à Sainte-Luce (Rimouski) en 1869. Il n’y avait alors
que deux prêtres au Collége,dont l’un était M.J.-0. Leprohon. —
—A la fin de cette première année d’étude, il était 8e sur
l'Ordo de la classe, qui se composait de vingt-quatre élèves.
Sept de ses confrères “ sauterent” la Troisième et passèrent
dans ia classe de Belles-Lettres. Qant à Lon, il n'avait pas
encore acquis assez de force sur les matières d'enseignement
pour qu'il pat suivre ses heureux compagnons, et il entra en
Troisième. Le professeur de cette classe était M. Frs De-
saul_iers, sous-diacre, qui se refusa toujours, par humilité et
par timidité, à se laisser ordonner prêtre.
(1) M. Vabbé J.-A.-I. Douville, du Séminaire de Nicolet, nous donne les noms
d’un certain nombre de ceux qui entrèrent au Collège la même année que M. Pro- —
_ yancher. C’étuient les abbés Alexander McDonald, Elie Desaulniers, Moise Duguay ;
les avocats George et Edward Carter, Pierre-R. Lafrenaye, F.-S. Beauchemin, le
juge T.-J.-J. Loranger, les Drs Nérée Désilets, L.-L.-L. Desaulniers (aujourd’hui .
à Inspecteur des prisons, ] Elie Lacerte, Alexis Milette, le notaire Pierre Milot, etc.
Les seuls survivants sont MM. L.-L.-L. Desauiniers, E. Lacerte et P. Milot.
LE NATURALISTE |
#4 ‘à + [ ‘ r
Léon Provancher continua de faire une classe par année.
Son ardeur à l'étude et le départ des sept confrères dont
j'ai parlé, firent qu'il fut toujours dans la suite à la tête de
la classe.
(A suivre)
Ne-AÎSEL.
(Continué de la page 45)
“ Dans la deuxième catégorie, il n'y a point de squelette;
. les muscles sont attachés seulement à la peau qui forme une
_ enveloppe molle, contractile en divers sens, dans laquelle s’en-
gendrent en beaucoup d'espèces des plaques pierreuses appe-
lées coquilles, dont la position et la production sont analogues
a à celles des corps muqueux ; des quatre sens propres on ne dis-
By tingue plus que celui du goût et celui de la vue : encore ces
, _ derniers manquent-ils souvent. Du reste, il y a toujours un
_ système complet de circulation, et des organes particuliers pour
) hi la respiration. Ceux de Ja digestion et des sécrétions sont à peu
près aussi compliqués que les animaux vertébrés.
“ Nous appellerons ces animaux de la seconde forme,
+ ANIMAUX MOLLUSQUES (animalia mollusca). Quoique le plan
général de leur organisation ne soit pas aussi uniforme, quant
à la configuration extérieure des parties, que celni des animaux
vertébrés, il y a toujours entre ces parties une ressemblance au
. moius du même degré dans la structure et dans les fonctions.
“ La troisième forme est celle que l’on observe dans les
Res les vers, ete. Lenr système nerveux consiste en deux
_ ongs cordons régnant le long du ventre, renflés d'espace en es-
4
ive
COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE — 59
* y
pace en nœnds ou ganglions. Lenveloppe de leur tronc est
divisée par des plis transverses en un certain nombre d’anneaux
dont les téguments sont tantôt durs, tantôt mous, mais où les
muscles sont toujours attachés à l’intérieur. Le tronc porte
souvent à ses côtés des membres articulés, mais souvent aussi
il en est dépourvu.
Nous donnerons à ces animaux le nom d’ANIMAUX ARTI-
CULÉS (animalia articulu). Les organes du goût et de la vue
sont les plus distincts chez eux; leurs mâchoires, quand ils en
ont, sont toujours latérales.
“ Enfin la quatrième forme, qui embrasse tous les animaux
connus sous le nom de Zoophytes, peut aussi porter le nom
d’ANIMAUX RAYONNES (animalia radiata). Dans tous les
_ précédents, les organes du mouvement et des sens étaient dis-
posés symétriquement aux deux côtés d’un axe. Dans ceux-
ci, ils le sont comme des rayons autour d’un centre, et cela est
vrai même lorsqu'il n’y en a que deux séries, car alors les deux |
faces sont semblables, au lieu que chez les premiers il y a une
face postérieure, et une antérieure dissemblable,
ze
“Ils approchent de l’homogénéité des plantes ; on ne leur
voit ni système nerveus bien distinct, ni organes de sens par-
ticuliers : à peine aperçoit-on, dans quelques-uns, des organes
de circulation ; leurs organes respiratoires sont presque tou- eh
jours à la surface de leur corps...”
Voici donc en résumé la elassification de Cuvier :
[ae I. VERTEBRES (animalia vertebrata). ~ eo
he ye _ UL. MOrLUSQUES (animalia mollusca), Li
cy” - LIL ARTICULÉS (animalia articuluta).
ees IV. RAYONNÉS (animalia radiata).
CAL
La science moderne a, comme je l'ai dit, quelque peu
modifié cette classification, surtout dans les deux derniers em-
branchements ; et voici comment, aujourd’hui, la généralité |
des savants divisent le règne animal :
LE NATURALIST
Class. de Cuvier |
IL VERTÉBRÉS 10 Vertébrés (Mammifères,o OÏSAUX POISSONS,
Na MOLLUSQUES 20 Mollusques(Limaçons, huîtres) reptiles)
30 Arthropodes (Insectes, araignées, écre-
te RE | 4o Annelés (Vers) [visses)
Ae Echinodermes (Etoiles-de-mer, oursins-
IV. Rayoynés. 60 Cœlentherés (Coraux,éponges) [de-mer)
U7 70 Protozouires (Infusoires)
CHAPITRE DEUXIEME
ROLE DES INSECTES DANS LA NATURE
Dieu n’a rien fait inutile et n’a pas laissé, comme le
P ,
prétendent les matérialistes de nos jours, un hasard aveugle
‘présider à l’œuvre admirable de la ercation. Tout, dans l’uni- ae.
ma Sy s a a hi
Vers, a sa raison d’être, tout a son utilité, depuis l’homme qui — Mn -
Ht AU
commande en roi jusqu'à linsecte qui se cache sous le brin Xd Sata
i Wherbe, depuis le noble érable qui secoue au vent son feuillage (4
TT
peuplé de nics jusqu’à Vhamble fleurette qui orne nos parterres, 7 à
depuis le grand fleuve déroulant avec majesté ses eaux limpi- pe F
. 7
des jusqu'au plus petit ruisseau perdu dans les hautes herbes By
F i +
… de la prairie. Enfin, comme le dit le poète en son harmonieux AIN
langage. kg
: 2 Dans l’univers, chaque être a son rôle et sa fin : BY
Levez les yeux, voyez, lisez dans la nature: va
Dieu dit au papillon : Plane sur la verdure”, LA
A l'étoile : ‘*’Rayonne au regard du marin ;’’ vas 4
Il dit aux rêves d'or : ‘‘Endormez la souffrance, ”? i f
A Voiseau: ‘‘Peuple l’arbre ot ton nid se balance......’’(1) ‘ a
\ ’ a
L L’insecte lui-même a done son utilité. Il forme le monde de ù
Ms. 9 : : 2 ; “Fr : ae
_ des infiniment petits, ilest vrai, mais il est doué d’une puis- 4%
! : 1 À: ag
sance redoutable. Retranchez-le du livre de la création, et cet =
équilibre admirable qui constitue la présence de la vie et sans
~ laquelle la vie ne saurait être, cet équilibre est aussitôt rompu à
jamais.
Oui, ils sont indispensables À notre existence ces infini-
(1) L'abbé A. Gingras : Au foyer de mon Presbytère.
| COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE 61
È
LR Mee
DE ment petits que nous écrasons, chaque jour,par milliers sous nos
pas. La moindre observation attentive suffit À nous le démon-
_ trer. Ceux-ci servent à la nourriture des oiseaux qui, sans eux,
se jetteraient avidement sur nos champs et en dévoreraient, en
un jour, les moissons dorées et abondantes. C'est une pature fa-
cile qui leur est donnée afin de prévenir leurs dégâts ; et c'est
_ ainsi que sont inoffensifs pour uous ces chantres de la création,
qui nous ravissent par leurs concerts ininterrompus. » ti
Ceux-là
fournissent sans repos nitrève un mets délicat et recherche. eg
Bien plus, ils donnent à l'humanité l'exemple du travail et lui
enseignent comment et par quels moyens une nation peut pros- h
pérer : par un labeur assidu, par Ja simplicité des mœurs, par
l'union fraternelle qui fait Ja force.
par exemple les abeilles intelligentes —nous
(A suivre)
GERMAIN BEAULIEU.
Je prends la liberté de m'inscrire au nombre de ceux qui
ue partagent pas tout à fait les idées, les opinions de M, l'ab-
bé Laflamme sur les théories savamment illustrées dans son
Essai de Geographie Physique, Le Saguenay, touchanc la
véritable origine de la vallée intéressante du Lac Saint-Jean,
de celle surtout extraordinaire de l'espèce dabime où ce Lac
_ singulier va confondre ses eaux avec celles du Saint-Laurent,
et sur lesquelles théories l'éminent géologue se prononce fina-
lement et d’une maniere irrévocable. |
Pour décider cette question géologique avec autant
_ d'autorité, pour se prononcer ainsi en dernier ressort et sans
9—Avril 1894
A
D TRE AA AA A QE og TER
LE NATURALISTE CANADIEN
At
retour sur le mérite de ses propres convictions touchant cet
important sujet, il aurait peut-être été plus prudent,plus pra-
tique, plus satisfaisant pour le savant auteur,tout en scrutant
le passé des milliers de siècles du passé, de pénétrer un peu
plus avant dans la mystérieuse vallée, et même d’en faire le
tour, d'étudier sa configuration physique en détail ; de mesu-
rer ses hauteurs, ses échancrures, etc. enfin d’en dresser une
carte orographique complète, puisqu'il n'en existe pas pour
Jui ; patrivcant, en même temps, le cours des rivières qui lui
ont paru inexactes sur les plans déjà dressés. Cette sage pré-
caution aurait été de la dernière importance et conclusive
pour le publie intelligent, pour le Département des terres,
mais surtout pour ces touristes privilégiés amateurs des scien-
ces aux thèses connues et bien comprises.
Il aurait découvert, alors,le secret,la clef de l’énigme,qu'il :
n'a pu malheureusement soupçonner du sommet du cran
Sainte-Catherine, —ce rocher isolé qui ne dépasse pas le ni-
veau général de la vallée du Lae Saint-Jean,—et du haut du-
quel il contemplait, avec admiration, ce vaste et magnifique
panorama se déroulant devant lui à perte de vue : découver-
te qui aurait bien étonné, peut-être désappointé, mais, tout
de même, qui n'aurait pas manqué d’entrainer ses savantes
conclusions dans le champ plus accessible des choses possi-
bles.’
#
# *
Pour cette nouvelle ercursion que Je veux vous faire faire
dans le grand Bassin du Saguenay, je me permettrai de me
servir de l'itinéraire que M. l'abbé Laflamme a suivi, à peu
près, pour étudier sérieusement la géographie physique de
cettte partie de notre Province : me réservant, bien entendu,
te droit de revoir quelques-unes de ses descriptions et aussi
d'y ajouter quelques détails indispensables à l'intelligence de
mon exposé.
En partant de Tadoussac après le coucher du soleil, —ce
qui se fait presque toujo rs avec laligne de navigation du
St-Laurent,-ne vous attendez pas à satisfaire complètement
FORMATION DU SAGUENAY 63
votre légitime curiosité, excitée qu’elle est déjà par les des-
_criptions variées que vous avez dû lire de cette étrange rivie-
re. Si la pleine lune apparaît au-dessus des hautes murail-
les en répandant sa douce et sympathique clarté sur la na-
ture sombre qui vous entoure, vous pouvez rêver à votre ai-
se en vous promenant sur le pont du bateau, tout
en respirant lair tiède du Saguenay pour vous préparer
au sommeil ; ensuite, lorsque vous serez arrivé à Saint-Al-
phonse, ou à Chicoutimi, il sera temps de vous éveiller.
Je ne veux pas dire quil n'y a rien à voir,
rien d'intéressant à contempler par une nuit clai-
re eb étoilée, non: mais pour mieux saisir les choses que
nous voulons décrire, pour ne pas procéder à tâtons, il est in-
dispensable d'attendre le grand jour ; ce qui ne manquera
pas de vous arriver, si au lieu de monter le Saguenay, com-
me nous disons, vous le descendez avec le bateau jusqu'à
Tadoussac.
Si vous contemplez alors pour la premiere fois les contre-
forts immenses des Laurentides, vous restez confondu devant
ce sublime travail ; si vous longez ces murailles gigantesques,
taillées sans règle et sans art dans le plus vif de leurs œu-
_vres, vous ressentez je ne sais quoi d’étrange, d’inquiétant,
d'indéfini, surtout au moment où le bateau les rasant dans sa
course ralentie, elles surplombent hardies et superbes au-des-
sus de votre tête. Si vous en mesurez les hauteurs, si vous
en sondez les profondeurs, vous restez anéanti devant la har-
diesse de cette nature sauvage, étrange : mais si vous songez
an travail que le grand épousseltorr des vents et des tempêtes
opère incessamment depuis des siècles sur leurs flancs polis
ou anguleux, vous comprenez de suite qu’il n’y a rien d’éton-
nant que la végétation y soit maigre et chétie.
Mais si vous pénétrez dans ces coupes, dans ces gorges
profondes et mystérieuses ; si vous franchissez ces immenses
lèvres et planez au-dessus des hauteurs,vous voyez là une vé-
gétation des plus luxuriantes et des plus variées; des
pins géants, des merisiers, des bouleaux au tronc
lie
; ud
‘7 L 1e!
De ANRT EAN taf
i >
LE NATURAMISTE CANAD EN
superbe, des épinettes de cent pieds, des sapins cher-
chant à les égaler ; en un mot, vous y découvrez un des plus
riches domaines de ia Province, exploité depuis quarante ans
au moins, et qui, cependant, ne s’épuise pas encore.
Vous pouvez aussi entrevoir les établissements de I’ Anse
de-la-Trinité, de la Descente-des-femmes, du Tableau, de
lAnse Saint-Jean, qui forme une belle paroisse dans le bassin
asséché d’un lac défoncé, qui se dessine si bien devant vous,
frappant de vérité, comme pris sur le fait ; ceux du Petit-Sa-
guenay, de la rivière Sainte-Marguerite, de lAnse Saint-
Etienne, etc., où autant de traces géologiques, bien visibles
dans les parties voisines de cette gigantesque déchirure, s’é-
talent au grand Jour ; sans mentionner les Iles Saint-Louis,
Tadoussac, la Rivière à Baude, les battures aux Alouettes,aux
Vaches, l’île Kouge, ete. —qui rendent un témoignage non
moins éclatant et incontestable.
Les plus hauts sommets de ce pété de montagnes qui sé-
pare le Saint-Laurent de la Grande-Baie, la où commence le
grand bassin alluvial du Saquenay, dépasse 2000 d altitude
au-dessus de la mer, surtout près du Cap Trinité, où la ligne
perpendiculaire seule de ce bloc en mesure 1800, dit-on.
FT
+ *
Maintenant que nous avons entrevu à vol d'oiseau cette
fissure béante, immense, qui servit de décharge, d’égoût aux
eaux de cette mer intérieure recouvrant jadis la plus grande
partie du territoire du Haut-Saguenay, suivons, contournons
le rivage de ce grand Bassin alluvial, ainsi asséché à l’impro-
viste, pour en connaître les secrets, en étudier la physionomie
et en mesurer létendue.
En partant du Cap à-lEst au pied de la Baie des Ha! Ha!
les hauteurs granitiques, qui bordent au sud la rivière Sague-
nay, longeant la rive gauche de la Grande-Baie, ne se conti-
nuent pas à l’intérieur en ligne à peu près directe, suivant M.
abbé Laflamme, mais elles s'enfoncent au’sud à une grande
distance-—on les voit bleues dans le lointain. C’est dans ce
plateau qui s'étend jusqu’au pied de ces hauteurs reculées
ip-\, :
Adie > X ¢
Seren ehh es Oe ty
Lad «ted,
ENCOURAGEMENTS TRÈS PRATIQUES
ay
que vous entrevoyez pour la première fois, et qu'il est impor-
tant de mentionner ici, que se sont creusées dans des allu-
vions de deux cents à six cents pieds de profon leur, les riviè-
} ves Ha! Ha! et à-Mars qui se déchargent à Saint-Alexis et ee
mets à Saint-Alphonse au fond de cette baie si bien nommée Hart tes
Ha !”
(A suivre)
P.-H. DUMAIS:
ENCOURAGEMENTS TRES PRATIQUES
Un certain nombre d'abonnés se sontempressés de nousre-
mettre le prix de leur abonnement au NATURALISTE, et nous 4
Jeur sommes bien reconnaissants. Mais, en ce moment, nous
voulons parler d’un autre genre d'encouragement, très prie |
aussi, et qui nous a été donné sans que nous l’attendions. Nig
s’agit d’envois de livres scientifiques.
ie C’est ainsi que, il y a quelques semaines, nous recevions ~
+ de M. A.-D. Decelles, L. D., Conservateur de la Bibliothèque 1
du Parlement d'Ottawa, A à volumes de la Revue de Bo-
ee. tanique de Toulouse,—Et, plus récemment, M.le Comte L.-
Lan G. Baillairgé, de Québec, nous faisait remettre six volumes du 4
Cabinet du jeune naturuliste, et des Mémoires pour sercir à
l'Histoire des insectes, De Réaumur, (Amsterdam, 1740). 1
. Ces témoignages d'intérêt en faveur de notre œuvre nous i )
ont profondément touché, et nous prions encore une fois ces — at
généreux donateurs d’agréer nos remerciements.
Eloigné, comme nous Je sommes, des grands centres, nous a
ne pouvons guère compter que sur nos propres ressources, en à
fait d'ouvrages de sciences et de spécimens d'histoire naturelle,
|,
‘4
ee
‘14
a
4
"a
(a
hi:
Em autant qu'il a sera possible, nous ne ene en -
nous accordant un accès facile à leurs trésors. Mais, à la
distance où nous sommes de Québec, nous ne pourrons pro-
fiter souvent de leurs bienveillantes dispositions.
Tl faudrait done que le NATURALISTE non seulement payat
ses dépenses d'impression, etc., mais encore nous permit de
… nous tenir au courant de tout ce qui se publie d’important sur
Tes sciences naturelles, sans compter l'acquisition des ouvrages
de fonds, sur toutes les branches de l’histoire naturelle, Ll ya
là presque une question de vie ou de mort pour notre publica-
tion. —Nous avons pourtant tenté l'aventure, sans vouloir trop
penser à son issue, confiants dans ie concours du public. Nous
ne serions pas surpris outre mesure si notre confiance était à la
fin justilice.
UNE PUNAISE ASSASSINE
En janvier dernier, plusieurs de nos journaux, sans doute
= dans le but bien louable d'évayer un peu leurs lecteurs assom-
A à
bris par les iniquités politiques et autres de ce temps, ont re-
… produit l’étonnante dépêche suivante expédiée de l'Indiana,
) =
ee. Uy
ae
“Tl y a quelques jours mourait Samuel, fils de John Lennox. Il avait sept ans.
Les symptômes de la maladie caustrent beaucoup de surprise, aux médecins qui y
a
_ perdirent leur latin. On résolut de faire l'autopsie après le décès. On trouva que
le cœur avait été rongé par une punaise. On dit qu'il y a un an l’enfant avala
cet insecte pendant qu'il était à Hartford City avec ses parents. Les médecins Ci-
sent que la punaise s’est fait un chemin Atravers les parois dn cœur, causart une
_ hémorragie fatale.”
I n’y a pas de raison qui nous empêche de croire que, si
4
"UNE PUNAISE ASSASSINE
l’enfant n’était pas mort sitôt, la punaise aurait pu le dévorer
tout entier. Quand une punaise est en appétit, il faut s'atten- _
dre à tout. Parents! veillez, veillez sur vos enfants !
Les punaises appartiennent à l'ordre des HÉMIPTÈRES, in-
sectes à quatre ailes, dont les deux supéricures sont très souvent
coriaces à la base et membraneuses dans le reste. La pu-
naise des lits, la cigale, et ces insectes que les cueilleurs de !
framboises conuaissent bien, appartiennent à cet ordre,
Les Hémiptères ne sont pas des rongeurs, mais des suceurs,
Et encore, ils ne peuvent exercer une vraiesuccion, puisque,
comme l’a dit Provancher, ne respirant point par la bouche, ils ne
peuvent faire le vide. Probablement, ajoute-t-il, ce sont les soies
du bec qui, par des mouvements propres, font monter le liquide
jusqu’au gosier, après que la plante ou l'animal a été piqué.
Cela suffit pour montrer l’absurdité de la nouvelle précitée.
Pour la réfuter, le rédacteur de l'Entomological News, de Phila-
delphie, ne s'est même pas mis en frais quelconques de science.
Après avoir reproduit la dépêche, il s’est contenté de dire : “This
is undoubtedly a species of bug we have had occasion to refer to
before in the News—humbug.” Cela ne peut malheureusement _
se traduire, et les gens qui n’entendent pas l'anglais n’ont qua ï
verser des larmes sur leur infortune,
BIBLIOGRAPHIE
Nous aceusons réception des Bulletins Nos 8 et 9 de la bibliothèque et du muséedu vi
. Collège Saint-Laurent, près Montréal. Ces brochures, très intéressantes, contien-
_ nent la liste des dons de tout genre destinés à la bibliothèque et au musée de cette
institution, et partie du Catalogue des diverses collections d’histoire Hata que
19
Vonya à formées. Nous croyons que ce Collège tient la téte,parmi nos collèges clas-
| siques, pour la richesse de ces collections.
— Histoire physiologique et chimique d'un flambeau ou bougie de cire.C’est le texte
_ d’une conférence faite à Montréal, par le R. P. J.-C. Carrrier, C. 8. C., Professeur —
© | de Sciences Naturelles au Collège Saint- Lane Nous félicitons le distingué et
Savant conférencier d’avoir fait imprimer cette étude qui est du plus vif intérêt :
bien plus de personnes sont ainsi en mesure d’en profiter. On y trouve l’explica-
tion scientifique, mise à la portée de tous, de divers phénomènes dont on ne cher-
4 che pas assez à se rendre compte, sans doute parce qu’on les rencontre tous les jours.
Nos remerciements au Ryd P. Carrier pour l’envoi de ces publications.
— —Cataloque général de graines de fleurs et de léqumes,d'arbres et arbustes,de bulbes
_ete.,pour 1894, publié par Jacques Verret, Marchand-Grainier et lee Charles-
bourg, Québec.
Nous avons un plaisir considérable à accuser LR de ce joli Catalogue et à
recommander à nos lecteurs de se le procurer. Dans ces 80 pages bien imprimées et
sllustrées par la maison Darveau, de Québec, il y a des renseignements très utiles
: sur les diverses plantes de jardin, de verger et MOT : et c’est en français !
a c’est l’œuvre d'une maison canadienne-frangaise !
Nos compatriotes aiment assez la culture des fleurs et des légumes, que la mai-
ï son Verret peut compter sûrement sur une elientèle de plus en plus considérable.
Son Catalogue rédigé en langue française, et la facilité plus grande des communi-
À - cations, lui permettront de soutenir avantageusement la concurrence avec les gran-
des maisons des Etats-Unis.
—Nes sincères remerciements au Franco-Canadien, de Saint-Jean d’Iberville,
qui a dit des choses tout à fait aimables au sujet du NatukrALISTE ; au Courrier du
| Canada et à la Croix de Montréal, qui lui ont renouvelé l’expression de leurs sym-
_ pathies. a
—Dans l'Ænseignement Primaire du 16 avril, M. J.-B. Cloutier, un vieil ami de
à l'abbé Provancher, Jui consacre un article ému que nous voudrions bien reproduire,
si nous n’étions empêché par le manque d'espace. M. Cloutier applaudit au projet, —
que nous réalisons en ce moment, d’un essai biographique sur le fondateur du Naru-
|. RALISTE.
Naturalis te C anadi
VOL. XXI (VOL. I DE LA DEUXIEME SERIE) Nob
Chicoutimi Mai Eve
Rédacteur-Fropriétaire : l'Abbé V.-A, HUARD
PETITE CAUSERIE
Î
On lit, dans les con litions indiquées sur la couverture,
que le NATURALISTE est publié à seize pages. Cependant nos
lecteurs ont constaté que jusqu'à présent chaque livraison a
été d’au moins vingt pages. Nous n'avons pu en effet nous
résoudre à publier seulement seize pages : et même nous trou-
vons que c'est bien peu qu'une vingtaine de pages par mois,
quand on a devant soi le champ immense de l’histoire natu-
relle. Aussi nous faisons des vœux ardents pour voir arriver
le moment où nous serons en position de donner à notre pu-
blication l'étendue qu'elle avait autrefois. En attendant,
saus nous y obliger absolument, nous nous proposons bien de
continuer à donner vingt pages par mois, surtout si l’encou-
ragement reçu jusqu'à présent se continue. ...
* *
*
L'incertitude que nous venons d'exprimer peut paraître
étrange ; mais elle est bien réelle, Nous arrivons à la moitié
du volume de l’année, et nous ne savons pas encore sur quel
nombre d'abonnés nous pouvons compter ! Il y a des gens
qui n'ont pas fini de délibérer sur la question de savoir si,
oui ou non, ils vont prêter leur concours à la résurrection et
au maintien du NATURALISTE CANADIEN. Attendre au qua-
10—Mai 1894
t 1 \ £l
ANNE th RU ART
AURA a { ALTAR RY WAAAY TN CA,
trieme ou au cinquième numéro. lune revue mensuelle pour
‘a ia cela n'est-il pas prendre trop Son temps ?
Le NATURALISTE n’est pas une œuvre de spéculation, et
nous ne nous sommes point fait illusion au point de penser
a qu ‘il allait nous créer des rentes. Notre ambition, c’est qu'il
ait les ressources nécessaires pour subsister. Mais éncore
… faut-il qu'il les ait !—Tout ceia, c'est une entrée en matière.
Et la matière en question, la voici. Nous sommes déjà un
ne peu endetté envers notre imprimeur. ...,et nous serions bien
…_ réjoui si, parmi les abonnés de re revue, il s'en trouvait
encore un certain nombre qui, au milieu de l’apathie dont
| _ souffre ce siecle, auraient le courage d'aveindre leur porte-
_ monnaie, d'en retirer un billet d UNE PIASTRE, et-—menant
“ jusqu'au bout leur héroïque entreprise —de nous l’expédier, en
profitant pour cela de l'admirable organisation postale dont
‘nous jouissons dans les temps modernes.
* *
ok
‘
Nous avons, en cours de publication, plusieurs travaux
- de longue haleine. Nous croyons que c'est propre à nuire,
a en une certaine mesure, à l'intérêt du journal. Aussi, en
| 4 … chaque numéro, nous interromprons lun de ces ouvrages,
ee yui laissera de l’espace pour une plus grande variété de
‘4 sujets. Nous commençons cette réforme dès aujourd'hui.
*
* *
Nos sincères remerciements au Courrier du Canada qui
veut bien publier le sommaire de chacune de nos livraisons.
D’autre part, nous dirons plus tard ce que nous pensons
de attitude d’une certaine partie de la presse à l'égard du
NATURALISTE CANADIEN.
——_—_..—_ D — 7 ——
RSR TR à EAU
i
CAMPAGNE
| ENTRONS EN
ENTRONS EN CAMPAGNE!
_ Voici arrivée l’époque des grandes jouissances pour le
naturaliste. Pour personne autant que pour lui, le réveil de —
la nature n'est plein de promesses. Tl ne peut plus faire un
pas en dehors de sa denieure, sans voir à chaque instant l'in-
térét croître autour de lui. Voici la multitude des plantes de
tontes espèces, dont chacune sollicite son attention, pendant
que de tous côtés, dans l'air, sur les feuillages, sur le sol, le
peuple insecte, dans soi: infinie variété, offre à son étude des
. objets toujours nouveaux. Le chant des oiseaux, leurs habi-
tudes de vie, la guerre qu'ils font aux ennemis des nos récol-
tes ou les ravages que plusieurs d’entre exercent eux-mé-
mes dans les vergers où les champs, voila encore autant de
sujets d'observation. Dans le domaine des caux, le natura-
liste, voit le royaume des poissons, des mollusques, ete., où sa
curiosité est également mise en éveil. Le sol lui présente ses
richesses minéralogiques et géologiques, pendant que la voû-
te des cieux lui offre les merveilles de la Toute-Puissance di-
vine sous une forme encore plus saisissante.
A cette saison, nous devons cesser, en une certaine me-
sure, d'être des naturalistes du coin du feu, pour devenir ce
que les Anglais nomment des “ field-naturalists.” C’est l’his-
toire naturelle vivante qu'il nous faut maintenant étudier, et
c'est autrement intéressant que les études faites en chambre.
Quelque considérables que soient nos connaissances, quelque
riches que soient nos collections, nous trouverons toujours à
apprendre et à collectionner encore, Profitons donc de cette
courte période de temps. Chaque fait nouveau que nous
constaterons, il le faut enregistrer aussitôt. Telle petite note
inscrite aujourd'hui sur notre carnet, pourra nous être fort
utile plus tard. Et puis, la chasse aux spécimens, c'est notre
grande affaire, chacun dans la spécialité que nous étudions.
Parmi nos lecteurs, il y en a sûrement un bon nombre _
qui voudraieut se livrer à l'étude de l’histoire naturelle. Eh
RARE
4 HaiNS ) i) Du rome ff
VE" OU) NRA APE
pat, St
LE NATURALISTE CANADIEN
bien, que ceux-là ne laissent pas s'évanouir un goût si pré-
…_ cieux. Qu'ils commencent seulement ! non pas au mois pro-
chain, non pas demain, mais aujourd'hui. Qu'ils se fassent
une collection! Toute collection commence par UN spécimen :
qu'ils se procurent donc ce spécimen, auxquels les autres s'a-
jouteront rapidement, augmentant le trésor de jour en jour.
Les débuts sont un peu ennuyeux, nous le savons. Mais
qu’on ne se décourage pas dès le commencement, et l’on verra
bientôt son goût se transformer en une véritable passion, dont
les jouissances sont aussi douces qu’elles sont saines pour l’es-
prit. Ah !si l’on savait quelles sont les joies du naturaliste!
Pour nous, nous sommes à la disposition des débutants,
et disposé à les aider en tout dans la mesure quil nous sera
possible, pour tous les renseignements qui leur seraient utiles.
. Nous serions si heureux de pouvoir assurer à notre Province
même un seul naturaliste de plas par année!
eme me — MER ~ ewe > ARTE Ee ee y
: LA POSTE ET L'HISTOIRE NATURELLE
3 Jusqu’à présent, les amateurs et collectionneurs des divers
pays profitaient du service des postes pour l'échange des
spécimens d'histoire naturelle, auxquels on appliquait le tarif
Du tres favorable des échantillons de marchandise. Mais cet état
M de choses était plutôt toléré qwautorisé. Or, il y a quelque
temps, le Ministère des Postes des Etats-Unis adressa, aux
“pays faisant partie de l’Union Postale. La proposition de recon-
… naître formellement ce tarif réduit pour la transmission des ar-
ticles d'histoire naturelle ; mais, fait extrèmement regrettable,
“ la majorité de ces pays a repoussé la proposition, Voici les noms
a de ces gouvernements qui se refusent à un très léver sacrifice
4 ; pour l’encouragement des sciences : Allemagne, Autriche, Bo-
a livie, CANADA, Espagne, Grande-Bretagne, Guatemala, Hon- :
grie, Indes Anglaises, Japon, Norvège, Portugal, Russie, Sue-
de, Tunis, Uruguay et Vénécuéla. Nous regrettons beaucoup
LL
LA POSTE ET LHISTOIRE NATURELLE 18
de voir le nom de notre pays dans cette liste qui est loin d’être
honorable.
Appliquer à l'expédition des spécimens d'histoire naturel-
le le tarif des lettres quiest dix fois plus considtrable,c'est telle-
ment esorbitant qu'en pratique cette expédition devient qua-
si impossible. Vous voulez, par exemple, envoyer à quelque
entomologiste de l’étranger une boîte d'insectes a identifier, pe-
sant 8 onces, pour laquelle jusqu’à présent vous n’auriez eu à
payer que 8 cts pour l’aller et le retour ; or, si l’on vous fait
payer suivant le tarif des lettres, à 5 ets par $ oz., votre envoi
vous coûtera 80 cts, et $1.60 pour l'envoi et le retour.—Il est
vrai que dans l’intérieu1 du pays, de telles expéditions <e font
au taux de 1 cent par 2 onces, ce qui est assez favorable.
La question de vaffranchissement pour les pays étraa-
gers reviendra certainement devant les autorités des
pays de l'Union Postale. Et volontiers nous faisons écho à
l'Æntomologiceul News, de Philadelphie, qui demande à tous
les naturalistes d'user de toute l'influence dont ils peuvent
jouir pour faire adopter la proposition qui précédemment a
été refusée. Les gens qui cultivent les sciences ne sont pas
déjà si nombreux, surtout dans notre pays, et ils ne reçoivent
pas tant d'aiue des gouvernements, en règle générale,qwils ont
droit d'espérer qu'au moins on ne mette pas toutes les entra-
ves possibles à leurs études. S'il s'agissait de la transmission
presque gratuite des cigares, par exemple, on comprend bien
que le service des malles en serait vite encombré et que les
dépenses l’emporteraient de beaucoup sur les recettes. Mais les
échanges des naturalistes, par la poste, sont assez peu fré-
quents, et les échantillons envoyés sont assez peu importants
quant au volume et au poids, qu il n’est question en cette
matière que d'une tres légère augmentation dans la quantité
des matières postales et d'un fort mince revenu pour les di-
vers gouvernements. Ceux-ci n’ont done qu'un léger intérêt
financier dans la question, tandis que, pour les naturalistes,
dont la plupart sont loin d'être des millionnaires, I] s'agit d'uu
intérêt pécuniaire très sérieux,
#
NT RS ee ER ET =
SR + Sd ae
SR 5
*
LE NATURALI
Hsperons qu'avec le concours de tous ceux qui s’intéres-
sent à l'étude des sciences naturelles dans tous les pays, la.
question sera prochainement résolue dans ui sens très favo-
rable. Espérons aussi que nous ne verrons plus figurer le
CANADA sur la liste des nations qui refuseraient de favoriser
l'étude des sciences naturelles.
Ce en eee
COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE
(Continué de la page 61)
Les uns transforment, par un travail de tout instant, les :
. détritus et les cadavres qui, sans cette transformation, empes-
_teraient bientôt l'air et y déposeraiens les germes des plus
_funestes épidémies ; les autres, sentinelles vigilantes placées
. ]à par le Créateur, gardent les eaux contre les myriades d’ani-
maleules qui ents as à les empoisonner. À
Il en est quelques espèces qui, à prime abord, paraissent
” essentiellement nuisibles, telles, en attres, les, doriphores
(bêtes à patate). Cependant elles rendent indireccement ser-
% À vice au cultivateur soigneux et travaillant. En effet, il a été
…. prouvé que les récoltes de pommes de terre (patates) ont été
plus considérables, en proportion, depuis l’apparition de cet
" insecte en notre province, qu’elles ne l'avaient été auparavant,
a Et pourquoi? Tout simplement parce que, une partie de la
R feuille étant rongée, la sève de la plante s’est dirigée abondain-
ment vers le tubercule, le fruit. Les doriphores out taillé com-
mele vigneron ; mais, bien entendu, ainsi que le vigneron dé-
truirait sa vigne, s’il la dépouillait dan trop grand nombre de
34 ceps, ainsi les doriphores détruiront le champ de pommes
= de terre, si le cultivateur ne voit pas à en empêcher la
À) trop grande reproduction. Qu'il travaille, et le peu d’ennemis
" qui resteront, loin de lui nuire, l'aideront indirectement dans
a son labeur, Et voila comment le Créateur a vouiu que, par
75
| COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE
% son “travail, Yhomme tournit à son avantage ce qui, sans ce
re “travail, serail, pour lui, une cause de destruction!...... a
MA De quelle animation, de quelle abondance de vie, de quel Vs
_ déploiement d’activité les insectes sont cause, dans l’ordre de la à
création ! 4
= Allons par une belle journée de printemps faire une pro ~ |
menade dans la campagne. Le soleil répand à flots sur toutes ï.
ne ha choses ses rayons bienfaisants, une douce brise murmure dans nie
Je feuillage, et, mêlée à l'hymne de l'oiseau, s'élève vers le ciel MA
la chanson joyeuse du laboureur confiant. Tout respire le cal-
* me,ce calme délicieux qui saisit l’âme, l'emporte aux sphères les |
f xe plus hautes et Ja dépose aux pieds de Dieu où elle s’abimedans
a . unacte dadoation suprême. he
: de: Arrétons-nous sous ce bosquet et, auprès de ce petit ruis-
Des _ seau qui chante à travers les cailloux, écoutons, écoutons long- —
Du: temps, recueillis et siiencieux...... (est un bruissement conti-
nu qui semble venir du ciel, qui semble sortir de terre et nous
* entoure de tous côtés; c'est un murmure Ctrange qui s'élève
on ne sait d’où ;. c’est un concert majestueux qui se prolonge |
D) sans cesse et surpasse tous les autres concerts...... Quel est
ee done ce concert ? quel est done ce murmure : quel est done ce
bruüissement ? C’est le travail de l'insecte ! hal
à A = c ' +
Là, au-dessus de nos têtes, chante son refrain strident la a .
cigale infatigable ; c'est comme un eri d’eucouragement au
laboureur qui travaille, la sueur au front, mais lespoir au
cœur. L’abeille, dans son vol lourd, passe en bourdonnant et 4
s'arrêtera, là-bas, sur cette humble fleur qu’arrose le ruisseau, à ie
et qui cache en son calice le miel délicieux, ce nectar des an- :
_ ciens. Les mouches s'envolent gaiement, ne se doutant pas
a que, dans un instant, elles serviront de pâture à cet oiseau
qui batit, dans le feuillage, son nid de mousse et de duvet. al
Le petit ruisseau semble maintenant endormi ; mais à sa Sur- ag
face courent, agiles, semblables aux araignées, les ¢ gerris ve- i
loutés qui dre les insectes noyés que traîne à sa suite le
courant paresseux. Au-dessus des hautes herbes qui crois-
sent dans les fanges du ruisseau, de gentilles libellules, de :
NT a)
6 LE NATURALISTE CANADIEN
toutes formes et de toutes nuances, passent ct repassent
montent, descendent, s'élèvent, tourbillo nent vives et lége-
res, bruissantes et joyeuses : ainsi que la cigale semble chan-
ter pour le laboureur, elles, fées de l'air, semblent briller
pour lui et lui montrer, à travers la transparence de leurs
ailes diaphanes, la prospérité, cette fille du travail, et la féli-
cité, cette reine des cœurs.
Ecoutons toujours attentivement.
Dans le tronc de cet arbre sur lequel nous sommes ados-
sés, un grincement monotone vibre jusqi’a nous: c'est le tra-
vail lent de la larve. Bientôt, chrysalide immobile, elle dor-
mira, silencieuse, jusqu’au Jour où, toute régénérée, elle s’en-
volera glorieuse sur l'aile de la brise, transformée en insecte
rayonnant sous les feux du soleil. Secouons maintenant une
branche de ce même arbre ; aussitôt nous en voyons descen-
dre, suspendues à un fil protecteur, une infinité de chenilles
rouges, ou blanches, ou bleues, ou vertes, qui s’étalaient sur
chaque feuille, attendant inconsciemment l'heure où il leur
sera donné de s'envoler sous la forme de ces papillons capri-
cieux qui volettent de fleur en fleur.
| Et puis, la nuit est venue; le soleil lentement s'est en-
glouti dans les brumes du couchant ; le laboureur est rentré
à son foyer, l'oiseau à son nid: tout bruit a cessé. Seul, l'in-
secte accomplit toujours son travail mystérieux ; dans le
tronc de l'arbre, c’est toujours le même grincement monotone :
autour de nous, toujours le même bourdonnement ; au loin,
toujours le même cri strident du grillon. La nuit a voulu
tout plonger dans son ombre; seules Ja luciole et l'étoile lui
résistent : l’une scintille au firmament, l’autre, de minute en
minute, perce la nuit de son éclat phosphorescent. Pendant
que tout semble plongé daus le gouffre de la mort, l’insecte
est là qui annonce la vie et qui continue pendant la nuit le
concert de louanges que la nature entière faisait monter,
tout à l'heure, vers le Créateur tout puissant... ..
Oh ! oui, oui, chétif insecte, tu as un rôle dans la nature
puisque, à tout instant et du jour et de la nuit, tu nous mani-
an dar
FORMATION, U SAGUENAY
” {
festes la bonté et la ee de cet Etre suprême, que tant d'a
veugles, hélas ! s'obscinent à méconnattre !......
Enfin, je terminerai ce chapitre en redisant avee Pl |
Provancher: —“L’insecte, on ne peut le nier,est éminemment, ltt=
le, soit en exercant son offices de destrucceur sur le trop-plein |
ele Ja nature, ji en devenant lui-méms la pâture dun grand
nombre d'êtres dune utilité reconnue...
“Et qu'on waille pas croire que les œuvres de ce ni de té
nébreux de Vatéme ne puissent jamais tendre à la grandeur, au.
gigantesque | Leurs œuvres, sans doute, sont toujours propor-
tionnées à leur taille, muis, ch:4 eux, le nombre supplée à la
taille. Et si nous compurons leurs fore>s a nos forces, leurs
ressources À nos ressources, leur habileté à notre habileté, nous |
tronverons que dans la voie da grandiose et du sublime, les i
sectes nous ont devancés et de loin !’......
(A suivre)
}
FORMAT! ON | DU SAGUENAY
(Continné de la page 65)
A dix milles à l'ouest de la Grande-Buaie, près de Later
rière, ces hauteurs, que nous avions pie que ot daes de vue
apparaissent de nouveau apres avoir fait un grand détour a
sud-ouest, et reprennent leur “ronib-de-vent” si brasquement
changé à Saint-Alexis. Elles s ‘élèvent maduellement jaa au
lac Kénogami, côtoyent ce lac à gauche en s’échancrant à Pi-
coba, passent au sul da fic Vert et du lac Sec, fléchissent au
sud-ouest une petite demi-heue,eë là forment un entonnoir d’o)
sort la Belle-Rivière. Continuant à l’ouest, elles s'échancren:
encore fortement à deux endroits pour livrer passage aux Lise
vières Koushepegamiche et Métabetchouan, et viennent frap-
per le rivage du lac Saint-Jean à un mille à l'ouest de ectte
dernière rivière. De la, courant au sud-ouest, elles s’ 'abais-
11—Mai 1894
LE NATURALISTE CANADIEN
\4 ir
sent de moitié pour s’èxhausser de nouveau en approchant la
iviere Ouiatchouan, où la chute de ce nom, d’une hauteur de
236 pieds, les franchit d'un bond à un mille au sud du ae.
Elles se pro'ongent ensuite dans l'ouest plusieurs milles enco-
re, c.-à-d. jusqu'à leur rencontre avec la vallée étroite de la
riviere Ouiatchouaniche ; elles tournent alors au sud et sui-
vent la rive gauche de ectte rivière en la remontant vers sa
Source. Après avoir marché six milles dans cette direction,
rrétez-vous et regardez à l'ouest. Que voyez-vous ? On aper-
vit la rive ouest de cette rivière, et, dans les hautes terres qui
ab dominent, on voit une large issue, une porte toute grande
ouverte, pour ainsi dire, qui nous invite de ce côté. Vous avan-
eZ, vous mont2z insensiblement le léger plateau qui forme
e seul de cette porte, vous voila sur la hauteur des terres ;
terrain s'inclinant alors au sud-ouest, l'eau coule vers le
aint-Maurice.—Vous venez de franchir le grand bassin al-
uvial du Saguenay, vous avez devant vous lu rivière Croche,
ancienne décharge du lac Saint-Jean vers le Saint-Laurent.
Bo vous n êtes pas à 1,000 pieds au-dessus de la mer, c'est-à-
dire vous êtes bien au-dessous du sommet du cap Trinité
Fe t de toutes les hauteurs qui bordent la rivière Saguenay
… dépuis le Cap-à-l'Est jusqu'à Tadoussac.
Maintenant, reutrons de nouveau dans notre domaine,
dans ce bassin dont nous venons de découvrir un des secrets
mportants, et continuons notre exploration en longeant les
hauteurs qui en bornent les contours opposés à l’ouest, au
ord et à l’est.
Laissant la rivière Ouiatchouaniehe à droite, vous vous
irigez vers le nord-ouest, passant en arrière des cantons Ro-
… berval, Ouiatchouan, Ashuapmo xchouan, Desmeules, Dufferin,
et vous venez frapper la rivière Chamouchouan à un mille en
4 ‘arrière de l'angle sud-ouest du canton Normandin, Dans ce
long trajet, vous avez traversé les rivières Iroquois, à l'Ours
| ét aux Saumons qui coulent au nord-est : les deux dernières
| se déchargeut dans la rivière Chamouchouan.
Traversant cette dernière rivière au pied des grandes
ry e
4
a
1]
à
FORMATION DU SAGUENAY 79
chutes, vous continuez au nord-ouest et rencontrez bientôt les
sources de la rivière Ticouabé, ainsi qu'une file de laes que
vous suivez jusqu à leur décharge dans la rivière Mikouacha.
Vous dirigeant ensuite vers le nord, jusqu'à la jonction de
cette dernière avec la rivière Wassiamska, vaus suivez celle-
ei quelques milles et, la laissant à droite,vous traversez la pé-
ninsule qui la sépare de la rivière Mistassini dont elle est tri-
bulaire.
Changeant votre course au nord-est, vous laissez Mistas-
sini en arrière et traversez bientôt les rivières au Foin, aux
Rats, avee son lac, la belle rivière Mistassibi en bas des gran-
des fourches,le petit Péribonca jusqu'à sa tête (à 50 milles en-
viron du lac Saint-Jean,)la rivière Alex à sa source, le Grand
Péribonca à 75 milles de son embouchure. Tournant au sud-
est, vous revenez pres du Grand Péribonea au lae Sotogama
en contournant la montagne de la Fucterie que vous suivez
jusqu'aux sources de la rivière à l’Ours du nord ; vous fran-
chissez alors Shipshaw avee sa large échancrure à gauche (au
N.-E.) les rivières des Vases, Valin et Caribou (ces dernières
prennent leurs sources dans les monts Sainte-Marguerite que
nous ecdtoyous dans le moment). Tournant enfin au sud, vous
venez frapper le Cap-a-l’Est, à la sortie du Bras de Chicouti-
mi dans le Saguenay, notre point de départ.
Dans ce long circuit que nous venons de parcourir à la
hate, nous n'avons fait que jalonner les grandes lignes qui des-
sinent bien clairement les limites certaines du grand bassin
a
D
alluvial, laissant de côté tout ce qu'il renferme d'important,
d'intéressant et d'instructif, n ais nous réservant le droit d'y
revenir, Lorsque nous l'uurons fuil sortir un bon jeur du seiu
«le lu mer.
Vous reconnaitrez de suite, en jetant la vue sur la carte,
cette chaîne de montagnes que vous venez de côtoyer en fai-
sant avee nous le grand tour du Bassin, dont les dimensions
définies assez exactement vous donnent une superficie d’envi-
ron deux mille cing cents lieuss carrées. (2,500)
Maintenant, faites entrer les eaux de Ja mer dans ce vaste
my
AN ADIEN
,à une hauteur assez
if pa ée oat que les plus bas NA des montagnes qui
l'entourent en soient submergés, tel que le déerit exactement
mn l'abbé Laflamme, en créant l'océan saguenayen, “cette
Méditerranée ” des premiers âges géologiques.
Ce ne sera ca une one eae aa aura ue 3
tout HE un | détroit où Les eaux salées de po
a bassin hy panes actuel 6
a ee un aere de bins, pas un pied de moins ;
he Na effet de ce m ainage était tout à fait nul; une goutte d'eau
dans la mer, pas plus.
“ Plus tard,” dit M. l'abbé, “un léger mouvement ascen-
‘sionnel se produisit dans l'Amérique éozoïque. L’océan
‘atlantique cessa de mêler directement ses eaux à celles que
‘Jes rivières de l'intérieur apportaient constamment dans le
‘bassin du Jac. Celui-ci de salé devint d'abord saumätre,
à “ puis complètement doux, et prit peu à peu l'apparence qu'il
a maintenant, sauf les dimensions qui restèrent peut-être
4 beaucoup plus grandes ; l'ouverture par laguelie s s'écoulait le
+ “ trop-plein de ses ondes Er usée,creusée petit à petit par les
“courants, et cela d'autant plus profondément que la masse
à “eau étaitplus considérable et que son EE au même en-
droit fut plus prolongé. Et comme il n’y a aucune raison de
“dire que le lac Saint-Jean silurien ne se déchargeait pas par
‘la même rivière que le lac contemporain, nous devons croire
“ que la rivière Saguenay existe depuis les époques géologi-
“ ques les plus anciennes.”
(A suivre)
P.-H. DuMats.
/ LE CAMÉLÉON- BIJOU.
Lx et ibe t RUE / ‘
hong LE Q&SMELFON-BIJOU
68 —“Ah ! Ciel ! Quelle horreur !... Cette bête sur votre
épaule, mademoiselle ! Ah !....je vais m’évanouir....
El — De grâce, chère madame, reprenez vos esprits. Qu'y
Mu a-t-il donc ? Avez-vous peur de ce joli animal que voici ?
> Cest la première fois que vous en voyez ? En effet, cela ne
… fait que d'arriver; mais, dans quelques jours, ce sera très porté.
v —Comment, ce sera porté ?
—Mais oui, madame ! Ces messieurs les fixent à leur cra-
. vate ou sur leur chapeau, à l’aide du petit collier et de la
_ chaînette que vous voyez ; nous, nous les attachons au corsa-
ge ou sur la chevelure, et c'est d’un gracieux, oh !—Les jour-
… naux en ont bien parlé, et ça va être la mode.
ets —Dites done, ma chére,comment est-ce que ce'a s’appelle ?
mea — C'est un caméléon, madame.
— Et croyez-vous que je pourrais n’en procurer un quel-
que part ?
) — Il est bien tard. Hier, soir, ils étaient presque tous
io.) vendus.
an Ah! quel malheur, si je ne puis en avoir ! ”
Nous navons pas assisté au dialogue ; mais il a dû se
… tenir plus d’une fois, en ces derniers mois, si les Journaux ne
nous ont pas trompés. C’est a Chicago, paraît-il, que la
_ niode a commencé en Amérique, et la vente des caméléons y
a
a 14 aurait été considérable durant | Exposition, pour se continuer
. ” ensuite en d’autres villes des Etats-Unis et du Canada. Mais,
en plusieurs endreits des E.-U., on a fait cesser ce commerce.
Bl A Montréal même, en février dernier, la “Société protectrice
des animaux” a demandé l'arrestation des marchands de
nn caméléons, en soutenant que ces reptiles sont des animaux
domestiques. Le tribunal, après étude de la question, s’est
…_ refusé à les considérer comme tels et a renvoyé l'action. Il ne
nu! suf5t pas, en effet, pour avoir rang d'animal domestique, de
__… figurer, trés oecasionnellement, au cou de ces messieurs ou de
ces dames! Si la magistrature s ¢tait méprise au point de l’ad-
mettre, croyez-vous que les souris et les mouches, par
| KI 2 “ f Le
_exemple,qui habitent constamment nos demeures,ne se seraient
‘ pus prévalues de ce précédent pour intenter force procès aux
__ chats et aux ménagères, leurs ennemis déclarés ? En outre,
_ ncus ne voyons pas bien quelle plus grande barbarie il y a à
mettre une chaîne d’or au cou d'un Caméléon, qu'une chaîne
de fer au cou d'un chien.—Mais on les porte sur soi comme
ai
is % +
52 LE NATURALISTE CANADIEN
ornement...—La grande cruauté ! Si les pauvres chats n'étaient
jamais soumis à pires traitements, ils auraient la vie douce |
Done, tout ce qu'il y a à dire de cette mode de porter
des caméléons vivants, cest qu'elle est plus ou moins ridicu-
le. Ce n'est pas, du reste, le seul exemple quil y ait de ces
procédés de décoration. Dans l'Amérique du Sud, dit-on, les
dames ornent leur toilette de soirée de ces beaux insectes lu-
ciferes que l’on trouve dans ces riches climats.
| Par exemple, ce qui ne manque pas d'être original, c'est
A de voir les dames se familiariser à tel point avec des reptiles,
eiles que la simple annonce d’une souris errant dans les envi-
rons,ou la rencontre d'une jolie chenille verte sur une feuille de
4 chou, remplit Pune alarin : folle oa d’une indicible horreur.
— Voilà bien les contradictions de la vie, et, d'autre part, Vin-
fluence de la mode,
Or, nous sommes devenu dernièrement, par aventure,
possesseur de Pan de ces caméléons, dont nous ne nous pro-
posons certes point d'ornementer notre costume, mais qui, par
contre, nous offre un intéressant sujet d'étude.
Le premier résultat de nos observations, c'est que ce ca-
{ méléon n'en est pas un! Cest déjà une grave affaire
È Nous avions commencé à douter en lisant ces mots Imprimeés |
L sur la boîte dans laquelle on les livre à l'acheteur ; LIVE CHA- |
| MELEONS ! FROM FLORIDA Curto Co. Il est bien connu, eu
Mais il y a
encore biend’au-
tres raisons qui
démontre ntlu )
supercherie. Que |
loncompare
4! A A iS 5
seulement ces
prétendus camé-
Fe léons avec la
ha OT av Ware que
4 , nous donnonsei-
| Sy . A. | contre de l'une
4 Fig. 4.—Le Caméléon. des espèces du
4 vrai caméléon, et l’on verra que la ressemblance est loin d’é-
tre frappante. Grosse tête, occiput relevé en pyramide, dos
=" ve es
~
LE CAMELEON-BIJOU ABS
à forme comme tranchante, queue volubile, chacun des deux
faisceaux de doigts réuni par une membrane qui va jusqu'aux
ongles, poumon d'un tres fort volume et qui permet à lani-
mal de se gonfler d'air à volonté, mouvements de grande len-
teur, langue d’une longueur considérable: voilà les princi-
paux caractères du caméléon. Or le reptile dont ii a tant été
question sur les Journaux, dans ces derniers temps, n'a aucun
de ces caracteres. I] est d’une apparence tout à fait élégante
et gracieuse, au lieu d'être le laid personnage que représente
notre gravure, et qui n'est pourtant pas aussi disgracié sous ce
rapport que d’autres espèces caméléontennes. Tout ce que
notre reptile a de commun avec le caméléon véritable, ¢ est
d’appartenir, lui aussi, à l'Ordre des SAURIENS.
Nous avons d'abord pensé que le petit animal était de la
famille des Lacertiens,et n était autre qu'un “Lézard” (qu’il ne
faut pas confondre avec les salamandres de notre pays que
Yon désigne à tort par ce nom de lézard). Mais sa langue peu
extensible et non divisée en deux filets nous a empêché de le
ranger dans cette fainille, et nous croyons ne pas nous tromper
-en disant qu'il appartient à celle des IGUANIENS; la forn.e
parsiculiére de ses doigts nous le fait rapporter au genre Ano-
lius. Le manque d'ouvrages sur la faune américaine ne nous
permet pas de reconnattre à quelle espèce d’Anolis nous avons
affaire.
Plusieurs espèces d’Anolis, comme cela se voit aussi chez
les réprésentants d’autres familles de Sauriens, n'ont pas moins
que le caméléon la faculté de faire varier la couleur de leur
peau. Celui que nous pos-édons est habituellement d'un beau
vert tendre ; le ventre est blanchâtre ; sur le dos, une ligne
longitudinale vioiette. La première nuit, nous l'avons laissé
dans la boîte de carton bleu-foncé dans laquelle le marchand
les livre aux acheteuis ; et, le lendemain matin, le reptile était
devenu brun. Nous le transportâmes alors sur des plautes de
fenêtre ; il y passa plus d’une heure sans varier de coloration,
excepté une ou deux petites taches vertes que lon voyait au
bout de ce temps. Mais, étant revenu le voir, une dizaine de
minutes après, nous fûmes surpris de le trouver devenu tout
vert. Nous avons voulu renouveler Vexpérience, mais sans
succès : après une nouvelle nuit passée dans la même boîte,
notre hôte conservait sa coloration verte ordinaire (*)Un autre
(*) Dans Vavant-derniére nuit avant le tirage de notre joarnal,nous avons fa't
l’intéressante observation que voici: à 93 hrs, dans l'obscurité, le reptile, qui cor-
mait sur l’héliotrope où il se plaît à demeurer, était de couleur brune ; à minuit, 4a
lampe éclairant depuis plus de deve heures, il avait repris sa couleur verte ordinai-
re, qu’il a conservée pendant la nuit suivante.
jour, nous l'avons mai ntenu, durant six heures, sur une surface
d’un rouge très vif: mais cela nela pas amené à rougir le
moins du monde (ce qui pronve, suivant le point de vue où
You se place, ou bien qu’il est d’une eflronterie consommée, où
que ses convictions conservatrices sont d’une rare solidité.)
Ces expériences suffisent pour. démontrer la fausseté de la
croyance vulgaire que ces animaux prennent la couleur des ob-
jets qui les entourent. On admet plutôt aujourdhui que ces
changements de coloration sont dus aux passions de crainte, de
colère, etc., qu'éprouve le reptile. (C'était aussi l'avis de
Buffon. Et, si lon veut savoir comment se produisent ces va-
riations, il faut n’y voir que le jeu du pigment (matière ceclo-
rante de la peau): suivant que cette substance rentre complète-
ment dans le derme, ou se montre, en tout ou en partie, à la.
surface de cette couche de la peau et paraît alors entre elle et M
l’épiderme, la peau devient golorce de telle ou telle nuance.
| Les frais de pension de notre Anolis sont modiques : il
boit chaque jour une ou deux gouttes d'eau, et preud quelques
petits erains de poudre de sucre,ce que même il ne fait pas tous
les jours. On aurait tort de s’alarmer à la vue de ces dépen-
ses : il n'y a pas de quoi mettre en péril l'existence du Natu-
'ALISTE.
BIBLIOGRAPHIE
C— —
Canadian Uroceridæ, by W. Hague Harrington, President of the Entomologi-
cal Society of Ontario. 1893.
C’est une monographie complète d’un ordre d'hyménoptères bien intéressants ;
il n’y est question que de la faune canadienne,mais la plupart des espèces américai-
nes se rencontrent dans notre pays. Cette publication rendra les plus grands services
À nos entomologistes, et nous en félicitons le distingué Président de la Soc. Entom.
‘ d’Ont.
Pe: Nos remerciements pour l’envoi d'un exemplaire.
4 \
* 7) LS Go Lee UC BS ea
as
ign
ot
> | t
+2 A Chicoutimi,on a trouvé en fleurs une Viola tricolor, L. (Pensées) le 11 avril; |
View et le Varaxacum dens-leonis, Desf. (Pissenlit), le 30 avril.
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Naturalis sie Canadien 7
VOL. XXI (VOL. 1 DE LA DEUXIÈME SERIE)
EE ER De
we AU Chacouti mig sai LS OA:
Rédacteur-Fropriétaire : l'Abbé V.-A. HUARD
LABBE PROVANCHER
Oe de la page 58)
Eu Belles-Lettres et en brique, il eut pour profes; i
seur l'abbé P.-H. Harkin, qui n’était pas encore prêtre à cette.
i époque et qui fut plus tard curé de Sillery, près Québec.
a La philosophie s'enseignait alors en une. seule.
M BY: année, Quand M. Provancher suivit cette classe, c'était
4 abbé Frs Desaulniers quien était le professeur, | Le même ï
M. Desaulniers était aussi chargé d'enseigner les sciences : _
Be. inais On ne donnait pas non plus à ces cours scientifiques le
RE même développement qu'aujourd'hui. Tout s’est en effet re-—
204 * nouvelé dans nos maisons d'éducation classique, depuis un —
fl demi-siècle, dans les méthodes, comme dans la variété des —
a." branches de l’enseignement ; un écolier de 1840 qui, Sans
ae transition, se verrait transporté dans nos cours actuels, ne |
À | recunnaitrait plus rien. Et l’on a bien osé, dans ces derniè-
res années, adresser aux collèges le reproche d’être toujours …
au même point, alors que tout marche autour d’eux! La.vé- —
§ rité, c'est que tout marche aussi dans les colleges : sciences, i
ae littérature, tenue des livres, système de banque, dessin, dé-
| clamation, musique, télégraphie, clavigraphie, calligraphie,
” gymnastique, sport,que sais-je? tout cela,et d'autres choses en-
core, se dispute le tcmps des élèves. C'est au point que des
12—Juin 1894.
LE NATURALISTE CANADIEN
gens sérieux trouvent que l’on a dépassé la vraie me: ure, et
a Fs tient que l’on allège un peu la tâche de la jeunesse a’ai-
a … jourd’hui,
% & Quelle sorte d'écolier était Léon Provancher ? Je ne puis
_ faire là-dessus que des conjectures, évidemment. Néanmoins,
Be quand on sait qu'il a obtenu, durant son cours d’études, les
a su_ces que J'ai mentionnés, quand on l'a vu plus tard trouver
sou bonheur dans le travau plus opiniitre, il n'y a aucune
‘are
>
+
oh invraisemblance à croire qu’il fut un é eve tres studieux. En
“ récréation, il ne devait pas souvent non plus tirer de l'arriè-
j | re : la vivacité, l'intrépidité de son caractère, devaient se ma-
70 nifester, dès sa jeunesse, avec toute la fougue d’une nature
‘à | non encore assouplie, qui d'ailleurs ne le fut jamais complète-
_ ment. Sans doute, il ne faisait pas bon, à cette époque, de
(ie Jui marcher sur les talons, ni de le contredire, et ses condisci-
que trop taquins ont dis s’'applaudir plus d'une fois que la
nature l’etit doué d'une taille qui n'avait rien de gigantesque.
de Par exemple, si le champ de bataille était purement “ verbal,’
notre personnage, leste à la réplique comme nous | avons
…_ connu, ne devait pas facilement étre réduit à composition.—
a _Veut-on savoir quel sobriquet on lui avait appliqué chez le
; RRerD le écolier ? Cet Age est sans pitié, a-t-on dit ; il est aussi
sams aucun respect Gunite les délicatesses du langage di-
LT ne sont point son affaire. Aussi, quand il veut
> donner un nom à quelqu'ün ou à quelque chose, il y va carré-
“nent, et le nom choisi rendra l'idée quil s'est faite de la per-
. sonrie ou de l’objet, on peut en être sûr. On sait que les sau-
4 i vages,
y
AY
i
ces grands enfants, comme on les appelle—ne proce-
FA pas autremert. Eh bien done, les malins confrères de
_ Léon Provancher l'avaient surnommé P'#it José Mille-hom-
… mes! Cette longue dénomination (on n'était pas pressé, à
cette époque, et, l'encombrement des programmes étant enco-
ye inconnu, on avait le temps de dire les choses), assurément,
est frappée au coin d'une vulgarité très prononcée ; mais, par
contre, elle fait entendre béaucolii sur le caractère de notre
écolier. N’est-elle pas comme le résumé du portrait que j'en
+
J. 4
RE OO fe à, LE à S Were: h L hy Sle NOR RL
L’ABBÉ PROVANCHER
ai tracé en m’appuyant sur des conjectures plus où moins
fortes ?
pers
Mais, qu'est devenne chez Léon Provancher cette cuiosi-
té des choses de la nature que nous avons remarquée chez lu,
dès son enfance ? Ici encore nous avons sou propre témoigna-
ge. “An collège de Nicolet, écrivit-il plus tard, le terrain né-
tant pas ménagé à la campagne, nous nous associlons par qua-.
tre pour cultiver un carré de jardin qu'on mettait à notre dis-
prix pour succès en horticulture, Je me plaisais surtout à sui-
vre le développement des plante: étrangères ‘lont notre direc-
teur, le bon et paternel M. Leprohon, nous fournissait des plants
et des graines.” Voilà les débuts en horticulture du futur au-
teur du Verger canadien. Ce goût pour la culture-des plan-
tes de jardin et d'appartement ne l’abandonna jamais, et se ra-
viva même dans ses dernières années, comme nous le verrons
plus tard.—Plusieurs collèges ont ainsi fourni à leurs éièves
l'occasion de s'initier à ces soins agréables du jardinage qui, en
même temps, sont un exercice salutaire pour les bras du jeune -
homme et une récréation du genre le plus sain. Les anciens
élèves de Chicoutimi et de Sainte-Anne, notamment, se rappel-
lent les heureux moments que leur assurai!, chaque printemps,
la préparation des parterres dont le soin leur était confié. Cet-
te étude, tuute pratique, du règne végetal est done chose excel-
lente ; parfois, il n’en faut pas plus pour donner le goût de
l’histoire naturelle, Si l’on me permet d'entrer moi-même en
scène, c'est Pheureux succès du bouturage d’un petit rameau
de Pelargonium zonale, Willd, qui, dès mes hwsanités, m’ins-
pira pour la botanique une passion vraiment insatiable, Du
moins, quand je voulus associer à l'étude de la Poétique de
Lefrane, des Odes d'Horace et delZiade, celle non moins pas-
sionnante de la vie végétale, je tron vai aussitôt un ouvrage pré-
eis et d'intelligence facile, le Traité élémentarre de botunique
de l'abbé Provancher lui-même ; mais l’écolier de Nicolet n’a-
vait pas ecu la partie si belle. Ecoutons-le nous racon-
ter l'échec de ses aspirations scientifiques :
position : je réussis 2 avoir presque chaque année le premier |
b) 7
tf
LE NATURALISTE CAN ADIEN
“Un livre traitant incidemment de botanique m'étant
tombé sous Ja main, je voulus dès lors m'initier à cette scien-
ce. Mais comme dans ce livre d'horticulture il n a avait ni
classification ni même d'’ exposition des principes de cette
science, je ne pus parvenir à en saisir les éléments, et, le croi-
rait-on ? parmi tous les professeurs, je ne pus en trouver un
seul capable de me donner les clefs de cette science, aucun en
état de me faire retrouver dans des plantes diverses les par-
ties diversement conforméés de la fleur, pistil, étamines, cali-
ce, -corolle, anthères, ete.
~. * Plus dun peut-être de ceux qui me liront, qui ont subi
Te surmenage actuel des programmes d'étude de nos collèges,
» souriront de pitié devant cette ignorance ; tel était cependant
- l'état des études classiques il y a un demi-siècle, Les profes-
…Seurs pourtant étaient des hommes de talect et bien doués,
“cétaient : MM. F. Desaulniers, Pelletier, Harkin, Routhier,
Nadeau, ete., mais on n'allait pas plus loin alors en fut de
_ sciences. 4 |
a . “ Force me fut done de renoncer à mes travaux scientifiques.
MU «Ce ne fut que dix ans plus tard, lorsque j'étais curé,
que je pus me procurer les livres nécessaires pour reprendre
. l'étude des plantes.”(*)
| 3 YAS As
(A suivre)
~~ ———
/
FORMATION DU SAGUENAY
(Continué de la page 80)
Voilà le problème à résoudre dans le moment : De quel
_ côté, dans quelle direction la mer saguenayenne s’est-elle
.. écoulée en sortant de son bassin par l'effet de ce léger mouve-
_ ment ascensionnel, dont parle M. l'abbé, et qui souleva si bien
(#) Une exeursion aux elimats tropicaux.
+
| FORMATION DU SAGUENAY
Gay J'ai fl } a
Tes bases des Laurentides submergées depuis la création, que
celles- Cl demeurèrent à sec ?
Si nous vous prouvons maintenant que les bords du
grand bassin en question sont beaucoup plus élevés du côté
_ de Tadoussae, où ils dépassent 2,000 pieds d'altitude, qu'ils le
sont du côté du Saint-Maurice où ils natteignent,tout au plus,
_ que 1,009 pieds au-dessus de la mer, vous devrez. infaillible-
ment conclure avec nous que l'érosion par l’eau n'a pas agi
à l’est vers Tadoussac, mais bien à l’ouest vers le Saint-Mau-
rice, que le bassin s’est déversé naturellement dans cette di-
rection. Vous avez reconnu avec nous, en faisant le tour de
ce bassin, que cette issue, cette porte ouverte vers le Saint-
vi Maurice, par l’entremise de la rivière Croche, où nous som-
… me; parvenus sans effort et sans nous:en apercevoir, en sui-
- vant des terrains peu accidentés et légèrement onduleux jus-
. qu'à la hanteur des terres, n’est qu'à une vingtaine de milles
nt: seulement de la rive ouest du las Saint-Jean, tandis que Ta-
doussac est séparé de la Grande-Baie par soixante milles de
LA
a ; montagnes. de 2 à 3,000 pieds d’élévation, dont les nom-
_ hreuses chaînes se croisent en tous sens et forment à mi-che-
min les plus hauts sommets, | Ÿ
: 4 Pourquoi faire tant de travail pour essayer de briser cet
‘144 obstacle insurmontable, tandis que de l'autre côté rien ne
4 " s oppose à l'écoulement des eaux dela mer saguenayenne ?
- le travail est fait, parfait depuis longtemps, c’est pourquoi la
rivière Croche et le Saint-Maurice ont écoulé pendant des
… âges les eaux du lac Saint-Jean quise mélaient alors plus
I P
i
40 4 £
_ “intimement ”, aux Trois-Rivières, à celles du Saint- Laurent
*
‘2 qu'elles ne le D maintenant à Tadoussac. .
ie Entre parenthèse, nous devons dire ici que les eaux de
_ l'océan saguenayen se sont écoulées non seulement vers le
Saint-Maurice, (puisque le Saint-Maurice, l'Ottawa et tout
l'ouest jusqu'aux Montagnes Rocheuses faisaient partie de cet
océan,) mais aussi par l'échancrement de la rivière Picob&
qui communique avec le lac Jacques-Cartier ‘et la rivière dé
ce nom à mi-chemin du Saint-Laurent. Les hauts plateaux
fh a
LE NATURALISTE CANADIEN
. de sable eb de gravier qui s'élèvent entre ce lac et Picoba
n'ont pas d'autre origine ; situés À la hauteur des terres, i
n'y aque les eaux ‘le, la mer qui ont pu les niveler 1A pour :
toujours, à 1,400 pieds au moins au-dessus du fleuve.
La coupe de la rivière Ouiatehouan a aussi aidé à Pécou-
Jement des eaux de cette mer intérieure vers le Saint-Maurice,
par l'entremise de la rivière Bostonnais,parce que la plus gran-
le élévation dans cette direction ne dépasse guère 1300 pieds
au-dessus du Saint-Laurent. A proprement parler, l’ancien
Jac Saint-Jem appartenait corps ef Gina à la vallée du Saint-
Maurice, et il n'y à rien que le brusque remuement de la base
des Laurentides, qui forme son assiette, qui a pu détourner ain-
si subitement les épanchements naturels de ce lac vers le sud-
ouest, et changer c'tte nappe d'eau superbe et profonle en Pi-
cougar où lac plat.
Tous ees bras de mer, dont nous venons de parler, ont
dt, dans les bons vieux temps géologiques, former un vérita-
ble archipel au sud de la mer saguenayenne.
Vous devez être convaincu maintenant que les monta-
ges Trinité et Eternité, ces premiers échelons du massif des
Laurentides, dominent toujours de plus en plus le niveau de
cette mer intérieure et que jamais érosion n'a pu lécher leur
front.
C'est un fait connu que le grand bassin saguenayen,n'ayant
plus la mer & boire, se changea peu à peu en lac d'eau douce.
Son niveau sabaissa alors de 400 & 500 pieds à peu près au-
dessous de celui des rivages salés, si les indices que nous
avons remaraués à la source du Petit Péribouka sont bien à.
la hauteur que nous les estimions alors ; dans tous les cas la
«différence est peu de chose, |
Cet écoulement des eaux, abaissant ainsi les niveaux par
centaines de pieds, devait retarder indéfiniment la solation du
probleme de “ l’Eternité ” ; cette montagne qui dominait la
ner intérieure d'au moins 500 pieds, la voilà exhaussée, gran-
die du coup à 1,000 pieds : nous craigaons que ce coutretemps
nous force d'abandonner, pour le présent du moins, tout tra-
b. | à (2 a à PAL
RE + . APS VO RE TR Rare,
ue
‘A
FORMATION DU SAGUENAY
vail d'excavation, d'érosion, dans la direction de Tadoussac.
*
Le rio Colorado, le Nebraska, le Bighorn, l Arkansas, ces
_ artères des golfes américains, dont parle M. Pabbé Laflamme,
_ ont été mieux servis que notre cher Saguenay.
a Ces fleuves imposants, ces rivières capricieuses ont vw
‘4 _ des monts superbes, des rochers de marhre “ s'éorener,” s’a-
n baisser humblement au niveau de leurs eaux écumantes, se
_ désagréger per à peu penaant des siècles, pour creuser à ces
_ torrents nnpétueux un lié sans fond à l'abri des tempêtes :
mais jamais nos palais flottants, ces léviathans des mers, ne
_ daigneront pointer leur proue majestueuse ct fiére À l'entrée
_ de ces défilés abruptes, quelque soit le spectacle sublime qui
tes attend: la mer recevant dans son sein le tribut de
à leurs eaux ne daigne pas même leur faire sentir la moindre
| influence deson flux et reflux. |
a Les monts saguenayens sont de meilleure trempe ; la
M croûte primitive forme leurs larges assises, leurs hautes et
… épaisses murailles ; leur antique origine, les millions de Ius-
Be tres qui couronnent leurs sommets altiers, les montrent fiers,
- i superbes, audacieux. Ils plongeroat bien leur pied dans les
S abies de la mer : mais leur tête, leur sommet ? alions done !
_ ils ont été créés pour planer dans les nuages et jamais éro-
sion n'y hurinera d'empreintes. Ilsse fendront en quatre
_ jusqu'au centre de la terre plutôt que de subir pareil affront,
…._ pareil supplice ! aussi, Cest à ce parti qu'ils en sont arrivés
Bee, tin jour. 4
‘a Le Dean Inlet, le Portland Inlet et les autres Inlets de la
- Colombie Anglaise, sans compter ses sounds, ses channels in-
__ nombrables qui bordent en dentelles immenses les rivages du
re ptt 5 ‘ se + \
_ Pacifique ; le Lyse Fiord et les cents autres Fiords de la Norvè-
ve, fue simile reproduit sur lautre hémisphère ; toutes ces
gorges profondes en nn mot ont bien leur raison d'être puis-
qwelles existent : nous ne troublerions pas l'accord qui existe
aussi entre {ous les géologues ax sujet de leur formation par la
LE NATURALISTE CANADIEN
double action de l’eau et des glaciers, si nous avions une fyi con-
vaincue en leurs théories. \
S'il y avait cinq, dix, vingt Saguenay analogues sur les
edtes du Saint-Laurent (pourquoi n’existent-ils pas ?), ayant
les mêmes caractères, les mêmes inclinations que leurs frères
eolombiens et norvégiens, nous serions peut-être plas a portée :
de les étudier, de seruter leur passé, de les reconnaître, sinon,
de les contempler en silence comme des merveilles de la créa-
tion
Asséchez les mers, Geseendez au fond de leurs abîmes,
vous serez surpris d'y voir de ces milliers d’Inlets, de Fiords
qui dentellent ainsi partout les bases des continents, des archi-
pels et des îles. Les courants d'eau’ douce, les glaciers des
montagnes ont-ils mordu, tn jour, les formes lisses et arrondies
de ces contreforts sous-marins qui supportent la terre ferme ?
moulés qu'ils sont ainsi depuis des millions d’années, sous les
vagues polies et onduleuses de la mer, quiles a vus naitre,pren-
dre corps et refroidir, tout comme ces immenses tubes d’airain,
jetés en moule et polis avee art sous la main habile de nos ma-
chinistes. “an ANS STE ER
Le Saguenay est unique dans notre Province ; aussi nous
tenons à ne pas confondre son origine avec celles de tous les
Inlets et de tous les Fiords du monde,si ces derniers ont l'ori-
gine que leur prêtent tous les géologues réunis d'un commun
aecord ; d'autre part, s'ils ressemblent en tout point a notre
Saguenay, ces bons géologues se sont certainement donné la
main pour nous mystifier.
N’anticipons pas, cependant, sur les événements qui doi-
vent en se déroulant nous amener, petit à petit, à la seule
eonclusion possible sur ce point géologique si tntéressant pour
nous. ARS
(A suivre)
P.-H. Dumais
i“
wae
NOS AMIES LES MOUCHES (*)
Quand je dis : les mouches, il faut entendre : les mou-
ches strictiori sensu, et non pas tout ce qui vele, à part les
oiseaux et les voleurs. Car, il faut bien Vavouer, beaucoup
de Canadiens donnent ce nom de mouches à tous les insectes,
à toutes les “ petites bêtes ,” comme ils disent; par exemple
qui ne sait que l’on désigne partout la Chrysomèle qui satta-
que à la pomme de terre par le mot de mouche à patate ?
Quelle erreur ! quelle hérésie scientifique ! “ Vous ne voyez
donc pas, mon cher ami, que cette chrysomèle est pourvue de :
quatre ailes ?”——Oui.... et après ?—Apres ?.... Mais, mal-
heureux,les mouches appartiennent (jusqu’à Littré qui le dit) à
l'ordre des dipteres !—Je ne vois pas bien comment....—
Justement ; depuis que nos grands réformateurs médisent du
grec, on ne veut plus le savoir, et l'on va jusqu'à ignorer que
diptère veut dire : qui a deux ailes. Voyez-vous ! DEUX AILES.
Maintenant, comptez les quatre ailes de la Chrys)mèle,et dites
encore que c'est une MOUCHE, C'est-à-dire un diptere.’”—TI] ne
faut donc pas espérer passer pour des mouches, si lon a plus
que deux ailes (comme les abeilles,les hbellules,les papillons),et
encore moins si l’on n’en a pas du tout, comme c'est le cas
pour vous et moi; pauvres aptères que nous sommes,
x *
Quand on a dit, d'un animal quelconque : c’est un qua-
drupède, on n’a pas dit grand'chose encore, et l’on ne sait s'il
est question du lion altier, du colossal éléphant ou de la ini-
nime souris. De même, chez les diptères, i: y a bien du
monde, et je proclame tout de suite que je ne veux parler
(*) Nous croyons qu’il faudrait presque demander pardon À nos lecteurs du
_ ton léger de cette étude. Notre excuse est que nous l’avions préparée, l’autormne
dernier, pour une revue littéraire, où il n’aurait pas été de mise de faire de la
science trop technique. Un ami nous donna alors le sage conseil de garder ce tra-
vail pour le NaruraLisTe ; et le voici tel quel.
13—Juin 1894.
fy
94 LE NATURALISTE
CANADIEN
aujourd'hui ni des Tipules, ni des Taons, ni des Thlypsomyzes,
“ni des Brachypalpes, ni de cent autres genres de dipteres qui
pourtant seraient des sujets du plus vif intérêt. Mais il faut
“ savoir se borner ” si l'on veut un peu “savoir écrire ” ; et
nous nous occuperons seulement, en ce travail, des mouches,
des vraies mouches, des mouches domestiques.
*
* *
Combien les mouches ont-elles de pattes 7—Posez cette
question dans une réunion de gens quelconques, et vous ver- ‘a
rez combien peu répondront avec assurance qu'elles en ont À
six, comme tous les insectes. Ilne s'agit pas ici d'êtres que
l'on voit bien rarement, puisque, durant une bonne partie de
l'année, les mouches vivent en notre compagnie beaucoup plus
que nous ne voudriuns. Mais telle est lignorauce générale, en
histoire naturelle, que l'on n’en possède pas même les uotions
les plus élémentaires. Et nous verrons les type-writers ins-
tallés Gans toutes les écoles primaires bien avant d'y trou-
ver -e moindre noyau d'un herbier ou d'une collection d’in-
sectes.
Etudions donc un peu l'aspect de la mouche si commu-
ne dans toutes les maisons. La moindre loupe nous révele-
ra des détails que nous ne soupçonnions certainement pas.
La tête d’abord, qui n’est. pas fixe comme chez beaucoup .
d’autres insectes, mais peut se ‘tourner facilement de côté et
d'autre ; ceci, à vrai dire, peut nous faire croire que la mou-
che inanque beaucoup de sérieux; or,observez; et vous consta-
terez qu'à part le temps de la toilette, elle ne tourne pas la
tête à droite ou à gauche, mais qu’elle la tient toujours droite.
Ceci est à dire aux enfants, aux enfants de tous les âges.
La plus grande partie de la tête des mouches est occupée
par les yeux, mais des yeux d'une grosseur inouie ! S'il ny à
pas moyen de voir clair avec des yeux de ce volume, ce se-
rait du temps perdu pour les inventeurs que de chercher un
système de lunettes qui puissent servir aux mouches, —A l'ai-
.
. eee EUtsS
asa AMIES LES MOU
e d'une bonne loupe, il est facile de constater que ces yeux
si développés, toujours grand ouverts, d’une belle couleur
Fig. 5.—Coupe de l'œil d’une mouche (d’après Hickson.)
rougeatrs, sont partagés, en un grand nombre de très petites
facettes distinctes, dont chacune est l'extrémité d’un cône; et
chaque œil contient environ 4,000 de ces cônes juxtaposés ! Si }
. ce chiffre paraît bien extraordinaire, comment oser dire que 0
l'œil de la Libellule (ou Demoiselle) en a 20,000 ?—On a bien
raison d'appeler yeux composés ceux dont nous nous OCEUPONS.
Mais quel est le degré de vision pratique des mouches pourvues
d'organes de cette sorte? On n'est pas encore fixé sur ce
point ; les auteurs les plus sérieux ne Saccordent pas entre 4
eux, et discuteront longtemps encore, avant d'arriver à la
certitude en cette importante matière. 1 ~
h À
Fig. 5—Le haut de la gravure, en demi-cercle, représente la partie extérieu-
re de l’œil, comprenant les facettes qui correspondent aux cônes. l
Sir John Lubbock conne, au bas de cette méme gravure, les détails suivants que
nous reproduisons ‘‘à l’usage des amateurs.’’
Cm, membrane basilaire ;—e, cuticule ;—cop, ganglion épioptique ;—ne, no-
_ yaux ;—nes, gaine des cellules nerveuses ;—N/f, décussation des fibres nerveuses ae
_ op, ganglion optique ;—pe, pseudocône ;—yg, cellules pigmentaires;—pop, gan- |
glion périoptique j—r, rétinule ;—Fh, baguette ;—7, trachée ;—ta,anastomose ters)
minale ;—Z', trachée ;—ti, vésicule terminale.
‘
Pour nous, des yeux composés, montons......sur le front
de notre mouche, et arrétons-nous à trois petits points bril-
lants, disposés en triangle, que nous y rencontrons.—En trian- |
ele ? dites-vous ; les mouches seraient affihées à la satanique
franc-maçonnerie !—Rassurez-vous ; dans tout l'univers vi-
vant, on ne trouve que chez l'espèce humaine des révoltés
contre le Créateur. Ces trois points brillants,ce sont des yeux,
encore des yeux dont les mouches sont pourvues. Ceux-ci,
nommés ocelles, sont des yeux simples, probablement ana-
_logues aux nôtres, c'est-à-dire percevant des images renver-
_sées, tandis que les yeux composés donnent, probablement en-
core, l'image directe. Je ne suis pas obligé, et j'en suis très
aise, de comprendre ni d'expliquer comment les mouches se
servent de ces divers appareils visuels. Il y a assez d’autres
sujets d'inquiétude en ce monde, dira ici quelque mauvais
plaisant, sans que nous embarrassions encore de celui-là.fl est
pourtant bien vrai que lorsque les savants pourront nous ren-
seigner exactement là dessus,ce sera fort intéressant.Ces mes-
sieurs, pour le moment, pensent que les yeux composés servent
à voir les objets éloignés, en les grossissant,tandis que les ocel-
les sont surtout utilisés pour la vision dans l’obscurité et pour
celle des objets rapprochés : en deux mots, un télescope et un
. microscope, sans compter la lampe. C'est du luxe!
Entre les deux grands yeux dont j'ai parlé d’abord, ce
qui reste du visage de la mouche est d'une richesse orientale :
c'est doré, c’est argenté, a votre volonté, c’est-à-dire suivant
l'angle sous lequel vous regardez. Dans cet espace si bril-
lamment décoré, sont attachés les antennes, filaments assez
petits chez la mouche, mais très allongés chez beaucoup d'au-
tres insectes et que l'on désigne alors très improprement par
le nom de “ cornes ”. À quoi servent les antennes ? I] n'y a
encore ici que des probabilités ; mais, jusqu'à nouvel ordre,on -
est porté à croire que les antennes sont des organes du tou-
cher, de l’odorat et de Pouie, rien que cela !—Remarquons
ceci, en passant. Si nous remplacions notre loupe par un bon
microscope, si nous avions beaucoup de loisirs et la bosse de
SOUVENIRS DE CH 974
ASSES EN NORMANDIE
, la patience très développée, il nous serait .oisible de compter
17,000 perforations sur l'antenne dela mouche & viande ;nous
constaterions encore d'autres détails qui nous étonneraient
de plis en plus et nous rendraient tout à fait perplexes sur
le rôle probable de ces organes dans la vie de l'inse.te. Voyez ~
combien il reste encore de problèmes à élucider. Et pendant |
Cr que, sur terre, tant de choses restent à découvrir, il y à
des hommes qui passent leur vie à scruter le domaine des as-
| tres! Pendant que tant de questions appellent sans cesse
l'attention et l'étude, il y a toujours des gens qui s'occupent
à faire la cour aux princesses ou aux ber gères, à faire des ci- ©
crarettes ou de la politique, quand encore ils ne trouvent pas |
moyen de faire de tout cela en méme temps.
Mais nous voici loin de nos mouches. Une autre partie |
intéressante de leur tête, c’est leur bouche qui, comme chez
tous les diptères, est une frompe, composée d'une gaine et.
d'un suçoir. Cette trompe se replie sur elle-même et disparaît
même lorsqu'elle n'est pas en opération, comme il est facile
| de le constater à l'examen de la première mouche venue. On
a voit que les mouches ne peuvent pas mordre ; leur trompe —
n’est pas noc plus propre à percer quoi que ce soit. Que suit-
€ il de à ? Il suit de là qu'on se rend coupable de la plus noire
calomnie lorsque l'on sécrie: “Quelle mouche te pique 2”? _
Non, les mouches ne piquent pas ; disons-le bien haut, et que
chacun fasse son possible pour déraciner l'odieux préjugé
dont elles sont victimes et qu'elles souffrent avec un silence |
touchant.
(La fin au prochain numéro)
ER a
SOUVENIRS DE CHASSES EN NORMANDIE
—
J'ai habité longtemps Rouen, et j'en ai exploré les envi-
rons avec soin pour la récolte des colioptères et aussi des lé-
pidoptères ; mais 12 meilleur résultat obtenu a été certaine-
ment mes chasses en Curubus. Pensant que les quelques ren-
seignements que j'ai acquis de la sorte pourront servir à mes
collègues du Canada, je les donne ici ; Us résultent de nom-
liveuses recherches.
Les Carabus hivernent comme chacun le sait ; en Nor-
mandie, leur habitat durant Vhiver est localisé. On les trou-
ve, suivant les espèces, sous les pierres, dans le trone des ar-
bres pourris, sous l'écorce et DE PRÉFÉRENCE au pied des ar-
bres de certaines forêts des environs de Rouen. La chasse
en forêt a lieu de septembre à mars: le meilleur moment est
décembre et janvier, au moment où le sol est bien gelé, et les
_ bêtes endormies. Une pioche courte et solide est tout ce qu’il
faut. Hi .
Tl suffit de piocher au pied des hétres et des chênes qui
abondent dans nos forêts, en Normandie, pour y trouver par-
fois au pied d’un seul arbre jusqu'à cinq ou six Carabus, J'ai
- remarqué que les gros arbres sont les plus favorables. faut
aussi choisir ceux qui sont couverts de mousse sur le tronc et
à la base. Les insectes, au commencement de l'hiver et au
… premier printemps, se trouvent sous cette mousse : et ce n’est
qu'à mesure, que le froid devient de plus en plus rigoureux
_ qu'ils senterrent plus profondément,
J'ai pris de cette façon en quelques heures, dans une
- seule journée, pres de deux cents Curabus, alors qu'en été je
n'en trouvais que deux ou trois courant dans les chemins,
: Ces espèces sont nocturnes pour la plupart. . _
Voici la liste des espèces recueillies dans une forêt et
dans une seule chasse : Curabus intricatus, purpurascens,
urvensis et nombreuses variétés, cancellatus, nemoralis, co-
riuceus, curonitens, auratus, et en outre bien d'autres espè-
ces, telles que: Cychrus rostratus, attenuatus, Platysma
oblongopunctatu, et autres dont la liste serait trop longue ;
aussi, dans les prairies, dans le tronc des saules pourris, le
Curabus granulatus fréquemment. Je serai heureux si, avec
ces quelques notes, mes collegues du Canada peuvent obtenir
des résultats analogues. (*)
(*) Notre correspondant nous dit être disposé à échanger, contre de bons ex-
emplaires canadiens, les espèces qu'il mentionne et beaucoup d’autres, Æéd,
| ILest bon de faire remarquer que ces résultats ont été.
obtenus à la suite de patientes recherches. Car, dans une forêt
> parfois très grande, il n’est pas facile de trouver une localité
propice. ‘a
—Dimanche passé, jour de Pâques, j'ai vu pour la pre- —
mière fois ici des Zhais, espèce essentiellement alpine. Mais
comme je n'avais pas de filet, je n'ai pu les capturer. J'espère
bien que ce ne sera que partie remise.
: : | L. ROSSIGNOL,
Omeona, Piémont (Haute Tealie).
k
‘ [à]
LE PSEUDO-CAMELEON
Un de nos abonnés nous a communiqué un extrait du
Washington Star, qui rapporte un interview du Dr Steinger, M
erpétologiste de la Smithsonian Institution, concernant l'es —
pèce de reptile dont nous avons parlé sur notre dernier numé- M
ro. Le Dr Steinger est d'avis, lui aussi, qu'il est, non pas du M
genre Caméléon, mais du genre Anolis. Cette confirmation
du résultat de notre propre examen nous a fait le plus grand
plaisir. En effet, il est toujours difficile d'identifier un spéci- —
men en ne se servant que des descriptions données par les au- _
teurs ; mais la difficulté, et le risque de faire erreur, étaient MM
encore plus grands pour nous, qui n'avions que peu de docu- — ae
ments pour nous guider. ae
. Il est done absolument certain que le reatile|.en question
est un ANOLIS.
Celui que nous possé: dons continue, dans le plus grand 4 j'
caline, le cours de son existence. Nous lui avons enlevé la. a
petite chaine quile retenait, et il use loyalement de sa liberté |
relative pour passer d'une plante à l'autre dans la fenêtre où Wie
il réside. Sa coloration varie du vert tendre au brun de’
rouille. Il prend surtout cette dernière nuance quand il est
_ sur un “ Rainbow cactus”, ou bien durant la nuit. Et sis
nr
LE NATURALISTE CANADIEN
nuits sont longues : car c'est un inbrépice dormeur, dont le
. sommeil est très profond. Telles fois, nous l'avons vu dor-
mir, fixé le long d'une targette de fer où d’une assez grosse
ficelle qui se trouvent sa portée, depuis le milieu de Papres*
_ midi jusqu'à une heure avancée du matin suivant. Voila
qui s'appelle se reposer.
Sil survient du nouveau dans son genre de vie, fort
HMS à présent, nous en dou compte ici. Car
il n’arrivera pas souvent que nous pourrons, dans « ce pays, étu-
à dier les mœurs des Anolis.
BIBLIOGRAPHIE
--Exrplosive gas generated within the hot water pipes house heating apparatus.
—Natural history observations, Nova Scotia, 1892.
Ces deux mémoires ont pour auteur M. A.-H. Mackay, de la Société Royale,
| le second surtout, nous a vivement intéressé,
—Technical education of the people in untechnical language, by C. Baillargé,
M.R,S. C. :
En d’autres termes, c'est un plaidoyer en faveur de la vulgarisation de toutes
Jes connaissances. Cette thèse nous plaît beaucoup et nous en poursuivons la réali-
sation dans notre journal. En outre, M. Baillargé joint l’exemple au précepte, et
… trace Je programme à suivre pour l’enseignement vulgarisé de toutes les connaissan-
à des humaines, en faisant large place à l'instruction religieuse, ce dont nous le félici-
tons beaucoup,—Ne publiera-t-il pas une édition francaise de ce beau travail? Il
nous senible, en effet, que nos compatriotes ont plus besoin que les autres d’en pren-
connaissance.
fi | Merci aux deux auteurs pour leurs gracieux envois.
4
Le Progrès du Saguenay et la Semaine Politique publient le sommaire de notre
Revue ; le Couvent recommande aux gens de s'abonner au Narurazisre. Nos re-
inerciements à ces aimables confrères.
ot. XXI (VO I DE-LA DEUXIEME SERIE)
ic eng ues Le 39 4
Rédacteur Propriétaire : l'Abbé VA, HUARD
N.-B.— Avec ce numéro, le NATURALISTE entre dans: lo,
seconde moitié de la ! présente année. Nous croyons donc pou-
voir, sans manquer à la loi ni awbon sens, ne plus accepter
les RENVOIS que l’on fera peut-être encore de notre journal,
apres l'avoir reçu, sans le refuser, durant six mois.
LABBE PROVANCHER
(Continué de la page 88)
M. Provancher était probablement en belles-lettres ou en
rhétorique lorsqu'il fit cet effort infructieux pour se livrer à
_ l'étude de la botanique. Et le livre dont il s'agit avait pour
titre Le chemin du désert ; ily était question de tout, archi-
Mciure, botanique, ete., mais l'ouvrage ne contenait aucune
| gravure. Notre aspirant naturaliste y trouva des notions sur
les végétaux, et chercha à reconnaitre sur des fleurs les ren-
4 SE qu'il avait lus. Tout alla bien pour les polypé-
tales. Mais les monopétales le déroutèrent absolument ; et
comme il ne rencontra personne qui fût en état de lui donner
des éclaireissements, il ne poussa pas plus loin ses investiga-
Ui tions.. |
Cependant Léon Peoyateber finissait son cours d’études,
avec six compagnons de classe (au nombre desquels étaient —
4 | l4—Juillet 1894
a LAS
N. Doucet, qui a plus tard uré Ge la Malbaie, vicaire ging
ral de Chicoutimi et Protonotaire Ppospolique:, Charest, qui
mourut dans la paroisse de Beauport, ot il pratiquait la mé-
decine; J, Bailey, mort curé de Saint-Pierre-les-Beequets.)
Parmi tes personnages les plus remarquables qui étudièrent
au Collège de Nicolet à la même époque que lui, on peut citer
les vénérables évêques NN. SS. Lafléche et Moreau, et le juge
Ths Loranger.
_ Ce fut en 1840 qu'il laissa la tunique d’écolier. Eut-il
alors quelques velléités d’embrasser une profession séculière
quelconque ? je n'ai aucun renseignement là-dessus ; mais il
me semble que s’il eût éprouvé des aspirations de ce genre,
je l'aurais appris de lui, dans les nombreuses occasions où
il m’entretint de son passé. Je crois bien plutôt que sa voca-
tion à l’état ecclésiastique se dessina de bonne heure, et
qu'elle fut constamment pour lui comme le but entrevu pen-
dant tout le cours d’études.—Quand nous voyons de ces Jeunes
gens, heureusement doués sous le rapport moral et intellectu-
el, devant qui s’aplanissent comme providentie}lement les sbs-
tacles qui semblaient leur barrer le chemin dela haute cul-
ture, nous nous disons volontiers : celui-là, il est appelé ! c'est
un élu de Notre- Seigneur Jésus-Christ ! Et quand à des signes
de cette sorte, négatifs apres tout, il s’en ajoute de positifs :
tout doute est enlevé. Qu'on écarte les rangs ! Jaissez-le s'a-
vancer : les portes du sanctuaire s'ouvrent devant lui.—C'est
là, sans doute, ce que dut penser et dire le directeur du jeune
Provancher.
Voiià donc notre écolicr fixé sur la route qu'il doit suivre.
Dès l’année où il finit ses classes, en 1840, 11 endossa la sou-
tane, au même College de Nicolet ; et, d'élève qu'il était hier,
il est installé dans la chaire du professorat.— Encore aujour-
d’hui, dans nos collèges, on voit un certain nombre de sémi-
naristes employés comme professeurs ou comme régents au-
près des élèves. Les autorités comprennent bien pourtant
que cet état de choses nuit en une certaine mesure aux études
spéciales des jeunes ecclésiastiques ; mais, en cela comme en
\
+
É PROVANCHER
Ni .
: pe
d'autres choses, elles ne peuvent pas toujours réaliser ce
qu'elles désireraient tant : confier à des prêtres tous les emplois
dans les séminaires. H.: effet, tantôt l’évêque ne pourrait
_ réunir dans son séminaire tant de prêtres, sans nuire considé- F À
| rablement à à l'exercice du ministère paroissial, tantôt il lui est ig
impossible de trouver dans son clergé assez de sujets qui aient ae
la vocation de se livrer à la rude tâche de enseignement.
Qu'on veuille bien le remarquer, j'ai dit :“ la vocation.” Fo
au dévouement et au désintéressement yas pour cette ca
_rière (et qui ne doivent pas être minimes, j'en sais An
chose), Dieu merci, l'évêque est pe ean sûr d’en trouver tant
qu'il en veut autour de lui.
Mais il convient d'ajouter que si le jeune ecclésiastique
professeur étudie un peu moins de théologie (lacune qu'il lui
sera d’ailleurs facile de combler dès les premières anuées de
prétrise), l'inconvénient n’est pas sans quelques compensa-
tions. En effet, ces fonctions de professeur et de régent sont
un excellent apprentissage du maniement des hommes: il:
nest pas toujours plus difficile de bien régir une a que
de gouverner sagement une salle ou une ce d'élèves. Ht
puis, le jeune professeur qui enseigne de la grammaire, de
i larithmétique, du latin, du grec, ne le fait pas sans en retirer
quelque profit intellectuel ; ajoutons qu'il gagne sa pension et
_ de légers émoluments, ce qui n’est pas une petite affaire pour
la plupart de ces jeunes gens dont les parents, rarement mil-
n_ lionnaires, épuisés plus ou moins par les dépenses du cours
; d'études, sont fort heureux de les voir à peu près se suffire
Bi, maintenant a eux-mémes.
D Puisque l'occasion se rencontre, il saut autant épuiser
Lu. le sujet tout de suite.
On n’a pas manqué, quelque part, de s'écrier : “Hier, sur
les banes de la classe ; aujourd’hui, dans la chaire du profes |
_ seur ! Ces maîtres sont incompétents !” et quelques-uns ont ag
même parlé de brevet de capacité—Le brevet de capacité !
_ Mais il existe déjà, et pas en petite mesure, encore.-—Ces
+ maîtres qu’on appelle improvisés, voilà dix ans que deux ou
LE NATURALISTE CANADIEN
trois fois par année ils ont € u Asubir des examens sérieux
de façon satisfaisante ; en outre, ils ont dû sortir victorieux
des épreuves des barealaur al ès lettres et ès sciences. Est-
ce que tout cela n’est pas au moins équivalenta un examen
quelconque subi devant un bureau quelconque institué
par l'Etat ? Eh bien, on n'arrive pas au Grand Séminaire,
dans la Province, sans avoir levé tous ces obstacles ;
et encore les directeurs des colièges, qui ne sont pas plus
_sots que des manufacturiers ou des marchands, choisissent
leurs professeurs parmi les sujets les plus capables, parce que,
pour ne pas parler d’autres motifs d'ordre bien plus relevé, i
est de leur intérêt, dans cette époque de concurrence, de don-
ner à leurs élèves l’enseignement le plus valable qu'il se peut.
—Mais ces jeunes gens manquent d'expérience.-—Sans doute ;
etc’est pour cela que le préfet des études est constamment
occupé à les faire bénéficier de la sienne. En tout cas, ils en
ont toujours bien autantà vingt ans et au sortir du cours des
longues études classiques,que ces fillettes de seize ans à qui,
légalement, l'on va pouvoir confier désormais dés écoles à di-
rigen. .
Vingt ans, c'était bien lage du j jeune abbé Provancher,
_ Jorsque ses supérieurs l'ap] velérent au professorat. Ce n’est
que très exceptionnellement que l’on confie à ces débutants
la direction des classes supérieures ; presque toujours ils
font leurs premières armes auprès des plus Jeunes élèves, par-
ce qu'ils sont mieux préparés à l'enseignement des matières
élémentaires. Ce fut par la classe de Syntuxe que M. Pro-
vancher commença son professorat, en 1840-41 ; et, dans le
cours de‘ses quatre années de grand séminaire, il occupa suc-
cessivement les chaires de la Méthode, de la Troisième, de la
Belles-Lettres et de Rhétorique. Dans cette dernière classe,
il succédait à l'abbé L.-F. Laflèche, qui devait plus tard don-
ner tant d'éclat au siège épiscopal des Trois-Rivières.
(A suivre)
VAE
tif
(Continué de la page 77)
CHAPITRE TRIISIEMES
CLASSIFICATION DES INSECTES
Nous voilà entrés définitivement dans le monde puissant
des insectes : nous pouvons maiatenant nous attendre à toutes
les surprises, car bien des merveilles frapperont nos esprits,
" comme bien des mystères nargueront nos intelligences.
Pour ma part, je‘ n’ai jamais pu réfléchir à c2tte diversité "M
mdéfinie de petits êtres qui réunissent en eux toutes les for-
. mes, toutes les nuances, tous les instincts, toutes les ocsupa- —
4 tions, tous les contrastes) sans me sentir trans- i
porté d'une admiration profonde, et sans penser en moi- |
: même: Si l’on juge du génie d’un peintre par la richesse de
couleur de sa palette, par la précision des détails de son tableau,
par la beauté de l'ensemble, par l'harmonie qui y règne, quelle
ne doit pas être la grandeur du divin Peintre ? D’une parole,
dun seul acte de sa volonté, il a fait surgir du néant ce tableau
), sublime des infiniment petits et em a orn l’œuvre almirable
de la création !......
Etudions done, sans nous lasser ni nous décourager, ce ta-
bleau grandiose et vivant, dans chacun de ses détails.
Nous avons vu plus haut que les insectes font partie du.
troisième embranchement du règne anima), c'est-à-dire les Ar-
thropodes. Cet embranchement se divise en quatre classes,
savoir: lo les INSECTES, 20 les ARACHNIDES, 30 les MYRIAPODES,
et 4o les CRUSTACES.
_ Voici comment on distingue chacune de ces quatre clas-
Trois paires de pattes, une téte, un thorax {NE
_ {cette partie à laquelle les ailes et les aie |
_ sont attachées) et un abdomen..….. NACRE INSECTES.
LE NATURALISTE CANADIEN
Ags
Quatre paires de pattes, une tête confon-
due avec le thorax, abdomen ordinairement
PPO A OTOUS re wianieie ies mondes Goes neue caes ARACHNIDES,
. Vingt-quatre paires de pattes ou plus, pas
de thorax distinct, une tête, un abdomen; on
_ les appelle généralement betes à mille pattes... MYRIAPODES.
Cinq ou sept paires de pattes, tête, thorax
et abdomen distincts ; généralement aquatiques
et respirant à l’aide de branchies ; on les dési-
gne presque tous sous le nom vulgaire d’écre-
CRUSTACÉS.
sé le règne en embranchements,l'embranchement en classes, la’
classe en ordres, l’ordre en familles, la famille en genres, et le
genre en espèces, lesquelles sont formées par les individus. Je
ment sons le nom de barbeau et qui remplace pour nous le han-
_ neton d'Europe; c’est le Lachnosterne brun, “Lachnosterna fus-
ca’des naturalistes(Fig.6,p.108). Brun est la désignation de l'es-
pèce: lachnosterne, celle du genre ; cet insecte est de la famille
des Scarabéides, laquelle appartient à l’ordre des coléoptères ;
les coléoptères sont de la classe des insectes, et cette classe,
comme nous venons de le voir, est la première des Arthropo-
- des, troisième embranchement du règne animal.
i Et tout est ainsi classé, dansla nature.
L'utilité de ce mode de procéder, pour la désignation des
_ êtres que l'on veut connaître ou faire connaître, se conçoit
% facilement : “ Nous voulons, écrit notre Linnée canadien, M.
l'abbé Provancher, nous voulons vous faire connaitre le
_ Héron. Or, sans recourir aux méthodes de classification, il
nous faudra vous en donner une définition des plus
exactes, et, avant de vous former une juste ilée de
l'animal dont nous voulons vous entretenir, il vous
faudra comparer la description ainsi donnée avec celle
_ de plus de cent mille animaux différents, ce qui serait pres-
que impossible. Mais si l’on vous dit que cet animal est un ver-
ils
pier nae aie) LA nt Cia
| COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE
i ’
tébréde la classe des oiseaux,de l'ordre des échassiers, du genre
Héron,Ardea,dès lors vos termes de comparaison se trouvent ex- —
trémement réduits. En effet par le mot verlébré,vous counaissez
de suite que l’animal ne peut être ni un insecte, ni un mollus-
que, ni aucun autre animal sans squelette ‘intérieur. Par le —
mot oiseau, vous excluez de la comparaison tous les mammi-
fères, tous les poissons,et tous les reptiles. Par le mot échus-
sier, vous distinguez aussitot votre animal des neuf dixi- —
a i èmes des autres oiseaux ; et enfin, par le genre Héron, Vous) il
Me | _ m'avez a faire la comparason qu'entre les quelques espèces qa ti
EL x appartiennent à ce genre.
‘4 Maintenant, allons dans les champs faire une petite pro- |
ee menade d'un quart d’heure et tâchons de capturer tous les.
a, insectes que nous rencuntrerons sur notre route. Puis , de re-
tour à la thaison, examinons un peu ces petits êtres Ste
sants.
Tout de suite, nous sommes frappés de la grande dis-
| semblance qui existe entre eux. Celui-ci, à la tête, a en for
ig ) me de tenailles d'énormes mandibules qui lui dennent un air
| AG redoutable et menaçant : “ Quel terrible barbeau !” se dit-on 1
a _ instinctivement. Celui-la a les jambes postérieures confor- ie
À A _ mées de telle sorte que, dun bond, il se met hors de notre 4 4
4 portée : “ Tiens ! une sauterelle ” s'écrie-t-on avec joie. Cet. a à
De autre étale avec orgueil ses quatre ailes diaphanes, et, rapide |
Re comme lhirondelle,il s'élance joyeux dans les airs : Oh! M
D. HAE ne demoiselle !” pensons-nous en nous-mêmes. Puis — mn
ne: c'est un autre qui, "pendant que nous l’examinons, fait en- |
ey tendre son cri strident et prolongé : c'est lacigale du bon
bs à vieux Lafontaine ; puis un autre, le brillant papillon, Qui
0 4 d'un mouvement fle et régulier, soulève et abaisse ses ques iy
| 4 ai tres ailes parsemées des dessins les plus charmants" comme
1 # les plus bizarres ; ; puis c'est la guépe furicuse qui bourdoune 1 |
aa en sa colère et cherche à piquer de son dard aigu ; puis € vest 4
ae la mouche volage et inconsciente qui, pendant ce travail d'ob-
a servation, s'obstine à nous chatouiller la figure et cherche à à a 5
a oan nous faire perdre patience.
OPE NAN ok
4
Chacun de ses insectes a sa conformation propre qui le
Be _ distingue parfaitement des autres. Chacun forme un groupe,
EUR ons auquel tous viennent se rattacher ; et du moment
que l’on connaît bien la conformation de cet insecte typique,
l'in est certain de ne pas se tromper en disant, à la vue de
” tel ou tel insecte, qu'il appartient à tel ou tel groupe, tel ou
» tel ordre,
C'est ainsi que l'on divise en huit ordres la classe nom-
_ breuse des insectes. Ces huit ordres sont :
lo Les COLÉOPTÈRES (de koleos, étui, et pteron, aile), dont
_ les ailes supérieures généralement très dures, opaques et de
: ' couleur métallique, servent d'étuis sous
lesqueïs les ailes inférieures viennent
se renfermer, repliées en travers. Ces
deux étuis portent le nom delytres et
sont toujours impropres au vol On
désigne vulgairement les représentants
de cet ordre sous le nom de barbeawr,
en francais, et de beetles, en anglais.
Ce sont les Lachnosternes (Fig. 6), les
Doriphores, les Coccinelles, ete.
26 Les ORTHOPTÈRES (de orthos,droit,
et pteron, aile), dont les ailes supérieu-
_ Fig.6-Lachnosterna fusen, Frühl. T'ES sont, elles aussi, coriaces, mais très
1 _distinctement sillonnées de nervures ; sous ces premières ailes
wi appelées, pour cet ordre, tegmina, ou se ranger les ailes
inférieures pliées en éventail dans
toute leur longueur,au lieu de l'être en
travers, comme chez les coléoptères.
À cet ordre appartiennent les Saute-
relles, les Criquets, ete.
Le = (A suivre)
Fig.7—Un Orthoptère. GERMAIN BEAULIEU,
LES MICROBES
LES. MICROBES
Depuis quelques années, ce nom de “ Microbes” est deve-
nu familier à tout le monde. On sait assez qu'il s’agit d’ani-
malcules, impossibles à voir sans le secours du microscope,qui
» peuvent vivre et se multiplier dans le corps des animaux, et
nn y produire les effets les plus désastreux. Mais se rend-on
bien compte de la forme de ces petits êtres ? Nous avons pen-
4 _ sé qu'il serait intéressant pour nos lecteurs de faire connais-
à sance, au moins (et même seulement !) par lx gravure, avec
Es les espèces principales de ces animalcules, nous voulons
‘0 dire : avec celles que l’on rencontre le plus communément,sur-
, tout dans certaines maladies plus fréquentes.
Voila en effet le point capital : lorsque ces petits êtres
By: ! semparent pour ainsi dire d’un organisme vivant et s’y mul-
… tiplient en une certaine mesure, il en résulte des désordres
Be plus ou moins graves dans la s: inté, et trop souvent la mort,
1 Les anciens ne soupgonnaient même pas l'existence de ce
monde des infiniment petits. Il n’y a pas beaucoup plus que
+ deux siècles que les Infusoires sont connus, et c'est & mesure
Nr. que le microscope s’est perfectionné que leur étude s’est déve-
____leppée. Dans notre siècle, les investigations ont été poussées
_ assez loin dans ce monde inconnu, e6 i faut retenir, comme
b_ ceux de véritables Colombs, les noms du Prussien Ehrenberg
SS et des deux Français Dujardin et Pasteur. Ce dernier vit
ne: encore, et travaille encore. Ses recherches ont démontré com-
me l'unique cause de certaines maladies contagieuses la pré-
sence d’animalcules microscopiques dans l'organisme. Lillus-
1
3 tre savant s’est attaqué surtout aux terribles affections du
ae charbon et de la rage ; il a trouvé non seulement le moyen
D: de les guérir dans bien des cas, mais aussi celui de les préve-
a nir par une sorte de vaccination.
nr: On dit : il faut le secours du microscope pour aperce-
M: voir ces tout petits animaux. Oui, mais ce n’est pas avec le
ee premier inicroscope venu qu’on les verra. (Ceux, par exem-
Be ple, que représentent la gravure de la page suivante, sont
dune telle exiguité de taille, que seuls les instruments de la
plus grande puissance en révéleront la présence, et encore
faudra-t-il y joindre l'usage de teintures et d’autres secours
encore. Si l'on ajoute, à ces difficultés, celles des fréquentes
métamorphoses des microbes, dont plusieurs changent conti-
_nuellement de formes, il ne faut pas trop s ‘étonner si l’on ne
sait encore rien ou presque rien Sur. peur structure et leurs
*15—Juillet 1894.
(Le
110 LE NATURALISTE CANADIEN
À 3 a re .
moyens de locomotion. Est-il même certain que tes Vibrio-.
niens, classe de microbes que l'on x plus étudiée, appartien-
nent au règne animal, plutôt qu'au règne végétal ? Comme
on le voit, les naturalistes ne s int pas près d'avoir épuisé la
matière de leurs investigations.
Que pensent nos lecteurs de cette question : où la puis-
sance infinie du Créateur se montre-t-elle plus admirable,
dans la constitution et dans les mouvements des corps énor-
mes de Ja voûte céleste, ou dans ce monde des animaleules
microscopiques, dont nous sommes probablement encore loin
de soupçonner l'étendue ?
Les Infusoires sont divisés en deux grandes classes : les
Systolides ou Rotateurs, et les Infusoires proprement dits ou
Microbes. Cette dernière classe comprend cing ordres, dont
le principal est formé de la famille des VIBRIONIENS. Les
quatre principaux genres de Vibrioniens sont: les Vibrions,
qui ont l'apparence de fils déliés ; les Spirilles, pareils à des
filaments enroulés en hélice ; les Bactéries et les Buctéridies,
qui ont la forme de courts bâtonnets.
Les vingt gravures suivantes (dont notre ami M. Chs
7
LES MICROBES :
RU
niquer le cliché) représentent diverses espèces de Bactéries
que l'on regarde comme la cause des maladies indiquées ei-
dessous.
No 1— Bacillus her lose Diamètre : un cent-milliè-
me ae ie CONSOMPTION.
o 2—Bucillus hlebs- lofjier. Un quarante-millième de
pee. Cte
No 3—Micrococcus pneumonia. Un trente-cinq-milliè-
me de pce. PNEUMONIE.
No 4—Lepra bacillus. Un cent-millième de pce. LÈPRE.
4 No 5—Micrococeus des plaies purulentes.
1 “À No 6— Bucillus eberth-gaffky. Un quarante-millième de.
| pee. FIÈVREMYPHOIDE. |
DA: No 7—Streptococeus pyogenes. Un trente-cinq-milliéme
ne. de pee. FIÈVRE SCARLATINE. HE
[TES No 8—Spirillum cholerw. Un soixante-milliéme de pee.
‘i . CHOLERA. |
No 9—Bucillus anthracis, Epaisseur : un vi ingt-cinq-
millième de p3e. ANTHRAX (espèce de furonele pius étendu.
ap . que le clou ordinaire).
14 No 10—Spirochete oberinaicrr. Spirilles du sang. Re-
By chute de fièvre (Relapsing fever). 040
De : No 1i—INFLUENZA (Grippe). Diamètre : un cent-dix-
a millieme de pce.
ae No 12—Staphylococcus pyogenes aureus. Un trente- —
1 cinq millième de pce. Se trouve dans le PUS.
n No 13—Champignon de la levure ou ferment de la bie-
BE re (Yeast fungus) Un trois-millième de pce.
if No 14—BacMus mallei. Un soixante-millième de pee. ita
i Morve du cheval.
No 15—Pneumococcus friedlander, (Capsulated micro-
cocci). PNEUMONIE.
pe. No 16—CoNSOMPTION. —Tubereule contenant des spores
ie ou germes. à
a No 17—Fikvre TYPHOIDE. Bacilles contenant des spo-
Le res.
Den. No 18—Bacilles du sang. Anthrax malin ou CHARBON.
Na No 19—SaLiveE. Diverses formes trouvées dans la bou-
Vu" che.
No 20—CHOLERA ASIATIQUE. Microbes dont les uns sont
filiformes, et les autres en forme d’S. de
Nous voila bien renseignés sur le nom ef l'apparence de
ces ennemis ; et quand nous rençontrerons par exemple un
Streptococcus pyogenes où un Bacillus eberth-gaufhy, nous ne
inanquerons pas de nous efforeer de l'occire. Il est tout a
fait sûr qu'un coup de poing suffirait pour cet objet ; mais ce
moyen est fort peu pratique, avec des gens aussi invisibles à
l'œil nu. Si la tactique militaire avoue son incapacité abso-
Ine à lutter contre ces troupes mieroscopiques, l'hygiène nous
renseigne sur les conditions de la guerre offensive et dé-
fensive que chaque individu doit faire incessamment contre
ces animalcules.
En l'état actuel de la science, on peut dire que les mala-
dies contagieuses se communiguent quand les microbes qui
les déterminent passent de l'individu affecté dans un autre
individu. Eh bien, l'hygiène nous fait connaître dans quelles
conditions s'opère cette transmission, et comment on peut
l'empêcher. Par exemple, dit notre confrère du Microscope,
_ nous savons que la personne malade de Consomption a dans
_ sa salive des millions de microbes propres à cette maladie ;
qne,si elle crache sur les planchers.ete.le liquide sèche rapide-
ment ; et a ors les germes desséchés s’en vont flottant dans
l'atmosphère, et sont bieut3t intro luits, par la respiration,
dans les poumons des passants. Si l'indivilu qui les reçoit
ainsi est dans un état de santé assez robuste, il n'en éprouve-
ra pas de dommage ; mais lorsque le gerine trouve un ter-
rain propice dans les poumons, ilsy multiplie indéfiniment,
jusqu’à la mort où jusqu'à la guérison de la personne. Que
chaque “ consomptif ” recueille et brûle ses expectorations, et
_la consomption disparaîtra bientôt de la terre.
On voit assez, par ce qui précède, quel cas il faut faire
des prescriptions d’une sage hygiene, survout lorsqu'on est
en présence d'une maladie contagieuse.
NOS AMIES LES MOUCIIES
Nous renvoyons au mois prochain l’étude commencée, en juin dernier, sous ce
titre, et la remplagons en ce numéro par un article sur Les Microbes, parce que nous
devons renvoyer bientôt à son propriétaire le cliché de la gravure reproduite dans
la page 110. Heureusement, si l’on n’a rien à lire sur les mouches, les occasions ne
manquent pas, à cette époque de l’année, de faire connaissance personnelle, aussi
complète que l'on voudra, avec ces hôtes très empressés de nos demeures.
" EST JS oe .
ee
PAR ete LAL GUERRE AURUINSECTES 113
ok i OA CUBR RE AGAINSE OTE
CONTRE LES MOUSTIQUES, ETC.
i On connaît la plante nommé Palma-Christi, Custor-oil-
plant, Ricinus africanus, Hort. I y en a dans beaucoup de
Jardins,et cette plante d'or-
des plates-bandes.
‘Bh
vo nement y fait toujours bel
D. effet, par sa grande taille,
i! par sa forme agréable, par
rt Z « . .
fi la'coloration de ses feuil-
} *
4 les.
By |
118 Eh bien, qu’on sache
4 ; | que ce beau végétal éloigne |}
10 les taupes et les fourmis —
Ce n’est pas tout. * Un
journal des Indes anglaises
4 ‘ recommande encore le Ri-
‘4 cin comme propre à éloi-.
4 4 ener les moustiques ; quel à
ie ques pieds en pot dans la
ag maison, affirme-t-il, suffi-
71 Fig. 8.—Ricinus africanus albidus. sent pour faire fuir ces en-
4 q nemis de la paix individuelle.
#4 . Ne vous plaignez donc plus, mon ami, d'être incommodé
a par les moustiques ;vous n'avez qu’à porter toujours, dans cha-
que main, par exemple le Ricinus borboniensis arboreus (15
pieds de hauteur). Le soleil et les mouches vous témoigneront
un égal respect.
LA MOUCHE DES CORNES
La mouche des cornes (Cattle Horn Fiy), Hematobia |
i serrata, R. Desv., fait encore, cette année, des ravages dans la _
_ Province, nous dit-on. Bien qu’elle ait été signalée au Lac
Saint-Jean dès l'été dernier,nous ne croyons pas qu’elle soit en- —
core arrivée dans le comté de Chicoutimi. |
M. Fletcher, de la Ferme expérimentale d'Ottawa, indiquait,
en septembre dernier, les moyens suivants de COURS core
ennemi.
D'abord, l'empêcher de se multiplier, en épandant deux
fois par semaine les bouses semi-liquides, dans les pâturages.
Appliquer sur les bestiaux une émuision préparée comme
suit : Lait sûr, 1 partie ; huile de charbon, 2 parties ; mêler
parfaitement ces deux liquides ; puis ajouter 17 parties d’ean.
Une substance graisseuse quelconque, additionnée dun
peu d'acide phénique, tend à guérir les plaies qui peuvent s ‘ê-
tre formées.
Il est consolant de savoir que les ravages de cct insecte
diminuent beaucoup après quelques années.
0 ED ot
À NOS COR! RESPONDAN NES
ME. Voudnez-vous ‘me nd dee en passant, le nom scienti-
fique de ce que nous appel ons Queue- de-renard, et aussi le nom
de la fameuse Hrable à Giguere !—Kt la Viola, dont parle le
NATURALISTE (de mai), serait-ce, par hasard, ’hemble viol:t-
heya L'abbé J.P,
—Trois plantes portent le nom vulgaire de Queue-de-
renard : 10, le Mélampyre des
prés, Melampyrum pratense, L.,
à fleurs blanchâtres ou jaunâ-
tres ; 20, l’Amarante à queue,
Amarantus caudatus, L,, à
fleurs en épis rouges ; on les
nomme plus souvent : roupies
de coq d'Inde ; 30, la Préle des
champs, Æquisetum arvense, L,
tige cylindrique de 6 à 8 pouces,
formée d’articles s'emboîtant les
uns dans les autres, les feuilles
étant représentées par une gai-
ne dentée qui couronne le som-
met de chaque article. Nous
pensons que c’est de cette espèce
Fig. 9.—Equisetum sylvatiemn, L. QUE notre correspondant veut
‘
du
, . AA ET ET
_ parler, Nous donnens la gravure d'une espèce voisine et de
A NOS CORRESPONDANTS
ses organes fructifères, d'après la Flore Provancher (p. 727.)
—Le nom scientifique de lPErable à Giguère est: Acer
negundo, L., (érable négondo), ou Rea nao Jraxzinifoliune,
Nutt.,(négondo à feuilles de frêne).
—La Viola dont nous avons parlé (p. 84) est la Violu
tricolor, L., et porte le nom vulgaire de “ Pensée,” comme nous
lavions inne Cest bien une Violette, mais ce n'est pas
l'espèce désignée sous le nom de “humble violette,” qui croît
spontanéinent dans les prés, dont la fleur très petite se révele
surtout par le suive parfum qu'elle exhale,
ce
.....Désirant profiter de lavantage des instructions
que vous vous engagez bien généreusement à donner aux dé- |
butants dans l'étude de l'histoire naturelle, permettez-moi de
solliciter le concours de vos conseils par rapport à la conser-
vation d’une collection de plantes ou d'insectes. En même
temps, veuillez, s'il vous plaît, m'indiquer où je pourrais me
procurer les meilleurs traités de botanique et de zoologie. ”—-
JD:
— Nous croyons que le plus grand danger que puissent
courir les herbiers, c’est l'humidité. Aussi vous ferez bien de
À 5 « Ë “ie ë | )
donner beaucoup d'attention a ce point. Il y a bien aussi quel-
que chose à redouter des insectes ; inais, au moins d’après no-
tre expérience, ces insectes sont de taille si petite et d’occur-
rence si peu fréquente, qu'il ny a pas à s'en préoccuper. Si
l'on préfère eu préserver absolument ses plantes, on peut les
plonger dans de l'alcool contenant de l'acide arsénieux, après
quoi on les met sécher entre des feuilles de papier collé. (L'al-
cool arsénieux se vend 5 ou 6 franes le litre chez Deyrolle, 46,
rue du Bac, Paris.)
Quant aux collections d'insectes, il faut Jes mettre au-
tant que possible à l'abri de la poussière, et, du même coup,
on empêche de s’y introduire surtout les petites Tinéides qui
peuvent y faire tant de ravages. Il s'agit de tout petits pa-
_pillons que l’on voit voltiger dans les appartements et qui aa
+
‘ ay). Le ;
LE NATURALISTE CANADIEN
sattaquent aussi aux fourrures et aux lainages. Un peu de
_ camphre ou mieux de naphtaline les empéchera d'en appro-
cher. Quand on s'aperçoit qu’un spécimen est rongé par une
| larve de ces parasites, on l’'imbibe d'alcool et tout est dit.
Nous venions d'écrire ce qui précéde,lorsque,sur la couver-
D. ture du VNaturaliste de Paris, nous voyons, annoncées par la
maison Deyrolle, des “Boules de naphtaline concentrée montés
sur épingle,” que l’on pique dans dans les cartons d'insectes.
ette disposition nous paraît parfaite. On vend de ces petites
oules chez nos marchands, mais sans épingle.
— Pour ce quiest des Traités de botanique, s'il s’agit
’ovvrages élémentaires, nous pouvons indiquer ceux de l'abbé
; ce dernier fait suite au ma-
uel de | Ar et de pa. de cet auteur. On 4 se
a Gone an Pr ee bis Zoologie, nous dirions Un
qu'aucun ne vaut celui que nous publions en supplément du
NATURALISTE ! Mais il ne sera pas terminé avant bien des
‘mois encore.
Il y a un si grand nombre d'ouvrages de cette sorte pu-
bliés en France, que nous ne pouvoLs entreprendre d’en don-
ner la liste. Que notre correspondant nous indique seulement
quel prix à peu près et quel degré de développement Jui con-
… viennent le mieux, et nous lui procurerons promptement ce
qu'il désire.
Nos félicitations à notre collaborateur dévoué, M, G.
Beaulieu, de Montréal, qui vient de subir avec distinction les
_ sévères examens d'admission à la pratique du droit.
le Es
Naturalis te Canadien
VOL. XXI (VOL.I DE LA DEUXIEME SERIE) Nos
D
Chicoutimi Aout 1894
Rédacteur-Propriétaire : l'Abbé V.-A. HUARD
COURS DENTOMOLOGIE POPULAIRE
(Continué de la page 108)
30 Les HÉMIPTÈRES (de hémi,demi,et pteron, aile),variant
assez dans la conformation de leurs ailes, quelques espèces
ayant les supérieures coriaces, mais à
leur base seulement’ (d’où le nom d'hé-
maiptère), d'autres espèces les ayant tou-
tes membraneuses ; par exception, quel-
ques-unes même en étant tout à fait dé-
; pourvues. Dans les deux ordres précé-
Fig. 10.—Un Hémip- :
ne dents, les insectes ont une bouche mu-
nie de mâchoires et de mandibules ; dans cet ordre, au con-
traire, c’est un suçoir composé de deux soies. Les insectes de
cet ordre sont généralement appelés pundises en français et
bugs en anglais. C’est maintenant que l’on sait à quel ordre
‘appartient la redoutable Punaise des lits.
40 Les NÉVROPTÈRES (de newron, nervure, et pteron, ai-
16—Août 1894.
\ Fee ur PU ie A UE OU CU OMAN A AN UCR ER dE Pre a a y
| ime
VEN
118 LE NATURALISTE CANADIEN
le), insectes pourvus de quatre ailes toutes membraneuses,
Fig. 11.—Un Névroptère.
: hyalines, diaphanes et traversées de nervures fines, irrégulié-
res et trés nombreuses. La bouche est composée de mandibu-
les et de mâchoires. Cet ordre est représenté par la Libellule,
vulgairement appelée demoiselle, (Fig. 11).
| 50 Les HYMÉNOPTÈRES (de hymen, membrane, et pteron,
| aile), caractérisés par quatre
ailes membraneuses, le plus
souvent hyalines, et un ab -
-,domen joint au thorax par
un mince pédoncule. Dans
cet ordre entrent les Abeil-
les, les Guépes, les Bourdons,
etc.
Fig. 12.—Un Hyménoptère. 60 Les LÉPIDOPTÈRES
(de lepis, écaille, et pteron, aile), qui forment un des ordres le
plus faciles à reconnaitre,
puisqu'il est représenté par
ce splendide insecte aux vi-
ves couleurs, que les poètes
ont appelé : la fleur de l'air,
c'est-à-dire, le brillant pa-
Fig. 13.—Un Lépidoptère. pillon. Les Lépidoptères
COURS D’ENTOMOLOGIE POPULAIRE 119
ont quatre ailes toutes de mème consistance et couvertes d’u-
ne poussière écailleuse (lepis) qui leur donne un aspect velou-
té. Leur bouche est formée d'une trompe, quelquefois très
kn sue, enroulée en spirale.
7o Les DIPTÈRES (de dis, deux, et pteron, aile), comme
le mot l'indique, n'ont que deux ai-
les ; ce sont presque tous des in-
sectes nuisibles où du moins fort
détestables ; enfin, cet ordre est
représenté par la Mouche, ce qui
est assez dire.
So Les APTÈRES (de a priva-
Fig. 14.—Un Diptère. tif, et pteron, aile), insectes dépour-
vus d'ailes et ayant une bouche formé d'un sugoir diverse-
ment conformé. Qui n’a jamais entendu parler de Poux, ni de
Puces, les représentants abhorrés de cet ordre, heureusement
fort restreint ?..
Ces caractères saillants et ces exemples que j'ai donnés
d'insectes très connus de tous, suffisent amplement pour rap-
porter un spécimer quelconque à l’ordre auquel il appartient.
Que l'on parle maintenant d’entomologie, que l'on décrive un
insecte, on saura sûrement à quoi s'en tenir et l'on ne pren-
dra plus pour du grec les éléments d’ane science ayant pour
objet des êtres qui nous environnent sans cesse, nous suivent
partout et qui, comme dit l’autre en parlant des mouches,
APCE se croient partout chez elles
Sous prétexte que Dieu leur a donné des ailes !
Enfin, ce tableau ci-dessous permettra de saisir,d’un seul
coup d'œil, les différences qui distinguent les ordres les uns
des autres, et facilitera, pour l'amateur, le travail de la com-
paraison :
in Fa
E CANADIEN
We
( {Les supérieures sia aa.
‘| riaces, de couleur : ;
| | métallique ; les in- | COLÉOPTÈRES.
- | férieures pliées en |
Rtraverse Lee J
de consis- | Les inférieures pli-
: à : ées en éventail sur > ORTHOPTÈRES.
EE | tangs ere longueur.......... à
|
o - æ .
Salts oa Les supérieures de-
| mi-nembraneuses ;
lement;
un bec replié sousla | y,,
poitrine et composé | Ea
généralement de 3
| j
quatre ailes ! (ou 4 articles........... |
{ A nervures multiples -
sans ordre ni symé- +-NÉVROPTÈRES.
| ol bon A HE es
Insectes
A nervures veinées,
de consis- | symétriques ; abdo-
men attaché autho- | HyMÉNOPTÈRES.
| tance é-4rax par un na)
pédicule:.. 2...
gale
A poussière écail-
leuse formant com-
me un velours ; une Hu ne
|
|
|
|
|
langue enroulée en
(spirale...
|
(Deux Wailess.. ER rer EDI TERE.
|
|
|
|
is
|
|
|
non-ailés toujours...............… 2 RAR DE DA oO DORA APTÈRES.
CHAPITRE QUATRIEME 4
DES DIFFÉRENTES PHASES DE LA VIE DES INSECTES
L'oiseau, au sortir de l'œuf, a la figure d’un oiseau ; figure
qui n'est plus susceptible que d’accroissement et que l'oiseau
gardera jusqu’à sa mort. Il n’en est pas ainsi chez l’insecte.
Avant d'atteindre à la forme qui distingue son espèce de celle
des autres, il Jui faut passer par une série de phases que l’on ap-
hi pelle la métamorphose de l nsecte. Ces phases sont lo celle
me. de l'œuf, 20 celle de la lurve, 30 celle de la nymphe ou chrysali-
TL
"4 de, et 4o celle de linsecte purfait. La métamorphose est dite
À … complète ou purtielle selon que l’insecte, avant d'arriver à l’état
ar parfait, passe par toutes ces phases ou ne passe que par quel- <
ae
ae ques-unes seulement.
CANON RE PATENT
y
FORMATION DU SAGUENAY 121
Étudions ces différentes phases les unes après les autres.
Tous les insectes sont ovipares ; il n'ya pas d'exception à
cette règle générale, Cependant, chez les Pucerons, certaines
Punaises, etc., l’éclosion des œufs a lieu avant qu’ils soient pon-
dus, ce qui a fait croire longtemps à cette erreur que certaines
espèces sont vivipares.
Ces œufs n’ont pas de forme régulière ; ils varient presque
pour chaque espèce ; il en est de toutes les formeset même des
plats, des carrés, des coniques et des linéaires. Quel-
ques-uns, non encore conformés parfaitement, pren-
nent de l'accroissement même après la ponte: c'est
ce qui explique le fait que quelques œufs de Four-
mis sont aussi gros que les Fourmis elles-mêmes ;
d'autres sont renfermés au nombre de 16 à 18
dans des capsules sub-ovoïdes.
Les œufs sont toujours déposés—et c'est ici
qu’il convient d'admirer l'instinct dont la Providen-
ce a doué ces êtres minuscules—dans un endroit ou
la jeune larve, au moment de l’éclosion, pourra trou-
ver aussitôt la nourriture qui lui convient.
(A suivre) GERMAIN BEAULIEU.
FORMATION DU SAGUENAY
(Continué de la page 92)
Nous nous sommes convaincus que le bassin saguenayen,
que le lac Saint-Jean, par wa léger mouvement ascensionnel
produit dans l'Amérique éozoique s'était complètement isolé
de la mer ; que les plus fortes “ échancrures,” que les plus bas
sommets de sa vaste enceinte s'étaient prêtés mutuellement et
puissammnent à l'évacuation finale de ses eaux amères ; qu'en-
Fig. 15.—-Œaofs du Clisiocampa americana, Harris, (lépidoptère représenté
dans la Fig. 13, page 118.)
OT LT TS dr TR HS
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A \ OUEN VIT ANG ig MAN hod t Pitt as
; dé wit 1 PO AM
‘
122 LE NATURALISTE GANADIEN
fin, les eaux de ce lac laissées A elles-mêmes, ont dû natnrelle-
ment suivre la pente que les courants salés leur avaient indi-
quée, si elles tenaient à rejoindre cette mer fugitive pour s'y
confondre encore une fois comme par le passé.
Cette coupe profonde, cette large issue que nous avons
entrevue, à l’ouest, en jalonnant certain contour du grand bas-
sin alluvial, existait alors comme elle existe aujourd'hui ; elle
s'ouvrait, comme nous l'avons vu, en face de la vallée du Saint-
Maurice dans la partie la plus basse du cercle de montagnes
qui l'entoure, et qui ressemble si bien à ces immenses cratères
que l'on distingue à la surface de la lune; c'est par cette ou-
verture que les eaux de la mer ont passé; parla aussi vont
couler les eaux encore saumâtres du lac Saint-Jean, que ses
nombreux tributaires, rallongés tout à coup, vont adoucir peu à
peuen lui apportant toujours leurs masses liquides.
L'ANCIENNE DÉCHARGE : “ LA RIVIÈRE CROCHE ” VERS
LE SAINT-MAURICE
Suivons, sur un certain parcours, cette décharge improvi-
sée, qui déborde par-ci par-là en coulant paisibiement vers
l'ouest sur un fond uni et sablonneux, entre deux rangées de
coteaux plus où moins rapprochés, Sur un espace de cinq
milles, elle est large et peu profonde, avec de petits îles ici et
là ; puis, changeant sa course au sud-ouest, elle se rétréeit de
moitié et coule plus rapide et plus profonde, A droite, nous
passons un bras de rivière qui vient du nord : c’est la future
rivière Croche que nous venons de reconnaitre.
Laissant la rivière Croche en arrière, nous continuons au
sud-ouest pour cinq milles encore, nous sautons le premier ra-
pide d’un seul bond, et nous tournons quelques degrés au sud
un demi-mille plus bas.
Ici, la décharge s'élargit en avant de nous et forme un lac
allongé de plus de dix milles, qui se termine par un grand ra-
pide de deux milles de long, où nous sommes entraînés à tire-
Vaile ; grâce à une manœuvre habile nous arrivons, sans acci-
dent, au pied du courant,
IND viene Nyt Sie tas BAI.) 1 DEA pe tad
À \ i
«! FORMATION DU SAGUENAY 123
Trois milles plus loin, nouveau rapide, moins long, mais
plus difficile à sauter ; il est séparé en deux courants par une
grande île. Nous passons à droite, suivant le fil du courant
qui nous semble le plns favorable, mais au détour subit d'une
pointe élevée de rocher, le courant tourne brusquement
au sud et se précipite avec fureur dans une tranchée
étroite et profonde, bordée, des deux côtés, de falaises per-
pendiculaires hautes de plus de cent pieds. Impossible de
s'arrêter là ; la masse des eaux, resserrée entre ces deux mu-
railles, nous entraine malgré nous dans cet entonnoir insonda-
ble avec la rapidité de P’éclair: en un instant, nous avons fran-
chi deux milles : les cascades de U Echelle,
C'est ici que devait commencer, dans ces temps-là, la belle
navigation, Les navires de Jacques Cartier auraient fort bien
| pu venir jeter l'ancre au pied de cette cascade, dans le beau
bassin quis’y trouve, sice fameux capitaiie eût existé des
milliers de siècles plus tôt. Il n'y avait pas de Tadoussac, ni
de Cap Diamant, à cette époque. Le Saint-Maurice se serait
trouvé le premier fleuve important sur la route de sa petite
flottille, venant de la haute mer. Ilse serait empressé de le
reconnaître, en amont, aussi luin que possible : quarante lieues
n'étaient rien pour lui après la traversée qu'il venait de faire.
Il n'aurait pas manqué d'admirer, nous en sommes convaincu,
le cours majestueux de ce fleuve inconnu ; ses beaux rivages
couverts de verdure, parsemés de milliers de pins de haute
taille, s’élevant jusqu'aux sommets des collines qu’ils couron-
naient partout de leurs rameaux, Il aurait prisé, surtout, à
son vrai mérite, la sécurité parfaite que ce fleuve solitaire
offrait aux marins de l’autre hémisphére. Pas d’écueils possi-
bles sur tout son parcours ; une caille pointue aux trois quarts
de so 1 cours navigable, la Tuque, voilà tout. Dix lieues plus
loin au pied des terres rompucs, au pied de l'Échele, il aurait
ancréses navires en sûreté, dans le bassin qui s’y trouve, à l’a-
bri de tous les vents.
124 LE NATURALISTE CANADIEN
‘
Si nous sommes convaineus maintenant “que le luc Saint-
Jean silurien ” ne “ se déchargeait” pas “par lu même ri-
vière que le lac ie nous devons croire que la ri-
viere Saguenay ” n’“ existait ” pas “ aux premières époques
géologiques.”
Nous avons démontré, aussi clairement que possible, qu'u-
ne barrière énorme, infranchissable, s’opposait de toute sa hau-
teur—500 pieds au moins—a l'écoulement des eaux de la mer
saguenayenne du côté où penche, avec tant de conviction, M.
] abbé Laflamme, c'est-à-dire dans la direction Est du côté de
Tadoussac. <
Il faudra bien risquer le cataclysme, tout de bon, si nous
voulons y arriver ; ou bien, avouer que c’est l’œuvre des Ti-
tans. ; |
Du moment que les initiés eux-mêmes s’y trompent, com-
ment voulez-vous ee les imprudents aux visions d'i neg
nations voleaniques s'en retirent avec honneur ?
L'ÉROSION PAR L'EAU
Supposons, maintenant, que le grand bassin saguenayen
au lieu de s'ineliner à l’ouest, comme il le fait, se déverse à
l'est vers Tadoussac ; par ce procédé, nous pourrons peut-être
suivre le raisonnemeut de M. l'abbé, et étudier jusqu’au fond
sa thèse favorite de l'érosion lente de l’eau.
Le parcours des soixante milles’ de pays que les eaux du
grand lac saguenayen ont à franchir dans ce cas, pour rejoin-
dre presque en ligne droite le Saint-Laurent à Tadoussac, ne
sont pas un obstacle insurmontable, du moment que la confi-
guration du terrain le permet, c’est-à-dire, que les chaînes de
montagnes, qui s'y trouvent, au lieu de s'élever en travers de
la marche projetée de l’eau, s’alignent d’elles-mémes sur le
rumb de vent qu'elle doit suivre : elles auront, ces eaux entre-
prenantes, assez de travail à faire pendant des milliers de siè-
cles pour atteindre une profondeur de 3 à 4000 fpieds, qu'il
NOS AMIES LES MOUCHES 125
serait injuste, cruel même, de leur créer d’autres embarras.
Mais si, après mûr examen, la configuration du pays, que
l'on veut canaliser, ne permet pas à l'eau de suivre une ligne
presque droite ; si, péchant contre le savoir-vivre, les chiînes
de montagnes refusent ‘le se ranger respectueusement de cha-
que côté de la voie que cette eau prétend suivre, et qu'elles
s’obstinent à lui fermer complètement toute issue en s’exhaus-
sant de plus en plus en avant de sa course : il faudra bien dire
adieu au Tableau ! au cap Trinité! à Tadoussac !
Vous n'avez pas d’objection, je suppose, à ce que nous
fassions une petite expérience de la chose ?
Essayons-en quelques milles d'abord, pour savoir si tout se
passera comme le présume la science bien étudiée,
(À suivre)
P.-H. Dumas
ENTOMOLOGIE PITTORESQUE
NOS AMIES LES MOUCHES
(Continué de la page 97)
Hélas ! Il faudrait un volume pour décrire complète-
ment l’organisation de la mouche !
Ne disons donc rien des deux ailes de la mouche, ailes
parcourues en tous sens par des nervures qui leur donnent
de la solidité, ailes criblées de petites ondu'ations qui les font
ressembler à la surface d’un lac doucement caressé par un
souffle léger, ailes revêtues des riches couleurs de l’arc-en-
ciel! Ne disons rien de tout ce corps à l'aspect brillant et
donnant lui aussi des reflets chatoyants ; voyons seulement
comme il est hérissé de longs poils noirs ! Et ici, réjouissez-
vous, messieurs les tailleurs ; car vous l’avez échappé belle !
Si notre “système pilaire” était developpé dans des propor-
17— Août 1894.
LE ne N pl
fxs
Ca, +
tions semblables, en d'autres termes, si nous ress>mblions à,
des étalages de manches à bala, je vous demande, Messie urs
‘4 les ciseaux et de la machine : à coudre, à quels efforts de gé-
ie il yous faudrait rerourir pour que vos clients, au sortir.de
Vos mains, ne ressemblent jas trop aux tentes d’un campe-
nent militaire ! |
Ine faut pourtant pas quitter l'examen anatomique des
houches sans accorder un moment d'attention aux balanciers
dont elles sont pourvues, ct aux pieds qui terminent leurs
00 Lipattes.
Be Les EE ce sont deux petits organes en forme de
massue, insérés au-dessous de chaque aile : un filet délié ter-
Re ‘qniné par un petit bouton. C'est trop petit pour étre vu dis-
~ tinetement sans le secours, de la loupe. Provancher dit quon
voit souvent les diptères “ ut)! ces appendices avec une
à _ grande vivacité dans le repos.” A quoi servent ces organes ?
Hicks a trouvé que la massue terminale reçoit le nerf le plus
| gros de l’insecte, apres le nerf optique. On en conclut que
ey ces organes sont tres probablement le siege d'un sens quel-
a conque. Les uns sont d'avis que ces balauoters appelés aus-
ee haltères, concourent à l’action du vol ; d’autres y trouvent
un appareil olfactif et même auditif. Voilà done encore ici
‘4 Beaucoup d'insectes peuvent marcher sur les surfaces
4 perpendiculaires, même assez lisses, en saidant des petites
+14 griffes dont leurs pattes sont munies. Mais les mouches sont
… des artistes en ce genre : elles peuvent se maintenir eb mar-
cher, le pius aisément du monde, dans n'importe quelle situa-
> tion et sur les surfaces les plus polies, Comment s'explique
cette remarquable faculté, qui s'exerce même en dépié des
lois de l'attraction universelle, comme lorsque nos insectes se
promènent au plafond d'un appartement ? Il serait en effet
bien facile de prouver, en vertu de la plus splendide des for-
_ mules de la physique, qualorsla mouche est attirée par la
‘ fe terre 4 proportiognellement à sa masse et en raison inverse
AUS A AL Yan Mt : À 1
NOS AMIES LES MOUCHES LISTE
du carré des distances.” Quelque forte que soit ici la tenta-
_ tion de nous récréer un peu par la démonstration rigoureuse
de ce théorème admirabie, sauvons du temps et de l'espace, et
admettons-en d priori la force probante. Eh bien, commen
chacun sait, les mouches semblent souvent faire fi de Newton «
et des lois qu'il a découvertes.—Il ne faudrait pas, encore ici,
s'unaginer que si lés mouches font des choses aussi extraordi-
naires, c'est affnire d'hypnotisme, d’occultisme, de luciférianis- a
me. Point du tout, et le phénomène se comprend aisément, _
et de façon fort naturelle, quand on examine des “ pattes des
moucüe, ” Observez un peu, eb Vous verrez en dessous de
leurs pieds, un petit conssin de poils serrés qui fait fort avan
tageusement l'office de ventouse. Dès lors, nul besoin d'être
sorcier pour romprendre que la mouche profite ici de la pres- 1%
sion de l'air. Si notre planète comme tant d'autres, n’avait—
pas datmosphere, la mouche serait obligée de faire comme
nous, et de respecter davantage les lois de la pesanteur. Et,
à ce propos, quel lecteur ne‘s'étonnera pas que les inventeuns,/-
après s'être inspiré même des ailes d’oiseau pour construire
certains appareils de navigation aérienne, n'ont pas encore. a
pensé à quelque machine ressemblant aux engins oh
toires de la mouche, qui nous permit, à nous aussi, de mar-
cher sur les murailles et sur les plafonds! Siles Américains M
s'en occupent,on verra un jour les gens monter pédestrement à
l'extrémité des poteaux de télégraphe “pour voir passer la’
procession” ou pour y prendre la fraiche en fumant un ciga-
re dune Havane quelconque.
ee
Il convient de dire maintenant quelques mots de la view a
des inouches. |
La première période de leur axis stence n’est pas brillante, ‘2
il faut bien l'avouer. Maleré les sages conseils des traités de
littérature sur là Dieu et la grâce du langage, disons ré- M
solument qu'elles naissent dans les fumiers et ibe matières ani-
males en putréfaction. A peine éclose du petit œuf, le petit an)
ver blanc se met à croître avec une rapidité vertigineuse. Un ~
ri
LE NATURALISTE CANADIEN
savant auteur a calculé que le ver ou mieux la larve de la
mouche de la viande, en vingt-quatre heures, double son poids
de 72,000 fois ; mais personne ne sera conlunié aux galè-
res pour avoir doëté de la vérité de cette assertion,
Après uu certain temps, notre Jarve ne fait pas comme
celles de presque tous les insectes, qui changent de peau plu-
sieurs fois avant d'arriver à la perfection. Non, la larve de
la mouche reste dans sa pean, mais celle-ci se durcit notable-
ment et devient une coque suffisamment solide. Là dedans,
le petit être se recueille, se transforme absolument, et, un bon
jour, achevant de “ dépouiller le vieil homme,” il sort de sa
prison et s'élance triomphalement dans les airs. Trois fois
heureux Jes chrétiens et les chrétiennes qui, ayant considéré
quel faible changement de vie a été pour eux le fruit de tant
de retraites spirituelles, pourront encore porter le front haut
en présence des mouches ! |
Le genre d’existence de la mouche parvenue à l’état ailé
n'est ignoré de personne. Une espèce surtout, appelée jus-
tement la mouche domestique, partage avec nous nos résiden-
ces. Quoi de plus gracieux que ces gentils volatiles, qui don-
nent tant de vie à la solitude de nos appartements en les
parcourant sans cesse de leur vol capricieux ! Il faut à la
mouche la compagnie de l’homme; durant la nuit, comme
nous, elles se reposent ; et,le matin, comme nous elles re-
prennent leur activité. Elles semblent être pour nous des
amies. Mais il y a un revers à la médaille, et ces amies sont
vraiment importunes, Avant nous, elles dégustent nos ali-
ments ; encore, si elles ne poussaient pas l'indélicatesse au
point de prendre des bains dans la soupe, dans ie lait, dans
les sirops ! Que de fois elles se laissent enfermer dans le su-
crier ! Et puis, pourquoi ces promenades qu'elles se per-
mettent de faire sur notre visage, comme sur le square le
plus public ? Ces visites inattendues qu'elles nous font sont
loin d être désintéressées : savez-vous bien que souvent elles
viennent s'abreuver à la sueur de votre front ? Et savez-vous
que par là elles peuvent parfois nous inoculer la terrible ma-
ve es! as À ae SS de un,
:
7
1
NOS AMIES LES MOUCHES 129
ladie du charbon ?—Enfin,il y a un autre méfait.. ..dont elles
ne se corrigeront jamais! Comment exprimer cela en fran-
Gais, Sans violenter les principes du bon goût ? Enfin, on me
comprendra bien'si je dis que voilà la cause yui—hien indirec-
tement—remplit nos maisons d'un mortel ennui, tout l'été !
Des jalousies, d'épais rideaux protègent les verres des fené-
tres, où les traces du désastre prendraient en effet des pro-
portions plus lamentables ; les lustres, les gravures, tout cela
disparaît sous les draperies d’une gaze aj'stée avec grand soin:
jasqu’aux poêles que l’on habille, jusqu'aux tuyaux que l’on
revêt (6 bienfaits de la presse !) des gazettes les plus diverses !
On se croirait en pleine nuit dans les salons ; et, cher Mon-
sieur, quand vous entrez ou sortez, de grâce, je vous en pre,
soyez prompt à refermer la porte! Car, si, par malheur, il fal-
lait qu'une mouche entrât au salon, je ne sais si l’on n’appel-
lerait pas les sergents de ville. A tout le moins, le personnel
de la maison serait requis à l'instant. Puer, abige muscas !
et l'on n'aurait de 1epos que si Von réussissait à expulser le
monstre !
Aussi, si les mouches nous poursuivent de leurs atten-
tions trop intéressées, voilà une amitié qui n’est guère payée
de retour. On dirait que le genre humain a d'instinct la haine
de la mouche. Dès l’école, les mouches sont de précieux mo-
yens de distraction, distraction souvent bien féroce. Que de
Nérons en herbe on y voit, pour qui la décapitation, l'écartel-
lement, l'empalement des mouches sont des ressources ordinai-
res pour égayer un peu l’aridité de la grammaire et de l'arith-
métique.—Tout le monde connaît les procédés auxquels on a
recours, dans toutes les familles, pour faire passer de vie à tré-
pas les mouches qui ont résisté aux décrets d'expulsion et à
leur mise à exécution. Qui n’a assisté, l'œil sans larmes et le
cœur sans soupir, à l'agonie de mouches sans nombre trattren-
sement capturées sur des papiers gluants ou dans de jolis piè-
ges en toile métallique que l’on plonge ensuite dans l’eau bouil-
lante ! Pour moi, je dois confesser que je n'ai pas non plus la
conscience hien nette à ce propos. Kt voici co:n:nent,
“
Von \ 0 a i « 7
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MALE NATUR:
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k . 7 A Mg E BY ; { a ning À
Les araignées, ce n'est pastdu mouvean, n’épargnent rien —
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de : j ‘ 5 ( i
‘pour débarrasser la terre des mouches, et tendent partout leurs
toiles soyeuses où'la proie désirée vient se prendre elle-même, —
Quand une mouche a seulement touché l’un de ces fils presque |
invisibles, elle peut faire son testament! Plus elle fait d'efforts
‘pour se dégager; plus ses liens se resserrent. D'ailleurs Parai-~
ence n’est pas lénte à venir voir, et l'affaire se termine promp-
tement.—--Done, je vis dernièrement qu’une araignée avait élu:
domicile entre les châssis extérieurs et intérieurs d’une fené-
tre de mon appartement : j’onvris les intérieurs, et cinquan-
te mouches au moins se précipitèrent dans Vonverture que Je
fermai ensuite, Quelle aubaine pour Varaignée ! Venez voir
maintenant ces cadavres desséchés qui racontent assez la fin de
Vhistoire ! Je livre la recatte, A titre gracieux, pour Pavantage
du cenre humain tout entier. Quant à Varaignée dont je
5 : RARE
parle, elle a trouvé l'endroit si bon, elle s’est même prise d’un
tel enthousiasme qu'elle a résolu de fonder là une colonie.
Dans l'angle d’une vitre, elle a fabriqué un nid de la plus
blanche soie, dans lequel on aperçoit des œufs en bon nombre,
que le soleil fera bientôt éclore, Et, avant longtemps, j'aurai
Ja un joli troupeau d’araignées, dont je cèderai quelques in-
- dividus à des conditions vraiment avantageuses,
Quand vient l’automne, les mouches qui ont échappé jus-
. qu'alors au trépas, ne résistent pas aux premières froidures, La
plupart succombent entièrement. Quelques-unes seulement
tombent en Iéthargie et pourront saluer le retour du prin-
temps. |
*
*
Mais j'entends les artistes me questionner sur l'appareil
vocal de la mouche.—-A proprement parler, la mouche n’a pas —
d’organe vocal, Le bourdonnement qu'elle fait entendre est dû
à la vibration de ses ailes et à l'expuision violente de l'air,
pendant le vol, à travers les petites ouvertures de ses flancs
qui sevvent surtout à la respiration, À
ery.
Fox DA “Mon VU
AS
a Fi
4
ral
, Le”
PL
«À
wie,
HA PRESSE)
BIBLIOGRAPHIE
Nous aceusons réception, avec beaucoup deire connaissan-
ee, des publications suivantes :
HE x Anales del Museo Nacional de Montevideo, 1, Montevi-
| deo, 1894, (Intvoduection—Mémoire géologique sur la forma- ‘Ur
tion du Riode la Plata—Hémiptères. hétéropteres nou- Bi:
— veaux-—Graminées de l’'Urugnay.)
‘14 Ripports annuels de la“ Fait Growers’ Association |
et de la Société Entomologique dOnturio.18 393. Torouto, 1894, _
# A.-L. Montandon, Hémiptères de lu S. Fam des Platas-
Lu. pinide récoltés par M. L, Feu ens rune et régions voist=
È nes. Genova, 1894.
DAT” Annuaire de l'Université Laval pour l'année 1894-95.
4 Annuwairedw Collège de Lévis pour l'année 1893-94
11 5 Pe EE En
D LA PRESSE (*)
o t
nn. : —Nos meilleurs souhaits au Journal d'hygiène populuire, parvenu
‘M à sa onzième année. Cette revue remplit un rôle de première utilité parmi nous,
+16 et nous voudrions que le public l’appréciat à son mérite.
5 La vaillante petite Croix de Montréal, à peine entrée dans sa deuxième an- | RU
née, s’est mise à eroitre ; et la voilà devenue un journal de grant, format : La
Be ee du Canada. Elle est remarquablement rédigée, et fait beancoup de bien,
un tant par elle-mémé que par ses œuyres annexes. Nos vœux les plus ardents pour
) que le succès réponde de plus en plus à ses efforts.
UT —Recu.le premier numéro de La Sentinelle, de Nosbonsing, Ont., publiée, par
Mies Mir Jin A. Lévesque. Son programme est excellent, et nous lui souhaitons le plus
; grand succès. $1.00 par année ; hebdomadaire.
—Notre confrère de Chicoutimi, Le Progrés du Saguenay, signale le commen—
ecment de sa huitième année en doublant son format et en faisant toilette neuve. ne
'~ Nous le prions d’agréer nos félicitations ct nos bons souhaits ! : | WE
—En son numéro du 23 juin, L'Ænseignement Primaire à donné le sommaire de
notre livraison du même mois, Nos sincères remererements, pour sa bienveillance, à
Vexcellente revue, qui fait honneur à la classe enseignante de Québec.
—Nous avons beaucoup de choses à dire, en peu de mots, de la Vérité. Elle
est entrée, remplie de vigueur, dans sa .quatorzième année. Condamnée dans un Von
= procès de presse, que les catholiques comptaient devoir se terminer autrement, elle + PA
verra bientôt, espérons- -le, cette défaite —léjà glorieuse—se changer en victoire ! {
Enfin, quant à ce qui nous,concerne, elle veut bien ajonter, aux marques d'intérêt
qu'elle a déjà données à notre Revue, celle de publier le sommaire de nos livraisons.
Nous lui offrons eo de grand cœur, nos félicitations, nos:vives sympathies et nos
remerciements sincères.
“4
(*)Nous avions préparé la plus grande partie de cet article pour notre dernier nu- _
Rs mais le nee d'espace nous a cinpéché de Vy publier.
LE NATURALISTE CANADIEN
En vente chez Mme Vve Ed. André : partics séparées de
BICLOGIA CENTRALI-AMERICANA
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM.SALVIN ET GODMAN
Cette splendide publication, qui comprend toute la zoolo-
vie de l'Amérique centrale, forme un ouvrage considérable, pa-
raissant par livraisons in-4 avec de nombreuses plauches,
la plupart coloriées, et ne se trouve pas en détail dans le com-
merce,
Aves, tome 1, par SALVIN et GopMAN, 1 vol. in-4 de 512 pages
avec 35 planches (complet). Prix,........ seccsepeveseeee «- 160 fr,
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Amphibia-Pisces, par A, GUNTHER (en préparation).
Mollusca, par E.. MARTENS (en cours de publication).
Crustacea, par-'"(en préparation).
Arachnida Araneidea, par OP. CAMBRIDGE (en cours de pu-
blication).
Coleoptera Serricornia(moins les Buprestridæ), par WATHER-
HOUSE (en cours de publication).
Voleopteru Erotylidæ, ete., par GORHAM (en cours de publica-
tion).
Coleoptera Rhincophora, par SHARP (en cours de publication).
Neuroptera, par M Lachlan (en cours).
Urihoptera, par H. de Sausswre et DE BORMANS (en cours).
Diptera, pur von Osten Sacken et VAN DER WULP (en cours
de publication).
Annelida, Vermer, ete. (en préparation nF
Le prix des parties en cours de publication où en prépa-
ration est payable, au fur et à mesure des envois, à raison de
1 fr, 50 par feuille d'impression et de 2 francs par planche.—
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S'adresser à MME Veuve EDMOND ANDRÉ, 21, boulevard
Bretonnière, à Beaune (Côte-d'Or), France,
LE
raliste Canadien
Natu
À VOL. X XI (VOB.I DE LA DEUXIEME SERIE)
a Chicoutimi Septembre 1894
a Rédactour-Propriétaire : l'Abbé V-A. HOARD
D HR
4 UN PROBLEMS
&
a
; Les mathématiques n’ont pas droit de cité dans le Natu-
RALISTE CANADIEN. Pour une fois, cependant, nous les y al-
AGN mettons.
Voici ce dont il s’agit. Avec cette neuvième livraison,
notre revue complète les {rois-quarts de son année, OR, il
n’y à guère plus que le tiers de nos abonnés quiont payé le
| montant de leur abonnement. ON DEMANDE comment nous
= allons faire pour solder les comptes d’impression, de gravure, —
#4 etc. des Nos 5, 6, 7, 8 et 9 ?
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$ Ay efficacement à la solution du diffizile probléme, par lenvoi on
1 f prochain du prix dz la souscription. —Et il ne sera plus né-
4 cessaire ensuite de se livrer à de vilains calculs, comme en
cette livraison.
18—Septembre 1894.
134 LE NATURALISTE CANADIEN
L'ABBE PROVANCHER
(Continué de la page 104) ,
Mais à cette époque—-et jusqu'à 1552,—Nicolet apparte-
nait encore au diocèse de Québee, et c'est à Québec méme que: A:
le séminariste, après avoir terminé son cours de théologie,
alla recevoir la consécration sacerdotale des mains de Mer
P.-F. Turgeon, coadjuteur de Mgr Siguay.
Il s'était préparé, en suivant la retraite ecclésiastique du
diocèse, à ce grand événement, le plus mémorable de tous ceux
de la vie d’un prêtre. Une grand’messe termina ces pieux
exercices qui, de nos jours encore, sont suivis avec un égal
À empressement par les membres du corps ecclésiastique, et ce
ms fut à cette grand’messe que se fit ordination, le 12 septembre
(1844). Quatre autres lévites reçurent, en même temps que
M. Provancher, Vonction sacerdotale : c'étaient MM. J.-H.
Dorion (décédé à Sainte-Anne d’Yamachiche, 1889), J.-P.-F.-
L. Langevin (le futur évêque de Rimouski, où il mourut en
1892), W.-W. Moylan (entra chez les jésuites, et mourut à
Fordham, N.-Y., 1891), et A. Racine (qui décéda, en 1893,
évêque de Sherbrooke), Comme on le voit, les cinq nouveaux
prêtres devaient se suivre d'assez pres au tribunal du Souve-
rain Juge, puisquils quitterent ce monde tous les cing de
1889 à 1893. Aucun ne devait céléorer ses noces d'or sacerdo-
tules, dont la date se serait trouvée cette année même, 1894
Le 12 septembre 1844, on était sans doute tout à la joie
du présent, et l'on s'occupait bien peu du lointain aveuir. La
cérémonie, que présida ce jour-là Migr le coadjuteur de Qué-
bec, dut être assez belle pour absorber toute l'attention. Je
ue sais rien de plus touchant, dans notre culte catholique où
le cœar asi belle paré, que la premiere communion des en-
fants d'une paroisse, ordination dun prêtre et la clôture
d'une retraite ecclésiastique. Eh bien, cette fois, ces deux der-
nières cérémonies se trouvaient réunies en une seule,et une
double émotion devait mettre des larmes bien douces aux
L’ABBE PROVANCHER
yeux des heureux témoins de la solennité. Quels moments,
solennels et impressionnants, que ceux ot l’on vit environ
cent-vinot prêtres imposer les mains à la suite du pontife,
sur la tête des orJinands, et ensuite, Avec lui, tenant la droite
e élevée vers le ciel et à la fois inclinée vers ces jeunes élus du
._ Seigneur, appeler sur eux les bénédictions célestes, les grâces
du Saint Esprit ! .
i. ; DANS L3 MIN-STSRG PAROI:SIAU
a Aujourd hui, après VorJination d'un nouveau prêtre, on
se demande s'il va se consacrer à l’exercice du saint ministère,
ou bien à l’éducation de la jeunesse dans quelque collège. En
A c 2. # A ; LA
__ ‘effet, grâce au nombre relativement élevé des colleges ecclé-
siastiques que l’on a fondés dans les diverses parties de la
% Province, l'enseignement est devenn une carrière pour le cler-
a _ gé, au même titre que le service paroissial ; et je ne sais pas
Le si l'on pourrait trouver que l’une de ces vocations l’emporte
‘a str l'autre : si toutes deux exigent de l'abnégation, du désin-
Is téressement, du dévouement, je crois que la pratique de ces
aa vertus est plus difficile dans la vie d’un prêtre de collège.
» S'ilest question de la noblesse des fonctions, il y a long-
4 temps que saint Grégoire le Grand a dit du ministère pasto-
” ral: Ars arlium regimen animarunm ; mais on peut aussi
appliquer cette sentence à l'office de linstituteur, et encore
‘Ni mieux sil est revêtu du sacerdoce et chargé plus spéciale-
of}
ment comme tel de former les jeunes âmes suivant le modèle
du Divin Maitre. Enfin, si la mission du pasteur, qui dirigs
vers le ciel le groupe de fidèles qui lui est confié, est vraiment
Be sublime, celle du prétre chargé de préparer, de longue main,
Re les chefs futurs du peuple chrétien et la partie dirigeante de
… la nation, est-eile de moindre importance ?—Il n'y a donc pas
_ lieu de s’étonner si le nouveau ministre de Jésus-Christ, qu'il
__ soit appelé au service des paroisses ou bien à l'œuvre de la
formation de la jeunesse dans les colleges, trouve que l'une ou
l’autre de ces vocations répond également à ses aspirations de
i
LE NATURALISTE CANADIEN
dévouement et ‘le sacrifice : dans le jardin comme dans la
plaine, c’est partout la vigue du Seigneur.
En 1844, il y avait pew de maisons d'éducation supérieu-
re; les étudiants aussi étaient en petit nombre, comparative-
ment à ce que nous voyons aujourd'hui. Par conséquent le
personnel enseignant était fort restreint et ne se renouvelait
ou n° s'ausmentait, dans chaque diocèse, que de loin en loin.
Il n'y eut Roe pas sujet, pour notre jeune abbé, d’être fort
surpris de se voir appelé, peu de temps sans doute après son
ordination, à l'exercice du saint ministère.
Ce fut à Bécancour même, sa paroisse natale, qu'il vint
faire ses premières armes,sous la direction de M. Charles Dion,
qui en était curé depuis 1829. C'était encore ce même bon
curé qui, on se le rappelle peut-être, avait appelé sous le toit
du presbytère le jeune Léon Provancher, quelque temps avant
son entrée au collège, pour l'aider dans ses travaux d'écritu-
re. Il n’y a guère plus que dix ans de cela, et l'enfant d’au-
trefois lui revient en qualité de frère dans le saeerdoce et de
collaborateur dans l’œuvre sublime de Ja direction des âmes.
I n’y avait que huit mois que M. Provancher avait été
envoyé à Bécancour, lorsqu'il reçut l’ordre de revenir à Qué-
bee, appelé au vicariat de la paroisse de Saint-Roch. Toute-
fois, arrivé à la ville, il reçut une nouvelle destination : c'est
à Saint-François de la Beauce, dont le curé était alors M.
Louis-Edouard Bois (décédé en 1889 à Maskinongé ; bien
connu comme érudit en histoire du Canada et collectionneur
émérite de documents précieux), qu'il dut se rendre. Il lais-
sa Québec, pour la Beauce, queïques heures seulement avant
que se déclarât l'incendie que l'en désigne encore aujourd'hui
sous le nom de “Grand feu de Saint-Roch ”, et qui réduisit en
cendres presque tous les édifices de cette importante paroisse
(28 mai 1845). Dans ce vicariat de Saint-François, outre le
service de la paroisse où il résidait, le jeune prêtre était enco-
re chargé de la desserte de Saint-Georges. Au bout de qua-
tre mois, il lui fallut de nouveau changer de poste.
Cette fois, ses supérieurs lui ordonnent de se rendre à
+
FORMATION DU SAGUENAY | 137
Sainte-Marie, dans la Beauce encore, comme vicaire de
M. Michel Forgues (décédé en 1882 a Saint-Laurent, Ile
d'Orléans). Mais, deux ans apres, M. Forgues devenait assis-
tant-procureur au Séminaire de Québec, remplacé à Sainte- |
Marie par M. Joseph Auclair, le futur curé de Qnébec (1851- :
87). Quant à M. Provancher, en cette année 1847, il fut, |
comme tant d'autres de ses confrères dans le sacerdoce, con- |
vié à affronter un champ de bataille d'un nouveau genre, où
le danger était grand, où les fatigues aussi devaient offrir une
ample moisson de mérites.
(A suivre)
VAE
FORMATION DU SAGUENAY
(Continué de la page 125)
Le léger mouvement ascensionnel de l'Amérique éozoïque,
dont nous avons déjà parlé, est prèt à s’opérer encore pour la
circonstance. he
+4 Cette fois-ci, la mer se retire vers l’est, le niveau s’abaisse
| dans le grand bassin, le lac saguenayen est à la rasade, une
j a coupe quelconque lui sert de décharge, les eaux s’écoulent en
ae avant sans relâche ; elles efileurent les sommets, descendent
i les plateaux, pénètient dans les ravins, exhaussent les lacs,
ee franchissent les coupes à leur niveau, forment des Niagaias ici
Re. et la, tourbillonnent dans une direction, se tranquillisent dans
une autre ; gonflent de nouveaux Jacs, sautent de nouvelles
À coupes : si bien, que les jalons figurant avec précision les gran-
a aie -des lignes extérieures du canal silvrien en contemplation, ne
_ servent plus du tout à guider ces eaux déchainées : on les voit
bien loin au sud, à 7 ou 800 pieds au-dessus des flots écu-
mants, qui, en sautant d'un abime à l’autre, ont perdu leur
chemin.
Continuons toujours ; peut-être rejoindrons-nous bientôt
ces points de repère que notre itinéraire a indiqués d'avance
comme ligne de conduite à ces eaux indomptées. Mais non,
c’est impossible, Les torrents tourbillonnent en descendant
une pente inclinée. Cette pente est dirigée vers le nord-est, —
ce n’est pas la bonne direction, —et les eaux débouehent dans
une longue vallée qui s'étend au sud-est ; une rivière y coule
_ du même côté : e’est la Riv.S.-Marguerite qu'elles ont enfin re-
_ jointe par la Descente-des-femmes, où tout naturellement elles
étaient entrainées.
Pour pénétrer ainsi à la Riv. S.-Marguerite,qu'elles vien-
nent d’envahir en si peu de temps, les eaux dw grand bassin
ont dû franchir l'espace d'une quinzaine de milles, au moins,
- de montagnes, de ravins, de précipices et d'abîmes. A présens
elles peuvent poursuivre sans trop d'accidents le cours régulier
_ de la vallée qui les conduit À la mer. Elles rencontrent sur
Jeur chemin la branche nord-est, la branche snd-onest qui dé- ©
chargeait alors le Petit-Saguenay, la rivière de lAnse Saint-
Jean et son lac qui occupait bien la partie la plus importante
de cette vallée,et dont les eaux rejoignaient la Riv.S.-Marguerite
justement par la coupe où cette dernière se jette actuellement
dans le Saguenay. Un autre Bras, un peu plus bas, écoulait
_ les eaux du lac Saint-Etienne et l’anse de ce nom. Et puis,enän,
_elles se mélérent à celles de la mer dans le profond ravin dont
la rivière à Baude a hérité depuis.
En disant adieu à Tadoussac au commencement de leur
course, les eaux du Jac saguenayen étaient loin de s'attendre
à arriver si près du futur amphithéatre où il trôneaujourd'hui.
Comme nous l’avons dit déjà, Tadoussac était sous l’eau à
_ cette époque reculée. Pressentait-il alors les commotions ter-
ribles qui devaient présider un jour à sa sortie des eaux ? Ce
n'est pas probable,
Nous le voyons : l'expérience que nous avons voulu ten-
ter, par sympathie pour le savant professeur, en faveur de
l'érosion infaillible par l’eau courant? pour effectuer le creu-
L 2
FORMATION DU SAGUENAY
sement du Saguenay à l'endroit où 1l coule aujourd'hui, n'a
pu réussir. Il a été impossible pour nous d’obliger cet éié-
maication que nous avions établie après tant d'études et de
soins, et nous sommes forcés de revenir à la conclusion, que
les nombreux et puissants obstacles rencontrés et qui existent
malheureusement sur la plus grande partie de la ligne proje-
tée, sont insurmontables, et même inattaquables, tant ils sont
A: à l'abri de l'action érosive de l'eau, si ce n’est de celle qui leur
> tombe des nuages.
ee Les chaines d MU oh À A \
115 es chaines de montagnes ne se prêtant pas au succès de
notre thèse, nous sommes forcément obligé de Vabandonner
maloré la bonne volonté que nous avions de l'établir.
| Il est bien constaté, maintenant, que le résultat que nous
De. ‘ venons d'obtenir parle travail supposé, l'influence érosive de
» l’eau, est plutôt dû uniquement à Pinciinaison naturelle (*), à
_ la configuration particulière des couches extérieures soumi-
_ ses à son action.
Pour donner une occasion à chacun de pouvoir juger, par
Jui-même, de l'impossibilité qu'il y a d'arriver à une 2onclu-
sion irrévocable sur la formation du Saguenay, sans invoquer
le fait d'un cataclysme quelconque, nous allons essayer de
prouver la théorie contraire, en supposant d’abord aux monta-
gnes saguenayennes une altitude moins considérab'e à l’est du
grand bassin, vers Tadoussac, qu'à l’ouest d'icelui, vers le
Saint-Maurice, et supposer aux chaînes multiples, qu'elles for-
ment en tous sens, une direction uniforme, de l'ouest à l'est,
- jusqu'au Saint-Laurent.
Dans cette position inclinée vers le fleuve, le grand lac
Saint-Jean va sedécharger librement,en déversant le trop-plein
_ de ceseaux sur cette inclinaison du plateau, ainsi s’affaissant
_ insensiblement vers Tadoussac, vers la mer où la différence de
niveau | appelle.
mit }
| (#) ‘à une pente superficielle plus marquée dans sa direction.” (L'abbé La-
_ flamme.)
L
ment à ronger, à perforer les montagnes, dans la ligne de dé-
140 LE NATURALISTE CANADIEN
à
En prouvant le contraire du cataclysme, c’est-à-dire, en
prouvant que la vertu érosive de leau.le tra ail énorme qu’el-
le peut faire avec le temps, a été le principal agent mis en ac-
tion pour opérer la canalisation des Laurentides à leur plus
grande élévation et sur un parcours d'environ soixante milles,
largeur qu'elles mesurent en cet endroit (ce qui représente
une tranchée de vingt lieues de longueur sur un mille de lar-
geur, et de 3000 pieds en moyenne de profondeur dans le
granit, la première croûte qui s'est formée à la surface de la
terre), nous arriverons à la même conclusion que M. l'abbé
Laflamme, si, apres avoir suivi pas à pas le savant géologue,
après avoir avec lui tout observé, mesuré, calculé au prix de
longues et pénibles recherches, si, dis-je... noustombons enfin
d'accord.
Afin d'abréger le travail de l’eau par l’érosion, nous avons
supposé aux Laurentides une direction et une inclinai-
son favorables vers Tadoussac ; de cette manière, nous arri-
vons de suite, sans calculer le nombre de millions d'années, à
nous creuser une rivière dont le fond est enfin au niveau de
celui du Saint-Laurent dont elle est tributaire.
Du moment que le flux et le reflux de la mer se sont fait
sentir à plus de 25 lieues dans l’intérieur des terres, it est rai-
s mnable de supposer que le travail de l'érosion fut arrêté et
que le fond de la rivière, dans cette’partie,resta dans les mêmes
conditions que celui d’un lac ou d'un bras de mer; qu'au lieu
de se creuser davantage, c'est le contraire qui a dû arriver.
Ce n’est pas ainsi, cependant, que le travail s’est fait,
puisque le Saguenay, au lieu de se creuser au niveau du fond
du Saint-Laurent, a enfoui beaucoup plus avant, à une gran-
de profondeur, le lit où il coule, et cela sur presque. tout le
parcours des 25 lieues plus haut mentionnées,
(A suivre)
P.-H Dumais.
LE THÉ.
BOTANIQUE MEDICALE ©
LE TEE
a De toutes les plantes employées à l'alimentation, une de
i celles les plus universellement connues est Je thé. Tout a la
> fois plante médicinale et boisson journalière dans un grand nom-
+ bre de pays le thé comme le café est susceptible de contrindi-
i? cations dans une grande quantité d'états morbides.
‘A Le thé est la feuille desséchée du “ Theu sinensis” de la
‘4 famille des Camelliucées, qui croît en Chine et
= au Japon, en Cochinchine, dans l'Inde, à Ja-
De. va, à Ceylan, et dans plusieurs autres cou-
‘a trées de l'Asie méridionale.
pot
Cet arbrisseau est rameux, toujours
| vert, d’une hauteur moyenne de 1 mètre 50,
7 à feuilles alternes, elliptiques, aiguës, den-
L: tées et assez fermes, glabres, luisantes, d'un
M vert intense, longues de cinq à huit centi-
Res mètres, larves de trois.
1 Les fleurs sont blanches, assez grandes,
Re couitement pédoneulées, solitaires ou réunie :
5 en petit nombre à l’aisselle des feuilles su-
4 périeures.
k +4 Fig. 16.—Thea sinensis
Le thé se divise en deux catégories :
et coupe de la feuille
vue au microscope.
Les thés noirs.
Les thé: verts.
(*) Nous sommes heureux de présenter à nos lecteurs un nouveau collaberateur
du Narurausre, M. le Dr Jéhin-Prume, de Paris, dont nous publions aujourd’hui
_ de premier article.
19—Septembre 1894.
i th pga à Me
FE TH NE POP PERTE AS DE ENCE a ASEM EN feu! 1 ue
LE NATURALISTE, CANADIEN
THES NOIRS
I. Le thé Pekoë : C’est le plus fin, le plus aromatique et
le meilleur de tous les thés. Les feuilles, très allongées, sont
dun noir argenté et couvertes d'un léger duvet blane et soyeux,
leurs extrémités sont tachées de noir, de gris et de blanc. Les Chi-
nois augmententson arôme en y mêlant quelques fleurs de
l'Olea flagrans. Son infusion est d’un beau jaune doré,
II. Le thé Pekoë d’Assam, ou thé à Pcintes blanches, ex-
cellent, mais inférieur au Pekoë chinois.
III. Le thé Pekoë orangé, très menu, d'un noir foncé mé-
16 d'orange, odeur très fine ; c'est le thé que les Anglais aftec-
tionnent, melangé avec le Congo. II porte le nom de Howgua-
mixture,
IV. Thé Congo ou Hoanefoo, feuilles 1iinces et courtes,
d'un noir orisâtre ; infusion claire, mais très agréable,
V. Thé Paou-Chang, feuilles larges, longues, bien roulées,
contenant une assez grande quantités de pétioles, odeur suave,
infusion verte un peu ambrée.
VI. Thé Souchong on Séaou-Schong, feuilles larges, min-
ces, un peu concassées, infusion claire durée d’une saveur dou-
ce ; c'est te plus fort des thés noirs.
VII. Le thé Bohéa de Fokien.
VIII. Thé Bohéa de Canton.
Ces deux thés sont un assemblage de toutes sortes de feuilles
de toutes couleurs et de toutes provenances, fortement mélan-
vé de pétioles ; ces deux qualités sont très inférieures.
Tus VERTS
I. Thé Hyson, ou He-Chun, feuilles longues, étroites,
charnues, bien tournées en spirale d’un vert grisâtre, fortement
roulées, odeur très aromatique et suave, infusion jaune citron ;.
c'est le plus prisé de tous les thés verts.
IT, Thé Chovu-Cha, ou poudre à canon, gun-powder des
Anglais, même qualité que le précédent, roulé en grains très
serrés ; de Jà son nom; infusion limpide d'un vert doré, très
aromatique,
JR LA . nait lise 3 RTE te jé
IIL. Thé Impérial ou thé perlé, gros grains d’un vert ar-
genté, saveur très agréable, ä
IV. Thé Schoulang, n’est autre que le thé Hyson mélangé
avec des fleurs de ?Olea flagrans ; suave odeur.
V. Thé Yu-Isen ; feuiiles petites bien crispées, d’un vert
jaunâtre, parfum très doux ressemblant un peu à celui de la
violette.
VI. Thé Houkay, feuilles larges mal roulées, odeur forte,
saveur âpre, infusion jaune foncée.
VII. Thé Hyson-Skin, feuilles d'un jaune brun, peu rou-
lies, mélangées de graines, o leur nulle ; c'est le Bohéa des thés
ia verts, c'est-à-dire le résilu des fabriques. ,
"2 VIII. Thé Impérial on thé Pékin ; je n’en parle que pour
co mémoire, car il est fabriqué uniquement pour la cour de Pékin,
‘4 et ne se trouve pas dans le commerce.
1 Les mêmes thés se cultivent à Java et se subdivisent de
% la même facon.
Te Crime nn 7
a Ri . Voici quelle est la composition des thés de Chine et de
a Java, établie sur deux de leurs qualités les plus estimées, sur
4 100 parties.
Ru: RUE
i Thés de Chine Thé de Java
“a8 Hyson — Congo Hyson — Congo
_ Huileessentielle | 079 0.60 0.98 0.65
Chlorophylle 222 1.84 3.24 1.28 |
Cire 0:28 0.28 0.32 0.32
Résine 2,22 3.64 1.64 2.44
Gomme 8.56 7.28 12:20 Nue
Tannin 17.80 Mit2.88 17.56 14,80
Théine 0.43 0.46 0.60 0.65
Matitre extractive 20.80 |. 20,60 21.68 18.66
(A suivre)
Docteur Jéhin-Prume,
Parish
}
LE NATURALISTE CANADIEN
A “LA PePRIE”
Le 25 août dernier, la Putrie exprimait son méconten-
tement de la sympathique démonstration dont M. Tardivel
venait d'être l'objet, de la part dune élite de catholiques. bit
parlant des curés qui avaient mis leur nom sur la liste de
souscription. elle ajoutait : “Québec fournit la majorité, ayant
en tête l'abbé Laflamme, qui n’a jamais pardouné à ses con-
frères de ne pas encourager son Natwraliste, mort-né.”
I s’agit ici, évidemment, de notre NATURALISTE, puis-
qu'il n'y en à jamais eu d'autre dans la Province. Eh bien, —
après le Courrier du Canada, la Croix du Canada et la Vé-
rité,—nous avons ie plaisir d'informer la Patrie que le Na-
TURALISTE CANADIEN n'a pas été malade depuis sa réappari-
tion, qu'il n'est pas mort, et que, d’après les apparences, il en
a pour longtemps encore à vivre. Car il jouit déjà d’une jo-
lie circulation, à Montréal non mains que dans les autres par-
ties de la Province.
Le cURE que la Putrie appelle “l'abbé Laflamme”, n’est
autre que Monseigneur Laflanime, Protonotaire Apostoligue,
Recteur de l'Université Laval, aneien Président de la Société
Royale du Canada, ete. Il n'a jamais été connu que Mgr La-
flame ait eu même l'intention de publier un Nuturaliste.
Par exemple, nous pouvons bien dire que le distingué savant
nous a encouragé, avec insistance, à reprendre la publication
du NATURALISTE CANADIEN et nous à bienveillamment assuré
de sa collaboration future, |
ac
....qui n'a jamais pardonné à ses confrères de ne pas
encourager son Natwraliste.” Nous n’avons-pas à nous plain-
re de la façon dont une grande partie de la presse a accueil-_
li notre œuvre ; loin de la. La plupart des journaux à aui
nous nous sommes adressé nous ont répondu par les plus sym-
pathiques encouragements,ou du moins par le bienveillant pro-
cédé de l'échange.Quelaues autres, il est vrai, “qui, comme dit
\
A LA MPADRIE) F45 Ve
hien justement la Vérité, affichent sans cesse leur amour de
la science et du progrès,” ont cru devoir nous refuser même
la simple mention de la réapparition du NATURALISTE. Mais
nous n'avons pas à leur pardonner leur peu de géaérosité :
nous n'avons pas considéré que l'imsorrection de cette manie-
a re dagir nous atteignait en aucune facon. C’est, non pas de la
a colère et de la rancune, mais de la tristesse et de la pitié qu'ils
nous ont fait éprouver.
D Des publications d'Europe et de tous les points des Etats-
> . Unis ont de bonnes paroles pour notre revue ; un publiciste
Re _ de Washington, avee qui nous n'avions jamais eu aucuns rap-
4 ports, nous offre de nous communiquer ses clichés de gravu-
ae res, en nous priant méme de ne pas faire mention de son obli-
: 404 geance ; l’un des savants les plus en renom du Canada, de ua-
tionalité anglaise et citoyen d'Ontario (race et province sur
‘10 le fanatisme desquels, en certains quartiers, on n'a pas assez
_ 1e des douze mois de l’année pour écrire avec l’amertume la plus
accentrée), avec qui non plus nous n'avions aucunes relations,
x: nous offre ses services avec la plus grande générosité.
Et voiei que dans notre propre Province, des confrères,
> qui ont grand soin d'informer lenrs lecteurs qu’hier un cheval
6 s'est cassé une patte, qu'un vagabond a été trouvé ivre-mort
a la nuit derniére, ne croient pas devoir leur apprendre que,
ae dans leur pays, un compatriote a fait revivre l'unique publi-
cation d’histoire naturelle de la Province, la seule publiée en
4 langue française sur le continent américain ! N'est-ce pas que
- c'est beaucoup plus triste que fdchant ?
‘ “Serait-ce, par hasard, (demande la Vérité dans article
pe déjà cité,) parce que c’est un prêtre qui dirige cette revue 7”
S’il en était ainsi, ee serait encore beaucoup plus affligeant.
Le directeur du NATURALISTE est bien persuadé qu'il a
envoyé à lu Patrie les premiers numéros desa Revue : natu-
reliement, il a cessé de lui adresser ses livraisons quand il s’est
aperçu qu'on ne voulait absolument tenir aucun compte de son
œuvre. De ce que le NATURAIISTE ne se présente plus dans
-
LE NATURALISTE CANADIEN
ces bureaux inhospitaliers, conclure qu'il a passé de vie à tré-
_ pas, C’est d'une logique qui ne sautera aux yeux de personne.
¥
—_— —__ & ——
CORRESPONDANCE
Dr J.-N. B.; Somerset, P. Q.—-Notreami M. J. Fletcher,
d'Ottawa, a bien voulu identifier pour nous la plante dessé-
chée que vous nous avez envoyée. C’est la Chimaphila win-
bellata, Nutt., nommée vuleairement Herbe à lu clef, Princes
Pine, et par les Indiens : Pipsissiwa. Fleurs roses. “When
in flower, it is very beautiful,” ajoute M. Fletcher.
“On dit que c'est un astrii gent très puissant; elle est
aussi diurétique.” (Provancher.)
OS
MERCI!
La Vérité met le comble à la bienveillance qu’elle nous a
montrée jusqu'ici, en publiant, dans son No du ler septembre,
un article de grande valeur en faveur du NATURALISTE, Nous
en remercions, de teut cœur, notre bon confrère.
‘
0 ¥
UNE VOIX D’OUTRE-MER
On lit dans le Naturalists’ Journal, (livraison de juil-
_ let), de Londres, Angleterre : :
“We have received Le Naturaliste Canadien which 1s
now in its 21st volume and under the able editorship of ]’Ab-
_hé V. A. Huard is very interesting reading and, we doubt
not, well appreciated by the French speaking naturalists of
lower Canada.” |
Nous remercions le confrère européen du bon aceueil
qu'il nous a fait.
d'a Dr gy.
BIBLIOGRAPHIE
—(uide du colon, Québec, 1894. Nos remerciements à
l'honorable M. E.-J. Flynn, Commissaire des Terres de la Cou-
ronne, pour l'envoi d’un exemplaire de cet important ouvra-
BIBLIOGRAPHIE
ge préparé sous sa direction, La presse de toutes les nuances
a déjà félicité l'honorable Commissaire sur l’abondance et
lheureuse disposition des renseignements que l’on trouve
dans ce volume. Ajoutons que la forme de l'ouvrage est tout
aussi remarquable que le fond. Rarement nous avons vuune
aussi jolie publication officielle, |
— Nouveau mois de septembre à saint Michel Archange
et aux saints Anges.—C’est un “ Hommage de la Voix du
Précieux Sang”, et nous en remercions beaucoup le pieux
confrère, C’est œuvre bonne, de rappeler le surnaturel aux
A naturalistes.
—Nos meilleurs souhaits à la Semaine Religieuse de
__ Québec, qui vient de commencer sa septième année. Puisse-t-
i _ elle en commencer et en finir un grand nombre d'autres ! Fon-
el dée, elle aussi, par l'abbé Provancher, cette revue devintbien-
ae tôt la propriété de M. l'abbé D. Gosselin : ce prêtre instruit |
ct dévoué à l'Eglise n’a rien épargné pour rendre la Semaine
utile et attrayante, et le succès a répondu à ses efforts,
—Autant nous avions regretté la disparition de la Revue
Commerciale de Québec, que dirigeait M. N. LeVasseur, au-
tant nous nous réjouissons de la voir revivre, pour ainsi dire,
sous le nom de Semaine Commerciale, dirigée par M. U.
Barthe. Les numéros déjà publiés sont très intéressants, et
nous souhaitons au confrère les meilleurs succès. Un organe
de ce genre est nécessaire à Québec.
—L Enseignement Primaire est entrée dans sa seizième
année. Nous prions cet excellent coufrère d'agréer nos félici-
tations et bons souhaits. La classe enseignante possède en (17 À
lui un organe qui lui rend de grands services,
— Nous craignons que la Semaine Politique n'ait défini-
tivement cessé de paraitre, Le NATURALISTE ne peut que
* garder un bien bon souvenir de ce journal.
L ) AW À
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PRC Ane CAM EU CE à LAE hace (MANY Wis EMAIL DUMB Un OUI LSA
LE NATURALISTE CANADIEN
En vente chez Mme Vve Ed. André : parties séparées de
‘
BIOLOGIA ENTRALLAMERICANA |
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM.SALVIN ET GODMAN
Cette splendide publication, qui comprend tonte la zoolo-
cie de l'Amérique centrale, forme un ouvrage cousidérable, pa-
raissant par livraisons in-4 avec de nombreüses planches,
la plupart coloriées, et ne se trouve pas en détail dans le com-
merce,
Aves, tome 1, par SALVIN et Gone 1 vol. in-4 de 512 pages
avee 35 planches (complet). Prix.........ssecccereeoeeee « 165 fr.
Aves, tome II (en cours de publication).
Reptilia, par A, GUNTHER (en cours de publication.)
Amphibia-Pisces, par A, GUNTHER (en préparation).
Mollusca, par E. MARTENS (en cours de publication).
Crustacea, pare**(en préparation).
Arachnida Araneidea, par O. P. CAMBRIDGE (en cours de pu-
blication).
Coleoptera Serricornia(moins les Buprestridcæ), par WaTHER-
__ HOUSE (en cours de publication).
Coleoptera Erotylide, ete., par GORHAM (en cours de publica-
tion).
Coleoptera Rhincophora, par SHARP (en cours de publication):
Neuroptera, par M Lachlan (en cours).
Orthoptera, par H. de Sausswre et DE BORMANS (en cours).
Diptera, par von Osten Sacken et VAN DER wae (en cours
de publication).
Annelida, Vermer, ete. (en préparation).
Le prix des parties en cours de publication où en prépa-
ration est payable, au fur et à mesure des env is, à raison de
1 fr. 50 par feuille d'impression et de 2 francs par planche.—
Port et recommandation en sus,
S’adresser à Mur Veuve EpMoND ANDRÉ, 21, boulevard
Bretonnière, à Beaune (Côte-d'Or), France.
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VOL. XXI (VOL.I DE LA DEUXIEME SERIE)
Chicoutimi: Octobre 1894
Rédactaur-Propriétaire : l'Abbé V.-A, HUARD
Nous remercions les abonnés qui ont bien voulu concourir, par l’envoi du
prix de l’abonnemen:, à la solution du problème que nous leur avons soumis
en septembre. Toutefois, le coneours reste ouvert, et pour cause. Car il s’en
faut que l’x soit même à moitié dégagé des ténèbres de l’inconnu. Les retarda-
taires ont donc toute chance de recevoir encore un accueil excellent, et d’ap- Î
porter une aide plus que jamais utile pour notre œuvre.
M en ¥
Mi
L'ABBE PROVANCHER |
(Continué de la page 137)
Cette année 1847 restera inscrite en caractères Funèbres
dans l’histoire de la race irlandaise. Uue horrible famine accom-
pagnée de maladies épidémiques, décimait la population. de a
l'Irlande; et l’on pensa qu’une émigration considérable pou- à
vait seule rémédier à de si grands maux. Le Canada fut
choisi comme lieu de refuge pour ces pauvres émigrés, qui ut
s’y rendirent au nombre de cent mille. On devine bien dans
quelles conditions d’encombrement et de privations se fit le
transport de cette foule, entassée à l’envi sur des navires à
voiles. La traversée de ces vaisseaux dura plus que cing
jours ! et nos malheureux Irlandais n'étaient pas précisément
passagers de Première ! Le typhus devint le compagnon de
20—Octobre 1894.
150 LE NATURALISTE CANADIEN
voyage de ces infortunés, dont un grand nombre furent dé-
barqués à la station de quarantaine de la Grosse-Isle ; pres
de trois mille suecomberent en cet endroit à la terrible épidé-
mie, Il fallait des secours religieux à ces pauvres malades,
et le dévouement du clergé canadien de l’époque leur en pro-
cura d’abondants.
Ce ministère, laborieux non moins que périlleux, épui-
sait rapidement les forces, et il fallait relever sans trop de
délai les prêtres quis’y dévouaient : aussi, quarante-denx
missionnaires se succédèrent à la Grosse-Isie, cette année-là,
durant la saison de navigation. L'abbé Provancher eut l’hon-
neur d’être l’un des prêtres appelés à risquer leur vie dans ce
ministère de sublime charité. Il n'y » pas d'exagération a
parler ici de danger, puisque pres de la moitié des mission-
naires contracterent l'épidémie ; quatre en monrurent, mar-
tyzs de leur dévouement. On sait que l'abbé E.-A. Tasche-
reau, qui devait être an jour le premier Canadien revêtu de
la pourpre cardinalice, fut lui aussi l’un des missionnaires de
la Grosse-Isle, en cette année de désolation, et qu'il faillit
suceomber, victune de sa charité, aux atteintes de la ma-
ladie.
M. Provancher n’eut à récolter que des fatigues dans ce
champ des malales et des morts. S'il y avait trouvé la mort,
comme quelques-uns de ses confrères, on n'aurait même ja-
mais su quelle perte ¢’aurait été pour la science canadienne :
car, à cette époque, on ne pouvait encore beaucoup prévoir
quels services il devait plus tard lui rendre. Il est vrai que
Yauréole du martyr vaut bien le renom du savant, et que,
dans la balance de l'Eternelle Justice, celle dont nous de-
vons avant tout avoir souci, le moindre acte de charité l’em-
porte de beaucoup sur les plus beaux traités de botanique où
dentomologie !
A son retour de la Grosse-Isle, l'abbé Provancher fut
nommé au vicariat de Saint-Gervais de Bellechasse, paroisse
qui avait pour curé M. Antoine Montminy ; il y resta un an.
L'année suivante (1848), 11 se vit assigner ur nouveau
aol =
L’ABBE PROVANCHER Por
poste : Saint-Henri de Lauzon. Mais il n'eut pas même à se
rendre à cette paroisse, l'autorité ecclésiastique ayant jugé à
propos de lui confier la nouvelle paroisse de Saint-Victor de
Tring, dans la Beauce, dont il fut le premier curé. C’est à la
prière de M. N. Lec'erc, curé de Lambton, que se fit cette
nomination : ce prêtre se trouvant trop isolé, dans cette par-
tie du pays qui était loin d’avoir acquis les développements
que nous lui avons vu prendre depuis, désirait vivement
avoir un confrère dans le voisinage. Nous verrons plus tard
ces deux amis, forcés par une santé compromise de mettre fin
à une carrière curiale bien remplie, se fixer dans la même
localité, Suint-Félix du Cap-Rouge, et passer, dans ce séjour
enchanteur, les années de leur vieillesse, occupés encore de se
rendre utiles à leurs concitoyens.
Voici done M. Provancher en charge d’une paroisse. Le
curé de campagne : que de belles pages n’a-t-on pas écrites
pour célébrer ses mérites et ses vertus, pour exalter la gran-
deur de sa mission! Quand ce curé de campagne est le curé
canadien, c'est quelque chose de plus: car le curé canadien
nest pas seulement le chef spirituel de ses paroissiens, i} est.
aussi, la plupart du temps, leur guide même dans les affaires
temporelles. Nos orateurs et nos publicistes ont dit bien des
fois quel a été le rôle important da clergé dans la formation
de la nationalité canadienne-frangaise. Mais sans interroger
l’histoire sur ce qui s’est fait dans le passé, il suffit de voir ce
qui se passe sous nos yeux, et de considérer quelle part prin-
cipale prennent aujourd'hui nos évêques et nos prêtres dans
ce grand mouvement, auquel nous assistons, qui se fait dans
tout le pays pour promouvoir les intérêts agricoles et pousser
la colonisation des cantons nouveaux.
La colonisation : c’est le curé des paroiïsses nouvellement
établies qui s’y intéresse davantage. (C’est lui qui, en géné-
ral, est seul en état de donner la direction nécessaire à la
jeune colonie, où la vigueur ne manque pas aux bras, ni le
courage aux cœurs, mais qui a besoin aussi d’une tête diri-
geante. Les gens de profession, les notabilités du grand com-
=r
4 PAR Qi
LE NATURALISTE C
M we
Lx Ml
fe
merce ou de la haute finance sont rarement là pour travailler eS.
à la prospérité du nouvel établissement. Il faut que le curé ae
tienne la place de tous ces personnages ; et, ordinairement, le
rôle n’est pas trop mal tenu. Les ministres, les fonctionnaires
. de certains départements, et surtout les députés, ont sujet, je
…__ crois, de connaître parfaitement l'intérêt que prennent à la
cause de la colonisation les curés des cantons nouveaux.—Par
. exemple, les revenus sont médiocres ; la dime n’est pas con-
sidérable, il s’en faut, et la gêne serait souvent extrême sans i
l'aide fournie par la Propagation de la Foi; le logement et
Vameublement sont fort modestes; et, avec tout cela, l'on a 7
les dettes contractées pour son installation au presbytère, La iq
position, enfin, est loin d'être brillante. Mais c'est la même À
chose chez les colons ; le pasteur partage le sort de ses pa- 1
roissiens, et sa parole n'en est que mieux accueillie, lors-
qu'elle les console et les soutient. coutons ici l'abbé Pro-
vancher, rappelant, au déclin de sa vie, les souvenirs qu'il
gardait de sa première cure : ;
“ Jai été le premier curé d’une nouvelle paroisse durant
quatre ans ; tout le monde était pauvre, mais tous laborieux,
pleins de courage ct bons chrétiens. On n’avait qu'une nour-
riture grossière, du pain blé et avoine et du lard, on manquait :
souvent d'ameublement. Et cependant, je n'ai jamais vu 7
peuple plus heureux ; cette nourriture grossiére, on avait un
assaisonnement précieux pour la faire trouver excellente, la +
faim excitée par un dur travail, Les terres étaient excellen-
tes, on était pauvre alors, mais on voyait venir l’aisance par
le travail et l’économie. Et quelle consolation pour 2e brave
père de famille, lorsque arrivé à sa cabane de bois rond le
soir, apres un rude labeur, il trouvait la table mise et la fem- a
me qui compatissait à ses fatigues, lorsqu'elle n'avait été elle- |
même au champ pour les partager ; ses enfants tout joyeux 4
de revoir leur père pour lui témoigner leur attachement ! Le |
pain grossier était trouvé délicieux, le lard excellent, et la
santé se fortifiant par le travail, on hâtait le lendemain pour
“ exercer ses forces encore davantage. EL
‘# (A suivre) V.-A°H, 4
q 4
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A : ig
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“=
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COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE 153
| COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE
; \ (Continué de la page 121)
L
;
c
|
Chaque espèce varie beaucoup dans le nombre d'œufs que
pondent les femelles. Ce nombre est ordinairement très considé-
rable et s'élève même jusqu'à quatre on cinq cents: il n’y a donc
pas à s'étonner de la rapide reproduction de ce monde innombra-
ne ble. Ce qu'il y a de plus étonnant, sans doute, c'est qu’il n'ait a
tout dévasté, tout détruit ; mais le Créateur veille sans cesse sur Mt
4 son œuvre et harmonise tontes choses : au trop grand nombre
4 d'insectes, il n'a simplement qu'à opposer quelques petits oi-
1 seaux !
d Lorsque l'enveloppe de l'œufs'est brisée, il en éclot, sous
la forme de ver aux diverses couleurs ou sous celle de chenil- 5
Ë le aux formes variées, un insecte dégoûtant que l'on nomme a
Larve, nom qui signitie masque, et qui
lui a été donné par le savant Linné, fort
surpris en constatant, le premier, que
de la chenille lourde et repoussante pro-
vient le papillon léger et ravissant. L’é- mi
HE He Une met (bat ce larve est done le second dans
l'existence de l’insecte et c'est en eet état que les espèces nui- A
sibles le sont généralement le plus : c’est la larve de la Chry- oa
somele surtout qui dévaste nos champs de patates ; c'est la i.
larve du Luchnosterne (hanneton) qui coupe la racine de nos A
plantes ; c’est la larve de la Superde qui perfore le tronc de
nos pommiers et de nos pruniers ; ce sont les innombrables
4 larves des Mémutes, qui rongent avec une voracité surpre-
; nante les feuilles de nos groseilliers et de nos gadelliers.
SS PO ER NET
Quand l'espèce est à métamorphose complete, il existe — i)
toujours une grande dissemblance entre la larve et Vinsecte
parfait. Que l’on examine la larve de la Piéride, cette che
nille glauque qui se traine paresseusement sur les larges EL:
feuilles du chou qu’elle ronge dans lesilence des nuits comme
dans les bruits du jour, et ce joli patit papillon aux ailes
LE NATURALISTE CANADIEN |
hanches ou jaune-pâle tachetées de noir, qui, dans son vol
capricieux, s'aventure même jusqu'au centre de nos grandes
villes ; que lon compare ce gros ver blanc (Wig. 16)
à tête brunâtre que la charrue du laboureur à tout instant
tire à la surface du sol, à cet insecte nocturne qui vient, au
printemps, bourdonner dans nos appartements à la lueur des
lampes et jeter la terreur dans l'âme des jeunes filles,lesquel-
les se suuvent toutes tremblantes devant ce terrible hanne-
ton (Fig 6, pg. 108), si toutefois elles ne s’évanouissent pas,
et l’on aura peine à croire que ce’ soit là le même individu à
des phases différentes de son existence ! Si, au contraire, la
métamorphose est partielle, la larve, au moment même de l'é-
closion, a-—moins cependant les ailes et la grosseur,—la même
forme que l’insecte parfait et passe à l’état adulte sans dis-
continuer de prendre de la nourriture et sans être assujettie à
l’état de nymphe que nous étudierons tout à l'heure.
Les Coléoptères, les Hyménoptères et les Dipteres sont
tous à métamorphose complète ; les Orthoptères et les Hémip-
teres sont à métamorphose incomplete. Les Névropteres sont
pour une partie à métamorphose complete, et pour l’autre a
métamorphose partielle. Enfin,les Apteres ne subissent, à pro-
prement parler, aucune métamarphose : étant dépourvus d’ai-
les, ils ont, au sortir de Pœuf, moins la taille, la même forme
qu'ils conserveront toujours.
Un très grand nombre d'espèces, qui, à l’état parfait ne
vivent que quelques jours ou encore
ce que vivent les ‘roses,
L'espace d'un matin,
demeurent cependant à l’état de larve pendant des mois, des
années entières. Ainsi, les Æphémères que, bien avant les na-
turalistes. les poètes ont nommées ainsi à cause de la briève-
té de leur vie aérienne, ne jouissent de leurs ailes que deux
fois vingt-quatre heures au plus, bien que, larves, elles aient -
rampé, une année, deux années même, dans la vase des ma-
rais et des étangs, D'autres espèces, au contraire, et les Four-
“ris sont du nombre, passeront en quelques semaines à l’état
COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE
adulte pour y vivre et travailler pendant deux ou trois lon-
EC gues années. Comme on le voit, la durée de la vie, chez l'in-
secte, à état de larve n'est au:unem3abpronortionnée à la
MO durée de la vie à l'ébat parfait. | Pourquoi cela? Oren peut
‘1 supposer la raison, peut-être : mais que d'hypothèses plus où
.. moins sérieuses on a faites pour s’expliquer les mystères sans
/ —_— nombre contre lesquels vont se heurter nos inballigones trop
» faibleset notre orgaeil trop grant! Cuert2s, les) reshsrehes
N - des savants sont louables, elles soat-dignes d’almiratioa,pour
D: va toitefois que, pe: roch 22e, ley series essayent
pas, com.ne de nos jours un trop grant nombre malheureuse-
| nent, à soulever le voile dont se couvre, dans son anguste
pu majesté, Celui quia donné à l'insècte un instinct morve ae
— __ leux, plus grand, peut-être, que la vaste intellignce dont s’en -
orgneillit l’homme.
Pendant la période à l’état de larve, l’insecte, surtout ch2z
ceux à métamorphose complete, ne s'est note en rien de
D: la forme qu'il aura à l’état parfait. Chenille ou ver, il est res-
7 té chenille ou ver, sans subir d'autre changement que eelui
d'une croissance souvent fort rapide. C'est à l'état de nyim-
a se faire.
Dr > Lorsque, grosse et repléte, la larve est arrivée à cette épa-
_qne de transformation, elle se choisit nn eu lroit retiré et la, se
* file, le plus souvent, un cocon dout elle s’enveloppe entière-
3% ment. C’est de l'ombre et du silence qu'il lui faut, et, noyée
mt d’ombre et de silence, elle s’est plongée dans une imimobilité
i’ complète, Que se passe-t-il alors ? Quel travail s’accomplira-
t-il done pour que, dans quelques jours,elle ressort: de son en-
mystère devant lequel il faut courbsr nos fronts, Li nature,
dirant les imatériahstes, le Créateur, disons-nous, nous qu'ani-
me la foi, a accompli dans Pu:nbrs son travail mrveilleux : nal
wa vu ce qui s'est pissé. L'insecte était tmmobile, informe
veloppe, toute glorieuse et toute régénérée ? C’est encore ici un.
D phe ou chrysalide que cette métanorphase extraordinure va —
156 LE NATURALISTE CANADIEN
et comme mort, et voilà que, tout à conp, de catt2 mort appa-
rente, il ressuscite parfait, beau, brillant, joyeux et fort, et s'en
va bourdonner dans l’air son hymne de reconnaissance,
La nymphe la plus curieuse à étudier est sans contrelit
celle du papillon. Vous rencontrez un jour, par hasard, une
magnifique chenille vert-pâle, parsemée de points rouges, qui
se traîne lourdement sur le sol où le vent laura rejetée de la
feuille qu’elle rongeait en silence. Vous la ramassez et la
mettez sous verre. Allez vaquer à vos occupations, et revenez,
une heure après, voir votre captive. Vous la trouvez gran-
dement occupée : déjà elle a tout tapissé de fil le fond du ver-
re ; déjà elle disparaît complètement sous le riche manteau de
soie dans lequel elle s’enroule ; déjà vous ne voyez plus qu’u-
ne petite boule faite d’un tissu admirable que le silence de la
mort semble avoir envahie.
Revenez demain. Même silence, même mort apparente.
Enlevez alors ce cocon léger, prenez des ciseaux et coupez-en
le tissu. Qu’y trouverez-vous ? la chenille ? non ; de la che- -
nille verte, forme, couleurs, mouvements, tout est disparu :
c’est maintenant la chrysalide ovoïde et, dans quelques jours,
ce sera le papillon étincelant.
Et ce cocon dont s’enveloppe la chenille, ce sera aussi le
tissu dont se revêt le pontife à l’antel et le roi sur son trône,
Car nul n’ignore que c’est là le fil dont on tisse la soie,
Souvent aussi, la larve passe à l’état de nymphe sans se
revêtir d'un cocon.
Dans l’un et l’autre cas, sa peau se durcit,prend une tein-
te brunâtre plus ou moins foncée, et lorsque le travail de la ré-
génération est tout à fait accompli, l’insecte brise cette enve-
loppe crustacée, sa livrée de naguère.
(A suivre)
GERMAIN BEAULIEU,
iy HISTOIRE. NATURELLE À a EXPOSITION DE QUEBEC Loe
“HISTOIRE NATURELLE A EXPOSITION DE QUEBEC
La récente exposition de Québec a été un beau suoces,
tout le monde se plaît à le proclamer. Mais ce résultat est
plutôt dû À la bonne volonté des exposants et a la valeur in-
contestable des produits exhibés, qu'à l'organisation qui a présie
dé aux détails, car tout le monde s'accorde aussi à proclamer
cette organisation comme très défectueuse,
Nous voulons bien croire qu’il y a eu bonne volonté et ze-
le de toute part, mais soit manque d'expérience de la part des
officiers et des employés, ou toute autre cause, l’organisation
péchait en plus d’un point, et cela lorsqu'il eat été très facile
en plus d’une circonstance de parer aux inconvénients dont on
avait à se plaindre. f
—Eh bien, (vont dire nos lecteurs,) en voila encore un
qui se plaint, Il ne manquait plus que le NATURALISTE pour
compléter le chœur des mécontents qui ont à peine fini d’énon-
cer tous leurs griefs contre la Compagnie de l’exposition.
Hatons-nous de le dire : les deux premiers paragraphes
du présent article ne sont pas de nous, et n’ont pas été écrits
pour la dernière exposition ! Pourtant, on l'avouera, ils sont
bien dans la note des appréciations que l’on a lues dans beau-
coup de journaux, depuis un mois, On croirait vraiment, à
écouter tous ces critiques, qu'il n’y à jamais eu d’exposition si
mal organisée que celie du mois dernier. Eh bien, pour montrer
qu'en septembre dernier les choses n’ont peut-être pas été plus
mal qu'auparavant, nous avons reproduit mot pour mot le titre
et le commencement de l’article consacré à l’expositin de 1887,
par l’abbé Provancher. (*) Cette citation pourra sans doute
servir encore, à la suite des expositions de l'avenir.
Les reproches sont venus de tant de côtés, qu’il
doit y avoir eu assez à reprendre en effet dans les détails de l’or-
(*) Naturaliste Canadien, Vol. XVII, p. 33.
21—Octobre 1894,
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q “
‘
ganisation. Mais il nous paraît qu'il y aurait beaucoup d'exa-
eération à conclure de tout cela que la réputation de Québec
est perdue à tout jamais, qu'aucune organisation n’a jamais
donné prise à tant de justes plaintes, ete. Qu’on relise donc la
citation que nous venons de faire ; qu’on se rappelle aussi les
plaintes que l’on a entendues l’année dernière concernant l'ex-
position de Chicago.
Nous sommes d'avis qu’il faut montrer de l'indulgence
envers les directeurs de si vastes organisations, toujours faites
à la hate et révies par des personnes plus ou moins inexpéri-
mentées : il y a là deux causes de défectuosité que l’on ren-
contrera dans presque toutes les expositions.
Cela dit, nous voulons examiner seulement s’il y a eu
quelque chose d’intéressant l’histoire naturelle, à la dernière
exposition.
En 1887, l’ornithologie, l'entomologie, la botanique étaient
fort bien représentées, et ce n’était pas d’un léger intérêt, pour
les visiteurs, de voir réunis tant d'objets de la faune et de la
flore de la Province.
Le NATURALISTE n'ayant pas en part dans la distribution
des programmes de l'exposition, nous ne pouvons constater sil
y avait, cette année, une classe spéciale pour l’histoire natu-
relle. Nous croyons pourtant, d'après le vague souvenir que
nous avons de J’avoir lu sur les journaux de l'été dernier, qu'il
y avait une classe de ce genre,—sur le programme, bien en-
tendu : car, dans l’expositiun elle-même, il n’y avait aucune
collection d'histoire naturelle. Ceci n’est pas imputable aux
directeurs de l'exposition, évidemment, mais à l'abstention des
exposants. Nous regrettons cette abstention, sans doute, mais
nous nous l’expliquons facilement. D'abord, les objets de tel-
les collections étant bien souvent très fragiles, le transport en
est toujours fort périlleux : ce risque très réel éliminait à peu
près tous les expnsants qui résident à quelque distance de Qué-
bec. Quant aux particuliers ou aux institutions de la ville ou
des environs, eur exposition aurait sans doute été presque en-
L'HISTOIRE NATURELLE A L'EXPOSITION DE QUÉBEC 159
tièrement la même qu’en 1887, et l'on aura jugé inutile de se
déranger pour ne présenter que peu de nouveau : qu'on ne croie
pas, en effet, que c’est une petite affaire aue de préparer et
d’emballer des collections d'insectes, de mollusques, etc., de les
disposer au lieu désiuné, de les emballer de nouveau pour le
retour, et de les ranger encore chez soi,
Mais voicile grand inconvénient. Les collectionneurs
n’ont pas d’ennemi plus redoutable que la poussière, qui pénè-
tre fort bien dans les vitrines et les tiroirs les mieux fermés ;
rien n’abîme autant les spécimens, dont le nettoyage est à peu
près impraticable. Eh bien, il faut avoir vu les épais nuages
de poussière qui s’élevaient dans le palais de l'industrie, où l’on
aurait sans doute placé les collections d'histoire naturelle, pour
comprendre à quel point elles auraient été gitées, comme ont
di l'être beaucoup d'objets dart, broderies, tissus, dessins,
etc., qui étaient là. Pour nous, nous sommes bien décidé à ne
jamais exposer nos collections à semblables périls,à moins qu’on
ne prenne des dispositions spéciales pour les éviter.
Par exemple il devrait être facile de réunir, dans une mé-
me salle, de dimensions assez restreintes, tous les objets d’art
et les collections d'histoire naturelle ; et l’on pourrait aisément,
une couple de fois par jour, en faire un nettoyage qui consiste-
rat non pas à remettre la poussière en circulation, mais à l’en-
lever à peu près entièrement. —Il est vrai qu’il est bien de
bonne heure pour parler d’une future exposition à Québec,
d'autant plus que, s’il failait en croire certains journaux, une
exposition n’est plus possible en cette ville avant longtemps.
* Quoiqu'il en soit, nous voulons signaler ici au moins ce
qui nous a paru de nature à intéresser un peu les naturalistes,
à la dernière exposition, puisqu'il n’y avait aucune collection
d'objets se rapportant, de facon spéciale, à l’histoire naturelle,
RÈGNE ANIMAL—Nous ne dirons rien de l'exposition des.
divers animaux de races chevaline, bovine, etc., ni des volatiles
de basse-cour, dont le nombre etla variété étaient considéra-
bles : c'est question d'élevage et non d'histoire naturelle, Citons
mn
LE NATURALISTE CANADIEN
seulement, à titre de phénomène, un tout petit mouton pourvu
de nous ne savons plus combien de pattes, sept ou neuf, cro-
yons-nous, exposé dans le musée Lapoiute. Nous aurions pour-
tant préféré voir cet animal avant qu'il eût passé par les mains
du taxidermiste, tant il faut se défier à notre époque de contre-
facon. Cela soit dit sans vouloir aucunement mettre en dou-
te la bonne foi du propriétaire de ce monton-phénomène.
—“Seulement 10 cts, Mesdames, Messieurs, pour contem-
pler “ The horse wonder Edison, this greatest of all wonders! ”
—L’ Edison dont il s’agit est un beau cheval gris blanc, du
comté de Queens, N.-B. Il est, nous dit son girdien, âgé de
huit ans ; sa crinière est longue de 6 pds 6 pes ; et sa queue,
de sept pieds. L'une et l’autre traînent à terre, s’allongeant
encore de deux pouces chaque mois, paraît-il. Si cette crois.
sance continue, dans dix ans Æ lison suifiva pour éloigner les
mouches de tout un régiment de cavalerie !
Voici de l’ichtyologie, de l'histoire naturelle pour de bon.
C'est la Compagnie du chemin de fer Québec et Lac Saint-
Jean qui expose un certain nombre de poissons empaillés. Nous
. voyons là une ouananiche (Sulmo amethystus, Mitchill.) du
| poids de huit livres ; une Truite (S. fontinalis, Mitchill.) de
cinq livres; ete.
RÈGNE vickTaL—Le naturaliste trouvait ici un peu plus
de sujets d'étude, bien que, à vrai dire, la plupart des richesses
végétales qui s’offraient à sa vue intéressassent moins la bota-
nique proprement dite que l’agriculture, l’horticulture et lin-
dustrie.
Les produits agricoles étaient en abondance. Les divers
territoires de colonisation de la Province avaient chacune leur
exposition à part, et offraient ainsi d’utiles sujets de comparai-
son, La Compagnie du Pacifique exposait aussi les belles pro- |
ductions de l'Ouest ; notre Province pourtant soutenait avan-
tageusement la comparaison. La Ferme expérimentale d'Ot-
tawa avait une superbe collection, très artistement disposée, de
céréales, graines, fruits, légumes, et une grande variété de su-
perbes raisins. «
L'HISTOIRE NATURELLE À L'EXPOSITION DE QUÉBEC 161
'
A propos deraisins, nous avous eu le plaisir d'en voir
+ quelques spécimens récoltés à Roberval, Lac Saint-Jean; ces
fruits n'étaient pas tout à fait mûrs, mais ils auraient proba-
_, blement eu le temps d'arriver à maturité avant les gelées, Bien
_ qu'il ne faille pas s'attendre à faire du Saguenay un pays vini-
ole,des essais de ee genre sont très intéressants (*), et nous at-
tenons avee hâte les résultats des expériences que tenteront
les Trappistes à Mistassini, pour la culture des fruits dans ce
—_ territoire si reculé. —A signaler aussi un plateau rempli de
__ ‘fraises cueillies, ex seconde récolte, à Roherval.
Re La division de lhorticulture était bien fournie. Les mai-
Gy _ sons J. Verret, de Charlesbourg, Evans et Ewing & Co. de
Montréal, avaient de superbes collections de graines, de pro-
118 ductions horticoles et d'instruments de culture. Mention-
» nons spécialement la collection de cactus de M. J. Verret, les
" - prunes exposées par M. A. Dupuis, de Saint-Roch des Aul-
nets, ot Jes plantes d’ernement de MM. A. Sinclair et T. Todd
_ qui se sent partagés presque tous les prix offerts daus cette
… classe).
a MM. F.-H. Andrews & Sen, de Québec, avaient dans
deur “ exhibit ” un Arbre à caoutchoue, d'une douzaine de
4 pieds de hauteur. Comme nous n'avions pas sous la main
« des Flores de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique Méridiona-
.. de, nous n’avons pu reconnaître ses genre et espèce.
Très curieuse l'exposition faite par Phenorakle H.-G. Jo-
ly, de Letbinière : on avait là de véritables leçons de choses.
Ainsi, pour la taille des arbres: six échantillons faisaient
voir les résultats de l'opération mal faite, huit échantillons,
dages gradués jusqu'à la cicatrisation complète de la coupu-
re, démontraient l'importance d’une opération bien exécutée.
En outre, une série de jeunes arbres provenant de semis per-
mettaient par leur disposition d'apprécier leur croissance an-
_ nuelle, -
TE (*) On nous dit que M. J.-B. Petit, de la maison Tessier et Petit, a récol-
_ té à Chicoutimi, cette année, du raisin suffisamment mir des variétés Dela-
| avare et Niagara.
162 LE NATURALISTE CANADIEN
Le Département des Terres de la Couronne exposait une
collection de nos bois canadiens, qui attirait à juste titre lat-
tention de tous les visiteurs, dont la plupart ne sont guère au
fait de nos richesses forestières. Un officier du département,
M. W. C. O. Hall, était là donnant à ceux qui le désiraient
tous les renseignements utiles.—Si la faune et les autres par-
ties de la flore de la Province avaient été représentées de la
sorte, comme ie public y aurait pris intérêt ! M, Provancher a
bien recommandé, dans la mesure de ses forces, la formation
d'un musée provincial, et il avait bien raison. Comme on le
sait, ce musée est en excellente voie d'exécution, par les soins
du Département de l'Instruction publique et sous la direction
de M. N. Saint-Cyr, un collaborateur distingué de lancien
NATURALISTE,—qui recevrait des lecteurs du nouveau Natu-
RALISTE un accueil non moins empressé,
Ne nous éloignons pas de cette collection de nos essences
forestières sans examiner une curiosité végétale qui a son in-
térét. Sur une bûchette de Sapin,nous lisons l’écriteau suivant :
“ Morceau d'arbre plaqué (Sapin) coupé en 1893 par l’arpen-
teur Geo. Bignell, dans la ligne de vérification entre les can-
tons Ireland et Colraine, arpentée par F.-L. Poudrier, en
1867.—L'échantillon indique le plaqué tel que fait par la ha-
ehe du bûcheron en 1867, et la biessure guérie et complete-
ment recouverte par les vingt-six anneaux concentriques de
pousse annuelle qui ont eu lieu depuis ce temps.” C'est un
exemple remarquable de la persistance d’une cicatrice : le
bois qui s’ost formé sur la blessure conserve encore, en 1893,
l'image très exacte de l’entaille faite par la hache en 1867.
Voici M. F. Baril, de Warwick, propriétaire de l'unique
manufacture de boutons qui existe dans la Province : il nous :
explique par quels procédés les cornes et les sabots se conver-
tissent en boutons de toute taille, de toute forme et de toute
couleur : c’est de la zoologie industrielle. Mais la botanique
s'en mêle aussi, et concourt à fournir au genre humain les
boutons requis par la civilisation présente. Nous voulons par-
ler de l’ivoire végétal, qui est le fruit d'un Palmier de |’Amé-
ee,
eo Méridionale, Phytelephas macrocurpa. Le spécimen
f que nous possédons, de forme triangulaire, est long de 2 pes, |
épais d’un pouce et quart ; à l'exception d’un petit enfoncement pu.
à l'une des extrémités, qui contient l'embryon, le reste (pé-
risperme) est une substance blanche et dure, que l’on scie par
tranches, dans lesquelles on découpe ensuite maints et maints.
boutons, qni arriveront à l'état eee après quelques autres
opérations.
RÈGNE MINERAT-—II n'y a ici que peu d'articles intéres-
sant l'hstoire naturelle. Nous mentionnerons seulement les ~
_ échantilions de Phosphate de Buckingham et de minérais de
euivre de Gapalton, exhibés pu le Nichol’s Chemical Co,
- et les divers produits manufacturés avec l’asbeste.
100 Comme en peut en juger par ce qui précède, bien qu'il
ny eût pas à l'exposition de collections proprement dites d'his-
À toire naturelle le naturaliste pouvait pourtant y rencontrer
beaucoup d’utiles sujets d'observation.
5:
a tae 0 ——
| i Nous renvoyons au prochain numéro la suite de Pétude
‘4 de BOTANIQUE MÉDICALE de M. le Dr Jéhin-Prume, de Paris
D. COMMENT DETRUIRE LES INSECTES BANS
4 LES FOURRURES
Méler par moitié du camphre et de la poudre de pyrè-
thre, et répandre ce mélange dans le fond de la boite qui con-
tient les fourrures —On denne ce moyen comme certain.
ESS
CONSERVATION DES FRUITS EN HIVER
Nous voyons, dans la Revue horticole des Roûches-du-
fthone, l'annonce d'un procédé, fondé sur la théorie de l'acide
carbonique, pour la conservation à l’état absolument frais des
raisins, pêches, fraises, etc. jusqu'au printemps,—En envoyant
1 fr. 50 à M. Lebrun, 8, rue Victor-Massé, Paris, on recevra
la recette nécessaire.
1 è via Ru \ A ay Te i
LE NATURALISTE CANADIEN
BIBLIOGRAPHIE
Nos remerciements à M.C.-J. Magnan, pour l'envot
d’un Exemplaire de la brochure qu'il vient de publier, Polémi-
que à propos d'enseignement, et qui contient les articles de la
Péd'é et de FÆnscè nement Primaire dont on se rappelle
l'intéressante discussion du printemps dernier.
—Nous accusons aussi réception, avec reconnaissance.
des publications suivantes :
Vick's illustrated catalogue of hardy bulis and plants,
James Vick’s Sous, seedsmen, Rochester, N.Y.— Rare tropical
plants and bulbs R. D. Hoyt, American exotic nurseries, Se-
ven Oaks, Florida.
__ Succès et longue vie au Bouquineur, journal mensuel
de bibliographie, publié par la Librairie Saint-Michel, 32,rue
Saint-Gabriel, Montréal. 25 cts par année.
Ae)
NOS CONFRERES
Nos bons souhaits au Pionuier de Sherbrooke, à l'oc-
gasion du 29e anniversaire de sa fondation.
—Nous offrons nos sincères remerciements au Courrier
de Saint-Hyacinthe et au Franco-Canadien, qui veulent
bien, eux aussi, publier le sommaire de nos livraisons ; au
Journal de VInstruction publique, au Trifluvien et au Bouw-
quineur, pour leurs trop bienveillantes appréciations de no-
tre Revue.
Ces témoignages de sympathie qui nous, viennent sou-
vent, de façon si spontanée, nous touchent beaucoup et nous
encouragent puissamment à poursuivre l’œuvre que nous
avons entreprise.
)
Par suite de circonstances incontrôlables nous sommes bien
en retard avec les eorrespondants qui nous ont envoyé des
insectes pour identification. Nous comptons pouvoir les sa-
tisfaire tout prochainement, :
*
( 6 L | jh |
L EM
raliste Canadien
VOL. XXI (OL.I DE LA DEUXIEME SERIE) Noll
Chicoutimi Novembre 1894.
Rédacteur-Propriétaire : l'Abbé V,-A, HUARD
—_—— ————— eet
COURS D’ENTOMOLOGIE POPULAIRE
eee |
(Continué de la page 156)
Nous avons vu que les Orthoptères, les Hémiptères et
une partie des Névroptères ne passent pas par une métamor-
phose complète. La larve, qui, au sortir de l'œuf, a une certai-
ne ressemblance avec Finsecte adulte,croit et en acquiert pro-
gressivement la complète organisation. Déjà se dessinent les
ailes sous cette enveloppe temporaire qui la recouvre, et,
bientôt, un beau matin, la peau, élargie outre mesure par la
pression intérieure, s’ouvre brusquement et donne passage à
l'insecte parfait.
Enfin, celui-ci n’a plus de changements à subir. Il est
arrivé à la, dernière période de son existence, période généra-
lement très courte et qui ne dure pour lui que le temps de
travailler à la reproduction de l'espèce. Car, dans la plupart |
des espèces, le mâle meurt peu de temps après l’accouplement,
et la femelle ne survit guère à la ponte de ses œufs, auxquels
même souvent son corps sert d’abri contre les intempéries de
la saison,
L’unique fin de l’insecte à l’état parfait semble être la
reproduction de lespèce : le rôle qu’il a à jouer dans l’ordre
de-la création, c’est généralement à l'état de larve qu'il le
joue : c’est à l’état de larve qu’il fourmille dans le détritus,
c'est à l’état de larve qu'il exerce ses ravages dans la végéta-
tion, c’est à l’état de larve qu'il est ou le plus nuisible ou le
plus utile. I ya, bien entendu, un grand nombre d'exceptions
à cette règle : c’est l’abeille adulte qui construit le gâteau
délicieux ; c'est la fourmi adulte qui élève ses admirables
constructions, ete. Mais ce qui rend évidente cette fin de
l'insecte a l’état parfait, c’est que souvent il est dépourvu de
bouche et incapable, par conséquent,de prendre aucune nour-
riture.
22—Novembre 1894,
LL À RAT |
LE NATURALISTE CANADIEN
CHAPITRE CINQUIEME
NOTIONS SUCCINCTES SUR L’ANATOMIE DES INSECTES
Ces notions sont de toute utilité, puisque, pour la dis-
tinction des familles, des genres et des espèces, l'on se base
toujours sur quelques différences anatomiques.
A l’âge adulte, l'insecte est revêtu de téguments inerus-
tés d’une matière dure et cornée, connue sous le nom de chi-
tine. C'est le squelette extérieur auquel, en dedans comme
au dehors, sont suspendus tous les organes. |
La tête est faite d’une seule pièce, boîte percée de six:
ouvertures. El-
Tête le est munie
d'antennes (Fig.
17,a)—filets.
articulés et mo-
biles situés près
des yeux—dont
la forme varie
beaucoup. Très
sensibles,ces an-
eo 2 tennes servent
(URLS au sens du tou-
cher et,quelque-
fois, à l'odorat.
Les yeux, gé-
néralement au
nombre de
Fig. 17. deux, sont in-
capables de mouvements et formés par la réunion d’un grand
nombre de petites facettes appelées cornéules. Lceil de la
1
Fig. 17.—Les parties du corps d’un criquet séparées : la TÊTE, portant les.
antennes a; le THORAX et ses trois parties, qui sont le prothorax b, portant les
pattes antérieures, le mésothorax c, portant les pattes intermédiaires et les ély-
tres, le métathorax d, portant les pattes postérieures et les ailes ; e, la CUISSE ;:
f, la JAMBE ; 9, le TARSE (les mêmes divisions se trouvent aussi dans les au-
tres paires de pattes).
CAN : Wey
COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE EG 4
RTE >
mouche, dit-on, n'en contient pas moins de 4,000 ; celui de la
libellule, 12,500, et celui du papillon, 17,300.
Mais de.tous les organes de la tête, c’est la bouche qui
présente le plus grand intérêt. Conformée de différentes ma-
niéres selon le mode de nourriture de Vinsecte, elle lui per-
met soit de broyer, soit de sucer ses aliments. De là cette divi-
sion de la classe en insectes broyeurs comprenant les Coléop-
teres, les Orthoptères et les Névropteres,et en insectes suceurs
comprenant les autres ordres.
Nous n’étudierons pas, dans tous leurs détails, les par-
ties qui composent la bouche des broyeurs ou des suçeurs ;
qu'il nous suffise de mentionner les mandibules, pièces très
dures, sortes de tenailles, placées en avant des deux mâchoires
et quelquefois immédiatement en dessus.Elles sont destinées à
saisir les proies ou à triturer les aliments. Les méchoires,
qui viennent soit au-dessous, soit en arrière des mandibu-
les, se meuvent horizontalement et servent à compléter la
trituration commencée par l’action des mandibules. Aux mâ-
choires et à la lèvre sont adaptées deux paires de petits ap-
pendices, en forme d'antennes, que l’on nomme palpes maæil-
lLaires et palpes labiaux ; ceux-ci semblent être les organes
du goût. Ils ont d'ailleurs pour fouction de présenter les
aliments au jeu des machoires pendant la mastication: c’est —
ce qui explique qu'ils ne peuvent se mouvoir que dans le sens
des mandibules, quoique articulés à la manière des antennes.
Tout cet outillage, indispensable aux broyeurs, se re-
trouve néanmoins, pièce à pièce, chez les suçeurs, mais avec
des molifications déterminées par le mode d’alimentation.
Chez ceux-ci, les mâchoires se sont soudées l’une à l’autre
pour former une trompe ou suçoir ; les mandibules et le labre
rendus parfaitement inutiles ne sont plus représentés que
par une petite écaille. N
Vient ensuite le thorax (Fig. 17), composé de trois an-
neaux, auxquels sont attachées les pattes, en dessous, et les
ailes, en dessus. Ces anneaux sont ordinairement soudés les
uns aux autres et, vus de dos, n’en forment qu’un seul, On
168 LE NATURALISTE CANADIEN
appelle prothoraæ le premier anneau, celui qui porte la pre-
mière paire de pattes, molhoraæ, celui qui porte les pattes
intermédiaires, et méluthorazx celui auquel est attachée la
troisième paire de pattes a
Les ailes sont généralement au nombre de quatre ; il n’y gr
| a que chez les Dipteres où elles sont au nombre de deux,et que 4
chez les Aptères où elles sont tout à fait nulles. Par excep-
tion, cependant, la seconde paire d'ailes fait défaut chez cer-
tains Coléopteres, certains Orthoptères et certains Hyménop- |
teres. La première paire est portée par le mésothorax, et la
seconde par le métathorax ; chez les Diptères, l’unique paire
d'ailes est attachée au mésothorax.
Les ailes fournissent un grand nombre de caractères très
saillants pour la classification. Et même, chez les Hyménop-
tères et les Diptères, pour la distinction d’un certain usmbre
d’espères, on se base uniquement sur les nervures de Paile.
(A suivre) GERMAIN BEAULIEU.
FORMATION DU SAGUENAY
(Continué dela page 140)
Concernant la largeur de la riviere Saguenay, il est a
propos de faire ici une remarquie qui a son importance.
Par notre calcul nous ne pouvons donner au Saguenay
une largeur plus grande que celle requise par le volume d’eau
qui sortait de son bassin : car pour se creuser ainsi, dans le
granit, un lit d’une telle profondeur, ie courant a dû se pres-
ser compact dans un étroit chenal, tel que la décharge actuel-
le du lac Saint-Jean le démontre. La largeur du Saguenay
n'indique pas cependant que tel a été le principe suivi Di |
sons que cette largeur soit en moyenne de 5,000 pieds, c'est
bien cinq fois trop pour égoutter toutes les eaux de la vallée
ni. du Saguenay, compris le lac Saint-Jean présent et passé.
Ae Car c’est toujours le même volume d’eau qui en sort aujour-
GA
pe
ima ”
A LAS MAMMEORMATION DU
è y
SAGUENAY | 169
hui, et qui en sortait autrefois par le Saguenay. Que le
bassin soit submergé ou qu’il ne le soit pas, le même réservoir
existe toujours ; seulement, il est dfoncé, voilà tout. Aujour-
d’hui l’eau s'écoule par le fond, tandis quautrefvis elle s’é-
chappait par les hauts bords du bassin.
Voyez le Sauint-Laureit, depuis Québec en le remontant.
I] n’est pas beaucoup plus large que le Saguenay ; cependant
son volume d'eau est au moins dix fois plus considérable, et
le terrain qu'il traverse est bien plus facile à creuser.
L’Ottawa, le Saint-Maurice sont deux rivières, la pre-
mière surtout, aussi puissantes que le Saguenay ; cependant
il n’y a pas de comparaison possible à faire entre elles et lui.
Si le Saguenay est un Fiord-de la Norvége, un Inlet de
la Colombie, pourquoi Ottawa supérieur, la décharge du lac
Témiseamingue, de formation silurienne lui aussi, n'en est-il
pas un ? Le Saint-Maurice,qui entrelace ses branches avec celles
du Saguenay et s’alimente à la même source, prasque aussi
puissant que lui,pourquoi n’a-t-il pas une profondeur au moins
proportionnelle à la sienne ? Cependant,le volume d’eau de 1 Ot-
tawaet du Saint-M iurice est bsaucoup plus considérable que
celui des rivières qui ont formé, dit-on, les Fiords et les In-
lets : ne sont-ce pas plutôt ces derniers qui attirèrent dans
leurs profondes “ échancrures” les eaux des hauteurs ? et non
celles-ei qui les formerent en s’y précipitant ? De fait ces
baies étroites et profondes, ces gorges insondables existaient
bien avant la formation des rivières, c’est-à-dire, bien avant
qu'il y eût besoin d'irrigation. | |
Le Saint-Laurent, au moins, devrait être navigable jus-
qu'au lac Supérieur, sil n’en avait tenu qu’au volume énorme |
de ses eaux et au travail de l'érosion pour le creuser aussi
rofonlément que le Saguenay, puisque leur existence, à tous
in 8 : ?
. des deux, date de centaines de milliers de siècles, pour la par-
tie supérieure surtout.
La chûte Niagara et les rapides du Saint-Laurent n’au-
raient jamais existé, si ces deux fleuves avaient eu la même
origine. Peut-on dire que le Saguenay se creusait un lit de
170 LE NATURALISTE CAN ADIEN |
100 à 200 brasses au-dessous de celui du Saint- Laurent, par
le seul travail des égoûts de son bassin hydrographique, tan-
dis que ce fleuve d’une capacité, d’une vigueur dix fois plus
grande, restait, pour ainsi dire, les bras croisés, et n’a pas mê-
me la force de tenir partout son ehenal à la même profondeur
sans le secours des dragueurs du Gouvernement Fédéral ? |
Tes obstacles n° étaient rien pourtant, pour ce fleuve
géant, un des plus grands, des plus puissants du monde. Ce-
pendant rien, rien ne s’est fait, pas même le nettoyage de ce
fond d'argile qui nuit tant à sa navigation. I] remplit même,
par son inertie, l'embouchure de la rivière Saguenay... .
Vons pourriez objecter, peut-être, à ce que nous venons
de dire au sujet de Porigine du Saint-Laurent et du Sague-
nay, que ce dernier est de beaucoup plus ancien que le pre-
mier, puisqu'on prétend qu'il date de milliers d’années avant
l'existence du Saint-Laurent. |
Je ne crois pas à cette différence d'ancienneté, maloré Pat:
firmation que l’on en fait. |
Si la mer entrait dans le bassin saguenayen, naturelle-
ment elle devait aussi entrer dans le bassin du Saint-Lau-
rent, puisque ces deux vallées sont à peu près au même ni-
veau général. Lécculement des eaux était done nul dune
vallée à l’antre : ainsi, A cette époque, pas d'érosion, pas de
décharge, pas de Saguenay.
Par le mouvement ascensionnel vous renvoyez au large
toutes les eaux qui recouvrent le pays ; par conséquent tou-
tes les terros se découvrent en même temps, soit dans la val-
lée du Saguenay, soit dans celle du Saint-Laurent. .Les eaux
qui s’écoulent alors vers la mer qui vient dese retirer, com-
mencent également partout leur travail érosif, dans lune
comme dans l’autre vallée. }
En mettant de edté I “ échancrure ” importante que nous .
avons découverte dans le contour ouest des hauteurs du grand
bassin saguenayen, dont nous avons déjà parlé, nous disions
que l'érosion avait commencé son œuvre du côté est, c’est-a~ —
dire à 2,000 pieds au-dessus du niveau actuel du Saint-Lau-
rent, en se creus ane une large et profonde tranchée vers Ta-
doussac. L'ancien lac ut. Jean se trouvait donc élevé ain-
4 si à 1400 pieds au-dessus du niveau du lac Supérieur, puisque
Bi). le niveau decelui-ei est à 600 pieds au-dessus de la mer.
Be En s’écoulant du lac saguenayen, les eaux devaient done.
miner, éroder 1400 pieds d'épaisseur de granit pour arrtver au }
niveau de celles dn Jac Supérieur. Mais vous ne direz pas
que l'érosion était assez active et assez puissante, sur le par-
cours des soixante milles à creuser, pour permettre au susdit
lac de se maintenir, tout le temps,pre sque au niveau de l'océan
qui baissait de’ plus en plus ? car, toujours au méme niveau, le
travail aurait été nul. re
Supposens un quart de degré di inelinaison vers Tadous-
sac : nous arriverons, à c2t en lroif, ¢ à l'efflaurement du lac Su-,
: périeur. Cette pente,presque imperceptible, sera-t-elle suffisante
ag pour donner au courant la force de polir un petit peu le lit du
a canal qu'il prétend se creuser ? Ii faut le croire.
a (A swavre) | in ie
, | P.-H. Duals.
à D
È BOTANIQUE MEDICALE
DE. Wee i
XContinué de la page 143)
PREPARA TION DU THE
|. Aprés avoir cueilli les feuilles, ce qui dure dans l'Inde de.
da fin de mars où du commencement d'avril à Ja fin d'actobre,
‘on expose les feuilles au soleil jusqu’à ce qu’elles soient flétries; | ;
puis on les chauffe sur des plaques métalliques où elles com- eh
_ mencent a se crisper, et où on les retourne sans cesse avec la
x moin ; ensuite on les roule avec les mains sur des tables; on les
LE NATURALISTE CANADIEN
chauffe le nouveau, puis on les roule encore, en faisant alter=
ner ces deux opérations jusqu'à ce que les feuilles soient com-
plètement roulées sur elles-mêmes, en ayant bien soin de ne
pas les briser, On soumet ensuite les feuilles à la fermentation
pendant quelques heures, de quatre à six heures, suivant la
température ; pour cela on les dispose en tas et on les recouvre
avec des tapis ou des nattes. Il fant surveiller attentivement
la fermentation ; car,si elle n’est ÿas assez prolongée, on obtient
un thé trop astringent, et, si elle est trop prolongée, le thé
peut perdre son parfum et même acquérir une odeur de sou-
ris. à
| THÉRAPEUTIQUE
Le thé est un stimulant du système nerveux, un tonique
cardiaque, un diurétique, un stimulant de Pactivité cérébrale.
Son principe actif,-la /héine, est employé en médecine comme
stimulant et comme contre-poison des narcotiques. L'abus du
thé conduit à un état qui a reçu le nom de théisme, qui se si-
gnale par une excitation générale du système nerveux, man-
que de sommeil et enfin une prostration généraie de l'orga-
nisme. .
En médecine,le thé se donné à la dose de 75 à 150 grains
en infusion dans de l'eau bouillante, ou sous forme de théine
à la dose de 1 à 15 grains. ie
Tl est évident que le thé donné à des doses excessives
peut produire des effets désastreux chez les sujets nerveux ;
mais il en est de eette boisson comme du café et du tabac.
Yexagération seule est nuisible. Au contraire,la personne qui
en prendra d'une façon mcdérée y trouvera un excellent sti-
mulant de son système général.
FALSIFICATION
La falsification a pour but tantôt la coloration artificiel-
le ou la substitution de feuilles étrangeres. Le thé vert est
généralement le plus falsifié. Les commerçants colorent des
feuilles quelconques en vert avec des sels de cuivre, et en noir
avee les bois de campéche. ;
© Pour reconnaître si un thé a été falsifié avec des me
sels de cuivre, il suffit de verser dans une infusion de ce
thé un peu d’ammoniaque étendue d'eau : le liquide se
colore en bleu s’il y a réellement falsification. Si le thé
est norei au campéche, le liquide prendra une colora-
tion rouge sous l’influence de quelques gouttes d'acide ‘4
sulfurique. i
CONSOMMATION PAR ANNEE | US
On ne se doute pas du chiffre qu'atteint la consom- | a
mation du thé ; voici une moyenne par contrée et qui Be
est, bien en dessous de la vérité. } à
PRES AN. amen? Pen Mo A 875 Kilogr. AL
Aneletenrenti ni tach.) RL nS5 974217 ER
ICAU N OMNES eect Males sles ss OE 40,587,832 a i
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Béleique ent. ease. 6 «samen s 129,369
PICHIA VTC. covet cee Ul. «damm os 118,983 << a
TSR OU ior ce net uses... a mimaelars 30,440 es a
tate ah ON acre ele, oc MIN 22,508 & om
Autriche...... Mecca alae + see CR 18,450 11008
L'Espagne et le Portugal n’en consomment que com- Mg
me produits pharmaceatiques.
DocTEUR JÉHIN-PRUME, ‘1
Paris. Sik
UN CETACE A IDENTIFIER
Un matin du mois d’ ‘octobre 1892,un Cétacé fut trou-
vé échoué sur le rivage, vis-à-vis ma propriété située à
environ quatre milles en aval de la Pointe-au- -Père, c'est
à-dire en face du village de Sainte-Luce. Son souffle i
puissant, régulier, qui se faisait entendre à plusieurs ar-
pents à la ronde—car il était vivant, très vivant, ainsi
qu'on le verra dans linstant—ayait attiré tous les villa: 1000
23—Novembre 1894.
174 LE NATURALISTE CANADIEN
geois. La nouvelle s’en étant répandue rapidement, une
bonne partie de la population de la paroisse accourut —
pour voir l'étrange visiteur.
C'est un fait reconnu que les populations des campa-
gnes ont des connaissances plus étendues en histoire na-
turelle que celles des villes, surtout en botanique pour
les campagnards généralement, en ichtyologie,conchylio-
logie, etc., pour les riverains des grands fleuves. Ce fait
n’a point besoin de démonstration.
Cependant personne ne put identifier Ja grosse béle.
“ Des baleines, des jubartes, des gibbars, des mar-
souins, des cachalots, des narvals, je connais bien çà,” di-
sait un vieux loup de mer qui avait parcouru le Sauint-
Laurent en tous sens ; “ mais pour cet individu-là,berni-
que ! connais pas.”
Enfin, à quel genre et à quelle espèce appartenait ce
représentant de la famille ou ordre des cétacés ? Htait-ce un
baleinoptère dont les naturalistes ne reconnaissent qu’une
seule espéce,le gibbar des Basques? À ppartenait-il au genre
dauphin ? Car je ne crois pas qu'on puisse le ranger ail-
leurs que dans l'un ou l’autre deces deux genres. Voi-
là ce dont je n’ai jamais pu m'assurer d’une manière
exacte,et le directeur du NATURALISTE serait bien aimable
gs il voulait m’édifier là-dessus.
Voici la description aussi exacte que possible de
l'individu en question: tête petite, ronde, terminée par
un museau aplati ressemblant à un bec d’ole ; yeux très
petits et intelligents ; bouche édentée ; les évents réunis
_ en un seul orifice sur le sommet de la tête ; une nageoi-
re dorsale, deux pectorales petites, de forme plutôt trapé-
zoide que triangulaire ; sa caudale, légèrement échancrée,
mesurait six pieds d'envergure ; vingt-deux pieds de
longueur sur quatorze de circonférence ; peau nue d'un
brun foncé sur les parties dorsales et latérales, d’un blanc
sale sous le ventre, qui était lisse. Ses formes étaient
beaucoup plus agréables à la vue que celles des autres
Cétacés qui fréquentent d'ordinaire les eaux du Saint-
Laurent. Le sens du toucher était d’une extrême sensi-
bilité ; la plus légère pression du doigt sur n'importe
quelle partie du corps le faisait frémir par tout son être.
Le fait suivant fera juger de sa force de vitalité : quoi-
qu'il eût passé toute la basse-marée complètement à sec,
UN CÉTACÉ A IDENTIFIER
qu'on lui eût enfoncé avec force une pierre dans l’orifice »
de sesévents et une pièce de bois dans la bouche, après
avoir reçu plusieurs balles dans ses parties vitales, quand
le flot l’atteignit on le vit faire de violents efforts pour
gagner Ja haute mer, et s’il n’eüt été retenu solidement
au rivage au moyen d'un fort cable et où une dizaine
d'hommes le tiraient à mesure que le flot montait, il eat
réussi à s'échapper. Il mourut asphyxié, après une ago-
nie qui dura près d’une heure.
J.-W. MILLER.
+ TS ANNEE { "
Nous publions avec le plus grand plaisir la commu-
nication de notre correspondant, mais nous regrettons
de ne pouvoir lui donner une réponse qui le satisfasse
. complètement. Il est presque toujours difficile @identi-
fier une espèce à l’aide des descriptions données parles
auteurs; dans le cas présent,où i] faut nous contenter des
caractères indiqués dans l'écrit de M. Miller, la chose
devient encore moins praticable. En outre, le fait que
le Cétacé en question était absolument inconnu dece
“vieux loup de mer” qui connaissait bien les animaux qui’
fréquentent le Saint-Laurent, donne à penser qu'il s'a-!
gissait d'un animal des mers étrangères égaré dans nos
eaux. Dès lors, on ne peut plus chercher à reconnaitre
le visiteur seulement d’après les écrits des auteurs, c’est-
à-dire de l’abbé Provancher et de M. Saint-Cyr, qui ont
traité de nos animaux marins ; et le champ d’investiga-
tion s’élargit au point qu’il faudrait parcourir les des-
criptions des grands animaux de toutes les mers. Et
nous devons constater avec regret que notre bibliothè-
que n’est pas assez riche pour nous permeitre un pareil
luxe d'examen.
Nous allons pourtant présenter à notre correspondant
quelque observations, qui, ajoutées au souvenir qu'il a
conservé du Cétacé dont il a pu examiner la conformation,
l’aideront à s'assurer à peu près du rang qu'il doit occu-
per parmi les Mammifères.
176 LE NATURALISTE CANADIEN
Les Cétacés sont en effet des mammifères, quelques
différences de conformation qu'ils aient avec les autres
ordres de cette classe : leur charpente intérieure osseuse,
leurrespiration pulmonaire et surtout--évidemment !-leur
état de mammifere, ne laissent aucun doute a cet égard.—
‘Ces animaux respirent par des évents : on désigne par ce
nom les ouvertures extérieures de leurs narines, qui sont
placées, non pas à l’extrémité du museau, mais sur le
dessus de la tête. .
Les naturalistes partagent les Cétacés de l’époque
actuelle en deux groupes : le premier (Baleinoides) com-
prend les Cétacés à tête énorme en proportion du reste
du corps, et pourvus de deux évents (BALEINES et BALEI-
NOPTÈRES). Les Cétacés à tête ordinaire, n’ayant qu'un
évent, forment le second groupe (Delphinoïdes).
Voilà que nous pouvons dès maintenant répondre à
notre correspondant, qui demande si le Cétacé de Sainte-
Luce était un baleinoptère ou un dauphin: ce n’était si-
rement pas un Baleinoptère (gibbar, rorqual), puisqu'il
n'avait qu'un seul évent. Mais il n’y a aucun risque à le
placer dans le groupe des DELPHINOÏDES.
Les Delphinoïdes se subdivisent en six familles, qui
sont les Ziphiidées, les Bélugidées, les Orcalées, les Delphi-
nidées, les Platanistidées et les Physéléridées.
La famille des DELPHINIDÉES étant la seule qui
offre cette particularité d'un museau aplati en forme de
bee, il n’y a pas à douter que le Cétacé dont nous nous
occupons en fasse partie. Soixante à soixante-dix espèces
ont été décrites dans cette famille. L'étude que nous
possédons sur les Cétacés, (de M. W.-N. Lockington), qui
fait partie du grand ouvrage: The Standard Natural His-
lory by the leading american authorities, bien qu’assez éten-
due, se tient trop dans les généralités, excepté concer-
nant les principales espéces, pour que nous puissions dé-
terminer A quel genre appartient le spécimen de Sainte-
Luce. D’ailleurs l’absence de dents, mentionnée par M.
“ DULCES MORIENS REMINISCITUR ARGOS ” tt
Miller, n’est pas sans nous dérouter joliment : les Del-
phinidées en ont au contraire de nombreuses dans les
deux machoires. Nous ne voyons indiquée comme ‘ éden-
tée ” que la femelle du Z'phius nove-zælandiæ, et encore
ses dents existent, mais elles sont recouvertes par la
chair des gencives ; ajoutons que cette espèce appartient
à la famille des Z1 idées —A-t-on constaté, hors de tout
doute, ce manque de dents, dans le spécimen que nous dé-
crit M. Miller ?
“DULCES MORIENS R SMINISCETUR ARGOS”
Ceux qui n’entendent pas le latin devront aller con-
sulter le voisin s'ils veulent savoir ce que signifie cette :
te]
belle citation de Virgile. Car nous n’allons pas nous amu-
ser à faire ici dela traduction latine.Quant aux autres,qui
ont fréquenté les anciens en temps et lieu, ils savent déjà
—l’admirable chose que des’étre assis autrefois sur les
bancs du collège !—que nous n’avons pas à les entrete-
nir d’un sujet bien réjouissant ; ils s’attendent que nous
allons leur communiquer quelque chose de particulière-
ment triste. Il va en être ainsi, hélas !
Il y a longtemps que nous n'avons parlé de |’ Anolis
dont nous sommes devenu le propriétaire. En juin der-
nier, nous avons constaté qu'il était doué de remarqua-
bles aptitudes dormitives. Les chaleurs de l'été, rappe-
lant un peu la température de son pays d’origine, lui ont
rendu l’agilité propre à son espèce.
Comme nous devions faire plusieurs voyages assez
longs durant les vacances, et que nous craignions qu'il
ne manquat des soins convenables en notre absence, nous |
acceptâries avec empressement l'offre de s'en charger
que nous fit une famille de nos amis ; et, durant trois mois,
le gracieux reptile reçut la une hospitalité généreuse.
Mais tandis que nous n'avions pas cru pourvoir réussir à
le faire manger et boire autrement qu'en lui présentant,
chaque j jour,le sucre et l’eau au iaoyen d’ustensiles appro- —
priés, ses nouveaux hôtes le laissérent se tirer d'affaire
comme il pouvait, en mettant à sa portée de l'eau et du
sucre en poudre: et il sut fort bien profiter de la table ou-
178, *LE NATURALISTE CANADIEN À
verte qui était constamment à sadisposition. Habituelle-
ment il se tenait dans un Herre qui,partant de la fenétre
qu'il habitait, tapissait de ses courants presque tout le
plafond dela chambre. Mais on le perdait souvent de vue
dans cette verdure, et l’on était des semaines sans le voir.
Enfin, comme toutes choses ici-bas, cette villégiature prit —
fin, et l'animal nous revint, dans les derniers jours de
septembre.
Une fenêtre, encombrée de plantes diverses,de livres,
etc., lui fut assignée pour domicile ; les aliments accou-
tumés y furent étalés, et nous laissames lAnolis y conti- |
nuer le cours de son existence monotone.- Dans les pre-
miers jours, nous le revimes une couple de fois; et ce
fut tout : il resta ensuite invisible. Nous n’en fames
pas alarmé : il iui était si facile de se dissimuler sous une
feuille ou autrement. Toutefois, la longueur inusitée de
l'éclipse nous parut étrange à la fin. Le seul moyen de
savoir à quoi s'en tenir étant une descente sur les lieux,
il fut décidé de faire une battue générale dans la forêt en
miniature qu'il y avait là. L’ enquête ne fut pas longue :
en dérangeant un Oxalis, nous aperçûmes le cadavre de
notre pauvre petit reptile. C’est le 25 octobre que nous
fimes cette lugubre découverte. Depuis quelques jours
déjà, sans doute, il avait trépassé, bien loin des lieux qui
le virent naître, ‘Juin de sa Floride ensoleillée. Dulces mo-
riens, etc.
Quelle est la cause de cette mort? Faut-il} attribuer
à la température, dont l'animal n'aurait pu supporter la
fraîcheur croissante ? Nous pensons plutôt qu'il faut voir
dans le fait suivant l'explication de l'accident Nous
avions récemment fait percer une muraille, dans notre
appartement, et, comme bien l’on pense, une couche
épaisse de très fine poussière de mortier s'était répandue
sur tous les objets. Le reptile—adversaire endurei. du
“Système Kneip”—n'avait aucun moyen de se dé-
barrasser de cette poudre qui le recouvrait aussi, et
qui, en empêchant l’exhalation cutanée, ada lui causer
des troubles fonctionnels auxquels sa frêle constitution
n'a pu résister.....S? non à néro
Quoiqu'il en soit, ce trépas nous permettait d’enri-
chir nos collections d’une pièce intéressante. Nous nous
disposions donc, plusieurs jours après, à evleirer notre
Anolis dans un bocal rempli d’alcooi, lorsque nous re-
LES BULBES A FLEURS
“NES ji
\ ae mes que le cadavre avait encore de la souplesse :
sur sa peau d'un brun sale, apparaissait encore quelque
_ trace de la coloration verte qu'il >7ait habituellement. Vu
_ nos principes bien établis sur les inhumations précipitées,
nous résolumes de surseoir à l’opération, et d'attendre les By)
événements. Or, aujourd'hui, près d’un mois après sa ae
mort,le reptile conserve tcujours la même apparence; la ri- Ki
gidité cadavérique est peu prononcée. ea
| S'il n'y avait là que mort apparente ou léthargie, état -
dans lequel les Reptiles passent ordinairement la mauvai-
“+ se saison, et si un jour la reviviscence se produit, nous ne
manquerons pas d’en informer l'univers par la voie du
NATURALISTE.
Il ne nous avait pas été possiblede reconnaitre à quel-
le espèce appartenait ce faux caméléon. Nous avons enfin
_ trouvé son nom spécifique dans un journal de modes (jus- 4
#8 Door les naturalistes ne poussent-ils pas leurs recher- |
ches !) publié, croyons-nous, aux Etats-Unis. Au milieu
de gravures représentant des * Misses’ jacket basque,” des
re, Ladies’ circular cape wrap,” et autres chefs-d'œuvre du
costume féminin, on y lisait un article intitulé Her Lady-
… ship's Lizard, dont nous allons citer la première phrase, au
Le: j
14 risque de déplaire un peu à quelques-unes de nos lectri-
. ces, quiont peut-être sacrifié “a la mode du caméléon”
men guise de parure, l'hiver dernier :
Cr
‘1 “ The infliction under which large numbers of the
young women of thistown are at present suffering is
scientifically known as the Axolis principalis, and the ex-
. perience of a few months has shown that in this climate it
is terribly infectious.”
à Combien de ces dames s’en sont douté seulement, que
. C'était un Anolis principalis ?
LES BULBES A FLEURS
Nous nous proposions de consacrer quelques pages de
_cette livraison à une étude sur les bulbes à floraison d’hi-
‘ ver. Le d'faut d'espace nous empéche de le faire, et nous
n'avons que quelques ligues à notre disposition pour trai-
_ter ce sujet. Nous allons ‘donc piquer au plus court.
Si vous voulez vous procurer le plus de jouissances
FA à MA L 5 hey
WRAY
180 LE NATURALISTE CANADIEN
moyennant une légère dépense d’argent, cultivez en
chambre, cet hiver, quelques bulbes choisis, Jacinthes, —
Tulipes,Narcisses, Alliums, etc. |
La Jacinthe et le Chinese sacred lily réussissent bien «
placés sur des flacons remplis d'eau; on peut aussilescul-
tiver, comme les autres genres, dans des vases remplis de
Ferre:
UN GRAND PRINCIPE: dès qu'on a disposé ces bulbes
sur l’eau ou dans la terre,il faut les reléguer dans une care ©
fraiche et obscure. C’est tout le secret pour réussir. Pen-
dant cette retraite forcée, ils pousseront leurs racines, ce _
qui prendra cing ou six semaines. Ensuite, on leur rend
Ja lumière et la chaleur—une chaleur modérée—; les feuil- ‘4
les se mettent à sortir, et bientôt les fleurs.
Nous disons à nos lecteurs: il est déjà tard. Envoyez
sans délai 50cts. $1.00 ou plus à M. J. Verret. fleuriste, à 4
Charlesbourg. P. Q., et vous recevrez un choix de bulbes
que vous cultiverez avec le plus grand plaisir.
-0!——
PETITES NOTE
—Nos bons souhaits au Trifluvien, qui vient d’entrer dans sa septième
année.
—Nous avons vu sur plusieurs journaux du Canada et des Etats-Unis lum
de nos articles, dont on aurait bien dû indiquer la provenance. C'est le pre-
mier emprunteur, sans doute, qui est le seul coupable de l’onussioa.
— Une revue mensuelle illustrée, dont l’abounement coûte 10 ets par an-
‘née ! Elle se nomme Out of doors for women, et s'occupe de la culture des fleurs.
Publiée à Oreutt, Californie, E.-U. F
Publications reçues : Catalogue de la collection de coltoptères de Lethierry et
de livres d'histoire naturelle, qui serout vendus à Paris en décembre. Maison E,
Deyxoile, 46 rue du Buc, Paris.
—- Proceedings of the Boston Society of Natural History, Vol. XX V, parts 3 & 4 ;
Vol. XX VI,parts 1. 2, 3,1892-93-94.
—Cireuluines relatives à la formation d’une colonie catholique,que l’on est
en train de fonder daus le comié de Kern, en Californie. S’adresser au Père
J.-J Fortier, 198 Ontario st., Chicago, I.
Nos remerciements pour l’envoi de ces publications.
—La maison Deyro!le aunouce des épingles entomelogiques en nickel.
Nous en reparlerons. a
a SS
‘A NOS CORRESPONDANTS yi
M. l'abbé J.-R.-L.H., Québec.—L'hémiptère que vous nous avez transmis est
Je Ceresa bubatus, Fabr., Cerese t wreau. Le nom n’est pas d’un atticisme cen-
sommé ; mais aussi, quelle forme étrange d’insecte ! =
M. l'abbé E.-k., à Lévis, P. Q.—Nous achevons d’identifier vos insectes,
et vous les enverrons ces jours-ci.
M. G. B., Montréal.— Vous nous demandez une étude sur Zola, parce qu’it
est de ‘l’école naturaliste.” (émissons, mon ami, de ce qu’on ait détourné si
tristement, de son sens propre, uotre beau qualificatif de naturaliste.
LME
Natu raliste Cana dien
VOL. XXI (a. 1 DE LA DEUXIEME SERIE)
Chicoutimi: Decembre 1894
Rédacteur-Propriétaire : l'Abbé V.A. HUARD
se : 2
Bi UN MOT DE L'ADMINISTRATION à
a Nous adressons cette livraison à un certain nombre ag
4 personnes dont nous voudrions bien inscrire les noms sur nos
Be: listes, Mais nous ne sommes pas partisan de l'abonnement
30 “ obligatoire ”; et nous prions ceux qui ne jugeront pas à pro= .
‘14 Bes de s ae à notre publication de vouloir bien remettre —
14 à la poste ce numéro, avec leur nom et le mot REFUSÉ. Autre-
% ment, nous continuerons à leur faire l'envoi du journal, etles …
Rg considèrerons légitimement FRE à abonnés. |
Be On verra, par la table des matières traitées durant l’an-
À ag née et qui est jointe a cette livraison, de quelle variété de su-
a jets nous avons entretenu nos lecteurs ; et nous avons tâché
Re; de le faire de façon à être compris de tous, ce que nous nous
‘4 proposons bien de continuer. | ‘a
iB Nous pouvons encore fournir, à ceux qui le désireraient,
BS un certain nombre de séries complètes des numéros de l'an-
née, au prix de l'abonnement, Malheureusement, l’une des x
vraisons sera bientôt épuisée ; et alors le volume deviendra
une rareté bibliographique, qu il sera fort difficile de se pr ni
curer,
24—Décembre 1894.
=
=
a
=:
re
L'ARRE PROVANCHER ae
(Continué de la page 152)
“ Arrivait-il un accident à quelqu’ un, tout le monde y
mettait Ja main, et dans un clin d'œil da perte était réparée.
parce qu'on savait se soumettre à son sort, et Ra avait un
capital à gros intérêts dans le champ qui poussait, le troupeau
ui croissait et la forêt qui attendait la hache te qu vigou-
pour le he ; des habits on mais on savait s’en con-
nter, les trouvant 4 propres pour résister aux travaux
sait souvent couler en ae da’ one le cima du haut
_ de la chaire sacrée, je,pouvais dire à tons, car nul ne manquait
‘ ux offices : Courage, mes frères, vous faites la volonté de
“A Jieu ; vous êtes pauvres, réjouissez-vous, vous êtes plus rap-
Bohés de Jésus-Christ, quin’avait seulement pas une pierre
ur appuyer sa tête ; vous travaillez dur, mais Jésus-Christ,
le maitre du monde, a travaillé comme vous pendant trente
‘années de sa vie. Celui quia Dieu de son côté est toujours
1 che, toujours heureux. Est-il dans le succès, il en remercie
leu et sollicite de nouvelles faveurs ; est-il dans'l épreuve, il
1 remercie encore Dieu, parec que les peines et les souffran-
| ces sont des arrhes pour le ciel. ‘
410 “ Aussi je pouvais voir rayonner la joie sur toutes les
| figures, Gy) \
i M. Provancher resta quatre années à Saint-Victor de
A ty ring, durant lesquelles il commenca l’organisation d'un nou-
vel établissement, Saint-Ephrem, quiest aujourd’hui une
| | . paroisse dont la population est peut-être même plus
considérable que celle de la paroisse-mére, Saint-Victor,
}
\
(*) NATURALISTE CANADIEN, XX, pg. 108-109.
L'ABBÉ PROVANCHER
Pendant son séjour dans cette paroisse, M. Provancher, ne
; manqua pas de s’oecuper d’ horticulture, comme on Vimagine
“bien, Son goût inné pour les choses de la nature, les connais-
de)
_Chères fleurs, que de jouissances,—et combien vives ! et com=\
bien sereines |—vous procurez à ceux qui vous aiment ! Que
d’autres recherchent i faveurs de la SAG)
ce! Tout belle n’est rien pour P =, A qui épie les lents pro- —
erés d’un bouton de rose d’une variété nouvelle, qui surveill
l'épanouissement d’une tulipe qui manquait encore à sa colle
tion : voilà ce qui ae. ! Que PP auprès de cela, les affa
| re caressé d’une floraison attendue : quel mal.
1 % heur accablant ce serait !
1 Tont le monde ne pense pas ni cette facon. Il en est d
En. Vhorticulture comme de l’histoire naturelle: un grand nombre
' de personnes ne peuvent comprendre qu'il y ait plaisir si vif
cultiver lécumes et plantes d'ornement, pas plus qu’elles ne
s'expliquent la conduite de gens, pourtant sérieux, qui consa
erent leurs loisirs à l'étude des monches, des pierres, des mol-
lusques, etc. Pourtant, si l’on voulait s’y mettre un peu, et
constater par soi-même tout ce qu'il y a de passionnant dan
ces occupations, le nombre des amateurs fleuristes, botanistes,
À
entomologistes, ete,, deviendrait {considérable : et non seul
ment le NATURALISTE CANADIEN Gonnaîtrait enfin ce que c’ e
que la prospérité, mais il se verrait accompagné d’une dizaine
de revues semblables, qui lui aideraient À exploiter le vaste
champ de la nature dans notre pays. :
Quelque fût le zèle hortigole qui animait l’abbé Frowa,
PC ee RE ee ea Me Bilt
| 184 LE NATURALISTE CANADIEN
cher, pendant son séjour à Saint-Victor de Tring, aucun fait
d'importance, en ce genre d’occupations, ne s'offre ici à son bio-
graphe. Je ne dois pas omettre, toutefois, de noter les essais
auxquels il se livra dans l'art de la greffe. Son esprit chercheur
et avide de nouveau dans les sciences naturelles, dut en effet
le porter à tenter l'expérience de ce qu’il avait lu ou entendu
dire de cette manière intéressante d'obtenir ou de propager de
belles variétés de fruits. Du reste, il faut ajouter que ces essais
_ furent couronnés de brillants insuccès, comme il en avait été
de ses premières tentatives en botanique, à Nicolet. Ces ta-
tonnements, si peu fertiles en résultats, ne manquent pas pour-
tant d'intérêt : ce sont les indices d’une vocation encore indé-
_ cise. Quand ces aspirations scientifiques pourront enfin se don-
ner libre carrière, nous verrons une Ame, toujours insatiable de
savoir, se lancer, sans repos et de tous les côtés, à la poursuite
de l'inconnu.
En 1852, M. Provancher fut transféré de la cure de Saint-
Victor de Tring à celle de l’Isle-Verte (comté de Témiscouata).
‘ly trouva beaucoup de besogne. Il eut À continuer la cons-
_ truction d’une église paroissiale, dont les travaux étaient in-
_ terrompus depuis deux ans, par suite de certaines difficultés
eroire qu'il retira quelque profit de ce séjour dans le bas du
fleuve, L’Isle-Verte est encore loin de l'océan, sans doute ;
cependant sa faune maritime, en particulier, diffère notablement
de celle du haut du fleuve : l’eau salée et l’eau douce n’ont pas
en général les mêmes habitants. IL est done à croire que l’abbé
_ Provancher, quand il eut plus tard à traiter des poissons et des
mollusques de la Province, utilisa non seulement les écrits de
ses devauciers, mais anssi ses connaissances personuelles, rela-
tivement à la faune du golfe Saint-Laurent.
Si la faune de cette partie du pays offre des dif-
férences avec celle du reste de la Province, le climat n'y est
à L’ABBE PROVANCHER
Ss
pas non plus le même. Tair y est plus “fort” que dans Vinté-
rieur des terres, Et il se trouva que cette température un peu
rude incommodait l'abbé Provancher, ee qui donne à penser
que dès cette époque il éprouvait cette faiblesse de poitrine
qui le rendit plus tard incapable d’exercer ie ministère parois-
_ sial. I] ne passa done que deux années à PIsle-Verte, et lais-
_sa cette paroisse, en 1854, pour prendre charge de la cure de
… Saint-Joachim (comté de Montmoreney).
Assurément, si le elimat de l’Isle-Verte était trop fort,celui
de Saint-Joachim n’cffrait pas cet inconvénient. La côte de
4 _ Beaupré, en effet, que cette paroisse termine du côté de Vest,
. estremarquable par son agréable température autant que par
le pittoresque de ses paysages. La chaîne des Laurentides
} commence au Cap Tourmente à s'éloigner un peu du fleuve ;
_ et les belles paroisses qui, depuis longtemps, se sont emparé de
_ cette lisière de terrain qui longe les flancs de la montagne, sont
= à l'abri des vents impétueux du nord. Elles reçoivent avec
Re abondance les chauds rayons du soleil ; aussi les vergers de
ces riches localités ont du renom.— Du côté sud, court, tout le
long de la Côte, l’Isle d'Orléans, incomparable corbeille de ver-
dure, émeraude précieuse qu’enchissent gracieusement les eaux
_argentées de notre beau Saint-Laurent : ses côteaux élevés re-
posent agréablement les regards, mais surtout iis arrêtent les
_souffles qui, du midi, tenteraient par hasard de troubler le cal-
me du vallon priviléoié de la nature,-—et de la grâce, puisque
_ c'est là que la Bonne sainte Anne s'est choisi nn endroit de
_ prédilection devenu le pèlerinage national des Canadiens-Fran-
çais ; la, plus qu’en aucun lieu de la terre, sainte Anne récom-
_ pense par des faveurs innombrables ses dévots pèlerins. Sainte-
Anne d’Auray—digons-le tout bas,pour ne pas afiliger nos frères
| de Bretagne— voit sa gloire éclipsée par celle de sa fille Sam-
4 _ te-Anne de Beaupré.
14 (A suivre)
V.-A, H.
© LE NATURALISTE CANADIEN
FORMATION DU SAGUENAY
(Continué de la page 171)
Supposons que, par le mouvement ascensionnel, la erohte
terrestre s'élevait,disons,un pied par année ; la mer devait done
baisser d’autant. De suite voilà un pied de niveau entre le lag
saguenayen et l'océan. Mais ce lac va-t-il se creuser une dé-
. charge de pres d’un mille de largeur avec un pied de‘profondeur, —
dans le granit, durant le cours de cette année-lA? Ce nest pas
possible, n’est-ce pas ? Mais disons, pour étre de composition
facile, qu'il réussit 4 aceomplir ce prodige. Par ee procédé
nous arrivons, à la fin de Ja 1400e année, au niveau du lac
Supérieur. Ensuite, qu'arrivera-t-il, si vous continuez, sur la
méme échelle, À ¢cloizner l'océan et à creuser les rivières ?
Naturellement, le lac saguenayen et le lac Supérieur étant
enfin arrivés au même niveau, et ayant la même capacité et le
même volume d’eau, leurs décharges vont se creuser également
de largeur et à un pied de profondeur par année, puisque la
chose est décidée, ce qui fera encore 600 ans travailler , pour
atteindre le niveau de la mer.
Si le lac saguenayen a commencé son travail quatorze —
siècles plus tôt, c’est parcequ'’il avait 1400 pieds à creuser …
dans la croûte laurentienne pour s’abaisser au niveau de son
confrère qui dormuit encore, pendant ce temps, au fin fond
la mer. Mais pa qu’ils travaillent de concert, pourquoi
e lac Supérieur n’a-t-il pas imité le le lac Saint-Jean, en se
D Je lui aussi uve décharge égale & celle de ce dernier,
puisqu'il avait le même volume d’eau à déverser dans la mer,
qui se retirait aussi vite de l’un comme de l'autre ?
Pourquoi l’'Ottawa, le Saint-Maurice et les rivières Bet- —
siamits, Manicouagan, Aux-Ontardes,qui avoisinent le Saguenay ©
et qui coulent toutes des hauteurs de la méme chatne des Lau- —
rentides, et presque aussi considérables que lui, pourquoi, dis-je,
ces rivièremne se sont-elles pas creusées,elles aussi, dans les mê-"
FORMATION DU s AGUEN ax
que celles du Sa-
Le soulèvement de la croûte laurentienne n'a done agi que
Bas les limites du Royaume de Saguenay, puisque la somme
a” de travail opéré dans le bassin saguenayen est infiniment supé-
| 4 rieure à celle que l’on constate dans les parties qui l'entourent ?
no Pourquoi toutes ces rivières de ia. Province de Québec
ie sont-elles pas arrivées au même résultat que celui obtenu
par les rivières de la Colombie Anglaise et des côtes norvé-
_ giennes, puisqu'elles se trouvent toutes dans le même cas, pa-
reillement exposées aux mêmes phénomènes , géologiques et
… sous la pression de glaciers aussi puissants ?
> Il faut donc croire que la révolution ne s’est pas opérée
de cette manière, puisque le résultat que nous en attendions
nest pas venu démontrer la justesse de nos calculs. Au con-
| traire, toutes nos prévisions ont été complètement renversé
_ anéanties, nous laissant dans l'alternative ou de supposer un
. phénomène plus vraisemblable, ou de n'en pas supposer du:
tout. Ce dernier parti serait le plus sage aux yeux des ini-
… tiés ; mais pour ceux qui ne le sont pas, il faut que le pro-
Mine subisse sa démonstration pro hac vice, en mettant
a impossible en jeu pour arriver à prouver le possible.
Nous dirons us A ce soulevement de la croûte ter-
BC us le domuine a es
ae
mense pivot à Rene fie sa a Joueur, © ne que
la partie nord de la Province future de Québec s'élevait au-
des ssus des eaux de la mer, tandis que ceile encore inconnue
Ontario s i us ait de 500 brass2s : ee come les
a
a
4]
CL
x
ime une lune dans son plein. Cela explique clairement
ourquoi ds travail d'érosion a été si prodigieux dans le Sa-
188 LE NATURALISTE CANADIEN
guenay, et démontre, d’un UE côté, l'impossibilité pour la
rivière Sainte-Marie, la future décharge du lac Supérieur,
Ven faire autant, étant constaté que cette immension impré-
vue et indéterminée paralysait indéfiniment tout son système
érosif.
En soulevant ainsi la Province de Québec et en abais-
sant celle d’Ontario, nous avons, sans dessein, fait passer une
partie de l'océan Atlantique dans l’océan Pacifique, inondant
sans préméditation les grandes plaines de l'Ouest, causant un
vrai déluge de cette partie de l'Amérique Septentrionale. ‘à
- Et dire que tout ce bouleversement sest fait pour per- _
mettre au Saguenay de se creuser un lit somptueux, un che-
nal sans jx el,dans un pays impossible, en mettant en jeu les
moyens bien simples que la science a su découvrir, qui dé-
montrent elairement que lq 7 vière Saguenay n'est que le ré-
ÿ sultat des agents physiques ordinaires, traduisant leur ae-
a tion d'une manière tout à fuit régulière ! Comme de raison,
oe la science n’a pas voulu recourir aux causés extraordinaires,
d'accord en cela avec la saine logique qui les exclue lorsque —
leur intervention west pas évidenvment démontrée. — a
Nous venons de voir que le plateau de Québec s’est
élevé @au moins 3000 pieds au-dessus du niveau de la mer ; il
‘the faut exoire qu'il n’était pas encore rendu a sa dernière limite
Be ascensionnelle, puisqu’a cette hauteur il n’y a pas encore de 4
| neiges éternelles. 1. sera nécessaire qu’il s'élève à 10,000
nr. pieds encore, et peut-être plus, lorsqu'il faudra entrer, bon
i gré mal gré, dans l’époque glaciaire.
On peut, dès maintenant, entrevoir ce qui arriverait sim
fallait, tout de bon, en passer par là. is
ME
Arvivons done tout de suite à 12,000 pieds au-dessus ae la !
mer, et supposons que la neige et la glace s'y entassent, l'été
comme l'hiver, à une épaisseur de dix pieds par année. Nous …
voilà rendus, à la fin du 20esiècle au-dessus des nuages,c-à-d.à
l'épreuve de la neige et de la glace. La mesure étant comble,”
le balancement de bas en haut va s’arréter pour reprendrg)
insensiblement sa descente de haut en bas. À
©
UNE PUNAISE DU FAR WEST 189
1 = Le mouvement va s’accélérer, je présume, si l’on compte |
pour quelque chose le poids énorme amoncelé, 2006 années du-
4 rant, sur le plateau de Québec. Vous te devrez done pas être
‘4 strpris, si je vous apprends que, de fait, il s'accéléra de plus |
a en plus, d'année en année, si bien qu'il arriva, un jour, que le aa
D fond du plateau de Québec s'arrêta brusquement sur l'axe di
a . dela terre, ni plus, mi moins. Le choc imprévu qu’il en ressen- |
4 tit fit décoller le glacier de son assiette ; sa position penchée
ee vers l'est Ventraina dans cette direction, aidé des eaux de la
q mer a} le recouvrait presque tout entier.
oe “ Mais quelle a di étre l'action du glacier sur le chenal du à
4 _ Saguenay en particulier ? ” ee
4 Cette espèce de quille de glace, soudée à la base du
4 glacier et moulée tout entière dans le lit du Saguenay,
b dans toute sa longueur, sa largeur et sa profondeur, a
Be fait l'effet d'une immense rape, d'un bouvet gigantes- i
a que, enlevant aux parois du gouffre une énorme couche
a de la matière qui les compo-ait; les unissant,les polissant
a sous l'effet du poids incalculable aidé de la force entrai- pe
a nante et irrésistible que le glacier devait lui imprimer,
“ si la poussée de cette masse glacéela fil s'écouler lentement vers
LE ; Dest. ,
a Mais si c’est vers le sud, comme le dit M. l’abbé La- oe
4 flamme, que le glacier fut entrainé, son action sur le che- By
presque nulle.
(À suivre)
P.-H, DuMats,
qe
— ee
Nous avons reçu une intéressante communication a
de M. l'abbé E.-B. Gauyreau, de Beardsley, Bigstone Co.,
25—Décembre 1894.
UNE PUNAISE DU FAR WEST AS
nal du Saguenay en particulier a dt être insignifiante ou — i
90 LE NATURALISTE CANADIEN
Minnesota. Nous en reproduisons ici la plus grande
partie.
“Je me permets de vous expédier une petite bou-
teille contenant plusieurs insectes, qui seront un Sujet
de curiosité peut-être pour quelques lecteurs.
‘“ Ces insectes viennent de faire leur apparition au
Minnesota.
‘La première fois que je les aperçus, ils étaient en
nombre incalculable, massés en grappe. sur les feuilles
sèches, le long des trottoirs et se chauflant au soleil du
midi.
“ Les petits sont rouges comme des so/dats anglaïs.
L’insecte parfait porte habit noir bordé de rouge, plus un
joli chevron rouge sur le dos.
« L'arrivée ex abrupto de ces insectes et leur rapide
multiplication ont jeté l'alarme parmi les fermiers. Ils
redoutent un nouveau fléau. l
‘ Généralement ces mangeurs de moisson arivent
en automne, se mettent en terre, et y font lu préparation
éloignée pour mieux détruire la récolte de l’année qui
vient.
* J'ai étudié, consulté, observé ; et j'ose vous en-
voyer le résultat de mon travail et de mes observations.
“Vu l'été exceptionnellement chaud et sec dans le
Minnesota, cet iasecte s’est multiplié, comme je viens de
le dire, en si grande quantité, qu'en plusieurs endroits
on a été très effrayé, et l’on a essayé de le détruire sans
trop savoir ce que c'était.
“Les Américains d'ici l’appellent Tree-bug, et dans le
Sud ils le nomment Cotton Slainer.
“Tl est né dans les Etats du Sud.
“Il vit sur plusieurs arbres différents, mais parait
‘à affectionner spécialement le box elder, comme on l'appel-
1a le dans le pays.
4 “Il appert par sa trompe qu'il prend sa nourriture
à par succion et, en grand nombre, j'ai constaté qu'il avait
: causé d'immenses dommages au feuillage du susdit box-_
7 elder. :
4 “Au froid actuel du soir et du matin,il demeure sous
k. feuille et sous terre ; c’est vers dix heures du matin que
. commence le va-et-vient. Son vol est pesant. Cependant,
4 comme ces bêtes sont stupides, on peut les saisir et les
'
}
|
oo
ns AU
MINT TRE De)
We set
UNE PUNAISE DU FAR WEST 191
tuer aisément, sur le tronc des arbres, où on les trouve
toujours en grand nombre.
“Qu'en adviendra-t-il ? Je n’en sais rien.
“Tout ce que je sais,c’est que plusieurs d’entre elles
vous parviendront, et que vous saurez bien nous dire
leur principium quod, leur principium quo, et surtout leur
cut bono.
“ Joublie d’ajouter qu’elles vivent dans la maison
comme les mouches, mais ne semblent y causer aucun
dommage. Actuellement, j'en trouve une dans ma man-
che qui ne me cause aucune répugnance. Je les accep-
terais volontiers en échange des mouches, surtout des
“ mouches collantes.”
“ Vous m'en direz plus long ; et je serai heureux de
renseigner les fermiers et les jardiniers de ma paroisse,
surtout si vous décidez que ces insectes ne peuvent nuire
sérieusement. ”
Les détails qu'on vient de lire montrent que notre cor-
respondant est bon observateur, et nous souhaitons vrai-
ment de le voir se livrer sérieusement à l'étude de l’his-
toire naturelle.
Les insectes annoncés nous sont arrivés en bon état,
et encore pleins de vie pour la plupart.
Cet insecte, de l'ordre des punaises, est un Hémip-
tère appartenant à la famille des Coréides. Sa longueur
est d’un demi-pouce. Il est de couleur noire, avec des
lignes rouges sur le côté extérieur des élytres (ailes supé-
rieures),ainsi qu à leur extrémité (coin) interne.Le protho-
rax porte aussi trois lignes rouges longitudinales, l’une
au milieu et les autres au bord externe, ei c'est ce carac-
tère qui a valu à l’insecte son nom spécifique de Leptoco-
ris trivittatus, Say.
Parmi les larves reçues, les unes étaient rouges, et
les autres presque entièrement noires, différences qui
proviennent, supposons-nous, de ce qu’elles étaient à di-
vers degrés de leur m‘tamorphose. Les plus petites ont
une certaine ressemblance avec les punaises des lits
(Cimezx lectularius, Lin.)
192 LE NATURALISTE CANADIEN
Ce n'est pas cet insecte que l’on nomme “ Cotton
Stainer ” aux Etats-Unis : c'est le Dysdercus suturellus, ap-
pelé aussi “ Red Bug,” et dont la coloration diffère assez
de celle du Leptocoris.
Quant à ce dernier, au sujet duquel nous sommes
consulté, son nom vulgaire est Box-elder bug, c'est-à-dire
punaise du Négondo, dénomination qui lui vient de ce
qu'il'‘parait affectionner spécialement le box-elder, com-
me dit notre correspondant. ‘“ Box-elder ” est le nom an-
glais de l’Erable à Giguière, Negundo uceroides. Mais il
se tient aussi en grand nombre sur le tronc d'autres ar-
bres, quoique ce soit de préférence sur le Négondo qu'il
se multiplie. Il s'attaque aux fruits, prunes, péches,pom-
mes et raisins, qu'il abime en en sugant le jus.
C’est quand ces insectes sont rassemblés sur le tronc
des arbres, qu'il est le plus facile de les combattre, ce que
l’on peut faire en les écrasant avec une brosse ou un ba-
lai de raideur suflisante ; on les détruit également avec
de l’eau chaude, iaais encore mieux par l'application d’u-
ne émulsion de kéroséne ou essence de pétrole. Oa doit
se hater de les combattre, au printemps, pour prévenir
leur multiplication, qui est rapide. :
Nous avons vu signaler la présence de cet insecte
dans le Kansas, l'Utah, le Nébraska, le Dacota Nord et
D. Sud, et le Minnesota. —Oatario ni Québec n'ont enco-
re reçu sa visite ; mais peut-être l’aurons-nous plus tard,
surtout si la culture de l’Érable à Giguière prend quel-
que extension. L’insecte est déjà sujet canadien : ilest
‘assez commun, nous écrivait M. Fletcher, dans tout le
Manitoba et le Nord-Ouest sur l'Erable à Giguiére (Ve-
gundo aceroides).. Je l'ai trouvé en abondance à Regina
et aux environs de Winnipeg. ”
® INEXACTITUDES - 193
ORIGINALITES SCIENTIFIQUES
yx *y Les vers à soie vont bientôt recevoir permission
de retourner à la vie sauvage, leur utilité ayant cessé.
Car on fabrique maintenant de la soie avec la pulpe de
bois, soumise à une série d'opérations dont la plus inté-
ressante est celle-ci: la masse visqueuse obtenue est
poussée avec force dans un tube percé d’une infinité de
petits trous, d’où elle sort en fils si fins qu'il en faut ré-
unir six pour avoir un fil utilisable pour le tissu.
#*%x Le miroir chez les poissons ! Ce n’est pas toute-
fois comme article de toilette qu'on va offrir cet ustensi-
le aux habitants des eaux, mais plutôt comme un nouvel
engin de guerre dirigé contre eux. Voici donc ce que
propose M. W.-R. Lamb, du Rhode-Island. Attachez
un petit miroir auprès de l’hameçon. Le poisson qui vien-
dra mordre à l’appât, voyant son image, croira qu’un au-
tre poisson se dirige aussi vers la proie. Il s’élance-
ra alors pour devancer son rival, s’embrochera, et à la
sauce blan-blan-blanche il sera mangé !—Ce ne sera pas
le premier méfait du miroir.
——— (} ee
INEXACTITUDES
—%La Presse du 17 novembre, citant sans doute quel-
que autre journal disait que deux enfants se sont empoi-
sonnés et mangeant ‘ des panais sauvages, communé-
ment appelés “ Carotte-a-Moreau”. Le Panais, Pastinaca
sativa, L., n'est pas vénéneux; la Carotte-a-Moreau, Cicuta
maculata, L., c’est la fameuse Cigué, dont la racine est un
violent poison. Socrate serait mort de vieillesse, si son
_bourreau n’ayait pas été plus fort botaniste que Je repor-
ter coupable de l’erreur que nous relevons !
—Sur la Patrie du 19 nov., ‘un conservateur” parle
de M. Joncas Ventomologiste (piscalor) canadien. Uy a dans
%
h
de
4.
i
f
ra
Le
194 LE NATURALISTE CANADIEN
cette parenthèse un exemple de traduction assurément
très large. la sience et le conservatisme du correspon-
dant paraissent également laisser à désirer.
Nous sommes forcé de renvoyer au prochain numé-
ro de jolies esquisses zoologiques,que nous avons reçues de
M. H. Tielemans, instituteur au Manitoba.
EXTRAIT DE LA CORRESPONDANCE
“Ce n’est pas sans émotion et sans grand plaisir
que j'ai vu renaître le NATURALISTE CANADIEN qui avait
déjà disparu un moment, du temps de son savant et si
regretté fondateur que j'appelais le Buffon du Canada, et
pour lequel j'avais autant d'amitié que de vénération.
Nous avons été, en eflet, en relations suivies pendant de
nombreuses années et il m’a fait le plaisir de venir pas-
ser quelques jours à la maison au retour de son second
voyage à Jérusalem.........Cette bonne visite m'avait per-
mis de mieux le connaître et l’apprécier, et je lui étais
très attaché. En outre, je lui avais une très vive et très
profonde reconnaissance pour toutes les gracieusetés
qu'il avait eues à mon égard.........
“D'après tout cela, vous devez comprendre combien
j'ai été heureux de voir revivre son œuvre et de voir que
vous aviez pensé à m'envoyer les premiers Nos. Je les ac-
cepte de grand cœur et je vous prie de me considérer au
nombre de vos abonnés et de vos lecteurs. Je sais, du res-
te, que cette publication est en bonnes mains.......-.
“Je suis tout a votre disposition pour les renseigne-
ments ou échantillons que je pourrais vous procurer. Et
même, si, parmi vos jeunes abonnés, il se trouvait des dé-
butants desirant des insectes ou des coquilles de Fran-
ce, surtout de ma région, Je serais enchanté de
leur en envoyer et de recevoir des insectes —Coléoptères
surtout—de vos pays (notamment des Cicindéles,Carabes,
Calosoma, Longicornes et Phytophages), ainsi que des
coquilles d’eau douce de vos fleuves et riviéres,telles que
les Unios et les Anodontes ou autres bivalves dont j'ai
encore bien peu d'espèces. Si quelque collègue veut me
faire un envoi cece genre et me signaler ce qu'il dési-
BIBLIOGRAPHIE 195
re, je le lui enverrai dans la même boîte: ce mode d’échan-
ges est facile et peu coûteux par la poste. Il en serait de:
même pour les timbres.
Veuillez, Monsieur le Directeur, agréer,avec tout mon
respect, l'assurance de mes meilleurs sentiments de bonne
confraternité.
HENRI MIOT,
Juge d’Instruction,
Officier de l’Instruction Publique,
Chevalier du Mérite Agricole, etc.
Beaune (Côte-d'Or), France.
(qe
BIBLIOGRAPHIE
Nous accusons réception,avec reconnaissance,des pu-
blications suivantes :
— L'Album Industriel (revue hebdomadaire illustrée ;
$2.50; 71a,rue St-Jacques, Montréal). Belle grande revue il-
lustrée, 16 pages in-4o,remplie de renseignements sur
les divers sujets industriels, agricoles, scientifiques.
Nousespérons qu'elle recevra]’encouragement du public.
—La dévotion à saint Antoine de Padoue, par M. Vab-
bé E. DeLamarre, du Séminaire de Chicoutimi. Gracieux
et pieux opuscule qui vient à son heure, et qui devra ob-
tenir grand succès, en ce moment où la dévotion à N. An-
toine prend une extension nouvelle, En vente a Québec
et à Chicoutimi.
— L'Essai, revue des jeunes (revue bi-mensuelle, il-
lustrée ; $1.50 ; 316 et 318 rue St-Charles-Borromée,Mon-
tréal). Publication de 12 pages in-4o. La jeunesse instrui-
te devrait avoir à cœur d'assurer le succès de cette œu-
vre fondée dans ses intérêts. “On n’y trouvera jamais un
mot, ni une pensée répréhensible,” dit le prospectus : ex-
cellente promesse, qu'il faudra absolument remplir.—
Nos bons souhaits.
— Les formes expérimentales, Rapports pour 1893, Otta-
wa. Volume de grande valeur pour l'agriculture, l’horti-
culture et l'élevage Le rapport de M. Fletcher, sur l'en-
Se ee
LE NATURALISTE CANADIEN
tomologie et la botanique, nous a particulièrement inté-
ressé.
—16th Annual Report of the Fraser Institute, 1893-
Montréal. L'exémplaire regu était adressé à feu l'abbé
Provancher.
—The Grip Printing & Publ. Co. Toronto: spéci-
mens de gravure par divers procédés. Travail d’une
grande perfection.
— Les ORCHIDEES et M. Geo. Mantin, Paris, 1894.
Jolie plaquette, avec portrait. M. Mantin est peut-étre le
plus grand orchidophile de l'univers. Ses collections
sont très considérables, et il prépare de nombreuses pu-
blications sur l'intéressante famille des Orchidées,entre au-
tres une revue mensuelle, Les Orchidées, qui a peut-être
déjà paru en ce moment. S’adresser à M. G. Mantin, 54,
Quai de Billy, Paris.
0 ——— ——
STUDER'’S BIRDS OF NORTH AMERICA
New-York, 1888
Nous avons rarement vu un plus beau vo-
lume que cet ‘“in-quarto Impérial” publié sous
les auspices de la Natural Science Association of Ameri-
ca. C’est un véritable monument élevé à l’ornithologie,
l’une des branches les plus agréables de l’histoire natu-
relle ; on peut dire que c’est une bibliothèque consacrée
ala description des oiseaux, et de plus: une galerie de
peinture. On y voit, en effet, dans 119 planches coloriées
d’après nature, la représentation de plus de 700 espè-
ces d'oiseaux, c’est-à-dire presque tous ceux de l’Améri-
que du Nord.
Ce grand ouvrage se vend $40 ou 45, suivant la ri-
chesse de lareliure que l’on désire ; mais les naturalistes
peuvent obtenir une importante réduction de ces prix.
Se à la Nat. Sc. Ass. 114 Fifth Avenue, New-
York.
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A
TABLE DES MATIERES
Pages
Peeve cut NATURALIST Ra. ......5.auaueadseh ue a sae 1
INGER GD PROSTATE wi As. A nie snes eae shel 4
Appel4la collaboration. 2.02.2... .0captdetedsassdepececoseseracahens 9
Nos confrères de la presse 10, 22, 51, 68, 70, 100, 131, 146,
| 147, 164, 180
A qui nous adressons le NATURALISTR.........ssscee. sccecnecscees 11
Monseigneur Laflamme, Prot, Apost..................…............. 12
Bhtomologie, médicale 2... ANR NU 13, 24
Le dernier écrit de l'abbé Provancher (Culture des plantes
CORRECTE A cess nee ce 0 LL RARE PARENT REA PER CaR 17
Expériences originales............ ...... So nadés DORE EeL Rae rg
Bon accueil fait au NATURALISTE sec soseee ee 021
A quoi sert l'étude de l’histoire naturelle............. SRE Une 23
Cours d’entomologie populaire (G. Beaulieu)—Introduction.... 26
Chapitre I—Divisions de l’histoire naturelle 42, 58
Chapitre II—Rôle des insectes dans la nature 60, 74
Chapitre ITI—Classification des insectes 105, 117
Chapitre IV-—Différentes phases de la vie des insec-
tes. SN se 120, 153; 165
Chapitre V—Anatomie des insectes. …................ 166
TR ALINEAIOL ONES EE Rene E de ve ee Ne ES
Chasse aux insectes ........,............ Ann NS Gt due drone NP Pr
Les grainetiers des Etats-Unis................+. PERCE RE PANNE
Un jardin dans une citrouille ......... = BETA ie a arene 32
La conservation des œufs................. LA RP ER ES AE 33
POU MENGE, delta LANG 5... 0eme ne al NT EE
Bibliographie.—L.-A. Paquet, De Creatione, 34.—24th An-
nual Report of the Entom. Soc. of Ontario, 35.—Règle-
ments du Conseil d'hygiène, 1891, 35.— Etat des comp-
tes publics de la Prov, de Québec, 1891, 35.— Statistiques
vitales et mortuaires dela Province, 1889-90, 35.—Mo
natsschrift fur Kakteenkunde, 36.— Bulletins de la bibl.
et du musée du Collège St-Laurent, 67.—R. P. Carrier,
Histoire phys. et chimique d'une bougie, 68.—Catalogue
de graines, J. Verret, 68.—W. H, Harrington, Canadian
Uroceridæ, 84.—A. H. Mackay, Explosive gas generated
within the hot water pipes house heating apparatus, Na-
tural history observations, 100.—C. Baillairgé, Technical
education of the people in untechnical language, 100 —*
Ans 5 del Museo Nacional de Montevideo,131 ; Rapports
Ss ee aa ee et ee ers ee Se
LL der
FN TT IT
eT et EEE
198 ? LE NATURALISTE CANADIEN
de la Fruit Growers’ Assoc. et de la Soc. Entom. d'Ont.,
151. A.-L, Montandon,, Hémipières de la Birmanie,
etc., 131.— Annuaires de l’Université Laval et du Collé-
ge de Lévis, 131— Guide du colon 146.— Nouv, mois
de septembre à 8. Michel et aux SS. Anges, 147.— Polé-
mique à propos d'enseignement, 164.— Vick's illustrated
catalogue of bulbs, 164.—Rare tropical plants and
bulbs, 164. — Catalogue de la collection de coléoptères de
Lethierry, 180.—Proceedings of the Boston Soc. of Nat.
History,180.—Fondation d’une colonie cath. dans la Ca-
lifornie, 180.—Z Album Industriel, 195.—DeLamarre,
La dévotion à saint Antoine de Padoue, 195.—-L’ Essai,
195.—Les fermes expérimentales, 1893, 195.—16th An-
nual Report vf the Fraser Institute, 1893- 94, 196.—The
Grip Pr. & Publ. Co., 196.—Les Orcumérs et M. G.
Mantin, 196. __Studer’s Birds Orly. A 1196. |
L'abbé Provaacher— Notice biographique ........ OR SR ENS
Dans la famille ; au séminaire...41, 53, 85, 101, 134
Dans le ministère paroissial................ 7185, 149, 182
Aine nouvelle espèce de Truite}... sense ee
Menataciysme du Saguenay... le RER e RES
Nouvelle série (du NATURALISTR ENT... lance ne Un ARCS
Formation du Saguenay (P.-H. ae ds ANS ee ata 88, 121
L'ancienne décharne en, Eee
L'érosion par l'eau... Rbaseaesiese et let LOS NEED
Encouragements très pratiques. Le SRB ARC CNE 5
Une punaise assassine................ PACS 0 SAN ee ER VAN 5
PJCC CTOAUSOTIO sss. ouétas 0 set e ve euN ee EN RER EST UE RS ue te sg Sat cet 400
La chasse aux spécimens................ BEERS AG EAA SCAB TE
Ma pose El nistoire nitarelle PR ER Cr TE
MVC MU GIIAIGOD-DIJOW . secon 5 s-cssn -'edgeneee ee celtes bu sw's.edpoate rte NOM
NGS AMMEN OS (moches... MP asc 0 Lael
Souvenirs de chasses en Normandie (L. Rossigavl).............. 97
Le pseudo-caméléon......... ........ LE A EE tt ime 6
BOER NEA do] 1 ARR ys secs +p cua caer Pasar aietircns AR PAR sad een nw Ca € EE
Palma-Christi contre les moustiques, fourmis, taupes............ 115
Mumonche des Corne... onaiee ha RNB ells karin CES éteinte LE LS
Queue de-Renard—ÆErable-à- Giguére—Pensée. dia Weaaaams te Mis a te ee
Wonservation des COLECHIONS, Re RL. AR ke
Traités de botanique et de pum oa a Dips ade sise ete ele e RUE
Biologia centralr-americand,...sce.srercaverssenssscsceregvorievsceess 132
PIPED ICING! .\ sinvisv cee LOU A D ARR 133, 149
Botanique médicale—Le thé (Dr Jéhin-Prume).......... 141, 171
Aa Ee 9 [ga OL URAL CAMERAS ARR UT Paar Gi
1 Herbe D NOLES NE wins des NA ae de exe A RUS
L'histoire naturelle à l'Exposicion de Québec... ........ LOT
Comment détruire ies insectes dans les fourrures... 165
TABLE DES MATIÈRES
199
Condervanon des fonitsenu hiver... swans aod es ES
Un cétacé aidentifier (JW. Miller) 242:2:082,......1.....0e..,.0. LES
‘“Dulces moriens reminiscitur Argos”.............. ME RNA age
Iba steve antennes CU, AMEN NO RO SR ed 0)
model OA GIMIMESCEALION ... OMR EN oe OPS
Miner pansise van Hart... AMAR SE ERA eRe
Onetraltés screntifiqnes. 2... MMM ne DIS
DEEP RE AU Gr Vos JA REA RSR à EO RO me RQ PTS
Extrait de la Rec CH aa ene dSecjases denn seb NOE
TABLE LE ALPHABETIQUE
Des principaux noms de fumilles, genr es et espèces mentionnés
dins ce volume.
CEL MERON Eee.
Amarantus caudatus, L........
Anolis principalis.......83, 99,
Bacillus anthracis eberth-gaftky.
Se LEM Sb OTHER Enr
SR AT TER MAR tava, oY) oleh
AMAUUDETOUIOSIS 202200
1326 ra 1 (AM ENT OS
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Carabus arvensis.............5
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Ceresa, bubalus, Fabr.:.:2.,...1
(HE EE TRE A SE SE iw cle a} «
Chimaphila umbellata, Nutt....
Cieutamaculaae De yee sists
Cimex lectularius, Lin, .......
Clisiocampa americana, Harris..
Coreoni SIREN SANTO,
Cychrus attenuatus...........,
, Me did OSUEAUUS 25s el e,cheiss/o\c\ oes «
DEmaAtODIen Eee Eten 216,
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Dysdercus suturellus...........
Equisetum arvense, L..........
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Hiematobia serrata, R. Desv....
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Lachnosterna tusca, Frohl......
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Leptocoris trivittatus, Say
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Melampyrum pratense, L.,..,..
Micrococcus pneumonia........
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“ fraxinifolium, Nutt.... 115
DVO GUN] LA een AIS AN AE mane
Ole A GTANnS ASS NS ANR ENTER
PARA Crist 3 sidsspelsiueh esis cael
Pastimacalsativay (ci) era
Pelargonium zonale, Willd..... -87
Phytelephas macrocarpa.......
Platysma oblongopunctata....... 98
Pneumococcus friedlander.....
Préle des champs: sara
PURGES Pane). AUS Mens
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Queue-derenard a ova eras
Ricinus africanus, Hort...:....
‘$ borboniensis arboreus.. “
Salamanders gil ME UE PNA
Sa'mo amethistus, Mitchill.. 46, 160
«canadensis, Smith,....... 461
PARC OR NE) RAP ON NAN
‘ fontinalis, Mitchill.....46, 160
“ Marstoni, Garman........ 47
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Spirochæte obermaicri..........
Staphylococcus ryogenes aureus. “
Streptococcus pyogenes.... ....1 6
Taraxacuin dens-leonis, Desf.... 84
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Aiphius novæ-zælandisæe, (4220177
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sage 8, ligne 21, retranchez y.
15, 1, au lieu de paycholosique,lisez : psychologique.
‘30, dernière ligne, au hien de levé, lisez : élevé.
ven MOT F Ace ‘est à peine de $400, Lisez :
_ m'atteint pas $500.
Be”, Page 72, ligne 24, au lieu de La, lisez: Ja (
SS oy aS oy to as Pelargonium zonale, Willd,
«sez : Geranium maculosum, I.
Page 100, ligne 24, au lie de pren- lisez : prendre.
PANDA done, VD, Sh aa UP abe,
BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES SE
ar
al
RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
7 TOME VINGT-DEUXIEME
a . EU (DEUXIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE) ;
* L’ABBE V.-A. HUARD, DIRECTEUR-PROPRIETAIRE
.CHICOUTIMI
Imprimerie du “ Progrès du Saguenay ”
1895
nt i Sai ne ve
Le
4 Naturaliste Canadi
Naturaliste Canad!
| oro XXII (OL. II DE LA DEUXIEME SERIE) No 1
Chicoutimi, Janvier 1895
Rédacteur-Fropriétaire : l'abbé V,-A, HUARD
LA VINGT-DEUXIEME ANNEE
du Naturaliste canadien
Non seulement le NATURALISTE a réussi à compléter
son vingt-uniéme volume, mais il commence aujourd’hui,
avec confiance, le vingt-deuxième, qui est ie Vol. II de la
nouvelle série.
Nous pouvons dire qu’à certains points de vue notre
entreprise a été couronnée d’un succès fort satisfaisant.
La circulation du journal a été précisément ce que
nous avions prévu, bien que notre attente eût été jugée
bien ambitieuse par quelques-uns de nos amis. Présen-
tement, le nombre des abonnés au NATURALISTE est envi-
ron trois fois plus considérable qu’à l’époque de sa sus-
pension, en 1891. Cette situation n'est-elle pas assez fa-
vorable et encourageante ?
Aa point de vue financier—non le moins important
—, la position nous cause moins d’enthousiasme. Loin
que nous ayions retiré un seul sou de bénéfice (ce que,
d’ailleurs, nous ne recherchons aucunement) pour l’im-
mense travail que nous avons accompli, le volume que
nous avons terminé en décembre nous laisse un déficit
considérable à combler. Plus de la moitié de ceux qui
ont reçu le NATURALISTE ont négligé jusqu'ici d’en payer
l'abonnement! Chacun de ces retardataires, faisant abs-
traction des autres, se dit que sa dette n’est toujours bien
que d’une piastre, et que le journal ne périra pas faute
d'un montant si léger. Mais quand des centaines d’a-
1—Janvier 1895.
4
2 LE NATURALISTE CANADIEN
bonnés tiennent ce langage, le propriétaire du journal se
trouve bien embarrassé pour faire face à ses obligations.
Il est donc évident que si nous voulions agir en homme
d'affaires, nous devrions laisser là le NATURALISTE, ne
plus seulement songer aux intérêts des sciences naturel-
les en ce pays, et poursuivre en paix nos études person-
nelles.
Mais nous ne l'entendons pas ainsi, et nous ne re-
noncerons pas si facilement à une entreprise que nous
regardons comme intéressant fortement l'honneur natio-
nal. Quelque soit le peu de valeur de notre petite re-
vue, par elle le Canada français a une voix, quoique fai-
ble, dans le grand concert scientifique qui s'élève de tous
les pays du monde ; et cette voixtentera encore de se
faire entendre.
Nous comptons que les arrérages quinous sont dus
vont peu à peu nous être payés, et nous osons porrsuivre
notre œuvre sans trop regarder en avant, espérant tou-
jours ne pas aboutir à un désastre!
Notre race, si renommée pour sa culture littéraire,
est bien en arrière des autres pour les études scientifi-
ques. Ilse manifeste pourtant un certain réveil à cet
égard ; et, de bien des côtés, comme nous sommes en me-
sure de le constater, surgissent de nouveaux adeptes de
l’histoire naturelle. Le moyen d’attacher à la science
ces jeunes disciples, comme de lui en gagner de nou-
veaux, ce n’est pas de suspendre la publication de la seu-
? ‘
le revue des sciences naturelles qui paraît ici.
Ah! sans doute, le NATURALISTE n’est pas la perfec-
tion! Si l’on feuillette le volume que nous venons de
terminer,on verra qu’il y a un nombre considérable de su-
jets que nous n’avons pas traités. Que pouvons-nous fai-
re, avec seize ou vingt pages par mois, dans l’immensité
du domaine que nous exploitons ? Tels et tels lecteurs
regrettent certainement de n’avoir rien trouvé encore sur
tel point qui les intéresserait davantage. Nous compre-
nons leurs désirs ; mais le manque d'espace, de temps,
de matériaux, de ressources, nous apporte de tels obsta-
cles à surmonter, que nous croyons avoir quelque titre à
l’indulgence. Quant à notre bonne volonté, elle est en-
tière, et nous voulons faire notre possible pour être utile
au plus grand nombre.
LA VINGT-DEUXIÈME ANNÉE 3
Nous ne travaillons point, en effet, pour les savants,
mais pour le public en général. Ce programme nous pa-
rait d’ailleurs le seul praticable actuellement. Quand
les naturalistes seront parmi nous relativement aussi
nombreux que dans les Etats-Unis, par exemple, il sera
possible et utile de publier alors des revues purement
techniques. En attendant, il s’agit d’intéresser le plus
de gens qu'il se peut aux études scientifiques, et de pré-
parer ainsi une clientèle aux publications spéciales de
l'avenir.
Nous continuerons donc à faire œuvre de vulgarisa-
tion. Et dans l'intérêt des amateurs, en même temps
que pour répondre à un désir que l’on nous a exprimé,
nous nous proposons, entre autres choses, de donner de
temps en temps des conseils sur la recherche et la prépa-
ration des spécimens de collections. Notre dévoué colla-
borateur, M. Beaulieu, dira ce qu’il faut pour ce qui con-
cerne les collections d’insectes, dans un chapitre spécial
du traité d’entomologie qu'il publie dans le NATURALIS-
TE. Nous nous occuperons nous-même de ce qui a rap-
port aux collections d’autres objets d'histoire naturelle.
Nous terminerons dans ce volume le mémoire de M.
Dumais sur les origines géologiques du Saguenay. Nous
savons que ce travail, bien qu'il y manque un peu de
méthode, intéresse vivement un bon nombre de nos lec-
teurs.
On nous a demandé quand nous continuerons l’ou-
vrage de l’abbé Provancher sur les Mollusques de la Pro-
vince. I] nous faut bien, avant d'entreprendre ce tra-
vail, achever notre Traité de Zoologie. Les choses iraient
beaucoup plus vite, si nous consacrions, en chaque li-
vraison, plus d'espace, par exemple huit pages, à ces tra-
vaux de science pure. Mais ce n’est pas possible, dans
les conditions de format restreint où nous devons main-
tenir la Revue. Il nous tarde beaucoup à nous-même de
continuer les travaux de M. Provancher sur la faune de
la Province,.... et.... nous suivons attentivement l’œu-
vre de réparation financière que poursuit le gouverne-
ment de Québec, dans l'espérance de voir enfin briller,
même de loin, l’annonce du secours qui permettra au
NATURALISTE de reprendre son ancien format et son allu-
re d'autrefois.
t
|
|
4, LE NATURALISTE CANADIEN
Dans le cours de l’année nous publierons probable-
ment une étude sur la question de la Sardine du Saint-
Laurent, sujet pour lequel le public a manifesté de l'in-
térêt il y a quelque temps. Car nous ne considérons pas
encore la question comme réglée, malgré les autorités
que l’on a fait intervenir. Nous voulons en avoir le cœur
net, et nous nous efforçons actuellement d'obtenir les ma-
tériaux et les renseignements qui nous mettront en de-
meure de nous faire une conviction solidement appuyée.
Mais voici encore du nouveau. L’un de nos colle-
gues du Séminaire de Chicoutimi,.M. l'abbé E. Poirier
(ex-Missionnaire agricole du diocèse de Québec), qui fait
de la Photographie non seulement un art, mais aussi une
science, veut bien se charger de faire pour le NATURALIS-
TE une petite chronique mensuelle sur la PHOTOGRAPHIE,
où il enregistrera le: principaux développements et pro-
grès de l'art photographique. Aucune publication du
paysnes’est encore occupée expressément de cetart agréa-
ble, dont les procédés rendus maintenant si faciles lui
ont conquis partout des amateurs passionnés. Amateurs
et photographes de profession formeront donc désormais
une clientèle spéciale du NaTURALISTE —Quelques-uns
de nos amis s’étonneront probablement de ce caractère
nouveau donné à notre Revue. Nous les prions de con-
sidérer les points suivants : lo Le maintien du NATURA-
LISTE dépend entièrement du public. Nous blamera-t-
on de chercher à intéresser le plus grand nombre possi-
ble d'abonnés ? 2e La photographie se rattache évidem-
ment aux sciences physiques, et dès lors tient un peu à
l'histoire naturelle entendue dans son sens le plus lar-
ge.—Il y a évidemment ici une limite à conserver, et
nous n’avons pas l'intention d'admettre dans nos pages
des études sur l’art de modeler habilement les contours
d'une fine chaussure ou d'un gant fashionable, sous pré-
texte que les cuirs relèvent de la Zoologie......80 Le Na-
turaliste, revue illustrée des sciences naturelles, publié à Pa-
ris, nous donne l’exemple. (Chacun de ses numéros se-
mi-mensuels contient quelque article sur la photogra-
phie. Les naturalistes du Canada ne sauraient être plus
intransigeants que leurs collègues de France. 40 Nous
donnons bien chaque mois quatre pages de plus que ce
que nous avions promis, et cela fait, au bout de l’an, une
MERCI ! 5
trouée assez sérieuse dans notre pauvre escarcelle. Eh
bien, qu'on nous permette de distraire une ou deux de
ces pages en faveur des gens qui trouvent leur bonheur
dans la savante exploitation des rayons lumineux.—La
cause est gagnée, croyons-nous, si la logique et la rhéto-
rique ont encore ici-bas quelque pourvoir.
Ces quatre pages surnuméraires, dont nous venons
de parler, nous comptons bien continuer à les donner
dans chaque livraison, tant que nous croirons avoir les
ressources suffisantes pour cette dépense.
Enfin, travail, argent, santé, nous mettons tout ce
que nous pouvons au ee. du drapeau que notre tou-
jours regretté Maitre et ami, sentant les approches de la
mort, remit un jour en nos faibles mains.
Nous croirions manquer à un devoir si nous ne témoignions pas ici notre
reconnaissance à ceux qui ont tant contribué au succès :elatif de notre entr2-
prise.
La presse du Canada et de l’étranger nous a très bien accueilli, et mêre
plusieurs journaux, non des moins importants du pays, ont montré un vrai dé-
vouement à notre cause. Un certain nombre de confrères ont poussé la bien-
veillance jusqu’à mettre sous les yeux de leurs lecteurs, chaque mois, les sum-
maires de nos livraisons. Nous avons à remercier de cette grande faveur: le
Courrier du Canada (qui a donné l'exemple de ce procédé si sympathique), la
Vérité, le Progrès du Saguenay, la Semaine Politique, Enseignement Primaire, le
Trifluvien, le Courrier de Saint-Hyacinthe, le Franco-Canadien, que nous avions
déjà mentionnés à ce titre, durant l’année, à l’exception du Trifluvien (qui nous
pardonnera bien cette omission, espérons-nous). Tous ces témoignages d’inté-
rét, en faveur du NATURALISTE, ont été complètement spontanés de la part de
ses confrères ; ils n’en ont que plus grande valeur, et nous y trouvons de puis-
sants motifs d'encouragement à persister dans notre tâche. Ils démontrent
aussi qu'une bonne partie de notre presse n’a pas pour unique objectif la préoc.
cupatiou de faire de l’argent ; on y sait travailler en faveur d’une “idée”,quand
même “cela ne paye pas.” C’est consolant !
Nous devons aussi reconnaître, avec gratitude, l’appui que nous a donné le
clergé, surtout celui dela Province de Québec et les prêtres canadiens-français
des Etats-Unis Notre liste d’abounés contient les noms d’un grand nombre
de nos confrères dans le sacerdoce. Pourtant il n’y a certainement pas cing —
pour cent d’entre eux qui s'occupent persounellement d'histoire naturelle. Ici
LE NATURALISTE CANADIEN
encore on s’est dit : voilà une œuvre à encourager et à maintenir; donnons-Ini
notre concours ! Aussi nous pouvons dire que le NATURALISTE n’aurait pas vé-
cu quatre mois, sans l’appui de ce clergé que l’on ose bien parfois, en certains
quartiers, désigner comme ennemi de la science !—Nous ne pouvons pas ne pas
faire mention spéciale de nos confrères du diocèse de Chicoutimi et de la
Préfecture du golfe Saint-Laurent, qui presque toussont abonnés à notre pu-
blication ; et plusieurs d’entre eux, nous le savons, ne peuvent nous donner ce
témoignage de sympathie qu'aux dépens de ressources déjà insuffisantes ! Nous
ne saurions dire à quel point nous sommes touché d’un pareil dévouement à no-
tre cause.
Nos collaborateurs ont droit aussi à nos remerciements. Nous n’espérions -
certainement pas que notre appel à toutes les bonnes volontés aurait autant
d’écho, en divers endroits. On nous a prêté une aide très efficace, et nous
croyons pouvoir compter que l’on continuera de concourir au succès de l’œuvre
commune.
Le temps nous manque absolument pour répondre, comme il le faudrait, à
tant de lettres qui nous arrivent remplies de choses aimables pour notre Re-
vue. Nous profitons de la présente occasion pour dire à ces correspondants
qu'ils ont part très importante dans ces remerciements que nous adressons, du
fond du cœur, à tous ceux qui ont montré de l'intérêt pour le NATURALISTE.
SR GP En
PAUVRES CHENILLES ! (*)
Il y a deschenilles bien maiheureuses, je vous l’as-
sure ! |
On a tort de croire que, dans ce genre de vie, tout
est rose. Non, il y a du noir aussi, et je le vais prouver.
Ah! s’il ne s'agissait que d’éclore, un beau midi,
dans une pomme de chou, ou sur quelque rameau fleuri,
et d'y trouver sans cesse frais ombrage et nourriture
choisie ; s’il ne s'agissait que de se laisser vivre dans ce
gîte verdoyant, de recevoir de la nature, à diverses repri-
(*) On nous a prié, de divers côtés, de reproduire dans le NATURALISTE
les deux articles que nous avions écrits pour La Kermesse de 1892-93. Nous
donnons aujourd’hui la première de ces études, qui prendra la place du
“Cours d’entomologie populaire,” dont le courrier ne nous a pas encore appor-
té les feuillets destinés à cette livraison.
Cet article sur les Chenilles fut reproduit, dans le temps, par des publica-
tions du Canada et de France. Il est probable pourtant qu’il aura encore ie
mérite de la nouveauté pour beaucoup de nos lecteurs.
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RE D D ER PUR Se ee, ou ED Ae eee DU ie
PAUVRES CHENILLES !
ses, un nouveau et riche vêtement pour remplacer celui
qui est devenu trop étroit ;, puis, un bon jour, de s’en-
dormir d'un sommeil profond, dont on se réveille, glo-
rieux papillon, pour s’élancer dans les airs, voltiger de
fleurs en fleurs et n’avoir plus besoin, bien souvent, que
d’air et de lumière pour soutenir une vie si douce: s'il
ne s'agissait que de cela, ce serait fort agréable, assuré-
ment !
Mais les choses se passent trop souvent de bien au-
tre facon. N’est pas papillon qui veut. De même qu'il
y a loin, parfois, de la coupe aux lèvres, il n’y a pas tou-
jours proche entre l’éclosion de l’ceuf et la sortie de la
chrysalide ! Sans parler des variations de la températu-
re, ni même des maladies qui peuvent mettre un terme
inattendu à l’existence de la chenille, il lui faut compter
d’abord avec le genre humain. En effet, le roi de la cré-
ation fait peu d’eflorts pour lui rendre la vie aimable ;
sans scrupule et sans remords, il l’écrase de son pied dé-
daigneux, il la poursuit de toutes les préparations insec-
ticides qu'il peut inventer. Vous n’imaginez pas, je sup-
pose, que nous allons, à grands frais, planter des choux,
des groseilliers et des pommiers pour le plus grand bon-
heur des chenilles !
Mais tout cela c’est peu de chose, en somme ; et si
l’on n'avait à craindre que le soleil, la pluie, les micro-
bes propres à certaines maladies, et tout l'arsenal des
substances insecticides, on pourrait encore couler des
jours heureux sur la feuille, agréablement bercée par le
moindre souffle, où l’on a toujours table mise et séjour
bien aménagé. Le danger terrible et constant, c’est l’oi-
seau ! “ L'oiseau, voilà l'ennemi,” suivant la formule
gambettiste.
Il y a des gens—j’en connais—qui éprouvent grand
plaisir aux concerts des charmants hôtes de nos bocages.
Ces mélodies incomparables, dont il y a plein les airs, en
été, la chenille n’y tient pas du tout, soit qu’elle n’ait pas
d'oreilles pour les entendre (c'est déjà une raison qui en
vaut la peine), soit parce que cette musique, si elle l’en-
tend, est l'annonce du péril qu’elie va courir. Pourtant
la Providence a pris soin de la protéger; souvent, en ef-
fet, la chenille échappe à la vue de ses ennemis, grâce à
*
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8 LE NATURALISTE CANADIEN
la couleur de sa robe, verte chez les espèces qui vivent
sur les parties herbacées des plantes, grise ou brune chez
telle autre espèce qui habite les ramedux ligneux, etc.
Mais cela n'empêche pas qu'un nombre immense de che-
nilles servent à la subsistance quotidienne de bien des
nichées : au moment où elle y pense le moins, la chenil-
le se sent empoignée par des sortes de pinces qui l’étrei-
gnent violemment, et emportée dans les airs avec une vi-
tesse dont elle n'avait pas d@idée. Vous voyez, dans ce
nid, ces larges bouches toujours ouvertes et qui appel-
lent toujours la becquée ? notre pauvre chenille trouve-
ra là son tombeau. |
Nous en avons fini, sans doute, avec les dangers qui
menacent les chenilles ? Pas du tout. Leurs plus trai-
tres ennemis, ce sont des insectes ! C’est ainsi que l’hom-
me n’a pas de plus cruel ennemi que son semblable.
J'ai l'honneur de vous présenter...... un cadavre de
chenille. Je le trouvai, un jour, tout desséché et
fixé par une toile soyeuse le long d’une clôture. De
son vivant, elle était assez jolie cette chenille,
recouverte d’un fin duvet jaune et brun, et por-
tant fièrement trois longs plumets de poils noirs qui lui
donnaient un air point trop commun. Mais en quel tris-
te état la voici! Il ne reste plus que des vestiges de sa
belle fourrure ; ellea tout le dos criblé d’une foule de
petites ouvertures, semblables à des piqüres de fortes
épingles. De quelle étrange maladie est-elle trépassée, je”
vous le demande ? Il n’y a pas ici de mystère, et voici ce
que découvrirait un corps de jurés quelconque. Il est ar-
rivé, quelque jour, qu'un tout petit insecte hyménoptère,
à la recherche d’un endroit propice pour y déposer ses
œufs, avisa notre paisible chenille, qui rongeait tranquil-
lement un coin de feuille, sans vouloir de mal à person-
ne, sans s’occuper de la question d'Orient ni de la future
élection présidentielle aux Etats-Unis. L’hyménoptére,
en vrai monstre qu'il était, forme et exécute à l'instant
un noir projet : cette chenille, ce sera le nid confortable
de ses petits. Il la perce de la lancette qu'il porte ex-
près pour cela, et il pond ses œufs dans le corps de la
chenille, qui en appelle vainement au droit des gens!
En voilà un sans-gêne d’hyménoptére! Les œufs éclo-
sent, et une multitude de tout petits vers, ayant hérité
PAUVRES CHENILLES ! 9
du sans-façon maternel, se mettent à ronger les parties
graisseuses de la chenille, mais sans attaquer ses organes
vitaux. La malheureuse chenille n’y peut pourtant tenir
longtemps ; elle meurt bientôt, et son enveloppe sert en-
core d'habitation à ses assassins, qui tranquillement y
subissent leurs mues, s’y fabriquent de jolis cocons de
soie, d’où ils éclosent enfin munis de leurs quatre ailes
diaphanes. Chacun alors s'ouvre un passage à travers
le dos de la victime, puis s’élance dans les airs. Et le
cadavre de la chenilie reste là, criblé de piqüres béantes,
monument de la perfidie la plus monstrueuse !
Je termine pat un autre exemple de déloyauté insec-
tile. En septembre 1891, on m’apporta une belle chenil-
le que l’on venait de capturer sur l’un des boulevards de
Chicoutimi. L'insecte était brun, et portait deux taches
à couleurs vives, que l’on aurait pris volontiers pour des
yeux, et des yeux d’une beauté rare. Je reçus avec em-
pressement l'hôte qui m’arrivait. M'étant résolu à l’hé-
berger, je lui assignai pour demeure un beau verre ren-
versé, et lui offris une feuille appétissante pour son re-
pas du soir. Mais elle dédaigna absolument toute nour-
riture. C’est que d’autres soins la préoccupaient. En
effet, quelques heures après, elle avait tapissé les parois
du verre d’un assemblage de fils très délicats Puis,
grimpant vers la partie supérieure du verre et s’y fixant
par des attaches soyeuses, elle se dépouilla de son der-
nier vêtement de chenille, et passa à l’état de chrysali-
de. Enchanté de l'aventure, je fis part de mon bonheur
à tout venant. J’annonçai avec assurance que l’éclosion
aurait lieu vers le mois de janvier ; j'aurais alors un bel
échantillon pour ma collection, un grand papillon jaune
et noir, suivant mes prévisions. Cependant le globe
terrestre ne laissa pas que de continuer ses deux mouve-
ments de rotation ; les semaines et les moisse passèrent,
et savez-vous ce qui est éclos, vers le printemps ? Il n’est
rien éclos du tout. Un matin, je trouvai ma chrysalide
transpercée et supportant, par un long fil blanchatre,une
autre chrysalide, bien plus petite et de forme ovoide,d’ou
sortira une mouche quelconque ! Comme on le voit, la
chenille avait conservé encore assez de vigueur malgré
la présence de cet ennemi, qui à la fin l'avait empéchée
de subir sa dernière transformation, et s'était lui-même
2—Janvier 1895.
10 LE NATURALISTE CANADIEN
préparé tranquillement à prendre l’état ailé. Pour ce qui
est de cet assassin, que le struggle for life avait conduit
jusqu’au crime, le public apprendra avec satisfaction
qu'il a été bien puni : il est mort en cet état de chrysa- 2
lide ; et la justice distributive a retrouvé son équilibre
parfait.
Voila donc le peu de sécurité que l'on a Icrsqu’on est
chenille!
Mais il ne faut pas que les bonnes âmes se laissent
trop attendrir par des infortunes si lamentables. Qu’elles
réfléchissent à ceci : si tous les œufs de papillons produi-
saient des chenilles, et si toutes les chenilles arrivaient
à bon port, il n’y aurait bientôt plus de végétation sur la
terre, et ce serait la fin du monde à courte échéance.
Nous serions bien avancés ! Bénissons donc la Providen-
ce, qui maintient l'harmonie parmi tous les êtres de la
création, de telle sorte qu'aucun ne puisse empêcher la
réalisation du plan divin.’
Mesdames et Messieurs, la morale de mon histoire,
la voici. On a comparé assez justement notre vie terres- |
tre à l’état de la chrysalide; une transformation mer- a
veilleuse nous attend aussi. Délivrés de notre enveloppe
mortelle, notre destinée est d’être un jour les élus du
paradis. C’est fort bien ; seulement, faisons bonne garde i.
autour de notre âme, pour n'y laisser entrer aucun germe
peruicieux, qui pourrait empêcher notre glorieuse et
triomphante éclosion.
V.-A. H.
—_———_— —I)——-—— —_——
: LES DESHERITES
LE CRAPAUD
Il est des êtres sur terre qui, quoi qu'ils fassent,
quelque bons qu'ils soient, quelques services qu'ils ren-
dent, auront toujours sur eux le stigmate de l’aversion
publique. Tel le crapaud.
-
Pauvre Fail errant de te et de nos campa-
-gnes, il est accablé de toutes les vilenies ; son nom don-
ne le frisson, son aspect les nausées, son ‘cadavre même
une insnrmontable horreur. Et pourtant, pas de meil-
leur jardinier, pas de besogneux si dur à l'ouvrage ; pas
d’ouvrier ayant plus à cœur les intérêts de son maître !
Aux premières lueurs du jour, il se met en route,
gravement et lentement, comme il sied à des gens sur
is qui repose un labeur important : d’un bond, il a saisi le
+ ver de terre dont la trempe infatigable détruit les ra-
fs _Cines, jeune espoir de plantes fructueuses ; ici, ildéniche
a l’insidieuse chenille cachée dans les feuilles de chou ; là,
a. - il gobe le puceron qui ronge les bourgeons et les folioles;
‘14 voyez-le continuer bravement son chemin, croquant à
eo droite, avalant à gauche, détruisant partout la foule des
DS) insectes que le soleil levant a mis en émoi.
7% Dans les rayons roses d’un beau soleil d'été, son dos.
Be fauve reluit d’étranges clartés; mais il n’en a cure,
‘4 - acharné qu'il est à son travail de bénédictin ; il peine fa:
oe sans relâche, marche, bondit, revient sans tréve, jusqu’a
De. ce que le soir, déployant sur la terre ses ailes sombres, lui
00 apporte un repos qu'il a certes bien gagné. Et pour tout …
: salaire à cet ouvrier qui jamais ne fait grève, à ce robes M
ay te échenilleur de nos carrés et de nos plantations, quoi ?
a Des insultes et des calomnies toujours, des pierres sou-
D venf, laimort ‘parfois!.........
4 Dame ! les femmes s’effraient à la vue de ce hideux M
Re. preneur de vers; et vous comprenez, mieux vaut l'agréa-
1 ble que l’utile ! mieux vaut, quand vient la récolte au
& potager, se plaindre du nombre toujours croissant d’in- |
D. sectes, que de tolérer, au milieu des plates-bandes, ce pe-
pie ee ete ce eux d'où nous vient tant.…......de
ien !
Mais voilà que, non content de jouer au jardinier,
de, se promenant à travers champs, faire aux insectes
une guerre acharnée et toujours heureuse, voilà que le
crapaud, cet excrément de laterre, s’est mis en frais de —
rendre vraie la fameuse boutade : “ Avaler un crapaud ” "
et s’en vient réclamer, sur nos tables,une place que tenait
jusqu'ici ia grenouille ! i a
Un brave missionnaire français, le Père. Guerlach, — ny
42 LE NATURALISTE CANADIEN
affirme que certaines peuplades de l’Indo-Chine s'offrent,
avec le crapaud, un festin de roi !
Et pourquoi non ? On mangeait du rat, au siège de
Paris, et, à mon sens, le crapaud vaut le rat !
Ah! le bon temps,quand devant nos demoiselles, tant
épeurées aujourd’hui à la vue du crapaud, on en servira
le râble et les cuisses, bien dépouillés de leur peau, na-
geant dans le beurre, au milieu d’un odoriférant bouquet
de cerfeuil et de persil ! Ce sera le triomphe du crapaud,
la revanche du laid sur le beau! Victor Hugo l'avait dit :
‘ Le beau c'est le laid !.........”
Un bon mouvement, mesdemoiselles, laissez-vous
fléchir ! Quand, dans vos excursions a travers champs ou
dans vos promenades autour de vos jardins, vous aper-
cevrez la fauve silhouette d’un mélancolique crapaud, de
grace,retenez vos exclamations de dégoût et vos clameurs
de mort! Laissez déambuler,a travers carrés et plates-ban-
des, cet humble besogneux qui ne demande qu’à vitre
pour nettoyer vos fraises et vos légumes ! Regardez-le al-
ler lourdement, de droite à gauche, de gauche à droite,
se gavant de chenilles et de vers : il grossit, il engraisse ;
et bientôt, sur vos tables finement servies, il viendra ré-
jouir vos délicats odorats de l’arôme exquis de ses cuis-
ses rissolées dans le beurre, au milieu d’un bouquet
odoriférant de certeuil et de persil !
(A suivre)
HENRY TIELEMANS.
ee ——— 0
LA NEIGE ROUGE
La neige passe A bon droit pour étre de couleur
blanche, et les Canadiens, entre autres peuples, ont les
plus grandes facilités pour s’en assurer. Il est pourtant
bien vrai qu'on a vu de la neige rouge. Nous ne croyons
pas qu'on ait encore observé ce phénomène dans notre
pays ; mais comme il n’est pas impossible qu'il se pré-
sente un jour ou l’autre, donnons-en d'avance l’explica-
tion pour obvier, autant qu'il se peut faire, aux graves
ve
LA NEIGE ROUGE 13
perturbations qu'un pareil événement pourrait causer
dans notre atmosphère politique.
Qui n'a pas remarqué quelquefois cette coloration
verte qui recouvre des parties de clôture, des pierres,
des troncs d’ar-
bre, ete. lorsque
ces objets sont
à l'humidité et
à l’abri des ra-
yons solaires ?
Eh bien, qu’on
suppose que
c'est rouge au
lieu d’être vert,
Fig. 1—La neige rouge vue au microscope. [*] et l'on a l’appa-
rence que présente la neige rouge. Maintenant, si vous
êtes muni d’un fort microscope (il faudrait toujours avoir
un microscope dans sa poche, pour centrôler les apparen-
ces des choses), et que vous examiniez cette substance à
l’aide de la lentille, vous verrez ce que représenie la vi-
gnette ci-jointe.
Ordinairement, cette coloration de la neige est due à
une plante cryptogamique de taille fort petite,]’ Uredo niva-
lis, Bauer ; plus rarement, a des algues, nullement gigan.
tesques non plus, comme l|’Hematococcus nivalis, ou enco-
re aux œufs d’infusoires, qui ont le nom de Philodina
roseol«.
Il ne semble pas que jusqu'à présent on ait observé
ce phénomène ailleurs que dans les Alpes et les régions
arctiques. Mais tout est possible, même en Canada, sous
des circonstances favorables ; et peut-être, quelque ma-
tin d'hiver, on ne verra partout que du rouge. Le phé-
nomène durera plus ou moins longtemps, selon le bon
plaisir du soleil et les tendances, ascendantes ou descen-
dantes, du thermométre.........
SSS,
LA DIPHTERING LACERTE
La diphtérie est une maladie bien redoutable, et il n’y a pas beaucoup de
(*) Nous sommes redevable, pour la communication du cliché de cette gravure,
à Vobligeance de M. Cas W. Smiley, rédacteur du Microscope, Washington, D. C.
DS) SAR WAT oe
CERRO PE
LÉ NATURALISTE CANADIEN
familles où elle n’ait exercé quelqne ravage. Aussi quand on annonça de Pa-
ris, il y a quelques mois, la découverte d'un traitement qui donnait de sérieux
moyeus de lutte contre le terrib e mal, ce fat une véritable joie dans tout le
monde civilisé, où la nouvelle se répaudit avec la rapilité de l’éclair. Déjà, un
peu partout, le fameux remède a sauvé des victimes de Ja maladie, et l’on orga-
nise en bien des endroits des établissements pour la production du séram anti-
diphtévique. Le Dr Roux, qui a donné cs bienfaitau genre humain, voit déjà
son nom entouré d’une auréole de gloire.
Pendant qu'en décembre dernier nous suivions avec grand intérêt tout ce
que le télézraphe et les journaux nous dis tient de la sérumthérapie, voilà que le
Moniteur nous arrive un jour avec une lettre du Dr N. Lacerte, de Lévis, qui,
tont en rendant hommage à la méthode du D: Roux, revendique pour un trai-
tement de sa propre invention des résul ats beaucoup plus complets. La sé-
rumthéranie, en effet, diminue la mortalité @environ 60 pour cent à 26 pour
cent, tandis que Ja Diphtérine Lacerte la réduit à 3 pour cent : sur 200 cas trai-
tés à Lévis par ce remède, un seul u’a pas été guéri. IL y à quinze ans que ce
médecin guérit ainsi la terrible maladie, et personne ne le savais !
La presse universelle s’oceupe de la sérumthérapie, depuis trois mois que
ce nouveau traitement est découvert ; les gouvernements, les cités, les parti-!
culieis n'épargnént aucune dépense pour la diffusion de ce traitement, qui ne
guérit pourtant que le quart des malades.
D'autre part, on annonce un autre procédé qui guérit tous les cas à peu
près, et personne ne dit mot! Il y a un mois, la lettre de M. Lacerte a été regro-
duite par les journaux de Québec et de Montréal —parce que, sans doute, il les
a priés de la publier—, et tout est fini.
Mais si le Dr Lacsrte dit vrai, il faudrait faire beau tapage; il faudrait
faire en sorte de ne plus laisser la diphtérie emporter aucun de nos petits Cana-
diens !
Il est difficile d’admettre que ce médecin vienne ainsi tromper le publie.
Tl est done véridique, on doit l’admettre, quand il prétend n’avoir eu ‘qu'un
seul insuccès sur au delà de 209 cas traités et guéris pendant 15 ans” dans
trois importantes communautés de Lévis.
Eh bien. la chose ne vaut-elle pas qu’on s’en occupe ? est-il difficile de con-
trôler les assertions du Dr Lacerte ? pourquoi n’expérimente-t-on pas le traite-
qnent qu'il annonce, avant de recourir à grands frais au système du Dr Roux ?
Tl est à remarquer, aussi, que la sérumthérapie n'est applicable que dans les
grandes villes, qui seules pourront se pourvoir d'un laboratoire de bactériolo-
gie, où l’on décidera s’il y x livu, dans tel cas de diphtérie, de recourir à l'em-
ploi du sérum antitoxique.
Mais on ne fera rien, sans doute, Ils’agit d’un compatriote! Vraiment il
serait bien téméraire pour l’un des nôtres d'inventer quelque chose d’impor-
tant; de quoi se mêlerait-il ! em
Quant à nous, nous n’entendons rien en la matière, et tout ce que nous
pouvons dire de la Diphtérine, le voici : nous connaissons une famille qui s’est
servi avec succès de la Diphtérine, et qui fait le plus grand cas de ce remède.
Mais nous sommes frappé de ce fait, l’un des plus incomp:éheusibles, pour
nous, d'un temps si fécond en choses étranges : on remue ciel et terre pour un
remède qui sauve les trois quarts des cas, et l'on n’accorde aucune attention à
un autre rec: qui les guérit tous !
Le NATURALISTE, qui n’a pas reçu la communication du Dr Lacerte, ne
s'occupe de ce sujet que de façon assurément bien uésintéressée, on peut le croi-
re. Et nous ne savons même comment lé médecin lévisien prendra cette in-
tervention, que nous avons regardé comme un devoir d'exécuter. En tout cas,
nous mettons volontiers a la dispositiou du Dr Lacerte les pages de notre Re-
vue, s'il jugeait à propos d'exposer sa méthode, et les résultats obteuus jusqu’à
présent, à l'élite intellectuelle dont se compose la clientèle du NATURALISTE, et
parmi laquelle il y à en grand nombre des membres de a profession médicale.
PHOTOGRAPHIE
PHOTOGRAPHIE
À la d2 nial: ds l’estimé rédacteur du NATURALISTE,
je commence une série d’articles ou de notes sur la pho-
tographie, et, particulièrement, sur son application aux
sciences naturelles.
Ce n’est pas sans hésitation que j’entreprends cette
tâche, car je me voudrais d’autres connaissances encore
et une autre expérience pour m'adresser à ceux de ses
lecteurs qui sont photographes de profession ou amateurs-
photographes. Mais comme on m’a représenté que mes
études et mes recherches en cette matière pourraient in-
téresser, et induire quelques-uns des savants abonnés à
faire eux-mêmes d’autres travaux pouvant profiter aux
progrès des sciences, je me suis décidé.
D'aillsurs l'accueil qu'on fera à ces petites commu-
cations mé dira si je dois continuer ou cesser d'écrire
sur ce sujet.
Le botaniste surtout se procurera beaucoup d'utilité
et d'agrément en s’aidant de la photographie. Par la |
combinaison ingénietise de son appareil avec un micros-
cope, il pourra photographier tout ce qu'il voit dans ce
dernier instrument. C’est ce qu’on appelle faire de la pho-
tomicrographie.
Vous voyez qu'il pourra par là faire profiter nombre
de gens d'observations et de découvertes qui, autrement,
ne seraient connues peut-être que de lui seul. Nous
décrirons plus tard le moyen pratique d’y parvenir.
Aujourd’hui,contentons-nous de signaler un procédé
bien utile et bien facile en même temps, puisqu'il peut
dispenser des volumineux herbiers et permet de Gath)
senter sams appareil photographique les plantes ave
leurs fleurs, leurs feuilles et leurs tiges, et cela d’une ma-
niére plus parfaite.
LA PHOTOGRAPHIE SANS APPAREIL
Ayez un châssis-presse, que vous pouvez faire faire
chez un menuisier ou vous procurer chez un marchand
de matériel photographique pour une somme très modi-
que. Mettez au fond une vitre, et placez dessus la plan-
ni, An F . 1 1 PAU ng \ At!
TN ee CASA LR OA RM À sr A AE ARS Cia: SE ABS
16 LE NATURALISTE CANADIEN
te à photographier, les feuilles et les fleurs ayant la face —
tournée vers vous. Si la plante est fraiche, mettez-la au-
paravant entre des feuilles de papier brouillard jusqu’à
ce quelle ne tache plus le papier. Appliquez ensuite
dessus une feuille de papier sensibilisé quelconque, soit
albuminé, soit aristotype, ou autre ; prenez le châssis et
exposez au soleil. Vous pouvez en surveiller la venue
comme pour une épreuve ordinaire, et quand vous la ju-
gez suflisamment foncée, vous la retirez. L'objet sera
imprimé sur fond brun ou noir avec une extrême préci-
sion de détails dans ses parties les plus fines et les plus
délicates. Essayez, et vous serez peut-être surpris du ré-
sultat.
Par l'emploi d'un bain combiné de virage-fixage
dont nous donnerons la formule au prochain numéro,
nous avons obtenu des teintes différentes se rapprochant
plus ou moins de la couleur naturelle de certaines fleurs.
L'abbé E. P.
— me ee ere eee
A LA CONVENTION POMOLOGIQUE DE QUEBEC
“Le Rév. Thomas Fyles, de Lévis, a mis devant la convention un très inté-
ressant travail sur les études entomologiques accompagné de magnifiques
échantillons d’insectes comme démonstration. Il nous a fait plaisir de lui en-
tendre rappeler la mémoire de feu l’abbé Provancher, cont les travaux sout
consignés aujourd’hui dans les ouvrages entomologiques des Etats-Unis et
d'Europe. ” (Extrait du Courrier du Canada, 13 déc. 1894)
A NOS CORRESPONDANTS
—M. L'ABBÉ P.-A. B., SHERBROOKE—Le No 3 de votre dernier envoi de
Coléoptères, est le Cyehrus viduus, Dej. Cette espèce n’est pas mentionnée dans la
Faune de Vabbé Provancher ; elle manque dans la collection de l’Université
Laval et dans la collection Provancher. Donc, insecte très rare, que nous de-
crirons quelque jour dans le NaATuRaLISTE. Le No 64 est l’Anthophylax attenua-
tus, Hald., un beau Cérambycide qui n’est pas commun non plus.
—R.P...., LA TRAPPE DE MISTAssINI—Le beau papillon que vous nous en-
voyez, et qui a éclos, cet hiver, dans une cellule de Trappiste (où peut-on
mieux se placer pour arriver à l’“état parfait” ? ) est le Vanessa Progne, Cram.
—Nous avons ici, en ce moment même, uu exemplaire vivant de l’Attacus Poly-
phemus, L. , l’un de nos vers à soie d'Amérique, éc os dans le bureau du NaTU-
RALISTE, ce qui prouve que l’on peut arriver partout à la perfection, ‘‘ en posant
yes conditions requises. ”
—Nos remerciements au correspondant Em.-B. G. pour les bonnes choses
qu’il dit de notre Reyue dans le Canadien (St-Paul, Minn, ) du 17 janvier.
ee Ent ee ie
l'E
Naturaliste Canadien
Les
es — =,
‘
A Chicoutimi Fevrier 1895
Rédacteur-Propriétaire : l'abbé V.-A, HUARD
a | ‘ Beaucoup de nos abonnés nous ont envoyé le prix
de leur. abonnement, et nous les en remercions de tout cœur.
4 —Ainsi qu'il est dit dans les conditions du journal, nous
1 expédions ordinairement les quittances avec la livraison qua
suit la date où l’on a payé. Cette pratique nous permet d'é-
conomiser sur les frais d'administration ; et l’économie,
comme on s'en doute bien un peu, n’est pas pour nous chose
4 indifférente, dans les conditions présentes.
RE À
COLLABORATION
De divers côtés, on nous fait part de l'intention que l’on
. a de fournir des travaux au NATURALISTE. Nous nous en
4 réjouissons vivement, parce que rien n’est plus propre à ac-
croître la valeur de notre revue. Cela démontre en même
temps que les études scientifiques reçoivent plus d'attention,
4 et que les horizons intellectuels s’élargissent. Tous les Cana-
hi diens ne sont pas nés pour De de la politique, de l'histoire
i et du roman !
Nous présentons aujourd’hui & nos lecteurs un nouveau
naturelle au Séminaire de Sherbrooke. Nous savons que M.
Bégin fait une œuvre scientifique considérable dans l'institu-
3—Février 1895.
VOL. XXII (OL. II DE LA DEUXIEME SERIE) No 2
collaborateur : M. l'abbé P.-A. Bégin, professeur d'histoire |
NAN
{
18 LE NATURALISTE CANADIEN
tion qui bénéficie de ses talents,‘et nous sommes particulière-
‘ment heureux de le voir travailler dans ce territoire encore
, peu étudié dés Cantons de l'Est, où ila déjà fait de Aes)
ses trouvailles entomologiques.
102 —_ Mais si la famille des collaborateurs croît ainsi, De mai-
Son sera bientôt trop petite !. Wi Firs
- Eh bien, nous nous presserons un peu plus! Et, s'il le
faut nous'aviserons aux moyens d'ajouter quelques: pièces à
la demeure. . Après tout, cela nous regarde, et nous prions
les collaborateurs de ne s’en point inquiéter., Qu'ils vien
nent seulement: “après çà, nous verrons !”
1
\:
a ——
L ABBE PROVANCHER
nT
1.
ts
(Continué de la page 185 du volume précédent.)
Saint-Joachim est situé entre Sainte-Anne et le Cap
Tourmente. Quels ravissants paysages s'offrent ici à la vue, de
toutes parts ! Du côté du nord, c’est la montagne devenant
abrupte à mesure qu’elleapproche du Cap Tourmente qui sem-
ble la.terminer,a l’est,et dont la base est baignée par le flot du
Saint-Laurent. Du côté sud, l'extrémité de l'Isle d'Orléans
borne la vue,quià lest,s’étend au loin sur le beau fleuve dont
la largeur paraît la s’être subitement plus que doublée. . En-
an, en plein milieu de la paroisse, s'élève tuut à coup, mer-
veilleux îlot de verdure, le Petit-Cap, promontoire circulaire
qui domine toute la plaine d’alentour et semble avoir été fa-
gonné parla nature comme unbijou précieux et peut-être uni-
que en son genre. -La forêt, croirait-on, le couronne de tou-
tes parts ; mais engagez-Vous dans cette large route qui s’en-
fonce sous. le bois touffu, et sou‘lainement sur le sommet vous
verrez les grands arbres s’écarter et laisser vide un espace suf-
fisant pour enclore un antique château et une chapelle en
pierre : c’est la maison de campagne des Messieurs du Sémi-
{a
c
N
L'ABBÉ PROVANCHER 19
1 SA PRET
naire de Québec; qui passent leurs vacances dans ce séjour
délicieux, où sont aussi admis séminaristes et écoliers.: Quel :
inoubliable souvenir que celui des vacances passées & Saint-
Joachim, pour ceux qui ont eu quelquefois le bonheur - aller
s'y reposer des labeurs de l’année scolaire !
Le Séminaire de Québec, qui reçut de son fondateur, le
Vénérable Mer dé Laval, il y a plus de deux. siècles, la sei-
gneurie de Beaupré, possède une bonne partie de la paroisse |
de Saint-Joachim. Dès lan 1700, l'établissement agricole
que Mer de Laval y avait fondé, était déjà fort considérable,
puisque, au témoignage de M. de la Potherie (1), on y voyait.
une lieve de terre labourable, un château de pierre oe taille
long de 150 pieds, et 250 bêtes à cornes.
Mais le térritoire confié à la sollicitude tastowale de M.
Provancher ne se bornait pas à ce qui forme actuellement la
paroisse de Saint-Joachim ; car sa lettre de mission (9 sep-
tembre 1854) lui donnait aussi juridiction sur “ tous les éta-
blissements déja formés ou qui se formeront.... depüis la
paroisse de Saint-Féréol jusqu'à celle de la. Petite- Rivière
c’est-à-dire qu’à cette époque la paroisse de Saint-J oachim
comprenait aussi tout ce territoire, situé sur les hauteurs,
qui en a été détaché depuis pour former la paroisse de Saint-
Tite des Caps. C’était done un ministère assez laborieux et
assez pénible que le nouveau curé de Saint-Joachim allait
avoir à exercer. |
M. Provancher passa huit années comme ne de Saint-
Joachim, de 18544 1862. C’est durant cette période de sa
vie quil commença à s'occuper sérieusement d'histoire natu-
relle et qu'il publia ses premiers ouvrages scientifiques, Mais
pour ne pas trop mêler le sacré au profane, donnons d'abord ~
un aperçu de ses œuvres curiales, après quoi nous étudierons,
avec quelque étendue, les premiers travaux du naturaliste eb
du publiciste.
Le nouveau curé débuta par faire changer le mode de
concession des banes de l’église paroissiale. Auparavant, com-
(1) Cité par M. l'abbé A. Gosselin, Vie.de Mgr de Laval, Vol, IL, p. 431,
0
“
‘4
‘i
1”
20 LE NATURALISTE CANADIEN
me c’était aussi le cas dans d’autres paroisses et comme il y
en a encore maintenant quelques exemples, les bancs étaient
vendus pour une somme fixe, qui en assurait la possession
au concessionnaire durant toute sa vie eb sans nouveau paie-
ment. Cette façon d'agir, très avantageuse aux particuliers,
l'était beaucoup moins pour la fabrique, qui ne pouvait plus
beaucoup profiter de l'augmentation de valeur qui se produi-
sait, à mesure que la population devenait plus nombreuse et
que la concurrence devait se faire plus grande pour la pos-
session des bancs. Or, la concession des bancs sur le paie-
ment d’une rente payable annuellement peut être une abon-
dante source de revenus pour les fabriques, qui du reste sont
exhortées (1) par l'autorité religieuse à adopter ce mode.Seu-
lement il faut le consentement des franzs-tenanciers pour
effectuer le changement, et la mesure n’est pas d’elle-même
très populaire, puisqu'elle n’est pas toujours daccord avec les
intérêts personnels. Enfin, les paroissiens de Saint-Joachim
ne durent toujours pas opposer une résistance bien vive à la
proposition de leur curé, puisqu'il la fit adopter dès les pre-
miers temps de son séjour parmi eux.
Le même automne vit encore inaugurer à Saint-Joachim
une pratique qui n’est certes pas d’une importance capitale
au point de vue du droit, mais qui du moins ne manque pas
Pan certain intérêt histcrique: l’introduction des poêles dans
l'église. Comment! On ne chauffait pas les églises, autre-
fois ? Non, on ne les chauffait pas, et personne, je présume,
n’en est mort. Je dois bien avouer pourtant que je préfère
de beaucoup rappeler ce détail historique, que d’avoir été à
même d'apprécier personnellement sur ce point l’ancien régi-
me ; et mes lecteurs, de leur côté, sont aussi d’avis sans doute
qu'il est plus agréable d’en prendre connaissance par la seule
narration. L'amour du bien-être allant sans cesse croissant,
nos petits-neveux comprendront encore moins que nous l’an-
cien état de choses. Ce n’était pourtant pas le combustible
qui faisait défaut autrefois, alors que la forét était encore
1) Appendice au Rituel, Québec.
Pp
L'ABBÉ PROVANCHER 21
bien moins éloignée qu'aujourd'hui des endroits habités! Mais
on n’imaginait pas,je suppose,qu’il fût possible ou convenable
de faire du feu dans les églises. Du reste, les premiers colons
n'avaient dû que suivre en cela l'usage de France, quoiqu'il y
ait une bonne différence entre le climat de la mère patrie et
le nôtre. Et il n’est pas surprenant que l'ancienne pratique se
soit conservée silongtemps à Saint-Joachim,qui est bien lune
de nos paroisses canadiennes quia gardé avec le plus de persé-
vérance les mœurs patriarcales et les traditions de nos ancé-
tres. Toujours est-il qu'en l'hiver de 1854-55, grâce à l'abbé
Provancher, les poêles furent autorisés à pénétrer dans l’égli-
se de Saint-Joachim ; et là, comme dans les autres édifices
publics du pays, quand ils s'en voient exclus, ce n’est que
pour céder la place à des modes de chauifage encore plus effi-
caces.
En 1855, outre des travaux de réparation assez considé-
rabies faits à la sacristie et au presbytère, il y à encore à si-
gnaler, au crédit de M. Provancher, l'introduction d’une nou-
velle mesure : l'assurance des édifices paroissiaux. Aujour-
@hui il y a peu de propriétaires qui pourraient goûter les dou-
ceurs du sommeil si leurs propriétés passaient seulement
vingt-quatre heures sans être assurées ; mais, pour cette pra-
tique comme pour beaucoup d'autres, il n’en a pas toujours
été ainsi. Et sans doute l’histoire nous fournirait une quan-
tité d'exemples de gens qui dormaient parfaitement, nonobs-
tant le risque qu’ils couraient de voir leurs valeurs détruites,
un jour ou l’autre, par les flammes de l'incendie. Cela n’em-
pêche pas que les systèmes d'assurances sont une fort bonne
chose et que, toutes choses égales d’ailleurs, on se trouve bien
à l’occasion, en face des cendres fumantes d'un immeuble, de
recevoir la somme d’argent qui en représente, ou à peu pres,
la valeur. A Saint-Joachim, en 1855, on se montra docile à
ces conseils de la prudence, et l’on fit assurer les édifices re-
ligieux dela paroisse dans |’ Association d'assurance mutuel-
le des fabriques des dioceses de Québec et des Trois-Rivières.”
Cette association, composée des fabriques des deux diocèses
29 LE NATURALISTE CANADIEN ---
n'avait reçu son existence civile que deux années auparavant,
en 1853, en méme temps qu’une association du même genre
pour les diocèses de Montréal et de Saint-Hyacinthe : tout le
Bas-Canada, où il n’y avait alors que ces quatre diocèses, ‘se
trouvait done à bénéficier de ce sage système de protection.
Ah! l'organisation religieuse de notre pays peut servir de
modèle à celle ‘de bien d’autres pays plus anciens ! Si on tais-
sait partout à l'Eglise ses coudées franches, on verrait par-
tout de belles choses !—Pour en finir avec cette question d’as-
surance, les associations que je viens de mentionner, ne peu:
vent prendre de risques que sur les églises, sacristies, presby-
teres et dépendances. L'un de ces édifices vient-il à être dé-
truit par le feu’? on prélèv2 sur chacune des fabriques: for-
mant partie de l'association une somme proportionnelle au
montant pour lequel elle est elle-même assurée, de façon à
formerla somme nécessaire pour indemniser la fabrique ‘qu'il
s’agit de secourir. ' Ajoutons que beaucoup de fabriques pré-
fèrent assurer leurs propriétés dans les sociétés. ordinaires
d'assurance. Ce n’est pas ici le lieu d'examiner si l’on y trou-
ve plus ou moins d'avantages.
(A suèvre)
NA
— ———0
FORMATION DU SAGUENAY .
(Continué de la page 189 du volume précédent)
Nous disions done, pour revenir à notre problème résolu
suivant la théorie de M. l'abbé Laflamme, que le Saguenay
s'était non seulement creusé un lit au niveau de. celui «du:
Saint-Laurent, mais encore un abime très profond au-dessous
de cette limite ; il sera done facile pour nous de naviguer sur
cette rivière, sans craindre les écueils et, surtout, aidés par la
marée qui,doit se faire sentir jusqu’au lac Saint-Jean.
Sur son parcours jusqu’à la Baie des Ha! Ha! rien n’a
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‘|
QUE
24 ’ LE NATURALISTE CANADIEN
été changé , il est tel que nous l’avons vu à notre premier voy-
age ; seulement nous n'avons pas remarqué alors les îies
Saint-Louis et Saint-Barthélemy, situées à quelques milles en
amont de la rivière Sainte-Marguerite.
Pourquoi Vile Saint-Louis, haute de plusieurs cents pieds,
se trouve t-elle ainsi isolée au milieu du Saguenay ? Voilà un
petit Jopin de terre qui nous intrigue beaucoup. Si les rivages
de certe intéressante rivière étaient formés de dépôts d’argile,de
sable et d’alluvion ou de toute autre formation, au lieu de gra-
nit, nous passerions outre. Mais puisque c'est l'eau qui a mi-
né ce lit profond daus la pierre la plus dure, pourquoi n’a-t-el-
le pas, tout de même, enlevé cet obstacle, cet îlot inutile au
beau milieu de son cours ? Formé qu'il est de la même matière
que le reste, il était beaucoup plus facile pour elle de le faire
disparaître, en le minant comme le reste, que de le conserver
intact pour qu'il serve de nuisance perpétuelle à son laborieux
travail,
Et dire que cette île appuie sa base à une profondeur de
plus de 1000 pieds ! Nous ne comprenons pas la raison de
Vimpuissance de l’eau à cet endroit, ni la théorie suivie en
cette circonstance pour se creuser, en haut comme en bas de
l'île, un lit d’égale profondeur malgré cet obstacle qui aurait
dû modifier considérablement son ‘travail surtout en amont.
Le glacier n’a pas su jouer son rôle non plus, en ne tran—
chant pas la question, en ne culbutant pas en dehors de sa voie,
comme une roche perdue, cette pyramide de 1500 pieds de
hauteur, qui devait lui chalouwiller un peu fort la plante des
pieds. RL
N'importe, remontons à la Baie des Ha! Ha!; mais
non, dans ces temps-là, la Grande-Baie n’existait pas, ou plus
tot la rivière se continuait sans interruption jusqu'au lac
Saint-Jean en passant par le lae Kinogami.
Poursuivons done notre course par cette partie inconnue
de la rivière Saguenay qui existait alors.
Elle est toujonrs profonde eette rivière, mais son aspect
change. Au lieu de bords escarpés de 1500 a 2000
pieds de hauteur, vous voyez maintenant des écores formant
des plateaux élevés de 400 à 500 pieds,composés d'argile et re-
couverts de sable. Plus haut, au Portage-des-Roches, vous re-
trouvez les escarpements de granit—les futurs rivages du lac
Kinogami—s’élevant à droite à 500 pieds, eta gauche à plus
de 1000.
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nt : ' pis y NATH ÿ
FORMATION DU SAGUENAY
Portage-ds-Rochas (formation primitive)
4—Février 1895,
25
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RES
i,
26 LE NATURALISTE CANADIEN
Mais ici, encore, un obstacle imprévu se dresse droit de-
vant vous. Un bloc énorme de rocher, appuyant sa base sur
les deux lèvres ouvertes de l’abîme,.est suspendu entre le ciel
et l’eau et forine une voûte gigantesque de granit dépoli, sous
laquelle vous passez en vous courbant, fier de votre hardiesse.
Spectacle étrange et terrifiant que ce rocher monstre s’équili-
brant ainsi dans wne telle position. Ce n’est pourtant rien
qu’une miniature de ce que vous auriez entrevu, si, en face de
Pile Saint-Louis, le Saguenay se fût trouvé à sec.
Vous passez le futur lac Kinogami, 18 milles de lon-
gueur, et vous distinguez encore le rocher mystérieux com-
me un pont géant au-dessus de l’abîme.
Au Beau-Portage, les écores argileuses reparaissent de
méme hauteur que les premieres.A Koushpaganish elles ehan-
gent d’aspect : ce n'est plus l'argile, ni le granit, c’est le cal-
caire qui apparait ici, en lits horizontaux et superposés, for-
més de masses compactes de fossiles d’une infinie variété,
mesurant plus de 200 pieds de hauteur au-dessus de l’eau.
Vous arrivez enfin, entre ces deux murailles, au terme de
votre exploration. En face de vous sont des rapides qui vous
arrêtent ; le caleaire disparaît, le granit recommence.
Vous avez traversé toutle fond du grand bassin alluvial
du Saguenay depuis la Baie des Ha! Ha ! jusqu’à la tête de
la rivière Ticouabé : pasle moindre indice du lac Saint-Jean
sur tout ce parcours, pas plus que devant Québec.
Vous avez bien vu des chutes extraordinaires en remon-
tant la rivière, soit d’un côté, soit de l’autre, comme on en
voit encore, d’un petit volume, si vous voulez, et d’une gran-
de hauteur, en descendant à Tadoussac ; mais non cette nap-
pe d’eau à perte de vue, que vous aviez hâte de contempler
et de mesurer.
Le lac Saint-Jean est disparu, il s’est écoulé jusqu’au
fond de son lit par la profondetranchée que ses eaux Ini ont
creusée. Il ne reste plus que le Saguenay, qui, après avoir
vidé le grand bassin, n’en continue pas moins à recevoir sur
Ban parcours toutes les eaux des rivières qui alimentaient au-
trefois le tae.
Ce résultat n’a rien de surprenant, puisque, l’érosion lente
et continue de l’eau lui ayant ouvert un passage à travers les
montagnes eranitiques du Saguenay à une profondeur de
plus de 1000 pieds au-dessous du lit général du lac, elle n'a-
vait plus qu'à miner sans effort son fond d’argile et de caleai-
re pour compléter son œuvre, tout comme le plus petit étang
se vide et s’asséche, du moment qu’ un fossé d'égoût pénètre
jusqu'au niveau de son lit.
_ Voiià tout le secret du procédé mis en action par M.
abbé Laflamme, bien avant l'époque glaciaire, pour résoudre
le problème saguenayen, pour creuser ce fleuve légendaire, le
Fiord canadien,
Je partagerais, de grand cceur, les convictions profondes et
si bien exprimées du savant edologue, si la malheureuse incti-
naison, imprévue mais frappante et irrémédiable, de la chaîne
des Laurentides vers le Saint-Maurice, vers l’ouest, ne venait
pas menacer inopinément d'un vrai cataclysme, cette fois, ce
brillant échafaudage si laborieusement élevé......
Je serais accusé de conspiration et même de complicité
avec M. l'abbé, si je es s’introduire, sans protestation,
cette nouvelle doctrine qui montre sous un faux jour, à mon
sens, la dernière évolution géologique qui présida à la forma-
tion du Saguenay, tel que nous le voyons aujourd’hui.
(A suivre)
+ 2.) DUMAIS:
DE LA COLORATION CHU LES LEPIDIPTERES
Quelle est l'influence de la température sur la couleur
des ailes des Lépidoptères ? A cette GEO on ne peut enco-
re répondre rien de positif, malgré les expériences et les ob-
servations que les entomologistes ont multiplites dans le but
d’en obtenir la solution,
Par la présente note je ne viens pas donner aux lecteurs
du “ Naturaliste canadien ” le dernier mot sur ce sujet. Mon
intention est de signaler seulement deux faits qui pourront
peut-être y jeter quelque lumière.
Le premier de ces faits, c’est que les individus d’une mé-
me espèce qui habitent les régions froides du nord tendent à
se parer de teintes plus foncées que ceux qui vivent dans les
pays plus favorisés par la chaleur, [ls suivent la loi du mimé-
_tisme, en empruntant en quelque sorte les couleurs sombfes
_des lichens noiratres qui couvrent les nombreux rochers des
contrées avoisinant la zône glaciale. L’extrait suivant d’un ar-
(!
DE LA COLORATION CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 2G
|
28 LE NATURALISTE CANADIEN
ticle du Prof. C, H. Fernald, ’éminent entomologiste de l'Etat
du Massachusetts, en fait foi, (Ent. News, Vol. V, p. 132).—
Ti s'agit d’un certain nombre de Microlép doptères capturés à
McCormick Bay, dans le nord du Grocnlard, à la latitude
77042’ nord, entre :e 25 juillet et le ler août 1891.—“Une
des plus intéressantes choses à remarquer, dit-il, dans cette pe-
tite collection est Ja couleur très foncée des insectes. Les spé-
cimens appartenant aux espèces Laodamia fusca et Pyrausta
torvalis sont beaucoup plus noirs que tousceux que j'ai vus
jusqu'aujourd'hui, tant ceux qui proviennent de la Nouvelle-
Angleteire que ceux qui ont été} ris au Labrador.”—M. Geo.
D. Hulst fait une remarque semblable dans le No 1 du Voi.VI
de cette même très intéressante revue. Le climat semble done
avoir quelque influence sur Ja couleur des Lépidoptères. Et
aux endroits où la température moyenne annuelle est plus
basse, la couleur de ces insectes tend vers le noir.
Le second fait }rovient d’une observation personnelle. —
Au cours d’une de mes chasses entomologiques, le 30 octobre
dernier, je capturai deux magnifiques spécimens de lespéce
Colias philodice, un mâle et une femelle, —Les papillons, dans
notre province de Québec, commencent à se faire rares à une
date aussi avancée.—Je constatai alors avec surprise que les
ailes de ces deux insectes étaient dans l’ensemble d’une
teinte plus sombre que celles de tous les autres individus de
cette même espèce que j'avais capturés en grande quantité du-
rant tout l'été. On sait que la couleur des ailes de ce Colias
est généralement d’un beau jaune-clair,quelquefois,quoique assez
rarement, dun biane presque pur. La base des deux paires d’ai-
les est lévèérement estompée de noir, avec leur bord postérieur
également marginé de noir. Chez les femelles la bordure des
primaires est un peu plus large etrenferme une rangée de pe-
tites taches jaunâtres. Je trouvai sur mes spécimens la même
disposition des couleurs et des taches ; mais le janne-clair était
remplacé par un jaune-verdatre assez foncé, et le noir des ba-
ses des ailes était plus étendu et plus prononcé,
Ce mélanisme serait-il dû au froid de J’automne qui aurait
agi de quelque manière sur les chrysalides de ces deux Colias ?
C'est possible, mais il est difficile de l’affirmer. Il y a parfois
une si grande différence entre les individus d’une méme espéce,
pris à divers endroits d’une même contrée où le climat est pra-
tiquement le même, qu'il serait téméraire d'attribuer ce phéno-
mène à la différence de la température, plutôt qu'à tout autre
VIT PAS
LES DÉSHÉRITÉS 29
facteur ou agent qui pourrait se trouver dans le voisinage de
l’insecte.
C’est par l'accumulation des faits et des expériences que
l’on parviendra à élucider ce point obscur, ainsi que mille au-
tres du même genre que l’entomologiste rencontre à chaque
pas dans l'étude si merveilleuse et si attrayante des infiniment
petits.
L'abbé P.-A. BÉGin.
Qj
LES DESHERITES
(Suite)
LE LEZARD
Après le crapaud, le lézard. _
Deux grands incompris, deux grands déshérités pour qui
dame Nature s’est montrée marâtre, pour qui l'humanité ré-
serve toute sa cruauté.
Et pourtant, nous avons vu le crapaud, vaillant destruc-
teur de vers, échenilleur modeste mais assidu de nos planta-
tions, rendre à nos jardins et à nos champs des services sans
nombre ; et pourtant, nous pouvons voir le lézard—le beau
lézard aux éblouissantes couleurs—partager, avec le crapaud,
la tâche ardue de purger nos carrés et nos plates-bandes des
pygmées dévastateurs qui y pullulent.
A l’inverse du crapaud, le lézard n’est pas matineux : sa
nature frileuse s’accommode mal des fraîcheurs de l'aube ; il
préfère attendre que le soleil, déjà haut sur Vhorizon, ait, de
ses regards irradiants,séché la rosée qui constellait, de ses gout
telettes diaprées, les feuilles des arbres et des fleurs. !
Mais s’il ne lui arrive pas d’être matinal, il sait bien rattra-
per le temps perdu. Dans un soleil radieux, il est à la fête : il
offre d’abord aux caresses lumineuses son dos verdâtre et son
ventre jaune ; sa queue frétille de plaisir et impatience ; ses
petites pattes sont continuellement en mouvement et la joie
inonde ses yeux qui brilent du plus vif éclat.
Et puis en chasse ! Malheur à la mouche folâtre qui joue,
insouciante, dans un rayon de soleil: son bourdonnement de
bonheur se change vite en une plainte funèbre! Malheur au
À A à AS MS
30 LE NATURALISTE CANADIEN j
puceron imprudent qui, de ses attouchements immondes,souille
nos roses et nos lys : le lézard sait le surprendre à terre et
venger les fleurs ! Malheur à tous ces petits tyrans aux trom-
pes finement ravageuses, aux pinces délicatement dévastatri-
ces : le lézard ne fait que passer, ils ne sont d'jà plus!......
Mais à la plus belle même des chasses, il est une fin. Re-
pu de veimine, harassé de sa course à travers racines et bran-
ches, le lézard se prépare à faire sa sieste. Amant de la lumie-
re et de la chaleur, il ira, le long d’un vieux mur ensoleillé,
chercher le repos qu’il a bien gagné. Voyez-le paresseusement
étendu dans un déhcieux rayon de soleil, offrir aux baise rsln-
mineux son ventre jaune qui reluit comme ior; ses. yeux mi-
clos sont pourtant attentifs et à la moindre alerte, prompt com-
me l'éclair, le lézard disparaîtra derrière une touffe de feuilles
vertes, pour revenir, le danger passé, refaire sa cour à la lu-
mière, à Ja chaleur !
Va, cher petit lézard, dans les rayons irradiants des beaux
soleils, mettre, au milieu de la verdure, ta tache fauve ; com-
me le crapaud—ton ami d’infortune, ton compagnon de persé-
cution—passe gaiment à travers nos jardins et nos champs ;
darde ta langue rose et fine dans les innombrables cohortes
d'insectes malfaisants ; et si alors, il s’en tronve d'assez in-
grats pour dire de toi un mal que tu ne mérites point, venge-
toi en faisant aux brigands multipodes de nos plantations une
guerre plus acharnée encore ; puis, dans les flots lumineux des
ardents soleils, tu iras étaler, le long d’un vieux mur en ruines,
Vémeraude de ton dos verdâtre et l’or de ton ventre jaune !
HENRY TIELEMANS,
Instituteur
Fort Ellice, Man.
O=— —— —
LES ICHNEUMONIDES DE PROVANCHER
Le prof. G. C. Davis, du “ Michigan Agricultural College,” vient de pu-
blier dans les *‘ Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadel-
phia,” pages 184-190 du volume de 1894, un mémoire intitulé Some Notes from a
Study of the Provancher Collection of Ichneumonidæ. Les espèces que M. Davis
a trouvées dans la collection (achetéé par la Province et installée
dans trois pièces de l'Hôtel du Parlement, à Québec) ont été de sa part
l'objet d’un examen soigneux, et il publie ses commentaires sous la forme
d’une liste synonymique. Beaucoup de types n’ont pas été examinés, mais il
y a assez de renseignements dans ce mémoire pour justifier amplement sa pu-
LE CRAPAUD COMESTIBLE ol
blication. Provancher a tellement travaillé tout seul, que beaucoup de ses
nombreuses espèces seront reconnues comme synonymes ; et il est vraiment
bon de savoir que sa collection se conserve dans une localité aussi accessible
que Québec, et sous les soins d’un curateur aussi attentif que M. Saussure (*).
: La collection fut offerte au National Museum de Washington, mais on manquait
de fonds pour l'acheter.
(Traduit de l'INSEOT Lirs, sept. 1894.)
[0
& CRAPAUD COMESTIBLE
Nous lisons ce qui suit dans la Vérité du 16 février, où il est question de
notre livraison de janvier :
‘A propos de l’article de-M. Henri Tielemans sur le crapaud, nous y avons
remarqué une phrase qui nous a grandement étonné. La voici:
‘“Regardez-le (le crapaud) aller lourdement, de droite à gauche, de gauche
‘à droite, se gavant de chenilles et de vers : il grossit, il engraisse ; et bientôt,
“sur vos tables finement servies, il viendra réjouir vos délicats odorats de l’a-
“rome exquis de ses cuisses rissolées dans le beurre, au milieu d’un bouquet
_“ odoriférant de cerfeuil et de persil. ??
“ Nous avons mangé, en France, des cuisses de grenouille, et elles sont dé-
licieuses ; mais C’est la première fois que nous entendons dire que les cuisses
de crapaud sont comestibles. Ne serait-ce pas un lapsus calami ? ??
S'il y a quelque part un lapsus calami, ce ne peut être que dans le rapport.
du Père Guerlach, cité par notre correspondant, qui ‘affirme que certaines
peuplades de l’Indo-Chine s'offrent, avec le crapaud, un festin de roi.” Par
exemple, M Tielemans est d’avis que nous devrions vaincre à cet égard nos
répugnances, et la fin de son plaidoyer, reproduite par notre estimab'e confrère,
n’est pas autre chose qu’un tableau des jouissances gastronomiques qu'il pro-
met, comme un appat, aux gourmets fé inins à qui il s’adresse.
C’est la première fois que, nous aussi, nous entendons dire que les cuisses
de crapaud sont comestibles. Mais il y a peu de choses qui puissent nous éton-
ner en cette matière, depuis que nous avons vu, à Trinidad, une jeune fille re-
cueillir soigneusement les énormes vers blancs du Calandra palmarum, Fabr.,
pour en faire une fricassée quelconque ! On sait que le fimeux Lalande préfé-
rait le guût de l’araignée a celui des insectes qu’il avait précédemment essayés,
Une friture de cuisses de crapaud nous irait encore mieux que tout cela !
[*] Il s’agit ici, évidemment, de M. D.-N. Saint-Cyr, conservateur du Mu-
sée de I’ Instruction Publique de Québec.
Il nous est agréable de noter ici que M. le Prof. Davis, en nous annonçant
l'envoi d’un exemplaire de son Mémoire, nous fait les offres de services les
obligeantes. Nous aurons sans doute plus d’une fois l’occasion de recourir à ses
hautes connaissances scientifiques.
—Nots ferons remarquer à notre savant confrère de }’Znseet Life que l’abbé
Provancher n’a pas travaillé si isolément qu’il le croit. C’est ainsi qu’il di-
sait en janvier 1877 (Nav. CAN., IX, p. 6) avoir soumis tous ses Ichneumonides
à M. E. T. Cresson, Il avait aussi des relations suivies avec plusieurs autres
autorités de la science entomologique aux Etats-Unis.
32 LE NATURALISTE CANADIEN
LA PRESSE
Nos remerciements les plus sincères à la Minerve, la Croix du Canada, le
Trifluvien, la Vérité, le Courrier du Canada, l Enseignement primaire, et le Cour- <
ner de Saint-Hyacinthe, qui ont publié le sommaire du premier numéro de notre
4 vingt-deuxième volume. Piusieurs de ces confrères ont parlé aussi de notre
e revue d’une façon très bienveillante.
(Op een re
LA PHTHISIE
On écrit, de Paris, que l’on a grand espoir d'arriver enfin, cette année, à la
guérison de la phthisie. Les expériences nécessaires se font actuellement,dans
les sphères officielles, avec le ‘ vaccin ?’ nouvellement découvert.—Le succès
de ces expériences signifiera la diminution de la mortalité d'un cinquième,
chez les nations civilisées, et la conservation des peuples sauvages, qui sont
particulièrement ravagés par la terrible maladie.
—_— — — — — 0 — — —
AUX CONCHYLIOLOGISTES
M. Caziot, chef d’escadron d'artillerie, 17 rue Pradier, Nimes (Gard), Fran-
ce, demande des corraspondants pour échanges de coquilles.
—————— —0——- -— —.— —
LA COMMISSION GEOLOGIQUE DU CANADA
oe ———
Le Dr Selwyn s’est retiré dela direction de la Commission géologique,
poste qu’il occupait depuis 1870. Son remplaçant est le Dr G. M. Dawson,
fils de Sir William Dawson. Le Dr Dawson, qui fait partie de la Commission
depuis une vingtaine d’années, est bien connu par ses nombreux travaux scien-
tifiques.
— ———— () — -—
Nous croyons devoir, ce mois-ci, remplacer par d'autre matière la continuation
de notre “ Traité de Zoologig. ”?
PHOTOGRAPHIE 33
PHOTOGRAPHIE
BAIN COMBINÉ DE VIRAGE-FIXAGE
Le virage (toning) est une des opérations les plus Aéli-
cates et les plus difficiles de la photographie. Les hommes
exercés au métier depuis plusieurs années éprouvent eux-mé-
mes des mécomptes inattendus.
Les défauts de fabrication du papier, une légère varia-
tion dans la quantité de chlorure d’or, de sels de plomb ou
de soude, dans la température du bain employé, peuvent faire
qu'on n’obtienne pas exactement la nuance voulue. I] faut
compter encore avec les insuccès provenant du séjour trop
court ou trop prolongé que font les épreuves dans la solu-
tion ou dans l’eau,les bains épuisés, les mains tachées, ete.
Cependant il ne faut pas s’exagérer les difficultés ; avec
un peu de perséverance on vient à acquérir des connaissances
et un tour de main permettant d'obtenir des résultats très
satisfaisants.
Il existait des préjugés contre l’emploi de bains ecmbi-
nés. S'il est encore préférable pour les photographes de pro-
fession d'employer un bain séparé pour donner la teinte cher-
chée, et un autre pour la fixer, c'est à cause du grand nombre
d'épreuves quilsont à traiter à la fois. Toutefois avec un
bain assez lent cet inconvénient n’existe plus. Pour les ama-
teurs, qui sont pressés, le bain combiné offre une éco-
nomie de travail et de temps. Du reste, il paraît bien établi
maintenant que lorsqu'on a suivi les indications données, les
épreuves virées et fixées en même temps sont aussi durables
que d’autres.
La formule suivante est donnée par la maison Anthony,
de New-York.
Hyposulfite de soude 3 onces
Nitrate de plomb 60 grains
Chlorure d’or Te Gili
Eau 24 onces
5—Février 1895.
ane
84 LE NATURALISTE CANADIEN
Faites dissoudre d’abord l'hyposulfite ; puis faites dis-
soudre le nitrate de plomb dans un peu d’eau chaude; ensui-
te ajoutez l'or. Brassez et filtrez.
Il est recommmandé d'ajouter 8 onces d'alcool afin d’é-
viter tout lavage antérieur, mais nous nous sommes trouvé
tout aussi bien de l'emploi de deux onces,et même d’un seule-
ment.
Immergez d’abord le papier impressionné dans le châssis-
presse face en bas,puis remettez-le face en haut.Ne mettez qu’u-
ne épreuve à la fois,et prenez garde que des gouttes de la solu-
tion ne rejaillissent sur le papier; sinon des taches jaunes s’y
feront voir. De temps à autre ramenez à la, surface celles qui
ont été mises en premier lieu.
L'image d’abord devient d’un rouge-brique peu agréa-
ble ; puis les tons deviennent plus chauds, passant du rouge-
brun au noir ou au gris quelque peu teinté de rouge, Si l’on
attendait davantage, on obtiendrait une vilaine teinte bleu
d’ardoise.
Arrêtez l'opération un peu avant d’avoir obtenu la tein-
te que vous voulez conserver, car l’action se continue pen-
dant le commencement de l'immersion dans l’eau pure.
La température du bain doit être de 590 Far.
Si le bain a agi trop rapidement, c’est-à-dire en moins
d’une dizaine de minutes, avant de laver, plongez les photo-
graphies dans un bain de fixage supplémentaire composé
comme suit :
Hyposulfite 1 once
Eau 20 onces
Laissez pendant le temps nécessaire pour compléter le
quart d'heure. |
Lavez ensuite dans l’eau courante pendant une heure
afin d'éliminer l’hyposulfite.
Si l’on n'a pas de robinet d’aguedue, il faut renouveler
l’eau trois ou quatre fois.
—Pour ces diverses opérations, nous avons employé le
papier “Aristo” Landon,
L'ABBÉE, P.
F
i
+
4
4
|
RE SAN RARE RC
NOUVEAUX JOURNAUX 95
PUBLICATIONS RECUES
— Annales de la Société Entomologique de Belgique, Tome X XX VII, Bruxel-
les, 1893.
—Fascicule ler du Catalogue de la Bibliothèque, Société linnéenne de Bor-
deaux, 1894.
—25th Annual Report of the Entomological Society of Ontario, 1891. Ce rap-
port, comme les précédents, est rempli de matiéres intéressantes pour les en-
tomologistes canadiens. Nous y remarquons surtout une étude intitulée ‘ The
butterflies of the eastern provinces of Canada, ” parle Rev. C. J. S. Bethune.
—Le Petit Almanach Populaire pour 1895, par Jean des Erables, publié à la
** Maison de la bonne Presse, ” 33 rue St-Gabriel, Montréal. 5 cts l’exemplaire.
Plein de choses utiles, sages, drôles, désopilantes.
— Rapport du Commissaire des terres de la Couronne de la Prov. de Québec, pour
1893-94. Une belle brochure et qui doit être bien accueillie,surtout par ceux qui
prenuent intérêt à la description géographique des nouveaux cantons de la Pro-
vince, et à l'étude de nos ressources minières.
—La librairie Rolland & Fils, de Montréal, nous envoie un Calendrier à ef-
feuiller pour 1895, et uu Agenda, qui sont tous deux bien jolis ; nous les utili-
sons volontiers, avec toute la gratitude requise.
—Le Canada ecclésiastique pour 1895 ; 25 cts ; Cadieux & Derome, Mont-
réal. Belle brochure de près de 300 pages, remplie de renseignements sur l’or-
ganisation religieuse du Canada. Les éditeurs méritent l’encouragement du
public; pour une œuvre si utile.
— Culture des fruits dans la Province de Québec, Par Geo. Moore ; 1892.
Cette publication du Ministère de l’agriculture contient des détails de
haute importance. On aurait bien dû la faire suivre d’une “table des matiè-
res. ”?
—Proceedings of the California Academy of sciences, Vol. IV, part 1. Mé-
moires de grand intérêt, entre autres celui de M. Uhler sur les Hémiptéres
(Hétéroptères) de la Basse Californie.
OO
NOUVEAUX JOURNAUX
—Nos meilleurs souhaits au Journal du Peuple, nouvelle publication heb-
domadaire de Montréal, rédigé par Jean des Erables.
— Le Rosaire, belle revue mensuelle publiée, depuis janvier, par les Domi-
nicains de Saint-Hyacinthe. $1.00 par année.—Forte doctrine sous une forme
agréable, gravures artistiques, impression de luxe, voilà ce à quoi les abonnés
peuvent s'attendre. Succès au nouveau confrère !
— Bulletin des recherches historiques. Editeur-propriétaire, P.-G. Roy, 9 rue
Wolfe, Lévis.—Publication in-80, mensuelle, illustrée ; $2.00 par année.
Il nous est particulièrement agréable de saluer la fondation d’une revue
36 LE NATURALISTE CANADIEN
de ce genre, dont les deux numéros publiés indiquent déjà importance et l’in- Fi
térêt. Nous lui souhaitons le plus grand succès. .
— L, Essai, revue hebdomadaire illustrée de la famille ; Montréal, B. B. P.
2174 ; 50 cts par année ; commencera au milieu de mars.—Il nous paraît que
cette revue remplacera celle de même nom, fondée en décembre dernier, et
dont il n’a paru que trois numéros.
—La Croix du Canada est redevenue semi-hebdomadaire. Nous espérons
que les difficultés financières, dans lesquelles se débat excellent journal ca-
tholique, finiront par disparaître.
O
EXTRAIT DE LA CORRESPONDANCE
Le “Gipsy motu’’— “ Veuillez done me dire quel est le nom scientifique
de l’insecte que les Anglais appellent “ Gipsy moth,’
D’après un journal américain, cette peste, comme on la nomme là- bas, au-
rait envahi tout un canton de l Etat de Massachusetts, et les pertes causées par
ce malheureux individu se chiffreraient déjà par des centaines de mille pias-
tres.
Introduit 4 Malden, Mass.. par M. Trou velot, alors graveur et qui s’est fait
depuis un si grand 10m dans l'astronomie française, le Gipsy moth a agrandi
peu à peu son domaine, s’est parfaitement acclimaté aux hivers américains, et
il y a lieu de craindre qu'il ne nous arrive un bon jour et ne se montre ici aus-
si malfaisant que chez nos amis les Américains.
Un mot de votre part serait de nature à signaler le fléau d'avance et à met-
tre les autorités sur leurs gardes. En 1890, le gouvernement de Massachusetts
a voté 50000 piastres pour couvrir les frais de la guerre à ce terrible insecte.”
M......, Québec.
OCNERIA DISPAR, L., est le nom scientifique du papillon que l’on désigne
aux Etats-Unis sous le nom de ‘‘Gipsy moth.” Ils'attaque au feuillage des
pommiers, cer siers, érables, chénes,ete. Il a fallu, au Massachusetts,aller jusqu’à
la dépense annuelle d’une centaine de mille piastres pour lutter avantageu-
sement contre ce terrible ennemi.—Le public indifférent qui hausse les épaules
en nous voyant “ courir après les papillons,” finira peut-être par comprendre
que l'étude de l’entomologie n’est pas, après tout, un simple amusement d’en-
fant, et que des ennemis qu’il coûte si cher de combattre valent un peu qu’on
les étudie.
Nous reviendrons sur la question du Gipsy moth,
0
SECRET POUR ASSOUPLIR LES PAPILLONS D&SSECHES
Nous trouvons Ce secret dans la revue The Entomogist's Record and Journal of
variation [Vol. VI, No 1, p. 23]. Il y est dit, au cours du compte rendu de la
séance du 6noy. 1894 de la Société d’entomologie et d’histoire naturelle de
Londres : ‘‘Le Dr Sequeira montra des échantillons de naphte de bois, et M.
Clark en mit une petite quantité 4 la base des ailes d’un spécimen desséché
de Spilosoma lubricipeda, avec ce résultat qu’en moins de cing minutes, le spéci-
men était assez assoupli pour être étalé de nouveau.” D’après le Dr Sequeira, il
faut employer du “pure Wood Naphtha—“syn” Pyroxylic Spirit.”
Sli
Naturaliste Canadien
VOL. XXII (VOL. It DE LA DEUXIEME re Nos
Chicoutimi Mars 1895
Rédacteur- oo i V.A. HUARD
FORMATION DU SAGUENAY
(Continué dela page 27)
L'ÉPOQUE GLACIAIRE
Je dirai peu de choses sur cette importante question, qu’il
est difficile pour l’homme de résoudre et dont les causes proba-
bles ne paraissent pas bien définies. |
“ L'époque glaciaire, dit M. l’abbé Laflamme, est venue
“ vers la fin des périodes géologiques. Peu de temps avant
“apparition de l'homme, une température très basse envahit
“ tout à coup les parties septentrionales de l'Amérique du Nord.
“ Une précipitation abondante en futle résultat, et tout le Ca-
“nada se couvrit d’un immense manteau de neige qui devait
“ s’accumuler sur place, des années, des siècles peut-être, sans
“se fondre. Bientôt cette neige se changea en glace, et, celle-ci
“s’entassant de plus en plus dans les parties septentrionales, la
“ poussée de cette masse glacée la fit s’écouler lentement vers
“le sud.”
S1 j'ai bien saisi l’idée de la cause première du change-
ment subit de la température dans cette circonstance, je suis
porté à croire qu’un de ces mouvements de bascule, ascendant
6— Mars 1895.
38 LE NATURALISTE CANADIEN
cette fois-ci, vient de se faire subitement sentir sous la surface
du futur Dominion, mais d’un caractère beaucoup plus pronon-
cé et beaucoup plus inquiétant que ceux qui l'ont précédé des
milliers de siècles auparavant. Du moment que l’eau se con-
géle, que la neige ne se fond plus/nous sommes bien arrivés,
sans contredit, à la hanteur des neiges éternelles, e’est-à-dire,
à une douzaine de mille pieds au-dessus du niveau de la mer.
Pour admettre un pareil exhaussement à une hauteur
aussi considérable, il faut, comine de raison, supposer à la croû-
te terrestre une capacité d’expansion extraordinaire, une élas-
ticité à toute épreuve. Autrement’il faudrait croire que la
terre flottant dans les eaux qui la recouvraient aux trois quarts,
a pu s’élever ou s’abaisser à volonté ; c’est-à-dire que lorsqu’el-
le se soulevait au-dessus des eaux à telle latitude, elle s’y en-
foncait tout simplement aux antipodes ; ou bien il faut en ve-
nir directement à la rupture de l’enveloppe du globe, qui per-
mit ainsi à certaine partie de sa croûte de se soulever, en se
séparant, pour laisser échapper et se répandre à sa surface les
matières en fusion qu’elle ne pouvait plus contenir, tant leur
pression était forte et levis efforts puissants : c’est cette nou-
velle formation qui servit de ligament à la terre en cicatrisant
ses immenses déchirures, que le géologue étudie aujourd’hui
avec tant d'intérêt. |
Ne pourrait-on pas aussi bien supposer un mouvement
de bascule descendant ? ce qui exigerait bien moins d'efforts
intérieurs avec tout autant d'effets extérieurs.
Disons done qu'un mouvement d’enfoncement sous le
Dominion permit à l'océan glacial d’envahir l'Amérique sep- _
tentrionale, tandis qu'une légère ondulation en sens contraire
soulevait en méine temps le cercle polaire. Qu’en est-il re-
sulté ? Ni plus, ni moins qu’un déplacement de tons les gla-
ciers flottants du pôle nord vers le sud, causé par la force irré-
sistible des courants se précipitant sur cette déclivité subite-
ment imprimée à la croûte de la terre. Ces banquises, circon-
voisines du pôle, comme une immense seine de cristal, entrai-
FORMATION DU SAGUENAY
40 LE NATURALISTE CANADIEN
naient devant elles, vers de plus basses latitudes, tous les
monstres marins de l’océan glacial, et venaient.se ranger en
masses serrées le long des remparts septentrionaux les plus
élevés des Laurentides qui leur fermaient le passage,
De fait, ces glaces insondables, et ces courants violents
qui les décollent du fond de la mer et les dirigent aujourd'hui
sur les côtes du Labrador et de Terreneuve, et sur les grands
Banes de cette île, n'étaient pas retardés, cette fois-là, par les
baies, les détroits, les bas-fonds, par les vents, ni la marée ;
non, aucun obstacle ne s'élevait devant eux. Du reste, rien
n'aurait pu résister à l’effrayante impulsion qui les faisaits’abi-
mer ainsi sur la partie nord du continent que nous habitons. Il
n’y avait que les hautes chaînes des Laurentides,restées solides et
fermes au-dessus de cette mer de glace en furie, qui fusseut
capables d’opposer leurs invinc‘bles contre-forts à cette épou-
vantable avalanche d’un monde contre un autre monde.
Le haut rivage est et sud-est du grand lac Saint-Jean, de
la mer saguenayenne d'alors, fut la dernière étape de ces en-
vahisseurs polaires ; c’est là que les premières banquises, qui
en guidaient des multitudes, s’arrétérent ; c’est là aussi
quwelles se fonüirent après avoir traîné, frotté, “usé leurs se-
melles ” en tous sens, pendant des années, sur les bas-fonds
bosselés et polis de cette mer inconnue.
Les plus élevées de ces montagnes de glace ne pouvant
franchir les plus hauts écueils sous-marins, s’entre-choquaient
au plus profond du lac, râpant,égrenant, par leurs mouvements
lents et pesants, les couches supérieures de son lit de calcaire,
pulvérisant ses,bancs de schistes et burinant de striures irré-
gulières les parties submergées de ses parois moulées et lisses
depuis leur création. |
Cette ondulation de la partie nord du continent a peut-être
originé sous l’action rentrant», aplatissante des pôles, que la
rotation de la terre, suivant les lois de la physique, imprimait
à sa croûte alors maniable et flexibie.
Les immenses plaines du Nord-Ouest depuis les sources
FORMATION DU SAGUENAY 4l
du Mississipi et de la rivière Rouge jusqu'aux confins nord
des terrains argileux ; depuis les rivages ouest du lac des Bois
jusqu’au pied des Montagnes Rocheuses, formant le territoire
le plus beau et le plus riche de lAmérique septentrionale,
furent recouvertes elles aussi de millions de glaces flottantes,
que les lames, les vagues gigantesques de cette mer chassée de
son lit, tirent atterrir, pêle-mêle, sur ces hauts plateaux lors-
qu’elles se déroulaient, précipitées vers le sud, en flots intermi-
nables.
Il vint un temps cependant où, la mer retournant à son
ancien lit par un nouveau phénomène géologique, ces vastes —
plaines avec leurs légères ondulations ressemblaient à une bat-
ture sans fin que le reflux a laissé à sec et où se sont échouées
des milliers de banquises de toutes les dimensions ; tel qu’on
peut le voir, en miniature-si vous voulez, tous les hivers, à
marée basse, sur les battures vaseuses de Kamouraska, de
l'Isle-Verte, de Rimouski, etz., où des centaines de grosses
glaces s’échouent et s’enfoncent plus ou moins dans la vase
suivant leur pesanteur.
Il serait difficile d'expliquer autrement la formation de
ces centaines de milliers de petits lacs, marais, étangs, épar-
pillés sur presque toute la surface du pays, même sur les pla-
teaux supérieurs ou montagnes,comme les Métis les désignent,
Si tous ces réservoirs, dans le Manitoba surtout, se vi-
daient tout à coup en se nivelant au niveau général de la
prairie, Winnipeg et tous les fonds plats de cette province,
jusqu’au seuil de Brandon, seraient inévitablement submer-
gés tous les printemps, par l'apport considérable que ces eaux
captives et stagnantes fourniraient, et qui gonflerait d'autant
les rivières Rouge, Assiniboine et leurs tributaires, n’égout-
tant, à l'heure présente, qu’une bien étroite lisière le long de
leur cours. Ces millions de trous d’eau qui défigurent ainsi
la plaine, les plateaux,les montagnes, n’ont pas d'égoût : l'éva-
poration seule les assèche ou baisse plus ou moins leur niveau.
(A suivre)
P.-H. DuMats.
Le,
42 | LE NATURALISTE CANADIEN
© OUR INSECT FRIENDS AND INSECT PUBS
par le REV. THOMAS W. FYLES, F. LS.
SOUTH QUEBEC
(Traduction)
CLASSIFICATION DES INSECTES
Les Annelés, ANNULOSA, qui forment l’une des provinces
du vaste royaume animal, se partagent en déux classes ou
groupes, dont l’un porte te nom d’Insectes, Znsecta, ce qui
veut dire découpés ou partagés en segments. On divise
les insectes, à leur tour, en Hewapodes (pourvus de six pattes)
et en Myriapodes (à beaucoup de pattes). Parmi les insec-
tes à six pattes, les uns ont des ailes, les autres n'en ont pas.
Les naturalistes s'accordent généralement à reconnaître sept
ordres chez les insectes ailés. On désigne ces ordres, d'après
les particularités de leurs ailes, par des mots tirés des racines
grecques : I, Coléoptères ; IT Orthoptères ; HI. Hémipte-
res; IV. Névroptères ; V. Lépidoptères ; VI. Hyménopteres ;
VIL. Diptères—termes qui signifient : munis d'ailes (1) re-
(1) Nos lecteurs se réjouiront avec nous du concours que le Rév. M. Fyles,
de Lévis,veut bien apporter à l’œuvre du NATURALISTE. M. Fyles,qui tient un
rang distingué parmi les entomologistes du Canada, est l’un des rédacteurs du
Canadian Entomologist, de London, Ont. La série d'articles qu’il nous annon-
ce, et dont nous commençons aujourd’hui la publication, seront une bonne for-
tune pour ceux de nos lecteurs qui désirent se livrer à l’étude des insectes.
—Nous apportons le plus de soin possible 4 la traduction de ces travaux.
Nous désirons pourtant déclarer que, si l’on y trouve quelque incorrection ou
quelque manque de précision, ces défauts doivent nous être attribués) à nous
seul, et non à l’auteur qui écrit un anglais tout à fait précis et élégant.—Rép.
|
:
La ,
1 PORT Le ENUF,
a da ia A UR ici ac CIN lbs ld a
,
“OUR INSECT FRIENDS AND INSECT FOES ” 43
couvertes ; (2) droites ; (8) & moitié recouvertes ; (4) & ner-
vures ; (5) à écailles ; (6) membraneuses, et (7) au nombre de
deux. :
Les Lépidopteres surpassent en beauté tous les autres in-
sectes ailés. Voici de quelle façon charmante W. Wood, l’au-
teur de plusieurs travaux sur l’histoire naturelle, en fait la
description :
“Il y a tant d'élégance dans l'aspect des Lépidoptères,
“tant de perfection dans leurs formes, qu’ils ont droit au
“premier rang dans la ciasse d’insectes—nombreuse et de
“ grande étendue—dont ils font partie. Telle est leur beauté
“ouilya tant de variété, telle est la douceur des teintes
“ dans leurs nuances diverses, que l’on serait tenté
“de les prendre pour des êtres célestes qui, en traversant les
“ espaces infinis, ont baigné leurs ailes dans Jes couleurs de
“ Pare-en-ciel.”
Cet ordre splendide des Lépidopteres se partage en deux
sous-ordres, les Rhopalocéres (ayant les antennes en massue)
et les Hélérocères (à antennes différemment conformées), ou
autrement : les Papillons et les Nocturnes (moths).
Les différents Ordres se composent de familles, de gen-
res et d'espèces. L'espèce est l'unité dans la classification.
C’est Linné, le grand naturaliste suédois, qui a posé les
bases de notre système actuel de classification.
NOMENCLATURE DES INSECTES
Il y avait beaucoup de fantaisie dans le système de
Linné. C’est ainsi qu'il donna à un groupe de Papillons le
nom de Chevaliers (Zquites), qu’il subdivisa en Grecs (Achi-
vi) et Troyens (Troës). D'autres naturalistes l’ont suivi dans
cette voie ; et beaucoup d’espèces ont été désignées par le
nom de personnages de l’histoire ancienne et de la mytholo-
gie paienne.
Par exemple, dans le monde des insectes, nous retrou-
vons Pan, Protée et Vulcain, Cybele, Bellone et Diane. La
PNEUS
HN BLN bed: with ak A ais
een Bea fe i sig INR PE NRA ÿ
44, LE NATURALISTE CANADIEN
déesse de Sidon a deux homonymes, Astarté et Astaroth.
Aphrodite, Paphia et Idalie ont charge de conserver le sou-
venir de la déesse de l'amour. Les Gra es y sont toutes trois,
Euphrosine, Aglaia et Thalia. Vitellius représente les em-
pereurs. Quant aux rois, ils sont en nombre : Daunus,
Artaxercès, Numitor, Montézuma, Agésilas, etc. Les reines
y viennent avec la noble Antiope et la gracieuse Cussiopée.
Parmi les gens d’épée, on voit Ajax et Marcellus. Ily a
tout un essaim de gens de plume Cadmus, Arion et Catulle,
Juvénal de satirique mémoire, et Marcellinus l'historien,
etc. Machaon et Codalirius représentent la Faculté. Les
jolis garçons ont leur place avec Adonis, et Phaon, et “ Bal-
der le beau,” tandis que les monstres sont représentés par
Polyphème et Chiron. Nous avons encore le perfide Sinon
et l’honnête Cincinnatus, Dorcus, retour de l'empire des
morts, et Atropos qui coupe le fil de la vie.
On a donné des noms sauvages à quelques-unes de nos
espèces de l'Amérique du Nord, comme, par exemple: Mas-
sasoit, Pocohontas et Metacomet. D'autres espèces ont été
nommées d'après certaines particularités de leur coloration,
comme Flavofasciata, à téguments jaunes ; Znterrogationis—
ainsi appelées du “ point et virgule” d'or ou point d'in-
terrogation grec que l’on voit sur leurs ailes postérieures. Il
y a des espèces désignées, à titre d'honneur, par le nom de
naturalistes distingués ou des personnes qui les ont décou-
vertes ou décrites, comme : Boisduvallii, Lecontei, Provan-
cheri. D’autres encore reçoivert le nom des plantes où leurs
larves trouvent nourriture : Celtis, Betulæ, Quercus, ete. En-
fin, quelques espèces sont nommées d’après d’autres insectes
avec lesquels ils ont quelque ressemblance ; ainsi: Apifor-
mis, Tipuliforme, Ichneumoniforme, Culiciforme, désignées
respectivement d’après l'abeille, la tipule, l'ichneumon et le
cousin.
LA DIPHTÉRINE LACERTE 45
LA DIPHTERINE LACERTE ()
Monsieur le rédacteur,
Lorsque le Moniteur publia ma correspondance, dans le
mois de décembre dernier, j'étais loin de m’attendre à un ac-
cueil aussi cordial de votre part,parce que je suis habitué de-
puis longtemps à constater que l’on refuse de s'occuper de ce
que j’avance, et même qu'un bon nombre méprisent ce que
J énonce de temps à autre au sujet de mon traitement de la
diphtérie. Mais comme vous m'offrez si bienveillamment de
me servir de votre intéressante publication scientifique, le
NATURALISTE CANADIEN, j'accepte avec reconnaissance l’hos-
pitalité de ses pages, pour dire à vos lecteurs comment je
traite et guéris cette maladie.
Dans les cas de diphtérie, je fais prendre ma prépara-
tion,qui a nom Diphtérine, (une à trois cuilerées à thé) com-
me gargarisme toutes les heures, la nuit comme le jour, sans
égard au sommeil. Les enfants trop jeunes pour se servir
d’un gargarisme, doivent, bon gré mal gré, en avaler une
cuillerée à thé toutes les heures ; et ceux d’au-dessous de deux
ans, une demi-cuillerée a thé. Lorsqu'il y a écoulement du
nez, je fais injecter dans les narines une ou deux cuillerées à
thé de ce liquide toutes les deux heures, en alternant avec les
doses données par la bouche. Ces injections nasales, qui
constituent aussi le traitement le plus sûr de tous les ca-
tarrhes du nez, peuvent être faites avec un siphon ou une
seringue.
Si l'on a affaire à des enfants qui ne peuvent se gargari-
ser, on doit aussi toucher l'éruption toutes les deux heures,
autant que possible, avec une petite “ lavette,” ou mieux avec
un pinceau de poils de chameau imbibé de ce remède, en al-
ternant encore avec les doses avalées.
Le vomissement, qui se rencontre parfois au début, est
[1] Voir le NATURALISTE de janvier, page 13,
7— Mars 1895,
res Eh AM ONE Ca A Le LU D AN MURAT NA EAN RE
46 LE NATURALISTE CANADIEN
promptement soulagé par l’usage de la glace, et en donnant
d'heure en heure une cuillerée à thé de lait avec autant d’eau
de chaux, mais toujours dix ou quinze minutes après l'usage
du remède.
Ma diphtérine n’est pas incompatible avec le sérum im-
munisé du Dr Roux.
Quant à la diète, je fais prendre aux malades autant de
lait que possible, du gruau, du corns-tarch et des bouillons.Je
tiens surtout à l'usage du lait parce que c’est un aliment
complet.
Voila mon traitement ae la diphtérie, qui m’a valu un si
beau succès dans les trois important2s maisons dont j'ai par-
lé. Dans ma pratique privée, mes prescriptions ont été inva-
riablement les mêmes ; mais, pour diverses causes que je ne
pouvais contrôler, j'ai perdu dix-neuf à vingt pour cent de
mes malades. Ce sont probablement ces insuccès, plus tôt
connus que les guérisons, qui ont empêché un certain nom-
bre de confrères de faire un essai judicieux de mon traite-
ment, et ont par là même enrayé sa vulgarisation.
Dr N. LACERTE.
Lévis, 16 février 1895,
NOTE DE LA RÉDACTION.—Nous n’avons aucune compétence en la question,
et ne pouvons par conséquent exprimer d'opinion autorisée sur la valeur de la
Diphtérine. Cependant, il nous semble que, lorsqu'un médecin honorable ex-
pose des faits sous sa signature, et lorsque ces faits peuvent être facilement
contrôlés, on ne saurait refuser de donner quelque attention à ce qu’il affirme ;
la négation pure et simple n’est pas toujours une réponse victorieuse !
—Depuis que nous avons écrit ce qui précède, un ami nous communique
Ja Presse du 23 février, où nous lisons, avec un véritable plaisir, une lettre du
Dr A. Ge Martigny, précisément rédigée en réponse à la correspondance adres-
sée à divers journaux, en décembre dernier, par le Dr Lacerte. Nous reprodui-
sons ici cette lettre, datée de Paris [où M. de Martigny étudiait la méthode
Roux par mission du gouvernement de Québec], afin de mettre nos lecteurs
au courant de la question. Ils y verront que ce médecin distingué se propo-
sait de s'occuper de la Diphtérine dès son retour au Canada, ce qui n’est pas
pour déplaire au Dr Lacerte, croyons-nous, niau public qui serait content de
voir sa méthode soumise à un contrôle sérieux.
Paris, le 29 janvier 1895.
Mossieur ie rédacteur,
L’ “Electeur”’, dans son numéro du 20 décembre 1894,
id Le A AU EN A SE AE
Be aa
LA DIPHTERINE LACERTE 47
publie une correspondance de mon honorable confrère, M. le
docteur Lacerte.
Au cours de sa correspondânce, M. le docteur Lacerte ac-
cuse la méthode employée par le docteur Roux dans le traite-
ment de la diphtérie, de donner des résultats peu satisfaisants,
si on les compare à ceux qu'il a obtenus, lui, avec un médica-
ment à lui connu et de sa composition.
“La mortalité, écrit-il, est de 24 à 26 pour cent, avec la
méthode du docteur Roux, tandis que je n’ai eu qu’un seul
insuccès sur deux cents cas que j'ai traités.”
Chargé d'étudier la méthode du docteur Roux, j’ai à cœur
de réfuter l'attaque de mon honorable confrère. Je tiens à
affirmer que je ne le voudrais blesser en rien. Je crois M. le
docteur Lacerte de bonne foi dans tout ce qu’il avance. S'il a
commis quelques erreurs, je suis convaincu qu’elles ont été
involontaires, Mais, d'autre part, je crois de mon devoir de
démontrer que la méthode employée par le docteur Roux, dans
le traitement de la dipthérie, a bien mérité l’attention que le
monde civilisé lui a accordée, et la haute admiration qe
ses merveiileux effets ont inspirée à la profession médicale en-
tener: |
C’est vous dire, M. le rédacteur, combien je vous serais
reconnaissant d'insérer ma réponse. Comptant sur vôtre bien-
veillante hospitalité, je vous en remercie d’avance sincére-
ment.
Je ne discuterai donc pas la valeur du traitement préco-
nisé par mon honorable confrère, contre la diphtérie. Je lui
ferai seulement remarquer combien il est hasardeux et peu
dans les mœurs scientifiques de notre époque, d’opposer à la
méthode de traitement du docteur Roux, un moyen de guéri-
son inconnu, n’ayant subi aucun contrôle médical, et n’ayant,
jusqu'alors, guéri que des cas dont le diagnostic bactériologi-
que n’a pas été fait, et dont la nature diphtérique ne peut être
scientifiquement affirmée.
Car la méthode du docteur Roux est décrite et connue
48 LE NATURALISTE CANADIEN
dans tous ses détails, Les statistiques citées ont subi un con-
trôle sérieux de la part du corps médical. De plus, de 26 4
pour cent qu’elle était au début, (alors que les parents faisaient
traiter leurs enfants trop tard), la mortalité est tombée à 13
pour cent seulement. |
Nous sommes en droit d'espérer que, bientôt, les parents | ê
soumettront leurs enfants au traitement dès le début de la ma- |
ladie, et que nous verrons la mortalité devenir presque nulle. |
Car elle n’est actuellement que de un pour cent chez les en-
fants traités dès le premier jour.
BY N’est-il pas, au moins, téméraire d’opposer à une métho-
de qui présente de telles garanties scientifiques, un traitement
_ absolument empyrique ?
‘3 Je répète que je n’ai pas absolument l'intention de bles-
ser mon honorable confrère, au contraire. Mais je ne puis
m'empêcher de lui faire remarquer que, dans une telle compa-
. raison, il est absolument nécessaire de mettre les deux termes
dans les mêmes conditions. Pourquoi le docteur Lacerte n'of-
fre-t-il pas son moyen de traitement au contrôle médical ? Je
- déclare que, pour ma part, je serais heureux de lui accorder
toute mon attention lors de mon très prochain retour au
Canada.
Agréez, monsieur le rédacteur, l'assurance de ma haute
considération.
nu
vai
Dr ADELSTAN de MARTIGNY,
Paris.
a a
REMERCIEMENTS
Le directeur du Natwraliste canadien offre ses remer-
__ ciements sincères à la “Société d’horticulture et de botanique
de Marseille”, qui lui a fait l’honneur de l'admettre au nom-
bre de ses Membres correspondants.
CE QUE L'ON DIT DU “ NATURALISTE ” 49
I] y avait déjà un Canadien sur la liste des Membres
correspondants de cette association : M. J.-A. Guignard, de la
Ferme expérimentale d'Ottawa. Nous y trouvons aussi le
nom de Mer Boyer, évêque de Clermont-Ferrand, France.
a a 2
CE QUE LON DIT DU “ NATURALISTS”
La SEMAINE RELIGIEUSE DE QuEBEC—‘‘ Nos meilleurs souhaits à cette ex-
cellente publication qui commence sa vingt-deuxiéme année d’ existence.
“S’il suffisait d’intéresser pour faire dépouiller le vieil homme aux abonnés
retardataires, le Naturaliste canadien v’en compterait aucun.”
LA GAZETTE DES CAMPAGNES—‘‘Nos félicitations au Naturaliste canadien,
publié à Chicoutimi, par le savant abbé M. Huard, digne successeur de feu
A1. l'abbé L. Provancher, qui, avec son numéro de janvier, est entré dans sa
vingt-deuxième année d'existence, Cette importante publication serait de na-
ture à rendre d'importantsservices aux cultivateurs, si au moins chaque cer-
ele agricole en recevait un exemplaire. Si les agronomes trouvent de puissants
motifs à encourager cette publication, le cultivateur est aussi intéressé à la
recevoir, car il y puiscra de nombreux renseignements qui lui indiqueront les
moyens de reconnaître quels sont les insectes utiles ou nuisibles à Vagricultu-
re. C’est à ce point de vue la surtout que le *‘ Naturalisté canadien ” a ren-
du et rend encore de grands services à notre agriculture canadienne.
“Nous ne saurions donc trop conseiller aux cultivateurs de s’abonner à cet-
te revue, car tout en s’instruisant ils encourageront, une œuvre d’un grand
mérite.”
Nous sommes bien reconnaissants à nos deux confrères
de leurs paroles aimables, beaucoup trop flatteuses pour
nous.
La Gazette des campagnes dit tout à fait bien quels ser-
vices une publication comme la nôtre pourrait rendre à la
cause agricole. La botanique et l’entomologie, même étudiées
au point de vue strictement théorique, sont d’indispeusables
auxiliaires de l’agriculture : c’est de toute évidence, puisqne
la culture des plantes utiles, la lutte contre les plantes et les
insectes nuisibles sont pour le cultivateur des occupations
journalières. Si les vœux de notre bienveillant confrère de
Sainte-Anne de la Pocatière se réalisaient, si les cercles agri-
coles et les cultivateurs eux-mêmes accordaient au NATURA-
Fe
50 LE NATURALISTE CANADIEN
LISTE l'encouragement qu'il propose, cela nous mettrait en
mesure de leur rendre d'importants services, en nous permet-
tant de nous consacrer exclusivement à cette œuvre, d’aug-
menter beaucoup le nombre de nos, pages, et de faire pro-
fiter nos lecteurs, chaque mois, des utiles renseignements qui
sont le résultat des études que poursuivent, dans le pays et à
l'étranger, de nombreux. naturalistes. Aux Etats-Unis, on
comprend si bien le rôle de la science dans l’agriculture, que
le gouvernement lui-même maintient sur pied une véritable
armée de spécialistes en histoire naturelle, publie à ses frais
des revues scieutifiques où sont consignés les rapports de leurs
travaux, et les répand gratuitement dans tout le pays.
A ee J — ————
PHOTOGRAPHIE
DÉBOUCHAGE DES FLACONS A L'ÉMERI
Un certain nombre de produits employés en photograyhie
demandent à être conservés dans des flacons hermétiquement
fermés. Le mode le plus sûr est d'employer des flacons en
verre avec bouchons usés à l’émeri. L’inconvénient de ce gen-
re de bouchage est la facilité avec laquelle le bouchon adhère
au flacon, défiant tous les efforts pour le sortir : le contenu qui
se trouve pour une raison quelconque emprisonné entre le bou-
chon et le col, y sèche et forme souvent un enduit très adhé-
rent.
Dans ce cas, il ne faut jamais essayer de déboucher le
flacon en le soumettant à un grand effort, car il pourrait arri-
ver que le col se brise et s’en aille avec ie bouchon. Comme
les flacons de ce genre sont assez coûteux, il n’est pas indiffé-
rent de prendre des précautions pour éviter ces accidents,
Quelques moyens de vaincre cette difficulté sont bien
connus, Une méthode consiste à frapper doucement un côté
du bouchon avec un petit morceau de bois, en le poussant de
Au OLIMAR PUN, ES Ps ALL ed
PHOTOGRAPHIE 51
bas en haut par l’autre côté. En continuant pendant quelque
temps cette opération, en frappant tantôt d’un côté, tantôt de
l’autre, on parvient généralement à le faire sortir. Si l’on ne
réussit pas, on essaie le procédé de la dilatation : une bande d’étof-
fe est plongée dans l’eau chaude, puis enroulée rapidement au-
tour du col: celui-ci se dilate, et le bouchon sort.—On peut
également enrouler une corde autour du col, en fixer une ex-
trémité à une attache solide, puis faire glisser rapidement le
flacon, par un mouvement de va-et-vient, de fagon à échauffer
le col par friction.
Mais voici un autre moyen. On met une ou deux gouttes
d'huile de parafline entre le bouchon et le col. Cette huile
s’introduit peu à peu entre les deux surfaces, jusqu'au point
adhérent. Pendant ce temps, on prépare deux morceaux de
bois dur d’environ 8 pouces de long, 1 pouce de large, et #
pouce d'épaisseur, qu’on réunit à un bout par une charnière de
cuir, Ona ainsi un instrument analogue à un casse-noiset-
te. On saisit le bouchon avec cet instrument, on donne un
tour dans un sens et dans un autre, lentement et fermement,
le bouchon se décolle infailliblement.
Mieux vaut prévenir que guérir: aussi est-il préférable
d’enduire tous les bouchons de verre d’un peu de vaseline
avant de les mettre en place. En évitant l'excès, on n'aura à
craindre aucune action de celle-ci sur le contenu du flacon.
LE NEZ EN PHOTOGRAPHIE
On lit dans la Photo-Gazette : S'il veut s'exercer à faire
quelques portraits, il n’y aura pas de mal pour l’amateur à vi-
ser à l’habileté, tout comme le professionnel, bien au contraire.
Tl devra done le mieux qu’il pourra tirer parti du nez beau ou
vilain de son modèle pour que son épreuve soit la plus agréable
possible.
Pour les nez camus, ceux dont l’extrémité se relève en
montrant d’une facon désagréable les trous béants des narines,
on les rend acceptables en prenant le point de vue haut. On
52: LE NATURALISTE CANADIEN
relève l’instrament et on s’4ide de la bascule.
Avec les gens au nez aquilin ou crochu, en forme de bee
d’aigle, on prendra un point de vue bas.
Pour les nez longs et gros, enfin, il faut faire la mise au
point à peu près en avant de la pointe du nez. Les autres cas
se greffent sur ces trois principaux.
L’ABBÉ E, P.
ere (en
A PROPOS DE CETACE
J’ailuavee un grand plaisir votre intéressante et savante disserta-
tion (1) en rapport avec le dauphin qui est venn visiter nos parages dans l’av-
tomne de 1892, et qui a reçu une si triste réception, comme vous savez,.
Cependant il est un détail que vous semblez avoir oublié: cest que les
dents varient beaucoup dans les diverses espèces de dauphin, et tombent d'assez
donne heure. C’est du moins ce qu'avance l'un des savants collaborateurs du
“Dictionnaire de la Conversation,” M. N. Ciérmont. Si,à ce détail, l’on ajou-
te cet autre détail que j’avais oublié de mentionner : que le spécimen en ques-
tion était une femelle, alors il n’y a pas de doute que vous ayiez eu parfaite-
ment raison en le rangeant parmi les Ziphius (ou sciphius) nove-zelandix. Mais
ou devra avouer que le visiteur venait de loin—du moins sa famille.’’
J.-W. MILLER,
Sainte-Luce (Rimouski).
O0
— Le Courrier de Saint-Hyacinthe est entré, il y a quelque temps, dans sa
trentième année. Nos félicitations et bons souhaits.
—La Revue bleue, littéraire, scientifique, Seize pages in-40, paraissant tous
les mois ; 60 cts par année ; 97, rue Saint-Jacques, Montréal.—C'est soigné de
forme et de fond. Succès au nouveau confrère.
— La Semaine, revue de la presse ; publication de 16 pages in-4o, dirigée
par M. R. Renault ; $2.00 par année ; publiés par M. L. Brousseau, 11 & 13, rue
Buade, Québec. Programme tout à fait alléchant, et que l’on saura remplir,
eroyons-nous. Puissent de nombreux abonnés assurer le maintien de cette belle
revue !
—Le Courrier de Charlevoix, journal hebdomadaire, publié à la Baie Saint-
Paul (Charlevoix), par M. Elz. Dallaire ; $1.00 par année. Nos meilleurs sou-
haits de prospérité à ce journal, qui rendra de grands services à la population
de Charlevoix.
— Les Petites lectures canadiennes, 37 rue Saint-Gabriel, Montréal. 25 cts par
année. Gracieuse petite revue illustrée, semi-mensuelle. Rédigée par Jean
des Erables et Jean Lefranc. Grand succès !
O
C’est à M. J. P. Muteh, de Hornsey Road, que l’on doit le procédé de la |
“rectified wood naphtha” pour ramollir les insectes desséchés, —dit |’ Entomolo-
gist 8 Reeord, de Londres.
ee
O
Au prochain numéro : la liste des ‘‘ Publications reçues.”
{1] Le NATURALISTE CANADIEN, Vol. XXI, p. 173.
4
L LS É
Vatu "à |
es: Rim IN 4 |
Ve Ws WY LAS (AU A,
VOL. XXII (VOL. II DE LA DEUXIEME SERIE) No 4
Chicoutimi Avril 1895
Rédacteur-Propriétaire : l'abbé V..A. HUARD
Nous expédions avec ce numéro des comptes d'abonne-
ment pour l'année 1894 aux personnes qui ne nous ont pas
encore payé celte petite dette. Nous espérons que l'on meéttræ
de la bonne volonté à les solder tout de suite.
— Nous avons regu un mandat-poste de $1.50 pour le
“Naturaliste et l’Oiseau-Mouche,”daté de Montréal le 14 mars ;
mais aucune lettre qui nous indiquât l'auteur de cet envoi.
Prière à celte personne de nous donner son nom.
a
L'ABBE PROVANCHER
(Continué dela page 22)
Mais l'administration temporelle de Saint-Joachim n’est
pas seulement redevable à M. Provancher des innovations
que je viens de rappeler, et qui n'étaient que des mesu-
res dictées par la prudence et la prévoyance. Il présida aussi
à des travaux de grande importance. De 1858 à 1860, on ai-
longea l'église, devenue insuffisante pour loger la population
: de la paroisse; en même temps on construisit un nouveau
clocher sur l’édifice.
En 1859, nous voyons M. Provancher faire l'achat de
magnifiques ornements en drap d'argent, destinés à relever
l'éclat des grandes solennités du culte. Aujourd’hui encore
ces ornements sont de toute beauté.
8—Avril 1895.
54 LE NATURALISTE CANADIEN
Enfin, ce qui prouve que le curé de Saint-Joachim tenait
à porter en tout son esprit d’ordre et de progrès, en 1861,
c’est-à-dire une année avant son départ de cette paroisse, il
s’occupa de ia construction de diverses dépendances de la
maison curiale.
C'est aussi en cette année 1861 que le biographe de M.
Provancher aurait à placer la narration de certain différend
quis éleva entre le Séminaire de Québec et le curé de Saint-
Joachim, relativement au banc seigneurial. Jusqu'alors, le
Séminaire, à titre de seigneur du lieu, possédait deux bancs
d'honneur à l'église paroissiale ; mais le curé prétendait qu’il
n'avait droit qu'à un seul bane. Les tribunaux du pays ont
eu à entendre maintes contestations au sujet de ces banes
seigneuriaux dins les évlises de la campagne. On n’alla pas si
loin à Saint-Joachim, et le curé finit par se désister de son
opposition au droit du Séminaire. Je n'ai pas à me prononcer
ici sur le mérite de la question en litige ; j'ai voulu seule-
ment, en narrateur exact, ne pas omettre d’indiquer à sa date
un fait qui dans le temps dut attirer quelque peu lattention.
Voyons maintenant un autre aspect de la vie de M. Pro-
vancher pendant qu’il fut euré de Saint-Joachim.
C'était un laborieux, et même un bourreau de travail,
comme l’on dit quelquefois. Cette passion du travail, il Va
gardée jusqu’à la fin de sa vie, ainsi que nous le verrons. Or,
dans cette paroisse de Saint-Joachim, dont la population était
peu considérable, les occupations du saint ministère n'offraient
pas à son activité un aliment suflisant ; même les soins de
l'administration curiale et les travaux de construction ou de
réparation des édifices paroissiaux ne l’«bsorbaient pas encore .
assez, C’est alors qu’il revint à l'histoire naturelle, d’une ma-
nière sérieuse cette fois, et pour ne plus y renoncer.
Les circonstances font ordinairement beaucoup : elles sus-
citent des idées, révèlent un goût particulier qui sommeillait
dans l’âme, impriment à notre conduite une direction aupara-
vant imprévue. |
Certes, après ce que nous avons vu des inclinations de
LA
L’'ABBÉ PROVANCHER 55
M: Provancher durant son enfance et sa jeunesse, il n’y a pas
lieu de s'étonner qwilait donné tantde sa vie aVétude des
sciences naturelles. Mais, à la suite de plusieurs tentatives in-
fructueuses, il avait toujours bien renoncé à s’en occuper de
façon suivie ; et, sans Jes circonstances qui se présenterent,
c'est-à-dire que Dieu ménagea en ce sens, il n’y serait proba-
blement jamais revenu.
Quelles furent donc les circonstances qui amenèrent un
effet si heureux ? Un livre et un ami.
Le livre, c'était le Bon Jardinier, un ouvrage où l’on
ne regardait pas l’horticulteur comme parvenu à l'idéal de la
perfection quand il possède l’art d’amézager convenablement
une couche-chaude ou celui, encore plus difficile, de diriger la
croissance de la succulente laitue ou de la fève aventureuse.
Nou, l’auteur du Bon Jurdinier supposait avec infiniment de
raison qu'on ne saurait, en horticulture comme en agriculture,
se passer de certaines notions sur l’organisation et la vie des
plantes, et même de quelque connaissance du monde des in-
sectes. C’est à ces conditions que la culture devient un art ; et
il est tout à fait permis de penser que plus on s’y connaît, en
un art quelconque, plus aussi, toutes choses égales d’ailleurs,
on a chance d'y réussir.
Quant à l’ami, e’était M. Prisque Gariépy, curé de Sainte-
Anne de Beaupré de 1849 à 1867.—J’ai connu l’abbé Gariépy,
dont je fus l'hôte d’un jour. Peut-être l'épisode vaut-il que je
le raconte, quoique les liens quile rattachent à mon sujet ne
soient très facilement aperçus ; ilrappelleradu moins quels pro-
grès se sont accomplis sur la côte de Beaupré depuis trente
ans.
C'était vers l’année 1865, un peu plus tôt, un peu plus
tard, J'étais tout petit écolier, et j'avais passé quelques semai-
nes de vacances à Saint-Joachim, Il s'agissait, au mois d'août,
de retourner à Québec. En ce temps-là, sur la côte de Beaupré,
il n’était pas question de ligne de bateaux à vapeur, encore
moins de chemin de fer, Pour être exact, il y avait un service
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56 LE NATURALISTE CANADIEN
de vapeurs, mais une fois par année, seulement, le jour de la
Bonne Sainte-Anne ; on en débarquait, vis-à-vis l’église, de la
façon la plus pittoresque qui se puisse imaginer : une chaloupe
vous prenait à bord, et vous rapprochait le plus possible de la
rive ; des charrettes “a foin” qui s'étaient rendues le plus au
large qu’il se pouvait, vous recevaient ensuite et vous trans-
portaient, à travers les eaux, les jones et la boue, jusqu’au ri-
vage. Tant pis pour ceux qui tombaient à l’eau! Tout cela
prenait un certain temps, quand il y avait des centaines et des
centaines de pèlerins à débarquer. |
Mais je ne pouvais compter sur un bateau à vapeur qui
viendrait me prendre à Saint-Joachim. J'aurais pu sans doute
requérir la voiture d’un villageois quelconque pour me rame-
ner à la ville: mais g¢’aurait été une bien forte dépense ! Le
plus pratique était de prendre passage sur l’un de ces petits
bateaux à voiles qui, alors comme aujourd’hui encore, font le
commerce de cabotage entre Québec et les paroisses riveraines
d’amont ou d’aval. Done, un vendredi soir, je m’embarquai sur
un paquebot de cette façon, et je fus reconduit à bord par mon
alter ego Philippe Masson—aujourd’hui, et depuis longtemps,
journaliste lui aussi—, qui devait passer encore quelque temps
a Saint-Joachim : ce n’était pas une petite affaire, cette navi-
gation de neuf lieués que j'allais entreprendre, et nous nous
fimes de solennels adieux. De grand matin, le samedi, on dé-
marra le navire, on déploya la grande voile carrée, et nous
sorttmes de la Blondelle, gracieuse petite rivière qui traverse
le village de Saint-Joachim, Et vogue la galère! Mais la vo-
gue ne fut pas merveilleuse : car le samedi soir, après douze
heures, nous n’étions rendus que vis-à-vis Sainte-Anne, c’est-
à-dire que nohs n'avions fait que trois lieues de route à peine:
nous avions vent debout !
Les autorités du vaisseau décidèrent de relâcher à Sainte-
Anne. Une fois l’ancre bien assujettie, l'équipage descendit à
terre, moins le mousse que j'étais, et qui déjà était pris d’une
affection singulière pour l'existence du marin. D'ailleurs je
LES DÉSHÉRITÉS 57
pensais qu’à la marée suivante nous reprendrions la mer. On
nie laissa donc seul et j2 pris le commandement du navire. Il
ne vint pas de pirates pour m’enlever et me réduire en escla-
vage ; et le dimanche matin arriva sans encombre d’aueune
sorte.
(À suivre)
NE AGE
LES DESHERITES®
} (Suite)
L'ARAIGNÉE
La maisonnée est en émoi : la mère, le grand balai a Ia
main, l'œil attentif, n’a de revards que pour le coin du grand
mur blanchi ; les enfants—cet âge est sans pitié —armés qui
de brosses, qui de bâtons, mancenvrent sous la direction de ce
général improvisé.
Des cris de joie, de colère, de dégoût ; des exclamations
de bonheur, d'horreur, de triomphe ! la mère a le visage ra-
dieux, tandis que les enfants s’acharnent, dans un coin de la
salle, sur l’ennemi qu’une savante stratégie a mis à bas.
Qu'est-ce donc qui a provoqué l’émoi ? Pourqnoi cette
excitation, ce plan de bataille, ces clameurs de triomphe ?......
(1) Fort Ellice P. C., Man., 2 mars 1895.
Mon cher Directeur,
Vous avez bien voulu, dans votre charmante revue, accorder l'hospitalité
à mes faibles essais ‘naturalistes’’; j'en profite pour récidiver et vous envoyer
le no 3 de mes Déshérités, ; ;
Je fais des veux en même temps pour la censervation et l’agrandisse-
ment de wotre Revue et je vous prie, le cas échéant,de vouloirbien comptersur
Votre bien dévoué,
Henry TIELEMANS,
Instituteur.
a
{
58 LE NATURALISTE CANADIEN
Maman, tout à ses travaux de couture, assise à la fenêtre
de la cuisine, regardait parfois sa petite famille dont les ébats
joyeux remplissaient de bruit les quelques parterres et les trois
pas de sentier qu'on appelait le jardin, quand soudain, levant
Jes yeux vers l’horlose au tic tac monotone, elle apereut—hor-
rewr des horreurs !—une vilaine araignée qui s’acheminait,à jas
comptés, vers le coin, à l’angle des deux murs, où sans doute
une toile grisâtre lui servait de retraite.
Imaginer un plan de bataille, appeler les enfants ‘à la
rescousse, distribuer des armes aux combattants, fut pour la
bonne dame l'affaire d’un moment ; attaquer l’ennemie, après
Yavoir cernée, fut l'affaire d’une autre seconde, et bientôt des
eris de joie saluercnt l’annonce de ce nouvel Austerlitz !
Car, je vous le demande, de quel droit cette araignée, hor-.
rible, noire, courtaude, de quel droit,oui, avait-elle osé élire do-
micile dans le sanctuaire trois fois saint des marmites et des
plats ? De quel droit ?
La question était restée sans réponse et pour cause: la
pauvre araignée n'avait œuëre eu le temps même de crier gare
_etelle aurait fort probablement objecté que ayant ni feu ni
lieu, elle était obligée de choisir quelque part quelque coin re-
tiré, asile gratuit, n'ayant pas les moyens de payer loyer ou de
se construire une habitation...
Et pourtant quelle habitation vaut cette humble toile, ca-
chée dans un coin ignoré ? Quel palais a des merveilles com-
parables à ce léger abri auquel l’araignée-—point fière—confie
sa fortune et sa vie ? Et quelle ouvrière a, jamais—pâlissant
sur.le méticr—réussi à filer châle plus solide et plus léger ?
Quelle apprentie ès arts, membre depuis de longues années de
corporations célèbres, à jamais pu apporter au jugement de la
maîtrise tissu plus habilement fiçonné, trame plus rapidement
ourdie ?
Oncques n’en vit de pareille ! Point de duchesse, aux
temps glorieux du moyen âze, dans tout l'éclat des fêtes et des
tournois, qui jamais porta voile plus riche! Point de reine,
se
LES DÉSHÉRITÉS 59
après une conquête, qui éclipsa ses rivales par Pélégance d'u-
ne parure plus somptueuse !
Regardez-la cette fileuse incomparable, qui—son domicile
une fcis élu.—se met au travail pour produire un chef-d'œx-
vre, armure et demeure à la fois. Car c’est 1a que, retirée au
centre de son castel léger, elle vivra des jours souvent bien
courts, hélas ! eb que, attentive, aux aguets toujours, elle épie-
ra la venue de l’ennemi qui, croyant le donjon sans défense,
foncera sur lui sans réfléchir ! Ah! l’imprudent ! Tandis qu'il
éntonne un chant de triomphe, croyant la place enlevée, la
haute et honnête dame veillait et le téméraire agresseur, em-
barrassé dans des pièges sans cesse renaissants, expie, avec la
vie, son hasardeux projet ! x ;
Ah! je vous l'accorde ! Dame araignée n’a pas les
mœurs tendres et son caractère n'a rien d’attrayant. Mais le
moyen de ne pas s’aigrir quand on est exposée à tant d’em-
bûches !
L’ennemi l'entoure de tous côtés : des malfaiteurs ailés
épient sans cesse une proie sans défense ; ils ont à leur service
des armes à côté desquelles les inventions homicides de notre
fin de siècle ne sont que des jouets; balais eb bâtons à leur
tour se mettent du jeu et la légère demeure—le palais de fils,
cette merveille de suprême et superbe talent—n’est bientôt
plus que poussière qu'emporte le vent ! Ht puis l’araignée est
noire, sale, gourmande ! Son hideux corps velu ternit la blan-
cheur de nos murs immaculés ; sa toile—tissée partout—est
un réceptacle de poussière ; et Sir John Lubbock prouve su-
rabondamment qu’elle mange beaucoup trop! |
Une faim daraignée, alors ? Parfaitement ! Mais que ce-
lui qui jamais ne mangea trop lui jette la première pierre |...
Eh !laissez-la done, cette pauvre petite bête, vaquer tran-
quillement à son train-train ordinaire! Plus que tous vos in-
secticides et vos poudres plus ou moins efficaces, elle vous
purgera vos maisons des mouches et des autres petits fléaux, —
qui sont les plus beaux ornements de ses adroits filets !
n ry 5 \
NO = LE NATURALISTE CANADIEN
Et sile souci du décorum vous tient tantau cœur,dans vo-
tre cuisine où ne rentre jamais personne d’étranger,vous pour-
rez régulièrement balayer cette toile qui vous offusque tant.
L'araignée n’est pas rancuneuse et les chefs-d’œuvre ne lui
coûtent guère : quelque temps après, une nouvelle toile aura
remplacé celle que vous venez de briser, et de nouveau—em-
busquée dans ses filets, attentive, aux aguets toujours —dame
araignée sera prête pour une autre hécatombe de mouches et
d'insectes !
HENRY TIELEMANS. ;
0-—-——_—_ —
DECRITE PAR FEU L’ABBE PROVANCHER (1)
Cette espèce nouvelle, décrite par l'abbé Provancher, ap-
partient a Ja famille des EPEIRIDES, l’une des plus brillantes
de l'Ordre des Arachnides. Les deux premières paires de
pattes, dans cette famille, sont plus longues que les autres.
Ces araignées tendent des toiles circulaires, composées de fils
aboutissant à un point central d’où ils rayonnent et qui sont
croisés d'un autre fil formant une spirale à partir du centre.
Les deux sexes diffèrent tellement de taille; chez ces arai-
gnées, qu'un auteur estime que la même proportion appliquée
à l'espèce humaine donnerait, à un mari, d'une taille de 6
pieds et d'un poids de 150 livres, une femme haute de 70 à 90 a,
pieds et pesant 200.000 livres.
Voici la description de cette nouvelle espeéce.:
(1) Parmi les manuscrits laissés par M. Provancher, et qui sont en notre
_ posses ion, hous avons trouvé une quarantaine de descriptions inédites d'espè-
ces nouve Iles, d'Hyménoptères principalement. Nous les publierons succes-
sivement dans le NATURALISTE, commençant aujourd'hui par une Araignée du
genre Epeira.
Quant à la question de priorité de ces descriptions, l'abbé Provancher
étant mort en mars 1892, il convient au moins de leur assigner cette daté de
LE TRAITEMENT DE LA PHTISIE PAR LE GAIACOL 61
Gen. Eperre. Eperra. Walckenaër.
E peira a ka nov. sp., Epeire argentée, Long. .70
pee ; le céphalothora 2.80 MEME céphalothorax de
forme elliptique, ek couvert, de même que la partie
antérieure de l'abdomen, d’un duvet argenté brillant ;
deux lignes de points transverses, de la même cou-
leur, se voient aussi sur la partie postérieure de l'ab-
domen, la première avec 3 points plus gros, la 2e avec 2, sur
un fond brun-cannelle velouté. La par Sk postéricure du cé-
phalothorax est dénudée en demi-cercle pour le j jeu de l’abdo-
men lor squ il se redresse. L'abdomen est tronqué à son ex-
trémité ‘et porte une forte projecans de chaque côté, avec les
angles postérieurs aussi saillants, ce qui lui donne une ap-
parence anguleuse. Les 4 yeux aa milieu sont en carré, et
les latéraux sont réunis. La 83e paire de pattes est beaucoup
plus courte que les autres, la 4e étant la plus longue, Ces
pattes sont brunes, annelées de testacé pâle. —Trinidud.
Il est difficile, penson3-nous, de trouver araignées avec
parure plus riche, car elle paraît couverte de plaques d'argent
de pur métal,
———-0
LE TRAITEMENT DE LA PHTISIE PAR LE
En février dernier, nous annoncions la découverte ré-
cente, faite a Paris, d’un
phtisie. Peut-être s'agit-il de cette nouvelle méthode
dans l'article suivant du Cosinos (16 mars 1895) :
LAS
jaccin” pour la guérison de la
‘ En attendant le moment où la sérothérapie sera applicable À la tubercu-
lose comme à la diphtérie, les médications Contre cette aff ction se multiplient.
“ En outre de la suralimentation et de la cure d'air qui donneut les meil-
lenrs résultats, c’est à la créosote que l’on a le plus souvent recours comme mé-
dicament. La créosote est formée pour près de 90 ojo de gaïacol, et plusieurs
médecins tendent à substituer le gaiacol à la créosote administrée par les voies
digestives ou pur injections sous-cutanées.
‘M. Letanueur donne, dans le Journal de médecine de Paris, le résultat de
application de cette méthode, Voici quelques extraits de sou article:
‘ # Notre formule au début du traitement est celle employée par M. le Dr
© Picot, de Bordeaux, soit 5 centigramimes de gaïacol et 1 centigramme d’ todu-
ae fom par centimètre cube d'huile.
—Avril 1895,
62 LE NATURALISTE CANADIEN | :
Nous commençons par injecter un centimètre cube tous les deux jours,
“ puis deux, puis trois, de deux en deux jours également, en suivant, pourcstte
“graduation, le degré de sensibilité da malade au médicament, point très im-
“portant pour les résultats à obtenir ; nous avons été rarement obligés de dé-
“ passer cette dose,les résultats obtenus étant très satisfaisants.” ”
M. Letanneur expose ensuite ces résultats obtenus, qui
\ . - . o '.
sont en effet très satisfaisants ; puis il ajoute :
“ “ Indiquons, en terminant, comment se comporte d’une façon générale la
“ maladie lorsque l'on applique ce traitement.
“ ‘* Dès le début, le phénomène invariable et qne nous n'avons jamais vu
“ manquer, e’est le retour très sensible des forces et la diminution de la tonx :
“vient ensuite la cessation des suenrs et la diminution des Crachats ; ie retour
“de lappétit se fait un peu plus tard, mais arrive sans faute.
“““Ordinairement, dès la cinquième ou sixième pigûre [ou injection], les
“ forces reviennent et l'engraissement conmance pour se continuer si le mala-
** de suit docilement le traitement jusqu’au retour à la santé.” ”
—— —__ 9 —__ —___
ENCORE LE CRAPAUD COMESTIBLE
Sous ce titre, Album industriel du 30 mars publie ce
qui suit:
“ Le Pere Guerlach, missionnaire francais chez les peu-
plades sauvages de l'Indo-Chine, nous présente, dans son jour-
nal de voyage, lc crapaud sous un tout autre aspect que ce-
Jui d'animal répugnant par excellence. “ Certains mdividus,
.“ dit-ii, en parlant de la peuplade des Sedang,mourraient plu-
“tot de faim que d’avaler un crapaud, qui est cependant, je
vous prie de me croire, une excellente nourriture. Quand je
peux in’en procurer, je me paie un festin soigné. En France,
les préjugés vous empêchent de connaître ce qui est bon et
d’en user.”
“ Le missionnaire n’a peut-être pas tort. Nous tenons
d'un pêcheur de grenouilles retiré des affaires que les profes-
sionnels de cette pêche à qui il arrive de predre des crapauds
n ont garde de les rejeter à l’eau. Ils les “ parent” à l'instar
des grenouilles et affirment que le rable et les cuisses d’un
beau crapaud, soigneusement dépouillés de leur peau, cela va
sans dire font aussi bonne figure à l’étalage du marchand et
cc
cc
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EXTRAITS DE LACORRESPONDANCE 63
sur l'assiette d'un consommateur que ceux de la plus belle
grenouille.”
I] résulte de là que lursque l'on a mangé de la grenouille,
on peut fort bien avoir mangé du crapaud.
CG ——— —
EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE
LE Surssm.—" J'ai une Histoire naturelle extraite de Buffon et de Lacépè-
de ; elle ne fait pas mention de ce petit quadrupède que nous appelons suisse ;
est-ce bien son nom véritable ?”” F-X,. L.,' Ste-Claire, P. Q. (Suisse est le
L2
nom vulgaire du Tamia quadrivittata, Less.—Sciurus quadrivittatus, Say, qui
appartient à la famille des Kcureuils).
” CHASSE AUX Dytisques EN HIVER.—‘‘Durant le mois de janvier 1895, j'ai
capturé une centaine de Dytisques et de Colymbetes pleius de force et de vie ;voi-
ci comment. Nos élèves se sont fait Un rond pour patiner, avec de l'eau qu'ils
ont prise sous une couche de glace de six à sept pouces d'épaisseur. Il faut
vous dire que c'était de l’eau stagnante. J'ai ainsi capturé des individus de
toutes les espèces de Dytisques, excepté le Dytiscus confluens, Say. J'ai aussi
capture un Dytisque de la longueur du Dytiscus fasciventris, Say, et ayant les
mêmes caractèr s, excepté ceux-ci : point de tache frontale. Ecusson entière-
Inent noir. Bosdure marginale des élytres distinctes jusqu’à la su ure, au
sommet. Ventre entièrement uoir.’—J.-C. O., C. S. V., Mile End, P. Q. (Cette
belle trouvaille déiuoutre bien, eu effet, que ces insectes passent l'hiver sous
la glace). |
SALAMANDRA GLUTINOSA, GREEN.— “ J'ai dans un bocal, depuis la mi-sep-
tenbre, quatre mois enviroa, une salamaudre vivante, dont le nom spécifique
in’ est incennu,et qui n'a certainem-nt pas pris de nourriture depuis le com-
mencement de sa captivité. Je me contente de lui donner de l’eau fraîche assez
fréquemment. Elle à eucore toute son agilité primitive; le ventre lui a blanchi et
le corps a diminué ua peu de volume. Çà me parait un peu extraordinaire qu'un
animal demeure si longiempys sans manger, touten conservant sa vigueur et
sans prendre l’état léthargique, cornme le prenneut plusieurs espèces anima-
les pendant l'hiver. Je ne sais pas si je pourrais trouver. son nom spécifique
dans ie “Naturaliste.”” (a me paraît une espèce assez rare. Sa longueur est
de 5 pes env. ; ie dos est noir, et le ventre gris, avec de grandes taches blan-
ches ;sur les côtés on voit une rangée de points nombreux, petits, blauchatres
et confus. Je connais trois ou quatre espéess de Salamandres ; c'est la première
que je vois avèc cette disposition de taches et de couleurs.” 21 jauvier 1895.
“Le nom de la Salamandre dont je vous ai fuit connaître, dans une précé-
dente lettre, le long jeûne—depuis la mi-septembre jasqu’aujourd’ hui,—est
S. glutinosa, Green. La cou'eur générale, 1-s points jaunâtres du ventre et des
côtés. et le pli transversal +o is la gorge ms fout rapporter cette espèce à celle
décrite par l’abbé Provanch :r (Nat. Can., vol. VII, p. 70). Cette pauvre petite
bête est encore pleine de vigueur.” 21 mars 1895. L'abbé P.-A. B., Sherbrooke.
FA RENTE TT UN NI,
D A EE LS
\
64 LE NATURALISTE CANADIEN
LE MICROSCOPE “EXCELSIOR ”
Il y a longtemps que nous désirions avoir une loupe “qui
se tint toute seule en l'air”, et nous laissit l'usage de nos
deux mains pour manier le spécimen & examiner. Nous
avons pu à la fin nous procurer cet instrument, grace à I’o-
bligeance de notre ami M. Smiley, Directeur du Microscope.
Désireux d'offrir à nos lecteurs le même avantage, nous
voulous leur décrire l'instrument, et leur dire comment ils
peuvent en faire l'acquisition.
Voyez-vous cette jolie petite boîte en noyer, 3 pes de lon-
gueur, 1} pee de largeur ? On enlève le couvercle qui est à
coulisse, puis on le retourne et on le remet à l'envers dans sa
coulisse. Sur sa face inférieure, qui est maintenant en des-
sus, se trouve, couchée dans une rainure, une tige de fer ‘po-
li que l’on relève à angle droit et qu’un ressort maintient ver-
ticale. A cette tige, élevée de 4 pes, vous pouvez fixer: lo
une loupe, munie d’un diaphragme, à trois tentilles qui don-
nent à volonté un grossissement de cinq à trente diamètres ;
20 un petit plateau de verre où l’on peut placer l'objet à étu-
dier ; ce verre est fixé sur un cadre de gutta-percha qui, d'un
cité, forme une cavité où l'on peut mettre par exemple un li-
quide contenant des animalcules que l’on désire examiner ;
30 un petit écran pour empêcher, sion le juge utile, l’objet
d'étude d’être éclairé en dessus par le miroir: car miroir il
y a, au fond de la machine! Il ya même deux petites ai-
euilles emmanchées, utiles dans la dissection.—Voilà l'ins-
trument, et nous sommes d'avis que les amateurs de botani-
que, d’entomologie, etc, en 1etireront grande utilité.
Comment se le procurer ?
Ce “ microscope ” ou cette loupe montée se vend $2.75.
Mais il faut savoir qu’en envoyant cette somme à “M.Chs
W. Smiley, Directeur du Microscope, Washington, D: C., E.-
U.,” on reçoit l'instrument et de plus on a une année
d'abonnement au Microscope, très intéressante publica-
LA PRESSE ET LE “ NATURALISTE ” 65
tion mensuelle consacrée à la vulgarisation des études mi-
croscopiques ($1.00 par an), et qui, depuis janvier, décrit pré-
cisément des objets que l’on peut étudier avec le “ Microsco-
pe Excelsior.”
—— ss
O
La presse et le NATURALISTE
Si nous n’écoutions que notre reconnaissance, chacune de
nos livraisons diraient & nos confrères de la presse combien
nous les remercions du zèle dont ils font preuve en faveur
de notre œuvre. Mais à la longue nos lecteurs trouveraient
sans doute le procédé fastidieux. Du moins, nous pouvons as-
surer à nos confrères que leur grande bonne volonté nons
touche profondément,et nousencourage beaucoup à travailler
et à lutter contre les obstacles qui rendent difficile la tâche
que nous avons acceptée.
Aujourd'hui, nous avons à ajouter le Journal du Peuple
à la liste des journaux qui publient le sommaire de nos liveai-
sons.
. Nos remerciements au Moniteur, de Lévis, au Franco-
Cunadien,et à la Sentinelle, de Mattawa, qui, a leur tour, ont
salué le 22e anniversaire de notre journal. Nous croyons de-
voir reproduire l'article extrêmement sympathique que nous
a consacré notre confrère de Mattawa, et qui fera plaisir, pen-
sons-nous, à tous ceux qui portent intérêt au NATURALISTE.
“Notre excellent confrère de Chicoutimi, si savamment rédigé par M.
l'abbé V.-A. Huard, est entré le premier janvier dernier dans sa vingt-deuxie-
me année d'existence.
“Comme toutes les œuvres vraiment utiles,le Naturaliste x eu à subirtoutes
sortes d'épreuves. Ce n’est qu'au prix des plus grands sacrifices de la part de
son propriétaire et de quelque’ anis dévoués, que notre confrère réussit à nous
conserver la seule revue scientifique du genre que nous ayons en Canada.
‘« Le confrère avoue même que le volume qu'il vient de terminer lui laisse
un déficit considérable à combler. Toujours la même histoire ; ‘ Plus de Ja moi-
tié de ceux qui ont reçu le Naturaliste ont négligé jusqu'ici d'en payer l’abon-
nement.”
“ IL nous semble pourtant que le gouvernement de Québec a assez à cœur
nu aan la AY SA HS a
66 LE NATURALISTE CANADIEN
ay Vintérét et la bonne renommée de la Province pour trouver un moyen queleon-, ;
\ que d'aider au soutien de la seule revue scientifique française donnant le dé-
menti à ceux qui nous traitent d’éteignoirs. 1.
“On trouve facilement des milliers de piastres pour subventionner des che-
} mins de fr. qui ne rapportent souvent que des dettes à leurs actionnaires ; ne À
pourrait-on pas sacrifier au moins quelques sous, pour prouver au monde en-
tier que, même au point de vue scientifique, nous faisons de louables efforts +
pour ahs tenira la hauteur du progrés moderne ?
“Tl nous semble quela suggestion vaut la peine d'être considérée, et pour
l'honneur du nom canadien-français, uous Ja soumettons humblement à qui de
droit.”
LES JOURNAUX
es
, ~
—Nous saluens avec grand plaisir la résurr:ction de La Sentinelle, excellent
journal catholique que nous croyious dée. sdé à jamais, mais dont la publication
n'était que suspendue, par suite d'une grave maladie de son Directeur, M.
J.-A. Lév-:sque. Heblomadaire ; $1.00 par année ; Mattawa, Ont.
— Le Sténographe Canadien (B. P. 1587, Montréal ; mensuel ; £1.00 par an)
est entré récemment dans sa septième année, et tout indique qu’il fera longue
vie. Nous le lui souhaitons d+ grand cœur, car nous apprésions fort son rôle
utile. Si quelque bonne fée nous offrait sesservices :après avoir pourvu aux
néces-ités financières du Natura/iste, nous demanderions sans doute la science
infuse de la sténographie, qui nous épargnerait bien du temps.
Donc, prospérité au Sténographe, et vive reconuaissance pour l’aimable
façou dont il nous a recommandé à son public, dans son numéro de mars !
— L'Ouvrier catholique [hebdomadaire, $1.00 par année, Biddeford, Me.}
Ce journal, dès ses débuts, est très bien fait, fon‘ et forme, et tout à fait dans la
note catholique. Nos félicitations et bons souhaits à son Rédacteur, M. Ph.
Masson, notre ami et ancien condisciple.
— Le Journal du peuple (37, rue St-Gabriel, Montréal) fera merveille sous
Ja direction de MM. J. Suint-Elme et J, des Erables. Très dévoué,lui aussi,aux
intérêts catholiques. Succès !
— Le Journal de V Instruction publique, de Montréal, a publié en février une
bien belle livraison qui contient le compte rendu de la 1008 conférence des
ù instituteurs montréalais. Novs y avons particulièrement remarqué le discours
de M. l’abbé Bourassa sur M. Chauveau et l Idée nationale.
L
4
4
re)
BIBLIOGRAPHIE
Nong aceusons réception, avec reconnaissance, des publications suivantes :
—Bu letin of the Geological Institution of the University of Upsala, Vol. I [1892-
t
4
BIBLIOGRAPHIE 67
93], Upsala, Suède. Très belle publication illustrée, qui commence bien la sé-
rie que l’on annonce, et dans laquelle les langues française, allemande où an-
glaise seront seules autorisées.
— Experiment Station Record. Vols IV, V, et VI [eu cours de publication].
Cette revue, qui est comme le compte rendu mensuel des progrès agricoles aux
Etats-Unis, fait honneur, non mainsque l’Insect Life, au ministère de l’Agri-
cu ture de Washington.
| — Carte régionale des comtés @ Ottawa, d'Argenteuil. de Terrebonne, ete., jusqu'au
Sain!-Maurice, Québec, 1894. On sait déjà, par les cartes régionales des autres
parties de la Province, combien cette œuvre du commissariat des Terres de la
Couronne a de valeur.
— Bulletin of the Ess-a Institute, Vol. 26, pg. 65-139; Salem, Mass. Avec gran-
de Carte géologique du comté d\Essex, Mass.
—Cataloque général de graines et plantes pour 1895, Jacques Verret, Charles-
bourg, Québec. Brochure illustrée de 80 pages, avee couverture en chromoli-
thographie. Comme nous l'avons déjà fait, nous attirons l'attention de nos lec-
teurs sur cette mai-on canadienne-française, la seule du genre qu’il y ait dans
la Province. Depuis plusieurs semaines, nous avons ici, en pleine floraison, des
buibes d’hiver qui nous viennent de chez M. Verret, et ils nele cèdent en rien,
au contraire! à ceux que nous avons achetés aux Etats-Unis.—Qu’on demande
ce Catalogue. rempli de renseignements sur l'horticulture, l’arboriculture, et
même l’apiculture.
— Vick's Floral Guide, 1895. Nous recevons ce catalogue annuel depuis
vingt-cinq ans; mais quelles différences entre le catalogue de 1870 et celui de
1595 ! Celui-ci est un volume de 112 p. de grand luxe, tout rempli de gravures
noires ou coloriées, et de renseignements sur la culture des légumes et des
plantes d’ornement.—10 cts. J. Vick's Sons, Rochester, N. Y.
— The Missouri Botanical Garden, 1890. Ce beau volume est presque tout con-
sacré à la mémoire de Henry Shaw, fondateur du jardin botanique de Saint
Louis.
—Prof. G.C. Davis, du Michigan Agric. College, Monographgof the tribe
BASSINI ;—Some notes from a study of the Provancher collection of Ichneumonide
[1594]. Nous tacherons de publier ce mémoire dans le NATUBALISTE,
—Spécimens de photogravure de l'Imprimerie C. Darveau, Québec. C’est la
waison Duryeau qui imprima toute la première série du NATUBALISTE, et nous
applaudissons de grand cœur àses succès.
_ —La dévotion à S. Antoine de Padoue, par Vabbé E. DeLamarre, 2e édition.
Joli petit volume qui obtient un succès mérité, En vente chez les principaux
libraires, à 15 cts l’ex., $1.50 la doz., $10 le cent.
— Lettre pastorale de Mgr l'évéque des Trois-Rivières concernant les dangers aux-
quels la foi des catholiques est exposée en ce pays. Grave document dont le titre
suffit à indiquer l'importance. Nous souhaitons que les sages conseils du grand
évéqne, du philosophe renommé, du dévoué patriote trouvent chez nos compa-
triotes toute l'attention qui leur est due.
LME MUR P
68 LE NATURALISTE CANADIEN
PHOTOGRAPHIE
Notre collaborateur, M. l'abbé Poirier, empêché par un
deuil de famille bien douloureux, pour lequel neus lui offrons
nus sincères condol$ances, n'a pu nous donner pour ce numé-
ro son article habituel sur la photographie. En la prochaine
livraison, il rendra compte d’une expérience fort intéressante
et qu'il a dû être le premier, croyous-nous,a tenter en ce pays.
Une gravure demi-teinte montrera avec quel succès il la fait.
f —— OQ © —-—_—— -
! -
QU'EN PENSENT NOS ABONNES ?
Nous sommes forcé de remettre aux livraisons prochaines
plusieurs articles que nous avonsen mains (entre autres
un intéressant Mémoire de M. l'Engénienr C. Baillairgé, M.
S. R. C.,ete., sur le détournement projeté du Saint-Laurent
par les Etats-Unis). Nous mettons souvent du caractère solide
et même du petit texte, et cela à frais extra, bien entendu.
Mais ce n’est pas encore assez. Une augmentation du nombre
de pages s'impose évideminent ; Mais nous n’y pouvons songer
avec nos seules ressources : nous donnons déja tout notre tra-
vail pour rien, et ne pouvons vraiment faire plus.—Stinous por- |
tious le nombre de payes à 24,c’-a-d. aux trois quarts de l’ancien
format, nos abonnés consentiraient-ils à donner 50 cts de plus
par année ! À eux la réponse. [ls auront presque tous l'occa-
sion de communiquer avec nous, durant l’année : eh bien, nous
les prions de nous donner leur avis sur Pauginentation propo-
sée, qui ne prendrait effet qu'en 1896. Car nous ne voulons
pas avancer sans être sûr d’être suivi. Mieux vaut un Narura-
LISTE de 16 à 20 pages, que pas de NATURALISTE !
LUE
laturaliste €
VOL. XXII (VOL. Il DE LA DEUXIEME SERIE) Nod
Chicoutimi Mai 1895
Rédacteur-Propriétaire : ?abhé V.-A, HUARD
Un bon nombre d'abonnés ont soldé le compte d'abonnement, pour l’année
1894, que nous leur avons expédié avec la précédente livraison, et nous les en
remercions vivement. Plusieurs ont jugé que l’occasion était bonne pour
payer en même temps l'abonnement du présent volume: nous sommes tout à
fait de leur avis, pour d'excellentes raisons. Nous pourrions même mention-
ner un vénérable curé qui s’est imposé une amende de 50 cts, pour avoir re-
tardé de s'acquitter pour l’année dernière, et qui, de plus, nous envoie $1.50
pour 1895, afin de nou; prouver son adhésion à notre projet de publier le NATU-
RALISTE à vingt-quatre pages ! De telles marques d'intérêt pour notre œuvre,
et tant de lettres sympathiques qu'on nous adresse bien souvent, sont pour
nous un encouragement du plus grand prix. Certes, tout n’est pas rose dans
la vie du journaliste ; et nous entendions tout récemment l’un de nos plus dis-
tingués publicistes s’écrier : ‘‘Dire que j’en ai encore pour trente ans,peut-être,
de cette carrière !’’ Mais il y a des compensations ; et il suffit qu’on nous témoi-
gne un peu de bienveillance,pour nous faire oublier en un instant toute l’indif-
férence et même les procédés indélicats qui se rencontrent trop souvent sur la
‘route que nous suivons.—Rien n’encourage Comme...... les encouragements !
——— — (0) —
ON VEUT NOUS YOLEN L LE SAINT-LAURENT!
Québec, ler avril 1895,
M. le Rédacteur du NATURALISTE CANADIEN,
Un sujet qui doit avoir pour nous de l'actualité et pour
vos lecteurs, en changeant ainsi la face du pays, est le pro-
jet, aujourd'hui devant le Sénat américain, de vastes canaux
de déviation de nos eaux des grands lacs, vers le golfe du
Mexique et la rivière Hudson.
Déjà, comme je l’ai fait voir en janvier dernier, Chicago
est à l’œuvre sous sanction du Congrès des Etats-Unis, dans
10—Mai 1895
x 4)
70 LE NATURALISTE CANADIEN
le creusement d’un canal de 300 pieds de largeur avec un ti-
rant d'eau de 20 pieds, et qui va prendre au Saint-Laurent,
je disais un trentième de ses eaux—600,000 pieds cubes par
minute ; mais que d’autres ingénieurs estiment à 30,000 pieds
par seconde : soit un dixième de celles qui d'Ontario se déver-
sent de ce côté.
D'ailleurs, si ce dernier chiffre est exagéré pour le mo-
ment, il pourra bien devenir réel d’ici à peu années ; car
Chicago, dont la population est aujourd’hui de près de deux
millions d’Ames, pourra bien dans dix ans atteindre le triple
de ce chiffre ; et son drainage, s’accentuant dans l'intervalle,
demandera pour le diluer une prise d’eau dans le lac Michi-
gan, d'autant plus considérable.
Le motivé de ce canal de 40 milles de longueur, qui de
Chicago, longeant la rivière Des Plaines, se dirigera sur
Joliet pour mêler ses eaux à celles de l'Illinois qui par le Mis-
sissippi se dirige vers le golfe, est celui de faire cesser la
pollution de son aquedue äéjà rendu à quatre milles sous le
lit du lac où il prend sa source, par les égoûts de la ville qui
même à cette distance au large font sentir leurs effets désas-
treux, et de diriger ces égoûts en sens contraire ou vers le
Mississippi.
Mais pour rendre le projet acceptable aux riverains qui
sémenvent eux aussi de voir diriger ce drainage de leur côté,
la pilule sera dorée en faisant en même temps de ce canal
une voie maritime et commerciale vers l'Atlantique. 39 con-
tracteurs avec chacun un mille à creuser sont à l'ouvrage, et
le canal à la fin de 1896 sera une œuvre accomplie. Si cette
déviation des eaux d'alimentation du Saint-Laurent devait
en rester la, ce serait peut-être un demi-mal ou même un
avantage pour Québec, en diminuant encore la profondeur, le
tirant d’eau du lac Saint-Pierre, au point de forcer les va-
peurs océaniques de ne pas aller au delà de l’ancienne capita-
le; mais voici que se forme, au moment où j'écris ceci, une
compagnie puissante au capital de 150 millions de piastres
pour construire pour des fins commerciales plus d’un canal
ON VEUT NOUS VOLER LE SAINT-LAURENT 71
additionnel devant encore s’alimenter de nos eaux en desti-
nation pour |’ Hudson.
Le trafic sur les grands lacs est de beaucoup plus im-
portant qu'on ne saurait le croire. Pour en donner une idée,
je dirai, basé sur les chiffres du Major Gray, Ing. Civ., dans
une remarquable étude du commerce de ces lacs (voir le No
de mars du “ Canadian Engineer ” de Toronto), que pendant
que le mouvement moyen du tonnage par le canal de Suez
ouvert l’année durante est de 6,983.000 tonnes, celui du ca-
‘nal du Sault Sainte-Marie entre les lacs Supérieur et Hu-
ron et qui n’est ouvert que durant 220 jours sur les 365, est
de 6,821,000 tonneaux ; et le fait que ce qui eût coûté de
transport par chemin de fer 143 millions de piastres n’a été
que de 23 millions par voies d’eau est plus que suffisant pour
faire comprendre limmense intérêt que peut avoir la nou-
velle compagnie à se pourvoir de canaux à cet effet.
Ce qui empêche de s’émouvoir nos gouvernants en en-
tendant parler de ces projets de canalisation est sans nul
doute que l’étendue, la superficie collective de nos lacs ait
l'air si immense en rapport avec les prises d’eau qu'on se
propose d'y faire. Ces surfaces telles que données par le
Major Gray dans l'article suscité, sont comme suit :
Versant d'eau des RR nr:
Nomenclature” PANE, des Dace en "Tues en milles Paris uni
EE io OATES Ss ea PRE EM TEM A Le RE A
Lac Supérieur jie 31-200 51,600 82,800
Riv. Sainte-Marie 150 800 950
Lac Michigan 29 450 37,700 60,150
Lac Huron et
Baie Géorgienne 23,800 31,700 55,500
Riv. Sainte-Claire 25 3,800 3,825
Lac Sainte-Claire 410 3,400 3,810
Riv. Détroit 25 1,200 1224
Lac Erié 9960 22,700 32,660
Riv. Niagara i 300 ole
Lac Ontario 7240 21,600 28,840
95,275 174,800 270,075
72 LE NATURALISTE CANADIEN
Le lac Ontario est à 246.6 pieds au-dessus du niveau de
la mer, celui du lac Erié à 572.9 pds; les lacs Huron et Mi-
chigan à 581.3 pieds, et le lac Supérieur à 601.8 pieds au-des-
sus du même niveau ; les 20} pieds de différence entre le
Supérieur et le Huron étant rachetés comme on le sait par
le canal du Sault Sainte-Marie ; pendant que la différence
de 8.4 pds entre le Huron et l'Erié se trouve surtout sur
le parcours de la rivière Ditroit, et les 326 pieds entre Erié
et Ontario sont formés des 169 de la chut2 Niagara, des 50
pds de rapides au-dessus de la chute, des 110 entre Lewiston
et le pied de la chute et des 6 pieds dans la partie supérieu-
re de la riv, Niagara.
Mais tout vaste que soit l'étendue collective des lacs, le
Supérieur ne déverse dans les Michigan et Huron que 86,000
pieds cubes d’eau par seconde ; ces derniers 225,000 p.c. dans
l'Erié ; l'Erié dans l'Ontario 265,000 p. c. et enfin l’Ontario
dans le Saint-Laurent 300,000 p. ¢. comme je l'ai déjà dit.
, Pendant que les lacs sont sujets, comme l’océan, & une
marée, mais qui varie de 1 à 3 pouces, les fluctuations de
niveau par les pluies et neiges fondues de ces 270,000 milles
carrés de surface, varient beaucoup plus et ces fluctuations
saccentuent avec le déboisement du pays. Or les saignées
qu'on se propose d’y faire, ne les feront point varier davan-
tage puisque pour cz qui est des lacs eux-mêmes il est indif-
férent que le surplus des eaux se déverse vers le sud plutôt
que vers l’est ; et c'est précisément cela qui dissimule aux
yeux de nos législateurs, de nos ingénieurs, l’étendue du mal
qui menace de réduire le cours du Saint-Laurent—notre
seule voie maritime—de toute la quantité d’eau (bientôt,
peut-être, plus que la moitié de celle) qui saute aujourd'hui
Niagara, et donne naissance au fleuve pour la diriger en
sens contraire,
Les conséquences de ce faire peuvent être incalculables,
et telles qu'aucune indemnité nationale ne saurait compenser.
Et dire que la masse de ces eaux viennent de nous, sont les
nôtres puisque le pays s'incline vers le golfe du Mexique, et
ON VEUT NOUS VOLER LE SAINT-LAURENT yas:
que ces eaux nous viennent du nord; et nos gouvernements
nous les laisseraient ainsi distraire sans invoquer le droit des
nations pendant que les droits de simples riverains ne veu-
lent point qu'un individu fasse dévier le ecurs d’un ruisseau
audtriment de son voisin. Réveillors-nous !—Et qui sait si nos
aimables voisins d’au delà de la ligne 45, un coup que le goût
leur en serait acquis, ne finiraient pas par tout prendre, lais-
sant la Niagara à sec et réduisant ainsi le Saint-Laurent au
seul drainage de Ja vallée de l'Ontario et des rivières qui sy
déversent, l'Outaouais, la Saint-Maurice, la Richelieu et au-
tres. Il est vrai que même dans ce cas il:nous reste la marée
pour combler jusqu’à un certain point, à haute marée, le défi-
cit, et cela jusqu'aux Trois-Rivières à peine ; tandis qu'à
marée basse pour nous &t durant les 24 heures en amont de
Québec, notre cours d'eau diminué de plus de moitié rendrait
inutiles une foule de nos embarcations actuelles et nécessite-
rait d'en construire de nouvelles d’un moindre tirant d’eau
et, partant, d un tonnage diminué, au dommage incalculalile
de notre commerce maritime et de cabotage, puisqu'il fau-
drait alors attendre la marée potr permettre aux vapeurs
d'arriver a Québec et sans possibilité d’aller au delà. Encore
une fois, je le dis,réveillons-nous !
Cus BAILLAIRGÉ,
Membre de la Société
d’Ingénieurs du Canada
Québec, 11 avril 1895.
M. le Rédacteur, |
Depuis que je vous ai écrit, Ja Compagnie, voyant lim-
portance de centres de commerce comme Toronto, Ottawa,
Kingston, Montréal et pour desservir l’est d’Ontario, l'ouest —
de la Province de Québec et le nord de l'Etat de New-York,
a modifié son projet en décidant de partir son canal, non pas
de Buffalo, sur le lac Erié, mais du lac Saint-François sur le
Saint-Laurent au-dessus de Montréal. Ce projet sied à Mon-
74 LE NATURALISTE CANADIEN
tréal et à tous les endroits en amont de cette ville, ear il Jui
est évidemment indifférent que ses vapeurs océaniques lui
arrivent par le Saint-Laurent ou par New-York, la rivière
Hudson, le lac Champlain et le canal proposé entre ee der-
nier lac et le lac Saint-François ; mais le Saint-Laurent en
aval de Montréal n'en verra pas moins diminuer ses eaux
non seulement de tout ce que va lui enlever Chicago par son
canal en voie pour le golfe du Mexique, pour les rivières Des
Plaines, Illinois, et Mississippi ; mais de tout ce qu’il faudra
pour alimenter le canal en voie pour l’Atlantique par les dits
lacs Saint-François et Champlain, et il y aura encore en toute
justice compensation à payer par le Gouvernement fédéral,si-
non par la Compagnie, pour le dommage à tous ies riverains
et au pays en général en aval de Montréal à cause des désa-
vantages d’un moindre tirant d'eau.
C. BAILLAIRGÉ.
LEPIDOPTERES DE SHERBROOKE ET DU VUNSI-
NAGE DE CETTE VILLE
De tous les insectes qui habitent la ville et les alentours
de Sherbrooke, les Névroptères, les Diptères, spécialement
ceux qui appartiennent à la famille des Tipulides, et les Lé-
pidoptères paraissent être dans un degré relatif les plus nom-
breux en individus et en espèces.
Pour ne parler que des Lépidoptères, Sherbrooke est un
endroit favorable à leur propagation. Les nombreuses essen-
ces ligneuses et les diverses autres plantes qui couvrent les
lieux circonvoisins et même certains quartiers de la ville
fournissent aux chenilles une nourriture abondante et variée,
Le climat, en outre, permet à ces dernières de subir leurs mé-
LÉPIDOPTÈRES DE SHERBROOKE 45
tamorphoses sans qu'une température un peu trop rigoureuse
y mette obstacle.
La liste qui suit renferme les noms des espèces que j'ai
capturées durant les années 1892-93 et surtout 1894, dans
les limites de la ville et dans les campagnes avoisinantes, sur
un territoire formant un cerele de 15 milles de rayon avec
Sherbrooke pour centre, Cette liste est loin d’être complete.
De nouvelles chasses viendront l’augmenter, je n’en doute
Bas, parce qu il y a quant au nombre des individus chez plu-
sieurs espèces des diminutions et des accroissements avec les-
quels il faut compter. Une année, certaines espèces sont
abondantes, d’autres plus rares ; l’année suivante, c’est le
contraire, une ample provision des secondes peut être faite,
tandis que les premières ne sont plus rencontrées, au point que
quelquefois, malgré les recherches les plus minutieuses, pas
même un seul individu n’est capturé. Si à cette première
cause nous ajoutons les deux faits qu’un certain nombre d’es-
pèces n'apparaissent qu'à des dates fixes et pendant un temps
court, et que plusieurs d’entre elles ne volent que le soir et la
nuit, nous pouvons dire qu’une. collection complète, même lo-
ae des Lépidopter es ne peut être que l’œuvre des années.
Dans la préparation de ma liste j'ai suivi, pour les noms
génériques et spécifiques, ainsi que pour l’ordre des familles
le Catalogue publié en 1891 par M. John B. Smith (List of
Lepidoptera of Boreal America).
Tl me faut la diviser en deux parties, à cause de sa lon-
gueur. La première qui vient ci-après renferme les Rhopa-
locera et les Heterocera jasqu’aux Nocturna exclusivement.
La seconde comprendra les Noctuina, les Geometrina, les Py-
ralidina, les Tortricina et les Tineina,et sera mise dans un
No subséquent.
Je suis redevable de l'identification de presque la totalité
des espèces à M. John B, Smith, de New Brunswick, N. J,au
Rév. Thomas W. Fyles, de Lévis, et à M. et sae C. H. Fer-
nald, de Amherst, Mass,
MNF Ne ney
76 _ LE NATURALISTE CANADIEN
RHOPALOCERA :
Fam. NYMPHALIDA
Sous-Fam. Nymphalinæ
Argynnis cybele, Fabr.—Sherbrooke, juin 1894.
Argynnis aphrodite, Fabr.—Sherbrooke, juin 1894.
Argynnis atlantis, Edw.— Montjoie” (1), juin 1894.
Argynnis myrina, Cram.—Sherbrooke, mai, juin et
septembre 1894 ; “Montjoie”, juin et août 1894; Brompton,
septembre 1894 ; Orford, juin 1894. |
Argynnis bellona, Fabr.—S herbrooke, mai et juin 1894 ;
Brompton, septembre 1894 ; Orford, juin 1894,
Melitæa phaeton, Dru.—Sherbrooke, juin 1894 ; Orford,
juin 1894,
Melitæa harrisii, Seudder,—Sherbrooke, juin 1894 ; Or-
ford, juin 1894,
Phyciodes tharos, Dru,—Sherbrooke, juin 1894 ; “Mont-
joie”, juin et août 1894 ; Orford, juin 1894, »
Grapta gracilis, Grote et Robinson.—Sherbrooke, sep-
tembre 1894 ; “ Montjoie ”, septembre 1894,
Grapta progne, Cram.—Sherbrooke, mai et juin 1894.
Grapta J-album, Bd.-Lec.—Sherbrooke, septembre 1894,
Vanessa antiopa, Linn.—Sherbrooke, mai et juin 1894,
Vanessa milbertii, Gdt.—Windsor Mills, juillet 1894 ;
Sherbrooke, août et octobre 1894, |
Pyrameis huntera, Fabr.—Sherbrooke, 22 octobre 1894,
Limenitis arthemis, Dru.—“* Montjoie ”, juin 1894 ; Or-
ford, juin 1894,
Limenitis disippus,Gdt.—Sherbrooke, juin 1894 ;“Mont-
joie,” juin 1894.
Sous-Fam. Satyrine
Neonympha canthus, Bd.-Lec.—Sherbrooke, juin 1894 ;
“ Montjoie ”, juin 1894 ; Orford, juin 1894,
(1) Maison de campagne du Séminaire Saint-Charles-Borromée, située pris
d’un joli petit lac, à une distance d’environ 11 milles à l’ouest de Sherbrooke.
+
ROAR AR Dr USE a D A AE A AA A oN SE] Cia
LÉPIDOPTÈRES DE SHERBROOKE 77
Satyrus nephele, Kirby.—Sherbrooke, juin, juillet et août
1894,
Fam. LYCÆNIDÆ
Sous-Fam. Lycæninc
Feniseca tarquinius, Fabr.—* Montjoie ”, août 1894.
Chrysophanus hypophlwas, Bdv.—Sherbrooke, mai et
juin 1894 ; “ Montjoie ””, juin et auût 1894.
Lycena pseudargiolus, Bd.-Lec., var. violacea, Edw.—
Sherbrooke, mai 1894,
Fam. PAPILIONIDA
Sous-Fam. Pierinæ
Pieris napi, Esp., var. frigida, Scudd.—Sherbrooke, mai
1894.
Pieris rape, Linn.—Sherbrooke, juillet, août et septem-
bre 1894 ; “ Montjoie”,aotit 1894 ; Brompton, septembre 1894.
Colias philodice, G 1t.—$S herbrooke, juin, août et 30 oc-
tobre 1894 ; “ Montjoie ’’, août 1894.
Sous-Fam, Papilioninæ
Papilio turnus, Linn.—Sherbrooke, mai et juin 1894 ;
“ Montjoie ”, juin 1894.
Fam. HESPERIDÆ
Pamphila zabulon, Bd.-Lec.—Sherbrooke, mai et juin
1894,
Pamphila peckius, Kirby.—Sherbrooke, juin 1894;
“ Montjoie ”, juin 1894 ; Orford, juin 1894.
Pamphila mystic, Scud.—sherbrooke, juin 1894; “Mont-
joie”, juin 1894.
Amblyscirtes vialis, Edw.—Sherbrooke, mai 1894,
Eudamus pylades, Scud.Sherbrooke, juillet 1893 et
juin 1894 ; “ Montjoie”’, juin 1894.
(A suivre)
L'ABBÉ P.-A, BEGIN,
11—Mai 1895
78 LE NATURALISTE CANADIEN
LA CHASSE AUX INSECTES
Les lieux qui promettent davantage au chasseur d’insec-
tes sont les jardins, les champs, les bords des bois et des ruis-
seaux, les broussailles qui bordent lescheminset les grèves des
rivieres et des étangs ; les foréts épaisses et étendues, de mé-
me que les brûlés ou savanes, sont d’urdinaire tres pauvres
en insectes. Muni des instruments que nous venons de faire
connaitre, c'est-à-dire, filet à la main, boites et fioles dans la
poche, pelote à la boutonnière, vous attendez d’ordi-
naire vers 8 ou 9 heures, c’est-à-dire que 1a rosée
soit disparue, pour vous mettre à l'œuvre. Vous fau-
chez a l’aveugle les prés et les buissons pour les
diptères, hémiptères, orthoptères, ete., vous guettez les
papillons sur les fleurs, vous soulevez les pierres, enlevez
les vieilles écorces et inspectez les trones d'arbres pour des
coléoptères ; des os frais ou des débris d'animaux vous offri-
ront des staphylins, des silphes, ete. les pierres des ruisseaux
vous découvriront, en les remuant, des bélostomes, des cori-
ses, des dytisques, &c., la sève découlant des souches d’éra-
bles,bouleaux,etc. qu'on aura abattus au printemps,vous offri-
ra des histers, des nitidules, des chrysomèles, ete. ete. ; et à
chaque prise que vous faites, vous la mettez de suite en sû-
reté ; si c’est un coléoptere ou un hémiptère, vous le faites en-
trer de suite dans votre fiole ; si c’est un diptère où un hymé-
noptère, vous le piquez de suite, prenant la précaution pour
ces derniers de les piquer à travers les mailles du filet pour
vous mettre à l'abri de leur aiguillon, ou bien les saisissant
avec les brucelles qu'on aura emportées pour cette fin; si
c'est un papillon, vous évitez de le prendre par les ailes pour
ne pas les dépouiller de leurs écailles, mais le saisissant par
le corps en dessous des ailes, vous le pressez fortement et
vous le piquez dans votre boîte, le disposant de manière qu’il
ne puisse se déchirer les ailes sur ses voisins ou les bords de
la boîte. (NAT. can. Vol. I, p. 187.)
bell
RARE LE APR M
yrs N té
QUE
LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L’ABBÉ PROVANCHER 79
LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABBI
PROVANCHER
ORDRE DES NEVROPTERES
Fam. VI. ÆSCHNIDÆ
Ancazc maritime. Anax muritimus, n. sp.
3 —Long. 2.50 pes; expansion des ailes : 3.50 pes. D’un
beau jaune brunatre, si 1bmétallique ; : la face blanchâtre avec
une bande brune transverse au-dessus du chaperon et une
tache poe en forme de T sur le vertex, velue. Le . thora
avec 2 lignes pales obliques sur les côtés non ds Le
marquées. Ailes hyalines, le stigma jaune, non très allongé,
la membrane médiocre brunà bre, blanche à la base Abdomen
portant de chaque côté une carène interrompue aux sutures,
assez grêle, mais renflé à la base qui porte une villosité blan-
châtre, le 2e segment non auriculé, mais portant à son milieu
une petite bande transverse jaune bordée de noir interrom-
pue au milieu ; les segments terminaux sont plus ou moins
tachés de jaune à leur sommet. Appendices supérieurs noirs,
velus, Han ovales, terminés en pointe au sommet, les
inférieurs tres courts. Pattes d’un roux brunâtre avec les
épines noires. Tout le dessous du corps a villosité blancha-
tre. i
Pris un seul exemplaire d' aux Iles-de-la-Madeleine,
malheureusement tout frais éclos, de sorte que sa coloration
n'était pas encore très nettement prononcée, suffisammen ce-
pendant pour faire reconnaître que c'était une espèce diffé-
rente de celles déjà décrites.(*)
(GPL ae
ORDRE DES HYMENOPTÈRES
Fam. I. TENTHREDINIDÆ
/ , ha +
Némate à-4-yeux. Nemutus tetraopsis, n. sp.
P— Long. .31 pce. Jaune-miel avec taches noires. La face
jaune avec deux points enfoncés noirs en avant des antennes
(*) Le spécimen-type se trouve au Musée du Parlement, Québec.
_ 80 LE NATURALISTE CANADIEN
et deux autres ea arrière, l'extrémité des mandibules, avec
une tache sur le vertex à l'endroit des ocelles, et Jes anten-
nes, noir, celles-ci aussi longues que le thorax avec les ar-
ticles 1, 2 et 3 presque Végale longueur. Le dos de chacun
des lobes du mésothorax, le métathorax avec les sutures de
ses flancs, la pointe de l'écusson, une tache au-dessus des
hanches antérieures, une autre au-dessus des postérieures sur
les flancs du métathorax, noir ; les quatre trochantins posté-
rieurs blancs. Ailes hyalines, légèrement enfumées, les nervu-
res noires, le stigma jaune entouré d’une ligne noire. Pattes
de la couleur du corps, les tarses postérieurs légèrement obs-
curcis à l’extrémité. Abdomen jaune-miel, sans aucune tache.
—Los Angeles (Coquillett).
Var. Sans tache noire au-dessus des hanches antérieu-
res.
Voisin du s. pomum, Walsh, du mendicans, Walsh, mais
s’en distinguant surtout par les gros points noirs de sa
face,et son abdomen sans aucune tache (*).
X #
™ Monophadne pieds-piles: Monophadnus pallipes, n.sp.
2—Long. .16 pce. Tête noire,sans autre tache que le cha-
peron transversal qui est blanc. Antennes courtes. Thorax
noir, le prothorax, les bords des lobes du mésothorax, les
écailles alaires avec les flancs, jaune pâle, les sutures des
flancs du métathorax, avec une tache à la poitrine, noir. Ailes
_ hyalines, les nervures brunes, le stigma jaune ; les ailes
- postérieures avec une seule ceilule discoïdale. Pattes
_ - Jaune pâle, les cuisses postérieures avec une strie noire en de-
dans, les tarses plus ou moins obscurs. Abdomen ai-
longé, cylindrique, noir en dessus, blanc en dessous, le blanc
remontant sur les côtés de manière à denticuler chaque seg-
ment, l'anus blanc, les valves de la tarière noires—Los An-
geles (Coquillett).
d—N'ayant que les côtés de abdomen blancs, les pattes
plus ou moins obscurcies, les hanches noires tachées de
blanc. (**)
(À suivre)
(*) Le type se trouve au Musée du Pariement, Québec.
(**) Nous avons vu aussi un spécimen de cette espèce au
Musée du Parlement de Québec sans remarquer si c'était le J
ou la 9.—Rép.
PHOTOGRAPHIE 81
JAMES D. DANA
Le Prof. Dana est mort le 14 avril dernier, âgé de 82
ans. C’était l’un des plus gr bee savants de l'Amérique. Les
principales sociétés scientifiques € ces deux continents tenaient
à honneur de le compter au nombre de leurs membres. Ses
ouvrages sur la minéralogie et la gévlogie sont devenus clas-
siques chez les peuples de langue anglaise. En voici les ti-
tres : System of Mineralogy : Manual of Mineralogy ;—
Manual of Geoloy yy ;— Text Book of Geology ;—Origin of Co-
val Reefs and Islands.
PHOTOGRAPHIE
UNE APPLICATION DE L'ELECTRICITÉ A LA PHGTOGRAPHIE
Il ne s’agit pas, cette fois, de l'éclairage de l’atclier de
pose par des lampes électriques et des miroirs condensateurs,
ni de la photographie sous-marine par l’éclairage à l’électri-
cité du fund de la mer. C’est une toute autre chose : il est
question de photographies obtenues dans le eabinet noir & la
lueur de la lanterne rouge, au moyen de l'électricité dynami-
que, sans production de lumière. Photographier sans lumiè-
re aucune, par la seule influence du courant électrique, est-ce
encore de la photographie ? Appelez cela comame vous vou-
drez, mais il est bien certain qu'on peut par ce mcyen obte-
nir des images photographiques satisfaisantes.
Voici comment on procède, Montez une pile au bichro- :
mate de Bunsen de 4 ou 6 éléments suivant leur grosseur ; fai-
tes passer le courant dans une bobine de Ruhmkorff
pouvant donner des étincelles d'un demi-pouce environ à
Yair libre; placez ensuite sur une table une feuille &’étain,
reliée par un fil à lun des pôles de la bobine, posez dessus
82 LE NATURALISTE CANADIEN
une plaque sensible face en dessus, et sur la couche sensible:
appliquez simplement l’objet à photographier, médaille, mon-
naie,ete.,et reliez ensuite celui-ciavec l’autre pôle de la hobine.
Maintenant faites mouvoir le commutatenr de Ja machine de
manière à établir le circuit pendant une couple de secondes,
puis interrompez le courant, et l'opération est faite.
Maintenant les opérations à faire subir. au eliché sont:
les mêmes que pour un négatif ordinaire, c'est-à-dire déve-
loppement, fixrge, ete.
La figure ei-join-
te represente une
des images que
nous avons obte-
nues par ce procé-
dé. Sur ia médaille:
photugraphiée se
trouvait reprodui-
te en relief l’église
de Saint-Joachim,
de Rome (présen-
tée à Léon XIIE
par les catholiques
dle l'univers à l'oc-
‘asion de son jubi-
Fis. 5 [*] lé épiscopal), aveu
l'inscription suivante : “ Chiesa di S. Gioachimo—Roma ”—
(“Eglise de &.-Joachim, Rome.”)
La photographie de ‘l'autre côté de la médaille a repro-
duit fidèlement le portrait du Saint-Pere.
Il n'est pas nécessaire que l’objet à photographier tou-
che Ja plaque sensible. Ainsi, dans une expérience suivante,
une feuille d’étain ayant Sté placée avec une eleetrode sur
des pièces de monnaie, le tout fut reproduit ; mais le négatif
re] Cette vignette n'est pas très distinete,d’ abord parce que le procédé dont
Ml est question ne raurait rivaliser 4vee@ la methode ordinaire de photographie 5
et ensuite, les gravures half-tone, comme eclle-ci, ne s'uupriment bieu que sur
du papicr glacé très supérieur à celui du journal,
VOIX DU LOINTAIN 83
a été imparfait parece que le courant s'était trop affaibli dans
Pintervalle. Il n’y aura qu'à recommencer. Cependant un
fait curieux à noter dans ce cas, c’est que, cette fois, la direc-
tion du courant étant oblique, plusieurs images se sont pro-
jetées obliquement les unes sur les autres.
En enfermant l'objet et la plaque sensible dans une boi-
te obscure placée surle condensateur inférieur, on obtiert
encore une lnage fidèle.
D'autres poenee nous permettent d'espérer que nous
pourrons réussir à obtenir des images aussi nettes en emplo-
yant une machine d'électricité statique, et une dynamo,
Nous en reparlerons. |
(A suivre)
L'ABB£ E. Porrter.
HEUREUSES NOMINATIONS
Nous présentons nos sincères félicitations à nos honerables confrères. M.
‘Ths Chapais. Directeur du Courrtr du Canada,et M.B.de la Bruère,ex-Directeur
du Courrier de Saint-Hyacinthe, recenmenut nommés, le premier, “Président au
Conseil Légistatif,’’ et, le second, “ Surintendant de I’Instruction publique?
Ces nom'nations ent été accueillies avec la plus grande satisfaction, et le
*NATURALISTE est henrenx d’unir son humble voix aux suffrages qui de par-
tout ont honoré les nouveaux titulaires. i
a ————
VOIX DU LOINTAIN
—La Sentinelle (Mattawa, Ont) du 26 avril, revient sur
ja question du NATURALISTE avec une sympathie nouvelle, et
insiste encore pour que son existence soit assurée. Elle an-
nonce son intention de publier désormais le soumaire de nos
livraisons.—Que pourrions-nous dire, pour remercier digne-
ment notre excellent confrère du zelé qu'il met à promouvoir
notre cause !
— Voici encore un confrère qui traite royalement le Na-
TURALISTE : c'est l'Ouvrier catholique (Biddeford, Me). Le 26
avril, Jui aussi, il fait de notre ceuvre les appréciations les
plus bienveillantes,et la donne comme “solennel et irréfutable
démenti aux accusations qu’une envieuse et chagrine igno-
rance porte contre l'instruction du clergé canadien.”
Ah! Liappui unanime de la presse franchement catholi-
que ne nous a toujours pas manqué, jusqu'ici !
84. LE NATURALISTE CANADIEN
PUBLICATIONS RECUES
Nous aceusons réception avec reconnaissance,des ouvrag?s suivants : :
— Mgr de Forbin-Junson, sa vie, son œuvre en Canada, par N.-E. Dionne, M.
S. R. C.—Joli volume de 196 pages, consacré à une mémoire qui doit être chère
au peuple canadieu. M. Dionne, dont ka plume féconde enrichit souvent notre
littérature d'œuvres historiques du plus grand intérêt, commence,avee cet ou-
vrage, une galerie historique, qui recevra du public le meilleur aceueil, nous
l’espérons. Travailleur iufatigable, écrivain érudit et consciencieux, notre
ami occupe déjà à juste titre un rang distingué parmi nos historiens.
—Son Exc. L. de G. Buillairgé, comte romain,ete., par G.-F. Baillairgé. Nous
connaissions bien M. le comte Buaillairgé comme le bienfaiteur d’une foule
d’ceuvres de toute sorte ; et le Naturaliste lui-méme est au nombre de ses obli-
gés. Mais nous étions loin de soupçonner, avant d’avoir parcouru ce volume,
le rôle important qu'a joué cet homme distingué, durant une longue carrière,
et jusqu’à quel point il a mis ses ressources à contribution pour tant de pieu-
ses fondations. L'ouvrage contient aussi une foule de notes historiques, sur
divers sujets, qui nous ont vivement intéressé.
— Annales de la Société entomologique de Belgique, Tome XXXVIII. Volu-
-ine de plus de 700 pages, rempli de mémoire: en français, anglais, latin, alle-
mand, sur le monde des insectes.
—Spring Cataleg of choice Flower Seeds. Bulbs and Plants, Ben Hains, New-
Albany, Ind.— Book on Summer Gardening, 1895, J.J. Bell, Binghamton, N. Y.
Gravures à profusion, conseils autorisés puur la culture, voilà ce qui remplit
ees deux brochures. ‘
0
. DEMANDE D’ECHANGES
Monsieur H. Miet, Juge d'instruction, Beaune [Côte d’or), France, serait.
heureux de recevoir des coquilles de Mollusques terrestres et fluviatiles du Ca-
nada étdes pays étrangers, «t des Coléoptères (surtout cicindèles, carabes,calo- *
somes, Lamellicornes, Longicorneset Phytophages) ; en retour, ik offre des
Insectes et des Mollusques de France et d'Afrique.
ee
LE SEUL QUE RESTE !
Nous ne connaissons plus qu’un seul exemplaire complet de la prenrière
série AUNATURALISTE CANADIEN, qui soit à vendre ;20 volumes brochés. Prix =
$38, S’adresser au Directeur du ‘ Naturaliste”. :
Q—_-—---— ——
VIENT DE PARAITRE:
L’APOTRE DS SAGUENAY, 3e édition, par Vabbé V.-A. Huard. Volume in-
80 illustré, de grand luxe typographique, et qui fait l’eloge de Imp. L.
Brovsseau, de Québec. C’est la biographie de few Mgr D. Racine, premier évé~
que de Chicoutimi. Un beau portrait demi-teinte, deux vues de Chicoutimi,
en 1858 et 1542, et une vignette représentant la vieille chapelle des Jésuites aw
Poste de Chicoutimi. — En vente, au prix de 50 cts, chez l’auteur, au Séminaire
de Chicoutimi ; et chez MM. Langlais & Fils, et Filteau, à Québec.
— 0
Nos compliments au Speetuteur, de Hull, qui vient d’en-
trer duns sa septième année.
—kRemis au prochain numéro, qui paraîtra dans quinze
jours, une très intéressante chronique de M. Fletcher, de la
Ferme expérimentale d'Ottawa.
—
Mass dis Be
VOL. XXII (VOL. Il DE LA DEUXIEME SERIE) No6&
Chicoutimi Juin 1895
; Rédacteur-Propriétaire : l'abbé V.-A, HUARD
Le numéro suivant (juillet) du NATURALISTE ne paraîtra probablement pas
avant le milieu du mois d'août. Accusé du délit d’excès de travail et condamné
de ce chef à deux ou trois mois de repos complet, nous emploierons ce temps
à parcourir la côte nord du Saint-Laurent, depuis Betsiamis jusqu’à Natash-
quan. Naturellement, nous nous proposons de faire ample connaissance avec la
faune et la flore de cette partie du pays, et nous en dirons probablement quel-
que chose à nos lecteurs, un jour ou l’autre.—Nos correspondants voudront
bien contiauer à uous adresser leurs lettres à Chicoutimi, d’où elles nous se-
rmt réexpédiées. Seulement, ce serait s exposer à une déception certaine, que
de s'attendre à recevoir la réponse par retour du courrier.
a — ——
LE REVELL DU PRINTEMPS A OTTAWA
Nul moment dans toute l’année n’est plus joyeux que les
premiers jours du printemps, alors que tout ce quia vie se
Yranime apres son long sommeil de lPhiver. Ceci est surtout
vrai pour le naturaliste dont la clef d’or du savoir a ouvert
les yeux, et qui peut ainsi reconnaître ses vieux amis à mesu-
re qu'ils réapparaissent,—oiseaux revenant de leur long voya-
gé au midi vers des pays plus chauds, insectes sortant de
leurs retraites d'hiver, fleurs prenant la place des frimas.
(1) Nous n'avons pas besoin de faire remarquer’ à nos lecteurs quelle bon-,
ne fortune c'est, pour le NATURALISTE, de compter M. Fletcher, Entomologiste
et Botaniste de la Ferme expérimentale d'Ottawa, au nombre de ses collabora-
‘ . 40. re 2 . . + » . .
teurs. Félicitons seulement le savant écrivain d'avoir acquis une aussi par-
faite connaissance de notre langue. Comme on le sait, M. Fletcher, lorsqu'il
assiste 4 quelque conveution agricole dans notre Province, tient à donner en
français ses intéressantes causeries coran —Rzp.
12—Juin 1895:
Qi RE su
TN Le pl
86 LE NATURALISTE CANADIEN
C'est avec un plaisir toujours aussi vif que l’ami de la nature
cherche d'année en année à s'assurer de la date où arrivent
les différents oiseaux, et où bourgeons et boutons déploient
leurs trésors de feuilles et de fleurs.
Cette année-cile printemps a été tardif, lent et irrégulier
à venir; il a paru l'être d’autant plus après le printemps re-
marquablement hâtif de l’année dernière. Dans le courant
de l’hiver nous avons observé peu de nos petits amis emplu-
més. En janvier on pouvait voir quelques Corneilles sur les
tas de fumier des fermes, ou volant le soir vers leurs asiles de
nuit dans les bois épais ; et on apercevait à l'occasion par la
ville une Pie-griéche boréale, visiteur peu bienvenu parmi
les bandes de Moineaux d'Europe ; bon nombre de ces petits
émigrants batailleurs deviennent la proie de ses ongles acé-
rés et de son bec cruel. Plus tard se sont fait voir des trou-
pes de Jaseurs de Bohème et de Gros-becs des pins se repais-
sant des baies rouges du Sorbier des oiseleurs,arbre planté en
beaucoup d’endroits pour ornement.
Le premier émigrant à nous revenir est toujours |’ Alou-
ette des prairies (Prairie horned lark, Otocoris alpestris pra-
ticola), qui cette année a fait sa premiere apparition le 6
mars : on pouvait la voir le long des routes, ou l’entendre ré-
péter sa courte chanson, posée sur quelque motte de terre ou
quelque espace de terrain dénudé de neige. Il y a toutefois
encore bien des jours froids, bien des tempêtes à éprouver
avant que ne se montrent d’autres émigrants printaniers, et,
en général, c’est seulement le 28 mars que le chant réjouis-
sant du Rossignol du Canada nous annonce que le printemps
est vraiment près d'arriver. Cette année-ei ce bienvenu pe-
tit messager n’a été observé que le 2 avril, et en somme l’an-
née a été plus irrégulière qu'aucune autre depuis quinze ans
que je prends note de mes observations.
Plus d’un oiseau n'a pas du tout été aperçu, et de toutes
les espèces il y a eu un nombre remarquablement faible d’in-
dividus. Qa été particulièrement le cas pour le Pinson à
poitrine blanche et, l'Oiseau bleu,ou Rouge-gorge bleu,comiune
NO a EAE Me RR a TANT DR MRIPA AA PET ETS
LE RÉVEIL DU PRINTEMPS A OTTAWA 87
on l'appelle quelquefois : au lieu d'arriver comme d'ordinaire
vers leler avril,le premier ne s’est fait entendre que vers la finda
mois,-tle second le 10avril seulement. Cette absencedes oiseaux
a été remarquée par plusieurs, et le professeur Macoun, natu-
raliste de la Commission géologique du Canada, a supposé
que la cause pouvait en être du temps froid plus au midi, qui
aurait interrompu la migration vers le nord. J’indiquerai
maintenant les dates de la première apparition à Ottawa,cet-
te année, de quelques-uns des oiseaux les mieux connus.
Le ler avril, le seul oiseau qu’on pût trouver dans les
bois était l'Alcrte, petit visiteur d'hiver, la Mésange à tête
noire, activement occupée à chercher sur les arbres des arai-
gnées et d’autres insectes printaniers, - Le 3 avril se mon-
trèrent les premiers Rouges-gorges, puis, quelques jours plus
tard, un petit nombre de plus ; mais maintenant encore ces
oiseaux favoris de tous sont moins nombreux que d'ordinaire.
L'Oiseau bleu vole en général en avril par troupes d’un po-
teau à l’autre devant le promeneur, le long des routes et che-
mins, déployant ses charmantes ailes bleues et sa poitrine
rouge tout en laissant échapper quelques notes de son chant
doux et étrange ; cette année ila été remarquablement ra-
re : je n’en ai vu qu’un seul couple le 10 avril.
Le 4 du mois, nous arrivaient de dessus les touffes de
jones dans les marais, les notes désagréables de |’ Etourneau
aux ailes rouges, et des troupes de Mainates pourpres, en pas-
sant en vol rapide dans les airs, faisaient entendre leur cri non
moins discordant, En délicieux contraste avec ces sons, une
mélodie ravissante s'échappait dans les bois du gosier de nom-
breux représentants de l’Oiseau rouge, à mon avis, le roi des
chantres ailés, Aucun autre de nos oiseaux sauvages du Ca-
nada ne s’apprivoise aussi facilement, ni n’est si heureux en
réclusion, que ce charmant chanteur. La femelle peut chanter,
mais c’est le mâle qui sait faire couler un flot moüulé de mélo-
die continue. Le mâle a trois chants distincts: l’un est un
eri sauvage, inquiet, qu’il pousse quand il appelle sa compagne
ou qu’il est surpris par une intrusion ; le second est un chant
88 LE NATURALISTE CANADIEN
heureux, joyeux, qu'il fait entendre debont, la tête élevée, posé
sur le plus haut rameau d’un jeune sapin, près d’où sa compa-
ene a construit son nid; c’est perché au repos sur une bran-
che parmi le feuillage, qu’il murmure son troisième chant, ruis-
selant, flûté, paisible, délicieusement doux, qui ne s’entend qu’à
quelques verges au plus. Ce bel oiseau semble par un jour
venteux avoir une prédilection particulière à essayer par ses
accents enchanteurs de l’emporter sur le vent qui siffle autour
de lui. |
Le 5 avril, des troupes de Lizerins et de Becs-croisés
d'Amérique se firent voir dans un marais d’épinettes ronges.
Le 12, la petite note plaintive du Chardonneret frappa mon
oreille pour la première fois, et le 15, par une brillante matinée
ensoleillée, tonte la campagne résonnait du chant joyeux du
Rossignol des guérets. A partirdu 17, date moyenne habi-
tuelle du retour des Hirondelles, j'épiai soigneusement l’arrivée
de ces oiseaux ; mais c’est le 20 seulement que je vis quelques
Hirondelles bleues et deux ou trois Hirondelles à ventre blanc.
Ces quelques-unes toutefois paraissent avoir disparu, et le
mois s’est terminé sans que le grand corps d'armée de ces vo-
yageurs soit encore arrivé.
Le 22 avril, les trois jolis Pinsons—le Pinson fauve, le
Pinson à couronne blanche et Je Pinson des montagnes —se
sont montrés en petit nombre, volant bas le long du pied des
haies et faisant ententire leurs doux chants. L’Oiseau oris et le
Pinson des savanes n’est paru que le 26, quinze jours ‘plus -
tard que l’époque urdinaire. Le 27 avril, jour brillant et chaud,
a ajouté à notre liste le Pe-wit, et dans les bois le court cri dis-
cordant du Nuthatch du Canada a été entendu pour la premiè-
re fois. L'Ortoian du Canada, oiseau plutôt plus grand et à cou-
leurs plutôt plus vives que l’Alouette des prairies, s’est fait
voir en troupes nombreuses, et avec eux se trouvaient quelques
spécimens du Bruant de Laponie. Dimanche, 28 avril, j'ai
aperçu deux actifs Grimpereaux communs qui couraient en
haut un orme, examinant chaque crevasse à la recherche des
s
-
89
“OUR INSECT FRIENDS AND INSECT FOES ”
insectes ; et le dernier j jour Vavril a été celui ds l'arrivée du
Bingen a poitrine blanche, : 0074 | |
Les notes sur les plantes qui ont fleuri se résument à quel:
mots. L’Aulne n’a développé ses chatons que le 17 avril; le 19,
me. le Tremble et le Coudrier (Corylus rostrata) étaient en fae le
d 20,la Plaine blanche ; le 27 la Plaine rouge, 1’ Hipatique à trois
a lobes et le Sang-dragon ; et le 28, le Bois de plomb a épanont |
a ses bontons noirs poilus et déployé ses fleurs jaunes.
; JAMES FLETCHER,
LOT
a ee — ae — |
a d ms CAV IN |
oo “OUR. NSKCT FRIENDS AND INSECT ae
; :
| par] le REV. THOMAS W. FYLES, F. LS.
À ” SoutH QuEeEe
| HE Ss
ÿ [Continué de la page 44]
# STRUCTURE DES INSECTES
L'insecte parfait est très distiuctement partagé en trois
À parties : : (A) la Tete, .(B) le Thorax, et {C) a
:
(A)—A la TÊTE sont attachées les “ cornes ” ou antennes
Brace qui different suivant les espèces. Elles sont : en forme de
| | massue ; ciliées, frangées de poils ; Jiliformes, ayant la même
N épaisseur dans toute leur longueur, comme un fil ; fusiformes,
en forme de fusean ; moniliformes, composées d’articles dis-
À 4 tincts ressemblant a à des grains de collier ; pectinées, en forme
‘4 de peigne ; ete.
On voit encore, fixés à la tête, les palpes (au nombre de
deux, quatre ou six), les mandibules (pinces) et les muxillui-
res ( mâchoires) des insectes qui mordent, et le proboscis ou la
trompe de ceux qui se nourrissent par succion, Ce dernier or-
90 \ LE NATURALISTE CANADIEN
gane, dans un certain nombre de Lépidoptères, est très allongé,
et, quand l’insecte ne s’en sert pas, i1 est enroulé comme un
ressort de montre et protégé par les palpes.
Il y a aussi, dans la tête, les yeux qui sont à facettes et
immobiles. Ces facettes sont hexagonales, comme les cellules
d’un rayon de miel. On en a compté 12,500 dans l’œil de la
Libellule ; 4,000 dans l’œil de la Mouche domestique, et
17,000 dans celui du Papillon, Chacune de ces facettes peut
donner une image distincte ; mais comme toutes les images
produites sont projetées ensemble sur un même centre ner-
veux, elles ne donnent qu’une seule perception de ce qui est
dans le champ visuel.— Beaucoup d’espèees, en’ plus de ces
grands yeux composés qui sont si apparents, ont aussi trois
petits yeux, nommés ocelles, placés en triangle sur le sommet
de la tête.
(B)—Les pattes sont fixées an THORAX. Elles sont au
nombre de six, quoique, dans certaines espèces, la première
paire ne serve pas pour ia marche.
Les parties articulées des pattes sont les suivantes : la
coæale tout près du corps, puis le trochantin, et ensuite, suc-
cessivement, le fémur ou la cuisse, le tibia ou la jambe, et le
tarse ou pied. Le tarse est divisé en cinq articles, dont le der-
nier se termine par denx crochets, sous lesquels se trouve un
petit coussinet nommé pulvillus.
Le thorax porte encore ies ailes qui sont au nombre de
deux ou de quatre et dont, comme nous l’avons vu, la structu-
re ct l’apparence varient considérablement. Chez quelques
Lépidoptères, les quatre ailes sont dressées, dans le repos ;
mais chez quelques-uns des “Sauteurs” (skippers), famille
des Hesperidæ,les ailes an‘érieures seules prennent cette posi-
tion. Dans un grand nombre des nocturnes (moths), les ailes
au repos semblent former comme un toit qui abrite le corps,
et, dans ce cas, les ailes postérieures (secondaires) sont ordi-
nairement recouvertes par les antérieures (primaires); et sous
vent ces ailes de dessous ont des couleurs plus éclatantes que
les autres.
MOT DES SAONE CUVE NE RORY TN TENTE nu PA NON ENNEMI
“ OUR INSECT FRIENDS AND INSECT FOES ” 91
Les ailes des “barbeaux” (coléoptéres), dans la position de
repos, sont proprement repliées sous les dytres ou téguments
de consistance cornée qui les recouvre ; et il est intéressant de
voir par quel procédé méthodique un de ces insectes, en s’abat-
taut sur une surface, arrange ses ailes, Le Staphylin, notam-
ment, dont les élytres sont très petites, est obligé, pour instal-
ler dessous ses ailes membraneuses, de se livrer à des contor-
sions qui rappellent les efforts d’une petite enfant qui veut
attacher sa robe par derrière,
Les Diptères, comme l'indique assez leur nom, ont seule-
ment deux ailes. Les ailes postérieurés, dans ces insectes, sont
remplacées par deux appendices terminés par un petit bouton,
que l’on nomme balanciers (halteres).
La réticulation des ailes, c’est-à-dire la disposition des
nervures sur leur surface, est de grande importance pour la dé-
termination des genres et des espèces, chez beaucoup d'in-
sectes.
(C)—L’ABDOMEN, qui est ordinairement la partie la plus
considérable de l’insecte, est pourvue quelquefois d’un aiguil-
lon acéré qui joue le rôle d’arme défensive, et, d’autres fois,
d’une tarière qui, comme le fait voir une observation attentive,
se compose d’un ovipositeur et de sa gatne. Cette gatne, chez
un Ichneumon que l’on conserve dans une collection, s'ouvre
dans sa longueur, et l’on croirmt alors que l’un de ces insectes,
desséch', a trois queues.
Les insectes 1espirent par des ouvertures appelés stigma-
tes, qui d'ordinaire sont au nombre de 18: neuf de chaque
côté du corps. Le cœur est constitué par une sorte de long tu-
be ; le cerveau est disséminé dans des ganglions où centres
nerveux, placés le long du dos, Et cela explique précisément
ce fait, qu’une portion du corps d’un insecte, détachée du res-
te, conserve sa vitalité et continue à remplir ses fonctions par-
ticulières durant un si long espace de temps.Le petit vilain qui
avait coupé en deux une grosse guépe, fut bien surpris d’en
voir la tête et la “ poitrine ” s’en aller sur les pattes ; il apprit
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-garnement, son arriére-train continue. à se balancer, de façon
fort comique,
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92 - LE NATURALISTE CANADIEN DEA i
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aussi, à ses dépens, que l'abdomen n’avait pas perdu sun’ pou-
voir de piquer. Au dire de Carpenter,a la page 358 de son ou-
vrage intitulé “Animal. Physiology, quand la “Mante religieu-
se’est soumise au même traitement que la guépe de ce mauvais
sur ses quatre pattes et résiste fort bien aux
tentatives que l’on fait pour le renverser.
ey : , ‘ J - +
ate NU Ne Re
LEPIDOPTE URES Di
Ni
DE TE À LR
PRET de la pag ge Wes:
HETEROCERA
D PO Pom: Soper pa
Sous-Fam. Macrog glossinæ
À Hemaris th; ysbe, Fabr. , Var. ruficaudis, ‘Kirby — Mont-
joie”, in 1894. : 2
Sous-Fam. Churrocam pince
Amphion nessus, Cram. Lien A mai et j juin 1894.
Deilephila ¢ gallit, Rott. —Sherbrooke, 1302.5 20)
. Sous-Fam. Sphinginæ
Sphinx Kalmiæ, S. et A.—Sherbrooke, juillet 1804.
Sphinx chersis, Hbn.— Sherbrooke ejuillet 1892.
Sphinx canadensis, Bdv.—Sherbrooke, juillet 1892.
~~ . :Ceratomia amyntor, Hbn. Sherbrooke, 189800 :
Ceratomia wndulosa, Walk. Sherbrooke, je ee }
7
| Fam. AG ARISTIDE
: Alypia langtanii, Coup.—“ Montjvie”, j juin ‘1894. .
‘
_
La A AE a eA ES AAA er TY
st EAN LA da à
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}
LEPIDOPTERES DE SHERBROOKE 93
Fam. SYNTOMIDÆ
Lycomorpha pholus, Dru.—“ Montjoie ”, 1894.
Fam. CTENUCHIDE
| Ctenucha virginica, Charp.—Sherbrooke, Juillet 1892 et
juin 1894 ; “ Montjoie”, juin et juillet 1894.
Fam. LITHOsIIDz
Euphanessa mendica, Walk.—Sherbrooke, juillet 1893
et juillet 1894 ; “ Montjoie ”, juin 1894, |
Fam. ARCTIIDE
Sous-Fam. Arctiinæ
Euprepia caia, Linn.—Sherbrooke, juillet et août 1894,
Euprepia caia, Linn. var. americana, Harr.--Sherbroo-
ke, 1892.
Arctia parthenice, Kirby.—Sherbrooke, juillet 1892.
Pyrrharctia isabella, S. et A.—Sherbrooke, juillet 1892 ;
“ Montjoie ”, 1894.
Phragmatobia rubricosa, Harr.—Sherbrooke, juillet
1892.
Spilosoma virginica, Fabr.—Sherbrooke, juillet 1892,
. Mai et juin 1894,
Hyphantria cunea, Dru.—Sherbrooke, juin 1894.
Halisidota tessellata, S. et A.—Sherbrooke, juillet 1892.
Halisidota carye, Harr.—Sherbrooke, février 1895, * (1)
Halisidota maculata, Harr.—Sherbrooke, 5 décembre
1894, *
Fam, LIPARIDÆ
Orgyia antiqua, Linn.—“ Montjoie ”, août 1894.
Orgyia definita, Pack.—Sherbrooke, septembre 1894.
Parorgyia clintonii, G. & R.—Sherbrooke, juin 1894,
Fam. Limaconnæ
Heterogenea schurtlefii, Pack. var. cesonia, Grt.—Sher-
brooke, juin 1894,
[1] Une date affectée de ce signe * est celle de l’éclosion de la chrysalide
provenant d’une chenille capturée dans le cours de l’été ou de V’automne pré-
cédent et élevée dans une cage ad hoc.
13—Juin 1895
wa
ac
d'insectes ! Heureusement que le froid, en Canada, et les arai-
LE NATURALISTE CANADIEN
Tortricidia testacea, Pack.— Sherbrooke, mai et juin 1894.
Fam. NOTODONTIDÆ
Datana ministra, Dru.—Sherbrooke, juin 1894.
Œdemasia concinna, S. & A.—Sherbrooke, juin 1894,
Schizura ipomeæ, Doub.—Sherbrooke, juin 1894.
Schizura unicornis, 8, & A.—Sherbooke, août 1894.
Heterocumpa biundata, Walk.—Sherbrooke, juin 1894. 2 ;
Cerura borealis, Bdv.—Sherbrooke, juillet 1892. seg a
Fam. SATURNIDÆ :
Sous-Fam. Aftucinæ
Attacus cecropia, Linn.—Sherbrooke, mai et juin 1894.
Sous-Fam, SATURNIINÆ
Telea polyphemus, Cram.—Sherbrooke, juin 1894.
(A suivre)
L'ABBé P..A. Bein,
ere}
LA MULTIPLICATION DES MOUCHES
Sous ce titre, on lit dans Le Sténographe canadien du
mois d'avril : |
“Tl est admis que la mouche peut produire six générations
par an ; la moyenne est de 80 œufs par ponte. Il faut comp-
ter que la moitié de chaque ponte donne naissance à des su-
jets femelles, c’est-à-dire 40, qui, à la première couvée, don-
nent naissance à 3,200 mouches dont 1,600 femelles. En con-
tinuant le calcul, on trouve que, d’une année à l’autre, une
seule mouche a une descendance de 8 milliards 112 millions
enées en font mourir une grande partie. Dans les pays chauds,
on trouve une quantité colossale de mouches, ce qui n’a rien
d’extraordinaire, étant donné ces explications.”
Ii s’agit ici, sans doute, de la Mouche domestique.-—Nous
avons passé six semaines aux Petites Antilles, dans les pays
« ~
Hive | NA REP ed) IX WAC ATEN
D AN GA A iro AS LS
at & A A Le OS US MAM) UN A AAR ù Mt A
VERA d'est EU ;
LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBÉ PROVANCHER 95 >
chauds, par conséquent ; et loin d’y avoir trouvé “une quan-
tité colossale de mouches,” nous n’en avons vu que très peu.
C'était en avril et mai, et il se peut qu'en d’autres saisons on
en voie davan‘age. Du reste, les autres insectes étaient aussi
en très petite quantité. Quant aux oiseaux, ils étaient encore
plus rares. Dans nos climats tempérés, nous sommes un peu
vâtés : la belle saison est chez nous de courte durée, et les vo-
latiles de tout genre paraissent presque tous en «même temps,
dans l’espace de quelques mois.
pp en ne
LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABBE
PROVANCHERC eC
ORDRE DES HYMENOPTERES
FAM. I. TENTHREDINIDA :
[Continué de la page 80]
M acrophye pieds-blancs, Macrophya albipes, n. sp. |
?—Long. .25 pce. Noire, les palpes excepté le dernier |
arbicle, les écailles alaires, une ligne en avant, l’écusson, un
point de chaque côté sur le métathorax, l'extrémité de l’abdo-
men, avec les pattes, blanc ou jaune-pale. Chaperon briliant,
ponctué ; antennes courtes, sans taches. Ailes hyalines, les
nervures noires, le stigma jaune bordé d’une ligne noire, pattes
blanches, les hanches excepté à l'extrémité, une ligne en de-
dans des cuisses, l'extrémité des 4 cuisses postérieures avec le
sommet de leurs tarses, noir. Abdomen robuste, noir avec
l’extrémité jaune, rl
d'—Avec les côtés de l'abdomen blancs, chaque segment |
(1) Contrairement à ce que nous avons dit à la page 60, le droit de priori-
té des descriptions dépend de la date où ces descriptions sont publiées. Il pour
rait donc se faire que quelques-unes de ces espèces nouvelles aient été decri
tes en d'autres publications, depuis la mort de l'abbé Provancher (1892.) Mais
la chose est peu probable, les spécimens d’espèces nouvelles étant ordinaire
ment des uniques.
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by ‘ wee RFA ANNE y, FA
Vu wv) TYR te aM tam
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96 . LE NATURALISTE CANADIEN
dorsal étant aussi marginé de blanc aux côtés, les pattes avec
une ligne noire en dedans des cuisses et des jambes,
Var. S—N’ayant que l'extrémité de l'abdomen noire, les
pattes en partie noires, n’ayant de blancqu’à l'extrémité des
cuisses et au milieu des jambes en dehors.—Los Angeles (Co-
quillett.) (*)
FAM. IV. ICHNEUMONIDÆ
Pezomachus niger, Prov., Al p. 362. Var. Tout le tho-
rax brun-roussâtre, la tête et les antennes brun-roussâtre plus
ou moins foncé, |
FAM. V. BRACONIDÆ
Agathis téte-noire, Agathis nigriceps, n. sp.
Q — Long. .25 pce. Rouge brun avec la tête noire. Tête po-
lie, brillante, le roStre allongé, antennes noires, plus courtes
que le corps. Thorax rouge avec une tache noire sur le métatho-
rax, Celui-ci rugueux avec une petite carène au sommet ac-
compagnée d'un petit sillon de chaque côté,écailles alaires noi-
res. Ailes fortement enfumées avec une tache hyaline vers la
base du stigma, la 2e cubitale petite, en triangle pédiculé. Pat-
tes noires avec les cuisses postérieures rouges. Abdomen fort,
poli, brillant, le segment basilaire canaliculé au milieu, le 2e
avec une pointe à sa base au milieu et une impression créne-
lée, semi-circulaire en avant de son milieu, la suture entre le
2e et le 3e droite et crénelée ; tarière aussi longue que l’abdo-
men et le thorax pris ensemble.—Los Angeles (Coquillett).
Espèce bien remarquable par ses cuisses postérieures
rousses et l’impression semi-circulaire de son 2e segment ab-
dominal. (*)
FAM. ODONTOMACHIDÆ
Gen. ODONTOMACHE, Odontomachus, Lund.
Tête grande, plus large en avant. Mandibules insérées
contigués l’une à l’autre, très longues, étroites, presque cylin-
driques, recourbées intérieurement à leur extrémité. Protho-
rax arrondi et rétréci en cou en avant. Mésothorax plan en
(*) Type au Musée du Parlement, Québec.
AL) CN URI ert ead 171 DU PES OR
A A
PHOTOGRAPHIE 97
dessus ; métathorax subeylindrique en avant. Pétiole avec
une écaille à profil triangulaire vue de côté et portant une
longue épine à son sommet. Abdomen fusiforme, pointu à
l'extrémité. Ailes avec3 cellules cubitales et 2 discoidales.
Insectes bien remarquables par la forme defleurs mandi-
bales.
Odontomache soyeux, Odontomachus sericeus, n. sp.
2—Long. .48 pce. Noir; la tête et le thorax à reflets
soyeux, l’abdomen poli, brillant ; les antennes avec les pattes
d’un brun-roussâtre. Epistome petit, triangulaire, s’avancant
entre les antennes ;, un sillon part en dehors de l'insertion des
antennes de chaque côté pour s’unir vers le milieu de la face
à l'endroit où une petite pièce triangulaire porte les ocelles, et
continuer ensuite jésqu’à l'occiput qu’il divise en deux lobes
arrondis. Prothorax finement aciculé transversalement ; mé-
sothorax à dos uni, très finement soyeux; métathorax
aussi aciculé transversalement avec une protubérance
lisse et brillante sur chaque angle postérieur. Ailes passable-
ment enfumnées, avec 3 cubitales et 2 discoidales. Les jam-
bes à couleur plus claire que le reste des pattes. Pétiole à
écaille surmontée d’une épine longue et aiguë, le reste de l’ab-
domen en ovale atténué en pointe à l'extrémité, noir avec
poiis épars blanchatres.
Pris une © de ce singulier genre à l’île de Trinidad. (*)
{A suivre)
PHOTOGRAPHIE
UNE APPLICATION DE L’ELECTRICITE A LA PHOTOGRAPHIE
Les expériences que nous avons pu faire jusqu'ici avec
la bobine de Ruhmkorff prouvent qu’il faut laisser agir le cou-
rant électrique pendant quelques secondes seulement, s’il est
fort, et pendant plusieurs minutes, jusqu’à dix ou quinze, s’il
est faible,
Dans quelques cas des effluves lumineuses ont paru s’in-
(*) Type au Musée du Parlement, Québec,
r
2 EH LE NATURALISTE CANADIEN |
troduire sous les pièces métalliques par des points de leurs
bords où il n’y avait pas contact immédiat avec la couche gé-
latine, et le résultat a été qu’au développement rien ou pres-
que rien de distinct n’est apparu ; ceci, joint au fait que des
images se sont produites sans production de lumiére,nous sem-
ble prouver sûrement que c’est bien l’action chimique de lé-
lectricité sur les sels d'argent quia causé les effets obtenus.
Un autre fait qui confirme cet avancé, c’est qu’une ¢tincelle de
la machine électro-statique ayant plusieurs pouces de longueur
n’a pas impressionné une plaque de rapidité moyenne, tandis
que toutes celles qui se sont produites directement sur la cou-
che sensible ont été vues sur le négatif, tantôt droites, tantôt
en ziyzag, selon la manière dont elles étaient apparues.
La machine électro-statique peut remplacer la bobine de
toutes manières, bien qu’elle n2 soit pas toujours aussi:
commode pour cette fin.
Avec celle-ci, un phénomène curieux est le suivant, Pre-
nez une plaque ordinaire de verre, appliquez dessus une pièce
de monnaie; puis, au moyen de Vexcitateur, faites partir sur
cette pièce quelques fortes étincelles ; d’abord vous ne verrez
rien, mais projetez l’haleine surla plaque, et vous verrez
apparaître l’image ; et il est évident qu’elle s’y sera imprimée,
car vous aurez quelque peine à Ja faire disparaître,
Nous n’avons pas réussi à obtenir de résultats satisfai-
sants avec la dynamo. II est vrai que la seule machine à no-
tre disposition était très petite.
De tont ce qui précède, ne ressort-il pas clairement qu’on
peut photographier dans l’obscurité absolue avec les ondes
émises par une machine électrique ? Ona peu travaillé jus-
qu'ici dans cette direction, et on n’en est encore qu’à la pério-
de des tâtonnements, mais il y a 1 un vaste champ à explorer,
et il ne serait pas surprenant qu’on entendtt bientôt parler de
nouvelles découvertes et de nouvelles applications utiles de
l'électricité, dues à ce procédé de photographie.
L'ABB£ E. Porrter,
PETITES NOTES
PETITES NOTES
—M, C.-E. Dionne, Conservateur au Musée de l’Univer-
sité Laval, possède une perdrix de montagnes (Bonasa um-
bellus, Steph.) presque complètement blanche.
—On nous a consulté sur le projet de tenter l'élevage du
Castor. Voila une expérience que uvus suivrons avec grand
intérêt, si elle se réalise.
—Le Muséum d'histoire naturelle de Paris vient de re-
cevoir en cadeau une collection d'oiseaux, comprenant 25,000
spécimens, réunis par un M. Boucard. Il n’y a pas besoin
de dire que la collection ornithologique du Jardin des Pian-
tes, qui était déjà très considérable, l’emporterafdésormais sur
celles de tous les musées de l’univers.
—Au Couvent des Sœurs de Sainte-Croix, à Saint-Lau-
rent, près Montréal, on a réuni déjà pres de 1209 spécimens
de plantes diverses, tous nommés et classifiés. Voilà un bel
exemple ! |
—Il n’y a, dit-on, qu'un dixième des$plantes connues qui
exhale une odeur.
—LES PUCES ET POUX DU BÉTAIL.—Ces hôtes incommo-
des sont détruits si l’on frotte les animaux avec de l'huile de
lin, à l'aide d’une brosse. Si ce moyen ne réussit pas entiè-
rement, on donne aux animaux, tous les deux jours, une cuil-
lerée de fleur de soufre (aux jeunes, une seule). Ce moyen
est infaiilible. On peut aussi mélanger la-fleur de soufre à
l'huile de lin pour en frotter animal. (Cosmos.)
0
Le Colonisateur canadien (50 cts par année : Boîte 2167.
B. P., Montréal) a commencé sa neuvième année, Nos félicita-
tions et bons souhaits à cet intéressant journal qui se dévoueà ~
la grande cause de la colonisation,
PAS a ui
100 LE NATURALISTE CANADIEN
Le Moniteur (hebd., $1 par an, Lévis) est entré dans sa
troisième année. Prospérité et longue vie à cette feuille, dont
la rédaction est vraiment remarquable,
————0
EIBLIOGRAPHIE
Nos remerciements aux auteurs des ouvrages suivants, pour le gracieux
. .
envoi d’un exemplaire : :
—Impreasions de voyage: De Québec à Rome,par l'abbé H. Cimon, Québec,1895.
(L’ex. 25 cts, chez l’auteur, à Chicoutimi,et chez les libraires de Québec.) Ilya
bien des récits de ‘‘ voyage en Europe ”: celui-ci a le mérite d’être court. C’est
déjà quelque chose ! Et puis la note édifiante n’y manque pas. Il y a done
plaisir et profit à suivre M. l’abbé Cimon dans son voyage jusqu’à Rome, en
attendant qu'il nous communique aussi ses souvenirs de Terre Sainte.
_ —La fin dumonde, par P.-P. Paradis, Chicoutimi, 1895 [25 cts l’ex., chez
l’auteur, cultivateur de Chicoutimi.] Vingt-deux pages d’alexandrins, dont
bon nombre se portent vraiment bien. L’auteur termine ainsi son Prologue :
Je le sais, je ne suis qu’un rustique poéte ;
Ma lyre est paysane, et son habit de féte
: : —D’étoffe du pays—teint de sombres couleurs
Attire la critique et non pas les flatteurs.
Nous ne voulons étre ni critique ni flatteur. Nous désirons seulement ap-
peler l’attention sur un écrivain qui recherche les bonnes grâces d’ Apollon et
de Cérès en même temps, et qui fit des vers longtemps avant de savoir la
grammaire, ,
2 SS oe
LE SEUL QUI RESTE !
Nous ne connaissons plus à vendre qu’un seul exemplaire complet de la
première série du NATURALISTE CANADIEN; 20 volumes brochés. Prix $38.
S’adresser au Directeur du ‘‘ Naturaliste ”.
VIENT DE PARAITRE :
L’APOTRE DU SAGUENAY, 3e édition, par l'abbé V.-A. Huard. Volume in-
80 illustré, de grand luxe typographique. C’est la biographie de feu Mgr D.
Racine, premier évêque de Chicoutimi. Un beau portrait demi-teinte, deux
vues de Chicoutimi en 1858 et 1892, et une vignette représentant la vieille cha-
pelle des Jésuites au Poste de Chicoutimi.—En vente, au prix de 50 cts, chez
l’auteur, au Séminaire de Chicoutimi; et chez MM. Langlais & Fils, et
Filteau, à Québec.
LES
Naturaliste Canadier
\atUrallste Vvanaalen
VOL. XXII (vou. 1 DE LA DRUXIEME SERIE) No 7
Chicoutimi Juillet 1895
Rédacteur-Propriétaire : Pabhé V.-A, HUARD
PROPOS DE RETOUR
Il y a bien des semaines que le NATURALISTE parait
soumeiller. Le voici qui revient aujourd’hui à sa tâche. Nous
ne donnons pourtant à ce numéro de juillet que seize pages,
pour ne pas retarder encore sa publication de tout le temps
que nous mettrions à rédiger le supplément consacré à la
Zoologie ; c'est-à-dire que cette livraison n’a que le nombre
de pages auquel nous sommes tenu.— Nous espérons publier
le numéro d’août dans une quinzaine de jours, et nous pour-
rons ensuite reprendre la publication réguliére du journal.
Cette longue absence de nos bureaux a causé des ennuis
à plusieurs de nos correspondants, nous le savons. Nous le
regrettons et nous nous efforgous depuis notre retour de met-
tre au point notre correspondance.
De méme, nous ne savons rien de la littérature scientiti-
que de ces trois derniers mois, et il se peut que cette: iguv-
rance involontaire soit la cause de certaines lacunes dans la
composition de quelques-unes de nos prochaines livraisons.
Ici encore, nous ferons notre possible pour reprendre le temps
perdu.
— À jouterons-nous que nous sommes prêt à faire gentil
accucil à tous les envois d’argent qui nous viendront ? Nous
souffrons bien d’être toujours si arriéré dans nos paiements.
Le NATURALISTE, par le fait de beaucoüp de ses abonnés, est
fort mal noté dans l'esprit de ses créanciers...
14—Juillet 1895.
102 LE NATURALISTE CANADIEN
AU GOLFE SAINT-LAURENT
Je. suis OP d’un voyage sur la côte nord du fleuve
Saint-Laurent et à l’île d’Anticosti, avec un fort bagage de
notes et renseignements divers sur ceterritoire si aca à
bien des points de vue, des autres parties de la Province ; et
je me proposais d’abord de rédiger ces matériaux pour le Na:
TURALISTE. Mais le format du journal est si restreint, et il
poursuit déjà la publication de tant de travaux de longue ha-
leine, que je devrai chercher ailleurs un gîte hospitalier pour
ces souvenirs d’un voyage en un pays totalement inconnu—
on peut dire ainsi sans exagération—de presque tous nos
compatriotes.
Je ne veux donner ici que des notions absolument géné-
rales sur l’histoire naturelle de la côte du golfe.
I] ne faut pas s attendre à à. trouver sur cette côte, cons-
tituée presque exclusivement par du sable et des rochers, une
végétation comparable à celle des autres endroits du pays si-
tués à l’ouest et au sud. Toutefois le botaniste y rencon-
trera bien des plantes intéressantes, dont plusieurs même se-
ront pour lui des nouveautés. —La forêt ne présente. guère
que de petits arbres, appartenant presque tous aux Coniféres_
et aux Bétulacées —Benucoup de mousses de diverses espèces,
et de plantes de marécages, surtout l'Zris versicolor, L, que
jai vu partout en grande abondance.
L’entomologiste n’y fera pes fortune, du moins sous le
rapport de la quantité des pote Il est vrai que l'été
commençait à peine quand j'ai parcouru ces régions. Les.
Névroptères et les Diptères m’ont paru les ordres les mieux
représentés, même en faisant abstraction des moustiques qui
forment là une nation extrêmement florissante. Parmi les
Coléoptères, ce sont les Staphylinides et les Silphides que j'ai
rencontrés le plus fréquemment, surtout le Silpha lapponica,
Herbst., que les gens appellent “bête à morue.” Ils désignent
aussi du même nom d’autres Coléoptères, et même un eeu
per. PR
NA tay Aly Te
* jé i ut
AU GOLFE SAINT-LAURENT 103
Crustacé qu'ils trouvent parfois dans leurs barques de pêche.
On ne s’étcnnera pas de voir ici pèrticulièrement les Silphi-
des : ces insectes, vivant de matières animales en décomposi-
tion, ont ce qu’il leur faut dans les déchets de poisson qui ne
sont pas précisément rares dans un tel pays. Je n’ai rencon-
tré presque aucun représentant des Hyménopteres et des Hé-
miptères, peut-être parce que la saison était encore trop peu
avancée.
Sur l'ile d’Anticosti, dont je n’ai visité que l’extrémité
occidentale, la flore rappelle beaucoup celle des meilleurs en-
droits de la Province, quoique la forêt ressemble bien à celle
de la rôte nord. J’ai vu là, notamment,des Berces (Heracleum
lanatum, L.) de très belle venue. Il m'a paru aussi que la
faune entomologique y est bien plus riche qu'au nord (tou-
jours sans parler des moustiques, dont j'aurais trop à dire, si
je m’y mettais, et pour cause). Ces différences s’expliquent
par la nature du sol de la grande ile, qui n’est pas du sable
pur comme sur le nord du fleuve.
Les habitants de la mer,Cétacés, Poissons, Mollusques, etc.
offrent en ces endroits un vaste champ d’étude at naturaliste ;
de même les plantes marines que le flot apporte souvent au ri-
vage ; et les multitudes d’Oiseaux de mer que l’on voit sans
cesse tournoyer sur les vagues pour y fairé la pêche, eux aussi,
ou s’ébattre en troupes innombrables au-dessus des îlots où ils
nichent, remplissant toujours les airs, même la nuit, de leurs
cris aigus, tout cela fera le bonheur de l’ornithôlogiste. A
terre, par contre, les oiseaux chanteurs m/’ont pars moins
abondants que dans nos pays. |
Quant aux charmes de ces grands horizons où le ciel et
l’eau se confondent sans ligne précise de déinärcation, de cet-
te mer tantôt paisible comme la surface d’un beau lac,
tantôt fouettée par les vents de tempête, d’une navi-
gation toute faite d’imprévus, où l’on ne peut jamais prévoir
à coup sûr quand l’on partira, ni surtout quand l’on arrivera,
tout cela est plein de saveur pour un habitant de l'intérieur
des terres. Et je comprends aujourd’hui quelle est Virrésis-
104 LE NATURALISTE CANADIEN
tible attraction de la Mer pour ceux qui vivent d’elle de quel-
que façon. Un pêcheur ou un marin qui se voient forcés de
s'erpatrier de l'océan, ne seront toujours et partout que des
exilés.
LE MUSÉE DE BETSIAMIS
C’est certainement une surprise pour le naturaliste en
voyage, que de trouver un important musée d'histoire natu-
relle sur cette côte nord du Saint-Laurent, et surtout de le
trouver dans une bourgade de Montagnais, à Betsiamis.
Il y avait longtemps que j'avais entendu parler de cette
collection, mais j'étais loin de penser qu’elle fût aussi consi-
dérable. Beaucoup d'institutions renommées, beaucoup de
villes même, ne possèdent rien de comparable.
L'établissement de ce musée remonte à année 1868. Le
séjour à Betsiamis du célèbre naturaliste-voyageur, M. Alf.
Lechevalier, qui y passa l'automne et une partie de l'hiver
suivant, chez les Pères Oblats, fournit au R. P. Arnaud l’oc«
casion de commencer cette collection.
M. Lechevalier venait d'arriver en Amérique dans le but
de se procurer des spécimens d'histoire naturelle pour les mu-
sées de l'Europe, et il n'a pas cessé depuis de se hvrer aux
mêmes recherches dans divers endroits de l'Amérique. En
1873, nous le trouvons à Montréal, faisant le commerce d’ob-
jets de musée ; il y passa plusieurs années, faisant Je temps
à autre des excursions en Floride, pour remonter son fonds de
magasin. Il alla se fixer dans le sud des Etats-Unis en 1879
ou peu après. C'était un ami de labbé Provancher, et le
NATURALISTE a publié autrefois plusicurs cemmunications
qu’il lui adressa.—Je le croyais mort depuis plusieurs années;
mais J'ai appris du P. Arnaud qu’il en x regu des nouvelles
chaque année jusqu'en 1893. A cette dernière époque, il était
au Pérou, et avait perdu une main par suite d’un accident.
Le P. Arnaud ne manqua done pas de profiter des diffé-
rents séjours que fit M. Lechevalier à Betsiamis, pour com-
mencer et continuer ses collections d'histoire naturelle. C'é-
AU GOLFE SAINT-LAURENT 105
tait un habile taxidermiste, et le Pere apprit de lui à lever la
peau des Oiseaux. Un autre Français, M. Grosjean, qui était
alors à l'emploi des Oblats, et qui l’est encore, travailla avec
M. Lechevalier et devint lui-même un fort taxidermiste. An-
cien soldat d'Afrique, et ayant servi plus tard dans les ar-
mé?s du Nord, durant la guerre civile des Etats-Unis, M.
Grosjean est un type très original. Il est pour ainsi dire le
curateur du musée de Betsiamis, et il m'en a fait les hon-
neurs avec une parfaite courtoisie, en vrai Parisien qu’il est.
Ce musée est contenu dans l'édifice qui fut le premier
presbytère de Betsiamis. Un portique assez curieux en dé-
core l'entrée : il est fait de deux os de baleine, longs de
vingt-deux pieds, et réunis pur Fune de leurs extrémités de
façon à former une ogive. Tout auprès sont des vertèbres de
baleine, disposés en sorte de fauteuils, qu’ils imitent assez
bien. Tout cela, c’est de la couleur locale, assurément,
C’est l’ornithologie qui est la mieux représentée dans le
musée ; c'était aussi la branche favorite de M. Lechevalier.
‘La plupart des spécimens sont des Oiseaux canadiens ; ais
il y a aussi des pièces de l'étranger, comme la Cigogne blan-
che, de Hollande, etc. L’une des vitrines qui attire le plus
d'attention est celle qui contient une imitation de rocher
d'assez grandes dimensions, recouvert de mousse et de li-
chens : là-dessus sont placés en diverses positions les Oiseanx
de mer que l’on rencontre entre Mingan, et la Pointe-aux-
Esquimaux. Ce groupe, qui reproduit fidèlement la nature,
est signé : À. Lechevalier, décembre 1868, et ferait excellente
fisure dans n’importe quel musée.—Une. collection d'œufs
renferme aussi bon nombre de spécimens.—Cette poule que
vous voyez là, c’est le premier spécimen qui fut monté pour
le musée : c’est bien vrai que tous les musées du monde ont
commencé par UN spécimen ! Avis aux débutants.
Queiques Poissons, quelques Mollusques, plusieurs Rep-
tiles, parini lesquels je remarque Alligator floridanus, un
Boa long d’une quinzaine de pieds, un Serpent à sonnettes
de grande stature, et une tortue de cing pieds et demi, com-
106 LE NATURALISTE CANADIEN
nr le reste du musée avec un bon nombre de Mammife-
res: Lionne, Ours noir de la côte nord, Sanglier A France,
Castor, Loup, ete.
Le département ethnologique renferme des objets fort
intéressants, par exemple un superbe cométique esquimau :
on sait que le cométique est le traîneau auquel on attelle les
chiens, au Labrador. Ce sont les seules voitures en usage
sur la côte nord. Il y a aussi des attelages et des fouets, et
surtout des costumes esquimaux en earibou et en loup-ma-
rin, dont la facture témoigne d’une pee habileté et même
d’un goût remarquable. |
Parmi les objets artificiels, il faut bien mentionner aussi
un Orang-outang de forte stature, fabriqué de toutes he.
New-York, me dit-on.
On estime la valeur de ce musée à $4000, et ce chiffre
est loin d’être exagéré, à mon sens,
Voilà l’œuvre du P. Arnaud ! Quelques-uns, dans le pu-
blie, epapconnent les mérites de sa vie de missionnaire, qui
embrasse près d’un demi-siècle ; mais presque personne ne
sait ce qu’il a fait pour la science. Sans doute, le séjour que
font plusieurs centaines de sauvages à Betsiamis, chaque été,
et les courses apostoliques de ces infatigables Oblats à tra-
vers les immenses territoires du Nord, lui ont donné des fa-
cilités spéciales pour former cette collection. Maisily a
tant de gens, à qui les facilités de faire quelque chose ne
manquent pas, et qui pourtant ne font rien ! En tout cas, je
ne me considère pas quitte, par ce qui pr: “envers le P,
Arnaud, et je trouverai Poccasion, j’espère, de mettre un peu
en lumière cette longue existence qui est restée bien à l'abri
des vanités de la aisée humaine, mais ae aura été si méri-
toire aux yeux de Dieu.
Lappé HuaARD.
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FORMATION DU SAGUENAY 1
FORMATION DU SAGUENAY
—
L'ÉPOQUE GLACIAIRE
_
(Continué dela page 41)
C’est là qu’est le séjour de prédilection de presque tous
les gibiers du continent, depuis l’alouette matinale, qui affec-
tionne le voisinage des homesteads, jusqu'au cygne superbe,
cherchant dans les vastes plaines liquides la solitude qu’il lui
faut, un séjour inabordable et sûr, vi les herbes gigantesques
au vert pâle dérobeat au chasseur intrépide la blancheur de son
plumage ; c’est là le rendez-vous favori de tous nos oiseaux
aquatiques, qui y pondent et couvent plusieurs fois pendant
les huit-mois de séjour annuel qu’ils y font.
' (Dans les pages suivantes de son travail, l’Auteur donne, de l’époque gla-
ciaire, une explication appuyée sur le livre de la Genèse. Ces considérations
sont assurément très intéressantes ; mais comme elles nous semblent n étre
qu'une digression, nous les omettons, quoique à regret, pour sauver de l’es-
pace.—RED. )
LE CATACLYSME
Après donque glaciaire, le règne végétal se ranima com-
me.par enchantement, sous l'influence de la. douce et bienfai-
sante chaleur que les rayons du soleil répandaient enfin pour
la première fois, sur la surface de la terre, orâce à l’atmosphè-
re pur qui l'enveloppait depuis la fin de cette époque.
Les plantes crurent à profusion et des espèces les plus
variées (mais moins élancées que jadis), à fur et à mesure que
la surface du sol se découvrait du linceuel génant ct glacé, sous
lequel elle était ensevelie depuis des âges.
Les bords du grand bassin saguenayen qui avaient, eux
aussi, subi le sort commun des autres contrées sous les mêmes
latitudes, se couvrirent, à leur tour, de toutes les essences de
bois que l’on voit encore aujourd’hui, sur les hauteurs et dans
108 LE NATURALISTE CANADIEN
la vallée du lac Saint-Jean. Mais cette future vallée est encore
à 200 brasses sous les ondes salé:s qui baiznent ses rivages.
Visitons-la en imagination, cette Méditerranée disparue
heureusement pour nous ; transportons-nous par la pensée sur
ces rivages que nous avons déjà entrevus au commencement
de cette étude, pour les contempler une dernière fois.
Venez, M. Pabbé, venez avec moi jeter un dernier regard
sur le passé mystérieux de cette partie intéressante de notre
pays. Embarquons-nous sur cette vaste mer dont ni barque,
ni nautonier n'ont encore cfleuré les ondes amères, qui vont
se confondie à i occident avec l'horizon sans borne.
Notre vaisseau est la au bord de la falaise, au pied des
monts Sainte-Marguerite, qui limitent à l’est l’océan sague-
nayen, et qui forment les plus hauts sommets de toutes les
Laurentides, |
La mer monte encore, mais le courant est nul. Nos avi-
rons à la main, nous poussons au large. Le temps est beau
et calme ; la surface de l’eau est comme une glace polie ; le ciel
bleu et serein s’y mine avec éclat ; de l'horizon au zénith, la
nature se repose.
Nous tournons le dos à ce haut rivage qui borde à lorient la
mer intérieure du Saguenay. Ces montagnes aux contours har-
monieax, couvertes de forêts d’un vert sombre,’s’estompent da-
vantave au lever du soleil, que nous ne voyons pas encore, mais
dont les fenx naissants dorent déjà les sommets des hauteurs.
Au détonr d’une longue pointe nous traversons une baie
one]
Ene ' à , PRC Ae . , \ i 2s
profonde bordée de prairies qui s’avancent à une bonne distance
du rivage. Des légions d'oiseaux aquatiques, des Cygnes, des
Outardes, des Canards de toutes les variétés y prennent leur re-
pas du matin ; ils nagent en famille, s'élèvent à fleur d’ean ou
dans les airs, sans s'inquiéter de hous ; ils se séparent en deux
rangs pour laisser wn passage libre à notre ern bar cation, qui file
toujours vers l’ouest, poussée par le jeu de nos 'avirons.
Le concert qui s'élève en notes variées de cette troupe im-
mense ne saurait être imaginé, ni imité. Les huards, plus au lar-
Dre nes ed
D LA a a A Baa PpaItt she
À ‘i (A MAN
INSECTES DES AGES DISPARUS 109
ge, dominer tous les tons par leurs cris à gamme descendante,
que les échos des montagnes répètent en les affaiblissant,
Plus au large, les Marsouins, les Loups-marins apparaissent
à la surface de l’eau et disparaissenttour à tour en soufflant bru-
yamment,
Le soleil,sortant des hautes terres et s’élevant dans l’espace,
répand sur la mer des flots de lumière qui retouchent le tableau
en lui donnant plus d'éclat.
La marée, qui était presque étale à notre départ, double
la vitesse de notre vaisseau depuis plus d’une heure qu’elle
reflue. Des ras de marée en avant de nous, un peu au nord,
nous font incliner au sud-ouest pour les éviter.
Les courants augmentant de plus en plus, les écueils sur-
gissant partout en avant de nous, rendent la navigation diffi-
cile et même dangereuse,
(A suivre)
P.-H, Dumais.
ee
INSECTES DES AGES DISPARUS
Un jour d’avril dernier, étant entré par hasard chez un
cultivateur, à quelques milles de la ville de Winnipeg, pour
m’y reposer apres une longue course dans la prairie à la re-
cherche de quelques canards sauvages, on me montra une su-
perbe pétrification, un vrai trésor surtout pour un entomolo-
giste. Datant probablement du miocène, cette pièce, à peu
près de forme triangulaire, montrait sur une de ses faces trois
Coléoptères dont les formes étaient restées à un haut degré
de conservation. La texture des élytres de deux de ces in-
sectes me rappelait le genre Microrhopala actuel de la famil-
le des Chrysomélides ; et, par les formes générales de lau-
tre, je crus reconnaître un représentant du genre Coccinella.
Mes hôtes me direut que cette curieuse pièce, vestige des
ages passés,leur avait été apportée par un membre de leur fa-
15 —Juillet 1895.
110 LE NATURALISTE CANADIEN
mille, de Vancouver, Colombie Anglaise. L'offre de quelques
pièces d'argent ne put décider la. mère à s’en dessaisir ; ©é-
tait tout ce qu’elle possédait d’un fils depuis longtemps parti
pour tenter Ja fortune quelque part.
Durant les époques primitives comme actuellement, les
insectes ont toujours fourni le principal contingent du règne
animal ; et malgré la fragilité de leur organisation, il nous
est arrivé un si grand nombre d’espèces des différentes cou-
ches géologiques qu'il ne peut y avoir de doute à cet égard,
C’est en frappant les terrains primaires que le marteau du
géologue mità jour les premiers insectes ; les Orthoptères,
Névroptères, Hémiptères, inférieurs en organisation aux Co-
léoptères, Hyménoptères, Lépidopteres,semblent être les seuls
représentants de ces âges. La faune se multiplie rapidement
pendant l’époque secondaire et se développe vers les espèces
plus parfaites. De la période j1rassique, Oswald Heer, céle-
bre naturaliste, a mis & jour en Suisse seulement deux mille
spécimens représentant 143 espèces, les Coléoptères y comp-
tant pour la grande majorité Les Hyménoptères s’y rencon-
trent rarement, mais deviennent plus nombreux dans l’époque
tertiaire qui semble être le berceau du Lépidoptère ; on en
a retiré quelques espèces seulement.
Gus. CHAGNON.
—— —0
LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABPE
PROVANCHER
ORDRE DES HYMENOPTERES
FAM XI MUTILLIDÆ
SPHEROPHTHALME ALVÉOLÉE, Sphærophthalma alveolata,
nN. Sp. ‘ à
®— Long. .20 pce. D’un roux testacé, les yeux avec l’ex-
A an TATOO TENNANT Aa PEN A PLAN ty Ci) oe IPR TEN
LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBE PROVANCHER 111
trémité des mandibules et des antennes, noirs. Téte plus lar-
ge que le thorax finement ponctué, se rétrécissant un peu en
arrière des yeux; l’occiput légerement excavé et arrondi,mais
se dessinant sur les côtés en une crête se terminant en avant
par une épine ou mucron. Thorax anguleux en avant, régu-
lerement arrondi en arrière et tout couvert sur le métatho-
rax de ponctuations profondes se traduisant en petites alvéo-
les. La tête et le thorax, à part une courte pubescence blan-
che peu dense, portent de plus longs poils blancs épars ; le
vertex porte une bande brune entre les yeux. Pattes roux-
testacé, avec poils blancs, l’extrémité des cuisses et des jam-
bes postérieures plus ou moins obscure, leurs tarses jaune-
pâle. Abdomen en ovale conique ; le segment basilaire non
resserré à son sommet et portant près de son insertion une
petite épine de chaque côté ; son bord postérieur est marginé
de brun ; le 2e segment finement ponctué est plus où moins
largement brun à son sommet ; les autres sont tous d’un roux
brunâtre avec poils blancs ciliés au sommet d’une frange des
mémes poils plus longs et plus denses.—Cap- Rouge. (*)
Peut-être la canudensis de Blake que nous n'avons point
vue ; mais M. Blake ne mentionne pas les épines du dessous
de la tête ni de la base de l’abdomen, et ne parle pas non plus
des réticulations si «pparentes du métathorax.
PAM: XI Se EGI DÆ
AMMOPHILE A-NEZ-POINTU, Ammophila nasalis, n. sp.
d'— Long. .72 pce. Noir avec abdomen roux. ‘La tête
et le thorax avec poils blancs, la tête excepté sur le
vertex et le thorax excepté sur le dos, couverts d’un duvet
argenté brillant, le chaperon se prolongeant en triangle aigu
en avant avec la pointe un peu relevée. Antennes entièrement
noires. Le métathorax avec fines stries transversales. Ailes
hyalines, les nervures noires. Pattes noires, les tarses avec
les jambes antérieures brun-roussâtre, Abdomen avec le ler
article du pédicuie noir, le 2e roux avec une ligne noire sur
le dos, tout le reste roux avéc une tache noire sur le dos des
segments I, 3 et 4, et quetynefois aussi sur le 5e.—Los Ange-
les (Coquillett). (*)
BAM. XIV. POMPILIDÆ:
POMPILE TRAPU, Pompilus compactus, n. sp.— Leng,”
(*) Type au Musée du Parlement, Québec.
ily LE NATURALI:TE CANADIEN
40 pce. Noir, l'abdomen fort et brillant avec une obs-
cure rcflexion de pourpre, la face none sans aucune tache, le
chaperon légèrement arrondi, antennes assez courtes À pubes-
cence grisâtre à l'extrémité, Bord postérieur du prothorax
anguleux, métathorax arrondi. Ailes fortement enfumées à
reflets violacés,à 8e cubitale pédiculée, la 2e arrondie antérieu-
rement, Abdomen poli, luisant, fusiforme, saus taches —Van-
cou ver.
Voisin du scelestus, Cress., mais en différant par l’absence
de sillon sur le métathorax et par la nervation de ses ailes
dont la 3e cubitale est pédiculée. (*)
(À suivre)
—_—_O————“—“—“q“~«
MOUCHE-DES-CORNES
Nos remerciements à M. L.-A. Bernard, pharmacien-chi-
miste (1882, rue Sainte-Catherine, Montréal), pour jenvoi
d'un échantillon d’une préparation “infaillible pour la des-
truction «le la Mouche-des-cornes.” Nous allons tâcher d’en
faire l'expérience. Mais chacun peut aussi demander, à l’a-
dresse indiquée, des échantillons que Pon enverra gratis.
©
POUR'/LATPANATE
Nous avons eu la bonne fortune de lire, en épreuves, les
cinquante premières pages du roman “Pour la patrie ”, par
M. J.-P. Tardivel, dont on annonce la publication prochaine :
et nous avons hâte vraiment de voir la suite du livre.
On ne devra pas s’étonner de lire la signature du Direc-
teur de la Vérité sous le titre d’un roman ; car l’auteur nous
explique que, à exemple de quelques autres écrivains, il a es2
péré faire servir ce genre littéraire à la défense de la religion
catholique et de la race canadienne-francaise : deux nobles cau-
ses dont il est l’un des plus habiles et des plus dévoués cham-
pions.
Nous reparlerons de ce livre quand il sera publié. Enat-
endant, nous souhaitons que le public lui fasse bon accueil ;
(*} Type au Musée du Parlement, Québec.
1
|
|
LE HOMARD 113
et ce souhait, nous le formulons surtout 4 cause du but que se
propose l’auteur, et que nous voudrions bien voir pleinement
atteint.
0)
Xle CONGRES INTERNATIONAL DES AMERICANISTES
\
Nous recevons le programme de ce Congrès et une invita-
tion à y assister ; nous en remercions le Comité d’organisa-
tion. Le but principal de ce Congrès (dont le 10e s’est réuni
à Stockholm en 1894) est “d'aider au progrès des études eth-
nographiques, linguistiques et historiques qui se rapportent
aux deux Amériques, spécialement pour ce qui touche à l’épo-
que ancienne, avant la Découverte” Le Congrès seréunira à
Mexico, du 15 au 20 octobre de cette année.—S’adresser à M.
le Premier secrétaire, Mexico. D, F,—Bibliothèque nationale.
_ - - —- 0 — — — ——
LE HOMARD
Un correspondant de Montréal nous demande “ si les Ho-
mards pourraient vivre et se reproduire dans un lac d’eau dou-
ce, et si semblable expérience a déjà été faite.”
Le Homard d'Amérique, Homarus americanus, qui est
la seule espèce vivant de ce cété-ci de l'Atlantique, se trouve
dans la mer depuis le Labrador jusqu’au New Jersey, et ne se
rencontre sûrement jamais dans l’eau douce ; ily en a aussi
dans le fleuve Saint-Laurent, même jusqu’à la baie de Mille-
vaches, mais toujours dans l’eau salée.—Bien que nous ne
nous rappelions pas avoir lu aucun auteur qui traitât de la
question particulière qui nous est proposée, nous croyons pou-
voir y répondre, sans crainte de nous tromper, que le Homard
placé dans l’eau douce succomberait dans un temps assez court.
Les Ecrevisses sont les formes d’eau douce de la famille
des ASTACINÉES ; les Homards sont les formes d’eau salée de
la même famille de Crustacés.
On cultive le Homard, en plusieurs endroits, dans des
sortes de viviers qui, sans doute, sont alimentés par l’eau de
mer,
114 LE NATURALISTE CANADIEN
Certains poissons, comme le Saumon et l’Anvuille, vivent
alternativement dans l’eau salée et dans l’eau douce ; mais le
Homard ne s’aventure jamais en dehors de Peau salée, ce qui
doit signifier qu’il ne s’accommoderait pas d’un séjour dans l’eau
douce.
(Qo ee
PHOTOGRAPHIE
POUR REPOSER LA VUE
Si l’on pouvait, dans le moment où l’on se fait photogra-
phier, oublier complètement que l’on est chez le photographe
et devant l'objectif, ce serait l’idéal : l’expression de la figu-
re serait naturelle, on n'aurait pas lair guindé ; et les yeux
ne sembleraient pas préts & sortir de leurs orbites, comme il
arrive quelquefois.
Certains photographes, pour arriver à un résultat satis-
faisant, placent, à une certaine distance, une image que le su-
jet doit regarder pendant l'opération. Mais çà ne réussit pas
toujours, les yeux prennent souvent alors une fixité étrange.
Il se rencontre des personnes qui ne peuvent fixer un point
donné sans que leur vue ne paraisse forcée et que leurs yeux
ne clignotent d’une façon tout à fait désagréable.
Un moyen de reposer agréablement là vue est de placer
deux images ou deux portraits, l’un à côté de l’autre, sur un
écran, et, quand tout est prêt pour la pose, de prier notre ami
ou notre client, suivant le cas, de regarder alternativement lPu-
ne et l’autre image. Si relles-ci sont placées à une distance
convenable, le mouvement des yeux est imperceptible, et l’ef-
fet désiré est obtenu,
On peut aussi, comme le font nombre d’éminents prati-
ciens, remplacer ces écrans par la main qu’on tient à la hau-
teur voulue, et qu'on meut légèrement pendant la durée de
l’opération.
ERREUR FATALE
Ne vous est-il pas arrivé, au cours de vos excursions d’a-
mateur, de gâter un négatif et de perdre deux beaux paysa-
ges parce que vous ne vous êtes pas rappelé,en exposant une
plaque, qu’elle avait été exposée une fois déjà ?
A MED aia HN JE ar A a Jade om HU TASH Th OE ON en
Vii Sa acti et } f hee
NOS CONFRERES DE LA PRESSE 115
Les chiffres et les lettres sur les châssis à plaques (plate-
holders) servent beaucoup à éviter cette erreur toujours re-
grettable ; mais le moyen le plus sûr, malgré sa grande sim-
plicité, consiste à prendre des bandes gommées, comme celles
qui entourent les timbres- -poste, et à en appliquer une sur cha-
que côté du châssis, de manière qu'elle touche le bord du ca-
dre et la planchette mobile. Tant que cette bande n’a pas
été cassée, on est certain que la planchette n’a pas été tirée
et que la plaque n’a pas servi.
L'ABB£ E. PorrIEr.
~————— 0
NOS CONFRERES DE LA PRESSE
—La Croix du Canada a cessé de paraitre,il y a quel-
que temps. Nous avions vivement désiré la fondation d’un
journal de ce genre, et, duraat son existence, nous avons plus
d'une fois exprimé l'estime que nous avions pour ce vaillant
organe catholique. Les regrets que sa disparition nous fait
éprouver sont donc bien sincères.
—L’ Album industriel publié à Montréal,est disparu, lui
aussi, depuis notre dernier numéro. Cette revue était bien
faite et très intéressante. Il est bien difficile, en notre cher
pays, de maintenir une publication strictement scientifique.
—Le Messager de Saint-Antoine, bulletin mensuel de la
dévotion à saint Antoine de Padoue et de l'Œuvre du pain,
publié à l’'Hôtel-Dieu Saint-Vallier de Chicoutimi. 25 cts
par année. L'expansion merveilleuse que prend chaque jour
la dévotion à saint Antoine rendait nécessaire une publica:
tion de ce genre, que nous croyons appelée à un grand succès.
—La Vérité vient d'entrer dans sa quinzième année.Nous
la complimentons de la santé vigoureuse dont elle fait preu-
ve et qui lui assure, espérons-nous, de très nombreuses an-
nées d’existence.—Avec tous les catholiques sincères, nous
déplorons l'issue malheureuse du procès que notre confrère
avait porté en cour d’appel, et que nous comptions devoir se
terminer autrement dans l'intérêt de la religion et de la
presse honnête,
—Le Canada, d'Ottawa, et l'Ouvrier catholique, de Bid-
deford, Me, nous font la faveur de publier le sommaire de no-
tre revue. Nos remerciements à ces bienveillants confrères.
116 LE NATURALISTE CANADIEN
PHILOLOGIE ENTOMOLOGIQUE
Quelle différence y a-t-il entre un moustique, un brülot
et un maringouin ? demande le correspondant A. dans le nu-
méro d'août du Bulletin des recherches historiques.
Il s’agit ici moins de Diptérologie (étude des Diptères ou
mouches) que de linguistique. Consultons donc Littré, l’arbi-
tre souverain. Et d’abord, procédons par élimination : puis-
que ce philologue nous apprend lo que “ maringouin” est le
nom vulgaire de diverses espèces de cousins, et que 20 les
cousins sont des “ moustiques ”, il en faut conclure que mous-
tique et maringouin sont des synonymes. Le premier ter-
me est de style noble ; le second, de langage vulgaire.
Mais en dehors des livres, dans la cruelle pratique, en
Canada surtout, voici ce qui en est, d’après l’expérience des
voyageurs.
Le MOUSTIQUE est une petite mouche, toute petite, qui
cherche bien à se nourrir à vos dépens, mais en vous déran-
geant le moins possible: pas de bourdonnement, piqûre sans
douleur. Mais piqûre il y a! Et comme l’insecte ne fait pas
de pansement, la plaie reste béante, et le sang coule sans que
vous vous en aperceviez.
Le BRULOT est une mouche encore plus minuscule, quel-
que chose d’à peine visible, quelque chose de presque méta-
physique. Or ce quelque chose d’idéal vous arrive traîtreu-
sement, s’introduit même à travers cheveux ou barbe, vous
pique, et verse du plomb fondu dans Ja blessure. Son nom
est bien justifié.
Le MARINGOUIN, qui est le vrai cousin, est une mouche
de 2 à 3 lignes de longueur, à côté de laquelle on frappe tou-
jours quand on cherche à l’écraser. C’est l’un des insectes
les plus parfaitement organisés ; sa trompe, particulièrement,
est d’une délicatesse inouïe. Voilà qui est bien propre à nous
réconcilier avec ce brave insecte qui, avant de nous attaquer,
prend soin de nous avertir par son chant de guerre. Sa pi-
gûre, par exemple, est bien douloureuse, irritée par les sucs
vénéneux qu'il y a déposés. Mais il faut lui pardon-
ner : c’est sa façon de faire du “struggle for life” Chacun
gagne comme sa vie comme il peut,
© OO —— — — ——
Nous sommes forcé, par manque d'espace, de renvoyer au
prochain numéro notre compte rendu bibliographique.
n'a | | A
Vaturaliste Canadie
AL JA as ) WU) © \ PF EU AR QE) WLAL EE y
SS
VOL. XXII (VOL. Il DE LA DEUXIEME SERIE) Nos
Dhicoutimi Aout 1895
Rédacteur-Propriétaire : l’abhé V.-A. HUARD
L ABBE PROVANCHER
[Continué de la page 57]
Cependant le curé de Sainte-Anne, M. Cet voilà
ce qui rattache ce récit à mon sujet !—avait appris qu'un pe-
tit écolier se trouvait à bord de l’un des bateaux ancrés de-
vant le village. Le brave homme s’empressa de m'envoyer
chercher, et me procura ainsi Pavantage de satisfaire au pré-
cepte dominical. Et je reçus au presbytère une hospitalité
que je n’oublierai jamais. Je n’oublierai jamais non plus
l'énorme esturgeon que j'avais vu capturer, la veille
au soir, près da rivage, et dont je fus charmé de trouver un
succulent morceau sur la table du curé : car on 1avait pas
manqué d'offrir une part de la prise au vénérable pasteur de
la paroisse.
Puisque me voici revenu au sujet, c'est-à-dire à lami qui
exerça une si heureuse influence sur l’abbé Provancher, i] se-
rait assurément raisonnabie de ne plus m’en éloigner. Mais
il ne l’est pas moins de continuer la digression, afin de prou-
ver aux jeunes gens d'aujourd'hui que les facilités de conimu-
nication dont nous jouissons à présent n'existent pas depuis
le commencement du monde.
S'iln'en avait tenu qu’à moi, J'aurais suivi s le sa-
voir, d’ailleurs—}l’exemple d’Annibal, non pas oN Ae la
conquête de l'Espagne, ni dans la belle stratégie dont il fit
preuve à la bataille He Cannes, mais. ..dans sa résolution de
16—Août 1895.
A A A ANT As fe NG,
118 LE NATURALISTE CANADIEN
séjourner à Capoue, parce qu'il s’y trouvait bien. Un mes-
sage de mes navigateurs vint soudain me rappeler dans le do-
maine des réalités de la vie.
Nous embarquâmes-nous le dimanche soir ou le lundi
matin ? Quel vent faisait-il au départ? Hélas! J’ai beau fu-
reter dans tous Jes recoins de mamémoire; je n’y trouve au-
cun souvenir qui me permette de renseigner la-dessus mon
lecteur, et je regrette amèrement de me voir dans l’impossi-
bilité de résoudre ces graves problènes. Tout ce que je puis
dire, c’est que le lundi se passa enccre à louvoyer ; c’est que
la marée du mardi matin nous laissa encore à deux milles de
Québec, vis-a-vis l’église de Beauport. Il fallut passer là, à
l'ancre, toute la journée, sous un soleil brûlant. Le soir, seu-
lement, nous arrivâmes aux quais du Palais, quatre jours
apres notre départ de Saint-Joachim. Voila comment, il y a
trente ans, on faisait un trajet de neuf lieues, par un vent
contraire, trajet que l’on peut faire aujourd’hui en une heu-
re, de quelque côté qu’ vente. Que l’on méprise encore 1’é-
poque où nous vivons!
Les quelques heures que je passai sous le toit de lPabbé
Gariépy n’ont pas eu, que je sache, l’effet d’attirer mon atten-
tion sur les études scientifiques. Même, si je fus émerveillé à
laïvue du gros esturgeon dont j'ai parlé, ce fut moins par inté-
rét ichthyologique qu’à titre de gourmet.
M. Provancher, lui, voyait souvent son voisin M. Garié-
py, qui était un fervent amateur d’arboriculture et s’adon-
nait avec ardeur à cet art agréable et utile. On causait sou-
vent de ce sujet tres pratique, ce qui n’était certes pas pour
déplaire & M. Provancher, qui autrefois avait mis tant de
zèle, sans grand résultat, à l'étude de la vie vegetale. De plus,
sous la direction de son ami, il reprit tes essais infructueux
qu'il avait faits à Saint-Victor de Tring pour se rendre mai-
tre des procédés, pourtant faciles, de la greffe, et cette fois le
succès couronna ses efforts.
Ce fut M. Gariépy qui le mit en possession du fa-
meux livre Le bon Jardinier. Dans le but, probablement, de
L'ABBÉ PROVANCHER 119
pouvoir rémettre sans trop de #délar le. livre oa: om
propriétaire (grand exemple pour tant de pirates de bi-
bliothèque, qui semblent croire qre,lorsqu’il s'agit de “livres,”
il n’y a pas à se gêner, et que, s'il y a des gens pour les ache-
ter, il en faut d’autres pour les emprunter et les garder), tout
en se mettant en mesure de se passer de cet ouvrage, il en ti-
ra un abrévé des principes de la botanique. Il eut ensuite oc-
casion de faire voir ces notes à M. Ed. Richard, alors curé
de Saint-Féréol (le 1854 à 1861) et par conséquent aussi un
autre de ses voisins. Celui-ci avait autrefois enseigné la bota-
nique au College de Sainte-Anne et devait s’y connaître fort
bien. Le travail de M. Provancher lui parut avoir ‘lu mérite,
et il ’engagea à le faire imprimer. Toutefois, avant de livrer
ses notes à l’impression, l’auteur les revit et les augmenta
même, en se servant de quelques auteurs des Etats-Unis,
Wood, Gray, ete. Enfin, —ce fut en 1858,—le premier ouvra-
ge de l'abbé Provancher ouvrit cette carrière de publiciste qui
fut longue et féconde. Il avait pour titre : Traité elémentaire
de Botanique à l'usage des maisons d'éducation et des ama-
teurs qui voudraient se livrer à V étude de cette science sans
le secours d'un maître—Ouvrage ulustré de plus de 80 gra-
vures sur bois—par l'abbé L. Provancher, curé de St. Joa-
chim, Montmorency. Sous le titre, il y avait en épigraphe ce
verset du livre de l’Ecclésiastique : “Multa abscondita sunt
majora his : pauca enim vidinius opera ejus.’Ce petit volume,
du format in-12,était de 118 pages,et sortait “de l'imprimerie
de St. Michel et Darveau, 11, rue Lamontagne, Basse-Ville
Québec.—1858.” L'ouvrage fut tiré à quinze cents exemplai-
res, et se vendit bien, quoique l'édition fût assez longtemps
sans s’épuiser, Les “ quatre-vingts gravurés sur bois” avaient
coûté à l'auteur la somme de $100, prix que nous trouverions
assez élevé aujourd’hui, où les progrès desarts ont nus à notre
service bien des procédés de gravure que Fonne soupçonnait
pas alors et qui ont joliment détrôné Part du burin.
Ce Traité de botanique est devenu presque une rareté
bibliographique, et peu de mes lecteurs out dû le voir. On
120 LE NATURALISTE CANADIEN
sera content, me semble-t-il, d’en lire ici la PRÉFACE. Le mor-
ceau est assez étendu; mais on aura plaisir à voir l’abbé Pro
vancher commencer dès lors la série des nombreux appels
qu'il adressa,durant plus de trente années, à ses compatriotes
en faveur de l’étude des sciences naturelles ; on y constatera
que, à l’époque où il écrivait, ces études n'étaient guère ré-
pandues encore ; en outre, on verra que, chez lui, le natura-
liste était doubié du chrétien. Ce dernier point de vue est à
noter, surtout à notre époque où la plupart des savants, qui
trouvent tant de choses au bout de leur lurette ou de leur
scalpel, n’ont pas l’idée d’y découvrir seulement l'indice des
perfections du Créateur !
Lisons donc la Préface du premier traité de botanique
publié au Canada :
“ Depuis quelques années, le goût pour l'étude des scien-
ces naturelles semble prendre une expansion toute particu-
lière dans notre Canada. Il est si naturel aussi, pour tout
homme accoutumé tant soit peu à réfléchir, de se demander
compte des phénomènes qui se passent sous ses yeux, dont il
sait souvent tirer parti, et que quelquefois même il peut con-
trôler jusqu’à un certain point.
“ L'étude de la nature est aussi ancienne que le monde
même. Car du moment que notre premier père fut mis hors
de cet Eden où l'avait placé PEternel, il dut réfléchir sur le
parti qu'il pourraittirer des différents êtres qui l’entouraient,
pour la sustentation de sa malheureuse vie, aux besoins de
laquelle il devait dès lors pourvoir. Il dut de suite tourner
ses yeux vers la terre, car la foudroyante condamnation de
Etre Suprême retentissait encore à son oreille : comedes
herbam terre. L'expérience, et peut-être aussi une lumière
particulière, car Dieu n'oublie jamais sa miséricorde, même en
exerçant sa justice, lui firent donc bien vite connaître les
plantes qui pourraient lui fournir des aliments, celles dont il
tirerait ses vêtements, ses outils, ses meubles, ete., le mode
de croissance de chacune de ces plantes, le terrain qui lui con-
vient davantage,ete.,2t dès lors les bases de cette science que
nous app2lons aujourdhui Botanique furent posées. Car
c'est la résumer en deux mots, cette science, que de dire
qu'elle consiste dans |’étude des plantes.
(A suivre) VA B
FORMATION DU SAGUENAY Mol
FORMATION DU SAGUENAY
LE CATACLYSME
ee
(Continué de la page 109)
Il fut résolu de prendre terre le plus vite possible ; ce que
v an \ er , . .
rons fimes apres beaucoup de diffieultés, mais sans accident,
grâce au sang-froid et à Vhabileté de mon compagnon qui,
ayant grande hâte de toucher la terre ferme, avait visé, de-
puis quelque temps, un endroit propice, d’abord facile.
(Ce compagnon, on l’a deviné, c’est Mgr Liflamme, l'adversaire de M.
Dumais sur cette question de Cataclysme ; tous deux, suivant l’ailégorie de
l’Auteur, dont nous abrégeons de beaucoup le développement, vont assister au
fameux bouleversement du territoire siguenéen.
Ils s’apercoivent d'abord que la marée baisse de façon exceptionnellement
considérable; puis une sorte de préoccupation indéfinissable les avertit qu’il se
prépare dans la nature quelque chose de terrible. Rép.)
“ Ne trouvez-vous pas, vous aussi, me dit-il, qu'il y a
quelque chose dans-la nature qui ne va pas ? qui va mal ?
L'air se raréfie, je le sens. Ce calme effrayant qui nous
entoure,comme si la vie était partout suspendue, me fait pré-
sager une réaction terrible!
“ Regardez le soleil, il “se violète”; ses rayons se perdent
en chemin ; ne dirait-on pas qu’il s’éloigne de la terre ?
“ Le ciel se plombe de tous côtés; pas un nuage cependant
à l'horizon, si ce n’est ces nuées d’oiseaux qui ne cessent de
fuir vers le couchant, comme si leur salut était là.
“ Fuyons donc, nous aussi, dans cette direction !
“ Ce sol me brûle les pieds ; mon front glacé s’humecte ;
un pressentiment affreux pèse sur ma poitrine ! Je me sens
nerveux ; mes bras sont forts; je ne sens plus les fatigues du
matin... Embarquons-nous, si vous le voulez, et à la grâce
de Dieu !
yee eee rss se dose cn nes se nm H ewww nn so ns
“ Attendons-nous à des événements qui vont changer,
129 LE NATURALISTE CANADIEN
dans un instant peut-être, toute la face du pays. Puisque
déjà la mer laisse son lit, comme jadis, aux époques reculées,
il faut forcément en conclure que la terre se remue, que sa
croûte se soulève. Qui nous dit que le poids incalculable de
cette mer immense, qui équilibre et maintient les assises du
monde,une fois refoulée,renversée sur d’autres rivages, ne dé-
terminera pas un de ces cataclysmes épouvantables, par Pim-
pulsion subite donnée ainsi a cette puissance incommensura-
le qui agit sous la surtace ? .
“Un mouvement d’exhaussement aussi prononcé et aussi
saisissant, voilà ce qui me confond,
“ De fait.on doit s'attendre à tout,croyez-moi ; il n’y a de
sûreté nulle part ; d’un moment à l’autre c’est la fin qui nous
arrive.
“ Je voulais partir, suivre les oiseaux qui fuient.—Folie !
Chimère ! Sentez vous déjà le sol qui frémit ? Voyez la mer ;
le courant est arrêté, on dirait qu’il se cabre......cest af-
freux !......La montagne s’ébranle.........Regardez cette va-
gue monstre, immense, qui s'élève se... 1”
D’un bond je m’élance vers le canot qui est menacé, le
charge sur mes épaules, monte la rampe et vais le déposer
sous les arbres en arrière de mon compagnon, qui se tient
toujours immobile à la lisière du bois, mais cette fois trans-
figuré, les yeux à fleur de tête, fixes, glacés ; son bras tendu
vers l’est attire mes regards. Malgré mon trouble et l’étour-
dissement causé par l'effort que je viens de faire pour sauver
notre embarcation, je ne puis retenir un cri d'horreur. Un jet
immense de vapeur s'élève au-dessus de la mer comme une
colonne gigantesque ; sortant de ses abimes, elle se rapproche
de nous en se déroulant comme un cyclone destructeur.
A éclat épouvantable des cent tonnerres qui semblent
sortir des entrailles de la terre, aux chocs effrayants des va-
gues profondes qui se précipitent vers nous, noyant la rampe
de leurs flots d’écume, se mêle un grincement inoui, affreux,
qui sort de la forêt comme un râle de suprême agonie. Les ar-
bres, depuis le pin géant jusqu’au faible arbrisseau, s’ébran-
en ds
4
Te Cataclysme—Fo nation le la Baie des Ha! Ha!
124 LE NATURALISTE CANADIEN
lent, s’entre-choquent dans toutes les directions, se croisent,
s’enlacent, s’entre-déchirent pour ainsi dire, oscillant comme
les vagnes de la mer, comme un champ de froment sous les
coups de la tourmente.
Nous-mêmes, nous tenons à peine sur nos jambes,
nous nous protégeons mutuellement en nous appuyant lun
contre l’autre. Nous n’entendons plus nos voix, ou les sons
sétranglent dans notre gorge ; nous tremblons comme des
feuilles au vent, nos dents s entre-choquent à se fendre ; c’est
un frisson qui nous disloque jusqu’à la moelle des os.
Un ébranlement sans pareil, sans nom, nous abîme sur le
sol et nous rejette au loin ; ma tête tourne dans l’espace ; je
vois pins,sapins, cypres, se renverser sur eux-mêmes, comme
sous la faux puissante d’un cyclope ; une vapeur lourde, pé-
nétrante, dérobe enfin à ma vue tout ce qui existe encore ;
mon sang se fige, mon cœur s'arrête ; quelque chose de surbu-
main ébranle tout mon être, mon âme même s’évanouit, je
tombe...
ss... eo ree eee eeee eeeeee ee oe ee ets Cee HHH EERO HEHE HOH sue
La nuit est noire, froide, lugubre. Soudain des éclairs
aux mille dards étincelants déchirent la nue et enflamment
l'atmosphère pour faire place a des ténèbres plus profondes
encore ; les éclats du tonnerre résonnent de tous côtés, sur ma
tête, sous mes pieds, comme mille canons ensemble ; le sol
tremble jusqu'au centre de la terre; les montagnes s’ébran-
lent sur leurs bases ; la mer, par un dernier effort, bondit de
ses abimes, et des torrents déchainés se précipitent des cata-
ractes du ciel comme pour la secourir dans ses derniers mo-
ments.
Ce vacarme effrayant, ce tintamarre épouvantable, capa-
ble de mettre les morts en fuite, me tirent enfin de la profon-
de léthargie où j'étais tomhé.
Mes idées revieannent avec la mémoire du jour terrible
qui a précédé cette nuit plus terrible encore. Le souvenir de
mon compagnon me ramène enfin à la réalité.
(A suivre)
P.-H. Dumais.
AS DTA RNS tr
SAP
LE SUISSE ]
LE SUISSE)
ho
Or
Ce jour-là, mon père m'avait apporté, de la campagne, un
gentil écureuil, que j'avais soigneusement encagé dans une
superbe demeure multicolore—présent de ma grand'mère—et
que je ne me lassais pas de regarder.
Je le trouvais si joli, avec ses yeux luisants, son doux
pelage et le soyeux panache dont il ombrageait sa tête fine! Tl
était si agile, ses bonds étaient si gracieux, ses poses si pleines
de grâce !
Il vécut, hélas ! bien peu de temps, malgré les tendres
soins que je lui proliguai, les nombreuses noisettes que je lui
présentai, le bout de branche dont je l'avais gratifié et qui de-
vait lui rappeler la forêt natale ! IL vécut, hélas ! bien peu de
temps et sa mort mit un long regret dans mon cœur d'enfant!
Mais tout passe ici-bas! D’autres soucis s’en vinrent
m'occuper et mon gentil écureuil fut oublié !.....
*
x *
Ce matin, pourtant, dans le bois où le printemps mettait
ses parfums et sa verdure, Je me suis rappelé mon écureuil et
j'ai revu en un moment sa gracieuse agilité, son pelage si doux,
son ceil de feu et son soyeux panache! Sur un tas de branches
mortes, posté sur ses pattes de derrière, un “suisse” me regar-
dait : À
“Sciurus quadrivittatus,” disent les gros livres des sa-
vants, ; “ sasdkawabiskus”’, prononcent les sauvages, tout en
mangeant sa chair blanche et tendre ; “ gopher,” répondent bru-
talement les Anglais, tandis qu’un certain patois franco-indien
l'appelle pisân ” !
Mais la palme revient sans contredit à l’appellation
“ suisse ” et c’est le nom vulgaire sous lequel ce petit écureuil
est connu dans le Canada entier. Pourquoi “ suisse ”? Est-ce
par allusion à ce personnage empressé et toujours vigilant qui,
dans nos temples saints, a pour mission de faire respecter la
17—Août 1895.
126. LE NATURALISTE CANADIEN
majesté du lieu ? Ou encore cette dénomination étrange vient-
elle d'Europe, à la couronne de laquelle la Suisse est une des
plus belles perles ?
Je ne sais, et ne veux point décider le litige; quelle que
soit l’origine du nom, j'aime mieux constater que le suisse est
parfaitement connu ici et que, dans certaines provinces, 1l pul-
lule, au point que sa présence menace d’être considérée comme
un fléau public!
#
* *
Ce matin done, je le regardais qui trônait sur son tas de
branches mortes. Posté sur ses pattes de derrière, la queue en
panache relevée sur le dos, l'œil fixe, les oreilles dressées, il me
regardait fixement. De temps en temps, quand une ébauche
de geste de ma part lui semblait être une menace, il poussait
“un petit cri aigu et ses babines se gonflaient; ses yeux luisants
avaient comme un éelair : on aurait dit que la colère, mêlée a.
une certaine peur, le possédait : Alors il essayait de se sauver:
il bondissait parmi les branches sèches, s’enfonçait sous
elles, revenait, disparaissait, revenait encore, jusqu’à ce qu’un
mouvement de ma part le ramenait à son poste.
Je me plaisais à remarquer la beauté étrange de son pe-
lage barré, l’agilité de ses gestes, la finesse et l'intelligence de
ses/petits yeux ardents, tandis que sa queue en panache—aus-
si longue qüe son corps—allait et venait, en brusques mouve-
ments !
Je m’approchai : il disparut ; je m’arrétai, il reparut ; je
fis un geste, il eut un cri étranglé de colère angoissée ; je refis
un autre pas, d’un bond il quitta son tas de branches sèches,
et vif, comme l'éclair, il eut vite fait de gagner un trou dans
la terre, au pied d’ux grand érable.
Je m’y postai : par deux fois, à l’orifice de cet abri sou-
terrain, il vint me montrer son museau de rat, mais au moin-
dre mouvement, avee une rapidité étonnante, il s'enfonçait
dans sa cachette et pendant que je le gucttais encore, jenten-
LE SUISSE | 127
triom-
dis soudain à quelques pas plus loin son petit eri aigu
phant, cette fois, mêlé d’une certaine intonation moqueuse !—
C’en était trop! je bouchai les deux trous et j’attendis,
non sans satisfaction, car je croyais l’avoir emprisonné pour
toujours ! J'attendis et—étonnement des étonnements—, au
bout de quelque temps, je vis mon suisse sortir de ‘terre, non
loin de 1A, par un autre trou qu'il s’était creusé de ses griffes
pointues !
* *
*
Ah ! ilest vaillant, le petit suisse ! S7il s’enfuit devant
l’homme, il lui arrive souvent de tenir tête au chat, au chien,
même au blaireau, son plus cruel ennemi! Naturellement,
presque toujours, la raison du plus fort est la meilleure, mais
le suisse ne meurt peint sans défense !... Travailleur, il l’est
sans doute et plus d’un, qui le voit flâner à travers champ, se
trompera en croyant que le beau soleil et l’amour du dolce far-
niente seuls iy amènent ! Car c’est dans ces excursions nom-
breuses et sans cesse renouvelées que le “ pisân ” se ramasse, t
pour lui et pour sa nombreuse famille, les provisions d’nn hi- :
ver toujours long et rigoureux! Dans l'endroit le plus retiré de
sa galerie souterraine, il dépose son butin et c’est là que, dans
les jours de neige et de gel, la famille entière, après un bon
somme, trouvera de quoi apaiser sa faim ! >
Mais c’est là aussi que le blaireau sait trouver le suisse ;
il conniat sa manière de vivre, il sait qu’au fond de la maison
du petit écureuil, i! trouvera du pain et de la viande, et incon-
tinent, de ses grosses pattes terriblement armées, il se met à
gratter la terre jusqu’à ce qu’il arrive an gîte : l'entrée de la
chambre à coucher du suisse est impitoyablement violée et
après une lutte acharnée, mais courte, la famille entière passe
dans l'estomac du blaireau, qui met à sac aussi les nombreuses
provisions !
# %
*
Ah! ce n’est certes pus la mort que le suisse avai rêvée !
128 LE NATURALISTE CANADIEN
Dans un beau rayon de soleil, qu’il aime tant, il aurait voulu
s’éteindre, le long d’une touffe d'herbes vertes, ruisselantes de
rosée ! Le gazouillement des oiseaux, cachés dans les branches,
aurait, pour la dernière fois, retenti à ses oreilles encore atten-
tives, tandis que la mort serait venue, donce et sans secousses,
le faire passer dans un monde meilleur, loin des blaireaux aux
oriffes puissantes, loin des chats hypocrites, des chiens énor-
mes et des hommes trompeurs !
* *
*
Pauvre suisse ! Et comme si ce n’était assez de tou-
tes ces misères,d'autres choses plus terribles encore viennent
tronbler sa quiétude ! Les journaux agricoles ont découvert que
le “ pisân ” osait souvent, dans les champs de blé, commettre
des maraudages sans nombre! Les ministres d’agriculture ont
répété les cris d'alarme des journalistes en quête de la mé-
daille du Mérite agricole ; et les municipalités rurales —farou-
ches gardiennes des terres et des cultures—ont délivré à tous
les fermiers des bouteilles remplies de poison !
De par la loi, on fait au suisse une guerre atroce : le poi-
son est jeté partout; et le pauvre écureuil, qui se croit au mi-
heu des plus grandes délices, boit et mange sa mort ! Le brin
d'herbe dont il suce les gouttes de rosée pour étancher sa
soif, le jeune blé tendre qu’il mange pour apaiser sa faim, tout
pour lui est poison ; et bientôt on le voit, se trainant à peine,
venir mourir, étendu sur le dos, les pattes en l'air, dans le
sentier dans lequel peu de temps auparavant il trottinait
gaiment !(*%)
* *
*
La mort seule est capable de lui faire expier ses forfaits !
Et, en toute conscience, le suisse souvent mérite la mort, car
il n’est point d’ennemi plus terrible pour les cultures. II se
(*) Le Suisse, Tamia quadrivittata, Less., ne paraît causer aucun dommage
sérieux dans nos campagues de la Province de Québec ; aussi ce n’est pas notre
Code dont. Tielemans signale les rigueurs à l'égard du charmant petit qua-
drupéue.—Ré£p,
LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBÉ PROVANCHER 129
multiplie tellement vite que,sans la guerre acharnée qu'on lui
fait, il serait bientôt une calamité pour la région qu'il habi-
te! C’est la onzième plaie d’ Exypte ; comme le cheval d’At-
tila, le terrible roi des Huns, partout où il passe, l'herbe ne
Et pourtant, il est si joli, avec ses yeux luisants, son
doux pelage barré, sa queue en panache dont il ombrage sa
tête tine! J'aime tant l’agilité de ses mouvements, la finesse
et l’intelligence de ses petits yeux de feu, la grâce sans riva-
le de ses bonds et de ses poses! Qiand, posté sur ses pattes
de derrière, sur un tas de branches, dans le bois où le prin-
temps metsa verdure et ses parfums, ilme regarde fixement:
il me rappelle—doux souvenir de mon enfance blonde—le
gentil écureuil que m'avait apporté mon père et qui mourut
si vite dans la superbe cage multicolore, malgré le bout de
branche qui devait lui rappeler la forêt natale!....
HENRI TIELEMANS.
— OO —
LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABB,
PROVANCHER
ORDRE DES HYMENOPTERES
Fam. XVL—LARRIDA
Larre à pieds roux. Larra rufipes, n. sp.
Q—Long. .42 pce, Noire avec abdomen roux,la tête et le
thorax avec efflorescence argentée. La face argentée, le chaperon
poli, brillant, peu ponctué, marginé d’une ligne rousse en
avant ; mandibules rousses, excepté à l'extrémité ; le scape
aussi taché de roux en dessous. Thorax très finement pone-
tué, le métathorax avec poils blancs sur ses côtés et pres de
l'insertion de l'abdomen. ÆEcailles alaires testacées. Ailes
Es
130 LE NATURALISTE CANADIEN
hyalines,.à nervures brunes. Pattes rousses, tarses antérieurs
frangés de longs poils roux et raides, les hanches ; les 4 cuisses
antérieures, avec l'extrémité des tarses, soir ou brun foncé ; les
cuisses intermédiaires plus ou moins rousses en dessous. Abdo-
men conique, roux saus aucune tache, les 3 seuments basilai-
res avec une ceinture apicale plus au moins argentée ; le ter-
minal triangulaire, caréné sur ses côtés ; tarière distincte, rous-
se.— [Los Angeles (Coquillett),
Belle espèce bien distincte par sa coloration. (*)
Liris magnifique. Liris magnifica, n. sp.
d—Long. .55 pee. Noire tachée de jaune; toute la face,
Vextrémité des mandibules exceptée, ia base des antennes en
dessous, le scape entièrement, une grande tache en croissant
sur le vertex, les joues, le prothorax, les écailles alaires avec
2 taches au-dessous, une grande tache sur les flanes, quatre
lignes sur le dos du mésothorax, les 2 intérieures s’approchant
de l’écusson, une tache sur l’écusson disjointe au milieu, une
petite ligne oblique de chaque côté en avant, le post-écusson
avec une line sur les angles du métathorax et une grande tache
sur les côtés à la base, jaune. Ailes enfumées-roussâtres. Pat-
tes jaunes avec les trochantins,le dessus des hanches et la base
des cuisses,noir. Abdomen fortement ponctué excepté à l’ex-
trémité, les sutures noires et fortement enfoncées, celle à la
Suite du ler segment plus fortement que les autres, la base
de celui-ci noir, tout le reste jaune.—Los Angeles (Coquil-
lett). (*)
iris wragucuse. Loris rugosa, n. sp.
fg —Long. .50 pce. Noire, tachée de jaune, ponctuée-ru-
gueuse très densément sur le vertex et le thorax, moins pres-
sées sur l’abdomen, la face entièrement, la base des antennes,
uue tache en arrière des yeux, le prothorax, les écailles alaires,
Jes tubercules avec une tache en arrière, le post-écusson, jaune
citron; les mandibules noires portant à leur base une toutfe de
poils-roussâtres. La base du métathorax avec poils blancs.
(*) Type au Musée du Parlement, Québec.
\
|
AN ati date oa
SARTO iQ
BIBLIOGRAPHIE 131
Ailes hyalines jaunâtres avec les nervures brun jaunâtre, le
= stigma jaune, la 1ère cubitale aussrlongue que les 2 autres
: réunies. Pattes jaunes avec les hanches noires, les cuisses à la
base roussâtres, quelquefois tachées de noir. Abdomen avec
une bande jaune très fortement ponctuée sur tous les segments,
, ne laissant que les sutures et les marges noires ; dessous
noir. —£os Angeles (Coquillett). (*)
A part la brunneipes que Cresson donne comme douteu-
se, ce sont les deux premières espèces américaines décrites.
0 (ai
LE PROGRES DU SAGUENAY | }
Nos compliments et bons souhaits & notre confrere de
Chicoutimi, qui vient d’entrer dans sa Je année. Ce journal ‘|
rend de grands services à la région du Saguenay, par la fa-
con intelligente dont il pousse, en cette partie du pays, les
intérêts de l’agriculture et en particulier de l’industrie laitié-
re.
ne — () —
BIBLIOGRAPHIE
Nous accusons réception, avec reconnaissance, des ou-
vrages suivants : A
—Oraison funèbre du Cle de Frontenac, prononcée à Ry,
Québec par le P. Ol. Goyer en 1698 publiée pour la première |
fois en son entier. Les bibliophiles sauront gré à M. P.-G.
Roy, Directeur du Bulletin des recherches nus de cet-
te intéressante publication.
— La vallée dela Matapédia, par pees Buies, Québec,
1895. Belle brochure de 52 pages qui contient |’historique
et la description des points les plus intéressants de la Mata-
pédia, récemment ouverte à la colonisation. Bon nombre de )
photogravures viennent au secours du texte ; et le texte,c’est
du Buies ! ce qui est bien assez dire. ‘À
(*) Type au Musée du Parlement, Québec.
152 LE NATURALISTE CANADIEN
— Pour la Patrie, roman du XXe siècle, par J.-P. Tardi-
vel, Directeur de la Vérité, Montréal, 1895. La partie typo-
graphique de ce volume fait vraiment honneur à la maison
Cadieux & Derome, qui l’a édité. Que dire de l'ouvrage lui-
mème, avec le peu d'espace dont nous pouvons disposer ici...
Livre d’une lecture très attachante ; livre si catholique et si
canadien-français ; livre qu’il importe de répandre à profu-
sion, à cause du bien qu'il fera, en particulier parmi la jeu-
nesse instruite. Nous engageons instamment nos lecteurs à
le demander à Cadieux & Derome, Montréal (80 cts franco).
—Le fort et le château Saint-Louis, par Ernest Gagnow
Québec, 1895. Que de noms propres, de dates et de cita-
tions il y a là! Cela signifie que ce beau volume a coûté
beaucoup à son auteur, mais non que la lecture en est aride ;
au contraire ! M. Gagnon est à la fois l’un des plus érudits
de nos compatriotes, et l’un de nos lettrés les plus délicats et
les plus spirituels.—A joutons que,sans en avoir l’air,son ouvra-
ge est, en réalité, une histoire du Canada. Nous ne nous en
plaignons certes pas.
— Bulletin of the Geological Institution of the Univer-
sity of Upsala (Suède), Vol. I, Part 1, 1894, No:
— Proceedings of the Academy of Natural Sciencss of
Philadelphia, part 1, 1895. |
— Proceedings of the California Academy of Sciences,
Vol. IV, part 2, 1895.
— Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, 5e série,
Tome VI, 1893.
Missouri Botanical Garden, sixth Annual Report,
1895.
— Agricultural Investigations at Rothamsted, En-
gland, during a period of fifty years, U.S. Dept of Agric.
1895.
= =
EF Nous n'avons pu recevoir à temps la chronique sur
la PHOTOGRAPHIE, destinée à ce numéro. Au mois prochain !
be Ee
Naturaliste Canadien
{
j
VOL. XXII (VOL. Il DE LA DEUXIEME SERIE) Noo
Chicoutimi Septembre 1895
Rédacteur-Propriétaire : l'abbé V.-A. HUARD
L ABBE PROVANCHER
'[Continué de la page 120]
“ Mais de méme qu’on peut élever des aumailles, dresser
et conduire des bêtes de somme, etc., sans être naturaliste ; de
même aussi on peut faire croître des céréales, fabriquer des
toiles, planter des vergers, etc., sans être botaniste. La Bota-
nique donc ne consiste pas tant dans la connaissance qu’on
peut avoir des avantages qu’on peut retirer de telle ou telle
plante en particulier, que dans la connaissance des lois qui ré-
gissent les plantes en général, dans le but de pouvoir se ren-
dre compte de leur organisation, et de leur trouver-de nouvel-
les applications, ou, du moins, de perfectionner et de rendre
plus profitables les applications qu’on est habitué à en faire. La
Botanique est done tout à la fois une science d'utilité et d’agré-
ment. D’utilité, en ce que nous appliquons ses connaissances aux
ressources directes que nous offrent les plantes pour les divers be-
soins de la vie. D’agrément, en ce que nous renfermant dans
les bornes de la science même, abstraction faite de toute ap-
plication, nous recherchons les lois posées par l'Eternel à la
vie des végétaux, nous admirons sa sagesse, sa puissance, sa
providence, qui ne sont pas moins grandes dans l’organisation
d’un brin de mousse ou d’une tête de champignon que dans
l’ensemble des lois qui régissent ces globes lumineux, ces au-
tres mondes qui se promènent dans l’espace au-dessus de nos
têtes, et dont l’astronome sait dicter le mouvement et prédire
les révolutions.
“ Nous venons de dire que le goût pour l'étude des scien-
ces naturelles se manifeste de plus en plus dans notre pays.
Ce serait méconnaitre l'avenir de notre jeune patrie et lui re«
18—Septembre 1895,
A ROR ae OD © ae LER
? | qu a
134 LE NATURALISTE CANADIEN
trancher des sources de prospérité et de grandeur, que de ne
pas favoriser ce penchant pour l'étude d’une branche des con-
naissances humaines trop peu encouragée jusqu'à présent dans
nos maisons d'éducation, même dans celles de la première
classe, Et nul doute que la manifestation de ce nouveau pen-
chant ne vient que de ce que quelques personnes se sont déjà
appliquées à faire ressortir ce vide dans nos cours d’études, et
de ce que aussi la population, laisance, la richesse se multi-
pliant dans notre pays, invitent un plus grand nombre de per-
sonnes à s'occuper d'études qui ne tendent pas directement ou
nécessairement à assurer l'existence de ceux quis’y consacrent.
“ Nous croyons done remplir une lacune dans la biblio-
graphie de notre pays en offrant au publie le présent traité. L'é-
lève du coliève, de l’école normale, Vinstituteur et lamateur y
trouveront dans un résumé de quelques pages seulement les
principes d’une science infiniment attrayante sous bien des
pens et qui devra bientôt, sile moment n’en est pas enco-
e arrivé, faire partie de toute bonne éducation. Nos voisins
i l'Union Américaine enous ont déjà devancés dans l’étude de
cette science, et ils en poursuivent le cours à pas de géants.
C’est à tel point que des traités élémentaires de Botanique, ti-
rés jusqu'à 16,000 exemplaires, se sont rendus en moins de
‘douze ans, jusqu’à leur quarantième édition, La science qu à
immortalisé les Linné, les Tournefort, les Jussieu, les De Can-
dolle, les Richard, les Lindley, ete,, a déjà trouvé, nous. Je sa-
vons, grand nombre d’admirateurs dans notre pays ; mais Pétu-
de en était difficile, Les rares traitésqu'on en importait de
temps à autres n'étaient pas destinés à des personnes qui na-
vaieut die eu lavantage de recueillirles rudiments de cette
science de la bouche d’un maître, et les exemples qu'on'y . ¢l-
tait pour faciiiter l'intelligence des préceptes, étaient le
plus souvent choisis parmi des plantes que nous ne possédons
pas, ou que da moins nous ne savons pas encore assez dis-
tinguer., Nous nous sommes done efforcé de parer à tous ces in-
convénients. L’amateur, sans autre guide que notre traité à la
main, se rendra compte sans peine de la description de toute
plante quelconque et pourra s s'initier lui-même à da connais-
sance de toutes ies lois qui révissent la vie des végétaux. Des
uravures exécutées avee précision lui faciiiteront l intelligence du
texte, et les exemples cités auront toujours rapport aux plautes
les plus communes et les mieux connues.
“La langue botanique est un sérieux obstacle à l'étude
L'ABBÉ PROVANCHER 15
de cette science pour ceux qui n’ont aucune connaissance de
la langue grecque ou latine ; dans le but d’obvier autant que
possible à cet obstacle, nous avons indiqué entre parenthèses:
les racines d’où dérive ehaque mot technique, chaque fois que
nous l’avons employé pour la première fois. Comme ces racines
ne sont pas très nombreuses, et sont souvent répétées, le lec-
teur en les remarquant bien dès les premières fois pourra en
ès peu de temps se les rendre familières. Les noms de nom-
bre grecs avec cinq ou six prépositions des plus usitées en for-
ment presque tout le fond.
“ Peu de pays, pensons-nous, sont aussi pauvres que le
Canada en fuit de connaissances en Botanique. C'est à tel
point que les personnes même les plus instruites ignorent jus-
qu'aux noms des plantes les plus communes, de celles que nous
ne pouvons nous empêcher de fouler aux pieds en fesant seule-
ment un pas dans la Campagne, Beaucoup de ces plantes
n’ont pas même de nom vulgaire, Le Gonet, (Arum), lEri-
throne, le Gaillet, (Galium), la Berce, (Heracleum), la Benot-
, (Geum), le Pigamon, (Thalictrum), ete.,sont de ce nombre,
Sans doute qu’on ne s’attend pas à pouvoir trouver les
noms de toutes les plantes qu’on pourra rencontrer au moyen
du présent traité, car autre chose est un recueil de préceptes
de Botanique, et autre chose une flore ou catalogue des-
eripuf des plantes. Mais eût-on entre les mains la flore la plus
compiète, si on ne possède pas bien les principes de la science,
on ne pourra jamais recounaitre les plantes qui y seront dé-
crites, Qu’on commence done par se mettre bien au fait des
préceptes de la Botanique et alors au moyen d’une flore on
pourra trouver les noms de toutes les plantes qu’on pourra
rencontrer ; les caractères particuliers qui les distinguent, et
les clefs analytiques qu’on a lmaginées, permettent de les
identifier facilement,
“ Si nos nono nous permettaient de consacrer plus
de temps à l’ésude que nous avons entreprise des plantes de
notre pays, peut-être pourrions-nous assez prochainement pu-
blier le résultat de nos recherches en jetant les bases d’une
Flore Canadienne.
“ Nous estimerons toutefois heureux si en livrant au pu-
blic aujourd’hui le résultat de nos ésudes favorites, nous par-
venons à faire partager notre goût, par la jeunesse de notre
pays, pour une science à laquelle ja médecine, Vin-
dustrie et les arts en général sontsi redevables, et qu’on
136 LE NATURALISTE CANADIEN
ne peut étudier sans se sentir porté à chaque instant à admi-
rer et à remercier cette providence infinie qui n’accorle pas
une moindre attention à la reproduction du plus petit être or-
ganisé, qu'à la conservation de ces milliers de mondes qu’elle a
créés d'un mot,
St. Joachim, Septembre, 1858. ”
(À suivre) N:-A° EE
— — OO
UNE ENQUETE SUR LE SERPENT DE MSR
I] ne reste plus guère que le NATURALISTE et les revues
de piété qui n’ont pas parlé du Serpent de mer. Pour une fois,
faisons trève à la gravité scientifique que l’on doit remar-
quer. en une vieille Revue comme la nôtre, et parlons du Ser-
pent de mer.
Avant de présenter à nos lecteurs le spécimen encore
“inédit” qui se promena un jour dans le bas Saint-Laurent,
faisons un peu l'historique de la question. Quand un sujet
touche à l'histoire par quelque côté, il est souvent utile de
rechercher si les annales du passé n’ont pas quelque lumière
à projeter sur le présent. C’est tout à fait le cas pour la ma-
tière dont nous entreprenons l'étude.
Il ne paraît pas que les naturalistes de lantiquité, ni
ceux du moyen âge, ni ceux de l’âge moderne, avant le siècle
où nous sommes, aient connu le Serpent de mer. I était ré-
servéà nos contemporains de le découvrir ; et ce fut un journal
de Paris, le Constitutionnel, qui le fit connaître à son pu-
blie en 1843. L'invention fit fortune ; beaucoup de gens, qui
ne trouvent jamais les miracles assez prouvés, furent sans
peine convaincus de l'existence du fameux animal, et dès lors
on se mit à rencontrer des Serpents de mer un peu partout.
Ce fut une précieuse ressource pour les chroniqueurs des jour-
naux, qui ne se firent pas faute d’exploiter la veine, Tout
poisson de grande taille, dont on ignorait le nom, devint un
Serpent de mer ; et, en avant la chronique ! Si la confession
UNE ENQUÊTE SUR LE SERPENT DE MER 137
publique était obligatoire, nous devrions nous-même avouer
que nous avons sur la conscience certaine peccadille de cette
sorte, à propos d’un Cétacé quelconque qui s'était aventuré
jusqu’à la Baie des Ha ! Ha lil y a déjà nombre d'années,
et qui nous fournit la matière d’un article de rédaction assez
peu scientifique. Ilest sûr que beaucoup de ces histoires de
Serpent de mer ne valent pas davantage.
Nous avons eu l’idée de compuiser nos Serap-Books scien-
tifiques, qui renferment tout ce que nous avons trouvé, en
fait de science, sur les journaux, depuis 1861 jusqu'à 1895, et
de rechercher à quelle époque la “ maladie” du Serpent de
mer à commer cé à prendre, dans notre presse, les alarman-
tes proportions qu’elle à aujourd’hui.
Voici le résultat de cette enquête.
D'abord, de 1861 à 1880, nous ne trouvons absolument
aucune mention du fameux Serpent. Il est vrai que durant
ce laps de temps nous n'avions qu’un petit nombre de jour-
naux à notre disposition, pour la confection de nos Scrap-
Books. Cela indique: bien tout de même qu’on ne parlait
guère, à cette époque, du monstre marin.
1880 —Le premier Serpent de mer que nous trouvons
mentionné est un fossile. Le Canadien du 21 septembre
1880 en parle d'après les Journaux anglais, à ce qu'il dit.
“On a souvent parlé du serpent de mer; mais, maloré
tout ce que Pon a publié au sujet de ce monstre, bien des
gens doutent de son existence. Néanmoins, ceux qui connais-
sent le mieux le passé de notre planète sont peut-être plus
enclins que les autres à croire à l'existence de ce géant des
mers. 1ls reconnaissent qu'il est probable qu'un grand ser-
pent habite actuellement nos océans, où il est le dernier re-
présentant de la période crétacée ou de quelque autre pério-
de moins ancienne.
“Tl est certain qu'ila existé autrefois des serpents de mer
gigantesques, et le fait est prouvé par la récente découverte
du professeur Mudge, qui a trouvé ces serpents à l’état de
138 LE NATURALISTE CANADIEN
fossiles dans les couches de sable du Kansas et du Colorado,
et les a fait déposer au Musée d'histoire naturelle de New-
York .... Les plus grands serpents fossiles ont été découverts
près de Canon City dans le Colorado, et les os des vertèbres
qui se sont conservés prouvent qu'un (de ces) animaux de-
vait atteindre une longueur de deux cents pieds. En traver-
sant un jour à cheval les mauvaises terres du Colorado, M.
Mudge ne découvrit pas moins de dix squelettes gigantes-
ques qui blanchissaient dans ces plaines.”
Eh bien ! qu’en dit-on ? La preuve est-elle assez forte ?
Puisque le Serpent de mer a existé dans les Ages. précédant
le nôtre, pourquoi n’existerait-il plus aujourd’hui ?—D’autre
part, si nous n’avons affaire ici qu'à un fumiste, il a remporté
la palme du genre, et son “record” n’a pas été battu depuis,
où l’on a rien inventé d'aussi original. En tout cas, puisque
ces fossiles ont été déposés au Musée d'histoire naturelle de
New-York, ils doivent s’y trouver encore. Beaucoup de nos
gens vont se promener à New-York, chaque année, et quel-
qu'un devrait bien prendre la peine d'aller voir à ce Musée
si ies fossiles intéressants, découverts par M. Mudge, s’y trou-
vent vraiment.
1881—C’est encore le Canadien qui nous fournit une
nouvelle contribution à l’histoire du Serpent de mer. En
son numéro du ler avril, on nous y raconte qu’un capitaine
de goélette a vu dans ie fleuve Saint-Laurent, entre la Mal-
baie et Kamouraska, un énorme poisson qui “paraissait avoir
cinquante pieds de long, avec une tête semblable à celle d’un
requin et de longues arêtes sur le dos.” On ne dit pas formel-
lement, il est vrai, que c’est le Serpent de mer ; mais il n’im-
porte ; la chose paraît assez. Le 2 avril, le journal constate
l'intérêt que le Chronicle a pris à la question, et classe le
monstre dont il a parlé dans la famille des “poissons d'avril !
Le 4, il enregistre, pour l’histoire, que le Nouvelliste, ? Evéne-.
ment, le Courrier de Montréal et le Daily Telegraph ont
donné dans le piege.—Infligeons ici un blâme solennel à la
mémoire du Canadien, qui osa faire de la fantaisie dans un
PA Le ine oo ta) Sade
TNT),
UNE ENQUETE SUR LE SERPENT DE MER 139
si grave sujet. Le journal est décédé, depuis cette époque. Il
ne l’a pas volé. On ne se moque pas impunément de la
Science.
—Le Quotidien du 9 août cite le Moniteur acacdien.
Sur terre, près du Cap Pelé, deux hommes rencontrent un
serpent noir, de 15 à 18 pieds de longueur, gros co nme un
tuyau de poêle ; “la gueule béante laissait sortir deux dards
d'environ six pouces de longueur. ” Brrr! “On suppose
(ajoute-t on avec beaucoup d’a-propos) que ce monstre séjour-
ne habituellement dans un petit lac situé tout près, et d’où
Yon entend la nuit un bruit singulier qu’on ne savait à quoi
attribuer avant la découverte que nous venons de relat:r”
Cet amphibie n’est pas encore tout à fait le Serpent de mer ;
il y a une nuance, puisqu'il habiterait l’eau douce. Concilions
tous les intérêts en disant que c’est un Serpent de lac, une
variété de l'espèce principale.
— Voici qwiin’y à plus à rire. Quand on déerit un objet,
c’est que cet objet existe, n'est-ce pas ? C’est élémentaire. Eh
bien, la Vérité du 3 novembre 1881 reproduisait, sous le titre :
“Est-ce un canard ?” la description d’un Serpent de mer, “ vu
et dessiné par M. C. Renard, de Paris, ccrrespondant du Mon-
de illustré, à bord du steamer The Don ”
“ Le monstre paraît mesurer entre quarante et cinquan-
te mètres de la tête à la queue, autant que ses nombreux re-
plis peuvent permettre une appréciation approximative. Le
corps semble couvert, à partir de de dorsale jusqu’a mi-
ventre, de plusieurs rangées d’écailles ou de peau rugucuse
comme cel'e des requins, mais cependant formant des écailles
par couches super: posées. Le dos est très foncé et va en tein-
tes dégradées jusqu'au ventre, qui est d’un gris sale. Tout
le corps est strié de bandes transversales alternées, vert fon-
cé, marron et gris ; la queue semble s’amincir en lance, com-
me celle des aaguilies.
“ La tête n’est pas ovale et légèrement pointue, comme
dans la plupart des serpents ; elle forme au crâne une grosse
masse à contours rugueux et irréguliers. A partir de locei-
put, elle est garnie d’une crête rigide, mobile, et dont les
pointes parals sent très acérées : ; cette crête peut se coucher
sur la nuque eb le cou, de manière à devenir invisible. La
NAIL VAL TA
tha pm yey
AL fire
NES
140 LE NATURALISTE CANADIEN |
mâchoire inférieure avance ; la partie supérieure se recourbe, au
bout, sur elle-même, et elle est garnie d’une cavité sombre ;
on dirait une narine ; la partie inférieure plus pointue, pré-
sente au-dessous des lignes concaves et convexes, indiquées
comme poches, pour la déglutition, sans doute. Les dents sont
pointues, énormes et très blanches. Du fond de la gorge, et
d’une espèce de bourrelet, émerge une langue rigide, pointue,
garnie de ventouses apparentes et jetant des reflets à la fois
bleutés comme l'acier et phosphorescents comme la mer à
certaines heures ; l’œil est rond, très lumineux, très mobile,
et paraît doué de la faculté de voir en arrière, tant les évo-
Jutions de Panimal sont rapides et bien combinées ; l'orbite
est entouré d’un cercle plus clair et semble abrité sous une
arcade sourcilière garnie de poils ou de piquants.
“La face, depuis le mufle jusqu’au cou, présente une li-
gne latérale oblique, grise, sur laquelle viennent se greffer de
chaque côté trois autres lignes semblables,
“Le déplacement de l'animal, dans Peau, ne semble pro-
duire aucun bruit, mais un remous ondulé, suivi d’un léger
clapotement.
“Il rend une odeur d’une fétidité telle, que c’est à en être
malade >” etc.
Remettons à un prochain numéro la suite de cette en-
quête, qui prend des proportions que nous ne prévoyions pas.
(À suivre)
Ce rer
oO
LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABBE
PROVANCHER
ORDRE DES HYMENOPTERES
—
(Continué de la page 131)
Fam, XVII NYSSONIDÆ
Gorytes taché, Gorytes maculatus, n. sp.
?—Long. 30 pce. Noir, densément ponctué: le vertex en-
tièrement noir, le chaperon, 2 courtes lignes orbitales au-dessus,
LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L’ABBÉ PROVANCHER 141
le labre, les mandibules excepté à l'extrémité, le scape avec 4
ou 5 articles des antennes en dessous, le collier, les tubereules,
une tache en arrière, une antre en dessus à l'insertion des ai-
les, une ligne sur l’écusson, une tache sur les angles du méta-
thorax, jaune-citron, Ailes hyalines avec une tache brune
couvrant la radiale, Pattes jaunes, les hanches, excepté une
petite tache en dehors, la base des cuisses avec l’extrémité des
jambes et des tarses postérieurs, noir. Le dos du métathorax
fortement strié, les parties à la suite grossièrement ponctuées.
Abdomen avec une bande jaune au sommet de tous les seg-
ments excepté le terminal, ces bandes élargies sur les côtés. —
Los Angeles (Coquillett). (*) |
Hoplise étroit. JJoplisus angustus, n. sp.
9—Long. .35 pce. Noir avec taches jaunes. Le chape-
ron, les mandibules excepté à l'extrémité, ane tache au milieu
au-dessus du chaperon, les côtés de la face jusqu’au-dessus des
antennes, le seape de celles-ci, le collier, les tubercules, une ta-
che en arrière le post-écusson, une tache sur les bords du mé-
tathorax, avec les pattes et une bande au sommet de tous les
segments abdominaux, excepté le dernier, jaune ; écailles alai-
res testacées avec une petite tache jaune en avant et une au-
tre en dedans. Métathorax sillonné longitudinalement dans
l’espace renfermé et lisse en dehors. Ailes hyalines jaunà-
tres, les nervures brunes, le stigma jaune, Pattes jaunes, les
hanches, excepté au sommet, une ligne en dessus des cuisses
avec les jambes postérieures excepté en dessous, noir ; l’extré-
mité des tarses postérieurs aussi noire, Abdomen cylindri-
que, allongé, étroit, la bande jaune des trois segments basilai-
res plus ou moins échancrée au milieu antérieurement, —Los
Angeles (Coquillett). (*)
Fam, XVIII—CRABRONIDÆ
Anacrabro resserre. Anacrabro constrictus, n.sp.
£—Long. .15 pee. Noir, le chaperon avec un duvet ar-
genté, les mandibules blanches, la téte plus large que le tho-
(*) Type au Musée du Parlement, Québec,
19—Septembre 1893,
LE NATURALISTÉ CANADIEN | EE DE
|, CAN ES À :
i ‘ whe |
rax, lévèrement rétrécie en arrière. Le métathorax avec un Bi,
. petit sillon au milieu. Ailes hyalines, les nervures etle stig- © |
Hume, noir ; ; la lere cellule discoïdale plus are ae la 2e. Pat-
po. et ies ee ‘paths Abdomen eee sis ye
dé, déprimé, ovalaire, étranglé aux sutures, son extrémité brus- + LA
“AS quement atténuée et rabattue. —Los Angeles (Coquillett). (ih) si
hi ; Espèce bien remarquable par son abdomen resserré aux _
17) sutures,
i Anmacrabro lisse. Anacrabro levis, n. sp.
_ $—Long. .10 pee. Noir poli, lisse, les mandibules blan-
ebes avec l’extrémité noire, le chaperon avec une proéminence
- globulense nue, noire au milieu, ses côtés avec duvet argenté.
| Thorax sans aucune tache, le métathorax avec un petit sillon
ur le dos, Ailes hyalines ; les nervures et le stigma, noir; les.
écailles alaires aussi noires. Pattes noires avec les en pa-.
les. Abdomen sessile, poli, brillant, convexe, à peine resserré
aux sutures, terminé en pointe droise,—Les Angeles (Coquil-
Bien distinct du précédent par sa plus*petite taille et la
… forme de son abdomen, ae
.:
L'ARBE PI PROVA ANCHER
La dernière livraison (No. 7) de ’ Entomological News,
ey de Philadelphie, contient un excellent portrait demi-ton de
l'abbé Provancher, et l'accompagne d'une sympathique notice
de ; t
a * biographique, que nous reproduisons iei avec plaisir. ;
| es (TRADUCTION)
“ Feu l’abbé Provancher, dont nous sommes heureux de
présenter le portrait à nos lecteurs, en cette livraison, naquit
a.
LE ‘
id
VS
. en 1820 à Bécanconr, Québec. Son principal ouvrage d’ento-
À _ mologie est la “ Faune entomolouique du Canada’, en tris vo-
a3 {
- lumes, traitant des Co‘éoptères, Orthoptères, Névroptères, Hy-
_ ménoptéres et Hémiptères, Cet ouvrage, commencé en 1874,
#
(*) Type au Musée du Parlement, Québec.
a; à I Hi a
BONNE CHASSE |
fat terminé en 1890. On comprend mieux ce que cette œuvre de
a de colossal, lorsque l’on est au fait des désavantages au mi-_ |
leu desquels t travaillait l’auteur, éloigné des bibliothèques et. pu 4
des collections indispensables, et privé de l’aide de collèvues Ro
Br, cultivant le même ch: es de l’entomologie. Malgré ces condi- M
RU tions défavorables, il se lanca bravement À l'assaut, et anjour- 00
@hui l’œuvre qu’il a accomplie est comme le monument de sa
K | persévérance, Sans doute il commit des erreurs—nous en "MN
4 commettons tous—; il a subi les atteintes de la critique : critis oh
que peut-être trop sévère, quand on considère les obstacles ! nt
‘ qu’il ce à surmonter, Il dirigea la revue “Le Naturaliste ca: LM
: nadien ”, dont la publication fut interrompue, fante d’encoura- i
Si a un peu avant sa mort ; vingt volumes en furent pus
Beet bliés, de 1869 à 1890. Ses travaux farent loin de se borner à
$ Fentomologie, puisqu’ila publié un ouvrage sur la Flore du
| Canada, des traités sur l’agriculture et des récits de voya ;
| son dernier ouvrage a pour titre: “ Les Mollusques de ia Pro-
i vince de Québec.” Il mourut en 1892, à Vaye de soixante-
douze ans.” HR
\
4
ee
LE CANAL DE CHICAGO
= /
t
¥ | Par deux lettres, adressées au NATURALISTE CANADIEN ‘"
1e et que nous avons publiées en mai dernier, M. ©. Baillairgé, W
de la Société des ingenieurs du Canada,tentait d’intéresser ae Y
public a cette question du grand canal quela ville de Chicago : N
construit en ce moment entre le lac Michigan et la rivière.
4 Ohio, en guise d’égoût, et aussi pour se mettre en communi- li .
A] Liga
ie cation directe avec le golfe du Mexique. Nous voyons par ‘
à les journaux que, dans les sphères officielles, on a fini par $é- I
À J q } i 1
4 mouvoir du danger qui menace, par Bute de la diminution — at
a prévue du niveau des grands lacs, presque tout le système |
1 maritime du centre del Amérique du Nord. En effet, non ~
pa seulement l’honorable M. Costigan, ministre de la Marine du
2 Canada, mais aussi le secrétaire de la Guerre, aux Etats-Unis,
q font étudier la question par des hommes compétents.
04 ‘ j
À 0
& AT AT I \
‘ BONNE CHASSE
| Durant mes vacances, j ‘al beaucoup chassé et en méme Bi
: temps j'ai été très heureux :j’ai NL de splendides captures.
my
, mei
\ pt
Ne peat
an ;
At TNA A \ ER | tea
144 LE NATURALISTE CANADIEN
J'ai pris deux spécimens de la Saperda puncticollis, Say, qui
n’est pas décrite dans le livre de l'abbé Provancher. Cette
belle capture a été faite à Outremont, au pied de la monta-
gne de Montréal. J’ai pris aussi une autre Saperde que je n’a
pas pu déterminer sûrement. En somme, je suis bien content
du résultat de mes chasses cette année.
J.-C. O., (Mile-End, Montr‘al.)
LA PROPRETE DES POTS A FLEURS
Les pots à fleurs placés soit dans les serres, soit en plei-
ne terre,se recouvrent fréquemment de végétations eryptoga-
miques qui deviennent le refuge d’insectes, de germes de ma-
ladies. Depuis quelque temps on essaie, en Europe, de sulfa-
ter les pots à fleurs et cette opération paraît avoir donné
d'excellents résultats, La pratique consiste à immerger, une
fois par an, les pots à fleurs dans une solution de sulfate de
cuivre au 17500e.
Il à été fait usage de pareils pots pour le rempotage
des fleurs et l’essai à donné les meilleurs résultats, les pots
restent complètement indemnes de végétations.
On sait, du reste, que le sulfate de cuivre est le plus
grand destructeur des micro-organismes.
0
LA PHOTOGRAPHIE DE L'INVISIBLE
(EXTRAIT DE LA PHOTO-REVUE)
Un grand journal quotidien donne le fait divers suivant
dont il nous demande l'explication :
“Un des principaux photographes de Londres vit arri-
ver un beau jour dans ses ateliers une demoiselle du meilleur
monde, accompagnée de son père.
“ L'opérateur fait®un cliché, mais quelle n’est pas sa stu-
péfaction lorsque, arrivé dans sa chambre noire, il aperçoit
très nettement dessinée, sur le front de la jeune fille, une tête
de mort ! Il fait un nouveau cliché, sous prétexte que le pre-
mier n'était pas bon. Pour la deuxième fois, la grimaçante
tête de mort s'étale sur le front virginal de la belle enfant.
L'employé, interloqué, appelle son patron ; celui-ei opère lui-
même, et toujours le même résultat est obtenu. Le photo-
graphe prie le père de venir un instant dans son cabinet et
lui explique le cas. Le père, prévoyant une espièglerie, n’en
parut pas très surpris. Ii s’adressa à sa fille qui, aux pre-
miers mots, éclata de rire.
TARA PT
LA PHOTOGRAPHIE DE L’INVISIBLE 145
“ Pour jouer un tour au photographe, elle avait dessiné
sur son front une tête de mort avec une solution de quinine.
“ Ce liquide a la singulière propriété de produire sur la
peau, des lignes invisibles à l'œil nu, mais qui apparaissent
sur les plaques photographiques. Tout s expliqua, le père
paya la pose, mais le photographe était vexé. ’
Notre correspondant aurait trouvé dans l'ouvrage de
Bergeret et Drouin : les Récréutions photographiques (1), la
raison de ce phénomène qui étonnait tant l'opérateur dont il
est question, Nous résumons le chapitre où il en est traité.
On sait que ies rayons qui impresionnent le mieux les
préparations photographiques sont ceux qui appartiennent a
l'extrémité violette du spectre solaire ; même l’action photo-
génique se continue bien au dela de la limite visible du
spectre. I s'ensuit que l’on peut photographier des objets
éclairés par des rayons uitra-violets, invisibles pour l’ceil,mais
perceptibles pour la plaque au gélatino-bromure.
Pour mettre en évidence cette remarquable particularité,
on pourrait utiliser la propriété que possèdent certaines
substances—et en particulier largent en couche mince—
d’absorber tous les rayons visibles, en ne laissant passer que
Pultra-violet. Si, par exemple, on éclaire un buste en plâtre
blanc au moyen de rayons solaires ayant traversé une lame
de verre argenté, ce buste, invisible pour lPœæil, pour-
ra être photographié avec une pose d’un quart d'heure. Il
‘a sans dire que l’on met au point en éclairant d’abord avec
la lumière ordinaire.
On peut ranger dans la même catégorie de phénomènes
ces photographies sur lesquelles on découvre des détails qui
étaient invisibles à l’œil sur le modèle, Un exemple curieux a
été cité par Vogel d’une dame qui se faisait photographier et
dont le cliché, plusieurs fois recommencé, était toujours cri-
blé de points noirs dans le visage: peu de temps après,
cette dame mourait de la petite vérole. La signification de
ce fait aurait mérité d’être contrôlée, et peut-être, dans cer-
tains cas d’épidémie, pourrait-on en tirer parti.
On peut enfin réaliser des expériences intéressantes en
reproduisant à la chambre noire de l'écriture ou des dessins
invisibles, comme ceux tracés par exemple avec une solution
saturée de sulfate de quinine. Ce produit possède, en effet,
une magnifique fluorescence, c'est-à-dire qu’il convertit les
rayons violets et ultra-violets, les plus photogéniques, en
rayons bleus, qui le sont beaucoup moins, et qui affectent
moins énergiquement les préparations photographiques.
(1) Ch. Mendel, éditeur, 118, rue d’Assas, Paris, broché 6 francs.
. de faire revivre des écritures disparues, effacées par le temps:
4 2
146 LE NATURALISTE CANADIEN
Si done l’on écrit sur un papier bristol blane avec une LEA
dissolution saturée de sulfate acide de quinine, et que l’on
photographie, le fond blane du bristol viendra sur le cliché plus
foncé que les traits de l’écriture, et dans l’éprenve positive,
7
LA
l'écriture se produira plus foncée que le fond (bien qu'eile soit
invisible à l'œil sur l’original). a
L'historiette du journal est done en somme très vraisem-
blable, et il ne tiendrait qu’à nos lecteurs de la reproduire.
Cet article nous paraïtrait incomplet si nous n’appelions
pas l’attention de nos lecteurs sur une application plus inté-
ressante de cette propriété des reproductions photographiques
nous voulons parler de la reconstitution des manuscrits, dont eae
la copie photographique peut, non seulement donner un fac- el
simile exact de l'écriture, mais peut même, habilement diri- a
gée, servir d’ instrument de restauration.
“ Pour s'expliquer ce résultat extraordinaire, écrit l’émi-
pent auteur des Merveilles de la Science, il faut considérer
que sur les vieux parchemins, l’encre altérée par le temps
prend une teinte jaunâtre, souvent identique à la teinte neu-
tre du parchemin, ce qui en rend la lecture très difficile. Or
il arrive, pendant la reproduction photographique, que les par |
ties brillantes et polies du parchemin réfléchissent beaucoup
mienx la lumière que celles où a été déposée l’encre, qui est Ê
mate et sans reflet. Si faible et si décolorée en apparence que
soit la nuance de cette encre, elle n’en a pas moins conservé :
ses qualités antiphotogéniques, opposées aux qualités photogé-
niques de la surface du parchemin. Grâce aceite opposition, on
peut obtenir sur la surface sensible des caractères parfaitement
noirs et se détachant biensur un fond légèrement teinté, tandis
que l'original ne présentait plus qu une écriture pâle sur un,
fond très foncé et de même ene 2
BIELIOGRAPHIE
Nos remerciements pour l’envoi des publications signalées
ci-après :
—<«L’histoire du Canada est fort difficile à mettre en ma-
nuel élémentaire. Ce quile prouve, c’est le nombre, assez
grand déjà,des tentatives que l’on a faites pour y réussir. L’essai
le plus récent en ce genre paraît s’étre bien approché du but,
si même il ne l’a pas atteint, Il a pour titre: Précis d'Histoi-
BIBLIOGRAPHIE
_ re du Canada à l'usage des écoles primaires, par À. Leblond de
Brumath. Le récit des événements y est fait avec tant de clar-
té et de juste mesure, qu’il plaña aux enfants, petits et grands.
La maison Cadieux et Derome, qui a édité cet in-12, en a fait
un “ bijou de livre d'école.” L'ex., 25cts; la dz., $2.50.
—R, P. J.-C. Carrier, C. S. CO, Histoire physiologique et
à chimique de l'air qu'on respire ;— La Congrégation de Sainte:
Croix en Canada.
Le Rév. Père Carrier est l’un de nos hommes de science ;:
a” nous voudrions quil prit la plume encore bien plus souvent,
i et cela dans l'intérêt même de la cause qui nous est chère.
se —Nous avons appris avec beaucoup de regret que I’ Zasect
Life, excellente revue entomologique publiée par le ministère
de PAgriculture des Etats-Unis, cesse de paraître. Sept volu-
mes du plus grand intérêt en ont été publiés.
Deux séries de bulletins remplaceront cette revue : l’une
d’un genre technique, l’autre concernant surtout l'entomologie
économique... Le No 1 de ja première série, que nous venons :
' recevoir, est intitulé : Revision of the Aphelincæ of N. A.
subfamily of hymenopterous parasites of the family Clan
dide, by L. O. Howaril.
—_—- —————
CHRONIQUE DES REVUES
ji Eure Sen ruine religieuse de Québec a commencé sa :
8e année, et nous lui faisons nos meilleurs souhaits à cette
occasion, en même temps que nos compliments pour l’aspect
\ soigné ct même artistique qu'elle a maintenant. Elle est à.
présent imprimée et administrée par les “ Franciscaines Mis-
sionnaires ” de Québec (180, Grande-Allée). Quant à la ré-
daction, elle continue d’étre fort remarquable, et l’on tient
compte, dans la presse, des jugements qu’elle porte quand elle
s'occupe des questions. politico- religieuses de nôtre temps.
—L Enseignement primavre ’entrait récemment dans
4 sa 17e année, et nous le félicitons de ce bel âge. Les institu- VEN
pi teurs du dis ae de Québec peuvent être fiers ae leur organe,
qui est excellemment rédigé ; il n’en peut d’ailleurs être au-
trement pour une revue dirigée par MM. J.-B. Cloutier et
C.-J. Magnan. Nous n’en parlons pas sans la connaître, puis-
qu il n’y à pas une iivraison de ses seize volumes que nous
n’ayons lue.
—Le Sténographe canadien, de Montré al, a publié une
livraison spéciale très intéressante et. tres soignée, à l'occa- —
148 LE NATURALISTE CANADIEN
sion de l'Exposition provinciale qui s’est tenue dernièrement
à Montréal. .
—La Revue canadienne(Montréal, 256, rue Saint-Paul),
dont nous n’avons pas encore parlé, s'impose de plus en plus
à l'attention des amis des lettres et des beaux-arts, par la
haute valeur littéraire et le cachetartistique qui la distinguent.
L’excellent esprit de sa rédaction est digne de l’encourage-
ment des gens de bien.
N. B.—Tout cela n’est, il est vrai, guère entomologique,
minéralogique, etc. Mais ceci soit dit une fois pour toutes :
Pouvant disposer de quelque publicité, ncus voulons y faire
au moins une petite part à la bonne presse. On fait tant de
zèle, ailleurs, pour la diffusion des imprimés “ neutres ? ou
“ hostiles ”, que les éditeurs catholiques ont pour devoir, nous
semble-t-il, de signaler à leur public les publications qui mé-
ritent ses faveurs.
M. Germain Beaulieu (97, rue Saint-Jacques, Montréal)
nous prie d'informer les débutants dans l'étude de l’histoire
paturelle qu’il se fera un plaisir de classer les spécimens qu’ils
lui soumettront,
por (ee
‘LA REVUE NATIONALE ”
SOMMAIRE DU No DE SEPTEMBRE
— Les Sept-Les, par M. A.-N. Monpetit.—Ethnographie
mexicaine (suite et fin), par M.Alphonse Gagnon.—Les patriotes
du Nord, par M. L.-0. David.—Un coin de rue, le dimanche, à
Montréal,par M. J. Germano.—En Afrique, un duel de soldats,
par un Ancien légionnaire.—Notre langue, poésie, par M. W.
Chapman.—Chants et Plaintes du matelot, par M. Faucher de
Saint-Maurice.—Souvenirs d’Ecole militaire, par M. Ch. des
Ecorres.—L' Etranger (suite et fin), nouvelle, par M. Adolphe
Poisson.— Chronique, par M. Arthur Buies.—Un accident, par
M. J.-D. Chartrand.—Les roses de Saadi, chanson nouvelle,
par M. Ernest Lavigne.—Modes et Monde, par Françoise. —
Illustrations : Portraits et dessins dans le texte et hors texte.
0
Pour LA PATRIE, roman du XXe siècle, par J.-P. Tardivel,
Directeur de la Vérité—1 volume in-12 de 450 pg. Prix, 75
cts; 80cts franco par la poste, chez Cadieux & Derome, Edi-
teurs,rue Notre-Dame, Montréal.
Le
a Lyrvoc rN a
Natura. liste Cana
VOL. XXII (VOL. II DE LA DEUXIEME SERIE) No10O
Chicoutimi Octobre 1895
Rédacteur-Propriétaire : l’aLhé V,-A, HUARD
FORMATION DU SAGUENAY
LE CATACLYSME
(Continué de la page 124)
L’aurore, que nous désespérions de revoir après un pa-
reil effondrement, que les échos assourdissants de Pabîme ré-
percutent encore à l’infini,apparaît enfin au-dessus des monts,
comme un rayon d'espérance, comme un aperçu du ciel.
“ Tl est done vrai (dis-je à mon compagnon) que la terre
existe encore! qu’elle se retourne comme toujours sous les
yeux vivifiants de notre beau soleil !
“La blessure terrible, qu’elle vient de recevoir du-
rant cette nuit d’épouvant: et de destruction, va bientôt
apparaître dans toute sa sublime horreur. Cette lumière dou-
ce et consolante que nous entrevoyous à l'horizon, grandis-
sante et splendide, nous présage un heuréux jour, ‘nous fait
renaître à l’espérance.
“ Nous l’apercevons, enfin, cette entaille immense, cette
brèche profonde qu’une volonté toute-puissante a imprimée à
la face de notre hémisphère, comme une marque de posses-
sion, estampée, burinée par la main du Grand Maitre.
“ Dieu,dans sa sagesse infinie, entrevoyant l’avenir,créa le
Saguenay, fit sortir subitement des eaux cette plaine humide
% 9 —Ociobre 1895,
An
Ki
DA ?
beaucoup mieux la page suivante.
‘LE NATU RALISTE CANADIEN
qui relut devant nos yeux dans toute sa nudité............
“Je comprentis que ça dépasse imagination, que ça ré-
veille de sombres idées, ce nouveau mode d'opérer à l’encon-
tre (semblerait-il) de la saine logique que vous savez. Mais,
croyez-moi, 1] faut en prendre son parti après un témoigna-
ge aussi renversart que celui qui vient de nous être donné.
Vous êtes étonré, je le conçois ; on le serait à moins. Mais,
enfin, il y a des théories qui ont subi des chocs plus renver-
sants encore, et qui, cependant, n’ont pas détruit la renom-
mée des savants, ni leur science, ni leur prestige ;—ce n'est
rien, d'effacer une page toute fraîche écrite, dans un moment
d'enthousiasme, lorsque l’on peut, après mûre réflexion, faire
v
— Assez, mon ami, me dit-il, je ne me rappelle plus rien
de ce que j’ai écrit. Ce que je vois dans le moment, suffit
Npour me convaincre que nos idées sont quelquefois le jouet
de nos réveries, et que, une fois formées, nous y attachons
- trop de prix.
“Tl y aurait bien des choses à refaire, si l’on pouvait re-
cevoir tous les jours une leçon comme celle-ci. La science
en profiterait d'autant plus, qu’elle se trouverait parfaite-
ment comprise et expliquée, en dehors de toutes suppositions
et sans égard aux comparaisons trouvées ou à chercher.
“ Souxentes fois, des théories nous font faire fausse route,
Hy}: A ie 7 .
. à notre insu, par la confiance sans borne que nous ont ins-
pirée les savants qui les ont exposées, dans un langage et
avec une logique irrésistible, suivant nous, be
parce qu’elles tournent dans le cercle où rayonnent aussi les
nôtres.
ere d’abord, ce rocher énorme renversé là devant
nous, qui s’appuie sur les deux lèvres monstres de cette plaie
béante que je n'ose regarder. Eh bien, j’ai toujours cru que
c'était un double dépôt d’argile, qu’une banquise isolée, dans
Vancien lit du Saguenay, à l’époque glaciaire, avait amoncelé
là dans sa descente vers Tadoussac, qu’elle n'a pu malheu-
reusement atteindre. Je l'ai écrit même, quelque part, pour
\
expliquer le changement de direction des eaux du lac Kéno-
_gami et même du lac Saint-Jean.
i X . . \ i
“Je Pai vu, ce rocher, celui près duquel nous passions
com hier, emportés par cette marée baissante qui ne finissait plus.
Je l’ai vu se cubrer, pour ainsi dire, sous le choc des éléments
déchainés, se renverser en arrière ens’abimant dans le gouffre
comme une avalanche de montages.
“ J'ai perdu l'équilibre comme vous dans ce terrible mo-
J
eer ment, mais j'ai pu réussir à maintenir mon corps et mon es-
prit sains et saufs et dans un état conscient pendant ces lon-
gues heures de terreur et d’épouvante. On dit qu’à la mort
nous voyons tout d’un autre œil.
“Je le crois facilement, car j'ai. vu des choses ici que je
n'aurais jamais imaginées, ni soupçonnées même, si je n'a-
SMS 112271 FORMATION DU SAGUENAY LE
ë 5 RUES d è ir ae
vais pas accepté votre invitation, qui im’a permis d'assister
au spectacle de cette nature en convulsion, ea délire,et auquel —
j'étais loin de m’attendre.
€
“les montagnes se fendirent sous l’action de quelque terri-
| ble force intérieure et toute cette mer de 90 lieues de tour se
a précipita dans la fissure béwnte,’ et le rest: Je confesse
qu'il n’a ébloui un peu avec sa description fantastique du
Cataclysme. J'aurais dû pourtant me, tenir sur mes gardes,
| tout le temps, pour ne pas tomber si naivement dans son jeu ;
| car cet homme-là a toujours des mots qui lui sont propres _
x son sujet, tout part à la course ; sil veut je faire courir, il
est déjà hors de vue possible. A vrai dire, c’est dans sa natu-
J dr re, dans ses habitudes. Voyez-le en mouvement, tousses mus-
cles sont en jeu, ses nerfs pareilleinent. On croit qu’il s’en
va, tout le temps il revient ;son cil 4 tout vu avant d’être
rendu à son but. Il n’a pas vu, croyez bien, il à cru voir, il)»
i est bien plus satisfait de cette tagon que si l’objet lui eût
M. Buies n'a impressionné trop fortement peut-être
| lorsque je lisais son écrit sur le Cataclysme, où il est dit que —
our exprimer ses idées, Du moment qu'il veut faire marcher —
|
touché le nez.—Il est libre vie le décrire ensuite à sa fantaisie,
sans le moindre scrupule, convaincu qu'il est, s'il sort de la’
HAN LE NATURALISTE CANADIEN
vérité, que sa résponsabilité, au moins, n’est pas en jeu ou
qu’elle est fort bien à l’abri.
“ Je puis mieux comprendre maintenant la marche probable
des événements qui se sont succédés en si court temps,avec les
résultats étonnants que nous constatons d’un moment à l’au-
3 tre, lesquels n'auraient pas été les mêmes si- tout s'était con-
) duit suivant l'impulsion imprimée aux éléments, au début de
la catastrophe, par M. Buies lui-même.”
». (À suivre)
P.-H: Dumars.
<
face 4h
UNE ENQUETE SUR LE SERPENT DE MER
[Con*inué de la page 140]
1882—Le premier Serpent de mer, dont il est fait men-
* tion en cette année, appurtient....an règiue végétal! Voilà
une constatation qui n’est pas banale. C’est le Journal de
+ Québec du 9 février qui raconte le fait d’après le Madras
Mail. Celui-ci le tient d’un capitaine de navire. “Mon na-
vire étant un jour à Table Bay, dit ce dernier,on crut voir sou-
dain un monstre énorme qui paraissait s’avancer en roulant
sur lui-même à fleur d’eau vers Grew Point, à l’intérieur de la
baie. Cet objet semblait long de plus de 80 mètres et s'agi-
tait avec un mouvement ondulatoire, semblable à celui d’un
serpent.” Bref, on fusille copieusement le monstre, puis l’on
s’en approche en canot pour le prendre et l’empailler, lorsqu’on
s'aperçoit “qu’on avait eu affaire à un magnifique échantil-
= AT, Pr te
lon de “l'herbe géante” de mer, dont les ondulations étaient
causées par l'agitation des vagues.”
—Le 18 octobre, le même Journal de Québec reproduit
du Monde l'histoire de la capture, au Coteau Landing,d’un pe-
tit serpent aquatique de quatre pieds de longueur, d’un dia-
mètre de quatre à cinq pouces. N’en parlons pas, parce que
Parum pro nihilo reputatur.
dr
UNE ENQUÊTE SUR LE SERPENT DE MER 153
1883-— Nous ne trouvons, cette année, qu’une seule men-
tion du Serpent de mer, mais elle est remarquable. Elle est
du Journal d'Indre-et-Loire, cité par l'Etendard du 18 juil-
let. C’est le capitaine Howes, de Baltimore, qui, dans une
lettre du°13 février précédent, donne Ja description des Ser-
pents qu'il a rencontrés lui-même,en 1875, au nombre de trois
à la fois. Et il est à remarquer que, en 1882, le Capt. R.
Platt (dit toujours le même journal)apercut un Serpent identi-
que aux individus décrits par le Capt. Howes. Voici done la
lettre de celui-ci :
“ J’ai fini par retrouver mon livre de loch, sur lequel
J'avais tracé le croquis des “ serpents de mer ” que j'ai vus le
12 avril 1875. Ils étaient trois, deux grands et un petit : ton-
te la famille était sortie ce jour- la! ay animanx étaient diffe
rents de tous ceux que j'avais rencontrés jusque-là, et cepen-
dant j'avais doublé deux fois le Cap Horn pour naviguer dans
le Pacifique. Jamais je n’oublierai cette apparition, mais je
voulais retrouver mon livre, pensant bien que j'avais dû y tra-
cer quelque note capable de me rafraîchir ia mémoire.
“Les deux grands laïssaient voir une partie de leur
corps mesurant environ 15 pieds de longueur et se dressaient
au-dessus de l’eau à une hauteur de six pieds. J'estimai que
Ja tête pouvait avoir 12 à 15 pouces de diamètre, et que le
corps, augmentant graduellement de volume jusqu’à la ligne de
l’eau, mesurait en ce point 24 pieds à 3 pieds de diamè ètre.
Ils nageaient très vite , dans une direction opposée à la nôtre,
Nous nous trouvions en ce moment à environ 2 milles du
phare du cap Cod.
“Ces animaux ressemblaient à des serpents d’une ma-
nière saisissante. La tête était aplatie ; et lorsqu'ils se trou-
vèrent en pleine lumière, à 250 ou 300 pieds de distance, le
petit ayant levé la tête en nous faisant face, comme ma lunet-
te était justement braquée sur eux, je remarquai que le des-
sous de la mâchoire était également aplati, et qu'une sorte de
rebord marquait la jonction des lèvres, comme chez les ser-
pents et les batraciens.
“ En se dressant, leur corps faisait, avec la surface de la
mer, un angle de 15 à 20°. Sur le dos était une nageoire
longue et mince, projetant en avant un angle de 20° et me-
LE NATURALISTE CANADIEN
surant, à ce que j’estimai, 6 à 6 piels de long. Cette nageoi-
re vibrait d’une manière très sensible. Le dos était de con-
leur ardoise, se dégradant insensiblement sur les côtés, pour,
se fondre en une couleur de eréme en dessous.
© “Une autre chose dont je fis la remarque, c’est que css
animaux ne se courbèrent pointau moment de disparaître,
mais s’enfoncerent tout droit et avec lenteur.
“Je pense, à en juger par lapparence:, que c'était bien
des serpents de mer. Beaucoup de mes officiers et Ce mes
passagers les virent comme moi ; le capitaine d’un des stea-
mers qui font le service de P hiladetphic à Boston, qui avait
doublé le cap Cod un peu avant moi, passa plus près d’eux, et
il en a donné une description qui, d'après ce que me rapporte
mon ami, était entièrement conforme à la mienne, pas comme
le jvge Bond, qui dit “qu’il fallait que je fusse bien malade
pour en avoir vu trois, au lieu de me contenter d’un seul.”
La seule réflexion quil y ait à faire après ce récit, c'est
que, sil est inventé de toutes pièces, I’ auteur y amis au moins
beaucoup d’ingéniosité.
1884— D'après le Journal de Québec et le Courrier du
Janada du 16 août, l'équipage du Str Silksworth vit près
des côtes de Gaspé un Serpent qui s’éleva sur l’eau à la hau-
teur du mât de misaine ; sa couleur était celle d’an maque-
reau ; sa tête ressembl ta celle du requin. il convient d’a-
Jouter que cette rencontre eut lieu la nuit; par exemple, il
faisait clair de lune.
1885— Cette année, il y eut éclipse totale du Serpent de
mur, et la science erpctologique, divison des Ophidiens, resta
absolument à l’état stationnaire.
1886—Le Canadien des 3 et 6 septembre parle d'un
Serpent que des capitaiies et plusieurs autres personnes ont
vu, à plus d’une reprise, dans les eaux de la rivière Hudson,
et dans celles du Massachusetts. “ Le monstre portait la tête _
élevée de six pieds au-dessus de l’eau et avait une longueur
totuic de plus de cent cinquante pieds. La gorge était d’un
blanc grisâtre ; et ce qu’on voyait du dos, au-dessus du ni-
veau de l'eau, était bigarré de brun clair et de brun foncé. Le
Li
UNE ENQUETE SUR LE SERPENT DE MER 159
_ dos était hérissé d’une membrane eartilagineuse, semblable à
une nageoire, qui s’étendait sur toute sa longueur.”
Dans son numéro du 22 septembre, le même journal rap-
porte les dires du lieutenant Foster, du Minnesota, qui, le 10
de ce mois, apercut d’une jetée de New-York, encore dans la
rivière Hudson, un Serpent qui remontait la rivière. “D’a-
près le lieutenant Foster, le Serpent de mer est d’une cou-
leur ardoise sale et ressemble à une gigantesque anguille. Le
heutenant évalue la longueur du monstre de soixante à qua-
tre-vingts pieds, et son épaisseur de dix-huit à vingt pouces”?
1887—Encore d’après le Canadien, (du 18 janvier), et
encore dans lP'Hudson, nouvelle apparition du Serpent de mer.
Cette fois le monstre brisait la glace qui recouvrait le fleuve,
à la grande frayeur du pêcheur qui le contemplait. Il y a
huit ans de cela, et pas une compagnie ne s’est organisée, du-
rant ce temps, pour s'emparer d’un Serpent de mer et l’em-
ployer à tenir la navigation ouverte sur les fleuves et les ri-
vieres pendant la saison d'hiver. Avouons que,a notre époque,
on m'est pas si entreprenant qu’on le proclame.
Le 30 juillet, dit le Canadien, sur l'autorité du HMoni-
teur acadien et de l Advance, de Miramichi, on vit le Ser-
pent de mer pres des côtes du comté de Bonaventure. Il avait
une grande nageoire hors de l’eau, à dix ou quinze pieds de
la tête,
Nous terminons ici cette enquête: Car toutes ces appa-
ritions du prétendu Serpent de mer sont assez semblables, et
. il faudrait encore bien des pages pour enregistrer toutes les
mentions quien ont été faites par les journaux depuis 1887
On sait combien il y a eu de ces récits à sensation, surtout
D: en ces dernières années. Mais aucune de ces narrations ne
: vaut celle que nous venons de lire dans une revue des Etats-
, Unis, et qui est signée par plusieurs hommes de la barque
| anglaise Pauline, A peu près à mi-chemin entre | Afrique
a et le Brésil, ce navire rencontra trois grosses baleines dont
l’une se débattait sous l’étreinte d’un énorme Serpent, qui
~
andl
:
156 LE NATURALISTE CANADIEN
l’entourait de deux tours complets, et dont la tête et la queue,
en dehors de ces deux replis, avaient environ trente pieds de
longueur ; son diamètre était d'environ trois pieds.—Apres
cela,.si lon ne “tire pas l’échelle,’ nous ne savons ce qui ad-
viendra!
Les petites mésaventures de l’été dernier ont dû joli-
ment guérir le crédule publie de la manie du Serpent de mer.
Ce fut d’abord, le 30 juillet, la capture, dans la baie de New-
York, d'un Serpent de vingt-cinq pieds de longueur, d'un
pied de diamètre. L'animal était mort, et on put l’étudier a
son aise. Les grands journaux de New-York firent étalage de
science, et l’on finit par décider que c'était “a baby sea-ser-
pent.” L'arrivée immédiate du steamer anglais Macduff dé-
rangea tout cela ; on avait pris à bord. de Singapour, un ‘boa
constrictor’, pour un fournisseur de ménagerie, L'animal mou-
rut lorsqu'on approchait des côtes d'Amérique ; on le jeta à la
mer ; le flot l’apporta près de New-York, et l’on en fit un jeune
Serpent de mer :
Un mois plus tard, le 25 août, trois Montréalais, en ex-
cursion de pêche au Sault au Recollet, voient un monstre ma-
rin d’étrance allure ; l’un d’eux lui fracasse la tête d’une bal-
Te ; ou amène à terre le reptile qui a trente-deux pieds et de-
mi de longueur, et trois pieds neuf pouces de diamètre. Le
dos est très poli ; les nageoires, rougeatres ; dents très aigues.
On se rappelle si les journaux s’en sont donné ! Il est finale-
ment statué que le monstre est un Hydrophis, venu, on ne
sait comment, des régions équatoriales de locéan Pacifique.
On exhiba l’exotique reptile à Montréal, et les gros sous affluè-
rent, jusqu'à ee qu'il fut constaté que le Serpent en question
avait ¢té fabriqué de toutes pièces, de vulgaire peau de vache,
et bourré de sciure de bois.
Nous donnerons, en notre prochain numéro, le récit d’un
pêcheur du Labrador qui a vu, lui aussi,un monstre marin très
différent de tous les habitants de la mer qu’il avait précédem-
ment rencontrés. 4
j
AUS MILAN TL
LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBÉ PROVANCHER 157
LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABB:
PROVANCHER
ORDRE DES HYMENOPTERES
(Continué de la page 142)
Fam. XIX- EUMENIDÆ
Pay mère roebusie. Odynerus robustus, n. sp.
P—Long..72 pce. Noir avec ornements jaunes. Le cha-
peron, les mandibules, le scape en dessous, une tache frontale,
des lignes orbitales jusque dans l’échancrure des yeux, une
grande tache en arrière de ceux-ci, jaune ; le front fortement
ponctué, à pubescence jaune courte et peu apparente. ‘Tho-
rax retréci en avant et en arrière, tronqué en avant et sub-
anguleux ; le prothorax, les écailles alaires ocellées d’un
eros point testacé, deux taches sur les flancs, deux taches sur
l’écusson, le post-écusson avec le métathorax excepté au mi-
lieu, jaune ; le mésothorax fortement ponctué, le métathorax
à angles arrondis. Ailes obscurcies de roussâtre, le stigma
fauve. Pattes jaunes, les hanches excepté en dehors avec la
base des cuisses, noir. Abdomen robuste, conique, légére-
ment plus étroit à la base, tous les segments avec une large
bande jaune au sommet, cette bande sur les segments 1 et 2
dilatée aux côtés avec des pointes se refermant de manière à
ne laisser qu’une tache centrale noire sur le premier et une
tache en forme d’X sur le second.—Los Angeles (Coquil-
lett). (*)
Bien remarquable par sa coloration.
Odymêère à 2-taclhes. Odynerus bimaculatus, n.
SUR)
2—Long. .52 pce. Noir, non brillant, avec pubescence
blanchâtre, le chaperon, une tache sur les mandibules, le sca-
pe en dessous, une petite tache orbitale en avant, une plus
grande en arrière, une autre petite au milieu du front au-
dessus de l’insertion des antennes, le bord antérieur du pro-
thorax subinterrompu au milieu, une grande tache sur les
lances, les écailles alaires excepté une tache roussâtre au mi-
lieu, une tache de chaque côté de l’écusson, le post-écusson
(*) Type au Musée du Parlement, Québec.
21—Octobre 1895.
158 LE NATURALISTE CANADIEN
une tache sur les angles du métathorax, les pattes en partie
avec une bande à tous les segments de abdomen, jaune.Cha-
peron subtridenté en avant ; extrémité des mandibules rous-
sâtre ; tête et thorax fortement ponctués. Ailes hyalines
roussâtres, plus ou moins obscurcies à la côte et à l’extrémi-
té, le stigma testacé-roussâtre. Pattes d’un jaune roussâtre,
les hanches, les cuisses, excepté à l'extrémité, avec une tache
en arrière des jambes, noir, Abdomen en ovale, robuste,
court, aussi large que le thorax, tous les segments avec une
bande jaune au sommet, cette bande sur les segments 2, 3, 4
et 5 avec une échancrure en forme de point de chaque côté
en avant, les segments 1 et 2 avec une tache sur les côtés à
la base, celles du premier unies & la bande du Sommet, celles
du 2e totalement isolées ; l’anus noir.
3 —Avec les antennes simples, sans crochet à l’extrémi-
té, le chaperon tronqué en avant et à peine échancré ; même
coloration que dans la 9.
Ses antennes simples et sa forme trapue le rangent dans
la section des Pachodynerus.
Œiynère tricolore. Odynerus tricolor, n. Sp.
S—Long. .20 pce. Noir et rouge, avec ornements blancs,
fortement ponctué, sans pubescence, mais non brillant. Cha-
peron blanc, plus large au milieu, avee 2 petites dents très
rapprochées en avant, une ligne blanche sur le scape en des-
sous, l'extrémité des antennes roussâtre en dessous, la’ face
avec une tache de duvet argenté au-dessus de chaque antenne
allant jusque dans l’échancrure des yeux. Une ligne sur le
bord du prothorax interrompue au milieu avec les écailles
alaires, blanc, le reste noir avec le métathorax roux-ferrugi-
neux, celui-ci excavé en arriére, et portant une épine de cha-
que côté pres de l’insertion de abdomen. Pattes noires, les
Jambes et les tarses, surtout les antérieurs, brun plus ou moins
foncé. Abdomen court, avec le premier segment rouge, le
reste noir, tous les segments avec une étroite marge blanche
au sommet, le premier en forme de coupe, à peine plus étroit
que le 2e, celui-ci très long, fortement ponctué au sommet.
—Los Angeles (Coquillett). (*) |
Les trois couleurs de cette petite espèce la rendent très
reconnaissable.
Odymère-à-chaperon tronqué. Odynerus trun-
cdtus, n. sp. :
S—Long. .42 pce. Noir, densément ponctué avec pu-
(*) Type au Musée du Parlement, Québec.
AU. à
PORN DEEE ET TANT
, UD PAIE AL FRS MU
DEUX MORTS ILLUSTRES 159
bescence blanchâtre, peu abondante et presaue nulle sur le
thorax ; le chaperon, les mandibules excepté à l’extrémité, le
scape entièrement, une tache entre les antennes, les orbites
antérieurs jusque dans l’échancrure des yeux, les postérieurs,
tout le dessus du prothorax, 2 grandes taches sur les flancs
en avant, les écailles alaires, une bande snr l’écusson inter-
ronipue au milieu, le post-écusson, une grande tache sur les
angles postérieurs du métathorax, les pattes entierement,avec
une bande à tous les segments de l’abdomen, jaune. Chape-
ron © tronqué et à peine échancré en avant,un peu plus long
que large. Antennes simples à l'extrémité, noires en dessus
et rouges en dessous. Prothorax coupé carrément en avant
et épiueux aux angles antérieurs, Ailes enfumées roussatres,
le stigma jaune. Métathorax tronqué et excavé postérieure-
ment, sans pointes aux angles. Pattes jaunes, les hanches en
dessus avec la base des cuisses, noir. Abdomen en ovale tous
les segments largement marginés de jaune au sommet, cette
bande fortement ponctuée et dilatée aux côtés de manière à
toucher le seginent précédent, excepté sur le 2e.—Los Ange-
les (Coquil lett). (5)
Voisin du Guadulpensis, Sauss., mais s’en distingue sur-
tout par sa tache double au-dessous des ailes et ses bandes
abdominales beaucoup plus larges, rendant tous les côtés et
le ventre jaunes excepté à Ja base du 2e segment.
ee —— 0
DEUX MORTS ILLUSTRES
Louis PASTEUR (1822-1895) est mort le 28 septembre
dernier. Son nom était populaire dans le monde entier. Au-
cun savant, en effet, n’a peut-être rendu à l'humanité des ser-
\ices plus importants. Rappelons seulement, ici, ses études
sur les maladies des vers à soie, sur la fermentation des vins,
des bières et des vinaigres. I] a donné le coup de grâce à la
fameuse théorie des générations spontanées chez les Infusoi-
res. Sa découverte de l’atténuation des virus a transformé
la médecine et la chirurgie ; le charbon, la rage et, depuis peu
de temps, la diphtérie, ne sont plus, grâce à Pasteur, des ma-
ladies incurables,
(*) Type au Musée du Parlement, Québec.
PHO: LE NATURALISTE CANADIEN
Pasteur a été comblé d’honneurs et de gloire. Tout cela
serait vain pour lui, aujourd'hui, s’il n'avait pas été aussi un
chrétien sincère et pratiquant.
CHARLES VALENTINE RILEY (1843-1895), décédé à Wa-
shington le 14 septembre, était le prince des entomologistes
américains ; et même, pour ce qui concerne l’entomologie éco-
nomique, aucun savant du monde entier ne l’a égaié. Son
ceuvre est considérable et sauvera son nom de Poubli.
Les bons rapports que le Prof. Riley entretenait avec le
fondateur du NATURALISTE CANADIEN se sont continués avec
le directeur actuel de la revue ; et, il n’y a encore que peu de
mois, nous etimes recours à sa bienveillance pour un service
important, et il mit beaucoup d’empressemert à nous être
utile. C’est donc pour nous un devoir de témoigner, en face
de cette tombe prématurément ouverte, de notre reconnais-
sance et de nos regrets sincères.
0
LA; VENDANGE) A CHICODUTIM!
Le défaut d’espace, en notre livraison de septembre, nous
a empêché de signaler la vendange qui se faisait à Chicouti-
mi, à cette date. Les vignobles sont encore peu nombreux,
ici, il est vrai ; mais enfin, l'expérience est faite. La vigne a
été cultivée a Chicoutimi et elle a parfaitement mûri des rai-
sins en plein air. Nous en avons eu la preuve, en recevant de
belles grappes dela part des Révérendes Dames del’ Hôtel-Dieu
Saint-Vallier et de M. J.-B. Petit, négociant de Chicoutimi.
Celui-ci à aussi cultivé, avec un égal succès, la vigne sauvage.
Après ces heureuses tentatives, si l’on continue à calom-
nier le climat du Saguenay, c’est qu'on y mettra de la mau-
vaise volonté.
a
PHOTOGRAPHIE
LA PHOTOGRAPHIE ARTISTIQUE
La photographie peut étre artistique dans le sens vrai de
ce mot ; elle possede pour cela les éléments requis.
1
y
PHOTOGRAPHIE 161
Lartiste a deux genres de matériaux : d’une part tout
ce que contient son laboratoire et son bagage, de l’autre tous
les objets répandus sur la surface infinie de Ja nature. Les
montagnes, les rivières, les plaines et tous les objets qui sy
meuvent, les arbros, les fleurs et toute la lumière qui les en-
vironne, sont tout autant les matériaux du photographe que
les acides ou les alealis, les objectifs, les plaques ou le papier.
Le photographe reçoit de la nature certaines sensations de
plaisir, des idéss, des sentiments, et il remarque qu’ils sont
produits par l’arrangement de certaines forines et leurs degrés
dillumination. Alors il cherche à reproluire ces sensations,
cos idées, en employant, dans ce but, tout ce que la chimie a
is à sa disposition, mais en se servant, d'autre part, des ob-
jets, des formes, de la lumière que la nature lui donne comme
matériaux.
La nature est belle par elle-même, mais, pour être bien
comprise, sa beauté dépend de lintelligence et de l’imagina-
tion de celuiqui la contemple, deceluien qui l’ordre, la forme, la
lumière, la couleur éveillent les sensations de plaisir qui lui
font dire : “ que c’est beau!” La nature est une sorte de
vaste entrepôt de matériaux, et nous en employons ceux que
notre Jugement nous fait choisir; c’est un grand clavier dans
lequel nous choisissons ces touches ou ces notes qui compo-
sent l’accord harmonieux ;—ou bien, si l’on aime mieux, c'est
un livre inépuisable dans lequel nous pouvons choisir les
mots et les phrases de façon à exprimer des idées et senti-
ments qui représentent ce que nous avons compris et éprouvé
en le parcourant.
Mais le livre est écrit dans une langue que tous n’ont pas
appris à lire, et c’est ainsi que la fonction de l'artiste est celle
d’un traducteur. La plupart des œuvres souffrent la traduc-
tion : il y a de bons traducteurs, il y en a de mauvais. Le
meilleur est celui qui a la connaissance la plus complète de
l'original et qui a le plus d’amour pour son travail ; mais
qu'on le remarque, il ne se glorifie pas autant de montrer son
adresse dans la phrase ou sa connaissance du dictionnaire
16021, LE NATURALISTE CANADIEN
que de chercher à faire une traduction dans laquelle le lee-
teur retrouve l’esprit et le sentiment de l'original.
L’artiste est né pour choisir, cueillir et grouper ses élé-
ments de telle sorte que le résultat soit beau :—le peintre ne
se contente pas de faire une copie servile d'objets quelcon-
ques, le musicien ne fait pas sortir indifféremment de son
instrument toute la kyrielle des notes de manière à écraser
et noyer la mélodie.
Si à cette heure, ce jour, cette semaine où l’on se trouve
devant tel site, les choses ne sont pas comme on le désire,
il ne faut pas condamner incessamment la scène comme ne
pouvant convenir, et la photographie comme anti-artistique.
Que l’on sache sacrifier un peu de temps et d’aises, et l’on
verra comment chaque scene change d’aspect.
Le jugement, le bon goût et l4 patience, voilà donc au-
tant d'éléments indispensables à quiconque veut être artiste.
(À suivre)
L’ABBf E. POIRIER.
a — — —— n
O
BIBLIOGRAPHIE
—Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne, Québec, 1895. Rarement
nous avons entrepris avec plus de plaisir, qu'à propos de cet ouvrage, la tâche
d'un compte rendu bibliographique. En effet, si vous sommes un fervent de
l'histoire naturelle, rous ne le sommes pas moins de la bibliographie ; et cela
nous met à méme de comprendre les jouissances qu'a éprouvées M. Ph. Ga-
gnon ex formant et augmentant de jour en jour sa précieuse collection. Quand
un profane contemple une collection d'insectes, de monnaies, de manuscrits,
etc., il dit à l'amateur : ‘ Ah! quel pénible travail vous avez fait! Moi, je n’au-
1ais jamais tant de courage !” Onne voudra done jamais croire que le collec-
tionneur d'objets d'histoire naturelle, de livres, ete., est le plus heurcux des
hommes, et que s'occuper de sa ® collection ” re lui paraît jamais être un la-
beur, mais plutôt une récréation !—Nous savons trop ce qui en est, pour plain-
dre M. Gagnou de l’immense travail qu’il a dû en effet s'imposer pour préparer
le gros in-octavo dont nous parlons ; il est sûr qu’il n’y a trouvé que du plaisir.
Comme sous-titre de l'ouvrage on lit ceci : ‘“ Inventaire d’une bibliothèque
comprenent imprimés, manuscrits, estampes, etc. relatifs à l’histoire du Cana-
da eb des pays adjacents, avec des notes bibliographiques.” Cette phrase donne
un aperçu complet de ce volume de sept cents pages. En effet, après un remar-
quable Avant-propos, où l’Auteur fait les considérations les plus intéressantes
sur la bibliographie canadienne et la méthode qu'il a adoptée pour l'exécution
de son œuvre, il nous donne réellement l'inventaire de ses riches collections.
1)'abord,-les livres, brochures, journaux, etc. ; ces imprimés sont au nombre de
3747. Les autographes et autres manuscrits comprennent les Nos 3748 à 4406.
Enfin, les cartes, plans, portraits, etc., sont catalogués du No 4407 au No
5015. Et tout cela se rapporte de plus ou moins près à l’histoire du Canada. En
outre,une cinquantaine de fac-similés de titres de vieux ouvrages d’autographes,
REVUE DE LA PRESSE 165
de portraits et d'ex-libris, ajoutent au livre un intérêt de plus. Car il est intéres-
sant,ce livre.qui est loin d'être un simple catalogue. L’Auteur a tenu la promes-
se du titre de son ouvrage, et de nomoreuses “ notes bibliographiques.” répan-
dues dans tout le cours du livre, décrivent un volume où un document, don-
nent un renseignement historique, ou font un peu connaître l'écrivain dont il
s'agit. Certaines de ces notes couvrent plusieurs pages petit texte, notamment
celle où l’Auteur discute l’époque où l’on a ‘imprimé ” pour la première fois
en ce pays.
Nous en avons dit assez, croyons-nous, pour montrer combien cet ouvrage
a de valeur. Nous félicitons M. Gagnon de la belle collection de publications
canadiennes, l’une des plus précieuses qu'il y ait dans la Province, qu’il a su
réunir. Les bibliophiles lui sauront gré d’avoir bien voulu leur faire connai-
tre toutes ses richesses.
Nos remerciements pour le gracieux envoi d'un exemplaire de ce volume.
—L'éditeur des “PETITES LECTURES CANADIENNES” vient de nous en-
voyer son ALMANACH CATHOLIQUE pour 1896 C’est un beau petit recueil de
95 pages dont nous recommandons volontiers la lecture à nos abonnés. Le
pcix est minime : 5 cts pour un exemplaire ; 50 ets pour 12 exemplaires ; $3.00
pour 100 exemplaires. ADRESSE : 98, RUE SAINT-GABRIEL, Montréal.
— Adresse de bienvenue par M. Baillairgé à la Section de Montréal des Architec-
tes du Canada, à Québec , le 2 octobre 1895, Plaidoyer en faveur de la conser-
vation du français en Canada ; plaidoyer en faveur de Québec, qui n’a pas dit
son dernier mot comme port de mer, comme centre industriel. L’orateur a
bien mérité de tous ceux qui s'intéressent à l’avenir de la Province.
Le petit article “La propreté des pots à fleurs,” publié en notre dernière
livraison, était extrait du Sténographe canadien, de Montréal.
© © ————— ————
REVUE DE LA PRESSE
— The Owl, la remarquable revue mensuelle publiée par les élèves de l’U-
niversité d'Ottawa, a reproduit en anglais notre article du mois de juillet sur
“Le Musée de Betsiamis. ’’
— I} Indépendance canadienne, dont le numéro-prospectus avait paru il ya
plusieurs mois, a commencé dernièrement sa publication régulière. Journal
d'une rédaction très originale, dont le nom ditle programme, Celui-ci nous
agréerait bien, pourvu que l’on ajoutât le mot “frangaise’’ à celui-là. Publié
aux Trois-Rivières, $1.00.—L’ Administration du journal se félicite de compter
9444 souscripteurs sur ses listes. Si, comme il semble, ce nombre est seule-
ment celui des gens qui n’ont pas refusé le uuméro-prospectus, on aura des dé-
ceptions ! Depuis que nous avons fait revivre le NATURALISTS, en janvier 1894,
iln’y a pas eu un seul mois où nous n’ayons reçu des renvois du journal. Le
plus récent de ces renvois est daté du 23 octobre courant, et nous vient d’un
médecin de Montréal. L'on a ainsi reçu le journal durant six mois, quinze
mois, vingt mois, et on le refuse, un bon jour, sans s'occuper même de la ques-
tion de paiement. Done, à l'Indépendance canadienne, que l'on ne compte pas
trop sur les ‘9444 souscripteurs,” dont un certain nombre pourraient bien re-
vendiquer leur ‘‘ indépendance ’’ contre le gré de l’ Administration.
—The Voice of the Precious Blood, édition anglaise dela pieuse revue fondée à
Saint-Hyacinthe, en avril 1894, par les Sœurs du Précieux Sang. $1.00 par an-
née.
— Le Journal d'Agriculture illustré, qui parle avec tant d'autorité de tout ce
qui concerne les choses agricoles, a bien voulu recommander le NATURALISTE
4 l'attention des ‘‘cultivateurs amis de l'étude, et désireux d'acquérir des no-
tions scientifiques sur une foule de sujets intéressants.” En outre, comme d’au-
tres bienveillants confrères, il publie le sommaire de nos livraisons. Qu'il agrée
nos remerciements !
6
ite LE NATURALISTE CANADIEN
— Notre confrère de Sherbrooke, le Pionnier, a commencé dernièrement la
30e année de sa publication. Nous lui adressons nos félicitations et mos bons
souhaits...sans réticence : car c’est un bon journal, celui-là, bien digne de l’en-
couragement des familles catholiques de sa région.
—Le Microscope, de Washington, a recommandé, lui aussi, le NATURALISTE
aux jeunes gens des E.-U: quelque peu familiers avec le français et l’histoire
naturelle. Nous en remercions bien ! “ Le Naturaliste canadien [ajoute le con-
frire] is a 16 paged monthly,by M.Vabbé V.-A.Huard,who lives in a locality far
north of Quebec on a tributary of the St.Lawrence. A railroad reaches Chicou-
timi, but a train runs up there only twice per week ! and yet, this is said to be
the only scientific periodical of its kind in Canada.” Tout cela est vrai, excep-
té ce qui concerne la fréquence des trains du chemin de fer Q. & I. St-J.
qui n’a été telle que décrite que dams les plus mauvais jours de l'hiver dernier.
Si nos amis les Yankees venaiert, l'hiver comme l'été, prendre le frais dans
le ‘* far-famed Saguenay,” (Chicoutimi jouirait toute l’année du service quoti-
dien de la voie ferrée ! 1] n’en serait pas moins étennart encore, par exemple,
qu'il n’y ait au Canada qu'une seule revue d'histoire naturelle générale.
ma +
mm
& LA REVUE NATIONALE ”
SOMMAIRE DU NUMÉRO D'OCTOBRE
—Jeanne d'Arc, la vocation, (1ère partie,) par le Révd
Père Lacoste, O. M. L, Professeur de Théologie à l'Université
d’Ottawa.—Tolle, Lege, simple nouvelle, par Hermance.—
Chants et plaintes du matelot, (suite), par M. Faucher de
Saint-Maurice.—Souvenirs d’Ecole Militaire, par M. Ch. des
Ecorres.—La mer, (poésie), par M. Nérée Beauchemin.—Le
marché aux légumes à Montréal, par M. J. Germano.—La
fille de Kondiaronk, nouvelle historique, par M. G.-A. Drolet.
— Le directeur de Revue, (fantaisie), par M. J.-D. Chartrand.
— Chronique, par M. Arthur Buies.—Chronique de l’étran-
ger, par M. R. de la Pignière.—Consolation, Chanson, avec
musique inédite, par M. le Dr. G. Paradis.—Mcdes et Monde,
par Françoise.—Notes sur le Théâtre-Français.—7{lustra-
tions : Portraits et dessins dans le texte et hors texte.
7 —————-
POUR LA PATRIE, roman du XXe siecle, par J.-P. Tardi-
vel, Directeur de la Vérité—1 volume in-12 de 450 pg. Prix,
75 ets ; 80cts franco par la poste, chez Cadieux & Derome,
Editeurs, rue Notre-Dame, Montréal.
:
Au bureau du Nuturaliste canadien on peut se proeu-
eurer les ouvrages suivants :
W.A. Stearns, NOTES ON THE NATURAL History oF La-
BRADOR, $1.00.
W. A. Stearns, BiRD Lire IN LABRADOR, $1.00.
L'abbé Huard, L’APÔTRE DU SAGUENAY, 50 cts
Naturalist te Canadien
VOL. XXII (VOL. II DE LA DEUXIEME SERIE) Noll
Chicoutimi Novembre 1895
Rédacteur-Propriétaire : l’abhé V,-A, HUARD
FORMATION DU SAGUENAY
LE CATACLYSME
(Continué de la page 152)
“ Cette fissure profonde, et si vaste que je la croyais im-
possible, s’est ouverte avec effort mais sans précipitation, in-
perceptiblement. Du moment qu’elle s’est faite, on aurait
dit les deux portes d’une écluse qui s'ouvrent mécanique-
ment ; et l’eau s’y précipita pressée comme dans le jeu d’u-
ne turbine.
“Un remous immense se forma en ligne droite, en cou-
rant de l’est à l’ouest, et puis s'effaça peu à peu, à mesure
que l'ouverture se remplissait. Celle-ci s’élargissant davan-
tage, le vides y nivelait sans effort et sans commotion ex-
traordinaire, comme par l’action de la marée.
“ Vers le milieu de cette vaste nappe d’eau, le courant
semblait agir plus rapidement de l’ouest à l'est, formant de
grandes vagues qui se déroulaient de plus en plus, à perte de
vue, dans la direction du Cap à l'Est où probablement se
trouve le vide,
‘ Des écueils surgirent lentement et en nombre infini de-
puis ce pont gigantesque que vous voyez là, jusqu’au pied de
22—Novembre 1895.
166 LE NATURALISTE CANADIEN
cette montagne qui s'enfonce à l’horizon en face de nous. Les
eaux baissant plus vite en aval qu’en amont, des écueils, des
cascades s’y formerent bientôt d’un bout à l’autre, comme une
vaste chaussée, coupant en diagonale tout le fond du grand
bassin.
“ Je comprends, maintenant, qu'une grande partie de cet-
te mer, ayant franchi, au début de la catastrophe, les bords
moins élevés du bassin à l’ouest, son volume d’eau se trouva
bien réduit de moitié ; que celui-ci ne trouvant qu’une issue
étroite, par la fissure qui s’élargissait insensiblement, la mas-
se des eaux ne fut presque pas troublée dans son ensemble :
il n’y a qu'au Cap à l Est, où se trouve le véritable entonnoir
(que J'ai déjà soupçonné il y a un instant) que le travail se
fit en grand, sous leffort puissant, inouï, des courants irré-
sistibles qui s’y précipitaient.
“ J'entendais, malgré la fureur des éléments, le bruit
sourd et lointain de ce Niagara d’un jour.
“ Voyez-vous, à l’est, cette profonde échancrure que lon
distingue dans la chaîne des Laurentides qui borde le grand
Bassin ? Eh bien ! c’est là ! Elle n'existait pas hier, à cette
heure-ci.
“ Voyez, dans la même direction, ce grand courant qui
traverse du sud au nord, et qui remplit la crevasse de dépôts
de toutes sortes. Ce sont des bas-fonds, au sud de la baie
des Ha! Ha !, d’une étendue considérable, qui s’assèchent, à
leur tour, pour toujours. Ce courant nivelle, dans ce mo-
ment, ce qui plus tard formera les plateaux du Grand-Brülé.
“ Je m'explique, maintenant, pourquoi le lac Saint-Jean
s’est creusé une nouvelle décharge, au lieu de suivre cette
crevasse profonde, qui pénètre jusqu’au fond de son lit.
“ Le lac actuel s’est reconstitué en petit, avec de nou-
veaux rivages et une nouvelle décharge, après la sortie des
eaux de la mer. Ces eaux que rien n'arrêtait, nivelèrent par-
ci par-la le cahot créé par le soulèvement et l'ouverture du
so) dans les parties argileuses et sablonneuses que la crevas-
se avait traversées, depuis le Beau Portage jusqu’à Couche-
FORMATION | U SAGUENAY 167
peganiche, fermant ainsi toutes issues aux eaux du lac, qui
sans cela se serait vidé jusqu’au fond sans retour ; tandis
que dans les parties granitiques et labradoritiques, de Ta-
doussac,azla baie des Ha! Ha!, et du Portage des Roches
au Beau Portage, la crevasse est restée ouverte dans toute sa
largeur ; seulement, sa profondeur n’est plus la méme: des
bloes de rochers, dont quelques-uns forment des iles, se déta-
cherent de ses lèvres tremblantes et s’engouff: érent pêle-mêle;
mais, sous l’eau, chacun de ces blocs s’étagea suivant sa gros-
seur—les plus petits au fond, et les autres en remontant, pro-
portionnellement à l'ouverture progressive de langle aigu
que formaient ies deux flancs de la crevasse, en s’élançant de
’abime.
“ Lorsque je faisais écouler ies eaux de la mer saguenayen-
ne vers l'Atlantique, par notre prétendu Fiord canadien, 1l ne
n’est pas venu à la pensée que cette mer, ense retirant pro-
gressivement vers l'est, devait se créer, à l’ouest, au fur et à
mesure, des rivages nouveaux, surtout durant les tempêtes
de nord-est, qui sont si remarquables dans le Saguenay. Ce-
pendant pas le moindre indice qui prouve que telle a été la
marche suivie.
“Tl est bien certain pourtant que, la nuit dernière, pen-
dant ce déchainemeut sans pareil des éléments, les eaux, bais-
sées comme elles étaient, ont dû se dérouler en vagues im-
menses sur ces nouveaux rivages, eb y imprimer des reliefs
assez remarquables pour qu’il soit facile de constater un jour «
leur existence. v
“Je présume que les rivières, en cherchant à rejoindre —
cette mer vagabonde, ont pris les devants, sans souci de Va- M
venir, Aussi, voyez comme elles se_creusent, par endroits, …
des lits capricieux, sans regarder si °lles couleront paisibles, —
une fois le travail fait, ou si elles écumeront toujours. ;
“Je n’ai pas réfléchi à cela lorsque J'écrivais que la pluie …
seule avait creusé cette surface meuble et plastique en mille
petits ravins. Je vois que le meuble est en grande partie
disparu avec le courant ; la couche l’ararie que l’on voit ici 4
if 3) Rial. COR ee eee ee
168 LE NATURALISTE CANADIEN
et 1A est bien dure et compacte comme cette terre glaise de
nos battures, il faut d’autre chose que la pluie pour la miner
par ravins de deux à trois cents pieds de profondeur.
“ Une erreur que j'ai faite, et que je ne puis m’expliquer,
c'est d'a oir vidé le lac Kénogami en même temps que je fai-
sais retirer la mer saguenayenne : car du moment que lamer
le laissait en arrière, elle le laissait plein, à ras bords ; son
niveau n'avait pas besoin de s'élever petit a petit pour se dé-
verser par les rivières aux Sables et Chicoutimi ; l’apport des
eaux de ses tributaires retournait naturellement tout de sui-
te à ses deux décharges sans hausser le niveau du lac.
“ Je suis convaincu maintenant que les glaciers n ont
pas franchi les Laurentides de ce côté-ci, parce que. au-dessus
du niveau de cette mer disparue, la roche n’est ni polie ni
striée par leur action. Il n’y a de polies, arrondies ou mou-
tonnées, que celles qui se sont formées et qui existaient au-
dessous de son niveau.
—Je vous demande pardon...Vous avez dit, M. Pabbé,
que l’eau creuse les roches en place, mais ne les arrondit ja-
mais ?
“ Dans votre traité de minéralogie et géologie, vous citez
les ouvrages à consulter de M. L. Figuier ; ce savant ne dit-
il pas que le glacier faconne, use, strie les cailloux, tandis
que l’eau ne les strie pas ; elle les polit, elle les arrondit, elle
en efface méme les stries naturelles ?
“ Probablement, vous avez voulu parler de l’eau de
pluie ? Oui, c’est cela. Si le glacier a recouvert le bassin du
Saguenay, il y est, certainement, resté enfermé. Appuyé sur
sa vaste base, il s’est maintenu en équilibre pendant toute
l’époque glaciaire, sans effort et sans mouvement, au moins
apparent. Les bancs de schistes, de calcaires qui forment
encore une partie des rivages et toute l’assiette du lac Saint-
Jean actuel, étaient ensevelis, à cette époque, sous une épais-
se couche de terre argileuse et glaiseuse qui les protégea de
l'action destructrice du glacier.
(A suivre) P.-H. Duals,
CAN RS dar nt és Là
UN SERPENT DE MER “ INÉDIT ” 169
UN SERPENT DE MER “INEDIT”
Au commencement de juin dernier, pendant un séjour
que nous fimes aux [ets Caribou (Côte Nord du Saint-Lau-
rent), nous entendimes raconter à quelques pêcheurs les ren-
contres qu’ils avaient faites à plusieurs reprises, d’un “ Serpent
de mer” dans les environs de la Pointe des Monts (endroit de
_a Côte Nord qui fait face, à peu près, à Matane, Cite Sud).
Nous n’avons pas besoin de dire si nous fûmes intéressé par
ces récits.
L'un de es heureux mortels, qui ont fait connaissance
avec le fameux monstre marin, est M. P.-Z. Comeau, frère du
fameux trappeur d'autrefois, M. N.-Alex. Comeau, qui rési-
de maintenant à Godbout. Cet homme, très intelligent et
qui possède une certaine instruction, est l’un des citoyens les
plus en vue des Ilets Caribou. A notre prière, il a bien vou-
lu mettre par écrit la narration qu’il nous avait faite. Nous
publions ici ce rapport, avec ses quelques incorrections de
style : car M. Comeau n’a pas eu beaucoup, dans sa vie de
labeur, le loisir de s'exercer aux choses littéraires, et la cri-
tique lui sera clémente !
Ilets Caribou, 9 août 1895.
A la demande que vous m’en avez faite, je me permets
de vous transmettre le détail au sujet du serpent de mer que
jai eu occasion de voir à diverses reprises.
En 1884, le 19 décembre, un nommé David Picard et son
fils me firent rapport qu’ils avaient vu un poisson d’une lon-
gueur d'à peu près une centaine de pieds, et environ quatre
pieds de large. Nous crûmes à une farce et personne n’en
tint compte, lorsqu’en 1885, en hiver encore, le même David
Picard accompagné d’un nommé Thomas Jourdain virent en-
core le même monstre, mais toujours à une distance trop
éloignée pour en donner une description très exacte. Le mé-
me hiver, en Janvier, le 26, à ma grande satisfaction, j'ai pu
170 LE NATURALISTE CANADIEN
me convaincre par moi-même de la véracité de ces rapports.
J’ai vu ce monstre à une distance de 300 verges, il se tenait
dans une mare d’eau entourée de glace, dormant sur eau,
paraissant se réchauffer au soleil, car le temps était excep-
tionnellement beau pour la saison. A peu près 40 pieds de
l'animal flottait à la surface de l’eau, et probablement
beaucoup plus long n’était pas visible. Voici la position dans
laquelle j’aperçus ce poisson extraordinaire (*),n’apercevant ni
tête ni queue, mais seulement ces deux bosses. Je lai exa-
miné là pendant une couple d’heures, regrettant beaucoup de
ne pouvoir l’approcher en raison des glaces, que je ne pouvais
passer, étant en petit canot d’une douzaine de pieds : vaisseau
dont on se sert en hiver, dans les glaces, pour chasser le pho-
que, ou loup-marin, tel qu’on le nomme iei. En février, la
même année, je l’ai vu de nouveau, et plusieurs aussi Font
vu comme moi. Il faisait des bonds hors de l’eau droit en
Yair, la tête montant à une cinquantaine de pieds de haut,
quittant à l’eau on ne sait quelle longueur. Il fit quatre sauts
de cette manière, montant droit hors de l’eau et se laissant
abattre à plat sur l’eau. En mars nous l’avons vu plusieurs.
Enfin, le 14 avril, la dernière fois que je le vis, il pa-
raissait encore dormir sur l’eau dans la même position où je
le vis la première fois. Le temps étant beau, calme et doux,
très favorable à mon projet, je résolus de l’approcher et de
lui décharger quelques balles. Nous partimes deux çcanots,
lorsque, rendus à 300 verges, les gens montant le canot qui
m'accompagnait, pris de peur, retournèrent en arrière. Je l’ap-
prochai à une distance de trente pieds, sans qu’il ne bougea ;
rendu 1a, animal commença à se plonger, la queue la premiè-
re, Jusqu'à ce qu’il ne resta sur l'eau qu’une partie de la tête,
c’est-à-dire la mâchoire d’en haut, gueule ouverte d’au moins
dix pieds de haut ; la mâchoire d'en bas, je ne l’ai point vue.
Ce que j’ai trouvé de plus monstrueux et horrible, c’est œil
[*] M. Comeau a figuré, en cet endroit de sa lettre, les deux replis du
monstre qu’il a vus en dehors de l’eau,
UN SERPENT DE MER “ INÉDIT ” 171
qui m’a paru d’une grosseur énorme et d’une malice à faire
trembler. Je m'apprêtais à tirer, lorsqu'il prit une position
menacante, et, ne cédant pas un pouce de terrain,se tint ainsi
la gueule ouverte, paraissant attendre ce que nous allions fai-
re. Alors j'ai cru plus prudent de ne pas l’attaquer, n'étant
pas équipé pour une pareille chasse. Nous nous sommes
éloignés et il est disparu, et n’a plus été revu. La peau était
d’une couleur noire, l’écaille paraissant dure ; la queue d’une
baleine, plate sur le sens de l’eau.
C’est le détail que je puis vous donner à ma meilleure
connaissance. Veuillez excuser ce griffonnage et cette
description, exacte mais insuffisante...
PIERRE-Z. COMEAU.
—Mais, écrivimes-nous à M. Comeau, c’est durant l’hi-
ver de 1884-85 que vous avez fait rencontre de votre Serpent
de mer, tandis que lee MM. Jourdain, des Ilets Caribou, nous
ont parlé d’un Serpent qu'ils ont vu il n’y a que quatre ans, à
la Pointe des Monts. Suivant leur rapport, ce monstre était
long d’une centaine de pieds, et de la grosseur d’une tonne. Ce
n’est pas le même animal que vous avez vu ?
Notre correspondant nous répondit ce qui suit, le 22 aofit
. dernier :
-“ Voici explication de ce qui paraît être une inexactitu-
de dans les dates. Ce qu'ont vu les frères Jourdain, ct que
j'ai vu moi-même, pouvait fort bien être le Serpent ; mais je
n’ai pas voulu en faire mention dans mon rapport, parce que ja
ne le tiens pas pour assez certain. Il y a quatre ans, en effet,
nous avons remarqué un poisson extraordinaire, mais À une si
grande distance qu’on n’en pouvait pas distinguer l'espèce ; je
crois autant, moi, que nous avions affaire à une baleine ; cela
me paraissait trop gros et massif pour un Serpent ; dans tous
les cas, je n’en tins aucun compte.”
Sur un numéro prochain nous interrogerons madame la
Science, et la prierons de nous dire franchement ce qu’elle
pense de tous ces récits d'apparition du Serpent de mer.
172 LE NATURALISTE CANADIEN
LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBE
PROVANCHER
ORDRE DES HYMENOPTERES
[Continué de la page 159]
Fam. XXI—ANDRENIDA
Anthophore-à 5-bandes. Anthophora 5-fascia-
ta, 1. Sp.
d'—Long..45 pce. Noire avec pubescence blanche, plus
longue sur la tête et plus dense sur le thorax ; le chayeron, le
labre, les mandibules excepté à l'extrémité, avec le scape, en
dessous, jaune ; le chaperon marginé d’une ligne noire en avant
et portant un point noir de chaque côté en arrière. Antennes
plus courtes que le thorax, celui-ci à pubescence cachant les
técuments, le métathorax très finement ponctué en arrière et
portant une ligne enfoncée ; écailles alaires brun-roussâtre.
Ailes hyalines, à nervures fortes et brunes, la radiale arrondie
au sommetet dépassant à peine la 3e cubitale. Pattes noires,
les postérieures avec les cuisses et les jambes renflées, leurs tar-
ses roux-testacé, Abdomen robuste, recourbé, avec la marge
apicale blanche et une (tache ?) sur les 5 premiers segnients, la
base et le sommet avec poils blancs.—Los Angeles (Coquil-
lett). (*)
Difière de la Subglobulosa, Prov., par ses mandibules jau-
nes, ses marges des segments abdominaux blanches sans pubes-
cence, etc.
Anthophore-a-ceintures-moires.— Anthophora
nigrocincta, n. sp.
d'—Long. .35 pce. Noire avec pubescence jaune-ochracé ;
le chaperon, le labre, les mandibules excepté à l’extrémité, une
ligne transversale au-dessus du chaperon, le scape en dessous,
blane ou jaune pale ; le chaperon avec pubescence plus pale et
plus longue et portant en arrière une grande tache noire de
chaque côté du milieu. Antennes courtes, noires. Thorax en
carré à pubescence cachant les téguments, les écailles alaires
testacé-brunâtre. Ailes hyalines, les nervures noires. Pat-
tes avec les tarses testacés, les jambes et le premier article des
(*) Type au Musée du Parlement, Québec.
1ES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBÉ PROVANCHER 173
varses avec pubescence blanchâtre en dehors, courte et très
dense. Abdomen avec une large ceinture jaune au sommet
de tous les segments, cette ceinture s’élargissant sur les côtés
de manière à les couvrir complètement ; le lur segment for-
tement pubescent.—Los Angeles (Coquillett). (*)
Espèce bien remarquable par son abdomen où la couleur
jaune emporte sur la noire.
Anthophore courte. Anthophora curta, n. sp.
P— Long. .32 pce. Noire, forme courte et trapue, à pu-
bescence blanchâtre, le sommet de Ja tête et le thorax avec
poils blanes entremélés de noirs. La partie antérieure du cha-
peron, le labre moins wn point allongé brunâtre à sa base de
chaque côté, les mandioules excepté à Pextrémité, blanc jauna-
tre ; la face à pubescence soyeuse assez longue, Antennes
noires. Ailes hyalines, à nervures noires. Pattes noires avec
une ligne pâle en dehors sur les jambes à longs poils blancs,
tarses noirs, l’article terminal ferrugineux. Abdomen noir, la
base du ler segment avec longs poils blancs, le sommet et ce-
lui de tous les autres avec une bande cendrée blanchâtre, cou-
vrant presque entièrement les terminaux ; la plaque triangu-
laire de l'extrémité, noire; le ventre aveu une frange termina-
le au sommet de tous les segments.——Los Angeles, Cal. (Co-
quillett). (*)
Amdréne moire. Andrena nigra, n. sp.
P— Long. .42 pce. Noire, sans aucune tache, avec pu-
bescence noire.Le chaperon denstmen ponctué avec une petite
ligne lisse au milieu. Les écailles alaires noires, La pubes-
cence du thorax cachant les téguments. Ailes enfumées-rous-
sâtres, les nervures noires, Pattes noires avee pubescence noi-
re. Abdomen en ovale, poli, brillant, avec pubescence noire.
—Los Angeles (Coquillett).
Espèce bien remarquable par le noir qui règne de toute
part.
Andrène à-pivdsenoirs. Andrena nigripes, n.Sp.
?—Long. .40 pce. Noire avec pubescence noire ; le cha-
peron à ponctuations peu denses. Antennes courtes. Les sil-
lous en dedans des yeux couverts d’un duvet argenté, Tho-
rax couvert sur le dos d'une pubescence jaune- ochraci dense,
les côtés noirs. Pattes entièrement noires, y compris les tarses.
(*) Type au Musé> du Parlement, Québec.
23—Novembre 1895.
174 LE NATURALISTE CANADIEN
Abdomen poli, brillant, plus rétréci à sa base que dans la
nigra.—Los Angeles (Coquillett). f
Se distingue surtout de la nigra par le manteau ochracé
de son thorax, (*) (A suivre)
0 ————_
LE CHIEN DE PRAIRIE
Ce chien de prairie n’est pas un chien,puisqu’il appartient
à la famille des marmottes, et son vrai nom serait cynomis-
Je sais bien que vous allez me dire: cynomis vient du
grec et a comme racine le mot hellénique qui signifie chien !
Je vous l'accorde, mais cependant le eynomis, qui se moque
bien du grec, n’est pas un chien ! La belle affaire ! Les savants
ne s'inquiètent guère de nommer bien des choses et peu leur
importe, pourvu qu’une délicieuse appellation à tournure latine
Ou grecque vienne enrichir le dictionnaire que l’Académie
française, réunie depuis bientôt trois cents ans, n'a pas encore
réussi à parachever......
Mais je m’égare dans des sentiers prohibés et m’amuse à
lancer des pierres dans le jardin de ces pauvres Quarante. qu’on
n’appelle Immortels que parce qu’ils meurent comme le com-
mun des humains...... Et revenons à nos moutons, ou plutôt à
nos cynomis, qui n’ont du chien que l'appellation grecque...
Dans les Etats-Unis, an sein de j’immense territoire que
berdent, d’un côté, la frontière mexieaine, et, de l’autre, ’énor-
me Meschacébé, le voyageur rencontre, presque à chaque pas,
des monticules de terre assez élevés et éparpillés dans ia plai-
ne avec une régularité surprenante ; les cynomis semblent
connaître la théorie des lignes parallèles, et leurs cases sont
rangées avec une harmonie géométrique qui aurait fait la joie
d’Euctide et d'Archimède, Ces côues, espacés par centaines,
constituent des villages, où vivent en société ces cynomis, qui
ne sont point des chiens, mais se rapprochent de l’écureuil. :
* *,
*
Voyons, la soirée est belle, la rivière roule ses flots d’ar-
[*] Nous n'avons pas été en mesure de constater si les types de ces deux
espèces d’ Andrena se trouvent ou non au Musée provincial de Québec.—REp.
e
se
EC PAT AT
LE CHIEN DE PRAIRIE 175
gent à travers la verdure des prés, le soleil à son déclin traîne
ses rayons comme un rateau d'or sur la cime onduleuse des
moissons, la brise est douce et caressante, allons faire un tour
(oi
au village des cynomis. Nous irons sans prévenir, ear ces pe-
tites bêtes-là ont la prétention de ne recevoir aucune visite ;
leur misanthropie—dirai-je leur misoeynomie ? —s’accommode
mal d’une société autre que celle de leurs semblables et ils
s’effarouchent aisément. Que voulez-vous ? il y a de ces phi-
losophies ; et, au fond, sont-ce les moins bonnes ?
Doucement, nous y voila! Voyez ces innombrables pe-
tits cônes, où nous descendrons bientôt ; voyez ces nombreux
eynomis, grands comme un lapin, brouter l'herbe fraîche ou
eravement se poster, assis comme pour tenir une sérieuse as-
semblée ; puis regardez ces espèces de sentin: les qui surveil-
lent le camp......Ah ! nous sommes découverts ; entendez ces
glapissements aigus, regardez cette fuite désordonnée dans, les
orifices les plus prochains !..:.…
Maiutenant,nous allons forcer une de ces demeures! Ne crai-
gnez rien, le cynomis a beau prendre ses grands airs d’audace
et de fureur, il est inoffensif. De l’orifice du terrier, un couloir _
descend à plusieurs pieds, perpeudiculairement : 14 il forme un
coude, se prolonge en pente douce et finit en cellule ronde et
proprette. Le cynomis se contente de peu: une chambre lui
sert pour tous usages ; son appartement, il le tapisse d’un bon
et solide yaillasson d’herbes sèches fortement tressées ; un
étroit conduit, bien propre, part de la cellule et s’en vient à la
surface du sol, servant ainsi de fenêtre à l'hwüble logis.
C’est 14 que vit le cynomis avec sa familie ; c'est la qu'il
passe l’hiver, dans un complet engourdissement. Dès que la
bise hivernale balaie dé son souffle puissant la plaine refroidie,
le cynomis ferme porte et fenétre, se recommande au Maître
de lunivers et s'endort Sur sa couchette tressée. Pour lui, -
plus de vent glacial, plus de neige, plus de maux, plus de dan-
gers, plus de faim, plus de soif : il a résolu la question sociale
par le sommeil. Heureux cynomis ! Bien des humains vou-
n> BS Ai A Tan iM eT i ss DORE de pou ufr et Ed
176 LE NATURALISTE CANADIEN
draient être cynomis sous ce rapport !—Je ne sais si, dans les
villages des cynomis, la politique promène ses ravages ; si la
monarchie ou la république régissent ces humbles Etats ; j'in-
cline plutôt à penser qu’un communisme éclairé préside aux
destinées de la nation des cynomis et je voudrais —oserai-je en
parler dans une revue de sciences naturelles ?—qu’on y accli-
mate les socialistes. L'instinct d'association qui guide cette
intéressante tribu de la famille des marmottes pourrait servir
de leçon à nos grands hommes de la sociale; et les mœurs
douces et inoffensives des cynomis, leur bonne entente réci-
proque, leur nature paisible, serviratent aisément de modèle à
plus d’un gouvernement humain ! “ L'empire, c’est la paix ! ”
Les cynomis n’ont pas attendu cette fameuse déclaration,hélas
si mensongère ! pour réaliser le programme qu’elle contient ;
depuis près de six mille ans, au sein de l'immense territoire
que bordent la frontière mexicaine et le Père des Eaux, par-
mi leurs tertres désespérément bien alignés, les cynomis,
ces chiens de prairie qui n’en sont pas, vivent en paix, sous
l'œil de Dieu !
Henri TIELEMANS.
—_———_———_
O
UNE APPRECIATION
Nous n’avons pas été peu surpris de lire, dans la livraison
de novembre de la Revue nationale, de Montréal, une très
bienveillante mention du NATURALISTE CANADIEN,et cela,sous la
plume de M. Buies,le fin chroniqueur que l’on sait. Une reeom-
mandation de cette sorte, dans un tel endroit et signée de ce
nom, c’est une faveur bien précieus2 pour notre modeste re-
vue ; et nous avons pu constater déjà qu’elle n’a pas été sans
résultats.
Le travail de notre collaborateur, M. Dumais, sur la for-
ination du Saguenay, reçoit du même écrivain, en la même oc-
casion, ‘les éloges mérités.
Nous offrons à M. Buies les sincères remerciements de
notre collaborateur et les nôtres.
VARIÉTÉS SCIENTIFIQUES 177
EST-CE DE LA MEDECINE ?
On nous dit : “Mais vous traitez de médecine, dans le
Naturaliste !’ C’est du supplément consacré à la Zoologie
que l'on veut parler.
Eh bien! l’erreur est lourde. Parce que les médecins
s’oecupent de chimie et de botanique, dira-t-on que ceux qui
traitent de ces sciences font de la médecine ? Les médecins,
il est vrai, étudient l'anatomie et la physiologie, mais c’est
d’une façon cent fois plus détaillée et plus complète que nous,
qui ne faisons guère que donner les grandes lignes de ces
branches d’études ; en outre, nous ne nous bornons pas, com-
me eux, à l'étude de l’homme ; nous nous occupons aussi, en
bonne mesure, de toute la série animale.
D’ailleurs,nous nous contentons, peu près,de développer
le programme de la Zoologie tel qu’il est rédigé pour le bac-
calauréat, à l’Université Laval, non pas dans la faculté de
médecine, mais dans la faculté es arts.
RER ee a
VARIETES SCIENTIFIQUES
UN SAVANT LABORIEUx— Le Prof. Riley,dont nous avons
dernièrement annoncé le décès, a publié plus de deux mille
cinq cents ouvrages, mémoires ou articles scientifiques. Peu
de savants, sans doute, ont autant fourni à la littérature
scientifique. Cette abondance pourrait ne pas étonner s’il s’a-
gissait d’un littérateur ; mais si l’on y réfléchit,si l’on se rend
compte de la somme de travail requise pour la composition
d'un écrit sur les sciences, on comprendra que le regretté M.
Riley n'était pas un oisif.
UX INSECTICIDE NOUVEAU—On recommande l’eau chau-
de pour détruire les pucerons verts des plantes d’apparte-
ment. Ilne s’agit pas de prendre délicatement ces petits in-
sectes un par un, et de les plonger dans un bain d’eau bouil-
lante. Le moyen serait efficace ; mais qu’il faudrait avoir
de lcisirs ! Ce que l’on conseille, c'est d’enfoncer la plante,
la téte en bas, dans une cuvette d’eau chaude. Le plus difh-
LE NATURALISTE CANADIEN
cile, c’est de donner au liquide une température telle que les |
pucerons seulement, et non la plante, y trouveront le trépas.
Il faudra done, pour réussir en cet art, de la pratique et,
quoiqu’on fasse, de... .l’eau pas trop de
LE CANAL DE Cutcaco—N ous disions, en septembre, que
le secrétaire de la Guerre, aux Etats-Unis, faisait étudier les
conséquences du canal en question. Les ingénieurs, chargés de
cette étude, ont fait rapport : 10, que cette entreprise ne peut
échapper à la juridiction du gouvernement fédéral des Etats-
‘Unis ; 20,que cette saignée faite aux grands iacs affectera leur
niveau. On calcule, en effet, que ce canal enlèvera au lac Mi-
chigan 600,000 pieds cubes par minute, et que le niveau de
tous les grands lacs, moins le lac Supérieur, en souffriront
dans les facilités qu'ils offrent pour la navigation.—Dans
tout cela, il n’est pas question du Canada, qui pourtant de-
vrait avoir son mot à dire la-dessus. Cette année, en particu-
lier, où les eaux ont été si basses, dans quelles conditions se
serait faite la navigation au-dessus de Québec, si le Saint-
Laurent avait reçu des grands lacs un volume d’eau encore
moindre qu’il n’a été ?
UNE RIVIÈRE INCONNUE—Qui aurait pensé qu’il y a en-
core des rivières à découvrir en Canada ? Le Prof. Bell, de
NE la Commission géologique du Canada, en a toujours bien dé-
% couvert une, dernièrement, qui est longue de 500 milles, et
pis! dont personne ne soupgonnait l’existence. C’est dans les
Me pays de la baie d'Hudson que se trouve ce beau cours d’eau.
su Sil y a des gens en peine de leurs loisirs,qwils se mettent a la
à recherche de nouvelles rivières ! Voilà au moins une carrière
qui n’est guère encombrée encore.
3 Poa LP TOUp
% LIVRES ET JOURNAUX
Nous avons reçu les publications suivantes
— Handbook und Catalogue of the Meteorite Collection,
by Oliver C. Farrington, Fielt Columbian Museum, Chicago,
if 1895. <A part son mérite scientifique, cette brochure est re-
5 marquable par les exceilentes gravures qu’elle contient.
à. ’ ; , LA
porn À ue “at
:
LIVRES ET JOURNAUX 179
—Bulletin de la Société des sciences historiques et natu-
relles de Semur (Côte d'Or), France. Ce No 8 (2e série) con-
tient des documents historiques de grand intérét,et une par-
tie considérable de la Flore de Parrondissement de Semur.
Arthur Buies, Le Chemin de fer du Lac Saint-Jean,
1895. C’est une brochure de 116 pages qui vient de sortir
des presses, et qui raconte—de quelle intéressante et origina-
le façon !—le passé, le présent et l'avenir de cette voie fer-
rée, entreprise qui a toujours fortement sollicité lattention
publique dans la Province. Bon nombre de photogravures
joliment réussies confirment les affirmations du texte—en
cas qu'il y ait quelques Canadiens quine se fient pas entie-
rement à l'auteur! Il y a jusqu’à une page, la page 46, où
M. Buies fait de la philosophie d'histoire naturelle ; cela
commence par la Saperde, se continue par les Termites, les
Polypes, les Zoophytes, et aboutit à “Pinfime minorité libé-
rale.” Il fallait s'attendre à quelque chose de ce genre! Il
y en a bien d’autres, dans le volume, de ees surprises qui
charment le lecteur.
— Proceedings of the Boston Society of Natural History,
Vol XXVI, part IV. Volume de grand intérêt scientifique,
comme ceux de la même publication qui l’ont précédé.
—Nous avons été chagrin d’appreadre que le Journal
d'Hygiène populaire a été obligé de suspendre sa publica-
tion, apres onze années d’existence.C’est toujours la même his-
toire : la négligence des abonnés à payer ce qu'ils doivent au
journal !—Cette revue a joué son rôle utile ; elle a contribué
fortement à faire connaître et apprécier cette science impor-
tante de lhygiène.—Depuis cette disparition et celle de PAl-
bum industriel, arrivée aussi cette année, notre modeste NA-
TURALISTE reste la seule publication scientifique de la Pro-
vince ; ebencore sa vie est-elle assez précaire.
—Le Journal des Etudiants :—parait depuis le ler octo-
bre ; $1.00 par année. (B te 2187, B. P., Montréal.) Il faut
du’courage à ces jeunes, é udiants de Laval, pour entrepren-
dre de publier huit pages par semaine, sans compter qu'il y
a, dans le journalisme, de bien autres soucis encore que celui
de remplir les colonnes ! Nous adressons, à ces jeunes confrè-
res, nos! meilleurs souhaits de succès.
—_Le Trifluvien, Vun des journaux qui nous témoignent
le plus de sympathie, vient d'entrer dans sa huitième année.
Notre reconnaissance et l’intérêt que nous portons à la bon-
180 LE NATURALISTE CANADIEN
ne presse sont tout à fait d'accord, en cette occasion, pour
que nous adressions de tout cœur nos félicitations et nos
vœux à ce vaillant confrère, qui ne laisse passer aucune oc-
casion de faire le bon combat.
— — — —Q————
“LA REVUE NATIONALE ”
SOMMAIRE DU NUMERO DE NOVEMBRE
—Chants et plaintes du matelot, (An), par M. Faucher
de Saint-Maurice.—Jeanne d’Are, (2e partie,) le Triomphe,
par le Révd Pere Lacoste, O. M. L, Professeur de Théologie,
a l'Université d’Ottawa.—Souvenirs d’Ecole Militaire, les
exercices, par M. Ch. des Ecorres.—Le Malachigan, anecdote
et étude, par M. A.-N. Montpetit.—Le bimétallisme, par M.
John Hague. —Derniers vœux, poésie, par M. Adolphe Pois-
son.— Fontaine vs Boisvert, nouvelle, par M. Pamphile Le-
May.—Les cimetières de Montréal, par M. J. Germano.—
Chronique, par M. Arthur Buies.—Le soir de la Toussaint,
poésie, par M. Ephrem Chouinard.—La Finance, par M. Ed-
inond-J. Barbeau, de la Banque d'Epargne de la Cité. —
Chronique de l'étranger, par M. J.-D. Chartrand.—L’aveu,
chanson, avec musique inédite, par M. le Dr P.-E. Prévost.—
Modes et Monde, par Françoise. — Illustrations : Portraits
et dessins dans le texte et hors texte.
: WANTED : THE ADDRESS OF HUNTERS AND
TRAPPERS IN UNITED STATES, CANADA AND
NORTH WEST T. /
4
G. STAINSKY, Naturalist,
Guns Springs, Colo., U.S.
POUR LA PATRIE, roman me XXe siècle, par J.-P. Tardi-
vel, Directeur de la Vérité. —1 volume in-12 de 450 pg. Prix,
io cts : 80cts franco par la poste, chez Cadieux & Derome,
Editeurs, rue Notre-Dame, Montréal.
()
Au bureau du Naturaliste canadien on peut se proeu-
curer les onvrages suivants:
WA Stearns, NOTES ON THE NATURAL History oF La
BRADOR, $1.00,
W. A. Stearns, BIRD LIFE IN LABRADOR, $1.00.
L'abbé Huard, L’APÔTRE DU SAGUENAY, 50 cts.
eee -
EE
Naturaliste Canadien
VOL. XXII (VOL. II DE LA DEUXIEME SERIE) No12
eH
Chicoutimi, Decembre 1895
Rédacteur-Propriétaire : ’abhé V.-A, HUARD
L'ABBE PROVANCHER
i (Continué dela page 136)
C’était le premier traité de botanique que lon publiait
dans le Bas-Canada. Du reste, notre littérature scientifique
était encore d’une grande maigreur, à cette époque ; si elle a
perdu aujourd'hui de son étisie d'alors, elle n’est guère enco-
re, que je sache, arrivée à l’esabonpoint !—II fallait done
avoir du courage pour offrir au public cette époque, un ma-
puel scientifique, et se résigner d’avance à ne pas rentrer de
sitôt dans ses frais. Aujourd’hui encore, les auteurs
canadiens y vont avec unetimidité si justifiée ! Tou-
tefois, comme je l'ai dit, la tentative de l'abbé Pro-
vancher fut couronnée de succès. C’est que son ou-
vrage venait vraiment “ remplir une lacune dans
la bibliographie de notre pays,” ainsi que l’auteur le procla-
mait dans sa Préface. Qw it y en a eu des écrivains qui se sont
proposé ainsi de combler des lacunes ! Sans compter que mê-
me les auteurs qui ne le disent pas, sont assurés pourtant
d’en combler, eux aussi. Qu'il doit done y en avoir, à présent,
des lacunes de combiées ! Mais il eu reste toujours, apparem-
ment, puisque la race des auteurs, comme celle des Canadiens-
français, s’accroit toujours dans de merveilleuses proportions
L'auteur du Traité élémentuire de botanique avait.
24 —Décembre 1895.
182 LE NATURALISTE CANADIEN
d'autant plus sujet, lui, d’être persuadé qu'il remplissait en
effet une laeune, que lon en était réduit à se servir exelusi-
vement d'ouvrages euro] éens, Si lon vonlait enseigner ou
étudier la botanique. ft Pon devait bien, ces cette époque,
étudier un peu Ja botanique, au moins dans certaines maisons
d'éducation, parce que, vraiment, la botanique, c'est la plus
oracieuse des Lranches de lhistire naturelle ; e’est aussi la
plus facile à acquérir, celle où il y a le moins de ces grands
mots qui, tirés des profondeurs du grec le plus reculé, formés
d’un assemblage de radicaux, de prépositions, de suffixes, de
préfixes, etc., plus ou moins heureusement soudés entre eux,
donnent à maintes expressions scientifiques la plus rébarbati-
ve figure. Quoi d'étonnant si tout cet équipage fait peur
aux enfants et même à tant de grandes personnes ! Je vou-
lais ajouter tout de suite (si la terminologie gréco-latino-
gallico-scientifique ne m'avait fait prendre cette voie d'évite-
ment que j'ai rencontrée en route) pour achever mon pané-
eyrique de la botanique, que c’est la science la plus pratique,
puisque nous avons tous les jours tant de rapports avec Je
règne végétal. J’avoue bien que ces rapports, pour la plu-
part, sont du genre culinaire où gastronomique : mais cela
n’infirme pas ma thèse ; au contraire ! La botanique est donc
la science Ja plus populaire. Or, étudiez-la dans des ma-
nuels importés d'Europe ! Là tous les exemples de earpelles,
de pétiole, d’inflorescence, de racines, ete., sont tirés de plan-
tes qui pour un bon nombre sont particulières à l’Europe.
Et les auteurs de ces traités ont fort bien fait; ils se sont mis
à la portée de ceux pour qui ils écrivaient et qu’ils auraient
déroutés de belle façon, s'ils en avaient appelé, pour confir-
mer leurs dires, à des espèces végétaies de la Mongolie, de la
Patagonie ou...du Canada.
Que l’on étudie, dans les écoles canadiennes, la physique,
le calcul différentiel, la poétique, la logique, dans des ouvrages
européens : fort bien ! Les lois de la pesanteur, de la différen-
tiation, du sonnet, de l'argument ad hominem, sont sensible-
ment les mémes à Versailles et à Sainte-Foye.
oe
L ABBE PROVANCHER 183
Mais en histoire naturelle, il nous faut des manuels ca-
nadiens,sinon à cause des principes et des lois des sciences qui
constituent ses diverses branches,au moins à cause des exem-
ples qui doivent être américains et canadiens autant que pos-
sible. Vive done le Lraité de botanique de Provancher, où l'on
voyait cités : le Martagon-tigré, le Bouquet parfait, la cor-
pulente Citrourlle, la mo leste Pensée, Valtier Œillet d'Inde,
!
etc. !
Ce traité de botanique a bien d'autres mérites, encore. II
a, notamment, celui de la clarté du style, comine tous les ou-
vrages de l'abbé Provanch:r. L'on peut trouver qu'il ya
des différences, à beaucoup d’éyards, entre la manière de
Bossuet, de Buffon, de Chateaubriand, et celle de Provancher.
Mais on ne niera pas que notre savant canadien avait une
façon limpide de dire les choses. Voyez, par exemple, com -
ment il définit l'individu, l’espèce et la variété, dans le rè-
one végétal. “Un individu est un être organisé, complet par
lui-même, et distingué des autres. Ainsi dans un champ de
carottes il y a autant d'individus qu'il y a de plants. —Une
espèce renferme les individus qui ont des rapports très rappro-
chés de ressemblance, dans les racines, les tiges, les feuilles
et l'inflorescence. Ainsi les œillets blanes, pourpres, semi-
doubles, ete., sont tous de la même espèce. Les différences de
forme, de couleur, ete. qui les distinguent ne constituent que
des variétés. Au contraire, une rose-cent-feuilles, une rose-thé,
une rose-mousse, ete., sont autant d'espèces différentes.” N’est-
ce pas qu’il faudrait le faire exprès pour ne pas comprendre
ce langage ?
Je ne résiste pas à la tentation de reproduire aussi l’ob-
servation qu’ajoutait l'abbé Provancher au passage que ya
cité : “On peut par la culture, dit-il, produire de nouvelles va-
riétés, mais on ne parviendra Jamais à créer de nouvelles es-
pèces. ” Voila bien, si.je ne me trompe, la fameuse question
de l'évolution des espèces absolument et péremptoirement
décidée dans la négative. Eh bien! il y a près de quarante
ans que cela fut écrit. Les hommes de science ont bien
PTE UC ey Ly 4 ‘
eae ey EURE OF ARMES
’ À PR ET et
184 LE NATURALISTE CANADIEN
fouillé, creusé, scruté, observé, étudiéexpérimenté durant ect-
te période assez considérable. Or, quel fait sérieux et pro:
bant peut-on, anjourd hui enéore, apporter à l'appui de l'hy-
pothèse que Pon voudrait bien établir, pourtant, afiu de s’en
faire une arme contre le dogme de la création ?
Mais en voila bien assez, dira-t-on, au sujet de ce petit
ouvrage de botanique. J'avoue gue je m'y suis arrêté avec
complaisance. C’est que ce petit volume me rappelle bien
des souvenirs. C’est le premier ouvrage de science que j'aie
jamais étadié. Los ai-je lues et relues, ees 118 pages ! Et ees
gravures, que de fois je les ai contemplées ! Pendant assez
longtemps. cette pauvre brochure, qui a si piètre apparence
lorsqu'on Ja compare aux fastueux manuels d'aujourd'hui,
constitua toute ma bibliothèque scientifique. Car il arrive
bicn des fois que les jeunes gens se voient arrêtés, dans leurs
aspirations de bibliophile, par la disette qui règne dans leur
porte-monnaie, D'autre part, ceux d’entre eux qui ont de
l'argent Asouhait, l’emploient presque toujours à bien autre
chose qu’à acheter des livres.
J'ai dit précédemment que le Traité élémentaire de bota-
mique fut le premier ouvrage publié par Pabbé Provancher.
A prendre les choses au point de vue le plus strictement ab-
solu, cela est vrai. Mais si l’on consent à n'être pas d'une pa-
reille intransigeance, on reconnaitra que cette priorité appar-
tient en réalité à une plaquette de 38 pages, publiée en 1857.
Aussi, comment deviner que le nommé “ Emilien Dupont,
Écr., ” qui signe la brochure, n’est autre que l’abhé Provan-
cher lui-même ? Il en est ainsi pourtant.
Or,—pour commencer lhistqire du plus loin qu'il est pos-
sible—, en ce temps-là, le pays ne jouissait pas encore du
glorieux régime de la Confédération, où les minorités sont
parfaitement heureuses à ]a seule condition de n’étre ni ca-
tholiques ni françaises. Le Canada n'avait pas non plus
avantage de posséder l’Zndépendance, encore un glorieux
régime, où les susdites minorités gotiteraient d’un égal bon-
heur à Ja même susdite condition. C'était sous l'Union
QUE DIT LA SCIENCE DU SERPENT DE MER 185
des deux Canadas, dont le souvenir n’a rien de propre à jeter
dans un délirant enthousiasine le Canadien-francais qui sait
se rendre compte des choses, Alternativement Québec et
Toronto possédaient le siege du gouvernement, et se trou-
vaient étre, chacun a son tour, la capitale du Canada.
(A suivre.) V.-A. H
SAG A AE eee Pr een tte
Que dit la science du Serpent de mer?
On nous a communiqué le No du 12 septembre dernier
de excellent journal The Review (organe des catholiques al-
lemands publié a Chicago), où se trouve un article intitulé :
THE SEA-SERPENT MYTH, que nous avons lu avec un vif in-
térét. Cet article nous paraît traiter la question du Serpent
de mer avec tant de correction scientifique, que nous croyons
devoir le traduire, assez librement à vrai dire, et le reprodui-
re ici. Ce sera la conclusion de l'espèce d'enquêtes que nous
avons instituée à propos du monstre marin que l’on à vu
tant de fois, sans pouvoir jamais le capturer.
LA FABLE DU SERPENT DE MER
L'existence du serpent de mer n’est pas autre chose
qu'une question de fait. Aucun argument à priori ne dé-
montre qu'il ne saurait y avoir de reptiles de ce genre. A
l'époque, mésozoïque, il y eut en grand nombre des animaux
auxquels on pourrait attribuer cette dénomination de Ser-
pert de mer. Pourtant, bien qu’à maintes reprises on ait si-
gnalé la découverte du Serpent de mer, il n’y a pas, à l'heure
présente, le plus léger indice de lexistence actuelle d'un ani-
mal de cette sorte dans l'océan. On ne peut affirmer, sans
sortir du domaine de la probabilité, qu’il existe maintenant
des reptiles marins de grande taille, ni qu'il en existe d’au-
tres que la tortue de mer.
L'océan n’a pas été moins complètement étu lié que les
terres continentales. Les poissons qui habitent les mers, de-
puis la surface jusqu’à une profondeur de cinq milles, on les
connaît aussi bien que les animaux d’égale grosseur dans
186 LE NATURALISTE CANADIEN
n'importe lequel des continents autres que l’Europe. Les ani-
maux marins de grande taille,qui se tiennentala surface de
l’eau, en pleine mer, sont bien connus pour la plupart,et l'ont
même été depuis l'origine dela navigation océanique. Il est
probable que, dans notre siècle, l’on n’a pas découvert même
une demi-douzaine d'animaux marins atteionant une longueur
de quinze pieds. Les anciens connaissaient la plupart des es-
pèces actuellement connues.
Toutes ces histoires de serpent de mer peuvent trouver
place dans quelqu'une’ des catégories suivantes :
lo Récits inventés de toutes pièces, histoires de quel-
que bon orateur de pont de navire, etc.
20 Inspiraticns, imaginations trouvées au fond de la
dive bouteille,
30 Narrations appuyées sur un fait ; et ce fait, c’est la
rencontre d’un phoque, d’un débris de navire naufragé, d'un
tronçon allongé de plante marine ou de quelque autre objet
d'histoire naturelle que l’on prend pour un serpent. |
40 Plaisanteries ou duperies hahilement exécutées, com-
me celle du fameux serpent de mer en caoutchouc que l’on
aperçut, vers 1855, sur le lac Silver, dans l’Etat de New-
York. (*) L'animal se montrait d'ordinaire durant la soi-
rée, et l’on pouvait le voir de la véranda de l'hôtel.
5o Le grand poisson rameur (oarfish) ou roi des harengs,
Regalecus glesne. C’est un habitant de la haute mer, au corps
allongé, mince, en forme de ruban. Il nage à la surface des
eaux, avec de vives ondulations, et s’avance à grande vitesse.
11 atteint une longueur de vingt pieds et même davantage.
La nageoire qu’il porte sur le dessus de la tête forme comme
une crête élevée, et rappelle la crinière d'un cheval : son as-
pect est certes quelque chose de frappant. On n'en a encore
capturé qu’un seul dans les eaux de l'Amérique, qui était ve-
nu s’échouer aux Bermudes il y a quelques années. Ce pois-
son appartient au genre maquereau. Au sentiment du Dr
Goode, on peut rapporter au Regalecus toutes les rencontres
du serpent de mer où il est question de téte dressée.et de cri-
nière de cheval.
On capture quelquefois sur nos côtes un poisson du mê-.
me type, mais plus petit, et même trop petit pour donner idée
d’un serpent de mer : celui-ci, on le nomme le roi des saumons
(Trachypterus rex sulmonorum). Les Indiens Chinock
* Le prétendu Hydrophis capturé au Sault au Récollet, le 25 août dernier,
est un exemp!e absolument typique de ce genre de mystification.—RED.
QUE DIT LA SCIENCE DU SERPENT DE MER 187
croient que la capture de ce poi son empêche rait la venue du
saumon. <A leur dire, la naissance: de jumeaux aurait la mê-
Me pelniciense influence !—On a pris, pour d:s serpents de
mer eu bas age, encore d'autres poissons nazeant avec grande
rapidité, à la forme très al onvée, par exemple l’anguille effilée
(thr al eel), le poisson-courelas (cutlass fish) etc.
60 On a traité encore de serpent ‘le mer le grand requin
à jabot (frill-shark), Chlamydoselachus anguineus. Un pê-
cheur du Maine la décrit avec exactitude, en cette qualité,
avant même que l’on conunût qu'il avait été rencontré dans
Atlantique. Ce requin est très rare ; il est aussi élancé et
flexible qu’une couleuvre, et il atteint une longueur de quinze
pieds ou plus. Sa forme générale est celle du requin, où plutôt
de l'espèce éteinte du requin : car il faut bien remonter jusqu’à
Pave carbonifère pour en trouver qui lui ressemble, Ce re-
quin, avec le jabot de branchies que l’on voit à sa tête, est un
des poissons les plus rares : il n’y en a que quatre spéeimens
dans les collections de musée. Un le regarde com ne le plus
ancien des vertébrés vivant à l’époque actuelle ; ily a long-
temps, en effet, que les requins de semblable allure sont dispa-
rus de lascène. Il ne faut pas chercher ailleurs, quand on
nous parle d’un serpent de mer qui nage lentement etia tête
sous l’eau,
70 Il y à aussi le grand tueur ou gladiateur (Oreaorca).
Cet animal est un mammifére marin qui tient du marsouin
et du dauphin. Sa force et la vitesse de sa course sont gran-
des ; sa férocité en fait la terreur des baleines, des phoques,
des req juins, des espa lons, et en génér: al des grauds poissons.
Il atteint une longueur dev ingt à trente piels. D’ordinaire
les pêcheurs le voient d’un mauvais œil ; mais, l'été dernier,il
leur joué un joli tour en leur amenant de ia mer voisine,
dans la baie de Monterey, des banes de saumons.
Dans ses sauvages assauts contre les baleines,—il put
tuer jusqu'aux plus grands de ces cétacés—,on l’a pris pour
un serpent de mer. San: weoire dorsale en forme d’épée,quia
bien six pieds de hauteur, a rendu la méprise encore plus
facile. Tous les serpents de mer qui atti tuent les baleines
‘les étouffant dans leurs gigantesques replis,’ et “agit wnt
les eaux en une écume de sang,” sout tout simplement de
ces tueurs ou gladiateurs.
So Dans l'océan Indien il y a de petites couleuvres ve-
nimeuses. On les connaît furt bien, et jamais on ne les à pri-
ses pour des serpents de mer.
188 F LE NATURALISTE CANADIEN
L’ énumération qui précède renferme tous les serpents de de
mer que j'ai vu signalés jusqu'à présent.
DAVID STARR JORDAN,
Palo Alto, Cal.
C’est bien là, croyons-nous, le langage de la science, et
elle ne peut en tenir d'autre. Jamais elle n’admettra l’exis-
tence de ces serpents de mer de cinquante, soixante, quatre-
vingts piels ou plus, tant que l’on ne pourra en faire compa-
raitre un, en personne, dans son cabinet d'étude, Car, voilà
le malheur ! On a rencontré tant de fois ces monstres effro-
yables,et jamais l’on n’a pu en tuer un seul,et le faire voir à
un naturaliste.On tue couramment les plus énormes baleines -
il ne saurait être plus difficile de faire passer un serpent de
mer de vie à trépas.
Qu 1l existe encore bon nombre de petits insectes incon-
nus à la science, cela est certain ; les explorateurs n’ont pas
non plus fait connaissance avec toutes les castes de microbes.
Mais comment admettre qu'il y ait encore, dans notre siècle
où les recherches scientifiques se sont poursuivies avec tant
de zèle et même de passion, comment adinettre qu’il y ait, en
ces océans si fréquentés, des animaux marins de taille gigan-
tesque qui ont échappé aux investigations des savants ?
Que si l’on à peine a faire entrer, dans les catégories sus-
dites,quelque “Serpent de mer” plus long même que lOrcaor-
ca du No 7,il suffit de remarquer que l’on n’a probablement pas
wesuré au pied de voi les dimensions attribuées au prétendu
reptile. Les illusions d'optique, surtout en pleine mer, sont
bien fréquentes, et l’on peut s’y tromper, comme sur terre,
avec la plus grande bonne foi.
Après tout cela, il n’est pas tmpossible qu'il existe de
ces grands serpents de mer ; ct la science a déjà dû, plus d’une
fois, admettre des faits dont elle révoquait en doute l’existen-
ce. Tout ce que nous voulons conclure, c’est que la réalité de
ces serpents de mer n’a pas encore été scientifiquement cons -
tatée, et...qu’elle ne le sera pas de sitôt,
Le, me 42 At eae ae ON Ma AUS LR" OP AL
Lee ek ag Me SU ARE Fa
LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L’ABBE PROVANCHER 189
LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABBE
PROVANCHER
ORDRE DES HY HYMENOPTERES
—__-—
Fam. XXI—ANDRENIDÆ
[Continué de la page 174]
Panurge fimbrié. Panurgus fimbriatus, Cress.
—TLong. .40 pee. Noire avec pubescence blanchatre.
Toute la face et le chaperon couverts par la pubescence qui
dérobe en partie les téguments. Antennes très courtes, bru-
nâtres en dessous à l'extrémité, Tête pas plus large que le
thorax. Pubescence plus longue derrière la tête sur le méta-
thorax et les flanes. Ailes hyalines, les nervures et le stigma
noirs. Pattes noires à pubescence blanche, les postérieures
sans autre brosse que les longs poils assez denses couvrant les
jambes et les tarses. Abdomen noir foncé, paraissant comme
velouté, avec une ceinture argentée, très apparente, au sommet
de chaque segment ; l'extrémité avec poils blancs, la plaque
anale nue, noire.—Los Angeles (Coquillett). (*)
Par son abdomen cet insecte a toute l'apparence de l'H«-
lictus coriaceus, Say.
Coliéte de-Califormie, Colletes californica, n. sp.
2—Long. .33 pee. Noire avec pubescence grisadtre sur le
thorax, celle du vertex étant presque entièrement noire ; le
chaperon grossièrement ponctué. Ailes hyalines, très légère-
ment aisouacias, 1 les nervures noires, la seconde récurrente mé-
diocrement recourbée à sa base vers extrémité de Vaile. Pat-
tes noires, les euisses à pubescence légèrement grisâtre, Abdo-
men court, convexe, presque nu, l'extrémité à poils noirs peu
abondants.
d—Avec longue pubescence blanchâtre surla face,
le vertex presque nu, à poils grisâtres postérieurement. — Los
Angeles, Cal. (Coquillett). (**)
[*] Espèce non mentionnée dans la Faune hyménoptérologique ; le Spéci-
men ici décrit se trouve au Musée du Parlement, Québec.
[**] Type au Musée du Parlement, Québec.
25—Décembze 1895.
190 LE NATURALISTE CANADIEN
Hérviade à ceintures-blanches, Heriades albi-
evnctum, n. sp.
9—Long. ,30 pee. Noir, à pubese*nce grisâtre, courte,
plus longue sur les joues et les flancs du thorax,a ponctuations
denses mais non très prononcées,le chaperon tronqué en avant
avec une petite dent de chaque côté, Jes man libules frangée®
de poils ronssâtre:, Les écailles alaires noires ; ailes Iévére-
ment enfumeées. Les pattes à courte pubescence blanchâtre,
Abdomen avec les 5 segments marginés d’une ligne de pubes-
sence blanche an sommet, le 62 pubescent et arrondi. La bros-
ce ventraie blanche.
De À pubescence blanchatre, longue et dense sur la face,
les côtés du mésothorax, l’écusson et le post-écusson à pubes-
cence courte et dense. Abdomen à côtés parallèles, convexe,
densément ponctué, presque brillant, à 5 ceintures blanches,
Je terminal avec une pointe de chaque côté et une antre plus
Jongue au milieu, cette dernière avec une fossette à la base, —
Los Angeles (Coquillett), (*)
Cératise sams-4p me, Ceratina acantha, n. sp.
Q—Long. .22 pee. Vert brunâtre, quelquefois teint de
bleuatre, brillant sur la tête et le thorax, mat sur labdomen.
Tête aussi large que le thorax, modérément ponctuée et brillan-
te, je chaperon lisse, presque dépourvu de ponctuations, por-
tant uue ligne testacée au milieu. Antennes roussâtres à l'ex-
trémité, Thorax poli, brillant, finement ponctué, le métathorax
avec fiues stries sur sa face dorsale. Eeailles alaires brunes.
Ailes légèrement obscures, le stigma noir. Pattes de la couleur
du corps avec pubescence blanche, les tarses roussâtres, les cuis-
ses postérieures simples, sans épine en dessous. Abdomen
densément ponctué, plus large et brusquement rétréci au som-
met, terminé par une petite pointe ; le dessous plus fortement
ponctué avec une ceinture lisse aux sutures, lextrémité de
l’abdomen avec poils blanes.—Los Angeles (Coquillett).
Bien distincte de la Tejonensis, Cress., par sa plus petite
taille et ses cuisses postérieures simples.
&péole superbe. ÆZpeolus superbus, n. sp.
9—Long. .44 pee. Noir, mais couvert en grande partie
d’une pubescence écailleuse jaune-pâle. La tête entièrement
noire, excepté une petite tache pâle en dehors de chaque an-
tenne. Le bord du prothorax, une tache sur les écailles alai-
—— -——
[x] Type au Musée du Parlement, Québec.
i
|
UN MASKINONGÉ REMARQUABLE
i :
ES res, une large bande au-dessons snr les flancs, une bande en-
‘a cerclant tout le re excepté au milieu en avant où el-
4 le se replie pour former 2 p'tites lignes Fe le disque, le bord
| postérieur de l'éeusson, le post-écusson, ue tache de chaque
à côté du mébathorax, jauns-pale. Ailes jégerement enfumées.
| Pattes noires avec les articulations et une tache sur les han-
ches posterieures, pale. Ab lomen jaune-pâle, la base du pre-
mier seginent, avec une bande au milieu atteignant le Ze, une
‘4 bande à la base du 82 et une ligne à la base de 4 et 5, noir, le
: Ge segment noir avec une tache pâle de chaque côté.—Los
Angeles (Coquillett) (*)
Voisin du culifornicus, Cress.. én différant toutefois
notablement par sa coloration.
ee EE
À
>
4 ACTE ¥ i ma —<
| UN MASKINONGE REMARQUABLE
;
pe
À
4 L'extrait suivant, d’une lettre (23 nov. 1895) que nous
s avons reçue du College de Jolictte, intéressera vivement nos
: i ; f 5
lecteurs. Son signataire, le Rvd Père Desrochers, C. 8. V., est
un de nos rares naturalistes de la Province.
…Cette semaine notre économe à acheté sur le marché de
Joliette un Maskinon gé pesant 42 Ibs, lorg de 43% pieds et
mesurant 22) pouces de cireonférence. Ce magnifique poisson
avait été pris dans les iles du las Saint-Pierre. Nous avons
préparé sa dépouille pour notre musée.
En Vouvrant, nous avons trouvé une masse d'œufs pesant
4} lbs. J'ai eu la curiosité de les compter approximative-
ment ; mes calculs m'ont donné pres de 260000 (deux cent
Soixante mille.)
Mais le plus extraordinaire, et que j'use à peine. racon-
ter, c'est que ce poissou en contenait un autre dont la tête et
la moitié antérieure du corps étaient en partie digéréesa lex-
ception des os toutefois, ce quim'a permis de le wesurer
exactement. IL avait une longueur de 241 pouces | Il rem-
plissuit l'abdomen dans toute sa longueur: Je crois que c'était
une grosse carpe. Ce qui explique la possibilité du faib, c'est
(*) Type au Musée dujPurlemeat, Québec.
grande tache en demi-lane au milieu de celui-ci à là base, une
es
ST
LMD
=
le 5 to
ee ee Le à
SE
192 LE NATURALISTE CANADIEN
que Pestomac du Maskinongé (Esox estor, Gill.) s'étend dans
toute la longueur de l'abdomen, et qu’il n'y a pas, pour ainsi
dire, d’œsophage. Ou s’il y en a un, il est aussi large que la
bouche et Vestomac. *De sorte que la proie saisie peut être
avalée directement sans être broyée parles dents. Mais quelle
puissance de digestion faut-il pour fondre ou dissoudre des
aliments absorbés dans de telles conditions ! ! ;
Ce poisson a été capturé sans difficulté dans un filet.
L'eau froide, peut-être aussi l'énorme travail de digestion à
opérer, l'avaient un peu engourdi.
J.-E. DESROCHERS, C. 8, V.
College de Joliette.
0———- ——
DOMMAGES CAUSES PAR LES INSECTES
Le Vicks Illust. Monthly Magazine, du mois octobre,
citait ce qui suit du Public Opinion : “On peut se faire quel-
que idée des énormes dommages que subit le genre humain
de la part des insectes, par le fait que,en 1884,dans les Etats-
Unis seulement, on en évalue le montant à $400,000,000. En
1891, la perte aurait été de $300,000,000, et diminuerait mé-
me d'année en année au rapport de “scientistes” allemands.”
On voit par la que les insectes nuisibles ne sont pas une
quantité négligeable en agriculture, arboriculture et horticul -
ture. Mais il y a plus: la diminution des ravages qu’ils oc-
easionnent, aux Etats-Unis, démontre que ce n’est pas en
vain que l’on y a dépensé, chaque année, de fortes sommes
pour étudier et combattre ces ennemis. Car il n’y a pas un
pays, croyons-nous, où l'Etat s’est autant intéressé, qu'aux
Etats-Unis, à cette Stude et à cette lutte.
~ — ——0
LA RAGE
————
Il estmaintenant reconnu que la rage ne nait junais
spontanément chez la race canine ; il faut un germe pour la
RES a Tr 2
PHOTOGRAPHIE 195
produire, Le chien ne devient enragé que parce qu'il a reçu,
par morsure ou autrement, les orgauismes qui sont les agents
a LA
génération spontanée
de la terrible maladie. —En un mob, la g
est une erreur de plus en plus évidente.
— © —— ) ———
PHOTOGRAPHIE
LA PHOTOGRAPHIE ARTISTIQUE
(Continué de la page 162)
Au point de vue esthétique, ce ne sont pas les obiets re-
produits, mais bien leur interprétation ou leur traduction qui
frappent. Deux photographes, ayant des connaissances éga-
les, peuvent se mettre à l’œuvre au même endroit ; leur choix
du sujet peut différer considérablement, et, une fois leur tra-
vail complété, on pourra admirer une œuvre dart chez lun
et non pas chez l’autre. Celui-la aura résolu d'employer cer-
tains objets, non pour en avoir une copie servile on les repro-
duire mathématiquement, mais pour les faire servir à donner
au spectateur la sensation agréable que prodnit le choix ju-
dicieux de la disposition des objets, et Parrangement heureux
des lumières et des ombres.
Tel paysage paraît sans vie, uniforme, n’a pas de relief
parce que le soleil l’éclairait en plein, votre ombre étant pro-
jetée devant vous sur le sol ; tournez-vous à droite ou à gau-
che, et vous verrez graduellement les ombres s’aecuser plus
fortement, les premiers plans se détacher avec vigueur des
loiutains reculés.
Tel visage paraîtra inanimé et plat, presque difforme,
étane éclairé directement : faites arriver les rayons lumineux
plus obliquement, de manière à produire des omLres et des
demi-lumieres, et l'expression naturelle reviendra vous au-
rez le sentiment de la vie.
194 LE NATURALISTE CANADIEN
En faisant des exercices répétés de cette étude d'ombre
et de lumière vous raisonnerez mieux les conditions favora-
bles de Popération, et vous verrez des tableaux inimitables
là où vos yeux ne voyaient auparavant que des choses bana-
les.
La re‘ouche du portrait est regardée comine nne des
opérations les plus artistiques de Part photographique ; elle
peut l'être en effet, mais il y a un écueil dans lequel bon
nombre sont exposés à tomber, c’est celui d’altérer notable-
ment les traits de la figure, particulièrement de la bouche, ou
de donner une expression toute autre que celle de la nature,
afin de complaire aux clients exigeants.
(D'après le Bulletin belge et d’autres revues).
L'abbé E. POIRIER.
N. B.—Comme nous aurons plus de loisirs, à partir du
mois prochain, nous reprendrons les expériences personnelles
qu'il nous à fallu interrompre. Pourvu que chacun des abon-
nés y mette du sien et, ce qui est encore plas parfait, amène
des recrues, sil en a Poccasion, Padministration du journal
fera la dépense nécessaire pour reproduire, par des gravures,
quelques photographies d'objets vus au. microscope.
L'abbé E. P.
—— ———— — — 0—_ —_—_ ———
BIZLIOGRAPHIE
— Le livre des cercles agricoles— Manuel d'agriculture,
par Ed.-A. Barnard, Montréal, 1895.—Tous les journaux de
la Province ont déjà fait l'éloge de ce livre ; ct, d’après le ra-
pide examen que nous venons nous-méme d’en faire, nous
trouvons qu’on en n’a pas trop dit, si méme onen a dit assez.
I y a la 500 pages bien remplies de tous les sujets qui peu-
vent être utiles au cultivateur ; non seulement les principes
de la science agricole y sont exposés, mais on y trouve aussi
le” plus sages conseils d'économie domestique. M. Barnard,
LA
BIBLIOGRAPHIE 195
aui est le bienfaiteur insigne de Pagriculture canadienne, en
a fait comme le résumé des études et des expériences qu'il a
poursuivies depuis quarante années. Une typographie soi-
gnée, de nombreuses et belles gravures ajoutent encore du
-prix à ce beau volume, qui à été publié par le gouvernement
de la Province—Nous prions lhonorable commissaire de
’Aoriculture d’agréer nos remerciements r l'envoi d’
l’'Acricult Vag ements pour l’envoi d’un
exemplaire.
— L'éditeur du “ Sténographe canadien ” nous envoie un
exemplaire du Tubleuu dela Sténographie Duployé, à Vusa-
ge des écoles de la Province de Québec, et nous len remer-
cions. Ce tableau, parfaitement imprimé sur beau papier, est
destiné à être fixé au mur de la classe,et permettra aux élèves
d'avoir constamment sous les yeux l'alphabet sténographique
et les principes essentiels de l'écriture abrégée. C'est, il
nous semble, le moyen le plus pratique de vulgariser la con-
naissance de la sténographie, art que tous voudraient possé-
Fa)
der en en voyant les avantages, et que beaucoup regrettent
de n'avoir pas appris pendant leur séjour à l’école. Nous fé-
licitous sincèrement notre confrère du Sténographe canadien
d’avoir publié cet excellent tabieau, qui à été revu par labbé
Duployé lui-même, et qui a reçu l’approbation du Conseil de
PInstraction publique. Ll serait bien à désirer que tous les
petits Canadiens fussent initiés aux faciles secrets de Part
abréviatif.
—La Revue canadienne, dont nous publions ailleurs
l'annonce, réluit à $2.00 le prix d'abonnement. Nous espé-
rons que cette réduction lui vaudra le concours de beaucoup
d'abonnés nouveaux. Cette excellente publication, si catholi- ?
que et si canadienne, alimentée par nos meilleurs écrivains— _
Dom Benoit, LeMay, Routhier, Dionne, l’abbé Bourassa, l'ab-
bé Degagué, Leclaire, Royal, ete.—, mérite assurément les
succès qu’elle remporte et dont nous nous réjouissons.
— Nous remarquons, dans l'excellent Journal d Agricul-
DE Mans"
D. a:
ae ses
TES ae
196 LE NATURALISTE CANADIEN :
ture illustré, un for; utile travail de M. J.-C. Chapais, sur les
«Plantes qui ont de l’influence sur la vache et le lait.”
— Nos rivières et nos lacs : Chasse et pêche dans la Pro-
vince de Québec. C’est uue jolie plaquette de 80 pages, que
nous avons reçue du Département des terres de la Couronne.
On y voit, par un simple coup d’ceil, quelles sont les ressour-
ces de notre Province, en fait de poissons et d’animaux ou
gibiers de chasse. D’utiles et intéressants détails sur les clubs
de pêche, les lois concernant l’affermage des rivières et des
lacs, des statistiques, ete., remplissent ce coquet petit volume.
Mais le sportsman qui le lirait durant les époques de “prohi-
bition” serait bien imprudent. ...Ce serait s’expôser à la ter-
rible tentation de désobéir aux lois qui protègent les hôtes
des bois et des eaux.
—— ee
“LA REVUE NATIONALE ”
SOMMAIRE DU NUMERO DE DECEMBRE 1895
—La Finance, théorie du dépôt, par M. Edmond-J. Bar-
beau.—Les Sociétés de Bienfaisanee, (1ère partie), par M. L.-
+. Robillard.—Le port de Montréal, par M. J. Germano.—La
Reine bicyclette, fantaisie, par M. Camille Derouet.—Une
tragédie sous les tropiques, (souvenir de Panama), par M.
Léon Famelart.—Course de taureaux, par M. Ch. des Ecorres.
—Violetta, nouvelle, par M. Alexandre Girard.—Le Vieux
Château ou le Château de Ramesay,(1ère partie),par M. A -N.
Montpetit.—Les femmes dans la politique, par M. Gabriel
Marchand.—Souvenirs d Afrique, combat de Chellala, par un
ancien légionnaire.—Au Monument National, par M. L.-I.
Boivin, président du Conseil des Arts et Manufactures de la
Proviuce de Québee.—Chronique de Pétranger, par M. J.-D.
Chartrand.—Duo, pour violon seul, sans accompagnement,par
M. Oscar Martel.—Modes et Monde, par Françoise. —Z{lustra-
tions : Portraits et déssins dans le texte et hors texte.
[e)
EF Les frais d'impression du titre et de l'index du vo-
lume nous empêchent de donner, ce mois-ci, la continuation
du Traité de Zoologie.
— > ——_ 0 —— ——— ———_
POUR LA PATRIE, roman du XXe siecle, par J.-P. Tardi-
vel, Directeur de la Vérité—1 volume in-12 de 450 pg. Prix,
75 cts ; 8Octs franco par la poste, chez Cadieux & Derome
Editeurs, rue Notre-Dame, Montréal.
TABLE DES MATIERES
P. ges
La vingt-deuziéme année du N'ATURALISTE. ee ses ee se sos o eucos on ee 1
Re ne ne TA Lee AR LE Dee SCO SPORE ES 5
Range chenilles Hot" Re een die cleaners 6
Le: désh ritée.—Le crap: paud (Hi Pielentame Ne. lacks os a 10
2 DEUST E UE 257 Coot NUE MORE AU 2 Le CRU A ¢.-03csinees 12
La diphté ine Lee A Pay ch a aeen see 13, 45
Li pho'ogra; hie sans apparcil (L’abbé EH. Poirier)...........006 oe
Rév. T. Fyles fait l'éloge de l’abbé Pruvancher...... ........000 16
Anos COLES PON ants... soc scs0-0ssecapeoseane ec cen enCE Coren Sates si ihe
Wala fa tr Co) Assocs hare ccs EEE AVC NUL ne AURONT 17
L'abbé ER a D ne le ministère parois: ial, 18955; 116, 133,181
Formation du Sagueuay (P.-H. Dumais)—L’ érosion par l’eau 22
L'époque glaciaire, 37, 107
Le oataclysme, 121,149,165
De la coloration chez les Lépidopté:es (L’abl é P.-A. B-gin)... 27
Les « éshérité:—le lézar i (H. T.clemans s) ++ DAME ET TA lets ARTE 7
Les Zchneumonides de Provancher.......:.......... ER LE 30
Le crapaud ee ean sad Uden REPORT ade ASUS 31
Wea prenie. ess 32, 30,02; 66))8a,, 99" La 13 147, 163; 179
1 LASTER 3) aL aT) I Pei ty San oar On LE Ci nae UNE ah ac A a ain 32
Dr G. M. Dawson, nouveau di:ecteur dela Commission géclo-
gique du Dada 0 A Ses UE iA
Photeg.— Buin combiné de virage-fixage (L’abb: EH. Poirier).. 33
Biblicgraphie.—25/h Annual Report of the Entom. Soc. of
Ont., 35.—Le Petit Almanach poprlaire, 35.— Rapport
du Comm. des Terres de la Cour., Québec, 1893-94, 35.—
Canada eccl, 1895, 35.—Moore, Culture des fruits dans
la Prov. de Québec, 35.—Proc. of the California Acad.
of sciences, Vol. iv, p. 1.,35.—Bulletin of the Gevl. Inst.of
the Univ. of Upsala, 66.— Experiment Station Record,6T.
—-Bulletin of the Fssex Inst., 67.— Catalogue de graines
et plantes, Verret, 67.— Vick’s Floral Guide, 67.— The
Missouri Botanical Garden, 67.—D.vis, Prov. collection
of Ichn. ; The tribe Bassini, 67.— DeLamarr:, Dévotion à
S. Ant., 67.-—Lettre pastorale de Mgr Laflèche,67.—Dion-
ne, Mgr de Forbin-Jan:on, 84.--G.F. Baiilairgé, Son
Exec. L.-G. Baillairgé, 84.—Annales de la Soc. entom. de
B lgique, §4,—Huard, Lapétre du Saguenay, 84.—Oi-
mou, Impressions de voyage, 100.—Paradis, La fin du
monde, 100.—Tardivel, Pour la patrie, 1 112, 132.— Orat-
son fr nèbre du Cte de Fr ontenac, 131,—Bu es, La valiée
2€—Décembre 1895.
PRET TE ee
Ce. 2 + DS
M
i
{
198 LE NATURALISTE CANADIEN
de la Métapédia, 181.—E. Gagnon, Le fort et le château
Saint-Louis, 131.—Leblond de Brumath, Précis d’ Histoi-
re du Canada, 146.—R. P. Carrier, C. 8. C., Histoire de
l'air qu'on respire ;—La Congrégation de Sainte-Croix
en Canada, 147.—Jnsect Life, 147.—P. Gagnon, Essai
de bibliographie canadienne, 162 .—Almanach catholique,
163.—Adresse de bienvenue aux Architectes Baillai: g6,163.
— Handbook and Catalogue of the Meteorite Collection,
Field Columbian Museum, 178.— Bulletin de la Soc. ike
sciences hist, et naturelles de Semur, 179.—Buies, Le che-
min defer du Lac Saint Jean, 179.—Proc. of the Boston
Soc. of Natural History, 179.—Ed.-A. Barnard, Manuel
-d’ Agriculture, 194.— Tableau de la Sténographie Du-
plyé, 195 —La Revue canadienne, 195.— Chasse et pêche
ead la Prov. de Québec, 196.
om uke assouplir | 8 papil ‘lons desaéchés sites 0108
Our insect friends and insect foes (Rev. T. W. “Fyles)
Classification des insectes.................... whioipictete 42
Nomenel .ture BE a A SE CE NE OA
Structure EU or we cb re eT eres Were etn si)
La Soo. d‘hurticulture et de botanique de Marseille.............. 48
Ce que l’on it du Natwraliste........cseccceserscscossosserssaneres 49
Photog.— Débouchags des flacons à l’émeri.—Le nez en a photo
graphie (Lie bbé E. eee PACE MSNM ÉCRAN 1
A propos de gétacé .….…. aid hes ea CENT RS VEN ONE
Les déshérités—L’ araignée (H. Tielemans). By Cote at ee ce 57
Une Araiguée nouvelle, de Trinidad (Provaneher) DUREE VERT 60
Braitemeut ds la phthisie par Le giïfacol.. .................... = OL
Encore le erspand come:tible....., ...................... COTES 62
Le Suisse (F:-X, Di.).suitisss dersstetsessses NS PS ATEN "2108
Chasse aux Dytisques en hiver (J.-C. O.)...................... AS oe al q
Long jeû e d’une Salamandre (L’abbé P.-A. B.)...............…. . |
Le uiicroscope Excelsior... sscecesscsaceenscsdecet oes es ataese 2e 3e 64
La presse et le À aturaliste.....c.csessscnseevee sescescscececoncens cs £208
Augmentation p:ojetée du n: ombre de pages Nahe Sales le MNT TRE os
On veut nous vo er le Saint-Laurent (C Buillairgé)............. 69
Lépidoptères da Sherbrooks et des environs (L’abbé P.-A.
Big). ARENA eet UT DNA SL SSD NT 74, 92
La chasse aux inse:tes (Provaucher)...........+ o éisatees So NS
Dernières descriptions d- Piévandher- Névrüptäres.. NT MST 79
Hyménoptères, 79, 95,110, 129, 140, 157, 172, 189
James D. Dana... i band REP ATEN CA EEE PER RECRUE 81
Photoz.—Applicition de l'électricité à la photographie (L’ abbé
E. Poir. OR te: MANN Give Ac iste, TOR eel 81, 97
Heurédtéd moiiitnaonas ss iicss. ishssstss ete thes HER ee 8 OB
La iéveil du printemps à Ottawa (J. Fletcher)........,.,..,.... 85
pi A ae
PS
TABLE DES MATIÈRES 199
La multiplication : des muches.. 4. Miss issssrs, eves | 94
PiGhibes MOLES: ct ent ns Rae nn etude dote one
Pour détruire les puces et poux MNT et
Propos me TetQuprs ri isa ee ea. SL en = OE
Au golfe BAT ARR ee nh eee Wied nae 108
Le musée de Betsismis................ Reed ebes fascism cece +) LO
Insectes des âges dispirus (G. Chagnon)........cssesscsceeeesecssee 109
Préparation-Bernard contre la mouche-des-cornes.......00....0066 112
XIe Congrès international des Américanistes..….................. 113
Le homard........ Bate seks. Se ack a's PP RTE CHA ÈEE APR Nr OST “
Photog.— Pour reposer la vue.— Erreur fatale(L’abbe E. Poirier) 114
Phi clog GhEMCOMPlO PIQUE! s<. 0.2465 ca scecuscessectobwndceoed's puce iiser 116
Le Suisse (H. Tielemans)...... Ace dapadenn aa teites to ARS RSA 125
Une enquête sur le serpent de mer....... tisse detre LOO. Tae
L'abbé Provancher, d’aprés alae News Bahasa dg
Tie Gatal deo Chic: gore its. acne AN steak 143, 178
Bonne chasse ..... ..... BRE RARE Seg cP PE ARS UNS sc ase 145
La propreté des pots à fleurs.. PRE SATA MAP EN AU een Linas
La photographie de Vinvisible (Photo ee EE ee VPN it ka
Pasteur, Ri Benne nerse nes en sn neneenseneee crseseercssees averseee 159
La vendange à Chicoutimiss essence siedeewcactvdsteaueruaeli. LOO
La photographie artistique (l’abbé E. Poirier). nie 100) 198
Un serpent de mer ‘“ inédit”....... HALL EE PAPER EP ARE CE ER ANR AT
Le ch en de praiïiie (H. Tielemans)........ A ERP ES rt ny eae
Une apprévinbian: sn er Re oe ve EN su el 46
MUS CR HE la hrdedine nes TT
HR Tant MEBODCUR sco sde AR M RL cell nant 6
Un inse ticide nouveau...... .... Tai OUR Eee use dette cte ATEN NE Ape
Une 1ivière nouvelle......... Sidi t a pus wanda: ARR AU Va des des ini RS
Que it ls science du serpent de mer... 185
Un maskinongé remarquab e..............…. PRET OC Une Le a. à LOL
Dommages causés par les ingectes..........., ....,....... crescccsaes. E92
PERE ONE VAN TRE AR A EP DO AA CLEAN EE EPL RPEIINL
TABLE ALPHABETIQUE
DES PRINCIPAUX NOMS DE familles, genres ET espèces MENTION-
NÉS DANS CE VOLUME.
Hindi. 09, Andrenidæ. >: ee NT oe LS
Agaristide..... ado ne babe . 92) Anthophora curta, Prayer ot ih as
Agathis nigriceps, Prov. otecese 96 Ÿ nigrocincta, Prov... 172
Alligator foridanuss: 22000 Der UE “ 5-fasciata, Prov....
Ammophila nasalis, Prov... ++. I11} Anthophylax attsnuatus, Hald.. 16
Anacrabro constrictus, Prov... 141] Aretiidæ, ._............ TO
“ VISA Er OV A sant ae oF 142) AEB eM EN igre ats) UNS : 93
ATAX Waritimius, Proves. ere 719 AStACIHER.:1.,..: 42. ES
Androna migra PTO. went. 220 UT TN ACIACENEE Ne TA TU UE 94
UN migripes; PrOV 1087 0. CP AtEA CUS Poly phemus, LD A EU AIR LATE
no
»Ctenuchida...
200
Braconide... SSA OR See
Ceratina acantha, Prov.......
Chiamydoselachus anguineus...
CGhϾ1ocampine NRA sie srs
ColiasiphWOdicersr sve psc. Eee Se
Colletes californica, Prov.....
Corylus rosata eee, one
Crabronidæ Le, es sos.
se
is. ee twee
Gychruswiduus DE) 0156 0 010s ote
Dytiscus confluens, Say.......
te TASCIVEN EIS, SAP. Lee
Epeira argentata, Prov.......,
Epeiride.... ee see
Epeoius superbus, Prov........
Héoxeston) Gull cee ol) ea ak)
PBT INE TUNES unes,
Gorytes maculatus, Prov......
Halictus coriaceus, Say.......
Mematococcus nivalis.........
Heracleum Janatum, L........
Heriades albicinctum, Prov...
Hlespenidæ. es.
Homarus americanus........-
Hoplisus angustus, Prov......
Ichneumonid2.',.......
Iris versicolur, L....
MaOdanIe TSCA... vis10c) eos e
ATTA TUL Des POV .c LEE LR
HERO ES AN.) 5 eleiol ac (bie
Limacodide,. ....
Liparide...... Ane
Liris magnifica, Prov.........
“ rugosa, Prov...
Hithosiidz.......
BWSR NUCL le ava oe. eee nee
Maciog ossinæ AUS
Macrophya albipes, Prov......
Moro; hadnus pallipes, Prov...
Mutiliide:....
Neinatus tetraopsis, Prov......
Notodontide...
sors.
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us...
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wate ee re
96
190
187
92
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89
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93
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63
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LE NATURALISTE CANADIEN
Nymphalde een ee TEL eee anti
Nymph lie eee LU SERLEREERA RIRE
MYSSONITE He cise spite em ST RIAL)
Ocneriatispar eh: dasha ae RG
Odontomachidæ. 7.2.0 96
Odontomachus sericeus, Prov.. 97
Odynerus bi-maculatus, Prov.. 157
“ robustus, Prov....... 7
“ MITCOLON, "PYOV RE (eos
3 truncatus, Prov....... Me
QOTredOrCay. nae sia RE ER SRE aL Om
Otocoris alpestris praticola..... 86
Panurgus fimbriatus, Puov...., 189
Papillon RCE ECRE RCE tt
PAPINONLNE ANNEE RME EPS se,
Pezomachus niger, Prov....... 96
Pibilodinasr ose ot. een
Pins Heh Lt pee he tints ee ese nn
Pompuidae seen uowivies ten IL
Pompilus compactus, Proy.... Ke
Pyrausta torvalis....essscoe-.. 28
Regalecus glesne 21000 7 0186
Salamandra glutinosa, Green., 63
Saperda puncticollis, Say...... 144
Saturne Lens ee ofan ence
DA LUNA ca ce ER SE Le
SaCyITRRe ent Me EEE ee 76
Sciurus 4-vittatus, Say......... 63
Silpha lapponica, Herbst...... 102
Sphaerophthalma alveolata,Prov. 110
Sphesidaes cee cv iciieiee mare cis Dan
Sphinpidat,... essences. 1 TOs
SMI OIG PER EE ERP EEE se
Spilosoma lubricipeda......... 36
SYATO MISE PERMANENTE LUE RER DRE
‘Tamia 4-vittata, Less.........0% 63
Penthredinidacs,.s.\-\s cease) 9) 90
Trachypterus rex salmonorum. 186
Uredo mivahsaMBauer outre 13
Vanessa Progne, Cram...-....
Ziphius nove-zelandiaz......... 52
OES) OSES ay ad
ERRATA
Page 55, l'gne 27, lisez : soient pas très facilem. ut aperçus.
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24, lisez : dessous aw liew de dessus,
précède *! if
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BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVER-
| TESSE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE
PR à DU CANADA &
Fonpé par L ABBE PROVANCHER
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CHICOUTIMI
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PROVINCE DE QUEBEC
. :: CANAD#.
Un Empr'mcrie du Progrès pu Saguenay, Chicoutimi
© SOMMAIRE DE CE NUMERO
——————
Le réveil du NATURALISTE.......esceeees RE AE DEP AFS
Notre PrOglAMME.. ee... sers. RD iris it. 1-4
A nos confrères de la Presse............…. HUE TES pa sown begun 10
A qui adressons-nous le NATURALISTE.......... RU NC ME ite
Monseigneur Laflamme..................... pCO ag Tes com 12
Entomologie médicale. ..... esse... ss een 13
Le dernier écrit de l'abbé Provancher...... mee Teer ites mer
Expériences originales.............,........ USD ye RO 12
SuPPLEMENT—Traité de zoologie....................., Nea dae ot chek ‘
LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de.
chaque mois, par livraison de 16 pages in-80.
Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats-Unis
est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres
pays de l’Union Postale, six FRANCS.
Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la livrai-
son suivant la date où l’on aura payé,
On ne peut s'abonner pour moins d’un an. Les person-
nes qui souscrivent au journal durant l’année, recoivent les nu-
méros parus depuis le commencement du volume,
La rédaction entend laisser aux correspondants du journal
l'entière responsabilité de leurs écrits.
Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à
l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré-
dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V:-A. Huard, Séminaire de Chi-
coutimi, P. Q. =
AGENCES DU NATURALISTE
Quésec.--M. J.-M. Aubry, Marchand d'Orn. d’Eglise, 9,
rue Buade, Haute-Ville.
MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo-
seph, Saint-Roch. :
Paris._-MM. A. Roger & F. ese ail Editeurs, 7, rue
des Grands-Augustins,
OL LLL LLL TTC,
Volt EN SE NAS
A to: by - +
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ik V Vol: XXI Fevrier 1894
M ON À HNN?
AY MAIS AS LU Ü BDS
BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVER-
TES SE RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE
DU CANADA
Fowpé Par LABBE PROVANCHER
CHICOUTIMI
‘PROVINCE DE QUEBEC
CANADA D
Imprimerie du ProGrÈs pu Saguenay, Chicoutimi
SOMMAIRE DE CE NUMERO
Bon accueil fait au NATURALISTE.............. NC Na ARCA Al Soi
A quoi sert l’étude de l’histoire naturelle... , 23
Entomologie médicale (Suite et fin).…...............…. ulucel . 24
Cours dentomologie populaires. 4444.50. lt. 02
The Nidiologist........ Laos lee ea auenine pianos PISE Meh GUE ISNePEel 29
Chasseur onsecteg.. LC UC RER APS rt 30
Les grainetiers des E.-U................…. RAA LORS Le AS AAA à
Unijardin-dans une citrouille Pete AMEL 92
La conservation des œufs... DAS bp ya te gk EN ARS LUE EURE DER 33
L'influence de la Lune—Bibliographie............... AOR a Iai
SurPPL.--Traité de zoologie....... SIA A Et à isha tear PRIE
LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de
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La rédaction entend laisser aux correspondants du por el
l'entière responsabilité de leurs écrits.
Toutes les communications, relatives à la ne ou à
l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré-
dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi-
coutimi, P. Q.
AGENCES DU NATURALISTE
CHICOUTIMI.—Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY.
Quégec.—M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Eglise, 9,
rue Buade, Haute- Ville.
MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo-
seph, Saint-Roch.
Paris,--MM, A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue
des Grands-Augustins,
AANA ANRNM
RAGIN CU SUN
BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVER-
TESSE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE
DU CANADA 4
FoNDÉ par VABBE PROVANCHER
CHICOUTIMI
PROVINCE DE QUEBEC
CANAD Ay,
ta ian du ProGrès pu Saguenay, Chicoutimi
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NOMMAIRE DE CE NUMERO
Portrait de l'abbé Provancher........4..... de lene shee ee Lt
Biographie ...... ea ee van ee VAUT SP RNCS caine SE En de 4
Cours d'entomologie populaire (Sunte)- 2.752707 42
Une nouvelle espèce de truite...... SANTE AE SM PTS A EUR
Le cataclysme du Saguenay...... NC AE RUES d ace 49
Merci !—Nouvelle série,........ k ET |
SUPPL,—Traité de Zoblagie LIEU PAST ES desta en
LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de
chaque mois, par li vraison de 16 pages in-8o.
Le 3a de labonnement pour le Canada et les Etats-Unis
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coutimi, P, Q.
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CHICOUTIMI. —Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY.
QUÉBEC.-—-M. J.-M. Aubry, Marchand @’Orn, d’Eglise, 9,
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seph, Saint-Roch.
Paris.--MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue
des Grands-Augustins,
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PROVINCE DE QUEBEC
CANADA
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Cours d’entomologie populaire, G. Beaulieu (Suite)... 58
Formation du Saguenay, P.-H. Dumais................ Pie eo? foe
ENCOUTACEMEMESIUTES Pratiques... Lester acme ceweeeteececs MOO
Wile UMAR ASS ASSING ... ctu vs vas RU ee nee ON
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SUPPL.—Traité de Zovlogie.............. San rene Cite ee
LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de
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coutimi, P. Q.
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CHICOUTIML.— Au bureau du PROGRÈS DU SaGuEnay.
Québrc.—-M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Eglise, 9;
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MM. J.-A. Tanglais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo-
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Paris.-MM, A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue
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LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de
chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-8o.
Le prix de labonnement pour le Canada et les Etats-Unis
est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres
pays de l’Union Postale, SIX FRANCS,
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son suivant la date où l’on aura payé.
On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les person-
nes qui souscrivent au journal durant l’année, reçoivent les nu-
méros parus depuis le commencement du volume.
La rédaction entend laisser aux correspondants du journal
l'entière responsabilité de leurs écrits.
Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à
l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré-
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BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVER-
TES.SE RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE
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LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de
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est (UNE PIASTRE par année.—Pour la Riance et les autres
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Quésec.--M. J.-M. Aubry, Marchand @’Orn, d’Eglise, 9,
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chaque mois, par livraison de 16 à 20 yages in-8o.
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est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres
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Cuicourimt.—aAy: bureau du PROGRÈS pu SAGUENAY,
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Cours d’entomologie populaire, G. Beaulieu (Suite) 153
L'histoire naturelle à l’exposition de Québec... 157
Comment détruire les insectes dans les fourrures... 163
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Cours d’entomologie populaire, G.Beaulieu (Swite)... 165
La formation du Saguenay, P.-H. Dumais (Suite) .. 168
Botanique médicale, Dr Jéhin-Prume. .…...........….. 172
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série, volumes ou numéros de l’ancien NATURALISTE, et
pour autres ouvrages de l’abbé Provancher.
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N. B.—S’adresser au bureaudu NATURALISTE pour
série, volumes ou numéros de l’ancien NATURALISTE, et
pour autres ouvrages de l’abbé Provancher.
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Les déshérités—Le crapaud (H. Tielemans)..........…... 10
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La Diphtérine Lacerte.............. VASES NOOR CMR DUNC seat PTT 15
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De la coloration chez les Lépidoptères, l'abbé P.-A.Bégin 27
Les déshérités—Le lézard, H. Tielemans................. 29
Les Ichneumonides de Provancher...….................……. 80
Le crapaud comestible.........,................, se... ANUS NL
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Comment assouplir les papillons desséchés............
Le NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de
chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-6o.
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TESSE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURSLLE
DU CANADA
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TESSE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE
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Les Déshérités—L'Araignée (H. Tielemans)............ 57
Une espèce nouvelle d’Araignée (Provancher)....... Pa 0)
Traitement de la phtisie par le gaïacol...........,........ 61
Encore le crapaud comestible... ...... ...... PEUT AS 62
Extraits de la correspondance......... EAN LR AIRE (2! 10
Le microscope “Excelsior”... DRE AT LE Dites OS
Harpresse et le. Natiiralisteiss.ece 0) Pa 65
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TESSE RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE
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SOMMAIRE DE CE NUMERO
On veut nous voler le Saint-Laurent ! (C. Baillairgé) 69
Lépidoptères de Sherbrooke (L'abbé P.-A. Bégin).…… 74
La chasse aux insectes.................. à Ma: LE
Les dernières descriptions de l’abbé Provancher...... 79
James D Dana... titi (abat ne OUT SLA REC 81
Photographie à l'électricité (L’abbé E. Poirier)........ ey
Heureuses nominations—Voix du lointain.......... os 108
Hublications repues../., peste RCE inte seer eames 84
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LE NATURALISTE CANADIEN paratt au commencement de
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SOMMAIRE DE CE NUMERO
Le réveil du printemps à Ottawa (J. Fletcher)......... 85
“Our insect friends and insect foes” (Rev.T.W.Fyles) 89
Lépidoptères de Sherbrooke (L'abbé P.-A. Bégin)...... 92
La multiplication ‘des mouchess,..):0cthesessbecweeracuree 94
Les dernières descriptions de l’abbé Provancher...... 95
Une application de l'électricité à la photographie
(L'abbé E. Poirier)... cr came Raia PRE 97
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Le NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de
chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-8o.
Le prix de.l’abonnement pour le Canada et les Etats-Unis
est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres
pays de l’Union Postale, SIX FRANCS.
Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la livrai-
son suivant la date où l’on aura payé.
On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les person-
nes qui souscrivent au journal durant l’année, reçoivent les nu-
méros parus depuis le commencement du volume.
La rédaction entend laisser aux correspondants du journal
l'entière responsabilité de leurs écrits.
Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à
l'administration du NaTURALISTE, doivent être adressées au Ré-
dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi-
coutimi, P. Q.
AGENCES DU NATURALISTE
CHicOUTIMI.—Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY.
Qufprc.—M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d'Eglise, 9,
rue Buade, Haute-Ville.
MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo-
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Paris.—MM. A. Roger & F. Chernovis, Editeurs, 7, rue
des Grands-Augustins.
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Insectes des âges disparus, G. Chagnon.........;..... 109
Dernières descriptions, feu l'abbé Provancher.......... 110
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XIe Congrès international des Américanistes............ 118
Le Homard.. eISSN Barna a Ba eB be Byte i
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chaque mois, pes livraison de 16 à 20 pages in-8o.
Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats- Unis
est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres
pays de l'Union Postale, SIX FRANCS.
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One peut s'abonner pour moins d’un an. Les person-
nes qui Souscrivent au journal durant l’année, recoivent les nu-
m(ros parus depuis le commencement du volume.
La rédaction entend laisser aux correspondants du journal
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dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A, Huard, Séminaire de Chi-
coutimi, P, Q.
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CHICOUTIMI.— Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY.
QUÉBEC.—-M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Eglise, 9,
rue Buade, Haute- Ville.
MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo-
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Paris.--MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue
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LE NATURALISTE CANADIEN parait au commencement de
chaque mois, par livraison de 16 à 20 payes in-60.
Le prix de l’abonnenient pour le Canada et les Etats-Unis
est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres
pays de l'Union Postale, Six FRANCS.
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son suivant la date où l’on aura payé
On ne peut s’abonner pour moins d’un ‘an. Les person-
nes qui souscrivent an journal d wrant année, recoivent les nu-
méros parus depuis le commencement du volume.
La rédaction entend laisser aux correspondants du journal
Ventière responsabilité de leurs cerits.
Toutes les communications, relatives à la rédaction ou a
Vadministration du NAYURALISTE, doivent être adressées au Di-
recteur- Propriétaire, M. labké V.-A. Huard, Séminaire de Chi-
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MM. J.-A, Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo--|
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TESSE RAPPORTANT A L’ HISTOIRE NATURELLE
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Dernières descriptions de l’abbé Provancher (Suite) 140
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La propreté des pots à fleurs 1.0, de
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LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de
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Une enquéte sur le Serpent: de mer... 1482
Dernières descriptions de l’abbé Provancher (Suite) 157
Deux morts illustres.........-....: A EPP RER ge Re
La vendange à Chicoutimits...) As uen rs
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