mithsonian Institution
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S. Stillman Berry
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LEGONS ELEMENTAIRES
VHISTOIRE NATURELLE
DES ANIMAUX
LEGONS ELEMENTAIRES
SUR
LHISTOIRE NATURELLE
DES ANIMAUX
PRECEDEES
DUN APERCU GENERAL SUR LA ZOOLOGIE
Cwrage adrefe a Maiieme Prancow Lelefrert
Z C CO
PAR
WE. we Docreur J. C. CHENU
CONSERVATEUR DU MUSEE D'HISTOIRE NATURELLE DE M. BENJAMIN DELESSERT
CONCHYLIOLOGIE
PARIS
J. J. DUBOCHET, LE CHEVALIER ET Ce, EDITEURS,
1847
Wy OF OY a 4
sou Lp UMCOMS gY life) 7.
: CO
Mapaxe,
Vous m/avez fait Phonneur de me demander quelques lecons sur lhistoire des
Coquilles et sur la méthode propre @ classer des étres si singuliers et si variés.
Je comprends parfaitement tout lintérét que doivent vous inspirer les collections
précieuses de M. Benjamin Delessert, et le désir bien naturel que vous avez de
consacrer quelques moments & une étude qui vous promet les plus agréables
loisirs ; mais, tout en m’hésitant pas a répondre a une demande si flalteuse pour
mol, je suis loin d’étre rassuré sur Ja maniere dont je m’acquitterai dune tache
aussi difficile. ;
Vous avez surtout augmenté mes craintes, Madame, en me confiant les lettres que
Jean-Jacques Rousseau écriyit a madame Delessert pour lui permettre d’apprendre
elle-méme la botanique a sa fille Marguerite-Madeleine Delessert , depuis madame
Gautier, votre mere, ainsi que lherbier qu'il forma pour lui faciliter Pintelhgence
de ses lecons.
Vous n’atlendez pas de moi la perfection du style de auteur de ces lettres admi-
rables. Je n’aurai de commun avec Jui que le désir de rendre la science plus acces-
sible a votre fille, en vous laissant le soin de Jui en tracer vous-méme le tableau
dans les limites que vous jugerez convenables; et vous serez assez indulgente pour
comprendre que mes lecons ne pourraient supporter aucune autre comparaison.
I. I
L’étude de la nature ne peut qu’clever les penscées de votre fille vers l'auteur
de toutes les merveilles de Ja création, merveilles quelle appréciera d’autant
plus qu’elle les connaitra mieux. Son esprit, son coeur et sa raison trouveront
beaucoup a gagner dans ces douces occupations, qui, a partles avantages réels qu'elle
en retirera, auront encore le mérite de lui procurer, pour Je présent et Vayenir, des
distractions toujours nouvelles, les jouissances les plus pures, les plus indépendantes
des circonstances et des temps, et les consolations les plus donces aux malheurs qui
pourraient la frapper.
En étudiant histoire naturelle, Vhabitude qu'elle prendra de classer dans son
esprit un tres-grand nombre didées est un des résultats dont généralement on mé-
connait importance, et sur lequel jinsisterais si j’avais & vous prouver que l’étude
de cette science doit étre considérée comme le complément de toute bonne éducation.
L’histoire naturelle, nous disait notre professeur, est la science qui exige les mé-
thodes les plus précises, comme la géometrie est celle qui demande les raisonnements
les plus rigoureux ; et des qu’on posséde bien cette habitude de la méthode, on Vap-
plique naturellement 4 tout ce qui nous occupe. Toute recherche qui suppose un
classement de faits, qui exige une distribution de matieres, se faitd’ apres les mémes:
lois; et tel qui m’avait cru faire de cette science qu’un objet d’amusement, est sur-
pris de Ja facilité qu'elle lui procure pour débrouiller tous les genres d’affaires.
Enfin, cest par l'étude , et particuligrement par celle de histoire naturelle , dont
les éléments se rencontrent partout et & chaque pas, que, loin des plaisirs du
monde , qu’on a si justement appelés les tyrans de la jeunesse, on peut encore
trouver des jouissances qui ne laissent aucun regret, ajouter de lintérét a ses
promenades et du charme a ses voyages.
C’est ainsi que Vhistoire naturelle, méme dans ce qu'on Jui trouve de plus
frivole , réunit les plus heureuses conditions pour développer Vesprit d’obser-
vation et lesprit de méthode. I] faut que cette étude de Ja nature soit d'un intérct
bien puissant et bien soutenu, pour se préter aux besoins de intelligence a
tous les ages ; car ce qui n’excite dabord que Vactive cnriosité de Venfant , de-
vient un sujet sérieux de méditations pour lage mur. I] est inconcevable, disait
Rollin, combien les enfants pourraient apprendre de choses , si on savait profiter
de toutes les occasions qu’eux-mémes nous en fournissent. Les impressions qu‘ils
recoivent sont des germes qui, loin de se perdre, n’attendent que le moment de se
développer. C’est ainsi qu’on pourrait fagonner leur intelligence si flexible aux idées
vraies, grandes et élevées; qu’on éloignerait de leur imagination, avide d’ap-
prendre, le danger, plus grand qu’on ne pense, des impressions fantastiques, des
idées fausses, qui les habituent & considérer comme réel ce qui ne peut exisler, qui
mettent en opposition les sens avec Ja raison, la mémoire avec la vérité, et finissent
par donner a leurs pensées la direction la plus funeste. Tout en reconnaissant cette vé-
rité, exprimée par Rollin, Lacépéde, Cuvier, et tout récemment encore par M. Flou-
rens, vous étes étonnée sans doute, Madame, de voir que parmi tant de personnes,
qui ailleurs ont recu une brillante éducation, ils’en trouve si peu qui possedent les
plus simples notions d’une science qui promet de si heureux résultats. Cet état de
choses s’explique tres-facilement par absence complete de livres vraiment élémen-
taires, ou écrits dans le but de répandre le govit de la science. En effet, les savants
qui se décident a écrire supposent trop souvent a leurs lecteurs les connaissances in-
dispensables pour Vintelligence de leurs travaux, et ils oublient, dés les premiéres
LE
pages de leurs éléments, le but qu ils se proposent. Ils masquent lagrément de la
science par une exposition effrayante des principes ou par un abrégé insuffisant. En-
fin, sil existe quelques ouvrages destinés’ Ja lecture du premier age, et dans lesquels
on a voulu donner aux enfants des notions plus ou moins exactes sur l'histoire na-
turelle, en se bornant 4 leur présenter sans suite et sans méthode les richessesinfinies
de la nature et la puissance immense du Créateur, ces livres w’intéressent que pen-
dant le jeune age, et font désirer plus tard un ouvrage vraiment instructif, dans le-
quel la science, mise 4 Ja portée dune intelligence plus développée, mais débar -
rassée encore de ces grands mots trop multipliés et qui lasurchargent, soit présentée
de manieére a seconder et a entretenir le gout de l’étude.
Par quelle singularité n’existe-t-il, sur un sujet que tout le monde voudrait con-
naitre, que des livres que personne ne peut comprendre sans une étude sérieuse ?
Le langage scientifique est sans doute indispensable aux savants ; mais il faut, pour
ceux’ qui nont pas Ja prétention de Pétre, un langage a leur portée. La nature est
si riche etsi belle ! disait une jeune dame, on a tant de plaisir & admirer ! i] semble
que dans l’étude de tant de merveilles on va trouver ce quil peut y avoir de plus
agréable pour Vesprit. On ouvre un livre, et on n’y rencontre qu'un assemblage
de mols barbares qu’on dit formés du grec ou du latin ; quelques-uns méme ,
ajoute-t-on, ont une origine fort équivoque, et l'on ne sait trop a quel idiome sau-
vage ils appartiennent. Suis-je Grecque, Romaine ou sauvage pour les comprendre,
ou faut-il que je le devienne pour savoir ce que c’est qu'un insecte, un coquillage
ou un oiseau? Comment se fait-il que tant de gens d’esprit m’aient pas pu trouver
dans notre langue un mot qui valtit autant qu’un mot grec, et que nous aurions
compris sans peine ?
En effet, les traités (histoire naturelle sont généralement trop sérieux pour les
gens du monde, et le choix et la multiplicité des mots techniques les rendent inabor-
dables pour ceux qui débutent : et cela devait étre ; ces traités ne sont pas écrils
pour eux. Les mots ne se gravent dans la mémoire qu’autant qu ils représentent
une idée; et Jes auteurs ne prennent pas Ja peine de donner lexplication de ceux
qu ils empluient, et dont Pétymologie ne se trouve souvent qu’ayec beaucoup de
peine. Ausst mhésite-t-on pas a exclure les livres de science de ses Jectures habi-
tuclles, et 4 leur préférer ceux ot toutes les formes de séduction sont employées,
quoiqu il soit bien reconnu que la plupart de ces derniers ont trop souvent le désa-
vanlage d’égarer imagination, de fausser les idées et de ne laisser & Pesprit au-
cune impression ulile.
Vous comprenez maintenant, Madame, pourquoi les connaissances en histoire
naturelle sont si peu répandues, malgré lintérét qu’elles inspirent méme aux plus
indifférents.
Cependant, sans vouloir devenir savant naturaliste, ce qui exige des éludes sé-
rieuses et constantes, on doit et l’on peut facilement acquérir les connaissances
usuelles qui se lient a divers besoins, aux arts, @ l'industrie ; on doit avoir certaines
notions générales sur Jes animaux qui nous étonnent par leurs formes et leur in-
stinct, sur les diverses productions qui nous entourent, sur Ja constitution du
globe, et sur les révolutions qui ont Jaissé dans les couches qui Je composent tant
de témoins de ses divers ages : on peut vouloir former une petite collection et cher-
cher a la classer méthodiquement.
Un Jivre @lustoire naturelle, écrit, pour les gens du monde, doit réunir plusieurs
— iv —
conditions. II faut que ce livre soit dun prix ala portée de toutes Jes bourses, et que
la forme de sa rédaction, sans nuire a Vexactitude des détails, déguise au moins ce
que la science peut avoir de trop sévére. Quel autre témoignage invoquerai-je,
apres avoir cité Buffon, dont le nom si populaire vient a Vesprit dés qu'il est ques-
tion @une science dont il révéla Je premier tont le charme par un style brillant,
harmonieux et varié comme les objets qwil décrit ! Ses travaux, promptement et
universellement appréciés et lus, ont eu un succes aussi prodigienx que soutenu ;
ils ont fait aimer la science, et valu & auteur le titre bien mérité de peintre de la
nature.
Maintenant, quelle que soit la eélébrité des savants qui lui succéderent, quelle
que soit ’importance et méme Ja supériorité incontestable de leurs travaux, quant
aux progres qu ils ont fait faire a lascience, ils ne peuvent prétendre a la popularité
de Buffon, et leurs ouvrages ne sont lus que par ceux quise livrent exclusivement &
Pétude ; ils sont indispensables & ceux que l'amour de la science entraine, mais ils
sont peu faits pour Pinspirer aux gens du monde qui essayeraient de les ire. Leurs
descriptions ne sont, en quelque sorte, que Ja dissection minutieuse d'un animal, et
leur but est atteint lorsqw ils croient avoir indiqué la place que chaque étre doit
occuper dans le groupe auquel il appartient. Buffon, en faisant histoire @unanimal,
cherchaita le faire voir; il donnait dela couleur aux mots qu'il employait, et il jetait
de lintérét sur les étres les plus vulgaires en apparence, en faisant connaitre leurs
habitudes, leurs instincts et leurs passions. Buffon n’a pu malheureusement aborder
qu'une partie de la science ; et si personne n’a complété ses travaux, en cherchant a
le prendre pour modéle, ce n'est pas que ce qui reste a faire soit plus difficile et se
préte moins au style descriptif; car quelle imagination pourrait créer des sujets
plus variés, plus multipliés, plus admirables que les Insectes, les Papillons et les
Coquilles, et tant autres animaux dont il n’a point parlé? La nature a prodigué a
ces chétives créatures les couleurs les plus riches, les plus brillantes, et les formes
les plus singuliéres ; elle ne leur arefusé mi activité, nilindustrie ; on dirait méme
quelle s'est attachée & nous les offrir comme des exemples de sociabilité, de travail,
de prévoyance et de courage. Les petites passions qui les animent, et qui nous sem-
blent si mesquines, sont cependant copiées sur les nétres, et leur organisation est
d’autant plus extraordinaire qu'il parait impossible de rassembler dans de si petits
corps de plus étonnantes merveilles.
L’étude de certaines parties des sciences naturelles a néanmoins rencontré des
détracteurs, parce qwil est usage de faire peu de cas de ce qu'on ne connail pas ;
mais si !’on veut prendre Ja peine de jeter un coup d’ceil sur Pensemble de la créa-
tion et sur la prodigieuse quantité d’étres organisés qui couvrent le globe, on sera
bient6t convaincu que eeux qui échappent a notre vue, comme ceux qui nous
étonnent par leur taille gigantesque, sont destinés 4 jouer un rdle @une égale
importance; Jes uns ne sauraient exister sans les autres, et chacun deux est in-
dispensable & Vharmonie de lunivers. Dieu n’a rien fait dinutile; rien n’est assez
grand pour se soustraire & sa puissance, rien n’est assez humble pour nétre pas
objet de sessoins protecteurs; et si, dans bien des cas, nous ne pouvons compren-
dre les intentions de sa sublime sagesse, c’est qu'il a su aussi tracer des bornes 4
notre intelligence. Les animaux Jes plus chétifs traversent les si¢cles comme ceux
que nous croyons plus privilégiés. L’instinet, chez eux, supplée ala force, Vagilité a
la ruse ; ef lorsque nous supposons dans un animal l'absence complete de moyens de
— |\ =:
défense ou de conservation, il y a toujours quelque admirable ressource a l’aide de
laquelle sa race ne périt pas et se conserve au milieu des dangers qui l’environ—
nent. Enfin, plus un animal est petit, et plus il donne lidée de Vinfinie puissance
qui l’a eréé. Le soin qu’on met A connaitre les plus faibles créatures n’a donc rien de
plus frivole que l’étude de celles que nous croyons d'une ulilité plus pressante.
Il faut, dit Cuvier, que le naturaliste vraiment digne de ce nom connaisse l’organi-
sation de tous les animaux, qu’il les compare tous, et poursuiye la vie et les phéno-
ménes qu'elle présente dans tous les étres qui en ont recu quelque parcelle. Ce n’est
qu’a ce prix qu’il peut espérer de soulever Je voile mystérieux qui en couvre I’es-
sence. L’observation des fails les plus insignifiants en apparence conduit souvent
aux résultats les plus utiles. Comment expliquerait—on les variétés nombreuses que
présentent les végétaux, si or n’avait remarqué que certains Insectes, tels que les
Abeilles, les Papillons, et d’autres dont le corps velouté se charge de cette poussiére
jaune quwils trouvent sur les fleurs, vont, agents aveugles d'une volonté supréme,
déposer ensuite cette poussiere sur d'autres fleurs qwils fécondent? N’est-ce pas la
découverte de ce croisementsingulier, de cette fecondation artificielle, quia donné les
plus merveilleux résultats pour la culture des fleurs et la multiplication des arbres
a fruits, dont les produits hybrides sont généralement plus nombreux, plus gros et
dun gout plus délicat? Enfin, c’estapres avoir étudié avec soin les moyens qu’emploie
la nature, qu’on reconnait qu'il faut admettre un grand nombre de faits dont Ja
cause nous échappe, dont on ignore Je principe, et que certaines vérités de la
morale et de la religion ne sont pas les seules auxquelles il faut croire , malgré
Pabsence dune évidence palpable.
L’étude des Coquilles et histoire des animaux qui les habitent fixent particulie-
rement votre attention; je le congois sans peine : vous pouvez disposer de la collec-
tion la plus riche et la plus complete qui soit connue, et M. Benjamin Delessert
laugmente sans cesse. Mais vous ne voulez:cependant pas rester étrangere a toutes
les antres branches des sciences naturelles; elles s’éclairent d’ailleurs l'une par
Yautre, et sil est impossible ala méme personne de Jes éludier toutes avec le méme
soin, il est facile cependant d’avoir une idée générale de leur ensemble. On suit
ainsi la marche progressive de Vorganisation dans toute la série; on voit avec
quelle admirable perfection les organes Jes plus essentiels & la vie se transfor-
ment dans chaque classe , pour éfre appropriés aux divers milieux oi doivent
vivre et se développer les étres qu’on étudie. La connaissance de ces généralités
augmente lintérét et fournit le sujet de mille comparaisons curieuses. Chacun
alors, selon son gout, soccupe de telle ou telle branche, et cette étude, ainsi
limitée, suffit encore 4 celut quis’y livre pour capliver toute son attention. C'est
alors que l'on communique aux autres ses observations ou ses découvertes, et c’est 2
Vaide de ces échanges mutuels que les sciences ont fait de si rapides progres.
Heureux commerce, dit Lacépede, qui ne fait perdre que ce que lon ne commu-
nique pas ef qui produit un bonheur sans regrets. Vous Je savez, Madame, la
nature est inépuisable dans ses détails, et il y a encore tant de recherches a faire
avant d’avoir tout découvert, qu'il reste toujours a celui qui débute Jespoir de
servir un jour ulilement la science.
L’importance de étude de la conchyliologie n’a pu étre reconnue tant qu’on ne
sest occupé que des Coquilles, sans faire attention aux animaux dont elles ne sont
qu’une partie, et tant que Ja géologie n’a pas trouvé dans les débris fossiles, contem-
— yl —
porains des divers ages du globe, les témoins irrécusables des changements qu’a
éprouvés sa surface.
Longtemps aussi on s’est contenté de rassembler les Coquilles et d’en former des
collections plus ou moins nombreuses, parce que leurs formes, les couleurs ravis—
santes dont elles sont ornées, leur facile conservation et la rareté de quelques espe-
ces, suffisaient pour exciter la curiosité des collecteurs et souvent méme pour flatter
leur amour-propre. Ce n’est cependant pas 4 ce point de vue qu’il faut horner Vin-
térét qui s’attache & leur étude ; la connaissance exacte de lorganisation des ani-
maux qui les habitent et qui les construisent est d’une importance telle, qu’on ou -
bherait peut-étre, si cela se pouvait, Ja Coquille, pour ne s‘occuper que du
Mollusque.
La formation du globe et sa constitution excitent au plus haut point la curiosité
des naturalistes, et méme celle des gens du monde, surtout en présence des faits qui
prouvent que, des couches nombreuses qui le forment, il en est peu qui ne soient
composées en grande partie des débris successifs des corps organisés, dont l’existence
a précédé de plusieurs siécles la création de Fhomme et celle des animaux qui s’en
rapprochent le plus. Ces débris de organisation sont plus ou moins bien conser-
vés, et ceux que la désagrégation devait surtout épargner, en raison de leur com—
position calcaire , sont les Coquilles , que nous retrouvons souvent méme avec des
traces de leurs couleurs.
Maintenant qu’il est bien reconnu que les Coquilles sont les médailles caractéris-
tiques des terrains dans lesquels elles se trouvent, leur utilité pour la science n’a
besoin d’aucun autre développement; et il suffit de dire qu’a part Pintérét scienti-
fique qui leur est propre, elle sont fourni les éléments d'une science toute moderne,
plus importante et plus sérieuse. L’histoire des premiers ages du monde aurait-
elle moins @intérét pour nous que celle dun peuple ancien? el le naturaliste, en
s’occupant de Ja recherche des faits contemporains de la création, se livrerait-il &
un travail plus futile que Parchéologue qui, a Vaide dun vase, @une médaille ou
dune statue, découvre les usages d'une cité autrefois florissante ?
Quelques Coquilles sont employées dans les arts, et presque tous les animaux qui
les habitent fournissent une alimentation saine et abondante. Certaines especes
étaient recherchées par Jes Tyriens et les Carthaginois pour la couleur pourprée
quwelles produisent, couleur quia été détrénée par celle que donne la cochenille,
mais qui pendant un temps était uniquement réservée aux rois et aux triompha-
teurs. On file la soie dorée produite par quelques Mollusques marins. Cette soie,
remarquable par sa finesse, se récolle en assez grande quantité sur Jes cétes de
Sicile et du royaume de Naples; elle sert & tisser des étoffes, et a faire divers ou-
vrages de tricot, tels que des bas, des gants, qui se distinguent par Je moelleux et
Ja solidité; on a méme fabriqué en France, avec cette soie, des pieces de drap qui
ont eu les honneurs de l’exposition. Nous ne pouvons dire ici a quel usage on emploie
toutes les Coquilles; nous croyons moins utile encore de parler de Ja passion de cer-
tains gourmets pour diverses espéces auxquelles ils trouvent un gout exquis, et sur-
tout pour les Huilres, dont on fait une consommation extraordinaire, 4n’en juger
que par celles qu’on recoit A Paris. Faut-il s’étonner alors si Apicius, ce célebre gour-
mand dont parle Pline, avait cherché et trouvé le moyen de Jes engraisser, et s'il pro-
posait de les soumettre & un certain régime pour leur donner des qualités supérieu-
res! Séneque nousapprend aussi que lon faisait, de son temps, un si grand usage de
SS WLS ¢
Coquilles sur les tables somptueuses des Romains, qu'on fut obligé de faire une loi
speciale, moins pour arréter la destruction complete des habitants des mers que
pour mettre un terme aux orgies que ce luxe enfantait. Les Mollusques fournissent
des aliments riches en principes nutritifs ; on croit avoir, en effet, remarqué une
fécondité plus grande chez les populations quien font un constant usage. Ce n’est
done pas sans motifs, dit Virey, que antique mythologie, déguisant toujours des
vérités philosophiques sous le voile ingénieux de ses allégories, faisait naitre Vénus
de l’écume des ondes, au milieu des conques resplendissantes, des Néréides et des
Tritons. Dansl'Inde, les Coquilles servent a faire de la chaux, et les Chinoisemploient
comme verres de vitres certaines espéces grandes, plates et demi-transparentes.
Enfin les perles ne sont pas le seul produit qu’on retire de la Coquille, connue
sous le nom de Pintadine, Mere-Perle ou Huitre perliére; elle fournit encore la na-
cre, qu'on emploie dans la marqueterie et l’ébénisterie de luxe.
La nécessité de s opposer aux dégats occasionnés par certaines Coquilles ne con-
tribue pas peu a ajouter de lintérét a leur étude; car si les Mollusques semblent
inoffensifs, il en est aussi qu’il faut connailre pour s’en défendre. Quelques especes
parviendraient a détruire nos vaisseaux, dont elles altaquent et creusent le bois, si
l'on ne paralysait leur instinct de destruction en leur opposant des corps qu’elles
ne peuvent perforer. Ce résultat n’a pu étre encore obtenu pour mettre a Vabri
de leur singulier instinct les grands pilotis et méme les digues en pierres qui pro-
tégent certains pays, et prés de nous la Hollande, contre les invasions de la mer. II ne
faut que quelques années pour que des travaux d’endiguement soient entiérement
vermoulus et renversés par une vague un peu forle. Ce n'est qu’en étudiant ces
animaux qu'on peut arriver a découvrir Je moyen d’arréter leurs ravages.
Mais, dira-t-on, quelle peut étre Putilté des animaux nuisibles dans Pensem-
ble de Ja création? S’il nous était toujours permis d’expliquer les mysteres qui nous
entourent, nous serions bientot convaincus que notre ignorance seule nous présente
comme uniquement nuisibles un grand nombre d’especes dont nous avons & nous
défendre et quelles jouent réellement & notre insu un role indispensable a l’équi-
libre de lunivers.
Si nous ne paryenons a Je démontrer complétement, nous pensons que le temps
et l'étude plus avancée des étres que l'on néglige a cause de leurs formes repous-
santes ou de Jeur inutilité supposée, finiront par soulever Je voile qui couvre les
actes de la puissance créatrice.
II fallait des étres créés pour la destruction : le Ver qui fait disparaitre un ca-
davre infect, auquel des animaux d'un ordre plus élevé ne toucheraient pas ; !In—
secte qui divise et réduit en poussiere une fiente dégotitante; le Taret, qui attaque
le bois et la pierre placés dans des conditions hors nature, agissent d’apres la Jot qui
préside 4 la transformation incessante des corps, et servent A hater la complete
disparition de toute matiére inutile. Sans ces agents de dissolution, comme le dit
fort bien un auteur anglais, la terre, couverte de cadavres et de débris dégottants
et infects, serait inhabitable; les rivieres seraient encombrées par l’amas de tous
les corps quis’y trouvent amenés ou qu’on y jette; et la mer, en poussant au rivage
tout ce qui s’y perd et tout ce qui succombe 4 l’action du temps et des causes acci—
dentelles, forcerait Vhomme a quitter ses bords et le confinerait 4 l’intérieur des
terres, ou d’autres dégotits et de dangereuses émanations l’atteindraient et le dé—
truiraient Ini-méme. Enfin, si Pon s’étonne de voir ces animaux détruire souvent
SS Ge
Poeuvre de l'homme et nétre pas avertis par leur instinct des limites auxquelles de -
vrait s’arréter leur destruction, c’est que la nature, Loujours sage el prévoyante, tout
en leur accordant une faculté redoutable, n’a pas voulu nous exposer au mauvais
usage quils auraient pu faire de la moindre dose d’intelligence. Nous devons nous
féliciter sans doute de cette sage distribution des facultés, en songeant 4 l’usage que
l'homme fait souvent de celles qui Je placent a la téte de la création.
Mais laissons ces considérations qui nous entraineraient trop loin, et qui se rat-
tachent d’ailleurs & Vhistoire particuliére des animaux dont nous allons nous oc—
cuper.
Je vous prie, Madame, de vouloir bien agréer ce livre, comme un témoignage de
la vive reconnaissance que je dois a toute votre famille, et du profond respect de
votre bien humble serviteur,
CHENU,
INTRODUCTION.
L’histoire naturelle est Ja science qui a pour objet la connaissance des corps qui
constituent ensemble du globe terrestre. Elle comprend Vétude des caracteres
extérieurs de ces corps et leur organisation particuliére, en méme temps que leur
distribution méthodique.
Tous les corps présentent deux caractéres principaux, qui ont servi & les
diviser eN CORPS ORGANISES et CORPS INORGANISES. Les premiers se composent des
animaux et des végétaux ; les seconds comprennent les minéraux.
§
Les corps organisés se distinguent par un principe, appelé vze, action ou force
vitale, qui anime les uns, entretient les autres, et
préside chez tous aux fonctions que remplissent des
organes plus ou moins compliqués. Ils ont des for-
mes constantes, presque toujours arrondies; leur
développement a des bornes, et la vie s’entretient
chez eux par les transformations successives des
substances quils ont la faculté de s’assimiler. Ces
substances, élaborées et transformées en maticres
réparatrices des pertes quotidiennes , sont trans-
portées dans toutes les parties par un mouvement
circulatoire intérieur. Les corps organisés se re-
produisent en transmettant & un germe les pro-
priétés de Vindividu primitif. Leur existence est
limitée et se termine par la cessation des fonctions
vitales, ou la mort.
S$
Les corps inorganisés ou bruts sont exclusivement
sous |’influence des lois chimiques ; ils different des
premiers par leur structure et leur mode de dévelop-
pement; leurs formes sont anguleuses, leur accroisse-
ment est illimité et ne s’opere que par attraction mo-
léculaire et juxtaposition de parties semblables a
eux. Ilsne présentent, nial intérieur nial extérieur,
aucune trace d’organes, et ne forment qu’une masse
homogene qu'on peut diviser sans rien changer a
Fia. 2. Minéral.
I. rl
2 INTRODUCTION.
leur nature; leurs formes sont tres-variables, car Pagrégation des molécules qui
composent ces corps dépend le plus souvent de circonstances accidentelles, et il
en est de méme de Ja cause qui les produit. Leur durée est indéfinie, et ne peut
cesser que lorsqu’une attraction supérieure a celle qui retenait leurs molécules
unies parvient a les désunir.
Linné divisait tous les corps en trois regnes: regne animal, regne végétal, regne
minéral; et il a exprimé d'une manieére aussi heureuse que laconique les caracteres
principaux qui les distinguent: Les pierres croissent, disait-il; les végétaux crois—
sent et vivent; les animaux croissent, vivent et sentent.
En substituant la division des corps en organisés et inorganisés a celle de Linné,
on aréuni sous une méme dénomination les végétaux et Jes animaux, qui tous sont
pourvus d’organes; condition qui les rapproche les uns des autres, pour les éloigner
essentiellement des minéraux. Si @ailleurs les végétaux et les animaux ne se con—
fondent pas réellement, il est assez difficile, dans ]’état actuel de la science, d’éta-
blir & la premiere vue Ja limite qui les sépare, car on ne sait pas exactement
ou cesse, dans la série des étres organisés, Ja sensibilité, qui constitue pour Linné
la propriété par excellence des animaux.
Cependant il existe des différences qui permettent de distinguer deux séries
d’étres organisés, les animaux et les végétaux :
CORPS ORGANISES ANIMAUX. Les animaux ont un tube digestif, ouvert le plus souvent
ases deux extrémités, et garni dans sa longueur de pores qui absorbent les molécules
nutritives. L’essence de V'animal consiste dans la mobilité spontanée a Taide
d'un systeme musculaire, et dans une sensibilité plus ou moins active a l'aide d’un
systeme nerveux; ils peuvent le plus souvent distinguer les propriétés et les qualités
des corps qui les environnent, au moyen d’organes spéciaux dont ils sont pourvus.
CORPS ORGANISES VEGETAUX. Les végétaux n’ont point de canal intestinal, et leurs
pores absorbants sont répandus sur toute leur surface, ce qui les fit appeler par
Aristote des animaux retournés. L’essence des végétaux consiste dans la nutrition,
et ils sont immobiles !.
Enfin les végétaux n'ont qu'un seul élément organique ; 11 consiste en une sub-
stance homogene, transparente, formant des tubes, des cellules ou des mem-
branes. Dans Jes animaux on trouve trois éléments organiques, le cellulaire, le
musculaire et Je nerveux.
Telles sont les différences @organisation générale qui distinguent les végétaux
des animaux. Nous pourrions insister davantage sur les rapports qui semblent Jes
réunir, en examinant les modifications que présente le tube digestif des animaux d’un
ordre inférieur, et en disant qu'on ne retrouve plus guére chez eux qu'un seul élé-
ment organique; mais ces considérations exigeraient des développements minutieux
qui entraineraient trop loin. Il est vrai sans doute que les végétaux et les animaux
'M. de Humboldt, en disant que sila nature avait donné la puissance du microscope a nos
yeux et une transparence parfaite aux téguments des plantes, le regne végétal serait loin
Voffrir Vaspect de Vimmobilité qui semble étre un de ses attributs, n’a voulu parler que
des mouvements circulatoires intéricurs des végétaux, mouvements propres a tous les corps
organisés, mais bien différents des mouvements spontanés des animaux, qui peuvent tous,
plus ou moins lentement, plus ou moins facilement, se transporter d’un point A un autre.
(Cosmos, Essai d'une description physique du monde, t. 1. p. 410,)
INTRODUCTION. 3
ont de grands rapports, puisqu’on les réunit comme corps organisés dans une méme
division ; mais ces rapports sont de ceux qu’on devrait plutot indiquer comme une
des mille ressources que la nature a su employer pour passer d’un type d’organi-
sation 4 un autre, en procédant du simple au composé et en rappelant dans Ja série
quelle commence quelques-uns des caracteres de celle qu'elle termine; et cette
vérité, qui estsi palpable pour les animaux, peut trouver aussi son application lors-
qu il s'agit d’étudier les caracteres que présentent les deux séries d’étres organisés.
Ces considérations générales étaient indispensables pour donner une idée des
rapports et des différences des corps, afin de faciliter Pintelligence de ce que nous
avons a dire de ceux dont il sera plus particuhtrement question dans ce volume.
Nous croyons aussi quil ne sera point inutile de donner une idée de Ja distribution
méthodique des animaux. Cet exposé sommaire remplacera avantageusement ce
que nous pourrions dire de la place qu’occupent Jes Mollusques dans la série zoolo-
gique, et permettra de mieux saisir les dégradations successives de l’organisation
de ces animaux.
CORPS ORGANISES ANIMAUX.
Les corps organisés animaux ont été divisés en quatre séries ou embranchements,
qui représentent les quatre plans principaux d’organisation @apres lesquels tous
les animaux semblent avoir été modelés. Ce sont: les vertéprés, les MOLLUSQUEs, les
ANNELES et les RAYONNES.
Fic. 4. Mollusque.
Vic. 5. Anneleé. Fic. 6. Rayonné,
4 INTRODUCTION.
Le mot embranchement , adopté pour désigner les grandes divisions du regne
animal, donne l’idée des points de contact que ces divisions peuvent avoir entre elles
a Paide des ramifications nombreuses qu’elles présentent. Si l'on ne compare que
les animaux que nous venons de citer comme exemple, on trouvera certainement
peu de rapports entre eux. Mais il n’en sera plus de méme si l’on poursuit la com-
paraison sur quelques points et jusquw’aux extrémités de chaque série.
Fic. 7. Mammifére. Fie. 8. Reptile.
Fic. 12. Poisson.
te’ EMBRANCHEMENT. — VERTEBRES.
(Vertebra, vertébre, os du dos.)
Les Verrepres ont une charpente osseuse intérieure, solide, composée @un grand
nombre de pieces liées les unes aux autres, et cependant mobiles, 4 l'aide d’ar-
ticulations. L’ensemble de ces pieces, connu sous le nom de systeme osseux ou
squelette, comprend toujours: 1° un crane plus ou moins développé et une co-
lonne vertébrale, destinés \loger et protéger le cerveau et Ja moelle épimiére; 2° des
os qui constituent la partie solide des membres, ou qui, par leur disposition, pro-
tégent les visceres en méme temps qwils déterminent la forme du corps. Si Von
compare le squelette de tous les animaux de cetle série, on y remarque toujours
INTRODUCTION. 5
quelque analogie, méme entre ceux qui se trouvent placés aux points extrémes, et
Yon suit pas & pasles dégradations de ce premier plan ou type, depuis ! Homme,
qui présente la combinaison la plus parfaite et commence la série, Jusqu’au der-
nier des Poissons, qui la termine.
SQUELETTES DE VERTEBRES.
Fic. 15. Mammifére.
VULLELA Wy,
WE x IN NAA
j
>
Fic. 16, Poisson.
INTRODUCTION.
2e EMBRANCHEMENT. — MOLLUSQUES.
(Mahone, mou.)
(=)
Les Motiusgues n’ont plus de squelette articulé ; leurs muscles ne sont attachés
qui Penveloppe qui les couvre ; véritable peau qui, le plus souvent, produit une
coquille calcaire extérieure, ou bien calcaire on cornée, et alors intérieure. Le
systtme nerveux de ces animaux se Compose de plusieurs ganglions épars, dont le
principal est considéré comme le cerveau et semble partager avec les organes re-
producteurs la prééminence sur toutes Jes autres parties. Les organes de la digestion
paraissent différer peu, dans Jeur complication, de ceux des animaux yertébrés.
Fic. 18. Gastéropode.
Fic. 19. Pléropode.
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\ )
Fig. 20. Dimyaire. ic. 214. Monomyaire. Vic. 22. Brachiopode.
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INTRODUCTION.
5° EMBRANCHEMENT. — ANNELES.
(Annulatus, formé d’anneaux.)
Le troisieme plan d’organisation (AnNELEs) est plus simple dans sa composition
générale, mais plus varié encore dans les formes que les deux premiers. En effet, les
animaux qui le représentent ont généralement Je corps divisé par des plis trans-
verses ou anneaux durs, solides ou mous, servant de points dinsertion a des muscles
souvent tres-nombreux ; ces anneaux, placés a Ja suite les uns des autres, sont arti—
culés entre eux, et forment une sorte de gaine ou d’étui contenant tous les organes
el les protégeant. On retrouve dans cet étui beaucoup d’analogie avec le squelette
intérieur des Vertébrés et les parties calcaires des Mollusques, et l'on voit qu’il est
destiné aux mémes usages. On a donné aux animaux de cette grande division le
nom d’Annelés, & cause des anneaux dont ils sont formés. Le systeme nerveux des
Annelés consiste en deux cordons placés dans
la longueur du corps et présentant plusieurs
renflements ou ganglons dont le premier
constitue le cerveau.
Fie, 28. Hyménoplére. Fic. 29 Coléoptére. Fre. 30. Arachnide.
8 INTRODUCTION.
4e EMBRANCHEMENT. — RAYONNES.
(Formant des rayons.)
La quatrigme forme générale des animaux ne présente plus rien desymétrique
(RAYONNES) : Jes organes sont placés comme des rayons autour d’un centre; ces ami—
maux n’offrent aucune trace bien distincte dun systeme nerveux et n’ont point d’or-
eanes particuliers pour les sens. L’enveloppe dure ou molle qui les couvre parait étre
aussi, le plus souvent, le siége de la respiration.Chez presque tous le tube digestif con-
siste en un sac sans issue, et quelques-uns méme ne présentent plus qu’une sorte de
pulpe homogene, mobile et plusou moinssensible. Ces dernierssemblent par leurmode
d’ existence se rapprocher des végétaux: aussi les a-t-on nommeés Zoophytes ou animaux-
plantes.
Fic. 35, Infusoire
Fig. 56. Polypier. Fic. 57. Méduse. Fic. 58. Eponge.
Nous allons maintenant donner quelques explications plus détaillées sur la dis—
tribution méthodique de chacune de ces grandes divisions ou embranchements, que
nous n’avons fait connaitre que dune maniere tres-générale.
INTRODUCTION. 9
PREMIER EMBRANCHEMENT. — VERTEBRES.
Aux caractéres généraux assignés aux animaux vertébrés viennent s’ajouter des
caractéres secondaires qui permettent de les diviser en quatre classes : les Mam—
miferes, les Oiseaux, les Reptiles et les Poissons.
Fic, 39. Mammifére. Fie. 40. Oiseau.
Fic. 41. Reptile. Fre. 42. Poisson,
Ces divisions sont établies d’apres les modifications subies par les systemes cir-
culatoire et respiratoire, ainsi que d’apres la forme de l'appareil locomoteur et
la nature de lenveloppe extérieure.
PREMIERE CLASSE. — MAMMIFERES.
(Mamma, mamelle ; ferre, porter.)
Les animaux de cette classe sont ainsi nommés, parce quils sont les seuls qui
nourrissent leurs .petits de lait sécrété par des mamelles. Ils ont des membres
organisés pour la marche, et, par exception, pour le vol et lanatation ; car quelques
especes (les Chauves-Souris) volent comme les Oiseaux, et d'autres (les Baleines) ne
quittent point les mers et revétent les formes des Poissons.
La classe des Mammiferes se subdivise tres-naturellement en deux sous—classes,
d’apres les différences que présente le mode de reproduction de ces animaux.
La plupart des Mammiferesont, au moment de leur naissance, des formes distinctes
quoique imparfaites. La mere les dépose dans le lieu Je plus stir pour leur conserva-
tion, les allaite, et leur communique, en les couvrant de son corps, la chaleur néces-
i 2
a“
10 INTRODUCTION.
saire 4 leur développement ; cependant elle les abandonne chaque jour pendant un
certain temps pour pourvoir elle-méme a sa subsistance. Mais il y a des Mammi-
feres qui se distinguent par une organisation trés-singuliére et par l'état imparfait
des petits au moment de leur naissance. En effet, la femelle a un double ventre ou
poche formée par un repli de la peau et soutenue par des os particuliers. C’est
dans cette poche largement ouverte a lextérieur, et qui devient l’organe d’une
; Re, seconde gestation, que passent les petits,
i Pye) , ; encore informes, au moment de leur
(of ~~; premiere naissance, si je puis m’expri-
mer ainsi. Ils adherent 4 des mamelons
qui établissent de nouveaux rapports di-
rects entre eux et la mere, pendant le
temps nécessaire pour q<wils arrivent au
degré de développement que présentent
en naissant les petits des autres Mam-
miferes. Des lors ils ne sont plus con-
tinuellement adhérents aux mamelons,
et Ja mére les allaite et les porte dans
SD : - sa poche ou bourse jusqu’a ce quwils
Fie. 45. Didelphe, soient assez forts pour se conduire eux-
mémes. Cette double gestation semble étre une transition entre les Mammiferes
et les Oiseaux; car il y a tant d’analogie entre les petits informes et presque gé-
latineux des animaux dont nous parlons et les eufs des Oiseaux, que l’on compare la
seconde gestation des premiers & incubation des seconds.
Ona désigné ces animaux singulierssous lenom général de DIDELPHES (dig, deux fois;
Sedgts, utérus, organe dans lequelse développent les germes), ou animaux & bourse,
par opposition anx Mammiferes de Ja premiére sous-classe, qui sont des MoNODEL-
PHES (voves, un seul; dedg:s, utérus). Enfin, le rapprochement des Mammiferes aux
Oiseaux et aux Reptiles devient plus sensible par certains animaux classés avec les
didelphes. Ce sont des Mammiféres en quelque sorte incomplets, car ils paraissent
n’avoir que des mamelles sans usage; ils pondent des ceufs; leur bouche est formée
par un bec corné analogue a celui des Canards, et n’a pas de dents enchassées. Ils
ont, comme les Oiseaux, un os claviculaire en fourchette, et les males présentent un
ergot corné au cété externe des pattes postérieures; ils vivent dans les marais
et nagent a l'aide de leurs pattes palmées. Le
nom d’Ornithorhynque (29s, oiseau ; pvyzes,
bec), employé pour désigner le plus extraor-
dinaire de ces animaux, exprime le caractere
eénéral qui les distingue. Une organisation
si irréguliere a dui naturellement embarras-
Fic. 44. Orvithorhynque. ser les naturalistes ; aussi les uns ont-1ils cher-
ché a démontrer que les Ornithorhynques devaient étre classés parmi les Reptiles,
tandis que d’autres voulaient faire prévaloir leurs rapports avec les Oiseaux. Quoi
qu'il en soit, cette organisation anormale fournit un exemple des plus frappants
de cette vérité, dont on ne saurait trop souvent faire ressortir les applications
nombreuses : la nature, pour passer d’un type d’organisation & un autre, rappelle
dans la série qu'elle commence quelques-uns des traits de celle qu'elle termine.
INTRODUCTION. 11
PREMIERE SOUS-CLASSE. — MAMMIFERES MONODELPHES.
Plus les divisions se multiplient, moins les caractéres d’aprés lesquels elles sont
établies présentent d’importance; les Mammiferes de la premiére sous-classe for-
ment trois groupes : les On-
guiculés, les Ongulés et les
Pisciformes.
Les OneuicuLes ont été
ainsi désignés parce que leurs
ongles sont petits et n’en- _
veloppent pas en entier la
partie du doigt qui pose a
terre ou quisert au toucher.
. Les OncutEs ontl’extrémité Fie, 45, Onguiculé,
des doigts entitrement enveloppée par un ongle qui forme un sabot simple ou divisé.
Fic, 46. Ongulé.
Les Piscirormes présentent la forme générale des Poissons; ils ont des membres an-
térieurs propres a Ja natation, et 4 l’extrémité de la queue une nageoire qui remplace
les membres postérieurs, ou bien ces membres sont disposés en nageoires caudales.
Fic. 47, Pisciforme.
Indépendamment de ces trois groupes, on divise encore les Mammiféges mono-
delphes en six ordres: les Bimanes, les Quadrumanes, les Carnassiers, Jes Cheiro-
pteres, Jes Rongeurs et les Edenteés.
§ (OF os fous i
PREMIER ORDRE. — BIMANES.
(A deux mains.)
Les Bimanes sont caractérisés par Ja présence de membres supérieurs impropres &
Ja marche, destinés a Ja préhension, et terminés par une main dont le pouce est op-
posable aux autres doigts. Les mamelles, au nombre de deux, sont situées sur la poi-
trine, et lecorps, dans la station, affecte la lene verticale. L’ Homme seulappartient a
42 INTRODUCTION.
cet ordre. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, contrairement aux vues des autres natu-
ralistes, ne veut pointadmettre l’Homme dans Ja classification des animaux. « Si Pon
« considére, dit ce savant, | Homme tout entier dans sa double nature et dans sa haute
« suprématie sur toutes les autres créatures terrestres, il ne saurait constituer, mi
«un ordre zoologique, ni méme une classe ou un groupe quelconque dans Je regne
« animal. I] faut reconnaitre en lui un étre @ part et au-dessus de tous les autres,
« séparé méme des premiers animaux par une distance immense, par un abime
« que rien ne saurait combler, malgré toutes les affinités organiques qu'il présente.
« Ce n'est pas sans raison qu'on I’a considéré comme devant constituer 4 Jui seul
«un regne distinct. Ainsi, d'un coté, Homme se lie intimement avec les premiers
« animaux, et c’est en vain qu’on chercherait a trouver entre les Bimanes et les Qua—
« drumanes des différences de valeur ordinale. D’un autre coté, THomme se sépare
« au contraire, non-seulement de tous les Mammiferes, mais du regne animal tout
« entier, dont il forme le couronnement et dontil ne fait pas partie intégrante. »
Il est vrai que, par le principe insaisissable qui émane de lame et qui constitue
la penséc, ! Homme doit avoir une place a part. Roi de la création, son existence
semble résumer en lui toute Ja puissance créatrice.Sa naissance, sa vie et sa mort
sont, sans nul doute, des voies pour une autre transformation : celle-la, Ja religion
nous lenseigne, et Ja saine philosophie nous apprend aen respecter la consolante
croyance. Mais si 1 Homme regne sur tous les étres qui peuplent avec lui le globe,
sil a assouph & ses besoins les végétaux, sil a dominé les corps inorganisés,
décomposé et recomposé les fluides de son atmosphere, il redevient, en face de la
puissance organisatrice, un étre pétri des mémes éléments, soumis aux mémes lois
que les animaux, ala téte desquels il faut le placer quand on veut se rendre un
compte exact des phases diverses de son existence. Nos prétentions sociales vou-
draient en vain le nier; une unité de composition, une analogie de fonctions, les
mémes besoins physiques, les mémes transformations matérielles, ne permettent
pas de séparer, a certain point de vue, Homme de la brute. Comme elle, il nait
faible, s’accroit avec les années, dépérit quand il touche au terme de son existence,
meurt, et rend a la terre les éléments terrestres dont il est formé.
L’Homme conslitue une espéce unique, mais il présente des modifications per—
manentes qu'on peut suivre dans sa charpente osseuse, dans les proportions de ses
membres, dans la coloration de la peau, dans la nature des cheveux, dans J’ac-
centuation des traits de la face; lon reconnait que ces caracteres physiques se
lient presque intimement aux caractéres sociaux, c’est-a-dire au Jangage, aux
meurs, aux religions, et lon ne peut méconnaitre des différences réelles et pro-
fondes dans les diverses races.
Ainsi Cuvier admettait une seule espece présentant trois variétés ou races bien tran-
chées : la blanche ou Caucasique, Ja jaune ou Mongolique, la noire ou Ethiopique.
Les différences de ces variétés sont si remarquables, qu’elles ont pu faire naitre le
doute sur l’existence d’une seule espece primitive. Mais les auteurs les plus sérieux
n’y ont vu que des altérations plus ou moins profondes de lespéce. Quelques
naturalistes ont multiplié les races 4 Vinfini, et nous sommes trop loin de l’époque
de la création de ’Homme pour espérer trouver, dans nos recherches sur les races
humaines, autre chose que des détails curieux, fort intéressants, mais trop souvent
hypothcétiques.
Il est certain que Homme, examiné dans les diverses parties du globe, présente
INTRODUCTION. 13
eT
des différences sensibles, et nous le trouvons dans certains pays tellement dégénéré,
qu il semble établir une transition véritable entre l'espece humaine et le Singe.
Les auteurs disposés 4 reconnaitre plusieurs espéces ou types primitifs dans le
genre Homme trouvent en faveur de leur systeme des arguments puisés dans les
lois générales qui régissent le monde. Ainsi, on a reconnu que : 4° les étres
organisés tendent toujours & revenir aux formes primitives que des circon-
stances locales leur avaient fait perdre un instant; 2° que toutes les productions
de la nature suivent une progression presque insensible, et telle que lon
passe, sans interruption et par une série continue ascendante, des étres. qui
offrent & peine des traces d’organisation aux animaux qui sont le mieux orga-
nisés ; 5° que le croisement des races entraine presque toujours une amélioration du
produit qui en résulte; 4° enfin, que moins on descend dans l’échelle des étres, et
moins influence du climat se fait sentir, de sorte que cette influence, qui est si
puissante sur Jes végétaux, s’affaiblit progressivement sur les animaux et devient
a peu pres nulle sur [Homme.
C'est en faisant & Pespece humaine lapplication de ces lois générales constam—
ment observées que l’on s'est demandé pourquoi ! Homme, le plus perfectible, le
plus cosmopolite des étres créés, se trouverait, malgré ses dégénérescences, faire
exception aux lois qui régissent tout le reste de la création.
En effet, si la dégénérescence que nous observons chez les negres et la plupart
des sauvages des pays récemment découverts dépendait seulement dune cause lo-
cale, du climat, par exemple, il suffirait de replacer quelques-unes de ces créatures
dégradées dans les conditions d’existence qui leur conviennent, pour qu’apres plu-
sieurs générations, dans un temps plus ou moins long, elles revinssent a leur type
primitif. Il suffirait encore de se trouver soumis a Ja méme influence qu’elles pour
éprouver la méme dégénérescence. L’observation démontre justement le contraire ;
de tous les animaux, Homme est celui qui se préte le mieux a Vinfluence des chi-
mats, de la nourriture, et aux variations de Ja température ou de V'atmosphere,
auxquelles il oppose les ressources de son intelligence, qui lui procure presque sans
peine le moyen de se soustraire au froid comme a. Ja chaleur trop sensibles; ou
pour le moins, !Homme, mieux que tous les autres animaux, doit supporter ces
conditions sans dégénérer, parce qu il peut les affaiblir.
Les négres de l'Afrique, transportés en Europe ou en Amérique, restent negres,
conservent leurs formes et leur couleur primitives; et les Européens qui ont, depuis
des siecles , formé des établissements sur tous les points du globe, restent blancs, et
conservent, eux aussi, les formes qu’ils avaient en quittant leur pays natal; enfin, tous
n’éprouvent sous influence d’un climat nouveau que des modilications passageres
et non héréditaires. Le soleil du tropique brile les Européens, donne aux parties
de leur corps quiy sont exposées une teinte plus ou moins foncée et qui disparait
promptement par un changement de climat. Chez les negres transportés dans un
climat termpéré, Ja sécrétion huileuse de la peau est seulement moins abondante
et répand moins d’odeur ; mais les uns et les autres conservent Jeur couleur locale.
Maintenant, si nous jetons un coup d’ceil sur tous les corps organisésrépandus a la
surface du globe, nous sommes portés a croire que la nature s'est d'abord occupée des
plus simples, pours’élever, par une gradation réguliére, jusqu’aux plus compliqués,
et que tous ces corps ont été créés l'un pour l’autre, et dans des vues de conserva—
tion générale. Nous devons supposer, avec quelque raison, que les animaux herbi-
14 INTRODUCTION.
vores, par exemple, ont di étre créés avant les carnivores, qui en font exclusivement
leur nourriture, et quils n’ont paru qu’apres le développement des végétaux , qui
Jeur servent de pature. Et si, tout dabord, toute la surface du globe a été couverte
par les eaux et ne s'est desséchée qu’aprés un temps dont nous ne pouvons appré-
cier la durée, il ne pouvait exister a celte époque primitive que quelques étres vé-
eétaux ou animaux du dernier ordre; car ce ne fut qwapres que les débris daussi
chétives créatures, accumulés par le temps, eurent constitué un sol, que des orga-
nisations plus avancées ont pu présenter une vie plus forte, et sont devenues
elles-mémes la source d’existences mieux organisées.
En suivant une progression ascendante dans la série des étres , nous reconnais-
sons cet enchainement imperceptible , ce développement gradué des animaux, de
telle sorte qu'il parait n’exister aucune lacune dans cette chaine, ramifiée, mais non
interrompue.
Toujours lorganisation fait un progres, et, dans la classification zoologique,
nous trouvons que Jes extrémités d’un ordre se confondent avec l’ordre qui suit et
celui qui précede; dans lordre, et méme dans le genre, nous reconnaissons un type,
duquels’éloignent plus ou moins les étres qui en font partie. Prenons, pour démontrer
cette vérité , ordre des Quadrumanes ou Singes, qui se rapprochent Je plus de
Homme par leur organisation, Ja charpente générale de leur corps et la structure
de Jeurs membres. Nous voyons que cet ordre differe de Homme par la confor-
mation des membres abdominaux, dont les extrémités inférieures sont terminées
par de véritables mains, plutot disposées pour saisir les objets et grimper aux arbres
que pour marcher. Nous trouvons chez le Singe le mieux organisé Ja plupart des
caractéres que présente Homme; et bientot, en descendant au Singe qui, par son
organisation, s’éloigne le plus du type de l’ordre , nous lui trouvons des carac—
teres communs a ce type, et des caracteres de ordre des Carnassiers, qui vient im-
médiatement apres.
Fig. 48. Singe. Fic. 49. Singe Maki.
Si, poursuivant la méme comparaison, uous arrivons aux Bimanes, nous ohservons
dans ordre qwils constituent des hommes supérieurs par leur organisation, et des
étres conformés si misérablement qu'on n’a pas craint de les placer, dans la série zoo-
logique, au-dessous de quelques especes de Singes. L’ignorance, les préventions, et,
INTRODUCTION. 15
on peut le dire, les relations exagérées des voyageurs, ont pu seules conduire a de
semblables erreurs; mais, apres avoir fait la part de cette exagération, il n’en reste
pas moins certain quil y a une distance proportionnelle entre !Homme le mieux
organisé et celui qui lest le moins bien, comme entre Je Chimpansé ou lOrang-ou-
tang et le dernier des Singes; et nous trouverons dans l’espece humaine des degrés
d’organisation assez nombreux pour étre obligés d’en faire des races distinctes.
K— >)
Fie. 50. Fig. 51, Fic. 52.
Téte de Cafre. Téle de Jules César. Téte d’Arabe africain.
Oza
G
Bre.53.
Naturels de la Nouvelle-Hollande; l'un d’eux habillé par les matelots de |’ Astrolabe,
»)
16 INTRODUCTION.
Si nous examinons le croisement des races dans l’espece humaine, nous ne pou-
vons méconnaitre linfluence quil exerce sur Yamélhioration du produit, qui a
plus @intelligence et de perfectibilité quand ce croisement est dailleurs opéré
dans de bonnes conditions ; car, quelle que soit Vinfluence de ce croisement sur
les chevaux, par exemple, ilest évident que Je produit sera toujours en rap-
port avec les qualités des individus croisés. Aussi ce croisement dans l’espéce
humaine s’est-il rarement fait dans les conditions les plus convenables; ce qui
n’a pas peu contribué a laisser les produits souvent fort au-dessous de l’espéce.
Lresclavage auquel est réduite généralement la race noire d'Afrique, et la domi-
nation qui pese sur la race cuivrée d’Amérique, s’opposent & l'amélioration qui
serait la conséquence d’une autre condition.
Nous avons dit aussi que, moins on descend dans l’échelle des étres, et moins
influence du climat se fait sentir. En appliquant encore cette loi genérale 4 l’es—
pece humaine, et ne reconnaissant pour cette espece qu'un type primitif, nous de-
vréns bien plus nous étonner & Vexamen des dégénérescences effrayantes que
nous offrent certaines peuplades sauvages, chez lesquelles (humanité se recon-
nait & peine, et nous ne devrons pas étre surpris des erreurs qu’ont pu propager
les auteurs qui, malgré les impossibilités d’une semblable recherche, n’ont pas
craint d’établir un grand nombre d’especes, types primitifs du genre Homme.
Par une exposition si longue de quelques principes qui n’ont pas toute la portée
qu'on veut. bien Jeur donner, je n’ai pas eu lidée d’éveiller Ja moindre incertitude
sur un point fondamental de nos croyances religieuses ; loin de 1a, j'ai trop de res—
pect pour nos livres sacrés, j'ai trop confiance dans les doctrines qu’ils enseignent pour
élever des doutes sur leur authenticité, et je ne crois qu’a l’existence d’une seule es-
pece provenantdu méme type; d’ailleurs, si nous nous trompions, je ne pense pas que
toute intelligence humaine parvienne aujourd hui a rétablir la vérité, méme apres
les recherches les plus sérieuses. Comment déterminer des especes qui n'ont pu con-
server leurs caracléres primitifs? comment reconnaitre lorigine de tous les peuples
apres les mélanges de plusieurs siécles? I] faut cependant convenir que quelques
races se sont conservées intactes; mais celte remarque est en faveur de Punité
de l’espece, car ces races sont restées sans mélange.
Terminons ces observations sur un sujet plein d’intérét, mais qui nous a fait ou-
bher les limites que nous impose un plan tres-restreint. La plupart des auteurs
qui ont écrit sur les races humaines, pour mieux faire ressorlir la dégradation des
especes qu ils rapprochent des Singes, ont toujours représenté homme ou la
femme avec des formes plus ou moins idéales et sous la figure de PApollon du Bel-
védere et de la Vénus de Médicis. Cette comparaison un peu prétentieuse ne per-
mettrait guere de retrouver des types vivants de ! Homme tel qu’ils veulent le re-
présenter; et ellea immense désavantage d’étre inexacte, et d’établir des différences
entre des extrémes qui existent, il est vrai, mais qui ont de nombreux intermé-
diaires, méme au sein des populations les plus privilégices.
INTRODUCTION. 17
DEUXIEME ORDRE. — QUADRUMANES.
(A quatre mains.)
Les Quadrumanes, comme leur nom l’indique, ont les membres thoraciques et
abdominaux terminés par des mains; cette disposition en fait des animaux plus
propresa grimper qu’a marcher. Par leur organisation générale, les Quadrumanes
se rapprochent singulierement de Homme : ainsi leurs mamelles sont situées sur
la poitrine ; ils ont trois sortes de dents, des incisives, des canines et des molaires,
et tous Jeurs organes ne différent de ceux de l’Homme que par des proportions re-
latives. Mais, si, par la forme de leur corps et par leur station presque verticale,
quelques-uns de ces animaux sont une imitation grotesque de ’Homme, on remar-
que bientét parmi eux une dégradation qui conduit insensiblement aux formes des
Quadrupédes. La position du corps devient horizontale, le museau s’allonge ,
Ja queue se développe et intelligence se perd. Ils sont généralement vifs , pétu-
lants, irascibles, sensuels et gourmands, ct on ne les domine que par la crainte
ou les privations; caractéres qui, soit dit en’passant, ne les distinguent pas trées-
positivement des Bimanes. Quelques-uns de ces animaux sont solitaires et mono-
games, d’autres vivent en bandes nombreuses conduites par des chefs qui imposent
leur volonté aux plus faibles, et les femelles montrent pour leur progéniture ja
tendresse Ja plus touchante. Leur nourriture se compose de fruits et d’insectes. Par
la domesticité, leurs gotits changent, et on les voit rechercher la viande, bore du
vin, des liqueurs fortes, et montrer surtout pour le sucre un gout tres-prononcé,
Le nombre des dents incisives et la forme des ongles ont permis de diviser Jes
Quadrumanes en trois familles : les Singes, les Ouistitis et les Makis ; ces derniers se
rapprochent des Carnassiers par leur museau tres-allongé.
. Maki.
or
lop)
Fic. 54. Singe. Itc.
é f
18 INTRODUCTION.
TROISIEME ORDRE. — CARNASSIERS.
L’ordre des Carnassiers comprend un grand nombre d’animaux, chez lesquels on
ne retrouve plus de pouce opposable aux autres doigts. Ils ont, comme les Bimanes
et les Quadrumanes, trois sortes de dents, des incisives, des canines et des molaires,
et leurs pattes sont garnies dongles effilés ou griffes. Les Carnassiers se nourrissent
d'autres animaux quils déchirent. Leur ceryeau présente un lobe de moins que
celui des ordres qui précedent. Les sens qui dominent chez eux sont ceux de Yodo-
rat et de la vue: obligés d’attaquer leur proie ou de la surprendre par ruse, les
Carnassiers devaient pouvoir la sentir et la voir de loin.
Cet ordre se compose de trois familles: les Cheiroptéres, les Insectivores et les
Carnivores.
Fre. 57. Cheiroptere.
Fie. 60. Carnivore-
INTRODUCTION. 19
ite FAMILLE. — CHEIROPTERES.
(Xetoog, main; moepey, aile.)
Ces animaux sont remarquables surtout par le repli dela peau, qui, se prolon-
geant en membrane entre leurs quatre membres et leurs doigts, leur donne la fa-
enlté de voler (les Chauyes-souris), ou au moins celle de se soutenir en l’air comme
4 aide d'un parachute (les Galéopithéques) (yo%, chat; m6x2, singe).
Les Chauves-souris ont les mamelles placées sur Ja poitrine, ce qui les rap-
proche des Bimanes et des Quadrumanes.
Fic. 61. Cheiropteére, Fie. 62. Galéopithéque.
2° FAMILLE. — INSECTIVORES.
(Mangeurs d’insectes.)
Les Insectivores sont des animaux généralement petits, faibles, nocturnes, dont
les dents sont hérissées de pointes coniques. Leurs pieds sont courts, leurs mouve-
ments peu vifs; ils se nourrissent principalement d’insectes, et beaucoup d’entre
eux passent I’hiver en léthargie. C'est a cette famille qu’appartiennent les Heéris-
sons, les Musaraignes, les Taupes, etc.
Fic. 65. Taupe. Fie. 64, Macroscélide.
of FAMILLE. — CARNIVORES.
Crest dans cette famille, dit Cuvier, que Pappétit sanguinaire se joint a Ja force
nécessaire pour y subvenir. Les animaux qui en font partie ont toujours quatre
dents canines, grosses, longues et écartées, six incisives & chaque machoire, et des
molaires tranchantes ou mélées seulement de parties 4 tubercules mousses.
On a divisé cette famille nombreuse en trois tribus, d’apres la conformation et
la disposition des organes locomoteurs : ce sont les Plantigrades, les Digitigrades et
les Amphibies.
20 INTRODUCTION.
1¢ TRIBU. — PLANTIGRADES.
(Planta, plat du pied; gradior, je marche.)
Les Plantigrades se distinguent facilement par la maniere dont ils posent sur le
sol leurs pattes composées de cing doigts. En effet, toute la surface inférieure des
pattes est en contact avec la terre lorsqwils marchent. Cette disposition leur
donne la facilité de se dresser et de se tenir assez longtemps debout. Tels sont les
Ours.
Fie. 65, Ours.
2e TRIBU. — DIGITIGRADES,
(Digitus, doigt; gradior , je marche.)
Les animaux de cette tribu marchent en ne touchant le sol que par le bout des
doigts. Ils ont les ongles plus ou mois rétractiles ; les doigts, le plus souvent, sont
Hbres, quelquefois réunis par des membranes (/es Loutres). Quelques-uns seule—
ment ont une poche odorifére sous la queue (les Civettes). Tous ceux de ces ani—
maux qui ont les ongles rétractiles appartiennent au genre Chat, qui comprend le
Lion, le Tigre, et tous les animaux, quelle que soit leur taille, qui ressemblent au
ehat par quelque point de leur organisation. On dit que ces animaux ont les ongles
rétractiles, parce quils sont les seuls dont Jes griffes se retirent & volonté dans les
doigts, comme on le voit dans le chat lorsqu il fait patte de velours; tandis qu’a
Vaide d'un muscle extenseur ils les développent quand ils veulent se défendre ou
saisir une proie. Cestacette tribu qu’appartiennent les Martres, le Chien, le Lion,
le Chat, le Tigre, ete.
Hic. 66. Panthére. Fic. 68. Ongle retire.
INTRODUCTION. 24
se TRIBU. — AMPHIBIES.
(Aut, de deux cotés ; Br05, vie.)
Les caractéres qui distinguent les Amphibies sont tirés de la forme de leurs
membres, qui sont si courts qwils ne peuvent, sur terre, leur servir qu’a ramper.
Mais comme les intervalles des doigts sont remplis par des membranes qui font de
ces membres de véritables nageoires, ces animaux passent la plus grande partie de
leur vie dans la mer, et ne viennent a terre que pour se reposer au soleil et allaiter
leurs petits. Tels sont les Phoques et les Morses.
Fic. 69. Phoque.
QUATRIEME ORDRE. — RONGEURS.
(Qui rongent ce qu’ils mangent.)
Les Rongeurs se distinguent facilement par leur systeme dentaire , qui ne se
compose que de deux sortes de dents, les incisives et les molaires. L’absence de
dents canines, propres 4 déchirer ou diviser les aliments, fait que ces animaux sont
exclusivement herbivores ou frugivores. Quelques Rongeurs peuvent se servir de
leurs membres antérieurs pour porter leur nourriture a la bouche, et il en est qui,
pendant la belle saison, rassemblent des provisions alimentaires qu ils épuisent en
hiver. D’autres ne peuvent plus se servir de leurs membres antérieurs comme or-
ganes de préhension, et ces derniers n’ont point d’os claviculaire comme les pre—
miers. On remarque aussi dans cet ordre des animaux (les Polatouches) qui, comme
les Galéopitheques, ont les membres réunis sur les flanes, par un repli de la peau ;
ce qui leur donne Je moyen de se soutenir en J’air lorsquils sautent d'une branche
a une autre.
Fic. 70. Rongeur. Fic. 71. Polatouche.
CINQUIEME ORDRE. — EDENTES.
(Sans dents.)
Cet ordre est caractérisé par Vabsence de dents sur le devant de la bouche, et
quelques—uns des animaux qui Je composent mont aucune espece de dents. Leurs
22 INTRODUCTION. .
doigts sont munis d’ongles trés-gros, trés-développés, et sur lesquels ils se trainent
avec difficulté. Les uns présentent dans leurs formes quelques rapports avec Jes
Singes , Jes autres sont couverts d’un test dur et composé de pieces comme une
armure ou d’un grand nombre d’écailles se recouvrant Jes unes les autres.
Ces divers caractéres ont servi 4 ’établissement de deux groupes, les Tardigrades
et les Edentés ordinaires.
PREMIERE TRIBU. — TARDIGRADES.
(Tardus, lent; yradior, je marche.)
Les animaux de ce groupe ont quelques-unes des formes des Quadrumanes ; ils
ont Je museau court. Leur nom vient de l’excessive lenteur de leur marche, suite
dune structure vraiment hétéroclite, com-
me si la nature avait voulu s’amuser a
produire quelque chose d’imparfait et de
grotesque. On a aussi donné a ces ani-
maux le nom de Paresseux; mais, dit
Buffon @accord avec Cuvier, chez eux c'est
moins paresse que miscre; cest défaut,
c’est déntiment, ec’est vice dans Ja confor—
mation. La forme, les dimensions et pres-
que Pimmobilité de leurs ongles rendent
la marche difficile , sans compensation
Fic. 72. Tardigrade, dans Pusage qwils peuvent en faire pour-
grimper. La douleur habituelle qu ils expriment par des cris plaintifs semble étre
le résultat de leur conformation bizarre et négligée. Is mont pomt d’armes pour
attaquer ou se défendre ; la fuite ne leur est pas permise, et, prisonniers dans l’es-
pace, ils sont confinés & Varbre sous lequel ils sont nés. Tout en eux annonce leur -
misére et rappelle ces monstres qui, ayant 4 peine la faculté d’exister, n’ont pu
vivre qu'un temps et ont été bientot effacés de la liste des étres.
DEUXIEME TRIBU. — EDENTES ORDINAIRES.
Parmi les Edentés ordinaires, quisemblent différer beaucoup a premiere vue des
Tardigrades, les uns sont couverts d’une carapace (/es Tatous) ; dautres, d'un test
composé d’écailles tranchantes et nombreuses (/es Pangolins) ; dautres enfin sont
couverts de poils sans test ni Geailles (es Mourmilliers).
Fic. 75. Pangolin. Fig. 74. Fourmillier,
INTRODUCTION.
bo
Ol
S$ Ongu lee.
SIXIEME ORDRE. — RUMINANTS.
(Rumino, je remiche.)
Les Ruminants sont ainsinommés a cause de la complication deleur estomac, com-
posé de quatre poches qui leur permettent de ramener dans la bouche, afin de les
macher de nouveau, les aliments qui ont déja séjourné dans la premiere de ces
poches. Ils n’ont Je plus souvent de dents incisives qu’ la machoire inférieure, et
quelques males seulement de certaines espéces ont deux dents canines a la machoire
supérieure. Ils ont six molaires de chaque coté et 4 chaque machoire. Leurs mem-
bres sont terminés par un sabot divisé, et la téte des males est presque toujours
armée de cornes. Parmi les Ruminants, les uns ont huit dents incisives a la ma-
choire inférieure seulement, ce sont les Ruminants ordinaires ; quelques autres
n’ont que six dents incisives 4 Ja machoire inférieure, deux a la supérieure, et de
plus deux dents canines a chaque machoire ; ce sont les Caméliens.
1e° GROUPE. — RUMINANTS ORDINAIRES.
Ce groupe comprend le plus grand nombre des animaux de cet ordre: les uns
n’ont jamais de cornes (le Chevrotain), d'autres ont des cornes caduques et qui se
renouvellent (le Cerf commun) ; d'autres ont des cornes persistantes et creuses (/e
Bélier) ; quelques-uns enfin ont des cornes persistantes et velues (/a Girafe). Ces
différences ont donné lieu a ’établissement de quatre tribus, que les limites de ces
généralités ne nous permettent pas de faire connaitre.
Fic. 75. Beuf. Fic. 76. Bélier.
24. INTRODUCTION.
Qe GROUPE. — CAMELIENS.
(Camelus, chameau.)
Les Caméliens forment un groupe peu nombreux, et, aux caractéres que nous
avons déja indiqués, il faut ajouter la conformation particuliere du pied, qui sem-
ble les rapprocher des animaux de Vordre suivant. En effet, Jes doigts des Camé-
liens sont terminés par deux sabots, il est vrai; mais le pied n'est pas fourchu, car
les doigts s’appliquent sur le sol dans toute leur longueur, et sont réunis en des-
sous pour former une semelle cornée avec une simple bifurcation antérieure.
Fic. 77, Chameau.
SEPTIEME ORDRE. — PACHYDERMES.
(Tayuc, épais; deux, peau.)
Les Pachydermes forment un ordre composé d’animaux ongulés couverts d'une
peau épaisse et ne ruminant pas. Ce caractere est le seul qui puisse étre applicable &
tous les animaux de cet ordre, car ils different essentiellement entre eux sous d’au-
tres rapports. Parmi eux, le nombre des doigts varie de un a cinq; les dents sont
de deux ou de trois sortes. Cependant il est facile d’en former trois groupes bien
distincts, d’apres la présence ou l'absence d'une trompe, et d’aprés le nombre des
ongles.
4er GROUPE. — PROBOSCIDIENS.
(Proboscis, trompe.)
Les animaux de ce groupe ont une trompe cylindrique fort longue, extensible,
qui n’est que le prolongement du nez et quisert d’organe de préhension. A aide
de cette trompe, ils peuvent saisir les plus petits objets pour les porter a leur bou-
che, ou lancer au loin les corps autour desquels elle s'enroule. Leurs doigts, tou-
jours au nombre de cing, sont garnis en dessous d’une peau calleuse qui permet a
INTRODUCTION. 25
-_
peine de voir des ongles informes. Leur machoire supérieure est armée d’énormes
défenses, et leur systeme dentaire se borne a de grosses dents molaires.
Fic. 78, Eléphant,
Qe GROUPE.
PACHYDERMES ORDINAIRES.
Les animaux de ce groupe ont des doigts dont le nombre varie de deux a quatre.
C'est 4 ce groupe qu’appartiennent le Sanglier, 'Hippopotame, le Rhinocéros,
le Tapir et le Babiroussa.
Fic. 79. Babiroussa, Fig. 80. Sanglier.
3e GROUPE. — SOLIPEDES.
( Pied formé d’un seul doigt.)
Le nom général de Solipedes, donné aux animaux de ce groupe, n’est pas exact,
car il veut dire un seul pied, lorsqu’il devrait signifier la présence d’un seul doigt a
chaque pied. Aussi celui de Monodactyle, adopté également, conviendrait-il beaucoup
mieux. En effet, les Solipedes ont les extrémités terminées par un sabot unique et non
divisé. Leur systeme dentaire comprend six incisives & chaque machoire , deux ca-
nines, qui manquent souvent chez les femelles, surtout a la machoire inférieure,
et douze molaires ; et c'est a l'aide des changements divers que présentent ces
I. 4
26 INTRODUCTION.
dents qu’on parvient 4 reconnaitrel’dge de ces animaux. C'est dans ce groupe que
se trouvent le Cheval, le Zebre, l’Ane, ete.
Fig. St. Ane.
AO ae
SSS Oise OcCUULeE kU,
HUITIEME ORDRE. — CETACES.
(Kuzcc, baleine.)
Ces animaux, longtempsconfondusavec les Poissons, parce qu ils sont exclusivement
marins , sont de véritables Mammiferes. Le milieu dans Jequel ils doivent vivre de-
vait nécessiter dans leur organisation des changements de forme qui, en définitive,
ne présentent de modifications sensibles que dans les organes du mouvement. Ils n’ont
que des bras ou nageoires antérieures tres-développées et soutenues par des os nom-
breux. Ils viennent respirer lair ala surface, 4 aide d’évents situés sur la téte. Ils
donnent naissance & un petit vivant, et le nourrissent a Paide d’une mamelle placée
dans un sillon pres del orifice anal. Ces animaux ontle gosier tres-étroit relativement
au volume du corps, et ils se nourrissent de poissons et de petits animaux marins.
——= =——S
Fic. 82. Baleine.
Les Cétacés sont divisés en deux tribus, d’apres Ja présence ou labsence des
dents. En effet, les uns (Baleines) n’ont point de dents, mais seulement des fanons
en forme de fer de faux 4 Ja machoire supérieure; les autres (Cachalots) ont des
dents, dont Je nombre, la forme et la position varient suivant les especes.
DEUXIEME SOUS-CLASSE. —MAMMIFERES DIDELPHES.
NEUVIEME ORDRE. — MARSUPIAUX.
(Marsupium, bourse.)
Cet ordre, dont nous avons déja dit quelques mots, se compose d’animaux pré-
INTRODUCTION. 27
sentant sous Je ventre une bourse ou poche formée par un repli de la peau et sou-
tenue par des os particuliers auxquels on a donné le nom d’os marsupiuuxr. C'est
dans cette poche que les petits, nés pour ainsi dire avant le terme, trouvent des
mamelons auxquels ils adhérent continuellement jusqu’au moment ou ils sont ar-
rivés au développement que présentent les petits des autres animaux a Jeur nais-
sance. Ils cessentalors d’étre constamment attachés aux mamelons, et rentrent dans
les conditions ordinaires, sauf leur séjour prolongé dans Ja bourse de la mere, qui
les porte partout avec elle pendant tout
le premier age. Dés qu’ils commencent
Amarcher, ilsmontentsur le dosde leur
meére en se soutenant a aide de Jeur
queue quils enroulent autour de la
sienne. C’est & cet ordre qu’appartien-
nent les Sarigues et les Kanguroos.
\
aN
=N
SEP i Sv
Fic. 85. Sarigue. Fic. 84. Kanguroo.
DIXIEME ORDRE. — MONOTREMES.
(Moves, seul; t27y.0, trou.)
Le nom des Monotrémes a été donné aux animaux de cet ordre parce qu ils n’ont
qu'une seule ouverture postérieure, ou cloaque, donnant issue a toutes leurs ex—
erétions. Leur ouverture buccale est terminée par un bec comme celui des canards.
Ils n’ont de dents que dans le fond de Ja bouche. On ne trouve sur eux aucune
trace bien distincte de mamelles. Quoique ces animaux n’aient point de poche ven-
trale comme Jes Marsupiaux, ils ont cependant, comme eux, les 0s anormaux qui
devraient Ja soutenir, et, de plus, ils présentent une conformation particuliére de la
clavicule qui a beaucoup danalogie avec la fourchette des Oiseaux. Leurs pattes ont
cing doigts armés dongles, et réunis par une membrane qui rend leurs membres
propres a la nalation. Les males ont leurs pattes postérieures garnies d'un ergot
solide, perforé, et communiquant par-un canal avec une glande qui doit y faire
parvenir une sécrélion que quelques auteurs ont signalée comme venimeuse. Le
mode de reproduction de ces singuliers animaux est encore fort incertain ; on dit
de lOrnithorhynque particuliérement qu il dépose
deux ceufs de la grosseur et de la couleur de ceux
dune Poule, dans un nid toujours placé au milieu
des roseaux et a Ja surface de l'eau, et que la fe-
melle couve ces ceufs pendant fort longtemps. Les
seuls animaux de cet ordre sont les Ornithorhyn-
ques et les Echidnés.
Fic. 835. Echidne.
28 INTRODUCTION.
DEUXIEME CLASSE. — OISEAUX.
«Parmi les Vertébrés, le second rang appartient évidemment aux Oiseaux, dit le
professeur Lamarck ; car si lon ne trouve point dans ces animaux un aussi grand
nombre de facultés et autant d’intelligence que dans les animaux du premier rang,
ils sont les seuls qui aient, comme les Mammiferes, un coeur & deux ventricules et
le sang chaud. Ils ont done avee eux des qualités communes et exclusives, et par
conséquent des rapports qu’on ne saurait retrouver dans aucun des animaux d'une
classe inférieure. Mais ils manquent essentiellement de mamelles, organes dont les
animaux de la premiere classe sont seuls pourvus, et qui tiennent a un systeme de
génération qu’on ne retrouve plus ni dans les Oiseaux ni dans aucun des animaux
des classes qui vont suivre.
Dans les Mammiferes, la poitrine est séparée de ’abdomen par une cloison mem-
braneuse connue sous le nom de diaphragme, et cette cloison ne se retrouve plus
dans d’autres animaux. Les Oiseaux présentent donc dans leur organisation un corps
sans mamelles, ayant une téte distincte et quatre membres articulés ; un squelette
a colonne vertébrale, un cerveau et des nerfs, des poumons sans lobes et adhé-
rents, un coeur A deux ventricules, et une circulation compléte & sang chaud. Ils
sont ovipares, organisés pour le vol et recouverts de plumes. Leurs machoires,
sans dents, sont revétues d’une couche cornée, et leurs pattes sont garnies d écailles
membraneuses. Des cavités aériennes augmentent leur légereté spécifique et per-
mettent introduction de l’air dans la poitrine, le bas-ventre, Jes aisselles, et méme
dans lintérieur des os; de sorte que le fluide extérieur est non-seulement en con-
tact avec le fluide intérieur, mais encore avec une grande surface vasculaire du
reste du corps.
Les Oiseaux présentent des différences nombreuses dans la forme du _ bec et des
pattes ; ces différences sont toujours en rapport avec le mode d’existence de ces
animaux, et elles ont servi de base a Jeur classification. Les uns ont un bec solide,
recourbé a sa pointe, et leurs doigts sont armés d’ongles crochus ou serves, qui an-
noncent assez Jeurs habitudes et leurs moyens d’existence : ce sont les Rapaces.
Les autres ont un bec de forme variable, comme leurs habitudes et leur régime ;
Leurs pattes sont parfaitement en rapport avec le volume du corps, mais terminées
par des doigts non palmés et des ongles gréles; généralement ils se nourrissent
de fruits, de graines, d’Insectes, et rarement de chair. Ce sont les PassEREAux.
D'autres, avec organisation des Passereaux, se distinguent par la disposition de
leurs doigts, dont deux sont dirigés en avant et deux en arriere. Les GrimpEurs.
Un grand nombre ont la partie supérieure du bec voutée; leurs ailes sont courtes,
leur corps lourd, et ils ont les doigts antérieurs réunis en général par de courtes
membranes. Les GaLinacks.
D’autres encore se distinguent facilement par leurs pattes gréles et allongées, qui
leur permettent de chercher leur nourriture sur le bord des rivages. Les Ecuassters.
Enfin, les autres ont des pattes fortes, placées vers l’extrémité postérieure du
corps et terminées par des doigts réunis par des membranes qui Jeur permettent
de nager. Ce sont les PatmipEDEs.
Nous allons indiquer les caractéres les plus importants qui servent a établir des
subdivisions dans ces six ordres.
INTRODUCTION. 29
Fic. 86. Rapace. Fic. 88, Grimpeur.
Fie. 89. Gallinacé.
Fic. 90. Echassier, Fic. 91. Palmipéde.
30 INTRODUCTION.
PREMIER ORDRE. — RAPACES.
(Rapax, rapace.) :
Cet ordre, parmi les Oiseaux, est l’analogue des Carnassiers parmi les Mammi-
feres ; les animaux qui en font partie se distinguent facilement a leur bec et a leurs
ongles crochus, au moyen desquels ils semparent d’autres Oiseaux et méme de
petits Mammiferes et de Reptiles. Ils ont des muscles forts et puissants. Ils ont tous
Les uns ont Jes yeux di-
permet. d’apercevoir
vol est rapide et assuré,
les Drurnes.
quatre doigts armés d’ongles acérés,
rigés de cété; leur vue percante leur
leur proie a de grandes distances ; leur
et ils ne chassent que le jour. Ce sont
Fie. 92, Fic, 93. Rapaces diurnes. Fic. 94.
Les-autres, avec des formes plus massives, une téte plus grosse, le cou trés-courl ,
et les yeux dirigés en avant et entourés d’un cercle de
plumes sétacées dont quelques-unes recouvrent le bee,
ont la pupille si grande, que Je jour les éblouit: aussi ne
peuvent-ils chasser qu’aprés Je coucher du soleil. Leur
vol est mal assuré. Ce sont les Nocturnes.
Fig. 95. Rapaces nocturnes, Fic. 96.
INTRODUCTION. 51
DEUXIEME ORDRE. — PASSEREAUX.
(Passer, moineau.)
Les Passereaux ont un bec dont la forme est extraordinairement variable, et lon
ne peut guere les distinguer des Oiseaux des autres ordres que par élimination, en
disant qu’ils ne sont ni rapaces, ni grimpeurs, ni gallinacés, ni échassiers , mi Nageurs ;
quelques-uns d’eux cependant se rapprochent des Rapaces par Jeurs habitudes. On
les divise en cing familles , d’apres la forme du bec et Ja disposition des doigts : les
Dentirostres, les Fissirostres, les Conirostres, les Ténuirostresetles Syndactyles.
Fic. 97. Dentirostre. Fie. 98. Fissirostre.
Fic. 100. Ténnirostre. Fic. 99. Conirostre. Fie. 101. Syndactyle.
TROISIEME ORDRE. — GRIMPEURS.
(Organisés pour grimper.)
Cet ordre se compose des Oiseaux dont le doigt
externe se dirige en arriere commele pouce ; d’ott
résulle pour eux un ap-
pui plus solide, dont ils
savent tirer parti pour
se cramponner au tronc
des arbres et y grimper,
les uns parla seule force
de leurs pattes, les au-
tres en s’aidant d’un bee
crochu. Tels sont les
Pies et les Perroquets.
Fic. 102. Grimpeurs. Fic, 105,
32 INTRODUCTION.
QUATRIEME ORDRE. — GALLINACES.
(Gallina, poule.)
Les Gallinacés ont la partie supérieure du bee votitée, convexe et recouvrant
linférieure ; leur vol est lourd et leurs ailes courtes. Ils vivent particulierement de
erains et d’herbes fraiches. C'est a cet ordre qu’appartiennent la plupart des Oiseaux
de basse-cour, tels que le Coq, le Dindon, Je Paon, la Pintade, et beaucoup d’Oi-
seaux de chasse, le Faisan, la Perdrix, la Caille, etc.
Fia. 104. Caille. Fic. 105. Perdrix.
Fic, 106. Faisan.
Fic. 107. Tétras.
INTRODUCTION. 35
CINQUIEME ORDRE. — ECHASSIERS.
(A pattes longues comme des échasses. )
Les Echassiers sont ainsi nommés a cause de la longueur de leurs pattes, qui n’est
que la conséquence nécessaire de Jeur mode d’existence. Ils vivent généralement de
poissons ou de petits animaux aquatiques, qu ils peuvent poursuivre sans mouiller
leur corps et & Taide d'un cou trés-allongé et proportionné le plus souvent a la
longueur des jambes. Quelques—uns cependant vivent dans les sables, et ils sont
plutét organisés pour la marche que pour le vol; et en cela, comme par leur régime,
ils se rapprochent des Gallinacés. On divise cet ordre en sept familles : les Brévi-
pennes, les Pressirostres, les Giaroles, les Longirostres, les Cultrirostres, les Flu-
mants et les Macrodactyles.
Fic. 108. Brévipennes, Fie. 109,
Pse.-44102 Pressirostres, Fig, 1114.
34 INTRODUCTION.
Fie. 114. Cultrirostre. Fic. 1415. Macrodactyle.
Fie. 116. Flamants.
INTRODUCTION. 35
SIXIEME ORDRE. — PALMIPEDES.
(A pieds palmés.)
Les Palmipédes se distinguent facilement a leurs pattes courtes, robustes, situées
en arriére du corps, et & leurs doigts constamment unis par une large membrane
qui s'étend jusqu’a la racine des ongles. Ils sont organisés pour vivre sur l'eau,
ou leur plume huileuse et imperméable leur permet un séjour prolongé. On Jes
divise en quatre familles : les Plongeurs, les Vovliers, les Totipalmes et les La-
mellirostres.
Fig §118. Voilier.
Fic. 117. Plongeur. Fic. 119. Totipalme.
Fic. 120. Lamellirostres. Fic, 124.
56 INTRODUCTION.
TROISIEME CLASSE. — REPTILES.
(Repiare, ramper.)
Les Reptiles, emblemes de Ja difformité morale et de la laideur physique, n’in-
spirent généralement qu'un dégotit souvent insurmontable , dégotit que partagent
tous les animaux, qui semblent en quelque sorte frappés dimmobilité a leur aspect.
Par un contraste singulier, ona fait aussi du serpent ’embleme de Ja prudence.
Les Reptiles sont des animaux vertébrés, dont les uns ont quatre ou seule-
ment deux membres articulés, tandis que Jes autres n’en ont point. Leur sang
est froid, et leur respiration est aérienne et imparfaite. Le coeur n’est composé que
d'un seul ventricule. Dans beaucoup d’espéces on trouve des branchies au lieu de
poumons, dans le premier dge seulement. Par leur forme générale, quelques Rep-
tiles semblent peu éloignés des Mammiferes; mais peu & peu l’analogie se perd
dans la méme proportion que les membres, qui disparaissent complétement , et
alors ils se rapprochent des Poissons. La forme de leur charpente osseuse varie
beaucoup: leur cerveau est peu développé, et leurs sens semblent étre bornés a
Pouie et & la vue. Les uns sont carnivores ou insectivores , quelques-uns seule-
ment sont herbivores; les uns ont des dents tranchantes, les autres des crochets
aigus ; d’autres enfin n’ont point de dents, et ces organes sont remplacés par
une lame cornée qui rappelle le bec des Oiseaux. Quelques-uns de ces animaux
sont venimeux : ce sont particulierement ceux qui ont ala machoire supérieure
des crochets aigus, percés et en communication avec une glande située de chaque
coté de la téte, et quiest facilement comprimée par la contraction des mus~
cles temporaux. Le venin de ces animaux, lorsqu’il est absorbé, peut produire des .
accidents graves, et méme la mort. I] faut, lorsqu’on a été mordu par un Serpent
venimeux, arréter Pabsorption en appliquant une ventouse sur la piqure, Vélargir
et la cautériser, soit avec un fer rouge, soit en employant un caustique. La nature,
toujours prévoyante et bonne mére, a Je plus souvent placé Je reméde a la portée
de ceux qui sont Je plus exposés au mal: c’est ainsi que, dans les pays ot se ren-
contrent les especes venimeuses, on trouve des plantes, le guaco, par exemple, qui
ont la propriété de neutraliser Peffet délétere du venin; M. de Humboldt pense
méme que lodeur que répand cette plante suffit pour repousser approche des Rep-
tiles. Quelques-uns de ces animaux sont soumis, dans leur premier age, a certai-
nes métamorphoses ; tous sont ovipares ; ils pondent un plus ou moins grand nom-
bre d’ceufs, que Vinfluence solaire seule fait éclore; dans quelques especes seule-
ment les ceufs éclosent avant Ja ponte, et cette circonstance a fait distinguer ces
animaux sous le nom d’ovovivipares. La plupart de ces animaux passent Ja saison
froide dans un état d’engourdissement analogue 4 celui de quelques Mammiferes.
Les Reptiles ont été divisés en quatre ordres, d’apres les caracteres qu ils présen-
lent.
INTRODUCTION. 37
PREMIER ORDRE. — CHELONIENS.
(Xehova, tortue.)
Quelques Reptiles sont couverts d’une double cuirasse formée par le développe-
ment extraordinaire des vertébres, qui se réunissent par coté au sternum, dont le
développement est aussi fort remarquable. Cette double cuirasse, formée par un
systeme osseux en partie extérieur, semble faire de ces animaux un intermédiaire
entre Jes Mollusques et les Vertébrés. Cette cuirasse présente deux ouvertures :
lune, antérieure, pour le passage de la téte et des membres antérieurs; autre, pos-
térieure, pour le passage de la queue et des membres postérieurs. Les Chéloniens,
connus vulgairement sous le nom de Tortues, habitent Ja terre, les marais, les
fleuves et lamer. De Ja, quatre subdivisions.
Fic. 122. Cheloniens terrestres. Fic, 125.
Fic. 124. Chéloniens marins. Fic. 125.
ol
TH
5 INTRODUCTION.
DEUXIEME ORDRE. — SAURIENS.
(Sauces, lézard.)
Cet ordre se compose de Reptiles 4 systeme osseux tout 4 fait intérieur, mais
dont la peau est revétue d’écailles plus ou moins serrées et plus ou moins résistan-
Presque tous ont quatre pattes ; quelques-uns seulement n’en ont que deux,
et la queue est souvent trés-longue. Leur maniére de vivre et leurs meeurs pré-
sentent des différences fort remarquables. C’est 4 cet ordre qu’appartiennent les
Crocodiles, les Lézards, les Dragons, les Caméléons et les espéces 4 deux pattes,
soit antérieures, soit postérieures.
Fic. 126. Crocodile.
AOS wee LPL DET eet atte PF neee
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Fic. 127 Plésiausaure
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\ janbinaniag
Tic. 128. Chirote.
Fic, 129. Caméléon. Sauriens. Fic. 150. Dragon.
yw
INTRODUCTION.
TROISIEME ORDRE. — OPHIDIENS.
(Ogtg, serpent.)
Cet ordre comprend tous les Reptilessans pieds, et
connus généralement sous Je nom de Serpents; ce
sont ceux qui répondent le mieux au nom de Rep-
tiles. Ils ont un corps souvent trés—allongé, et leurs
mouvements s’exécutent au moyen des replis que
le corps fait sur le sol. Les uns sont venimeux
et ont a la machoire supérieure des dents longues,
mobiles, aigués, en crochet, percées ou sillonnées,
ef communiquant avec une glande qui sécrete le
venin; les autres ont des dents nombreuses qui
tapissent méme la votite du palais. C’est dans cet
ordre que se rangent les Boas, les Crotales ou Ser-
pents a sonnettes, les Vipéres, les Couleuvres, etc.
QUATRIEME ORDRE.— BATRACIENS.
(Bazoxzcs, grenouille.)
Presque tous les Reptiles de cet ordre sont soumis , pendant
leur jeune age, a certaines métamorphoses qui changent tout
4 fait la forme de leur corps. Ils ont quatre pattes ; quelques- Fic. 151. Crotale.
uns seulement ont une queue. Leur corps est couvert d’une peau lisse ou tubercu-
leuse, mais jamais squammeuse ; leurs doigts, 4 une seule exception pres, sont sans
ongles. Les Grenouilles, les Crapauds, les Salamandres, les Protées et les Sirénes.
- 155. Salamandre.
Fic. 134. Ménobranche.
40 INTRODUCTION.
QUATRIEME CLASSE. — POISSONS.
Les Poissons, comparés aux autres Vertébrés, présentent réunies toutes les condi-
tions qui peuvent convenir a des animaux destinés a vivre dans l'eau. Chez eux ,
les poumons sont remplacés par des branchies disposées aux deux cotés du con.
L’eau qu'ils respirent entre par la bouche, passe par les feuillets pectinés des
branchies et sort latéralement par les ouies. Leur forme allongée ou aplatie leur
permet de fendre l'eau sans trop de résistance , et leurs nageoires, extrémement
mobiles , sont de puissants moyens de locomotion, parfaitement appropriés a lélé-
ment quils habitent. Presque tous ont une vessie natatoire, placée dans abdomen,
remplie d’air, et qui sert a les rendre spécifiquement plus légers. Leur systeme
osseux présente une dégradation sensible, mois par sa complication que par sa
forme et sa nature : osseux chez les uns, il n’est plus que cartilagineux chez les
autres. La forme des Poissons varie 4 !infini; Jes uns sont allongés, les autres plats ,
d’autres ventrus , quelques-uns hérissés d’épines, presque tous sont couverts d’é-
cailles plus ou moins brillantes. Le cerveau des Poissons est petit, relativement a
leur volume; aussi, généralement, ne donnent-ils aucune preuve d instinct. Chez
eux, la vue, l’odorat et le gotit sont incontestables ; ce dernier sens est, il est vrai,
peu délicat, et modére peu leur voracité. Les uns ont des dents acérées nombreuses,
placées dans quelques especes méme jusque sur la langue, qui est en grande partie
osseuse.
On divise les Poissons en deux sections: l'une comprend les Poissons a squelette
osseux ; autre, ceux a squelette cartilagineux.
; due
PREMIERE SECTION. — Poissous OSSELLE,
PREMIER ORDRE. — ACANTHOPTERYGIENS.
(Axavbe, épine; wreeve, nageoire.)
Cet ordre comprend un grand nombre de Poissons, caractérisés par les épines qui
tiennent lieu de premiers rayons a leur nageoire dorsale si elle est unique, ou qui
soutiennent seules la premiere nageoire s'il en existe deux ; et dans ce cas, quelques
épines libres remplacent la premiere. Les nageoires pectorales et anales sont aussi
armées d’épines.
Fig. 155.
INTRODUCTION. 4A
DEUXIEME ORDRE. — MALACOPTERYGIENS ABDOMINAUX.
(Mahaxos, mou; mTeove, nageoire.)
Dans cet ordre se trouvent classés les Poissons 4 rayons mous, dont les nageoires
abdominales sont suspendues sous le ventre et en arriére des pectorales, sans ¢tre
attachées aux os de |’épaule.
TROISIEME ORDRE. — MALACOPTERYGIENS SUBBRANCHIENS.
Les Malacoptérygiens subbranchiens ont les nageoires ventrales attachées sous les
pectorales et immédiatement suspendues aux os de ]’épaule.
Vig. 139. Sole.
le
INTRODUCTION.
—
QUATRIEME ORDRE. — MALACOPTERYGIENS APODES.
(Sans pieds ou nageoires.)
Les Poissons de cet ordre n’ont point de nageoires ventrales ; leur corps est al-
longé , couvert d’une peau épaisse, molle et sans écailles apparentes.
Fig. 140. Anguille.
CINQUIEME ORDRE. — LOPHOBRANCHES.
(Aces, aigrette ; Boxyy.o, branchie.)
Poissons qui se distinguent non=-seulement par des
branchies disposées en houppes et par paires le long
des arcs branchiaux, mais encore par Jeur corps cui-
rassé et présentant des formes anguleuses. Ces Poissons
ont une téte distincte, prolongée en avant en forme de
téte de cheval.
Fic. 141. Hippocampe.
SIXIEME ORDRE. — PLECTOGNATHES.
(Mex0, Je noue ; yv26cz, machoire.)
Les Plectognathes sont caractérisés
par la soudure de l’os maxillaire, qui
est forlement attaché sur le cété de
Vintermaxilaire , qui forme seul la
machoire, tandis que arcade palatine
est engrenée avec le crane et n’a aucune
mobilité.
Fie. 142. Diodon.
INTRODUCTION. 45
DEUXIEME SECTION.
eoissoins conve ieee ow dbawdee tec feits
J Pegs:
(Xovdges, cartilage ; mrezvé, nageoire.)
SEPTIEME ORDRE. — STURONIENS.
(Sturio, esturgeon.)
de
Ces Poissons n’ont point de véritables os; leurs parties dures sont cartilagi-
neuses, et leur corps est garni d’écussons durs, implantés sur la peau en rangées
longitudinales.
Fic. 143. Esturgeon.
HUITIEME ORDRE. — SELACIENS.
(Sehanos, sans écailles.)
~ Les Sélaciens ont les branchies adhérentes par le bord externe, de sorte qu’elles
laissent échapper !’eau par autant de trous percés 4 la peau qu'il y a d’intervalles
entre elles.
Fic. 144. Requin,
NEUVIEME ORDRE. — CYCLOSTOMES.
(Kuxic;, cercle; czou.%, bouche.)
Ces Poissons se distinguent par une bouche en forme d’anneau ; ils n’ont pas de
nageoires pectorales ni de ventrales ; leur corps est allongé comme celui des An-
guilles, et se termine antérieurement par une levre circulaire soutenue par un
anneau cartilagineux résultant de la soudure des os du palais avec la machoire
inférieure.
Fic. 145, Lamproie, we
4’ INTRODUCTION.
2° EMBRANCHEMENT. — MOLLUSQUES.
Aprés les Poissons viennent les Mollusques , dont lorganisation , fort au-dessous:
de celle des Vertébrés, présente dans quelques especes comme une ébauche impar-
faite d'une vertebre unique formant a elle seule la partie solide et médiane de lani-
mal, a la différence cependant que ce simulacre de vertebre n’est plus destiné a
contenir immédiatement aucune partie du systeme nerveux.
Ce volume étant particuligrement consacré aux animaux de cet embranchement,
nous nous abstiendrons d’en indiquer les divisions dans ces généralilés, et nous nous
bornerons a faire remarquer que les Mollusques dont organisation se rapproche
le plus de celle des Poissons n’ont qu’une aréte cartilagineuse dune seule piece,
et qui ne peut se comparer 4 une colonne vertébrale que par la place qu’elle oceupe
et lappui qu'elle préte aux parties molles. On remarquera aussi qu’en faisant
histoire des Mollusques, nous avons renversé lordre suivi dans ces généralités,
pour nous rapprocher de la marche indiquée par la nature , et pour procéder du
simple au composé. S
A la suite des Mollusques, nous donnons Vhistoire des Tuniciers et des Bryo-
zoaires, que quelques auteurs classent dans le deuxieme embranchement.
3¢ EMBRANCHEMENT. — ANNELES.
Les animaux qui font partie de cette grande division ont le corps et les membres
formés d’anneaux articulés , les uns solides, Jes autres coriaces , fournissant un
point d’appui a des muscles plus ou moins nombreux. Les uns ont des membres en
nombre variable ; ils marchent, sautent, volent ou nagent, suivant les espéces; les
autres n’ont point de membres et sont condamnés & ramper. Leur systeme ner—
veux se compose de ganglions réunis par des filets, et dont les petites divisions se
répandent dans toutes les parties du corps. Les uns ont des machoires toujours la—
térales, les autres n’ont que des moyens de succion. Les uns ont un ceur ou un
centre de circulation auquel on donne ce nom ; Jes autres n’en ont point. Nous ne
dirons rien de plus de lorganisation générale des Annelés, pour éviter des répéti-
tions inutiles, et nous renverrons 4 chacune des divisions qui font partie de cet
embranchement. On distingue parmi les Annelés deux séries d’animaux, les uns
(ARTICULES! ayant des organes de locomotion articulés , les autres (ANNELEs ou VERS)
ne possédant d’autre moyen de locomotion que ceux qui résultent de Ja contraction
et de la dilatation des anneaux dont leur corps est formé.
Fice 146. Articulé Fic. 147. Amelé.
INTRODUCTION. : 45
ARTICULES.
SE rT aT Uy,
rim MI,
—=
eur
Sy
Fie. 148. Coléoptere.
Fig. 150. Orthoptére.
a ES
YE
=
Fic. 151. Arachnide. Fig. 152. Myriapode. Fic, 153. Cirrhipéde. Fig, 154, Crustacé.
ANNELES ORDINAIRES.
Vic. 156, Sangsue.
co]
46 INTRODUCTION.
0 J
1° DIVISION. — JNGet veils
Les animaux de cette série ont une respiration aérienne 4 l’aide de trachées ou
de poches pulmonaires , ou une respiration aquatique simple ou branchiale. Ceux
dont la respiration est aérienne présentent des différences assez remarquables. Les
uns (1NsEcTES) ont le corps composé de trois parties distinctes, une téte, un thorax
ou corselet, et un ventre ou abdomen; leurs pattes sont toujours au nombre de
trois paires. Les autres (MyRIapopEs) ont une téte distincte, un corps composé d’an-
neaux, et au moins de douze paires de pattes, quelquefois beaucoup plus. D’autres
enfin (ARACHNIDES) ont la téte confondue avec le thorax , et ils ont quatre paires de
pattes.
Parmi ceux dont la respiration est aquatique, les uns (cRUsTACES) ont cing ow six -
paires de pattes, et généralement ils sont libres ; Jes autres (ciIRRHIPEDES), fixés sur
divers corps étrangers, n’ont point de pattes, mais seulement des cirrhes articulés.
Ces cing divisions forment autant de classes.
a?d
Fic. 157. Insecte. Fre. 158. Myriapode.
Fic. 160. Crustace. Vie. 161. Cirrhipéde.
INTRODUCTION. 47
PREMIERE CLASSE. — INSECTES.
Cette classe, trés-nombreuse , se compose de tous Jes animaux articulés ayant
trois paires de pattes , et dont le corps, le plus souvent muni d’ailes, est formé
de trois parties distinctes, la téte, le corselet, le ventre. Presque tous subissent des
métamorphoses, et semblent n’arriver a leur état parfait que pour se reproduire et
mourir peu de temps aprés. La respiration des Insectes se fait 4 Vaide de stigmates
communiquant avec des trachées qui se répandent dans tout leur corps. Chez ces
animaux il n’y a pas de circulation réguliére ; leur sang incolore se trouve répandu
dans les interstices que les organes laissent entre eux. Leur systeme nerveux consiste
en une double série de ganglions réunis entre eux par des cordons longitudinaux,
et dont le nombre correspond a celui des anneaux du corps. Leurs sens sont trés—
développés: la vue, Je toucher, lodorat, louie et le gout existent évidemment chez
eux a des degrés divers , quoique le siége de deux de ces sens soit peu connu ou
incertain. Les sons quils peuvent produire dépendent le plus souvent du frotte-
ment de certaines parties de leur corps les unes sur Jes autres, ou des mouvements
imprimés a des organes spéciaux par contraction musculaire , rarement de laction
de lair sur les organes de la respiration. La bouche des Insectes varie aussi beau-
coup dans sa conformation: les uns ont des mandibules ou dents horizontales plus
ou moins prononcées; les autres ont une véritable trompe solide, non contractile ;
d'autres ont une trompe allongée, filiforme , mobile et contractile ; d’autres enfin
ont une trompe longue, roulée en spirale, et composée de deux filets creusés en
gouttiere a leur face interne.
On divise les Insectes en douze ordres, d’apres les différences qu ils présentent
dans la solidité, le nombre, la disposition et l’état plus ou moins parfait de leurs
ailes , l'absence ou la présence de ces organes , la forme de leur appareil buccal, et
enfin d’aprés les métamorphoses que subissent les uns, tandis que les autres naissent
et meurent sans aucune transformation. En comparant ceux que nous figurons pour
exemple, on peut déja se faire une idée des différences quwils présentent.
Fic. 165. Névroptere. Fic. 166. Hyménoptére. Fic. 167. Lépidoptere.
48 INTRODUCTION.
La plupart des Insectes passent par trois états souvent bien différents: le pre-
mier est celui de Zarve ou de chenille; le second, celui de nymphe ou de chrysalide ;
Je troisieme enfin est celui dinsecte parfait. C’est 4 ce dernier état seulement que
les Insectes nous montrent l’élégance de leurs formes, l’éclat de leurs couleurs, et
quwils se reproduisent; ils meurent bientét apres.
Ss. L
Fic. 474. Chenille.
HD
Fic. 173. Chrysalides. Fic. 474. Fie. 175, Papillon sortant de sa chrysalide.
Fic. 176. Libellule sortant de sa nymphe. Fie. 177. Autre a état parfait.
INTRODUCTION. 49
SILI Deir ay. CLE ETD LOA CL PEE:
PREMIER ORDRE. — COLEOPTERES.
(Kedeog, gaine ; wrepcv, aile.)
Cet ordre comprend tous les Insectes qui ont quatre ailes, deux supérieures solides,
recouvrant pendant le reposdeux autres ailes inférieures, membraneuses et repliées.
Lenrs pattes, toujours au nombre de six, sont terminées par un tarse composé d’un
plus ou moins grand nombre de piéces ou darficles, et c’est d’aprés le nombre de
ces articles que l’on a établi quatre sous-ordres parmi les Coléopteres : le premier
(PENTAMERES) se compose de tous ceux qui ont cing articles & tous les tarses; le se-
cond (HETEROMERES) comprend tous ceux dont les deux premiéres paires de pattes
ont cing articles, la derniére paire n’en ayant que quatre; le troisieme (TETRAME-
REs) est formé des especes n’ayant que quatre articles 4 tous les tarses; enfin, dans
le quatriéme (rRiMEREs), On ne trouve plus que des Insectes dont les tarses n’ont
que trois articles. On ne compte jamais, parmi les articles des pattes, la griffe
qui les termine.
Fic. 178. Pentaméré. Fic. 179, Hétéroméré. Fic. 180. Tetrameére. Fie. 181. Trimére.
PREMIER SOUS-ORDRE. — PENTAMERES.
(Ilevre, cing; pcos, partie.)
Dans ce sous-ordre se trouvent réunis des Insectes dont les habitudes et les
moeurs , bien distinctes, ont permis d’établir six familles, dont les différences
portent principalement sur Je plus ou moins de longueur des ailes supérieures et
sur la forme des antennes.
1re FAMILLE. — CARNASSIERS.
La premiere famille (carNassturs) se compose des Insectes qui ne vivent que
d’autres Insectes, auxquels ils font la chasse ; aussi leur machoire est armée de
1. 7
50 INTRODUCTION.
deux mandibules qui sont terminées par un crochet trés-aigu. Les uns sont ter-
restres, les autres aquatiques.
Fic, 183.
Fic. (82. Carnassiers terrestres, Fic. 184. Fic. 485. Carnassier aquatique.
2° FAMILLE. — BRACHELYTRES.
(Bzayys, court; exvtoov, élytre ou aile.)
La seconde (BRACHELYTRES) comprend des especes a ailes tres-courtes et ne recou-
vrant qu'une partie de ’abdomen. Leur téte est grosse et armée de fortes mandi-
bules, et leur corps est le plus souvent étroit et allongé.
Vie. 186. Fig. 187. Fic. 188, Fie. 189.
3o° FAMILLE. — SERRICORNES.
(Serra, scie; cornu, corne.)
La troisime (sErRIcORNES) a été établie pour les espéces dont les antennes, de
la méme grosseur dans toute leur étendue, sont dentées et pectinées.
Fic. 190. "1G. Fic. 192. Fie. 194.
INTRODUCTION. Bl
4° FAMILLE. — CLAVICORNES.
(Clava, massue ; cornu, corne.)
La quatriéme (cLavicornes) se compose des espéces dont les antennes, terminées
en massue, sont toujours plus grosses 4 leur extrémité supérieure.
Fie, 195. Fie. 196. Fic. 197. Fie. 198.
Se FAMILLE. — PALPICORNES.
(Palpus, palpe; cornu, corne.)
Dans Ja cinquiéme (PALPIcorNEs), les antennes sont de méme longueur que les
palpes. Les uns sont aquatiques, les autres terrestres, et la forme de leurs pattes
indique assez leur habitat.
1
fk.
if a
Fie. 200. Fic. 204. Fic. 02.
4
w
INTRODUCTION.
6© FAMILLE. — LAMELLICORNES.
(Lamella, lamelle; cornu, corne.)
La sixiéme enfin (LAMELLICORNES)
comprend les nombreuses espéces dont
Jes antennes sont terminées par des
feuillets lamelleux disposés en éventail.
Fig. 204.
Fic. 205. Antenne grossie Fic. 205.
Fic. 206. Fic. 207. Fic. 208. Fic. 209.
Fic. 212. Fis. 215. Fic. 244.
INTRODUCTION. ; 35
DEUXIEME SOUS-ORDRE. — HETEROMERES.
(Execs, différent ; psec, partie.)
Les Insectes de ce sous-ordre n’ont cing articles qu’aux tarses des pattes anté-
rieures, et quatre seulement aux tarses des pattes postérieures. Ils forment aussi
plusieurs familles.
Fie. 215. Fig. 217.
Fie. 248. Fic. 219. Fic. 220.
TROISIEME SOUS-ORDRE. — TETRAMERES.
(Tero, quatre; ueccs, partie.)
‘
Dans ce sous-ordre, les Insectes sont tous conformés pour se nourrir de substances
végétales ; ils ont quatre articles & tous Jes tarses. On les divise en sept familles.
Les uns (RAYNCHOPHORES, guyzcc, bec; veom, je porte) ont une trompe plus ou
moins longue, formée par le prolongement de la partie antérieure de leur téte.
54 INTRODUCTION.
Les autres (xyLopHAGEs, fydev, hols; gayo, je mange) different des précédents
par l’absence de trompe et par les antennes, plus grosses vers leur extrémité.
Quelques—uns (PLATYSOMES , waz, plat;
déprimé, et des antennes filiformes.
Fic. 251. Fig. 252. Fic. 233. Fic. 234. - Fic. 235.
Un grand nombre (Lonercornes, Jongus, long; cornu, corne) se dislinguent par
la longueur de leurs antennes et I’élégance de leurs formes.
Fig. 239. Fic. 237. Fig. 240.
INTRODUCTION. 55
D’autres (EvpopEs, 23, bien; wovs, pied) ont les cuisses des membres postérieurs
d'une grosseur souvent extraordinaire.
Fic. 241. Fic. 242. Fig. 245. Fig. 244. Fic. 245.
Beaucoup d’Insectes tétramérés (cycuiguEs, 2%, cercle) ont le corps presque
toujours arrondi.
Fic. 246. Fia. 247.
Enfin quelques-uns seulement (cLavi-
PALPES, Clava, massue ; palpus, antenne)
ont une dent cornée au cété interne de la
machoire, et leurs antennes sont terminées
en massue et sont toujours pluscourtes que
le corps, qui est arrondi et tres-bombé.
Fie. 249. Fic. 250.
QUATRIEME SOUS-ORDRE. — TRIMERES.
(Tees, trois; y.29¢s, partie.)
LY
Les Insectes de ce sous-ordre n’ont que trois articles a tous les tarses ; leur corps
est hémisphérique ou ovale , et leurs antennes sont en massue. On donne a quel-
ques-uns de ces petits Insectes le nom de Coccinelles , et vulgairement celui de
Bétes du bon Dieu.
Fic. 251. Fic. 252. Fic. 253.
56» INTRODUCTION.
DEUXIEME ORDRE. — DERMAPTERES.
(Acgu.a., peau; mrepcv, aile.)
Cet ordre , fort peu nombreux et réuni au suivant par
quelques auteurs, se compose des Insectes dont les ailes
membraneuses, quand elles existent, sont ployées transversa—
lement d’abord, comme les diverses parties dun éyentail,
sous une enveloppe commune qui se replie elle-méme lon—
citudinalement. C'est & cet ordre qu’appartiennent les For—
ficules, connues généralement sous le nom de Perce-Oreilles.
Leur corps est terminé par une pince qui constitue lenr seul
moyen de défense.
TROISIEME ORDRE. — ORTHOPTERES.
: (Opbo, droit; wrepcy, aile.) -
Les Insectes de cet ordre ont le corps moins dur que celui des Coléopteres, et
leurs ailes de la premiere paire sont & demi membraneuses et chargées de grosses
nervures; celles de la seconde paire sont pliées en éventail dans leur longueur.
Leur téte est grosse et verticale, leurs yeux tres—grands, et leurs machoires sont
recouvertes par ure lame cornée. Les uns ont quatre ailes, les autres n’en ont que
de rudimentaires. La forme de leurs pattes est trés-variable ; les uns Jes ont toutes
4 peu pres de la méme longueur (Blattes), mais non toujours de la méme grosseur,
car quelques-uns les ont disposées de maniére & pouvoir creuser la terre (Cowrtil-
liéres); d'autres les ont terminées par un crochet résistant et solide (Mantes) ;
dautres enfin ont les pattes postérieures trés-longues et parfaitement organisées
pour sauter (Sauterelles).
bil ~> Sw > |
1 | CE eneemeaee wat ae SS = E
| Serer ee a an =
INTRODUCTION. 3
fi
ts
=i
Fic. 256. Fie. 258.
Fie. 259, Fig. 260.
Fic, 264. Fig, 262.
58 INTRODUCTION.
QUATRIEME ORDRE. — NEVROPTERES.
(Nevoov, nerf ; mteoov, aile. Ailes 4 nervures.)
Les Insectes de cet ordre ont quatre ailes membraneuses , jamais recouvertes
d’écailles , imitant un réseau de gaze glacée, ’ nervures serrées. Leur bouche
est armée de mandibules comme celles des Carabiques ; leur corps est allongé et
mou; leurs yeux sont tres-gros et saillants.
Lies
An
coed
Fic. 263.
Fic. 266. Fic. 264. ~ Fie. 267.
Fie. 268. Fic. 269.
Fic. 270. Fic. o71.
INTRODUCTION. 59
CINQUIEME ORDRE. — HYMENOPTERES.
(Yuav, membrane; ategov, aile.)
‘
Comme les précédents , ces Insectes ont quatre ailes membraneuses , mais les
supérieures sont toujours plus grandes que les inférieures, et les unes et les autres,
au lieu d’étre & nervures serrées , sont simplement veinées. Leur bouche, assez
compliquée , est surtout remarquable par une trompe droite qui sert de conduit
aux aliments, et elle est armée de mandibules qui servent a Jes diviser. L’abdomen
des femelles est terminé le plus souvent par trois appendices plus ou moins longs
et créles.
Fic. 275. Fig. 276,
SIXIEME ORDRE. — RHIPIPTERES.
(Punts, éventail ; w7e9cv aile.)
Ces Insectes sont trés-petits, car leur larve vit en parasite
sur le corps des Hyménopteres. Le bord antérieur des ailes
est dur et protége leur partie membraneuse, qui se replie en
éventail. Leurs yeux sont comme pédiculés.
BiG. 277.
SEPTIEME ORDRE. — LEPIDOPTERES.
(Aemts, écaille; mzeosv, aile.)
Cet ordre trés-nombreux comprend des Insectes connus sous le nom de Papillons,
et qui different essentiellement de tous les autres par une conformation toute
particuliére et la régularité de leurs métamorphoses. Ils sont généralement velus a
l'état parfait; leurs ailes, au nombre de quatre, sont couvertes d’une petite pous-
siere qui, vue au microscope, ressemble a des écailles vivement colorées. Leur bou-
che, sans machoires, est formée par une trompe double ronlée en spirale, cachée
sous la téte 4 état de repos, et étendue lorsque le papillon cherche sa nourriture.
La téte est munie d’antennes plus ou moins allongées ; leurs yeux sont gros et
taillés 4 facettes nombreuses ; leurs pattes toujours au nombre de six, mais plus ou
60 INTRODUCTION.
moins développées. La forme, la légereté et léclat des couleurs variées de ces
charmants Insectes les ont fait remarquer et rechercher. Ils se nourrissent du suc
des fleurs, qu’ils pompent facilement a Vaide de leur trompe.
Avant @arriver 4 état de Papillons, les Lépidopteres ont subi deux transforma-
tions. Leur premier élat est celui de darve ou chenille; leur corps alors est al-
longé et formé d’anneaux, et ils n’ont d’autre moyen de locomotion que six pattes
erosses et courtes, qui correspondent aux pattes plus élégantes que présente le
Papillon. On remarque aussi sur un grand nombre de chenilles d'autres pattes
dont le nombre varie, et auxquelles on a donné le nom de fausses pattes ; mais elles
disparaissent 4 la premiere transformation. Arrivée 4 tout son développement et
apres avoir plusieurs fois changé de peau, la chenille se tisse une coque de soie ou
se retire dans un endroit abrité pour y vivre immobile et sans besoins a l'état de
nymphe ou de chrysalide. Dans cet état, qu’on compare & une momie, presque tous
les organes que doit avoir le Papillon sont assez bien exprimés. Enfin le Papillon
brise les hens qui le retenaient, et prend bientét apres son essor.
On divise les Lépidoptéres en trois grandes familles, les Diurnes, les Crepusco—
Latres et les Nocturnes.
rn
a
Fy) jg
/ quill
Fic. 278. Diurne. Fic. 279. Crépusculaire,
Fic. 280, Nocturne
INTRODUCTION.
for)
ire FAMILLE. — DIURNES.
Cette famille se compose de Papillons dont les ailes sont toujours élevées per-
pendiculairement pendant le repos ; leurs antennes sont plus ou moins longues,
déliges, ef terminées par un petit bouton ovale-allongé , ou bien elles forment un
petit crochet. Ils ne cherchent leur nourriture et ne volent que pendant le jour.
Leur chrysalide est presque toujours suspendue par une soie fixée 4 l’extrémité du
corps, et quelquefois aussi par un autre len soyeux retenant le centre du corps.
Fic. 281.
Fic. 283. . Fic, 284,
62 INTRODUCTION.
Ge FAMILLE. — CREPUSCULAIRES.
Dans cette famille, les Papillons ont le bord extérieur des ailes inférieures muni
pres de son origine d'un crin corné, roide, fort, tres-pointu, qui se glisse dans un
anneau ou coulisse du dessous des ailes supérieures, et retient les unes et les au-
tres dans une situation horizontale lorsqu’elles sont au repos. Les antennes sont
en massue allongée, ordinairement prismatiques ou en fuseau ; dans quelques espe-
ces elles sont pectinées ou en scie. Ces Papillons ne commencent a sortir de leurs
retraites que vers Je déclin du jour ; leur vol est rapide et saccadé.
Fic. 287, Fie. 289.
Fig. 290,
Fie. 294.
INTRODUCTION. 65
oe FAMILLE. — NOCTURNES.
Tous les Papillons de cette famille ont les ailes horizontales ou inclinées pendant le
repos. A l’exception d’un petit nombre, les ailes inférieures sont munies d’un frein
tantot formé par un crin corné, fort et tres-acéré, tantét composé d’un faisceau
de soies se glissant dans une coulisse du dessous des ailes supérieures pour les
maintenir lorsque IInsecte n’en fait point usage. Les antennes sont sétacées ou
panachées, et diminuent de grosseur de la base 4 extrémité. La chrysalide est
presque toujours enfermée dans une coque soyeuse. Enfin ces Papillons ne volent
que pendant la nuit; la clarté du jour les éblouit, et ils restent fixés 4 des trones
d’arbres ou 4 de vieilles murailles.
Fic. 295.
Fic. 296. Fie, 297.
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Ate”
“Th HHH NW
ETDS
64 INTRODUCTION.
HUITIEME ORDRE. — HEMIPTERES.
(Huxovs, demi; mregev, aile.)
Les Hémipteres ont généralement les ailes supéricures en partie dures et en par—-
tie membraneuses ; leurs ailes inférieures ont des plis longitudinaux ; quelques-uns
les ont de méme consistance partout et demi-membraneuses. Ces Insectes
n’ont ni bouche ni machoire ; leur téte est terminée par un bec ou tube corné, ar-
ticulé et recourbé sous le corselet. La seule métamorphose qu’ ils subissent consiste
4 prendre des ailes.
On divise cet ordre en deux sections : les uns (HETEROPTERES, éteoos, différent ;
nrepov, alle) ont les ailes en partie dures et en partie membraneuses; le bec est an-
térieur. Les autres (HomopréREs, éycs, semblable; aregev, aile) ont les ailes demi-
membraneuses, mais de méme consistance dans toute leur étendue. Les Hémipteres
sont terrestres ou aquatiques.
Fie, 299, Fig. 300. Fie. 501.
Fie. 505. Fic. 504.
Fic. 505,
INTRODUCTION. 65
NEUVIEME ORDRE. — DIPTERES.
(Ats, deux ; mreocv, aile.)
Les Dipteres ont deux ailes membraneuses, étendues, veinées, sans poussiere
colorante, et généralement accompagnées d’appendices sous forme de balanciers ou
de cuillerons. Leurs yeux sont gros; leur bouche est munie d’une trompe propre
seulement a la succion, et dont la consistance varie ; jamais ils n’ont de mandibules
ni de machoires. Leur ventre nest le plus souvent uni au thorax que par un pédi-
cule étranglé, quelquefois allongé. Leurs pattes sont gréles, et, dans quelques es-
peces, terminées par des papilles qui leur permettent @adhérer aux surfaces les
plus lisses ; d’autres les ont trés-longues et organisées pour marcher a la surface de
leau ; d'autres enfin sont terminées par de véritables griffes qui leur donnent la
faculté d’adhérer aux poils des animaux aux dépens desquels ils vivent. Leur vo]
est tres-léger et tres-rapide. L’ordre des Dipteres est un des plus nombreux, et il
se divise en quatre grandes familles.
Fie. 507., = Fie. 308,
Fie. 3509. Fic. 310, Fie. 311.
Fie. 512. Fic. 515. Fic. 314,
Ts 9
66° TSE INTRODUCTION.
2° DIVISION. — Giiseeres SCCLIS cles,
DIXIEME ORDRE. — SUCEURS.
Cet ordre est composé d'un petit nombre d’Insectes
trés-petits, dont le corps est ovale, comprimé; la téte,
petite, est armée d’une sorte de bec bien conformé ,
a peu pres semblable a celui des Hémipteres. Ils ont
six pattes, les postérieures plus longues que les autres,
et propres 4 sauter, comme la Puce.
ONZIEME ORDRE. — PARASITES.
Les Parasites vivent sur le corps d’autres animaux, dont ils sucent le sang. Leur
bouche est terminée par un sucoir rétractile; leur corps est aplati, muni de six
pattes terminées par des crochets a l'aide desquels ces Insectes se fixent sur les
corps.
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Vy. al \C
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Fie. 348.
Fic. 316.
DOUZIEME ORDRE. — THYSANOURES.
(Ovoxve, frange ; cvex, queue.)
Ces Insectes se distinguent facilement par les appendices mobiles
dont leur queue est composée. Leur corps est allongé et couvert de
petites écailles brillantes qui paraissent comme argentées. Ils ont
une marche tres-rapide et vivent de préférence dans les lieux obs-
curs et humides. Ils ne subissent aucune métamorphose.
Fie. 349.
INTRODUCTION. 67
DEUXIEME CLASSE. — MYRIAPODES.
(Muertos, nombreux ; mov, mod0s, pied.)
Les Insectes de cette classe sont ainsi nommés 4 cause du grand nombre de pattes
dont ils sont munis. Leur corps est composé d’anneaux nombreux portant chacun
une ou deux paires de pieds terminés par un onglet. Leur bouche est armée de
deux mandibules puissantes. Ils vivent dans les lieux obscurs ou humides.
Fic. 520. Fic. 321. Pie. 522.
63 INTRODUCTION.
TROISIEME CLASSE. — ARACHNIDES.
(Apayvng, araignée.)
Cette classe se compose d’animaux généralement confondus avec les Insectes ,
mais dont la forme est tres-distincte. Ces animaux, voués a l’antipathie des uns et
i Vhorreur des autres, ne rencontrent que peu d’amis ; leur instinct, leur singu-
liére industrie, Pespece d’intelligence dont ils ont quelquefois donné la preuye, in-
{éresseraient quand méme le naturaliste, si Jeur organisation ne suffisait pas pour
fixer attention. Les Arachnides ont huit pattes fixées ala partie antérieure du
corps; ces pattes sont le plus souvent longues et terminées par des crochets; elles
se cassent facilement , mais elles se reproduisent en peu de temps. Les Arachnides
ont une téte réunie au corselet, munie de mandibules cornées et a crochets mobi-
les. Leurs yeux sont au nombre de six ou huit, et leur ventre, dont la forme est
assez variable, estséparé du corps par un étranglement. Parmi les animaux de cette
classe, les uns respirent a Vaide de cavités pulmonaires, les autres 4 Vaide de tra-
chées, et presque tous ont un appareil circulatoire complet. Quelques-uns seule-
ment sont venimeux. Beaucoup de ces animaux ont autour de louverture anale
des glandes qui sécrétent la matiere soyeuse dont ils fabriquent des toiles qui leur
servent non-seulement 4 prendre les animaux dont ils sucent le sang et quwils
ne pourraient atteindre, mais encore 4 envelopper promptement leur proie,
qui, sans cette précaution, lutterait quelquefois avantageusement avec eux. Enfin ©
ces glandes Jeur fournissent des fils qui leur permettent de se suspendre dans l’air
et de franchir facilement certains obstacles.
INTRODUCTION. 69
QUATRIEME CLASSE, — CRUSTACES.
(Crusta, croite.)
Cette classe comprend tous les animaux articulés 4 pattes articulées, pourvus
d'un cceur et de branchies, et dont la circulation est double. Les Crustacés sont
couverts d’un test calcaire plus ou mois dur, et qui se renouvelle a certaines épo—
ques pour permettre a l’animal de se développer. Leur corps est formé d’anneaux,
les uns soudés ensemble et ne se distinguant que par des sillons, Jes autres mobiles
et simplement articulés. Parmi les Crustacés, les uns ont la téte distincte ; chez les
autres elle est réunie au thorax. Ils ont six machoires et le plus souvent quatre an-
tennes parfois trés-longues ; enfin ils n’ont jamais moins de cinq paires de pieds.
Leurs yeux, assez développés, sont souvent pédiculés. Presque tous vivent dans
Peau; quelques—uns cependant sont terrestres. On les divise en trois groupes prin-
cipaux, d’aprés la conformation de la bouche. En effet, les uns ont cet organe
muni de machoires et de mandibules propres a la mastication (CRUsTACES MASTICA-
TeuRS); les autres n’ont qu'un bec tubuleux armé de sucoirs (CRuSTACES SUCEURS) ;
d@ autres enfin n’ont a Ja bouche ni mandibules ni sugoirs, mais seulement des pat-
tes dont la base est organisée de manieére a faire loffice des machoires (Xypuo-
SURES).
4er GROUPE. — CRUSTACES MASTICATEURS.
Ce groupe, qui est le plus nombreux, se compose des Crustacés dont Porganisa—
tion est plus compliquée et plus parfaite : les uns ont une forme allongée,
70 INTRODUCTION.
Les autres sont rétrécis et ont le plus souvent le corps aplati.
Fig. 532.
Fie. 554. Fie. 335.
Fic. 556.
INTRODUCTION.
Qe GROUPE. — CRUSTACES SUCEURS.
Les Crustacés suceurs sont peu nombreux; ils vivent
en parasites sur d’autres animaux; ils ont la bouche en
forme de trompe cylindrique , et munie d’appendices
propres a percer le corps des Poissons aux dépens desquels
ils vivent. Ces animaux, comme les Insectes, subissent
certaines métamorphoses pendant le jeune age.
3e GROUPE. — LIMULES.
(Limulus, limon, vase.)
Ce groupe se compose d’animaux singuliers dont le corps
est divisé en deux parties et terminé par un appendice
long, roide et pointu. La premiere partie forme un grand
bouclier presque circulaire, et porte des yeux écartés et les
six paires de pieds qui enveloppent la bouche et font
loffice de mdchoires. La seconde partie représente un
autre bouclier triangulaire muni de cing paires de na-
geoires, la cinquieme paire munie de branchies.
Fie, 338.
CINQUIEME CLASSE. — CIRRHIPEDES.
(Cirrhi, frange; pes, pied.)
Nous ne parlons en ce moment des Cirrhipedes que pour indiquer leur vérita—
ble place dans la classification zoologique, et nous renyoyons pour les détails a la
page 261 de ce volume.
72 INTRODUCTION.
1G
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2° DIVISION. — sy trial o OW CCS,
Les Vers ont le corps généralement allongé et formé dune série d’anneaux plus
ou moins nombreux ; ils n’ont point de membres articulés, et leur systeme ner-
veux est peu développé. On les divise en trois classes, les ANNELIpEs, les Rorareurs
et les HELMINTHES.
SIXIEME CLASSE. — ANNELIDES.
(Annellus, petit anneau.)
Les animaux de cette classe ont le corps allongé, mou et divisé en un plus ou
moins grand nombre de segments ou anneaux ; leur téte n'est pas toujours distincte,
et souvent on remarque 4 chaque cété de leur corps des faisceaux de soies qui ser-
vent 4 la locomotion. Leur respiration est presque toujours branchiale, et parmi
tous les invertébrés ce sont les seuls animaux & sang rouge ou au moins légere-
ment coloré; leur systeme nerveux est assez distinct et se compose de ganghions. On
divise les Annelides en quatre ordres : les Errants, les Tusicores, les TerricoLes
et les Suceurs.
PREMIER ORDRE. — ANNELIDES ERRANTS.
Ces animaux ont une téte presque toujours distincte et munie d’antennes, et
souvent d’yeux ; leur bouche est armée d’une trompe, et souvent de machoires cor-
nées. Leurs branchies, généralement dorsales, ne se présentent souvent que sous
forme de tubercules ou de touffes arborisées. Ces animaux vivent dans le sable,
sous les pierres, et quelquefois enduisent le trou dans lequel ils se retirent d’un
mucus qui forme une sorte de fourreau qu’ils abandonnent & volonté; ils nagent
et marchent avec facilité.
Fie. 339. Fic. 340. .
DEUXIEME ORDRE. — ANNELIDES TUBICOLES.
Les Annelides Tubicoles n’ont point de téte distincte; ils n’ont pas d’yeux ni
d’antennes, et leur bouche n’est plus armée de machoires ; mais lextrémité anté-
rieure de leur corps est garnie d’appendices plus ou moins nombreux, dont les uns
INTRODUCTION. 1D
servent de branchies, les autres d’organes de locomotion ou de préhension. Les
animaux de cet ordre se construisent des tubes membraneux ou caleaires, le plus
souvent fixés & des corps étrangers ; ef les seuls mouvements quils puissent faire
consistent a sortir en partie de ces tubes pour pourvoir a leur existence, et a y ren-
trer rapidement dés quils sont inquiétés. Ils sont remarquables par la vivacité des
couleurs de leurs panaches.
74 INTRODUCTION.
TROISIDME ORDRE. — ANNELIDES TERRICOLES.
Ces animaux n’ont point de branchies et paraissent devoir respirer par toute la
surface de leur peau. Leur corps est allongé, cylindrique, contractile, sans téte ,
sans yeux et sans antennes. Ils vivent dans la terre humide ou dans la vase.
QUATRIEME ORDRE. — ANNELIDES SUCEURS.
Les Annelides suceurs ont, comme ceux de l’ordre précédent, un corps allongé,
ridé transversalement, et déprimé en dessous. Les extrémités antérieure et posté-
rieure sont garnies d'une cavité dilatable qui, agissant comme une ventouse, per-
met & ces animaux d’adhérer fortement aux corps sur lesquels ils s’appliquent ; et
avec leur bouche, composée de trois petites machoires formées par des replis de la
peau, ils peuvent entamer l’épiderme des autres animaux et sucer leur sang.
Fic. 348.
SEPTIEME CLASSE. — ROTATEURS.
Cette classe se compose d’animaux microscopiques qu’on rencontre
dans les eaux stagnantes ott se trouvent des corps organisés en décom—
position. Leur corps est transparent, annelé, et muni de cils vibratiles
dont les mouvements rotateurs sont tres-prononcés,
Fie. 549.
INTRODUCTION. 75
HUITIEME CLASSE. — HELMINTHES.
(EXy.tvg, ver intestinal.)
Cette classe comprend les Vers qui vivent dans lintérieur des animaux, et se lo-
gent dans les intestins, et méme dans le foie, les muscles, les yeux et le cerveau.
On nexplique point encore dune maniére satisfaisante comment ces animaux pé-
nétrent dans la profondeur des organes, ni comment ils s’y développent et trou-
vent le moyen de respirer. Nous citerons parmi ces animaux quelques-uns de ceux
surtout qui vivent dans l’intérieur de VPhomme: Ascaride, Teenia, Bothricocéphale.
Fic. 550,
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4° EMBRANCHEMENT. — RAYONNES.
Les animaux de cet embranchement sont aussi connus sous le nom de ZoopuytEs ou
_animaux—plantes. Leur organisation est des plus simples, et leurs facultés, pour ainsi
dire, nulles. Les formes diverses qu’ils affectent permettent de reconnaitre que leur
corps est formé de parties disposées d'une maniere plus ou moins réguliére autour
76 INTRODUCTION.
d’un point pris comme centre, mais jamais par paires symétriques. Les uns sont
couverts dune enveloppe plus ou moms dure , les autres sont mous, d'autres enfin
membraneux et transparents ; leur systeme nerveux est rudimentaire ou nul.
Quelques-uns ont un tube digestif 4 deux ouvertures ; chez d’autres, cet organe ne
représente plus qu'un sac a une seule ouverture ; enfin , beaucoup de ces animaux
n'ont, comme canal intestinal, qu’une cavité intérieure, en rapport avec des pores
absorbants, qui, dans quelques especes, semblent méme constituer & eux seuls tout
l'appareil digestif. Le mode de nutrition de ces derniers les rapproche essentielle-
ment des plantes. On divise les Rayonnés en cing classes : les Ecuinopermes , les
AcatEpues, les Potypss, les Inrusoires et les SPONGIAIRES.
PREMIERE CLASSE. — ECHINODERMES.
(Eztves, hérisson; deou.%, peau.)
Les Echinodermes ont une peau épaisse, souvent dure et testacée ; leurs moyens
de locomotion sont nombreux et trés-simples, et leur marche tres-lente. On les
divise en trois familles, d’aprés la forme générale de leur corps: les Asrérigs, les
Ovrsins et les Hotornurigs. )
Jre FAMILLE. — ASTERIES.
(Aszacv, étoile.)
Connues vulgairement sous le nom d’Etoiles de mer, jes Astéries ont un corps
formé le plus souvent de cing rayons divergents d’un renflement central , ou lon
remarque une seule ouverture, qui donne passage aux aliments et aux excré-
ments. Les Astéries sont surtout remarquables par la facilité avec laquelle elles
peuvent se reproduire par division. En effet, si l'on coupe une des branches d'une
Astérie, bientét cette branche est remplacée, et la portion coupée prend elle-méme
en peu de temps la forme en étoile, et devient un individu complet.
RASHID)
7 ue
2° FAMILLE. — OURSINS.
(Nom vulgaire adopteé.)
Les Oursins, Chataignes ou Hérissons de mer, ont un corps sphérique formé d'une
croute calcaire recouverte d’épines nombreuses, mobiles, et plus ou moins lon-
gues, ef de plusieurs rangées réguliéres de petites ouvertures qui donnent passage
INTRODUCTION. 77
ades tentacules. Leur bouche est située 4 la partie supérieure centrale, et est armée
de dents.
or FAMILLE. — HOLOTHURIES.
(O2c¢, entier ; Ouorcv, petit trou.)
Les Holothuries ont Je corps allongé, cylindrique, présentant a Vextrémité su-
périeure une bouche garnie de pieéces calcaires et entource de tentacules, tandis
qua Vextrémité inférieure se trouve une ouverture qui sert 4 la respiration en
méme temps qu’aux déjections.
Fig. 559.
DEUXIEME CLASSE, — ACALEPHES.
(Azzinen, ortie.)
Les Acalephes sont des animaux comme gélatineux, qui flottent et nagent dans la
mer, en contractant et en dilatant alternativement leur corps, qui est souvent
admirablement nuancé de pourpre et d’azur. On les nomme vulgairement Orties
de mer, a cause de Ja douleur qu’on éprouve lorsqu’on les touche.
INTRODUCTION.
=I
io)
TROISIEME CLASSE. — POLYPES.
(IIckug, beaucoup ; zeus, pied.)
Dans cette classe , les animaux ont le corps cylindrique ou ovalaire , et n’ont
qu’une seule ouverture, entourée d’une couronne de tentacules plus ou moins al-
longés. Ils se reproduisent par bourgeons, par division ou par des ceufs ; les uns
sont mous, les autres durs et pierreux.
Fic. 564.
Fie. 568.
QUATRIEME CLASSE. — INFUSOIRES.
Les Infusoires sont des animaux qu’on ne peut distinguer qu’a Vaide du mi-
croscope, et qui, comme les Rotateurs, dont nous avons déja parlé, et avec lesquels
on les a longtemps confondus, se développent dans les eaux stagnantes; leur
corps, allongé ou arrondi, formé d’un grand nombre de petits pores absorbants, est
armé de cils vibratiles. On n’est pas parfaitement d’accord sur la maniére dont ces
petits animaux se reproduisent : les uns pensent qu’ils sont formés spontanément
par la désagrégation des corps organisés végétaux ou animaux; d'autres, qu’ils
naissent @oeufs comme les autres animaux. Quoi qwil en
soit, ils se reproduisent par division , ainsi que beaucoup
de Rayonnés.
INTRODUCTION. 79
CINQUIEME CLASSE. — SPONGIATRES.
(Spongia, éponge.)
Les Spongiaires ont une forme trés-irréguliére et trés-variable. Leur corps est
divisé par un tres-grand nombre de petits anneaux, soutenus par des parties
cornées chez les uns, et calcaires ou siliceuses chez les autres. Fixés aux rochers,
ils vivent dans un état dinsensibilité et @immobilité completes: telles sont les
Eponges.
—— 33) oS
Epi
3! ha (a
ny ae oad
GENERALITES SUR L’HISTOIRE DES COQUILLES ET SUR L’ANATOMIE
DES MOLLUSQUES.
La science qui a pour objet Ja connaissance, la description et larrangement mé-
thodique des Coquilles, a regu le nom de concuyLiotoci. Ce mot, consacré par
lusage, ne s'applique pas exclusivement a l'étude des coquilles, comme son éty-
mologie semblerait Vindiquer (xcyyurev, coquille; dyes, discours), mais ericore a
celle non moins importante des animaux qu’elles contiennent, et qu’on désigne sous
le nom de MOLLUSQUES, OU animaux mous.
Quelques auteurs modernes emploient dans Je méme sens le mot malacologie
(usdoxos, Mou (animal); dyes, discours), qui n’exprime pas plus complétement
que le premier lidée qu’on veut donner de cette division du regne animal; mais il
a sur lui l’avantage de s’appliquer 4 tous les Mollusques, dont quelques-uns n’ont
jamais de coquilles.
Sous le nom de mottusguEs, on distingue donc un groupe particulier et tres—
nombreux d’animaux aux formes les plus variées et les plus bizarres, dont le
corps est mou et d’une substance comme gélatineuse; ils sont couverts d'une
peau, dans laquelle ou sur laquelle se développe le plus souvent un test cal-
caire ou coquille, dont Ja solidité leur offre abri et protection. Ce test n’est autre
chose qu'une crotite dure plus ou moins épaisse, produite par le Mollusque et se
développant dans la méme proportion que lui. On peut Je comparer aux os qui
soutiennent et protégent les chairs et les visceres des animaux des ordres plus élevés.
Fie. 574. Harpe ventrae.
Tous Jes Mollusques, avons-nous dit, ne sont pas couverts d’une coquille, Chez
1. 11
82 HISTOIRE NATURELLE.
quelques-uns cette partie calcaire est intéricure, c’est-a-dire toujours couverte plus
Z =
Fie. 575, Aplysie tigrine. Fic. 376. Coquille intérieure de l’Aplysie.
AoA
ou moins complétement par le manteau (575 et 576), et pas ou peu apparente ; chez
d'autres, elle est rudimentaire, c’est-a-dire si peu développée (377 et 378) ou si
Fic. 577. Testacelle ormier. F1G.578. Coquille rudimentaire
extérieure de la Testacelle.
imparfaite, qu’on ne la reconnait que par analogie; chez d'autres, enfin, elle est
absolument nulle (379).
Fic. 579. Limace rouge.
Ces différences assez remarquables ont fait désigner sous le nom de Mollusques
nus ceux chez lesquels la coquille n’est pas apparente ou manque entierement, pour
les distinguer des Mollusques a coquille. Ceux qui sont privés d'un test protecteur
possedent cependant d’autres moyens de défense; leur peau sécrete une humeur
acre, d'une odeur repoussante, qui suffit pour éloigner la plupart de leurs ennemis ;
et chez ceux dont la coquille est interne ou seulement rudimentaire, on reconnait
que ce faible abri est placé de maniere a couvrir les organes les plus importants.
On remarque une tres-grande diversité dans la forme du corps des Mollusques.
Il représente cependant toujours, quand animal est développé, une masse char—
nue, molle et visqueuse, qu’on a comparée au corps d’un gros ver ; ce qui fit autre-
fois donner a ces animaux Je nom de VERS A COQUILLES OU VERS TESTACES.
Le corps des Mollusques, malgré sa mollesse qui ne laisse supposer qu’une
ébauche d’organisation, se compose cependant dorganes bien reconnaissables et
remplissant diverses fonctions. On distingue assez bien leurs muscles, souvent nom—
breux, leur tube digestif et ses parties accessuires; ils ont un systeme assez com—
plet de circulation sanguine et de respiration aquatique ou aérienne, des nerfs, etc.
Mais ils’en faut que tous les Mollusques présentent le méme degré d’organisation,
HISTOIRE NATURELLE. 85
et si les plus favorisés d’entre eux semblent se rapprocher en quelque sorte des
Poissons, 11 faut avouer que Ja distance qui les sépare de ces animaux vertébrés est
énorme, et que les traces d’analogie ne se rencontrent que sur un tres-pelit nombre
d’especes.
Les unsont une téte distincte (380), et sont désignés sous lenom de Céphaleés (zz9230,
téte); les antres n’ont pas de téte apparente (381) ; ce sont les Acéphaleés (« privatif,
xepaan, téete); et dans quelques-uns de ceux de ces animaux dont la téte est visible,
elle est séparée du corps par une espece d’étranglement.
Fie. 580. Céphalé. Cranchie transparente. Vic. 381. Acéphalé, Glycimére silique.
Leur peau, plus simple dans sa structure que celle des animaux vertsbrés, est
toujours molle, et enduite d'une matiére visqueuse que sécréte l’animal. Cette
peau est trés-sensible et plus ou moins lisse. Quelquefois elle est assez ample pour
couvrir la coquille entiérement ou en partie (582). Souvent aussi elle représente une
Fic. 582. Porcelaine tigre.
gaine, ouverte seulement a ses extrémités, ou plus ou moins dans toute sa Jon-
Fie. 584. Solen gaine.
gueur (385 et 384). La disposition assez remarquable de cette peau, quelquefois
trés-extensible, et dans laquelle, au moindre sujet d’inquiétude, l’animal peut
s‘envelopper par un mouvement de contraction en se retirant dans Ja coquille, lui
a fait donner le nom de manteau. Parfois le manteau ne présente qu'une ou deux
petites ouvertures, ou il offre des prolongements qui s’étendent fort au dela de Ja
coquille, et lon a donné Je nom de siphons & ces prolongements charnus et
contractiles. Ils sont termimés 4 Jeur ouverture par une couronne de papilles dé-
8%
HISTOIRE NATURELLE.
coupées ou frangées, plus ou moins distinctes (585-386), et 4 travers lesquelles passe
eau nécessaire 4 l’animal ; les siphons sont aussi en partie le siége du toucher.
B5utelline ours! Fic, 536. Mactre triangulaire.
L’épaisseur du manteau n'est pas toujours la méme; servant d’enveloppe pro-
tectrice unique a quelques-uns, il est rude ou épais selon que l’exigent les habi-
tudes du Mollusque qu’il recouvre. Ses bords sont simples, ou divisés et frangés,
Fic. 387.
Scalaire commune.
et quelquefois garnis d’appendices plus ou moins développés. La
couleur du manteau varie autant que sa forme, et c’est a la ma-
tiére colorante qui se trouve sur ses bords qu’est due la colora-
tion de la coquille; car ce sont les bords du manteau qui sécrétent
Ja matiére calcaire qui constitue le test. Le dépét de cette matiére
ne se fait pas toujours d'une maniére continue; il est plus abon-
dant 4 certaines époques. Aussi forme-t-il des bourrelets successifs
(stries d'accroissement) plus ou moins prononcés , qui prouvent
lintermittence de la sécrétion caleaire.
C'est encore a la disposition particuliére des bords du manteau
que sont dus les caractéres de la surface extérieure dela coquille.
Lorsque ces bords sont simples et unis, la coquille est lisse en dehors ; tandis que
lorsqwils sont ridés, tuberculeux, lamelleux ou frangés, la surface extérieure du
test présente des rides, des tubercules, des lames, des franges. Ainsi l’inspection
Fie. 3588, Novaculine
du Gange.
seule de la coquille fait supposer Ja forme des bords du manteau.
Le systeme musculaire des Mollusques présente des différences
remarquables. En effet, ceux de ces animaux dont la coquille est
composée de deux pieces ou valves, ont un ou deux muscles prin-
cipaux, situés aux extrémités ou au centre de ces pieces. Par leur
contraction, ces muscles sont en antagonisme constant avec un
ligament élastique formant charniére, destiné a faire écarter les
bords libres des valves, et agissant comme un ressort qui serait
tendu pendant le rapprochement de ces pieces, et au repos pen-
dant leur écartement (588). Les traces de insertion de ces muscles
sur les valves sont plus ou moins apparentes, et on les désigne
sous le nom d’?mpressions musculaires , pour les distinguer des
traces que laissent les bords du manteau et qu’on nomme impressions palléales.
Fig. 589. Myochame anomovide. Fig. 590. Cythérée épineuse. Fie. 591. Myochame anomoide.
HISTOIRE NATURELLE. 5
Le manteau présente aussi de nombreux petits faisceaux de muscles bien distincts
chez les uns, peu apparents chez les autres, ou perdus dans le tissu de cette enve-
loppe, qui est contractile dans toute sa surface. Le pied est aussi composé ]ui-méme
de plusieurs paires de muscles souvent tres-gros.
Quelques-uns de ces Mollusques présentent une disposition particuliére, ou plutot
une modification du tissu musculaire ; je veux parler de ces fibres soyeuses qui ser-
vent a fixer l’animal a des corps étrangers en Jui laissant la liberté de certains mou-
vements autour d'un point fixe. On a donné le nom de byssus a ce pied soyeux, formé
de fibres musculaires qui obéissent encore, du moins dans une partie de leur éten-
due, a la volonté de l’animal ; car, si le byssus devient inerte & son extrémité adhé-
rente au corps étranger, il reste contractile 4 son point de jonction avec l’animal.
Fic. 592. Jambonneau et son byssus.
Ce que nous venons de dire du systeme musculaire des Mollusques ne s’applique
qu’a ceux de ces animaux dont Ja coquille est composée de deux piéces, et qu’on
distingue sous le nom de Sivalves, ou & deux valves. Les autres dont la coquille est
d'une seule piece, ou les univalves, et ceux surtout qui ont des bras, présentent des
muscles plus nombreux encore; ils étaientindispensables pour les mouvements d’or-
ganes qui ne se rencontrent pas chez les premiers, et il fallait un muscle particu-
lier et puissant pour faire rentrer |’animal dans sa coquille, souvent profonde et en
spirale. Ce muscle ason point d’appui au sommet intérieur du test, et répand ses
fibres dans le centre de Ja base du Mollusque, qu'il attire
en se contractant. Enfin, les especes dont la coquille est
formée de plusieurs pieces (mu/tivalves) ont des muscles des—
tinés 4 imprimer Je mouvement a chacune de ces pieces.
La bouche, dont la forme est variée, n’est pas non plus
toujours bien visible, quoiqu’elle existe dans les animaux
dont Ja téte n’est pas distincte; elle présente générale-
ment un petit sillon longitudinal, ou transversal, placé en
avant ou en dessous de Ja masse charnue qui porte les ten— mee
tacules. Dans la plupart des Mollusques on ne trouve Bouche de ee lceeaerine’
aucune trace des dents; quelques-uns seulement présentent des appendices cornés
qui en tiennent lieu.
N
86 HISTOIRE NATURELLE.
La bouche se compose, dans quelques espéces, d’un anneau dont les bords sont ;
frangés; dans d'autres, elle se présente au centre dun hourrelet demi-circulaire,
qui se termine soit par un appendice auquel on a donné le nom de tentacule Tahini
soit par une frange ou voile membraneux dont le développement varie beaucoup.
(Juelques especes ont les lévres trés-développées et en forme de trompe, et ces
levres, quoique contractiles, ne rentrent pas dans la cavité buccale; tandis qu'il y
a un grand nombre de Mollusques dont lcesophage (partie du tube digestif placée
entre Ja bouche et l’estomac) peut au besoin se porter au dehors de la bouche, sous
la forme d’une trompe dont les mouvements d’extension et de contraction s’ex—
pliquent par la présence de muscles particuliers situés autour de cet organe. Les
Mollusques Céphalés, dont quelques- uns soumettent leurs aliments & une sorte de
mastication, ont un appareil salivaire représenté par une ou deux glandes placées sur
les cotés de I’ cesophage, ou libres dans Ja masse viscérale.
L’estomac, qui fait suite 4 ’@sophage, est souvent, dans les Mollusques & tate,
simple ou peu distinct; quelquefois il est composé de plu-
sieurs poches, et on remarque dans certaines especes que
cet organe est enveloppé de muscles fort épais qu’on a com-
parés Aceux du gésier des Oiseaux. On remarque aussi que
lamembrane muqueuse de l’estomac de quelques Mollusques
est tapissée de petits tubercules cornés, ou qu’elle contient
des petits osselets qui facilitent la division des aliments. Dans
les Mollusques sans téte, l’estomac n’est, faut-il dire, qu’une
cavité creusée dans le tissu du foie, qui y verse facilement et
abondamment la bile nécessaire 4 la digestion; tandis que
le foie des Céphalés est toujours distinct et séparé de lesto-
mac, qu'il enveloppe quelquefois, et avec lequel 11 commu-
Big. 997- Portion destomae nique & Vaide de canaux assez développés.
d’une Aplysie.
Les intestins sont aussi enveloppés par le foie; ils offrent des circonvolutions
Fic. 598. Tube digestif de l’Aplysie Fic. 599. Tube digestif d’une Fic. 400. ‘Tube dizestif de
blanche, Patelle. l’Heélice lactée..
généralement peu nombreuses, et se terminent a lorifice anal, presque toujours
pédiculé et postérieur dans les Mollusques sans téte, tandis qu’il est Je plus souvent
HISTOIRE NATURELLE. 87
latéral et rapproché de lextrémité antérieure dans Jes Mollusques ayant une téle.
Fic. 401. Tube digestif de Huitre commune. Fic. 402. Organes de la digestion, de la respiration
et de Ja circu!ation du Pou!pe commun,
D’apres ce que nous avons dit de lorganisation de la bouche des Mollusques, on
comprend que leur nourriture doit varier beaucoup. Ceux qui ont une bouche
garnie de Jevres extensibles multiples ou sous forme de trompe, peuvent saisir
leurs aliments, et ils se nourrissent de petits animaux ou de plantes; ceux qui,
mieux partagés, ont des bras armés de ventouses puissantes et nombreuses et des
dents cornées, s’emparent de vive force d’animaux marins, méme assez gros, qu’ ils
dévorent. I] n’en est plus de méme de la plupart des Mollusques sans téte distincte,
et surtout de ceux qui, par Jeur adhérence aux rochers ou aux corps submergés,
ne peuvent aller au-devant de leur nourriture, et seraient condamnés a attendre
qu elle se présentat, s ils n’en trouvaient sans cesse les éléments tout préparés dans
Peau qu ils aspirent, et si les molécules animales ou végétales que cette eau tient en
suspension ne suffisaient pour satisfaire leur modeste appétit. Ces aliments, bien
palvres en apparence, se composent cependant de parties qui, apres avoir parcouru
tout le tube digestif et fourm: a l'absorption tout ce que l’animal pouvait s’as-
similer, sont rejetées au dehors comme les restes d’une alimentation plus substan-
tielle.
Ainsi les uns se jettent sur leur proie, la saisissent et la dévorent; Jes autres, ne
jouissant que de moyens de locomotion d'une lenteur extréme, ne doivent vivre
que de végétaux ou d’animaux morts, et ce sont Jes plus nombreux. Ceux qui
nont besoin que des principes tenus en suspension dans l'eau, sont tous immobiles
et fixés aux roches sous-marines. Presque tous enfin avalent de la terre, des grains
de sable, de petites pierres, et paraissent y trouver des parties nutritives ou des
moyens de digestion.
On est porté a croire que les Mollusques peuvent, en général, supporter pendant
assez longtemps Ja privation de nourriture. Les Escargots de nos jardins, qui man-
gent beaucoup en été, passent tout l'hiver sans sortir de leurs coquilles. Cette
abstinence anrait elle quelque analogie avee Vengourdissement de certains ani-
88 HISTOIRE NATURELLE.
maux d’ordres plus élevés? C'est probable, mais on ne sait rien de certain a ce
sujet.
Les organes de la circulation du sang des Mollusques sont en rapport avec ceux
de la respiration, dont ils dépendent en partie ; car ils se trouvent naturellement
modifiés suivant Ja nature du fluide que ces animaux décomposent.
Ceux qui vivent dans l'eau décomposent lair que cet élément contient, a laide
de branchies ; ceux qui sont terrestres respirent lair libre au moyen d'une cavité
tapissée de vaisseaux sanguins et a laquelle on a donné Je nom de poumons. Cette
cavité plus ou moins grande communique au dehors par un trou étroit, ouvert gé-
néralement avec l’anus sur le cété droit antérieur du corps. Lorifice de la cavité
pulmonaire des Gastéropodes s’ouvre et se ferme au gré de l’animal, et la cavité
Fic. 403. Branchies marginales et tube digestif Fre. 404. Organes de la circulation et de la
d'une Patelle. respiration de la Seiche.
admet lair ou Vexpulse en se dilatant et se contractant, sans autre mécanisme que
action musculaire.
Les branchies sont composées de feuitllets tres-minces ; elles sont externes chez
quelques Mollusques, internes ou recouvertes par le manteau, ou situées dans l’in-
térieur dune cavité qui occupe le dermier tour de la coquille chez les autres. Enfin,
certaines especes, comme les Patelles, ont des branchies qui forment un cordon
frangé tout autour du corps, sous le rebord du manteau.
Les Acéphalés a coquille ont quatre fenillets branchiaux, deux de chaque cété,
enfermés entre les deux lobes de leur manteau, et entre lesquels passe le pied,
quand cet organe existe.
Les Acéphalés sans coquille ont une branchie représentant un ruban étroit qui
traverse obliquement Pintérieur du corps. f
L’Huitre respire en faisant passer eau sur ses branchies, en entr’ouvrant sim-
plement sa coquille et les bords antérieurs de son manteau ; elle l’expulse en refer-
mant cette coquille.
Un usage accessoire des branchies, bien extraordinaire, dit Cuvier, est celui
quelles ont, dans les Acéphalés 4 coquille, de servir pendant quelque temps de
réceptacle aux ceufs, et méme aux petits déja éclos.
HISTOIRE NATURELLE. 89
Les Bivalyes présentent sur la ligne médiane un renflement traversé le plus
souvent par Vintestin. Ce renflement musculaire, fusiforme,
symétrique, est appelé le coeur; il est composé d’un seul
ventricule, et d'une oreillette simple et non symétrique, ou
double et alors symétrique. De ce coeur’ partent deux grosses
branches (aortes) : l'une antérieure, plus large, se ramifie
dans la masse viscérale et l'extrémité antérieure ; l'autre, posté-
rieure et moins développée, se distribue aux parties posté-
rieures. Les veines, suivant un cours opposé a celui des artéres,
se réunissent en branches et se rendent dans un réservoir com-
mun placé au-dessous du coeur; deux gros vaisseaux, partant
de ce réservoir et se distribuant aux branchies, apporteut a ces
organes le sang veineux, et c’est au moyen d’autres vaisseaux
que le sang quia arrosé les branchies, et s’y est reconstitué, re-
vient dans Voreillette du coeur pour se répandre de nouveau
dans toutes Jes parties du corps de Vanimal. La circulation du Ceur dune Huitre grossi.
sang des Mollusques a téte differe seulement par le mode de distribution des vais—
seaux. Placés toujours pres des branchies, le coeur et ses
annexes ne sont symétriques qu’autant que la coquille
est elle-méme symétrique; le plus scuvent une seule
aorte part du cceur, se divise en deux branches dont
lune, antérieure, porte le sang a Ja téte et a une partie
des organes reproducteurs; l'autre, postérieure, se dis-
tribue aux visceres, au manteau et au pied.
Les Mollusques qui respirent lair libre ont une circu-
lation analogue a celle des autres Mollusques; la cavité
pulmonaire est tapissée de ramifications vasculaires, vei-
neuses et artérielles, qui apportent le sang des extrémités
et le reportent au ceeur lorsqwil s’est reconstitué.
La circulation sanguine de certaines especes est plus
compliquée; c'est ainsi que les Mollusques les mieux or- 4 yparei Lean ae Dees,
ganisés ont, indépendamment d'un cceur central, deux coeurs latéraux destinés a
donner plus d’activité a la circulation dans les branchies, et des veines carnies de
valvules a l’entrée de ces cceurs. L’absence réelle ou supposée de valvules dans les
veines des autres Mollusques semblerait venir a Pappui de Vopimion de quelques
naturalistes, qui pensent que Ja circulation de ces animaux a lieu d’une maniere
beaucoup plus simple. D’apres eux il n’y aurait, au moins pour certaines especes
sans coquilles, qu'un seul ordre de vaisseaux, et le sang venant des extrémités aux
branchies s’y arréterait pendant le temps nécessaire a son oxygénation, et revien-
drait par un mouvement rétrograde se distribuer aux extrémités. Si ce fait est
exact, il doit étre borné a certaines espéces dont on ne connait pas encore bien
toutes les conditions d’existence, et il ne change rien 4 ce que nous avons dit de la
circulation dusang des Mollusques en général. La marche du sang artériel des Mol-
lusques ne parait gueére plus active que celle du sang veineux, quoiqu’on puisse
assurer que le cceur présente des pulsations régulhiéres,
Le systeme nerveux des Mollusques, comme il est facile de le prévoir, est en
rapport avec le nombre et la perfection des organes aux fonctions desquels il doit
F 42
90 HISTOIRE NATURELLE.
présider. Il se compose généralement: 1°d’une partie centrale placée le plus souvent —
au—dessus de l’cesophage, et & laquelle on
a donné le nom de cerveau ; 2° de gan-
glions propres aux divers organes; 53° et
‘de filets nerveux qu ilest le plus souvent
difficile de suivre, mais dont on suppose
facilement la distribution. Dans les Mol-
lusques @ téte, le cerveau consiste en un
ganglion formé de deux parties étroite-
ment réunies. I] se trouve placé au-des-
sus de l’cesophage et en arriere de l’ou=
verture buccale. Il communique par des
filets nerveux avec les ganglions des or-
ganes des sens, et envoie sous l’cesophage
une branche qui entoure cet organe
comme d'un anneau. Deux ganglions
latéraux, plus petits et plus ou moins
éloignés du cerveau, avec lequel ils ont
une communication directe , envoient de
nombreux filets & ’enveloppe commune
et au pied. Enfin d’autres ganglions pa-
raissent destinés aux organes reproduc-
teurs et aux visceres. Tous ces ganglions
communiquent avec le cerveau a l’aide
Fig. 407, Systéme nerveux de l’Argonaute. de filets, qui se rendent & V'anneau ner—
veux qui entoure lcwesophage, et qui parait n’étre qu’un prolongement du gan-
glion cérébral.
Fic, 408. Systéme nerveux de |’Oscabrion Fic. 409. Systeme nerveux Fic. 440. Systéme nerveux de la
marbré. d'un Planorbe. Paludine vivipare.
Dans Jes Mollusques sans téte, le systeme nerveux est beaucoup moins développé,
et si difficile & reconnaitre qu’on a longtemps douté de son existence. Il consiste
HISTOIRE NATURELLE. 91
seulement en ganglions doubles qui communiquent entre eux et se distribuent aux
divers organes.
STE
se pi ee
: La ; hase y
fy =
- ~
Fic. 411. Systéme nerveux de |’Huitre commune et ses branchies. Fie, 412. Systeme nerveux
de la Vénérupe poulette.
Nous dirons peu de chose des organes des sens des Mollusques. Le sens du gout,
quoique tres-borné, doit exister chez eux, si l’on en juge par la présence au fond
de la bouche, ou de la cavité 4 laquelle on donne ce nom, de petites houppes
nerveuses analogues a celles que présente Ja Jangue des autres animaux. II en
est de méme du sens olfactif, que certains auteurs disent exister sur toute la
surface du manteau, tandis que d'autres Je fixent aux tentacules, quand ils ne
sont pas terminés par des yeux. Ce qu'il y a de certain, c’est que les Escargots,
parexemple, savent parfaitement se diriger sur les plantes qui leur conviennent
et sur les fruits qui sont murs. Le sens du toucher est fixé sur les bords du man-
teau qui souvent se terminent par des franges d’une grande sensibilité, et parti-
Fic. 413. Stomatelle noire. Fic. 414. Bulle banderole, Fic. 415. Paludine pesante.
culiérement sur les tentacules olfactifs ou oculiferes, en méme temps qu’il existe
sur toute la surface du corps.
92 HISTOIRE NATURELLE.
Passant maintenant a Vorgane de la vue des Mollusques, nous remarquerons
- que, s'ilsne sont pas tous pourvus d’yeux,
et que si quelques-uns en ont de trés-
petits et & peine visibles, sous la forme
de points noirs, que l’analogie seule
nous fait considérer comme des yeux,
quelques autres en ont de tres-grands,
et dont la forme et la structure seraient
enviées par beaucoup d’animaux d'un
ordre supérieur. Les yeux, quand ils
existent, sont constamment au nombre
de deux, mais leur situation n’est pas
toujours la méme. On en voit qui sont
Fic. 418. Carocolle scabre.
et qu'il dirige dans tous les sens; d’autres sont placés la base ou pres de la base
des tentacules.
Fic. 419. Olive a bouche rose.
Si Porgane de Pouie existe chez quelques Mollusques, ce n’est que dans un bien
petit nombre; et encore ce que Yon nomme Voreille dans ceux-ci n’est autre
chose qu'une petite cavilé intérieure, qui ne parait pas méme communiquer avec
le dehors, puisqu’on n’en trouve aucune trace 4 l’extéricur.
HISTOIRE NATURELLE. 95
La téte d'un grand nombre de Mollusques est surmontée d’appendices charnus
qui dépendent de la peau, especes de cornes qui
rappellent un peu les antennes des Insectes. Ces
appendices, qui ont regu le nom de tentacules, et
qui sont, avons-nous dit, les organes particuliers
du toucher, sont doués d’uue extréme sensibilité,
et se contractent par une sorte d’emboitement,
-comme les diverses parties dune lunette d’ap-
proche (418).
Le nom de bras ou de pieds a été donné a d'au-
tres appendices qui, chez quelques-uns, remplis-
sent ala fois les fonctions de ces membres. Ceux
auxquels on donne ordinairementle nom de bras sont
des appendices flexibles, mous, plus ou moins allon-
gés et nombreux (420) ; ils sont garnis de ventouses
au moyen desquelles l’animal se fixe sur les corps,
ou saisit et retient dune maniere solide les objets
qui sont asa portée. Parmi les Mollusques qui n’ont Fie. 420,’ Seiche hietredda.
point de bras, Jes uns rampent sur le ventre, c’est-a-dire sur une sorte de disque
auquel on adonné le nom de pied (422). Le pied est une masse molle, charnue, for-
mée de fibres entrecroisées présentant des formes diverses. La contraction de
Fic, 421. Telline donacée. Fic. 422. Cone hebraique.
ces fibres produit une sorte de reptation bien lente, il est vrai, mais qui semble
appartenir, dans tous Jes ordres, aux animaux qui trouvent dans le test dont ils
sont couverts une protection suffisante pour échapper sans fuir aux attaques des
autres animaux.
Les coquilles adhérentes n’ont réellement point de pied; privées de locomotion,
cet organe ne leur serait d’aucune utilité.
Quelques Mollusques, comme Jes Donaces et les Pei-
enes, ont des mouvements saccadés tres-vifs; ils rap-
prochent ou écartent rapidement leurs valves et s’a-
vancent en tournant rapidement dans lean; d’antres
exécutent leurs mouvements au moyen d’expansions
membraneuses symétriques, qui font Voffice de veéri-
tables nageoires (425).
Quelques coquilles sont couvertes dune matiere cor-
Fic. 425. Hvale hordée.
94 HISTOIRE NATURELLE.
née ou muqueuse, desséchée, a laquelle on a donné le nom de drap marin, Cette
matiére n’est autre chose que l’épiderme, au-dessous duquel s'est formé le
test. Enfin, Pouverture de la coquille de certains Mollusques est fermée par une
piéce caleaire ou cornée, que l'on considére
généralement comme une séerétion de la
peau du pied, et a laquelle on donne le
nom dopercule. Dans l'état actuel de la
science, on ne peut expliquer dune ma-
Fic. 424. Cyclostome jaune. niére salisfaisante la formation de l’opercule,
qui s‘enroule souvent en spirale réguliére et se moule sur Pouverture de la co-
quille. Hest adhérent au pied du Mollusque et mobile asa volonté. Lorsque animal
veut sortir de sa coquille, lopercule, poussé par le pied, lui livre passage, et il
ferme exactement l’ouverture dés que le Mollusque est rentré.
OPERCULES DE DIVERSES COQUILLES.
Fic. 425. Toupie. Fic. 428, Navicelle.
Turbo. Fic, 430.
Fig. 4351. Phasianelle. Fic. 432. Hélicine. Fie. 423. Rocher. Fic. 434. Nérite. Fic. 435. Natice.
Quelques espéces terrestres, qui sont comme engourdies pendant la saison froide,
et qui n’ont point @opercule, ferment leur ouverture au commencement de Vhi-
ver, aide dun feuillet qu’elles sécrétent, et qui tombe des que les premiers
jours du printemps tirent le Mollusque de son engourdissement. On donne & ce
feuillet le nom de faux opercule.
DU MODE DE REPRODUCTION DES MOLLUSQUES.
Le mode de reproduction des Mollusques n’est pas encore complélement connu,
Les uns sont ovovivipares , c’est-a-dire quwils produisent des petits provenant
d'cufs qui ont été conservés dans un organe particulier jusqu’au moment de I’é-
HISTOIRE NATURELLE. 95
closion, comme on le remarque dans certains Reptiles; les autres sont ovipares et
pondent des ceufs dont la forme et la consistance varient beaucoup. Ces ceufs sont
sphériques, ovalaires ou cylindriques et souvent pédiculés. Il yen a qui ressem-
OEUFS DE DIVERS MOLLUSQUES.
3
3
omat i
Fic. 456. Fic. 437. Fig. 458. Fic. 439, Fie. 440. Fic. 441.
Lymnée, Triton. Pyrule, Natice. Natice. Fasciolaire.
Y
y
Fic. 442, Fic. 443. Fic. 444, Embryon d’Aplysie. Fic, 445. Fic. 446,
Fusean. Lymnée, au 50€ jour. Embryon d’Aplysie moins OEufs d’Aplysie,
avanee. grossis.
blent au frai de Grenouille, et d’autres quisont enveloppés d’un sac membraneux et
réunis en chapelets ou en grappes; d’autres enfin sont enduits d’une matiére vis—
queuse qui les colle aux corps sur lesquels ils doivent éclore, et auxquels les petits
Mollusques s’attacheront plus tard d’une maniere plus solide. Au moment de l’éclo-
sion, le petit sort de l’ceuf avec sa coquille déja formée, mais tres-mince et comme
a l’état de pellicule transparente; ce nest qu’en grandissant qu’elle devient cal-
caire. Ainsi les Hélices ou Escargots pondent au printemps un grand nombre
d’ceufs de la grosseur de petits pois ; ils les déposent dans les endroits ombragés et
humides, au pied des arbres, entre des racines, sous des pierres. Ces ceufs éclosent
vingt ou trente jours aprés, et les petits sortent tout formés. Les plantes des jar-
dins ne suffiraient pas a leur nourriture, s‘ils ne trouvaient de nombreux ennemis
dans les oiseaux de passage, qui en sont tres-friands. Généralement les especes ter-
restres sont celles qui présentent les ceufs les plus parfaits ou qui se rappro-
Fic. 447. Fetus de Seiche. Fic, 448. OEuf deSeiche ouvert pour Fic. 449. OEufs de Fic. 450. OEuf de Poulpe
laisser voir l’embryon, Poulpe, réduits. laissant voir le petit.
96° HISTOIRE NATURELLE.
chent le plus par leur forme et leur consistance de ceux des Oiseaux. Ceux des es-
peces fluviatiles sont mous, petits et en-
tourés @une gelée transparente. Les
ceufs des especes marines ont les formes
les plus diverses et les plus singulieres ;
ils sont presque tous mous ou comme
/, = cornes: quelques—uns sont réunis en cha-
pelet, tandis que d’autres offrent par
leur réunion Vaspect dun gateau d’a-
M beilles. Hs sont d’abord tres-petits, et, a
la différence des ceufs couverts d°une
crotite calcaire, ils grossissent graduelle—
Fre45404 Helice pondant ees !muts: ment et arrivent & un volume qui re-
présente sept & huit fois leur premiere dimension,
Le mode de fécondation des Mollusques est des plus curieux. Dans quelques-
uns les sexes sont distincts, on reconnait des males et des femelles; dans les au-
tres les deux sexes se rencontrent sur Je méme individu, Les Mollusques ou
les deux sexes sont réunis, et qui peuvent se reproduire seuls , appartiennent
parliculigrement aux espéces privées d’yeux et de locomotion, comme !Huitre, qui
forme et féconde elle-méme ses ceufs. Pouvait-il en étre autrement pour des ani-
maux adhérents aux rochers et condamnés a Vimmobuilité! car PHuitre n’a d’autre
mouvement possible que lentrebaillement d'une de ses valves.
D’autres Mollusques présentent aussi la réunion des deux sexes sur le méme in-
dividu, comme V’Hélice, sicommune dans nos jardins; mais elle ne se suffit plus a
elle-méme, le concours de deux Heélices est indispensable, et toutes deux sont mu-.
tuellement fécondées. Certains Mollusques tres-voisins des Hélices par leur orga—
nisation, les Bulimes, offrent encore un autre exemple de cette singuliére disposi-
tion; mais la fécondation n’est plus réciproque si la réumion n’est que de deux
Bulimes , tandis qu’on a observé que cette réunion pouvait étre multiple, et que
plusieurs Bulimes pouvaient se rassembler en formant une chaine de quelques
individus de méme espice, et, dans ce cas, le premier et le dernier seulement ne
sont pas en méme temps fécondants et fécondés comme ceux qui se trouvent au
centre de la chaine.
Enfin, pour terminer ce que nous pouvons dire en ce moment du mode de re-
production des Mollusques, nous ajouterons que, malgré les difficultés que sem-
blent présenter les recherches de ce genre, on est arrivé constater que quelques-
uns de ces animaux subissent des métamorphoses comme les Insectes, et M. Serres
acru pouvoir dire que les Mollusques , par la diversité de leur organisation et
les différences de leurs formes, représentent tous les états par lesquels passe ’em-
bryon des animaux vertébrés. |
DE L*INSTINCT DES MOLLUSQUES.
Nous avons peu de chose & dire de Vinstinct des Mollusques, qui paraissent jus-
tifier le proverbe si généralement appliqué a l’Huitre. La dimension, la forme et
la consistance du corps de ces animaux sont remarquablement subordonnées aux
HISTOIRE NATURELLE. 97
habitudes diverses quils doivent avoir. Ceux qui vivent dans le sable ou la vase
ont une coquille allongée qui leur permet de s’enfoncer facilement, tandis que
ceux qui rampent lentement sur le sol sont suffisamment protégés par la coquille
qui les suit, et dans laquelle ils rentrent au moindre sujet d’alarme, en opposant a
lennemi qui les force a Ja retraite un flot de fluide visqueux d'un aspect dégoti-
tant et quelquefois d'une odeur repoussante. Les especes qui se trouvent pres des
rochers, sur les fonds garnis de madrépores, dans les mers soumises a de fréquentes
tourmentes, ont une coquille épaisse et résistante, tandis que les plus fréles habitent
les eaux tranquilles des étangs ou nese plaisent qu’’ de grandes distances desrivages.
Quelques Mollusques s’attachent aux rochers en faisant le vide sous Jeur coquille,
et résistent ainsi aux vagues les plus furieuses; d'autres creusent, pour se meltre a
Vabri, le hois et les pierres les plus dures. Les especes qui peuvents’élever du fond
ala surface de l’eau sans organe locomoteur, se rendent plus légéres en intro-
duisant de lair dans Jeur coquille, ou plus lourdes en remplacant lair par de Peau.
Linstinct chez les animaux se développe en raison des besoins qwils éprouvent,
et déja nous avons pu voir que l’existence de la plupart des Mollusques ne fournit
guére le moyen de constater chez eux autre chose que l’instinct indispensable a la
conservation de Yespece. Privés souvent de plusieurs sens, ces animaux se re-
tranchent dans leurs coquilles dés quils sont attaqués. Le bon La Fontaine , dans
sa fable du Rat et de !Huitre, met en évidence limprévoyance de Ja victime, mais
il se garde bien de préter a | Huitre Pidée de s'emparer du Rat. Les Huitres n’ou-
vrent leurs valves que lorsqu’elles sont couvertes par Peau, et lon a fréquemment
remarqué que celles qu’on met dans un endroit frais hors de l'eau pour Jes conser-
ver du jour au Jendemain s’ouvrent quelquefois, mais seulement aux heures de la
marée montante. Quelques Mollusques cependant semblent employer la ruse, soit
pour échapper 4 leurs ennemis, soit pour saisir plus facilement leur proie. Ainsi
la Seiche a toujours en réserye une cerfaine quantité @encre ambrée, a l'aide de
Jaquelle elle trouble (eau qui entoure pour assurer sa fuite ou entraver celle des
petits animaux dont elle se nourrit. Certaines especes qui se plaisent dans les ro-
chers, ef dont la coquille offre trop peu de solidilé contre les chocs auxquels
elles sont fréquemment exposées, suppléent & cette faiblesse en doublant en quel-
que sorte Ja surface extérieure de leur coquille d'une couche de pierres ou de frag-
ments d'autres coquilles oude madrépores. Cette précaution, qui leur a fait donner
We
PRETAE-D
PRETRE-D
Fic. 452. Troqne agelutinant (Fripiére). Fie. 455. Troque agglutinant (Maconne).
I. 15
98 HISTOIRE NATURELLE.
le nom de Maconne, de Fripiére, les met 4 l'abri des chocs et leur sert encore 4
tromper lil avide des Poissons qui les recherchent, et qui, n’apercevant que des ~
débris ou des pierres, passent sans se douter que ces débris cachent une proie. La
Fripiére met peu de symétrie et beaucoup d'art dans la construction de sa seconde
coquille ; la Maconne, au contraire, arrange ses pierres symétriquement et en spi—
rale réguliere, en commengant par de petits cailloux qui occupent le centre, som-
met de la coquille , et en terminant par de plus gros, qui peuvent couvrir et
masquer |’ouverture.
L’Argonaute, cette coquille, une des merveilles de la nature, suivant Pline, est
mince, fragile, et représente assez exactement la forme d’un navire; ce qui fit sup—
poser que c'est delle que homme a pris Jes premiers principes de la navigation ;
mais si la coquille est remarquable, animal qui habite le serait bien davantage
par linstinct qu'on lui préte. Voici la description qu’on en fait : ;
Cet animal est herbivore. Apres s’étre repu, au fond de la mer, des plantes qui
font sa. nourriture ordinaire, veut-il s’élever a la surface de l’onde, il tourne sa
coquille, y forme un vide par Ja maniére dont il s’y place, et s'éleve, ainsi qu'un
aérostat, par sa propre légereté spécifique. Bien certain de pouvoir conjurer l’orage
et braver la tempéte si tun ou Vautre venaient lassaillir, ’Argonaute repose au.
fond de sa barque légére, mollement balancé parla vague. Si le temps est beau et Ja
Seios Z
mer calme, il déploie deux légeres membranes teintées de pourpre et d’azur, qui
lui servent de voiles; il les présente au vent, qui les tend par le plus léger souffle,
et ce sont deux de ses bras qui les soutiennent; habile navigateur, il sait multi-
plier ses ressources ; ses six autres bras ]ui servent de rames et de gouvernail et le
maintiennent dans un parfait équilibre. Plus blanche que l’ivoire, aussi diaphane
que légere, sa coquille Jui permet, par sa transparence, d’apercevoir tout ce qui se
HISTOIRE NATURELLE. 99
passe autour de lui; car, non moins bien partagé du cété des organes des sens que
Jes Seiches et les Poulpes, l’Argonaute ala vue trés-percante, et dans Ja position qu il
occupe, ses yeux, placés a fleur d’eau sur chaque flanc de sa coquille, lui font aperce-
voir de trés-loin tout ce qui peut menacer son existence et sa sureté ; il est méme
plus que probable que ce Mollusquea le sens du toucher d’une sensibilité extréme,
car il parait qu’une simple compression de l’air suffit pour Vavertir du danger,
etil est tres-rare qu'un oiseau de proie puisse sen emparer ; il sait fuir les serres
et le bec acéré de ces rapaces voleurs, comme il sait éviter la tempéte et se mettre
alabri de la furie de l’orage. Quel que soit le danger qui se présente, quel que soit
celui qu'il pressent, on voit ’Argonaute, par des mouvements spontanés et aussi
prompts que la pensée, replier ses voiles sur chacun des cotés de sa tréle embarca-
tion, et rentrer 4) instant ses rames et son double gouvernail. Dans cette manceuvre
aussi subite que rapide, la barque chavire et sombre ; elle descend au fond de la
mer comme dans un port assuré, qui ne |ui laisse plus rien a craindre du cété des
vents ou des flots en furie, ou de la part d’ennemis habitants dun autre élément
que le sien. Si tous nos physiciens et nos navigateurs avaient été appelés a faire
l'éducation de ce coquillage, que Ini auraient-ils enseigné de mieux ?
Tous les naturalistes ne sont cependant pas d’accord sur Jes habitudes et !'in-
stinct de /Argonaute. Les uns prétendent que animal que nous venons de décrire
nest pas né dans la coquille : ils veulent que ce soit un parasite qui s’y est logé
apres en avoir chassé ou mangé le véritable maitre. Cette opinion est facilement
combattue, et, heureusement pour l’intérét qu’on porte 4 lhabile constructeur, il
est reconnu qu'elle est fausse. Les autres veulent que Vinstinct du Poulpe de
lArgonaute soit trés-borné, et que les organes qu’on prend pour des voiles soient
tout simplement destinés & maintenir lanimal dans sa coquille. Quoi qwil en
soit , cette charmante espece n’en mérite pas moins l’admiration de tous les
curieux.
DUREE DE LA VIE DES MOLLUSQUES.
On a peu de données exactes sur Ja durée de la vie des Mollusques et surles signes
auxquels on pourrait reconnaitre leur dge ; on peut cependant dired’une maniére
assez exacte siune coquille est jeune ou adulte. A en juger par certaines especes,
Jeur développement a leu assez promptement, et lon acru pouvoir fixer a trois ou
quatre ans la durée de la vie de la plupart des espéces terrestres.
Un grand nombre de coquilles présentent des stries transversales plus ou moins
Fic. 455. Hélice. Fig. 456, Cythérée. Fie. 457, Nérite.
apparentes qui indiquent leur accroissement successif ; mais on ne peut dire si ces
100 HISTOIRE NATURELLE,
stries sont formées & des époques rapprochées ou éloignées. Quelques especes hi-
valves sont excoriées pres des crochets (458),
el ces excoriations ne se remarquent que
tres-rarement sur de jeunes individus. Le
bord de Pouverture des coquilles est plus ou
moins complétement formé, et présente dans
quelques especes, pendant le jeune age, une
levre externe mince et fragile, qui s’épaissit
et forme souvent un rebord ou un bourrelet
terminal (455) lorsqu’elles sont adultes.
Il existe encore d’autres caractéres suivant les familles : ainsi les Nautiles ont un
plus ou moins grand nombre decloisons; les trous des Haliotides sont plus ou moins
nombreux, etc.
Le développement considérable de quelques Ammonites laisse supposer que ces
Fic. 458. Glauconome de Chine,
Fic. 459. Ammonite.
coquilles fossiles ont eu une existence assez prolongée. On peut en dire autant des
Casques et des Tridacnes, qui parviennent a des dimensions extraordinaires.
Enfinle nombre des tours de spire sert encore de guide ; mais tous ces caracteres,
isolés ou réunis, ne peuvent indiquer que Page relatif des coquilles, et on n’a aucun
signe précis pour reconnaitre leur age réel et la durée de Jeur existence individuelle.’
DES DIVERSES COULEURS ET DE LA FORME DES COQUILLES.
Sila forme des coquilles varie 4 Vinfini, on peut en dire autant de leurs couleurs,
souventsi vives et si belles; elles sont nuancées de rouge, denoir,de blanc, dejaune,
quelques-unes de bleu; les unes sont marbrées, les autres tachetées réguli@rement
surun fond plus ou moins brillant; d’autres enfin sont richement nacrées aVintérieur.
Nous ne pouvonsrien dire de Ja cause qui produit cescouleurs; chaque espece, dans
HISTOIRE NATURELLE. 104
toutes les classes d’animaux, présente unenuance qui luiest propre et qu’on retrouve
assez constamment sur les especes analogues , sauf quelques anomalies ot quelque
influence locale. Ilen est done de la cause des couleurs des coquilles comme de celles
des fleurs; on signale les différences, mais on ne peut en expliquer la raison d'une
maniére bien satisfaisante. Il y a des secrets que nous ne pouvons pénétrer; ce sont
autant de limites placées par le Créateur entre lui et la plusintelligente de ses créa-
tures, comme pour lui rappeler sans cesse son infériorité et confondre son orgueil.
Linfluence d'une température élevée, celle d’une vive lumiere ou d'un soleil
brilant, qui peuvent expliquer certains phénomenes propres aux pays chauds, ne
suffisent plus lorsqu’ilest question d’animaux qui vivent dans la mer eta de grandes
profondeurs, ou! la température est basse, ou Jes rayons solaires ne pénetrent peut-
étre plus et ot la lumiere est bien modifiée par Je milieu quelle traverse. Cependant
ce nest que dans ces mers profondes que vivent et se développent ces belles co-
guilles qui étalent 4 nos yeux cette nacre éblouissante qu’on ne retrouve sur aucune
espéce terreslre, tandis que on commence 4 la rencontrer sur quelques especes flu-
viatiles. Il faut done croire que la Jumiere exerce une influence particuliere lors-
quelle traverse Peau, et que le degré de cette influence est en raison directe de la
profondeur et de Ja densité du liquide.
Nous ajouterons que la lumiére parait jouer un rdle beaucoup plus important
que la température dans la formation des couleurs ; car chez tous les animaux les
teintes les plus vives se remarquent uniquement sur la partie du corps qui se trouve
constamment exposée 4 la Jumiere directe, tandis que la partie tournée versla terre
et ne recevant qu'une lumieére réfléchie est généralement plus pale. Cette observa-
lion s’étend aux coquilles : ainsi, pourne parler que des espéces qui restent constam—
ment fixées aux rochers ou aux corps solides sur lesquels elles sont nées , on re-
marque que la valve supérieure est souvent trés-colorée, tandis que linférieure est
blanche ou plus ou moins pale, comme on le voit pour les Huitres et les Peignes.
Cet effet ne peut donc étre attribué ala température, qui est la méme pour l'une
et autre valve, mais seulement 4 l’action des rayons lumineux.
~ Quoi qwil en soit, la coloration le plus souvent superficielle des coquilles est
produite par le pigmentum des bords du manteau, qui sécrétent en méme temps et
Ja matiere calcaire et la matiere colorante. Mais cette sécrétion, avons-nous déja
dit , ne se fait pas toujours d'une maniére régulieére : elle produit des bandes ou
des rayons lorsqu’elle est limilée a cerlaines parties des bords du manteau ; elle
forme des taches lorsque cetle sécrétion a lieu alternativement sur diverses par-
ties; elle est presque nulle dans certains cas, ou plus colorée, suivant Palimentation
et habitat. De 1a cette variété dans la forme, le nombre, la nuance et Ja dispo-
sition des taches qu’on remarque a l’extérieur des coquilles. La coloration de leur
surface intérieure est plus constante; généralement elle est d'un blanc laiteux, et
quelques-unes présentent des nuances de rose et de pourpre, et d'autres en assez
grand nombre sont plus ou moins richement nacrées.
La nacre est, dit-on, le résultat d'un arrangement moléculaire particulier de la
matiere calcaire intimement unie, dans une proportion constante, avec la matiere
animale; et l’on explique les reflets nacrés par la décomposition de la lummiere sur
une surface parfaitement lisse. Ona observé qu'une empreinte prise a l'aide d’une
forte pression avec de Ja cire molle sur une surface nacrée, présentait elle-méme
des reflets nacrés.
102 HISTOIRE NATURELLE.
Il est facile de voir que les Mollusques ne sont pas également favorisés sous le
rapport des organes qui nous semblent les plus importants; leurs formes, leurs
allures s’éloignent de celles des animaux qui nous environnent. Nous ne retrouyon ]
pas chez eux ces contours élégants, ce mouvement, cette vivacité, qui caractérisent
tant d’autres animaux ; mais ces différentes combinaisons, par lesquelles les formes
de tous les étres se trouvent modifiées 4 Vinfini, rentrent dans le plan général de
Ja création ; elles sont @ailleurs merveilleusement appropriées aux mille circon-
stances de besoin et de condition qui varient le mode d’existence imposé aux nom-
breux groupes d’animaux répandus sur la terre , et nous devons nous incliner
devant cette prévoyance supérieure qui a réglé et harmonisé ainsi les lois les plus
disparates de la nature.
En compensation, hatons-nous de reconnaitre
qu’avec ces formes si étranges, les Mollusques —
se font souvent remarquer par les ornements les |
plus somptueux. Le manteau de quelques es- |
peces présente Jes couleurs les plus vives et les |
plus brillantes; et la coquille qui les protége, les
nuances Jes plus variées et les plus riches.
Les Mollusques, dit M. Virey, sont les pauvres
et les affiigés parmi les étres de la création ; ils ©
semblent solliciter Ja pitié des autres animaux ;__
etcependant, par un contraste bizarre, nous ver- |
rons les rois et les belles se parer de leurs dé-
pouilles.
La forme si variée et souvent si singuliere des
coquilles se rattache tellement a leur histoire,
que nous ne pourrions en parler dans ces géné-
ralités sans nous exposer a des répétitions fort
inutiles ; la vue seule des espéces figurées dans
ce volume remplacera avantageusement ce que
nous pourrions en dire. |
y Nous ne parlerons en ce moment que de deux
anomalies de formes que présentent certaines especes. La premieére consiste dans
le renversement des tours de la coquille. Lorsqu’on examine une coquille, on la
place hahituellement de maniére & voir l’ouverture, le sommet de la spire étant
en haut. Dans cette position (461), la bouche est a la droite de l’observateur, et!’on
Fic. 460. Volute ondulée.
Fic. 461. Bulime mexicain. Fic. 462. Bulime Sultan, sénestre. Fic. 463. |
peut suivre les circonvolutions de la spire, qui s’enroule de droite 4 gauche, Quel-
*
HISTOIRE NATURELLE. 103
ques coquilles offrent une disposition contraire, et, par un renversement inexpli-
eable,la bouche est 4 la gauche de l’observateur (462-463), et 'enroulement dela
spire se fait de gauche a droite. Cette singularité tient a l’in-
version des parties du corps de l’animal, et elle est assez fré-
quente dans certains genres. Les coquilles ainsi renversées
sont dites sénestres. La seconde anomalie que nous signa-
lerons consiste dans le degré d’élévation de la spire, dont _
chaque tour laisse un écartement plus ou moins considéra-
ble entre celui qui le précéde et celui qui le suit; ce qui
donne & la coquille Ja forme d’un tire-bouchon. Cette dispo- Frey S64. Welfserenacrinee
sition étant naturelle pour des coquilles nommées Scalaires, Oa
on distingue toutes celles qui la présentent sous le nom de variété scalariforme.
DE LA RECHERCHE DES COQUILLES.,
Nous ne pouvons nous dispenser de dire quelques mots des localités ot l’on peut
espérer trouver des coquilles; car le plaisir qu’on éprouve a rassembler une. col-
lection quelconque est doublé quand on parvient a l’enrichir par les produits de
ses recherches personnelles. Chaque espéce alors rappelle une promenade , et Je
souvenir augmente l’intérét bien naturel qui s’attache Ace genre d’étude.
Les especes terrestres se rencontrent particuligrement dans les lieux ombragés
et humides, dans les bois, au pied et dans les crevasses des arbres, sous la mousse,
au pied des vieilles murailles, dans les champs cultivés, et souvent méme dans les
endroits les plus arides. Les saisons les plus favorables sont le printemps et l’été:
Les especes fluviatiles se rencontrent dans toutes les eaux courantes ou stagnan-
tes, les ruisseaux et les fossés bourbeux. Les unes vivent enfoncées dans la vase,
d’out on les retire a l'aide d’un rateau a dents longues et serrées ; les autres profitent
des corps étrangers, des pierres, des débris végétaux accidentellement submergés,
pour s'y réfugier. Les plantes aquatiques en sont particuligrement couvertes. Le
meilleur moment pour se procurer les espéces fluviatiles est surtout en automne,
pendant les basses eaux, et au commencement du printemps, lorsque le soleil
les engage a sortir de leurs retraites. En automne, elles sont peu enfoncées dans la
vase, et le rdteau les atteint facilement.
Les coquilles marines se trouvent en toutes saisons et sur tous les rivages de la
mer, apres les grands vents qui ont porté a la céte. Les douaniers, qui, sur un
grand nombre de points, se font un petit revenu de ce genre de recherches, ne
manquent jamais d’aller explorer les bords de la mer aprés une tourmente ou un
vent du large. Ils trouvent alors quelques espéces pélagiennes jetées par les vagues.
Les coquilles littorales, qui sont trés-nombreuses et fort belles, doivent étre re -
cherchéesa la marée basse, dans le sable vaseux, oi leur présence est indiquée par un
petit trou en entonnoir, ou par des bulles d’air qui viennent crever 4 la surface. Il
faut une certaine habitude pour s’emparer des Mollusques enfoncés dans le sable
-vaseux , car il est important de leur couper la retraite en plongeant oblique-
tment , au-dessous de !’ouverture qui est un signe certain de leur présence; une
héche , dont la lame doit arréter leur fuite rapide. On se procurera ainsi de fort
belles espéces bien fraiches et bien intactes.
—
10% HISTOIRE NATURELLE.
On visitera les rochers laissés 4 sec par Ja marée ; leurs crevasses cachent plu-
sieurs especes. D’autres se tiennent dans des trous qui conservent une petite quan-
tité d'eau. Quelques autres, enfin, restent adhérentes a certaines parties du rocher,
jusqu’a la marée suivante : ce sont des Patelles, des Haliotides, des O<cabrions.
Les espéces adhérentes, soit directement, comme les Huitres, les Spondyles, ete.,
ou A Vaide d’un byssus, comme Jes Moules, les Arches, etc., se trouvent sur les
rochers que la marée ne laisse pas a découvert; on les apercoit souvent a un pied
seulement au-dessous du niveau de la plus basse marée, et, en choisissant le mo=
ment favorable, il devient facile de sen emparer, soit en délachant avec soin le
byssus qui les retient et yu il faut aussi ménager, soit en brisant quelques petits
fragments de rocher.
C'est encore en plongeant au pied des rochers qu'on obtient d’autres especes 1
se tiennenl a une certaine profondeur.
On emploie aussi la drague pour se procurer Jes espéces qui vivent loin du ri-
vage ; au. moyen de cet instrument, dont il est facile de se faire une idée exacte,
on péche en bateau , et le sable qu’on ramene a bord contient souvent de fort
belles coquilles.
Enfin, on ne doit pas négliger Jes plantes marines, qui servent toutes de
nourriture aux Mollusques qui souvent y restent attachés. Un autre moyen,
connu sans doute, mais trop peu en usage parce qu'il présente quelque répugnance
que l'amour de Ja science peut seul faire surmonter, consiste @ ouvrir l’estomac des
Poissons et des Oiseaux qu'on peut se procurer facilement sur Je bord de la mer.
Beaucoup de ces animaux se nourrissent de Mollusques, et souventils ont avalé des
coquilles que nos moyens ordinaires ne nous permettent pas d’atteindre.
On suit les pécheurs, et dans leurs filets ils rameénent le plus souvent beaucoup
de coquilles dont ils ne font aucun cas et quails rejettent ala mer.
Chaque année, pendant la belle saison, de nombreux baigneurs se répandent sur
toutes les cétes de France et sont tout étonnés de ne pas trouver sur le rivage des
monceanx de coquilles; ils rapporlent, comme souvenir de leur voyage, quelques
especes roulées par la vague ou décolorées par le soleil, et pensent que la cote qu’ils
ont visitée n’en produit pas davantage. D’apres ce que nous venons de dire, il est
facile de comprendre leur erreur; car s‘ils avaient cherché les coquilles comme on
doit le faire, ils en auraient trouvé, ef souvent de fort belles et de fort rares. On
ne ramasse pas non plus les poissons comme les grains de sable; il faut prendre la |
peine de les pécher, et cette peine est toujours un sujet de distraction.
Les coquilles fraiches qu'on peut se procurer sur les bords de la mer contien-
nent l’animal qui les habite, et qui ne tarde pas 4 mourir et a se corrompre. Pour
éviter la mauvaise odeur et le dégout qui en résultent, il faut avoir le soin de
plonger pendant quelques minutes la coquille dans de l'eau chaude, mais non bouil-
Jante ; le Mollusque, contracté par la chaleur, se détache facilement, et la coquille
se conserve indéfiniment.
On ne doit employer aucun effort pour retirer Panimal des coquilles univalves,
sil’on veut étre stir de ne pas les briser; et cette petite opération exige une atten=
tion particuli@re pour les coquilles bivalves, dont i] faut ménager le ligament et
les dents. La conservation de l’animal n’intéresse que le naturaliste, et, dans le cas
oi l'on voudrait le conserver, il suffirait de plonger la coquille dans un vase conte-
nant de Palcool 425 degrés.
HISTOIRE NATURELLE. A05
Toutes les coquilles ne présentent pas, au moment ot on les péche, ces belles
couleurs qu’on admire. Quelques—unes sont couvertes d’une membrane assez
épaisse, d'un gris verdatre plus ou moins foncé, & laquelle on a donné le nom de
drap marin. Cette crotite épidermoide doit étre conservée avee soin, car il esl
utile, dans une collection, d'avoir au moins un exemplaire qui en soit revétu.
Autrefois, on ne se contentait pas d’enlever aux coquilles la premiere couche
calcaire qui les couvre, pour mettre en évidence la nacre qui se trouve sous cette
couche dans un assez grand nombre d’especes; on Jes polissait a la meule pour Jes
rendre plus brillantes, et on les défigurait 4 plaisir.
-DE LA CLASSIFICATION METHODIQUE DES MOLLUSQUES.
II serait impossible de bien connaitre toutes les productions de Ja nature, si on
ne parvenait a rapprocher les unes des autres celles qui présentent quelques rap—
ports généraux, et & réunir ensuite dans des divisions plus étroites celles que des
caractéres particuliers rassemblent. Cet arrangement méthodique des corps est
connu sous le nom de classification.
Le but qu’on se propose dans une classification est non-seulement de donner aux
objets dont on s’occupe une place distincte dans Ja série ou un nom particulier,
mais encore d’attacher a ce nom une signification propre et caractéristique a l'aide
de laquelle on puisse toujours reconnaitre objet qu'il désigne. La multiplicité des
corps rend leur détermination d’autant plus difficile que, pour en bien définir un
et le distinguer de ceux quis’en rapprochent le plus, il faudrait, pour ainsi dire,
en faire une description complete. La plus heureuse mémoire n’y suffirait pas, a
beaucoup pres, sans le secours d’une méthode.
Le mot méthode vient de deux mots grecs (vera 63cc) qui veulent dire sudvant la
route ou bonne route, et il exprime lidée du meilleur moyen d’arriver au but qu’on
se propose et celle de l’ordre qu’on suivra. La méthode consiste donc a établir,
parmi les objets que l’on veut étudier, des divisions basées sur des caractéres
saillants, généraux, et des subdivisions dont le nombre soit toujours en rapport avec
les caractéres particuliers plus ou moins variés et plus ou moins nombreux de ces
objets; el, comme c'est a l’aide de ces caractéres qu'on arrive jusqu’au nom de l’in-
diyidu, il est indispensable de Jes bien connaitre.
I] nous reste a parler de lusage, établi en histoire naturelle, de distinguer par
deux noms, !’un de genre et l’autre d’espéce, les objets qu’on veut désigner d’une
maniere précise et isoler complétement de tous les autres. Cette distinction, dite
binominale, employée par Linné dans son Systeme de Ja nature, remplace avanta-
geusement les noms multipliés qu’on était obligé de donner avant Jui aux miné—
raux, aux végétaux et aux animaux, noms qui devaient rappeler plusieurs de leurs
caracteres, et devenaient d'un emploi tres-difficile par la multiplicité et les rapports
nombreux des especes.
Rien n’était plus maussade et plus ridicule, dit J. J. Rousseau, lorsqu’on vous
demandait le nom d’une herbe ou d’une fleur dans un jardin, que la nécessité de
répondre par une longue enfilade de mots latins qui ressemblaient 4 des évocations
magiques; inconyénient snffisant pour dégotiter les personnes frivoles d'une étude
I. 14
106 HISTOIRE NATURELLE.
charmante, avec un appareil aussi pédantesque. Aujourd’hui un corps quelconque,
organisé ou inorganisé, est suffisamment désigné par son nom d’espéce précédé de
son nom de genre.
Les noms qu’on donne aux coquilles paraissent souvent bien extraordinaires; ils
devraient étre tous caractéristiques de l’espece et Ja distinguer de toutes celles du
méme genre. Mais comme beaucoup de coquilles, quoique d’espéces. différentes,
ont la méme forme, la méme couleur, et présentent des caractéres dont la gradua-
tion ne peut pas étre exprimée par un seul mot, on a tourné la difficulté, et, par
un abus sanctionné par l'usage, on leur a imposé quelquefois des noms qui n’in-
diquent plus le caractére saillant, distinctif. Ces noms sont ou celui du voyageur
quia Je premier trouvé ou rapporté lespece, ou celui du pays qui Ja fournit, ou
enfin celui d’un homme qui a servi utilement la science, ou auquel on veut rendre
hommage.
L’analogie de forme et de couleur avec un fruit, un instrument, des objets
quelconques généralement connus, enfin l’usage qu’on peut faire du Mollusque
ou du test, servent encore a distinguer les coquilles. Ainsi on dit : Pyrule Figue,
Donace Bec de fliite, Turbo Pie, Cone Damier, Porcelaine Café au lait, Hélice de
Pise, Hélice de Humboldt, Cone de Delessert, Cyclostome de Cuvier, Moule co-
mestible, etc., etc. Quelques noms sont aussi empruntés a Ja mythologie, comme
nous le verrons par la suite.
Nous ne parlerons pas des divers systemes de classification proposés par les au-
-teurs, car cette question nous entrainerait & une critique bien motivée, mais
trop longue pour trouver place dans ce volume ; et nous regretterons seulement
Vinstabilité des principes sur lesquels on a voulu établir la partie des sciences natu-
relles qui nous occupe. Des changements fréquents, et surtout la multiplicité et le
double ou triple emploi des mots techniques qui en sont la conséquence inévitable,
sans servir au progres de la science, ont rebuté et éloigné les personnes qui, ne
pouvant consacrer a l’étude que quelques courts loisirs, veulent du moins les occu-
per agréablement.
L’emploi d'une méthode nécessite sans doute un langage particulier, mais c’est
un motif pour chercher a simplifier ce langage au lieu de Je rendre incompréhen-
sible par des transformations incessantes et le plus souvent sans importance ; et
personne ne nous blamera, je pense, de désirer plus d’umité de plan et moins de
tendance 4 changer ce qui est bien pour ne pas faire mieux.
Nous ne nous arréterons donc ici qu’a la classification adoptée par le professeur
Lamarck,.tout en profitant des modifications apportées au systeme de ce savant par
les nombreuses découvertes faites jusqu’a ce jour.
Les principes de la classification des Mollusques reposent sur les différences qu’ils
présentent dans ensemble de leur organisation ; et quoique ces différences soient,
dans la plupart des cas, annoncées par la forme de la coquille, inspection de cette
seule partie de l’animal ne suffit pas toujours pour les bien déterminer ; mais la dif-
ficulté de se procurer tous les Mollusques dans un état de conservation qui per-
mette de les étudier a en quelque sorte étabhi usage de les classer provisoirement
d’aprés les caracteres fournis par Ja coquille.
Nous verrons hientét combien il est important de ne pas négliger les caracteres
fournis par l’animal pour arriver 4 une classification méthodique des Mollusques.
De tout temps on a divisé les coquilles en trois groupes bien distincts : les
HISTOIRE NATURELLE. 107
UNIVALYES, les BIVALVES et les muLTIVALVES. Ces divisions se comprennent si facile-
ment qu’il ne sera pas nécessaire d’insister beaucoup sur leur signification ; nous
rappellerons seulement que le mot valve est en quelque sorte synonyme du mot
coquille, et qu’on y ajoute les augmentatifs en usage dans Je langage ordinaire pour
Fic. 466. Lutraire solénoide.
Fic. 467. Oscabrion canneleé.
Fic. 465. Volute robe turque.
indiquer que la coquille se compose d’une, de deux ou de plusieurs piéces distinctes,
On a aussi divisé les Mollusques en marins, fluviatiles et terrestres, d’apres la
différence des milieux ott se trouvent ces animaux. Cette classification générale,
combinée avec la précédente, démontre déja que tous les animaux ont une orga-
nisation particuliere qui rend chacun d’eux apte a vivre et 4 se maintenir dans les
conditions ou ila été irrévocablement placé, et que Ja différence du milieu néces-
site des modifications d’organes dont la connaissance doit faciliter établissement
dune méthode.
Aussi, ce premier pas fait, et tout en utilisant l’ordre de cette double classifica-
tion, on a du profiter de tous les caracteres différentiels que présentent les Mol—
lusques pout les classer plus méthodiquement.
Ainsi nous avons déja dit que, parmi les Mollusques, les uns n’avaient point de
iéte apparente, tandis que cet organe existait d’une maniere plus ou moins distincte
chez les autres; de 1a deux grandes divisions :
4° MoLLusquEs ACEPHALES ou sans téte, comprenant les bivalves.
2° MoLLusQuES CEPHALEs Ou avec une téte plus ou moins distincte, comprenant
les univalves, les multivalves et quelques Mollusques nus.
Ces divisions sont trop générales, et rassemblent un trop grand nombre d’animaux
que des différences importantes éloignent les uns des autres, pour qu'il nait fallu
établir des subdivisions basées sur des caractéres généraux encore, mais cependant
d'une moindre valeur. Ainsi le mode d’insertion et le nombre des muscles qui
servent 4 fermer les valves des acéphalés ont facilement fourni des divisions plus
circonscrites de ces Mollusques. En effet, les uns ont deux muscles destinés a rap-
procher les valves, et ces muscles sont insérés aux extrémités antérieure et posté-
rieure de la coquille ; ce sont des pimyaires (31s, deux ; yds, muscle).
Les autresn’ont qu'un muscle, placé généralement au centre des valves; ce sont
des monomyaiRES (sve, seul ; u5:, muscle).
108 HISTOIRE NATURELLE.
D’autres enfin, ayant plusieurs muscles par paire, et symétriques, dont Je pro-
longement & travers une ouverture de l'une des valves fixe ‘animal aux corps
sous-marins, pourraient étre distingués sous le nom d’acéphalés polymyaires
(morb:, plusieurs ; y5;, muscle); mais Vincertitude des auteurs sur la place que
devaient occuper ces animaux dans la classification, et 'importance d’un carac-
tere particulier consistant dans la présence de deux bras allongés et eiliés et ’'ab-
sence complete de pied, ont fait donner aux Mollusques de cette division le nom de
BRACHIOPODES (20710, bras ; move, pied).
Parmi les Mollusques céphalés, les uns ont pour unique moyen de locomotion
des nageoires en forme d’ailes sur les cétés du cou ; ce sont les PTEROPODES (xzep0y, alle;
vs, pied).
es autres rampent sur le ventre, qui forme un disque ou pied ; on les distingue
sous le nom de GasTEROPODES (yxzor%2, Ventre; nevs, pied).
D'autres, enfin, ont la téte entourée de tentacules plus ou moins nombreux et
plus ou moins développés, qui constituent Jeurs organes de locomotion, et leur
servent en méme temps & saisir leurs aliments ; ils sont connus sous le nom de
CEPHALOPODES (xeya2n, téle ; movg, pied).
La méthode a Vaide dg laquelle on classe les Mollusques ne s’arréte pas aux
crandes divisions que nous venons de faire connaitre, cLaAssEs et orpRES. On a
réuni encore par groupes ou familles ceux dont l’organisation présente le plus d’a-
nalogie, et l'on a établi dans ces familles d’autres divisions ou genres pour les Mol-
lusques qui different entre eux par quelque caractere de moindre valeur, mais
cependant encore important. ie
C’est ainsi que, pour les Acéphalés, on a tiré parti des différences qu’offrent la
disposition des branchies, le nombre des ouvertures du manteau, la forme de cette
enveloppe et celle du pied, la présence, l’'absence et le développement des siphons,
la forme de la coquille, Pabsence, le nombre ou la position des dents de la charniére,
la place qu’occupe cette charniére au centre ou aux extrémités, la présence du hga-
mental intérieur ou al extérieur, lexistence et la position d’un entre-baillement na-
turel des valves, la place et la direction des impressions musculaires et palléales, etc. ;
tandis que pour les Céphalés on a tenu compte de la forme générale de la coquille,
de Ja position qu’elle oceupe 4 Vintérieur ou a Vextérieur, de son développement
plus ou moins avancé et de son absence complete; de la présence de branchies ou
de poumons; de la forme et de la direction de ouverture ; des dents souvent nom-
breuses et des plis ou des échancrures que Pon remarque a cette ouverture, de la
disposition particuliere des lévres; de la présence, de la forme et de la consistance
de V'opercule; de Vallongement, de l’aplatissement et en un mot de la proportion
de Ja partie spirale; du nombre, de la forme et de la position des tentacules ; de
Yabsence, de la présence et de la place qu’occupent les yeux, etc.
Enfin on s’est servi de tous les caracttres particuliers que fournit Ja surface ex-
térieure de la coquille, qui peut étre lisse, rugueuse, épineuse, écailleuse, striée
dans une ou plusieurs directions, en tout ou en partie, pour différencier les espéces
qui appartiennent au méme genre.
Il serait fastidieux de donner plus d’étendue a ces détails, qui semblent compli-
quer beaucoup l'étude de Ja conchyliologie, mais auxquels on se familiarise en peu
de val
Le tableau suivant présente un résumé des grandes division des Mollusques :
MOLLUSQUES—
sans téte.
ACEPHALES.
Ire classe.
a téte
plus ou moins
distincte.
CEPHALES.
2° classe.
|
i
:
|
|
(
|
|
j
|
\
HISTOIRE NATURELLE. 109
Ayant deux muscles adduc-
teurs dont les impressions sont
séparées et latérales sur chaque
valve.
DIMYAIRES.
N’ayant qu'un muscle ad-
ducteur et une seule impres-
sion sur chaque valve.
MONOMYAIRES.
Ayant plusieurs muscles par
paire et symétriques, ne ser-
vant pas a l’écartement des
valves.
BRACHIOPODES.
Ayant des nageoiresen forme
d’ailes sur les cotés du cou.
PTEROPODES.
Rampant sur un disque \S
ventral ou pied.
GASTEROPODES.
Ayant des bras locomoteurs
autour de la téte.
CEPHALOPODES.
Fig. 468. Crassine crassatellée.
Fic. 469. Coupe de VHuitre commune,
Fig. 472. Buccin couronné.
Fic, 475, Cranchie transparente,
110 HISTOIRE NATURELLE,
L’on comprend encore parmi les Mollusques des animaux qui en présentent bien
quelques caracteres, mais dont Vorganisation n’est plus la
méme. Ce sont : 4e les crrnipEpEs (cirr7, cirres, petits ap-
pendices articulés ; pes, pied), qui forment le passage des
Mollusques (474) aux animaux.articulés, et qui se trouvent
plus naturellement placés 4 la suite des Crustacés; 2° les
TUNICIERS, funtcata (couverts d’un manteau trés-grand et en
forme de sac), que l'on considére comme des Mollusques
acéphalés sans coquille (475), et qui établissent le passage
des Mollusques aux Zoophytes.
Nous ne devrions parler ici des Cirripédes et des Tuni-
ciers que pour démontrer Jes rapports quils ont avec les
Fig. 474. Pollic Fre, 475, 2bimaux qui font le sujet de ce volume; mais comme la
Ea eeeee, hee plupart des collecteurs Jes réunissent aux Mollusques, et
Tumcier. que les Cirripedes sont couverts d’une coquille souvent
fort belle, nous les ferons connaitre & la suite des Mollusques.
Cet exemple d’animaux dont l’organisation mixte embarrasse souvent les natu-
ralistes n’est pas le seul qui se présentera. En n’établissant qu'une série zoologi-
que simple, depuis l’animal Je mieux organisé jusqu’a celui qui lest le moins bien,
on s’éloigne de Vordre suivi par Ja nature, qui se joue de nos systemes, non-seule=
ment par la multiplicité de ses productions et la diversité merveilleuse de leurs
formes et de leurs couleurs, mais encore par |'imprévu que nous rencontrons dans
la marche qu’elle semble avoir adoptée, et qui nous présente tantét une suite d’a-
nimaux dont l’organisation se simplifie d'une maniere réguliére, tantét des étres si
singuliérement organisés et offrant la réunion de caractéres si isolés jusque-la, qu'il
est impossible de Jeur assigner une place. I] existe sans doute un plan d’apres le-
quel tous les étres ont élé eréés; mais s‘il nous est possible de nous figurer la vaste
chaine qwils doivent former par leur ensemble, nous.n’en distinguons pas bien tous
les moyens d’union. Il nous est cependant facile de constater des transitions presque
imperceptibles ; car il n’est pas jusqu’aux régnes établis par Linné qui ne présentent
entre eux quelque point de rapprochement. Les grandes divisions se hent au moyen
Wun ordre intermédiaire, les genres se confondent par une espéce douteuse, et Jes
especes mémes par de nombreuses variétés. |
On voit donc qu’un tableau parfait de ‘tous les élres organisés devrait étre dis- |
posé, quant 4 la forme, comme un arbre généalogique. L’animal le mieux organisé
i notre point de vue occuperait la premiere place; au-dessous, et sur Ja méme |
ligne, se trouveraient tous les étres dont l’organisation offre le méme degré de per- |
fection ; au-dessous encore, et a distances relatives, se placeraient ceux qui s’en
éloignent le moins; enfin, les intervalles seraient remplis par les animaux qui pré-—
sentent des rapports avec plusieurs des types déja classés, pour leur servir d’inter- |
médiaires ou de points de jonction. !
Aprés avoir parlé de la classification générale des Mollusques, il nous reste a les |
faire connaitre plus en détail, en commengant par les plus simples quant a leur orga- |
nisation ; et si, dés le début, nous nous écartons en apparence de Ja marche que —
nous nous proposons de suivre, c’est pour moins nous éloigner de Ja distribution
méthodique adoptée par le professeur Lamarck dans son Histoire des animaux sans |
vertébres, et généralement suivie pour le classement des collections.
HISTOIRE NATURELLE. 44
PREMIERE CLASSE.
MOLLUSQUES ACEPHALES.
Cette classe comprend tous les Mollusques ayant une coquille composée de deux
valves. Leur corps est enveloppé d'un manteau formé de deux lames membra-
neuses, le plus souvent divisées, quelquefois réunies en avant, et a bords simples
ou frangés. Ces animaux sont contractiles, sans téte, sans yeux; leur bouche est ca-
chée sous quatre feuillets membraneux qui tiennent sans doute lieu de tentacules,
et elle est dépourvue de parties dures. Le sens du toucher est le seul qu’on ne peut
leur contester, car il est trés-développé et répandu sur tous les points de Ja surface
ducorps. Ils ont un cceur formé d'un seul ventricule ; leur systeme nerveux est simple
et consiste en quelques ganglions épars, sans cordon médullaire ganglioné. Tous les
_ Acéphalés sont aquatiques ; on en trouve dans toutes les eaux douces et salées ; mais
les Acéphalés nus (7uniciers) ne se rencontrent que dans la mer. Le mode de re-
production est ovovivipare; les branchies de quelques-uns contiennent pendant l’été
un grand nombre de petits, dont la forme et la coquille déja dessinées se recon-
naissent facilement a la Joupe. La coquille des Acéphalés contient.!animal en tota—
lité ou en partie; elle est libre ou adhérente, et dans ce dernier cas elle appartient
a des especes qui vivent en groupes plus ou moins nombreux. Les valves sont réu-
nies d’un coté par une charniere, et Je plus souvent par un ligament. Quelques-uns
des Mollusques de cette division présentent a l’extérieur ou a l’intérieur des pieces
calcaires accessoires. Les Mollusques acéphalés sont partagés en trois ordres, dont
nous avons déja indiqué les principaux caractéres.
PREMIER ORDRE. — ACEPHALES DIMYAIRES.
Cet ordre comprend un grand nombre de Mollusques présentant un caractére
commun : deus muscles distants l'un de lautre et sinsérant vers les extrémités
latérales des valves. Les points d'insertion de ces muscles sont en quelque sorte
gravés sur la coquille et indiqués par une dépression dont Ja forme est variable.
D’autres caracteres, tirés de la forme du pied et des rapports de cet organe avec
le manteau , permettent de diviser cet ordre en trois sections dont il est facile
de comprendre l’utilité pour simplifier les recherches. Ainsi, parmi les Di-
myaires, les uns ont le manteau fermé par devant en tout on en partie ; ils ont un
pied épais, \eurs valves ne peuvent pas se fermer hermétiquement et sont plus ou
moins baillantes par les cétés ; on les distingue sous le nom de cRassIPEDES (cras~
sus, épais; pes, pied). Les autres n’ont plus ou presque plus les bords du man-
teau réunis par devant; leur pied est petit, comprimé, et le baillement des valves
est le plus souvent peu sensible : ce sont les rENuirEDEs (¢enuis, petit ou mince, el
pes, pied). Enfin les autres ont le pied aplati, lamelliforme, et sont distingués
sous le nom de tamentipepes (lamella, lamelle; pes, pied). Nous ajouterons aux
412 HISTOIRE NATURELLE.
observations qui se rattachent aux Acéphalés dimyaires, que si presque tous ont
une coquille composée de deux piéces symétriques, il s’en trouve aussi qui ne pré—
sentent pas la méme symeétrie, Mt une des valves étant parfois plus petite ou moins
réguliere que l'autre.
PREMIERE SECTION. — DIMYAIRES CRASSIPEDES.
Cette section comprend des Mollusques qui n’emploient Je pied dont ils sont
munis que pour exécuter des mouvements tres-bornés ; et quoiqu’ils soient presque
tous libres, ils ne se déplacent pas, dans le sens qu’on accorde a ce mot; ils vivent
dans le sable, la vase, et quelques-uns peuvent creuser le bois et méme les rochers
les plus durs.
Le manteau des Crassipédes est fermé par devant entierement ou en partie; un
pied épais, subcylindrique, et dont la forme explique les mouvements bornés qu'il
peut exécuter, se trouve placé a l’extrémité postérieure. A l'autre extrémité on re-
marque deux siphons réunis par une expansion du manteau.
En examinant maintenant tous les Crassipedes au point de vue de leurs formes et
de leurs habitudes, on est naturellement conduit 4 grouper par familles ceux que
des analogies de formes ou d’habitudes rapprochent le plus Jes uns des autres. —
Les uns ont une coquille enchassée ou contenue dans un fourreau tubuleux qwils
forment eux-mémes : ce sont les rusicoLes (tubus, tube; colere, habiter). Les au-
tres se creusent une retraite dans le bois ou Ja pierre, et ils ont généralement de
petites pieces accessoires a leur coquille; on les distingue sous le nom de pHOLADAIRES
(e223, habitant un trou).
-D’autres ont une coquille baillante seulement aux extrémités, et n ‘ont jamais de
pieces accessoires : ce sont les SOLENACES (co27y, fuyany): ee
D’autres enfin se distinguent par la place qu’occupe, a |’intérieur de la eoquilll™
le ligament qui est extérieur pour ceux qui précedent. On a désigné ces derniers
sous le nom de myaires, emprunté, comme nous le verrons bient6t, a lespéce type
de la famille.
PREMIERE FAMILLE.
Wales, (Zubus, tube; colere, habiter.)
Cetle famille a été établie par Lamarck pour des coquilles contenues dans un
tube caleaire, ou incrustées entigrement ou en partie dans les parois. de ce tube.
Les animaux de cette famille, peu favorisés sous le rapport des dimensions et de Ja
solidité du test qui doit les protéger, ont linstinct de suppléer 4 linsuffisance de
ce test en formant eux-mémes un tube qui Jes couvre entiérement et les met a
Fabri du danger. Toules Jes especes sont perforantes et en quelque sorte tixées sur
Jes corps qui les ont vues naitre et aux dépens desquels elles se logent. Elles for-
ment six genres, dont nous allons présenter les caractéres.
On ne comprendrait pas comment des animaux revétus d'une coquille si fragile |
peuvent arriver a percer des pierres, si l'on ne savait quils sécretent un acide quia
la propriété de détruire les corps avec lesquels il est en contact, et que Je simple
HISTOIRE NATURELLE. 415
frottement de la coquille détermine insensiblement la chute des parties désagrégées.
On supposait autrefois que les stries dont les valves sont couvertes pouvaient, petit
4 petit et par un frottement continuel, user la pierre; mais, en examinant avec soin
les coquilles perforantes, on n’a remarqué aucune trace de frottement ; la dureté
des corps que les Mollusques de cette famille et de plusieurs autres attaquent aurait
détruit ou Pépiderme de la coquille ou les aspérités qu'elle présente, et qu’on
trouve intacts. Cette faculté de dissoudre les pierres caleaires parait appartenir & un
grand nombre de Mollusques.
fet GENRE. ONeevosoin Aspergillum, Lamarck.
(Aspergere, arroser.)
Fic. 476. Arrosoir 4 manchettes.
Petite coquille bivalve, équivalve, toujours baillante, enchassée dans un tube
tesltacé plus ou moins long, se rétrécissant insensiblement vers la partie antérieure,
qui est toujours ouverte ; lextrémité opposée, terminée en massue, est fermée par
un disque percé d’un assez grand nombre de petits trous, comme la pomme d’un
arrosoir (477). On remarque une légere fissure au centre de ce disque, et il est séparé
du reste du tube par une série de petits tubes spiniformes rangés‘en collerette. Le
tube est solide dans toute son étendue, et il est quelquefois couvert de grains de
sable ou de petites pierres agglutinés. L’extrémité antérieure est parfois terminée
par deux ou trois rangs d’appendices foliacés, auxquels on a donné le nom de man-
chettes. L’animal qui habite cette singuliere coquille n'est connu que depuis peu.
et le voyageur Ruppel, qui le premier l’'a déerit, ne
s'est pas assez occupé des détails anatomiques qui pou-
vaient expliquer utilité des trous du disque, de la
fissure centrale et des tubes spiniformes qu'on y trouve.
On suppose que cette disposition a pu étre ainsi mé-
nagée pour faciliter ]a respiration, et M. de Biain-
ville pense que ces petits tubes sont destinés a donner
passage a autant de filets qui servent a fixer anima!
au corps sur lequel il doit vivre, et de maniere a lui
permettre des mouvements autour de ce point fixe.
L’animal de l’Arrosoir est allongé, contractile, et 46. 477, pisque de PArrosoir a
noccupe guere que la partie supérieure du tube; maneligries:
mais il peut s’étendre assez pour ses besoins et son alimentation. Les coquilles de
ce genre sont rares ; on en connait cependant un assez grand nombre d’espéces,
qu'on trouve dans la mer Rouge, a la Nouvelle- Hollande, a Java, etc., etc. Les
Arrosoirs sont généralement d'une teinte blanche ou jaunatre, quelques-uns ont le
tube couvert de sable agglutiné ou de petits fragments de coquilles de diverses cou-
leurs. On ne sait rien sur les habitudes des Arrosoirs, et leurs formes smguliéres
ont souvent laissé Jes naturalistes incertains de la place quils devaient leur assigner
I. 15
114 HISTOIRE NATURELLE.
dans la méthode. Ce n’est qu’apreés avoir reconnu existence des deux valves qu'on
voit & peine au-dessous du disque, et qui font partie du fourreau dans lequel elles )
sont enchassées, qu'on s'est décidé a les ranger parmi les Tubicolés et avec les co-
quilles qui présentent une disposition analogue ou aussi singuliére.
“>
2° GENRE. Clavagellle. Clavagella, Lamarck.
é
(Diminutif de clava, massue. )
Fic. 478. Clavagelle bacillaire.
Les especes de ce genre établissent parfaitement le passage entre le précédent et
le suivant; en effet, les Clavagelles ont aussi un fourreau tubuleux qu’elles for-
ment comme les Arrosoirs, mais une de leurs valves est
libre et mobile dans Pintérieur du tube, tandis que lautre
est complétement enchassée dans le tube. Dans |’Arrosoir,
les deux valves sont apparentes a l’extérieur ; dans Ja Clava-
gelle, onn’en voit qu'une. On retrouve encore ici de petits
tubes spiniformes, irrégulierement disposés autour du dis-
que, qui présente aussi une fissure médiane, mais on ne
remarque plus de trous sur Je disque. Le fourreau, plus
large a la partie postérieure, va toujours se rétrécissant, et
ee eureaee see, ese termine par une large ouverture pour le passage des
deux siphons de lanimal. Les caractéres du genre peu -
vent donc se résumer ainsi : coquille inéquivalve, ayant
une de ses valves enchassée dans un tube calcaire, l'autre
valve hbre. Tube ouvert antérieurement, plus large, un
peu comprimé, et en massue postérieurement. Disque
entouré de petits tubes spiniformes et présentant au cen-
tre une fissure plus ou moins large, qui descend vers le
crochet des valves en se bifurquant.
Ce genre se compose particulierement d’especes fossiles ;
depuis peu seulement on en a découvert deux especes vi-
vantes plus remarquables par Ja singularité de leur forme
que par leur couleur, qui est généralement d'un blanc
jaunatre.
Fic. 480. Clavagelle cuverte.
3° GENRE. Cetulaue. Fistulana, Vamarck.
(Fistula, tayau.)
Petite coquille équivalve, trés-inéquilatérale, trés-baillante, mince et effilée du
cété antérieur, et beaucoup plus large prés de Ja charniére. Cette coquille est en—
fermée dans un fourreau testacé, mince, fermé, renflé a l'une de ses extrémités, et
HISTOIRE NATURELLE. 415
terminé 2 l'autre, beaucoup plus étroite, par une ouverture arrondie. Les deux
yalves sont libres et sans adhérences dans le tube. L’animal est imparfailement
connu ; il présente deux siphons réunis, fort allongés et con-
tractiles. Gn Je dit muni de deux calamules (482) qui font
saillie en avant de lorifice du tube. Le manteau est percé
Fis. 483.
Clofsonnaire des
sabdles.
d’un petit trou pour le passage du pied. Les
Fistulanes perforent le bois, Ja pierre et méme
des coquilles pours’y loger. Elles vivent isolées
ou en famille, mais on les trouve Je plus sou-
vent réumies en groupes plus ou moins nom-
breux dans le sable, le bois et les plerres.
On rencontre les
especes vivantes de ce
genre dans locéan
des grandes Indes, et
fi 1
| pt
il
fn
i
i
[:
Fie. 482. Calamules de Fistulane.
x
les especes fossiles a
Grignon et Beynes en France, et & Sienne en
Italie.
é ihe : '
4° GENRE. Clsisontiiee: Septaria, Lamarck.
(Septum, cloison.)
Coquille tres-courte , subglobuleuse , bail-
lante de chaque cété. Les valves sont seule-
ment appuyées lune contre lautre, et non
réunies par une charniere ou par un ligament. A Vintérieur, les
valves présentent des cutilerons allongés, étroits et aplatis. Cette co-
quille est enfermée dans un tnbe testacé souvent tres-long, droit ou
courhé, tres-épais, le plus souvent incomplet et divisé intérieurement
par des cloisons votitées; ce tube est insensiblement atténué vers sa
partie antérieure, qui souvent se bifurque et présente deux tubes
plus petits, destinés a protéger les siphons de animal. La surface exté-
riecure présente de nombreuses stries transverses ou d’accroissement,
et des renflements. L’orifice postérieur est fermé, dans les indivi-
dus complétement développés, par une calotte convexe en dehors.
L’animal est allongé, cylindrique ; le manteau forme une gaine
charnue percée al extrémité postérieure pour le passage des siphons,
qui sont gréles et assez allongés. C’est a Pextrémité la plus large que
se trouve enfermée la coquille. Tout porte 4 croire que les Cloison-
naires, qu’on ne connait qu incomplétement, ne different pas assez
des Fistulanes pour qu il soit nécessaire d’en faire un genre a part.
On trouve les Cloisonnaires dans l’océan des grandes Indes.
M. Benjamin Delessert possede un fragment de Cloisonnaire qui
a plus d'un metre de longueur, et qui laisse supposer une longueur
réelle de pres de deux metres.
Fic. 481. Fistulaneé massue.
116 HISTOIRE NATURELLE.
8° GENRE. “‘Cevedine. Teredina, Lamarck. (Diminutif de teredo.)
Coquille bivalve, équivalve, baillante, globuleuse, arrondie,
présentant une charniere simple avec des crochets intérieurs et
un écusson extérieur, Elle est fixée & Pextrémité postérieure et
fermée d'un tube droit, en massue, et laisse voir ses deux valves ;
Pextrémité antérieure est ouverte.
Les espéces connues de ce genre sont toutes fossiles; on les
trouve, en France, 4 Courtagnon; en Angleterre, 4 Madiffort, et
a Plaisance, en Italie.
CG ry)
6° GENRE. Cacet. Zeredo, Lamarck.
Fic. 484. (Teredo, ver perforant.)
Térédine masquec.
Coquille épaisse, solide, tres-courte, formant un anneau par la réunion de ses
deux valves, par conséquent trés-baillante en avant et en arriére, a valves égales,
idl
yy
Fic. 485. Taret commun, et ses valves séparées du tube et grossies.
équilatérales, anguleuses antérieurement; ayant 4 Vintérieur et sous ies crochets
un appendice en cuilleron, sans trace de charmiére. La co-
quille est placée & Pextrémité d'un tube cylindrique droit
ou flexueux, fermé postérieurement, toujours ouvert et
quelquefois bifurqué antérieurement pour Je passage de
deux siphons. Elle termine le tube, comme le ferait une
tariére propre a percer le bois.
L’animal est allongé, vermiforme; le manteau est tubu-
Jeux, ouvert pour la sortie du pied et des siphons. L’extré-
mité postérieure du corps est termi-
née par deux palmules operculaires,
symétriques, placées an bord du
manteau et férmant l’orifice du'tube 5: is6 patmacsmeamales
ens'appliquant lune sur l'autre. du Taret commun.
Les Tarets percent les pieces de bois et les pierres sub-
mergées. Les longs thyaux qu ils forment sont tapissés par
une couche calcaire déposée par Vanimal ; les valves qui
constituent réellement la coquille sont extrémement pelites
en comparaison de la dimension de animal, car elles ont
a peinedeux ou trois lignes, tandis que les Tarets ont quel-
quefuis un pied de Jongueur. Leur forme tres- arquée et
Fic. 487. Animal du Taret Ne Pera ee
commun, baillante ne s’éloigne pas de celle des Pholades. Les pal-
HISTOIRE NATURELLE. 117
mules operculaires qui ferment l'entrée du tube sont fixées en dehors, et se déta-
chent ordinairement apres la mort de l’animal : aussi les trouve-t-on tres-rarement
dans les collections. Les Tarets se multiplient prodigieusement et vivent en famille ;
aussi sont-ils redoutés des navigateurs, car il n’est pas sans exemple que des vais-
seaux aient été complétement détruits par ces animaux ; et c’est uniquement pour
se défendre de leurs altaques que les navires sont extérieurement doublés en cuivre.
Ce sont les Tarets qui percent les digues de la Hollande. Is attaquent tous les bois
submergés, et causent de grands ravages dans les ports. Le verre parait étre le
corps qui leur résiste le mieux ; aussi a-t-on proposé de couvrir les corps qui doi-
vent rester plongés dans la mer d'un enduit résineux contenant beaucoup de verre
pilé. Les Tarets se trouvent dans totites les mers, mais on suppose qu ils ont été ap-
portés des mers des tropiques, ot ils sont plus communs encore, par des batiments
gui n’étaient pas doublés de cuivre. Adanson a trouvé sur les cétes du Sénégal un
grand nombre de Tarets qui perforent les racines des mangliers.
DEUXIEME FAMILLE.
Staladacies. (oraz, habitant un trou.)
Cette famille se compose d’un assez grand nombre d’animaux dont les habitudes
sont les mémes. Ils vivent tous dans le bois et les pierres. Les petits, aussitot apres
leur naissance, creusent les corps solides sur Jesquels ils ont été apportés par la
vague, Si ces corps sont de nature 4 élre entamés par la liqueur dissolvante qu’ils
sécrétent 4 volonté. Ils agrandissent successivement leur loge dans la proportion de
leur développement; et ils y sont pour toujours enfermés, car Pouverture de cette
loge ne s'élargit pas. C’est par cette ouverture que les Pholadaires recoivent Peau
nécessaire a leur entretien. Parmi les animaux de cette famille, les uns présentent
des pieces accessoires dont le nombre et la dimension sont en rapport avec le haille-
ment plus ou moins grand des valves, et que quelques auteurs ont considérées
comme le rudiment du tube des Tubicolés, et que d'autres ont cru pouvoir
comparer aux pieces multiples des Anatifes : ce sont les Pholades. Quelques co-
quilles trés-baillantes , habitant aussi des cavités qu’elles creusent, comme les
Pholades, dans les pierres et le bois, ont été comprises dans cette famille: malgré
absence de pieces accessoires : ce sont les Gastrochénes et les Pholadomyes, aux-
quels on réunit encore les Xy/ophages et les Galéomines.
Toutes les coquilles de cette famille sont blanches ou d’un blane jaunatre; quel-
ques-unes sont élégamment couvertes de cétes striées; les autres n’ont que des
stries simples.
1° GENRE. Ee lade: Pholus, “inne.
Coquille bivalye, équivalve, inéquilatérale, baillante de chaque cdté, ventrue,
mince, d’une couleur lactée, a valves striées en tout ou en partie, a bords infé-
rieurs et postérieurs mousses et repliés en dehors; charniére sans dents, sans liga-
ment propre, mais présentant sous les crochets un appendice en cuilleron, et ex—
térieurement des pieces accessoires ou écusson, supportées par un pli du manteau.
118
Fic. 488, Pholade dactyle et ses piéces accessoires.
HISTOIRE NATURELLE.
L’animal est épais, peu allongé, subcylindrique ; le manteau, par son ouverture
Fie, 490. Pholade,
antérieure, donne passage & deux tubes contractiles, le plus sou-
vent réunis et entourés d'une peau commune. Ces deux tubes rem-
plissent les fonctions d'une pompe aspirante et foulante : l'un sert
a prendre: eau nécessaire 4 animal, l'autre sert a la rejeter.
L’ouverture postérieure du manteau donne passage au pied, qui
est tres-court et tres-épais.
Les Pholades vivent dans Jes trous qu’elles se creusent dans le
bois et méme la pierre; leurs mouvements sont trés-limités, ils
se bornent a élever ou abaisser animal dans le trou qui! habite,
et qui généralement est peu profond. Les Pholades sont phospho-
rescentes ; elles se nourrissent d’animalcules et des débris que le
flot leur apporte. Ce sont des Pholades qui ont détruit les colonnes du temple de
Jupiter Sérapis & Pouzzoles.
Les Pholades sont recherchées par les habitants des cétes, qui en sont tres-
friands et les désignent sous le nom de daz/s. Elles vivent dans toutes Jes mers, et
Von en connait un assez grand nombre d’especes, la plupart petites ; quelques-
unes cependant ont jusqu’a cing pouces de longueur. On en trouve aussi de fossiles
aux environs de Paris. Les Pholades sont des coquilles littorales : aussi doit-on consi-
dérer comme faisant autrefois partie du rivage des anciennes mers les terrains qui
en contiennent a l'état fossile. Les Pholades peuvent probablement vivre dans eau
douce, car Adanson en a trouvé dans Je Niger & une hauteur ou Ja mer ne monte
pas pendant Ja moitié de année.
: Ms
2e GENRE. jootroch ere. Gastrochena, Lamarck.
e
(Cacrne, ventre; yatve, je baille.)
Coquille bivalve, équivalve, cunéiforme, trés-baillante antérieurement, oi elle
présente une ouverture cordiforme tres-large ; Vouverture postérieure est presque
HISTOIRE NATURELLE. 119
nulle; la charniére est linéaire et sans dents ni cuillerons. On apergoit deux cro-
chets a la partie la plus évasée de louverture; les valves
sont blanches ou grisatres, et leur surface extérieure est
couverte de petites stries fines, irréguliéres, tandis que
Vintérieure est lisse. L’animal est tronqué antérieure-
ment; le manteau est percé, au centre de la grande ou-
verture de la coquille, d'un petit trou pour le passage du
pied. On remarque aussi deux siphons allongés, réunis et
contractiles. Fic 491. Fic. 492.
So/ Alay aes x iv pe 3 o Stag SPT eer g +g. Gastrochéne cu- — Extérieur d'une
Les Gastrochénes, comme les animaux des genres pré- TEiSRMC TSBs aleeaa aaaee:
cédents, perforent les pierres et se logent dans les trous — ‘es "eumies-
qu ils creusent, On n’en connait qu’un petit nombre d’espéces vivantes ou fossiles.
On trouve les premieres dans presque toutes les mers, mais parliculicrement a Vile
de France, aux Antilles et sur les cétes de France.
: : (PY ae
5° GENRE. Sholadouvye Pholadomya, Sowerby.
e
(Pholade et Mye.)
Coquille trés-mince, trés-transparente, blanche, transverse, ventrue, ovale, in-
équilatérale, baillante des deux cétés, mais surtout postérieurement. Charmiére
ts
We
nn
Ane
Ih
SUSLIE
oer
Fina
Fic. 494. Bord cardinal crossi.
Ute
TD)
i tial
Fic. 495, Pholadomye blanche, valves réunies. Fic. 496. Bord cardinal grossi,
formée par une petite fossette allongée subtrigone, et une nymphe marginale sail-
lante sur chaque valve. Ligament externe court et inséré sur Ja face externe des
nymphes. Impressions musculaires peu apparentes, réunies par |’impression pal—
léale. Animal non décrit.
190 | HISTOIRE NATURELLE.’
") = oN , x Ld . b
Ce genre n’oflre, jusqu’a présent, que deux especes vivantes et excessivement
rares, l'une découverte depuis peu. Les espices fossiles, tres-nombreuses, ne pré=
TE:
Fic. 497. Pholadomye de Delessert.
Fic. 498. Intérieur de Ja méme.
sentent que le moule de la coquille avec tous ses détails bien conservés; le test, trop
mince, n’a pu résister 4 la décomposition de ses parties.
Ces coquilles, comme leur nom Vindique, ont de grands rapports avec les Pho-
lades et les Myes, dont il sera bient6t question.
? )
4¢ GENRE. QS ylophage. NXylophaga, Sowerby.
e
(E.2<v, bois; oayw, je mange.)
Coquille équivalve, globuleuse, fermée en arriére par le rapprochement des val—
ves, largement ouverte en avant. Charniere avec une petite dent courbée ets’avan-
cant dans les cavités omboniales dans chaque valve. Les Xylophages se creusent un
trou tubuleux dans le bois, et different des Tarets par absence d’un tube calcaire
et par le rapprochement des valves 4 la partie postérieure.
Pic. 499. Xylophage dorsal, interieur des valves. Fic. 500. Fie. 501. Le méme dans sa loge.
° ,
; : ue :
Se GENRE. CGaleouue. (raleomma, Turton.
e
Coquille ovale, équivalve, équilatérale, baillante au bord ventral ; charniére
terne et externe. On remarque aussi deux impressions muscu-
Fie eORe Chicana) Jauues rapprochées Pune de Pautre sur chaque valve, et une im-
dusTurtons pression palléale interrompue, non sinueuse. Les seules espéces
connues de ce genre sont fort rares et se trouvent sur les cétes de Sicile.
TROISIEME, FAMILLE.
Salenace.
Les Solénacés se reconnaissent facilement a leur coquille baillante aux deux ex=
trémités antérieure et postérieure, et & Pahsence des pieces accessoires que présen-
taient les Pholades, dont ils se distinguent aussi par leurs habitudes. En effet, ils
sans dents et fermée seulement par un petit ligament en partie in- |
HISTOIRE NATURELLE. 424
ne perforent mi les pierres ni le bois pour s’y loger, et ils vivent enfoncés verticale-
ment dans le sable, & peu de distance du rivage. Leurs mouvements, qu’ils exécu-
tent avec une grande rapidité , se bornent a monter et & descendre dans le trou
souvent tres-profond quils ont creusé, et qwils ne quittent guére. Le nom de
Solénacés donné aux coquilles de cette famille vient d’un mot grec qui veut dire
tuyau. La forme trés-allongée des valves et leur disposition lorsqu’elles sont réunies
représentent , en effet, un tuyau ouvert aux deux extrémités; quelques especes
droites et tronquées aux deux bouts figurent assez bien un manche de couteau, et
ce est le nom vulgaire qu’on leur donne. Les Solénacés sont recouverts d’un épiderme
d’un vert brunatre, masquant souvent les nuances les plus helles. Toutes les co—
quilles de cette famille habitent la mer ou ’embouchure des riviéres. On les re-
cherche pour les manger ou pour servir d’amorces pour Ja péche du merlan, Lorsque
la mer vient de se retirer, lon reconnait leur présence a un petit trou, d@ous’échap-
pent parfois quelques bulles @air. Pour altirer ces Mollusques a la surface, les pé-—
cheurs jetlent une pincée de sel dans les trous, qui sont assez rapprochés les uns des
autres; & peine ce sel y est-il tombé, qu’on remarque du mouvement dans le sable
qui entoure louverture, la coquille s’éleve et sort en partie; il faut profiter de
ce moment pour s’en emparer, car lanimal se retire de suite au fond du trou et
ne se laisse pas tromper par unnouvel essai.’ Cette famille se compose de coquilles
vivement teintées de rose, de bleu, de violet, etc. Ces riches couleurs paraissent
plus ou moins a travers |’épiderme verdatre et transparent qui couvre les valves.
Jer GENRE. C)oleu. Solen, Linné.
Yokny, tuyau.
» uy
Coquille bivalve, équivalve, transversalement allongée, droite ou arquée, bail-
HACC C CCR
————$————
Fre. 504. Solen sabre.
lante aux cétés antérieur et postérieur; acrochets peu apparents, non saillants.
Dents cardinales petites, en nombre va-
riable, situées & l’extrémité ou au mi—
lieu du bord cardinal. Ligament exté-
rieur. L’animal est cylindrique allongé ;
le manteau, fermé dans toute sa lon-
gueur, est ouvert aux extrémités pour
le passage du pied d'un coété, et de
Yautre pour le passage d'un tube formé
de deux siphons réunis. Fic. 505. Charniére du Solen gaines ’
i 16
422 HISTOIRE NATURELLE.
Plusieurs genres ont été formés aux dépens du genre Solen de Lamarck. Ce
professeur Glablissait deux sections parmi les Solens : la premiere comprenait les
especes dont Ja charniére est contigué au bord antérieur; dans Ja seconde, il pla—
gait tous les Solens dont la charntére est plus voisine du milieu que du bord
Y
Fic. 506. Solen Fic. 507. Charniére du Fic. 508. Charniére du Fic. 509. Solen des
coutelet. Solen plat. Solen silique. Antilles.
antérieur. Ces sections n’étaient point assez tranchées : aussi a-t-on cru néces—
saire de former plusieurs genres nouveaux pour faciliter la détermination des es—
peces. Voyez planche Fr°. is
Malgré ce démembrement, le genre Solen est encore assez nombreux en especes
qu’on trouve dans toutes les mers. On connait plusieurs Solens fossiles, qu’on ren-
contre dans les couches plus nouvelles que la craie. ;
Fig. 510. Charniére de Solen gousse. Fic. 514. Solen plat. Fic. 312. Charniére du Solen des Antilles,
HISTOIRE NATURELLE. 123
2° GENRE: Volecurvte. Solecurtus, Blainville.
(Solen; curtus, court.)
Coquille ovale, allongée, équivalve, subéquilatérale, 4 bords presque droits et
paralléles; extrémités également arrondies et Bie
subtronquées ; sommets trés-peu marqués, sub-
médians ; charnitre édentule ou formée par N\
quelques petites dents cardinales rudimentaires ;
ligament saillant, bombé, porté sur des callo-
sités nymphales épaisses; deux impressions EES le Sante OI
musculaires distantes; impression palléale étroite, profondément sinueuse en ar-
riére et se prolongeant bien au dela de Vori-
gine de Ja sinuosité. L’animal du Solécurte
est représenté fig. 583.
Les Solécurtes sont de fort jolies coquilles
roses ou blanches et striées dans plusieurs
sens. On en trouve quelques espéces fossiles
dans les terrains tertiaires. Fig. 514, Charniére du Solécurte vose.
= )
3° GENRE. Glaucouoie. Glauconoma, Gray.
(Glaucus, vert.)
Coquille oblongue , ovale, transverse, un peu, ventrue, équivalve, inéquilaté-
rale, peu baillante , arrondie antérieurement, atténuée postérieurement. (Voyez
fig. 458.) Trois dents dans chaque valve, la dent centrale de l'une et la postérieure
Fic, 515. Charniére-du Glauconome de Chine.
de autre bifides. Ligament oblong, extérieur. Kpiderme mince, verdatre, plissé
sur les bords. Les Glauconomes se trouvent 4 1!’embouchure des fleuves qui se jet-
tent dans Pocéan Indien. On n’en connait qu'un petit nombre d’espeéces.
4° GENRE. alla cBacuxs Machera, Gould.
(Machera, couperet.)
Coquille oblongue, ovale, transverse, comprimée, inéquilatérale, un peu bail-
ae ae tb ike c
_ Jante; crochets peu proéminents; charniére composée, sur une valve, de trois dents
cardinales divergentes : la premiere simple; la seconde ou médiane, bifide ; Ja
124 HISTOIRE NATURELLE.
Fic. 546. Charniére du Machera radie.
troisieme, comprimée, mince et placée dans la direction du bord. Sur Pautre valve,
deux dents seulement s’emboitant dans les interstices de la valve opposée. A Pin-
— térieur, on remarque Je plus souvent une forte célte qui part de la charniére et
se dirige vers le bord opposé. Impressions musculaires réunies par une impression
palléale sinueuse. Ligament proéminent. Parmi les especes de ce genre, les unes ont
une coquille épaisse, les autres ont au contraire les valves minces, transparentes et
plus richement colorées. On y remarque des rayons blancs divergents sur un fond
bleu.
5° GENRE. VGeewerline: Novaculina, Blainville. -
(Novacula, rasoir.)
Coquille équivalve,
trémités. Ligament externe communiquant avec Vintérieur de la coquille par un
canal oblique. Crochets proéminents ; charniere & peu pres droite, avec une dent
cardinale courbée, étroite dans une valve, s’enclavant dans deux dents semblables
de l'autre valve. (Voyez fig. 388.)
Les Novaculines ont été trouvées dans le Gange; leur couleur est d'un vert fauve
inéquilatérale, allongée transversalement, baillante aux ex-
» Wy Ta
a Pextérieur.
2) ,
6° GENRE. oletelline. Soletellina, Blainville.
(Solen et Telline.)
Coquille ovale-oblongue comprimée, & bords tranchants et courbes, équivalve,
subéquilatérale, plus large et plus arrondie a l’extrémité antérieure ; sommets peu.
loignés du centre, peu marqués ; une ou deux petites dents cardinales ; ligament
dune cayité pour insertion du ligament, qui est en partie
HISTOIRE NATURELLE. 125
Fic. 518. Solételline rostrée. Pic. 519. Charniére de la Solételline rostrée.
épais, porté par de grosses callosités nymphales ; deux impressions musculaires ar-
rondies, distantes, réunies par une impression palléale tres-simueuse.
L’animal n’a point encore été décrit.
M. de Blainville a établi ce genre pour deux ou trois especes de Lamarck, qui
présentent les caracléres des Solens, ct dont la forme plus élargie rappelle celle des
Tellines.
Le Solétellines sont généralement d’une couleur violaccée ou rose ; elles vivent
dans l’Océan des grandes Indes.
7° GENRE. Holeurye. Solemya, Lamarck.
ce
(Solen et Mye.)
Coquille équivalve, inéquilatérale, transverse, allongée, obtuse aux extrémités;
a épiderme luisant, débordant, déchiré sur Jes bords. Cro-
chets sans saillie, 4 peine distincts; sur chaque valve une
dent cardinale tres-oblique, comprimée, creusée au-dessus
intérieur et en partie extérieur.
Animal ovale, transverse ; lobes du manteau réunis dans
leur moitié postérieure, terminés par deux siphons courts
et inégaux. Pied proboscidiforme, tronqué antérieurement
par un disque ou une sorte de ventouse dont Jes bords
sont frangés; une seule branchie de chaque cété, en forme fF, 520, solemye australe. F. 521.
de plumule, dont les barbes sont isolées Jusqu’a la base; anus terminal non flottant.
Les Solémyes sont de petites coquilles généralement trés-minces, et couvertes
Wun épiderme vert olive qui déborde les valves et se fendille en se desséchant.
AP) ,
&¢ GENRE. Hanopee. Pano nea, Ménard,
p Pp
(Nom mythologique.)
Coquille équivalve , transyerse , inégalement baillante sur les colés. Une dent
126 HISTOIRE NATURELLE.
cardinale conique, avec une fossette opposte sur chaque valve. Nymphe calleuse,
comprimée, ascendante, non saillante en dehors. Li--
gament extérieur fixé sur les callosités. Impression —
du manteau large, allongée. Sinus palléal plus ou
moins profond.
Animal garni de longs tubes réunis en un siphon
unique (525). Manteau fermé, épais, tronqué anté-
rieurement, et ouvert seulement au milieu pout le
passage du pied, qui est court et comprimé.
Ce mest que depuis peu qu’on connait Panimal des
Panopées. Les officiers de la frégate francaise /’Hé-
rome, commandée par M. le capitaine Cécile, en
croisiére dans les mers de la pointe australe de rA-
frique, en descendant an pied de hautes dunes qui
bordent, sur la céte Natal, Ja baie des Tigres, virent,
enfoncé dans le sable, un Mollusque dont le tube
se montrait pres de la surface, et quils prirent d’a-
bord pour un morceau de gouamon ou de fucus. Ils _
eurent Venvie de faire tirer cet animal par le tube;
mais le Mollusque, des qu’on le touchait, cherchait
a senfoncer dans le sable, et s’ytenait avec tant de
Sha arma tent force que les matelots ne purent jamais en tirer un
d’Aldrovande. seul de son trou, le siphon se déchirant toujours,
et venant seul par les efforts de homme qui larrachait. Quand on ne saisissait
pas promptement le tube, l'animal s‘enfongait si profondément qu il échappait,
et lon ne pouvait plus latteindre. La curiosité des marins, excitée par ce fait,
les fit semettre 4 oeuvre pour s’emparer de cet animal , et ils firent avec des bé-
ches des trous autour du
Mollusque, afin de le
prendre. Ils réussirent a
eS
==)
en saisir quelques—uns,
mais non sans peine, car
ils s’enfongaient dans le
sable 4 mesure qu’on ap-
prochait deux. |
Les Panopées -vivent
en famille sur les cotes
sablonneuses; et si Jus-
que-la on n’avait pu s’en
procurer, c'est qu’on ne
Fig. 525 Panopée australe. connaissait pas les loca-
lités qu’elles habitent.
On en connait maintenant un assez bon nombre d’espéces vivantes et fossiles,
Les premieres ont été trouvées a Ja Nouvelle-Zélande , sur les cétes d’Afrique ,
dans la Méditerranée; les secondes, en France, en Angleterre , en Jtalie, et, en
Amérique, 4 New-York.
HISTOIRE NATURELLE. 127
9° GENRE. CPryciere, Glycimeris, Lamarck.
Ce
(Wvxb:, doux; pdocs, partie.)
‘
Coquille transverse, trés-baillante de chaque cété; charniére calleuse, sans dents ;
nymphes saillantes au dehors ; hgament extérieur ; valves tres-baillantes.
Fic. 524. Glycimére silique. Fig. 525.
Animal allongé, épais, cylindracé, ayant les lobes du manteau trés-épais, ouverts
seulement a lextrémité antérieure pour le passage d’un petit pied cylindrique,
terminés postérieurement en deux siphons réunis en une seule masse cylindrique
irés-charnue, extrémement lisse et ne pouvant jamais entrer dans la coquille. Bouche
mediocre, ovale, accompagnée de chaque cdté de deux grandes palpes égales, trian-
gulaires, soudées par leur base au muscle adducteur antérieur. Branchies longues
et épaisses, deux de chaque coté presque égales. (Voyez fig. 581.) On ne connait que
deux especes de ce genre: lune habite les mers du Nord, l'autre la mer Blanche.
Elles sont assez épaisses et couvertes d’un épiderme noir brillant ou brun ; Pinté-
rieur des valves est habituellement calleux, chagriné, et Pimpression du manteau
est comme frangée.
10° GENRE. Sreptow: Lepton, Turton.
(Aenzes, gréle, chétif.)
' Petite coquille mince, comprimée, suborbiculaire , équivalve , subéquilatérale ,
un peu baillante aux extrémités; charniére composée dune dent unique sur une
valve, semboitant dans une fossette circonscrite par deux dents sur l'autre valve ;
ligament interne. Animal non décrit.
Ce genre a été établi par Turton sur une petite co—
quille fort rare dont la charniere présente la plus grande
analogie avec celle des Solénacés. M. Sowerby mhésite
= SE pas a Ja placer dans cette famille ; nous suivrons son
a eee exemple jusqu’a ce qu’on ait pu étudier lanimal qui
—— l'habite et confirmer les idées du conchyliologiste an-
Fic. 526. Lepton squammenx. —Jais, ou reconnaitre & la coquille des caractéres qui
nécessiteraient un changement dans Je rang qu’elle doit occuper dans la série.
Cette coquille a été trouvée dans une source 4 Torbay, et depuis a Tenby, en
‘Angleterre.
QUATRIEME FAMILLE.
M yaries.
Les Myaires s’éloignent des Solénacés par la situation du ligament qui, toujours
128 HISTOIRE NATURELLE.
intérieur, est inséré sur une seule dent élargie en cuilleron et saillante en dedans,
ou sur deux semblables et intérieures. Le pied est plus comprimé que celui i
familles précédentes. ¢
Les Myaires ont les mémes habitudes que les Solénacés ; ils vivent enfoneés dans
le sable. Quelques especes sont bonnes 4 manger et sont recherchées pendant la
basse marée par les habitants des cdtes. Cette famille comprend des coquilles bien’
différentes quant 2 leur forme et leur épaisseur; quelques-unes sont transparentes
et un peu nacrées; leur couleur est ¢énéralement blanche ou fauye.
|
|
|
1° GENRE. allo ye. Mya, Linné.
(Mi:, muscle.)
Coquille transverse, ovale, subéquivalve et inéquilatérale, baillante aux deux
extrémités. Une seule dent a la charmiére : cette dent tient & la valve gauche ; elle
est grande, aplatie, obronde, et creusée en cuilleron pour recevoir le ligament, qui |
Fie. 527. Charniére de Ja Mye des sables. Fie, 528.
va sinsérer @autre part sur une fossette que présente la valve droite. Ligament
intérieur, court et épais, s’insérant sur la dent saillante
et dans la fossette de la valve opposée.
Animal oblong, couvert d'un manteau fermé par de-
vant ; ouvert a Vextrémité antérieure pour le passage |
dun pied court, comprimé et épais, et a Vextrémite -
postérieure pour deux grands tubes réunis et revétus
Fic. 529. Me trongues. dune membrane brune.
Les Myes vivent enfoncées dans le sable des cotes ou & Pembouchure des fleuves,
et n'ont que des mouvements trés-bornés. Elles |
sont généralement assez épaisses, et remarquables
par la grosseur et la longueur de leurs tubes en-
veloppés par une peau épaisse qui se continue avec
lépiderme de la coquille, et dans laquelle ces
Fic. 550. Profil de la charniére de la 4 2
Mye tronquée, tubes se contractent et se développent librement.
Les Myes vivantes se trouvent dans toutes les mers, et les espéces fossiles sont
tres-nombreuses en Angleterre.
2° GENRE. elkoiael aie. Anatina, Lamarck.
(Anas, canard.)
Coquille trés-mince, Je plus souvent transparente, transverse , subéquivalve,
baillante postérieurement. Charniére composée d'une dent élargie en cuilleron,
HISTOIRE NATURELLE. 429
saillante intérieurement sur chaque valve et recevant le ligament; une lame obli-
que sous les dents cardinales.
Fic. 531. Anatine subrostrée. Fic. 5352.
Fic. 535. Charniére de la méme, grossie, Fig. 534,
Animal peu connu.
Les Anatines vivent dans les mers d’Europe, celles des grandes Indes, et l'on en
a trouvé a Ja Nouvelle—Hollande. Le nom d’Anatine a été donné a ces coquilles
a cause de leur forme, qui, avec un peu de bonne volonté, représente un bec de
canard. Les coquilles de ce genre sont brillantes et ont des retlets nacrés.
3° GENRE. Periplome. Periploma, Schumacker.
(Ieee, autour ; mca, eau trouble.)
Coquille ovale, nacrée, trés-inéquivalve et trés-inéquilatérale ; le cété postérieur
court, subtronqué et a peine baillant; la charmiére ayant sur chaque valve un
cuilleron étroit, oblique, formant avec
le bord supérieur une profonde échan-
crure, dans laquelle est enclavé un petit
osselet triangulaire qui adhére par une
partie du ligament; impression muscu-
Jaire antérieure tres-étroite et submar-
ginale, la postérieure trés-petite et arron-
die. Impressions musculaires inégales;
impression palléale avec une échancrure peu profonde. Ce genre a été établi aux
dépens du précédent; on n’en connait encore qu'une espéce, décrite par. Lamarck
sous le nom d’Anatine trapézoide, Les Périplomes se plaisent dans les eaux vaseuses.
Fie. 555, Périplome trapézoide Fic. 556.
Tene
4° GENRE. Ol tie: Thracia, Leach.
- (Thrace. )
Coquille mince, fragile, le plus souvent couverte d’un épiderme, ovale, oblongue,
-subéquilatérale, inéquivalve, un peu baillante aux extrémités; charniére ayant sur
I. 17
150 HISTOIRE NATURELLE.
chaque valve un cuilleron plus ou moins grand, horizontal, recevant un ligament
Fig. 537. Charniére de la Thracie corbuloide. Fic. 538.
interne dont le cété postérieur donne attache & un osselet qu'il retient fortement.
Impression musculaire antérieure étroite, réunie a la postérieure, petite et arrondie,
ff
y)
yy
ply
Fie. 559. Thracie corbuloide. Fic. 540. Animal de la Thracie corbuloide.
par une impression palléale profondément échancrée postérieurement. La valve
droite plus hombée et plus grande que la gauche.
Animal ovoide, épais, enveloppé d’un manteau trés-mince et transparent. Bords
renflés, lobés et réunis dans presque toute la circonférence, de mamiére a w offrir |
que trois ouvertures : la premiere au tiers antérieur pour le passage du pied, et
les deux autres pour le passage de deux tubes inégaux, longs, destinés a apporter
l'eau aux branchies.
Les espéces de ce genre vivent dans les mers d'Europe et d'Afrique; elles sont peu
nombreuses et d’un blanc fauve. On en trouve de fossiles 8 Bordeaux et en Sicile.
5° GENRE. ehowatiuelle. Anatinella, Sowerby.
(Diminutif d’Anatine.)
Coquille équivalve, subéquilatérale, ovale, trans-.
verse, mince et subnacrée. intérieurement. Char-
niére composée d'une fossette oblongue en cuille-
ron, faisant saillie sur la cavité omboniale, et placée
entre deux petites dents cardinales. Dents latérales
nulles. Impressions musculaires inégales, impression
palléale simple sans sinus. ,
Le ligament intérieur fixé dans les fossettes cardi-
Fic. 541. Anatinellede Sibbald. nales.
|
HISTOIRE NATURELLE. 151
J
be GENRE. Oicodesiae. Osteodesma, Deshayes.
(Ooréov, os ; Seopos, lien.)
Coquille oblongue, transverse, trigone, mince, fragile, nacrée, inéquivalve, un
peu biillante & ses extrémités, Charniére linéaire ayant sur chaque valve un cuil-
leron tres-étroit, accolé profondément le long du bord supérieur ou dorsal des
Fic. 542. Ostéodesme corbuloide, Fic. 545. Charniére de la méme. Fic. 544. Ostéodesme corbuloide.
valves; un osselet quadrangulaire maintenu entre les cuillerons par le hgament,
auquel il adhére par toute sa face supérieure. Impressions musculaires trés-petites,
Pantérieure allongée, la postérieure arrondie. Impression palléale échancrée posté-
rieurement. Animal non décrit. Les espéces de ce genre habitent Jes mers du Nord
et la Manche.
7° GENRE. allo yocaite. Myochama, Stutchbury.
na
(Mye et Came.)
Coquille mince, inéquivalve, irréguliére, adhérente par une valve. Deux dents
écartées, avec une petite fossetle trigone
intermédiaire sur chaque valve. Un pe-
tit appendice testacé maintenu par un
ligament. La valve adhérente aplatie,
la valve libre convexe et couverte de
cétes ou de sillons rayonnants. Deux Fic. 545. - Myocame anomoide. Fic. 346.
impressions musculaires distantes, arrondies, et réumies par l'impression palléale.
Ligament mince, externe.
Animal non décrit.
Ce genre, trés-voisin du précédent et établi par M. Stutchbury, est considéré
comme intermédiaire entre Jes Myes et les Games.
DEUXIEME SECTION. — DIMYAIRES TENUIPEDES.
Le pied des Mollusques de cette section est petit et comprimé. Le manteau n’a
plus ou presque plus ses lobes réunis en avant, et le haillement de la coquille, quand
il existe, est le plus souvent peu considérable.
Parmi Jes Conchiferes ténuipedes, les uns ont le ligament intérieur avec ou sans
ligament extérieur. Leur coquille est équivalve (Macrracts) on inéquivalve (Cor-
BULES).
Les autres mont qu'un ligament extérieur, La coqnille est perforante et plus ou
152 HISTOIRE NATURELLE.
moins baillante au cété antérieur (LirnopHaces); elle est baillante aux extrémités
latérales , et présente deux dents cardinales au plus sur la méme valve, et les
nymphes sont généralement saillantes au dehors (NympHacks),
PREMIERE FAMILLE.
Wiad:
Cette famille a été établie par Lamarck pour réunir des coquilles bivalves ré—
guliéres, baillantes ou non, dont Je caractére principal consiste dans la présence
d'un gros ligament interne inséré dans une fossette cardinale, triangulaire sur cha—
que valve.
Le nom de Mactracés, donné aux coquilles de cette famille, vient du mot latin
mactra, qui veut dire pétrin, grande caisse de hois employée par les boulangers
pour pétrir la pate. On employait autrefois une valve de cette coquille pour racler
Je pétrin et ramasser Ja pate qui y restait adhérente. Ce nom, comme on le voit,
n’est pas tres-significatif, puisqu’il ne s’applique pas rigoureusement a objet qu il
doit rappeler; mais usage l’a consacré. C’est Bonanni qui, le premier, l’a employé
pour désigner une coquille trés—éloignée du genre Mactre, que Lamarck a choisie
comme le type de la famille qui nous occupe.
Toutes les coquilles de cette famille, réunies par Je méme caracteére (un ligament
interne inséré dans une fossette cardinale triangulaire sur chaque valve), présentent
quelques caractéres particuliers qui ont nécessité plusieurs divisions. En effet, les
unes ont un ligament intérieur unique, les autres ont de plus un ligament externe.
Parmi les premieres, quelques-unes sont bdillantes, Jes autres ont les valves closes.
Toutes les coquilles de cette famille sont marines ; on en trouve cependant quel—
ques-unes & lembouchure des fleuves, et les cétes de France en fournissent plu-
sieurs,
=
+ c 5 °
4e- GENRE. cheiae Lutraria, Lamarck.
(Lutum, vase.)
Coquille équivalve, inéquilatérale, transverse, oblongue ou ovale, baillante aux
extrémités latérales ; crochets peu protubérants. Charniére composée sur Ja valve
droite d'une dent triangulaire, relevée, un peu creusée inférieurement de Ja base
au sommet, et placée Ala droite d'une large fossette allongée, triangulaire, oblique,
faisant saillie et couvrant une partie de la cavité omboniale. La valve gauche ne
Fic. 547. Chaniere de la Lutraire elliptique. Fie. 548,
differe de la valve droite que par la forme de la dent qui, an lien d’étre pleine, est
creuse, en V renversé, et recoit dans l’écartement de ses branches la dent de la
valve opposée. Dents latérales nulles; mais le bord cardinal interne forme, dans
les deux valves, un bourrelet qui se prolonge jusqu'aux impressions musculaires,
HISTOIRE NATURELLE. 139
qui sont profondes et assez distantes. L’impression palléale forme un large sinus.
Le ligament est intérieur, fort, et fixé dans les fossettes cardinales.
L’animal fait sortir par Je coté postérieur, qui est Je plus ouvert, deux siphons,
et par le cété opposé un pied petit et comprimé.
Les Lutraires, comme leur nom l’indique, vivent enfoncées dans la vase a lPem-
bouchure des fleuves. Leur coquille est ordinairement blanche, recouverte en de-
hors d’un épiderme mince, verdatre, qui s’enléve facilement. (Voyez fig. 466.)
Lamarck a établi deux divisions dans ce genre, l'une pour les especes transver-
salement oblongues, et l'autre pour les especes orbiculaires ou subtrigones.
Va) ° Fy ie ;
2° GENRE. C uuturgve. Cumingia, Sowerby.
¢
(Cuming, naturaliste voyageur.)
Coquille équivalve, inéquilatérale ; charniére composée (une petite dent cardi-
nale unique, et d'une fossette allongée, faisant saillie au-
dessus de la cavité omboniale dans chaque valve. Dents
latérales, une de chaque cété de la charniere dans la
valve gauche ; point dans la droite.
Impressions musculaires irréguliéres ; impression pal-
léale formant un large sinus.
Ligament interne fixé dans la fossette cardinale.
Les especes de ce genre ont été trouvées dans le sable
et dans les fissures des rochers des mers des tropiques.
Fic. 549. Cumingie mutique.
=
3° GENRE. AMloactre. Mactra, Lamarck.
(Mactra, pétrin.)
Coquille équivalve, inéquilatérale, subtrigone, un peu baillante a Pextrémité
Fic. 552, Mactre rostracée.
Fic. 550. Charniére de la Mactre geante. Fic. 551. Fic. 555. Profil de la méme.
postérieure et vers Ja base antérieure. Crochets protubérants. Sur chaque valve
Z, . . stra u
une dent cardinale assez relevée, triangulaire, bifide, en V renversé et contigué a
154 HISTOIRE NATURELLE.
une large fossette triangulaire, faisant saillie sur la cavité omboniale. Dents laté-
rales Jamelleuses, simples sur la valve droite, doubles sur la gauche. Ligament inté-
rieur inséré dans la fossette cardinale. I
mpressions musculaires larges et lisses.
Impression palléale formant un sinus.
L’animal fait sortir par le cdté postérieur deux siphons, et par lantérieur un pied
musculeux et comprimé. (Fig. 386.)
Les Mactres different des Lutraires moins par leur forme généralement subtri-
gone que par la présence de dents latérales plus ou moins développées. Les Mactres
sont aussi moins baillantes que les lutraires.
Les espéves de Mactres sont trés-nombreuses et se trouvent dans presque toutes
les mers. Elles vivent enfoncées dans le sable A peu de distance de ’'embouchure
des rivitres. Leur coquille est généralement lisse et polie, quoique couverte d’un
épiderme trés-faible. Quelques-unes sont assez vivement colorées. L’épaisseur du
test varie beaucoup; les unes sont assez épaisses, les autres treS—minces.
Les Mactres fossiles sont peu nombreuses ; on les rencontre dans les couches pos -
térieures 4 la craie, dans un assez grand nombre de localités, aux environs de Paris,
a Grignon , Bordeaux , dans Je Plaisantin , et, en Angleterre, dans le comté de
Suffolk.
aN
4° GENRE. Crassatello. Crassatella, Lamarck.
Crassus, épais.
P
Coquille assez épaisse, équivalve, inéquilatérale, suborbiculaire ou transverse,
non baillante. Charnitre formée, sur chaque valve, de deux dents cardinales sub-
divergentes, un peu chagrinées, et dune fossette triangulaire faisant saillie au-
dessus de la cavité omboniale. Deux lalérales rudimentaires ou nulles. Impres-
ae : PO Ae aes
Fic. 554, Charniére de la Crassatelle. Fig. 555. Crassatelle de King
sions musculaires assez profondes ; impression palléale sans sinus. Le ligament est
antérieur et fixé dans les fossettes cardinales, qui sont en arriére des dents.
HISTOIRE NATURELLE. 155
Les Crassatelles vivantes se trouvent dans l’Océan Austral, la Nouvelle-Hollande ;
on en connait une espéce des Antilles et deux des mers @Afrique. Quelques especes
sont trés-rares et d’un prix élevé.
Les espéces fossiles se rencontrent en assez grand nombre, mais seulement dans
les couches qui sont au-dessus de la craie , aux environs de Paris, a Grignon, Bor-
deaux, etc.
5° GENRE. Raugic. Rangia, Desmoulins.
(Rang, nom d’un officier de marine, naturaliste. )
Coquille subovale , équivalve , inéquilatérale, couverte d’un épiderme olivatre
excorié pres des crochets; charniére avec une dent cardinale unique sur chaque
valve (celle de la valve droite divisée jusqu’a sa base, celle de la valve gauche fen—
due au sommet) et deux dents latérales. Ligament intérieur. Impression du man-
teau formant un sinus. Intérieur d’un blanc brillant de porcelaine.
Fic. 536. Rangie cyrenoide. res 557;
On trouve les coquilles de ce genre dans les eaux de la Nouvelle-Orléans et de
la Floride occidentale.
py oe ;
- 6° GENRE. Cryciie. Erycina, Lamarck.
er
(Surnom de Vénus.)
Coquille ovale ou triangulaire transverse, subinéquilatérale, équivalve, rarement
brillante ; charniére composée d’une fossette triangulaire séparant deux dents car-
dinales divergentes sur chaque valve, et de deux dents latérales oblongues, com-
_ primées et courtes. Ligament intérieur fixé dans les fossettes cardinales. Impres—
sions musculaires distinctes ; impression palléale présentant une légere échancrure.
Fig. 560. Charniére,
Ce genre, qui ne comprend qu'une seule espece vivante de la Nouvelle—Hol-
Jande, est peu nombreux en especes fossiles. Ces derniéres se rencontrent dans
les couches du calcaire grossier coquillier aux environs de. Paris, a Grignon et a
Parnes.
156 HISTOIRE NATURELLE.
7¢ GENRE. Orguiline. Ungulina, Daudin.
(Ungula, ongle.)
Coquille équivalve , suborbiculaire, subéquilatérale, a |
valves closes. Crochets excoriés. Une dent cardinale courte —
et subbifide dans chaque valve, et a cdté une fossette |
oblongue, marginale, divisée en deux par un étrangle- |
ment. Ligament intérieur s‘insérant dans les fossettes. Les |
Ongulines sont rares et recherchées dans les collections ; on |
les trouve dans Jes mers d’Afrique ; ou n’en connait que |
deux especes, encore est-on dans le doute si les légeres dif- _
Fic. 561. Onguline allongée. férences qu’elles présentent suffisent pour les séparer.
:
8° GENRE. clouphideome. Amphidesma, Lamarck. |
(Av.ow, deux; deoucs, ligament.)
Coquille transverse, inéquilatérale, subovale ou arrondie , quelquefois un peu —
baillante. Charniére composée d’une ou deux dents et d’une fossette étroite pour —
le ligament , qui est double et fixé en partie dans les fossettes cardinales , et en i
partie extérieurement. Quelquefois des dents latérales plus ou moins dévoloppées.
Les Amphidesmes different des Erycines par la position des dents : en effet, les
dents cardinales sont placées 4 cété de la fossette dans les Amphidesmes, tandis que
dans les Erycines le ligament interne est fixé entre les deux dents cardinales.
Fig. 562. Amphidesme panache. Fic, 563. Profil. Fie. 564. Amphidesme panaché.
9° GENRE, alllocsodeouve. Mesodesma, Deshayes.
(Meoss, milieu; dzou.cc, ligament. )
‘ .o
Coquille ovale, transverse ou triangulaire, épaisse et ordinairement close. Char-
miére ayant une fossette en cuilleron, étroite et médiane pour le ligament , et de
chaque cété une dent oblongue et simple.
Animal ovalaire ou subtrigone, aplati; les lobes du manteau réunis dans Jes
HISTOIRE NATURELLE. 157
deux tiers postérieurs de leur longueur, et pourvus & leur extrémité postérieure
de deux siphons courts, prolongés en dedans par une membrane trés-mince ; pied
7 NN
i.
Fie. 565. Mésodesme corné. Fic. 566. Ite. 567. Charniére,
tres-aplati , quadrangulaire , en partie caché par les branchies : celles-ci courtes,
tronquées et soudées postérieurement; la paire externe plus petite et subauri-
culée. Ce genre a été établi par M. Deshayes, aux dépens des genres Amphidesme
et Crassatelle de Lamarck. Les Mésodesmes se trouvent dans l’océan Austral.
DEUXIEME FAMILLE.
Covbules.
Cette famille comprend ceux des Conchiféres ténuipedes dont la coquille est iné-
quivalve, inéquilatérale, transverse et & ligament intérieur. Ces coquilles ne sont
pas sensiblement baillantes sur les cétés; l'un de leurs crochets est toujours plus
proéminent que l’autre. L’une des valves est emboitée dans l’autre, qui la déborde.
va 8) O ~
4 GENRE. Coxbule. Corbula, Bruguiéres.
(Corbula, petite corbeille.)
Coquille inéquivalve, inéquilatérale, peu ou point baillante. Une dent cardinale
conique, courbée, ascendante; et a
coté de cette dent, une fossette sur
chaque valve. Pas de dents latérales.
Ligament intérieur fixé dans les fos-—
settes. Les coquilles de ce genre sont c
surtout remarquables par l’inégalité
Fic. 568. Charniére de Corbule sillonnée. Fic. 569.
de leurs valves, dont Pune s’emboite en quelque
sorte dans l'autre. Peu nombreux en espéces vi-
vantes, presque toutes exotiques, le genre Cor-
Fic. 570. Corbule noyau, Fic. 571. bule est plus riche en fossiles, qu’on trouve dans
les couches plus nouvelles que la craie.
2e GENRE. CE adotes Pandora, Bruguieres.
(Nom mythologique.)
Les Pandores sont inéquivalves, inéquilatérales, transverses ; la valve supérieure,
18
I.
158 HISTOIRE NATURELLE.
plus petite, est aplatie et débordée par la valve inférieure, qui est convexe. Ces —
petites coquilles sont toutes marines et remarquables par :
leur aspect nacré,
La charniére des Pandores est formée par deux dents
cardinales, oblongues , divergentes et inégales sur la~
valve supérieure , tandis
que Vinférieure ne pré-
sente que deux fossettes qui
correspondent aux dents
de la valve opposée. Le li-
Fie. 572. Charniére de la Pandore rostrée. Fic. 573. Pandore rostrée. eament est intérieur. Les
Pandores se trouvent dans presque toutes les mers, et il y en a de fossilesa Grignon.
TROISIEME FAMILLE.
Sit hop Nag ed.
y
(Athos, pierre; gaya, je mange.)
Les Lithophages sont des coquilles perforantes , sans pieces accessoires, sans
fourreau tubuleux particulier. Elles sont plus ou moins baillantes a Jeur cété anté- |
rieur, Le hgament est extérieur. Elles s’établissent pour toujours dans une cavité |
qu’elles creusent dans les rochers ; leur extrémité antérieure est placée a lorifice du
trou qui les contient, de maniére 4 recevoir facilement l'eau dont elles ont besoin.
La forme des Lithophages n’est pas toujours réguliere; souvent la coquille a été —
moulée en quelque sorte sur les corps que l’animal a perforés, mais dont il n'a pu _
dissoudre toutes les parties. Dans ce cas les valves sont plus ou moins déformées, et _
ont pris du développement dans la direction qui présentait le moins d’obstacle.
_
1°° GENRE. OS nncac: Saxicava, Lamarck.
(Saxum, rocher; cavare, percer.)
Les Saxicaves sont des coquilles inéquilatérales, transverses, baillantes antérieu-
Fig. 574. Saxicave gallicane. Fig. 575. Fic. 576. Saxicave ridée, Fic. 577,
rement. Charniére sans dents ou presque sans
dents. Ligament extérieur.
Les Saxicaves vivantes habitent les mers
d'Europe et les mers australes; les espeéces
fossiles sont assez communes a Grignon.
Fie. 578. Saxicave rouge,
HISTOIRE NATURELLE. 459
2° GENRE. ay eticole. Petricola, Lamarck.
(Petra, pierre; colere, habiter.)
Les Pétricoles sont subtrigones, transverses et inéquilatérales, Le cété postérieur
est arrondi, tandis que l’antérieur est plus effilé et un peu baillant. La charniére
se compose le plus souvent de deux dents sur chaque valve. Quelques especes n’ont
de dents quesur une seule valve.
Fic. 579. Pétricole costellée. Fic. 580. Fic. 581. Charniére, Fic, 582. Pétricole lithophage.
3° GENRE. Voucuupe. Venerupis, Lamarck.
(Vénus; rupis, de roche.)
Coquille inéquilatérale, transverse, & cdté postérieur fort court et arrondi ; Van-:
térieur est un peu baillant. La charniére est formée de deux dents petites, rappro-
chées et peu ou pas divergentes sur
une valve, et de trois sur l'autre ;
rarement on remarque trois dents
sur chaque valve; le ligament est
extérieur. Les Vénérupes ont beau-
coup de rapports avec les Pétri-
coles, quant leurs habitudes ; mais CE ERNE IA Fic. 584.
elles se rapprochent plus des Vénus par leur organisation. On lesa nommeées Vénus
de roche parce qu’elles s’enfoncent et vivent dans les roches molles ou la vase dur-
cie. L’animal des Vénérupes est le méme que celui des Vénus. On en connait quel-
ques espéces fossiles des environs de Paris.
4° GENRE. Hratelle. Fliatelle, Daudin.
(Hio, je baille.)
Coquille équivalve, trés-inéquilatérale, transverse, baillante au bord supérieur ;
charniere ayant une petite dent sur Ja valve droite,
et deux dents obliques, un peu plus grandes, sur la
valve gauche; ligament extérieur. On ne connait
qu'une espece de ce genre; elle n’est pas perforante, et
se trouve sur des fucus dans les mers du Nord.
Fig. 5835. Hiatelle.
QUATRI EME FAMILLE.
Les Nymphaces se distinguent parla présence de deux dents cardinales au plus
140 HISTOIRE NATURELLE.
sur la méme valve; leur coquille est un peu baillante aux extrémités latérales. Le
ligament est extérieur, et les nymphes sont en général saillantes au dehors. Les
unes rappellent la forme des Solénacés, ce sont Jes Nymphacés solénaires ; la
plupart des autres ne s'écartent pas de celle des Tellines, ce sont les Nymphacés
tellinaires.
OZ, Z , 7 5
J Oyen fihiaces FO. tenaéed E
s
ne sie ; :
ie’ GENRE. Aanguiuslaire. Sanguinolaria, Lamarck.
(Sanguis, sang ; couleur de sang.)
Coquille transverse , presque elliptique,
un peu baillante aux cétés antérieur et
postérieur. La charniére présente sur cha-
que valve deux dents rapprochées.
Les Sanguinolaires ont des couleurs assez
vives et variées de bleu, de rose et de jaune ;
elles viennent des mers de I’Inde et de celles
de Amérique.
Fig. 586. Charniére de la Sanguinolaire ridée. Fic. 587. Sanguinolaire ridée,
ae m De l
2° GENRE. gy saututobve. Psammobie, Lamarck.
(Wayu.0,, sable; Br, vie.)
Coquille transverse, ovale-oblongue, comprimée, un peu baillante de chaque coté,
et acrochets un peu saillants. Deux dents sur une valve, une seule dent sur l'autre.
Fic. 588. Charniére de Psammobie. Fic. 589.
Les Psammo-
Wi, bies sont de jolies |
petites coquilles
qu’on rencontre —
dans le sable et —
dans presque tou- |
tes les mers, et.
Fic. 590. Psammobie fleurie.
quelques espéces se trouvent assez abondamment dans les lagunes de Venise.
HISTOIRE NATURELLE. 141
qe) ,
~3e¢ GENRE. os satututotee. Psammotea, Lamarck.
(Wauwarcs, ensablé. )
Coquille transverse, ovale-oblongue,
légerement baillante sur les cdtés; char—
niére composée d'une dent sur chaque
valye, et quelquefois d’une dent sur une
seule valve. Ligament extérieur.
Ce genre a tantde rapports avec le
précédent, qu’ilserait convenable de les
réunir. Les espéces se trouvent dans
les mémes localités, et Pune dellesa s
recu le nom de Psammotée Tarentine, :
parce qu’elle est commune dans le golfe |
de Tarente.
Fig. 592. Intérienr de Ja méme. Fig.,595.
Profil.
7. Cy 7 “fe Wes tell “ieee .
1 GENRE. Collie: Tellina, Linné.
(Tz2zva, nom grec d'une espece de genre.)
Coquille transverse, aplatie, ayant un cote
plus ou moins arrondi, l'autre anguleux et
offrant un pli flexueux et irrégulier. Char-
niére composée d'une ou deux dents cardi—
nales sur la méme valve, et deux dents la-
térales distantes. L’animal est représenté
fig. 385 et 421.
Fic. 594, Telline rostree.
Le genre Telline renferme un tres-grand
nombre d’especes, remarquables par la beau-
té, Je brillant et Ja variété de leurs couleurs.
Lvune d’ellesa été nommeée le Soleil Jevant, a
cause des rayons d’un beau rose doré qu'elle
présente sur un fond blanc de porcelaine. On Fic. 595. Charniére de la Telline Soleil levant.
trouve des Tellines dans toutes les mers, et les cotes de France en fournissent quel-
ques jolies petites especes, presque toutes colorées en rayons (voyez pl. 2); la cou-
leur qui domine est généralement le rouge. Les especes fossiles, trés-nombreuses
aussi, ne se trouvent que dans les couches plus nouvelles que la craie.
142 HISTOIRE NATURELLE.
coe Fata) a one ee
Qe GENRE. Geller Tellinides, Lamarck.
(Diminutif de Telline.)
Coquille transverse, inéquilatérale, un peu
aplatie, Iégerement baillante sur les cotés,
etne présentant plus le pli flexueux des Tel-
lines. Les crochets sont petits. La charniére
a deux dents divergentes sur chaque valve,
etdeux dents latérales peu apparentes, l'une
d’elles rapprochée des dents cardinales sur
une valve.
Les Tellinides se distinguent des Tellines:
Hig. SRO ae par l'absence du pli marginal flexueux que
présentent toujours ces derniéres. On trouve les Tellinides dans l’Océan des Grandes-
Indes.
Kc
me CN oe Qaile SCorke -
3¢ GENRE. CG ocbettle. Corbis, Cuvier.
(Corbis, corbeille.)
Coquille transverse, équivalve, épaisse, ventrue ; les crochets, courbés en dedans,
sont assez développés. La charniére présente deux dents cardinales sur chaque
valve, ainsi que deux dents latérales , dont Pune est voisine des premiéres. Im-
pressions musculaires simples.
Fic, 597. Charniére de la Corbeille renflte. Fie, 598.
Les Corbeilles étaient autrefois fort rares ; elles sont toujours recherchées dans les
collections. On n’en connait que deux especes vivantes, Pune de Océan Indien,
lautre de la Nouvelle—Zélande. On en trouve de, fossiles & Grignon et aux environs
de Paris. Elles sont toutes striées et ornées de lamelles onduleuses.
Ont: : AS
4° GENRE. Lucie. Lucina, Bruguieres.
(Surnom de Junon.)
Coquille suborbiculaire , inéquilatérale , 4 crochets petits , pointus et obliques.
HISTOIRE NATURELLE. 145
Charniére avec deux dents cardinales diver-
gentes, dont l'une bifide, et deux dents la-
iérales, dont l'une voisine des premieres. Ces
dents varient ou disparaissent avec lage.
Impressions musculaires tres-séparées, la
postéricure forme un prolongement quel-
quefois fort long.
Ce genre comprend aussi des especes dont
la charniére est sans dents. II est assez nom-
breux.
ao
ia
tik
(2
a,
Yh
Ay
9)
Li
Fic. 599, Lucine a bords roses, Fic. 600. Charniére grossie de Lucine a bords roses.
La forme des Lucines et leurs couleurs varient beaucoup. On en trouve dans
toutes les mers, et les cétes de France en fournissent plusieurs des plus belles. On
connait aussi un certain nombre de Lucines fossiles des environs de Paris et de
Bordeaux. Les Mollusques de ce genre vivent dans le sable, sur lequel ils se trai-
nent et dans lequel ils peuvent s’enfoncer 4 de petites profondeurs.
Fig. 601. Charniére de Lucine de la Jamaique. Fig. 602,
Les eee 3) Durie : : ‘
3° GENRE. CGatelupie. Gratelupia, Desmoulins.
(Grateloup, naturaliste de Bordeaux.) AS
Coquille équivalve, inéquilatérale, sub-
cunéiforme, arrondie postérieurement, sub—
rostrée antérieurement. Charniére formée
de trois dents cardinales et d’une série de
cing ou six petites dents irrégulidres et d'une
dent latérale antérieure dans chaque valve.
Ligament externe.
Ou ne connait d’especes de ce genre qu’a
l'état fossile.
Fic, 603. Gratelupie de Desmoulins,
144 HISTOIRE NATURELLE.
PER 0 :
4° GENRE. Cqeue. Egeria, Lea.
¢
(Nom mythologique.)
Coquille subarrondie ou subtriangulaire, a bords in-
ternes légerement crénelés ; charniére composée de dents
latérales et de deux dents cardinales divergentes, dont
une bifide dans chaque valve. Ligament externe.
Ce genre est assez nombreux en espeéces, toutes fos-
siles; on les trouve dans le terrain tertiaire d’Ala-
bama.
Fic. 604. Egérie triangulaire.
7° GENRE. Wace: Donax, Lamarck.
(Acvaé, rosean.)
Une des espéces de ce genre était depuis longtemps connue sous le nom de Bec-
de-flite, & cause de sa forme.
Coquille transverse, équivalve, inéquilatérale, ayant
un cété tres-court et obtus. La charniére a deux dents
cardinales sur chaque valve ousur une seule, et une ou
deux dents latérales plus ou moins distantes. Le liga-
ment est extérieur et court.
L’animal des Donaces fait sortir de sa coquille deux
tubes ou siphons disjoints, gréles, fort longs, et un
pied lamelleux et large.
Le pied a cela de particulier, que animal peut s’en servir pour sauter; le mou-
vement subit que ce pied imprime a la coquille par son élasticité peut la lancer a
une distance de trente et quelques centimetres.
Fic. 605. Donace rugueuse.
Fic. 606. Charniére de Donace Bec-de-flite. Fic. 607.
Les Donaces sont recherchées comme aliment; on les mange cuites de préférence.
Elles vivent enfoncées & une petite profondeur dans le sable des rivages, d’ou il est
facile de les dégager pendant les marées basses ; on les voit alors sauter et chercher
aregagner l’eau dont elles sont privées. Ces coquilles viennent pour la plupart des
mers d’Asie et d’Amérique ; les cdtes de France fournissent aussi quelques espéces.
Les fossiles de ce genre sont peu nombreux.
HISTOIRE NATURELLE. 145
+
8° GENRE. Capec. Capsa, Lamarck.
(Kaya, cassette.)
Coquille transverse, équivalve, inéquilatérale, non
baillante. La charniére est formée de deux dents sur
une valve, et d'une seule dent bifide et intrante sur
autre. Le ligament est extérieur et placé sur le cété le
plus court. I] n’y a pas de dents latérales.
On ne connait qu'un tres—petit nombre d’especes de
ce genre; elles sont peu remarquables par leur-couleur,
et viennent des mers d’Asie et d’ Amérique.
Fic. 609. Charniére de la Canse du Brésil. Fie. 610.
9° GENRE. Gate: Crassina, Lamarck.
(Diminutif de crassus, épais.)
Coquille suborbiculée, équivalve, subinéquilatérale, non baillante et comprimée.
La charniere a deux dents fortes sur Z
chaque valve ; ces dents sont divergen-
tes sur une valve et trés-inégales sur
Yautre. Le ligament est extérieur et
placé sur le coté le plus long. Les es-
peces de ce genre sont assez épaisses ; :
elles ressemblent beaucoup, a lexté- Tie Gli: “Gracsinecrassatellse Wiic. GL:
rieur, aux Crassatelles. Le nom de Crassine, donné a ce genre par Lamarck, de-
vra étre remplacé par celui d’Astarté, proposé antérieurement par Sowerby.
TROISIEME SECTION. — DIMYAIRES LAMELLIPEDES.
Les Lamellipedes ont le pied aplati, Jamelliforme, et placé plus pres de la base
de la coquille que du bord postérieur. Ils ont été divisés en six familles.
Les uns ont deux ou trois dents cardinales sur une valve, l'autre valve en ayant
autant ou moins; quelquefois des dents latérales (Conquss).
D’autres ont Jes dents cardinales irréguliéres, soit dans leur forme, soit dans leur
situation, et en général accompagnées d’une ou deux dents latérales (Canpiacks).
1. 19
146 HISTOIRE NATURELLE.
D’autres ont les dents cardinales petites, nombreuses, intrantes, et disposées sur
lune et Pautre valve en ligne, soit droite, soit arquée, soit brisée (Arcacés).
Quelques-uns ont des dents lamelliformes, striées transversalement (Triconfs).
Un grand nombre présentent une charniére tant6t munie d’une dent cardinale
irréguhére, simple ou divisée, et d'une dent longitudinale qui se prolonge sous le
corselet ; tantot n’offrant aucune dent, et seulement garnie, dans sa longueur, de
tubercules irréguliers, granuleux (Naiapes).
infin quelques-uns sont irréguliers, inéquivalves, n’ont point de dent a Ja char-
niere ou n’en ont qu'une seule grossiére (CAwacks).
PREMIERE FAMILLE.
E. : |
DONG UA. (Concha, coquille.)
Les Conques ont deux ou trois dents cardinales sur une valve, l’autre en ayant
autant ou moins ; quelquefois des dents latérales. Leur coquille n’est jamais bail-
Jante sur les cétés ; elle est équivalve, orbiculaire ou transverse, et toujours régu-
here.
Les Conques sont fluviatiles ou marines : les premieres, indépendamment des
dents cardinales, ont des dents latérales et sont recouvertes d’un faux épiderme.
L’animal a le pied allongé, étroit et peu saillant. Les secondes, pour la plupart.
n’ont point de dent latérale : rarement leur coquille est couverte d'un drap marin;
Panimal a le pied large et saillant.
Les noms donnés aux subdivisions de cette famille sont tous empruntés a la my-
thologie.
Co WYCd Vig PO ALe, :
Les Conques fluviatiles habitent les eaux douces; elles ont une coquille cou-
verte d'un épiderme verdatre qui est souvent excorié et comme rongé sur les cro-
chets. Elles vivent habituellement enfoncées dans la vase.
1° GENRE. Cryclade. Cyclas, Lamarck.
e
(Cyclades, nymphes de la mer Egée.)
Coquille ovale, bombée, tres-fragile, tres-mince, quelquefois transparente, trans-
verse, €quivalve; charniere composée de. dents tres-
petites et quelquefois presque nulles. Les dents car-
dinales sont, sur chaque valve, au nombre de deux,
l'une d’elles pliée en deux, ou une valve a deux dents,
et autre valve n’a qu'une seule dent pliée ou lobée.
Les dents latérales sont allongées transversalement et
Fre, 615, Cyclas cornea. lJamelliformes, Le ligament est extérieur.
HISTOIRE NATURELLE. 147
Les Cyclades habitent les eaux
douces de tous les pays; elles sont
généralement petites et recou-
vertes d’un épiderme vert ou brun,
jamais excorié. Elles s’enfoncent
dans la vase aux approches de lhi-
ver, comme toutes les coquilles
fluviatiles, et ne reparaissent qu’au. = Sp
i p : WZ XN 3 <7
printemps. Les Cyclades fossiles se GF SS
Fic. 616. Charniére de la méme. Fic. 617.
trouvent dans les marnes blanches
qui sont entre la craie et les premiers dépdts de Pargile plastique.
3 : OUCES :
2° GENRE. Cyrene. Cyrena, Lamarck.
e
(Cyrene, fille du Pénée.)
Coquille arrondie, subtrigone, inéquilatérale, ventrue, assez épaisse. Trois dents
cardinales sur chaque valve, et presque toujours deux dents Jatérales, dont une
est peu distante des dents cardinales. Le ligament est extérieur et placé sur le plus
grand cole,
Fic. 618. Cyréne du Bengale, Pre. 619.
Les Cyrenes sont toujours plus grandes et plus épaisses que les Cyclades; elles
habitent les fleuves et les grandes rivieres, et sont couvertes d’un épiderme verda-
tre, excorié sur les crochets. On n’en trouve pas une seule espéce vivante en Ku-
rope, mais plusieurs espeéces fossiles.
3 : >) aN ys ss
5° GENRE. CGalathee. Galathea, Bruguieres.
(Galathée, Néréide.)
Coquille trés-épaisse, équivalve, subtrigone, dont la charniére est composée de
dents cardinales sillonnées et de dents Jatérales distantes : les premieres, au nom-
bre de deux sur une valve, sont conniventes 4 Jeur base: Pautre valve ena trois,
celle du milieu proéminente et calleuse. Le ligament est extérieur, court et bom-
bé. Les nymphes sont avancées. :
Les Galathées sont fluviatiles et couvertes d’un épiderme verdatre et poli; on en
connait deux espeéces : laGalathéea rayons, et Ja Galathée cloisonnée, décrite depuis
peu par M. Duval de Rennes. Toutes deux sont encore rares, etla dermitre surtout.
148 HISTOIRE NATURELLE.
L’animal a le corps épais ; le man-
teau est ouvert en dessous et en avant,
fermé en arriere et prolongé en deux
tubes égaux et séparés Jusqu’a la base.
Le pied est large, oblong et compri-
mé, On trouve les Galathées enfon-
Fic. 620. Charniére de la Galathee. Fic. 62{. Galathée 4 rayons,
cées dans les bancs de sable & Pembouchure des fleuves de Ja céte de Ma-
lagnette en Afrique , ot elles sont assez communes. Les négres qui vivent sur les
bords de ces fleuves connaissent parfaitement la Galathée, quwils nomment Cokré,
et se nourrissent de son animal dans les temps de disette. C'est, du reste, un mets
de fort mauvais gout et qui répugne par sa fadeur.
A 2
Congues PIIACIPUET.
Les Conques marines n’ont, pour la plupart, point de dents latérales et point
d’épiderme. Elles se composent de coquilles fort élégantes par leur forme , leur
couleur, et les stries ou les épines dont quelques-unes sont ornées,
iv" GENRE, C yprine. Cyprina, Lamarck.
e
(Cypris, surnom de Vénus.)
Coquille équivalve, inéquilatérale, Seat ie. Charniére composée, sur chaque
SN Z valve, de trois dents cardinales iné—
ales rapprochées a leur hase et un
peu ,divergentes supérieurement, et
dune dent latérale plus ou moins dé-
veloppée et distante. Les callosités
sont terminées pres des crochets par
une fossette; le ligament est extérieur
ets’enfonce en partie sous les crochets,
quisont recourbés,
Les Cyprines sont grandes et cou-
vertes d'un épiderme @un brun ver-
datre terne. L’animal a les deux lobes
du manteau réunis postérieurement,
et se terminant de ce coté en deux
siphons trés-courts. On les trouve a
Yembouchure des grands fleuves de
lOcéan Boréal. Les especes fossiles
*viennent d’Itahie.
Fic. 622. Charniére de la Cyprine d’Islande.
HISTOIRE NATURELLE. 149
cae (GPa ees
2° GENRE. (- ythevee. Cytherea, Lamarck.
e
(Cytherée, surnom de Vénus.)
Coquille équivalve, inéquilatérale, suborbiculaire, trigone ou transverse. Char-
nitre composée de quatre dents cardinales, dont trois di-
vergentes et rapprochées a leur base, et une isolée et situce
sous la lunule, sur une valve; l'autre valve n’a que trois
dents cardinales divergentes et une fossette un peu distante
et paralléle au bord. Point de dents latérales. (Voyez pl. 5.)
Les Cythérées sont toutes marimes. Il y en a un grand
nombre d’espéces, remarquables par la beaute et la diversitéde
leurs couleurs. On en trouve dans toutes les mers, et l'on en
connait aussi beaucoup de fossiles. Les Cythérées ne sont
jamais couvertes d’épiderme. Quelques-unes sont lisses; les
autres ont desstries concentriques plus ou moins prononcées,
des sillons, des lamelles ou des épines. (Voyez pl. 5.)
La Cythérée épineuse, dont nous donnons la figure, est
connue des collecteurs sous le nom de Conque de Vénus ; Creare anita Profil.
elle est remarquable par la singuliére disposition des épines, le contraste des cou-
\ he
Fie. 625. Intérieur de Ja méme. Fic, 626. Charniére de la Cythérée Cedo-nulli.
3.7 4 . 1 . . - 5°
leurs et l’élégance des lames transversales qui la couvrent. Cette jolie coquille, qu'il
est bien difficile @avoir intacte, vient des Antilles.
yA
5° GENRE. Ou: Venus, Lamarck.
(Vénus.)
Coquille équivalve , inéquilatérale , suborbiculaire ou transverse. La charniere
est composée de trois dents cardinales rapprochées sur chaque valve ; la médiane
150 HISTOIRE NATURELLE.
est droite, les deux aulres divergentes au sommet. Le ligament est antérieur et
recouvre l’écusson. Comme les Cythérées, les Vénus sont toutes marines et tres—
agréablement variées dans leurs couleurs ; on en connait un trés-grand nombre
d’especes, mais les plus belles viennent des mers des pays chauds.
Les habitants des bords de
la mer, les Provencaux surtout,
sont tres-friands d’une espece
de Vénus, la Vénus croisée,
quils nomment vulgairement
Clovisse.
Les Vénus ne different des
Cythérées que par Vlabsence
d'une dent latérale quise trouve
sous la lunule de ces derniéres.
Les habitudes et organisation
des animaux de ces deux genres
sont les mémes; et si Lamarck
a cru devoir les séparer, c'est
parce que leurréunion rendrait
bien difficile la recherche des
especes qui se confondent entre
elles, faut-il dire, par des nuan-
ces aussi multipliées que gra-
duées.
Le manteau de l’animal des
Cythérées et des Vénus consiste
en une membrane fort mince,
divisée, dans toute sa longueur,
en deux lobes égaux qui tapis-
Fre. 698. ‘Interiste dela meme. sent les parois intérieures de ses
valves et adherent & leurs bords. L’extrémité antérieure du manteau se prolonge
en deux siphons cylindriques assez longs, inégaux, réunis jusqu’au milieu de
Fic. 629. Charniére de la Vénus de Cnide. Fic. 650.
leur longueur. L’un de ces tubes sert 4 l'introduction de Peau nécessaire a bale
mention et a la respiration; autre est la derniére partie du tube digestif. Ces
siphons sont terminés par une couronne de papilles , organes principaux du tou-
cher. Le pied est développé, presque aussi large que la coqulles et prend di-
verses formes en se contractant ou s‘allongeant. Ces Mollusques s’enfoncent dans
4 o os + airs Se ver y pyr p> 1 ur
le sable ou dans la vase, les siphons toujours dirigés vers Pouverture de le
HISTOIRE NATURELLE
151
retraite pour communiquer avec Peau. On dit que ces animaux viennent quelquefois
ala surface de l'eau, lorsque la mer est calme. Il y a beaucoup de Vénus fossiles.
4° GENRE. D’euericaide. Venericardia, Lamarck.
(Vénus et Bucarde.)
méme cote.
Coquille équivalve, inéquilatérale, suborbiculaire, le plus souvent & cétes longi-
tudinales rayonnantes. La charniére a deux dents cardinales obliques dirigées du
Fig. 651.
Charniére de la Vénéricardé de Jouannet.
Fig. 632.
Les Vénéricardes formentle passage de la famille des Conques a celle des Cardia-
cés ; en effet, elles ont 4 peu pres la charniere des premieres et les cdtes longitudi-
nales des Bucardes. On connait peu de Vénéricardes vivantes ; presque toutes sont
fossiles.
DEUXIEME FAMILLE.
(CZ s ,
Ones, (Kagdtx, Coeur.)
Les Cardiacés ont les dents cardinales irréguleres , soit dans leur forme, soit
dans leur situation, et en général accompagnées d'une ou deux dents latérales.
1°* GENRE. Mouse: Cardium, Lamarck.
(Kacdve, coeur.)
Coquille équivalve, subcordiforme, présentant 4 Ja surface externe de ses val-
ves des cétes longitudinales plus ou moins prononcées, des stries, des écailles ou
S
SS =
Ss = =
SSS
S SS
tg
Z
Z
WAY
WS
Fic. 633, Bucarde tnilée.
Ws
Fic, 654, Buearde Ceeur-de-Junon.
A352 HISTOIRE NATURELLE,
des épines ; 4 Vintérieur, les valves sont lisses, mais sillonnées ou plissées vers le
bord. La charniére a, sur chaque valve, quatre dents, dont deux cardinales rappro—
chées et obliques, s’articulant en croix avec celles de l'autre valve, et deux dents
Fie. 656. Bucarde tuberculée, Fic. 657. Charniére de Buearde marbree.
latérales écartées et intrantes. Les crochets sont tres-saillants ; le ligament est exté-
rieur et tres—court, et les impressions musculaires sont peu apparentes. L’animal
des Bucardes a deux siphons inégaux et ciliés a leur extrémité, et un pied: grand,
fort et recourbé.
Les Bucardes vivent enfoncées dans le sable pres des cétes, et toutes les mers en
fournissent. On Jes mange dans quelques pays, mais elles sont coriaces et peu
estimées.
Quelques espéces ont la forme d’un ceeur, et c'est sous ce nom qu’on les dési-
enait autrefois; chacune des valves des especes cordiformes représente assez un
bonnet phrygien.
On trouve en Europe des Bucardes fossiles qui ont leurs analogues vivantes dans
lOcéan Asiatique.
or . -
9° GENRE. Cavdtke. Cardita, Bruguieres.
(Diminutif de cardium.)
Coquille équivalve, inéquilatérale. Charniere composée, sur chaque valve, de
deux dents inégales : Pune courte,
droite, située sous les crochets ; autre
oblique, marginale, se prolongeant
sous le corselet.
Les Cardites sont toutes marines;
la charniére est presque terminale, a
cause de la disproportion des cétés,
Pautre est fort allongé. On dit que
quelques espéces s’attachent aux ro-
Fie. 638. Cardite raboteuse. Fic. 659. chers par des soles courtes, analogues |
dont l'un est tres-court, tandis que
|
HISTOIRE NATURELLE. 155
au byssus du Jambonneau: mais ce fait est encore 4 vérifier. Les Cardites vi-
\
Fic. 640. Charniére de la Cardite. Fic. 641.
vantes viennent particuligrement des mers de l'Inde ; les fossiles se rencontrent
dans les terrains tertiaires.
Oo : ; :
5° GENRE. Capricarde. Cypricardia, Lamarck.
e
(Cypris et Bucarde.)
Coquille équivalve, inéquilatérale, allongée obliquement ou transversalement.
La charniére a trois dents cardinales sous les crochets, et une dent latérale se pro-
longeant sous le corselet.
Les Cypricardes ont, avec la forme des Cardites,
trois dents comme les Vénus; de Ja le choix du
nom qui les distingue, et qui indique qu’elles tien-
nent des unes et des autres.
La plupart des Cypricardes s’enfoncent dans la
Fic. 642. Cypricarde anguleuse. Fic. 645. Charniére de la méme.
vase durcie et les pierres tendres; on en trouve méme dans les madrépores. Les
espéces vivantes se trouvent dans les mers des pays chauds, et les fossiles ont été
fournies par le calcaire oolithique de Bayeux, pres Caen, et le bassin de Paris.
4° GENRE. Neuen: Tsocardia, Lamarek.
(Io;, semblable; xz2d:%, coeur.)
Coquille équivalve, cordiforme, trés-ven-
true et bombée. Charniere composée de deux
dents cardinales aplaties, intrantes, dont l'une
se courbe et s’enfonce sous Je crochet, et
dune dent cardinale allongée, située sous le
corselet. Le ligament est extérieur et bifurqué
Wun coté, Les crochets obliques, écartés et
roulés en spirale. Fic. 644. Tsocarde des Grandes-Indes. Fie. 645.
i 20)
1S HISTOIRE NATURELLE.
Les Isocardes se distinguent facilement par leur forme globuleuse ; on en con—
nait peu despeces vivantes ; elles viennent des mers d’Europe, de l'Inde et de la
Nouvelle- Hollande, mais on en trouve sept ou huit espéces fossiles.
Fic. 646. Charniére de I’Isocarde globuleuse. Vic. 647.
La coquille la plus commune du genre est souvent désignée, par les collecteurs, |
sous le nom de Coeur-de-bouf : c’est PTsocarde globuleuse.
TROISLEME FAMILLE,
tcaces. (Arca, arche.)
La famille des Arcacés se distingue par une charniére composée d’un plus ou
moins grand nombre de dents petites, souvent trés-rapprochées les unes des au-
tres, et disposées sur chaque valve en suivant une ligne droite, courbe ou brisée.
Quelques espéces de cette famille sont couvertes d'un épiderme plus ou moins velu
et se fixent aux rochers par des fils tendineux : dans ce cas, la coquille est plus ou
moins baillante 4 son bord supérieur.
Les poils durs et roides dont quelques coquilles sont couvertes sont destinés a
les défendre des altaques des vers, et Bruguieres fait observer que l’épiderme velu
ne se rencoutre que sur les coquilles qui ne s’enfoncent pas dans la vase pour y
chercher un abri.
San KOLO, NW) Bake
Je’ GENRE. Crrcullee. Cucullea, Lamarck.
(Cucullus, capuchon.)
Coquille équivalve, inéquilatérale, trapéziforme, tres-ventrue ; la charmiére est
linéaire, droite, composée de petites dents transverses, et présente sur le plat de
ses extrémités deux acing cétes, qui sont les traces de ses anciens bords. Le liga-
Fic, 648.. : Cucullée auriculifére. Fie. 649.
HISTOIRE NATURELLE, 155
ment extérieur. Les crochets sont recourbés, écartés, et laissent voir la trace d@in-
sertion du ligament. Une des impressions musculaires est placée sur une lame
saillante & bord anguleux.
LesCucullées étaient autrefois fort rares et recherchées dans les collections ; les
Fig. 650. Profil de la méme. Fic. 651. Charniére de la méme.
espéces vivantes sont peu nombreuses; la France et l’Angleterre fournissent les espe-
ces fossiles. La plus commune de ces derniéres est connue sous Je nom de Cucullée
crassatine ; on Ja trouve en abondance dans un sable verdatre argileux, & une de-
mi-lieue de Beauvais, sur la route de Clermont, dans le lieu dit la Justice-de-
Bracheur.
2° GENRE. onaushe! Arca, Lamarck.
(Arca, arche, bateau.)
Coquille transverse, subéquivalve, inéquilatérale, ventrue. La charnicre est
linéaire et formée par des dents nombreuses sériales et intrantes ; elle ma pas de
Fic. 652. Arche auriculee. Vic. 655.
cotes 4 ses extrémités comme les Cucullées. Le ligament est extérieur et insere
largement entre les crochets,
qu il sépare. Un grand nom-
bred’ Arches offrent un bail-
Jement trés-sensible vers le
milieu du bord supérieur.
TN
eau ACMA, aA
aa SO ia
"UN ava in
a iy
Les Arches ne sout pas
foujours régulieres; leur
surface extérieure est garnie
de cétes plus ou moins ¢le-
vées et de siries ou de sil- Fic: 654. Arche bistournce.
156 HISTOIRE NATURELLE,
lons ; ces coquilles sont recouvertes d'un épiderme écailleux, épais, souvent velu.
Le ligament est si mince , qu’il semble destiné seulement 4 couvrir Ja charniére
et 4 empécher l’introduction de petils corps étrangers entre les dents. Les Arches
sont des coquilles assez communes; les habitants des cotes les mangent par néces-
sité plutét que par gout. On les trouve dans le sable baigné par la mer.
Une des coquilles de ce genre est nommée Arche de Noé, a cause de l’aplatisse-
ment de sa base, de sa forme allongée et ventrue, qui lui donne quelque ressem-
blance avec un bateau. L’Arche bistournée se distingue facilement par l’obliquité
et la torsion de ses valves. Les coquilles de ce genre sont généralement blanches ou
brunatres , et couvertes d’un épiderme dun brun plus ou moins foneé. Les plus
remarquables viennent de l’Océan Indien. Les espéces fossiles sont aussi fort com-
munes.
s eGR )
3° GENRE. Wetouwcle. Pectunculus, Lamarck.
(Pectunculus, nom latin sous lequel on désignait ces coquilles.)
Coquille orbiculaire assez épaisse, comprimée, équivalve , subéquilatérale, non
baillante. La charniére est en ligne courbe, garnie
d'une série de petites dents obliques et intrantes; celles
du centre presque nulles ou peu marquées. Le liga-
ment est exlérieur, formant facette entre les crochets
qui sont peu écartés.
Les bords internes des Pétoncles sont toujours créne-
lés, et leur surface externe, souvent ornée de fort
belles couleurs, présente presque toujours des cotes
nombreuses.
Les Pétoncles n’ont pas de byssus; leur forme est
orbiculaire, plus ou moins aplatie. Les valves sont
exactement fermées. Ces coquilles sont couvertes d'un
Fie, 655. Petoncle flammulé. — 6piderme écailleux et souvent velu. On connait un
assez grand nombre d’espeéces vivantes qu’on trouve dans toutes les mers, et pres-
que autant d’especes fossiles de France.
; ) ‘
4° GENRE. ion le: Nucula, Lamarck.
(Nucula, petite noix.)
Coquille transverse, ovale, trigone ou oblongue, équivalve et inéquilatérale. La
charniére est en ligne brisée et interrompue au milieu par une fossette occupée
par le ligament, qui est en partie interne et en partie sur le bord des valves. Les
Fie. 656. Nucule rostrée. Fic, 657.
dents de la charniére sont nombreuses et souvent triangulaires ; elles sont trés-pe-
a ee a Ser ae
HISTOIRE NATURELLE. 157
tites, aigués, et celles d'une valve s*emboitent dans les intervalles des dents de
Yautre valve. Les crochets sont contigus et obliques.
Les Nucules sont de fort jolies petites coquilles marines presque toujours nacrées
a lintérieur, et recouvertes d'un épiderme vert 4 Vextérieur. Leur forme est assez
variable ; quelques-unes sont fort allongées. On trouve des Nucules dans toutes
les mers, et les espéces fossiles de ce genre sont assez communes en France et en
Italie.
QUATRIEME FAMILLE.
Stiyon eg.
Les Trigonés sont des coquilles réguliéres, équivalves, inéquilatérales, ornées de
cotes et présentant ala charniére des dents lamelleuses et striées transversalement.
Cette famille se compose particulierement d’espéces fossiles.
~~
ler GENRE. Crigouie. Trigonia, Bruguieres.
¢
(Terymvog, trigone.)
Coquille équivalve, inéquilatérale, trigone, assez épaisse. La charniere est com-
posée, sur une valve, de deux dents cardinales oblongues, aplaties sur les cétés, di-
vergentes et sillonnées transversalement de chaque cété; l'autre valve a quatre
dents semblables, mais sillonnées @’un seul coté. Le hgament
est extérieur et marginal.
L’on ne connait qu'une seule espéce vivante de Trigonie,
et pendant longtemps elle a été extrémement rare, parce
qu'elle ne se trouve que dans des parages peu visités Jusqu’a
ces derniers temps, et 4 de grandes profondeurs ; elle est fort
agréablement nacrée a Vintérieur, et Ja teinte de Ja nacre
_ varie du jaune au violet et au blanc.
« Lorsque |’As¢rolabe arriva sur les cétes australes de la a
Nouvelle-Hollande, disent MM. Quoy et Gaimard, nous n’ou- *1% °°: Trisome peetinee,
bhames point que nous avions a rechercher l’animal de la Trigonie, dont Péron
n’avait rapporté que la coquille. Apres de nombreuses recherches, ce ne fut qu’a
Ja sortie du détroit de Bass, par un calme plat et pendant la nuit, qu’en jetant la
Fic. 659. Charniére de la Trigonie pectinée. Fic. 660.
drague par quatorze brasses de profondeur, nous amendmes parmi d’autres co-
quilles une fort petite Trigonie vivante. HI fallait toute attention que nous y por-
158 HISTOIRE NATURELLE.
lions pour la reconnaitre & la lueur d’un fanal. Nous teniovs tant A rapporter
cette coquille avec son animal, que lorsque nous ftimes , pendant trois jours, en
perdition sur Jes récifs de Tonga-Tabou, c'est le seul objet que nous primes de notre
collection, Ce fait ne rappelle-t-il pas cet officier, amateur de coquilles, qui porta
constamment dans sa poche, pendant la guerre de Sept Ans, une Phasianelle, unique
alors, et qu’il avait achetée vingt-cing louis ! »
2° GENRE. Opis. Opis, Defrance.
(Ops, Opis, surnom de la terre.)
Coquille cordiforme ; charniére longue, ayant sur une valve une grande dent
comprimée, un peu oblique, pyramidale, et a coté
une cavilé étroite et peu profonde ; autre valve
aune grande cavité conique pour recevoir Ja dent
de la valve opposée, et A coté une petite dent al-
longée pres du bord. Le ligament est extérieur;
Jes crochets sont grands, saillants.
Fic. 661. Opis dilatee/ Fie. 662 Le genre Opis est exclusivement composé des—
peces fossiles; on en trouve eu France et en Angleterre.
es OAD) ) : é
3° GENRE. Cassticlie: Castalia, Lamarck.
(Castalie, fontaine du mont Parnasse.)
Fic. 665. Charniére de Ja Castalie ambigué. Fie. 664.
Coquille équivalve, inéqui-
latévale, trigone, ventrue ; la
charniére a deux dents Ja—
melleuses, transversalement
striées, Pune écarlée, raccour-
cie, lamelliforme, lautre al-
longée et latérale. Le ligament
est extérieur; les crochets
sont recourbés, obliques et ex-
coriés.
Ce genre, trés-voisin du
suivant, devra sans doute étre
réuni aux Mulettes. Les Cas—
lalies se trouvent dans les
eaux douces, au Pérou et au
Chili.
HISTOIRE NATURELLE. 159
CINQUIEME FAMILLE.
a
(cS
i NOD
Cava CD.
Les Naiades habitent les eaux douces; elles ont une coquille réguliere, équi-
valve, inéquilatérale et couverte d’un épiderme verdatre, qui souvent est détruit et
rongé sur les crochets ; impression musculaire postérieure est mulliple ou com-
posée de deux ou trois impressions distinctes et mégales. Le pied lamelliforme est
allongé.
1° GENRE. allowette. Unio, Bruguieres.
(Unio, perle.)
Coquille équivalve, inéquilatérale ; la charniére a, sur chaque valve, deux dents
qui s’articulent entre elles quand la coquille est fermée : Tune cardinale, courte,
irréguliére, simple, ou divisée et striée; Vautre latérale, allongée et lamelleuse. Le
ligament est extérieur; les crochets, quelquefois trés-developpés, sont le plus sou-
vent excoriés.
Les Mulettes ou Moules de riviere vivent dans les fonds vaseux des eaux douces
Fic. 665. Charniére de la Mulette dent épaisse, Fic. 666. Fic. 667. Mulette variqueuse.
de tous les pays. On en connait un grand nombre despeces qu'il est trés-difficile
de hien distinguer. Les transitions presque insensibles par lesquelles on passe de
Pune a l'autre, dit M. Deshayes, feraient presque croire 4 une espéce unique, va-
riant 4 Vinfini, selon les climats et les localités.
460 HISTOLRE NATURELLE,
Les Mulettes sont nacrées 4 V'intérieur, et cette nacre offre plusieurs nuances de
pourpré violet, cuivré et irisé, Ces coquilles produisent des perles, mais elles ont
peu de valeur. Linné, ayant remarqué que les perles n’étaient autre chose que des
excroissances dues & une blessure ou 4 une maladie de l’animal, avait proposé de faire
Fic. 668. Mulettes des peintres, Fic. 669. Mulette lisse.
pécher un grand nombre de Mulettes, de les percer sur un point avec une tariere
tres-fine, de Jes parquer comme on Je fait pour Jes Huitres, et d’attendre le temps
nécessaire pour que les perles fussent formées. Ce procédé, que le gouvernement
suédois crut assez important pour en faire un secret, a bien réussi a fournir quel-
ques perles; mais la dépense ’'emportant de beaucoup sur la recette que ces perles
médiocres pouvaient produire, on fut obligé d’y renoncer.
Les plus belles especes viennent des grands fleuves de Amérique. Les Moules
de riviere ne sont pas mangeables ; elles sont coriaces et ont un gotil extrémement
fade.
9e¢ GENRE. SD ytie. Hyria, Lamarck.
(He
(Hyrie, nymphe de Thessalie.)
Coquille équivalve, auriculée, obliquement trigone. La charniere a deux dents :
Pune cardinale, découpée en plusieurs parties ; Pautre latérale, fort longue et lamel-
liforme. Le ligament est extérieur, linéaire; les crochets sont assez développés et
presque toujours excoriés.
Fic. 670. Hyrie avienlaire.
HISTOIRE NATURELLE. 161
Les Hyries, voisines des Mu-
lettes par leur charniere, ont
aussi, par leur forme, de grands
rapports avec les Avicules. Elles
sont brillamment nacrées a l’in-
térieur, et le bord cardinal,
presque droit, est terminé par
des prolongements caudiformes.
Les Hyries constituent un genre
peu nombreux en espéces; elles
vivent dans les eaux douces des
pays chauds.
Fic. 671. Charniére de la méme.
3° GENRE. couodoute. Anodonta, Bruguieres.
(A privatif; cdcus, cdovroc, dent.)
Coquille équivalve, inéquilatérale, légere, mince et ventrue. Charmiére linéaire,
sans dents. Les crochets sont assez développés,
obliques et souvent excoriés. La charmiere des
Anodontes est sans dents, ainsi que l’indique
leur nom générique; les valves ne sont articu-
lées qu’a aide d’un ligament étendu exté-
rieurement. Les Anodontes sont minces, na-
erées a | intérieur et couvertes d’un épiderme
verdatre a lextérieur; elles vivent dans les
eaux douces de tous les pays. On les mange
dans quelques localités, quoiqu’elles soient
dures et coriaces et que leur chair soit tres-
fade. Les valves, grandes, profondes et légéres,
sont les seules parties dont on puisse tirer
quelque utilité; elles servent, dans le Nord,
a écrémer le lait, et on Jes connait sous Je nom
oH
d Ecafottes. Fic. 672, Charniere de |’Anodonte exotique.
4° GENRE. lloycctopode. Mycetopus, d@ Orbigny.
(Muxng, puxetos, champignon; zu, pied.)
Coquille transverse, équivalve, inéquilatérale, mince, presque close d’un coté,
mais fortement baillante de autre. Charniere sans aucune dent ni saillie ; ligament
linéaire, extérieur, occupant toute la longueur de la coquille. Impressions muscu-
laires compliquées et tres-prononcées ; crochets peu développés.
Ces coquilles, dont la forme rappelle celle du genre Solen, ont de grands rapports
avec les Mulettes par l’animal, dont on a comparé le pied a un champignon, et
I. 24
162 HISTOIRE NATURELLE.
avec les Anodontes par l’absence de dents a la charniére; elles en different par Ja
sseaseq, forme et la disposition des impressions musculaires.
Fic. 674, Mycétopode soléniforme.
Les Mycétopodes vivent enfoncés dans l’'argile durcie, et montent
et descendent dans la cavité cylindrique qu’ils ont creusée, comme le
font les Solens. Ils vivent en grand nombre dans les mémes lieux, et
habitent les eaux douces de Amérique méridionale.
5° GENRE. Gadtuse. Jridina, Lamarck.
Fic, 673. (Iris, couleur irisée de la coquille.)
Mycetopode
silique.
Coquille transverse, équivalve, inéquilatérale. La charniere est longue, linéaire,
un peu rétrécie au centre, et garnie de petits tubercules ou de crénelures. Le liga—
Fig. 675. Charniére de I'Iridine exotique.
ment est extérieur et marginal. Les crochets sont peu développés et presque
droits.
Les Iridines sont de fort jolies coquilles fluviatiles ; nacrées, pourprées ou irisées
a Vintérieur, elles sont revétues a l’extérieur d’un épiderme d'un brun verdatre
plus ou moins foncé et le plus souvent excorié pres des crochets. Les Tvidines ap-
partiennent exclusivement aux eaux douces de l'Afrique.
SIXIEME FAMILLE.
Cr
QOMIACEES |
Les Camacés ont une coquille inéquivalve, tres—irréguhere parce qu'elle est
adhérente. La charniere présente chez quelques-uns une grosse dent striée ; les
autres n’en ont point.
HISTOIRE NATURELLE. 165
Ils établissent le passage des Conchiferes dimyaires aux Conchifeéres monomyat-
res. Ces coquilles vivent en groupes nombreux et fixées aux rochers par la valve
inférieure ; quelquefois elles sont les unes sur les autres. Cette petite famille et
celle qui Ja suit fournissent une preuve de cette vérité si bien exprimée par La-
marck, que nulle part la nature ne passe brusquement d’un ordre 4 un autre sans
laisser quelques traces de celui qu’elle termine au commencement de celui qu'elle
établit.
Je’ GENRE. i iceraten Diceras, Lamarck.
(Az, deux; xeza3, corne.)
Coquille inéquivalve, adhérente ; charmiére composée dans Ja plus grande valve
dune dent fort épaisse, concave, subauriculaire et faisant saillie. Deux impressions
musculaires. Les crochets sont coniques,
tres-développés, divergents, et contournés
en spirale irréguliére.
La forme de cette coquille semblerait la
rapprocher des Ysocardes; mais elle en
différe sensiblement par la charniere, et
parce quelle est adhérente. Les Dicérates
connues sont toutes fossiles, elles adhé- Fic. 676. Dicérate ariétine. Fie. 677.
rent aux corps étrangers par un petit point de lune des valves.
2° GENRE. Curae: Chama, Brugmeres.
(Chame, nom ancien de ces coquilles.)
Coquille trés-irréguliére, inéquivalve et adhérente. La charniére n'est composée
que dune seule dent épaisse, oblique et tres-rugueuse, s'articulant dans une fos—
setle de la valve opposée. Le ligament est extérieur et enfoncé sous les crochets,
qui sont recourbés et inégaux : l'un d’eux seulement fait saillie.
Les Cames sont tres-
singuliéres par leur for-
me accidentée. Elles
sont presque toutes ru-
gueuses a Jextérieur,
éeailleuses ou épineu-
ses. Elles vivent a une
petite profondeur, et
on les trouve attachées
en groupes, et par leur
plus grande valve, aux
rochers ou aux coraux,
sur lesquels elles for-
ment des masses con- Fic, 678. Came feuilletéc. Fic. 679, Charniére de la Came feuilletée.
164 HISTOIRE NATURELLE.
sidérables. Leur développement irrégulier tient 4 ce qu’elles se génent mutuelle-
ment dans leur accroissement.
3° GENRE. (CLeidotbere. Cleidotherus, Sowerby.
(KAets, clef; Gaecs, charniére.)
Coquille inéquivalve, irréguliére, adhérente; une dent cardinale libre regue
| FS dans une fossette de la valve opposée. Un
A : osselet calcaire allongé, irrégulier, retenu
dans des impressions profondes de chaque
valve par un ligament convexe; deux
impressions musculaires sur chaque valve ;
ligament externe.
On ne connait qu’une seule espece de ce
_ genre qui représente a lextérieur
4 une Came sénestre, mais qui dif-
c. 682. fere essentiellement des Cames par
la présence de losselet logé dans Ja cavité des crochets, et retenu par un ligament
particulier. Le Cleidothére vient des mers de Inde.
<4 a \ \
g N -
Fic. 680. Cleidothére blanc. Fic. 681. Fi
Nps. rite
4° GENRE. Giberte: Etheria, Lamarck.
(Etherie, nymphe, une des Océanides.)
Coquille adhérente par Pune ou l'autre valve, irréguliére, inéquivalve. Charniére
subsinueuse, sans dents. Le ligament est extérieur, irrégulier, et pénetre en partie
dans la coquille. Les crochets sont courts, comme enfoncés dans la base des valves
et excoriés.
Les Ethéries ont 4 peu prés la forme des Huitres, dont elles se distinguent par
Fic. 683. Ethérie de Carteron. Fic. 684. |
la présence de deux muscles adducteurs des valves. Ces coquilles sont nacrées et —
souvent comme boursouflées & Vintérieur ; leur surface externe est écailleuse.
;
;
i
HISTOIRE NATURELLE. 165
Elles vivent dans la mer, attachées aux rochers, 4 de grandes profondeurs et en
groupes nombreux. On en trouve dans Je haut Nil et dans le fleave Sénégal. Les
négres savent appréter ces coquilles et les rendre supportables méme pour les
Européens.
DEUXIEME ORDRE. — ACEPHALES MONOMYAIRES.
Tous les Mollusques de cet ordre n’ont qu’un muscle adducteur des valves ; ce
muscle semble traverser leur corps, et son point d’insertion unique sur chaque valve
est marqué par une impression subcentrale. Les coquilles qui appartiennent aux
animaux de cet ordre sont généralement irréguliéres, inéquivalves, et d'un tissu
ordinairement feuilleté. Le systeme nerveux des Mollusques de cet ordre n’est plus
symétrique comme celui des Acéphalés dimyaires. Cependant ces derniers carac-
téres ne sont pas rigoureusement exclusifs, car parmi les Acéphalés monomyaires,
on remarque des coquilles équivalves, réguliéres, et dont le tissu nest pas feuilleté,
et des animaux dont le systeme nerveux est symétrique.
La forme du pied et les rapports de cet organe avec le manteau ont servi a éta-
blir trois groupes principaux d’Acéphalés dimyaires. Les caracteres généraux qui
servent a former des groupes analogues parmi les Acéphalés monomyaires sont tirés
des rapports du ligament avec la coquille. En effet, les uns (1'° section) ont un
ligament marginal allongé sur Je bord et sublinéaire ; les autres (2° section) ont un
ligament non marginal, resserré dans un court espace, sous les crochets. La de sec-
tion se compose des coquilles dont Je Jigament, Ja charniére et animal sont peu
connus.
PREMIERE SECTION.
Toutes les coquilles de cette section ont un lgament marginal allongé sur le
bord sublinéaire.
PREMIERE FAMILLE.
Gis ,
SO.
La famille des Tridacnés se compose des bivalves les plus grandes et les plus
pesantes, car on a vu des especes qui avaient un metre quarante centimetres de
longueur, et qui pesaient deux cent cinquante kilogrammes.
Les Tridacnés, connus aussi sous le nom de Bénitiers, parce que les grandes
especes de cette famille sont employées comme bénitiers dans quelques éxlises, se
composent des genres 7ridacne et Hippope. D’apres Lamarck, les Tridacnes se-
raient adhérents 4 l’aide d'un tendon byssoide, tandis que les Hippopes seraient
libres. Les Tridacnes, pendant le jeune age, il est vrai, vivent attachés aux ro-
chers 4 l'aide d’une forte expansion tendineuse qui sort de la coquille par une large
ouverture placée pres de Ja charniére. Ils sont fixés avec tant de force, qu il faut,
166 HISTOIRE NATURELLE.
pour les détacher, couper le tendon. Ces deux genres devront étre réunis en un
seul, car le caractere qui les distingue est sans valeur, l’animal étant le méme dans
l'un et Pautre genre. M. de Blainville ade plus remarqué que, si les Tridacnes sont
fixés aux rochers pendant leur jeune age, il n’en est plus de méme lorsqu’ils attei-
enent de grandes dimensions, et par conséquent un age avancé. J’ai fait la remar-
que, dit le savant professeur, que, dans les jeunes individus, Pouverture de la
lunule est proportionnellement plus grande que lorsqu’ils sont dune taille moyen-
ne; et qu’a mesure qu'ils deviennent plus grands, la lunule se denticule dabord,
se rétrécit peu a peu, et finit par disparaitre complétement. Les bords de la coquille
se touchent bien exactement partout; il faut done croire que la masse byssoide ne
sort plus en dehors des que l’animal a cessé d’adhérer et est resté soutenu par les
rochers.
> 24
1° GENRE. ‘Cadacue. Tridacna, Lamarck.
(Tridacna, nom ancien de certaines Huitres.)
Coquille réguliere , équivalve , inéquilatérale , transverse, 4 Junule baillante.
Charniére 4 deux dents comprimées, inégales, intrantes. Ligament marginal exté-
rieur.
Les Tridacnes sont d’assez belles coquilles, souvent d'une trés-grande dimen-
sion; leur forme est assez remarquable; leur bord
supérieur est toujours sinueux ou onduleux : les
unes ont des cétes rayonnantes, légerement écail-
leuses ; les autres sont couvertes de grandes écailles
en forme de tuiles. On dit que leur chair, quoique
coriace et peu agréable, est cependant une ressource ,
pour les Indiens. Les bénitiers de Péglise Saint-
BEB LE es
Lina
WEEE: =
Mame
Sulpice sont les valves de lespece connue sous le ( . y
5 i 4
LE
ws
Fic. 635. Tridaene gigantesque. Fic. 686, Tridacne mutique.
nom de 7ridacne gigantesque. Cette coquille remarquable fut donnée & Frangois Ie
par la république de Venise.
Les Tridacnes vivent dans Océan Indien; on en connait quelques especes fossiles
en France, en Egypte, et dans les terrains tertiaires des environs de Nice.
ee
HISTOIRE NATURELLE. 167
2° GENRE. Aippope: Hippopus, Lamarck.
(Innes, cheval ; xev;, pied.)
Coquille équivalve, réguhere, méquilatérale, transverse, 4 lunule close. Char-
niere & deux dents comprimées, inégales et intrantes. Ligament marginal exté-
rieur.
Les Hippopes ne different done des Tridacnes que par un caractére qui n’existe
que pendant un temps et qui n’est d’aucune valeur. On
ne connait qu'une seule espéce d’Hippope ; elle a des
eotes nombreuses, est fort agréablement tachetée de
rouge ou de jaune sur un fond blanc, et se trouve
Fic. 687. Hippope maculée. Fic. 688. Profil de la méme.
souvent couverte d’écailles. Cette coquille n’atteint jamais les dimensions des Tri-
dacnes; elle est plus vivement colorée, et sert aussi de petit bénitier ou d’ornement
de cheminée. L’Hippope maculée, Ja seule espéce du genre, se trouve dans l’océan
des Grandes-Indes.
L’animal des Tridacnes et des Hippopes offre de fort belles couleurs. Celui de la
Tridacne safranée, décrit par MM. Quoy et Gaimard, est d’un superbe bleu de roi
sur les bords, linéolé en travers de bleu de ciel; plus en dedans, est une rangée de
lunules dun jaune verdatre ; le centre est d’un violet clair, avec des lignes longi-
tudinales ponctuées de brun. On a sous les yeux l'un des plus charmants spectacles
que l'on puisse voir, lorsque, par une petite profondeur, un grand nombre de ces
animaux étalent le velouté de leurs brillantes couleurs, et varient les nuances de
ces parterres sous-marins. Comme on mapercoit que leur ouverture baillante, on
ne peut pas se figurer ce que c’est au premier aspect,
DEUXIEME FAMILLE.
Me. yliluce.
Les Mollusques de cette famille ont le manteau adhérent vers les bords, épais et
fendu dans toute sa partie inférieure; un pied linguiforme, canaliculé, avec un
168 HISTOIRE NATURELLE.
byssus en arriére de sa base. Le ligament est subintérieur, marginal, linéaire, et
occupe une grande partie du bord. Cette famille se compose de quatre genres.
4°° GENRE. Alllocdiole. Modiola, Lamarck.
(Modiolus, mesure.)
Coquille subtransverse, équivalve, réguliere, a cété postérieur tres-court ; cro-
chets presque latéraux, abaissés sur le cété court. Charniere latérale, linéaire, sans
dents. Ligament presque intérieur, regu dans une gouttiere marginale. Une im-
pression musculaire sublatérale, allongée et en hache.
Fic. 689. Modiole de la Guyane. Fic. 690. Modiole céte blanche. Fic. 691.
La coquille des Modioles ne differe de celle des Moules que parce qu’au lieu d’étre
longitudinale comme ces dernieres, elle est transverse, et que les crochets ne sont
pas terminaux.
Les Modioles sont aussi bonnes & manger que les Moules. On en connait un grand
nombre d’espéces vivantes dans toutes les mers; quelques-unes sont fort belles et
ornées de brillantes couleurs sous un épiderme dont Ja nuance varie du noir au
brun verdatre. Une des plus remarquables est la Modiole tulipe, qui est transpa-
rente et présente des rayons de diverses couleurs, comme les pétales d'une tulipe.
On connait une vingtaine d’especes fossiles.
2° GENRE. AMlooule. Mytilus, Lamarck.
(Mytilus, ancien nom de ces coquilles.)
Coquille longitudinale, équivalve, réguliére, pointue a sa base, se fixant par un
byssus. Les crochets presque droits, ter-
minaux, pointus. Charnieére latérale, plus
souvent édentée. Ligament marginal,
subintérieur. Une impression musculaire
allongée en massue et sublatérale.
Les Moules sont des coquilles bien con-
nues ; moins recherchées que les Huitres,
Fic. 692, Moule zonaire. elles ne sont pas moins utiles, puis-
HISTOIRE NATURELLE. 169
quelles servent & l'alimentation dun grand nombre d’individus. La charniére
consiste seulement en un sillon gréle et allongé, qui se termine quelquefois au
sommet de chaque valve par une petite protubérance a peine sensible, et qu’on ne
peut regarder comme une dent.
Le ligament est logé dans ce sillon et ne fait aucune saillie au dehors; il se pro-
longe jusque vers le milieu de la coquille. L’animal de la Moule est ovale allongé ;
les lobes du manteau sont divisés chacun, sur leurs bords, en deux feuillets dont
lintérieur est tres-court et porte une frange de petits filets cylindriques et mobi-
les ; extérieur est uni 4 la coquille, fort pres de ses bords. L’ouverture par laquelle
sintroduisent l’eau et les principes nutritifs quelle contient, fournit en méme
temps ce fluide aux branchies. L’estomac est formé par une membrane blanche ,
mince, comme opaline, et qui offre des plis longitudinaux. Le foie est comme gra-
nuleux; il est composé de grains d’un vert plus ou moins foncé, contenus dans des
mailles d’un tissu blanc ; il forme une couche assez peu épaisse qui entoure |’esto-
mac. Les intestins se dirigent vers la ligne médiane et dorsale , s'appliquent au-
dessous du cceur, se recourbent, etse terminent par un petit appendice flottant
dans Ja cavité du manteau, pres de Ja charniére. Le pied est Ja partie la plus re-
marquable de lorganisation des Moules; il est petit, semi-lunaire lorsqu‘il n’est
pas en mouvement, mais il est susceptible de s'allonger beaucoup. Il ressemble
alors 4 une languette conique ayant sur ses cdtés un si/lon longitudinal, et il est mis
en mouvement par plusieurs paires de muscles qui tous pénétrent dans son tissu et
sy entrelacent.
Lorsque l’animal veut s’attacher 4 un corps étranger, la pointe du pied se re-
courbe pour saisir une sécrétion visqueuse fournie par une glande située 4 sa base
et la tirer comme un fil dans le sillon dont nous avons parlé. Il applique ensuite
Pextrémité de ce fil a la surface des corps environnants sur lesquels il veut se sus-
pendre. Cette sécrétion, solidifiée aussitét, forme, en répétant cette opération plu-
sieurs fois, une touffe de soie flexible que nous avons déja fait connaitre sous le
nom de byssus. Lorsque quelque cause accidentelle déchire ce byssus, l’animal
peut le renouveler; mais on ignore si ces animaux ont la faculté de détacher ce
faisceau de soie pour se fixer ailleurs.
Les Moules paraissent ne pas Jour d'une grande sensibilité, ce qui s’explique
assez par l’absence de filaments tentaculaires. La méme Moule pond et féconde ses
cufs, qui sont enveloppés d'une gelée dans laquelle on voit, a4 aide du micro-
scope, les petites Moules avec leurs coquilles déja formées. Les Moules vivent en
groupes nombreux sur les plages couvertes de rochers de presque toutes les cétes
d'Europe, oi l'on en fait une grande consommation ; on les expédie méme a Vin-
térieur, et ce commerce n’est pas sans importance.
Quoique les Moulessoient moins bonnes 4 manger que les Huitres et les Clovisses,
elles ne manquent cependant pas d’amateurs; mais souvent, dans certaines loca-
lités, ceux qui en mangent éprouvent des accidents tres-graves, dont nous croyons
devoir parler.
Un médecin de Bruxelles, M. Durondeau, quia eu souvent Voccasion d’observer
ces accidents, en fait la description suivante : «Les signes qui annoncent les effets
nuisibles des Moules cuites sont un malaise ou un engourdissement général qui se
déclare ordinairement trois ou quatre heures apres le repas ; ces symptémes sont
suivis d’une constriction 4 la gorge, de gonflement dans toute la téte et surtout
I. 22
170 HISTOIRE NATURELLE.
aux yeux, d'une soif inextinguible, de nausées et quelquefois de vomissements. Si
le malade n’a pas le bonheur de vomir en tout ou en partie Jes Moules ingérées ,
la constriction de la gorge , le gonflement du visage , des Jevres , des yeux et de la
langue augmentent au point de rendre la parole difficile ; la couleur de ces parties
devient si rouge qu’elles semblent excoriées, et elle s’étend extérieurement, d’a-
bord au visage, au cou, a Ja poitrine, puis au ventre et enfin & toute la surface du
corps. Cette éruption est le symptéme le plus caractéristique de la maladie; elle
est constamment accompagnée de délire, @une démangeaison insupportable, et
quelquefois d’une grande difficulté de respirer, ainsi que d’une extréme roideur,
comme dans la catalepsie. Cette éruption ne peut étre comparée a aucune autre ;
ainsi la peau, quoique déja trés-rouge, est parsemée de petits points d’un rouge
plus foncé encore. On a vu des spasmes, des suffocations, des convulsions compli-
quer cet état, lui donner beaucoup de gravité et méme déterminer Ja mort. Ces
symptomes sont effrayants, mais ils ne sont cependant pas aussi redoutables qu’on
le croirait; et si les soins convenables sont administrés & temps, Ja guérison ne se
fait pas longtemps attendre, quoique l’engourdissement persiste quelquefois pen-
dant plusieurs jours.
« Le traitement consiste & faire vomir le malade et a lui donner, apres, de eau
vinaigrée comme boisson, quinze ou vingt gouttes d’éther sur un morceau de sucre,
et souvent il convient de le saigner. Ce traitement est habituellement suivi de tran-
spirations abondantes; et aprescing ou six heures tous les symptémes facheux dispa-
raissent , ’engourdissement seul persiste pendant quelque temps. Le vinaigre parait
neutraliser l’effet du poison, qui perd de son activité lorsque les Moules sont cuites.
«La cause de cette qualité malfaisante des Moules a été successivement, mais a
tort, attribuée a la matiere colorante orangée de leur manteau, a leur corruption,
i leur maigreur, aux phases de la lune, & une maladie particuliére de l’animal, et
surtout a la présence d’un petit Crabe du genre Pinnothere, qu’on trouve souvent
logé dans leurs valves. Des observations suivies prouvent que les Moules ne pro-
duisent ces facheux effets que lorsqu’elles ont mangé du frai d’un animal trés-
commun, I’Etoile de mer, appelée Qual par les pécheurs.
« Cest depuis le commencement de mai jusqu’a la fin d’aodt que les Etoiles de
mer déposent leur frai; ce qui explique assez bien lopinion vulgaire que les Mou-
les et beaucoup d'autres coquilles ne sont mauvaises que pendant les mois dans
le nom desquels il n’entre pas d’r. »
oO ; :
5° GENRE. Vitbooenee: Lithodomus, Cuvier.
(Av8oc, pierre; Sau, chambre.)
}) Coquille oblongue, presque également arrondie aux deux bouts;
/ les crochets placés pres de lextrémité postérieure. |
} Les Lithodomes se suspendent aux pierres, les percent pour s’y
introduire, et y creusent des cavités dont ils ne sortent plus. Une —
fois qwils y ont pénétré, leur byssus ne prend plus d’accroisse-
ment. |
Fic. 692. Lithodome
lithophage.
HISTOIRE NATURELLE. 171
“bee. (f :
4° GENRE. Sen Pinna, Lamarck.
(Pinna, aigrette.)
Coquille longitudinale, cunéiforme, équivalve, baillante & son sommet, pointue
a sa base, & crochets droits; charniére latérale sans dents; ligament marginal li-
néaire, fort long, presque inté-
rieur.
Les coquilles de ce genre ont
été nommées ainsi a cause de la
ressemblance du byssus avec l’ai-
grette que les soldats romains
portaient & leur casque. On les D/A
connait aussi sous le nom de Jam- Fic. 695. Pinne écaillense.
bonneaux, 4 cause de la forme triangulaire de Ja plupart des espéces, et de leur
teinte brune et enfumée.
Ces coquilles sont extrémement minces, presque transparentes, et plus ou moins
couvertes d’écailles tubuleuses et inclinées sur les cétes longitudinales. Elles par-
viennent souvent 4 de trés-grandes dimensions : on en trouve qui ont plus d’un
metre de longueur.
Les Jambonneaux ont les plus grands rapports d’organisation avec les Moules ;
ils ont un pied trés—développé et s’attachent aux rochers & laide de soies qu’ils
filent. Le byssus long et soyeux de ces Mollusques est employé par les Napolitains
et les Maltais pour faire divers tissus qui ne sont plus recherchés aujourd’hui que
comme objets de curiosité, mais qui sont trés-moelleux et qu’on dit tres-chauds et
trés-solides. La soie du byssus est d’une finesse et d'une égalité de grosseur remar-
quables ; sa couleur vert-doré brillant est inaltérable.
Les Jambonneaux vivent 4 diverses profondeurs, fixés constamment par leur
byssus et dans une position verticale, le gros cété de Ja coquille en haut. Ils re-
cherchent les fonds sablonneux et s’y réunissent en troupes nombreuses.
La présence assez fréquente d'un petit Crabe qui se loge entre les valves du Jam—-
bonneau a donné lieu au préjugé généralement accrédité que ce petit Crabe, connu
sous le nom de Pinnothere, est le gardien fidéle de la coquille et le pourvoyeur de
Yanimal. Lorsqu’il revient chargé de butin, dit-on, la coquille s’ouvre 4 un signal
convenu, le Pinnothére s’y réfugie et fait le partage de ses provisions. Il le prévient
aussi du moindre danger qui Jes menace, pour qu’aussitot la coquille se referme.
Jl est certain qu’on trouve souvent dans les valves des Jambonneaux, comme dans
celles des Moules, un petit Crabe dont l’enveloppe est si molle qu'il est obligé de
chercher dans Jes coquilles un abri contre les attaques de ses ennemis. Mais une
association raisonnée et des moyens de conservation aussi compliqués ne parais-
sent pas pouvoir s’étabiir entre des animaux de nature et de mceurs aussi différen-
tes, surtout lorsque la nourriture qui convient 4 lun et & l'autre n’est pas la
méme.
172 HISTOIRE NATURELLE.
TROISIEME FAMILLE.
Malla).
La famille des Malléacés, établhe par Lamarck, se compose de coquilles plus ou
moins inéquivalves, irréguleres, dont le test est feuilleté, souvent mince, tres—
fragile, et qui paraissent liées entre elles par de grands rapports. Presque tous les
Malléacés se fixent aussi aux corps marins par un byssus.
1¢° GENRE. Boer sanity Crenatula, Lamarck.
(Crenatus, crénelé.)
Coquille subéquivalve, aplatie, feuilletée, un peu irréguliére, Charniere laté—
rale, linéaire, marginale, crénelée; créne-
lures sériales creusées en fossettes , et
recevant le ligament.
Quoique les Crénatules forment le pas—
sage de la famille précédente a celle des
Malléacés, leur adhérence aux corps marins
n’a pas lieu par un byssus, et le contour
des valves n’offre aucune ouverture. Elles /
ie
i
Manny i
Fie. 694. Crénatule modiolaire. Fic. 695. Charniére de la méme.
vivent en groupes nombreux dans les Eponges, dont le tissu les enveloppe en partie,
et dont la mollesse permet I’écartement des valves
Les Crénatuies sont minces, presque membraneuses, fragiles, feuilletées, et plus
ou moins irréguliéres. Ce sont des coquilles encore rares et qui habitent les mers
des pays chauds.
9 (Pp *
2° GENRE. Dewe. Perna, Bruguieéres.
(Perna, nom employé par Pline pour désigner ces coquilles.)
: Coquille subéquivalve, aplatie, irréguliere, feuilletée. Charniére linéaire, mar=
ginale, composée de dents sulciformes, transverses, paralleles, non intrantes, entre
lesquelles s*insere le ligament; un sinus situé sous l’extrémité de la charnigre pour
le passage du byssus.
HISTOIRE NATURELLE. 173
Les Pernes se distinguent facilement par la structure de leur charniére, qui est
composée, sur chaque valve, d'une série de dents qui ne s‘articulent pas entre elles
quand la coquille est fermée, et s'appliquent seulement lune sur l'autre lorsqu’elle
Lud}
Fic. 696. Perne aviculaire. Fie. 697.
est ouverte; et cest extérieurement, et dans les intervalles de chacune de ces
dents, que s insére le ligament.
La coquille des Pernes est lamelleuse et mince; 4 l’intérieur, elle est unie et
brillante, et quelquefois nacrée. La plupart des Pernes viennent de l’Océan Indien
et des mers de la Nouvelle-Hollande.
3° GENRE. Gevillie. Gervillia, Defrance.
(Gerville, nom dun naturaliste.)
On trouve dans les couches du calcaire compacte des communes de Sainte-Co-
lombe et d’Amfreville, département de la Manche, les traces d’une espéce de co-
quille bivalve qui ne se rapporte 4 aucun des genres connus. Malheureusement,
Fic. 698. Gervillie aviculoide.
on ne peut se procurer qué les moules de ces coquilles, dont le test n’a pas résisté
4 la dissolution. Mais ces moules intérieurs et extérieurs sont si bien conservés et
exprimés, que l’on peut aisément en saisir tous les caractéres,
Coquille inéquilatérale, tres-allongée, un peu courbe et aplatie, baillante tres-
probablement a l’extrémité antérieure ott se trouve située la charnivre, et ou cha-
que valve est un peu retroussée dans Je plan de la courbure de la coquille. Trois
fossettes obliques, qui ont di contenir autant de ligaments, dont deux vis-a-vis les
174 HISTOIRE NATURELLE.
crochets, et autre un peu plus éloignée. Cing a six petites dents obliques, au-
dessous des deux premicres fossettes; deux longues, paralléles, et quelques autres’
plus petites, au dela de Ja troisigme fossette. Une impression musculaire vis-A-vis-
de Ja charniere.
Les Gervillies ont des rapports , de forme seulement , avec quelques Solens.
(Defrance.)
4° GENRE. Ce tale, Catillus, Brongmiart.
(Catillus, petite écuelle.)
Coquille tant6t aplatie, allongée ou suborbiculaire, tantét bombée, cordiforme, —
subéquivalve, inéquilatérale, & crochets plus ou moins saillants. Charniére droite, |
peu oblique ou perpen-—
diculaire & Vaxe longi-
tudinal ; son bord garni
dune série de petites ca-
vités trés-courtes, graduel- |
lement croissantes. Test
fibreux.
Les Catilles ont quel-
7 quefois soixante centime-
tres de longueur; mais
quelques especes sont beau-
coup plus petites. Quel-
ques-unes sont cordifor-
mes ; on ne les trouve qu’a
l'état fossile, dans la craie
blanche, en France et en
Angleterre.
Fic. 699, Catille stviée. Fig, 700.
J
5° GENRE. Acie ces Inoceramus, Sowerby.
(Is, tvos, fibre; xepuycc, argile.)
Coquille gryphoide, inéquivalve, irréguliére, subéquilatérale, 4 crochets forte-
ment recourbés et pointus. Charniére courte, droite,
étroite, formant un angle droit avec l’axe Jongitu-
dinal et présentant une série de crénelures graduelle-
ment plus petites, pour recevoir un ligament multi-
ple. Test lamelleux.
Ce genre est confondu avec Je précédent. On n’en
trouve que des débris, dont la contexture lamelleuse
est analogue a celle des Pernes. Ces coquilles, fossiles
de la eraie, ont été brisées avant ou pendant le
dépot ide la craie; car leurs débris sont presque
Fig. 704. Inocérame sillonné. » tous isolés, et ‘la craie les enveloppe’ complétementr
HISTOIRE NATURELLE. 175
6° GENRE. lllloaitea. Malleus, Lamarck.
(Malleus, marteau.)
Coquille irréguliére, un peu baillante pres des crochels et se fixant par un bys-
sus ; charniére sans dents et formée d’une
fossette allongée, conique, située oblique-
ment sous les crochets au bord de chaque
Fic. 702. Marteau commun.
valve, et séparée de Vouverture qui
_ donne passage au byssus. Les Marteaux
ressemblent 4 Poutil dont ils prennent
le nom; leurs valves sont irréguliéres
daus Jeur surface et leur contour; a
Pintérieur, ces valves sont souvent bril-
lantes et nacrées dans la partie qu’oc-
cupe l'animal. Quelques especes pré-
sentent de chaque cdté de la fossette
cardinale un prolongement singulier ;
Fic. 703, Charniére de la méme. antres n’ont de prolongement que dun
cété, et chez d’autres enfin ce prolongement n’est en quelque sorte qu’indiqué.
Les Marteaux se trouvent dans l’Océan des Grandes-Indes, les mers de la Nou-
velle-Hollande; quelques espéces sont rares encore.
7° GENRE. oNoreule: Avicula, Lamarck.
(Avicula, petit oiseau.,)
Coquille inéquivalve, fragile; charniére droite uni-
dentée; bord cardinal droit et for-
mant un prolongement caudiforme ;
facette du ligament longue, étroite,
en canal et non traversée par le bys-
sus.
Si la forme générale des Marteaux
est singuliére, dit Lamarck, celle des
Avicules ne l’est pas moins, quoique
celle-ci soit dessinée sur un autre
modele. En effet, sur une base trans-
verse, longue et droite, la principale
partie de la coquille s’éleve oblique-
Fic. 704. Charniére de !’Avicule. Fic. 705. Avicule
hétéroptére.
176 HISTOIRE NATURELLE.
ment, sous une forme qui approche de celle d'une aile d’oiseau, et les deux
extrémités de cette base se trouvent souvent prolongées, mais inégales, de maniére
que l'une delles semble représenter une queue. Il en résulte qu’en ouyrant les
valves sans les écarter, la coquille offre une ressemblance grossiére avec un oiseau
volant; et c'est cette considération qui a fait donner le nom d’Avicule a ce genre,
Le byssus des Avicules sort par une échancrure qu’on ne trouve que sur la valve
gauche.
Les Avicules sont de fort jolies coquilles marines; elles sont minces, trés-fragiles,
et agréablement nacrées 4 Vintérieur. On Jes trouve dans toutes les mers, mais
principalement dans Océan Indien. On en connait quelques espéces fossiles des
environs de Paris, d’Angleterre et d’ Allemagne.
8° GENRE. Lintadiue. Meleagrina, Lamarck.
(Meleagris, Pintade.)
Coquille subéquivalve, arrondie, écailleuse en dehors, surtout pendant le jeune
ge, nacrée a Vintérieur, & bord cardinal droit, présentant & son extrémité sur
chaque valve une échancrure calleuse pour le passage
du byssus; charniére sans dents; facette du ligament
A
€
a/T}
i gine
Fic. 707. La méme jeune. Fie. 708. Charniére de la méme.
marginale, allongée, presque extérieure, et dilatée dans sa partie moyenne.
Le genre Pintadine est peu nombreux en espéces ; la plus remarquable est connue
sous le nom d’Huitre perhére ou de Meére-Perle. Cette coquille, dit M. de Roissy,
produit les véritables perles fines, aussi estimées que les diamants chez presque
tous les peuples, et que le luxe met au rang des ornements Jes plus précieux.
Ces perles sont des excroissances nacrées, accidentelles, qui se trouvent quelque-
fois dans Vintérieur des valves, oti elles sont rarement libres et ot le plus souvent
meéme elles adherent 4 la substance méme de la coquille. La cause de ces protu-
bérances n’a pas été bien déterminée jusqu’a présent; on croit qu’elles sont dues
i une maladie particuliére de l’animal, qui, en occasionnant une grande surabon-
HISTOIRE NATURELLE. ALT
dance de la matiére nacrée, ne lui permet plus de s'appliquer par couches au fond
des valves, mais la fait couler en guuttes qui se coagulent plus ou moins réguliére-
ment. Quelques naturalistes prétendent que l'animal accumule cette substance
pour donner plus de force et plus d’épaisseur a sa coquille lorsqu’elle a été percée
extérieurement par des vers marins, ou qu'elle a été fracturée par un accident
quelconque.
Les qualités essentielles qui constituent une belle perle sont d’étre grosse, par—
faitement réguliére dans sa forme, soit ronde, ovale ou en poire, d’élre vivante, et
d’avoir une belle eau, c’est-d-dire d’étre extraite de animal et d'avoir une teinte
blanche 4 reflets brillants, semblables 4 ceux de Popale. Sil est rare de rencontrer
toutes ces conditions réunies, il Pest encore plus de rassembler un assez grand
nombre de perles toutes du méme volume, également belles et bien assorties.
Le plus souvent on ne trouve que des perles imparfaites , irréguliéres, appelées
perles baroques, ou de petits grains de différentes tailles, appelés semences de
perles, ou méme des concrétions irréguliéres et trop fortement attachées au test
pour en étre séparées. Ce sont la forme particulére, la grosseur et la rareté, plutét
que la substance et I’éclat méme des perles, qui leur donnent une grande valeur ;
car les valves larges et épaisses de la coquille Mere—Perle sont infiniment moins
recherchées, quoiqu elles soient absolument formées de la méme matiére et qu’elles
présentent intérieurement les mémes reflets chatoyants. On en retire la nacre de
perle du commerce, dont on fait des bijoux, des garnitures, et qu’on emploie dans
divers ornements.
Il y a plusieurs autres genres de coquilles marines dont Vintérieur nacré peut
produire, dans certains cas, des excroissances semblables aux perles : telles sont les
Moules, les Huitres, les Pernes, etc., etc. Quelques coquilles fluviatiles du genre
Mulette fournissent aussi des perles, mais ces perles sont d'une teinte laiteuse ,
sans éclat et peu recherchées. La Pintadine Mere-Perle, celle qui renferme les véri-
tables perles orientales, se rencontre dans différents pays; on en trouve dans le golfe
Persique, sur les cétes de |’Arabie Heureuse, sur celles du Japon ; mais c’est surtout
dans le golfe de Manaar, ile de Ceylan, qu’est établie Ja péche de perles la plus
célebre et la plus productive. Nous entrerons dans quelques détails a ce sujet,
d’aprés les relations authentiques de plusieurs voyageurs modernes. Le rendez-
vous le plus considérable des barques occupées 4 Ja péche des perles est a Ja baie
de Condatchy, a environ douze milles de Manaar. Les bancs formés par les Pinta-
dines sont au fond de Ja mer, a une certaine distance du rivage, sur des rochers,
ou elles se tiennent attachées par leur byssus. Le plus considérable de ces bancs
occupe en mer un espace de vingt milles vis-a-vis de Condatchy. Avant de com-
mencer la péche, on reconnait la richesse des bancs, et, s‘ils sont en état d’étre
exploités, on les met a l’encheére ; quelquefois aussi Je gouvernement trouve plus
avantageux de faire la péche a ses frais et d’en vendre ensuite les produits aux
marchands. Pour ne pas dépouiller tous les bancs a la fois, on les a divisés en plu-
sieurs portions tres-distinctes, qu'on exploite successivement; ce qui laisse aux co-
quilles le temps de grossir et permet d’en faire une récolte 4 peu pres tous les ans.
Elles atteignent en sept ans Ja taille convenable, et on assure que si on les laisse
plus longtemps, les perles non adhérentes augmentent de volume et deviennent in-
commodes a |’animal, qui les rejette alors de sa coquille.
La péche commence au mois de février et doit étre finie au commencement d’a-
I. 25
178 HISTOIRE NATURELLE,
vril, Les péchenrs qui passent pour les meilleurs de tous sont ceux de Colang sur
la cote de Malabar. Au signal donné par un coup de canon, toutes les harques par-
tent ensemble a dix heures du soir; elles approchent des bancs 4 la poiute du
jour et commencent Ja péche, qui se continue jusqu’a midi. Un second coup de ca-
non Jeur indique alors de revenir a Ja baie, oit les propriétaires les attendent ; on
travaille aussitét & les décharger, ear il faut qu’elles soient entierement vides avant
la nuit. Il y a vingt hommes sur chaque barque et un patron; dix d’entre eux ra-
ment et remontent les plongeurs, les dix autres descendent 4 Ja mer, cing & la
fois; ce qui fait que, se reposant et plongeant ainsi alternativement, ils conser
vent des forces jusqu’’ Ja fin. I] y a dans Ja harque plusieurs cordes liées a des
pierres, dent les plongeurs se servent pour descendre plus rapidement au fond de
Veau. Quand l'un d’eux s’appréte a plonger, il prend dans les doigts du pied droit
une corde & pierre, et & l'autre pied est attaché un filet en forme de sac ; il tient
une seconde corde de la main droite, se bouche les narines avec Ja main gauche, et
arrive rapidement au fond. Lail remplit son filet avec une grande adresse, car il
ne peut employer 4 ce travail quenviron deux minutes, seul temps qu il puisse
passer sous l'eau. I] avertit qu’on le retire en tirant la corde qwil tient de la main
droite. Comme ces plongeurs sont accoutumés a ce travail depuis leur enfance, ils
ne craignent point de descendre jusqu’a la profondeur de cing a dix brasses et de
répéter plusieurs fois ce pénible exercice. Cependant ils font quelquefois des ef-
forts si douloureux que, revenus dans la barque, ils rendent souvent Je sang par
la bouche, le nez et les oreilles, Ils plongent jusqu’a cinquante fois dans la matinée,
et rapportent chaque fois une centaine de coquilles. Quoiqw ils ne restent ordinaire-
ment que deux minutes sous l'eau, il y en a quelques-uns qui y demeurent quatre
et cing minutes. Au moment de Ja péche, il se trouve toujours sur Je rivage des
devins et des prétres de chaque caste, qui emploient différents exorcismes pour pré-
server les plongeurs de Ja voracité des requins. Ces animaux inspirent une grande
frayeur aux pécheurs, mais leur confiance dans les talismans et dans les priéres des
devinsest telle qu ils négligent de prendre des précautions plus sires; autrement au-
cun Indien ne consentirait 4 descendre ; souvent méme la péche est entiérement
interrompue lorsqu’il arrive quelque accident.
On fait différents marchés avec les plongeurs et avec ceux qui Jouent les bar-
ques ; quelquefois on les paye en argent, on bien on Jeur accorde un certain nom-
bre de Pintadines encore fermées, en proportion de Ja quantilé quia été péchée.
Il faut surveiller de tres-pres ceux qu’on emploie a ce travail, car ils se permettent
tous un grand nombre dinfidélités ; souvent ils avalent les perles qu ilsont pu saisir,
méme au fond de la mer, en visitant les coquilles entr’ouvertes ; mais elles n’échap-
pent pas pour cela aux recherches trés-minutieuses des marchands.
Arrivées a terre, les Pintadines sont emportées par Jes propriétaires et dé-
posées sur des nattes, dans des espaces carrés, entourés de palissades , chaque
marchand ayant une enceinte parliculiére. Elles y restent jusqu’a ce que Jes ani- |
maux solent morts; on peut alors ouvrir aisément les coquilles, ce qu’on ne pour-
rait faire sans de grandes difficultés pendant la vie de l’animal, Le Mollusque
étant séparé, on examine attentivement ; souvent méme on le fait bouillir, parce -
que les perles non adhérentes se trouvent quelqnefois dans Vintérieur du corps et —
sous les lobes du manteau. Lorsque la recherche des perles libres et adhérentes ©
est achevée, on choisit Jes valves qui, par lear dimension, leur épaisseur et leur
HISTOIRE NATURELLE. 179
éclat, sont destinges a fournir la nacre du commerce. Le reste est entidrement
abandonné, et ces amoncellements considérables de Mollusques répandent pendant
quelque temps des exhalaisons funestes pour les environs. Malgré cette odeur infecte
el dangereuse, beaucoup d'Indiens viennent, plusieurs mois apres la péche, exa-
miner les lieux ow elle s'est faite, avee lespoir d’y trouver encore quelques perles
oubliées.
Les perles sont toujours perforées et enfilées dans le pays méme, el les ouvriers
noirs qui sont chargés de ce travail Pexécutent avec une adresse et une prompli-
tude remarquables. Ce sont eux aussi qui détachent les perles adhérentes; ils se
servyent, pour Jes nettoyer, les arrondir et leur donner Je poli, dune poudre obtenue
en écrasant des perles. La péche des perles de Ceylan n'est plus aussi productive
qu’autrefois, parce que le gouvernement hollandais a épuisé les bancs en les faisant
pecher trop fréquemment. Cependant le revenu qu’en retirent actuellement les
Anglais est encore trés-considérable, et ce commerce avec celui de Ja cannelle sont
les plus importants de Vile.
Les mers de Inde ne sont cependant pas les seules qui fournissent des perles :
on en péche dans plusieurs autres parties du monde, parliculierement en Améri-
que. Celles qui viennent de Ja Californie et de Pile @Otahiti sont jusqu’a présent
assez rares dans le commerce, et nont ni larégularité ni Véclat des pertes d’Orient.
On raconte que Cléopatre, pour surpasser Antoine en magnificence, prit une des
grosses perles qu'elle avait aux oreilles, la mit dans du vinaigre pour la dissoudre,
et Pavala. Cette anecdote, racontée par les historiens du temps, ne peut étre vraie ;
car si Jes perles sont décomposcées par les acides, ce nest qu'apres un temps encore
assez long, et Je vinaigre mest pas assez fort pour les dissoudre. Les perles néan-
inoins s'alterent avec le temps; elles perdent de leur éclat lorsqu’elles sont portées
par des personnes dont Ja respiration est acre, et l'on a remarqué qu’elles se ter-
nissaient aussi a la longue lorsqu’elles n’étaient pas souvent portées.
Il y a des perles de diverses nuances; le plus généralement elles sont blanches
et nacrées ; on en a vu de jaunes, de verdatres et de noires. La difference de ces
couleurs tient sans doute a la nature du sol sur lequel vivait la coquille, ou a ce
que ces perles n’ont été enlevées que longtemps apres la mort du Mollusque, dont
Ja décomposition a nuanceé Ja perle.
DEUNIEME SECTION.
Cette section comprend toutes les espéces dont Je ligament, non marginal, est
resserré dans un court espace sous les crochets, et ne forme poimt de corden tendi-
neux sous Ja coquille.
QUATRIEME FAMILLE.
Te yas of,
POOMICHE.
Cette famille a été établie par Lamarck pour des Mollusques voisims des Huitres,
mais dont Ja coquille généralement réguliere , d'un tissu compacte non feuil-
leté dans son épaisseur, est garnie de stries ou cétes rayounantes , et présente le
plus souvent une ou deux oreillettes au bord cardinal,
180 HISTOIRE NATURELLE.
A »)
Je? GENRE. Foulette. Pedum, Lamarck.
(Nom tiré de la forme de la coquille.)
Coquille inéquivalve , un peu auriculée ct baillante par sa valve inférieure.
Crochets inégaux , écartés. Charmiére sans dents. Ligament en partie extérieur,
| inséré dans une fossette allon-
gée et canaliforme, creusée sur
la face interne des crochets.
Valve inférieure échancrée pres
de sa base postérieure.
Le nom de Houlette a été
donné a ces coquilles 4 cause de
leur forme, qui rappelle celle
du fer dune houlette. Elles
sont tres-rares, et vivent en-
foncées dans les madrépores,
auxquels elless’attachent a l’ai-
de d'un byssus assez gros et
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Fic. 709. Houlette spondyloide Fic. 710. Sa charniére. soyeux. On trouve les Hou-
lettes dans la mer Rouge, l’Océan Indien et les mers de la Nouvelle-Hollande. L’a-
nimal des Houlettes est orné de couleurs assez vives ; les bords du manteau sont
v Tar a hs OS Uy aa eat te A x PL is
dun vert bleudtre avec un liséré‘jaunatre a l’extérieur; en dedans, ils sont d’un
beau vert éclatant bordé de noir. Les cirres sont jaunes, avec une ligne brune sur
la longueur.
oO: ; cf
2¢ GENRE. Site. Lima, Bruguieres.
(Nom tiré des aspérités de ces coquilles.)
Coquille subéquivalve, auriculée, un peu baillante d’un cdté entre les valves, a
crochets écartés. Charniére sans dents. Fossette cardinale en partie extérieure, re-
cevant le ligament.
Les Limes sont blanches ; leurs valves ont des cétes rayonnantes ou des écailles
petites et rapprochées, qui rendent Jeur surface trés-rugueuse.
Fig. 711. Sa charniére. Fic. 712. Lime subéquilatérale. Fic, 745. Lime enflée.
’ . 5 Sic s 5 ° ae
L’animal n’est pas entidrement contenu dans sa coquille, qui, toujours baillante,
HISTOIRE NATURELLE. 181
tui permet de faire sortir les appendices de son manteau, dont le pourtour est garni
de cirres tentaculaires déliés , roses et blancs. Les Limes volent, pour ainsi dire ,
dans l'eau par les battements brusques et réitérés de leurs valves. MM. Quoy et
Gaimard , qui firent partie de lexpédition autour du monde commandée par
M. Dumont dUrville, racontent qu ils furent obligés de courir apres des Limes pour
sen emparer.
Les Limes viennent des mers d’Amérique, de Océan Indien et de la Nouvelle-
Hollande; on en connait un assez grand nombre d’especes fossiles de France et
d’ Angleterre.
3° GENRE, Liagiostoure. Plagiostoma, Sowerby.
¢
(MA2yt02, oblique ; czcu.x, bouche.)
Coquille mince, oblique, subauriculée, inéquilatérale ; charniére sans dents ; une
fossette cardinale conique située au-dessous
des crochets, souvent en dehors, et recevant le
ligament.
Fic. 714. Sacharniére. Fic. 715. Plagiostome sillonné.
Les Plagiostomes sont des coquilles qu’on ne connait qu’a Pétat fossile, et qui
ont les plus grands rapports avee les Limes, dont elles different par absence d'un
baillement des valves pour Je passage d’un byssus.
4° GENRE. Peigue. Pecten, Bruguieres.
c
(Nom tiré de la forme.)
Coquille inéquivalve, auriculée, & bord inférieur transverse, droit, et 4 crochets
conligus. Charniere sans dents. Ligament intéricur, recu dans une fossette trigone.
Fic. 716. Charniére du Peigne céles rondes. Fic. 717. Peigne operculaire.
Il yapeu de genres, parmi les Acéphalés, qui soient plus nombreux que celui des
Peignes, et qui renferment autant d’especes remarquables par Méclat, la variété
182 HISTOIRE NATURELLE.
des couleurs, (élégance des formes , la régularilé des cdtes et la finesse des stries
dont les valves sont ornées. La forme des Peignes est circulaire, plus ou moins al-
Fic, 718. Peigne Manteau blanc, Fic. 719. Peigne Sole, Fic. 720. Peigne Mantelet.
ao) Hl
longée, et se termine vers Je sommet par une ligne droite dont les extrémités se
prolongent de chaque cété de la charniére en deux appendices triangulaires, appe-
lés les oreillettes. Ces deux pivces, tantot égales, tantot inégales entre elles, fournissent
deux divisions bien tranchées et utiles dans un genre aussi nombreux. Les valves
sont réguliéres, quoique dissemblables entre elles ;
rieure est plus ou moins convexe, et la supérieure plate : ces espéces ferment
exactement. Dans d’autres, elles sont toutes deux convexes; mais on apercoit une
échancrure particulitre sous l'une des deux oreillettes, ce qui établit une différence
entre chaque valve et les rend un peu baillantes dans cette partie. La surface de
presque tous les Peignes est garnie de cétes et de sillons longitudinaux qui partent
du sommet et divergent en rayons vers Ja circonférence : ces cdtes sont rarement
lisses; ony remarque Je plus souvent une multitude de ciselures, de stries, d’écail-
les variées & Vinfini. I] n’y a point de dents & Ja charmiere, et chaque valve ne
présente qu’une fossette triangulaire dans laquelle se loge un ligament tres-fort
qu’on n’apercoit point en dehors : quelques especes ont & cet endroit deux ou trois
dans quelques espéces, Vinfé-
petits tubercules obliques, assez sensibles, mais peu saillants. Les Peignes ne sont
Jamais adhérents, ni par une de leurs valves, ni par un byssus; ils sont entierement
libres, et ont la faculté de changer de place sans qu’ils aient un organe saillant
bien prononcé qui puisse leur servir de pied. Ils peuvent se mouvoir avec agi-
lité dans Peau, et méme, lorsqu’ils sont & see, regagner le rivage; la prompte
agitation de Jeurs valves est le moyen qu’ils emploient. Les pécheurs attestent quails
s‘échappent ainsi facilement de leurs mains et quils s’élancent dans la mer. On
prétend méme que les Peignes viennent quelquefois 4 la surface, qwils entr’ou-
vrent alors leur coquille de maniére & ce que la valve supérieure serve de voile
tandis que Vautre fait Voffice de nacelle (de Rovssy).
Les Peignes sont trés-délicats, et on les mange comme les Huitres. Leur coquille
figure parmi les plus belles de nos collections. On donne aux Peignes Je nom de Pe-
lerines, parce que les pelerins qui visitent Jes lieux de dévotion dans le voisinage
de la mer ont Tusage d’orner leurs habits et leurs chapeaux avec les valves
de ces coquilles.
On trouve des Peignes dans toutes les mers, et les cotes de France en fournissent
de fort beaux. On en connait aussi un grand nombre de fossiles.
HISTOIRE NATURELLE. 185
ae ay ile rh ates
O° GENRE. Auuuite, Finnites, Defrance.
(Hinna, mule.)
Coquille ovale, irréguliére, adhérente par la valve droite, inéquivalye, subéqui-
latérale, exactement fermée. Bord cardinal droit, sans dents, terminé de chaque
AGIAN
}
Sse
= SS
Fie. 721. Hinnite irréguliére. Fic.-722.
cété par des oreillettes; ligament épais, contenu dans une gouttiére étroile et trés-
profonde.
Le genre Hinnite a été établi par M. Defrance pour quelques coquilles dont les
caracteres ne s’accordent pas parfaitement avec ceux des Peignes , puisqu’elles
sont adhérentes, mais qui ont avec eux les plus grands rapports.
6° GENRE. Pi catulo. Plicatula, Lamarck.
(Plicatus, plissé.) |
Coquille épaisse, adhérente, irréguliére, sans oreillettes, rétrécie au sommet,
arrondie et plissée en arriere. Valve inférieure sans talon, mais avec une facette
externe ; charniére formée de deux fortes dents formant une
fossette intermédiaire pour le ligament. Une seule impression
miusculaire centrale.
Les Plicatules sont de petites coquilles fas
dont Jes valyes sont comme plissées; elles .
sont toutes marines et viennent des mers hig. 725:
dAmérique. Les especes fossiles se trou-
vent dans les couches antérieures & la craie, dans la crate et dans les couches plus
nouvelles,
Fic. 724.
Plicatule en eréte.
Sa charniére.
184 HISTOIRE NATURELLE.
a
7° GENRE. Apoudyle. Spondylus, Linné.
e
(Snovduacs, Jeton de scrutin.)
Coquille inéquivalve, adhérente, auriculée, épineuse ou rude, a crochets iné-
gaux, la valve inférieure offrant une facette cardinale externe ou talon aplati et
divisé par un sillon, et grandissant avec lage. Charniére ayant deux fortes dents
sur chaque valve et une fossette inter-
im médiaire pour le ligament, commu-_
niquant par sa base avec le sillon
externe. Ligament intérieur, dont les
restes anciens se montrent au dehors,
dans le sillon.
Les Spondyles, aussi connus sous le
nom d’Huitres épineuses, sont des co-—
quilles tres-recherchées dans les col-
lections, 4 cause des longues épines qui
les couvrent et de la variété de leurs
if
TTS
INANE
uy ill couleurs.
ial
Me I
ee Les Spondyles vivent, comme les
‘Dp Huitres et les Cames, fixés sur les ro-
OP ge = chers et Jes corps sous-marins; sou-_
vent ils sont groupés les uns sur les —
Fis. 725. Charniére du Spondyle orange. autres. Leur chair est moins bonne
que celle des Huitres; cependant on les mange.
Les Spondyles sont des coquilles marines, qui ne se trouvent que dans les mers
des pays chauds. La Méditerranée en fournit une fort belle espece. Les Spondyles
fossiles appartiennent aux couches plus nouvelles que la craic.
Fic. 726. Spondyle royal.
Hl est difficile d’en trouver une collection plus complete que celle de M. Ben- |
jamin Delessert ; aucun musée n’en présente un aussi grand nombre d’especes, —
HISTOIRE NATURELLE. _. 185
ni d’aussi riches variélés. L’espéce la plus remarquable de ce genre est nommée
Spondyle royal : M. Delessert possede les deux plus beaux échantillons qu’on
connaisse de cette coquille trés-rare , car on en compte trois a peine dans les col-
leclions ou musées royaux francais et étrangers.
L’acquisition du Spondyle royal a donné leu a un acte peu commun de dévoue-
ment & Jascience, et qui prouve le fol enthousiasme des collecteurs. M. R***, pro-
fesseur de botaniqne d'une faculté de Paris, et plus savant que riche, voulut, sur
la proposition d'un marchand étranger, acheter cette coquille 4 un prix tres-élevé,
qwon dit étre de 5,000 26,000 fr. Le marché débattu et le prix convenu, il fallait
payer. Les économies en réserve ne faisaient qu'une faible partie de Ja somme, et
le marchand ne voulait pas abandonner sa coquille sans en recevoir la valeur.
M. R***, consultant alors plus son désir de posséder une espece unique encore
que ses faibles ressources et l’étendue du sacrifice, fit secretement un paquet de sa
modeste argenterie, et alla la vendre pour compléter la valeur de son acquisition ;
et, sans oser en parler asa femme, il remplaca de suite son argenterie par des cou-
verts d’étain, et courut chercher le malheureux Spondyle, qu’il nomma fastueuse-
ment Spondyle royal.
Mais l'heure du diner arriva:on comprend aisément la stupéfaction de ma-
dame R***, qui ne put expliquer de suite une telle métamorphose , et se livra a
mille conjectures pénibles. M. R***, de son cété, revenait heureux chez lui, et sa
coquille bien emballée dans une boite placée dans la poche de sa capote; mais, en
approchant, il ralentit le pas, devint soucieux, songeant pour la premitre fois a la
réception qui allait lui étre faite. Les reproches qu'il attendait étaient bien un peu
compensés par la jouissance du trésor quwil rapportait. Enfin il arrive , et madame
R*** fut d'une sévérité a laquelle le pauvre savant ne s’attendait peut-étre pas ;
aussi son courage l’abandonna: tout pénétré du chagrin qu’il causait a sa femme, il
oublia sa coquille, et, se plagant sans précaution sur une chaise, il eut la douleur
d'étre rappelé a son trésor en entendant Je craquement de la boite quile protégeait.
Heureusement le mal ne fut pas grand : deux épines.seulement de la coquille fu-
rent cassées, et Ja peine quil en éprouva fit & son tour tant @impression sur ma-
dame R***, quelle n’osa plus se plaindre, et ce fut encore M. R*** qui eut
besoin de ses consolations.
Nous réunissons aux Spondyles trois genres établis par divers auteurs, sur des
coquilles dont Jes caracteres ont été mieux observés par M. Deshayes. Ce savant
conchyliologiste a reconnu que les Pachytes de Cuvier, les Podopsides de Lamarck,
et les Dianchores de-Sowerby, avaient une charniere en tout semblable a celle des
Spondyles, et que Pabsence du talon s’expliquait par la dissolution de cette partie
de Ja coquille; fait qui, sil n’est pas encore expliqué d'une maniere satisfaisante,
West pas sans exernple dans Jes fossiles répandus dans les couches crayeuses. L’es-
pace triangulaire qu’on remarque au crochet de la grande valve de ces coquilles,
‘lant rempli par la couche interne, formait ce talon singulier que l'on ne voit que
dans les Spondyles. On ne peut supposer aux Mollusques deux moyens de se fixer
aux corps sous-marins. I] est certain, dit M. Deshayes, que dans Jes animaux mol-
lusques actuellement connus, l'un de ces moyens d’attache exclut lautre ; les
animaux qui se fixent par la coquille mont point de byssus ou de tendon, et ceux
qui se fixent par un tendon on un byssus n'ont point @adhérence immediate. Les
figures qui suiyent représentent les types de ces genres réformés; il conviendra
fe 24
186 . HISTOIRE NATURELLE.
de changer le nom générique de chacune de ces especes en celui de Spondyle.
Fic. 727, Pachyte épinenx. Fig, 728. Podopside tronqueé. Fic. 729. Dianchore striée.
CINQUIEME FAMILLE.
Py lat
CO beaces.
Toutes les coquilles de cette famille ont le test feuilleté ou papyrace ; elles sont —
presque toutes irrégulivres et n’ont jamais d’oreillettes. Les unes sont adhérentes —
aux corps sous-marins par leur valve inférieure, les autres sont libres. L’animal des _
Ostracés n’a point de pied, point de siphon saillant ni de bras. |
,
1° GENRE. Cuypheo. Gryphea, Lam rck.
Geyphee. Gryphea, arck
(Gryphile, nom ancien de ces coquilles.)
Coquille non adhérente, méquivalve ; valve inférieure grande, concave, terminée i
par uncrochet saillant, recourbé; la valve supérieure petite, presqueaplatie et oper-_
Fig. 750. Gryphee arquéc. Vic. T31. Gryphée anguleuse.
culaire..Charmiére sans dents ; une fossette cardinale oblongue, arquée. Une impres-
sion musculaire sur chaque valve.
HISTOIRE NATURELLE. 187
Les Grypheées ont été pendant longtemps confondues avec les Huilres, dont elles
se distinguent facilement par le grand crochet recourbé de la valve intérieure. L'on
Fic. 752. Charniére de Gryphée anguleuse. Fie,
ne connaissait que des espéces fossiles tres-communes d’ancienne formation , Jus—
qu’au moment ou M. Hwass, savant collecteur, communiqua a Lamarck la seule
espece vivante trouvée jusqu’a ce jour. Cette coquille recut le nom de Gryphée
anguleuse, et l'on ignora pendant longtemps ce qu’elle était devenue et quel était
Vheureux collecteur qui la possédait. Cette méme coquille est anjourd’hui dans la
collection de M. Delessert (fig. 731).
2° GENRE. Huitre, Ostrea, Lamarck.
(Oozzeev, huitre.)
Coquille adhérente, inéquivalve, irréguliére. Charmiere sans dents; une fossette
cardinale oblongue, sillonnée en travers et donnant attache au ligament.
~
SS WN
RNS
Pic. 734. Charniére de |’ Huitre commune. Fic. 735. Huitre commune.
Il n’y a point de coquilles bivalves plus irrégulieres et plus sujettes a varier de
forme et de taille que les Huitres. Tantot elles sont parfaitement arrondies, tantot
188 HISTOIRE NATURELLE.
ovales ou tres-allongées, ou anguleuses dans leurs contours ; leurs valves, dune
épaisseur plus ou moins considérable, sont aplaties ou hombées, souvent méme
contournées , et leur surface, quelquefois unie, est ordinairement rugueuse et
comme composée de feuillets brisés. Hest rare de trouver deux individus parfaite-
ment semblables, ce qui rend la détermination des espéces extrémement difficile.
La structure du test est Jamelleuse; les lames, faiblement adhérentes les unes aux
autres, se recouvrent et se débordent successivement, et présentent a Pextérieur des |
feuillets plus ou moins frangés: ce sont ces lames, dont les accroissements sont trés-
inégaux, qui modifient leur forme &Vinfini. Cependant, en choisissant des individus
qui n’aient été génés dans Jeur développement par aucun obstacle ni par aucun }
accident, on peut en général reconnaitre des types assez caractérisés pour établir
des distinctions spécifiques réelles et constantes. Dans toutes les espéces, la valve _
inférieure est large, épaisse, et sa coneavilé est plus ou moins remarquable ; Ja |
valve supérieure, plus petite, plus mince, est ordinairement plate, et quelquefois
comme operculaire. Il n’y a aucune dent a Ja charniere, mais seulement au sommet
de chaque valve une cavité dans laquelle se loge le ligament. Cette partie, appelée —
le talon, est quelquefois trés-allongée dans la valve inférieure ; elle doit son accrois-
sement a des déplacements successifs du ligament, qui se recule ainsi que Ja valve |
supérieure dans le développement général, observation dont on trouve déja un |
exemple dans le genre Spondyle. Ce ligament, qu’on ne voit point au dehors, mais
qui n’est cependant pas tout a fait intéricur, est coriace, noiratre et aplati; ila de
Pélasticité tant qwil conserve sa fraicheur, et il devient fragile en se desséchant. |
Parmi les diverses especes d’Huitres, on distingue deux formes principales que La- |
marck a proposé de prendre pour base de deux divisions & faire dans ce genre : les”
unes sont droites ou a peu pres, et a hords simples
et unis; telle est !Huitre commune; d'autres sont
plus ou moins arquées, et ont leurs bords plissés ou
en forme de créte : ce sont celles qu’on nomme dans
les collections Huitres plissées. Les couleurs des Hui-
tres n’ont rien de remarquable ; elles sont en général
blanchatres ou grisatres , quelquefois lavées de roux
ou présentant quelques lignes irréguhéres d’une teinte
plus foncée.
Ces coquillages sont toujours adhérents et se fixent |
dés Jeur naissance, non point par un byssus, mais
par leur test méme, qui se soude sur les rochers et
les corps submergés. Le point d’attache est en général pres du sommet de la valve
inférieure, sous le talon. La plupart des especes s’établissent sur les rochers et dans
Fic. 736. Huilre Créte-de-coq.
les fonds pierreux ; quelques-unes semblent s’attacher de préférence aux racines
et aux branches des arbres qui garnissent Je tivage et que Ja marée peut atteindre.
A Pembouchure de plusieurs fleaves d’Amérique et des Grandes-Indes, on voit des
groupes d’Huitres suspendus et agités par le vent lorsque la mer se retire ; on les
désigne généralement sous le nom d’Huitres de Mangliers. |
Les Huitres se réunissent fréquemment sur d’autres coquilles, sur des madré-- |
pores ; souvent méme, lorsqu’elles manquent d’une base solide pour se fixer, elles
s’entassent les unes sur les autres et forment des banes d’une longueur et d'une
épaisseur considérables. On voit sur certaines cdtes sablonneuses de semblables
HISTOIRE NATURELLE. 189
masses qui ont une élendue de plusieurs licues, et dont Paspect, la confusion et la
solidité peuvent donner Vidée des hanes coquilliers qui se trouvent dans Vintérieur
de nos continents.
Les Huitres, ainsi fixées par le talon de leur valve inférieure, passent toute leur
vie sans se déplacer et sans pouvoir exécuter d’autre mouvement que celui de
fermer et d’ouvrir leur coquille; encore ce dernier n’exige-t-il aucun effort, puis—
quil leur suffit de relacher Je muscle intérieur qui les unit aux deux valves, pour
que lélasticité du ligament les fasse s’entrouvrir. Dans cet état, Peau de Ja mer,
chargée de molécules nutritives animales ou végétales, s'introduit dans Ja coquille
et apporte a l’animal les aliments qu’il ne pourrait atteindre autrement. Des fa-
cultés aussi bornées semblent placer ces animaux au dernier degré de léchelle des
étres, et feraient croire qu ils sont entierement privés d’intelligence. On prétend
cependant qu ils n’en sont pas tout a fait dépourvus : un fait assez curienx, observé
sur les Huitres du rivage, pourrait, sil est bien constaté, en fournirla preuve. Ces
Huitres, exposées 4 lalternative journaliére des hautes et basses marées, semblent
avoir appris qu’elles seront & sec pendant un certain temps, et conservent, dit-on,
de Peau dans leur coquille; cette particularilé les rend plus transportables 4 de
grandes distances que les Huitres péchées loin du rivage, et qui, manquant de cette
expérience, rejettent toute eau qu’elles contenaient. Plusieurs observateursassurent
aussi que les Huitres ont dans certains cas Ja faculté de changer de place, et que, si
elles se trouvent détachées par une cause quelconque, elles peuvent avancer en
frappant l'eau vivement avec leurs valves, et plusieurs fois de suite.
Lorsque les valves sont entronvertes, on apercoit le manteau qui s’étend sur
leurs bords sans pouvoir saillir en dehors; il est fort mince, divisé en deux lobes
distincts dont chacun tapisse les parois intérieures de chaque valve. Le tour de ces
deux lobes est garni d’un rang de cils ou filets simples , assez longs et distribués
également. Outre cette frange, on trouve & une pelite distance, et parallélement au
contour du manteau, une sorte de bourrelet sillonné et relevé de petits tubercules
arrondis. Pour séparer les deux valves, il faut rompre le muscle qui les attache au
corps de l’animal, et qui laisse une seule impression sur chaque valve, vers le mi-
lieu de la Jongueur. En écartant les lobes du manteau, on découvre quatre feuillets
membraneux , demi-circulaires , qui sont les branchies , composées chacune dun
grand nombre de tubes tres-déliés, joints parallélement les uns aux autres ; elles
sétendent depuis la bouche jusque vers le tiers de Ja partie postérieure du corps ;
tous ces tubes aboutissent 4 un canal commun qui entoure les branchies postérieu-
rement, et ce canal sert de communication entre lorgane respiratoire et le coeur :
ce dernier , garni de deux oreillettes , est entouré d'une membrane contigué au
grand muscle qui relient les valves. Les pulsations sont trés-sensibles 4 la vue
simple; elles ne sont point isochrones, et il ya méme des moments d'interruption
totale, surtout lorsque l’animal est hors de son élément naturel. La bouche , située
vers le sommet des valves , est une simple ouverture assez grande et entourée de
quatre feuillets charnus qui sont probablement des organes particuliers du tact.
Une petite valvule dentelée, placée dans l'cesophage, fait Voffice de langue et doit
servir 4 retenir les aliments. Viennent ensuite, 4 une tres-petile distance, un pre-
mier estomac, dont la surface interne est ridée irrégulierement, et un second esto-
mac plus allongé, en forme de sac, d’ou part un intestin qui, apres avoir contourné
le premier estomac ct la masse du foie, vient se terminer par un rectum qui flotte
190 HISTOIRE NATURELLE.
sous le manteau ala partie postérieure du corps. Ce rectum ne traverse pas le cceur,
comme dans le plus grand nombre des Acéphalés. L’extrémité du corps pres de la
charniére renferme le foie, qui enveloppe le premier estomac. La couleur générale
du manteau est le blanc sale; ses bords frangés sont noiratres. Le corps ne peut
faire saillir au dehors aucune de ses parties, et n’est point muni de cet organe lin-
guiforme servant de pied dans un grand nombre de Bivalves libres ; la constante
immobilité des Huitres rendrait mutile ce moyen de locomotion. Toutes les coquilles
adhérentes par une de leurs valves, comme les Spondyles, les Cames et d'autres, et
non par un byssus, comme les Moules et les Jambonneaux, paraissent avoir dans les
principaux points de leur systeme une organisation semblable a celle des Huitres.
Les Huitres pondent au commencement du printemps le frai quelles ont elles-
mémes fécondé, et qui s'altache a tous les corps environnants. Ce frai ressemble a
une gelée blanche dans laquelle on apereoit, 4 Vaide d'une loupe, une multitude dé
petites Huitres déja toutes formées et munies de leurs valves ; et l'on prétend, a tort,*
je crois, que, quatre mois apres leur naissance, elles sont en état de se reproduire.
Les Huitres fournissent, sur un grand nombre de cétes, une nourriture extré-
mement abondante, tres—-saine et généralement recherchée ; cet aliment est dune
facile digestion, peu nourrissant, et semble plutdt excilter Pappétit que le salisfaire.
Ces coquillages s’expédient & Vintérieur, souvent a des distances considérables ;
pour satisfaire & !énorme consommation qu'on en fait dans tous les pays, et ajouter
encore a leur saveur, on est parvenu a les rassembler, a Jes faire multiplier dans
des pares et a les soumettre & certaines dispositions qui les rendent plus délicates.
Cet art n’était pas inconnu aux anciens; on sait qu’Apicius avait un moyen pour
les engraisser et les conserver pendant fort longtemps ; il en envoya d’Italie & Tra-
jan, Jusque dans le pays des Parthes. On trouve dans les anciens auteurs plusieurs
passages qui prouvent jusqu’’ quel point elles étaient estimées et combien on pre—
nait de soin pour les élever.
Les Huitres d’Abydos dans le détroit des Dardanelles, celles du lac Lucrin, chanté
par Horace, et celles de la céte de Brindes, étaient les plus renommées. De nos
jours , ce sont les Huitres d’Angleterre et de Hollande qui passent pour les’
meilleures de? Europe; on en péche aussi d’excellentes et en trés-grande abondance
sur les cotes de France , particulierement dans les départements de l’ouest. Celles
qu’on mange a Paris viennent pour la plupart des rochers de Cancale, dans le golfe
de Saint-Malo et des environs.
On distingue dans le commerce, relativement a la qualité, trois sertes d’ Huitres,
fournies par Vespece commune : 1° les Huitres de draque , aimsi nommeées de
instrument avec Jequel on Jes arrache. Elles vivent & une certaine distance de Ja
cdte, et ont pris un plus grand accroissement que celles des rivages. Elles ne sont
géncralement pas expédiées au loin, etsont peu estimées. 2° Les Huitres communes,
qui sont celles dont nous avons parlé plus haut; elles supportent plus: facilement le
transport, parce que, forcées de rester souvent & sec sur les rochers de la céte, elles
sont habituées, dit-on, 4 conserver de l'eau dans leurs valves pendant lVintervalle
dune marée & l'autre, ce que ne font pas celles qui habitent la pleine mer. Eeur
Srosseur est moyenne. On préfere avec raison celles qui ont été péchées dans les
fonds non vaseux eta lembouchure des rivieres. 5° Les Huitres parquées ou Huitres
vertes; c'est principalement 4 Marennes, petite ville maritime du département de
la Charente-Inférieure , A Etretat, 4 Vile d’Oleron, & Courseulles , pres Caen, au
HISTOIRE NATURELLE. 194
Havre, & Dieppe, au Tréport, ete., qu’on leur donne cette couleur par un procédé
particulier. Ces Huitres sont péchées sur les cétes voisines et sont jetées ensuite
dans des pares inondés, appelés clavéres ; ce sont des élangs que la mer remplit pen-
dant les fortes marées. On a soin de séparer toutes celles qui sont réunies en grou-
pes, et on les dispose de maniére qu’elles ne se nuisent pas mutuellement. La
stagnation de l’eau permet a un grand nombre de plantes marines d’y croitre , de
sy multiplier et de lui donner une teinte verdatre. Les Huitres qui séjournent dans
ces parcsy trouvent une plus grande abondance de particules nutritives en suspen-
sion dans l'eau, acquierent un gout plus agréable, et prennentaussi ala longue une
teinte verdatre ; elles sont dans cet état beaucoup plus recherchées que les Huitres
communes. C’estsurlout en automne et en hiver qu’on mange les Huitres; les regle—
ments défendent, dit-on, de les pécher au printemps, lorsqu’elles frayent, époque
pendant laquelle on prétend méme quelles sont malsaines, ainsi que pendant les
chaleurs de l’été.
Les Huitres, ne présentant ni forme ni couleurs agréables, sont peu recherchées
dans les collections ordinaires ; mais elles sont d’un grand intérét pour les vrais
naturalistes , parce quelles fournissent une branche importante de commerce, et
que ce sont les Mollusques les plus utiles. On devrait s’oceuper d’en garnir cer-
taines plages quien sont totalement dépourvues : plusieurs faits prouvent déjai
qu’on peut transporter et naturaliser les Huitres sur des rivages qui n’en possé-
daient pas auparayant. I] ya plus de cent ans qu'un propriétaire en Angleterre en
fit jeter une certaine quantité 4 ’embouchure de la Méne; elles s’y sont multiphées,
dit-on, en si grande abondance, que le lit de cette riviere est maintenant couvert
d’excellentes Huitres, et qu’elles sont devenues une source de revenu (de Roissy).
Les journaux ont parlé, il y a quelque temps, d’un procédé nouveau pour ob-
tenir l’établissement de bancs d’Huitres : nous reproduisons ici ce qu’en dit Pau-
teur, M. Carbonnel :
« Quelques journaux ont bien voulu parler de moi et de ma découverte en
termes trés-obligeants , et annoncer que javais cédé, pour la somme de cent mille
francs, 4 une compagnie de parqueurs, mon brevet d’invention pour la reproduc-
tion des Huitres par Ja formation de banes artificiels dans la Manche et dans Océan.
Voici en quoi consiste mon systéme, aussi simple que rationnel. On appelle Huctres
nourrices celles qui, parvenues a lage de trois ans, cessent d’étre convenables a la
consommation interrompue pendant les mois dans lesquels les gastronomes ont re-
marqué Vabsence de la lettre R. De ces Huitres s’échappe une humeur blanchatre,
qui contient des germes reproducteurs dont le nombre est incalculable. Quand la
viscosité dans laquelle ces myriades de corpuscules sont tenus en suspension fixe
ceux-ci sur la coquille maternelle, ou bien ala surface de quelque rocher, ils ne
tardent pas a s’y développer, mais ne deviennent des Huitres mangeables qu’a lage
de trois ans environ. En considérant combien il se perdait de germes reproducteurs
par suite de mille accidents divers, j'ai eu la pensée de Pélablissement de banes ar-
tificiels, ou rien ne ségarat, et dans lesquels la reproduction, en quelque sorie ré-
gularisée dans une captivilé salutaire, me permit (si Je puis mexprimer ainsi) de
la mettre en coupe régiée. Je nai pas la prétention, comme on voit, de créer arti-
ficiellement des Huitres, selon Vexpression de certaines personnes qui ont accueil
tout dabord ma découverte avec une prévention irréfléchie; mais j’établis des
banes Ja ott il ny ena pas, et, par mes procédés, je remédie aux imperfections de
192 HISTOIRE NATURELLE.
la nature. Le probléme a résoudre était celui-ci: Huitre se reproduit partout ou
elle peut vivre ; elle vit 14 ot la nature ou des travaux d'art sagement entendus la
metlent 4 labri de tout accident. Ce probleme, je lai victorieusement résolu par
des expériences dont l'Institut a pu apprécier exactitude, et qui ont paru si con—
cluantes & des gens du métier, qu‘ils n’ont pas hésité a faire acquisition de mon
brevet. »
La nature de Ja coquille des Huitres, dit M. Deshayes, est telle qu’elle a pu, en
devenant fossile, résister 4 presque toutes les causes de destruction et de dissolu-
tion. On trouve en effet ces coquilles entieres la ot tous les autres tests de Mollus—
ques ont été dissous. Dans la craie, ol ce phénomene se présente si fréquemment,
les Huitres ont résisté & toute action de destruction. On ne connait d’autre excep-
tion que dans certaines couches de la craie des Pyrénées.
Lorsque, dans les couches de la terre, on vient & rencontrer une masse considé—
rable dHuitres dont la plupart sont encore fixées, soit entre elles, soit aux corps sur
Jesquels elles ont vécu, on peut étre assuré quelles sont encore en place, et que
le fond de la mer ot elles étaient, naturellement desséché, n’a pas subi de trés-grands —
changements. Il est peu de Mollusques dont les dépouilles soient plus généralement |
répandues dans les couches de la terre que celles des Huitres ; aussi leurs espéces
sont-elles tres-nombreuses : on les rencontre dans presque toutes les couches de
sédiment , et elles y sont distribuées d’une maniere fort réguliere. Elles devien-
dront , lorsqu’elles seront mieux connues, d’un tres-grand secours a la eéologie
pour caractériser les formations. Les terrains terliaires de |’ Kurope contiennent un
nombre considerable d’especes d’Huitres.
3° GENRE. Sits cle: Vulselia, Lamarck. @
(Nom employé par Linné.)
Coquille longitudinale, subéquivalve, assez irréguhére, un peu nacrée intérieu- |
rement. Charmiére ayant sur chaque
valve une callosité saillante, dépri-_
mée, et une fossette conique oblique- |
ment arquée pour le ligament. |
Les Vulselles se rapprochent des —
Marteaux par leur charniere et Jeur—
forme constamment longitudinale;
il est probable qu’elles ont un_bys-
sus, au moins pendant Je jeune age.
On les trouve, comme les Crénatules,
dans les éponges de !’Océan Indien et —
des mers de la Nouvelle-Hollande. |
On en connait de fossiles dans le
caleaire grossier.
Fic. 757. Charniére de la Vulselle Pic. 758. Vulselle
linzulée. Jingulee.
HISTOIRE NATURELLE. 193
en By ay B)
4° GENRE. Stacie. Placuna, Lamarck.
(Tlhaxous, plat.)
Coquille mince, trés-irréguliére, trés-aplatie. Charniére offrant sur une valve
deux dents tranchantes, divergentes du sommet, comme un V renversé, et sur l’au-
tre valve deux dépressions correspondantes servant 4 Vinsertion du ligament.
Fic. 759. Charniére de la Placune vitrée. Fic. 740.
Les Placunes sont des coquilles trés-distinctes et tres-remarquables par leur aspect
général, leur forme, leur apla-
tissement et leur transparence.
Les Chinois emploient les valves
de Placunes pour vitrer leurs
fenétres, comme on se sert dans
quelques pays de James de tale.
L’espece la plus singuliére par
sa forme est connue sous le nom
de Placune selle ou Selle po-
lonaise. Ces coquilles viennent
del Océan Indien ; onen trouve
une espece fossile en Egypte. Bue
£1. Placune selle polonaise,
de GENRE. dlsusavicm Anomia, Linné.
(A privalif; ycurcc, normal.)
Coquille mince, inéquivalve, tres-irréguheére, adhérente. Valve inférieure per-
cée a son crochet d’un trou ou d'une échancrure qui se ferme par un petit opercule
osseux fixé sur des corps étran-
gers, ef auquel s attache le
muscle intérieur de l’animal.
Valve supérieure concave et non
percée. Charnieére sans dents et
maintenue par un ligament in-
térieur. La valve percée se ter-
mine par deux branches qui se
rapprochent au crochet. L’une de ces branches est mince; Pautre sépaissit et forme
re 95
Fic. 745. Anomie ambrée.
194 HISTOIRE NATURELLE,
une callosité qui pénétre dans la fossette cardinale de la valve supérieure et s’y
trouve fixée par Je hgament.
SS
= = S
\
Fic. 744. Charniére d’Anomie.
Le moyen particulier qu’emploient les Anomies pour se fixer sur les corps étran-
gers présente une modification singuliére. Elles vivent et périssent a lendroit ou
leur ceuf est éclos. La valve inférieure est adhérente aux corps sous-marins , dont
elle prend le plus souvent la forme. Ainsi, on en voit qui sont exactement moulées
sur des Peignes, dont elles prennent parfaitement l'empreinte, que reproduit aussi
la valve supérieure non adhérente. On comprend que l’animal contenu dans
une coquille aussi mince doit se mouler lui-méme sur les inégalités de sa valve
inférieure, et qu'il n’est pas assez épais pour que la forme d’un lobe du manteau
n’influe pas sur celle de autre lobe en contact immédiat avec Ja valve supérieure.
On mange les Anomies comme les Huitres sur plusieurs cétes de France , et on
les dit fort délicates. Ces coquilles sont trés-communes dans la Méditerranée et dans
la Manche. La valve supérieure se détache facilement, et cest elle qu’on trouve en
erand nombre sur les rivages ; la forme tres-irréguliére, la couleur et la transpa-
rence de l’espéce la pluscommune lui ont fait donner le nom d’Anomie pelure d’o-
gnon. On trouve des Anomies dans toutes les mers, et on en connait de fossiles en
France, en Angleterre et en Belgique.
TROISIEME SECTION.
Ligament , charniere et animal inconnus ; coquille trés-inéquivalve. Une seule
famille.
FAMILLE, — Loudcstes.
La famille des Rudistes de Lamarck se compose de coquilles fossiles qui parais-
sent appartenir aux Ostracés sous certains rapports, et qui cependant s’en distin-
guent. On ne connait bien mi la charniere, ni le ligament des valves, mi le
muscle qui pourrait les ouvrir, parce qu’on ne trouve aucune trace qui indique la
place exacte de ces diverses parties. D’apres M. Deshayes, la famille des Rudistes
de Lamarck doit étre modifiée et former un groupe particulier dans le voisinage de
la famille des Camacés, les animaux des genres qui la composent étant pourvus de
deux muscles rétracteurs placés sur les parties latérales, comme dans les Cames.
1° GENRE. Mpeuulite. Spherulites, Lamarck.
(Zeotom, sphere ; 180g, pierre.)
\owele
Coquille inéquivalve, orbiculaire-globuleuse, un peu déprimée en dessus, hé-
HISTOIRE NATURELLE. 195
rissée 4 l'extérieur d’écailles crandes, subangulaires, horizontales. Valve supérieure
plus petite, planulée, operculaire, munie a sa face interne de deux tubérosités
inégales , subconiques, courbées et en
saillie; valve inférieure plus grande, un
peu ventrue, a écailles rayonnantes hors
de son bord, ayant sa cavité obliquement
conique, et formant d’un coté, par un
repli de son bord interne, une créte ou
une caréne saillante. Paroi interne de la
eavité striée transversalement; charniere
peu connue. Lamarck. oS
Les Sphérulites sont des coquilles fos- MKS”
siles de Ja craie ; elles sont assez grandes Fic. 746. Sphérulite de Jouannet.
et rares. Ces coquilles, d’aprés M. Deshayes, qui ena fait une étude particuliére,
n’appartiennent pas a cette section, ni méme & lordre des Monomyaires, et de-
x
vraient, d’apres leur organisation, étre classées a la fin de l’ordre des Dimyaires.
SS
2° GENRE. Woiico ste e. Birostrites.
.
(Bis, deux fois ; rostrum, bec.)
Coquille iméquivalve, bicorne, a valves élevées en cone
par leur disque, inégales, obliquement divergentes, pres
que droites, en forme de cornes, l'une enveloppant l'autre
par sa base.
Ce genre a été établi par Lamarck sur Je moule inté-
rieur dune Sphérulite, et doit par conséquent étre sup-
primé. C’est & M. Deshayes qu’on doit cette obser
vation.
Fic. 747. Birostrite inéquilobe .
5° GENRE. oP adwolat e. Radiolites, Lamarck.
(Pierre a rayons.)
Coquille iméquivalve, présentant a lextérieur des stries longitudinales rayon-
nantes. Valve inférieure turbinée, plus
grande ; la supérieure convexe ou conique,
operculiforme. Charniere inconnue.
Les Radiolites sont des coquilles fossiles
quine se trouvent que dans les couches @’an-
cienne formation ; leur test est presque tou-
jours rempli d’une vase schisteuse ou cal-
caire tres-dure, soudant Jes deux valves, qui i
représentent deux cOnes inégaux opposés — Fic. 748. Radiolite turbinée, Fie. 749.
base 4 base et fortement striés en dehors. On les trouve particulitrement dans les
Pyrénées,
Ce genre devra sans doute étre réuni aux Spheérulites.
*
: yy 5 d
4° GENRE. Ai ppercate. Hippurites, Lamarck.
C
cheval; cboz, queue.)
Coquille cyldracée, plus ou moins allongée, tubuleuse, composée dune grande
valve inférieure et dune petite valve supérieure operculiforme. Test épais, poreux,
quelquefois lisse, le plus souvent orné de cétes longitu-
dinales. La grande valve, portant la trace de Padhérence,
remplie, dans la partie qui ayoisine Je sommet, de cloisons
plus ou moins nombreuses et irrégulierement espacées,
sans communication entre elles; deux arétes longitudi-
nales parcourant cette valve dans toute sa longueur ; quel-
quefois une troisieme fausse aréle produite par un phi du
test. Valve supérieure operculiforme, plate, concave ou
convexe, a bords taillés en biseau, rayonnée ou couverte
de pores, ayant toujours deux ocelles ovalaires enfoncées.
Charniere fort incomplétement connue. Deux impressions
musculaires.
Ces coquilles se trouvent dans les Pyrénées.
Le genre Hippurite était classé par Lamarck dans Vordre
des Céphalopodes, famille des Orthoceres, parce qu’on n’a-
vail pas reconnu l’organisalion des espéces qui le composent.
Fig. 750. Hippurite épaisse. Ce savant professeur avait aussi compris dans la famille
des Rudistes les genres Calcéole, Discine et Cranie, qui font partie de l’ordre des
Brachiopodes, et dont nous allons parler.
196 HISTOIRE NATURELLE.
|
———————————————
———
TROISIEME ORDRE. — ACEPHALES BRACHIOPODES.
Cet ordre se compose de Mollusques ayant dewx bras opposes, allongés, cilveés, et
roulés en spirale dans le repos. Leur manteau a deux lobes séparés par devant, et
il enveloppe ou recouvre le corps. Leur coquille est adhérente, soit immeédiate-
ment, soit 4 aide d’un cordon tendineux. L’organisation des Brachiopodes est in- —
férieure a celle des Acéphalés dimyaires ; aussi ordre qui nous occupe en ce mo- —
ment devrait-il étre le premier et non Je troisieme de la classe. Nous avons dit
déja le motif qui nous engageait 4 changer le moins possible la classification pro- —
posée par Lamarck.
Cet ordre comprend quelques espéces vivantes, et un grand nombre d’espéces fos—
siles fort curieuses et fort intéressantes pour les géologues, parce qu’on trouve ces —
derniéres jusque dans jes terrains les plus anciens. On a proposé dans cet ordre |
l’établissement de genres peut-étre trop multipliés, et dont nous n’indiquerons que
les principaux.
HISTOIRE NATURELLE. 197
PREMIERE FAMILLE.
Cette famille est des plus intéressantes pour l'étude de la géologie; elle est trés-
riche en especes qu'on trouve répandues dans toutes les couches, méme les plus
anciennes. C’est surtout dans cetle famille que les genres sont trop nombreux et
devraient pour la plupart n’étre considérés que comme des divisions basées seule—
ment sur la forme des coquilles.
y T Bi (p y
te" GENRE. Dyoducte. Productus, Sowerby.
(Productus, prolongé.)
Coquille inéquivalve, symétrique ; valve supérieure operculiforme, plane ou con-
cave; valve inférieure grande, a crochet plus ou moins saillant, non perforé ; char-
mere linéaire transverse, simple ou subar-
ticulée dans le milieu; des appendices lamel-
Jeux, branchus, dans lintérieur des valves.
Le genre producte est composé de co-
Fic. 751, Producte d’Ecosse.
Fig. 732. Producte chevelu.
quilles fossiles qui ont les plus grands rapports avec les Térébratules, et qu'on ren-
contre dans les terrains de sédiment les plus inférieurs.
M. Defrance ajoute aux caracteres assignés aux especes de ce genre par Sowerby,
que la charniére est garnie dans toute sa longueur de trés-pelites dents sériales et
intrantes comme Jes Arches.
i enue X :
2° GENRE. A pirifere. Spirifer, Sowerby,
(Spira, spire ; fero, je porte.)
Coquille transverse, inéquilatérale ; charniere linéaire, droite, étendue de chaque
Fic, 735. Spirifére ondule. Fic. 734.
198 HISTOIRE NATURELLE.
coté des crochets, qui sont séparés par une surface plate ayant au centre une ouver—
ture triangulaire pour le passage du ligament. Deux masses spirales occupant une
grande parlie de lintérieur des valves.
| M, Deshayes fait observer
que la présence de ces masses
~} spirales , qui.ne sont que les
bras pétrifiés de Vanimal, ne
suffit pas pour distinguer ces
coquilles des Térébratules. On
trouve parmi les Spiriferes de
Sowerby des coquilles qui ont le crochet percé comme les Térébratules, d’autres
qui n’ont aucune ouverture a cette partie, @autres enfin qui ont une fente trian-
gulaire au-dessus du crochet. Le Spirifere ondulé dont nous donnons la figure est
connu vulgairement sous le nom de Chapeau-de-l’Empereur ; on le trouve dans le
département du Pas-de-Calais.
Fie. 755. Spirifere strié. Fig. 756. Spirifére trigone.
uw ALD Vb atte -
3¢ GENRE. ‘Cevebratule. Terebratula, Bruguieres.
(Terebratus, perforé.)
Coquille inéquivalve , réguliere , subtrigone, altachée aux corps marins par un
pédicule court et tendineux. La valve la
plus grande a uncrochet avancé, souvent
courbé, percé @ son sommet par un trou
rond ou par une échancrure. Charniére
FIG.A757. Charniere de Térébratule, Fic. 758.
composée de deux dents sur une valve, et de deux fossettes correspondantes sur
Fic. 760. Fic. 76l,. Fic. 762.
Térebratule australe. Teérébratule boréale. Terébratule ailée. :
Pautre. A lintérieur, deux branches gréles, élevées, fourchues et diversement
HISTOIRE NATURELLE. 199
rameuses, naissent du disque de la petite valve, et servent de soutien & Panimal.
Ona proposé l’étabhissement de plusieurs genres aux dépens des Térébratules, et
ces démembrements successifs, qui sembleraient devoir faciliter Ja détermination
Fic. 765. Térébratule peigne. | Fie, 764. Fic, 765. Teérébratule lyre.
des especes , n’ont fait qu’augmenter les difficultés que présente un genre aussi
riche et aussi important pour l’étude de la géologie; et, comme le fait judicieuse-
ment observer M. Deshayes, les auteurs ont porté leur attention sur la forme exté—
rieure de ces coquilles plutot que sur l'ensemble des caracteres qu’elles présentent :
aussi est-on toujours dans l’attente d’une bonne classification.
d
4° GENRE. alloag as. Magas, Sowerby.
¢
(Ma-ya2, chevalet d’un instrument a cordes.)
Coquille équilatérale, inéquivalve ; une valve convexe avec une surface triangu-
laire divisée au centre par un sinus anguleux ; l'autre valve plate, avec une char-
mere droite et deux élévations au centre. La plus grande valve, dont le sommet
est échancré, a deux dents en crochet; l'autre valve porte inté-
rieurement a son milieu une sorte de cloison longitudinale qui s’a-
vance jusqu’aux deux tiers de la longueur de la coquille, et qui
parait avoir partagé Jusqu’a cet endroit l’animal en deux parties. Ce-
pendant la cloison laisse vide, du cété de Ja charniére, un espace Haves Oona eee
occupé par deux petites attaches calcaires rubanées qui partent de cette derniere, et,
‘en s‘écartant un peu de la ligne de la cloison, vont s’y réunir au centre de la co-
quille.
A °
5° GENRE. ieee Uncites, Defrance.
(Uncus, crochu.)
Coquille libre, inéquivalve, réguliere, la plus grande
valve ayant un crochet avancé, courbé, non percé a son
sommet; celui de la plus petite valve se courbant et
senfoncant dans le talon de Ja plus grande. Charniere
peu connue, mais de laquelle dépendent deux pieces os-
seuses, minces, en forme de faux, et qui s’avancent dans
la plus petite valve. Fic. 767, Uncite gryphoide.
200 HISTOIRE NATURELLE.
Ml ai Cpe tie) dela! ;
6° GENRE. hecidec. Thecidea, Defrance.
(Theca, petite boite.)
Coquille adhérente, symétrique, équilatérale , régu-
litre, tres-inéquivalye. Une valve creuse a crochet re-
courbé et entiere; l'autre, plate et operculiforme.
4 Charniére ovale, formée sur la valve plate par une
grosse dent médiane s’emboitant entre deux dents
écartées ou condyloidiennes de Vautre valve. Deux
Fig. 768. Thécidée rayonnante. Fic-762. impressions semi-lunaires, ciliées & V’intérieur.
®
is ye ES #)
7° GENRE. Atrophourene. Strophomena, Defrance.
(Esocqmus, charniére ; pcve, je résiste.)
Coquille régulere, symétrique, équilatérale, a valves
presque égales, dont Pune est plate et Pautre un peu con-
cave; charniére transverse, droite, offrant a droite et a
gauche @une subéchanerure médiane un bourrelet peu
considérable, crénelé ou denté transversalement. Aucun
indice de support.
Fic. 770. Strophoméne rugueux.
s ; (Pp \
8° GENRE. Leutauere. Pentamerus, Sowerby.
(Uevee, cing; pso0s, partie.)
Coquille équilatérale, inéquivalve. Une valve divisée en deux parties par une
cloison centrale, autre valve ayant deux cloisons qui la
divisent en trois parties. Crochets recourhés, non perforés.
Ce genre a été établi d’apres le moule seulement. Ce
moule est composé de cing parties solides, deux pour une
valve et trois pour l’autre, et dont l'assemblage constitue
une masse assez considérable, subglobuleuse, ayant l’as-
pect de certaines especes de Térébratules bien symétriques,
Fic. 771. Pentamére de Knisht. avec un sommet recourbé sur une valve.
2) J
TEND E : » yer
9° GENRE. AHtrigocephate. Strigocephulus, Defrance.
¢
(Srev2, cannelure ;'x¢o22n, téte.)
On a trouvé dans Jes couches anciennes des environs de Chimai une espece de —
coquille bivalve qui a quelques rapports avec Jes Térébratules, mais dont la char-
niere porte des caractéres différents de tous les genres connus. Cette coquille est
clobuleuse , inéquivalve , inéquilatérale , et presque de la grosseur du_poing. ha
valve la plus grande ou inférieure se prolonge ct se redresse au sommet. Entre elle
HISTOIRE NATURELLE. 201
et la valve supérieure, il se trouve, comme dans certaines especes de Spiriféres et
de Térébratules qui ne sont pas percés au sommet, un espace assez grand. L’ap-
pareil de Ja charniére est trés-remarquable. La valve inférieure porte deux dents
relevées en crochet, qui laissent entre elles un espace de
sept & huit lignes; c’est dans cet espace que se trouve l’ap-
pareil en question, qui tient ala valve supérieure par une
carene élevée de deux lignes environ, et qui se termine d’a-
bord par deux appendices qui vont s’appuyer de chaque coté
contre les dents, et au milieu desquels il se trouve une sorte
f Fic. 772. Strygocéphale
de colonne de neuf lignes de Jongueur et de la grosseur de Burtin,
@une plume a écrire. Cette colonne devient plate, et se bifurque 4 son extré-
mité pour laisser entrer dans la bifurcation une autre carene aigué qui a quatre
lignes d’élévation, et quise trouve placée longitudinalement dans la valve infé-
rieure ; en sorte que les valves, en s’ouvrant, ne peuvent se déranger ni 4 droite ni
& gauche, étant maintenues par la base de la colonne.
DEUXIEME FAMILLE.
SLinguled
Les espéces peu nombreuses que renferme cette famille sont adhérentes a aide
d'un long pédicule tendineux.
: oO ) ;
GENRE Frugal e. Lingula, Lamarck.
c
(Lingula, diminutif de lingua, langue.)
Coquille subéquivalve, symétrique, aplatie, ovale-oblongue, tronquée a son som-
met, terminée en pointe asa base, fixée aux corps marins a Vaide d’un_ pédicule
tendineux. Charniére sans dents. Impressions musculaires multiples.
Serre NTT Ae :
eSONAAN
Fic. 773. ! : Fic. 775. Lingule anatine.
I, 26
202 HISTOIRE NATURELLE.
L’animal des Lingules est ovale-oblong, aplati, symétrique; les lobes du man-
teau sont désunis dans la moitié antérieure de leur circonférence, et contiennent
MLZ
TT RED.
Fic. 776. Lingule anatine.
dans leur épaisseur des branchies subpectinées. La bouche, petite, est située a la —
partie médiane et antérieure du corps, entre deux bras ciliés, assez grands, et tour-
nés en spirale pendant le repos.
TROISIEME FAMILLE.
Dans celte famille, les espéces ont un pédicule court, traversant une échancrure
de la valve inférieure.
der GENRE, (De less Orbicula, Cuvier.
(Orbis, rond.)
Coquille orbiculaire, inéquivalve, sans charmiére apparente. Valve inférieure
trés-mince, aplatie, adhérente aux corps marins; valve supérieure subconique , a
sommet plus ou moins élevé. L’animal est
composé de deux masses rougeatres, et de
deux bras allongés, bleus, garnis de franges
jaunes, épaisses et un peu crépues. Les
organes de la respiration consistent en un
réseau vasculaire occupant toute la surface
du manteau. La valve inférieure est fen-
= due pour Je passage du faisceau fibreux
777. Orbicule de Norwége. Fic. 778. qui Ja fixe aux corps sous—marins. Les Or-
Pig.
bicules sont des coquilles qui paraissent plutét cornées que calcaires. On n’en con- —
nut dabord que Ja valve supérieure, que lon considéra comme une Patelle. C'est
une Orbicule non complétement développée qui est pour Lamarck le type du
genre Discine.
Les Orbicules se trouvent dans les mers du Nord et celles de VAmérique. Les
especes fossiles appartiennent aux terrains anciens.
2° GENRE. Goiscine: Discina, Lamarck.
(Discus, disque.)
Coquille inéquivalve, ovale-arrondie, un peu déprimée, a valves ayant chacune —
HISTOIRE NATURELLE. 205
un disque orbiculaire central, treés-distinct ; le disque de la valve supérieure non
pereé, ayant au milieu une protubérance en mamelon ; celui de la valve inférieure
trés-blanc, divisé par une fente transversale.
Ce genre a été établi, avons—nous dit, pour une coquille non encore développée,
et qui nest que le jeune age de 'Orbicule de Norwége.
QUATRIEME FAMILLE,
Cran 009.
Les espéces de cette petite famille sont adhérentes par leur coquille et sans l'aide
d'un ligament. :
aE] y
Ie GENRE. Calceole. Calceola, Lamarck.
(Calceolus, crane, téte.)
Coquille inéquivalve, triangulaire, turbinée, aplatie en dessous. La grande valve
ereusée en capuchon, tronquée obliquement a Jouverture,
ayant son bord cardinal droit transversal, un peu échancré
et subdenté au milieu, et son bord supérieur arqué. La
petite-valve aplatie, semi-orbiculaire, en forme de couvercle,
ayant a son bord cardinal un tubercule de chaque cété, et
au milieu une fossette avec une petite lame.
Tels sont Jes caracteres que Lamarck assigne a une coquille Fie. 779. Calcéole sandaline,
fossile d’Allemagne. On n'est point encore fixé sur la place définitive que les Cal-
céoles devront occuper dans Ja méthode.
2° GENRE. Cine. Crania, Bruguieres.
(Cranium, crane, téte.)
Coquille inéquivalve , suborbiculaire. Valve inférienre presque plane, pereée a
sa face interne de trois trous inégaux et obliques. Valve su-
périeure tres—convexe, munie intérieurement de deux callo-
sités saillantes.
Lamarck ne connaissait ce genre que par Ja coquille, et
il le placa @ tort parmi les Rudistes ; Panimal étudié par Poli
est un Brachiopode ; ce genre doit donc faire partie de ce der-
nier ordre. Les trois trous dont est percée la valve inférieure Fts- 780. Cranie en masque.
des Cranies donnent a cette valve quelque ressemblance avec un crane humainaplati.
Bruguiéres suppose que ces trous sont les points d'attache par lesquels Ja coquille
adhere aux corps marins. On trouve des Cranies vivantes dans l’Océan Indien et
dans Ja Méditerranée. Les especes fossiles appartiennent aux couches Jes plus an-
ciennes et a celles de la craie.
ANNA
aS aS
\)
204 HISTOIRE NATURELLE.
DEUXIEME CLASSE.
MOLLUSQUES CEPHALES.
Cette classe comprend tous les Mollusques ayant une téte plus ou moins dis-
tincte ; quelques-uns sont nus, quelques autres multivalves; tous les autres, en
nombre considérable, sont univalves. Presque tous ont des yeux et des tentacules,
et parmi ces derniers, il en est dont la bouche est entourée de bras disposés par
paires et en couronne. Le manteau varie beaucoup : tantét ses bords sont libres sur
les cotés du corps, tantét ses lobes sont réunis, et il forme un sac qui enveloppe
en partie animal. La respiration a heu a l'aide de poumons ou de branchies le
plus souvent non symétriques. La circulation est double ; le coeur est uniloculaire,
quelquefois a oreillettes divisées et écartées. Le systeme nerveux consiste en gan-
glions épars, desquels partent les ramifications qui se distribuent a tout le corps.
Quelques Céphalés ont leur coquille 4 lintérieur; d’autres , 4 coquille extérieure,
ont des osselets destinés 4 diviser les aliments.
Les animaux de cette classe sont ceux dont Porganisation est la plus avancée, car
elle présente le plus haut degré de composition qu’elle pouvait atteindre dans les
animaux invertébrés. Cependant, chose étunnante , dit Lamarck , les Mollusques ,
supérieurs en composition d’organisation a tous Jes autres animaux sans vertebres,
sont réellement fort inférieurs en facultés & beaucoup de ces derniers : en effet,
quelle différence ne trouve-t-on pas entre Ja vivacité , la facilité des mouvements
de la plupart des insectes, et la nature de ceux des animaux qui nous occupent en
ce moment! Quelle supériorité ne trouve-t-on pas encore dans ces produits d’ha-
bitudes compliquées, qui ressemblent tant a des actes d’industrie, lorsque l’on com-
pare les manceuvres diverses d’un grand nombre d’insectes aux actions de presque
tous les Mollusques!
Les Acéphalés sont divisés en trois ordres : les Ptéropodes, les Gastéropodes et
les Céphalopodes, dont nous avons déja fait connaitre les caractéres les plus sail-
lants.
PREMIER ORDRE. — PTEROPODES.
Cet ordre comprend un petit nombre de Mollusques libres , nus ou 4 coquilles ,
ayant des expansions membraneuses propres a la natation ; ils n’ont point de pieds
pour ramper, ni de bras pour saisir leur proie. Ces expansions membraneuses ou
nageoires ne sont que des prolongements du manteau, modifiés et transformés en
organes de mouvement. Tous les Ptéropodes sont pélagiens ; ils ne se trouvent
sur les rivages que rarement, et seulement lorsque les tempétes ou les courants les
y portent. Ils nagent librement au milieu des eaux, et viennent 4 la surface dans
les instants de calme, et surtout au coucher du soleil. Is sont tres-vifs dans leurs
mouvements et se fixent quelquefois aux corps flottants, tels que les fucus, en les
embrassant avec leurs nageoires. (Rang.)
HISTOIRE NATURELLE. 205
Tous les Ptéropodes sont trés-petits; mais, en compensation, ils se multiplient
tellement, quwils semblent faire, en grande partie, les frais de l’alimentation des
Baleines. Ces géants des mers les recherchent et les avalent par milliers ; l’espece
la plus commune est connue des matelots sous le nom de Pdture de la Baleine.
Les Ptéropodes, dit M. d’Orbigny, ont un mode particulier de natation, en rap-
port avec leur forme; leurs nageoires ne peuvent faire avancer et soutenir l’animal
augquel elles appartiennent que par des mouvements continuels comparables 4 ceux
des ailes des Papillons. Ces nageoires remuent continuellement avec une aisance et
une promptitude remarquables; et, suivant la direction qu’elles affectent, Panimal
savance horizontalement , monte ou descend , Je corps restant, pendant tout ce
temps , vertical ou légerement incliné. D’autres fois, il tournoie sans changer de
place ou méme se soutient a une hauteur constante sans mouvements apparents ;
mais cette immobilité ne se remarque que chez un petit nombre d’espéces, et tou-
tes au contraire présentent le plus souvent le mouvement papillonnant. I] est pro—
bable que lorsque |’animal inquiété a descendu assez profondément pour se croire
en sureté, il déploie de nouveau ses ailes et nage pour se soutenir, au lieu d’aller
gagner le fond.
PREMIERE FAMILLE.
YZ a ss
Me yalines
1° GENRE. , ‘yale. Hyalea, Lamarck.
e
(Hyalus, verre. )
Petite coquille cornée, trés-mince, transparente , globuleuse ou allongée , ou-
verte antérieurement, fendue sur les cétés ; l'extrémité postérieure tricuspide.
=, Le Mollusque a deux grandes nageoires (pieds), placées
» de chaque cété de la bouche; Ja téte est peu distincte et les
’ branchies correspondent aux fentes latérales de la coquille.
Les bords du manteau s’épanouissant par
ces mémes fentes, donnent naissance & un
épiderme mince qui recouvre extérieure-
ment Ja coquille. Ces petits Mollusques
Fig. 781. Hyale a trois pointes. Fie. 782. Fic. 783. Hyale globuleuse. Fie. 784.
sont généralement d'un jaune bleualre ou violet.
Les Hyales ne se trouvent généralement qu’a de grandes distances des rivages ;
elles sillonnent la surface de la mer, avec une grande vitesse, a Vaide de Jeurs na-
206 HISTOIRE NATURELLE.
geoires, qu’elles agitent sans cesse. Au moindre danger, l’animal retire ses nageoi—
res sous la lame antérieure de la coquille, et coule promptementau fond dela mer.
Les Hyales vivent dans l’Océan Atlantique, les mers de la Nouvelle-Hollande ,
et une espéce, dont nous donnons la figure (784), est assez commune dans la Médi-
terranée. On trouve peu dHyales 4 Pétat fossile.
2° GENRE. Gosport Cléodora, Péron.
x
(Cléodore, une des Danaides.)
Coquille trés-mince , presque cartilagincuse, transparente , ayant la forme d'un
demi-fer de lance. L’animal est gélatineux ; sa téte est distincte, et ila deux nageoi-
ey
i gl
j in _ ae SN
eS
\ M th et
‘
res contractiles échancrées en coeur et attachées 4 la base du
cou.
Ce charmant petit animal, dit Brown dans son Histoire natu-
relle de la Jamaique, a rarement plus d’un pouce de longueur,
y compris sa coquille. Son corps supporte une petite téte ronde,
munie d’une espeéce de petit bec pointu et de deux petits yeux
dun tres-beau vert. Ses épaules sont garnies de deux expansions
membraneuses, transparentes, au moyen desquelles l’animal se
ence meut avec beaucoup de célérité dans Peau et a sa surface.
Cléodore beurse Les Cléodores sont tres-voisines des Hyales, et ces deux genres
devront sans doute étre confondus en un seul. On les trouve dans toutes les mers ;
on en connait peu de fossiles.
3° GENRE. Crseis Creseis, Rang.
(Nom mythologique. )
Coquille trés-eflilée , extrémement mince,
fragile et diaphane, en forme de cornet droit
ou recourbé; animal a Ja méme forme que
la coquille, et il présente deux expansions
membraneuses, ou nageoires.
Ces Mollusques sont trés-petits; leurs mou-
vements sont vifs et saceadés ; ils ont Ja fa-
cullé de se fixer aux corps flottants a aide
de leurs nageoires, qui embrassent l'objet —
auquel ils veulent s’attacher. Lorsquils sont
inquiétés par lapproche de quelque danger,
ils rentrent spontanément leurs nageoires ,
et leur poids seul Jes fait descendre vers le fond
de la mer.
Fic. 786, Créseéis subulée.
HISTOIRE NATURELLE. 207
4° GENRE. Cncceate Cuvieria, Rang.
(Cuvier.)
Trés-petite coquille en forme d’étui cylindrique, un peu aplatie pres de son ou-
_yerture, qui est cordiforme, et dont les bords
sont tranchants; le coté opposé a l’ouverture est
fermé par un diaphragme convexe a l’extérieur,
non terminal et débordé par lextrémité du cy-
jindre. L’animal est allongé: il est muni de deux
_ nageoires assez grandes, et d’un lobe intermédiaire
-demi-circulaire. Les branchies sont extérieures et
_ placées a Ja base de ce lobe.
Les Cuviéries sont trés-communes dans la mer
des Indes, |’Océan et les mers du Sud; on en con-
-nait une espece fossile des sables coquilliers du Pié-
mont.
Ces petites coquilles n’ont que quelques lignes de
longueur ; la figure que nous en donnons est forte-
ment grossie.
Fic, 787. Cuviérie colonette,
V+. aay
5° GENRE. Curbte- Euribia, Rang.
(Euribie, fille de Océan.)
Coquille membraneuse, mince, transparente,
réguliere et en forme de calotte renversée.
L’animal est blanc ; il a deux nageoires hori-
zontales a Ja base desquelles est la bouche; le
lobe intermédiaire est tres-petit et de forme
triangulaire. Les Euribies habitent Océan
Atlantique.
i
Fic. 788. Euribie de Gaudichaud.
6° GENRE. Apicatele. Spiratella, de Blainville.
(Spira, spire ; telum, arme.)
Coquille papyracée, trés-fragile , planorbique, subcarénée , enroulée un peu
obliquement, de maniére & étre largement et
profondément ombiliquée d'un cété, et pour-
vue de laultre d'une spire un peu saillante et
pointue; ouverture grande, élargie de chaque
cété. L’animal est allongé, muni de deux na-
geoires subtriangulaires, et il a sa partie posté-
rieure contournée en spirale. Fic, 759, Spiratelle rostrale. Fic. 790,
208 HISTOIRE NATURELLE.
Le nom de Limacine avait été donné a ce genre par Lamarck et Cuvier ; mais
comme ces Mollusques ne rappellent pomt lidée d'une Limace par leur aspect , et
pour éviter la confusion que pourrait occasionner l’analogie de nom, M. de Blain-
ville a proposé celui de Spiratelle.
Les Limacines sont tres-communes dans les mers du Nord.
7° GENRE. Crynbulie. Cymbulia, Péron.
(Cymbula, gondole.)
Coquille cartilagineuse, trés-transparente, oblongue, en forme de sabot, tron-
quée au sommet, a ouverture latérale et antérieure. L’animal
est transparent, terminé en avant par une téte peu distincte,
pourvue de deux tentacules, de deux yeux et d’une trompe ;
) en arriére, par un appendice natatoire filiforme et pourvu de
chaque coté d’une nageoire fort large, sur laquelle les bran-
chies sont disposées en réseau.
On ne conuut pendant longtemps qu'une seule espece de ce
genre ; elle avait élé trouvée pres de Nice par MM. Péron et
Bre, Come”. Tesueur ; depuis, MM. Quoy et Gaymard en ont découvert
plusieurs espéces & Amboyne et a la Nouvelle-Hollande.
DEUXIEME FAMILLE.
Cfo
SL newmotleimed,
hai)
1e° GENRE. Clio. Clio, Bruguieres.
(Nom mythologique.)
Les Clios sont des Mollusques sans coquille; leur corps est gélatineux, de forme
oblongue; lextrémité postérieure se termine en pointe; l’anté-
rieure présente un étranglement ou cou qui supporte une téte gar-
nie de plusieurs tentacules rétractiles. La bouche est terminale.
Deux nageoires triangulaires, placées sur les cotés du cou, sont en
méme temps les organes du mouvement et de la respiration, car
leur surface présente un réseau branchial qui communique avec le
coeur. Les Clios ont le corps d’un beau bleu ou violet foncé, mélé
de rouge vif. Ces petits Mollusques sont trés-nombreux dans les
mers du Nord; par les temps chauds et calmes, ils s’élévent en
erand nombre a Ja surface de l'eau, comme s‘ils venaienty respi-
rer, et replongent aussitot. Les Baleines en sont tres-friandes, et
la grande consommation qu’elles en font a valu particuheérement
Fie. 792 a E de ike
Clio longue quene. a Ces petits Mollusques le nom de Pdture de Baleine.
HISTOIRE NATURELLE. 209
ap) :
9° GENRE. Lireusodeute. Pneumodermon, Cuvier.
(IIvevu.ev, poumon; déou.%, peau.)
Mollusque nu, a téte distincte. Bouche terminale, a
deux lévres. Deux faisceaux de tentacules rétractiles
placés aux cétés de la bouche. Point d’yeux. Deux ailes
opposées, petites, ovales, insérées sur les cétés du cou.
Deux lignes branchiales situées extérieurement sur la
partie postérieure du corps. Anus latéral, s’ouvrant
au-dessous de Vaile droite.
Les Pneumodermes, comme les autres Ptéropodes,
ont des mouvements rapides. On les trouve dans la
Méditerranée et a Amboyne.
Fic. 795, Pneumoderme de Péron,
DEUXIEME ORDRE. — GASTEROPODES.
Lvordre des Gastéropodes a été étabh pour tous les Mollusques qui rampent sur
un disque abdominal, ou pied. Les Gastéropodes ont une téte assez distincte, sur
montée d'une ou de plusieurs paires de tentacules; presque toujours des yeux pla-
cés, soita lextrémité, soit a la base des tentacules, ou pres deces organes. Leur corps
est droit ou spiral. Ils ont des poumons ou des branchies, suivant le milieu dans
Jequel ils vivent. Les uns, et c’est le plus grand nombre, ont une coquille dune
seule piece, spirale ou conique, avec ou sans opercule; les autres sont nus, avec une
coquille intérieure ou sans coquille ; d’autres enfin ont un test composé de plusieurs
pieces ou valves. |
~ Lappréciation plus exacte de organisation des Mollusques a Amené la suppres-
sion de deux ordres établis par Lamarck, celui des Trachélipodes, et celui des Hété-
ropodes, qui sont réunis maintenant aux Gastéropodes.
Nous avons déja fait observer que Ja nature ne procéde jamais par des transitions
brusques, et quelle ne passe d’un type d’organisation a un autre qu’en apportant
dans celui quelle commence quelques-uns des traits de celui qu'elle abandonne.
Les Mollusques qui commencent cet ordre nous en fourniront une nouvelle preuve
par leurs rapports avec les Ptéropodes.
L’ordre des Gastéropodes est Je plus nombreux en especes, et il renferme des
Mollusques marins, fluviatiles et terrestres; il se partage en un grand nombre de
familles, dont nous allons donner successivement les caractéres.
PREMIERE FAMILLE.
Oe of?
Goiclly,
L’organisation des Firolidés rappelle celle des Ptéropodes ; le pied dont ils sont
munis présente encore la forme d'une nageoire, et ila une ventouse a son bord
I. 97
210 HISTOIRE NATURELLE.
supérieur ; mais ce n'est qu'une modification du pied des Gastéropodes ; les bran-
chies sont externes, pectinées ou en forme de panaches. Parmi les Mollusques de
cette famille, les uns sont nus; les autres ont une coquille rudimentaire, beaucoup
trop petite pour contenir l’animal, dont elle ne regoit que les organes principaux.
4e* GENRE. Hewes Sagitta, Quoy et Gaimard.
(Nom tiré de la forme.)
Mollusque nu, allongé, gélatineux, transparent, cylindrique, a téte seulement
indiquée par l'appar eil buccal. Queue horizontale, aplatie; quelquefois des nageoi-
res latérales paires, ou supérieures impaires.
Fie. 794. Fléche exaplére.
Les Fléches vivent dans presque toutes les mers, et se montrent plus particulie-
rement apres le coucher du soleil. Elles se fixent momentanément aux corps flot-
tants & Vaide de leur bouche.
Ces petits animaux sont si transparents, qu’on les perd facilement de vue ; leurs
mouvements ressemblent 4 ceux des Poissons.
Qe GENRE. Sinole. Firola, Péron et Lesueur.
(Etymologie inconnue.)
Mollusque nu, allongé, gélatineux, transparent, terminé en arriére par une
queue plus ou moins longue et pointue ; muni d’une ou plusieurs nageoires, La
Fic. 795. Firole de Kéraudren.
bouche située 4 lextrémité dune trompe. Point de tentacules, ou seulement deux
rudiments tentaculaires portant les yeux a leur base extérieure. Branchies en forme
de panache, groupées avec le cceur sous le ventre.
Les Firoles sont trés-transparentes, quoique teintées de couleurs irisées. Leurs
rapports avec les espéces du genre suivant sont tres—évidents. Les mouvements de
ces animaux s’exécutent 4 l’aide de la nageoire placée vers le milieu de leur face —
abdominale, lorsqu’elle est unique. On trouve ces Mollusques dans la Méditerra- _
née et l’Oeéan Atlantique. Il est difficile de les bien observer, parce que leur corps
gélatineux et hyalin passe en quelque sorte inapergu dans l’eau de la mer, et que
leur décomposition est trés-prompte.
HISTOIRE NATURELLE. 211
3° GENRE. CT axidcaee: Carinaria, Lamarck.
(Carina, carene.)
Coquille univalve, trés-mince, trés-légére, transparente, conique, aplatie sur
les cotés, A sommet réfléchi, contourné en spirale. Ouverture oblongue. Le bord
dorsal quelquefois caréné.
L’animal est allongé, gélatineux, transparent, et un peu comprimé sur les cotés.
La téte est rétractile, se ter-
mine en trompe tronquée ;
elle est munie de deux tenta-
cules & la base desquels se
trouvent les yeux. Vers le mi-
lieu de la face ventrale est at-
tachée une large nageoire dont
le bord postérieur se dédouble
pour former un petit disque
en forme de ventouse. Tous Fic. 796. Carinaire gondole.
les visceres, formant une masse pédonculée, dorsale, sont contenus dans la co-
quille. On connait un petit nombre de Carinaires ; la plus belle, et aussi Ja plus
rare, vient des mers de I’Inde ; on Ja nomme Carinaire vitrée ; elle a encore une
valeur de mille 4 douze cents francs. Les autres especes sont plus communes ; elles
viennent des mers australes. On en trouve aussi assez fréquemment une espece
dans la Méditerranée : cette derniere a le corps blanc, transparent comme le cristal,
a Pexception de sa nageoire, qui est d’un rose pale.
Les Carinaires vivent loin des rivages ; elles nagent presque continuellement, et
se fixent quelquefois aux corps flottants 4 laide de la ventouse de leur pied-na-
geoire.
a) SN e
DEUXIEME FAMILLE,
Ley Lied.
Cette famille ne se compose que d’un seul genre, dont les caractéres sont :
GENRE Noi aute. Atlanta, Lesucur.
(Atlantides.)
Coquille transparente, tres-fragile, discoide, comprimée, fortement carénée, a
ouverture échancrée ou fendue antérieurement, a bord tranchant. Spire terminée
par un bouton au fond de lombilic du cété droit. Opercule vitré, mince, fragile,
portant impression musculaire dans son centre.
212 HISTOIRE NATURELLE,
L’animal a le corps comprimé latéralement, spiral, portant une nageoire assez
grande, foliaccée, et mume dune ventouse a son bord
postérieur; téte en forme de longue trompe ; deux ten-
tacules cylindriques en avant d’yeux fort gros, comme
pédiculés a leur base ; bouche a l’extrémité de la trompe;
les branchies, en forme de peigne, dans la eavilé pul-
monaire.
Fic. 797. Atlante de Kéraudren. Les Atlantes sont communes dans les mers chaudes,
ott elles vivent en troupes nombreuses ; elles nagent avec rapiditeé. |
TROISIEME FAMILLE.
Tp V4 Y GON y4e ' ‘ te ;
Sh yller cules ae
Cette famille ne comprend qu'un seul genre, dont Jes caracteres sont :
“* 7) ,
GENRE Shylliroe. Phylliroe, Péron et Lesueur.
e@
(Fille de Océan.)
Mollusque gélatineux, transparent, tres-aplati sur les cétés. La téte est surmontée
de deux tentacules qui ressemblent &
des cornes. Cet animal nage vague-
ODER, Fy .
EEK ment dans les eaux, et il a une trans—
eh
SSS
parence si grande qu'on n’apercoit
guere que sa téte et ses branchies,
Fic, 728. Phylliroé piquetée. qui paraissent au travers de son corps.
Sa nageoire caudale parait coupée comme celle de beaucoup de poissons. Ces Mol-
lusques se trouvent dans la Méditerranée et ?Océan.
,
QUATRI EME FAMILLE.
S eeloneend.
Cette famille comprend tous les Mollusques gastéropodes dont les branchies sont
symétriques, extérieures, et placées au-dessus du manteau, soit sur le dos, soit sur
les cdtés, sans cavité particuliére. Tous les Tritoniens habitent la mer et ne respi-
rent que l’eau; ils n’ont point de coquille ; leur corps est allongé, et leur téte est
munie d'une ou deux paires de tentacules. Quelques-uns de ces animaux habitent
les rivages ét rampent au moyen d’un pied assez développé; d’autres habitent la
haute mer et s’attachent aux fucus par un pied étroit ou allongé, ou bien ils nagent
le corps renversé et Je pied’’ Ja surface de la mer; dans ce cas, les bords de leur
manteau et de leurs branchies leur servent de rames.
HISTOIRE NATURELLE.
bo
—
a
a8 >)
1° GENRE. Claugu e. Glaucus, Lamarck.
(Dieu marin.)
Mollusque allongé, gélatineux, terminé postérieurement par une queue gréle.
Téte distincte, mume de quatre tentacules coniques el symé-
triques. Branchies palmées, disposées par paires sur les cétés et
servant aussi de nageoires. Les Glauques sont remarquables par
Pélégance de leur forme et par les riches couleurs dont ils sont
ornés. L’espece dont nous donnons la figure est d’un gris perle,
avec deux, bandes longitudinales @un beau bleu. Ces animaux
vivent en troupes nombreuses dans !’Océan et Ja Méditerranée ;
ils nagent avec assez de vitesse.
=
Fic. 799. Glauque de
Forster.
2° GENRE. qo uaese. Briarea, Quoy et Gaimard.
(Briarée, géant a cent bras.)
Mollusque gélatineux, transparent, aplati, scolopen-
driforme, portant a Ja partie antérieure deux points
noirs qui sont probablement des yeux, et quatre
tentacules courts, larges et triangulaires, les posté-
rieurs antenniformes. Corps terminé par une queue
déliée, et pourvu de chaque cété dun grand nombre
appendices branchiaux bifurques. Bouche arrondie
et membraneuse.
Ce Mollusque est tres-transparent ; tout son corps est
blanc; les tentacules sont rouge-brun, ponctués de Ja
méme couleur. I] nage avec une grande vitesse. On le
trouve dansla Méditerranée, presdu détroitde Gibraltar. V16. 800. Briaree scolopendre.
Bie eee Ad ; 4) p- rae Sab
3° GENRE. Colvoe. Holis, Cuvier.
(Nom mythologique.)
_ Mollusque ayant Ja forme dune Limace hérissée, gélatineux, rampant, terminé
! sas K . ; e . :
en pointe postérieurement ; téte munie de deux ou trois paires de tentacules. Pied
.
Fie. 801. Eolide Inca.
tres-allongé. Branchies papilleuses, saillantes, disposées par rangées sur la partie
supérieure du corps.
Les Eolides sont presque toujours en mouvement; Jeur mollesse est ‘telle qu’on
214 HISTOIRE NATURELLE.
ne peut observer leurs formes que lorsqu’elles sont dans eau, qui soutient et déve—
loppe toutes leurs parties; autrement elles retombent sur elles-mémes et s’'agglome-
rent par la viscosité qui suinte de toute la surface.
Ces animaux s’attachent aux fucus. On les trouve dans presque toutes les mers.
=> 4
4° GENRE. Geilo Tritonia, Cuvier.
(Triton.)
Mollusque ayant la forme d’une Limace, rampant, a téte courte et peu distincte,
surmontée de deux tentacules rétractiles. Branchies dorsales en
houppes rameuses sur deux rangées. Bouche armée de deux ma-
choires latérales, cornées, tranchantes et denticulées sur les bords.
Pied allongé et canaliculé.
Ces Mollusques, comme ceux qui précedent, vivent sur les
plantes marines; on les trouve dans presque toutes les mers,
et ils sont souvent ornés de fort belles couleurs, rouge, jaune et
bleu.
Fie. 802.
Tritonie de Homberg.
pn :
5¢ GENRE. Seyllee. Scyllea, Cuvier.
(Nom mythologique.)
Mollusque gélatineux, oblong, & dos élevé en une créte bicaré-
née, trés-comprimé sur les cotés, ot l'on remarque quatre ailes
symétriques. Téte peu distincte et munie de deux tentacules en
massue. Branchies en forme de pinceau, éparses sur les ailes.
Pied long, trés-étroit, formant un sillon.
Les Scyllées se trouvent en trés-grand nombre dans toutes
les mers chaudes ; elles rampent sur les plantes marines errantes.
Leur couleur n’offre rien de remaequable.
Fie. 805.
Seyllee de Ghomfoda,
6° GENRE. ‘Cethye. Téthys, Linné.
(Nom mythologique.)
Mollusque charnu, quoique gélatineux, semi-transpa-
rent, oblong, terminé antérieurement par un manteau
large, demi-circulaire, en forme de voile, recouvrant
et débordant la téte, et postérieurement rétréci en
pointe. Bouche en forme de trompe et située sous le
voile. Deux tentacules en saillie au-dessus de la base
du manteau. Branchies dorsales, saillantes, nues, en
houppes rameuses, disposées en deux rangées longitu-
dinales.
Ces Mollusques rampent au fond de la mer, mais
ils peuvent nager et s’élever 4 Ja surface en se servant
de leur voile. On les trouve dans la Méditerranée et
Fig./804. Tethys frase. dans la mer Adriatique.
HISTOIRE NATURELLE. 215
7¢ GENRE. doris. Doris, Lamarck.
(Fille de ’Océan.)
Mollusque charnu, oblong, planulé, convexe ou prismatique, recouvert d’un
Jarge manteau dépassant trés-souvent le pied et la téte. Caen tentacules : deux
supérieurs en massue, et rentrant chacun dans L
une fossette en ieee deux inférieurs, coniques,
sous le rebord antérieur du manteau. Branchies
dorsales saillantes, en forme d’arbuscules réguliers,
entourant lorifice anal. Fie. 805. Doris tachelée.
Les Doris sont trés-communes sur tous les rivages ; leur forme n'est pas élégante,
mais leurs couleurs sont tres-variées et tres-vives. On en connait un trés-grand
nombre d’espéces.
CINQUIEME FAMILLE.
Lh yleutiond,
Les Mollusques de cette famille ont Jes branchies placées sous le rebord du
manteau, et disposées en série longitudinale autour du corps; ils ne respirent que
eau. Presque tous ont une coquille, multivalve chez les uns, univalve chez les
autres.
i GENRE. Lhayllidie. Phyllidia, Cuvier.
(Nom mythologique.)
Mollusque ovale-allongé, & peau dorsale coriace, variqueuse ou tuberculeuse ,
formant un bord saillant autour du corps. Branchies disposées sous
le rebord de Ja peau en une série de feuillets transverses, occupant la
circonférence du corps. Quatre tentacules : deux supérieurs, sortant
chacun d’une cavité particuliére, et deux inférieurs et coniques, silués
pres de la bouche. Le disque charnu sur lequel rampe l’animal est
plus étroit a la partie ot il s‘insére qu’a celle par laquelle il pose sur
le sol.
Les Phyllidies se trouvent dans la mer des Indes et dans celle de
la Nouvelle-Hollande. Pee ccna
noire ef blanche,
216 HISTOIRE NATURELLE.
2° GENRE. OQ) cabeelle: Chitonellus, Lamarck.
(Diminutif de Chiton, manteau de pierre.)
Mollusque allongé, étroit, ayant le milieu du dos garni dans
sa longueur d'une coquille composée de huit pieces ou valves
longitudinales, jamais transverses, distantes lune de lautre;
ces pieces ne sont que Pébauche dune coquille, et paraissent
adhérentes les unes aux autres lorsque animal est desséché. Ce
genre est tres—-voisin du genre qui le suit, et se confond méme
avec lui par des nuances insensibles.
Ces Mollusques sont rares et recherchés dans les collections,
quoiqu’ils ne présentent rien de remarquable dans leurs formes
ou leurs couleurs. On n’en connait qu'un petit nombre d’especes
des mers de Ja Nouvelle-Hollande.
Fie. 807. Oscabrelle lisse.
“i y+ : eres
3° GENRE. Oscabrion. Chiton, Linneé.
(Oscabiorn, nom islandais. X:z@v, manteau de pierre.)
Mollusque ovale-oblong, arrondi aux extréimités, débordé tout autour par une
peau coriace, souvent couverte d’épines ou de petits tubercules. Au centre, le corps
est recouvert par une série réguliere de pieces testacées, imbriquées, transverses,
mobiles, enchassées dans les bords du
manteau. Les branchies sont dispo-
sées tout autour du corps, sous le
rebord de Ja peau. Les Oseabrions
s'allongent et se contractent comme
les Limaces, ou se roulent en boule
comme les Cloportes.
hh fi i i) (ih Ets
Lorry caer WAY
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SEES
Fic. 808. Oseabrion cannelé. Fic. 809. Useabrion pirogue. Eyes 810. Oscabrion épineax.
Le nom d’Oscabrion, donné aux espéces de ce genre, vient de deux mots islandais :
biorn, qui veut dire oursin, et oosk, qui signifie voeu ou souhait. Ia été choisi
pour ces animaux, dit M. de Blainville, d’apres un auteur ancien, parce qu'un pré—
jugé accorde, & homme qui peut avaler une pierre cachée dans Je corps de ces
Mollusques, l'accomplissement certain de tous ses désirs. Les Oscabrions vivent dans
la mer, pres des rivages ; ils adherent aux corps submergés. Souvent, dit encore
M. de Blainville, ils restent & découvert pendant toute une marée basse, et alors ils
ne changent en aucune maniere de place. Leur adhérence est tellement forte, qu il
;
i
;
n
;
i
HISTOIRE NATURELLE. PAT)
est difficile de les détacher sans les déchirer. Ce mode d’adhérence est évidemment
formé, non-seulement par le pied lui-méme, mais surtout par les bords du man—
teau, qui forment une espéce de ventouse. En effet, dans le moment oti ces animaux
cherchent &s‘attacher aux corps, on voit sortir de toutes parts Peau ou Pair com-
primé entre le corps et le pied ou Je manteau.
Les Oscabrions se trouvent dans toutes les mers, méme les plus froides ; mais les
grandes especes appartiennent aux mers du Sud. On en trouve aussi une espéce
fossile a Grignon.
4° GENRE. P atelle. Patella, Lamarck.
(Patella, petit plat.)
Coquille univalve, ovale ou circulaire, symétrique, non spirale, recouvrante, en
cone surbaissé, concave et simple en dessous, sans fissure & son bord, et a sommet
entier, incliné antérieurement. L’animal a deux tentacules oculiferes a leur base
extérieure ; ses branchies sont disposées en série tout |
autour du corps, sous le rebord du manteau.
Les Patelles sont les premiers animaux de la série
)
Fic, 811, Patelle cil de rubis, Fic. 812.
des Gastéropodes qui soient couverts d'une véritable coquille calcaire et entiere-
ment visible 4 l'extérieur. Cette coquille est lisse ou ornée de cétes rayonnantes et
souvent couvertes d’écailles; ses bords sont fré- I),
quemment garnis de dentelures, qui ne sont que le
prolongement des rayons. Elles présentent des cou-
leurs vives et variées. L’intérieur est tres-lisse,
tres-brillant, et remarquable par la vigueur des
Fic. 843. Patelle crepne, Fic. 814.
teintes. Une Patelle renversée représente une coupe trés—évasée, et il y ena de fort
grandes qui pourraient, au besoin, servir de plat ou d’assietle.
Les Patelles vivent sur les rochers des bords de la mer; elles adhérent si for-
tement quon ne peut les détacher qu’en passant, entre le rocher et l’animal ,
une lame de couteau qui, le plus souvent, divise le pied du Mollusque. Elles sont
quelquefois en grand nombre sur Je méme point, et un ancien auteur les compa-
rait 4 des tétes de clous enfoncés dans la pierre. Ce genre est tres-nombreux en
especes qu'on trouye dans toutes les mers.
, ge 28
218 HISTOIRE NATURELLE.
I] est étonnant, dit M. Defrance, qu’on ne rencontre 4 |’état fossile qu'un petit
nombre d’especes de Patelles, quand celui des coquilles de ce genre 4 l’état vivant
est si considérable. Elles se présentent dans les couches antérieures Ala craie, dans
la craie et dans les couches plus nouvelles.
5° GENRE. Paralaine: Patelloida, Quoy et Gaymard.
(Diminutif de patelle.)
Coquille patelliforme, le plus souvent mince et déprimée, symétrique, régulieére,
et dont le sommet, médian, est généralement incliné en
avant. L’animal est assez semblable a celui des Patelles; une —
des différences consiste dans la présence d’une petite branchie
pectinée, insérée au coté droit de la téte et saillant en dehors
) du sac cervical. Les coquilles de ce genre ressemblent tellement
aux Patelles, qu’on ne peut les distinguer réellement ce en
examinant Jes animaux. I
Les Patelloides connues viennent toutes des mers de I’O-
Fic. 815.
Patelloide stellaire.
: 70 : Bee
6° GENRE. Ohiphouaire. Siphonaria, Sowerby.
(S:gev, siphon.)
Coquille patelloide, non symétrique, elliptique ou suborbiculaire, 4 sommet bien
marqué, un peu sénestre et postérieur; une espece de canal ou de gouttiére sur le
cété droit, rendu sensible en dessus par une céte plus élevée et
le bord plus saillant; Vimpression musculaire divisée comme le
muscle qu'elle représente. L’animal est suborbiculaire, conique,
plus ou moins déprimé; téte subdivisée en deux lobes égaux,
sans tentacules ni yeux évidents ; bords du manteau créneleés et
dépassant un pied subcirculaire, comme dans les Patelles. Cavité
branchiale transverse, contenant une branchie pectinée éga- |
Fic. 816. . AY ot |
Siphonaire verte, lement transverse, ouverte un peu en avant du centre du cété
droit, et pourvue a son ouverture d'un lobe charnu de forme carrée, situé dans
le sinus entre le manteau et Je pied ; muscle rétracteur du pied en fer a cheval, et
partagé inégalement en deux parties séparées par une espéce de siphon.
Les Siphonaires vivent dans les mers des pays chands: on en trouve de fossiles —
aux environs de Dax.
SIXIEME FAMILLE.
Semophylli CCW.
Cette famille a été établie pour les Mollusques ne respirant que l'eau, et dont
les branchies, placées, comme chez les Phyllidiens, sous le rebord du manteau, sont
encore disposées en série longitudinale, mais seulement sur le cété droit du corps.
HISTOIRE NATURELLE. 219
EAD, ) )
1 GENRE. SL lenrobrauche. Pleurobranchus, Lamarck.
(IIxevsa, cdté; Coayytt, branchies.)
Mollusque charnu, ovale, elliptique, couvert par
un manteau qui déborde de toutes parts, et distin-
gué par un pied large, Je déhordant également; d’ot
résulte un canal qui régne autour de Jui, entre le
manteau et le pied. Branchies sur le cété droit, in-
sérées dans le canal, et disposées en série sur les
deux faces d'une lame longitudi-
nale. Bouche antérieure, ayant la
forme d'une trompe; deux ten-
tacules cylindriques, creux, fen-
dus longitudinalement au coté
externe , et attachés sur le voile
qui couvre la bouche. La coquille
est interne, dorsale, mince, apla-
tie et rudimentaire, fort analogue
a celle des Aplysies.
Ce genre est peu nombreux en CRA thaseiaieas Meckel
5 °
especes; on en trouve quelques-unes dans la Méditerranée et la mer des Indes.
2e GENRE. (ORE Umbella, Lamarck.
(Umbella, parasol.)
Coquille petite relativement 4 l’animal, qu’elle couvre en partie seulement, un
peu irréguliere, presque plane, Iégeremenl ;
convexe en dessus, blanche, avec une petite
pointe apicale vers son milieu, 4 bords tran-
chants ; sa face interne un peu concave et
offrant un disque calleux , coloré, enfoncé
au centre et entouré d'un Jimbe lisse. L’a-
nimal est fort épais, ovalaire, a pied tres-
ample, lisse et plat en dessous, débordant de
toutes parts et échancré antérieurement et
en avant de la bouche. Branchies foliacées,
disposées en cordon entre le pied et le léger
rebord du manteau, sur le cété droit anté-
rieur.
On trouve une Ombrelle dans la Médi-
terranée et une dans les mers de |'Inde;
cette derniere, dont nous donnons la figure,
est connue vulgairement sous le nom de Pa-
rasol chinois. Fic. 819. Ombrelle de l’Inde.
22.0 HISTOERE NATURELLE.
SEPTIEME FAMILLE.
ZA i ae a cs
OD YP Liaewened.
Les Calyptraciens ont les branchies placées dans une cavité particuliere sur le
dos, dans Je voisinage du cou, et saillantes, soit seulement dans cette cavité, soit
méme au dehors. Hs ne respirent que Peau, et leur coquille est toujours recou-
vrante et extérieure.
BAD ) ae
, 4¢ GENRE. F wancphore. Parmophorus, de Blainyille.
(Parma, bouclier ; fer'o, je porte.)
Mollusque épais, ovale, allongé, peu bombé en dessus et couvert dans une plus
ou moins grande partie du dos par une coquille extérieure, 4 bords retenus dans
un repli de la peau ; manteau débordant tout le
corps; tentacules épais, coniques, avec des yeux
saillants & leur base externe. Coquille allongée,
tres-déprimée, clypéiforme ; le sommet reculé et
incliné en arriére. Ouverture aussi grande que la
Fig. 820. Parmophore austral. Fig. 821. La coquille vue de face et de profil. Fig. 822,
coquille; bords latéraux droits et paralleles: Je postérieur arrondi; Vantérieur
tranchant, plus ou moins échancré, ou au mois sinueux.
Les Parmophores sont apathiques et fuient la lumiere en se cachant sous les
pierres des rivages. Ils vivent de Polypiers flexibles, dont leur vaste estomac et
leurs longs intestins sont toujours remplis. On les trouve a la Nouvelle-Hollande,
a la Nouvelle-Irlande et dans la mer Rouge. Les especes fossiles, que lon ne ren-
contre que dans les couches plus nouvelles que la craie, sont beaucoup plus petites
et plus minces que celles que l'on connait 4 Vétat vivant.
shoe, ee Aa) : ;
2° GENRE. Curacginule. Emarginula, Lamarck.
¢
(Emargino, je rogne ; bord échaneré.)
Coquille ovale, conique, plus ou moins élevée, & sommet incliné en arriere ; |
ouverture grande, avec une échancrure 4 son bord antérieur. L’animal est ovale,
hombe; il a des yeux gros, placés sur des tubercules a Ja base extérieure des tenta-
HISTOIRE NATURELLE, 221
cules, qui sont courts et coniques. Le pied est large, et mumi dans sa circonférence
d@appendices tentaculiformes. Le manteau
est trés-ample, et recouvre en partie la
coquille par ses bords repliés. On trouve
des Emarginules dans presque toutes les yg. 925. marginule treillissée. Fic. 824.
mers. Les especes fossiles sont peu nombreuses; elles viennent de Grignon et de
Parnes.
3¢ GENRE. Grarate. Dentalium, Linné.
(Dens, dent.)
Coquille tubuleuse, solide, lisse ou striée, que l'on a comparée a une dent d’élé-
phant. Ce tube est plus ou moins arqué, régulier, se terminant en pointe a son
extrémité postérieure , ouvert aux deux bouts, et présentant souvent a son extré—
mité la plus petite une légere fissure longitudinale. L’animal a une téte distincte
pédiculée; bouche munie de tentacules; point d’yeux ; branchies composées de
cirres symétriques. On ne sait rien des habitudes des Dentales; elles se ren-
contrent sur les cétes sablonneuses de presque toutes les mers, mais surtout dans
Jes pays chauds. Ce genre est assez nombreux en espéces : nous citerons parmi les
plus belles la Dentale éléphantine, décrite par Limné, et Ja Dentale de Delessert,
que nous avons décrite depuis peu.
Fic. 825. Fic. 826. Fic. 827. I
Dentale striolée. Dentale de Delessert. Dentale élephantine, Animal de la Dentale Hsse.
2a HISTOIRE NATURELLE.
x Chr ») : As
4¢ GENRE, Gomcele: Fissurella, Bruguieres.
(Diminutif de fissura, fissure.)
Coquille patelliforme ou en cone surbaissé, oblongue, largement ouverte en
dessous et perforée & son sommet pour le passage de l’eau sur les branchies. L’animal
est allongé, sa téte est tronquée en avant, Jes yeux sont situés a
la base extérieure de deux tentacules coniques. Les branchies,
pectinées dans leur partie supérieure, s'élevent de la cavité bran-
chiale, forment une saillie de chaque coté du cou, et correspon-
dent a ouverture supérieure de Ja coquille, qui donne aussi pas-
sage 2eau rejetée des branchies. Le manteau est tres-ample et
déborde Ja coquille; le pied est
large et épais.
Les Fissurelles ont les mémes
habitudes que les Patelles, et habi- Fic. 829. Fissurelle de Magellan, Fig. 850.
tent les mémes localités. Ce sont en général de jolies coquilles, ornées de rayons
de diverses couleurs. On n’en connait qu'un petit nombre de fossiles.
“—™
bareern a ) — : :
S° GENRE. Cabochoy. Pileopsis, Lamarck.
(tic, chapeau; édrs, aspect.)
Coquille irréguliere , en céne oblique, plus ou moins élevé , & sommet incliné
et un peu spiral en arriére ; ouverture large, irrégulierement arrondie. L’animal a
la méme forme que la coquille; sa téte est distincle et munie d’une trompe qui
pig
Migs
yyy
Fie. 83L. Cabochon bonnet hongrois. Fic. 832. Fic. 835. Cabochon a trois cotes, Fic. 854.
termine la bouche. Les tentacules sont gros et portent les yeux sur de petits renfle-
ments placés i leur base extérieure. Le pied est grand et mince. Les branchies sont
disposées en une rangée sur le bord antérieur de Jeur cavité , pres du cou. Ce
genre n’est pas tres-nombreux en especes. On trouve ces Mollusques dans presque
toutes les mers ; les especes fossiles sont communes aux environs de Paris, a Parnes,
a Grignon et & Houdan.
Le Cabochon 4 trois cétes, dont nous donnons la figure, a été pendant long-
temps considéré comme une Patelle.
HISTOIRE NATURELLE.
i)
ne
Oo
rom. ' ; .
6° GENRE. 5 ippouice. Hipponix, Defrance.
(Innez, cheval ; ov, sabot.)
Coquille univalve, conique, non spirale, concave et simple en dessous, 4 sommet
porté en arriére; support adhérent; impression musculaire en fer a cheval, tant
dans Ja coquille que dans le support. L’animal est ovale ou suborbiculaire, conique
Fic. 835. Fic. 856. Hipponice corne d’abondance. Fic. 857.
ou déprimé; le pied fort mince, un peu épaissi vers ses bords; téte globuleuse, portée
a lextrémité d'une espece de cou, de chaque cété duquel est un tentacule renflé a
la hase et terminé par une petite pointe conique: yeux sur les renflements tentacu-
laires ; le muscle d’attache en fer 4 cheval, et aussi marqué endessus qu’en dessous.
A la premiere vue, les Hipponices semblent étre des coquilles & deux valves;
mais un examen plus approfondi démontre que la partie inférieure de cette coquille,
qui n’a ailleurs pas de charniére, n’est autre chose qu'un support sécrété par le
pied de animal. Dans ce cas, le pied anticipe sur les propriétés du manteau, et
produit une surface calcaire adhérente, qu’on peut considérer comme une ¢bauche
de l’opercule qui ferme louverture d’un assez grand nombre de coquilles. L’ani-
mal des Hipponices, dit M. Deshayes, reste done de toute nécessité attaché aux
corps sous-marins, comme les Huitres et les Cranies. Cette mamiere de vivre d'un
Mollusque céphalé, et la propriété qwil ade sécréter un support, lui donnent de la
ressemblance avec une coquille bivalve sans charniere. Le support de ces Mollus-
ques, tres-épais dans certaines especes, diminue insensiblement dans d'autres, et
devient quelquefois tres-mince. Nous connaissons certaines espéces qui, au lieu de
sécréter un support, s'attachent a d'autres coquilles et y creusent assez profondé-
ment la place sur laquelle elles vivent. Cette impression offre exactement la méme
forme et les mémes accidents que le support. De ces espéces a celles qui vivent sé-
dentaires et ne laissent point de traces sur les corps qui leur ont servi de point
d’appui, il n’existe que bien peu de différence, et il est & présumer que dans |’or-
ganisation de ces animaux cette différence n'est pas considérable. C’est ainsi que
s établirait le passage des Cabochons aux Hipponices, et que se trouverait justifiée
opinion de Lamarck, qui réunit ces deux genres en un seul, qu'il divise en deux
sections. MM. Quoy et Gaymard ont découvert des Hipponices a I’état vivant, et,
@apres leurs observations, quelques especes du genre Patelle de Lamarck devront
étre classées dans Je genre qui nous occupe, Jorsqu’on parviendra a trouver ces
coquilles réunies a leur support.
Jusqu ici on ne connait que quelques especes vivantes d’Hipponices ; elles vien-
nent de la Nouvelle-Hollande : les especes fossiles ne sont pas rares dans les envi-
rons de Paris, de Bordeaux, et dans Jes faluns de la Touraine.
994 HISTOIRE NATURELLE.
7° GENRE. Calyptice. Calyptrea, Lamarck.
e
(Calyptra, voile.)
Coquille irréguliére, conoide, quelquefois spirale, & sommet vertical et un peu
postérieur, a base subcirculaire ou oblongue; inté-
‘rieur lisse, contenant vers le sommet une lame de
forme tres-variable, en languette ou en cornet, sur ?
laquelle se trouve impression musculaire. M9) Wf LG
L’animal est ovale ou suborbiculaire, plus ou )\/77/% %\) LG
Lil \
Fic. 838. Calyptrée rayonnante. Fic. 859.
moins déprimé; sa téte est large, bifurquée en avant; les tentacules sont minces
et portent les yeux sur un renflement du milieu de leur bord extérieur. Le pied
est mince, surtout en avant. La cavité branchiale est za
tres-grande, elle s’ouvre Jargement en avant et con-
tient une branchie formée de longs filaments roides
et exsertiles. Un seul muscle d’insertion subcentral.
Fie. 840. Calyptrée cepacée.
Les Calyptrées mont point de couleurs remarquables ; elles sont généralement d'un
blanc grisétre ou brunatre ; mais elles se distinguent par la présence de la lame fixée au
fond de leur cavité, Jame dont la forme et le mode @insertion ont fourni Je moyen
d’établir quatre groupes principaux. Le premier comprend les especes trochiformes,
avec une lame intérieure en spirale plus ou moins étendue : fig. 858,839. Le second
renferme les espéeces dont la lame adhérente au fond de la cavité est ployée en gout-
tiére ou en demi-cornet: fig. 840, 841. Dans le troisieme, on place tous les Calyp-
trées dont la lame intérieure, infundibuliforme et en cornet, est adhérente par son
sommet au fond de la cavité : fig. 842. Enfin les especes
dont la lame en cornet est adhérente par un des cotés
forment le quatrieme groupe : fig. 845.
On trouve des Calyp: |
trées dans presque tou-
tes les mers, et Von
enconnait un assez bon
nombre d’especes fos-
siles des environs de
Fie 842. Calyptrée hispide. Fie. 843. Calyptrée minee. ° Paris et de Bordeaux.
|
}
|
HISTOIRE NATURELLE. 225
8° GENRE. Crepidule. Crepidula, Lamarck.
(Crepidula, petite pantoutle.)
Coquille irréguligre, ovale ou oblongue, presque toujours convexe en dessus,
ayant une spire peu formée et trés-inclinée sur le bord postérieur. La cayité est
erande , 2 bords tranchants, et elle est en partie fermée par
une lame ou cloison horizontale qui part du cété postérieur.
L’animal est ovale, un peu spiral au sommet ; ila deux ten-
tacules coniques portant les yeux a leur base extérieure ; la téte
est bifurquée, le pied peu épais et le manteau mince. Une
branchie en panache, saillante hors de la cavité branchiale,
et flottant sur le coté droit du cou.
Les Crépidules habitent les bords de la mer, et se trouvent
ordinairement sur les rochers, ow elles se fixent pour ne plus
changer de ‘place, et sur lesquels elles se moulent souvent.
On les trouve dans toutes les mers, mais elles sont plus com— Chenit eoreclaihs,
munes au cap de Bonne-Espérance et sur les cotes d’ Amérique; on en connait
quelques especes fossiles.
9° GENRE. oNonede, Ancilus, Lamarck.
(Ancile, bouclier.)
_ Petite coquille mince, en cone oblique, & sommet pointu et incliné en arriére ;
Youverture est large et a les bords tres-simples. L’animal est petit, entidrement
recouvert par la coquille; il a deux tentacules courts,
tronqués, et portant les yeux a leur base externe. Le
pied est court, elliptique et moins large que le corps.
Les Anciles sont de petites coquilles fluviatiles, tres-
transparentes, flexibles, qui ont de grands rapports avec les Patelles. On les trouve
dans les eaux douces, particuligrement en France ; elles rampent sur Jes _pierres
et les plantes aquatiques; le genre est peu nombreux en espéces vivantes, et l’on
n’en cite qu'une ou deux de fossiles.
Fig. 845. Ancile concentrique,
: oy, » :
10° GENRE. Oeiutelle. Scutella, Broderip.
(Scutella, écuelle.)
Ce genre a élé établi pour une petite co-
quille nacrée et irisée intérieurement, qui a
beaucoup de rapports avec les Anciles, et dont
Ja forme se rapproche de celle des Patelles, et
plus encore de celle des Navicelles.
Les Scutelles ont le sommet non spiral, peu
élevé et incliné en arriére. Fic, 846. Sentelle de Broderip, Fie. 847.
99
8 me
226 HISTOIRE NATURELLE.
HUITIEME FAMILLE.
a -
LUD
La famille des Bulléens se compose des Mollusques dont les branchies , placées
dans une cavité particuliére vers le cété postérienr du dos, sont recouvertes par le
manteau. La téte de ces animaux est a peine distincte et sans tentacules. Les uns
mont point de coquille, les autres en ont une qui se trouve cachée par le manteau ;
d’autres enfin ont une coquille apparente spirale, mais l’enroulement est si lache
qu'on ne trouve point de columelle.
Ie GENRE. motores Acera, Cuvier.
(A privatif, %2o%:, corne, tentacule.)
Mollusque nu, sans coquille, divisé en lobes distincts, dont les latéraux sont
comme ailés inférieurement par les dilatations du pied.
La téte est peu distincte, et indiquée par un disque
tentaculaire antérieur. Les branchies sont placées sur
le dos, un peu en arriére et a droite, et recouvertes par
le manteau. Les trois especes connues viennent de la
Fig, 848. Acére aplysiforme, Méditerranée.
Ae Nee re
9e¢ GENRE. Aoillec. Bullwa, Bruguieres.
(Diminutif de bulla, boule.)
Coquille tres-mince, trés-fragile, un peu enroulée en spirale d’un cété, sans co-
lumelle et sans spire; & ouverture trés-ample. Cette coquille est cachée dans I’é-
paisseur du manteau et protége les branchies et les viscéres princi-
paux. L’animal est ovale-allongé, les lobes latéraux du pied se re-
plient sur Ja coquille. Sa téte ne présente aucune apparence de —
ltenlacules ni d’appendices qui en tiennent lieu. [’estomac des Bul-
lées présente une disposition trés-remarquable; 1] offre intérieure-
ment une armure composée de trois petits osselets destinés a broyer
les aliments. On ne connait qu'un petit nombre d’espéces de Bul-
Fic. 849. i : , 4 : On oe
Bullee plancienne, Iées, soit vivantes, soit fossiles : les premieres sont des mers d’Eu-
rope et de l’Océan Indien ; les secondes se rencontrent 4 Grignon, 4 Mouchy et dans
les terrains tertiaires du Plaisantin.
5° GENRE. Youle. Bulla, Bruguieres.
(Bulla, boule.)
Coquille ovale, globuleuse, généralement mince et fragile, plus ou moins com—
HISTOIRE NATURELLE. ir
plétement enroulée, a spire ombiliquée ou peu saillante, ouverte dans toute sa lon-
gueur; 4 bord droit, évasé et tranchant.
Fic. 850. Bulle oublie. Fig. 851.
L’animal a le corps ovale-oblong, obtus aux deux extrémités. La téte est peu
distincte, et le plus souvent sans tentacules apparents. Les branchies sont situées
Fic. 852. Bulle ampoule. Fic. 855.
sur le dos, un peu a droite et en arriére, sous la coquille, qui se trouve en partie
eachée par le mantean.
Fic. 854. Bulle banderole,
Bic. 855. Bulle fasciée
228 HISTOIRE NATURELLE.
Les Bulles sont de fort jolies coquilles marines, ornées souvent des plus riches
couleurs et de bandes rouges, noires ou blanches, séparées par des fascies de cou-
leurs diverses. L’une de celles dont nous donnons la figure est connue vulgaire-
ment sous le nom de Bouton de rose. On ne connaissait qu’un petit nombre de
Bulles, mais les voyages autour du monde exécutés dans ces dermiers temps ont
enrichi les collections des plus belles especes.
On trouve des Bulles dans toutes les mers, mais principalement dans Océan In-
dien et sur les cétes de l’Océanie. Les especes fossiles sont assez nombreuses et
communes, surtout en France.
NEUVIEME FAMILLE.
A) Uy Herd.
Les Mollusques de cette famille ont les branchies placées dans une cavité parti-
culiére, vers la partie postérieure du dos, et recouvertes par un écusson opercu- —
laire et une coqnille rudimentaire. Ils ont des tentacules.
1°* GENRE. oloplysie. Aplysia, Linné.
e
(Aplysia, éponge.)
Mollusque oblong, convexe en dessus, aplati en dessous, ayant l’apparence d’une
erosse Limace, bordé de chaque cété d'un manteau large dont Jes expansions se |
i
Fic. 856. Aplysie tigrine. Fic. 857.
replient sur le dos et servent parfois 4 la natation. La téte est distincte et surmontée |
de quatre tentacules auriformes au centre desquels se trouvent les yeux. Le pied
est grand et calleux; Jes branchies, renfermées dans une cavité dorsale, sont pro-
tégées par une coquille rudimentaire située sur Je dos et recouverte par le man-
teau. Cette coquille est trés-mince , cornée, transparente, jJaunatre comme une —
pelure doignon ; sa forme est ovale, et elle est légerement recourbée vers Vextré-_
mité. .
Les Aplysies se trouvent dans toutes les mers. Elles habitent les rochers des
rivages et rampent sur les plantes marines ; quelques especes ont la faculté de na-
ger. On les connait vulgairement sous le nom de Liévre marin. Autrefois on suppo- —
sait A ces animaux des qualités malfaisantes, et l'on croyait que le fluide visqueux
HISTOIRE NATURELLE. 229
qwils répandent assez abondamment lorsqu’on les touche pouvait brdler la peau
ce qui a fait donner & une espéce des edtes de France le nom de dépilante. Ce
préjugé tient & ce que l'on a généralement I’habitude de regarder comme dangereux
jes animaux dont les formes sont extraordinaires ou désagréables. Ce qwil y a de
vrai, c'est que Jes Aplysies peuvent, lorsqu’on les touche, rejeter un fluide acre et
@une odeur repoussante.
2° GENRE. Datavette: Dolabella, Lamarck.
(Dolabella, petite doloire.)
Mollusque oblong, rétréci en avant, élargi & sa partie postérieure et ayant les
bords du manteau repliés et serrés sur le dos, et impropres ala natation. Téte assez
distincte et surmontée de quatre tentacules. Branchies dorsales , recouvertes par
Fic, 858. Dolabelle de Hasselt. Fic. 859, Coquille de Dolabelle.
un écusson renfermant une coquille triangulaire, épaisse, calleuse, et presque en
spirale d'un cété. Cette coquille rudimentaire a quelque ressemblance avec linstru-
ment nommeé doloire, a l’usage des tonneliers.
Les Dolabelles ont les mémes habitudes que les Aplysies; la forme de leur corps
est aussi la méme, elles ne s’en distingnent que par Ja nature calcaire et la forme
de la coquille. On les trouve dans les mémes localités.
DIXIEME FAMILLE.
i
RA pianos y
Cette famille a été établje pour les Mollusques dont les branchies, sous la forme
d'un réseau vasculeux, tapissent la paroi d’une cavité particuliere dont Pouverture
se contracte ou se dilate a la volonté de l’animal. Ils ne respirent que lair hbre.
Ces Mollusques sont nus ou presque entierement nus, dit Lamarck: leur corps est
allongé et bordé sur les cétés d'un manteau le plus souvent fort étroit; ils ram—
pent sur un disque ventral qui n’est pas séparé du corps. Originaires des eaux ,
ils vivent habituellement dans leur voisinage; quelques—uns, cependant, habitent
dans des endroits quien sont éloignés, mais presque toujours dans des lieux frais
et humides.
250 HISTOIRE NATURELLE.
ie’ GENRE. (Be eis: Onchidium, Buchannan.
(Par corruption de orchis, grosse olive.)
Mollusque nu, sans coquille , elliptique , convexe en dessus , plat en dessous ,
hordé de tous cétés par Je manteau. Téte aplatie, ayant
deux tentacules cylindracés et rétractiles. Yeux non obser-
vés ; cavilé pulmonaire occupant la partie postérieure de
animal sous Je manteau, et s’ouvrant en arriére sous le
rebord du manteau, par un orifice arrondi.
Le genre Onchide est peu nombreux en espéces, vivant
toutes dans l’Océan Indien et sur les cotes de 'Océanie.
Fic. 860. Onchide noiratre.
2° GENRE. Coaaceelle: Parmacella, Cuvier.
(Parma, petit bouclier; celo, je cache.)
ee
Mollusque allongé, oblong, renflé dans son milieu, ott i
est recouvert d'une cuirasse arrondie, charnue, adhérente
seulement a sa partie postérieure, échancrée au bord droit
et contenant une petite coquille aplatie, calcaire, légere-
A al a
ment courbe dans sa largeur. Téte assez distincte, por-
tant deux paires de tentacules rétractiles, Jes uns supé-
rieurs, longs et oculiferes, les autres antérieurs el courts.
Pied tres-développé et large; cavité pulmonaire sous la
partie postéricure de Ja cuirasse, et souvrant sous Pé- |
chancrure du bord droit. (
Les Parmacelles sont terrestres; elles
habitent les foréts du Brésil. On en trouve
&’ Bourbon et & Madagascar, au bord des
courants d'eau douce.
Fig. 861. Fie. 862. f
Parmacelle 4 petit manteau. Coquille de Parmacelle.
ot),
= =| F c" n 5 i
of GENRE. Seneca. Limax, inne.
(Nom anciennement employé.)
Mollusque nu, charnu, contractile, allongé, cylindrique en dessus et aplati en
dessous pour former le pied; couvert dune peau plus ou moins coriace, ume, —
( .
Fic. 865. Limace rouge.
H{STOIRE NATURELLE. 251
sillonnée, tuberculeuse, suivant Jes especes; muni antérieurement d'une cui-
rasse ou bouchier coriace. Téte distincte ; quatre tentacules, les postérieurs grands
et oculiferes au sommet. Cavité branchiale située sous la cuirasse, a Ja partie anté-
rieure du corps, et ouverte au cété droit. Lorsque animal se contracte, la téte et
les autres parties du corps se retirent incomplétement sous l’écusson, qui contient
ou une petite coquille rudimentaire, ou quelques corpuscules arénacés qui repré-
sentent les éléments désunis d’une coquille. Les Limaces, dit Lamarck, s’allongent
et se trainent avec lenteur; leur téte est garnie de quatre lentacules inégaux,
qu’elles font sortir ou rentrer a volonté, et qui paraissent leur servir a palper les
corps. On remarque que |’animal les fait sortir ou rentrer a volonté, de la méme
maniére qu'on développe les doigts d'un gant. Le corps de ces animaux exprime,
ala moindre contraction, une humeur glutineuse qui sert a les faire adhérer aux
surfaces sur Jesquelles ils rampent; cette bave, devenue friable et luisante en se
séchant, indique la trace quils ont suivie. La poussiére, le sable, les brins de paille
et tous les corps qui sont accidentellement agglutinés par les Limaces, deviennent
un irritant qui augmente la sécrétion visqueuse , les épuise promptement et les
fait mourir. L’exposition prolongée au soleil produit aussi le méme effet. Les Li-
maces sont assez communes dans tous les pays, mais particulierement dans les ré-
gions tempérées. Elles se plaisent dans les prés, dans les bois, sous les pierres, dans
les fentes des rochers et dans tous les lieux sombres et humides. Les Limaces sont
herbivores ; elles mangent les Jeunes pousses des plantes, et font de grands ravages
dans les plantations et Jes jardins. Le meilleur moyen pour Jes éloigner ou les dé-
truire consiste 4 répandre autour des jeunes plants des cendres, du sable fin, des
écailles d’Huitres pilées ou de la paille hachée ; ces corps les tuent en épuisant la
sécrétion visqueuse. On conseille aussi de placer dans le voisinage des semis, des
espaliers ou des jeunes plantations qui souffrent heaucoup de leur présence, des
planches ou des pierres un peu écartées du sol, et qui puissent leur offrir un abri
sous lequel elles se retireront inévitablement pendant la grande chaleur du jour,
ce qui permettra de les détruire facilement.
Les Limaces se rencontrent particuliérement Je matin ou Je soir, lorsque lat-
mosphere est chargée d’humidité : aussi les trouve-t-on en grand nombre apres
une pluie d’été. Pendant I’hiver, elles se retirent dans la terre et y supportent facile-
ment une abstinence prolongée. Longtemps on acru que les Limaces reproduisaient
les parties de leur corps qui se trouvaient accidentellement détruites ou coupées :
ce préjugé s’explique par la prompte contraction de animal au moment de I’opé-
ration : ce qui ne permet guere a l’expérimentateur que de couper les téguments.
Des Limaces qui ont point de coquilles, on passe, par des gradations insensi-
bles, aux Hélices, qui en ont une tres-développée, et dans laquelle elles se retirent
complétement et s’abritent. Dans plusieurs especes on ne remarque aucune trace de
coquille ; d’autres présentent quelques corpuscules granuleux et calcaires envelop-
pés dans l’écusson ; dans quelques especes la réunion de ces grains forme une lame
aplatie, ou coquille intérieure rudimentaire ; chez d’autres, cette lame se montre a
Pextérieur et commence 4 se contourner en spirale. Elle se développe graduelle-
ment, et, comme le fait observer M. Deshayes, elle change de place lorsque l’organe
de Ja respiration en change lui-méme, et elle finit par prendre insensiblement, et
en passant d'une espece a lautre, un développement assez considérable pour, pou-
voir contenir l’animal tout entier. De ces divers degrés qui existent entre ces deux
252 HISTOIRE NATURELLE.
extrémes de la série , de ces modifications diverses , on a fait autant de genres par-
ticuliers.
4° GENRE. ‘Comacele: Testacella, Lamarck.
(Testa, coquille ; celo, je cache.)
Mollusque semblable a une Limace, a téte distincte, ayant quatre tentacules, les
deux plus grands oculiferes. Ouverture branchiale située 4 l’extrémité postérieure
et couverte par une petite coquille rudimentaire, blanche, aplatie, ovale, auriforme
Fic. 864. Testacelle ormier. Fre. 865. Sa coquille.
et légérement spirale & son sommet. L’ouverture de cette coquille est trés-évasée.
Les Testacelles different essentiellement des Limaces par Ja place qu’occupe l’ou-
verture de la cavité branchiale. Elles se tiennent presque constamment enfouies
dans Ja terre, ot elles s’enfoncent plus ou moins, suivant les degrés de chaleur ou de
froid, dhumidité et de sécheresse, suivant en quelque sorte la marche des Lom-
brics ou Vers de terre, dont elles se nourrissent et qu’elles avalent par succion.
L’espéece dont nous donnons la figure se trouve dans le midi de Ja France.
5° GENRE. D ibawe. Vitrina, Draparnaud.
(Vitreus, transparent.)
Mollusque allongé, limaciforme, contourné postérieurement en spirale, en grande —
partie droit et ne pouvant entrer entierement dans sa coquille, qui se trouve plus
pees
Fic. 866. Vitrine verte.
ou moins recouverte par les appendices postérieurs du manteau. Quatre tentacules,
les deux antérieurs fort courts. La coquille petite, trés-mince, déprimée et termi- —
née supérieurement par une spire assez courte. Ouverture grande, arrondie-ovale ;
4 bord gauche arqué, légerement fléchi en dedans. |
Les Vitrines forment un des points de transition des Limaces aux Heélices ; leur
mantean semble représenter l’écusson des premieres, et la coquille, ne les conte-
nant pas encore entitrement, se trouve elle-méme recouverte en partie par une
portion du manteau. L’orifice branchial est situé fort en arriére.
HISTOIRE NATURELLE. 253
Les Vitrines sont des coquilles terrestres qui habitent les heux frais et humides ;
on en trouve en France, & Ténériffe, a la Nouvelle-Hollande, efc. L’espece dont
nous donnons la figure est d’un beau vert ; son dernier tour est caréné dans le mi-
lieu. L’animal est aussi d’un vert émeraude, avec des reflets bleus. Cette espéce
vient des iles Célébes.
ONZIEME FAMILLE.
GZ 4 ,
CLE!
Les Mollusques de cette famille ont une coquille spirale dont le bord droit de
Pouverture est souvent recourbé ou réfléchi en dehors. Quelques-uns ont un oper-
cule; les autres n’en ont pas. Le nombre des tentacules varie aussi de deux a qua-
tre. Ces animaux sont tous terrestres; ils recherchent les leux frais et couverts.
Parmi les Colimacés qui n'ont point d’opercule persistant, quelques—uns s’enfer—
ment pendant lhiver dans leur coquille, et sécretent une membrane qui en bou-
che ouverture, n’est jamais adhérente au pied de animal, et tombe au retour de
la belle saison. La forme des Colimacés varie beaucoup : les uns sont subsphéri-
ques, les autres aplatis, d’autres tres-allongés ; quelques-uns enfin présentent des
formes trés-irréguliéres, mais ils ont toujours des airs de famille qui ne permettent
pas de les méconnaitre.
tet GENRE. Hrelice. Helig: Vinge.
(Ex, circuit.)
Depuis Linné, le genre Hélice a subi de
nombreuses modifications, et il a été en dé-
finitive réduit aux coquilles terrestres, déja
fort nombreuses, qui sont orbiculaires, convexes
ou conoides, quelquefois globuleuses et a spire
peu élevée. Liouverture est entiere, plus large
que longue, fort oblique, contigué & laxe de la
coquille, et a ses bords désunis par la saillie de
Yavant-dernier tour. L’animal des Heélices res-
Fig. 867. Hélice chagrinée. Fic. 868. Hélice chagrinée, variéte,
-_
Ol
o
25.4 HISTOIRE NATURELLE.
semble beaucoup a celui des Limaces; il a quatre tentacules : les postérieurs, plus
grands, portent les yeux 4 leur extrémité; mais la masse des organes les plus im—
me
DORAL
ace Ta
=
MOANA AN AZZ
Ue
Fic. 869, Hélice magique. Fic, 870, Hélice empereur.
portants, quoique enveloppés par la peau, fait saillie vers le tiers moyen de la face
dorsale, se contourne en spirale, et est contenue dans la coquille. L’orifice de la ca-
vité pulmonaire se trouve au bord droit du cou.
Les Hélices possédent, dit-on, comme les Li-
maces, I’étonnante faculté de régénérer plusieurs
parties de leur corps, méme les yeux et Ja bou—
j (Lp Le
Fig. 871. “Hélice polygyre. Fic. 872. Hélice mamelon. Fie. 873. Hélice lamellée.
che, lorsqu’elles ont été coupées. Ce que nous avons dit A ce sujet des Limaces
s'applique aussi aux Heélices, et nous croyons devoir conserver des doutes sur ce
mode de régénération, qui, sans étre im-
possible, ne nous parait pas suffisamment
observé et expliqué.
Au tommencement du printemps, les
Hélices pondent des ceufs en assez grand
Fic. 874. Fic. 875. HabeBionele. nombre; ilssont blancs, de Ja grosseur d’un
ae te petit pois, et couverts d’une enveloppe
membraneuse qui durcit en se desséchant. Au moment de l’éclosion, les petits
sortent munis d'une coquille trés-mince, et sur laquelle on découvre déja un
commencement de spire. Les Hélices sont herbivores et frugivores, et font de
grands dégats dans les jardins. Elles voyagent particuliérement pendant la nuit, et
lorsque Patmosphere est chargée d’humidité ; dans le milieu du jour elles sabri-
tent sous des,pierres ou dans des lieux couverts. Dés les premiers froids, les Hélices
se retirent dans les excavations des vieux murs, des rochers, sous l’écorce des ar=
bres, et méme dans la terre, ow elles s’enfoncent assez profondément pour y passer
Vhiver dans un état d’engourdissement et d’inaction complete. Elles ferment alors
RAN
HISTOIRE NATURELLE. 25%
Pouverture de leur coquille 4 l'aide dune cloison calcaire ou faux opercule qu’elles
sécrétent, qui n’est point adhérent 4 leur pied, et qui tombe au commencement du
printemps. C'est pendant ce temps d’engourdissement qu’on cherche a se procurer
les especes qu’on mange dans certains pays.
Cest en général, dit M. de Blainville, pour aller @ la recherche de Jeur nourri-
ture, ou d’un individu de leur espéce, que Jes Limacons sortent de leur retraite.
Ils sont avertis de la présence des corps extérieurs seulement par la finesse de leur
toucher : en effet, au moindre contact d’une partie quelconque de leur corps, mais
surtout de leurs tentacules, ils se retirent plus ou moins complétement dans l’in-
terieur de leur coquille, et n’en ressortent que peu & peu et avec la plus grande
précaution. Le choix qu ils font de certaines plantes ne permet pas de douter qu’ils
soient pourvus du sens du gout. Hl parait quwils sentent 4 distance plutét quwils ne
voient les corps, et que le siége de l’odorat est dans la premiere paire de tentacules,
et cela d'une manieére assez complete, puisque lon sait que ces animaux sont atti-
rés d’assez loin par lodeur des plantes qu’ils préferent. Il n’est pas probable que
Yorgane de la vision, qui se trouve 4 lextrémité des Jongs tentacules, leur soit
dun grand usage. D’abord, c’est pendant la nuit qwils agissent Je plus; ensuite il
est bien évident que la structure de lorgane est bien incomplete, et l’expérience
montre, en outre, qu’en approchant un corps de ces tentacules, le Limagon ne
Papergoit pas plus tét que lorsqgu’on lapproche de méme de la premiere paire.
D’ailleurs, leur extréme timidité, les précautions qu’ils prennent, en marchant,
d’étendre autant que possible les deux paires de tentacules en avant de leur corps
pour explorer tous les obstacles, indiquent évidemment un animal a peu prés
aveugle.
Le genre Hélice, établi par Linné, a subi de nombreuses transformations, et Bru-
guieres et Lamarck lont réduit aux espéces globuleuses et plus ou moins aplaties,
et non turriculées, dont l’ouverture, plus large que longue, est rétrécie intérieure-
ment par la saillie convexe de l’avant—dernier tour. La base, comme le fait obser-
ver M. de Roissy, est toujours perforée dans le jeune age, méme dans les espéces
qui ne sont point ombiliquées étant adultes. Le bord droit forme un bourrelet plus
ou moins considérable lorsque l’animal est parvenu a son aecroissement complet ;
avant cette époque, ce bord droit est mince et tranchant.
Le genre Hélice est tres-nombreux en espéces dont la forme varie beaucoup, et
passe par des nuances insensibles des Hélices globuleuses, ou a spire aplatie, a ccl-
les dont la spire est turriculée et tend & se confondre avec les genres qui suivent ,
et particuliérement avec les Bulimes. Pour faciliter les recherches ona établi trois
groupes dans Je genre : le premier comprend les espéces globuleuses et celles qui
se rapprochent de cette forme ; dans le second, on réunit toutes les espéces & spire
aplatie ; dans le troisitme, enfin, on rassemble les espéces & spire un peu élevée ,
dont Vouyerture est plus large que longue. Quelques espéces d’Hélices ont Jes tours
de spire renversés de droite & gauche : on les dit alors sénestres ; cette anomalie pa-
rait accidentelle. Quelques Hélices ont les tours désunis, souvent fort écartés, et pré-
sentent la forme d’un tire-bouchon : ce sont des variétés scalariformes (fig. 868).
Les Hélices se rencontrent sur tous les points du globe ; elles sont souvent ornées
des plus belles couleurs; et si les especes communes de France n'ont rien de remar-
quable, il n’en est pas de méme de celles de certains pays, qui ne le cedent en rien
aux plus brillantes coqnilles. La science doit au zele infatigable de M. Cuming ,
256 HISTOIRE NATURELLE.
naturaliste anglais, la découverte d’un bon nombre d’espéces admirables qu'il rap-
porta, il y a quelques années, des iles Philippines, et qui peuvent étre considérées
comme les plus belles du genre.
Les Romains faisaient une grande consommation d’Heélices; ils recherchaient
ces animaux et les parquaient, pour les engraisser, dans des enclos nommés cochlea-
ria. Pline dit que ce fut Fulvius Harpinus qui, le premier, mit les Escargots en
vogue, et fil de grands frais pour trouver Je moyen de leur donner certaines qua-
lités auxquelles il attachait beaucoup dimportance. On dit qu’il ne les nourrissait
qu’avee du son et de la lie de vin. Depuis, en Angleterre, Charles Howard, de la
famille d’ Arundel, donna un nouvel exemple d'un gotit prononcé pour une frian-
dise généralement peu appréciée de nos jours. Dans le but de propager ces ani-
maux, il en fit venir un grand nombre d’Italie et de France pour les répandre dans
ses propriétés, ou ils réussirent si bien quwils mangerent les récoltes et qu’on eut
beaucoup de peine a les détruire. En France, les Escargots n’ont qu'une réputation
de caprice ; on en mange, il est vrai, dans quelques-uns de nos départements mé-
ridionaux, et c’est une des ressources des malheureux. Sil existe quelques ama-
teurs qui les recherchent, il faut dire & leur justification, et pour me servir d’une
expression vulgaire, que la sauce leur fait manger Je poisson. On vantait autrefois les
propriétés médicales des Limacons, et ils faisaient partie de quelques préparations
pharmaceutiques ; leur coquille méme était en réputation. De nos jours, il ne res-
terait que le souvenir des propriétés des Limacons, si lon ne se servait encore, ne
fit-ce que du nom, pour faire une pommade qui adoucit Ja peau, et préparer un
bouillon qui guérit certaines affections de poitrine. Pour compléter ce que nous
pouvons dire de histoire des Escargots, nous ajouterons que si nous avons peu de
confiance dans leur mérite culinaire ou pharmaceutique, nous savons qu’ils sont
trés-redoutés des jardiniers.
On connait quelques espéces fossiles des terrains d’eau douce ; on rencontre aussi |
ces mémes espéces dans les dépéts marins, mais il est facile de comprendre qu’elles |
ont été transportées dans ces derniers par les courants ou a la suite des irruptions —
de la mer.
fam
9° GENRE. Cravacolle. Caracolla, Lamarck.
(Nom espagnol du limacon.)
Ce genre a été proposé par Lamarck pour des coquilles qui ne different de celle
Fic. 878. Caracolle labyrinthe.
Fic. 877. Caracolle de Lister.
des Hélices que par leur forme carénée ou anguleuse ; et, comme il Je dit lui-meéme, ~
HISTOIRE NATURELLE, 237
Jes caractéres des deux genres se confondent tellement, quil serait plus naturel de
ne considérer les Caracolles que comme une division dans le genre Heélice.
Les Caracolles sont toujours orbiculaires, plus ou moins convexes ou conoides en
dessus, et 4 pourtour angnleux et tranchant. L’ouverture est plus large que Jon-
gue, et a bord droit subanguleux.
Le nombre des Caracolles connues est peu considérable ; ce sont des espéces ter-
restres qu'on trouve 4 peu pres dans les mémes localités que les Hélices.
35° GENRE. BNanenbotae: Anostoma, Fischer.
(Ava, en haut; oréu2, bouche.)
Coquille orbiculaire, 4 spire convexe ou obtuse. Ouverture arrondie, dentée ,
grimagante, dirigée vers la partie supérieure et dans le plan de la spire.
Les Anostomes sont de véritables Hélices, et
devraient faire partie de ce genre au méme
titre que les Caracolles. On a attaché beaucoup
Fic. 879. Anostome déprimé. Fic. 880. Anostome globuleux. Fie. 881.
trop importance a la direction de l’ouverture et 4 la déviation du dernier tour. On
n’en connait encore que deux especes, dont nous donnons la figure. L’Anostome dé-
primé vient des grandes Indes : il est connu vulgairement sous le nom de Lampe
antique.
4° GENRE. AStrophoatoure. Strophostoma, Deshayes.
(Szceow, je tords; otdu.%, bouche.)
Coquille ayant beaucoup de rapports avec les Ano-
stomes, par la déviation de l’ouverture dirigée vers la
partie supérieure. Les Strophostomes sont ombiliqués
et ont un opercule assez semblable 4 celui des Cyclo-
stomes.
Fig. 882. Strophostome de Grateloup.
2 .
5° GENRE. Aboplaais. Streptaxis, Gray.
(Zteepu, je tords; dkwv, axe.)
Coquille ovale ou oblongue, subhémisphérique, pro-
fondément ombiliquée, surtout pendant le jeune age, et
remarquable par la déviation oblique des tours. On en
connait plusieurs espéces, ou plutot variétés, décrites
par M. d’Orbigny, qui les ditde la province de Bolivia. rye. 883. Streptaxis comboide.
HISTOIRE NATURELLE.
to
oa
oe
6° GENRE. Hrelicisre. Flelicina, Lamarck.
(Diminutil d’Hélice.)
ad
Coquille subglobuleuse, non ombiliquée; ouverture entitre, demi-ovale : colu-
melle calleuse, formant un angle a Ja base inférieure du bord droit. L’animal a une
téte proboscidiforme, munie de deux tentacules filiformes et portant les yeux a leur
base externe sur des tubercules peu saillants; le pied est
court, et la cavité pulmonaire s’ouvre, en avant du man-
teau, par une grande fente transversale. Les Hélicines ont
un opercule corné, caleaire a lextérieur, et a accroisse -
ments concentriques. La présence d’un opercule éloigne les
Hélicines des Hélices et les rapproche des Cyclostomes; 4 ce caractere il faut ajou-
ter que les Hélicines n’ont que deux tentacules, comme les Cyclostomes. Ce genre
se compose de petites especes vivantes, toutes exotiques, et de deux ou trois especes
fossiles du calcaire coquillier.
Fic. 884. Helicine néritelle,
7° GENRE. Moai loti. Pupina, Vignard.
(Diminutif de maillct et de pupa.)
Coquille subcylindrique, pupiforme, turbinée, ovale, mince, transparente, lisse,
luisante; spire rétuse, & sommet papillaire, 4 cing tours un peu convexes. Ouver—
ture ronde, marginée, avec une échancrure au bord
gauche et évasée extérieurement ; une lamelle denti-
forme au coté droit. Columelle tronquée, recourbée,
trés-faiblement calleuse a sa base.
Fic. 88%. Maillotin brillant. Fre, 886: Ce genre est, jusqu’ici, peu nombreux en espéces,
qu'on suppose venir de la Nouvelle-Guinée.
8° GENRE. alloai (Post Pupa, Lamarck.
(Pupa, poupée.)
Petite coquille cylindracée, en général épaisse, & tours de spire nombreux, pres—
sés, élroits. Ouverture irréguliére, demi-ovale, arrondie et subanguleuse inférien-
rement, & bords presque égaux et réfléchis en dehors. L’animal a
quelques rapports avec celui des Hélices; sa téte est munie de quatre
tentacules, Jes plus grands, postérieurs et oculés a leur sommet.
On trouve un assez grand nombre d’especes de Maillots eu France ;
Fic. 887. Fic. 888. Fic. 889. Fic. 890. Fic. 891.
Maillot momie. Mailiot grisatre, Maillot baril. Maillot quatre dents. Maillot unicaréné.
en a te pe
HISTOIRE NATURELLE. 239
les plus grandes viennent des Antilles, et l'on en connait de presque toutes les
parties du monde. Les espéces fossiles sont peu nombreuses.
M. de Blainville, pour faciliter les recherches, a divisé ce genre en cing sections :
dans la premiére 1] comprend toutes les espéces sans plis ni dents ; dans la seconde
il range Jes especes qui n’ont que le pli columellaire plus ou moins marqué ; la
iroisieme se compose des Maillots qui n’ont que Ja dent columellaire postérieure ;
dans la quatriéme, il place les Maillots qui ont deux dents ou plis columellaires
seulement; la cinquieme section comprend toutes les especes qui, indépendam—
ment des dents ou plis columellaires, simples ou non, ont un plus ou moins grand
nombre de dents au bord droit.
Les Maillots vivent, comme les Hélices, dans les lieux frais et ombragés; ils ne
sortent de leurs retraites quapres Jes pluies du printemps ; on les trouve au pied
des arbres et des vieilles murailles.
9° GENRE. alloegaspixe. Megaspira, Lea.
4
(Meyxs, grand; ome:a0, spire.)
Coquille trés-allongée, cylindrique, trés-obtuse au sommet,
formée d’un tres-grand nombre de tours étroits, peu convexes,
striés obliquement. Le dernier tour court et percé d’une fente
ombilicale, en partie cachée par le bord gauche. Ouverture semi-
ovalaire, garmie de deux petites dents blanches et inégales. La
seule espece connue vient des provinces orientales du Brésil.
e (ey) 1" ane Fie. 392.
Pia 10° GENRE. (Prastilte: Clausilia, Draparnaud. efeccireallonee-
me
(Clausus, couvert.)
Coquille le plus souvent fusiforme, gréle, 4 sommet un peu ob-
tus. Ouverture irréguliere, arrondie-ovale, a bords libres et réfléchis
en dehors. Le nom de Clausilie, dit Lamarck, fut d’abord significa-
tif; car, dans Vorigine, on l’appliqua 4 des coquilles dont Ventrée
de louverture, 4 une certaine profondeur, est fermée par une
piece mobile et particuliere. Cette piece, en effet, est ovalaire,
testacée, soutenue par un pédicule mince et élastique, qui s‘insere
sur la columelle; elle fait les fonctions d’opercule, et cede a la
moindre pression du corps de lanimal lorsqwil veut sortir de la
coquille ; mais, des qu il y est rentré, elle reprend sa place par le
ressort de son pédicule; on ne l’apergoit. pas au dehors, parce
Z A A Fic. 893.
qu'elle est située dans l’avant-dernier tour. Clausilie troncatule.
Les Clausilies sont assez communes en Europe; les plus grandes espéces vien-
nent du Brésil et des Antilles. (Voyez pl. 5, fig. 6 et 6 a.) On en connait quelques
espéeces fossiles.
240 HISTOIRE NATURELLE.
41¢ GENRE. Jo uliine: Bulimus, Lamarck.
(Bulimus, insatiable.)
Coquille ovale, oblongue ou turriculée. Ouverture entiere, plus longue que
large, 4 bords fort inégaux, désunis supérieurement ; le bord droit réfléchi en
dehors et formant un bourrelet; columelle droite, lisse, sans troncature et sans
évasement & sa base. L’animal des Bulimes a de
tres-grands rapports avec celui des Hélices, dont il
ne differe souvent que par de plus grandes dimen-
sions.
Le bord droit de Pouverture des Bulimes n'est ré-
fléchi et ne forme de bourrelet que lorsque l’animal
est adulte : aussi peut-on confondre les jeunes indi-
vidus avec ceux du genre suivant. Les Bulimes ha-
Fig. 895. Fic. 896. Fic. 897,
Fic. 894. Bulime sénestre. Hémastome dans son ceuf. Bulime sultan. Bulime bossu.
bitent les eux frais et ombragés des climats chauds; on en trouve de grandes
especes au Brésil.
M. Benjamin Deles-
sert possede une série —
remarquable de tous |
les ages du Bulime hé- —
mastome et de plusieurs
autres especes. La fi-
gure 895 représente un
jeune Bulime hémastome encore dans son ceuf, dont ona brisé une partie. Le genre
Bulime est tres-nombreux en especes vivantes et fossiles, et comprend de fort —
Fic. 898. Bulime sénestre.
johies coquilles.
‘
pP
12e GENRE. Waxtule. Partula, Férussac.
(Partus. Les Partules sont ovovivipares. )
Coquille ovale, pointue, & spire conique ; le dernier tour renflé et plus long que f
i
HISTOIRE NATURELLE. D4 |
Jes autres réunis. Ouverture droite dans la direction de Vaxe,
quelquefois dentée ou munie de lames élevées ; bord réfléchi.
L’animal est allongé; ila deux tentacules cylindriques, rétrac-
tiles, et oculés & leur sommet.
Ce genre a été établi par Férussac, aux dépens des Bulimes ;
il comprend des espéces peu nombreuses et qu’on trouve sou-
vent avec la bouche a gauche.
Fic. 899, Partule australe .
15° GENRE. Aoouellie. Bonellia, Deshayes.
(Bonelli, nom propre.)
Coquille turriculée, lisse, polie, & sommet tres—pointu et incliné latéralement ;
axe perforé dans toute sa longueur. Ouverture petite, entiére,
anguleuse a ses extrémités; columelle simple et sans pli; bord
droit mince, simple, presque paralléle 4 l’'axe longitudinal. Ani-
mal inconnu.
Ce genre, peu nombreux, a été établi par M. Deshayes aux
dépens des Bulimes de Lamarck. L’axe des Bonellies est perforé
dans toute sa longueur, et la base du dernier tour offte, par con-
séquent, un ombilic régulier dont la circonférence extérieure est Fie. 900.
Bonellie en tariére.
indiquée par un angle peu saillant.
i ): ‘
14¢ GENRE. clogatBine. Achatina, Lamarck.
é
(Achates, agate.)
Coquille ovale ou oblongue. Ouverture entiére, plus longue que large, a bord
droit tranchant, jamais ré-
fléchi. Columelle lisse, tron-
quée a sa base. L’animal des
Agathines parait ne différer
enrien de celui des Bulimes.
La coquille differe de celle
des animaux de ce dernier
genre , en ce que le bord
droit nest jamais réfléchi,
méme dans les individus
agés, et qu'elle manque de
bord gauche, la base de la
colaumelle étant tronquée
obliquement, de maniere a
former un commencement
de canal, sans que louver-
ture cesse détre entiere.
L’espece dont nous donnons
la figure réduite est une des
plus belles et des plus gran- Fic. 901. Agathine zébre. Fig 902, Agathine.
I. a |
242 HISTOIRE NATURELLE.
des du genre ; elle est blanchatre, marquée de bandes brunes, violacées, longitu-
dinales ou ondulées; ouverture est toute blanche. On la trouve & Madagascar.
Ce genre est aussi assez nombreux en espéces dont les couleurs sont trés-variées
et fort belles; on en cile une espéce fossile de France.
15° GENRE. Pee. Priamus, Beck.
(Priam, nom inythologique.)
Le docteur Beck, savant naturaliste danois, a proposé
l’établissement de ce genre pour une espece classée jusqu’a
présent parmi les Agathines, mais qui, d’apres ses obser-
vations, ne peut plus y rester. L’espéce dont il s’agit est
connue sous le nom d’Agathine Priam, et n’est point ter—
restre, mais marine, et de plus operculée ; on la trouve sur
les cotes d’Espagne et du Portngal. ¥!
Le genre Priam devra naturellement faire partie d’une
autre famille; Sowerby le classe parmi les Purpuriferes.
Hf as
HN) !
i
Hi
Fic. 903. Priam agathine.
YY ) ) \ “
16° GENRE. Polyphere. Polyphemus, Montfort.
e
Nom mythologique.
y gq
Coquille allongée, étroite, tres-voisine des Agathines par f
la troncature de Ja columelle; aspire courte, le dernier tour —
représentant les cinq sixiemes de Ja coquille. Ouverture ]
étroite, allongée; levre externe onduleuse. {
Ce genre ne peut étre considéré que comme une division
des Agathines, aux dépens desquelles il a été établi.
Fic, 904. Polyphéme gland.
47° GENRE. oNouiGrolte: Succinea, Draparnaud.
(Succinus, ambre jaune.)
Coquille ovale ou ovale-conique. Ouverture ample, entiére, plus longue que
large; & bord droit tranchant, non réfléchi, —
s'unissant inférieurement & une columelle —
lisse, amincie, tranchante. Le plan de Pouver- _
ture trés-imcliné en avant, par rapport a Vaxe —
de la coquille. L’animal peut a peine étre con- —
tenu dans la coquille; ila quatre tentacules, —
dont les deux plus longs ou supéricurs sont —
oculés a leur sommet. | ,
;
SS
i
——
|
L’espece qui a servi a Draparnaud ba
|
Fic. 905. Ambrette capuehon. Fic. 906, Z ¥ :
létablissement du genre est ovale - allongée,
HISTOIRE NATURELLE. 245
mince, diaphane, d’un jaune de succin pale, et marquée de stries longitudinales
tres-serrées et tres-fines. La spire est composée de trois tours obliques et inclinés.
Elle est commune dans les provinces méridionales de la France, ott on la trouve
dans la mousse, au bord des ruisseaux ; ce qui, pendant un temps, la fit supposer
amphibie. L’espece dont nous donnons la figure vient de la Guadeloupe.
aaa en) é
18° GENRE. o/louacule. Auricula, Lamarck.
(Diminutif @auris, oreille.)
Coquille ovale-oblongue, assez épaisse. Ouverture longitudinale, rétrécie au cen-
tre, arrondie antérieurement, avec deux ou trois gros plis a la levre interne ; lalévre
externe plus mince, réfléchie ou dentelée; spire courte. L’animal a été décrit par
Fig. 907. Auricule de Midas.
MM. Quoyet Gaymard. La téte est grosse et allongée; elle porte a son sommet deux
tentacules assez Jongs, un peu coniques, rugueux,
non élancés et roides, comme ceux des Hélices,
sans aucune trace d’yeux a Ja partie interne de leur
hase mi a leur sommet. Le pied est gros, ovalaire,
dirigé en arriére et se terminant en pointe obtuse;
il est séparé de Ja téte par unerainure transverse et
profonde. Il est d'un brun foncé. Les Auricules
sont essentiellement terrestres, quoiqu’en général
elles se tiennent peu éluignées de la mer.
L’espece dont nous donnons Ja figure (907) est
la plus grosse du genre; elle est tres-commune a Fie. 908. Fie. 909.
5 See Aurtcule de Judas. © Aurieule Chevrotin.
la Nouvelle-Guinée.
>. ) i
19° GENRE. OD carabe. Scarabus, Montfort.
(Nom emprunté a Ventomologie.)
Coquille ovale, poimtue, comprimée dans le sens de sa longueur et parallelement
au plan de Vouverture, de manicre 4 former deux arétes latérales ; spire envelop-
DAA HISTOIRE NATURELLE.
pante, de huit a neuf tours contigus, le dernier formant les deux tiers du test; su-
tures recouvertes. Ouverture longue, arquée, étroite, garnie de dents ou de lames
sur chaque Jevre; péristome continu et tranchant, le bord
intérieur replié vers la base de la columelle. L’animal est
allongé, et muni de tentacules triangulaires oculés 4 leur
base interne. a
Fie. 910. Scarabe austral. Fie. 914.
a
20° GENRE. alllocfaspe. Melampus, Montfort.
(Nom mythologique.)
Coquille conique, aspire réguliére, écra-
sée. Ouverture allongée et garnie de dents —
saillantes qui en rétrécissent entrée. Ce —
cenre, désigné aussi sous le nom de Cono-
vule, différe peu des Auricules et pourrait
étre supprimé.
Fic. 912, Mélampe aveline. Fic, 915. Mélampe angulifere. i
x SHU ued) Stee
21° GENRE. oumarccle: Ringicula, Deshayes.
"i
(Ringor, je me ride.)
Coquille petite, ovale, globuleuse, a spire courte, subé- i
chancrée & sa base. Ouverture paralléle & Paxe longitudi- —
nal, étroite, calleuse; la columelle courte, arquée, ayant ¢
deux ou trois plis presque égaux et une dent saillante vers —
langle postérieur de Touverture. Bord droit trés-épais, —
renversé en dehors. )
Fic. 914, Ringicule semi-striée. 1
iq
29 GEN SB (’ ’ : 1
22° GENRE. C ye odtoure. Cyclostoma, Lamarck. .
¢ :
(Kuxdcs, rond ; ory.2, bouche.) ia
Coquille conoide, discoide ou turriculée, plus ou moins élevée, & sommet aigu ou —
mamelonné, ayant tous les tours arrondis. Ouverture ronde, a bords continus et
réfléchis. Animal spiral, 4 téte tres-distincte, portant deux tentacules renflés a leur
HISTOIRE NATURELLE. 245
sommet, contractiles et oculés & leur base externe; pied allongé et oblong, garni
d'un opercule calcaire 4 accroissement concentrique; cavité pulmonaire communi-
Li, i
i tetee)
iy
A's
WS DL
Fic. 915. Cyclostome ventru. Fie. 916. Cyclostome de Prétre. Fie. 917. Cyclostome a lévres larges .
quant 4 lextérieur par une large fente 4 la partie supérieure et antérieure du
manteau.
Les Cyclostomes sont remarquables par leur ouverture arrondie et a bords réflé-
chis en dehors. Leur forme générale varie beauconp, les uns étant turriculés, les
autres discoides, d’autres enfin presque cylindriques.
Presque toutes les espéces sont exotiques, et quelques-unes sont fort rares ; on
nen cite qu'une seule de France. Les espéces fossiles sont assez communes a
Grignon.
25° GENRE. ‘GCooucatelle: Truncatella, Risso.
(Diminutif de truncatus, tronqué.)
Coquille turriculée, cylindrique, décollée ou tronquée au sommet, sans épiderme.
L’ouverture est ovale, courte, & bords continus, sim-
ples, perpendiculaires, c’est-a-dire dans le méme plan
que Vaxe. L’animal a la partie antérieure de Ja téte
tres-épaisse et bilobée; les tentacules sont courts, ob-
tus au sommet, et oculés 4 leur base externe. Le pied a
est tres-court, arrondi ou ovale; il ne se continue pas Fic. 918. Troncatelle troncatuline,
en disque jusqu’a la partie antérieure du corps de l’animal. Il est divisé en deux
par un sillon médian, et cette disposition force animal & marcher comme les Che-
nilles connues sous Je nom d’Arpenteuses. L’opercule est corné et tres-mince.
DOUZIEME FAMILLE.
A
SY: a
Simneend.
Cette petite famille se compose de coquilles d’eau douce, généralement minces,
fragiles et a bord droit tranchant. Les Limnéens se nourrissent de plantes aquati-—
ques, et peuvent, en se tenant dans une position renversée, s’élever a Ja surface de
eau pour respirer. Is sont probablement maintenus en équilibre par l’air dont ils
remplissent leur cavité branchiale.
246 HISTOIRE NATURELLE.
ier GENRE. ainebe! Planorbis, Bruguieres.
(Planus, plat; orbis, cercle.)
Coquille discoide, & spire aplatie, enroulée dans le méme plan, concave des deux
cotés ; ouverture ovale-oblongue, embrassant Ja convexité du second tour, & bord
tranchant non réfléchi, Animal allongé, gréle, spiral; téte distincte, munie de deux
tentacules contractiles, longs et oculés 4 leur base interne; pied ovale et court,
sans opercule.
Les Planorbes se recon-
naissent facilement ; Ja spire
se contourne sur elle-méme
en suivant un plan horizon-
tal, et se montre dans toute
son étendtue sur les deux faces
opposcées. On trouve ces Mol-
lusques dans les eaux douces
Fic. 919. Planorbe corné. Fic. 920. de tous les pays, et particu-
lierement dans les régions tempérées. Ils peuvent nager, et souvent on les voit ve-
nir a la surface de Peau. Les especes fossiles sont assez nombreuses aux environs
de Paris.
De 4 (PP ' [) a, “ss ey
9¢ GENRE. - Ye. Physa, Draparnaud.
e
(Nom employé par les anciens naturalistes. )
Coquille evale-oblongue, ou presque globileuse, généralement sénestre, tres-
mince, tres-fragile, lisse; ouverture longitudinale, ré-
trécie supérieurement, & bord droit mince et tranchant;
le dernier tour plus grand que les autres réunis. Animal
ovale, plus ou moins spiral; téte distincte, munie de deux
tentacules aplatis, allongés et oculés & leur base interne;
i pied arrondi antérieurement, aigu en arriere, sans oper-
Fic. 924. Physe marron. cule.
Les Physes vivent dans les eaux douces stagnantes et courantes; on n’en connait
qu'un petit nombre d’especes : elles peuvent nager, et viennent quelquefois a la
surface de eau.
“ee AON 3 é °
5° GENRE, Daauices Limnea.
(Atuvn, étang.)
Coquille mince, ovale-oblongue, 4 spire plus ou moins saillante, quelquefois
turriculée. Ouverture ovale, tres-ample. Bord droit tranchant, non continu a cause
de la convexité du second tour. Ce bord, & sa partie inférieure, remonte sur la co-
lumelle et y forme un pli tres-oblique en rentrant dans ouverture. Animal ovale,
spiral ; téte munie de deux tentacules aplatis, triangulaires, oculés a leur base in-
terne. Pied ovale, rétréci en arriere, sans opereule. |
HISTOIRE NATURELLE. 247
Les Limnées sont tres-fragiles et le plus souvent ventrues; on en distingue un
assez grand nombre d’espéces de tous les pays. Elles habitent
les eaux douces et peuvent, comme les Planorbes et les Phy-
ses, nager a la surface de Veau.
Fie. 922. Limnée des étangs. Fie. 925, Fic. 924, Limnée auriculaire
P C ptt nae :
4° GENRE. Claittue. Chilina, Gray.
(Chili; on y trouve plusieurs especes de ce genre.)
Le genre Chiline a été étabh aux dépens des Limnées, par M. Gray, directeur
du British Muséum, pour des coquilles assez épaisses, & spire courte, composée
d'un petit nombre de tours, et couvertes d'un
epiderme vert-olivatre. L’ouverture est large,
ovale, arrondie antérieurement,; la levre ex-
terne est tranchante et forme un sinus a sa
réunion avec l’autre levre, qui présente un
ou deux gros plis. L’animal est assez large; sa
téte aplatie a deux tentacules anguleux légere-
ment contractiles, oculés sur le milieu de leur
largeur. Pied plus ou moins large, sans oper- he ae
"1G. 925. Fie. 926.
Pale. Chiline bulloide, Chiline des fleuves.
Les especes de ce genre viennent des eaux douces, courantes et limpides de lA-
merique. °
TREIZIEME FAMILLE.
fs M- CMANIENA :
La famille des Mélaniens se compose de coquilles fluviatiles et marines ayant les
bords de louverture désunis, le droit toujours tranchant. Les animaux ont tous
deux tentacules, ne respirent que l'eau, et ils sont operculés. Les Mélaniens fluvia—
tiles ont, pour la plupart, leur coquille recouverte d’un épiderme vert foncé ou
noiratre : de la leur nom, p2a%5 — noir.
248 HISTOIRE NATURELLE,
ie’ GENRE. locate. Melania, Lamarck.
(Médas, noir.)
Coquille assez épaisse, ovale-oblongue, & spire souvent allongée et turriculée,
et parfois couverte de rides ou d’aspérités. Ouverture ovale, évasée a sa hase, et
a bord externe tranchant. Columelle lisse, arquée en dedans. Animal allongé, a téte
proboscidiforme, terminée par une fente buccale, et munie de deux tentacules
Fic. 927. Mélanie froncee. Fig. 928. Mélanie tiare. Fic. 929. Mélanie épineuse.
filiformes oculés & leur cété externe, plus ou moins loin de la base. Pied court
et peu épais, avec un opercule corné, mince et subspiral.
Les Mélanies sont des coquilles fluviatiles, toutes exotiques quant aux espéces
vivantes ; on en trouve quelques-unes fossiles en France, Ces coquilles ont souvent
le sommet de leur spire excorié. (Voyez pl. V, fig. 4 et 4 a.)
ry
9° GENRE. (Jo. Io, Lea.
(Nom mythologique.)
Ce genre a été établi, aux dépens des Mélanies, pour
des coquilles dont le bord droit de Pouverture se prolonge
en pointe et présente quelques rapports avec des coquilles
marines de la famille des Canaliferes. Les especes sont
peu nombreuses ; elles viennent des eaux douces d’Amé-
rique. (Voyez pl. V, fig. 5.)
Fic. 950. lo épineuse,
Je 9) p : :
3€ GENRE. Cutline. Eulima, Risso.
(Nom mythologique. )
Coquille allongée, subulée, lisse, pole, brillante, souvent infléchie ou contour—
nce dans sa longueur, et présentant quelquefois des varices aplaties se suivant d'un
HISTOIRE NATURELLE. 249
tour a l'autre, sa base n’ayant jamais de fente ou de trou
ombilical ; ouverture ovale, oblonguc, arrondie antérieure-
ment, terminée a4 l’extrémité postérieure par un angle
aigu; columelle simple, étroite, courte, arquée; bord
droit un peu épaissi, simple, obtus; un opercule corné.
Les Eulimes sont des coquilles marines qui vivent dans
toutes les mers; on en cite quelques espéces fossiles.
Fic. 951. Eulime de Chemnitz.
4° GENRE. Be eicaino: Rissoa, Fréminville.
(Risso, naturaliste de Nice.)
Coquille trés-petite, allongée, turriculée, quelquefois courte et subglobuleuse, re-
marquable par ses cotes longitudinales. Ouver-
ture ovale, semi-lunaire, subcanaliculée, sans
dents ni plis, ayant le bord droit épaissi et
presque toujours saillant en avant et arqué dans
sa longueur. Animal a téte proboscidiforme,
munie d'une paire de tentacules subulés et mioae Bee oka
oculés a leur base externe. Pied court et rond, Rissoaire de Chesnel. —_Rissoaire crénelé.
avec un opercule calcaire ou corné, rentrant assez profondément. Ce genre se
compose de trés—petites coquilles marines, reconnaissables surtout aux cdtes longi-
tudinales dont elles sont ornées. Les figures 932 et 933 représentent des indi-
vidus fortement grossis.
On connait un bon nombre de Rissoaires vivantes et fossiles; la Méditerranée
fournit presque toutes les premiéres.
5° GENRE. llochanopside. Melanopsis, Férussac.
(Méias, noir; o41¢, aspect.)
Coquille allongée, turriculée, & sommet aigu; formée
de tours plus ou moins nombreux, le dernier représentant
souvent les deux tiers de Ja coquille. Ouverture ovale-
oblongue. Columelle calleuse supérieurement, tronquée a
sa base et séparée du bord droit par un sinus. Animal spi-
ral; téte munie de deux gros tentacules coniques, oculés
aleur base externe. Pied court, arrondi, avec un opercule
corné.
Les Mélanopsides sont fluviatiles; on les trouve parti-
culierement dans les provinces méridionales de I’Kurope.
Elles sont communes a J’état fossile dans la plupart des oy
terrains tertiaires. . Fic. 954. Mélanopside de Martini.
352
250 HISTOIRE NATURELLE.
6° GENRE. GEN one. Pirena, Lamarck.
(Piréne, fontaine dédiée aux Muses.)
Coquille turriculée, & sommet souvent excorié. Ouver—
ture tres-petite, plus longue que large, a bord droit tran-
chant, ayant un sinus asa base et un autre au sommet. Base
de Ja columelle courbée vers le bord droit. Un opercule
corné,
Les Pirénes sont fluviatiles ; elles ont de grands rapports
avec les Mélanies et les Mélanopsides, mais elles se distin-
guent des premieres par les deux sinus du bord droit, et
des secondes par labsence de callosité a la columelle.
On connait un petit nombre d’especes de Pirenes : elles
sont toutes exotiques.
Fic. 955. Piréne térébrale.
QUATORZIEME FAMILLE.
Fei WUC.
Les Péristomiens de Lamarck sont des Mollusques fluviatiles tous operculés, et
dont la coquille est recouverte d'un épiderme mince, verdatre, ou d'un brun plus
ou moins foncé, Les bords de louverture sont réunis, et ils ne respirent que
Peau.
1°° GENRE. Ce ie oe: Valvata, Muller.
(Nom anciennement employe.)
Coquille discoide ou conoide, a tours de spire cylindracés; ouverture ronde, ou
presque ronde, & bords réunis, tranchants. Animal
a téte distincte, proboscidiforme, munie de deux
tentacules Jongs, tres-rapprochés, incomplétement
Fig gabe Valeée piscinale: contractiles, etoculés au cété postérieur de leur base, |
Pied bilobé en avant, avec un opercule corné et rond.
Les Valvées sont des coquilles d’eau douce ; on n’en connait qu'un petit nombre
d’especes vivantes ou fossiles.
re ®) . :
Qe GENRE. OS oluduaw. Paludina, Lamarck.
(Diminutif de palus, marais.)
Coquille mince, ovale, globuleuse, conoide, & tours arrondis ou convexes, a
sommet mamelonné; ouverture ovale-arrondie, plus longue que large, anguleuse —
_ piedest large et muni dun sillon marginal antérieur ; oper-
_ douces; quelques espéces seulement se rencontrent dans les
HISTOIRE NATURELLE. 251
au sommet, & bords réunis, tranchants, jamais recourbés en dehors. ‘L’animal a
deux tentacules contractiles, oculés 4 leur base externe. Le
cule orbiculaire, corné, non spiral.
Les Paludines vivent presque généralement dans les eaux
Fic. 957. Paludine pesante. Fie. 938.
eaux saumatres ou salées. Elles ne respirent que l'eau. Ce genre est assez nom—
_ breux en espéces vivantes et fossiles.
5° GENRE. oloupullaire. Ampullaria, Lamarck.
(Ampulla, vase ventru.)
Coquille globuleuse, ventrue, généralement assez mince, ombiliquée a sa base ;
spire tres-courte, le dernier tour beaucoup plus grand que tous les autres réunis ;
ouverture ovale, plus longue que large, 4 bords réunis, le droit non réfléchi. Ani-
Fie, 239. Ampullaire idole. Fic. 940. Ampul'aire corné, Fic, 941. Ampullaire canaliculé .
s
mal spiral, globuleux ou planorbiforme, a téte large, aplatie, portant quatre ten—
tacules, dont deux supérieurs, grands, coniques, pédonculés & leur base externe
pour supporter les yeux. Pied ovale, avec un sillon transverse en avant et muni
Pun opercule corné, rarement caleaire, mince, non spiral.
Les Ampullaires sont des coquilles d’eau douce qui vivent dans les climats
chauds : il y en a de fort grandes ; quelques-unes sont aplaties comme les Planor-
hes. Les espéces fossiles sont assez nombreuses, et communes aux environs de
Paris.
bo
(S4
i)
HISTOIRE NATURELLE.
4° GENRE. olompullacere. Ampullacera, Quoy et Gaimard.
(Ampulla, et cera, jaune de cire.)
Coquille assez épaisse, globuleuse, ventrue, profondément ombiliquée, & ouver-
ture ronde ou oblique, a bords reunis; spire courte, mais saillante. Animal glo—
buleux, a téte large, échancrée en deux lobes arrondis,
ayant deux yeux assez gros, sans tentacules. Pied court,
quadrilatere, avec un opercule membraneux, mince et
légerement spiré,
Fic. 942. Ampullaire aveline. Fic. 943. Ampullaire fragile.
Les Ampullacéres n’ont été trouvés jusquici qu’a la Nouvelle-Zélande, ot ils
sont tres-communs sur les herbes des eaux saumatres.
QUINZIEME FAMILLE.
WE pwe ,
Voie.
La famille des Néritacés a été établie par Lamarck pour des coquilles remar-
quables par leur forme particuliere ; elles ont toutes le bord gauche tranchant,
transverse, et imitant une demi-cloison, sans présenter Ja moindre apparence de
columelle. Les unes n’ont aucune trace d’ombilic, les autres ont un ombilic plus
ou moins ouvert et recouvert d’une callosité quelquefois tres-prononcée. Elles
sont toules operculées. Les unes sont fluviatiles, les autres marines; elles sont pour
la plupart couvertes d’un épiderme.
ie* GENRE. mre avicelle. Navicella, Lamarck.
(Diminutif de navis, vaisseau.)
Coquille patelloide, elliptique ou oblongue, convexe en dessus, 4 sommet non
spiré et abaissé sur le bord postérieur, concave en des-
sous et présentant, sous forme de demi-cloison, son bord
gauche aplali, tranchant, étroit et sans dents. L’animal
est ovale-oblong, droit, a téte semi-lunaire et déprimée,
munie de deux tentacules contractiles, allongés, portant les
yeux & leur base externe sur de petits appendices tentacu-
liformes. Le pied est large et muni d’un opercule calcaire—
caché sous la masse viscérale: cet opercule est quadran-
gulaire, mince, subrayonné, et présente une épine latérale
Fic, 944. Navicelle de Cuming. et postérieure.
Ce genre est peu nombreux en especes, qui habitent exclusivement les. eaux
HISTOIRE NATURELLE. 255
douces et courantes des Grandes-Indes; on les dit tres-communes a Vile Bourbon:
elles s'appliquent sur les rochers couverts d’eau, et les négres les recherchent pour
les manger. On voit souvent, sur la partie convexe de la coquille, de petits corps
ovales et aplatis qui ne se détachent que difficilement; ce sont des ceufs ou de
jeunes coquilles, qui ne quittent Jeur mere que lorsqu’elles sont assez avancées en
age pour vivre seules.
2° GENRE. OC cutie. Neritina, Lamarck.
(Diminutif de Nerite.)
Coquille mince, subglobuleuse ou ovale, souvent aplatie en dessous, L’ouverture
semi-lunaire; le bord gauche aigu et saillant, le bord droit hsse et arrondi, L’ani-
mal est spiral, 4 téte peu avancée et
munie d'une paire de tentacules coni-
ques, fins et allongés, ayant 4 leur base
externe un appendice tentaculiforme
oculé. Le pied est ovale-allongé, et
porte un opercule calcaire mince, sub-
spiral, garni d'une épine latérale.
Le genre Néritine est assez nombreux ;
il est composé de fort jolies coquilles, re-
marquables par leur forme gracieuse, la beauté de leurs couleurs et l’élégance des
bandes ou taches diverses qui les décorent. Les Néritines habitent les eaux douces
et courantes de tous les pays. (Voyez pl. VI, fig. 2 4 9.)
*
Fic. 945. Néritine strigillée.
Fic. 946. Néritine commune. Fig. 947. Fic. 948. Neéritine strigillée. Fie. 949.
Les Néritines sont pour la plupart fluviatiles, surtout celles d Europe ; mais M. De-
france a reconnu que quelques espéces étaient marines. Ce conchyliologiste, au-
quel la science doit de nombreuses observations du plus
grand intérét, a regu de Ja Martinique une Néritine pul-
ligere dans un état de conservation parfaite, munie en-
core de son opercule, qui n’a pas permis a l’animal d’en
sortir, et qui porte une Balane adhérente au sommet
de sa spire. Jusqu’a présent on n’a point trouvé de Ba-
Jane dans l'eau douce ; on pense done, avec quelque raison,
que cette Néritine est marine. M. Defrance suppose, et F16- 950. Névitine granuleuse,
probablement il est dans le vrai, que plusieurs especes autrefois marines, car on
ne les rencontre a I’état fossile que dans des dépéts marins, ont pu s’acclimater
dans l’eau douce, ow on les trouve exclusivement de nos jours. On ne cite que
quelques especes fossiles.
bho
we
is
HISTOIRE NATURELLE,
5° GENRE. EN cute. Nerita, Linné.
(Naaitns, nom grec de ces coquilles.)
Coquille épaisse, subglobuleuse, apla-
tie en dessous, & spire peu ou point sail-
lante. L’ouverture est semi-lunaire, a bord
gauche, aplati, septiforme, droit, uni,
denté ou crénelé; le bord droit quelque-
fois crénelé & Vintérieur. L’animal est le
_ méme a peu pres que celui des Néritines.
oS Le pied est muni d’un opercule garni d’un
Fie. 951. Neérite polie. ou deux appendices spiniformes.
Le genre Nérite, aussi beau et aussi varié que le précédent, se compose d’es-
EEE
peces a coquilles plus épais-
ses et toutes marines; leur
forme hémisphérique et leur
ouverture semi-lunaire per-
mettent de les distinguer
facilement. La spire ne se
compose que d’un petil nom-
bre de tours; Je dernier si
grand, guwil constitue en
quelque sort® a lui seul
toute la coquille. On trouve
les Nérites dans les mers des
pays chauds, ot elles sont
assez communes sur les ro-
chers des rivages. ( Voyez
Fic. 954. Nérite. alhicille. Fie. 935. pl. VI, fig. 10 et 11.) Le
nombre des espéces fossiles est assez considérable dans les couches plus nouvelles
que la crate.
4° GENRE. ILeritopaide. Neritopsis, Sowerby.
(Nnerrnc, Nérite; chez, aspect.)
Coquille subglobuleuse, épaisse, cancellée, 4 spire courte et composée d’un petit
nombre de tours ; ouverture transverse, suborhiculaire; bord
columellaire épais, aplati, avec une échancrure 4 son centre;
Pautre bord épais intérieurement. Ces coquilles ne different
Oe. des Nérites que par Vabsence de dents au bord columellaire;
a7 elles sont encore rares; on en trouve de fossiles dans Jes terrains
tertiaires.
Fic. 956. Neéritopside de Robineau.
NSE
HISTOIRE NATURELLE. 255
Fr
se GENRE. Lileole. Pileolus, Cookson.
(Diminutif de pileus, chapeau.)
Coquille patelliforme, réguliere, elliptique ou circulaire,
conique, 2sommet droit ou légerement spiré, incliné en ar-
riere; face inférieure concave, tranchante sur ses bords.
Ouverture entiére, petite, & peine du tiers de la face in-
férieure; bord columellaire denté ou strié; bord droit lisse.
Ce genre se compose exclusivement d’especes fossiles.
6° GENRE. a lbatiee: Natice, Adanson.
(Nato, je nage.)
Coquille subglobuleuse ou orbiculaire, lisse en dehors, a spire surbaissée. L’ou-
verture entiére, demi-ronde, a bord gauche oblique, sans dents, mais couvert d’une
callosité souvent tres-prononcée, modifiant la
forme de Pombilic ou le masquant totalement ;
le bord droit tranchant et lisse & lintérieur.
L’animal est ovalaire; le manteau est tres-
large et enveloppe une grande partie de la co-
quille; la téte est large, aplatie, formée de
deux lévres inégales, et munies de deux tenta-
cules oculés a leur cété externe, saillants a
lextérieur entre le bord de la coquille et la téte. Pied grand et mince, ayant un
opercule calcaire, sans appendices, et marqué & la face interne d'un sillon spiral.
Fic. 958, Natice bouche noire.
Fic. 959. Natice de Gould. Fic. 960. Natice glaucine.
Les Natices sont toutes marines; elles forment un genre assez nombreux en
espeéces vivement colorées, sans épiderme et toujours ombiliquées. ( Voyez pl. VI,
fig. 14.) On en connait un bon nombre d’espéces fossiles de France dans les couches
plus nouvelles que la craie, et particulierement dans le calcaire grossier.
256 HISTOIRE NATURELLE.
SEIZIEME FAMILLE.
ees.
Les Mollusques marins qui appartiennent a cette famille étaient classés par Linné
parmi les Hélices, 4 cause de la forme de leur coquille seulement. Lamarck les sé-
para de ce genre et les reporta 4 la suite des Néritacés. Quelques auteurs ont pro-
posé d’en former provisoirement une famille distincte.
GENRE Alec iGeuue: Janthina, Lamarck.
(Janthis, violette.)
Coquille trés-mince, transparente, ventrue, globuleuse, a spire peu élevée; le
dernier tour plus grand que tous les autres réunis. Ouverture grande, subtriangu-
laire. La columelle droite allongée et formant tout le bord gauche; bord droit tran-
chant et présentant souvent un sinus a son milieu. L’a-
nimal est subglobuleux, 4 téte grosse, prolongée en
trompe, a lextrémité de laquelle se trouve une fente buc-
cale, garnie de plaques cornées et couvertes de petits cro—
chets. Deux tentacules coniques, peu contractiles et tres- |
distants, portant chacun a leur base extérieure un pe
doncule assez long et oculé au-dessous de son extrémité.
Le pied est ovale, court, divisé en deux parties, lanté—
Fic. 961. Janthine fragile. rieure concave et en forme de ventouse, la postérieure
aplatie et charnne. Sous Je pied se trouve un amas de vésicules qui servent a la na-
tation ; 4 la partie postérieure du pied se trouve un opercule vésiculeux qui sert a
suspendre l’animal a la surface de l’eau.
Les Janthines ont une coquille trés-légere, transparente et violacée. Lorsque la
mer est calme, elles viennent en nombre considérable nager a Ja surface, ow elles
forment des bancs considérables et se tiennent dans une position renversée. Si quel-
que chose les effraie, elles absorbent lair que contiennent leurs vésicules et se lais-
sent couler a fond. On ne connait que trois especes de ce genre; on les trouve dans |
Océan Atlantique et la Méditerranée. On les dit phosphorescentes, et elles pro-
duisent une liqueur violette qui doit avoir beaucoup danalogie avec la pourpre.
DIX-SEPTIEME FAMILLE.
See ee
La famille des Macrostomes (& bouche large) se compose de Mollusques a co-
quilles auriformes, a ouverture tres-évasée et & bords désunis, sans columelle ni
opercule. Presque toutes ces coquilles sont brillamment nacrées 4 Vintérieur et peu
profondes. Un seul genre est sans coguille.
HISTOIRE NATURELLE. 257
1° GENRE. (Coriecollen Coriocella, de Blainville.
(Diminutif de corium, cuir.)
Mollusque elliptique, fort déprimé, ayant les bords du
manteau trés-minces, échancrés en avant, débordant large-
ment de toutes parts; le pied ovale, tres—petit, et la téte peu
distincte ; deux tentacules cachés sous le bouclhier, assez gros,
courts, contractiles, oculés & leur base externe; le dos peu
bombé, sans trace de coquille extérieure ni intérieure. Ce
genre ne contient qu’une espece, des mers de ile de France.
Fic, 962. Coriocelle noire,
Qe GENRE. Aigaret. Sigaretus, Adanson,
(Nom composé par tirage au sort de syllabes.)
Coquille interne, plus ou moins épaisse, subauriforme, presque orbiculaire,
trées-déprimée, 4 spire aplatie, latérale. Ouverture trés-évasée, oblongue, A
bords désunis ; bord droit mince et tran-
chant; bord gauche replié, court et en
spirale; deux impressions musculaires
latérales. L’animal est oblong, trés-bombé
en dessus et recouvert dun manteau
échancré en avant, débordant de toutes
parts et couvrant Ja coquille presque
complétement. La téte est large, peu
saillante, et munie de deux tentacules aplatis, oculés 4 leur base externe; pied large
et muni d'un opercule corné, tres—mince, paucispiré.
Fic. 965. Sigaret lisse.
Fic, 964. Sigaret maculé. Fie. 965. Sigaret de Tonga.
Les Sigarets sont des coquilles marines qu’on trouve dans Océan Indien et les
mers de l’Océanie. On rencontre quelques especes fossiles de ce genre dans les couches -
plus nouvelles que la craie. Le nom de ce genre est dt au hasard. On dit qu’Adanson
-donnait aux animaux qu'il décrivait des noms qu’il formait en plagant dans son cha-
peau des syllabes écrites sur de petits morceaux de papier, et qu'il tirait au hasard.
1. 39
258 HISTOIRE NATURELLE.
5° GENRE. @anvatelle: Stomatella, Lamarck.
(Diminutif de ozcv.%, bouche, a cause de la dimension de Vouverture qui s’étend a presque
toute la surface de la coquille.)
Coquille orbiculaire ou oblongue, auriforme, trés-déprimée, nacrée a Vinté-
rieur. Ouverture entiére,
tres-ample; bord droit
évasé, dilaté; bord gau—
che plus épais et un peu
aplati. L’animal est ovale-
oblong; Ja téte est munie
d'une paire de tentacules
Fig. 967. Stomatelle noire. Fig. 968, Stomatelle imbriquéee & Ja base desquels se
trouve un pédicule oculé. Les tentacnles sont séparés par deux houppes frangées.
Le pied est large, quelquefois frangé sur les bords, et porte un opercule rudimen-
{aire corné.
Les Stomatelles sont des coquilles marines qu’on trouve dans les mers de l’Inde
et de la Nouvelle-Hollande.
4° GENRE. @yourate: Stomatia, Lamarck.
(Sscua, bouche.)
a
Coquille auriforme, déprimée, & spire proéminente. Ou- —
verture entiére, ample, plus longue que large; Je bord droit |
est mince et tranchant, aussi élevé que Je bord columellaire
une cdéte transversale et tuberculeuse sur le dos. |
Les Stomates sont des coquilles marines, nacrées 4 linté-
rieur, ef qu’on trouve dans les mers de I’Inde.
Fie. 969, Stomate argentine.
5° GENRE, OD Nia: Velutina, de Blainville.
(Diminutif de velum, voile.)
Coquille patelliforme, a spire petite, latérale, sans columelle. Ouverture grande, —
i bords presque réunis, l'un et l'autre tranchants, le droit se réunissant au gauche
par un dépét calcaire lamelleux. L’animal est ovale, assez
hombé, a peine spiral; le bord du manteau simple en avant —
et double dans toute Ja circonférence; la levre interne plus \
épaisse et tentaculaire; pied petit, ovale, avec un sillon —
marginal antérieur; téte épaisse ; tentacules gros, distants,
"Fie, 970, Yélutine capulside. avee un petit voile frontal entre eux; yeux noirs, sessiles,
situés A la base externe des tentacules. On ne connait qu'une seule espéce, des cotes
d’Angleterre et de France. ;
HISTOIRE NATURELLE. 259
Sp ae De Nees al ‘
be GENRE. AH aliolide. Haliotis, Linné.
(AA3, mer; 943, wees, oreille.)
Coquille auriforme, a spire courte, déprimée, latérale, richement nacrée A Vin—
Fie. 971. Haliolide concave,
térieur. Ouverture trés-ample, entiére, plus longue que large, & bords continus, le
droit mince et tranchant, le gauche épais et quelquefois aplati. Disque percé de
trous, disposés en arc de cercle, sur une ligne paralléle au bord gauche, chacun
deux s’agrandissant en s’éloignant du sommet. L’animal est déprimé, ovale-obiong;
sa téte, large et aplatie, est munie d’une paire de tentacules pédiculés et oculés a
leur base externe. Manteau court, mince; pied tres-large et comme festonné. Les
trous rapprochés de Ja spire se bouchent 4 mesure que la coquille se développe, et
paraissent servir aux organes de la respiration.
Les Haliotides sont de fort belles coquilles, richement nacrées 4 Vintérieur, et
leintées de rouge, de vert et de jaune 4 Vextérieur, lorsqu’elles ne sont pas encrou-
tées. Elles sont tres-communes dans les localités qu’elles préferent, prennent suu-
vent un grand développement, et servent de nourriture aux pauvres. On s’en sert
aussi comme d’appat pour la péche. Ces coquilles sont connues vulgairement sous
le nom d’Oreilles de mer. La nacre des Haliotides est employée pour les ornements
de marqueterie et d’ébénisterie de luxe. On n’en connait point d’espece fossile.
7° GENRE. SENS SRE RR Pleurotomaria, Defrance.
(Treve%, cdté ; rzuve, Je fends.)
Coquille conique ou déprimée, généralement trochoide, ombiliquée ou non.
Bouche ronde, rhomboidale, ovale ou dé-
primée, échancrée par le retour de la spire ;
4 Jabre non bordé et a columelle simple,
quelquefois encrotitée. Un sinus en fente,
occupant plus ou moins le tiers du dernier
tour, vient interrompre le labre. Ce sinus,
a mesure qu'il se forme en arriére, laisse
toujours apparente, 4 l’extérieur de la
coquille, une bande qu’on apercoit a tous
les tours, et dont les lignes d’accroisse-
ment sont imbriquées, tandis que celles
du Jabre s'infléchissent , de chaque cété, Fic, 973, Pleurotomaire.
260 HISTOIRE NATURELLE.
vers Je sinus. Animal inconnu. Ce genre se compose de coquilles fossiles qu’on
trouve, en assez grand nombre, dans les couches méme les plus anciennes.
8° GENRE. Ocissucolle. Scissurella, d Orbigny.
; (Scissura, fente.)
Coquille subglobuleuse, ombiliquée, avec une bande spirale terminée a l’extré—
mité centrale du dernier tour par une échancrure étroite
et profonde. Spire courte; ouverture ovale, rétrécie par
Pavant-dernier tour. Ces coquilles, encore peu étudiées,
ont beaucoup de rapports avec les Pleurotomaires et les
Hahiotides. L’animal n’est pas connu. L’espece dont nous
Fig. 974. Scissurelle ventrue. donnons la figure a été trouvée sur les cétes d’ Angleterre ;
M. d’Orbigny en a décrit une autre des iles Malouines. Ce sont les seules connues
jusqu’a ce jour.
DIX-HUITIEME FAMILLE.
Lenten
Cette famille se compose de coquilles marines & ouverture non évasée, sans
échancrure a sa base et présentant des plis 4 la columelle.
1¢° GENRE. ‘Couratelle. Tornatella, Lamarck.
(Tornatus, tourné.)
Coquille enroulée, ovale, cylindrique, le plus souvent striée transversalement,
sans épiderme. Ouverture oblongue, entiere, a bord droit
tranchant, n’ayant jamais de bourrelet, ni en dedans ni
en dehors; le bord columellaire présentant un ou plu-
sieurs plis. Animal inconnu, muni d’un opercule corné.
Ce genre est peu nombreux en especes vivantes des
mers de Inde et des cotes d'Europe; les espéces fossiles,
que l’on ne trouve que dans les couches plus nouvelles
Fic. 975. Tornatelle mouchetée.
que la craie, sont aussi peu nombreuses.
2° GENRE. PL chun. Pedipes, Adanson.
(Pied double.)
Coquille épaisse, subglobuleuse, striée transversalement, a spire courte et sans
épiderme ; ouverture entiére, oblique, grimagante ; la columelle portant trois grands
HISTOIRE NATURELLE. 261
plis inégaux; le bord droit avec une dent médiane. Animal subglobuleux, a pied
_aplati et divisé en deux parties inégales par un sillon
transverse profond. Téte courte, munie de deux tenta-
cules coniques, oculés a la partie interne de leur base.
Sans opercule. Les Piétins habitent les eaux des rochers
battus par la mer; on n’en connait que trois ou quatre
espéces vivantes, et une fossile dont on ignore le gise-
ment.
Fic. 976. Piétin d’Adanson.
3° GENRE. Pryraanidelle. Pyramidella, Lamarck.
(Diminutif de pyramis, pyramide.)
Coquille plus ou moins allongée, turriculée, sans épiderme ; ouverture entiére,
demi-ovale, 4 bord extérieur tranchant ;
bord columellaire saillant, garni de trois plis
transverses et couvrant en partie lombuilic.
Animal spiral, allongé, ayant un pied court,
subquadrangulaire, muni d’un opercule cor-
né, tres-mince, non spiral. Téte triangulaire
portant un voile buccal bilobé et deux tenta-
cules fendus antérieurement et oculés a leur
base interne. On connait peu d’especes de
ce genre, soit vivantes, soit fossiles ; ces der-
nieres nese rencontrent que dans les couches Fic. 977. Fic. 978.
plus nouvelles que la craie. Pyramidelle plissée. Pyramidelle canaliculée,
DIX-NEUVIEME FAMILLE.
Wools C04.
La famille des Scalariens se compose de coquilles que des différences notables
éloignent les unes des autres, et que Lamarck crut devoir réunir, 4 cause de leur dis-
position 4 ne former qu'une spirale dont les tours sont souvent écartés entre eux,
et a cause de la forme circulaire de leur ouverture. Les Scalariens de Lamarck ne
formaient que trois genres, auxquels, d’apres les mémes considérations, on en a
ajouté d'autres que nous allons faire connaitre; mais cette famille devra subir de
nombreuses modifications, quelques-uns des genres qui la composent devant étre
classés dans d’autres familles.
4¢™ GENRE. ok, Vermetus.
(Vermis, ver.)
Coquille tubuleuse, conique, mince, libre ou adhérente, irréguliére, cloisonnée
a lintérieur, a tours de spire plus ou moins complétement désunis et éeartés ; ou-
262 HISTOIRE NATURELLE,
verture droite, circulaire, 4 bords tranchants. Animal vermiforme, conique, 4 téte
peu distincte, munie d'une trompe et de deux ten-
tacules coniques, oculés 4 leur base externe. Pied
cylindrique, avec deux longs filets tentaculaires an-
térieurement, et un opercule corné. Orifice de
l'organe respiratoire en forme de trou, et situé au
coté droit du manteau.
Les Vermets, & cause de leur coquille tubuleuse,
étaient autrefois classés parmi les Annelides tubi—
coles. L’organisation de animal mieux connue, on
a rapproché Jes Vermets des Scalaires, dont la place
dans Ja série était elle-méme incertaine. Les Ver-
mets ont le sommet de la spire terminé le plus
souvent comme les Turritelles; c’est par cetle ex-
trémité que la coquille est le plus souvent adhérente
aux corps marins. Ils vivent isolés ou en groupes
plus ou moins nombreux et enlacés les uns dans les
autres. On trouve des Vermets dans toutes les mers,
et on en connait plusieurs espeéces fossiles des cou-
ches du caleaire coquillier.
Fig. 979. Vermet bicaréné,
ZA
2e GENRE. Ailtquaree. Siliquaria, Bruguieres.
(Siliqua, gousse.)
Coquille tubuleuse, irréguligrement contournée, mais toujours en spirale dans
presque toute sa longueur,
ouverte a son extrémité
antérieure et présentant
une fente longitudinale
destinée au passage des
branchies; cette fente con-
siste souvent en une ligne
non interrompue de petits
trous. Les branchies n’exis-
lent que d'un seul cété,
comme la disposition du
test le fait assez prévoir.
Les Siliquaires viennent
des mers de l'Inde, et Pon
en trouve de fossiles en
France, & Grignon, et a
Saint-Clément-de-la-Plaie,
Fic. 980. Siliquaire anguine. Fic. 984. pres d’Angers.
HISTOIRE NATURELLE.
bo
fer)
vl
3° GENRE. alloagile. Magilus, Montfort.
¢
(Etymologie inconnue. )
Coquille trés-épaisse, blanche, & spire courte, formée seulement de trois ou
quatre tours, le dernier abandonnant tout a coup la spire
pour former un tube allongé, irrégulierement sinueux,
conique, comprimé latéralement, arrondi du cété de la
base, caréné en dessus; ouverture ovale, anguleuse et a
bords continus. La surface extérieure est sillonnée dans
le sens de Ja Jongueur des tours, et lamelleuse dans le
sens contraire, par le rapprochement des anneaux d’ac-
croissement. La méme coquille jeune est fragile, ven-
true, et ne présente aucun prolongement tubiforme.
L’animal est connu, mais peu étudié. Les Magiles vivent
dans Jes excavations que forment les madrépores, et se-
raient bientét entierement couverts et étouffés, sils ne
se ménageaient une ouverture au dehors en prolongeant
Je dernier tour de Ja coquille, de mamiére a former un
tube dont ouverture se maintient toujours, par de nou-
yeaux accroissements, au niveau de la surface des madré-
pores dans Jesquels ils se sont logés. L’animal abandonne _ Fic. 982. Magile antique.
successivement la partie spirale pour se porter en avant dans Ja partie tubuleuse a
mesure qu il la forme; il ne laisse point de cloison derriére ]ui, mais il dépose une
matiere calcaire qui remplit petit a petit le sommet de la coquille. On trouve les
Magiles sur les cétes de Tile de France et dans la mer Rouge.
4° GENRE. Leptocouque. Leptoconchus, Ruppel.
(Aemros, mince ; xcyz05, coquille.)
Les especes de ce genre ressemblent beaucoup aux jeu-
nes Magiles qui n’ont point encore ahandonné la forme spi-
rale pour commencer un tube. Elles en different cependant
par Ja forme de l’animal qui est encore peu connu, et par
la lévre interne, qui est réfléchie sur Je bord columellaire
de Vouverture. On trouve aussi les Leptoconques dans la
mer Rouge.
Fic. 985. Leptoconque strié.
RD) ) i
5° GENRE. Ncaluire: Scalaria, Lamarck.
(Scalaria, escaliers.)
Coquille subturriculée, 4 tours de spire plus ou moins serrés et garnis de cétes
longitudinales élevées, inlerrompues, plus ou moins serrées et formées par la con-
264 HISTOIRE NATURELLE.
servation des bourrelets successifs de ouverture, qui est petite, arrondie, et fournit
un dernier hourrelet un peu réfléchi. L’animal est spiral,
a téte courte, portant deux tubercules coniques, pointus,
oculés & leur base externe. Le pied est court, subquadran-
gulaire, muni d’un opercule corné, mince et paucispiré.
Les Scalaires sont tres-recherchées dans les collections :
une des especes de ce genre, la Scalaire précieuse (voyes
pl. V, fig. 7), autrefois fort rare, a valu cent louis, et les”
beaux exemplaires. sont encore d’un prix assez élevé. Le.
genre Scalaire se compose d'un assez bon nombre d’especes,
fort remarquables par la disposition de leurs bourrelets,
Fig. 984.Scalaire commune. dont les uns sont arrondis et les autres tranchants. Les es-
peces fossiles, un peu moins nombreuses, ne se trouvent que dans les couches plus
nouvelles que la craie.
6° GENRE. Gdauphinule. Delphinula, Lamarck.
(Delphinus, dauphin, ancien nom de ces coquilles.)
Coquille Eee pauses, ombiliquée, agréablement nacrée a lintérieur, a tours
de spire rudes ou épineux, le dernier souvent dis-
joint; ouverture ronde sans columelle, & bords com-
plétement réunis, le plus souvent frangés ou munis
@un bourrelet. L’animal est cylindracé, a téte pro-
boscidiforme, tronquée en avant et portant en ar-
riere une paire de tentacules comiques, pédiculés a
la partie externe de leur base; c'est au sommet de
Mig) 22 eeuphinul alae ce: ces pédicules que se tronvent les yeux. Pied court,
épais, muni d'un opercule calcaire tuberculeux 4 Vintérieur. On ne connait qu'un
petit nombre de Dauphinules vivantes, des mers de Il’ Inde ; les especes fossiles sont
plus nombreuses et se trouvent dans les couches du caleaire coquillier.
= a Oe . :
7° GENRE. Gis. Cirrus, Sowerby.
(Cirrus, boucle de cheveux.)
Coquille spirale conique, sans columelle, sans ombilic,
formant Pentonnoir en dessous, et a tours de spire réunis,
le dernier disjoint. Animal inconnu.
Ce genre a été étabh par M. Sowerby, conchyliologiste
anglais, pour deux ou trois especes fossiles qui ont de grands —
rappers avec les Troques. Les Cirres n’ont encore été trou
vés quen Angleterre, dans Je Derbyshire.
Fic. 986. Cirre novenx.
HISTOIRE NATURELLE. 265
)
8° GENRE. Cacomphalle. Exomphalus, Sowerby.
(Ex, omphalos, ombilic.)
Coquille orbiculaire, 4 spire déprimée comme celle des Planorbes, formée de
trois tours carénés supérieurement, convexes et lisses en des- 5
sous; ouverture anguleuse; ombilic large, sans crénelure,
visible jusqu’au sommet de la spire. Ce genre a aussi &té
établi par M. Sowerby pour des coquilles fossiles des couches
carboniferes de l’Angleterre et de l'Irlande. On n’en connait
que cing espéces. Les Exomphales ont beaucoup de rapports
Fic. 987.
avec les Cadrans. Exomphale de Sowerby.
VINGTIEME FAMILLE.
ee
Cette famille se compose de coquilles turriculées ou conoides, 4 ouverture arron-
die, oblongue ou quadrangulaire, non évasée, et ayant les bords désunis, mais non
échancrés.
le? GENRE. Cadvau. Solarium, Lamarck.
(Solarium, cadran solaire.)
Coquille orbiculaire, en cone déprimé, & ombilic ouvert, crénelé sur Je bord in-
terne des tours de spire. Ouverture
subquadrangulaire , sans columelle.
Animalallongé, peu épais, a téte courte
et aplatie, munie de deux tentacules
oculés a leur base externe. Pied court,
ovalaire, portant un opercule corné.
Fic. 988. Cadran strié. Vic. 989.
Les Cadrans sont de jolies coquilles marines qu’on reconnait aisément a leur
ombilic profond, évasé en entonnoir, et dans lintérieur duquel on apergoit de
nombreuses crénelures ou des dents qui suivent tout le bord des tours jusqu’au
sommet. Les espéces vivantes se trouvent dans presque toutes les mers; le nombre
des especes fossiles est assez considérable a Grignon.
I. ay
HISTOIRE NATURELLE.
ho
fr)
op
2° GENRE. Vdifroutic. Bifrontia, Deshayes.
(Bifrons, 4 deux faces.)
Coquille discoide, planorbulaire, & tours de spire quelquefois disjoints; ombilic
profond, caréné sur le bord; ouverture subtriangulaire, un
peu dilatée, le bord droit mince et tranchant, profondément
détaché du reste du péristome par une échancrure dans le
bord inférieur et dans le bord supérieur. Animal inconnu.
Ce genre a été établi par M. Deshayes aux dépens des Cadrans
fussiles de Lamarck. Les especes, qui lui appartiennent sont
Pre. 990. Bilrontie de Laon. ognéralement petites; elles sont discoides, trés-aplaties de
chaque cdté, et ressemblent en cela 4 des Planorbes dont la surface serait presque
plane. M. Deshayes décrit trois especes des environs de Paris, et une des terrains
inférieurs de PAllemagne.
3° GENRE. Boul cite. Rotella, Lamarck.
(Rotula, petite roue.)
Coquille orbiculaire, luisante, sans épiderme, a spire trés-basse, subconoide ; a
face inférieure convexe, avec une large callosité sur la colu-
melle et Pombilic; ouverture demi-ronde. Animal inconnu;
opercule mince, orbiculaire, corné, multispiré et & sommet
central.
A premiere vue, lés Roulettes ressemblent beaucoup aux
Fig. 991, Roulette linéolee. Hélicines, dont elles different par la callosité qui s’élend A
presque toute la surface inférieure, et par la nature de leur habitat. Elles sont
toutes marines. Les Roulettes sont d'un brillant remarquable, et offrent les plus
jolies couleurs; elles viennent des mers de Inde, et Pon en connait une espece
des cétes de France.
~
4° GENRE. Croque. Tréchus: inne:
(Trochus, toupie.)
Coquille conique, épaisse, a spire plus ou moins élevée, élargie et anguleuse a
la base ; & ouverture entiere, déprimée transversalement; a bords désunis dans sa
partie supérieure. Columelle arquée, plus ou moins saillante 4 sa base. Animal en
spirale, & téte munie de deux tentacules coniques, portant des yeux subpédonculés
a leur base; pied court, arrondi a ses extrémités, bordé ou frangé dans son con-
tour, et munid’un opercule corné, circulaire et régulierement spiré.
Les Troques sont des coquilles marines, nacrées pour la plupart 4 intérieur; leur
ouverture déprimée coupe de biais la direction du dernier tour, et laisse voir la
portion inférieure de la columelle, qui est constamment torse ou arquée. La co—
quille des Troques est épaisse et remarquable par la beauté et la diversité de ses
HISTOIRE NATURELLE. 267
couleurs. On trouve des espéces de ce genre dans toutes les mers, 4 peu de distance
des rivages, dans Jes anfractuosités des rochers et dans les lieux ou croissent beau-
coup de plantes marines. Quelques Troques ont le grand tour bordé d'une série
Fic. 992. Troque noir. Fic. 995. Troque pie. Fie, 994. Troque nodulifére.
d’épines réguliéres : on Jes distingue par les noms d’Eperon royal, d’Eperon soleil,
etc., etc. D’autres se couvrent de pierres ou de débris de coquilles. Nous avons
déja dit qwils étaient connus sous les noms de Maconne et de Fripiere. Presque
tous les Troques, dépouillés de Ja couche calcaire colorée qui les couvre, laissent
voir une fort belle nacre, souvent irisée, comme dans le Troque iris, vulgairement
appelé la Cantharide. Les. espéces fossiles se trouvent, mais rarement, dans les
couches plus anciennes que la craie; elles sont assez communes dans les couches
plus nouvelles.
p ,
Se GENRE. Yeile. Margarita, Lamarck.
(Margarita, perle.)
Coquille nacrée 4 lintérieur, turbinée, 4 spire courte,
composée de tours arrondis et formant un ombilic souvent
trés-développé ; ouverture orbiculaire, a bords interrompus;
Je droit simple, mince et tranchant. L’animal, comme celui
des Troques, est muni d’un opercule corné et spiral. Les
coquilles de ce genre ont beaucoup de rapports avec les Tro-
ques; les Toupies et les Monodontes. Elles viennent des mers
du Sud.
Fie. 995. Perle ’ bandes.
6° GENRE. Mloowodoute. Monodonta, Lamarck.
(Moves, seul; cdoug, adevres, dent.)
Coquille ovale on conoide, subglobuleuse, 4 ouverture entiére et arrondie, a
bords désunis supérieurement. Columelle arquée, tronquée :
a sa base, qui souvent forme une saillie ou dent. L’animal
est semblable a celui des Troques ; son pied est court, muni
de quelques filets allongés, et d'un opercule corné et spiral
en dehors.
Les Monodontes sont de jolies coquilles marines, qui diffe— p. 996. Monodonte de Pharaon,
rent des Troques par leur ouverture plus arrondie, et des especes du genre suivant
268 HISTOIRE NATURELLE.
par la forme de leur columelle. Une des espéces de ce genre est représentée, dans
Ja collection de M. Benjamin Delessert, par deux individus qui ont servi de pen-
dants d’oreilles & la reine d’Otahiti, qui les donna au capitaine Cook pendant son
troisieme voyage. Le nom de cette espece est Monodonte semi-noire.
Les Monodontes se trouvent dans toutes les mers : on en connait peu d’especes
fossiles.
7° GENRE. Cabo. Turbo, Linné.
(Turbo, sabot.)
Coquille conoide ou subturriculée, épaisse, nacrée 4 lintérieur, & pourtour ja-
mais comprimé. Ouverture entiere, arrondie, 4 bords désunis dans leur partie su-
Fic. 997. Turbo marbré. Fic. 998, Turbo de Jourdain.
périeure ; columelle arquée, aplatie, sans troncature 4 sa base. L’animal est sem-
blable & celui des Troques et des Monodontes : son pied, court et obtus aux deux
extrémités, est muni d’un opercule calcaire paucispiré.
Les coquilles de ce genre se rapprochent beaucoup de celles des deux genres qui
précedent; mais elles se distinguent des unes par la forme arrondie de l’ouverture,
et des autres par l’absence d’une dent & Ja base de la columelle. Les Turbos vivent
dans toutes les mers, sur les rochers battus par la vague; les habitants des cdtes
les connaissent sous le nom de Vignots. On les mange, mais ils sont généralement
peu recherchés. Les grandes espéces fournissent une fort belle nacre, employée
pour les ouvrages de marqueterie. Quelques espéces ont recu des noms sous lesquels
Jes marchands les dislinguent : il y a le Burgau ou Nacré; la Veuve perlée, dont
les tubercules extérieurs usés ressemblent a des perles; la Bouche-d’Or, dont la
nacre est d’un beau jaune doré ; la Bouche-d’Argent; le Perroquet ou Turbo im-
périal, etc., etc. Les especes fossiles sont assez nombreuses ; on les trouve dans les
mémes terrains que les Troques. |
Pa) ’ : é Z
8° GENRE. Sablouwe:: Littorina, Férussac.
(Diminutif de littus, rivage.)
r
Coquille turbinée, non naerée, épaisse, solide, ovale ou globuleuse; ouverture —
HISTOIRE NATURELLE. 269
arrondie et un peu évasée en avant; columelle large, arquée dans sa longueur.
L’animal est spiral, 4 téte proboscidiforme, munie de deux tentacules oculés a leur
base externe ; pied aminci et portant un opercule corné.
Fic, 999. Littorine angulifére. Fic. 1000, Littorine carénée. Fic. 1004. Littorine scabre.
Les Littorines, comme leur nom l’indique, ne s’éloignent pas des rivages, et se
plaisent méme sur les rochers hors de la mer. On n’en connait qu'un petit nombre
despeces fossiles.
x
ge GENRE. Oe aateoeen Planaxis.
(Planus, uni; ais, axe.)
Coquille ovale, conique, solide, sillonnée transversalement; ouverture oblongue ;
columelle aplatie et tronquée a sa base, séparée du bord droit
par un sinus étroit; bord droit sillonné ou rayé en dedans, et
épaissi par une caltosité courante sur son sommet. L’animal
des Planaxes a les plus grands rapports avec celui des Litto-
rines : son pied est court, épais, et porte 4 lextrémité posté-
rieure un opercule corné, mince et paucispiré.
Les Planaxes sont des coquilles marines généralement pe-
tites, et qui présentent des caractéres communs aux Littorines, F16- 1002. Planaxe sillonnee.
qui Jes précedent, et aux Phasianelles, qui les suivent. On les trouve dans ’Océan
des Grandes-Indes et sur les cétes de ’Océanie.
10° GENRE. P bastauelle. Phasianella, Lamarck.
(Phasianus, faisan, nom vulgaire de ces coquilles.)
Coguille tres-lisse, solide, ovale ou conique, aspire pointue; ouverture entiére,
plus longue que large, a bords désunis supérieurement; bord droit, tranchant;
columelle lisse, comprimée, atténuée asa base. Animal oblong, spiral, a téte mu-
nie de tentacules longs et coniques, avec deux pédoncules de méme forme silués a
leur base externe et portant les yeux; pied oblong, muni d’un opercuile calcaire
subspiré.
Les Phasianelles sont de fort jolies coquilles, remarquables par le poli et la ri-
270 HISTOIRE NATURELLE.
chesse des couleurs de leur
surface externe. Les grands
individus sont encore trés-
rares dans les collections ;
autrefois on les payait jus-
qua cing cents francs. Ces
Mollusques habitent les
mers de la Nouyelle-Hol-
lande, Océan Indien, et
Pon en trouve une petite
espece sur les cdtes de
France. Les Phasianelles
fossiles sont peu nombreu-
ses : on en trouve a Gri-
gnon.
Fig. 1003. Phasianelle bigarrée. Fic. 1004. Phasianelle bulimoide.
11e GENRE. ‘Cucatelle. Turritella, Lamarck.
(Diminutif de turritus, garni de tours, tourelles.)
Coquille turriculée, pointue, un peu mince, généralement striée dans le sens de
Ja longueur des tours de spire, qui sont peu nombreux, Ou-
verturearrondie, entiere, ayant les bords désunis supérieure-
ment; bord droit avec un sinus. Animal a téte munie d’une
trompe et de tentacules allongés et oculés sur un renflement
externe de leur base. Pied court, ovalaire, découpé a sa cir—
conférence et portant un opercule corné et multispiré.
Les Turritelles se trouvent dans toutes les mers, Une des
especes les plus remarquables est vulgairement connue sous
le nom de Vis-de-Pressoir, 4 cause de sa forme. Des Tur-
ritelles fossiles, Jes unes appartiennent aux terrains tertiaires,
Fic. 1005. : , ene he P x
Turritelle de Californie. quelques-unes aux terrains cretacés inférieurs ; il yena meme
de citées dans des terrains plus anciens.
VINGT ET UNIEME FAMILLE.
Canal fies
Toutes les coquilles de cette famille, fort nombreuse et tres-variée, ont un canal
droit ou recourbé et plus ou moins développé a la base de Pouverture, dont le bord
droit ne change point de forme avec Page. Toutes sont operculées. Les unes ont un
bourrelet constant sur Je bord droit, les autres n’en ont point, ce qui a servi a l’é-
tablissement de deux divisions.
HISTOIRE NATURELLE. 271
§ I. oint de boutteled contend Gur Te latd dhatt
c >),
4° GENRE. aGeriee: Nerinea, Lamarck.
(Nom mythologique.)
Coquille turriculée, allongée, & tours nombreux; axe perforé; columelle fort
grosse, présentant trois plis dont le premier et le dernier sont
les plus grands, celui du milieu n’existant pas toujours; un
ou deux plis sur le cdté droit de chaque tour. II existe donc
dans la coquille au moins trois plis, et pas plus de cing dans
les espéces ott ils se voient tous. Ils sont parfois diversement
contournés ou tres-flexueux; ils présentent une, deux et
quelquefois trois gouttieres, séparées par des carénes aigués ;
dautres fois ils sont simples, seulement plus ou moins incli-
nés sur le plan oti ils reposent.
Ce genre a été établi par M. Defrance pour deux coquilles
fussiles des coteaux de Ja vallée de la Touque, pres de Li-
sieux, Cescoquilles, singuléres par les plis de leur columelle
et leur forme intérieure, se distinguent aisément des Cérites,
ef appartiennent a des couches plus anciennes que celles dans
lesquelles on a le plus ordinairement rencontré ces dernicres.
On connait maintenant huit ou neuf especes de Nérinées. Si
Yon parvient 4 scier une Nérinée dans sa longueur et a la
diviser ainsi en deux parties égales, on distingue parfaite-
ment la perforation de l’axe et la disposition particuliere des
plis, qui, en s’étendant, en se contournant quelquefois dans ;
Ja cavité intérieure de la spire, ont Jaissé peu de place pour Fre. 1006. Neérinée de Requien.
la partie postérieure de animal. D’apres cette disposition, M. Deshayes, auquel
nous empruntons ces détails, dit que les moules intérieurs des Névinées ressemblent
en quelque sorte a des rubans gaufrés dans leur longueur,
Pes
2e GENRE. Weatte. Cerithium, Brucuitres.
’ s
(Keous, cornet.)
Coquille allongée, turriculée ; ouverture oblongue, obli-
que, terminée a sa base par un canal court, tronqué ou re-
courbé, jamais échancré, Une gouttiére a l’extrémité supé-
rieure du bord droit. L’animal a la téte proboscidiforme ,
surmontée d’un voile membraneux et de tentacules oculés
ileur partie moyenne et externe; le pied est court et muni
Yun opercule corné,
Les Cérites sont des coquilles marines qu’on trouve sur
es fonds vaseux, et le plus souvent & lembouchure des
lenves, rarement au dela du point ot! la mer remonte.
Le genre Cérite est trés-nombreux en espéces vivantes et
F
G. 1007, Ceéerite granuleuse.
272 HISTOIRE NATURELLE.
fossiles; les premieres habitent toutes les mers; les Cérites fossiles se rencontrent
dans les couches de nouvelle formation. Le calcaire coquillier des environs de Paris
fournit assez abondamment la Cérite géante, remar-
quable par ses dimensions extraordinaires, qui dépas—
sent de beaucoup celles des especes du méme genre.
Cette coquille a son analogue vivant dans les mers du
Sud, et Je seul exemplaire connu se trouve dans la col-
lection de M. Benjamin Delessert. Il est accompagné
dune note manuscrite de Lamarck, et d’une autre
note qu'on altribue a Denys de Montfort. Nous croyons
devoir donner communication de la premiere, que
nous reproduisons textuellement :
Fie. 1008. Ceérite géante.
~
~
_~
« blancs (des madrépores) el
Fie. 1009. Cérite sillonnée. Fic. 1010
« Cerithium giganteum. Analogue vivant de la co-
quille fossile connue sous ce nom. Cette coquille,
qui parait unique, et la premiere observée vivante de
cette espece, fut apportée & Dunkerque, en décem-
bre 1810, par un Anglais nommé Mathews Tristram,
qui faisait partie d’un batiment anglais alors 4 Dun-
kerque. Ce marin anglais avait encore différents au-
tres coquillages, dont plusieurs sont connus pour
habiter les mers de la Nouvelle-Hollande, tels que
des Faisans, Je Trochus Cooki, etc., etc. Interrogé
sur la maniére dont il s’était procuré la belle Cérite
quwil possédait, il répondit qu’étant embarqué sur
la fltite Ze Swalow, il avait navigué dans la mer
du Sud, et qu'un jour, ayant attaqué, la sonde a la
main, les bancs de rochers en avant de la Nouvelle-
Hollande, et lui-méme, chargé d'une partie de
ces opérations, se servant alors d’une sonde de
nouvelle invention qui rapporte avec elle ce qu'elle
peut ramasser au fond des eaux, il avait ainsi retiré
cette coquille du fond de la mer avee des coraux
autres objets marins. Il ajouta qu’il n’avait eu que
« ce seul individu, et que, comme il était
« cassé, on n’en voulut point a son re-
« tour en Angleterre, ou du moins on en
« fit assez peu de cas pour ne Jui en point
« donner ce qu’il en demandait. Denys de
« Montfort en fit ’emplette, ainsi que de
« quelques autres des coquilles de cet An-
« glais, qui contenaient un sable conchy-
« lifere assez intéressant. C'est de ce der-
« mer que j’en fis acquisition, connaissant
« Pimportance pour Ja zoologie du nou-
« veau fait que présente cette belle co-
- Cévite rubannée. ( quille. 7 Janvier 18414. Lamarck »
HISTOIRE NATURELLE.
275
“T™
id x 1 + a) oy
3° GENRE. CF lewecotouve. Pleurotoma, Lamarck.
(TDcvex, coté; teuvw, je fends.)
Coquille fusiforme ou turriculée, terminée inférieurement par un canal droit
plus ou moins long ; ouverture ovale , remarquable par I’échancrure de la partie
supérieure du Hora droit; le bord columellaire simple et lisse. L’animal a la téte
aplatie, munie de tentacules a la base desquels se montrent les yeux; le pied est
gr ossier.
Fic. 1014. Pleurotome austral. Fic. 1042. Pleurotome auriculifére.
ovale, court, a bords minces, et son extrémité postérieure
porte un opercule corné assez épais.
On connait un grand nombre de Pleurotomes dont le ca-
ractere le plus saillant consiste dans l’échancrure de la partie
supérieure du bord droit. Ils viennent pour la plupart des
mers de Inde. Les espéces fossiles, fort nombreuses aussi,
se trouvent dans les couches plus nouvelles que la craie, et
plus particulierement dans Je calcaire
Fic. 1013. Pleurotome tour de Babel.
4° GENRE. Ciburolles Turbinella, Lamarck.
(Turbineus, tournant en rond.)
Coquille généralement épaisse, turbinée ou sub-
fusiforme, souvent tuberculeuse, 4 spire quel-
quefois surbaissée et mamelonnée au sommet; a
ouverture étroite, canaliculée, et présentant a la
columelle des plis transverses au nombre de trois
a cing. L’animal est imparfaitement connu. Il a des
tentacules oculés 4 leur base. Le pied est ovalaire,
grand, dilaté, et porte un opercule épais et un peu
recourbé.
Les Turbinelles sont des coquilles marines assez
lourdes, solides, couvertes d'un épiderme épais;
elles viennent pour la plupart de !’Océan Indien
Les espéces fossiles sont jusqu’ici tres-peu nom-
breuses; on n’en cite qu'une seule des environs
de Paris.
Fie. 1014. Turbinelle artichaut.
3D
Lo
—!I
ksS
HISTOIRE NATURELLE.
35 AIRMAN Or (Pai : aes
Se GENRE. Cancellarvce. Cancellaria, Lamarck.
(Cancellatus, treillissé.)
Coquille réticulée ou rugueuse , ovale, globuleuse ou turriculée ; ouverture
demi-ovale, subcanaliculée 4 sa base; bord droit tranchant, sillonné a Vintérieur ;
columelle droite, avee un plus ou moins grand
nombre de plis trés-saillants. L’animal a la
tete large et aplatie, munie de deux tentacules
eréles et allongés, oculés au cété externe de
leur base ; le pied est mince, aplati, et ne porte
point dopercule.
Les Cancellaires vivantes ne sont pas tres-
nombreuses ; elles viennent pour la plupart des
mers de I'Inde. Les especes fossiles, plus nom-
aedcaaee Ne breuses, ne se trouvent que dans les terrains
Cancellaire a edtes obliques. Cancellaire rétieulée. terliaires, et deviennent de plus en plus abon-
dantes & mesure que ces terrains sont plus récents.
Lrespece la plus remarquable de ce genre est la Cancellaire trigonostome, nom-
mée aussi Bordstrap, et dont le plus bel exemplaire conuu fait partie de la collec—
tion de M. Benjamin Delessert. Cette coquille est des plus rares et a une grande
valeur; elle est oblongue, turbinée, etcomposée de tours triangulaires qui ne s'at-
tachent entre eux que par langle interne. Cette coquille singuliére est sillonnée
sur toute sa surface extérieure. (Voy. pl. V, fig. 2.)
5 : Chay selena ;
6e GENRE. CPascrolaice. Fasciolaria, Lamarck.
(Fasciola, bandelette.)
Coquille de forme variable, subfusiforme, a spire
médiocre, pointue, le dernier tour plus grand que
tous les autres ensemble ; ouverture ovale-allongée,
terminée par un canal assez long, en gouthiére. Bord
externe souvent ridé, tranchant; bord columel-
laire présentant quelques plis tres-obliques. L’ani-
mala la téle assez large et épaisse, et se termine
par deux tentacules & la base externe desquels
sont les yeux. Le pied est ovalaire, tronqué en
avant et tres-épais; il est muni a son extrémité
postérieure d'un opercule corné, solide et ongui- |
culé, |
Le genre Fasciolaire est peu nombreux en es- —
peces ; elles vivent dans les mers des Grandes- |
Indes, aux Antilles et 4 la Nouvelle-Hollande. —
Les especes fossiles appartiennent aux terrains —
tertiaires : on en trouve aux environs de Bordeaux
Se:
Fic. 1017. Fasciolaire trapéze. et de Paris.
HISTOIRE NATURELLE. 2H
ae iiss Ch
7? GENRE. ePuseat- Fusus, Lamarck.
(Fusus,:fuseau. )
Coquille fusiforme, souvent ventrue dans sa partie
moyenne; aspire allongée, ridée, striée ou tuberculeuse,
couverte d'un épiderme verdatre. Ouverture ovale, pro-
longée en un long canal droit. Bord droit tranchant ;
bord columellaire lisse. L’animal a la
téte petite, munie de tentacules cculés
a leur base ou vers le milieu de Jeur
longueur. Le pied est subquadrangu-
laire, tres-court, et muni d'un opercule
corné.
Les Fuseaux se distinguent par lé-
légance de leur forme plutét que par
Péclat de leurs couleurs; on en trouve
dans toutes les mers, mais parliculiére-
ment dans celles des pays chauds. Les
especes fossiles appartiennent particu-
lierement au calcaire coquillier.
4
Fic. 1018, Fuseau pagode. Fie, 1019. Fuseau quenouille.
8e GENRE. Cyeiule. Cyrtulus, Hinds.
e
(Etymologie inconnue.)
Coquille fusiforme, ombiliquée, le dernier et l’a-
vant-dernier tour turbinés, a spire saillante; ouverture
allongée , se terminant inférieurement par un canal
court. Columelle irréguliérement arquée, calleuse
supérieurement; bord droit tranchant. Animal non
décrit.
Cette coquille, nouvellement découverte aux iles
Marquises, est couverte d’un épiderme trés-mince ;
elle est encore fort rare dans les collections, et a été
rapportée, en 1842, par le capitaine anglais Belcher,
commandant du Sulphur, envoyé en exploration dans
les mers du Sud.
On ne connait encore qu'une seule espece, et
M. Hinds, qui en donne la description, ne dit sur
cette nouvelle coquille rien de particulier que nous
puissions indiquer.
Fic. 1020, Cyrtule du soir.
276 HISTOIRE NATURELLE.
9° GENRE. Pryule. Pyrula, Lamarck.
(Pirum, poire.)
,
Coquille de forme variée, piriforme, ventrue, a spire courte ou surbaissée ,
ouverture ovale, terminée par un canal droit plus ou moins long.
Bord droit sans échancrure; columelle lisse, un peu excavée,
L’animal a Ja méme forme que ceux des genres qui précedent,
et comme eux il est operculé.
Le genre Pyrule se compose d’espéces qui présentent entre
elles des différences si prononcées, soit dans la forme, soit dans
l'épaisseur, que depuis longtemps on a senti Ja nécessité d’y faire
quelques changements. Quelques espéces, comme la Pyrule mé-
longene, semblent devoir étre rapprochées des Pourpres, et la
Fig, 1021. Pyrule figue. Pyrule figue, dont animal n’est pomt operculé, doit devenir le
type dun genre a former. Cette coquille est trés-mince, trés-légere, fragile, et
differe essentiellement des vraies Pyrules, qui sont épaisses et solides.
On trouve des Pyrules dans toutes
les mers; les espéces fossiles se ren-
contrent particulierement dans le
calcaire grossier et dans les couches
plus nouvelles.
Nousavons figuré, pl. IX, n° 2,3
Fig. 1022. Pyrule candelabre. Fic. 1025. Pyrule mélongene,
et 4, et pl. VIL, n° 4, quatre Pyrules encore peu connues ou nouvelles, et nous
avons décrit Pune d’elles sous le nom de Pyrule de Delessert. Parmi ces especes,
la Pyrule tubuleuse se rapproche des Figues, et les autres ont de grands rapports
avec les Pourpres.
HISTOIRE NATURELLE.
bo
st
bat |
§ Il. Von toutrelt sur te letd deatt
2 0 .
10° GENRE. OO buartbiolane. Struthiolaria, Lamarck.
(Struthio, autruche.)
x
Coquille ovale, & spire élevée ; ouverture évasée, sinueuse, terminée 4 sa base
par un canal trés-court, droit, non échancré. Bord
droit sinué, muni dun bourrelet en dehors; bord
columellaire calleux. L’animal a une téte prolongée
en trompe plus longue que la coquille, et terminée
par une petite troncature dans laquelle se trouve
Youverture de la bouche. Tentacules coniques et
oculés au cété externe de leur base. Le pied est ova-
laire, épais, pédiculé, et porte un petit opercule cor-
né, rudimentaire.
Les Struthiolaires sont toutes des mers de la Nou-
velle-Hollande ; elles sont rares et peu nombreuses,
car on n’en cite encore que quatre ou cing espéces.
On nen connait point de fossiles, si Pespece décriteavec
doute par M. Defrance n’appartient pas 4 ce genre.
Fic. 1024, Struthiolaire créneléc.
dle GENRE. eo emuello. Ranella, Lamarck.
(Diminutif de rana, grenouille.)
Coquille ovale ou oblongue, subdéprimée, canaliculée 4 sa base, et présentant
deux rangées de bourrelets droits ou obliques, mutiques,
tuberculeux ou épineux, a intervalle d’un demi-tour ;
ouverture ovalaire. Les bourrelets sont formés par les
accroissements successifs de la coquille, et, en l’élargis-
sant 4 droite et & gauche, ils lui donnent un aspect un
peu déprimé. L’animal a la téte large, proboscidiforme,
munie de gros tentacules & la base externe desquels
sont des yeux saillants. Le pied est large, quadrilatéral,
et porte 4 son extrémité postérieure un opercule corné
et allongé. Les Ranelles viennent des mers de I’Inde, de
la Chine et de la Nouvelle-Hollande. Les espéces fossiles 4: 107% Ranelle sranuleuse.
se rencontrent dans les couches plus nouvelles que Ja craie, mais on wen a point
trouvé encore aux environs de Paris.
278 HISTOIRE NATURELLE.
: )
12e GENRE. orveclen Murex, Vamarek.
(Murex, chausse-trape.)
Coquille ovale-oblongue, a spire plus ou moins élevée; lasurface extérieure tou-
jours interrompue par des rangées de varices en forme d’épines ou de ramifications,
Sais nica ees bemt
Fic. 1026. Rocher palme de rosier. Fic. 1027, Rocher téte de bécasse.
ou seulement de tubercules généralement dans un ordre régulier et constant. Ou-
verture ovalaire, se prolongeant en un canal droit,
souvent tres-développé ; bord externe souvent plissé
ou ridé; bord columellaire parfois calleux. L’ani-
mala deux tentacules longs et rapprochés ; le pied
est arrondi, généralement court et mum d'un
opercule corneé.
Ce genre est un des plus nombreux en espéces :
les unes ont ouverture terminée par un canal tu-
buliforme couvert @épines (fig. 1028), ou sans
Fic. 1028. Rocher fine épine. Fic. 1029, Rocher hérisson.
HISTOIRE NATURELLE. 279
épines (lig. 1027); les autres sont couvertes de palmettes (fig. 1026) ; d’autres enfin
présentent sur toute leur surface des tubercules réguliers, spmiformes et canalicu-
lés (fig. 1029). Les Rochers forment un genre remarquable par Ja couleur et la
variété des especes. On les trouve dans toutes les mers. ( Voy. pl. VII, fig. 2 et 5.)
Les Rochers fossiles se rencontrent dans les couches plus nouvelles que la craie, et
particuligrement dans le calcaire grossier.
I] parait que ce sont ces Mollusques, que les anciens connaissaient sous le nom
de Murices, qui fournissaient la belle couleur de pourpre, si précieuse et si
rechercheée,
m6 OTN Caine 1:
15° GENRE. Cuateow. Zriton, Lamarck.
(Triton, nom mythologique.)
Coquille ovale ou oblongue, 4 spire généralement assez élevée, couverte de bour-
relets irréguliérement épars, et ne formant jamais
de rangées longitudinales. Ouverture ovale, oblon-
gue, et souvent trés-irréguliere; bord droit fré-
quemment chargé de plis ou de denticules; bord
Fic. 1050. Triton émaille. Fic. 1054. Triton grimagant. Fie. 1032. Triton bouche blanche,
columellaire tapissé par unecallosité quel-
quefois tres-ridée. I’animal des Tritons
est @ peu pres le méme que celui des
Rochers ; sa téte est grosse, saillante, mu-
nie d’une paire de tentacules coniques,
assez longs et oculés vers le milieu de leur
coté externe. Le pied est court, épais,
tronqué, et porte un opercule allongé.
On trouve des Tritons dans toutes Jes
mers, ef les especes fossiles se rencontrent
toutes dans les terrains tertiaires.
Fic. 1055. Triton cutacé, Fic. 1054, Triton rouget.
280 HISTOIRE NATURELLE.
VINGT-DEUXIEME FAMILLE.
ky.
Cette famille se compose de coquilles de forme tres-variée, ayant un canal plus
ou moins long ala base de ouverture, et dont le bord droit change de forme avec
Page, et a un sinus inférieurement.
: y
1e° GENRE. eo Rceie nice: Rostellaria, Lamarck.
(Rostellum, petit bec.)
ture ovalaire, terminée par un canal saillant et en bec pointu; bord droit simple,
denté, digité ou dilaté en aile, et formant
un sinus pres de sa réunion au canal, L’a-
nimal est en spirale, allongé; sa téte, grosse
el épaisse, se prolonge en une trompe fen-
due en avant; elle est munie de deux tenta-
cules assez gros et bifurqués, la branche
interne de la bifurcation plus gréle et poin-
tue , externe tronquée et ocnlée au som-
met. Le pied est divisé en deux parties, la
postérieure munie d'un opercule corné et
unguiforme.
Les Rostellaires sont des coquilles assez
recherchées dans les collections : on en
|
;
Coquille fusiforme ou subturriculée, 4 spire généralement assez élevée; ouver-
\
trouve particuligrement dans Jes mers de la
Chine. Une espéce vient de la Méditerranée,
Fig. 1053. Fie. 1056. et une autre de la mer Rouge. D’aprés
de Powis, Rostellaire bee droit. MF Defrance, quelques especes de ce genre
se montrent 4 l'état fossile dans des couches plus anciennes que la craie ; mais la
plus grande partie ne se rencontre que dans celles qui sont plus nouvelles, et il
est trés-probable que la solubilité de leur test est la cause qu’on n’en trouve pas
dans la eraie.
Rostellaire
2° GENRE. clousercine. Chenopus, Philippi.
(Anserina, patte d’oie.)
Coquille allongée, fusiforme, terminée a la base par un appendice court, a peiné
canaliculé; columelle droite, garnie d'une callosité plus ou moins épaisse ; bord
droit dilaté, détaché supérieurement par un sinus large et peu profond, tantot sim-
ple, tantét découpé en digitaiions plus ou moins longues. L’animal est spiral; sa
téte est grosse, proboscidiforme, tronquée obliquement en avant et munie de ten-
HISTOIRE NATURELLE. 281
tacules trés-allongés, eréles, pointus et garnis 4 leur base d’un petit pédicule oculé
& son sommet, Manteau mince, simple ou lobé
selon les espéces, le nombre des lobes correspon—
dant a celui des digitations de la coquille. Pied ova-
laire, tronqué en avantet garni d’un petit opercule
corné et oblong.
Le genre Ansérine est peu nombreux en es—
peces ; il a été formé aux dépens des Rostellaires
de Lamarck. Les espéces vivantes se trouvent
dans la Méditerranée et POcéan Atlantique ; les
espéces fossiles appartiennent aux terrains tertiaires
et erétacés.
Fic. 1037, Ansévine pied de pélican.
at
5° GENRE. Atecocece. Pterocera, Lamarck.
(IItegsv, aile; seas, corne.)
Ge?
Coquille ovale-oblongue ,
ventrue, terminée inférieure-
ment par un canal assez al-
longé. Le bord droit se dé-
veloppe, avec lage, en aile
digitée, et présente un sinus
vers sa base ; le bord columel-
laire est souvent ridé. Lani-
mal a la téte grosse, probos-
cidiforme , munie de gros
tentacules renflés au sommet,
tronqués et largement oculés
sur la troncature. Le manteau
a le bord droit découpé en un
nombre plus ou moins consi-
dérable de laniéres qui sécré-
tent les digitations de la co-
quille. Ces digitations paral-
léles s’atrophient 4 mesure
que leur sécrétion remplit les
digitations calcaires. Le pied est large en avant, comprimé en arriére, et porte un
opercule corné, long et étroit.
Fie, 1059. Ptérocére orangé,
oT
=>)
Fic. 1040, Ptérocére scorpion.
282 HISTOIRE NATURELLE.
Les Ptéroceres, connus vulgairement sous les noms d’Araignées de mer ou de
Scorpions, sont plus remarquables par la singularité de leur forme que par leur
couleur. On les trouve dans les mers des deux hémisphéres. Le nombre des espéces
vivantes est peu considérable ; les especes fossiles appartiennent pour la plupart
aux terrains anciens.
4° GENRE. @teonale: Strombus, Linné.
(Strombus, conque marine.)
Coquille ventrue, terminée a sa base par un canal court, échancré ou tronqué.
Bord droit, se dilatant avec Page en une aile simple, lobée ou crénelée a la partie
supérieure, etayant 4 linférieure un sinus sé-
paré du canal ou de l’échancrure de la base.
L’animal est spiral, 4 téte tres-distincte, pro-
boscidiforme, large, munie de deux tenta-
cules gros, cylindriques, oculés & leur som—
met; les yeux sont gros, vivement colorés, et
surmontent deux petits appendices déhés et
pointus, placés a la partie supérieure et interne
des tentacules. Le pied est comprimé et formé
Fig. 1041, Strombe poule. de deux parties : la postérieure, longue, porte
un opercule allongé, corné et unguiculé.
Ce n'est qu’a une certaine époque de leur vie que les Strombes présentent le déve-
loppement complet du bord droit de cette expansion, qui les rend si remarquables.
Fie. 1042. Strombe aile d’ange. Fic. 1043. Strombe aile d’aigle.
les Strombes viennent des mers des pays chauds: la plupart des espéces sont vive-
ment colorées & Vintérieur ou a l’extérieur, et recouvertes d’un épiderme mince
*
|
HISTOIRE NATURELLE. 285
et verdatre. Une des espéces , tres-commune quoique des plus belles, est souvent
employée comme ornement ; elle est blanche 4 l’extérieur, et son ouverture est
d'un rose trés-vif : c’est Je Strombe aile daigle. On trouve des Strombes dans tou-
tes les mers, et surtout dans celles de l'Inde. Les especes fossiles sont peu nom-
breuses ; elles viennent de Grignon, de Dax, de Bordeaux et des faluns de la
Touraine.
VINGT-TROISIEME FAMILLE.
ipurifeics.
La famille des Purpuriferes se compose de coquilles dont la forme varie beau-
coup, les unes globuleuses, les autres trés-allongées ; mais elles ont toutes un canal
court, ascendant postérieurement, ou une échancrure oblique en demi-canal a la
base de l’ouverture et se dirigeant vers le dos. Lamarck a donné 4 cette famille le
nom de Purpurifere, parce que, selon lui, les espéces qui la composent, et surtout
celles qu’il distingue sous le nom de Pourpres, contiennent dans un réservoir par-
ticulier la matiére colorante pourprée qu’on accorde peut-étre avec autant de raison
a d’autres Mollusques du genre Rocher.
1° GENRE. (Crowes Cassidaria, Lamarck.
(Diminutif de cassis, casque.)
Coquille ovale , renflée, & spire courte , conoide , beaucoup plus courte que le
dernier tour, celui-ci terminé a sa base par un canal assez long, courbé, subascen-
dant, 4 peine échancré a son extrémité. Ouver-
ture longitudinale rétrécie 4 ses extrémités, peu
large dans le milieu. Columelle sinueuse, cou-
verte par le bord gauche, lisse, granuleux ou
ridé. Bord droit, épais, renversé en dehors,
simple, plissé ou dentelé intérieurement. L’ani-
mal ala téte grosse et épaisse, portée par un
cou cylindrique et munie d'une paire de ten-
tacules allongés et oculés 4 leur hase externe. }
Le pied est large, ovalaire, subtronqué en avant Fic. 1044. Cassidaire échinophore.
et operculé postérieurement. L’opercule est lisse, allongé, et formé d’éléments
subécailleux.
Le genre Cassidaire est peu nombreux en especes vivantes qu’on trouve sur les
cotes d’Europe, ou en especes fossiles de France.
2° GENRE. Shines Oniscia, Sowerby.
(Oniscus, Cloporte, nom d’espéce devenu nom de genre.)
Coquille oblongue, subcylindrique, un peu conoide, a spire courte, obtuse au
284 HISTOIRE NATURELLE.
sommet, rétrécie & la base. Ouverture longitudinale, étroite, 4 bords paralléles.
Columelle droite, simple, revétue d'un bord gauche assez large et granuleux ; bord
droit épaissi, dentelé, renflé dans le
milieu ; canal terminal court, étroit,
a peine échancré. Animal inconnu.
Ce genre, établi par M. Sowerby
aux dépens du genre Cassidaire de
Lamarck, pour des coquilles dont
Youverture est allongée, étroite et a
bords paralleles. On n’en connait
qu'un petit nombre d’especes, des
mers de l’Inde et de la Chine.
Fic. 1045, Oniscie de Lamarck. Fic. 1046. Oniscie caufrée.
x
oR Ny c Y :
35° GENRE. ( Lo tLe. Cassis, Lamarck.
(Cassis, casque.)
Coquille ovalaire, bombée, & spire peu élevée, souvent presque plane. Ouver-
ture longitudinale un peu oblique, étroite, et terminée a sa base par un canal tres-
court et recourbé vers le dos. Columelle plis-
sée ou dentée transversalement ; bord droit,
épais, muni d'un bourrelet extérieur et
denté en dedans. L’animal a la téte assez
grosse et épaisse, proboscidiforme, munie de
Fic. 1047, Casque de Madagascar. Fic. 1048. Casque bézoar.
deux tentacules coniques, allongés, a la base desquels se trouvent les yeux. Le
manteau revét Vintérieur de la coquille et vient se réfléchir sur Jes bords de J’ou-
verture, sur lesquels il s'applique exactement. L’extrémité antérieure du manteau
se prolonge en un long canal cylindrique, fendu en avant, passant par l’échancrure
de la base de la coquille et servant & diriger l'eau dans la cavité branchiale. Le
pied est large, déborde quelquefois la coquille, et est muni d’un opercule corné,
demi-ovale et présentant des stries rayonnantes.
HISTOIRE NATURELLE. 285
Le genre Casque se compose de coquilles souvent fort belles et fort grosses,
qwon trouve particuliérement dans la mer des Indes. Les grandes espéces servent
dans l'Inde, ott elles sont trés-communes, a faire de la chaux, et on les emploie
méme au lieu de pierres pour Ja construction des murs de cloture. Les espéces fos—
siles sont peu nombreuses : on les trouve aux environs de Paris et de Bordeaux.
4° GENRE. Re cuiale: Rictnula, Lamarck.
(Ricinus, ricin, graine de ricin.)
Coquille ovale ou subglobuleuse, épaisse, hérissée de pointes ou de tubercules,
a spire trés-courte. Ouverture oblongue, présentant inférieurement un demi-canal
recourbé vers le dos et terminé par une échancrure oblique.
Des dents inégales sur Ja columelle; Je bord droit souvent
digité en dehors et garni intérieurement de dents qui ré-
trécissent ouverture. L’animal est en tout semblable A
celui des Pourpres : aussi a-t-on proposé de réunir les Ri-
cinules aux Pourpres.
Les Ricinules sont généralement de petite taille; elles
sont remarquables par la singularité de leur forme. L’ou-
werture de ces coquilles est grimacante et souvent d’une.° F's. 1049. Ricinule muriquée.
jolie couleur rose ou violacée. Elles viennent toutes des mers de l’Inde.
tie eee (P
o° GENRE. oh oucpre, Purpura, Adanson.
(Purpura, pourpre.)
=
Coquille ovale, épaisse, mutique, tuberculeuse ou anguleuse, a spire courte, le
dernier tour plus grand que tous les autres réunis. Ouverture dilatée, terminée in-
férieurement par une échancrure oblique et subcanaliculée.. Bord columellaire
Fic. 1050. Pourpre néritoide. Fic, 1051. Pourpre antique. Vic. 1052. Pourpre bezoar.
lisse, souvent concave, terminé en pointe. Bord droit souvent digité, épaissi inté-
rieurement et plissé ou ridé. L’animalaune téte large, subproboscidiforme, munie
de deux tentacules rapprochés, coniques , renflés et oculés vers la partie moyenne
286 HISTOIRE NATURELLE.
de leur cété externe. Le pied est grand et comme bilobé en avant, et garni
d'un opercule corné, demi-circulaire et & sommet posté-
rieur.
Les Pourpres sont de jolies coquilles, Ja plupart
exotiques, de forme singuliere, et que l'on croit aussi
contenir la matiére colorante de la pourpre. On trouve
les Pourpres dans toutes Jes mers. On en connait une
centaine d’especes vivantes, et deux espéces fossiles des
faluns de la Touraine.
Fic. 1053, Pourpre planospire.
6° GENRE. ‘Crichotropis. Trichotropis, Sowerby. 4
(Ter€, poil; seems, caréne.)
Coquille mince, turbinée, carénée et ombiliquée. Ouverture entiere, plus longue f
que la spire. Columelle tronquée obliquement ; bord —
droit mince et tranchant. Epiderme mince, verdatre, —
couvrant toute la coquille et la débordant a la levre
droite. Animal non décrit, ayant un opercule corné. |
On ne connait encore qu'une ou deux espéces de ce —
genre, que M. Sowerby classe, provisoirement sans doute,
parmi les Purpuriferes. Le Trichotropis bicaréné a été
Fig. 1054. Trichotropis bicaréné. trouvé dans Jes mers du Nord. Cette coquille, qu’on ju-
gerait 4 premiere vue devoir étre fluviatile, sera sans doute, quand on en connaitra
mieux l’animal, reportée 4 une autre famille.
a
7° GENRE. Vicoute. Monoceros, Montfort.
(Mcvos, un; xeo%:, corne.)
79
Coquille ovale, trés-voisine des Pourpres, dont elle ne différe que par la présence
d'une dent conique, aigué et assez prononcée, a la base interne du bord droit, qui
Fic. 1035, Licorne lugubre. © Fic. 1056. Licorne cercleée.
HISTOIRE NATURELLE. 287
est tranchant, lisse ou ondulé ; Je bord columellaire est lisse ; ouverture est large
et terminée inférieurement par une échancrure oblique. L’animal des Licornes est
le méme que celui des Pourpres.
Le genre Licorne est peu nombreux en espéces, presque toutes des mers d’A-
mérique : on en connait de fossiles des terrains tertiaires d’Italie.
>) J
8° GENRE. Coucholepas. Concholepas, Lamarck.
(Concha, coquille ; lepas, nom donné aux coquilles qui s’attachent aux rochers.)
Coquille assez épaisse, ovale-bombée, en demi-spirale, a spire trés-petite, a peine
saillante, et dont le sommet est incliné vers le bord
gauche. Ouverture longitudinale tres-ample, un peu
oblique, et présentant une légere échancrure a son
extrémité inférieure, et deux appendices dentiformes
ala base du bord droit. Sans columelle, les bords
réunis. L’animal est encore le méme que celui des
Pourpres; son pied est muni d'un opercule corné,
mince et oblong.
Ce genre ne se compose que d'une seule espeéce, des cdtes du Pérou. La surface
extérieure du Concholépas est rude et sillonnée transversalement.
Fig. 1057, Concholépas du Pérou.
ve GENRE. o wepe. Harpa, Lamarck.
(Harpa, harpe.)
Coquille ovale-oblongue, plus ou moins bombée, assez mince, émaillée en de-
dans et en dehors, et ornée a l’extérieur de cétes longitudinales un peu obliques,
paralléles et régulieres, 4 spire courte et terminée en pointe trés-fine. Le dernier
tour plus grand que tous les autres réunis. L’ouverture est ovale-allongée et échan-
Fic. 1058. Harpe ventrue.
crée inférieurement. Le bord columellaire est simple; le bord droit est toujours
garni d’un bourrelet extérieur formé par la derniere cote.
L’animal a une téte assez petite, aplatie, munie de deux tentacules coniques, rap-
prochés et portant les yeux sur un renflement situé un peu au-dessus de leur par-
tie moyenne et externe. Le pied est tres-grand et muni en avant d’une sorte de
288 HISTOIRE NATURELLE.
talon. Le manteau se prolonge en avant, et forme un tube long, gréle et cylindri-
que, qui sert a porter l'eau dans la cavité branchiale.
Les Harpes sont de fort belles coquilles, auxquelles il ne manque, pour étre pré-
cieuses, que d’étre plus rares, dit Lamarck. Cependant quelques espéeces du genre
sont trés-rares , d’un prix élevé et fort recherchées dans les collections. La plus
rare est la Harpe noble, 4 cétes serrées. Toutes les especes sont belles, vivement
colorées et ornées de faisceaux de lignes noires et interrompues sur Jes cétes. L’ani-
mal est orné 4 peu pres des mémes couleurs que la coquille. Toutes les Harpes sont
exotiques et viennent des mers de I’Inde : l'on en connait deux especes fossiles,
Pune a Grignon, l'autre 4 Valmondois: cette derniere trés-rare.
10° GENRE. Come: Dolium, Lamarck.
(Dolium, tonneau.)
Coquille mince, légére, trés-ventrue, globuleuse, cerclée transversalement par.
des cannelures décurrentes et jamais tuberculeuses, aspire peu élevée ; le dernier —
tour beaucoup plus grand que tous les autres
réunis, et formant presque toute la coquille.
Ouverture ample, ovale, oblongue; bord |
columellaire tordu et canaliculé; bord droit —
denté ou crénelé dans toute sa longueur,
échancré en ayant.
L’animal a une téte assez large et apla-
tie, munie 4 chacun de ses angles d’un
long tentacule comique oculé pres de sa
base externe, et d'une trompe fort longue,
Fic. 1059. Tonne perdrix. Fic. 1060. Tonne tachetée-
grosse et contractile. Le manteau se termine en avant par une trompe fendue dans
toute sa longueur, et qui passe par l’échancrure de la coquille, se reléve sur le dos
et sert & faire passer l’eau aux branchies. Le pied est ovale-oblong, subauriculé en’
avant, trés-large et trés-épais; il se gonfle en se remplissant d’eau pour faciliter
les mouvements de l’animal, et ne présente aucune trace d’opercule.
Les Tonnes sont remarquables par leur légéreté; elles atteignent souvent de
grandes dimensions. Elles viennent presque toutes des mers des pays chauds: une
HISTOIRE NATURELLE. 289
seule espéce se trouve dans Ja Méditerranée. Ce genre est d’ailleurs peu nombreux
en espéces vivantes, et l'on n’en connait que trés-peu de fossiles.
11° GENRE. Vowecin: Buccinum, Adanson.
(Buccinum, trompette.)
——- Coquille ovale-oblongue, épidermée, échancrée & la base. Columelle arrondie,
- sans callosité sur le bord gauche. L’animal a la téte petite, étroite, aplatie, portant
Fie. 1064. Baccin lime. Fie. 1062. Buccin papyracé.
deux tentacules cylindracés, obtus au sommet, et & la base externe desquels se re-
levent de petits pédicules oculés. Le pied est étroit et allongé en avant; i! est
muni dun opercule unguiculé, 4 sommet pointu, terminal et inférieur. Ce genre,
ires-nombreux en espéces, se trouve modifié par I’établissement des genres Tri-
-tonie et Nasse, formés a ses dépens. L’ona aussi proposé l’adoption du genre Phos
Je Denys de Montfort, mais ce genre se réunit aux Nasses par de nombreux rap-
oorts.
Les Buccins se trouvent dans toutes les mers, et les espéces fossiles nombreuses
jui en dépendent appartiennent aux terrains tertiaires.
12° GENRE. ‘Cratouie. Tritonium, Muller.
(Nom mythologique.)
Coquille ovale ou ovale-conique, épidermée , ayant louverture longitudinale ,
‘chancrée ala base, quelquefois subcanaliculée. Co-
umelle arrondie, simple, sans callosités sur le bord
sauche. L’animal ala téte aplatie, étroite, munie de
leux tentacules coniques a la base extérieure desquels
é trouvent les yeux. Une trompe allongée, cylindrique,
ort par une fente buccale étroite, placée au-dessous
e la téte. Le pied est ovale, un peu plus court que la
oquille, et porte un opercule corné, ovale, a éléments
ubconcentriques.
Ce genre, établi par Muller, se compose de coquilles
ue les auteurs classerent dans le genre Buccin, qui
2 trouve aujourd hui complétement modifié. Fic, 1065. Tritonie ondée.
Les especes de ce genre se trouvent dans toutes les mers.
L. 37
4
250 HISTOIRE NATURELLE.
13° GENRE. NG adese. Nassa, Lamarck.
(Nasse, nom vulgaire ancien.)
Coquille subglobuleuse, ovale ou subturri-
culée, a spire quelquefois tres-surbaissée ou
assez élevée. Ouverture oblongue, échancrée
en avant. Le bord droit tranchant, souvent
plissé en dedans; le bord columellaire recou-
vert d'une large plaque calleuse plus ou moins
élendue. L’animal ala téte aplatie, tres—large,
terminée de chaque cété par un long tentacule
Fic. 1064. Nasse olivatre. ’ Fie. 1065. Nasse lisse.
conique, renflé au coté externe de Ja base et portant le point
oculaire sur l’extrémité antérieure de ce renflement. Le pied
est large, mince, plus long que la coquille, sub-semi-circulaire
Fig. 1066. Nasse reticulée, Fic. 1067. Nasse bossue. Fic. 1068.
en avant et terminé de chaque cété par une courte oreillette
L'extrémité postérieure est bifurquée ou porte deux petits
tentacules. L’opercule est petit, corné, mince et dentelé sur
les bords. Le genre Nasse ne fut d’abord considéré que comme
Fic. 1070. Nasse couronnée, Fie. 1071, Nasse néritoide. Fic. 1072. Nasse Juisante.
HISTOIRE NATURELLE. 2
une section des Buccins. Les espéces vivantes se trouvent & peu pres dans toutes
les mers; les especes fossiles appartiennent aux couches plus nouvelles que la craie.
een Np i
14e GENRE. Chivate- Hburna, Lamarck.
(Eburneus, semblable a V ivoire.)
Coquille ovale ou allongée, lisse & Pextérieur, assez semblable aux Buccins par
sa forme générale et léchancrure de sa base ; mais elle sen distingue essentielle-
ment par un ombilic qui se prolonge inférieurement en un
eanal occupant lextrémité du bord gauche. Le bord droit
sans rides. L’animal est assez semblable a celui des Buc-
cins; sa téte est grosse, bifurquée en avant et munie de
tentacules allongés et coniques, ala base extérieure desquels
se montrent les points oculaires. La bouche est prolongée
en pointe cylindrique, et le manteau forme en avant un
tube fendu, assez long, et destiné a porter Peau aux bran-
chies. Le pied est épais, ovalaire en avant, pointu en ar-
riere et garni d'un opercule assez développé. Le genre
Eburne se compose de coquilles trés-lisses et brillantes ; il
est peu nombreux en espéces, qu’on trouve dans les mers
des Indes.
ie. 1075. Eburne boucuse.
15¢ GENRE. OO. Terebra, Lamarck.
(Terebra, vis.)
Coquille tres-allongée, turriculée, mullispirée, trés-pointue au sommet. Ouver-
ture ovale, échancrée 4 sa base postérieure ;
base de la columelle torse ou oblique; bord
droit tranchant. L’animal a une téte grosse,
proboscidiforme, cylindraeée, munie de cha—
que cété d'un tentacule court, conique, et ocnlé
i sa base externe. Le manteau se prolonge en
avant en un canal cylindrique qui passe par
Péchancrure antérieure de la coquille. Le pied
est tres-court, épais, adhere fortement aux
corps sous-jacents, et porte un opercule corné,
formé d’éléments imbriqués.
Le genre Vis se compose de coquilles remar-
quables par leur forme élancée, le poli de
leur surface et la vivacité de leurs couleurs.
Elles viennent de !Océan Indien, des mers
d Afrique et de l’Océanie. Les especes fossiles
apparliennent aux couches plus nouvelles que
la craie. Une des especes de Ja collection de
M. Benjamin Delessert, la Vis tachetée, a bté Fic. 107% Vis cvéneléc, Fic. 1078. Vis lambee.
292 HISTOIRE NATURELLE.
recueilhe sur Jes cétes d'une des Sandwich, Vile Owyhée, ott le capitaine Cook
fut tué par les sauvages. Le certificat d’origine tient ala coquille par un cachet
que Lamarck a respecté et qui se trouve encore intact.
VINGT-QUATRIEME FAMILLE.
Ca VeVi (CD.
Les coquilles de cette famille n'ont point de canal a la base de ouverture, mais
seulement une échancrure subdorsale plus ou moins distincte et des plis dentifor-
mes. La famille des Columellaires est composée de coquilles fort belles et remar-
quables par la vivacité de leurs couleurs.
) 4
1° GENRE. Coleinbelte Columbella, Lamarck.
(Diminutif de columba, colombe.)
Coquille épaisse , ovale, turbinée, & spire courte. Ouverture longue, étroite,
échancrée et sans canal. Columelle plus ou
moins plissée. Bord droit présentant un ren-
flement au milieu de son cété interne. L’a-
nimal a la téte petite, aplatie, mumie de deux
tentacules coniques ayant vers le tiers de leur
Jongueur un petit pédicule adhérent par le
co)
cdté et oculé. La bouche est placée sous la téte
et laisse sortir une trompe trés-longue. Le
Bie te Bee Ie manteau se prolonge en avant en un tube qui
Colombelle lysiska. Colombelle véléda. “Lae co)
nite Q O
passe par l’échancrure de Ja coquille. Le pied
est allongé, étroit, peu épais et muni d’un petit opercule corné,
Les Colombelles sont généralement petites , vivement colorées et d’une forme
élégante ; elles vivent sur le sable des rivages. Le genre est assez nombreux en es-
peces des mers des pays chauds. Les espéces fossiles appartiennent aux terrains ter-
tiaires.
2e GENRE. AMloitee. Mitra, Lamarck.
(Mitra, mitre.)
Coquille allongée, turriculée ou subfusiforme, a spire pointue au sommet. Ou-
verture généralement petite, étroite,
plus ou moins triangulaire, échancrée
en avant et sans canal. Bord columellaire
recouvert d'une lame mince, chargée de
plis paralléles entre eux et obliques, les,
antérieurs plus petits; bord droit tran-
chant. L’ammal a la téte tres-petite,
Bie Odea Mire idee. munie de deux tentacules gréles, coni-
HISTOIRE NATURELLE. 295
ques, pointus, avec des yeux placés généralement & lextrémité d’un petit appen-
dice tentaculiforme et adhérent aux tentacules dans toute sa longueur. La bouche
laisse sortir une trompe tres-longue. Le manteau se
prolonge en avant et forme un tube qui passe par l’é-
chancrure de Ja coquille.
Les Mitres sont des animaux qui habitent par-
ticuligrement Jes mers des pays
chauds : leur coquille est trés-vive-
ment colorée et des plus belles.
(Voy. pl. VII.) Les espéces gréles,
allongées el pointues sont connues
sous le nom de Minarets. Les plus
grandes et les plus belles viennent
de Océan Indien et des mers de la
Nouvelle-Hollande. On en trouve ce-
pendant quelques especes sur les
coétes de France, et le nombre des
especes connues estau moins de cent.
On en connait aussi un assez grand
nombre de fossiles 3 Grignon, aux Fic. 1079. Mitre pontificale, Fre@. 41080. Mitre épiscopale.
environs de Bordeaux, de Paris, et en Sicile.
= ) 7,
3° GENRE. OD suis. Voluta, Lamarck.
(Volvo, je tourne.)
Coquille ovale, plus ou moins ventrue, Aspire généralement peu élevée et ma-
melonnée. Ouverture grande, plus Jongue que large, & base échancrée et sans
canal. Bord columellaire un peu excavé et garni de plis obliques dont les antérieurs
Fic. 1081. Volute robe turque. Fic. 1082. Volute zébrée. Fic. 1083. Volute couronnée.
sont les plus grands. Bord droit arqué, tranchant ou épais, suivant les espéces.
294 HISTOIRE NATURELLE.
L’animal est ovale, a téte tres-distincte, grosse, munie de tentacules oculés & leur.
base et un peu en arriére. Bouche armée d’une trompe épaisse et garnie de dents
en crochets. Le pied est tres-large, sillonné en
avant, débordant de toutes parts et sans oper-
cule.
Le genre Volute se compose de coquilles de
formes tres-variées, ornées de couleurs vives et
couvertes de lignes irrégulieres, ondulées, dont
la nuance tranche toujours sur celle du fond.
Les unes ont Ja spire couronnée d’épines sail~
lantes, les autres ont des tubercules. Les Volutes
vivent sur le sable pres des -cétes, ott on Tes
trouve quelquefois a sec dans Vintervalle d'une
marée. Elles viennent exclusivement des mers
des pays chauds. Quelques espéces sont tres-
précieuses, trés-rares et d'un prix élevé : nous
citerons particuligrement Ja Volute queue de
paon et Ja Volute couronnée. On connait un as-
sez grand nombre de Volutes fossiles des envi-
rons de Paris, de Bordeaux, et des faluns de la
Touraine.
Pour faciliter Jes recherches, on a divisé les
Fig. 1084. Volute ondulce. Volutes en cing groupes, les Gondoles, les
Muricines, les Musicales, les Fusoides et les Pyrulotdes. Les animaux de chacun
de ces groupes ont des caractéres semblables et la méme mamiére de vivre.
ie" groupe. Les Gondoles.
Coquille ventrue, bombée.
Fic. 1085. Volute armce. Fic. 1086.
HISTOIRE NATURELLE,
: iff
yyy”
Fic. 1087. Volute éthiopienne, Fie. 1088. Volute bouton.
Qe groupe. Les Muricines. 3° groupe. Les Musiques.
Coquille ovale, épineuse ou tuberculeuse. Coquille subtuberculeuse.
Fic. 1089. Volute impériale. Fic. 1090. Volute musique.
296 HISTOIRE NATURELLE.
Ae groupe. Les Fusoides.
Coquille allongée, ventrue, presque en fuseau.
Fie. 1091. Fie. 1092. Fic. 1093.
Volute queue de paon. Volute de Delessert. Volute queue de paon,
de groupe. Pyruloides.
Coquille subpyriforme , ventrue a la partie supérieure.
Fic. 1094. Volute pied de biche.
re
=I
HISTOIRE NATURELLE.
4° GENRE. Alloarginelle. Marginella, Lamarck.
a
(Diminutif de margo, bordure a bourrelet extérieur.)
Coquille polie, ovale-oblongue, 4 spire généralement courte, lisse ou costulée.
_ Ouverture étroite, ovalaire, allongée, peu ou point échancrée a sa base. Bord co-
lumellaire garmi de plis obliques et dont le nombre varie avec l’age. Bord droit ren-
_ flé ou garni d’un bourrelet en dehors.
L’animal est comprimé, muni dune
téte distincte, avec un voile échancré
_ dans son miheu, et deux tentacules
Ay)
A \)
Ne
Fic. 1095. Fic. 1096. Fig. 1097. Fie. 1098.
Marginelle sillonnée. Marginelle bullée. Marginelle nubéculée, Marginelle féverole.
coniques, oculés 4 leur base externe; la bouche forme une petite trompe. Le
manteau déborde de chaque coté, peut se réfléchir sur la coquille et forme en avant
un petit siphon. Le pied est large, elliptique et sans opercule. Les Marginelles sont
de jolies petites coquilles brillantes, polies, vivement colorées, qu’on trouve dans
les mers des pays chauds. Il y en ade fort rares. Les especes fossiles appartiennent
aux terrains tertiaires.
5° GENRE, GO tates. Volvarta, Lamarck.
(Volva, enveloppe.)
Coquille cylindracée, enroulée sur elle-méme, a spire non saillante. Ouverture
étroite, de la longueur de la coquille. Columelle offrant
plusieurs plis 4 sa partie inférieure. Bord droit mince et
tranchant. Animal inconnu.
Ce genre semble plutét n’étre qu'une division des Margi-
nelles, avec lesquelles les coquilles qui le composent ont les
plus grands rapports. Les espéces vivantes viennent des Fic. 1099. Volvaire bulloide.
cotes d’Afrique (Sénégal) et de la Méditerranée ; on en trouve de fossiles aux en—
virons de Paris.
VINGT-CINQUIEME FAMILLE.
2 y
Onto HE:
La famille des Enroulés se compose de coquilles dont la base de l’ouverture est
échanerée ou versante, et dont les tours de spire sont ventrus, enroulés, le dernier
enveloppant tous les autres et comprimé a ses extrémités.
f. 58
298 HISTOIRE NATURELLE.
1°” GENRE. Que Ovula, Bruguieres.
(Diminutif de ovum, ceuf.)
Coquille ovale ou oblongue, bombée, atténuée et acuminée aux extrémités,
Fic. 1104. Ovule gibbeuse. Fie. 1105. Ovule birostre. Fic. 1106.
Fic. 4107. . Ovule navette. Fre. 1108:
sans spire apparente, a bords rou—
lés en dedans. Ouverture longue,
étroite, courbe, souvent prolongée
en tube et versante aux extrémi-
Fie. (102. Ovule incarnate. Fic. 1103.
tés; sans dents sur le bord gauche, |
quelquefois des rides ou des dents
sur le bord droit. L’animal a une —
téte peu distincte, munie de ten-—
tacules allongés, pointus, oculés a
leur base externe ; la bouche donne
passage 4 une petite trompe rétrac- —
tile. Le manteau est lisse, & bords |
inégaux : Je gauche, plus grand,
enveloppe a lui seul presque toute
la coquille. Le “pied est grand, lin-
guiforme et sans opercule.
Les Ovules ont pour la plupart —
un brillant de porcelaine ; quel-_
ques-unes sont blanches, les autres
roses ou rosées. Elles viennent de
la mer des Indes et de la Chine.
On en trouve aussi dans la Me-
diterranée et la mer Noire. On —
trouve quelques espéces fossiles en |
Italie.
Les Ovules ont été divisées en
trois groupes : le premier com-
prend les especes dont le bord droit ©
est denté ou plissé, et dont les ex-
trémités sont peu proéminentes :
Ovules ; le second est composé des —
coquilles présentant un renflement
transversal sur le dos: Ultimes ; le
troisieme enfin réunit les especes
HISTOIRE NATURELLE. 299
allongées, acuminées & chaque extrémité, et dont louverture a Je bord droit non
denté : Navettes.
Fie. 1109. Ovule des Moluques de crandeur naturelle. Fic. 1110.
2° GENRE. Dovcchaawel Cyprea, Linné.
(Poli comme de la porcelaine.)
Coquille ovale ou oblongue, convexe, a bords roulés en dedans, a surface extérieure
isse et d'un brillant de porcelaine, et quelquefois tuberculeuse ou striée transversale-
ment. Ouverture longitudinale, étroite, arquée, dentée sur ses deux bords, versante
aux extrémités, ou elle est échancrée. Spire a peine apparente, souvent cachée par un
dépét calcaire vitreux. L’animal est allongé, a téte distincte, munie de deux tenta-
GS Shs. Mi
Ras mn
=<
fo, Suk
Vr SS 3 SS SS i
See
| (i
| Wy)
Fic. 1111. Porcelaine tigre. Fig. 4142. Porcelaine de Kunth. Fie. 1145.
cules coniques assez longs, renflés vers leur base extérieure par Je support des
yeux. Manteau présentant deux lobes latéraux souvent inégaux, tres-développés, se
repliant sur Je dos de Ja coquille et se réunissant en avant pour former un siphon
tres-court, simple ou frangé. Les lobes du manteau sont quelquefois couverts de
500 HISTOIRE NATURELLE.
tubercules tentaculiformes. Le pied est ovale, allongé, assez grand et sans oper-—
cule.
Les Porcelaines forment un genre tres-nombreux en espéces le plus souvent
lisses, brillantes, sans épiderme, trés-variées dans leurs couleurs toujours vives ;
leur forme et leur coloration varient avec lage, au point que la méme espéce, exa-
minée aux diverses périodes de son accroissement, semble devoir appartenir a des
genres différents. Dans le premier age, les Porcelaines sont minces, coniques, al-
Fie. 1415. 2€ age. Porceluine de Scott. Fic. 14116. de age, adulte.
longées , a spire saillante ; elles ont un bord columellaire courbé et tronqué a sa
base. Le bord droit est mince et tranchant, et Pouverture est large. Bientét apres,
la coquille, sans prendre beaucoup d’épaisseur, devient plus large par les accrois-
sements successifs du bord droit, qui commence a s’épaissir, 4 se replier en dedans ;
Vouverture se rétrécit. A cette époque de développement, la spire est encore sail-
lante. Pendant ces deux premiers ages, les Porcelaines n’ont pas les couleurs qu’on
leur voit a Page adulte ; elles sont seulement nuancées de teintes pales ou présen-
tent quelques fascies transversales sur le dos. Enfin la période de développement
complet commence avec le cinquiéme tour: la ‘spire se trouve masquée par l’en-
roulement successif du bord droit qui s’agrandit en le recouvrant, devient plus
ventru, plus hombé, et par un dépét de matiére vitreuse qui, en se faisant égale-
ment sur toute la surface, épaissit la coquille. Souvent alors la spire parait enfon-
cée ; le bord droit prend les caractéres qu'il doit conserver ; ouverture se rétrécit
encore, ses extrémités se forment et s’échancrent, les dents se développent sur ses
deux bords, et les couleurs que doit avoir la coquille se déposent par bandes ou par
taches. Ce changement s’opere par le dépét de la matiére calcaire vitreuse sécré-
tée par les deux lobes du manteau, dont le point de jonction sur le dos de la co-
quille reste indiqué par une ligne longitudinale irréguliére et ordinairement pale.
Les Porcelaines , ainsi couvertes par le manteau, pourraient étre prises pour des
Mollusques nus: Jeur coquille n’a jamais d’épiderme.
Les Porcelaines vivent enfoncées dans le sable , & peu de distance des rivages :
ce sont des animaux tres-timides, qui fuient le grand jour, et ne sortent de leurs
retraites que pendant quelques heures de la journée. On en trouve dans toutes les
mers; et si quelques—unes sont trés-communes, il en est beaucoup de treés-rares,
tres-précieuses et d'un prix fort élevé. De tout temps on a beaucoup recherché
ces coquilles, qui plaisent par leurs couleurs vives et leur brillant poli. Les sauva-
——SS
bi
!
:
:
HISTOIRE NATURELLE. 301
ges habitants des cotes d'Afrique, et généralement tous les habitants des cotes, ont
employé les Porcelaines pour faire divers ornements : Jes uns des bracelets, des
colliers ; les autres des boites, des coiffures ; d’autres enfin des garnitures de harnais.
Quelques Indiens les portent comme des amulettes. A la Nouvelle-Zélande, la Por-
celaine aurore, une des plus précieuses de ce genre, sert de signe de distinction aux
chefs de tribu, qui la portent suspendue & leur cou; c’est pour cette raison que la
plupart de celles qui se trouvent dans les collections ont un trou qu’on reconnait
fait par frottement et par une main peu habile. Cette espece a valu jusqu’a
mille francs; mais depuis quelques années elle a été rapportée par les marins, al-
léchés par un si beau prix, et elle est un peu moins rare. On dit qu'une des pre-
miéres a été donnée & un matelot par un chef zélandais qui a demandé en échange
un de ces couteaux de pacotille connus sous le nom d’eustaches.. Dans quelques
parties de Inde et de l'Afrique, on se sert, comme monnaie courante, d’une petite
Porcelaine, la monnaie de Guinée, dont le nom local est cauris.
On a divisé Jes Porcelaines en trois groupes : Jes globuleuses, les pustuleuses et
les striées. Toutes les espéces lisses font partie du premier groupe; le second se
compose des Porcelaines dont la surface est couverte de petits tubercules arrondis
et plus ou moins élevés; le troisieme enfin comprend les espéces couvertes de stries
transversales. (Voyez planches X et XI.)
On connait un assez grand nombre de porcelaines fossiles : elles appartiennent
toutes aux couches du calcaire grossier.
~—
3° GENRE. Caniero. T. erebellum, Lamarck.
(Terebella, tariére.)
Coquille subcylindrique, enroulée , mince,
polie, a spire assez élevée et pointue. Ouverture
longitudinale, étroite supérieurement, échan-
crée a sa base. Columelle lisse, longue, tron-
quée inférieurement ; bord droit simple et tran-
chant. L’échancrure de la hase est irréguliére.
L’animal n’est pas connu, mais il est probable -
ment sans opercule. Ce genre ne se compose
que de quelques espeéces, les unes vivantes des
mers de I’Inde, les autres fossiles de France.
Fic. 1417. Tariére subulée. Fic. 1118.
4° GENRE. aNoucihaace. Aneillaria, Lamarck,
(Etymologie inconnue.)
Coquille lisse, oblongue, subcylindrique, a spire courte ou médiocrement élevée,
pointue, a sutures non canaliculées. Ouverture longitudinale large eta peine échan-
302 HISTOIRE NATURELLE.
erée asa base. Bord droit simple; bord columellaire chargé
d'un bourrelet calleux et oblique. L’animal parait trop grand
pour pouvoir entrer tout a fait dans
sa coquille, quil couvre presque com—
plétement. Le pied est bifurqué & son
extrémité postérieure, et se. prolonge
antérieurement; Ja téle est munie d‘une
trompe gréle et cylindrique.
Les Ancillaires vivent sur Je sable, &
peu de distance des cétes : elles sont
lisses et brillantes ; quelques especes ont
le test ridé. Les Ancillaires fossiles ap-
partiennent aux terrains tertiaires.
Fie. 1419. Fie. 1120,
Ancillaire a sillons blancs. Ancillaire mauritienne.
5° GENRE. Ole. Oliva, Bruguieres.
(Oliva, olive.)
Coquille subcylindrique, enroulée, lisse, épaisse, & spire peu élevée, et dont les
tours sont séparés par une suture canaliculée. Ouverture longue , étroite, échan-
crée 4 sa base; bord columellaire épaissi , strié obliquement dans presque toute
sa longueur, et présentant 4 son extrémité supérieure une callosité qui concourt a
la formation du canal de la spire. Le bord droit est simple et tranchant. L’animal
a une téte petite , munie de deux tentacules réunis a leur base et oculés vers la
Fic. 1121. Olive érythrostome. Fic. 1122. Olive porphyre.
partie moyenne et externe de leur longueur. Au-dessous de la téte se montre une
petite fente buccale. Le manteau , apres s‘étre enroulé en avant pour former un
tuyau cylindrique, se replie encore en dehors et forme une petite languette trian-
gulaire libre et flottante, sortant par l’échancrure et placée derriére Je siphon. Le
canal des tours de la spire contient un petit appendice tres-gréle et dont on ne con-
nait pas encore l’usage. Le pied est allongé, ctroit, épais, se releve de chaque cété
pour s’appliquer sur la coquille ; il est divisé en avant par un sillon assez profond,
et n’a pas d’opercule.
Les Olives, observées par MM. Quoy et Gaimard, se plaisent sur Jes fonds sa-
blonneux et dans les eaux claires. Elles rampent avec beaucoup d’agilité, et se re-
dressent promptement lorsqu’elles ont été renversées. Les Olives sont des animaux
carnassiers; on les prend a lile de France, en se servant de viande pour appat.
)
1
HISTOIRE NATURELLE. 308
Toutes les especes de ce genre habitent les mers des pays chauds. On en connait
un grand nombre d’espéces, qui ont été divisées en quatre groupes, d’aprés leur
forme générale :
fe Les espéces qui ont quelque rapport avec les Ancillaires, et dont les plis colu-
mellaires sont en forme de torsade : Ancilloides ;
2° Coquille cylindracée, a spire fort pointue, avec des plis columellaires trés-
nombreux, occupant presque tout le bord gauche : Cylindroides ;
3° Coquille globuleuse, ventrue, a spire tres-courte : Glandiformes ;
4° Coquille dont la spire est pointue et dont le canal s’oblitere vers le commen-
cement du dernier tour: Volutelles.
Les espéces vivantes sont trés-nombreuses et viennent particuliérement des mers
des pays chauds. Les Olives sont brillantes et lisses comme les Porcelaines; leurs
couleurs sont trés-variées, et la méme espéce varie du blanc au noir en passant par
des nuances différentes et intermédiaires. Les unes sont ornées de bandes trans-
versales, et les autres de lignes ondulées, irréguhéres et entrecroisées. Les especes
fossiles , beaucoup moins nombreuses , appartiennent aux couches plus nouvelles
que la craie.
6° GENRE. Gioia Conus, Linné.
(Conus, cone.)
Coquille épaisse, solide, en forme de céne, roulée sur elle-méme, a spire peu on
pas élevée, lisse ou tuberculeuse. Ouverture longue , étroite, 4 bords paralléles ,
sans dents et versante a sa base. L’animal a une téte grosse, proboscidiforme ,
munie de deux tentacules gréles et oculés vers leur extrémité antérieure et externe.
Le manteau est court et dépasse rarement les bords de la coquille , qui est recou-
verte d’un épiderme plus ou moins épais. Le manteau forme en avant un siphon
cylindrique qui se renverse sur la coquille. Le pied est trés-étroit, tronqué en avant
Fie. 1125. Cone hébraique. Fic. 1124. Cone drap d'or.
et muni enarriere d'un opercule corné, rudimentaire et insuffisant pour fermer l’ou-
verture. Le genre Cone est un des plus riches en espéces et un des plus beaux et des
plus variés; toutes les coquilles qui le composent sont fort recherchées des collec-
teurs ; elles sont généralement de taille moyenne , cependant quelques espéces at~-
teignent un développement tres-considérable. Les Cones vivent pres des rivages,
dans les mers des pays chauds ; quelques espéces sont trés-rares et d’un prix fort
élevé, La plus belle collection des Cones appartenait 4M. Hwass, qui permit 4 Bru-
304 HISTOIRE NATURELLE.
guiéres de les décrire et de les figurer dans ! Lncyclopédie. Cette riche collection,
réunie & celle de M. Sollier, fait aujourd’hu: partie du musée de M. Delessert, qui,
indépendamment de la collection de Lamarck, ya ajouté celle non moins importante
du colonel Teissier. Ce genre, aussi complet que possible, estreprésenté dans le musée
Delessert par plus de deux cents especes et au moins quinze cents individus. On
cite parmi les plus beaux cénes : le Damier, le Cone noble, le Cone d’ Orange, le Cédo-
nulli, le Cone de Delessert.et le Cone gloire de la mer. Le nombre des espéces fos-
siles est peu considérable : on en trouve 4 Grignon, 4 Dax et en Italie.
Les Cones ont été divisés en trois groupes pour la facilité des recherches. Le
premier comprend toutes les coquilles dont la spire est tuberculeuse ; ce sont les
Cénes couronnés. Dans le second se placent toutes les especes coniques a spire lisse :
Cones lisses. Dans le troisieme, on range les especes allongées et plus cylindriques
que coniques; ce sont les Cénes cylindriques. (Voyez planche IX, fig. 5, et plan-
che XII.)
TROISIEME ORDRE. — CEPHALOPODES.
L’ordre des Céphalopodes comprend des Mollusques dont la téte est en quelque
sorte entourée d'une rangée circulaire d’appendices ou bras plus ou moins longs,
non articulés et garnis de ventouses ou de crochets. Leur bouche est armée de deux
mandibules cornées qui ont assez la forme d’un bec de perroquet.
Ces animaux sont €minemment carnassiers: ils vivent de Poissons et de Crabes, dont
ils font un grand carnage; mais les pauvres victimes de leur voracité trouvent con-
tinuellement des vengeurs dans les Marsouins, pour qui la téte des Céphalopodes
parait étre un mets des plus friands.
Tous les animaux qui nous occupent ne sont pas pourvus d'une coquille exté-
rieure; quelques-uns de ceux chez lesquels elle manque portent intérieurement et
sur le dos un corps ou rudiment testacé ou corné, ayant Ja forme de lame, plus ou
moins épais, et dont laccroissement a lieu par couches, comme dans les co-
quilles extérieures. LaSeiche, par exemple, est pourvue d'une
coquille calcaire interne qu'on trouve fréquemment a sec sur
les rivages de nos cétes.
La peau des Mollusques céphalopodes offre cette singularité
qu'elle est parsemée d’un grand nombre de petites taches de
diverses couleurs, chacune ayant sa teinte propre, et ou do-
minent principalement le jaune, le rose et indigo. Ces taches
ne paraissent pas quand l’animal est dans son état habituel de
repos et de tranquillité ; mais s'il croit avoir quelque danger a
redouter, ou sil est placé sous Vinfluence d’une excitation
extérieure, ces taches se mettent aussit6t en mouvementet pa-
raissent et disparaissent avec la plus grande rapidité.
On ne saurait dire quel parti ‘animal espére tirer de la
contraction et de expansion de ses taches. Peut-étre pense-
pee ates t-il que leurs mouvements répétés doivent imposer et faire —
peur 4 Vennemi qui Je tourmente ou dont il prévoit que Vatteinte lui sera funeste.
HISTOIRE NATURELLE. 305
Cette explication fera peut-étre sourire; mais pourquoi Virritation et la coleére,
portées 4 un certain degré chez ces animaux, ne mettraient-elles pas en mouvement
quelque liquide intérieur qui augmenterait ou changerait momentanément leur
couleur? L’homme lui-méme nest-il pas soumis 4 ces alternatives, selon que les
mouvements d’une passion vive viennent Vagiter? Quoi qu'il en soit, sil était
possible que le jeu de ces taches fit un épouvantail pour quelques animaux , —
les Poulpes posséderaient encore un moyen de se dérober aux atlaques de leurs
ennemis. En effet, ces Mollusques sont-ils poursuivis par un animal dont la pré-
sence leur donne quelque inquiétude, ils disparaissent dans un nuage noir; leur
trace se perd dans la teinte soudainement obscure de l'eau qui les environne, et ce
sont eux qui produisent a volonté ce nuage, en laissant échapper de leur corps une li-
queur d'un noir trés-foncé, soigneusement renfermée dans un sac, et qu’ils tiennent
enréserve pour en faire usage dans des cas urgents. En parlant de quelques espéces
de Céphalopodes, et de la Seiche en particulier, nous dirons ce qu’on sait de cette
liqueur, qu’on supposait faire partie de l'encre de Chine. On pense aussi que l’in-
stinct porte ces animaux 4 troubler Peau de cette facon, afin de n’étre pas apercus
de la proie qui les tente, et qu ils veulent saisir 4 ]improviste. Quelques natura-
listes, mettant en doute le courage des Poulpes, attribuent exclusivement cette ac-
tion au sentiment de la peur; ce qui, par parenthese, ferait peu d’honneur a ces
animaux, et ne s’accorde guére avec la force et la voracité qui les distinguent.
M. d’Orbigny donne sur les Céphalopodes des détails trop curieux pour que nous ne
les reproduisions pas, du moins en partie. Considérés sous le rapport deschangements
qui se sont opérés dans la forme des Céphalopodes, depuis la premiere animalisa—
tion jusqu’a nos jours, ces animaux, dit-il, offrent Jes résultats les plus curieux et
les plus importants, puisqu ils peuvent utilement guider le géologue dans la recon-
naissance de l’age relatif des terrains. Déja tres-nombreux, déja trés-variés dans
leurs détails, ils se montrent avee les premiers animaux qui parurent sur le globe.
Leurs formes sont alors fort simples: ils ont des coquilles droites ou enroulées sur
le méme plan, divisées par des cloisons entiéres. Les terrains siluriens nous en
montrent diverses espéces de plusieurs genres. Mais ces premieres espéces dispa-
raissent bientdt et sont remplacées par d’autres dans les couches devoniennes, et
par d’autres encore au sein des terrains carboniféres, ot les Goniatites acquitrent
leur plus grand développement spécifique. Apres les terrains carboniferes, les Or-
thoceres, les Cyrthoceres, les Phragmoceres, totalement anéantis, deviennent des
formes perdues qui ne doivent plus se montrer sur notre planete, et, de tous les
genres qui existaient, il ne reste que les Nautiles, auxquels se joignent, pour la
premiere fois, des Ammonites pendant la période des terrains triasiques. Ces pre-
miéres Ammonites ont des cloisons toutes particuliéres, peu drvisées, et bien diffé-
rentes de celles des étages supérieurs.
Avec les terrains triasiques, les Céphalopodes existants disparaissent encore, et,
dans les terrains jurassiques qui les recouvrent, ils sont remplacés par un plus grand
nombre d’étres tout a fait distincts. En méme temps que d'autres Nautiles, se
montrent beaucoup de Bélemnites rondes et de nombreuses Ammonites a cloisons
découpées et ramifiées, si remarquables par la diversité de Jeurs formes et par leurs
détails. Elles couvrent alors les mers de leurs especes souvent gigantesques ,
dont nous n’ayons plus d’analogues, quoiqu’a cette époque elles composassent des
couches entiéres. Aux séries d’especes d’Ammonites toujours distinctes, qui se suc-
1, oD
506 ‘ HISTOIRE NATURELLE.
cédent dans les couches du has, de Voolithe, etc., etc., se joignent des animaux
représentant des types de formes jusqu’alors inconnues. Remonte-t-on d’un étage,
passe-t-on des terrains jurassiques aux terrains crétacés, on voit une faune toute
nouvelle : non-seulement des Ammonites ornées extérieurement de points d’arrét,
des Bélemnites comprimées, mais encore une série nouvelle de types génériques.
Bientét l'ensemble change encore d’aspect. Les Ammonites sont ornées de pointes
sur les cétés du dos; les Bélemnites n'ont plus qu’un seul représentant, et de nou-
velles formes apparaissent encore sur ce nouvel horizon. Avant Jes premiers dépéts
de la craie chloritée, la faune se renouvelle encore ; les espéces sont distinctes, leur
proportion numérique n’est plus la méme, et ensemble de la zoologie est bien dif-
férent. Aprés ce maximum de développement de formes, les Céphalopodes a cloi-
sons sinueuses s‘éteignent peu a peu, et cessent entierement avec la craie blanche,
out les Bélemnitelles seules existent comme dernier vestige des Bélemnitidés.
Les terrains tertiaires Jes plus rapprochés de notre époque ne nous montrent que
quelques espéces de Céphalopodes comme représentants de cet ordre. Plus de ces
nombreuses coquilles droites ou contournées et & cloisons entiéres des terrains
anciens ; plus de ces coquilles élégamment enroulées, a cloisons sinueuses ou rami-
fiées, des terrains Jurassiques et crétacés. Dans ce nouvel horizon, on ne voit d’au-
tres Céphalopodes que les Nautiles, les Seiches, les Bélopteres et les Spirulirostres,
seuls restes de cette faune si variée et si multipliée des couches inférieures, ou seu-
Jement des genres qui devaicnt prolonger leur existence jusqu’a nous, et devenir
nos contemporains.
Si, apres toutes ces séries successives , nous voulons jeter un coup d’ceil sur les
Céphalopodes cloisonnés d’aujourd’hui, nous pourrons dire quwil n’en existe plus
que des représentants peu nombreux, deux Nantiles et une Spirule, en tout trois
espéces vivantes ; mais une partie des autres Céphalopodes nous offre un grand nom-
bre d’especes les plus singuliéres par leur organisation, par leurs moeurs et par le
réle qu’elles jouent actuellement. Leurs troupes innombrables peuplent le sein des
mers sous toutes les latitudes, et présentent un aliment abondant aux habitants du
littoral des deux hémisphéres. Quelques-uns de ces animaux vivaient des l’époque
des terrains jurassiques, tandis que @’autres ne nous Sont connus qu’a l’état vivant,
et pourraient bien étre spéciaux a notre époque.
Le professeur Lamarck comprenait parmi les Céphalopodes un assez grand nom-
bre de petits animaux pour la plupart microscopiques, et que M. d’Orbigny dési-
ene sous le nom de Foraminiferes. D’apres les déconvertes de M. Dujardin, ces
animaux s’éloignent des Mollusques et se trouvent classés aupres des Zoophytes,
opinion généralement admise par tous les zoologistes ; nous n’en parlerons done pas
icl, et nous adopterons pour ordre des Céphalopodes la classification proposée par
M. d@Orbigny, quis’est livré a de nombreuses recherches surles animaux qui nous
occupent en ce moment. Ce naturaliste, que recommandent des travaux considé-
rables justement appréciés et des voyages entrepris dans lintérét des sciences na-
turelles, divise les Céphalopodes en deux sections : les Acétabuliferes et les Tenta-
culiferes.
HISTOIRE NATURELLE. 507
PREMIERE SECTION. — CEPHALOPODES ACETABULIFERES.
Cette section comprend des animaux libres, symétriques, formés de deux parties
distinctes : l'une postérieure, arrondie ou allongée , cylindrique ou déprimée , ou-
verte en avant et contenant deux branchies paires; l’autre, antérieure ou céphali-
que, portant en avant les bras armés de ventouses ou de crochets pédonculés ou
sessiles. Latéralement, des yeux, un orifice anditif; au-dessous, un tube locomoteur
entier. L’animal est contenu dans une coquille non cloisonnée, ou renferme dans
sa partie médiane , soit un osselet interne déprimé , soit une coquille formée de
loges aériennes. Cette section se divise en deux tribus, les Octopodes et les
Decapodes.
PREMIERE TRIBU. — OCTOPODES.
Les Octopodes ou a huit bras ou pieds ne forment qu'une seule famille, dont les
caracteres sont :
Huit bras; yeux fixes et unis aux téguments. Point dosselet médian. Corps char-
nu. Nageoires nulles; ventouses sessiles sans cercle corné. Point de membranes
buceales.
1¢°° GENRE. Poulpe. Octopus, Lamarck.
(Octo, huit; pes, pied.)
Animal charnu, bursiforme, couvert d’une peau rugueuse, sans appendices mem-
branenx sur le corps. Téte large , surmontée de huit bras allongés, munis d’une
¥
i
ROLE
Fic. 1126. Poulpé commun.
double rangée de ventouses sessiles. Bouche terminale et placée au centre de la
couronne des bras. Point d’osselet dorsal intérieur ni de lame cornée, mais seule—
508 HISTOIRE NATURELLE.
ment un ou deux petits corps durs et allongés. Les Poulpes se trainent sur les ro-
chers pres des rivages, ou ils se montrent assez sédentaires; quelques-uns cepen-
dant sont voyageurs et se rencontrent en pleine mer. Ces derniers vivent en troupes
assez nombreuses, tandis que les premiers sont assez solitaires. Les Poulpes ont la
faculté, comme d’autres animaux du méme ordre , de répandre subitement une
liqueur noire qui trouble Ja transparence de eau; mais on a observé quils usaient
trés-peu de ce moyen de défense. Ils vivent pour la plupart retranchés dans les
anfractuosités des rochers, ou dans des trous qui leur servent de repaires ; car. ces
animaux sont carnassiers, et vivent particulicrement de Poissons et de Crustacés. IIs
enlacent Jeur proie dans leurs longs bras et ne Ja Jachent plus. Ces bras sont garnis
dans toute leur longueur et du cété interne de deux rangées de ventouses ou sucgoirs,
Fic. 4127. Poulpe hawaiien.
dont la force et le nombre font des Poulpes un animal redoutable. On trouve
des Poulpes dans toutes les mers, mais particuliérement dans celles des pays
chauds.
Ce genre se compose d'un assez grand nombre d’especes, dont’il est difficile de
déterminer au juste les dimensions. On prétend qu’il en existe dans I’Océan Paci-
fique une espéce qui a pres de six pieds de développement ; et M. Sander Rang,
officier de marine et naturaliste distingué, dit avoir rencontré, au milieu de Il’O-
céan, un Poulpe ayant les bras courts et de Ja grosseur d’un tonneau. Ces mesures
ne sembleront que médiocres, si on Jes compare a celles que l’on trouve dans d’au-
HISTOIRE NATURELLE. 509
tres auteurs moins dignes de foi. En effet, ils citent un Poulpe dont les bras avaient
trente pieds de long, et étaient si gros qu’a peine un homme aurait pu les embras-
ser. Un fait de ce genre est encore rapporté par des voyageurs modernes qui, du
ton le plus grave et avec un sérieux qui ne se dément pas, évaluent méme a
soixante pieds la longueur des bras d’un Poulpe qu’ils disent avoir vu, ce qui jus-
tifierait assez bien le nom de Poulpe colossal donné acet animal ; d’autres n’ont pas
craint de répéter ce fait, et d’appuyer de l’autorité de leur nom les récits les plus
fantastiques et les plus invraisemblables.
En admettant cette énorme dimension, la force attribuée & un tel animal ne doit
pas laisser que d’étre merveilleuse. Arrivé 4 une certaine taille, il pourrait, dit-on,
se défendre contre le lion le plus vigoureux et le terrasser. .
Sil en était ainsi, on ne devrait plus s’étonner de voir ce méme Poulpe attaquer
un vaisseau , s‘y cramponner et le faire chavirer par son poids, ou s’emparer des
hommes que ses bras rencontrent sur le pont, et qu'il entraine avec la plus grande
facilité pour s’en repaitre au fond de la mer.
Nous avons sous les yeux une gravure faite a plaisir, quoique faisant partie d'un
ouvrage sérieux dans son temps; elle représente ce terrible animal embrassant
toute Ja circonférence d’un vaisseau et l’étreignant de ses bras formidables , dont
trois s’enroulent autour des mats et en atteignent l’extrémité. Quel batiment pour-
rait résister 4 un tel choc, 4 un tel ennemi? Aussi ce navire est-il pres de couler
bas, et, si Zon admettait la possibilité d'une telle rencontre, il semblerait tout sim-
ple que des marins, surpris 4 l'improviste par une attaque de cette nature , aient
été saisis d’une terreur profonde, et qu’ala vue d'un pareil danger, ils aient fait un
veeu de pélerinage 4 saint Thomas, si par son intercession ils parvenaient a échap—
per 4 ce péril. C’est ce qu’on raconte étre arrivé 4 des marins de Saint-Malo, qui,
ayant puisé dans ce vceu un courage nouveau , couperent a l'aide de haches et de
sabres, mais non sans peine, les bras du Poulpe immense , dont le corps disparut
dans les flots.
Quelque fabuleuses que soient ces dimensions données a un Poulpe, elles n’ap-
prochent pas encore de celles d’une espece célebre connue généralement sous le
nom de Kraken.
Un auteur grave, qui vivait dans le siecle dernier et qui parle du Kraken, le re-
garde comme le plus grand et le plus surprenant de tous les animaux de la créa-
tion. Al’en croire, son dos ou sa partie supérieure n’aurait pas moins d’une demi-
heue de circonférence ; et, pour donner plus de poids 4 son assertion , il ajoute que
quelques-uns disent plus, mais que , pour plus grande certitude, il préfére le
moins.
Au sujet des apparitions et disparitions soudaines d’iles qu’on a signalées dans
les mers du Nord, et que les marins de ces contrées attribuent au diable, Je méme
auteur explique ces phénomeénes par la présence des Krakens dans ces mers. II est
au moins singulier qu’avec une pareille idée, qu'il. soutient fort gravement , notre
auteur puisse regarder comme notoirement fabuleux, et traite,de roman ridicule, ce
que dit un auteur plus ancien d’une Baleine, qui était si grande que son dos pou-
vait étre considéré comme une ile, avec d’autant plus de raison qu'une certaine
quantité de sable le recouvrait quelquefois. On aurait pu y aborder, enfoncer des
pieux, allumer du feu pour la cuisson des aliments, derniére opération qui, du
reste, paraissait n’étre pas toujours du gotit de l’animal, qui, pour se débarrasser de
310 HISTOIRE NATURELLE.
cette sensation importune, ne trouvait d’autre moyen que des’enfoncer douce-
ment dans la mer et de disparaitre aux regards des matelots ébahis qui se croyaient
sur une ile.
Les Poulpes, dit-on, quittent quelquefois pendant | la nuit leur élément naturel,
et viennent & terre a la recherche d’une proie. Nous he gallos pas des récits Fe
voyageurs a ce sujet ; on excuse chez eux |’exagération, parce qu’on est prévenu. II
n’en est pas de méme des naturalistes, qui doivent apporter la plus grande exacti-
tude dans leurs descriptions; malheureusement, il s’en trouve qui abusent de la
confiance qu’on leur accorde et qui trouvent des dupes. Denys de Montfort, quil _
faut signaler parce qu’il a publié une histoire assez étendue des Mollusques, a cru
donner beaucoup d’intérét & son ouvrage en racontant des histoires faites a plaisir
au sujet du Poulpe commun ; et sinous reproduisons tne de celles que contient son
livre, c’est pour faire mieux apprécier le degré de confiance qu’on doit lui ac-
corder.
« J'ai pu observer, dit-il, ce Poulpe sur les mémes rivages du Havre qu’avait
parcourus Dicquemare; quoiqu’il n’y soit plus aussi commun que ce savant parait
avoir indiqué, j'ai cependant été assez heureux pour en rencontrer plusieurs sur
les bords de Ja plage, et deux autres dans la mer, dont l'un faillit 4 me faire périr.
En me livrant avec ardeur a leur recherche, je rencontrai le premier sur le sec,
entre les rochers qui sont au sud de la citadelle du Havre; des que je l’apergus, je
courus 4 lui; un chien qui m’accompagnait me précéda, et en le harcelant 11 ’em-
pécha de fuir ou de se blottir pour Je moment sous les rochers ; ce chien était un
animal intrépide et terrible; il portait le nom de Tartare, nom sous lequel tous
mes amis l’ont parfaitement connu ; inaccessible 4 Ja crainte, i] ne reculait pas,
quelque nombreux qu’eussent été les assaillants; et quand i] était en furenr, a peine
me respectait-il moi-méme. Ce dogue irlandais et d'une forte taille tournait au-
tour du Poulpe , lorsque j’arrivai dessus et cherchai a le prendre au corps; mais
celui-ci, dont les bras avaient trois pieds de Jongueur, se défendait courageusement
par leur moyen; il les faisait siffler dans l’air en tout sens, et langait au chien de vi-
goureux coups de fouet ; dans sa fureur, il en frappait le rocher avec violence , et
il ronflait avec force. Cependant mon arrivée parut le déconcerter, et je vis quil
tdchait de battre en retraite. Je n’avais ni armeés ni baton ; mais, décidé 4 me saisir
de ce Poulpe , je me mélai dans Ja querelle , et prenant une pierre plus grosse que
le poing, je la lui jetai au milieu des bras; mon chien, profitant de instant, se
langa apres elle & corps perdu sur ce Mollusque, en le saisissant des dents a la base
des bras : dans un instant il fut enlacé. Rien ne peut dépeindre la fureur qui
s’empara de lui quand il se sentit ainsi douloureusement lié ; i] remplit lair de ses
hurlements et de ses cris, mordant et déchirant son ennemi avec une rage que je
ne lui avais pas encore vue, méme dans un combat contre un loup dont il était
sorti vainqueur. Le chien et le Poulpe ne formaient plus qu'une seule masse. Ce
Mollusque changeait de couleur ; dans la fureur qui devait aussi lanimer, sa peau
prenait toutes les teintes, depuis le violet le plus foncé jusqu’au rouge le plus vif ;
et malgré les pierres dont je l’accablais, malgré les blessures nombreuses qu'il re
cevait , il parvint a entrainer dans un creux de rocher un chien que je pouvais
comparer 4 Cerbére. Le danger qu'il courait ne me permit plus de balancer ; je me
jetai 4 mon tour sur ce Poulpe, je saisis ses liens avec force, et, me roidissant des
pieds contre les flancs du rocher, je parvins 4 arracher ses bras, dont enveloppant
HISTOIRE NATURELLE. on
les miens, il essayait de me saisir aussi, quoique par les morsures du chien ils
fussent déja & demi détachés de son corps : par ce moyen, le dogue fut délivré ; il
put s’arracher de lui-méme, en y laissant cependant du poil, du reste des bras
qui l’avaient saisi , et je parvins a tirer ce Poulpe en Jambeaux de ce trou, qui,
sil eut été plus profond, eut servi de tombeau 4 mon chien. ‘Son corps était gros
comme une citrouille ; il avait un pied et demi de Jong, et ses bras étendus auraient
pu offrir neuf pieds d’envergure. Lorsqu’il fut mort, le chien ne pouvait se lasser
de Je fouler et de le déchirer ; il hurlait de colére; & peine pus—je emporter avec
moi un des bras, et, en retournant a la ville, il lui prenait des acces de rage qui le
faisaient retourner sur ses pas comme un trait, pour aller déchirer encore les restes
d'un ennemi gui lui avait fait courir un si grand danger. Dans la nuit il mit méme
en pieces le bras que j'avais pu sauver la veille de ses dents.
« Depuis lors, je ne fus plus 4 la recherche des Mollusques sans étre armé d’nn
baton ; et Tartare me fit trouver encore quelques autres de ces Poulpes, mais plus
petits, qui étaient blottis sous des rochers. Enfin je devais courir le plus grand dan-
ger par la rencontre d'un de ces animaux. Un jour, m’étant débarrassé de mes ha-
bits que je laissai sur les rochers sous la garde de mon fidele compagnon, j’entrai
dans eau et me mis a nager; le temps était parfaitement calme ; Peau, échauffée
par la saison, permettait aux Anémones de mer et aux Méduses de développer tous
leurs rayons. Altentvement occupé 4 examiner leurs manceuvres, leur déploie—
ment, leurs ravissantes couleurs, je ne pensais plus a la terre, et il me semblait
étre devenu comme eux un habitant des eaux ; quand mes membres fatigués me
refusaient le service, je prenais fond sur des rochers, qui m’élevaient assez pour
que Veau ne vint plus me baigner que jusqu’au creux de lestomac; ainsi placé,
mes regards planaient sur la surface des eaux, et lorsqwil se présentait quelque
Mollusque, soit Méduse ou quelque autre espece, je me remettais a Ja nage pour
aller Pobserver en tournant autour de lui. En regagnant une de ces stations et me
rapprochant du bord de la mer, je vis sous la créte d'un rocher baigné par les eaux
des débris tres-considérables de coquilles et de Crustacés qui me parurent collés et
agglutinés a la base de ce rocher : cette vue me fit le plus grand plaisir, et je ne
doutais pas que je n’eusse rencontré enfin un repaire ou un nid de Poulpe , dont
Aristote, Pline, Elien, Aldrovande, etc., avaient parlé. Reprenant haleine, debout
sur une roche que je regagnai, je m’arrétai longuement, réfléchissant quelquefois
a lentreprise que je méditais, et ne me dissimulant aucun des risques que je pou-
vais courir. Je savais que le Poulpe male rédait autour du nid ou se tenait con-
stamment sa femelle; et je savais aussi que, n’ayant rien a redouter de celle-ci si je
ne l’attaquais pas, le male, dans l’instant, n’hésiterait pas au contraire a se jeter
sur moi et 4 m’enlacer de ses bras, dont l’expérience m’avait appris 4 redouter la
moindre atteinte. Mais, comme j’ai regu de la nature une force physique qui me
permet de lutter avec avantage dans le danger, que cette force s’est augmentée en
1nOl par une occupation agreste, et que je l’ai encore développée par les fatigues de
toute espece et par Jes voyages, je me remis 4 la nage et j’attaquai ’ennemi que je
youlais braver dans son fort. Pendant mes irrésolutions , le male avait rejoint sa
femelle; j apercus l'une tapissant lentrée de son antre, et l'autre en arrét presque
a cété d’elle, un peu sur la droite de la roche qu'elle occupait. J’arrivai en nageanl
i la distance d’environ douze pieds, et, moilié hésitation, moitié curiosité, je ra-
lentis mon élan, me contentaut de dériver en me soutenant sur l'eau, en la frap-
312 HISTOIRE NATURELLE.
pant de la paume de mes mains ; j’espérais pouvoir examiner la manoeuvre de mes
Poulpes , les voir saisir quelque proie ; mais Je male ne m’en laissa pas le temps ;
en trois bonds il vint & moi. Je plongeai en vain; i] me saisit au travers du corps,
se cramponna sur mes reins, et dans ce péril, trop heureux qu'il ne m’eut pas en—
lacé les jambes , les cuisses ou les bras, je nageai vigoureusement vers la cote dont
jétais peu éloigné ; dans quelques minutes je pris fond, me roidissant contre la
douleur que me faisaient éprouver ses étreintes. Une fois pris, ses bras une fois en-
trelacés et serrés, ce Poulpe ne quitta point sa prise; il me serrait de plus en plus,
et je sentis qu’il me saisissait de son bec en me mordant. J’avoue que cette der—
niere explosion de sa rage me fit retourner la téte au milieu des flots et regarder
lennemi que j’emportais avec moi ; aussi, dés que j’eus quitté eau, je courus avec
force vers le rivage, enlevant avec moi et autour de mes reins ce Poulpe, qui aurait
pu me faire périr. Sans chercher a me débarrasser de ce fardeau, conquis par une
loyale guerre, je volai vers mes habits que gardait mon chien. Celui-ci, me voyant
accourir, levait déja la téte ; 11 examinait son maitre, qui veillait 4 son existence et
qu'il défendait par un juste retour. Un clin d’ceil , plus prompt que léclair, lui
apprit que je portais un Poulpe au travers du corps; voir ses bras qui m’envelop-
paient antérieurement et deviner qu il était derriere , ne fut pour lui que
instant de la pensée ; 11 quitte mes habits, me tourne avec vivacité ; et forcé, pour
conserver mon Poulpe, de suivre ses mouvements, Je dus éviter ses attemtes, lutter
contre lui, et maitriser un animal qui, brilant de me défendre, s élevait méme
contre moi. Maitre enfin du champ de bataille, je restai debout en examinant mon
Mollusque. Le calme avait succédé a la tempéte ; j’étais sur terre au lieu d’étre en
mer ; et ce Mollusque, ouvrant son bec, délagant ses bras, tomba 4 terre et fit Je
mort. Le sang coulait sur mon sein gauche ; j’en garderai la cicatrice toute ma vie.
J’avais saisi mon baton ; et lorsque je vis que cet animal reprenait la volonté de
s’éloigner en gagnant le cété de la mer, et de se perdre dans les rochers, je l’as-
sommai du premier coup. J’aurais bien désiré de lemporter pour I’étudier et Je
disséquer de suite; mais je voulais avoir la femelle s’il était possible, et considérer
leur nid, que d’anciens auteurs ont prétendu étre tapissé d’ceufs en grappes de rai-
sin, suspendus sur toutes les parois de Ja caverne qui leur sert.de repaire et de re-
traite : heureusement je trouvai un pauvre pécheur de la céte, que je chargeai de
ce fardeau. Il le porta & mon auberge , et le soir, lorsque j’y rentrai, je vis,.en le
développant, que ce Poulpe avait énviron cing pieds d’envergure. S’il edt été plus
grand, peut-étre m/etit-il lié et abattu; et méme, d’apres la force et impression
de ses bras que j'ai ressenties, je doute beaucoup que je m’en fusse si bien liré en
me mesurant avec un Poulpe plus fort que lui. Encouragé par ce premier succes,
je retournai vers l’endroit ou j’avais vu la femelle dans son nid; elle y était encore
et ne paraissait point inquiete de absence de son mile. Elle était aussi forte que
Jui, et Ja maniére dont il m’avait embrassé me donnait des craintes pour une se-
conde aventure du méme genre; en conséquence je résolus de prévenir une
atlaque, si elle en méditait une, et, en frappant le premier, de la forcer a la
défense. Armé donc d’une pierre que je pris sur le fond, je la lui jetai au centre
de ses bras; dans un instant ils se roulérent sur elle, l'enveloppérent étroite-
ment; mais le Poulpe se retira au fond de son trou, ou je ne Jugeai pas a propos
de le suivre; et je fus forcé de Pabandonner, aprés avoir examiné ce repaire d’assez
pres!!!»
HISTOIRE NATURELLE.
(5s |
—=
a
Mp’ ;
9¢ GENRE. Cledoue. Eledon, Cuvier.
(Exedovn, ancien nom du Poulpe musqué.)
Animal ayant le corps arrondi ou oblong, bursi-
forme, portant huit bras égaux sur la téte, et une seule
rangée de ventouses sur leur face interne.
Ce genre a été établi aux dépens du genre Poulpe,
pour les espéces dont les bras ne présentent qu’une
seule rangée de ventouses. Ces animaux ont d’ailleurs
les mémes habitudes que les Poulpes, et, comme eux, ils
vivent dans les anfractuosités des rochers. On nen con-
nait encore que deux espéces de Ja Méditerranée;
Pune @elles répand une forte odeur de musc, qui se
conserve méme apres la mort.
Fic. £128. Eledone musquée,
3° GENRE. Ctecboteuthies. Cirrhoteuthis, Eschricht.
(Cirrhi, cirres ; tevbu3, Seiche.)
Corps bursiforme, obtus, allongé, subcylindracé ; téte grosse, largement réunie
au corps ; ouverture branchiale médiocre, obliquement coupée d’avant en arriere ;
deux nageoires latérales, étroites, a la partie supérieure du Cores “ny hras réunis
du sommet ala base par de larges membranes,
dont le bord supérieur est un peu infléchi en
dedans ; une seule rangée de ventouses sur les
bras, mais accompagnées, de chaque cété, de
fins tentacules charnus, disposés par paires.
_ Le genre Cirrhoteuthis a été étabhi par
M. Eschricht aux dépens des Poulpes, et pour
les especes dont les huit bras, garnis d’une
seule rangée de ventouses, sont réunis par
des membranes minces, qui vont en s’élargis- z
sant depuis insertion de ces bras sur la téte eG tes) erezliojeuthis, des Muller:
jusqu’a leur sommet, et forment ainsi un large entonnoir, au fond duquel se
trouve Ja bouche. Un autre caractere, qui distingue encore ce genre, consiste dans
Ja présence d’une paire de petits tentacules fins et flexueux, destinés sans doute a a
donner plus de sensibilité au sens du toucher.
Ce genre est peu nombreux en especes, toutes des mers du Nord.
I. 40
o14 HISTOIRE NATURELLE.
pp: : : .
4° GENRE. Lhifouese- Philonexis, VOrbigny.
(PrAcs, qui aime ; vew, Je nage.)
Corps bursiforme, le plus souvent
tres-volumimeux , presque toujours
lisse, muni d’une peau mince, unie et
sans verrues. Poimt d’appendices char—
nus au-dessus des yeux. Téte générale-
ment plus petite que le corps; yeux
assez grands , sans paupieres, recou-
verts seulement d’un épiderme mince
qui transmet facilement image des
objets 4 la pupille; bras peu longs et
peu déliés, servant a la natation, les
supérieurs toujours les plus longs,
quelquefois réunis par des membra-
nes; presque toujours des canaux
aquiferes. 3
Les especes de ce genre vivent en
pleine mer et en troupes; elles ne
s'approchent que rarement des rivages.
Elles mangent des poissons ou de pe-
tits Mollusques pléropodes.
Fic. 11530. Philonexse voilé.
5° GENRE. clovgouaute. Argonauta, Linné.
c
(Apyovaurtc, Argonaute.)
Coquille umiloculaire, subnaviculaire, papyracée, fragile et transparente, a spire
bicarénée , tuberculeuse , rentrant dans louverture. Animal ovoide , entierement
contenu dans sa coquille, sans
adhérence musculaire. Bras li-
bres a leur base, presque égaux,
se repliant dans le test a lé-
tat de repos, garmis sur leur
face interne de ventouses pé-
diculées, et alternant sur deux
séries. Deux des bras élargis
vers leur extrémité en forme
Wailes ou de voiles.
Fig. 11541. Argonaute Argo, rampant sur le fond. i a
Nous avons déja parlé de lArgonaate. Ce Mollusque, célébre depuis des sié€-
cles, et assez commun dans le voisinage des cétes de France, devrait étre parfai—
. y_° ae é
tement connu, et l’on ne comprend pas que depuis longtemps on nait réduit
3 : at : Sm i 7
a leur juste valeur les descriptions merveilleuses des auteurs anciens. Si Pon n’a
HISTOIRE NATURELLE. O15
pas exagéré la forme de lArgonaute, on a du moins supposé a tort a cet animal
des inslincls que paraissait expliquer Ja singulitre disposition de deux de ses bras.
M. Rang, officier de marine, a observé avec soin des Argonautes libres dans la mer,
Fic. 1152. Argonaute Argo, nageant entre deux eaux. Fie. 1155. Le méme, en partie contracté dans sa coquille.
et d'autres placés par lui dans un grand bassin ot ils jouissaient d’assez de liberté
pour ne pas étre génés ou inquiétés, et il déclare qwil n’a vu, dans Jes habitudes et
les manceuvres de ces animaux, rien qui Justifie des fables qui n’ont été accrédi-
tées que par amour du merveilleux ou par une trop grande confiance dans les tra-
yaux des anciens naturalistes.
Les bras palmés, qu’on prétendait servir de voiles 4 |’Argonaute, ne servent qua
envelopper et protéger la coquille de chaque cété. L’Argonaute rampe sur le
disque formé par la réunion de ses bras, et ses mouvements s’exécutent avec assez
de vivacité pour qu’il puisse parcourir un assez grand espace en peu de temps. II
peut, il est vrai, s’élever du fond & la surface de Ja mer, comme on le remarque
souvent, mais c’est par un moyen qui est commun a d’autres Céphalopodes, et no-
tamment aux Poulpes. Lorsqwil est inquiet, 1] rentre complétement dans sa fréle
coquille, qui, perdant aussitét l’équilibre, se renverse sur Je cété.
Nous avons déja dit dans nos généralités sur les Mollusques que quelques natu—
ralistes supposaient que lanimal qu’on trouve dans |’Argonaute est un Poulpe pa-
rasite qui s empare de la coquille apres en ayoir dévoré le véritable constructeur et
maitre. Cette opinion a rencontré de nombreux partisans. Mais des observations
nouvelles et sérieuses ont donné gain de cause aux défenseurs du non-parasitisme.
Un des faits 4 ’appui de cette derniére opinion, et le plus important sans doute,
prouve que l’animal, qu’on supposait un parasite, peut réparer la coquille lors—
qwun choc quelconque 1a brisée en partie. Cette circonstance seule ne peut laisser
aucun doute.
On connait un petit nombre d’Argonautes de l’Océan des Grandes-Indes ; l’Ar-
gonaute papyracé, dont nous donnons la figure, est commun dans Ja Méditerranée.
5
DEUXIEME TRIBU. — DECAPODES.
Tous les Céphalopodes de cette tribu ont dix bras, et un osselet dorsal médian,
des nageoires. Les ventouses ou cupules des bras sont pédonculées et entourcées d'un
cercle corné.
DEUXIEME FAMILLE.
Septiles :
La famille des Sépidés réunit tous les Céphalopodes dont les yeux sont munis
316
HISTOIRE NATURELLE.
dune paupiére inférieure. Leur membrane buccale n’a pas de cupules; le tube
locomoteur est sans brides, et les bras tentaculaires sont rétractiles en entier.
1e™ GENRE. eerecbie. Cranchia, Leach.
(Cranch, nom d'un voyageur anglais.)
Corps allongé, ovoide, bursiforme, membraneux, arrondi en arriére ; téte petite
Fic. 1135. Sépiole commune.
et réunie au corps par une bride cervicale étroite; na-
geoires terminales ovales , unies entre elles et échancrées
a leur jonction postérieure; huit bras sessiles, subulés,
courts, inégaux, ayant des ventouses alternes sur deux
rangs, et deux bras tentaculaires, gros, terminés en massue
et portant des ventouses pédonculées sur quatre rangées
alternes. Rudiment interne inconnu.
Les Cranchies se distinguent par leurs nageoires posté-
rieures non rhomboidales; elles habitent toutes la haute
mer, ou elles vivent en troupes nombreuses; elles ne se
montrent que pendant la nuit, et se nourrissent de Ptéro-
podes, qui, des la chute du jour, viennent en grand nombre
a la surface.
: Oni) Ne
2° GENRE. Seviole. Septola, Leach.
(Diminutif de sepia.)
Animal sacciforme, raccourci, déprimé, arrondi posté-
rieurement ; bras sessiles, presque égaux ; bras pédonculés,
terminés en massue; point de ventouses sur les pédon-
cules. Rudiment interne trés-gréle et tres-petit. Nageoires
latéro-dorsales.
On n’en connait qu’une seule espéce de la Méditerra-
née.
ap :
3° GENRE. Qeiche. Sepia, Linné.
(Sepia, encre.)
Corps charnu, déprimé, contenu dans un sac obtus postérieurement, et bordé
de chaque cété, dans toute sa longueur, d'une aile étroite ; un os hbre, crétacé,
spongieux et opaque, enchassé dans lintérieur du corps, vers le dos. Bouche ter-
minale, entourée de dix bras garnis de ventouses, deux de ces bras pédonculés et —
beaucoup plus longs que les autres. |
Les Seiches sont des animaux carnassiers, trés-voraces. Elles se nourrissent de _
HISTOIRE NATURELLE. aA7
Poissons et de Crustacés ; on Jes trouve & toutes les profondeurs, et toujours assez
loin des rivages. Elles nagent avec assez de rapidité pour atteindre une proie qui
fuit. Ces Mollusques sont trés-communs ; ils répandent 4 volonté une encre noiratre
Fic. 1456. Seiche hieredda. Fie.“1157. Seiche de Tourranne.
et odorante qui devient pour eux un moyen de défense et peut-étre d’attaque. Cette
encre est connue et employée sous le nom de sépza, et il parait définitivement qu'elle
nentre pour rien dans lacomposition de l’encre de Chine. Quoiqu’il en soit, lencre
de la Seiche est contenue dans une petite poche ou vessie qui vient s’ouvrir pres de
lorifice anal. Sous Ja peau du dos se trouve un sac sans ouverture extérieure, et qui
contient une coquille légere , celluleuse et poreuse , connue sous le nom d’os de
Seiche. Cet os a une forme ovale-allongée, légerement convexe & ses deux faces et
un peu plus large postérieurement qu’antérieurement; il se termineen arriere par
un bord dur etmince. Cet os représente en quelque sorte Ja colonne vertébrale
des Poissons. La bouche des Seiches est armée de mandibules cornées, semblables
pour la forme au bec d’un perroquet.
On trouve des Seiches dans toutes les mers , quoique le nombre des especes
caractérisées soit peu considérable. A l'état fossile, on rencontre quelques os de
Seiches dans le calcaire grossier des environs de Paris, et dans les couches plus
anciennes on trouve des dents assez bien conservées qui appartiennent sans doule a
un genre voisin des Seiches.
4° GENRE. Vbcloptere. Beloptera, Deshayes.
(B2).0:, fleche; zz<00v, aile, plume.)
Animal inconnu; coquille composée de deux cdnes réunis sommet & sommet ,
soutenus de chaque cété par un appendice en forme d’aile, obliquement incliné ;
surface dorsale convexe ; coté ventral concave ; céne poslérieur terminé en rostre
obtus, comparable a celui de Vos de la Seiche ; cone antérieur lisse, composé d'une
318 HISTOIRE NATURELLE.
substance nbvense rayonnante comme celle des Bélemnites ; creusé d'une cavilé
conique dont Vouverture circulaire a ths hords minces et
tranchants ; cette cavité est remplie de cloisons transverses
percées d'un siphon central. Ce genre est caractérisé par la
combinaison d'une cavité cloisonnée conique, comme celle
des Bélemnites, avec un bec de Seiche. Ce que ce genre a
de fort remarquable, dit M. Deshayes, c'est quil ne s'est
encore rencontré que dans les terrains tertiaires les plus an—
ciens, & une époque géologique oi: les Bélemnites avaient
cessé d’exister. Ainsi, ce genre offrirait un nonvel exemple
Fie. 1158.
Béloptére bélemnitoide. Ge Ja manicre lente dont la nature procede dans ses actes,
faisant succéder, dans l’espace et dans le temps, des races qui semblent provenir
les unes des autres.
=) s je
5° GENRE. Aprarlircotve. Spirulirostre, dOrbigny.
(Spirula, spirule ; rostrum, rostre.)
Animal inconnu ; osselet interne raccourci, terminé postérieurement en un rostre
épais, conique, tres-pointu au sommet, et creusé d'une
cavilé au-devant de laquelle s’éleve une protubérance mé-
diane, obtuse et rugueuse ; cavité étroite, conique, courbée
en portion de spirale, contenant des cloisons transverses,
écartées, simples, et percées d’un siphon ventral.
Ce genre semble intermédiaire aux Seiches et aux Spi-
rules. On ne l'a trouvé qu’a Pétat fossile dans les couches
tertiaires subapennines des environs de Turin; on n’en
connait encore qu’une seule espece, due aux recherches de
ea ae MecBellardi:
Spirulirostre de Bellardi
Ge GENRE. MN Galeninocepnce: Belemnosepia, Owen
f 1
(Bélemnite et Seiche.)
Animal ayant le corps conique, pourvu, vers son
extrémité antérieure, de deux nageoires larges,
- demi-circulaires et comparables a celles des Sépioles ;
téte médiocre, portant huit bras sessiles et deux
bras pédonculés, les premiers armés d’un double
rang de crochets. Coquille intérieure semblable
aux Bélemnites, contenant dans une cavité conique
une série de cloisons transverses percées d’un si-
phon ventral; cette cavité se prolonge en avant
en un bord circulaire mince et tranchant, dépourvu
de prolongement dorsal.
Ce genre n'est connu que par des empreintes
fossiles trouvées dans les argiles schistoides de
lV Oxfort-Clay, que Pon mit a découvert, a Christian-
Fie. 1140. Fig. 1141.
Belemnosépia de Bélemnosépia Malefort, pour le passage dun chemin de fer. Ces
Chippenham, saziltée,
HISTOIRE NATURELLE. 19
_ empreintes représentent une coquille semblable & celle des Bélemnites , avec un
prolongement cornéo-calcaire infundibuliforme; on y distingue la téte de l’animal,
ses yeux, ses bras sessiles, au nombre de huit, armés de grands crochets calcaires,
et la base de deux bras pédiculés ; enfin on trouve les traces bien conservées des
nagevires, qui sont demi-circulaires et occupent la moitié antérieure du sac.
TROISIEME FAMILLE.
Solgites
Les Mollusques de cette famille n’ont point de paupiéres; mais on remarque des
cupules ala membrane buccale, et une créte auriculaire transversale ; le tube loco-
moteur est pourvu d’une double bride; les bras tentaculaires sont contractiles et
en pointe.
1° GENRE. Colina. Loligo, Lamarck.
(Loligo, nom latin employé pour désigner ces animaux.)
Corps charnu, contenu dans un sac allongé, cylindracé, atlénué et garni d’ap-
pendices en forme @ailes 4 sa base; une lame dorsale allon- |,
gée, mince, transparente, cornée, est enchassée dans Vinté-
rieur du corps. Bouche terminale, entourée de dix bras
garnis de ventouses ; deux des bras, plus longs que !es au-
tres, sont pédonculés.
Les Calmars ont une forme plus allongée que les Seiches ;
ils ont le corps lisse et terminé par des nageoires dont la
réunion forme un rhomboide. L’os des Calmars differe
beaucoup de celui des Seiches ; il est mince, corné, tres—
allongé, et il a la transparence du verre; saforme est a peu
pres celle d'une plume a écrire dont on aurait enlevé les
harbes dans une partie de sa longueur. Les Calmars ont
d’ailleurs la méme organisation intérieure que les Seiches,
et leurs habitudes sont les mémes ; on les trouve aussi dans
les mémes mers.
Les Calmars sont connus sur les bords de Ja mer sous le
nom d'Encornets des pécheurs. M. de Ja Pylaie décrit ainsi sh
les habitudes de ces animaux : | i
« Les troupes ou banes de cet animal nous offrent image st
dune agitation continuelle, qui fournit le spectacle le plus i
curieux pour l’obseryateur placé sur un bateau, au milieu i y
de ces Mollusques, lorsqu’ils se tiennent a la superficie des _ fifi 4 oe
eaux: Jes uns montent, d'autres descendent ; !es autres, 1m- a I He yy
mobiles de corps, n’agitent que leurs tentacules, tandis que Oe oe
d
d’autres courent en tous sens, traversant la masse avec une
5 ie sige 5 ; 5 Fic. 1142.
étonnante vélocité. Quand!’ Encornetse diverlit, selon le lan— GalmaridesPirennenae
.
520 HISTOIRE NATURELLE.
gage des pécheurs, 11 se tient étendu horizontalement sur Ja mer, qu il batenla frap—_
pant avec les deux cétés de la membrane sagittiforme qui garnit son extrémité infé-
rieure, ce qu il opére ense renversant allernativement de droite 4 gauche; et parfois
encore il plonge celle-ci pour devenir perpendiculaire, n’ayant plus que la téte seule
a fleur deau. Il tient alors ses pieds et bras ou tentacules étalés en roue, et lance
a diverses reprises de petits jets d@eau de la grosseur du doigt, a la mamiére des
Souffleurs. Mais les mouvements rétrogrades de ces animaux sont Jes plus vifs, en
ce quils sont favorisés par la forme du corps terminé en pointe : celui-ci représente
méme assez bien un javelot dans son ensemble, étant muni a son extrémilé de
deux membranes latérales qui Je font ressembler au fer d’une fleche ou d'une
lance.
L’Encornet, au moindre bruit ou sil apergoit un ennemi, se trouve saisi de
frayeur, et c'est un trait qui part comme Véclair. Ses huit pieds et ses deux bras
étalés en roue, selon sa coutume, ont frappé de toute leur force, & la maniere d'un
ressort qui se débande, la masse d'eau qui était devant Ini, et dans l'élan quwil a
pris, il traverse une étendue considérable avec une extréme vitesse, tenant ses pieds
et bras réunis derriére lui en un faisceau serré, afin d’offrir au liquide déplacé par
son volume le moins possible de surface.
Ce Mollusque a en outre ’avantage de dérober sa fuite par le voile épais qu’il
laisse derriére Jui, en troublant Peau par Vémission de sa liqueur noire; mais
quand il ne peut plus se soustraire 4 de nouveaux dangers, 11 rejette tout ce qwillu
est possible de cette substance, puis reste immobile au milieu de ce nuage protec-
teur qui le rend invisible, et détermine ainsi ses ennemis a Pabandonner.
L’Encornet n’a donc, pour veiller & sa conservation, que la promptitude de sa
fuite et cetle liqueur noire, car son bee est trop court pour pouvoir le défendre :
son corps, de méme que ses membres tout charnus, ne trouvent pomt labri d’au-
cune enveloppe testacée. Aussi, chaque fois qu'il craint pour sa vie, recourt-il de
suite a ses armes ordinaires.
Quand on prend l’Encornet a la main, il vous l’enveloppe et la serre avec ses
fentacules , cherchant a vous mordre avec son bec, qui pourrait pénétrer méme
assez avant dans la chair; mais l'on se dégage avec facilité. Si Pon a saisi animal
sans précaution, il vous inonde aussilét le visage d’abord avec l'eau qu il contenait,
puis avec sa liqueur noire, qui, si elle atteint les yeux, cause la douleur la plus
vive. L’eau de mer qu'il rejette ainsi forme un jet de Ja grosseur du petit doigt,
qui parvient jusqu’a trois pieds de distance, et auquel succedent une ou deux émis-
sions semblables de cette liqueur noire dont nous venons de parler. Ces matiéres
sont alors lancées plus vigoureusement que quand I’Encornet s'amuse , et sortent
avec Je méme bruit que sil Jes expulsait en soufflant avec force.
Etant jetés dans le bateau ott on les amoncelle, les Encornets s’agitent en-
core quelque temps et viennent saisir avec leurs bras les pieds des pécheurs ,
auxquels ils restent adhérents jusqu’’a ce qwils aient entierement cessé de vivre.
Mais ils ont Dientét mis en usage et consommeé tous leurs moyens de défense, et, des
qu ils ont rejeté toute Peau quwils contenaiqnt, et leur encre ensuite, ils restent
anéantis et ne tardent pas d’expirer, comme si cette substance était le. principe de
leur force vitale.
Le now d’Encornet est tres-pénétrant et caustique. Je ne peux mieux faire con-
naitre ses propriétés qu’en rapportant la réponse de divers pécheurs que j'ai ques-
* HISTOIRE NATURELLE. 32]
tionnés a ce sujet : «Quand nous étons de nos lignes les Encornets qui viennent s’y
prendre, nous évitons le plus possible, en les tournant convenablement, qu ils
puissent jeter sur nous leur encre, car nos habits en seraient tachés ; et cette ma-
tire est si mordante, que dans la saison ot |’Encornet abonde, étant obligés de le
couper par morceaux pour en faire l’appat, nous avons Ja peau de nos mains man-
gée jusqu’au vif : la cuisson qui en résulte est aussi forte que si nous étions brilés.
D’aprés cette qualité corrosive et ladouleur extréme que nous éprouvons quand elle
nous atteint les yeux, il est certain que nous aurions bientét perdu la vue, si nous
négligions de nous layer aussil6t.
«Les troupes d’Encornets ne font que courir ¢a et 14. Vous en preniez ici tout a
Yheure en quantité; tout 4 coup il vous manque, et il faut le poursuivre avec votre
chaloupe ; mais s'il a disparu en s’enfoncant dans les eaux, vous n’étes avertide sa
direction que par le succes continu de la péche de vos voisins. Ce Mollusque aime
les journées les plus chaudes et les plus calmes de l’été ; c’est alors qu’on en prend
le plus. Quoique ses bancs se tiennent en général 4 des profondeurs trés-inégales,
Pon a remarqué qu il venait davantage 4 la surface de Ja mer lorsque le temps de-
yait changer; et si l’on voit alors les Encornets vivement agiter l'eau dans les lieux
ou ils se trouvent, et la lancer par jets qui s’élevent méme a deux et trois pieds de .
hautenr, vous avez la certitude d’avoir de la pluie le lendemain.
«Les habitants des iles Saint-Pierre et Miquelon, ainsi que les pécheurs, font
paraitre Encornet sur leurs tables ; mais ce n’est que comme variété ou par ca-
price de la part des premiers : on l’y présente en friture, ou ala sauce blanche, ou
bien coupé par tranches. Il est préférable surtout lorsqu’il est farci. Sa chair, qui
est tres-blanche, est toujours coriace et ne fournit qu'un mets lourd. C'est elle qui
est Pappat le plus estimé pour la péche de la Morue, parce que c’est de cetle espéce
d’animal qu'elle se montre Je plus avide. Quand ’Encornet manque, l'on y supplée
par des trongons de Hareng ou de Maquereau, selon les circonstances.» — *
Qe GENRE. Aepicteuthe. Semioteuthis, de Blainville.
(Seiche et Calmar.)
Animal charnu, ovalaire, aplati, pourvu d'une paire de
diocre, entourée de huit bras sessiles et de deux bras pé-
donculés, tous armés de ventouses ; osselet corné, allongé,
élargi dans Je milieu, atténué a ses extrémités, soutenu par
un axe médian, convexe en dessus et concave en dessous.
Les Sépioteuthes présentent avec les caracteéres extérieurs
des Seiches une partie de ceux des Calmars ; ils ont Je corps
aplati, large, et leurs nageoires étroites s’étendent sur toule
la longueur du corps comme dans les Seiches. L’osselet
dorsal et les appendices tentaculaires sont analogues & ceux
des Calmars. Ces animaux vivent dans Océan Pacifique;
on nen connait qu'une seule espece de (Océan Atlan-
tique.
Fic. 1145, Sépioteuthe Seiche.
I. 4I
522 HISTOIRE NATURELLE. °*
3° GENRE. Ceuthopais. Teuthopsis, Deslongchamps.
(Tevbts, Seiche; opts, aspect.)
Animal inconnu, probablement voisin des Sépioteuthes
et des Calmars. Osselet intérieur corné, mince, ovale-al-
longé, atténué a ses extrémités, légerement concave en ar—
riére, soutenu au milieu par un pli longitudinal.
Les espéces de ce genre ont été découvertes par M. Des-
longchamps dans les terrains jurassiques du département
du Calvados.
Fie. 4444. Teuthopsis ampullaire,
QUATRIEME FAMILLE.
Lie
Les caractéres des Céphalopodes de cette famille sont : point de sinus lacrymal ;
tube locomoteur sans valvule et sans bride; créte auriculaire nulle; point d’ou-
vertures aquiféres anales ; osselet corné.
ict GENRE. Cafiarer. Loligopsis, Lamarck.
(Diminutif de Calmar.)
Corps charnu, oblong, contenu dans un sac allongé, cy-
lindracé, ailé inférieurement, et Iégerement pointu a sa
base. Bouche terminale, entourée de huit bras sessiles et
égaux.
Les Calmarets sont allongés, d’une consistance gélati-
neuse. Leur transparence est remarquable, et l’osselet in-
térieur est pourvu d’une longue tige supérieure. On n’en
connait encore qu’un petit nombre d’espéces.
Fic. 1145. Calmaret tachete.
2¢ GENRE. Histioteuthe, Histioteuthis, d’Orbigny.
(lortov, voile ; rev6rs, Seiche.)
Corps court, bursiforme, pointu en arriére, et portant 4 son extrémité une paire |
HISTOIRE NATURELLE. 523
de nageoires demi-circulaires. Téte grosse, cy-
. lindracée, largement réunie au corps, portant
\ huit bras sessiles et deux longs bras pédicu-
j lés; six des bras sessiles sont réunis jusque
pres du sommet par des membranes interbra-
chiales; les bras inférieurs libres. Ventouses
en petit nombre, alternes sur deux rangs; un
osselet dorsal, corné, étroit, obtus au som-
met.
Les especes de ce genre
n'ont que six bras réunis par
de larges membranes ; les
quatre autres libres. Leur
téte est trés-grosse , et les
bras pédonculés sont assez al-
ongés.
Fic. 1146. Histioteuthe de Bonelli. Fic, 1147, Osselet du méme.
5° GENRE. Cbiroterbe. Chiroteuthis, @Orbigny.
(Kee, bras; zevbts, Seiche.)
Ce genre a été établi, aux dépens du
genre Calmaret, pour une espéce re-
marguable par des bras tentaculaires
trés-allongés, et terminés en massue
lancéolée, portant une cupule charnue
a son extrémité supérieure, tandis que
Vinférieure est armée de quatre rangées
de cupules lancéolées. Les bras tenta—
culaires ont plus de deux fois la lon-
gueur du corps; ils servent a ces ani-
maux pour saisir au loin leur proie.
On ne connait qu’une seule espece de ce
genre extraordinaire.
Fic. 1148 Chiroteuthe de Verani,
CINQUIEME FAMILLE. '
Les Teuthidés ont un sinus Jacrymal; le tube locomoteur est pourvu de valvules
524 HISTOIRE NATURELLE.
et de brides. Crétes auriculaires nombreuses ; ouvertures aquiféres anales trés-pro-
noncées ; osselet corné.
tee ee ) 0 Tae he ‘
1°° GENRE. Onychoteuthe. Onychoteuthis, Lichtenstein.
(Owé, griffe ; sevbrc, Seiche.)
Animal allongé, étroit, atténué postérieurement, et
pourvu a l’extrémité de deux nageoires terminales, trian-
gulaires, réunies sur Je dos. Téte médiocre , portant huit
bras sessiles, courts, armés de deux rangs de ventouses ou
de crochets; deux bras pédiculés, longs et gréles, garnis,
sur leur empatement, de crochets nombreux en plusieurs
séries. Dans Je crypte dorsal, un osselet étroit & ses extré-
mités, médiocrement élargi dans le milieu.
Les bras de quelques especes de ce
genre sont armés de ventouses et de
crochets ou véritables griffes.
On connait un grand nombre d’es-
peces de ce genre; la plupart viennent
de Océan Indien et des mers du Sud.
Fie. 1149. Onychoteuthe pératoptere. Fie. 1150,
2° GENRE. Onuinrasteephe. Ommastrephe, VOrbigny.
ce (Ov.ur, weil; otpepe, je tourne.)
Animal semblable a celui des Cal-
mars pour tous les caracteres exté-
rieurs empruntés a la forme du corps,
des nagevires, de Ja téte et des bras.
Osselet corné, allongé, étroit, un peu
élargi en avant, tres-atténué vers l’ex-
SSN
trémité postérieure, qui se termine en -
nN un cornet infundibuliforme, & ouver-_
i ture oblique. |
On trouve Jes Ommastrephes dans—
toutes les mers; ces Céphalopodes se
nourrissent de Ptéropodes, et servent
eux-mémes de pature aux nombreux |
oiseaux qu’on rencontre en pleine
mer.
Fic. 4451. Ommastrephe géant. Fig. 1152. Son osselet.
HISTOIRE NATURELLE.
3° GENRE. ollbcanbialicubye: Acanthoteuthis, Munster.
(Axava, épine; teu6ts, Seiche.)
Animal fossile, semblable au Calmar pour Ja forme gé—
nérale du corps et des nageoires, et la position de celles-ci.
Téte médiocre, portant huit bras sessiles et probablement
deux bras pédiculés; ces bras armés d'un double rang de
grands crochets calcaires.
Ce genre n'est connu que par des empreintes fort re-
marquables découvertes dans les terrains jurassiques de
l Allemagne.
Dh, Hm yi
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Phy) Que
VAN 4
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Fie, 1453. Acanthoteuthe de Férussac.
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4° GENRE. Couoteulbis. Conoteuthis, @Orbigny.
(Keyes, cone; tev8t:, Seiche.)
Animal inconnu, probablement voisin des Calmars, des
Ommastrephes et des Bélemnites. Osselet interne corné,
tres-allongé, terminé postérieurement par un cone alvéo—
Jaire contenant une série de loges aériennes. Les lignes
d’accroissement dénotent une forte carene médiane, supé-
rieure et longitudinale, et un cone quis’unit obliquement
a la carene. Par la forme allongée de losselet, par la pré-
sence du cone postérieur, ce genre a la plus grande ana-
logie avec les Ommastrephes, dont il a Vosselet corné. Par
son alvéole pourvue de cloisons aériennes, il se rapproche
beaucoup des Bélemnites.
On ne connait qu’une seule espece de ce genre; on la
trouve fossile dans le département de l’Aube.
Fic. 1154, Conoteuthe de Dupin.
SIXIEME FAMILLE.
LE LED:
Les Céphalopodes de cette famille se distinguent par un osselet corné, élargi
antérieurement, rétréci et terminé postérieurement par un godet encrotté en
dehors d’un rostre, contenant une série aérienne de loges percées d'un siphon.
326 HISTOIRE NATURELLE.
J . F
1° GENRE. Voelounuite’ Belemnites, Lamarck.
(Bedevttns, pierre en fer de fléche.)
Coquille droite, en céne allongé, plus ou moins déprimée, acuminée par un bout et
ouverte de l'autre; formée de deux parties distinctes : l’extérieure composée d'un
fourreau solide, plein dans sa partie supérieure et offrant une cavité conique ; Pin-
Fic. 1155. Bélemnite symétrique. Fie. 1156. Animal supposé de Bélemnite. Fic. 1157. Bélemnite avec son osselet .
térieure formée d’un noyau conique, pointu,cloisonné transversalement dans toute sa
longueur, multiloculaire, icloisons perforées par un siphon central.Animal inconnu.
De tout temps les Bélemnites ont fixé attention des naturalistes et des curieux ;
vulgairement on les désigne sous le nom de Pierre de tonnerre. On a pensé aussi
que ce pouvait étre des pointes d’Oursins. Les Bélemnites telles qu’on les trouve
sont Vextrémité fossilisée d’un osselet, comme ceux de Ja plupart des autres
Céphalopodes.
Nous emprunterons aM. d’Orbigny les détails intéressants qu'il donne sur des
animaux dont nous ne retrouvons plus que des restes souvent fort imparfaits. Les
Bélemnites, dit ce naturaliste, étaient des Mollusques céphalopodes , évidemment
voisins des Ommastrephes et des Onychoteuthes, car ils ont un osselet corné, al-
longé et pourvu d'un godet & sa partie postérieure ; losselet est spatuliforme ,
élargi en ayant, rétréci en arriere, et pourvu latéralement de deux petites expan-
sions aliformes qui se réunissent postérieurement-et constituent une vaste cavité
conique , au fond de laquelle sont des cloisons transversales , séparant l’ensemble
en un grand nombre de petites loges percées latéralement d’un siphon et contenant
de lair. Cette partie postérieure, appelée alvéole, regoit en dehors un dépdt calcaire
également conique, plus ou moins épais, quelquefois tres-long. Cette partie ter-
minale, désignée sous le nom de rostre, est la Bélemnite des anciens auteurs. C'est
Ja partie dure de l’extrémité d’un osselet interne, destiné & soutenir les chairs et a
résister aux corps que l’animal pouvait rencontrer en nageant.
Les Bélemnites étaient sans doute des Mollusques cotiers, voyageant par grandes
troupes, comme on peut en juger par les bancs considérables qu elles forment.
HISTOIRE NATURELLE. 527
Les Bélemnites ont paru sur la terre avec les couches du lias. Elles se montrent
d@abord sous la forme générale d’un étui conique sans sillon ni canal , et pourvu
seulement de quelques plis 4 l’extrémité du rostre.
Ces espéces disparaissent bientdt et sont remplacées dans l’oolithe inférieure par
d’autres dont la forme est moins conique, et qui sont pourvues d’un profond sillon
en dessous. Dans des couches supérieures, les Bélemnites sont lancéolées ou fusi-
formes; enfin on remarque que, dans les derniéres couches, elles sont un peu
aplaties et pourvues de deux sillons sur les cotés. Les Bélemnites commencent avec
le lias et finissent vers les régions supérieures des terrains crétacés, en présentant
des types de formes nouvelles 4 chaque époque géologique ; elles n’ont pas survécu
aux derniéres couches de la formation crayeuse, puisqu’on n’en a jamais rencontré
dans les divers bassins tertiaires.
2° GENRE. a Gelcuruitelt: Belemnitella, VOrbigny.
(Diminutif de Bélemnite.)
Ce genre a été établi par M. d’Orbigny, pour séparer des Bélemnites les
especes pourvues dune fente inférieure au bord antérieur du rostre. Les Bélemni-
telles se distinguent encore par deux impressions dorsales latérales qu’on ne voit
pas chez les Bélemnites proprement dites. Elles manquent partout ot les Bélemnites
se montrent, et ne paraissent qu’avec la craie blanche.
SEPTIEME FAMILLE.
Sporulales
La famille des Spirulidés a été établie pour une petite coquille fort singuliére,
dont animal est resté longtemps inconnu ;1l est raccourci, et contient une coquille
interne spirale et formée de loges aériennes.
GENRE. Apvarle. Spirula, Lamarck.
(Diminutif de spira, spire.)
Coquille multiloculaire , cylindrique , discoide, mince, presque transparente,
contournée en spirale, 4 tours distants les uns des
autres; cloisons transverses, également espacées,
concaves et nacrées en dehors. Siphon latéral ; ouver-
ture orbiculaire. Animal bursiforme, ayant la téte
armée de dix bras, dont deux contractiles, tous munis
de ventouses. Corps terminé postérieurement par
deux lobes, cachant presque entiérement la coquille,
qui est uniformément blanche.
Cette petite coquille, fort curieuse, n'est plus rare
dans les collections; longtemps on ignora la forme de l’animal, que MM. Péron et
Lesueur ont fait connaitre. Ce Mollusque parait étre tres-commun dans l’Océan
ini
\|
(
Fig. 1158. Spirule de Péron. Fic. 1159.
528 HISTOIRE NATURELLE.
Atlantique. A Saint-Domingue et dans d’autres iles de l'archipel américain , les
Spirules sont si communes sur certains rivages, qu’elles couvrent le sable.
DEUXIEME SECTION. — CEPHALOPODES 'TENTACULIFERES.
Cette section comprend les Céphalopodes dont la téte est peu distincte du corps ;
ils ont un appendice pédiforme servant a la reptation. Leur bouche est entourée
d’un grand nombre de tentacules cylindriques, rétractiles, annelés, sans cupules.
L’appareil respiratoire se compose de quatre branchies; le tube locomoteur est
fendu dans toute sa longueur. Enfin animal est contenu dans la derniére loge
@une coquille symétrique ou non, droite, arquée, enroulée sur le méme plan ou
turriculée. Cette coquille est formée d'un grand nombre de loges aériennes.
PREMIERE FAMILLE.
7, ly bie Cf.
Cette famille se compose de Céphalopodes ayant une coquille spirale ou droite,
4 cloisons simples ou onduleuses, non découpées sur leurs bords. Le siphon n’est
pas marginal, et les lignes d’accroissement soul convexes en avant.
i GHNRE, OUartile- Nautilus inne
(Nowrthec, matelot.)
Coquille discoide, multiloculaire, en spirale réguliére, roulée sur le méme plan,
a tours contigus, le dernier enveloppant les autres. Loges nombreuses, formées
par des cloisons transverses, concaves en avant et perforées vers le centre. Les Nau-
tiles sont richement nacrés aVintérieur,
et ornés de flammes ou de taches noires
et dun brun roux, sur un fond blane
a Vextérieur. L’animal est contenu
dans la dermere loge; il est couvert
Wun manteau qui tapisse lintérieur
Fic. 1160. Coupe intérienre du Nautile. Fic. 1161. Nautile flambé.
de cette loge en suivant toutes ses sinuosités. Ce manteau ne sert point a cacher
par M. Goldfuss, quil’a caractérisé d'une maniere plus com-
HISTOIRE NATURELLE. 529
Yanimal, qui est pourvu, a cet effet, d’une sorte de capuchon propre a fermer
Pouverture de la coquille, et qui consiste en une piece charnue, épaisse, subtrian-
gulaire, et tronquée en avant pour s’accommo-
der & la saillie de avant-dernier tour. De cha-
que coté de la téte du Nautile on remarque un
erand nombre de tentacules contractiles qui <<
rentrent dans des gaines charnues, inégales et
réunies a leur base ; et entre la téte et le capu-
chon, l'on trouve deux tentacules isolés des
premiers el plus gros, réunis dans une seule
gaine; enfin d'autres tentacules plus petits sont
placés dans la cavité au fond de laquelle se voit
la bouche. Les tentacules ou bras des Nautiles
n’ont point de ventouses, mais 4 leur place on
remarque des tentacules plus petits et garnis TN igemae Mn
dun grand nombre de lamelles profondément
détachées et qui servent sans doute aux mémes usages. Les yeux sont gros , pédi-
culés, et font saillie de chaque cété de la téte.
Les branchies sont au nombre de quatre. En examinant lintérieur d’un Nautile
scié en deux parties égales, on découvre, au centre de toutes les cloisons qui forment
les loges, un trou en entonnoir dont louverture se rétrécit dans la méme proportion
que les loges. Ce trou donne passage a un siphon dont Pusage est encore peu connu.
Quelques naturalistes ont pensé que ce siphon était destiné & remplir ou a vider
les loges du Nautile, et a le rendre, ason gré, plus lourd ou plus léger, et a faciliter
ainsi ses mouvements dans la mer; mais on a opposé a cette opinion l'absence de
communication du siphon avec l’extérieur, ce qui ne la détruit pas complétement.
MM. Owen en Angleterre et Valenciennes en France ont publié depuis quelques
années, sur |’animal du Nautile, des travaux anatomiques précieux.
On ne connait que deux espéces vivantes de cette belle coquille; mais les especes
fossiles sont beaucoup plus nombreuses & toutes les périodes géologiques. Il est
difficile de bien caractériser ces espéces fossiles, parce qu’on n’en retrouve souvent
que le moule intérieur, le test ayant disparu.
9¢ GENRE. Carupulite. Cyrthoceras, Goldfuss.
(Kue6os, difforme ; xeous, corne.)
Animal inconnu; coquille conique, oblique ou en_ spirale disjointe, plus
ou moins enroulée dans le plan horizontal ; cloisons trans-
verses, simples, percées d’un siphon subdorsal; derniére
loge tres-grande, engainante, pouvant contenir l’animal ;
ouverture simple, comprimée ou subcirculaire.
Ce genre a été établi dés 1850 sous le nom de Campu-
lite par M. Deshayes, et plus tard sous celui de Cyrthocére
plete ; aussi avons—nous conservé les deux noms, l’un fran-
Fre. 1165. Campalite déprimée,
L. 42
530
HISTOIRE NATURELLE.
cais, l'autre latin. Les Campulites présentent tantét la forme d'une corne plus ou
moins allongée , et tantét la forme spirale & tours disjoimts, sans que le dermer
se prolonge en ligne droite. Dans ces coquilles le siphon est situé vers la partie con-
vexe. Les
Fic. 4165.
Orthocére régu-
her.
ampulites sont des coquilles fossiles de l’Eifel.
5° GENRE. (Oe ee Lituites, Breyne.
(Lituus, crosse.)
Animal inconnu. Coquille conique, spirale,
a tours conjoints ou séparés, le dernier se pro-
longeant en ligne droite; cloisons transverses,
la dermere grande, engainante, pouvant con—
tenir Panimal. L’ouverture est circulaire, a
bords simples et tranchants. Le siphon est ven-
tral Les Lituites, qu’il ne faut pas confondre
avec le genre Lituole de Lamarck, appartien-
nent aux terrains siluriens de l’Angleterre et
de ’Allemagne ; elles ont Je sommet tourné
en spirale régulieére, symétrique, composé d'un
plus ou moins grand nombre de tours enrou-
lés sur un plan horizontal, et ordinairement
désunis en se touchant a peine. Le dernier
tour, au lieu de s’enrouler comme les précé-
dents, se continue en ligne droite, de sorte
que, dans son ensemble, la coquille ressemble
en petit & une crosse d’évéque.
4° GENRE. OraiBocdve. Orthoceras, Breyne.
(O26<¢, droit; xz9%s, corne.)
Animal inconnu. Coquille conique, droite, 4 tranche
circulaire, cloisonnée dans la plus grande partie de sa lon-
gueur; cloisons simples, concaves d’un cété, convexes de
autre, et percées d'un siphon central ou subventral ;
derniere loge grande, engainante, et pouvant contenir l’a-
mimal en entier; ouverture circulaire, simple, quelquefois
garnie dun bourrelet et presque toujours dans un plan
horizontal.
Ce genre Orthocere differe essentiellement de celui
établi par Lamarck. Ces coquilles ont un sommet tres.
aigu, et prennent en se développant la forme d’un cone
plus ou moins allongé, a base circulaire, quelquefois
subtriangulaire. Une grande partie de la coquille est rem—
plie par des cloisons minces, transverses, simples, concaves
divisé par le milieu,
antinn|
A
Fie. 1166.
Orthocére régulier
hy
en avant et percées @un trou pour un siphon. Quelques-unes de ces coquilles sont
lisses, les autres ont des stries ou des cétes transverses.
Les Orthocéres se rencontrent dans les terrains jurassiques et ceux de transition ;
on ena trouvé qui devaient avoir plus d'un metre de longueur.
DEUXIEME FAMILLE,
KO ee.
Les coquilles de cette famille sont spirales, arquées ou droites, a cloison décou-
pées, anguleuses ou digitées, divisées sur leurs bords en lobes profonds. Le siphon
est marginal, et les lignes d’accroissement sont concaves en avant.
1c GENRE. Couiatite. Goniatites, de Haan.
(Tova, angle.)
Animal inconnu. Coquille discoide, réguliére, symétrique, a tours nombreux et
embrassants ; cloisons transverses, profondément :
sinueuses, 4 inflexion symétrique, simple; un
lobe dorsal saillant; siphon dorsal.
Les Goniatites ont des rapports de forme avec
les Clymeénes et les Ammonites. Le dernier tour
recouvrant tous les autres, il existe 4 peine un
petit ombilic: les sinuosités profondes que pré-
sentent les cloisons sont simples et non dentelées,
disposition qui rapproche ces coquilles des Cly-
meénes; mais le lobe dorsal de ces dernieres est simple, et Je siphon est ventral,
tandis que dans les Goniatites le méme lobe est saillant et le siphon dorsal.
Ces coquilles appartiennent aux couches les plus inférieures, et les modifications
de ce type vers celui des Ammonites, comme le fait observer M. Deshayes, se
montrent dans des terrains plus récents, de sorte que lon voit les Ammonites
succéder aux Goniatiles par une série de modifications qui se manifestent a la fois
dans lespace et dans le temps.
Fic. 1167. Goniatite de Honinghauss.
HISTOIRE NATURELLE. 351
2° GENRE. Chyinene. Clymenia, Munster,
(Nom mythologique.) ;
Animal inconnu. Coquille discoide, le plus souvent ombiliquée, 4 cloisons sim-
ples, onduleuses sur Jes cétés, une ou deux ondulations
plus ou moins profondes; siphon ventral; derniére loge
grande, pouvant contenir l’animal.
_ Le genre Clyméne a été établi aux dépens des Nautiles;
_ les coquilles qui le composent sont le plus souvent ombili-
_ quées; Jes cloisons présentent sur les cétés, et d'une ma- Sa eo
_niere symétrique, une inflexion plus ou moins profonde, Fic. 1168. Clyméne ondulense.
502 HISTOIRE NATURELLE.
que lon peut comparer 4 lun des lobes des cloisons des Ammonites, mais elles sont
sans découpures. Le siphon est ventral, tandis que dans les Ammonites il est
central.
Les Clyménes appartiennent aux terrains de transition de / Allemagne ; on en
trouve aussi quelques especes aux environs de Paris, de Dax et de Bordeaux.
= rT ~ H 2 5
o° GENRE. ollouaieniher Ammonites, Lamarck.
(Avu.ov, Jupiter-Ammon.)
Coquille discoide, & spire enroulée sur Je méme plan, a tours contigus et a pa-
rois internes, articulées par des sutures sinueuses. Cloisons transverses, lobées et
découpées dans leur contour,
sans siphon dans leur disque,
mais percées par une sorte de
tube marginal.
Les Ammonites, connues vul-
gairement sous le nom de Cor=
nes d’ Ammon, @ cause de leur
ressemblance avec les cornes
dun béher, constituent un
Fic. 1170. Ammonite de Devéria.
genre fort nombrenx en espeéces et fort intéressant pour la géologie. On ne les
trouve plus qu’a Pétat fossile dans les couches calcaires ou schisteuses, ot elles
sont en trés-grande quantité. Ces coquilles ont une forme circulaire ; elles sont
comprimées sur les cotés. Les tours qui les composent se touchent sans s’enve-
lopper; leur cavité est partagée en une multitude de loges par des cloisons
transverses dont les bords sont profondément découpés et sinueux. Les cloisons sont
percées dun tube placé pres de Ja carene dorsale. Tout fait présumer que les ani-
maux des Ammonites avaient la plus grande analogie avec ceux des Nautiles.
On connait beaucoup d’espéces d Ammonites, et dans ces derniers temps M. d’Or-
bigny en a considérablement augmenté le nombre. Quelques especes offrent une
singularité remarquable : les levres de Pouverture sont quelquefois munies d'un
HISTOIRE NATURELLE. 333
bourrelet épais et réfléchi en dehors ; ou bien elles présentent, de chaque cété, une
languette allongée en pointe ou digitée, et parfois un
troisitme appendice qui part du milieu des deux languet-
tes et se replie sur entrée de la bouche. Les Ammonites
arrivent quelquefois & un tres-grand développement, et
si beaucoup d’espéces offrent des dimensions moyennes et
méme petites, il en est dont le diamétre est quelquefois
de plus d'un pied.
Fie. 4171. Ammonite Jason.
4° GENRE. Co saa Crioceras, Léveillé.
(Kees, bélier ; xega5, corne.)
Animal inconnu. Coquille discoide, réguliere, a tours plus ou moins nombreux,
arrondis ou ovalaires, toujours disjoints; cloisons
transyerses, lobées , ayant les bords profondément
découpés; siphon dorsal.
Les Criocéres se distinguent des Ammonites par
leurs tours de spire disjoints , et des Ancylocéres
par la courbure réguliére et spirale de toute léten-
due de ces tours, qui sont comprimés lJatéralement ;
ouverture est ovalaire. On ne connait encore qu'un
petit nombre d’especes des couches inférieures de la
formation crétacée.
Fic. 1172. Criocére de Puzos.
5° GENRE. ‘Co aoceve. T oxoceras, dOrbigny.
(Tc€cv, arc; xzoas, corne.)
Animal inconnu. Coquille conique, subcylindracée ou
comprimée, symétrique, trés-allongée, plus ou moins ar-
quée, mais ne formant jamais la spirale; cloisons trans—
verses, profondément sinueuses et présentant six lobes
inégaux, foliacés sur leurs bords; siphon dorsal.
Le genre Toxocere a été étabh par M. d’Orbigny pour
des coquilles qu’on confondrait avec les Baculites si elles
n’étaient plus ou moins courbées dans leur longueur. Le
siphon se trouve toujours du cété de la convexilé. Les
especes de ce genre appartiennent aux terrains néoco-
miens.
Fic. 1175. Toxocére d’Emeric.
HISTOIRE NATURELLE.
Oo!
ol
=
6¢ GENRE. cloueylocere. Ancyloceras, @Orbigny.
(Aysures, crochu; xegx¢, corne.)
Animal inconnu. Coquille commengant par une
spire a tours disjoints, se prolongeant ensuite en une
ligne droite ou médiocrement arquée, et se terminant
par un coude opposé a la spire; cloisons transverses,
découpées en six lobes symétriques, dont les bords
sont profondément foliacés ; siphon dorsal.
Les.Ancyloceres ont de grands rapports avec les Ha-
mites, dont ils se distinguent par la forme constamment
spirale de Pextrémité postéricure. Le dernier tour s’6-
tend loin de la spire en ligne droite ou tres-légerement
courbée, et se termine par un retour vers la spire.
L’ouverture est arrondie ou ovalaire. Les Ancyloceres
prennent souvent un développement tres-considérable ;
on les trouve dans les couches du terrain néocomien.
Les especes décrites en Angleterre appartiennent aux
eres verts.
Fic. 1174. Ancylocére de Mathéron.
A
7¢ GENRE. Acaphite. Scaphites, Parkinson.
(Scapha, chaloupe.)
Animal inconnu. Coquille symétrique, ovalaire, com-
mencant par une spirale a tours conjoints, plus ou
moins embrassants ; Je dernier tour détaché de Ja spire,
se portant en avant et se courbant pour se terminer
par une ouverture opposée a la spire. Cloisons trans—
verses, découpées en lobes symétriques, et dont les
bords sont divisés en folioles. Siphon dorsal.
Les coquillesde ce genre, dit M. Defrance, paraissent
ne différer des Ammonites que par leur ouverture, qui,
a partir de Jaderniére cloison, s’élargit et se prolonge
@abord en ligne presque droite, ensuite se recourbe
pour se diriger vers la spire, qui est composée de quatre
4 cing tours garnis de cloisons sinueuses, lobées et dé-
coupées. Les Scaphites appartiennent aux terrains cré-
aa tacés; on les rencontre depuis les couches inférieures
Fie. 1175, Scaphite d’tvan. du terrain néocomien jusque dans la craie chloritée, ou
elles sont abondantes. On n’en connait encore qu'un petit nombre d’especes.
HISTOIRE NATURELLE.
Cl
oO
(S14
8° GENRE. 4, aunite. Hamites, Parkinson.
(Hamus, hamecon.)
Animal inconnu. Coquille conique, symétrique, en spirale elliptique, dont les
tours peu nombreux sont largement disjoints ; cloisons transverses, 4 six lobes symé-
triques, profondément découpés sur les bords; siphon dorsal.
Fic. 4176. Hamile atténuée,
Le genre Hamite se compose de coquilles courbées plusieurs fois dans leur lon-
gueur et conservant des parties droites ou presque droites entre leurs courbures ;
elles sont comprimées latéralement.
Les coquilles assez nombreuses de ce genre appartiennent aux terrains crétacés.
9° GENRE. Dr ycbocere. Ptychoceras, V@Orbigny.
(Urucow, je double ; xeoa:, corne.)
Animal inconnu, Coquille conique, cylindracée ou comprimée, tres-allongée,
composée de deux parties droites, coudées 4 un certain point de leur longueur, et
Fic. 1177. Ptychocére d’Emeric,
soudées entre elles; cloisons transverses, profondément sinueuses, en six lobes sy-
métriques découpés sur leurs bords ; siphon dorsal.
Ce genre comprend des espéces bien singuliéres et bien remarquables. Le som-
met des Ptychoceéres n’est jamais spiral ; il est trés-aigu et grossit lentement. A une
certaine période de son développement, Ja coquille fait brusquement un coude et
continue a croitre en se soudant 4 la premiere partie formée. Ces coquilles appar-
tiennent aux terrains néocomiens des Alpes.
10° GENRE. Wo nculite: Baculites, Lamarck.
(Baculus, baguette.)
Coquille droite, cylindrique ou comprimée, conique, a parois articulées par des
396 HISTOIRE NATURELLE.
sutures sinueuses. Cloisons peu distantes, perforées, découpées dans leur contour,
la derniére trés-grande et engainante ; siphon mar-
ginal.
Longtemps on ne connutces coquilles singuheres
que par leur moule intérieur, et l'on croyait que
leurs cloisons étaient imperforées. Quelques auteurs
appelaient ces coquilles Vertébres fossiles, a cawwse
de leurs sutures sinueuses, et les regardaient comme
des pierres formées ou moulées dans des cellules
d’Ammonites. Ges sutures, ou articulations des Ba-
culites, sont treés-remarquables ; elles sont profon-
dément découpées et forment, par leur réunion,
un engrenage qui suffit pour retenir toutes les par-
ties souvent mobiles de la coquille, qui présente
une longueur qu’on peut évaluer, pour certains
exemplaires, a pres d’un metre.
Si les Baculites n’étaient, comme le test des Spi-
rules, qu'une coquille interne, on devrait supposer
aux animaux qui les contenaient des dimensions
beaucoup plus grandes encore. Les premieres es-
peces de ce genre ont été trouvées dans la mon-
tagne de Saint-Pierre de Maéstricht; depuis, on en
a rencontré d’autres dans le département de la
Manche, aux environs d’Aix-la-Chapelle et de Vé-
rone.
i1¢ GENRE. Do vce Mocere. Phragmoceras,
Broderip.
(Doayus, cloison; xea3, corne.)
—
a
ie
Ee
Animal inconnu. Coquille comprimée latérale-
ment, conique, réguhérement arquée dans sa lon-
gueur, mais non en spirale; cloisons transverses,
simples, percées d'un tres-grand siphon subventral ;
derniére loge grande, engainante, terminée par
une ouverture longitudinale, contractée, en fente,
dont lextrémité postérieure est dilatée en un large
Fic. 1178. Fig, 1179. sinus plus petit, subcirculaire, et formant une sorte
Beale ge Ele. adewtubesenvavant’ |
Les Phragmoceres sont des coquilles d'une assez grande dimension, comprimées
latéralement et présentant une coupe transverse, ovalaire, plus ou moins allongée.
Elles sont en cone court, courbées dans leur Jongueur, mais ne se terminent point
en spirale au sommet. Les cloisons sont nombreuses, transverses, rapprochées ; la
SOUL
et
HISTOIRE NATURELLE. 307
derniére est grande et terminée par une ouverture en
fente trés-troite au milieu, par le rapprochement
de deux lévres qui prennent une forme arquée et
presque demi-circulaire. A son bord dorsal, Pouver—
ture présente une dilatation transverse, et lextrémité
antérieure est rétrécie en un bec saillant, de forme
circulaire. Le siphon est toujours ventral. Ces coquilles
appartiennent aux terrains siluriens de l’Angleterre et
de Allemagne.
Fie. 1180. Phragmocére ventru.
41e GENRE. Guvaite. Turrilites, Denys de Montfort.
(Turris, tour; :6c¢, pierre.)
Coquille en spirale, turriculée, multiloculaire, a
tours contigus et tous apparents, et a parois articulées
par des sutures sinueuses. Cloisons transverses, lobées
et découpées dans leur contour; ouverture arrondie.
Animal inconnu.
Les Turrilites sont des coquilles fossiles des couches
inférieures de la craie; elles ont le test trés-mince, et
quelques exemplaires permettent de distinguer encore
les traces d’une tres-belle nacre. Elles sont ombiliquées
dans toute leur longueur et ont l’ouverture a gauche.
Le siphon est marginal.
Les Turrilites sont des Ammonites a spire verticale,
dit M. Deshayes, comme Jes Baculites sont des Am-
monites droites.
Fic. 1181. Turrilite tuberculeuse.
: >) ok
12° GENRE. afour shocere. Gomphoceras, Munster.
(Ccy.gos, coin, cheville; x23, corne.)
‘
Animal inconnu. Coquille droite, courte, conique, s
largissant en avant en une derniere loge ovoide, subfusi-
forme, pouvant contenir l’animal, et terminée au centre
_ par une ouverture triangulaire, rétrécie par trois lobes du
bord; cloisons transverses, nombreuses, simples, percées
dun siphon petit, subyentral.
Les Gomphoceres sont des coquilles de moyenne dimen- Psa a
sion, commencant par un cone cloisonné, réguher, qui — Gomphocere subfusiforme.
.
é-
I. 43
538 HISTOIRE NATURELLE.
bientét se dilate en une poche ovoide ou subfusiforme, au fond de laquelle se trou-
vent quelques cloisons plus grandes que les premitres et percées d’un trou pour
un siphon. L’ouverture antérieure est trigone, rétrécie, & bords simples et ren—
versés audehors. Les Gomphoceres n’ont été trouvés jusqu’ici que dans les terrains
de l’Eifel.
1 (Ve ‘ 5 .
13° GENRE. A idlivocere. Helicoceras, d’Orbigny.
(xg, hélice; xegas, corne.)
Animal inconnu. Coquille turbinoide, composée d’un petit nombre de tours de
spire disjoints et fortement écartés ; cloisons transverses, obliques, profondément
sinueuses et découpées sur leurs bords ; siphon dorsal.
Fic. 1185. Helicocére gracieux. Fic. 1184.
Les Hélicocéres, & premiére vue, se distinguent des Criocéres par Ja forme turbi-
noide de la spire, quis’éleve au-dessus du plan du plus grand tour, donne a ces co-
quilles un aspect scalariforme, et les rapproche un peu des Turrilites.
OSS ees
CIRRHIPEDES
TUNICIERS.
CIRRHIPEDES.
Le nom de Cirrhipédes a été donné aux animaux de cette classe 4 cause de leurs
pieds barbus ou cirrhes ; et les caractéres généraux qui les distinguent se résument
ainsi: animaux mous, sans téte, sans yeux; corps non articulé, muni d’un man-
teau et de pieds ou cirrhes comme cornés, plus ou moins nombreux, antennifor—
mes, multi-articulés et disposés sur deux rangs ; bouche a machoires transversales ;
branchies externes, mais cachées; moelle allongée, formée de ganglions ; un cceur
et des vaisseaux ; corps couvert en tout ou en partie d’un test composé de plusieurs
pieces ou valves inégales, mobiles ou soudées, mais non réunies par des charnié—
res; ils sont sessiles ou sans pédoncules, ou bien supportés par un pédoncule con-
tractile, flexible et plus ou moins développé.
Les avis sont partagés sur la place que doivent occuper Jes animaux de cette
classe (10° classe des Invertébrés de Lamarck), En effet, ils semblent étre voisins
des Annélides, des Crustacés et des Mollusques, car ils présentent des caractéres gé-
néraux propres a ces trois classes, et des caracteres particuliers qui les en éloignent
assez pour former un groupe de transition entre chacune d’elles.
Par l’organisation de lestomac et du canal intestinal, ils se rapprochent des An-
nélides; leurs cirrhes ou pieds articulés leur donnent de grands rapports avec les
Crustacés ; enfin le manteau et le test calcaire dont ils sont couverts , en tout ou en
partie, paraissent leur donner beaucoup d’analogie avec les Mollusques. Cependant,
dit Lamarck, des animaux qui ont une moelle longitudinale noueuse, des pieds ou
cirrhes articulés, une peau cornée et plusieurs paires de machoires qui se meu-
vent transversalement, ne sont assurément pas des Mollusques. Des animaux dont
le corps est, a l’extérieur, enveloppé d’un manteau en forme de tunique, sans offrir
d’anneaux transverses ni de faisceaux de soies, ne sauraient étre des Annélides.
Enfin, des animaux qui n’ont point de téte, point d’yeux, et dont le corps, muni
d’un manteau, se trouve enfermé dans une véritable coquille, ne peuvent étre non
plus des Crustacés. Si maintenant l’on considére Jes caracteres que fournissent les
plus importants de leurs organes, on trouvera sans contredit que-c’est des Crustacés
542 HISTOIRE NATURELLE.
que les Cirrhipedes se rapprochent le plus, car ils en ont le systeme nerveux ; ils
ont méme des machoires analogues 4 celles des Crustacés, et leurs bras ou pieds
tentaculaires semblent tenir des antennes des Astaciens; ce sont aussi des filets
sétacés, 4 peau cornée, partagés en une multitude d’articulations.
Les Cirrhipedes complétent et terminent la grande division des animaux articu-
lés. Si Jeur corps n’offre plus d’articulations ni de peau solide, leurs bras en pré-
sentent encore, et c'est uniquement parmi les animaux articulés que l’on trouve
une moelle longitudinale ganglhionnée dans toute sa longueur. Cette conclusion du
célebre auteur de |’Histoire des animaux sans verlébres se trouve confirmée par les
découvertes récentes.
On ne connait quimparfaitement la plupart des Cirrhipedes, quoique leur nom-
bre soit assez considérable. Lamarck divise aussi les Cirrhipedes en deux ordres : le
premier comprenant les genres Tubicinelle, Coronule, Balane, Acaste, Pyrgome et
Creusie; le second, les genres Anatife, Pouce-Pied, Cinéras et Otion. Les auteurs
anglais et américains, par suite de nouvelles découvertes, ont étabh un plus grand
nombre de genres que nous croyons devoir faire connaitre; mais nous pensons
qu'une étude plus complete de ces animaux nécessitera de nombreuses modifica-
tions dans la distribution de ces genres, qui ne présentent pas, quant 4 présent, de
différences caractéristiques suftisantes pour des étres dont le-développement dépend
de circonstances locales qui peuvent altérer leur forme, la plupart des Cirrhipedes
vivant sur des corps ou dans des corps plus ou moins durs qui génent leur accrois—
sement; et il ne serait pas étonnant de voir quelques especes modifiées quant a la
dimension des lames qui les composent ou quant a leur forme générale.
On a divisé les Cirrhipedes en deux ordres, pour séparer ceux qui sont sessiles,
immobiles ou sans pédoncule et adhérents immédiatement a d'autres corps, de
ceux qui sont pédonculés et peuvent exécuter quelques mouvements & Vaide de
leur pédoncule flexible.
PREMIER ORDRE.—CIRRHIPEDES SESSILES.
Animaux enfermés dans un test composé de plusieurs parties, et fixés par la base
sur des corps marins. Bouche située 4 la partie supérieure du corps; opercule qua-
drivalve ou bivalve.
PREMIERE FAMILLE. A
CZ lve Z
Lee: CA.
Opercule quadrivalve. La base adhérente formée par une membrane que fournit
Vanimal. Test comme osseux.
HISTOIRE NATURELLE. 343
1° GENRE. Cisbrcinalle: Tubicinella, Lamarck.
(Tubus, tube, petit tube.)
Animal mou, enfermé dans un test et présentant un assez grand nombre de bras
petits, sétacés, cirrheux et inégaux, faisant, a volonté, saillie au-dessus de louver-
ture supérieure. Test tubuleux, cylindrique, formé de quatre parties faiblement
soudées entre elles, entouré de bourrelets en an-
neaux, tronqué aux deux bouts, ouvert au sommet,
adhérent par sa base a la peau de certains ani-
maux marins. Opercule composé de quatre pieces
obtuses, mobiles, situées & ouverture.
Si lon pouvaitapprécier le temps que met l’animal
pour former un de ses bourrelets, on pourrait en
quelque sorte reconnaitre son age; car chacun
des bourrelets a successivement constitué le bord
de ouverture, et ils indiguent les divers accrois-
sements de l’animal.
Les Tubicinelles vivent ordinairement en grou- Nils
pes nombreux sur les baleines; elles s’enfoncent — Fie. 1185. Tubicinelle des baleines.
dans la peau des Cétacés, et ne laissent voir quelquefois que Vorifice supérieur.
La couleur du test est d’un jaune fauve, sa texture est plutét osseuse et differe
de celle des coquilles. La seule espeéce de ce genre est la Tubicinelle des baleines.
2° GENRE. Cae Coronula, Lamarck.
(Corona, couronne, diadéme.)
Animal semblable au précédent, mais enfermé dans un test suborbiculaire, co-
noide, adhérent par sa base, tronqué aux extrémités, formé de six pieces assez
solidement soudées entre elles, creusées intérieurement de cellules rayonnantes, et
Fic. 1186. Coronule diadéme. Fic. 1487. Coronule touffue.
présentant plusieurs hourrelets longitudinaux au point de réunion des pieces ; oper-
cule composé de quatre pieces obtuses, mobiles, situées & l’ouverture, qui est régu-
liere et légerement hexagone.
Dans les Coronules, nous ne remarquons plus les bourrelets circulaires qui indi-
quent les divers accroissements des Tubicinelles, mais des séries de bourrelets lon—
344 HISTOIRE NATURELLE.
citudinaux , serrés les uns contre les autres au point de réumion des pieces, Les
Coronules sont plus larges : ouverture supérieure, plus développée, mest pas seu-
lement fermée par les valves operculaires, trop petites pour la remplir, mais en—
core par une membrane mince qui tient au pourtour et soutient les valves opercu-
laires qui sont au centre.
Le test des Coronules est divisé &Vintérieur par un grand nombre de petites
lames formant des cellules fort remarquables , tapissées par le prolongement du
manteau. De la méme couleur que les Tubicinelles, et adhérentes comme elles par
leur base, les Coronules sont plus solides, plus épaisses : aussi s’enfoucent-elles moins
dans la peau des animaux marins sur lesquels elles se fixent. On en trouve sur les
Baleines, sur un grand nombre de Cétacés et ‘quelques Tortues. Les Tubicinelles et
Jes Coronules paraissent étre des parasites peu incommodes pour ces animaux : on les
confond généralement sousle nom de Pou de Baleine. Onne connait que peu d’espéces
du dernier genre. Celles que nous figurons sont Ja Coronule diadéme et la Coronule
touffue.
5° GENRE. Cbibancte, Chthamalus, Ranzani.
(Etymologie inconnue.)
Ce genre, adopté par M. de Blainville, se compose des espéces dont la base est
3 membraneuse et dont Je tube offre a Pextérieur des aires
saillantes presque inégales, et a son ouverture tétragonale ;
dont la lame interne est trés-courte, et dont lopercule,
Fic, 1188. Chthamale de Ranzani. composé de quatre valves, est & peine pyramidal.
DEUXIEME FAMILLE.
SL Pn
x
On a donné en général a ces coquilles le nom de Glands de mer, a cause de la
ressemblance un peu forcée qu’on leur trouve avec le fruit du chéne ; et celui de
Tulipes de mer, a cause de la disposition de leurs couleurs.
Les Balanes ne choisissent pas particuliérement les animaux vivants pour sy
fixer ; tous les corps sous-marins leur sont bons. On en trouve sur les rochers, les
vieilles coquilles, les plantes marines, le bois submergé, les crustacés, etc. Ils adhe-
rent par leur base, qui n’est plus membraneuse comme celle des Tubicinelles ou
des Coronules, mais bien testacée.
Les Balanes ont des formes irréguheres qui dépendent de celles des corps aux-
quels ils sont fixés, et des obstacles que rencontre leur développement. Ils forment
souvent des cénes allongés, mais le plus ordinairement ils sont réguliegrement coni-
ques. La partie supérieure du cone est plus ou moins évasée et se trouve formée
par deux ou quatre valves operculaires dont les pieces mobiles s’ouvrent a la vo-
lonté de animal pour laisser passer les cirrhes. Ces valves sont liées assez solide—
HISTOIRE NATURELLE. 545
ment & la coquille, soit pres de sa base interne, soit vers le milieu des parois. On
remarque dans les Balanes une lame testacée, en grande partie libre, qui tapisse la
portion supérieure et interne du céne, et ne descend pas jusqu’a sa base.
Le test des Balanes est comme poreux, et il parait probable qu’aucune partie du
manteau ne pénétre dans les petites excavations qu'il présente. Le développement
en hauteur est indiqué sur le test par des stries transverses placées dans les inter-
stices des rayons, et celui en Jargeur par les divers diamétres de la lame du fond.
Les Balanes forment quatre divisions distinctes : lesdeux premieres se composent
des genres Balane et Acaste, tous deux a opercule quadrivalve, et différant entre eux
par lalame du fond, qui, dans Jes Acastes, est tres-concave ou en forme de cone ren-
yersé. Ces derniers ne se fixent pas sur les corps durs, mais s’établissent particuliere—
ment sur les éponges. Les deux autres divisions, genres Creusie et Pyrgome, ont un
opercule bivalve qui les distingue suffisamment des deux premiers, et ils different
entre eux par divers caractéres. Les Creusies sont composées de quatre pieces dis—
tinctes par leur suture ; les Pyrgomes semblent n’étre formés que dune seule piece :
ils sont subglobuleux, et Pintérieur est sillonné longitudinalement. La partie su-
périeure de la coquille est convexe et circonscrite par.un bord crénelé ; ouverture
placée au centre est tres-petite et arrondie. On a proposé un grand nombre de gen-
res intermédiaires, basés sur des caracteéres le plus souvent si peu importants qu'il
serait facile, en suivant Ja méme marche, de faire autant de genres qu’il y a d’es—
peces. Cette multiplicité des genres décourage ceux qui débutent, et ne sert qu’a
jeter la confusion dans l’esprit de ceux qui, plus avancés dans l’étude, trouvent la
-méme espéce décrite sous plusieurs noms, et ne savent plus auquel ils doivent
donner la préférence. La difficulté augmente encore par l’exiguité et Virrégularité
des especes , qu il est bien rare d’obtenir dans un état parfait et sans qu’il man-
que quelque partic. Notre intention , d’ailleurs , n'est pas d’entrer dans des détails
qui exigeraient une étude spéciale, & laquelle il sera toujours facile de se livrer en
consultant Jes auteurs et les grandes collections.
S Opercule poedsiualve.
Base ou troncature inférieure formée en partie par le prolongement des pieces
de Ja coquille et par une lame testacée adhérente.
é ) se
4° GENRE. oat aive: Balanus, Bruguieres.
(Balanus, gland.)
Animal enfermé dans un test calcaire: Bras nombreux sur deux rangs, inégaux ,
articulés, ciliés, et composés chacun de deux cirrhes, divisions d’une méme tige ;
quatre machoires transverses, dentées, a la bouche, qui ne fait pas saillie, et quatre
appendices velus en forme de palpes. Coquille conique irréguliere, composée de sx
I. 4A
546 HISTOIRE NATURELLE,
piéces calcaires fortement soudées entre elles , se prolongeant intérieurement sur
la base adhérente, qui se compose dune lame caleaire et aplatie. Ouverture |
Fie. 1189. Balane tulipe. Fig. 1190. Animal du Balane.
subtrigone ou elliptique. Opercule composé de quatre pieces symétriques, par
fe) Pp ’
paires, mobiles, insérées pres du bord interne et supérieur, quelquefois au-dessous
de ce bord; adhérent aux corps durs. :
i
9° GENRE. Xcaste. Acasta, Leach.
(Etymologie douteuse.)
Animal inconnu, mais probablement trés-
voisin des Balanes. Coquille ovale, subco-
nique, composée de six pieces inégales, réu-
nies faiblement, se terminant a la base par
une Jame concave a lintérieur, légerement
soudée ala partie inférieure des pieces, et
convexe extérieurement. Ouverture treés-irré-
culiere fixée 4 des corps mous, aux Eponges.
Fig. 1491. Acaste de Montagu. Fie. 1192.
5° GENRE. Oe teco. Octomeris, Sowerby.
(Ozz0, huit; veces, partie.)
Ce genre, proposé par M. Sowerby, com-
prend les Balanides, dont le test est com-
posé de huit valves inégales, et dont Poper—
cule est quadrivalve.
Fic. 1195, Octomére anguleux,
o
=
=I
HISTOIRE NATURELLE.
5 ) :
4° GENRE. Catophrag ine. Catophragme , Sowerby.
od
(Kato, dessous; goeyu.0s, cloison.)
Ce genre du méme auteur differe du pré-
cédent par la présence de petites piéces tes-
‘tacées supplémentaires, disposées par ran—
gées transversales, et dont le nombre parait
augmenter avec lage.
Fic. 1194. Catophragme imbriqué. Fre. 1195.
5¢ GENRE. Coaio. Conia, Lamarck.
Genre proposé pour les Balanes dont le
test, composé de quatre pieces , est comme
poreux. Base formée par une plaque écail—
leuse ; opercule quadrivalve.
i rhb
Fie. 1196. Conie poreuse. Fig. 1197.
My «+ She:
6° GENRE. Clintuste. Elminius, Leach.
(Eduave, ver.)
Balane composé de quatre pieces inégales, formant un
cone quadrangulaire. Ouverture large, subquadrangulaire,
irréguliére ; opercule quadrivalve.
Fie. 1198 Elminie de Leach.
7° GENRE. Couolepe. Conolepas, Say.
(Conus, cone; lepas, coquille.)
Balane composé de six valves éten-
dues, distinctes, tronquées, par paires:
une paire ventrale, une paire dorsale
et une latérale. Les paires latérale et
ventrale sont étroites ; Yopercule est
conique, pointu, quadrivalve. Fic. 1199.Conolépe maculé. Fic. 1200. Conolépe de Say.
8° GENRE. oedsta. Adna, Leach.
(Diminutif de adnectere, attacher.)
Balane composé d’une piece conique supportée par une
autre piéce, conique aussi, et non enchassée dans Jes corps
sur lesquels il se fixe. Opercule quadrivalve.
Fie, 1201. Adna anglaise.
348 HISTOIRE NATURELLE.
Se GENRE. Coane. Creusia, Lamarck.
(Crea, cayité.)
Animal subglobuleux, ayant trois ou qua-
ire paires de bras tentaculiformes. Bouche
sans saillie, située a la partie supérieure.
Coquille orbiculaire, convexe, conique, com-
posée de quatre pieces inégales, soudées, mais
distinctes par leur suture. Opercule composé
de deux valves? de quatre suivant M. Gray.
Fig. 1202. Crensie en groupe. ‘Fie. 1205.
fe)
10° GENRE. & Ycqoure. Pyrgoma, Leach.
Oe
(Pyrgus, forteresse.)
Animal inconnu. Coquille subglo-
buleuse, ventrue, convexe en des-
sus, percée au sommet par une petite
ouverture elliptique, enchassée dans
les polypes pierreux, dont la sub-
stance méme la couvre et quelque-
fois en change l’aspect. Opercule
composé de deux valves.
Fic. 1204. Pyrgome radié. Fic. 1205, Pyrgome cancelle.
11¢ GENRE. Chitie. Clitia, Savigny.
‘ (Kio1x, tente.)
Voisin des Pyrgomes. Coquille subconique, com-
primée, composée de quatre pieces inégales, deux
larges et deux étroites. Opercule bivalve.
: C ): ee
12° GENRE. IE obve. Nobia, Leach.
(Etymologie inconnue.)
Voisin des Creusies. Coquille composée d'une
piece conique supportée par une autre piece con
que aussi, mais renversée et enchassée dans les
madrépores. Opercule bivalve.
Fic. 1207. Nobiestriec. Fic, 1208. Nobie grande.
c
HISTOIRE NATURELLE. 549
15° GENRE. alloegateene. Megatrema, Leach.
(Meyas, grand ; tovy.0., trou.)
Voisin des Pyrgomes, et n’en différant que par une plus
large ouverture.
Fic. 1209. Mégatreme semicostule.
14° GENRE. Qacacre. Daracia, Gray.
(De l'anglais dare, défi.)
Genre proposé pour une espéce de Pyrgome remarquable par lirrégularité de sa
forme. La Daracie est adhérente a
une espéce de polypier formé de pe-
tits mamelons entre lesquels elle s’en-
chasse, et qui l’entourent en dépas-
sant sa surface. Ouverture large et {
complétement fermée par un oper-
cule bivalve.
DEUXIEME ORDRE. — CIRRHIPEDES PEDONCULES.
-
Animaux enfermés dans une coquille multivalve , dans quelques cas rudimen-
taire, composée d’un plus ou moins grand nombre de pieces latérales symétriques,
par paires, et d'une dorsale impaire chez les uns, plus irréguliére et moins symé-
trique chez Jes autres. Corps soutenu par un pédicule membraneux quelquefois
assez long, et dont Ja base est fixée aux corps marins fixes ou flottants.
| 4 WWF Z
SO NAN 7,4
Via I nally) 4 Ge
0, a My '
ae Bree 24
Fie. 1210. Daracie monticole. Fie. 1212.
FAMILLE Lepuadiins.
§ Casfes cncomse linen cnuclefpe pat he mantean.
de" GENRE. cloatife. Anatifa, Lamarck.
(Anas, canard; ferre, porter.)
Animal mou. Bras tentaculaires, longs, iné-
gaux, articulés, ciliés, sortant d’un cété, sous
Fig. 1245, Animal d’Anatife. Fig. 1214. Anatife lisse. Vic. 4215.
390 HISTOIRE NATURELLE.
le sommet du corps ; bouche munie de deux paires de machoires dentées et trans-
verses, et de deux paires de tentacules en
forme de palpes. Coquille aplatie, com—
posée de cing pieces ; deux paires symé-
triques, les inférieures beaucoup plus
erandes que les supérieures, et une piece
impaire, allongée , étroite, courbée et
placée sur le bord dorsal. Ces pieces sont
réunies par une membrane interne, et
Fie. 1216. Anatife lisse. Fic. 1217. Anatife dentelé.
forment un triangle supporté asa base par un pédicule tubuleux, lisse, membra-
neux, flexible, contractile 4 Ja volonté de lanimal, et fixé lui-méme par lPextré-
mité opposée a divers corps submergés.
:
2° GENRE. Scalpel. Scalpellum, Leach.
(Scalpellum, scalpel.)
Anatife de forme quadrangulaire, aigu au sommet. Six
paires de piéces symétriques et une pidce impaire dorsale.
Des valves paires: deux sont terminales, deux ventrales et
huit latérales. Pédoncule écailleux.
Fic. 1218. Scalpel oblique.
A
ies 2 “()e BS
5° GENRE. rmnltitneny Smilium, Leach.
(Suu, lancette.)
Anatife de forme quadrangulaire, aigu au sommet. Treize
valves, dont dix latérales, subtriangulaires ; deux dorsales
linéaires, courbées, et une antérieure. Pédoncule lisse.
Fic. 1219. Smilium de Sicile.
%
—
HISTOIRE NATURELLE. 501
4° GENRE. OS re Octalasmis, Gray.
(Oxz9, huit; <Axoux, lame.)
Anatife & huit valves; trois paires latérales, une valve
dorsale étroite et ovalaire, et une ventrale linéaire.
Fic. 1220. Octalasme de Gray.
5° GENRE. potent): Pollicipes, Leach.
(Pollex, pouce; pes, pied.)
Animal a peu pres semblable & celui des Anatifes. Co-
quille composée d’un plus ou moins grand nombre de pieces
-irréguliéres quant leur forme et a la place qu’elles occu-
pent. Ces valves sont presque contigués, les inférieures
étant les plus petites. Pédicule plus ou moins long, assez
gros, chagriné, écailleux.
Fic. 1221. Pouce-pied rouge.
: a
6° GENRE. Libotuye Lithotrya, Sowerby.
(AvSes, pierre; zpve, je perce.)
Huit valves inégales formant un cone comprimé
latéralement ; Jes valves centrales plus petites. Pé-
—doncule long, tendineux et écailleux A lextrémité
supérieure, fixé 4 sa base par une piece testacée res—
semblant 4 une Patelle renversée.
Fig. 1222. Lithotrye dorsale. Fig. 1223.
. 7 A
7° GENRE. ol Grote: Brismeus, Leach.
(Etymologie inconnue.
(uy ro)
Sept valves squammeuses formant un corps de forme
eylindrique. Trois paires latérales et une piece dorsale uni-
que. Pédoncule inconnu.
Fic. 1224, Brismé de Leach.
352 HISTOIRE NATURELLE.
8° GENRE Coapitufunn. Capitulum, Klein.
(Capituluwm, chapiteau.)
Trente-quatre valves squammeuses réunies sur un
pied court, rétréci & sa base et couvert de petites écail-
les. Habite les mers de l’'Inde.
Fic. 1225. Capitulum couronne.
9¢ GENRE. JB. bla, Gray.
(Etymologie inconnue.)
Quatre valves: une paire postérieure allongée , et une
paire antérieure courte et triangulaire. Pédoncule cylin-
drique, atténué a sa base et velu. Des mers de la Nouvelle-
Hollande.
Fie. 1226. Ibla de Cuvier.
SS Ouifid confi Veil. cnuclififie putt e RAM, OVA ffrant
2 b .
une curectute antertiiuic, teal tudimentutee.
10° GENRE. Giger. Cineras, Leach.
(Cinereus, cendré.)
Animal allongé, aplati sur Jes cétés, pédonculé, enve-
loppé dune tunique membraneuse, transparente, ornée de
flammes de diverses couleurs, renflée supérieurement, et
ouverte antérieurement pour le passage des cirrhes ou
bras articulés, ciliés, nombreux. Pédicule court. Coquille
rudimentaire, composée de cing pieces testacées, oblongues,
distantes : deux aux eétés de ouverture, les trois autres
dorsales.
Fic. 1227. Cinéras flamhe,
HISTOIRE NATURELLE.
Ol
id
ol
lle GENRE. Ohvan Otion, Leach.
(Oztcy, petite oreille.)
Animal allongé, globuleux supérieurement, pédiculé, enveloppé d'une mem-
brane transparente d’un bleu violdtre; surmonté de deux appendices en forme
@oreilles, dirigés en arriére, tronqués et ouverts 4 leur
extrémité pour receyoir eau destinée & arroser Jes bran-
chies. Ouverture ventrale pour le passage de plusieurs bras
arliculés et ciliés. Pédoncule allongé. Coquille rudimentaire,
composée de deux valves testacées, petites, en forme de
croissant, (rés-distantes et placées pres de Pouyerture ven-
trale.
SSS WE cayuelle.
Fie, 1228, Otion de Cuvier,
12° GENRE. ololepe. Alepas; Rang.
(A privatif; Xe, coquille.)
Animal ovale, comprimé sur les cétés, falciforme, arrondi pres du pédicule. Bras
un peu courts, se recourbant a peine 4 leur extrémité,
et composés d’environ dix 4 douze articles hispides a leur
base. Coquille nulle, remplacée par une membrane d’une
seule piece, épaisse , subgélatineuse, diaphane, avec une
ouverture pour le passage des cirrhes. Pédicule court, fai-
sant suite 4 la membrane.
Les Cirrhipedes pédonculés vivent plongés dans l’eau, le pédicule fixé au bois
des navires ou 4 tout autre corps submergé. Leurs pieds ou bras articulés sortent
de la coquille et exécutent des mouvements d’extension et de flexion qui aménent
vers la bouche les petits corps marins qui ont été saisis dans cette espéce de filet
et qui doivent servir a l’alimentation, Les Anatifes sont-ils inquiets, les tentacules
I. MS
£3
O04 HISTOIRE NATURELLE.
se rassemblent et se contractent, les valves se ferment par un simple rapproche—
ment déterminé par la contraction d’un muscle transverse situé pres de ouverture
des valves, qui s’ouvrent par le seul effort que font les bras pour sortir. Le pédon-
cule est trés—contractile; il s'allonge et se préte aux diverses positions que veut
prendre animal; il se contracte quelquefois au point de Jaisser croire a l’adhé-
rence immédiate de l’Anatife. Ce pédoncule est plissé, ridé en travers et garni a
Vintérieur de fibres musculaires Jongitudinales. Sa couleur varie du fauve au brun
et au rouge. Un prolongement de l’épiderme et du manteau couvre le pédoncule
comme d'une écorce épaisse et presque cornée qui se replie 4 Pextrémité et déter—
mine Vadhérence. Cet organe n’est pas seulement destiné aux mouvements de
Vanimal, il remplit des fonctions plus importantes ; il sert de poche aux ceufs qui y
sont déposés, s’y développent, et de ld sont poussés dans le corps de animal pour
étre rejetés au dehors apres avoir été fécondés dans le trajet. De sorte que, selon
Cuvier, le méme appareil organique produit et féconde les coufs. C’est un exemple
de la génération animale réduite & sa plus simple expression.
La bouche des Anatifes se présente au centre du corps et a la base des tentacules,
sous la forme dun petit tubercule soutenu par un pédicule étroit. Cette bouche,
composée de plusieurs machoires transversales , est placée de maniére a recevoir
directement les petits corps et Peau que les bras, en se recourbant en spirale,
ameénent sur elle. L’orifice anal se trouve 4 Ja partie dorsale et 4 Ja base d'un pro-
lonyement ou trompe, qu'un auteur moderne, quis’est pariiculierement occupé des
Anatifes, considére comme destiné a la fécondation des ceufs, et que Cuvier signale
comme contenant seulement les oviductes.
L’animal est attaché a la partie antérieure des valves par plusieurs petits fais-
ceaux fibreux dont les points d’insertion se trouvent d'une part pres de ouverture
du manteau, sous le grand muscle transverse, et de l'autre s’épanouissent oblique-
ment sur toute la surface du corps. Le corps ne tient pas immédiatement au pé-
doncule, puisque, a part les faisceaux fibreux qui Punissent aux grandes valves, il
parait libre dans le reste de son étendue ; mais il y tient par ’intermédiaire du man-
teau, qui non-seulement couvre le corps, mais tapisse, en se repliant , les parois
internes des valves, et sintroduit Jusqu’au fond du pédoncule. D’autres muscles
partent du centre du corps et se distribuent aux premiers articles de tous les
cirrhes ou pieds. Enfin des muscles plus petits partent de ces premiers articles
pour se rendre jusqu’a l’extrémité des derniers.
Les branchies sont plus ou moins nombreuses, suivant les espéces; on les dis—
tingue en dehors de la base des tentacules , ot elles se présentent sous la forme de
petits prolongements charnus.
Quelques auteurs, et Poli entre autres, accordent 4 ces animaux un cceur et des
vaisseaux que n’ont pu reconnaitre complétement des anatomistes modernes, parmi
lesquels nous citerons Cuvier; mais, en compensation, ceux-ci leur reconnaissent
un systeme nerveux bien développé.
Le nombre des piéces ou valves varie beaucoup ; quelquefois elles ne sont que
radimentaires. Enfin, on voit des especes qui n’en présentent pas la moindre
trace.
L’accroissement des valves des Anatifes se fait & la surface interne et par couches,
et Pon peut suivre cet accroissement sur leurs valves comme sur celles des autres
coquilles.
HISTOIRE NATORELLE. 350
Ce n’était point assez de la difficulté que ces animaux présentent pour la classifi-
cation; les Anatifes en particulier offvent Pexemple @une transformation d’autant
plus remarquable quelle semble contraire aux lois ordinaires de la nature dans
cette série, et qui ferait croire que ces animaux, tels que nous les décrivons, doi-
yent subir encore une métamorphose, sil’acte de la reproduction, qui a leu a cet
état, nous laissait quelque doute.
M. Thompson, naturaliste irlandais, a annoncé, d’apres des observations multi—
pliées , que les Anatifes étaient bres dans le premier age, et quils avaient des
yeux ; mais qu'apreés une métamorphose ces animaux se fixaient et perdaient gra-
duellement les organes de la vision en méme temps que la faculté de locomotion; de
sorte que, contrairement ace qui se passe chez les animaux qui subissent des trans-
formations , ceux-ci seraient plus parfaits dans leur état embryonaire qu’a leur
état de complet développement.
Thompson, dit M. Milne Edwards, fit ses premiéres observations sur des Bala-
nes ; et il pense que lors de leur sortie de l’ceuf ces animaux ont le corps renfermé
dans un test bivalve, et quils ont des yeux et des pattes sétiferes. Ce naturaliste
ayant placé un certain nombre d’étres conformeés de la sorte dans un verre, avec de
Veau dans laquelle ils nageaient Jibrement, fut trs-surpris, aprés quelque temps,
de ne plus les retrouver et de voir a leur place de tres-jeunes Balanes. C'est par le
dos que Je jeune animal parail se fixer, et le point d’adhérence s’élargit @abord,
puis séleve en un cone tronqué qui se revét de six lames calcaires et qui laisse voir
a son sommet les deux valves tégumentaires primitives. Le petit Balane n’a, a cette
période de son existence , que deux articulations 4 chacune de ses six paires de
bras bifides; mais, par Jes mues successives, le nombre des articles dont ces appen-
dices se composent augmente peu a peu.
Ces expériences , faites parle méme naturaliste sur des Anatifes, des Cinéras et
des Otions, ont été suivies du méme résultat, et renouvelées depuis en Allemagne
par Burmeister :’elles ne peuvent plus laisser aucun doute.
Les Anatifes ont donné leu a une fable longtemps aceréditée. Jusqu’a la fin du
dix-septieme siecle, on crut que ces animaux se transformaient en canards ou en
oles. Nous ne pouvons manquer de citer un passage qui donnera lidée d'une sem-
blable erreur. Laissons parler Gérard Herbal :
« Nous déclarerons ce que nos yeux ont vu, ce que nos mains ont touché. Il y
« a dans le Lancashire un endroit ot: se trouvent des débris de vieux navires brisés
« ou naufragés et des trones de vieux arbres pourris qui y ont été aussi jetés parla
« mer. On remarque sur ces bois une certaine écume qui se change en coquilles
« dont la forme est celle des moules; mais elles sont plus aigués et de couleur
« banchatre; lintérieur contient quelque chose de semblable 4 une frange de soie
« finement tissée et blanche; une des extrémités est attachée a lintérieur de la
« coquille, comme le sont les animaux des huitres et des moules. L’autre extré-
« mité se transforme bientét en une masse rugueuse, qui prend avec le temps la
« forme d'un oiseau. Lorsqu’elle est développée, la coquille reste ouverte, et la
« premiere chose que lon apercoit, c’est la frange ; ensuite vient ceuf de loiseau
« qui pend en dehors, et, 4 mesure qu'il se développe, il ouvre de plus en plus la
« coquille, jusqu’a ce qwil sorte tout a fait et ne pende que par le bec. Peu de
« temps apres il arrive a sa grosseur et tombe dans la mer, oi1 il se couvre de plu-
« mes et se transforme en oiseau plus gros que le canard et moins gros que Voie.
356 HISTOIRE NATURELLE.
« Il ales pattes et le bec noirs, et le plumage noir et blanc , tacheté de la méme
( maniere que notre pie. Le peuple du Lancashire ne le distingue pas par d’autre
« nom que celui de tree-goose. Il est sicommun dans cet endroit, que lon peut
« s’en procurer un des plus gros pour trois pence. Sil’on doute de ce que je dis,
« que lon vienne 4 moi, et je satisferai les plus incrédules par le témoignage de
~
« bons témoins. »
Ce qu'il y a de vrai dans cette fable, c'est qu’effectivement les Anatifes adherent
en grand nombre aux vieux bois submergés, et que les Canards sauvages, qui sont
aussi tres-communs dans Jes mers du Nord, en font une partie de leur nourriture.
On a donc pu voir ces animaux plongés dans Ja mer et comme attachés a ces
groupes d’Anatifes, dont ils cherchaient a détacher quelques parties, et s’en éloi-
ener dés qu’ils avaient pu s’en rassasier.
TUNICIERS.,
Les Tuniciers , considérés comme des Mollusques acéphales sans coquilles par
quelques auteurs , s’éloignent assez des Acéphales ordinaires pour pouvoir en faire
une classe distincte qui formerait le passage des Mollusques aux Rayonnés. Ces ani—
maux sont couverts d'une peau membraneuse souvent tres-peu résistante ; les
formes qu ils affectent sont irréguliéres, et leurs branchies ne sont jamais divisées
en feuillets.
Cuvier établit deux familles parmi ces animaux singuliers, les Biphores et les
Agrégés. :
PREMIERE RPAMIULE, — .Sreccess Date,
4ec GENRE. Uiphore.
Ces animaux forment des espéces de cylindres ouverts aux deux bouts; leur corps
est composé de deux membranes : l’extérieure coriace, peu vivante; lintérieure plus
molle, éminemment contractile. Deux ouvertures recoivent l'eau, qui traverse le
corps de l’animal dans toute sa longueur et sert d’unique moyen de locomotion en
frappant la branchie. L’ouverture antérieure a une valvule qui retient leau; Ja
postérieure est sans valvule et donne issue au fluide. On découvre un petit ganglion
nerveux. La circulation est simple. Ces petits animaux sont d’une transparence
remarquable, et présentent au soleil les couleurs de Viris. Ils sont parfois phos-
phorescents. On en trouve un grand nombre sur les ctes de France.
Fie. 1250. Biphore longue-queue.
9¢ GENRE. oNoscidic.
Les Ascidies ont une enveloppe tres-épaisse, en forme de sac fermé de toutes
parts, excepté a deux orifices qui semblent répondre aux deux tubes de quelques
358 HISTOIRE NATURELLE.
Mollusques bivalves. Leurs branchies forment un sac au fond duquel est la bouche.
Ces animaux se fixent aux rochers et aux autres corps submergés ; ils sont privés de
toute locomotion. Leur principal signe de vie consiste dans Yabsorption et Péva-
cuation de l'eau, qu ils peuvent lancer assez loin lorsqu’on les inquiéte. Ces singu-
liers animaux ont été divisés en plusieurs genres.
Fig. 1251, Ascidie australe. Fie. 1262. Cynthie momus, Fie. 1255. Phallusie noire. Fig, 1234. Bolténie ovifére.
Fig. 1255. Clavelline boréale.
DEUMIEME FAMILLE. — .Sepevers agicged.
Ze
Cette famille comprend des animaux plus ou moins analogues aux Ascidies, mais
réunis en une masse commune, de sorte qu’ils paraissent communiquer organique-
ment ensemble, Les branchies des Agrégés forment aussi un sac au fond duquel se
trouve la bouche. On a remarqué que ces animaux vivent et nagent séparés les
uns des autres, et quils ne se réunissent qu’a une certaine époque de leur vie. La
forme de ces groupes d’animaux varie beaucoup : les uns forment des masses ar-
rondies ou ovalaires ; d’autres se réunissent de maniére A former un grand cy-
lindre creux, ouvert par un bout, fermé par autre, et qui se déplace par Jes con—
tractions et les dilatations combinées de tous les animaux qui le composent; d’au-
tres s’étendent sur les corps comme des crotites charnues. Cette famille se subdi-
vise en plusieurs genres.
Na on
Niet
\
i
Mi NA it
Fig. 1237. Bo
trylle polycycle.
Fig. 4258, Eucélie hospitaliére. Fic. 1240. Pyrosome rouy. Vig. 1259. Aplidie lobée.
BRYOZOATRES.
Si Yon réunit Jes Tuniciers aux Mollusques, il faut aussi peut-étre considérer
comme faisant partie du méme embranchement certains animaux qui sont réunis
aux Zoophytes par la plupart des auteurs. Par leur organisation, ces animaux mi-
croscopiques sé trouvent ala limite qui sépare les Mollusques des Rayonnés; leur
corps ala formed’un petit tube plus ou moins solide, allongé, et ouvert seulement a
Vextrémité supérieure pour le passage de parties contractiles d'une délicatesse
extréme, et couronnées en avant par une série de tentacules déliés, au centre
desquels se trouve la bouche. Ces petits animaux, désignés aussi sous le nom
d’Eschares et de Flustres, vivent en groupes nombreux sur les corps marins. On
trouve également dans l'eau douce des animaux d'une structure analogue, mais
entierement mous. Ces derniers sont désignés sous le nom de Cristatelles et d’Al-
cyonelles.
Fig. 1241. Aleyonelle. Fic. 1242. Plustre. Fic. 1245. Fragment de Flustre grossi. Fie. 1244. Cristatelle.
FIN.
TABLE
DES GENERALITES.
Pages Pages.
DIGITS eRe ee Bees ert GS Pere Phe TOIRETEMIPtOTespys (ee easn hs aL ee eas wae 64
Introduction a Vhistoire naturelle des Heétéromeérés. . cs sc ied et. Bhi ae)
PURUTUEPAIBBRG: 29.5 2 SCAN. goss Sge cpt os ws Suet aes Te LO OGIUInTe Suen seer asttcicr ye nena chen 77
Acaléphes........ Seta roe eee aes dim WELT COOPLCTOSson eats Gaeta he eee ete 59
AGAMEHOPLCCYCICNS..\. .aye'e «ose. lecin s+ sim AO Infusoinessy: omic ate.) anaemte o Sh cass 78
.JTAIUGS cepbtotopseceduaausonapone PIP MMSectes = ea eNt ste eos, ie 47
PETIA PPTs Ee Pee ke RAT ougatin. OOS APIAIISCCLEVORESMet aires cielo veins Ul 19
Aue ESS Soe eg eRe: AeA eee ic 3=44 I LamelliGornmeste ts)... <iiea- sioctesic falseioe 52
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4 LIS BRINE eee el eet ea 68) Lophobranchesyacr cient se ahs. seeebre 42
PEMENGEAVE SPY oars eal ees fd woe « 46 | Malacopténymiens tse. Jo... 3 dees Al
VAULAGIONS cee ats ita sik es sepsis S07 |;Mammitenespac ria ase ciucaei wee, Wali 9
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BTA ICY GreSwie.! rere ect dcr ay BOVSMin Gravis erates tertes tag alegss ois chill ares 4
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BMEMASSICLS ts ol SM oltre cS OH 6 oe 13249) | Monodelphessc seein «i100. saa eet casenoenen: 41
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GITGIGIe Seem eres fe be ea os 37 Névroptéres Bibi ah MC ear eA ccs epee aE Ang 58
Ehondroptérysiens..... 00.22.55 25-6. Hoi NOCEULMES) say. ardatetessh enna epsilon: oveveiei cle 63
MABE PEM CS are) etal bal.t ieee «dicts! Mion aieiptcle wits TAS OISCAUR Saver cicte Meceaeareysls elcpiie ie eystelesvsieraiers 28
CETICUMER 6 Sb bu7G she coe DoDCHCOD Coe SIP OnomiGulesi sss yah etl auaveusy pope! eters dereseyae 44
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MV CRIIADECECS EP ote Ne Pat cede eee lids BGHeBAlMI POM esis. Weta is is styavcia siti alopecia ayaa 35
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DIRECKES Set eee Bia a ire GBs BALASILCS) ics Wace: os, eae creroyep-pereees 66
Meera. Meas 2 ne ae tee 61 | Passereaux......... ese cece seesec eee 3t
EDLC STIS ei ele leda Ae LAER aoe 33 | PeNLAMELES a. tji0a1 swiss a2 sas sles acapets AS
Bietinodermes...- 22.0) sees as coed 76 | Pisciformes........... hehe) sisters) o. aay ete 26
OCU, oe , (eN ae Gq | Dlamtugrades. 5) 7i.varrclerstccaers/e 9 s\c/acte ee 20
TALL BAS nae ts Os ane ae 39) |UPlectogmathvest a: 4-¢ pieces) «cs sis onan 42
CALL SS ee aE ORI Ja sa Sis PE OISSONSYs yoke id stare ou xahorevaniete oetahy ee 40
RACURONE TIES Ae cre iy eienee lend ae yi FSU OD GUM Stans laa aoret ejay cvaieicr Nave «dard aera S 78
I. 46
562 TABLE.
Pages. Pages
PrOHWOSCIGIENS Hee amet dels erect 24 | Serricornes....... oe abort Oo oom aw)
Quadrumanes ..... 6.0.0 - see er eee eens I wotoy Uperyalsa5 aiSe agate boc SRS. oer 95
ING) /MUICBS 50 og gsidlodT.s6 doooUDOdcbo0 2600 5 30) | SPONGNAILES le << cise =~ «+ =) clei > ol oleiol=taiele Son)
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PRIMI IPLELES\ 2) -veel Metepans oc sii svelersieferietele SOWLELLAMELES A ae/o era tele iol cleieia) lst letekerenae 53
HVOTIGICUIES 0: oievoia1- eepeteettebeme cto iclileroielcbsieield 24 | ThysanOuress. oi. 222 ae «0 cnn elaieleintels 66
ROVAtCURS tree tes eae cio epstereoke HAD MDT ErSie «<0. tedevots okereteie akelole ch eter teenies 55
RUMINANTS 4G. |. Late tsisieie ee teeuirs 66 D3) VOLS. a6 << nisrecelesties vile vey heute pekeRORe ey Aaa 72
SENSING Go dodanBoeeobeo es bonis cauednd BASIAVOULA Raa s uCIGOBeBOOO0do> 202000006 4
SEIACIENS Bee sian eis sieasce on ctebeeeer en eh oe eek 43
TABLE DES MOLLUSQUES.
Généralités sur l’histoiredes Mollusques. 81] Des diverses couleurs et de la forme des
Mode de reproduction des Mollusques.. 94 @oquilles 7. Ye syns tees Negeri eer eels 100
Instinct des Mo]lusques........... .. 96 | De la recherche des Coquilles.......... 103
Durée de la vie des Mollusques........ 99 | Classification méthodique desMollusques. 105
Pages. Pages Pages
Acanthoteuthe........ SAS MVATIAMIECY -ies-ifetere ove ese 214 | .Galmaret..'. 0. eeemeen 322
ING AS EE re ceyee ale 's ole tetepe aelais SAG" |CAUIPTCUIE eis lec apetors «14 ete 243 | Gampulite..:... 2.80 a0 329
ACEphAlés.....:2 52. - oe AAR EAWICULE |. tues hs. c ateccrtere use 175 |-Gancellaire': .15. eer ae 274.
INGOT: Witches cle cote sce eerie 226 Capitulum™. « 3)\c)seeece 352
NON A. ae): ete cesta ave eee 347 Carditen Sask 452
Agathine:.. .... sn acca ae Ramos ee RS 395 Gandia. <i. rer 154
Alcyonelle..:. .. jester 359 Casque.s iv... dag tc 284
‘ EAE AATIO Weems) oo) s, «ieee 345 coe
Ale pene .2 Bes Sa isc SDau| ee Cassidaire: jet et aie «sc eo
Belemnmite sy eMicleryeayusie 326 i
PAMNIGC UEC sytseaicttis ce sera te 42 4 Calstaliie sty. Aired meet 158
Bélemnitelle..........- 327
AMIOMMVONITCRS.. «cf 1. ole ers 332)| 3 ; Catophragme.......... 347
a Bélemnosépiase.3 3... 2. 318
Amphidesme.......... 136 3 Céphalopode........... 6
, BGO WtCRe Ree? reverts ec odit :
Ampullacére........... DIO} || ae : Cérite...« a ceemapeysernteee O74
3 Bifhontyestirer siatesioleiers 266
Amipulllairey;.sics< ce ase eae Chenopus: Gaeperiers. ai . 280
; Biphoney recite 6: 357 cay
L\inine Basa ae Bem pe cana 349 | ostrit 198 Chiline............... 247
Atatine 20.03. fede. eee a Nala ae bales c cea 2s Chiroteuthe. | -7tp- <e 323
ae Bolténiecyaetios cee 358 |) = i
Amatinelle...2ccheremeres 130 X Chthamale .. 2s2-2755 344
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Ancillaire’:.5 2%... seer 301 Cinéras. 3). osmeee aes 252
BOtLY esa its oe cislele cies 35euipe
VANIC VLG! S yererskaeke Le ees 295 : Ginre eo. RR ee eee 264
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Ancylocére:.......t71meeees 334 Brisiaé 3B Clausilie:. \iemen eee 239
Anodonite:.</-..-ceeeeti.« 1614 EMRE es | Clavagelle. Siegert. ae 114
4 Bucardeseite eels 451 .
ANOMIC 2... one eee 193 ; Clyméne ee epee 331
Buccink Serteeiare ec lee 289 :
AMOStOMe. .. 4 Seek. 237 | pai a Clyties 7). oat see 348
ANSErING ee ee cee hs 420 ea oia< aber Colombelle.......;.... 299
aie Buller tere owe. cee 226 F
Aplidie........ NSGBAM CC 358 Bullée ORE CONIC Preis veneer eee 347
ADI SIEMEY eeule cade OO Ne a Conolépe (2s. seas 347
ADC MEI eae ace cole eccia rete 135 Conoteuthe........ S600 |. ae}
AT FONAULCH «cere oe eee 314 Gorbenlle..;. eer 142
AILLOSOMer eesti cece al Ton Gadnanbh teeced bee ss cone 205;"Goriocellie :)./2. sae 257
ASCICIO Soha citent eee. 357 |.@aleéole 28. ick are\eorseye 203 | Coronule’’..... seen 343 |
Aspereullluliiia enicecieceiere ANS |i Galle Teele races creators 319} Cranchie..... a aie iaveredings 316
Pages.
GraniGwe ee sen sce se ee 203
Crassatelle ............ 134
Grénatules sen v7 de. 6 6: 172
GREUSIO Sac oo as seen 348
AA OCCRE SA eee rena 333
@uisratelle 20.5 Seles 359
UCI CGR SE eer te ee ee 154
Gumimnecie’s... .. Se 3 133
Gyclostome.........--- 244
CV NHING Se ho doaeeme ate 358
WEBER isis tess CW ls 299
G@ypricarde esi sci 5...» 153
Gi VEENOGEKE |= 3. i> sate > 329
MNaKacre ee S675. 349
Dauphinule:..5 ... vss 264
Dentale: .. . ... eves 991
Dianchore’. : acess. <b x 186
DI GEROIOS Sou ae 163
WMOlAHCUME ac ewe 129
HD GUTS 53 Geer 288
OM ACC ree ye eles = lec ueke 144
WOUS sae. Sess oon 215
PMG ES a5}. 6 SP iid es 291
Loc) Ase 144
Blédone. 86.) i920 os-.- 313
BATE 3 cote oo ae Se 347
Emarginule............ 220
Wailea OR", Se 913
PYCIM Cte. ees. ene 3S
EME Ie yt oe he ase: 164
PiMCCHE sa. thi ss a6 ete 358
VECUUFT TS Grae oe ia Aaa 248
Haribies 22.2. sre: aoke 207
Exomphale............ 265
Paseiolaire 2 26..... 0. 274
BAW OIES:. |. Saas Seer. . « 210
Bissnvellessy. 5.22 222
BIStlaneae on hee 3) eae 114
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RISE RCH alah sere nts a 359
BNSCAUM Ee. Seis ate 275
lathes 2071 oes 0 AAT
PB ACOMIME 2.26.0 ee 120
Gastéropode........... 6
Gastrochéne.......... 118
BREWING. 7-0 co eee 173
Glauconome.......... 193
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TABLE.
Pages.
Giiyerm erewee sere: e's 427
Gomphocerens.es.% 5... 337
Goniatite........ Polavsi elas 331
Gratélupressctr.)-\-iels « 143
Gryphéereys..ic+ ses seSG
Haliotide.4o.e...)..'4.% 259
Hamitey ga! Sas. stsh os scouete 335
LAT DO) aiecteye: Sex “crete « 287
HLGHICGY pan .. crust ies 233
HIGH Gites hvac ci forreh acta 238
Helicocererswece cist. os 338
Hiratellers): couriers as 139
J lhav Niemen soe E Meise c 183
Hipponice........ Seats eet DDS
Hip pope’ apes. ect 167
EMP PULLEG aes. Sere eae 196
Histioteuthe........... 322
1B KOWWLH AS san Aen aie ese 180
UUIEROS oats Pe crete bagere ace 187
AV a Overt shia de asset scave’e Peay 205
lo NOs gh aa be 160
Un ae: the Seaton A 352
Mmocérame...... 174
LOR ay rtettos cy yes 148
Tridine gr. eee es eo: 162
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Tanthine ang ccs sie ace 256
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SANE OeE, socentous 127
FAICOGN Cs. 3:2, sakes, <i peeve 286
TL ATSCO Sets. eeseikes Seeyse S 230
1 DAT eae A aie a wien, | 180
[MING s\isaecceeeep tes 240
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Tifhodome: sj.%jieis v0 « s 170
Eithothtyesss.is./.,.- “AOL
GitlOrine’..: ees ween 268
MEME c:2c0ts0/ eign fae alee 330
OWS O. rio rusia) rhe « 319
Loligopsis........ Bouns ) OP
ILO Benen UEROOS e ese orate NAD,
Ttrairersey. ist. a9 cies: 132
MACHOL a: 9 oss a'cpelole Seeds 193
WIE CHER A SBmGamen einen se 133
MAGA Sha. vue ace sioleneibers 199
Mailer er o eeastontoncents 263
Pages.
Mail Otters 332 yor. ees 238
Maillotmm@s., . °. 4: Soc eB
Margarita........ Motes 267
Maroamelle sari... <5 cate 5) DE
Marteaiteses vac. sete 175
Még aspect, <i. ).e cue cs 239
Mégatréme............ 349
W Glenn es San AM ne aos 244
MGlamierre::. isch siete eee. By 248
Mélanopside........... 249
Meleaorinaysoves seen) <1.:2 166
Mésodesme............ 136
Mites es) eee ies ic 299,
Modioleswigssceces. .. oc. 168
Mollusque igs e202 c4s. 3
Monoceros..........-.6 286
Monodonte.2:........%- 267
Monlet re.) 38 eae, 2 168
Muletienin. 3.9 See. 459
MULEX Oh ys eetee sac 278
Mycétopode........... 161
MYeN nu caename.r an oes 128
Myocameteaen sc-.cie.-- 131
INASS ORR Ris, cts 290
INFO ae a es aoe Ream clea 255
Navicellensss.. «ace: 252,
Naitilegercy: << «a3, oe 328
Nérinéeney i020 ee 271
NGRILe ae news «aes « Q54
INGNItIMG Haat tele. <yaccctens aaeoS
Néritopside............ 254
INODICHA 62 Segoe 548
Novaculime?ser. <3. hea 424
NuCules2.:5 ets ee 156
Octalasmers cys. 351
OGtOMEeRe een. csi aicea 2 346
Octopus e ene teenie 307
Ollie eae Su olny 302
Ombrelleseees. sk oss 219
Ommastréphe.......... 324
ONCNIC D355 cee err 230
One uiNe je rcitsy. eee 136
Omniscier ayes oe Pela 283
Onychoteuthe.......... 324
ODI eesti es 158
OFDICUle so ete 202
Onthocene crepes oes “330
Oscabrelles racy nce ee 216
OScabrione ee voerree 216
OStéodesmen a aecncme 134
Ostreas-k eden hecni aon ‘187
OUOM ane oe cir 353
564
Pages.
Ova sodoccooae sc0000 298
Pachiyiteryesr is .ntscyestts 186
PalWGINe wae ome es 250
Panopée...o.2.0s eer 428
Pamd ores... sce Sercleteters 137
Parmacelless 5 ac ere 230
Parmoplhore.........-- 220
Partule secession 240
Patelle....... ale kg isvareis a Q17
Patelloide............. 918
Pediipesen senate nesters toes 260
Pedum:. i. theceee stone 180
Berean aici. sic cceusjenovenaaene 48]
Péniplome: . 2. vee es 129
Berle eS ee ean 267
Pétoncle..........-..:- 156
REtiicoler,ss sem wens 139
Phasianelle............ 269
Philomexe’. 3.2550 sees se 314
Pholade yew crema: 417
Pholadomye........... 119
Phragmocere.... 7. 336
Dawe {3% Soba ce ber 145
Phylliroé....... Teenie 412
PINYSC) Ses. wefowrse Moree 246
| PGLAUD ENG ara eet Bar es 260
PilGolenes cae) sce 255
PICO PSIS eae. Cae. eve eens 222
Binnie 280. + ceek see 471
Binitadimese ne eae 176
Pinene ave en ne Bekele 250
Placwn ere. 2 ites. cetera. 193
PIASTOSEOTICY. (1 ay. (eleret tere 181
AM AX Cit feishong de vensee es tocdees 269
Blanorbes.:..-.-.- ase alo
PERO POMEms (cies sie e 6
Pleurobranche......... 219
Pleurotomes.?. 1... sds. 213
Pleurotomaire ......... 959
P)iGatull Geen sererere eater 183
Pneumoderme......... 209
POdoOpside eines 186
Polyclin Qos Gre wees es 358
Polyphéme.. <2... 9: 249
Porcelaine sere eee ee 299
Pouce-pied.........264% 351
JDO YORe is Gis boloe Abibintoc 307
BROWN DC tenciecatasla seh: 285
Pniateiece ie tee cael ele 949
Producteee acest. wc 197
PBsammobiewee.s. seen: 140
TABLE.
|PuyMbdes 6so0ac08eb000ne
Pyramidelless a... . Bi
PIAOINS 55 ooodocanoBod
BiyROSOMC iets ewes e
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INGO Ss Sites cis e.on cook
Bamel lecietaeate venus cle ctaiess
Ran le lvcmisietmicyest: ae in:
RCT acts ents Ales
RUINS CUNC Ha erapyebee at t-ss
Rissoaire
Sanguinolaire.
Saxicave
Scalaire
Scalpel ee yict Ais pacer eh theds.
S\GAIOTe aeeiblo aw s'a o8
Scarahe snk oo yes ae
Scissurelle.
Scutellemyie oe ere ev sees
SOWUGieapawodes onsen
SOUCIMO Me cuncinrsiae the eats
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Sepioteuthe 0005...
Seplarka ween -rcatietcrers
Sigaretey sy cases cv
SUQUAIK Crease eee
Siphonaines.'/: <i.
Smillie cece
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PERISTYLE MONTPENSIER, 215 BIS — 10 RUE RICHELIEU.
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